UN VOTE POUR L’UNION !...
 
A) Pourquoi voter Libéral
Un vote contre Ignatieff = un vote pour Harper
Si les Américains le peuvent, alors pourquoi pas nous ?
Du vote stratégique au vote pour avancer
Peut-on vraiment faire pire qu’Harper ?
La coalition...
Pourquoi donc ne PAS voter libéral ?
Le parti des commandites
Le parti de la centralisation
Les sables bitumineux
Le petit train du changement va quand même plus loin que pas de train du tout !...
Pourrait-on trouver pire ennemi que l’illusion ?
... Et si on votait pour l’homme plutôt que pour le parti ?
Quant aux autre partis (tant qu’à être parti)...
Dans le monde fabuleux (et d’ailleurs irréel) du Père Jack
Pourquoi les Verts sont les meilleurs...
... et pourquoi voter pour les Verts n’est pourtant pas si vert !...
... Aurais-je oublié quelqu’un ?...
 
 
B) La Question Nationale
Pourquoi se séparer, au juste ?...
Pourquoi faire un “deal” avec le Canada semble si compliqué...
Le Canada est-il vraiment le seul gros méchant ?...
Un “deal” serait-il vraiment si pire que ça ?...
Welcome to Canada, the “ideal” place for a “deal” !...
Et la séparation, dans tout ça ?...
Le beurre et l’argent du beurre
Et pourquoi nous diviser quand l’Europe s’unit ?..
Et pourquoi pas un petit mot sur le fédéralisme, pendant qu’on y est ?...
Il est où, au juste, le problème ?...
De la double identité à la pureté de la race
Être Québécois = Ne pas être un “Anglais” !...
Être Québécois = ne pas être Canadien
Que voulons-nous, au juste ?...
Comment bloquer pourrait-il faire avancer quoi que ce soit ?...
Et pour en finir avec le Bloc Québecois...
Et pour en finir avec le passé...
 
C) Notre histoire relue et corrigée
A-t-on été conquis ou abandonnés ?
Peut-on vraiment s’ennuyer de la France ?
Le vrai rapport Durham
Pourquoi nous associer à un régime génocidaire ?
Maudits Anglais !...
La véritable Révolution des Anglais
Le véritable héritage des Anglais
Lafontaine ou la preuve que nous sommes un grand peuple
Que se passe-t-il au juste dans la tête à Papineau ? (et Henri Bourassa)...
Le meilleur des deux approches
La meilleure des deux approches
Pourquoi n’avoir qu’une Mère-Patrie quand on pourrait en avoir deux ?
N’a-t-on pas un peu beaucoup couru après ?
Qu’est-ce que l’identité ?
Pourquoi se purifier de l’Anglais en nous ?
Pourquoi les Anglais sont nos amis !...
Va-t-on s’en remettre un jour ?
Qui est vraiment le plus fort ?
La plus grande de toutes les forces
Faisons-nous vraiment pitié ?
Et si nous cession une fois pour toutes de faire pitié ?
 
D) Conclusion
Et s’il est permis de rêver...
 
 
 
UN VOTE POUR L’UNION !...
 
 
A) Pourquoi voter Libéral
 
Un vote contre Ignatieff = un vote pour Harper
Pourquoi faut-il, selon moi, voter pour Ignatieff aux prochaines élections ? C’est une excellente question !... En clair, je dirais que c’est pour la raison suivante, qui me semble au moins tout aussi excellente : NOUS DÉBARASSER DES CONSERVATEURS. Il se trouve aussi d’autres raisons presqu’aussi intéressantes, mais, avant d’user toute votre patience en se rendant jusque là, commençons donc par l’essentiel, et on verra bien pour le reste, après cela !..
 
Car le coeur de la question, le voici : Ignatieff n’est-il pas le seul à pouvoir effectivement remplacer Harper, dans la réalité des faits ? Alors dans ce cas, pourquoi donc voter pour un autre que lui ?
 
En fait, si vraiment il est le seul à pouvoir nous libérer, ne devrait-on pas plutôt unir tous nos voix dans sa direction ?... Car si seul Ignatieff peut vaincre Harper, alors n’y a-t-il pas qu’un vote pour Ignatieff qui est véritablement contre Harper ? Et si seul Ignattief est la seule véritable alternative à Harper, alors un vote qui ne va pas vers lui n’est-il pas, au bout de ligne, qu’un vote de plus permet à Harper de rentrer ? Autrement dit, un vote pour un vote pour un autre que lui n’est-il pas, en réalité, qu’un vote de plus pour Harper ?... Allons-nous donc voter une fois de plus pour Harper, en votant une fois de plus pour rien d’autre que la division ?...
 
Et depuis quand, au juste, la division est-elle sensée nous rendre plus fort ?... Depuis quand, en fait, la division amène-t-elle quoi que ce soit ? Ne dit-on pas, pourtant, que l’union fait la force ? N’est-ce pas pourtant simple ? En fait, qu’y a-t-il, au juste, de compliqué à comprendre là-dedans ?...
 
Cela n’est-il vraiment que parler pour parler ? Ou n’est-ce pas plutôt parler pour agir, pour une fois ? Est-ce que je parle vraiment d’un quelconque principe, ou plutôt de la réalité dans tout ce qu’elle a de plus concret ? Car à quoi cela sert-il de parler si on n’est pas capables d’être conséquent avec ce qu’on dit lorsque vient le moment de passer à l’action ? Quel est le sens d’affirmer qu’on n’est plus capables de Harper, quand dans l’isoloir on ne peut trouver mieux que de le reporter au pouvoir ? Ne pourrions-nous pas plutôt, pour une fois, tous mettre nos culottes et lui dire merci bonsoir ?...
 
Car qui, vraiment, peut remplacer Harper ? Le NPD ? Le Bloc ? Les Verts ? Pensons-nous vraiment qu’ils peuvent rentrer ? Et si oui, alors, sommes-nous sérieux ? Et si, justement, ils ne peuvent rentrer, alors, sérieusement, à quoi bon voter pour eux ?... Car si on vote pour ceux qui ne peuvent rentrer, qui rentrera, alors, en réalité, si ce n’est “le moins faible de tous”, le gagnant “par défaut”, à savoir ce cher bon vieux parti Conservateur, qui d’ailleurs ne se trouve déjà au pouvoir que grâce à cette super façon de voter !?!... Cette façon de voter “à chacun son clocher” nous a-t-elle donc moindrement servi, jusqu’ici ? N’en avons pas eu assez, des Conservateurs ? Ou nous faudra-t-il nous faire écoeurer encore un peu plus, pour comprendre que ce n’est qu’en s’unissant tous ensemble qu’on pourra un jour se sortir de se merdier ?...
 
N’en a-t-on pourtant pas déjà eu assez, de désastre environnemental total ? En voulons-nous plus, ou quoi ? Ou alors, que voulons-nous ? D’avantage de torture ? D’avantage de mépris des droits humains les plus fondamentaux, dont la défense avait pourtant fait notre réputation ?... D’avantage de total abandon de nos propres citoyens et ressortissants aux conditions et aux injustices les plus inacceptables que l’on puisse pourtant concevoir en ce bas monde ?... D’avantage de soutien aux régimes fascistes sinon génocidaires, de la Colombie à Israël ?... D’avantage de guerre, et de provocation digne de la guerre froide ? D’avantage de négligence envers la Chine, et donc envers l’avenir même du pays ?
D’avantage de mépris envers le Québec ? D’avantage de mesquinerie et de patronage ? D’avantage de mépris de la science ?... D’avantage de mépris de la connaissance, et de l’éducation ? D’avantage de mépris de la liberté de presse, et donc, finalement, de censure des médias ? D’avantage de politique économique à courte vue, quand elle n’est pas carrément inhumaine et d’ailleurs catastrophique ? D’avantage de politique qui, de façon générale, ne sait même pas ou elle va, peut-être parce qu’au départ elle n’a jamais eu de plan ? D’avantage de petite politique qui n’a d’autre but que de procurer de la jouissance à une base électorale digne des Républicains, et qui, en fait, se trouve à n’être qu’une poignée de Rednecks à l’autre bout du pays ?
 
Est-vraiment cela, que nous voulons ? Est-ce vraiment pour avoir un peu plus de tout ça, qu’encore une fois, nous allons voter ? Et si, justement, ce n’est pas cela que nous voulons, alors, au fait, on attend quoi ?
 
Ne sommes-nous pas conscients qu’en éparpillant notre vote, ce n’est qu’à Harper que ça peut profiter ? Ne réalisons-nous pas qu’en continuant de nous diviser entre nous, on ne fasse que lui demander de nous envoyer une autre shot de la merde que je viens d’énumérer ? N’allons-nous pas décider, une fois pour toutes, qu’assez, c’est assez ?
 
Si les Américains le peuvent, alors pourquoi pas nous ?
N’est-ce pas d’ailleurs ce qui s’est passé, aux États-Unis ? N’ont-ils pas tous réussis à mettre leur différents de côté, ne serait-ce que pour empêcher le pire, encore une fois, de se reproduire ? Est-ce que ça n’a pas marché ? Pourquoi donc est-ce qu’ici, ça semble si compliqué de comprendre que s’unir est la seule vraie façon de gagner ? Est-ce parce qu’on n’est pas Américains qu’on devrait nécessairement être un peuple de loosers ?...
 
Et pourquoi ne l’aurions-nous pas, nous aussi, notre Obama ? Je sais que tout le monde rit quand je dis cela, mais n’est-ce pas ce qui est justement l’ironie dans tout cela ? Obama et Ignattief sont-ils pourtant vraiment si différents ? Ne sortent-ils pas tous deux de la même école, en l’occurence Harvard ? Ne sont-ils pas tous deux des “outsiders” de la politique, au parcours de vie plutôt multiculturel, pour le moins qu’on puisse dire ?... Ne sont-ils pas tous deux avant tout des rassembleurs, en plus bien sûr de s’être prouvés des politiciens adroits, et sachant manier les mots, tout particulièrement.. Ne sont-ils pas tous deux des “libéraux”, au sens premier et donc positif du terme, à savoir des progressistes qui sont donc pour les droits humains, plutôt que pour le créationnisme et les armes à feu ?... N’ont-ils pas en fait des positions pratiquement similaires sur tous les dossiers, à l’exception près qu’Ignattief, étant Canadien, ne peut sans doute que s’avérer encore plus “libéral” (ou, si l’on préfère, “à gauche”) qu’Obama ?... Pourquoi faudrait-il donc que tout ça ne soit “hot” que du moment que c’est aux États-Unis ? Pourquoi donc faudrait-il que la même chose, et même pratiquement en mieux, devienne automatiquement “pas trop sexy” du moment que c’est au Canada ? N’est-ce que parce qu’Ignatieff a de plus gros sourcils ? N’est-ce vraiment que l’apparence physique et le charisme d’Obama qui nous fait vibrer, vraiment ? N’est-on pas capable d’un peu mieux, ici, que de ne juger des politiciens que par leur apparence et le show qu’ils donnent ? N’est-on pas capable de se fier à leurs idées, et donc de savoir un peu où on s’en va, pour une fois ?... Et si vraiment nous l’admirons, pourquoi ne pas tous se montrer capables d’un minimum de cohérence, en supportant ici son alter ego ? Car après tout, pourquoi n’aurions-nous pas nous aussi notre propre Obama ?
 
Et pourtant, si les Américains ont su élire un Noir, on devrait bien être capables d’élire un Libéral, quand même !... Oui, ils l’ont fait parce que “hard times call for hard choices”, mais est-on bien sûr que les choses soient plus fantastiques ici ? La perspective d’un autre mandat Conservateur est-elle pourtant plus ragoutante que celle d’un autre mandat Républicain ?... Pourquoi, alors, ont-ils été prêt à aller jusqu’au bout pour éviter un tel désastre, alors que nous, on semble se garrocher pour rentrer dedans ? Pensons-nous vraiment que le choix que nous avons à faire est si différent ? Pensons-nous avoir autre chose à faire qu’un choix entre deux réeles possibilités de gouvernement ? Alors, tout comme aux États-Unis, pourquoi se poser vraiment d’autre question que de se demander lequel des deux on aimerait vraiment mieux voir rentrer, ou du moins lequel des deux on trouverait le moins pire à endurer à notre tête ?... La démocratie, de toute façon, a-t-elle jamais demandé autre chose que de choisir le moins pire candidat ?... Pourquoi donc accorderions-nous ici moindrement plus d’attention aux autres partis qu’on en accorde aux candidats indépendants aux États-Unis ? Changeront-ils plus quoi que ce soit à qui sera vraiment élu, dans le monde réel ? Entre deux choix, pourquoi cela devrait-il être plus compliqué ici qu’aux États-Unis que de tout simplement prendre le moins pire des deux, et de laisser faire le reste ? Non, mais sérieusement, qu’y a-t-il donc que les États-Unis ont compris qui semble pourtant toujours nous mystifier ? Pourquoi faudrait-il donc toujours, lorsqu’on fait face à deux choix, qu’on se retrouve avec le pire des deux ?...
 
Il faudra bien un jour l’avouer, au Canada on a au moins cela de différent d’avec les États-Unis : une mentalité de clochers. C’est fantastique, à n’en point douter ! Mais ceci dit, il ne faudrait quand même pas non plus s’étonner de ne jamais devenir ainsi un grand pays.
 
Et pourtant, ces super partis, pour lesquels ont est si fier de voter “avec notre coeur”... Ont-ils jamais été élus jusqu’ici ? Pensons-nous vraiment qu’ils le seront plus cette fois-ci ? Y a-t-il qui que ce soit qui le croit au point d’être prêt à gager là-dessus avec moi ? Si tel est le cas, dites-le moi, et je serai riche, faute d’être dans un pays de merde !... Et si justement, on sait que ces partis ne rentreront pas, et qu’une seule réelle alternative existe, comment peut-on en toute conscience continuer de jeter son vote par la fenêtre, plutôt que de contribuer justement à faire de l’alternative une réalité ? N’est-on pas conscient que si on ne contribue pas à l’alternative, on ne fait que maintenir ce qu’elle est justement sensée remplacer ? Si on n’est pas POUR la seule réelle alternative, alors comment pourrait-on ne pas être CONTRE elle ?... N’est-on pas conscient que, si on ne fait pas partie de la seule RÉELLE solution, alors on fait partie du problème ? N’EST-ON PAS CONSCIENT QUE TOUT VOTE POUR UN AUTRE QU’IGNATTIEF EST EN FAIT UN VOTE POUR HARPER ?... Considérant ceci, voulons-nous vraiment pouvoir dire qu’on aura contribué à reporter Harper au pouvoir, ou plutôt à le remplacer ?...
 
Du vote stratégique au vote pour avancer
En passant, serait-il possible que je sois en train de vendre mon âme au diable en vous incitant tous au vote stratégique ? Bel essai, mais pas tout à fait ! En effet, le vote stratégique, pour ce que j’en connais, c’est plutôt de voter sytématiquement pour le candidat qui, dans sa circonscription, permettra d’empêcher l’autre de rentrer. C’est donc par nature un vote “d’empêchement”, un vote “pour un autre”, et, comme on peut le voir en ce moment, cette supposée stratégie a beau avoir été largement utilisée aux dernières élections, elle ne semble pas nous avoir menée à grand chose, jusqu’ici, à part justement remettre Harper au pouvoir. En réalité, le vote “stratégique”, tel qu’ainsi défini, est le vote par excellence de la division : puisqu’il donne un résultant nécessairement différent pour chaque circonscription, et n’est en fait justement mené par rien d’autre, au départ, que l’esprit même de la division. Pas étonnant que ça ait tant profité à Harper, qui semble avoir fait un art de la division et de la mesquinerie !... En tout cas, pour dire comme on dit : “méchante stratégie” !...
 
Ce que je vous propose est tout à fait différent, et c’est aussi tout à fait légal et sain, puisque c’est ainsi qu’on vote dans toutes les nations civilisées et non divisées, et c’est aussi ainsi qu’on arrive à quelque chose, comme à élire un Obama. Et en quoi ça consiste ? C’est simple : plutôt que le vote stratégique, qui est donc un vote pour la division, ce que je propose, c’est tout simplement un vote pour l’union. Autrement dit, plutôt que de concentrer toutes ses énergies sur le fait de ne PAS faire rentrer l’autre, et donc sur la négation, et de ne réussir ainsi qu’à justement le faire rentrer, et donc à faire arriver précisément ce qu’on ne voulait pas qui arrive mais sur quoi on a pourtant focusé... ce que je propose, donc c’est que nous mettions TOUS ENSEMBLE nos énergie sur ce que nous voulons VRAIMENT, à savoir, bien sûr, le remplacement d’Harper, cela va de soi !... Et si, vraiment, on mise tout sur ce l’objectif qu’on veut atteindre, cela implique aussi que l’on en vienne donc à prendre la marche à suivre pour effectivement y arriver !... Et il se trouve qu’il n’y a pas trente six façons de procéder, car contrairement au vote stratégique ou divisif, le vote pour l’union implique par définition qu’on se concentre tous sur UN SEUL candidat, celui qui en l’occurence représente la seule VÉRITABLE possibilité d’alternative qu’on est justement est sensés rechercher !...C’est donc un vote qui par nature rassemble tout le monde à travers le pays sur une même option, plutôt que de diviser chacun en fonction de sa circonscription !... Et l’alternative en question, dans le cas présent, ais-je vraiment besoin de vous la nommer ?...
 
Peut-on vraiment faire pire qu’Harper ?
Or, si j’écris tout ceci, ce n’est pourtant pas pour rien. C’est que je sais bien que, pour le moins qu’on puisse dire, il se trouve qu’on a, surtout au Québec, disons certaines réticences à voter Libéral. Et croyez-moi que je peux bien comprendre pourquoi ! Et pourtant, qu’est-ce que cela peut bien changer à la question de départ, à savoir : allons-nous vraiment contribuer à reporter Harper au pouvoir ? Autrement dit : ces réticences sont-elles si grandes qu’elles devraient nous faire préférer Harper à qui que ce soit ?
 
Car, quoi qu’on puisse penser du parti Libéral ou de quoi que ce soit, dans la vie, il reste qu’une seule question, en fait, est en jeu, ici : Harper, ou pas Harper ?... Allons-nous voter pour lui, ou pour le remplacer ? Et par le remplacer, je veux dire, bien sûr : dans la réalité, et non pas seulement dans nos rêves ! C’est plutôt tout le reste, en fait, n’est justement que discussion théorique et tout à fait accessoire. Car à quoi bon, en effet, avancer quelque argument que ce soit, si, dans la réalité, on ne fait que permettre au pire des scénarios de se concrétiser ? À quoi bon parler, si, dans la réalité, on fait arriver le contraire de ce que nous voulons ? À quoi bon parler, en fait, quand le moment est venu d’agir ?...
 
Et pourtant... Il faudra bien, tôt ou tard, que l’on se mette à cette discussion, aussi théorque et à côté de la question soit-elle, puisque de toute façon, on ne votera pas pour le parti Libéral tant qu’on n’aura pas réglé nos petites bibittes enver lui ! Peut-être n’est-ce donc pas si inutile que d’en parler, tant qu’à ça !...
 
Donc, est-ce que le parti Libéral est vraiment si pire que ça ? Et surtout, n’est-il vraiment “pas mieux” que celui de Harper, comme on semble parfois le suggérer ? La question mérite quand même d’être posée. Elle mérite d’être posée, en effet, QUAND BIEN MÊME il semble pourtant évident que les libéraux sont, au départ, plus à gauche, et les Conservateurs, plus à droite, ce qui en partant me semblerait déjà bien assez pour prendre une décision. En effet, est-il plus sage d’aller plus dans le sens que nous voulons, ou plutôt dans celui que nous ne voulons pas ? Car je vous rappelle qu’il n’est ici, en RÉALITÉ, que de DEUX choix !... Et de toute façon, ce débat, entre les DEUX choix en question, dépasse largement le cadre que celui de la gauche et de la droite, fort heureusement !... En effet, par “droite”, on parle plutôt ici de conservatisme à l’américaine, ou plutôt à la Républicaine, “God and guns” inclus, ce qui, me semble-t-il, devrait déjà suffire à inspirer la nausée. Quel besoin y a-t-il, alors, de se pencher plus en détail sur le deuxième choix, du moment qu’on sait qu’il n’est pas comme ça ? Le fait qu’on sait donc qu’il est moins pire que l’autre ne devrait-il pas suffire à prendre une décision, encore une fois ?...
 
Par ailleurs, si on considère la liste de “crimes” de Harper, que j’ai à peu près énumérées plus haut, on peut constater aussi qu’il serait plutôt irraisonnable, et donc nono, de penser qu’Ignattief commettrait vraiment ce genre de bêtises que n’importe quel politicien normalement constitué saurait en fait éviter (à moins de vouloir en payer le prix, comme Harper s’apprête d’ailleurs à le faire, si seulement on peut justement l’aider à prendre la porte une fois pour toutes !...). Ou du moins, il serait encore une fois plutôt difficile d’avancer qu’il pourrait faire pire sur n’importe quel de ces dossiers !... Alors, encore une fois, s’il ne peut faire pire, alors quelle autre question y a-t-il, vraiment, à poser ? Et, encore une fois, qu’y a-t-il, vraiment, de compliqué là-dedans ?
 
Dans le fond, pour ne pas voir l’avantage automatique d’Ignatieff sur Harper, il faut simplement avoir oublié à quel point le gouvernement Harper, c’est n’importe quoi. Comment un politicien moindrement normal ne pourrait-il pas avoir en partant avantage sur lui ?
 
Et quelle différence cela ferait-il donc, d’avoir un Ignatieff plutôt qu’un Harper ? Ça ferait qu’on pourrait peut-être AU MOINS arrêter de rire de nous partout sur la planète, une fois pour toutes !... Parce qu’après tout, serait-ce vraiment trop demander qu’on tente AU MOINS de sauver ce qui pourrait peut-être nous rester de notre ancienne réputation de leaders mondials pour ce qui est du progrès et des droits de l’homme, réputation que l’on avait pourtant pris tout un siècle à gagner, et que les Conservateurs pourront pourtant se féliciter d’avoir éliminée en quelques années, comme on avait d’ailleurs commencé à le faire depuis le 11 septembre ? Serait-ce trop demandé qu’on en vienne AU MOINS à cesser d’être reconnus internationalement comme les pires cancres en ce qui a trait à l’environnement, et ce toutes catégories confondues ? Serait-ce trop demandé qu’on en vienne TOUT AU MOINS à cesser de dilapider de toutes les façonc possibles l’argent de nos taxes, et notamment les surplus que les Libéraux avaient pourtant réussi à dégager ? Serait-ce pourtant trop demander qu’on puisse peut-être AU MOINS suivre les Américains dans la voie menant à ne serait-ce qu’un mininum de changement ? Serait-ce trop demander, finalement, qu’on commence AU MOINS à se doter enfin d’un gouvernement digne de ce nom ?
 
Et justement, UNE FOIS qu’on aura un gouvernement digne de ce nom, ne serons-nous pas alors en meilleure position pour éventuellement faire un autre pas de plus, en votant alors, par exemple, encore plus précisément pour ce que nous voulons vraiment, ne serait-ce que pour indiquer la direction que nous souhaiterions voir prendre le gouvernement ? Ne serions-nous pas mieux placés, au moins, pour faire alors les revendications qui nous permettraient d’aller encore un peu plus loin ? Ne serions-nous pas déjà plus avancés si, en partant on acceptait moindrement de nous écouter, en tant que progressistes tout comme en tant que Québécois ? Ignatieff n’a-t-il pas déjà clairement fait des pas dans cette direction ? Alors, dans ce cas, quelle réponse allons nous lui donner ? Allons-nous l’encourager à aller justement plus loin dans cette direction, ou plutôt lui montrer que ça ne servait à rien de se montrer plus progressiste et ouvert, puisque quoiqu’il fasse nous allons le rejeter ? Nous avons déjà puni Stéphane Dion pour avoir osé présenter un programme vert, allons-nous aussi punir Ignatieff d’osé proposer un programme ouvert ?... Et si nous punissons aussi Ignatieff malgré ses bonnes dispositions, n’aura-t-il pas alors intérêt à se tourner plutôt vers des gens qui, au moins, sont conséquents dans leur vote ? Pourquoi alors se plaindre que ça n’avance pas si, du moment qu’une alternative va dans la bonne direction, on n’y prête non seulemnet aucune attention, mais en plus on le punit pour avoir osé essayer de faire quelque chose avec nous ? Qui est alors responsable si rien n’avance : les politiciens, ou plutôt nous-mêmes, qui ne faisons que chialer, mais ne savons même pas, en fait, ce que nous voulons ?...
 
La coalition..
J’aimerais, si possible, glisser ne serait-ce qu’un petit mot sur un sujet qui me tient, ou plutôt m’a tenu fortement à coeur pendant que c’était encore pertinent, à savoir bien sûr la coalition. Suis-je donc content qu’Ignattief ait justement balayé de la main cette option ? Non, et loin de là, pour n’en dire pas plus que cela... Comment n’aurais-je pas pu préférer, personnellement, une coalition réunissant de façon absolument indédite toute la gauche sous une même voix, en plus d’avoir bien sûr le mérite de faire ainsi travailler ensemble des partis, et donc ni plus ni moins que des parties du pays, dont on aurait pourtant cru qu’ils auraient préféré mourir que d’en arriver à une telle option, comme ils l’avaient justement laissé croire jusque là ? Non, personnellement, je ne vois vraiment pas comment on pourrait trouver mieux que cela, pas plus qu’on ne pourrait en soi trouver de plus grand pouvoir que l’union. Mais ceci étant dit, il se trouve que ce beau rêve semble pourtant bien fini, du moins pour l’instant... Et à un moment donné, ne faut-il pas surtout se faire une raison ? Mais quoiqu’on puisse dire sur ce sujet ou un autre, la véritale question, dans tout cela, a-t-elle pourtant jamais changé ne serait-ce que d’un iota ? En effet, la véritable question n’a-t-elle jamais en fait été autre chose que : avons-nous seulement un autre choix ?
 
Et justement, si le parti Libéral est la seule option qu’il nous reste pour vaincre Harper, alors notre questionnement ne devrait-il pas en fait s’arrêter là ? Y a-t-il vraiment une autre considération qui devrait en effet nous guider dans notre recherche du vote idéal, que de savoir si cela peut tout simplement mettre fin, et ce de façon effective, à la mascarade que l’on subit en ce moment ? Pourquoi, alors, se poser quelque question que ce soit, du moment que l’on sait que seul Ignatieff est en mesure d’honorer un tel mandat ?...
 
Pourquoi alors ne pas simplement donner la chance à ce monsieur ? Après tout, a bien le droit d’ambitionner de prendre le pouvoir pour lui tout seul, s’il se trouve en fait à avoir des chances d’y parvenir, comme c’est justement le cas ? Et, ne faut-il pas avouer qu’il y a quand même des avantages à n’avoir qu’un avoir un seul parti au pouvoir, ne serait-ce que pour que celui-ci sache réellement où il s’en va ? Et de toute façon, pour le répéter une fois de plus, qu’est-ce qui peut possiblement être mieux, dans tout ça ? Harper, ou qui que ce soit d’autre, justement ?
 
Pourquoi ne PAS voter libéral ?
Et justement, que voulons-nous ? Et surtout : qu’attendons-nous, au juste, du parti Libéral ?
 
Ne serait-ce pas, pour une fois, qu’un leader nous témoigne un minimum de reconnaissance et, pour ainsi dire, qu’il soit “parlable” ? Or Ignatieff n’a-t-il pas déjà clairement démontré être en mesure d’offrir au moins cela ? N’est-il pas celui-là même qui, en fait, a déposé la motion de reconnaissance de la nation québécoise aux Communes, bien que ce soit justement la dernière chose qu’on aurait attendu d’un libéral, et, de surcroît, d’un leader de ce parti ? Pourrait-on donc avoir une meilleure garantie qu’il est vraiment prêt à travailler pour et avec nous ? Quel autre leader, ayant du moins une chance d’accéder au pouvoir, nous aura jamais donné une telle assurance de par le passé, à part bien sûr Mulroney ?...
 
Et par ailleurs, si Ignatieff est en effet élu, ne le devra-t-il pas d’abord et avant tout aux Québécois ? Pourrait-il alors se trouver un gouvernement qui ait davantage à réellement nous écouter, pour une fois ?...
 
Alors, là encore, quelle option nous reste-t-il ? Chialer qu’Ignatieff n’a pas encore donné assez de garanties, et, une fois de plus, se rabattre sur l’autre choix qui est en fait mille fois pire que lui ? Ou justement faire avec lui un premier pas dans la bonne direction, en le choisissant son parti plutôt que l’autre option, qui de toute façon n’en est même pas une ?... Allons-nous nous handicaper d’une perspective de progrès en ce qui nous concerne, juste parce qu’on ne sait pas encore jusqu’ou ce progrès pourrait nous mener ? Allons-nous prendre le pire des deux options juste parce qu’on ne sait pas encore à quel point la meilleure option est en fait meilleure que l’autre ? Et depuis quand ne va-t-on pas du bon côté sous prétexte qu’on ne sait pas encore exactement tout ce qui pourrait nous arriver ? Le fait de savoir que c’est dans la bonne direction, en partant, ne suffit-il pas ? Quel sens y a-t-il donc, parce qu’on n’est pas certain de tout avoir d’un seul coup, de préférer n’avoir rien du tout, sinon un paquet de problèmes dont on n’a certainement jamais voulu ? Est-ce vraiment comme si on avait le choix ? Ne serait-il pas un peu plus normal de préférer un peu à rien du tout ?
 
Et pour une fois qu’un politicien semble démontrer ne serait-ce qu’un minimum de considération envers nous, allons-nous en tout de même le rejeter sans aucune forme de procès, et lui montrer ainsi qu’il n’y avait en effet aucun intérêt à se compromettre envers nous ?... Pourra-t-on vraiment prétendre alors que les politiciens fédéraux ne se soucient pas de nous, si du moment qu’ils le font, nous les punissons de toute façon ?... Pourquoi ne pas plutôt les inciter à s’occuper de nous, en les encourageant lorsqu’ils commencent à le faire, justement ?...
 
 
Le parti des commandites
Mais ceci étant dit... Qu’est-ce qui nous retient pourtant toujours autant à voter Libéral ?
 
C’est pourtant simple ! Le scandale des commandites, c’t’affaire !...
 
Voilà qui est intéressant. Mais, encore une fois, allons-nous vraiment nous imposer le pire des gouvernement juste parce que l’autre a commis des fautes de par le passé ? Et quel gouvernement n’en n’a jamais commis, au juste ? Et pour combien de temps faudra-t-il les punir, encore, juste comme ça ? N’ont-ils pas été déjà largement punis jusqu’ici, comme on a surtout pu le voir aux dernières élections ? Et surtout, n’ont-ils pas clairement exprimé qu’ils en prenaient acte, justement ? Autrement dit, n’ont-ils pas tout simplement déjà constaté les faits, à savoir que, par leur seule faute, ils ont maintenant pour le moins qu’on puisse dire, perdu leur statut de parti “par défaut” du Canada ? Et pour des gens qui auront “péché” par l’argent, n’ont-ils pas déjà largement “payé”, justement, eux qui n’ont carrément plus la moindre cenne, en ce moment ?... En fait, allons-nous tout simplement en revenir, un jour ? Car, par dessus tout, à quoi cela nous avance-t-il, encore une fois, d’exclure d’emblée ceux qui ont commis des fautes de par le passé, si c’est pour laisser leur place à ceux-là qui, en ce moment même, commettent sous nos yeux les pires fautes qu’on aurait jamais pu imaginer ? À quoi cela rime-t-il donc de punir quelqu’un à l’infini, surtout si, en bout de ligne, on ne fait surtout que se punir soi-même ?... Pourquoi devrions-nous donc toujours être punis pour les fautes des autres, et ce indéfiniment ? N’a-t-on pas assez payé, justement ?...
 
D’autres question ?...
 
Le parti de la centralisation
Bien sûr ! Car le parti Libéral n’est-il pourtant pas le parti par excellence de la centralisation, qu’on connaît pourtant comme le péché par excellence dans tout le pays, et tout particulièrement dans notre chère nation ? Certes, il faut bien l’avouer ! Mais encore une fois, je me vois pourtant forcé de revenir au plus abrutissant des arguments : ce péché, ou quelque péché que ce soit, est-il pourtant assez grave pour justifier qu’on lui préfère les Conservateurs ? En réalité, la question n’est-elle pas qu’on ne peut qu’aller vers la seule solution de rechange, quelle qu’elle soit, si on ne veut pas encore subir un gouvernement qui n’est en fait que la pire farce qui soit ? Quel que soit le défaut que peut présenter une option, l’important n’est-il pas de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’abord de la pire de toutes les options, surtout du moment qu’il n’y a que deux réelles options ?
 
Et, pour répondre un peu plus à la question, peut-on de toute façon s’attendre à ce qu’Ignatieff soit assez fou pour perdre lui-même d’avance toute chance d’élection en se lançant dans une direction qui coûte déjà à son parti beaucoup des votes dont il a tant besoin ? Pensons-nous vraiment qu’il soit assez bête pour justement faire les mêmes erreurs qu’Harper ? Le parti Libéral, grâce à ses grandes missions de centralisation héritées de notre très cher PET, n’a-t-il pas déjà perdu l’Ouest à tout jamais, en plus bien sûr du Québec, ou du moins jusqu’ici ? Ne s’est-il pas plutôt montré jusqu’ici qu’il était au contraire assez adroit, ou du moins assez réaliste pour d’abord s’assurer de ramener peu à peu la population de son côté, en n’hésitant justement pas pour se faire à passer par dessus les “bibittes” de son parti, comme il l’a notamment démontré de par son choix de plutôt démontrer en partant une attitude d’ouverture envers le Québec ?
 
Encore d’autres question ?...
 
Oui, pourquoi pas ?... Et si on parlait, en fait, des sables bitumineux ?...
 
Les sables bitumineux
Très bonne question ! Et je dois d’ailleurs dire, d’emblée qu’il m’attriste autant que vous, j’en suis sûr, de constater qu’Ignatieff est un peu sur le même diapason qu’Harper, en ce sens qu’il ne compte pas fermer demain matin ces horribles chantiers. Ceci dit, cependant, il ne faudrait pas oublier, non plus, qu’à ce niveau Ignatieff est aussi sur le même diapason que ce cher Obama... Alors, une fois de plus, pourquoi ce qui est “pardonnable” pour Obama devrait soudainement devenir inacceptable pour un autre ? D’autant plus que les deux font justement face au même défi, à savoir de tenter, tant bien que mal, d’unir tout le monde pour empêcher le pire candidat de rentrer, et donc le pire scénario de se réaliser !... Et, encore là, pourquoi les États-Unis devraient donc y arriver et pas nous ?
 
Encore une fois, la vraie question semble donc rester la même, et s’avère donc toujours, tout aussi simplement : que voulons-nous ? Le pire ou le moins pire ? Et ne serait-ce que pour cette question en particulier, comment ne pourrait-il pas y avoir d’amélioration, en partant, si l’on passe de celui qui est vendu aux pétriolières à celui qui n’accepte de traiter avec eux que du bout des doigts ? Aussi dramatique puisse demeurer le dramme environnemental des sables bitumineux en tant que tel, comment cela ne pourrait-il pas être une amélioration que l’on cesse enfin ces grossières subventions aux compagnies pétrolières multimilliardaires, pendant que le reste de l’économie croupit dans la misère ? Comment ne pourrait-il pas y avoir d’amélioration, finalement, à faire passer le dossier de celui qui est à la source du problème à un autre qui, ne serait-ce que parce qu’il n’a justement jamais été impliqué à la source de ce problème, ne peut qu’être mieux placé pour justement reconnaître qu’il y a un problème, et éventuellement agir en vue de le corriger ?
 
Car il ne faudrait pas oublier, non plus, qu’Ignatieff, une fois de plus comme Obama, entend lui aussi appuyer sur l’accélérateur au niveau de l’environnement, contrairement bien sûr à Harper. On est ainsi en droit de s’attendre, de sa part, au moins à quelque chose comme un système de Bourse du Carbone, ne serait-ce que pour s’arrimer à celui qu’Obama est en voie d’instaurer ainsi qu’aux autres pays, et qui serait bien d’ailleurs le minimum qu’on pourrait faire afin de cesser d’être la risée de la planète !... Alors, encore une fois, est-ce qu’une certaine défaillance d’un candidat, sur un certain dossier, devrait justifier qu’on fasse rentrer, à sa place, le pire candidat qu’on pourrait trouver, surtout en regard à ce dossier en particulier ? C’est bien de s’occuper des sables bitumineux, mais cela devrait-il devenir un prétexte pour que l’environnement dans son ensemble soit complètement oublié, une fois de plus !... Est-ce que la défense d’un problème environnemental particulier justifie qu’on continue de détruire l’environnement en entier ? Peut-on laisser se détruire l’environnement au nom de l’environnement ? Pourquoi en fait l’environnement devrait-il payer pour l’environnement ?... L’environnement n’a-t-il justement pas déjà beaucoup trop payé ? Pour quoi ne pas lui donner ne serait-ce qu’un petit “break”, au moins, pour faire changement !?!... Pourquoi alors, ne pas joindre l’action à la parole, une fois pour toutes !...
 
 
Le petit train du changement va quand même plus loin que pas de train du tout !...
Bon, soyons honnêtes, j’imagine que l’on ne peut sans doute s’attendre non plus à de grands changements en profondeur pour ce qui est de ce dossier, comme d’ailleurs pour tous les autres, advenant qu’on soit pourtant assez chanceux pour qu’Ignatieff soit élu... Mais de toute façon, est-ce bien cela dont il est question ? Est-ce vraiment le temps de demander le paradis, quand il est plutôt question de se sortir de l’enfer ? Et si l’on ne doit faire qu’un peu de progrès, n’est-ce pas pourtant mieux que pas du tout ? Comment cela ne pourrait-il pas être mieux, en fait, que de carrément régresser ? Ne serait-ce pas d’ailleurs l’équivalent, encore une fois, de ce qui se passe en ce moment aux États-Unis ? Car si on reprochait à Obama de ne pas en faire assez, ne serait-on pas surtout alors en train d’oublier toute la merde qu’il est en train de nous épargner, simplement en étant là, à la place, justement, de la bande de fous qui serait là autrement? Et, une fois de plus, la situation est-elle pourtant si différente chez nous ?
 
Alors, dans leur cas comme dans le nôtre, pourquoi se fâcher qu’il semble que le changement ne doive se faire que petit à petit ? Peut-on reprocher aux politiciens d’être assez sensés pour n’avancer qu’au rythme de la population, et donc ainsi d’essentiellement respecter sa volonté ? N’est-ce pas, en fait, tout simplement ce qu’on appelle la démocratie ? Et peut-on seulement souhaiter qu’il en soit autrement ?
 
Parce qu’au fond, peut-il seulement y avoir un sens à tenter d’imposer le changement ? Et comment peut-on au juste prétendre amener quelque changement que ce soit du moment qu’on impose en fait quoi que ce soit ? L’usage de la force, quel qu’il soit, n’est-il pas pourtant la première chose qu’on devrait chercher à changer, au départ ? Alors, pour reprendre un bon vieux lieu commun, si l’on veut vraiment le changement, pourquoi ne pas commencer par se changer soi-même, et donc se demander d’abord ce qu’on pourrait changer dans sa propre attitude pour que se fasse vraiment quelque changement que ce soit ?
 
Et en fait, peut-on vraiment, en imposant le changement, penser en faire ainsi une réalité ? Ou n’est-ce pas plutôt la meilleure façon de lui enlever justement toute chance de devenir réalité ? Pour commencer, pense-t-on seulement que le peuple puisse vraiment tolérer qu’on le pousse trop dans une direction qui n’est en fait recherchée que par une poignée d’illuminés (tels que nous, bien entendu) ? Ne risque-t-elle pas plutôt de nous rappeler assez vite que c’est pourtant bien lui qui a le gros bout du bâton, et qu’il n’y a rien dont il a en fait plus horreur que de sentir brusqué dans son cocon ? N’est-ce pas d’ailleurs ce que Stéphane Dion aura appris à ses dépens, tout comme a du le faire, avant lui et aux États-Unis, ce cher Jimmy Carter qui, en poussant le changement plus loin qu’aucun autre auparavant, a surtout provoqué un haut-le-coeur chez la population, et qui a donc ouvert la porte à Reagan et à rien de moins finalement que l’âge d’or même (c’est le cas de le dire !...) des conservateurs américains ? Pense-t-on vraiment faire avancer quoi que ce soit si, en voulant aller trop loin on ne fait que perdre le pouvoir pour n’avoir tout simplement pas compris que son réel patron était en fait la population ? N’est-ce pas l’exemple par excellence qui démontre qu’il ne sert pas à grand chose de vouloir changer quoi que ce soit si l’on ne s’assure pas d’abord de pouvoir le faire ? Et pour traduire cela en langage politque, à quoi cela sert-il donc de tout changer si l’on ne s’assure pas d’abord de rester en pouvoir, et donc d’être en mesure de changer quoi que ce soit ?
 
Et par ailleurs, à quoi cela sert-il de forcer le changement, si cela doit non seulement coûter son emploi, mais en plus tous les gains qu’on avait pourtant cru ainsi réaliser ? N’est-ce pas, en effet, exactement ce qui sera arrivé à Lucien Bouchard, qui n’aura pratiquement forcé les fusions de villes au Québec que pour mieux voir ces dernières être finalement redéfaites par un Jean Charest trop heureux de précipiter ainsi la province dans la passionnante saga des défusions, et surtout dans le marasme et la paralysie qui nous a caractérisés jusqu’à aujourd’hui ? À quoi bon alors les bonnes intentions si, parce qu’on aura voulu les imposer, elles ne servent qu’à remettre le pouvoir à son adversaire, pour que celui-ci se fasse alors le plus grand plaisr de remettre à zéro tout ce qu’on avait pourtant pu accomplir ? Qu’aura-t-on pourtant fait avancer si on n’a réussi qu’à se faire prendre sa place, au risque que soit non seulement perdue toute trace de son passage, mais qu’on se mette en plus à faire plutôt marche arrière ?... Pourquoi appuyer trop fort sur la pédale si cela ne sert qu’à nous faire prendre le bord, et qu’ensuite tout ne fasse que “revirer de bord” ?... Et surtout, rend-on vraiment service à la population en se laissant éjecter par elle, pour n’être finalement remplacé que la première option sur laquelle elle aura pu trouver, et qui ne sera souvent que le “plus petite dénominateur commun” s’il ne s’agit pas carrément de la pire option sur laquelle on pourrait possiblement tomber ?
 
Pourquoi donc forcer les choses, puisqu’il semble assez clair que loin de servir à quoi que ce soit, ça ne fait le plus souvent que produire l’effet invese de celui qu’on recherche ?
 
En fait, notre première responsabilité à tous ne devrait-elle pas être de surtout veiller à ce que la population soit à l’aise avec son gouvernement, ne serait-ce qu’afin d’éviter qu’elle ne se tourne vers un autre qui soit bien pire, en réalité ?
 
Alors une fois de plus, la seule véritable question n’est-elle pas de s’assurer que soit offert à la population une option assez potable pour qu’elle ne soit pas forcée par dépit de se rabattre, une fois de plus et donc de trop, sur les Conservateurs ? Et pour être assez crédible aux yeux de la population pour qu’elle nous accorde justement sa confiance, ne faut-il donc pas d’abord s’assurer que ses besoins soient réellement comblés, du moins jusqu’à un certain point ?
 
Et si cela implique de n’appliquer le changement qu’un pas à la fois, alors pourquoi pas ? Ne vaut-il pas mieux de progresser un peu que pas du tout, ou pire, de régresser, comme nous le faisons d’ailleurs présentement ? N’est-ce pas surtout cela que nous devrions à tout prix éviter ? Pourquoi alors, ne pas se tourner vers la seule alternative qui pourrait nous en sauver, en saluant plutôt sa capacité de n’introduire le changement qu’à la mesure de ce que peut recevoir la population ? Car au fond, n’est-ce pas précisément à cette modération qu’il doit en fait la moindre chance de se voir accorder le pouvoir par la population, et donc de justement pouvoir faire d’au moins de ce petit peu de changement une réalité ?
 
Après tout, petit train va loin ne vaut-il pas mieux que pas de train du tout ? Comment cela ne pourrait-il être mieux, au départ, que le train train quotidien du statu quo, ou pire encore que de rouler sur le chemin de fer à contre-sens ? Car justement, au train ou les choses avancent ou plutôt reculent dans notre cas, le plus petit de tout les trains ne serait-il pas déjà suffisant pour nous redonner un peu d’entrain, du moment qu’il part tout simplement dans la bonne direction ?...
 
 
Pourrait-on trouver pire ennemi que l’illusion ?
Si jusqu’ici il y a toujours quelqu’un qui me lit, on s’entendra peut-être qu’il serait donc possible que notre incapacité chronique de voter pour les Libéraux soit donc fondé, du moins en plus ou moins grand e partie, sur ce qu’on pourrait appeler un certain paquet de misconceptions, d’arguments qui en fait ne tiennent pas la route, et donc finalement de faussetés, aussi appelées illusions. Or, n’est-ce pas justement la plus grande farce, dans tout cela ? Car vraiment, allons-nous pourtant laisser vraiment des faussetés nous empêcher d’obtenir ce que l’on veut ? Allons-nous donc une fois de plus être vaincus par le mensonge, dont Harper sera comme toujours le premier à profiter ? Ne peut-on pas, pour une fois, nous affranchir des démons et surtout des fantômes du passé, pour enfin accepter de faire face à la réalité, même si c’est pourtant ce qui est le plus difficile, comme ça l’a d’ailleurs toujours été ? N’est-on pas prêt à prendre un nouveau départ, pourquoi ne pas le faire sur des bases réelles et tangibles, en s’assurant d’abord de voir la réalité pour ce qu’elle est ?
 
Harper va-t-il encore une fois nous avoir parce qu’une fois de plus nous n’aurons su mieux faire que de voter par peur, et en s’appuyant sur de faux raisonnements, quand il ne s’agit pas tout simplement de mensonges ? Pourquoi ne pas voter d’une façon un peu plus constructive, pour faire changement, et en commençant notamment pour faire face à la vérité telle qu’elle est ?
 
... Et si on votait pour l’homme plutôt que pour le parti ?
Et de toute façon, depuis quand au juste y a-t-il un quelconque intérêt à savoir quel parti exactement se retrouvera au pouvoir ? Remarquez que ça ne veut pas nécessairement dire que vous aurez lu en vain le reste du texte, mais en tout cas... Mais sérieusement, n’est-il pourtant pas clair que, quel que soit le parti, il n’y a en réalité qu’un seul homme qui puisse être au pouvoir, à savoir le chef même du parti, au moment où celui-ci devient en fait premier ministre ? Car même le plus influent des ministres ne doit-il pas d’abord attendre l’autorisation du premier minsitre avant de prendre lui-même une décision, du moment que celle-ci est moindrement significative ? Et un bon premier ministre ne peut-il pas faire un bon gouvernement, même en étant à la tête d’un mauvais parti ? La preuve n’en est-elle que Brian Mulroney lui-même, qui fut sans doute l’un des plus grands premier ministres que nous aurons connus (j’oserais même dire le plus grand, mais ce n’est après tout qu’une opinion...), était pourtant un conservateur ?... Et ne suffit-il pas d’un mauvais chef pour enlever toute crédibilité à un parti ? Au fond, qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à faire, du parti ? N’est-ce pas que l’humain qui compte vraiment, dans la vie ?... Et dans notre système politique, tout particulièrement, la seule question n’est-elle donc pas que de déterminer par quel chef exactement nous préférerions nous voir gouvernés ? Ou à tout le moindre, ne s’agit-il pas que de savoir quel chef nous semblerait le moins pire parmi ceux qui sont réellement proposés ?... Pourquoi, alors, se poser d’autre question que celle-ci, après tout ?
 
Alors si l’on parlait un peu de Michael Ignatieff lui-même, ne serait-ce que pour quelques lignes,
s’il semble que de toute façon ce soit là dont tout ce dont il sera réellement question lors des prochaines élections ? Serait-il donc possible qu’après tout il ne s’agisse peut-être pas d’un si mauvais choix ? En fait, ne faut-il pas plutôt lui reconnaître de grandes qualités, à commencer par celle d’avoir tout simplement l’étoffe d’un chef d’État, chose pourtant si rare, et notamment au Canada ? Et surtout, n’a-t-il pas démontré cette qualité humaine ultime qui est de savoir rassembler ? N’est-ce pas là d’ailleurs ce dont le monde a le plus besoin ? Et n’est-ce pas, encore une fois, ce qui pourtant semble nous manquer le plus au Canada ?
 
En fait, Ignatieff n’a-t-il pas carrément saisi chacune des occasions qu’il eu de s’exprimer jusqu’ici pour tenter de ramener ensemble les différentes parties de ce pays, aussi grandes puissent être les distances qu’on a pourtant ériger afin de les séparer ? N’a-t-il pas, en cela, exactement compris ce en quoi consiste le Canada, à savoir le pays même de la diversité, et dont le seul fondement, depuis le début, ne peut donc qu’être le respect même de la différence ? N’a-t-il pas, autrement dit, su ramener le Canada à son essence et donc à son sens même, ce dont je me demande justement à quand remonte la dernière fois qu’on aura su le faire, auparavant ?... Et pour ainsi redonner une voix à un pays dont on pourrait pourtant croire qu’il n’en a pas, ne faut-il donc pas être capable d’inspirer et de rassurer avec une force qui soit au moins comparable à celle qui distingue Obama ? En tout cas, disons qu’on ne peut sans doute pas reproché à Ignatieff de ne pas avoir essayé !...
 
Le message d’Ignatieff en est précisément un d’union et de réconciliation, ce dont on a peut-être plus besoin au Canada que dans tout autre pays à travers le monde. Allons-nous vraiment lui indiquer que nous préférons pourtant nous tourner vers une autre direction ?...
 
Quant aux autre partis (tant qu’à être parti)...
 
Oui, bon, je sais, je les ai peut-être balayés un peut vite sous le tapis... Alors pourquoi ne pas leur rendre justice, et regarder un plus précisément pourquoi voter pour eux n’est au mieux qu’une perte de temps !...
 
Dans le monde fabuleux (et d’ailleurs irréel) du Père Jack
Commençons donc par ce cher bon vieux NPD, pour lequel, soit dit en passant, j’ai déjà fièrement travaillé... Le problème du NPD, ce n’est certes pas ses bonnes intentions, mais plutôt l’incapacité chronique qu’il a de pouvoir les réaliser. Et le fait est que, du moment qu’un programme n’est pas crédible, non seulement il n’a aucune valeur en soi, mais en plus, cela fait en sorte que ce programme ne sera jamais porté au pouvoir. Et ça, c’est encore pire, surtout quand c’est tout ce qu’on demande, comme lorqu’on fait face à un monstre comme Harper, face à qui la seule option envisageable soit en fait de le déloger. Et le même raisonnement, soit dit en passant, tient d’ailleurs aussi pour les autres partis, cela va de soi !...
 
Pourquoi le programme du NPD n’est-il pas crédible, et pourquoi ne sera-t-il donc jamais porté au pouvoir, du moins sous sa forme actuelle ? On pourrait en débattre bien longuement, croyez-m’en !... Mais pour ne prendre qu’un point, que d’aucuns (dont Jean Charest...) diront le plus important, à savoir bien sûr l’économie... Pourrait-on seulement m’expliquer en quoi monter les impôts pourrait-il s’avérer plus sage en ce moment qu’aux dernières élections, alors que se déclarait la crise économique ? On peut bien chialer hypocritement contre des baisses d’impôts, si l’on veut, mais a-t-on déjà vu plus suicidaire que monter les impôts en pleine récession ? Y a-t-il un sens quelconque d’enlever de l’argent des poches des gens, alors que tout le monde, à commencer par le NPD, ne cesse de professer qu’il faut plutôt remplir les poches des gens, ne serait-ce que pour permettre à l’économie de redémarrer ? Et comment au juste un parti qui se dit celui de la famille et des “gens ordinaires” peut-il justement prétendre leur donner une chance en les criblant d’impôts, en partant ? S’il veut vraiment les aider, et surtout les plus démunis, ne pourrait-il pas commencer se retenir un peu de leur voler davantage de ce qu’ils ont déjà ? C’est bien beau de vouloir jeter de l’argent de tous les côtés, et ce bien entendu pour toutes sortes de raisons toutes meilleures les unes que les autres, mais pourquoi serait-il donc acceptable qu’un parti, pour y arriver, demande aux gens de se serrer la ceinture avant même de montrer qu’il est pourtant lui-même capable de le faire, en commençant par couper pour une fois dans notre épouvantable bureaucratie, et en commençant par démontrer en fait que l’on comprend ne serait-ce que minimalement le sens du mot efficacité ?
 
Et comment un parti peut-il donc se dire du peuple alors qu’il ne se trouve en fait qu’à défendre les syndicats et tout ceux qui sont à charge de l’État, sans pourtant s’assurer d’abord que ceux-ci n’exploitent pas eux-même le peuple en s’engraissant toujours plus à ses dépens sans pourtant jamais rendre de compte à qui que ce soit, et comme il est pourtant de plus en plus clair qu’ils le font présentement ? Pourquoi serait-il plus pourtant acceptable pour le peuple d’être exploité par les syndicats que par qui que ce soit ? Est-on pourtant avantagé en ne sachant faire mieux que remplacer une classe d’exploiteurs par une autre ? Ne peut-on vraiment faire mieux que jadis en U.R.S.S., où le peuple ne s’est vu “libéré” de son aristocratie que pour se faire opprimer de façon encore plus totalitaire par sa propre bureaucratie ? Comment pourrait-il se trouver quelque sens que ce soit à ne se borner qu’à répéter les erreurs du passé, même lorsque celui-ci ne saurait, en fait, être plus dépassé ?...
 
Le jour ou le NPD aura ne serait-ce qu’esquissé une réponse à l’une de ces questions là, peut-être alors sera-t-il déjà plus en mesure de s’approcher du pouvoir, ne serait-ce que d’un siège à la fois.
 
Et d’ailleurs, j’irais même jusqu’à dire que c’est sans doute ce qu’on peut espérer de mieux, car après tout, le NPD n’a-t-il pas en lui-même tout ce qu’il faut pour devenir éventuellement la meilleure option qu’on pourrait possiblement trouver au Canada ? Cela semble pourtant aller de soi, mais avant que ce soit justement le cas, ne faudrait-il pour cela que ce parti veuille d’abord RÉELLEMENT le pouvoir, en commençant donc par présenter un programme digne de ce nom ? Car autrement, un parti sans programme peut-il pourtant avoir plus d’intérêt que les Conservateurs eux-mêmes , juste parce qu’il est de la gauche ? Et pour que le NPD devienne un jour potable, ne lui faudrait-il pas d’abord admettre, comme le parti Démocrate américain s’est d’ailleurs vu forcé de le faire assez tôt dans son histoire, qu’il ne sera jamais élu en n’existant que pour ses fans et donc pour les syndicats, plutôt que pour toute la population du Canada ? Et en attendant, donc, que ce parti arrive sur Terre, agissons-nous pourtant nous-même de façon plus pertinente en les encourageant, de par notre vote, à continuer sur leur voie qui ne mène nulle part ? Pourquoi le NDP se donnerait-il la peine de moindrement changer si on leur montre nous-mêmes qu’on a justement pas besoin de ça pour voter pour eux ? Qui, alors, est vraiment responsable de l’apathie du parti même qui se dit du changement, sinon nous-mêmes, qui les félicitons carrément de ne rien faire ? Autrement dit, comment s’étonner, une fois de plus, que le changement ne se fait pas, si pour commencer nous n’agissons justement que de façon à l’empêcher ?
 
Et surtout, en attendant justement que le NPD devienne une solution de rechange crédible et donc surtout possible, en quoi le fait de voter pour eux, comme d’ailleurs pour tout autre “tiers” parti, fait donc autre chose que d’empêcher en fait le seul candidat qui peut vraiment remplacer Harper de justement le faire ? Autrement dit, en quoi un vote pour ce parti est-il donc autre chose en réalité qu’un vote pour Harper ?...
 
Et au fait, pourquoi faudrait-il donc, en partant, aller plus à gauche qu’à droite ? La voie de l’équilibre, et donc de ce qui devrait en principe fonctionner (du moins selon Bouddha...) ne devrait-elle pas plutôt se trouver au centre ? Trouverions-nous pourtant plus drôle d’avoir à s’handicaper de sa main droite plutôt que sa main gauche ?... Ou trouverions-nous si intelligent de se pencher davantage d’un côté que de l’autre si nous avions à marcher sur un fil ? Alors pourquoi de telles considérations de base devraient-elles nécessairement prendre le bord moindrement qu’on commence à parler de politque ? Pourquoi la politique devrait-elle obéir à d’autres lois que la vie, dans le fond ? Pourquoi se livrerait-on, en politique, à des expérimentations qu’on n’oserait jamais tenter dans notre propre vie, en tout cas certainement pas du moment que notre vie ne tient plus qu’à un fil ? Croit-on pourtant que notre équilibre national et même planétaire soit en fait moins précaire ? Le destin de tous est-il pourtant à prendre plus à la légère que notre propre vie ?
 
Pourquoi les Verts sont les meilleurs...
Et quant au parti Vert ? Je vous dirais, bien honnêtement, que je pourrais pratiquement faire un “copié-collé” de la réponse que je viens de donner pour le NPD, sauf que j’ai quand même un peu plus de respect pour ceux qui vont jusqu’à prendre la peine de me lire... Et de toute façon, il existe pourtant une distinction, et de taille, entre les deux programmes : celui des Verts s’avère (ho! ho!..) selon moi beaucoup plus crédible, ne serait-ce que, croyez le ou non, sur le plan économique, en plus bien sûr d’être imbattable sur le plan de l’environnement. En effet, le parti Vert ne propose pas seulement un taxe verte en plus de la Bourse du Carbone que propose aussi le NPD, mais, au niveau de l’économie, ils proposent des mesures qui font bien plus de sens telles que baisser l’impôt sur le revenu et sur les entreprises. Vous avez bien lu : un parti “de gauche” qui baisse les impôts ! Et non seulement ils les baisseraient, mais ils le feraient comme tous les économistes suggèrent de le faire, contrairement bien sûr à Harper qui, en baissant la TPS, s’est plutôt révélé le pire cancre qu’on pourrait trouver en la matière. Il y a donc au moins un parti qui a compris comment ça marche ! Dommage que ça semble laisser les électeurs indifférents, justement !
 
... et pourquoi voter pour les Verts n’est pourtant pas si vert !...
Vous avez donc compris, si vous êtes un judicieux lecteur, que ma préférence va en fait aux Verts. Mais si vous avez aussi bien lu avant, vous aurez aussi compris que je ne voterai pas pour eux, mais bien pour les Libéraux. Pourquoi ? C’est pourtant simple, et vous connaissez sans doute déjà ma réponse : ce n’est tout simplement pas eux qui vont me débarasser de Harper !... Alors, si je suis moi-même prêt à faire un petit compromis sur mes PRINCIPES, de manière à faire une différence dans la RÉALITÉ, pour faire changement, alors pourquoi donc devrais-je être le seul à le faire ? Pourquoi ne pas, pour une fois, unir nos voix, et d’une seule voix, envoyer un message clair : celui du CHANGEMENT !... Et en fait, plutôt que de justement ne faire que parler du changement, pourquoi ne pas nous-mêmes en faire une réalité, une fois pour toutes ?...
 
... Aurais-je oublié quelqu’un ?...
Oui, et aurais-je plus précisément oublié un parti ? Ah ! Mais bien sûr ! Il y a aussi ce cher bon vieux Bloc Québécois ! Ou avais-je donc la tête ?...
 
Mais d’abord, récapitulons...
 
 
 
Il doit donc sembler assez clair, jusqu’ici, que, comme toujours dans la vie, ce n’est qu’en s’unissant qu’on retrouvera notre pouvoir, puisque de toute façon, ce n’est que dans l’union qu’il se trouve quelque pouvoir que ce soit.
 
Pourquoi ne pas voter Libéral, donc ?...
 
Parce qu’on est Québécois ? Ah ! Tiens donc !...
 
Alors, dans un tout autre ordre d’idées... Et si on se disait les vraies affaires, pour une fois ?...
 
 
B) La Question Nationale
 
 
Pourquoi se séparer, au juste ?...
Le Canada se serait donc pas notre pays ? Alors, c’est quoi ? Et surtout, c’est le pays de qui ? Ce pays, n’est-ce pas d’abord nous qui l’avons construit ? Ce nom qu’il a, n’est-ce pas celui qu’on lui a en fait donné ? N’est-ce pas au départ celui de notre propre nation ?... Et pour commencer, n’est-ce pas tout simplement nous qui étions ici les premier arrivés ? Les “autres”, à commencer par les Ontariens et compagnie, n’est-ce pas d’abord nous qui les avons reçus chez nous, jusqu’à preuve du contraire ?... Et on irait leur remettre tout bonnement les clés de notre maison, pour ensuite docilement rentrer dans notre coin ?... On leur laisserait notre pays, pour ensuite repartir nous-mêmes à 0 ?
 
N’y a-t-il pas un bout à ne pas mettre ses culottes chez soi ?... N’y a-t-il pas un bout à laisser d’autres prendre tout ce que nous avons de plus précieux ? N’y a-t-il pas un bout à se refermer sur soi et à laisser d’autres décider pour nous ?...
 
On me dira sans doute que tout ça, c’est du passé, que les choses ont changé... Et les lois de la nature, elles, ont-elles changé tant que cela ? L’union ne fait-elle pas toujours la force, aux dernières nouvelles, à moins qu’il n’y ait qu’au Québec qu’on ne soit pas capables de comprendre ça ?...
 
On me dira que tout ça, c’est des beaux concepts, sauf que c’est bien différent dans la réalité...
 
Mais est-ce vraiment le cas ?
 
D’abord, de quelle réalité parle-t-on ? Veut-on vraiment parler concrètement ? Veut-on vraiment, autrement dit, parler d’argent ?
 
Peut-on vraiment dire que le Québec est sauvagement exploité par le Canada ? Ou le Canada n’alimente-t-il pas constamment, plutôt, les coffres du Québec ? Ne vaudrait-il pas la peine de savoir cela exactement, une fois pour toutes, surtout en cette période où chaque sou noir doit être compté ?...
 
Alors, que disent donc les FAITS (que vous pouvez d’ailleurs vérifier vous-mêmes sur internet, ou là où vous voulez, puisque de toute façon, les faits sont les faits !...) ? Qu’un programme appelé la péréquation alimente CHAQUE ANNÉE le Québec, en tant que province dite “pauvre”, de l’argent d’autre provinces plus riches, comme l’Alberta, et ce depuis il y a d’ailleurs fort longtemps. À combien ce petit cadeau s’élève-t-il, en ce moment ? À 8 milliards, exactement. Vous avez bien compris, pas 8 millions, mais 8 MILLIARDS de dollards. Sur un budjet provincial d’environ 40 milliards (si je me souviens bien), disons que c’est loin d’êtr rien. C’est même encore plus significatif lorsqu’on considère que ceci représente aujourd’hui, grâce au réglement du déséquilibre fiscal, plus de 60 % des montants totals de péréquation versés par Ottawa dans tout le pays, et qui s’élèvent en fait à 14 milliards. Donc, fait-il pitié, le ti-Québec, dans le Canada ? Pas vraiment. On pourrait plutôt dire, en fait, qu’il en profite, et ce LARGEMENT. On peut en fait pratiquement dire qu’il en profite plus qu’aucune autre province, puisqu’il se trouve à se réserver les deux tiers du pot pour lui tout seul. En fait, on pourrait surtout se demander sérieusement comment exactement Québec pourrait boucler son budget sans cette aide précieuse d’Ottawa, déjà qu’il se le demande en ce moment. Ne pas être capable d’arriver sans l’aide d’un autre... n’y a-t-il pourtant un nom à cela ? Oui, et ça s’appelle la DÉPENDANCE.
 
Voyez-vous du sens, vous, à se prétendre lésé par celui de qui on est en fait dépendant ? Voyez-vous du sens à mordre la main qui vous nourrit ? Voyez vous du sens à vouloir s’handicaper d’une partie du budget sans laquelle on est incapables d’arriver ? Voyez-vous autrement dit du sens à non seulement se montrer ingrât, mais en plus se tirer dans le pied ? Je ne sais pas pour vous, mais en tout cas, PAS MOI.
 
Mais ça, évidemment, ça ne veut rien dire, n’est-ce pas ? Oui, car après tout, n’est-ce pas là que de bêtes arguments économiques ? Oui, car dans le fond, l’argent, on s’en fout, ce qu’il est d’autant plus facile à dire lorsqu’on parle en fait la bouche pleine, grâce bien sûr aux généreux transfers d’Ottawa... Ce qui, remarque, ne nous empêche pas pour autant de monter aux barricades du moment qu’on ne fasse qu’évoquer de rediriger la moindre cenne qui nous avait été destinée !... Car, après tout, il ne faudrait quand même pas qu’on nous enlève la moindre miette de notre part du gâteau, déjà qu’on est toujours à se battre aussitôt qu’il est question d’agrandir notre part à nous, dans tout ça !... Et ce n’est pas parce qu’on détient déjà les deux tiers du gâteau juste pour nous autres qu’il faudrait se mettre à en laisser un peu pour les autres, quand même, là !... Depuis quand, le but est de partager, plutôt que de tout avoir pour soi ? N’est-ce pas ainsi que ça fonctionne, au Canada ? Il semble bien que oui, ou plutôt que ce soit cela dans notre cas... N’est-il pas étrange qu’on trouve toujours le moyen de chialer qu’on en a jamais assez, alors qu’on ne fait que toujours plus nous donner... Donner n’est-il pas sensé faire diminuer les plaintes, plutôt que de les augmenter ? Il paraît que oui, mais hélas pas dans le cas d’un bébé pourri gâté...
 
Toujours est-il que, notre belle bouche de bébé gâté se trouvant bien remplie à craquer, nous, l’argent et les questions matérielles, on peut bien dire qu’on n’a pas la tête à cela... Pas le choix de passer à autre chose, puisqu’on a déjà tout ce qu’on peut possiblement vouloir à ce niveau là !... L’argent n’est pas notre problème, puisque c’est plutôt pour d’autres qu’on en a fait un problème... Non, nous, ce qu’on a demander, en plus bien sûr de l’argent, qui va toujours de soi, c’est beaucoup plus sophistiqué... Et c’est ce qui a trait, vous saurez, à notre identité !...
 
Oui, parce que, dans le fond, on le sait bien qu’il n’y a que cela, des raisons pour rester dans le Canada... On le sait, cela, que l’union fait la force, et blablabla... Mais a-t-on seulement le goût, d’y participer, à cette union là ? Nous a-t-on seulement consultés, dans tout cela ? Et surtout, pourquoi devrions-nous partager notre pays avec des gens qui ne sont pas comme nous ? Comment deux nations pourraient-elles vivre dans le même pays ? Chaque nation ne devrait-elle pas avoir son propre État ? La planète ne devrait-elle pas se morceler à l’infini en une multitudes d’États toujours plus petits ? La nationalité ne devrait-elle pas être une cause de division, plutôt que d’union ?
 
Et, tant qu’à faire, le Saguenay-Lac Saint-Jean ne devrait-il pas, lui aussi, se séparer du Québec ? Et pendant que j’y pense, ne pourrait-on pas enfin séparer le Saguenay du Lac Saint-Jean, et régler enfin cet autre conflit au moins aussi grave et sérieux ?
 
Car après tout, la rupture n’est-elle pas la meilleure, sinon la seule façon, de régler les conflits ?... Pourquoi chercher à régler quoi que ce soit, dans la vie, quand à la place on pourrait simplement faire la guerre ? Ne vaut-il pas mieux passer par la violence et avoir l’air fin, comme Papineau, plutôt que de simplement négocier et avoir des résultats, comme Lafontaine ? Oui, qu’importe si Papineau est mort en prison après n’avoir fait que chialer (il peut bien être devenu notre héros, aussi !...) et mené d’inutiles rébellions, et qu’importe si Lafontaine aura plutôt réussi, en bout de ligne, à nous obtenir dans les faits le gouvernement responsable dont nous jouissons en ce moment sans même savoir d’où il vient, et donc à nous obtenir pratiquement le contrôle qu’on a justement sur nous mêmes en ce moment , même si on trouve le moyen de chialer qu’on ne l’a pas !... Qu’importe si Lafontaine fut notre premier premier ministre, et nous aura laissé toutes les loi, les institutions et les infrastructures fondamentales dont nous avions vraiment besoin ? Pourquoi ne pas plutôt en faire un illustre inconnu, comme c’est d’ailleurs le cas en ce moment ? Pourquoi ne pas plutôt louanger Papineau, qui ne nous aura mené nulle part mais nous aura au moins laissé un rêve de guerre manquée ? Pourquoi prendre le chemin du véritable combat, celui de la négociation et du compromis, alors que c’est beaucoup plus facile de chialer, tout faire foirer, et ensuite se plaindre que ça ne marche pas ? Pourquoi risquer d’avoir l’air d’un “traître” et d’un “faible” parmi les tiens, en cherchant à travailler avec l’adversaire pour obtenir des gains réels, plutôt que de faire son “tough” et s’opposer à tout, et ne faire avancer rien mais au moins avoir son nom dans les livres d’histoire, avec les autres médiocrités qui au moins auront su en mettre plein la vue à un peuple en quête d’un peu de panache ? Pourquoi laisser un héritage réel si c’est pour être oublié, quand tu peux tout faire pour perdre et pourtant passer à l’histoire comme celui qui lui, au moins, aura su faire de la petite guéguerre ?...
 
 
Pourquoi faire un “deal” avec le Canada semble si compliqué...
Est-ce qu’on trouve donc vraiment plus honorable, pour nous les Québécois, d’aller chercher ce que nous voulons en passant par la rupture et la violence, plutôt que la négociation ? Est-ce vraiment cette voie qui nous aura le plus servi de par notre passé, et qui nous aura aussi rendu si uniques en tant que seul peuple (de ce que je connaisse, en tout cas) qui aura obtenu, grâce à Lafontaine bien sûr, son auto-détermination de façon purement pacifique ?... Est-ce qu’on ne pourrait pas tenter d’obtenir, ou plutôt de renouveler un “deal” avec le Canada anglais, comme Lafontaine a justement réussi à le faire avec la Couronne Britannique ?
 
D’ailleurs, un “deal” avec le Canada n’a-t-il pas déjà passé à deux doigts de se concrétiser ? Et ce “deal” en question, qui eut lieu en 1987 et qu’on a appelé l’accord du Lac Meech, n’avait-il pas précisément pour but de rendre au Québec la place qui lui revient dans la fédération, en vue, notamment, de réparer l’insulte qui avait été faite au Québec dans ce qu’on a retenu comm la “Nuit des Longs Couteaux”, ce sinistre 4 novembre 1982 ?... Ne comprenait-il pas 5 clauses qui représentaient les demandes qui, à l’époque, comptait le plus pour le Québec, et dont deux au moins s’avèrent toujours autant d’actualité, comme celle de la reconnaissance du Québec comme une “société distincte”, et celle visant à encadrer le pouvoir fédéral de dépenser ?... Et surtout, ce fameux accord, justement, ne réunissait-il pas à une même table de véritables leaders fédéralistes, tels Bourassa et Mulroney, tout comme des souverainistes purs et durs tels que Louis Bernard ? N’avait-il pas l’aval de nul autre que René Lévesque, tout comme de tout ce que le pays pouvait alors compter comme grandes personalités ? La preuve n’en est-elle pas que P.E.T. lui-même était le premier à s’y opposer, justement ?
 
Autrement dit, est-ce vraiment comme si c’était si impossible de réunir les meilleurs des deux camps de façon à faire vraiment avancer le pays, quelle que soit la façon dont on définisse celui-ci ? Si guerre il doit y avoir, ne devrait-elle pas plutôt se trouver entre les bons et les mauvais fédéralistes, tout comme entre les bons et les mauvais souverainistes, à savoir ceux qui savent que l’union est la seule façon de faire vraiment avancer les choses, et ceux qui préfèrent se camper dans leur position afin de s’assurer que rien ne bouge ? Et juste comme ça, entre ces véritables “camps”, les deux seuls véritables camps qu’il y a, auquel croyons-nous donc que l’histoire donnera finalement raison ? Pourquoi ne pas donc tous se mettre dès maintenant du côté des gagnants, plutôt que des perdants, pour faire changement !...
 
Et pourtant, cela n’empêche pas le discours ambiant de plutôt soutenir qu’il ne sert à rien d’espérer quelque “deal” que ce soit avec le Canada, puisqu’en fait c’est impossible. N’est-ce pas là, en effet, la principale leçon qu’on aura su retenir de l’épisode du Lac Meech ? Car aussi beau le projet a-t-il pu sembler, cela l’a-t-il pourtant empêcher d’échouer, au bout de la ligne ? N’est-ce pas cela, en fait, qui est à l’origine de la super position officielle de Pauline Marois elle-même, qui est en fait la première à clâmer haut et fort que le Canada est “irréformable” ? Ne faut-il pas être brillant pour avoir su tirer de si profondes conclusions ?
 
Mais n’est-ce pas plutôt facile, aussi, que d’utiliser cet échec pour dire qu’il n’y a rien à faire avec le Canada ? L’accord n’a-t-il pas surtout passé à deux doigts de devenir une réussite, en réalité ? Prétendre ainsi joyeusement que rien ne peut être fait n’est-il pas surtout un splendide prétexte pour ensuite ne plus rien essayer ?...
 
Et de toute façon, pendant que j’y pense... Est-ce qu’on est bien en train de me dire : “On a essayé, ça n’a pas marché, alors on a abandonné !...Meuh meuh !... Un violon avec ça ? Ou peut-être un petit mouchoir ? Et depuis quand, au juste, trouve-t-on normal que des adultes, en face d’un échec, se mettent à s’asssoir et à pleurer sur leur sort ? Tolèrerait-on vraiment une seule seconde qu’un joueur du Canadien réagisse de cette façon ? Pourquoi, alors, avoir adopté un telle attitude de looser en tant que nation ?...Lorsqu’on fait face à l’échec, y a-t-il vraiment quoi que ce soit à dire ou à faire, sinon de se retrousser les manches, pour mieux recommencer ?... N’est-ce pas d’autant plus le cas lorsque l’échec ne fut en fait surtout qu’une quasi-réussite, et donc que ce n’est quand même pas comme si toutes les chances de réussite n’étaient pas de notre côté, justement ? N’est-ce pas pourtant l’attitude qu’on semble avoir adoptée vis-à-vis du deuxième référendum, à savoir qu’on a beau l’avoir raté, il nous aura surtout montré que de le gagner n’est quand même pas si impossible que ça ? Si un raisonnement tient pour la division, pourquoi ne tiendrait-il pas aussi pour l’union, tant qu’à ça ?...
 
Pourquoi donc ne pas remonter en selle en vue d’un nouvel accord avec le Canada ?
 
Ah, c’est bien beau, mais c’est que ce que tout ça nous aura surtout montré, c’est que le Canada ne veut rien savoir de nous.
 
Peut-être. Le moins qu’on puisse dire est qu’on a ainsi vu que le Canada anglais a ses torts, dans tout ça. Il n’en demeure pourtant pas moins que la véritable raison de l’échec de Meech ne fut ni plus ni mois qu’un lamentable concours de circonstance, en ce sens qu’on aura laissé trop de temps (3 ans) aux Provinces pour faire passer l’accord en tant que loi au sein de leurs Parlements respectifs. Dans l’intervalle, certains gouvernements auront changés, et il s’est donc trouvé de nouveaux premiers ministres, dont un certain Clyde Wells. Or, le sens historique de ce dernier n’arrivant tout simplement pas à la cheville des ses prédecesseurs, ce triste personnage a donc préférer tout faire foirer à lui tout seul, puisque un amendement à la Constitution, comme l’accord tentait de réaliser, requerrait justement l’accord des Provinces à l’unanimité. Alors dans un tel cas, peut-on réellement parler d’un rejet, ou plutôt d’un certain manque de prévision ayant occasionné ni plus ni moins qu’une vulgaire badluck, comme il en arrive tout simplement, aussi absurde puisse-t-il être qu’une simple badluck vienne faire foirer un si grand projet ! Bien sûr, il y aura cependant eu des attitudes plus ou moins intéressantes de la part des “Anglais”qui auront aussi joué, ne serait-ce que de façon à inciter Clyde Wells à commettre son super geste, en particuler. Il n’est donc pas faux, en un sens, mais en un sens seulement, que le Canada nous aura donc finalement tourné le dos !...
 
Et nous, de notre côté, qu’aurons-nous trouvé de mieux à faire, en réponse à cela, ? On lui a fermé la porte définitivement. C’est sûrement mieux, d’abord !... C’est certainement le genre d’attitude qui mène à quelque part, en partant ! Est-ce pourtant ainsi qu’on règles les conflits ? En boudant lorsque l’autre n’agit pas comme on voudrait ?... N’est-ce pas plutôt exactement le contraire qu’on explique constamment aux enfants, dans les cours d’école ?... Ne leur dit-on, tout simplement, que pour régler un conflit, il faut d’abord faire les premiers pas ? Et ne s’agit-il pas, alors, que de voir qui sera assez “fin” pour justement les faire en premier ? Alors, encore une fois, pourquoi donc cela devrait-il être si différent dans le cas d’adultes supposément matures et responsables, majeurs et vaccinés ?... Pourquoi alors devrait-on alors attendre de l’autre qu’il se montre plus “fin” qu’on ne l’est soi-même ? Comment surtout peut-on lui reprocher de ne pas faire ce qu’on ne fait justement pas plus soi-même, de son côté ? Pourquoi faut-il donc, dès qu’on aborde ce dossier, qu’on recommence aussitôt à se comporter comme des bébés ?...
 
En fait, pour un peuple qui déchire à l’infini sa chemise sur l’idée que le Canada lui a un jour fermé la porte, a-t-on pourtant jamais donné le moindre signe que nous étions intéressés à y entrer, pour commencer ?... Ou ne sommes nous pas les premiers à plutôt se refermer sur nous-mêmes, tout en étant toujours prêts à monter aux barricades à la première occasion d’augmenter nos propres avantages au sein de la fédération, sans jamais pourtant vouloir rien donner en échange, et sans même jamais montrer le moindre intérêt à en faire partie, pour commencer ?...Comment peut-on reprocher au Canada d’être de mauvaise foi quand on ne fait soi-même que toujours se comporter comme si on voulait toujours le beurre et l’argent du beurre ? Qui prend vraiment l’autre pour un con, dans tout ça ?...
 
Et surtout, comment peut-on prétendre avoir jamais voulu un “deal” avec le Canada, quand on est en fait le premier à se mettre au pied de guerre du moment qu’on a affaire à lui ?... Comment au juste peut-on prétendre vouloir réaliser une entente avec un pays, quand en fait on lui montre en partant qu’on ne veut rien savoir de lui ? Pourtant, ce genre de fermeture à l’autre n’est-elle pas à la base du conflit israélo-palestinient ? Et fait-on vraiment mieux que ces pauvres gens-là lorsqu’on reproche toujours à l’autre de fermer sa porte quand on ne l’ouvre jamais soi-même ? Comment peut-on être fier de notre nation, en vérité, quand elle n’est pas capable d’aller plus loin qu’on ne le fait dans le dossier israélo-palestinien, l’archétype même du cul-de-sac politique et humain ?...
 
Et justement, comment peut-on prétendre, comme en Israël, qu’il est impossible d’arriver à une quelconque entente, comme le dit d’ailleurs si bien Pauline Marois, si justement en fait on essaie même pas soit-même, en partant !?!... N’est-ce pas plutôt le genre d’attitude qui, une fois de plus, est plutôt typique d’un enfant, ou plutôt d’un enfant gâté ?... Ne reproche-t-on pas d’ailleurs une telle attitude à l’enfant qui la démontre, en plus bien sûr d’être amusé par son absurdité ?... Alors, pourquoi cela serait-il plus acceptable, encore une fois, de la part d’adultes, et surtout de tout un peuple ? Est-ce en fait le genre d’attitude qu’on attend d’un peuple adulte et donc mature, justement ? N’est-on pas sensés, après tout, être “quelque chose comme un grand peuple” ?... Ne serait-il pas tant qu’on se comporte en conséquence, pour une fois ?...
 
Alors pourquoi ne pas nous retrousser les manches, et faire ce qui est dans notre plus grand intérêt, à savoir nous unir tous ensemble, pour une fois ? Et si l’on commençait par essayer, plutôt que de dire que c’est impossible ? Si l’on commençait seulement par y croire, cela ne devrait-il pas donner des chances, en partant ? Ou du moins, ce n’est quand même pas ce qui devrait le plus nuire, n’est-ce pas ?...
 
Le Canada est-il vraiment le seul gros méchant ?...
Devant tous les “arguments” qu’on a jusqu’ici “examinés”, tout semble pourtant se résumer à ceci : du moment qu’on veut VRAIMENT faire avancer un dossier, ou même faire quoi que ce soit, dans la vie, ne devrait-on pas commencer par prendre soi-même les moyens pour y arriver ? Comment se fait-il donc, dans ce dossier en particulier, que, dès qu’on fait face au moindre obstacle, on semble plutôt sauter sur l’occasion pour clâmer haut et fort que rien n’est possible, et qu’il vaudrait doncmieux abandonner ? Serait-il donc possible que ce qu’on cherche vraiment n’est pas en tant une solution, avec le Canada, que le premier prétexte qu’on trouvera pour faire avorter le dossier ?...
 
Et en fait, maintenant qu’on y pense, serait-il possible que ce soit nous qui ayons pris soin depuis le début de tuer dans l’oeuf l’idée d’un “deal” avec le Canada, puisque c’est ça, au fond, qui semble notre seule vraie motivation, dans tout ça ? Serait-il possible, en fait, qu’avant même que la porte nous soit fermée à Meech, nous ayons d’abord tout fait pour saboter d’avance tout projet qui irait dans le sens de quelque entente que ce soit avec le Canada ?...
 
N’est-ce pas, après tout, exactement ce qui s’est passé, en cette fameuse nuit du “squat (4) novembre au soir”, en 1982, alors que notre bon vieux René disait pourtant clairement dit à son homologue fédéral, ce bon vieux PET, qu’il “ne pourrait jamais obtenir quelque “deal” que ce soit avec lui” ? N’a-t-il pas plutôt bien précisé que le seul “deal” dont il voulait entendre parler, c’était en fait la souveraineté ?... Quoi de plus facile, après cela, que de crier au meurtre, tout en déchirant sa chemise sur cette “Nuit des Longs Couteaux” créée de toute pièce, en un sens, pour devenir l’emblême d’une nation qui devait ensuite passer maîtresse dans l’art de se complaire dans sa propre victimisation !...
 
Quoi de plus facile, en effet, que de se plaindre ensuite qu’un “deal” est impossible, quand en réalité on a clairement fait tout ce qu’il fallait pour empêcher qu’il puisse jamais exister !...
 
Pourquoi s’étonner, ensuite, qu’un “deal” n’ait jamais eu lieu, si en fait on ne l’a jamais voulu !... On se demande alors encore moins comment se fait-il qu’on n’y ait jamais cru !...
 
En fait, il semble n’y avoir pas grand chose de surprenant, dans tout cela, à part peut-être l’hypocrisie totale dont on fait preuve en chialant qu’il n’est pas possible d’avoir ce qu’on a tout fait pour repousser, et la lâcheté qu’on démontre en en rejetant la faute sur les autres. Disons en fait que si vraiment on est quelque chose comme un “grand peuple”, ce n’est pas dans ce dossier là qu’on l’aura le plus démontré jusqu’ici, de par la lâcheté et l’hypocrisie. Disons aussi qu’il ne faudrait pas s’étonner non plus si, à un moment donné, le taux de sympathie envers nous ne cesse de baisser ailleurs au Canada !... Parce qu’après tout, ils n’ont beau être “que des Anglais”, il y a de bonnes chances qu’ils n’aiment pas plus se faire niaiser que nous !... Peut-être ne sommes-nous pas si différents, au fond, maintenant qu’on pense à cela !...
 
La conclusion finale, donc ?...
 
Il semblerait donc que la vraie raison pour laquelle on n’arrive pas à un deal avec le Canada, soit qu’en fait on en veuille tout simplement pas. Avouez que je suis perspicace, à des fois !...
 
 
Un “deal” serait-il vraiment si pire que ça ?...
 
Et pourtant... L’idée même d’un “deal” avec le Canada devrait-elle automatiquement s’avérer si contraire à nos intérêts ? S’est-elle même toujours avérée étrangère aux objectifs des souverainistes eux-mêmes ?...
 
René lui-même n’était-il pourtant pas le premier, à la fin de son parcours, à parler “du beau rêve”, celui, justement, d’un “deal” avec le Canada, comme étant la seule option qui pourrait vraiment profiter au Québec ? Un “deal” ne serait-il donc pas ni plus ni moins que la meilleure option, du moins selon le verdict final de nul autre que le fondateur même du parti Québécois ? Comme c’est intéressant !... Mais n’est-ce pas aussi triste de voir comme on a rapidement balayé cette option, même venant du leader incontesté du souvernainisme québécois, du moment que ça sortait moindrement de la petite logique de la guéguerre, qui ne fait rien sinon se nourrir d’elle-même indéfiniment !...
 
D’ailleurs, l’idée de départ de René Lévesque ne s’appelait-elle pas en fait la souveraineté-association ? Pourrait-on vraiment parler plus clairement d’un “deal” comme étant l’idée première du plus grand mouvement souvertainiste québécois ? Y a-t-il jamais été question, au fond, d’autres chose qu’un “deal” pour tous les vrais leaders qui ont véritablement fait avancer la question ?...
 
Et pourtant, depuis l’accord du Lac Meech, tout le monde semble avoir balayé sous le tapis cette option, sous prétexte qu’on saurait depuis que tout projet en ce sens serait perdu d’avance. Mais est-ce vraiment ce que queMeech nous aura montrés ?... On a pas plutôt vu que le projet est en fait passé à deux doigts de devenir réalité ? Comment donc aurait-il pu se rendre jusque là, si au départ c’était si fou que ça ?
 
Car en effet, l’accord du Lac Meech ne s’était-il pas pratiquement avéré un succès, avant de finalement foirer à la toute dernière minute, alors que deux provinces (le Manitoba, et surtout Terre-Neuve, grâce à son premier ministre Clyde Wells sur lequel j’éviterai de m’attarder...) n’ont finalement pas signé le document à temps ?... Avec un soupçon de “pression” pour s’assurer que l’accord soit signé aussitôt plutôt que trois ans après, n’y serions-nous pas arrivés ?... Disons que, dans un tel cas, ce n’est quand même pas comme s’il n’y avait pas moyen de croire que ça pourrait marcher !...
 
Et, par ailleurs, qu’est-ce qui a vraiment torpillé l’accord du Lac Meech, après tout ? À part les deux ou trois petits comiques qui, justement, n’ont pas signé par obsession pour leurs intérêts particuliers, n’est-ce pas surtout à cause de quelques ordures, avec PET lui-même au tout premier rang des accusés, ont justement tout fait pour miner la confiance du public dans le projet ? N’est-ce pas précisément en s’en prenant à notre confiance même que de tels ennemis de l’histoire ont finalement réussi à remporter la partie ? Alors, dans ce cas, pourquoi ne pas revirer ça de bord ? Pourquoi ne pas plutôt se remettre à y croire, pour faire changement !...Après tout, allons-nous vraiment laisser PET avoir le dernier mot sur nous ? Pourquoi ne pas plutôt décider nous-mêmes que le règne de la division a assez duré ?
Pourquoi ne pas plutôt reprendre enfin notre pouvoir en main, et donc s’unir, en commençant donc, avant toute chose, par y croire ?...
 
Et de toute façon, à quoi bon dire que Meech n’aura servi à rien ? À tout le moins, n’aura-t-il pas carrément montré au Canada, en entraînant directement le référendum de 95 qui fut pratiquement gagnant, que vraiment, on ne badine pas avec le Québec, surtout lorsque vient le moment de lui accorder ce dont il a réellement besoin ? Et surtout, n’aura-t-il pas constitué le précieux précédent sur lequel nous n’avons plus, justement qu’à construire pour aller plus loin, en reprenant le flambeau des grands qui l’ont porté jusqu’à nous ? En fait, Meech n’a-t-il pas déjà fait l’essentiel, à savoir prouver qu’une telle démarche était possible, et révélé quels étaient les obstacles à éviter du moment qu’on a le courage d’emprunter un tel chemin ? Et par dessus tout, en entraînant presque la souveraineté de par son propre échec, n’a-t-il pas prouvé quel prix il fallait payer pour négliger le Québec ? N’a-t-il pas prouvé à quel point la reconnaissance du Québec est vitale non seulement pour les Québécois, mais surtout pour les fédéralistes eux-mêmes, pour autant qu’ils tiennent justement à l’unité même du pays ?...
 
En fait, aurions-nous jamais pu atteindre la connaissance qu’on a maintenant du fédéralisme et de ses limites, de même que de la signification cruciale du Québec au sein de la fédération, si l’expérience du Lac Meech ne nous avait pas apporté en elle-même une telle connaissance, justement ?... Et par ailleurs, les étapes les plus importantes en vue de la réalisation d’un “deal” avec le Canada n’ont-elles pas aussi été franchies par Meech, qui nous aura ainsi démontré la faisabilité, sinon la réussite possible du processus de négociation entre les deux peuples fondateurs, voire de leur redéfinition de la “Constitution”, ou en d’autres termes de la nature même du pays ?... Alors, étant donné qu’on dispose maintenant de tout le chemin qui aura été déjà parcouru par les grands acteurs qui nous ont précédé, en plus bien sûr des leçons qui auront été ainsi tirées, pourrait-on en fait nous retrouver en meilleure position pour finir le travail de Meech, en réalité ?...
 
Et si l’on croyait encore qu’un accord tel que Meech ne signifie que parler pour parler, alors pensons-nous aussi que la motion de la reconnaissance de la nation aurait été déposée aux Communes si Meech n’avait pas d’abord préparé le terrain à cet effet ? Cette motion n’est-elle pas, en fait, qu’une reformulation de la fameuse clause de la “société distincte”, avec un nom un peu rafraîchi, histoire de la mettre au goût du jour ? Et si je ne m’abuse, n’a-t-elle pas d’ailleurs été déposée par nul autre qu’Ignatieff en personne ? Alors, si on peut faire ainsi du neuf avec du vieux, et si “Iggy” est le premier à montrer vouloir le faire, et qu’on ne saurait sans doute faire mieux, alors, qu’attendons-nous, au juste, pour reconnaître que 1+1=2 ?...
 
Welcome to Canada, the “ideal” place for a “deal” !...
Et au fait, pour cesser un peu de parler de Meech, ne serait-ce que pour un moment... Est-il seulement raisonnable de considérer en partant que des “deals” ne peuvent être réalisés avec le Canada ? Pourtant, ce pays n’est-il pas en lui-même qu’une collection de régions disparates que seul un ensemble de “deals” maintiennent justement ensemble, et ce depuis le début ? Car en effet, qu’ont donc en commun les différentes provinces, à part le Nord ? Et alors, qu’est-ce qui justement les retient l’une à l’autre si ce n’est à la base un intérêt commun à s’unir, ne serait-ce que pour assurer leur protection (au départ contre les États-Unis) ainsi que leur prospérité mutuelle (au départ de par l'instauration du chemin de fer) ? Est-il donc si étonnant que ce pays n’ait donc pratiquement eu d’autre choix que de développer une culture du “bargain”, s’il voulait avoir la moindre chance de maintenir ? N’a-t-il donc justement pu être fondé que sur l’acceptation de la diversité et l’accomodation des intérêts de chacun, afin d’assurer ne serait-ce qu’un minimum d’harmonie parmi ses membres hétéroclites ?
 
N’y a-t-il pas au Canada, en plus bien sûr des “deux solitudes” que sont le Canada anglais et français, qu’une mosaïque de régions et donc de “solitudes” ? Car en effet, dans chacune des régions du Canada n’a-t-on pas justement cela en commun que l’on se sent oublié par “le reste” du pays ? Plus que cette “solitude” en tant que tel, n’est-il donc pas surtout dramatique que ce sentiment soit justement partagé par tous dans ce pays, sans pourtant qu’on puisse même, de par la nature du problème, en profiter pour réaliser que l’on est pourtant tous unis, ne serait-ce que dans notre propre solitude ! Alors que le Québec se considère pourtant comme le plus incompris, ce qu’on peut bien-sûr comprendre, n’est-il pas au moins rassurant de se dire qu’en cela, il est en fait compris par tout le pays !... Car vraiment, le Québec pense-t-il vraiment qu’il est le seul à se demander ce qu’il fait, au juste, dans ce pays ?...
 
 Est-il seulement possible de trouver un seul véritable “Canadien”, qui ne s’identifie pas d’abord à sa propre région plutôt qu’au Canada proprement dit ? Est-il seulement possible de trouver deux Canadiens qui ont une même vision de ce qu’est en fait leur pays, du moment que chacun le considère depuis sa propre région ? Le Canada n’est-il donc pas d’abord et avant tout une juxtaposition de peuples réunis par rien sinon l’union même, et qui n’ont rien en commun sinon leur propre particularité ? N’est-ce pas justement la beauté d’être Canadien, que d’être ainsi ce qu’on veut, surtout que le terme semble n’impliquer, en soi, que d’être justement accepté pour ce qu’on est, quoi qu’on puisse être ?...
 
Comment le Québec aurait-il pu en fait mieux tomber pour ce qui est d’être reconnu dans sa propre spécificité et les besoins qu’elle implique, puisque c’est justement dans cet esprit même que le Canada fut créé ! Le fait de s’ajuster plus particulièrement à son membre le plus particulier, loin de lui demander d’aller contre sa nature, ne devrait en fait que lui exiger de revenir à sa force et sa valeur première, soit la reconnaissance même de la pluralité, d’autant plus que le membre en question est nul autre qu’un de ses deux peuples fondateurs, qui ne demande justement qu’à se retrouver lui-même dans son propre pays. Ça ne devrait pourtant pas être si compliqué, d’autant plus que le pays, de par sa propre Constition, semble pratiquement avoir été édifié dans ce but !... Alors, qu’attendons-nous, au juste ? Pourquoi ne pas faire avec le Canada le “deal” ultime de son existence, celui par lequel il prendra enfin tout son sens ?...
 
 
Et la séparation, dans tout ça ?...
 
Et, juste un petite question, comme ça... Et si, au du compte, le “deal”, même tenté une seconde fois, ne fonctionnait pas ? Si, vraiment, on nous montrait que, quoi qu’on puisse faire, il n’y a rien qu’on puisse faire en fait pour être enfin reconnu comme nation et traité en tant que tel, au sein du Canada ?
 
Eh bien alors, si on se voit forcé d’en venir jusque là, on pourra toujours se dire qu’en dernier recours, n’y a-t-il pas, justement... la séparation !?!... N’était-ce pas d’ailleurs là le verdict de la Commission Bélanger-Campeau, lancée par Bourassa lui-même, au lendemain de l’échec de l’accord de Charlottetown, qui était sensé donner à Meech une seconde chance ? Cette commission ne recommendait-elle pas, en effet, devant un rejet évident du Canada, de tenter de réaliser la souveraineté ?
 
Maintenant qu’on y pense, si Lévesque en était venu à considérer que le plus “beau rêve”, pour le Québec, était de trouver sa place dans la fédération, et que Bourassa, en bout de ligne, est en un sens venu à suggérer que lorsqu’il ne reste plus d’autre option, on était aussi bien de se séparer, c’est bien pour dire que les deux options ne sont peut-être pas si mutuellement opposées que ça, à bien y penser !...
 
Pourrait-on, en fait, concevoir deux approches possiblement plus complémentaires ? On commence par tenter un “deal”, et si ça ne fait pas, on sait qu’il nous restera toujours la carte de la séparation à jouer en dernier recours !... Et la meilleure façon de constater à quel point les deux options ne vont en fait pas l’une sans l’autre, c’est qu’elles s’appuient en fait toutes deux l’une sur l’autre, et ce tout au long du processus !... N’est-ce pas merveilleux ?... En effet, la séparation offre un moyen de pression qui rend l’atteinte d’un consensus d’autant plus essentiel qu’autrement, il y aura une réelle sanction à la fin... Et cela est d’autant plus vrai que les “Anglais” savent aujourd’hui qu’on est prêts à se rendre pratiquement jusqu’au bout, advenant le cas d’un accord raté, comme celui du Lac Meech l’aura été !... Et réciproquement, on voit aussi que la perspective d’un deal ne fait de son côté que mousser les chances de vraiment atteindre la souveraineté, parce qu’en fait, comme on a pu le voir, on n’a jamais passé aussi proche d’y arriver qu’après les accords Meech et Charlottetown, où l’on s’était justement vus rejetés... Les souverainistes “purs et durs” devraient donc plutôt se réjouir de la perspective d’un “deal”, qui ne peut s’avérer pour eux qu’une bénédiction : au mieux il répond à nos demandes, et au pire il permet, de par le mécontentement incomparable que son échec engendrerait, de devenir “enfin” souverain !... On ne peut en fait que se retrouver gagnant, et ce quoi qu’il arrive ! Disons ça devrait être assez dur à battre, comme deal, en tout cas !...
 
Au fond, la question, alors, en est surtout une de sincérité. Car le mécontentement retiré d’un accord raté ne dépendra en fait que du niveau d’efforts qu’on aura d’abord mis pour le faire réellement marcher. Jusqu’à quel point ce “deal” a-t-il pu vraiment véhiculer les espoirs des Québécois ? Et surtout, jusqu’à quel point a-t-on tout fait ce qui était en notre possible pour le faire réussir ? Plus la réponse à ces questions sera “élevé”, et plus sera fort l’appui à la souveraineté, qui n’apparaîtra que d’autant plus clairement comme seule alternative qu’il pourrait nous rester. Comme en 95, après Meech, finalement !... Si ça a ainsi faillir marcher une fois, pourquoi perdre son temps à faire quoi que ce soit qu’à réemployer la “stratégie” qui s’est justement avéré la seule à pouvoir nous amener jusque là ?...
 
Et d’un côté quelque peu plus fédéraliste, il faut avouer qu’il est un peu vide d’entâmer des négociations si elles ne sont pas accompagnées un quelconque moyen de pression, rappelant qu’il y aurait quand même des conséquences à ce que celles-ci ne mènent à rien. Ou est le sens, en effet, de prétendre qu’on veut sérieusemet quelque chose, mais que si on ne l’a pas, on oubliera ça, et c’est pas pire que ça !... Aussi bien oublier ça tout de suite, tant qu’à cela !...
 
La séparation fournit donc au processus de négociation une cohérence que celui-ci n’aurait pas, et vice versa. C’est à se demander comment on a pu chercher aussi longtemps à séparer deux choses qui semblent pourtant faites pour aller ensemble ! Cela ne va-t-il pourtant pas de soi ?...
 
Et, pour commencer, procède-t-on seulement d’une autre façon dans nos propres vies, à bien y penser ? N’est-ce pas la marche à suivre qu’on emprunterait dans tout couple digne de ce nom ? Car qui chercherait d’abord à se divorcer sans même avoir tenté de faire fonctionner son couple, pour commencer ? Et qui donc chercherait à demeurer dans un couple toxique pour l’éternité, s’il devient clair que rien ne puisse être fait pour y remédier ? Est-ce pourtant si compliqué ? Et la perspective du divorce ne donne-t-elle pas un peu plus de sérieux, pour ainsi dire, aux discussion en vue d’une réconciliation ? Et, d’un autre côté, y a-t-il vraiment meilleur moyen d’être fixé et prêt à tout que lorsqu’on s’est vraiment rendu jusqu’au bout pour tenter de “sauver son couple”, d’abord et avant tout ? Alors, encore une fois, pourquoi ce qui pour nous semble aller de soi devrait-il soudainement devenir si compliqué du moment qu’on sort du cadre de notre petite vie à nous ?... Si une façon de faire est assez bonne pour qu’on l’applique pour nous, notre pays ne mériterait-il pourtant pas qu’on l’applique aussi pour lui ?...
 
En fait, l’ironie est plutôt d’entendre encore aujourd’hui nos super-héros, tant du côté fédéraliste que souverainiste, de s’accuser mutuellement de n’avoir aucune crédibilité, comme si tous deux n’avaient pas justement raison, et notamment en disant qu’ils !... En effet, pourquoi une négociation dont on ne peut qu’espérer qu’elle ne rate pas aurait-elle plus de crédibilité que d’annoncer dès le départ qu’on ne veut que la souveraineté, sans même tenter de négocier quoi que ce soit, ne serait-ce que pour mettre à profit le moyen de pression dont on pourrait ainsi disposer ?... Est-il pourtant plus avisé de montrer qu’on a aucune option que de dévoiler tout son jeu en partant ? Et qui voudrait pourtant jouer en étalant d’abord tout son jeu, quel qu’il soit ?
 
Y a-t-il pourtant un quelconque sens à montrer tout son jeu en partant, quelqu’il soit ?
Pourtant, des deux posisitons, il faut avouer que celle du souverainiste “fermé” a cela de plus absurde qu’il n’utilise simplement pas un outil de négociation dont le fédéraliste “soumis” ne dispose en fait même pas.
 
En fait, j’irais jusqu’à dire qu’il se pourrait bien que la souveraineté s’avère en soi une perspective plus qu’intéressante pour le Québec... Ceci, dit, si par ailleurs il s’avérait possible pour nous réaliser notre autodétermination tout en demeurant en état d’intégration et de partenariat avec le Canada, alors comment pourrait-on imaginer une proposition plus gagnante que celle-là ?... Comment pourrait-on, au juste, s’obstiner avec cela ?... Ou autrement dit, pourquoi n’avoir qu’un État, si l’on peut en fait en avoir deux ?... Ou si vous préférez, pourquoi n’avoir qu’une partie de ce qu’on pourrait souhaiter, quand en fait on peut en avoir la totalité ?...
 
Au fond, la vraie question, ce serait plutôt celle-ci justement : pourquoi chercher à tout prix à faire la souveraineté, sans d’abord tenter une option plus constructive à travers la négociation, d’autant plus que la souveraineté offrirait en elle-même le plus formidable des moyens de pression ? Autrement dit, pourquoi chercher absolument à quitter le Canada sans même d’abord essayer de le faire marcher ? Ou, en clair : pourquoi cela presse-t-il tant de quitter le Canada ?...
 
Le beurre et l’argent du beurre
En fait, je dois dire que j’ai rarement vu un souverainiste, même pur et dur, s’opposer en soi à l’idée d’un “deal” avec le Canada, advenant qu’une telle chose soit démontrée comme étant réellement possible, sinon à portée de main. Car après tout, pourquoi s’obstiner à vouloir sortir du Canada s’il nous est possible d’y demeurer tout en obtenant tout ce dont nous avons besoin afin de nous considérer comme une nation digne de ce nom, et en nous retrouvans donc en possession de tous nos moyens ? Pourquoi donc devrait-on s’opposer à quelque chose du moment que cela ne nous empêche pas d’avoir ce que nous voulons ? En d’autres termes, comment pourrait-on s’opposer à avoir le beurre et l’argent du beurre ?...
 
Et si une telle entente est possible entre les deux nations, ne devrait-elle pas en fait être souhaitable plus que toute autre chose, ne serait-ce parce qu’elle est beaucoup plus susceptible d’offrir des gains réels pour chacune des deux nations impliquées ? N’est-ce donc pas surtout cela que nous devrions rechercher, plutôt que de nous contenter de l’appuyer si elle venait à nous être proposée ? Pourquoi ne pas prendre le leadership d’aller chercher nous-mêmes ce qui est le mieux pour nous, plutôt que d’attendre que d’autres viennent le mettre sur la table à notre attention ? Pourquoi ne pas prouver dès maintenant que nous sommes justement capables de nous occuper de nous-mêmes ?
 
Pourquoi donc ne pas clairement et activement rechercher un “deal” avec le Canada, du moment que l’on sait qu’on ne peut ainsi qu’y gagner, et sans pourtant que cela empêche de considérer la souveraineté comme dernière option, puisqu’au contraire cela ne ferait que maximiser nos chances qu’un tel “deal” puisse justement fructifier ?... Autrement dit, si un “deal” s’avère donc l’option la plus prometteuse qu’on puisse envisager, pourquoi ne pas justement nous orienter de ce côté, plutôt que de rejeter d’emblée cette option, et la rendre au départ impossible en nous refusant nous-mêmes à négotier, ou ne serait-ce qu’à considérer la possibilité de fonctionner avec l’autre dans l’union ?... Car au fond, si l’union fait vraiment la force, pourquoi alors ne pas la rechercher avant toute chose, en commençant nous-mêmes par démontrer une attitude d’ouverture et de capacité à coopérer, plutôt que de faire exactement l’inverse ?... Et si une telle option est la meilleure qu’on puisse envisager, pourquoi ne pas d’abord tout faire pour l’atteindre, plutôt que de prétendre en partant que c’est impossible, et faire ensuite tout ce qu’on peut pour l’empêcher, de sorte que cela devienne effectivement impossible, et qu’on puisse ainsi se féliciter d’avoir soi-même assuré l’échec qu’on avait prédit ? En bref, pourquoi ne pas simplement faire ce qui est le mieux pour nous, plutôt que de simplement jouer à nous le refuser ?...
 
 
Et pourquoi nous diviser quand l’Europe s’unit ?..
D’aucuns diront qu’on ne peut se comparer avec l’Europe, même si ceux-ci ne font qu’aller toujours plus loin sur la voie de l’union, tandis que nous semblons toujours pencher vers celle de la division. L’argument pour justifier cela serait que les États d’Europe sont justement à la base des États, et qu’il leur est donc plus facile de s’unir du moment que ceux-ci sont d’abord tous traités sur un pied d’égalité. Il faut avouer que cela est certainement un avantage en soi. En fait, on pourrait même dire que la démarche européenne va dans le sens l’inverse de la nôtre, puisque dans notre cas, l’union est déjà consommée, qu’on le veuille ou non, et la question serait plutôt qu’on puisse justement y trouver enfin notre place en tant que nation. Cependant, les Européens ne pourraient-ils pas suggérer que nous sommes nous aussi avantagés, dans la mesure où ici, nous avons déjà accompli l’union de nations, comme ils cherchent justement à y arriver, de leur côté ?
 
Car au fond, dans les deux cas, le but ultime n’est-il pas le même ? Qu’il s’agisse au départ d’États souverains ou de différentes nations un même État, la question n’est-elle pas surtout d’arriver à fonctionner ensemble, tout en respectant l’autonomie de chacun des membres impliqués ? Autrement dit, la destination ultime n’est-elle pas la même pour l’Europe comme pour nous, quel que soit notre point de départ pour y arriver ? Pourquoi, alors, chercher à tout prix la division, quand la Terre entière semble plutôt tourner dans le sens contraire ?...
 
Et pourquoi pas un petit mot sur le fédéralisme, pendant qu’on y est ?...
Par ailleurs, et sans non plus vouloir m’étendre sur le sujet plus qu’il ne le faudrait, n’est-ce pas le but premier du fédéralisme en tant que tel, que de réussir à faire fonctionner différentes entités au sein d’un même ensemble, de par le fait que ce dernier repose justement sur l’accomodation de la différence, et le respect de l’autonomie de ces entités qui le composent ?... Bill Clinton n’a-t-il pas lui-même déclaré, et ce précisément à l’intention de Lucien Bouchard, que le fédéralisme représente en lui-même le moyen par excellence d’arriver à la reconnaissance de l’identité sans justement avoir à recourrir à la sécession ?...
 
Ainsi donc, si l’on reproche au fédéralisme canadien de “ne pas fonctionner”, pourrait-on alors parler d’un système qui en soit ne peut fonctionner, ou plutôt d’un système qui, du moins jusqu’ici, n’aura justement pas su se montrer toujours fidèle (pour le moins qu’on puisse dire...) au principe sur lequel il est pourtant lui-même fondé ?... Autrement dit, la véritable question devrait-elle être de chercher avant toute chose à nous départir d’un tel système, ou plutôt de le ramener à sa propre raison d’être, et donc au respect de la pluralité qui constitue d’ailleurs sa seule chance de survie ?... Et surtout, avant de justement prétendre qu’un tel système ne peut fonctionner, ne devrait-on pas d’abord nous démontrer nous-mêmes disposés à le faire fonctionner, plutôt que de justement faire exactement l’inverse ? Car s’il est clair qu’il ne manquerait pas d’améliorations à apporter au fédéralisme canadien tel qu’il existe actuellement, surtout en ce qui nous concerne, pensons-nous vraiment que nous pouvons aider quoi que ce soit en refusant nous-mêmes de le faire fonctionner, et en cherchant en fait à le briser ? Et comment se plaindre alors qu’un système fait pour assurer l’union en vienne plutôt à ne refléter que la division, si c’est nous-mêmes tout ce qu’on se trouve à rechercher ?... Car en réalité, ne nous trouvons-nous pas alors qu’à obtenir ce que nous aurons nous-mêmes demandé ?... Pourquoi alors nous plaindre de la division, si c’est apparemment tout ce que nous voulons ?...
 
Et de grâce, qu’on ne vienne pas me dire que le souverainisme québécois n’a rien à voir avec la division, quand en fait on a jamais vu un parti s’entre-déchirer de plus belle façon, et quand ses chefs eux-mêmes ne semblent avoir de chances de survie que s’ils savent démontrer d’abord et avant tout qu’ils peuvent pousser le parti plus loin sur la voie de la radicalité ?... Ainsi donc, si tout ce que nous voulons est en effet la division, alors ainsi soit-il, mais à ce moment pourrait-on tout au moins nous assumer et afficher clairement notre intolérance à la différence ou à l’union en tant que telle, plutôt que d’accuser les autres d’être responsables d’une guerre dont la maintenance semble pourtant semble notre souhait le plus cher, d’après la priorité que nous-mêmes semblons faire de l’idée de nous séparer, avant même que toute autre option ne soit considérée ?...
 
Et si pourtant le fédéralisme représente justement le pouvoir d’être soi-même à travers l’union, et le pouvoir d’une union fondée sur le respect de soi-même, pourrait-on seulement mieux demander ?... Pourquoi alors ne pas cesser de se rabattre d’abord et avant tout sur une option de dernier recours, quand on pourrait plutôt réaliser un “deal” avec un système qui à la base semble pourtant calqué sur notre propre besoin, à savoir la reconnaissance de notre différence, tout comme de notre droit à nous auto-déteminer ?...
 
 
 
Il est où, au juste, le problème ?...
 
Il faut pourtant avouer, en effet, qu’il semble bien n’avoir rien qui puisse être dit ou fait pour convaincre qui que ce soit sur cette question là... Le coeur semble juste définitivement plus fort que la tête, dès qu’on entre dans ce domaine... Il semble que, quoi qu’on puisse dire, et quel que soit notre intérêt à réussir un véritable “deal” avec le Canada, il semble bien qu’on préfère encore tous faire écho au René responsable de la Nuit des Longs Couteaux, et tous clâmer que “nous, un deal, on en veut juste pas !”...
 
Alors, si je comprends bien, on ne veut juste rien savoir !... D’accord, mais pourquoi, juste en passant ?...D’abord, on sait donc que ça ne peut plausiblement être quoi que ce soit qui ait trait aux question économiques, en partant... Alors, c’est quoi ?...
 
Dans le fond, l’affaire est bien simple : c’est qu’on n’en a rien à battre, du Canada !... Nous, on est Québécois !...Point à la ligne !... Et kin, toi !... Y a-t-il un problème avec ça ?...
 
Certainement pas ! Mais, dans ce cas, j’aimerais juste qu’on m’explique ceci... Est-ce que, parce qu’on est Québécois, on ne peut faire partie du Canada ? Non ? Et pourquoi ?
 
Parce qu’on est différents. Et que chaque nation a droit à son État.
 
D’accord, mais dans ce cas, qu’est-ce qui nous empêcherait, justement, d’avoir un “deal” qui nous procurerait pratiquement notre propre État dans le Canada ? Il serait où, autrement dit, le problème de la souveraineté-association, ou même du “beau rêve”, de Lévesque : de l’idée première et dernière du plus grand souverainiste, finalement ?... Car alors, on parlerait de quoi ? D’un État dans l’État, et donc de deux États pour le prix d’un, ou autrement dit, du beurre et de l’argent du beurre, enfin réunis pour de bon et pour de vrai, une fois pour toutes ? Comment peut-on possiblement avoir un problème avec cela ?...
 
Alors le problème, il est où, exactement ?
 
Ah, mais c’est pourtant pas compliqué : nous, on veut être Québécois ! Pas Canadien ! Si on est Québécois, on n’est pas Canadien, non ?
 
Intéressant... Donc, si je comprends bien, on peut être vraiment Québécois tant qu’on est aussi Canadien ?... Et si on est Canadien, on ne peut aussi être Québécois ?... Et si on examinait d’un peu plus près ce genre d’argument, pour voir s’il tient le moindrement ?...
 
 
De la double identité à la pureté de la race
Pour commencer, si un argument est bon, n’est-il pas sensé fonctionner dans tous les sens, et pas juste dans un ? Voyons donc si c’est le cas pour “l’argument Québécois”!... Alors, est-ce que le fait d’être Montréalais m’empêche aussi d’être Québécois, tant qu’à ça ?... Ou, tant qu’à être parti, est-ce que le fait d’être au départ Anjeannois m’empêche pour autant d’être Montréalais ? Et après tout, pourrais-je jamais être un vrai Anjeannois, si, maintenant que j’y pense, je viens en fait de Chicoutimi ?... Et si, vraiment, le fait d’être Anjeannois, ne m’a jamais emêché, que je sache, d’être Québécois, alors pourquoi diable devrait-il en être autrement avec le Canada ?
 
Au fait, depuis quand une identité en empêche-t-elle une autre ? En Europe, pourtant, ont-ils vraiment l’air de se formaliser avec ça ?... Semble-t-il, là-bas, y avoir le moindre problème avec le fait d’avoir sa propre nationalité tout en faisant partie de l’UNION Européenne ? Ou, pour prendre une exemple encore plus évident, semble-t-il y avoir ne serait-ce que l’ombre d’un questionnement à ce niveau chez nos voisins Américains, dont le pays est pourtant le plus puissant sur la planète ?... En effet, est-ce que le fait de former une fédération, où chaque État membre a justement son propre État, empêche qui que soit dans ce pays de se sentir Américain ? Depuis quand, vraiment, y a-t-il une contradiction dans le fait d’avoir plusieurs identités, ou simplement d’avoir plusieurs palliers de gouvernement ?...
 
Le fait d’être Québécois devrait-il empêcher en partant de faire partie de tout ce qui est plus grand ? Comment peut-on rêver devenir de vrais citoyens de la Terre, si on n’est même pas capables de faire partie de ce qui est moindrement plus grand que soi ?... Pour être un vrai Québécois, faut-il à tout prix se replier sur soi ?...
 
Et pourquoi donc ne pourrait-on pas être aussi Canadien ? Parce qu’ils sont anglophones ? Et donc, parce qu’ils sont différents ?
 
Sont-ils pourtant tous pareil dans l’Union Européenne ? Et ne se trouve-t-il vraiment qu’une langue ou une couleur aux États-Unis, du Nouveau-Mexique à Hawaï ? Les Noirs et les latinos sont-ils pour autant moins Américains ?... La diversité est-elle vraiment un obstacle à l’union ? Ne peut-il vraiment y avoir d’identité que parmi ceux qui n’ont pas de différence ? Ou la différence ne fait-elle pas que rendre l’identité plus vraie et donc plus puissante ?...
 
Et sinon, alors on dit quoi ? Que dit-on en suggérant qu’on ne pourrait au Québec avoir une double identité ? Que dit-on en suggérant qu’on ne pourrait avoir notre État tout en faisant aussi partie d’un ensemble plus grand ? Qu’il ne peut y avoir un même identité que parmi ceux qui sont tous pareils ? Est-ce vraiment cela, être Québécois ?...
 
Alors, dans ce cas, pourquoi ne pas donc commencer par exulser dès demain matin tous les “immigrants”, ou tout ceux qui ne sont moindrement pas membres de notre “ethnie”comme semblait d’ailleurs le suggérer le très honorable chef souverainiste Jacques Parizeau ?
 
Mais, encore là, comment s’assurer, vraiment, de bien purger tout soupçcon de “différence” qu’il pourrait encore pourtant subsister dans notre sang ? Comment pourrait-on donc mener notre opération de “nettoyage ethnique” jusqu’au bout ?
 
Et, même là, ne faudrait-il pas ultimement tous y passer, tant qu’à ça ?... En effet, y a-t-il un Québécois qui n’aie pas en lui quelque sale trace de sang irlandais, ou peut-être même amérindien ? Comment peut-on donc arriver à vivre avec ça ?... Et que dire de deux qui, sans même parler de leur “race”, ont une double citoyenneté ? Ces sales traîtres ne devraient-ils pas tous être expusés d’ici d’emblée ?...
 
Et, justement, tant qu’à cela, comment pourrait-on tolérer qu’un “Québécois” digne de ce nom puisse s’aviser, par exemple, de célébrer ainsi ses origines, autres que celles de Canadienne-Française ?... Et, tant qu’à y être, pourquoi ne pas aussi renier nos origines françaises ? Y a-t-il vraiment, après tout, des gens plus “différents” des Québécois que ces “maudits Français” !...
 
Et une fois qu’on aura ainsi tout bien nettoyé, que nous restera-t-il, au juste ? En fait, pourrait-il alors vraiment nous rester quoi que ce soit ?...
 
Et pourtant, dans tout les cas précédemment mentionnés, une “double identité” ne se vit-elle pas tout ce qu’il y a de plus naturellement ? Ne dit-on pas, dans tous ces cas, que la seconde identité ne représente tout simplement qu’une “partie de soi” ? N’en est-il pas de même avec le fait d’être un mari, un chrétien et aussi un employé ? Mais comment donc ces différentes “parties de soi” peuvent-ils donc cohabiter sans tout mêler ? Serait-il donc possible qu’une “partie de soi” n’en empêche tout simplement pas une autre ? Pourquoi donc devrait-il en être différemment lorsqu’il est question de nationalité ?...
 
Et si on peut avoir plusieurs “citoyennetés”, qu’est-ce qui nous empêche alors d’avoir plusieurs identités ? Faudraits-il donc beaucoup plus qu’une “citoyenneté” pour mériter son identité ? Faut-il avoir passé toute sa vie dans un pays, et s’être complètement assimilé ? Ou ne suffit-il pas d’avoir un attachement pour ce pays, et simplement décider d’en faire partie ? Alors pourquoi en faudrait-il plus pour qu’un Canadien anglais se dise aussi Québécois ? Et, dans un tel cas, qu’est-ce qui pourrait bien empêcher un Québécois de s’identifier aussi au Canada ? Ne suffit-il pas, justement, d’en avoir l’intention ?... Pourquoi ne pas juste décider d’être aussi Canadien, dans ce cas ? Bonne question, en vérité !...
 
En fait, lorsqu’on a une seconde identité, n’en est-on pas tout simplement fier, plus qu’autre chose ? N’est-ce pas en effet une fierté que de pouvoir se dire soi-même aussi irlandais, ou amérindien ?... Alors dans ce cas, pourquoi un Québécois ne pourrait-il pas aussi se dire Canadien ? Et pourquoi ne pas aussi en être fier, tant qu’à ça !?!... Après tout, on peut toujours rêver !...
 
 
Être Québécois = Ne pas être un “Anglais” !...
Ne peut-on être Canadien parce que ce qui est anglophone ne peut être aussi francophone ?...
 
Comment donc rester Québécois sans être sans cesse contaminé par cette saloperie de culture anglophone, et donc par “le mal” !... En effet, est-il seulement possible d’être Québécois tout en écoutant un de ces groupes “étrangers” comme ceux qu’on appelle les Beatles ? Cela ne devrait-il pas être un péché envers notre notre sacro-sainte identité que d’oser savourer une chanson étrangère, et surtout anglophone ?... N’est-ce pas le genre de musique qui pourrait contaminer la nôtre, en nous poussant, par example, à danser sur autre chose que du rigodon ?... Et que dire, seulement, du nom de notre équipe fétiche : “les Canadiens” de Montréal ? Pouache ! Ne faudrait-il pas penser un jour à changer cela ?... Ne faudrait-il pas se débarasser, tant qu’à y être, de tous ces “faux” québécois qui, en plus d’avoir une autre origine, ont une origine anglophone, tels que par exemple Jim Corcoran ?...
 
Et que dire des autres francophones du Canada ? Les Acadiens ne sont-ils, définitivement, qu’une race de rénégats et de rebuts de l’histoire, destinés à être oubliés par nous autant qu’ils ont pu l’être par les anglais ?... N’ont-ils rien en commun avec nous, ou rien à partager, du moment qu’ils ont le malheur de ne pas vivre sur le sol Québécois proprement dit ?... Devrions-nous chercher à nous distancer d’eux au maximum, ou plutôt de s’en rapprocher ? Notre caractère francophone et spécial ne devrait-il pas engendrer l’union, plutôt que la division ?... Ne devrions-nous donc pas surtout chercher au moins l’union de tous les francophones ? Pourquoi alors ne pas chercher aussi à s’unir à un pays de la francophonie, comme le Canada ?... Comment en fait un pays bilingue de par définition et bien sûr de par ses origines pourrait ne pas être précisément notre pays à nous, au départ ?...
 
Pour être un vrai Québécois, ne faudrait-il pas pourtant renier tout ça ?
 
Pourquoi faut-il toujours que ce soit pourtant si compliqué, d’être Québécois ?...
 
Nos ancêtres avaient-ils pourtant ce problème-là ? Ceux-là même qu’on devrait sans doute déifier, comme on ne saurait retrouvé notre race plus purement qu’en eux, nos ancêtres, donc, ne s’appelaient-ils pas eux-mêmes les Canadiens-Français, justement ? Semblaient-ils avoir le moindre problème avec cela, pourtant ?... N’est-ce pas intéressant de constater que dans l’appellation même de notre nation, on retrouve surtout l’union de deux nations ? Serait-il donc possible que ce soit cette union, plus qu’autre chose, qui soit au coeur de notre identité ?
 
 
Être Québécois = ne pas être Canadien
Il semblerait pourtant qu’il soit impossible, pour un Québécois, de se dire aussi Canadien. Or il se qu’un tel raisonnement n’est pas seulement ridicule : c’est en fait carrément insultant.
 
En effet, si je me dis Canadien, est-ce qu’alors je ne suis pas un “vrai” Québécois ? Si vraiment c’est ce qu’on pense, alors j’aimerais bien qu’on vienne me le dire en pleine face, et alors, je suis sûr qu’on aurait du plaisir !... Car alors on pourrait bien constater, une fois pour toutes, que de tels “arguments” ne sont en fait même pas juste ridicules et insultants, mais ils sont carrément faux. Car vraiment, je mets au défi qui que ce soit de me trouver un point, un seul, où pourtant je ne suis pas “assez” Québécois, et où je ne suis pas même aussi Québécois qu’on puisse l’être, justement !
 
En fait, est-ce moi qui hallucine, ou se pourrait-il même que j’écoute plus de musique québécoise, que j’aie lu plus de littérature québécoise, que je connaisse plus l’histoire et la politique québécoise, et que je suive de plus prêt tout ce qui touche à la culture et à la politque québécoise (bonne chance, à ce sujet !...) que le Québécois “moyen” qui, lui, ne fait pour sa part que voter pour le Bloc ? Pourquoi, alors, le Québécois moyen viendrait-il me donner des leçons sur ce que signifie être un “vrai” Québécois ?... Voudrait-on me faire croire qu’un ti-boutte qui ne peut me nommer 5 premiers ministres Québécois va venir me donner des leçons sur ce que veut dire être un “vrai” Québécois ? Voyons donc ! Pour dire comme on dit “chez nous”, tant qu’à ça : “faudrait quand même pas charrier là” !...
 
Au fait, qui, au Québec, peut prétendre être en position de différencier un “vrai” Québécois de qui n’en est pas un ? Dans un tel cas, j’aimerais bien qu’on me dise quel critère prendre pour faire une telle distinction ?... La race ? En est-on vraiment rendus là ?...
 
Et si le seul argument, vraiment, pour dire que je ne suis pas un “vrai” Québécois, est que je sois aussi Canadien, justement, alors ça veut dire quoi ? Que tout le reste prend le bord ? Que le reste ne compte pas vraiment, au fond ?.... Et qu’est-ce qui compte le plus, au juste ? D’être tout ce que signifie être un “vrai” Québécois, ou simplement de ne pas être Canadien ? Entre deux supposés “vrais Québécois”, dont l’un est tout ce qu’on peut naturellement attendre d’un “vrai” Québécois, au niveau de la culture, de l’attachement à sa nation et tout ce qu’on veut, et dont l’autre ne fait que voter Bloc pour montrer qu’il n’est “pas” Canadien, allons nous vraiment dire que le non-Canadien l’emporte sur le Québécois ? Trouve-t-on plus important de n’être pas Canadien que d’être tout ce qu’implique être un “vrai” Québécois ? Et gare à la réponse qu’on va donner à cela !
 
Car, en vérité, allons-nous aller jusqu’à dire qu’au fond, ce que veut vraiment dire être Québécois, c’est ne pas être Canadien ? Dans ce cas, avouons que ce n’est pourtant pas ce qu’il y a de plus exigeant, comme définition, puisqu’elle englobe la presque totalité de la population terrienne, tant qu’à ça !...
 
Mais surtout, allons-nous jusqu’à dire qu’en bout de ligne, tout ce qui définit notre nation, vraiment, c’est de ne pas en être un autre ? Et depuis quand définit-on une nation par l’exclusion d’une autre ?... l’exclusion ? Ce qui nous définit n’est-il vraiment que l’exclusion ? Et n’est-ce donc que ça, cette sublime et ineffable qualité qui fait le caractère unique des Québécois : de n’être pas autre chose ? N’est-on vraiment que nés pour un petit pain à ce point ? Si c’est le cas, alors qu’on me le dise, et aussitôt je change de nation !... Car j’aime mieux tant qu’à ça devenir Américain, et prendre ainsi un nom qui inclut, plutôt que d’exclure !... Car après tout, pouquoi ne pas tous se rassembler, plutôt que chercher en partant à se purger soi-même de tout ce qu’on n’est pas !...
 
Et si ce qui compte le plus, en bout de ligne, c’est d’être Québécois, point à la ligne, quoi qu’on peut aussi être en même temps, alors voudrait-on bien me faire une faveur ? Pourrait-on cesser une fois pour toutes, s’il-vous-plaît, de me casser les oreilles avec ces histoires de ne pas pouvoir être Québécois et Canadien à la fois ?
 
Peut-on seulement avoir assez de confiance en nous, comme peuple, pour n’avoir pas besoin de se sauver d’un autre pour s’affirmer ? Peut-on dire haut et fort qu’on est Québécois, pour une fois, et qu’il n’y ait rien qui puisse empêcher cela, à commencer par le fait d’être aussi Canadien ? Peut-on cesser de se plaindre et d’avoir peur, se retrousser les manches, et lancer du même coup un message fort et nouveau à l’humanité ? Peut-on prouver, pour une fois, qu’on est si spécial et différent, en démontrant quant à notre nationalité une attitude ouverte et inclusive, différente de ce qu’on voit habituellement, et qui pourtant a toujours été la nôtre, en réalité ?... Qu’on montre donc, pour une fois, qu’on n’est pas juste nés pour un petit pain, et qu’on a pas à ne se limiter qu’à l’appartenance ethnique que le sort nous a laissés, mais qu’en fait, rien ne nous empêche, si seulement on le souhaite, d’être tout ce qu’on veut à la fois !...
 
 
Que voulons-nous, au juste ?...
Et pourtant... Encore une fois, j’ai bien l’impression que rien de ce que je puisse dire ne pourrait vraiment avoir beaucoup d’impact sur ce dossier là.
 
Alors donc, si nous ne voulons pas du Canada, une question subsiste, pourtant, et c’est celle-ci : que voulons-nous, au juste ?
 
Car en référendum provincial, on veut rester bien comfortablement chez papa Canada. Aux éléctions fédérales, on vote pour le Bloc, et donc on rentre bien confortablement dans son petit coin et on se referme sur soi. Ne sommes-nous en fait devenu qu’un peuple d’adolescents attardés ?...
 
Que voulons-nous, vraiment ? Penser défendre nos intérêts, sans pourtant jamais prendre notre place ?... Penser tout avoir sans jamais même négocier, simplement en présentant sa liste d’épicerie ? Penser tout obtenir de l’autre, tout en lui faisant très clairement comprendre qu’on ne veut rien savoir de lui en partant ?... Penser faire avancer les choses en chialant tout le temps ? Penser qu’on devrait avoir toujours plus en montrant pourtant qu’on en aura jamais assez ?...
 
Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas aussi penser vivre dans la réalité ?...
 
En fait, comment peut-on justement prétendre vouloir défendre nos intérêts quand on fait plutôt tout ce qui est en notre possible pour les torpiller ?... À part une véritable tentative d’auto-sabotage, à quoi cela pourrait-il bien ressembler ? Sommes nous si convaincus que la fédération est pour nous une cause perdue d’avance, qu’on préfère encore bousiller nous-mêmes toutes les chances qu’on pourrait avoir de ce côté ?...
 
Quel est notre but, vraiment ?
 
Se plaindre qu’on n’a pas le contrôle sur nous-mêmes, réagir en boudant le pouvoir, contrôler ainsi toujours moins son sort, et se réjouir de pouvoir donc continuer à se plaindre à perpétuité ?... Et en plus, chialer qu’un “deal” est impossible, tout en faisant tout pour ne pas que ça arrive, et constater ensuite qu’en effet, ça n’a pas marché, pour bien entendu se remettre à chialer ? N’a-t-on vraiment trouver rien de mieux comme projet de société, au Québéc, que d’ériger le chialage en cercle vicieux ?
 
N’y-a-t-il pourtant rien de plus absurde que de chialer qu’on fait pitié quand en fait on ne fait non seulement rien pour s’en sortir, mais tout pour s’y maintenir !?! Y a-t-il pourtant un peuple, au monde, qui aurait moins le droit de chialer, que les Québécois qui font tout pour n’avoir que ça à faire, justement !?!...
 
Et si on se posait la question, une fois pour toutes : que préférons-nous, en vérité ?
 
Prendre vraiment notre sort en main, pour une fois, ou continuer de jouer à la victime pour l’éternité ?...
 
Pourquoi faire de l’impuissance un choix de vie ? Qu’est-ce qu’il y a de cool, au juste, à être impuissant ?... Pourquoi ne pas plutôt changer nos vies, en commençant par reprendre le contrôle de notre pays ?...
 
Allons-nous, pour une fois, cesser de chialer, et avancer ? Cesser de subir, et décider ?
Ou allons-nous, tout au moins, cesser de se mentir en se disant qu’on voudrait qu’on défende nos intérêts, tout en faisant tout pour l’empêcher !?!...
 
Comment bloquer pourrait-il faire avancer quoi que ce soit ?...
Pourquoi, au départ, voter au fédéral en lui témoignant qu’on ne veut rien savoir de lui ? N’a-t-on pas pourtant fait à deux fois le choix démocratique de faire partie de ce pays ? Alors, si vraiment on a finalement choisi de jouer le jeu du fédéralisme, pourquoi alors le faire à moitié ? Pourquoi rester dans ce pays si ce n’est que pour mieux soi-même s’y marginaliser ? Pourquoi faire partie d’un plus grand ensemble si ce n’est que pour s’y faire davantage dominer ?... Et si, vraiment, ce que nous voulons, c’est la séparation, c’est que j’ai des petites nouvelles pour nous tous : c’est au provincial, que ça se décide, et non pas au fédéral, en passant !... Alors pourquoi vouloir se donner des airs d’indépendance quand on n’est même pas capable de la faire en réalité ?... Pensons-nous qu’on a l’air plus fin en “branlant dans le manche” ainsi ? Car en ne voulant que démontrer son "appui pour la cause souverainiste" sans pour autant se montrer capable de donner suite à un tel appui lorsque vient le moment de le faire pour de vrai, que démontre-t-on véritablement, en tant que nation, sinon qu'on est tout simplement incapables de s'assumer ?... Si vraiment, ce qu’on veut, c’est se séparer, alors qu’on le fasse, et qu’on arrête de niaiser !... Et si on est frustré que ça n’ait pas marché, pourquoi alors est-ce que ça serait une raison pour se venger sur le Québec lui-même, en lui enlevant tout pouvoir là où pourtant les choses se décident pour lui ? Pourquoi faudrait-il que ce soit le Québec qui paie les frais de notre nationalisme frustré ?... Notre nationalisme est-il être une raison suffisante pour ruiner les intérêts réels de notre nation ?... Le peuple devrait-il avoir à payer pour la cause du peuple ?... Peut-on détruire son peuple au nom même du peuple ?... Est-on devenu comme un parent qui tue ses propre enfants, supposément par amour pour lui ? En est-on réellement rendus là ?...
 
Et par ailleurs... N’est-ce pas le comble de l’ironie de constater que l’on vote au provincial pour Jean Charest et au fédéral pour le Bloc Québécois ? Car qui est au juste Jean Charest ? N’est-il pas celui même qui, alors qu’il était alors au Parti Progressiste-Conservateur de Mulroney, a fini par obtenir qu’une série d’amendements soit greffés à un Accord du Lac Meech qui était pourtant sensé être enfin terminé, et ce d’une façon qui ne visait d’ailleurs qu’à réduire la portée de ce que l’Accord pouvait proposer pour le Québec ? N’est-ce pas exactement le genre de petit jeu qui, en allant directement à l’encontre de l’esprit de l’Accord du Lac Meech, a finalement réussi à le faire déraper ?... Quel est donc le but de se rallier derrière un des fédéralistes qui aura le plus contribué à empêcher que le Québec finisse enfin par trouver une place digne de ce nom au sein de la fédération ?... Et comble d’absurdité, n’est-ce pas précisément cette petite manoeuvre de Charest qui a décidé Lucien Bouchard à quitter ce même parti et fonder le Bloc Québécois, en disant justement ne plus tolérer d’être associé à ceux qui semblaient vouloir surtout s’assurer que le Québec “continue d’être humilé” ? Quel est donc le sens, en soi, de voter d’un côté pour un parti, et de l’autre pour celui en opposition à qui ce parti fut justement créé ?
 
Et surtout, où est donc le sens de voter, au fédéral comme au provincial, à l’envers du bon sens, justement ? En effet, en plus de chercher d’abord au fédéral plutôt qu’ici à promouvoir notre propre nation, pourquoi alors le faire d’une façon qui nous enlève tout pouvoir en partant ? Et, en plus de voter au provincial pour celui qui incarne le moins de changement et donc d’avancement, pourquoi faut-il donc que ce soit celui-là même qui s’est fait une spécialité de nous diminuer face au Canada ? Quel est tous simplement le sens d’aller chercher un fédéraliste, et de surcroît de la pire espèce, pour qu’il vienne rire de nous au sein même de notre propre nation, tout en se donnant à l’extérieur des airs autonomistes qui en fait ne font que nous rendre totalement impuissants ? Ne veut-on vraiment que le pire des deux mondes ? De notre nationalisme que l’impuissance, et du fédéralisme que notre propre diminution ? Pourquoi donc chercher à tout prix l’option qui soit le plus à l’inverse de tout ce que nous recherchons ?...
 
 
Et pour en finir avec le Bloc Québecois...
Et tout ce beau jarabia est sensé mené à quoi, exactement ? Peut-être surtout à une petite pensée comme celle-ci...
 
Pourquoi, au juste, tenir à tout prix à ce que d’autres nous dominent ? Pourquoi, surtout, se réjouir de faire rentrer des gens nous imposent des politiques qui vont dans le sens contraire de nos intérêts et de notre identité ? Pourquoi ne pas juste prendre le pouvoir, et ensuite l’utiliser dans notre intérêt, pour faire changement ?...
 
N’est-ce pas pourtant simple ? Par simple logique, comment serions-nous d’après vous le plus en mesure de faire avancer nos intérêts : au sein de la formation politique au pouvoir, ou en s’excluant d’emblée du gouvernement ? En prenant le pouvoir, ou en renonçant en partant à tout pouvoir ? Comment peut-on prétendre défendre quoi que ce soit, ou même faire quoi que ce soit, si on n’a pas d’abord le pouvoir de le faire ? Prétendre défendre les intérêts de qui que ce soit quand en fait on ne peut rien faire, n’est-ce pas en partant un mensonge pur et simple ? Et n’est-ce pas réellement pathétique que les députés du Bloc, qui prétendent avec tant d’insistance défendre les intérêts du Québec, ne soient en bout de ligne rien sinon le principal obstacle qui empêche le Québec d’avancer à quelque niveau que ce soit, au fédéral ?...
 
Car dans le fond, comment le Québec pourrait-il ne pas être plus fort s’il devenait d’abord plus fort dans le Canada ? Autrement dit, du moment que nous serons forts dans un parti fédéral au POUVOIR qui aura moindrement de l’allure (je ne parle donc pas des boîtes de CONSERVateurs, ni bien sûr du NPD, car j’ai bien dit au pouvoir, et donc avoir de l’allure, ne serait-ce qu’aux yeux de la population...), ne serons-nous pas alors plus en mesure d’enfin commencer à obtenir, des gains RÉELS pour le Québec ? Comment ne pourrions-nous pas, à ce moment, être plus à même de progresser sur tous les dossiers qui nous concernent, et ce jusqu’aux plus essentiels, à commencer par la reconnaissance tangible de notre statut particulier, tel qu’il pourrait éventuellement se voir enchassé dans la Constitution ?... Et qu’importe si nos gains doivent se faire pas à pas ; en a-t-il pourtant jamais été différente de toute réelle progression ?
 
Et surtout, quel est donc le sens d’exiger tout et tout de suite avant d’embarquer dans quoi que ce soit, si cela ne nous fait que débarquer d’avance de tout ce qui peut se faire ? Sommes-nous pourtant plus avancés si en refusant toute discussion on ne fait que perdre en partant toute chance d’obtenir quoi que ce soit ? N’est-ce pas précisément dans la discussion que l’on peut faire des gains ? Alors, où est donc le sens de s’attendre à quelconque gain si au départ on se refuse de participer au seul processus qui permet vraiment de les obtenir ?
 
Et en fait, comment pourrait-on faire avancer quelque négociation que ce soit en faisant comprendre d’avance à son potentiel interlocuteur qu’on ne veut rien savoir de lui ? Et pire : depuis quand obtient-on quoi que ce soit, dans la vie, en se disant d’avance que c’est impossible ? N’est-ce pas plutôt la définition même d’une attitude de “looser” ?
 
Ainsi donc, comment peut-on prétendre vouloir faire avancer quoi ce soit tout en prenant ainsi tous les moyens qui pourraient nous empêcher d’y arriver ? Autrement dit, comment peut-on prétendre une chose et faire son contraire ?... Comment peut-on prétendre faire avancer quoi que ce soit en ne faisant que tout bloquer en partant ? Et, plus que tout, comment peut-on faire croire la confiance de la population qu’on fera avancer ses intérêts, quand en réalité on fait plutôt tout ce qu’on pourrait faire pour leur enlever toute chance d’avancement ?...
 
Et de toute façon, si vraiment le Canada n’est pas notre pays... Alors pourquoi s’obstiner à le bloquer ? Pourquoi bloquer l’avancement d’un pays qui n’est même pas le nôtre, comme on le fait présentement ? Pourquoi empêcher un gouvernement digne de ce nom d’être élu dans ce pays, juste parce que nous, on n’est pas capables nous-mêmes de nous brancher pour ce qui est de savoir si on veut en faire partie ? De quel droit pouvons-nous nous permettre de bousiller le pays des autres, à commencer par celui de la majorité des Québécois qui ont dit vouloir en faire partie ?... C’est beau de vouloir tout faire par sa nation, mais ne pourrait-on pas commencer par respecter son choix, si vraiment nous l’aimons tant ? Et si René lui-même est arrivé à laisser son rêve de côté, du moins sous la forme qu’il l’avait d’abord esquissée, ne devrait-on pas être capables nous aussi de fournir le minimum de respect que ça peut demander ? Après tout, suivre nos propres leaders ne serait-il pas un bon point de départ pour commencer à faire avancer cette nation ?...
 
Et pour finir sur cette question, il faut sans doute avouer qu’on ne saurait pourtant trouver un réflexe mieux ancré au Québec que le celui de se replier sur lui-même. N’est-ce pas justement une raison de plus pour que l’on fasse tout ce que l’on peut pour prendre enfin notre place dans ce pays ?...
 
Et pour en finir avec le passé...
À entendre certains illuminés du séparatisme, il semblerait que les “Anglais” soient toujours à blâmer pour tout ce qui a pu arriver de par le passé. Notamment, si bien sûr, un “deal” n’a jamais pu être achevé, ce doit bien être toujours de leur faute à eux, et jamais de la nôtre !... Mais, juste pour le fun, comme ça, notre propre histoire elle-même est-elle vraiment si vierge de toute tache pour être si exigeant envers celle des autres ?... Notre propre emblême, ce très cher drapeau fleurdelysé, n’a-t-il pas en fait été conçu par nul autre que Duplessis, et donc par celui qui fut sans doute la pire crapule que notre nation ait connue ?... Pourquoi s’insurger, alors, que les figures marquantes du Canada n’aient pas toujours agi de la façon la plus brillante qui soit, surtout à notre égard ?... Est-on si bien placés pour parler, à commencer par aujourd’hui ?
 
Pourquoi alors ne pas simplement faire table rase du passé, et voir s’il n’y aurait pas moyen de repartir à neuf, une fois pour toutes ? Pourquoi ne pas enfin donner sa chance à quelqu’un qui, pour une fois, à clairement indiqué qu’il était prêt à travailler pour et avec nous ? Ce ne sont peut-être que des mots, en effet, mais n’est-ce pas au moins de bons mots pour nous, pour une fois !... Ce n’est peut-être bien que parce qu’il a besoin de nous, en effet, mais justement, pourrait-il y avoir une meilleure garantie qu’on soit bien traités, du moment qu’il est clair qu’il n’y a que notre vote à nous qui puisse le faire rentrer ?... N’a-t-il pas vraiment intérêt à nous écouter, une fois pour toutes ?...
 
Pour une fois qu’il n’appartient vraiment qu’au Québec de décider pour lui, et du même coup pour le Canada, pourquoi donc ne pas en profiter ?... On ne sait jamais... Peut-être que de retrouver notre pouvoir, et prendre en charge notre pays, ça pourrait aider !... Ça pourrait sans doute difficilement nous nuire, pas davantage que nous nous le faisons déjà nous-mêmes, en tout cas !...
 
 
 
C) Notre histoire relue et corrigée
 
A-t-on été conquis ou abandonnés ?
Au fond, je pose des questions dont je me doute un peu de la réponse, pour ainsi dire...
 
Pourquoi ne s’identifie-t-on pas au Canada ? Et pourquoi donc ne peut-on pas en être fier ?
Peut-on vraiment se le demander ?
 
La réponse ne va-t-elle pas pourtant de soi, pour un peuple qui a été soumis ?
 
La soumission... Comment peut-on au juste répondre à cela ?
 
Pourquoi pas en commençant par se demander si c’est vraiment notre cas ? Car en effet, a-t-on véritablement été soumis ? Ou n’a-t-on pas surtout été ABANDONNÉS par notre “mère patrie” ?
 
La France, en effet, n’avait-elle pas d’autres chats à fouetter que de lever le petit doigt pour les “quelques arpents de neige” du Canada ? Celui-ci n’était-il pas pour elle, de toute façon, qu’un territoire à exploiter, qu’elle n’a bien sûr pas hésiter à marchander à la première occasion ? A-t-elle d’ailleurs jamais fait, ici comme ailleurs, quoi que ce soit qui ne soit pas dans son unique intérêt ? N’a-t-elle pas plutôt fait tout ce qu’elle pouvait pour carrément nous empêcher de naître comme nation ? Et il faudrait qu’on s’identifie à elle, par dessus le marché ?...
 
En un tel état de choses, peut-on seulement parler de Conquête ? Ou ne devrait-on pas plutôt parler d’une libération ? J’exagère, comme d’habitude ! Et si l’on regardait les faits ?
 
 
Peut-on vraiment s’ennuyer de la France ?
Quand, en effet, a-t-on pu réellement commencer à se développer ici ? N’est-ce pas après la Conquête, justement ? Avant cela, avons-nous pourtant jamais eu d’autre raison d’être que d’exporter de la fourrure, ou plutôt de laisser les Français nous la voler ? D’ailleurs, n’avions-nous plus, à ses yeux, la moindre raison d’être, du moment que la fourrure a passé de mode ? Est-ce vraiment si étonnant, après tout, que la France nous ait donc largués si facilement ! Et surtout, la France n’a-t-elle pas fait une priorité d’empêcher notre développement, en nous privant tout simplement de tout moyen pour y arriver ? Ne nous a-t-elle pas réduit qu’à un débouché facile pour ses produits, tout en pillant bien sûr nos ressources sans jamais rien nous demander, et sans bien sûr jamais rien nous donner en retour ? À ses yeux, n’a-t-on jamais été autre chose, en d’autres termes, qu’une colonie, et donc une marchandise dans tout ce qu’elle peut avoir de plus vulgaire ? Et encore, n’est-ce que du bout des doigts qu’elle a finalement laissé Champlain coloniser quoi que ce soit, elle qui n’a jamais été intéressée à autre chose qu’à exploiter à court terme ? Et de façon générale, ne nous a-t-elle pas toujours sentir sa domination et même son oppression de la plus exécrable des façons ? Y a-t-il vraiment quoi que ce soit, en fait, dont nous pourrions remercier cette supposée “Mère-patrie” ? Ou ne devrait-on pas surtout remercier les Anglais de nous en avoir enfin débarassés ?...
 
Et pourtant, la France avait-elle vraiment besoin de nous gérer d’une façon si peu intelligente ? Est-ce vraiment comme si c’était tout ce qu’on pouvait espérer de mieux à cette époque ? Car pendant qu’elle France s’ingéniait à couper à la base chez nous tout développement, le développement ne se faisait-il pas à vue d’oeil en Nouvelle-Angleterre ? Car pendant que la France ne pensait qu’à exploiter à court autant de ressources qu’elle pouvait au dépens bien sûr de la population, les Anglais n’ont-ils pas plutôt su tout miser sur la colonisation et le commerce, et connu ainsi un succès qui allait en faire non seulemnent une nation, mais même la plus puissante du monde, pendant que nous ? En fait, s’il n’y avait vraiment rien de mieux à faire, et même à cette époque, qu’appliquer une aussi bête “stratégie”que celle de la France, comment se fait-il donc qu’alors que nous n’avons jamais été qu’un simple poste de traite, les Anglais sont devenus rapidement dix fois plus nombreux et puissants, après être pourtant arrivés en même temps ? Faut-il d’ailleurs tant s’étonner qu’ils nous ait conquis si facilement ? Est-ce comme si on aurait seulement pu l’empêcher ? Comment peut-on tout faire pour être aussi faible que possible, et ensuite se plaindre qu’un autre prenne le dessus ?... Et d’ailleurs, à constater à quel point la façon de faire des Anglais a pu leur profiter, n’est-on pas surtout chanceux d’avoir justement pu en profiter aussi ? Et, à voir ce qu’on est devenus aujourd’hui, aurions-nous vraiment préféré ne nous en tenir qu’à nous faire exploiter sans que rien ne puisse jamais nous profiter ? Alors, encore une fois, comment donc pourrait-on voir la Conquête autrement que comme la meilleure chose qui ait pu nous arriver ?...
 
Quand, au juste, a-t-on jamais fait pitié dans cette histoire là, sinon justement avant l’arrivée des Anglais ?
 
Oui, mais le serment du Test, lui ? Que dire de cette odieuse mesure qui, à partir de 1763, nous imposait de de renier notre foi catholique tout en prêtant bien sûr allégéance à la Couronne d’Angleterre, si l’on voulait du moins avoir accès à la fonction publique ?
 
Bonne question ! Mais dans tant qu’à parler de cette stupide mesure, pourquoi ne pas surtout parler du fait qu’elle fut justement révoquée pas plus que 10 ans après avoir été installée ? Car la Couronne Anglaise n’ a-t-elle pas plutôt garanti en 1774, de par l’Acte de Québec, qu’avec elle notre langue et notre religion seraient toujours protégées ? Après tout, ne parlons-nous pas toujours français ? Et aux dernières nouvelles, notre foi n’est-elle pas toujours catholique, si toutefois on en a encore une ? Pourquoi alors chialer pour des droits qui en fait ont pratiquement toujours été respectés ? Et disons que ce n’est sans doute pas avec la France que nos minorités, du moins, auraient été ainsi protégées, à en juger par les autres nations qui ont eu le malheur d’être colonisées par elle, et qui furent plutôt aussitôt assimiliées !.... Les Anglais, de leur côté, s’ils n’ont bien sûr pas toujours été parfaits dans leur façon de gérer leur empire, n’ont-ils pas d’ailleurs toujours été à des lieues de la France pour ce qui est de respecter les droits et l’autonomie de leurs colonies, tandis que cette dernière n’a jamais semblé trouvé de meilleure stratégie (encore là) que d’imposer son autorité aux malheureux qu’elle a conquis, tout en ne leur témoignant jamais que de la violence en plus bien sûr du plus total mépris ? Les pays colonisés par l’Angleterre ne se sont-ils pas d’ailleurs systématquement mieux débrouillé que les autres, tandis que ceux colonisés par la France traînent encore aujourd’hui à la queue du palmarès du sous-développement ? Et d’ailleurs, ne faut-il pas en fait reconnaître aux Anglais qu’en plus de s’être toujours démontrés exemplaires, du moins pour une puissance impériale (même si cela implique par définition de ne pouvoir être parfait...), ils auraient sans doute difficilement pu mieux traiter une colonie qu’ils n’ont pu le faire pour le Québec ? Il est vrai qu’ils l’ont fait en grande partie pour s’assurer notre appui alors que se profilait la guerre d’Indépendance des États-Unis, mais n’en demeure-t-il pas moins que, pour un peuple qui chiale, nous avons pourtant été sans doute plus choyés avec eux que n’a jamais pu l’être une colonie ?
Il faut pourtant avouer que l’on fait sans doute pitié pour une chose, au Québec, et c’est d’être pris pour chialer contre les Anglais, qui en fait nous auront pourtant toujours donné tout ce qu’on voulait !... Il y a au moins pour cela qu’ils nous auront bien eu, en tout cas !...
 
Et notre culture, quant à elle ? Les Anglais l’ont-ils jamais moindrement menacée, du moins dans la réalité ? Au fait, notre fameuse culture, d’ou vient-elle ? Quand, au juste, a-t-on donc moindrement commencé ici à parler de littérature, par exemple ? En fait, quand y a-t-il seulement eu une première imprimerie en Nouvelle-France ? N’est-ce pas après la Conquête ? N’est-ce pas plus précisément en 1764, un an seulement après que les Anglais sont officiellement devenus maîtres des lieux ? N’est-il pas un fait connu que ce n’est qu’à ce moment que toute activité littéraire a pu voir le jour, et que notre littérature est ainsi, encore une fois grâce aux Anglais, “née dans les journaux” ? N’est-ce pas d’ailleurs plutôt étonnant de constater que la France, de son côté, n’a jamais cru bon de laisser à la presse écrite ne serait-ce que le seul moyen d’exister ? Ce qui ne veut certainement pas dire que la France avait pourtant la moindre chose à se faire critiquer, n’est-ce pas ? En tout cas, il semble bien, pourtant, que pour quelque raison que ce soit, les Anglais ne semblent pas trop avoir trop peur de cela, en tout cas !
 
N’est-ce pas carrément incroyable de se dire que nous devons l’éclosion même de notre littérature québécoise à nul autre qu’aux Anglais ? Non seulement auront-ils préservé notre langue et notre culture, mais en plus, il semblerait donc que ce n’est qu’avec eux qu’on a enfin pu commencer à s’en servir !... Il faut quand même avouer que ça n’a certainement pas pu nuir, en partant, qu’on cesse une fois pour toutes de tout nous interdire, à commencer par le simple fait de nous exprimer !... Comment pourrions-nous donc protester contre un événement qui nous aura en fait permis de nous épanouir ? S’ennuie-t-on vraiment de la “grande noirceur” à ce point ?
 
Le vrai rapport Durham
Et le rapport Durham qui, justement, nous aura traité d’ignorants ? Oui, et puis après ? Peut-on vraiment lui blâmer d’avoir dit la vérité ? Et encore une fois, peut-on vraiment en blâmer qui que ce soit, sinon encore la France, qui jusqu’au bout s’est ingéniée à nous maintenir dans la plus totale obscurité ? Une fois de plus, ne devrait-on donc pas surtout remercier les Anglais de nous avoir débarasser d’un régime RÉELLEMENT totalitaire et méprisant, qui se fait une joie de sous-éduquer sa population, dans le seul but de mieux l’exploiter ?...
 
Et pourquoi ne pas en parler, de ce cher rapport Durham, pendant qu’on y est ? On se souvient qu’il devait trouver quelque chose à répondre aux Rébellions de 1837... Et quelles furent donc ses recommendations, justement ? D’abord l’Union avec le bas-Canada, ou l’Ontario, ce qui fut vite chose faite, de par l’Acte d’Union, en 1841. Mais il a pourtant dit aussi des choses bien plus intéressantes... En un premier temps, Durham suggérait en effet de nous donner le gouvernement responsable, et en un deuxième temps, de nous assimiler. Il n’en fallait pas plus pour que cela prenne instantanément une place de choix dans notre belle histoire de peuple qui se complait tant à se victimiser ! Il faut bien toujours qu’on fasse pitié, puisqu’il semble que ce soit bien tristement la seule façon qu’on ait pu trouver pour moindrement se valoriser ! Et pourtant, sur quoi cela est-il donc fondé ? Sur absolument rien ! Car qu’est-ce qu’on a à foutre, d’un rapport ? Ça n’est toujours bien que du papier ! Ce qui compte, n’est-ce pas plutôt ce que la Couronne a ensuite décidé d’appliquer, dans la RÉALITÉ ?...
 
Et qu’a-t-elle donc décidé, cette chère Couronne ? Dans un premier temps, il faut pourtant bien avouer qu’elle a semblé ne prendre du rapport Durham que son pire côté, et qu’elle a donc un peu tenté de nous assimiler... Sauf que, dans un deuxième temps, eh bien surprise ! En 1848, à peine 10 ans après les rébellions et l’Acte d’Union, la Couronne fait volte-face, et inverse donc totalement (encore une fois...) ce qu’elle était alors en train de faire, ce qui veut dire qu’elle mettait fin à l’assimilation, et décidait plutôt d’appliquer l’EXCELLENTE seconde recommendation du rapport Durham, à savoir de nous accorder ni plus ni moins que le gouvernement responsable !... Or cela, ça veut dire quoi, exactement ? Eh bien, ça veut tout dire , justement ! Oui, car ça veut dire que, juste comme ça, en passant, on devenait ainsi une démocratie, et qu’on se mettait donc en fin à décider pour nous, du jour au lendemain !... Youpi !...
 
Et c’est ainsi que, mine de rien, on est pratiquement devenus souverains... Car n’est-ce pas ce que nous sommes ? N’est-ce pas en effet nous qui faisons nos lois et percevons nos impôts, jusqu’à preuve du contraire ? Comment se fait-il donc qu’on ne s’était jamais demandé d’où cela pouvait bien venir ? Et surtout, comment peut-on justement se plaindre aujourd’hui de ne pas avoir ce qu’on a déjà ? Et cela, d’ailleurs, quand l’a-t-on obtenu, au juste ? N’est-ce pas, encore une fois, après la Conquête ? N’est-ce pas à nul autre qu’aux Anglais que l’on doit notre propre gouvernement ? Pensons-nous seulement que c’est avec la France qu’on aurait obtenu cela auparavant ? Disons en toute justice que ça n’avait pas trop l’air parti pour ça, encore une fois, étant donné l’état de totale dépendance et de soumission pure et simple dans laquelle nous nous trouvions avant que les Anglais viennent justement nous faire découvrir que la vie n’avait pas toujours à être si imposée ! Mais cela, d’ailleurs, ne serait-il pas temps de les en remercier, pour une fois ? Après tout, mieux vaut tard que jamais ! Et ce n’est pas parce que, jusqu’ici, on n’a apparemment jamais su faire mieux, que de profiter de tout ce qu’on s’est fait donner sans jamais dire merci, comme des bébés pourris gâtés, qu’il est pourtant trop tard pour se rattrapper !... Disons donc un beau merci aux Anglais, et je suis certain qu’ils vont être contents ! Cela ne serait-il pas, d’ailleurs, un excellent début pour retaper un peu nos relations, ou du moins pour commencer à ce niveau à rattrapper un peu le temps perdu ?...
 
Mais, juste avant d’aller plus loin, ne faut-il pas saluer, encore une fois, l’hypocrisie totale dont font preuve les Québécois en ne retenant de l’épisode des rébellions que la tentative d’assimilation, alors que la débouché final fut plutôt que nous avons carrément gagné notre liberté, comme bien sûr nous le voulions ! Conclusion : comment peut-on s’obstiner à ne voir qu’une défaite alors qu’en réalité, on a gagné ? Se pourrait-il donc que le regard qu’on a sur notre histoire soit programmé pour n’en voir que les mauvais côtés, au dépens même de ce qui a réellement pu se passer ? Or, le pire dans tout cela, ce n’est peut-être même pas qu’on soit assez ingrat pour continuer à cracher sur ceux qui nous auront vraiment accordé tout ce qu’on a pu leur demander, et ce jusqu’à la chose la plus importante d’entre toutes, à savoir notre liberté... Non, le pire, c’est en fait qu’un tel regard est tout simplement mensonger, puisqu’il tout simplement contraire à la réalité ! Et il y a pourtant pire ! Et c’est qu’on inculque un tel mensonge à nos enfants, de génération en génération, dans le but non-avoué de se convaincre qu’on est vaincus et qu’on fait pitié, même lorsque ce n’est aucunement fondé ! Comment se fait-il donc que l’on tienne tant à être un peuple de loosers ?...
 
Pourquoi nous associer à un régime génocidaire ?
Et pourtant, notre seule ingratitude ne devrait-elle pas suffire à nous donner une petite gêne, lorsque vient le temps de chialer contre les Anglais ? Car en effet, qu’auront-ils fait, vraiment, sinon nous libérer d’un régime pratiquement totalitaire et inhumain ? Aurions-nous sincèrement préféré de continuer à se faire rire de nous par la France ? Pensons-nous que nous serions seulement au centième de ce que nous sommes aujourd’hui ? Disons en toute bonne foi que ce n’était pas parti pour ça, en tout cas ! Et en juger de ce que la domination française a pu laisser à travers le monde, disons aussi, pour être poli, que je ne vois pas trop en quoi on pourrait les envier !... D’ailleurs, faut-il rappeler qu’au fond la France n’est toujours ni plus ni moins qu’un régime génocidaire ? Comment appeler autrement, en effet, un État qui continue d’appuyer le Rwanda même après le génocide, alors que c’est justement cela qui a permis à ce génocide d’avoir lieu, et alors qu’on sait que le Rwanda, guère plus intelligent, continue lui-même de soutenir en ce moment même la prise 2 de ce génocide, cette fois en primeur au Congo ? Et cela, c’est bien sûr en plus d’héberger chez elle, en toute immunité et impunité, les criminels qui ont carrément commis le premier génocide, pour commencer !... Et ça, bien sûr, c’est en plus de s’être si facilement et si bassement mis à collaborer avec nuls autres que les Nazis durant la deuxième Guerre mondiale, pendant que, tiens donc, les Anglais se tuaient à tous nous sortir de là... C’est bien pour dire, hein ?... Pourquoi au juste voudrait-on tant s’associer à une puissance de merde comme la France ? Pourquoi pas aux Nazis eux-mêmes, tant qu’à ça ? Et d’ailleurs, l’Allemage n’a-t-elle pas au moins clairement renié son passé génocidaire ? Pourquoi s’associer à la seule puissance occidentale qui, d’à ce que je sache, soutienne toujours activement le génocide en ce moment même ? Et s’il nous faut à tout prix une “Mère-Patrie”, pourquoi diable faudrait-il donc se rabatter sur le pire modèle qu’on aurait pupossiblement dénicher, hormis peut-être les États-Unis ?....
 
Et parlant de Nazis... Qu’aurait-on dit, au fait, si on nous avaient insultés alors qu’on délivrait les pays occupés, ou alors qu’on sortait un prisonnier d’un camp de concentration ? Aurions-nous pourtant trouvé que cela se situe moindrement dans les limites de l’acceptable ? Depuis quand est-il pourtant toléré de jeter des pierres à son sauveur ? Alors, pourquoi cela devrait-il être plus drôle que les Québécois crachent sur ceux qui les auront affranchi du régime français ? N’avons-nous pas d’honneur au point de manquer ne serait-ce qu’aux marques de politesse les plus élémentaires ? Ou est-ce que, parce qu’on est Québécois, on doit nécessairement n’avoir aucun honneur, en partant ?
 
Et puis après tout... Si une Mère-Patrie anti-sémite était bel et bien ce qu’il nous fallait ? Car au fond, n’est-ce vraiment qu’une coïncidence si un grand Manitou du souverainisme québécois moderne, Lionel Groulx, avait aussi élaboré parallèlement une théorie ouvertement raciste, et plus spécifiquement anti-sémite ? Ou peut-être que Jacques Parizeau pourrait peut-être nous éclairer un peu plus sur le lien entre le souverainisme et le racisme, en commençant par nous expliquer le fonds de sa pensée sur “l’argent et le vote ethnique ?” D’ailleurs, ce même Parizeau, à l’époque de la Crise d’Octobre, n’avait-il pas pratiquement appuyé le FLQ, en signant une pétition demandant leur libération des terroristes qui avaient pourtant kidnappé et assassiné un ministre ? Et ne parle-t-on ici que d’un militant extrémiste isolé, ou plutôt d’un personnage central du Parti Québécois, qui a d’ailleurs passé à deux doigts d’être premier ministre d’un Québec souverain ? Ne pourrait-on pas se demander à quel genre de surprise on aurait bien pu avoir droit, si on s’était justement rendus là ? Et serait-on pourtant plus avancés avec une Pauline Marois qui parle d’enlever le droit de vote aux immigrants s’ils ne maîtrisent pas assez bien le français, plutôt que de commencer par leur donner vraiment les moyens d’y arriver, justement ? Comment se fait-il donc qu’il semble si facile, pour ceux-là mêmes qui sont à la tête du souverainisme québécois, d’oublier soudainement des droits de l’homme les plus fondamentaux, à commencer par ceux des minorités ?... La France nous aura-t-elle si bien appris à opprimer que nous n’aurons jamais eu au fond d’autre souhait que d’enfin nous retrouver nous-mêmes dans le rôle de l’oppresseur, ne serait-ce que pour mieux nous venger à notre tour sur nos propres minorités ?...
 
En fait, juste avec ces dernières allégations, n’y a-t-il pas déjà assez d’informations loufoques ou même inquiétantes pour au moins à admettre qu’il y aurait peut-être certaines questions fondamentales à se poser en ce qui à trait au souverainisme québécois ? Et pour commencer, peut-on seulement adopter un nationalisme qui soit moindrement sain du moment que l’on choisit justement la France comme Mère-Patrie ? Peut-il seulement exister un nationalisme français qui ne soit pas entaché par le racisme ? Et en fait, peut-il seulement exister un nationalisme exclusif qui ne soit pas justemement souillé par l’intolérance ?... Et surtout, pourquoi choisir une Mère-Patrie qui s’est faite elle-même la championne de l’intolérance, quant c’est plutôt à la tolérance et à l’accomodation que l’on doit l’existence même de notre nation ? Pourquoi alors aduler une France qui aura tout fait pour nous dénigrer et nous étouffer nous-mêmes en tant que peuple, plutôt que les Anglais qui, justement, nous en auront délivrés ?...
 
Maudits Anglais !...
Et le pire, pour en revenir à notre bienheureuse libération, c’est que cette vague de démocratisation ne s’est même pas arrêté avec le gouvernement responsable, imaginez-vous donc !... Non, car au fur et à mesure que grandissait notre activité parlementaire, nos demandes à la Couronne allaient aussi toujours en croissance, et devinez quoi ? Elles se voyaient toujours pratiquement accordées ! Avec l’appui de la Couronne qui nous accompagnait ainsi dans notre démarche, on a pu ainsi progresser pas à pas vers notre émancipation, en passant par la Confédération (1867), et enfin jusqu’au Commonwealth, par lequel la Couronne nous reconnaissait finalement (de par le Statut de Westminster en 1931, même si cela avait en fait déjà été convenu en 1926 de par la Déclaration de Balfour) comme un pays totalement souverain (en principe, tout au moins...), et ce d’ailleurs en même temps que toutes ses autres anciennes colonies, dont chacune pouvait donc traiter dorénavant d’égal à égal avec la Couronne en tant que membre à part entière du Commonwealth. A-t-elle fait de l’obstruction, à un quelconque point du processus ? Pas que je sache, en tout cas ! Ne le saurions-nous pas assez facilement, si justement elle avait osé mettre des bâtons dans nos roues ? Parions que oui, vu qu’en fait on se serait sans doute garochés sur un tel événement, trop contents qu’on aurait été d’enfin pouvoir mettre un peu de piquant dans notre ascension un peu trop facile, en y incluant un scénario de confrontation à l’Américaine ou d’auto-victimisation à la québécoise, tout simplement !
 
Mais, hélas, la Couronne semble avoir bien prévu le coup, et a donc plutôt su nous enlever toute chance de chialer en nous accordant d’avance tout ce que nous avons pu lui demander, ce qui a commencé aux Rébellions et depuis ne s’est jamais arrêté. Elle ne croyait peut-être pas ainsi tant nous compliquer la vie, pourtant, car faute de nous avoir laissé de véritable prétexte pour chialer, il a fallu s’en inventer et donc fonder sur le mensonge notre mythe collectif selon lequel nous ne serions que des victimes et des perdants, mythe auquel pourtant nous tenons tant ! Il faut pourtant bien avouer qu’ils nous auront finalement eu pour ça, en tout cas ! Maudits Anglais !....
 
Il y a pire, aussi, surtout dans notre cas !... Oui, parce qu’il se trouve que nous, les pauvres petits, on se retrouve en fait avec un double problème : comme on nous a tout donné, il nous faut non seulement chialer pour rien, mais en plus, en nous enlevant notre rôle de victime, c’est toute notre histoire qu’on nous enlève d’un seul coup ! En effet, car comment dire qu’on a obtenu notre liberté quand on nous l’a simplement donnée ? Et comment dire qu’on l’a gagnée si tout s’est fait dans la paix ? Notre calvaire est d’autant pire qu’en “nice guys” comme toujours, les Anglais ne nous auront jamais même punis pour chialer la bouche pleine sans la moindre petite gêne ! Avec la France, au moins, on n’aurait jamais eu ce problème, puisqu’on aurait tôt fait de plutôt nous baillonner, après bien sûr nous avoir bien bâtonnés ! Au moins, peut-être cela nous aurait-il un peu éduqués !... Il faut donc pourtant bien l’admettre : on s’est fait avoir ! Maudits, maudits Anglais !...
 
La véritable Révolution des Anglais
Remarquez qu’il n’est peut-être pas si étonnant qu’on ait ainsi été traités aux petits oignons, quand on considère que c’est de la part d’une puissance qui a derrière elle la tradition peu usuelle de toujours tendre à redonner d’elle-même le pouvoir de se gouverner aux peuples qu’elle avait pourtant conquis. Remarquez encore qu’on aurait pourtant pu s’y attendre, étant donné qu’il s’agit en fait de la première puissance occidentale qui aura su donner du pouvoir à son peuple, selon une tradition qui remonte à ce qu’on appelle la Grande Charte, qui fut signée au beau milieu du Moyen-Âge (en 1215), et donc pas mal avant la Révolution Française, pour le moins qu’on puisse dire ... D’ailleurs, les Anglais n’ont-ils pas connu eux-mêmes leur propre révolution un siècle très exactement avant la Révolution Française, en 1689, et ce, de surcroît, de façon totalement pacifique (contrairement à d’autres qu’on ne nommera pas, même si entre autres on parle encore des Français !...)? En effet, la Révolution Glorieuse, comme on l’a appelée, a d’ailleurs bien mérité ce nom en étant déclenchée par un monarque, en l’occurence un couple, qui a décidé de plein gré, et à ma connaissance pour la première fois de l’humanité, de remettre son pouvoir entre les mains du peuple, simplement par foi en la démocratie !... Pas trop surprenant, alors, que cettefut également transposée dans l’Empire Britannique, Peut-on donc vraiment s’étonner qu’après avoir ainsi institué la monarchie constitutionnelle, les Anglais auront aussi transposé à leur Empire cette tendance pas trop embarassante à se défaire peu à peu de leur pouvoir pour laisser le peuple lui-même l’assumer ? Ils peuvent donc bien chez nous être allés si naturellement en ce sens, puisqu’ils sont arrivés ici avec déjà presqu’un siècle d’avance en la matière !...
 
Qui seraient donc les véritables champions de la démocratie, sinon les Anglais, qui auront donc réintroduit celle-ci en Occident, et un siècle pourtant avant les Français !?!... Et surtout, quelle valeur peut-on vraiment prêter à la Révolution Française, alors que celle des Anglais, au moins, aura eu le mérite non négligable de se faire d’une façon totalement civile et surtout libre, et donc tout à fait conséquente avec le principe démocratique qu’elle était sensée défendre, plutôt que d’être imposée par la violence, et donc par des militaires sans d’autre raisonnement que “la fin justifie les moyens”, même si cela veut dire de faire le contraire de ce qu’on dit vouloir accomplir. Comment peut-on prétendre réellement amener la démocratie par la force, et comment peut-on en fait prétendre révolutionner quoi que ce soit si on ne fait qu’imposer un régime de plus par la violence ? Les Français peuvent bien avoir soutenu la “Révolution” Américaine, si eux non plus ne faisaient pas plus de cas d’agir en totale contradiction avec les principes que l’on dit vouloir ainsi défendre à tout prix, même si on ne fait ainsi que prouver que ces principes n’auront justement jamais servi à devenir réalité mais plutôt à ce exercer en leur nom sa propre domination !...
 
Comment donc comparer une Révolution Française sous le signe de la guillotine, et une Anglaise faite sous nul autre signe que l’amour finalement, étant orchestrée par un couple qui s’aimait vraiment (il n’y a rien de trop beau ! ), et qui est allé jusqu’à sacrifier son propre pouvoir au nom de la liberté, et ce par libre choix, par dessus le marché !... Avec les Anglais, le pouvoir est ainsi devenu quelque chose qu’on pouvait donner, plutôt que seulement prendre. Disons qu’il fallait quand même y penser !...
 
Et justement, l’aberration ultime, dans tout ça, n’est-elle pas qu’en faisant donc les choses dans le respect, comme les Anglais, on ne se trouve qu’à tomber dans l’oubi ? Il faut pourtant avouer qu’en agissant ainsi, il se trouve qu’on réussit ce qu’on a entrepris, ce qui peut-être le désavantage de ne pas laisser de trace, à part celle d’une activité humaine florissante. N’est-ce pas, au fond, le véritable problème avec l’action pacifique, comme tout ce qui marche, n’entraîne donc pas le genre de catastrophes qu’on aime tant rapporter, c’est qu’on ne trouve donc justement pas de raison d’en parler, et on ne peut donc que se borner à constater la grandeur qu’elle aura naturellement occasionnée. D’un autre côté, en ne faisant que prendre et jamais laisser, comme les Français en ont fait leur spécialité, on cause la guerre, ce qui est beaucoup plus facile à faire passer à l’histoire. Quoi de mieux, après tout, qu’un peu de sang pour en mettre plein la vue, et faire ainsi oublier les pires contradictions ! Peut-on vraiment s’étonner que la France ait ainsi tant paternisé les Américains depuis leur Révolution, puisqu’il semble que même en showbizz ce seront des Français, au fond, que ceux-ci auront peut-être pris leur leçons ! Au fond, si la France devait vraiment être “Mère-Patrie” d’un pays, ne devrait-ce pas plutôt être des États-Unis ?...
 
 
Le véritable héritage des Anglais
Et pourtant...
 
Faut-il toujours de la violence pour qu’il y ait victoire ? Faut-il toujours forcer l’autre à nous donner ce qu’on veut pour qu’on en soit satisfaits ? Ne s’agit-il pas surtout là, en fait, des bonnes vieilles valeurs que nos chers Français nous auront si bien inculquées ? Qu’est-ce qu’on en a bien à cirer, des Anglais, au fond, avec leur façon toujours polie de tout nous accomoder avant même qu’on ait rien demandé ! Depuis quand fait-on l’histoire d’un pays rien qu’à être gentil ?...
 
Or, il se trouve qu’il est là le problème : c’est que justement, on n’est ni Français, et ni Anglais. Parce que vous savez quoi ? Il se trouve qu’on est Québécois (ou Canadiens, parce que là, au point ou on en est, on ne commencera quand même pas à s’en faire avec cette distinction là) !...
 
Oui, et justement, il se trouve qu’ici, on n’ait pu faire autrement que de prendre les meilleurs éléments des deux cultures qui ont forgé notre nation. Que voulez-vous, il semble que la nature humaine soit ainsi faite, et qu’on ne garde toujours que le meilleur de ce à quoi on est exposé ! Et on a beau faire tout ce qu’on peut pour s’y opposer, il semble bien qu’on a quand même aussi du garder certains côtés des Anglais... Ça a beau être le moins pire qu’on a su trouver, c’est quand même anglais, mais que voulez-vous, on ne peut quand même pas être parfaits ! Oui, et il semblerait donc, qu’on le veuille ou non, qu’on soit en fait un peuple pacifique. Il nous faudra tôt ou tard l’avouer, alors aussi bien le faire tout de suite !... Et peut-on vraiment prétendre sérieusement que c’est des Français qu’on aura appris la paix, eux qui d’ailleurs n’auront su que nous étouffer avant de rapidement nous abandonner, pour ensuite eux-mêmes s’entretuer et se terroriser, et cela même au nom de l’humanité et de la liberté ? Voyons plutôt comment, dans les faits, on aura appris des Anglais, avec qui on aura en partant évolué pour la plus grande part de notre histoire, comment avancer réellement, et ce tout simplement de par la concertation et la négociation !...
 
Des preuves ? Facile ! Il n’y a qu’à regarder comment on a justement obtenu le pouvoir de nous-mêmes nous gouverner ! Parce qu’après tout, puisqu’on là, on a bien du aller le chercher à un moment donné, même si on ne nous l’a jamais appris, puisque, faute de violence, ce n’est quand même pas ce qu’il y a de plus sexy !
 
Lafontaine ou la preuve que nous sommes un grand peuple
Reportons-nous donc en 1848, lorsqu’on a enfin obtenu le gouvernement responsable, ni vu, ni connu, c’est fini n’en parlons plus. Ou si l’on se reportait plutôt avant, et donc entre ce moment et l’Acte d’Union de 1841, après les Rébellions, pour voir ce qui s’est justement passé entretemps ? On peut ainsi constater que tout ce qu’on a, on le doit en fait à un certain Louis-Hyppolite Lafontaine, dont on sans doute jamais entendu parler, même si on connaît peut-être la station de métro du même nom. Et comment a-t-il donc fait, cet illustre inconnu, pour nous arracher le pouvoir des mains des Anglais, et ce, jusqu’à ce jour, dans la plus parfaite indifférence de sa propre nation ? Rien de bien compliqué : il est en fait passé par un processus que l’on appelle tout simplement la négociation.
 
En fait, il semblerait d’ailleurs que le bonhomme était même plutôt efficace, comme on peut enfin l’apprendre en complétant par exemple au moyen d internet la connaissance plutôt imparfaite qu’on a de notre propre histoire, ou plutôt le brainwashing sommaire qu’on nous a transmis à la place !... En effet, on voit que pendant plusieurs années Lafontaine a d’abord plaidé sans relâche auprès de la Couronne pour l’obtention du gouvernement responsable, et ce dès son élection au Parlement bidon qui était alors celui du Canada-Uni. Cependant, après s’être ainsi investi plusieurs années sans connaître le moindre succès, étant donné qu’il se butait alors à un gouverneur aussi fermé qu’obstiné, alors soudainement pouf ! Il disparaît, démissionnant de son poste en affirmant, ou plutôt en admettant que ses efforts ne servaient à rien, étant donné que son poste en tant que tel n’en n’était justement pas un puisqu’il ne conférait aucun réel pouvoir, ce qui bien sûr était précisément ce qu’il dénonçait !... En effet, le chef d’État qu’était le gouverneur général n’était aucunement responsable de ses actes devant les députés élus, qui ne l’étaient donc que pour entretenir l’illusion d’une démocratie, puisqu’il n’avait lui-même à répondre en fait de ses actes que devant la Couronne d’Angleterre !... Et c’est précisément pourquoi la première chose que les pseudo-députés, Lafontaine à leur tête, ont plutôt demandé est plutôt le gouvernement responsable implique en fait que le gouvernement (et donc le gouverneur) ne soit responsable que devant les représentants élus du peuple, ce qui revient donc à dire que c’est le peuple qui prend en fait le pouvoir ! C’était d’ailleurs ce qui rendait la manoeuvre si cruciale, puisqu’elle fait tout simplement en sorte que le peuple se retrouve donc avec un gouvernement qui travaille pour lui, et donc avec rien de moins qu’une démocratie !...
 
Or, en boycottant ainsi ce pseudo-Parlement, Lafontaine remettait automatiquement toute la crédibilité de ce dernier, d’autant plus qu’il n’en avait justement pas ! La Couronne s’est donc vue rapidement forcée d’intervenir, en obtenant d’abord la démission de l’incompétent de gouverneur général qui se pensait fin à jouer l’intransigeant, et tout en suppliant Lafontaine de revenir au Parlement. Or celui-ci n’accepta de revenir au Parlement qu’à la condition que celui-ci ne soit justement responsable que devant la population, plutôt que la Couronne, ce que Londres a finalement accepté, en posant cependant elle aussi une condition, à savoir que Lafontaine devienne lui-même le premier premier ministre de ce nouvel État qui, en fait, venait de naître, tout simplement.
 
Le plus intéressant, c’est que peu de temps après, on a même pu avoir droit à une chance en or de vérifier si ce gouvernement était réellement responsable. En effet, Lafontaine a eu l’idée astucieuse de provoquer les Anglais en adoptant une loi visant à envoyer des indemnités financières aux familles ayant perdu un membre ou plus durant les Rébellions. La grande question était bien sûr : est-ce que le nouveau gouverneur général nommé par Londres, et nommé en fait Lord Elgin (!...), qui s’était jusque là montré très coopératif, allait-il aller jusqu’à signer la loi, même s’il savait qu’elle allait engendrer d’énormes protestations chez les Tories anglophones (aussi appelés conservateurs... tiens donc !...) qui comptaient encore sur la notion que ce nouveau gouvernement ne soit toujours qu’une farce. Autrement dit, allait-il exécuter la volonté du gouvernement élu quelle qu’elle puisse être, comme devrait automatiquement le faire tout représentant royal d’une monarchie constitutionnelle digne de ce nom, et ce même s’il doit pourtant lui en couter personellement ? Signera, signera pas ? Et croyez le ou non, il se trouve que cet Anglais a pourtant bel et bien eu le courage de signer, même s’il lui en a bel et bien coûté, parce que le Parlement fut ensuite carrément incendié par un rassemblement de Tories enragés. Le transfers de pouvoir était donc consommé, alors qu’un véritable leader s’est ainsi lui-même compromis en sacrifiant son propre pouvoir tout en assumant les risques que cela pouvait impliquer, et tout cela afin que la démocratie devienne une réalité. Et cet leader, pour le rappeler, c’était ni plus ni moins qu’un Anglais. Ce sont donc, en réalité, un anglophone et un francophone qui, ensemble, ont donné naissance au pays tel qu’on le connaît, de par la foi et l’engagement qu’ils ont tous deux employés pour remettre entre les mains du peuple le pouvoir dont il a jouit juqu’à aujourd’hui.
 
Que se passe-t-il au juste dans la tête à Papineau ? (et Henri Bourassa)...
Lafontaine a ainsi prouvé, notamment, que son approche, elle, donnait des résultats, contrairement à son vieux copain Papineau qui, après avoir initié les Rébellions, a plutôt du fuir et rester en exil en France et aux États-Unis, en attendant que son ami accomplisse le vrai boulot. Tandis que son attitude de confrontation n’aura servi qu’à faire tuer des Québécois pour rien, Lafontaine, lui, a travaillé dans l’ombre et avec ceux qu’on appelait peut-être leurs ennemis, sauf que lui, au moins, aura réussi à faire de leur rêve à tous deux une réalité. Il aura montré que la voie de la négotiation, si elle peut s’avérer plus longue et compromettante, mais qu’elle au moins fonctionne vraiment, puisque c’est d’ailleurs grâce à cette voie et à aucune autre que nous devons pourtant notre pays...
 
On a d’ailleurs pu constater tout au long de notre histoire un tel contraste entre un fédéralisme de compromis et donc d’équilibre, qui fait effectivement avancer les choses, et un nationalisme qui semble n’avoir pour but que de chercher la confrontation, en plus bien sûr du repli sur soi. N’est-ce pas exactement la distinction qu’on a pu ensuite observer entre un Laurier qui s’est battu toute sa vie pour maintenir l’unité du pays à travers le compromis, tout augmentant réellement l’autonomie de ce dernier face à la Grande-Bretagne, et un Henri-Bourassa qui lui ne semblait avoir pas su trouver un meilleur principe que d’en demander toujours plus quoi qu’il arrive, et qui finalement, de par son opposition à Laurier, n’aura pas su faire mieux que de porter les Conservateurs au pouvoir, quoi que ceux-ci fussent en fait bien autrement plus impérialistes que n’ont jamais pu l’être les Libéraux, et pourtant d’autant plus soumis à la Grande-Bretagne ? N’est-ce donc que mon impression, ou est-ce que ça ne daterait pas d’hier qu’on semble ainsi pendre plaisir à laisser le pouvoir à nos pires ennemis ? Pourquoi faudrait-il en fait que l’histoire se répète toujours de façon aussi grossière ?...
 
Au fond, les négotiateurs décidés tels que Lafontaine sont-ils vraiment tous des “traîtres”, comme ont toujours semblé le suggérer les Papineau de tout acabit ? Et les conciliateurs modérés tels que Laurier ne sont-ils donc tous que des “vendus”, comme Henri-Bourassa pouvait si subtilement les en accuser, et tout comme le font toujours ses dignes héritiers ?...
 
Ou en fait, est-ce que la voie de la négotiation n’exigerait pas plutôt un courage hors du commun ? En fait, comment cela pourrait-il ne pas être le véritable courage que d’oser vraiment faire face à celui qu’on peut considérer comme son “adversaire”, et d’aller jusqu’à travailler main dans la mains avec lui, ne serait-ce que parce qu’on doit alors justement se faire traiter de “traître” par ses propres compatriotes, qui ne voient même pas qu’on est pourtant en train de régler le problème dont ils se plaignent au tout départ ? Cela ne demande-t-il pas de plus une patience exceptionnelle, que de vouloir régler le problème pour de vrai et donc à petit peu, plutôt que d’exiger d’abord tout et tout de suite, pour ensuite confronter plus facilement l’adversaire lorsqu’il devient clair que c’est justement impossible ? Et en ne recherchant donc que la confrontation, comment peut-on pourtant obtenir autre chose que toujours plus de problèmes ? Ne fait-on pas ainsi que fuir le vrai problème, tout comme sa solution ? Et au fait, depuis quand la confrontation et la division mènent-ils pourtant à quoi que ce soit ? Ce peut-il vraiment que, même avec la“tête à Papineau”, on ne puisse comprendre cela ?
 
Et pourtant, il semble qu’encore là, on préfère encore ne jurer que par une bonne vieille confrontation, qui même si elle n’a pas nature aucune chance de servir à quoi que ce soit, a du moins le mérite d’en donner l’impression d’être un “dur”, et donc d’augmenter soi-même son prestige personnel auprès de ses compagnons, et surtout au plus naïfs et grégaires d’entre eux, qui biens sûr s’avèrent souvent les plus nombreux. Est-il donc vraiment si étonnant qu’une fois plus, on ait plutôt retenu Papineau, celui qui fasse péter un pétard mouillé mais qui au moins aura fait du bruit, tandis qu’on a complètement oublié celui, nommé Lafontaine, qui nous a pourtant donné notre pays dont on jouit sans même le réaliser, et en se demandant encore moins d’ou il vient. Peut-on donc encore se surprendre que la violence ressorte encore en premier, surtout dans le cas d’un petit peuple au sang français ? Et pour un peuple lui-même en quête d’identité, et de surcroît en quête d’identité, et qu’un bon symbole tape à l’oeil ne saurait ainsi mieux combler !...
 
Le meilleur des deux approches
Cependant, il faut bien avouer que les Rébellions n’ont peut-être pas été finalement si inutiles, car sans elles, pas d’Acte d’Union, et donc pas de recommendation de gouvernement responsable de la part de Durham... Les choses auraient-elles finalement débloqué si on ne les avait pas d’abord un peu provoquées ? Disons qu’il est sans doute permis d’en douter. Et c’est justement là qu’apparaît si bien la complémentarité de notre identité, et qui semble si bien jouer en notre faveur, surtout dans les moments critiques. Une situation similaire ne s’est-elle pas en effet produite récemment, alors que d’un côté la force méthodique et diplomatique a produit de remarquables avancées au Lac Meech, et que de l’autre, un patriotisme enflâmmé, surtout par l’échec obtenu du premier côté, ne pourrait avoir mieux servi à démontrer, à travers le second référendum, le sérieux de nos revendications ? Et par ailleurs, tout comme Lafontaine lui-même n’a pas hésité à se retirer afin d’exercer un incontournable moyen de pression, ne savons-nous pas, maintenant, que nous pouvons justement utiliser la perspective réelle de nous retirer du Canada, advenant le cas où l’on ne pourrait définitivement pas obtenir ce qu’on voudrait ? La table n’est-elle donc pas mise pour un second round de négociations, afin d’aboutir enfin à un réel accord avec le Canada ? En mobilisant le meilleur de la paix et de la pression, des mots et des actions, comment au départ pourrions-nous donc faire autrement que de réussir quoi que ce soit que l’on entreprendra ? En tirant ainsi le meilleur de nos deux approches, et donc de nos deux héritages, ne pourrions-nous pas enfin arriver à cette “réconciliation nationale” qui rétablirait notre pays dans toute sa force, celle de l’union ?
 
La meilleure des deux approches
Et pourtant, entre les deux approches, à savoir celle de la paix et celle de la guerre, n’est-ce pas la première qui est vraiment la nôtre ? N’est-ce pas le style de Lafontaine qui nous aura le plus servi pour ce qui est, du moins, d’arriver à de véritables solutions ? N’est-ce pas à la négociation et la concertation, que nous devons pratiquement notre démocratie et notre pays ? Combien de peuples, sur la Terre, peuvent d’ailleurs se vanter d’avoir réussi un tel exploit, juste comme ça ? Nous, les Québécois, n’avons-nous pas prouvé une fois pour toutes que seule la non-violence permet de vraiment régler les problèmes, et qui plus est d’une façon presqu’automatique, en plus bien sûr de ne pas entraîner la moindre effusion de sang ? Qu’avons-nous vraiment prouvé, en retrouvant ainsi dans la paix notre liberté, sinon que l’on se comportait réellement comme un grand peuple faute de le proclamer ou de nous-mêmes nous l’avouer ?....
 
Pourquoi, alors, chercher à se prendre pour ce que nous ne sommes pas ? Pourquoi s’abaisser à jouer le jeu de la violence, quand notre spécialité est plutôt d’accomplir des miracles, en faisant passer par la paix nos rêves à la réalité ? Voulons-nous tant notre propre perte pour nous attacher à une mentalité de confrontation qui n’aura jamais été la nôtre et qui nous aura donc d’autant moins jamais servi à quoi que ce soit, alors que sommes déjà passé maîtres dans l’art de gagner dans la paix, et donc dans la réalité ?... Pourrait-il pourtant y avoir un art qu’on pourrait être plus fier d’avoir développé que celui de la négotiation, surtout quand on sait l’accompagner, comme c’est manifestement notre cas, d’une certain dose de pression ? Pourquoi ne bâtir son projet de société qu’autour d’une rébellion, alors que nous pourrions plutôt prouver au monde qu’une nation peut se libérer définitivement à travers la réconciliation ?
 
Pourquoi chercher à suivre une voie qui n’a jamais mené à rien, alors que nous pouvons, de par notre propre exemple, montrer plutôt à l’humanité comment les conflits peuvent être surmontés ? Pourquoi ne pas plutôt inviter le monde à emprunter la voie que tous savent être la bonne, mais que nul, sauf nous, n’a pourtant eu le courage de suivre jusqu’au bout ? Pourquoi ne pas simplement nous assumer comme le grand peuple que nous sommes ?...
 
Pourquoi n’avoir qu’une Mère-Patrie quand on pourrait en avoir deux ?
Et d’ailleurs, pourquoi chercher inutilement à nous affilier à une supposée “Mère-patrie” qui n’a jamais su qu’opprimer et récolter une haine bien méritée ? Pourquoi aurions-nous donc quoi que ce soit à apprendre d’eux, nous qui avons plutôt prouvé qu’on pouvait dans la paix nous libérer nous-même ? Pourquoi, dès lors, devrions-nous chercher à être comme qui que ce soit lorsqu’il nous a pourtant si profité de simplement être nous-mêmes ?
 
Et si nous devons nous affilier à qui que ce soit, pourquoi ne pas plutôt se tourner du côté des Anglais, tant qu’à ça ? N’est-ce avec eux que nous tenons aurons appris à régler nos problèmes comme des gens civilisés, en plus bien sûr de leur devoir tout ce qu’on a ?... Et s’il faut à tout prix se trouver une “Mère-Patrie”, pourquoi donc ne pas alors simplement accepter celle qui pourtant est déjà officiellement la nôtre, à savoir biens sûr notre chère bonne vieille Angleterre ? A-t-on pourtant jamais eu à se plaindre de son règne, honnêtement, du moins comparé à celui des Français ? Lui a-t-on jamais du autre chose que de la gratitude ne serait-ce que pour nous avoir justement débarassés des Français ? Quel est donc le sens de tourner le dos à ceux qui nous auront tout donné, pour tendre plutôt les bras en vain vers ceux qui n’auront jamais fait que nous exploiter et nous étouffer, pour finalement nous abandonner sans plus de formalités ? Voulons-nous faire des victimes de nous-mêmes au point de ne chercher à nous rattacher qu’à ceux qui nous auront le moins bien traités ?...
 
En fait, qu’est-ce qui nous rattache encore à la France, au juste, à part peut-être le désir d’être dominés, ou du moins paternisés ? N’a-t-on donc en commun que la langue et, à la limite, la culture ? Et encore là, notre culture n’est-elle pas, tout au moins, influencée tout autant par les Anglais, tant qu’à ça ? Pourquoi faudrait-il donc nous débarasser à tout prix de cette autre partie de notre héritage ? Faut-il n’être que Français, pour être Québécois ? Être Québécois, n’est-ce pas justement plus que ça ? J’ose l’espérer, en tout cas !...
 
Au fond, qu’est-ce qui devrait compter le plus, exactement ? La culture dont on provient, ou la façon dont nous auront été traités ? Ne peut-on au moins reconnaître que de ces deux héritages, l’un est au moins aussi important que l’autre ne peut l’être ? Et s’il nous fallait mettre une chose en évidence, cela devrait-il n’être qu’un vulgaire bagage ethnique qui ne nous fut transmis que par la force des choses, ou plutôt une attitude qu’on nous aura témoignée, et qui fut marquée par la souplesse et le respect de qui nous sommes ? Qu’est-il donc le plus important à transmettre à la prochaine génération : des éléments de base comme la langue, qu’on n’a simplement pas le choix d’acquérir de toute façon, ou plutôt des facultés supérieures à commencer par l’art de se comporter de façon positive et aimable avec les autres ? Qu’est-ce qui compte le plus, dans la vie : l’origine ethnique, ou plutôt la capacité de respecter les autres, et l’être humain en général ? À quoi allons-nous donner la priorité : notre race, ou notre savoir-vivre ? J’espère du moins que l’on ne se posera pas trop longtemps cette question !
 
Et si, vraiment, ce qui compte le plus est en effet le savoir vivre, alors peut-on sérieusement se demander si ce sont davantage les Français ou les Anglais qui nous l’auront le mieux appris ? Poser la question n’est-il pas surtout comme y répondre, encore une fois ? Pourquoi, alors, donner plus d’importance à un peuple dont on n’a en commun que la langue, et qui ne nous aura jamais témoigné que du mépris ? Pourquoi ne pas plutôt se réjouir de pouvoir au moins compenser un aussi pauvre exemple par un second héritage qui, en plus de nous avoir appris et surtout démontré beaucoup plus de civilité, a en plus le mérite de faire au moins tout aussi partie prenante de notre véritable identité ? Ne peut-on pas dire, en effet, qu’on aura au moins su retenir des Anglais de savoir nous comporter ? N’est-ce pas surtout à un tel héritage qu’il nous faudrait plutôt nous identifier ? Notre grandeur ne vient-elle pas au moins autant de notre nature pacifique que de notre langue ? Pourquoi, alors, ne pas surtout célébrer cet héritage qui a réellement fait de nous le grand peuple que nous sommes ?...
 
 
N’est-on vraiment qu’un peuple de conquis ?
 
Il ne me semblerait donc devoir rester qu’un seul petit problème à régler, à savoir celui d’avoir été, à proprement parler, conquis. Car comment cela pourrait-il faire autrement que de demeurer un problème en partant ? Et surtout, il faut bien avouer que ce n’est certainement pas ce qui a du le plus aider pour empêcher que l’on développe une certaine haine envers nos conquérants, tout comme bien sûr un certain complexe d’infériorité... Et pourtant, tout cela est-il vraiment justifié ?
 
Pour commencer, a-t-on du moins été conquis si facilement ? Ou n’a-t-on pas été pris, finalement, que par la peau des dents ? En fait, à la suite de la Bataille des Plaines d’Abraham, n’avions-nous pas carrément fini par nous en sortir envers et malgré tout, et ce, bien sûr, malgré un désavantege numérique et stratégique toujours aussi total ? En effet, à l’issue de la Bataille de Sainte-Foy, n’étions-nous pas finalement parvenus à récupérer la citadelle de Québec, et donc bien sûr à nous y retrancher ? N’a-t-on pas ensuite attendu en vain les renforts de France, jusqu’à ce qu’à court de provisions il nous faille finalement nous rendre, et surtout nous rendre à l’évidence qu’on nous avait tout simplement laissés à nous-mêmes ? En fait, la France ne s’était-elle pas même vue offrir une dernière chance, lors des négociations devant mener au Traité d’Utrecht (1763), de récupérer sa colonie de Nouvelle-France ? En bout de ligne, n’a-t-elle pas elle-même laissé tomber le Canada, pour lui préférer une Guadeloupe qui peut-être semblait alors plus facile à exploiter ? N’a-t-elle donc pas tout bonnement craché une fois pour toutes sur le Canada, prouvant ainsi qu’elle n’aura jamais su faire autrement que de se moquer de nous sur toute la ligne ?...
 
Et surtout, en préférant ainsi quelques champs de canne à sucre aux quelques arpents de neige du Canada, la France n’a-t-elle pas elle-même jeté à l’eau sa dernière chance de prendre place sur le continent qui pourtant était déjà en voie de devenir la plus grande puissance du monde ? N’a-t-elle donc pas finalement prouvé que vraiment elle n’aura jamais su faire mieux que de ne systématiquement voir qu’à court terme, au point même de compromettre son propre intérêt, dans son obsession de justement chercher à ne défendre que ses propres intérêts ?
 
Mais surtout, et si une chose ressort clairement de tout cela, n’est-ce pas en fait que nous aurions nous-mêmes pratiquement gagné si la France ne nous avait pas justement abandonnés ? À la lumière de notre propre histoire, peut-on alors vraiment dire que nous aurons été conquis, ou dans les faits n’avons-nous pas plutôt été tout simplement abandonnés ?
 
N’a-t-on pas un peu beaucoup couru après ?
Et encore, si nous avons donc réussi à gagner malgré tout, n’est-ce pas d’abord malgré la supposée “stratégie” de combat de Montcalm, qui consistait en fait à nous exposer autant que possible aux tirs ennemis en terrain totalement découvert, histoire de bien maximiser nos pertes en partant ? Est-il exagéré de considérer qu’on aurait sans doute mieux s’en tirer si on ne nous avait pas au départ forcés à suivre une stratégie qui ne semblait pas avoir d’autre but que de carrément nous éliminer ? Autrement dit, n’aurions-nous pas été sans doute bien autrement plus fortunés si à ce moment au moins nous avions pu diriger nous-mêmes notre propre destin ? Disons qu’on aurait sans doute fait un peu plus d’efforts pour ne pas nous-mêmes nous liquider, puisque nous aurions alors été justement les premiers concernés ! Finalement, peut-être la France nous aura surtout bien servi en nous abandonnant, et donc en nous évitant d’être sacrifiés davantage par d’autres que nous, et sans pourtant la moindre raison ! Ou du moins, tant qu’à nous abandonner, peut-être auraient-ils pu le faire plus tôt, et peut-être aurions-nous donc été en fait d’autant moins encombrés, en plus bien sûr de savoir une fois pour toutes sur quel aide on ne pouvait surtout pas compter...
 
Pourtant, n’avions-nous pas de notre côté développé avec le temps une stratégie incomparablement plus efficace, similaire à la guérilla, et surtout aux tactiques des Amérindiens, qui nous appuyaient d’ailleurs dans notre combat ? Et par dessus tout, notre stratégie n’avait-elle pas l’avantage d’être la plus adaptée au terrain, puisque c’est justement le terrain, en plus bien sûr des Amérindiens, qui nous l’avait d’abord appris ? N’étions-nous pas d’ailleurs passés maîtres dans cette stratégie bien à nous, au point que nous avions jusque là toujours réussi à défendre notre territoire, malgré le fait que nous n’étions de plus en plus qu’une poignée de francophones dans un océan anglais (pour faire changement d’aujourd’hui...)? N’aurions-nous donc pas pratiquement gagné si les Français nous avaient au moins laissé mené les choses à notre manière, tel que ça nous avait d’abord toujours si bien servi jusque là, plutôt que de penser toujours si supérieurs qu’il leur a plutôt fallu encore imposer à tout prix leur autorité, même lorsqu’ils sont pourtant les moins qualifiés, et donc même au risque de leur propre vie, en plus bien sûr de la nôtre ? N’aurions-nous donc pas pratiquement gagné si les Français, se croyant peut-être intelligents ainsi, n’avaient pas d’abord appliqué, une fois de plus, une stratégie consistant à perdre en partant ? N’aurions-nous donc pas, encore une fois, pratiquement gagné s’il n’avait surtout été des “Maudits Français” ?
 
Comment reprocher ensuite aux Anglais, en vérité, d’avoir finalement gagné, quand on a tout fait soi-même pour se tirer dans le pied ? Comment leur reprocher d’avoir pris cette victoire, alors qu’on la leur a en fait offert sur un plateau ? Comment leur reprocher d’avoir surtout grâce à nous, ou plutôt grâce aux Français qui, définitivement auront jusqu’au bout fait tout ce qu’ils pouvaient pour nous emmerder, et surtout pour tout nous faire rater ? Comment leur reprocher, finalement, d’avoir remporté une victoire par défaut ? Aurions-nous vraiment voulu qu’ils déclinent le cadeau qu’on leur a offert, même après tous les efforts qu’on a pu mettre pour y arriver ?... Peut-on vraiment leur reprocher de n’avoir pas été aussi impolis, surtout de la part d’Anglais ? Et surtout, peut-on vraiment leur reprocher de n’avoir pas voulu se tirer dans le pied comme nous-mêmes semblions pourtant le faire aussi gaiement ? Peut-on vraiment s’étonner que le monde entier ne partage pas notre désir de se mettre dans le pétrin ? Les Français ont beau avoit tenté de nous montrer comment creuser soi-même sa propre tombe, il faut bien avouer que ce n’est peut-être pas non plus la meilleure référence qu’on aurait pourtant pu trouver !...
 
Il se trouve donc qu’on a été conquis. En fait, il fallait bien s’y attendre à un moment donné ! Comme si, encore une fois, on pouvait s’entêter à se sous-développer, tandis que son voisin se développe au point de devenir la plus grande puissance de la planète, et penser qu’il ne va jamais rien nous arriver !... Il faut pourtant bien donner cela au Français : si nous ne perdions pas cette bataille, il ne nous aurait resté qu’à attendre la prochaine ! Remarquez, on aurait quand même ainsi pu dire, quelques siècles à l’avance, “à la prochaine fois” !... Au fond, nous devrions peut-être encore remercier plutôt les Français de nous avoir abandonné aussi tôt qu’ils ont pu : ça nous aura au moins évité de se faire trop d’illusion en pensant rester libres moindrement plus longtemps !... Merci, les Français, de nous avoir appris, ou du moins rappelé les dures réalités de la vie !...
 
 
Qu’est-ce que l’identité ?
 
Oui, car ne s’agit-il justement pas après tout que d’une réalité de la vie, que les peuples les plus forts conquierrent, et que les autres sont tout simplement conquis ? Pourquoi donc commencerions-nous à nous plaindre de ce qui est sans doute le plus vieux scénario de l’histoire humaine ? Pourquoi, en fait, chercher à s’opposer à ce qui n’est après tout qu’un des processus de base par lesquels les peuples peuvent s’entremêler, et aux cultures de se renouveler ?
 
Et surtout, pourquoi chercher à tout prix à repousser à tout prix la nouvelle culture qui nous est ainsi additionnée ? Croit-on vraiment que l’on peut mieux protéger notre identité ? Car après tout, qu’est-ce, au juste, que l’identité ? L’identité n’existe-t-elle que dans l’exclusivité, ou ne peut-elle qu’être plutôt renforcée par la nouveauté et la diversité ? Et comment pourrions-nous chercher à extirper de nous-mêmes une culture qui est en fait déjà partie prenante de notre identité ? Croit-on vraiment qu’on serait plus avancé en se privant d’une partie de nous-mêmes ? Croit-on seulement que l’on peut s’aliéner d’une part même de soi-même, comme si cela pouvait être fait sans justement attaquer son identité tout en entier ?
 
Et comment, donc, devrions-nous en fait procéder pour se départir d’une culture en particulier parmi celles qui ont constitué la nôtre ? Et à quoi cela pourrait-il bien mener ? Comment pourrait-nous demander, par exemple, aux Français de se “débarasser” de leur héritage germanique ? Car après tout les “Francs” eux-mêmes n’étaient-ils pas que des envahisseurs, et provenant d’une culture on ne peut plus différente de celle des Gallo-Romains qu’ils conquis ? Penserait-on sincèrement qu’on pourrait obtenir quelque chose de plus “français” en ôtant pratiquement le “Franc” du Français ? Et par ailleurs, pense-t-on seulement que les premiers intéressés, à savoir les Français eux-mêmes, seraient justement intéressés à s’handicaper d’un tel pan de leur identité ? La France serait-elle seulement ce qu’elle est aujourd’hui, et aurait-elle en fait atteint la grandeur qu’on lui connaît, s’il n’y avait jamais eu en France que des Gallo-Romains ? En se basant sur cet exemple, peut-on donc réellement penser qu’on pourrait préserver l’intégrité d’une culture en la dépouillant, par quelque moyen que ce soit, d’un aspect d’elle en particulier ?
 
Pour prendre un autre exemple, qu’en est-il au juste de la Chine ? La question est peut-être plus pertinente qu’elle ne peut le sembler... Car la Chine, en plus bien sûr de comprendre un nombre assez incroyable de minorités, est surtout le produite d’une série d’invasions qui se sont superposées l’une à l’autre par vague successive, et qui ont ainsi constitué la puissante et unique culture que l’on connaît aujourd’hui, comme un oignon qu’on aurait formé une couche après l’autre !... Et la culture chinoise a d’ailleurs cela de particulier qu’elle a toujours été assez puissante pour qu’à chaque nouvelle vague d’invasion qui déferlait sur elle, elle puisse assimiler cette dernière, de sorte qu’on ne puisse rapidement plus distinguer les différents peuples dont elle fut pourtant constituée ! Plus que le processus d’assimilation en tant que tel, n’est-ce pas surtout intéressant de constater à quel point deux cultures peuvent donc si facilement se mêler, et comment la culture finale ne peut qu’en être toujours plus renforcée ? N’est-ce pas intéressant de considérer que l’immense diversité qu’implique l’identité chinoise ne semble pourtant jamais l’avoir empêchée d’être unique et authentique, bien au contraire ? En fait, cette pluralité qu’implique la Chine n’a-t-elle pas surtout fait que rendre sa culture plusr riche et profonde ? Serait-il donc possible, finalement, qu’un tout soit plus que la somme de ses parties ? Comment alors pourrion-nous aller jusqu’à penser qu’un tout peut-être plus enrichi par la soustraction même de l’une de ses parties ?...
 
Si la France et la Chine, pour nommer qu’elles, ont ainsi pu additionner et surtout intégrer diverses cultures en elles-mêmes pour n’en ressortir que plus fortes et uniques, au point d’ailleurs d’en devenir des modèles pour la planète en entier, alors pourquoi ne pourrions-nous pas y arriver, nous aussi ? Si nous sommes vraiment un grand peuple, alors pourquoi ne pas justement agir les autres grands peuples le font, et montrer qu’on peut grandir à travers la contradiction, surtout du moment qu’on sait la transformer en union ? Si en fait il ne se trouve sans doute pas un seul peuple qui ne fut d’abord composé par le mélange de plusieurs autres, alors comment prétendre, au juste, que des peuples ne pourraient être réunis ? Pourquoi donc ne serions-nous pas capables de ce que partout sur Terre on a déjà réussi ? Qu’y a-t-il donc, à propos des peuples français et anglais qui empêcherait donc qu’ils se mêlent l’un à l’autre, ou du moins qu’il parvienne à vivre dans une cohabitation digne de ce nom ? Qu’est-ce qui nous empêcherait donc d’intégrer ces deux héritages de façon à générer une identité qui soit véritablement nouvelle et unique ?
 
Pourquoi se purifier de l’Anglais en nous ?
Et en réalité, n’est-ce pas déjà déjà chose faite ? La culture anglophone ne fait-elle pas déjà partie de nous, même si nous semblons trouver original de prétendre la renier ? Et justement, si l’on pense ainsi s’affirmer en tant que Québécois, n’est-ce pas pour ensuite que mieux nous rabattre sur notre propre variété de langue fortement anglicisée, en plus, bien sûr sur, tout ce qui est de culture anglophone, du moment qu’on veut pourtant être moindrement “cool”, justement ? Et de toute façon, y a-t-il seulement une bonne raison pour laquelle on devrait se priver d’une culture qui, pour ce qui est de son influence, aura pourtant su se hisser au premier rang de l’humanité, et ce ne serait-ce que parce qu’elle aura eu le mérite, et non le moindre, de produire une culture qui s’avère sans doute parmi les plus puissantes qu’on ait jamais édifiées ?... Et cette langue devrait-elle devrait-elle par ailleurs être ridiculisée comme étant ennuyeuse ou peu évocatrice, quand c’est en fait celle qui est à la base de toute la culture et la musique populaire contemporaine, dont nous sommes d’ailleurs les premiers à nous être inspirés ?..
 
Pourquoi alors critiquer hypocritement ce à quoi nous cherchons nous-mêmes à nous identifier ? Si nous tenons justement à vivre la culture anglophone, pourquoi alors ne pas du moins le faire avec honnêteté, sinon avec fierté ? Pourquoi ne pas plutôt profiter du fait que la culture anglophone fait déjà partie de nous, et ce depuis la naissance même de notre propre culture canadienne-française, et donc depuis bien avant que cette culture anglophone en tant que telle atteigne des sommets de popularités qui ne furent d’ailleurs jamais atteints auparavant ?...En fait, pourquoi ne pas tout simplement nous reconnaître dans tout ce que nous sommes, pour commencer ?... Et si cette culture à laquelle tous veulent participer est déjà en nous, alors pourquoi devrions-nous chercher à la dissimuler, sinon à la nier ?... Car si nous tenons tant à être reconnus, pourquoi ne pas justement commencer par nous reconnaître nous-mêmes pour qui nous sommes vraiment ? Pourquoi ne pas carrément être fiers de qui nous sommes, pour une fois ?...
 
Pourquoi ne pas simplement assumer ces deux héritages, et même les célébrer pour ce qu’ils sont,
c’est à dire les deux côtés de l’unique Mini-Wheat que nous sommes !... Pourquoi chercherions-nous à retirer un des ingrédients qui composent notre sauce culturelle : n’est-ce pas pourtant l’ensemble de ces derniers qui lui donnent tout son piquant !... Pourquoi ne pas honorer, comme le demande la Bible, les deux parents qui, de par leur union, nous auront fait naître comme nation !..Pourquoi nos divers origines ne seraient-ils pas qu’autant de raisons d’être fiers de qui nous sommes ? Après tout, si on a su réunir une fois pour toutes le Français et l’Anglais, ne devrions-nous pas au départ mériter un trophée ? Pourquoi, alors, ne pas simplement accepter d’être Canadien tout autant que Québécois, en sachant qu’on ne fait ainsi que réunir tout ce que l’on est, et donc achever enfin notre véritable identité ?
 
Pourquoi les Anglais sont nos amis !...
Et par ailleurs, pourquoi les Français devraient-ils au départ haïr les Anglais ? Qu’est-ce qui, dans ces deux cultures, serait si antithétique qu’il devrait rendre ces dernières allergiques l’une à l’autre ? La France et l’Angleterre ne sont-elles pas deux nations occidentales de l’Europe de l’Ouest dont les histoires respectives sont très similaires et en fait interreliées, après tout ? N’ont-elles pas combattu ensemble (et avec nous aussi, d’ailleurs...), et ne se sont-elles pas supportées mutuellement, du moins tout le siècle dernier ? N’y a-t-il pas longtemps que ces deux puissances sont dans le même camp, depuis, en fait, qu’ils ont cessé de se battre, et donc depuis que la France nous a justement abandonnés...Alors en réalité, ces deux peuples auront-ils jamais été autre chose, pour la plus grande part de leur histoire, que des alliés ?... Comment se fait-il donc que l’on s’accroche encore au passé, alors qu’il y a déjà des siècles que nos “nations-mère” ont pourtant déjà passé à la réconciliation, voire même à l’amitié ?
 
Au fait, maintenant que j’y pense... Nos deux peuples n’ont-ils pas carrément la même origine, celle des Celtes de l’Europe antique ? N’est-ce donc pas en fait le même sang qui coule dans nos veines ? Aussi inquiétant puisse-t-il être d’avoir ainsi à considérer la race, n’est-il pas justement inouï de constater que même cet élément là, le premier qui peut pourtant diviser l’humanité, se trouve dans notre cas à nous réunir, en réalité ? N’est-ce pas décourageant de voir que même la race ne saurait nous opposer ?...
 
Et, pour passer à un registre un peu moins grossier, ne faut-il pas pourtant avouer que c’est bien le même fond culturel qui aura produit les Bretons comme les Gaulois, et tout comme, d’ailleurs, les Irlandais ? Ne pourrait-on pas aller jusqu’à avancer que c’est à ce fond celtique que l’on pourrait peut-être retracer ce penchant que nous avons tous pour la jovialité et la simplicité, entre autres choses ? Et, comme si ce n’était pas assez, les Anglais n’ont-ils pas en plus été eux-mêmes conquis par des Français qui leur sont arrivés en direct de Normandie, d’où proviennent d’ailleurs la plupart des Québécois ? La preuve n’en est-elle pas que l’anglais regorge de termes qui sont en fait français, puisque les Anglais ont du eux-mêmes parler cette langue et tout lui emprunter, s’ils voulaient moindrement accéder au prestige qui y était associé ? Si donc même nos langues sont donc plus semblables qu’autre chose, qu’est-ce qui, vraiment, pourrait nos séparer ?
 
Et pourtant... J’imagine qu’il faut quand même avouer qu’il existe certaines différences entre les Anglais et les Français... Tant qu’à aller dans les généralités, les anglophones sont-ils pas sensés être caractérisés par leur froideur autant que leur efficacité, alors que les francophones ne seraient sensés inspirer que bonhomie et convivialité ? Mais même dans ce cas, comment pourrait-on voir autre chose, dans le fait de vivre ici dans une telle proximité, que la meilleure opportunité de se compléter l’un l’autre, ou du moins contrebalancer nos limitations respectives ? Autrement dit, pourquoi la différence ne serait-elle donc pas, de toute façon, quelque chose qui devrait en fait nous enrichir et nous renforcir plutôt, plutôt que de nous diviser ? Pourquoi donc ne pas plutôt profiter de cette occasion pour nous procurer, en tant que francophones, les “bouts qui pourraient nous manquer”, plutôt que de ne s’en tenir qu’à notre portrait stéréotypique malgré tout son ridicule ? Pensons-nous pourtant être plus nous-mêmes en se bornant à n’être qu’une caricature de nous-mêmes ? Comment ne pourrions-nous pas, en fait, devenir plus forts dans qui nous sommes, en commençant par accueillir et intégrer les avantages et particularités que peuvent nous apporter les autres cultures, et qu’on ne puisse donc que rayonner d’autant plus dans notre propre grandeur ?
 
Va-t-on s’en remettre un jour ?
Et pourtant... je sai que nous restons pourtant encore chatouillés par une certaine et dure et réalité... C’est que, quoi qu’on puisse dire, il n’en demeure pas moins que nous aurons pourtant bel et bien été CONQUIS. Aussi fantastique puisse être ce mélange de culture qui est le nôtre, il ne nous en aura pas moins été imposé. Et je veux bien croire qu’il s’agit du genre de sentiment qui est susceptible de rester quand même un certain temps...
 
Cependant, combien de temps cela prendra-t-il donc, exactement, pour qu’on en revienne ? Que nous faudra-t-il, exactement, pour qu’on en vienne finalement à se voir plutôt comme des gagnants ? Et d’ailleurs... Et qu’est-ce que gagner peut bien vouloir dire, pendant qu’on y est ?
 
Qui est vraiment le plus fort ?
D’abord, pour gagner, faut-il nécessairement avoir l’avantage physique sur quelqu’un ? Peut-on n’être plus fort qu’en imposant à un autre sa propre domination ? Ou alors, suffit-il, pour “gagner” de simplement prouver aux autres que, d’une façon ou d’une autre, nous sommes tout simplement “les plus forts” ? Suffit-il, alors, de démontrer qu’on dispose de plus de moyens, et donc que l’on se trouve à détenir un avantage matériel sur un autre ? Mais dans ce cas, pour être vraiment les plus forts au niveau matériel, ne devrions-nous pas plutôt chercher à vaincre les États-Unis plus que quiconque ? A-t-on vraiment envie de nous lancer dans cette course là ? Et d’ailleurs, s’il n’est justement question que de puissance matérielle, les Américains ne sont-ils pas, à ce chapitre, en train d’être justement détrônés par les Chinois ? Y a-t-il donc une notion plus relative et donc théorique que celle d’un “avantage matériel” ?... Et d’ailleurs, si vraiment on parle d’avantage matériel, pourquoi alors ne pas comparer plutôt le niveau de vie d’un pays à l’autre ? Ne démontrons-nous donc pas, en ce sens, plus de puissance matérielle réelle que l’un comme l’autre que ces deux supposées géants en la matière ? Et tant qu’à y être, pourquoi ne parler que de matériel, plutôt que de notre “force culturelle” qui peut-être se compare avantageusement à celle des autres pays, et des anglophones en particulier ? Mais surtout, quel sens y a-t-il, en vérité, à chercher à se penser plus fort que les autres, en partant ?
 
Et si c’était plutôt en allant justement au dessus de ce genre de raisonnement qu’on dé montrait quelque véritable force que ce soit ? Si c’était, pour commencer, en ne cherchant justement PAS à se croire plus fin ou posséder plus qu’un autre que l’on se montrait soi-même moindrement plus intelligents ? Si la véritable puissance, d’un peuple comme d’une personne, était d’abord et avant tout celle qu’on démontre justement par son attitude, et donc en faisant preuve d’un minimum de maturité et de pertinence, plutôt que de justement ne se livrer qu’à de ridicules jeux d’enfants ? Si, autrement dit, la véritable force que pouvait démontrer une nation était en fait MORALE avant que d’être matérielle, ou quoi que ce soit ? Si l’on se montrait plus fort simplement en étant nous-même, et en réalisant qu’il n’y a pas de comparaison à faire mais que des différences à reconnaître, et dont on peut nous inspirer pour nous-mêmes nous équilibrer ? Si l’on montrait plus fort en réglant réellement les problèmes, plutôt que de ne faire que prétendre qu’on serait plus capable qu’un autre de faire quoi que ce soit ? Et si on avait surtout l’air plus “fin” du moment que l’on fait les bons choix de vie, plutôt que de se perdre à toujours plus accumuler ? Et si, ultimement, la véritable force était surtout de savoir vivre en harmonie avec ses semblables, en commançant justement par chercher à avancer avec eux plutôt qu’à les supplanter de quelque façon que ce soit ? Et si c’était donc simplement en étant le peuple simple et pacifique que nous sommes que nous démontrerions le mieux, finalement, que nous sommes réellement grands ?
 
La plus grande de toutes les forces
Oui, mais aussi beau cela soit-il de chercher la paix, à quoi cela sert-il lorsqu’on est justement envahis ? Ce n’est quand même pas comme si on l’avait demandé !...
 
En effet, il faut admettre qu’envahir un autre pays n’est quand même pas ce qui est de plus gentil. Il faut aussi admettre que, dans ce cas, c’est quand même nous qui l’auront subi. Mais que nous reste-t-il donc à faire, à ce moment là ? Nous venger ? Pensons-nous ainsi faire nous-mêmes mieux que ceux qui nous ont conquis ? Y a-t-il pourtant une quelconque grandeur à riposter à la violence ? Ou la véritable grandeur n’est-elle pas de savoir répondre autrement, en commençant par ne pas riposter, justement ?
 
La véritable grandeur, qui caractérise déjà notre nation, n’est-elle pas surtout celle de la paix, plutôt que de la guerre ? Pourquoi alors ne pas le démontrer lorsque vient le moment de le faire, et donc lorsqu’on face à la guerre, justement ? Car quel mérite y a-t-il, au juste, à n’être que pacifiste en temps de paix ? N’est-ce pas lorsqu’on nous frappe sur le joue droite qu’il est justement plus tentant de riposter, plutôt que de tendre la joue gauche, et se montrer ainsi réellement au dessus de l’autre ? Car la véritable puissance n’est-elle pas de renoncer à la violence, même dans la souffrance ? N’est-ce pas par la non-violence qu’on ouvre la porte à de véritables solutions, plutôt que de n’user de violence que pour mieux tomber dans un cycle de violence, comme l’être humain nous le démontre pourtant une fois après l’autre ?
 
N’est-ce pas d’ailleurs ce qu’enseignait Gandhi, et surtout ce que notre propre expérience nous aura appris ? En effet, n’aurons-nous pas su négocier et vraiment nous libérer, plutôt que nous rebeller et n’en demeurer que d’autant plus soumis ? Pourquoi, alors, faire comme si nous n’avions pas cette conscience, à laquelle nous devons pourtant notre pays ? Pourquoi rejoindre les rangs de tous les peuples qui ne comprennent que par la violence, alors que nous sommes pourtant parmi les rares qui auront justementdémontré, de par leur propre exemple, que ce n’est qu’autrement que les problèmes peuvent être réellement réglés ?... Pourquoi ne pas donc commencer par suivre notre propre exemple ? Ne sommes-nous pourtant pas les mieux placés pour savoir que seule la non-violence peut vraiment fonctionner ?...
 
Et que faire, finalement, de l’affront qui nous aura été témoigné ? Les Anglais nous auront donc conquis ? On peut bien leur reprocher, c’est de bonne guerre, après tout !... Mais ceci dit, allons-nous vraiment leur en vouloir pour l’éternité, en n’attendant en fait que le moment pour nous venger ? Cela nous aura-t-il pourtant avancés, ou même vraiment soulagés, du moins jusqu’ici ? Et sinon, pourquoi ne pas justement essayer autre chose, pour faire changement ? Les Anglais auraient-ils donc commis envers nous ce qu’on pourrait appeler un “péché” ? Alors pourquoi ne pas simplement leur pardonner, et prouver ainsi que l’on peut exercer la plus grande de toutes les forces ? Connaît-on, de toute façon une autre façon de se libérer des blessures du passé ? Procédons-nous seulement d’une autre façon dans nos propres vies ? Alors encore une fois, pourquoi ce qui fonctionne pour nous ne fonctionnerait donc pas pour notre pays ?
 
Une certaine bêtise fut donc commise, et c’est nous, ou plutôt nos ancêtres, qui en auront donc eu à l’encaisser ? Alors pourquoi ne pas saisir l’occasion qu’offre en fait cette bêtise pour décider nous-même de faire monter d’un cran le niveau de moralit. et surtout de maturité, en commençant par montrer qu’on est justement capables de passer par dessus ? Pourquoi laisserions-nous nos vies être davantage polluées par ce qui s’est passé il y a des centaines d’années, et dont les effets ont pourtant été renversés, puisque nous sommes dans les faits parvenus à justement retrouver par nous-mêmes notre liberté ? Pourquoi ne pas simplement faire table rase du passé, et enfin passer à autre chose, à un moment donné ? Et pourquoi ne pas prouver que nous savons, comme de par le passé, comment faire avancer les choses, en commençant par tendre la main à nos adversaires et en faire plutôt nos partenaires ? Pourquoi ne pas se “revirer de bord”, et enfin tous nous réunir, afin de bâtir ainsi un pays plus grand que tout ce qu’on a jamais pu rêver ?...
 
 
Et par ailleurs, si vous me permettez juste une question, en passant, histoire de finir en beauté... Alors...
 
Faisons-nous vraiment pitié ?
 
Bonne question, en vérité ! Car si on a bel et bien été conquis, il faut pourtant avouer que, même sur ce point là, ce n’est pas nous qui, sur Terre, auront fait le plus pitié... N’avons nous pas presque automatiquement rendus les armes, après bien sûr la bataille d’Abraham, et surtout du moment qu’il fut bien clair que nous avions en fait été abandonnés ?... Et d’ailleurs, ne nous sommes-nous pas vus aussitôt protégés par la Couronne Anglaise pour ce qui est de notre sécurité et notre intégrité physique, d’ailleurs assez rapidement protégés aussi dans nos droits linguistiques, culturels et religieux ? Autrement dit, plutôt que d’un “conquête, ne peut-on pas surtout parler, pour prendre encore un autre terme, d’une “transition”, qui de surcroît se sera assez clairement faite en douceur ? Ainsi, pour une colonie et un peuple conquis, aurions-nous pourtant pu être mieux traités ? Et surtout, ne faut-il pas donc avouer qu’on aurait pu pas mal moins bien tomber, pour le moins qu’on puisse dire ? Car en fait, parmi tous les peuples qui auront été ainsi soumis, y en a-t-il seulement un qui pourrait prétendre s’en être mieux tiré que nous ? Y a-t-il donc, encore une fois, un peuple qui soit pourtant moins bien placé que nous pour chialer, et sur la façon dont on aura été conquis, en particulier ?
 
Et pourtant, est-il en fait acceptable que l’on se plaigne autant lorsqu’il semble que l’on soit finalement l’un des peuples qui sont sans doute les moins à plaindre ? Car au fond, cela n’est-il pas surtout une insulte pure et simple pour tous les peuples qui vivent pourtant une souffrance réelle ? Serait-il seulement possible de comparer le “calvert” de notre humiliation à celui bien autrement plus insupportable que doivent porter ceux qui en ce moment sont réellement opprimés ou tout simplement maintenus dans une souffrance tout simplement inacceptables ? D’ailleurs, ne récolte-t-on pas surtout qu’une sorte d’air bizarre comme réaction lorsqu’on tente d’expliquer, et ce partout à travers le monde, qu’on fait nous-mêmes pitié dans le Canada ?
 
En fait, n’y a-t-il pas dans le monde assez de misère déjà pour qu’on se donne enfin la peine de régler nos propres “problèmes” une fois pour toutes, et qu’on puisse enfin passer à des choses plus sérieuses, à commencer par à aider ceux qui en ont réellement besoin, pour faire changement ? Et tant qu’à régler nos problèmes, ne pourrions-nous pas au moins se donner la peine de le faire en recherchant d’abord la paix et donc l’union, plutôt que d’ajouter encore de la chicane à un monde déjà ravagé par la division ?
 
Le temps de la division, en fait, n’a-t-il pas tout simplement assez duré ? Alors qu’attendons-nous pour nous unir une fois pour toutes, et montrer ainsi qu’on peut non seulement retrouver son propre pouvoir mais en plus devenir bien autrement plus fort, sans pourtant n’avoir pour cela suivi jamais d’autre voie que celle de la paix ?...
 
 
Et si nous cession une fois pour toutes de faire pitié ?
 
Bonne question, encore une fois (bravo à moi !...) Et si justement on a fait pitié à un certain moment dans tout ça, ne serait-ce pas surtout durant la période qui aura suivi la conquête ? Ne serait-ce pas surtout de façon tacite et sournoise, et donc “par en dessous de la table”, pour ainsi dire ? Ne serait-ce pas en effet de par une certaine attitude de mépris qu’on aura pu nous témoigner ? Et tout particulièrement, ne serait-ce pas de par une réelle discrimination qu’on aura subie, et qui pendant des siècles nous aura tenus à l’écart de tout emploi digne de ce nom ? Ne serait-ce donc pas surtout une telle injustice socio-économique, et en un sens une telle ségrégation, qui nous aura finalement mérité le titre de “Nègres Blancs d’Amérique” ?
 
Mais justement, ce temps là n’est-il pas précisément passé ? Cette véritable soumission qu’il pouvait nous rester, de l’avons pas triomphalement renversée, notamment de par la Révolution Tranquille ou nous sommes enfin redevenus “Maîtres chez nous”, et enfin avec les réformes du Parti Québécois par lesquelles il est devenu clair qu’une fois pour toutes, c’était bel et bien nous qui menaient ?
 
N’est-ce pas justement ce genre d’exploit qui aura vraiment mérité à notre nation sa gloire tout comme son pouvoir ? N’est-ce pas justement en nous émancipant de façon “tranquille” et progressive que nous aurons non seulement récupéré notre pouvoir, mais en plus l’aurons fait de la façon la plus puissante qui soit, c’est-à-dire de par la paix et le respect ? N’est-ce pas de ce genre de réussite que nous avons toujours besoin, afin de récupérer complètement notre pouvoir, tout en montrant au monde entier comment faire pour y arriver réellement et donc pacifiquement ? N’a-t-on pas simplement besoin de nous affranchir complètement de tout statut de colonisé, en négociant une fois pour toutes avec les “Anglais” un “deal” qui laissera totalement satisfaits, pour une fois dans tout ça ? N’a-t-on pas simplement besoin de finir ce que nous avons commencé, et donc d’aller jusqu’au bout sur la voie de l’ouverture et du dialogue par laquelle nous aurons jusqu’ici tout gagné, à commencer par notre liberté et notre fierté ? N’a-t-on pas simplement besoin de prendre la place qui nous revient, et de prendre une fois pour toutes le plein pouvoir sur notre destin ? Et comme ce n’est qu’en nous ouvrant à l’autre et en nous réunissant tous que l’on peut arriver à cela, comme à quoi que ce soit, alors pourquoi ne pas justement reprendre plus de place que jamais, et reprendre en fait notre pouvoir sur le pays au complet ? Parce que si jusqu’ici on a déjà pu, de par la paix et l’union, obtenir beaucoup, alors pourquoi n’aurions-nous pas tout ?...
 
 
D) Conclusion
 
Et s’il est permis de rêver...
 
Et si, vraiment, c’était possible ? Si, vraiment, on pouvait avoir deux pays pour le prix d’un ? Si deux nations pouvaient vivre en harmonie, au point même d’ensemble ne plus faire qu’un ?... N’y aurait-il pas, en fait, plus beau message à passer à l’histoire ?...
 
Et si, vraiment, l’union était pour nous la meilleure option ?
 
Car, au fond, que voulons-nous, vraiment ? N’est-ce pas d’être enfin reconnus et respectés pour ce que nous sommes, pour une fois ?
 
Comment pensons-nous donc être plus à même d’y arriver ?...
 
En faisant sécession ? Ou ne va-t-on pas plutôt envoyer le message qu’il n’y a que par la rupture qu’on puisse arriver à être libres et être soi-même ? Est-ce pourtant le message dont le monde a le plus besoin, en ce moment ?...
En forçant le monde à constater notre présence ? Ou le monde ne va-t-on pas surtout regretter qu’une fois de plus deux nations n’auront finalement pas réussi à s’entendre ?
En ajoutant une frontière de plus à un monde déjà si morcelé ? Ou le monde va-t-il vraiment alors nous accorder plus d’attention qu’à n’importe lequel de ces petits pays dont nous ne savons même pas le nom ?...
 
Et si l’union était la meilleure façon d’aller chercher ce que nous voulons ?...
 
Car après tout...
 
La reconnaissance peut-elle au fond être plus concrète que lorsqu’une autre nation choisisse elle-même de nous la témoigner ?... L’acceptation ne serait-elle pas d’autant plus authentique que celle-ci proviendrait d’une nation réellement différente de la nôtre ? Le respect pourrait-il pourtant être plus total que lorsqu’une autre nation choisit de partager avec nous tout ce qu’elle a, et de nous traiter réellement d’égal à égal ?...
 
Et si l’union, c’était ce qu’il y avait de mieux pour que le Québec soit vraiment traité comme une nation ?... Si c’était dans l’union qu’on pouvait pleinement devenir qui nous sommes ?... Si c’était par l’union qu’une fois pour toutes, on pouvait montrer au monde qu’on est vraiment un grand peuple ?.. 
 
 
 
Charles-Olivier Tremblay