Économie

LA PRESSE & COMPAGNIE AUTRES MÉDIAS


The Social Credit Movement
Distributionnisme

Jusqu’où ira la dévaluation du dollar ?

Aux origines de la confiscation monétaire

The Problem with “Social Credit”, I: The Critique

The Unfeasibility Of The Social Credit Solution

The unfeasibility of the Social Credit solution

Prudent Press | A Review of the Social Credit Money System

The Social Credit Movement

Social Credit is not the answer

Social credit


Les prix de l'essence sont-ils indûment gonflés?
La guerre du pétrole et nous

Comment les prix des produits pétrolier sont déterminés

Bilan 2014 de l’économie- Le blogue Économie de Gérald Fillion

Le prix de l’essence baisse à 99,9 ¢ le litre, le ton monte à L’Ascension


Assurance-vie : le conseil d’une ex-directrice de Goldman Sachs
Q&A: Jeff Rubin on crude-by-rail and where oil prices are heading
La prochaine crise : en 2015 ?
China's real estate bubble

Krach de confiance

Debt is the new carbon

Why this debt crisis is different

The Second Great Contraction


Quelles leçons économiques pouvont-nous vraiment tirer de la réaction américaine au 9 septembre 2001 ?
Le lendemain

Et quelles leçons économiques pouvont-nous vraiment tirer de la crise économique dans laquelle nous avons pu nous voir plongés ?
Crise économique de 2008 - Comment éviter la prochaine crise financière?
La difficile réforme du système financier
Three principles for a new Wall Street
Occupy Wall Street - Un bilan partagé de la mondialisation
Les «indignés» de Wall Street ont un allié en George Soros

L'humanité serait-elle donc incapable de se prendre elle-même en main, et ce même au niveau économique ?
LA CRISE EN TROIS LEÇONS
Chute boursière - Coûteuse inaction

La prochaine crise risque-t-elle donc de n'avoir été entraînée que par des raisons essentiellement politiques ?
Mauvaises notes
L'économie mondiale s'en va-t-elle vers une récession? - Les économistes renvoient la balle dans le camp des politiciens
Let’s not make a ‘sloggy’ recovery even sloggier

Le monde serait-il donc reparti pour un nouveau cycle de ralentissement économique ?...
The Long-Term Unemployment Crisis Is as Bad as Ever
Le pire est en train de se réaliser
Crise de l'euro: les scénarios du pire, selon l'OCDE
Des risques immédiats
Perspectives - Contagion
Europeans aren't bailing out Greece, they're bailing out banks

Crise économique, paralysie politique
Europe’s stresses require strong medicine
Asia increasingly driving the prosperity of Canadians
NUAGES À L’HORIZON
Quand Wall Street fait du bungee - Une question de confiance ?
Fin apaisante d’une semaine agitée
Jusqu’ici, tout va très bien
Marchés boursiers - Wall Street replonge
Les régimes de retraite crient à l'aide

Le film d’horreur de l’été
LES BOURSES DÉVISSENT

NOUVELLE RÉCESSION EN VUE?

RUÉE SUR LES OBLIGATIONS NORD- AMÉRICAINES

Où est le creux dewall Street?

Les Canadiens vulnérables à un choc financier

Un électrochoc humiliant
Lourde chute des Bourses mondiales
Crisis of confidence grips markets
Décote des États-Unis - Efforts concertés pour limiter la chute boursière
LE MONDE RETIENT SON SOUFFLE

LA DÉCOTE DES ÉTATS- UNIS DÉCORTIQUÉE

Le choc du lendemain

La Chine furieuse, le Canada confiant

Les dernières munitions de la Fed

La crise de la dette en Europe est devenue une préoccupation pour tout le monde

... à moins que ce ne soit pas nécessairement le cas, ou du moins pas encore ?
In their own words: Flaherty and Carney on stimulus, debt and potential recession

A slower recovery, not a recession

Une rechute en récession de l'économie mondiale serait peu vraisemblable, jugent les experts

La machine avant l’homme

Faute de pouvoir remplacer le capitalisme, pourquoi ne pas tout simplement le transformer ?
Pour une refonte du capitalisme



Se pourrait-il donc que la nouvelle économie ne puisse qu'être verte ?...
Ces "villes en transition" qui préparent l'après-pétrole
L'ONU plaide pour une meilleure transition vers une «économie verte»
Placements - Un nouveau risque à évaluer: le carbone
L’industrie devrait briller en 2011
Vers des entreprises neutres en carbone
Transports: les ingénieurs québécois veulent réduire la consommation de pétrole de 30%
Un laboratoire de la taille d’un pays
Des ingénieurs réclament un fonds d'efficacité énergétique
Clean energy: getting a pulse on Vancouver - Jeffrey Simpson
Énergies renouvelables - Au Canada, les investissements «verts» ont la cote
Conférence de Montréal - Le développement durable peut rapporter gros
Un projet vert et réaliste - Lysiane Gagnon
Pourquoi pas un label vert pour le Québec?
Les énergies propres, un moteur de croissance
Énergies renouvelables: 66 000 emplois écartés?
Quand l'argent prend le chemin de l'Alberta
Une planète boulimique - Premier d'une série de quatre
De sains principes d'investissement responsable

«Il faut investir davantage» - Jamal Saghir, Banque mondiale

Les défis énergétiques des mégapoles

Conjuguer sécurité énergétique et développement durable

L'auto usagée recyclée en voiture électrique
Une grappe industrielle pour les technos propres
Industrie aéronautique - Le virage vert doit être pris, estime le président de CAE
Let’s give our grandkids a powerful legacy
Hydro, boulot, auto - François Cardinal
L'Ontario embrasse les énergies vertes
Ontario takes green lead with record $8-billion energy investment
Énergie éolienne - Le Québec jouit d'un potentiel rare
Économie du carbone: des Québécois placent leurs pions
Compter, vérifier, vendre et spéculer

Et la Bourse de Montréal?

Terres rares: le Québec veut profiter de la révolution verte
Course aux investissements verts: l'Ontario décolle
Shell: les sables bitumineux inquiètent des investisseurs
Le déclin de la pétrochimie -  Vincent Chornet
Trains: manne en vue aux États-Unis
Obama débloque 2,3 milliards pour le secteur vert
Vent de consolidation dans le pétrole et le gaz
Andrée-Lise Méthot: la finance au secours de la planète
Le Québec se dote d'une grappe industrielle
Nos questions à Clément Gignac sur les grappes industrielles vertes
Vents contraires - Jean-Pascal Beaupré
Voir aussi Et se pourrait-il que l'économie aille réellement de pair avec l'environnement, par dessus le marché ?...

Mais pour en profiter, ne faudrait-il pas surtout réussir à faire un peu plus que de regarder le train passer ?...(Et cela, se pourrait-il donc que cela, nos gouvernements ne l'aient tout simplement pas compris ?...)
Énergies renouvelables: les pays en développement en tête des investissements
Énergie rime avec idéologie - François Cardinal
Le Canada tarde à prendre le virage de l’économie verte
Canada isn't cleaning up on green technology exports
Énergies vertes: le Canada manque le bateau, selon le Climate Group
Les É-U dépassés par la Chine pour l'investissement «vert»
Les sociétés canadiennes ratent des occasions «vertes» dans le monde
La grogne monte chez les industriels verts


Et bienvenue dans l'univers fabuleux de la Bourse du Carbone !
Crédits de carbone: de l'école à la banque
Des écoles qui chauffent mieux

À la chasse aux crédits «sociaux»

Quand les banques canadiennes voient vert


Se pourrait-il donc que l'on ait renié le principe même de liberté d'entreprise, et donc le fondement même de l'économie de marché ?...
By restoring Laurier’s lost tenets, this century could be ours

Les PME veulent être reconnues à leur juste valeur


Et si la crise financière avait surtout démontré une fois pour toutes l'absurdité de la tendance à la "déréglementation tous azimuts" ?...
Crise financière - Fin de partie

La planète économique serait-elle donc prête pour une réelle réforme de son système financier ?...
Sans nouvelles d’Islande : pourquoi ?
Le FMI surveillera de plus près le système financier de 25 pays
Des banques plus solides
Le Congrès américain offre à Obama la réforme de Wall Street
Union européenne - Un pas de plus vers un accord sur la supervision financière
Régulateurs boursiers: des attentes élevées
Industrie forestière: la crise s'éternise au Canada

Conférence des gendarmes des valeurs mobilières - Plaidoyer pour un nouvel encadrement de l'industrie
Les régulateurs financiers voient plus grand
Conférence de Paul Volcker: mettre les marchés au pas

Réforme de la régulation financière - Les banquiers n'ont qu'à bien se tenir
Interdit de ventes à découvert: Berlin inquiète les marchés
A regulatory regime that’s far too complex
Régulation financière: l'Europe garde un oeil sur le projet concocté au Congrès américain
«Il est essentiel que nous tirions les leçons de cette crise»

Obama: une nouvelle crise si la réforme financière échoue?
Le Trésor américain défend sa réforme face à des banquiers
Obama ira plaider à NY en faveur de la réforme financière
Réforme financière: Obama veut «agir rapidement»

... et par ailleurs, n'y a-t-il pas aussi un risque que le retour du balancier se rende un peu plus loin que la situation ne pourrait le demander ?...
Réforme bancaire: les investisseurs dans le doute

La déréglementation a été payante pour les banquiers
The trick is to find a way to regulate without stifling
Stephen Harper gets nod abroad for stand against global bank tax


Les «pôvres» banques - Alain Dubuc

Mais le monde sera-t-il seulement capable d'éviter ses vieux reflexes de frilosité, surtout vis-à-vis de quoi que ce soit qui puisse toucher à l'économie d'une façon ne serait-ce que moindrement significative ?...
Perspectives - Querelle de banquiers
Discipline budgétaire - Berlin cède devant l'insistance de Paris
Perspectives - En attendant la prochaine
La réforme financière - Déficit de courage
Perspectives - Une souris

Et surtout, les principaux intervenants économiques sont-ils vraiment prêts à reconnaître à quel point la nécessité d'une économie fonctionnelle peut dépasser les diverses préoccupations que peuvent entretenir les intérêts particuliers ?...
Les leçons de la crise - La réforme du Pacte de stabilité continue de diviser l'Union européenne

Et pourrait-on vraiment trouver mieux que l'idée même d'une nouvelle taxe pour ce qui est de soulever la contreverse ?...
Canada wins key fight against bank tax
Taxe bancaire: Ottawa a gain de cause

Taxe bancaire: Harper repart d'Europe bredouille

Les Canadiens ne veulent pas d'une taxe sur les banques, selon les banquiers
Faire payer les banques? - André Pratte
La voie facile - Claude Picher

Et si la véritable solution se trouvait ailleurs que dans une taxe, après tout ?...
Prudent, perhaps, but the Canadian model pays off

Paul Martin's legacy

Et s'il faut parler d'une taxe, alors pourquoi celle-ci ne devrait-elle pas plutôt porter sur les transactions financières ?
Taxe sur les transactions financières : propositions dès septembre

...à moins que le monde ne soit peut-être pas encore prêt à passer à l'action à niveau, comme à tant d'autres ?...
La proposition sur la taxe Tobin se heurte à l'opposition des banques européennes


Et qui eut cru que pour aller en ce sens, les banques elles-même aient pu s'avérer des alliés parmi les plus précieux qu'on puisse espérer, quoique cela soit sans doute bien malgré eux !...
La crise provoquée par les subprimes - Huit grandes banques font l'objet d'une enquête
Le Sénat publie des courriels embarrassants pour Goldman Sachs
Goldman Sachs: coup de pouce à la réforme financière
Perspectives - Une accusation qui tombe à point
Goldman Sachs: l'affaire prend une tournure politique
Goldman Sachs au banc des accusés


La grande récession...

La semaine infernale
La pire crise depuis la Grande Dépression, mais ç'aurait pu être pire

...et les grands changements qu'elle entraîne !...
L'Islande se réjouit d'avoir abandonné ses banques

Sans nouvelles d’Islande : pourquoi ?
Perspectives - Autocritique
Perspectives - La faute à nous-mêmes
Crise financière américaine - Un échec collectif, dit la Commission d'enquête
Les détails qui tuent
Jim Flaherty against ‘too big to fail’ bank label
Le FMI surveillera de plus près le système financier de 25 pays
Une crise pour rien?
Lehman Brothers, deux ans plus tard
Des banques plus solides
Les banques centrales renforcent les normes du secteur bancaire
Politique monétaire et déséquilibres financiers - Recoller les morceaux ne suffit plus
Fannie et Freddie ne seront plus jamais les mêmes
L'idée d'une taxe européenne fait son chemin
Pour en finir avec le sauvetage des institutions financières avec l'argent des contribuables - Bruxelles veut taxer les banques
The ‘trill’ of investing
La taxe Tobin 2
Perspectives - Taxe charmante
É.-U.: la taxe sur les banques ne nuira pas au crédit
Bottom line: Canadian banks should pay their fair share
Crise financière : Les ravages
Perspectives - Dur retour du balancier
Perspectives - Juste des types en complets
La Scotia met en garde contre une réforme bancaire mondiale
Taxe mondiale sur les banques: un accord d'ici fin 2010?
Le secteur financier avale la pilule fiscale de Québec
La crédibilité de la notation de crédit
Sarkozy veut faire la réforme avec Obama
L'entrevue - La nostalgie des années Thatcher
La crise grecque pourrait-elle affecter les É-U?
Dear Mr. Harper: There's a way to pay for global health needs
La décennie du « rééquilibrage » - FRANÇOIS DUPUIS
Voir  Obama et l'économie...
Ainsi que Ottawa et (le malmenage de ) l'économie...
La crise financière - La guerre
Produits dérivés fiscaux - Un trio européen veut encadrer la spéculation
Sarkozy annonce une initiative concertée contre la spéculation
L'homme qui a vu la bulle
Buffett: «Les dirigeants imprudents devraient payer»
Le FMI veut les outils pour prévenir les crises économiques
Le Congrès va réformer le système financier
A Tobin tax? The outré is back in
Les concurrents du Québec en mode séduction
L'Europe doit réduire les ventes à découvert, estime un eurodéputé

Réformer les services bancaires par la réforme de l'immobilier
La révolte des endettés
Obama, «Robin des Bois», selon un ministre italien
L'abc des affaires en 2009 - Sophie Cousineau
Désastre du PCAA: la Nationale est punie le plus sévèrement
Bourse de Montréal: le retour des produits dérivés
Obama demande aux banquiers de faciliter l'accès au crédit
Réforme de la LPC: Québec s'attaque au surendettement
Bonus bancaires: Washington ne prévoit pas de taxe spéciale
La Chambre américaine approuve la réforme de Wall Street
Obama limite les salaires des patrons d'entreprises renflouées
Obama s'en prend aux banquiers qui profitent du système
Les grandes banques veulent éviter une autre crise
Londres cible les primes des banquiers
Une partie de l'aide aux banques affectée à la création d'emplois
Les plans de relance des gouvernements peu efficaces
Dompter le capitalisme  -  Jean-François Lisée  & Éric Montpetit
É-U: les banques doivent faire plus pour les ménages
Le spectre du Dubaï fait craindre la faillite d'États
Cartes de crédit: Ottawa propose un code de conduite
WASHINGTON  Les banques ont un problème de taille
É-U: le patronat critique le projet de réforme financière
Le monde désabusé par le capitalisme
Régimes de retraite: les actuaires réclament une réforme
Pour une «autre» sortie de crise
Les banques sous haute surveillance
Réglementation : Ottawa ne doit pas aller trop loin, dit la Laurentienne
Primes des banquiers : Les États-Unis passent à la vitesse supérieure
Les institutions financières doivent  changer d’attitude  -   Sylvain Larocque
Obama exhorte les banques à prêter davantage aux PME
Contrôler les salaires des grandes banques américaines?

L’ABUSEUR-PAYEUR  -  YVAN LOUBIER
Plus de peur que de mal  -  SOPHIE COUSINEAU
Les États européens pressés d’agir contre les banques  -  Marc Thibodeau
PARIS  L’idée d’une taxe spéciale pour les banques fait son chemin
Les 5 recommandations du shérif de Wall Street  -  Vincent Brousseau-Pouliot

LES ASSUREURS RETIRENT DES FONDS DES TABLETTES

Bernanke veut limiter les très grosses sociétés financières
Limiter les banquiers  -  ARIANE KROL
G20 Un moment crucial  -  Yvan Loubier
FAUT-IL CROIRE LES ÉCONOMISTES?  -  PIERRE FORTIN
La mission quasi impossible du G20: réglementer les marchés  -  Hélène Baril
LA GESTION PRIVÉE TRAVERSE LA CRISE  -  Jean Gagnon
Lehman Brothers, un an après  -  Maxime Bergeron
WALL STREET Des lendemains qui déchantent  -  Maxime Bergeron

Les fonctionnaires doivent accroître leur productivité, dit le ministre Bachand
« LE PIRE CYCLE POUR LES PRODUITS DÉRIVÉS »  -  Martin Vallières
Les BRIC veulent une réforme des institutions financières

Il faut surveiller les bulles financières, selon Flaherty
Percées de soleil, risques d’orages  -  André Pratte
Les périls de l’appât du gain  -  Michel Girard
Le prix de l’imprévoyance  -  Claude Picher
SELON UN RAPPORT AMÉRICAIN  La spéculation a dénaturé les prix du pétrole

ÉTATS-UNIS Le régulateur s’attaque à la spéculation pétrolière
Au tour de l’Europe de réglementer davantage la finance
Le Québec glisse-t-il à gauche?  -   Alain Dubuc

La crise redéfinit les valeurs, dit le dalaï-lama
Après la crise, la crise -  ALAIN DUBUC
Une ère tire à sa fin - ALAIN DUBUC
La reprise du secteur privé se fera attendre, craint Carney

La résurgence du politique -  LOUIS BERNARD
L’incurie accablante de l’AMF  -   Sophie Cousineau

Les banques coupables de la crise, selon une étude
La révolution automobile d’Obama - ALAIN DUBUC
Un nouveau président américain ça ne change pas la Bourse, sauf que…
La crise mondiale révèle l’interdépendance  entre les nations - RUDY LE COURS

Le géant avec les grosses clés de char
L’un freine, l’autre démarre  -  SOPHIE COUSINEAU

RÉPARER LE CAPITALISME -  Guy Sorman
La «disneylandisation» de la politique - Mario Roy
Voir aussi Capitalisme : A Love Story... Triste comédie d’horreur  -  Sophie Cousineau

... ou peut-on plutôt dire que "plus ça change, plus c'est pareil" ?...
Susan George au Devoir - Récompenser les coupables, punir les victimes
Le grand cirque financier
Marchés financiers - Une impression de déjà-vu
La crise financière - Le cadeau colossal
Les autorités américaines veulent différer le versement des primes pour mieux encadrer le risque - Feu rouge aux bonus à Wall Street
Une crise pour rien?
Des banques plus solides
Perspectives - En attendant la prochaine
Flaherty veut vite une réforme des systèmes bancaires
La crise en Europe éclipse les projets de réforme
Bye-bye réforme du système financier?
Un ancien économiste du FMI prédit une nouvelle crise
La tour de Babel - Alain Dubuc
L'anti-réforme de Wall Street
La bulle enflait, enflait... et les Japonais s’éclataient
Des primes plus généreuses pour les banquiers canadiens
La leçon de Dubaï
De bulle en bulle - Richard Dupaul
Les institutions financières doivent  changer d’attitude  -   Sylvain Larocque
La part de marché américain du subprime revenue au sommet de 2006
L’écart se creuse entre les banques américaines
Les banquiers n’ont rien appris
Geithner conseillé par des banquiers millionnaires

Spitzer dénonce le « jeu de chaises musicales » d’Obama 
Les 5 recommandations du shérif de Wall Street  -  Vincent Brousseau-Pouliot

Un an après, qu’est-ce qui a changé?  -  ALAIN DUBUC
Wall Street n’a pas retenu les leçons de la crise, juge le président Barack Obama
L’insolence des banquiers  -  Sophie Cousineau 
Wall Street  Un air de déjà-vu...
Sortirons-nous grandis de la crise? -  ALAIN DUBUC
Foule sentimentale   NATHALIE COLLARD


... En fait, le temps des changements pourrait-il déjà sembler en voie de se terminer ?...
Washington va vendre sa participation dans Bank of America

La crise pourrait-elle donc avoir modifié nos habitudes de vie, et ce d'une façon qui puisse s'avérer ne serait-ce que moindrement durable ?..
L'Américain nouveau: moins cigale, plus fourmi

Et faute d'avoir causé une modification définitive de nos habitudes de vie, la crise n'aura-t-elle pas eu le mérite d'entraîner à tout le moins un changement dans nos mentalités ?...
Benoît XVI invite à une réforme de l'économie mondiale

Et si l'État se trouvait vraiment à la source de la récession, ne serait-ce qu'en partie ?...
L’État, catalyseur de récessions


Et si les banques ont un peu beaucoup causé la crise, ne démontrent-elles pas d'elles-mêmes qu'elles auraient peut-être besoin d'un peu plus d'encadrement ?...
Goldman Sachs: «Fabulous Fab» trahi par des courriels à sa petite amie
Goldman Sachs voulait «profiter» de l'effondrement immobilier
Perspectives - Too big...
Re: "Volcker Rule" - Joe Klein
Why Bank Investors Should Cheer the Volcker Rule
CORRECTION: Dodd on Regulatory Reform

Obama Seeking Tax on Biggest Banks
Harper met en garde contre une réglementation «excessive»
La révolte des endettés

Voir aussi Les salaires des patrons, de par leur propre tendance vers la démesure, ne démontrent-ils pas surtout que ceu-ci devraient justement être mieux encadrés ?...


Les marchés se comporteraient-ils donc comme des enfants gâtés ?...
(Et en démontrant d'une façon de plus en plus manifeste leur tendance à se comporter d'une façon aussi dangereuse que capricieuse, les marchés ne sont-ils pas en train de se départir eux-mêmes de leur propre crédibilité ?...)
L’Italie ne mérite pas ça

Remontée spectaculaire après la sortie de la Fed
Les Bourses reprennent des couleurs
Look out for another financial avalanche
Retour en zone émotive
Wall Street au banc des accusés
Le «down» de la Bourse
Dow Jones: pire recul en cours de séance depuis 1987

Et si la spéculation méritait vraiment d'être pointée du doigt, finalement ?...
Jean Ziegler peut enfin dire «qui sont les canailles»
Les kamikazes de la finance
Plusieurs forces obscures à l’oeuvre
États-Unis - Des élus partent en guerre contre les spéculateurs pétroliers
Couper les vivres à la spéculation
Perspectives - Le maillon faible

... Et comment cela pourrait-il d'ailleurs faire autrement que de justifier l'imposition d'une taxe sur les transactions financières ?
Appel pour l'instauration d'une taxe sur les transactions financières
En bref - Bill Gates pourrait déplaire à Harper au G20
Taxe Tobin


La taxe qui refuse de mourir

Why a financial transaction tax will miss the target
Financial transaction tax

... et que dire de ces fameuses agences de notation ?...
Lettres - Les agences de notation et les paradis fiscaux
Les moody’s fous
Crise de l'euro - L'amputation
Agences de notation - La grogne gagne la banque centrale et l'OCDE
L’europe tire à boulets rouges sur les agences de notation

Incompréhension et indignation au Portugal

Perspectives - La dictature de la cote
Crise de l'euro - L'acharnement
Crise financière portugaise - La dislocation
Les agences de notation - Bonnet d'âne
Régulation du secteur financier - Bruxelles poursuit son offensive
Bruxelles va resserrer ses contrôles des agences de notation

Agence de notation, mode d'emploi
En un siècle d'existence - Les agences de notation, souvent boucs émissaires des crises économiques

Et jusqu'à quel point peut-on encore se fier aux prédictions des économistes ?...
Pourquoi les experts se trompent

Why can’t economists do a better job?
L'étude de l'économie n'a toujours rien d'une science exacte
Take this chicken soup to heart, young economists
L'économie est une fumisterie - Stéphane Laporte
What do bankers and the Wizard of Oz do? They tell stories

Lorsque les plus grands y laissent leur dents !...
Dubaï Blues
Chômage mondial record à 6,6% en 2009

Convalescente, l'économie mondiale reste meurtrie par la crise
Le spectre du Dubaï fait craindre la faillite d'États
Dette publique mondiale Explosion de 45% entre 2007 et 2010
Le monstre japonais - Richard Dupaul
Nouveau record pour le déficit américain
Dans le rouge d'un océan à l'autre
Les 20 plus grosses faillites aux États-Unis depuis 1980
Budget du Québec: un déficit jusqu'à 5 milliards
Las Vegas, épicentre des saisies de maison
Attention à la dette! avertit le FMI
L’Amérique latine aura besoin de 400 milliards US en prêts... mais la caisse mondiale est à sec !...
La question à 8000 milliards - Michel Girard
Le retour de la dette publique  -  RUDY LE COURS
Des pays européens au bord du gouffre
Le FMI s’inquiète pour les banques britanniques

LE CANADA S’ENFONCE DANS LE ROUGE... MAIS MOINS QU’AVANT

Le surendettement serait-il donc le prochain fléau auquel nous devrons tous faire face ?...
Debt crisis strikes at heart of Europe
Minotaure l'affamé
Analyse sur la zone euro - Les marchés sont-ils responsables de la chute des gouvernements?
Un plan de rigueur pour éviter « la faillite »
Debt is the new carbon
If a recession is coming, don’t expect Ottawa to bail us out
Analyse - É.-U. et zone euro, deux superpuissances qui peinent à convaincre
Coup de semonce aux pays endettés
The Canadian way to rein in debt
U.S. states and cities face a painful hollowing out - Jeffrey Simpson
On a ce qu’on voulait
Debt, the public's burden
Déficits américains en perspective
Dette, quand tu nous tiens!
The Greeks are unique, but not by EU standards - Jeffrey Simpson
Les États membres du FMI s'engagent à avoir des «finances publiques viables»
Le FMI craint que la dette des États relance la crise financière
Le FMI inquiet pour le déficit des États-Unis
Le déficit public de la zone euro explose

Londres dévoile un déficit sans précédent

Obligations : la dette devient indigeste - RUDY LE COURS
A grim future for advanced economies?
Une décote des grands pays n'est plus à exclure

Quand les PIGS virent la Bourse à l'envers...
Une reprise à crédit
Perspectives - Tous Grecs
La zone euro mise à rude épreuve
Obama unveils $3.83-trillion budget
Balanced budgets are lifesavers in turbulent times - Jeffrey Simpson
É-U: Geithner s'engage à ramener le déficit à 3% du PIB
Dubaï: la Banque centrale des Émirats intervient
Dette publique mondiale Explosion de 45% entre 2007 et 2010
Les taux d'intérêt hypothécaires monteront en 2010
Bernanke plaide pour une réduction du déficit

Et ceci dit, ne faut-il pas avouer que ce problème ne date pas exactement d'hier ?...
Debt, the public's burden

Et d'ailleurs, la Grèce n'a-t-elle pas démontré à tous qu'il peut pratiquement suffire d'un seul pays, et fut-il même des plus petits, pour entraîner  le monde entier dans sa chute ?...
La réserve américaine s'inquiète également de l'Europe
Les investisseurs ne savent plus sur quel pied danser
Crise en Europe: 18 mois pour en sortir, croit Sabia
L'Europe vacille, l'Amérique freine, les marchés plongent
Crise en Grèce: le Canada souffrira, selon Mark Carney
La contagion grecque - Richard Dupaul

Mais en ce qui nous concerne, les malheurs des autres n'ont-ils vraiment que des répercussions négatives ?...
La crise, moteur de la reprise - Richard Dupaul
La crise de l'euro rend la dette canadienne attrayante

Mais notre système est-il pour autant menacé d'un réel effondrement ?...
Dettes publiques: la catastrophe n'aura pas lieu


... Et quoi qu'il en soit, n'est-ce pas d'ailleurs le moment parfait pour faire éclater au grand jour les magouilles comtables à cet effet ?...
Les banquiers mentaient aux agences de notation, selon un ancien de Moody’s
La dette européenne - La fraude
La Grèce n'est pas la seule à «maquiller» sa dette
Crise financière en Grèce - La magouille

Mais jusqu'à quel point vaut-il la peine de soutenir des États en faillite ?...
DSK VOYAIT GRAND - GUY SORMAN


Et si même la privatisation ne pouvait vraiment sauver un État acculé à la faillite ?...
La grande euro- braderie


Et à quels dangers peut donc s'exposer un État qui se voit acculé à la faillite ?...
Les États en défaut de paiement - Une cause de récession
La souveraineté en ruine
Le cul- de- sac grec

Tout cela n'aura-t-il pas eu tout au moins le mérite d'enfin forcer nos gouvernements à se responsabiliser en ce qui concerne la gestion de leur budget, ou plutôt de leur endettement ?...
Le donneur de leçons - Claude Picher
Le G20 recherche l'équilibre entre la relance et la santé budgétaire
Big deficits, mounting debt: It's time for hard choices - Jeffrey Simpson
Harper to ask Canadians for input on pension reform
Tories to sell two-sided budget with two-sided tale

Acknowledge the hard choices
Move fast but safely back to balanced budgets
Why this budget will be Flaherty's toughest
Réduire la dette, principale priorité des pays développés

Et jusqu'à quel point peut-on espérer assainir le budget public sans pour autant compromettre la reprise ?...
Perspectives - Incertitudes
Crise de l'euro - La purge
Les Anglais n’ont pas le coeur à la fête

Après la Grèce, l’Irlande
Trop d'austérité pourrait tuer la reprise
Vers une dépression? - André Pratte
Les pays du G20 profondément divisés
G20 et croissance: des «nuances» séparent les pays

Quand freiner? - André Pratte
Surveillez vos budgets, mais attention à la reprise


À moins qu'il ne s'agisse en fait d'un faux dilemme ?
How Puerto Rico stepped back from an economic abyss - neil reynolds
Stimulus. Austerity. We can have both

Et de toute façon... Depuis quand une saine gestion des finances publiques est-elle sensée représenter une menace pour l'économie ?...
Assainissement des finances publiques - La stratégie du moindre effort serait coûteuse

Serions-nous donc au point d'entrer dans une nouvelle ère d'austérité ?...
G20: priorité aux déficits
L'économie mondiale menacée par un risque de rechute
World needs restraint, not more stimulus
Paranoïa européenne
Les pays de l'OCDE assainiront leurs budgets
Les plans d'austérité présentés par différents pays européens
L'Europe contrainte à l'austérité
Le déficit, priorité de Sarkozy


Mais se pourrait-il donc que trop d'austérité ne vaille pas nécessairement mieux que pas assez ?...
L’insoutenable rigueur

La cure de santé qui tue
Récession à la sauce Worcestershire
La croissance britannique en panne sèche
L’économie britannique replonge dans le rouge à la stupéfaction générale
Trop d'austérité pourrait tuer la reprise

Et si les États se devaient en effet de commencer peut-être par faire le ménage dans leurs propres dépenses avant que de demander encore un effort supplémentaire à leurs contribuables ?...
Canadians back public-sector cuts as deficit-fighting tool

Oui à une taxe, mais... - Nathalie Collard
Budget should target 'fat-cat Ottawa,' poll suggests

Ne serait-il pas déjà temps de commencer à penser à l'après-crise ?...
La désynchronisation - Vincent Delisle

Perspectives - Les taureaux
La reprise dans différents pays
De bulle en bulle - Richard Dupaul
La tentation  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Les stimulants moins nécessaires, dit Greenspan

WASHINGTON  Un second plan de relance n’est pas nécessaire
Trop tôt pour un autre plan de relance, dit le secrétaire au Trésor américain
Patience au G8 ANDRÉ PRATTE

Et ne faudra-t-il pas recommencer un jour à se préocupper aussi de l'inflation ?...
Taux directeur: la Banque du Canada face à un dilemme

La Banque du Canada passe timidement à l'action
Bank of Canada hikes interest rates
Printemps économique - Ariane Krol
Taux d'intérêt: la fête tire à sa fin
Hausse du taux directeur: ce sera juin ou juillet
Last call hypothécaire
Taux directeur: le compte à rebours est commencé
L'inflation se montre tenace
La vigueur de l'inflation surprend
Taux d'intérêt: pas de hausse... mais la pression monte
Les tendances inflationnistes se corsent
Mark Carney dit de se préparer à des hausses de taux

L'inflation a atteint 1% en novembre au Canada
La fête de la liquidité achève - Richard Dupaul
LES TAUX POURRAIENT REMONTER PLUS VITE QUE PRÉVU 

Et par ailleurs, en parlant de l'inflation...
Dix dollars par semaine - Claude Picher

Et si cette crise devait finalement amener une certaine nouvelle manière d'agir et de penser, et ce même de façon durable ?...
Aux États-Unis, la rentrée scolaire ne rime plus avec folles dépenses

Quand le plan, c'est la relance, sinon le sauvetage !...
Obama and Bernanke try their best - Globe Editorial
1200 milliards US pour sauver Wall Street
Perspectives - Bar ouvert
Warren Buffet applaudit l'intervention de l'État
La Fed prête à agir, s'il le faut
La Fed à la rescousse de l'économie
La faiblesse de la reprise inquiète la Fed
Le dilemme américain
Obama, Harper urge G20 nations to 'safeguard' economic recovery
La Réserve fédérale américaine ancrée dans le statu quo
Chômage: les ministres du Travail du G20 réunis
Pas de mouvement en vue à la Fed
Le chômage inquiète toujours Bernanke
É-U: un plan pour les victimes de la crise immobilière
Obama défend le plan de relance de l'économie
Sortie de crise inorthodoxe pour la Fed
Trop d'épargne dort au Canada - Rudy Le Cours
Obama unveils $3.83-trillion budget
La Chambre approuve des mesures en faveur de l'emploi
Dans les coulisses de la crise financière

La Fed fidèle à son plan de match
Obama baisse les impôts des PME pour créer de l'emploi
Une partie de l'aide aux banques affectée à la création d'emplois
Crédit à la rénovation: les détaillants en veulent encore
Obama privilégie la relance avant le déficit
Le taux directeur de la Banque du Canada reste à 0,25%
La reprise n'est pas encore «autonome», dit Bernanke
Corée du Sud: Harper pour le maintient des plans de relance
Dubaï: la Banque centrale des Émirats intervient
L'Allemagne prolonge son dispositif anti-crise de chômage
Chômage: le remède allemand - Richard Dupaul
L'économie a évité une dépression «menaçante»
Les taux vont rester bas lontemps aux États-Unis
AbitibiBowater: Québec songe à une participation
Les États-Unis doivent se rappeler la leçon japonaise
Obama exhorte les banques à prêter davantage aux PME
Bush soutient avoir évité une «Grande Dépression»
Les taux resteront bas, avertit la Banque du Canada
La Banque du Canada remettra ses pendules à l'heure
LA FED JOUE DE PRUDENCE  -  RUDY LECOURS
Il faut maintenir les plans de relance, selon le FMI
Les défilés à un million US survivent  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Magasiner contre la récession  -  Vincent Brousseau-Pouliot
L’OPEP maintient sa production
OPEP La production inchangée pour soutenir l’économie
La Fed maintient son taux... et sa prudence  -  Marc Jourdier
La Fed s’en tiendra à son plan de match  -  Rudy LeCours
Éclaircies dans le ciel de la Fed
La Fed promet des taux bas pendant longtemps
G8  Les plans de relance restent... pour l’instant

« LE GOUVERNEMENT SE DEVAIT D’AGIR » -  HUGO DE GRANPRÉ
La Fed veut apaiser les craintes
Hydro au secours des grandes entreprises
Le Fonds FTQ ouvre ses goussets

Imprimer de l’argent pour défendre le huard ?
La béquille inflationniste  -  Laurent Desbois

... Mais cela devrait-il être toujours le cas ?...
La bulle des renflouements

We need business to speed up our sluggish recovery
Miser sur la productivité
Les États-Unis à deux doigts d'une déflation «à la japonaise»
Faut-il sauver les banques à tout prix?
De bulle en bulle - Richard Dupaul
Quand les taux hypothécaires font la loi
Harper ne bloquera pas la vente d’actifs à Ericsson
NORTEL : LA HAUTE DIRECTION DÉCIMÉE
Nortel à Ericcson : Audiences d’urgence des députés fédéraux
Adieu Nortel  -  ANDRÉ PRATTE
Nortel : Le vieux réflexe  -  Adrien Pouliot

Un « BS corporatif »  -  Adrien Pouliot
Québec doit dire non - Il serait inéquitable de garantir les rentes des retraités des régimes à prestations déterminées
Le Canadien : Un investissement discutable


Se pourrait-il que les plans de relance puissent avoir des effets secondaires moins enviables qu'on aurait pu le croire ?...
The hidden cost of stimulus programs
Des infrastructures qui flambent
Des infrastructures à prix gonflés
Les plans de relance des gouvernements peu efficaces
Obama privilégie la relance avant le déficit


Et lorsqu'un plan de relance prend au dessus d'un an pour se manifester, peut-on encore parler d'efficacité ?...
700 millions pour les infrastructures


Au fait, quels principes devraient donc se voir observés lorsque vient le moment de relancer une économie ?
Perspectives - Vertu ou masochisme ?

Et avec sa politique "d'assouplissement quantitatif" systématique, la Fed n'est-elle pas en train de s'engager sur une piste plutôt glissante, pour le moins qu'on puisse dire ?...
La croisade désespérée de la Fed

LA FED S’AVENTURE EN EAUX INCONNUES
La Fed sort la planche à billets
LA FED S’APPRÊTE À ACTIVER LA PLANCHE À BILLETS

Voir aussi Et se pourrait-il en fait que l'on soit carrément en train d'assiter finalement au "déclin de l'empire américain" ?...

Et si nos malheurs ne se trouvaient en fait qu'à commencer ?...
Bourse américaine: la dépréciation ne fait que commencer


L'industrie automobile peut-elle un jour se remettre à rouler ?...
Les ventes de voitures américaines redécollent
GM a réglé ses dettes contractées en aide d'urgence
Bilan financier de juillet à décembre 2009 - GM reste optimiste malgré une perte de 4 milliards
En bref - Toyota sous surveillance
Au tour de Toyota Canada de faire son mea-culpa
Les concessionnaires canadiens de GM ne pourront rester ouverts
Ford devient numéro un du marché américain
Lost in Translation - Ariane Krol
Toyota s'est développé trop vite, admet son patron
Le PDG de Toyota se dit «profondément désolé»

« JE SUIS PROFONDÉMENT DÉSOLÉ »  -  Richard Hétu
Toyota: «la chute d'un géant»
Toyota: le doute - André Pratte

Où est monsieur Toyoda?
Affaire Toyota: Transports Canada a-t-il été berné?

Affaire Toyota: les risques étaient connus depuis 2007
Toyota: le charme est rompu -  Denis Arcand
Industrie automobile: des fermetures à prévoir au Canada
Tata veut lancer sa Nano sur le marché américain
Ventes d'autos: Ford qui rit, Chrysler et GM qui grognent

Retour à la rentabilité en 2010 pour l'industrie auto au pays
GM rembourse 1 milliard aux États-Unis et 192 millions au Canada
Longue convalescence en vue pour l'industrie automobile
L'homme de GM débarqué par les hommes d'Obama
L’effet des primes à la casse s’estompera bientôt
Les principales réactions face à Opel
GM garde Opel: colère et inquiétude en Allemagne
FORD RETROUVE SES COULEURS  -  Charlotte Raab
L’industrie automobile poursuit sa remontée  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Au tour de GMCanada d’offrir une prime à la casse
Les ventes de véhicules s’accélèrent
La « prime à la casse » a permis la vente de 700 000 automobiles
GM accélère sa production  -  Philippe Mercure
Voitures vertes : GM veut damer le pion à Toyota  -  Amandine Ambregni
GM DÉBARQUE SUR EBAY  -  Philippe Mercure
Ford renoue avec les profits
La relance de GM suspendue au succès des modèles  -  Amandine Ambregni
Feu vert à la création du nouveau GM
GM joue son avenir demain devant la justice
Automobiles : LES VENTES REPARTENT VERS LE HAUT
La restructuration de GM avance sans encombre

« LE GOUVERNEMENT SE DEVAIT D’AGIR » -  HUGO DE GRANPRÉ
INVESTISSEMENT DANS GM  L’État devra patienter

Le baratin du vendeur de «chars» - SOPHIE COUSINEAU
GM  : La (nouvelle) ligne de départ - ARIANE KROL
HONDA : 50 ans pour devenir un grand de l’automobile

La recette Ford pour traverser la crise -  Maxime Bergeron
GM : QUATRE ERREURS FATALES -  Gaétan Frigon
GM : NOUVEAU DÉPART - Maxime Bergeron

GM : LA CHUTE D’UN GÉANT  -  MAXIME BERGERON
Les retraités québécois retiennent leur souffle

QUEL AVENIR  POUR GM? - MAXIME BERGERON
UN WEEK-END CRUCIAL POUR LE CONSTRUCTEUR
UN NOUVEAU DÉPART : CHRYSLER CONFIE LE VOLANT À FIAT, SOUS LA PROTECTION DE LA LOI SUR LES FAILLITES
LE FÉDÉRAL ET L’ONTARIO VIENNENT EN AIDE À CHRYSLER
Alliance Chrysler-Fiat : Tout un défi !
Vers un nouveau GM
GENERAL MOTORS  Un scénario « à la Chrysler » de plus en plus probable

Faillite possible de Chrysler : Sauver ce qui peut l’être - ARIANE KROL
Six dirigeants deGeneralMotors liquident leurs actions
Volkswagen veut rivaliser avec Toyota  -  Étienne Balmer


... Mais aurait-t-on oublié la forêt ?...
... MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS?

Lettres - Un budget au goût amer
AbitibiBowater s'entend avec le syndicat
Industrie de la forêt: un virage nécessaire pour survivre
Industrie forestière: grosse sécheresse... et des pousses vertes
Insolvabilité: il y a encore péril en la demeure!
Les temps sont (toujours) durs pour l'industrie forestière
AbitibiBowater lutte encore contre la faillite
Cette forêt chinoise qui rapporte
AbitibiBowater: Québec songe à une participation
Des effets bien concrets  -  Martin Vallières
AbitibiBowater  La production suspendue dans cinq usines
Une coalition pour promouvoir le bois dans la construction
Voir aussi LE RÉFLEXE BOIS  -  FRANÇOIS CARDINAL
Forêt : Le régime actuel tire à sa fin  -  Hélène Baril
AbitibiBowater s’enlise  -  Martin Vallières

L’industrie forestière enregistre encore des pertes
ABITIBIBOWATER  Grosses coupes à Montréal  -  Stéphane Paquet
CRISE DANS LES PÂTES ET PAPIERS  LE PIRE RESTE À VENIR 
AIDE AU SECTEUR FORESTIER Applaudissements et récriminations
Un milliard sur la « liqueur noire »

Un milliard en trois ans pour l’industrie forestière
L’industrie forestière reste sceptique
L'auto contre la forêt
200 millions pour la forêt

Et se pourrait-il donc que ça marche ?...
Why can’t economists do a better job?

Warren Buffet applaudit l'intervention de l'État
Crise économique: les gouvernements ont sauvé 21 millions d'emplois
2009 en six dates
Bernanke, homme de l'année selon Time
L'économie a évité une dépression «menaçante»
L’économie américaine tributaire de l’État
Les plans de relance portent leurs fruits
WASHINGTON  Un million d’emplois sauvés par le plan de relance
La Banque du Canada garde le cap
Banque centrale européenne : Le taux directeur devrait rester à 1 %
Obama  reconduit le mandat de Ben Bernanke à la barre de la Fed
LA REVENTE SUR UNE LANCÉE  -  Maxime Bergeron
Wall Street rassurée par Bernanke
Le plan Obama stimule la consommation -  Marc Jourdier
La Fed garde intact son plan de match -  Rudy Le Cours
La politique de la Fed fonctionne
Dix banques vont pouvoir rembourser Washington

Le soutien au crédit des entreprises porte fruit, dit Flaherty
HARPER DÉFEND SON PLAN DE RELANCE ÉCONOMIQUE

Le crédit à la rénovation attire un tiers des Canadiens 


... Mais est-ce que ça marche vraiment à ce point ?...
L’impact sur l’emploi surestimé


Et si notre réponse à la crise se trouvait essentiellement à manquer la cible ?...
Dérive quantitative
Beaucoup d’argent, peu de résultats


Et si nous nous montrions réellement intéressés à savoir quel genre de plan de relance peut réellement s'avérer efficace, du moins dans une économie avancée, alors nos yeux ne devraient-ils pas surtout se diriger du côté de l'Allemagne, en réalité ?...
Les Allemands croient aux miracles
The maintenance of hope: Germany's secret to recovery

BERLIN —  Une reprise meilleure qu’espéré

Et d'un autre côté, n'y a-t-il pas également certains plans de relance qu'il vaut tout simplement mieux ne pas imiter ?...
Le pari de l’Espagne contre la crise


Les salaires des patrons, de par leur propre tendance vers la démesure, ne démontrent-ils pas surtout que ceu-ci devraient justement être mieux encadrés ?...

Des PDG surpayés

PDG méchants
Banques - La fin des primes extravagantes
États-Unis - Les salaires des patrons ont chuté en 2009
Un procès pour rémunération excessive
Rio Tinto Alcan: deux patrons se partagent la moitié des primes
Bonus: Obama en colère contre AIG
Banques américaines: des bonus faramineux pour les employés
Les patrons d'entreprises publiques sont-ils trop payés?
L'homme le plus riche d'Asie sabre sa rémunération
WASHINGTON  Les primes restent sur la sellette
Les banquiers n’ont rien appris
LA PAIE DES BANQUIERS DANS LA LIGNE DE MIRE 
Limiter les banquiers  -  ARIANE KROL
LONDRES  Les bonus des banquiers au centre des débats
Europe : Les ministres se mobilisent pour encadrer les bonus bancaires
« Le ministre ne veut pas faire rire de lui »

Des actionnaires et des patrons...
Une démocratie bien tranquille

Le vote sur la rémunération des dirigeants porte ses fruits
Pour ou contre le salaire des patrons?
RÉMUNÉRATION DES PATRONS Plus de pouvoir aux actionnaires
Des experts suggèrent de plafonner les salaires des PDG  -   Francis Vailles

Le vote consultatif ou l'avenir de la rémunération... - SOPHIE COUSINEAU
RÉMUNÉRATION DES PATRONS : UN MOT À DIRE - SOPHIE COUSINEAU
Le vote consultatif à l’usure  -   Sophie Cousineau


Voir aussi... et que dire des généreuses primes de retraite, même lorsque c'est la population qui paie la note !...

...et des employés !...
Un empire qui empire - Marc Cassivi

RIO TINTO ALCAN : La crise a le dos large...

Lorsque les patrons méritent vraiment leur salaires...
Le PDG d'Air Canada veut changer la culture d'entreprise

Il n’est peut-être pas si méchant - SOPHIE COUSINEAU

Et que dire du chômage ?...
Le monstre à 1000 têtes

Ottawa veut bonifier l’assurance emploi  -  Malorie Beauchemin
LE CHÔMAGE AUTOUR DU MONDE - Karim Benassaieh
Assurance-chômage : Les provinces réclament un régime simplifié 
Chômage : les provinces touchées par ricochet
Voir aussi... Un peu de sagesse  -  ANDRÉ PRATTE

Et pourtant, la grande Récession nous affecte-t-elle vraiment tant que ça ?...
L’exception canadienne
Got money to invest? Try ‘the world’s safest economy’
Les deux mains sur le volant
Boules de cristal
Quelques soupirs de soulagement
La Banque du Canada fait cavalier seul
Taux directeur: la Banque du Canada face à un dilemme
Des finances serrées mais enviables au Canada
La création d'emplois devrait se poursuivre au Canada
Planète Canada - Ariane Krol
Exportations du Québec: le rebond se confirme

Canada: croissance exceptionnelle au premier trimestre

En avance sur les autres - Claude Picher
Bank of Canada hikes interest rates

Les banques canadiennes afficheront leur stabilité
Réforme financière aux É-U: un plus pour le Canada
Une surprise de 600 millions
La lente remontée du manufacturier - Claude Picher
Crise en Europe: le Canada plutôt à l'abri
Le Canada peu touché par la crise
La reprise est plus rapide au Québec qu'au Canada
Ô Canada, ô croissance
Les ventes des fabricants canadiens connaissent une légère hausse
Les manufacturiers tiennent bon
Le Canada a mieux résisté à la récession
Les exportations canadiennes repartent en force
Les entreprises se remettent à embaucher
La reprise de l'emploi décortiquée
Une décennie de frustration aux États-Unis

Construction: le printemps sera chaud au Québec
664 millions de moins pour le Québec
Temps dur pour les détracteurs du modèle québécois (suite) - Jean-François Lisée
L'immobilier au Québec est sorti de la récession
Hausse du PIB: est-ce que ça va continuer? - Claude Picher
L'économie canadienne à la vitesse grand V

L'économie canadienne a terminé l'année 2009 avec fougue
La croissance est plus forte que prévu au Canada
La reprise et le chômage seront faibles au Québec en 2010
Les Canadiens ne boudent pas les magasins
Les reventes de maisons au Canada en hausse de 58%
Dette publique - Un dirigeant de la Fed suggère l'exemple canadien
Et vogue la goélette canadienne
Le Canada, « refuge » de l’Europe ?
Revente de maisons: les courtiers encore optimistes
Trop d'épargne dort au Canada - Rudy Le Cours
Des détaillants québécois défient la récession
Belle fin d'année pour l'emploi
Vers un marché immobilier vigoureux au Canada
Le dollar canadien, valeur refuge?
Assurance-emploi: le nombre de prestataires en légère baisse au pays
Les Québécois plus dépensiers en 2009
L'économie canadienne est prête à créer des emplois
Le Québec contribue à la hausse des ventes des fabricants
Faillites: la situation s'améliore au pays
Plus riches, mais plus endettés
Revenus: l'écart se rétrécit entre Canadiens et Américains
La balance commerciale se redresse
LE MARCHÉ DU TRAVAIL REPREND VIE  -  Rudy LeCours
Le retour des plaisirs coupables
Les Chinois pourraient acheter plus d'actifs canadiens
La reprise de l'économie canadienne est en marche
Montagnes russes - Claude Picher
Fusions et acquisitions en hausse au pays
Les entreprises canadiennes renouent avec les profits
Pléthore d'édifices de bureaux à Toronto
Banques: sortie de crise avec éclat
Place à la consommation... avec prudence
Les six grandes banques devraient afficher de solides résultats
L'économie canadienne sur la bonne voie, selon l'OCDE
Les entreprises sortent de la crise en pleine forme
Les usines se remettent à tourner au Canada
Capital-risque: un regain d'optimisme au Québec
Mois d'octobre record pour l'immobilier au Canada
Les ventes des manufacturiers grimpent malgré l'aéronautique
Les Québécois pensent investir autant dans leurs REER
Le prix des maisons neuves en légère hausse
Chômage: une première depuis 1976
La construction ira encore mieux
Le chômage a progressé de 2% au Canada en octobre
Entreprises: l'argent s'accumule dans les coffres
Les banques sous haute surveillance
Les Québécois «assurés» de garder leur emploi
Voir aussi
71% des Québécois vivent dans le passé

Le rattrapage des québécoises
Le Québec sort de la récession
« Un drôle d’optimisme »  -  Vincent Brousseau-Pouliot
LES TAUX POURRAIENT REMONTER PLUS VITE QUE PRÉVU 
LES NOUVEAUX DÉFIS DU CANADA  -  Rudy LeCours
Embellie sur le marché de l’emploi au Canada
ONTARIO : LE COEUR FINANCIER A TENU LE COUP 
Voir aussi ONTARIO : TIMIDES SIGNES DE REPRISE
Rebond des exportations québécoises  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Les Canadiens retrouvent l’optimisme
Les prix résistent mieux au Québec  -  Philippe Mercure
Plus de chômage… et de postes à combler  -  Maxime Bergeron
La revente de maisons en forte hausse
Les PME renouent avec l’optimisme  -  RUDY LECOURS
DEUX CAMIONNEURS, DEUX ÉCONOMIES  -  Stéphane Paquet
GRUES ET ACHETEURS AU RENDEZ-VOUS  -  Maxime Bergeron
Le petit miracle québécois  -  ALAIN DUBUC
Le marché du travail se stabilise au Canada  -  RUDY LECOURS
Ajout record de locaux commerciaux au Canada
Banques québécoises : Des « résultats impressionants »  -  Martin Vallières
Les profits de la Laurentienne étonnent les analystes
Le Canada, havre bancaire selon Global Finance   -  Hugo Fontaine
L’indice vin  -  ANDRÉ PRATTE
Un vent d’optimisme souffle sur l’immobilier  -  Philippe Mercure

Le commerce s’active Cinquième hausse des ventes au détail en six mois
La reprise s’amorce au Canada  -  Julian Beltrame
Le revenu personnel disponible a augmenté de 4% au Québec
Bulletin prévisionnel du Conference Board : LE CANADA FERA UN BOND AU CLASSEMENT  -  Hugo Fontaine
LA REVENTE SUR UNE LANCÉE  -  Maxime Bergeron
L’EXCEPTION QUÉBÉCOISE  -  Maxime Bergeron

LES CANADIENS PROTÈGENT LEUR BAS DE LAINE  -  Philippe Mercure
LA RÉCESSION MONDIALE, UN PLUS POUR MONTRÉAL 
C’EST REPARTI !  -  Rudy LeCours
Les Canadiens retrouvent le chemin des magasins  -  Rudy LeCours
Immobilier au Canada : Le marché de la revente rebondit
EMPLOI  Le Québec résiste bien - Rudy LeCours
TRAVAILLEURS DE LACONSTRUCTION Des sommes records pour les vacances de 2009
L’EXCEPTION CANADIENNE  -  Rudy LeCours
La relance du bâtiment paraît enclenchée  -  Rudy LeCours

Quand le bâtiment va… tout ira  -  Rudy LeCours
Quand on se compare... -  Claude Picher
Notre gazon est plus vert -  VINCENT DELISLE
L’économie du Québec devrait reprendre l’an prochain La construction non résidentielle restera un pilier

Immobilier : Montréal sera épargné par les baisses de prix - Maxime Bergeron
La crise s’adoucit au Canada, selon l’OCDE
Huit provinces sur dix créent des emplois 
La récession frappe moins le Québec que prévu
Les Canadiens reviennent dans les magasins  -  Rudy  LeCours
L’Ontario par terre, le Québec s’en tire  -  CLAUDE PICHER
La destruction d’emplois semble contenue -  RUDY LE COURS
Le verre à moitié plein
Une chance qu’il y a le Québec! - CLAUDE PICHER
Solide comme le roc
Les banques canadiennes s'en tirent plutôt bien
ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE  Charest se dit optimiste


... ou peut-être que si ?...
Le Canada perd la cote
Recession recovery: We’ve only just begun … - JEFFREY SIMPSON
Boules de cristal
L'économie canadienne au petit trot
Quelques soupirs de soulagement
Deux économies en basse vitesse
Est-ce la fin des beaux jours?
La faiblesse de la reprise ailleurs finira par rattraper le Canada
Les exportations canadiennes souffrent
L'économie ralentit... mais lentement
Malgré la hausse du chômage, Harper écarte l'idée d'un second plan de relance
Économie canadienne - Tout va bien... pour le moment
La reprise sera plus lente que prévu au Canada
Le secteur manufacturier a perdu 11 000 emplois en février
La reprise et le chômage seront faibles au Québec en 2010
House prices are getting dangerously high
L'effondrement des exportations - Claude Picher
Immobilier au Canada: des craintes de surchauffe
Juste comme la visite arrive... - Yves Boisvert
L'économie pâtira des mesures visant l'équilibre budgétaire
Le marché du travail au coeur de la reprise
Le Canada est sorti de récession mais avec difficulté
Compte courant: un déficit record de 13,1 milliards
2009, une année qui vole bas dans l'aéronautique
La récession a été plus dure que prévu au Canada
Fondations fragiles
Les faillites en hausse de 29% en septembre au Canada
Le moteur en panne - Claude Picher
Un peu moins de cadeaux, un peu plus de tourtières...
Le Québec aura une croissance inférieure à la moyenne canadienne
À quand le retour à la normale? - Alain Dubuc
Les profits glisseront de 20% dans la plupart des secteurs
Hausse des mises en chantier au Canada, baisse au Québec
Quand les taux hypothécaires font la loi
Chômage: une première depuis 1976
Le Canada aura-t-il réussi à créer du travail en octobre?
Le chômage a progressé de 2% au Canada en octobre
Dans le rouge d'un océan à l'autre
Construction: une reprise partout sauf au Québec?
L'argent du plan de relance tarde à arriver au Québec
Péréquation: l'Ontario plombe le Québec
Économie: creux moins profond, rebond moins fort
Les locaux commerciaux vides se multiplient à Montréal
« Un drôle d’optimisme »  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Sombres nuages - CLAUDE PICHER
LES NOUVEAUX DÉFIS DU CANADA  -  Rudy LeCours
Canada : L’économie fait du surplace  -  Rudy LeCours
Spectacles : Des sièges vides à Montréal  -  Nathaëlle Morissette

Centres d’emploi de Montréal  C’est la cohue !  -  Émilie Côté
ONTARIO : TIMIDES SIGNES DE REPRISE  -  Stéphane Paquet

Voir aussi ONTARIO : LE COEUR FINANCIER A TENU LE COUP
Plus de chômage… et de postes à combler  -  Maxime Bergeron
L’OCDE PLACE LE CANADA EN QUEUE DE PELOTON  -  Marie Tison
Québec : A-t-on atteint le fond du baril ?  -  Stéphane Paquet
Exportations : Le Québec n’est pas sorti du bois  -  Philippe Mercure
Les producteurs de bois canadiens devront patienter

L’immobilier commercial tarde à reprendre  -  Brenda Bouw
UN ÉTÉ MOCHE  AU QUÉBEC
45 000 EMPLOIS PERDUS AU CANADA

Une reprise molle pour le Québec  -  Rudy LeCours
Ontario : La crise de l’auto fait mal  -  Rudy LeCours

En fait, se pourrait-il que le Canada soit pratiquement en train de connaître une bulle immobilière, à l'image de celle qui a fait dérailler l'économie de nos voisins, par ailleurs ?...
Endettement des ménages - Baril de poudre
La menace d'une bulle immobilière au Canada ressurgit
Danger: la spéculation foncière menace l'économie
Le marché immobilier se resserre au pays
Immobilier: les nouvelles règles changent la donne
Les reventes de maisons au Canada en hausse de 58%
Bulle ou pas - Ariane Krol
House prices are getting dangerously high

Immobilier au Canada: des craintes de surchauffe

Et que dire par ailleurs du marché immobilier ?...
Why we need tougher mortgage rules


Les banques devraient-elles être les premières à s'en tirer, malgré tout ?...
Des primes plus généreuses pour les banquiers canadiens

Londres cible les primes des banquiers
Banques: sortie de crise avec éclat
Les six grandes banques devraient afficher de solides résultats
L’écart se creuse entre les banques américaines
Les banquiers n’ont rien appris
Banques québécoises : Des « résultats impressionants »  -  Martin Vallières
Les profits de la Laurentienne étonnent les analystes
L’insolence des banquiers  -  Sophie Cousineau
Les banques: comme la saucisse Hygrade  -  Michel Girard
Banques canadiennes  Les bénéfices devraient atteindre un creux 
Les banques liquident massivement  -  Michel Girard 
Les banques canadiennes s'en tirent plutôt bien
Tests de résistance  des banques américaines  : Soulagement, mais l’inquiétude persiste

Se pourrait-il donc que les banques aient une petite tendance à ne se soucier que d'elles-mêmes, et ce même au détriment de l'économie en tant que telle ?...
Perspectives - La trappe..
Grogne en Islande: les banquiers, ces criminels
La réputation de Goldman Sachs - Ariane Krol
Décote morale - Ariane Krol
En pleine tourmente, Goldman Sachs voit ses profits doubler
Some of Earl Jones's victims get their money back
Goldman Sachs au banc des accusés
Perspectives - Vite sur la détente
La Nationale et la CIBC mal-aimées des PME
La CIBC offrirait le moins bon service aux PME
Obama demande aux banquiers de faciliter l'accès au crédit
Obama s'en prend aux banquiers qui profitent du système
Une partie de l'aide aux banques affectée à la création d'emplois
É-U: les banques doivent faire plus pour les ménages
Généreuses à l'Est, chiches à l'Ouest - Richard Dupaul

Et cette petite tendance de la part des banques ne serait-elle pas justement en train de se retourner contre ces dernières ?...
Le bénéfice de Goldman Sachs s'effondre
S&P «tombe» sur Goldman Sachs

Et par ailleurs, ne peut-on pas remarquer une tendance semblable dans l'ensemble du secteur privé ?...
L'explosion des profits n'annonce pas la fin de la crise
We need business to speed up our sluggish recovery


Et la crise nous aurait-elle donc donné l'occasion parfaite pour reconsidérer le fonctionnement de nos banques ?...
Des taxes à la mesure des bonus
Les banques font- elles trop d’argent ?


La crise ne ferait-elle que rappeler, entre autres choses, à quel point il pourrait s'avérer pertinent de se doter de véritables mécanismes de financement des entreprises ?...
Capital-risque: la BDC a été chiche pendant la crise


Et si le microcrédit représentait au moins une partie de la solution, ne serait-ce que pour forcer les plus grosses banques à bouger un peu ?...
La révolution selon Muhammad Yunus

Muhammad Yunus, pionnier du microcrédit - Le banquier des pauvres s'intéresse au Canada
Un monde meilleur
Premier signe encourageant depuis 2006
Le microcrédit chez les grands
En Inde, le microcrédit se mue une entreprise très rentable

Une grande reprise en vue ?
La renaissance « made in the USA »
Fin de la récréation
Quelques soupirs de soulagement
Le marché américain prend du mieux
L'économie américaine sur le seuil de l'expansion
Analyse de la CIBC - Le Canada et les États-Unis vont éviter la récession à double creux
En bref - Le PIB américain en hausse
La reprise mondiale s'accélère grâce à l'Asie
La reprise économique mondiale s'accélère
Rebond convaincant de l'emploi
Canada et États-Unis: la croissance se confirme
Enfin, la lumière! - Claude Picher
Véritable baromètre de l'économie, General Electric estime avoir passé la crise
Reprise américaine: Bernanke parle de sacrifices, mais d'espoir
Un pas dans la bonne direction
Les États-Unis commencent à voir le bout du tunnel, dit Obama
La reprise américaine se confirme
L'économie canadienne pète le feu
L'économie plus forte que prévu
Véritable tremplin pour l'économie du Québec
Commerce: le marasme achève, d'après l'OMC

Sur le radar: en attentant à la création d'emplois

Croissance modérée prévue au Canada et aux É.-U.
É-U: huitième hausse de suite pour la production industrielle
Les marchés: la reprise se confirme, dit un expert
Le taux de chômage diminue de façon inattendue au Canada

Hausse surprise des ventes au détail aux É-U
Le crédit à la consommation redémarre aux É-U
L'année du réinvestissement
Les écueils de la reprise
É-U: important recul des inscriptions au chômage
Économie américaine - L'année 2009 se termine sur un sursaut
Le PIB canadien a grimpé pour un troisième mois consécutif en novembre

Optimisme de mise
WASHINGTON  Regain de la consommation et de la production industrielle
Reprise de l'emploi en vue aux États-Unis
Revue boursière 2009: un rebond spectaculaire
Bourse: des perspectives positives pour 2010

Wall Street finit 2009 près de ses sommets

Baisse des inscriptions au chômage aux États-Unis
Bourse américaine: deux experts voient l'avenir d'un bon oeil
É.-U.: les dépenses de consommation progressent
La fin des malheurs en 2010? - Claude Picher
L'éclaircie économique se précise
L'industrie se remet en marche
Rebond dans la construction domiciliaire aux États-Unis
Avantage à l'économie
Les consommateurs s’animent
WASHINGTON L’économie se rapproche de la création d’emplois
Chômage: «bonne nouvelle», mais la route reste longue
LE MARCHÉ DU TRAVAIL REPREND VIE  -  Rudy LeCours

É-U: les dépenses de construction se stabilisent
La saison des Fêtes s’annonce meilleure que prévu
Les bonnes nouvelles font sourire les marchés boursiers
Les entreprises canadiennes renouent avec les profits
La Fed un peu plus optimiste pour 2010
Baisse surprise des inscriptions au chômage aux États-Unis
É-U: les dépenses de consommation rebondissent
WASHINGTON  Retour prochain à la création d’emplois...
Financement d'entreprises: l'hibernation est terminée
WASHINGTON  Hausse plus grande que prévu des investissements
Capital-risque: un regain d'optimisme au Québec
Bernanke prévoit une reprise modérée pour 2010
É-U: importante baisse des nouveaux chômeurs
Les Bourses nord-américaines en nette hausse
Le chômage a progressé de 2% au Canada en octobre
Entreprises: l'argent s'accumule dans les coffres
«J'adore ce genre de pari»
Analyse technique: les financières canadiennes plafonnent
États-Unis  Des nouvelles rassurantes en construction
L'économie pourrait créer des emplois dès 2010 aux É.-U.
Les États-Unis sortent de la récession
Voir aussi Vraiment terminée, la récession?
Le Québec sort de la récession
Retour à la normale  -  VINCENT DELISLE
Les plus riches sont de retour
LA BOURSE À L’AFFÛT DE RÉSULTATS RÉCONFORTANTS 
LES TAUX POURRAIENT REMONTER PLUS VITE QUE PRÉVU 
WASHINGTON  La reprise s’étend malgré la faiblesse de l’emploi 
Croissance d’environ 3% au second semestre aux États-Unis
ENTREPRISES À L’AFFÛT DE NOUVELLES PROIES -  Hélène Baril
Une cascade d’émissions publiques  -  Stéphanie Grammond
LA FED JOUE DE PRUDENCE  -  RUDY LECOURS
FEU D’ARTIFICE À LA BOURSE— Stéphanie Grammond
LA RÉCESSION EST « TERMINÉE » - Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale
USA : Les consommateurs s’activent
La revente de maisons en forte hausse

Les PME renouent avec l’optimisme  -  RUDY LECOURS
LA CARTOGRAPHIE D’UNE FULGURANTE REMONTÉE BOURSIÈRE 
L’économie mondiale de nouveau sur pied  -  RUDY LECOURS
WASHINGTON  Un million d’emplois sauvés par le plan de relance
La Banque du Canada garde le cap
GRUES ET ACHETEURS AU RENDEZ-VOUS  -  Maxime Bergeron
WASHINGTON  L’économie a continué de se stabiliser en août
Chine : hausse de 81,7 % des ventes d’automobiles
Les entreprises sont reparties à la chasse  -  René Lewandowski
Le marché du travail se stabilise au Canada  -  RUDY LECOURS
Les licenciements baissent aux É.-U...

La BCE annonce la fin prochaine de la récession
WASHINGTON  Les ventes reculent moins que prévu

Les signes d’une reprise mondiale se multiplient
Moins de licenciements, plus de commandes

Le répit  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Le cuirassé américain est remis à flot  -  RUDY LECOURSs
Un gain prometteur  -  Stéphane Paquet
LONDRES  L’immobilier reprend des forces
États-Unis : La récession est en bout de course  -  Marc Jourdier
L’industrie se remet à voyager  -  Hélène Baril
États-Unis : Les ventes de logements neufs bondissent

États-Unis : Les consommateurs retrouvent le moral
États-Unis : Embellie sur le marché immobilier
Éloge de l’optimisme  -  ALAIN DUBUC
Un peu d’espoir pour la zone euro

La reprise américaine n’est plus très loin, selon Ben Bernanke
L’immobilier américain retrouve des couleurs

Le Trésor américain voit « les premiers pas de la reprise » 
L’ÉCONOMIE MONDIALE ÉMERGE ENFIN  -  RUDY LECOURS
États-Unis : La construction relève la tête

Allemagne : Industriels et investisseurs reprennent confiance

Économie américaine : De nouveaux signes encourageants  -  Marc Jourdier
Le Japon sort de la récession

Des experts croient en une reprise vigoureuse
Espoirs de sortie de récession en Europe
Wall Street rebondit, encouragé par la Fed
LA REVENTE SUR UNE LANCÉE  -  Maxime Bergeron
Les sceptiques confondus ?  -  Yannick Desnoyers
La Fed s’en tiendra à son plan de match  -  Rudy LeCours
Wall Street au plus haut depuis novembre
SURPRISE AUX  ÉTATS-UNIS Le chômage baisse et moins d’emplois sont abolis   - Hugues Honoré
INDICE S& P/TSX   Au-dessus de la barre des 11 000 points
VENTES DE MAISONS AUX ÉTATS-UNIS Les acheteurs s’affichent de plus en plus
Washington prévoit le retour de la croissance avant la fin de l’année
RÉSULTATS PITOYABLES, RENDEMENTS ENVIABLES... 
Nouveaux indicateurs favorables pour l’économie canadienne
Dernier trimestre de récession aux États-Unis?  -  Hugues Honoré
INFORMATIQUE  CGI croit que le pire de la crise est passé
LA BOURSE EST ENCORE OPTIMISTE - Martin Vallières
C’EST REPARTI !  -  Rudy LeCours
LA REPRISE EST LÀ  -  Rudy LeCours
BANQUE DU CANADA  Taux stables... et des explications  -  Rudy LeCours
La production se stabilise aux États-Unis
PRÉVISIONS DE LA FED  Croissance plus forte... mais chômage plus élevé

Le déstockage continue (mais à un rythme ralenti...)
Regain d’optimisme chez Canada inc.  -  Martin Vallières
Embellie en vue dans la zone OCDE
LE FMI ABANDONNE SON TON ALARMISTE  -   Rudy LeCours
LES INTRODUCTIONS EN BOURSE DANS LE MONDE EN HAUSSE
L’embellie va-t-elle se poursuivre ?  -  Rudy LeCours
FUSIONS ET ACQUISITIONS Signes de vie sur le marché
La conjoncture américaine s’améliore
Automobiles : LES VENTES REPARTENT VERS LE HAUT
L’OCDE cesse de broyer du noir Prévisions en hausse pour le Canada, les États-Unis et la Chine
Le pire de la récession paraît passé - RUDY LE COURS
Les ventes des manufacturiers se stabilisent -  Rudy le Cours

Immobilier : La situation se stabilise aux États-Unis

Les Bourses stimulées par les nouvelles américaines
La crise financière est finie, estime la Banque Royale

La récession sera de courte durée
Les dirigeants financiers prédisent une reprise pour le début de 2010

La confiance des exportateurs canadiens remonte

Le marché mondial de l’automobile poursuit sa reprise
Inflation : le débat lève plus que les prix...

PRIX DES RESSOURCES NATURELLES Plus forte reprise en 35 ans
Est-ce la fin du cauchemar? -  Claude Picher

Économie : Des signes encourageants -  Yvan Loubier
Un mois après les « tests de résistance »  Les banques ont fait l’essentiel du chemin
CAPITAUX ÉTRANGERS  : Les États-Unis de nouveau attrayants

La Réserve fédérale entrevoit une reprise cette année

Bourse : deux mois de pur bonheur
LES « GROS » INVESTISSEURS PRÉPARENT LEUR RETOUR
La peur marque une pause - RICHARD DUPAUL
Tests de résistance  des banques américaines  : Soulagement, mais l’inquiétude persiste
ÉCONOMIE   Jean Charest voit des « signaux positifs »

Reculer pour mieux rebondir  -  RICHARD DUPAUL



Ou peut-être pas encore ?...
(Ou justement pas tant que ça ?...)
Périlleuse sortie de crise

Recession recovery: We’ve only just begun … - JEFFREY SIMPSON
Encore un répit
La reprise économique s'essouffle
Quelques soupirs de soulagement
Deux économies en basse vitesse
La Grande Déception
Le ciel s'assombrit aux États-Unis
10% des Américains risquent de perdre leur maison
L'économie des pays industrialisés - Une décennie perdue?
États-Unis - Croissance désespérante
États-Unis - Le marché immobilier continue de s'écrouler
É.-U.: les signes inquiétants se multiplient
La reprise de l'économie mondiale perd son élan
La faiblesse de la reprise inquiète la Fed
Rapport de l'OCDE sur l'emploi - Le chômage mettra du temps à se résorber
Le privé souffre de frilosité
L'économie mondiale menacée par un risque de rechute
La réserve américaine s'inquiète également de l'Europe
Des entreprises frileuses... mais aux poches pleines
Les mises en chantier replongent aux É.-U.
Apparences trompeuses - Jean-Pascal Beaupré
Bernanke s'inquiète de la faible création d'emplois
La croissance américaine revue à la baisse
Perspectives sombres pour le marché du logement
Jeu vidéo: encore des frissons de récession
Économie: rétablir la confiance -  Paul Desmarais jr
Regain de confiance incomplet, selon le président de Power

Une génération de jeunes «sacrifiée» par la crise?
La restauration en baisse partout dans le monde
Le Canada a réduit ses investissements à l'étranger en 2009
La croissance économique canadienne trop belle pour être vraie?
Le débat sur une reprise sans emploi relancé aux É-U

Les É-U ne sont pas sortis du bois avec le chômage

Où est l'embellie pour l'Américain moyen? - Richard Dupaul
Le drame des saisies immobilières continue aux É.-U.

Croissance modérée prévue au Canada et aux É.-U.
La crise immobilière plombe la reprise
Les chiffres du PIB masquent les faiblesses de l’économie - MARC JOURDIER
É.-U.: ralentissement marqué de l'activité manufacturière
Une chute de 90% du Dow Jones? - Michel Girard
Des craintes justifiées
Tout peut encore basculer - L. JACQUES MÉNARD
Une nouvelle phase d'épargne
Les dépenses de consommation ont ralenti aux É.-U.
Immobilier aux É-U: le quart des hypothèques «sous l'eau»
Chômage mondial record à 6,6% en 2009
WASHINGTON  Chute brutale des reventes de logements
L'impasse
Bourse: toujours à la case départ 10 ans plus tard
Un ancien économiste du FMI prédit une nouvelle crise
2010 sera un moindre mal
L'économie mondiale en 2010: reprise ou nouvelle débâcle?
Convalescente, l'économie mondiale reste meurtrie par la crise
É.-U.: les ventes de logements neufs chutent de 11,3%
La croissance américaine revue en forte baisse
La reprise moins spectaculaire que prévu aux É-U
Convalescente, l'économie mondiale reste meurtrie par la crise
La récession n'est pas terminée, dit une conseillère d'Obama
Hausse inattendue des nouvelles inscriptions au chômage
La crise a fait perdre leur emploi à 20 millions de personnes
Chute trompeuse - Jean-Pascal Beaupré
Les Américains rognent sur les cadeaux de Noël
Prêts: pertes à la hausse pour les banques américaines
Les commandes de biens durables baissent aux États-Unis
Les investisseurs paralysés - Vincent Delisle
Économie: la crise n'est pas terminée
Le rythme de la reprise inquiète les Bourses
Bernanke prévoit une reprise modérée pour 2010
É-U: recul des ventes des distributeurs et manufacturiers
De nouvelles craintes plombent les Bourses
É-U: l'immobilier commercial menace la reprise
Le chômage menace la relance aux États-Unis
À quand le retour à la normale? - Alain Dubuc
De bulle en bulle - Richard Dupaul
Chômage: Obama admet un «dur rappel à la réalité»
WASHINGTON  Le chômage franchit la barre des 10%  -  Marc Jourdier
Le Canada aura-t-il réussi à créer du travail en octobre?
Le chômage a progressé de 2% au Canada en octobre
Les taux vont rester bas lontemps aux États-Unis
Analyse technique: les financières canadiennes plafonnent
L’économie américaine tributaire de l’État
Flaherty  : La relance demeure « fragile »
Les initiés vendent, la Bourse se corrige!
Vraiment terminée, la récession?
  Voir aussi Les États-Unis sortent de la récession
Bourse : «Tout le monde s'attend à une correction»
La Bourse en bulle ou pas?  -  Michel Girard
Banque du Canada: les lunettes roses ne sont pas loin
...MAIS LOUIS VACHON VOIT AU MOINS CINQ ANNÉES DIFFICILES

« Un drôle d’optimisme »  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Las Vegas, épicentre des saisies de maison
Et vogue le navire  -  SOPHIE COUSINEAU
Effondrement de 500 milliards - CLAUDE PICHER
Y a-t-il un moteur pour l’économie mondiale ?  -  Stéphanie Grammond
L’éteignoir de Bay Street   -  Hugo Fontaine
USA Baisse inattendue des commandes
Il faut maintenir les plans de relance, selon le FMI
Reprise en V: attendez avant de crier victoire  -  Stéphanie Grammond
LA CARTOGRAPHIE D’UNE FULGURANTE REMONTÉE BOURSIÈRE 

WALL STREET Des lendemains qui déchantent  -  Maxime Bergeron
Le répit  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Un gain prometteur  -  Stéphane Paquet
ÉTÉ CHAUD, RENTRÉE STRESSANTE  -  Stéphanie Grammond
États-Unis : La consommation reste très faible  -  Marc Jourdier
Plus de 400 banques en difficulté aux États-Unis
UN AIR DE REPRISE AVEC DES BÉMOLS  -  Stéphane Paquet
Une récession à double creux ?
États-Unis  Les demandes d’assurance emploi augmentent encore
« Est-ce qu’on est allés trop vite ? »  -  Stéphane Paquet
Les Américains ont le moral dans les talons
Pourrait-on n'être pas encore sorti du bois aux États-Unis ?...

Le patient est encore faible  -  Richard Dupaul
Moins de revenus pour les Américains
Le protectionnisme a plombé l’économie  -  Rudy LeCours
DEUX FOIS PLUS DE JEUNES À L’ASSURANCE-EMPLOI  -  Hugo Fontaine  & Malorie Beauchemin
Les entreprises dépenseront moins  -  Rudy LeCours

CONSOMMATEURS AMÉRICAINS  La confiance s’effrite plus que prévu

REPRISE IMMOBILIÈRE AMÉRICAINE Les retombées se font attendre 
États-Unis Près de 19 millions de maisons vides
L’optimiste  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
REPRISE  La création d’emplois se fera attendre  - Rudy LeCours

Les commerçants désertent Manhattan
Des bénéfices éclatants mais trompeurs

Le secteur manufacturier est encore mal en point  -  Rudy LeCours
La consommation toujours en panne   -  Marc Jourdier
Fort ressac des fusions et acquisitions -  Martin Vallières
RÉSULTATS TRIMESTRIELS FORTE BAISSE DES PROFITS EN VUE
LES INVESTISSEURS BATTENT EN RETRAITE  -  Hélène Baril
Après la crise, la crise -  ALAIN DUBUC
La reprise du secteur privé se fera attendre, craint Carney
L’économie américaine reste fragile - Marc Jourdier

EUROPE  Le chômage atteint des sommets de 10 ans

L’habitation toujours déprimée aux États-Unis -  Rudy LeCours
Les consommateurs acculés à la simplicité volontaire  -  Rudy leCours
La Banque mondiale glace les marchés -  Rudy  LeCours

BOURSIÈRE  Mauvaise semaine à Toronto
En attendant la prochaine crise

Les Américains au régime sec  -   Richard Dupaul
Économie : Le long retour  -  ALAIN DUBUC
Immobilier : Les taux remonteront... mais resteront faibles -  Rudy LeCours

L’étau des taux -  Jean-Pascal Beaupré
États-Unis : Les capitaux fuient le pays au moment où l’État en a le plus besoin

ÉTATS-UNIS  Le taux de chômage fait un bond inquiétant
La consommation américaine en légère baisse
ÉTATS-UNIS L’économie ralentit moins que prévu (mais...)
ÉTATS-UNIS L’activité industrielle se contracte toujours
Les Américains voient la vie en rose... ou presque

Des nuages persistants  - RICHARD DUPAUL
EMPLOI ÉTUDIANT Dur été en vue pour les jeunes

Le taux de chômage atteint 10,5% dans l’île
La crise rattrappe le Québec - Agnès Gruda
LES PROPRIÉTARIES FRAPPENT UN MUR -  Stéphanie Grammond

BOURSES - Du rouge partout sur la planète
LES GRANDS MOYENS
Les lunettes roses au panier JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
DURE RÉCESSION EN 2009, REPRISE LENTE EN 2010
Pas de fin de récession en vue
Une reprise fragile - FRANÇOISE LEMOINE
La bulle porcine - JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Mauvaise nouvelle : l’excédent commercial explose
Corrections sur fond de signes d’impatience

WALL STREET À BOUTDE SOUFFLE?
La consommation américaine inquiète les investisseurs
IMMOBILIER : BAISSE MODESTE DES PRIX... TOUT AU PLUS

ÉTATS-UNIS  : CHUTE SURPRISE DE LACONSTRUCTION
Le capital-risque canadien est en crise


Car peut-on vraiment croire à une quelconque reprise tant que l'économie américaine n'aura pas elle-même redémaré ?...
Le marché du travail américain reste enlisé

Aucun emploi n'a été créé au cours du mois d'août - Les États-Unis s'enfoncent davantage

Et si ce moment était justement enfin arrivé ?...
Le retour d’america inc.

L’économie américaine va beaucoup mieux, sauf que...

Voir aussi
Serions-nous déjà en train d'assister au déclin de l'empire américain ?...

et Le rêve américain s'apparenterait-il de plus en plus à un mirage pour les Américains eux-mêmes ?...

Lorsque la menace se fait bien réelle...
The Long-Term Unemployment Crisis Is as Bad as Ever
U.S. states and cities face a painful hollowing out - Jeffrey Simpson
Une génération de jeunes «sacrifiée» par la crise?
57 faillites de banques américaines depuis janvier
Où est l'embellie pour l'Américain moyen? - Richard Dupaul
Le drame des saisies immobilières continue aux É.-U.

États-Unis: 450 jours sans emploi
L'aide alimentaire pour 39 millions d'Américains
La crise immobilière plombe la reprise

Quand la crise frappe la scène
La crise s'acharne sur les petits - Richard Dupaul
Immigrant cherche désespérément du travail
ÉTATS-UNIS  De plus en plus d’enfants ne mangent pas à leur faim
Quand Montréal tousse, Haïti éternue
Cachez ce chiffre que le Canada ne saurait voir

RAPPORT ANNUEL D’AMNISTIE INTERNATIONALE - « Une poudrière d’inégalités »
Petits prix, grosse menace
La récession des expatriés  -  Richard Dupaul

L’Afrique sera plus lente à sortir de la crise
AIDE ALIMENTAIRE  Les demandes de boîtes à lunch augmentent - Stéphanie Bérubé
La récession nuit à la santé des Canadiens  -  Ariane Lacoursière

LES DENTISTES SOUFFRENT DE LA RÉCESSION  -  Hélène Baril

Été catastrophe pour les étudiants  -  Claude Picher

Les jeunes, premières victimes de la crise
78e faillite bancaire
Le nombre de faillites grimpe de 31%
Crédit Les Américains paient plus vite

CARTES DE CRÉDIT LES FACTURES IMPAYÉES S’EMPILENT
Retards records pour les paiements de carte de crédit aux États-Unis
Les employeurs se font prudents


... tout comme les dommages collatéraux !...

Record de défaillances dans la dette d'entreprise

Même les morts en souffrent  -  Hugo Fontaine
Les millionnaires moins nombreux et moins riches en 2008

Et si la crise aura surtout frappé les plus vulnérables, ceux-ci ne peuvent-ils pas se voir que d'autant plus menacés, du moment que l'on met en branle des plans d'austérité ?...
In solving the financial crisis, let’s not resort to ‘social cleansing’

Et si les plus grandes puissances n'ont plus que s'agenouiller devant la Récession, comment les municipalités pourraient-elles vraiment espérer faire autrement ?...
Panique dans la ville


Lorsque le déclin économique s'inscrit dans un contexte plus profond que celui d'une simple récession...
The next job bubble to burst may be yours, professionals


Et devrait-on commencer à parler d'une génération perdue ?...
La génération perdue
Génération sacrifiée
Génération en attente
UNE DÉTRESSE QUI TRAVERSE LES FRONTIÈRES

Les aînés devront-il payer pour les erreurs des plus jeunes ?...
L'argent de la retraite scruté à la loupe

Régimes de retraite: les actuaires réclament une réforme
DEUX FOIS PLUS DE JEUNES À L’ASSURANCE-EMPLOI 
LE RÉGIME DE RENTES TENTE DE GARDER LE CAP  -  Martin Vallières
Régimes de retraite : Légère éclaircie sur les rendements -  Rudy LeCours 
Pension gelée ou en baisse pour des milliers de retraités québécois  -  Karim Benassaieh
Voir aussi Et que dire du fameux vieillissement de la population ?...

Et au fait, pourrons-nous même toujours compter sur notre journal préféré ?...
Un grand pas pour l'avenir de La Presse
Les distributeurs de La Presse entérinent l'entente

La Presse s'entend avec tous ses syndicats
La Presse a demandé l'intervention d'un conciliateur
La Presse s'entend avec ses journalistes
Québec lance une grande enquête sur les médias
La récession dans les médias s'atténue, mais perdure
Le syndicat de la distribution de La Presse vote un mandat de grève
NÉGOCIATIONS À LAPRESSE Des offres raisonnables et responsables  -   Guy Crevier
Les syndicats de Canwest sur le qui-vive  -  Katia Gagnon
Les négociations se poursuivront de façon intensive à La Presse
Gesca : Trois mois pour s’entendre avec les employés de La Presse

S’ADAPTER POUR SURVIVRE - Guy Crevier
Votre journal, un pilier de la démocratie  -  Guy Crevier

Le Conseil a confiance - André Desmarais

La Presse ne sera plus publiée le dimanche -  Agnès Gruda
voir aussi  Souvenirs en papier  -  YVES  BOISVERT  ou Un tsunami frappe le journalisme, selon la ministre St-Pierre

Voir aussi Que peut-on faire pour sauver le journalisme ?...

Léguer un « patrimoine en santé » aux générations suivantes  -  Bruno Bisson

CASSE-TÊTES ROUTIERS À VOLONTÉ  -  Sara Champagne

Sans compter qu'il n'y a pas que la crise économique, non plus...
Volcan islandais: les économistes partagés

S.O.S. alimentaire - Richard Dupaul
L’inflation plonge et refait surface
LA FIN DU MONDE (TEL QU’ON LE CONNAÎT) EST PROCHE  -  FRANÇOIS CARDINAL
DITES AU REVOIR AU SHIRAZ AUSTRALIEN ET AU SAUMON DU PACIFIQUE - FRANÇOIS CARDINAL

Panne sèche -  ARIANE KROL


En fait, serions-nous en voie de carrément perdre le contrôle de nos finances publiques ?...
LE QUÉBEC EST- IL À L’ABRI D’UNE CRISE?
Le Québec, cancre d’une classe surdouée
Québec n'arrive pas à contrôler ses dépenses
L’autre crise
Équilibre budgétaire du Québec: urgent à 100% - Pierre Fortin
Les milliards de dollars ignorés du budget
Les négationnistes - Claude Picher
Budget du Québec - Rééquilibrer les finances sera primordial, juge Desjardins
La gestion de la dette doit prévaloir sur le déficit zéro
Tragédie grecque - André Pratte
Le Québec 5e plus endetté du monde industrialisé
Endettés jusqu'au cou - Claude Picher
La dette publique du Québec a bondi de 9,3 milliards $
Le cri d'alarme des économistes - Claude Picher
Un acte de foi - Sophie Cousineau
Une extension abusive du concept de dette - Louis Gill
Finances publiques du Québec: des remèdes au goût amer
Année décisive pour les finances publiques
La dette, un faux épouvantail? - Claude Picher
Le Québec vit au-dessus de ses moyens
Finances publiques: le Québec se dirige vers un mur
Montagnes russes - Claude Picher
Le calvaire caché des Québécois - Claude Picher
Québec ne pourra compter sur Hydro
La question de 12 milliards
Produits financiers: les consommateurs passeront à la caisse
71% des Québécois vivent dans le passé
Péréquation: l'Ontario plombe le Québec
Les intérêts sur la dette explosent
Alerte à la dette - CLAUDE PICHER
À VOS POCHES, CITOYENS!  -  Nestor Turcotte
Avoir la cote  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Québec hausserait la TVQ dès janvier  -  Tommy Chouinard
Québec envisage de hausser la TVQ et les tarifs
INFRASTRUCTURES: QUI PAIERA LA NOTE?  -  Stéphane Paquet

Le petit miracle québécois  -  ALAIN DUBUC
Finances publiques : Québec peinera à contenir son déficit  -  Rudy LeCours

En route vers un « déclin tranquille »   François Legault se dit inquiet pour l’avenir du Québec
Les Québécois devront faire des « sacrifices »  -  Stéphane Paquet

La grenouille dans l’eau chaude ANDRÉ PRATTE
Sortirons-nous grandis de la crise? -  ALAIN DUBUC

Voir aussi
Le moment serait-il venu au Québec pour une nouvelle petite Révolution, celle ne son propre financement ?...

Et par ailleurs, sommes-nous vraiment les seuls à nous retrouver dans une telle situation ?...
Teaching Greece and the other debt PIIGS to fly


Et si notre situtation n'était peut-être pas si intenable, finalement ?...
Les Finances publiques du Québec, un désastre ?

LE QUÉBEC EST- IL À L’ABRI D’UNE CRISE?
Le Québec, cancre d’une classe surdouée
Les négationnistes - Claude Picher
Quand les brutes parlent de dette, c’est pas net !
Dette du Québec: des chiffres tordus - Stéphane Gobeil
Dette du Québec: changements comptables et mythes tenaces

Et d'ailleurs, sommes-nous vraiment les seuls à nous retrouver dans un tel pétrin ?...
Nouveau record pour le déficit américain


Et que dire de notre endettement, pendant qu'on y est ?...
Vices et vertus des réserves de prudence


Et que dire par ailleurs du fameux vieillissement de la population?...
Canada's grey clouds have a silver lining

Vieillissement de la population - Le nombre des aînés devrait doubler dans la majorité des régions d'ici 2031
Le vieillissement de la population: une calamité?
L'emploi n'est plus une priorité - Alain Dubuc
Our politicians need expert help in dealing with the costs of aging - Jeffrey Simpson
Une spirale d'endettement guette le Canada

Québec doit repenser la retraite
Le drame des régions - Claude Picher
Beaucoup de nouveaux emplois au Québec d'ici 2018
Régimes de retraite: les actuaires réclament une réforme
Équité entre générations  -  Simon Langlois
Gignac veut faire travailler les 55 ans et plus  -  Stéphane Paquet
Les nouveaux bébés ne résorberont pas l’impasse financière du Québec  -  Francis Vailles

Déclin de la population active au Québec Il faut agir vite, disent des économistes
Du déclin au déséquilibre ANDRÉ PRATTE
Après la récession, le choc démographique? - RUDY LE COURS
Vieillissement de la population : Un retour aux années 70 -  Ariane Lacoursière


Et s'il devait s'avérer quelque peu exagérer de parler d'un supposé "tsunami gris" ?...
Le fardeau du vieillissement moins important que prévu

Rassurez-vous, les jeunes
Un tsunami, vraiment?


Et pourrait-on d'ailleurs concevoir un meilleurs moment pour repenser la retraite ?...
 La crise silencieuse

Travailler, c’est dur…
The urgency of pension reform
Pension plans: Why all the fuss?
The unions at Canada Post and Air Canada are fighting a rearguard action
Élections fédérales - Le casse-tête retraite
Liberté 70… ou 75!
Vous rêviez? Eh bien! payez, maintenant
RETAPER LA RETRAITE AVANT DE FRAPPER UN MUR
UN REGARD SCANDINAVE SUR...

TROIS SOLUTIONS SUR LA TABLE AU CANADA

Retraites à la scandinave
LA NORVÈGE A FORCÉ LES EMPLOYEURS À METTRE LAMAIN À LA PÂTE
Réformer les retraites, plutôt que de flamber l’argent du pétrole
UNE RECETTE QUI FAIT LE TOUR DU MONDE
How Canada can avoid France’s retirement woes
Travail un jour, travail toujours
Rester actif pour aider l'économie
Au travail, les vieux! - Nathalie Collard

Québec doit repenser la retraite
Régimes de retraite: les actuaires réclament une réforme
Gignac veut faire travailler les 55 ans et plus  -  Stéphane Paquet


Une réaction pitoyable

Le Québécois crétin

Un REER aux enfants, une déduction uniformisée?

REER obligatoire - La vraie vie
Le REER obligatoire de Claude Castonguay ne fait pas l'unanimité
Let’s refocus on a guaranteed annual income

Perspectives - Épargne forcée
Le père de l’assurance maladie prône le REER obligatoire
Retraite - L'État doit forcer les travailleurs à épargner, selon Claude Castonguay

Et en fait, se pourrait-il que l'on ait un petit problème avec notre productivité ?...
There’s dumb luck, and there’s real productivity

Miser sur la productivité
Accroître la productivité est encore plus essentiel aujourd'hui
Productivité: le Canada traîne la patte
L'immigration, une réponse partielle à la pénurie de main-d'oeuvre
Parité du dollar - La cigale canadienne
La Banque du Canada conseille aux entreprises d'investir pour survivre
Productivité - La performance des entreprises est lamentable, s'inquiète Mark Carney
Une commission MacDonald? - Alain Dubuc
L'avenir du Québec - Alain Dubuc

C'est le temps de reparler de productivité - Alain Dubuc
Le Québec aura une croissance inférieure à la moyenne canadienne
Gignac veut que le niveau de vie des Québécois rejoigne celui des Ontariens
Bémol sur l’appauvrissement des Québécois  -  Claude Picher
Notre prospérité en dépend  -  MONIQUE LEROUX
Vieillissement de la population / Le Québec devra hausser sa productivité, dit Monique Leroux
Retard de productivité Un boulet qui plombe la richesse collective 

Voir aussi Et pendant qu'on y est, pourquoi ne pas s'occuper aussi de notre productvité, pour faire changement ?...
et Pendant ce temps, au Québec...

MEUBLE : LA TROISIÈME PRISE POUR L’INDUSTRIE? - Hugo Fontaine
Nortel meurt, Novink naît - Sophie Cousineau

De Nortel à mortel -  Michel Girard



Le Québec serait-il donc devenu un véritable paradis d'inefficacité ?...
SGF: petits rendements, grosses dépenses

Aide aux entreprises: des programmes à réévaluer

L'énigme Montréal International


En fait, se pourrait-il que le Québec démontre une certaine incapacité à se prendre en main ?...
Infrastructures: Québec laisse des millions sur la table

 
Mais sommes-nous pour autant prêts à changer nos bonnes vieilles habitudes ?...
L’insolence des banquiers  -  Sophie Cousineau
Sortirons-nous grandis de la crise? -  ALAIN DUBUC
Foule sentimentale   NATHALIE COLLARD

Les consommateurs acculés à la simplicité volontaire  -  Rudy leCours
Les jeunes font fi de la crise -  Hugo Fontaine

Et notamment, se pourrait-il que nous ayions tous développé une petite tendance au surendettement ?...
Endettement des ménages - Baril de poudre
Les ménages s'endettent plus que jamais
Une vie à crédit
On a ce qu’on voulait
Perspectives - Difficile crédit
Halte à l’endettement
Un endettement sans précédent

Des rêves à crédit - Yvan Loubier
Les Canadiens jouent avec le feu
«Soyez prudents avec vos affaires», prévient Mark Carney
Coming soon: the great retirement shock
Defusing Canada’s debt bomb

Les canadiens surconsomment
Selon la CIBC, les Canadiens vivent au-dessus de leurs moyens
Un lourd traîneau de dettes en 2009
Plus riches, mais plus endettés
Les gens épargnent... pour un temps limité
Crédit Les Américains paient plus vite
Un jeune sur quatre mange à crédit
Épargner, l’affaire des riches  -  RICHARD DUPAUL
Pourquoi on n’épargne pas  -  CLAUDE PICHER
Les jeunes Canadiens épargnent moins que leurs parents
Les Canadiens encore plus endettés
De plus en plus endettés -  Claude Picher


Le fléau du surendettement menancerait-il d'ailleurs les États autant que les individus ?...
Bombe à retardement - Ariane Krol

Le monstre japonais - Richard Dupaul

L'endettement serait-il le prochain fléau qui nous menace tous, États et individus confondus ?...
Endettement record des ménages canadiens
Conseil en matière de crédit: nouveau venu au Québec

Les ACEF: réflexion budgétaire


Serions-nous notamment en train de démontrer une certaine incapacité à user du crédit sans pour autant en abuser, et donc se faire soi-même abuser ?...

... et pourtant...
Les Canadiens doivent apprendre à gérer un budget

La Banque du Canada s'inquiète des dettes du gouvernement et des ménages
É-U: la dette des ménages fond à vu d'oeil
LES JEUNES ÉPARGNENT!  -  Marc Tison

Et comment lutter contre le fléau de l'endettement personnel ?
Rattraper le crédit


Chute sans précédent du crédit à la consommation aux É-U
Réforme de la LPC: Québec s'attaque au surendettement
Cartes de crédit: Ottawa propose un code de conduite
Washington s'interroge sur les pratiques de Visa et Mastercard

Et se pourrait-il donc que certaines politiques à cet effet s'avèrent moins efficaces que d'autres ?
New consumer-debt legislation offers little to help customers

Perspectives - Endettement responsable
 
Certaines politques pourraient-elles ne faire qu'exacerber la crise ?...
Le cul-de-sac européen  -  Richard Dupaul

L’Europe est hantée par la déflation -  Marc Thibodeau
La flambée des déficits menace les contribuables européens
La crise et ses effets secondaires...
Les dépenses fédérales de relance sont parfois mal dirigées

FAUSSE ROUTE  -  Patricia Lefèvre
ACHATS AUX ÉTATS-UNIS   MOINS AVANTAGEUX QU’ON LE PENSE   -  Rudy LeCours

Et à la longue, le prix du pétrole pourrait-il vraiment faire autrement que de suivre son cours... vers le haut ?...
Why the manufactured outrage over gas prices?

Le racket de l’essence
Du théâtre
Essence: un marché fou
Prix du pétrole: vers une hausse de 20% en 2010?
Le monde a moins soif de pétrole

"LE PÉTROLE SE REMPLACERA DE LUI-MÊME"
Choc et contre-choc pétroliers

... avec d'ailleurs toutes les conséquence que cela peut impliquer, pour nous comme pour les autres ?...
Vers un choc économique


tourisme
Crise existentielle
L’industrie touristique du Québec durement critiquée
L'industrie du tourisme reprend son souffle
Le Québec boudé
Tourisme: vers une saison pourrie - Claude Picher
Le tourisme seul ne suffira pas

La crise a fait mal au tourisme mondial

Le voyage à pic   -  Jean-Pascal Beaupré
UN ÉTÉ SOMBRE POUR  LES HÔTELLIERS  -  Louise Leduc
Les dépenses touristiques continuent de ralentir au pays
Tourisme : Des pertes colossales -  Claude Picher
TOURISTES RECHERCHÉS -  Marie Tison

Tourisme: nuages noirs à l’horizon -  Claude Picher


La Suisse ranime la guerre des changes


Et quelle chanson nous réservele huard pendant tout ce temps ?...
La crise grecque tire le huard canadien vers le bas
Le huard clôture au-dessus de la parité
Tout converge pour pousser le huard
Le huard se rapproche de la paritéDerrière la force du huard - Claude Picher
Le huard vers la parité avec le dollar américain
Analyse technique: un huard qui plane
L'appétit de la Russie fait grimper le huard
On peut freiner le huard
Parité maudite  -  Alain Dubuc
Parité ? La reprise remise en question  -  Philippe Mercure

Des effets bien concrets  -  Martin Vallières

Huard : La parité est « réalisable », selon un économiste
Le huard hésitant avant l’annonce de la Banque du Canada
Le huard reprend sa poussée  -  RUDY LECOURS
Couper les ailes au huard
Huard : Un rebond normal  - François Barrière
ACHATS AUX ÉTATS-UNIS   MOINS AVANTAGEUX QU’ON LE PENSE   -  Rudy LeCours

UN HUARD FORT POUR LES VACANCES  -  Rudy LeCours
FORCE DU HUARD  Un joker contre les exportateurs
QUELLE SAISON  POUR LE HUARD? - Vincent Brousseau-Pouliot
Rocket huard est de retour -  RUDY LE COURS

La parité ne serait-elle pas surtout le moment ou jamais d'investir afin de remettre notre économie sur la voie de la productivité, sinon de justement lui faire enfin prendre cette voie, une fois pour toutes ?...
RIEN N’EST ACQUIS

Le huard donne des munitions aux investisseurs!
Parité du dollar - La cigale canadienne
Perspectives - Un pour un
Parité, prise 2 - Ariane Krol
Faire la piastre avec le dollar - Sophie Cousineau

Parité: on achète ici ou chez les voisins?

Exportations: les entreprises moins vulnérables

Sans oublier bien sûr notre bonne vieille Caisse de Dépôt, et ses bonnes vieilles déboires !...
Un manque de jugement
Un bémol comptable sur les bons résultats
Mais pas question de confier l'argent à la Caisse de dépôt
Norbourg: ça suffit après 5 ans!
Victimes de Norbourg: naufragés depuis cinq ans

Caisse de dépôt - Ce n'est qu'un début !
Caisse de dépôt et placement - L'amateurisme caractérisait la gestion du risque
Pertes records à la Caisse: Sabia refuse d'enquêter
Le grand stratège de la Caisse de dépôt
Caisse de dépot - Le risque est mieux géré, dit Sabia
Caisse de dépôt: le risque, comme le cholestérol
Confusion autour de la gestion des risques de la Caisse
La Caisse veut faire plus pour les entreprises du Québec
Caisse de dépôt: les bonus des dirigeants ont rétréci
La Caisse se prémunit contre les catastrophes

Teachers' fait mieux que la Caisse de dépôt
Le fonds OMERS fait à peine mieux que la Caisse de dépôt
Lettres - Des gérants d'estrade
Caisse de dépôt - Le bon père de famille
Caisse: on se compare, on se désole - Sophie Cousineau

Pauline Marois juge sévèrement Sabia

Retour aux compétences fondamentales pour la Caisse
La Caisse est sur la bonne voie, estime Bachand

La Caisse de dépôt dans les dernières de classe

Une autre année en queue de peloton pour la Caisse

«Nous n'avons pu profiter pleinement du regain boursier»

Rendement de 10% pour la Caisse, toujours en queue de peloton
Mégatransaction en Europe: la Caisse aura le dernier mot
La Caisse de dépôt a perdu 10% de ses effectifs
Le party de la Caisse suscite la colère
Le grand test de Michael Sabia - Sophie Cousineau
Michael Sabia veut retrouver la confiance des Québécois
Sabia ne choisira pas entre le Québec et le rendement

Le virage de la Caisse - Ariane Krol
Sabia fait le point sur les priorités de la Caisse
Primes de départ: la Caisse invitée à revoir ses pratiques
Caisse de dépôt: un coup de balai de 4 millions

Comment récompenser l'ordinaire? - Sophie Cousineau
La Caisse de dépôt change de cap
Des bonus «gênants» à la Caisse de dépôt
PCAA: l'étau se resserre autour des promoteurs
La Caisse cherche une perle rare
La Caisse de dépôt vaccinée contre une crise
LA CAISSE VEUT RÉINVESTIR DANS QUÉBEC INC.  -  Martin Vallières
Ne tirez pas sur le réformateur  -  Francis Vailles
Charles Sirois dénonce « l’obsession » du rendement
La Caisse nie avoir raté la remontée des marchés
Caisse de dépôt: des résultats bien médiocres en 2009
LE RÉGIME DE RENTES TENTE DE GARDER LE CAP  -  Martin Vallières
Immobilier londonien : La Caisse de dépôt risque de perdre un demi-milliard Caisse de Dépôt :  Holà au risque  -  ANDRÉ PRATTE
Caisse de Dépôt : Rendement nul  -  Francis Vailles
Le secteur immobilier perd des morceaux   -  Marie Tison
Autre tuile pour la Caisse
Un homme et son « erreur »  -  SOPHIE COUSINEAU
« La Caisse n’est pas en péril »

Plus de cotisations, moins d’avantages
La construction touchée par les résultats de la Caisse de dépôt

Les maîtres de l’univers -  Alain Dubuc
LA CAISSE DE TOUS LES MAUX...
L’achat de PCAA problématique a doublé en un an
COMMISSION SUR LA CAISSE DE DÉPÔT : Sept questions pour les élus
Commission parlementaire sur la Caisse de dépôt et placement  : Le procès - SOPHIE COUSINEAU
Une crise à la Germain Houde  -  Stéphane Laporte

CAISSE DE DÉPÔT : LES PRIMES ENCOURAGEAIENT L’ACCUMULATION DE PCAA - Francis Vailles
PCAA    -  La Caisse se retrouvait ni plus ni moins qu'en conflit d'intérêt !...- Francis Vailles
La Caisse et le Québec - ANDRÉ PRATTE
Le papier commercial acheté avec de l’argent emprunté
Les Québécois blâment la Caisse
DES ÉTUDIANTS DES HEC BATTENT LA CAISSE
CESSONS LES CHICANES  - DANIEL LAPOINTE
LA CAISSE BLÂME LES NORMES COMPTABLES

...et les débats qu'elle entraîne !...
Commission d'enquête pour la Caisse : Toujours nécessaire - Madeleine Michaud

Une vision pour la Caisse -  FRANÇOIS LEGAULT
Une « erreur » profitable  -  Pierre-Karl Peladeau
À l’ombre de Jean Lesage? -  Alain Dubuc
Une fois l’an, la Caisse devra s’expliquer devant les députés
...Tout cela, bien sûr, devrait-il pourtant pas empêcher l'économie de rouler (ou d'ailleurs empêcher davantage la Terre de tourner...) ?...
La PME, fer de lance de la relance
"LE PÉTROLE SE REMPLACERA DE LUI-MÊME"
Les Canadiens abandonnent leur téléphone traditionnel
Infrastructures : Un boom au-delà de la relance ?  -  Philippe Mercure
Le Dow Jones à la Bourse de Toronto

Les aléas du libre-échange...
Libre-échange - La transparence s'impose
What India wants, not what we think India needs
Want to get really angry about cross-border pricing? Think binder twine - NEIL REYNOLDS
Playing the Wheat Board card
EU deal’s biggest benefit: Better trade within Canada
Put competition on the dial
Put the brakes on auto industry hypocrisy
Bourses à la dérive

Perspectives - Le retour de la dernière chance
L’offensive emploi d’Obama
LE CANADA Y GAGNERA AUSSI
Reprise des négociations Canada-UE
Libre échange Canada-Europe: un traité qui ira plus loin que l'ALENA
Libre-échange: Van Loan ne s'inquiète pas pour la culture
Réapprendre à compter dans une nouvelle économie
Des négociations cruciales
Canada-EU trade talks: Jumping from one sinking ship to another
L'étape
How to rebalance a nervous global economy - Jeffrey Simpson
En bref - La taxe sur le bois d'oeuvre sera de retour en juillet
Télécoms: Ottawa songe à une déréglementation complète
Télécommunications - Charles Sirois dit oui à la propriété étrangère
Ontario foot-dragging imperils Canada-EU trade pact, officials say
It's loco to only buy local
Le lobby américain du tabac part en guerre
Soyons un peu plus futés - Sophie Cousineau
Another gold – this one for the premiers
Le «Buy American Act» - Un pas de plus
A step in the right direction on trade with the U.S.
Buy American: We need only one voice at the table
This agreement isn't worth the cost

Brèche dans la forteresse - Claude Picher
Buy American: un «exemple» pour les partenaires commerciaux du Canada

Buy american: une exemption pour le Canada
Le budget d'Obama pourrait annoncer le retour du «Buy American»
Une entente avantageuse - Lysiane Gagnon
Un Nobel d'économie prône un protectionnisme «raisonné»
L'énergie propre sans frontières
Les 10 ans peu reluisants de l'OMC
Cigarettes aromatisées: une odeur de guerre commerciale
Hydro s'emmêle dans les câbles
Charest largue les agriculteurs, selon le PQ
Des alliés négligés - Michael Fortier
QUÉBEC VA DE L’AVANT, MALGRÉ LES HAUTS CRIS DES AGRICULTEURS  -  Maxime Bergeron
CSeries Washington interroge Ottawa  -  Marie Tison
Un petit pas sur un long chemin  -  Hélène Baril
Buy American Ottawa et Washington proches d’une entente
Le G20 doit d’urgence coordonner une sortie de crise, selon l’OMC
La guerre des pneus  -  CLAUDE PICHER

La restructuration d’Opel suscite des tensions en Europe
Air Canada poursuit Washington
Le Canada continuera à aider l’industrie aéronautique

ENGAGEMENT CONTRE LE PROTECTIONNISME Ottawa et les provinces proches d’un accord
À vendre : grande entreprise canadienne -  Sophie Cousineau
Clause Buy American : Trop tard - Yvan Loubier
La clôture de l’Oncle Sam -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
CLAUSE « BUY AMERICAN »  Les É.-U. tenteront de calmer les inquiétudes
BUY AMERICAN ACT Ottawa et les provinces montent au créneau
Clause Buy American : Le malheur des exportateurs canadiens
POLITIQUE « BUY CANADA »  Jim Flaherty n’approuve pas la proposition des maires

Accord de libre-échange avec l'Europe : LE CANADA POURRAIT AVOIR 12 MILLIARDSDE RETOMBÉES
LIBRE-ÉCHANGE CANADA-EUROPE - Plus de commerce et plus de problèmes
Libre-échange avec l'Europe: damer le pion à Obama
Libre-échange Canada-Union européenne Début des négociations - Vers le libre-échange Canada-Europe
Le libre-échange doit être relancé avec les États-Unis -  Rudy LeCours
Il faut oublier la ZLEA, selon Stephen Harper

... et du protectionnisme...
Libre-échange Canada-Europe - La souveraineté économique du Québec est menacée
Air Canada as the enemy
Les manoeuvres vexatoires des Américains
U.S. can't kick the protectionist habit

Mais en fait, le libre-échange ne devrait-il pas surtout se faire que sous certaines conditions ?...
Canada's NAFTA two-step


Jusqu'à quel point les États devraient-ils se permettre de subventionner leurs entreprises ?...
DE L’ASSOMPTION À MEMPHIS, AVEC SUBVENTIONS…

Des emplois, mais à quel prix?


En fait, jusqu'à quel point peut-il s'avérer utile de soutenir artificiellement sa propre économie ?...
Tempête dans un réservoir

Pierre Shedleur quitte la SGF dans l'amertume
Editorial: Good riddance to a losing proposition


D'économie dirigée et de libre-marché...
(Et jusqu'à quel point peut-on prétendre fixer les prix du marché ?...)
Perspectives - Mater les pétrolières

Et si la meilleure façon de rendre un service concurrentiel était justement de tout simplement s'ouvrir à la concurence ?
Révolte du fromage en Israël


Et n'y a-t-il pourtant pas place à un sain développement de notre économie locale ?...
Fonds de solidarité - Les PME québécoises: performantes

De mondialisation...
L'avenir de l'Inde passe-t-il par Walmart?
La mondialisation demeure inévitable

... et des droits de l'homme comme de la Terre
Est-ce la faute de la mondialisation?
Péril en la demeure

De l'interdépendance et de la vulnérabilité que cela peut impliquer...
La crise européenne coince la France

De subventions et de protectionnisme...
Protectionnisme pur jus - François Cardinal


...et notamment de subventions agricoles...
Commission canadienne du blé - Le NPD accuse sept agriculteurs conservateurs de conflit d'intérêt
What changing everything looks like for Liberals (policy edition)
The hunger for more ambition in Canadian agriculture - Editorial
Responsabilité alimentaire

Let go of our dairy and poultry protectionism
Des « règles ridicules » à faire tomber

Une histoire du syndicalisme en agriculture
Canada and the Pacific: We dither while the world moves on
Le ministre du Commerce international commente les négociations d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe
Agriculteurs québécois: 770 millions de subventions aux producteurs
Les subventions à l'agriculture: «Un choix de société», selon Claude Béchard

15 millions de dollars pour l'industrie porcine
L'Union des producteurs agricoles en appelle à l'Assemblée nationale
Assurance stabilisation - Les agriculteurs craignent pour leur survie
10 000 agriculteurs en colère défilent à Paris
Canada’s a double-dealer in world trade - Jeffrey Simpson
Le projet de libre-échange Europe-Canada inquiète
Rural protectionism costs Canadians too much
Affrontement sur l'assurance agricole
Les agriculteurs craignent le pire
Les Européens tiennent aux subventions à l'agriculture

Et d'ailleurs, s'il était plus que temps d'en finir avec la gestion de l'offre ?
À la croisée des chemins
It’s time to end the supply-management system
Ending supply management a foul, difficult process
With supply management, some cows are more sacred than others

All farmers are equal – but some are more equal than others
Agriculture - La mauvaise cause
L'arnaque du lait - Claude Picher
L’agro-BS  -   ALAIN DUBUC


Et peut-on vraiment concevoir l'avenir de nos fermes autrement que dans leur modernisation, et donc dans leur concentration ?...
Pénurie de relève en agriculture


D'économie locale et de délocalisation...
La mondialisation socialement durable, une responsabilité des États
Made in China, pas de problème ?
Un emploi en Tunisie... pour 185$ par mois

Et jusqu'à quel point peut-on laisser des entreprises étrangères prendre possession de nos "trésors nationaux" ?...
Noui ou non?

Jarislowsky: le Canada doit s'opposer au rachat de Potash
L'or rose à valeur ajoutée
Tu m'as pris ma femme

Et le Canada prendrait-il donc plaisir à se sentir colonisé ?...
Contrôlons nos ressources

Potash: Another selloff, another sellout - Jeffrey Simpson

Et jusqu'à quel point sommes-nous si bien servis lorsque nous ne nous soucions que de garder nos entreprises nationales entre nos mains, quel qu'en soit le prix ?...
Let strategic assets go forth and prosper

Will politics trump economics again on TMX-LSE file?

The potash royalty mess
Responsabilité alimentaire

Un jeu dangereux
Europeans put spotlight on Ottawa’s investment restrictions

Investment Canada Act is as clear as mud. Or potash
Potash investment: friends with net benefit - Globe Editorial
Economic chauvinism in 2010? Barking mad!
La vente de PotashCorp bloquée
Ottawa should allow potash deal
The pros and cons of a BHP takeover of Potash Corp.
Potash: a political calculation that will do more harm than good
Why Harper will deny the Potash takeover bid - Jeffrey Simpson
NDP wants foreign-takeover rules rewritten

Potash Corp. - Un pays à vendre ?
Pierre Karl Péladeau le tout-puissant
Vidéotron: les débuts houleux d'un nouveau géant


Sièges sociaux
Sièges sociaux: un gagnant, quatre perdants

De nationalisation et de privatisation...
Sans nouvelles d’Islande : pourquoi ?
Le club des ex

De capitalisme...

... et de socialisme...
Does hike in minimum wage cut poverty? Findings say no

D'autosuffisance et de libéralisation...

Et en 2010, peut-on toujours compter d'abord sur les exportations pour soutenir toute une économie ?...
Chine: la dépendance envers les exportations, une menace


Se pourrait-il donc qu'il y ait toujours une place pour l'intervention de l'État dans l'économie ? Et en fait, se pourrait-il même que cela s'avère désormais plus pertinent que jamais auparavant ?...
Les bougies d’allumage du gouvernement


D'économie et de protection des travailleurs...
La mondialisation socialement durable, une responsabilité des États

De syndicats et d'entreprises...
UN DROIT BAFOUÉ

2009: peu de conflits de travail mais plus de travailleurs touchés
Un empire qui empire - Marc Cassivi
Wal-Mart: une entente à l'amiable de 40 millions
La victoire de Wal-Mart - Yves Boisvert
La fermeture du Wal-Mart de Jonquière est légale
Wal-Mart avait le droit de fermer sa succursale de Jonquière
Couche-Tard: «pire que McDonald's et Wal-Mart», dit la CSN

Se pourrait-il donc que les syndicats représentent désormais l'un des plus importants obstacles au développement économique ?...
Moins de syndicats, moins de déficits?

Et si l'heure de gloire des syndicats se trouvait à être tout simplement une chose du passé ?
(Et si l'ère des syndicats se trouvait à être tout simplement révolue ?)
Flying into the two-tier wage world - MARGARET WENTE

Et finalement, de la gauche et de la droite...
Stephen Harper critique le régime de Pyongyang


Plus cher au Québec qu’en Ontario

Le pétrole recule, mais l’essence bondit à la pompe  -  Maxime Bergeron

ESSENCE  LA FLAMBÉE DES PRIX À MONTRÉAL ENRAGE LE CAA - Maxime Bergeron

Et s'il ne pouvait ultimement se trouver de concurrence plus bénéfique qu'entre le public et le privé ?...
L'origine du mal: la dépendance envers le privé

Peut-on toujours rêver d'appels d'offre effectués en bonne et due forme, et donc sans interférence politique ?
Davie: la fin du BS économique
At last, a cure for government procurement - Jeffrey Simpson

Et si les PPPs représentaient véritablement la formule de l'avenir, après tout ?...
Les vertus des PPP


Et jusqu'à quel point les critiques qu'on entend à ce niveau s'avèrent-elles véritablement fondées ?...
Portugal - L'engouement pour les PPP a un prix

Et que penser de Wal-Mart, pendant qu'on y est ?
Are Liberals up to challenge of total strategic overhaul?


Ne serait-ce pas le moment ou jamais de se demander si le fait de nous en mettre à un état de dépendance quasi-complète envers la seule économie américaine s'avérait vraiment la stratégie économique la plus judicieuse qui soit ?...
Our stakes in the U.S. debt ceiling debate are great - Globe Editorial

Australia scratches its head at our fitful Asian engagement - Jeffrey Simpson
Alas, we’re stuck with the U.S. economy - Jeffrey Simpson
Canada and the Pacific: We dither while the world moves on
Let’s act like an energy superpower
A solitary lament for an America in decline - Jeffrey Simpson
Canadians must think beyond the U.S. market - Jeffrey Simpson

Le Canada et le monde...
Tricky politics for Canada as junior partner in international tie-ups - Jeffrey Simpson

Fusions des places boursières - La Bourse ou la vie
Le grand défi commercial
Dans les ligues majeures
EU eyes Canada’s lucrative public works contracts
Doit-on «libre-échanger» avec la Chine?
Malgré la crise en Grèce, Ottawa veut un accord de libre-échange avec l’U.E.
Un accord de libre-échange Canada-Europe d'ici 2011?
Our optional Pacific bridge has become an imperative
Canada would be renting, not owning, its literary house
Télécoms : la déréglementation envisagée ouvre la porte aux rumeurs
Télécoms: Ottawa ouvre la porte aux étrangers
The U.S. economy is in turmoil. Royal commission? - Lawrence Martin
Stephen Harper en Chine - Claude Picher
Le pari asiatique du premier ministre
Harper en Corée: le G20 aura lieu à Toronto
Harper conclut son périple chinois
Le marché chinois est difficile à percer, concède Harper

Pendant ce temps, au Canada en tant que tel...
Technologies vertes: le Québec lance... mais ne compte pas
Une fin en queue de poisson
Lutte contre la planification fiscale abusive - Modérez vos attentes, disent des experts
Two cheers for the government (no, really)
Ottawa s'attaque à l'évitement fiscal
Le gâchis de l'assurance emploi - Claude Picher
Ottawa permet la venue du concurrent majeur Globalive
Impôts des sociétés: le Canada refilera 5 milliards aux Américains
Six Canadiens sur dix vivent de paie en paie  -  Marc Tison
Achat d'Opel par Magna : Le grand pari de Frank Stronach  -  Martin Vallières
Voitures canadiennes : Une histoire d’essais… et d’erreurs  -  Philippe Mercure
MAGNA DÉJÀ EN MODE RATIONALISATION
Les employés réclament leurs heures supplémentaires  -  Philippe Mercure
Revenu Canada veut forcer les banques à collaborer  -  Francis Vailles

COMMERCE ÉLECTRONIQUE  Le fisc « s’en vient »  -  Hugo Fontaine
TRAVAIL AU NOIR Des « lacunes » à Revenu Canada  -  Vincent Brousseau-Pouliot
PLANIFICATIONS FISCALES AGRESSIVES Le milieu des affaires se rebiffe
ANALYSE DU CONFERENCE BOARD L’économie canadienne à la traîne parmi les pays riches
REVENU RÉEL Les Canadiens rattrapent les Américains - Rudy le Cours
TRANSACTION DU CANADIEN DE MONTRÉAL GILLETT NE PAIERA PAS D’IMPÔT AU CANADA  - Francis Vailles

CENTRE BELL  Pas de « taxe de bienvenue » pour les Molson  -  Francis Vailles

Les sociétés étrangères paient moins d’impôts
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION  Le Canada accusé de traîner les pieds -  Marc Thibodeau

Téléphonie mobile : Le Canada, l’un des pays les plus chers


Et pendant ce temps, au Québec...
« C » comme dans champion
Capital-risque: l'avantage du Québec se confirme
Montréal-Toronto: des opportunités équivalentes
Cascades: les employés québécois coûtent plus cher
Le Québec exclu du top 10 des entreprises à forte croissance
Dépassements de 65 milliards - Claude Picher
Travaillants, les Québécois
Le Québec est «au bon endroit au bon moment», selon Charest
Québec veut revoir l'aide aux entreprises
Investissements non résidentiels: Québec devance le privé
Évasion fiscale: les gros chantiers sous surveillance
Québec veut faire le ménage dans la construction
La fiscalité est-elle compétitive au Québec?
Beau, bon, pas cher - Sophie Cousineau
Que reste-t-il de la finance à Montréal?

700 millions pour les infrastructures
«La création d'emplois n'est plus un problème»
De l'exode en douce?
Sans-fil: 2010 sera l'année de la concurrence
CRCD prend un petit coup de vieux!
Fusions, acquisitions et restructurations: l'année de tous les dangers
La moitié des PME ont eu des activités hors Québec en 2007
Le strict minimum - Ariane Krol
C'est le temps de reparler de productivité - Alain Dubuc
«Entreprises, investissez!»
Aux armes, consommateurs!
Acheter sans se faire piéger - Ariane Krol
Le monde selon Pierre Karl - Sophie Cousineau
Musique «Made in L.A.» - Nathalie Petrowski
La confiance ne s'achète pas en comprimé - Sophie Cousineau
Le drame des régions - Claude Picher
Beaucoup de nouveaux emplois au Québec d'ici 2018
Vents contraires - Jean-Pascal Beaupré
Le Québec, royaume des subventions  -  Martin Vallières
Un ciel changeant - Sophie Cousineau
2009, une année qui vole bas dans l'aéronautique

Payantes, les mines du Nord  -  Stéphane Paquet
Immobilier: la nouvelle loi du courtage tarde au Québec
Le Fonds de solidarité FTQ a fait des petits en Algérie

Le petit côté chinois de Québec
Plus transparentes les sociétés d'état?
Le débat sur la perte des ressources québécoises relancé  -  Philippe Mercure
Adieu, sièges sociaux   -  CLAUDE PICHER
Produits financiers: les Québécois jouent de prudence
Le retour du textile québécois
Québec sévit contre les entourloupes fiscales  -  Francis Vailles
Québec modernise sa loi des compagnies  -  Martin Vallières
Bémol sur l’appauvrissement des Québécois  -  Claude Picher
Montréal, les immigrants et le reste du Québec - CLAUDE PICHER
L’anémie de la banlieue  -  Claude Picher
Le revenu personnel disponible a augmenté de 4% au Québec
MEILLEURS MBA  HEC dans le top 10 de Forbes
UNE FRACTURE  NORD-SUD  -  Stéphane Paquet
B e l l & Tel u s : LA « PROBABLE » FUSION SOULÈVE DES CRAINTES 

Revenu Québec: « The sky is the limit »  -  Michel Girard
Le rattrapage québécois... et ses faiblesses  -  CLAUDE PICHER
Les entreprises québécoises à la traîne  -  Michel Girard
CONGRÈS BIO 2009 : Il faut stimuler l’esprit d’entrepreneuriat des chercheurs, dit le premier ministre

Les Québécois et le salaire minimum - CLAUDE PICHER
Ces services dont on parle peu -  CLAUDE PICHER
Hydro-Québec : À la conquête de la Nouvelle-Angleterre

L’industrie électrique pèse lourd, au Québec
Génie-conseil : Le Québec rayonne aussi à l’étranger

Voir aussi Et en fait, se pourrait-il que l'on aie un sérieux problème avec notre productivité ?...

Le Québec et le monde...
The new CHUM: let's get it built

Le ministre du Commerce international commente les négociations d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe
Charest en Inde: «On doit profiter d'un marché en pleine expansion»
Charest signe une entente de coopération avec Moscou
Charest dirigera une première mission québécoise en Russie

Industrie aéronotique
LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE ATTISENT LA CONCURRENCE


Et si le prétendu succès de notre industrie aéronotique relevait davantage de l'illusion que d'autre chose ?...
Les clients imaginaires

Le Québec serait-il en train de plutôt bien se positionner dans la nouvelle économie verte de demain ?...
Économie du carbone: des Québécois placent leurs pions

Et la Bourse de Montréal?


Et au chapitre de la productivité, se pourrait-il donc que le Québec soit loin de représenter l'exemple à suivre ?...
Le CPQ donne un « C » auquébec

Bulletin de la prospérité du Conseil du patronat - Le Québec obtient la note C

Et ne peut-on pas en dire de même en ce qui a trait à l'innovation ?...
Les leçons pour le Québec
Une culture à bâtir

Entre innovation et ressources naturelles


Le Québec souffrirait-il donc de ''réglementite'' aigue ?...
Pourquoi vouloir élargir la notion de «briseur de grève
»
Taxi!
Le déclin du taxi montréalais
La jungle du taxi

... de même qu'une surdose d'institutions ?...

... et notamment d'institutions de financement ?...
Des profits factices
SGF: une influence négligeable
SGF: la fin d'un chapitre important de l'histoire du Québec


Le Québec serait-il donc "hypersyndicalisé" ?...
(Le richesse économique du Québec serait-il donc détournée au profit des syndicats ?...
Des obligations hors normes

Le vrai tabou )

LA LOI ANTI- BRISEURS DE GRÈVE EST- ELLE DÉSUÈTE?

Les organisations patronales veulent réviser le modèle syndical québécois


Syndicats: Charest lance les hostilités
Lockout (industry)

Strikebreaker

Striking study: Quebec's anti-scab law increases the number and duration of walkouts

La loi anti-briseurs de grève est-elle désuète?



Et se pourrait-il donc que tous ne partagent pas cet opinion ?...
Un Code du travail à moderniser





Et le Québec serait-il donc incapable de se défaire du modèle de société d'État en tant que tel ?...
Albertans have a right to whine

Le Québec serait-il donc surtaxé ?...
What does Quebec inc. want ?

Taxes et impôts - Le Québec a une note parfaite!
Les riches ne paient pas assez d'impôt? Faux, dit l'IEDM

Et surtout, voici donc la question du siècle, du moins au Québec..
Le moment serait-il venu au Québec pour une nouvelle petite Révolution, celle ne son propre financement ?..

Hydro-Québec serait-elle notre plus grande réalisation collective ?...
De grands projets, de grands débats

Qu'en pensent...
Rentable ou pas?

L'Île-du-Prince-Édouard veut acheter de l'électricité du Québec
Hydro, boulot, auto - François Cardinal
Profits records de 3 milliards pour Hydro-Québec

De l'énergie à revendre - Thierry Vandal

Hydro-Québec: «on va livrer ce qui a été demandé»

Hydro signe une entente de 1,5 milliard avec le Vermont
Hydro-Québec pourra hausser ses tarifs de 0,4%
Hydro a le feu vert pour hausser ses tarifs
Hydro va remplacer de compteurs par des modèles «intelligents»
Vente d'Énergie NB à Hydro: le rapport attise le feu
Un comité d'experts appuie la vente d'Énergie NB à Hydro-Québec
Un manque de transparence d'Hydro?
Énergie NB et Hydro: l'accès au marché américain «assuré»
Énergie NB, prise deux - Sophie Cousineau
Hydro et Énergie NB: une entente pour calmer les esprits

Le sentiment anti-Québec est rare au Nouveau-Brunswick

Terre-Neuve et Hydro se battent devant la Régie
Un potentiel énorme
Hydro-Québec: des erreurs de prévision qui coûtent cher
Hydro demande une hausse de tarifs
Terre-Neuve veut renégocier son contrat avec Hydro
L'énergie propre sans frontières
Energie NB et Hydro: le gouverneur du Maine inquiet
Électricité: Charest rassure les entreprises québécoises
Énergie: Québec vise maintenant l'Ile-du-Prince-Édouard
Québec ne pourra compter sur Hydro
Hydro-Québec reçoit le prix Noirceur
Les bons tentacules d'Hydro - Alain Dubuc
Hydro-Québec: un appel d'offres qui tombe à plat
Les marchés extérieurs d'Hydro, source de richesse
Hydro s'emmêle dans les câbles
Le mariage de l'audace  -  SOPHIE COUSINEAU
Les visées d'Hydro: les américains sourcillent
Hydro-Québec lorgne le reste des Maritimes
UN DÉFI POLITIQUE  -  Pierre-Olivier Pineau
Terre-Neuve en croisade contre Hydro-Québec
Les gens d'affaires applaudissent l'acquisition d'Hydro

Une transaction historique pour Hydro-Québec
La machine à piastres  -  CLAUDE PICHER
Où est le Plan Nord? -  Denis Lessard
PLAN STRATÉGIQUE D’HYDRO L’interrogatoire sera « très serré », promet l’opposition  -  Michel Corbeil
Nationalisons l’éolien  -  BERNARD DRAINVILLE

La Baie-James passe à l’attaque  -  Philippe Mercure

Le premier ministre de Terre-Neuve s’en prend à Hydro-Québec

Adieu l’électricité bon marché  -  Gérard Bélanger & Jean-Thomas Bernard

La récession mine les profits d’Hydro  -  Francis Vailles

Des exportations moins rentables pour Hydro  -  Hélène Baril

Hydro vise le Midwest et le Grand Nord  -  Hélène Baril
Des milliards à faire avec l’« eau du Nord »  -  Martin Vallières
Vers une surcharge de la demande -  Paul Lavallée
Tarifs d'Hydro : une bataille d’arrière-garde -  ALAIN DUBUC
HYDRO-QUÉBEC : Chute des exportations
LE GRAND NORD À L’AVANT-SCÈNE -  Martine Letarte
UN APPUI IMPORTANT VENU DU SUD

La délicate question des Premières Nations

... et pourtant...

Hydro ferait le mauvais choix technologique
Hydro gâte ses ingénieurs
Danny Williams’s hydro end run
Frustrations terre-neuviennes
Quebec, let the Churchill flow
A little goodwill and maturity needed
Autres doutes sur l'indépendance de la Régie de l'énergie
L'indépendance de la Régie de l'énergie remise en cause
Le village où l'électricité tousse - Patrick Lagacé
Hydro-Québec 3, Terre-Neuve 0
Surplus: Hydro doit trouver les acheteurs avant d'investir
Hydro fait encore face à des préjugés tenaces aux É-U
Hydro-Québec: le pari risqué des exportations
C'est maintenant que cela se corse - Sophie Cousineau
Hydro: une performance atténuée par la comparaison
And another thing ...
L'art de couler une transaction - Ariane Krol
Une occasion manquée - Sophie Cousineau

La vente d'Énergie NB à Hydro-Québec est annulée
New Brunswick kills controversial power deal with Hydro-Québec

Dans l'bon vieux temps ça s'passait d'même... - François Cardinal
Énergie NB: les Québécois se font passer un sapin nucléaire
Vente d'actifs d'Énergie Nouveau-Brunswick à Hydro-Québec - Nouvel éclairage, nouveau retard
Churchill Falls - Terre-Neuve traîne Québec en justice
Accès au réseau: Hydro privilégie le marché québécois
Le prix de ce couvercle? Confidentiel!
Hydro a des problèmes de calcul

Et au fait, le Québec vendrait-il donc son énergie à rabais ?...
LES ALUMINERIES FRAPPENT À LA PORTED’HYDRO- QUÉBEC

Et que dire des richesses de notre sous-sol national ?...
Développement minier - Pour en finir avec le cas Malartic
Libre opinion - Pas de bricolage de la Loi sur les mines
Projet de loi 14 - Un projet qui mine l'avenir de l'industrie
Le Québec demeure attrayant
Québec rejette un moratoire sur l'exploitation d'uranium
Les minières s'en tirent bien, malgré la crise
Mine firms must be good citizens
Refonte de la loi sur les mines: amertume à Malartic
Refonte de la Loi sur les mines: le chantier de la discorde
Projet de loi sur les mines: et les redevances?
Lithium: le Québec dans la cour des grands
Rapport de l'IRIS: l'exploitation minière remise en cause
Le régime de redevances minières est vicié, selon l'IRIS
À la recherche de l'uranium québécois
Uranium: le plus craint des métaux

L'industrie minière préfère le Québec
Terres rares: le Québec veut profiter de la révolution verte
Industrie minière: la fin du monde n'a pas eu lieu

Industrie minière: Québec montre les dents
Des substances précieuses dans le sous-sol québécois
L'industrie minière au banc des accusés
FEU VERT À OSISKO  -  Philippe Mercure
Voir aussi Le terrain miné des mines...
Rio Tinto reste prudent
L’ALUMINIUM REMONTE LA PENTE  -  Stéphane Paquet
Le Québec, yes sir !  -  Hélène Baril
FINANCEMENT DES ENTREPRISES MINIÈRES Les marchés demeurent partagés


... et notamment de ces chères terres rares ?...
La Chine réduit son offre de terres rares pour protéger ses intérêts
Un engouement pour les terres rares

Voir aussi Le terrain miné des mines...

Et serions-nous donc en train de brader nos propres richessses nationales ?...
(Et au Québec, a-t-on vraiment adopté le sentiment d'être "nés pour un petit pain" au point d'en venir à voir d'un bon oeil le fait de laisser nos ressources se faire voler par le premier venu ?...)
Quebec needs to get the most out of its Plan Nord

Libre opinion - Pauvres de nos richesses
Plan Nord - Une décision irréfléchie, dit Landry
Doit- on changer les règles du jeu ?
L’art du possible

Plan Nord - Québec ne paiera pas les infrastructures destinées aux minières, affirme Bachand
Le Plan Nord, déjà dépassé
Ressources - Soyons plus exigeants!
PLUS ACTUEL QUE JAMAIS - UGO LAPOINTE
Richard Desjardins et Robert monderie au Devoir - Trou Story en terrain miné
Mines - L'erreur minérale à éviter
Le Canada reste un paradis minier
Lettres - Un coup de bâton dans l'eau, un coup d'épée dans les métaux
Redevances minières: l'ADQ avec le PQ et les environnementalistes
Mines: le modèle norvégien rapporterait 25 milliards au Québec
Commission parlementaire sur la réforme de la Loi sur les mines - Dispute autour de la poule aux oeufs d'or
Le soutien à l’industrie minière :Quels bénéfices pour les contribuables ?
Plaidoyer pour un «Québec inc. des ressources naturelles»
Ressources naturelles: perdre le nord
Le Plan Nord aurait pu être profitable
Le Québec se prive d'une mine d'or de redevances
Le Québec toujours à la traîne

Collision sur les redevances à Québec
« Pas une manne pour le Québec »

Marois veut une nouvelle hausse des redevances
Le Plan Nord loin de l'eldorado

Plan Nord: loin du pactole?
La braderie
La hausse des redevances minières n'effraie pas tout le monde
Une stratégie dépassée
Gaz de schiste: attention de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or
Ressources: augmentons les redevances, pas l'exploitation
Gaz de schiste: a-t-on manqué le bateau?

... à moins que ce ne soit pas nécessairement le cas ?...
Sortons de notre bulle
Des inquiétudes mal fondées

Se fait- on avoir?
Les trous de l’histoire
Quelle est notre juste part?
La prudence est de mise
Le Québec n’est plus un paradis minier
Charest se défend de brader les ressources du québec
Le Québec, terre onéreuse pour les minières
Le Québec demeure attrayant
Redevances minières - Bachand juge irresponsables les propos de Marois

Taxe sur la masse salariale - Un vrai débat s’impose
Desjardins moins efficace que les banques

Et pourrions-nous finir un jour par nous doter d'un TGV ?...
Le serpent de mer

Ça presse  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
L’être humain contre la machine  -  Marc Tison

Air Canada est de retour  -  André Pratte

Québec-Windsor, un couloir rentable  -  FRANÇOIS CARDINAL
Le train manqué  -   François Rebello
Un TGV bien lent  -  Stéphane Paquet

Relier Montréal à New York
Voir aussi
Michael Ignatieff aurait-il vraiment une nouvelle vision pour le Canada ?...

RAGE ETOPTIMISME À L’ASSEMBLÉE DE BCE

De l'industrie du ski... ou de ce qui peut encore en rester !...
LE SKI, UNE INDUSTRIE FRAGILE


Et pendant ce temps, dans nos régions...
Un espoir pour les régions

UN VENT DE CHANGEMENT
La récession et les régions - Claude Picher
Gouvernance et économie des régions - Il faut revoir la stratégie économique qui prévaut au Québec
«Pourquoi est-ce qu'on occupe un territoire ?» - Développement durable et occupation du territoire vont de pair
Une économie en transformation - Janie Gosselin
Une jeune région encore méconnue - MARTINE LETARTE
Emploi : la revanche des régions
UNE RÉGION RESSOURCE QUI CHERCHE À SE RÉINVENTER  -  Caroline Rodgers

Et pendant ce temps, sur la planète économique...


Et si nous nous retrouvions maintenant dans un nouvel ordre économique mondial où le pouvoir serait davantage réparti entre les nations, et serait donc moins l'apanage d'un petit groupe de nations, voire d'une seule nation ?
China won’t be riding to the rescue any time soon - Doug Saunders

Et si nous nous retrouvions donc dans un nouvel ordre économique mondial qui se trouve à ne pouvoir apparemment fonctionner que sur une base de concertation et surtout de coopération ?
To conduct our global economic symphony, co-operation is critical

Quoi de mieux que l'économie pour enfin unir les puissances du monde derrière des objectifs communs ?...
(en d'autre termes... Un nouvel ordre mondial serait-il en vue ?...)
La victoire allemande

Deficit-reduction agreement clear, welcome - Globe editorial
Le sommet des petits pas - Alain Dubuc
G20: priorité aux déficits
Sarkozy et Merkel accordent leurs violons
De Rambouillet à Toronto - Claude Picher
Informal yet intense – one day to fix global finance
G7: réconciliation en vue à Iqualuit
Grand pas anti-corruption - Claude Picher
Le G20 fixe un calendrier de surveillance des économies
Vers un nouvel ordre économique  -  Malorie Beauchemin
WASHINGTON  Le G20 sous le signe de la reprise
PITTSBURGH  Vers des règles contraignantes pour les banques 
Le G20 remplacera le G8

Sommet du G20 à Pittsburgh LA PAIE DES BANQUIERS DANS LA LIGNE DE MIRE  -  Philippe Mercure
Le G20 en cinq questions -  Laura-Julie Perrault


Mais les réunions du G20 ne font-elles pas surtout éclater au grand jour toute la diversité, voir l'hérérogénéité des approches qu'il se trouve à rassembler ?...
The last thing we need is a G12 competing with a G8
G20: Harper crie victoire, mais...
The G20 summit’s bottom line? Good intentions

G8 et G20: pas un grand cru - Alain Dubuc
They're a motley crew of 20 – and yet have made common cause in the past - Jeffrey Simpson
Les sommets du G8 et du G20 - La pique d'Obama

Et si le G8 en lui-même devait déjà s'avérer dépassé ?...
L'agonie du G8
L'impuissance des grands
Perspectives - Le test
Focus or die: The G8 fights for survival

Et serions-nous même en train d'assister à l'éclosion d'un G2 ?...
Perspectives - G2

Et le fameux secret bancaire serait-il en voie d'être enfin révélé ?...
Économie - Le secret offshore du capitalisme

Les données dérobées à la HSBC font saliver plusieurs pays
Les voleurs volés

Le dollar serait-il en voie de perdre sa suprématie ?...
Analyse technique: le point sur le billet vert

Le billet vert en chute libre

... ou peut-être pas encore ?...
On s'arrache le billet vert... pour le moment - Richard Dupaul


Du taux de change et des changements qu'il implique...
LA FAÇON CHINOISE

Le début d’un temps nouveau
Guerre des taux de change
Yuan sous-évalué: premier pas des États-Unis pour punir la Chine
Chine - Le yuan encore fortement sous-évalué
Yuan: l'enthousiasme fait place aux questions
Le sacrifice qui n'en est pas un - Sophie Cousineau
Le yuan prend de la vigueur
Les exportateurs chinois inquiets d'une hausse du yuan
Appréciation du yuan: Pékin ne cèdera pas aux pressions

Et serions-nous donc en train d'assister au premier épisode de la guerre des monnaies ?...
LE CANADA COINCÉ

G20: le dollar qui baisse fait monter le ton dans le monde
Perspectives - Mauvais départ
La table est mise pour le sommet du G20, à Séoul - Les Européens ne cachent plus leur frustration devant les Américains
Fausser la monnaie
Crise économique - La mésentente
La convalescence américaine risque d'affaiblir les autres économies
Les victimes collatérales ont raison de se défendre, dit l'OCDE
Gardez votre argent, S.V.P.
Paix précaire dans la guerre des monnaies
Politique monétaire - Le FMI metles États-Unis en garde... et félicite la Chine pour avoir relevé ses taux
Bernanke met tout son poids en faveur d’un assouplissement
Les États-Unis laissent-ils filer le dollar ?

L'arme monétaire
«Guerre des devises»: aucune action des grands argentiers

Vive la stabilité
"Guerre des monnaies": le G20 et le G7 à la recherche d'un compromis

Le défi de la cohésion

Le G7 et le G20 se réunissent à Washington - La paix des monnaies doit être assurée
La guerre des devises - Les éléphants
La guerre des devises au menu d'un dîner du G7
Guerre des monnaies - Il faut éviter de répéter les erreurs de la Grande Dépression

Le centre du monde serait-il en train de basculer de l'Ouest vers l'Est (et le Sud) ?...
Classement du développement financier du Forum économique mondial - Hong Kong détrône les États-Unis
Perspectives - Convergence
Crise de la dette - «Les BRIC sont en position de force»
Asia increasingly driving the prosperity of Canadians
Les nouveaux maîtres de la Terre
Les économies émergentes volent au secours de l'Europe
En bref - Aux pays du G20 de s'adapter, dit Carney
GM vend davantage en Chine qu’aux États- Unis
DES RÔLES INVERSÉS
Un nouvel ordre économique mondial se dessine d'ici 2050
Look east and south: Witness the end of post-colonialism - Doug Saunders
L’Occident stagne côté salaires
La grande fracture
De quoi sera fait 2011? - Les économistes se perdent en conjectures
Le basculement de la richesse
L'Asie à tombeau ouvert
Monde qui rit, monde qui pleure
L'économie sur le point de basculer
Marchés émergents: le meilleur des deux mondes
Le centre du monde a bougé - Richard Dupaul
Tous ne sont pas égaux devant la reprise, s'inquiète le FMI
Perspectives - Les taureaux
Le gros appétit des Asiatiques - Richard Dupaul
La Chine devient le plus gros exportateur mondial
Le mythe du consommateur américain

Et pourtant, est-ce demain la veille où l'on pourra observer une certaine égalité d'un continent à l'autre ?...
International inequality is alive and well



Et par ailleurs, voir aussi Et se pourrait-il en fait que l'on soit carrément en train d'assiter finalement au "déclin de l'empire américain" ?...

Et ultimement, les plus grandes puissances ne pourraient-elles donc être appelées qu'à céder leur place ?....
Le cauchemar japonais
Couvert de dettes, le Japon lui aussi sur la corde raide

Et si, autrement dit, l'avenir n'était manifestement plus de notre côté ?...
Les pays riches sont condamnés à vivre plus pauvrement
Quatre pays risquent de perdre leur note triple A

Et faut-il pour autant enterrer de sitôt les puissances industrielles traditionnelles (notamment dans la mesure où celles-ci peuvent se montrer capables de renouveau) ?...
Le retour du Japon

La Chine sera-t-elle la prochaine locomotive de l'économie mondiale ?...
Et pendant ce temps- là à Pékin…

La Chine bientôt à court de travailleurs
La Chine offre d'aider l'Europe à se sortir du pétrin
La Chine détrône les États-Unis
DES RÔLES INVERSÉS
La machine redémarre
Perspectives - Retour à la « normale »
Puissances économiques mondiales - Le Japon cède sa deuxième place à la Chine au deuxième trimestre
La Chine se détourne de la dette américaine
Jeunes et compétents - Richard Dupaul

La démesure chinoise - Mario Roy
La Chine bleue - Françoise Lemoine
Énergie éolienne: le marché a le vent dans les pales
En bref - Chine: l'économie bondit
Les Chinois toujours les premiers créanciers de Washington
Dette américaine: les avoirs de la Chine sous-estimés
China finds new ways to buy U.S. debt
Deuxième économie mondiale - La Chine ravira bientôt le titre au Japon
Le Japon reste de justesse la 2e économie mondiale
Tous au guichet automatique chinois - Richard Dupaul
Tous les regards braqués sur la Chine
Le nouveau King Kong - Sophie Cousineau 
Recul du pétrole: c'est la faute à la Chine
La Chine devient le plus gros exportateur mondial
Les Chinois pourraient acheter plus d'actifs canadiens
Généreuses à l'Est, chiches à l'Ouest - Richard Dupaul
Trois options pour profiter du boom de la Chine
WASHINGTON  Hausse plus grande que prévu des investissements
Quand le «made in China» se délocalise en Égypte
PÉKIN  Forte expansion du secteur manufacturier
La Chine réaffirme sa soif d’acquisitions
La Chine devra se sevrer du soutien de l'État

Et se pourrait-il d'ailleurs que cette nouvelle locomotive se mette déjà à surchauffer quelque peu ?...
China's real estate bubble
La bulle chinoise
La muraille chinoise se fissure

Perspectives - Retour sur terre
La marmite chinoise
Alerte rouge en Chine
La correction s’annonce sévère en Chine
La bombe à retardement chinoise
En bref - Chine: l'économie bondit
L'Asie hantée par son vieil ennemi - Richard Dupaul
Immobilier: la bulle chinoise pourrait toucher le Canada
«Tsunami» d'argent en Asie - Richard Dupaul

Mais ceci dit, la Chine ne doit-elle pas surtout faire face à une série d'assez sérieux problèmes, ne serait-ce que dans l'optique de maintenir une position de leadership, ou même de vraiment y arriver, justement ?...
La Chine suscite l’inquiétude

La Chine aussi frappée
Fin du modèle chinois
De brique et de « sable mouvant »
L’usine du monde perd des clients
Le fossé s’élargit
Les moteurs de la croissance en Chine s'essoufflent
L'économie chinoise est un modèle plus frêle qu'il n'y paraît
La bulle chinoise
China’s economic shifts will hinder it from dominating world, Kissinger argues
China can no longer sustain its export-led growth
Investir en Chine, un pari risqué
The real cost of China rising
Les revenus cachés, une manne pour les riches Chinois
Un bouchon de 100 km près de Pékin
Vite, un coup d'accélérateur pour la locomotive chinoise
La prison pour quatre employés de Rio Tinto
Malaise en Chine - André Pratte
Avant l'ouverture: retour de la récession en Chine?
Vieux avant d'être riches - Richard Dupaul

Et tout revirement du géant chinois ne peut-il pas d'ailleurs qu'en être d'autant plus spectaculaire ?...
De brique et de « sable mouvant »
Chine - La main-d'oeuvre migrante se raréfie
LA FAÇON CHINOISE
Grèves en Chine - La métamorphose
Les tensions sociales se multiplient en Chine
Chine: la fin du cheap labor?
Le «Made in China» coûtera plus cher - Richard Dupaul

Mais surtout, tout revirement du géant chinois pourra-t-il vraiment faire autrement qu'être au moins aussi long à effectuer qu'il ne pourrait l'être pour un paquebot en pleine lancée ?...
LA FAÇON CHINOISE


Et pourtant, se pourrait-il que même la Chine soit capable de changement ?
La Chine plie dans la tempête


Et s'il n'était tout simplement pas acquis que la Chine devienne la prochaine puissance mondiale de sitôt ?...
Perspectives - Retour sur terre
La face cachée du « fabriqué en Chine »

La Chine saura-t-elle seulement faire mieux que de reproduire le modèle américain dans tout ce qu'il a pu avoir de plus grossier ?...
Crise immobilière en Chine - L'imitation

Et en fait, si la Chine était carrément en voie de devenir la prochaine puissance mondiale ?...
Du Dollarama au Yuanrama
Domination menacée

La Chine serait-elle déjà à la conquête du monde ?...
La Chine vole au secours de l'euro
La Chine se détourne de la dette américaine
L'envers du yuan - Sophie Cousineau
China’s move on oil sands is about more than money
Offensive chinoise dans les sables bitumineux
Un «tigre» en Asie - Volvo passe aux mains des Chinois
La main à la terre

... et pourtant, vaut-il vraiment la peine de s'en inquiéter ?...
China’s economic shifts will hinder it from dominating world, Kissinger argues
La participation de la Chine suscite l’inquiétude des Américains
Terres agricoles: nos hivers freinent les acheteurs étrangers
Péril jaune en la campagne - Sophie Cousineau

Et si l'avenir devait plutôt passer par l'Inde ?...
Cinq faits sur l’économie indienne

L’Inde veut notre énergie
L'Inde, future usine du monde
Ne pas être la Chine

Un nouveau monde serait-il en fait en pleine émergence ?...
FMI: ouverture européenne aux pays émergents
La décennie latino
Jeunes et compétents - Richard Dupaul
Marchés émergents: le meilleur des deux mondes
Italie: une «BRIC» tombe sur le marbre de Carrare
Dieu est brésilien - Richard Dupaul
Perspectives - BRIC molle
L'Asie hantée par son vieil ennemi - Richard Dupaul
Le gros appétit des Asiatiques - Richard Dupaul
La revanche des pays émergents
Vers une Union asiatique ? -  Françoise Lemoine
Le rêve européen de l'Asie  -  RICHARD DUPAUL
LA GÉOPOLITIQUE À L’ÉCHELLE DE VOTRE PORTEFEUILLE 
Les risques politiques qui guettent les investisseurs  -  Stéphanie Grammond
MOSCOU  Les licenciements massifs se multiplient en Russie
L’ère du BRIC? Non du BRI-I-C  -  RICHARD DUPAUL
Incontournable Inde -  YVAN LOUBIER


Mais est-ce pourtant les défis qui manquent sur le chemin menant justement à l'émergence de tout ce nouveau monde ?...
La croissance en Asie ne profite pas à tous
Derrière les beaux chiffres du BRIC
Des doutes sur la stratégie brésilienne


Le déclin du monde occidental serait-il donc d'ores et déjà constaté ?
This is time to fix existing infrastructure, not expand


Et quel avenir l'économie réserve-t-elle à ce bon vieux monde tel qu'on le connaît ?

Japon
AU TRAVAIL, LES FEMMES ET LES RETRAITÉS !
Santé : un capital menacé
Le défi : maintenir le niveau de vie

LE CHAMPION QUI VACILLE
La prochaine Grèce ?

Le Japon étudie de nouvelles mesures de relance
De l'espoir pour le numéro deux mondial - Richard Dupaul
Le Japon reste de justesse la 2e économie mondiale
Le monstre japonais - Richard Dupaul

L'Allemagne, la surdouée qui dérange - Richard Dupaul

Faire des affaires en Russie
Un entremetteur à Moscou

Espagne: vers une économie durable


Et en même temps, les mauvaises habitudes d'une nation entière peuvent-elles vraiment se changer si facilement ?...
Incorrigibles «Brits» - Richard Dupaul


La crise aurait-elle notamment permis de révéler les pays dont l'économie n'était pas nécessairement la plus solide, après tout ?...
La contagion grecque - Richard Dupaul
Une lueur d'espoir pour l'Islande
Standard and Poor's baisse la cote de Dubaï
La réinvention forcée de Dubaï
Dubaï Blues
Le ciel de Dubaï s'obscurcit davantage
Standard & Poor's abaisse la note de la Grèce
Tragédie grecque, larmes irlandaises - Richard Dupaul
En difficultés, l'Ukraine presse le FMI de débloquer son prêt
La perspective de l’Espagne abaissée
La Grèce prête à tout pour restaurer sa crédibilité
La crédibilité internationale de Dubaï ébranlée

Tout comme ceux dont on pourrait plutôt dire l'inverse ?...
L'envers de la crise - Richard Dupaul

L'exception australienne - Richard Dupaul

... et que dire de ceux dont l'économie n'était déjà pas des plus performantes avant la crise ?...
L'autre tremblement de terre de Lisbonne
Esclaves des «reçus verts»
Au tour de l'Espagne d'être décotée
Les pays européens qui ont bénéficié de l'aide du FMI
Le drame espagnol - Claude Picher

Irlande
LA RUÉE VERS L’EIRE
Les « Fighting Irish »

Rapport sur la crise en Irlande - Les spéculateurs ont provoqué la crise bancaire
De nouveau tentés par l’émigration
Des années d'austérité en vue pour les Irlandais
Irlande - Ça va faire mal!
Irlande - Rigueur, rigueur, rigueur!
Chacun pour soi
Le tigre édenté
Irlande: au pays des zombies
Le pari irlandais

Italie
«L'Italie ne fera pas faillite»
Monti demande de lourds sacrifices aux Italiens
Super Mario à la rescousse
Berlusconi annonce sa démission au président italien
Berlusconi loses majority, markets squeeze Italy


Belgique
Elio Di Rupo en quête de stratégie face à Bart De Wever
Le coût caché du gouvernement Di Rupo

Budget 2014: les mesures de relance décidées par l'équipe Di Rupo

Budget: Chastel dénonce la vérité tronquée de la N-VA

Tous les détails du budget 2013


Jusqu'à quel point une union monétaire peut-elle se permettre d'éclater ?
Quand une zone monétaire éclate...

... Et d'ailleurs, l'avenir économique réserve-t-il toujours une place à l'Europe ?...
La fraude fiscale, cause et solution de la crise de la dette

«Comment peut-on vivre sans la BCE?»


« VENTE DE FEU ? »  -  Martin Coiteux
La Chine maintiendra ses stimulants économiques
La clé : le consommateur chinois  -  FRANÇOISE LEMOINE
Recherché : le consommateur chinois  -  RICHARD DUPAUL

Incursion de la Chine dans les gros-porteurs
Chine : hausse de 81,7 % des ventes d’automobiles
Les chanceux d’en dessous  -  RICHARD DUPAUL
Bourse : Toronto plonge avec Shanghai
Chine : Un pied sur le frein  -  RICHARD DUPAUL
L’Inde prie les dieux de la pluie  -  Richard Dupaul
Malaise à Shanghai  -  ANDRÉ PRATTE
Le Japon voit le soleil levant  -  Richard Dupaul
Le « G2 » -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Haro sur le « made in China »   -  Richard Dupaul
LA FIN DU MIRACLE IRLANDAIS  -  Marc Thibodeau
Le « club des riches » a-t-il fait son temps ?  -  Marc Thibodeau
G8  La Chine tempérée dans son souhait de diversification du régime monétaire international
ÉCONOMIE  Des « risques importants » demeurent
Un sommet du G8 sur fond de ruines  -  Marc Thibodeau
RIVALITÉ COMMERCIALE   La Chine suscite la méfiance américaine - Hugo Fontaine
G2 OU G20?
Le déclin du dollar américain - JEAN-PASCAL BEAUPRÉ

Évasion fiscale: Ottawa négocie avec 14 pays

Les Suisses décidés à défendre leur secret bancaire

La fin du secret bancaire suisse
Voir aussi Revenu Canada veut forcer les banques à collaborer
Les spécialistes craignent la fin du secret bancaire  -  Alexandra Troubnikoff
Témoignage accablant pour UBS
UBS donnera des noms au fisc américain
La lutte contre les paradis fiscaux s’annonce ardue  -  Marc Thibodeau
Washington et Berne demandent un report
France Le moral des ménages se dégrade



Un nouveau monde serait-il en train d'émerger ?...
Dieu est brésilien - Richard Dupaul

L'or rouge des Chiliens - Richard Dupaul
Le cercle vertueux coréen - Richard Dupaul
Le gros appétit des Asiatiques - Richard Dupaul
Les nouveaux investisseurs - FRANÇOISE LEMOINE
Dubai: on construit toujours malgé la crise
Fonds communs: tout sur l'Inde
Le « néocolonialisme chinois » inquiète l’Afrique  -  Emmanuel Goujon
Les BRIC veulent une réforme des institutions financières
Une croissance de 6% prévue en 2009 en Inde
L’arme secrète des fournisseurs  -  Marie Tison
OBLIGATIONS  Les marchés se fient plus à la Russie qu’à la Californie
TATA MOTORS  Réduire les coûts est une stratégie payante
L’économie chinoise rebondit
La nouvelle bulle chinoise -  Richard Dupaul
Chine Il est risqué de se hasarder dans les zones grises

Sans pétrodollars, la Russie s’enfonce

Cap sur Rio de Janeiro -  Richard DuPaul
PREMIER SOMMETDU BRIC  Mise en garde contre la domination du dollar américain

Effondrement de 500 milliards - CLAUDE PICHER

L’Afrique veut prendre sa place dans l’économie mondiale  -  Philippe Mercure

Le « néocolonialisme chinois » inquiète l’Afrique  -  Emmanuel Goujon

Premier sommet historique pour le BRIC
Une nouvelle Chine émerge de la crise - Richard Dupaul

L’Occident représente moins de 50% de l’économie mondiale -  RUDY LE COURS
ÉCONOMIES ÉMERGENTES  Perspectives « prometteuses » malgré la crise
Économie : la Chine peut-elle nous sauver ?... - Richard Dupaul
LES PAYS ÉMERGENTS RÉ-ÉMERGENT EN PREMIER ...
Les bureaux indiens profitent de la crise  -   Philippe Mercure

Une crainte exagérée La faible proportion de contenu local dans les exportations de la Chine rend la dégringolade moins catastrophique
La cigale (russe) et la fourmi (chilienne)  -   RICHARD DUPAUL

Chine et Brésil font bonménage
Rio Tinto laisse tomber les Chinois

INDE  GM en pleine campagne de séduction - Philippe Mercure

Le gouvernement espagnol crée un fonds pour sauver ses banques

Espagne : Premier entré, dernier sorti   -  Richard Dupaul
Une firme française propose de reclasser des employés... en Inde
CHINE  Une nouvelle bulle se profile sur le marché immobilier

 

Et si l'on parlait tout simplement de nos propres économies ?...
Pas facile, la Bourse!
Des marchés énervants
TROP TARD POUR JETER L’ÉPONGE, TROP VITE POUR PLONGER EN BOURSE
Que faire quand les banques disent non?
SURFER SUR LA BOURSE AVEC LA GESTION « MOMENTUM »
Rencontre chez le syndic
Quand les dettes vous écrasent

QUAND L’ARGENT RESTE DANS LES ARBRES…
DES FONDS QUI MONTENT… MAIS NE REDESCENDENT PAS
Du taux fixe au taux variable
La Bourse chinoise, un bon indice
L'Europe fait voir des étoiles aux détenteurs de fonds communs
Coming soon: the great retirement shock
La littératie financière est l'affaire de tous
Impôt 2009: pour remporter le match fiscal

Une fin en queue de poisson
Les marchés: ne négligez pas les pays émergents!
Le piège de l'effet de levier
Bon et heureux budget 2010 à tous
Actions ou obligations: miser juste dans la situation actuelle
Fonds communs: les investisseurs piétinent depuis 10 ans
Que réserve la prochaine décennie en Bourse?
Un peu de bien... à soi et à une oeuvre
Joyeux Noël! Petit investisseur, 5000$ à investir? Voici quelques conseils
Une belle moisson boursière, avant le retour des épouvantails

Suivez le guide... de l'activité manufacturière
Le problème fiscal des fonds
Les 10 secrets boursiers d'une recrue de marque
Une poursuite aux petites créances, ça marche!
Les coûts de propriété ont augmenté au Canada
Trois options pour profiter du boom de la Chine
Metro, Loblaw ou Empire: quel épicier choisir?
Dix questions sur les émissions d'actions
Que vaut l'investissement systématique?
Produits financiers: les consommateurs passeront à la caisse
Acheter sans se faire rouler: la boîte à outils du consommateur
Du bonbon pour les investisseurs!
Fonds communs: tout sur l'Inde

Un tableau d’honneur bien disparate  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Grands parleurs, petits investisseurs  -  Stéphanie Grammond
LA GÉOPOLITIQUE À L’ÉCHELLE DE VOTRE PORTEFEUILLE 
Les risques politiques qui guettent les investisseurs  -  Stéphanie Grammond

FAUT-IL CROIRE LES ÉCONOMISTES?  -  PIERRE FORTIN
Fini la faillite personnelle facile  -  Martin Vallières
LES JEUNES ÉPARGNENT!  -  Marc Tison
Les finances personnelles, un domaine obscur  -  Marc Tison

DES COURS RAPIDEMENT OUBLIÉS  -  Marc Tison

FAUT-IL ÉCOUTER LES DICTONS?  -  Hugo Fontaine
De l’équilibre dans le portefeuille -  Michel Girard

Au bon marché…  -  Michel Girard
Devenir travailleur autonome -  Marc Tison
POURQUOI RETARDER SON RÊVE?  - Caroline Rodgers
RECOUVREZ VOTRE SANTÉ FINANCIÈRE!  -  MARC TISON
RÉUSSIR À LA BOURSE -  Christine Deslandes
QUELLES OBLIGATIONS CHOISIR?- Christine Deslandes
Obligations d’épargne du Québec: mauvaise nouvelle -  Michel Girard
Bien planifier sa succession -  Caroline Rodgers

Payez-vous d’abord !  -  Jocelyne Houle-Lesarge 

Voir aussi Est-il jamais trop tôt pour planifier sa retraite ?...

Et parlant d'économies, gare à ceux qui ne s'emploient qu'à les voler !...
LES NOUVEAUX PICKPOCKETS EN LIGNE

L’assurance fraude
La victoire des victimes
NORBOURG: UNE PAGE EST TOURNÉE

« RÉCUPÉRER 100% DE LA SOMME, C’EST INTÉRESSANT »

Norbourg: une entente historique

Pour un meilleur fonds d’indemnisation et un financement public à l’AMF
La délinquance financière
Perspectives - Difficile indemnisation
Norbourg: ça suffit après 5 ans!
Victimes de Norbourg: naufragés depuis cinq ans

Un mystère de trop
Infractions trop discrètes
Libres de frauder
Le système Norbourg
Le gendarme tranquille de la finance québécoise
Madoff était-il un génie?
La machine Earl Jones - Ariane Krol
Madoff, Stanford et Jones ont tous imité le défunt financier Charles Ponzi
Mount Real: un procès en 2010, prévoit l'AMF
Règlement sur le PCAA: des millions à dépenser pour l'AMF
L'histoire pas si bizarre d'un guichet automatique compromis
Vol d'identité: les cas de fraude ont explosé au Canada
Le comptable d'Earl Jones travaillait au noir
Procès Norbourg: «The sky is the limit», disait Lacroix
Affaire Earl Jones : plusieurs clients étaient remboursés comptant
Earl Jones: les clients l'appelaient «Jones le lambin»

Quand l’AMF réécrit Norbourg  -  SOPHIE COUSINEAU
L’AMF encore ciblée  -  Martin Vallières
Les « sentinelles » fautives - Jean St-Gelais
Procès Norbourg : l’AMF sous la loupe  -  Martin Vallières
Le bon tournevis?  -  ARIANE KROL
Norbourg : L’AMF nie toute responsabilité
Un plan incomplet, selon le PQ et Yves Michaud
Des enquêteurs de la SQ pour mieux combattre les fraudeurs  -  André Noël

Charest s’attaque aux criminels à cravate  -  Denis Lessard
Complice de Madoff - ARIANE KROL
Lacroix : Peine réduite à cinq ans  -  Christiane Desjardins
Affaire Earl Jones  Les victimes affirment avoir perdu 75 millions 

Fraude et fidéicommis : Indigne de confiance  -  ARIANE KROL
Il ne reste plus rien, prétend Earl Jones  -  Francis Vailles
EARL JONES  : 369 000$... COMPTANT !  -  Francis Vailles
10 CONSEILS POUR ÉVITER LA FRAUDE
AFFAIRE LIVENT  Le producteur écope d’une peine de sept ans

Affaire Earl Jones : Répit fiscal pour les présumées victimes ?

Fisc et fraude  -  ARIANE KROL

Ottawa ouvre la porte aux victimes de crimes financiers
Fraude : Un coup de pouce s’impose  -  François Gaudreault
Un voleur est un voleur  -  François Leduc
Earl Jones : ensuite?   -  ARIANE KROL
« ON CROIT ENCORE AU PÈRE NOËL »  -  Stéphane Paquet
Une alerte venue de Suède  -  Stéphane Paquet

Un autre cas de fraude financière à Montréal ?  -  Martin Croteau
Quelques fraudeurs célèbres

Le guide de l’escroquerie  -  Michel Girard
Au pays des illettrés financiers  -  Sophie Cousineau
Incompétence dans sa compétence ? - Éric Duhaime
Un scandale qui profitera aux grandes institutions financières ?
Des planificateurs financiers veulent un ordre professionnel  -  Vincent Broussot-Pouliot
Les périls de l’appât du gain  -  Michel Girard

Madoff, mode d’emploi  -  Ariane Krol
Deux comptes de Jones vidés 24 heures avant que ses actifs soient gelés

AFFAIRES EARL JONES Retours forcés au travail et chocs

ON NE SAIT PAS S’IL  RESTE DE L’ARGENT »  -  Francis Vailles et Martin Croteau
« Il avait une touche de velours »  -  Martin Croteau
Norbourg : Chaque jour, j’y pense  -  François Leblanc

Voir aussi : Des comptables flics  -  Serge Ménard
et par ailleurs, voir aussi
La liberté, ça se mérite  -  ANDRÉ PRATTE  ainsi que  Vincent Lacroix est libéré sous cautionnement  -  Christiane Desjardins et Affaire Norbourg : Un vrai crime  -  Ariane Krol
et finalement Fraudeurs et psychopates : SANS AUCUN REMORDS 
De Lacroix à Madoff  ANDRÉ PRATTE
LA PEINE MAXIMALE POUR MADOFF
Le gazon n’est pas plus vert à New York -  Sophie Cousineau


Et y a-t-il toujours moyen, pour un jeune, de devenir propriétaire, de nos jours ?...
Trop cher, les maisons?
À ces prix-là, je loue

Et si un minimum d'éducation économique ne pouvait faire de tort à personne, pour commencer ?...
Démunis face à l'argent - Ariane Krol

Et se pourrait-il en fait que les fraudeurs eux-mêmes ne soient pas les seuls coupables lorsque les épargnants se font arnaquer ?...
La Banque Royale savait, dit la poursuite -  FRANCIS VAILLES

Les clients d'Earl Jones veulent intenter un recours collectif contre la Royale

Et se pourrait-il qu'il apparaisse parfois de petits systèmes de cartels et de collusion à l'horizon, entre autres mécanismes de fixation de prix ?...
Se battre pour la concurrence
Secouer l'immobilier - Ariane Krol
Ouvrez MLS! - Ariane Krol
Courtage immobilier: le Bureau de la concurrence intervient
Aluminium: des prix gonflés, selon un expert

Et y a-t-il toujours une place pour la bonne foi dans l'économie contemporaine ?...
A little goodwill and maturity needed
La «bonne» foi de Shell
Shell doesn't deserve to be painted as a villain

Tous contre Shell - André pratte


Et y a-t-il une place en économie pour la moralité ?...
Y aurait-il quelque chose qui cloche définitivement avec le minstère du Revenu ?...
Revenu Québec l'accule à la faillite  -  Michel Girard

Revenu Québec s’en prend à un vieillard  - MICHEL GIRARD
Revenu Québec saisit une dame de 92 ans et un jeune  -  Michel Girard
Voir aussi  Revenu Québec: « The sky is the limit »  -  Michel Girard

Et d'ailleurs, se pourrait-il vraiment que certaines compagnies, tout au moins, ne pensent quelquefois qu'à empocher toujours plus d'argent, quitte à le faire dans le plus grand mépris du consommateur ?...
LE DOUBLE DISCOURS D'UNE INDUSTRIE  -  Maxime Bergeron


Que penser du cas Wal-Mart ?...
Walmart et New York se livrent une «guerre» sans merci


Quand l'économie expose ce qui semble s'avérer certaines de ces lacunes fondamentales...
DES MILLIARDS POUR SE RAFRAÎCHIR EN BOURSE

Comment repenser l'économie ?...
Le télétravail, pas pour tout le monde

It’s a paradox: high unemployment with serious labour shortages
Remember ‘funny money’? Well, now it rules
Rencontre avec Henry Mintzberg, gourou du management - La productivité à l'américaine tue les entreprises
Comprendre les différences culturelles
Paroles d’empêcheur de tourner en rond

Vive la révolution des horaires de travail !
Jeunes et compétents - Richard Dupaul
Le team buying arrive au Québec
The ‘trill’ of investing
The office of 2020: We need it yesterday
Les Y changent les règles du jeu
Diminuer l'effectif, une mauvaise stratégie
Fonds communs: la lente séduction
Immobilier: quel modèle pour la revente?
Faut-il se méfier des actions à droits de vote multiples ? -  Claude Laurin
Les clubs privés s'adaptent au siècle
La mobilisation, mais pour quoi faire ?  -  Caroline Rodgers
L'épuisement professionnel coûte cher
Un collectif pour aider à réintégrer le marché du travail
Savoir dire non, même à ses clients
Télétravail : mais où est passé tout le monde? - Éric Brunelle


Et comment favoriser l'apparition d'une nouvelle économie ?...

Le coopératisme pourrait-il donc représenter le fondement d'une nouvelle économie ?...
Les coopératives sont les meilleures créatrices d'emplois
Desjardins, la coopérative - Le modèle prouve toute sa pertinence
Les coopératives réclament un meilleur soutien financier


Faut-il rappeler que l'intégration de la diversité ne s'avère avant tout qu'une des clés premières de la productivité ?....
Si terrible, cette génération Y?
Préjugés intergénérationnels - Claude Picher
Équité salariale: Québec sort le bâton
Voir aussi Société
LE QUÉBEC À L’HEURE DE L’INCLUSION
Aller au-delà de la ressource humaine

DIVERSITÉ GÉNÉRATIONNELLE  Tasse-toi pas, mon’oncle!

Orientation sexuelle en entreprise : Affirmer la différence - Caroline Rodgers 
Voir aussi  Et comment l'abolition de l'homophobie pourrait-elle ne pas s'avérer profitable pour tous ?...

Peut-on encore rêver d'une autre façon de voir l'économie ?...
(Quand économie rime avec engagement social...)
Réseau québécois du crédit communautaire - Risque ? Oui, mais rentable
Chantier de l'économie sociale - «Imaginez si les États-Unis avaient pris cette option...»
Marginale, l'économie sociale ?
Une glace pour la cause
Ugo Dionne: le rassembleur


L'investissement peut-il donc se faire d'une façon qui témoigne ne serait-ce que moindrement de respect envers la personne humaine ou l'environnement ?...
Canada - Des acteurs pour une finance socialement responsable
Le virage éthique des consommateurs
Les entreprises acceptent mieux de dialoguer et de rendre des comptes

Et si la transformation de notre économie s'avérait d'ores et déjà commencée ?...
Un climat de travail plus sain

L'économie du savoir en mutation au Québec
Petites révolutions - Claude Picher

D'histoire et d'économie...
De la fosse aux lions à la souris

Et si l'on parlait tout simplement d'économie ?...
The Five Deadliest Job Interview Mistakes
La « finance » , c’est nous tous !
Steve Jobs et puis après
La course aux armements
La dette du québec trouve facilement preneur
Économie 101 en 30 secondes
Le secret du mythique Dow Jones
TOUJOURS PLUS RICHES, LES MILLIARDAIRES
Des chiffres et des réalités qui étonnent
Les grands défis de la sous-traitance
Les défis de la reprise mondiale
La fuite en avant - Sophie Cousineau
Dominic Barton: l'éminence grise des multinationales
Réfugiés et retraités - Claude Picher
Les avocats, la politique... et la réserve
L'Oracle d'Omaha à 74$ US
L'abc des affaires en 2009 - Sophie Cousineau

... ou de politiques économiques ?...

... ou plus précisément de l'art de la taxation...
The hiss factor and the art of taxation - Preston Manning

Under-the-radar tax expenditures keep on eating up cash


Et si la TPS représentait en fait l'une des meilleurs politiques économiques dont le Canada aura pu se doter ?...
Taxing the rich may be fair, but it won’t fill the coffers
Forget what Tories say, Ottawa has structural deficit
How sensible tax policy gets mired in politics
The GST, hated by many, stands the test of time - Jeffrey Simpson
GST at 20: Mulroney has no regrets about Canada's most hated tax


It’s time for an adult discussion about HST/GST


Et que devrait-on penser, par ailleurs, au sujet de la HST ?...
The realities of the HST

For these small businesses, the HST is a winner
B.C. gets HST clarity
HST won't hurt much, report says
What is the HST?


The harsh truth: The HST would be good for B.C.
HST good for economy

Pro-HST ad campaign angers critics
HST ‘blindsides’ Ontario: critics

Hudak slams HST again, offers no alternative

HST to hit amid fear over increased cost of living

Common Questions About HST in Ontario


Et si le Canada n'était peut-être pas si mal pourvu en termes de politiques économiques, notamment au niveau fiscal ?...
Un mal pour un bien
Hate our taxes? You’re wrong

Et d'ailleurs, si les baisses d'impôt aux entreprises étaient loin de s'avérer une si mauvaise idée, après tout ?...
How sensible tax policy gets mired in politics

Corporate taxes: to cut or not to cut?
Abolish corporate tax – it has been a worldwide failure
Making companies pay more is not smart policy
Corporate tax cuts: A look under the hood
Corporate tax cuts don't spur growth, analysis reveals as election pledges fly

Les milliards manquants
Hard to see prosperity in Liberals’ productivity program
Corporate tax cut dispute bit of a yawn for U.S. businesses
Choisir ses taxes
Revue de presse - Il y a les taxes, et le reste...
PLC, NPD, même combat
Campagne pour défendre le plan de réduction d’impôts pour les entreprises
Le pays s'enrichira en réduisant les impôts des entreprises, selon leurs dirigeants
Proof is in the numbers for Flaherty’s corporate tax cuts
Les cadeaux du père Jack

... et toujours concernant les baisses d'impôt aux entreprises...
Small is beautiful

Not all small businesses deserve a tax break

États-Unis - Généreuses avec leur p.-d.g., chiches avec le fisc

La vente de nos réserves d'or nationales, par le Gouvernement du Canada, s'avérait-elle vraiment la meilleure des idées ?...
L’or coule sur le dos du huard

Comment remettre en question les fondements mêmes du système économique ?
Surmonter la financiarisation mondialisée


Les spéculateurs parient sur la faillite américaine
Les spéculateurs très actifs durant la tempête boursière
Zone euro - Débat concernant l'interdiction des ventes à découvert
L’art de pratiquer le long/ short
FAUTEURS DE TROUB OU OUTILS ESSENTIELS?

Fiction spéculative
Quand tout investisseur devient spéculateur
Les banques clandestines

L'abc de la titrisation

Accès à la propriété
Difficile accès à la propriété - Les prix seront de moins en moins abordables

Décroissance
Tim Jackson : Prospérité sans croissance


LE DEVOIR


Consultations budgétaires - Le piège
Perspectives - Trop noir (bis)

Charest mise sur l'économie verte
Perspectives - La géo d'Hydro

À bas la spéculation!
Obama et les banques - Une lutte de géants à l'enjeu colossal
La réforme bancaire d'Obama - Le procès

Obama attaque les banques de front

Le FMI relève ses prévisions mondiales

Le Conference Board analyse le retard canadien en gains de productivité

Le Québec en marche vers le bogue de l'an 2012
Rapport du Conference Board sur l'industrie des sables bitumineux - Le développement intensif nuit aussi à l'industrie manufacturière


Investissements étrangers: des craintes infondées

L'emploi, le grand disparu de l'année 2009
Emploi - Année noire pour les États-Unis
Cul-de-sac consumériste

THE GAZETTE
Pension woes won't be easy to fix


GLOBE AND MAIL

TIME MAGAZINE
Five Things the U.S. Can Learn from China

ARTICLES SUR LE WEB

Future Of The Dollar As World Reserve Currency
Four (Big) Reasons Why China Will Keep Buying Treasuries


Globalization used to drive down prices. Not anymore.

Financial transaction tax
Taxe Tobin


Why is a trade deficit bad?

THE ECONOMICS OF SUBSIDIES


How Privatizing Hydro-Quebec Can Make Quebecers Richer
Privatiser Hydro-Québec?

State income tax

Bankruptcy
Debt restructuring

Restructuring

Derivative (finance)

Hedge fund

Bailout

Leveraged buyout


Subprime mortgage crisis


En faveur de la gestion de l’offre, mais...

Obama Proposes "Volcker Rule"!

L'interventionnisme ferait-il fausse route ?...

Le mandat originel de la caisse de dépôt


Claim That Tax Cuts "Pay For Themselves" Is Too Good To Be True
Do Tax Cuts Pay for Themselves?

Do Tax Cuts Pay for Themselves?

Do Tax Cuts Pay for Themselves?

William Ewart Gladstone

Bush tax cut mythology





Structural adjustment
Les effets sociaux des Programmes d’Ajustement Structurel dans les sociétés du Sud

Structural Adjustment—a Major Cause of Poverty

Structural Adjustment Policies

Structural Adjustment Programmes (SAPs)

How Structural Adjustment Worsens Poverty

Structural Adjustment Programs


What Explains the Success or Failure of Structural Adjustment ...
Does Structural Adjustment work?

Structural Adjustment, Efficiency, and Economic Growth

What are the advantages and disadvantages of nationalization and privatization?

Privatization versus Nationalization
Outsourcing or sub-contracting

Fonds d'entraide communautaire



Fonds négocié en bourse



Wisconsin Senate Passes Union Reform Bill

Ohio and Wisconsin move to limit collective bargaining


Simon Sinek: How great leaders inspire action





La décennie du « rééquilibrage » - FRANÇOIS DUPUIS
Après des années d’insouciance, il faut s’attaquer aux déséquilibres structurels de l’économie mondiale
L’auteur est vice-président et économiste en chef aux Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins.
Si la crise financière a été aussi dévastatrice, c’est en grande partie en raison des nombreux déséquilibres structurels qui se sont accumulés au cours des dernières années au sein de l’économie mondiale.
La consommation effrénée d’avant la crise financière ne doit pas se répéter, au risque d’atténuer la reprise économique, plutôt fragile.
Si tous les agents économiques recommencent à agir comme si rien ne s’était passé, ces déséquilibres ne feront que s’aggraver, risquant ainsi de mettre en danger la reprise actuelle et de nous amener d’ici quelques années vers une autre crise encore bien plus profonde.
En premier lieu, le comportement du consommateur doit changer de façon importante. Au cours des années 2000, le crédit facile a gonflé la consommation, dans les économies industrialisées, à un niveau insoutenable. Cette libéralité du crédit a aussi entraîné une bulle immobilière. Aujourd’hui, rien n’indique que le consommateur, et tout particulièrement le consommateur américain, soit prêt et apte à recommencer à dépenser de façon effrénée, mais les mauvaises habitudes pourraient revenir.
Les prochaines années seront également marquées par l’assainissement des finances publiques. Malgré une longue période de prospérité depuis le milieu des années 90, plusieurs gouvernements de l’occident ont cumulé des déficits importants. La récession, combinée à la crise financière, a accentué leurs niveaux d’endettement. Ceux-ci atteignent maintenant des proportions inquiétantes, voire néfastes pour plusieurs. À titre d’exemple, des pays comme la Grèce connaissent déjà d’importantes difficultés à refinancer leurs emprunts. Plusieurs autres pays sont menacés de décote et ils doivent faire des gestes draconiens.
La meilleure solution serait de rétablir progressivement l’équilibre budgétaire tout en mettant en place des conditions favorisant les investissements productifs et le développement du capital humain. De telles mesures permettraient à la fois d’accroître davantage les revenus des économies endettées, à moyen terme, et de réduire progressivement le poids de la dette.
Pour les financer, il faudrait, d’une part, abandonner d’autres dépenses publiques moins structurantes en faisant des choix souvent difficiles et, d’autre part, utiliser l’épargne des nations qui sont d’importants recycleurs de liquidités, tels que certains pays producteurs de pétrole ou la Chine.
D’autres déséquilibres pourraient à nouveau ébranler la stabilité économique mondiale (par exemple, il y a un risque d’éclatement d’une bulle de crédit en Chine ou de volatilité extrême des devises, dont le dollar canadien). Quoi qu’il en soit, il ne faut pas reproduire la situation qui prévalait avant la crise. L’aggravation de l’endettement des ménages doit être évitée, car les risques d’une deuxième crise financière seront très élevés, ce qui nécessitera à nouveau l’intervention des gouvernements. Il ne faut pas non plus que l’octroi de crédit demeure trop anémique, comme c’est le cas actuellement en Europe de l’Ouest et aux États-Unis, parce que les gouvernements devront, dans ce cas, intercéder plus longtemps que prévu, un peu à l’image du cas nippon depuis 20 ans.
Après de nombreuses années de croissance frénétique, il importe de prendre la mesure des excès qui ont conduit au dérapage de la fin de la décennie. Les bases de la croissance passée, qui reposent pour l’essentiel sur le consommateur, en particulier américain, ne sont pas viables à long terme. Il faut redéfinir un nouvel équilibre qui passera notamment par un meilleur partage de l’épargne et de la richesse ainsi que par une réglementation plus efficace.
Il faut éviter que des économies, industrialisées ou en voie de l’être, ne se retrouvent cantonnées dans des positions extrêmes qui mènent à de nouveaux déséquilibres mondiaux (des pays essentiellement importateurs de biens, comme le modèle américain).
La décennie 2010-2020 serat-elle celle du «rééquilibrage»? Dans l’affirmative, cela ne se fera pas sans heurt sur la croissance économique, mais c’est le prix à payer pour s’assurer d’une saine prospérité! Et, pour qu’elle le devienne, il faut dès à présent s’atteler à redéfinir les nouveaux points d’appui de l’économie mondiale, préciser ce que serait un meilleur partage des forces en présence et avant tout résorber les déséquilibres actuels.



Le déclin de la pétrochimie -  Vincent Chornet
OPINION Après la fermeture de la raffinerie Shell, il est temps de se tourner vers le « génie vert »
Certes, presque tout est à faire. Mais « il faut commencer par commencer ».
L’annonce de la fermeture de la raffinerie Shell à Montréal sonne le glas de l’expertise québécoise dans le génie chimique. Le secteur pétrochimique est depuis plus d’un demi-siècle un des centres d’application du génie chimique. Le secteur intègre l’ensembledesprocédés chimiques qui permettent aux ingénieurs d’acquérir les connaissances industrielles nécessaires à leur métier et ainsi maintenir et améliorer ce savoir-faire qui est nécessaire à la création de notre richesse collective, soit à travers l’exportation de notre génie-conseil ou de notre capacité à exécuter de grands chantiers porteurs de valeur économique.
La raffinerie Shell était une des six que comptait le Québec.
Le Québec comptait autrefois six raffineries, il n’en compte plus que deux, soit celles de Ultramar, à Lévis, et de Petro-Canada, à Montréal. Ce sont autant de raffineries perdues qui autrefois permettaient à nos jeunes ingénieurs formés à la Polytechnique, Sherbrooke, McGill et Laval de développer leurs compétences et de se hisser au niveau de leurs pairs d’autres pays, voire de les dépasser. Ceci est aussi sans oublier la fermeture de Pétromont, l’avenir incertain de PTT Poly Canada, cédée à Imatosil, et le déclin du secteur de la fibre qui intègre également des composantes importantes du génie chimique.
Nos dirigeants politiques doivent, d’une part, constater l’absence d’installations industrielles suffisantes pour former la nouvelle génération d’ingénieurs chimiques et maintenir la compétitivité du Québec dans un monde global où les ingénieurs québécois ont traditionnellement excellé. D’autre part, puisque les centres pétrochimiques se déplacent dans le golfe du Mexique, en Asie et au Moyen-Orient, il leur faut aussi constater que c’est ailleurs qu’émergeront les besoins du génie chimique et les plateformes industrielles essentielles à l’apprentissage des ingénieurs. À moins que, comme d’autres nations le font, nous décidions rapidement d’emboîter le pas vers une nouvelle infrastructure industrielle de plus grande valeur que celle qui se déplace progressivement vers les régions mentionnées.
La solution réside dans la transformation des secteurs associés au génie chimique vers « les technologies vertes », dont le bioraffinage. Certes, presque tout est à faire. Mais « il faut commencer par commencer » ; d’autres nations se sont d’ailleurs déjà engagées dans cette route. Aux ÉtatsUnis, les fonds du plan de relance économique du gouvernement Obama sont investis dans une transformation de l’économie américaine vers un nouveau secteur manufacturier « vert ». Cette réorientation, axée sur des nouvelles technologies développées dans l’ensemble des pays occidentaux que les Américains s’empressent d’attirer, est nécessaire afin que pays et nations avancées, dont le Québec, préservent leur savoir-faire et leur compétitivité devant les pays émergents. Pour créer une nouvelle génération d’ingénieurs chimiques au Québec qui sont compétitifs globalement, il nous faudra aussi développer des projets et construire de nouvelles usines chez nous. Ces usines joueront le même rôle que les anciennes raffineries que nous avons perdues, mais dans la nouvelle infrastructure industrielle occidentale qui se dessine.
Le Québec possède un savoir-faire technologique qui lui permettrait de se positionner favorablement dans ce nouveau monde industriel en mutation. Il n’est donc pas trop tard. Il faut cependant que tous les acteurs du milieu, particulièrement les ministères impliqués, la Société générale de financement, possiblement aussi la Caisse de dépôt et placement du Québec ainsi que les nouvelles entreprises industrielles du génie « vert » s’ouvrent aux constats décrits dans cette lettre et se réunissent pour y travailler de concert.




Dompter le capitalisme  -  Jean-François Lisée  & Éric Montpetit
OPINION L’occasion est belle de réinventer des solutions plus centrées sur la personne que sur les courbes du PIB
Les auteurs sont respectivement directeur exécutif du Cérium et directeur du CPDS de l’Université de Montréal. Ils ont codirigé le livre
Imaginer l’après-crise, publié ces
jours-ci chez Boréal.
Destructrice, la crise lézarde le système qui l’a engendrée. Une option est de colmater les brèches et de relancer, inchangée, la machine – jusqu’à la prochaine crise. L’autre est d’ouvrir au contraire ces brèches pour réorganiser durablement le réel, en changer non seulement le fonctionnement mais les logiques d’action, pour obtenir une organisation nouvelle, mieux adaptée aux considérables défis de l’heure.
La crise du capitalisme financier, entamée en 2008, se superpose à la crise écologique. Les coûts risquent d’être élevés dans le Nord, mais c’est une effroyable misère humaine qui pourrait être provoquée dans les plus pauvres des pays du Sud.
La crise du capitalisme financier, entamée en 2008, se superpose à la crise écologique, celle d’une marche à peine freinée versun réchauffement irréversible de la planète. Si les coûts r i squent d’être élevés dans les pays du Nord, c’est une effroya - ble misère humaine qui pourrait être provoquée dans les plus pauvres des pays du Sud.
Selon l’ONU, sans changement de cap majeur, le réchauffement poussera sur les routes, en quelques décennies, un milliard de réfugiés. Ce défi masque à son tour celui de notre dangereuse surutilisation des ressources de la planète. Nous en captons aujourd’hui 30% de plus que ce qu’elle peut régénérer. Dans 20 ans, nous dépasserons de 100% la dose raisonnable.
Pour Imaginer l’après-crise, nous avons voulu, certes, mesurer l’ampleur de la tâche, mais aussi dégager des pistes de solution, avec l’aide de 10 collègues chercheurs et de notre invité, l’ex-premier ministre français Lionel Jospin. Pragmatique mais inquiet, ce dernier estime que le G20 a pour l’instant été trop timide. Il doit, écrit-il, faire bien davantage pour fermer les paradis fiscaux, réprimer la spéculation, réduire l’activité financière à sa fonction première.
Plus encore, le G20 n’a pas traité de la question de la répartition de la richesse, déséquilibrée en faveur du capital et au détriment des salariés depuis des décennies. Cela va au coeur du sujet, abordé par plusieurs de nos collègues: la finalité de l’économie. Estelle au service de l’homme, ou l’homme doit-il continuer d’en être le serviteur ?
Nous critiquons d’ailleurs, dans la première partie de l’ouvrage, l’hégémonie que les économistes ont exercée sur la formulation des politiques publiques depuis un quart de siècle. On a trop souvent évacué les autres facettes de l’expérience humaine: le citoyen ne vit pas que de sous, mais de réseaux sociaux et familiaux.
Nous notons que les altermondialistes ont eu raison dans leur critique du capitalisme depuis plus d’une décennie et que les solutions disparates qu’ils avancent sont intéressantes en plusieurs lieux, notamment en Amérique du Sud, mais peu applicables à grande échelle.
Nous notons l’incapacité de la gauche européenne de profiter électoralement de la crise, mais croyons que l’occasion est pourtant belle de réaffirmer et réinventer des solutions plus centrées sur la personne et son parcours de vie que sur les courbes du PIB.
En deuxième partie, nous posons la question qui tue. Le capitalisme lui-même, formidable créateur de richesse est une machine à augmentation perpétuelle de la production et de la consommation. Ce système est aujourd’hui le moteur emballé du Titanic collectif qui nous emmène tout droit sur une gigantesque banquise. Peut-on imaginer des réformes qui permettent, dans un premier temps, de dompter le capitalisme pour qu’il fasse plus de bien que de mal? Peuton se préparer à le dépasser, pour qu’il ne soit plus le mode dominant de l’organisation humaine? Peut-on, finalement, rompre avec lui? C’est le débat que nous lançons


WASHINGTON 
Les banques ont un problème de taille
WASHINGTON — Un dirigeant de la Réserve fédérale américaine ( Fed), Eric Rosengren, a affirmé hier que les grosses banques étaient ressorties de la crise financière encore plus grosses, rendant les États encore moins capables de résoudre leurs problèmes potentiels.
« Bien que le problème du ’trop gros pour faire faillite’ soit largement reconnu, beaucoup de nos plus grandes banques mondiales se sont en fait développées pendant la crise », a expliqué M. Rosengren, lors d’un discours à Londres.
« En vérité, dans beaucoup de cas, la taille des plus grandes banques est devenue i mmense par rapport à la taille à la fois de leurs pays d’origine et d’accueil », a-t-il ajouté, selon le texte de son discours transmis à la presse aux États-Unis.
M. Rosengren estime que le total des actifs des trois plus grandes banques américaines, qui était d’un peu plus de 30% du produit intérieur brut des États-Unis en 2005, avait dépassé les 40% en 2008. En France, le rapport est passé des environs de 180% à près de 250%, et au Royaume-Uni d’environ 200 % à plus de 400%.
« Dans un sens, elles deviennent ‘ t r op g r osses pour qu’on permette qu’elles aient des problèmes ou de fortes contraintes’, si l’on considère l’impact sur les emprunteurs dépendants des banques », a souligné le responsable de la Fed, qui dirige l’antenne de la banque centrale à Boston.
« Si les plus grandes banques devaient avoir des problèmes, il pourrait y avoir des questions sur la capacité financière d’un État souverain à organiser leur démantèlement ordonné », mais même si les États étaient dotés de cette capacité, « le coût pour les contribuables pourrait être tellement énorme qu’il n’y aurait pas la volonté politique », a prévenu M. Rosengren.
Il a donc plaidé pour une réflexion sur des mécanismes internationaux adaptés à ces grandes banques mondialisées, ainsi que pour des normes en capital sévères pour ces grandes banques, avec l’obligation de « constituer de plus grandes réserves pendant les périodes favorables ».



Réglementation : Ottawa ne doit pas aller trop loin, dit la Laurentienne  -   Sylvain Larocque
Le gouvernement fédéral ne doit pas aller « trop loin » dans l’encadrement des institutions financières canadiennes, a soutenu hier le président et chef de la direction de la Banque Laurentienne, Réjean Robitaille.
La compétitivité des banques canadiennes pourrait écoper si Ottawa décidait de relever ses exigences réglementaires en matière de capital de façon plus importante que les autres pays, a fait valoir M. Robitaille dans une allocution prononcée à la tribune de l’Association des MBA du Québec.
« Le danger, particulièrement au Canada, c’est d’aller trop loin, a-t-il déclaré. Quand il y a (...) un marasme (comme la récente crise financière), les gens se disent: bon bien là, on va mettre la ceinture, les bretelles et tout le tralala. Du point de vue de la réglementation, il va être important que les organismes donnent quand même la place aux banques pour pouvoir continuer de prêter, sans ça on se retrouverait potentiellement dans un scénario en L (lente reprise économique). »
Le dirigeant a notamment fait allusion aux ratios de capital de première catégorie que doivent conserver les banques. Les autorités internationales ont fixé le minimum à 4% alors qu’Ottawa à placé la barre à 7%. Or, la moyenne des banques canadiennes dépasse déjà les 10%.
Dans la foulée des recommandations adoptées récemment par les pays du G20, on s’attend à ce que les exigences de capital de première catégorie pour les banques soient relevées à l’échelle internationale au cours de l’an prochain. Les pays devront ensuite décider de quelle façon ils mettront en oeuvre ces nouvelles directives.
Au cours d’une rencontre avec les journalistes après son discours, Réjean Robitaille a dit « applaudir » les orientations du G20. Il a en outre affirmé qu’il ne s’attendait pas à ce que le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, cherche à « étouffer » les banques canadiennes en adoptant des règles plus strictes qu’ailleurs dans le monde.
Un resserrement excessif des exigences en matière de capital ferait augmenter le coût du financement pour les banques, a rappelé M. Robitaille.
Pas de résistance
Lundi, dans un discours percutant prononcé à Montréal, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a reproché aux institutions financières du monde de « résister » aux réformes commandées par le G20.
Réjean Robitaille a assuré que sa mise en garde ne devait pas être interprétée comme un signe de cette résistance, estimant de toute façon que le message de M. Carney s’adressait principalement aux banques étrangères.
Par ailleurs, dans l a foulée des recommandations du G20, la Laurentienne s’apprête à modifier certaines de ses pratiques de rémunération à l’égard des négociants de marchés et de certains cadres, comme l’ont déjà fait plusieurs autres banques canadiennes, a indiqué M. Robitaille.
« On veut s’assurer que les intérêts des actionnaires soient bien en ligne avec les intérêts des employés et de la haute direction », a-t-il expliqué.
Le PDG a toutefois fait remarquer que la Banque Laurentienne se démarquait déjà de ses concurrentes en la matière, en refusant notamment d’offrir des options d’achats d’actions à ses négociants.
L’action de la Banque Laurentienne a clôturé à 38,94$ hier, en baisse de 0,2%, à la Bourse de Toronto.



Les institutions financières doivent  changer d’attitude  -   Sylvain Larocque
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a reproché hier aux institutions financières du monde de « résister » aux tentatives de réforme de l’industrie et les a exhortées à changer d’attitude.
Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada
« Le système financier, après s’être autoproclamé centre de l’activité économique, doit graduellement reprendre son rôle de serviteur de l’économie réelle », a déclaré M. Carney dans un discours prononcé à Montréal dans le cadre du 4e Rendez-vous avec l’Autorité des marchés financiers (AMF).
« Des institutions plus solides et un système capable de résister aux défaillances sont des conditions nécessaires. Mais la pleine réalisation de cet objectif exige aussi un changement d’attitude », a-t-il ajouté.
Pour éviter l’éclosion d’une nouvelle crise financière, la Banque du Canada dit prôner davantage une « réglementation qui se fonde sur des principes » et « la confiance dans le jugement des personnes » plutôt que la « foi aveugle » dans la surcapitalisation.
« Or, une telle conception suppose une réceptivité de la part de l’industrie, réceptivité qui a manqué à l’appel au cours des derniers mois, a déploré le gouverneur. Le soulagement menace de céder la place à un orgueil démesuré. Les institutions financières doivent démontrer qu’elles sont conscientes de leurs responsabilités élargies. Chaque jour, les financiers devraient se demander en quoi leurs activités influent sur le risque systémique et ce qu’ils font pour la promotion de la croissance économique. »
Lors d’une séance de questions-réponses, Mark Carney a indiqué que ses homologues des autres pays et lui étaient « déçus » du comportement des banques face aux changements réglementaires récemment proposés par le G20. Il a notamment évoqué le retour des généreux bonus dans plusieurs institutions américaines et européennes, à peine un an après la faillite de la banque Lehman Brothers, qui a précipité la crise.
« À l’échelle mondiale, pas nécessairement au Canada, il y a une pénurie de fonds propres (dans les institutions financières), a-t-il souligné. Alors est-ce une bonne idée de payer de fortes primes ? On peut décider. Mais peutêtre (que) les régulateurs vont décider. »
Les énormes profits enregistrés au cours des derniers mois par plusieurs institutions financières occidentales s’expliquent en bonne partie par l’aide apportée par les gouvernements, que ce soit des injections dans le capital-actions, des prêts ou des facilités de trésorerie extraordinaires, a rappelé M. Carney.
C’est sans compter que les institutions financières ont profité des politiques monétaires expansionnistes (faibles taux d’intérêt promis pendant plus d’un an) et de la nette diminution de la concurrence internationale, en raison de la faillite de plusieurs institutions et de la baisse de l’activité bancaire transfrontalière.
« Les banques à l’échelle du globe auraient tout intérêt à saisir cette occasion qui leur est offerte », a prévenu le gouverneur de la banque centrale, en soulignant que les pouvoirs publics allaient être réticents à secourir les institutions financières dans l’éventualité d’une nouvelle crise.
L’Association des banquiers canadiens s’est empressée de joindre les journalistes pour soutenir que Mark Carney ne les visait pas spécifiquement.
« Mémoire courte »
Il reste que dans le cadre du même événement, le surintendant des marchés de valeurs de l’AMF, Louis Morisset, a relevé que les mauvaises habitudes étaient vite revenues au galop.
« Les progrès qu’on a accomplis jusqu’à (en matière réglementaire) sont importants, mais il nous reste encore, comme régulateur, beaucoup de travail à faire, a-t-il affirmé. Les défis sont i mportants parce que les marchés évoluent rapidement et que malheureusement, la mémoire des investisseurs et des intervenants du marché est excessivement courte. Dès maintenant, on est en train de voir, de façon ponctuelle, des comportements que l’on jugeait très répréhensibles qui reviennent graduellement dans les marchés. »
Abordant le fiasco du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), M. Morisset a estimé qu’il était « peut-être temps » pour les organismes réglementaires d’imposer aux produits financiers complexes des « conditions » en matière de divulgation et de transparence.
« L’expérience récente avec le PCAA nous a démontré que les investisseurs institutionnels, même avertis, ne sont pas toujours en mesure de bien comprendre et saisir les risques reliés aux instruments titrisés », a-t-il fait remarquer.




L’ABUSEUR-PAYEUR  -  YVAN LOUBIER
Artisan de son explosion, le secteur financier devrait contribuer à la réduction de la dette publique
L’auteur est économiste et conseiller principal au Cabinet de relations publiques National. I l y a quelques j ou r s , le Fonds monétaire i nter nat i o n a l ( F MI ) me t t a i t e n garde les pays industrialisés contre l’évolution de la dette publique qui devrait passer d’environ 70 % du PI B à plus de 120 % en 2014 . I l les exhortait à agir sur de nombreux f r onts pour réduire de moitié le poids de cette dette au cours des 20 prochaines années.
Des acteurs du secteur financier ont fait miroiter des rendements extraordinaires, ont caché les véritables risques associés à leurs produits financiers fantaisistes, ont abusé du système et ont plongé l’économie mondiale dans le marasme qu’on connaît.
Cet emballement anticipé de la dette publique, on le doit essentiellement au sauvetage du secteur financier mondial et à la multiplicat ion des pla ns de rela nce gouvernementaux de la dernière année pour sortir de la crise économique, justement provoquée pa r l e s e c t eu r financier. Il va sans dire que nous t raînerons longtemps encore l es ef f et s de c et t e c r i s e, s t abil i s ée à gra nds coups de crédit.
L’évolution du fardeau de la dette de ces pays, conjuguée à celle de la population, pourrait fragiliser l’économie mondiale et compromettre une croissance économique durable à long terme. À peine sortis de la récession, il faut déjà penser à cela.
Lorsqu’elle est trop import a nt e , l a de t t e publ i q ue agit à deux niveaux sur la c r oi s s a nce. El l e a c c a pa r e conti nuellement des c apitaux sur le marché pour son f i na ncement, a l or s qu’i l s devraient être disponibles pour des initiatives privées. Ce f a i s a nt , el l e provoque des pressions à la hausse sur les taux d’intérêt et ralentit les i nvestissements privés, moteurs de l a c r oissa nce. Les économistes appellent c e phénomène l ’ e f f e t de « crowding out ».
Par ailleurs, le service de la dette – les i ntérêts que nous payons chaque année à nos créanciers – draine des ressources fiscales qui, autrement, seraient utilisées pour le financement des services publics. La croissance de ces ressources fiscales deviendra de plus en plus limitée dans les pays i ndustrialisés au cours des prochaines décennies avec le déclin démographique (et du nombre de contribuables) et le vieillissement de la population.
Bien que c e t aver t i s s e - ment du FMI soit tout à fait fondé et j ustifié, certaines des recommandations pour parvenir à réduire les dettes publiques sont contestables, voi r e i nacceptables. Elles sou ffrent su rtout d’u ne omission majeure.
Nulle part, il n’est question dans ces recommandations de faire contribuer les véritables artisans de l’explosion de la dette publique. Ceux qui, dans le secteur f i nancier, ont fa it miroiter des rendements extraordinaires, ont caché les véritables risques associés à leurs produits f i nanciers fa ntaisistes, ont abusé du système e t ont plongé l ’é c onomie mondiale dans le marasme qu’on connaît. On s’attaque plus volontiers aux dépenses des gouvernements en santé que l’on voudrait contraindre à l’avenir à l’évolution du PI B, c ’est-à-dire à une progression d’environ 3 % pa r a n née, s oit l a moitié de la progression actuelle, nécessaire et difficilement compressible.
C e q u i s u r p r e n d pl u s encore dans cette omission, c ’est qu’elle survient quelques jours à peine après le sommet du G20 à Pittsburgh o ù u n ma n d a t c l a i r fut donné au FMI en vue de la prochaine réunion de juin : analyser toutes les avenues possibles a f i n que le secteur financier puisse contribuer à l’avenir à réparer les torts qu’il pourrait causer et financer son propre sauvetage. Le FMI ne semble pas prendre ce mandat au sérieux, ni le parti pris d’une bonne partie des leaders du G20 en faveur du principe de « l’abuseur-payeur » !


Les États européens pressés d’agir contre les banques  -  Marc Thibodeau
Après être intervenus massivement pour sauver les banques de l’abysse, les gouvernements de plusieurs pays européens se voient pressés d’intervenir pour faire « payer » ces mêmes établissements maintenant qu’ils ont retrouvé la voie de la prospérité.
Christine Lagarde, ministre des Finances de la France, a évoqué la possibilité de faire payer les établissements bancaires pour couvrir les frais découlant de la mise sur pied d’une nouvelle instance régulatoire.
Le public comprend mal que leurs dirigeants annoncent des résultats trimestriels reluisa nts et met t ent des réserves de côté pour verser des primes substantielles alors que l’économie vivote, que le chômage continue de monter et que les déficits publics explosent.
Le scénario est particulièrement marqué en France, où les tribunes indignées se suivent et se ressemblent, martelant, à qui veut l’entendre, le côté « scandaleux » du retour en forme des banques.
Dans une lettre ouverte parue il y a quelques jours dans Libération, trois ténors du Parti socialiste ironisent sur le fait que les établissements bancaires ont tiré « au moins une leçon de la crise » : elles savent qu’à présent « aucun gouvernement ne laissera l’une d’entre elles faire faillite » et qu’il est donc possible de « spéculer sans risque » pour engranger des profits.
Une situation d’autant plus déplorable, écrivent-ils, que la régulation promise par les chefs d’État pour éviter une répétition de la crise tarde à se matérialiser.
« Tout recommence. Les primes et les profits explosent alors que les risques ne sont pas là. Et la titrisation repart de plus belle avec toutes sortes de produits comme les assurances-vie. C’est le comble du cynisme », déplore en entrevue une des signataires de la lettre, Marie-Noëlle Lienemann.
Le gouvernement français « multiplie les moulinets » pour donner l’impression qu’il agit en matière de régulation sans véritablement changer grand-chose sur le fond, souligne la militante socialiste, qui insiste sur la nécessité « d’arrêter les mécanismes spéculatifs » à l’origine de la crise.
« Le pouvoir f i nancier a pris la main sur le pouvoir pol i t i que » , déplore Mme Lienemann, qui préconise un plafonnement des profits bancaires par l’impôt.
L’idée d’une ponction fiscale supplémentaire de 10 % sur les banques doit être débattue cette semaine en séance plénière à l’Assemblée nationale après avoir été approuvée il y a quelques jours par une majorité de membres de la commission des Finances, incluant plusieurs élus de droite.
« L’État a joué le rôle de l’assureur de dernier ressort. Il est normal qu’il reçoive la contrepartie de cette couverture exceptionnelle en faveur de l’intérêt général », a indiqué l’instigateur de cette initiative, Didier Migaud.
L’idée a reçu hier une fin de non-recevoir de la ministre des Finances, Christine Lagarde. « Il n’est pas question de prendre une mesure à caractère national qui plomberait le système bancaire français », at-elle indiqué dans une entrevue au quotidien économique Les Échos.
L a politic ien ne évo - que c ependa nt l a possibi l i t é de f a i r e payer l es établissements bancaires pour couvrir les frais découlant de la mise sur pied d’une nouvelle instance régulatoire.
La Fédération bancaire française est montée au créneau face à l’idée d’impôts accrus. L’organisation affirme qu’une telle démarche affaiblirait la capacité des banques « à financer les entreprises et les particuliers au moment où ils en ont le plus besoin ».
Des mises en garde similaires n’ont guère troublé le gouvernement fédéral belge, qui vient d’annoncer son intention de prélever « une prime de garantie » aux banques en contrepartie de l’aide massive apportée l’année dernière. La ponction devrait générer, en quatre ans, des revenus de près de 3 milliards de dollars.
« I l faut maintenant que l es banques paient pour la crise qu’elles ont provoquée » , a i ndiqué la vicepremière ministre belge, Laurette Onkelinx.
L’Allemagne songe aussi à faire payer les banques, notamment par l’introduction d’une taxe sur les transactions financières qui est réclamée depuis belle lurette par les courants altermondialistes.
La Grande-Bretagne pourrait aussi emboîter le pas sous peu. Le Sunday Telegraph a révélé dimanche que le gouvernement du premier ministre Gordon Brown préparait un « assaut f i scal » contre les banques.
« Il faut avoir une discussion beaucoup plus ouverte et plus approfondie sur la manière dont les banques interagissent avec le reste de l’économie et l’importance de ces interactions », a rétorqué la direction de l’association bancaire anglaise, Angela Knight.

PARIS 
L’idée d’une taxe spéciale pour les banques fait son chemin
PARIS — L’idée d’une taxe spéciale pour les banques, s’apparentant à une « prime » versée à l’État « assureur en dernier ressort », commence à faire son chemin, notamment en Belgique, où elle va être mise en oeuvre, et en France où l’Assemblée nationale en débattra cette semaine.
Le ministre des Finances belge a annoncé mardi dernier l’introduction d’une taxe de 0,15%, à partir de 2012, sur la somme des dépôts bancaires et des produits d’assurance destinés à l’épargne, comme l’assurance vie.
La taxe a été présentée comme une « prime de garantie » par le gouvernement. « La crise financière a démontré le rôle fondamental de l’État comme garant de dernier ressort des établissements financiers », une garantie qu’il faut rendre « explicite », a expliqué le ministère des Finances. « L’industrie bancaire n’est pas une industrie comme les autres. Les États ont été pris en otage, contraints de les sauver de la faillite. Cela justifie une taxe additionnelle », a f f i r me Gunther CapelleBlancard, directeur adjoint du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
« On offre aux banques une assurance tous risques, elle a un coût, c’est la prime d’assurance », poursuit-il.
En France, la commission des Finances de l’Assemblée nationale a adopté mercredi dernier un amendement de son président Didier Migaud (PS) prévoyant, pour 2010 seulement, une taxe additionnelle de 10% à l’impôt sur les sociétés sur les établissements financiers.
« L’État ayant joué le rôle d’assureur de dernier ressort au cours de la crise bancaire de l’automne 2008, il est normal qu’il reçoive la contrepartie de cette couverture exceptionnelle en faveur de l’intérêt général », a justifié Didier Migaud dans une argumentation proche de celle de Bruxelles. L’amendement a été adopté grâce à l’apport de voix de la majorité, dont quatre députés UMP.
Mais il est loin d’être acquis que l’Assemblée suive la commission, à l’examen de l’amendement cette semaine.


LES ASSUREURS RETIRENT DES FONDS DES TABLETTES  -  Stéphanie Grammond
Depuis trois ans, les compagnies d’assurances ont lancé des produits très audacieux pour se tailler une part du marché des fonds distincts, une industrie de 64 milliards au Canada. Mais la crise financière a ébranlé l’échafaudage de certains produits qu’i
Les assureurs ti rent de dures leçons de la débâcle des marchés financiers. En ce moment, ils sont obligés de refaire leurs devoirs et d’effacer les protections les plus généreuses de leurs fonds à capital garanti

Cette semaine, Manuvie a jeté à la corbeille la version originale de RevenuPlus, son produit-vedette qui avait révolutionné l’industrie lors de son lancement en grandes pompes en 2006.
Depui s l e pr i nt e mps , Desjardins Sécurité financière et la Financière Sun Life ont aussi biffé les protections de leurs fonds garantis, qu’on appelle aussi fonds distincts. Transamerica devrait retoucher bientôt à sa gamme de fonds 5 à vie.
Et d’ici à quelques jours, AXA retirera des tablettes les 12 fonds de sa famille Cumulàvie, que l’assureur avait mis au monde il y a seulement un an et demi.
« Pour nous qui nous lancions dans les fonds distincts, c’était comme si nous ouvrions un restaurant de hamburgers en pleine crise de la vache folle », illustre Robert Landry, vice-président exécutif, assurance-vie et services financiers, chez Axa Assurances.
Prudente, AXA a préféré suspendre l a distribution des fonds qui avaient attiré sept millions de dollars (les c ontrats exista nts s eront d’ailleurs honorés), quitte à revenir dans le marché lorsque l’industrie des fonds distincts se sera stabilisée.
Les rouages des fonds distincts
Les fonds distincts sont des proches parents des fonds communs de placement. Mais ils sont considérés comme des produits d’assurance, car ils sont assortis d’une protection qui garantit le capital de départ (à 75% ou à 100%) au moment du décès de l’investisseur ou à l’échéance de son contrat (souvent 10 ans après l’investissement initial).
Il y a trois ans, Manuvie a innové en greffant aux fonds distincts une « garantie de retrait minimum », qui assure non seulement le capital, mais aussi le versement de revenus annuels, un peu comme une rente.
Prenons l’exemple fictif de Pierre pour mieux comprendre la mécanique. À 55 ans, Pierre investit 100 000$ dans une gamme de fonds distincts. Cette valeur est garantie (à 75 % ou à 100 %) par l’assureur.
Pendant 10 ans, Pierre ne touche pas à son argent. Pour chaque année sans retrait, l’assureur bonifie sa valeur garantie de 5%, soit de 5000$ par a n. Après 10 a ns, sa valeur garantie s’élève donc à 150 000$... même si son portefeuille est en baisse.
D’autre part, si les marchés financiers vont bien, l’assureur cristallise les gains accumulés dans le portefeuille de Pierre tous les trois ans. Sa valeur garantie équivaut alors à sa valeur marchande.
Après 10 ans, disons que la valeur garantie de Pierre s’élève à 150 000$. Pierre a 65 ans, il prend sa retraite et il commence à puiser dans son fonds. L’assureur s’engage alors à lui verser des revenus équivalents à 5% de la valeur garantie. Pierre touchera donc 7500$ par année, jusqu’à la fin de ses jours.
Notez que certains assureurs offrent d’autres options de décaissement (ex: 7% par an durant 14 ans, ou 4% à vie dès l’âge de 45 ans).
Des garanties rayées de la carte
Les fonds à garantie de retra i t minimum ont fa it fureur auprès des baby-boomers qui approchent de la retraite. Depuis trois ans, sept autres assureurs ont lancé des produits similaires, notamment Helios chez Desjardins Sécurité financière, Sunwise à la Sunlife, et EcoFlextra à l’Industrielle-Alliance.
« I l y a eu beaucoup de concurrence. Certains ont été audacieux, en utilisant des hypothèses très serrées. Avec la turbulence des marchés financiers, les garanties de capital leur coûtent cher. La facture des produits est remise en cause », explique Gilles Bernier, professeur à l’ Université Laval et titulaire de la chaire d’assurance et de services f i nanciers L’Industrielle-Alliance
Cette semaine, Manuvie a donc cessé d’offrir la version originale RevenuPlus. « Fini les garanties généreuses. L’assureur a évalué ses risques liés aux 20 milliards sous gestion de toutes ses familles de fonds garantis et ne peut plus continuer à en offrir autant », constate Fabien Major, conseiller en sécurité financière au cabinet Major gestion d’actifs, qu’il a fondé il y a 10 ans.
En clair, l’assureur n’offre plus de protection du capital 10 ans après l’investissement initial, ce qui permettait aux clients de se retirer avec leur valeur garantie cristallisée, malgré une baisse de leur portefeuille.
Désormais, les clients qui veulent profiter de la garantie doivent conserver leur investissement et décaisser leur capital graduellement avec les retraits garantis. Mais ils devront payer un peu plus cher, « afin de compenser en partie l’augmentation des coûts du produit ». Les frais annuels ont grimpé de 0,10 %, pour la version originale et la version modifiée de RevenuPlus.
De son côté, Desjardins Sécurité financière a éliminé la garantie à 100 % après 10 ans, pour l’ensemble de ses fonds distincts. « C’est la garantie qui amène le plus de volatilité et de risque dans les résultats des assureurs. Et avec les événements de l’automne dernier, les assureurs ont revu leur appétit pour le risque », avoue André Langlois, le viceprésident du développement et de la mise en marché, assurances et épargnes.
En outre, Desjardins a éliminé l’option de décaissement la plus populaire d’Helios, soit l’option de retraits de 7% par an sur 15 ans. Maintenant, les clients toucheront 4 % à vie s’ils retirent leurs billes dès 45 ans, 5% à vie à partir de 65 ans, et 6% à partir de 75 ans.
Durant l’été, la Financière Sunlife a aussi modifié son offre. Les frais annuels des fonds distincts ont gonf lé ( jusqu’à 0,3 % de hausse selon le fonds).
L’assureur a éliminé la version originale de Sunwise. Dans la version revue et corrigée, la garantie du capital à 100% a disparu, et les portefeuilles ne peuvent plus dépasser 70% en actions, question de réduire la volatilité.
Cela dit, les contrats actuels restent en vigueur et les garanties seront honorées. Il en va de même chez Manuvie et Desjardins.
Par ailleurs, d’autres assureurs n’ont pas l’intention de modifier leurs fonds distincts. C’est le cas de l’IndustrielleAl l i a nce, dont l a fa mi l le
EcoFlextra n’a jamais offert de garantie après 10 ans. « Nos contrats n’ont subi aucun changement. Nous sommes toujours très à l’aise avec les caractéristiques et la tarification », souligne Jacques Carrière, vice-président à l’Industrielle-Alliance.
Que reste-t-il de bon?
Malgré tous ces bouleversements, les fonds distincts ont encore de l’attrait, selon Fabien Major, qui est aussi l’auteur d’un blogue sur les produits financiers (www.majorblog.net). À la demande de La Presse Affaires, il a passé en revue les nouvelles caractéristiques des fonds assortis d’une garantie de retrait minimum (voir tableau).
Après comparaison, quels sont ses meilleurs choix ? Il suggère la famille SunWise, de Sunlife et C.I., car elle offre un très bon choix de fonds (ex : C. I. revenu élevé, Harbour croissance) à des coûts relativement faibles. « Mais je ne prendrais pas la garantie à 75 % sur 10 ans parce que les frais sont déraisonnables. »
La famille Astra de SSQ retient aussi son attention. Les frais sont raisonnables. On peut investir jusqu’à 90% en actions. Et la période de bonification est illimitée. Même s’ils ont commencé à décaisser, les retraités peuvent encore y avoir droit dans la mesure où ils ne font pas de retrait durant une année.


Bernanke veut limiter les très grosses sociétés financières
WASHINGTON — Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, a plaidé hier devant le Congrès des États-Unis pour l’imposition de normes plus strictes qui rendraient moins attrayant la croissance des sociétés financières au-delà d’une taille critique.
« Il est nécessaire de durcir les exigences non seulement pour assurer la stabilité des institutions individuellement et du système financier dans son ensemble, mais aussi pour réduire les incitations poussant les sociétés financières à devenir très grandes, de manière a être perçues comme trop grosses pour pouvoir faire faillite », a déclaré M. Bernanke.
Le patron de la Réserve fédérale ( Fed) a laissé entendre que ce durcissement pourrait avoir trait aux normes de capital, de liquidité ou de gestion du risque. La question des entreprises dont la taille est telle que leur faillite aurait des conséquences dramatiques pour l’ensemble du système financier est un des points clés du projet de réforme de la régulation financière présenté au Congrès par le gouvernement du président américain Barack Obama.
M. Bernanke témoignait hier devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants dans le cadre d’une audition consacrée à ce projet de loi.
Celui-ci prévoit que la Fed sera chargée de surveiller et réguler toutes les sociétés financières dites « systémiques » , quel que soit leur statut (banques, mais aussi assurances, fonds d’investissement...), et de donner au gouvernement le pouvoir de placer sous la tutelle d’un r égulateu r t oute i nst i t ution financière majeure qui menacerait de s ’é c r ouler, en vue de la démanteler de manière ordonnée.
Pour nombre de parlementaires, d’économistes ou de responsables de la Fed, le sauvetage en catastrophe de l’assureur AIG en septembre 2008 par la banque centrale et le renflouement des plus grosses banques du pays par l’État a contribué à nourrir l’« aléa moral » laissant penser aux investisseurs qu’ils seront toujours secourus par le gouvernement, quelles que soient leurs erreurs de jugement et de gestion, pour peu que leur entreprise soit suffisamment grosse.

Limiter les banquiers  -  ARIANE KROL
«Nous ne reviendrons pas à ces comportements téméraires ni à ces excès débridés qui ont joué un rôle central dans la crise », décla rait récemment Barack Obama dans un discours à l’intention de Wall Street. Vraiment? C’est ce que nous verrons cette semaine à Pittsburgh, à la réunion du G20. Un an après la déroute de L eh ma n Brothers , les Européens sont plus déterminés que jamais à restreindre les primes des banquiers. Une démonstration de force qui peut plaire à l’électorat, mais qui risque fort de rater sa cible.
L’Union européenne ne va pas jusqu’à plafonner les primes, mais elle veut imposer de sévères restrictions. Les bonis seraient liés au rendement à long terme et devraient même être remboursés par le dirigeant en cas de contreperformance. Contre toute attente, les États-Unis, ou du moins la Réserve fédérale, ont fait un pas dans cette direction. La Fed, rapporte le Wall Street Journal, ne surveillerait pas seulement les pri mes des patrons, mais tous les aspects de la rémunération qui pourraient mettre en péril la solvabilité d’une institution financière.
Le projet, on s’en doute, fait grincer bien des dents. La Fed va fausser les règles du libre-marché, interférer dans les décisions des conseils d’administration et jouer dans les plates-bandes du Congrès, disent ses détracteurs. Mais il y a pire.
En s’attaquant aux primes des banquiers, les États cherchent avant tout à réformer un système de mesures incitatives jugé dangereux. Un système qui encourage la prise de risques excessifs et la quête de gains rapides au détriment de la prospérité à long terme des entreprises. Quand une trop grande partie de vos gains personnels dépend du volume de prêts que vous générez, il se peut que vous deveniez moins regardant sur la qualité des emprunteurs. Des remises en question s’imposent pour que les primes à la performance retrouvent leur véritable sens.
Cela dit, il serait naïf de croire que les financiers vont regarder fondre leur rémunération sans broncher. Si les politiciens réduisent leurs primes, ils s’arrangeront pour se faire payer autrement. C’est ce que tout le secteur privé a fait lorsque l’administration Clinton a interdit aux entreprises de déduire plus d’un million de dollars pour le salaire d’un haut dirigeant. Les primes et les options d’achat d’actions ont gagné en importance… avec les résultats que l’on connaît.
Si les membres du G20 veulent renforcer le système bancaire, ils vont devoir s’intéresser à des aspects plus fondamentaux de l’industrie, comme les ratios de levier fina nciers – le nombre de dollars qu’une banque peut emprunter pour chaque dollar qu’elle possède. Un principe pas mal moins sexy, mais autrement plus porteur, que les primes des grosses gommes de Wall Street. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle les banques canadiennes s’en tirent beaucoup mieux que les autres depuis un an.


G20
Un moment crucial  -  Yvan Loubier
Les pays du G20 doivent coordonner le retrait de leurs politiques interventionnistes sans nuire à la reprise
L’auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National. Le sommet du G20 qui débute dans trois jours à Pittsburgh revêt une importance toute particulière. À un moment où des embellies semblent se dessiner quant à une reprise économique éventuelle, tous les pays participants, responsables de 90% de la production de la planète, sont condamnés à s’entendre afin d’assurer une reprise mondiale durable.
Pittsburgh (Pennsylvanie) s’apprête à accueillir, les 24 et 25 septembre, les leaders des pays du G20.
Le président Obama a eu raison la semaine dernière, lors de son allocution devant les financiers de Wall Street, de dénoncer l’attitude de certains de leurs représentants qui agissent comme si rien ne s’était passé depuis l’automne dernier alors que le système financier des États-Unis a failli s’effondrer comme un château de cartes à cause de la cupidité de quelques-uns. On connaît la suite au chapitre de l’économie réelle où partout dans le monde, faillites et chômage record furent au rendez-vous, avec en prime des finances publiques qui mettront du temps à se rétablir.
Plus j amais les choses ne doivent être les mêmes et surtout pas au nom d’une sacrosainte liberté du marché dont on a trop souvent entendu ces jours-ci en marge de la préparation du sommet. Quand la liberté de s’enrichir de quelques-uns menace la stabilité financière et économique de tous, il faut savoir ramener les premiers à l’ordre et édicter des règles claires, coercitives et mondiales.
Le sommet du G20 doit aboutir de façon décisive à cette volonté de réglementation mondiale du secteur fina ncier da ns u n monde où le s c a pit au x c i rc u lent librement. Si une approche concertée n’est pas adoptée, u ne situation dévastatrice comme celle que nous avons vécue, le battement d’ailes du papillon, pourrait encore une fois partir de New York et créer une onde de choc de Londres à Pékin.
La même logique de concertation doit s’appliquer à l’économie réelle et cette préocc upation figu re en bonne place à l’ordre du jour du sommet. Les signes de reprise actuels sont encourageants. Cependant, nous savons tous qu’ils sont en bonne partie le résultat d’un dopage des économies du monde provenant de la multitude de plans de relance déployés par les gouvernements, particulièrement celui des États-Unis.
Les leaders du G20 ont à définir un autre plan, soit celui du retrait concerté de leurs politiques interventionnistes et du moment où cette action sera posée. Le choix de ce moment est crucial et l’on doit être convaincu, lorsqu’on le fera, que l’économie est sur une véritable lancée et capable de se passer des interventions de l’État, sous peine de plonger à nouveau le monde dans un cycle de ralentissement économique.
Mais il y a bien entendu une contrepartie à la poursuite de l’intervention gouvernementale. Les gouvernements ne peuvent indéfiniment soutenir la consommation et les investissements à coup de milliers de milliards de dollars empruntés ou imprimés, car ils pourraient eux-mêmes compromettre la reprise durable qu’ils souhaitent voir s’installer.

Voilà les grands défis auxquels sont confrontés les leaders du monde. Reste à savoir s’ils auront la volonté, le courage et la force de persuasion pour adopter une ligne de conduite ferme, rigoureuse et concertée. Si l’on croyait, avec raison, que sortir de la présente récession représentait un grand défi, gérer la reprise pourrait être un défi de plus grande envergure.



FAUT-IL CROIRE LES ÉCONOMISTES?
> Oui, mais il faut savoir identifier les bons   -  PIERRE FORTIN
Ma réponse à la question posée en titre est: oui, il faut les croire, pourvu qu’on les sache honnêtes, compétents et indépendants. Cela soulève deux autres questions: 1) comment identifier ces bons économistes; et 2) pourquoi on ne les croit pas même si on sait qu’ils sont bons.
Je tiens de mon père les réponses à ces questions. Modeste médecin de famille, il lisait avidement les revues médicales comme L’Union médicale du Canada et The Lancet. Dès la fin des années 50, il avait appris des plus grands chercheurs que la cigarette causait le cancer du poumon et que les aliments gras entraînaient l’athérosclérose. Il arrêta de fumer et se mit à boire du lait en poudre dilué dans l’eau. Il essaya de convaincre ses patients d’abandonner la cigarette et ses enfants de boire son lait aqueux. Bien évidemment, sans succès. Nous appelions son lait, le «sapin», étant justement convaincus qu’il essayait de nous en passer un.
Notre père a malheureusement souffert de sclérose en plaques pendant 50 ans. Pour comprendre son mal, plutôt que de se fier à L’Almanach du peuple, il alla voir les éminents chercheurs Wilder Penfield et Roy Swank à l’Institut neurologique de Montréal. Il combattit, également sans succès, les remèdes de charlatans qui exploitaient sans vergogne la vulnérabilité et la crédulité des personnes atteintes de cette terrible maladie.
J’en ai appris deux leçons. La première, c’est que les bons économistes, comme les bons médecins, on les trouve parmi les grands chercheurs indépendants. Est-ce qu’ils ont su diagnostiquer la bulle immobilière américaine des années 2000 et prévoir son éclatement? Oui, à peu près tous. Des maisons qui se vendaient à trois fois la valeur capitalisée des loyers qu’elles pouvaient obtenir sur le marché, ça n’avait tout simplement pas de bon sens. Qui sont ces chercheurs? Des gens comme Akerlof, Beaudry, Blanchard, DeLong, Krugman, Shiller, Stiglitz, Buiter. Ils sont à Berkeley, à UBC, au MIT, à Princeton, à Yale, à Columbia, au London School.
Plus près de nous, au Québec, tous les économistes en chef de nos grandes institutions financières ont fait état de leur vive appréhension au sujet du marché immobilier américain dans les conférences qu’ils ont présentées à des centaines d’auditoires à partir de 2004.
Ce sont aussi les «bons économistes» américains qui ont aidé à payer les pots cassés après que l’administration Bush ait laissé la faillite de Lehman Brothers se produire et déclencher un effet de domino mondial l’automne dernier. (Je vous concède ici que l’ampleur de la contagion a été universellement sousestimée.) Trois des meilleurs entourent le président Obama. Ils ont formulé le plan de relance économique qui commence aujourd’hui à porter ses fruits aux États-Unis. Ils s’appellent Bernanke, Romer et Summers. Ils viennent de Princeton, de Berkeley et de Harvard.
La seconde leçon apprise de mon père est qu’ici ou ailleurs les bons économistes, comme les bons médecins, ne sont pas nécessairement écoutés. Quand tout le monde faisait de l’argent avec le système financier il y a trois ans, les «casseux de veillée» n’étaient pas très populaires. Ces «prophètes de malheur» ont été tournés en ridicule pour ne pas comprendre que «les lois de l’économie ne sont plus les mêmes». L’économiste français Maurice Allais, Prix Nobel de science économique 1988, a diagnostiqué le mal sans détour: «Les gens sont menés par leurs intérêts, leurs préjugés, leurs passions et la logique, fût-elle scientifique, a réellement peu de prise sur ce qu’ils font.»

Dans toute cette foire, les médias peuvent jouer un rôle fondamental. Aider les gens à identifier les intervenants honnêtes, compétents et indépendants. Démasquer la fourberie, l’ignorance et les conflits d’intérêts. Donner préséance au vrai sur le spectaculaire. À observer présentement au Québec l’incroyable naïveté de tous ceux qui confient leurs épargnes au premier venu (qui est parfois un bandit, n’est-ce pas?), on m’accordera que la bataille de l’éducation économique est encore loin d’être gagnée chez nous.

> Ils n’ont pas la prétention d’être infaillibles  -  François Dupuis
Les économistes ont bon dos par les temps qu i cou rent . On leu r dema nde d’ausculter l’économie, d’établir un diagnostic et de faire des pronostics, puis, on s’amuse à les prendre en défaut sur l’exactitude de leurs prévisions.
Autre paradoxe, les divergences de vue font l’objet de plaisanteries. On dit souvent que « même les économistes ne s’entendent pas entre eux», alors que lorsqu’il y a unanimité, on les accuse de manquer d’imagination! Peu importe la position adoptée, elle ne semble jamais convenir. Cependant, malgré le scepticisme, on continue à faire appel à eux.
Dans le tumulte des avis économiques qui se sont multipliés depuis deux ans, on a souvent fait écho aux points de vue extrêmes de ceux qui cédaient à la panique. Toutefois, ces opinions ne reposaient pas toujours sur des assises solides. Il faut bien davantage qu’une donnée mensuelle pour bâtir une analyse. La grande volatilité des indicateurs économiques impose une certaine retenue dans les commentaires. Il faut travailler avec les tendances sur plusieurs mois puisque l’expérience révèle que chaque jour amène son lot de nouvelles observations et d’apparentes contradictions.
Par ailleurs, certains considèrent les marchés financiers, notamment la Bourse, comme le miroir parfait de l’évolution de l’économie, ce qui n’est pas le cas. Cela contribue à embrouiller le public.
Parmi la panoplie de données disponibles pour décrypter l’économie et appuyer les prévisions, nombre d’entre elles sont, plus souvent qu’autrement, des estimations qui seront révisées, parfois de façon importante. L’économie n’est pas une science exacte. Elle n’offre pas la certitude des lois de la physique ou de la chimie; elle s’appuie sur des comportements humains. L’économiste présume qu’en fonction d’un événement donné, le comportement des acteurs économiques sera rationnel. Dans les faits, cependant, il faut avouer que les humains sont parfois déroutants.
En ce qui a trait à la dernière récession, les modèles de prévisions économiques n’auraient pu prédire avec précision le moment et, surtout, l’ampleur de la débâcle puisque aucun d’entre eux n’inclut de variables sur la qualité des produits financiers, tels les plus récents montages structurés. Les problèmes sont venus de la gestion interne des institutions financières, en particulier aux États-Unis et en Europe de l’Ouest.
En fait, une conjonction de phénomènes microéconomiques peu rationnels, de très forte intensité, liés à des secteurs névralgiques comme ceux de l’habitation et de la finance, a eu des effets macroéconomiques importants, ce qui est plutôt rarissime. La perte de confiance dans le système financier a créé une crise de liquidités. Elle a, à son tour, paralysé l’octroi du crédit et entraîné la chute de certains secteurs économiques. Celui de l’automobile est l’exemple le plus évident: sa vulnérabilité structurelle a été exacerbée par une conjoncture économique difficile, ce qui l’a précipité vers l’abîme.
Enfin, la profession d’économiste ne dispose pas d’un champ d’exercice protégé par un ordre professionnel. Certains se drapent du titre et exposent leurs vues à qui le leur demande, ce qui n’est pas sans engendrer une certaine confusion dans les messages véhiculés. Toutefois, la diversité des idées a du bon, dans la mesure où ces dernières s’appuient sur des analyses rigoureuses.
Faut-il croire les économistes ? À vous de voir! Ils n’ont pas la prétention d’être infaillibles et encore moins de s’arroger le droit de décider à votre place, cependant, ils disposent de nombreux outils pour décoder l’économie. En somme, leur mandat est de comprendre les phénomènes économiques pour mieux les expliquer, ce qui en facilite d’autant votre prise de décision.




La mission quasi impossible du G20: réglementer les marchés  -  Hélène Baril
Maintenant que la reprise se montre le bout du nez et que les capitaux ont retrouvé leur fluidité, les investisseurs floués et les contribuables qui paieront la note de la crise financière attendent une seule chose de leurs gouvernements: qu’ils fassent en sorte que ça ne se reproduise plus.
C’est pourquoi les dirigeants des 20 pays les plus industrialisés qui se réuniront la semaine prochaine à Pittsburgh ont mis la réglementation du secteur financier à leur menu principal.
I l s doivent t r ouver des moyens de limiter la rémunération excessive des dirigeants d’entreprise, d’empêcher la spéculation excessive sur le pétrole et de protéger les investisseurs contre les fraudeurs ou les produits financiers viciés comme les PCAA.
C’est tout un programme, où deux philosophies vont fatalement s’opposer, celle des Européens, qui usent facilement de l’arme de la réglementation, et celle des Américains, qui, au contraire, veulent éviter de brimer les marchés.
À 20 autour de la table, les chances sont minces que des solutions concrètes à des problèmes aussi complexes voient le jour. Il le faudra pourtant, estime Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées.
« Ça va se faire progressivement, mais c’est vers là qu’on s’en va », a-t-il expliqué, au cours d’un entretien avec La Presse Affaires.
Michel Nadeau souligne que la gestion des risques de marché est de plus en plus une question internationale, qui exige des actions internationales.
C’est déjà commencé avec les paradis fiscaux, où l’action concertée des principaux pays industrialisés a réussi à tordre le bras à la Suisse et à d’autres pays permissifs en matière fiscale, a-t-il illustré.
L’Europe et les États-Unis ont déjà des vues passablement différentes sur la rémunération des dirigeants d’entreprises privées.
Les Européens voudraient limiter les primes et même forcer leurs récipiendaires à rembourser les sommes encaissées si les résultats se détériorent dans les années suivantes.
Une telle intervention dans les pratiques des entreprises privées est très mal vue des Américains et même le président Barack Obama a tenu à le dire publiquement. « Nous sommes dans un pays où, de manière générale, on ne dit pas: vous ne pouvez pas payer les gens à un niveau, quel qu’il soit, à partir du moment où dans le privé, le marché dit qu’il est prêt à l’accepter », a-t-il dit.
La rémunération n’est pas le plus complexe des problèmes qui seront abordés à Pittsburgh jeudi et vendredi prochains. Il y a aussi la question des produits dérivés, qui ne sont pas réglementés et le rôle des agences de cotation, qui a contribué à la crise financière. Des plus grosses banques aux simples investisseurs, en passant par les assureurs et les fonds de couverture, à peu près tout le monde sera touché par les décisions qui seront prises au sommet.
Pour arriver à quelque chose, les pays devront trouver un compromis entre la coordination internationale et l’indépendance des marchés, selon Michel Nadeau. Le risque est un ingrédient nécessaire au fonctionnement des marchés, convient-il. « Il ne faut pas stopper l’innovation mais être vigilant. »
La prochaine rencontre des leaders des pays industrialisés est importante, mais elle ne risque pas de déboucher sur l’unanimité, croit Michel Nadeau. « Il ne faut pas penser qu’une autorité mondiale des marchés financiers va voir le jour, mais on va s’entendre sur certaines choses de base », prévoit-il.
Il a, selon lui, une obligation de résultat. « Les gouvernements ont tellement dépensé pour réparer les dégâts de cette crise, qui n’est pas une crise économique mais une crise financière provoquée par Wall Street. »




LA GESTION PRIVÉE TRAVERSE LA CRISE  -  Jean Gagnon
Rien de plus rassurant que de confier sa fortune à un expert dont la feuille de route est élogieuse.

Mais quand une crise financière frappe, plus rien ne semble suffisamment rassurant, comme on a pu le voir lors de la dernière tourmente boursière qui a amputé la valeur nette des actifs de la plupart des québécois de 20%, 30% et même parfois de 50%!
Même pour la classe des nantis, qui conf ient leur patrimoine en gestion privée à des institutions financières réputées, la confiance a été secouée, constatent plusieurs intervenants du milieu.
La gestion privée of f r e aux gens fortunés et à leurs familles des services et des conseils sur l’ensemble de la gestion du patrimoine, notamment la planification financière, la gestion de portefeuilles, ainsi que la planification fiscale et successorale.
Cette crise est très différente des précédentes, explique Hélène Bronsard, vice-présidente de Raymond Chabot gestion privée.
« Les gens ont l’impression que la spéculation à outrance, ainsi que la malhonnêteté de plusieurs i ntervenants sur les marchés financiers, sont à l ’origine des problèmes qu’ils ont connus, dit-elle. Ils sont amers, et plusieurs se sentent petits devant les événements. »
Éric Bujold, premier viceprésident et directeur général, Gestion de patrimoine, Banque Nationale Groupe financier constate que plusieurs investisseurs ont réagi à la crise en modifiant certains comportements.
« Les clients nantis reviennent vers le placement plus traditionnel et augmentent la liquidité de leurs portefeuilles, dit-il. Ils exigent une plus grande transparence de la part de leurs gestionnaires et expriment une volonté de se rapprocher des marchés locaux afin de mieux comprendre les investissements qu’ils font. »
Un pôle important
Mais, crise ou pas, la gestion du patrimoine demeurera un des pôles importants du développement stratégique des institutions financières. Et la gestion privée est au coeur de ce développement.
Continuellement à l’affût des nouvelles techniques de gestion, les professionnels de la gestion privée demeurent convaincus du bien-fondé de leurs méthodes et des produits qu’ils offrent.
Pour Jean Brunelle, viceprésident gestion privée chez Desjardins, la crise a démontré que la règle numéro un en gestion de portefeuilles, soit de s’assurer d’avoir la bonne répartition d’actifs, est plus que jamais valable.
« En période de crise, le client bien accompagné et bien informé par son institution est celui qui a la meilleure chance de bien s’en tirer, dit-il. Ceux qui se rappelaient la crise des technos de 2001-2002 ont évité de répéter les mêmes erreurs. »
Jean Duguay, directeur des placements pour le Groupe Eterna, ne doute pas que la crise a renforcé le besoin de gestion privée, c’est-à-dire d’avoir quelqu’un en qui on a confiance et qui prend charge de tout.
« Bien sûr, la réputation du gestionnaire doit être solide », précise-t-il.
Les nombreuses fraudes et les scandales des dernières années ont rendu plusieurs investisseurs craintifs, si bien que certains sont maintenant disposés à payer une prime à la réputation
Quelque 4 40 000 foyers canadiens, dont 18% sont au Québec, possèdent un portefeuille d’investissements en actions et obligations de plus d’un million de dollars.
Ce sont eux que visent les démarcheurs de la gestion privée.

« Nous ne reviendrons pas à l’époque des excès »
Wall Street n’a pas retenu les leçons de la crise, juge le président Barack Obama
NEW YORK — Le président Barack Obama a relancé son effort de réforme des règles de la finance en s’en prenant durement à ceux qui, à Wall Street, se complaisent dans les « comportements inconsidérés » et les « excès incontrôlés » et refusent de tirer les leçons de la crise.
Curieux et manifestants étaient réunis hier devant le Federal Hall de New York, situé à quelques pas de la Bourse.
« Malheureusement, il y en a certains, dans l’industrie financière, qui se trompent dans la lecture du moment présent », a déploré hier M. Obama dans un discours à deux pas de la Bourse de New York, un an jour pour jour après que le dépôt de bilan de la vénérable banque d’affaires Lehman Brothers eut diffusé une onde de choc qui s’est rapidement propagée à toute l’économie mondiale.
« Au lieu de tirer les leçons ( du dépôt de bi l a n) de Lehman et de la crise dont ils n’ont toujours pas fini de se remettre, ils choisissent de les ignorer », a-t-il dit devant un parterre de dirigeants de la finance au Federal Hall, haut lieu de l’histoire de la démocratie américaine.
« Nous ne r ev i e ndrons pas à l’époque des comportements inconsidérés et des excès incontrôlés qui sont au coeur de cette crise, quand trop de gens n’étaient motivés que par le goût des marchés vite expédiés et des primes juteuses », a dit M. Obama, qui n’en est pas à sa première diatribe contre les pratiques de Wall Street, objet d’indignation populaire.
Il a une nouvelle fois réclamé des « règles de conduite vigoureuses qui nous protègent contre les risques systémiques que nous avons connus ».
Il a rappelé les propositions détaillées par son administration en juin pour mettre fin aux fragilités d’un système dans lequel l’emballement d’une composante peut entraîner les autres : renforcement du contrôle exercé par la Réserve fédérale ( Fed) sur les plus grandes institutions financières, création d’une autorité permettant au gouvernement de reprendre et de disposer de grandes institutions en déconfiture.
Une nouvelle agence de protection des consommateurs verrait le j our. Elle s upervisera i t l es c r édits immobiliers et les crédits à la consommation.
Une dizaine de jours avant de recevoir à Pittsburgh les dirigeants des pays avancés et des grandes économies émergentes, le G20, Barack Obama a aussi affirmé la nécessité d’un effort commun « énergique » pour réformer le système mondial.
Ce sommet est précédé d’une vive querelle entre les États-Unis et un partenaire aussi important que la Chine, depuis que M. Obama a infligé des droits de douane supplémentaires aux pneus chinois.
M. Obama s’est gardé de toute motivation protectionniste, mais
a certifié qu’il ferait respecter les accords commerciaux existants (voir la chronique de Claude Picher en page 5).
La régulation f i nancière sera un sujet primordial au sommet. Mais la question des primes versées aux dirigeants de la finance devrait aussi accaparer des dirigeants divisés sur la question.
M. Obama a pressé Wall Street de renforcer la transparence et de récompenser les visions à plus long terme plutôt que les profits faciles, sans attendre que les parlementaires américains ne légifèrent.
Dans une apparente concession aux partenaires des États-Unis, M. Obama ne s’est pas contenté de montrer du doigt le monde de la finance.
« C’est une défaillance collective du sens des responsabilités à Washington, à Wall Street et dans toute l’Amérique qui a conduit au quasieffondrement de notre système financier il y a un an. »
Résistance
Cet été, la nouvelle réglementation a cédé le pas dans le débat public américain à la réforme du système de santé.
L e gouvernement c r oit pouvoir faire inscrire dans la loi ces deux grandes réformes présidentielles d’ici à la fin de l’année.
Dans les deux cas, l’adoption est tout sauf acquise. Les résistances sont fortes au Congrès et à Wall Street. Les plus hauts dirigeants des banques n’étaient pas présents au discours de M. Obama.
Le président américain a appelé Wall Street à « bien accueillir » les réformes et non pas à les combattre.

« Il n’est ni juste ni responsable de votre part, après vous être rétablis avec l’aide de votre gouvernement, d’esquiver vos obligations quant à l’objectif d’une reprise plus étendue, d’un système plus stable et d’une prospérité répartie sur un plus grand nombre », a soutenu M. Obama.

Un Prix Nobel critique les banques américaines
Selon Joseph Stiglitz, lauréat d’un prix Nobel d’économie en 2001, les États-Unis n’ont pas réglé les problèmes sous-jacents de leur système bancaire après la crise du resserrement du crédit et l’effondrement de Lehman Brothers.
Les courtiers de Wall Street ont suivi avec attention le discours du président Obama.
« Aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, des banques " trop grosses pour s’effondrer" sont devenues encore plus grosses », a dit M. Stiglitz dimanche au cours d’une entrevue à Paris. « Les problèmes sont pires qu’en 2007 avant la crise », a-t-il prévenu.
Ce point de vue de M. Stiglitz fait écho à celui de Paul Volcker, un ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a conseillé au président Barack Obama de réduire la taille des banques, et de Stanley Fischer, gouverneur de la Banque d’Israël, qui a suggéré le mois dernier que les gouvernements pourraient vouloir décourager les institutions financières de croître de « manière excessive ».
Un an après que l’effondrement de Lehman Brothers eut forcé le Trésor américain à dépenser des millia rds de dollars pour venir à la rescousse du système financier, les actifs de Bank of America ont augmenté et ceux de Citigroup demeurent i ntacts. Au Royaume-Uni, Lloyds Banking Group, qui appartient à 43% au gouvernement britannique, a repris les activités de HBOS, et en France, BNP Paribas possède maintenant les actifs bancaires de l’assureur Fortis en Belgique et au Luxembourg.
Le président Obama souhaite soumettre certaines banques à une surveillance plus stricte, mais son projet de réforme ne les forcerait pas à diminuer leur taille ou à simplifier leur structure.
Selon M. Stiglitz, le gouvernement américain hésite à défier l’industrie financière parce que c’est difficile sur le plan politique et parce qu’il espère que les leaders du G20 inciteront, à force de cajoleries, les États-Unis à recourir à des actions plus fermes.
« Nous n’avons rien fait de significatif jusqu’à présent et les banques repoussent les actions, a dit M. Stiglitz, qui enseigne à l’ Université Columbia. Les leaders du G20 feront quelques pas vers l’avant, étant donné le pouvoir des banques, et tout pas en avant est un pas dans la bonne direction. »

Les leaders du G20 se réunissent à Pittsburgh les 24 et 25 septembre prochains et ils doivent alors étudier des moyens d’améliorer la réglementation des marchés financiers et plus particulièrement comment imposer des limites plus strictes à la rémunération des opérateurs de marché.

MESURES INSUFFISANTES
WASHINGTON — Sept Américains sur dix doutent que les mesures prises par le gouvernement puissent éviter une nouvelle crise économique et financière, selon un sondage Associated Press-GfK rendu public hier. Par ailleurs, 80% des personnes interrogées jugent préoccupant l’état de l’économie américaine, 16% estimant qu’il est satisfaisant. Interrogés sur les responsabilités de la crise et de la récession, 20% l’imputent à Obama, contre 54% à son prédécesseur George W. Bush et 19% à Bill Clinton. D’autre part, 79% critiquent banques et établissements financiers, et 68% le manque de régulation des autorités fédérales. Le sondage a été réalisé du 3 au 8 septembre derniers par téléphone auprès d’un échantillon de 1001 adultes, avec une marge d’erreur de 3,1 points de pourcentage.




Lehman Brothers, un an après  -  Maxime Bergeron
Il y a un an presque jour pour jour, la planète économique a enregistré son pire choc sismique en plusieurs décennies. Lehman Brothers, la vénérable banque d’affaires new-yorkaise, déclarait faillite après 158 ans d’existence. Une fermeture qui a cristall
Mai 2008. Le restaurant Novecento, dans le quartier SoHo à New York, est couru par les jeunes professionnels branchés. I mpossible ou presque d’y dénicher une table, même en milieu de semaine, se rappelle Bruno Caron, actuaire chez Towers Perrin à Manhattan. Quatorze mois plus tard, tout avait changé. « J’y suis retourné, un weekend, et il n’y avait absolument personne, ni dans les restaurants autour ! Ç’a été un peu un choc », raconte le jeune Québécois.
L’économie florissante de Manhattan, épicentre de la finance mondiale, a connu un freinage brutal le 15 septembre 2008, quand le géant Lehman Brothers a déclaré faillite après 158 ans d’existence.
L’économie f lorissante de Manhattan, épicentre de la finance mondiale, a connu un freinage brutal le 15 septembre 2008, quand le géant Lehman Brothers a déclaré faillite après 158 ans d’existence. Mais l’onde de choc ne s’est pas limitée à la Grosse Pomme. Un an après cette chute spectaculaire, l’économie mondiale se relève péniblement de son plus fort recul depuis la Grande Crise de 1929.
Des millions d’emplois se sont évaporés partout sur la planète. Des dizaines de banques et des centaines de fonds d’investissement ont été rayés de la carte. Les gouvernements de nombreux pays ont lancé d’ambitieux plans de relance à coups de milliards, mais leurs effets à long terme ne sont pas encore clairs. Dans tout ce brouillard, une seule chose apparaît certaine : l’industrie de la finance ne peut plus faire les choses comme avant. At-elle seulement appris de la chute de Lehman Brothers ?
Manque de transparence
« On est encore en train de tirer des leçons », résume Philipp Schnabl, professeur de f i nance à la New York University et coauteur du livre Restoring Financial Stability, en entrevue à La Presse Affaires.
Il faudra sans doute des années pour bien voir à quoi ressemblera l’industrie financière « post-Lehman ». Mais de nombreux changements ont déjà été amorcés depuis la faillite spectaculaire de la banque d’investissement. Au premier chef, la mise en place – complexe – d’un encadrement plus strict des marchés, qui ont opéré pendant des années dans le laisser-aller.
« Lorsque Lehman a sauté, on s’est aperçu qu’il y avait une opacité dans le système, un manque de transparence, souligne Stéphane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale. C’était clairement quelque chose de défaillant dans le système. »
À l a surprise générale, divers produits f i nanciers obscurs comme les PCAA (papiers commerciaux adossés à des actifs) ont réussi à contaminer l’ensemble du système, rappelle M. Marion. « Les autorités avaient sous-estimé les vases communicants. Ça a été une révélation pour les autorités qui n’avaient jamais soupçonné l’impact que pouvait avoir sur l’économie réelle cette intégration des marchés financiers. »
Washington, comme l’ensemble des pays du G20, souhaite maintenant encadrer de façon beaucoup plus stricte le fonctionnement des marchés. La réunion du G20 tenue la semaine dernière à Londres a d’ailleurs débouché sur l’ébauche d’un plan ambitieux. L’objectif : surveiller de près les transactions, particulièrement celles qui se négocient hors cote ( over-the-counter). Histoire d’éviter une répétition du fiasco des PCAA.
« On parle de produits tiercisés qui seront beaucoup plus standardisés, beaucoup plus échangés sur les marchés des échanges que over-the-counter, entre deux parties, dit Pascal Gauthier, économiste au Groupe financier TD. C’est une tendance de plus en plus importante qu’on va voir, pas seulement pour les hypothèques, mais pour l’ensemble des produits dérivés. »
Le taux de capitalisation requis par les banques américaines sera aussi considérablement augmenté, pour réduire l’effet de levier qui a mené à tant de dérapages. Ces institutions devront détenir en propre 10 à 12% de capitaux, explique Pascal Gauthier, ce qui s’approche des standards appliqués par les banques canadiennes. « Préalablement, ils étaient dans le 5% à 7%. »
La réforme de Wall Street est débattue en ce moment même à Washington, et plusieurs ficelles restent à attacher. Certains commencent toutefois à craindre qu’elle soit éclipsée par un autre débat qui passionne – et déchire – au plus haut point les Américains : la refonte du système d’assurance santé.
D’autres appréhendent par ailleurs de voir un encadrement trop strict étouffer les marchés, une fois qu’il sera mis en place. « On n’a pas besoin d’une réglementation plus lourde, mais d’une régulation légère qui est véritablement appliquée », estime Philipp Schnabl, de la New York University.
Retour des mauvaises habitudes ?
Si l’i ndustrie f i nancière est loin d’avoir retrouvé sa vigueur d’antan, il est clair que la forte remontée boursière des derniers mois a injecté un enthousiasme indéniable sur les marchés – et des milliards dans les coffres des banques. Plusieurs institutions qui avaient reçu des milliards d’aide financière de Washington ont remboursé leurs prêts, ce qui les libère des contraintes quant à la rémunération de leurs dirigeants. Les gros salaires ont fait leur retour dans plus d’une boîte.
Le regain boursier a aussi entraîné l’arrivée de nouveaux produits dérivés exotiques, ce qui inquiète plusieurs observateurs. L’appétit pour le risque est de retour, en somme. Et la possibilité de reprendre les vieilles habitudes n’est pas bien loin. « Les banques ont le sentiment que si quelque chose tourne mal, les contribuables seront là pour ramasser la facture, et c’est très dangereux », avance Philipp Schnabl.
Reste qu’il ne faut pas décourager complètement « l’innovation financière » et la création de nouveaux produits financiers, selon Stéphane Marion, de la Banque Nationale. « Ce n’est pas toujours mauvais, en fait, ça peut être souhaitable à long terme. Ce qu’on a appris, c’est l’innovation financière dans un contexte de laxisme ou d’opacité, c’est ça qui est dangereux. »
L’économiste est en outre persuadé que les investisseurs ont bien appris leur leçon. « Étant donné l’ampleur de la crise et des pertes encourues, je serais surpris que les gens reviennent aux mêmes habitudes qu’avant, d’acheter quelque chose sans le comprendre, dit-il. Lorsque le rendement est trop beau pour être vrai, il y a peut-être anguille sous roche. »


WALL STREET Des lendemains qui déchantent  -  Maxime Bergeron
La forte remontée boursière des six derniers mois a fait sourire plus d’un investisseur. Mais à Wall Street, là où la crise a commencé, les ex-travailleurs de la haute finance sont encore nombreux à chercher leur place.
David*, un jeune homme de 28 ans, travaillait comme courtier junior chez Goldman Sachs. Comme des dizaines de milliers d’autres à New York, il s’est fait montrer la porte l’automne dernier. Il a envoyé plus de 250 curriculum vitae depuis son congédiement… sans j amais t rouver autre chose qu’un boulot de conducteur de chariot-élévateur au New Jersey.
« C’est encore plus di fficile aujourd’hui qu’il y a six mois, car beaucoup de hedge funds ont fermé, dit-il. Comme tout Américain, je suis optimiste, mais je ressens un véritable fossé entre ce qu’on entend sur la reprise économique et ce qu’on vit sur le terrain. »
Luke* a été un peu plus c ha nceu x . I l a r é ussi à décrocher un emploi comme comptable dans un organ i s me g o u v e r n e ment a l après avoir perdu son poste d’analyste financier chez le détailla nt Macy’s en mai dernier. Un nouveau j ob « ennuyant » , dit-i l , même s ’ i l s ’ e s t i me c h a n c e u x de travailler.
« La plupart de mes anciens collègues de chez Macy’s, incluant mon patron, n’ont pas réussi à trouver de nouveaux emplois », indique l’homme dans la trentaine.
Hécatombe
L’industrie de la finance et des assurances a subi une vér i t able hécatombe au x États-Unis selon les chiffres du Bureau of labor statistics. Quelque 435 000 postes ont été supprimés depuis août 2008 – j uste avant la chute de Lehman Brothers –, ce qui porte le nombre total de travailleurs à 7,7 millions dans cette industrie. Cela se compare à un sommet de 8,4 millions en décembre 2006.




« LE PIRE CYCLE POUR LES PRODUITS DÉRIVÉS »  -  Martin Vallières
Le PDG de la Bourse de Montréal est néanmoins confiant pour l’avenir
«Nous s ubissons le pire cycle à jamais surveni r dans le marché des produits dérivés », admet d’emblée Alain Miquelon, président et chef de la direction de la Bourse de Montréal.
Et pour cause, a constaté La Presse Affaires, un an après le pire krach financier en trois quarts de siècle qui fut attribué surtout aux excès de Wall Street avec… les produits dérivés du crédit.
Pour la deuxième année consécutive, le volume de transactions à la Bourse de Montréal ( MX), spécialisée en produits dérivés, fléchit de plus de 10%.
Ce ressac s’est même accentué cette année : de l’ordre de 16% pour la période de janvier à juillet inclusivement, selon les données internes de MX
Même que, rabaissé à 19 millions de contrats, le volume de transactions durant ces sept premiers mois de 2009 est à son plus bas depuis la même période en 2005.
Pour les dirigeants de MX, dont les revenus et profits proviennent surtout des frais de transactions, un tel revirement après des années de forte croissance pose un sérieux défi.
« Quand 60% des revenus dépendent des activités transactionnelles, c’est sûr qu’un tel repli du marché affecte les résultats, en particulier la rentabilité », explique Alain Miquelon, devenu PDG de MX après son acquisition par le Groupe TMX, qui gère la Bourse de Toronto.
Néanmoins, souligne-t-il, ces dommages aux résultats d’exploitation de la Bourse de Montréal demeurent modérés.
« Nous sommes encore rentables, mais moins qu’avant. Par ailleurs, la baisse de volume provient surtout de nos produits dérivés basés sur les taux d’intérêt. Or, tout indique qu’il s’agit d’une conjoncture temporaire qui découle de la crise des papiers commerciaux au Canada, en 2007, et de la crise financière de l’an dernier. »
Ambitions
Exemple probant : le produit-vedette de MX, un contrat à terme nommé « BAX » qui est basé sur les fluctuations de taux d’intérêt, est en repli de volume des deux tiers depuis le sommet atteint en 2007.
À HEC Montréal, le professeur Martin Boyer, directeur de l’enseignement en finances, corrobore l’analyse du président de MX.
« Le ressac du marché de contrats à terme sur les taux, tels que le BAX, est t rès conjoncturel, comme pour les acceptations bancaires et les papiers commerciaux. Mais ces marchés vont reprendre lorsque les entreprises retrouveront un meilleur niveau de liquidités à investir à court terme. »
Mais en attendant cette relance, la Bourse de Montréal n’a pas d’autant rangé ses autres ambitions, soutient son président.
Entre autres, des produits dérivés lancés récemment, comme des options sur des fonds négociés en Bourse ( ETF), décollent relativement bien.
Aussi, pendant que MX poursuit l’intégration de certaines fonctions administratives et informatiques avec la Bourse de Toronto, cette affiliation a déjà généré de nouveaux contrats à terme négociés à Montréal.
Alain Miquelon cite en exemple une option nommée « GAZ » basée sur un fonds ETF d’énergie qui est inscrit à la Bourse de Toronto.
Ce fonds repose en partie sur un indice du gaz naturel géré par NGX de Calgary, la filiale de marchés d’énergie du groupe boursier TMX.
Par ailleurs, le président de MX anticipe un impact positif du resserrement réglementaire des produits dérivés qui se prépare à Washington.
Pourquoi? Ce resserrement cible surtout les contrats à terme financiers qui sont échangés de gré à gré entre les grandes firmes boursières, surnommés « OTC » dans leur jargon.
Ces produits dérivés de type OTC sont très différents des contrats à terme transigés sur des marchés mieux encadrés comme la Bourse de Montréal.
Or, c ’est l ’embal lement puis le krach du marché des dérivés financiers de type OTC, aux États-Unis, qui fut l’un des déclencheurs de la grave crise bancaire de l’an dernier.
Depuis, même atrophié, le marché des produits dérivés financiers a migré vers les produits côtés en Bourse, considérés moins opaques et plus fiables.
« Ce transfert structurel du marché des produits en OTC vers ceux négociés en Bourse devrait avantager le marché canadien, en particulier la Bourse de Montréal », estime Antoine Babule, directeur de Newedge Canada, filiale d’un négociant i nternational de contrats à terme qui est affilié à deux géants financiers français : Crédit Agricole et Société Générale.
« Par ailleurs, malgré ses changements de direction en période difficile, la Bourse de Montréal a conservé des gens très compétents pour profiter des occasions de marché, selon M. Babule.
« Aussi, le rapprochement de systèmes transactionnels avec la Bourse de Toronto, spécialisée en actions, devrait s’avérer un important atout face à l’évolution des marchés boursiers. »




Il faut surveiller les bulles financières, selon Flaherty
L e minist r e f é déra l des Finances, Jim Flaherty, soutient que les banques centrales devraient songer à élargir leur utilisation de la politique monétai re non seulement pour contrôler l ’ i nf lation, mais aussi pour garder un oeil sur les bulles des marchés financiers.
Le secteur de la construction a été très touché par la récession et malgré la croissance prometteuse de ces derniers mois, le ministre des Transports John Baird, responsable des programmes d’infrastructures, préfère parler d’une reprise économique « hésitante et fragile ».
Les décideurs ont posé l’hypothèse que le fait de garder l’inflation à un bas niveau assurerait la stabilité financière, mais c’est une approche qu’il faudrait examiner avec « un oeil plus critique », a indiqué M. Flaherty, selon un discours qu’il a prononcé dimanche soir à Vancouver.
« Les banques centrales, y compris celle du Canada, peuvent et doivent chercher des moyens d’améliorer la mise en application de la politique monétaire dans l’intérêt de la stabilité financière », a ajouté le ministre.
Ces commentaires font écho à une idée semblable soumise récemment par Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, lors d’une conférence à la Réserve fédérale américaine ( Fed) à Jackson Hole, au Wyoming. En avril dernier, le Canada a été le coauteur d’un rapport soumis au Groupe des 20 sur le renforcement des réglementations parce qu’aucune institution financière du pays ne s’est effondrée tandis que sévit la pire crise mondiale du crédit depuis les années 30.
L’économie mondiale est encore « au beau milieu » d ’ u ne récession , et les pays ont fait preuve d’une c o opér a t i on « e x t r a ord i - naire » dans leur réaction, a s o ut e nu M. Fl a her t y. Le Canada a mis en place « d’importants sti mulants fiscaux » pour faire mousser la demande, dit-il.
Il est trop tôt pour que le Canada ou d’autres pays commencent à réduire la cadence des plans de relance, a indiqué M. Flaherty dans un point de presse avant son discours, selon ce qu’a rapporté l’agence Reuters. Le Canada a également bénéficié dernièrement « d’une certaine stabilité relative » de sa devise, a-t-il ajouté.
Le 4 août, M. Flaherty s’était dit inquiet des fluctuations « rapides » de la valeur du huard et il avait déclaré que des « initiatives » pouvaient être prises pour amortir ces fluctuations.
Les perturbations, qui ont affecté le secteur du crédit, ont aussi « cristallisé » la nécessité pour les pays d’adopter des réglementations appelées macroprudentielles : ces dernières concernent l’étude des r i sques que court tout le système financier plutôt que seulement des entreprises et des industries, a fait savoir M. Flaherty.
« L’expérience des autres pays nous a appris que des risques systémiques peuvent surgir de tous les éléments du secteur financier », dit-il.


Percées de soleil, risques d’orages  -  André Pratte
L’envers de la stabilisation de l’économie, c’est que les mauvaises habitudes reviennent au galop.
Sur le front de l’économie, les nouvelles encourageantes se succèdent. Aux ÉtatsUnis, les géants financiers Goldman Sachs et JPMorgan Chase ont rapporté de spectaculaires profits pour le deuxième trimestre de l’année. En Chine, la croissance a été de 7,9% au cours des trois derniers mois, ce qui laisse penser que l’Empire du Milieu atteindra son objectif de 8% pour l’année.
Selon les experts consultés par Bloomberg, les ventes de maisons chez nos voisins du Sud devraient avoir atteint en juin leur plus haut niveau depuis octobre 2008. Et pour la première fois, l’administration Obama fait publiquement preuve d’optimisme: le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, a parlé jeudi dernier d’« importants signes de reprise ».
Bref, le pire semble passé. Toutefois, l’économie américaine (et donc l’économie mondiale) reste exposée à des risques considérables. Et avant que la reprise ne s’installe pour de bon, beaucoup de gens vont perdre leur emploi, ou leur maison, ou les deux.
Malgré son bénéfice de 3,4 milliards de dollars américains au second trimestre, la situation de JPMorgan Chase révèle à quel point l’économie américaine reste fragile. La banque a fait son argent dans le secteur de l’investissement. Au chapitre du crédit à la consommation et des prêts hypothécaires, par contre, elle a subi des pertes importantes.
Le crédit personnel a aussi plombé les résultats de la Bank of America. Ainsi, sa division de cartes de crédit a perdu 1,6 milliard au cours du deuxième trimestre. Enfin, le groupe financier CIT, important prêteur aux PME, se retrouve au bord de la faillite. On peut toutefois voir comme un signe encourageant le fait que les Bourses n’ont pas paniqué devant cette perspective et que Washington a refusé de venir en aide à CIT. De toute évidence, on estime que l’économie est désormais assez solide pour résister à la faillite d’un acteur de moyenne importance.
L’envers de cette stabilisation, c’est que les mauvaises habitudes semblent revenir au galop. En vertu de son système de rémunération, Goldman Sachs pourrait verser une moyenne de 770 000$ à chacun de ses 29 000 employés en 2009. Les plus hauts dirigeants recevront des dizaines de millions. Ne s’agit-il pas du genre de pratiques qui ont poussé les banquiers à prendre des risques excessifs dans le passé?
Aveclaconfiancequirevient, le secteur financier relève la tête et combat plus férocement les nouveaux contrôles envisagés par les gouvernements. La semaine dernière, le patron de JPMorgan a averti l’administration Obama que la réglementation plus sévère imposée aux émetteurs de cartes de crédit nuira considérablement à ce secteur déjà en difficulté.
Les gouvernements doivent certes se garder d’aller trop loin. Mais après ce qui s’est passé depuis un an, le secteur financier ne peut pas espérer qu’on lui fasse aveuglément confiance.
Souhaitons par ailleurs que les petits investisseurs aient appris de la crise que, peu importe la sévérité des règlements, ils sont les premiers responsables de la protection de leurs avoirs. Il leur faut s’informer, diversifier leurs placements, épargner, ne s’endetter qu’avec prudence. Et surtout, se tenir loin de ceux qui leur promettent des rendements miraculeux.




Les périls de l’appât du gain  -  Michel Girard
P as facile de se protéger contre l es f i l ous de la finance. Ils sont omniprésents. Malheureusement, lorsqu’on les découvre, il est t oujours t rop t a rd. L’a rgent des victimes s’est bien souvent envolé vers un de ces paradis… où l’on compte plus de sociétés à numéros que d’habitants ! Autre possibilité : une grande partie de l’argent a été carrément flambé dans des placements hautement spéculatifs.
Margaret Davis était une cliente d’Earl Jones. L’homme aurait détourné entre 30 et 50 millions de dollars des poches de ses clients, selon l’Autorité des marchés financiers.
Pendant qu’à Montréal on essaye encore de comprendre comment Vincent Lacroix a réussi à détourner 130 mill ions presque… au vu et au su de l’Autorité des marchés financiers, le tout New York se demande encore comment la SEC (Securities and Exchange Commission), avec son armée d’enquêteurs, a-t-elle pu se faire déjouer par un Bernard Madoff. Non, mais quel manipulateur financier ce Madoff : il a réussi à arnaquer ses riches clients millionnaires de quelque 50 milliards !
On va convenir que notre nouvelle « vedette » locale de la finance, Earl Jones, ne fait pas le poids devant Madof f. Soupçonné d’avoir détourné de 30 à 50 millions des comptes de ses clients, Earl Jones n’en brise pas moins la vie de ces derniers, lesquels voient ainsi partir en f umée les épargnes d’une vie de travail. M. Jones travaillait « illégalement » puisqu’il ne détenait aucun permis de l’Autorité des marchés financiers pour exercer ses fonctions de conseiller financier.
La question de l’heure sur toutes les tribunes médiatiques : comment peut-on se protéger contre la f raude f i nancière ? C’est tout un défi.
« Chaque année, au Canada, des milliers d’investisseurs sont victimes de manoeuvres illégales qui rapportent à leurs auteurs des milliards de dollars. »
Vous avez bien lu : on parle de milliards de dollars de fraude financière, et ce, chaque année, seulement au Canada. Qui avance ces gros chiffres ? L’Autorité des marchés financiers (AMF) dans l’une de ses brochures destinées à aider les épargnants québécois dans leurs placements.
L’arnaque de Vincent Lacroix ( Norbourg) a fait couler beauc oup d’enc r e c es der nières années. Elle a démontré à quel point les investisseurs étaient vulnérables et mal protégés contre la f r aude f i nancière. Comme le Groupe Norbourg de Vincent Lacroix n’était dans les faits qu’une petite société de placements, bien des investisseurs et des épargnants se croient aujourd’hui à l’abri des mauvais placements en faisant strictement affaires avec des grandes institutions financières (comme les banques, les grandes familles de fonds communs, les maisons de courtage, etc.).
Les investisseurs ont malheureusement la mémoire sélective.
J’aimerais leur rappeler une réalité de la finance. Ce n’est pas parce qu’un conseil provient du personnel d’une grande institution financière que c’est automatiquement un bon conseil. Et ce n’est pas parce qu’une institution et ses conseillers détiennent leurs permis de l’AMF que c’est un gage de protection de vos valeurs. Des exemples ?
De réputés analystes de grandes maisons de courtage avaient recommandé l’achat de l’action de la société aurifère Bre-X, sous le prétexte que la société avait, en 1995, découvert dans la jungle indonésienne le plus important gisement d’or du XXe siècle.
L’action de Bre-X a connu une ascension fulgurante, passant du penny stock de 10 ou 20 cents à 260 $ l’action. En mai 1997, le titre de Bre-X fut suspendu, après avoir révélé que le fabuleux gisement i ndonésien ne renfermait finalement aucune réserve significative du précieux métal jaune.
Les actionnaires ont vu la valeur boursière de Bre-X fondre de six milliards de dollars. Les « brillants » analystes s’étaient fait duper…
Que dire également des nombreuses recommandations des analystes des maisons de courtage sur le titre de Nortel alors qu’il se négociait en 2000 tout près de son zénith à 1240 $ l’action (elles ont été regroupées à raison de 10 pour 1). Après avoir fait l’objet de manipulation comptable, le titre ne vaut plus rien aujourd’hui.
Toujours dans la plus grande « légalité », combien avez-vous perdu d’argent en 2008 avec vos placements en Bourse et dans les fonds communs de placement ? Est-ce que votre conseiller en placement vous avait recommandé d’encaisser une partie des profits que vous aviez accumulés sur papier avec vos valeurs boursières avant l’effondrement de la Bourse ? Combien avez-vous perdu d’argent avec les « précieuses » recommandations de votre conseiller financier ?
J’aimerais rappeler que le merveilleux monde de la finance légale nous a fait perdre en 2008 quelque 20 000 milliards de dollars juste en Bourse. À cause de quoi ? En partie à cause d’une crise produite par le laisseraller des grandes institutions financières et de leurs hauts dirigeants.
Oui, nous sommes vulnérables. Non seulement se fait-on parfois plumer le portefeuille en toute légalité, mais en plus il faut surveiller ses arrières financiers pour ne pas se faire arnaquer le portefeuille par des filous à la Vincent Lacroix, Bernard Madoff et autres escrocs.
Des conseils anti-fraude?
Répartissez vos épargnes dans des institutions financières reconnues par l’Autorité des marchés financiers ( AMF) ou d’autres organismes de régulation financière. Lorsque le capital dépasse les 100 000$, il est recommandé de répartir ses placements dans au moins deux ou même trois établissements différents.
Ne faites jamais affaire avec des conseillers financiers non enregistrés auprès de l’AMF.
Ne vous fiez pas aux recommandations formulées sur l’internet par les participants aux groupes de discussion. Des i nvestisseurs peu scrupuleux peuvent se servir de ces forums de discussion pour promouvoir des titres à leur profit personnel.
Évitez d’acquérir des placements où on vous « garantit » un rendement de 5% ou plus.
N’investissez pas dans des placements à rendement potentiellement miraculeux. Le rendement sera peut-être miraculeux, mais pas pour vous!
Des placements fa it s à la cachette du fisc… c’est non seulement illégal mais extrêmement dangereux pour vos épargnes.
Un dernier conseil d’usage:
Vérifiez sérieusement et sans exception tous vos relevés de comptes : courtage, fonds communs de placement, cartes de crédit, comptes bancaires…
Je vous le dis, juste là, il y a de l’argent à faire !





Le prix de l’imprévoyance  -  Claude Picher
Lorsque les gouvernements provinciaux sont parvenus, il y a une dizaine d’a n nées , à r e t r ouver l’équilibre budgétaire, plusieurs d’entre elles, dont le Québec, se sont empressées de voter des lois antidéficit.
On peut facilement comprendre pourquoi. Il a fallu demander des sacrifices énormes aux citoyens pour en arriver là, et personne n’avait le goût de revivre le cauchemar.
Pourtant, juste avant la fin de la session à Québec, le gouvernement Charest s’est soustrait à cette obligation. C’est qu’il n’avait pas le choix : le budget déposé ce printemps par la ministre Monique Jérôme-Forget consacrait le retour officiel aux budgets écrits à l’encre rouge : près de 12 milliards de déficits accumulés entre 2009 et 2012. Dans ces conditions, maintenir la loi antidéficit n’avait plus aucun sens. Le Québec n’est pas seul f a i r e marche a r r i è r e s u r cette question. L’Ontario et la Colombie-Britannique ont également jeté leurs lois antidéficit à la poubelle.
Quant au fédéral, après des années de surplus, il s’endette maintenant à coups de dizaines de milliards. Le ministre des Finances Jim Flaherty s’attend maintenant à un déficit de 50 milliards uniquement pour cette année, alors que son budget de janvier prévoyait plutôt 34 milliards cette année, et 30 milliards l’an prochain.
C’est, dit-on, la faute à la récession. Quand l ’économie va mal, on s’attend à ce que le gouvernement augmente ses dépenses, quitte à créer des déficits. Grâce à l’argent additionnel ainsi injecté dans l’économie, les consommateurs continueront de consommer, les travailleurs continueront de travailler, les entrepreneurs continueront d’entreprendre. Cette façon de voir les choses rallie la majorité des économistes, et c’est pour cela qu’on n’a pas entendu beaucoup de protestations lorsque les administrations publiques ont replongé dans le rouge. Or, la récession a le dos large. Une étude minutieuse des budgets fédéraux et provinciaux des cinq dernières années montrent que tous les gouvernements provinciaux, ainsi que le fédéral, ont largement gonflé leurs dépenses de programmes entre 2003 et 2009, donc bien avant la récession.
Par définition, les gouvernements, récession ou pas, doivent toujours augmenter leurs dépenses. Pour maintenir la même qualité des services aux citoyens, ils doivent au moins c ouvr i r l ’ augmentat i on des coûts, c ’est-à-dire les hausses des prix. Mais lorsque les dépenses augmentent plus vite que l’inflation, c’est que le gouvernement a décidé non seulement d’assumer les hausses de coûts, mais aussi de dépenser davantage en termes réels.
Les administrations publiques doivent aussi tenir compte de la croissance démographique. Lorsque la population augmente, le gouvernement doit aussi augmenter ses dépenses s’il veut offrir les mêmes services à tout le monde.
Un groupe d’économistes de l’ I nstitut Fraser a calculé la croissance annuelle moyenne des dépenses de programmes des provinces et du fédéral, entre 2004 et 2009, puis a comparé les résultats au taux d’inflation et à la croissance démographique.
L’exercice donne le frisson dans le dos.
Ainsi, au fédéral, si on tient compte de l’inflation et de la croissance démographique, la croissance annuelle moyenne des dépenses au cours des cinq dernières années aurait du se situer à 3,1 %. En réalité, elle a atteint le double, 6,2 %.
Les chiffres correspondants pour le Québec sont 2,6 % et 4,8%. En Ontario, la croissance des dépenses aurait du être limitée à 3 %; elle a atteint 6,6 %. C’est la même chose dans toutes les provinces. Toutes proportions gardées, le pire cas est celui de la Saskatchewan, qui aurait du contenir la croissance des dépenses à 2,9 %, alors qu’en réalité elles ressortent à 9,9% par année!
Normalement, si on admet que les gouvernements doivent augmenter leurs dépenses en période de crise, on doit aussi supposer qu’ils doivent les contenir en période de croissance. Ce n’est pas ce qui s’est passé.
Les administrations publiques, cinq ans avant la récession, ont toutes vécu, sans exception, au-dessus de leurs moyens. Et c’est ainsi que lorsque la crise est survenue, le Canada n’a pu faire autrement que de renouer avec le cercle vicieux des déficits et de l’endettement. C’est le début d’un autre dérapage financier, qui aurait pu être facilement évité avec un meilleur contrôle des dépenses. Le pire, c’est qu’il faudra inévitablement, un jour, imposer de nouveaux sacrifices aux citoyens pour sortir du bourbier. C’est le prix à payer pour l’imprévoyance des administrations publiques.


SELON UN RAPPORT AMÉRICAIN  La spéculation a dénaturé les prix du pétrole

— L’autorité américaine de régulation des marchés de matières premières (CFTC) va publier un rapport suggérant que la spéculation a joué un rôle important dans les forts mouvements observés sur le marché pétrolier, a indiqué Bart Chilton, un de ses responsables.
Un premier rapport de la CFTC publié l’an passé, qui avait attribué les brusques variations du marché uniquement à des facteurs d’offre et de demande, était basé sur « des données profondément incorrectes », a affirmé M. Chilton dans un entretien publié hier par le Wall Street Journal.
Le nouveau rapport sera publié en août, précise le quotidien économique.
Il s’agit d’un nouvel élément dans le débat qui s’intensifie autour de la spéculation sur les marchés énergétiques, dans le collimateur de la nouvelle équipe à la tête de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission).
Au début de juillet, le président de la commission, Gary Gensler, mis en place par le président américain Barack Obama, avait déclaré qu’il fallait « utiliser de manière déterminée tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que le marché fonctionne honnêtement ».
Il a réitéré sa volonté hier au cours d’une audition publique de la commission, qui se réunissait pour la première de trois sessions de discussions consacrées aux limites pouvant être imposées aux prises de position sur le marché de l’énergie et sur les dérogations accordées aux fonds spéculatifs.
Craig Donohue, directeur général du groupe CME (Chicago Mercantile Exchange), la princ i pale place boursière pour l’échange de contrats énergétiques dans le monde, participait également à ces discussions.
« Nous n’avons vu aucune preuve empirique que les fonds indiciels et les spéculateurs aient dénaturé les prix, comme cela a été largement dit, pas plus qu’il n’y a de preuves qu’imposer des limitations sur les positions à ces acteurs du marché puisse avoir un effet positif sur le marché », avait-il déclaré lundi dans un communiqué. Dans son intervention devant la commission, il a toutefois reconnu que le CME était prêt à répondre aux inquiétudes sur le rôle des acteurs « non traditionnels » sur les marchés, comme les fonds spéculatifs, « en adoptant un régime de stricte régulation » pour certains produits, a rapporté l’agence Dow Jones Newswires.




ÉTATS-UNIS Le régulateur s’attaque à la spéculation pétrolière
— L’autorité américaine de régulation des marchés de matières premières (CFTC) a annoncé hier son intention de s’attaquer à la spéculation sur les marchés énergétiques en imposant des limites aux opérateurs.
« Je crois fermement que nous devons utiliser de manière déterminée tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que le marché fonctionnehonnêtement », écritGary Gensler, président de la Commodity Futures Trading Commission dans un communiqué.
WASHINGTON
M. Gensler a nnonce dans ce texte que la CFTC envisage d’imposer des « limites de positions » pour « toutes les matières premières en quantité finie, en particulier les matières premières énergétiques, comme le pétrole brut, le fioul de chauffage, le gaz naturel, l’essence ou autres ».
Le régulateur fixerait ainsi un plafond au nombre de contrats d’option sur un même produit qu’un opérateur pourrait vendre ou acheter en dehors des contrats pris pour sa couverture, c’est-àdire pour se prémunir du risque induit par ses positions sur le marché des contrats à terme par exemple.
Contrairement aux contrats à terme, qui prévoient la livraison à une échéance donnée, d’une certaine quantité de marchandise, les contrats d’options fournissent à leur détenteur le droit (mais pas l’obligation), d’acheter ou de vendre, à un prix convenu d’avance, une certaine quantité soit à une date fixée, ou à n’importe quel moment avant une certaine échéance.
Créés i nitialement comme des contrats d’assurance pour contrebalancer des positions prises par des opérateurs, ce sont de formidables outils de spéculation dans la mesure où ils ne comportent pas d’obligation d’acheter ou de vendre.
La CFTC r appel l e qu’el l e impose déjà des limites de positions pour « certains produits agricoles », mais que « ça n’est pas le cas pour les marchés énergétiques ».
M. Gensler i ndique que la Commission organisera des discussions avec les partenaires intéressés en juillet et en août pour déterminer la façon de mettre en oeuvre ces nouvelles règles.
Dans un communiqué publié à Washington, l’Association américaine du transport aérien (ATA) a « félicité » la CFTC pour son initiative.
« Un an après que les records atteints par les prix du pétrole », CFTC reconnaît ainsi « les graves effets négatifs qu’une spéculation débridée peut avoir sur les consommateurs et les entreprises », écrit l’ATA, qui affirme fédérer les compagnies aériennes représentant 90% du trafic aérien américain de passagers et de marchandises.



Au tour de l’Europe de réglementer davantage la finance
BRUXELLES — Les dirigeants européens, réunis en sommet, se sont engagés hier à renforcer la supervision du secteur financier mais au prix de concessions faites aux Britanniques, soucieux de préserver leur souveraineté nationale en matière budgétaire.
« Aujourd’hui , nous avons réussi une avancée majeure », s’est félicité le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
Les dirigeants européens ont entériné un projet de réforme prévoyant la mise en place en 2010 de nouveaux organismes de supervision paneuropéens ayant leur mot à dire dans le contrôle du secteur financier au niveau national.
Cette avancée intervient après plusieurs semaines de résistances des Britanniques. Un accord de principe avait été atteint jeudi entre trois pays, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui a été validé par toute l’UE hier.
Cette réforme prévoit la mise en place de trois nouvelles autorités paneuropéennes chargées de la surveillance des banques, des assureurs et des marchés financiers.
Elles seront dotées de « pouvoirs de décision contraignants et proportionnés », leur permettant notamment de « trancher en cas de désaccord entre les autorités de surveillance » de plusieurs États, selon un texte adopté par les dirigeants européens. Les Britanniques étaient hostiles au départ à de tels pouvoirs contraignants.
Toutefois « les décisions adoptées par ces autorités ne devraient empiéter en rien sur les compétences budgétaires des États membres », ajoute le document.
Cette précision répond aux préoccupations du RoyaumeUni, qui abrite la première place financière européenne, la City de Londres. Les Britanniques refusaient de conférer à ces autorités des pouvoirs qui auraient pu forcer les États à des renflouements d’établissements financiers aux conséquences budgétaires importantes.
« J’ai fait en sorte que les contribuables britanniques soient pleinement protégés », s’est félicité le premier ministre britannique Gordon Brown.
« On aurait pu être plus ambitieux mais on ne peut pas être plus ambitieux que les plus grands d’entre nous », a jugé de son côté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Le président français Nicolas Sarkozy a jugé pour sa part que l’accord marquait « un changement complet dans la stratégie anglo-saxonne ».
La réforme prévoit aussi la mise en place d’un « comité européen du risque systémique », qui avertirait les autorités nationales et émettrait des recommandations quand il détecte un problème important.
En agissant de la sorte, l’Europe avance de concert avec les États-Unis qui ont détaillé cette semaine leur propre réforme de la supervision financière présentée comme la plus vaste depuis les années 30.




Après la crise, la crise -  ALAIN DUBUC
Les sociétés industrialisées devront relever des défis aussi exigeants, sinon plus, que la lutte à la récession.
Nous sortirons bientôt de la récession. Mais la crise ne sera pas pour autant terminée. L’effondrement des marchés financiers à l’automne 2008 a provoqué une onde de choc qui va forcer les économies à se transformer et à s’adapter à un monde qui ne sera plus le même.
La crise énergétique ne fait que commencer.
Ces grands changements, je les ai regroupés en six tendances de fond, qui sont autant de défis que les sociétés industrialisées devront relever. Des défis aussi exigeants, sinon plus, que la lutte contre la récession, qui a accaparé les énergies cette année.
Le premier est macroéconomique. La plupart des pays ont déployé des efforts énormes pour contrer la récession. C’était nécessaire. Mais les gouvernements, en parant au plus pressé, ont aussi compromis l’avenir. Les déficits budgétaires seront plus élevés que prévu et personne ne croit qu’ils se résorberont d’eux-mêmes. Cela annonce une crise majeure des finances publiques, des compressions, des hausses d’impôt. Le Canada n’y échappera pas, comme vient de le montrer une étude de la Banque TD. Par ailleurs, les politiques monétaires très agressives font craindre une forte poussée inflationniste.
Le deuxième changement est financier. Cette crise a été provoquée par le dérapage des marchés financiers. La nécessité de contrôles plus serrés mène à un renforcement de réglementation au niveau national et international. C’est une bonne chose. Mais ces contrôles accrus auront un coût, parce que la perte de souplesse du crédit sera un frein à la croissance. D’autant plus qu’après les excès provoqués par l’abus de l’effet levier, on assistera au processus inverse. En fait, cette crise aura probablement un effet profond et durable sur le crédit, en changeant la façon dont on prête et la façon dont on emprunte.
Le troisième changement est géopolitique. L’affaiblissement économique, politique et moral des États-Unis accéléra le réalignement des rapports de force; une Chine plus forte et moins passive, une Europe qui s’affirme plus, un dollar qui perdra progressivement son statut. Le Canada, dont la prospérité est liée à celle des États-Unis, devra rapidement diversifier ses échanges.
Le quatrième changement est politique. C’est le retour du balancier dans les rapports entre l’État et les marchés. Les gouvernements, depuis l’éclatement de la crise, prennent une place croissante, par leurs dépenses, par leurs interventions de sauvetage, par leur contrôle plus grand sur l’économie. Et quand l’État s’installe, c’est pour longtemps. D’autant plus que la crise, qui s’explique aussi par les excès du laisserfaire, mène à une certaine méfiance du monde de l’entreprise et de la logique du marché.
La cinquième grande transformation porte sur les habitudes des citoyens. La réduction de la consommation en temps de récession est un phénomène passager. Mais la perte de patrimoine, le fait que les épargnes ont fondu, amènera des changements de comportement plus permanents : le report de la retraite pour certains, des stratégies de placement plus prudentes pour tous, une augmentation de l’épargne, qui aura nécessairement un effet sur le niveau des dépenses, peut-être même sur les habitudes de consommation.
Le dernier changement est environnemental. La crise a accéléré le débat environnemental, notamment parce que l’administration Obama a lié la relance au développement durable, ce qui exerce une énorme pression sur le Canada. Et si la crise énergétique a connu un court répit, la réalité nous rattrapera bientôt quand les prix pétroliers reprendront leur ascension, et imposeront ainsi des choix douloureux.
La plupart de ces changements sont positifs. Mais ils forceront néanmoins nos sociétés à changer, ce qui n’est jamais facile, ils imposeront des restructurations qui peuvent être perturbantes, qu’on pense à l’automobile. Sommes-nous bien placés, au Québec et au Canada, pour affronter ce monde nouveau? C’est ce que nous verrons dimanche.


Une ère tire à sa fin - ALAIN DUBUC
Depuis le déclenchement de cette crise, on s’est souvent demandé si celle-ci changerait quelque chose. Si, au-delà de ses impacts économiques évidents, le choc serait suffisant pour provoquer des transformations durables dans nos sociétés, pour nous amener à apprendre de nos erreurs.
Eh bien, l’un de ces changements profonds est en train de s’opérer sous nos yeux avec les restructurations douloureuses de deux des trois géants américains de l’automobile, General Motors et Chrysler. Des faillites, des transformations, des fusions, des acquisitions, même de géants, il y en a tout le temps. Cependant, ce qui arrive à GM et à Chrysler peut être qualifié d’historique.
Parce que les déboires de ces deux compagnies contribuent à affecter la place des États-Unis dans le monde. Parce que les restructurations seront assez significatives pour modifier les comportements des consommateurs et les politiques environnementales. Parce que les plans de sauvetage changent aussi les règles du jeu du capitalisme.
Tout d’abord, il ne faut pas négliger l’immense charge symbolique de ces événements. L’industrie automobile a été, pendant presque un siècle, l’incarnation de la puissance économique américaine et l’expression la plus évocatrice de l’American way of life.
L’échec des grands de l’automobile a donc une portée qui dépasse l’industrie. C’est aussi un échec collectif qui illustre un certain affaiblissement de la puissance américaine dans le monde. D’autant plus que les autres pays producteurs d’automobiles, comme l’Allemagne et le Japon, n’ont pas connu les mêmes déboires. Le fait que la survie de Chrysler repose sur l’intervention d’une entreprise italienne, Fiat, ne fait qu’ébranler encore plus l’idée de la suprématie américaine.
Par ailleurs, si GM et Chrysler en sont là, cela s’explique largement par une mauvaise gestion et de mauvais choix, notamment l’incapacité de produire les véhicules que souhaitent les consommateurs et dont ils ont besoin. Les restructurations, par définition, forceront ces compagnies à repens e r l eur s stratégies.
Mais comme le gouvernement amér i c a i n pè s e très lourd dans le processus de décision des compagnies, et que l’administration Obama a fait des technologies vertes l’un des éléments centraux de ses politiques de relance économique, cela créera des conditions uniques pour s’attaquer avec vigueur à l’un des éléments clés des politiques de réduction des gaz à effet de serre, la production de véhicules moins énergivores.
Enfin, le processus même du sauvetage annonce aussi un déplacement de la frontière entre l’État et l’économie de marché. Les gouvernements américain et canadien ont allongé des milliards pour empêcher les grands de l’auto de s’effondrer. Mais leur intervention a largement dépassé le soutien financier.
La restructuration de GM, beaucoup plus profonde que ne souhaitaient ses dirigeants, avec l’abandon de la marque Pontiac, la disparition de la moitié des concessionnaires, les dizaines de milliers de mises à pied, a carrément été imposée et téléguidée par l’administration Obama. C’est aussi la Maison-Blanche qui pousse Chrysler dans les bras de Fiat. Et si un plan de transformation de ces prêts gouvernementaux en actions est mené à terme, le gouvernement américain contrôlera la compagnie.
Ce genre de prise en charge, assez habituel au Québec, constitue une quasi-révolution aux États-Unis. Bien sûr, il s’agit de mesures d’exception qui se justifient par la situation de crise. Mais un tel déplacement du pouvoir est rarement ponctuel. Quand l’État s’est engagé, le processus de désengagement risque d’être lent. Nous assistons probablement à un retour du balancier, où l’État sera plus présent, plus interventionniste, comme on le voit également dans le secteur financier. Cela marque sans doute la fin de la période de laisser-faire qui a contribué à cette crise.



La reprise du secteur privé se fera attendre, craint Carney
Les nombreux signes que l’économie mondiale se stabilise ne doivent pas faire illusion. C’est uniquement la preuve que les mesures exceptionnelles de stimuli adoptées par les gouvernements et les autorités monétaires commencent à porter fruit et non que le secteur privé est en mesure d’assurer par lui-même la relance.
Aux yeux du gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney, les lacunes passées ont engendré des formes de parasitisme et des déséquilibres dont nous payons le prix. Rebâtir la mondialisation prendra du temps, avertit-il.
« Un secteur privé qui vient de recevoir une leçon d’humilité peut souhaiter de s’engager de nouveau uniquement s’il est convaincu que le système est résilient », prévient Mark Carney. Le gouverneur de la Banque du Canada prononçait hier le discours de clôture de la 15e Conférence de Montréal qui avait pour thème l’adaptation au nouvel ordre mondial.
Élus et banquiers centraux devront montrer beaucoup de vigilance et de doigté pour refiler au secteur privé les risques qu’il n’est pas en mesure de prendre maintenant . « La récente prise de risques par le secteur public crée un aléa moral, a-t-il souligné. Si rien n’est fait, cela finira par encourager certains comportements du secteur privé qui intensifieront le risque global au sein du système. »
Pour être couronnée de succès, la prochaine vague de mondialisation devra être mieux enracinée et ses participants plus responsables. Cela exige une refonte des infrastructures financières internationales.
Elles ont été très déficientes pour empêcher la crise actuelle, a souligné pour sa part Guillermo OrtizMartinez, gouverneur de la Banque du Mexique. « Il est fondamental d’avoi r un mécanisme de refonte pour assurer l a stabilité de l’économie mondiale. Malheureusement, nous n’avons pas encore trouvé son architecture. » . L’engagement de M. Or t i z - Ma r t i ne z au Conseil de la stabilité financière a d’ailleurs été loué par M. Carney.
De son côté, Compton Bourne, président de la Banque de développement des Caraïbes, a rap
pelé que les membres du G20 « ont un agenda à compléter pour les pays en développement de taille modeste ». Les critères actuels d’admissibilité aux crédits du Fonds monétaire international sont trop élevés pour ces économies qui dépendent de l’investissement direct étranger et du tourisme, deux ressources qui se sont raréfiées, déplore-t-il.
M. Carney croit pour sa part qu’il y a quatre préalables au renouvellement de la mondialisation : la transparence accrue pour mieux évaluer le risque, une plus grande efficience des marchés de financement grâce notamment à la standardisation des produits, l’adoption de règles macroprudentielles et l’acceptation par tous les pays de leurs responsabilités pour l’ouverture du système monétaire.
Aux yeux de M. Carney, les lacunes passées ont engendré des formes de parasitisme et des déséquilibres dont nous payons le prix. Rebâtir la mondialisation prendra du temps, avertitil. « Sans cadres de politique crédibles et sans infrastructure de marché robuste, la prise de risques par le secteur privé pourrait ne pas revenir à un niveau suffisant. »
M. Carney a rappelé que la question des actifs toxiques dans certaines grandes banques non canadiennes n’est toujours pas réglée, pas plus que la relance de la titrisation privée. Bref, la stabilisation du système financier mondial n’est pas complétée et cela retarde les conditions d’une reprise durable à l’échelle internationale et canadienne.
Le gouverneur souhaite que la réunion des ministres des Finances du G-7 ce week-end fasse avancer ce dossier.
Plus tôt durant la matinée, l’ancien ministre fédéral Pierre Pettigrew, aujourd’hui conseiller de la direction de Deloitte, a brossé à grands traits les 30 dernières années. Le tandem Thatcher-Reagan avait trouvé son slogan : le problème, c’est le gouvernement. S’ensuivit une vague de déréglementation, de privatisation et de libéralisation. Cette médecine de cheval contrecarrait l’essor du multilatéralisme, pourtant à l’origine des accords de Bretton Woods, largement dessinés par les États-Unis, au sortir de la guerre mondiale.
« Aujourd’hui , le mult i latéralisme revient en force et les États-Unis continueront d’en assumer le leadership », prédit-il.
Une nouvelle ère s’ouvre, celle d’un retour à l’équilibre public-privé, une valeur chérie par le Canada. « J’ai confiance que le président Obama voie dans le Canada une source d’inspiration », a-t-il dit.
Au lieu du tandem ThatcherReagan, M. Pettigrew a déridé l’assistance en proposant celui d’Obama-Canada.


L’incurie accablante de l’AMF  -   Sophie Cousineau
Un enquêteur de la Banque Nationale avait alerté l’AMF dès avril 2004 au sujet d’un détournement de fonds de 2 millions de dollars au profit de Vincent Lacroix.
Si vous avez perdu de l’argent en investissant dans l’un des fonds Norbourg, il vaut peut-être mieux que vous ne lisiez pas ceci. Parce que les informations qui viennent d’être rendues publiques dans le cadre du recours collectif intenté au nom des 9200 investisseurs floués ont de quoi faire trépasser les coeurs sensibles.
À l’automne de 2002, Jean Lorrain, directeur de la conformité à l’AMF, a réclamé la tenue d’une inspection formelle de la firme fondée par Vincent Lacroix.
On savait déjà que l’Autorité des marchés financiers (AMF) avait ignoré certains signaux louches dans les mois qui ont précédé les perquisitions policières dans les bureaux de Norbourg, en août 2005. Mais on ignorait qu’un enquêteur de la Banque Nationale avait alerté l’AMF dès avril 2004 au sujet d’un détournement de fonds de 2 millions de dollars au profit de Vincent Lacroix. Or, plutôt que d’agir, l’Autorité s’est pratiquement assise sur cette information.
Depuis l ’éclatement de l ’ a f f a i re Norbourg, tous les observateurs s’interrogent sur l’aveuglement de l’Autorité. Pourquoi ne s’était-elle pas intéressée de plus près à la croissance suspecte de Norbourg, qui achetait firme sur firme sans qu’on sache d’où provenaient les fonds ?
Or, il appert que l’ancien directeur de la conformité de l’Autorité – qui portait à l’époque le nom de Commission des valeurs mobilières du Québec – a eu des doutes dès 2001 au sujet de Norbourg, tandis que cette firme envisageait l’acquisition du courtier Maxima Capital.
À l’automne de 2002, Jean Lorrain a réclamé la tenue d’une inspection formelle de la firme fondée par Vincent Lacroix. Cette i nspection a mis au j o u r des i n f o r mat i o n s troublantes.
Norbourg était i ncapable de produire des copies imprimées de ses états de compte chez le gardien de valeurs Northern Trust, contrairement à la pratique établie dans l’industrie. Et Vincent Lacroix trichait vraisemblablement le fisc sur ses frais de représentation. Alarmé, Jean Lorrain a ordonné le déclenchement d’une enquête. Mais, celle-ci ne s’ouvrira que 22 mois plus tard, soit en octobre 2004. Voir page 4
Entre-temps, Jean Lorrain a été muté à un autre poste et le dossier Norbourg est tombé dans les limbes, selon les avocats de la poursuite, qui ont reconstitué le fil des événements après avoir interviewé toutes les personnes associées au dossier.
Le successeur de Jean Lorrain à la conformité est Pierre Bettez, enquêteur de l a Sûreté du Québec qui est prêté à l’Autorité. À son arrivée, il ignore que son prédécesseur a demandé l’ouverture d’une enquête sur Norbourg, requête qui s ’est apparemment perdue dans un dédale administratif.
Mais il ne peut pas ignorer la gravité de l’information que lui communique Michel Carlos en avril 2004. Cet ancien policier à l’emploi de la Banque Nationale est chargé de détecter les transactions frauduleuses et les opérations de blanchiment d’argent.
Un mois plus tôt, il a découvert que Vincent Lacroix a détourné 2 millions de dollars d’un compte de Norbourg à la caisse populaire de La Prairie à son compte personnel à la Banque Nationale, au moyen de faux transferts électroniques.
Michel Carlos prend l ’ i nitiative d’appeler Pierre Bettez parce que les deux hommes se connaissent. L’enquêteur de la Nationale l’informe, en outre, qu’il transmettra son dossier au Centre d’analyse des opérations et des déclarations financières du Canada (CANAFE), ce qu’il fera en juin. Cette agence fédérale a pour mission de surveiller les transactions financières pour contrer le blanchiment d’argent et le f i nancement d’activités terroristes.
En réaction, Pierre Bettez alerte l ’escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec (SQ), puisqu’il est déjà d’avis que Vincent Lacroix « est un bandit », selon ce qu’il a affirmé lors de son interrogatoire, en novembre 2008. Mais il n’informe personne d’autre à l’Autorité, qui a pourtant les pleins pouvoirs, comme son nom l’indique, pour intervenir et discipliner les intermédiaires du marché. L’avertissement de l’enquêteur de la Nationale reste donc sans suite.
Entre cet avertissement et les perquisitions qui ont sonné le glas de Norbourg, en août 2005, Vincent Lacroix aurait puisé 63 millions de plus dans les comptes des i nvestisseurs de Norbourg, prétendent les avocats qui ont intenté le recours collectif. C’est plus de la moitié des retraits frauduleux de 115 millions de dollars qui ont été recensés entre 2002 et 2005.
L’Autorité aurait eu une autre chance de se ressaisir. À la suite de la dénonciation de Michel Carlos, le CANAFE produit son propre rapport sur ce qui a toutes les apparences de détournements de fonds chez Norbourg. Cette agence fédérale l’envoie à l’officier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui dirige la nouvelle équipe intégrée de la police des marchés financiers, composée d’agents de la GRC et de la SQ.
C’est ainsi que le rapport du CANAFE aboutit sur le bureau de Pierre Bettez qui, entretemps, est revenu à la SQ. Pierre Bettez l’envoie par télécopieur en avril 2005 à Claire Lewis, directrice des enquêtes et du contentieux à l’Autorité. Celle-ci n’en a aucun souvenir, même si une copie du rapport a été retrouvée dans son bureau après qu’elle eut quitté ses fonctions, en juillet 2005. « Le rapport n’a pas été analysé sur-le-champ. Un fax qui entre chez nous, quelqu’un prend cela, met cela là. C’est ce qui c’est passé, je ne vous le cache pas », expliquait Jean St-Gelais, PDG de l’Autorité, dans une entrevue accordée à La Presse en décembre 2005.
Quoi dire de plus... Je pourrais déchirer ma chemise, gueuler sur tous les toits. Mais très franchement, ces faits accablants en disent plus long sur l’incurie qui régnait à la CVMQ et à l’Autorité à l’époque que je ne saurais jamais l’écrire. En un mot comme en mille, c’est révoltant.


Les banques coupables de la crise, selon une étude
À titre d'exemple, l'ancien numéro un américain du crédit hypothécaire Countrywide Financial, racheté en 2008 par Bank of America pour lui éviter la faillite, a émis au moins 97,2 milliards de dollars de prêts à risque, selon l'étude.
Les banques américaines et européennes n'ont pas été des victimes de la crise financière qui a éclaté aux États-Unis en 2008, mais sont coupables de l'avoir délibérément provoquée, estime mercredi une organisation américaine de journalisme d'investigation.
Le Center for Public Integrity estime à 25 le nombre d'organismes de crédits immobiliers dont les prêt à risques consentis sont à l'origine de la crise du marché immobilier qui a éclaté en 2007 et qui a provoqué la crise économique. La plupart de ces organismes étaient détenus par des banques américaines et européennes ou bien n'ont pas pu consentir leurs prêts à risque, appelés «subprime», sans la complaisance des banques, indique l'organistation.
«Les méga banques qui ont financé l'industrie des subprime n'ont pas été victimes d'un effondrement imprévu du secteur de la finance, comme elles l'ont parfois dit», indique le directeur exécutif de l'organisation Bill Buzenberg.
«Ces banques ont, de manière délibérée, facilité le financement des prêts qui menacent maintenant le système financier», ajoute-t-il.
Cette étude a été publiée alors que la Chambre des représentants américaine devait approuver mercredi un projet de loi visant à créer une commission d'enquête indépendante pour examiner les causes de la crise économique, sur le modèle de celle instaurée après les attentats du 11 septembre 2001.
Le Center for Public Integrity a indiqué qu'il avait étudié des données du gouvernement américain portant sur près de 7,2 millions de prêts à risques consentis entre 2005 et 2007, juste avant que la bulle immobilière n'éclate.
L'étude indique que ces 25 organismes de crédits immobiliers représentaient près de 1 000 milliards de dollars, soit près de 72% des prêts hypothécaires consentis à des emprunteurs peu solides.
Au moins 21 des 25 organismes ont été financés par des banques renflouées par le gouvernement américain, et 11 d'entre eux ont payé des sommes importantes pour éviter des poursuites judiciaires pour des abus.
Quatre de ces organismes ont reçu directement des fonds publics, parmi lesquels l'assureur AIG et la banque Citigroup. Parmi les autres banques citées figurent les Britanniques HSBC et Barclays Bank.
À titre d'exemple, l'ancien numéro un américain du crédit hypothécaire Countrywide Financial, racheté en 2008 par Bank of America pour lui éviter la faillite, a émis au moins 97,2 milliards de dollars de prêts à risque, selon l'étude.
«Les banques ont réalisé d'énormes bénéfices pendant que leurs dirigeants récoltaient des primes conséquentes jusqu'à ce que le marché immobilier s'effondre», indique l'étude.




Un nouveau président américain ça ne change pas la Bourse, sauf que…
De toute l’histoire des ÉtatsUnis, aucun président n’a été accueilli aussi froidement à la Bourse queBarack Obama. Alors même que le 44e président américain prononçait son discours inaugural du haut des marches duCapitole, le 20 janvier dernier, Wall Street s’enfonçait de 5%.
Son secrétaire au Trésor n’a guère été mieux reçu. Timothy Geithner a eu droit à une gifle en guise de bienvenue. Le jour de l’annonce de son plan de stabilisation financière, le 10 février, la Bourse a glissé de 5%.
Les marchés étaient sur le qui-vive. Les investisseurs nerveux et impatients s’attendaient à un plan détaillé, des mesures concrètes, un calendrier précis. L’annonce les a laissés sur leur faim. Et les détails des différents volets de ce plan, qui ont été présentés les semaines suivantes, ne les ont pas calmés. La Bourse a poursuivi sa dégringolade pendant un mois.
Changement de psychologie
Puis, au début de mars, les investisseurs ont changé leur perception, du tout au tout. La Bourse, qui avait perdu 22% depuis la prestation de serment de Barack Obama, a regagné le terrain perdu aussi vite.
« Avec les politiques fiscales et monétaires, les marchés boursiers ont commencé à écarter la possibilité que l’économie glisse dans une grande dépression, dans un trou sans fond. C’est un résultat direct des mesures prises par l’administration Obama », estime Carlos Leitao, économiste en chef pour Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
C’est l’annonce du volet du plan Geithner destiné à purger le bilan des banques de leurs actifs toxiques qui a relancé la Bourse. « C’est très ironique, à mon avis, car le plan est resté le même. Il y a peu de différence », note M. Leitao.
Mais les marchés ont finalement compris que le gouvernement ne laissera plus tomber les banques, comme Lehman Brothers l’automne dernier.
« Au besoin, l’État est prêt à injecter des capitaux dans les banques, sous forme d’actions privilégiées. Est-ce que c’est une nationalisation ou pas? Peu importe. L’important c’est qu’il n’y aura pas d’autres grosses faillites bancaires », dit Jean-René Adam, gestionnaire de portefeuille sur les marchés nord-américains chez Hexavest.
Et comme les banques sont les poumons de l’économie, on redonne de l’oxygène à tout le monde, en assurant leur survie, ajoute-t-il.
Des étoiles dans le bulletin
Avec un peu de recul, les marchés accordent une bonne note à l’administration Obama, pour ses 100 premiers jours au pouvoir.
« Obama a été vraiment très énergique. Il a très bien fait du point de vue économique, en agissant sur le front de la politique fiscale, monétaire et internationale, lorsdes différents sommets économiques », estime M. Leitao.
En effet, Barack Obama a marqué des points lors du sommet du G20, au début d’avril. Généralement, les investisseurs voient d’un oeil cynique ces rassemblements qui débouchent sur un communiqué flou. Pas cette fois!
Conscient que la main invisible du marché ne peut pas toujours tout régler, le G20 s’est entendu pour renflouer le Fonds monétaire international (FMI), à court de ressources, marginalisé au cours des dernières années. Les Américains, qui étaient sceptiques face aux organisations multilatérales, lui ont accordé leur soutien. Selon M. Leitao, il est important d’avoir une organisation comme le FMI afin d’aider des pays comme l’Ukraine ou la Turquie, écorchés par l’implosion du commerce mondial.
Obama mérite aussi des éloges des investisseurs pour son plan d’évacuation des actifs toxiques des banques. « La structure du programme au complet est ingénieuse », considère M. Adam. Par exemple, le plan laisse le soin aux investisseurs privés de déterminer le juste prix des actifs, et il utilise l’effet de levier, profitant ainsi de la faiblesse des taux d’intérêt. « C’est un bon coup! On y croit », lance M. Adam.
Des ombres au tableau
Néanmoins, certains critiquent la lenteur de l’administration Obama à passer aux actes, alors de la crise financière nécessite des gestes rapides.
« On ne peut pas dire qu’ils ont chômé. Ils sont très actifs, ils jouent sur plusieurs tableaux. Mais il y a beaucoup de délais entre les annonces et la mise en application des mesures », souligne Pierre Lapointe, stratège à la Financière Banque Nationale.
Par exemple, le TALF n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Dévoilé dès l’automne 2008, le programme vise à repartir la titrisation, c’est-à-dire la structuration de produits financiers afin d’assurer le crédit à la consommation pour les ménages.
Obama a relancé le programme, au début de mars, parlant d’une bouffée d’oxygène de 1000 milliards de dollars. Or, à peine 8milliards de dollar ont été accordés jusqu’à maintenan indique M. Lapointe. « C’est essentie que ça reparte, car 65% du crédit à l consommation n’est pas issu du sec teur bancaire », précise-t-il.
Il n’y a encore rien de concret no plus du côté du programme de racha des actifs toxiques, dévoilé il y a plu d’un mois. « Ce n’est pas encore com mencé », dit M. Lapointe. Les inves tisseurs sont au rendez-vous. Mai les banques sont réticentes à mettr sur la place publique leurs actifs le plus sales.
Après la crise, le désert?
Mais déjà les signes vitaux dumar ché du crédit se sont améliorés. L crise n’est plus aussi aiguë, grâce au interventions combinées du gouver nement et de la Réserve fédérale.
« Oui, le crédit se remet en marche mais de manière lente, tranquill et prudente. Cela ne reviendra plu comme avant », soutient M. Leitao Il faut dire que la roue du créd tournait si vite qu’elle a surchauff la consommation et fait déraille l’économie.
Lorsque la crise financière et l récession seront bel et bien écartée il faudra se contenter d’un rythme d croissance beaucoup plus modéré.
Et si l’on se fie à l’histoire, le investisseurs devront patienter long temps avant de récupérer leurs pertes,
estime M. Lapointe, qui a analysé 15 épisodes de crises financières depuis 50 ans.
En moyenne, les crises financières entraînent un plongeon boursier de 40% qui s’étire sur presque deux ans (21 mois). À partir du creux, il faut attendre encore plus longtemps (25 mois) pour que la Bourse remonte au niveau atteint avant la crise.
Au total, c’est presque quatre ans de perdu, parfois encore plus. Après la crise de la fin des années 70, l’Espagneamisplusde 10 ans à récupérer ses pertes. Et le Japon n’est pas encore revenu au même niveau qu’avant la crise des années 90.
Depuis le début de la crise actuelle, la Bourse américaine a perdu 56%, pour échouer à un creux des 12 dernières années, au début de mars. Même si elle a rebondi de 20%, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Une route qui pourrait être longue et frustrante pour les investisseurs. Un environnement qui pourrait ressembler à celui des années 70, avec beaucoup de volatilité, mais aucune augmentation soutenue des indices boursiers sur une très longue période.
Comment les investisseurs peuvent-ils s’adapter? D’abord, en réduisant tout de suite leurs attentes. « De 12-15% de rendement, c’est tout à fait irréaliste », répond M. Leitao. Et ensuite, en misant sur les bonnes entreprises. « Il faudra bien faire ses devoirs. Ce sera une histoire de sélection de titres, pense M. Leitao. Si on achète l’indice, on risque d’être déçu. »


Obligations : la dette devient indigeste - RUDY LE COURS
Pour la première fois depuis belle lurette, le Trésor américain n’a pas trouvé facilement preneur pour ses titres de dette, la semaine dernière.
Il faut dire que l’offre était gigantesque : 118 milliards US. Les acheteurs étaient moins nombreux, les Chinois ayant notamment fait la fine bouche. Les taux obligataires sur titres de moyen et long termes du Trésor américain ont augmenté.
« On commence à sentir une certaine indigestion du côté des marchés » , explique en entrevue Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.
À preuve, depuis février, les taux d’obligations américaines venant à échéance dans 10 ans ont grimpé de 25 centièmes. En début de semaine, ils se négociaient à 3,87 %. C’est beaucoup plus que les titres canadiens de même échéance qui ont gagné 18 points centésimaux au cours de la même période et qui se négocient aux environs de 3,57 %.
TantOttawaqueWashington doivent financer leurs déficits créés pour relancer l’économie. Les taux obligataires sont donc appelés à grimper, surtout dans un contexte où la croissance est robuste, comme c’est le cas présentement.
Washington doit émettre pour 2400 milliards de dette cette année, rappelle Michel Doucet, vice-président, groupe-conseil en portefeuille, c hez Va l e u r s mobi l i ères Desjardins. Comme l’économie va de mieux en mieux, les marchés en sont venus à la conclusion que la structure des taux est appelée à grimper de 100 à 150 centièmes cette année.
Cela ramènerait les 10 ans vers des taux de 4,50 % à 4,75 %. « On y va graduellement, surtout si les données sur l’emploi sont bonnes vendredi. » La prévision consensuelle est d’environ 200 000 nouveaux emplois en mars.
M. Doucet rappelle qu’avant l’éclatement de la crise financière en 2007, les taux des 10 ans avaient atteint 5,3 % le 1er juin 2007. Le 1er septembre, alors qu’elle commençait, ils étaient déjà descendus à 4,50 %. Le creux de 2,07 % a été touché le 29 décembre 2008. Après avoir j oué au yoyo en début d’année, ils sont sur une remontée depuis le 2 mars.
M. Pinsonnault est d’avis que les taux de 10 ans vont atteindre leur sommet de 2010 durant l’été, aux environs de 4,37 %. Ils reculeront par la suite, en parallèle avec les perspectives de ralentissement de la croissance économique en 2011. Cette décélération sera attribuable à l’épuisement du programme de relance de quelque 787 milliards approuvé l ’a n dernier par la nouvelle administration Obama. De 3,0 % cette année, la croissance de l’économie américaine sera plutôt entre 2,0 % et 2,5 % selon le scénario économique de la Financière. « Dans un tel contexte, les taux obligataires ont tendance à reculer, car les marchés s’attendent à ce que la Réserve fédérale fasse une pause dans le resserrement monétaire », observe M. Pinsonnault.
À moyen t erme, cependant, les éléments structurels reprendront le dessus sur les éléments cycliques : les taux remonteront, car l’offre de dette restera élevée. Davantage cependant aux États-Unis qu’au Canada, où les besoins d’emprunt des gouvernements sont moins colossaux.

La crise mondiale révèle l’interdépendance  entre les nations - RUDY LE COURS
S’ il est une grande leçon à tirer de la crise actuelle, « c’est que nous ne vivons pas dans un monde de découplage ».
Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, à la Conférence de Montréal hier. « Il existe un seul système financier mondial, a-t-il souligné. Aucune réglementation nationale n’a de sens. »
Ainsi voulait résumer ce que nous traversons le président du Groupe de la Banque mondiale Robert B. Zoellick. Il était interviewé par l’animateur américain Charlie Rose en guise de causerie lors de la première journée de la Conférence de Montréal, qui en est à sa 15e présentation.
M. Zoellick s’est attardé aux difficultés posées par la nécessité de multiplier les ententes multilatérales. Si le G20 paraît hériter du rôle de leader, son formalisme pose des problèmes d’efficacité. Des sous-groupes influents devront faire cheminer des dossiers importants. « Quel sera le rôle du G8 dans cette nouvelle dynamique alors que le Canada héritera de sa direction l’an prochain? » s’est-il demandé.
Chose certaine, le monde sortira de cette récession un peu transformé. La mondialisation devra se montrer plus inclusive, a-t-il ajouté. Il craint toutefois que les vieux réflexes protectionnistes renversent la marche de l’Histoire.
Avant lui, le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn avait insisté que les décisions des autorités politiques devront être de nature multilatérale. Il faisait allusion à la refonte de la réglementation financière. « Il existe un seul système financier mondial, a-t-il souligné. Aucune réglementation nationale n’a de sens. »
Vieux et nouveaux problèmes
S’il existe de vieux problèmes à résoudre comme la réglementation des fonds de couverture, de la prise de risque ou la variation des prix des actifs dans la conduite de la politique monétaire, de nouveaux apparaîtront au sortir de la récession actuelle. « Le secteur financier sera plus petit, mais comment le rendre efficace? Par une meilleure réglementation, oui, mais pas par une réglementation excessive. »
De son côté, le secrétaire général du Commonwealth Kamalesh Sharma a présenté la mondialisation sous un jour nouveau. Le monde se comprime et s’interpénètre, a-t-il plaidé, même des valeurs comme la justice ne peuvent reposer seulement sur des bases nationales. « S’il est vrai que les membres du G20 représentent 90% de la taille de l’économie mondiale, 90% des pays ne font pas partie du G20. La croissance économique doit devenir un instrument de solidarité pour aider les pays émergents à s’extirper de la pauvreté. »
Son discours cohérent contrastait avec les réflexions à bâtons rompus de M. Zoellick. Celui-ci avait quand même mentionné que bien des pays n’ont pas les avantages des États-Unis, qui n’ont aucun problème à financer un déficit budgétaire à hauteur de 13% de la taille de leur économie. « Il n’existe tout simplement pas de marché pour la dette de plusieurs États. »
Voilà pourquoi l’assistance de 1300 milliards promise à Londres par le G20 est si capitale pour aider ces nations à traverser la crise qui, après avoir frappé le système financier, puis l’économie réelle, s’attaque maintenant aux gens en détruisant des emplois.
Or, la part promise par les États-Unis au FMI tarde à arriver, car elle fait l’objet de débats devant le Congrès.
Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale. « Il n’existe tout simplement pas de marché pour la dette de plusieurs États », a-t-il affirmé hier.
Cela fait ressort i r que la crise actuelle en est aussi une de confiance, soulignait pour sa part Anne Golden, PDG du Conference Board du Canada. « Il faut rétablir la confiance et l’optimisme sinon le capitalisme pourrait sombrer. La confiance demeure la clé d’une reprise moderne et complexe. »
Si celle des consommateurs prend du mieux, observe Jan Hatzius, économiste en chef pour les États-Unis de la banque d’affaires Goldman Sachs, c’est que les Américains ont l’impression que le pire est passé, bien que plusieurs défis demeurent. Il prédit une reprise aux États-Unis en fin d’année, alors le directeur général duFMI la voit plutôt l’an prochain. « On ne doit pas se contenter de regarder les États-Unis. L’Europe et le Japon peuvent avoir des effets sur les États-Unis », a lancé M. Strauss-Kahn à M. Hatzius qui, avec Mme Golden, participaient à l’atelier Le système financier après la crise : nouveaux acteurs, nouveaux enjeux.
Dans cette grande java mondialisée, le Canada paraît un danseur de premier ordre. Le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économique, Angel Gurria, a souligné que, selon l’indicateur avancé de l’organisme situé à Paris, notre pays est moins frappé par la récession mondiale, dispose d’institutions plus solides et sera un des premiers à connaître la reprise.
Le premier ministre du Québec Jean Charest n’a pas raté l’occasion de souligner que le Québec avait créé des emplois pour le deuxième mois d’affilée en mai.
Il a lancé un vif plaidoyer en faveur du libre-échange, rappelant son rôle dans les négociations actuelles entre l’Europe et le Canada en vue d’un partenariat économique qui inclurait la mobilité professionnelle.
Il a annoncé aussi que son gouvernement déposera aujourd’hui un projet de loi pour libéraliser la mobilité interprovinciale de la main-d’oeuvre.
La deuxième journée de la conférence portera sur le développement durable.


Le géant avec les grosses clés de char - Stéphane Laporte
Mon père avait le Chevrolet tatoué sur le coeur, comme moi j’avais le CH. Pour lui, c’était la voiture idéale. C’était pas une voiture d’excités. C’était pas une voiture de snobs. C’était pas une voiture de hippies. C’était une voiture de monsieur. De monsieur responsable qui voulait un char confortable.
La première fois que je l’ai vu, je devais avoir 5 ans. Je m’en souviens encore. Nous roulions sur le tout nouveau boulevard Décarie. On revenait de chez mon oncle Jacques à Joliette. Soudain ma mère nous a dit : « Regardez à droite, c’est là que votre père a acheté sa voiture. » Je me suis retourné. Et il était là. Impossible de le manquer. Il devait mesurer 10 millions de pieds. Mais il n’avait pas de corps. Juste une tête. Une énorme tête chauve. Des gros yeux ronds. Et un gigantesque sourire de vendeur de chars. Son nom était écrit sous son visage, en grosses lettres attachées : Harold Cummings. Son immense main tendait des grosses clés de char. Comme King Kong tenant la belle fille dans sa grosse patte. Il nous invitait à acheter. Et on ne pouvait pas refuser.
Je n’avais jamais vu une aussi grosse face de ma vie. C’était épeurant. Je savais que c’était une affiche géante, mais le monsieur avait l’air tellement vrai. Et tellement big. Plus big qu’Elvis. Plus big que Batman. Il devait être important. Il l’était. Le monsieur était celui qui faisait rouler Montréal en General Motors.
Depuis ce jour, chaque fois que nous descendions le boulevard Décarie, je le fixais des yeux. Elle me fascinait, la grosse tête d’Harold. Parfois j’avais l’impression de voir bouger ses sourcils, alors je regardais ailleurs. Et le soir, j’en faisais des cauchemars. Il échappait ses grosses clés sur ma petite tête. Ayoye!
Mon père a toujours acheté des Chevrolet. Toujours chez Harold Cummings. D’abord une Chevrolet Biscayne, puis une Chevrolet Impala, puis une Chevrolet Bel Air, et enfin une Chevrolet Monte Carlo. Quatre Chevrolet en environ 40 ans. C’est vous dire comment il les usait. Elle était belle, son Impala grise en 1965, fraîchement sortie du concessionnaire. Elle était poquée en 1973, quand il a finalement décidé de la changer. C’était un tacot. Encore plus rouillée que la Fiat à Columbo.
Chaque fois que mon père allait chez le concessionnaire, j’avais l’impression qu’il rencontrait le géant Harold en personne. Et que tel Yahvé donnant les tables de la loi à Moïse, Harold se penchait pour remettre les clés de sa nouvelle voiture à mon père.
Quand il revenait avec sa nouvelle Chevrolet, c’était toujours le même cérémonial. Toute la famille embarquait dans le nouveau carrosse et nous partions sur un nowhere. Un nowhere de 45 minutes environ. Le temps de passer devant la grosse pancarte d’Harold Cummings et d’aller à l’Orange Julep, à la commande à l’auto. On était sûrs que la serveuse se pâmerait sur notre rutilante voiture. Mais c’est à peine si elle la regardait. Faut dire que les autos de mon père n’étaient jamais d’une couleur attrayante. La Bel Air, celle qui m’a conduit du collège à l’université, était brune. Un brun foncé, peu inspirant. C’était pas la faute à papa. C’est parce que mon père achetait toujours le démonstrateur, pour avoir un meilleur prix. Harold était fin avec lui.
Mon père avait le Chevrolet tatoué sur le coeur, comme moi j’avais le CH. Pour lui, c’était la voiture idéale. C’était pas une voiture d’excités. C’était pas une voiture de snobs. C’était pas une voiture de hippies. C’était une voiture de monsieur. Demonsieur responsable qui voulait un char confortable. Pour mon père, une auto, c’était une GM, comme un mouchoir, c’était un Kleenex, et un réfrigérateur, un Frigidaire.
Quand les Japonaises sont devenues populaires, il ne les a même pas regardées. Mon frère s’est acheté une Honda, ça l’a fait rire. C’était correct pour un étudiant. C’était une étape, entre la bicyclette et une vraie voiture, une voiture de papa, une Chevrolet.
Avec des clients comme ça, le géant avec les grosses clés de char s’est endormi. C’est ça quand on devient trop gros. On fatigue plus vite. On digère lentement. Et on pique des sommes. De 20 ans. Les concurrents en profitent pour nous dépasser dans la courbe. Tasse-toi, mon oncle !
Des pat rons obèses , des syndicats obèses, des affiliés obèses, ça ne fait pas une entreprise dynamique.
Si mon père était encore vivant, il n’en reviendrait pas. General Motors, qui était, dans son temps, la compagnie la plus prospère du monde, est au bord de la faillite. Au bord du précipice. Et Obama s’apprête à peser sur le gaz. Bye bye Chevrolet, Pontiac, Oldsmobile ! Le géant va tomber.
Mon père avait beau jurer par Chevrolet, il s’est bien rendu compte que son dernier modèle n’était pas de la qualité des belles d’autrefois. La finition n’était plus la même. Les lignes étaient moins pures. On créait plein de nouvelles marques, mais c’était toujours les mêmes pièces. Il le disait: GM, c’est plus ce que c’était. Il le savait. Mais fidèle, il n’a jamais pensé tromper sa belle avec une Toyota.
Il y a plein de gens qui se sont tannés avant lui. Et le géant n’a pas eu la souplesse de les retenir, trop ankylosé à tenir ses grosses clés.
La fin de General Motors est la fin d’une époque. Le XXe siècle aura été le siècle de l’automobile. Le XXIe siècle est celui de l’ordinateur. En un clic, on se rend plus loin que n’importe quel véhicule.
Sauf qu’on se rend tout seul. On avait beau, dans le Bel Air de mon père, avancer pare-chocs à pare-chocs sur le boulevard Décarie, on avançait ensemble. Et ça faisait de doux souvenirs.

L’un freine, l’autre démarre  -  SOPHIE COUSINEAU
Magna a en quelque sorte créé sa chance. L’entreprise se trouve en excellente santé financière, même si sa rentabilité se dégrade, compte tenu des difficultés de ses principaux clients. L’entreprise avait 1,75 milliard de dollars américains en liquidités au 31 mars.
C’est un scénario tellement surréaliste qu’on aurait dit à son improbable scripteur qu’il ne tient pas la route. Pensez-y. General Motors, une entreprise centenaire qui a longtemps symbolisé la domination de l’économie américaine, se mettra à l’abri de ses créanciers ce matin. C’est le président Barack Obama lui-même qui en fera l’annonce, selon les médias américains.
Émigré au Canada à l’âge de 21 ans avec seulement 200$ dans sa valise, Frank Stronach est maintenant à la tête de Magna, qui affiche un chiffre d’affaires de 23,7 milliards de dollars américains.
Même si les analystes voient venir cette restructuration judiciaire depuis quelques semaines déjà, même si GM est parvenu à un accord avec ses créanciers et ses travailleurs syndiqués, l’affaire n’est pas banale. C’est la page la plus sombre dans l’histoire de ce constructeur américain tout déglingué, qui est porté à bout de bras par des gouvernements fauchés. Et cela, même si GM envisage le recours au chapitre 11 de la loi sur la faillite comme le moyen le plus expéditif de sortir des soins intensifs.
Au même moment, le Canada, ce sous-traitant de Detroit qui joue les éternels seconds, se réveille en sursaut comme producteur d’autos, à une époque où les constructeurs nationaux de l’Occident cèdent la route à des constructeurs du Japon, de la Chine, de l’Inde et d’ailleurs en Orient ! Inouï.
« Nous voulons construire des voitures Opel au Canada », a déclaré Frank Stronach à un quotidien torontois vendredi, peu après avoir appris que son entreprise, le fabricant de pièces Magna International, de l’Ontario, avait remporté les enchères pour le contrôle de la division allemande de GM.
Ce n’est pas demain la veille que l’on verra des Opel sortir d’une chaîne de montage en Ontario! Mais on pardonnera à Frank Stronach son enthousiasme, lui qui réalise maintenant un vieux rêve.
Au Québec, Frank Stronach est moins connu que sa fille Belinda. Cette fugace députée fédérale s’est fait connaître pour avoir traversé la Chambre et avoir largué sans cérémonie son compagnon, l’actuel ministre de la Défense nationale, Peter MacKay. Mais il est de notoriété publique que Frank Stronach, cet immigré autrichien qui a fondé Magna en 1957 dans un garage de Toronto, ambitionne de devenir constructeur en propre. Celui-ci a investi plus de 1,5 milliard de dollars dans Magna en échange d’une participation de 20%. Mais cette association controversée s’est disloquée l’automne dernier en raison des difficultés financières de Deripaska, qui peine à refinancer ses dettes.
Malgré tout, les yeux de Frank Stronach sont toujours rivés sur la Russie, le marché automobile qui connaissait la croissance la plus forte en Europe avant que n’éclate la crise financière. Pour prendre le contrôle de l’exploitation d’Opel, Magna s’est associée à la banque d’État russe Sberbank. Réunis, ces partenaires possèdent 55% d’Opel, alors queGM(35%) et les employés (10%) se partagent le reste.
Magna a joué de chance avec Opel. Le constructeur italien Fiat croyait l’emporter pour former un groupe industriel dominant avec Chrysler. Mais en Allemagne, Magna s’est gagné la faveur des dirigeants syndicaux et des politiciens en quête de réélection, en annonçant une restructuration moins douloureuse. La moitié des 50 000 salariés d’Opel travaille au pays de Goethe.
En Europe, Magna fabrique déjà en sous-traitance certains modèles, comme les BMWX3, les Jeep Commander et les camions Mercedes-Benz de classe G.
Frank Stronach avait tenté de racheter Chrysler au printemps de 2007 des mains de Daimler, mais il s’était fait damer le pion par le fonds américain Cerberus – ce dont il se félicite maintenant. À la même époque, il s’est associé à l’oligarque russe Oleg Deripaska, qui contrôle le constructeur automobile GAZ. Magna compte néanmoins abolir 11 000 postes.
Toutefois, Magna a en quelque sorte créé sa chance. L’entreprise se trouve en excellente santé financière, même si sa rentabilité se dégrade, compte tenu des difficultés de ses principaux clients, GM en tête. L’entreprise avait 1,75 milliard de dollars américains en liquidités au 31 mars.
Frank Stronach, qui a émigré au Canada à 21 ans avec 200$ dans sa valise, a tiré des leçons de ses mésaventures. Au début des années 90, alors que la récession et la guerre du Golfe faisaient rage, ce self-made-man a failli perdre son empire, lourdement endetté à la suite d’une série d’acquisitions.
Aujourd’hui, Magna a un chiffre d’affaires de 23,7 milliards de dollars américains et emploie 82 000 personnes dans 240 usines de par le monde.
Malg r é t out , F r a n k Stronach, passionné de courses de chevaux, reste un gambler dans l’âme. D’ailleurs, son entreprise de pistes de course, Magna Entertainment, s’est mise à l’abri de ses créanciers en mars, à la suite d’investissements insensés. Frank Stronach n’en fait généralement qu’à sa tête, une liberté que lui procurent ses actions à droit de vote multiple, avec 300 votes par titre!
Investir dans un constructeur d’automobiles en 2009, même au rabais, reste un sport dangereux. À plus forte raison quand on se met à concurrencer ses propres clients. Cela ne posera évidemment pas de problème à GM, qui reste actionnaire d’Opel. Cela dit, la relance d’Opel sous une nouvelle administration ne réglera pas le problème de fond de surcapacité de l’industrie !
En revanche, la concurrence de Magna pourrait être mal reçue par Fiat, Bayerische Motoren Werke et Volkswagen. Ces clients et nouveaux rivaux pourraient exercer des représailles à l’endroit de Magna.
Frank Stronach croit que, en cette période de collaboration et de partenariats entre constructeurs, les fabricants européens ne prendront pas ombrage de son investissement dans Opel. Mais cela reste à voir.
Et puis il y a le fameux marché russe, un marché qui, malgré les relations de Frank Stronach, reste un Far-West des affaires.
La route pour le premier constructeur de voitures du Canada s’annonce sinueuse.



RÉPARER LE CAPITALISME -  Guy Sorman
Notre système économique est aussi imparfait que les sociétés elles-mêmes, mais il a tout de même extrait presque toute l’humanité de la misère
Ceux qui espèrent en la crise finale du capitalisme vont, de nouveau, être déçus. La crise dans le capitalisme n’est pas niable, c’est la troisième récession en un siècle, mais elle n’est pas une crise du capitalisme. Au rebours des années 30, et des années 70, les critiques – toute critique est légitime – ne proposent pas de système alternatif : le fascisme des années 30 et le socialétatisme des années 70 ne sont plus des choix crédibles. Il est chez les économistes à peu près entendu que le capitalisme est aussi imparfait que les sociétés humaines elles-mêmes, mais qu’il a tout de même extrait l’humanité – presque tout entière –, hors de la misère, et ceci, dans toutes les civilisations. Il reste à réparer le système, ce qui ne sera pas simple et exige au préalable une juste compréhension de ce qui doit être réparé. Les économistes et les gouvernements qui plus ou moins les écoutent sont, en fait, confrontés à deux crises distinctes ; l’une est banale, l’autre est révolutionnaire.
La première exigence, souvent éprouvée dans le passé, exige de rendre la transition humainement tolérable entre des activités surannées et des métiers futurs que l’on ne connaît pas encore. Ce processus dit de « destruction créative » – abandonner l’ancien pour passer au nouveau – est le moteur du capitalisme : à un certain degré, il exige une collectivisation des risques, c’est-à-dire une prise en charge des dégâts par l’État. Tel fut le scénario suivi dans tous les pays industrialisés dans les années 70, lorsque les charbonnages, la sidérurgie, le textile partirent vers des lieux d’exploitation plus profitables, l’Asie et l’Amérique latine, en particulier : les États ont su gérer cette transition, ce qui sauva le capitalisme en le rendant économiquement plus profitable et socialement plus acceptable.
Ce scénario-là se répète en ce moment, à l’identique aux États-Unis dans l’industrie automobile et, en partie, dans le secteur bancaire. Sans doute, la construction automobile estelle à terme condamnée en Amérique du Nord; et le secteur financier est certainement surdimensionné, partout, par rapport aux besoins de l’économie réelle. Les gouvernements nord-américains et européens s’emploient donc à anesthésier sans trop de douleur un monde ancien pour accoucher d’un monde nouveau : cette transition, dit Barack Obama, n’est pas une nationalisation. Et l’art des patrons capitalistes, peaufiné au cours des siècles, consiste à mutualiser leurs pertes : rien de très nouveau à ce seuil.
Plus complexe est la crise financière. Il se trouve, et c’est la cause de la crise que le marché financier est devenu un objet, quelque peu monstrueux, distinct de l’économie réelle. On sait à peu près comment fonctionne l’économie réelle: elle obéit à des modèles relativement prévisibles selon des lois que les économistes et les gouvernements maîtrisent à peu près. Mais le marché financier obéit à ses propres lois que nul ne connaît vraiment ni ne maîtrise: ainsi, les cours de la Bourse ne montent-ils ni ne descendent en fonction des résultats des entreprises cotées, mais en fonction de la stratégie financière des investisseurs. Le choix des investisseurs agit sur les prix qui agissent sur les stratégies d’investissement: la boucle est autonome.
Cette déconnexion entre économie réelle et finance virtuelle n’est pas constante: les deux sont conduits tôt ou tard à coïncider, mais on ne sait pas quand. Cela peut prendre 10 ans. Toutes les tentatives de modéliser le comportement du capitalisme financier ont jusqu’ici échoué, en particulier les grands écarts du type présent. La loi de la finance est le « hasard sauvage » (l’expression est du mathématicien Benoît Mandelbrot).
Pourrait-on se passer du capitalisme financier pour se recentrer sur le capitalisme réel? Non, car il n’est pas d’innovation réelle sans finance virtuelle. Par ailleurs, l’énorme croissance mondiale depuis 25 ans, dont le quasi-monde entier a bénéficié, a été rendue possible par des innovations financières, aujourd’hui sulfureuses, mais hier bénéficiaires, comme la titrisation du crédit hypothécaire. C’est donc l’excès de la finance qui est périlleux, mais peut-on le réglementer? Tel est le cri du jour.
On oublie que ce marché financier était déjà très réglementé avant la crise boursière : ces règles se sont avérées contre-productives et appliquées par des régulateurs incompétents. La réglementation a accéléré la crise, obligeant par exemple, les banques à vendre leurs actions, ce qui a fait s’effondrer les cours.
Sans aucun doute, la crise présente fera progresser la connaissance et la prévoyance du risque: un meilleur encadrement devrait recoller le marché financier et l’économie réelle. La crise sera terminée lorsque les entrepreneurs, travailleurs, consommateurs et investisseurs, croiront que les deux ventricules du capitalisme de nouveau battront au même rythme. Le capitalisme, en définitive, repose sur la confiance qu’on lui porte et les services concrets qu’il rend: nul n’est censé aimer le capitalisme.

La «disneylandisation» de la politique - Mario Roy
L'actuelle crise économique compte parmi les échecs du capitalisme. Elle est unanimement vue comme telle, bien que les opinions divergent quant à la façon de corriger et d'empêcher à l'avenir de semblables dérives.
Unanimement? Pas tout à fait. La critique radicale du capitalisme, exprimée notamment la semaine dernière dans un manifeste politique de Québec solidaire, voit les choses autrement. Ce document n'est pas unique dans sa teneur. Il possède une parenté évidente avec, par exemple, les écrits du journaliste et essayiste français Hervé Kempf. Nous le mentionnons ici parce que ses deux récents ouvrages sont devenus des best-sellers, mais on pourrait tout aussi bien évoquer plusieurs auteurs ou scribes dont les démonstrations sont comparables.
Ainsi, il faut «dépasser le capitalisme», estime le collectif de Françoise David et Amir Khadir; ou bien «sortir du capitalisme», conseille Hervé Kempf.
Dépasser ou sortir? L'idée est la même. Tant d'un point de vue socioéconomique (Québec solidaire) qu'écologique (Kempf), la crise actuelle n'est au fond qu'un soubresaut assez banal d'un système dont la nature profonde a toujours été viciée et le sera toujours. Ce qui le rend irréformable.
«Ceux qui veulent refonder le capitalisme passent à côté des vraies questions», dit Québec solidaire. Même «la croissance verte est une illusion», ajoute Kempf, discréditant à l'avance ce que plusieurs, dont le président américain Barack Obama, voient comme le prochain champ d'exercice de la stupéfiante capacité d'innover du capitalisme.
La virulence de la critique radicale du capitalisme n'est pas proportionnelle à l'ampleur des échecs de celui-ci. En période de croissance et de prospérité, ce système est vu comme tout aussi vicié et irréformable: en France et au Québec, la vulgate anticapitaliste moderne a été boulonnée pendant les Trente glorieuses et la Révolution tranquille, périodes fastes s'il en fut.
Or, aujourd'hui comme hier, échafauder des scénarios dont la prémisse est la disparition, ou le dépassement, ou la sortie, du capitalisme est un investissement dans l'équivalent idéologique des fameux... papiers commerciaux! Le capitalisme ne disparaîtra pas parce qu'il n'existe rien dans le monde réel à mettre à la place. De sorte que tout changement (même lourd, et il en faudra) s'inscrira forcément à l'intérieur de son cadre général.
On peut plaider que nourrir l'utopie est une activité saine et bienfaisante. Mais, dans les faits, cela concourt à la disneylandisation du débat politique. C'est-à-dire à l'insertion de celui-ci dans un monde merveilleux, fantasmagorique, où s'estompe la frontière entre la réalité et la fiction; où tout paraît concevable; où se liquéfie la nature même de la politique, qui est précisément l'art du possible.
À y réfléchir, il est douteux que ce soit sain et bienfaisant.
Pour sortir de la crise: dépasser le capitalisme?, Québec solidaire, www.quebecsolidaire.net/accueil Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf, Le Seuil.




La bulle enflait, enflait... et les Japonais s’éclataient
TOKYO — Le 29 décembre 1989, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo atteignait en clôture 39 915,87 points : apogée de la frénésie spéculative et de la fièvre acheteuse qui avaient contaminé la société japonaise. Vingt ans après, on se souvient de la « bulle » avec nostalgie ou honte.
Le Japon a mis une décennie à se remettre de la frénésie spéculative et de la fièvre acheteuse qui avaient contaminé la société nippone en 1989.
« Mon mari travaillait dans le secteur du bâtiment. Les primes étaient d’un montant faramineux, à tel point qu’on a presque pu rembourser le prêt contracté pour l’achat de notre appartement en deux ans », témoigne anonymement une mère de famille.
« À l’époque, j’étais femme au f oyer, mais, pour me donner de l’importance, je me promenais avec un gros agenda, ce qui n’avait pas de sens », reconnaît-elle.
« J’étais au collège. Mon père disait que nous étions une fa mille pauvre, mais durant la période de la bulle, notre situation s’est améliorée d’un seul coup », renchérit une autre sur un forum en ligne.
« Anniversaire ou pas, je n’avais qu’à dire que je voulais quelque chose pour qu’on me l’achète. La maison s’est emplie des plus récents appareils électroménagers », ajoute-t-elle.
Et d’avouer : « Mon père a gagné beaucoup d’argent en boursicotant ».
Destination préférée pour les voyages scolaires en 1989? La Bourse de Tokyo!
« Tout le monde était devenu spéculateur : on achetait quelque chose – un terrain, un appartement, un tableau, un bijou – en se disant que si on le revendait le lendemain, on toucherait le magot », souligne un ancien employé de banque, Jun Ikeido.
À la veille de Noël, le magasin Tiffany, dans le quartier tokyoïte chic de Ginza, avait des airs de braderie. Armani, Versace, Rolex... le Japon était devenu pour les marques de luxe étrangères un paradis.
Pour les fabricants et les commerçants, « baburu jidai » ( période de la bulle) rimait avec « tout se vend ». « Surtout les produits chers », ricanaient les profiteurs, alors légion.
« Les gens avaient confiance en leur banquier, qui leur prêtait de l’argent et leur promettait de continuer. La responsabilité des banques dans la formation de la bulle était énorme », selon M. Ikeido.
La spéculation boursière et immobilière toucha it d’abord les entreprises qui investissaient dans des terrains de golf, hôtels et autres lieux de villégiature où se ruaient des salariés généreusement rémunérés.
Dans les feuilletons de télé, le héros était un blanc-bec frais émoulu, mais qui habitait déjà dans un immense appartement chèrement meublé à l’occidentale et allait draguer dans des restaurants et bars renommés de Tokyo, souvent aux frais de l’entreprise.
Les étudiants recevaient, plus d’un an avant la fin de leur cursus universitaire, des centaines d’imprimés racoleurs de sociétés et collectionnaient les promesses d’embauche. La soif d’argent dégénéra aussi en retentissants scandales politico-financiers que symbolisa la tentaculaire affaire de corruption « Recruit », maison d’édition touche-à-tout qui distribuait à qui pouvait lui être utile des actions boursières non déclarées... à revendre au bon moment.
Une décennie pour s’en remettre
Las, six mois après avoir atteint son maximum historique du 29 décembre 1989, le Nikkei ne valait plus que 32 000 points, et seulement 17 000 fin 1991.
La bulle n’éclata pas soudainement, dans un krach boursier, mais se dégonfla lentement et inexorablement, étouffant d’abord les secteurs de l’immobilier et de la finance, avant d’asphyxier toute l’économie. Le Japon a mis 10 ans à s’en remettre, connaissant quelques brèves périodes de rémission, avant de replonger l’an passé, à cause de la crise financière mondiale. Le Nikkei est tombé à 7054 points le 10 mars 2009 et tourne aujourd’hui aux environs de 10 500 points.

La part de marché américain du subprime revenue au sommet de 2006

WASHINGTON — La part du marché des nouveaux prêts immobiliers aux États-Unis accordés à des ménages au profil financier risqué ( subprime) est revenue à son sommet atteint en 2006, révèle une étude d’un économiste de la banque centrale américaine publiée hier.
Contrairement à la situation qui avait mené à la crise des dans un prêt sans garantie publique. le privé ne se lance presque plus maintenant
« La part des emprunteurs avec un score de crédit de moins de 660 ( présentant des garanties limitées) est revenue juste au-dessus de 20 %, la même que lors du sommet de la titrisation des s ubprimes en 2006 » , i ndique dans cette étude John Krainer, économiste de la Banque de réserve fédérale de San Francisco.
Selon lui, cette part était t ombée à « prat i quement zéro » au début de 2008.
La t it r i sation des prêts immobiliers subprimes est une technique qui consistait pour les banques à transformer ces crédits risqués en titres financiers vendus sur des marchés ni centralisés ni régulés.
Avec la chute du prix de l’immobilier, la valeur ces t it res s’est ef fondrée et a entraîné une cascade de pertes pour les banques qui ont abouti à la crise financière et économique mondiale.
M. Krainer note toutefois de t rès fortes différences entre les subprimes actuels et d’avant-crise.
Actuellement, « les t rois organismes de refinancement hypothécai re parapubl i cs apportent un soutien sans précédent au marché immobilier, détenant ou garantissant près de 95 % des nouveaux prêts hypothécaires résidentiels », note M. Krainer.
Le privé ne se lance donc presque plus dans un prêt subprime sans garantie publique.
Par ailleurs, « l’écriture de nouveaux prêts hypothécaires a considérablement ralenti ces deux dernières années (...) L’endettement net des ménages adossé à un prêt hypothécaire a reculé chaque trimestre depuis le début de 2006, et est maintenant négatif pour la première fois depuis les années 1970 ».
Le volume des subprimes a chuté par rapport à 2006, le marché du prêt immobilier s’étant effondré en trois ans.
Enfin, la nature des prêts subprimes a changé, emprunteurs et prêteurs étant obligés de se conformer aux règles plus strictes de Fannie Mae, Freddie Mac et Ginnie Mae.
« Les titrisations réalisées en dehors des organismes parapublics avaient beaucoup plus de probabilité de comprendre des prêts à taux variable (...) et de s’accompagner de renseignements incomplets sur les revenus et actifs de l’emprunteur », affirme M. Krainer.
« Avec la vaste majorité du prêt hypothécaire actuel désormais intermédié sous une forme quelconque par les organismes parapublics, il sera difficile pour le marché immobilier de revenir à la normale », croit l’économiste.
À ce jour, le Trésor a consacré 95,6 milliards US, et la Réserve fédérale 766,5 milliards US, au sauvetage de ces entreprises.
En dehors d’elles, « la titrisation et les prêts détenus dans les portefeuilles de prêteurs ( privés) se sont largement taris », souligne l’auteur de l’étude.

Un an après, qu’est-ce qui a changé?
  -  ALAIN DUBUC
Qu’est-ce qui a changé, un an après que la faillite de Lehman Brothers ait déclenché une réaction en chaîne qui nous a menés à cette crise financière historique ? Pas grand-chose.
Il aurait été naïf de croire que cette crise, aussi sévère soit-elle, n’entraîne un effondrement du capitalisme ni même l’avènement d’un nouvel ordre mondial. L’économie de marché est un modèle souple, capable de se régénérer. On se serait cependant attendu que les transformations soient assez substantielles pour montrer de façon tangible que, collectivement, nous avions appris de nos erreurs.
Mais, pour reprendre le titre de l’essai que j’ai consacré à la crise, les démons du capitalisme sont toujours bien vivants. Les efforts pour mieux contrôler les marchés financiers sont certes sur la bonne voie. Cependant, la culture qui a mené à la catastrophe, celle de l’imprudence, de l’avidité, de la spéculation, n’est hélas pas morte, ni même en veilleuse.
Cela tient peut-être au fait que cette crise, aussi sévère a-t-elle été, n’a pas eu l’ampleur que l’on avait craint. La récession ne s’est pas transformée en dépression. La reprise est arrivée plus vite que prévu. Le système financier, quoique fragile, n’est plus au bord du gouffre. Cela a créé un faux sentiment de sécurité, un retour au «business as usual», et sans doute un sentiment d’invulnérabilité chez ceux qui ont été les principaux responsables de cette crise.
Il y a heureusement des progrès. Le rôle nouveau que joue le G20 dans la coordination des actions internationales est prometteur. Les efforts pour mieux encadrer le monde financier et pour identifier les risques systémiques avancent, quoique ce soit long et compliqué. On pourra mesurer ces progrès la semaine prochaine, lors de la réunion du G20 à Pittsburgh.
Mais les consensus sont difficiles, les clivages Europe-États-Unis restent importants, notamment parce que les Européens ont davantage la réglementation facile. Et surtout, on ne sait pas jusqu’où les États-Unis, dont l’intervention est pourtant essentielle, pourront aller. Le train de réformes financières – avec un organisme de protection des consommateurs, un rôle de policier pour la Réserve fédérale – que le président Obama défendait encore avec passion ce lundi à New York, fait face à d’importants obstacles.
Le président rencontre des résistances idéologiques similaires à celles qu’il rencontre en santé: un refus de l’État, un culte du chacun-pour-soi, le spectre du socialisme. Sa capacité d’action est limitée par un Congrès et un Sénat qu’il ne contrôle pas vraiment. Wall Street réagit mal à cette réforme. Signe d’un retour à la «normale», le monde financier reproche au président un interventionnisme qui l’a pourtant sauvé et que son irresponsabilité avait rendu nécessaire.
Le plafonnement de la rémunération des dirigeants d’institutions financières est une autre pomme de discorde. On a accordé beaucoup d’importance à cette question, parce qu’elle permet d’exprimer l’indignation des citoyens, et parce que c’est le seul élément du dossier qui se prête au débat public et au discours politique. Les rémunérations excessives sont surtout importantes pour ce qu’elles révèlent, la concentration de la richesse dans le monde financier, au détriment de l’économie réelle.
La résistance aux réformes du président Obama, les pratiques de rémunération qui n’ont pas assez changé, la capacité de Wall Street de retrouver son euphorie, montrent qu’il a bien du chemin à faire pour venir à bout de la culture responsable de la débâcle. Les ravages de la spéculation, qu’on pense au pétrole ou à notre dollar, montrent aussi qu’il reste bien du chemin à faire pour nous protéger des dérèglements des marchés financiers.


Sortirons-nous grandis de la crise? -  ALAIN DUBUC
Peu d’efforts ont été déployés pour corriger notre principal problème économique, notre retard en productivité.
Plusieurs pays ont tenté de se servir de la crise comme d’un tremplin, en utilisant les énormes moyens déployés dans le combat contre la récession pour rendre l’économie plus compétitive, pour mieux rebondir et sortir renforcés de l’épreuve. C’est le sens, par exemple, du plan de relance du président Obama, qui consacre des ressources importantes à l’éducation, à la recherche et au développement durable.L’Ontario a perdu quelque 234 000 emplois depuis le début de la récession, notamment dans le secteur automobile.

Est-ce le cas ici? Sortirons-nous renforcés de cette crise? Ce n’est pas évident du tout. Le risque est grand que nous nous retrouvions avec exactement les mêmes problèmes qu’avant, dans un contexte plus difficile, et avec moins de moyens pour les résoudre.
Pendant que nous étions accaparés par la récession, nous avons eu tendance à oublier les enjeux qui semblaient prioritaires avant que la crise n’éclate. Les lucides se sont inquiétés du choc démographique et de la crise financière vers laquelle se dirigeait le Québec. Deux rapports, ceux de Jacques Ménard et Claude Castonguay, décrivaient l’impasse du système de santé. Mon essai, Éloge de la richesse, portait davantage sur les retards du Québec en termes de productivité et de niveau de vie. Le même constat peut être fait pour le Canada où les succès pétroliers de l’Ouest ont créé une illusion de prospérité et masqué le fait que le Canada est un pays en perte de vitesse. Les pertes massives d’emplois en Ontario, 234 000 depuis le début de la récession, illustrent cette fragilité.
Qu’est-ce qui nous attend après la crise? Le problème démographique sera exactement le même. Le problème financier s’aggravera. Au plan québécois, la situation était déjà précaire, avec un endettement élevé et une marge de manoeuvre nulle. Le dernier budget de Monique Jérôme-Forget prévoyait des déficits pour plusieurs années, mais ne proposait pas de démarche convaincante pour revenir à l’équilibre. Et le risque est fort que les choses empirent, si on regarde ce qui se passe du côté d’Ottawa. Le déficit fédéral, prévu à 34milliards dans le dernier budget, a explosé et dépassera plutôt les 50 milliards.
Quant à la compétitivité de l’économie, on n’observe aucun progrès notable. Peu d’efforts ont été déployés pour corriger notre principal problème économique, notre retard en productivité. Le budget fédéral insistait sur des mesures de relance immédiates – avantages fiscaux ciblés, travaux d’infrastructures – et contenait très peu de mesures que l’on pourrait qualifier de structurantes. Dans le budget du Québec, où l’on trouvait peu de mesures nouvelles, l’effort de relance reposait essentiellement sur le vaste programme d’infrastructures déjà en marche.
En sortie de crise, nous nous retrouverons donc avec des gouvernements endettés, sans marge de manoeuvre, peut-être forcés d’alourdir le fardeau fiscal, avec une économie fragilisée, par exemple dans l’automobile ou la forêt, avec des entreprises qui auront moins de ressources pour l’investissement. Le tout dans un contexte politique qui ne favorisera pas autant les efforts de création de richesse, parce que la crise a provoqué un glissement idéologique qui renforce la méfiance à l’égard du secteur privé et des marchés.

Bien sûr, à court terme, le Québec et le Canada connaîtront sans doute une embellie. La récession est moins forte au Canada que dans les autres pays industrialisés, et elle est moins forte au Québec que dans plusieurs autres provinces. Résultat, notre classement pour le niveau de vie s’améliora sans doute. Mais ce sera une victoire illusoire, parce qu’elle reposera sur les problèmes des autres plutôt que sur nos propres succès. Un peu comme un joueur de tennis qui remporte un match parce que son adversaire a une cheville foulée.


Wall Street 
Un air de déjà-vu...
WASHINGTON — Wall Street a peut-être trouvé le moyen de se débarrasser des créances douteuses qui engorgent les marchés financiers. Le hic, c’est que le tour de passe-passe rappelle furieusement les méthodes à l’origine de la crise.
Depuis quelques mois, des banques d’investissement toilettent en effet de vieux titres adossés à des crédits immobiliers pour les revendre comme de nouveaux produits f i nanciers sûrs. Le caractère douteux des créances se dissout rapidement dans la masse financière, mais en cas de défaut d’un maillon de la chaîne, comme cela s’est produit avec la crise des subprimes (crédits hypothécaires à haut risque), le marché s’effondre comme un château de cartes.
« Il y a comme un air de déjà-v u dans t out c ela » , constate Herbert Kaufman, professeur d’économie à l’Université d’État de l’Arizona.
La méthode appliquée de façon un peu plus transparente cette fois pourrait toutefois régler l’un des grands problèmes de la crise financière, souligne-t-il, en recyclant les centaines de milliers de dollars de crédits hypothécaires qui encombrent le système et rendent les banquiers réticents à accorder de nouveaux prêts.
Ces titres datent de l’époque de la bulle immobilière. Pendant la flambée des prix, les banques ont acheté des créances risquées, leur ont attaché des c réances plus solides et ont vendu le tout sous la forme de titres sûrs, cotés AAA. L’appétit des investisseurs a encouragé les établissements à accorder des crédits de plus en plus risqués, y compris à des emprunteurs qui ne pourraient pas les rembourser.
Quand l’immobilier s’est effondré, il était à peu près impossible de déterminer la valeur de tous ces titres. Les banques et assureurs qui en possédaient savaient que certains étaient réellement sûrs et ne voulaient donc pas tout revendre à bas prix, tandis que les acheteurs refusaient de payer le prix fort pour des titres dont beaucoup ne valent plus rien.
L e s ba nques ont donc recommencé ces derniers mois à proposer des lots comprenant des créances solides et des créances un peu moins fiables, à des prix abordables. Et les nouveaux titres adossés à des créances immobilières reçoivent le label « AAA » qui rassure les investisseurs peu tentés par le risque. Quant aux dernières créances vraiment pas présentables, elles sont écoulées pour quelques sous à des investisseurs et des fonds d’investissement à risques prêts à tenter leur chance dans l’espoir de rafler la mise.
Pour le professeur Kaufman, cette nouvelle vague de titrisation représente cependant moins de risque que la précédente ca r les acheteurs connaissent la composition des lots. « Nous sommes revenus à la cuisine financière, indéniablement, mais je crois qu’au moins c’est fait différemment qu’avant la crise », explique-t-il.
Les titres AAA sont proposés par les banques à des fonds de pensions, des compagnies d’assurance et autres investisseurs tenus à des placements sûrs. Le danger étant que si le marché immobilier continue de s’effondrer, même l es i nvest i ssements AAA deviennent risqués. En outre, le système repose largement sur la clairvoyance des agences de notation, qui ont mal évalué le risque au coeur de la crise des subprimes.





Dette publique mondiale
Explosion de 45% entre 2007 et 2010
PARIS — La dette publique mondiale aura gonflé de près de 45% entre 2007 et 2010, soit une augmentation de 15 300 milliards US, et devrait atteindre l’année prochaine 49 300 milliards US en raison de la crise, selon un rapport de l’agence financière Moody’s.
Près de 80% de la hausse de la dette publique mondiale sera supportée par les sept pays les plus avancés du globe (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) qui « ont été les plus durement touchés par la crise », selon Moody’s.
À elle seule, la hausse de 15 300 milliards US représente plus de 100 fois le coût du Plan Marshall (ajusté de l’inflation) que les États-Unis avaient mis en oeuvre au sortir de la Deuxième Guerre mondiale pour aider à la reconstruction de l’Europe, note l’agence dans un communiqué transmis hier à l’AFP.
Près de 80% de cette hausse sera supportée par les sept pays les plus avancés du globe (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) qui « ont été les plus durement touchés par la crise », selon Moody’s.
Sur l’ensemble du globe, la part de la dette publique par rapport au produit intérieur brut ( PIB) devrait passer de 63% en 2008, un creux depuis 10 ans, à 80% l’an prochain, est-il indiqué.
« Avec la récession qui a touché la plupart des pays en 2009, le poids de la dette (le paiement des intérêts aux créanciers) devient plus difficile à porter », écrit Moody’s.
Seuil symbolique
Un seuil symbolique sera bientôt atteint. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les 30 pays les plus avancés du globe verront leur dette publique grimper jusqu’à 100% de leur richesse produite en 2010, signalant le quasi-doublement de leur endettement en 20 ans.
Le Japon verrait sa dette publique flirter avec les 200% de son PIB, suivi par l’Italie (127,3%), selon ces prévisions.
Les causes de cette flambée sont connues – chute des recettes fiscales liée à la récession, flambée des dépenses publiques pour soutenir l’économie – mais ses conséquences le sont moins.
« Une dette à 100% du PIB signifie que tout ce qui a été produit pendant un an devrait être consacré au remboursement. Les gouvernements sont-ils en situation de le faire? » s’interroge Cinzia Alcidi, du Centre for European Policy Studies.
La question n’est pas purement rhétorique. Si les marchés venaient à douter de la capacité de remboursement des États développés, ils pourraient se détourner de leurs titres publics (bons du Trésor...) et assécher leur circuit d’approvisionnement en argent frais.
« Si la dette continue à grimper, on peut très bien imaginer qu’un pays ait du mal à se financer », observe Jean Pisani-Ferry, du centre d’études Bruegel.
Sans aller jusqu’au scénario noir de la faillite d’un État, comme l’Argentine à la fin de 2001, cette défiance des marchés aurait un coût.
« Si l’endettement se poursuivait, cela pourrait à terme être négatif » pour la bonne notation des États développés, qui leur permet d’emprunter à taux réduits, prévient Brian Coulton, de l’agence Fitch.
Un cercle vicieux pourrait s’enclencher. Contraints de relever les intérêts qu’ils payent à leurs créanciers, les États verraient la charge de la dette s’alourdir et pourraient s’endetter de nouveau pour y faire face. « C’est cela qui rend la dette explosive », souligne l’économiste Michel Aglietta.
Selon un « scénario extrême » de la Société Générale, l’endettement pourrait même provoquer « une nouvelle récession ». Et face à cette situation, les solutions ne sont pas légion.
Sur le papier, le retour de la croissance permettrait de réduire les déficits et le recours à l’emprunt public, mais cette éventualité est « très incertaine » en raison de la timidité de la reprise, selon Brian Coulton.
Les solutions de rechange semblent donc réduites. « Il faudra augmenter les impôts ou couper dans les dépenses publiques », résume Jean PisaniFerry. Et il faudra choisir le bon moment pour le faire pour ne pas étouffer la reprise.

Attention à la dette! avertit le FMI
WASHINGTON — Le Fonds monétaire international (FMI) a adressé hier une mise en garde aux pays avancés en jugeant que leur dette publique devrait at t ei ndre en moyenne 120% de leur PIB en 2014, et les a exhortés à « agir sur de nombreux fronts pour la réduire ».
Avec la montée des dépenses de relance publiques pour sortir leur économie de la crise, les pays avancés devraient voi r l eur det t e publ i que atteindre 120% de leur PIB en moyenne en 2014, estime Carlo Cottarelli, directeur du département des affaires budgétaires du Fonds, dans un entretien mis en ligne sur le site internet de l’institution.
Notant que la hausse de la dette publique dans les pays avancés est « sans précédent en temps de paix », M. Cottarelli estime que les gouvernements concernés devront « agir sur plusieurs fronts » pour éviter que le fardeau de la dette ne vienne couler leur économie, alors qu’ils feront face au « choc démographique » que représente le vieillissement de leur population.
Selon lui, « afin de ramener la dette publique à environ 60% du PIB dans les 20 ans à venir », les pays avancés devront passer de déficits budgétaires représentant 3,5 % du PIB en moyenne, à des excédents de l’ordre de 4,5 %.
Pour le responsable du FMI, « cela implique des réformes pour maintenir les dépenses de santé et de retraite à un niveau constant par rapport au PIB », mais aussi un gel des dépenses publiques par tête ou encore des efforts plus grands dans le domaine de la lutte contre l’évasion fiscale, ou la mise en oeuvre de taxes contre les émissions de carbone.
Dans ce même entretien, José Vinals, directeur du département des marchés financiers et monétaires du Fonds, déconseille fermement aux autorités politiques et monétaires de laisser filer l’inflation pour alléger le poids de la dette.
« Ça serait vraiment une mauvaise idée », dit-il, estimant que les risques induits par une forte hausse des prix (5 % dans son exemple) « ne valent pas le coup » d’être tentés au vu des résultats que l’on peut en attendre sur la dette.
« Nous savons par expérience qu’une hausse de la dette peut conduire à des pressions accrues sur les banques centrales pour qu’elles en baissent le coût du financement », ajoute-t-il, exhortant les gouvernements à « soutenir totalement l’indépendance de leur banque centrale ».

L’Amérique latine aura besoin de 400 milliards US en prêts... mais la caisse mondiale est à sec !...
MIAMI — Les gouvernements latinoaméricains auront besoin de prêts d’une somme cumulée de 350 à 400 milliards US en 2010 pour faire repartir leurs économies après la crise financière, a estimé hier une responsable de la Banque mondiale.
L’obtention de ces prêts ne sera pas facile, y compris pour des projets d’investissements, a mis en garde la viceprésidente de la Banque mondiale pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Pamela Fox.
Les liquidités disponibles seront en effet en quantité limitée à cause de l’énorme demande mondiale, en particulier celle provenant des plans de relance des pays développés. « À la suite de la crise, les emprunts d’État ont atteint des niveaux inimaginables jusque-là », a souligné Mme Fox qui s’exprimait à Miami devant la Conférence des Amériques, réunissant dirigeants et représentants du service public des pays de la région.
Malgré une plus grande intervention dans l’économie, les États disposent de moyens d’action limités et « exigent plus des citoyens qui paient des impôts, en particulier ceux qui ont les plus hauts revenus et qui doivent s’attendre à subir une pression fiscale accrue », a-t-elle dit.
Mme Fox a souligné que, selon l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), moins de 4% des revenus des États en Amérique latine proviennent de l’imposition des personnes, comparativement à 27% dans les pays industrialisés.

La question à 8000 milliards - Michel Girard
Le quart des grandes multinationales américaines a bouclé l’année 2008 dans le rouge
Au cours de la seule année 2008, la Bourse américaine a vu sa capitalisation boursière (la valeur totale des actions négociées) fondre 8000 milliards US, soit de 41%.
V ous vous demandez encore pourquoi Wall Street vient de traverser sa pire crise depuis la grande dépression des années 30

Si le S& P 500 de la Bourse de New York s’est effondré de 56% lors du présent bear market, c’est parce que l’indice phare de Wall Street n’a jamais vu un si grand nombre de ses entreprises composantes subir d’aussi lourdes pertes.
Selon le magazine The Fortune, pas moins de 128 des 500 plus grandes multinationales américaines ont bouclé l’année 2008 dans le rouge, affichant ainsi de colossales pertes de quelque 520 milliards US, soit 4,2 fois plus qu’en 2007.
Du jamais vu depuis la création de Wall Street! Lors de la seule année 2008, les pertes de ces 128 entreprises ont atteint à elles seules le total des pertes accumulées lors des cinq précédentes années par les entreprises déficitaires du S& P 500. Bon an, mal an, environ une cinquantaine de multinationales inscrites à la cote de l’indice américain bouclent l’année dans le rouge.
C’est l’éclatement de la bulle américaine des subprimes hypothécaires, à partir du deuxième semestre de 2007, qui a entraîné la planète entière dans la plus grave crise financière et boursière des sept dernières décennies. L’écroulement de Wall Street a provoqué l’effondrement de toutes les grandes places boursières du monde, alors que les baisses moyennes, entre le haut et le creux du dernier cycle baissier, oscillaient autour des 55%.
Maintenant, pour vous montrer à quel point Wall Street est extrêmement tributaire de la rentabilité des multinationales de son principal indice, le S& P 500, regardons le désastreux impact que les 128 entreprises déficitaires ont eu en 2008 sur l’ensemble de la Bourse américaine.
Au cours de la seule année 2008, la Bourse américaine a vu sa capitalisation boursière (la valeur totale des actions négociées) fondre 8000 milliards US, soit de 41%.
Pour bien comprendre l’impact de ce dégonflement de 8000 milliards de la Bourse américaine sur les portefeuilles des investisseurs et des caisses de retraite, sachez que cela représente plus de la moitié du PIB des États-Unis. Autre comparaison significative : les pertes boursières de Wall Street en 2008 équivalaient à cinq fois le PIB du Canada!
Comme vous pouvez le constater, il ne semble pas, de prime abord, y avoi r de commune mesure entre les réelles pertes enregistrées par les multinationales américaines et l’ampleur des pertes boursières, lesquelles sont 16 fois plus élevées (8000 milliards/500 milliards). Convenons qu’i l s’agit ici d’un épouvantable ef fet multiplicateur.
Comment peut-on justifier pareil effet multiplicateur des pertes ? La réponse r é s i de en pa r t i e da ns l ’ i mpac t psychologique dévastateur que les déficits des 128 multinationales américaines ont eu sur le moral non seulement des actionnaires de ces entreprises, mais également sur celui de tous les investisseurs.
À cela, il faut bien entendu ajouter la baisse généralisée en 2008 de la profitabilité de l’ensemble des milliers d’entreprises inscrites à la cote des Bourses américaines. Il ne faut jamais oublier que la valeur boursière des titres négociés à la cote des grandes Bourses est tributaire des bénéfices déclarés, du genre de 15 à 20 fois les bénéfices, selon le secteur dans lequel oeuvrent les entreprises.
Pas d’odeur
Il est bien connu que l’argent n’a pas d’odeur.
C’est tellement vrai que les plus grands capitalistes du monde ont fait le pied de grue devant les gouvernements pour que ces derniers les sauvent de la catastrophe. Ils les ont même acceptés comme actionnaires de contrôle dans plusieurs cas.
Mais quelle ouverture d’esprit, en échange des centaines de milliards de dollars tirés directement des coffres de l’État. C’est ainsi que le gouvernement Obama est notamment devenu le principal actionnaire des cinq pires entreprises du S& P 500, soit de AIG, Fannie Mae, Freddie Mac, General Motors et Citigroup.


Le retour de la dette publique  -  RUDY LE COURS
Les États-Unis et le RoyaumeUni appartiennent aux résilients tandis que l’Espagne et l’Irlande, toutes deux décotées par S& P, appartiennent aux vulnérables.
Cette distinction indique que la hauteur de la dette n’est pas un critère unique d’évaluation. D’ailleurs, quand on considère la dette nette, c’est-à-dire cette qui prend en compte la valeur des actifs des pays (voir tableau) on constate que la situation du Royaume-Uni n’est pas aussi dégradée que celle de l’Italie et du Japon, bien qu’elle ait beaucoup à envier à celle du Canada.
Selon la classification de S& P, seuls 15 pays ont droit à la note AAA qui permet à ses détenteurs d’emprunter à moindre coût. Les États-Unis se classent 14e à ce palmarès. « Il y a à peine un an, S& P suggérait que Fannie et Freddie pourraient faire perdre aux États-Unis sa médaille AAA s’ils devaient venir à leur rescousse », rappelle Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux. On sait depuis que les deux sociétés
N’empêche. Les seules mesures de l’administration Obama porteront la dette américaine à hauteur de 90% du PIB l’an prochain, selon le FMI. Celles annoncées par les ministres des Finances canadiens porteront la nôtre aux environs de 65%.
Conséquence
La conséquence immédiate de la détérioration des finances publiques américaines, c’est le coût de leur financement et la perte d’attrait du billet vert.
« Pour les agences de notation de crédit, le cas des États-Unis représente un problème intéressant au cours de la prochaine année », écrivaient la semaine dernière Erik Nilsson et Mary Webb économistes chez Groupe Banque Scotia dans l’hebdo Capital Points.
Les Américains sont loin toutefois d’être les plus mal en point. Une étude récente du FMI fait des projections à l’horizon 2050 du coût relatif de la récession actuelle et du vieillissement de la population. Le Canada s’en sort le mieux parmi les pays avancés du G20 avec un coût de 1,9% du PIB contre 6,4% pour les États-Unis et 7,9% pour le Royaume-Uni.
LesAméricainsonttoutefois un immense avantage théorique sur les Britanniques, voire sur les Canadiens. L’État a recouru jusqu’ici beaucoup moins à son pouvoir de taxation: 33% du PIB, contre 38% pour le Canada et 40% pour le RoyaumeUni. « Contenir les pressions liées au vieillissement sera peut-être la clé pour apaiser les craintes de solvabilité fiscale au cours de la prochaine décennie, croit Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Comparée à celle de ses pairs, la situation des États-Unis ne paraît pas désespérée. »
Resteundéfide taille. Comment taxer davantage dans un pays où une bigoterie étrange associe impôts au viol de propriété ou à une entrave à la liberté? Pas facile non plus de diminuer les dépenses au moment où une réforme de la sécurité sociale devient d’autant plus pressante que les entreprises exigent des concessions à leurs travailleurs dans la couverture des soins de santé et des médicaments.

Des pays européens au bord du gouffre
— Un homme portant des chaussures noires impeccablement cirées se tient en équilibre précaire sur le rebord du toit d’un gratte-ciel.
Menacée de décote, la Grande-Bretagne est en mauvaise posture. Des analystes réclament la tête du premier ministre Gordon Brown.
L’image, utilisée dans la presse londonienne pour accompagner un article sur l’économie anglaise, illustre, par l’extrême, les difficultés éprouvées par le gouvernement de Gordon Brown.
L’agence de cotation Standard and Poor’s, dans un avis qui a eu l’effet d’un coup de canon, a prévenu la semaine dernière qu’elle pourrait retirer au pays sa note de crédit AAA en raison de la détérioration des finances publiques.
« Même en assumant des restrictions fiscales additionnelles... la dette gouvernementale nette pourrait s’approcher de 100% du produit intérieur brut et demeurer à ce niveau à moyen terme », ont prévenu les analystes de l’agence, qui attribue sa note maximale aux pays honorant toujours leurs dettes.
La mise en garde était prévisible au dire d’un chroniqueur du Daily Telegraph, Simon Heffer, qui parle d’une dette « massive, insoutenable, susceptible de plonger le pays en faillite ». « Les investisseurs potentiels devaient être avisés de la situation », a indiqué le journaliste, qui s’inquiète de l’introduction possible de nouveaux impôts pour compenser le manque à gagner.
« Ce serait un trou dans la tête dont nous n’avons tout simplement pas besoin », a relevé M. Heffer, qui réclame le départ de M. Brown.
Le dirigeant britannique peut se consoler, un brin, en prenant acte du fait qu’il est loin d’être seul à naviguer en eau trouble par les temps qui courent.
En témoigne notamment le fait que quatre autres pays – l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et le Portugal – ont récemment subi des décotes en raison de l’état de leurs comptes publics. Il ne reste plus qu’une demi-douzaine de pays européens disposant de la note AAA.
« Tous les pays sont plus ou moins menacés (de décote) dans le contexte actuel », souligne Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Pour endiguer la crise, la quasitotalité des États de la zone ont mis de l’avant de coûteux plans de relance, incluant de généreuses mesures de soutien aux banques, qui pèsent lourdement sur les finances publiques.
Le ralentissement économique réduit parallèlement les rentrées d’argent des gouvernements, qui doivent emprunter massivement pour financer leurs opérations.
Dans le contexte actuel de « défiance généralisée », nombre d’investisseurs privés sont prompts à se tourner vers les obligations étatiques, limitant le coût à payer en terme d’intérêts, souligne M. Plane. La donne risque cependant de changer dans les années qui viennent lorsque les capitaux recommenceront à affluer vers le secteur privé.
La pression se fera plus forte pour réduire les dépenses publiques, limitant d’autant les perspectives de croissance.
« On risque fort de passer d’une crise qui se voulait conjoncturelle à une crise structurelle », prévient l’économiste de l’OFCE, qui ne prévoit pas un retour à la croissance sur le continent avant le second trimestre de 2010.
Plusieurs pays, en particulier en Europe de l’Est, sont déjà obligés de réduire dans leurs dépenses pour rétablir leur bilan. C’est le cas notamment de l’Ukraine, de la Lettonie et de la Hongrie, qui ont dû faire appel au Fonds monétaire international pour éviter la déroute complète.
Ces coupes, alors que flambe le chômage, risquent d’augmenter les tensions sociales. Une évidence rappelée il y a quelques jours par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.
« Si l’on ne prend pas de mesures, il existe un risque d’arriver à une grave crise humaine et sociale avec des implications politiques très importantes », a-t-il déclaré la fin de semaine dernière.


Le FMI s’inquiète pour les banques britanniques
— Le Fonds monétaire international ( FMI), qui prévoit une sévère récession de l’économie britannique cette année, avant le retour à une très maigre croissance en 2010, a mis en garde hier contre la fragilité persistante des banques du pays et la flambée de la dette publique.
Le FMI a salué les efforts du gouvernement de Gordon Brown et de la Banque d’Angleterre pour relancer l’économie et sauver les établissements financiers en difficulté, mais a adressé une sérieuse mise en garde contre la fragilité persistante du secteur bancaire britannique et la flambée de la dette publique.
« Les perspectives économiques sont très incertaines » pour le Royaume-Uni, et même si « des indicateurs récents suggèrent que l’activité économique a commencé à se stabiliser, la reprise sera vraisemblablement lente et limitée », a résumé l’institution sise à Washington, dans son rapport annuel sur l’économie britannique.
Le FMI a confirmé à cette occasion ses prévisions pour le Produit intérieur brut ( PIB) britannique, tablant toujours sur une contraction de 4,2 % cette année, avant un maigre rebond de 0, 2 % en 2010, comme i l l’avait indiqué au début du mois dans ses dernières projections économiques mondiales.
Le FMI a ajouté s’attendre à une poursuite de la hausse du chômage, à 9 % l’an prochain au sens du BIT. Il a déjà atteint 7,6 % sur les trois mois achevés en mai, un nouveau sommet depuis 12 ans, selon les statistiques officielles.
L’organisation, dirigée par le f rançais Dominique StraussKahn, a salué les efforts du gouvernement de Gordon Brown et de la Banque d’Angleterre pour relancer l’économie et sauver les établissements financiers en difficulté.
Mais el l e a a d r e s s é u ne sérieuse mise en garde contre la fragilité persistante du secteur bancaire britannique et la f lambée de la dette publique, appelant à un redressement des comptes publics une fois la crise passée.
« Les vulnérabi l i t és sousjacentes de l’économie britannique sont assez considérables », a souligné Ajai Chopra, chef de la mission du FMI auprès de la Grande-Bretagne, en présentant le rapport.
Concernant la dette publique, qui devrait doubler sur cinq ans, à 100% du PIB, il a affirmé que « le Royaume-Uni a eu jusqu’ici le bénéfice du doute » sur les marchés financiers, que ce soit le marché obligataire ou le marché des changes, mais que « cela ne durera pas éternellement ».
« Le gouvernement doit faire attention à ne pas tester les limites de la confiance des marchés » et devra prendre des mesures pour restaurer l’équilibre des finances publiques, s’il ne veut pas s’aliéner les investisseurs, at-il prévenu.
En ce qui concerne la santé des banques britanniques, « le secteur financier a été gravement malade, a été emmené aux urgences, et stabilisé, mais il n’est pas suffisamment rétabli pour recommencer à prêter » aux entreprises et aux ménages, a-t-il estimé, ajoutant qu’« il est important de renforcer les capitaux des banques ».
Cependant, le FMI a refusé de se laisser entraîner dans la polémique sur les dépenses publiques qui monte depuis plusieurs mois entre le gouvernement travailliste et l’opposition conservatrice, à l’approche des élections générales qui se tiendront au plus tard en juin 2010.
Le gouvernement accuse l’opposition de vouloir tailler dans le budget au risque de compromettre la reprise, et les conservateurs accusent en retour le premier ministre de mener les finances du pays à la ruine.
Il a souligné qu’il serait « prématuré » de commencer à réduire dès maintenant les dépenses publiques, mais qu’on pouvait néanmoins « commencer à réfléchir dès maintenant à la taille des ajustements nécessaires ».
« Le calendrier (des mesures de redressement budgétaire) est de la responsabilité des autorités, elles doivent s’assurer qu’elles seront en mesure de prendre des engagements », et « elles ne doivent pas se précipiter, ni traîner en longueur », a indiqué M. Chopra.


 

LE CANADA S’ENFONCE DANS LE ROUGE... MAIS MOINS QU’AVANT
« Les administrateurs (du FMI) ont félicité le Canada de ses résultats macroéconomiques remarquables, de la solidité de son cadre d’action et de sa démarche anticipatoire face à la crise. »
En admettant hier que le déficit budgétaire pour l’année en cours allait dépasser les 50 milliards de dollars, leministre desFinances Jim Flaherty établit un triste record : son nom sera associé au pire déficit nominal de l’histoire canadienne.
L’abysse précédent appartient au progressiste-conservateur Don Mazankowski qui avait signé en 1993 un budget où les dépenses excédaient les revenus de 42 milliards.
Lui-même inscrivait cette triste marque en défonçant le creux de 38 milliards établi par Marc Lalonde en 1984.
Les budget s La l onde et Mazankowski ont été présentés au moment où le Canada sortait de récessions peut-être encore plus graves que celle qui l’afflige aujourd’hui.
M. Flaherty s’était engagé cet hiver à créer cinq déficits d’affilée qui devaient totaliser 84,8 milliards. Celui de l’exercice en cours avait été fixé à 33,7 milliards.
Depuis, Ottawa a accepté de compenser l’Ontario pour l’harmonisation de sa taxe de vente à la TPS fédérale.
Ottawa lui versera en tout 4,3 milliards en 2010 et 2011, qui viendront s’ajouter aux déficits fédéraux déjà annoncés de 29,8 et de 13 milliards pour les années fiscales 2010-2011 et 2011-2012.
À ce rythme, le cap des 100 milliards en cinq ans est déjà franchi. tera environ 3,3% et près de 4%, s’il devait se creuser jusqu’à 60 milliards.
Celui de Washington dépasse les 10%.
M. Flaherty a l’avantage de gérer la récession au moment où les finances publiques font l’envie des autres pays.
Vendredi encore, le Fonds monétaire international n’avait que de bons mots pour le
Mais même à 50 milliards cette année, le budget de M. Flaherty représente un fardeau moins lourd que celui de M. Lalonde car la taille de l’économie canadienne est bien plus grande. Les 38 milliards de l’ex-ministre libéral correspondaient à 8,6% du PIB exprimé en dollars courants. Celui de M. Flaherty représenCanada. « Les administrateurs (du FMI) ont félicité le Canada de ses résultats macroéconomiques remarquables, de la solidité de son cadre d’action et de sa démarche anticipatoire face à la crise », lit-on dans leur note d’information au public. Ils ont appelé les autorités à rester vigilantes et à se tenir prêtes à agir si (d)es risques peu probables se matérialisaient. »
Déclin démographique
À moyen terme, le Canada reste confronté à son déclin démographique. Il réduira le potentiel de croissance de notre économie, à moins qu’il ne soit compensé par des gains de productivité. Au cours des dernières années, ces faibles gains ont représenté le point le plus faible du bulletin économique du pays.
« Pour revenir à l’équil ibre, le gouvernement devra récupérer l’argent qu’il a beaucoup dépensé alors que le potentiel diminue, note d’ailleurs Yves Saint-Maurice, économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins. Cela suppose donc une diminution des dépenses et/ou une augmentation de la taxation. »
On mesure ici mieux l’ampleur du dégât fiscal causé par l’abaissement de la TPS. Dans son énoncé budgétaire de janvier, le ministre Jim Flaherty estimait que la baisse de un point de pourcentage entrée en vigueur le premier janvier 2008 l’avait privée de 11,9% de revenus à ce chapitre. En fait, de 2007-2008 à 2009-2010, les recettes de la TPS passent 29,9 milliards à 25,8 milliards, soit un manque à gagner sur deux ans de quelque 7,8 milliards.
Il faut en fait au moins doubler ce chiffre puisque c’était la deuxième baisse de la TPS annoncée par le gouvernement de M. Harper.
Cela dit, la brutalité de la récession s’est fait sentir surtout durant l’hiver, soit pendant l’année financière 2008-2009. Le léger déficit de 1,1 milliard annoncé en janvier pour cette année s’est sans doute alourdi.
Il n’est pas non plus impossible que la reprise apporte, plus tard cette année, des recettes dont M. Flaherty ne voit pas l’ombre aujourd’hui. « Tout reste conditionnel à l’état de l’économie canadienne au deuxième semestre, souligne Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.



Bernanke plaide pour une réduction du déficit
WASHINGTON — Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, a demandé hier aux États-Unis de réduire leur déficit budgétaire et à des pays comme la Chine de pousser leurs consommateurs à dépenser plus.
Les déclarations faites par le patron de la Fed au cours d’une conférence de la Réserve fédérale à Santa Barbara, en Californie, visent à réduire les déséquilibres internationaux et font écho aux engagements pris par les dirigeants du G20 lors du sommet de Pittsburgh en septembre dernier.
Elles interviennent aussi quelques jours après l’annonce par les autorités américaines vendredi d’un déficit de 1420 milliardsUS pour l’année financière 2009, qui s’est achevée le 30 septembre. Le déficit de l’année précédente s’élevait à 459 milliardsUS.
« Le plus grand défi qui se pose à moyen terme tant pour l’Asie que pour les États-Unis est d’arriver à une croissance économique plus équilibrée et, par la même occasion, de réduire davantage les déséquilibres mondiaux », a déclaré M. Bernanke.
Pour cela, a-t-il déclaré, « les États-Unis doivent augmenter leur taux d’épargne national » et « la façon la plus efficace d’y parvenir » passe par un « engagement clair » des autorités de Washington « à réduire le déficit » à long terme.
De leur côté, « la plupart des économies d’Asie » doivent « agir... pour faire augmenter leur demande intérieure », a ajouté M. Bernanke, selon le texte de son allocution distribuée à la presse.
Avec la crise, les ménages américains ont commencé à épargner davantage, et le déficit des comptes courants s’est réduit, tandis que, dans de nombreux pays d’Asie, des mesures de relance ont permis de doper la demande intérieure. Mais avec la reprise, « les déséquilibres pourraient réapparaître d’eux-mêmes », a dit M. Bernanke, qui s’exprimait au cours d’une conférence sur « l’Asie et la crise financière mondiale ».
« Nous devons éviter à tout prix que les déséquilibres non viables, en matière de commerce et de flux de capitaux, ne cessent de s’aggraver », a ajouté M. Bernanke, dont les arguments rejoignent ceux déjà exprimés par le Fonds monétaire international (FMI) et les engagements pris par les pays avancés et émergents réunis dans le G20.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a redit vendredi la volonté du gouvernement de ramener le déficit à des « niveaux viables à mesure que l’économie se reprendrait », mais n’a pas précisé la façon dont il comptait s’y prendre. M. Bernanke avait estimé le 1er octobre que le maintien de déficits budgétaires élevés risquait à long terme de menacer le statut du dollar comme monnaie de réserve de référence.
Ouverture des marchés
Revenant hier sur les effets de la crise financière sur l’Asie, M. Bernanke a estimé que celle-ci avait renforcé « l’engagement » des pays de ce continent en faveur d’une « croissance tirée par les exportations, soutenue par de forts excédents des comptes courants et une accumulation des réserves de changes ».
De ce point de vue, a-t-il ajouté, « la réponse de l’Asie à la crise semble loin d’avoir été efficace ».
Notant que les échanges commerciaux « semblent avoir été une courroie de transmission de la crise » à « presque toutes les économies d’Asie » et que celles dont le système financier était le plus ouvert ont le plus souffert du ralentissement, le chef de la Réserve fédérale a exhorté une nouvelle fois les dirigeants de la planète à « résister fortement au protectionnisme et à l’érection de barrières aux flux de capitaux ».
« Il y a des preuves considérables montrant que l’ouverture favorise une croissance économique plus forte sur le long terme », a-t-il dit.

La tentation  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
La chute surprenante du taux de chômage à 8,4% et la création de 92 000 emplois à temps plein en septembre sont des signaux supplémentaires que l’économie canadienne prend du mieux.
Ces données encourageantes s’ajoutent à l’explosion de 61% de la revente des maisons depuis le début de 2009 qui a été annoncée mercredi. Cette augmentation avait déjà poussé les économistes de la BanqueTD à soulever l’éventualité d’un relèvement des taux d’intérêt dans un proche avenir.
L’Australie a lancé le bal en haussant son taux de base à 3,25% mardi. Les cambistes ont été prompts à prédire que le Canada serait le prochain pays industrialisé à emboîter le pas. La prudence s’impose toutefois avant de tenir pour acquis que le taux directeur figé à 0,25% décollera du plancher auquel il est cloué depuis le printemps.
Tout comme l’Australie, le Canada peut compter sur un système bancaire très solide. Tous deux ont mieux résisté à la crise économique. Leur marché immobilier a aussi bien tenu le coup. Mais là s’arrêtent les similitudes.
L’Australie a évité la récession technique et n’a connu qu’un trimestre de PIB négatif. On y a même enregistré une croissance de 1% au premier semestre de 2009. Au Canada, l’économie a régressé pendant trois trimestres. Et en juillet, nous avons connu un faux départ avec une croissance nulle du PIB.
La différence majeure a trait au commerce extérieur des deux pays. L’économie australienne a été revigorée par le plan de stimulation de la Chine, son principal partenaire. Quant au Canada, il fait principalement affaire avec les États-Unis, qui ont toutes les misères dumonde à s’extirper de la crise. Leurs 263 000 pertes d’emplois le mois dernier en sont une éclatante illustration.
En augmentant son taux directeur, la banque centrale australienne veut éviter que le taux d’inflation ne s’emballe. Encore là, rien à voir avec la situation canadienne, où les prix à la consommation sont stables.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, multiplie les mises en garde contre la hausse accélérée de la valeur du dollar, dommageable pour les exportations canadiennes, qui sont d’ailleurs retombées de 5% en août. Malheureusement, son appel n’a pas été entendu: le huard avoisine maintenant les 96 cents. Augmenter les taux ne ferait que propulser le huard davantage.
Néanmoins, il y a quelques jours, M. Carney a mis un bémol sur son engagement de ne pas toucher au taux directeur avant la mi-2010. Il viendra bien sûr un temps où la banque centrale devra resserrer sa politique monétaire pour ne pas mousser l’inf lation. Mais il faut d’abord s’assurer qu’une remontée des taux ne contribuera pas à tuer la reprise dans l’oeuf. Pour cela, on devra observer une croissance du PIB et des emplois dans le secteur privé, ce qui n’est pas le cas présentement.
Compte tenu des statistiques optimistes des derniers jours, la tentation sera forte pour la Banque du Canada de dégeler les taux. Il reste à savoir combien de temps elle saura y résister.

WASHINGTON 
Un second plan de relance n’est pas nécessaire
WASHINGTON — Le chef de la majorité démocrate de la Chambre des représentants américains, Steny Hoyer, a indiqué hier qu’un second plan de relance de l’économie n’était pas nécessaire, malgré les mauvais chiffres de l’emploi publiés vendredi dernier.
« Je ne suis pas prêt à étudier un second plan de relance » alors que « nous sommes en train de déployer les fonds » du premier, a déclaré M. Hoyer lors de son point de presse hebdomadaire, en réponse à une question sur les chiffres de l’emploi pour le mois de septembre.
Le président Barack Obama a promulgué en février un vaste train de mesures de 787 milliards US sur trois ans, destiné à faire redémarrer l’économie. La Maison-Blanche a indiqué lundi qu’elle n’avait « aucun plan » en préparation pour de nouvelles mesures de relance budgétaire.
« J’ai été déçu par les chiff r es du c hômage, comme tout le monde », a poursuivi M. Hoyer. « Toutefois, je me réjouis de voir que les chiffres des trois derniers mois de la précédente administration » étaient moins bons que ceux des « trois derniers mois ».
M. Hoyer a toutefois indiqué qu’il fallait « garder à l’esprit la possibilité de distiller de nouvelles mesures d’encouragement ».
Abordant la situation des personnes ayant perdu leur couverture de maladie à la suite de la perte d’un emploi, i l a expliqué que l ’administration devait « s’assurer qu’elles puissent faire le pont entre le chômage et le retour à l’emploi ».
À ce titre, il a évoqué la possibilité d’une « extension de la durée des allocations de chômage ».
Le département du Travail a annoncé vendredi que 263 000 emplois nets avaient été éliminés en septembre, ce qui a fait monter le taux de chômage à 9,8 %, comparativement à 9,7 % le mois précédent.
Paul Krugman, lauréat du prix Nobel d’économie 2008, a plaidé vendredi dans le New York Times pour de nouvelles mesures de relance budgétaire.

Trop tôt pour un autre plan de relance, dit le secrétaire au Trésor américain
PARIS — Il est encore trop tôt pour envisager la possibilité d’un second plan de relance aux États-Unis, les mesures déjà engagées n’ayant pas encore produit leur plein effet, a estimé hier Timothy Geithner, secrétaire au Trésor américain.
« Je ne pense pas que nous soyons en mesure de prendre une décision » sur un nouveau plan, a indiqué M. Geithner à l’occasion d’un échange avec des internautes sur le site du journal économique Les Échos.
« Le plan de relance que nous avons adopté a été conçu pour être efficace sur une période de deux ans, et son plus gros impact sur les investissements devrait intervenir au deuxième semestre de cette année », s’estil justifié.
Le secrétaire au Trésor avait déjà estimé vendredi que la relance de l’économie américaine suivait « le cours prévu », laissant entendre que le gouver nement ne c omptait pas demander de supplément pour soutenir l’activité d’ici à la fin de l’année.
Le président américain Barack Obama a promulgué en février un plan de relance budgétaire doté de 787 milliards de dollars sur trois ans.
M. Geithner a ajouté hier que l’adoption de mesures pour encadrer et réguler le secteur financier devait venir compléter le plan de relance.
« Nous voyons des signes très importants de reprise sur les marchés américains (...) mais il est très important que nous travaillions avec le Congrès pour mettre en place une réforme globale du système financier, pour protéger davantage les consommateurs », a-t-il souligné.
Selon lui, cette réforme « exige des changements dans les pratiques de rémunération, pour mieux les adapter aux prises de risques. Nous ne voulons pas assister à un retour des pratiques à l’origine de la crise. »
Interrogé sur les mesures de relance adoptées en Europe, le secrétaire d’État au Trésor les a jugées « relativement substantielles, jusqu’à présent ».
Sur les marchés de produits dérivés, que les États-Unis souhaitent standardiser, M. Geithner a estimé que les approches américaines et européennes « sont très proches ». « Nous avons besoin d’une solution commune et mondiale pour ces marchés mondiaux, non de solutions régionales distinctes », a-t-il déclaré.
Le secrétaire au Trésor a par ailleurs estimé que « le dollar resterait la principale monnaie de réserve » internationale, alors que la domination du billet vert est de plus en plus contestée, notamment par la Chine et la Russie mais aussi par la France.
La prééminence du dollar « confie une responsabilité particulière aux États-Unis dans la restauration de la confiance dans le système financier et dans la réduction des déficits une fois que la reprise aura eu lieu », a déclaré M. Geithner.

Patience au G8 ANDRÉ PRATTE

Les dirigeants des pays du G8 sont réunis à L’Aquila, en Italie, notamment pour faire le point sur la situation économique. La rencontre se tient au moment où dans certains pays, des voix s’élèvent pour exiger des mesures de relance supplémentaires.
Les chefs de gouvernement du G8 ne s’entendent pas à ce sujet. Le président français, Nicolas Sarkozy, croit qu’« il faut pousser les pays qui le peuvent à faire davantage ». La chancelière allemande, Angela Merkel, s’inquiète plutôt de la croissance rapide de la dette publique et presse ses homologues de mettre au point des « stratégies de sortie ».
L’administration Obama n’a pas encore fait son lit. Une conseillère du président, l’économiste Laura Tyson, a confié mardi que le plan de relance initial de 787 milliards s’était peut-être révélé « un petit peu trop petit ». Par contre, le président lui-même a fait remarquer qu’emprunter davantage pour soutenir l’économie pourrait être « improductif ».
La version préliminaire du communiqué du sommet ne tranche pas la question. C’est que la situation est délicate. Comme le Fonds monétaire international l’a noté hier, « l’économie mondiale de stabilise, avec l’aide de politiques financières et macroéconomiques sans précédent ». Toutefois, la reprise reste incertaine et des risques importants demeurent. Les marchés sont craintifs, d’ailleurs. Après une remontée rapide, le prix du pétrole est en chute libre. Les Bourses glissent elles aussi. Plus important encore, le taux de chômage augmente partout et l’OCDE prévoit que cette tendance continuera jusqu’en 2010. Le Directeur parlementaire du budget à Ottawa s’attend à ce que le taux de chômage atteigne 9,4% en 2010 au Canada (contre 8,7% cette année).
Il se peut qu’après la stabilisation des dernières semaines, l’économie mondiale subisse une rechute. L’heure n’est donc pas venue pour les gouvernements de retirer les stimuli mis en place.
Faut-il faire davantage ? Le Prix Nobel d’économie Paul Krugman croit que oui. D’autres économistes pensent le contraire. Une chose est sûre, les gouvernements qui alourdiront davantage leur dette se retrouveront à moyen terme dans une situation financière précaire. Surtout si l’endettement croissant du secteur public provoque une perte de confiance et une hausse des taux d’intérêt.
Compte tenu du contexte pol it ique à Ottawa, les partis d’opposition ne manqueront pas d’exiger que le gouvernement augmente encore ses dépenses. C’est pourtant le premier ministre Harper qui a raison : « Avant d’envisager des mesures supplémentaires, les chefs de gouvernement devraient s’assurer que les programmes déjà annoncés livrent la marchandise. »
Dans le cas canadien, on sait que les projets d’infrastructure financés par les gouvernements commencent à peine à lever de terre. Pourquoi se lancer dans de nouvelles dépenses alors que les mesures du dernier budget fédéral n’ont pas encore pu porter fruit?
Le point de vue de Stephen Harper ne sera pas populaire ; c’est pourtant le plus sage.





BERLIN —  Une reprise meilleure qu’espéré
BERLIN — L’Allemagne, considérée comme le moteur économique de l’Europe, se remet de la récession qui l’a durement touchée.
  ASSOCIATED PRESS En Allemagne, la reprise économique est favorisée par des plans de soutien à la consommation et de lutte contre le chômage. Elle est particulièrement visible dans le secteur automobile, BMW versant même ce mois-ci une prime à ses employés.
La reprise y est favorisée par des plans de soutien à la consommation et de lutte contre le chômage. Elle est particulièrement visible dans le secteur automobile, BMW versant même ce mois-ci une prime à ses employés. Toutes les prévisions de croissance sont ainsi revues à la hausse.
Le PIB allemand a rétréci de 4,9 % en 2009, sa pire performance depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, tandis que d’autres pays européens se débattent encore entre ralentissement économique et dette publique, l’Allemagne, elle, est en plein rebond.
Jusqu’à présent, le gouvernement prévoyait une croissance de 1,4 % en 2010. Mais le ministre de l’ Économie, Rainer Brüderle, se dit certain qu’elle sera bien plus élevée à la fin de l’année.
L a Bundesbank ne l ui donne pas tort. Dans son rapport du mois de juillet, la banque centrale allemande estime que le produit intérieur brut a probablement augmenté extrêmement fortement au deuxième trimestre.
Elle n’avance pas de chiffre mais les estimations tablent sur 1,5 % de croissance trimestrielle, contre les maigres 0,2 % observés les deux trimestres précédents. Les statistiques officielles doivent être publiées le 13 août.
Les exportations demeurent le moteur de l’économie allemande, confirme la Bundesbank. Cependant, il y a un consensus parmi les économistes pour reconnaître le rôle que la demande intérieu re a la reprise.
Le gouvernement fédéral a injecté 80 milliards d’euros pour améliorer les infrastructures routières et scolaires – des chantiers qui continuent d’occuper les entreprises du bâtiment – et pour financer une prime à la casse automobile, qui a maintenant expiré.
Cela a soutenu les ventes de voitures en Allemagne en 2009.
joué dans Et cette année, les exportations automobiles ont augmenté vers des marchés tels que la Chine et les États-Unis.
Ilya quelques j ours , les constructeurs haut de gamme Daimler et BMW ont tous deux annoncé qu’ils revoyaient leurs prévisions de 2010 à la hausse. BMW va même verser ce mois-ci une prime d’en moyenne 1060 € aux employés de ses usines allemandes pour les remercier des efforts consentis durant la crise.
Malgré la récession, l’Allemagne a réussi à maintenir un taux de chômage relativement bas. Un programme que soutient le gouvernement permet en effet aux entreprises de faire travailler leurs employés en horaires réduits au lieu de les licencier. Cette formule, qui s’apparente au chômage partiel, a été largement utilisée.
Le nombre de salari és concernés a connu un pic à 1,5 million de personnes en mai 2009 et a depuis fortement diminué, au fur et à mesure que les salariés retrouvaient leurs horaires pleins.
Le mois dernier, l’Allemagne recensait 3,15 millions de demandeurs d’emploi, ce qui représentait un taux de chômage de 7,5 %. Cette proportion reste bien en dessous des nombres à deux chiffres relevés dans d’autres pays européens.



Les États-Unis doivent se rappeler la leçon japonaise
Les responsables américains qui songent à mettre fin aux stimulants économiques records risquent de répéter les mêmes erreurs qui ont plongé le Japon dans une stagnation de la croissance et qui ont fait perdre une décennie au pays, estime Richard Koo, de Nomura Research Institute Ltd.
L’éclatement de la bulle des actifs au Japon en 1990 a fait voler en fumée 16 000 milliards US, soit l’équivalent de trois fois l’économie du pays.
« Il ne s’agit pas d’un rhume, ça ressemble plutôt à une pneumonie », a lancé M. Koo, auteur de Balance Sheet Recession, un ouvrage publié en 2003 et qui porte sur les ennuis qu’a connus le Japon après que ses marchés boursiers et immobiliers eurent sombré en 1990. « Nous avons encore besoin des dépenses gouvernementales, a-t-il dit, et cela pourrait prendre jusqu’à trois à cinq ans avant de sortir de ce bourbier, même dans les meilleures circonstances. »
L e s c o mmenta i r e s d e M. Koo font écho aux propos de divers économistes, dont Paul Krugman, lauréat du prix Nobel, qui avertissent que le retour des États-Unis à la croissance au cours de la deuxième moitié de 2009 ne signifie pas qu’une reprise soutenue soit assurée. L’administration Obama cherche à contenir le déficit budgétaire record de 1400 milliards US au moment où la croissance reprend et à sauvegarder la valeur du dollar, qui est mise à mal.
« S’il faut retenir une leçon de l’expérience japonaise, c’est qu’on ne doit pas mettre fin aux stimulants fiscaux tant que le désendettement du secteur privé n’est pas terminé », a estimé M. Koo, 55 a ns, économiste en chef de la division de recherches de la plus importante maison de courtage du Japon. M. Koo a fait ces commentaires lors d’une entrevue dans ses bureaux à Tokyo la semaine dernière. « Lorsque nous verrons le secteur privé recommencer à emprunter, je serai celui qui criera le plus fort sur terre pour réclamer une réforme fiscale. Ce sera le moment de mettre fin aux stimulants », a-t-il dit.
M. Koo a calculé que l’éclatement de la bulle des actifs au Japon en 1990 a fait voler en fumée pas moins de 16 000 milliards US, soit l’équivalent de trois fois l’économie du pays. Les entreprises se sont alors concentrées sur le remboursement de leur dette plutôt que de lancer de nouveaux projets, ce qui a fait chuter la demande et provoqué un cycle marqué par la dégringolade des liquidités et des prix des actifs et la détérioration des bilans.
En ce moment, ce sont les consommateurs américains qui sont criblés de dettes. La dette des ménages américains s’est gonflée de plus de 10% chaque année de 2002 à 2005 alors que l’économie a progressé de 2,75% en moyenne.
La solution que préconise M. Koo, qui a déjà travaillé à la Federal Reserve Bank de New York, fait appel à des dépenses gouvernementales soutenues pour combler le vide laissé par la réduction des dépenses des consommateurs et des entreprises.
Les efforts de la Réserve fédérale américaine (Fed) sont insuffisants, a-t-il dit : « Les taux d’intérêt sont à zéro et rien ne se passe. Les entreprises et les ménages ne veulent pas emprunter de l’argent même à des taux de zéro; ils sont trop occupés à refaire leurs épargnes et à régler leurs dettes. »


LA FED JOUE DE PRUDENCE  -  RUDY LECOURS
La Réserve fédérale américaine ( Fed) redouble de prudence pour s’assurer que la reprise désormais visible de l’activité économique soit durable.
Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Voilà pourquoi elle ne se contente pas de reconduire la fourchette de négociation, mise en place en décembre, de son taux directeur au « niveau exceptionnellement bas » de zéro à 0,25% « pour une période prolongée ». La Fed réaffirme aussi que l’inf lation restera faible pendant quelque temps encore.
À l’unanimité, les membres de son Comité de politique monétaire indiquent aussi qu’elle va ralentir le rythme de ses achats de titres adossés à des créances hypothécaires (TACH) et de créances de ces émetteurs de titres afin de donner plus de temps aux marchés pour prendre le relais.
La Fed s’était engagée à acheter 1250 milliards de TACH et 200 milliards d’obligations émises par Freddie Mac et Fannie Mae d’ici la fin de l’année. Le délai est prolongé jusqu’à la fin du premier trimestre de 2010. Freddie et Fannie ont été mises en tutelle il y a un an.
« En août, elle avait agi de même en annonçant qu’elle étendait d’un mois, jusqu’à la fin d’octobre, son programme de rachat de 300 milliards de titres de dettes du gouvernement américain (Treasuries) », rappelle Sal Guatieri, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.
Ces trois programmes représentent les moyens inhabituels mis en place par les autorités monétaires américaines pour stimuler l’économie quand elles eurent épuisé l’effet d’abaisser le taux directeur.
Jusqu’ici, la Fed a acheté 862 milliards de TACH et 129,5 milliards en obligations de Freddie et de Fannie, ce qui aura facilité « l’augmentation de l’activité dans le secteur de l’habitation ».
« La Fed réaffirme sa volonté de soutenir l’économie pour la remettre en santé bien qu’elle entend diminuer le dosage », explique Millan Mulraine, économiste chez TD Valeurs mobilières.
Les mesures d’assouplissement quantitatif de la Fed dans le secteur immobilier ont poussé à la baisse les taux d’intérêt hypothécaires.
Leur interruption soudaine aurait pu provoquer une hausse de 50 à 100 centièmes des taux hypothécaires de 30 ans, les plus populaires aux États-Unis, selon Peter Hooper, économiste en chef de la Deutsche Bank à New York, cité par l’agence Bloomberg.
Le communiqué de la Fed souligne que ses efforts, de même que ceux du gouvernement, jumelés aux forces du marché, « soutiendront un renforcement de la croissance économique et un retour graduel à des niveaux plus élevés d’utilisation des ressources » même si l’activité restera faible pendant quelque temps encore.
Il s’agit d’un ton nettement plus optimisme que celui adopté dans son communiqué du 12 août, où elle parlait plutôt « d’une contribution à un retour graduel à de la croissance soutenue ».
« La Fed est maintenant en mode d’attente, estime Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Avant de procéder à un changement de politique, elle voudra s’assurer que la reprise est durable. »
Si tel est le cas, la Fed paraît en harmonie avec la Banque du Canada. Son gouverneur, Mark Carney, a affirmé mardi soir que la reprise présente résulte des moyens extraordinaires déployés par les autorités monétaires et politiques. « Il y a du chemin à faire avant d’assister à une vraie croissance, une croissance attribuable au secteur privé. »
Cette i nterprétation est celle retenue par les marchés boursiers très enthousiastes depuis quelques mois. Après quelques minutes d’euphorie suivant l’annonce de la Fed, ils ont battu en retraite. Plusieurs i nvestisseurs craignent un retrait prématuré des moyens extraordinaires déployés pour sortir l’économie de sa torpeur.
Cela pourrait survenir plus vite que ce que suggère le communiqué de la Fed. « Les dernières semaines ont révélé que la situation peut s’améliorer relativement rapidement autour d’un point de retournement du cycle économique, rappelle Paul-André Pinsonnault , économiste principal à la Financière Banque Nationale. Il deviendra évidemment de plus en plus difficile de justifier le maintien des taux à zéro dans un avenir prévisible. »


Il faut maintenir les plans de relance, selon le FMI
Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a appelé les chefs du Groupe des 20 à poursuivre leurs efforts pour extirper l’économie mondiale de la récession, précisant en guise de mise en garde que la crise n’est pas finie.
« Cette reprise sera plutôt modeste et la croissance sera en moyenne plus timide que ce que nous connaissions avant la crise », a indiqué M. StraussKahn au cours d’une entrevue à Washington avant le sommet du G20 qui commence aujourd’hui à Pittsburgh. « Il est trop tôt pour dire que la crise est chose du passé », a-t-il averti.
Le responsable du FMI a aussi incité les décideurs à saisir l’occasion de s’attaquer aux déséquilibres commerciaux et aux flux d’investissements qu’on a blâmés pour avoir contribué à l’effondrement du crédit. Le fait de confier à la Chine un rôle plus important au sein du fonds aidera à stimuler la coopération, a-t-il ajouté, tandis que les responsables cherchent à s’entendre pour réduire les emprunts par les États-Unis et pour étayer la demande intérieure dans les pays qui présentent des surplus commerciaux.
« L’incapacité de rééquilibrer l’économie mondiale ferait en sorte que toute reprise serait ultimement vouée à l’échec », soutient pour sa part Gerard Lyons, économiste en chef de Standard Chartered Plc, à Londres. « Tendre vers une économie mondiale équilibrée est une situation qui ne ferait que des gagnants », ajoute-t-il.
« Soudainement, nous sommes en meilleure position pour obtenir cette sorte de coopération et de coordination économique que nous ne l’étions naguère », a soutenu M. StraussKahn au cours d’une entrevue ce lundi. Les pourparlers du G20 fournissent la chance « de décider comment nous travaillerons ensemble pour la gouverne de la mondialisation et cela pourrait marcher ».
De s on c ô t é , T i mothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, a indiqué au cours d’une conférence de presse mardi que les leaders du G20 « feront le point sur là où ils sont rendus dans leurs efforts pour mettre le monde sur une voie vers une croissance plus vive, plus durable et mieux équilibrée. » Ces objectifs comprennent un système financier plus fort qui serait mieux à même d’absorber les chocs, at-il dit.

« Nous observons les premiers signes de croissance et les marchés financiers se sont améliorés considérablement, a ajouté M. Geithner. Nous voulons nous assurer de nous appuyer sur les progrès que nous avons réalisés. »


Les défilés à un million US survivent  -  Vincent Brousseau-Pouliot
La récession a tout de même fait mal à l’industrie de la mode
NEW YORK — La récession américaine a fait mal à l’industrie de la mode. Mais pas au point d’annuler ses défilés à prix d’or – jusqu’à un million US pour une quinzaine de minutes de gloire.
Fern Mallis organise la Semaine de la mode de New York depuis 1993. On la voit ici en plein travail, sous des tentes installées dans Bryant Park.
Durant la Semaine de la mode de New York, qui se termine jeudi, 63 designers défileront devant la presse internationale, les représentants de grandes chaînes de magasins et les fashionistas new-yorkais. Le coût des défilés, qui durent environ une quinzaine de minutes chacun, varie entre 50 0 0 0 $ US et 1 million.
« Les designers qui peuvent se permettre de dépenser 1 million sont très rares, mais c’est encore possible d’atteindre ce plateau, surtout s’ils payent beaucoup de vedettes pour assister à leurs défilés et porter leurs vêtements », dit Fern Mallis, vice-présidente d’IMG Fashion, qui organise la Semaine de la mode de New York depuis 1993.
Les organisateurs newyorkais offrent aux designers le choix entre trois types de plateaux, dont le coût de location varie entre 26 000 $ US et 50 000$ US. « Ça inclut le son, l’éclairage, la sécurité, le marketing, dit Fern Mallis. Les designers décident ensuite des autres coûts. S’ils engagent Gisele Bündchen comme mannequin, le défilé va être plus cher. »
Plus de designers
Fait étonnant : i l y aura cette a nnée davantage de designers qui présenteront leurs collection de printemps que l’an dernier, alors que les défilés avaient lieu au moment même de la faillite de Lehman Brothers, l’événement déclencheur de cette crise financière doublée d’une r écession. « Nous avons un designer de plus cette année (63 contre 62), mais les défilés seront plus courts et moins chers, dit Fern Mallis. Tout le monde peut économiser de l’argent. Il faut seulement être un peu imaginatif. »
Si certains designers tentent de réduire la facture de leurs défilés, c’est que les clients se font plus rares. Selon une étude de l’American Apparel and Footwear Association, le consommateur américain moyen a acheté en moyenne 64 vêtements et sept paires de souliers en 2008, alors qu’il avait acheté 67 vêtements et huit paires de chaussures l’année précédente. « L’industrie de la mode a été touchée par la récession comme toutes les industries, dit Fern Mallis. Il y a moins de ventes et il y a des pertes d’emplois, des fermetures de boutiques, des entreprises en faillite. Beaucoup de designers tentent de survivre. Il faut dire que l’industrie vivait à un rythme un peu excessif avant la récession. »
En 1993, l orsque Fern Mallis a organisé la première Semaine de la mode de New York, le Conseil des designers de mode des États-Unis – dont elle venait d’être nommée directrice – voulait regrouper la quarantaine de défilés sous le même chapiteau, au parc Bryant, à Manhattan. « Il y avait 40 défilés dans 40 endroits différents, se souvient-elle. C’était compliqué et cher, car personne ne partageait les coûts. »
Aujourd’hui vice-présidente d’IMG Fashion – qui a racheté l’événement en 2001 –, Fern Mallis croit que ses défilés peuvent venir à bout de tout. Même d’un profond marasme économique. « C’est un rite de passage obligé dans le milieu de la mode, dit-elle. Vendre des vêtements haut de gamme, ce n’est pas comme vendre des sous-vêtements, qui sont un produit plus essentiel. Le consommateur doit se dire: "Je veux ce vêtement car il va changer ma vie!" Et tout ce processus commence à la Semaine de la mode de New York. »

Magasiner contre la récession  -  Vincent Brousseau-Pouliot
qu’Aldo a célébré le début de la Semaine de la mode en grand: un DJ en permanence et un concours de défilé animé par un animateur de MTV et une mannequin de l’émission de télé America’s Next Top Model. « Pour nous, c’est davantage une soirée symbolique, dit Douglas Bensadoun. C’est une façon d’aider l’industrie à prendre un peu d’élan. On dit aux gens de prendre confiance, NEW YORK — Vin et horsd’oeuvre à volonté. Musique criarde crachée par des DJ. Orchestres de rue. Pendant quelques heures jeudi soir, l’industrie new-yorkaise de la mode a décidé de faire la fête et d’oublier cette récession qui lui fait la vie dure depuis un an.
Le magasin Aldo de New York a célébré le début de la Semaine de la mode en grand , avec entre autres un DJ en permanence. Jeudi soir, 4500 clients sont entrés dans la boutique de chaussures de la 34e Rue.
En marge de la Semaine de la mode de New York, plus de 800 boutiques de la Grosse Pomme ont participé à la première édition de Fashion’s Night Out. Le concept : étirer la fermeture des boutiques jusqu’à 23 h dans une ambiance festive.
L’idée du maire Michael Bloomberg et de l’éditrice toute puissante du magazine Vogue aux États-Unis, Anna Wintour, a profité aux boutiques québécoises ayant pignon sur rue à New York. Aldo a reçu 4500 clients j eudi soir, une hausse de 200 % comparativement à son achalandage habituel de 1500 clients. « Les gens restent quand même prudents, dit Douglas Bensadoun, directeur artistique d’Aldo. I ls ont moins la tentation d’acheter, i ls font plus de lèche-vitrine. »
L’aff luence de Fashion’s Night Out a tout de même permis de doubler les revenus de la soirée chez Aldo – une hausse qui arrivera à peine à couvrir les coûts supplémentaires de la soirée. C’est de sortir plus, de mettre plus d’argent dans l’économie »
Aldo peut bien se payer quelques extravagances. Malgré la récession, le détaillant québécois de chaussures a gagné des parts de marché dans ses 330 magasins aux États-Unis, dont une quinzaine dans la Grosse Pomme. « Nous avons récupéré des parts de marché, car les clients plus fortunés qui magasinaient dans des boutiques haut de gamme reviennent chez nous, où les souliers coûtent entre 50 $ et 150 $ », dit Douglas Bensadoun.
La soirée d’ouverture de Fashion Week a été aussi couronnée de succès chez Tristan, qui a réalisé l’une de ses meilleures journées de ventes de l’année – à l’exception du temps des Fêtes, évidemment. Jeudi soir, son magasin situé au coeur du quartier des affaires de Manhattan a accueilli 800 clients jusqu’à 22h30. Malgré les rabais de 20% offerts sur toute la marchandise, Tristan a doublé ses revenus habituels. « Ça fait du bien », dit en riant Marc Gaucher, le superviseur du magasin pour Tristan.
L’engouement de Fashion’s Night Out a été plus mitigé chez Parasuco. Le géant québécois du jeans possède un superbe magasin dans le quartier branché de SoHo, mais celui-ci était presque vide jeudi soir. « Ce n’est pas la grosse affaire ce soir, mais nos ventes en 2009 ont augmenté par rapport à l’an dernier à cause des touristes européens qui viennent profiter du taux de change à New York, dit la gérante Melissa Komery. J’ai notamment beaucoup d’Allemands qui achètent mes jeans, qui sont entre 75$ et 210$. En Europe, ils paient au moins 300$ pour la même qualité. »
Certaines marques québécoises profitent de la récession afin de tenter leur chance dans la capitale de la mode en Amérique du Nord. C’est le cas de Mackage, un fabricant de manteaux et de sacs qui loue un local pour le mois de septembre dans le quartier industriel retapé de Meatpacking, à Manhattan. « Nous avons pris cette décision à cause de Fashion’s Night Out, dit la designer Elisa Dahan. C’est un événement pour encourager les gens à faire du shopping et il faut en profiter. »
Question de faire les choses en grand, Mackage a invité la mannequin québécoise Irina Lazareau à agir comme DJ pour la soirée. Bonne idée pour l’entreprise québécoise, qui ne peut de toute façon se payer une vedette comme Justin Timberlake, qui passait la soirée chez Sasks sur la 5e Avenue, ou encore comme Gwen Stefani, engagée par Bloomingdale’s.


L’OPEP maintient sa production
Le cartel du pétrole confiant quant à une reprise
VIENNE — Les représentants de l’OPEP, qui se réunissaient hier à Vienne, ont assuré qu’ils maintiendraient leur production à l’identique, reflétant un optimisme prudent sur l’évolution des prix du baril comme sur la conjoncture internationale.
Le message envoyé par les ministres présents à Vienne est sans équivoque : alors que les prix du baril se sont redressés plus rapidement que prévu et que la reprise é c onomique s e dessi ne , modi f i e r l e s pa r a mèt r e s du marché pétrolier serait risqué.
Rédui r e l a produc t i on de l’Organisation des pays e x por t a t e u r s de pét r ole (OPEP) serait « aventureux », a expliqué à Vienne le ministre équatorien des Mines et du Pétrole, Germanico Pinto.
Le c omité r e s t r ei nt de l’OPEP responsable d’étudier le marché a formellement recommandé mardi soir un statu quo de la production, à 24,84 millions de barils par jour (mbj). Toute autre décision serait donc un coup de théâtre.
« Nous sommes à l ’a i se avec le marché », a affirmé Moha mmad a l - H a mel i , ministre émirati de l’ Énergie, arrivé hier. Depuis plus d’un mois, le prix du baril s’échange autour de 70 $ US, proche du niveau de 75 $ US voulu par l’OPEP.
Le ton avait été donné la veille par le chef de file du cartel, le ministre saoudien Ali Al-Nouaïmi, qui avait j ugé l e ma r c hé « en t r ès bonne forme ». Les analystes considèrent eux aussi que le statu quo promis est l’option la plus sage.
« Sachant que les prix du pétrole évoluent dans une fourchette stable depuis plusieurs mois et que l’environnement macroéconomique évolue positivement, l’OPEP juge que tout changement significatif de sa politique actuelle serait inutile à ce stade », estime Amrita Sen, analyste chez Barclays Capital.
Si les prix du baril donnent satisfaction aux producteurs, un sujet d’inquiétude subsiste : le niveau des stocks pétroliers reste élevé, symptôme d’engorgement du marché et de demande toujours anémique.
Mais les ministres ont fait savoir qu’ils comptaient sur un meilleur respect des décisions prises à la fin de 2008 pour éponger ce surplus, la reprise devant faire le reste. Pour stopper l’effondrement des prix, t ombés j usqu’à 32,40 $US le baril, et faire face à une demande en chute libre, l’OPEP a pris les mesures les plus radicales depuis sa création en 1960 : l’organisation s’est engagée à retirer 4,2 mbj du marché, plafonnant sa production à 24,84 mbj depuis le 1er janvier.
Les pays membres de l’OPEP ont fait preuve d’une rigueur sans précédent dans le suivi de ces décisions, mais restent encore loin de l’objectif assigné. Alors que les pays arabes du Golfe ont joué le jeu, d’autres États, notamment l’ I ran et l’Angola, pompent plus de brut qu’ils ne le devraient.
Au total, la production des 11 pays soumis aux quotas, excluant l’ Irak, dépasse de 1,28 mbj le plafond autorisé, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Hier, les prix du pétrole ont fini avec une modeste hausse à New York, dans un marché qui a vu ses gains se réduire en fin de séance en fonction de l’évolution de la monnaie américaine.
Sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), le baril de light sweet crude pour livraison en octobre a terminé à 71,31 $US, en progression de 21 cents US par rapport à la clôture de mardi.
Peu avant la clôture, le prix du baril, qui est monté jusqu’à 72,52$US en séance, a connu un bref passage dans le rouge avant de terminer en hausse.
« I l semble que ce soit une correction du dollar », a expliqué Antoine Halff, de Newedge Group.
Le fort repli de la monnaie américaine soutenait les prix des matières depuis quelques j ours, mais le dollar s’est un peu redressé après la publication du Livre Beige de la Réserve fédérale américaine sur l’état de l’économie américaine.


OPEP
La production inchangée pour soutenir l’économie
LONDRES — L’OPEP devrait se décider à maintenir sa production à sa réunion demain et se contenter d’exhorter ses membres à mieux respecter les baisses décidées l’automne dernier, un nouveau tour de vis risquant d’être perçu comme un danger pour la reprise économique.
« Le système de quotas actuel ne devrait pas être modifié », a déclaré le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho de Vasconcelos, actuel président du cartel.
Ses propos confortent les experts dans l’idée que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui se réunira demain à Vienne, ne devrait pas toucher à son objectif de production, fixé à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier.
Même les membres durs du cartel, comme l’Iran ou le Venezuela, n’ont pas réclamé cette fois un sevrage plus poussé du marché.
Avec des prix du pétrole à 70$US le baril, « il n’y a pas de pression ni dans un sens ni dans l’autre », explique Frédéric Lasserre, analyste à la Société Générale. « Les producteurs gagnent bien leur vie » et les consommateurs peuvent supporter un pétrole à ce prix, précise-t-il.
Les cours du brut ont plus que doublé depuis le mois de décembre, où ils s’étaient écroulés à 32,40$ US, et ils évoluent depuis un mois autour de 70$US. Autrement dit, ils se situent à une encablure des 75$US le baril, le prix que l’OPEP juge nécessaire pour continuer à investir.
Un élément pourrait toutefois plaider en faveur d’une baisse de la production: le niveau des stocks reste très élevé, et la demande n’est pas franchement repartie.
« Une baisse de production doit être envisagée » car « l’équilibre offredemande est très faible », estime ainsi David Hirsch, directeur du cabinet d’analyse PFC.
Mais une telle décision pourrait embarrasser l’Arabie Saoudite, chef de file du cartel et alliée traditionnelle des États-Unis, car elle risque d’être perçue comme une menace pour la reprise balbutiante de l’économie mondiale.
« Au moment où le monde lutte pour sortir de la récession, une hausse des prix de l’énergie serait malvenue, et l’Arabie Saoudite en est consciente », explique ainsi John Hall, analyste indépendant à Londres.
Respect des baisses
De fait, l’organisation devrait plutôt insister sur le respect des baisses de production adoptées l’automne dernier, totalisant 4,2 mbj. Car, voyant les prix monter, les producteurs se sont montrés moins disciplinés et ont pompé plus de brut: en juillet, la production de l’OPEP 11 (les membres soumis aux systèmes de quotas, excluant l’Irak), dépassait de 1,28 mbj l’objectif officiel, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Les pays du Golfe, qui ont appliqué à la lettre les consignes, pourraient donc faire pression sur les « tricheurs », notamment l’Angola ou l’Iran, deux pays qui seraient responsables de la moitié du surplus constaté par l’AIE.
Mais pour David Hirsch, il serait imprudent d’écarter entièrement la possibilité d’une surprise.
« L’excédent des stocks de produits distillés porte en germe la perspective prochaine d’une chute brutale des cours, ce qui fait que la réunion de Vienne n’aura rien d’une formalité », juge-t-il.
Si l’OPEP attendait jusqu’à décembre pour diminuer ses quotas, « il faudrait qu’elle procède à une baisse bien plus prononcée » pour que les stocks de l’OCDE reviennent à des niveaux normaux, anticipe-t-il.
En incluant l’Irak, l’OPEP a pompé 28,64 millions de barils par jour en juillet.


La Fed maintient son taux... et sa prudence  -  Marc Jourdier
WASHINGTON — La Banque centrale des ÉtatsUnis (Fed) a décidé hier de maintenir son taux directeur proche de zéro et de rester mobilisée dans son soutien à l’économie américaine, préférant jouer de prudence même si l’activité semble « en train de se stabiliser ».
Comme la Banque centrale européenne ( BCE) la semaine précédente, la Réserve fédérale a décidé de ne pas toucher à son taux directeur. Celui-ci reste historiquement bas, confiné dans la marge de fluctuation de 0 à 0,25 % qui lui est assignée depuis le mois de décembre.
Les informations depuis la réunion précédente en juin « laissent penser que l’activité économique est en train de se stabiliser », écrit le Comité de politique monétaire ( FOMC) de la Réserve fédérale dans un communiqué publié à l’issue de deux jours de réunion à Washington.
La Bourse de New York, pour qui le maintien du taux directeur de la Fed ne faisait aucun doute, est restée en forte hausse après ce message, saluant un petit signe d’optimisme de la Banque centrale. Les conclusions restent néanmoins quasi identiques à celles de juin.
La Fed semble en effet prendre soin de ne pas susciter d’espoirs exagérés qui risqueraient de compromettre la reprise, attendue pour le trimestre en cours, et même peut-être déjà en marche.
« Les conditions sur les marchés financiers se sont de nouveau améliorées ces dernières semaines », et les dépenses des ménages, vitales pour l’économie américaine, « ont continué à montrer des signes de stabilisation », reconnaît-elle.
Néanmoins, ajoute le FOMC, celles-ci restent « contraintes par la poursuite des pertes d’emplois, une croissance très lente du revenu, une baisse du patrimoine immobilier, et un crédit restreint ».
Et , c omme en j ui n , le Comité juge que « les conditions économiques vont probablement garantir des taux extrêmement bas pour le taux de l’argent au jour le jour pendant une longue période ». La hausse des taux ne s’annonce donc toujours pas.
Les États-Unis sont entrés en récession en décembre 2007. Les chiffres (encore provisoires) du PIB publiés fin juillet montrent que l’activité américaine a reculé pour le quatrième trimestre de suite au printemps, mais que cette baisse a fortement ralenti pour n’atteindre que 1% en rythme annuel, après une chute de 6,4 % pendant l’hiver.
Mais le pays n’est pas tiré d’affaire, semble dire la Fed. Elle a maintenu en place son dispositif contre la crise, qui mobilise des centaines de milliards de dollars pour continuer d’« améliorer les conditions globales sur les marchés du crédit ».
Plus spécifiquement en ce qui concerne son programme de rachat de 300 milliards de dollars d’obligations à long terme du Trésor américain, la Fed indique qu’elle va « ralentir le rythme » de ses achats afin de l’achever fin octobre et non plus fin septembre, pour permettre « une t ransition en douceur sur les marchés au moment où ces achats de titres » s’achèveront.

La Fed s’en tiendra à son plan de match  -  Rudy LeCours
Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) amorce ce matin une réunion de deux jours, alors que se multiplient les signes de reprise de l’économie américaine, déjà menacée par une nouvelle crise hypothécaire, concentrée cette fois dans l’immobilier commercial.
Dans son témoignage devant le Congrès le mois dernier, le président de la Fed, Ben S. Bernanke, s’est dit très préoccupé par la situation du marché de l’immobilier non résidentiel.
Tout le monde s’attend à ce que le FOMC reconduise son taux directeur, exceptionnellement faible, « pour une durée étendue ». Il oscille dans une fourchette de 0 % à 0,25 %, un creux historique depuis le printemps, dans le but de relancer les activités de prêts, compromises depuis la faillite de Lehman Brothers, il y aura bientôt 11 mois.
Il serait étonnant aussi que les autorités monétaires américaines fassent marcher la planche à billets, car la menace d’une baisse générale des prix, ou déflation, paraît dissipée.
Depuis leur dernière rencontre du 24 juin, les membres du FOMC ont été alimentés par beaucoup de données leur permettant de croire que le pire de la récession est traversé.
Mentionnons seulement la décroissance au deuxième trimestre, limitée à 1% en rythme annualisé (alourdi de surcroît par le déstockage), le ralentissement de la cadence des licenciements en juillet, la stabilisation apparente du marché de l’habitation et la forte augmentation des nouvelles commandes des acheteurs de biens.
« Il y a de bonnes chances que l’économie américaine puisse renouer avec la croissance au troisième trimestre pour la première fois depuis le deuxième trimestre de 2008 », soutient Milan Mulraine, stratège à TD Valeurs mobilières.
Il reste que la récession a frappé très durement les travailleurs américains. Plus de 6,7 millions d’entre eux ont grossi les rangs des chômeurs, depuis son début en décembre 2007, selon les données du département du Travail. Il serait étonnant que la Fed ose augmenter son taux directeur avant une certaine amélioration du marché du travail, laquelle va exiger encore des mois.
La reprise de la production a jusqu’ici résulté en gains de productivité. Beaucoup de capacité industrielle est encore sous-utilisée, comme c’est le cas au sortir de chaque récession.
Ce qui diffère peut-être cette fois-ci, c’est la brutalité avec laquelle les entreprises ont licencié. Alors que le recul de la production de biens a été de 9 %, celui de l’emploi dans cette sphère d’activités a atteint 15 %, fait remarquer Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à l a F i na nc i è r e Ba nque Nationale. « La dynamique récente de la productivité, de nature strictement cyclique causée par des licenciements démesurés nous laisse croire que la réaction du marché du travail face à une hausse de la production devrait être plus rapide cette fois-ci », écrit-il dans la dernière livraison de L’Hebdo économique intitulée : États-Unis : place à la reprise.
Il n’est pas seul à penser de la sorte.
Selon le Nobel d’économie Paul Krugman, i nterviewé hier à Kuala Lumpur par l’agence Bloomberg, « il est fort possible, bien que ce ne soit pas une certitude, que, rétrospectivement, nous disions que la récession a pris fin en juillet ou en août, peutêtre en septembre. Je pense que nous touchons le fond, qu’août marquera le creux. »
Voilà pourquoi Laura Tyson, conseillère économique du président Barack Obama, aussi à la conférence dans la capitale de Malaisie, a déclaré qu’un deuxième plan de stimuli économique ne sera sans doute pas nécessaire puisque le premier commence à porter ses fruits.
Il n’en demeure pas moins que la récession aura fait mal aux locateurs d’immeubles à bureaux et de locaux commerciaux. I l s doivent refinancer cette année pour 165 milliards de prêts hypothécaires alors que la valeur de leurs propriétés a fondu du tiers environ depuis deux ans, selon Moody’s Investors Service.
Voilà de quoi compromettre une reprise fragile, car les prêteurs sont surtout des banques régionales qui pourraient faire faillite ou resserrer leurs conditions de prêts aux ménages et aux entreprises.
Dans son témoignage devant le Congrès le mois dernier, le président de la Fed, Ben S. Bernanke, s’est dit très préoccupé par cette question.
Cer t a i n s obser vateu r s croient que les autorités monétaires iront même jusqu’à faciliter le crédit dans le marché de l’immobilier non résidentiel, comme elles le font par exemple pour les cartes de crédit ou les prêts étudiants.
La Fed n’a toutefois pas besoin de l’annoncer en même temps que la reconduction de son taux directeur.


Éclaircies dans le ciel de la Fed
WASHINGTON — La banque centrale américaine, qui se réunit demain et mercredi pour discuter de ses mesures d’aide à l’économie, se retrouve dans une position plus confortable, avec une conjoncture qui donne raison à sa politique et à ses prévisions.
Habitué à devoir peser ses mots pour ne pas enfoncer plus encore la première économie mondiale dans la récession, le Comité de politique monétaire ( FOMC) de la Réserve fédérale a désormais la tâche d’aider la reprise.
Sans surprise, son taux directeur devrait rester une nouvelle fois i nchangé. I l est depuis décembre compris dans une fourchette de 0 à 0,25%, et le président de la Fed, Ben Bernanke, s’est engagé fin juillet devant le Congrès à l’y maintenir « pendant une longue période ».
Les analystes de Barclays prévoient que le Comité « fasse part d’un optimisme accru quant à la possibilité que la croissance économique devienne positive au second semestre ».
Plus audacieux peut-être, M. Bernanke a tâché, face à des caméras de télévision fin juillet, une première pour un président de la Fed, de convaincre des citoyens ordinaires que son institution avait pris les bonnes mesures, malgré leur coût vertigineux.
Et depuis la dernière réunion de la Fed fin juin, les statistiques lui donnent raison. Le PIB du deuxième trimestre, en recul de 1% en rythme annuel, a été moins mauvais que prévu. Et le marché du travail a connu une mince éclaircie, avec une baisse inattendue du taux de chômage à 9,4% en juillet.
« Ce sera intéressant de voir ce que la Fed a à dire sur la conjoncture. S’ils sont un peu plus positifs, ou un peu moins négatifs, alors ils pourraient commencer le processus de faire savoir aux marchés qu’un changement de politique arrive », souligne l’économiste Joel Naroff.


La Fed promet des taux bas pendant longtemps
ÉTATS-UNIS
WASHINGTON — Le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, a indiqué hier au Congrès que la banque centrale gardera très bas ses taux d’intérêt « pendant un long moment », malgré l ’ a mél i orat i on de la conjoncture et la nécessité de les remonter plus tard.
Le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, devant le Congrès hier.
« À la lumière du marasme économique considérable et de pressions inf lationnistes limitées, la politique monétaire reste concentrée sur le fait de favoriser la reprise économique », a-t-il déclaré lors de son témoignage semestriel devant les parlementaires sur l’état de l’économie.
La Fed « croit qu’une politique monétaire très souple sera adéquate pendant un long moment », a-t-il poursuivi, en réitérant son engagement à maintenir le taux d’intérêt directeur actuel, proche de zéro.
M. Bernanke a estimé qu’il y avait eu « une amélioration notable » de la conjoncture économique ces derniers mois, mais qu’il restait un risque que « la stabilisation récente de la consommation ne se révèle éphémère ».
Les États-Unis, entrés en récession en décembre 2007, attendent toujours une reprise de l’activité économique. Ils font face à une montée spectaculaire du chômage (9,5 % en juin, au plus haut depuis 1983), un taux de crédit jugé insuffisant par les autorités monétaires et un secteur immobilier en plein marasme.
Dans ce contexte, M. Bernanke a tâché d’évacuer le débat sur la nécessité de revenir sur la politique expansionniste actuellement en place.
Avant même son témoignage au Congrès, il avait détaillé sa « stratégie de sortie » dans le Wall Street Journal, à l’attention de ceux qui craignent que la Fed perde de vue la stabilité des prix. Il avait assuré que la banque centrale disposait de « nombreux outils » pour revenir à une situation plus normale, après avoir injecté des sommes colossales dans l’économie au pire de la crise.
« L’i nsécurité de l ’emploi, ajoutée à la baisse de la valeur de l’immobilier et à la rareté du crédit, devrait limiter les gains dans la consommation », a-t-il souligné devant le Congrès.
La Fed, pour qui le plein emploi est un objectif fondamental, prévoit que le taux de chômage (9,6 % en juin) connaîtra « un pic à la fin de l’année » (entre 9,8 % et 10,1 %) et restera ensuite « bien au-dessus » de ce qu’elle souhaite. En revanche, l’inflation n’est pas pour elle un risque à court terme.
« Ce témoignage révèle que M. Bernanke est toujours très prudent concernant la reprise économique », a commenté Marie-Pierre Ripert, de Natixis. Selon elle, il est, parmi les dirigeants de la banque centrale, l’un des plus favorables à des taux bas.
« L’accent mis par M. Bernanke sur la déprime du marché du travail laisse penser qu’un resserrement de la politique monétaire ne commencera pas tant que le chômage ne commencera pas à baisser », a affirmé Ian Shepherdson, de HFE Economics.
« Dans nos calculs, cela signifie en 2011 au plus tôt », a-t-il ajouté.
Question plus urgente qu’une hausse des taux d’après lui, M. Bernanke a exhorté le Congrès à contenir le déficit budgétaire des États-Unis sous peine de « n’avoir ni stabilité financière ni croissance économique durable ».
« S’attaquer aux problèmes budgétaires du pays exigera des choix difficiles, mais retarder ces choix les rendra encore plus difficiles », a insisté le président de la Fed.
M. Bernanke a également vigoureusement plaidé pour l’indépendance de la politique monétaire de la banque centrale, garante selon lui de « stabilité économique et financière » du pays.



G8  Les plans de relance restent... pour l’instant

L’AQUILA, Italie — Les leaders du G8 réunis à L’Aquila en Italie – dans le cadre du Sommet actuel – ont annoncé qu’ils reporteront les mesures visant à désamorcer les plans de relance économiques actuels tant que la reprise économique ne sera pas confirmée.
Du même coup, ils ont assuré qu’une reprise économique stable et durable les ramènera tous à la table des négociations. D’ici là, chacun des leaders assumera la responsabilité de trouver les portes de sortie qui conviendront à l’économie de leur pays. Les stratégies « varieront d’un endroit à l’autre et tiendront compte des finances publiques et des conditions de l’économie locale » propre à chacun des pays du Groupe des huit.
Alors que certains observateurs parlent avec optimisme de l’amoindrissement de la récession globale, plusieurs rapports indiquent que la reprise économique n’arrive que très lentement.
Le Fond monétaire international (FMI) a fait l’annonce que la contraction économique annuelle globale prévue atteint maintenant les 1,4%. Cette nouvelle prévision dépasse à la baisse la précédente qui, au mois d’avril dernier, la chiffrait à 1,3%. En revanche, sans qu’aucun chiffre ne soit toutefois avancé, le taux de croissance économique, préalablement estimé à 2,5% pour l’année 2010, sera plus fort que prévu.
À la mi-juin, forts de cette nouvelle prévision, les ministres des finances du G8 avaient conclu que le temps serait dorénavant venu de dessiner des plans visant à rééquilibrer les budgets déficitaires et la précarité bancaire.
Instabilité économique
Hier, un proche conseiller de Barack Obama a signifié que l’économie demeure actuellement i nstable, beaucoup trop pour que les plans de relance soient désamorcés.
Rencontré par des j ournal i stes à L’Aquila, Mike Froman, haut responsable de la National Security, a parlé des « incertitudes et des risques » minant toujours le système économique actuel. Le président Obama est arrivé hier en Italie, après une visite au président italien Giorgio Napolitano à Rome, ainsi qu’un séjour en Russie où il a rencontré le président Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine. Obama a laissé la porte ouverte à l’éventualité de l’établissement d’un second plan de relance. Celui-ci ferait suite au premier, dont l’adoption légale fut entérinée en février dernier au montant de 787 milliards US.
Tous les leaders se sont par ailleurs entendus sur la nécessité de rejeter toutes formes de protectionnisme, ainsi que sur la conclusion rapide de pourparler concernant les échanges entre pays.



La Fed veut apaiser les craintes
Les dirigeants de la Réserve fédérale américaine ( Fed) étudient la possibilité d’utiliser l’énoncé de politique de mercredi pour stopper toute conjecture voulant qu’ils soient disposés à hausser les taux d’intérêt dès cette année.
Le président de la Fed, Ben S. Bernanke, et ses collègues du Comité fédéral d’open market (FOMC) se réuniront à Washington demain et mercredi.
Les décideurs de la Fed ont déjà indiqué qu’ils acceptent une augmentation des taux de rendement des bons du Trésor de plus long terme, mais certains d’entre eux craignent toute attente prématurée concernant une hausse des taux d’intérêt.
Par ailleurs, le personnel de la Fed s’est penché sur la décision de la Banque du Canada de renoncer à toute hausse de son taux directeur jusqu’en 2010, selon une personne au courant de cette question, sans en être venu à la conclusion que cette annonce s’est avérée efficace.
Ainsi, le 21 avril dernier, la Banque du Canada a réduit son taux directeur à 0,25%, soit le plus bas de son histoire, précisant que « l’on peut s’attendre à ce que le taux cible des prêts d’un jour demeure à son niveau actuel jusqu’à la fin du deuxième trimestre de 2010, la situation étant subordonnée aux perspectives relatives à l’inflation. »
Pour la Fed, une option pourrait consister à mettre l’accent lors de son énoncé de mercredi prochain sur le fait que le ralentissement plus marqué sur le marché du travail et l’activité manufacturière aux États-Unis gardera l’inflation à un niveau bas et tempérera la reprise, estime Michael Feroli, économiste de JPMorgan Chase à New York et ancien membre de la Fed.
Ce qui est en jeu, c’est de garder les coûts d’emprunt suffisamment bas pour favoriser une reprise soutenue sans lier la banque centrale américaine à un seul plan d’action.
« Il existe des manières (pour les décideurs de la Fed) de mettre en lumière leurs attentes concernant des taux d’intérêt bas sans s’engager outre mesure », soutient Lou Crandall, économiste en chef de Wrightson ICAP, de Jersey City, au New Jersey.
Le président de la Fed, Ben S. Bernanke, et ses collègues du Comité fédéral d’open market ( FOMC) se réuniront à Washington demain et mercredi. Les économistes prévoient qu’ils laisseront le taux directeur de la Fed dans une fourchette de 0 à 0,25%. Les décideurs discuteront également de tout changement éventuel à leur engagement d’acheter jusqu’à 300 milliards US en bons du Trésor et 1450 milliards US en titres de dette liés à l’immobilier.
Dans ses deux derniers énoncés, le FOMC a indiqué que « les conditions économiques sont susceptibles de justifier des taux exceptionnellement bas des fonds fédéraux pour une longue période. »
Les marchés ont déjà indiqué qu’ils ne tiennent plus compte de ce discours. Les bons du Trésor de deux ans ont glissé depuis qu’un rapport du gouvernement fédéral américain a fait état, le 5 juin dernier, de la plus modeste perte d’emplois en huit mois, le taux de rendement des bons étant de 1,14% hier en début d’aprèsmidi à New York, comparativement à 0,91% au début de juin.
Les contrats à terme sur les fonds fédéraux américains pour mars présentent un taux de rendement de 0,705%, ce qui indique une certaine probabilité de hausse des taux d’ici le premier trimestre de 2010.
Si les pertes d’emplois sont en régression, des responsables de la Fed ont toutefois souvent répété que le taux de chômage va vraisemblablement augmenter au cours des mois à venir.



Hydro au secours des grandes entreprises

Les grandes entreprises qui souffrent du ralentissement économique ont réussi à attendrir le coeur d’Hydro-Québec, qui réduira leurs tarifs d’électricité le temps que la conjoncture s’améliore.
Quatre des plus importants clients industrielsd’Hydro-Québec ont déjà demandé une baisse de leurs tarifs, selon la société d’État. La réduction de la facture de ces quatre clients pourrait atteindre 6 millions de dollars.
Hydro a 250 clients qui paient le tarif L ( grande industrie). Ensemble, ces clients consomment près de la moitié de toute l’électricité vendue au Québec.
Comme les tarifs d’HydroQuébec sont réglementés, la Régie de l’énergie doit approuver les rabais consentis à certains de ses clients, ce qu’elle a fait le 11 mai dernier.
Hydro a donc le feu vert pour réduire les tarifs de ses gros clients les plus mal en point. Ce n’est pas la première fois qu’Hydro se porte au secours de la grande industrie. En 1993, à la suite de la récession de 1991-1992, huit grandes entreprises avaient profité d’une réduction de leur facture, pour une économie totale de 20 millions. Le rabais correspondait à une réduction de 7% de leur facture d’électricité.
Tous les clients qui paient le tarif industriel (tarif L) sont admissibles à ces réductions, à condition de prouver qu’ils sont en réelles difficultés. En 1993, les entreprises devaient dévoiler leurs états financiers et démontrer qu’elles avaient demandé une réduction de coûts à leurs autres fournisseurs avant qu’Hydro accepte de réduire leur facture.
Ces conditions avaient été jugées trop lourdes par les entreprises, qui ont réclamé leur allègement. Il n’a pas été possible de savoir si, cette fois, les conditions d’admission ont été modifiées comme le souhaitaient les entreprises. Hydro-Québec n’a pas rappelé La Presse Affaires.
Ça fait des mois que les grandes entreprises réclament une réduction de leur facture d’électricité pour leur permettre de traverser la récession. Elles ont réclamé en vain un gel des tarifs en 2009-2010. La Régie de l’énergie a accordé une augmentation de 1,2% à Hydro, en vigueur depuis le 1er avril dernier.
Hydro-Québec a toutefois accepté de discuter avec ses gros clients de mesures d’aide qui pourraient être mises en place. Il était question d’assouplissement des conditions de crédit, entre autres.
Ces discussions ne sont pas allées très loin, a indiqué hier Luc Boulanger, directeur général de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité, qui regroupe les entreprises les plus énergivores.
Les réductions de tarifs qui viennent d’être permises par la Régie sont unemesure de dernier recours, selon Luc Boulanger, qui ne profitera qu’aux entreprises qui sont sur le point de fermer leurs portes.
Toutes les autres continueront à souffrir, estime Luc Boulanger.
Les réductions de tarifs qui seront accordées aux grandes entreprises généreront un manque à gagner qui sera récupéré par Hydro plus tard. Comment? Il faudra attendra à la prochaine demande d’augmentation de tarifs, en août, pour savoir si ces rabais seront récupérés chez cette catégorie de clients seulement ou si l’ensemble de la clientèle d’Hydro-Québec paiera la note.
La Régie de l’énergie entendra les avis des parties intéressées lors des prochaines audiences tarifaires.


Le Fonds FTQ ouvre ses goussets
Récession oblige, selon son président, le Fonds de solidarité FTQ vient deboucler la plus grosse année d’investissements de son histoire.
Au moins 848 millions de dollars ont été i nvestis dans des entreprises et des projets d’affaires au Québec durant l’exercice de 12 mois terminé le 31 mai.
C’est quelque 100 millions de plus que l’année précédente.
Et presque 2 0 0 mil l i ons de plus que les capitaux frais recueillis par le Fonds avec la vente de parts aux particuliers, à hauteur de 660 millions « malgré un marché difficile », a souligné Yvon Bolduc, en entrevue avec
« Même si nous cherchons à équilibrer nos sorties et nos entrées de fonds, nous avons f a i t un ef f or t s pécia l pour investir en cette année un peu exceptionnelle. L’économie du
La Presse Affaires. Québec en avait besoin face à la récession et la pire crise financière depuis les années 30. »
Ainsi, un nombre élevé de 280 entreprises de diverses tailles a bénéficié d’un apport financier du Fonds durant cet exercice 2008-2009, par l’entremise d’un prêt à conditions particulières ou d’une injection au capital-actions.
Aussi, autre réalisation spéciale pour contrer la récession : le Fonds de solidarité s’est engagé, en plus de ses investissements directs, à contribuer un peu plus d’un demi-milliard dans des nouveaux fonds à partenaires.
Ça comprend le fonds technologique Teralys Capital, avec la Caisse de dépôt et placement, ainsi que le Fonds de la relance avec l a société d’ État SGF, pour les entreprises en mal de liquidités.
D’ailleurs, les premiers débours de ce fonds spécial de 500 millions, créé avec le dernier budget provincial, seront annoncés « très bientôt », selon M. Bolduc.



Imprimer de l’argent pour défendre le huard ?
La Banque du Canada pourrait devoir « imprimer » de l’argent et acheter des actifs comme des obligations gouvernementales pour contrer la hausse de la devise canadienne, qui risque de nuire à la reprise économique
Ainsi, la progression de 16% du huard par rapport au dollar américain depuis le 9 mars dernier menace de faire mal aux exportations du pays déjà malmenées. Cette situation augmente les probabilités que Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, imite la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque d’Angleterre et la Banque Nationale de Suisse qui ont eu recours à ce qu’on appelle de l’assouplissement quantitatif, estime Nicholas Rowe, économiste de l’Université Carleton, à Ottawa.
« Chaque hausse de la devise augmente véritablement les probabilités » que M. Carney achète des actifs avec de l’argent frais, ajoute M. Rowe, qui fait partie d’un comité de l’Institut C.D. Howe, un groupe de recherche indépendant.
Des achats d’actifs répondraient à un double objectif de la banque centrale: ils contribueraient à diminuer les coûts d’emprunt des entreprises et des ménages et ils affaibliraient le huard en rendant les investissements de court terme libellés en dollars canadiens moins attrayants.
La différence entre les taux de rendement des bons du Trésor canadiens et américains d’un an a augmenté la semaine dernière à plus de 20 points de base pour la première fois depuis février dernier. Ainsi, les investisseurs peuvent obtenir des rendements plus élevés sur les actifs canadiens comparativement aux actifs américains sur toutes les valeurs dont l’échéance est de trois ans ou moins.
La Banque du Canada avait annoncé le 23 avril dernier qu’elle pourrait acheter des actifs au besoin pour stimuler l’économie, mais M. Carney n’a pas eu recours à cette mesure depuis lors. Cela a contribué à la montée du huard, qui s’est apprécié en mai à la cadence mensuelle la plus rapide depuis que le Canada laisse flotter sa devise par rapport au dollar américain, soit depuis 1950.
Les exportateurs canadiens écopaient déjà même avant la récente appréciation du huard. Ainsi, les expéditions canadiennes à l’étranger ont chuté de 31% au cours des neuf mois terminés en avril dernier, précisait Statistique Canada le 10 juin dernier. Bombardier, troisième avionneur au monde, fait partie des entreprises canadiennes qui ont mis des travailleurs à pied, ce qui a fait porter le taux de chômage à 8,4%, un sommet de 11 ans.



Harper ne bloquera pas la vente d’actifs à Ericsson
PANAMA CITY — Le premier ministre Stephen Harper n’entend pas adopter de mesures extraordinaires pour bloquer la vente d’actifs de Nortel à la suédoise Ericsson.
Nortel, une entreprise spécialisée en télécommunications qui a déjà été l’entreprise canadienne dotée de la plus forte capitalisation boursière, est en voie de vendre ses principaux actifs après s’être placée à l’abri de ses créanciers au Canada et aux États-Unis.
Le premier ministre a été questionné à son sujet lors d’une conférence de presse au Panama. I l a répondu qu’il laissera l’affaire suivre son cours, en vertu de la Loi sur Investissement Canada.
Il a ensuite ajouté qu’il n’a pas l’i ntention d’adopter de nouvelle mesure protectionniste pour bloquer la transaction.
M. Harper a rappelé qu’il demande depuis longtemps aux États-Unis d’éviter le protectionnisme, et qu’il ne serait donc pas correct pour le Canada d’adopter lui-même des mesures protectionnistes.
Nortel est sous la protection des tribunaux depuis le mois de janvier. Ses dirigeants s’affairent à vendre diverses composantes de l ’entreprise dans le cadre d’un processus d’enchères.
La première ronde impliquait la vente des actifs sans-fil de Nortel, dont Ericsson se porte acquéreur pour 1,3 milliard. L’entente comprend le maintien de 800 emplois.
Le Parti libéral du Canada et le Nouveau Parti démocratique ont demandé au gouvernement Harper de bloquer la transaction, faisant valoir qu’elle placerait entre des mains étrangères une technologie canadienne de pointe.


NORTEL : LA HAUTE DIRECTION DÉCIMÉE
Les revenus et les profits en forte baisse
TORONTO — Nortel Networks, géant insolvable du secteur technologique, dit adieu à son PDG, Mike Zafirovski, au moment où l’entreprise se défait de précieux actifs.
Mike Zafirovski, 55 ans, ancien cadre supérieur de Motorola Corp., avait été embauché par Nortel en 2005 dans l’espoir qu’il puisse revitaliser la société. Son départ n’a pas surpris les analystes hier. Sa présence à la barre de l’entreprise était associée dès le début à une phase de sa restructuration.
M. Zaf i r ovski , 55 a ns, ancien cadre supérieur de Motorola Corp., avait été embauché pa r Nortel en 20 05 dans l ’ espoi r qu’i l puisse revitaliser la société. Il quitte immédiatement ses fonctions de président et de PDG.
I l ne sera pas remplacé. L’entreprise demandera plutôt que l’on confie de plus grandes responsabilités à la firme Ernst & Young, nommée par le t r i bunal , qui travaille avec Nortel depuis que l’entreprise a demandé la protection de la cour contre ses créanciers au Canada et aux États-Unis.
Le conseil d’administration de Nortel passera de neuf membres à trois. Parmi les administrateurs qui partent, on compte Harry Pearce, qui a été président de Nortel et qui a joué un rôle de premier plan dans l’embauche de M. Zafirovski.
L’entreprise a aussi fait s avoi r qu’une équipe de cadres, dont le responsable de la restructuration, Pavi Binning, et l e r esponsable de la stratégie, George Riedel, surveillera les opérations et fera rapport au conseil d’administration et à Ernst & Young.
Nortel, fournisseur mondial de réseaux de télécommunicat i ons , qui a déjà été la société ayant la plus grande valeur au Canada, est à vendre ses actifs principaux dans le cadre de sa restructuration.
Pertes accrues
Hier, l ’entreprise a fa it s a voi r q ue s e s r e ve nus avaient chuté de 25 % au deuxième trimestre, à 1,97 milliard US, et précisé que sa perte avait plus que doublé, à 274 millions US, soit 55 cents US par action, comparativement à la période correspondante de 2008.
Cette perte, attribuable en partie à des coûts de réorganisation de 130 millions de dollars canadiens, se compare à une perte de 113 millions, ou 23 cents par action, au cours de la période correspondante terminée le 30 juin de l’an dernier.
Da n s u n c o mmuniqué publié hier, M. Zafirovski a dit croire que la société est en voie de stabiliser ses activités tout en finalisant la vente de sa division sans-fil.
« La direction a été établie et nous sommes maintenant parvenus à un point naturel de transition tandis que nous continuons à fournir des services à nos clients, à maximiser la valeur grâce aux ventes et à poursuivre les activités de restructuration », a souligné M. Zafirovski.
Au départ, M. Zafirovski ava i t a f f i r mé en j a nvier dernier que Nortel visait à conserver ses activités principales et à poursuivre à titre de fournisseur de technologie plus modeste. Toutefois, la société a modifié ses objectifs et elle procède en ce moment à la vente de ses divisions et de ses actifs.
« Nous avons atteint un point de départ logique, a dit M. Pearce. Mike avait pris l’engagement de veiller au processus de stabilisation de la compagnie, à la vente de ses principaux actifs et à la mise en place des bons plans et du personnel qui convient pour poursuive nos activités et servir nos clients. Et c’est ce qu’il a fait. »
M. Pearce estime que M. Zafirovski a réalisé « de grands progrès » sur de nombreux fronts, y compris la résolut ion de grands problèmes juridiques et comptables et la nouvelle orientation donnée à Nortel, qui est passée d’une compagnie axée sur des produits « de patrimoine », plus anciens, à des investissements « de croissance ».
Pas de surprise
Duncan Stewar t , directeur de l ’a nalyse à DSam Consulting et observateur de Nortel depuis longtemps, ne voit pas dans le départ de M. Zafirovski un geste prématuré ou une surprise.
« M. Za f i r ovski e s t un homme d’opérations, et ce n’est pas sur cet aspect que Nortel met l ’accent en ce moment, dit-il. Ce n’est pas quelqu’un qui possède une énorme expérience en ce qui concerne les fusions et acquisitions. C’est la raison de la présence de George Riedel au sein de la compagnie. »

M. Stewart fait observer que M. Zafirovski avait déjà indiqué publiquement qu’il quitterait ses fonctions au moment où Nortel se délesterait de nombreux actifs.

Flou total pour les salariés
  -  Martin Vallières
La l iquidation des act i f s de Nortel, accélérée depuis hier, risque de toucher plusieurs dizaines de salariés à Montréal même si l ’entreprise n’y a plus d’usine depuis des années.
La division Metro Ethernet demeure la principale occupante des quatre immeubles identifiés à Nortel au Technoparc du quartier Saint-Laurent, à Montréal. C’est la prochaine et troisième des quatre divisions de Nortel à devoir trouver preneur, selon les analystes, pour une valeur estimée à un peu plus d’un milliard de dollars américains.
Après l ’ a n nonce de la vente de la division sans-fil à la firme suédoise Ericsson, qui concerne de nombreux emplois de R& D à Montréal et à Ottawa, il s’agit cette fois des employés de la division de Réseaux Metro Ethernet.
C’est la prochaine et troisième des quatre divisions de Nortel à devoir trouver preneur, selon les analystes, pour une valeur estimée à un peu plus d’un milliard de dollars américains.
Cette division est spécialisée dans les technologies de très grande bande passante pour les réseaux de télécommunications de type internet, notamment pour les transmissions audiovisuelles.
Or , c e t t e d i v i s i o n de Metro Ethernet demeure la principale occupante des quatre immeubles identifiés à Nortel au Technoparc du quartier Saint-Laurent , à Montréal, a-t-on confirmé hier à La Presse Affaires.
Selon le dernier chiffre divulgué par Nortel, près de 500 personnes étaient employées à ce principal centre d’activités qui lui reste au Québec. C’est aussi quatre ans après la revente puis la fermeture subséquente de son usine à Montréal, également dans le quartier SaintLaurent, qui a déjà employé plus de 1000 personnes.
« Effectivement, la division Metro Ethernet fait partie des actifs qui devront être vendus par Nortel. Toutefois, on ne peut encore présumer du sort de ses employés, à Montréal ou ailleurs dans l ’ ent r eprise » , a soul i gné Ryan Hill, porte-parole de Nortel au Canada.
L’échéancier de la vente de cette division demeure i mprécis. Du moins, t a nt que n’aura pas été ajusté le processus d’administration judiciaire de protection de faillite dans lequel Nortel évolue depuis janvier.
Un élargissement du rôle du c ontrôleu r déjà mandaté par la Cour, la firme Ernst & Young, est requis a près l ’ a n nonce hier du départ du président de Nortel et de la réduction de son conseil d’administration.
Mais de l’avis d’analystes, la division Metro Ethernet renferme plusieurs technologies de pointe qui font partie des « joyaux » résiduels de Nortel. « Cette division pourrait valoir plus que celle du sans-fil, même si cette valeur a sans doute baissé depuis un an en raison d’une chute des ventes », a récemment affirmé Mark Tauschek, analyste principal d’Info-Tech Research Group, de London, en Ontario.
Les résultats du deuxième t r i mestre 2009 divulgués hier par Nortel confirment un déclin de 27 % des ventes de sa division Metro Ethernet sur une base annualisée, pire que celle de 25 % pour toute l’entreprise.
Aussi , c e s vente s o nt décl i né de 8 % entre l es premier et deuxième trimestres 2009, alors que les ventes totales de Nortel progressaient de 14 %. Quant à la vente de la division sans fil, rappelons qu’une entente a été annoncée à la fin de j uillet avec la société suédoise Ericsson, au prix de 1,1 milliard US.
Toutefois, cette annonce a suscité des requêtes en blocage au fédéral, au motif que les technologies de sans-fil de Nortel devraient rester en mains canadiennes parce que leur mise au point a été largement subventionnée.
À Ottawa, vendredi dernier, le Comité parlementaire de l’industrie à la Chambre des communes a tenu une séance extraordinaire à ce sujet.
Pa r mi l e s s uj e t s d’ i nquiétude : le sort des 400 employés de la division de sans-fil au principal centre de recherche et développement ( R & D) de Nortel au Canada, en banlieue d’Ottawa. Par ricochet, leur sort sous une direction prochaine d’Ericsson pourrait avoir un effet sur le principal centre de R& D en sans-fil de cette entreprise au Canada, situé lui à Montréal.
Quelque 600 personnes t ravaillent à ce centre de R& D d’Ericsson en bordure du bouleva r d Déca r i e, à Montréal.
Depui s l ’ e nt e nt e a ve c Nortel, la direction d’Ericss on au Ca nada s outient qu’elle n’a pas l’intention de fusionner ou de rationaliser ses activités de R & D entre Montréal et Ottawa.
Mais déjà, des intervenants du milieu des télécoms à Montréal doutent du maintien de deux centres de R& D dans le sans-fil à deux heures de route l’un de l’autre.





Audiences d’urgence des députés fédéraux  -  Karine Fortin
« Compte tenu des circonstances entourant la transaction et le nombre de choses en jeu, j’ai pensé qu’il était important que le Parlement tienne un débat public », a dit le député néo-démocrate Brian Masse.
OTTAWA — Des députés fédéraux préoccupés par la vente d’actifs de l’équipementier de télécommunications Nortel Networks à la multinationale suédoise Ericsson ont accepté de suspendre leurs vacances estivales, le temps de tenir des audiences d’urgence sur la transaction annoncée le mois dernier et dont la valeur est d’environ 1,13 milliard de dollars US.
Le comité permanent de l’Industrie, des Sciences et de la Technologie se réunira demain au parlement pour entendre les dirigeants de Nortel et d’Ericsson ainsi que ceux de Research in Motion ( RIM), qui s’est élevée contre le processus de vente aux enchères des actifs et le fait qu’ils soient vendus à une entreprise étrangère.
Des représentants du gouvernement fédéral devraient également assister à la rencontre. Le ministre de l’Industrie a en effet le pouvoir de bloquer une transaction ou d’imposer des conditions à l’acheteur pour des raisons de sécurité nationale s’il estime que cela est dans l’intérêt du pays.
Une première séance aura lieu demain et d’autres pourraient suivre.
Conséquences
L e néo - démoc r a t e Br i a n Masse, qui a eu l’idée de tenir des audiences sur Nortel, dit vouloir poser des questions sur les conséquences potentielles de la vente de la quasi-totalité des activités CDMA (système appliqué dans les réseaux de téléphonie mobile) et les actifs LTE Access ( prochaine génération) de Nortel.
« Compte tenu des circonstances entourant la transaction et du nombre de c hoses en j eu, dont la technologie, j ’ai pensé qu’il était important que le Parlement tienne un débat public », a-t-il expliqué en entrevue à La Presse Canadienne.
Le député, qui représente la ville ontarienne de Windsor, trouve important que les parlementaires examinent les tenants et aboutissants du t ra nsfert de propriété i ntellectuelle et d’autres actifs et formulent des recommandations au ministre, s’ils le jugent à propos.
I l souligne que les contribuables canadiens ont payé une partie des frais de recherche et développement de l’entreprise et qu’il est normal qu’on les tienne au courant de ce qu’il advient de leur investissement.
Il était urgent d’organiser une rencontre puisque la transaction a déjà obtenu l’aval des tribunaux au Canada et aux États-Unis, en dépit de l’opposition de RIM, qui souhaitait acquérir les technologies en jeu mais s’est vu refuser l’occasion de présenter une offre en bonne et due forme.
Garanties
Pour leur part, les libéraux entendent profiter des audiences pour obtenir des garanties qu’Ericsson continuera à investir au Canada après avoir mis la main sur les actifs de son ancienne rivale.
I ls veulent aussi en savoir plus sur la stratégie du gouvernement Harper en matière de haute technologie.
« Ça fait plusieurs mois que l e processus de f a i l l i t e de Nortel et ensuite l’encan pour une partie de la compagnie se déroulent, et tout ça s’est fait dans les médias et derrière des portes fermées. Le gouvernement n’a certainement pas partagé sa stratégie ou les informations qu’il a recueillies » , a fait valoir le député libéral Marc Garneau. Comme c’est son habitude, le Bloc québécois tentera de voir quels sont les avant ages du rachat pour le Québec. Le porte-parole en matière d’ I ndustrie, Robert Bouchard, a aussi indiqué qu’il s’intéresserait au sort des travailleurs et de leur régime de retraite.
Longtemps considérée comme le f leuron du secteur des télécoms au Canada, Nortel s’est placée sous la protection des t ribunaux en j anvier dernier après plusieurs années de restructuration. L’entreprise est en voie d’être démantelée.



Adieu Nortel  - 
ANDRÉ PRATTE
Des voix s’élèvent en faveur d’une intervention gouvernementale pour bloquer la vente des actifs sans-fil de Nortel à la multinationale suédoise Ericsson. Ottawa doit faire la sourde oreille aux chants des sirènes nationalistes.
Au cours des dernières semaines, la vente-débarras de Nortel s’est déroulée dans l’indifférence la plus totale. Il a fallu que Research in Motion (fabricant du BlackBerry) lance un pavé dans la mare pour que, brusquement, le sort des morceaux de Nortel devienne une question de vie ou de mort nationale.
Les actifs sans-fil de Nortel ont été mis aux enchères par les tribunaux supervisant la faillite de l’entreprise. Trois investisseurs étrangers ont participé au processus; Ericsson est sortie gagnante grâce à une mise de 1,1 milliard US. RIM a refusé de se plier à certaines des conditions des enchères et, plutôt que de les contester devant les tribunaux, a décidé de porter sa cause devant l’opinion publique en faisant vibrer la corde nationaliste. Demandant au gouvernement d’examiner soigneusement la transaction, RIM soutient que ces précieux actifs, qui comprennent des centaines de brevets, devraient rester entre des mains canadiennes (c.-à-d. les siennes).
Ericsson n’est pas un prédateur. Établie au Canada depuis plus de 50 ans, elle y est un des plus importants investisseurs en R& D grâce aux activités de son centre de recherche de Montréal (600 employés). Bien qu’une rationalisation est à prévoir, il est certain qu’Ericsson ne se sauvera pas du pays avec les actifs de Nortel dans une valise à double fond. Il est aussi plus que probable qu’elle les gérera mieux que les fiers Canadiens ayant provoqué le gâchis que l’on sait.
Le gouvernement fédéral enverrait un bien mauvais message aux investisseurs étrangers s’il rejetait la proposition d’Ericsson, faite dans le respect des règles, pour ouvrir la voie à l’offre d’une entreprise canadienne qui n’a pas voulu jouer le jeu. Une telle décision découragerait l’investissement étranger dont profite grandement le Canada et susciterait des représailles à l’endroit des compagnies canadiennes souhaitant étendre leurs activités ailleurs sur la planète.
Le gouvernement Harper doit bien sûr se pencher sur la transaction Nortel-Ericsson, comme le lui commande la Loi sur Investissement Canada. En vertu de cette loi, Ottawa a bloqué l’an dernier la vente de la division spatiale de MacDonald Dettwiler and Associates, fabricant du satellite Radarsat II et du Canadarm, à l’américaine Alliant Techsystems. Cependant, il n’y a pas de commune mesure entre les deux transactions. Contrairement à Ericsson, Alliant n’est pas présente au Canada. Contrairement aux actifs sans-fil de Nortel, la division spatiale de MDA a une valeur stratégique irremplaçable pour le Canada. Enfin, MDA est une entreprise florissante, ce qui n’est évidemment pas le cas de Nortel.
Certes, comme le soutient le patron de RIM, Jim Balsillie, il faut une « solution canadienne » à la vente des actifs sans-fil de Nortel. Or, cette solution canadienne, c’est-à-dire la solution la plus conforme aux intérêts du Canada, c’est la vente de ces actifs à Ericsson.


Nortel : Le vieux réflexe  -  Adrien Pouliot
Ottawa ne devrait pas bloquer la vente d’actifs de Nortel pour conserver un « contrôle » canadien
Ce qui compte, c’est d’avoir un climat d’investissement attrayant au Canada pour encourager la croissance de compagnies locales
et l’établissement de filiales étrangères.
L’auteur est président de Draco Capital Inc., une société d’investissement privée. Le vieux réf lexe nostalgique nationaliste canadien de conserver sous contrôle canadien les actifs de Nortel n’est pas fondé sur de sains principes économiques. C’est la meilleure offre, celle d’Ericsson, qu’il faut accepter pour rembourser les créanciers garantis de Nortel qui, à défaut, pourraient recevoir un paiement moindre.
Pour avoir des marchés de capitaux qui fonctionnent bien, les créanciers doivent pouvoir, en cas de défaut de paiement de leur débiteur, exercer leur garantie et vendre les actifs au plus offrant pour se faire rembourser. Si le gouvernement intervient pour empêcher la vente, on risque de faire augmenter le coût d’emprunt des entreprises, car les prêteurs vont demander un rendement plus élevé pour compenser la perception de risque accru.
De plus, les investisseurs en capital de risque, qui espèrent vendre leurs actions à profit à des étrangers, pourraient investir moins ou ailleurs qu’au Canada, par crainte qu’Ottawa n’intervienne au moment de la vente.
La somme de 1,13 milliard d’Ericsson, importée de l’étranger et investie ici, servira à rembourser les prêteurs de Nortel qui recycleront ces fonds dans l’économie canadienne à un moment on ne peut plus opportun. De plus, en supposant que Research In Motion, la concurrente canadienne frustrée d’avoir perdu les enchères pour ces actifs, investisse dans les télécommunications canadiennes la somme de 1,1 milliard qu’elle était prête à débourser pour acheter ces actifs de Nortel, le Canada pourrait bénéfera fructifier son investissement en moussant la mise au point et la mise en marché partout dans le monde des nouvelles technologies canadiennes sur lesquelles planchent déjà les ingénieurs de Nortel.
Finalement, l’argument du ministre ontarien des Finances selon lequel il faudrait garder la propriété canadienne parce que les contribuables ont aidé à financer la mise au point de la technologie de Nortel consiste à utiliser comme prétexte une mauvaise politique (subventionner des compagnies privées) pour appuyer une seconde mauvaise politique (intervenir pour bloquer des investisseurs étrangers).
Ceux qui veulent une solution protectionniste ont une vision statique et se concentrent sur la seule nationalité de l’acheteur. Ce qui compte, c’est plutôt d’avoir ficier d’un total de 2,23 milliards d’investissements. La solution protectionniste aurait pour effet de garder un « contrôle » canadien plus grand sur une industrie plus petite, qui grandirait probablement moins vite en conséquence d’une telle décision.
Par contre, la solution de libre marché ferait en sorte de rendre l’industrie des télécommunications plus forte, plus importante et plus dynamique, ce qui ne peut que bénéficier aux Canadiens. Entre les mains d’Ericsson, les brevets et la propriété intellectuelle canadienne ne disparaîtront pas. Au contraire, Ericsson un climat d’investissement et de production attrayant au Canada pour encourager la croissance de compagnies locales (qui pourront ultérieurement connaître une expansion à l’étranger), de même que l’établissement ici de filiales étrangères.

En intervenant pour contrer Ericsson, le gouvernement enverrait aux étrangers le message que le Canada souhaite rester à l’écart des réseaux de production multinationaux. Un tel geste encouragerait des représailles similaires contre nos propres compagnies lorsqu’elles feront des offres d’achat à l’étranger.






La béquille inflationniste  -  Laurent Desbois
Il y a un danger réel que les gouvernements remplacent de plus en plus le secteur privé comme source d’emplois
Seule l’innovation du secteur privé peut augmenter la capacité productive de l’économie, augmentation requise pour limiter les hausses de prix.
L’auteur est président de la société d’investissements Fjord Capital. Le tsunami financier de l’été 2007 a été caractérisé par l’éclatement de la bulle du crédit. S’en est suivi la crise économique en 2008 générée par un consommateur qui ne veut (et qui ne peut) plus emprunter, réduisant du coup l’activité économique.
La réponse gouvernementale au Canada, et surtout aux États-Unis, a été d’augmenter de façon substantielle les dépenses et les déficits. Ces déficits sont nécessaires afin d’éviter que le taux de chômage n’augmente trop.
La culture de la dette cependant n’a pas changé avec l’éclatement de la bulle du crédit. On remplace tout simplement la dette privée par la dette publique. La nature humaine étant ce qu’elle est, la liste de demandes d’interventions de la part des gouvernements risque de s’allonger de façon substantielle. La pression sera grande, surtout aux États-Unis après avoir tant dépensés pour sauver les banques et les compagnies d’assurance.
Par contre, à long terme, ces dépenses ne rendront pas nos économies dynamiques. Il y a un danger réel que la béquille gouvernementale remplace le secteur privé comme source d’emplois.
La conséquence de cette intervention sans fin des gouvernements sera l’inflation. Tout simplement parce qu’il sera plus facile de réduire la dette en imprimant de l’argent qu’en taxant les revenus. Et aussi parce que, malgré la crise, seule l’innovation du secteur privé peut augmenter la capacité productive de l’économie, augmentation requise pour limiter les hausses de prix.
Dans un contexte de fortes dépenses gouvernementales, les banques centrales n’auront pas l’indépendance nécessaire pour restreindre l’inflation. Si les gouvernements élus engrangent des déficits qui génèrent de l’inflation, sur quelle légitimité démocratique les banques centrales peuvent-elles s’appuyer pour réduire l’inflation? Les pressions seront énormes pour ne pas augmenter les taux d’intérêt.
Au Canada, nous avons le bénéfice d’être producteur de matières premières dont les prix augmenteront. Nous deviendrions de grands rentiers en recevant nos royautés. Comme dit l’investisseur américain Jim Rogers, dans ce monde inflationniste, ce ne sont pas les banquiers, mais les fermiers qui vont conduire des Lamborghini.
Cependant, les conséquences seront désastreuses pour les pays manufacturiers qui importent des matières premières, et pour les États-Unis. Outre le transfert de richesse massif vers les producteurs de matières premières, ainsi que le transfert des poids politique, économique et probablement militaire qui y seront associés, le désordre social inhérent à l’inflation ne peut être sousestimé. Lénine aurait dit que la meilleure façon de détruire le capitalisme est de dévaluer sa devise, car l’inflation provoque un transfert massif de richesse entre épargnants et emprunteurs, entre rentiers et producteurs, et entre générations, tout en écrasant la classe moyenne d’une combinaison d’impôts élevés et des prix qui ne cessent de monter.
Il n’y a pas eu de discussion sur la place publique quant à la nature temporaire que doit avoir cette augmentation du rôle des gouvernements. En effet, en laissant ainsi le génie sortir de sa bouteille, on risque fortement de semer les graines de la prochaine crise.
Clairement, cette route ne doit pas être prise. La classe politique aura-telle le courage de faire demi-tour dans un an ou deux lorsque la crise financière sera derrière nous ? Le débat doit commencer aujourd’hui, surtout chez nos voisins du Sud.




Un « BS corporatif »  -  Adrien Pouliot
GM et Chrysler auraient pu trouver du financement sans l’intervention de l’État
Si les deux entreprises disparaissaient complètement comme par magie, le chômage créé ne serait pas permanent.
L’auteur est président de Draco Capital Inc., société d’investissement privée.
L’implication du gouvernement amér ica i n ( et canadien) dans la réorganisation de GM et Chrysler soulève plusieurs interrogations.
On a justifié cette intervention en disant que ces entreprises sont trop importantes pour faire faillite. La vraie question n’est-elle pas plutôt celle-ci : « Pourquoi le contribuable doit-il subventionner deux entreprises qui n’ont pas su répondre aux besoins de leurs clients tout en générant un profit? »
On a aussi dit que de permettre aux deux entreprises de déclarer banqueroute jetterait au chômage des milliers de travailleurs. C’est un argument alarmiste, car souvent les entreprises réussissent leur réorganisation et émergent avec une structure de production plus réaliste pour poursuivre leurs opérations (comme Chrysler après sa première faillite).
Mais même si GM et Chrysler disparaissaient complètement comme par magie, le chômage créé ne serait pas permanent : les travailleurs, après une période de transition, se replaceraient. Cette étape de « nettoyage » est salutaire et nécessaire: ce chômage temporaire permet aux acteurs du marché de déplacer ces ressources qui sont mal utilisées à construire des voitures dont on ne veut pas à trop haut coût là vers d’autres activités où elles produiront des biens que les consommateurs veulent.
L’intervention de l’État dans ces deux restructurations aurait aussi permis, selon ses partisans, aux deux entreprises d’obtenir du financement pour survivre pendant la réorganisation. Or, depuis le début de la crise économique, des milliards de dollars ont été prêtés par des prêteurs spécialisés en financement d’entreprises en difficulté et par les actionnaires, fournisseurs, employés et clients de celles-ci. On se demande donc pourquoi GM et Chrysler n’auraient pas pu trouver un tel financement. Si aucun financement n’avait été trouvé, les actifs les plus attrayants des deux compagnies auraient pu être vendus au plus offrant (comme Opel a été vendue à Magna) et les autres actifs dont personne ne voulait auraient pu être liquidés sous la supervision d’un juge de faillite.
Par contre, la présence de l’Oncle Sam a eu comme effet pervers de court-circuiter le processus de restructuration déjà bien établi par les lois d’insolvabilité aux ÉtatsUnis. En effet, l’Oncle Sam a décidé de favoriser certains groupes de créanciers au détriment d’autres. Par exemple, le fonds d’assurance-maladie des travailleurs de GM, géré par le syndicat, recevra 39% des actions de la « nouvelle GM » restructurée contre l’annulation de 10 milliards de dettes qui lui étaient dues par GM, alors que les porteurs d’obligations, à qui GM doit 27 milliards, n’en recevront que 10%.
La confiance des prêteurs en l’inviolabilité des contrats et de la règle de droit dans de telles circonstances en a pris pour son rhume! Et chaque fois qu’on augmente l’incertitude et le risque lié à des investissements, on peut s’attendre à ce qu’il y ait moins d’investissements dans l’avenir, donc moins de croissance et moins de prospérité.
Enfin, cette approche interventionniste favorise une attitude de « bien-être social corporatif ». Si vous étiez Ford, Toyota ou Honda, ne seriez-vous pas tentés d’appeler au secours de l’État? Et comme investisseur, voudriez-vous acheter des actions de Ford (et Ford pourra-t-elle à l’avenir se financer en émettant des actions?) en sachant que votre concurrent appartient au gouvernement des États-Unis, lequel peut changer les règles du jeu en tout temps en sa faveur ?


Québec doit dire non - Il serait inéquitable de garantir les rentes des retraités des régimes à prestations déterminées
Il serait injuste de protéger les retraités déjà privilégiés d’avoir un régime à prestations déterminées et de ne rien faire pour ceux qui ont un REER collectif.
L’auteur est président de Girardin – Actuariat et Communication inc.
Face à un déficit de plus de 1,3 milliard, parions que les retraités d’AbitibiBowater demanderont l’aide de Québec si la compagnie fait faillite... avec pour résultat que tous les autres retraités verront leurs rentes réduites.
Récemment, La Presse titrait : « Les retraités de Boisbriand demandent l’aide de Québec », dans le cadre de la faillite appréhendée de GM. Face à un déficit de plus de 1,3 milliard, les retraités d’AbitibiBowater feront de telles demandes si la compagnie fait faillite… et tous les autres retraités qui verront leurs rentes réduites aussi.
Le gouvernement du Québec doit refuser de les aider.
Les régimes de retraite à prestations déterminées garantissent les rentes promises contrairement aux REER, dont les participants assument tous les risques. La garantie est donnée par la caisse de retraite et la solvabilité de l’employeur. Un problème survient quand l’entreprise fait faillite et qu’il manque d’argent dans la caisse… la loi prévoit que l’on doit réduire les prestations promises incluant celles des retraités.
Au Québec, à peine 40% des travailleurs ont la chance de participer à de tels régimes de retraite, et ils sont principalement dans le secteur public et parapublic.
Le régime de retraite fort généreux de GM Canada est un des éléments qui a rendu l’usine GM de Boisbriand non compétitive.
Les régimes de retraite des papetières sont aussi parmi les plus généreux et les parties négociantes n’ont pas arrêté d’augmenter les prestations de ces régimes lors du renouvellement des conventions collectives en sachant fort bien que les régimes de retraite n’étaient pas dans une bonne situation financière. On reportait le problème à plus tard, on étalait le paiement du déficit au maximum…
Faire payer les déficits de ces régimes par les contribuables, qui dans la grande majorité n’ont pas la protection d’un régime de retraite à prestations déterminées et qui ont subi des pertes importantes dans leur REER est totalement inéquitable.
Faire payer les employeurs qui ont un régime de retraite à prestations déterminées? On appelle cela un fonds de garantie et cela existe en Ontario et aux États-Unis. C’est une catastrophe financière, les fonds de garantie ont des déficits importants et en bout de piste, c’est l’ensemble des contribuables qui doivent combler les déficits des fonds de garantie. C’est inéquitable et inacceptable socialement.
Il serait injuste de protéger les retraités déjà privilégiés d’avoir un régime à prestations déterminées et de ne rien faire pour ceux qui ont un REER collectif et qui ont eux aussi subi les conséquences de la crise financière. Que dira-ton à ceux qui perdent leur emploi et qui n’ont pas de régimes de retraite si on aide seulement les retraités des régimes à prestations déterminées?
Comprenons-nous bien, je trouve dramatique que les rentes des retraités soient réduites en cas de faillite de l’employeur qui parraine le régime. Mais ce n’est pas au gouvernement du Québec, et par ricochet l’ensemble des contribuables, de garantir le paiement des rentes des retraités des régimes à prestations déterminées.
On devrait mieux protéger les prestations des régimes de retraite, non seulement celles des retraités, mais aussi celles de tous les autres participants non retraités.
Le projet de loi 30 adopté par Québec et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2010 apporte des améliorations à la sécurité des prestations en exigeant la création d’une réserve de contingences qui diminuera les probabilités qu’un régime se termine en position déficitaire. Mais entendons-nous bien, ce n’est pas une garantie que les prestations seront toujours payées à 100%. Avant de créer cette réserve de contingences, il faut tout d’abord combler les déficits actuels.


Le Canadien : Un investissement discutable
La participation du Fonds de solidarité à l’achat du Canadien coûtera des millions au Trésor québécois.
Les auteurs sont respectivement professeur au département d’économie de l’Université de Montréal et fellow au CIRANO, et économiste et directeur de projet au CIRANO.
Quelques heures après que la rumeur de la vente du Canadien de Montréal à la famille Molson ait été confirmée, on faisait déjà valoir que les acheteurs ne bénéficieraient d’aucun support public pour conclure la transaction, même pas du « prêt avec intérêt » qui leur avait été offert par le gouvernement du Québec. Une transaction 100% privée, en somme. C’est faux, puisque cette transaction représentera un coût de plusieurs millions de dollars pour l’État québécois.
C’est l’implication du Fonds de solidarité de la FTQ dans le groupe d’acheteurs qui vient troubler les cartes. Pour chaque dollar investi dans le Fonds, l’État québécois offre un crédit d’impôt de 15 cents. Si ce placement est fait sous forme d’une contribution à un REER, la valeur de l’aide fiscale passe alors à 39 cents par dollar investi.
On ne connaît pas encore le montant réel de la transaction, ni la valeur de la participation du Fonds de solidarité dans le montage financier. Néanmoins, si le Fonds contribue 50 millions, soit 10% de la somme totale de la transaction estimée par les commentateurs, il en coûtera entre 7,5 et 19,5 millions au Trésor québécois. Sans compter que les mêmes déductions s’appliquent également au niveau fédéral. Bien que le gouvernement ne fasse aucun versement en argent sonnant et trébuchant, ces mécanismes fiscaux représentent tout de même un coût puisque l’État renonce à percevoir un revenu. On appelle cela une dépense fiscale.
À l’origine, ce traitement privilégié a été consenti aux actionnaires du Fonds de solidarité parce que l’objectif premier de celui-ci est de « de créer, maintenir ou sauvegarder des emplois au Québec ». Cette mesure était fort louable dans le contexte de création du Fonds, en 1983, alors que le taux de chômage était de 14,6%. Mais quels emplois étaient réellement menacés par la vente du club de hockey?
Peut-être que cet investissement répond alors à l’objectif du Fonds de « stimuler l’économie québécoise par des investissements stratégiques » ? Cet argument reste à démontrer. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le départ de l’équipe de Montréal ne semble jamais avoir été réellement envisagé. Dans ces conditions, on voit mal comment le dynamisme économique de la métropole puisse servir de prétexte à l’implication du Fonds. Si au moins cet investissementavait servi à amener les Coyotes de Phoenix à Québec, on aurait alors pu évoquer la stimulation économique!

En somme, bien que la transaction annoncée ce week-end recèle de bonnes nouvelles pour les partisans montréalais du club, elle se conclura avec un coût net pour l’ensemble des Québécois. Sans compter qu’elle s’inscrit apparemment en faux avec les objectifs du Fonds de solidarité. Son président-fondateur, Louis Laberge, a dû se retourner dans sa tombe en voyant pour quelles fins le fonds qu’il a créé fait désormais « appel à l’épargne et à la solidarité de l’ensemble de la population québécoise ».



« JE SUIS PROFONDÉMENT DÉSOLÉ »  -  Richard Hétu
Le PDG de Toyota offrira ses excuses devant une commission du Congrès américain aujourd’hui
« Je crains que le rythme auquel nous avons grandi ait été trop rapide. Nos priorités se sont embrouillées et nous n’avons pas pris le temps de réfléchir afin d’apporter les améliorations voulues comme nous le faisions par le passé. »
Les dirigeants de Toyota ont fait un mea-culpa officiel, hier, en affrontant les critiques et les questions des parlementaires américains à l’orée de deux jours d’auditions sur les défaillances techniques des voitures du constructeur japonais. L’exercice s’annonce particulièrement difficile pour le PDG, Akio Toyoda, un homme discret et timide qui a été propulsé à la tête du conglomérat fondé par son grand-père.
  Conductrice d’une Lexus, Rhonda Smith a témoigné devant une commission du Congrès de son expérience horrifiante alors qu’elle n’arrivait pas à arrêter son véhicule roulant à 160 km/h.
NEW YORK — Au moment même où le PDG de Toyota diffusait le texte du meaculpa qu’il doit prononcer aujourd’hui devant une commission du Congrès, la conductrice d’une Lexus racontait aux membres d’une autre commission son expérience horrifiante au volant de son véhicule dont elle n’aura réussi à arrêter la course folle qu’au bout de 9 km parcourus à 160 km/h.
« Honte à vous, Toyota, pour avoir été si avare et honte à la NHTSA pour ne pas avoir fait votre travail », a lancé Rhonda Smith en utilisant le sigle de l’agence de sécurité routière américaine.
L a déclaration d’Akio Toyoda, qui attribue à la croissance trop rapide de son groupe les problèmes de sécurité auxquels celui-ci fait face, et le témoignage de Rhonda Smith ont représenté deux des faits marquants de la première des deux journées d’auditions du Congrès américain sur les rappels massifs de Toyota.
Les audiences d’hier ont également permis aux parlementaires américains de critiquer la façon dont Toyota a géré la crise ainsi que d’exprimer leur scepticisme face aux explications du constructeur sur la cause des problèmes d’accélération soudaine à l’origine de la majorité des rappels.
Quant au directeur de l’exploitation de Toyota aux ÉtatsUnis, Jim Lentz, il a reconnu lors de son audition que tous les rappels de son groupe – plus de 8 millions de véhicules dans le monde et plus de 6 millions aux États-Unis – pourraient ne pas avoir réglé une fois pour toutes le problème des accélérations involontaires.
« Nous sommes vigilants et nous continuons à examiner toutes les causes possibles », a-til déclaré devant la commission de l’Énergie et du Commerce de la Chambre des représentants.
Audition très attendue
Le mea-culpa d’Akio Toyoda doit intervenir au début de son audition très attendue devant la commission de la Surveillance et de la Réforme gouvernementale de la Chambre des représentants.
« Je crains que le rythme auquel nous avons grandi ait été trop rapide, affirmet-i l dans le texte du discours qu’il doit prononcer aujourd’hui. Nos priorités se sont embrouillées et nous n’avons pas pris le temps de réfléchir afin d’apporter les améliorations voulues comme nous le faisions par le passé. »
« Je déplore que cela ait débouché sur les problèmes de sécurité décrits dans les rappels auxquels nous faisons face aujourd’hui et je suis profondément désolé pour tout accident qu’auraient subi des conducteurs de Toyota », ajoute le petitfils du fondateur du constructeur japonais, qui présentera ses condoléances à la famille Saylor, impliquée dans un accident de la route ayant coûté la vie à quatre de ses membres l’automne dernier à San Diego.
Le PDG de Toyota poursuit son mea-culpa en assurant qu’il a redonné la priorité à la qualité des véhicules plutôt qu’aux volumes de production depuis son accession à la tête du groupe en juin dernier.
Il reste à savoir si son discours amadouera les parlementaires américains. Hier, le président de la commission de l’Énergie et du Commerce de la Chambre des représentants, Henry Waxman, s’est dit « déçu par la réaction de Toyota aux problèmes d’accélérations i nvolontaires », précisant que « les plaintes des consommateurs doivent être prises au sérieux ». Il a également déploré le fait que « ni Toyota ni le gouvernement ne se soient penchés sérieusement sur le fait que des dysfonctionnements électroniques pourraient être à l’origine » des accélérations soudaines.
« La NHTSA n’a même pas d’ingénieur en électronique » dans ses effectifs, a-t-il dénoncé.
Malgré les témoignages de deux experts en électronique contredisant Toyota, Jim Lentz, directeur de l’exploitation du groupe aux États-Unis, a répété que des problèmes de tapis de sol ou de pédales se coinçant étaient la cause des accélérations involontaires.
Il a précisé que le constructeur préparait l’installation d’un nouveau système de freinage qui permettra aux conducteurs de presque tous les véhicules Toyota de surmonter tout problème lié à la pédale d’accélérateur.
Dans le texte qu’il a lu au début de son audition, Jim Lentz a présenté des excuses au public.
« Pour le dire simplement, nous avons mis trop de temps à prendre en compte un rare mais sérieux ensemble de problèmes de sécurité, malgré tous les efforts que nous avons déployés de bonne foi », a-t-il déclaré.
« Nous reconnaissons ces erreurs, nous nous en excusons et nous avons appris de ces erreurs », a-t-il ajouté.

Toyota: le charme est rompu -  Denis Arcand
Toyota semblait s’enfoncer dans la crise, hier, en étendant sur trois continents ses rappels de sécurité à des millions de véhicules. Plusieurs analystes de l’industrie automobile mondiale se demandent si le géant japonais va perdre son actif le plus précieux: la confiance de ses clients.
Plusieurs experts affirment que Toyota a peu à peu vendu son âme, lorsqu’elle s’est lancée dans une expansion rapide aux États-Unis, produisant davantage de grosses voitures et des VUS.
Jusqu’à récemment, Toyota était le premier de classe incontesté de l’industrie automobile, s’étant patiemment taillé une réputation enviée de fiabilité et de sécurité, à bon prix. Il lui faudrait un musée pour regrouper sous un même toit les prix de qualité et de fiabilité remportés par ses véhicules.
Sa réputation se mesurait même en dehors de son industrie. Exemple: en octobre 2009, au beau milieu de la crise mondiale dans l’automobile, Toyota a été l’unique constructeur automobile à se classer parmi les 10 plus grandes marques du top 100 annuel de la firme de marketing Interbrand, très loin au-dessus de Mercedes-Benz, BMWet Honda.
C’est durant cette année où toute l’industrie a perdu des revenus que Toyota a ravi à l’américaine General Motors sa couronne de No 1 mondial de l’automobile.
Mais depuis quelque temps, les enjeux de sécurité et de fiabilité qui touchent Toyota se suivent en cascade, alors que la qualité des américaines et des coréennes est meilleure que jamais.
Les pédales d’accélération suspectes (il y a eu des accidents mortels) de Lexus et de Toyota ont un impact tel que certains clients américains qui viennent d’acheter une Toyota refusent d’en prendre possession chez le concessionnaire, rapportait mercredi la revue Automotive News. Ils attendent que Toyota ait trouvé la solution.
En attendant, Toyota a suspendu ses ventes de huit modèles nord-américains et fermera six chaînes de montage ce soir, jusqu’à nouvel ordre.
«Cette décision sans précédent dans l’industrie automobile montre le sérieux de cet enjeu de sécurité», a écritMichelle Krebs, une analyste chevronnée du marché automobile chez Edmunds. com. «On a commencé avec des tapis d’appoint; ensuite, c’était l’usure d’une pièce; nous voici maintenant devant un arrêt de production total. Je ne peux m’empêcher de penser que la crédibilité de l’entreprise est remise en question»
Plusieurs experts affirment que Toyota a peu à peu vendu son âme, il y a une dizaine d’années. À cette époque, Toyota s’est lancée dans une expansion rapide aux États-Unis, se lançant dans les grosses voitures et les VUS. Elle s’est ainsi éloignée du domaine d’expertise où elle est imbattable, les compactes et les intermédiaires, à la poursuite de GM et du 1er rang mondial. Les experts pensent que cette expansion s’est faite aux dépens du contrôle de la qualité qui a fait sa réputation et qui, justement, l’a amenée au premier rang.
Or, « il n’y a rien d’autre dans cette marque », a dit au Los Angeles Times John Wolkonowicz, spécialiste automobile chez IHS Global Insight. « La marque n’est pas bâtie sur l’élégance des voitures, ni sur une conduite exceptionnelle, ni sur la performance. Elle est bâtie sur la qualité et sur le coût d’entretien bas. »
Selon Shigeru Matsumura, analyste chez SMBC Friend Securities, les rappels récents « ont terni la réputation de qualité de Toyota, qui est à la base de sa force. Cela donne une nouvelle chance aux constructeurs comme General Motors. »
Mais les problèmes actuels de Toyota ne doivent pas être exagérés. Le constructeur japonais demeure une force formidable. Le nouveau président de Toyota, Aiko Toyoda, n’obsède pas sur la croissance. Il a promis de recentrer Toyota vers ses valeurs originales de qualité et de minutie.


Tata veut lancer sa Nano sur le marché américain
NEW DELHI — Le constructeur indien Tata veut lancer sur le marché américain une version de la Nano, présentée comme la voiture la moins chère du monde, dotée d’un moteur plus puissant et de normes de sécurité plus élevées, a-t-il annoncé hier lors du salon AutoExpo de New Delhi.
« Nous reconnaissons qu’il y a un marché des voitures à bas prix, non seulement dans l es pays émergents mais aussi dans les marchés développés », a déclaré à des journalistes le président du groupe Tata Motors, Ratan Tata, au premier jour du 10e salon automobile de la capitale fédérale.
« Pour l es Américains, nous avons besoin d’une voiture avec un moteur plus puissant, ce qui i mplique des t e s t s de s i mulat i on d’accident supplémentaires et des modifications. Nous sommes en train de procéder à tout cela », a-t-il précisé.
La Nano, une voiture compacte à quatre portes vendue 2500 $ US dans sa version de base et 3700 $ US avec options, avait été présentée lors du précédent salon auto de New Delhi en 2008.
Elle a été l a nc é e s u r l es r outes i ndienne l ’ été dernier.
Le l a ncement médiatique de cette voiture a créé un engouement parmi les constructeurs mondiaux qui s ’engouffrent t our à t our dans le créneau des petites citadines économiques.


L’effet des primes à la casse s’estompera bientôt
— Des immatriculations en hausse dans les grands marchés européens et au Japon, de bons résultats-surprises de Ford aux États-Unis: la prime à la casse continue de soutenir le marché automobile, mais ses effets devraient s’estomper l’an prochain.
La France, l’Allemagne et l’Espagne ont enregistré des bonds de plus de 20 % des immatriculations le mois dernier, et la Grande-Bretagne de plus de 30%, la hausse la plus forte depuis le début de l’année. Le Japon et l’Italie ne sont pas en reste, selon des chiffres publiés cette semaine.
Aux États-Unis, Ford a réalisé au troisième trimestre ses meilleures ventes depuis quatre ans, tandis que le géant General Motors a justifié sa volte-face sur Opel, qu’il a décidé finalement de garder dans son giron, par une amélioration de la situation en Europe.
Ces bonnes performances s’expliquent principalement pa r deux f ac t eurs, s elon Bertrand Rakoto, analyste du cabinet d’études Polk France, interrogé par l’AFP.
Tout d’abord, « un effet de comparaison » favorable, explique M. Rakoto. L’automne 2008 avait en effet été particulièrement mauvais pour les constructeurs automobiles en raison de la crise.
Surtout, les marchés sont dopés depuis plusieurs mois par des mesures d’incitation à l’achat mises en place par les gouvernements, comme la prime à la casse.
« Le fait que le marché des véhicules utilitaires et des poids lourds soit toujours sinistré est assez révélateur de l’impact de la prime à la casse » sur celui des voitures particulières, commente Guillaume Mouren, analyste du cabinet d’études Xerfi.
Cet effet joue à plein depuis le début de l’année en Allemagne ou en France, depuis moins longtemps en Espagne ou en Italie, qui ont adopté la même mesure plus tardivement. Sur le plan des constructeurs, les aides gouvernementales ont particulièrement profité aux groupes japonais.
Aux États-Unis, la situation est un peu moins rose. « C’est un marché qui mettra du temps à panser ses blessures » car il est saturé, estime M. Rakoto.
Ce coup de pouce devrait se prolonger dans les mois à venir, même dans les pays où les primes ont été épuisées ou vont diminuer, car des véhicules commandés cet été peuvent être livrés avec plusieurs mois de décalage, explique M. Rakoto, se basant sur l’exemple de l’Allemagne.
Mais les ristournes accordées aux automobilistes ne vont pas porter éternellement les marchés, avertissent les analystes. M. Rakoto table sur une fin d’année et un premier trimestre 2010 plutôt positifs, puis de nouveau un creux avant un rebond attendu au quatrième trimestre.
« Les bons chiffres de 2009 sont artificiels », ajoute-t-il.
Son homologue de Xerfi est plus négatif. « Dès que les primes à la casse vont disparaître, on peut s’attendre à une rechute des marchés » et une nette reprise n’est pas à attendre avant 2011.
Pour lui, les ménages ont été fortement incités à remplacer leurs voitures cette année et i ls vont ensuite consacrer leur argent à d’autres dépenses.
Cer t a i ns c onst r ucteu r s pourront compenser part iellement ce recul par la reprise sur les marchés émergents. Le numéro un européen Volkswagen, très bien implanté en Chine, compte ainsi sur la reprise observée dans ce pays et au Brésil pour faire mieux que les autres constructeurs cette année.
Cela pourrait aussi être le cas pour PSA ou Hyundai, pour qui les marchés émergents « sont des relais de croissance », selon M. Mouren.

En attendant une reprise des marchés mondiaux, « les primes à la casse ont pleinement joué leur rôle », conclut M. Rakoto.


Les principales réactions face à Opel
Voici les principales réactions hier à l’annonce du revirement du constructeur automobile américain General Motors, qui a finalement décidé de garder le constructeur Opel dans son giron. > L’Allemagne exprime son étonnement et sa colère, son ministre de l’Économie Rainer Brüderle jugeant « inacceptable » la décision de GM. > Les syndicats allemands d’Opel annoncent des « actions de protestation » sur tous les sites allemands dès aujourd’hui, qui doivent ensuite s’étendre à l’échelle européenne. > La Maison-Blanche se dit étrangère au revirement. « Les décisions de GM sont prises par sa direction, elles ne sont prises par personne à la Maison-Blanche. » > La Russie veut un examen des recours juridiques possibles après ce refus de GM de céder sa filiale Opel au canadien Magna associé à la banque publique russe Sberbank, une transaction chère à l’ homme fort du pays Vladimir Poutine. > La Commission européenne espère que l e nouveau plan de restructuration est « fondé sur des motifs économiques solides, en vue d’assurer la viabilité à long terme d’Opel et des emplois durables » pour ses travailleurs. > Le gouvernement britannique dit vouloir travailler étroitement avec GM sur ses futurs projets pour Opel, n’excluant pas d’injecter de l’argent dans une restructuration. Le syndicat Unite, plus grosse organisation syndicale du pays, se félicite du revirement. > Espagne : gouvernement et représentants syndicaux espagnols affichent leur méfiance quant aux projets, pour l’heure inconnus, de GM pour l’usine de Figueruelas. > La Pologne affiche sa satisfaction, jugeant que cette décision est avantageuse pour l’usine polonaise d’Opel à Gliwice (sud du pays). > Pour Frank Stronach, le patron de l’équipementier Magna, qui devait à l’origine racheter Opel, « la vie continue ».

FORD RETROUVE SES COULEURS  -  Charlotte Raab
WASHINGTON — Ford, seul constructeur américain à avoir traversé la crise financière sans injection de fonds fédéraux, a enregistré ses meilleurs résultats depuis quatre ans, s’installant largement dans le vert grâce à la prime à la casse américaine et à des efforts de réduction de coûts.
Le constructeur automobile Ford a tiré le plus grand bénéfice du redémarrage du marché américain, enclenché par la prime à la casse instituée durant l’été par l’administration Obama.
En outre, le constructeur automobile a annoncé hier une série d’opérations financières destinées à renforcer ses liquidités : une augmentation de capital pouvant atteindre jusqu’à 1 milliard US, une émission obl igataire d’au moins 2 milliards US et une opération de renégociation de sa dette existante.
Ford a publié un bénéfice net de 997 millions US pour la période juillet-septembre, mais surtout son premier bénéfice d’exploitation depuis un an et demi, à hauteur de 1,107 milliard US. Mieux encore, le résultat d’exploitation est positif aux États-Unis pour la première fois depuis 2005.
Trois ans après l’a rrivée a u x c o mmandes d ’A l a n Mulally, directeur général embauché chez Boeing pour enrayer un effondrement que l’héritier Bill Ford n’avait pas su arrêter, le constructeur de Dearborn, en banlieue de Detroit, tire les dividendes d’une restructuration qui a réduit les coûts, amélioré la compétitivité et rationalisé la production.
Le constructeur a supprimé 4,6 milliards US de coûts pour les neuf premiers mois de l’a nnée, au-delà de ses objectifs (4 milliards US), et tout près de l’objectif annuel (5 milliards US).
Le constructeur a aussi tiré le plus grand bénéfice du redémarrage du marché américain, enclenché par la prime à la casse instituée durant l’été par l’administration Obama.
Grâce à cette incitation à l’achat, Ford a enregistré entre juillet et septembre sa première progression des ventes sur un trimestre depuis quatre ans aux États-Unis.
1 Les analystes n’ont pas caché leur surprise, Douglas McIntyre, sur le site 247WallSt. com, allant jusqu’à saluer « un petit miracle ».
L’action a bondi de 8,29%, à 7,58 $US, dans la journée.
À la Deutsche Bank, l’analyste Rod Lache a noté que, au-delà des restructurations, Ford avait bénéficié durant le troisième trimestre de la baisse des coûts d’approvisionnement, la plus grande surprise venant cependant des prix de vente, que Ford a réussi à maintenir sans accorder trop de ristournes.
L’agence d’évaluation financière Moody’s a par ailleurs relevé d’un cran, à B3, la note du constructeur. Cela laisse Ford au rang des valeurs spéculatives, mais souligne les progrès accomplis en matière de rentabilité.
Au total, les résultats sont très supérieurs aux attentes du marché, qui tablait sur une perte nette de 12 cents US par action, alors que le constructeur a enregistré un bénéfice de 26 cents US par action, hors éléments exceptionnels.
Le chiffre d’affaires s’est établi à 30,9 milliards US au troisième trimestre, un recul de 800 millions US par rapport à l’an dernier dû à une baisse de l’activité de la filiale financière Ford Credit, mais qui reste t rès au-delà des attentes des analystes (28,31 milliards US).
Ford dit s’attendre désormais à un retour à une « rentabilité solide », hors éléments exceptionnels, en 2011, selon ce communiqué.
Le constructeur reste prudent pour l’an prochain, où il s’attend à une baisse de volume des ventes « notable » en Europe, qui pourrait bien ne pas être compensée par le marché américain.
Ford pourrait également encaisser une déception avec le refus, prédit par plusieurs journaux, des membres du syndicat d’UAW d’aligner leurs conditions sur celles en vigueur chez les deux autres constructeurs américains, General Motors et Chrysler, contraints à d’importants sacrifices après leur redressement judiciaire et les aides fédérales.
M. Mulally a refusé hier de commenter ces informations, mais il s’est félicité de la décision des ouvriers du syndicat frère au Canada, le CAW, de valider la nouvelle convention collective. « Cela va faire en sorte que les activités de Ford au Canada soient concurrentielles », a-t-il dit.
« L’UAW a clairement indiqué qu’il ne voulait pas que nous soyons désavantagés », a-t-il ajouté, laissant entendre que les discussions allaient se poursuivre avec les syndicats.

Les ventes de GMet Chrysler chutent, Ford s’en tire mieux
Les constructeurs américains d’automobiles Chrysler et General Motors ( GM) ont divulgué hier des chiffres de ventes pour septembre qui laissent présager un automne difficile, tandis que Ford semble tirer son épingle du jeu malgré tout.
Chrysler a vendu 62 197 véhicules aux États-Unis au mois de septembre, soit un plongeon de 42% comparativement à un an plus tôt, en partie à cause de stocks insuffisants, après une chute de 15% sur un an en août.
Chez GM, la chute s’est poursuivie : General Motors a vendu 156 673 véhicules aux États-Unis au mois de septembre, soit une chute de 45% sur un an, après un déclin de 20% en août, a indiqué le groupe dans un communiqué.
« Septembre a été un mois de transition difficile pour le secteur, et la comparaison annuelle ne joue pas en faveur de GM. Heureusement, le quatrième trimestre promet d’être meilleur et nos ventes devraient mieux se comporter comparé à la même période il y a un an », a commenté Mark LaNeve, vice-président des ventes américaines.
Au chapitre des marques, Saturn et Hummer enregistrent le plus fort déclin de leurs ventes (respectivement 81,5 % et 83,8 % sur un an), Cadillac ( - 8 %) et Buick (-33%) le moins prononcé.
De nouveau x modèles « arrivent à présent chez les concessionnaires et génèrent un intérêt significatif de la part des clients », a fait valoir M. LaNeve.
Chez Chrysler
De son côté, Chrysler a vendu 62 197 véhicules aux États-Unis au mois de septembre, soit un plongeon de 42% comparé à un an plus tôt, en partie à cause de stocks insuffisants, après une chute de 15% sur un an en août.
Chrysler i ndique qu’i l détenait un stock de 138 456 véhicules à la fin du mois de septembre, soit 56 jours de ventes et une baisse de 64% comparé au niveau d’il y a un an.
« En dépit de quelques points positifs en septembre, le climat reste très difficile pour les ventes dans l’ensemble du secteur », commente Peter Fong, PDG de la marque Chrysler, ajoutant que des stocks insuffisants sur certains modèles ont nui aux ventes de Chrysler, Jeep et Dodge début de septembre.
« Le groupe a r éagi en accéléra nt sa production, finissant le mois avec une part de marché en hausse par rapport à septembre 2008 », précise-t-il.
Moins dramatique chez Ford
Les ventes de Ford, pour leur part, ont enregistré une baisse de 6 % sur un an en septembre après un bond de 17 % en août et une hausse de 2 % en juillet, a indiqué le constructeur.
Il précise que ses ventes sont en hausse sur l’ensemble du troisième trimestre, soit « la première progression depuis quatre ans sur un trimestre ».
Hors Volvo, Ford a vendu 109 939 véhicules en septembre comparativement à 116 734 un an plus tôt, soit un recul de 5,8 %.
Dans son communiqué, Ford, le seul constructeur américain à avoir échappé à la faillite cette année, estime avoir gagné 2 points de pourcentage de part de marché depuis un an, en termes mensuels et trimestriels.
« Je pense qu’octobre sera un bon mois pour nous », a ajouté M. George Pipas, principal analyste de ventes du groupe, au cours d’une téléconférence.

L’industrie automobile poursuit sa remontée  -  Vincent Brousseau-Pouliot
TORONTO — La reprise cyclique du marché de l’automobile poursuit sa remontée partout dans le monde, selon le dernier rapport sur le sujet publié hier par Études économiques Scotia, qui souligne que la vigueur vient surtout des marchés émergents.
L’industrie automobile continue sa remontée partout dans le monde, mais particulièrement dans les pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, où les ventes ont progressé de 55% en août par rapport à 2008.
Les achats records sur les marchés émergents viennent en tête, affirme dans ce rapport Carlos Gomes, économiste principal et spécialiste du secteur automobile au sein du service des études économiques de la Banque Scotia, ajoutant que dans ces pays, notamment en Chine, en Inde et au Brésil, les ventes ont progressé de 55% en août par rapport à l’année précédente.
Cependant, fait-il remarquer, l’activité reprend aussi de la vigueur sur les marchés établis de l’Amérique du Nord et de l’ Europe de l’Ouest. En août, le programme de la « prime à la casse » des ÉtatsUnis a attiré de nombreux acheteurs dans les salles d’exposition des concessionnaires, écrit M. Gomes, indiquant que cela a fait augmenter les ventes de véhicules de tourisme par rapport au mois d’août 2008, une première depuis octobre 2007.
Même si l’on ne tient pas compte de la prime à la casse, les ventes aux États-Unis ont atteint un sommet de neuf mois avec 10,5 millions d’unités, en hausse par rapport à un creux cyclique de 9,1 millions en février, a ajouté l’économiste.
Au Canada, les ventes de voitures et de camions légers sont demeurées solides en août, selon la Scotia, totalisant 1,51 million d’unités sur une base annualisée. Il s’agit du deuxième mois de suite qui affiche un chiffre de plus de 1,50 million d’unités et du meilleur rendement consécutif depuis octobre dernier.
Selon le rapport, les bons résultats des ventes enregistrés en août aux États-Unis ont fait baisser les stocks des concessionnaires à des niveaux record, incitant les constructeurs automobiles à se préparer à une reprise de la production en 2010. Les constructeurs ont même commencé à augmenter la pr o duc t i o n a va nt même l’épuisement des stocks en août, et les usines de montage partout en Amérique du Nord ont atteint une production annualisée de 9,3 millions d’unités en juillet et en août, en hausse par rapport aux 7 millions d’unités produites au premier semestre de 2009. Les calendriers de production seront sans doute augmentés, en dépit d’une diminution des ventes après la récente ruée engendrée par la « prime à la casse », selon le rapport de la Scotia.
Les stocks de modèles fabriqués au Canada sont également très faibles, peut-on lire dans le document, surtout pour les modèles les plus populaires comme la Toyota Corolla, la Honda Civic et la Chevy Camaro. Selon les économistes de la banque, le nombre de véhicules assemblés au Canada devrait grimper à 1,7 million d’unités, sur une base annuelle, durant les derniers mois de 2009, ce qui est près de 40% de plus que la moyenne de 1,2 million enregistrée au premier semestre de 2009.
Au Canada, toujours, indique la Scotia, le taux de production augmentera davantage au début de 2010, une fois que Toyota aura accru la production de la Corolla à son usine de Cambridge, en Ontario, à la suite de la fermeture, prévue au début de l’année prochaine, de son usine exploitée en coentreprise en Californie.

Au tour de GMCanada d’offrir une prime à la casse
OSHAWA, Ontario — General Motors Canada offre à ses clients jusqu’à 3000$ à l’achat d’un nouveau véhicule du constructeur en échange de leur vieille voiture. L’entreprise devient ainsi le quatrième constructeur à proposer une telle initiative au Canada.
Le programme de GM fournit aux clients, qui participent au programme fédéral de prime à la casse, un rabais de 500$, de 1000 $, de 2000 $ ou de 3000$ selon le véhicule qu’ils achètent. Pour avoir droit au rabais, le client doit posséder un véhicule du modèle 1995 ou plus ancien, en état de marche, enregistré et assuré correctement pendant les six derniers mois ou 12 mois en Colombie-Britannique.
Marc Comeau, vice-président de GM Canada, a précisé au cours d’une entrevue que le nouveau programme s’appuie sur le succès d’un partenariat que GM avait conclu antérieurement avec la Fondation Air pur, un organisme à but non lucratif, pour offrir aux clients un rabais de 1000 $ pour remplacer leur vieux véhicule par un nouveau modèle GM plus efficace sur le plan énergétique.
« GM Canada, a dit M. Comeau, a été le premier constructeur à soutenir la Fondation Air pur dans ses efforts pour faire disparaître des routes des véhicules plus vieux et plus polluants de manière à réduire de manière marquée les émissions de gaz à effet de serre. »
Le programme fédéral de prime à la casse offre 300$ ou d’autres mesures d’incitation encore plus modestes aux consommateurs qui décident de se débarrasser de leur tacot. Jim Prentice, ministre fédéral de l’ Environnement, a déjà indiqué qu’Ottawa n’a pas l’intention de bonifier son programme malgré le succès de l’incitation de 4500$ US versé par le gouvernement américain dans le cadre d’une initiative semblable, laquelle s’est traduite récemment par la vente de 700 000 véhicules neufs.
Environnement Canada prédit que 100 000 véhicules auront disparu de nos routes en vertu du programme fédéral d’ici la fin mars, soit plus d’un an après la mise en oeuvre du programme.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral a fait savoir hier qu’un programme de garantie qu’il avait mis sur pied pour dissiper les craintes des clients de GM et de Chrysler pendant la restructuration de ces deux constructeurs, vient de prendre fin.
« Étant donné que les deux compagnies se sont extirpées de la faillite, les clients sont assurés que les garanties seront honorées et le programme du gouvernement fédéral n’a plus sa raison d’être », a dit le ministre.
O u t r e G M, Hy u n d a i Canada, Chrysler Canada et Ford Canada offrent des primes à la casse à l’achat de leurs véhicules.


Les ventes de véhicules s’accélèrent
Le marché automobile américain est reparti à la hausse en août pour la première fois en près de deux ans, dopé par l’incitation fédérale à l’achat de nouveaux véhicules, qui a profité à Ford et aux constructeurs asiatiques, là où GM et Chrysler ont failli.
Au Canada, Ford a également connu du succès malgré le recul de ses rivaux japonais.
Le mois dernier, il s’est écoulé 1,26 million de véhicules neufs aux États-Unis, soit une hausse de 1% des volumes sur un an, selon des chiffres publiés hier. Le marché n’avait plus connu de hausse depuis octobre 2007.
Ce chiffre fait suite à une baisse de 12% des ventes en juillet, sur un an. Un repli bien moins marqué que le fort déclin constaté depuis le début de l’année – sur fond de consommation grippée par la récession –, grâce aux débuts du programme fédéral d’incitation à l’achat fin juillet.
For t de c e s u r s aut de consommation, le cabinet spécialisé Autodata a relevé sa prévision de ventes annuelles aux États-Unis, tablant sur 14,1 millions d’unités contre un pronostic de 11,2 millions encore le mois dernier.
C’est l a première f oi s qu’Autodata envisage un redémarrage du marché depuis le début de la crise : il s’inscrirait en hausse de 6,4 % sur les 13,24 millions d’unités vendues en 2008. Cela reste encore bien en deçà d’un marché de 16-17 millions d’unités vendues par an avant la crise.
Le programme de « prime à la casse » a proposé aux Américains de recevoir jusqu’à 4500$US s’ils acceptaient de se débarrasser de leur ancienne voiture pour acheter un modèle plus économe en carburant. Lancé fin juillet, il a été prolongé jusqu’au 24 août face au succès massif rencontré.
Faisant le bilan de cette « prime à la casse », le département américain des Transports s’est réjoui ces derniers jours de son effet dopant sur la consommation, avec 700 000 véhicules vendus de la sorte, estimant que l’automobile « devrait soutenir la hausse du PIB au quatrième trimestre ».
Parmi les ténors du marché, Ford a réalisé en août la meilleure performance avec des ventes en hausse de 17% sur un an.
Ford l ’a att r i bué à « l a gamme la plus f raîche de nouveaux véhicules dans cette industrie ».
Son compatriote General Motors (GM), sorti en juillet du régime des faillites avec un nombre de marques réduit, signe en revanche l’une des pires performances, avec une chute de 20,2% des ventes.
L’autre constructeur national Chrysler, sorti en juin de faillite, accuse une chute de 15%.
Chez les rivaux étrangers, le japonais Toyota, pionnier des modèles hybrides aux ÉtatsUnis, affiche une hausse de 10,5 % des ventes.
Ses compatriotes Honda et Nissan affichent respectivement une hausse de 14,2 % et une baisse de 2,9 %.
Le grand gagnant de la prime à la casse est le petit coréen Hyundai, spécialiste de modèles compacts et bon marché, qui affiche un bond de 47% de ses ventes.
GM et Chrysler ont préféré mettre en avant la progression de leurs ventes en août par rapport à juillet plutôt que sur un an, jugeant la comparaison plus parlante pour l’effet prime à la casse : +30% pour GM et +5% pour Chrysler.
Au Canada, Ford a de nouveau connu beaucoup de succès en août, mais deux de ses principales sociétés rivales – Toyota et Honda – ont vu leurs ventes chuter d’au moins 18 % par rapport à l’an dernier.


La « prime à la casse » a permis la vente de 700 000 automobiles
NEW YORK — Le programme a méricain d’ i ncit at i on à l’achat d’un nouveau véhicule dit « prime à la casse » a permis quelque 700 000 ventes, a i ndiqué hier le département des Transports américain, qualifiant l’expérience de « franc succès » pour la consommation, l’emploi et la croissance.
Lancé fin juillet, ce programme ayant pour double objectif de stimuler un marché automobile atrophié par la crise et d’encourager l ’ a c hat de véhic ules moins polluants avait été prolongé début août par le Congrès face à son succès foudroyant.
La « pri me à la casse » a pris f i n l undi soi r. Le programme proposait aux Américains de recevoir jusqu’à 4500 $ s’ils acceptaient de se débarrasser de leur ancienne voiture pour acheter un modèle plus économe en carburant.
Selon un communiqué du département des Transports ( DoT), le rabais moyen par véhicule acheté s’est situé autour des 2877 $.
« Les consommateurs et les employés américains sont les premiers bénéficiaires de la prime à la casse », estime le DoT, précisant que l’explosion des ventes d’automobiles avait nécessité l’ajout d’équipes dans les usines des constructeurs.
Cela a notamment été le cas chez les constructeurs nationaux General Motors et Ford, qui ont tous deux récemment annoncé relever leurs volumes de production d’ici à la fin de l’année grâce au succès de la prime à la casse.
Selon les chiffres préliminaires compilés par le Ministère, l a pr i me à la casse va « créer ou préserver » 4 2 0 0 0 e mplois au second semestre et ces postes « devraient être maintenus bien après la fin du programme ».
Les bienfaits de ce coup de pouce à la consommation en juin et juillet vont se traduire par un gain de croissance 0,3 à 0,4 point de pourcentage au troisième trimestre, estime le DoT, pour qui ce regain de dynamisme sur le marché automobile « devrait soutenir la hausse du PIB au quatrième trimestre ».


GM accélère sa production  -  Philippe Mercure
L’idée de Barack Obama d’envoyer les vieux tacots à la ferraille a un effet jusque chez nous. Devant la hausse de la demande pour les voitures neuves, GM a annoncé hier qu’il accélérera sa production des deux côtés de la frontière.

Le constructeur de Detroit a rappelé hier 1350 travailleurs dans ses usines, la plus grosse augmentation annoncée d’un coup depuis 2006.
Des quarts de travail sont ajoutés dans des usines de l’Ohio, du Michigan et de l’Ontario, et les vannes des heures supplémentaires sont ouvertes à plusieurs endroits.
Une nouvelle « formidable », a dit le président de GM Canada, Arturo Elia, qui voit là un « signe encourageant. » Il faut dire que GM ne nous a pas particulièrement habitués aux bonnes nouvelles au cours des derniers mois.
En Ontario, 350 travailleurs sont rappelés à l’usine de Cami, dans la ville d’Ingersoll, qui est détenue conjointement par GM et Suzuki. Un nouveau quart de travail y sera ajouté dès le 19 octobre pour répondre à la demande pour la nouvelle Chevrolet Equinox et le nouveau GMC Terrain.
GM Canada a aussi annoncé aux travailleurs d’Oshawa qui planchent sur la Camaro que les heures supplémentaires sont maintenues au moins jusqu’à la fin d’octobre.
Pour GM Canada, ces bonnes nouvelles s’expliquent en grande partie par le programme de primes à la casse du gouvernement Obama. Question de stimuler les ventes, le gouvernement américain offre jusqu’à 4500$ US à ceux qui veulent envoyer leur vieille bagnole à la ferraille en échange d’une voiture neuve moins énergivore.
Jenni fer Wright, porteparole de GM Canada, a rappelé que 90% de la production de GM au Canada est exportée vers les États-Unis.
De nouveaux quarts de travail ont aussi été annoncés hier par GMen Ohio et au Michigan pour répondre aux demandes pour la Malibu et la Colt.
Jeudi dernier, Ford avait annoncé qu’il augmenterait sa production de 26% pour la deuxième partie de l’année. Toyota, Honda, Chrysler et Hyundai ont aussi appuyé sur l’accélérateur récemment pour produire davantage de véhicules.
En entrevue à Ken Lewenza, le président des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA), avait peine à cacher son enthousiasme.
« Nous sommes excités, a admis M. Lewenza. On parle de bonnes nouvelles, on parle d’une bouffée d’air frais pour les travailleurs », a-t-il dit, rappelant que les augmentations de production provoquent des effets domino positifs sur les nombreuses usines de pièces automobiles de Windsor, dans le sud de l’Ontario.
« Nous ne sommes pas sortis du bois, nous ne devons induire personne en erreur, a-t-il tenu à préciser. Il y a encore beaucoup de travail à faire, il y a encore énormément de volatilité dans les chiffres de vente et dans l’économie en général. Nous serons rassurés seulement quand nous verrons de bons chiffres de vente, mois après mois, sur une longue période. »
Un programme canadien ?
Les constructeurs implantés au Canada et les concessionnaires font maintenant pression sur Ottawa pour que le pays adopte lui aussi un programme de type « on vous donne un magot pour votre tacot. » Ken Lewenza, des TCA, se montre favorable à une telle mesure, mais à condition que le gouvernement encourage les consommateurs à changer leur véhicule pour un modèle fabriqué au Canada.
Derek Holt, économiste chez Scotia Capitaux, doute quant à lui de l’utilité d’une telle mesure. « Même si on lançait un programme comme ça, nous serions encore dépendants des États-Unis puisque les ventes canadiennes représentent un faible pourcentage de la production des usines canadiennes », souligne-t-il.
Il croit aussi qu’un tel programme « transfère des ventes futures vers le présent » et risque de faire augmenter la consommation de voitures au détriment d’autres achats.




GM veut damer le pion à Toyota  -  Amandine Ambregni
NEW YORK — Un mois après sa sortie de faillite, le constructeur automobile General Motors a frappé un grand coup en annonçant la commercialisation de son modèle électrique Volt, de Chevrolet, qui promet quatre fois plus d’économies de carburant que le modèle pionnier, la Prius du japonais Toyota.
La Volt de Chevrolet. Un modèle important pour la relance de General Motors.
L’ex-numéro 1 mondial de l ’ automobi l e, r essort i considérablement a maigri du redressement j udiciaire au t e r me duquel il est aujourd’hui contrôlé à plus de 60 % par l’ État américain, a annoncé hier la production en série fin 2010 de sa voiture électrique, qui sera commercialisée en 2011.
La berline Volt « sera le premier véhicule produit à grande échelle capable d’atteindre des économies de carburant à trois chiffres », a vanté le patron de GM, Fritz Henderson, à l’occasion d’une présentation au grand public et à la presse.
La Volt , dont le protot ype avait été dévoi lé au début de 2007, promet une consommation de 1 L/100 km. La Prius, initialement introduite en 1997 aux États-Unis et qui en est à la quatrième génération cette année, affiche quant à elle 4 L/100 km.
Cette performance était saluée par plusieurs analystes, alors que GM, à l’instar des deux autres construct eu r s nat i onaux Ford e t Chrysler, s’est fait distancer par les constructeurs asiatiques dans les voitures « vertes » ces dernières années.
Techniquement, la Chevy se présente comme une voiture électrique plus qu’une hybride.
Elle aura pourtant une double motorisation, mais « l e moteur à essence ne propulsera pas la voiture, il permettra de générer l’énergie nécessaire à recharger la batterie », explique Michelle Krebs, analyste du cabinet Edmunds.
« Là où la Volt va apporter beaucoup plus, c’est par la technologie qu’elle utilise », avec la batterie au lithium au coeur du dispositif, souligne Bertrand Rakoto, du cabinet Polk.
« De nombreux propriétaires de Volt pourront rouler en mode 100 % électrique au quotidien sans avoir à utiliser de carburant », a assuré Fritz Henderson.
L e modèle peut f o nc - tionner avec une charge de batterie sur près de 65 km, soit la distance quotidienne moyen ne q ue f o nt hu i t Américains sur 10, selon une étude du département des Transports.
I nterrogé par l’A FP, GM n’a pas donné le prix de vente de la Volt. Des analystes évoquent un prix de 40 000 $, à mi-chemin entre l es hybr i des d’entrée de gamme – 20 0 0 0 $ – et les modèles haut de gamme, plus chers.
C’est plus c her que le prix d’une berline de taille moyenne, véhicule le plus acheté sur le marché, qui oscille autour de 25 000 $.
Même s i l e s hybr i des représentent moins de 3 % du marché américain, « c’est un segment où il faut être présent pour l’image de la gamme », juge M. Rakoto.
Une image que GM a plus que jamais besoin de redorer, alors que le groupe a passé un mois en dépôt de bilan et existe aujourd’hui sous quatre marques seulement, Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC, contre une dizaine avant la crise.
Diane Swonk, analyste à Mesirow Financial, fait partie des sceptiques quant au bond technologique de GM face à son rival Toyota.
« Je serais t rès surprise que Toyota n’ait pas mis au point cette technologie. Mais c’est une chose d’avoir la technologie, c’en est une autre d’en faire un marché de masse », avance-t-elle.
Michelle Krebs émet pour sa part des doutes quant à la consommation effective de 1 L/100 km, se faisant l’écho « d ’ e x p e r t s , c o mme de s constructeurs de batteries, selon qui ces chiffres ne sont pas réalistes ».





GM DÉBARQUE SUR EBAY  -  Philippe Mercure
UN CROC-EN-JAMBE AUX CONCESSIONNAIRES ?
Acheter une voiture neuve sur eBay? C’est maintenant possible grâce à GM, qui offre à partir d’aujourd’hui ses véhicules sur le populaire site d’achats en ligne. Et même si l’expérience est réservée pour l’instant aux Californiens, elle suscite déjà le débat au Québec. Au centre de la controverse, une question : un concessionnaire, à quoi ça sert ?

En se rendant à l’adresse www. g m. e b a y. c o m, les Ca lifor niens peuvent auj ourd’hui a c heter u ne Chevrolet, une Buick ou une Pontiac d’un clic de souris, dans le confort de leur salon. Les consommateurs ont le choix entre acheter directement au prix proposé ou faire une mise et négocier en ligne avec le vendeur.
GM a présenté son i nitiative comme une façon de « simplifier le magasinage de voitures ». Loin de court-circuiter les concessionnaires, le site internet permet de comparer les offres de 225 salles d’exposition, et de « poser des questions, de négocier les prix et arranger le financement » en ligne avec eux.
Ma i s J a c ques Na nt e l , professeur titulaire en marketing à HEC Montréal et s pécial i s t e du c ommerce éle c t r onique, c r oi t qu’ i l s’agit bel et bien d’un crocen-jambe que fait GM à ses concessionnaires.
« Cette expérience n’est que la pointe de l’iceberg, croit le spécialiste. À terme, ce que ça va entraîner, c’est une réduction de l’importance du réseau de concessionnaires. Ça, c’est très clair. »
La raison, à ses yeux, est simple : « Un concessionnaire appor t e aujourd’hui une contribution relativement faible à l’acte de vente. »
« On a déj à plu s i e u r s études qui montrent qu’en moyenne, les consommateurs qui entrent dans une salle d’exposition en savent plus que le vendeur sur la voiture qu’ils veulent acheter et surtout sur les modèles concurrents », dit-il.
Selon lui, la progression des ventes de voitures en ligne est « i ncontournable » . Et elle se fera au détriment des concessionnaires.
Les concessionnaires sont évidemment d’un tout autre avis et se disent peu inquiets de voir GM vendre ses voitures sur eBay.
« Certains constructeurs ont essayé la vente directe par le passé, et ça s’est toujours soldé par des échecs monumentaux, dit Jacques Béchard, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires du Québec, qui croit que c’est pour cette raison que GM a bâti son expérience eBay autour d’eux.
« Il faut garder en tête que le concessionnaire assume une grande partie du risque pour le constructeur. Il assume le risque de la bâtisse et le risque de la gestion des i nventaires, sans compter l’expertise des hommes et des femmes d’affaires que sont les concessionnaires. »
Que ce soit pour l’information, le service après vente ou l’essai d’un véhicule, le concessionnaire, dit-il, aura toujours son rôle à j ouer. « Internet est un formidable outil d’information, dit-il, mais ce n’est pas un outil de transaction. »
« Pour l’instant, on regarde ça avec curiosité, dit de son côté Renée Cardinal, directrice des communications de la Corporation des concessionnaires automobiles de Montréal. On attend d’avoir plus de détails, mais toute initiative qui permettrait de relancer GM est bienvenue. »
L’expérience marque-t-elle le début du déclin pour les concessionnaires ? Elle n’y croit pas. « Tout le monde sait que le succès de GM passe par les concessionnaires. Il y plein de choses qu’on ne peut pas faire sur l’internet. Le consommateur va encore vouloir aller voir, toucher, palper et essayer les véhicules. On parle du plus gros achat après celui d’une maison. »
Vrai, admet le professeur Jacques Nantel. « Mais vous n’avez pas besoin d’une quinzaine de concessionnaires GM à Montréal pour faire l’essai de véhicules. Vous avez peutêtre besoin d’un ou deux endroits, c’est tout. À terme, je suis convaincu qu’on s’en va vers un rôle de plus en plus i mportant du web dans la vente d’automobiles. »
Comme quoi eBay, en plus de faire miser les consommateurs, suscite aussi les paris des spécialistes.


Ford renoue avec les profits
— Le constructeur automobile américain Ford, régulièrement déficitaire depuis trois ans, a fait état hier d’un bénéfice net de 2,3 milliards US au deuxième trimestre, comparativement à une perte de 8,7 milliards US un an plus tôt, grâce à un gain exceptionnel.
Aux États-Unis, la part de marché des marques Ford, Lincoln et Mercury a progressé au deuxième trimestre.
Le groupe de Dearborn, au Michigan, le seul des constructeurs américains à ne pas avoir déposé son bilan cette année, a fait mieux qu’attendu par les analystes financiers.
Au cours de ces trois mois, Ford a engrangé pour 2,8 milliards US de profits exceptionnels, résultant de la restructuration réussie de sa dette. Cette opération financière lui a permis de dégager un gain de 3,4 milliards US, selon un communiqué publié par l’entreprise.
Hors éléments exceptionnels, Ford a accusé une perte de 638 millions US, à comparer avec une perte de 1,4 milliard US au deuxième trimestre de 2008.
Rapporté par action, le bénéfice net représente 69 cents US. Avant éléments exceptionnels, mesure privilégiée par les analystes, la perte courante s’établit à 21 cents US, moitié moindre qu’attendu par le marché (48 cents US).
Ford a dégagé sur le trimestre un chiffre d’affaires de 27,2 milliards US, soit 11 milliards US de moins que celui engrangé un an plus tôt. Il reste toutefois supérieur aux estimations, qui étaient de 24,7 milliards US.
Dans son communiqué, Ford a dit « rester en bonne voie » pour achever ses objectifs de l’horizon 2011 de retour durable à la rentabilité.
Le constructeur s’est dit aussi en mesure « d’atteindre ou de dépasser » ses objectifs pour l’année en cours, en matière de réduction de coûts ( plus de 4 milliards US) et de niveaux de trésorerie notamment. Le groupe prévoit notamment cesser de consommer des liquidités au deuxième semestre.
Ford table aussi sur une progression de ses parts de marché aux États-Unis, son fief et source principale de ses difficultés. Il maintient son estimation d’un marché de 10,5 à 11 millions de véhicules, comparativement à 13,2 millions en 2008.
Le groupe a relevé son estimation pour le marché européen, à 15-15,5 millions de véhicules vendus en 2009.
Aux États-Unis, la part de marché des marques Ford, Lincoln et Mercury a progressé au deuxième trimestre, a-t-il souligné.
Les activités industrielles de Ford ont réduit leurs coûts de 1,8 milliard US sur le trimestre, dont 1,2 milliard US en Amérique du Nord.
La filiale automobile a dégagé une perte avant impôt – seule mesure livrée par Ford – de 1 milliard US, comparativement à - 699 millions US un an plus tôt, en raison de l’effondrement du marché américain. La région Amérique du Nord est responsable de la quasi-totalité des pertes de la filiale (851 millions US).
Dans les services financiers, Ford a dégagé un bénéfice avant impôt de 595 millions US, à comparer avec une perte de 334 millions US un an auparavant.
Ford a fini le trimestre avec une trésorerie brute de 21 milliards US dans sa filiale automobile, après avoir consommé 1 milliard de liquidités sur le trimestre. L’amélioration est très nette par rapport aux trois premiers mois de 2009 pendant lesquels Ford avait brûlé 3,7 milliards US.
La dette a été réduite à 10,1 milliards US, ce qui doit permettre au constructeur d’économiser 500 millions US par année en versement d’intérêts.
Ces résultats ont été très bien accueillis par les investisseurs ; l’action de Ford a bondi de 9,4 %, à 6,98 $US hier.



La relance de GM suspendue au succès des modèles  -  Amandine Ambregni
Les dirigeants du « nouveau » GM ont assuré devant la presse qu’une « nouvelle ère » commençait pour le constructeur centenaire et se sont engagés à vendre les « meilleurs véhicules du monde ».
NEWYORK— Le nouveau General Motors est né hier, moins de six semaines après son fracassant dépôt de bilan, en promettant de faire de sa clientèle sa priorité absolue et de lui offrir enfin des voitures moins gourmandes.
L’ancien numéro un mondial de l’automobile va se recentrer sur 4 marques principales – Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC – délaissant les marques jugées non rentables comme Saturn, Pontiac et Hummer aux États-Unis, mais également Opel et Saab en Europe.
« L a nouvel l e e nt r e pr i s e General Motors a commencé son activité aujourd’hui dotée d’une nouvelle structure, d’un bilan plus solide et d’un engagement renouvelé de placer les consommateurs au coeur de tout ce que fait le nouveau GM », a annoncé le groupe, au lendemain du dernier feu vert de la justice américaine à son plan de sortie de faillite.
L’ancien numéro un mondial de l’automobile va se recentrer sur 4 marques principales – Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC – délaissant les marques jugées non rentables comme Saturn, Pontiac et Hummer aux États-Unis, mais également Opel et Saab en Europe.
Il renaît avec des effectifs réduits de 30% et ne conserve que ses actifs les plus sains, avec un actionnariat profondément remanié d’où ont été écartés les anciens actionnaires. L’État américain détient 60,8% du groupe et l’État canadien 11,7%, en échange des fonds publics avancés. Le syndicat automobile américain UAW détient 17,5% et les créanciers 10%.
Les dirigeants du « nouveau » GM – son directeur général Fritz Henderson et son président du conseil Ed Whitacre – ont assuré devant la presse qu’une « nouvelle ère » commençait pour le constructeur centenaire et se sont engagés à vendre les « meilleurs véhicules du monde » en terme de qualité, de design et d’économies de carburant.
« Nous voulons profiter de l’intensité et de la rapidité des dernières semaines pour transformer cette entreprise », a noté M. Henderson, faisant allusion au rythme trépidant du redressement judiciaire depuis le dépôt de bilan du groupe le 1er juin.
Il n’aura en effet fallu à GM que 40 jours pour sortir du régime de faillite, contre 42 pour son compatriote Chrysler, pourtant trois fois plus petit.
Les élus américains ont exprimé leur soulagement. Le sénateur démocrate Carl Levin (Michigan) a rappelé les milliers d’emplois perdus mais reconnu qu’il « n’y avait pas d’alternative ».
Les grandes lignes stratégiques – vendre moins de modèles mais de meilleure qualité, produire plus de véhicules économes en carburant, innover dans le marketing – ont pourtant laissé sceptiques les analystes.
« Cela fait 25 ans que je couvre GM, j’ai vu beaucoup de leurs restructurations. Je pense que c’est leur dernière chance de faire les choses correctement », lâche Michelle Krebs, analyste du cabinet Edmunds, selon qui « des défis importants sont à venir ».
GM « supprime des emplois, mais où est le sang neuf ? critique-t-elle. Ils rappellent Bob Lutz, qui a 77 ans, pour diriger le marketing et trouver de nouveaux moyens de vendre des voitures ! »
« Leur plus gros problème », renchérit Rebecca Lindland, du cabinet Global I nsight, « c’est la perception » qu’ont les consommateurs des véhicules GM, copieusement critiqués ces dernières années pour leur qualité médiocre et leur inadéquation à la demande.
L’image, « c’est le plus difficile à réparer », avertit cette analyste.
Pour redorer son image, GM a d’ai l leurs promis d’aller à la rencontre des consommateurs et de se rapprocher du site de vente aux enchères eBay.
C’est sans compter la faiblesse du marché automobile, qui souffre toujours de la récession, rappelle Mme Lindland.
Comme d’autres analystes, elle table sur un marché américain sous les 10 millions d’unités cette année, alors que GM table justement sur des ventes de 10 millions d’unités pour revenir à l’équilibre.




Feu vert à la création du nouveau GM
NEW YORK— Letribunaldesfaillites new-yorkais chargé du dossier de la restructuration de General Motors (GM) a approuvé dans la nuit de dimanche à hier la vente des actifs sains du géant de l’automobile à un « nouveau » GM.
Allégé de ses plus grands foyers de pertes, GM va devoir désormais faire la preuve de sa viabilité sur un marché automobile américain qui reste sinistré.
La transaction « est approuvée », a écrit le juge chargé du dossier, Robert Gerber, en conclusion d’une décision de 95 pages publiée dans la nuit.
Ce jugement vient au terme d’un processus de redressement judiciaire très court, puisque General Motors avait déposé le bilan seulement cinq semaines plus tôt, le 1er juin. Les débats au tribunal des faillites de New York sur ce plan de restructuration avaient pris fin dès jeudi.
Le « nouveau » GM doit être détenu à 60,8% par l’État américain, à 11,7% par l’État canadien et à 17,5% par le syndicat automobile américain UAW. Les créanciers détiendront 10% du capital en échange de l’annulation de 27 milliards US de dettes.
Les actifs non repris auront vocation à être liquidés par la justice.
Allégé de ses plus grands foyers de pertes, comme des usines non rentables et des prestations sociales qui noyaient son bilan comptable, le groupe va devoir désormais faire la preuve de sa viabilité sur un marché automobile américain qui reste sinistré.
GM, qui fut à une époque la plus grande entreprise du monde, a accumulé 88 milliards US de pertes entre 2005 et le premier trimestre de 2009, et n’a dû sa survie qu’à l’apport de 50 milliards US de l’État fédéral américain.
Dans sa décision, le juge Gerber a indiqué avoir examiné environ 850 objections au plan de restructuration, soulevées par des actionnaires, des créanciers et des retraités du groupe, et a conclu qu’elles n’étaient pas valables à ses yeux
Il a souligné l’urgence à agir, affirmant que « les autres solutions qu’une vente se sont révélées infructueuses, et n’offrent aucun espoir de réussite désormais ».
« GM est désespérément insolvable, et il n’y a plus rien à faire pour les actionnaires. Et si GM est liquidé, il n’y aura non seulement plus rien pour les actionnaires, il n’y aura plus rien pour les créanciers de la dette garantie », a-t-il considéré.
Il a rappelé qu’au 31 mars, l’ancien numéro un mondial de l’automobile avait 82 milliards US d’actifs et 172 milliards US de dettes. « Si GM doit être liquidé, la valeur de ses actifs après liquidation (...) se monterait à moins de 10% de ces 82 milliards US », a-t-il estimé.
Par ailleurs, a-t-il insisté, « il n’y a pas de partenaire prêt à une fusion, d’acquéreur ou d’investisseur désireux et capable de reprendre l’activité de GM. À part le Trésor des États-Unis et (l’État canadien), il n’y a pas de créanciers désireux et capables de financer la poursuite des opérations de GM ».
Le tribunal a également rejeté l’argument selon lequel les pouvoirs publics auraient traité injustement les créanciers privés, « qui ont été aidés et non pas lésés par les efforts du Trésor pour maintenir GM en vie et pour empêcher une liquidation du groupe ».
Le juge a indiqué avoir fondé sa décision sur la même jurisprudence que celle soulevée dans l’affaire Chrysler, autre constructeur automobile restructuré sous supervision judiciaire un mois plus tôt.
Le processus judiciaire pourrait toutefois ne pas être complètement achevé pour GM: le juge Gerber a donné quatre jours aux opposants pour faire appel. Dans l’affaire Chrysler, la décision du juge des faillites avait fait l’objet de recours, avant d’être entérinée par la Cour suprême au bout de huit jours.




GM joue son avenir demain devant la justice
— Le groupe automobile américain General Motors (GM) espère convaincre demain le juge des faillites du bien-fondé de son plan de restructuration prévoyant la vente d’actifs à une nouvelle société libérée des vieilles dettes et soutenue par les milliards de dollars de prêts du gouvernement fédéral.
Le juge Robert Gerber a jusqu’à présent toujours tranché en faveur de GM dans chacune des requêtes soumises devant ce tribunal depuis que le groupe a demandé à être placé sous la protection de la loi sur les faillites le 1er juin.
La rapide sortie du processus de règlement judiciaire de Chrysler le 10 juin pourrait servir de précédent pour une procédure rapide.
« Nous espérons faire démarrer la nouvelle société dès que possible, une fois que la cession de ces actifs est approuvée », a déclaré la porte-parole de GM, Julie Gibson, tout en refusant de se prononcer sur la date à laquelle le constructeur pourrait émerger de la faillite. Mais, selon une source proche du dossier, cela pourrait se produire d’ici la mi-juillet.
Un seul obstacle
Après avoir accepté, sous la pression des consommateurs et de l’ État, de conserver la responsabilité légale des voitures produites jusqu’à sa sortie de faillite ( permettant ainsi des poursuites pour défaut de fabrication pour des accidents à venir), GM ne fait plus face véritablement qu’à un obstacle de taille.
Ce sont les objections d’un groupe de concessionnaires que l’ancien numéro un mondial de l’automobile entend éliminer de son réseau de distribution.
General Motors compte parvenir à un accord avec la plupart des concessionnaires et il est probable que le juge rejette les plaintes des autres, estime John Pottow, un expert du droit des faillites à la faculté de droit de l’Université du Michigan.
Selon M. Pottow, « l’audience devant le tribunal des faillites ne devrait pas durer plus d’un jour ou deux », et le juge décidera probablement que la vente de ces actifs à une nouvelle entité est dans le meilleur intérêt des créanciers.
Après le feu vert de la justice, la cession peut être réglée en quelques jours, ou quelques semaines, selon ce juriste.
Il explique que les mois de préparation en vue du dépôt de son bilan et les accords déjà conclus avec les principaux syndicats et créanciers ont permis à GM de procéder rapidement pour f i naliser s on pla n de restructuration.
M. Pottow souligne aussi l’importance dans ce processus de l’intervention de l’administration du président Barack Obama. La justice a approuvé jeudi le déblocage de la deuxième moitié d’un financement fédéral de 30 milliards de dollars accordés à GM pour se restructurer.
Les fonds publics octroyés par Washington et Ottawa vont permettre à General Motors de payer ses employés et fournisseurs ainsi que d’autres dépenses liées au plan de redressement, au terme duquel l’État américain détiendra 60,8% du capital de la nouvelle société et le Canada 11,7 %.
Le fonds d’investissement du syndicat de l’automobile United Auto Workers en détiendra lui 17,5 %.
Les créanciers de GM détenant des obligations représentant 27,1 milliards de dollars de dettes obtiendront les 10% restant avec la garantie de pouvoir acquérir ultérieurement 15% de plus d’actions du nouveau GM.
Grâce à un ensemble de nouveautés de qualité dans ses gammes, le nouveau GM a une très bonne chance de réussir, prédit Jeremy Anwyl, président du groupe de recherche sur l’automobile Edmunds.com.




Automobiles : LES VENTES REPARTENT VERS LE HAUT - Maxime Bergeron

Oubliée, la crise du crédit, du moins dans l’industrie automobile. Le marché des prêts-auto a retrouvé son aplomb de l’été 2008 – avant la crise –, ce qui devrait se traduire par une remontée des ventes de véhicules en Amérique du Nord d’ici la fin de l’année, prédit une étude publiée hier par la Banque Scotia.
« Le rapport prêt-valeur des prêts pour voiture neuve aux États-Unis, qui était de 86,4 % en février, est passé récemment à 89,1 % », a expliqué Carlos Gomes, économiste principal à la Scotia.
Ce ratio indique que les banques sont beaucoup moins hésitantes à prêter des fonds, et que les acheteurs doivent verser un acompte plus faible lorsqu’ils font financer leur nouveau véhicule.
« L’aspect le plus important, c’est que ce ratio atteint son niveau le plus haut depuis août 2008, soit avant la chute de Lehman Brothers et le gel du marché du crédit », a souligné M. Gomes en entrevue téléphonique à La Presse Affaires.
Le « t aux d’approbation » des prêts commence aussi à aller mieux au Canada, a ajouté le spécialiste de l’industrie automobile.
Ce dégel marqué du crédit a poussé Carlos Gomes à revoir à la hausse ses prévisions de ventes de véhicules neufs pour 2009. Il s’attend à ce que 1,45 million de véhicules trouvent preneur au Canada, 70 000 de plus que ce qu’il prévoyait en début d’année.

Aux États-Unis, l’économiste estime que 10,2 millions de véhicules seront écoulés, plutôt que les 9,5 millions prévus au départ. Ces ventes seront nettement inférieures à celles des années récentes, mais elles permettront aux constructeurs de ne pas descendre sous la marque symbolique – et honnie – des 10 millions. 
Indicateurs multiples
Le mois de mai a déjà marqué une embellie pour plusieurs constructeurs au Canada, tant dans le créneau abordable que dans celui des voitures de luxe.
Mercedes-Benz , Hyundai et Kia ont tous enregistré les meilleures ventes mensuelles de leur histoire au pays, la hausse atteignant 25,5 % pour Kia !
Volkswagen a de son côté a f f ic hé sa meilleure performance depuis août 2002.
Outre la remontée du rapport prêt-valeur, l a Banque Scotia note plusieurs autres i ndicateurs qui pointent en faveur d’un regain des ventes dans la deuxième moitié de 2009 en Amérique du Nord. Le prix des véhicules d’occasion a grimpé au cours des derniers mois, tout comme la confiance d e s c o n s o mma t e u r s , n o t e l’institution.
« De plus, le crédit global aux ménages, dans lequel les prêts automobi l es comptent pour environ 20 %, a récemment commencé à augmenter, ajoute la Scotia. Cette tendance laisse à penser que le crédit automobile dans son ensemble augmente encore une fois au Canada après avoir dégringolé de 5 % en 2008. »
À l’échelle mondiale, les ventes de véhicules sont revenues en mai à leurs niveaux les plus élevés depuis août 2008, tout j uste avant l ’écroulement de la banque américaine Lehman Brothers.
La reprise est surtout visible dans les marchés émergents, mais les pays développés ne sont pas en r este, souligne l’étude de Scotia.


La restructuration de GM avance sans encombre
Le constructeur s’est engagé à réduire cette année de 35% ses équipes d’encadrement et de 20% ses effectifs de salariés, intensifiant même les réductions de postes de cols blancs prévues aux États-Unis.
— General Motors a obtenu hier l’aval de la justice pour le déblocage de la seconde tranche des 30 milliards US de fonds publics nécessaires à son fonctionnement d’ici la fin de sa restructuration, une simple formalité dans ce redressement judiciaire voulu aussi rapide que celui de Chrysler.
« Le financement est approuvé », a déclaré le juge des faillites Robert Gerber responsable du dossier, après avoir écouté pendant une quinzaine de minutes les avocats de plusieurs parties prenantes s’estimant lésées dans le plan de redressement du premier constructeur automobile américain.
Ce plan, orchestré par l’administration Obama, prévoit qu’un « nouveau GM » considérablement réduit, centré autour de ses actifs les plus rentables, émerge de la faillite. L’ État américain doit être l’actionnaire principal, avec 60,8% du capital en échange des 30 milliards US de fonds supplémentaires accordés – qui portent à plus de 50 milliards US l’aide fédérale accordée à GM depuis décembre.
L’État canadien – qui a aussi accordé plus de 3 milliards de dollars au GM en faillite – doit détenir 11,7 % du futur groupe et le syndicat automobile américain UAW 17,5 %, laissant 10 % aux créanciers et rien aux actionnaires de GM.
Une première tranche de 15 milliards US avait été accordée à GM dans la foulée de son dépôt de bilan le 1er juin, devant servir à payer ses frais courants, comme les salaires et les commandes aux équipementiers.
Le déblocage de la seconde t r a nche vient s ’aj outer aux développements favorables à ce redressement judiciaire rapide de GM devant le tribunal new-yorkais des faillites.
« Il est raisonnable de penser que (le nouveau) GM pourrait émerger vers l a mi-j uil let » , estimait une source judiciaire assistant aux débats au tribunal, ajoutant que, jusqu’à présent, des centaines d’objections soulevées par des parties prenantes avaient été écartées.
Si c’était le cas, GM, dont le dossier est bien plus complexe que Chrysler, trois fois plus petit que lui, émergerait du contrôle j udiciaire en moins de deux mois, alors que Washington avait tablé sur un délai de 60-90 jours. Chrysler avait mis 40 jours.
Depuis le 1er juin, diverses motions du plan ont été validées et GM a avancé dans sa réduction de périmètre.
GM a ainsi bouclé des accords pour vendre ou éteindre ses marques Hummer, Saturn et Pontiac, dans le cadre de son recentrage sur quatre marques seulement : Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC. En Europe, il vient de céder sa marque suédoise Saab et fait monter les enchères pour l’allemande Opel.
Le constructeur s’est engagé à réduire cette année de 35% ses équipes d’encadrement et de 20% ses effectifs de salariés, intensifiant même les réductions de postes de cols blancs prévues aux États-Unis, visant 6000 suppressions comparativement à 3400 précédemment.
Face à GM, les mécontents du plan, des créanciers aux retraités en passant par les équipementiers et les associations de consommateurs, ont essuyé revers sur revers devant le juge Gerber.
Un comité « officiel » de la majorité des créanciers a plaidé sans succès pour la reconnaissance des engagements financiers du futur GM envers les accidents et défauts de production à venir des véhicules de l’actuel GM.
Pour l’heure, le plan de redressement prévoit que le futur GM, tout comme cela a été le cas pour Chrysler, soit dégagé des obligations juridiques associées à des accidents, lesquelles ont été évaluées à 2,2 milliards US.
La prochaine étape-clé pour GM est l’audition du 30 juin, au cours de laquelle le juge devra se prononcer sur le plan de sortie de redressement judiciaire en tant que tel.




« LE GOUVERNEMENT SE DEVAIT D’AGIR » -  HUGO DE GRANPRÉ
Laisser filer GMaurait eu des conséquences « larges et incalculables », estime Stephen Harper
« Nous n’avons pas l’intention d’être propriétaires à long terme. Nous vendrons nos actifs quand le prix sera favorable. »
Le Canada ne pouvait faire aut rement que d’aider GM s’il voulait sauver des centaines de milliers d’emplois au pays, a fait valoir le premier ministre Stephen Harper, hier, visiblement mal à l’aise d’avoir à défendre une telle incursion de son gouvernement dans le privé.
L’entente prévoit que GM Canada recevra 16% de la production nord-américaine de l’entreprise jusqu’à 2016.
En conférence de presse à Toronto, le chef conservateur a convenu que la décision avait été difficile à prendre, et particulièrement dure à avaler pour certains membres de son entourage. Mais laisser filer GM, « de loin le plus grand consommateur de pièces d’auto au Canada », ou même Chrysler, aurait eu des conséquences « larges et incalculables », a-t-il dit.
« Les pertes d’emplois atteindraient les six chiffres très rapidement, en quelques mois. Et ce n’est tout simplement pas possible pour notre économie. »
Ottawa s’est engagé à verser 7 milliards de dollars et l’Ontario, 3,5 milliards au géant automobile américain pour lui permettre d’émerger de sa faillite déclenchée à New York, hier.
Le gouvernement canadien souhaite se désengager de GM au plus tard en 2018. M. Harper a toutefois convenu qu’il était possible qu’Ottawa soit contrainte de vendre ses parts à un prix moindre que les 7,1 milliards payés à l’achat.
Réticences au Parlement
Seule la portion américaine de General Motors s’est placée sous la protection de la loi sur la faillite, hier. Sa filiale canadienne a été épargnée.
Le président des Travailleurs canadiens de l’automobile, Ken Lewenza, s’attend néanmoins à ce que des usines du pays suspendent leurs activités pendant le processus judiciaire.
Les gouvernements américain et canadien souhaitent que GM puisse émerger de cs processus d’ici deux à trois mois.
À Ottawa, les partis de l’opposition ont exprimé leurs réticences face à l’annonce commune des gouvernements ontarien, canadien et américain.
Le député libéral ontarien Francis Valeriote a critiqué l’absence de certaines garanties dans l’entente, comme le nombre d’emplois qui seront réellement préservés au Canada.
« Nous devrions considérer d’avoir un vérificateur indépendant qui examine cette entente, a-t-il ajouté. Je ne suis pas convaincu de sa prudence corporative et fiscale. » Au cours d’une séance d’information technique, des fonctionnaires fédéraux ont convenu qu’Ottawa pourrait perdre son investissement si la relance du constructeur automobile échouait. « Il n’y a pas de garanties », a dit l’un d’eux.
Mais lors d’un point de presse commun avec le premier ministre ontarien Dalton McGuinty, Stephen Harper a tenté de se faire rassurant. « Nous ne mettons pas d’argent dans une compagnie si nous croyons qu’elle échouera », a-t-il tranché, promettant du coup de ne pas répéter l’expérience avec GM.
En échange, les Canadiens obtiendront 11,7% des parts de l’entreprise. L’entente prévoit aussi que GM Canada recevra 16% de la production nord-américaine de la compagnie jusqu’à 2016.
Le premier ministre Harper a promis de vendre ses parts le plus rapidement possible. « Nous n’avons pas l’intention d’être propriétaires à long terme, a-t-il dit. Nous vendrons nos actifs quand le prix sera favorable. »
Deux poids, deux mesures ?
Le Bloc québécois a parlé de deux poids, deux mesures par rapport au secteur forestier. « Si c’est 10 milliards dans l’automobile, ce n’est que 170 millions dans le forestier, plus le 100 millions à la sylviculture sur deux ans, a lancé Gilles Duceppe. Vous voyez la disproportion, alors qu’il y a davantage d’emplois directs et indirects dans le forestier. »
Le chef du NPD, Jack Layton, a quant à lui applaudi l’assistance portée aux travailleurs. Selon lui, cependant, le gouvernement devrait en faire davantage.

« Ce sont de bonnes nouvelles, mais on cherche encore une politique globale pancanadienne concernant les autos, pour la production d’autos vertes, par exemple. On a une politique aux États-Unis, mais on n’a pas une vision pour le secteur ici au Canada. »



INVESTISSEMENT DANS GM  L’État devra patienter

Le « nouveau GM » devra grimper une côte immense avant que les contribuables revoient unepartiedes milliards de fonds publics investis dans la relance du constructeur.
Washington, Ottawa et Queen’s Park détiendront 72,5% des actions quand General Motors se réinscrira en Bourse, au terme de sa restructuration judiciaire. Mais avant que les gouvernements pensent seulement à rentrer dans leur argent, la capitalisation boursière de cette nouvelle entité devra atteindre environ 70 milliards US.
C’est 140 fois la valeur de GM à la fin de la semaine dernière, et sept fois plus qu’il y a un an!
« Les contribuables vont clairement revoir une partie de leur argent quand nous commencerons à vendre des actions, mais honnêtement, nous n’y comptons pas trop », a admis lundi le premier ministre Stephen Harper en conférence de presse, peu après le dépôt de bilan de GM à New York. 
« La question la plus sensible, c’est de savoir si GM sera capable d’arriver avec une gamme de produits que le public voudra acheter. »
Les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont versé 10,5 milliards en échange de 11,7% du « nouveau GM ». L’entreprise, qui conservera seulement ses actifs les plus sains après sa restructuration, devrait inscrire ses actions en Bourse au premier trimestre de 2010.
L’État compte se départir de ses actions peu à peu d’ici 2018, a indiqué Darren Cunningham, porte-parole du ministre de l’Industrie, Tony Clement. Les ventes de titres devraient se faire deux fois par année, selon un calendrier qui sera déterminé par le tribunal des faillites.
Washington, qui héritera de 60,8% des actions de GM en échange d’un investissement de 50 milliards US de deniers publics, se départira lui aussi graduellement de ses titres.
Trop tôt pour un PAPE?
Ottawa mise sur un premier appel public à l’épargne (PAPE) du « nouveau GM » au premier trimestre de l’an prochain. Selon d’autres sources officielles citées par Bloomberg, l’entrée en Bourse pourrait se faire jusqu’à 18 mois après la fin de la restructuration, soit au milieu de 2011.
Dans un cas comme dans l’autre, ce PAPE apparaît précipité à Marc Chabot, spécialiste des faillites au département des sciences comptables de l’UQAM. La société nouvellement dégraissée commencera à peine à se remettre sur pied dans 18 mois, souligne-t-il. « C’est tôt pour voir une éclaircie. »
Jo D’Cruz, professeur de gestion stratégique à l’Université de Toronto, estime que la restructuration judiciaire devrait se conclure rapidement . Mais le plan d’affaires pour la relance – qui dictera en bonne partie le prix de l’action en Bourse – soulève plusieurs craintes, selon lui.
« La question la plus sensible, c’est de savoir si GM sera capable d’arriver avec une gamme de produits que le public voudra acheter, a-t-il dit. Auront-ils des véhicules de qualité, économes d’essence et joliment dessinés? En ce moment, il y a peu de raisons d’être optimiste à cet égard. »
La majeure partie des 10,5 milliards investis par les gouvernements du Canada et de l’Ontario sera convertie en actions du « nouveau GM », à l’exception d’une somme de 1,3 milliard US qui se transformée en prêt.
GM devra avoir remboursé un minimum de 30% du prêt au bout de trois ans, 65% d’ici six ans et la totalité d’ici 2018, a-t-on appris. Le taux d’intérêt a été fixé à 7%.
L’injection de fonds publics est massive, mais nécessaire, font valoir depuis lundi les responsables du gouvernement Harper.

« Nous comprenons ce que pourrait être le pire scénario et les risques que nous avons pris, mais nous voyons aussi le potentiel de la société et c’est pour cela que nous avons pris ces risques », a fait valoir le porteparole du ministre de l’Industrie Tony Clement.




Le baratin du vendeur de «chars» - SOPHIE COUSINEAU
Barack Obama est si digne qu’on a du mal à l’imaginer dans le costume empesé d’un vendeur de « chars ». Et pourtant, lorsque le président des États-Unis a fait le point sur General Motors, hier, il a servi aux Américains un boniment digne d’un redoutable vendeur.
Barack Obama a répété hier qu’il n’avait « aucun intérêt à administrer GM ».
Barack Obama a cherché à se faire rassurant sur la suite des choses, maintenant que le constructeur s’est mis à l’abri de ses créanciers. Mais disons qu’il a un peu embelli la réalité. Tout en passant sous silence plusieurs difficultés.
Deux points ressortent de son baratin. De un, invoquer le fameux chapter 11 de la loi américaine sur la faillite, ce n’est pas la fin du monde. Chrysler n’est-elle pas sur le point d’émerger de sa restructuration judiciaire ?
De deux, ce n’est pas parce que le gouvernement américain devient le principal actionnaire de GM, avec une participation de 60,8%, que le président aura les deux mains sur le volant.
Dans les deux cas, il faut nuancer. Une restructuration judiciaire n’est peut-être pas la fin du monde, mais ce n’est pas une promenade dans les bois. En faisant appel à la protection des tribunaux, GM a les coudées franches pour mener rondement une restructuration « accélérée » qu’elle espère compléter d’ici trois mois. L’entreprise n’a d’ailleurs pas perdu de temps en annonçant hier la fermeture de 17 autres usines et centres de distribution de pièces aux États-Unis.
Toutefois, GM se trouve maintenant à la merci d’un juge. Celui-ci pourrait se montrer sympathique aux derniers créanciers mécontents qui forment une poche de résistance. Bref, tout peut arriver.
Par ailleurs, GM croit qu’avec les concessions que le constructeur a arrachées aux créanciers et aux travailleurs syndiqués, l’entreprise sera en mesure de faire ses frais dans un marché nordaméricain ravagé par la récession. Même si les Américains n’achetaient que 10 millions de véhicules neufs en 2009 – ce qui est conforme aux prévisions –, ce ne serait plus l’hémorragie.
Survivre, c’est une chose. Mais séduire des clients qui refusent d’être vus au volant d’une GM, c’est une autre histoire. Surtout que le marché ne renouera peutêtre jamais avec les sommets de 15 à 17 millions de véhicules neufs vendus par an, à l’époque insouciante où les Américains finançaient leurs voitures en rouvrant leurs hypothèques.
Bref, GM devra gagner des parts de marchés au détriment de rivaux affamés comme Chrysler, qui profitera des technologies et du design de Fiat. Et cela, avec des véhicules qui ne sont pas encore arrivés sur le marché, mais qui souffrent déjà de la perception d’un manque de fiabilité associée à GM. Bien plus qu’un simple changement d’image, GM devra entreprendre une transformation extrême. Sans succès assuré.
Barack Obama aimerait faire croire aux Américains qu’investir 50 milliards de dollars dans General Motors, cela ne change pas le monde… Sauf que si, cela change la donne, et pas seulement pour GM, mais pour toute l’industrie.
« Je n’ai aucun intérêt à administrer GM », a réitéré hier le président, bien conscient du malaise que provoque la nationalisation « temporaire » de GM aux États-Unis.
Ainsi donc, le gouvernement serait un investisseur silencieux qui laisserait à la direction de GM toute latitude? Bien voyons ! L’influence de Barack Obama est déjà perceptible. Rappelons, accessoirement, que c’est son administration qui a remercié l’ancien président de GM, Rick Wagoner.
Par ailleurs, la conversion soudaine et totale de GM aux voitures vertes, un dada d’Obama, paraît légèrement suspecte. On a longtemps reproché à GM d’ignorer les désirs des consommateurs. Mais, en larguant la marque Hummer, en lançant la voiture électrique Volt et en promettant 14 modèles hybrides d’ici 2012, GMest-il en train de passer d’un extrême à un autre? Tout en étant aussi déconnecté de ses clients ?
Les analystes s’attendent à ce que la Volt se détaille 40 000$US, près du double du prix d’une Toyota Prius. Ainsi, GM s’expose à produire cette voiture électrique à perte. Or, en attendant un choc pétrolier à la Jeff Rubin, les ventes des petites voitures avec des moteurs efficaces ne représentent que 17% du marché américain, note le Wall Street Journal.
Évidemment, les choses sont appelées à changer, et c’est tant mieux. Mais, est-ce que cela va permettre à GM de renouer avec les profits dans un proche avenir ? Ce n’est pas acquis.
En fait, c’est tout le terrain de l’environnement qui est miné. Quels mesures incitatives le gouvernement américain offrira-t-il pour l’achat de quels véhicules ? De quelle façon est-ce que les émissions pol luantes seront réglementées ?
L’impartialité de l’administration Obama risque d’être mise en doute par les concurrents de GM, comme Ford. Ou par les pays avec des constructeurs rivaux, par l’entremise de l’Organisation mondiale du Commerce.
Dans le même esprit, est-ce que GM favorisera une production locale, aux États-Unis, pour des considérations politiques, au détriment de sa rentabilité ? Il est permis de se le demander, alors que le constructeur annonçait hier qu’une plus grande proportion des véhicules vendus aux États-Unis sera assemblée en sol américain. Barack Obama a dit vouloir léguer, aux générations futures, une « Amérique qui fabrique encore des choses ».
Mais si son pari risqué échoue, son héritage dans l’industrie automobile pourrait se résumer à un déficit énorme.
« Notre objectif à court terme, c’est de remettre sur pied GM et de sortir le plus rapidement possible », a dit Barack Obama.
Rapidement. C’est le mot clef.

 

GM  : La (nouvelle) ligne de départ
- ARIANE KROL
Si tout se passe bien, General Motors émergera du tribunal des fai l l ites dans deux ou trois mois, libérée de ses dettes et de nombreuses obligations. « Une nouvelle GM », claironnait le constructeur hier. Reste à voir s’il saura profiter de cette nouvelle chance qui s’offre à lui.
La restructuration n’est qu’un préalable. L’avenir de l’entreprise se jouera après, dans l’exécution de sa mission première: vendre des véhicules à profit. Or, il est loin d’être certain que GM puisse tirer avantage de la reprise.
Les restructurations à l’abri des créanciers, sous la protection du fameux chapitre 11, ont donné de bons résultats dans le passé. Ce procédé a permis à plusieurs transporteurs aériens de redécoller, après avoir nettoyé leur bilan et allégé leurs frais de fonctionnement. La croissance économique, toujours favorable aux ventes de billets d’avion, faisait le reste. L’effet ne sera pas aussi automatique pour GM. Dans l’industrie aérienne, il n’est pas rare que le consommateur se résigne à faire affaire avec la compagnie qu’il déteste le plus parce que c’est la seule qui puisse le transporter au prix et au moment désiré. L’acheteur d’automobile nord-américain a autrement plus de choix.
Et ce n’est pas tout. Le prix du pétrole a dépassé les 68 dollars le baril hier. En pleine récession, alors qu’onn’entrevoit pasde sortie de crise avant l’an prochain – une reprise timide dans le meilleur des cas. Ça donne une idée de la flambée à laquelle on aura droit lorsque l’économie repartira vraiment. Le pétrole à 147$ le baril a suscité un intérêt jamais vu pour le covoiturage, les transports en commun et le télétravail l’an dernier. Un attrait qui deviendra encore plus marqué lorsque les prix à la pompe vont se remettre à grimper, et qu’il deviendra évident qu’ils ne redescendront pas.
Et si les travailleurs se servent beaucoup moins de leur voiture, ou de leur deuxième voiture, il leur faudra de fichues bonnes raisons pour la remplacer. La fin de sa vie utile – sauf qu’une auto qui roule peu s’use pas mal moins vite. Sa consommation trop élevée – à condition de pouvoir s’en payer une qui génère des économies vraiment significatives. On n’est même pas certain que les ventes de véhicules neufs reviendront à leur sommet de 2007, alors que les concessionnaires américains avaient écoulé 17 millions d’unités. Ils en vendront moins de 10 millions cette année. Ça donne une idée de la côte que l’ensemble de l’industrie a à remonter.
Avec une structure de coûts allégée, GM sera en mesure d’offrir ses produits à des prix plus concurrentiels. Encore faudra-t-il qu’ils séduisent le marché. Ce n’est pas gagné d’avance. La « nouvelle GM » n’est pas une nouvelle venue. C’est une entreprise à laquelle de nombreux consommateurs ont tourné le dos en jurant qu’on ne les y reprendrait plus. Regagner les coeurs, et des parts de marché, s’annonce un défi considérable, d’autant que les concurrents ne vont pas rester les bras croisés.

GM vient de se placer sur la ligne de départ. Va-t-elle démarrer au quart de tour ou caler lamentablement? Washington, Ottawa et les syndicats, qui l’ont commanditée à grands frais, ne peuvent que se croiser les doigts.


HONDA : 50 ans pour devenir un grand de l’automobile
CHICAGO — Cinquante ans après être entré sur la pointe des pieds avec ses petites motos sur le marché américain, Honda est devenu un grand de l’automobile aux États-Unis, où il s’apprête à rafler la place de quatrième constructeur à Chrysler.
En 1973, la Civic se vendait 2150$. Les modèles bon marché et économes en carburant de Honda ont fait un malheur lors du choc pétrolier.
« Leur croissance méthodique et concentrée pendant ces 50 ans est vraiment admirable », observe l’analyste automobile Jeff Schuster, du cabinet JD Power.
Le 11 j uin 1959, le groupe japonais, né 11 ans plus tôt dans l’archipel, ouvre aux États-Unis sa première filiale à l’étranger. Convaincu que le constructeur court à la catastrophe, le gouvernement japonais lui interdit d’investir plus de 250 000$ outre-Pacifique.
Honda doit se résoudre à acheter un vieux studio de photographie à Los Angeles en guise d’entrepôt, à partir duquel ses huit vendeurs font la tournée des magasins de deux-roues avec des camionnettes remplies de motos « made in Japan ».
Les engins nippons sont nettement plus petits que les grosses cylindrées américaines, souvent pilotées par des costauds en blouson de cuir. Honda prend le contrepied de l’image du « biker » avec un slogan: « C’est en Honda que l’on rencontre les personnes les plus agréables ».
En 1968, Honda avait écoulé un million d’exemplaires, devenant au passage le numéro un de la moto aux États-Unis.
Un an plus tard, le japonais lance ses automobiles sur le marché américain. Après un démarrage confidentiel, ses modèles bon marché et économes en carburant font un malheur à la faveur du choc pétrolier de 1973. Avec ses chaînes de montage universelles qui permettent de fabriquer plusieurs modèles, le constructeur parvient à s’ajuster rapidement aux fluctuations de la demande.
Même recette
Aujourd’hui, la recette n’a pas changé et Honda a vu sa part de marché augmenter l’an dernier à 10,8% contre 9,7 % en 2007, malgré un recul de 8% de ses ventes du fait de la crise économique.
« Honda a r r ive vraiment à prospérer en période difficile », observe son vice-président John Mendel, directeur des ventes aux États-Unis. « Les consommateurs se replient vers les valeurs sûres. Ils savent qu’avec une Honda, ils n’auront probablement jamais de problèmes, elle durera longtemps et sans perdre trop de valeur à la revente ».
Honda est désormais en passe de prendre la quatrième place du marché américain à Chrysler, tout comme Toyota a chipé la deuxième place à Ford derrière le géant General Motors. Le groupe emploie 28 000 salariés aux États-Unis, où il dispose de 10 usines et de 14 centres de recherche. Deux autres usines sont en construction.
Honda a été le premier constructeur asiatique à ouvrir des lieux de production aux États-Unis, d’abord pour ses motos en 1979 puis pour ses voitures trois ans plus tard. En 1988, le groupe exportait sa première Accord de fabrication américaine au Japon.
Un an plus tard, ce même modèle devenait la voiture la plus vendue aux États-Unis, première automobile étrangère à décrocher ce titre qu’elle détiendra pendant trois ans.



La recette Ford pour traverser la crise -  Maxime Bergeron
INDUSTRIE AUTOMOBILE
De petites voitures « globales » distribuées partout sur la planète. Une dette renégociée avant la crise. Un portfolio de marques simplifié à l’extrême. La recette appliquée par Ford lui a permis d’éviter la déroute de ses concurrents américains, même si sa situation demeure précaire.
Ford est le seul des trois grands de Detroit à ne pas s’être placé sous la protection des tribunaux – et à avoir levé le nez sur une injection de fonds publics. Un exploit, disent certains, qui découle d’une série de décisions prises depuis trois ans.
Le constructeur au logo ovale est le seul des trois grands de Detroit à ne pas s’être placé sous la protection des tribunaux – et à avoir levé le nez sur une injection de fonds publics. Un exploit, disent certains, qui découle d’une série de décisions prises depuis trois ans.
« La grande chance de Ford, c’est qu’elle a réussi à refinancer sa dette et repositionner complètement ses finances avant la crise, explique Christian Navarre, professeur de gestion stratégique à l’Université d’Ottawa. Ainsi, quand la crise est arrivée, l’entreprise ne s’est pas retrouvée sans capacités de trésorerie. »
Le coup de génie, selon les experts, remonte à 2006, peu après l’arrivée du nouveau PDG Alan Mulally. Sentant venir la récession, l’ex-dirigeant de Boeing a hypothéqué tous les actifs de Ford aux États-Unis en échange de prêts de 23,6 milliards US. Un geste jugé choquant à l’époque, qui a toutefois assuré des liquidités suffisantes à l’entreprise pour fonctionner.
Le PDG a aussi simplifié au maximum la structure de Ford depuis son arrivée. Entre mars 2007 et juin 2008 – avant la crise –, il a réussi à vendre les bannières de luxe Aston Martin, Jaguar et Land Rover, toutes jugées non stratégiques. Une très bonne affaire, en rétrospective.
« Ils ont été capables de se délester de leurs activités avant les autres », dit Louis Hébert, professeur titulaire de gestion stratégique à HEC Montréal.
Ford se retrouve aujourd’hui avec une gamme de produits très limitée, centrée autour des marques Ford, Lincoln, Mercury et Volvo (que le groupe cherche à vendre).
Pour capitaliser au maximum sur cette simplicité, Ford offrira de plus en plus de voitures « globales », distribuées partout dans le monde sans trop de modifications. La petite Fiesta incarne en tous points cette stratégie.
Cette sous-compacte – qui jouit d’un accueil très favorable de la presse spécialisée – a été lancée l’an dernier en Europe, cette année en Asie et arrivera à l’été 2010 en Amérique du Nord. La Focus, un cran plus grande, suivra la même trajectoire.
« On a le sentiment que Ford a pris un virage produit qui va s’avérer payant, surtout au fur et à mesure que la réglementation de l’administration Obama sur les émissions de CO va faire sentir ses effets », dit Christian Navarre.
Ford a par ailleurs fermé une série d’usines et licencié des milliers de travailleurs au cours des dernières années, en plus de renégocier les conditions salariales de ses syndiqués à la baisse. Le constructeur a ainsi ramené ses coûts de production plus près de ceux des constructeurs japonais.
Des écueils
Ford fait peut-être meilleure figure que GM et Chrysler, mais le constructeur est lui aussi frappé de plein fouet par un recul de ses ventes. L’entreprise a perdu 1,4 milliard US au premier trimestre de 2009, en plus de voir ses ventes reculer de 43%.
Aussi, la restructuration de ses deux concurrents sous la protection des tribunaux risque de la désavantager, soulignent les experts. GM et Chrysler sortiront de la faillite avec un bilan nettement allégé, et moins d’obligations envers leurs retraités.
La lourdeur des fonds de retraite des dizaines de milliers de travailleurs de Ford aux États-Unis pourrait devenir problématique, dit Louis Gialloreto, professeur de marketing à McGill. « Si le marché ne reprend pas d’ici 12 à 18 mois, ils vont être vraiment mal pris avec ces coûts-là. »
Dans un communiqué publié lundi, Ford a émis des inquiétudes quant à la participation massive de Washington dans le capital de GM. L’État détiendra 61% du constructeur en échange d’une aide financière totale de 50 milliards US, ce qui pourrait remettre en cause la « dynamique de la concurrence », selon Ford.
Christian Navarre, de l’Université d’Ottawa, reconnaît que Ford sera « légèrement handicapé » par rapport à ses concurrents. Mais l’entreprise a selon lui un atout que GM et Chrysler n’ont pas: de nouveaux véhicules éprouvés et économiques qui débarqueront d’ici un an sur le marché nord-américain.
« Le temps que les autres mettent leurs produits en marché, Ford aura les siens », tranche-t-il.
Le titre de Ford est demeuré stable à 6,36$ hier à la Bourse de New York. Il a grimpé de 177% depuis le début de l’année.




GM : QUATRE ERREURS FATALES -  Gaétan Frigon
Le roman-savon de General Motors se termine dans la honte
GM a longtemps renfloué ses pertes nord-américaines grâce à ses activités européennes ou australiennes, ou encore grâce à la
profitabilité de sa division financière GMAC.
Après avoir occupé différents postes de direction dans le commerce de détail pendant près de 40 ans, notamment à la SAQ, l’auteur est aujourd’hui copropriétaire de plusieurs entreprises, dont Publipage Inc.
En 1952, année où le président de General Motors avait déclaré: « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique », mon père achetait sa première voiture : une rutilante Buick de l’année qui faisait l’envie de tout le village de Saint-Prosper de Champlain, dont il était le maire.
Cette Buick ainsi que la Pontiac station wagon 1957 qui l’avait remplacée étaient de véritables chars d’assaut. Elles ont honorablement résisté à la pire des épreuves, à savoir les folies de trois adolescents (mes deux frères et moi-même) qui ne s’étaient pas gênés pour leur faire subir les pires sévices.
À cette époque, General Motors imposait sa philosophie. Les grandes villes, les unes après les autres, abandonnaient les transports en commun pour faire place à l’automobile, emblème du rêve américain tel que décrété par GM. Cette époque avait fait de moi un inconditionnel de General Motors.
D’ailleurs, avec au-delà de 50% du marché, GM dictait les règles du jeu et personne n’osait les contredire, même pas les gouvernements. GM était proactive et ne laissait personne lui dire quoi faire. C’est d’ailleurs, selon moi, fondamentalement ce qui a été à l’origine de la lente descente aux enfers de l’entreprise.
À partir du milieu des années 70, ma confiance en General Motors s’est effritée au point d’en arriver à l’inconcevable: l’achat d’une européenne. Pour moi, GM représentait le passé. La seule question dans mon esprit était de savoir si le géant passerait au travers ses difficultés et pourrait s’adapter au XXIe siècle.
Aujourd’hui, le roman-savon se termine dans la honte. Le Goliath d’hier n’est plus que l’ombre de lui-même. Je vais laisser à d’autres le soin d’analyser les aspects financiers négatifs de cette aventure et parler plutôt du manque de vision stratégique qui a coulé GM, beaucoup plus que l’argent.
Voici, selon moi, les quatre éléments qui sont à l’origine de la débâcle d’aujourd’hui:
1 > Dans les années 70, les Chevrolet, Pontiac, Oldsmobile, Buick et même Cadillac ont perdu leur personnalité propre quand, pour diminuer les coûts, GM a décidé de toutes les fabriquer à partir du mêmemoule. Il arriva ce qui devait arriver:
3 > Quand les Japonais ont décidé d’envahir le marché avec des automobiles de luxe (Acura, Lexus et Infiniti), GM n’a pas cru en leur réussite. C’était leur domaine de prédilection et les Japonais allaient simplement se casser la gueule. GM a alors perdu lentement ce qui lui restait du marché profitable des automobiles de luxe. Quand ses patrons se sont réveillés, la moyenne d’âge des propriétaires de Cadillac dépassait les 65 ans.
4 > Dans les années 90, voyant que le goût des Américains revenait aux grosses bagnoles, plutôt que de préparer son avenir en développant des petites voitures économiques, GM s’est lancés à fond de train dans des segments profitables comme les véhicules utilitaires sport (VUS), avec des moteurs qui consomment beaucoup d’essence. Ce fut un grand succès temporaire, mais la graine d’un échec évident à moyen et long terme.
GM a longtemps renfloué ses pertes nord-américaines grâce à ses activités on a nivelé la qualité par le bas et les différences majeures entre les marques, autres qu’esthétiques, ont disparu, une Buick étant simplement une Chevrolet glorifiée.
2 > Quand les premières petites autos japonaises sont arrivées sur le marché, GM a refusé d’emboîter le pas pour ne pas nuire à sa profitabilité. Sa conclusion était qu’il s’agissait là d’une mode passagère. Et quand ils ont décidé par obligation d’entrer dans ce segment de marché en plein développement, ce fut notamment avec des citrons qui ont donné naissance au phénomène Ralph Nader. européennes ou australiennes, ou encore grâce à la profitabilité de sa division financière GMAC. Mais quand le château de cartes s’est écroulé partout dans le monde, il était devenu impossible de camoufler plus longtemps l’inévitable.
Il y a environ cinq ans, Ford était dans une situation semblable à celle de GM. Mais ce constructeur a pris les grands moyens et, aujourd’hui, Ford est le seul des trois grands à ne pas demander l’aide de l’État et à ne pas recourir à la protection des tribunaux. Il y a certes là une leçon à retenir.



GM : NOUVEAU DÉPART - Maxime Bergeron
En dépit de l’injection massive de fonds publics, le président américain Barack Obama s’est défendu de vouloir intervenir dans les affaires de GM après la restructuration judiciaire.
La bombe était attendue depuis des semaines. Maintenant que les documents de faillite sont déposés, GM espère se restructurer rapidement et prendre un virage vert en introduisant 14 modèles hybrides d’ici trois ans.

« Nous le ferons une seule fois et nous le ferons comme il faut », a déclaré Fritz Henderson, PDG de General Motors, peu après le dépôt de bilan de l’entreprise devant un tribunal new-yorkais, hier matin.
La faillite de GM est la quatrième en importance de l’histoire des États-Unis et représente un aveu de défaite pour ce symbole de la puissance industrielle américaine. Au terme de sa restructuration judiciaire, le constructeur sera délesté d’une bonne partie de sa dette, de cinq bannières, de 14 usines et de 21 000 employés.
Aucune des filiales de GM ne s’est protégée de ses créanciers à l’extérieur des États-Unis. La filiale canadienne est épargnée et conservera toutes ses usines. Le départ de 3000 travailleurs licenciés au cours des derniers mois au Canada a toutefois été officialisé hier.
Selon des documents déposés en cour, la dette totale de GM atteint 172,8 milliards US, et ses actifs, 82,3 milliards US. L’entreprise a plus de 100 000 créanciers.
Washington actionnaire
Le gouvernement américain – et dans une moindre mesure ceux du Canada et de l’Ontario – sera de loin le principal actionnaire du « nouveau GM », composé seulement des actifs les plus sains du groupe.
En échange d’une aide financière totale de 50 milliards US, Washington recevra 61% des actions de l’entreprise. Ottawa et Queen’s Park détiendront 12% des titres en circulation, en contrepartie d’un financement de 10,5 milliards CAN.
En dépit de cette injection massive de fonds publics, le président américain Barack Obama s’est défendu de vouloir intervenir dans les affaires de GM après la restructuration judiciaire. « Nous nous comportons en actionnaires récalcitrants parce que c’est la seule façon d’aider GM, a-t-il déclaré pendant une conférence de presse télévisée. Ce que ne nous ne ferons pas, ce qui ne nous intéresse pas, c’est de gérer GM. »

Les impacts d’une liquidation de GM auraient été « dévastateurs » pour l’économie du pays tout entier, d’où la nécessiter d’allonger les milliards, a dit Barack Obama.
Les gouvernements comptent se départir peu à peu de leurs actions, au fur et à mesure que GM verra sa valeur boursière augmenter. La nouvelle entité pourrait mettre entre 6 et 18 mois avant d’effectuer son premier appel public à l’épargne, selon une source officielle citée par Bloomberg.
General Motors espère sortir de la protection des tribunaux d’ici de 60 à 90 jours. Les accords intervenus avec ses principaux syndicats en Amérique du Nord, de même qu’avec la majorité des créanciers obligataires non garantis, devraient permettre de mener les démarches assez rondement, estiment les dirigeants du groupe.
Au sortir du processus, le « nouveau GM » sera capable d’être rentable aux États-Unis avec un volume de vente de 10 millions de véhicules pour l’ensemble de l’industrie, a affirmé l’entreprise. Cela se compare aux niveaux de 15 à 17 millions enregistrés entre 1995 et 2007, avant la crise économique.
GM misera aussi à fond sur les technologies écologiques, avec le lancement prévu de la Chevrolet Volt l’an prochain, véhicule hybride révolutionnaire dont la viabilité économique n’apparait pas encore assurée. Le constructeur veut par ailleurs que 65% de ses véhicules soient compatibles avec l’éthanol et d’autres biocarburants d’ici 2014.
« Toutes les choses qui peuvent être mises de l’avant pour que GM progresse sont là ; si l’entreprise ne progresse pas, c’est carrément qu’elle a unemauvaise stratégie ou que l’exécution est inférieure à ce qu’elle devrait être », a fait valoir à La Presse Affaires Louis Gialloreto, expert de l’industrie automobile de l’Université McGill.
Joseph D’Cruz, professeur de gestion stratégique à l’Université de Toronto, souligne lui aussi le besoin urgent de changer les façons de faire. Il faut non seulement concevoir de nouveaux véhicules de qualité, mais surtout gérer l’entreprise de façon plus efficace, dit-il. L’administration Obama a fait un premier pas dans cette direction en chassant l’ancien PDG Rick Wagoner au profit de Fritz Henderson il y a deux mois.
« Je suis assez optimiste: GM a un grand bassin de talents en ingénierie, a souligné M. D’Cruz. Ce qui ne marche pas chez GM, ce sont les processus de prise de décision qui devraient mener à une bonne utilisation de ces talents. »
GM poursuivra normalement ses activités pendant la restructuration judiciaire et continuera d’honorer toutes les garanties en vigueur, a indiqué l’entreprise hier. Les gouvernements du Canada et des États-Unis se sont engagés à respecter les garanties de GM et Chrysler (aussi en dépôt de bilan) dans le cas où les constructeurs seraient incapables de fournir le service.
Au sortir de sa refonte, GM offrira seulement quatre bannières en Amérique du Nord: Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC. Le réseau de concessionnaires sera réduit de 42% d’ici octobre 2010, ce qui se traduira par environ 10 000 pertes d’emplois au Canada.
Le grand patron de GM, Fritz Henderson, a tenu à saluer les importants sacrifices consentis par les travailleurs, créanciers, fournisseurs et plusieurs autres parties pénalisées par la déconfiture de l’entreprise.
La faillite de GM, estimée à 91 milliards US, est la quatrième plus importante de l’histoire des ÉtatsUnis, après celles des banques Lehman Brothers (691 milliards US) et Washington Mutual (328 milliards US) l’an dernier et de l’entreprise de télécoms WorldCom en 2002 (104 milliards US).
GM, fondé à Detroit en 1908, emploie aujourd’hui 234 500 personnes dans le monde et vend ses véhicules dans 140 pays. L’entreprise a perdu plus de 82 milliards US depuis cinq ans.



GM : LA CHUTE D’UN GÉANT  -  MAXIME BERGERON
L’État américain contrôlera 60% du capital de GM
« On vient d’acheter quelques années de survie à General Motors, mais dans le long terme, ça reste risqué », fait valoir le professeur de gestion stratégique à HEC Montréal Louis Hébert.
C’est la fin d’une époque. Les États-Unis ont annoncé hier que le constructeur automobile General Motors allait déposer son bilan, pour s’engagerdansunprocessusde redressement judiciaire qui devrait durer de 60à90 jours et implique la fermeture de 11 de ses usines et la mise au chômage technique de trois autres.
Une nouvelle société sera créée pour reprendre les actifs les plus rentables du groupe, dont les engagements financiers seront réduits de plus de moitié, a expliqué un haut responsable de l’administration de Barack Obama à l’Agence France-Presse.
L’État fédéral américain lui apportera 30,1 milliards US et contrôlera 60% de son capital. L’État canadien et la province de l’Ontario verseront 9,5 milliards US et obtiendront 12% des actions.
Le fonds de retraite des salariés de General Motors prendra 17,5%.
Enfin 10% reviendront aux anciens créanciers détenteurs d’obligations non garanties ayant souscrit au plan de restructuration.
GM Canada
Les dirigeants de GM Canada, entité indépendante de la maison mère américaine, étaient toujours en pourparlers hier soir pour déterminer s’ils recourront à la protection des tribunaux pour se restructurer. « C’est encore en train de se décider, on va travailler ça jusqu’à la dernière minute ce soir », a indiqué à La Presse Sandra Perron, porteparole de l’entreprise.
Des dizaines de milliers de travailleurs et retraités en Ontario et au Québec attendent avec appréhension l’annonce du président de GM Canada, Arturo Elias, cet après-midi.
Aux États-Unis , le grand patron de GM, Fritz Henderson, de même que le président Barack Obama tiendront des conférences de presse en fin d’avant-midi pour exposer leur vision de l’entreprise « post-restructuration ».
Dans une « fiche technique » publiée par l’administration Obama, GM a confirmé que, conformément à son plan de redressement présenté en février, il allait fermer 11 sites et en mettre trois au chômage technique. 42% de ses concessionnaires au Canada et aux États-Unis.
Les détenteurs d’obligations, qui avaient rejeté la semaine dernière une première proposition, recevront 10% des actions.
Les actionnaires actuels de l’exnuméro un mondial de l’automobile perdront l’intégralité de leur mise.
Louis Hébert, professeur de gestion stratégique à HEC Montréal, s’attendait depuis deux ans à un dépôt de bilan de GM. La restructuration judiciaire est selon lui nécessaire pour assurer « à court terme » la survie de l’entreprise, qui a accumulé des pertes titanesques de 82 milliards de dollars américains depuis cinq ans.
« On vient d’acheter quelques années de survie à General
GM se mettra à l’abri de ses créanciers en vertu de la loi américaine sur les faillites, le fameux Chapter 11.
Selon des sources gouvernementales, un « nouveau GM » pourrait émerger de la faillite au plus tard à la Fête du travail, soit le 7 septembre prochain.
L’entreprise fondée il y a 101 ans aura un tout autre visage une fois la restructuration terminée. General Motors prévoyait licencier plus de 20 000 employés au cours des prochains mois, en plus de se départir de quatre bannières (Saturn, Saab, Hummer et Opel) et de supprimer la marque Pontiac. GM fermera aussi Motors, mais dans le long terme, ça reste risqué », a fait valoir M. Hébert pendant un entretien téléphonique.
Échéance pour Chrysler
La semaine sera aussi mouvementée pour le constructeur américain Chrysler, qui s’est placé sous la protection des tribunaux en avril dernier aux États-Unis. Le juge Arthur Gonzales, du tribunal newyorkais des faillites, doit se prononcer aujourd’hui ou demain sur la création d’un « Chrysler nouveau » composé seulement des actifs les plus sains du constructeur.
La nouvelle société serait détenue à 20% par le constructeur italien Fiat, à 55% par un fonds géré par les syndicats et à 10% par les gouvernements américain et canadien. Fiat pourrait hausser sa participation jusqu’à 35%.
La division canadienne de Chrysler ne s’est pas placée sous la protection des tribunaux, malgré son dépôt de bilan au sud de la frontière. Ce qui, selon des experts, est de bon augure pour GM Canada.
« Je crois que GM a pris grand soin de mettre en place un processus lui permettant de continuer à aller de l’avant et de continuer à payer ses fournisseurs », a dit à La Presse Canadienne leprésident de la firme AutomotiveCompass, Bill Pochiluk.
Aux États-Unis, le gouvernement plani f ie de nommer Albert A. Koch, un partenaire principal de la firme AlixPartners, comme chef de la restructuration judiciaire de GM, rapportait hier le site internet du New York Times. Les associés de cette firme travaillent depuis des semaines à l’ébauche d’un plan de redressement de l’entreprise, indique-t-on.
Le président Barack Obama tentera de se faire rassurant ce matin dans son discours au peuple américain, soulignant l’importance de l’industrie automobile pour le pays et le besoin d’un nouveau départ pour GM, rapportent d’autres sources.
Le discours aura lieu à 11h55, suivi quelques minutes plus tard par la conférence de presse du PDG de General Motors.

FAITS SAILLANTS
Voici les principaux points du plan gouvernemental de restructuration du constructeur automobile américain General Motors, rendu public hier soir à Washington:

« DES SACRIFICES PARTAGÉS »
> GM devra être rentable avec un marché américain de 10 millions d’unités vendues chaque année, alors que son point d’équilibre était de plus de 16 millions d’immatriculations. > Le syndicat de l’automobile UAW a fait des « concessions importantes » sur les salaires et la couverture médicale de ses retraités. > Les créanciers obligataires ont accepté d’échanger leurs 27,1 milliards US de dette contre 10% de la nouvelle société, auxquels s’ajoutent des bons permettant d’acheter 15% supplémentaire du capital. > GM va fermer 11 usines et en mettre 3 autres au chômage technique.

LA CRÉATION DU « NOUVEAUGM »
> Le Trésor apportera 30,1 milliards US pour aider GM pendant sa restructuration. Il n’envisage pas que cette aide puisse être augmentée. En échange, le Trésor recevra 60% du capital de la nouvelle société. > Le Canada et la province de l’Ontario (où GM possède de nombreuses usines) avanceront 9,5 milliards US. Ils recevront 12% du capital. > Le « nouveau GM » va mettre en place un fonds chargé de financer la couverture santé des retraités du groupe. Ce fonds détiendra 17,5% du capital et recevra des bons lui permettant d’acquérir 2,5% supplémentaires. > Le nouveau GMaura « bien moins de dette et un bilan de classe mondiale » qui va lui permettre de réinvestir dans ses activités. > Le nouveau GM va assembler une nouvelle petite voiture dans une usine désaffectée pour porter de 66% à plus de 70% la part de ses voitures vendues aux États-Unis qui sont fabriquées dans ce pays.
LA GESTION DES PARTICIPATIONS DE L’ÉTAT
> Le gouvernement « ne souhaite pas détenir des participations au capital de sociétés plus qu’il est nécessaire et cherchera à céder ses intérêts aussitôt que cela sera possible ». > Le gouvernement n’interviendra pas dans la gestion au jour le jour de ces entreprises.


Les retraités québécois retiennent leur souffle
Les retraités de GM au Québec retenaient leur souffle hier en attendant de voir si la filiale canadienne du constructeur se placera elle aussi sous la protection des tribunaux.
« Tout le monde est inquiet », a confié à La Presse Jean-Pierre Labrosse, premier vice-président de l’Association des retraités de GM au Québec, qui regroupe 230 anc iens cadres.
La valeur de la caisse de retraite des anciens cadres québécois a chuté d’environ 50% en raison de la crise économique, et une restructuration judiciaire de GM Canada – indépendante de la maison mère américaine – viendrait « cristalliser » ces pertes, craint M. Labrosse.
La seule usine de GM au Québec, qui se t rouvait à Boisbriand, comptait environ 1200 employés quand le constructeur a cessé d’y produire la Chevrolet Camaro, en 2002.
Les ex-syndiqués n’ont pas encore vu leurs rentes de retraite amputées, mais elles sont gelées jusqu’en 2015, a indiqué Eddy Roussy, président du Club des retraités de l’usine de Boisbriand. De nombreux avantages liés aux assurances santé ont aussi été abolis, de même qu’un rabais automatique sur les véhicules GM.
Les retraités, qui se réuniront aujourd’hui à 13h30, croisent les doigts dans l’attente du verdict sur le sort de GM Canada. « On devrait avoir des réponses », a lancé M. Roussy hier soir.
Les retraités de Boisbriandmilitent pour que le gouvernement québécois crée un fonds qui viendrait combler leurs pertes si leurs rentes devaient être réduites.





QUEL AVENIR  POUR GM? - MAXIME BERGERON
Les prochaines heures seront cruciales pour GM. Le constructeur doit s’entendre avec ses créanciers et présenter d’ici demain soir un nouveau plan de relance à Washington. La restructuration sous la loi des faillites est quasi assurée. Mais que fera le gé
ébut des années 2000. Arnold Schwarzenegger, Jon Bon Jovi et une flopée de vedettes se baladent fièrement au volant de leur Hummer dans les rues d’Hollywood. Le rutilant camion de GM atteint des sommets de popularité, comme plusieurs autres véhicules lourds du constructeur.
Neuf ans plus tard, tout a changé. L’intérêt pour les grosses cylindrées s’est effondré avec la hausse des cours du pétrole et la dégradation de l’économie. General Motors est à deux doigts de la faillite. Exsangue. Le géant déchu a effectué une série de compressions draconiennes dans ses usines et son personnel, mais il devra faire beaucoup plus pour refaire sa place – et survivre – dans le paysage automobile du XXIe siècle, disent les experts.
« GM doit absolument arriver avec de nouveaux modèles best-sellers d’ici un an ou deux », lance Anil Verma, professeur à la Rotman School of Management de l’Université de Toronto.
La clé de la relance se résume en trois mots, selon les spécialistes consultés par La Presse Affaires. Fiabilité. Durabilité. Design. Des attributs qui expliquent selon eux la montée en flèche des voitures japonaises depuis trois décennies… et la descente aux enfers de General Motors.
« GM a prouvé aux baby-boomers, et à leurs enfants de la génération X, que c’était difficile de faire des voitures qui combinaient à la fois un beau design, de la qualité et de la durabilité, dit Louis Gialloreto, professeur de marketing à l’Université McGill. Ils ont vraiment perdu les deux plus grandes générations qu’on a eues dans les 100 dernières années! »
Le constructeur de Detroit s’est éparpillé au fil des décennies en multipliant les marques – huit en Amérique à l’heure actuelle – et les modèles, fait valoir M. Gialloreto. Chaque gamme a ses forces et ses faiblesses, mais aucune n’a réussi à cristalliser toutes les qualités qui font une bonne voiture, selon lui.
À l’opposé, le géant japonais Toyota s’est taillé une place de choix en Amérique avec trois marques bien circonscrites: Toyota, Lexus et Scion. Toutes reconnues pour leurs hautes normes de qualité. « Ils ont une gamme de produits beaucoup moins complexe à produire, à renouveler et à vendre, mais les parts de marchés qu’ils sont capables de générer avec ces trois marqueslà sont énormes », souligne le professeur.
Toyota a d’ailleurs dépassé GM comme premier constructeur mondial l’an dernier. Une gifle symbolique, qui est venue s’ajouter aux maux financiers du géant de Detroit, bien réels ceux-là.
Se remettre sur pied
GM n’est pas le seul constructeur automobile à souffrir du recul des ventes de véhicules neufs. Chrysler s’est placée sous la protection de la loi des faillites le mois dernier, et tous les constructeurs voient leurs revenus affectés par la crise économique mondiale.
General Motors est toutefois dans un bien pire état que la plupart de ses concurrents. L’entreprise a perdu 82 milliards de dollars depuis 2004. Ses ventes mondiales ont chuté de 11% l’an dernier, et de 21% pendant le premier trimestre de 2009. Son manque de liquidités est tellement criant qu’elle a dû recevoir plus de 19 milliards d’aide du gouvernement américain – et d’autres milliards du Canada – au cours des derniers mois pour poursuivre ses activités.

Le constructeur doit présenter d’ici demain soir un nouveau plan de relance solide à Washington, sans quoi l’État cessera de lui prêter des fonds.
« GM doit absolument arriver avec de nouveaux modèles best-sellers d’ici un an ou deux. »
La mise en faillite apparaît quasi assurée pour GM, qui devra vraisemblablement se restructurer sous la protection des tribunaux.
Parmi toutes les mesures de redressement annoncées à ce jour (fermeture d’usines et de concessionnaires, licenciements massifs, baisses de salaires), la simplification du portfolio de marques constitue l’une des plus prometteuses, selon les experts.
En plus d’abandonner sa mythique bannière Pontiac, GM vendra ses filiales Saturn, Saab, Hummer et l’européenne Opel. L’entreprise centenaire se retrouvera avec seulement quatre marques en Amérique du Nord : Chevrolet, Buick, Cadillac et GMC. Une bénédiction, d’après le professeur Louis Gialloreto, qui entrevoit même la disparition possible de GMC.
« Ils vont être capables de faire plus d’innovations sur moins de gammes, dit-il. Par conséquent, ils seront capables d’avoir plus de succès en ce qui concerne le dessin, la qualité et la durabilité, tout ça dans la même auto, au lieu d’avoir la qualité dans une, la durabilité dans l’autre et le design dans l’autre. »
Les dirigeants de GM doivent absolument « changer la culture de l’entreprise » et offrir aux consommateurs ce qu’ils veulent, souligne pour sa part Anil Verma, de l’Université de Toronto. Exit les gros véhicules clinquants et polluants, bienvenue aux voitures compactes et économiques.
« Autrement, GMne va pas seulement perdre des parts de marché, mais il y a de fortes chances que le constructeur se retrouve encore au même point dans cinq ans », dit le spécialiste de l’Université de Toronto.
L’entreprise a fait un pas dans cette direction hier en annonçant la construction d’une future petite voiture aux États-Unis. La production initiale du modèle (qui n’a pas été identifié) atteindra 160 000 unités et se fera dans une usine de GM présentement désaffectée.
Une telle production n’aurait pu être envisagée sans les importantes concessions salariales faites par les syndiqués américains de GM, a affirmé Fritz Henderson, le nouveau PDG du groupe, dans un communiqué. « Cela nécessite un effort de la part de tous pour produire une petite voiture domestique de façon concurrentielle et profitable, mais c’est ce que nous ferons tous ensemble. »
Chevrolet doit lancer l’an prochain la Cruze, une compacte qui suscite déjà un fort engouement dans la presse spécialisée. La Spark représentera pour sa part une première incursion dans le secteur des minis, avec ses petits moteurs de 1,0 et 1,2 litre.
Toutefois, selon plusieurs observateurs, c’est la Chevrolet Volt qui pourrait représenter le salut de GM. Cette jolie berline hybride promet de parcourir 64 kilomètres avec son moteur électrique sans consommer une seule goutte de carburant, après quoi un système à essence entrera en fonction.
La mise en marché de la Volt est prévue en 2010, bien que certains détails techniques restent à régler. Et la viabilité économique du projet n’est pas assurée, ce qui soulève des inquiétudes, indique le professeur Anil Verma.
Les prochains mois seront cruciaux à tous les égards pour GM. Tant pour ses avocats que pour ses ingénieurs, qui devront mettre les bouchées doubles pour vite finaliser les nouveaux modèles.


UN WEEK-END CRUCIAL POUR LE CONSTRUCTEUR
Tout pointe maintenant vers un dépôt de bilan de General Motors d’ici 48 heures aux États-Unis.
La Chevrolet Volt 2009.
Le gouvernement américain assemblait méthodiquement hier les dernières pièces du puzzle d’une mise en faillite du constructeur américain, voulant régler un maximum de dossiers avant que le juge ne se saisisse de l’affaire.
Selon plusieurs sources, la mise en faillite devrait se produire lundi, après l’échéance de demain soir imposée à GM pour le dépôt d’un nouveau plan de redressement à Washington.
L’administration du président Barack Obama a déjà expliqué qu’elle voulait que les actifs sains du constructeur automobile soient repris par un « nouveau GM » aussitôt que possible après un dépôt de bilan. Le Trésor contrôlerait dans un premier temps 72,5% du capital du groupe restructuré.
Pour éviter que l’entreprise languisse des années sous contrôle judiciaire, le gouvernement souhaite présenter au juge un plan de restructuration tout ficelé, avec l’accord des principales parties prenantes.
La nouvelle offre de restructuration de la dette obligataire non garantie présentée jeudi reflète cette ambition. Les créanciers se sont vu offrir 25% du capital du « nouveau GM », au lieu de 10% refusés plus tôt cette semaine, à la condition expresse de soutenir devant le tribunal le plan gouvernemental.
Un premier groupe de créanciers, représentant environ 20% de la dette concernée, a déjà donné son accord. Selon le New York Times, le Trésor est en discussions avec un nouveau groupe, pesant 30% de la dette. En revanche, plusieurs associations de petits porteurs campaient toujours sur leur refus initial.
Les obligataires ont jusqu’à aujourd’hui 17h pour se prononcer.
GM a par ailleurs obtenu en milieu de journée le feu vert des adhérents du syndicat de l’automobile UAW à l’accord signé entre leurs représentants et la direction de GM. Cette ratification à 74% va permettre au constructeur d’annoncer de nouvelles mesures d’austérité, incluant la disparition de milliers d’emplois et la fermeture d’usines en Amérique du Nord. Et le Canada? La mise en faillite probable de GM aux États-Unis ne se traduira pas automatiquement par une restructuration judiciaire au Canada, a indiqué à La Presse Affaires la porte-parole du groupe, Sandra Perron. La filiale canadienne demeure « distincte » de la société mère, a-t-elle dit.
GM Canada doit elle aussi présenter d’ici demain soir un nouveau plan de redressement aux gouvernements du Canada et de l’Ontario, en vue d’obtenir une nouvelle aide financière.
Toutes les avenues demeurent possibles. « Il reste encore certaines choses à concrétiser, a dit Mme Perron. Le travail va se poursuivre toute la fin de semaine et les décisions vont se prendre à la dernière minute », a-t-elle dit.
Le titre deGMa clôturé à 75 cents hier, en baisse de 37 cents.

42% du réseau de concessionnaires disparaîtra au Canada
et aux États-Unis
 
CONCESSIONNAIRES Entre désolation et acquisitions
« Vente de fermeture ». Le slogan placardé dans le pare-brise des véhicules de SteThérèse Chevrolet ne laisse place à aucune ambiguïté: les choses vont mal chez GM. Très mal.
Le constructeur en déroute a annoncé il y a 10 jours qu’il ne renouvellera pas les contrats de franchise de 42% de ses concessionnaires au Canada, environ 300 au total. La succursale de Sainte-Thérèse, au nord de Montréal, n’a pas attendu cet ultimatum avant de fermer. Le directeur Marcel Béliveau a annoncé la triste nouvelle à ses employés à la mi-mai et tente ces jours-ci d’écouler ses derniers modèles.
Partout au pays, l’humeur des franchisés de GM oscille entre colère, stupéfaction et résignation. Une importante réorganisation du réseau s’est aussi mise en branle depuis 10 jours, qui se traduira par de multiples transactions entre les concessionnaires.
« Tout le monde est dans cette game-là d’acheter et de vendre en ce moment, dit Jean-Claude Gravel, qui possède quatre concessions GM à Montréal. Le réseau va se refaire au complet. Je dirais que le 1er septembre, ça va être une nouvelle géographie. »
Les marchands se sont tous vu offrir une compensation de GM pour fermer leurs commerces d’ici octobre 2010. Certains, comme le copropriétaire de Laurier Pontiac Buick GMC de Québec, Alexandre Saillant, jugent les sommes offertes « absolument » insuffisantes.
D’autres ont carrément refusé les offres de GM et tenteront de maintenir leur commerce ouvert coûte que coûte. Ils n’auront malheureusement pas beaucoup de recours, dit Michael Hatch, économiste en chef de la Corporation des associations de détaillants d’automobiles du Canada.
« Je ne vois pas quels recours les concessionnaires pourraient avoir, indique M. Hatch. Pour qu’un contrat soit valide, il doit être signé par deux parties. Si une des deux parties refuse, il n’y a pas de contrat. »
Les commerçants récalcitrants sont toutefois minoritaires, souligne la porteparole de GM, Sandra Perron. Un « très haut nombre » de concessionnaires a accepté les offres de dédommagement, particulièrement au Québec, a-t-elle dit à La Presse Affaires.
Des dizaines de succursales fermeront ainsi leurs portes dans la province, jusqu’à 70 sur 148 selon certaines informations que l’entreprise refuse de confirmer.
Aussi, malgré l’importante réorganisation à venir, la crise chez GM ne signifiera pas la disparition pure et simple de 300 concessionnaires au Canada. Plusieurs tenteront d’attirer de nouvelles bannières concurrentes dans leurs installations, notamment des constructeurs japonais.
« Dans certains cas, le gars perd Pontiac mais dans sa ville, il n’y a pas de Mazda, souligne Jean-Claude Gravel, propriétaire de quatre succursales GM. Peut-être que Mazda va rentrer dans la bâtisse. Il ne ferme pas nécessairement. »
Autre lueur d’espoir pour les marchands de voitures: le nombre de véhicules vendus au Canada est resté stable en avril, révèle une étude publiée hier par la Banque Scotia. Il s’en est écoulé 1,42 million en nombre annualisé, « bien au-dessus » du volume de 1,34 million enregistré au premier trimestre, souligne le document.



 
GENERAL MOTORS - Le spectre de la faillite se rapproche
Lespectredelafaillitequirôdedepuis des mois autour de General Motors est sur le point de se matérialiser.
Le constructeur automobile a été incapable de s’entendre avec ses obligataires, qui ont refusé d’échanger 27 milliards US de dette contre 10% des actions de GM. Cet échec, annoncé hier, devrait forcer l’entreprise à se placer sous la protection des tribunaux au cours des prochains jours, estiment les experts.
La réduction de la dette est cruciale à la relance de GM. Washington a déjà injecté plus de 19 milliards US dans le constructeur et exigeait un accord avec les obligataires avant d’allonger d’autres fonds publics. Sans entente, le robinet sera fermé dès lundi prochain, ce qui accule l’entreprise au mur.
Le dépôt de bilan de la société mère risque aussi de se traduire par une mise en faillite de la filiale canadienne de GM, même si sa santé est moins précaire. « Comme les obligataires détiennent des obligations dans les deux pays, c’est plus probable qu’ils doivent passer par une faillite au Canada », explique Louis Gialloreto, professeur de marketing à McGill.
Une restructuration au Canada se ferait sous le chapeau de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, semblable au « chapitre 11 » américain, souligne Marc Chabot, professeur titulaire de sciences comptables à l’UQAM et expert des faillites.
À contrecoeur
C’est à contrecoeur que GM cherchera la protection des tribunaux, après des mois de cure minceur extrême. Le groupe a déjà fermé des usines, licencié des milliers de travailleurs, supprimé la bannière Pontiac et annoncé la fermeture de plus de 40% de ses concessionnaires au Canada et aux États-Unis. Des accords de réduction des salaires ont aussi été ratifiés des deux côtés de la f rontière, promettant des milliards d’économies annuelles.
Malgré tous ces efforts, la dette demeure étouffante. GM espérait être capable de l’abaisser de 44 milliards US d’ici lundi prochain, mais le refus de ses obligataires d’accepter un échange contre des actions rend ce scénario impensable.
Les détenteurs d’obligations « ont le gros bout du bâton », puisqu’ils sont souvent considérés comme créanciers garantis quand une entreprise se place sous la protection de la loi des faillites, dit le professeur Marc Chabot. Ils espèrent obtenir plus d’argent en cour que ce que GM leur a offert dans sa dernière proposition.
Selon l’expert, la restructuration judiciaire est « une bonne chose », malgré la connotation négative qui y est souvent associée. « L’objectif visé avec ces lois, c’est de favoriser la conclusion d’un accord quand les parties restent assises sur leurs positions et que les compromis ne se font pas. »
Le conseil d’administration de GM doit se réunir cette semaine pour convenir de la suite des choses. Le temps presse : le groupe a jusqu’à dimanche soir pour présenter un plan de redressement à l’administration américaine... ou déposer son bilan. Tant le président Barack Obama que les dirigeants de GM ont déjà évoqué le spectre d’une faillite au cours des dernières semaines.
Les investisseurs attendent le verdict avec anxiété. Le titre de GM a fortement chuté hier à la Bourse de New York, pour clôturer à 1,15$US, en baisse de 20%.
L’exemple de Chrysler?
Si la restructuration judiciaire est probable au Canada, elle pourrait aussi être évitée grâce à la meilleure tenue de l’économie canadienne. Chrysler, qui s’est protégée de ses créanciers aux États-Unis le mois dernier, poursuit pour l’instant ses activités normales ici.
Michael Hatch, économiste en chef de la Corporation des associations de détaillants d’automobi les du Canada, estime qu’un scénario à la Chrysler est « possible ». Il admet toutefois que les concessionnaires sont réalistes et s’attendent à faire d’importantes concessions. GM souhaite fermer 42% de son réseau au pays, soit environ 300 succursales.
Comme aux États-Unis, GM a jusqu’à dimanche soir pour présenter un plan de redressement aux gouvernements du Canada et de l’Ontario, en vue d’obtenir davantage d’aide financière.
L’entreprise a fait savoir par communiqué qu’un nombre d’obligataires « significativement » moins élevé que nécessaire avait accepté les offres d’échange de dette. La société devait recevoir l’appui de 90% d’entre eux pour voir son plan accepté par Washington.
Sandra Perron, porte-parole de GM au Québec, n’a pas rappelé La Presse Affaires hier.


Seconde chance pour les créanciers de GM
Le Trésor américain a donné hier une seconde chance aux créanciers de General Motors (GM), qui avaient refusé la veille son plan de restructuration de la dette du constructeur, enmaniant la carotte (une offre améliorée) et le bâton (la menace de perdre leur mise).
Les détenteurs de dette obligataire non garantie, à qui on proposait 10% des actions de GM en échange de leurs titres, se sont vu offrir en plus des warrants leur permettant d’acheter 15% supplémentaires du capital.
La première mouture de la restructuration des 27,2 milliardsUS de dette non garantie de GM avait échoué la veille, en raison du manque d’intérêt des investisseurs qui se trouvaient plus mal traités que d’autres parties prenantes au dossier, en particulier les syndicats.
Pendant ce temps, la menace de faillite continue à planer sur le constructeur d’autos fondé il y a 77 ans. Selon Bloomberg, GM aurait l’intention de demander, le 1er juin prochain, la protection judiciaire contre la faillite.
Cela dit, la nouvelle offre aux créanciers a reçu un accueil positif. Le comité officieux des porteurs de titres obligataires non garantis, qui rassemble environ 20% de la valeur de cette dette, s’y est dit favorable. La nouvelle proposition « ouvre la possibilité aux créanciers de récupérer une plus grande partie de leur mise que ce qui était offert précédemment », a-t-il noté.
En revanche, une association de petits porteurs – ils sont plus de 100 000 à détenir des titres GM – est restée campée sur son refus initial, en notant que les créanciers recevraient une indemnisation cinq fois inférieure à celle des syndicats.
Une nouvelle date butoir a été fixée aux créanciers pour se prononcer: ils devront avoir montré leur soutien au nouveau plan, en quantités « suffisantes », avant demain 17h. Un responsable gouvernemental a précisé qu’aucun seuil minimal d’acceptation n’avait été fixé par l’État.
En cas de nouvel échec, les créanciers risquent de perdre l’essentiel de leur mise : le Trésor a averti que, dans cette situation, les nouveaux titres qui leur sont destinés seront « réduits substantiellement ou éliminés ».
Dépôt de bilan
La nouvelle offre s’inscrit clairement dans le cadre d’un dépôt de bilan du constructeur, qui paraît donc désormais acté par toutes les parties.
Une fois le bilan déposé, les créanciers devront en effet s’engager à soutenir le plan gouvernemental, qui prévoit la vente rapide des actifs sains du groupe à un « nouveau GM », qui sortirait rapidement du processus de faillite.
En revanche, les actifs délaissés resteraient logés dans un « ancien GM », dont la liquidation sous contrôle judiciaire pourrait prendre des années.
Après sa restructuration, le « nouveau » GM sera détenu à 72,5% par le Trésor américain, à 17% par le fonds à gestion syndicale chargé de financer la couverture médicale des retraités du groupe, et à 10% par les créanciers obligataires (avant exercice de leurs warrants). La proportion revenant au Trésor pourrait être réduite en cas d’apport financier du Canada.
Comme c’était prévu, le syndicat de l’automobile UAW recevra lui aussi des warrants lui permettant obtenir 2,5% du capital du constructeur.
Pour aider le constructeur pendant sa restructuration, le Trésor lui apportera plus de 50 milliardsUS de financement.
Dans leur communiqué, les créanciers ont souligné que le nouveau montage prévoit que, sur ce total, 40 milliardsUS soient transformés en capital, au lieu de 10 milliardsUS auparavant.
Le bilan du « nouveau GM » sera ainsi considérablement plus solide que dans la mouture précédente, se sont réjouit les créanciers obligataires.
Selon Cesare de Novellis, de Meeschaert New York, la plus grande « flexibilité » des créanciers est bienvenue, mais « ne change pas vraiment les choses ». GM continue d’avoir des fonds autogénérés négatifs et n’arrive pas à se débarrasser d’Opel ».
« Plus tôt i nterviendra la faillite, le plus tôt la société pourra en ressortir restructurée », note l’analyste.



GM : Une longue convalescence - Jacques  Duval

Les pronostics de survie de GM sont encourageants, mais tout dépendra de la compétence de la nouvelle administration
Les coupes auront permis de créer une entreprise capable de répondre aux besoins du marché dans des délais compétitifs. Et à corriger ses erreurs avec la même célérité.
L’auteur est chroniqueur automobile.
Aujourd’hui et au cours des prochains mois, quelque 3900 concessionnaires GM vont devoir fermer leurs portes et mettre à la rue des dizaines d’employés.
Avec la déroute de General Motor s , c ’ e s t tout un pan de l’histoire américaine qui vient de s’écrouler. Rappelons-nous simplement cette belle époque où il suffisait de suspendre une bannière Chevrolet chez un concessionnaire pour que l’affaire se transforme en une mine d’or. Combien d’hommes d’affaires plus ou moins doués sont devenus millionnaires à vendre les produits de General Motors ? En ces temps bénis pour eux, les lettres GM brillaient de tous leurs feux et étaient synonymes de succès, de rentabilité, de prospérité et de respect. Ce qui était bon pour GM était bon pour l’Amérique.
Aujourd’hui et au cours des prochains mois, 3915 de ces ex-millionnaires de l’automobile (dont 310 au Canada) vont devoir décrocher leur bannière Chevrolet, Buick ou autre et mettre à la rue des dizaines d’employés qui avaient toujours cru que leur avenir était assuré et leur emploi sécurisé.
La question qu’il faut se poser a trait aux chances de succès de la restructuration de General Motors. Faillite ou pas, qu’adviendra-t-il d’un constructeur qu i , hier encore, se bat tait contre Toyota pour rester le plus gros constructeur automobile du monde? Chose certaine, l’entreprise ne retrouvera jamais ses parts de marché d’antan, celles qui, en 1976, se situaient encore à 50%. Triste coïncidence, c’est aussi l’année où les choses ont commencés à mal tourner pour le numéro 1 de l’automobile.
Avec tous les correcti fs mis en place au cours des derniers mois et le fameux plan de restructuration dont on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants, General Motors pourrat-il continuer d’exister et retrouver un jour le chemin de la rentabilité ? En ce qui a trait à sa survie, il serait très étonnant que l’entreprise meure de sa belle mort et qu’il n’en reste qu’un triste chapitre dans les livres d’histoire.
Car les problèmes majeurs ont été résolus, que ce soit les surcapacités de production, le taux horaire des travailleurs d’usines, la caisse de retraite des employés , le c roisement des marques, la surabondance de concessionnaires et, bien sûr, l’équilibre du nombre total d’employés en regard des ventes. En éliminant les marques les moins productives ( Pontiac, Saturn et Hummer), on évitera les coûts astronomiques engendrés par toute la paperasse qui entoure l’existence d’une raison sociale différente pour vendre le même produit.
Ce qui a miné General Motors, c’était sa taille gigantesque qui l’empêchait de prendre des décisions aussi rapidement que la concurrence. Les coupes à tous les stades auront permis de créer une compagnie capable de répondre aux besoins du marché dans des délais compétitifs. Et à corriger ses erreurs avec la même célérité.
Il ne faut pas perdre de vue que GM a des acquis, ne serait-ce par exemple que son succès dans un marché comme la Chine qui s’est découverte une affection particulière pour les produits Buick. Et que dire de Cadillac, anciennement le symbole absolu de la réussite, devenue une marque vieux jeu et qui a retrouvé sa superbe depuis quelques années ? Bizarrement, dans toute cette saga du constructeur américain, il est rarement question de l’essence même d’une firme comme General Motors, c’est-àdire le produit, les automobiles et les véhicules utilitaires. C’est en majeure partie à ce chapitre que se joue la survie de la compagnie. À part la Volt, il n’y a rien de révolutionnaire à l’horizon, mais la gamme de modèles devrait être solide avec l’arrivée prochaine de la Chevrolet Cruze déjà vendue en Europe et comparable à une Toyota Corolla. GM possède aussi un vaste assortiment de petits camions et d’utilitaires sport, un secteur qui représente en ce moment un fort pourcentage du marché.
Voilà autant de raisons d’espérer voir les nuages disparaître et le soleil poindre à l’horizon. La seule question épineuse qui reste en suspens porte sur la compétence de la nouvelle administration de cette compagnie dont les pronostics de survie sont encourageants, mais qui demeurera encore longtemps en convalescence.

L’ACCORD ENTRE FIAT ET CHRYSLER EST CONCLU -  Maxime Bergeron
9400 travailleurs canadiens « incroyablement satisfaits »
Après six semaines de chômage forcé, les 9400 employés de Chrysler au Canada reprendront bientôt le travail grâce à l’alliance conclue hier avec le constructeur italien Fiat.
Le « nouveau Chrysler », qui misera sur les petites voitures de Fiat pour reprendre des parts de marché, commencera « immédiatement » ses activités, ont annoncé les deux groupes dans un communiqué conjoint. Les travailleurs jubilent.
« C’est une bonne nouvelle, parce que tant le gouvernement du Canada que celui des États-Unis ont dit que Chrysler ne pourrait survivre en tant que société indépendante, a dit Ken Lewanza, président des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA), pendant un entretien téléphonique. Je suis incroyablement satisfait. »
Chrysler a fermé temporairement toutes ses usines nord-américaines le 1er mai dernier, au lendemain de son dépôt de bilan aux États-Unis. Les trois usines canadiennes du groupe devraient redémarrer la production le 29 juin, selon Ken Lewanza, une information que la porte-parole de Chrysler Canada a refusé de confirmer.
Chrysler aura un tout autre visage au sortir de sa restructuration judiciaire éclair, bouclée en seulement 42 jours. Le troisième constructeur américain sera détenu à 20% par Fiat, proportion qui pourrait grimper jusqu’à 35 % quand certaines conditions seront remplies. Son plus important actionnaire sera – et de loin – un fonds du syndicat américain des Travailleurs unis de l’automobile ( UAW), avec 55% du capital.
Ottawa et Washington, qui ont injecté ensemble plus de 8 milliards US dans l’entreprise, détiendront respectivement 2% et 8% des parts. Les gouvernements menaçaient de retirer leur aide financière à défaut d’une alliance avec Fiat, ce qui aurait signifié la mort du constructeur fondé en 1925.
Le PDG de Fiat, Sergio Marchionne, a été nommé président de Chrysler Group LLC. La nouvelle entité reprendra l’essentiel des actifs du constructeur en faillite, à l’exception de certaines dettes.
« Je sais que le processus a été difficile pour toutes les parties impliquées, mais nous sommes prêts à prouver aux consommateurs américains que Chrysler peut de nouveau être une entreprise forte et concurrentielle », a déclaré M. Marchionne dans un communiqué.
Fiat n’allonge pas d’argent dans la transaction, mais fera plutôt profiter Chrysler de ses technologies évaluées à plusieurs milliards. Le constructeur italien devrait introduire sur le marché nord-américain son petit modèle 500, très populaire en Europe. La marque Alfa Romeo pourrait aussi être ramenée aux États-Unis.
Fiat, qui a elle-même frôlé la faillite il y a quelques années, veut faire profiter Chrysler de son « expertise dans le redressement d’entreprise ». Le constructeur américain bénéficiera aussi du réseau international de distribution de Fiat, avec un accent particulier mis sur la Russie et l’Amérique du Sud, a indiqué le groupe hier.
D’autres compressions ?
Richard Powers, spécialiste de l’industrie automobile de l’Université de Toronto, s’attend à ce que des produits Fiat apparaissent sur le marché nord-américain d’ici de 12 à 24 mois. Mais plusieurs questions restent à régler, souligne-t-il.
« Ils doivent augmenter la production en Europe et décider s’ils vont produire certaines de ces voitures en Amérique du Nord, ce qui impliquerait un réoutillage de certaines usines », a-t-il dit.
D’autres coupes et fermetures d’usine sont à prévoir au sein de la nouvelle entité, ajoute M. Powers. La société pourrait avoir du mal à faire accepter ces compressions en raison de la forte participation du syndicat UAW dans le capital de l’entreprise, selon lui.

Foutaise, dit Ken Lewanza, président des TCA. Il soutient que la forte présence syn-

La transaction en cinq questions
QQuelle
est l a structure du « nouveau Chrysler » ? R Le constructeur italien Fiat détient 20 % des parts du groupe, le régime de retraite du s y ndicat a mér i c a i n des Travailleurs unis de l’automobile ( UAW), plus de 55 %, le gouvernement américain, 8 % et les gouvernements de l’Ontario et du Canada, 2 %. Fiat pourra augmenter sa participation à 35 % une fois qu’elle aura remboursé les milliards prêtés par Ottawa, Washington et Queen’s Park. La nouvelle entité (appelée Chrysler Group LLC) reprendra l’essentiel des actifs de Chrysler, à l’exception de certaines dettes. QQui
dirigera l’entreprise ? R Sergio Marchionne, PDG de Fiat, a été nommé hier grand patron. Une série de nouveaux dirigeants font aussi leur arrivée dans les différentes divisions du groupe. Le conseil d’administration de ce Chrysler 2.0 comptera neuf membres : quatre seront nommés par le gouvernement américain, trois par Fiat, un par le gouvernement canadien et un par le syndicat UAW. QQuels
changements sont à prévoir dans le portfolio de véhicules Chrysler ? R Le constructeur compte offrir plus de petites et moyennes voitures. La Fiat 500, qui rappelle la Mini par son look arrondi, devrait notamment arriver en Amérique d’ici de 12 à 24 mois, selon certains experts. L’ent r eprise n’a pas encore détaillé ses plans à cet égard. QD’autres
compressions sontelles à prévoir ? R Le nouveau PDG Sergio Marchionne n’en a pas fait mention, hier. Chrysler a déjà fortement dégraissé ses activités depuis le début de 2007: le groupe a aboli 32 000 emplois ( presque le tiers de ses effectifs), réduit sa production de 1,2 million de véhicules et retranché 3 milliards de dollars à ses coûts de fonctionnement annuels. Au Canada, les 9400 travailleurs devraient conserver leur emploi et les t rois usines devraient demeurer ouvertes, a indiqué une porte-parole. L’entreprise a supprimé 1500 emplois et fermé une usine au pays ces dernières années. QEt
qu’en est-il des concessionnaires ? R Chrysler fermera 25 % de ses succursales aux ÉtatsUnis, mais le réseau canadien de 450 concessionnaires devrait être intouché, a affirmé la porteparole Mary Gauthier.



LE FÉDÉRAL ET L’ONTARIO VIENNENT EN AIDE À CHRYSLER

— Dans l’espoir que Chrysler continue ses activités au Canada malgré la restructuration, le gouvernement fédéral et l’Ontario mettent la main à la pâte, offrant à l’entreprise des prêts totalisant 3,8 milliards de dollars.
Cette aide financière du Canada se veut proportionnelle au soutien de 12 milliards annoncé plus tôt dans la journée par l’administration de Barack Obama. Un cinquième de la production de Chrysler en Amérique du Nord se trouve au Canada.
L’enveloppe canadienne comprend un prêt provisoire existant, un prêt en fonds de roulement à court terme et un prêt de restructuration à moyen terme, qui visent tous les opérations canadiennes de Chrysler.
Conjointement avec les Américains, les gouvernements canadien et ontarien participeront à la supervision juridique de la restructuration de Chrysler LLC, par l’intermédiaire de prêts débiteur-exploitant.
En échange, le Canada et l’Ontario détiendront 2% des parts de l’entreprise restructurée – contre 8% pour les ÉtatsUnis. Ottawa pourra par ailleurs nommer un des neuf gestionnaires au conseil d’administration, « pour s’assurer que les intérêts des contribuables canadiens soient protégés », a dit le premier ministre Stephen Harper.
Fin mars, Ottawa a rejeté le premier plan de relance proposé par Chrysler, mais le gouvernement estime cette fois que le constructeur automobile a fait ses devoirs.
« Les gestionnaires, les syndicats, et les institutions financières de Chrysler ont fait les sacrifices nécessaires pour assurer la viabilité à long terme de l’entreprise », a souligné M. Harper.
La décision d’ouvrir les coffres et de débourser ces 3,8 milliards de dollars était devenue inévitable, a-t-il précisé.
« Avec la décision de l’administration américaine d’intervenir, nous avons rapidement conclu que la seule option réaliste, pour le Canada, était de participer au processus de restructuration. Autrement, nous aurions couru un risque important de voir l’entreprise se restructurer totalement à l’extérieur de notre pays. Ce n’est tout simplement pas une solution viable pour l’économie canadienne », a expliqué le premier ministre.
Si l’entente prévoit que 20% des investissements et des emplois de Chrysler après la restructuration seront maintenus au Canada, Ottawa n’a toutefois aucune garantie que l’ensemble des usines actuelles continueront leurs activités.
« Ça va dépendre de la performance de l’entreprise, a dit M. Harper. Chrysler sera dans l’avenir une compagnie plus petite. Mais soyons clairs, nous avions à choisir entre une plus petite entreprise ou l’effondrement complet et la disparition de 100% des emplois. Ce qui n’était pas une option. »
Le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, abonde dans son sens. « C’est impossible de garantir qu’on va maintenir le nombre de travailleurs ici en Ontario. Mais c’est dans l’intérêt de Chrysler de maintenir une présence importante en Ontario », dit-il.
Manque de vision
À Ottawa, les partis de l’opposition ont convenu que le gouvernement ne pouvait faire autrement que de s’engager dans cette voie. Selon eux, toutefois, Stephen Harper aurait pu en faire plus.
Le député libéral du sud de l’Ontario Frank Valetiote a déploré le fait que l’entente ne garantisse pas que les emplois resteront au Canada, surtout compte tenu que le pays ne détient qu’un siège sur 9 au conseil d’administration.
Des questions restent aussi en suspens, a-t-il ajouté. « J’espère aussi qu’il y a un plan chronologique pour nous permettre de nous retirer de tout cela. »
Le chef du NPD, Jack Layton, a déploré le manque de vision du gouvernement Harper. « On devrait ajouter, d’abord, une dimension de véhicules verts à toute l’affaire, a-t-il dit. Deuxièmement, une indication que les communautés qui bâtissent ces véhicules sont importantes », a-t-il dit.
Le président des Travailleurs canadiens de l’automobile ( TCA), Ken Lewenza, a pour sa part poussé un soupir de soulagement, hier, et se dit confiant de voir Chrysler se restructurer de façon à continuer de produire des véhicules au Canada.



UN NOUVEAU DÉPART : 
CHRYSLER CONFIE LE VOLANT À FIAT, SOUS LA PROTECTION DE LA LOI SUR LES FAILLITES
WASHINGTON— Le président américain Barack Obama a annoncé hier le dépôt de bilan de Chrysler en même temps qu’une alliance avec son concurrent italien Fiat, qui doit non seulement assurer la survie du groupe américain, mais faire de lui le sixième constructeur automobile mondial.
L’opération de sauvetage de l’un des trois grands de Detroit prévoit une prise de participation initiale de 20% et pouvant aller jusqu’à 35% de Fiat dans Chrysler, une autre de 8% du gouvernement américain (une intervention historique de sa part dans l’industrie automobile), et une de 2% du gouvernement canadien, a indiqué la Maison-Blanche.
Un nouveau fonds assurant la couverture santé des retraités de Chrysler recevra 55%.
Le gouvernement américain se dit prêt à accorder 8 milliards US de plus à la survie de Chrysler, pendant la procédure de dépôt de bilan et après.
Selon de hauts responsables de l’administration, le plan ne devrait entraîner ni suppression d’emplois ni fermeture immédiate d’usine.
Quant à la procédure de dépôt de bilan, devant être introduite à New York, elle devrait être courte, entre 30 et 60 jours, et « chirurgicale », selon un de ces responsables s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
Ce dépôt de bilan n’est pas « un signe de faiblesse, mais bien plus (un) pas de plus sur la voie clairement tracée menant à la survie de Chrysler », a dit M. Obama.
Comme l’administration a les syndicats et les principaux créanciers de son côté, « cette procédure sera rapide, elle sera efficace, elle est destinée à traiter avec les quelques derniers réfractaires (aux termes actuels d’une restructuration) et elle sera contrôlée », a-t-il dit.
Quant au partenariat avec Fiat, il a « de grandes chances de réussite », a-t-il assuré.
Selon un communiqué de la Maison-Blanche, Fiat va offrir à Chrysler l’accès à son réseau de distribution mondial. Il doit surtout permettre à Chrysler, grâce à son savoir-faire technologique, de construire dans les usines américaines de nouveaux véhicules consommant moins et répondant mieux à la demande du moment.
Comptant 38 000 salariés aux États-Unis, Chrysler, victime comme le numéro américain General Motors de la crise économique, de la chute de ses ventes et de ses erreurs stratégiques, se bat depuis des mois pour sa survie.
À la suite de l’administration Bush, le gouvernement Obama a accepté de le maintenir sous perfusion et, depuis décembre, Chrysler a reçu 4 milliards US. En échange du maintien de l’aide fédérale, Chrysler et GM ont été sommés de soumettre des plans de restructuration drastiques.
M. Obama a recalé les premières versions en mars, et donné jusqu’à hier à Chrysler, et un mois de plus à GM pour présenter des projets garantissant qu’ils reviendraient à la viabilité et n’auraient plus besoin de l’argent du contribuable.
Les syndicats ainsi que les grandes banques ont fait des concessions.
Mais, mercredi, à la veille de l’échéance gouvernementale, d’ultimes négociations sur les dettes de Chrysler ont échoué.
Selon un haut responsable de l’administration, une partie des créanciers de Chrysler ont refusé l’offre du Trésor de recevoir 2,25 milliards US en numéraire en échange de l’effacement de 6,9 milliards US de dette.
Le gouvernement est alors arrivé à la conclusion que la meilleure solution pour Chrysler était de poursuivre son effort de restructuration en se plaçant sous la protection garantie par le chapitre 11 de la loi sur les faillites.
Cependant, M. Obama, qui fait face à la pire récession depuis les années 30, est accusé par ses adversaires d’un interventionnisme sans précédent dans les affaires économiques.
Alors que l ’ État pourrait entrer dans Chrysler, « je pense que notre premier rôle, en tant qu’actionnaires, doit être de chercher à sortir de là. Vous savez, je n’ai pas envie de diriger les constructeurs automobiles », a-t-il dit mercredi.

 
Alliance Chrysler-Fiat : Tout un défi !
Le succès de l’alliance Chrysler-Fiat dépendra de la capacité des deux entreprises d’intégrer leurs opérations et leurs cultures
Même si Chrysler et Fiat parviennent à réaliser cette fusion, leur alliance mettra au moins deux
ans à porter des fruits.
L’auteure est professeure assistante à la John Molson School of Business de l’Université Concordia.
Complétéen1931, l’édificeChrysler a brièvement régné sur New York comme le plus haut gratte-ciel au monde. Avec ses gargouilles inspirées des voitures Chrysler, il reflétait la force de la firme dont il porte le nom. Chrysler a connu son apogée entre 1930 et 1950, quand elle était deuxième aux États-Unis en matière de ventes grâce à ses prouesses d’ingénierie.
Après une détresse financière en 1979, Chrysler s’est réorganisée sous la direction du célèbre Lee Iacocca. En 1998, la firme allemande Daimler-Benz a acheté la compagnie pour 37 milliards US. Cette acquisition fut un échec: en 2007, Daimler vendait 80% de Chrysler au fonds d’investissement privé Cerberus.
La semaine dernière, Chrysler a entamé une autre réorganisation en s’alliant avec le constructeur italien Fiat. Fiat a obtenu 20% de participation dans Chrysler et, en contrepartie, il apporte sa technologie pour la construction de petites voitures, économes en énergie. Le succès de l’alliance Chrysler-Fiat dépendra de leur capacité à s’intégrer.
Fiat vient de traverser une transformation dont il est sorti avec une équipe de direction plus jeune et efficiente sous la direction de son PDG, Sergio Marchionne, un Canado-Italien probablement bientôt responsable de ChryslerFiat étant donné que le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, a démissionné. L’équipe de gestion deChrysler est plus imposante et léthargique. L’importance de la capacité d’intégration est illustrée par l’échec de la fusion de Daimler et Chrysler, deux firmes de culture différente qui n’ont pu réussir la délicate opération.
Même si Chrysler et Fiat parviennent à réaliser cette fusion, leur alliance mettra du temps – au moins deux ans – à porter des fruits. Entre-temps, elles devront se financer. Chrysler est en grave détresse financière. Elle doit 6,9 milliards à 46 obligataires et des montants salariaux élevés à ses 54 000 employés. Les plus récentes négociations promettaient d’alléger ce fardeau. Le syndicat a accordé à la compagnie des concessions salariales substantielles. Le Trésor américain et quatre obligataires principaux (JP Morgan Chase, Citigroup, Morgan Stanley et Goldman Sachs) proposaient un plan de 2,25 milliards pour éteindre la dette envers les obligataires. Cependant, quelques-uns de ceux-ci ont rejeté ce plan.
Voilà pourquoi Chrysler se retrouve sous la protection du Chapitre 11 du Code de la banqueroute des ÉtatsUnis. Le Chapitre 11 permet la réorganisation d’une firme et la renégociation de ses contrats, supervisées par un tribunal. Chrysler avait déjà largement planifié sa réorganisation avant d’amorcer le Chapitre 11. Ainsi, Chrysler utilise le Chapitre 363 du Code, qui permet d’accélérer le processus. Chrysler espère qu’un tribunal accepte, via ce Chapitre 363, la vente de ses actifs principaux à une nouvelle firme résultant de son alliance avec Fiat pour 2 milliards payables à ses obligataires. Les actifs restants de Chrysler seraient sujets au Chapitre 11.
Le gouvernement américain versera 3,3 milliards à l’entreprise dans le cadre du Chapitre 11 et 4,7 milliards après la réorganisation. Les gouvernements canadien et ontarien contribuent pour leur part 2,5 milliards. Bien que considérables, ces sommes pourraient être insuffisantes pour financer le quotidien de Chrysler. En effet, la société a presque entièrement consommé les 4 milliards empruntés au gouvernement américain au début de l’année. De plus, on l’a dit, l’alliance Chrysler-Fiat mettra du temps à générer des liquidités. Entre-temps, Chrysler pourrait tomber encore plus bas si sa détresse financière pousse des acheteurs potentiels à douter de sa survie et à se tourner vers ses concurrents.
Chrysler devra donc trouver les moyens de rassurer ses clients. La souscription du gouvernement américain des garanties après-vente de Chrysler constitue un geste crucial à cet égard. Néanmoins, la nécessité de financer les activités courantes de Chrysler est réelle et pourrait être compliquée par un marché du crédit sérieusement affaibli. Tout un défi pour Sergio Marchionne, le sauveur de Fiat!




Vers un nouveau GM
La consolidation des concessionnaires au Québec sera salutaire
L’auteur est propriétaire de quatre concessionnaires GM dans la région de Montréal.
Propriétaire de quatre concessionnaires GM dans la région de Montréal, Jean-Claude Gravel se dit optimiste pour l’avenir malgré la restructuration du constructeur américain.
General Motors a annoncé lundi un imposant plan de restructuration. Ce plan fera mal : mises à pied de milliers de travailleurs, fermeture de centaines de concessionnaires. Mais ce plan est nécessaire.
Au Canada, il y aura une consolidation des concessionnaires. Assurant la solidité des commerces restants, cette consolidation sera salutaire.
C’est pourquoi j’ai confiance dans l’avenir de GM. Les gens de l’industrie travaillent comme jamais, ils ont accepté de sortir des sentiers battus. Et puis, je suis très impressionné par le président Obama. Il a eu raison d’imposer des changements à la tête de l’entreprise: quand on reçoit 50 milliards de fonds publics, il faut être prêt à se plier à des conditions, ce que l’ancien président, Rick Wagoneer, n’était pas disposé à faire.
GM fabrique des modèles de qualité, les études de J. D. Power le démontrent. Il faut maintenant en convaincre les automobilistes. C’est certainement réalisable, Lee Iacocca y est parvenu lorsqu’il a pris la direction de Chrysler en 1978. Quand les travailleurs mettent l’épaule à la roue, tout est possible.
On a beaucoup reproché aux fabricants américains de ne pas produire de petites voitures. On a tort. C’est GM qui vend le plus de petites automobiles au Canada. Le problème, c’est qu’aux États-Unis, les automobilistes n’en voulaient pas. C’est ce qui vient de changer.
Les grands de l’auto américains vont toutefois devoir revoir la profitabilité de la petite voiture. Les consommateurs recherchent des véhicules plus petits, mais de grand luxe.
Par ailleurs, je ne crois pas au concept hybride, c’est un modèle de transition. L’avenir, selon moi, appartient aux voitures tout électriques comme la Volt, de Chevrolet.
Pour les gens de l’industrie, comme nous, les derniers six mois ont certes été difficiles. Mais je suis dans le métier depuis 1983 alors des périodes dures, j’en ai vu d’autres. Beaucoup de gens ont retardé l’achat d’une automobile en raison de l’incertitude quant à la survie des fabricants. Mais un jour ou l’autre, ils vont revenir acheter.


GENERAL MOTORS  Un scénario « à la Chrysler » de plus en plus probable

WASHINGTON— Un scénario « à la Chrysler » apparaît de plus en plus probable pour le constructeur automobile américain General Motors, qui devrait annoncer d’ici à la fin de la semaine son dépôt de bilan pour mener une restructuration « chirurgicale » avec un fort soutien du gouvernement.
GM a jusqu’au 1er juin pour présenter un plan de restructuration viable. Mais nombre d’analystes estiment qu’il devrait d’ici là suivre l’exemple de son concurrent Chrysler, qui s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites fin avril.
« Je pense que GM va apprendre beaucoup de la faillite de Chrysler », a déclaré sous le couvert de l’anonymat un avocat spécialisé dans les faillites.
Selon le Washington Post, l’État fédéral s’est résolu à une telle solution alors même que GM a beaucoup progressé dans sa restructuration, notamment en arrachant la semaine dernière à ses syndicats américains et canadiens des accords qui lui permettent de ramener ses coûts salariaux à ceux de la concurrence. Les membres du syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile ( TCA) devaient voter hier et aujourd’hui pour entériner l’entente de principe annoncée vendredi dernier.
Procédure de restructuration
Le schéma retenu dans les deux cas serait celui d’une vente rapide des actifs sains du constructeur à des investisseurs. Le reste des actifs et des engagements du groupe devrait languir pendant des années sous administration judiciaire pendant que les parties prenantes se disputeraient ses dépouilles.
« Je m’attendrais à ce que GM engage sa procédure de faillites devant le même tribunal (de New York) que Chrysler. Celui-ci a engagé les choses au pas de course, ce qui est capital pour GM autant que cela l’a été pour Chrysler. »
endant le dépôt de bilan, l’État fédéral continuerait à alimenter massivement les caisses de GM, à qui il a déjà fourni 19,4 milliards de dollars depuis l’hiver. Au départ, l’aide gouvernementale était seulement destinée à durer jusqu’à la fin du mois de mai
«Je m’attends à ce que GM engage sa procédure de faillite devant le même tribunal (de New York) que Chrysler. Celuici a engagé les choses au pas de course, ce qui est capital pour GM autant que cela l’a été pour Chrysler », a ajouté cet avocat spécialisé, qui connaît bien le dossier.
La restructuration de GM sous la protection de la justice serait bien plus compliquée que celle de Chrysler puisqu’elle mettrait en jeu les intérêts de milliers d’investisseurs et d’autres parties.
Dans les deux cas, les banquiers doivent consentir des sacrifices plus importants que les autres parties, notamment le syndicat de l’automobile UAW.
Kent Engelke, de Capitol Securities Management, a relevé que le gouvernement demande aux porteurs de dette obligataire garantie de renoncer à 27 milliards de dollars en échange de 10% de la compagnie. « Le Trésor et l’UAW vont renoncer à 20 milliards et recevront 89% de la nouvelle compagnie ».
Ce plan, a dénoncé M. Engelke, « sacrifie les porteurs de dette garantie au profit des syndicats. C’est injuste, sans précédent juridique et en contradiction avec les règles juridiques et financières de base ».
Le juge. des faillites Arthur Gonzales doit décider mercredi s’il approuve le plan poussé par l’État pour Chrysler, qui prévoit la vente des principaux actifs du groupe à un consortium mené par le constructeur italien Fiat.
Son feu vert pourrait permettre à un « nouveau » Chrysler de sortir du processus de restructuration judiciaire dans les 30 jours, mais ce scénario optimiste peut toujours prendre du retard en cas d’éventuelles contestations.
Jonathan Lipson, professeur de droit de la Temple University, explique le rôle prééminent de l’administration Obama par un souci de contrebalancer l’inf luence des fonds d’investissement, qui ont accumulé massivement de la dette des deux constructeurs.
« Il se pourrait que le gouvernement fédéral ait reconnu qu’on ne peut pas faire confiance aux fonds d’investissement qui détiennent de larges quantités de dettes de Chrysler (et peutêtre de GM) pour conduire une restructuration réussie », a souligné M. Lipson.
J e r emy Anwyl , qu i dirige le cabinet spécialisé Edmunds. com, s’est dit « mal à l’aise » face à l’importante implication du gouvernement dans ces deux dossiers, mais il reconnaît que « ce ne serait pas possible pour une compagnie d’engager une telle restructuration sans que le gouvernement agisse à titre de médiateur. C’est un rôle que personne, en dehors du gouvernement, ne peut jouer ».




Faillite possible de Chrysler : Sauver ce qui peut l’être - ARIANE KROL

Chrysler arrive aujourd’hui au terme de son sursis. Si le constructeur ne parvient pas à arracher les concessions nécessaires de ses créanciers, il devra compléter sa restructuration dans le cadre plus contraignant de la loi sur les faillites. Dans un cas comme dans l’autre, l’entreprise qui en résultera ne sera plus que l’ombre d’elle-même.
La menace d’une faillite, confirmée le mois dernier par Barack Obama, a porté fruit. Les syndicats ont fait des concessions importantes. Plusieurs gros débiteurs ont accepté d’effacer leur ardoise en échange de sommes forfaitaires. Fiat est prête à signer un partenariat historique. Pourtant, malgré les progrès remarquables accomplis au cours des derniers jours, la possibilité d’une faillite n’était pas toujours pas écartée, hier en début de soirée. Chrysler doit rallier près d’une cinquantaine de créanciers et apparemment, certains résistent encore.
Chose certaine, l’entreprise qui émergera de ce processus n’aura plus grand-chose à voir avec le géant industriel qui a marqué l’histoire économique nord-américaine. Le syndicat deviendrait le principal actionnaire avec une participation de 55%. Le constructeur italien occuperait le second rang avec une part pouvant aller jusqu’à 35% – elle serait initialement de 20%. Les contribuables et les autres créanciers détiendraient les 10% restants. On ignore encore comment les sièges seront répartis au conseil d’administration, mais on sait déjà que le syndicat, malgré son poids économique, ne contrôlera pas la compagnie. N’empêche, la situation ne manque pas d’ironie. Comme le faisait remarquer un chroniqueur du Wall Street Journal hier, Chrysler deviendrait, de facto, une filiale des United Auto Workers (UAW). Tout un changement de perspective!
Le puissant syndicat américain de l’automobile ne sera pas le premier à réchapper son employeur en déroute. Ron Bloom, le stratège de l’équipe créée par Obama pour sortir l’industrie automobile de l’impasse, a piloté des opérations du genre dans plusieurs aciéries américaines. Mais les UAW, eux, ne rêvaient pas de s’asseoir de l’autre côté de la table des négociations. S’ils acceptent de le faire, c’est parce qu’ils ont encore plus à perdre en laissant Chrysler tomber en faillite sans avoir conclu d’accord préalable. Dans les circonstances, ils s’en tirent honorablement. Mais qu’arrivera-t-il si la réorganisation orchestrée par Fiat ne fonctionne pas et qu’il faut, dans un an ou deux, demander de nouveaux sacrifices aux travailleurs? Le syndicat sera mal placé pour crier à l’exploitation et dénoncer la voracité des actionnaires…
Les négociations menées avec les employés, les créanciers, les fournisseurs et les concessionnaires de Chrysler et de GM permettront d’éviter le chaos de faillites désordonnées. Mais le résultat sera quand même extraordinairement douloureux. Des dizaines de milliers d’Américains et de Canadiens vont perdre leur emploi en usine et en magasin. Un grand nombre d’entre eux n’en retrouveront pas d’équivalent, et des centaines de municipalités en seront gravement affectées. On a sauvé ces deux grands de la disparition, mais c’est tout un monde qui disparaît dans cette opération de sauvetage.

Six dirigeants deGeneralMotors liquident leurs actions
— Six dirigeants du constructeur automobile américain GeneralMotorsont soldé leurparticipationdans legroupeencédant au total plus de 200000 actions en deux jours, alors que leur entreprise tente difficilement de convaincre ses créanciers d’entrer dans son capital.
Troy Clark, Gary Cowger, Carl-Peter Forster et Ralph Szygenda, tous quatre vice-présidents du groupe, ainsi que Robert Lutz (notre photo) et Thomas Stephens, vice-présidents du conseil d’administration, ont cédé vendredi ou lundi toutes les actions de GM en leur possession.
Troy Clark, Gary Cowger, CarlPeter Forster et Ralph Szygenda, tous quatre vice-présidents du groupe, ainsi que Robert Lutz et Thomas Stephens, vice-présidents du conseil d’administration, ont cédé vendredi ou lundi toutes les actions de GM en leur possession, selon des documents publiés lundi sur le site internet de la Securities and Exchange commission (SEC).
Les six hommes ont cédé au total 204 711 titres de GM à un prix unitaire compris entre 1,45 et 1,61$US. L’action de GM avait ouvert à 1,63$US vendredi à la Bourse de New York et a clôturé lundi à 1,44$US.
La SEC ne révèle pas l’identité des acheteurs.
La plus grosse cession a été réalisée par M. Lutz : celui-ci a vendu 81 300 titres à 1,61$ US vendredi.
Le marché a fortement réagi à cette nouvelle et aux perspectives de restructuration de GM, envoyant le titre du constructeur à creux jamais atteint depuis 1933.
En début de séance, hier, l’action de GM se vendait 1,09$US à la Bourse de New York. À la clôture des marchés, le titre s’échangeait à 1,15$US, ne baisse de 29 cents US pour la journée.
Ces cessions ont eu lieu alors que le groupe de Detroit tente de se restructurer, et elles ont toutes les chances d’être interprétées comme un manque de confiance des dirigeants de GM dans leur propre entreprise.
GM doit boucler d’ici au 1er juin tous les volets de son plan de restructuration, conformément au délai qui lui a été imparti par le gouvernement américain.
Le groupe peine à convaincre ses créanciers d’accepter de remettre la dette de l’entreprise en échange d’une entrée dans son capital, et son directeur général, Fritz Henderson, a jugé lundi « plus probable » que GM dépose son bilan plutôt qu’il s’en sorte sans en passer par là.
Offre
GM a proposé à ses porteurs de titres obligataires de convertir 27 milliards US de dette en actions, opération à l’issue de laquelle ces créanciers détiendraient 10% de son capital, ce qui est bien peu au regard des 89% qui seraient détenus par le Trésor et le syndicat de l’automobile UAW.
Pour réussir, cette offre nécessite une participation de 90% des créanciers d’ici au 26 mai, et ce pari est d’autant plus difficile que les créanciers, mécontents, ont récemment fait une contre-offre qui leur permettrait de détenir 58% du capital du constructeur.


Volkswagen veut rivaliser avec Toyota  -  Étienne Balmer
FRANCFORT — Le constructeur allemand Volkswagen a fait passer hier son projet de prise de contrôle de son rival Porsche et ambitionne désormais ravir à Toyota la place de numéro un mondial de l’automobile.

Les conseils de surveillance des deux entreprises, dont les liens historiques et familiaux sont très étroits, mais qui se disputaient depuis des années pour prendre le contrôle l’une de l’autre, ont validé un projet d’union dominé par Volkswagen qui devrait être complété d’ici la mi-2011.
Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, va d’ores et déjà reprendre la direction de Porsche, et l’actuel directeur financier de Volkswagen, Hans Dieter Pötsch, fera le même cumul de fonctions.
Désormais Volkswagen a « plus que jamais l’outil (pour devenir) le numéro un de l’industrie automobile », a claironné M. Winterkorn dans un communiqué de VW après l’annonce du plan de fusion.
Dans le sillage de M. Winterkorn triomphe le puissant Ferdinand Piëch, dit « le patriarche », président du conseil de surveillance de Volkswagen et grand artisan de l’élargissement patient du groupe depuis les années 90, devenu entre-temps le premier constructeur européen.
En juillet, M. Piëch, également grand actionnaire familial de Porsche, avait obtenu la démission du patron de ce dernier, Wendelin Wiedeking.
Porsche tentait depuis des années de prendre le contrôle total de VW par des achats d’actions, mais il avait dû finalement y renoncer en mai, acculé par des dettes devenues intenables (environ 9 milliards d’euros, ou 14 milliards de dollars canadiens), la crise financière et un chiffre d’affaires en berne.
À ces ennuis f i nanciers s’ajoute une question d’honneur: le chef du comité d’entreprise de Porsche, l’ancien boxeur Uwe Hück, faisait encore savoir début août que Volkswagen ne pourrait pas « acheter l’âme des ouvriers de Porsche » et que l’on ne construisait pas « une Porsche avec des morceaux de Polo ».
Porsche c ompte 11 0 0 0 employés qui redoutent notamment des conséquences sociales de leur intégration dans le groupe Volkswagen, fort de près de 400 000 salariés dans le monde.
Le constructeur de la célèbre 911 est cependant parvenu à inclure dans le projet d’union une clause selon laquelle « aucun contrat de domination ni de transfert de bénéfices » ne pourra être signé avec Volkswagen jusqu’en 2020.
Volkswagen va commencer par débourser d’ici la fin de l’année 3,3 milliards d’euros ( 5,1 milliards de dollars) pour s’emparer de 42 % de Porsche. Suivront ensuite une augmentation de capital chez Volskwagen au premier semestre 2010 pour financer cet achat, puis une autre chez Porsche début 2011 pour augmenter la part de Volkswagen.
Mais celui-ci devra partager son butin avec un invité, l’émirat du Qatar, qui doit entrer dans le capital de Volkswagen via un rachat d’actions VW encore détenues par Porsche.



AbitibiBowater 
La production suspendue dans cinq usines
AbitibiBowater poursuit la pénible rationalisation de ses activités : la société papetière a annoncé hier qu’elle allait suspendre sa production pour une durée indéterminée dans cinq usines, dont deux au Québec, à partir du 31 octobre.
Les syndicats craignent que ces fermetures ne deviennent permanentes, comme cela a été le cas pour les usines de Shawinigan ( Belgo) et de Donnacona, ces dernières années.
« L’entreprise avait annoncé qu’elle allait éliminer au-delà d’un million de tonnes sur le marché et qu’elle allait cesser de faire des arrêts temporaires pour plutôt faire des arrêts indéterminés, alors c’est sûr qu’on s’attendait à des mauvaises nouvelles, mais on souhaite toujours que ça ne soit pas chez nous », a commenté Renaud Gagné, vice-président du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), au cours d’un entretien téléphonique.
Le coup le plus dur est porté à l’usine de papier pour impression numérique de Beaupré, où l’on cessera complètement les activités, ce qui enverra au chômage quelque 340 employés.
À Clermont, dans Charlevoix, l’entreprise fermera l’une de ses deux machines à papier journal, ce qui affectera 120 travailleurs.
À Fort Frances, en Ontario, l’usine de papiers d’impression commerciale suspendra ses activités, entraînant la mise à pied de 75 personnes.
À Coosa Pines, en Alabama, l’usine de papier journal interrompra sa production, privant de travail 85 employés.
EnfinàBrooklyn, enNouvelleÉcosse, AbitibiBowater réduira de moitié la production de son usine de papier journal, de sorte que 300 employés verront leur semaine de travail réduite.
Ces mesures permettront à AbitibiBowater de diminuer sa capacité de 750 000 tonnes de papier par année, ce qui porte à 1,3 million de tonnes la réduction totale à ce jour.
Renaud Gagné ne serait pas surpris que l’entreprise procède à d’autres arrêts de production au cours des prochains mois. « La direction semblait dire (hier) que ce n’était pas terminé, a-til affirmé. C’est donc très, très inquiétant. »
M. Gagné reconnaît néanmoins que, face à la surcapacité de production, AbitibiBowater doit « rationaliser » ses activités.
Aide demandée
Mais ce que les syndicats redoutent par-dessus tout, c’est la faillite pure et simple d’AbitibiBowater, qui se traduirait par la disparition de quelque 7500 emplois au Québec. C’est sans compter que les 9000 retraités de l’entreprise montréalaise pourraient voir leurs rentes amputées du tiers en raison de l’important déficit actuariel de leur régime de pensions, qui s’élève à 1,5 milliard.
Les syndicats veulent que le gouvernement du Québec envisage de se porter acquéreur d’AbitibiBowater, une possibilité qui demeure cependant purement théorique à l’heure actuelle.
Gaétan Ménard, secrétairetrésorier du SCEP, a prétendu que les fermetures annoncées hier auraient pu être évitées si le gouvernement fédéral avait offert des garanties de prêts aux forestières.
Le SCEP réclame la création d’un groupe de travail fédéralprovincial, avec participation syndicale, dans chacune des collectivités touchées par les fermetures afin de s’assurer que la capacité de production des usines affectées ne soit pas « détruite » et de trouver un nouveau propriétaire pour les installations.
AbitibiBowater est en restructuration judiciaire depuis avril. Au deuxième trimestre, qui a pris fin le 30 juin, la société a essuyé une perte nette de 510 millionsUS, alors que ses revenus ont plongé de 39% par rapport à la même période de l’an dernier.


Une coalition pour promouvoir le bois dans la construction
Une coalition vient de voir le jour pour promouvoir l’utilisation du bois dans la construction afin de lutter contre les changements climatiques... et nous faire perdre quelques préjugés sur le bois.
Construire en bois n’est pas nécessairement plus coûteux, soutiennent les membres de la coalition, qui proviennent à la fois des milieux de l’industrie, des municipalités, des groupes écologistes et des syndicats, entre autres.
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, même en cas d’incendie, une structure en bois est sécuritaire, affirme la coalition.
Et l’on peut même recourir au bois pour construire de vastes structures comme des centres sportifs en planifiant la construction d’arches pour le toit. C’est d’ailleurs dans une structure de ce type que la conférence de presse pour lancer la coalition a eu lieu, hier matin, au Collège MarieVictorin, dans le nord-est de Montréal.
Le centre sportif est l’une des nombreuses « nouvelles » constructions à st r ucture de bois, comme l’édifice du Fondaction CSN à Québec, qui a même six étages.
La coalition soumet un autre argument en faveur du recours au bois dans la construction : sauvegarder des emplois dans une industrie qui traverse la pire crise de son histoire.


Le régime actuel tire à sa fin  -  Hélène Baril
Les règles qui gouvernent l’industrie forestière depuis 25 ans s’apprêtent à disparaître pour être remplacées par un nouveau régime forestier qui n’augure rien de bon pour AbitibiBowater et les autres géants forestiers qui luttent pour leur survie.
Plutôt que de voir le coût de la matière première baisser comme elle le réclame, l’industrie a maintenant la certitude que ses coûts vont augmenter, a expliqué hier Guy Chevrette, porte-parole du Conseil de l’industrie forestière du Québec, qui participait à Québec aux consultations sur le projet réforme du régime forestier.
Le coût du bois pourrait en effet augmenter, estime Luc Bouthillier, professeur à l’Université Laval et spécialiste de la forêt. « On n’aura pas le choix, explique-t-il. Si on veut davantage de bois, il faudra mettre de l’effort humain et ça, ce n’est pas gratuit. On est rendus là parce qu’on a grugé l’inventaire. »
Selon lui, le nouveau régime forestier marque la fin du monde tel que l’ont connu les grandes sociétés papetières qui ont régné en maîtres dans la forêt québécoise. Ça fera mal, parce qu’il y aura des fermetures d’usines et des pertes d’emplois, surtout dans les régions. « C’est normal qu’elles s’y opposent. Mais la solution n’est pas de prolonger l’agonie des AbitibiBowater de ce monde », souligne-t-il.
Le nouveau régime forestier proposé par Claude Béchard est maintenant piloté par celle qui lui a succédé au ministère des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.
Au cours d’un entretien avec La Presse Affaires hier, elle a indiqué que son intention était de faire adopter le nouveau régime forestier rapidement, et avant la fin de l’année si possible.
En plus d’abolir les contrats d ’ a pprov i s i o n nement e t d’aménagement forestier (les CAAF), le régime accorderait une responsabilité aux régions dans la gestion de leur forêt et mettrait aux enchères le bois de 30% de la forêt publique. Le projet vise aussi à donner plus de matière première aux entreprises de transformation du bois et à d’autres activités prometteuses, comme le bioraffinage.
Faire une place aux PME est une nécessité, selon Luc Bouthillier. « Actuellement, quelqu’un qui arrive avec l’idée du siècle ne peut même pas avoir de bois pour la réaliser », précise-t-il.

La presque totalité du bois de la forêt publique est en effet alloué par des contrats d’une durée de 25 ans aux grandes entreprises intégrées qui coupent le bois et en font des 2X4, de la pâte et du papier, des activités de moins en rentables.
LeConseildel’industrie forestière du Québec en convient, les entreprises du Québec ont le panier de produits le moins rentable au monde.
L’industrie t ient malgré tout à conserver les garanties d’approvisionnement qu’elle a actuellement, précise Guy Chevrette, de même que le contrôle sur les activités en forêt.
Les entreprises ne voient pas d’un bon oeil les responsabilités accrues déléguées aux régions. « Ça risque de technocratiser encore davantage la gestion de la forêt », estime Guy Chevrette.
Le porte-parole de l’industrie forestière s’attend à ce que la ministre Normandeau apporte des « amendements majeurs » au projet de régime forestier, qui répondront aux inquiétudes des entreprises.
« Il y a aura des changements, mais pas sur le fond », a i ndiqué hier Nathal i e Normandeau.  (NDE : QUOI !?!....)
LeprofesseurLucBouthillier, pour sa part, croit que le projet sera adopté en dépit des défis qu’il soulève pour l’industrie.
« On n’a pas le choix. C’est de notre avantage comparatif qu’il s’agit. Si toutes les entreprises existantes ferment, les arbres ne déménageront pas en Chine. »

AbitibiBowater s’enlise  -  Martin Vallières
La société papetière envisage d’autres fermetures d’usines
La situation d’affaires s’aggrave à la société papetière AbitibiBowater, au cinquième mois de sa protection de faillite.

Au point où pour réduire sa perte, doublée à 510 millions US durant les seuls trois mois d’avril à juin, l’entreprise doit accentuer ses arrêts de production et envisager d’autres fermetures complètes d’usines.
« Aucun scénario n’est écarté pour le moment, surtout dans la production de papier journal où la baisse de la demande est encore pire que ce que nous avions prévu en début d’année », acquiesce Pierre Choquette, principal porte-parole au siège social d’AbitibiBowater, à Montréal.
De fait, des chiffres tirés de documents déposés par la société papetière auprès des autorités américaines et consultés par La Presse Affaires sont pour le moins troublants.
Dans son plus important secteur d’affaires, la production de papier journal, les revenus d’AbitibiBowater durant les mois d’avril à juin étaient en chute annualisée de 44%.
Au 30 juin dernier, la société papetière subissait une perte d’exploitation d’au moins 19 cents pour chaque dollar de vente de papier journal.
Mais depuis, en juillet seulement, le prix moyen du papier perçu par AbitibiBowater s’est encore replié d’au moins 6%, selon les derniers documents déposés en Cour supérieure, à Montréal. Du coup, cette détérioration accentuée du marché du papier journal aggrave le risque de pénurie de liquidités chez AbitibiBowater au cours des prochains mois, alors qu’elle devra présenter un règlement à ses créanciers pour éviter la faillite.
Malgré sa très grande taille, la société papetière doit se débrouiller d’une semaine à l’autre avec guère plus de 125 millions US en liquidités, selon le plus récent rapport du contrôleur nommé par la Cour supérieure.
Même les gains nets attendus de reventes d’actifs au cours des prochaines semaines – 60% d’une centrale hydroélectrique sur la Manicouagan vendue à Hydro-Québec et Alcoa, 121 000 hectares de forêts au Québec vendues à sociétés régionales – pourraient ne s’avérer qu’un baume financier à court terme.
Autre indice troublant : en début d’année, avant sa déclaration d’insolvabilité de la miavril, AbitibiBowater espérait s’en tenir à une réduction mensuelle de capacité papetière de l’ordre de 20 000 tonnes métriques par année.
Or, depuis ce temps, elle a dû faire cinq fois pire, à hauteur de 100 000 tonnes métriques de capacité annualisée, confirme-t-on au siège social.
Il s’agissait surtout d’arrêts sporadiques de machines à papier dans la plupart des usines, ou d’usines au complet pour une courte période.
Encore ce mois-ci, 15 des 21 usines papetières d’AbitibiBowater au Canada et aux ÉtatsUnis sont affectées par des arrêts partiels et temporaires de production.
Au Québec seulement, au moins quatre des neuf usines papetières d’AbitibiBowater sont touchées par des interruptions « de quelques jours à trois semaines », dit-on au siège social.
Fermetures
Mais pour la suite, face à l’aggravation du marché du papier journal, AbitibiBowater risque d’avoir à décider de fermetures complètes d’usine s « pou r u ne pér i o de indéterminée ».
Ce fut le cas le mois dernier à l’usine de papier journal de Thunder Bay, dans le nord de l’Ontario, d’une capacité de 250 000 tonnes par année. De l’avis d’analystes, d’autres fermetures d’usines de ce genre sont inévitables à court terme.
« Le marché du papier j ournal en Amérique du Nord a plongé. L’industrie se retrouve avec un autre surplus de capacité de l’ordre de 1,5 à 2 millions de tonnes métriques, soit de 15 % à 20 % du total », explique Richard Kelertas, analyste chez Capitaux Dundee, à Montréal, dans une récente note à ses clients-investisseurs.
L’inquiétude monte aussi pa r mi l e s r e présenta nt s s y nd i c a u x de s mi l l i e r s de salariés et de retraités d’AbitibiBowater.
« Il faut s’attendre à d’autres arrêts de production et même des fermetures d’usines qui pourraient être d’envergure au Québec au cours des prochains mois », appréhende Sylvain Parent, président du Syndicat des travailleurs du papier et de la forêt (CSN).
Ce syndicat représente 3000 salariés actuels d’AbitibiBowater au Québec et un peu plus de 4000 retraités.
Néa n moi n s , s e l o n M. Parent, ces autres amputations manufacturières qui menacent chez AbitibiBowater, aussi graves soient-elles, représentent sans doute une étape incontournable pour la survie de l’entreprise.
« La survie d’AbitibiBowater, même rapetissée, est la principale préoccupation de nos membres parce qu’en cas de faillite, c’est le tiers de leur caisse de retraite qui disparaîtrait », a-t-il indiqué.
« Entre-temps, c’est dans nos conventions collectives que nous nous attendons d’être très sollicités d’ici peu, pour le plan de redressement. »



L’industrie forestière enregistre encore des pertes
VANCOUVER — Le secteur forestier, papetier et des produits d’emballage du Canada a continué de souf f ri r du r a l entissement é c onomique mondial au deuxième t r i mestre, selon la f i r me PricewaterhouseCoopers.
Pour les 15 sociétés canadiennes examinées par PwC, les pertes globales, pour le deuxième trimestre, se sont chiffrées à 660 millions de dollars, comparativement à des pertes de 462 millions pendant la même période, en 2008.
Au deuxième trimestre de 2009 terminé à la fin juin, les sociétés papetières et forestières de l’Ouest canadien ont déclaré des pertes globales de 83 millions, ce qui constitue une amélioration par rapport aux pertes de 128 millions enregistrées au cours de la même période en 2008. Quatre des neuf sociétés étudiées par PwC ont dégagé de meil l eurs résultats qu’au deuxième trimestre de 2008. Trois d’entre elles ont affiché un bénéfice.
Les sociétés de l ’est du Canada ont subi des pertes globales de 577 millions comparativement à une perte de 334 millions au deuxième trimestre de 2008. Quatre des six sociétés examinées ont publié des résultats en hausse, cependant ces améliorations modestes étaient éclipsées par les c harges pour fermeture, moins-value ou réorganisation de 384 millions comptabilisées par AbitibiBowater.
Deux des sociétés canadiennes ont bénéficié, aux États-Unis, de crédits d’impôt pour carburants et combustibles de remplacement de 191 millions US.
Globalement, les pertes du deuxième trimestre s’ajoutent à celles de 480 millions enregistrées au premier trimestre de 2009. Selon PwC, le fléchissement des produits de base et la faiblesse de la demande ont caractérisé ce dernier trimestre, alors que les tentatives de réduction des coûts, elles, n’ont créé qu’une demande sporadique.
PwC a toutefois indiqué, en dévoilant les résultats de son étude hier, que le deuxième t r i mestre s ’e st achevé sur une note positive avec l’amélioration du prix de la pâte à papier en raison d’exportations accrues à destination de la Chine.
Pour la même période, aux États-Unis, 10 des principales sociétés forestières et papetières ouvertes ont affiché des bénéfices de 839 millions US, contre 593 millions US l’an dernier. Ces résultats ont été obtenus grâce, notamment, à une aide gouvernementale de 1 milliard US sous forme de crédits d’impôt pour carburant de remplacement.
Les 10 plus i mportant es sociétés forestières et papetières européennes ont, quant à elles, subi des pertes de 412 millions d’euros ( 647 millions CAN). Elles avaient affiché des bénéfices de 459 millions d’euros (721 millions CAN) l’année dernière.
Dans le reste du monde, 10 des principales entreprises du secteur ont réalisé des profits nets de 538 mill ions US, contre 377 millions US un an auparavant.



ABITIBIBOWATER  Grosses coupes à Montréal  -  Stéphane Paquet

« Les employés touchés ne recevront pas les indemnités habituelles. »
Alors que le grand patron d’AbitibiBowater, John Weaver, a eu droit à une indemnité de départ de 17,5 millions plus tôt cette année, plus d’une centaine d’employés devront quitter le siège social de Montréal sans indemnité.
La papetière a annoncé cette semaine à ses 700 employés et contractuels du siège social – dont un peu plus de 400 à Montréal – que 25% d’entre eux allaient se faire montrer la sortie au cours des prochaines semaines. En tout, ce sont donc 175 employés qui devront t rouver un nouveau boulot , dont u n peu plu s de 100 dans la métropole.
Ces employés partiront les poches vides. « À la suite du dépôt de demandes de protection contre les créanciers et à la lumière des décisions des tribunaux, écrit la direction à ses travailleurs, les employés touchés ne recevront pas les indemnités de cessation d’emploi habituelles. »
La direction mentionne toutefois que les employés licenciés auront droit à des sommes correspondant « aux congés annuels accumulés ». L’entreprise promet aussi de les aider à se replacer.
« Ces mesures sont très difficiles et nous sommes conscients de l’impact qu’elles auront sur les employés et leur famille », soutient le président et chef de la direction, David Paterson, dans le même message.
 La majorité des personnes mises à pied connaîtront leur sort d’ici au 1er septembre. Leur départ se fera d’ici la fin de l’année. Ces employés ne sont pas syndiqués, indique un porte-parole de l’entreprise, Jean-Philippe Côté.
Le printemps dernier, l’indemnité de départ de John Weaver a créé une controverse. Tant et si bien que, quand Québec a consenti un prêt de 10 0 mi l l i ons à l ’ ent r eprise en difficulté, le ministre du Développement économique de l’époque, Raymond Bachand, a t enu à souligner dans un communiqué les raisons pour lesquelles l’aide était versée : « Il faut s’assurer que les opérations se poursuivent. Quant aux dettes antérieures, pour moi, la prime de M. Weaver ne doit pas passer avant les indemnités auxquelles les travailleurs ont droit. »
Hier, Éric Prud’Homme, l’attaché de presse du nouveau ministre Clément Gignac, précisait qu’AbitibiBowater n’avait pas encore remboursé les 100 millions prêtés.
En ce qui concerne le porteparole d’AbitibiBowater, il a refusé de commenter la différence de traitement entre John Weaver et les employés qui seront bientôt licenciés.
Pas de bonus
Les quelque 300 employés qui resteront au siège social de Montréal auront aussi une fin d’année plus austère. Ils seront également privés de bonus et ce, jusqu’à nouvel ordre. Cela inclut les régimes spéciaux d’octroi d’actions.
Pour a r r iver à économiser 100 millions US comme elle le souhaite, AbitibiBowater veut aussi réduire ses stocks et imposer des limites au recours à des employés contractuels engagés à temps plein.
La papetière songe aussi à se retirer de plusieurs associations. Les dépenses engendrées par les voyages d’affaires seront réduites. Les baux signés par la société seront également passés au crible.
« Nous avons encore beaucoup à faire pour stabiliser notre entreprise, écrit encore M. Paterson à ses employés. Nous mettons la dernière main à des programmes visant à réduire notre capacité de production afin d’améliorer notre rentabilité et de rationaliser la stratégie d’AbitibiBowater en ce qui a trait aux temps d’arrêt (des usines). »
Jeudi dernier, l ’entreprise a d’ailleurs a nnoncé l a fermeture pour une durée indéterminée de deux machines à papier à Thunder Bay à partir du 21 août, ce qui touchera 360 employés.




CRISE DANS LES PÂTES ET PAPIERS  LE PIRE RESTE À VENIR  -  Maxime Bergeron

A rrêts de production dans trois usines de Kruger. Congé forcé à Papier Masson. Nouvelles menaces de f er meture à Tembec. Le secteur des pâtes et papiers traverse une crise sans précédent au Québec, et le pire est loin d’être passé. « Il y a sûrement plusieurs usines en trop présentement et c’est clair que ça va fermer », a lancé à La Presse Affaires Guy Chevrette, président du Conseil de l’industrie forestière du Québec, au terme d’une semaine marquée par plusieurs nouvelles déprimantes.
Jeudi, Tembec a souligné la nécessité de « rationaliser davantage » ses usines après avoir vu ses revenus fondre au troisième trimestre. Puis hier, son concurrent Kruger a annoncé la mise au chômage forcé de 1130 travailleurs d’ici à la mi-septembre à Brompton et Trois-Rivières.
L’industrie est frappée de plein fouet par une importante baisse de la demande de papier journal. Ce recul, d’environ 30% depuis un an, a contribué à pousser les prix à des niveaux « insoutenables » et « irrationnels », a déploré avant-hier le président de Tembec, James Lopez.
La remontée rapide du dollar canadien par rapport au billet vert depuis quelques mois n’a rien fait pour arranger les choses. Kruger l’a citée comme une des principales causes de la fermeture temporaire de trois usines, hier.
« On exporte 85 % de notre production à l’extérieur du Canada, donc c’est sûr qu’un dollar canadien élevé a un impact direct sur nos revenus », a indiqué Jean Majeau, vice-président principal aux affaires corporatives.
Kruger souffre elle aussi de la baisse marquée de la demande de papier. Un « très grand pourcentage » de ce recul est toutefois conjoncturel – conséquence de la crise des médias imprimés – et non structurel, a fait valoir M. Majeau.
Décroissance accélérée
Qu’importe le bilan de santé des médias, un fait demeure: l’industrie des pâtes et papiers décroît à une vitesse fulgurante depuis le milieu de la décennie. Une vingtaine d’usines ont définitivement cessé leurs activités au Québec depuis le 1er avril 2005, détruisant au passage 3775 emplois, selon les données les plus récentes du ministère des Ressources naturelles.
Les nombreuses fermetures temporaires ont quant à elles mis au c hômage forcé 3498 t ravailleurs, en comptant les mises à pied annoncées hier par Kruger.
« Et on verra encore plus de fermetures », a prédit Stephen Atkinson, a nalyste à BMO Marché des capitaux, qui suit de près plusieurs papetières québécoises.
Un sombre constat partagé par ses collègues. « Les entreprises ne peuvent fermer leurs usines assez vite pour affronter la baisse de la demande, a lancé à La Presse Affaires un analyste torontois qui a demandé à garder l’anonymat. À moins d’un revirement radical de la devise, on verra beaucoup d’annonces comme celle de Kruger. »
Effet de cascade
La présente crise est désast r euse pour l ’ i ndust r i e des pâtes et papiers, mais elle pourrait aussi frapper de plein fouet le secteur du sciage, également en pleine tourmente.
Les papetières utilisent des copeaux de bois pour fabriquer leurs produits. Or, si les usines de papier continuent à fermer au rythme actuel, l’industrie pourrait se retrouver avec un surplus annuel de 500 000 à 600 0 0 0 tonnes de copeaux, avance Guy Chevret t e. Une catastrophe.
« Pour les scieries qui vendent leurs copeaux, actuel lement entre 140 $ et 150 $ la tonne, c’est un revenu qui leur permet de boucler positivement dans bien des cas leur chiffre d’affaires, a-t-il expliqué. Si elles ne sont pas capables d’écouler ces copeaux, elles perdent ce revenu-là. »
Produits « à forte valeur ajoutée »
Le président du Conseil de l ’ i ndust r i e forestière mi l i t e pour la mise au point accélérée de produits « à forte valeur ajoutée », qui pourraient être fabriqués à partir des copeaux. Par exemple, des granules pour le chauffage ou de la litière. « Il y a un marché qui commence à se développer, mais qui est embryonnai r e » , f a i t va l oi r M. Chevrette.
L’ancien ministre péquiste dénonce le sous-f i nancement public pour la recherche et le développement de nouveaux débouchés. Un manque d’argent d’autant plus dommageable que l’industrie, exsangue, peine à allonger elle-même des fonds pour la R & D.
Congrès annulé
Les affaires sont tellement mauvaises que le Conseil, voué à la défense des entreprises forestières, a dû annuler son congrès a nnuel cette a nnée pour la première fois depuis 1953. L’organisme craint même pour sa survie.
Selon les données du ministère de la Faune, l ’ i ndustrie des pâtes et papiers employait 24 107 personnes au Québec en date du 15 juillet 2009, en première, deuxième et t roisième transformation. Cela se compare à 30 250 au 1er avril 2005.
Quelque 35 usines de papiers, pâtes, cartons et panneaux sont en activité à l’heure actuelle dans l a province, comparativement à 63 en 2007, indique le Conseil de l’industrie forestière.



AIDE AU SECTEUR FORESTIER Applaudissements et récriminations

« Aux États-Unis, c’est du cash. Au Canada, tu reçois de l’argent seulement si tu investis d’ici trois ans. »
Derrière leurs applaudissements, l’industrie forestière et les syndicats ont quelques récriminations à l’égard du nouveau programme fédéral d’écologisation des pâtes et papiers.
Ceux qui n’attendaient plus l’aide d’Ottawa ne peuvent s’empêcher de la comparer à celle de Washington, octroyée en argent sonnant. Ottawa a plutôt choisi d’aider ses sociétés papetières en subventionnant la modernisation de leurs installations. « Aux États-Unis, c’est du cash, résume Guy Chevrette, PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec. Au Canada, tu reçois de l’argent seulement si tu investis d’ici trois ans. Mais quand tu n’as pas une cenne et que tu cours après ta survie... »
« On aimerait toujours mieux avoir l’argent dès le départ, mais on s’assure de cette façon que tous les fonds seront investis dans les usines canadiennes », dit Avrim Lazar, président et chef de la direction de l’Association des produits forestiers du Canada.
Au Québec, seulement huit usines de pâtes et papiers sur une cinquantaine produisent de la liqueur noire, une condition obligatoire pour toucher à une partie du milliard d’Ottawa. Heureusement, les subventions pourront être transférées d’une usine à l’autre au sein d’un même groupe. C’est donc dire que les projets environnementaux dans les usines québécoises pourraient être subventionnés grâce à la liqueur noire produite ailleurs au pays.
Les deux usines québécoises les plus importantes qui produisent de la liqueur noire sont celles de SFK Pâte à Saint-Félicien et de Papiers Fraser à Thurso. Le nouveau programme fédéral permettra-t-il le retour au travail à l’usine de Thurso, actuellement fermée? Aucun représentant de Papiers Fraser n’a rappelé La Presse Affaires hier. Quant à l’usine de SaintFélicien, fermée pendant 66 jours depuis le début de l’année, impossible de connaître les plans d’avenir de son propriétaire SRK Pâte. « Le programme constitue une bonne nouvelle, mais nous allons attendre avant de commenter davantage », dit Rick Leckner, porte-parole de SRK Pâte.
Cascades, qui verra deux de ses 47 usines québécoises profiter de la manne fédérale, s’interroge sur les objectifs du programme. « Il faut applaudir toute forme d’aide à l’industrie, mais comme 80% de nos activités sont du papier recyclé (qui n’utilise pas de liqueur noire), c’est quasiment une mauvaise nouvelle pour Cascades », dit Hubert Bolduc, vice-président aux communications et aux affaires publiques de Cascades.
Cascades fait notamment valoir que les usines de pâtes et papiers qui utilisent de la liqueur noire sont loin d’être les moins polluantes dans l’industrie – surtout en les comparant à ses usines de papier recyclé. « Certaines personnes pensent que les usines vont réduire leur empreinte énergétique en utilisant de la liqueur noire au lieu d’autres combustibles fossiles, mais ils vont aussi utiliser plus de bois, dit Hubert Bolduc. Il faut regarder l’empreinte écologique totale d’une usine. »
Les syndicats ne sont pas convaincus eux non plus de l’efficacité du plan d’Ottawa, dont l’objectif – cibler les usines utilisant de la liqueur noire – est calqué sur celui de Washington. Ils rappellent que les subventions de Washington n’étaient pas destinées au départ à l’industrie forestière. C’est plutôt celle-ci qui a commencé à brûler des combustibles fossiles polluants afin d’être admissible aux subventions, soutiennent-ils.
« Ce fut l’un des effets pervers du programme américain, dit Gaétan Ménard, secrétaire-trésorier du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier. Avant, l’industrie forestière ne brûlait pas de combustibles, mais elle a commencé à le faire pour être admissible aux subventions. C’est tellement ridicule, tellement absurde! »


Actionnaires de GM!  -  Simon Bissonnette
Je suis heureux! Comment ne pas l’être alors que le gouvernement du Canada a choisi d’investir des milliards provenant des taxes et des impôts que je paye à Ottawa pour sauver GM, une entreprise uniquement présente en Ontario. Pendant ce temps, le gouvernement du Canada se réveille en retard en annonçant un fonds favorisant la modernisation des équipements des entreprises du secteur forestier alors que celles-ci auraient dû être appuyées il y a déjà plusieurs mois. Depuis, plusieurs dizaines de compagnies oeuvrant dans ce secteur ont mis la clef dans la porte, jetant au chômage des milliers de travailleurs québécois. Bonne nouvelle pour eux: ils sont dorénavant actionnaires de GM!


Un milliard sur la « liqueur noire »
Le nouveau programme vise à encourager le virage vert dans un secteur durement touché par la récession.
OTTAWA — Afin de venir en aide à une industrie des pâtes et papiers en crise, le gouvernement fédéral annonce un investissement de 1 milliard de dollars, exclusivement dédié aux entreprises produisant de la « liqueur noire ». Ottawa répond ainsi à une petite partie des demandes de l’industrie, soulevant la grogne des travailleurs et de l’opposition, qui réclament davantage.

Le nouveau programme « d’écologisation des pâtes et papiers », annoncé hier par la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, et le ministre responsable du développement économique pour le Québec, Denis Lebel, vise à encourager le virage vert dans un secteur durement touché par la récession, mais aussi par la baisse générale du tirage des journaux.
Les entreprises qui participeront au programme recevront du gouvernement un crédit de 16 cents par litre de liqueur noire produite, jusqu’à l’épuisement du milliard promis. Mais elles devront obligatoirement i nvesti r les sommes obtenues dans l’a mélioration de l’efficacité énergétique ou d’autres mesures de performance environnementale de leurs usines.
La liqueur noire est un sous-produit du processus de pâtes et papiers utilisé comme carburant, et considérée comme une énergie propre par les États-Unis. L’administration américaine subventionne d’ailleurs à grands frais, 6 milliards de dollars, ses usines de pâtes et papiers, créant une concurrence jugée déloyale par l’industrie canadienne.
Avec cette mesure, Ottawa estime ainsi aider les entreprises à maintenir leur compétitivité face aux voisins du Sud.
Le gouvernement estime par ailleurs que ce coup de pouce ne contrevient pas à l’Accord sur le bois d’oeuvre.
Seules 27 usines au Canada produisent de la pâte Kraft et seront donc admissibles, mais les ministres se défendent bien d’avoir favorisé une région du pays plutôt qu’une autre.
« Les entreprises qui font affaire un peu partout au pays vont pouvoir utiliser dans l’ensemble de leurs usines les crédits générés par ce programme-là qui est mis en place », a dit le ministre Lebel. Par exemple, une entreprise qui recevra des crédits du gouvernement grâce à son usine en Colombie-Britannique pourra dépenser les sommes obtenues dans un autre de ses usines, à pâte mécanique, ailleurs au pays. Les investissements devront être complétés d’ici trois ans.
Au Québec, seule une poignée des 50 sociétés papetières de la province sera admissible au programme, dont les deux plus grosses sont SFK, à Saint-Félicien, et Papiers Fraser, à Thurso, fermée depuis le début du mois de juin, pour une durée indéterminée.
Néanmoins, le ministre estime que plus de 2500 travailleurs québécois pourront en profiter.
Plus de 300 communautés dépendent de la forêt au Canada, particulièrement au Québec et en Ontario. Plus de 55 000 personnes ont perdu leur emploi dans les deux dernières années, sur les 300 000 travailleurs forestiers de l’ensemble du Canada.
L’opposition à Ottawa a décrié le programme annoncé par le gouvernement conservateur, jugeant que c’est « trop peu, trop tard ».
« Les régions de production forestière vont être très déçues de l’annonce des conservateurs aujourd’hui, a dit le député néodémocrate Thomas Mulcair. Ça ne fait rien pour venir en aide immédiatement. Lorsqu’on parle de dépenses en capital, il faut avoir les liquidités, et le problème c’est que l’on n’a pas de garanties de prêts. »
L’annonce de la ministre Raitt ne sera qu’« un coup d’épée dans l’eau », sans ces garanties de prêts aux entreprises en difficulté, estime le député d’Outremont.
Pour plusieurs, cette mesure ne viendra qu’aider les entreprises qui avaient déjà les reins suffisamment solides pour traverser la crise.
« C’est bon pour des entreprises qui ont des liquidités. Mais les entreprises aux prises avec des difficultés n’ont rien », a ajouté M. Mulcair.
Au Bloc québécois, on estime que si le gouvernement conservateur avait agit plus vite, « ça aurait pu éviter des fermetures et éviter de mettre en péril certaines usines qui pourront même peutêtre ne pas rouvrir », a dit le chef bloquiste, Gilles Duceppe.
Selon le critique libéral Denis Coderre, la mesure est insuffisante car elle ne touche que quelques usines au Québec.
Au son des scies mécaniques, des milliers de travailleurs de la forêt avaient manifesté au début du mois dans les rues d’Ottawa, pour réclamer une aide d’urgence du fédéral, incluant des garanties de prêts, des modifications à l’assurance emploi et la protection des régimes de retraite. Les forestiers rappelaient alors à grands cris que, pour sauver l’industrie automobile, les gouvernements n’ont pas hésité à délier les cordons de la bourse.






Un milliard en trois ans pour l’industrie forestière
— Le gouvernement fédéral annoncera aujourd’hui un plan d’aide de 1 milliard en trois ans pour le secteur forestier, selon ce qu’a appris La Presse Canadienne.
D’après des sources, l’aide serait destinée aux usines de pâte et papier, qui doivent faire face à des concurrents américains dont la consommation d’énergie est subventionnée à hauteur de 6 milliards US par an.
L’objectif est d’aider les entreprises canadiennes à prendre le virage vert en subventionnant leur conversion à des énergies renouvelables et l’amélioration de leur productivité.
La création du nouveau programme sera annoncée à Ottawa par la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, et le ministre d’État responsable de l’Agence de développement économique pour les régions du Québec, Denis Lebel.
Selon des responsables de l’industrie, ce type de soutien financier d’Ottawa ne contreviendrait ni à l’Accord sur le bois d’oeuvre, ni à l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA).
Le patron de l’Association des produits forestiers, Avrim Lazar, souhaitait la semaine dernière que l’aide d’Ottawa soit suffisante pour neutraliser les effets d’un crédit d’impôt remboursable dont bénéficient les entreprises forestières qui utilisent du carburant contenant de la liqueur noire.
Ce sous-produit de la production de pâte employé depuis les années 1930 est désormais considéré comme une source d’énergie « verte ».
Les usines de pâtes et papier demandent depuis des mois à Ottawa de les aider pour faire face à la concurrence américaine dont les effets sont exacerbés par la récession et la baisse généralisée du tirage des journaux.



L’industrie forestière reste sceptique
Les échos provenant d’Ottawa à propos d’un plan spécial d’aide pour les usines de pâtes à papier, afin de contrer les bonis fiscaux obtenus par leurs concurrentes américaines, suscitent un certain scepticisme dans l’industrie papetière.
Car avant que se précisent ces échos, encore amplifiés hier par un quotidien torontois, des représentants de l’industrie forestière doutent de la suffisance des intentions attribuées au gouvernement Harper.
« Tant mieux si les usines de pâte à papier obtiennent un coup de pouce fédéral. Mais ailleurs dans l’industrie forestière, il y a une crise qui continue d’empirer », a indiqué Yves Lachapelle, directeur au Conseil de l’industrie forestière du Québec.
« De plus en plus d’entreprises de produits forestiers qui ont survécu à la crise jusqu’à maintenant parviennent au bout de leur réserve financière. Et pour continuer, leurs banques demandent des taux exorbitants, jusqu’à 15% à 20% dans certains cas », a soutenu M. Lachapelle, en entretien avec La Presse Affaires au sortir d’une réunion avec le ministre Claude Béchard, responsable des Ressources naturelles au gouvernement du Québec.
Cette réunion préparait la présentation, ce matin à l’Assemblée nationale, de la réforme du régime d’approvisionnement forestier.
Mais dans l’immédiat, selon Yves Lachapelle, en surplus d’une aide fédérale spécifique aux usines de pâte, c’est d’un coup de pouce pour l’accès au crédit à moindre coût dont l’industrie des produits forestiers aurait le plus besoin.
Ce sentiment est partagé par les principaux représentants syndicaux de l’industrie forestière.
« Nous espérons qu’il y aura plus que des rumeurs d’un plan fédéral d’aide, et que le premier ministre Harper s’éveillera enfin à la gravité de la crise dans l’industrie forestière » a commenté Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier.
« Pour le moment, cette rumeur d’un plan d’aide d’un milliard pour les producteurs de pâtes à papier n’apparaît qu’une manoeuvre de relations publiques par le gouvernement conservateur », selon M. Coles.
Selon les échos provenant d’Ottawa, le plan temporaire d’aide aux usines de pâtes viserait à compenser le crédit d’impôt spécial obtenu par les usines américaines pour leur usage comme carburant industriel de la « liqueur noire », un sous-produit de la production de pâtes à papier de type kraft.
Ce crédit d’impôt aux « biocarburants », étendu aux papetières l’an dernier par Washington, a rapidement gonflé à hauteur de 8 milliards US en équivalence de subventions fiscales.
Par conséquent, un tel crédit fiscal est devenu un désavantage financier considérable pour les usines canadiennes de pâtes à papier face à leurs concurrentes américaines, même si elles ciblent les mêmes marchés.
D’ailleurs, dans sa plus récente analyse de l’industrie papetière, publiée hier, le Conference Board du Canada assimile cette subvention fiscale aux usines américaines à une situation où « la liqueur noire s’est transformée en or noir ».
Selon l’organisme, ce crédit d’impôt permettrait aux usines américaines de pâte de couvrir jusqu’à 60% de leurs coûts de production.
Par ailleurs, en attendant un plan fédéral spécifique à ce sujet, le Conference Board a aussi mis à jour un pronostic économique encore sombre pour l ’ industrie papetière au Canada.
Il anticipe pour 2009 une septième année consécutive de déficit d’exploitation, de l’ordre d’un demi-milliard de dollars en tout.
Quant à un éventuel retour à la rentabilité, le Conference Board ne l’envisage pas avant deux ans, vers la fin de 2011.
Et encore, ce retour à la rentabilité devrait s’avérer très timide. De l’ordre de quelques maigres points de pourcentage au moins jusqu’en 2013, anticipe le Conference Board.

L’auto contre la forêt? - ALAIN DUBUC
Les deux industries ne se comparent pas. Il faut venir en aide à la forêt pour les bonnes raisons et de la bonne façon.
Le géa nt c a nadien de la f or ê t , AbitibiBowater, le plus grand producteur de papier journal au monde, s’est mis sous la protection de la loi sur la faillite. Son possible effondrement menace 15 800 emplois, dont 11 000 au Canada. Le Québec, avec 7500 emplois, serait, et de loin, le plus touché.
Québec a donné un petit coup de pouce de 100 millions, mais Ottawa ne semble pas vouloir se porter à son secours, disant craindre qu’une aide, comme des garanties de prêts, soit perçue par les États-Unis comme contraire à l’entente sur le bois d’oeuvre et mène à des représailles.
Cela a suscité, surtout au Québec, une indignation qui a pris la forme suivante. Pourquoi les gouvernements aident-ils GM et Chrysler, mais pas AbitibiBowater, quand on sait que la forêt, avec ses 825 000 emplois, est bien plus importante dans l’économie que l’automobile avec ses 500 000 emplois?
Malgré les apparences, c’est un très mauvais argument. Les deux industries ne se comparent pas. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas venir en aide à la forêt. Mais il faut le faire pour les bonnes raisons et de la bonne façon.
Tout d’abord, attention aux statistiques. Les chiffres sont gonflés à l’hélium, et englobent les emplois indirects et induits. Il est plus sage de s’en tenir aux emplois directs: 300 000 emplois dans la forêt, 130 000 dans l’automobile.
La structure des industries est très différente. La forêt, c’est deux secteurs, liés mais distincts, les produits du bois et les pâtes et papiers. Certaines activités, comme les portes et fenêtres, peuvent prospérer même si la forêt connaît des problèmes. En outre, c’est une industrie éclatée. Abitibi, la plus importante entreprise, avec ses 11 000 emplois, ne compte même pas 4% du total. Sa disparition serait un choc terrible, mais elle n’emporterait pas l’ensemble du secteur dans sa chute.
L’industrie de l’automobile, par contre, est très concentrée. Au Canada, 75% de la production dépend des trois géants américains. Le sort d’environ la moitié des 130 000 emplois dans la fabrication, l’assemblage et les pièces dépend de GM et de Chrysler.
La logique n’est donc pas la même. Soutenir GM et Chrysler, c’est vraiment sauver l’industrie automobile. Soutenir AbitibiBowater, c’est seulement sauver cette entreprise. On peut aller plus loin. Si on a des milliards, peut-être vaut-il mieux les déployer pour soutenir le secteur forestier dans son ensemble, par la rationalisation, la formation, la réduction du coût de la ressource.
Les perspectives des deux industries sont par ailleurs fort différentes. Du côté de la forêt, le bois, malmené par la récession, a toujours un avenir. Mais le papier journal est menacé par les changements dans la façon dont on s’informe et dont on produit les journaux. Par contre, l’industrie automobile a un potentiel si elle réussit à fabriquer les bons véhicules.
Il y a toutefois une similitude entre Abitibi, Chrysler et GM. Ils ont besoin d’aide parce que ce sont des dinosaures. Les deux géants de l’auto sont victimes de leur incompétence. On peut dire aussi la même chose de l’industrie de la forêt en général et d’Abitibi en particulier, qui n’a pas suffisamment préservé la ressource, qui n’a pas réduit sa dépendance au papier journal, qui n’a pas assez investi, qui n’a pas fait le virage vert.
Cela met d’ailleurs en relief la grande faiblesse de l’argumentaire qui repose sur l’opposition entre la forêt et l’auto. L’aide aux grands de l’automobile n’est pas inconditionnelle. L’administration Obama est en train de pousser GM à la faillite, pour qu’elle se débarrasse de ses activités non rentables. La survie de Chrysler passe par son rachat par Fiat, possible seulement si les travailleurs font d’importantes concessions. Oui, on aide l’auto, mais c’est une aide qui fait mal. Ne l’oublions pas.

 

200 millions pour la forêt
Québec et Ottawa se donnent la main pour donner un coup de pouce à l’industrie forestière. Les deux gouvernements investiront 100millions chacun pour des travaux sylvicoles qui permettront selon eux de préserver environ 8000 emplois dans la province.
« Ce qu’on envoie comme signal, c’est qu’il y aura du travail, ne vous inquiétez pas », a dit le ministre provincial des Ressources naturelles, Claude Béchard, à l’intention des collectivités touchées par la déroute de l’industrie forestière.
La nouvelle mesure, annoncée hier à Montréal par le ministre Béchard et le ministre fédéral de l’Agence du développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel, est le premier fruit de l’Équipe spéciale Canada-Québec mise en place en avril pour aider au secteur forestier.
Le programme d’appui aux travaux sylvicoles comprend entre autres des travaux de reboisement, de réhabilitation de la forêt et la réalisation de chemins d’accès. « On va au maximum de la capacité actuelle des travaux, dit Claude Béchard. Si on voulait en faire plus, on manquerait de débroussailleuses au Québec. »
La moitié des investissements sont prévus dans la prochaine année, et le ministre Lebel prévoit des effets bénéfiques dès cet été. L’objectif est que les travailleurs qui perdent leur emploi en usine puissent trouver un autre emploi en forêt si leur formation le permet.
Le comité spécial fédéral-provincial continuera de se réunir toutes les deux semaines pendant les prochains mois, et le ministre Béchard prévoit que d’autres mesures seront annoncées avant la Saint-Jean-Baptiste.
Les deux ministres ont salué la collaboration entre les deux ordres de gouvernement hier.
Mais M. Béchard n’avait pas le même ton il y a un mois, quand il a demandé au gouvernement fédéral « de se mettre en mode solution ». « Il n’est pas minuit moins cinq, il est minuit, avait-il déclaré. Il est temps que les lumières s’allument. »
Hier, il se réjouissait de voir que « les lumières sont non seulement allumées, mais que le courant passe ».
Québec et Ottawa ont promis de donner 100 millions de dollars chacune pour des travaux sylvicoles.
Le fédéral déçoit
Ce n’est toutefois pas suffisant pour convaincre la FTQ et le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), qui soutiennent toujours que le fédéral aide davantage l’industrie automobile que l’industrie forestière.
Da n s u n c ommu n i q ué conjoint , les deux syndicats saluent l’annonce des 200 millions pour les travaux sylvicoles, mais se disent toujours insatisfaits du gouvernement fédéral. « C’est nettement insuffisant, Ottawa a les moyens de faire plus », déclare le viceprésident du SCEP-Québec, Renaud Gagné.
Le Conseil de l’industrie forestière du Québec se réjouit pour les travailleurs sylvicoles, a dit le PDG Guy Chevrette à La Presse Affaires.
Mais M. Chevrette est déçu de ne voir aucune mesure fédérale concernant l’accès au crédit. « Le ministre Lebel nous parle de la fin juin, mais ma foi baisse énormément. Il faudra que je vois pour que je croie. »
Le ministre Lebel a défendu les actions de son gouvernement dans le secteur forestier et a soutenu que « le fédéral est au travail depuis très longtemps dans le secteur ».
Il a déclaré qu’Exportation et Développement Canada avait apporté un soutien d’une valeur de 9 milliards à l’industrie forestière québécoise, un chiffre que Guy Chevrette juge digne « d’une euphorie non crédible ».
Personne dans l’entourage du ministre Lebel n’a pu fournir plus d’explications à La Presse Affaires sur ces 9 milliards, et on nous a plutôt référé au ministère des Ressources naturelles.
EDC a finalement fait savoir que cette somme représentait sa contribution à tous les secteurs économiques de la province en 2008, et non pas seulement le secteur forestier.



Les plans de relance portent leurs fruits
11 millions d’emplois seront sauvés dans les pays du G20
GENÈVE— Les plans de relance mis en place par les pays du G20 vont « créer ou sauver » jusqu’à 11 millions d’emplois cette année, ce qui n’empêchera toutefois pas le chômage mondial d’atteindre des records en 2009, a indiqué hier le Bureau international du travail (BIT).
« Les mesures de protection sociale prises par le G20 depuis le début de la crise économique mondiale vont créer ou sauver entre 7 et 11 millions d’emplois » dans le G20, selon les estimations du BIT qui seront présentées au sommet de Pittsburgh les 24 et 25 septembre.
Sans ces mesures, le chômage dans les 20 premières économies de l a pla nète aurait été de 29 % à 43 % supérieur durant les six premiers mois de l’année, souligne l’agence onusienne dans un communiqué.
Toutefois, le BIT a revu à la hausse ses prévisions de chômage mondial pour l’année en cours, estimant qu’il pourrait atteindre le record de 241 millions, soit une augmentation de 61 millions du nombre de chômeurs entre 2007 et 2009.
Dans ses dernières prévisions datant de mai, le BIT tablait, au pire, sur un chômage de 239 millions de personnes dans le monde.
Tout en saluant les effets des gigantesques plans de relance activés par les gouvernements des économies riches, le BIT s’est inquiété de leur maintien dans le temps, d’autant plus important que le nombre d’entrants sur le marché du travail ne cesse de progresser sous la pression démographique (45 millions de personnes chaque année).
« Le chômage reste massif aujourd’hui. Si les mesures spéciales qui ont été prises sont retirées trop tôt, la crise de l’emploi pourrait encore s’aggraver », a prévenu le directeur du BIT, Juan Somavia, cité dans le communiqué.
L’organisation estime qu’on ne pourra parler de réelle reprise économique avant une réelle amélioration du marché de l’emploi, ce qui ne devrait pas arriver avant plus d’un an. Elle préconise ainsi que tous les pays du G20 maintiennent leurs mesures en faveur de la demande et de l’emploi « au moins jusqu’à la fin de 2010, jusqu’à ce qu’il y ait une reprise réelle du marché du travail ».
« L’indicateur de l’emploi est le seul vrai i ndicateur de reprise économique », a insisté lors d’une conférence de presse le vice-directeur du BIT, Philippe Egger.Le BIT recommande notamment que les États poursuivent l’effort à soutenir les dépenses consacrées aux infrastructures, les réductions d’impôts, subventions et crédits pour les petites entreprises ainsi que les sommes a l louées directement à la protection sociale.
Bombe à retardement
Si de nombreuses personnes vulnérables dans les pays en développement ont pu bénéficier d’aides, le Bureau s’est dit soucieux de leur sort tant ces États auront encore besoin de financement pour lutter contre le chômage.
En juin, le BIT avait alerté que le chômage constituait une véritable bombe à retardement en cette période de crise aiguë, aux « grands risques » de déstabilisation politique et sociale.
Le BIT compte une nouvelle f ois défendre c et t e position ainsi que son proj et de Pacte mondial pour l’emploi au sommet du G2O la semaine prochaine où la question du chômage devrait être largement abordée.

WASHINGTON  Un million d’emplois sauvés par le plan de relance

WASHINGTON  Un million d’emplois sauvés par la relance
WASHINGTON — La MaisonBlanche a publié hier un rapport dans lequel elle affirme qu’« un peu plus d’un million d’emplois » aux États-Unis ont été sauvés ou créés grâce à sa politique économique pendant les six premiers mois du plan de relance promulgué par Barack Obama.
« La l oi sur l e pla n de relance et d’autres mesures de politique économique ont permis au nombre d’emplois en août d’être plus élevé d’un peu plus d’un million qu’il ne l’aurait été sinon », a expliqué la Maison-Blanche dans ce rapport.
« Nous estimons que la loi a eu des effets particulièrement forts dans l’industrie, le commerce de détail, et les services de travail temporaire », a ajouté la présidence.
« Les effets sur l’emploi sont répartis à travers les États, avec un impact plus important dans ceux gravement touchés par la récession », selon la Maison-Blanche.
L’objectif de ce plan de 787 milliards US lancé en février était de sauver ou créer plus de trois millions d’emplois en deux ans.
« Je pense que nous sommes en bonne voie pour parvenir à cet objectif », a estimé au cours d’une t éléconférence une conseillère économique du président, Christina Romer.
L’économie américaine a déjà perdu 6,9 millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007, et le taux de chômage était en août au plus haut depuis 1983, à 9,7 %.
Mme Romer a répété l’estimation de l’exécutif selon laquelle le chômage devrait connaître son sommet « aux alentours de 10 % » et « au début de 2010 ».
La Maison-Blanche chiffre également dans son rapport la contribution du plan de relance à la croissance.
« Il y a un accord large sur l’idée que la loi sur le plan de relance a ajouté deux ou trois points de pourcentage à la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre de 2009 et qu’elle joutera environ trois points au troisième trimestre », a souligné le comité des conseillers économiques de M. Obama.
D’après l e c omité, « l a relance budgétaire semble être efficace pour atténuer la récession mondiale ». « Nous avons découvert que les pays qui ont adopté des plans de relance plus grands ont réalisé de meilleures performances par rapport aux prévisions que ceux qui ont adopté de plus petits plans. »
À la fin d’août, 151,4 milliards US sur les 787 milliards US avaient été employés sous forme de baisses d’impôts, et 128,2 milliards US de plus dépensés ou mis à la disposition de leurs destinataires.
La Maison-Blanche a estimé que le plan de relance en était en « encore à ses débuts » et que ces chiffres étaient « préliminaires et sujets à une incertitude considérable ».
Par ailleurs, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a indiqué hier que le temps était venu pour les autorités américaines de passer de la lutte contre la crise à la réparation de l’économie.
« Nous sommes désormais dans l a position de fa i re évoluer not r e st r atégie à mesure que nous passons de la réponse à la crise à la reprise, de la rescousse de l’économie à la réparation et à la reconstruction des fondations pour la croissance à venir », a déclaré M. Geithner devant la commission parlementaire mixte responsable du contrôle de l’action du Trésor contre la crise.
« La confiance et la stabilité naissantes en septembre 2009 sont bien loin de la peur débilitante et de la panique de septembre 2008 », a déclaré M. Geithner, faisant allusion au mois où le système financier américain avait manqué s’écrouler.
« Le consensus au sein des prévisionnistes privés est que notre économie est désormais en train de croître. Le système financier montre des signes de réparation, et le coût du crédit a chuté de manière spectaculaire », a ajouté le ministre.
Néanmoins, a-t-il rappelé, « la route est encore longue avant que la reprise véritable soit installée ».
« Le chômage atteint toujours à un niveau i nacceptable » (9,7% en août), et « il est réaliste de supposer que la reprise sera graduelle, avec un nombre de hauts et de bas plus élevé que d’habitude », a estimé M. Geithner, qui avait déclaré la semaine précédente avoir « vu les premiers signes de la reprise aux États-Unis ».
La récession américaine a commencé officiellement en décembre 2007, et le produit intérieur brut américain a chuté quatre trimestres de suite de l’été 2008 au printemps 2009.
Le rapport de conjoncture (livre beige) publié mercredi par la banque centrale américaine (Fed) est venu conforter l’idée que la récession américaine s’est achevée en août, même s’il appartient à un organisme indépendant, le Bureau national de la recherche économique (NBER), de le déclarer officiellement.
M. Geithner a promis que le Trésor ferait « tout ce qui est nécessaire, aussi longtemps que nécessaire, pour faire en sorte que les familles américaines et les petites entreprises voient leur vie s’améliorer durablement ».

La Banque du Canada garde le cap
OTTAWA — L’économie canadienne se remet de la récession avec plus de vigueur que prévu, malgré les inquiétudes persistantes sur l’impact de la hausse du dollar canadien, a indiqué hier la Banque du Canada, qui a laissé du même coup son taux d’intérêt directeur inchangé à 0,25% – son plus bas niveau praticable.
Le gouverneur de la banque centrale, Mark Carney, avait semblé courir un risque en juillet, lorsqu’il avait déclaré que la récession était terminée. Il était à ce moment un des premiers à le faire, mais il semble maintenant qu’il pourrait même avoir sous-estimé l’ampleur de la reprise.
« L’adoption de politiques monétaires et budgétaires expansionnistes, l’amélioration des conditions financières, le renchérissement des produits de base et un regain de confiance chez les entreprises et les ménages soutiennent la croissance de la demande intérieure au Canada », a affirmé hier la banque centrale dans un communiqué. 
« Cette évolution, de même que l’information récente sur les ajustements des stocks et la production automobile, donne à penser que la progression du produit intérieur brut ( PIB) pourrait être plus vigoureuse pendant le deuxième semestre de 2009 que la Banque ne l’entrevoyait en juillet. »
Les déclarations de la Banque du Canada laissent croire que Mark Carney, gouverneur de la Banque, est toujours inquiet de l’impact de la hausse du huard sur le secteur de l’exportation, mais peut-être pas autant que par le passé.
Cette vigueur inattendue n’aura cependant pas d’impact sur les taux d’intérêt. La Banque du Canada a indiqué qu’elle comptait toujours garder son taux directeur à son niveau actuel au moins jusqu’en juillet prochain, comme elle l’avait déjà promis au printemps.
La vigueur de l’économie nationale a émané des données sur le commerce pour le mois de j uillet. Cellesci l aissent c roire que les consommateurs canadiens recommencent à dépenser, les importations affichant une hausse de 8,3 %.
Le secteur des exportations a lui aussi offert une performance acceptable en juillet, s’appréciant de 3,3 % – ou même de 5,9 % au chapitre du volume – grâce à la reprise de la production automobile.
La Banque du Canada a pourtant insisté, à plusieurs reprises, sur les dangers d’un dollar canadien supérieur à 90 cents US, et de l’impact que cela pourrait avoir sur les exportations. La banque favorise davantage un huard à environ 86 cents US.
« À mon avis, cela montre que la banque est de plus en plus confiante dans son évaluation (...) La récession est terminée et l’économie prend du mieux », a observé l’économiste en chef de BMOMarchés des capitaux, Douglas Porter.
« Je crois aussi qu’ils révisent à la baisse, lentement mais sûrement, leurs craintes par rapport à la devise. Je crois qu’ils veulent simplement s’assurer que les choses restent sous contrôle. »
La Banque du Canada n’a pas fourni de nouvelle prévision de croissance pour la deuxième moitié de l’année, sauf pour dire qu’elle sera plus importante qu’elle ne l’avait prévu en juillet. À ce moment, la banque misait sur une croissance de 1,3 % pour le troisième trimestre, et de 3% pour le trimestre suivant.
La plupart des économistes s’attendent maintenant à voir une croissance d’entre 2,5 et 3% au troisième trimestre.
Mais selon l ’économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, la période qui suivra les prochains trimestres pourrait devenir une source d’inquiétude plus i mportante, puisqu’une plus forte croissance immédiate pourrait signifier que l’activité ne grimpera pas aussi rapidement par la suite.
M. Holt croit que plusieurs entreprises canadiennes, à l’exception de celles du secteur automobile, restent aux prises avec une importante quantité de stocks invendus et ne prévoient pas encore raffermir leur production. « Cela signifie que toute reprise de la production canadienne et de l’activité d’exportation sera amoindrie significativement et retardée par rapport à celle d’autres pays », a-t-il expliqué.
Les déclarations de la banque centrale laissent croire que M. Carney est toujours i nquiet de l ’ i mpact de la hausse du huard sur le secteur de l’exportation – principalement les automobiles, les pièces d’automobiles et les produits forestiers – mais peut-être pas autant que par le passé.
« La banque conserve une flexibilité considérable dans la conduite de la politique monétaire en contexte de bas taux d’intérêt, conformément au cadre exposé (en) avril », a affirmé la Banque du Canada dans son communiqué hier. Le rapport d’avril était une r é f é r e nce à l ’ a ugmentation de la masse monétaire par l’entremise de mesures quantitatives.
Le dollar canadien a clôturé hier à 92,7 cents US, en hausse de 0,19 cent US.


Banque centrale européenne :
Le taux directeur devrait rester à 1 % - Étienne Balmer
FRANCFORT — La Banque centrale européenne ( BCE) ne devrait pas toucher à ses taux directeurs jeudi prochain, attendant de vérifier si l’air de reprise observé en zone euro a des chances de durer.
La BCE devrait maintenir son principal taux directeur à son plus bas niveau historique de 1%, auquel il est rivé depuis mai, selon les analystes financiers.
Une politique monétaire n’a pas besoin d’être « activiste » pour être efficace, a récemment déclaré JeanClaude Trichet, président de la BCE: en clair, la politique monétaire ne doit pas varier à la moindre nouvelle économique de court terme.
En revanche, des changements des prévisions de croissance annuelle de la BCE sont attendus. L’institution doit en effet dévoiler jeudi sa réévaluation t r i mestrielle des chi ffres de croissance et d’inflation en zone euro.
Et l’amélioration récente des indicateurs devrait inciter l’institution monétaire « à se sentir plus optimiste » concernant ses prévisions de croissance, soutient Jennifer McKeown de Capital Economics.
Si la zone euro est restée en récession au printemps pour le cinquième trimestre consécutif, le rythme de baisse a nettement ralenti (-0,1 %) par rapport au premier trimestre (-2,5 %), alimentant les espoirs d’une sortie anticipée de la récession.
La France et l’Allemagne ont même enregistré des taux de croissance positifs sur la période (+0,3 %).
Ils sont davantage liés, il est vrai, aux aides gouvernementales qui ont soutenu la consommation intérieure, comme la prime à la casse dans l’automobile, et à la reconstitution des stocks des entreprises. La demande globale, elle, n’a pas encore repris.
La BCE prévoit une récession de - 4,6 % en zone euro pour 2009 et de - 0,3 % en 2010, d’après sa dernière évaluation trimestrielle en juin.
E l l e pour r a i t a t t é nuer sa prévision de récession pour l ’a nnée en cours et même miser sur une petite c r oi s s a nce l ’ a n née pr o - chaine, estime l’économiste de Commerzbank Michael Schubert.
L’éventualité d’une crise du crédit, menaçant de faire caler l’activité en zone euro dès son redémarrage, devrait également être discutée jeudi à la réunion du conseil des gouverneurs, même si la BCE s’est montrée réservée sur ce risque jusqu’à présent.
La BCE ne devrait pas modifier en profondeur ses prévisions d’inf lation pour 2009 (+0,3 %) et 2010 (+1%), selon les économistes.



Obama  reconduit le mandat de Ben Bernanke à la barre de la Fed
Obama opte pour la continuité
Le président reconduit le mandat de Ben Bernanke à la barre de la Fed
OAK BLUFFS — Le président américain Barack Obama a confirmé hier la reconduction de Ben Bernanke comme président de la Réserve fédérale des États-Unis, faisant le choix de la continuité à la tête de la banque centrale au moment où l’économie du pays semble prête à repartir.

M. Bernanke a su diriger la Fed au milieu de « l’une des pires c r i ses f i nancières que ce pays et le monde aient j a mais connues » , a déclaré M. Obama de son lieu de vacances dans l’île de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts, pour expliquer son choix.
En t ant qu’expert de la Gra nde Dépre s s i o n de s années 30 et grâce à sa détermination, son courage et sa créativité, M. Bernanke est l’homme idéal pour remettre les États-Unis sur les rails de la prospérité, a expliqué le président.
Son maintien à la tête de la Fed montre à quel point l e pat r on de l a ba nque centrale, en première loge dans la lutte contre la crise aux États-Unis, a gagné la confiance du président, à qui l’on prêtait au départ l’intention de se débarrasser de cet économiste de 55 ans, qui fut conseiller du prédécesseur de M. Obama, le républicain George Bush fils.
C’est ce dernier qui avait nommé M. Bernanke à la présidence de la banque centrale pour un mandat de quatre ans expirant fin janvier 2010.
Mais M. Obama avait loué en juin le « travail extraordinaire » et les « bons résultats » de cet ancien élève de Harvard et docteur de l’Institut technologique du Massachusetts (MIT), ouvrant ainsi la voie à sa reconduction pour un nouveau mandat.
Le moment c hoisi pour cette a nnonce, a l ors que la reprise économique est attendue aux États-Unis d’ici à la fin du mois de septembre, si elle n’est pas déjà en cours, devrait rassurer les marchés et les investisseurs. La banque centrale éta nt en t héor i e i ndépenda nte du gouvernement dans la conduite de sa politique, son président est susceptible de survivre aux changements politiques à la tête du pays, surtout en temps de crise, ou le choix de la continuité dans la conduite de la politique monétaire présente une certaine logique.
Avant M. Bernanke, trois de ses quatre prédécesseurs ayant été au bout de leur premier mandat depuis 1951 ont ainsi été reconduits par un président du camp opposé à celui qui les avait nommé.
Vote au Sénat
De par la capacité de la banque centrale à pouvoir débloquer des milliards de dollars du j our au lendemain sans avoir besoin de consulter le Congrès, le président de la Fed est souvent présenté comme la personne la plus puissante des ÉtatsUnis après le président américain lui-même.
M. Bernanke devra néanmoins obtenir confirmation de sa reconduction par un vote au Sénat, où ses opposants, surtout républicains, qui lui reprochent d’avoir abandonné les principes de l’économie de marché en ne laissant pas couler les grandes banques, ne devraient pas manquer de le chahuter.
Aprè s a v o i r p r é s e n t é pendant plusieurs mois les stigmates de la fatigue, de nuits t r op cour t es, et de week-end passés à élaborer des plans pour empêcher le pire, M. Bernanke est apparu physiquement plus serein ces derniers temps.
En déclarant vendredi que l’économie américaine avait « évité le pire » et semblait offrir de « bonnes » perspectives de reprise à court terme, malgré les nombreux défis restant à relever, il a l ivré son message le plus optimiste sur la conjoncture depuis plusieurs mois.

Bernanke veut éviter les erreurs du passé
WASHINGTON — Ben Bernanke, dont Barack Obama a confirmé hier la reconduction à la tête de la Réserve fédérale, est un spécialiste reconnu de la Grande Dépression qui semble comme hanté par la volonté d’éviter la répétition d’un tel scénario.
Le président américain avait loué en juin le « travail extraordinaire » de cet homme de 55 ans, qui a engagé son institution dans une intervention sans précédent pour soutenir l’économie, convaincu que la crise de 1929 avait été amplifiée par les erreurs de la banque centrale.
C’est son travail sans relâche pour sauver l ’économie américaine de ce qu’il a qualifié de « la pire crise financière depuis les années 30 » qui a valu à M. Bernanke de gagner la confiance du président.
M. Bernanke a eu la lourde tâche de prendre la tête de la Réserve fédérale en février 2006 après 18 ans de présidence d’Alan Greenspan, alors au pinacle de sa gloire. Mais il est rapidement revenu sur l’héritage de l’ancien oracle de Wall Street.
La face la plus évidente de sa « révolution » à la Fed est la polit ique de sauvetage d’institutions financières et de relance monétaire sans précédent mise en oeuvre au plus fort de la crise.
Mais en douceur, ce barbu posé, discret et bonhomme que tout ou presque oppose à son prédécesseur, a profondément bouleversé les habitudes à la banque centrale, en refusant d’abord de tomber dans le « culte » dont faisait l’objet M. Greenspan – dont les propos sibyllins pouvaient faire vaciller ou f lamber les marchés –, et en amenant la Fed à communiquer énormément sur ses actions et ses attentes.
Fils d’un pharmacien et d’une institutrice ayant grandi à Dillon, petite ville de Caroline-du-Sud, Ben Shalom Bernanke, a échappé à un destin qui semblait tout tracé après qu’un de ses camarades d’école afroaméricain un peu plus vieux que lui eut convaincu ses parents de le laisser le rejoindre à Harvard.
Après des études brillantes dans cette université renommée vint le doctorat en économie de l’ Institut t echnologique du Massachusetts (MIT) et les années d’enseignement à la célèbre université de Princeton, dont il a présidé le département économique de 1996 à 2002.
« Ben l’Hélicoptère »
Nommé gouverneur à l a Fed, en 2002, il quittera son poste en 2005 pour présider le groupe des conseillers économiques du président George Bush, avant que celui-ci le nomme à la tête de la banque centrale pour un mandat de quatre ans.
M. Bernanke, qui a raconté récemment avoir rencontré sa femme Anna lors d’un rendez-vous surprise, s’est vu surnommer « Ben l ’ Hélicoptère » après un discours prononcé en novembre 2002, peu après son arrivée au Conseil des gouverneurs de la Fed.
Dans cet t e a l l ocution i ntitulé « Déflation : s’assurer que cela n’arrive pas ici », il faisait référence à une théorie de l’économiste Milton Friedman selon laquelle les autorités monétaires peuvent sortir un pays d’une « trappe à liquidités » (quand les taux d’intérêt sont à zéro et ne peuvent plus stimuler l’économie) en donnant de l’argent directement aux entreprises ou aux consommateurs.
L’image de Friedman était celle d’un banquier central arrosant la foule de billets à partir d’un hélicoptère. Face à l’intensification de la crise, la Fed de M. Bernanke est passée de la théorie à la pratique.
L’a c t i on de M. Ber na n ke e s t comme marquée par le souvenir des erreurs de la Fed dans les années 30, qui avaient débouché sur une déflation transformant la récession de 1929 en une dépression historique, ainsi qu’il l’a écrit dans son livre Essais sur la Grande Dépression, paru en 2004.




Wall Street rassurée par Bernanke
REVUE BOURSIÈRE
Le grand nombre de résultats meilleurs que prévu « conforte l’argument que l’économie serait en rémission ».
Après avoir beaucoup hésité, la Bourse de New York a terminé en hausse hier, rassurée par les explications du président de la Réserve fédérale, BenBernanke, et par quelques bons résultats de sociétés : le Dow Jones a gagné 0,8% et le NASDAQ, 0,4%.
Cependant, la Bourse de Toronto a subi un premier recul après six séances de hausses consécutives.
L’indice Dow Jones a pris 67,79 points, à 8914,94 points, enregistrant sa septième progression quotidienne consécutive, et le NASDAQ, à dominante technologique, 6,91 points, à 1916,20 points.
L’indice Standard& Poor’s 500, plus représentatif du fait de sa composition élargie, a avancé de 0,36% (3,45 points), à 954,58 points.
« On a commencé dans une bonne position, puis le marché s’est un peu replié pendant le discours de Ben Bernanke. Mais le patron de la Fed a bien tenu, assurant qu’il avait une stratégie de sortie » une fois que la situation économique sera stabilisée, a résumé Lindsay Piegza, de FTN Financial.
Le discours semestriel du président de la Réserve fédérale américaine devant le Congrès est toujours très suivi. Cette fois, les investisseurs étaient surtout à la recherche d’indications sur un calendrier de retrait des exceptionnelles mesures mises en place par la Fed pour faire face à la crise.
« Le plus important pour le marché, c’est qu’il a affirmé que la Fed avait les outils nécessaires pour supprimer la relance monétaire quand le temps sera venu », ont souligné Stephen Gallagher et Aneta Markowska, de la Société générale.
L’indice Dow Jones a été soutenu durant toute la séance par le bond de Caterpillar, qui a fini à 39,46$US, en hausse de 7,7%.
Le constructeur d’engins de chantier est revenu dans le vert au deuxième trimestre, avec un bénéfice net de 371 millions US.
Le grand nombre de résultats meilleurs que prévu « conforte l’argument selon lequel l’économie serait en rémission », ont observé les analystes de Charles Schwab.
Le Dow Jones, capitalisant sur cette série de bonnes surprises, a accumulé des gains dépassant désormais 9% depuis le 10 juillet.
Merck a également aidé le Dow Jones: ce titre a progressé de 6,1%, à 29,65$US. Le groupe pharmaceutique a enregistré au second trimestre un bénéfice net en recul de 12%, mais supérieur aux attentes du marché, et a confirmé ses prévisions pour l’ensemble de 2009.
Pour sa part, la Bourse de Toronto a clôturé la séance en baisse, en dépit de la publication d’une nouvelle série de résultats financiers positifs, renforcés par des perspectives optimistes.
L’indice S&P/ TSX a mis fin à une séquence de six séances haussières consécutives et a cédé 25,39 points, pour terminer à 10 515,32 points. Cette retraite survient après que l’indice eut profité, ces derniers jours, de la publication de résultats trimestriels d’entreprises qui ont rehaussé l’espoir de voir l’économie reprendre du poil de la bête d’ici la fin de l’année.
Le dollar canadien a terminé les échanges en baisse de 0,02 cent US, à 90,33 cents US, après que la Banque du Canada eut averti que la vigueur du huard modérait significativement le rythme de la reprise.



Le plan Obama stimule la consommation -  Marc Jourdier
— Les premiers effets du plan de relance budgétaire promulgué en février commencent à se faire sentir aux États-Unis, où la consommation des ménages est repartie en hausse en mai, même si les Américains épargnent une grande part des subsides reçus du gouvernement.
Selon les chiffres publiés hier par le département du Commerce à Washington, la consommation des Américains a progressé en mai pour la première fois en trois mois, de 0,3 % par rapport au mois précédent, ce qui est conforme au pronostic des analystes.
Les consommateurs ont profité du coup de pouce du plan de relance budgétaire promulgué en février par le président Barack Obama : leurs revenus ont augmenté de 1,4 % en mai. C’est leur plus forte hausse depuis un an, au moment où un premier plan de relance, voté sous la présidence de George Bush, se faisait sentir.
Sans l’aide du gouvernement, les revenus des Américains n’auraient augmenté que de 0 , 2 %, f a i t r emarquer Paul Ferley, économiste de RBC Economics Research.
Comme le relève Ryan Sweet, de Moody’s Economy.com, « le soutien de l’État à la trésorerie des ménages a atteint son sommet et va diminuer au cours des mois à venir, ce qui mettra à l’épreuve la stabilisation récente de la consommation ».
Le plan de relance promulgué en février mobilise 787 milliards de dollars sur trois ans sous la forme d’investissement dans les chantiers publics et de réductions d’impôt.
La plus grande partie des crédits du gouvernement pour l’année en cours est parvenue aux ménages en mai sous la forme de paiements uniques.
Jugeant que les résultats du plan de relance n’étaient pas encore palpables, M. Obama a estimé mardi que le pays n’avait pas besoin pour le moment d’un nouveau plan de soutien à l’économie.
Les chiffres du Ministère montrent que les ménages restent prudents et mettent de côté une bonne part des fonds qu’ils reçoivent de l’État puisque leur taux d’épargne (rapporté à leur revenu disponible) a bondi de 1,3 point, pour atteindre 6,9 %, du jamais vu depuis décembre 1993.
Le total de l’épargne des ménages américains atteignait ainsi 768,8 milliards de dollars fin mai, un montant record dans les annales de cette statistique publiée depuis janvier 1959, indique le Ministère.
Pour Marie-Pierre Ripert, économiste de Natixis, « l’effet de la relance budgétaire sur les dépenses de consommation a été assez faible en mai ».
Cependant, estime-t-elle, il faut généralement plusieurs mois pour voir les effets des crédits d’impôt, et le taux d’épargne devrait diminuer dans les mois à venir.
La consommation des ménages est essentielle pour l’économie américaine. En temps normal, elle assure plus des deux tiers de la croissance du pays, mais elle a été très affectée depuis le début de la crise déclenchée par l’explosion de la bulle des produits immobiliers à risques à l’été 2007.
Soutenue par des mesures de relance budgétaire au printemps 2008, la consommation s’est effondrée comme jamais depuis le début des années 1980 au second semestre de 2008, entraînant le PIB du pays dans sa chute.
Au premier t r i mestre, elle a connu une hausse fragile de 1,4 % en rythme annuel, mais les analystes pensent qu’elle devrait, au mieux, être stable au deuxième trimestre.
« Aidé en partie par la loi de relance, le consommateur dépense et devrait nous aider à sortir de la récession », estime l’économiste indépendant Joel Naroff.
« Cependant , note-t-i l , les ménages ne se rendent pas dans l es magasins aussi souvent qu’ils en avaient l’habitude et ils semblent s’habituer à rester à distance. Cela implique qu’il ne faut s’attendre qu’à une consommation modérée » dans les mois à venir.





La Fed garde intact son plan de match -  Rudy Le Cours
La Réserve fédérale américaine (Fed) avait bien peu de neuf à offrir aux investisseurs en reconduisant hier son taux directeur et son programme d’assouplissement non conventionnel annoncé plus tôt ce printemps. Elle n’a pas non plus fourni d’indications précises sur la stratégie qu’elle devra avant longtemps adopter pour mettre fin aux injections extraordinaires de liquidités dans le système financier.
Ces choix ont été faits à l’unanimité par les membres de son Comité de politique monétaire (FOMC). Ils ont peu influencé le tempo des marchés boursiers, mais affaibli quelque peu l’enthousiasme des acheteurs d’obligations.
La Fed apporte tout au plus quelques nuances dans sa description de la situation économique actuelle. En répétant que le rythme de contraction de l’économie ralentit, le communiqué publié par le FOMC constate pour la première fois « l’amélioration générale des conditions des marchés financiers ».
Autre nuance encourageante, la Fed affirme que « les entreprises diminuent leurs investissements en immobilisations et leur effectif, mais paraissent réaliser des progrès en ajustant le niveau de leurs stocks à leurs ventes ».
La Fed adoucit aussi le ton à propos de l’inflation, mentionnant seulement qu’elle sera plus faible que désiré pendant un moment. On la sent moins préoccupée qu’au printemps par des perspectives de déflation.
Les investisseurs qui s’attendaient à une accélération prochaine de la planche à billets resteront sur leur faim. Les autorités monétaires américaines s’en tiennent au cadre annoncé: achat pouvant aller jusqu’à 1250 milliards de titres hypothécaires émis par Fanny Mae et Freddie Mac, de 200 millions des obligations de Freddie et de Fanny et, enfin, achat jusqu’à concurrence de 300 milliards de dettes du gouvernement américain, d’ici l’automne.
Selon Bloomberg, la Fed a jusqu’ici acheté 177,5 milliards de Treasuries toutes échéances confondues, soit bien peu, compte tenu des besoins quasi insatiables de financement de Washington cette année.
Ce statu quo a eu pour effet immédiat de faire grimper les taux obligataires sur les marchés, en particulier dans les longues échéances qui servent d’ancrage à la fixation des taux hypothécaires.
Les échéances 10 ans ont gagné six centièmes, à 3,69%, et les 30 ans tout autant, à 4,41%.
« Il se peut que la Fed reconnaisse qu’ajouter des liquidités n’apporte rien de plus », suggèrent Karen Cordes et Derek Holt, économistes chez Scotia Capitaux.
À leurs yeux, la Fed est prise dans un cercle vicieux. Dans un contexte normal, abaisser les taux d’intérêt stimule la demande de prêts et relance la consommation. Dans le contexte présent, la baisse des taux d’intérêt incite les ménages à rembourser leurs dettes et les banques à renforcer leurs bilans. Les torrents de liquidités émises par la Fed lui reviennent sous forme de dépôts par les institutions. Ses initiatives n’ont plus beaucoup d’influence sur l’économie réelle.
Bien des observateurs étaient aussi à l’affût d’indices qui indiqueraient comment la Fed entend retirer rapidement du marché ces liquidités extraordinaires afin d’éviter que la reprise soit entachée par une poussée inflationniste ou par des bulles spéculatives, comme cela a été le cas après la récession de 2001.
La lenteur avec laquelle la Fed d’Alan Greenspan avait remonté les taux est perçue aujourd’hui comme une des causes ayant provoqué la crise de l’habitation en 2006 et toujours loin d’être résorbée.
Le communiqué précise que « le FOMC surveille la taille et la composition de son bilan et apportera les ajustements à ses programmes de crédits et de liquidités qui s’imposent ».
« Il s’agit peut-être là d’une étape vers l’esquisse d’une éventuelle stratégie de sortie » suggère timidement Milan Mulraine, économiste chez TD Valeurs mobilières.



La politique de la Fed fonctionne
TAUX À LACONSOMMATION
La politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) consistant à acheter des bons du Trésor et des titres de dette liés à l’immobilier a poussé les coûts d’emprunt du secteur privé à leur niveau le plus bas en près d’un an.
La compilation des taux d’emprunt, qui comprend l’immobilier, a baissé à 6,68% le 3 juin dernier, le niveau le plus bas depuis qu’il était à cette hauteur le 18 juillet 2008.
Ainsi, l’indice Merrill Lynch Private Sector Interest Rate Proxy, une compilation des taux d’emprunt comprenant l’immobilier, les autos et les prêts à la consommation, a baissé à 6,68% le 3 juin dernier, le niveau le plus bas depuis qu’il était à cette hauteur le 18 juillet 2008.
« L’assouplissement quantitatif semble marcher », selon Jim Caron, chef de la division de stratégie touchant les taux d’intérêt aux ÉtatsUnis de Morgan Stanley, à New York, qui faisait référence aux achats de titres de dette par la Fed. « Si le signe ultime de l’assouplissement quantitatif consiste à rendre les emprunts dans le secteur privé disponibles et bon marché, je dirais que c’est ce qui se produit, ajoute-t-il. Selon ce critère, le crédit est bon marché. »
L’indice de Merrill Lynch a atteint un sommet record de 8,55% le 15 décembre dernier, la veille du jour où la Fed a annoncé qu’elle était « prête à augmenter » ses achats de titres de dette liés à l’immobilier. La banque centrale américaine avait indiqué le 25 novembre dernier qu’elle achèterait pour 500 milliards US de titres de dette adossés à des hypothèques et 100 milliards US de titres de dette émis dans le public par des organismes gouvernementaux.
Depuis lors, les responsables ont bonifié le programme à hauteur de 1750 milliards US, y compris des achats de bons du Trésor jusqu’à 300 milliards US, pour ramener à la baisse les coûts d’emprunt dans une foule de domaines, depuis les hypothèques jusqu’aux prêts sur cartes de crédit et aux dettes d’entreprises.
Jusqu’à présent, la Fed a acheté pour 533 milliards US en titres adossés à des hypothèques, 153 milliards US en bons du Trésor et 85 milliards US en titres de dette émis dans le public par des organismes gouvernementaux, selon des analystes d’UBS Securities.
L’indice de Merrill Lynch comporte une pondération égale entre les taux d’intérêt sur prêts hypothécaires géants et à taux variables, les prêts pour l’achat de voitures neuves, les prêts sur valeur nette du logement, les obligations à risque élevé, les prêts bancaires de 5 à 10 ans et le taux interbancaire de trois mois offert à Londres.


Dix banques vont pouvoir rembourser Washington
CRISE DUCRÉDIT
JPMorgan Chase& Co. et Morgan Stanley font partie des 10 prêteurs qui ont obtenu du Trésor américain la permission de racheter pour 68 milliards US d’actions détenues par le gouvernement américain, ce qui les libère d’une surveillance accrue qui a affecté leurs pratiques concernant l’octroi de prêts, l’embauche et la rémunération de leur personnel.
« Ces remboursements sont un signe encourageant que la situation financière se rétablit », a souligné hier dans un communiqué le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner. « Mais nous avons encore du travail à faire », a-t-il ajouté.
Cette décision reflète les pressions plus grandes exercées par les banques pour se libérer des participations gouvernementales qui les ont rendues vulnérables aux interférences politiques à la suite de la grogne populaire à l’encontre du sauvetage de firmes de Wall Street.
Le Trésor n’a pas nommé les banques. Mais en plus de JPMorgan Chase et Morgan Stanley, American Express, Bank of New York Mellon, BB& T Corp., Capital One Financial, Northern Trust, State Street Corp. et U.S. Bancorp ont toutes indiqué hier qu’elles procédaient à des remboursements.
« D’une certaine façon, le Trésor choisit les gagnants et les perdants », estime
Jennifer Thompson, analyste de Portales Partners, à New York. « Il se peut qu’au départ, le ciel s’éclaircisse au-dessus de la tête des banques qui sont en mesure de rembourser le gouvernement » , ajoute-t-elle.
Les firmes qui ont obtenu la permission de Washington d’effectuer des remboursements ne comprennent pas Bank of America, plus grosse banque américaine sur le plan des actifs, ni Citigroup, chacune d’elles ayant accepté une aide de 45 milliards US du gouvernement américain. Wells Fargo, premier prêteur hypothécaire aux États-Unis et qui a reçu une aide de 25 milliards US, ne figure pas non plus sur la liste.
Avec les remboursements déjà reçus de 20 autres firmes, le gouvernement américain a récupéré environ 70 milliards US, a précisé hier le Trésor. Les paiements de dividendes sur les actions émises pour le gouvernement en vertu du Programme d’achat de capital atteignent environ 4,5 milliards US jusqu’à présent, y compris 1,8 milliard US versé par les 10 banques indiquées ci-dessus.
Les firmes qui rachètent les actions privilégiées du gouvernement ont également le droit de racheter les bons de souscription détenus par le Trésor et ce, à « leur juste valeur marchande », selon le communiqué du Trésor émis hier.
Herb Allison, le responsable nommé par l’administration Obama pour diriger le Troubled Asset Relief Program (TARP), a précisé aux législateurs américains la semaine dernière que le Trésor annoncerait bientôt les détails concernant sa politique à l’égard des bons de souscription. La valeur totale de ces bons est d’environ 5 milliards US, selon des calculs du Trésor effectués le mois dernier.
Huit mois
Ces remboursements surviennent près de huit mois après que le Trésor, désireux d’enrayer la panique sur les marchés à la suite de la faillite, le 15 septembre, de Lehman Brothers Holdings, eut fourni à neuf banques les premiers 125 milliards US pigés dans le fonds de 700 milliards US mis à la disposition du TARP.
Les banques américaines ont dévoilé des projets pour lever plus de 100,2 milliards US depuis que les tests de tension effectués par le gouvernement sur les 19 plus importantes compagnies financières des États-Unis eurent démontré que 10 d’entre elles avaient besoin de 74,6 milliards US en capital additionnel pour survivre à une récession plus grave.
Le produit des remboursements au TARP contribuera à réduire les emprunts du gouvernement fédéral américain et la « dette nationale », indiquait le communiqué publié hier. Les titres des sociétés financières américaines ont bondi récemment et le sous-indice qui leur est consacré au sein du Standard& Poor’s 500 a progressé de 49% au cours des trois derniers mois.




Le soutien au crédit des entreprises porte fruit, dit Flaherty
Le ministre des Finances fédéral, Jim Flaherty, estime que son plan d’aide au financement des entreprises porte fruit, bien que la reprise économique réelle se fasse encore attendre.
De passage à Montréal, hier matin, le ministre des Finances a rencontré la presse, en compagnie du président et chef de la direction de la Banque de développement du Canada, Jean-René Halde, afin de faire le point sur les mesures d’aide au crédit qui ont été offertes aux entreprises dans le dernier budget fédéral.
Davantage de prêts
« Comme vous le savez, il y a une certaine rareté du crédit, ce qui rend la vie assez difficile (aux entrepreneurs), a souligné M. Halde. Nous faisons plus de prêts, avec un effort réel de prêter à nos entrepreneurs. Notre portefeuille de prêts, pour l’année qui s’est terminée à la fin de mars 2009, a connu une augmentation de 11%, malgré une situation de récession, où, en temps normal, le nombre de projets de nos entrepreneurs diminue. »
Le ministre Flaherty, de son côté, a précisé que le programme Facilité canadienne de crédit garanti avait été adapté afin de pouvoir offrir des prêts de moindre importance, au besoin. Une somme de 1 milliard de dollars a ainsi été ajoutée à cette enveloppe.
Au total, 11 milliards ont été attribués dans le cadre de ce programme.
L’autre grand programme d’aide au financement des entreprises auquel participe la Banque de développement du Canada, le Programme de crédit aux entreprises, a connu un « départ très rapide », selon M. Halde.
Un financement de 578 millions a ainsi été accordé aux entreprises, de février à mai dernier.
Une reprise incertaine
Malgré ces bonnes nouvelles sur le crédit des entreprises, la reprise économique tarde à se faire sentir. Certains évoquent une reprise en « W », d’autres en « V » ou en « L » avec des sursauts.
Le ministre des Finances, lui, n’a pas voulu s’avancer. « Ce que je vois dans l’économie canadienne, ce sont certains signes de stabilisation et certains signes positifs de la volonté des citoyens de recommencer à dépenser », a-t-il dit.
Il a relevé, par exemple, la « grande popularité » des crédits d’impôt pour la rénovation résidentielle offerts aux contribuables dans son dernier budget.
Quant au déficit, il a répété qu’il devait être « à l’heure actuelle, légèrement supérieur à 50 milliards ». Il doit faire rapport au Parlement à ce sujet prochainement.

HARPER DÉFEND SON PLAN DE RELANCE ÉCONOMIQUE
OTTAWA— Les effets de la récession commencent à s’atténuer, estime le premierministreStephen Harper, qui continue de croire que le Canada sera le premier pays industrialisé à sortir de la crise économique.
Comme il s’était engagé à le faire auprès des libéraux de Michael Ignatieff en janvier afin d’obtenir leur appui pour adopter le dernier budget fédéral, M. Harper a fait hier une mise à jour des mesures prises par son gouvernement pour contrer les effets de la récession et relancer l’économie canadienne.
À l’instar de certains organismes internationaux comme l’OCDE ou le Fonds monétaire international, qui prévoient que le Canada tirera mieux que tout autre pays son épingle du jeu, le premier ministre se montre plutôt optimiste au sujet de la reprise économique qui pointerait à l’horizon.
Dans son dernier budget, adopté en mars, le gouvernement Harper a annoncé des dépenses de 40 milliards de dollars pour relancer l’économie au cours des deux prochaines années.
Selon M. Harper, le plan économique commence à donner des résultats encourageants. Tout près de 80% des fonds prévus dans le plan économique ont été engagés, a-t-il soutenu.
Il a aussi affirmé que près de 3000 projets d’infrastructures ont été démarrés d’un bout à l’autre du pays depuis le début de la saison de la construction. Il a donné en exemple les projets de réfection du pont Champlain à Montréal, du pont Alexandra à Ottawa et du pont Lift de Burlington.
Il a aussi cité plusieurs projets lancés de concert avec les cent à s’atténuer. Et les points forts du Canada commencent à être remarqués au-delà de nos frontières. (…) Plus que jamais, nous devons garder le cap », a soutenu le premier ministre.
Au sujet des t ravai l leurs qui perdent leurs emplois, M. Harper a affirmé que la machine gouvernementale a mis le pied sur l’accélérateur pour traiter leur demande de prestations d’assurance-emploi plus rapidement. La moyenne d’attente est d’environ 28 jours pour obtenir un premier chèque, a affirmé le premier ministre. Il a aussi rappelé que les chômeurs que le programme ne répond pas aux réalités de la récession que nous vivons », a dit M. Harper.
Durant sa présentation, le premier ministre a rappelé que la crise économique entraînera un déficit considérable en raison de la chute des rentrées des impôts, de l’aide au secteur automobile et de la hausse des coûts des programmes sociaux comme l’assurance-emploi. Le déficit devrait atteindre les 50,2 milliards de dollars. Mais dans son rapport, le gouvernement Harper s’abstient maintenant de dire quand il prévoit éliminer ce déficit. Dans son budget, le ministre des Finances, provinces au cours des dernières semaines, notamment la construction de deux éoliennes géantes à Summerside, à l’Îledu-Prince-Édouard, qui permettront d’alimenter en électricité le quart de la population de la ville. Ce projet permettra aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
« Les mesures sans précédent que nous avons prises commencent à produire des résultats. Les effets de la récession commenpeuvent obtenir des prestations pendant cinq semaines de plus cette année.
En outre, 100 000 Canadiens se sont prévalus du programme de partage de travail financé à même le régime d’assuranceemploi depuis le début de l’année.
« Le programme d’assurance emploi n’est pas parfait. Nous envisageons d’y apporter des améliorations à l’automne. Mais ne laissez personne vous dire JimFlaherty, avait prédit le retour à l’équilibre budgétaire en 2013.
Cela dit, le bilan financier du Canada demeure le plus étincelant de tous les pays industrialisés, selon M. Harper. Et le premier ministre maintient ce qu’il dit depuis des semaines : le Canada a été le dernier à subir les contrecoups de la crise économique et il sera le premier à en sortir. Selon les prévisions contenues dans le rapport, la croissance devrait reprendre au troisième trimestre de 2009 et s’accélérer au quatrième trimestre pour atteindre 2% et 3% en 2010.
« Comme l’ont constaté tous les autres pays du G20, dans les circonstances actuelles, un déficit est nécessaire. Et notre déficit sera considérable. Mais il est abordable. En fait, comparativement à celui d’autres pays, il est plutôt modeste », a-t-il affirmé.
M. Harper a décidé de faire cette mise à jour à Cambridge, en Ontario, la province la plus durement touchée par la crise économique, notamment à cause de l’effondrement de l’industrie automobile.
Les libéraux de Michael Ignatieff avaient exigé que le gouvernement Harper soumette des rapports tous les trois mois après l’adoption du budget pour expliquer les progrès réalisés pour combattre la récession.
Hier, M. I gnatieff a refusé de dire s’il juge ce rapport d’étape suffisamment acceptable pour que ses troupes appuient le gouvernement Harper la semaine prochaine à l’occasion du vote de confiance sur les crédits budgétaires. L’avenir du gouvernement minoritaire repose entre les mains des libéraux puisque le Bloc québécois et le NPD ont fait savoir qu’ils voteraient contre les crédits, jugeant insuffisantes les mesures du gouvernement pour relancer l’économie.

Le crédit à la rénovation attire un tiers des Canadiens
OTTAWA — Un nouveau sondage indique que plus du tiers des Canadiens comptent profiter du crédit d’impôt qu’offre le gouvernement fédéral pour la rénovation résidentielle.
Interrogés dans le cadre d’une enquête menée par La Presse Canadienne– Harris Decima, 82 % des répondants ont dit connaître le programme, grâce auquel les personnes admissibles peuvent toucher un crédit d’impôt pouvant s’élever à 1350 $ si elles investissent jusqu’à 10 000 $ en rénovations.
L e s p e r s o n nes â gé e s de moins de 35 ans et celles dont le revenu annuel est inférieur à 60 000 $ semblaient moins connaître le programme.
Selon Jeff Walker, vice-président principal chez Harris Decima, le gouvernement du Canada est parvenu à bien communiquer la mise sur pied de ce crédit d’impôt, alors que bien d’autres programmes semblables ne sont remarqués que par les comptables et les actuaires.
M. Walker a ajouté que le programme semblait avoir un effet positif sur l’économie canadienne.
Globalement, 35% des répondants envisageaient de profiter du programme, mais la proportion des personnes interrogées attirées par ce crédit d’impôt était plus élevée parmi les plus hauts salariés.
Ainsi, parmi les répondants touchant plus de 100 000$ par année, 51% ont affirmé vouloir profiter du programme. La proportion glisse à 41% parmi les personnes gagnant entre 60 000$ et 100 000$, tandis qu’elle chute à seulement 27% parmi les gens dont le revenu est inférieur à 60 000$.
Un peu plus de 1000 Canadiens ont pris part au sondage, mené entre les 18 et 21 juin. La marge d’erreur d’un échantillon de cette taille est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.




L’impact sur l’emploi surestimé
WASHINGTON — Un rapport d’étape préliminaire sur le plan de relance de Barack Obama surévalue d’au moins 5000 le nombre d’emplois créés ou sauvés grâce au dispositif, sur un total de 30 000, selon une étude de l’Associated Press. La Maison-Blanche a promis de corriger l’erreur.
La question pourrait prendre une nouvelle ampleur aujourd’hui lorsqu’une série de rapports devraient faire apparaître la création ou la sauvegarde de centaines de milliers d’emplois grâce au plan.
Selon le premier bilan des effets sur l’emploi du plan de 787 milliards de dollars, ce sont 30 000 postes qui ont été créés ou sauvés. Mais en examinant des contrats financés avec l’argent du dispositif, l’AP a constaté que le chiffrage des créations d’emploi était dans certains cas jusqu’à 10 fois supérieur à la réalité. Certains emplois sont comptés deux fois et parfois même plus de quatre fois, et d’autres emplois ont été indûment mis au crédit du plan de relance.
Par exemple, une entreprise travaillant avec la Commission fédérale des communications rapporte que les fonds de relance ont financé 4231 emplois alors qu’environ 1000 l’ont été effectivement. Une université de Géorgie rapporte de son côté la création de 280 emplois avec l’argent du plan alors qu’en réalité aucun des postes n’a été créé grâce à ces fonds.
L’étude de l’AP montre que certaines entreprises ont également sous-évalué le nombre d’emplois financés par les fonds de relance en ne signalant pas des postes sauvegardés.
Rien ne montre que la MaisonBlanche ait délibérément cherché à gonfler les statistiques, mais des responsables de l’administration ont toutefois interprété le chiffre de 30 000 comme un premier signe encourageant au regard de la promesse de Barack Obama de créer ou sauver 3,5 millions d’emplois d’ici la fin 2010.
La Maison-Blanche se dit consciente du problème s oulevé pa r l ’AP. Dans une interview, Ed DeSeve, un conseiller de M. Obama sur le plan de relance, précise que des agences gouvernementales travaillent avec des entreprises bénéficiaires du plan pour rectifier le tir. D’autres erreurs découvertes par le public seront également corrigées, promet-il.
La Maison-Blanche a publié tôt hier un communiqué sur la manière dont les emplois ont été comptabilisés dans le rapport préliminaire diffusé il y a deux semaines. Elle précise que le document n’était qu’un galop d’essai portant sur un petit échantillon de données et que ces chiffres n’avaient fait l ’objet que de t rois j ours de vérifications.
La présidence américaine assure aussi avoir déjà corrigé « quasiment toutes » les erreurs relevées par l’AP, ajoutant que la découverte des erreurs « ne donne pas une indication statistiquement significative » sur la qualité des rapports complets qui seront publiés vendredi.
Reste qu’hier, sur son site Internet, l’administration citait encore le chiffre de 30 383 emplois liés jusqu’à présent au plan de relance, malgré les erreurs identifiées par l’AP. Tom Gavin, porteparole du service budget de la MaisonBlanche, a attribué les erreurs à des responsables ainsi qu’à des bénéficiaires du plan qui devaient recenser ces données pour la première fois.





Des salaires réduits de moitié
Les patrons des firmes renflouées par Washington subiront une coupe d’environ 50%
Les salaires des 25 employés les mieux payés seront réduits de 90 % en vertu du plan de M. Feinberg, plan qui sera annoncé cette semaine, a précisé l’une des sources qui a requis l ’a nonymat. Les employés de la division des produits dérivés d’American I nternational Group ( AIG), qui ont été blâmés pour le quasi-effondrement de l’assureur l’a n dernier, ne peuvent pas recevoir plus de 200 000 $ US en rémunération totale, a dit l’une des personnes.
La semaine dernière, Kenneth Lewis, PDG de Bank of America (notre photo), a consenti à renoncer à son salaire et à ses primes de 2009.
M. Feinberg, 63 ans, qui fut le patron responsable du Fonds de compensation des victimes du 11 septembre 2001, a été nommé en juin dernier au sein de l’administration Obama pour s’occuper des questions de rémunération. La paie des patrons d’entreprise a été passée sous la loupe après que des firmes eurent reçu des milliards en aide fédérale l’an dernier tandis que sévissait la pire crise financière depuis les années 1930. L’indignation du public a été à son comble en mars dernier après que la firme new-yorkaise ait versé 165 millions US en primes aux employés de sa filiale de produits dérivés.
Scrutés à la loupe
Tous les avantages particuliers de plus de 25 000 $ US liés à un poste, tels que le service de limousine et des aéronefs privés, doivent être approuvés par M. Feinberg, a indiqué l’une des sources.
Dans s on r a ppor t , M. Feinberg incitera les patrons d’AIG qui avaient promis de remettre leurs primes à honorer cet engagement.
L a s e ma i n e d e r n i è r e , Kenneth Lewis, PDG de Bank of America, a consenti à renoncer à son salaire et à ses primes de 2009. Par ailleurs, Citigroup a accepté le 9 octobre dernier de vendre sa filiale de transactions dans le secteur de l’énergie, Phibro L LC, pour éviter un af f rontement potentiel avec M. Feinberg au sujet de la rémunération de 100 mi l l ions US prévue pour Andrew Hall, PDG de cette filiale de Citigroup.
Au cours d’un discours prononcé mardi à Washington, M. Feinberg a dit qu’il « travaillait chaque j our » avec les firmes pour en arriver à un accord concernant les rémunérations. « Les résultats parlent d’eux-mêmes », a-t-il dit lorsqu’on lui a posé des questions à propos des négociations avec Citigroup concernant la paie de M. Hall.
En plus des rémunérations à AIG, Citigroup et Bank of America, M. Feinberg surveille la paie des patrons de Chrysler Group, de Chrysler Financial Corp., de General Motors et de GMAC.

WASHINGTON 
Les primes restent sur la sellette
WASHINGTON — La sa nté retrouvée de grandes banques va de nouveau poser à l’administration américaine la question des primes de Wall Street, un sujet piège que l’exécutif va vouloir prendre avec des pincettes, notent des experts du secteur.
Si l’administration du président Barack Obama « en fait une grosse affaire du point de vue politique, elle va devoir prendre des mesures dont elle n’a pas envie », note Douglas Elliott, de la Brookings Institution, alors que les précédents appels à plafonner ces primes ont été rejetés par Wall Street.
Afin de soutenir la progression des sociétés financières sans provoquer la colère d’Américains toujours englués dans les conséquences de la crise économique, le gouvernement « préfèrerait ne pas passer trop de temps sur cette question », explique M. Elliott à l’AFP.
Le géant de Wall Street Goldman Sachs a dépassé jeudi dernier toutes les attentes en publiant un bénéfice de 3,19 milliards de dollars au troisième trimestre, trois fois plus que pour la période correspondante de 2008.
Son concurrent JPMorgan Chase a également vu son résultat trimestriel s’établir à 3,6 milliards de dollars. Même Citigroup, pourtant en difficulté, a pu s’enorgueillir d’un bénéfice de 101 millions de dollars.
Dans le même temps, le Wall Street Journal a estimé que les 23 premières banques et sociétés financières américaines s’apprêtaient à verser 140 milliards de dollars en primes à leurs employés au titre de 2009, soit davantage qu’en 2007, année record.
« La question des primes est l’une des dernières qui peuvent beaucoup fâcher les gens », souligne M. Elliott, alors que nombre de ces institutions financières ont été sauvées par l’argent du contribuable. Pour lui, tant l’exécutif que les banques veulent « payer leurs employés pour qu’ils restent motivés » sans créer une révolte dans l’opinion publique.
Le secrétaire général de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel, a indiqué hier comprendre que de grosses primes provoquent l’ire des Américains et souligné que les banquiers devaient jouer un rôle-clé pour rétablir la confiance dans le système financier.
« I ls sont responsables à l’égard de tout le système. Et cela commence par ne pas s’opposer au système de régulation et aux réformes nécessaires pour protéger les consommateurs, les propriétaires et les autres », a déclaré M. Emanuel à CNN.


Les banquiers n’ont rien appris
NEW YORK — La rémunération dans les 23 grandes institutions financières américaines est en passe de dépasser les 140 milliards US cette année, un record, en dépit des tollés provoqués par diverses affaires de bonus versés dans des établissements en faillite ou en difficultés, selon le Wall Street Journal.
Le cru 2009 des rémunérations perçues par les financiers américains est en passe de dépasser le sommet atteint pour 2007 (130 milliards US), avec une progression de 20% par rapport à l’an dernier (117 milliards US), selon les calculs du quotidien.
En moyenne, les employés de ces établissements devraient toucher 143 400$ US, presque 2000$ US de plus qu’en 2007.
Après la crise financière de l’an dernier, qui a poussé le gouvernement à lancer un programme sans précédent de sauvetage du système financier doté de centaines de milliards de dollars, beaucoup d’établissements financiers ont bénéficié cette année du rebond des Bourses, du dégel du crédit, de la reprise des fusions-acquisitions – et des retombées positives des programmes d’aide fédérale.
Résultat, les banques et les autres i nstitutions financières comprises dans cette étude devraient générer un chiffre d’affaires total de 437 milliards US cette année, bien au-delà des 345 milliards US de 2007, ce qui est pour partie dû à la consolidation du secteur, explique le quotidien.
Parmi les institutions couvertes par cette étude, la banque d’affaires Goldman Sachs pourrait verser de 20 à 21,85 milliards US à ses employés, comparativement à 20,19 milliards US en 2007.
Cette étude est publiée alors que l ’administration Obama pourrait publier dès cette semaine ses recommandations sur les rémunérations en vigueur dans sept entreprises bénéficiaires d’aide fédérale, parmi lesquelles les banques généralistes Bank of America et Citigroup.
D’après le quotidien, la première, qui a considérablement grossi avec notamment l’acquisition de la banque d’affaires Merrill Lynch, pourrait voir son budget de rémunération bondir de 64% par rapport à l’an dernier, à 30 milliards US. Citibank serait partie pour verser 22 milliards US, soit 32% de moins que l’an dernier.

Il n’est peut-être pas si méchant
- SOPHIE COUSINEAU
(NDE : N'y a-t-il pas plutôt chez lui tout ce qu'on pourrait attendre d'un véritable chef d'entreprise ?... À savoir quelqu'un qui préfère encore le défi à la simple perspective de profit en tant que telle ?...)

Si vous av iez Ca li n Rovinescu devant vous, je soupçonne que vous auriez des tonnes de questions à lui poser. Le service d’Air Canada, les liaisons au départ de Montréal, le prix (obscur) des billets, la survie du transporteur, la qualité du français en vol : ce ne sont pas les sujets qui manquent.
Air Canada ne connaîtra pas le succès tant qu’il ne changera pas son service et son image.
Mais en rencontre avec lui, hier, il n’y en avait qu’une qui me brûlait les lèvres. Pourquoi diable a-t-il accepté de présider Air Canada au pied levé ?
Ce n’est pas c omme si l’homme qui a copiloté la restructuration du transporteur en 2003 et en 2004 ne savait pas dans quel avion il montait. Et cela, même si la situation financière d’Air Canada au printemps était « plus dramatique qu’il ne l’avait imaginée ».
Ce n’est pas comme s’il ne connaissait pas cette industrie qui souffre de surcapacité chronique. N’importe quel bozo peut affréter des avions, décoller en affaires et casser les prix des billets sur les meilleures liaisons.
Accro à l ’adrénaline de la vie au bord du précipice d’Air Canada, des palpitations qu’ils ne retrouvaient pas, à l’évidence, chez Genuity, la banque d’affaires que cet avocat a cofondée en 2004, Calin Rovinescu n’a pourtant pas hésité.
« C’est un défi que je ne pouvais pas laisser passer », dit-il.
Calin Rovinescu concède qu’il aime le trouble, comme on dit ; seule la créativité permet de résoudre les problèmes qui semblent insolubles. Ce Montréalais de 54 ans – c’était son anniversaire hier – juge même qu’il a décroché « le poste le plus intéressant » de sa vie.
Avant même qu’il ne s’assoit, le 1er avril, dans le fauteuil encore chaud qu’occupait Montie Brewer, la réputation de Calin Rovinescu l’avait précédé chez Air Canada, où il a travaillé de 2000 à 2004. Tous se souvenaient du bras droit de Robert Milton, qui était perçu – à tort ou à raison – comme l’exécuteur des basses oeuvres lors de la restructuration de 18 mois.
D’aucuns en ont conclu – moi la première – qu’Air Canada ferait encore appel à la protection des tribunaux pour se délester de ses dettes.
Le transporteur faisait face à une crise de liquidité et était incapable de faire face à ses obligations, dont le déficit de solvabilité de près de 3 milliards de dollars de ses régimes de retraite. Mais Calin Rovinescu a jugé l’opération trop risquée. Compte tenu de la frilosité des marchés au printemps, il doutait que le transporteur montréalais puisse obtenir un financement intérimaire. Bref, Air Canada risquait d’y laisser sa peau.
À la surprise générale, Calin Rovinescu a négocié le gel des salaires des employés de cinq syndicats, obtenu un moratoire sur la capitalisation des régimes de retraite et négocié un financement (onéreux) de 1 milliard de dollars. Mais, pour y parvenir, ce dirigeant a changé son approche, notamment en faisant le point sur la situation du transporteur lors d’entrevues diffusées sur YouTube.
« Une chose que j’ai changée, c’est la communication. Moi, je ne suis pas là pour gagner des concours de popularité. Je vais faire les choses que je considère comme nécessaires. Mais, il faut que les gens comprennent très bien les gestes que je vais poser. »
Six mois après son arrivée, Air Canada a survécu à cette crise. « Mais nous ne sommes pas sortis du bois », dit Calin Rovinescu.
Et comment. L’IATA, l’association internationale du transport aérien, s’attend à ce que l’industrie perde 11 milliards US cette année. Les transporteurs souffrent encore des prix du carburant élevés et de la chute de la demande. Au mieux, l’industrie renouera avec la rentabilité en 2011, prévoit son directeur général, Giovanni Bisignani.
Calin Rovinescu entrevoit des profits dans le même horizon, mais refuse de s’y commettre. Encore faudra-til qu’Air Canada dégage 500 millions de dollars par année en économies (400 millions) et en revenus supplémentaires (100 millions). Un programme ambitieux pour un transporteur qui a déjà coupé dans le gras.
Comment Air Canada estil revenu là ? Nombreux sont ceux qui jugent que le holding qui le chapeaute, Gestion ACE Aviation, a menacé la pérennité du transporteur en le morcelant pour des profits rapides.
Comme président d’Ai r Canada, Calin Rovinescu n’aimerait-il pas pouvoir compter sur les revenus plus stables de ses ex-filiales Aéroplan ( programme de fidélisation), Jazz Air (transporteur régional) et Aveos (services techniques)? Calin Rovinescu refuse de porter un jugement en bloc sur ces délestages. Selon lui, il faut juger au cas par cas.
« Aéroplan a été un énorme succès. Quant aux deux autres, le j ury dél i bère encore… L’argent récolté a permis à Air Canada de renouveler sa flotte et d’acheter des systèmes de divertissement. Au final, c’est positif. »
Air Canada ne reviendra pas à la rentabilité en rétrécissant comme peau de chagrin. Le transporteur devra accroître ses revenus, surtout à l’international. Après avoir été dépendante des voyageurs d’affaires, Air Canada courtisera les vacanciers et les familles éclatées avec de nouveaux vols directs.
Ma i s , A i r Ca n a d a ne connaîtra pas le succès tant qu’il ne changera pas son service et son image, le talon d’Achille de ce transporteur que les Canadiens aiment détester. Le grand défi de Calin Rovinescu, il est là.
Le transporteur s’est déjà attaqué à certaines soucres d’irritation. Par exemple, les voyageurs qui veulent discuter avec un agent n’ont plus à débourser 25 $. « Payer pour parler à quelqu’un dans un centre d’appel, je n’ai jamais été d’accord avec cela », dit le président d’Air Canada.
On est fait pour s’entendre.


LONDRES 
Les bonus des banquiers au centre des débats
LONDRES — Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 seront ce weekend à Londres au chevet d’une économie mondiale au mieux convalescente, pour évaluer les moyens de prévenir une nouvelle crise, avec les bonus des banquiers en ligne de mire.
Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 se réuniront ce week-end à Londres. Ils tenteront entre autres de trouver des moyens pour prévenir une autre crise.
L a r éu nion , c e s oi r et demain, prépare le sommet des chefs d’État du G20 à Pittsburgh, aux États-Unis, les 24 et 25 septembre.
La quest i on des bonus devrait être au centre des débats, ces rémunérations sensationnelles pouvant être une cause du dérapage des banques vers la bulle du crédit qui a explosé mi-2007.
La France, active à domicile, s’est démenée pour rallier l’ensemble de l’Union européenne ( UE) à son combat, parvenant à ce que le premier ministre britannique Gordon Brown signe avec le président Nicolas Sarkozy et l a chancelière allemande Angela Merkel, hier, une lettre réclamant des « règles obligatoires » sur les rémunérations dans les pays du G20, assorties de sanctions le cas échéant.
Les trois dirigeants veulent notamment « examiner les moyens de limiter le montant des rémunérations variables (bonus) dans les banques », en proportion des rémunérations totales ou des bénéfices. M. Brown, encore réticent mardi à demander une limitation des bonus, « difficile » selon lui dans un environnement international, semble donc avoir trouvé un compromis avec ses voisins.
Les poids lourds de l’ UE devront batailler cependant contre l’inertie des États-Unis, pour qui les bonus sont « un non-sujet », selon ce que déplore un officiel européen. La ministre des Finances française Christine Lagarde a résumé: « Il faudra dérouler le rouleau compresseur européen (...) pour convaincre nos amis américains. »
Quel que soit le résultat de la réunion, les bonus des banquiers n’ont jamais été autant sur la sellette. Le propre président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a considéré que « les r émunérations excessives n’avaient aucune légitimité ». Celui de la Financial Services Authority (FSA) britannique, Adair Turner, a même suggéré une taxe pour les limiter.
Poursuivre les efforts
La réunion survient alors que l’économie mondiale semble se rétablir. Le président de la Banque centrale européenne ( BCE), Jean-Claude Trichet, a signalé hier la quasi-fin de la récession en zone euro (voir autre texte). La France et l’Allemagne, mais aussi le Japon, sont sortis du rouge au deuxième trimestre, et l’économie américaine s’améliore.
Alors que d’exceptionnelles mesures de soutien aux banques et aux économies ont été prises depuis un an, engendrant des déficits énormes, le G20 Finances devrait ainsi évoquer la nécessité de coordonner les « stratégies de sortie » de la crise.
Mais dans un entretien au quotidien The Independent, le ministre britannique Alistair Darling a mis en garde hier contre tout arrêt prématuré des mesures de relance, pour ne pas contrecarrer une reprise « durable » de l’économie.
M. T r i c het a noté que « beaucoup de travail restait à faire ». « La pire attitude », selon lui, serait de revenir trop vite à « business as usual ». « Ce serait une erreur totale », a-t-il bien prévenu.
Outre les bonus, les paradis fiscaux, autre thème cher à la France, seront au menu du G20 Finances. Les grands pays européens veulent des s a nc t i ons dès mars 2 010 contre les pays en infraction. Mais les Américains considèrent pour leur part la question déjà réglée par la déclaration du G20 du 2 avril à Londres.
Le débat portera aussi sur les normes comptables ou sur les fonds propres des banques. 
Mais Américains et pays émergents s’intéressent plutôt à la réforme du Fonds monét aire i nternational ( FMI). Ils demandent une meilleure représentation des émergents, l’ UE craignant que ce soit à ses dépens.


Les ministres se mobilisent pour encadrer les bonus bancaires
BRUXELLES — Les ministres européens des Finances ont promis hier de militer pour mieux encadrer les bonus bancaires au niveau mondial en vue du prochain sommet du G20, mais le flou règne encore sur la forme précise que cet encadrement pourrait prendre.
« Il y a eu une position européenne commune forte sur la question des rémunérations et des bonus », a déclaré le ministre suédois des Finances, Anders Borg, dont le pays préside l’UE, à l’issue d’une réunion avec ses homologues européens.
Cette réunion visait à préparer le sommet du G20 de Pittsburgh des 24 et 25 septembre sur l’économie mondiale, et avant cela une réunion des ministres des Finances du G20 demain et samedi à Londres.
Les ministres des Finances de l’UE ont adopté un texte dans lequel ils appellent notamment le G20 à plaider pour « augmenter le lien entre les rémunérations », en particulier les bonus, « et les performances ».
« L’UE appelle les pays du G20 à s’engager à prendre des mesures efficaces à l’encontre des banques qui ne suivent pas les principes » en ce sens, indiquent-ils également.
« Clairement, il y aura beaucoup de travail à faire », a reconnu M. Borg. Mais, a-t-il dit, « je crois qu’il est assez clair que maintenant nous avons mis une forte pression de l’autre côté de l’Atlantique » et des ÉtatsUnis, où l’appétit pour une limitation autoritaire des primes aux banquiers est faible.
La ministre française des Finances, Christine Lagarde, s’est de son côté félicitée que l’Europe ait désormais « une position très claire » consistant « à encadrer rigoureusement avec des mécanismes de sanctions et avec un principe de plafond les rémunérations variables ».
Plusieurs grands argentiers européens, dont le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, ont soutenu la position française d’une limitation internationale des bonus bancaires.
Bonus-malus
Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé la semaine dernière son intention de faire une proposition en ce sens au G20, à la suite de l’annonce dans son pays de mesures pour limiter les primes des courtiers.
Les banques françaises ont accepté la mise en place d’un système de bonus-malus, avec versement différé d’une partie du bonus. En vertu de ce nouveau système, si les performances ne sont pas au rendez-vous dans la durée, la partie différée du bonus ne serait pas versée.
Les initiatives prises par la France ont été « un élément clé » des discussions entre les ministres des Finances européens, a indiqué M. Borg.
Mais les ministres n’ont cependant pas abordé précisément hier la forme que pourrait prendre l’encadrement plus strict des bonus, alors que la GrandeBretagne, qui abrite la City, principale place financière européenne, est très réticente face à une limitation internationale.
Le maire de Londres, Boris Johnson, en déplacement à Bruxelles, a d’ailleurs indiqué hier à l’AFP qu’il jugeait « difficile » de trouver un « système satisfaisant » pour limiter les bonus des banquiers. Selon lui, les banques pourront trouver facilement un autre moyen de rémunération équivalent pour leurs courtiers.
La ministre des Finances française, Christine Lagarde, a du reste reconnu qu’il n’y avait pas eu, au niveau de l’UE, « la capacité d’engager un tour de table aussi serré » qu’au niveau des ministres de la zone euro.


« Le ministre ne veut pas faire rire de lui »
Clément Gignac était encore à Ottawa quand le patron d’AbitibiBowater, John Weaver, a pris sa retraite avec 17,5 millions dans les poches… pendant que l ’ entrepr i s e demandait à Québec de la sortir du gouffre avec un prêt de 100 millions. De l’autre côté de la rivière des Outaouais, il a appris une leçon. « Il est évident que je veux resserrer les normes de gouvernance et d’éthique. Ce n’est pas vrai que le gouvernement québécois va lancer des bouées de sauvetage à des entreprises et que, 12 ou 24 mois après, on apprend qu’il y a des primes de séparation et des bonus qui sont versés. »
Clément Gignac fa it la distinction entre les entreprises qui r eçoivent une aide de l’ État pour i nvest i r a u Québec e t c e l l e s dont la survie dépend des fonds publics. Celles de la deuxième catégorie devront montrer patte blanche. « Le ministre du Développement économique ne veut pas faire rire de lui sur la place publique », dit-il.
Il veut s’assurer que « si je lance une bouée de sauvetage, qu’avant d’organiser un party, on rembourse peut-être les contribuables québécois ». Cette mesure s’appliquerait tant à l’aide versée par I nvestissement Québec que la Société générale de Financement, deux sociétés qui relèvent de lui. Inspiré des mesures mises en place par le président Obama quand il est allé à la rescousse des banques américaines, il veut s’assurer « un droit de regard » avant « que la haute direction se verse des bonus ou verse des dividendes aux actionnaires ou des primes de séparation ».


RÉMUNÉRATION DES PATRONS Plus de pouvoir aux actionnaires
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires fait part de sa vision
Le chef de la direction d’une grande entreprise devrait laisser ses actionnaires approuver ou rejeter, lors d’un vote consultatif, sa politique de rémunération telle qu’établie par un comité indépendant: voilà la vision du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). L’organisme fondé par Yves Michaud a publié hier un document qui étaye cette vision et qui précise ses attentes auprès des entreprises.
« La cupidité étant forte dans la nature humaine, on se retrouve avec des situations qui sont inacceptables, a constaté Claude Béland, président du conseil du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires. Notre démarche consiste à revenir à des normes plus raisonnables, plus justes. »
Le MEDAC souhaite, en gros, la mise en place de systèmes de rémunération transparents, la formation de comités de rémunération tout à fait indépendants et un assainissement de la participation des actionnaires.
Le président du conseil de l’organisme, Claude Béland, admet qu’il en demande beaucoup aux grands patrons, mais il demeure optimiste. « Je sais personnellement que les institutions y travaillent actuellement, a-t-il assuré en conférence de presse. On aura des rencontres avec elles. La volonté me semble être d’arriver à quelque chose de pas trop mou ou trop insultant pour leurs actionnaires. »
Une transparence digne de ce nom implique pour le MEDAC la divulgation des principes et mécanismes de la politique de rémunération, en plus du montant global et de ses principales composantes – notamment le salaire de base fixe, les primes, les contributions à des régimes de retraite et les indemnités de départ. Il recommande aussi qu’on justifie tous les montants.
« Nous souhaitons connaître l’écart qui existe entre la rémunération du plus haut dirigeant et celle du salarié moyen », a ajouté Louise Champoux-Paillé, secrétaire du conseil du MEDAC. Elle a souligné que cet écart atteint souvent un niveau qui peut paraître indécent. « Ce ratio est aujourd’hui (aux États-Unis) de 300 fois, 400 fois! »
« La cupidité étant forte dans la nature humaine, on se retrouve avec des situations qui sont inacceptables, a constaté M. Béland. Notre démarche consiste à revenir à des normes plus raisonnables, plus justes. »
« On veut contenir ou rendre raisonnable la rémunération globale, on veut réduire la portion variable pour éviter la prise de risques trop importants, et on veut réduire l’écart entre le salaire moyen et celui de la haute direction », a précisé Jean Legault, trésorier du conseil.
Claude Béland a souligné que des rémunérations excessives basées en trop grande partie sur un système de primes peuvent constituer des coûts importants et même mettre en danger la pérennité des entreprises, car elles peuvent inciter les dirigeants à prendre des décisions hautement risquées et miner la confiance des investisseurs en accaparant une trop grande part des bénéfices.
« On se dit : " coudonc, l’entreprise existe-t-elle pour les hauts gestionnaires ou pour les actionnaires?" a lancé l’ancien président du Mouvement des caisses Desjardins. Ça fait aussi naître une perception d’injustice chez les employés et chez les collaborateurs. »
Le MEDAC estime non seulement que les membres des comités de rémunération devraient être indépendants de l’entreprise, mais également que le chef de la direction ne devrait, en aucune façon, ni être impliqué dans leur sélection ni participer ou assister à leurs travaux. Et pas plus du tiers du comité ne devrait être composé de chefs de la direction d’entreprises de taille similaire. Des conseillers externes devraient également être consultés.
Et une saine participation des actionnaires passe par la mise sur pied d’un processus de consultation leur permettant d’obtenir d’organismes indépendants leur appréciation du système de rémunération proposé bien avant le vote, d’après l’organisme.
Toutes les banques canadiennes ainsi que les sociétés BCE, Manuvie, Industrielle-Alliance, Sunlife et le Groupe TSX ont déjà accepté de tenir auprès de leurs actionnaires des votes consultatifs sur la rémunération de leurs gestionnaires à partir des assemblées générales de 2010.


Des experts suggèrent de plafonner les salaires des PDG  -   Francis Vailles
CRISE FINANCIÈRE
Abolir les options d’achat d’actions, plafonner la paye des PDG et accorder un droit de vote aux seuls actionnaires qui détiennent leurs titres plus d’un an. Voilà le genre de propositions que font deux éminents auteurs québécois dans leur livre pour réformer le capitalisme.
Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu estiment qu’il faut une série de changements fondamentaux pour empêcher une autre crise financière. Et pour ce faire, ils estiment que c’est au gouvernement d’intervenir, notamment en changeant la Loi canadienne sur les sociétés par action.
« Il faut redonner aux entreprises une structure de propriété plus stable, une durée. Le modèle classique «une action un vote» est à la base des fiascos à répétition depuis 25 ans », affirme Yvan Allaire, au cours d’un entretien avec La Presse Affaires.
Dans le livre Black Markets… and Business Blues, les auteurs passent en revue les changements du système ces dernières années, déterminent les lacunes qui ont provoqué la crise et proposent des solutions.
Dans les années 60, les actionnaires détenaient en moyenne leurs actions durant sept ans. Cette détention est passée à deux ans en 1992 et à sept mois en 2006, année la plus récente disponible. Autrement dit, les actionnaires des entreprises en Bourse sont souvent de passage et donc guère intéressés à la pérennité de l’organisation. Les dirigeants ne se soucient plus des petits actionnaires, mais des fonds spéculatifs ( hedge fund), des fonds vautours, etc.
Ces actionnaires veulent des rendements à court terme et peuvent changer le sort d’une entreprise en acquérant rapidement un gros bloc d’actions et donc des votes. 
« L’équivalent de cette pratique démocratique serait de donner le droit de vote dans un pays à quiconque serait sur place le jour des élections (voyageurs, touristes, etc.) », écrivent les auteurs.
I l s proposent donc que le gouvernement intervienne pour encourager la détention à long terme. La Loi pourrait carrément n’accorder le droit de vote qu’après un an de détention des actions.
D’autres mesures incitatives sont proposées : donner deux votes par action après trois à cinq ans de détention, permettre aux entreprises de bonifier le dividende des actionnaires à long terme, réduire le taux d’imposition sur le gain en capital pour les vieux actionnaires.
Abolir les options
Le mode de rémunération des dirigeants est un autre vice de cette dynamique du court terme. Selon M. Allaire, lier la rémunération directement aux actions a été une erreur et le principal véhicule de cette f or me de r émunération, l es options d’achats d’actions, doit être aboli.
« Le prix des actions est trop volatil et influencé par une série de facteurs indépendants de la volonté des gestionnaires et ils peuvent, dans une large mesure, être manipulés à court terme », est-il écrit dans le livre.
Les auteurs proposent de remplacer cette rémunération par des paiements basés sur des variables plus stables et prévisibles, comme le rendement de l’actif ou la valeur économique ajoutée.
Autre suggestion : plafonner la rémunération des patrons à un multiple d’au plus 50 à 100 fois le salaire moyen des employés. « Il faut que les employés sentent que les dirigeants sont sur le même bateau », dit M. Allaire, qui est président du conseil de l’ Institut pour la gouvernance ( IGOPP).
Les auteurs remettent par ailleurs en valeur les actions multivotantes, qui donneraient davantage de stabilité aux organisations. Ils vantent également les coopératives et parlent même des sociétés d’État. Certes, ces structures de détention sont imparfaites, mais elles n’ont pas provoqué la catastrophe planétaire de l’automne dernier.
« L’entreprise devrait rester privée le plus longtemps possible sans aller en Bourse dans la mesure où elle peut avoir accès à des fonds », dit-il.
Le livre est rédigé en anglais, dit M. Allaire, pour rejoindre un auditoire plus large, notamment au Canada anglais. « Aucune entreprise ne prendra individuellement de telles décisions. Elle se ferait lapider par les marchés. Il faut que le nouveau terrain de jeu soit fixé par les gouvernements », dit M. Allaire.



Le vote consultatif ou l'avenir de la rémunération... - SOPHIE COUSINEAU
LA POLITESSE BRITANNIQUE
Très rares sont les entreprises qui ont perdu le vote sur leur rémunération.
Les salaires et primes au Royaume-Uni n’ont rien à voir avec les rémunérations stratosphériques aux États-Unis, même à la City, le coeur financier de Londres. C’est pourtant ce pays qui, le premier, a forcé ses entreprises en Bourse à soumettre la rémunération de leurs grands patrons au vote des actionnaires.
La grogne a commencé au début des années 90. À l’époque, les dirigeants d’anciennes sociétés des travaux publics privatisées par le gouvernement de Margaret Thatcher ont reçu de faramineuses hausses de salaires pour des profits qui tenaient davantage de leurs clientèles captives qu’à leurs talents de gestion.
Puis il y a eu, plus largement, un rattrapage salarial accéléré chez les grands patrons britanniques. Ils ont vu leur rémunération progresser de 600% entre 1979 et 1994, souligne Randall Thomas, professeur de management à l’école de droit de l’Université Vanderbilt, au Tennessee.
Le gouvernement conservateur de John Major s’en est remis à un comité patronal britannique. Sa conclusion : une transparence plus grande suffira à contenir les excès.
Toutefois, selon certains experts, la divulgation de la rémunération a plutôt eu l’effet contraire. Les consultants en ressources humaines ont entré ces salaires et primes dans leurs bases de données. Puis les comparaisons entre entreprises ont alimenté la spirale inflationniste.
Au début des années 2000, un PDG britannique gagnait le tiers de son équivalent américain, selon une étude des consultants Mercer. Mais au fil des années, l’écart entre les rémunérations des PDG, d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, a rétréci, pour le plus grand bonheur des tabloïds, qui s’en sont donné à coeur joie.
« Le sujet est devenu très politisé », dit Colin Melvin, chef de la direction de Hermes Equity Ownership Services, le consultant en gouvernance af filié au gestionnaire de fonds Hermes, de Londres.
Le gouvernement travailliste de Tony Blair est intervenu en 2002. Depuis, les entreprises en Bourse doivent soumettre leur rapport de rémunération à un vote consultatif, une fois l’an. Seules exceptions : les entreprises étrangères inscrites à la cote d’une Bourse britannique et celles dont les titres se négocient sur le marché parallèle AIM.
Les actionnaires britanniques ont utilisé ce nouveau droit avec beaucoup de discernement. Très rares sont les entreprises qui ont perdu le vote sur leur rémunération. L’un des cas les plus publicisés est celui de GlaxoSmithKine. En 2003, la généreuse prime de départ accordée au chef de la direction, Jean-Pierre Garner, a révolté les actionnaires. Ils ont voté à 50,7% contre.
La société pharmaceutique s’est défendue en faisant valoir que sa rémunération devait être concurrentielle avec celle des rivaux de Glaxo aux États-Unis. Mais, à la suite de cette déconvenue publique, elle a changé son fusil d’épaule en multipliant les rencontres avec les groupes d’actionnaires. C’est ainsi qu’à l’assemblée annuelle de 2004, Glaxo a présenté une rémunération sensiblement transformée.
« La plupart des entreprises préfèrent négocier avec les représentants des actionnaires, plutôt que de soumettre au vote une rémunération controversée et de perdre la face, note Colin Melvin. Toute l’action se passe donc avant le vote. »
Selon ce consultant, le vote consultatif a contribué à démocratiser les entreprises. Auparavant, seuls les grands investisseurs institutionnels avaient accès aux administrateurs pour discuter de rémunération. « Les investisseurs petits et moyens ont maintenant leur mot à dire », dit-il.
Élever le débat
À ses yeux, le vote consultatif a non seulement élargi, mais élevé le débat au Royaume-Uni. « Les investisseurs portent plus d’attention à la perspective à long terme, en repoussant les mesures incitatives qui amèneraient les dirigeants à prendre des décisions qui sont payantes à court terme, mais mauvaises à long terme », dit Colin Melvin.
Quel a été l’effet du vote des actionnaires sur la rémunération ? À partir de cas isolés, certains observent que les indemnités de départ, qui atteignaient deux ou trois fois la rémunération annuelle, se sont dégonflées à une année de salaire et de prime.
Deux chercheurs de Harvard, Fabrizio Ferri et David Maber, ont étudié plus scientifiquement la loi, en comparant la rémunération des entreprises avant et après son adoption.
Le vote consultat i f n’a pas fait tomber, d’un grand coup, la rémunération au Royaume-Uni, concluent-ils. Pas plus qu’il n’a mis un terme à l’hyperinflation des salaires et des primes, qui découle des lois du marché. Mais, il a diminué les « récompenses à l’échec » les plus grossières, en arrimant mieux les primes aux résultats de l’entreprise. En ce sens, il a fait mouche.
Le vote consultatif pose une question fondamentale : qui détermine la rémunération des grands patrons ? Les défenseurs des droits des actionnaires considèrent qu’ils devraient avoir un droit de veto sur les décisions du conseil. Alors que les administrateurs jugent que seul le conseil peut établir la rémunération.
« Le vote consultatif, conclut le professeur Randall Thomas, c’est au mieux un compromis malaisé entre les deux. »

Le vote consultatif est à la frontière
Ce n’est qu’une question de jours, semble-t-il, avant que les démocrates ne soumettent au Congrès un projet de loi pour mieux défendre les intérêts des actionnaires qui comprendrait un vote consultatif sur la rémunération des patrons.
Carol Bowie, chef de l’Institut de gouvernance de RiskMetrics, des consultants de New York, cache mal son impatience. « On s’attendait à ce que cela survienne avant, mais on comprend que le Congrès ait été distrait. »
Les experts en gouvernance croyaient que le vote consultatif figurerait au bilan des 100 premiers jours de l’administration Obama. Il faut savoir que le président a fait campagne sur cette question. C’est même lui qui a parrainé au Sénat un projet de loi en ce sens qui avait reçu un appui sans équivoque à la Chambre des représentants. Mais le projet de loi est mort au feuilleton avec le changement de gouvernement.
Il n’empêche que toutes les institutions financières à capital ouvert qui ont été renflouées par le gouvernement doivent soumettre leur rémunération à un vote consultatif. Avec la vingtaine d’entreprises qui ont accepté de tenir de tels votes, l’assureur Aflac étant le premier, ce sont près de 300 votes consultatifs qui se tiendraient cette année.
« Les entreprises qui se sont portées volontaires veulent passer pour des leaders en gouvernance. Mais comme les votes ne sont pas uniformisés, cela donne parfois de drôles de choses. »
Ainsi, l’assureur MBIA a choisi de faire voter ses actionnaires sur des aspects très précis et limités de sa rémunération, ce qui fait sourciller Carol Bowie. Selon elle, cela démontre la nécessité d’une réglementation, pour que tous les actionnaires disposent des mêmes recours.
Mais est-ce qu’un vote consultatif limitera l’escalade des primes et des salaires. « C’est la question à 64 millions de dollars! »

L’exubérance australienne
Les Australiens ont emboîté le pas aux Britanniques en 2004, avec un règlement sur le say on pay qui a révolutionné les assemblées annuelles des entreprises. Mais ils sont beaucoup moins réservés que les Britanniques quand vient le temps d’exprimer leur opposition à la politique de rémunération d’une entreprise.
En 2005, la première année au cours de laquelle les entreprises étaient tenues de soumettre leur rémunération à un vote consultatif, une seule société a vu sa rémunération rejetée à plus de 50%. Il n’empêche que le tiers des grandes entreprises australiennes ont enregistré des votes de protestation de 10% et plus, selon une analyse du Australian Financial Review.
Depuis, les cas d’actionnaires qui se révoltent, par un vote majoritaire ou presque, ne cessent de croître, constate Jennifer Hill, professeur à l’école de droit de l’Université de Sydney. En 2006, six entreprises – Oxiana, Zinifex, Tabcorp, Tattersall’s, Coles Myer et Telstra – ont été huées de la sorte par leurs actionnaires.
Le cas le plus intéressant est celui de Telstra, le Bell Canada de l’Australie. En 2007, des actionnaires représentant 66% des actions en circulation ont rejeté le rapport de rémunération de cette société de télécoms. Ils considéraient que les primes étaient mal calibrées, étant axées sur la performance à court terme plutôt que sur celle à long terme.
« Une question de culture »
Au lieu d’en prendre acte, le conseil d’administration de Telstra n’a pas changé sa politique de rémunération d’un iota. Pis, elle a rejeté le blâme sur les actionnaires, qui n’auraient pas compris les subtilités de son rapport de rémunération!
Comment se fait-il que les actionnaires australiens semblent moins réservés que les actionnaires britanniques quand vient le temps de protester ? « C’est peut-être une question de culture », suppute Jennifer Hill. Cette professeure note que de petits votes de protestations sont souvent décrits, dans la presse britannique, comme des « rébellions ».
À moins que les excès soient plus répandus en Australie.


RÉMUNÉRATION DES PATRONS : UN MOT À DIRE - SOPHIE COUSINEAU
Tous les printemps, Louise ChampouxPaillé, administratrice du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires, part en pèlerinage aux assemblées annuelles des grandes entreprises du pays, sa valise et ses documents sous le bras. Voilà trois ans que le MEDAC réclame, au nom des petits investisseurs, une voix au chapitre de la rémunération des grands patrons.
Les propositions du MEDAC ont toujours mordu la poussière, tout comme celles de Meritas, un gestionnaire de fonds communs de l’Ontario. Jusqu’à cette année, où le vent a tourné.
Depuis le début de 2009, 11 entreprises – dont toutes les grandes banques– ont promis de tenir un vote consultatif sur les émoluments de leurs dirigeants (voir encadré en pages 2 et 3). Et BCE se joindra vraisemblablement à elles, puisque son conseil d’administration recommande à ses actionnaires d’approuver pareil vote à son assemblée, jeudi.
« C’est l’une des plus grandes victoires que nous ayons arrachées, dit Louise ChampouxPaillé, ex-directrice du Bureau des services financiers du Québec. C’est la participation actionnariale qui prend son envol. »
Les salaires pharaoniques ne datent pas d’hier. Mais depuis quelques mois, la moutarde monte au nez des petits investisseurs. Alors qu’ils ont vu leurs portefeuilles fondre à vue d’oeil, ils constatent que certains PDG sont relativement épargnés par la tourmente financière. Pour ces dirigeants, l’ascenseur de la rémunération semble toujours monter plus vite qu’il ne redescend.
Les primes de rétention versées aux dirigeants de la filiale délinquante de l’assureur AIG ont scandalisé les États-Unis. Mais le Canada n’est pas en reste.
Gonflées par des primes de départ ou des « primes de reconnaissance pour services exemplaires », les rémunérations des PDG démissionnaires choquent (voir encadré). Il en va de même des années de service au régime de retraite qui se multiplient plus rapidement que les rides au visage des grands patrons…
Ce sont ces exagérations qui font sauter le couvercle de la marmite. Voilà pourquoi des actionnaires réclament le droit de dire non, c’est assez.
Leaders craintifs
Cela ne coûte rien à l’entreprise, contrairement aux salaires, aux primes qu’elle offre à ses dirigeants! Mais cela suscite de grandes craintes chez certains leaders économiques.
Crainte de voir des actionnaires ignorants des réalités d’affaires dicter la conduite de l’entreprise. Crainte de gaspiller du temps à gagner l’adhésion des actionnaires. Crainte d’avoir l’air fou si les investisseurs expriment malgré tout leur mécontentement.
Au Royaume-Uni , les entreprises en Bourse n’ont plus le choix. Depuis 2003, elles doivent soumettre la rémunération de leurs plus hauts salariés à leurs actionnaires. Les Australiens ont emboîté le pas aux Britanniques avec une loi sur le vigueur en 2005.
Plus près, les États-Unis sont sur le point d’obliger les entreprises à tenir un vote consultatif sur la rémunération, une promesse électorale de Barack Obama. Cette exigence se trouvera dans le projet de loi sur la bonne gouvernance que déposera bientôt le sénateur Charles Schumer, a révélé le Wall Street Journal samedi dernier.
say on pay
entrée en
Mais déjà, les institutions financières que le gouvernement a renflouées grâce au programme TARP doivent soumettre leur rémunération à un vote consultatif. Près de 250 entreprises seront touchées dès cette année, estime Carol Bowie, chef de l’Institut de Gouvernance de RiskMetrics, une firme de consultation de New York.
Pas de consensus
Pendant ce temps, le Canada reste en marge du débat qui fait aussi rage en Allemagne et en Suisse. L’occasion s’est pourtant présentée en décembre, alors que les 13 autorités en valeurs mobilières du pays ( ACVM) ont accouché d’une réforme des règles de gouvernance, encore en consultation.
L’un de ses principes directeurs, c’est que les entreprises doivent « entretenir un dialogue avec les actionnaires ». Mais les entreprises peuvent le faire à leur façon, explique Louis Morisset, surintendant aux marchés des valeurs de l’Autorité des marchés financiers du Québec.
« Nous n’avons pas réussi à avoir de consensus (entre les autorités), dit-il. À la lumière de ce qui s’est fait dans le monde, certains prétendent que le temps passé à préparer le vote – une diversion– devrait être mis sur la gestion. »
Même Teachers’ s’oppose au say on pay.
Pourtant, la caisse de retraite des enseignants de l’Ontario intervient auprès des conseils d’administration lorsqu’elle considère que la rémunération dépasse les bornes, comme elle l’a récemment fait à la Bourse de Montréal. « Nous croyons que la rémunération est mieux conçue et gérée par les conseils d’administration qui sont, après tout, les représentants élus des actionnaires », a récemment expliqué son chef de la direction, Jim Leech, à un quotidien torontois.
Louis Morisset reconnaît toutefois que le Canada peut difficilement être insensible à ce qui se passe aux États-Unis. « On va assurément en rediscuter », dit-il.
Cet intérêt est beaucoup trop timide aux yeux de Laura O’Neill, directrice, droit et politique, du Shareholders Association for Research& Education (SHARE), un organisme de Vancouver. « Le régulateur devrait s’impliquer maintenant, plutôt que de nous forcer à mener des batailles, entreprise par entreprise », dit-elle.
Il n’y a qu’une poignée d’entreprises « plus responsables » qui aient accepté de tenir des votes, et celles-ci se concentrent dans le secteur bancaire. Ainsi, les moyens à la disposition des actionnaires, pour inciter les entreprises à se départir de politiques de rémunération excessives, sont très inégaux, déplore Laura O’Neill.
Autre problème: faute de réglementation, les entreprises peuvent faire voter leurs actionnaires sur n’importe quoi. Ainsi, même les défenseurs des petits investisseurs ne s’entendent pas !
SHARE aimerait que les actionnaires puissent s’exprimer sur la rémunération qui a été versée aux hauts dirigeants l’année précédente, telle que détaillée dans la circulation de procuration. C’est ce qui se fait au Royaume-Uni.
Le MEDAC a abandonné l’idée d’exiger un vote contraignant; c’est le cas au Danemark, où les actionnaires dictent la partie variable de la rémunération. En revanche, il tient mordicus à ce que les actionnaires se prononcent sur la politique de rémunération avant que celle-ci soit mise en oeuvre, soit avant que le salaire et les options ne soient versés.
La Banque Nationale du Canada, qui s’est engagée à tenir un vote consultatif l’an prochain, n’a pas encore déterminé de quelle façon elle sondera ses actionnaires. « On a des discussions à l’interne, mais les modalités restent à préciser », explique son porte-parole Denis Dubé.
Pour ou contre. Lorsque les actionnaires auront enfin un mot à dire, leur réponse sera d’une simplicité manichéenne. Mais le débat que soulève le vote sur la rémunération est tout sauf simple.


Le vote consultatif à l’usure  -   Sophie Cousineau
C’est la petite surprise d’une assemblée des actionnaires sans grande histoire. Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier, s’est montré ouvert hier à ce que les actionnaires de l’entreprise montréalaise puissent éventuellement se prononcer sur la rémunération de la haute direction.
Le président du conseil de Bombardier, Laurent Beaudoin, est arrivé hier à l’assemblée des actionnaires en compagnie du président et chef de la direction, Pierre Beaudoin.
Pas lors de l’assemblée, au cours de laquelle la proposition sur un vote consultatif du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) a mordu la poussière de façon tout à fait prévisible. Mais à la toute fin d’un point de presse, alors que Pierre Beaudoin se frayait un chemin pour se rendre à la réunion du conseil.
« On va essayer de mieux comprendre comment cela va être mis en application (ailleurs au Canada), a-t-il dit. On ne ferme pas nécessairement la porte, même si on pense que le processus qu’on utilise aujourd’hui est bon.
« S’il y a une autre méthode qui peut satisfaire tout le monde dans le futur, a-til poursuivi, bien, on va la regarder. »
Cette petite ouverture à la tenue d’un vote consultatif peut surprendre, compte tenu de l’opposition sans équivoque à une consultation sur la rémunération des cinq plus hauts salariés de Bombardier exprimée dans la circulaire de sollicitation des procurations.
« Le conseil d’administration croit fermement que la proposition du MEDAC restreint sa flexibilité et sa capacité de fournir (…) des programmes de rémunération concurrentiels afin d’attirer, de retenir et de récompenser les membres de la haute direction les plus qualifiés et talentueux dont la contribution est nécessaire pour soutenir la rentabilité de Bombardier. »
Mais cet adoucissement s’explique peut-être par le résultat du vote d’hier. Des quatre propositions soumises par le MEDAC, c’est celle sur le vote consultatif qui a recueilli le plus d’appuis, avec près de 13% des votes des actionnaires.
Cet appui peut sembler timide à première vue, mais il est plus important qu’il n’y paraît, compte tenu de la grande emprise de la famille BombardierBeaudoin sur l’entreprise.
La famille contrôle Bombardier au moyen de ses actions de catégorie A, qui comportent 10 votes chacune. Ces actions sont presque toutes détenues par les descendants de Joseph-Armand Bombardier et quelques proches (amis, employés clés, administrateurs), selon le relevé de l’agence Bloomberg. Or, les actions de catégorie A représentent 68,8% des droits de vote sur tous les titres en circulation (au 31 janvier dernier).
Ainsi, les actions de catégorie B, celles que peuvent acheter monsieur et madame Tout-le-monde, ne pèsent pas lourd. Elles représentent seulement 31,2% des votes.
Comme il est hautement improbable qu’un membre de la famille Bombardier/ Beaudoin ou qu’un dirigeant de l’entreprise ait ignoré les directives du conseil d’administration, il faut plutôt considérer l’appui envers le vote consultatif en proportion des actions de catégorie B. Or, cet appui équivaut à 41,6% de ces actions.
Clairement, les actionnaires « ordinaires » de Bombardier veulent avoir un mot à dire, même si les administrateurs de l’entreprise devaient ignorer leur opinion.
D’ailleurs, il est assez ironique qu’au Royaume-Uni et en Australie, là où les entreprises à capital ouvert sont tenues de sonder leurs actionnaires sur leurs rémunérations depuis quelques années déjà, une opposition de l’ordre de 40% suffise généralement à faire revenir une entreprise sur sa décision…
Mais, les entreprises n’attendent habituellement pas de recevoir une petite gifle en public. Ils discutent avec leurs actionnaires avant de se présenter devant eux avec des rémunérations qui pourraient choquer, question de parer les coups. Un dialogue intéressant qui permet de dissiper les malentendus.
Le vote consultatif n’a pas freiné la spirale inflationniste des salaires et des primes, selon des chercheurs qui ont étudié l’expérience britannique. Mais, il a coupé court aux excès les plus choquants, notamment les primes de départ qui récompensaient généreusement les échecs. En ce sens, il permet un tout petit rééquilibrage des forces.
Les opposants au vote consultatif font valoir que la rémunération représente une question trop « complexe, technique et circonstanciée » pour être appréciée de façon juste par les petits actionnaires. « Un tel exercice ne ferait que créer une confusion inutile », juge le conseil de Bombardier.
Mais, c’est faire montre d’un certain mépris envers les actionnaires, qui sont de plus en plus sophistiqués dans leur compréhension des enjeux d’affaires. Et puis, si c’est si difficile à comprendre, c’est peut-être que les entreprises adoptent des politiques de rémunération trop complexes au départ. Ou que ces mêmes politiques sont tellement mal expliquées que même des personnes informées peinent à les déchiffrer. Ce qui revient du pareil au même!
De toute façon, le temps est, à l’évidence, en train de faire son oeuvre. Quand 12 des plus grandes entreprises du pays donnent l’exemple, dont toutes les grandes banques et BCE, cela devient plus gênant de s’inscrire en faux. En ce sens, l’influence des pairs à la chambre de commerce peut devenir tout aussi redoutable que celle qui opère dans une cour d’école.
C’est d’autant plus vrai que les ÉtatsUnis sont sur le point d’emboîter le pas au Royaume-Uni et à l’Australie, le vote consultatif étant l’un des dadas de Barack Obama.
Qui voudra être perçu comme le dernier de la classe en bonne gouvernance ? À l’usure, le vote consultatif s’enracinera.




RIO TINTO ALCAN : La crise a le dos large...
LES ACTIVITÉS QUÉBÉCOISES RÉSISTENT À LARÉCESSION
Rio Tinto Alcan n’a jamais cessé de faire des profits avec ses usines du Québec, malgré la crise qui secoue l’industrie de l’aluminium. La multinationale, qui vient de recevoir une aide financière additionnelle du gouvernement Charest, faisait des profits même lorsque le prix de l’aluminium a atteint un creux au premier trimestre de 2009, révèle une étude réalisée par Bill Murnighan, économiste des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA) à Toronto.
En se servant des données du groupe CRU de Londres qui sont utilisées par l’industrie de l’aluminium partout dans le monde, l’économiste a calculé que même au prix très bas des premiers mois de 2009, soit 1396$US la tonne d’aluminium, Rio Tinto Alcan a continué d’encaisser des profits de l’exploitation de ses usines au Québec et de sa seule autre au Canada, celle de Kitimat en Colombie-Britannique.
Après avoir atteint un creux au premier trimestre, le prix de l’aluminium est en remontée. Selon la plupart des analystes, il repassera le cap des 2000$US la tonne en 2010. À ce prix, même les plus anciennes usines de Rio Tinto Alcan, comme Shawinigan et Beauharnois, font des profits, démontre l’économiste.
Cette rentabilité qui a résisté à la dégringolade du prix de l’aluminium s’explique principalement par le coût très bas de l’énergie dont profite Rio Tinto Alcan. L’entreprise produit elle-même à peu près toute l’électricité dont elle a besoin, à un coût qui s’approche de zéro. Selon les chiffres de CRU, le coût de revient de l’électricité produite par Rio Tinto Alcan est de moins d’un cent le kilowattheure, soit 0,6 cent. C’est quatre fois moins que le prix payé par les autres alumineries du Québec, qui bénéficient pourtant des tarifs préférentiels négociés dans des ententes secrètes (environ 2 cents le kilowattheure).
Situation enviable
Comparativement aux autres producteurs d’aluminium dans le monde, la situation de Rio Tinto Alcan au Québec est encore plus enviable. L’entreprise paie six fois moins cher que les autres acteurs de l’industrie ailleurs dans le monde. « Il est permis de penser que les coûts d’énergie canadiens de Rio Tinto Alcan sont parmi les plus bas de toute l’industrie mondiale de l’aluminium », conclut l’étude de Bill Murnighan.
Rio Tinto Alcan a annoncé la fermeture de son usine de Beauharnois au début de l’année, en raison du retournement de la conjoncture. Celles de Shawinigan et d’Arvida, au Saguenay, qui sont aussi des vieilles installations, pourraient être les prochaines à fermer leurs portes.
L’entreprise a aussi diminué sa production dans son usine Vaudreuil (alumine) au Saguenay et gelé ses investissements, à l’exception de la construction d’une usinepilote à Arvida utilisant une nouvelle technologie, l’AP-50. Ce projet avait déjà reçu une aide publique de 400 millions lors de son annonce, en décembre 2006. Le gouvernement a accordé un prêt supplémentaire de 175 millions la semaine dernière pour poursuivre le projet « à un rythme que l’entreprise n’aurait pu soutenir sans cet apport », a justifié le ministre des Finances, Raymond Bachand.
Pour les syndiqués qui ont commandité l’étude sur la rentabilité de Rio Tinto Alcan au Québec, il est clair que Rio Tinto fait payer à ses usines canadiennes l’énorme dette qu’elle a contractée pour acheter Alcan.
« La crise a le dos large », a commenté Alain Gagnon, qui représente les 2000 travailleurs du complexe Arvida, au Saguenay.
Selon lui, Rio Tinto Alcan continue de mettre de la pression sur les travailleurs québécois comme si elle perdait beaucoup d’argent. « Encore la semaine dernière, lorsque le gouvernement a annoncé un prêt supplémentaire de 175 millions à Rio Tinto Alcan, la direction nous a répété qu’on n’était pas sortis du bois ».
Rio Tinto Alcan, pour sa part, refuse de donner des détails sur la rentabilité de ses usines. « Dans la conjoncture actuelle, l’ensemble de nos usines ont un défi de taille », se contente de dire Stefano Bertolli, porteparole de l’entreprise.
Rio Tinto Alcan vient de recevoir 175 millions supplémentaires du gouvernement du Québec pour poursuivre la construction d’une usine pilote pour mettre à l’essai une nouvelle technologie au Saguenay-Lac-Saint-Jean.








LE CHÔMAGE AUTOUR DU MONDE - Karim Benassaieh

AUSTRALIE
De tous les pays industrialisés, l’Australie est le seul à ne pas avoir une caisse d’assurance emploi à laquelle contribuent employés et employeurs. C’est l’État qui assume les coûts de ce programme social dont la durée est illimitée – comme l’aide sociale au Canada. La durée et les conditions d’obtention des prestations sont complexes et dépendent de l’âge et de la situation familiale des chômeurs. Elles ne dépendent pas des antécédents d’emploi ou des cotisations. La prestation maximale est d’environ 900$ par mois.
ÉTATS-UNIS
Les conditions varient énormément d’un État à l’autre, mais notre voisin du Sud a adopté une politique globale : les prestations durent moins longtemps qu’au Canada mais les chômeurs y ont droit après moins de semaines de travail. Au Michigan, l’État le moins exigeant à ce chapitre, on a droit à l’assurance emploi après 20 semaines. La plupart des États imposent un maximum de six mois de prestations, établies à environ 50% du salaire brut. Un délai de carence d’une semaine s’applique généralement, mais 10 États n’en imposent aucun. Cinq États sur 49 accordent des prestations en cas de départ volontaire.
FRANCE
Le chômeur doit avoir travaillé six mois au cours des 22 derniers mois pour avoir accès aux prestations. Contrairement au Canada, le départ volontaire ne constitue pas un motif automatique d’exclusion : après quatre mois de recherche d’emploi, le chômeur peut refaire une demande. Le délai de carence est de huit jours, les chômeurs peuvent recevoir des prestations pendant une période maximale de 23 mois – et même de 36 mois pour les chômeurs âgés de 50 ans et plus. Le chèque couvre entre 57 et 75% du salaire brut, ce dernier taux étant réservé aux plus bas salariés. Le chômeur a droit à une prestation minimale de 26€ (40$) par jour, chèque qui peut atteindre la somme de 5600€ (8790$) par mois pour les hauts salariés.
FINLANDE
Ce pays, comme ses voisins scandinaves de la Suède et du Danemark, a adopté une forme originale d’assurance emploi : l’adhésion y est volontaire. Les grands syndicats ont cependant tous mis sur pied leur propre système d’adhésion, de sorte que l’écrasante majorité des travailleurs sont couverts. En Finlande, la prestation est de l’ordre de 45% du salaire, mais elle est compensée essentiellement par un programme, le revenu minimal, dont la somme se calcule de façon complexe selon l’âge et la situation familiale. Un chômeur marié avec deux enfants aura ainsi droit à un minimum de 1100€ (1700$) par mois.
EN GÉNÉRAL
Record de durée : C’est au Danemark (48 mois) et en Islande (60mois) que la durée maximale des prestations est la plus longue. Aux États-Unis, en République tchèque et au Royaume-Uni, elle est la plus courte, soit six mois. Travail minimal : Pour avoir droit aux prestations, on doit généralement travailler entre six mois et un an dans la plupart des pays membres de l’OCDE. C’est en Islande qu’on est le moins exigeant (10 semaines) et au RoyaumeUni et en Slovaquie qu’on l’est le plus, avec des durées de deux et trois ans.
Les provinces réclament un régime simplifié  -  Malorie Beauchemin
CONTEXTE ÉCONOMIQUE DIFFICILE OBLIGE, LE CHÔMAGE EST À L’AVANT-PLANDESDISCUSSIONSDES PREMIERS MINISTRES AU CONSEIL DE LA FÉDÉRATION. BIEN CONSCIENTES DE L’ENJEU, LES TROUPES DE STEPHEN HARPER ET DEMICHAEL IGNATIEFF CONTINUENT LEUR DUEL SUR LES RÉFORMES À
Malgré leurs importantes divergences d’opinions, les premiers ministres des provinces et territoires ont convenu de réclamer, d’une seule voix, des améliorations au régime d’assurance emploi.
Les premiers ministres réunis à Regina.
Simpl i f ication du régime, rationalisation du nombre de régions, l’assurance emploi « doit offrir un soutien équitable aux Canadiens, sans égard au lieu où ils résident », écrivent les premiers ministres dans un communiqué conjoint rendu public en fin de journée hier.
La veille, le premier ministre Jean Charest s’était montré très frileux à l’idée de revoir l’aspect géographique des critères d’admissibilité. « Sur le plan du nombre d’heures requis, à nos yeux, il faut maintenir une reconnaissance des différences régionales », a dit M. Charest, mercredi, à son arrivée au Conseil de la fédération, à Regina. Hier, le premier ministre s’est dit très satisfait de la position consensuelle adoptée avec ses homologues.
« Nous, on voit ça comme une affaire de bon sens, la reconnaissance du fait que le marché du travail est très différent d’une région à l’autre. Le Canada, c’est un grand pays. Le marché du travail est diversifié », a dit M. Charest.
Dans les demandes faites à Ottawa, les premiers ministres provinciaux précisent que les réformes ne doivent pas diminuer l’accès aux prestations ni leur niveau et que « le régime doit être abordable, viable et financé à partir d’un fonds autonome et indépendant ».
Les premiers ministres somment aussi le gouvernement fédéral d’accroître les sommes pour la formation, les prestations de maternité et les mesures actives pour l’emploi.
De l’eau dans leur vin
Les premiers ministres de l’ouest du Canada s’étaient présentés à ce Conseil de la fédération avec l’espoir de rallier leurs homologues à un plan de réforme en profondeur de l’assurance emploi. Plutôt que les 58 zones économiques qui servent actuellement pour définir les critères d’admissibilité, les premiers ministres de la région proposaient de simplifier le processus en créant trois catégories: milieu urbain, milieu rural et régions éloignées.
Le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, plaidait quant à lui pour une norme nationale unique, avec un traitement égal pour tous.
Les demandes finales, approuvées par tous, s’éloignent grandement de ces propositions. Elles reconnaissent seulement que le nombre de régions pourrait être réduit, sans toutefois préciser de quelle manière.
Pour le premier ministre Charest, l’important était de mettre l’accent sur la formation, afin que les chômeurs retournent le plus vite possible au travail. La liste des demandes parle d’ailleurs d’une « aide transitoire pour aider les travailleurs sans emploi à traverser ces périodes économiques difficiles ».
Les premiers ministres des provinces et territoires ne se risquent toutefois pas à chiffrer le nombre d’heures de travail requis pour être admissible aux prestations, alors que le débat fait rage à Ottawa. Selon le taux de chômage dans la région, il faut actuellement avoir travaillé entre 420 et 700 heures pour être admissible à l’assurance emploi.
Chômage en essor
Le Parti libéral de Michael Ignatieff juge « inéquitables » ces critères d’admissibilité variant d’une région à l’autre. Libéraux, néo-démocrates et bloquistes suggèrent d’abaisser le seuil à 360 heures. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a été accusé à maintes reprises par l’opposition de traîner les pieds dans le dossier.
Bon an, mal an, environ la moitié des Canadiens qui se retrouvent sans travail ne sont pas admissibles à l’assurance emploi, une situation que déplorent les partis de l’opposition.
En mai dernier, on comptait plus de 778 000 chômeurs au pays, une augmentation de 66 % par rapport à la même date l’année précédente. Au Québec seulement, 206 720 personnes étaient au chômage en mai, une augmentation de 33% par rapport à 2008.
En cette période difficile, les questions économiques ont meublé la majeure partie des discussions entre les premiers ministres réunis à Regina. Ils ont d’ailleurs convenu de demander au gouvernement fédéral d’organiser un sommet national sur les revenus de retraite. D’une seule voix, les premiers ministres ont réitéré leur inquiétude face aux velléités protectionnistes de certains États américains. Aujourd’hui, il sera davantage question des changements climatiques, un sujet épineux pour lequel les divergences de positions sont souvent fréquentes.

BRASDE FER ÀOTTAWA
La réforme de l’assurance emploi pourrait être l’enjeu décisif qui plongera le Canada en élections.
— Sept semaines après avoir évité de justesse le déclenchement d’une campagne électorale sur la question sensible d’une réforme de l’assurance emploi, libéraux et conservateurs peinent toujours à s’entendre sur des solutions communes.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, est arrivé mercredi au Conseil de la fédération, à Regina. On le voit ici avec son ministre des Affaires intergouvernementales, Claude Béchard.
À l’issue de la deuxième rencontre du comité bipartite libéralconservateur sur la question, les deux camps estiment que les discussions « progressent », mais les obstacles demeurent nombreux.
« Nous sommes en train de discuter. Ça a été dur de leur faire faire leurs devoirs. On a dû pousser fort », a souligné Marlene Jennings, députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce– Lachine, qui représente, avec son collègue Mike Savage, les troupes de Michael Ignatieff au sein du comité conjoint.
« On espère que les conservateurs mettront de l’eau dans leur vin. Tant que les discussions continuent, il y a de l’espoir », at-elle ajouté.
La réunion d’hier a surtout permis au Parti libéral de clarifier ses propositions, a expliqué Mme Jennings, accusant à demi-mot les conservateurs d’avoir mené une campagne de désinformation en gonflant les coûts associés aux idées libérales.
« C’est un jeu que les conservateurs font continuellement. Ils inventent des choses et disent que c’est ce que les autres proposent. Mais c’est une pure invention. C’est de la foutaise », a lancé la députée libérale.
La réforme de l’assurance emploi promet d’être le dossier chaud de l’automne, et pourrait être l’enjeu décisif qui plongera le Canada en élections générales.
En juin dernier, M. Ignatieff avait menacé de retirer sa confiance au gouvernement si une réforme de l’assurance emploi n’était pas entreprise. Le déclenchement d’une campagne électorale avait été évité in extremis quand le chef libéral s’était entendu avec le premier ministre Stephen Harper pour créer ce comité bipartite.
Les libéraux réclament des normes nationales d’admissibilité plutôt que par région économique, comme c’est le cas actuellement. Pour Michael Ignatieff, il s’agit d’une question d’équité. Son parti propose d’abaisser de 420 à 360 le nombre d’heures de travail nécessaire pour être admissible aux prestations, sans pour autant augmenter le temps de couverture.
« On travaille ensemble »
La semaine dernière, la ministre des Ressources humaines et du développement des compétences, Diane Finley, aussi membre du comité, avait qualifié de « fantaisistes » les demandes libérales, estimant que la facture serait trop élevée pour la capacité de payer des contribuables canadiens. Hier, elle s’est montrée plus conciliante, affirmant vouloir trouver « un terrain d’entente ». « On travaille ensemble. On ne s’entend pas toujours sur les politiques, mais onpartagedes idées et on essaie d’en trouver de nouvelles », a dit la ministre Finley.
Or, les trois partis de l’opposition à Ottawa s’entendent sur plusieurs changements au système. Le seuil de 360 heures et l’abolition du délai de carence ont fait l’objet de projets de loi présentés par le NPD et par le Bloc québécois. L’opposition, majoritaire, a aussi fait adopter une motion à la Chambre des communes réclamant une réforme en profondeur de l’assurance emploi.
« Les besoins, on les connaît et les mesures à prendre aussi », a estimé hier le porte-parole du Bloc québécois en matière de ressources humaines et de développement social, Yves Lessard, qui qualifie de « trompe-l’oeil » la mise sur pied du comité bipartite sur l’assurance emploi.
« Ils gagnent du temps sur le dos des travailleurs. Il fallait agir il y a longtemps. Pendant ce temps-là, la crise continue », s’est insurgé M. Lessard.
Le Bloc québécois est particulièrement critique à l’égard de M. Ignatieff. « C’est au printemps qu’il aurait dû mettre son pied à terre, a souligné le député bloquiste. Les libéraux manquent à leurs responsabilités envers la population. »
Libéraux et conservateurs se rencontreront à nouveau les 13 et 20 août. Le comité bipartite doit remettre son rapport en chambre le 28 septembre. Le Parti libéral dispose d’une journée de l’opposition la même semaine. Les troupes de Michael Ignatieff pourraient présenter une motion de défiance et tenter de faire tomber le gouvernement s’ils sont insatisfaits des mesures conservatrices pour venir en aide aux travailleurs.



Chômage : les provinces touchées par ricochet

TOUCHÉES PAR RICOCHET
Les provinces risquent de voir grimper le coût de leurs programmes d’aide sociale à cause d’une réforme à la pièce de l’assurance emploi
Une fois leurs prestations d’assurance emploi épuisées, les chômeurs n’ont d’autre choix que d’avoir recours aux filets sociaux provinciaux pour faire face à leurs obligations financières.
Les auteurs sont respectivement professeur au département d’économie de l’Université de Montréal et fellow au CIRANO, et économiste et directeur de projet au CIRANO.
Àla suite de la situation économique difficile, un débat fait rage sur les modifications à apporter au programme d’assurance emploi. A priori, celui-ci est pertinent. Il semble toutefois que ses principaux acteurs aient perdu de vue qu’une récession entraîne non seulement une hausse du nombre de chômeurs, mais également un allongement de la durée moyenne du chômage. Plus tôt que tard, ce problème de nature fédérale pourrait d’ailleurs faire pâtir les finances publiques provinciales.
De fait, une fois leurs prestations d’assurance emploi épuisées, les chômeurs n’ont d’autre choix que d’avoir recours aux filets sociaux provinciaux pour faire face à leurs obligations financières. Les données statistiques sur le Québec montrent qu’il y a effectivement un transfert de bénéficiaires du programme d’assurance emploi vers les programmes d’assistance sociale. Celui-ci survient environ 12 mois après le début de la période de chômage.
Ce transfert de prestataires du programme fédéral vers les programmes provinciaux n’est pas sans poser problème. En période de ralentissement économique, la durée moyenne du chômage s’accroît puisque les travailleurs qui ont perdu leur emploi peinent à s’en trouver un nouveau. Si ce scénario se répète à la faveur de la récession actuelle, les gouvernements provinciaux pourraient être confrontés à une hausse marquée des coûts de leur programme d’assistance sociale. Or, depuis 1996, ceux-ci ne touchent plus de subventions du gouvernement fédéral liées directement aux dépenses d’aide sociale.
Il est vrai qu’avec l’adoption du dernier budget fédéral, la durée maximale des prestations a temporairement été allongée de 45 à 50 semaines. Pourtant, les propositions de réforme du programme qui ont le plus fait discuter depuis visent surtout une meilleure accessibilité à l’assurance emploi. De l’abolition du délai de deux semaines avant de recevoir des prestations à l’uniformisation et à la réduction du nombre d’heures travaillées requis pour être admissible, toutes ces propositions méritent certainement d’être considérées. Elles ne répondent toutefois pas au problème de finances publiques engendré par le transfert des prestataires.
Pis encore, elles abordent la révision du programme d’assurance emploi isolément, sans tenir compte des effets de ces changements sur les incitations données aux travailleurs. Or, toute modification à l’assurance emploi a un impact sur l’offre de travail et, par ricochet, sur les entrées fiscales des gouvernements. L’adoption d’une modification apparemment mineure à ce programme peut donc résulter dans une baisse des impôts perçus.
Notre propos ne vise pas à ajouter au fardeau que vivent les familles touchées par les pertes d’emplois. Il ne vise pas non plus à nier la nécessaire révision du programme d’assurance emploi, dont la dernière réforme date de près de 15 ans.
Nous croyons toutefois qu’il importe d’aborder la modification de ce programme avec un certain recul. Pour prendre les meilleures décisions, il faut soupeser l’efficacité et l’impact de chaque modification envisagée. Estce qu’un nombre d’heures travaillées uniforme pour être admissible est souhaitable ? Rendra-t-il les prestations d’assurance emploi plus faciles à obtenir dans des régions du pays au détriment d’une certaine équité interrégionale ? Quel impact aurait une abolition du délai de deux semaines sur la prudence des ménages ? Seraient-ils incités à réduire leur épargne pour les jours plus difficiles? Est-ce que l’allongement actuel des prestations sera suffisant pour éviter d’augmenter les dépenses des gouvernements provinciaux déjà accrues par la récession, entre autres pour participer au programme de relance du gouvernement fédéral ?

Le risque sur les finances publiques, notamment provinciales, est trop grand pour se permettre d’adopter une réforme à la pièce. Le Globe and Mail a publié récemment une opinion de Charles Cirtwill, de l’Institut AIMS, qui proposait de créer une véritable assurance contre le risque de perte d’emploi en temps de récession. Cette assurance complémenterait le programme actuel d’assurance emploi, sans empêcher la réforme de celui-ci. Voilà exactement le genre de réflexion structurelle qui doit alimenter le débat actuel et dont l’étude risque pourtant d’être compromise advenant l’adoption d’une réforme prématurée.





Le Canada, « refuge » de l’Europe ?
OTTAWA — Les investisseurs cognent à la porte du Canada et ils seront de plus en plus nombreux à le faire alors que les questions de dette souveraine continuent de prendre de l’ampleur en Europe et aux ÉtatsUnis, selon un nouveau rapport.
D’aprè s u ne é t ude de Marchés mondiaux CIBC, le Canada est de plus en plus considéré comme un « refuge » à la crise du crédit qui secoue le sud de l’Europe et qui pourrait, affirment certains, frapper bientôt les États-Unis.
Malgré un déficit record de 56 milliards cette année, Ottawa a toujours une longueur d’avance sur ses compagnons du Groupe des Sept et affiche la meilleure situation financière parmi eux.
L a det t e nat i ona l e du Canada s’établit à 35% de son économie, ses banques sont en bonne santé, sa cote de crédit est solide et plusieurs s’attendent à voir le pays se placer au premier rang du G7 au chapitre de la croissance, ces prochaines années.
Mais le Canada a une autre carte dans son jeu – une carte qui pourrait en surprendre plusieurs, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le Canada pourrait devenir une zone de faible imposition pour les entreprises, avec un taux combiné fédéral/ provincial d’environ 25% après 2012, a fait valoir le stratège des questions gouvernementales de la Banque CIBC, Warren Lovely.
En conséquence, les investisseurs étrangers seront de plus en plus attirés par le Canada en raison de ses bonnes perspectives économiques et de sa devise, qui est vouée à s’apprécier davantage qu’à se déprécier.
L’économie canadienne poursuit sa remontée
OTTAWA — Un autre indicateur économique vient confirmer le mouvement de reprise ressenti depuis quelque temps au Canada.
L’effervescence du marché de la revente de maisons s’est traduite par une hausse de 7,2 % de l’activité des courtiers et des agents immobiliers en octobre au Canada.
Statistique Canada a publié hier les données relatives au produit intérieur brut ( PIB) par industrie qui font état d’une croissance de 0, 2 % pour le mois d’octobre. I l s’agit de la deuxième hausse mensuelle consécutive.
La production s’est accrue dans la plupart des grands secteurs d’activité, tout comme en septembre.
Le secteur des services a crû de 0, 2 %. Une hausse marquée a été observée du côté des activités des agents et des courtiers immobiliers. L’effervescence du marché de la revente de maisons s’est notamment traduite par une hausse de 7,2 % de l’activité des courtiers et des agents immobiliers en octobre.
Des hausses ont également été enregistrées dans les commerces de détail et de gros ainsi que dans certaines industries liées au tourisme. En revanche, le secteur de la finance et des assurances, autre sous-catégorie du secteur des services, s’est replié.
Les industries productrices de biens ont pour leur part progressé de 0,1 %, grâce à la vigueur des services publics. Le secteur de la construction a gagné du terrain avec une croissance de 0,1 %, alors que les activités minières ont baissé et que le secteur de la fabrication est resté inchangé.
Si le PIB a crû sur une base mensuelle, soit de septembre à octobre, il affiche encore un recul par rapport à octobre 2008 alors que la crise financière mondiale s’amorçait. La variation d’une année à l’autre est de -3,2 %.

LE MARCHÉ DU TRAVAIL REPREND VIE  -  Rudy LeCours
L e rebond de l’emploi au sortir d’une récession survient souvent plusieurs mois après le retour de l’économie à la croissance. Cette fois-ci, c’est bien parti pour être différent.
En novembre, l’économie canadienne a généré 79 100 emplois, dont 21 4 0 0 au Québec, selon Statistique Canada. Le t aux de chômage recule d’un dixième de point à 8,5%, d’un océan à l’autre, mais de quatre dixièmes à 8,1%, dans sa société distincte.
En fait, le marché du travail s’est beaucoup moins détérioré au Québec au cours de la récession qui a officiellement pris fin cet été. Depuis août, le taux de chômage a reculé d’un point de pourcentage. Selon les calculs de Desjardins, un écart de seulement 42 200 emplois reste à combler pour revenir au sommet de 3 891 700 emplois atteint en novembre 2008.
Au Canada, il reste 320 800 emplois à trouver pour revenir au pic de 17,2 millions d’octobre 2008.
Vrai, les données mensuelles de l’Enquête sur la population active sont très volatiles et 79 100 est un chiffre mensuel très élevé.
Vrai aussi, la tendance des trois derniers mois montre cependant la création nette de 22 200 postes par mois.
Vrai surtout, on assiste à un retour en force du travail à temps plein avec 48 900 jobs en moyenne par mois depuis septembre.
« L’emploi affiche à ce j our une hausse de 0,9 % ( à r ythme a nnualisé) au quatrième trimestre, ce qui constitue la première progression trimestrielle depuis la fin de 2008 », calcule Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.
 Il ne s’agit pas que d’un phénomène régional ou concentré dans une ou deux industries. « La tendance des trois derniers mois ne peut que nous encourager puisque toutes les provinces, sauf le Manitoba, ont créé des emplois », note Pascal Gauthier, économiste chez Groupe financier Banque TD.
En novembre, le gros des emplois nouveaux vient du secteur privé à hauteur de 56 900. Il s’agit seulement de la deuxième fois en 14 mois que les entreprises grossissent leurs effectifs. Il faut remonter presque deux ans dans le temps pour retrouver pareil engouement pour l’embauche.
Le secteur des services accapare la part du lion des nouveaux postes avec 71 000. Font exception, la finance et les loisirs qui enregistrent de légers reculs. Dans leur ensemble, les services ont retrouvé leur niveau d’emploi d’avant la récession.
Dans les biens, c’est une autre histoire. La création de 6200 jobs est largement insuffisante pour récupérer les quelque 300 000 emplois disparus avec la récession, dont 172 000 en usines, la moitié en Ontario.
Le Québec s’en tire en apparence beaucoup mieux avec un peu plus de 13 000 emplois à rattraper. Mais il ne faut pas s’y méprendre. « Au début de la récession, le Québec avait déjà perdu bien des emplois au cours des années précédentes, notamment dans les secteurs du bois, du meuble, du vêtement, rappelle Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. En Ontario, la débâcle de l’emploi manufacturier s’est manifestée plus tard » avec les déboires de l’industrie automobile.
Cela dit, novembre est le troisième mois d’affilée où le travail en usine augmente en Ontario, ce qui est un signe indubitable de reprise.
I l n’y a qu’une ombre au tableau des chiffres de novembre. Le nombre d’heures travaillées est légèrement à la baisse. À quoi faut-il attribuer le phénomène? À la diminution de 32 000 de la cohorte des travailleurs autonomes, cette catégorie souvent contrainte de se trouver des clients pour manger? (En prenant en compte de cette baisse, la création d’emplois rémunérés est plutôt de 111 100 durant novembre).
Chose certaine, « cela masque cependant un élan positif i mportant, font remarquer Yanick Desnoyers et Marco Let t i er i de l a Financière Banque Nationale. Le salaire horaire moyen est en hausse de 2,9 % jusqu’ici au quatrième trimestre, contre 2 % au t r oisième et 1,7 % au deuxième. Comme le taux de chômage diminue et que le taux de participation augmente, il ne fait aucun doute que le marché de l’emploi canadien progresse. »

Ruée sur les actions canadiennes
OTTAWA — La demande étrangère de titres canadiens a fortement augmenté en septembre, indiquent les données publiées hier par Statistique Canada.
Les non-résidants ont ajouté pour 13,6 milliards à leurs portefeuilles et ce, principalement par l’intermédiaire d’acquisitions d’actions canadiennes qualifiées de considérables pour l’agence fédérale de la statistique. Les investissements étrangers en actions canadiennes ont ainsi atteint 12,9 milliards de dollars en septembre, soit la plus forte rentrée de fonds enregistrée depuis avril 2004.
Les investisseurs étrangers ont également continué à rééquilibrer leurs portefeuilles de titres d’emprunt canadiens en privilégiant les titres à plus long terme, surtout dans le secteur du gouvernement fédéral. Ils ont notamment fait l’acquisition de 2,6 milliards d’obligations canadiennes et se sont départis de 1,9 milliard d’instruments du marché monétaire canadien.

L’immobilier atteint un niveau record en octobre
La Chambre i mmobi l i ère du Grand Montréal (CIGM) i ndique que le marché de la revente dans la région métropolitaine de Montréal est revenu le mois dernier au n i veau e n r e g i s t r é e n octobre 2007, l’année ayant battu tous les records, mais demeure pr udente da n s son interprétation de cette performance.
Selon les données du système MLS (Multiple Listing Service) servant de base aux calculs de la Chambre, 3543 ventes ont été conclues dans la région de Montréal en octobre dernier, une hausse de 23 % par rapport à octobre 2008 et une croissance de 3 % comparativement à octobre 2007.
« Octobre 2008 marquait le début officiel de la récession », a souligné Michel Beauséjour, chef de la direction de la CIGM, i ndiquant que les ventes résidentielles dans la région de Montréal avaient alors reculé de 17% par rapport à octobre 2007.
« Il faut donc interpréter les données d’octobre 2009 avec prudence, le t aux de croissance des ventes étant amplifié par la piètre performance de l ’a n dernier. Octobre 2007 offre un autre point de comparaison intéressant, puisqu’il s’agissait du meilleur mois d’octobre jamais enregistré. »
En termes de ventes, la copropriété a mené le bal en octobre dernier avec une hausse de 28% comparativement à octobre 2008 et une croissance de 12% par rapport au même mois en 2007. Les ventes d’unifamiliales et de plex, soit les immeubles de deux à cinq logements, sont demeurées stables par rapport à octobre 2007, alors qu’elles ont augmenté de respectivement 23% et 16% comparativement à la même période en 2008.
Sur le plan géographique, les cinq grands secteurs de la région de Montréal ont réussi à rejoindre, voire dépasser, le niveau des ventes enregistré en octobre 2007 à l’exception de la couronne nord, qui a connu une hausse des ventes de 13 % par rapport à octobre 2008, mais un repli de 13 % comparativement à octobre 2007. À Laval, le nombre de transactions a progressé de 35 % en octobre 2009 par rapport à octobre 2008 et de 29 % comparativement à 2007. L’île de Montréal, la Rive-Sud et le secteur de Vaudreuil-Soulanges ont plutôt enregistré des hausses respectives de 24 %, 21 % et 51 % comparat i vement à octobre 2008, alors que le nombre de t ransactions conclues dans chacun de ces secteurs a augmenté de respectivement 3 %, 9 % et 4 % par rapport à octobre 2007.
Au chapitre des prix, les trois catégories de propriété ont vu l eur pri x médian progresser de 6 % en octobre 2009 par rapport à octobre 2008. Le prix médian de l’unifamiliale a atteint 240 000 $ dans la région de Montréal, celui d’une copropriété, 195 0 0 0 $ et celui des plex, 350 000 $. Le prix médian est le prix se trouvant exactement au centre de l’échelle des prix de vente.
« En octobre 2008, malgré une baisse des ventes, le prix des propriétés était toujours à la hausse. Aujourd’hui, la situation n’a pas changé, les prix continuent d’augmenter, ce qui démontre que l’immobilier demeure un bon investissement dans la région. »

« Un drôle d’optimisme »  -  Vincent Brousseau-Pouliot
L’optimisme est de retour chez les économistes québécois. Selon un sondage interne, 42% des économistes prévoient une amélioration de l’économie québécoise au cours des six prochains mois.
Même si les optimistes sont presque deux fois plus nombreux que lors du dernier coup de sonde en mai (42% comparativement à 24%), cette opinion reste minoritaire : 50% des économistes québécois pensent que l’économie restera stable, tandis que 7% d’entre eux estiment qu’elle se détériorera d’ici six mois. « C’est un drôle d’optimisme. Le pire semble passé, la roue tourne dans l’autre sens, mais elle tourne très lentement », dit Jean-Michel Cousineau, président du comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois et professeur d’économie à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal.
Préoccupés par les déficits gouvernementaux, les économistes québécois suggèrent au gouvernement fédéral de diminuer ses dépenses (75%) et d’augmenter la TPS (76%), tandis que le gouvernement québécois devrait hausser les tarifs des services gouvernementaux ( 76 %) et la TVQ (74%). L’idée de réduire les dépenses du gouvernement québécois récolte moins d’appuis (66%).
Le sondage a été réalisé par Léger Marketing pour le compte l’Association des économistes québécois auprès de 213 de ses 819 membres entre le 7 et le 14 octobre dernier. La marge d’erreur est de 6 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Embellie sur le marché de l’emploi au Canada
Le nombre de personnes qui ont touché des prestations d’assurance emploi a chuté pour la première fois en près d’un an en j uillet dernier et le nombre de nouveaux bénéficiaires a baissé pour le deuxième mois de suite, signes supplémentaires que le marché de l’emploi s’améliore au Canada.
En j uillet, le nombre de prestataires de l’assurance emploi a baissé de 31 500, à 787 000, soit une diminution de 3,8 % par rapport à juin, a précisé hier Statistique Canada.
Ces changements reflètent en partie le ralentissement des pertes d’emplois, tandis que l’économie recommence à croître au cours du présent trimestre après trois trimestres de récession et une période pendant laquelle le Canada a dû procéder à une pénible restructuration des industries de l’auto et la forêt, ce qui a fait disparaître des dizaines de milliers d’emplois au cours de la dernière année.
Mais c ’est l a baisse du nombre de nouveaux prestataires de l’assurance emploi, que les économistes considèrent comme le meilleur signal du progrès sur le marché de l’emploi, qui n’a guère été reluisant à la fin de 2008 et au début de 2009.
Les premières demandes de prestations ont chuté de 8,5 %, à 274 700, en juillet, suivant une baisse semblable observée en juin, a indiqué Statistique Canada.
« I l y a moins de gens qui font appel à l’assurance emploi et c’est une très bonne nouvelle », soutient Millan Mulraine, de l a Banque Toronto-Dominion.
Les statistiques relatives à l’emploi recueillies depuis octobre dernier, période où la récession a commencé à se faire sentir, démontrent que les pertes d’emplois ont grimpé brutalement au cours des cinq premiers mois du r a l entissement é c onomique, atteignant un total de 357 000.
Puis, les pertes d’emplois ont diminué et elles n’ont totalisé que 31 000 au cours des cinq mois suivants jusqu’en août dernier.
En juillet, il y a eu 44 000 pertes nettes d’emplois, mais le marché a rebondi en août et le nombre d’emplois a alors augmenté de 27 000.
Depuis o c t o br e 2 0 0 8 , 486 000 emplois à temps plein ont disparu au Canada, mais Statistique Canada précise que les pertes nettes d’emplois s’établissent plutôt à 387 000 à cause de l’augmentation du nombre de travailleurs à temps partiel.

ONTARIO : LE COEUR FINANCIER A TENU LE COUP  -  Stéphane Paquet
Le peloton de queue. C’est là que se retrouve l’Ontario cette année lugubre en matière de croissance économique. Depuis le début de la récession, en octobre, ce sont 207 000 emplois qui ont été éliminés dans la province. Le coeur économique du Canada bat
Mercredi soir au Bymark, LE bar où les financiers de Bay Street se donnent rendez-vous après le travail, à l’ombre des grandes tours noires de la Toronto Dominion. Bière, vin, martinis et une odeur de cigare aident à décoincer un tant soit peu l’ambiance créée par les hommes aux complets rayés et les femmes aux sacs Louis Vuitton.
« C’est un peu plus calme que l’an dernier », explique un membre du personnel qui préfère ne pas être nommé.
À 35 $, le burger Bymark laisse maintenant un arrièregoût dans la gorge de certains. « Tu peux a l ler dans des endroits moins tape-à-l’oeil », explique Susan Thompson, qui s’occupe des relations avec les clients chez TD Valeurs mobi l ières, quand on lui demande si elle ou ses collègues ont changé leurs habitudes dans la dernière année en raison de la crise.
S’ils sont moins nombreux au Bymark, ce n’est pas parce que les bureaux des gratte-ciel qui entourent le bar sont clairsemés. Les plus récentes données de Statistique Canada ont ceci de surprenant : alors que les emplois ont été éliminés par dizaine de milliers dans la finance à New York et à Londres, l’Ontario s’en sort à merveille. Des 289 392 emplois des secteurs de la finance et de l’assurance que comptait la province en juin 2008, il en restait exactement 289 037 un an plus tard, soit une diminution de 355 postes. Pour les amateurs de statistiques, cela représente un maigre recul de 0,1 %.
L’ensemble du Canada fait encore mieux, avec une progression de 2 % à 673 049 emplois en juin de cette année. Un constat qui peut surprendre compte tenu de l’ampleur de l’inquiétude qui a gagné Bay Street l’automne dernier.
« J’ai vraiment eula chienne », se rappelle Pat Meneley, lui qui conclut des fusions, des acquisitions ou des appels publics à l’épargne depuis 20 ans. Il était même derrière la vente avortée de BCE au consortium mené par Teachers’.
Il y a un an, le vice-président du conseil, Services bancaires de placement chez TD Valeurs mobilières, était de passage à Vancouver quand il est tombé sur la conférence Des 289 392 emplois des secteurs de la finance et de l’assurance que comptait la province en juin 2008, il en restait exactement 289 037 un an plus tard. de presse annonçant le rachat de Merrill Lynch par Bank of America. Une entente conclue en une fin de semaine, c’était trop rapide pour celui qui connaît les rouages du secteur. Le minimum, dit-il, c’est six semaines. « Ça voulait dire que la situation était pire que ce qu’on nous disait. »
La frousse a été telle qu’il se réveillait en plein milieu de la nuit, lui qui a pourtant l’habitude de dormir comme un loir. « Je n’avais pas peur pour ma sécurité personnelle, je craignais pour celle du monde. »
Un an et quelques cadavres financiers plus tard au sud de la frontière, M. Meneley a retrouvé le sommeil. La crainte a fait place à la stabilité, puis a laissé apparaître des occasions d’affaires. « Il y a deux semaines, on a connu notre semaine la plus occupée », dit-il, donnant en exemple des émissions de Barrick Gold (3 milliards) et Fairfax (1 milliard).
« On est facilement de retour au niveau de 2007 (…) Il y a de bonnes sommes d’argent dans le marché. »
Sa collègue Susan Thompson est moins enthousiaste. Elle parle d’un climat « prudemment optimiste » sur Bay Street. « C’est mon opinion personnelle et le sentiment que je ressens », précise celle qui peut parler une dizaine de fois dans la journée avec un client qui veut effectuer des transactions ou simplement comprendre ce qui se passe.
La journée de notre rencontre, par exemple, elle devait leur expliquer pourquoi la Ville de Montréal avait offert aux enchères ses dernières obligations. Une manoeuvre inhabituelle, précise-t-elle.
Outre le fait d’aller dans des restos et des bars moins tapeà-l’oeil, qu’est-ce que ses collègues et elle ont appris dans la dernière année, celle qui a failli voir le système financier s’écrouler ? « S’assurer d’avoir le bon compromis entre le risque et le rendement », dit-elle.

L’économie du Québec bien moins touchée  -  Rudy LeCours
Le Québec a amorcé le trimestre qui s’achève la semaine prochaine avec beaucoup plus d’allant que le reste du Canada.
En j u i n , der n i e r mois du deuxième trimestre, sa croissance mensuelle réelle s’est élevée à 0,5 %, selon les données de l’ Institut de la statistique du Québec ( ISQ). L’ensemble du Canada a connu un gain de seulement 0,1 % durant la même période, ce qui a néanmoins permis à nombre d’experts d’affirmer que la récession canadienne avait pris fin dès lors.
Pour la période d’avril, mai et juin, l’économie du Québec s’est quand même contractée pour le troisième trimestre d’affilée, cette fois au rythme de 2,8 % sur une base annualisée. D’un océan à l’autre, le recul était plus prononcé, à hauteur de 3,5 %.
En fait, durant la dernière récession, le Québec aura été bien moins touché que l’ensemble du pays. En 2008, l ’expansion de l ’économie canadienne a été contenue à 0,5 % alors que celle du Québec aura tout de même atteint 1,2 %.
Après six mois en 2009, le fléchissement de la production québécoise de biens et services atteint 1,5 %, soit la moitié moins que celle de l’ensemble du Canada.
Si le troisième trimestre se solde par de la croissance, cela signifie que la récession aura duré trois trimestres. C’est bien moins que les deux ans de la précédente, celle de 1990-1991.
« De toutes les provinces, l’économie du Québec est, avec celles du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse, la moins c ycl i que, note Sébastien L avoie, é c onomiste c hez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose. »
Cela repose avant tout sur sa diversité. La belle progression de juin est là pour en témoigner. La croissance a été générée par une poussée de 0,8 % de la production de biens et par une avancée de 0,4 % des services. Dans le premier cas, l’extraction minière a bondi de 8,6 %, la fabrication de 1,2 %, tandis que la production, le transport et la distribution de gaz et d’électricité généraient un gain de 0,2 %.
 Du côté des services, 10 industries sur 13 étaient à la hausse, dont le commerce de détail, le transport et l’entreposage et les services aux entreprises.
Frappé depuis le début de la décennie par les déboires de la foresterie, le Québec a été plutôt épargné par la crise de l’industrie automobile et par l’effondrement du prix du gaz naturel qui ont fait du tort à l’Ontario, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique.
Cela signifie aussi qu’il profitera moins de la reprise de ces secteurs, en particulier de la production automobile, ranimée en début d’été.
« Je m’attends à un rebond de 1% du PIB (produit intérieur brut) canadien pour juillet, mais avant les données d’hier, je pensais que le Québec avait stagné en juillet », poursuit M. Lavoie. Il estime désormais possible une croissance modeste, compte tenu du rebond spectaculaire des exportations.
« Juillet va être probablement positif malgré un léger repli des ventes au détail, affirme sans ambages Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. Pour le trimestre, ça reste à voir. »
Dans son scénario économique, Desjardins voit une mince contraction de 0,1% au troisième trimestre, tant pour le Canada que pour sa société distincte. En cela, l’institution lévisienne demeure parmi les plus pessimistes du monde financier où la majorité des experts estiment plutôt que l’été aura été marqué par un net retour à la croissance.
Desjardins s’inquiète surtout du niveau des stocks, en particulier ceux des grossistes.
Certaines i ndustries par contre sont très avancées dans leur déstockage, comme la production d’aluminium.
Dans une analyse publiée hier, l’économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux, Douglas Porter, réitère que la reprise repose avant tout cette fois-ci sur la demande intérieure, compte tenu du temps qu’il faudra aux ménages américains pour rétablir leur bilan. « Si l’Ontario va rebondir à court terme de son creux des derniers mois, la province va devoir continuer de se débattre plus que le reste du pays. »

Rebond des exportations québécoises  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Après une disette de quatre mois, les produits québécois ont de nouveau la cote à l’étranger.
En juillet, le Québec a vu ses exportations croître de 14,6 % par rapport au mois précédent, sa première hausse mensuelle depuis quatre mois. Et sa hausse mensuelle la plus importante depuis mars 2001. « Ça surprend, admet Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. I l semble y avoir un virage dans l’économie québécoise. »
L’ampleur de la hausse des exportations est surtout attribuable aux ventes d’avions à l’étranger, qui sont passées de 450,6 à 939,6 millions de dollars en juillet.
Bombardier ne dévoile pas ses l ivraisons mensuelles, mais la société montréalaise a livré 80 avions lors de son dernier trimestre (entre mai et juillet), soit cinq de plus qu’au t rimestre précédent (entre février et avril).
« Les ventes d’avions gonflent les chiffres et l’aéronautique est un secteur où les ventes varient beaucoup d’un mois à l’autre », dit l’économiste Hélène Bégin.
Les bonnes nouvelles ne se limitent pas aux avions de Bombardier. Au total, 15 des 26 secteurs de l’économie québécoise répertoriés par l’Institut de la statistique du Québec ont connu une hausse de leurs exportations en juillet. Sans tenir compte du secteur de l’aéronautique, les exportations sont tout de même en hausse de 4,4 % en juillet. Un résultat encourageant, mais l’économiste Hélène Bégin reste prudente dans ses prévisions pour les prochains mois.
« Ce n’est pas nécessairement reparti pour de bon, ditelle. L’économie américaine semble sortie de la récession en théorie, mais le dollar canadien reste élevé et les ÉtatsUnis adoptent des mesures protectionnistes. »
Depuis le début de l’année 2009 ( janvier à juillet), les exportations québécoises sont en baisse de 13,9 % par rapport à la même période en 2008. Une baisse attribuable essentiellement aux difficultés de son voisin immédiat, les États-Unis, qui a diminué ses importations québécoises de 19,8 % durant cette période.
Heureusement que s e s autres partenaires commerciaux comme le RoyaumeUni (+ 5,0 %), l ’Allemagne (+ 8,0 %), la France (+5,2 %) et la Chine (+13,4 %) ont augmenté les leurs. Les quatre pays restent néanmoins marginaux, ne représentant e nsemble que 9, 6 % des exportations québécoises. Les États-Unis achètent 69,5 % des produits québécois vendus à l’étranger. Cette proportion était de 81,8% en 2004.

Les Canadiens retrouvent l’optimisme

Les Canadiens sont devenus optimistes sur les perspectives économiques de leur pays pour la première fois depuis 2007, selon un sondage Nanos Research, ce qui représente un signe de reprise de plus.
La proportion de Canadiens qui disent croire que l’économie gagnera de la force au cours des six prochains mois est passée à 45%, selon une version préliminaire du sondage économique trimestriel Nanos fournie exclusivement à Bloomberg News. C’est plus de deux fois les 18% de Canadiens qui prédisent que l’économie s’affaiblira.
Les résultats vont dans le même sens que des chiffres récents qui font croire que l’économie a émergé de la récession au cours du trimestre, ce qui a aidé à entraîner des hausses des marchés boursiers et du dollar canadiens. Les ventes en gros, les ventes manufacturières et les principaux indicateurs au Canada ont augmenté plus que les prévisions la semaine dernière, selon des rapports gouvernementaux, tandis que le prix des maisons a atteint un sommet cette année.
« Les perceptions de la direction future de l’économie étant un des principaux indices, l’humeur actuelle est un signal clair que, pour la première fois en presque deux ans, les Canadiens sont optimistes à propos du futur », a dit Nik Nanos.
Le sondeur d’Ottawa a dit que les résultats augmentaient les chances de plus grandes « dépenses à court terme, puisque la confiance des consommateurs favorise les achats qui avaient été remis à plus tard, et à plus long terme un retour à des habitudes de consommation presque normales, s’il n’y a pas de changements négatifs importants dans l’économie ».
L’immobilier en hausse
La confiance est la plus forte en Ontario et en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. Elle est la plus faible au Québec, selon une analyse régionale des résultats.
Le sondage a aussi constaté que les Canadiens ont trois fois plus de chances d’affirmer que la valeur de leur propriété va augmenter au cours des six prochains mois que d’affirmer qu’elle va diminuer.
« Les perceptions de l’immobilier sont un élément clé de l’humeur optimiste », a dit M. Nanos.
Le sondage a été réalisé auprès de 1003 Canadiens, entre le 28 août et le 2 septembre, et comporte une marge d’erreur de 3,1 points de pourcentage.

Les prix résistent mieux au Québec  -  Philippe Mercure
On savait déjà que les prix des maisons résistaient mieux à la récession au Québec qu’ailleurs au Canada. Mais voilà qu’on apprend que c’est aussi vrai pour le coût des vêtements. Et des meubles, de la nourriture, des soins de santé, des loisirs...
Les chiffres dévoilés hier par Statistique Canada montrent que pendant que le montant des factures des consommateurs baisse au Canada, il grimpe au Québec.
L’ i ndice des pr i x à la consommation a reculé de 0,8 % en août au Canada par rapport à l’an dernier. Il s’agit d’une t roisième baisse en autant de mois, une première en 56 ans. Le Québec est toutefois la seule province avec la Saskatchewan à échapper à la tendance. Chez nous, les prix ont augmenté de 0,4 %.
Si les consommateurs québécois risquent d’être déçus de ne pas pouvoir profiter de rabais comme leurs confrères des autres provinces, les économistes, eux, y voient plutôt de bonnes nouvelles.
« C’est un signe que la demande au Québec a été plus vigoureuse que dans l’ensemble du Canada, dit Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. Si la demande est plus forte, l es pri x se maintiennent mieux. Ça veut dire que le Québec a été moins durement touché par la récession. »
Une partie de « l’exception québécoise » s’explique par un fait déjà connu: la résilience de son marché immobilier. En Ontario, mais surtout dans l’Ouest canadien, les prix des maisons ont beaucoup grimpé au cours des dernières années, avant de se dégonfler pendant la crise.
Le marché québécois a été plus stable. Le prix du logement n’a baissé que de 0,3 % en août dans la province, comparativement à 2,2 % en moyenne au Canada.
Pascal Gauthier, économiste à la Banque TD, souligne que les prix des services comme l’eau, le gaz et l’électricité ont aussi moins varié au Québec qu’en Ontario. « Les prix des services sont plus stables au Québec parce qu’ils sont davantage réglementés », écrit-il.
Le plus intéressant, cepend a nt , c ’ e s t q ue l e c o ût du logement n’est pas le seul à mieux r ésister au Québec qu’ailleurs. Benoit P. Durocher, du Mouvement Desjardins, s’est amusé à comparer les autres postes de dépenses des consommateurs. Résultat : t ant dans l’habillement et la nourriture que l’ameublement, les soins de santé et les loisirs, les prix augmentent plus (ou diminue moins) au Québec que dans le reste du Canada (voir tableau en page 4)
 « C’est probablement une i ndication que le Québec s’en est mieux t i ré qu’en Ontario, acquiesce Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Le secteur aéronautique s’est quand même bien tiré d’affaire jusqu’à tout récemment, ce qui a permis au Québec de mieux traverser la récession. Ça a provoqué moins de ventes dans les magasins. »
Les économistes ont répété hier qu’il ne faut pas s’alarmer en voyant de la déflation (un recul des prix) au pays. Les chiffres du mois d’août sont comparés à ceux du même mois l’an dernier, alors que l’essence était beaucoup plus chère (21% de plus). En excluant l’essence, l’inflation aurait atteint 1,4% au Canada. M. Pinsonnault souligne qu’en plus de l’essence, le prix des voitures et les taux hypothécaires ont aussi beaucoup reculé par rapport à l’an dernier, et qu’ils devraient maintenant amorcer leur remontée. Le résultat, c’est qu’ils risquent d’entraîner l’inflation en territoire positif d’ici quelques mois.
Les économistes sont d’avis que les données publiées hier n’influenceront pas la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à son niveau plancher de 0,25% jusqu’au milieu de l’an prochain.

Plus de chômage… et de postes à combler  -  Maxime Bergeron
Le nombre d’emplois offerts sur le web a fait un bond au Canada le mois dernier... ce qui n’empêchera pas le taux de chômage de grimper jusqu’à 10 % l’an prochain.
C’est ce qui ressort de deux études discordantes publiées hier par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et le Conference Board.
L’une prédit une hausse continue du chômage j usqu’à l’an prochain au pays, tandis que l’autre voit déjà des signes de reprise – et une stabilisation du nombre de sans-emploi au cours des prochains mois.
Le Conference Board du Canada se montre le plus optimiste. L’orga nisme a dévoilé hier un nouvel indice, qui comptabilise les emplois offerts sur les différents sites de r e c herc he c a nadiens . Verdict : les offres ont grimpé de 2,6 % en août par rapport à juillet. Un bon signe.
« Ça i ndique v r a i ment que les données d’emploi devraient se stabiliser, et c’est vraiment un indice que la récession tire à sa fin quant à l’emploi et à la production des entreprises », a fait valoir Pedro Antunes, directeur des prévisions nationales et provinciales, pendant un entretien à La Presse Affaires.
L’indice donne un bon aperçu du marché « à très court terme » – septembre et octobre – et laisse croire que la chute de l’emploi est presque terminée, a expliqué M. Antunes. Le Conference Board s’attend à ce que le taux de chômage atteigne « un maximum » de 9,5% d’ici la fin de l’année ou au début de 2010.
L’OCDE, pour sa part, croit que le pire est loin d’être passé pour les travailleurs. Le taux de chômage devrait grimper de 8,7% le mois dernier à près de 10% l’an prochain au Canada, a avancé hier l’organisme.
Selon l’OCDE, le marché de l’emploi canadien pourrait subir des conséquences « plus importantes » que pendant la récession du début des années 90. Et mettre un bon bout de temps à reprendre son aplomb.
« Pendant la récession du début des années 90, le taux de chômage a atteint son sommet en 1993, mais il a mis huit ans par la suite avant de revenir à son niveau prérécession », indique l’étude.
L’effet Ottawa
L’OCDE estime néanmoins que le plan de stimulation économique d’Ottawa devrait avoir un effet « relativement important » dans l’atténuation des pertes d’emplois. Sans ce bouquet de mesures de plusieurs milliards de dollars, le taux de chômage pourrait être de 0,7% à 1,1% plus élevé l’an prochain que les presque 10% prévus, écrit l’OCDE.
La Banque RBC a el l e aussi souligné l’effet réel des « vigoureuses » mesures de relance mises en place par Ottawa, dans un r apport publ ié hier. L’i nstitution prévoit une croissance de l ’économie canadienne de 2 % et 2,4 % aux troisième et quatrième trimestres de cette année, et de 2,6 % l’an prochain.
« Nous pensons que cette récession au Canada sera la moins grave des trois dernières, même après les reculs spectaculaires qu’a connus le PIB (produit intérieur brut) à la fin de 2008 et au début de 2009 », a commenté Craig Wright, premier vice-président et économiste en chef de RBC, dans le rapport.
Mais la reprise ne fera pas décroître instantanément le taux de chômage l’an prochain, nuance la RBC. Il devrait atteindre 10%, pour descendre à 9,7% à la fin de 2010, avance la Banque Royale.

DEUX CAMIONNEURS, DEUX ÉCONOMIES  -  Stéphane Paquet
Tout le monde en convient, le Québec traverse mieux la crise actuelle que l’Ontario, l’Alberta ou la Colombie-Britannique, grâce notamment à une économie plus diversifiée et au programme d’infrastructures lancé dès 2007. Avec ce portrait du Québec économi
C’est l’histoire de deux camionneurs, mais ce pourrait être celle de milliers d’autres. Un qui roule comme un bon. Et l’autre, dont les activités reprennent bien lentement. Le premier profite indirectement des programmes d’infrastructures. Le second a changé de camion, faute de produits industriels à transporter.

Bienvenue au Flying J de Vaudreuil-Dorion, en bordure de l’autoroute 40, là où les camions-remorques emplissent l’immense stationnement asphalté, pendant que leurs propriétaires vont casser la croûte ou faire un roupillon. Les gros moteurs tournent, l’air vicié vient nous gratter le fond de la gorge.
Pierre Philipps détonne un peu dans le paysage, avec son camion à benne de 10 roues qui a l’air tout petit à côté des autres mastodontes.
Alors, M. Philipps, comment ça va, l’économie ? « Ça va très bien », répond-il sans hésiter. « Avant les vacances de la construction, c’était plus lent. Mais là, c’est pas mal occupé. »
Vous ne verrez pas le camion de M. Philipps ni sa petite rétrocaveuse sur les grands chantiers routiers qui font tant grogner les automobilistes. Lui, son affaire ces temps-ci, ce sont les cours d’école et les parcs où on installe de nouveaux jeux.
Mais comme plusieurs de ses confrères qui possèdent des camions semblables au sien sont occupés sur les mégachantiers d’infrastructures, il peut travailler en paix, sans craindre trop de concurrence. « Ils ont un budget à dépenser, donc, il faut qu’ils le dépensent », dit-il de ses donneurs d’ouvrage.
Mais n’allez pas c roi re que tous les camionneurs ont le même large sourire que M. Phi l i pps. Ramon Aberasturi, lui, a trouvé les derniers mois difficiles.
L’hiver dernier, il a perdu son emploi. Les fils électriques, câbles et autres planches en vinyle qu’il avait l’habitude de transporter ne trouvaient plus preneur.
« Ça recommence très lentement », dit-il en descendant de son nouveau camion, celui de Simard Transport, où il travaille depuis trois mois.
Désormais, ce ne sont pas
des produits industriels qu’il t r a nsporte. Quand on l ’a rencontré, son camion était chargé d’un conteneur, plein de produits à destination de Wal-Mart.
Chez T r a n s F o r c e , qu i emploie 6000 personnes au Québec, dont les trois quarts sont des camionneurs et des manutentionnaires, ces deux histoires sont un fait connu. « Dans les produits manufacturés, c’est épouvantable les baisses qu’on subit, raconte le grand patron, Alain Bédard. Notre chiffre d’affaires en transport, ce qu’on appelle les truck loads ou charges complètes, est en baisse de 20%, 25% cette année par rapport à l’année passée. Puis ça fait depuis 2006 qu’on a des baisses comme ça. »
Depuis trois ans, pendant que des usines québécoises fermaient, le tiers de ses affaires a disparu dans le secteur i ndustriel. En 20 0 9, son groupe a mis à pied 10% du personnel au Québec.
Heureusement pour TransForce, d’autres secteurs, comme le transport du ciment, se portent mieux. Celui des denrées alimentaires a même t r aversé l a c r i se actuel l e comme un gros Kenworth roulant sur de l’asphalte neuf.
Évidemment, pourrait-on arguer, le secteur du transport et de l’entreposage ne représente que 4,5 % du poids total de l’économie du Québec, son PIB. Mais, comme l’indique l’économiste Hélène Bégin de Desjardins, ces 4,5 % agissent comme un bon reflet de l’activité économique. « C’est l a mei l l eure c ourroie de transmission de l’économie », explique-t-elle.
Et dans les magasins ?
Claude Guévin t ravaille c hez Rona depuis 198 6 . Aujourd’hui premier vice-président et chef de la direction financière du groupe, il est à même de sentir le pouls de l’économie d’un bout à l’autre du pays. « Je t rouve qu’à date, à part Terre-Neuve, c’est probablement la province du Québec qui s’en sort le mieux sur le plan de la récession. »
Les données de Statistique Ca n a d a c o n f i r ment s o n pifomètre. Au Québec, de j uin 2008 à j uin 2009, les ventes au détail ont baissé de 1, 4 %, contre 4,4 % au Canada.
Quand on lui demande si, dans ses 365 magasins Rona du Québec, il voit une différence d’une région à l’autre, M. Guévin commence par les plus éloignées : « Ça me fa it beaucoup penser aux Maritimes, dit-i l . Pas de grande croissance, pas non plus de grand choc quand arrive la récession. »
La région de Québec, c’est un peu comme Ottawa à ses yeux, stable grâce à la fonction publique.
À Montréal, il voit davantage de montagnes russes. Et, ces derniers temps, c’est plus le bas de la pente que le haut. « Il y a moins de grues, moins de construction de tours, moins de projets » que dans les autres grandes villes du pays, a-t-il observé.
Retour dans le stationn e ment d u F l y i n g J d e Vaudreui l - Dor i on, l à où Pierre Philipps fait le plein. En 26 ans de camionnage, il a vécu d’autres ralentissements. Son appréciation de cette récession : « Je la trouve moins dure que celle de 1990. Je pensais que ça allait être plus dur, parce qu’elle a été plus médiatisée, mais j ’ai passé à travers plus facilement », dit-il, avant de repartir installer ses jeux dans la cour d’école.

Le petit miracle québécois  -  ALAIN DUBUC
Le niveau d’emploi a augmenté au mois d’août : 8300 au Québec et 27 100 dans l’ensemble du Canada. Ces données renforcent l’idée qu’il y a eu un revirement et que nous sortons de la récession. Elles montrent également à quel point le Québec a été moins touché par la crise que le reste du Canada et que la plupart des économies occidentales.
Il y a eu un petit miracle au Québec, qui mérite d’être souligné, même lourdement. Pour trois raisons. Premièrement, on critique si souvent – moi le premier – la sous-performance de l’économie québécoise, qu’il est important de parler de ses succès. Deuxièmement, ce succès relatif, et quand même étonnant, nous force à jeter un regard nouveau sur les forces et les faiblesses de notre économie. Troisièmement, le fait que les entreprises, les consommateurs, les travailleurs québécois aient été moins malmenés et moins fragilisés peut nous aider à mieux relever les défis de l’après-crise.
On mesure souvent la gravité d’une récession par son impact sur l’emploi. Entre le sommet d’avant la récession et son creux, en juillet, le Québec a perdu 70 000 emplois, dont 8300 ont été retrouvés en août. Le chômage, qui atteint maintenant 9,1%, peut augmenter encore, et il faudra du temps pour le ramener au niveau de 7% que nous avons connu.
Mais cette baisse du nombre d’emplois, de 1,6%, est bien plus faible que la chute de 3,5% qui a frappé l’Ontario et celle de 2,4% pour le Canada. Et surtout, on est très loin de la récession de 1981 qui avait fait disparaître 8,3% des emplois ou celle de 1991 qui en avait emporté 4,7%.
Pourquoi? Il y a plusieurs séries de facteurs. Certains sont liés au hasard, comme le «timing» providentiel des travaux d’infrastructures du gouvernement Charest, ou encore le fait que certains secteurs, comme la forêt, avaient été frappés deux ans plus tôt. D’autres reflètent ce que l’on pourrait appeler l’envers de la médaille: une présence importante de l’État devient un avantage en période de crise, ou encore une absence de dynamisme économique nous protège contre les pièges de la prospérité, comme les bulles immobilières. D’autres facteurs sont liés à notre structure industrielle, qui s’est diversifiée, qui s’est modernisée, qui s’est débarrassée de ses canards boiteux, et qui n’est pas trop dépendante d’un seul secteur, comme l’Ontario avec l’automobile.
Dans l’ensemble, on peut dire qu’on a évité le pire, non pas parce que l’économie est très performante, mais parce qu’elle est résiliente. Ce n’est pas rien. Mais ce n’est pas assez. La récession nous a tellement préoccupés qu’on a peut-être oublié que le Québec avait de sérieux problèmes économiques avant la crise. Ils sont toujours là. Et ils sont encore plus aigus.
On peut bien sûr se consoler que le Québec réduira l’écart de niveau de vie avec l’Ontario et les États-Unis. Pas parce que nous avons progressé, mais parce que les autres ont plus reculé. Cette illusion de succès ne doit pas masquer le fait que les finances publiques, déjà en crise, le seront encore davantage. Que les échéances démographiques, notamment une baisse prochaine de la main-d’oeuvre, avec son effet négatif sur le potentiel de croissance, restent essentiellement les mêmes. Ou que la productivité, trop basse avant la récession, l’est tout autant après.
Notre résilience nous confère un avantage à condition de s’en servir comme d’un levier. Il est certainement plus facile de rebondir quand on n’est pas par terre. Mais n’oublions pas que nous ne sommes pas seuls et que tous les pays se préparent à l’après-crise, que tous les pays veulent profiter de cette sortie de crise pour se donner un nouvel élan.

Ajout record de locaux commerciaux au Canada
Les promoteurs canadiens ont ajouté des locaux pour commerces de détail à une cadence record pendant que l ’économie du pays ét a i t aux prises avec la récession. Cette progression est attribuable aux consommateurs et aux investisseurs tels que le Régime de retraite des enseignants de l ’ Ontario ( Teachers’).
L e s c o n s t r uc t e u r s o nt ajouté environ 6,8 millions de pieds carrés de locaux pour commerces de détail au cours de la première moitié de 2009, soit davantage que pendant tout 2008, selon la division canadienne de CB Richard Ellis Group, plus important courtier de biens commerciaux dont l’action est inscrite en Bourse.
« Une superf i c i e r ecord de locaux pour commerces de détai l continue d’être construite et offerte bien que le secteur de détail montre des signes qu’il est soumis à une tension », explique Ricky Hernden, a nalyste de CB Richard Ellis à Toronto.
Les dépenses affectées au secteur du détail au Canada ont repris plus vite que tout autre volet de l’économie, comme l a production des usines, en partie à cause des baisses d’impôts et des taux d’intérêt bas qui ont soutenu la situation financière des ménages. Les prêts se sont aussi maintenus étant donné que les banques canadiennes ont dans l’ensemble évité les écueils provoqués aux ÉtatsUnis par les prêts hypothécaires à risque.
Différent des États-Unis
L’essor constaté du côté du secteur du détail au Canada fait contraste avec la situation aux États-Unis, où des détaillants en faillite ont laissé inoccupés 2 millions de pieds carrés de locaux cette année.
Le taux d’inoccupation de l’immobilier commercial au Canada a grimpé à 7,5 % au cours du premier trimestre de 2009 comparativement à 6,3 % pendant la période correspondante un an plus t ôt , d’après des données de CB Richard Ellis. Aux États-Unis, le taux a été de 15,5 %.
Au cours des derniers mois, les titres des sociétés de développement et celles actives dans le domaine immobilier ont fait mieux que le reste du marché canadien. Ainsi, depuis le début de mai dernier, l’action de Brookfield Asset Management a grimpé de 2 6 % à l a Bourse de Toronto tandis que celle de FirstService Corp. a bondi de 45 %. Pendant la même période, l’indice composite St a nda r d & Poor ’ s / T SX a progressé de 11 %.
P a r mi les t r a vau x e n cours au Canada, on note l’agrandissement de 175 000 pieds c a r rés du Chinook Centre, à Calgary, un projet de Teachers’ d’une valeur de 300 millions. Autre proj et à venir : celui de The Remi n g t o n Group, u n e société privée, qui prévoit construire à Markham, en Ontario, 800 000 pieds carrés de locaux pour commerces de détail et d’immeubles résidentiels, le tout au coût d’un milliard de dollars.
« On e s t c onvaincu au Canada qu’au moment où l a récession sera f i nie et que l’économie commencera à r ebondi r , l e s c onsommateu r s r ecommenceront à dépenser beaucoup plus vite », estime John Sullivan, vice-président du développement de la division immobilière Cadillac Fairview de Teachers’.
Ce dernier précise que Cadillac Fairview a entamé du travail pour une somme de 1,5 milliard de dollars pour augmenter ou améliorer des locaux pour commerces de détail.

Le Canada, havre bancaire selon Global Finance   -  Hugo Fontaine
Pendant que la crise du crédit affligeait plusieurs grandes banques du monde, les institutions financières canadiennes ont tenu bon. Si bien que six d’entre elles se retrouvent au palmarès des 50 banques les plus sûres du monde, établi par le magazine La Banque Royale bondit de quatre places par rapport à l’an dernier pour atteindre le top 10. La CIBC (37e) et les caisses Desjardins (26e) font une belle entrée dans le classement annuel, tandis que la Banque Nationale du Canada est absente.
La poussière de la crise retombe, affirme le mais les banques durement frappées par la crise n’ont pas regagné leurs galons.
La première banque américaine, Bank of New York Mellon, apparaît au 32e rang, tout juste derrière la Banque de Montréal. Trois autres banques américaines sont du groupe, dont Wells Fargo, qui a dégringolé de la 9e à la 42e place. Citigroup a été éjectée du classement.
La moitié des huit premières banques sont allemandes, dont la KfW, tout en haut de la liste. Le classement est basé sur les cotes de crédit et les actifs totaux des 500 plus grandes banques du monde.


Banques québécoises : Des « résultats impressionants »  -  Martin Vallières
Le vif rebond des marchés boursiers compense l’impact de la récession à la Banque Nationale.
Les résultats de la Banque Nationale ont éclipsé les attentes des analystes. Ceux-ci anticipaient une baisse de 20% du bénéfice par action, autour de 1,37$. La Nationale a fait bien mieux avec un bénéfice par action de 1,78$.
Même que le tonus de ses activités boursières a permis à la principale banque québécoise de dégager un profit record à son troisième trimestre.
Ce bénéfice net a atteint 303 millions de dollars au trimestre terminé le 31 juillet, 6% de plus qu’à pareille date l’an dernier.
Le chiffre d’affaires de la Nationale a aussi crû de 7% au troisième trimestre, sur une base annualisée.
Ce gain reflète le rebond des activités boursières mais aussi la relative résilience à la récession de son marché principal : le Québec.
«Malgré la récession, notre portefeuille de prêts (actif primordial de la banque) n’a pas subi de détérioration significative », a vanté Louis Vachon, président et chef de la direction de la Nationale, lors de la téléconférence avec les analystes.
D’ailleurs, les résultats de la banque ont amplement éclipsé les attentes des analystes. Ils anticipaient une baisse de 20% du bénéfice par action, autour de 1,37$. La Nationale a fait bien mieux avec un bénéfice par action de 1,78$.
« Ces résultats sont impressionnants dans les circonstances », a admis John Aiken, analyste bancaire et vice-président chez Dundee Securities, à Toronto.
Quant à sa provision de pertes sur prêts, un important élément comptable des banques en période de récession, la Nationale a aussi fait mieux que s’y attendaient les analystes.
La banque a décidé de s’en tenir à une provision de 46 millions au troisième trimestre. C’est 27% de plus qu’il y a un an, et 5 millions de plus qu’au deuxième trimestre précédent.
Toutefois, cette provision est i nférieure d’au moins 10 millions aux prévisions d’analystes.
«La Nationale a le risque de prêts le moins élevé parmi les six principales banques canadiennes. Elle devrait maintenir cet avantage pour quelques trimestres grâce à son implication moindre dans le marché du crédit aux États-Unis », selon John Aiken.
Mais pour son vis-à-vis Michael Goldberg, spécialiste des banques chez Valeurs mobilières Desjardins, le portefeuille de prêts de la Nationale incite à la prudence.
«Même si la dernière provision pour pertes sur prêts est inférieure aux attentes, elle demeure en hausse par rapport au deuxième trimestre précédent et au troisième trimestre de l’an dernier. Si cette détérioration s’accentue, les prochains résultats trimestriels de la Banque Nationale risquent encore d’être affectés », a avertit M. Goldberg.
Dans l’immédiat, en Bourse, les investisseurs ont préféré célébrer hier les résultats meilleurs que prévus de la Nationale, plutôt que de s’inquiéter déjà des prochains.
Ils ont poussé ses actions en hausse de 4% à 60,89$, alors que stagnait l’indice de marché S&P/TSX.
Il s’agit d’une cote inégalée depuis deux ans pour la Nationale, suffisante aussi pour faire remonter sa valeur totale au-delà des 10 milliards.
En fait, la Nationale a récupéré toute la perte de valeur boursière qu’elle avait subie lors de la crise des papiers commerciaux (PCAA), à l’automne 2007, ainsi que la grave crise financière de l’automne 2008.
Divisions
Parmi les principales divisions de la Nationale, celle des marchés financiers a aisément raflé la palme de croissance au troisième trimestre.
Cette division menée par la filiale boursière Financière Banque Nationale a augmenté ses revenus de 35% sur un an et de 15% par rapport au deuxième trimestre précédent.
Son bénéfice a crû encore plus fortement : en hausse de 54% sur une base annuelle et de 35% par rapport au trimestre précédent.
Quant à la plus grosse division de la Nationale, celle des services aux particuliers et aux entreprises, plus sensible à la récession, elle a accru ses revenus de 7% et son bénéfice de 13% par rapport au deuxième trimestre précédent.
Cette croissance de bénéfice est survenue malgré une hausse de dépenses, conséquence de l’ajout de personnel de services aux clients.
Ainsi, en dépit des coupes de postes administratifs, et sans ajout aux 446 succursales, l’effectif de la Nationale s’est accru de 626 employés au cours des neuf derniers mois, à 17 772 personnes.
«Nous venons d’embaucher 250 personnes pour nos services clients. Nous sommes à les former et à les doter de nouveaux outils informatiques, ce qui devrait avoir un impact positif sur nos ventes d’ici un an», a précisé Patricia Curadeau-Grou, c hef des finances et vice-président exécutive de la Nationale.
D’ailleurs, au t roisième t r i mestre, les activités de «gestion de patrimoine» de la Nationale, qui comprennent les fonds d’investissement, affichaient encore une baisse de 8% pour les revenus et de 21% pour le bénéfice, sur une base annualisée.

Profits en or pour la Royale
La Banque TD annonce aussi des profits au-delà des attentes
La Banque Royale du Canada a fait état hier de bénéfices records, tandis que les profits dégagés par la Banque Toronto-Dominion ont été supérieurs aux estimations des analystes. Les prêteurs canadiens ont profité de la hausse des r evenus t i r és de transactions et aussi du rebondissement du marché immobilier.
Le bénéfice net de la Banque Royale a bondi de 24% à 1,56 milliard CAN, ou 1,05$ par action, au troisième trimestre. De son côté, la Banque Toronto-Dominion, deuxième banque en importance au pays, a annoncé que ses profits avaient baissé de 8,5% à 912 millions, soit 1,01 $ par action.
La Banque Royale, premier prêteur au pays, a précisé que son bénéfice net au troisième t r i mestre ava i t bondi de 24 % à 1,56 milliard CAN, ou 1,05 $ par action. De son côté, l a Banque TorontoDominion, deuxième banque en importance au pays, a annoncé que ses profits ava i e nt ba i s s é de 8 , 5 % à 912 millions, soit 1,01 $ par action.
Ces deux firmes rejoignent la Banque de Montréal et la Banque Nationale au sein des prêteurs dont les résultats sont supérieurs aux prévisions des analystes, ce qui fait en sorte que la plupart des banques canadiennes sont en voie de faire mieux que l e s prévisions pour le deuxième t r i mestre de suite. Le bond de 16 % de l’indice composite canadien Standard & Poor’s/ TSX a fait grimper les commissions de transactions tandis que les prêts hypothécaires ont augmenté après que les reventes de maisons eurent progressé pendant six mois de suite au Canada.
« Il semble que le pire est peut-être derrière nous » , estime John Kinsey, qui participe à la gestion d’actifs d’environ 1 milliard CAN chez Caldwell Securities, à Toronto, y compris des titres de banques canadiennes. « Elles [les banques] vont probablement s’en tirer sans trop de mal cette année », ajoute-t-il.
Hier, l’action de la Banque Royale du Canada a bondi de 3,46 $, ou de 6,52 %, à 56,55$ à la Bourse de Toronto, plus fort gain en plus de cinq mois. Le titre de la Banque Toronto-Dominion a progressé de 3,23% à 68,39$.
Avant éléments non récurrents, la Banque TorontoDom i n i o n a réalisé un profit de 1,47 $ par action, soit davantage que la prévision médiane de 11 analystes sondés par Bloomberg, qui se situait à 1,24 $ par action. Sur lystes avaient prévu un profit de 93 cents par action.
Les bénéfices de la Banque Royale ont bondi pour la première fois en sept trimestres au moment où les commissions sur les transactions portant sur des titres de revenu fixe, des actions et des devises ont compensé les pertes sur prêts. Les revenus de transactions ont plus que quadruplé, à 1,61 milliard, par rapport à un an plus tôt.
« On ne peut pas parler de la Banque Royale sans évoquer l’énorme paquet d’argent que la banque obtient grâce à ses opérations de transactions », soutient Craig Fehr, un analyste de la société Edward Jones & Co., à St. Louis.
Les prêteurs ont mis plus d’argent de côté en prévision de c réances douteuses au moment où le taux de chômage au Canada a atteint un sommet en 11 ans et tandis que les faillites se sont multipliées.
Ainsi, la Banque Royale a c onstit ué u ne r é s e r ve de 770 mi l l i ons pour l es prêts i r récouvrables, soit plus du double du montant mis de côté i l y a un an. Michael Goldberg, un analyste de Valeurs mobilières Desjardins, dit prévoir que la Banque Royale subira des pertes sur prêts de 979 millions.
 
Les profits de la Laurentienne étonnent les analystes
La Banque Laurentienne a affirmé hier être en position de connaître une année record au chapitre des volumes de prêts et dépôts, après avoir étonné les analystes avec l’annonce de revenus nets d’intérêts plus élevés ayant contrebalancé les pertes sur prêts et les dépréciations.
« Bien que les défis posés par l’économie et les marchés demeurent, comme le contexte de faibles taux d’intérêt sans précédent, nous s ommes satisfaits de la performance de tous nos secteurs d’affaires au troisième trimestre », a déclaré le président et chef de la direction de la banque, Réjean Robitaille, lors d’une conférence téléphonique.
La banque montréalaise a enregistré au troisième trimestre un bénéfice net de 28,7 millions, en baisse de 7,1 % par rapport à celui de 30,9 millions réalisé à la même période l’an dernier, alors qu’elle avait tiré profit de la vente de sa participation dans la Bourse de Montréal.
Le bénéfice net par action de l a Laurent i enne s ’e s t chiffré à 1,08$ pour le trimestre terminé le 31 juillet, contre 1,17 $ au troisième trimestre de l’exercice précédent.
L’institution a vu ses revenus augmenter de quelque 3 %, à 176,7 millions, contre 171,1 millions.
Les résultats du troisième trimestre de l’an dernier incluaient un gain net de 11,1 millions réalisé grâce à la vente d’actions de la Bourse de Montréal, contrebalancé en partie par une augmentation de 8 millions de la provision générale pour pertes sur prêts destinée à améliorer le niveau global des provisions.
Abstraction faite de ces éléments, le bénéfice net est en hausse de 13%, soit 15 cents par action.
Supérieurs aux attentes
Ces résultats sont supérieurs aux attentes des analystes. Ces derniers avaient prédit que l es bénéfices ajustés de la banque chuteraient de 20 %, à 88 cents, comparativement à 1,09 $ l’an dernier, sur des revenus de 162 millions, selon Thomson Reuters.
L e s mesu r e s mises e n oeuvre depuis le début de l’exercice financier afin de contrer l’impact de la crise financière et économique ont contribué à l’amélioration des résultats de la banque, a indiqué M. Robitaille.
Par ailleurs, le rendement des capitaux propres attribuables aux actionnaires ordinaires s’est établi à 11,6 % pour le trimestre de mai, juin et juillet, comparativement à 13,4% pour la même période en 2008.
Au total, la provision pour pertes sur prêts s’est établie à 16 millions, comparativement à 18,5 millions.
Le cours des actions de la Banque Laurentienne a clôturé hier à 37,94 $ à la Bourse de Toronto, en hausse de 1,71 $, soit près de 5%.

L’indice vin  -  ANDRÉ PRATTE
Comme le reste de la planète, le Québec a vu sa croissance freinée par les contrecoups de la crise aux États-Unis. Cela n’a apparemment pas empêché les Québécois de profiter des plaisirs de la vie. Ainsi, au cours du printemps, les ventes de la Société des alcools ont continué d’augmenter.
Les dirigeants de la SAQ s’attendaient à ce que la récession ait un impact négatif sur les ventes des Fêtes 2008; ça ne s’est pas produit et la société a terminé son année financière 2 0 0 8 -2 0 0 9 avec un bénéfice record. La crise allait-elle frapper avec quelques mois de retard ? Non. D’avril à juin 2009, les ventes de la SAQ ont augmenté de 7,3% par rapport à la même période l’a n der nier. Presque toute l’augmentation des ventes en volume provient du vin : les Québécois ont acheté 1,8 million de litres de plus de vin pendant ces trois mois que durant la même période en 2008.
Les Québécois auraient-ils choisi de noyer leurs soucis dans l’alcool? Ce n’est pas ce qu’ils avaient fait lors de la récession du début des années 90; de 1990-1991 à 1991-1992, les ventes de la SAQ avaient chuté de 8,8%.
Serait-ce que le vin fait tellement partie du mode de vie des Québécois qu’ils n’y renonceraient qu’en dernier recours? Peut-être. Mais il faut noter que les ventes de la Liquor Control Board of Ontario ont également augmenté au printemps, bien que la hausse soit plus faible que celle constatée au Québec.
Les Québécois auraient-ils déserté les restaurants pour cuisiner à la maison, le tout agrémenté d’une bonne bouteille? En tout cas, cela ne se reflète pas dans les ventes des restaurants, qui ont augmenté de 4% au Québec de mai 2008 à mai 2009.
Alors quoi? L’hypothèse la plus vraisemblable expliquant les bons résultats de la SAQ, c’est que la crise économique a épargné la grande majorité des Québécois. Il est vrai que depuis le début de l’année, 62 000 Québécois ont perdu leur emploi. Le taux de chômage se situe maintenant à 9%. Pour les gens touchés, il s’agit d’une catastrophe. Mais, historiquement, un tel niveau de chômage n’a rien d’exception nel ; en 1992 et 1993, 13% des travailleurs québécois étaient en chômage.
De façon générale, la sit uation financière des Québécois s’est moins dégradée que celle des autres Canadiens. Les prix des maisons se sont maintenus et, grâce à la baisse des taux d’intérêt, les propriétaires d’ici consacrent une part moindre de leur budget à leur hypothèque. Au cours de la dernière année, les ventes au détail ont à peine glissé au Québec (-1,4% contre -4,5% en Ontario et -8% en Alberta et en Colombie-Britannique).

En somme, le Québec semble avoir évité le pire de la crise. Toutefois, les Québécois auraient tort de... sabler le champagne. Le vieillissement de la population et le poids croissant de la dette publique risquent de nous faire connaître d’ici peu des années difficiles.


Un vent d’optimisme souffle sur l’immobilier  -  Philippe Mercure
C’est comme si la récession était déjà loin derrière. Le secteur immobilier est en feu au pays, si bien que les analystes ont dû dépoussiérer leurs boules de cristal et revoir complètement leurs prévisions.
Et on ne parle pas de petites révisions. Pas plus tard qu’en mai dernier, l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) prédisait que le nombre de reventes de maisons dégringolerait de 14,7% cette année. Rectification de tir majeure, hier: la baisse, finalement, ne devrait atteindre que 0,4%.
« Ce sont de grosses révisions, a admis hier Gregory Klump, économiste en chef à l’ACI. Le rebond a été vraiment spectaculaire, tant par sa rapidité que son amplitude. »
Ce qui a motivé les économistes à revoir leurs prévisions, ce sont les ventes vigoureuses du deuxième trimestre, qui ont poursuivi leur lancée au début du troisième. « La différence entre le marché de la revente actuel par rapport au début de l’année est comme le jour et la nuit », a dit M. Klump 
Ce rebond est particulièrement spectaculaire dans l’Ouest et en Ontario, où le marché a dégringolé rapidement… avant de remonter rapidement.
En Colombie-Britannique, les prévisions des analystes de l’ACI ont complètement changé de cap. Alors qu’on prévoyait une baisse de 18,7 % du nombre de transactions pour 2009, on prédit maintenant une hausse de 5,2 %. Même chose en Ontario, qui passe d’une prévision à la baisse de 12,7% à une prévision à la hausse de 0,5 %.
L’Alberta améliore aussi considérablement ses prévisions, passant d’une baisse majeure de 24,7% à une légère baisse de 2,5 %. Le Québec n’échappe pas à la tendance. L’ACI prévoit que le nombre de transactions baissera de 2% en 2009, alors qu’elle tablait sur un plongeon de 10,8% en mai.
« Nous aussi on a revu nos prévisions à la hausse, autant pour les transactions et les constructions neuves que pour les prix », dit d’ailleurs Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, qui étudie le marché québécois.
« Le marché s’est redressé beaucoup plus rapidement que prévu et on a été déjoué, comme la plupart des analystes », ajoute-t-elle.
Pour ce qui est des prix, le recul généralisé qui a balayé le Canada (mais épargné le Québec) semble ainsi terminé. L’ACI prévoit une hausse des prix de 1,5 % en 2009 à l’échelle nationale. Les prix se stabiliseront d’ici la fin de l’année et resteront stables en 2010.
Au Québec, le Mouvement Desjardins prévoit que « la baisse des prix qui était initialement anticipée n’aura pas lieu ». Les prix n’ont fait qu’une pause et on déjà commencé à remonter. La hausse s’élève déjà à 2,6 % entre janvier et juillet et Desjardins prévoit qu’elle atteindra 3 % pour l’ensemble de l’année. Desjardins croit qu’elle pourrait excéder 5% en 2010.
Une vigueur surprenante
Qu’est-ce qui fa it ainsi mentir les boules de cristal ? « Les taux d’intérêt ont diminué et les gens ont commencé à croire que le gros de la récession était derrière. Ça a propulsé la confiance des consommateurs et fait monter les ventes », analyse M. Klump, qui mentionne aussi que les i mportantes baisses de prix dans plusieurs régions du Canada ont incité bien des consommateurs à sauter sur les aubaines.
Hélène Bégin, de Desjardins, avoue quant à elle trouver étrange de voir le marché immobilier si vigoureux alors que les pertes d’emplois ne sont pas terminées ( 37 000 pertes au Québec pour le seul mois de juillet) et que le taux de chômage trône à 9%.
« Habituellement, quand il y a des pertes d’emplois importantes, la consommation et le marché immobilier continuent de battre de l’aile. On se disait que même si la confiance des consommateurs revenait, il faudrait que le secteur emploi soit bon pour qu’on voie un redressement dans l’immobilier. Dans ce cas-ci, ça s’est avéré nonnécessaire et c’est assez curieux. On dirait que le ressac a été vraiment occasionné par le côté psychologique de la crise. »

Le recul des bénéfices ralentit
OTTAWA— L e s bénéf i c e s d’exploitation des entreprises canadiennes ont diminué de 6,4 % au deuxième trimestre de 2009 par rapport au t rimestre précédent de l’an dernier, pour se chiffrer à 50,2 milliards de dollars.
Le recul est moindre que ceux enregistrés au premier trimestre de 2009 et au quat rième t rimestre de 2008, qui étaient, respectivement de 14,1 % et de 19,2 %.
D’une année à l’autre, soit par r appor t au deuxième trimestre de 2008, les bénéf i c e s d ’ e x ploi t a t i on des entreprises canadiennes se sont repliés de 32 %. I l s étaient de 73,7 milliards au deuxième t ri mestre de 2008.
Les bénéfices nets ont , pour leur part, augmenté de 51,7 % entre le premier trimestre et le deuxième trimestre de 2009. Mais, par rapport au deuxième trimest re de 2008, les bénéfices nets des entreprises affichent un recul de 18,3 %.
Les revenus d’exploitation des sociétés se sont, de leur côté, situés à 738,2 milliards au deuxième t ri mestre de l’exercice en cours, contre 743,7 milliards au premier trimestre et 802,3 milliards au deuxième t ri mestre de 2008. La baisse du premier au deuxième t ri mestre de 2009 est de 0,7 % et de 8,0 % d’une année à l’autre.

Le commerce s’active Cinquième hausse des ventes au détail en six mois
OTTAWA — Les ventes au détail au Canada ont augmenté de 1% en juin pour s’établir à 34,4 milliards de dollars, une hausse alimentée en grande partie par les achats d’essence et de pièces d’automobiles, a indiqué hier Statistique Canada.
Il s’agit du cinquième gain en six mois à ce chapitre, a souligné l’agence gouvernementale. Et la progression de 1% des ventes surpasse largement les attentes des économistes, qui tablaient sur une hausse de 0,2 % en moyenne, selon un sondage Bloomberg.
« La progression des ventes au détail apporte de nouvelles preuves que la récession au Canada s’est terminée en juin, a dit l’analyste Krishen Rangasamy, de Marchés mondiaux CIBC. Les gains ont été bien répartis, la progression de 1% en juin étant épaulée non seulement par les prix mais aussi par les volumes. »
Signe encourageant
« Je ne m’attendais pas à une telle vigueur (des ventes au détail), a renchéri Jonathan Basile, économiste au Crédit Suisse, à New York. Ce rapport (de Statistique Canada) est un signe encourageant qui renforce l’hypothèse de la Banque du Canada – et la nôtre – voulant que la reprise va se concrétiser au troisième trimestre. »
L’augmentation des prix de l’essence de mai à juin a entraîné une progression de 4,7 % des ventes dans les stations-service, principal facteur à l’origine de la hausse de 2,1 % enregistrée en juin dans le secteur de l’automobile.
Dans le reste du secteur de l’automobile, les ventes des concessionnaires de véhicules automobiles d’occasion, de plaisance et de pièces ont progressé de 2,2 %. Les ventes chez les concessionnaires d’automobiles neuves ont affiché une croissance de 0,4 % en juin.
Au total, les ventes ont augmenté dans six des huit secteurs du commerce de détail en juin, a indiqué Statistique Canada.
Les deux secteurs ayant affiché des baisses sont celui des magasins de marchandises diverses et celui des magasins de matériaux de construction et de produits extérieurs pour la maison. La diminution a été de 0,6 % dans les deux cas.
Les ventes au détail ont été en hausse dans neuf provinces en juin. Les taux d’augmentation les plus élevés ont été enregistrés dans les Prairies, soit au Manitoba (+2,8 %) et en Saskatchewan (+2,3 %).
Au Québec, l es ventes se sont accrues de 1, 8 %, ayant ainsi contribué le plus à la progression i nscrite à l ’échel le nationale. Cet t e hausse reflète en outre des ventes plus élevées dans les stations-service attribuables aux prix ainsi que de fortes ventes chez les concessionnaires de véhicules automobiles neufs.
En Ontario, les ventes au détail ont été essentiellement inchangées en juin.
Le Nouveau-Brunswick est la seule province où les ventes ont diminué en juin. Le recul y a été de 0,2 %.
L’économie va mieux...
Les données de juin pour l’ensemble du pays semblent démontrer que la récession s’est bel et bien terminée pendant le deuxième trimestre, comme l’avait prédit la Banque du Canada, a noté l’analyste Andrew Pyle, de la firme Scotia McLeod.
En juillet, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, avait proclamé la fin de la récession, tout en prévenant que l’économie en ressortirait diminuée et avec un potentiel de production amoindri.
... mais l’emploi bat de l’aile
Malgré tout, le marché de l’emploi tarde à aller mieux et d’autres pertes d’emplois sont attendues, ce qui pourrait freiner la croissance des ventes au détail.
Krishen Rangasamy explique que l’augmentation du volume des ventes en juin pourrait gonfler le PIB canadien pour la première fois en 11 mois. Il croit que le PIB s’est amélioré de 0,3 % en juin, mais les données officielles ne seront rendues publiques que lundi prochain.

La reprise s’amorce au Canada  -  Julian Beltrame
OTTAWA — Les preuves voulant que la récession soit terminée au Canada se multiplient, ce qui en fait l’une des plus courtes périodes de marasme économique – quoique aussi l’une des plus importantes – à avoir frappé le pays depuis la Seconde Guerre mondiale.
Statistique Canada a rapporté hier que l’indicateur avancé composite avait augmenté de 0,4 % en j uillet. L’augmentation enregistrée le mois dernier est la première depuis août 2008, juste avant que les perturbations des marchés financiers mondiaux ne se soient accentuées de façon prononcée.
De son côté, la Banque CIBC a annoncé que, en dépit d’une hausse du taux de chômage, les nouveaux chômeurs n’avaient en moyenne besoin que de 15 semaines pour trouver un nouvel emploi, soit seulement une semaine de plus qu’avant la récession.
Lors d’une récession comparable en 1991, i l fallait compter une moyenne de 20 semaines avant de retrouver du travail.
« I l y a actuellement un million de Canadiens (soit environ les deux tiers des sans emploi) qui ont été au chômage pendant moins de trois mois », a affirmé hier Benjamin Tal, économiste à la CIBC.
« Le taux de sortie du chômage (...) laisse croire que les nouveaux chômeurs sont plus susceptibles de se trouver un emploi ou de lancer leur propre entreprise lors des prochains mois qu’ils ne l’étaient pendant la majeure partie des années 90 », a-t-il ajouté.
La plupar t des experts avaient prédit que l’économie canadienne cesserait de chuter pendant le troisième trimestre, qui se termine le 30 septembre. D’autres, dont la Banque du Canada, prévoyaient même un retour à la croissance pendant cette période.
Au cours des deux derniers jours, autant le Fonds monétaire international (FMI) que l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont fait état d’un ralentissement de la détérioration rapide de l’économie mondiale, le FMI soulignant même une reprise de la croissance.
Bien que la majeure partie de la planète ait été en récession pendant plus longtemps que le Canada, un tel scénario voudrait dire que la période de marasme économique aura duré un total de trois trimestres au pays, soit une période relativement courte.
La Banque du Canada prévoit que la croissance économique atteindra en moyenne 3 % au pays, l’an prochain. Cette prévision est considérablement plus optimiste que celle de 2,3 % formulée par le secteur privé.
Dans l’ensemble, 6 des 10 composantes ont enregistré des hausses en juillet, soit le plus grand nombre depuis mai 2008.
L’indicateur avancé composite mensuel du Canada comprend les 10 éléments de l’activité cyclique de l’économie qui représentent les principales catégories de la dépense i ntérieure brute. I l t raduit donc les divers mécanismes qui peuvent engendrer l es c ycles des entreprises.
De plus, le taux annuel d’inflation au Canada a glissé à son plus bas niveau en 56 ans le mois dernier, alors que les prix à la consommation ont baissé de 0,9 % par rapport à juillet 2008.
La baisse a été principalement attribuable à un repli sur 12 mois des prix des produits énergétiques, particulièrement de l’essence, de l’ordre de 23,4 %.

Le revenu personnel disponible a augmenté de 4% au Québec
QUÉBEC — Le revenu personnel disponible par habitant au Québec s ’est accru de 4 % en 2008 pour s’établir à 25 494 $, selon les données publiées hier par l’ Institut de la statistique du Québec. En 2007, il avait connu une hausse de 4,9 %.
De toutes les régions administratives, c’est le Nord-duQuébec qui a enregistré, de loin, la plus forte augmentation en 2008. Dans cette région, le revenu disponible a plus que doublé, passant de 25 867 $ en 2007 à 53 527 $ en 2008. Cette situation s’explique par le versement spécial du gouvernement fédéral à l’Administration régionale crie pour le règlement des questions liées à la mise en oeuvre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.
La région de la Capitalenationale, avec une hausse de 4,2 %, a connu la deuxième hausse en importance, grâce en bonne partie à la vigueur du marché du travail.
Le Saguenay-Lac-SaintJean (+ 2,5 %), l’ Estrie (+ 2 , 6 %) e t l e Centre-duQuébec (+ 2,7 %) affichent des progressions plus lentes en raison du repli de l’emploi en 2008. L’augmentation du revenu disponible dans ces régions a été, respectivement, de 2,5 %, 2,6 % et 2,7 %.
Les régions de la GaspésieÎ l e s - de-l a - Madelei ne e t du Bas-Saint-Laurent ont continué de se situer au bas du classement avec un revenu d i s ponible pa r habit a nt de 21 022 $ et de 21 806 $ respectivement.
À l’inverse, le Nord-duQuébec, avec 53 527 $ , a présenté, pour la deuxième année consécutive, le revenu disponible le plus élevé de la province. Viennent ensuite l e s r égions de Mont r éa l (26 605 $), de la Montérégie ( 26 408 $), de la CapitaleNationale ( 26 363 $) et de Laval (26 048 $).
Le revenu personnel disponible c or r e s pond à la somme de tous les revenus reçus par les particuliers et les entreprises individuelles résidant dans un territoire donné, moins l es i mpôts di r e c t s des pa r t i c ul i er s , les cotisations aux régimes d’assurance sociale et autres transferts versés par les particuliers aux administrations publiques tels que les primes d’assurance médicaments et les permis.

Bulletin prévisionnel du Conference Board : LE CANADA FERA UN BOND AU CLASSEMENT  -  Hugo Fontaine
Pendant que la majorité des pays industrialisés ont peine à passer l’examen de la récession, le Canada pourrait devenir l ’ un des meilleurs élèves de la classe en 2010.
Selon le nouveau bulletin prévisionnel du Conference Board, qui attribue une note à 17 pays représentant la moitié du PIB mondial, le Canada passera du onzième au cinquième rang du classement de la performance économique.
En fait, le Canada est moins déstabilisé par la récession que la plupart des autres pays, qui voient leur note affaiblie. Le Canada en profite.
-0,4%
« Nous sommes entrés dans la récession dans une position plus forte que d’autres pays, et notre système financier est encore très stable », note Glen Hodgson, premier vice-président et économiste en chef du Conference Board.
Le groupe de recherche prévoit que le Canada, qui a obtenu un « faible B » en 2008, obtiendra en 2010 un « B élevé », à quelques poussières d’un A.
Les plans de relance économiques ont un grand rôle dans la note qu’ont reçue les pays. « Au Canada, les gouvernements ont bien répondu, a dit Glen Hodgson à La Presse Affaires. Cela donne un peu d’énergie à notre économie. »
Selon lui, cela permettra au Canada de revenir à la croissance économique dans la deuxième moitié de 2009. Le défi sera de rétablir l’équiliDécroissance prévue de l’emploi au Canada en 2010, bien mieux que la moyenne de -1,2%. Le taux de chômage canadien atteindra alors 9,8%. Cette année, le Conference Board prévoit une décroissance de l’emploi de 1,9%, contre une moyenne de -3,2% bre budgétaire une fois que la reprise sera complétée.
Croissance en 2010
Les notes et les classement du bulletin du Conference Board sont basés sur sept indicateurs économiques : le revenu par habitant, la croissance du PIB, la croissance de la productivité au travail, l’inflation, le taux de chômage, la croissance de l’emploi et les investissements étrangers entrants et sortants.
Le PIB canadien devrait diminuer de 2,6 % en 2009, une prévision beaucoup plus
0,7% enviable que la moyenne des autres pays à l’étude (-4,1 %). En 2010, le Canada retrouvera la croissance annuelle (0,7 %), avec un niveau tout juste audessus de la moyenne (0,6 %), estime le Conference Board.
La décroissance de l’emploi sera aussi moins brutale au Canada, particulièrement en 2010 (-0,4 % contre -1,2 %).
Sur le plan de la productivité du travail, par contre, le Canada n’a pas de quoi pavaner : il devrait glisser du 12e au 14e rang. « C’est le facteur qui me trouble le plus », souligne M. Hodgson. Croissance anticipée du PIB canadien en 2010, légèrement mieux que la moyenne de 0,6%. En 2009, le Canada devra se contenter d’un recul de 2,6% malgré la fin anticipée de la récession, mais c’est tout de même largement mieux que la moyenne de -4,1%.
Bon an, mal an, le Canada est à la traîne dans ce domaine, note l’économiste. « Il nous manque un plan collectif de la productivité. »
Cette question de la productivité est cruciale, selon M. Hodgson. Elle sera déterminante quand la récession sera chose du passé et que les autres grandes économies du monde auront repris leur croissance. Le cinquième rang du Canada, toujours à l’état de prévision, pourrait aussi être très éphémère.
« Je suis i nquiet que le Canada glisse de nouveau vers la huitième ou la dixième place », dit M. Hodgson.
Bond des États-Unis
Outre le Canada, les ÉtatsUnis (du huitième au troisième rang) et la Belgique (du douzième au quatrième) enregistrent aussi des progressions remarquables au classement.
« J’étais un peu surpris de voir le bond des États-Unis, de voir une reprise aussi forte que ça, admet Glen Hodgson. Mais toutes les choses négatives dans le marché du travail vont se passer cette année et le retour à la croissance de l’emploi aura lieu en 2010. Et ça, c’est le facteur le plus important. »
Quant à la Belgique, sa progression s’explique par sa capacité à conserver un flot élevé d’investissements étrangers, alors que d’autres pays font face à des réductions massives de ces investissements sur leur territoire.
C’est la première fois que le Conference Board publie le bulletin du Canada sur une base prévisionnelle. Le bulletin se fonde sur des prévisions des Perspectives économiques de l’OCDE de juin 2009 et, pour l’investissement étranger, sur des données de l’ Economist Intelligence Unit. Les Américains ont au moins de quoi se réjouir. Ils devraient être les seuls à enregistrer une croissance de l’emploi en 2010, si minime soit-elle. Leur PIB gagnera 0,9% la même année. Pour 2009, les Américains souffriront encore un peu. L’emploi régressera de 3,2%.




L’EXCEPTION QUÉBÉCOISE  -  Maxime Bergeron
Le Québec a fait figure d’exception le mois dernier en enregistrant une hausse de ses mises en chantier, alors qu’elles ont diminué partout ailleurs au pays.
Le nombre « réel » de mises en chantier a reculé de 8% au Québec par rapport à juillet 2008, pour atteindre 3080 le mois dernier. La donnée désaisonnalisée et annualisée — en hausse de 16,6 % — est toutefois celle qui revêt le plus d’importance dans l’analyse du marché par les économistes.
Selon les données publiées hier par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le nombre de mise en chantier a baissé de 4,1 % dans l’ensemble du Canada en juillet, et augmenté de 16,6 % au Québec.
Ce recul porte à 132 100 le nombre « désaisonnalisé annualisé » de mises en chantiers en juillet au Canada, lequel atteignait 137 800 en juin. Il s’agit de chiffres mensuels corrigés des variations saisonnières, et multipliés par 12, afin de refléter le rythme d’activité sur un an.
La SCHL continue toutefois à viser 141 900 mises en chantier cette année... ce qui signifie que le rythme de construction devra augmenter au cours des prochains mois pour atteindre cette cible. « On prévoit que la deuxième moitié de 2009 va être plus forte que la première », a dit Bob Dugan, économiste en chef au Centre d’analyse de marché de la SCHL, à La Presse Affaires.
M. Dugan attribue la baisse de j uillet au segment des logements collectifs, « dont les volumes tendent à varier beaucoup ». Québec
Au Québec, l a c adence élevée des grues et des marteaux-piqueurs a fait passer le niveau désaisonnalisé de construction de 32 600 en juin à 38 000 en juillet, dans les centres urbains de 10 000 habitants et plus.
« Il s’agit du niveau le plus élevé au pays, une performance remarquable qui témoigne à quel point la province est relativement épargnée par les récentes difficultés du marché immobilier », a commenté Benoît Durocher, économiste principal chez Desjardins.
Le nombre « réel » de mises en chantier a reculé de 8% dans la province par rapport à juillet 2008, pour atteindre 3080 le mois dernier. La donnée désaisonnalisée et annualisée — en hausse de 16,6% — est toutefois celle qui revêt le plus d’importance dans l’analyse du marché par les économistes.
À Montréal, quelque 1424 fondations ont été coulées le mois dernier, comparativement à 1737 en juillet 2008. Il s’est construit 40% moins de logements locatifs, 13% moins de copropriétés et 19% moins de maisons individuelles. Le secteur des maisons jumelées et en rangée a quant à lui bien tiré son épingle du jeu.
« Quoique toujours en baisse par rapport à l’an dernier, le recul enregistré en juillet n’assombrit pas le portrait actuel des mises en chantier dans la RMR de Montréal, a déclaré Stéphane Duguay, analyste de marché à la SCHL. Dans un contexte marqué par des conditions de financement favorables, conjugué à un repli relativement contenu de l’emploi, la demande d’habitations neuves demeure présente. » Embellie en vue
Malgré leur déception par rapport aux mises en chantier de juillet, plusieurs économistes continuent d’entrevoir une embellie du marché de l’habitation neuve au cours des prochains mois.
Pour Robert Kavcic, de BMO Marché des Capitaux, le recul de juillet est probablement « un obstacle temporaire sur la voie de la guérison, surtout quand on considère la hausse des permis de bâtir et des reventes de maisons ».
Mi l l a n Mul r a i ne, é c o - nomiste à la Banque T D, note pour sa part que la faiblesse des taux hypothécaires, combinée aux incitatifs gouvernementaux et à des prix relativement abordables, devrait aider à relancer le marché de la construction.
Dans l’ensemble du pays, le nombre annualisé désaisonnalisé de mises en chantier a reculé de 17 % dans l es P r a i r i es , de 15 % en Ontario, de 10% en ColombieBritannique et de 1,4 % dans la région atlantique.
Même si les mises en chantier atteignent les 141 900 prévues par la SCHL cette année, elles demeureront très en deçà du sommet de 233 400 enregistré en 2004. L’an dernier, 211 056 unités sont sorties de terre au Canada.


LA REVENTE SUR UNE LANCÉE  -  Maxime Bergeron
« Aussitôt inscrit, aussitôt vendu. Je n’ai jamais été occupée comme ça de toute ma carrière ! »
Claude Vezina, agente i mmobilière depuis 28 ans, fait des affaires d’or ces jours-ci dans les quartiers centraux et périphériques de la métropole. « Et tous les collègues à qui je parle vivent la même chose », dit-elle à La Presse Affaires entre deux rendez-vous.
Les données publiées hier par la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM) donnent raison à l’agente de la firme Sutton. Le nombre de transactions a bondi de 19 % dans la métropole le mois dernier par rapport à juillet 2008, et les prix ont progressé dans presque toutes les catégories d’habitation. Les maisons unifamiliales, par exemple, se vendent 7 % plus cher qu’il y a un an, à 246 000$.
Cette hausse des ventes – la troisième en autant de mois – vient effacer toutes les craintes d’assister à une chute des prix à Montréal, selon Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

« Au cours des mois passés, on voyait vraiment que le marché était en train de virer de bord, mais c’est maintenant clair qu’il a repris le chemin de la croissance », a-t-elle souligné.

Électrochoc d’Ottawa
Selon plusieurs sources, c’est en avril que le marché immobilier a repris vie dans la région montréalaise, après un début d’année difficile. La Banque du Canada a alors confirmé qu’elle maintiendrait son taux directeur à 0,25% – un plancher historique – jusqu’au milieu de 2010. Un électrochoc.
Le téléphone s’est remis à sonner frénétiquement dans les bureaux de Georges Bardagi, de Remax du Cartier, peu après l’annonce. Le nombre d’appels a bondi de 40% en un mois, affirme-t-il. « Ça commence par ça un marché immobilier : ça prend quelqu’un qui téléphone pour demander une visite ou des informations. Ça ne ment pas. »
Outre la faiblesse des taux hypothécaires, la CIGM explique le rebond de juillet par la reprise économique qui s’amorce et par la hausse de la confiance des consommateurs.
« Il y avait aussi des gens qui s’attendaient à ce que les prix baissent en début d’année, mais ça n’est jamais arrivé, a fait valoir en entrevue Michel Beauséjour, chef de la direction de la CIGM. Tôt ou tard, il faut faire la transaction. »
Nathalie Clément, directrice de La Capitale du Mont-Royal, avance une autre cause possible de l’explosion des ventes en juillet : la météo. Selon elle, le temps frais et pluvieux a pu contribuer à sortir les acheteurs potentiels de « l’oisiveté » caractéristique de la saison chaude. Le nombre de transactions réalisées par ses agents dans le Plateau Mont-Royal a bondi de 25% par rapport à l’an dernier.
Le prix médian des copropriétés est demeuré stable en juillet dans la région métropolitaine, à 204 197$, tandis que celui des « plex » (deux à cinq logements) a grimpé de 3%, à 349 500$.
Dans l’île de Montréal, le prix médian des unifamiliales a progressé de 2% (325 000$) tout comme celui des copropriétés (239 000$). Seuls les « plex » ont vu leur valeur reculer légèrement de 1%, à 350 000$.
De toutes les régions de la métropole, Laval a enregistré la plus forte hausse du nombre de transactions (+24%), suivi de l’île de Montréal et de la RiveNord (+19%). La Rive-Sud et Vaudreuil-Soulanges ont toutes deux enregistré des augmentations de ventes de 16%.
Ce réveil massif des acheteurs s’est produit dans tous les grands centres du pays le mois dernier. Les transactions ont grimpé de 28% à Toronto, de 22% à Calgary et de 89% à Vancouver ! Les prix médians ont quelque peu baissé dans l’Ouest – de 4,5 % à Calgary et de 5% à Vancouver – et ont progressé de 6% à Toronto.
Dans l’ensemble du Canada, le prix moyen des propriétés existantes est repassé au-dessus de la barre des 300 000$ pendant le deuxième trimestre, pour atteindre 305 000$. C’est environ 4000$ de moins que le sommet du deuxième trimestre de 2008, mais beaucoup plus que le creux de 285 000$ atteint pendant les trois premiers mois de 2008.
« On a pratiquement regagné tout le terrain perdu », a commenté l ’économiste Hélène Bégin.



LES CANADIENS PROTÈGENT
LEUR BAS DE LAINE  -  Philippe Mercure
RÉCESSION

Un sondage d’ ING Direct montre que seulement 23% des Canadiens ont diminué leur épargne au cours des six derniers mois. « Les Canadiens ont toujours été de bons épargnants et ils le prouvent encore ici », constate Peter Aceto, président et chef de la direction d’ING Direct Canada.
« Les Canadiens gardent le cap sur la prudence. Ils sont constants, beaucoup plus que nos cousins américains, dont le comportement est beaucoup plus changeant avec le temps. »
Récession oblige, les consommateurs de la planète modifient leur comportement : les Américains ont mis un frein à leurs dépenses ; les Canadiens, quant à eux, ont légèrement modifié leurs habitudes de consommation, tout en consolidant leurs épargnes, révèle un sondage. Une bonne nouvelle pour l’économie canadienne.
C’est en temps de crise qu’on sépare les hommes des enfants, diton, et les Canadiens semblent garder la tête froide en période de récession. Non seulement ils résistent à la tentation de piger dans leur bas de laine pour traverser la tempête, mais ils font même preuve d’un optimisme qui dépasse celui des Américains, des Australiens et de bien des Européens.
Un sondage d’ I NG Direct mené dans neuf pays montre que les Canadiens sont parmi ceux qui réagissent le mieux à la crise quand on examine leurs habitudes d’épargne. Seulement 23 % d’entre eux ont diminué leur épargne au cours des six derniers mois, soit moins que les Américains (28 %), les Français (40 %) ou les Italiens (42 %). En fait, parmi les neufs pays où ING Direct fait des affaires, seuls les Autrichiens sont moins nombreux à avoir réduit leur épargne (22 %).
« Les Canadiens ont toujours été de bons épargnants et ils le prouvent encore ici », constate Peter Aceto, président et chef de la direction d’ING Direct Canada. M. Aceto note que si l’épargne des Canadiens a diminué au cours des dernières années, il semble revenir à ses niveaux historiques depuis 12 ou 18 mois.
« Les Canadiens gardent le cap sur la prudence, dit-il. Ils sont constants, beaucoup plus que nos cousins américains, dont le comportement est beaucoup plus changeant avec le temps. »
Mais prudence ne veut pas dire pessimisme, et M. Aceto ne croit pas que les Canadiens mettent de l’argent de côté parce qu’ils sont inquiets pour l’avenir. « Malgré la récession mondiale, les Canadiens sont demeurés plus optimistes au sujet de leurs finances que les habitants des autres pays », soutient-il.
Pour mesurer l’optimisme des différents peuples, I NG Direct a mitraillé les citoyens de questions pour voir comment ils réagissent au ralentissement.
Comme tout le monde, les Canadiens ne demeurent pas inactifs ; 80 % d’entre eux ont modi f ié leurs habitudes. I l s r éduisent l es dépenses non nécessaires et se privent de petits luxes (56 % d’entre eux), essaient d’économiser l’énergie (50 %) et passent plus de temps à la maison (50 %). En ce sens, ils ne sont pas très différents des Américains, des Australiens et des Européens.
Mais s’ils réduisent les petites dépenses, les Canadiens ont moins tendance à reporter les dépenses plus importantes comme l’achat d’un véhicule, la rénovation de leur maison ou l’achat d’une nouvelle propriété. Et ça, aux yeux d’ING Direct, est un signe d’optimisme.
Ainsi, 22 % des Canadiens ont remis à plus tard leur rêve de s’acheter une nouvelle voiture, l’une des proportions les plus faibles de tous les pays é t udiés . Même phénomène quand on regarde du côté des rénovations et de l’achat d’une nouvelle maison.
Selon M. Aceto, l’optimisme des Canadiens se révèle aussi lorsqu’on examine leurs attentes face à la retraite. Seulement 29 % des Canadiens croient que le ralentissement économique les obligera à retarder l’âge de leur retraite – une proportion beaucoup plus faible qu’aux ÉtatsUnis, où pas moins de 40% des répondants croient qu’ils devront travailler plus longtemps à cause de la récession actuelle.
La proportion atteint 41 % en Australie et 43 % en Allemagne. En fait, seuls les Espagnols et les Britanniques sont plus optimistes que les Canadiens à ce chapitre.
Cet optimisme a cependant une contrepartie. Si relativement peu de Canadiens sont inquiets pour leur retraite, ceux qui le sont le sont réellement. Quand on demande à ceux-là combien d’années supplémentaires ils prévoient devoir travailler à cause de la récession, le tiers d’entre eux répondent 10 ans ou plus, une proportion beaucoup plus élevée que partout ailleurs, sauf aux États-Unis.
« Dix a ns, c ’est beaucoup, s’étonne M. Aceto. C’est une surprise – une terrible nouvelle, en fait, qui est effectivement décevante. Mais je vous parie que si on refaisait le sondage dans un an ou deux, les résultats seraient bien différents. »






LA RÉCESSION MONDIALE, UN PLUS POUR MONTRÉAL  -  Hugo Fontaine
À quelque chose malheur est bon. La récession qui afflige la planète vient renforcer l’attrait qu’exerce Montréal auprès des entreprises et des investisseurs étrangers.
Pour André Gamache, président-directeur général de Montréal International, deux indicateurs significatifs font la grande force de Montréal : les faibles coûts d’exploitation d’une entreprise, de même que la compétence de la main-d’oeuvre.
Les faibles coûts d’exploitation d’une entreprise à Montréal sont un des principaux arguments de vente de l’organisme de promotion Montréal international ( MI). Ils prennent une importance encore plus grande en période de récession.
« Le moment est opportun, a confirmé le président-directeur général André Gamache au cours d’un entretien avec La Presse Affaires. On est encore plus attrayant. Le rapport qualité-coût dans le choix d’une ville d’établissement devient encore plus important pour les entreprises. »
« Pendant cette r écession, le Canada, le Québec et Montréal s’en sortent mieux qu’ailleurs », ajoute M. Gamache. La diversité industrielle de Montréal et la solidité du système bancaire canadien expliquent en partie cette situation.
Signe que les entreprises ont des préoccupations nouvelles qui pourraient favoriser la métropole québécoise, un indicateur de la stabilité des banques – qui place le Canada au premier rang mondial – a fait son apparition dans le numéro 2009-2010 des Indicateurs d’attractivité, principal « document de vente » de Montréal international auprès des investisseurs étrangers.
Ces « indicateurs d’attractivité » permettent de comparer (avantageusement, il va sans dire) les attributs de Montréal par rapport aux autres villes du Canada et des États-Unis. On y apprend par exemple que le nombre d’étudiants universitaires par habitant est le plus élevé des grandes agglomérations nord-américaines, ou que les avantages fiscaux y sont les plus intéressants.
André Gamache insiste sur deux indicateurs qui, à ses yeux, font la plus grande force de Montréal: les faibles coûts d’exploitation d’une entreprise et la compétence de la main-d’oeuvre.
Mais la récession a beau représenter une occasion, elle n’a pas que de bons côtés. « Pour l’instant, il y a plus de projets en attente qu’en réalisation, note-t-il. Plusieurs entreprises ont le pied sur le frein, elles révisent leurs plans d’affaires et sont plus prudentes. »
Et la récession n’efface pas non plus ce qui joue contre Montréal. Sauf que M. Gamache a des réponses aux objections. Le climat est difficile, « mais la ville est opérationnelle malgré les tempêtes hivernales ». Les centres financiers se déplacent vers Toronto, « mais les outils financiers sont quand même à Montréal, nous avons ce qu’il faut ».
La c roissa nce économique n’est pas énorme au Québec, surtout en raison de la faible croissance démographique, mais « on mise sur l’innovation pour contrer cela et on résiste avec la diversité économique ».
Un front commun canadien
Si M. Gamache est convaincu et convaincant quand il présente les avantages de Montréal, il sait que rien n’est immuable. « On n’est pas les seuls, les autres font des efforts », dit-il.
Il note les milliards de dollars que Barack Obama a consacré à la recherche et au développement, qui laissent présager une concurrence féroce dans l’avenir.
C’est justement pour faire face à la concurrence mondiale que Montréal i nternational et ses homologues de 10 autres grandes villes canadiennes ont choisi de faire front commun (un front officieusement nommé le C-11).
« On a décidé de commencer à travailler ensemble pour un meilleur climat d’affaires, se réjouit André Gamache. Avant, c ’ ét a i t c hacun de son côté. Aujourd’hui, on partage nos trucs et nos préoccupations. Et si 1 $ s’investit à Toronto, on est content car on en tire quand même des bénéfices. »
Reste que la collaboration n’a pas effacé totalement les rivalités interurbaines. André Gamache, qui a évoqué une nouvelle stratégie pour attirer des investissements à Montréal, n’a pas voulu en dire plus, « parce que les gens de Toronto lisent aussi La Presse », a-t-il précisé en souriant.
Rapport du vérificateur
En mai, le vérificateur général a déploré dans un rapport le chevauchement et le manque de coordination des différents organismes de prospection des investissements étrangers.
Le vérificateur Renaud Lachance notait entre autres choses qu’il « n’existe aucun mécanisme officiel de collaboration entre Investissement Québec et Montréal international concernant les activités de prospection à l’étranger, alors que certains territoires sont couverts par les deux entités ».
André Gamache n’en fait pas de cas. « Aucune note ne nous critique directement, répond-il. Et le volet coordination, c’est notre force. Sur le terrain, il n’y a pas de problème », assure-t-il.
« Il n’y a peut-être pas de mécanisme officiel, dit le directeur des communications de Montréal international, Louis Arseneault. Mais dans la réalité, ça marche. »






Les Canadiens retrouvent le chemin des magasins  -  Rudy LeCours
Si on exclut le secteur automobile, les consommateurs ont dépensé 0,7% de plus en mai qu’en avril.
Signe que la récession battait de l’aile au printemps, les Canadiens avaient repris goût au magasinage. Ils ont fréquenté en mai la plupart des magasins, mais en particulier les concessionnaires d’automobiles et les centres de rénovation.
La valeur des ventes des détaillants a bondi de 1,2% d’avril à mai, d’un océan à l’autre, a indiqué hier Statistique Canada, soit au moins deux fois plus que ce à quoi s’attendaient les experts. Au Québec, elle a aussi progressé de 1,2%. L’agence fédérale atténue aussi le repli d’avril qui passe de 0,8% à 0,6%.
La hausse a été généralisée. Six des sept grandes catégories de commerces ont amélioré leurs chiffres d’affaires au cours du mois dans neuf provinces sur 10. Les deux exceptions sont les magasins de vêtements, dont les ventes ont stagné, et l’Île-du-Prince-Édouard, la minuscule province atlantique.
Si on exclut l’effet des prix, le volume des ventes progresse de 0,7%.
Le chiffre d’affaires des concessionnaires de véhicules neufs a bondi de 2,4% au cours du mois, mais il reste de 16,5% plus faible que son niveau de mai 2008.
Si on exclut le secteur automobile, les consommateurs ont dépensé 0,7% de plus en mai qu’en avril. Les ventes accusent néanmoins un repli annuel de 3,3% par rapport à celles des 12 mois précédents. Les ventes annuelles des magasins d’alimentation, de boissons, de produits de soins personnels et des pharmacies sont en hausse par rapport à celles de l’année précédente.
Le repli annuel de 4,9 % toutes catégories confondues est concentré dans les produits de consommation discrétionnaire, à commencer par les véhicules. Le recul annuel des ventes des détaillants canadiens est deux fois moins élevé que celui enregistré aux États-Unis pour la même période.
Le repli annuel de 4,9% des ventes de détaillants toutes catégories confondues est concentré dans les produits de consommation discrétionnaire, à commencer par les véhicules.
Cela montre que les ménages canadiens sont moins endettés, que les banques canadiennes font crédit plus facilement et que les consommateurs canadiens sont désireux de profiter des aubaines des marchands et des crédits fiscaux à la rénovation. « Il faut la volonté des emprunteurs d’emprunter et celle des prêteurs de prêter pour transformer des aubaines en moteurs des dépenses de consommation et de la reprise économique, résume Michael Gregory, économiste principal à BMO Marchés des capitaux. Voilà pourquoi le Canada devance les États-Unis. »
En combinant les résultats d’avril et de mai, les volumes de ventes des détaillants sont jusqu’ici en hausse de 1,2 % en rythme annualisé par rapport à ceux du premier trimestre.
Les résultats de mai représentent la quatrième hausse des ventes en cinq mois cette année, note Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale. « Comme l ’augmentation est généralisée entre les secteurs et les provinces, nous voyons en cela un indice que la reprise est en cours au Canada. »
Cela dit, il faut se rappeler que les ventes ont plongé de 8,4 % au cours du dernier trimestre de 2008. Elles ont depuis récupéré un peu plus du tiers seulement. « Il y a reprise, mais la remontée jusqu’au volume des ventes d’avant la récession sera sans doute assez lente » , prévient Pascal Gauthier, économiste chez Banque TD Groupe financier.
Si l a demande i ntér i eure était en voie de se redresser au deuxième trimestre, le secteur extérieur aura sans doute plombé la croissance. En mai, le Canada a enregistré un déficit commercial record. Il ne pourra s’estomper qu’avec la relance de l’économie des États-Unis et l’appétit renouvelé de ses consommateurs.
La récession n’était pas terminée au printemps. Ses effets se feront sentir encore pendant plusieurs mois sur le marché du travail, où d’autres pertes d’emplois sont à craindre, et sur le nombre de faillites personnelles et commerciales.

« J’ATTENDAIS LES SOLDES »
VENTES AU DÉTAIL
« La région de Québec a tendance à être moins touchée » en raison de la forte concentration d’employés de l’État.
Hier matin, rue Sainte-Catherine. Dominique Dumontier se balade avec ses emplettes sous le bras : deux paires de chaussures et un bermuda.
Quand on lui parle de la reprise des ventes au détail, elle lance sans hésiter : « J’en suis la preuve vivante ! »
« J’attendais les soldes », poursuit cette retraitée, qui avait pris une pause dans les achats au printemps, quand la valeur de son REER a fondu. Mais le REER a pris du mieux et elle a repris ses habitudes, confie-t-elle en face du Complexe Les Ailes.
Quelques pas à l’est, Mann Hour sort de chez Future Shop les mains vides. Il veut acheter un ordinateur portable de 1100 $, soldé à 800 $. « C’est une bonne affaire », explique-til. Malheureusement pour lui, il devra le chercher dans un autre magasin.
Les soeurs Ricard s’apprêtent à entrer à La Baie quand on les aborde. Résidante de Québec, Francine n’a pas vu passer le ralentissement économique. « Nous autres, on n’a pas arrêté (de magasiner) », confie la représentante publicitaire.
« La région de Québec a tendance à être moins touchée » en raison de la forte concentration d’employés de l’État, confirme Gaston Lafleur, du Conseil québéc o i s du c o mmerce de détail.
« Moi , mon salaire n’est pas fonction de l’économie, explique aussi Frédér i c Laurin, professeur d’économie à l ’ Université du Québec à TroisRivières, croisé lui aussi en train de faire ses emplettes. Donc, je dépense quand j’en ai besoin. »
« Je pense qu’on est plus fatigués. On a dû travailler plus fort pour obtenir les mêmes ventes », explique le directeur du marketing et de la publicité chez Piscines Trévi, Alain Gravel.
  Ses sacs contenaient des articles importés : des souliers italiens et un pantalon fabriqué en Ukraine. « L’argent économisé, je vais le dépenser dans un restaurant ici. Donc, ça crée de l’emploi au Québec », précise le spécialiste du développement régional.
Dans la bijouterie Birks – au plafond magnifiquement orné – les clients se font rares. Il faut revenir à l’heure du midi, nous i ndique une employée. C’est à ce moment qu’ils sont plus nombreux.
D’avril à juin, les ventes de Birks au Canada ont baissé de 13% dans les magasins ouverts depuis au moins un an. Mais la porte-parole du groupe, Anny Kazanjian, se fait rassurante : « Au Canada, on fait mieux que prévu. On a vu un mouvement positif dernièrement. »
Ailleurs, la récession a eu des effets inattendus chez certains détaillants, qui ont dû faire preuve d’imagination ces derniers mois. « Je pense qu’on est plus fatigués. On a dû travailler plus fort pour obtenir les mêmes ventes », explique le directeur du marketing et de la publicité de Piscines Trévi, Alain Gravel.
Un exemple : en février, une piscine a été vendue assortie d’une condition, soit que les acheteurs aient conservé leur emploi en avril. « Finalement, ils n’ont pas perdu leurs jobs et on a vendu la piscine », souligne M. Gravel.
Chez Chomedey Hyundai, le propriétaire André Leclair, qui définit sa marque comme « le Walmart de l’automobile », a aussi vu apparaître une nouvelle clientèle en raison de la récession. Des clients plutôt âgés qui sont entrés avec une Lexus en fin de bail et sont ressortis avec une Hyundai, beaucoup moins chère. « Il y en a beaucoup qui ont pris une débarque (financière) cette année », indique M. Leclair.
Et le facteur météo dans les ventes actuelles ? Chez le détaillant de meubles Philippe Dagenais, on y voit un effet positif. « Quand i l ne f a i t pas beau, l es conseillers me disent que les gens sont plus portés à acheter », dit l’adjointe au marketing, Andrée-Anne Méthot. À preuve, les ventes en juillet sont en hausse...
Mais les affaires ne sont pas nécessairement aussi bonnes dans les magasins de vêtements, un secteur « influencé grandement par les conditions climatiques », rappelle M. Lafleur, du Conseil du commerce de détail.
Et ce n’est pas cette fin de semaine, qui s’annonce encore pluvieuse, qui permettra de réparer les dégâts.






Immobilier au Canada : Le marché de la revente rebondit
— Le marché de la revente au Canada a rebondi de façon marquée au cours du deuxième trimestre, dépassant même les niveaux de la période c or r e s pondante de l ’ a n née dernière, selon les données publiées hier par l’Association canadienne de l’immeuble.
Sur une base ajustée pour éliminer l’effet des saisons, le nombre de ventes de résidences s’est élevé à 114 173 au deuxième trimestre de l’année en cours. Il s’agit d’une augmentation record de 31,5% par rapport au trimestre précédent.
Selon les données de l’organisme, en chiffres réels, c’està-dire non ajustés, le nombre de ventes de résidences dans le réseau multi-agences MLS a été de 147 351 unités au cours de la période de trois mois terminée à la fin juin. Il s’agit du quatrième plus solide résultat trimestriel enregistré j usqu’à maintenant.
L e nombre de ventes du deuxième t r i mestre de 2009 est de 1,4 % supérieur à celui du trimestre correspondant de 2008. Il s’agit de la première augment a t i on t r i mest r i el l e d’une année à l’autre depuis le quatrième trimestre de 2007.
Sur une base ajustée pour éliminer l’effet des saisons, le nombre de ventes s’est élevé à 114 173 au deuxième trimestre de l’année en cours. Il s’agit d’une augmentation record de 31,5 % par rapport au trimestre précédent.
La revente au deuxième trimestre a été à la hausse, sur une base désaisonnalisée, par rapport au premier trimestre, dans environ 85 % des marchés locaux au Canada. À Toronto, la croissance a été de 45%, à Vancouver, de 77 %, à Montréal, de 33 %, à Calgary, de 66 %, à Edmonton, de 39 %. Ces cinq marchés ont été ceux qui ont le plus contribué à la performance enregistrée au cours du deuxième trimestre.
Le prix moyen des résidences vendues au cours du deuxième trimestre a, par ailleurs, atteint 318 696 $, soit son plus haut niveau jamais observé.
Pour le mois de juin, dernier mois du deuxième t rimestre, pour lequel les chiffres ont également été dévoilés hier, le nombre de résidences vendues a été de 41 304 sur une base désaisonnalisée, en hausse de 8,7 % par rapport au mois de mai. En chiffres réels, le nombre de ventes en juin a été de 54 616, en hausse de 17,9 % par rapport à juin 2008.
Le prix moyen d’une résidence moyenne vendue en juin a été de 326 613 $, en hausse de 3,6 % par rapport à juin 2008.



Regain d’optimisme chez Canada inc.  -  Martin Vallières
Le pire de la récession est-il passé? Oui, selon le plus récent coup de sonde de la Banque du Canada parmi les dirigeants d’entreprise, devenus nettement plus optimistes.
Toutefois, la reprise devra attendre encore quelques mois, avertit pour sa part le Conference Board du Canada dans ses nouvelles perspectives économiques, aussi publiées hier. Chose certaine, il faudra encore quelques mois pour décider d’un pronostic gagnant.
« Cette reprise économique n’aura rien de spectaculaire. Il y aura des difficultés persistantes pour les entreprises même lorsque le PIB (produit intérieur brut) canadien reviendra en zone positive », a résumé Meny Grauman, économiste principal à la Banque CIBC, à Toronto.
Mais dans l’immédiat, parmi les négociants en dollars canadiens, c’est le net regain d’optimisme parmi les dirigeants d’entreprise qui retient le plus d’attention.
À preuve, le dollar canadien a connu hier sa meilleure séance après quelques semaines de faiblesse induite par le repli des prix des matières premières et du pétrole.
Le dollar canadien a rebondi de 1% face à son voisin américain pour terminer la séance à 86,82 cents US. C’est aussi presque un cent et demi de plus que le récent creux de 85,28 cents US, atteint mercredi dernier.
Bref, le net regain d’optimisme parmi les dirigeants d’entreprises canadiennes apparaît crédible sur les marchés financiers.
D’autant plus que les résultats divulgués hier par la Banque du Canada sont venus appuyer ceux publiés depuis deux semaines par d’importants regroupements d’entreprises.
Selon l’enquête de la Banque, réalisée au début de juin parmi une centaine de dirigeants d’entreprise, leur optimisme envers une hausse de leurs ventes et contrats d’ici 12 mois serait même à son plus haut en une décennie. Voir page 4
Au moins 61% des répondants anticipent un chiffre d’affaires accru d’ici un an, alors que 23% anticipent le contraire.
Or, cet écart de presque 40 points de pourcentage est le plus élevé depuis le début de 1999 pour cette enquête trimestrielle de la Banque du Canada.
En contrepartie, l’enquête de la Banque indique que le marché du crédit demeure difficile pour les entreprises, en dépit d’une certaine détente depuis l a grave c r i se f i nancière de l’automne 2008.
« Ces difficultés d’accès au c rédit pour l es entreprises, même moins importantes que précédemment, risquent encore de retarder la reprise économique », a commenté Jayson Myers, président des Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC), l’un des plus importants regroupements d’entreprises au pays.
Néanmoins, a-t-il souligné, le regain d’optimisme observé par l’enquête de la Banque du Canada concorde avec les plus récents résultats de l’enquête mensuelle de MEC parmi ses membres.
On fait un constat semblable au chapitre québécois de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante ( FCEI), à la suite de son dernier sondage mensuel parmi ses milliers de PME membres.
« Les conséquences de la crise du crédit parmi les entreprises se résorbent peu à peu. Toutefois, le problème qui persiste est celui de la faiblesse de la demande provoquée par la récession. C’est pourquoi nos membres sont optimistes envers une relative stabilisation de leur situation d’affaires, mais encore très hésitants envers un retour de la croissance », a indiqué Simon Prévost, vice-président de la FCEI pour le Québec.
N ’ e mpêc h e , d u c ô t é d u Conference Board, les perspectives économiques publiées hier tendent assurément vers une reprise au cours des prochains mois.
Rien de bien excitant, toutefois. Car il faudra attendre le début de l’an prochain, en 2010, pour confirmer la fin de la récession.
Entre-temps, l’économie canadienne, même moins touchée que sa voisine américaine, continuera de subir les contrecoups de la récession presque mondiale.
Résultat, prévoit le Conference Board: un recul du PIB canadien d’au moins 1,9 % cette année. En 2010, toutefois, la croissance en fin d’année pourrait s’avérer à hauteur de 2,7 %.
« La récession actuelle est si généralisée que ses effets vont continuer à se faire sentir plus longtemps que lors d’un cycle conjoncturel t ypique » , selon Pedro Antunes, directeur des prévisions économiques au Conference Board.
En contexte, toutefois, ces prévisions du Conference Board s’avèrent parmi les plus optimistes publiées ces dernières semaines à propos de l’économie canadienne.
Par exemple, mercredi dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a dit s’attendre à un recul d’au moins 2,7 % du PIB canadien cette année. Et la reprise de croissance, l’an prochain, serait d’à peine 1,6 %.



EMPLOI  Le Québec résiste bien - Rudy LeCours

Les travailleurs québécois sont jusqu’ici beaucoup moins touchés par la récession que leurs collègues ontariens, encore loin d’être au bout de leurs peines.
De janvier à juin, l’économie a détruit 25 300 emplois au Québec, mais 178 600 dans la province voisine, selon les données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada publiées hier.
Le mois dernier, il s’est créé 1200 emplois en Ontario alors que 4600 ont disparu ici, mais ces chiffres sont pur mirage. Chez nous, 3000 nouveaux emplois à temps plein n’ont pu compenser la destruction de 7600 postes à temps partiel. En Ontario, le faible gain total masque la destruction de 56 200 jobs à temps plein portant l’hécatombe dans la meilleure catégorie d’emplois à 244 200 cette année.
Au final de mai à juin, le taux de chômage est passé de 8,7% à 8,8% au Québec, et de 9,4 à 9,6% en Ontario où l’on a aussi assisté à un soubresaut de la population à la recherche active d’un emploi. « Les pertes ontariennes sont sept fois plus nombreuses, constate Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Le secteur manufacturier est trois fois et demie plus éprouvé. »
Taux de chômage des 15-24 ans
L’Ontario fait face à un autre défi. Le taux de chômage chez les 15-24 ans a bondi de 17,1% à 19,1% en un mois. Au Québec il a plutôt diminué d’un point de pourcentage à 14,9%, allant ainsi à l’encontre de la tendance canadienne.
Cela signifie que, hors Québec, les étudiants ont du mal à trouver du travail cet été. Or, les droits de scolarité y sont beaucoup plus élevés. Les parents contraints d’aider leurs grands enfants devront diminuer leurs dépenses discrétionnaires, ce qui freinera la relance de l’activité économique dans ces provinces.
À l’échelle canadienne, le taux des demandeurs d’emploi a grimpé de deux dixièmes à 8,6%. En juin, il s’est perdu 7400 emplois, soit beaucoup moins que ce à quoi les experts s’attendaient, mais encore ici, il convient de gratter un peu. Ce résultat est le fruit de la disparition de 47 500 jobs à temps plein que n’a pas compensée la création 40 100 temps partiel. En outre, 37 200 personnes ont créé leur emploi car tant les secteurs public que privé ont réduit leurs effectifs.
Pour le deuxième trimestre, les pertes nettes canadiennes se limitent à quelque 13 000 emplois. Cela tranche avec les destructions de l’hiver et laisse croire que le marché est en voie de se stabiliser.
Le nombre d’heures ouvrées a augmenté pour le deuxième mois d’affilée en juin, ce qui accrédite la thèse d’une stabilisation. « Si les heures travaillées restent au même niveau en juillet, nous entamons le troisième trimestre avec un élan, le meilleur depuis le dernier trimestre de 2007 », pensent Yanick Desnoyers et Marco Lettieri, de la Financière Banque Nationale.
Quel contraste avec ce qui se passe aux États-Unis où la destruction d’emplois a été brutale le mois dernier et a fait grimper le taux de chômage à 9,5%!
C’est d’ailleurs la faiblesse de l’emploi aux États-Unis qui pèse le plus sur celui du Canada dont les exportations au sud continuent de fléchir. Cela pèse sur le secteur manufacturier. Encore 25 700 emplois en usine détruits le mois dernier, surtout concentrés au Québec. Cela porte le solde cette année à 187 800, dont la moitié en Ontario où sont concentrées les activités de GM et Chrysler, qui émergent d’une faillite.
La consolidation du marché du travail est assurée par la construction et par l’ensemble des services, hormis le commerce.
Stabilisation ne signifie pas encore regain toutefois, comme le remarque Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Le temps de chômage moyen a bondi de 11% en juin à 16,2 semaines. « On peut se consoler en se rappelant qu’il était beaucoup plus élevé durant les récessions précédentes (20 semaines dans les années 1980 et 25 dans les années 1990). »
Aux États-Unis, on atteint les 24 semaines et demie, un triste sommet.



TRAVAILLEURS DE LACONSTRUCTION Des sommes records pour les vacances de 2009

Ce sont 279 millions de dollars qui ont été versés aux 139 231 travailleurs de la construction du Québec pour leurs vacances. L’année dernière, la Commission avait versé 246 millions à 132 000 travailleurs.
Malgré la crise économique qui sévit, les 117 000 travailleurs de la construction qui prendront leurs traditionnelles vacances entre le 19 juillet et le 1er août auront collectivement dans leurs poches une somme record d’argent à dépenser.
Sur les 139 000 travailleurs de la construction qui ont reçu leur « paye de vacances », environ 117 000 rangeront leurs outils pendant le congé officiel de la construction, qui commence le 19 juillet.
Au total, selon les chiffres dévoilés aujourd’hui par la Commission de la construction du Québec, ce sont 279 millions de dollars qui ont été versés aux 139 231 travailleurs de la construction du Québec pour leurs vacances. L’année dernière, la Commission avait versé 246 millions à 132 000 travailleurs, soit 33 millions de moins.
Les sommes que reçoivent les travailleurs correspondent à 12,5% de leur salaire brut pour les six derniers mois de 2008. Or, avec 137 millions d’heures travaillées sur les chantiers, 2008 a été la meilleure année qu’a connue le secteur de la construction depuis les années 1970. « Dans l’histoire récente du Québec, il faut retourner aux années du règne de Robert Bourassa, avec le chantier de la Baie-James et celui du Stade olympique, pour retrouver un aussi grand nombre d’heures travaillées », a souligné le ministre du Travail, David Whissell.
Sur les 139 000 travailleurs de la construction qui ont reçu leur « paye de vacances », environ 117 000 rangeront leurs outils pendant le congé officiel de la construction, qui commence le 19 juillet. Environ 26 000 autres travailleurs – principalement des secteurs de la voirie et du génie civil – resteront actifs pendant ce temps sur les chantiers et prendront leurs vacances à un autre moment de l’année.
L’organisme estime que 85% des sommes versées en « payes de vacances » seront réinvesties dans l’économie de toutes les régions du Québec.
L’année 2009 reste vigoureuse sur les chantiers
En dépit des turbulences économiques qui secouent le monde de la construction depuis le début de l’année, le secteur devrait s’en tirer encore cette année avec des résultats très favorables. « L’année 2009 sera la deuxième meilleure en 32 ans pour le secteur de la construction » , a prédit André Ménard, PDG de la Commission de la construction du Québec. Pour la période de janvier à avril 2009, l’activité sur les chantiers a été conforme aux prévisions, qui établissent à 132 millions le nombre d’heures qui seront travaillées sur les chantiers en 2009.
Des investissements majeurs qu’a faits le gouvernement dans les infrastructures expliquent largement pourquoi le milieu de la construction échappera à la crise. Le gouvernement dépensera 42 milliards en cinq ans dans le renouvellement de ses infrastructures, en plus de 30 milliards en 10 ans dans des projets énergétiques.




L’EXCEPTION CANADIENNE  -  Rudy LeCours
Selon, l e FMI , l e Canada t raverse l a grave récession actuelle avec moins de mal que ses partenaires du G8 et il est celui qui connaîtra la croissance la plus vigoureuse l’an prochain.
L’organisme a révisé à la hausse ses prévisions pour l’économie canadienne tant pour cette année que l’an prochain, par rapport à ses perspectives d’avril. La décroissance est évaluée 2,3% cette année (une amélioration de deux dixièmes) alors que la croissance atteindra 1,6 % l’an prochain (plus quatre dixièmes).
L’ampleur du recul prévu cette année est bien moins grande que l es 3 % estimés par l a Banque du Canada, en avril. La Banque publiera son nouveau scénario dans deux semaines.
I l faut dire que, même à 5,4 % en rythme annualisé, le recul de l’économie au premier trimestre aura été moins grand que les 6% et plus qu’avaient prédit les économistes et notre banque centrale.
La reprise sera plus forte aussi parce que le Canada n’a pas de problème grave avec son système bancaire et que ses deux grands partenaires commerciaux, les États-Unis et la Chine, se relèvent aussi mieux qu’anticipé, ce printemps.


La relance du bâtiment paraît enclenchée  -  Rudy LeCours
Les assises d’une reprise de la construction résidentielle paraissent bien solides avec l’augmentation marquée des mises en chantier pour le deuxième mois d’affilée en juin.
D’un océan à l’autre, elles ont atteint 140 700 logements sur une base annualisée désaisonnalisée, soit 10 000 de plus que ce à quoi s’attendaient les experts. La Société canadienne d’hypothèques et de logement a aussi annoncé hier la révision à la hausse de son chiffre de mai à 130 300 logements, ce qui représente une appréciation notable par rapport au creux de 121 400 en avril.
L’augmentation de 14% des permis de bâtir en mai annoncée plus tôt cette semaine par Statistique Canada présage d’une belle activité en juillet, même si le Québec sera touché par les vacances des travailleurs du bâtiment à l’oeuvre sur les chantiers d’importance, comme ceux des logements multiples.
« L’augmentation de ce mois est une confirmation importante de ce que le secteur immobilier résidentiel canadien a passé le pire et est en mode de reprise », affirme Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale.
« C’est une preuve de plus que l’économie canadienne a certainement vécu le pire de ce à quoi on pouvait s’attendre comme contraction de l’investissement résidentiel », renchérit Pascal Gauthier, économiste chez Banque TD Groupe financier. L’institution torontoise prédit de 150 000 à 160 000 mises en chantier cette année.
On estime à 175 000 l’augmentation annuelle du nombre de ménages au pays. Cela correspond aux fondations nouvelles dans un marché équilibré.
« On prévoit que le rythme de construction résidentielle s’améliorera tout au long de 2009 et au cours des années suivantes de façon à correspondre de plus en plus à la demande associée à la conjoncture démographique », indique l’organisme fédéral.
Cela mérite d’être mis en perspective. Il y a un an, l’industrie tournait au rythme de 212 000 coulées de fondations en rythme annuel, un chiffre qui reflète une surchauffe et qu’on ne reverra pas de sitôt.
La hausse en juin est observée dans sept provinces sur 10 et concentrée dans les provinces à l’ouest du Québec, plus touchées par la correction amorcée l’automne dernier.
Le Québec essuie le recul provincial le plus important (un repli de 2200 logements), mais maintient son rythme annuel au-dessus des 40 000 logements pour le troisième mois d’affilée. « Comme l’affaiblissement de la construction neuve provoqué par la récession a été beaucoup moins important au Québec qu’ailleurs au pays, le faible repli observé en juin peut également être associé à une période de stabilisation », suggère Hélène Bégin, économiste senior chez Desjardins.
En données réelles, le Québec enregistre 15 837 mises en chantier de janvier à juin, soit une baisse de 22% par rapport au premier semestre de 2008. Desjardins a récemment porté à 40 000 sa prévision annuelle. Pour qu’elle se concrétise, les mises en chantier devront s’accélérer au c ours du s econd semestre.
La barre n’est pas si haute. En juin 2008, le Québec voguait au rythme annuel de 46 300 logements. Son rythme moyen des 12 derniers mois est de 44 600 logements, ce qui illustre bien la relative stabilité du marché.
À l’opposé, l’Ontario a connu une hausse de mai à juin des mises en chantier à hauteur de 45 600 logements, ce qui est beaucoup plus que son creux 37 200 en avril. En juin 2008, la province voisine carburait cependant à 81 900 logements en rythme annuel.
Dans l’agglomération montréalaise, plus touchée par la récession que plusieurs régions québécoises, le repli après six mois est plus marqué à hauteur de 26%, voire de 40% sur l’île même. « Dans un contexte économique marqué par un recul du nombre d’emplois, conjugué la une concurrence accrue du marché de la revente en raison d’une augmentation de l’offre, la demande d’habitations neuves est moins forte », souligne Stéphane Duguay, analyste de marché à la SCHL.
Le marché de la revente revient par ailleurs à une situation d’équilibre. Les prix devraient continuer de s’apprécier modestement, selon une analyse publiée plus tôt cette semaine par la firme de courtage immobilier Royal LePage.



Quand le bâtiment va… tout ira  -  Rudy LeCours
Pour le troisième mois d’affilée, la valeur des permis de construction résidentielle était en hausse au Québec, en mai. Le nombred’autorisations de bâtir délivrées par les municipalités québécoises était aussi en augmentation, ce qui présage d’un regain d’activité au cours de l’été et de prix abordables.
On saura demain si les données annoncées hier par Statistique Canada se sont concrétisées en mises en chantier le mois dernier. Il existe un délai d’un à trois mois entre l’émission d’un permis par une municipalité et la coulée d’une fondation.
Chose certaine, les bétonnières ont travaillé davantage pour le troisième mois d’affilée en mai. Les mises en chantier ont même franchi la barre des 40 000 logements sur une base annualisée en mars, avril et mai, après un net ralentissement en janvier et février.
« Ce seuil de résistance, même au plus fort de la récession, justifie de relever légèrement notre cible pour l’année en cours de 38 000 à 40 000 nouveaux logements », note Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins.
Cela dit, ce nombre représente une baisse de 16,5% par rapport à l’an dernier, ce qui reste néanmoins beaucoup mieux qu’ailleurs au pays.
L’indice précurseur Desjardins affichait d’ailleurs une hausse de 1,1% en mai. Cette deuxième augmentation d’affilée pourrait présager d’une reprise de l’ensemble de l’économie d’ici la fin de l’année, s’il continue de progresser cet été.
La valeur des permis résidentiels a augmenté de 3,3%, d’avril à mai. Fait des plus intéressants, cela reflète moins une hausse de prix qu’une augmentation de 3,2% du nombre d’autorisations. Fait plus étonnant encore, l’augmentation est concentrée dans les maisons unifamiliales, un secteur beaucoup moins volatil de mois en mois que le logement multiple. On observe plutôt la tendance opposée dans le reste du Canada.
Dans l’agglomération métropolitaine, la hausse de la valeur des permis est de 3%, mais le nombre de logements à construire recule de 6,9%. L’explication vient de la diminution de permis pour logements multiples, car ceux d’unifamiliales sont en hausse. Bref, c’est surtout en banlieue où l’activité devrait s’intensifier.
Cela dit, l’activité immobilière reste forte même dans l’île de Montréal, au point où la firme Royal LePage prévoit une légère augmentation des prix, tant sur le marché de la maison neuve que celui de la revente.
La firme de services immobiliers prévoit une augmentation de 2,1% du prix moyen des maisons à Montréal, à hauteur de 263 500$. Elle attribue par ailleurs la baisse de 4,6% du nombre de transactions par rapport à 2008 au très lent premier trimestre.
« Aujourd’hui, le marché est plus équilibré, c’est-à-dire que l’offre et la demande sont plus pondérées, selon Dominic St-Pierre, directeur des services immobiliers de Royal LePage. Nous anticipons une situation avantageuse pour les vendeurs ainsi que pour les acheteurs pour la deuxième moitié de 2009. »
Le bâtiment ne se limite pas au secteur résidentiel, comme chacun sait. À l’échelle commerciale, industrielle et institutionnelle, la valeur des permis était en hausse modeste de 2,3% à l’échelle provinciale, mais de 6,7% dans la métropole. Cette composante des permis de bâtir est toutefois très volatile de mois en mois, la valeur d’un seul permis pesant souvent très lourd.
Ainsi, dans la composante institutionnelle, on a observé des augmentations spectaculaires causées par le lancement prochain de nouveaux chantiers dans les secteurs de la santé et de l’éducation en Ontario et en Alberta. « C’est la preuve de l’entrée en jeu des stimuli économiques des gouvernements », explique Chairmaine Buskas, économiste principal chez TD Valeurs mobilières.
On peut la percevoir aussi par le bond de 20% de l’indice Ivey qui mesure les intentions des décideurs d’achat de biens industriels. Seule la composante stocks était à la baisse, ce qui suggère une relance prochaine de la production industrielle, ne serait-ce que pour approvisionner les grands chantiers de l’État.
Au Québec, l’augmentation de la valeur des permis institutionnels s’élève à 7,6%, à hauteur de 86,2 millions de dollars. C’est moins du quart de la valeur des permis non résidentiels (409,4 millions), la part du lion allant au secteur commercial avec plus de la moitié. Le secteur industriel a connu quant à lui une solide hausse.
À l’échelle canadienne, la valeur des permis a franchi la barre des 5 milliards pour la première fois depuis octobre, grâce à des bonds de plus de 10% dans les composantes résidentielle et non résidentielle. Les baisses dans les provinces atlantiques ont été plus que compensées par les bonds en Ontario et en Alberta.




Quand on se compare... -  Claude Picher
Au premier coup d’oeil, les comptes économiques publiés hier par l’ Institut de la statistique du Québec sont absolument dramatiques. En r ythme annualisé, l ’économie québécoise accuse une contraction de 4,8% pendant les trois premiers mois de l’année. Ce chiffre est exprimé en termes réels, c’est-à-dire qu’il est ajusté en fonction des prix à la consommation. La dégringolade est effectivement de taille : c’est le pire recul trimestriel en 18 ans!
Faire un bref tour d’horizon des comptes économiques québécois, c’est un peu comme se promener sur un champ de bataille dévasté. Voyons plutôt :
> Les t ravailleurs québécois, collectivement, ont vu leur rémunération diminuer de 0,6 % en trois mois. Le chiffre peut sembler petit. En réalité, ces quelques dixièmes de point représentent 250 millions de dollars de moins dans leurs poches (ou un milliard en rythme annuel). De toute façon, peu importe son ampleur, une baisse de la rémunération des salariés est toujours une mauvaise nouvelle. Cela est dû non seulement à un recul de l’emploi, suffisamment déplorable en soi, mais aussi à une baisse du salaire hebdomadaire moyen.
> Les profits des entreprises fondent à vue d’oeil. Toujours en rythme annuel, les bénéfices des sociétés, avant impôts, sont passés de 30,1 milliards au troisième trimestre de 2008 à 25,8 milliards au trimestre suivant, pour chuter à 20 milliards au cours des trois premiers mois de 2009. Une culbute dramatique de 30% en 10 mois. Exécrable pour tout le monde: quand les profits ne sont plus au rendezvous, les entreprises ralentissent leurs immobilisations et cessent d’embaucher (quand elles ne font pas des mises à pied), tandis que les recettes fiscales des administrations publiques dégringolent.

> Les épargnants, les petits investisseurs et les retraités qui comptent sur leurs revenus de placement mangent leurs bas. Les revenus d’intérêts, dividendes et autres placements ont chuté de 9% au premier trimestre, ce qui équivaut à une perte collective de 400 millions en trois mois. 
Dans un contexte aussi morose, il ne faut pas s’étonner de voir s’évaporer les investissements des entreprises. En rythme annuel, le recul observé au premier trimestre est de 32%. La nouvelle est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît à première vue. Les gains de productivité (dont le Québec a bien besoin) sont étroitement tributaires des immobilisations des entreprises. Une diminution des investissements signifie que les entreprises québécoises seront de moins en moins capables de survivre dans un monde de plus en plus compétitif. Sombres nuages à l’horizon.
> Important recul également du côté de la construction: 14% de moins dans le secteur résidentiel, 15% de moins dans le non résidentiel.
> Ce flot de tristes nouvelles a évidemment un impact sur les finances publiques: les recettes provenant de l’impôt des particuliers sont à la baisse; les impôts des sociétés aussi; la taxe de vente aussi; les cotisations sociales aussi; les revenus de placement aussi. En fait, pour le gouvernement du Québec, les transferts fédéraux sont la seule source de revenus en hausse. À tout considérer, l’ensemble des recettes de l’administration publique québécoise, entre le dernier trimestre de 2008 et le premier de 2009 est passé de 21,1 milliards à 17,8 milliards. Une telle détérioration porte un coup extrêmement dur à des finances publiques hautement fragiles.
> Seul point plus ou moins positif dans ce désolant portrait: la balance commerciale du Québec s’est légèrement améliorée. Pourtant, les exportations ont poursuivi leur chute. L’amélioration est essentiellement due au fait que les importations diminuent encore plus vite que les exportations, ce qui n’est pas forcément un signal encourageant. Le Québec continue de traîner un déficit commercial de 25 milliards.
Et pourtant, et pourtant...
Quand on se regarde, on se désole; quand on se compare, on se console. Rarement l’adage aura-t-il été aussi pertinent.
Cela peut sembler curieux à dire après tout ce qu’on vient de voir, mais par rapport au reste du Canada, l’économie québécoise réussit finalement à se tirer assez bien d’affaire.
Au début du mois, Statistique Canada a publié les comptes économiques canadiens pour le premier trimestre (l’équivalent, au niveau national, des chiffres publiés hier par l’Institut de la statistique du Québec).
Nous avons vu que l’économie québécoise a été victime d’une contraction de 4,8% au premier trimestre. Dans l’ensemble du Canada, le chiffre équivalent est de 5,4%.
Ce n’est pas tout. Au trimestre précédent (octobre, novembre et décembre 2008), la contraction a été de 0,7% au Québec, comparativement à 3,7% au Canada.
Ces chiffres confirment ce que d’autres indicateurs économiques ont déjà établi: oui, le Québec est atteint par la crise, oui, son économie est en récession, mais le choc est moins brutal que dans le reste du Canada. L’Ontario a été frappé de plein fouet par la déliquescence de l’industrie automobile nord-américaine. L’Alberta a été prise de court par l’évolution des prix des ressources. La Colombie-Britannique, qui fournit les trois quarts des exportations canadiennes de bois d’oeuvre, ne réussit pas à se relever de l’effondrement de la construction résidentielle aux États-Unis.
Il est heureux que le Québec soit moins endommagé que le reste du Canada, mais on aurait tort de se réjouir du malheur des autres. Plus l’économie d’une province va mal, plus sa capacité fiscale diminue. Comme la péréquation est calculée en fonction de la capacité fiscale des provinces, les difficultés des provinces riches pourraient se traduire, pour le Québec, en une diminution des paiements de péréquation.



Notre gazon est plus vert -  VINCENT DELISLE
Frappé moins fort par la crise, le Canada profite d’une situation enviable qui lui sera profitable au sortir de la récession
Maintenant que la déflation a été évitée, l’enjeu de 2010 sera l’inflation.
L’auteur est stratège financier chez Scotia Capitaux.
Le Canada profite d’une situation enviable qui lui sera profitable au sortir de la récession grâce aux bénéfices tirés de l’exportation des ressources naturelles, notamment l’uranium (notre photo – mine de Cigar Lake, au nord de la Saskatchewan).
Depuis février, la chute de l’économie mondiale a ralenti, un développement que les marchés financiers n’ont pas manqué d’applaudir. La récession n’est pas encore terminée, mais le pire est passé. Malheureusement, les pertes d’emploi continuent; on peut toutefois se consoler du fait que la fuite semble en partie colmatée.
Certaines industries souffrent davantage, comme l’automobile, le secteur forestier et les médias. Cependant, il faut voir là également des changements structurels qui ne sontpas seulement liés à la récession. Parmi les aspects positifs, il faut souligner que le Canada et le Québec s’en tirent mieux. De plus, tout indique que l’économie mondiale pourrait retrouver le chemin de la croissance tard en 2009. Certes, la récession 2008-2009 aura été très dure, mais les scénarios apocalyptiques de « dépression » se seront révélés exagérés.
Au cours des années 30, le PIB avait chuté de 26% aux États-Unis, la Bourse s’était effondrée de 85% et le taux de chômage avait explosé à près de 30%. Depuis le début de cette récession, les PIB américain et canadien affichent une baisse similaire de 2,3% et les taux de chômage respectifs atteignent 9,4% et 8,4%. Au pire de la frayeur boursière, les indices boursiers avaient subi une correction de près de 60%. L’injection massive de liquidités semble avoir permis d’éviter une répétition des erreurs monétaires des années 30.
Jusqu’à maintenant, la gravité de la récession américaine rivalise davantage avec celles de 1974 et de 1982. Si le retour de la croissance est envisageable d’ici la fin de l’année, la reprise risque d’être décevante puisque le Trésor américain retirera les liquidités (hausse des taux d’intérêt et des impôts) lorsque les signes vitaux seront suffisamment encourageants. Maintenant que la déflation a été évitée, l’enjeu de 2010 sera l’inflation.
Parmi les pays industrialisés, le Canada fait meilleure figure depuis le début de la récession. D’une part, le marché immobilier canadien ne s’est pas effondré et les pertes d’emploi (-2,3%) sont plus modestes qu’ailleurs (-4,3% aux États-Unis).
Le Canada profite également d’une situation enviable qui lui sera profitable au sortir de la récession grâce aux bénéfices tirés de l’exportation des ressources naturelles tels le pétrole, la potasse, l’uranium, l’électricité et autres.
L’économie canadienne jouit de trois avantages importants, soit la proximité du consommateur américain, une économie domestique plus résistante et un lien direct avec la progression des pays émergents par le biais de la demande de ressources.
L’embellie boursière printanière – les indices boursiers ont rebondi de plus de 40% depuis le 9 mars – tire sa source du sentiment que le pire est passé. La panique qui avait envahi les investisseurs l’automne dernier laisse désormais place à l’espoir qui accompagne les reprises. Le risque de déception (et de repli) demeure, mais cette phase de normalisation devrait pousser les indices boursiers, les taux d’intérêt, le prix de ressources, et le huard à la hausse au cours des prochains mois.
Depuis le début de 2009, l’indice boursier canadien du TSX affiche un gain de 17% contre des rendements inférieurs à 6% aux États-Unis, en Europe et au Japon. Cette situation n’est pas passagère et les actions canadiennes devraient continuer de mieux performer au cours des prochaines années.
D’ailleurs, les investisseurs internationaux s’intéressent de plus en plus à ce potentiel, notamment dans un contexte de dépréciation du billet vert. Paradoxalement, cette suprématie canadienne s’installe au moment où nos caisses de retraite n’ont plus decontraintesde contenuétranger et sont tentées par des investissements hors duCanada.
Plusieurs défis persistent, mais il est important de réaliser que le gazon est plus vert de notre côté de la frontière. Qui plus est, il risque de le demeurer longtemps.


L’économie du Québec devrait reprendre l’an prochain La construction non résidentielle restera un pilier
Le rapport de BMO souligne que le Québec a établi un plan fiscal et économique de cinq ans qui prévoit un retour aux surplus d’ici 2013-2014.
L’économie québécoise, qui a fini par céder sous la pression de la récession mondiale, devrait connaître une reprise en 2010, selon un rapport publié hier par BMO Marchés des capitaux.
« Le PIB ( produit i ntérieur brut) réel devrait connaître un recul de 1,6 % cette année, ce qui est mieux que la moyenne canadienne, avant de connaître une reprise modérée de 1,9 % en 2010 », souligne Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux.
Pour se relever, l’économie québécoise pourra, entre autres, compter sur la construction non résidentielle, véritable pilier économique pour la province, soulignent les experts chez BMO.
Le gouvernement du Québec a d’ailleurs implanté un programme d’infrastructures sur c i nq a ns de 41, 8 mi l l i a r ds de dollars ( soit près de 3 % du PI B de 2009-2010). Cet i nvestissement devrait continuer à stimuler la croissance, Face à l a détérioration économique et afin de stimuler l ’économie, le gouvernement mettra temporairement le pied sur l’accélérateur f iscal pour pouvoir investir dans plusieurs projets, malgré les déficits.
Le rapport souligne que le
Taux de chômage
c omme le f eront également les i nvestissements continus d’Hydro-Québec.
Conséquence de l a c r i s e, l e gouvernement provincial prévoit quatre années de déficit. En 2009-2010, ce déficit devrait atteindre 3,9 milliards de dollars, soit 1,3 % du PIB. Québec a établi un plan fiscal et économique de cinq ans qui prévoit un retour aux surplus d’ici 2013-2014 . Pour cela , plusieurs mesures entreront en vigueur, dont une hausse de 1 % de la taxe de vente du Québec, qui passera à 8,5 % en janvier 2011.
Signe de récession, le taux de chômage a bondi un peu partout au Québec et devrait atteindre 9 % en 2010, soit le plus haut taux depuis six ans, précise l’étude. Les l icenciements dans le secteur privé, tout comme le ralentissement de l’embauche dans l e s ecteu r public, expliquent les pertes d’emplois.
Sur une note plus posit i ve , c o mpa r a t i ve ment à l ’ Ouest canadien ou à l’Ontario, le Québec s’en tire mieux, soul igne le rapport . L’Ontario a en ef fet attei nt un t aux de c hômage record depuis le début des a nnées 70. Les ventes au détail et les prix des logements au Québec sont également moins touchés qu’ailleurs au pays.




Immobilier : Montréal sera épargné par les baisses de prix - Maxime Bergeron
Le marché immobilier nord-américain montre des signes de vie encourageants. Aux États-Unis, la construction s’active à nouveau tandis qu’à Montréal, les prix continuent de se raffermir. Et bonne nouvelle, les taux hypothécaires ne devraient pas grimper tr
Le spectre d’une baisse des prix de l’immobilier est maintenant presque écarté à Montréal. C’est ce qu’a fait valoir Hélène Bégin, économi s t e pr i nc i pa l e au Mouvement Desjardins, à la lumière des données encourageantes publiées hier pour le mois de mai. Le nombre de transactions a grimpé de 8% dans le Grand Montréal par rapport à l’an dernier, et le prix moyen a progressé de 3%, ce qui augure bien selon elle pour les mois à venir.
Le nombre de transactions immobilières a grimpé de 8% dans le Grand Montréal par rapport à l’an dernier, et le prix moyen a progressé de 3%.
« Je dirais qu’il y a d’excellentes chances qu’on réussisse à éviter complètement une baisse des prix », a affirmé Mme Bégin en entrevue à La Presse Affaires.
Le prix médian des unifamiliales a atteint 238 000$ en mai (+3%), celui des condos, 192 750$ (+3%) et celui des immeubles de deux à cinq logements, 350 000$ (+2%), selon les données de la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM).
La progression a été soutenue au cours des cinq premiers mois de 2009 dans la métropole, tandis que les prix continuaient à décliner dans l’ensemble du Canada. La valeur de revente moyenne a ainsi grimpé de 3,6% depuis janvier à Montréal, comparativement à une baisse de 3% à Toronto, 10% à Calgary et 9% à Vancouver. Le recul atteint 4,2% au pays.
Pourquoi Montréal et le Québec font-ils si bonne figure ? D’abord parce que les prix y ont grimpé moins vite qu’ailleurs au Canada, réduisant les risques d’une baisse abrupte, souligne Hélène Bégin. Mais aussi parce que la confiance des consommateurs a fait un retour en force le mois dernier, pour atteindre son plus haut niveau depuis juillet 2008.
« En mai, 55% des Québécois jugeaient que les conditions actuelles étaient favorables à l’achat d’un bien important tel qu’une propriété, comparativement à 38% en avril », a indiqué Michel Beauséjour, chef de la direction de la CIGM, dans un communiqué.
Taux d’intérêt
Les taux d’intérêt historiquement bas ont aussi contribué à cette relance. Plusieurs acheteurs aux moyens limités ont pu acquérir une résidence au cours des
« Le regain que j’ai constaté en mai, c’est par rapport à l’automne dernier, où ç’a été pourri, a dit Carl Poulin, agent à La Capitale du Mont-Royal. Je n’ai pas senti la crise depuis le début de 2009. »
La légère création d’emplois des deux derniers mois à Montréal a aussi contribué au regain du marché de l’habitation, croient les experts. Les nombreuses mises à pied récentes dans le secteur manufacderniers mois, tandis que d’autres ont pu acheter une propriété plus spacieuse que ce qu’ils croyaient pouvoir se permettre.
Delphine Saint-Marcoux, gestionnaire à Radio-Canada, a ainsi profité de son faible taux hypothécaire – 3,6% sur cinq ans – pour acheter un plus grand appartement que prévu dans Rosemont, le mois dernier. « Ça a beaucoup influencé ma décision », a-t-elle confié.
Les agents immobiliers, pour leur part, se frottent les mains. Ils avaient craint d’assister à une grande dépression du marché immobilier montréalais quand la crise financière a éclaté en septembre dernier. Leur inquiétude semble maintenant dissipée. turier montréalais pourraient toutefois entraîner un certain impact négatif au cours de l’été, estime Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins.
Gains généralisés
Le volume total de ventes immobilières a atteint 1,31 milliard de dollars dans le Montréal métropolitain en mai, un bond de 11% par rapport à l’an dernier. Ainsi, 4839 propriétés ont changé de main, 8% de plus qu’il y a un an. C’est la première hausse mensuelle depuis sept mois.
Toutes les régions de la métropole ont enregistré des gains, tant au chapitre du prix qu’à celui du nombre de transactions. L’île de Montréal a vu ses ventes progresser de 7%, Laval, de 4%, la RiveNord, de 8%, la Rive-Sud, de 13% et Vaudreuil-Soulanges, de 5%.
Le nombre d’inscriptions en vigueur – les propriétés sur le marché – a grimpé de 6% en mai dans le Grand Montréal, à 25 826 unités. Les nouvelles inscriptions ont pour leur part diminué de 12%, à 5701.
Le délai de vente s’est par ailleurs allongé dans toutes les catégories d’habitations. Il a fallu 79 jours en moyenne pour vendre une maison unifamiliale (64 l’an dernier), 89 jours pour un condo (83 l’an dernier) et 92 pour un plex (72 l’an dernier).
Dans l’ensemble du pays, l’activité du marché de la revente a retrouvé son niveau « prérécession » le mois dernier, a déclaré lundi l’Association canadienne de l’immeuble. Le nombre de transactions a grimpé de 3,1% par rapport à mai 2008, et le prix moyen, de 0,3%.




La crise s’adoucit au Canada, selon l’OCDE
— En publiant hier une mise à jour de ses indicateurs composites avancés, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a lancé un signal plus soutenu de la présence d’un possible creux au Canada. L’indicateur composite avancé de l’OCDE pour le Canada a augmenté de 0,4 point en avril mais est de 7,6 points en dessous du niveau enregistré un an plus tôt.
L’organisation a fait état d’une diminution du rythme de détérioration de la croissance dans la plupart des économies de l’OCDE, avec un signal plus soutenu de la présence d’un possible creux au Canada, en France, en Italie et au Royaume-Uni. Comparativement au mois dernier, un signal positif semble poindre en Allemagne, au Japon et aux États-Unis. La plupart des économies non membres de l’OCDE, quant à elles, font encore face à une détérioration des perspectives économiques, à l’exception de la Chine et de l’Inde où un possible creux semble émerger.
L’indicateur composite avancé pour la zone OCDE, couvrant 29 pays, a augmenté de 0,5 point en avril 2009 mais est inférieur à 8,3 points de son niveau observé en avril 2008.
Pour les États-Unis, l’indicateur composite avancé a augmenté de 0,2 point en avril, mais est inférieur de 10,8 points de son niveau observé un an auparavant.
En ce qui concerne la zone euro, l’indicateur composite avancé a augmenté de 0,8 point en avril mais reste en dessous de 6,3 points de son niveau observé il y a un an.



Huit provinces sur dix créent des emplois
Toutefois, l’Ontario souffre
Les gains au Québec ont été enregistrés dans les secteurs de l’information, de la culture, des loisirs et de l’enseignement, notamment.
L’économie canadienne est encore en convalescence, mais elle se remet progressivement de ses graves problèmes de début d’année. En mai, huit provinces sur dix ont créé des emplois, signe que les remèdes administrés au malade font effet.
Dans ce portrait, cependant, une région tarde nettement à reprendre des couleurs : l’Ontario. Quelque 59 700 emplois y ont été perdus en mai, dont 47 000 dans le secteur de la fabrication, indique l’enquête de Statistique Canada dévoilée hier.
La plus grande province au Canada est notamment frappée par la restructuration du secteur automobile. À la fin avril, pendant ses recours devant les tribunaux, Chrysler a cessé de produire, mettant à pied des milliers d’employés. En Ontario, les usines de Brampton et de Windsor ont été temporairement fermées, provoquant des mises à pied, avec ses effets sur les fournisseurs et les commerces locaux.
Cette toux persistante de l’Ontario a fait grimper son taux de chômage à 9,4% en mai, de 8,7% qu’il était en avril. Les difficultés des Ontariens ont eu pour effet de faire grimper le taux de chômage canadien à 8,4% en mai, en hausse de 0,4 point de pourcentage sur avril. Ce taux de 8,4% est le plus élevé au pays depuis 11 ans.
Pendant ce temps, le Québec continue de bien faire. Certes, le mois de mai ne passera pas à l’histoire, avec une création nette de 5700 emplois, tous à temps partiel. Mais il faut savoir que ces nouveaux emplois s’ajoutent aux 22 400 du mois d’avril.
Malgré ces nouveaux emplois, le taux de chômage au Québec est passé de 8,4% en avril à 8,7% en mai, un phénomène qui s’explique par une augmentation de la population active ou, autrement dit, par une hausse du nombre de personnes qui cherchent du travail.
Les gains au Québec ont été enregistrés dans les secteurs de l’information, de la culture, des loisirs et de l’enseignement, notamment. Contrairement à l’Ontario, il n’y a pas eu de pertes dans le secteur manufacturier et celui de la construction.
Le pire est passé
La majorité des économistes s’entendent pour dire que le pire est derrière nous. Les pertes d’emplois globales sont de moins en moins prononcées chaque mois depuis le début de l’année « Visiblement, les prochains mois pourraient être marqués par des pertes moins importantes. Cela confirme que le pire de la récession est derrière nous », fait valoir Benoit Durocher, un des économistes principaux du Mouvement Desjardins.
Même son de cloche à la Financière Banque Nationale. « Les exportations canadiennes devraient bientôt augmenter d’après notre scénario d’une reprise de l’économie américaine dans la deuxième moitié de l’année. Le marché de l’emploi est donc sur le point de reprendre », dit l’économiste Yanick Desnoyers.
Malgré la reprise économique attendue à l’automne, le chômage pourrait cependant continuer de grimper, fait valoir l’économiste Sherry Cooper, de la Banque de Montréal, qui s’attend même à un sommet du chômage à la mi-2010. Selon la théorie économique, le chômage ne diminue pas instantanément avec la reprise parce que les entreprises attendent d’être certaines de l’embellie avant de réembaucher.
Selon un économiste, l’été ne s’annonce pas facile, notamment en Ontario, qui continuera d’être affecté par la restructuration de Chrysler et de GM.
Dans sa boule de cristal, Benoit Durocher voit que l’été ne sera pas facile, notamment en Ontario, qui continuera d’être affecté par la restructuration de Chrysler et de GM. Néanmoins, l’automne sera plus rose, au terme de la restructuration de ces entreprises sous la protection de la loi sur la faillite.
Les 5700 emplois de mai au Québec correspondent à une augmentation de 0,1 point de pourcentage de l’emploi. En comparaison, cette hausse est de 0,8 point en Nouvelle-Écosse, de 0,6 point au Manitoba et en Saskatchewan et de 0,3 point au Nouveau-Brunswick.
Les 59 700 emplois détruits en Ontario correspondent à un recul de 0,9 point de pourcentage. Depuis le sommet de l’automne dernier, l’Ontario a perdu 244 900 emplois, 10 fois plus que les 28 100 postes au Québec.
Dans ce portrait, Montréal détonne, toutefois. Son taux de chômage est passé de 8,9% en avril à 9,4% en mai. Et dans les scénarios des économistes, une inconnue demeure: dans quelle mesure la remontée du dollar canadien affectera-t-elle la reprise attendue ?



La récession frappe moins le Québec que prévu
Tout en se gardant de prêcher l’optimisme, l’équipe d’économistes de Desjardins croit maintenant que la récession mondiale frappera un peu moins le Québec qu’elle l’avait cru, il y a un mois à peine.
Dans la Mise à jour des prévisions économiques et financières, l’économiste en chef François Dupuis et l’économiste en chef adjoint Yves Saint-Maurice s’avouent un peu surpris par la résilience du consommateur québécois, comme en font foi les rebonds des ventes au détail. « Le premier trimestre sera donc moins négatif que prévu au chapitre des dépenses de consommation, écrivent-ils. Cela nous amène à revoir nos prévisions du PIB ( produit intérieur brut) réel à -1,8% pour 2009 comparativement à -1,9% le mois dernier » , ce qui est mieux que l’ensemble canadien. Pour l’an prochain cependant, le Québec fera moins bien que la moyenne canadienne avec une expansion contenue à 1,1%, soit moins encore que celle de l’Ontario qui traverse une deuxième année de décroissance d’affilée.
MM. Dupuis et Saint-Maurice font preuve de moins d’engouement pour notre production manufacturière, durement touchée par l’affaiblissement récent du secteur aéronautique.
La prévision de Desjardins pour le Canada reste à -2,9% pour l’année en cours. Le pire toutefois paraît derrière nous.
On saura la semaine prochaine l’ampleur de la décroissance au premier trimestre. L’institution lévisienne table sur un chiffre de - 6,5% en rythme annualisé. C’est beaucoup plus prononcé que les -3,4% du dernier trimestre de 2008.
Mince consolation, le Canada devrait renouer t imidement (0,3% en rythme annualisé) avec la croissance l’automne prochain, grâce surtout au redémarrage des activités de stockage des entreprises. La reprise sera molle cependant, car Desjardins limite à 1,4% sa prévision d’expansion pour 2010. Le volume des exportations continuera de diminuer tout au long de l’année et le plus gros de l’an prochain.
Il faut dire que les États-Unis sont encore loin d’une sortie de crise avec un nouveau plancher des mises en chantier atteint en avril. En outre, le taux de chômage continue de grimper même si l’ampleur des licenciements au cours des mois à venir ne sera pas forcément aussi brutale que celle des premiers mois de 2009. « La dégradation du marché du travail devrait se poursuivre jusqu’au début de 2010 et le taux de chômage dépassera sans doute les 10% », écrivent les deux économistes, au moment où les Américains s’apprêteront à retourner aux urnes pour les élections de mi-mandat au Congrès.
MM. Dupuis et Saint-Maurice mettent en garde contre la tentation d’un optimisme hâtif fondé sur quelques récentes nouvelles encourageantes. Tout en affirmant que la récession paraît s’approcher de son point d’inflexion, ils apportent cette distinction de taille. « Il faut faire une distinction entre un point d’inflexion, qui signifie que l’économie va continuer à décroître, mais à un rythme moins rapide que ce qu’on a vu jusqu’ici, et le point de retournement de l’économie, qui déterminera le creux de la récession et annoncera le début de celle-ci. »
Ils écartent qu’elle prenne la forme d’un V. Ils tablent plutôt sur une reprise en U. C’est certainement moins mauvais qu’un scénario en W, qui signifierait une rechute vers un nouveau creux, ou en L, qui suppose que la récession soit suivie d’un long épisode de stagnation.


L’Ontario par terre, le Québec s’en tire  -  CLAUDE PICHER
Au total, seulement un Québécois sur 125 a perdu son emploi depuis le début de la récession. Ce n’est pas drôle, mais c’est tout de même infiniment moins démoralisant qu’en Ontario.
Statistique Canada nous annonçait hier que l’économie canadienne a créé 36 000 emplois en avril. Le Québec mène la marche avec 22 000 emplois. Ces chiffres mensuels apportent un répit plus que bienvenu dans un marché profondément déprimé.
En effet, si on examine comment la situation du marché du travail a évolué au cours des six derniers mois, on constate que la récession a créé une authentique hécatombe. Pendant cette période, c’est-à-dire entre octobre 2008 et avril 2009, pas moins de 321 000 emplois ont été supprimés au pays. Au total, cela signifie que le Canada a perdu près de 2% de ses emplois. C’est énorme.
Or, la tornade ne s’est pas abattue partout avec la même intensité. Les différences régionales sont tellement importantes qu’elles ont entraîné des bouleversements qu’aucun expert n’aurait pu prévoir. Le taux de chômage est aujourd’hui plus élevé à Calgary qu’à Québec. Et à Toronto, la proportion de chômeurs rejoint maintenant celle de Montréal. Qui l’eût cru?
C’est évidemment l’Ontario, qui a subi de plein fouet la crise de l’automobile, qui a le plus souffert. En octobre derSt.Catharines-Niagara, 10,1% à Kitchener, 9,5% à London.
Historiquement, le taux de chômage en Ontario a toujours été inférieur à celui du Québec. Ce n’est plus vrai. Aujourd’hui, l’Ontario compte 8,7% de chômeurs, contre 8,4 % pour le Québec.
Ce renversement de situation ne s’explique pas seulement par les malheurs qui se sont abattus sur l’Ontario, mais aussi parce que le Québec a été relativement épargné par la récession.
Pendant que l’Ontario perdait 174 000 emplois, le Québec en perdait 32 000. Certes, on peut toujours dire que c’est 32 000 immobilière, le Québec a réussi jusqu’à maintenant à limiter les dommages. Au total, seulement un Québécois sur 125 a perdu son emploi depuis le début de la récession. Ce n’est pas drôle, mais c’est tout de même infiniment moins démoralisant qu’en Ontario.
Lesdeuxautresgrandesvictimes de la récession, ce sont l’Alberta et la Colombie-Britannique.
L’économie albertaine est étroitement liée aux prix du pétrole et du gaz. C’est une économie en dents de scie. Quand les prix montent, tout va bien, l’argent rentre, les emplois se créent par milliers, les prix de nier, la province voisine comptait 471 000 chômeurs ; ils sont aujourd’hui 621 000. Autrement dit, un Ontarien sur 36 a perdu son emploi. Tout citoyen ontarien a de bonnes chances de connaître dans son entourage un parent ou un ami qui s’est retrouvé au chômage au cours des six derniers mois. Dans certaines villes ontariennes, le taux de chômage atteint des niveaux pénibles : 13,6% à Windsor, 10,5% à de trop; derrière la froideur des statistiques se profilent souvent d’épouvantables drames humains. N’empêche : quand on considère l’ampleur de la récession et les terribles dégâts qu’elle a causés, on peut toujours se consoler. Parce qu’il est à peu près absent du secteur automobile, parce qu’il a entrepris un vaste programme de réfection de ses infrastructures, parce qu’il a été largement à l’abri de la bulle l’immobilier s’envolent. Quand les prix baissent, la bulle éclate. C’est exactement ce qui se passe en Alberta.
Toujours au cours des six derniers mois, l’économie albertaine a supprimé 42 000 emplois. Un sur 48. Pas aussi grave qu’en Ontario, mais pas loin. Un chiffre parle de lui-même : en six mois, le taux de chômage albertain est passé de 3,7 à 6%. Et la province n’a pas fini de souffrir. Attirés par les emplois et la prospérité, des milliers de ménages des autres provinces se sont établis en Alberta: en 2007 et en 2008, la population active a bondi de 135 000 personnes. Or, depuis six mois, la population active a arrêté de progresser. Déçus et sans travail, les ménages attirés par le boom albertain retournent chez eux.
Le cas de l a ColombieBritannique n’est pas plus encourageant. À elle seule, cette province fournit les trois quarts des exportations canadiennes de bois-d’oeuvre aux ÉtatsUnis. C’est, de loin, le principal produit d’exportation de la province. Or, le marché américain de la construction résidentielle est pratiquement au point mort. Toujours depuis octobre, la province a perdu 52 000 emplois, un sur 45.
Deu x prov i nc e s , la Saskatchewan et le Manitoba, réussissent à faire mieux que le Québec. Mais ce sont des poids plume: chacune ne représente que 3% de l’économie canadienne. En revanche, parmi les quatre grandes provinces, qui représentent ensemble 87% de la taille de l’économie canadienne, c’est clairement le Québec qui parvient le mieux à surnager au milieu de la pire tourmente des 70 dernières années.

Les Canadiens reviennent dans les magasins  -  Rudy  LeCours
La valeur des ventes au détail augmente de 0,3% par rapport à février dernier
Pour le troisième mois d’affilée en mars, les Canadiens et surtout les Québécois, ont laissé un peu plus d’argent dans les magasins qu’en fin d’année, alors que le pays était précipité dans la grande récession mondiale.
À l’échelle canadienne, la valeur des ventes des détaillants est encore inférieure de 6,3% par rapport à son sommet de septembre. En volume cependant, l’écart à combler est limité à 2,6%.
La valeur des ventes au détail était en hausse de 0,3 % par rapport à février, indiquait hier Statistique Canada.
Les importants rabais consentis par les constructeurs et les concessionnaires de véhicules, jumelés à la baisse des prix de l’essence, expliquent cet encore timide engouement. Exprimées en volume, les détaillants ont écoulé 0,7 % de plus de marchandises qu’en février.
La différence entre valeur et volume s’explique par un recul des prix.
Celui des voitures a sans doute fait la différence. « Les données de l’indice des prix à la consommation en mars montrent que l ’ achat ou la location d’un véhicule étaient aux prix de 1996 », note Diana Petramala, économiste chez Banque TD Groupe financier.
La valeur des ventes de véhicules neufs a d’ailleurs bondi de 2,2% de février à mars. Sans elle, les ventes au détail reculent de 0,2%, à cause des replis importants subis par les magasins de matériaux de construction, surtout ceux concentrés dans les provinces de l’Ouest où le marché de l’habitation est en forte chute.
Les stimuli fiscaux d’Ottawa (et de Québec) devraient rétablir au moins en partie leurs chiffres d’affaires. Les Québécois ont été ceux qui semblent avoir le plus été attirés par les nombreuses promotions. La valeur des ventes a progressé de 2,0% dans la société distincte, au cours du mois. « Le Québec est la seule province qui est essentiellement retournée à son niveau de ventes inscrit en novembre », note l’agence fédérale.
À l’échelle canadienne, la valeur des ventes des détaillants est encore inférieure de 6,3% par rapport à son sommet de septembre. En volume cependant, l’écart à combler est limité à 2,6%.
Pour mesurer l’apport de la consommation de biens dans le calcul de la taille réelle de l’économie, il faut plutôt comparer les ventes de mars à celles de décembre. Or, leurs volumes étaient 4% inférieurs en rythme annualisé à ceux de décembre.
En valeur, l’écar t grimpe à 8,8%, selon les calculs de Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Cela masque d’importantes disparités régionales. Elles plongent de 19,8% et 14,9% en Alberta et en Colombie-Britannique, mais seulement de 3,9% et 5,2% en Ontario et au Québec.
« Le pire est peut-être passé, puisqu’en avril, les suppressions d’emplois du secteur privé ont été les plus faibles depuis le début de la récession », juge Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.
Mais que signifie le pire ? Le recul du PIB au premier trimestre est évalué à de - 6,5% à -7,0 %, toujours en rythme annualisé. « Les données préliminaires du présent trimestre indiquent un recul beaucoup, beaucoup plus faible », assure Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux.




La destruction d’emplois semble contenue -  RUDY LE COURS
Le huard tonifié par un résultat surprise
En fait, la confiance et la détermination des Québécois à trouver du travail tranchent avec ce qui se passe dans l’ensemble du Canada.
Que faire quand on cherche en vain du travail ? Trouver plutôt des clients.
Voilà ce qu’ont fait 37 000 Canadiens le mois dernier. Leur débrouillardise a permis de stabiliser le taux de chômage à 8,0%, le niveau le plus élevé en sept ans, révèlent les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. Sans ces initiatives, l’économie aurait plutôt détruit 38 100 emplois.
Cette prise en main a confondu les observateurs qui avaient parié sur une nouvelle hémorragie de quelque 50 000 emplois.
Le dollar canadien a monté en flèche, gagnant plus d’un cent et demi contre le billet vert. Sa poussée a curieusement commencé à Londres plus d’une demi-heure avant la publication des données de l’EPA. La possibilité d’une fuite survenue pendant le huis clos des journalistes a incité l’agence fédérale à tenir une enquête interne.
« La plupart des gens ne sont pas vraiment attirés par les avantages qu’offre la situation de travailleur autonome, note Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Ils sont plutôt obligés de considérer cette option puisque les offres d’emploi traditionnel ne courent pas les rues. »
Plus du tiers de ces nouveaux entrepreneurs (13 000) se retrouvent au Québec, la province qui a le mieux fait avec la création nette de 22 400 emplois. Le taux de chômage y a cependant monté d’un dixième à 8,4%, en raison d’une augmentation plus grande encore du nombre de ceux et celles qui ont joint les rangs de la population active.
En fait, la confiance et la détermination des Québécois à trouver du travail tranchent avec ce qui se passe dans l’ensemble du Canada. Depuis janvier, 19 200 personnes étaient à la recherche active d’un emploi dans la société distincte.
Dans le reste du Canada, la population active s’est appauvrie de 1800 personnes.
L’opti m i sme r elat i f des Québécois dans la présente récession paraît justifié.
Depuis octobre, qui marque le sommet du marché du travail, le nombre de détenteurs d’emploi a diminué de 0,8% ou 32 800 personnes. Sans minimiser le drame vécu par les personnes privées soudainement de leur gagne-pain, force est de constater la résilience de notre marché du travail.
Depuis octobre, l’économie canadienne a détruit 320 700 jobs, soit 1,9 % de l’ensemble, dont plus de la moitié en Ontario.
Durant les récessions de 19901992 et de 1981-1982, la proportion d’emplois disparus au Québec avait dépassé la moyenne canadienne. « Le marché du travail québécois continue d’étonner et de résister assez bien », constate Pascal Gauthier, économiste chez Banque TD Groupe financier qui compare mois après mois le marché du travail des provinces dans la présente tourmente.
Les choses pourraient bien changer au cours des prochains mois, prévient cependant Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. « L’Indice précurseur Desja rdins demeure négatif et présage que la récession sera en cours au Québec pour encore trois à six mois. »
Le tournant entre un marché du travail qui détruit et un qui crée des emplois est atteint quand l’entreprise privée embauche davantage qu’elle ne licencie. En avril, elle a encore réduit ses effectifs de 10 400 personnes, dont la moitié au Québec. C’est cependant bien moins que les 67 000 en moyenne des trois mois précédents.
« Il y a une lueur d’espoir dans le fait que la diminution de l’effectif salarié dans le secteur privé était le plus faible depuis le début de cette récession », observe Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.
Si on utilise la méthodologie américaine qui ne compte la population active qu’à partir de l’âge de 16 ans (contre 15 pour Statistique Canada), notre taux de chômage passe de 8,0% à 7,1% seulement.
Aux États-Unis, il a grimpé de 8,5% à 8,9% de mars à avril, selon les données du département du Travail. Encore 539 000 personnes ont perdu leur emploi. Cela porte la cohorte des victimes de la récession à 5,6 millions et le taux de chômage à un sommet en 25 ans.
« Cela montre que nous sommes toujours au milieu d’une récession qui a mis des années à venir et qui prendra des mois ou même des années à s’en aller », a commenté le président Barack Obama. Il s’est engagé à modifier les règles de l’assurance emploi pour ne plus pénaliser ceux qui retournent aux études pour se perfectionner.

 

Le verre à moitié plein
C’est au Canada que le recul sera le moins prononcé et que la reprise sera la plus forte.
Mardi, la Banque du Canada révisait ses prévisions économiques à la baisse. Mercredi, c’était au tour du Fonds monétaire international ( FMI) de rendre publiques des prévisions plus sombres que les précédentes et à conclure à une grave récession mondiale.
C’est un réflexe bien naturel de voir ces nouveaux développements comme de mauvaises nouvelles et d’en déduire que les perspectives s’assombrissent et que la situation empire. Ce n’est cependant pas vraiment le cas. J’en arrive à une tout autre lecture, et pas seulement en raison de mon optimisme indécrottable. Nous sommes plutôt en présence d’un cas classique de verre à moitié vide et de verre à moitié plein.
La situation, on le sait, n’est déjà pas bonne. Ce qui est arrivé cette semaine, ce n’est pas que des organismes réputés nous ont dit que ça serait encore pire, mais plutôt qu’ils ont ajusté leurs prévisions à cette réalité que nous connaissions déjà trop bien.
La Banque du Canada retombe tout simplement sur terre, après avoir étonné tout le monde avec ses lunettes roses, en prévoyant, grâce à ses modèles économétriques à la fine pointe de la science, une récession très faible, un recul du PIB de 1,2% en 2009 et une reprise très vigoureuse de 3,8% en 2010. Avec ses nouvelles prévisions, un recul sévère de 3% cette année et une reprise de 2,5 % l’a prochain, la Banque du Canada ne nous apprend rien. Elle ne fait que rentrer dans le rang.
Parce que ses dernières prévisions dataient de janvier, le FMI n’avait pas corrigé le tir, comme la plupart des spécialistes, pour intégrer à ses modèles les très mauvais résultats de la fin de 2008 et du début de 2009. C’est ce qu’il vient de faire. En janvier, il prévoyait une croissance mondiale de 0,5% et une véritable reprise de 3% en 2010. Il croit maintenant que la récession mondiale sera plus prononcée, avec un recul de 1,3% et que la reprise, à 1,9%, sera anémique. Un réajustement qui s’explique par le caractère synchronisé des récessions dans le monde et par l’insuccès des efforts de relance.
Qu’est-ce qu’on peut trouver positif làdedans ? Tout est relatif. Mais on note une certaine stabilisation des prévisions, une consolidation du consensus. Le FMI, avec ses prévisions, rejoint ce que disait déjà l’OCDE. La Banque du Canada, au niveau canadien, propose un scénario très proche de celui de la plupart des maisons spécialisées.
Deuxièmement, la Banque du Canada, comme bien d’autres maisons, s’attend à un retour à la croissance au quatrième trimestre. C’est dans cinq mois. Évidemment, cette reprise ne sera que du rattrapage, il faudra attendre 2011 pour que l’on revienne au niveau d’activité d’avant la récession et le retour à la normale sera parsemé d’embûches et marqué par l’incertitude. Troisièmement, le FMI, tout comme le disait aussi l’OCDE, prévoit que l’économie canadienne s’en tirera nettement mieux que les autres grands pays industrialisés. C’est au Canada, selon le FMI, que le recul, évalué à 2,5% en 2009, sera le moins prononcé, contre 2,8% aux États-Unis, 5,5% en Allemagne, 6,2 % au Japon, 3 % en France, 4,1% en Grande-Bretagne, 3,8% pour l’ensemble des économies avancées. Et c’est au Canada que la reprise sera la plus forte en 2010, avec 1,2%, quand la croissance sera de zéro aux États-Unis et dans la zone euro, et que l’économie reculera encore de 0,4% au Royaume-Uni et de 1,9% en Allemagne.

Le succès relatif du Canada dans l’adversité n’est pas insignifiant. C’est une constante de toutes les prévisions. Et ce n’est pas un phénomène passager avant que la réalité nous rattrape. Il faut le souligner.


Une chance qu’il y a le Québec! - CLAUDE PICHER
Le Québec compte pour 20% de l’économie canadienne. C’est la deuxième économie en importance au pays. Son poids est tel qu’il contribue de façon importante à augmenter la moyenne canadienne.
La publication des comptes économiques provinciaux, hier, nous a appris que l ’économie canadienne n’a progressé que d’un faible demi-point de pourcentage en 2008. Ce n’est pas très fort, mais c’était facile à prévoir.
On a beaucoup dit que le Canada, si on le compare aux États-Unis, à l’Europe ou au Japon, se t i re relativement bien de la crise économique et financière, C’est vrai. Mais cela ne veut pas dire qu’il a été épargné. Dans la deuxième moitié de 2008, c’est à dire entre août et décembre, le produit intérieur brut ( PIB) a subi cinq reculs mensuels consécutifs, ce qui explique en bonne partie la faible progression de l ’ensemble de l ’année. Zéro virgule cinq pour cent, voilà un chiffre qui peut sembler insignifiant, mais cela représente tout de même l’équivalent de 8 milliards de dollars.
Les comptes économiques provinciaux de St atist ique Canada mesurent à quel point l’économie de chaque province a avancé ou reculé au cours de l’année. Toutes les variations sont exprimées en termes réels, c’est-à-dire qu’elles tiennent compte de l’inflation.
D’embl é e , u ne constatation s a ut e a u x ye u x : l ’ Ont a r i o , l ’ Alber t a et la Colombie-Br it annique, les provinces traditionnellement considérées comme les locomotives de l’économie canadienne, ont toutes trois tiré l’économie vers le bas.
En Ontario, la production d’automobiles et de pièces a subi une chute dramatique de 21%, mais d’autres secteurs de la fabrication ont aussi lourdement écopé, et notamment la production de vêtements avec un recul de 28%. Ces mauvaises nouvelles ont entraîné une contraction de l’économie de 0,3%, comparativement à une progression de 2,3% en 2007.
La crise économique a forcé l’Alberta à réduire sa production de pétrole et de gaz. Pour la première fois en 24 ans, les exportations albertaines reculent. Mais ce qui a surtout fait mal, c’est l’éclatement de la bulle immobilière. Les mises en chant ier ont connu une catastrophique dégringolade de 40%. Au total, l’économie albertaine recule de 0,2 %, comparativement à une hausse de 3,1 % l’année d’avant.
La Colombie-Britannique a été frappée de plein fouet par le ralentissement de la construction résidentielle aux ÉtatsUnis. La production du secteur forest ier n’at teint plus que secteur des inf rastructures , reste vigoureuse. Le secteur aéronautique demeure fort. Les activités d’exploration minière ont « monté en f lèche », pour reprend re l ’ expre s sion de l’agence fédérale de statistique.
Le Québec compte pour 20% de l ’ économie canadienne. C’est la deuxième économie en importance au pays. Son poids est tel qu’il contribue de façon importante à augmenter la moyenne canadienne. Nous avons vu plus haut que la croissance du PIB du Canada a atteint 0,5%, ce qui est très 82% de son niveau de 2007. L’économie recule de 0,3 %, après une progression de 3% un an plus tôt.
Autrement dit, les trois locomotives sont en panne.
Et pendant ce temps, le Québec, longtemps tenu pour le maillon faible de l’économie canadienne, affiche une croissance de 1%, deux fois plus que la moyenne canadienne. La construction non résidentielle, en particulier dans le faible. Sans la performance du Québec, ce chiffre serait tombé à un anémique 0,3%.
Certes, deux autres provinces, le Manitoba et surtout la Saskatchewan, ont connu une croissance beaucoup plus forte que le Québec.
Les grands travaux publics ( bar rages hydroélect r iques, importants travaux à l’aéroport de Winnipeg, canal de dérivation de la rivière Rouge) ont été un véritable moteur pour l’économie manitobaine en 2008, qui a atteint un bon rythme d’expansion de 2,4%. Mais la palme revient sans conteste à la Saskatchewan, qui a largement profité de la hausse des prix de la potasse et d’une récolte exceptionnelle. Les bénéfices des entreprises saskatchewanaises ont bondi de 58%. Au total, l’économie de la province affiche une robuste poussée de 4,4%.
Même si ces deux provinces affichent une croissance remarquable en période de crise, leur poids économique est beaucoup plus petit que celui du Québec, de sorte que leurs bonnes performances ont f i nalement peu d’impact sur la moyenne canadienne. Le PIB du Manitoba ne représente que 3,2 % du total canadien. Celui de la Saskatchewan, 3,1 %.
On ne peut certainement pas conclure de tout cela que le Québec est devenu la nouvelle locomotive de l’économie canadienne. En revanche, il est clair que la bonne tenue du Québec compense largement, en 2008, les déboires des trois autres grandes provinces.
Aux prix du marché, la taille de l’économie québécoise atteint 301 milliards, ce qui en fait une économie comparable à celles de pays comme le Portugal ou la Colombie.




Solide comme le roc
Par rapport à leurs voisins américains, les Canadiens se tirent relativement bien d’affaire en ces temps de crise.
Qpubliée hier dans L’Observateur économique canadien, une revue spécialisée de l’agence fédérale de statistique, M. Cross passe en revue les grands événements qui ont bouleversé l’économie mondiale en 2008, et montre à quel point le Canada réussit finalement à bien tirer son épingle du jeu dans un contexte hautement volatil, et comment il est bien préparé pour la suite des choses.
PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES PC
Au Canada, non seulement aucune banque n’a fait faillite, mais toutes ont continué de déclarer des profits et de payer des dividendes.
D’ent rée de j eu, l ’ auteur uand on regarde le naufrage des grandes banques américaines et européennes , le système bancaire canadien apparaît « solide comme le roc », et c’est en bonne partie pour cette raison que le Canada est « bien placé pour profiter d’une reprise de l’économie mondiale, quand celle-ci aura lieu ».
Voilà une citation qui apparaît comme une bouffée d’air frais, alors que l’actualité économique et financière croule sous une avalanche de mauvaises nouvelles depuis un an.
Et le signal ne vient pas de n’importe qui. Philip Cross est analyste économique en chef à Statistique Canada. Il est réputé pour la qualité et la rigueur de ses recherches. Dans une étude constate que l’année 2008 ne ressemble à aucune autre observée « dans un passé récent ». Certes, chaque année est unique, mais 2008 passera à l’histoire parce que l’économie « a totalement changé son cours entre le début et la fin de l’année ».
Certes, l’économie canadienne a subi le contrecoup de la crise: pertes d’emplois, baisse de la valeur nette des ménages, chute libre des exportations, notamment dans les secteurs des ressources, de l’automobile et de la main-d’oeuvre.
M. Cross parle même de « débâcle » des exportations, mais ajoute un bémol important. Dans le secteur des ressources, c’est-à-dire principalement le pétrole exporté aux États-Unis, les deux tiers du recul des exportations sont attribuables à la baisse des prix pétroliers. En fait, en volume, les exportations des ressources ont augmenté.
Quant à l’industrie automobile, le Canada (c’est-àdire, dans ce cas, l’Ontario) a évidemment souffert du marasme qui a envahi GM et Chrysler. La production dans les 11 usines de montage canadiennes a chuté de 20%. Mauvaise nouvelle, certes, mais l’envers de la médaille est plus encourageant. Les véhicules « importés » sont de plus en plus populaires; en 2008, c’est une première historique, les marques « importées » représentent plus de la moitié des ventes de véhicules neufs au Canada. J’ai mis le mot « importé » entre guillemets parce que ces voitures sont de plus en plus construites au Canada et aux États-Unis. C’est dire que malgré les déboires des constructeurs américains, le Canada a réussi à stabiliser sa part de la production nordaméricaine de véhicules à 16%, le même niveau qu’il y a huit ans. On ne peut pas parler de catastrophe.
Par rapport à leurs voisins américains, les Canadiens se tirent relativement bien d’affaire en ces temps de crise. Certes, la chute des cours boursiers et des prix immobiliers (le Québec est relativement épargné par ce dernier phénomène, qui a surtout touché l’Alberta et la Colombie-Britannique) a fait fondre la valeur nette des ménages de 7,3% en moyenne. Cela fait mal, évidemment, mais on peut se consoler en pensant que le chiffre correspondant, aux États-Unis, est de 20%. Sur une plus longue période, de 2002 à 2008, l’avoir net des ménages a augmenté presque deux fois plus vite au Canada : 45%, contre seulement 25% aux États-Unis.
À tout considérer, le Canada dispose d’au moins trois atouts.
• Malgré la chute des exportations, il continue de dégager d’importants surplus commerciaux. Grâce en partie à l’accumulation de ces excédents, la dette extérieure nette du Canada est tombée à zéro en 2008. La différence entre ce que les emprunteurs canadiens doivent à leurs créanciers étrangers, et ce que les étrangers doivent aux prêteurs canadiens est nulle. Ce n’est pas rien ; c’est la première fois que cela se produit depuis que l’on a commencé à tenir des statistiques à ce sujet, en 1926.
• Depuis l’assainissement de ses finances publiques, le Canada est un pays relativement peu endetté, surtout si on le compare aux États-Unis. En 2008, la dette du système financier canadien correspondait à 60% du Produit intérieur brut, contre 120% aux États-Unis.
• Alors que le système financier américain a été « complètement transformé » par la crise, les banques canadiennes sont, répétons-le, « solides comme le roc ». Aux États-Unis, les cinq grandes banques d’investissement ont disparu ou ont été absorbées pour cause d’insolvabilité. En Europe, plusieurs banques insolvables ont dû fermer leurs portes, fusionner, ou être nationalisées. Au Canada, non seulement aucune banque n’a fait faillite, mais toutes ont continué de déclarer des profits et de payer des dividendes.
Il ne s’agit pas de regarder la situation avec des lunettes roses. La récession frappe dur: « La dernière baisse de l’activité économique au Canada remonte à 16 ans », écrit M. Cross. « C’est un record. Cela signifie qu’une génération entière de travailleurs et d’investisseurs fait pour la première fois l’expérience d’une récession ».
En revanche, l’économiste démontre, noir sur blanc, que quand les États-Unis toussent, le Canada n’attrappe pas nécessairement le rhume...


Les banques canadiennes s'en tirent plutôt bien
La Nationale déjoue la récession -  Martin Valiières
« La Banque Nationale continue de bénéficier de la situation économique encore relativement favorable qui prévaut au Québec », a souligné Louis Vachon.
Revenus et profits meilleurs qu’attendus. Des provisions pour pertes sur prêts – un effet de la récession – moins élevées que prévu.
Ma l gré une conjonc t ure inquiétante, la Banque Nationale s’est plutôt bien tiré d’affaire lors de son deuxième trimestre 2009, terminé le 30 avril.
Et de l’avis même de son président, la principale banque québécoise profite de l’impact moindre de la récession dans son marché principal – l’économie du Québec – que dans le reste du Canada.
« La Banque Nationale continue de bénéficier de la situation économique encore relativement favorable qui prévaut au Québec », a souligné Louis Vachon, hier, dès le début de sa discussion des résultats trimestriels avec les analystes.
En chiffres, cette bonne performance relative se traduit par un bond de 46% à 241 millions du bénéfice net lors du deuxième trimestre 2009, comparativement à la même période l’an dernier.
Le bénéfice net par action atteint 1,41$, en hausse de 41% en un an. C’est aussi supérieur de 14% à la moyenne des prévisions d’analystes, qui cotait à 1,23$ de bénéfice par action.
Par ailleurs, en excluant des éléments spéciaux comme les gains de cession de filiales et les frais de dépréciation des papiers commerciaux non bancaires, le bénéfice de la Banque Nationale au deuxième trimestre aurait quand même progressé de 14% par rapport à la même période l’an dernier.
Ces résultats trimestriels, avec ceux de trois autres banques canadiennes aussi divulgués hier, ont été très bien accueillis en Bourse.
Ils ont contribué le plus au bond journalier de 2,5% de l’indice phare de la Bourse de Toronto, à son niveau le plus élevé depuis sept mois.
Dans le cas de la Banque Nationale, les investisseurs ont poussé ses actions en hausse de plus de 4% en cours de séance. Elles ont terminé en hausse moins accentuée de 3,6 % à 51,30 $.
N’empêche, cette cote de fermeture est la plus élevée pour la Banque Nationale depuis la fin de septembre 2008. C’était juste avant le krach boursier allongé des semaines suivantes.
Aussi, cette cote de 51,30$ est maintenant deux fois plus élevée (+100%) que le creux annualisé de 25,62$ par action, atteint le 18 décembre 2008.
Par secteur d’activités, c’est l’importante filiale des marchés financiers, la Financière Banque Nationale, qui a réalisé le plus important gain de profit (50%) au deuxième trimestre 2009.
Ce gain s’est avéré amplement suffisant pour compenser la baisse de profit (-16%) des activités de gestion de patrimoine, ainsi que la hausse réduite (+2%) de profit pour les activités bancaires auprès des particuliers et des entreprises.
Par ailleurs, la Banque Nationale estime que son portefeuille de prêts demeure peu affecté par la récession, au point d’y limiter encore ses provisions pour pertes. La banque a décidé de s’en tenir à une provision de 41 millions au deuxième trimestre, seulement trois millions de plus que le trimestre précédent, malgré la détérioration de l’économie.
D’ail leurs, ces provisions moindres de la Banque Nationale contrastent avec cellesdeplusieurs centaines de millions de dollars inscrites par les autres principales banques canadiennes.
Par conséquent, la Banque Nationale risque-t-elle l’excès de confiance, afin de ne pas trop affecter ses résultats à court terme?
Pas pour le moment, estiment les analystes qui l’ont à l’oeil.

« La qualité de son portefeuille de prêts demeure bonne grâce à sa concentration d’affaires au Québec. Et son potentiel de générer d’autres profits malgré la conjoncture difficile demeure conforme aux attentes », a indiqué Michael Goldberg, analyste principal des banques chez Valeurs mobilières Desjardins, dans une brève note envoyée hier à ses clients-investisseurs.

La Banque TD surprend les analystes
« Toutes les entreprises TD s’en tirent très bien malgré le poids de la récession au Canada et aux États-Unis. »
— Les éléments non récurrents et la fragilité des activités de gestion de patrimoine de la Banque Toronto-Dominion l’ont forcée à afficher un bénéfice en baisse pour son deuxième trimestre, même si ses services bancaires au détail et commerciaux ont vu leurs profits augmenter d’un pour cent.
Les entreprises TD ont bien fait au cours du deuxième trimestre du présent exercice financier.
Le bénéfice de la TD s’est chiffré à 618 millions de dollars pour le trimestre terminé le 30 avril, soit 68 cents l’action, par rapport à un bénéfice de 852 millions, ou 1,12$ l’action, à la même période un an plus tôt.
En excluant les éléments extraordinaires comme l’amortissement d’actifs intangibles, les pertes sur couverture et les charges de restructuration liées à l’acquisition, l’an dernier, de Commerce Bancorp, le bénéfice par action atteint 1,23$. Ce montant surpasse aisément les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient en moyenne sur un profit par action de 1,13$.
Le bénéfice net rajusté de la banque s’est établi à 1,09 milliard de dollars, contre 973 millions l’an dernier, les revenus trimestriels ayant grimpé à 4,33 milliards, par rapport à 3,39 milliards, stimulés par l’acquisition de Commerce, qui a doublé la présence américaine de la TD.
« Toutes les entreprises TD s’en tirent très bien malgré le poids de la récession au Canada et aux États-Unis », a déclaré dans un communiqué le président et chef de la direction de la banque, Ed Clark.
Le rendement de l’avoir des actionnaires, une mesure clé de la rentabilité des banques, a reculé à 6,6%, contre 13,4% un an plus tôt, alors que la provision pour pertes sur prêts a gonflé à 656 millions, contre 232 millions au trimestre correspondant l’an dernier.
Le dividende est resté inchangé à 61 cents l’action.
Les i nvestisseurs se sont montrés impressionnés par les résultats des activités essentielles de la banque, « les revenus nets d’intérêt affichant une hausse marquée », a observé Craig Fehr, analyste du secteur bancaire chez Edward Jones, à St. Louis. Selon lui, cette progression est attribuable à des écarts de taux d’intérêt plus rentables et à de plus gros volumes de prêts.
« Lorsque vous voyez la TD surpasser l’industrie au chapitre du volume de prêts, c’est la conséquence d’une solide activité de la part des services bancaires de détail. »
Hier à la Bourse de Toronto, l’action de la TD a gagné 6,78% à 53,69$.

La CIBC se relève après une année difficile
— La Banque CIBC a affiché une perte nette de 51 millions de dollars au deuxième trimestre, une amélioration par rapport à celle de 1,1 milliard encaissée à la même période l’an dernier. Les dépréciations de divers produits de crédit structuré se sont poursuivies au plus récent trimestre, mais plus lentement.
De l’avis même du président Louis Vachon, la principale banque québécoise profite de l’impact moindre de la récession dans son marché principal – l’économie du Québec – que dans le reste du Canada.
La perte nette s’est ainsi élevée à 24 cents l’action pour le trimestre terminé le 30 avril, comparativement à une perte de 3$ l’action un an plus tôt, a précisé hier la CIBC. En excluant les éléments non récurrents, la banque aurait fait état d’un bénéfice de 1,41$ par action, soit deux cents l’action de plus que les attentes moyennes des analystes de Thomson Reuters.
Les revenus ont totalisé 2,16 milliards de dollars, par rapport à 126 millions au cours de la période correspondante l’an dernier, qui s’était avérée désastreuse. Au premier trimestre de l’exercice en cours, les revenus avaient totalisé 2 milliards.
La provision pour pertes sur prêts a gonflé de 124% par rapport à l’an dernier, atteignant 394 millions, contre 176 millions. Les frais autres que d’intérêts ont reculé de 8% à 1,64 milliard.
Malgré la perte, la CIBC a maintenu son dividende trimestriel de 87 cents l’action.
Le marché a réagi aux « résultats essentiels, les résultats des activités bancaires de détail, parce que l’exposition au risque de la CIBC à ce moment-ci est très bien connue », a observé Craig Fehr, analyste chez Edward Jones à St. Louis.
« Les dépréciations qu’ils continuent d’inscrire, bien que décevantes, ne sont pas nécessairement si surprenantes. »
Cependant, le revenu net d’intérêts en baisse de 5,6% par rapport à l’an dernier, à 1,27 milliard de dollars, « a été assez décevant pour ce trimestre, et c’est le reflet d’une pauvre croissance des prêts », a noté M. Fehr.
« Les perspectives de croissance de la CIBC sont plutôt inconnues pour l’instant. »
Le ratio des fonds propres de première catégorie, un indicateur clé de la stabilité, était de 11,5% – « parmi les plus élevés des grandes banques d’affaires en Amérique du Nord ».
Hier à la Bourse de Toronto, le titre de la CIBC a glissé de 4,49% à 54,47$.


ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE  Charest se dit optimiste

Le premier ministre Jean Charest s’est déclaré optimiste à propos de l’économie québécoise, hier à la Conférence de Montréal. « Le Québec s’en sort mieux que partout ailleurs sur la planète, a dit M. Charest en point de presse. Nous avons eu deux mois de création d’emplois, c’est inattendu. »
Par contre, il n’a pas voulu donner son avis sur les multiples estimations de reprise mondiale pour 2010. « Personne ne s’attend à une reprise très forte. Le consensus des économistes, c’est une reprise très lente, pas en V. Ça sera une occasion de repositionner le Québec. »
Le premier mi n i s t re mise notamment sur le « nouvel espace économique qui réduirai t l es barrières commerciales entre les provinces canadiennes, et l es ententes particulières en cours de négociation avec l’Ontario et la France. Il a également affirmé que l’ouverture aux firmes européennes des appels d’offres provinciaux et municipaux aiderait le premier ministre Stephen Harper à lutter contre le protectionnisme américain, en donnant un « signal clair » de la volonté canadienne de limiter les barrières au commerce et à la main-d’oeuvre.




Sombres nuages - CLAUDE PICHER

Statistique Canada a diffusé hier deux documents mensuels importants : l’enquête sur la population active et les données sur le commerce international.
Les médias accordent généralement beaucoup plus d’attention à la première enquête, puisqu’elle fournit un portrait complet et facile à comprendre du marché du travail : taux de chômage, nombre d’emplois créés ou perdus, ventilations détaillées.
Cette fois-ci, c’est différent. Les derniers chiffres sur le commerce i nternational constituent, et de loin, la nouvelle la plus spectaculaire du jour.
Et c e n’e s t pas u ne bonne nouvelle.
Les exportations canadiennes continuent de chuter. En août, la valeur des exportations canadiennes à l’étranger, surtout aux États-Unis, a atteint 29 milliards ; en même temps, les Canadiens ont importé pour 31 milliards de biens. Il en résulte un déficit commercial mensuel de 2 milliards, de loin le plus élevé de toute l’histoire.
L’impact du libre-échange
Le Canada a toujours été habitué à de solides surplus commerciaux, qui ont d’ailleurs atteint des niveaux i négalés dans les années qui ont suivi la signature de l’accord de libre-échange avec les États-Unis. En 1988, année de l’entrée en vigueur de l’accord, les exportations canadiennes aux États-Unis se situaient à 10,7 milliards ; elles dépassaient le cap des 108 milliards en 2005 ; depuis ce temps, notamment en raison de la force du dollar canadien et de la crise financière aux États-Unis, elles ont sensiblement reculé à 89 milliards l’an dernier, ce qui n’est quand même pas rien. C’est une bonne chose : chaque dollar d’exportations contribue à maintenir ou à créer des emplois de ce côté-ci de la frontière.
Or, les chiffres montrent que, pour les huit premiers mois de l’a nnée, le solde commercial se détériore à une allure affolante.
Certes, de janvier à août 2009, le Canada parvient toujours à dégager un surplus dans ses échanges avec les États-Unis : 22 milliards. Cela paraît gros, mais en réalité, c’est une catastrophe. L’an dernier, pour la même période, le surplus dépassait les 67 milliards. Autrement dit, un des grands atouts traditionnels de l’économie canadienne, son surplus commercial avec les États-Unis, est en train de voler en éclats.
Le Canada, d’autre part, est chroniquement déficitaire avec les autres pays du monde. Mais son surplus avec les Américains était tellement colossal qu’il parvenait largement à effacer ce déficit. Ainsi, l’an dernier, comme on vient de le voir, le surplus avec les États-Unis atteignait 89 milliards. En revanche, il y avait un déficit de 42 milliards avec le reste du monde. Au net, cela laisse donc un surplus de 47 milliards.
Le drame, cette a nnée, c’est qu’avec l’effondrement des ventes aux États-Unis, on ne peut plus compter sur les Américains pour effacer notre déficit ailleurs. Ainsi, de janvier à août, le déficit commercial, toutes destinations confondues, a atteint quatre milliards, dont la moitié pendant le seul mois d’août.
Le déficit record du mois d’août pourrait difficilement être attribué à la force du dollar canadien. Pendant le mois, la valeur du huard est passée de 89,1 à 91,9 cents. Cette hausse est largement i nsuffisante pour expliquer l’effondrement des ventes. Il faut davantage y voir l’impact des difficultés considérables que doivent affronter les consommateurs et les entreprises américaines par les temps qui courent.
Et le pire est peut être à venir.
Aujourd’hui, le huard frise les 96 cents et plusieurs économistes pensent qu’il atteindra la parité avec le dollar américain d’ici quelques mois. À de tels niveaux, l’impact négatif sur les exportations est inévitable. En décembre prochain, lorsque Statistique Canada publiera les données du commerce international pour le mois d’octobre, il y a tout lieu de penser que le déficit continuera de grossir.
Dans ces condit i ons, à moins d’un revirement de situation aussi spectaculaire qu’inattendu, il faut déjà anticiper un déficit commercial pour l’ensemble de 2009. Si cela se produit, ce sera la première fois en 34 ans!
L’impact sur l’emploi n’est pas immédiat.
Ainsi, les résultats de l’enquête sur la population active montrent que l’économie canadienne a créé 92 000 emplois à temps plein en septembre. De loin les résultats les plus encourageants depuis le début de la crise. En fait, du jamais vu depuis mai 2006.
Cette bonne nouvelle est cependant assombrie par la suppression de 61 000 emplois à temps partiel, particulièrement chez les jeunes, chez les femmes, et en Ontario.
Au Québec, le taux de chômage est passé de 9,1 à 8,8%, mais ce n’est pas une bonne nouvelle. L’économie québécoise a gagné 8000 emplois à temps plein, mais en a perdu 12 000 à temps partiel, de sorte qu’il y a au total 4000 chômeurs de plus. Si le taux de chômage a baissé malgré ces pertes d’emplois, c’est parce qu’en plus des 4000 Québécois qui ont perdu leur emploi, 12 000 chercheurs d’emploi ont baissé les bras et sont allés grossir les rangs des chômeurs découragés et des assistés sociaux. Voilà pourquoi une baisse du taux de chômage peut camoufler un drame.
À plus long terme, le marché du t ravail québécois, c omme da ns l e r e s t e du Canada, risque fort de se détériorer à mesure que les ventes canadiennes aux États-Unis poursuivront leur dégringolade. C’est le temps d’allumer des cierges en espérant que les Américains se sortent rapidement du pétrin.

LES NOUVEAUX DÉFIS DU CANADA  -  Rudy LeCours
Le rattrapage du terrain perdu par l a r écession s’étirera jusqu’en 2011 aux États-Unis et dans plusieurs provinces canadiennes. Ce devait être chose faite dans le courant de l’an prochain pour le Québec, le Manitoba et quelques provinces atlantiques.
Ces dernières devront relever néanmoins t out aut a nt quelques déf i s car le marché américain n’offre plus les mêmes perspectives qu’à l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange, en 1989.
« Si on exclut l ’énergie, les exportations de la zone euro aux États-Unis sont plus importantes que celles du Canada, faisait remarquer Warren Jestin, économiste en c hef de Banque Scotia, de passage hier à ses bureaux montréalais, rue Sherbrooke Ouest. Le monde devient plus complexe pour le Canada. »
La poussée de croissance venant de l’Asie continuera de soutenir les prix de plusieurs produits de base dont ceux de l ’énergie. D’autant plus que la Chine investit maintenant directement dans les entreprises canadiennes productrices d’énergie, y compris les sables bitumineux, ou de produits de base.
Cela aura pour effet de doper le huard. Le Canada ne peut de toute façon fixer la valeur de sa monnaie, il doit plutôt apprendre à vivre avec, même si ça signifie de nouvelles difficultés pour les manufacturiers exportateurs qui ne pourront plus autant compter sur l’appétit insatiable du consommateur américain.
En revanche, une monnaie forte augmente le pouvoir d’achat des Canadiens car la valeur des biens que nous exportons augmente plus vite que celle de ceux que nous importons.
Au sud de la frontière, ce sera l’inverse. Cela aggravera la situation f i nancière des ménages et des entreprises tributaires des produits de base. Les ÉtatsUnis ne font d’ailleurs pas face uniquement à une crise de l’emploi, de l’habitation encore en phase de stabilisation, ni à un déficit budgétaire abyssal. Le vieillissement de la population les guette aussi, tout comme l’explosion des coûts de soins de santé, quelle que soit l’issue de la réforme proposée par le président Barack Obama.
Voilà pourquoi les indic a t e u r s é c o n o mique s enver r ont des s i gnaux contradictoires j usqu’au pr i n t e mps, p e n s e M. Jesti n. Les bonnes ou moins mauvaises nouvelles prenant le pas petit à petit sur les grandes déceptions à compter de mai et jusqu’en 2011 où commencera enfin l’expansion du présent cycle.
Mais elle sera lente cette fois-ci ce qui rendra plus nécessaire l’amélioration de la productivité de nos entreprises pour conquérir d’autres marchés. Cela exigera plusieurs années d’efforts et d’investissements avant de porter fruit, admet M. Jestin.

Canada : L’économie fait du surplace  -  Rudy LeCours
Le mauvais temps de juillet continue de nous hanter. Il a fait reculer la génération d’électricité, l’extraction et les livraisons de gaz naturel au point d’annihiler le rebond du secteur manufacturier propulsé par la reprise de la production automobile.
Résul t a t : c ont r e t oute attente, l’économie canadienne a stagné en juillet (-0,04%), a i ndiqué hier Statistique Canada. La prévision médiane des experts tablait plutôt sur un gain de 0,5 % qui se fût ajouté à l’avancée modeste du produit intérieur brut ( PIB) réel de 0,1 % en juin.
Cela n’a toutefois pas empêché le dollar canadien de gagner 128 centièmes, à 93,40 cents, contre le billet vert sur la foi d’un rapport du Fonds monétaire international qui réduisait sa prévision de radiations d’actifs financiers encore à faire. Cela a eu pour effet de stimuler l’appétit pour le risque aux dépens de la devise américaine dont le rôle de valeur refuge s’effrite concurremment. 
« Même si certains i ndic ateu r s économiques ont progressé de façon soutenue durant l e mois, c er t a i ns ajustements sont toujours en cours au sein de l’économie canadienne, rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. La c or r ec t i on des stocks s ’est poursuivie dans de nombreux secteurs, ce qui a évidemment amoindri leur production. ». M. Desrochers avait misé sur une fa ible croissance de 0,1 %.
Des fermetures temporaires ont freiné l’extraction minière, t a ndis que l a production d’électricité et la distribution du gaz naturel ont reculé « en raison d’une baisse attribuable à des températures au-dessous des valeurs normales saisonnières, particulièrement dans le centre du pays », précise l’agence fédérale.
On peut sans doute aussi blâmer en partie Dame Nature pour les replis de la production agricole et de la construction résidentielle.
En fait, le rebond de 0,8 % de la fabrication aura été le seul élément positif dans l’ensemble de la production des biens qui recule tout de même de 0,4 % en juillet, portant à 13,5 % sa plongée annuelle. « De nos j ours, le secteur manufacturier ne représente plus que 12% de l’économie réelle », note Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint c hez Valeu r s mobi l i è r e s Banque Laurentienne.
À l’opposé, le secteur des services a progressé de 0,1 % en juillet. Il s’agissait du quatrième gain mensuel d’affilée qui limite à 0,5 % seulement son recul annuel.
L’écart entre la production de biens et de services est le plus élevé à ce jour, constate Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux. Cet écart illustre jusqu’à quel point la demande intérieure a permis de contenir les effets néfastes de la récession mondiale.
Juillet 2008 avait marqué le sommet du PIB réel avant l’entrée du Canada en récession. On peut donc voir l’ampleur du repli annuel du PIB mesuré par industrie : 4,6 %.
Plusieurs sont maintenant d’avis que la progression devra être convaincante en août et septembre pour que se matérialise la prévision de 1,3% de la Banque du Canada d’une croissance annualisée de 1,3% au troisième trimestre, même si la majorité adhère toujours à un scénario de sortie de récession amorcée en juin.
Cela reste possible puisque, aux caprices de Dame Natu r e , on peut aj outer d’autres aléas non récurrents qui ont entravé l’économie. Ainsi, la grève des fonctionnaires torontois a fait reculer de 0,3 % la contribution des administrations publiques, peu sensibles à la conjoncture de manière générale. Ce secteur a la même taille que le commerce de détail.
« Le rebond at t endu de l’activité n’est retardé que d’un mois », estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. La dynamique de la croissance a cependant préparé le terrain à une forte reprise au quatrième trimestre qui est déjà corroboré par le net rebond de l’indicateur économique avancé canadien. »
On ajoutera que l’imminence d’un accord canadoaméricain sur la clause Buy American pour tout ce qui concerne les chantiers d’inf rastructure lancés par les États et les municipalités américains stimulera davantage les exportations.
En outre, le début de la reprise américaine paraît bien engagé. Hier, le département américain du Commerce a donné le chiffre définitif de variation du PIB réel au deuxième trimestre. Déjà faible à -1%, elle est ramenée à -0,7%. Le troisième trimestre qui a pris fin hier aura sans doute marqué un retour à une croissance encourageante de la première économie du monde qui représente toujours 20% du PIB mondial.

Spectacles : Des sièges vides à Montréal  -  Nathaëlle Morissette
Début d’automne difficile pour plusieurs salles de spectacles montréalaises où le nombre de billets vendus au guichet a nettement diminué par rapport à l’an dernier. Musique, théâtre, opéra, arts du cirque: dans presque toutes les disciplines, les sièges vides démontrent que la crise économique frappe aussi l’industrie culturelle.
Michel Sabourin, propriétaire du Club Soda, était sans doute heureux de tourner la page de son calendrier hier. La salle de spectacle qu’il dirige au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue SainteCatherine a connu un mois de septembre difficile. Le Club Soda a accueilli un peu plus de 6300 spectateurs au cours du mois par rapport à 10 020 au cours de la même période l’an dernier: une baisse de 37%. En 2007, quelque 9500 personnes avaient franchi les portes de la salle et ils étaient 12 800 en 2006.
Cette année, Michel Sabourin a dû annuler trois spectacles, faute de billets vendus. «On s’aperçoit que le booking de la salle est un peu au ralenti, mentionnet-il. On sent les producteurs frileux. Et il y a certainement un lien avec la crise.»
Lestempssontplusdifficileségalement du côté de la TOHU. «L’achat de billets individuels se fait à la dernière minute, observe Stéphane Lavoie, directeur général de la TOHU. Les gens prennent moins le risque d’acheter à l’avance.»
M. Lavoie remarque avec désolation que ses salles ne se remplissent pas toutes. «Un siège non vendu, c’est une perte nette.» En théâtre, l’Espace Go parle aussi d’un «ralentissement» du côté de la vente de billets à la carte. «C’est plus difficile que l’an dernier», admet Luc Chauvette, directeur des communications et du marketing. Le nombre d’abonnements, qui s’élève à 1500, est toutefois resté stable par rapport à l’an dernier.
Mauvaises nouvelles également du côté de l’Opéra de Montréal, où on enregistre une baisse de 5% des ventes de billets par rapport à septembre 2008. Les abonnements ont aussi diminué dans les mêmes proportions.
La crise économique n’a toutefois pas affecté toutes les salles. Au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), par exemple, le porte-parole, Loui Mauffette, assure qu’aucun ralentissement ne s’est fait sentir jusqu’à maintenant.
Par ailleurs, l’industrie cinématographique semble avoir le vent dans les voiles. En date du 24 septembre, on notait une hausse de 8,2% des ventes au guichet par rapport à l’an dernier, selon les chiffres fournis par Cinéac, la firme qui compile les entrées des cinémas de la province. Les billets de cinéma étant moins chers qu’une entrée au théâtre ou à l’opéra, les gens qui surveillent leur budget peuvent être davantage portés à opter pour ce genre de sortie.

Centres d’emploi de Montréal  C’est la cohue !  -  Émilie Côté
Longues files d’attente, délais et pertes de patience. Les temps sont du rs pou r le s employés et les usagers des Centres locaux d’emploi de Montréal (CLE).
Le personnel est débordé, alors que les personnes à la recherche d’un gagne-pain – plus nombreuses à cause de la crise économique – attendent plus longtemps qu’à l’habitude. « Depuis juillet, c’est épouvantable, a confié à La Presse une employée d’un CLE de Montréal. Je n’avais jamais vu des gens faire la file comme ça.»
C er t a i n s m at i n s , ava nt l’ouverture des portes, la file d’attente devant la porte du C L E de Sa int-M ichel, au deuxième étage, s’étire jusqu’à l’extérieur de l’édifice. « La première fois que j’y suis allée, on m’avait dit d’arriver tôt le matin à 7 h 30, une heure ava nt l’ouver tu re, raconte Lucille*, une femme de 56 ans sans emploi. C’est de bonne heure, mais on veut tous avoir un job ! »
Lors de sa première visite au CLE, Lucille a pris un numéro pour rencontrer un préposé au comptoir, qui lui a fait remplir une fiche. Ensuite, il lui a proposé un autre rendez-vous quelques jours plus tard avec un agent. En tout et pour tout, cette première visite a pris trois heures.
« Habituellement, la personne arrive au CLE et elle peut voir un agent le jour même », sou ligne L ou ise, employée d’un CLE de Montréal qui préfère taire son vrai nom.
Dans le cas de Lucille, la deuxième visite était fixée 10 jours plus tard. Et à ce moment, on lui a dit de se présenter une semaine plus tard au Centre de recherche de l’emploi de l’est pour une formation. « J’ai 56 ans et j’ai de la difficulté à me trouver un emploi dans la restauration », explique Lucille.
Quant à Denise, elle doit se rendre toutes les deux semaines au CLE de Saint-Michel. « Je travaille, mais il faut que j’aille montrer mon talon de paie. C’est un suivi », précise la mère de deux enfants.
« C’est toujours plein, dit la femme de 49 ans. Parfois il y a des gens qui perdent patience parce que des personnes dépassent ceux qui ont des numéros. »
Selon Louise, qui travaille dans un CL E depuis leur création, en 1998, c’est du jamais vu. « Tout l’été, on a été débordés de façon incroyable. C’est difficile, car les gens qui viennent ne sont pas vus systématiquement. Ils sont obligés d’attendre. On a de la difficulté à rappeler les gens dans la même journée. »
« Les gens ont besoin de plus d’a ide que ce qu’on peut leur donner, poursuitelle. Les gens qui viennent nous voir sont en panique. L es chômeu rs a rrivent au tout début de leurs prestations, car ils ont peur de ne rien se trouver après à cause de la récession. »
À Montréal, on compte environ 25 centres locaux d ’emploi . L e s c ent re s de Saint-Michel et d’HochelagaMaisonneuve ne sont pas les seuls à être débordés. « On constate depu is quelques mois une affluence dans les CLE de Montréal, explique le porte-pa role d’ E mploiQuébec, Claude Morin. On comprend que c’est à cause du ralentissement économique. »

ONTARIO : TIMIDES SIGNES DE REPRISE  -  Stéphane Paquet
Ç’a frappé fort. Une grosse crise pour une grosse industrie. Celle de l’automobile. Et maintenant, une lumière au bout du tunnel.
D’abord, des chiffres qui parlent : de juin 2008 à juin 2009, 31 111 travailleurs de l’auto ont perdu leur emploi en Ontario, selon des données de Statistique Canada fournies à La Presse. C’est plus d’un employé sur quatre qui t ravaillait chez les grands constructeurs comme Ford, GM, Toyota ou leurs nombreux fournisseurs.
« Ç’a été terrible, explique le président de l ’a ssociation des fabricants de pièces d’automobiles, Gerald Fedchun. On a une très, très mauvaise récession dans le secteur de l’auto. Je pense que ça va finir par être pire que celle de 1981. »
Le f abrica nt de pièces Mar t i nrea , dont l e siège social est à Vaughan, au nord de Toronto, est un reflet à petite échelle de ce qu’a vécu l ’ i ndustrie de l ’ auto e n Ontario. Le nombre de ses employés répartis dans une trentaine d’usines au Canada, aux États-Unis et au Mexique est passé de 7200 l’an dernier à environ 4500 actuellement.
Deux des quatre principaux clients de Martinrea, Chrysler et GM, s e s ont protégés de leurs créanciers devant les t ribunaux. Son titre en Bourse est passé de 12 $ en janvier 2008 à 2,50 $ un an plus tard. Ouf !
Ces j ours-ci, l’action de Martinrea oscille entre 7$ et 7,50 $... ce qui nous amène aux signes de reprise dans l’industrie.
« Si nos clients (GM, Ford et autres) sont en voie de retrouver une meilleure santé, alors, on est dans une meilleure position qu’il y a un an », confie Rob Wildeboer, président exécutif de Martinrea.
Quand il nous reçoit dans la salle du conseil – d’où on peut entendre les immenses presses former le métal de l’autre côté du mur – il est plus question d’occasions d’affaires que de déprime généralisée. « La restructuration était nécessaire », dit-il. Elle a permis de réduire la capacité de production, tant des grands de l’auto que de ceux qui leur fournissent des pièces. Les fabricants qui restent ont dû apprendre à être plus productifs, à survivre dans un marché plus petit.
« C’est devenu une crise de volume (de voitures produites) au lieu d’être une crise du crédit », dit-il.
Ce qui a fait la différence entre une année difficile et une hécatombe, insiste-t-il, c ’est que les fournisseurs comme lui ont continué à être payés même si GM et Chrysler étaient devant les t r i bunaux, grâce à l ’a ide des gouvernements.
Dans la dernière année, Martinrea a fermé une usine à Kitchener – fermeture prévue avant la crise – mais en a aussi ouvert une autre à Ajax et en a acheté deux autres, une aux États-Unis et l’autre au Mexique.
Et l’avenir ?
« Les choses s’améliorent. Pas beaucoup, mais elles s’améliorent », souligne M. Fedchun.
Aucun des deux hommes ne s’attend à ce que 2010 ramène l’industrie nord-américaine à ses niveaux de production de 15 millions de véhicules par année, comme c’était le cas avant la crise. « Je ne pense pas qu’on va revoir ça pour un bon bout de temps », souligne le président de l’association des fabricants de pièces.
Les deux s’entendent sur 12 à 13 millions de bolides à quatre roues produits cette année en Amérique du Nord.
Pour les années suivantes, M. Wildeboer, dont le quart des travailleurs sont postés dans des usines au Mexique, croit toutefois que les Mexicains achèteront davantage de véhicules. Un peu comme les employés de Ford ont contribué à la première poussée de croissance du constructeur en achetant les véhicules qu’ils fabriquaient.

L’OCDE PLACE LE CANADA EN QUEUE DE PELOTON  -  Marie Tison
Selon l’OCDE, la reprise a r r i vera plus t ôt que prévu. Sauf au Canada. L’Organisation de coopération et de développement économique prévoit que le Canada traînera la patte, derrière les autres pays du G7, au troisième trimestre. Alors que l’ensemble de ces pays devrait connaître une mince croissance de 1,2 %, le Canada devrait enregistrer une décroissance de 2 % de son produit intérieur brut ( PIB).

« La forte contraction de l’activité qui s’est amorcée au dernier trimestre de 2008 s’est intensifiée au premier trimestre de 2009, sous l’effet de l’effondrement des exportations, de l’investissement fixe et de la formation de stocks, écrit l’OCDE dans une étude rendue publique hier. Le rythme de cette contraction semble ralentir, mais les conditions récessionnistes devraient persister jusqu’au troisième trimestre. Le chômage continuera probablement à augmenter. »
L’organisation est plus optimiste en ce qui concerne l’ensemble des pays du G7.
« Les modèles de prévision à court terme de l’OCDE laissent augurer une reprise plus précoce qu’on ne l’imaginait il y a quelques mois », faitelle savoir.
Elle s’attend toutefois à ce que la cadence de la reprise demeure modeste pendant encore quelque temps.
« Les f o r t e s c a pa c i t é s e xcédenta i r e s , la f a i ble rentabilité, le niveau élevé et la hausse du chômage, l’asphyxie de la croissance des revenus du travail et la poursuite des ajustements sur les marchés du logement vont en ef fet brider toute hausse de la demande privée. »
L’OCDE estime qu’en raison de cette faible reprise, les pouvoirs publics devraient continuer à mettre en place des mesures de stimulation, du moins à cour t t er me. L’organisation affirme que les gouvernements devraient quand même se préparer dès maintenant à renoncer à de tels programmes et commencer à élaborer les stratégies et les plans d’assainissement budgétaire qu’il faudra alors mettre en place.
En c e qui c oncerne le Canada, l’OCDE mentionne que les autorités budgétaires disposent encore de la marge de manoeuvre nécessai r e pour mettre en oeuvre des programmes de stimulation additionnelle.
En mode rattrapage ?
L’économiste en chef adjoint du Groupe financier Banque Nationale, Yanick Desnoyers, a déclaré que l’organisation faisait du rattrapage en prédisant une reprise plus rapide que prévu.
« Il y a six mois, l’OCDE disait que c’était la fin du monde, a-t-il ironisé. Cela fait plusieurs mois que nous disons qu’il va y avoir une reprise. Si on regarde les données qui rentrent depuis deux, trois semaines, c’est t rès positif. L’OCDE et le Fonds monétaire international sont en mode rattrapage, ils révisent à la hausse les prévisions faites il y a quelques mois. »
L’économiste s’est interrogé au sujet des prévisions de l’organisation au sujet de la performance du Canada au troisième trimestre.
« Une décroissance de 2%, je ne vois pas comment ils ont pu arriver à cela », a-t-il lancé.
Il a rappelé que la Banque du Canada ne prévoyait qu’une
décroissance de 1%, alors que le Groupe financier Banque Nationale prévoyait une croissance de plus de 3%.
États-Unis
Il a rappelé que les ventes d’automobiles aux États-Unis devraient dépasser les 14 millions d’unités cette année, alors qu’on parlait de seulement 9 millions d’unités au creux de la vague, au début de cette année.
« Avez-vous une idée du choc macroéconomique de plusieurs milliers de voitures vendues ? C’est énorme ! »
Cet effet se fera évidemment ressentir en Ontario, qui a gravement souffert de la crise.
Les entreprises exportatrices canadiennes devraient également bénéficier d’une amélioration du secteur du logement aux États-Unis.
« Les mises en chantier vont reprendre, a soutenu M. Desnoyers. Le secteur du logement aux États-Unis sera en croissance au cours des deux à trois prochaines années. »
L’économiste s’est surtout demandé pourquoi l’OCDE plaçait le Canada en queue de peloton, notamment loin derrière les États-Unis, qui devraient connaître, selon l ’organisation, une c roissance de 1,6 % au troisième trimestre.
M. Desnoyers a fait observer que les prix des maisons n’avaient diminué que de 5 % au Canada, comparativement à plus de 30 % aux États-Unis.
« Le bilan f i nancier des Canadiens n’a pas subi la déconf it ure subie par les Américains, a-t-il fait valoir. Les Canadiens sont dans une situation enviable. »
I l a aj outé ne pas êt r e convaincu que l’ Europe se sorte plus rapidement de la récession que le Canada et les États-Unis.

« L’Europe a subi un choc plus important que le Canada et les États-Unis sur le plan du PIB », a-t-il expliqué.




Exportations : Le Québec n’est pas sorti du bois  -  Philippe Mercure
Plus de camions et de bateaux chargés de marchandises qui quittent le Québec : au premier coup d’oeil, ça semble prometteur. Mais ne fêtez pas trop vite, ont averti hier les économistes. Malgré une légère hausse en juin, le Québec continue et continuera de souffrir d’une baisse importante de ses exportations internationales.
Les exportations québécoises vers l’étranger ont augmenté de 0,4 % en juin. Une hausse certes, mais beaucoup trop faible et de courte durée pour faire oublier LE chiffre qui fait mal. Pendant les six premiers mois de l’année, les exportations internationales ont dégringolé de 15,4%.
« Qu’on voie une pause en juin, c’est quand même bienvenu, dit Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. Mais il est trop tôt pour dire que c’est la fin de la détérioration. À notre avis, ce n’est qu’une pause dans la tendance baissière. »
Demandez à son homologue de la Financière Banque Nationale, Marc Pinsonneault, si les chiffres d’hier dépeignent une reprise économique et sa réponse est claire.
« Non, non, non, non, tranche l’économiste. C’est seulement sur un mois et ce n’est pas très convaincant. »
Depuis le sommet atteint à la fin 2008, les exportations internationales du Québec ont chuté de rien de moins que 21,9 %. Ça veut dire que pour cinq camions qui partaient pour les États-Unis à la fin 2008, il n’en reste plus que quatre. 
« C’est énorme, souligne Hélène Bégin. Une baisse de plus de 20 % des exportations internationales, c’est vraiment majeur. »
Pour Marc Pinsonneault, de la Nationale, le portrait dressé hier par l’Institut de la Statistique du Québec est très simple. « C’est celui d’une économie en récession », dit-il.
Les exportations avaient d’ailleurs subi une baisse comparable de 22,1% pendant la récession de 1990-1991.
Causes et solutions
Les c auses ne s ont un s ec r et pour personne. Encore 75 % de nos exportations prennent le chemin des États-Unis, et les Américains ne consomment plus. Mais nos exportations avaient déjà commencé à diminuer avant la crise, notamment à cause de la concurrence chinoise pour le marché américain.
Hélène Bégin, de Desja r dins , prévoit que les exportations repartiront vers le haut d’ici la fin de l’année, mais ne s’attend pas à voir les camions se bousculer soudainement à la frontière.
« À notre avis, la pente va être longue à remonter », dit-elle
Malgré la reprise économique qui se dessine, deux éléments viendront mettre du sable dans l’engrenage des exportateurs. D’abord le dollar canadien, qui est remonté au-dessus des 90 cents US et nuit à la compétitivité. Ensuite les mesures protectionnistes instaurées aux États-Unis, qui favorisent les fabricants locaux.
Et repriseoupas, rappelleMme Bégin, la concurrence pour le marché américain ne fera que s’intensifier.
Ceux qui tiennent mordicus à voir des bonnes nouvelles pourront en trouver dans la balance commerciale du Québec. Parce que si les exportations baissent vite, les importations baissent encore plus vite : pendant les six premiers mois de l’année, elles ont chuté de 21 %.
Encore une fois, les économistes jouent les rabat-joie. Si les import ations baissent , expl ique Marc Pinsonneault, c’est un signe que la demande intérieure est en panne.
« La balance commerciale s’améliore pour les mauvaises raisons », résume l’économiste, qui croit tout de même que les exportations sont appelées à croître plus vite que les importations, ce qui finira par améliorer la balance commerciale « pour les bonnes raisons ».
Les solutions ? Ce sont toujours les mêmes : diversifier les marchés pour réduire la dépendance envers les ÉtatsUnis… et augmenter notre commerce avec le reste du Canada, comme le proposait le ministre du Développement économique, Clément Gignac, dans
de samedi dernier.


A-t-on atteint le fond du baril ?  -  Stéphane Paquet
Mai est à oublier. L’économie québécoise a reculé de 0,7%. Et encore une fois, c’est le secteur manufacturier qui a écopé. Fera-t-il mieux en juin?
L’économie québécoise a connu un mois de mai difficile, particulièrement dans le secteur de l’aérospatiale. Le seul secteur manufacturier a perdu 9% quand on compare la période de janvier à mai 2009 à celle de 2008.
Des données publiées hier par l’ Institut de la statistique du Québec révèlent que le ralentissement a gagné en sévérité, puisque le mois précédent, la cadence avait ralenti de 0,2 % et de 0,1 % en mars.
Au Canada, le recul de mai a été moins sévère, à 0,5% en mai. Mais il l’a été davantage pour les mois précédents: - 0,2% en avril et -0,4% en mars.
Pour l’économiste principale de Desjardins, Hélène Bégin, cette contraction québécoise est « un peu plus forte qu’anticipé ». Cela indique que la récession s’est poursuivie au printemps. Elle prévoit que le recul du PIB sera d’environ 3% pour l’ensemble du deuxième trimestre.
Elle ne jette toutefois pas l’éponge, loin de là. « Selon notre modèle, basé sur quelques autres variables, le gain du PIB réel de juin devrait avoisiner 0,5 % », écrit-elle.
L e c r e u x a u r a i t donc été atteint en mai ? Pas si sû r, r é p o nd Mme B é g i n . « L’économie devrait évoluer en dents de scie avant de repartir », dit-elle. En clair, Desjardins prévoit un léger recul de l’économie québécoise au troisième trimestre (-0,1 %) suivi d’une croissance de 0,8 % en fin d’année.
À la Financière Banque Nationale, Marc Pinsonneault n’est pas non plus certain que mai ait marqué un creux. « On était au cinquième sous-sol puis on veut remonter au rezde-chaussée. Alors là, on est peut-être au deuxième soussol », illustre-t-il.
M. Pinsonneault souligne que le secteur de l’aérospatiale a particulièrement mal fait en mai. Selon les données fournies par l’ISQ, tout le secteur du matériel de transport a reculé de 19% en mai.
La Banque Nationale reste qua nd même opt i miste, prévoyant une reprise de la croissance au Québec dès le troisième trimestre, celui qui a débuté le 1er juillet.
Encore le manufacturier
Pour mai, l’ ISQ souligne que « la production du secteur des biens faiblit plus rapidement que celle provenant des services », soit un recul de 1,9 % pour la première et de 0,2 % pour la deuxième.
Pour les cinq premiers mois de l’année, le recul de l’économie québécois se chiffre à -1,5 % (-2,8 % au Canada). Le seul secteur manufacturier a perdu 9 % quand on compare la période de janvier à mai 2009 à celle de 2008.
Ceux qui veulent assouvir leur côté masochiste peuvent même regarder plus loin, au quatrième t rimestre 2000, quand le secteur manufacturier était à un sommet. À cette époque pas si lointaine, le secteur de la fabrication comptait pour 23,4% de l’économie québécoise. Moins de neuf ans plus tard, cette portion avait rétréci à 16,8%, un écart de 10 milliards de dollars.
Un détail qui n’en est pas un : à cette époque grasse des manufacturiers, le dollar canadien valait quelque 65 cents US. Hier, il a fini la journée à 92,11 cents US.


Les producteurs de bois canadiens devront patienter
Les producteurs de bois d’oeuvre du Canada ne profiteront pas i mmédiatement d’une reprise des ventes de maisons neuves aux États-Unis, a prévenu hier un analyste du secteur forestier.
Les ventes de maisons neuves ont bondi de 9,6 % en juillet, leur quatrième hausse mensuelle consécutive, surpassant les attentes et fournissant de nouvelles indications d’une relance de l’économie.
Le département américain du Commerce a révélé que les ventes de maisons neuves avaient atteint un niveau a nnualisé de 4 33 0 0 0 en juillet, contre 395 000 en juin. Il s’agit d’une progression de 30% par rapport au plancher atteint en janvier et du niveau le plus élevé depuis septembre.
Si cette amélioration est la bienvenue, le nombre élevé de maisons existantes ou en forclusion empêchera les producteurs canadiens d’en ressentir les effets au moins d’ici le printemps, avertit Paul Quinn, de RBC Marchés des capitaux.
La quantité de maisons neuves demeure faible, a-t-il expliqué, et il y a amplement de maisons sur le marché pour répondre à la demande.
La demande pour le bois d’oeuvre canadien, quant à elle, ne connaîtra aucune amélioration importante tant que les 4,1 millions de maisons disponibles n’auront pas été en partie écoulées.
Les investisseurs s’attendent à voir le prix du bois d’oeuvre c onti nuer à gl i s s er pour atteindre 180 $ US par mille pieds-planche, contre 195$ US actuellement. M. Quinn prédit que les quatrième et premier trimestres seront très calmes.
La situation pourrait devenir plus intéressante au printemps, croit-il, si les efforts pour limiter la production pendant l’hiver engendrent une hausse des prix.
Pour sa part, l ’a nalyste Jennifer Lee, de la Banque de Montréal, estime que le nombre élevé de nouvelles maisons vendues « est un autre signe encourageant que le marché immobilier américain a enfin commencé à se redresser ».
Ce redressement est attribuable, selon elle, à un crédit d’impôt de 8000$ US pour les premiers acheteurs, à la faiblesse des taux hypothécaires et à un sentiment que le prix des maisons ne descendra pas plus bas.



L’immobilier commercial tarde à reprendre
  -  Brenda Bouw
VANCOUVER — Si le marché de l’immobilier résidentiel donne des signes de regain de vie au Canada, on ne peut en dire autant du marché de l’immobilier commercial, si on se fie à des données rendues publiques hier.
Le marché de l’immobilier commercial comprend les tours à bureaux, les emplacements industriels et les espaces de vente au détail.
Selon les données de la firme CB Richard Ellis, les transactions dans ce secteur ont plongé de plus de 50 % pendant le premier semestre de 2009, comparativement à l’an dernier. Les valeurs de ces transactions ont atteint quelque 4 , 9 milliards de dollars entre janvier et juin, contre 10 milliards au même moment l ’ a n dernier. Le nombre de transactions s’est aussi effondré, passant de 2542 à 1569.
« L’impact de la récession mondiale sur le marché de l’immobilier commercial n’est pas encore terminé », a dit le viceprésident de CB Richard Ellis, John O’Bryan.
Il a expliqué que ce marché est lié beaucoup plus étroitement à l’état général de l’économie, et qu’on n’y retrouve donc pas le même regain de vie que sur le marché résidentiel. « Il y a une différence énorme entre les deux marchés; un semble complètement remis, l’autre se redresse plus lentement », a dit M. O’Bryan.
Il estime que l’année 2010 sera difficile pour le marché immobilier commercial aux États-Unis, en raison de la robustesse du taux de chômage et des entreprises qui cherchent encore des moyens de réduire leurs coûts.
Le taux d’inoccupation des espaces commerciaux a augmenté à 8,3% au Canada au deuxième trimestre, contre 6,4% l’an dernier.
L’analyste Adrienne Warren, de la Banque Scotia, a expliqué que le marché de l’immobilier commercial récupère plus lentement que d’autres secteurs, parce que les projets sont de grande envergure et qu’ils nécessitent des années et beaucoup d’argent à développer.
« Il faut trouver plusieurs locataires et beaucoup de financement garanti. C’est plus compliqué », a-t-elle dit.
Elle ajoute que bon nombre de projets lancés alors que l’économie se portait mieux sont maintenant terminés, ce qui gonfle le taux d’inoccupation dans des villes comme Calgary et Toronto. Elle s’attend à voir ces taux augmenter encore avant de redescendre.
Mme Warren précise toutefois que l’excédent n’est pas aussi criant que pendant les années 80 et 90, quand le taux d’inoccupation avoisinait les 15%. «Aujourd’hui, nous sommes plus prudents concernant la construction et les prêts », a-t-elle dit.
Pour s a pa r t , la f i r me P r i c eWaterhouseCoopers estime que le Canada devra encore surmonter des « obstacles importants » avant de voir son marché de l’immobilier commercial reprendre du mieux. La firme affirme même que les conditions se font de plus en plus difficiles, notamment en raison d’un resserrement de l’accès au crédit et d’une réduction de l’intérêt des investisseurs envers les titres adossés à des hypothèques commerciales.



UN ÉTÉ MOCHE  AU QUÉBEC
EMPLOI
Pour une des ra res fois depuis l e début de la récession au pays, c’est le Québec qui joue le rôle du boulet. Sur les 45 000 emplois perdus en juillet au Canada, le Québec en compte 37 000. C’est plus de la moitié des pertes d’emploi totales de la province depuis octobre 2008, signe que la récession n’est pas tout à fait derrière nous.
Le taux de chômage est passé à 9,0%, du jamais vu depuis plus de cinq ans. Les 37 000 emplois perdus représentent la plus forte baisse mensuelle en 28 ans.
Pourtant, le Québec s’en tirait assez bien depuis le début du printemps. Mais les chiffres ne cadraient pas trop avec la situation économique et annonçaient plutôt un retour de balancier, selon Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.
« Cette rechute ne constitue pas une surprise, estime-t-elle. L’ampleur de la baisse est toutefois plus importante que prévu et rappelle que la récession amorcée à la fin de 2008 n’est pas terminée. »
C’est surtout le secteur de l’hébergement et de la restauration qui a souffert pendant le mois de juillet. Environ 14 500 personnes de ce domaine se sont retrouvées sur le carreau. L’industrie du transport et de l’entreposage, qui paie pour la baisse des exportations, est également touchée sévèrement.
Et le duo de choc mauvaise température et dollar canadien fort a sans doute provoqué plusieurs pertes d’emploi dans l’industrie touristique, note Hélène Bégin.
« Cette rechute ne constitue pas une surprise. L’ampleur de la baisse est toutefois plus importante que prévu et rappelle que la récession amorcée à la fin de 2008 n’est pas terminée. »
Pour Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint au Groupe financier Banque Nationale, le Québec ne fera pas concurrence à l’Ontario au chapitre des pertes d’emploi, tandis que la forte baisse de juillet est plutôt « un phénomène temporaire causé par des conditions climatiques extrêmes. »
Les grands perdants : les jeunes
C’est sans surprise que les jeunes sont les grands perdants de l’emploi en juillet. Ils sont généralement les derniers embachés
D’un point de vue strictement macroéconomique, le fait que les principaux reculs concernent les emplois d’été est la seule statistique réconfortante dans les circonstances, note l’économiste Douglas Porter, de BMO. « Mais essayez de dire à votre adolescent qu’il s’agit d’une bonne nouvelle », nuance-t-il.
La Fédération canadienne des étudiants s’inquiète des conséquences de cette situation. « Les étudiants n’ayant pas réussi à décrocher un emploi d’été cette par les entreprises et les premiers congédiés pendant les récessions. Et quand des secteurs comme l’hébergement, la restauration et le tourisme sont en difficulté, rien ne va plus.
Au Canada, 37 500 j eunes se sont fait montrer la porte en juillet. Le taux de chômage des étudiants est de 20,9 %, le pire jamais enregistré. Et on a appris la semaine dernière que le nombre de prestataires d’assurance emploi de moins de 25 ans avait doublé dans la dernière année. année seront contraints de s’endetter davantage et pourraient ne pas avoir les moyens financiers de retourner aux études cet automne, a expliqué par voie de communiqué la présidente nationale, Katherine Giroux-Bougard. Un emploi d’été, ce n’est pas un luxe. Ça sert à payer les comptes. »
Entre difficultés et optimisme
Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, les chercheurs d’emploi sont de plus en plus nombreux au Québec.
Chez Adecco, entreprise de services de ressources humaines, le nombre de CV déposés chaque mois a doublé, note la directrice pour le centre-ville de Montréal, Cynthia Guay. Mais le nombre d’entreprises qui cherchent des candidats a diminué de 30 %.
« C’est très difficile pour les diplômés qui sont sortis de l’école en mai dernier, dit-elle. Ils sont obligés d’accepter des postes qui ne sont pas nécessairement reliés à leur formation. »
Mais ce déséquilibre de l’offre et de la demande d’emplois, qui favorise les employeurs, ne durera pas trop longtemps, selon Mme Guay. « Ce sera très éphémère. C’est une question de mois, d’un an tout au plus, avant que la vapeur ne change de côté. »
De son côté, le vice-président exécutif (Québec) à l’agence de placement Randstad Canada, Marc-Étienne Julien, est surpris des statistiques révélées par Statistique Canada.
« Je ne l’ai pas vu venir. Je ne pense pas que c’est représentatif de l’ensemble du marché du travail. »
Dans les secteurs pour lesquels Randstad recrute (industrie, administration), M. Julien est plutôt optimiste et a même noté une certaine effervescence en juillet.
« Dans le secteur industriel, où on observe généralement les premiers signes de reprise, ça va de mieux en mieux. On a beaucoup de projets qui nous viennent des secteurs alimentaire, pharmaceutique, du plastique et de la distribution. »

45 000 EMPLOIS PERDUS AU CANADA
— Aucun signe de reprise économique n’était perceptible hier dans la divulgation des sombres données sur l’emploi : si ces données laissent assurément un goût amer dans la bouche des devins en matière économique, elles pourront tout de même les consoler quelque peu, car elles auraient pu être pires !

À contre-courant des analyses selon lesquelles la récession a peut-être officiellement pris fin en juillet, Statistique Canada a annoncé hier que le marché du travail au Canada avait perdu 45 000 emplois supplémentaires tandis que davantage de travailleurs ont du mal à se trouver du travail.
Le taux de chômage est demeuré à 8,6 % tandis que des travailleurs découragés ont semblé quitter le marché de l’emploi, étant de ce fait absents du compte mensuel réalisé par Statistique Canada.
La nouvelle n’a guère surpris le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, qui s’était montré plus pessimiste que beaucoup d’autres dirigeants, dont Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, qui a assuré avoir décelé des signes de reprise de l’économie.
« Nous vivons des moments difficiles, a déclaré M. Flaherty à CTV News. Ce sera une année difficile. C’est ce que je disais pour calmer l’euphorie provoquée par... Vous savez, ce qu’on lançait en disant : "La récession est finie." »
« Il y a de la stabilisation, a-t-il ajouté, et il y a des signes positifs. Mais nous sommes encore en récession et nous devons continuer à travailler pour nous en sortir. »
Bien que le taux de chômage à l’échelle nationale soit demeuré inchangé, un motif d’inquiétude tient au fait que les emplois à temps plein et ceux du secteur privé, les deux indicateurs les plus fiables de la vigueur du marché du travail, ont poursuivi leur trajectoire à la baisse.
Selon Statistique Canada, il y avait 29 100 employés à temps plein de moins en juillet au pays. Le secteur privé a pour sa part perdu 75 000 emplois.
Espoirs estivaux...
M. Carney a soutenu récemment que le trimestre estival devrait produire une croissance de 1,3 %, ce qui serait le premier essor trimestriel au Canada depuis l’automne dernier. Certains économistes ont souligné quant à eux que de nombreux indicateurs montrent que le trimestre printemps-été devrait contenir les premiers signes d’amélioration après neuf mois de difficultés économiques.
La divulgation récente de résultats d’entreprises n’apporte pas tout à fait de l’eau au moulin de cette thèse pas plus que certains rapports économiques. Des poids lourds du marché boursier tels que Bell Canada, Telus, Financière Manuvie et Catalyst Paper ont indiqué que la récession continuait de peser sur leurs bilans.
« Personne n’a dit que ce serait une reprise en douceur et surtout pas en ce qui concerne l’emploi, avance Doug Porter, un économiste de BMO Capital Markets. Les données sous-j acentes semblent encore incertaines, et il y a peu de signes que l’économie se remet rapidement sur ses pieds. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de reprise dans les mois à venir. Heureusement, il y a de l’amélioration dans beaucoup de secteurs, en particulier les ventes de maisons, d’autos et les conditions financières d’ensemble. Nous prévoyons encore une croissance économique au troisième trimestre, mais ces données jettent un doute sur la vigueur du rebondissement du PIB. »



Une reprise molle pour le Québec  -  Rudy LeCours
Moins touché que la plupart des autres provinces par la présente récession, le Québec renouera prochainement avec la reprise avec moins d’allant que la majorité d’entre elles.
En fait, le Québec, tout comme les provinces atlantiques, ne pourra tirer profit des rebonds rapides des secteurs automobile et énergétique qui viendront automatiquement avec la sortie de léthargie de l’économie américaine.
Voilà pourquoi la croissance réelle québécoise sera contenue à 1,2% l’an prochain comparativement à 1,4 % pour la moyenne canadienne, prédit Pascal Gauthier, économiste chez Banque TD Groupe financier. Seule la Nouvelle-Écosse connaîtra aussi une relance aussi molle. « La reprise dans l’aérospatial est en général plus lente que dans l’automobile », explique-t-il en entrevue.
Le marché du travail est jusqu’ici moins esquinté chez nous (-0,8 % depuis le sommet d’octobre) que l’ensemble canadien (-2,2 %). Les licenciements qui perdurent même après le début de la reprise seront heureusement encore une fois contenus. Leur importance sera moindre qu’en Ontario, de sorte que le taux de chômage devrait tout juste passer la barre des 10% au Québec, mais grimper à 11 % dans la grande province voisine.
M. Gauthier note aussi que le secteur t ourist ique souffrira l ’ a n proc ha i n e ncore de la baisse de revenus des ménages a méricains, ce qui touche des provinces comme le Québec et les Marit i mes qui en accueillent davantage qu’ailleurs. L’exception sera la Colombie-Brita nnique, hôte durant l’hiver des Jeux olympiques et paraolympiques.
Par contraste, Montréal a perdu son Grand Prix, tandis que les anniversaires de Trois-Rivières (375e) et de Gaspé (475e) cette année n’ont pas le même impact que le 400e de la Vieille Capitale, l’an dernier. Imaginez l’an prochain ! L’industrie récréotouristique et l’hôtellerie en pâtiront quelque peu.
Le Québec ne peut compter non plus sur la relance de ses secteurs forestier et papetier. Le premier souffrira encore plusieurs mois des comme ceux d’Hydro-Québec sur la rivière Romaine font partie de la donne de l’économie depuis des décennies. Ils n’assurent pas la croissance à eux seuls.
Enfin, l’économiste estime que la construction résidentielle va stagner quelque temps après avoir moins diminué que dans d’autres provinces. À Montréal en particulier, « les mises en chantier pourraient continuer de décliner ».
Cette prévision est peut-être un brin pessimiste, étant donné la reprise du marché de la revente, la stabilité des prix des habitations et la croissance démographistocks d’invendus sur les marchés américains de la maison neuve et de la revente. Le second devra absorber de manière permanente les changements structurels dans l’information où le support papier perd du terrain au profit d’internet.
M. Gauthier croit en outre que les efforts consentis par l’État ont permis de freiner la décroissance. Le lancement de grands travaux que un peu plus forte qu’estimé jusqu’à tout dernièrement.
Plus tôt cette semaine, l’Institut de la statistique du Québec avançait que le Québec allait franchir la barre des huit millions d’habitants dès 2012, grâce au mini baby-boom des dernières années. Statistique Canada estime que la population du Québec s’élevait à 7,8 millions en avril.
Le scénario de M. Gauthier a aussi de quoi faire réfléchir les décideurs publics.
Le produit intérieur brut (PIB) du Québec exprimé en dollars courants permet de jauger les variations de l’assiette fiscale. Sa croissance sera contenue à 1,4 % l’an prochain, la plus faible au pays. C’est beaucoup moins que les 2,3 % attendus pour l’ensemble canadien.
L’explication réside dans la stabilité relative du Québec dans les termes de l’échange. En gros, les variations de prix des biens que le Québec exporte diffèrent assez peu de celles des biens qu’il importe. S’il y avait reprise des prix du bois ou de l’aluminium par exemple, on peut imaginer que ceux du pétrole et du gaz iraient de pair.
À l’inverse, l’Alberta est très sensible aux termes de l’échange. Cette année, son PIB nominal recule de 10,1 % alors qu’i l devrait rebondir de 4,2 % l’an prochain, même si sa croissance réelle sera limitée à 1,9 %. Cela en fera néanmoins la deuxième meilleure performance après celle de la Colombie-Britannique.



Ontario : La crise de l’auto fait mal  -  Rudy LeCours
Le poids de l ’ i ndustrie automobile dans l ’économie canadienne étant deux f ois plus él evé que dans l ’économie américaine, s a crise heurte davantage.
La production canadienne (ontarienne) est destinée principalement aux États-Unis, où les ventes se sont effondrées depuis un an.
Les exportations canadiennes d’automobiles ont d’ailleurs plongé de 12,4 % d’avril à mai, mais de 38 % depuis un an. Les déboires de Chrysler et de GM ont forcé l ’ i nterruption de l a production pendant plusieurs s e maines. Chez Chr y s l e r , l ’ usine de Windsor a r epris ses activités au début du mois seulement.
Aux États-Unis, l ’ i ndustrie automobile fonctionnait en juin à 37 % de ses capacités seulement. La chute des ventes est moins attribuable à la morosité du consommateur qu’au resserrement des conditions de crédit, qui compliquent la location et l ’achat par versements.
Au-delà de juin, la situation pourra difficilement se dégrader encore, car l a demande refoulée s’accumule.
« Les livraisons au troisième t r i mestre devraient rebondir a l ors que GM et Chrysler émergent de leur restructuration financière. Néanmoins, les ventes d’automobiles ont déjà commencé à s’améliorer aux États-Unis, comme en témoigne le rapport sur les ventes au détail le plus récent », fait remarquer Marco Lettieri, économiste à la financière Banque Nationale.
Le retour à une production canadienne au niveau d’avantr écession est peu probable cependant, en r aison de la fermeture définitive de l ’usine de camions Sterling de St. Thomas, qui employait encore 750 personnes en mars.




L’écart se creuse entre les banques américaines
NEW YORK — Un an après la faillite de Lehman Brothers, l’écart se creuse entre les grandes banques américaines. Certaines comme JPMorgan et Goldman Sachs se redressent et affichent de solides bénéfices alors que d’autres demeurent fragiles, comme Citigroup et Bank of America.
Goldman Sachs a annoncé qu’elle comptait verser 5,4 milliards de dollars au titre des indemnités et primes à ses employés, deux fois plus qu’il y a un an.
« J P Morga n C h a s e e t Goldman Sachs ont confirmé leur statut debanques "gagnantes", avec des bénéfices trimestriels de plus de trois milliards de dollars, essentiellement liés à leur activité de banque d’investissement », commentent ainsi les analystes de Crédit Agricole dans une note.
À l’inverse, les géants de la banque de détail Citigroup, qui affiche un tout petit bénéfice de 101 millions de dollars, et Bank of America, qui a enregistré une perte nette d’un milliard de dollars au trimestre écoulé, « continuent à payer un lourd tribut à la crise », poursuit le Crédit Agricole, concluant que « la santé des principales banques américaines reste fragile ».
Les banques ont bénéficié de la santé retrouvée des marchés financiers, surtout la star des banques d’affaires, Goldman Sachs, mais ont pâti de la montée du chômage, qui accélère les défauts de paiement des particuliers étranglés de dettes.
« Bien que le crédit à la consommation montre des signes d’amélioration sur les marchés i nternationaux, il continue à pâtir d’un contexte difficile aux États-Unis », a commenté Vikram Pandit, directeur général de Citigroup, qui a essuyé une perte de 8 milliards de dollars liée à des prêts au troisième trimestre.
JPMorgan, qui a annoncé un bénéfice trimestriel de 3,6 milliards de dollars, a tout de même enregistré 700 millions de dollars de pertes dans les cartes de crédit et prévenu qu’elle pourrait perdre un milliard supplémentaire au premier semestre 2010. Mêmes inquiétudes chez Bank of America où les pertes liées à des crédits vont rester « élevées en 2010 ».
Les programmes gouvernementaux destinés à aider les particuliers à faire face à leurs dettes font notamment peser de grandes incertitudes sur les créances des banques généralistes.
Primes généreuses
Si les dirigeants de la banque d’affaires Goldman Sachs déplorent eux aussi un marché du travail « sous pression », leur modèle économique les protège mieux des difficultés des particuliers : ils ont annoncé un bénéfice net de 3,2 milliards de dollars au troisième trimestre.
Arguant de ses bons résultats, Goldman Sachs a annoncé qu’elle comptait verser 5,4 milliards de dollars au titre des indemnités et primes à ses employés, deux fois plus qu’il y a un an.
Une attitude presque insolente pour une banque ayant bénéf i c i é du soutien des contribuables américains, à l’heure où le taux de chômage atteint 10% aux États-Unis et où les rémunérations des banquiers n’en finissent pas de faire scandale.
Le PDG sur le départ de Bank of America, Kenneth Lewis, a d’ailleurs annoncé qu’il renonçait à ses salaires et primes 2009, sous la pression de Kenneth Feinberg, responsable du Trésor chargé de surveiller la rémunération des entreprises ayant bénéficié du plus d’aides gouvernementales.
M. Lewis a été contraint de démissionner et quittera son poste à la fin de l’année en raison de la polémique liée au rachat de Merrill Lynch, qui a valu plusieurs plaintes à la banque.

L’insolence des banquiers  -  Sophie Cousineau
De toutes les nouvelles qui ont marqué l’actualité économique cette semaine, ce sont les profits spectaculaires des banques américaines qui ont fait couler le plus d’encre. Hier, c’était au tour de la banque JPMorgan Chase de révéler des résultats qui surpassent, et de loin, les attentes des analystes financiers. Son bénéfice net, de 2,7 milliards US au deuxième trimestre, est de 36% supérieur à ce qu’il était à pareille période l’an dernier.
Mais J PMorgan Chase n’a pas réussi à éclipser Goldman Sachs, qui a créé une commotion mardi en dévoilant les profits les plus élevés de ses 140 années d’histoire. Son bénéfice net de 3,4 milliards US était presque deux fois supérieur aux prévisions, qui étaient pourtant jugées optimistes.
Comment les banques peuvent-elles rapporter des profits aussi formidables, alors que le pays traverse une récession profonde dont il ne se remettra pas complètement avant cinq ou six années, selon la Réserve fédérale des États-Unis ?
On aura compris que ce ne sont pas les consommateurs exsangues ni même les entreprises qui sont à l’origine de cette renaissance. La négociation d’actions, de titres à revenu fixe et de devises, les financements d’entreprises et les refinancements hypothécaires ont propulsé les revenus. Et si la tarte s’est agrandie, moins de firmes se la partagent depuis la faillite de Lehman Brothers et les ventes de Bear Stearns et de Merrill Lynch.
Bref, après une crise financière qui a presque paralysé les activités, Wall Street a retrouvé son pain et son beurre. Et avec cela, ses vieilles habitudes en rémunération…
Goldman Sachs vient de mettre de côté la faramineuse somme de 11,4 milliards de dollars pour payer le salaire, les primes et les avantages sociaux de ses employés au cours de la première moitié de l’année. Comme son effectif se dénombre à quelque 29 400 employés, incluant les consultants et les employés à temps partiel, cela revient à plus de 385 000$ par employé. Pour six mois de travail, au risque de se répéter !
Cette somme est de 33% supérieure à celle versée lors de la première moitié de 2008, l’annus horribilis des banquiers qui ont été forcés de serrer de quelques crans leur ceinture. En fait, la rémunération chez Goldman Sachs est en voie de revenir à ce qu’elle était en 2007, l’année de tous les excès.
Alors que les contribuables n’ont pas fini de payer le sauvetage de Wall Street et que le chômage se dirige allègrement vers les 10 %, pareille munificence frise l’insolence.
Certes, Goldman Sachs n’a plus de comptes à rendre. Cette firme a remboursé en totalité, et avec un dividende de 426 millions, les fonds d’urgence de 10 milliards de dollars que Washington lui avait prêtés lors des jours les plus noirs de la crise. Mais la cinquième banque des États-Unis selon la taille de l’actif aurait dû faire montre d’une certaine retenue.
En effet, Goldman Sachs a profité de l’aide de l’Oncle Sam à plus d’un égard. Elle a récupéré jusqu’au dernier cent sa mise chez l’assureur American I nternational Group, de 13 milliards de dollars, grâce au s auvetage t r ès c oûteux des contribuables américains.
Et puis, sa t ransformation d’une banque d’affaires en un groupe bancaire t raditionnel encadré par la Réserve fédérale lui a assuré le soutien de la société fédérale de l’assurance dépôt. Grâce à ce soutien, Goldman Sachs a accès à des milliards de dollars à des taux d’intérêt très bas, ce que certains assimilent à une subvention.
Par ailleurs, Goldman Sachs a pris des risques considérables dans ses activités, notamment dans la négociation d’actions. La « valeur risquée », qui mesure l a per t e à laquelle la firme s’expose en une seule journée, s’est élevée à 245 millions au deuxième trimestre, rapporte l’agence Bloomberg. Cette mesure est en progression constante depuis deux ans. En mai 2007, à titre de comparaison, la valeur risquée était de 127 millions de dollars.
Goldman Sachs prend-elle des risques inconsidérés ? Et est-ce que les primes généreuses incitent certains négociateurs à se conduire de façon téméraire ? Bref, est-on en train de reproduire, sur d’autres instruments financiers, les comportements qui ont donné naissance à cette crise ?
Pis, en rémunérant à l’excès, toutes les firmes concurrentes se sentiront contraintes de lui emboîter le pas, pour ne pas perdre leurs meilleurs « talents ». Bref, la table est mise pour une nouvelle spirale inflationniste. Était-ce nécessaire ?
Que Wall Street retrouve la santé, on ne peut que s’en réjouir. Le système financier, c’est le coeur qui fait battre l’économie. Que les meilleures firmes et que les meilleurs professionnels soient récompensés, tant mieux. La prime est l’un des incitatifs les plus puissants au dépassement.
Mais que l’on dénature ces incitatifs avec des récompenses qui n’ont plus aucune commune mesure avec la valeur du travail d’une personne, alors que l ’A mérique tout entière fait encore les frais des excès de Wall Street – tout comme de Main Street, d’ailleurs –, c’est faire preuve d’indécence.




Les banques: comme la saucisse Hygrade  -  Michel Girard
Les titres bancaires américains ont explosé de 150% depuis quelques mois. Ceux de nos grandes banques canadiennes ? Un gros 75%.
Côté canadien, la hausse du cours des actions bancaires pendant les derniers mois a été nettement moins forte si on la compare à celle des banques américaines. La raison ? Les banques canadiennes avaient nettement moins chuté.
Décidément, les titres bancaires ne cessent d’étonner même les plus optimistes des investisseurs. Qui aurait pu prédire qu’en l’espace de quelques mois, les banques allaient permettre à leurs actionnaires de récupérer une grande portion des très lourdes pertes qu’ils avaient subies à la suite de la magistrale déconfiture de la Bourse ? Personne ! Soyons réalistes. Est-ce que la crise financière qui a détruit des milliers d’entreprises de par le monde est terminée ? Non.
Est-ce que la récession mondiale dans laquelle le monde entier est plongé depuis l’éclatement de la crise hypothécaire des subprimes américains est terminée ? Non.
Est-ce que le monde de la haute finance a retrouvé sa confiance d’avant la plus grave crise depuis celle des années 30? Non.
Est-ce que les investisseurs sont plus clairvoyants ? Non.
Est-ce que le crédit est redevenu facile ? Non.
Mais diable, comment peuton expliquer que les institutions bancaires par qui est arrivée la plus gigantesque crise bancaire de l’histoire puissent voir le cours de leurs actions grimper si fortement alors que rien n’est réglé ?
Les investisseurs institutionnels sont-ils tombés sur la tête? Pour faire bouger de la sorte le secteur bancaire, on va convenir que ce ne sont pas les petits boursicoteurs. Ça prend des gros joueurs... pour soutenir un tel « momentum » à la hausse. Et ces gros joueurs, ce sont les gestionnaires des portefeuilles institutionnels, c’est-àdire les gestionnaires des caisses de retraite, des fonds communs d’actions, autres portefeuilles institutionnels.
Sur quoi s’appuient-ils pour demeurer « acheteurs » dans le secteur le plus lourdement happé par la récente crise financière ?
La réponse réside, en partie du moins, dans la psychologie boursière.
Rappelez-vous cette pub de la saucisse Hygrade : « Tout le monde en mange parce que c’est bon… et c’est bon parce que tout le monde en mange ! »
Eh bien voilà. Tous les gestionnaires de portefeuille achètent des actions bancaires parce que c’est bon… c’est bon parce que tous les gestionnaires en achètent !
Il faut savoir que la majorité des gestionnaires de portefeuilles d’actions se suivent comme des moutons. Pourquoi ? Parce qu’ils utilisent des stratégies similaires d’investissement. Parce qu’ils détectent les mêmes signaux d’achat et les mêmes signaux de vente. C’est ce qui explique les grands revirements de tendance boursière.
Les gestionnaires de portefeuille s’auto… alimentent à la baisse comme à la hausse. Comme ils sont en forte compétition, personne ne veut trop se distancer du troupeau. En ce qui concerne la performance boursière, s’entend.
Est-ce que la forte tendance haussière des titres bancaires va se poursuivre ? Si les analystes des services de recherche des maisons de courtage ont été incapables de prédire la spectaculaire débandade qui a récemment massacré les titres bancaires, comment pourrait-on maintenant se fier à leurs optimistes prévisions ? Plusieurs ajustent constamment leurs prix cibles… en fonction de la grande tendance des collègues.
À leur décharge, la Bourse est une science inexacte. Pourquoi? Parce que le « mental » des gestionnaires de portefeuille et des investisseurs prend souvent le dessus sur les données financières fondamentales des entreprises. Et parce que ces gros joueurs institutionnels essaient constamment d’anticiper l’avenir de quatre à six mois d’avance.
Voici maintenant quelques données sur l’évolution de la capitalisation boursière (valeur globale des actions en circulation) des grandes institutions bancaires nord-américaines qui ont survécu jusqu’à présent à la crise.
Il y a un peu plus d’un an, soit début mars 2008, la capitalisation boursière des 19 grandes banques américaines survivantes atteignait les 857 milliards de dollars. Lorsque ces mêmes banques ont touché leur creux en mars dernier, leur capitalisation boursière ne valait plus que 216 milliards. Leurs actions s’étaient ainsi dégonflées de 75%.
Depuis, soit à peine trois mois plus tard, la valeur globale des titres des mêmes 19 banques américaines s’est appréciée de 318 milliards de dollars (+147%), atteignant maintenant les 534 milliards.
Par rapport à leur sommet de mars 2008, les titres bancaires américains accusent encore 37% de recul.
Côté canadien, la hausse du cours des actions bancaires pendant les derniers mois a été nettement moins forte à comparer aux banques américaines. La raison? Les banques canadiennes avaient nettement moins chuté.
À son récent creux boursier, la capitalisation des six grandes banques canadiennes a touché le plancher des 119 milliards de dollars, en chute d’environ 50% par rapport à leur sommet de l’année 2008, soit 240 milliards. Lors des derniers mois, les actions des banques canadiennes se sont appréciées de 89 milliards, atteignant ainsi une capitalisation de 208 milliards. Elles n’accusent donc plus qu’un retard de 14% sur leur sommet de 2008.
Extraordinaire ! Les banques ont créé la fabuleuse crise financière, et ce sont elles qui s’en tirent le mieux en Bourse. À qui appartiennent déjà les grosses maisons de courtage ? Aux banques. Cou’donc, mais quelle coïncidence !



Banques canadiennes  Les bénéfices devraient atteindre un creux  -  Kristine Owram
TORONTO — Les rapports t r i mest r i els des banques canadiennes seront dévoilés cette semaine, et on s’attend à ce que les bénéfices atteignent un creux pour le dernier trimestre, en raison surtout de pertes importantes dans les prêts immobiliers commerciaux.
Le marché immobilier commercial étant plus stable au Canada qu’aux États-Unis, la Banque Royale (notre photo), la Banque de Montréal et surtout la Banque Toronto Dominion, toutes plus présentes outre-frontière, sont davantage à risque.
Mieux c apitalisées, l es banques canadiennes s’en sont sorties beaucoup mieux que leurs consoeurs américaines depuis le début de la récession, mais sont encore vulnérables au moment où la situation économique semble recommencer à s’améliorer.
Les prêts dans le domaine de l’immobilier commercial sont un des principaux facteurs qui expliquent les bénéfices à la baisse prévus pour le trimestre qui a pris fin le 31 juillet.
Contrairement au domaine résidentiel, qui a rebondi sensiblement au cours des derniers mois – de 18,2 % en juillet par rapport à un an plus tôt –, le secteur commercial, et plus spécialement celui des édifices à bureaux, en arrache encore.
Les données de CB Richard Ellis indiquent que les transactions immobilières commerciales ont chuté de plus de 50% dans la première moitié de 2009 comparativement à l’an dernier, tandis que le taux d’inoccupation dans les édifices à bureaux au pays a augmenté de 8,3 % au deuxième trimestre, comparativement à 6,4 % en 2008.
La sit uat i on est encore pire aux États-Unis, ce qui explique que ce secteur n’a pas rebondi, comme ce fut le cas pour le résidentiel, et continue même à décliner par endroits. Les banques qui ont prêté de l’argent à des propriétaires d’édifices à bureaux risquent donc de perdre de l’argent, surtout si la valeur des propriétés est devenue i nférieure à celle de l’hypothèque.
Tard dans le cycle
Des analystes de Scotia Capital et de la Financière Banque Nationale en déduisent que les pertes sur prêts auront atteint un creux au troisième trimestre.
« Les pertes sur les prêts commerciaux surgissent tard dans le cycle économique, ce qui implique que le gros des problèmes est devant nous », a commenté Robert Sedran, de la FBN, selon qui il s’agit là du dernier obstacle avant que les banques recommencent à afficher de meilleurs résultats.
M. Sedran rappelle que le marché immobilier commercial demeure plus stable au Canada qu’aux États-Unis, ce qui veut dire que la Banque Royale, la Banque de Montréal et surtout la Banque Toronto Dominion, toutes plus présentes outre-frontière, sont davantage à risque.
Kevin Choquette, de Scotia Capital, prévoit que les provisions pour pertes sur prêts au troisième trimestre seront portées à 2,6 milliards de dollars, ou 0,83% des prêts, contre 1,4 milliard de dollars, ou 0,47 %, un an plus tôt.
M. Choquette ajoute que les faibles taux d’intérêt font aussi mal aux bénéfices des banques. « Le bas niveau absolu des taux d’intérêt continue d’être une préoccupation majeure en ce qui concerne les profits des banques », a-t-il dit.
Les prévisions compilées par Thompson Reuters annoncent que les bénéfices par action de la Banque de Montréal, qui dévoilera ses résultats demain , baisseront à 0,95 cent, soit 14% de moins qu’il y a un an.
Les analystes s’attendent à que la Banque TD, la Royale et la Nova Scotia voient leurs bénéfices chuter respectivement à 1,23 $, en baisse de 14%, 0,91 cent, en baisse de 20%, et 84 cents, en baisse de 16 %. Leurs résultats seront connus jeudi.
Les analystes ne prévoient toutefois pas que ces pertes auront un gros impact sur le prix des actions des banques, compensées qu’elles sont par leurs riches dividendes, la rareté d’autres rendements aussi fiables et la reprise attendue de versements de dividendes à la hausse.
« Nous ne croyons pas qu’il y aura beaucoup d’éléments dans les résultats pour faire fléchir la valeur des banques, estime Johm Aiken, analyste chez Dundee Capital Markets, mais il est tout aussi probable qu’il n’y aura rien pour les propulser vers l’avant. »


Les banques liquident massivement  -  Michel Girard
Par rapport aux prix cibles déterminés par les analystes des maisons de courtage, les actionnaires devraient jouer de prudence.
Avis aux actionnaires des grandes banques canadiennes : une centaine de banquiers viennent de passer à la caisse en procédant à une liquidation massive de leurs actions.
Depuis le début de l’année, les titres des six grandes banques canadiennes ont fortement augmenté, les hausses allant de 27 à 80%. C’est du côté de la Banque Royale (ci-dessus), de la Banque TD et de la Banque de Montréal que les dirigeants se sont montrés particulièrement actifs dans la liquidation à gros profits des actions acquises par levée d’options.
Entre la fin du mois de mai et le début de juillet, La Presse Affaires a relevé les transactions de 139 dirigeants et administrateurs de banque. Ils ont collectivement vendu des actions pour une valeur globale de 103 millions de dollars. Ces actions provenaient de l’exercice d’options à prix d’aubaine. Les banquiers ont ainsi globalement encaissé un profit brut de quelque 40 millions de dollars.
La dernière fois que les initiés des banques canadiennes avaient massivement vendu remonte au printemps et à l’été 2008. Ils avaient frappé dans le mille, soit juste avant la magistrale déconfiture de la Bourse à l’échelle mondiale. À l’instar des titres de tous les secteurs boursiers, les titres des banques canadiennes s’étaient momentanément effondrés de quelque 50% par rapport à leur sommet historique.
Mais depuis le début de l’année, les titres des six grandes banques canadiennes ont fortement augmenté, les hausses allant de 27 à 80%. La capitalisation boursière des banques canadiennes, c’est-à-dire la valeur des actions en circulation, s’est ainsi appréciée de 66 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l’année, passant de 163 à 229 milliards. On parle donc d’une hausse globale de 40 % pour ces titres bancaires.
C’est du côté de la Banque Royale, de la Banque TD et de la Banque de Montréal que les dirigeants se sont montrés particulièrement actifs dans la liquidation à fort profit des actions acquises par levée d’options.
D’autre part, à l a Banque Nationale et à la CIBC, les dirigeants ont fait preuve de retenue, le nombre d’initiés vendeurs et la valeur des transactions de vente étant fort modestes comparativement aux autres grandes institutions bancaires.
À la CIBC, il n’y a pas de quoi s’étonner de voir si peu de vendeurs parmi les initiés puisque le titre a eu la hausse la moins forte des six grandes banques, soit 27% depuis le début de l’année.
On ne peut certes pas en dire autant du côté de la Banque Nationale, la plus petite du groupe. Des six titres bancaires, c’est le sien qui affiche la meilleure performance boursière de l’année. Le titre a explosé de quelque 80% par rapport à sa fermeture du 31 décembre dernier. Il faut croire que les hauts dirigeants et administrateurs de la Banque Nationale anticipent une plus forte hausse !
Remarquez que l’ancien grand patron de la filiale Financière Banque Nationale, l’administrateur Lawrence Bloomberg, lui, n’a pas pris de risque.
Au début du mois de mars dernier, en pleine tempête boursière, il a liquidé un bloc de 65 000 actions de la Banque Nationale, au pr i x moyen de 3 6 , 5 0 $ . Recette brute : près de 2,4 mill ions. L’action de la Banque Nationale ( NA) s e négoc i e aujourd’hui autour de 56 $. Lors des deux précédentes années, M. Bloomberg avait liquidé des actions de la BN pour une valeur globale de 21 millions.
Par rapport aux prix cibles déterminés par les analystes des maisons de courtage, les actionnaires devraient jouer de prudence. Les cours actuels de la plupart des titres bancaires dépassent les prix cibles.
Comme « solution », des analystes commencent ces temps-ci à réviser à la hausse leurs prix cibles des titres bancaires. À tort ou à raison, cela soulève chez moi une certaine méfiance. Pourquoi ? I l ne faut j amais oublier que les principales maisons de courtage appartiennent aux grandes banques ellesmêmes. Et par surcroît, les banquiers vendent massivement.





WASHINGTON 
Regain de la consommation et de la production industrielle
WASHINGTON — Les prix à la consommation aux ÉtatsUnis ont t r ès l égèrement augmenté en décembre, de 0,1 %, portant l’inflation sur l’ensemble de l’année 2009 à 2,7 %, selon des chiffres publiés hier par le département du Travail.
La hausse des prix sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières, est inférieure en décembre aux prévisions des analystes, qui tablaient sur 0,2 %.
Hors énergie et alimentation, la hausse est de 0,1 % par rapport au mois précédent, conformément aux attentes des économistes.
L’inf lation, de 2,7 % en 2 0 0 9 ( unchiffre encore susceptible d’être révisé), n’ava i t été que de 0 , 1 % en 2008, mais de 4,1 % en 2007.
Le département du Travail remarque que la baisse des prix de l’alimentation sur l’année (-0,5 %) a été la plus marquée depuis 1961. En revanche, la hausse des prix de l’énergie (+18,2 %) a été la plus élevée depuis 1979, celle de l’essence (+53,5 %) étant en particulier la plus forte jamais vue depuis que ces statistiques sont établies, c’est-à-dire depuis 1937.
Hors énergie et alimentation, l’inflation n’a été que de 1,8 % en 2009, conforme aux objectifs de la banque centrale ( Fed).
Livre beige
La Fed a j ugé mercredi dans un rapport de conjonct ure ( l ivre beige) que les pressions à la hausse des prix restaient aujourd’hui « limitées », comme depuis la brusque aggravation de la crise financière et économique à l’automne 2008.
Par ailleurs, la production industrielle a augmenté pour la sixième fois d’affilée en décembre, essentiellement grâce à un froid inhabituel ayant dopé le secteur énergétique, a indiqué la banque centrale américaine.
La production des entreprises industrielles du pays a progressé de 0, 6 % par rapport à novembre (données corrigées des variations saisonnières), soit autant que le prévoyaient les analystes.
Mais cette hausse a été due à un bond de 5,9 % de la production énergétique, due au froid, précise la Fed. La production manufacturière a baissé de 0,1 %, et celle des mines a augmenté de 0,2 %.
La Fed a revu en baisse de 0,2 point, à 0,6 % la hausse de novembre.
Sur l ’ensemble du quatrième trimestre, la production industrielle a progressé de 7,0 % en rythme annuel, comparativement à 6 , 9 % pendant l’été et une baisse de 10,4 % au printemps.
En dépit de la reprise du deuxième semestre, la production annuelle des indust r ies a c huté en 2009 de 9,7 % par rapport à l’année précédente, après une chute de 2,2 % en 2008.
Le taux d’utilisation des capacités i ndustrielles du pays, bien qu’en hausse de 0,5 point en décembre, restait très faible, à 72,0 %.
Enoutre, l’indicede confiance des consommateurs américains mesuré par l’ Université du Michigan a légèrement progressé en janvier, à 72,8 points, ce qui est moins bien que prévu par les analystes, selon son estimation provisoire publiée hier.
Les analystes l’attendaient à 74, après 72,5 en décembre (chiffre révisé).
L’indice de confiance des consommateurs permet de prendre le pouls des ménages, dont la consommation est le moteur traditionnel de la croissance américaine.

Les consommateurs s’animent
WASHINGTON que nous le pensions dans leurs dépenses », reconnaît l’économiste indépendant Joel Naroff, notant que presque tous les secteurs ont bénéficié du regain de prodigalité des Américains.
« On dirait que les ménages ne sont pas aussi timides que nous le pensions dans leurs dépenses », reconnaît l’économiste indépendant Joel Naroff. Ci-dessus, un supermarché à Miami.
L a c o n s o mmat i o n des ménages américains s’était e f f o n d r é e a u d e u x i è me semestre de 2008. Elle a progressé fortement au troisième trimestre, qui a vu l’économie américaine sortir de la longue et douloureuse récession dans laquelle elle était entrée en décembre 2007.
Les ventes de détail de novembre laissent présager que les dépenses des ménages devraient continuer de progresser au quatrième trimestre, et que la saison des f êtes ( novembre-décembre aux États-Unis) pourrait bien ne pas être aussi mauvaise que certaines Cassandre ne l’avaient prédit.
Pour M. Naroff, il y a « quelque espoir de voir les ménages jouer leur rôle dans la reprise économique » alors que l’investissement des entreprises risque d’être encore limité pendant un moment.
Confiance
Autre signe propice pour les détaillants à l’approche de Noël, l’indice de confiance des consommateurs américains établi par l’ Université du Michigan s ’e st net t ement redressé en décembre, pour revenir à son niveau de septembre.
Voilà qui « tombe à pic », estime Brian Bethune, économiste de l ’ i nstitut I HS Global Insight
L a progression de la consommation à plus long t e r me n’e s t pas a c quise pour autant du fait de la persistance attendue d’un chômage élevé, et du comportement des ménages qui semblent redécouvrir les vertus de l’épargne.
Néanmoins, les bases de la croissance sont en train d’être posées. La banque centrale américaine ( Fed) a indiqué j eudi que les Américains s’étaient désendettés pendant les trois mois d’été à un rythme jamais vu depuis 1951, et, autre signe encourageant, qu’ils s’étaient mêmes enrichis, pour le deuxième trimestre d’affilée.
De plus, selon d’autres chiffres officiels publiés hier, les entreprises manufacturières et les distributeurs ont augmenté leur stocks en octobre, après 13 mois de déstockage.
Outre le f a i t que c el a signale l ’espérance d’une demande en hausse, cette progression des stocks ajoutera à la croissance au quatrième trimestre.

WASHINGTON L’économie se rapproche de la création d’emplois  -  Marc Jourdier
Le département du Travail a en outre revu en forte baisse son estimation des suppressions de postes d’octobre, qui avaient surpris par leur hausse. Le ministère estime désormais que l’économie n’a détruit que 111 000 emplois en octobre, et non 190 000.
WASHINGTON — Les ÉtatsUnis se rapprochent à grands pas du moment où leur économie c réera de nouveau plus d’emplois qu’elle n’en détruit, selon le rapport officiel sur l’emploi publié hier à Washington.
Le chômage a baissé de manière inattendue en novembre, à 10,0%, et les destructions d’emplois ont été presque au point mort, avec 11 000 licenciements nets, soit 10 fois moins qu’en octobre, selon les chiffres du département du Travail.
Ces chiffres sont nettement meilleurs que ce que prévoyaient les analystes, qui tablaient sur 125 000 suppressions d’emplois en novembre et un taux de chômage de 10,2%, comme le mois précédent.
« Nous allons dans la bonne direction », a estimé le porteparole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, en commentant ces chiffres.
« Je crois que nous verrons des embauches nettes au premier trimestre » pour l’ensemble du pays, a déclaré à l’AFP Avery Shenfeld, analyste de CIBC World Markets.
« Eh bien! » s’est exclamé de son côté l’économiste indépendant Joel Naroff. « Si l’on est peut-être pas encore sorti d’affaire, il devient évident que le marché de l’emploi commence à s’améliorer ».
Les destructions d’emplois du mois ont été les plus faibles mesurées depuis décembre 2007, le mois d’entrée des États-Unis dans la récession où l’on avait relevé pour la dernière fois des créations nettes de postes.
Le département du Travail a en outre revu en forte baisse son estimation des suppressions de postes d’octobre, qui avaient surpris par leur hausse. Le ministère estime désormais que l’économie n’a détruit que 111 000 emplois en octobre, et non 190 000.
Ces chiffres montrent que le moment approche où l’économie redeviendra créatrice nette d’emplois, conformément au pronostic récent de la banque centrale ( Fed), pour laquelle cela pourrait arriver dès le mois de janvier.
Le recul de 0,2 point du taux de chômage en novembre est le plus fort constaté depuis 2006.
Les chiffres du ministère montrent que le secteur des services, qui domine largement l’économie américaine, est revenu à la création nette d’emplois en novembre (avec 58 000 postes créés).
L’essentiel de ces créations de postes (52 000) est néanmoins dû à des emplois temporaires, mais c’est une première étape indispensable avant la création d’emplois définitifs.
Le secteur industriel a perdu 69 000 emplois, contre 113 000 le mois précédent.
Dans le détail, les créations de postes de novembre ont eu lieu dans les mêmes sous-secteurs que le mois précédent: les services aux entreprises, l’éducation et la santé, ainsi que le service public.
Dans l’industrie, les segments de l’informatique et de l’électronique, où les commandes affluent de nouveau, semblent sur le point de revenir à l’embauche.
Publié au lendemain d’un forum sur la création d’emplois à la Maison-Blanche au cours duquel le président Barack Obama a réclamé « des idées nouvelles » aux milieux économiques pour créer des emplois, le rapport mensuel du département du Travail est incontestablement le meilleur publié depuis presque deux ans.
La bonne nouvelle de la baisse du chômage ne doit cependant pas faire oublier que la guérison du marché de l’emploi risque d’être très longue.
Certains responsables de la Fed ont averti des dangers d’une « reprise sans emplois », où le pays créerait certes des postes, mais où la croissance économique serait tout juste suffisante pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail.
La Fed prévoit ainsi que le chômage sera très long à résorber, puisqu’elle estime qu’il atteindra encore 8,0 % en 2012, niveau qui aurait été perçu naguère comme « catastrophique », selon l’expression du Prix Nobel d’économie Paul Krugman.

La saison des Fêtes s’annonce meilleure que prévu
WASHINGTON — À défaut de dépenser des sommes folles, les Américains semblent avoir retrouvé le chemin des magasins en octobre, ce qui est de bon augure pour la saison des achats de fin d’année qui s’ouvre demain avec le « Vendredi noir ».
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce américain, les dépenses de consommation des ménages ont rebondi plus que prévu aux États-Unis en octobre.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce américain, les dépenses de consommation des ménages ont rebondi plus que prévu aux États-Unis en octobre.
Elles ont augmenté de 0,7% par rapport à septembre, effaçant leur recul de 0,6% du mois précédent, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 0,5% seulement.
Le rebond semble confirmer que le recul de septembre était lié essentiellement à un contrecoup de l’arrêt de la « prime à la casse » automobile, qui avait dopé l’indice en août.
Même si la consommation reste faible, c’est plutôt bon signe pour l’économie américaine alors que s’ouvre la ruée vers les magasins pour Noël.
« C’est comme si les consommateurs s’étaient échauffés en prévision de la saison des ventes de fin d’année », estime l ’économiste i ndépendant Joel Naroff.
« Les ménages pourraient être en train de retrouver le goût des achats, ajoute-t-il. Cela apporte l’espoir que la saison des Fêtes ne va pas se solder par le désastre tant annoncé », selon lui.
M. Naroff faisait là allusion aux prévisions de la Fédération nationale des détaillants (NRF) américaine, pour qui le chiffre d’affaires des magasins devrait baisser de 1% en glissement annuel pendant la saison des Fêtes.
L e c a bi net s p é c i a l i s é ShopperTrak est plus optimiste, et attend un rebond des achats de 1,6% en glissement annuel pour la même période (après une chute de 5,9% fin 2008).
La saison des Fêtes aux ÉtatsUnis s’étend grosso modo sur novembre et décembre, de l’Halloween à la Saint-Sylvestre.
Elle donne normalement lieu à une poussée de fièvre acheteuse au lendemain de la fête de l’Action de grâce avec le « Vendredi noir », jour de promotions exceptionnelles qui donne le départ d’un mois d’offres spéciales en tous genres.
Comme l’année dernière, la crise devrait faire sentir ses effets et les dépenses des Américains dans les magasins devraient être « contenues », estime Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight.
La saison « s’annonce néanmoins meilleure que l’année dernière », ajoute-t-il.
Les dépenses des ménages sont en temps normal le moteur de l’économie américaine. Pendant l’été, elles ont assuré près des trois quart des 2,8 % de croissance qui ont permis au pays de sortir de la récession.
Pour M. Gault, comme pour Ian Shepherdson, du cabinet HFE, la hausse des dépenses d’octobre laisse présager que la consommation pourrait continuer de tirer l’économie au dernier trimestre, quoique avec moins de force du fait de la disparition de certains stimuli temporaires comme la prime à la casse.
La confiance des consommateurs sera un élément déterminant. Les deux grands indices qui le mesurent (celui du Conference Board et celui de l’Université du Michigan) ont pointé dans des directions opposées en novembre, mais une chose est certaine : le moral des ménages est bas et, s’ils consomment plus, ce sera sans excès.
Malgré le pronostic légèrement plus favorable pour l’économie rendu public mardi par la Banque centrale et la forte baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage annoncée hier, la menace de licenciements reste encore très forte et les revenus des ménages n’augmentent pas encore assez au goût des économistes.

WASHINGTON 
Retour prochain à la création d’emplois...
WASHINGTON — Le cycle des licenciements touche à sa fin aux États-Unis, et l ’économie américaine devrait redevenir créatrice nette d’emplois au début de l ’année 2010, selon une étude de l ’Association nationale pour l ’économie d’entreprise ( NABE) publiée hier.
« Si la reprise s’est faite sans emploi jusqu’à présent, cela devrait bientôt changer. Dans les quelques mois à venir, les entreprises devraient créer des emplois plutôt qu’en supprimer », explique la présidente de la NABE, Lynn Reaser, dans le compte rendu de cette enquête.
Selon la cinquantaine de prévisionnistes interrogés par la NABE, les licenciements nets devraient continuer de diminuer au quatrième trimestre jusqu’à atteindre zéro pendant les trois premiers mois de l’année 2010, moment à partir duquel les entreprises devraient embaucher au total plus qu’elles ne licencient.
Néanmoins, ajoute la NABE, vu la gravité de la récession de 2007-2009 pour l’emploi, le taux de chômage devrait rester « obstinément élevé » et atteindre encore 9,6 % à la fin de l’année 2010.
Le chômage est la deuxième source d’inquiétude pour les économistes interrogés par la NABE, après le niveau de la dette publique.
Les États-Unis sont sortis pendant l’été de la récession dans laquelle ils étaient entrés en décembre 2007, mais le chômage ne cesse de monter.
En octobre, l ’économie américaine a détruit encore 190 000 emplois, ce qui a fait monter le taux de chômage officiel à 10,2%, son plus haut niveau depuis juin 1983.
Prudence
Mi-novembre, le président de la banque centrale américaine ( Fed), Ben Bernanke, s’est montré très prudent pour les perspectives de l’économie américaine, estimant notamment que « le mieux que l’on puisse dire à propos du marché du travail » était « que sa dégradation pourrait se faire plus lentement ».
Dans un entretien publié hier par le Financial Times, un autre dirigeant de la Fed, James Bullard, estime que le taux de chômage devrait plafonner à 10,5 % et que l’on devrait avoir la preuve qu’il a atteint son sommet « d’ici à l’été ».
M. Bullard prévoit que le chômage atteindra encore 9,5 % à la fin de l’année 2010.
L’enquête de l a NABE montre par ailleurs que les économistes interrogés sont un peu plus optimistes que le mois précédent en ce qui concerne les prévisions de c r oissa nce de l ’é conomie américaine en 2010.
Selon leu r consensus médian, la hausse de l’act ivité économique devrait atteindre 2,9 % par rapport à 2009, soit (0,3 point de plus que leur prévision médiane d’il y a un mois).
Ils estiment par ailleurs que le recul du produit intérieur brut (PIB) devrait finalement atteindre 2,4 % en 2009, soit 0,1 point de moins que ce qu’ils pensaient en octobre.
L’enquête de la NABE a paru à la veille de la publication de la deuxième estimation officielle des chiffres du PIB américain pour le troisième trimestre. Selon le consensus des analystes, le département du Commerce devrait revoir en forte baisse la croissance des trois mois d’été, à 2,9 % en rythme annuel (comparativement à une première estimation de 3,5 % publiée à la fin d’octobre).

Un bond bienvenu aux États-Unis
WASHINGTON — Les reventes de logements aux ÉtatsUnis ont bondi en octobre pour atteindre leur plus haut niveau depuis février 2007, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par l’Association nationale des agents immobiliers américains ( NAR).
Ces ventes de logements anciens se sont établies à 6,1 millions de transactions en rythme annuel, soit 10,1 % de plus qu’en septembre, indique la NAR, alors que les analystes n’en attendaient que 5,7 millions.
Les reventes de logements ont progressé sur six des sept derniers mois. La NAR a revu en légère baisse la hausse du mois précédent, à 8,8 % (au lieu de son estimation initiale de 9,4 %).
Signe de l ’a mélioration du ma r c hé i mmobi l i e r , l’indice de la NAR a augmenté en glissement annuel pour le t roisième mois de suite, et cette hausse s’est considérablement accélérée, pour atteindre 23,5 %. La NAR explique l a hausse du mois par une ruée des a c heteu r s pour c onclu r e u ne vente ava nt l a date fatidique du 30 novembre à laquelle devait expirer un crédit d’impôt de 8000 $ US accordé aux ménages acquér a nt un bien i mmobi l i er pour la première fois.
Cette mesure a été prolongée au début de novembre jusqu’au 30 avril.

WASHINGTON 
Hausse plus grande que prévu des investissements
WASHINGTON — L’excédent de la balance américaine des f lux de capitaux investis à long terme a progressé plus que prévu en septembre, de plus de 25 % par rapport à août, pour atteindre 40,7 milliards US, selon les chiffres publiés hier par le département du T r ésor à Washington.
Les analystes pensaient que le solde des flux d’investissements à long terme ne serait que de 30,0 milliards US
L’a mél i or a t i on r é s u l t e d’une hausse de 48 % des f lux de capitaux investis à long terme aux États-Unis par des étrangers (en premier l ieu par l ’entremise d’achats d’obligations d’État et d’actions d’entreprises), à 55,7 milliards US, indiquent les « données mensuelles du Trésor sur les capitaux internationaux », qui mesurent les flux d’investissements de portefeuille en direction ou au départ du pays.
Elle a été atténuée par une hausse des délocalisations de fonds des résidants américains, qui ont été acheteurs nets de titres étrangers pour 15,0 milliards US, comparativement à 3,3 milliards US en août.
Le rapport montre également que les avoirs chinois en obligations du Trésor américain sont remontés de 0,2 % en septembre après avoir baissé de 0,4 % en août, pour s’établir à 798,9 milliards US.
Les Chinois en tête
. Les investisseurs chinois (hors Hong-Kong) sont les premiers détenteurs de titres d’État américains, devant le Japon ( 751,5 milliards US) et la Grande-Bretagne (249,3 milliards US).
Les avoirs des investisseurs japonais et britanniques en obligations du Trésor ont augmenté respectivement de 2,8 % et 9,9 % en septembre par rapport au mois d’août.
Si l’on ajoute les flux d’investissements de portefeuille à court terme, le solde bénéficiaire de la balance américaine est passé de 25,3 milliards US en août, à 133,5 milliards US en septembre.
Ce solde total avait été dans le rouge d’avril à juillet.
Selon Gregory Daco, analyste du cabinet IHS Global I nsight, « la faiblesse relative du dollar et les résultats solides des entreprises américaines, dopés par une productivité forte, ont inversé le mouvement de départ des capitaux hors des États-Unis des mois précédents ».
Plusieu r s é c onomi s t e s avaient noté que ces départs de capitaux hors des ÉtatsUnis t é moigna i e nt d ’ u n retour du goût du risque de la part des i nvestisseurs, avec la reprise et d’un nouvel engouement pour les marchés émergents, principalement en Amérique latine et en Asie.
Selon Tu Packhard, de Moody’s Economy. com, les chiffres du Trésor montrent que « l’aversion pour le risque a diminué ».
Mais, a - t - e l l e a j o ut é , « l es i nvestisseu r s ét r a ngers conservent de l’appétit pour les actifs f i nanciers américains », ce qui permet de compenser les pressions à la baisse sur le cours du dollar découlant de l’intérêt retrouvé des Américains pour les placements à l’étranger.

LE PRIVÉ A DÉTRUIT MOINS D’EMPLOIS EN OCTOBRE
WASHINGTON — Le rythme des destructions d’emplois dans le secteur privé a ralenti aux États-Unis en octobre pour le septième mois d’affilée, mais un peu moins qu’espéré, selon l’enquête mensuelle publiée hier par le cabinet de conseil en ressources humaines ADP.
Le secteur privé a détruit encore 203 000 emplois en octobre, contre 227 000 en septembre, indique ADP dans son étude.
C’est un peu moins bon que ce que prévoyaient les analystes, pour qui l’enquête aurait dû faire apparaître 198 000 suppressions de postes. ADP a néanmoins revu en baisse de 27 000 son estimation des licenciements du mois de septembre.
« Malgré les signes récents de stabilisation de l’activité économique globale, l’emploi, qui évolue d’habitude avec retard par rapport à la conjoncture, devrait continuer de baisser pendant quelques mois encore au moins », écrit ADP.
Les chiffres de l’enquête montrent que le secteur des services, qui assure plus de 85% de l’emploi non agricole aux États-Unis, a perdu plus de postes en octobre qu’en septembre ( 86 0 0 0 contre 81 000).
Ce chiffre est conforme aux r ésultats de l ’ i ndice ISM-services publié hier, qui témoigne d’une hausse des licenciements et d’un ralentissement de l’activité dans ce secteur revenu à la croissance en septembre.
Par contre, indique ADP, le nombre de licenciements nets est tombé à 117 000 contre
146 000 dans le secteur secondaire, fortement éprouvé par la crise.
Signe que l’économie américaine est encore loin d’avoir retrouvé un cours normal malgré sa sortie de récession pendant l’été, près des trois quarts des pertes d’emplois d’octobre ont été dues à des licenciements dans les petites et moyennes entreprises (moins de 500 employés).
Celles-ci sont normalement le moteur de la création d’emplois aux États-Unis, et les autorités réfléchissent actuellement à des mesures d’aide pour les inciter à embaucher.
Ian Shepherdson, économiste de la société d’études HFE, estime que l’enquête ADP est globalement conforme à ce pronostic.
Selon u ne aut r e é t ude publiée hier, par le cabinet Challeger, Gray & Christmas, le nombre de licenciements annoncés par les entreprises américaines a baissé pour le troisième mois consécutif en octobre, de 16 % par rapport au mois précédent, pour concerner 55 679 personnes aux États-Unis et à l’étranger.

Rebond des commandes industrielles en septembre
WASHINGTON — Les commandes i ndustrielles aux États-Unis ont rebondi légèrement plus que prévu en septembre, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce à Washington.
El l es ont progressé de 0,9 % par rapport au mois précédent, après avoir mis fin en août à quatre mois de hausse consécutifs en reculant de 0,8 %.
Les chiffres publiés par le Ministère sont légèrement mei l l eurs que prévu par les analystes, qui avaient affirmé que les commandes reçues par les i ndustries manufacturières américaines augmenteraient de 0,8 % en septembre.
En excluant les transports, secteur où les commandes varient fortement d’un mois sur l’autre, les commandes industrielles ont progressé de 0 , 8 % e n s e pt e mbre , après une hausse de 0,3 % en août.
Sa ns l ’ i ndustrie de la défense, soumise aux aléas des commandes publiques, les commandes ont rebondi de 0,7 % après avoir baissé d’autant le mois précédent.
Reprise lente
Signe de la lenteur de la reprise de l’industrie américaine, durement touchée par la récession, les commandes i ndustrielles étaient i nférieures à la fin de septembre de 15,4 % à ce qu’elles étaient un an plus tôt.
Le ministère a revu en forte hausse son estimation du rebond des commandes de biens durables en septembre : elles ont progressé, selon lui, de 1,4 % par rapport à août, soit 0,4 point de plus que ce qu’il avait annoncé le 28 octobre.
Le département du Commerce i nd i que é ga - lement que l ’encours des carnets de commandes des fabricants de biens durables a reculé pour le 12e mois de suite en septembre (de 0,4 %, soit autant qu’en août). C’est la plus longue période de recul constatée depuis le début de la publication de cette statistique sous sa forme actuelle en 1992.


NEW YORK  Des nouvelles rassurantes en construction
NEW YORK — Les espoirs de voir l’économie américaine rebondir ont grandi, hier, en raison de nouvelles meilleures que prévu concernant les secteurs de la construction et manufacturier, de même que du redressement des ventes de maisons.
Ainsi , l es dépenses de construction aux États-Unis ont affiché leur plus forte progression depuis un an, selon des chiffres publiés par le département du Commerce.
En données corrigées des variations saisonnières, ces dépenses ont avancé de 0,8% par rapport à août, alors que les économistes tablaient sur un recul de 0,2%. Une hausse aussi élevée n’avait pas été vue depuis septembre 2008.
Celle-ci doit cependant être nuancée par la révision en baisse du chiffre d’août: les dépenses ont reculé ce mois-là de 0,1%, alors que le département du Commerce avait annoncé initialement une hausse de 0,8%.
La hausse de septembre a mis fin à quatre mois consécutifs de baisse des dépenses de construction, en chute de 13% sur un an.
Les dépenses de construction résidentielle privées, l’une des composantes les plus suivies, ont confirmé leur redressement, progressant pour le troisième mois de suite, de 3,9% en septembre (du jamais vu depuis 2003) après 3,8% en août et 0,1% en juillet.
Les dépenses de construction privées hors logement (commerces, industrie, infrastructures, etc.), qui avaient mieux résisté fin 2008 et début 2009, suivent désormais une tendance inverse, diminuant pour le cinquième mois de suite de 1,8%. Dans l’ensemble, les dépenses de construction privées (65% du total) sont en hausse pour le deuxième mois de suite, de 0,5% en septembre.
Les dépenses publiques ont atteint en septembre un montant jamais vu, après avoir progressé de 1,3% par rapport à août. En outre, le nombre de contrats signés pour acheter des maisons déjà existantes a grimpé pour le huitième mois consécutif en septembre, selon la National Association of Realtors.
L’activité manufacturière a aussi crû aux États-Unis en octobre au rythme le plus soutenu en plus de trois ans, selon des données publiées par un organisme privé. Cette activité a été stimulée par les dépenses gouvernementales, la nécessité pour les entreprises de refaire leurs stocks et la demande plus forte venant de l’étranger.
Il reste qu’à cause de la rareté des emplois, du resserrement du crédit et de la prudence des consommateurs en ce qui concerne leurs dépenses, on ignore si la vigueur de la reprise peut se poursuivre tandis que les programmes de relance gouvernementaux approchent de leur fin.
Par exemple, les contrats pour acheter des maisons ont augmenté parce que les acheteurs se hâtent de profiter des crédits d’impôt accordés aux premiers acheteurs avant que ce programme ne se termine à la fin du présent mois. Le Congrès américain travaille à l’heure actuelle à faire en sorte que le crédit soit offert jusqu’au 30 avril prochain.
Christina Romer, qui est à la tête du Comité des conseillers économiques du président Obama, a souligné la semaine dernière que les stimuli gouvernementaux ont déjà eu leur plus gros impact, ajoutant qu’ils ne contribueront pas à la croissance économique de manière significative l’an prochain.
L’organisme I nstitute for Supply Management ( ISM) a précisé hier que son indice du secteur manufacturier avait crû en octobre à la cadence la plus vive depuis avril 2006. Ainsi, l’indice ISM se situait à 55,7 le mois dernier, comparativement à 52,6 en septembre. C’est le troisième résultat de suite au-delà de 50, ce qui indique une croissance.

En avril 2006, l’indice ISM affichait 56.

L’économie et la finance américaines vont « mieux »
NEW YORK — L’économie américaine donne des signes de reprise et le système financier « va mieux », mais reste fragile, a estimé hier le secrétaire au Trésor des États-Unis, Tim Geithner au cours d’une conférence d’investisseurs à New York.
L’économie américaine a montré « les signes d’un début de reprise beaucoup plus vite que prévu et plus vite que lors des précédentes récessions », a estimé M. Geithner. Le système financier de son côté « va mieux » même s’il reste dans une situation « mitigée », a-t-il dit.
Les banques régionales en particulier « font toujours face à un environnement difficile, les entreprises dépendent plus des banques et ont plus de mal à obtenir des crédits », a-t-il souligné.

Retour à la normale  -  VINCENT DELISLE
La forte montée des marchés correspond à ce qu’on a vu à la fin des précédentes récessions
Plus d’un a n après l’éclatement de la crise f i nancière, la récession mondiale semble terminée. Par « terminée », on entend que la situation a cessé de se détériorer et qu’une réhabilitation prend forme. L’économie canadienne a ajouté 58 000 nouveaux emplois depuis le mois d’août, l’Allemagne a relevé ses prévisions de croissance et la Chine a retrouvé son rythme de croisière. Aux États-Unis, la situation reste fragile, mais la reprise est perceptible.
Aux États-Unis, la situation économique reste fragile, mais la reprise est perceptible.
Malgré ces nouvelles encourageantes, les sommets d’activité économique atteints au début 2008 ne seront pas rejoints de sitôt et les dommages collatéraux de la crise (déficits budgétaires et taux de chômage élevés) nous hanteront longtemps. Néanmoins, force est d’admettre que l’horizon est plus dégagé qu’il y a un an et que les statistiques publiées chaque jour confondent les sceptiques.
Pour les investisseurs, les 12 derniers mois ont donné lieu à des revirements de situation aussi spectaculaires que déconcertants. Au plus fort de la panique, la baisse des indices boursiers frôlait les 60 %, le baril de pétrole oscillait aux environs de 30 $ US et le dollar canadien plongeait sous les 80 cents. Depuis mars, la remontée boursière excède les 60 %, l’or noir f lirte avec le niveau de 80 $ US et le huard vole vers la parité. Les indices restent toutefois encore loin de leurs sommets de 2007.
Malgré les signes d’éclaircies dans l’environnement macroéconomique, le scepticisme à l’égard du rebond des actifs cycliques reste élevé. En effet, plusieurs jugent ce redressement disproportionné par rapport à la timidité de la reprise économique. Comment les bourses peuvent-elles rebondir alors que les conséquences de la récession font encore tant de dommages ?
Pourtant, cette résurrection de l’appétit pour le risque et le comportement des marchés financiers auquel on assiste s’apparentent à ce qu’on a vu à la fin des précédentes récessions. Les sorties de marché baissier s’orchestrent pendant que la récession fait encore r age et que l ’é conomie perd des emplois. Pour l’investisseur, l’important reste de déterminer le moment où le rythme de la récession s’essouffle, puisque les derniers balbutiements d’une récession coïncident avec un redressement de la profitabilité des entreprises. Car voilà ce qui enflamme les marchés : des perspectives de profits rassurantes. Et lorsque les entreprises reprennent confiance, le cycle d’embauche et le rythme des fusions et acquisitions renaissent.
Nous s ommes ac t uellement en plei ne période de divulgation des résultats trimest riels et les données publiées confirment que la rentabilité des entreprises s’améliore depuis le pri ntemps. Malheureusement, l ’a mélioration de la rentabilité a j usqu’à maintenant été le f ruit des réductions de coûts, d’où le sentiment que les marchés financiers sont déconnectés de l’économie réelle, d’où le scepticisme.
Pour l’instant, l’ampleur du redressement des derniers mois semble davantage refléter un retour à la normale qu’un débordement d’optimisme. Depuis mars, les marchés sont passés de la psychose des années 30 à l’optimisme relatif à la fin de la récession. Cette phase de normalisation n’est pas encore terminée et les indices pourraient encore grimper de 10 %. Cependant, une fois la reprise bien ancrée, les taux d’intérêt remonteront et la situation financière fragile des consommateurs sera mise à rude épreuve. Les marchés se retrouveront alors dans une position plus vulnérable.

Si on peut se réjouir du redressement boursier des derniers mois, il serait hasardeux de conclure que la volatilité ne reviendra pas. Les notions de risque et de rendement restent primordiales et la fenêtre qui s’offrait au début de 2009 se referme. Un dosage adéquat d’obligations (gouvernements et corporatives) et d’actions augmente les chances de succès d’un portefeuille tout en facilitant le sommeil !

LA BOURSE À L’AFFÛT DE RÉSULTATS RÉCONFORTANTS  -  Martin Vallières
Il y a longtemps que des résultats trimestriels d’ent r e pr i s e s c omme c e u x annoncés ces jours-ci n’ont été autant surveillés en Bourse. Et pour cause ! Tout le milieu f i nancier – banquiers d’affaires, analystes et investisseurs – cherche à valider l’ampleur du rebond boursier depuis le creux atteint en mars dernier.
D ’ a u t a n t pl u s q u e c e rebond, qui cote de 50 % à 70 % en quelques mois selon les principaux indices, s’avère déjà le plus vigoureux depuis la Grande Dépression des années 30.
Et entre temps, les princ i pau x i nd i c a t e u r s é c o - nomiques dans le monde industrialisé demeurent pour le moins nébuleux. Le pire de la récession mondiale semble passé, certes, mais la reprise s ’a nnonce encore t i mide, sinon ardue. Aux États-Unis et en Europe en particulier.
Par conséquent, est-ce que le regain des résultats des entreprises aura lieu aussi rapidement qu’on s’y attend sur les marchés boursiers?
Pour le moment, les résultats du troisième trimestre divulgués ces jours-ci par des entreprises en vue de l’économie nord-américaine s’avèrent plutôt mitigés.
Assez pour faire sourciller des observateurs aguerris comme Richard Yamarone, économiste en chef chez la firme new-yorkaise Argus Research.
« Les récents résultats d’entreprises qui sont moins pires que prévus dépendent encore de leurs coupures de dépenses plutôt que d’un regain de leurs revenus », souligne M. Yamarone dans son dernier bulletin hebdomadaire à ses clients-investisseurs.
« Or, l’économie n’est pas encore sortie du bois. En Bourse, il y a un sentiment qui ressemble de plus en plus à une bulle alors que la prudence devrait être de mise. »
De fait, sur la Bourse américaine, l’indice le plus représentatif, le S & P 500, est en hausse impressionnante de 62 % depuis le creux de mars dernier.
Depuis le début de l’année, le rebond après le krach de l’automne 2008 s’affiche déjà à hauteur de 20 %.
Même le multiple coursbénéfice de l’indice S & P 500 – une mesure de valeur comparative – s’est rehaussé à 20 fois en ce qui concerne les bénéfices courants. C’est son niveau le plus élevé depuis cinq ans.
Au Ca nada , le r e ga i n boursier depuis le début de l’année s’avère encore plus vigoureux. L’indice phare de la Bourse de Toronto a progressé de 28 % depuis 10 mois.
Même qu’aux environs de 11 475 points, le S& P/ TSX a déjà récupéré la moitié de la dégringolade de 7500 points (ou 50 %) subie entre le sommet de juin 2008 et le creux de mars 2009.
Bref, à en croire cet indice boursier très dépendant des matières premières, de l’énergie et des services financiers – des baromètres de l’économie mondiale –, la pire récession mondiale en un demi-siècle serait en bonne partie résorbée.
Mais un tel scénario favorable pour un rapide rebond des résultats d’entreprises est mis en doute par plusieurs professionnels de la Bourse.
« Les attentes envers un regain des résultats d’entreprises sont exagérées et prématurées. J’appréhende un repli lorsque les investisseurs réaliseront bientôt que leurs attentes de profits d’entreprises pour 2010 et 2011 sont encore trop élevées », avertit Kevin Caron,


LES TAUX POURRAIENT REMONTER PLUS VITE QUE PRÉVU  -  Hugo Fontaine
Si l’activité immobilière ne ralentit pas au Canada, la Banque du Canada pourrait devoir hausser son taux directeur beaucoup plus tôt que prévu, avertissent deux économistes du Groupe financier Banque TD.
Présentée comme un risque plutôt que comme une prévision, cette éventualité est tout de même plausible, affirment Craig Alexander et Grant Bishop dans un rapport publié cette semaine. La Banque du Canada s’était engagée il y a quelques mois à maintenir ses taux au plancher jusqu’en juin 2010, au plus tôt.
Dans la dernière année, la performance du marché canadien de l’immobilier a été rien de moins que remarquable, soulignent les auteurs. Malgré l’accumulation de mauvaises nouvelles économiques, bon nombre de Canadiens ont voulu profiter des très faibles taux d’intérêt pour acheter une propriété. Et comme la hausse des ventes a dépassé les inscriptions, les prix ont grimpé.
En août, les ventes résidentielles nationales ont augmenté de 18,5 % par rapport à l’année précédente, selon l’Association canadienne de l’immeuble. Les prix ont augmenté de 11,3 %.
« La question clé est de savoir si l’environnement de bas taux d’intérêt est en train de créer un déséquilibre économique qui requiert un réajustement de la politique monétaire », demandent les auteurs. En d’autres mots, est-ce que la Banque du Canada devra contrer la formation d’une bulle immobilière ?
À cette interrogation, la banque centrale australienne a répondu par l’affirmative plus tôt cette semaine. Elle a remonté ses taux en invoquant la forte croissance du crédit immobilier et les prix des maisons.
Vigueur temporaire
Pour l ’ i nsta nt , l a Banque du Canada considère toujours que la vigueur du marché de la revente est temporaire. À court terme, elle ne devrait donc pas suivre l’exemple australien.
Les économistes de la TD prévoient aussi que la croissance du nombre de transactions va ralentir – beaucoup de gens qui ont retardé leur achat pendant la crise sont allés de l’avant dans les derniers mois – et que la hausse des prix ne sera pas excessive.
Mais il y a toujours un risque que l’immobilier ne ralentisse pas. Les taux très bas pourraient attirer encore davantage d’acheteurs et la spéculation pourrait gagner de l’influence, notent les auteurs du rapport. Dans ce cas, « il y a un risque significatif » que la Banque hausse ses taux pour freiner les ardeurs du marché immobilier. Et elle pourrait le faire même si l’inflation est encore sous la cible qu’elle s’est fixée.
Hausse des demandes de prêt hypothécaire
Les demandes de prêt hypothécaire ont bondi la semaine dernière à leur niveau le plus haut depuis mai dernier tandis que les coûts d’emprunt près d’un creux historique ont stimulé le refinancement et propulsé les achats à un sommet de dix mois.
La baisse des prix des maisons et des taux hypothécaires de même que les crédits d’impôt accordés aux premiers acheteurs ont stimulé les ventes et aidé à stabiliser le ralentissement constaté sur le marché immobilier.

L’indice de la Mortgage Bankers Association consacré aux demandes d’achat de maison ou de refinancement de prêt a progressé de 16% à 756,3 au cours de la semaine terminée le 2 octobre comparativement à 649,6 la semaine précédente. Le sous-indice du refinancement a bondi de 18% alors que celui portant sur les achats a grimpé de 13%.
La baisse des prix des maisons et des taux hypothécaires de même que les crédits d’impôts accordés aux premiers acheteurs ont sti mulé les ventes et aidé à stabiliser le ralentissement constaté sur le marché immobilier, un phénomène qui a précipité la crise financière. Mais les pertes d’emplois qui se poursuivent ainsi que les saisies demeurent un rappel que la reprise, tant dans l’immobilier que dans l’économie en général, sera lente à se développer.
« Le creux sur le marché immobilier est en voie d’être atteint » , estime Michelle Meyer, économiste de Barclays Capital, à New York. « Les investissements dans le secteur résidentiel devraient fournir une contribution positive à la croissance économique au troisième trimestre », ajoute-t-elle.
La proportion des demandeurs qui souhaitent refinancer leurs prêts est passée à 66,3% du total la semaine dernière par rapport à 65,3% la semaine précédente.
Les coûts d’emprunt sont en baisse. Le taux moyen d’un prêt hypothécaire de 30 ans à taux fixe se situait à 4,89% la semaine dernière, comparativement à 4,94% la semaine précédente. Ce t aux était descendu à 4,61% à la fin de mars dernier, le niveau le plus bas depuis que la Mortgage Bankers Association a commencé à recueillir des données en ce sens en 1990.
Au taux actuel d’un prêt hypothécaire de 30 a ns, les coûts mensuels de l’emprunt pour chaque tranche de 100 000 $ US seraient de 530$US, soit environ 68$US de moins qu’au cours de la semaine correspondante un an plus tôt, époque où le taux était de 5,98%.
Le taux moyen d’un prêt hypothécaire à taux fixe de 15 ans a baissé à 4,32 % la semaine dernière comparativement à 4,34% une semaine plus tôt. Le taux d’un prêt d’un an à taux variable a toutefois grimpé à 6,56% par rapport à 6,40% la semaine précédente.

Obligations : le rendement plutôt que la sécurité
L’appétit pour le risque a repris sur le marché obligataire dans la première moitié de l’année 2009, et la période estivale n’a pas changé l’attitude des investisseurs. Contrairement à ce qui se passait à la fin de l’année 2008, ils favorisent de plus en plus le rendement par rapport à la sécurité.
On constate donc un rétrécissement important de l’écart de crédit entre les obligations du gouvernement fédéral et les obligations de société. Au 31 décembre, l’écart entre le rendement à l’échéance moyen des obligations était de près de 4%. Il n’est plus que de 2% aujourd’hui.
Cela se reflète aussi sur le rendement réel sur le marché. L’an dernier, les obligations à long terme du gouvernement du Canada ont procuré un rendement de 13 %, contre un rendement négatif de - 11,70 % pour les obligations de société. Cette année, les premières ont engendré un rendement négatif de -2,17 %, pendant que les secondes dégageaient un rendement de 25,48 %.
« Il s’agit d’un revirement spectaculaire, note Benoit Durocher, vice-président exécutif et chef stratège économique chez Addenda Capital. L’an dernier, ce qui avait un soupçon de risque était ignoré par les investisseurs et délaissé. Tout ce qui était très sécuritaire suscitait un engouement. »
Ce revirement pourrait laisser croire qu’il y a eu exagération dans le cadre de la crise de liquidités en 2008. Mais ce retour rapide de l’appétit pour le risque traduit aussi des perspectives plus favorables par rapport à une éventuelle reprise économique et par rapport à la santé financière des investisseurs.
« Les anticipations de reprise étaient bonnes pendant l’été, mais elles semblent avoir été revues sous un angle plus modeste dernièrement, note M. Durocher. Mais il reste encore cet engouement, ce besoin pour le rendement. On est à un point d’inflexion quant aux perspectives sur les marchés. »
Si les investisseurs revoient à la baisse leurs anticipations économiques, ils vont réévaluer le risque d’investir dans les obligations de société.


WASHINGTON  La reprise s’étend malgré la faiblesse de l’emploi  -  Marc Jourdier
WASHINGTON — Après les i ndustries manufacturières en août, le secteur des services américain, capital pour l’économie des États-Unis, est revenu à la croissance en septembre, selon l’indice ISM dont la publication hier a atténué la mauvaise surprise des chiffres de l’emploi de vendredi.
L’ISM-services a gagné 2,5 points en septembre, pour s’établir à 50,9 % et franchir ainsi la marque des 50 %, limite entre contraction et expansion de l’activité. Sa progression a été plus forte que ne le pensaient les analystes, qui l’attendaient à 50,0%.
Selon l’économiste indépendant Joel Naroff, le passage de cet indice dans le vert après 11 mois dans le rouge est le signe que « la reprise s’étend dans l’économie malgré la faiblesse persistante du marché de l’emploi ».
L’ I SM services englobe les services au sens large, puisqu’il prend en compte également l’agriculture, la sylviculture, la construction ou encore les services d’utilité publique comme la production et la distribution d’eau et d’électricité.
Les services au sens propre représentent environ 85% de la main-d’oeuvre non agricole employée aux États-Unis.
L’ISM manufacturier était repassé dans le vert en août et a confirmé sa progression en septembre.
Malgré l es c h i f f r es du dépa r t e ment du T r ava i l publiés vendredi, qui montrent que l’économie américaine a perdu encore 263 000 emplois en septembre, « l’activité des entreprises est en train de s’accélérer, tirée par une croissance robuste des c ommandes » , e s t i me M. Naroff, rappelant qu’au sortir d’une récession, il y a toujours un temps de croissance sans emplois.
Cependant, il y a encore loin d’ici une croissance viable sans l’aide de l’État et de la banque centrale, fait-il remarquer.
Les autorités américaines et les économistes estiment que les États-Unis ont renoué avec la croissance au cours de l’été, après quatre trimestres consécutifs de baisse de l’activité.
Elsa Dargent, économiste de la banque Natixis, estime, après la parution des indices ISM, que le produit intérieur brut ( PIB) des États-Unis devrait avoir augmenté de 3,1 % en rythme annuel au troisième trimestre, et que la croissance devrait se tasser à 2,7% pendant l’automne.
L’ancien président de la banque centrale américaine Alan Greenspan a estimé dimanche que la croissance des États-Unis devrait avoir atteint au minimum 2,5% pendant l’été, et peut-être même plus de 3%.
Si l’indice ISM services montre que les nouvelles commandes ont fortement augmenté en septembre, il témoigne également de nouvelles suppressions d’emplois dans le tertiaire et au-delà, comme au cours de 19 des 20 mois précédents.
Cela reflète le fait que « les entreprises – et en particulier les petites entreprises – n’ont pas confiance dans la viabilité de la reprise », estime Brian Bethune, analyste du cabinet d’économistes IHS Global Insight.
En conséquence, explique-t-il, elles « continuent de réduire les emplois et les heures travaillées ».
Mais « si cela va tendre à prolonger la conjoncture difficile du marché de l’emploi, cela entraînera également des gains de productivité forts » à l’origine d’un cercle vertueux, estime-t-il.
Ryan Sweet, de Moody’s Economy.com, estime que l’indice ISM conforte le pronostic d’une croissance de 3% au troisième trimestre qu’il avait jugé un peu mis à mal par les chiffres de l’emploi de vendredi.
Selon les autorités américaines, la hausse continue du taux de chômage, actuellement à 9,8%, ne devrait s’arrêter qu’au milieu de 2010, au-dessus 10%, et représente l’une des principales menaces pesant sur la reprise.

Croissance d’environ 3% au second semestre aux États-Unis
WASHINGTON — La reprise économique américaine en cours devrait se traduire par un taux de croissance d’environ 3 % pour les États-Unis au second semestre, a déclaré hier le président de la Banque de réserve fédérale de New York, William Dudley.
Les prévisions « d’une croissance du PIB d’environ 3 % en rythme annuel au second semestre semblent raisonnables », a déclaré M. Dudley, qui dirige l’antenne new-yorkaise de la banque centrale américaine, à l’occasion d’une con férence à l ’ Université Fordham de New York.
Faisant référence aux pays d’Asie qui tirent l’économie de la planète, M. Dudley a estimé par ailleurs que « le fait que la reprise dans l’activité économique soit un phénomène mondial aide à diminuer les risques d’un récession à double creux ».
Comme nombre de ses collègues du Comité de politique monétaire de la Fed, dont il est le vice-président, M. Dudley a néanmoins estimé que la reprise américaine censée être en cours depuis l’été après quatre trimestres consécutifs de baisse du PIB n’était pas « susceptible d’être robuste ».
« Cela signifie que les force à l’oeuvre pour ralentir l’économie sont importantes, ce qui implique que nous faisons face à des risques sérieux d’inflation trop faible pour l’année ou les deux ans à venir », a ajouté M. Dudley, selon le texte de son intervention disponible sur le site internet de la Fed de New York.
Le président de la Fed, Ben Bernanke, a estimé jeudi devant une commission du Congrès que si l’économie ne devait croître que de 3 %, le chômage resterait encore audessus de 9 % à la fin de l’année 2010. Le taux de chômage était de 9,8 % à la fin du mois de septembre.
L’immobilier se stabilise dans les pays développés
TORONTO — Les marchés immobiliers de plusieurs pays développés montrent de plus en plus de signes de stabilisation, selon une étude publiée par la Banque Scotia.
Au deuxième trimestre de l’année en cours, le prix réel des maisons a augmenté dans un certain nombre d’économies développées, notamment au Canada, en Australie et aux États-Unis, peut-on lire dans le rapport. Cependant, les prix diminuaient encore sur de nombreux autres marchés, comme le Royaume-Uni, la France et l’Espagne, mais généralement à un rythme plus lent.
Les économistes de la Scotia ont en outre constaté que, dans la plupart des cas, toutefois, les prix réels des maisons sont toujours plus faibles qu’il y a un an.
La Banque explique que l’embellie sur les marchés immobiliers est durable et témoigne d’une plus grande confiance de la reprise économique mondiale. Les coûts d’emprunt historiquement faibles, l’accessibilité économique croissante et les encouragements fiscaux accordés aux acheteurs dans certains pays ont favorisé la modeste reprise.
La relance est plus timide dans le secteur de la construction d’habitation au Canada. La tendance des mises en chantier se situe tout juste au-dessus de 140 000 logements annualisés alors qu’elle était de 120 000 logements au printemps.
« Les constructeurs réagissent à la contraction du marché de la revente, laquelle tend à stimuler une demande relative pour les nouvelles habitations », remarque Andrienne Warren, économiste principale de la Banque Scotia.
Toutefois, Mme Warren avertit que le taux de chômage demeure élevé ce qui peut faire hésiter certains acheteurs.

WASHINGTON  La chute du prix des logements ralentit
WASHINGTON — La chute des prix du logement aux États-Unis a de nouveau ralenti en juillet, à 13,3 % sur un an, son rythme le plus faible depuis février 2008, selon l’indice S&P– Case-Shiller, mesurant les prix dans les 20 plus grandes agglomérations américaines, publié hier.
Le ralentissement de la baisse est plus fort que ne le prévoyaient les analystes, qui tablaient sur un recul des prix de 14,2% en glissement annuel, après celui de 15,4% relevé en juin.
L’indice S&P– Case-Shiller est dans le rouge depuis le mois de janvier 2007. Il avait touché le fond au mois de mars.
Signe d’une amélioration notable de la situation, les prix du logement ont augmenté en moyenne de 1,6% en juillet par rapport à juin. D’un mois sur l’autre, ils n’ont baissé que dans deux métropoles (Las Vegas, et Seattle, toutes deux dans l’ouest du pays), sur les 20 agglomérations prises en compte par l’indice.
Ian Shepherdson, analyste de l’institut d’études économiques HFE, fait néanmoins remarquer que le rebond des prix est « insignifiant » : « Les prix ont chuté de 10,6% entre octobre et avril et n’ont progressé au total que de 1,9% » depuis lors.

ENTREPRISES À L’AFFÛT DE NOUVELLES PROIES -  Hélène Baril
L’annonce par Xerox de l’achat d ’Af f i l i l i a t e d Computer Services a relancé la rumeur que CGI soit la prochaine proie à être saisie par un concurrent. Après plusieurs mois de paralysie, les entreprises se reluquent de nouveau, et la saison de la chasse ne fait que commencer.
Le nom SNC-Lavalin refait périodiquement surface quand il est question de fusions et acquisitions.
Les noms de plusieurs proies possibles refont surface. Il y a CGI, mais aussi SNC-Lavalin, qui n’a pas d’actionnaire de contrôle, ou World Color Press, l’ancienne filiale de Quebecor qui vient de reprendre vie après s’être restructurée à l’abri de ses créanciers.
Les transactions continueront de se multiplier au cours des prochaines semaines, croient les spécialistes sondés par La Presse Affaires. Les entreprises qui ont traversé la crise sans trop de mal se retrouvent avec beaucoup d’argent à dépenser, souligne Dominique Vincent, de MacDougal l , MacDougal l , MacTier.
La gestionnaire de portefeuille cite une étude de Standard& Poor’s qui indique que les entreprises non financières du S& P 500 ont 700 milliards de comptant dans leurs coffres, ce qui est supérieur de 8% au niveau de l’an dernier et de 16% à celui d’il y a deux ans.
Les entreprises qui n’ont pas les coffres pleins s’affairent à les regarnir. « On a beaucoup de refinancement », indique Dominique Vincent.
Steve Goulet, de la Financière Banque Nationale, constate la même chose. « On a beaucoup plus d’émissions d’actions et certains (des émetteurs) ont des projets d’acquisitions ».
L’activité sur le front des fusions et acquisitions a repris, mais elle loin d’avoir retrouvé le rythme trépidant d’avant la crise financière, souligne Jean-Paul Giacometti, vice-président de la firme de gestion de portefeuille Claret. « C’est une reprise par rapport à un arrêt complet qui a duré neuf mois. »
Selon Standard & Poor’s, seulement deux secteurs d’activités ont vu une reprise notable du nombre de fusions et acquisitions, soit la santé et les services publics. Le nombre de fusions et acquisitions devrait peu à peu augmenter dans les autres secteurs, estime le stratège en chef de la firme américaine, Sam Stovall, si le climat économique continue de s’améliorer.
Secteur de l’énergie
Les chasseurs ne font généralement pas un mystère de leurs intentions. Des entreprises comme GLV Inc. ou Alimentation Couche-Tard ne cachent pas être constamment à l’affût. Les proies sont nécessairement plus discrètes.
C’est dans le secteur de l’énergie qu’on en retrouvera le plus grand nombre, croient la plupart des spécialistes interrogés hier.
« Si le prix du pétrole continue de descendre, les titres pétroliers vont faiblir et ce sera très tentant pour les étrangers de racheter nos entreprises », explique Denis Durand, de Jarislowski Fraser.
Denis Durand n’hésite pas à donner de gros noms comme Encana, Talisman ou Nexen, qui pourraient alors changer de propriétaires.
Selon lui, il serait surprenant que CGI fasse l’objet d’une prise de contrôle. « Il faudrait que Serge Godin accepte, puisqu’il y a des actions à droits de vote multiples, mais si le prix est là, c’est toujours possible », a-t-il dit.
La vente de World Color Press, par contre, ne serait pas une surprise pour lui, ni celle de Jean Coutu. « À la suite de l’aventure américaine, l’entreprise a moins de possibilité de croissance au Québec et pas de poids en Ontario » , explique-t-il.
Le nom SNC-Laval i n refa it périodiquement surface quand il est question de fusions et acquisitions. C’est que l’entreprise n’a pas d’actionnaire majoritaire, ce qui rend une éventuelle prise de contrôle plus facile. C’est vrai, estime l ’a nalyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins.
Mais d’un autre côté, souligne-til, l’entreprise n’a pas été une cible lors de la dernière vague de fusions et acquisitions et il ne pense pas qu’elle le deviendra. « Pour moi, SNC-Lavalin continue d’être le chasseur plutôt que le chassé ».


Une cascade d’émissions publiques  -  Stéphanie Grammond
Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d’investissement. Cette semaine, Christian Godin, de Montrusco Bolton.
Q: Ce qui est le plus important, au cours des dernières semaines, c’est la pléthore d’émissions d’actions sur les marchés. On a vu Barrick Gold faire une émission de 5 milliards, Transcanada Pipelines, WestJet, Transat… Et on va avoir la première nouvelle inscription en Bourse depuis longtemps: Dollarama est sur le point de devenir une société publique. Il y avait un niveau record de liquidités qui dormaient dans les portefeuilles des investisseurs. Cet argent revient vers les marchés au moment où les grandes sociétés en ont besoin pour solidifier leur bilan.
Christian Godin
Q: Ce qu’on surveille le plus, ce sont les dépenses en infrastructure et en consommation dans les marchés émergents, comme l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Indonésie. C’est l’amélioration du niveau de vie des populations de ces pays qui alimente la reprise boursière. Donc, on va suivre les communiqués du gouvernement chinois et des banques centrales des différents pays pour savoir quels sont les signes vitaux de leur économie.
Q: Monstrusco ne mise pas sur les secteurs, mais se concentre plutôt sur la sélection des titres particuliers. Parmi nos préférés, on peut citer le Groupe CGI (excellente rentabilité, stabilité des profits, prix de l’action raisonnable), Talisman Energy (beaucoup de réserves de pétrole et de gaz à faibles de coûts d’exploitation), le Groupe TMX (une excellente façon de participer à la reprise boursière), Industrielle-Alliance (aussi solide que les grandes banques, mais avec plus de potentiel de croissance) et Metro (l’épicier le mieux géré au Canada).
Q: Il faut éviter les sociétés conceptuelles. Dans le secteur de la biotechnologie ou dans le secteur minier, il faut être prudent avec les sociétés qui n’ont pas de revenus, pas de production prévue avant longtemps, et pas encore de financement. Certaines de ces petites entreprises ont vu leur titre grimper de 300% cette année. À la Bourse c’est ce qui a le mieux fait depuis le début de l’année, et je m’attends à des prises de profits.
Q:
STÉPHANIE GRAMMOND À votre avis, quel est l’événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ? Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?
Que feriez-vous avec 10 000$?
Quel placement évitez-vous à tout prix ? Qu’est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ? Il y a beaucoup de confiance et d’optimisme. Les marchés sous-estiment la fragilité de la reprise. Nous, on croit à la reprise, mais on pense qu’il va y avoir quelques soubresauts. Ça pourrait produire des occasions d’achat.
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Les entreprises repartent à la chasse
Les entreprises, qui s’étaient serré la ceinture pour survivre à la récession, repartent à la chasse. Au Canada, les fusions et acquisitions ont repris, surtout dans les ressources naturelles. Et ce n’est qu’un début, estime Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. Avec l’amélioration des signaux économiques et le retour de la rentabilité, les sociétés vont continuer de redéployer leurs liquidités. «Les ressources naturelles vont retenir encore l’attention, car la guerre entre les États pour accaparer les ressources est loin d’être terminée», affirme le stratège.

FEU D’ARTIFICE À LA BOURSE— Stéphanie Grammond
Depuis si x mois, l es PME offrent tout un feu d’artifice aux investisseurs qui s’attendaient plutôt à les voir imploser, l’année dernière, à cause de la crise du crédit.
Le spectacle est haut en couleur : l’action de la société de sécurité Garda, par exemple, a explosé de 380 % en six mois. Le titre de Cascades a fusé de 300 %, le titre du fabricant de boissons gazeuses Cott, de 700 %, et celui du sous-traitant automobile Linamar, de 375 %. De la grande pyrotechnie !
« C’est t rès classique en sortant d’une récession. Les t i t r es de pet i t es sociétés reviennent à la mode. On le voit depuis juillet, et encore plus depuis trois semaines. Certains jours, il y a des titres qui gagnent jusqu’à 15 % », constate Hugo Lavallée, gestionnaire du fonds Fidelity Potentiel Canada.
Depuis six mois, les petites entreprises ont même devancé les grandes. Le baromètre des actions de PME canadiennes, l’indice S& P/ TSX SmallCap, a rebondi de 54 %, nettement plus que la hausse de 38 % de l’indice de S& P/ TSX composé des grands noms de la Bourse de Toronto.
Les détenteurs de fonds communs de placement profitent aussi de la manne. Avec un rebond de 43 %, les fonds d’actions de PME en majorité canadiennes arrivent en tête de toutes les catégories de fonds communs, depuis le début de 2009 (en date du 31 août).
Calvaire boursier
La remontée boursière des petites entreprises est un juste retour du balancier. Depuis 2004, les PME traînaient de la patte, avec des rendements inférieurs à ceux des grandes entreprises, année après année (voir graphique). Et, en 2008, les PME ont vécu un calvaire boursier. Leurs titres se sont écroulés de moitié.
Il faut dire que la récession a frappé plus durement les PME qui sont moins diversifiées et qui sont souvent des fournisseurs à la remorque des donneurs d’ordres.
« Les grandes entreprises ont décidé de réduire leurs coûts pour survivre à la crise. Personne ne savait combien de temps ça durerait », rappelle Christian Cyr, 1er viceprésident actions de petite capitalisation chez Gestion de portefeuille Natcan.
De plus, les petites sociétés qui ont un bilan moins solide ont été victimes de l’assèchement du crédit. « Si l’année 2008 a été difficile pour des sociétés comme GM, imaginez pour des petites entreprises ! Pour beaucoup, l’accès au crédit a été complètement coupé », dit M. Lavallée. Les investisseurs ont largué les PME plus endettées, craignant qu’elles ne passent pas au travers. Au creux du mois de mars, on comptait plusieurs PME dont la valeur boursière était équivalente ou inférieure à leurs liquidités après avoir soustrait ses dettes.
« Pour faire de l’argent, il fallait se pincer le nez et plonger », dit Martin Dufresne, gestionnaire de portefeuille de petites capitalisations chez Fiera Capital.
Le tournant
À partir du printemps, le vent a tourné. La récession s’est essoufflée. La crise du crédit s’est estompée. Les banques ont recommencé à prêter un peu. Les investisseurs ont repris goût au risque.
« Il y a eu un changement de perception à la Bourse, explique M. Dufresne. Les marchés se sont rendu compte que la Chine continuerait d’ac heter des r e s s ources naturelles. »
Le prix des matières premières a rebondi, ce qui a alimenté la poussée de croissance de l’indice boursier des PME canadiennes, dont la moitié est composée de sociétés de ressources naturelles.
La fusion de Petro Canada et de Suncor, à la fin de mars, a été un élément déclencheur, souligne M. Dufresne. L’une avait un bon bilan, l’autre de beaux projets. Ensemble, elles ont pu les mettre sur les rails, ce qui a redonné du tonus aux petits fournisseurs.
Encore de belles histoires
« L’histoire suggère que les actions des petites entreprises vont continuer de faire aussi bonne figure », note Ted Whitehead, gestionnaire de

Les actions profiteront du flot de liquidités
Les investisseurs américains remettent en marche l’argent qu’ils avaient stationné dans les fonds de marchés monétaires. Jusqu’ici, ils ont surtout aiguillé leurs liquidités vers les fonds d’obligations qui ont attiré 220 milliards depuis le début de l’année. Du jamais vu! Avec l’embellie de l’économie, ils devraient maintenant se diriger un peu plus du côté des actions, estime Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Financière Banque Nationale.


LA RÉCESSION EST « TERMINÉE »- Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale
WASHINGTON — Le président de la banque centrale américaine ( Fed), Ben Bernanke, estime que la récession américaine entamée en décembre 2007 est terminée, un an après le début de la panique financière provoquée par la faillite de la banque Lehman Brothers.
Un an jour pour jour après la faillite de Lehman Brothers, le président de la Fed, Ben Bernanke, a annoncé la fin « technique » de la récession.
« D’un point de vue technique, la récession est très probablement terminée à ce stade », a déclaré M. Bernanke, lors d’une conférence à la Brookings I nstitution, cercle de réf lexion réputé de Washington, un an jour pour jour après le dépôt de bilan de la banque d’affaires Lehman Brothers.
Cette faillite retentissante est considérée comme l’élément déclencheu r d’u ne panique financière qui, bien qu’ayant été contenue grâce à la mobilisation rapide et sans précédent des pouvoirs publics, a précipité le plongeon d’une économie américaine entrée en récession neuf mois plus tôt.
Vu la prudence habituelle de M. Bernanke, sa déclaration signifie que la récession la plus longue que les États-Unis aient connue depuis 1945 est effectivement terminée, ainsi que l’avait laissé transparaître le procès-verbal de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed publiées le 9 septembre.
Le président de la Réserve fédérale a répété le pronostic de la banque centrale, selon lequel la reprise risque d’être très lente et le chômage de monter jusqu’à la fin de l’année et pendant une bonne partie de 2010.
M. Bernanke a v u pa r ailleurs des signes « encourageants » pour les banques américaines, qui selon lui sont moins dépendantes des programmes spéciaux mis en place par son institution face à la crise.
La tâche de dater la fin de la récession américaine revient officiellement à un centre de recherche privé, le Bureau national de la recherche économique (NBER), mais il y a un consensus parmi les économistes pour dire que celle-ci s’est achevée en août.
Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a estimé début septembre que la reprise avait commencé, très lentement.
Et lundi, le Trésor a posé les bases de la réduction de soutien au système financier du pays. Certains de ses programmes mis en place après ce que l’on commence rétrospectivement à appeler « la grande panique » de septembre 2008, sont en train de prendre fin. prolongés au-delà de la fin de l’année.
Le Comité de pol it ique monétaire de la banque centrale ( FOMC) doit se réunir les 22 et 23 septembre. Les discussions y tourneront autour du meilleur moyen de réduire l’aide de la banque centrale de la façon la plus douce qui soit pour l’économie, au moment approprié.
Le président a méricain Barack Obama a exclu lundi un nouveau plan de relance budgétaire après celui de 787 milliards de dollars promulgué en février. Mais les autorités américaines, comme celles des autres pays avancés ou émergents du G20, considèrent qu’il est encore beaucoup trop tôt pour que l’État fédéral abandonne l’économie à son sort. économique étant au mieux «Il va nous falloir encore tout juste naissante ». du temps pour nous en sor
Les programmes de soutien tir », a déclaré M. Geithner à la liquidité et au crédit mis hier sur la télévision ABC, en place par la Fed à coup estimant qu’il n’y avait pas de centaines de milliards de de remède « immédiat » perdollars sont toujours en place mettant de tout régler « vite et et nombre d’entre eux ont été facilement ».
Politiques de soutien maintenues
Néanmoins, a estimé le Trésor, « il y a toujours fortement besoin de maintenir certaines politiques de soutien extraordinaires mises en place » contre la crise, « la normalisation des marchés financiers à ce jour n’étant que partielle et fragile, et la reprise
OBAMA ENTREVOIT LA FIN DES PERTES D’EMPLOIS
Le président américain Barack Obama a soutenu hier que les pertes d’emplois avaient « atteint leur niveau le plus bas », ajoutant que l ’économie de son pays semblait recommencer à croître.
Mais il a fait une mise en garde : il ne faut pas, dit-il, mettre fin à l’aide gouvernementale « d’une manière trop hâtive, ce qui empêcherait la reprise de prendre son envol ».
M. Obama, qui a accordé une entrevue à Bloomberg News un an après que la faillite de Lehman Brothers eut affecté l ’économie, s’est dit confiant que son projet de revoir les réglementations pour éviter une autre crise sera approuvé par le Congrès cette année. Il a promis de tout faire en son pouvoir pour combattre les efforts de l’industrie bancaire pour faire échec à sa proposition de mise sur pied d’un organisme de surveillance des produits financiers et il s’en est tenu à sa position pour rendre la Réserve fédérale américaine (Fed) responsable de la stabilité du système financier dans son ensemble.
Le président a fait état d’un certain nombre de signes indiquant que l’économie américaine est sur la voie de la guérison, y compris une hausse des exportations et une reprise des activités de l’industrie manufacturière. Les pertes d’emplois diminuent progressivement, dit-il, ajoutant que « nous pourrions commencer à observer une certaine croissance de l ’emploi ». Depuis le début de la récession aux ÉtatsUnis en décembre 2007, le pays a perdu 6,9 millions d’emplois.

NEW YORK: ACTIVITÉ EN HAUSSE
WASHINGTON — L’activité industrielle autour de New York a accentué sa hausse en septembre après avoir renoué avec la croissance le mois précédent, selon l’indice Empire State publié hier. L’indice a gagné près de 7 points pour s’établir à 18,9 en septembre, indique la Banque de réserve fédérale de New York, qui l’établit. Il reste comme le mois précédent à son plus haut niveau depuis novembre 2007, le mois ayant précédé l’entrée des États-Unis dans la récession. La hausse de l’Empire State est bien plus forte que ne le pensaient les analystes, qui attendaient l’indice à 15,0. En septembre, l’activité industrielle a progressé pour le deuxième mois de suite, écrit la Fed de New York, notant que près de 40% des entreprises sondées estiment que la conjoncture s’est améliorée, contre 20% d’avis contraire.
LES STOCKS CHUTENT ENCORE
WASHINGTON — Les entreprises aux États-Unis ont connu en juillet leur onzième mois consécutif de baisse de leurs stocks, et ont vu leurs ventes augmenter pour le deuxième mois de suite, selon des chiffres publiés hier par le département du Commerce. En données corrigées des variations saisonnières, mais sans tenir compte de l’évolution des prix, les stocks ont baissé de 1,0 % par rapport au mois précédent, proche des prévisions des analystes qui tablaient sur -0,9 %. Sur un an, ils sont en chute de 11,8 %. Les ventes ont en revanche très légèrement progressé, de 0,1 % par rapport à juin, mois où elles avaient augmenté pour la première fois depuis un an. Sur un an, elles restent en chute de 17,8 %. Les stocks des entreprises américaines avaient connu au second semestre une augmentation sans rapport avec des ventes déprimées par la crise économique, et l’ajustement de ces deux mesures était perçu par les économistes comme un préalable à toute reprise.

USA : Les consommateurs s’activent
Hausse plus forte que prévu des ventes au détail
Les ventes au détail ont fait leur plus gros bond en trois ans aux États-Unis, le mois dernier, illustrant ainsi une vigueur i nat t endue de la demande de consommation qui ne s’est pas limitée aux achats d’autos encouragés par le programme gouvernemental de mise à la casse.
Bonne nouvelle : la hausse des ventes n’est pas seulement due au programme de mise à la casse, qui accordait aux acheteurs des rabais importants lorsqu’ils rapportaient leur vieille voiture pour s’en procurer une neuve.
Le bond de 2,7 % des ventes au détail a été supérieur aux estimations des économistes et il faisait suite à une baisse de 0,2 % en juillet, a précisé hier le département américain du Commerce. Les achats excluant les automobiles ont grimpé de 1,1 %, soit davantage que les estimations les plus optimistes.
Les titres du Trésor ont écopé tandis que les résultats dévoilés par le départ ement du Commerce ont dissipé les inquiétudes des investisseurs qui craignaient que les consommateurs ne fassent qu’une contribution limitée à la reprise. Selon un tel scénario, l’économie demeurerait dépendante des dépenses gouvernementales un an après l’effondrement de Lehman Brothers. Morgan Stanley figurait hier parmi les banques et les firmes de placement qui ont revu leurs prévisions à la hausse concernant la croissance économique au troisième trimestre.
Vraie reprise de la consommation
« Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que la hausse n’est pas attribuable uniquement au programme de mise à la casse », soutient Robert Stein, économiste principal de First Trust Advisors, à Lisle, en Illinois. « La consommation reprend et l’économie américaine se redresse », ajoute-t-il.
D’autres rapports publiés hier précisent que les manufacturiers vont aider l’économie américaine à s’extirper du pire ralentissement depuis les années 30. C’est que les manufacturiers augmentent leur production à la suite de la baisse record des stocks au cours de la première moitié de 2009.
Selon la prévision médiane de 73 économistes sondés par Bloomberg, on estimait que les ventes au détail allaient progresser de 1,9 % en août après une baisse initialement divulguée de 0,1 % en juillet. Les prévisions oscillaient entre 0,8 % et 3,8 %. Le gain du mois dernier est le plus considérable depuis janvier 2006.
En excluant les automobiles, l’augmentation des ventes fut la plus forte en six mois.
Le programme de mise à la casse de vieilles voitures a donné lieu à près de 700 000 achats de véhicules neufs.
Prudence
En dépit des bonnes nouvelles annoncées hier, Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine ( Fed), a indiqué qu’il fallait faire preuve de prudence. « Bien qu’à proprement parler la récession est probablement terminée en ce moment, ditil, il semble que l’économie sera encore très faible pendant encore un moment. »
Pour leur part, les économistes ont souligné que la stagnation des salaires et la perte de richesse résultant de la baisse des prix des maisons restreindront probablement les dépenses de consommation au cours des mois à venir.
Avec la montée attendue du chômage pendant plusieurs mois encore, nombre d’économistes s’attendent à ce que la consommation reste faible un certain temps.
Élément de preuve
Mais pour l ’économiste M. Joel Naroff, les chiffres publiés hier par le ministère du Commerce « fournissent un premier élément de preuve » que la reprise véritable de l’économie américaine sera emmenée plus par les ménages que par des entreprises.
Plus prudent, Ian Shepherdson, du cabinet HFE, estime que si les ventes de détail d’août sont une nouvelle bienvenue. Mais il faut encore attendre « pour voir si cela sera durable ». Les contraintes liées aux revenus des ménages et à la difficulté à trouver des crédits restent « intenses » dit-il.


Selon les derniers chiffres disponibles, le crédit à la consommation aux ÉtatsUnis, qui assure une bonne part des dépenses des ménages, a baissé en juillet pour le sixième mois consécutif, à un rythme jamais vu depuis 1975.


La revente de maisons en forte hausse
OTTAWA — Le marché canadien de la revente de maisons a affiché en août une hausse de 18,5 % par rapport à l’an dernier, selon les statistiques du système i nteragence de l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), atteignant ainsi son plus haut niveau en deux ans.
Au total, 42 483 maisons ont changé de propriétaire e n a oût der n i e r , c e qui représente malgré tout une baisse de 6,6 % par rapport aux chiffres records du mois d’août 2007, a précisé mardi l’ACI.
La revente de maisons a grimpé de plus de 15 % sur une base annuelle au cours des trois derniers mois.
Le prix moyen des maisons pour l’ensemble du pays a grimpé de 11,3 % par rapport à l’an dernier, pour atteindre 324 779$, un record pour le mois d’août, habituellement plus tranquille.
En outre, le nombre de nouvelles inscriptions de maisons à vendre sur le système interagence de l’ACI a reculé pour le huitième mois d’affilée par rapport à l’an dernier, pour se chiffrer à 64 167, son plus faible niveau en cinq ans.
Revente
L’ACI a principalement attribué l’augmentation de l’activité de revente à l’échelle nationale aux gains annuels enregistrés dans les marchés résidentiels de Vancouver ( 1 17 %) , Toronto ( 2 %) , Calgary (17 %) et Montréal (9%).
Les ventes résidentielles désaisonnalisées ont fait du surplace à l’échelle nationale, à 42 426 logements. L’activité désaisonnalisée enregistrée en Alberta et au Québec a chuté, ce qui a contrebalancé les gains répertoriés en Colombie-Britannique.
Les ventes désaisonnalisées demeurent toujours environ 61 % supérieures à leur plus bas niveau historique en dix ans, atteint en janvier dernier.
Selon le président de l’ACI, Dale Ripplinger, les t aux d’intérêt favorables et le prix abordable des maisons attirent les acheteurs, tandis que la confiance des consommateurs semble continuer de s’améliorer, ce qui augure bien pour les mois à venir.




Les PME renouent avec l’optimisme  -  RUDY LECOURS
Après avoir eu le moral dans les talons, la PME québécoise est de moins en moins rongée d’inquiétude.
Près de neuf petits entrepreneurs sur 10 voient l’avenir à court terme des PME, et de la leur en particulier, avec un certain optimisme, selon les résultats d’un sondage mené par Léger marketing pour le compte du Fonds de solidarité FTQ.
Près d’un sur deux se dit même prêt à embaucher au cours des 12 prochains mois tandis que deux sur cinq entendent conserver leurs effectifs. Enfin, une majorité confortable caresse des projets d’investissements.
Ces données combinées poussent l’Indice de confiance PME-Fonds de solidarité FTQ à 56 ce mois-ci, soit un point de plus qu’en juin, mais sept de mieux qu’en avril, au lendemain du pire trimestre de décroissance de l’économie canadienne en 50 ans.
« Je me serais attendu à un indice un peu plus élevé, admet Yvon Bolduc, président directeur général du Fonds. On entend dire que la reprise est fragile, mais les entrepreneurs voient l’avenir avec un peu plus d’optimisme. Une grande partie du succès de l’économie repose sur la confiance. »
L’inquiétude s’estompe
Selon les sondeurs, quand l’indice se situe entre 41 et 60 il « traduit un certain degré d’inquiétude alors que de 61 à 80, il reflète une confiance mitigée ». À 56, l’inquiétude n’est pas disparue, mais elle est en voie de s’estomper.
La consultation web, menée auprès de 200 PME québécoises entre les 27 août et 8 septembre, fait ressortir aussi que le recrutement de la main-d’oeuvre est désormais la préoccupation la plus partagée par les chefs de petites et moyennes entreprises.
Elle est suivie par les coûts d’exploitation et par l’accès et les coûts du financement. La majorité des répondants croit cependant que l’accès au crédit sera dans 12 mois aussi facile ou plus facile qu’aujourd’hui.
Viennent ensuite dans la liste des préoccupations, mais à des degrés bien moindres, la concurrence des pays émergents, le protectionnisme américain et le coût des matières premières.
La Presse et Cyberpresse.ca se sont associés au sondage pour vérifier quelques enjeux particuliers.
On comprend mieux les tergiversations entre inquiétude et optimisme quand les répondants évaluent le début de la reprise. Près d’un sur trois ne la voit qu’au printemps alors qu’un sur cinq la perçoit, soit cet automne, soit cet hiver.
La majorité des économistes estiment plutôt qu’elle est déjà en cours. Malgré la virulence de la récession, seulement 6% des chefs de PME redoutent la faillite. En juin, c’était 9%. La crise n’a d’ailleurs que marginalement incité quelques propriétaires à mettre leur PME en vente.
Il appert enfin que seulement 30 % des répondants considèrent la montée récente du dollar canadien comme un désavantage. La proportion monte cependant à près d’un répondant sur deux parmi ceux dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 millions.
En revanche, près de la moitié des entreprises oeuvrant dans le commerce de détail y voient plutôt un avantage, puisque leur pouvoir d’acheter des biens importés augmente.
Des 200 entreprises répondantes, la moitié provenait de la région métropolitaine ; plus de quatre sur cinq étaient f r a ncophones et les t r ois quarts oeuvrent dans le secteur des services.


L’économie mondiale de nouveau sur pied  -  RUDY LECOURS
En un an, l’économie mondiale aura fait un tour complet sur elle-même.
Le 15 septembre 2008, la faillite de Lehman Brothers précipitait l’Occident dans la pire crise financière des 70 dernières années, au point où les Cassandre n’étaient pas rares à annoncer que l’économie mondialisée allait connaître une autre Grande Dépression.
Aujourd’hui, force est de constater que la reprise qui s’installe depuis plusieurs semaines déjà surprend par sa vigueur et paraît susceptible de s’étendre longtemps.
L’indicateur économique avancé de l’OCDE a bondi de 1,4 % en juillet. Il s’agit du gain mensuel le plus élevé en 34 ans. « Le taux de changement des six derniers mois pointe en territoire positif pour la première fois depuis 2007, note Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Une croissance économique mondiale au-dessus de la tendance d’ici le début de 2010 devient une très forte possibilité. »
« Nous sommes au début d’un nouveau cycle d’expansion mondiale qui durera plusieurs années », affirme pour sa part Maurice N. Marchon, professeur titulaire à l’Institut d’économie appliquée de HEC Montréal dans la 21e présent ation de ses Perspectives économiques nord-américaines dans un contexte international. Le scénario de reprise économique mondiale que nous anticipons devrait toutefois être inférieur à la norme puisque plusieurs économies affrontent d’importants contre-courants. »
M. Marchon prévoit donc une croissance de 2,3 % des économies c a nadienne et américaine l’an prochain, soit moins que ce à quoi on est en droit de s’attendre dans la phase initiale d’une reprise qui consiste à rattraper le terrain perdu avant d’entrer à nouveau en expansion.
La Banque optimiste
Cette prudence n’est cependant pas partagée par la Ba nque du Canada , qui annonçait jeudi revoir à la hausse son scénario économique. « La progression du PIB pourrait être plus vigoureuse pendant le deuxième semestre de 2009 que la Banque ne l’entrevoyait en juillet », expliquait-elle dans le communiqué annonçant la reconduction de son taux directeur à son minimum de 0,25%. La Banque estimait alors à 1,3 % et 3,0 % la croissance économique annualisée aux troisième et quatrième trimestres.
Depuis, les signes de reprise se multiplient. « Beaucoup d’indices économiques épousent la forme d’un V: citons les conditions financières mondiales, les indices des intentions d’achat des manufacturiers et le marché immobilier canadien, renchérit Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. L’économie mondiale s’est redressée plus tôt et plus vite que la plupart n’auraient osé prédire au plus fort de la tourmente plus tôt cette année. »
Plusieurs craignent toutefois le feu de paille, en particulier ceux qui attribuent encore au consommateur américain le rôle de locomotive de l’économie mondiale. Celui-ci doit cette fois-ci soigner son bilan financier très malmené à la fois par l’effondrement des marchés immobilier et boursier, sans compter que la récession a fait perdre son emploi à 6,9 millions d’Américains jusqu’ici.
« Les actifs des ménages américains ont subi des pertes de valeurs de 4327 milliards pour les résidences et de 8652 milliards pour les actifs financiers entre le premier trimestre de 2007 et le premier trimestre de 2009. Cela incite les ménages américains à augmenter leur taux d’épargne », écrit M. Marchon.
Ces pertes équivalent grosso modo à 10 fois la valeur des biens et services produits au Canada en un an (PIB annuel). Depuis, la moitié des pertes boursières ont cependant été effacées chez les investisseurs qui ont eu la sagesse de ne pas vendre au creux du marché baissier.
Le rôle du BRIC
Ce qui distingue la présente reprise des autres, c’est aussi le rôle déterminant que joueront le Brésil, la Russie, l’Inde et surtout la Chine, les quatre nationaux du bloc BRIC des puissances économiques émergentes.
« La contribution des BRIC à l’augmentation du PIB mondial serait de 46,4% estimé à la parité du pouvoir d’achat, même s’ils ne représentaient que 22,2% du PIB mondial en 2008 », note M. Marchon.
Les exportateurs qui tireront partie de cette croissance profiteront de cette vigueur. Le Canada pourrait être du nombre, lui qui regorge de ressources naturel les. En outre, son expertise en matière d’infrastructures pourra lui permettre de vendre ses services, ce qui jusqu’ici reste un point faible de notre commerce extérieur.
Alors, 2,3 % de croissance, est-ce un optimisme t rop prudent?


GRUES ET ACHETEURS AU RENDEZ-VOUS  -  Maxime Bergeron
MAXIME BERGERON La reprise du marché immobilier s’est encore confirmée en août avec un rebond des mises en chantier partout au pays et, dans notre propre cour, une nouvelle hausse de la revente de maisons.
Le nombre de t ra nsactions a grimpé de 9% dans la région métropolitaine par rapport à août 2008, selon les données publiées hier par la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM). Le prix médian des unifamiliales a gagné 6%, à 238 000$, et celui des copropriétés, 3%, à 198 646$. « C’est la poursuite d’un marché rempli de vigueur, qui est en croissance depuis le mois de mai », a indiqué à La Presse Affaires Michel Beauséjour, chef de la direction de la CIGM.
Les transactions sont en progression dans toutes les régions de la métropole, mais certains secteurs ont affiché une croissance carrément surprenante. La revente de copropriétés a ainsi explosé de 106 % dans Côte-desNeiges/ NDG/Côte-Saint-Luc, de 91% dans Saint-Laurent/ Ahuntsic, de 64 % à Laval et de 35 % dans RosemontLa Petite-Patrie/ Villeray, a-t-on appris.
 Pourquoi une telle ruée sur les condos en août ? « C’est assez difficile à expliquer, si ce n’est qu’il y a beaucoup plus de premiers acheteurs sur le marché, et qu’ils achètent davantage des condos que des maisons » , a fa it valoir M. Beauséjour.
On note une ruée sur les condos en août, qui pourrait s’expliquer par le fait qu’il y a beaucoup plus de premiers acheteurs sur le marché, et qu’ils achètent davantage des condos que des maisons.
Les taux d’intérêt historiquement bas, tout comme la possibilité de retirer 25 000 $ de son REER pour faire une mise de fonds plutôt que 2 0 0 0 0 $ auparavant , ont rendu l’achat d’une résidence plus aisé, a-t-il noté.
Cet t e f a c i l i t é a c c r ue à pénétrer le marché immobilier s’observe à la grandeur du Québec, selon un rapport publié hier par RBC. « L’indice d’accessibilité » utilisé par la banque – qui mesure l a proport i on du revenu avant impôts consac r é e au l ogement – s ’ e s t amélioré au deuxième t rimestre, en bonne pa r t i e grâce à la baisse des taux hypothécaires.
Au Québec , l ’ i ndice a r ec ulé à 32 , 4 % pour un bungalow, 27,7 % pour une maison en rangée, 27,2 % pour un appar t ement en copropriété et à 38,7 % pour une maison à deux étages. Un écart favorable de 0,4 % à 0,7 % selon les catégories.
Cette amélioration « a incité davantage d’acheteurs à intégrer le marché » au Québec, a souligné Robert Hogue, économiste principal à RBC, dans un rapport. Mais l’accessibilité demeure – et demeurera – moins grande dans la métropole, a-t-il ajouté.
En fa it , l e marché e s t redevenu « équilibré » dans la plupart des secteurs du Grand Montréal, après avoir favorisé les acheteurs pendant le creux d’octobre à mai dernier, a i ndiqué hier la CIGM. On compte ainsi de huit à 10 propriétés à vendre pour chaque acquéreur potentiel, ce qui donne lieu à de saines négociations plutôt qu’à des baisses draconiennes de prix.
Le resserrement devrait s ’accentuer en faveur des vendeu r s , s e l o n Mi c hel Beauséjour. « Les nouvelles inscriptions ont baissé : moins il y a de stocks, plus i l y a de pressions sur la demande. »
Construction
Par ailleurs, l a Société canadienne d’hypothèques et de logement ( SCHL) a publié hier des données sur les mises en chantier du mois d’août réjouissantes pour les économistes, eux qui avaient été pris de court par la baisse marquée de juillet.
Selon la SCHL, le nombre désaisonnalisé a nnualisé de mises en chantier – des chiffres mensuels corrigés des variations saisonnières et multipliés par 12 afin de refléter le rythme d’activité sur un an – a atteint 154 400 en août au Canada, nettement plus que les 134 200 du mois précédent.
Au Québec, l e nombre de fondations coulées est demeuré à peu près stable, à 47 200 (un gain de 1000), tandis qu’il a grimpé de 47 % en Colombie-Britannique, à 19 200 unités, et de 13 % en Ontario, à 44 200. Une excellente nouvelle pour l’économie canadienne dans son ensemble, a fait valoir Benoît Durocher, économiste principal chez Desjardins.
« Le retour imminent d’une tendance haussière au sein de la construction résidentielle, combiné à l a hausse des dépenses de rénovation, fera que l’investissement résidentiel contribuera positivement à la croissance économique au cours des prochains trimestres », a-t-il indiqué dans un rapport.
Si l’embellie se poursuit qu’à la fin de 2009, le nombre de mises en c hantier pourrait gri mper j usqu’à 160 000 au Canada, selon l’économiste Pascal Gauthier, de la Banque TD.



WASHINGTON 
L’économie a continué de se stabiliser en août
WASHINGTON — L’activité économique aux États-Unis a continué de se stabiliser au mois d’août, selon le livre beige publié hier par la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine.
Les données collectées par les 12 annexes régionales de la Fed « mont rent que l’activité économique a continué de se stabiliser en juillet et août », peut-on lire dans ce rapport de conjoncture devant servir de base aux discussions du Comité de politique monétaire ( FOMC) de la banque centrale lors de sa réunion prévue pour les 22 et 23 septembre.
Le livre beige publié hier a été préparé sur la base des informations transmises par les différentes branches régionales de la Fed entre le 20 juillet (date de la fin de la collecte pour le rapport précédent) et le 31 août.
En notant que les données économiques « montrent » que l’activité se stabilise, le livre beige est un peu plus optimiste que le FOMC dans le communiqué final rendant compte de sa dernière réunion (les 11 et 12 août). Celui-ci estimait alors que les informations disponibles « laissaient penser que l’activité économique était en train de se stabiliser ».
Les minutes de cette r éunion publiées le 2 septembre ont montré néanmoins que les dirigeants de la Fed estimaient alors que la récession était en bout de course en août mais que l’économie américaine restait « encore vulnérable aux chocs ».
Préparé par les services de la Fed d’Atlanta, le livre beige publié hier n’est pas destiné à refléter l’avis des dirigeants de la banque centrale. Ses auteurs notent que dans la plupart des régions, « les perspectives d’activité » des entreprises sondées par la Fed « restaient prudemment optimistes ».
Concernant les ventes de détail, qui donnent généralement une idée de la consommation des ménages, locomotive traditionnelle de l’économie américaine, le livre beige indique qu’elles sont restées « stables » dans la plupart des régions, malgré le coup de pouce de la « prime à la casse » à l’automobile.
Le marché de l ’ i mmobi l ier de logement a connu « quelques amél iorations » dans « la plupart des régions », même si les prix restaient en majorité orientés à la baisse, ajoute le livre beige.
En revanche, la demande d’espaces dans l’immobilier commercial, secteur qui inquiète les dirigeants de la Fed, semble rester « faible », indique le document.
Le rapport relève également que « la demande de prêts a été décrite comme faible » et que les conditions d’obtention d’un crédit restaient difficiles dans la plupart des régions.
« La conjoncture du marché de l’emploi est restée médiocre » dans la majeure partie du pays, même si une « petite hausse de la demande de travailleurs temporaires » a été observée par 8 des 12 branches régionales de la Fed.
La plupart d’entre elles, ajoute le rapport, ont fait mention « d’améliorations de la production industrielle ». La Fed de San Francisco, notamment, « a indiqué que les commandes nouvelles avaient augmenté pour les fabricants de semi-conducteurs et d’autres produits liés aux technologies de l’information ».


Les entreprises sont reparties à la chasse  -  René Lewandowski
Après 18 mois de calme, le marché des fusions et acquisitions semble tranquillement reprendre au Canada. Facile à savoir, les avocats sont de nouveau occupés ! Et le portrait est sensiblement le même ailleurs dans le monde.
Kraft Foods qui veut avaler Cadbury, le rachat de Marvel Enter t a i n ment pa r Walt Disney annoncé, eBay qui vend sa participation majoritaire dans Skype… Si les deux dernières années ont été particulièrement amorphes en matière de fusions et acquisitions, l’arrivée de l’automne 2009 semble i ndiquer une reprise des transactions.

Pour l’instant, ce sont surtout les gigantesques transactions internationales qui ont fait les manchettes, mais aucun doute, l’activité en fusionsacquisitions a également repris du poil de la bête au Canada après 18 mois d’hibernation.
« Nos clients recommencent à examiner des projets d’acquisition », dit l’avocat Francis Legault, associé chez Ogilvy Renault, à Montréal. En fait, souligne ce spécialiste en fusions et acquisitions, le nombre de projets présentement à l’étude chez Ogilvy Renault a doublé depuis un mois.
« Ça bouge, l es c l i ents reprennent confiance », renchérit l’avocat Peter Mendell, associé senior chez Davies Ward Phillips & Vineberg, à Montréal. Il explique que plusieurs clients qui étaient encore en attente il y a quelques semaines à peine envisagent désormais de reprendre leur partie de chasse, en congé durant la crise. Traduction: ils veulent faire des acquisitions.
Deux facteurs sont à l’origine de ce regain d’optimisme : le retour du financement et les prix des entreprises cibles, en forte baisse par rapport à leur sommet de 2007.
Paralysé durant des mois, il semble que le marché du crédit se soit refait une santé. Les banques américaines, qui avaient durant la crise coupé net les prêts qui financent ce t ype d’opérations, sont aujourd’hui beaucoup plus ouvertes. Or, explique Francis Legault, si les banques américaines disent oui, les banques canadiennes vont suivre.
L’offre de Kraft sur Cadbury en est un bel exemple, souligne Peter Mendell. « L’an dernier, je ne suis pas certain que Kraft aurait obtenu le financement pour cette transaction », dit-il.
John Godber, chef national du groupe droit des affaires chez Borden Ladner Gervais (BLG), souligne lui aussi que les banques sont plus ouvertes que l’an dernier. « Mais tout de même moins qu’en 2007 », précise-t-il. Il explique qu’au plus fort du boom, les institutions financières pouvaient financer jusqu’à 70% du prix d’une transaction, et parfois plus. « Aujourd’hui, c’est 60% maximum », dit-il.
Si les acheteurs sont de nouveau en mode emplettes, c’est aussi parce qu’ils veulent profiter des aubaines. Les multiples – et donc les prix – ont considérablement baissé depuis 2007, et certains y voient l’occasion de distancer leurs concurrents. « Ils veulent être les premiers sur le coup! » dit Peter Mendell.
Stabilité des marchés
Évidemment, le rebond boursier des derniers mois n’est pas étranger à cet élan d’optimisme. En fait, c’est moins la hausse qui rassure les acheteurs que la stabilité des marchés. « Des marchés boursiers plus stables, ça veut dire davantage de certitude sur les prix d’achat », explique l’avocat Warren Katz, nouveau coprésident du groupe de fusions et acquisitions chez Osler, à Montréal.
Sans surprise, au Canada, c’est encore le secteur des ressources qui attire le plus d’acheteurs. Les Chinois ont soif de pétrole et d’énergie et ne manqueront pas de miser gros dans les prochains mois. Mais étonnamment, à peu près tous les secteurs semblent soudainement devenus attirants. Autant le domaine manufacturier, désuet aux yeux de plusieurs, que la haute technologie, trop risquée pour d’autres, attirent les acquéreurs potentiels aux poches profondes.
Même les banques ne sont pas à l’abri d’une transaction. En j uin dernier, Davies a représenté la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), la plus grande banque du monde (en termes de capitalisation boursière), lors de son acquisition des opérations canadiennes de la Bank of East Asia, une petite transaction de 73 millions de dollars US.
Chose certaine, même si l’activité semble reprendre, il ne faut sans doute pas espérer un redémarrage en f lèche. Aux États-Unis, la valeur des fusions-acquisitions depuis janvier sont de 40 % i nférieurs aux sommes atteintes sur les huit premiers mois de 2008.
Et ce que l ’on constate par ailleurs, notamment au Canada, c’est que les mont a nts des t ra nsactions en cours sont bien moins élevés que par le passé. Dans les grands bureaux d’avocats de Montréal, les professionnels planchent sur des transactions variant de 10 à 100 millions de dollars, quelques fois plus, mais très rarement. On est loin des 52 milliards lors de la vente avortée de BCE…

Des projets de fusion mis sur la glace lors de la crise du crédit revoient le jour
Poussée de confiance
L’offre de Kraft Foods de 10,2 milliards de livres anglaises ( 18 milliards CAN) pour Cadbury pourrait être un signe que le marché européen des rachats pourrait commencer à s’animer après le mois d’août le plus tranquille en cinq ans.
EBay a accepté de vendre 65% de sa division Skype.
Kraft, le fabricant des biscuits Oreo, a indiqué hier qu’il poursuivra ses efforts d’acquisition du fabricant britannique des barres de chocolat Dairy Milk après que ce dernier eut rejeté son offre. Il se peut que la proposition de 745 pence l’action entraîne des offres concurrentes de Nestlé et de Hershey, ce qui obligerait Kraft à bonifier son offre, selon Warren Ackerman, analyste de Evolution Securities, à Londres.
L’acquisition serait la plus importante transaction outre frontière cette année et elle ferait suite à des rachats européens de 21 milliards US annoncés en août, selon des données compilées par Bloomberg.
Des entreprises revoient leurs projets de fusion qui avaient été mis sur la glace au cours de la crise du crédit alors que se manifestent des signes que la récession est peut-être en train de se résorber. L’indice mondial MSCI a bondi de 58% depuis le creux de 14 ans atteint en mars dernier, ce qui facilite la tâche des firmes qui souhaitent financer un rachat par des actions.
« Étant donné que les prix des actions ont grimpé, la confiance s’accroît envers le secteur des entreprises et des fusions au sein d’une même i ndustrie sont probables », avance Peter Hahn, un ancien directeur de Citigroup Inc. qui est devenu maître de conférences au Cass Business School, à Londres.
Deutsche Telekom, plus importante compagnie de téléphonie de la région, et France Telecom projettent de fusionner leur division britannique de téléphonie mobile pour créer la première compagnie de téléphonie cellulaire au Royaume-Uni, ont annoncé les deux sociétés hier. Pour leur part, les investisseurs de Zain, première compagnie de téléphone au Koweït, s’apprêtent à vendre une participation de 46% au prix de près de 14 milliards US, a précisé National I nvestments Co., qui fournit ses conseils aux vendeurs.
Les entreprises de partout dans le monde ont effectué des rachats pour un montant de 36 milliards US au cours des 10 derniers jours, d’après des données de Bloomberg.
Le 31 août dernier, Walt Disney Co. a c onsenti à mettre la main sur Marvel Entertainment, le créateur de magazines de bandes dessinées au prix d’environ 4 milliards US. Le même jour, Baker Hughes Inc. a fait l’acquisition de BJ Services Co. au prix de 5,5 milliards US, ce qui constitue le plus important rachat d’une compagnie de services pour gisements pétrolifères depuis 1998.
Le lendemain, EBay Inc. acceptait de vendre 65 % de sa division Skype (appels sur Internet) à un groupe ayant à sa tête la firme Silver Lake contre environ 2 milliards US.
Les fusions et acquisitions ont chuté de 42% aux ÉtatsUnis au cours de la première moitié de l’année, de 50 % en Asie et de près de 60% en Europe.




Le marché du travail se stabilise au Canada  -  RUDY LECOURS
Autre indice que la reprise s’enracine cet été, le secteur privé s’est remis à embaucher en août pour la première fois en 11 mois.
Dans l ’ensemble, cela a donné 27 100 emplois de plus d’un océan à l’autre, dont 8300 au Québec, selon les données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada. La majorité des experts s’attendaient à une perte de 10 000 à 15 000 emplois.
Le secteur public et la cohorte des travailleurs autonomes ont réduit leurs effectifs alors que les entreprises ont gonflé les leurs de 49 200 personnes, bien qu’on leur ait offert avant tout du travail à temps partiel. Il s’agit de la plus forte hausse d’emplois privés depuis janvier 2008, soit bien avant que le marché du travail canadien décroche en octobre dernier.
Si les entreprises agissent de la sorte, c’est un « signe qu’une reprise économique est en cours au Canada », estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.
Cela n’a pas empêché le taux de chômage de progresser d’un cran au Canada à hauteur de 8,7 % et au Québec à 9,1 %. Le nombre de personnes à la recherche active de travail a augmenté davantage que celui des nouveaux emplois.
À l ’échelle canadienne, 8,7 % marque un sommet du taux de demandeurs d’emploi au cours du présent cycle. Il pourrait grimper encore quelques mois et franchir la barre des 9 %. « Si du travail à temps partiel vaut mieux que pas de travail du tout, c ’est plus facile pour les entreprises de mettre à pied des temps partiels », souligne Jimmy Jean, économiste chez Moody’s Economy.com. Il note la nouvelle perte de 3500 emplois à temps plein le mois dernier. Parler d’un vrai redressement du marché du travail suppose à ses yeux trois mois d’affilée de création d’emplois, à majorité à temps plein. En juillet, le Canada en avait perdu 44 500.
Depuis le sommet du marché du t ravail en octobre, l ’ économie c a nadienne a détruit 387 300 emplois, soit 2,3 % de son effectif.
Ce chiffre reste en deçà de la réalité, car il s’est créé du travail à temps partiel alors que des débrouillards sont devenus travailleurs autonomes.
Mieux qu’en 1990-1992
Le nombre d’emplois à temps plein perdus se situe plutôt à 486 000, ou 2,9 % du total. C’est beaucoup, mais les dommages causés par cette récession sont bien moins grands que durant les épisodes de décroissance de 19901992 et de 1980-1982.
Ils restent surtout moins sérieux qu’aux États-Unis où les 216 000 emplois perdus en août portent à 6,9 millions les pertes durant la Grande Récession, soit 5,0 % du total.
Aux États-Unis, le taux de chômage s’élève maintenant à 9,7 %, un sommet depuis 1983. Si on emprunte la méthodologie américaine pour mesurer le taux de demandeurs d’emploi (à partir de 16 ans plutôt que de 15 de ce côté-ci de la frontière), notre taux se situerait plutôt à 7,9 % plutôt qu’à 8,7 %.
Il serait fort étonnant que le marché du travail canadien se détériore au niveau des deux récessions de 1990-1992 et de 1981-1982. Le taux de chômage est alors monté jusqu’à 12,1 % et 13,0 % au Canada et jusqu’à 14 % et 15 % au Québec.
Les employeurs ont pourtant montré jusqu’ici beaucoup de détermination à protéger leurs bénéfices, ce qui explique que les pertes d’emploi ont été brutales durant les cinq premiers mois de la récession (novembre à mars) avec une suppression mensuelle moyenne de 71 000 postes contre 31 000 en moyenne depuis avril.
Toutefois, les travailleurs qualifiés sont cette fois-ci beaucoup plus rares. Les babyboomers qui atteignent l’âge de la retraite sont plus nombreux que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Beaucoup d’employeurs préfèrent donc réduire le nombre d’heures de leurs employés les plus qualifiés plutôt que de les mettre à pied. Voilà sans doute pourquoi on assiste à la création d’emplois à temps partiel en même temps qu’à la destruction de postes à temps plein.
D’autres incitent même des préretraités à reprendre du service. Depuis janvier, on compte 95 000 personnes de plus parmi les 55 ans et plus à détenir un emploi.
Le Québec est fait face à un défi démographique plus grand encore que la plupart des autres provinces. « Dans certains secteurs comme les mines ou la forêt, la moyenne d’âge est de plus de 50 ans, note Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Le Québec pourrait éprouver des difficultés à recruter la maind’oeuvre dont il aura besoin pour combler les emplois, situation qu’il rencontrait déjà dans quelques secteurs avant la récession. »
Québec a donc mis en place le Programme de soutien aux entreprises à risque de ralentissement économique. Jusqu’ici , i l aura permis de protéger jusqu’à 17 400 emplois, selon le ministère de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

Les licenciements baissent aux É.-U...
... mais le chômage repart de plus belle
WASHINGTON — Les destructions d’emplois aux États-Unis ont continué de ralentir en août, mais restent encore très élevées et touchent la quasitotalité des secteurs de l’économie, signe qu’il faudra plus qu’un début d’embellie avant que le chômage ne cesse de monter.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Travail, la première économie mondiale a supprimé 216 000 emplois nets, contre 276 000 en juillet.
La baisse des l i cenciements est plus forte que ne le pensaient les analystes, qui tablaient sur 230 000 suppressions d’emplois en août.
Elle n’a pas empêché le taux de chômage, qui avait baissé contre toute attente en juillet, de bondir de 0,3 point, à 9,7 %, son plus haut niveau depuis juin 2003.
Christina Romer, conseillère économique du président américain Barack Obama, a estimé sur la chaîne CNBC que les chiffres d’août étaient toujours « très mauvais », mais que les États-Unis allaient « dans la bonne direction ».
De fait, à part un sursaut en juin, les destructions d’emplois n’ont cessé de freiner depuis janvier, et celles d’août ont été les plus faibles depuis un an.
Néanmoins, à part la santé et l’éducation, tous les secteurs de l’économie ont été destructeurs nets d’emplois en août. À cause des difficultés de la poste, même l’État fédéral a licencié 5000 personnes malgré ses efforts de relance.
« Le marché du t r avail reste un défi de taille », a reconnu devant l a presse Alan Krueger, sous-secrétaire adjoint au Trésor chargé de la politique économique, j ugeant que des c h i f f r es « moins mauvais » ne seraient jamais « assez bons ».
L’industrie a continué de payer un lourd tribut à la crise : les suppressions de postes y ont augmenté (136 000 en août). À l ’ i nverse, les licenciements ont diminué de près de moitié (à 80 000) dans le secteur tertiaire, qui représente environ 85% de la main-d’oeuvre employée du pays.
Selon le ministère, les ÉtatsUnis ont perdu 6,9 millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007, et le taux de chômage a augmenté de 4,8 points.
Fragile reprise
De l’avis général des économistes et des responsables de la politique économique et monétaire du pays, les effets de la crise devraient se faire sentir encore longtemps étant donné la fragilité de la reprise, dont le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a dit mercredi avoir vu « les premiers signes ».
Les dirigeants de la banque centrale ( Fed) sont ouvertement très inquiets de la situation du marché de l’emploi, même s’ils semblent considérer que la récession vit ses derniers spasmes.
La Fed prévoit que le taux de chômage puisse atteindre 10,1 % à la fin de décembre et qu’il continue de monter encore pendant une bonne partie de 2010.
La montée du nombre de chômeurs de longue durée i nquiète particul ièrement les autorités. La Fed estime qu’elle pourrait entraîner une « perte de savoir-faire » aux sérieuses conséquences pour le pays.
Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, « la course aux licenciements a ralenti, mais il f audra une vraie croissance avant que le marché de l’emploi aille bien de nouveau ».
D’autant plus que les chiffres du Ministère ne témoignent pas entièrement de la réalité. Si l’on prend en compte les chômeurs dits « découragés » et les gens contraints par la crise de ne travailler qu’à temps partiel, le chômage touche près de 26 millions de personnes et non pas les seuls 14,9 millions de chômeurs « officiels ».



La BCE annonce la fin prochaine de la récession
Son président, Jean-Claude Trichet, met toutefois en garde contre un excès d’optimisme
FRANCFORT — La Banque centrale européenne ( BCE) a annoncé hier la fin prochaine de la récession en zone euro, mais mis en garde contre un excès d’optimisme tant la reprise promet d’être laborieuse.
L’économie va mieux, mais « il serait faux de croire que tout est revenu à la normale », a insisté hier le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
« La contraction significative de l’activité économique est terminée et est à présent suivie d’une période de stabilisation et d’une reprise très progressive », a déclaré son président, Jean-Claude Trichet, lors d’une conférence de presse.
Auparavant, le conseil des gouverneurs avait décidé « à l’unanimité » de maintenir le principal taux directeur, baromètre du crédit en zone euro, à son niveau historique de 1%.
Mais la plus grande prudence reste de mise, a prévenu le président de la BCE. La relance va être « plutôt irrégulière », étant donné qu’elle repose en partie sur le soutien des gouvernements et des banques centrales.
« Les incertitudes concernant les prévisions économiques restent plus élevées que d’ordinaire », a-t-il ajouté.
Épées de Damoclès
Il a cité parmi les risques un retour en force du protectionnisme et lancé un « appel fort » à la conclusion du cycle de Doha sur la libéralisation des échanges, que les ministres de l’Organisation mondiale du commerce, réunis jusqu’à aujourd’hui à New Delhi, cherchent à boucler après des années de négociations ardues.
Autre épée de Damoclès pour la conjoncture : une éventuelle nouvelle f lambée des prix des matières premières et des marchés financiers toujours tendus.
« Il serait faux de croire que tout est revenu à la normale », a-t-il insisté.
Pour l’an prochain, la BCE a toutefois relevé ses prévisions et mise désormais sur une légère croissance de 0,2 %. Il y a trois mois, elle craignait une récession de - 0,3 %. Pour 2009, elle évalue la récession à - 4,1 % (contre - 4,6 %).
Elle s’est basée sur les indicateurs récents, notamment le produit intérieur brut du deuxième trimestre, qui est resté dans le rouge mais très légèrement (-0,1 % contre - 2,5 % au premier). Et les deux plus grands pays de la zone euro, l’Allemagne et la France, sont revenus à la croissance au printemps.
Concernant l’évolution des prix, l’institution a légèrement relevé ses prévisions à 0,4 % en 2009 et à 1,2 % l’an prochain. Les risques de déflation, une spirale à la baisse des prix, semblent désormais bannis, a jugé M. Trichet, enterrant un peu plus l’hypothèse d’une baisse de taux directeurs.
Le prochain geste sera sans doute une remontée des taux directeurs. L’annonce de la fin d’une récession est « un énorme virage verbal » , j uge Jörg Krämer de la Commerzbank, qui sera certes suivi d’une hausse de t aux – mais pas avant la deuxième moitié de 2010, selon lui.
En insistant sur la fragilité de la reprise à venir, la BCE signale qu’elle va se donner du temps avant d’agir. « Elle ne partage pas l’enthousiasme des marchés sur les perspectives de la croissance en zone euro », estime Carsten Brzeski, d’ING.
En conséquence, il n’est donc pas t emps de sortir des mesures exceptionnelles de soutien à l’économie et le niveau des taux d’intérêt directeurs reste « approprié pour le moment », selon JeanClaude Trichet.
À cet égard, il a annoncé que la prochaine opération de refinancement sur un an prévue le 30 septembre sera effectuée au taux de 1%. La première, en juillet, avait permis aux banques d’emprunter la somme massive de plus de 442 milliards d’euros auprès de la BCE à des conditions très avantageuses.

L’institution s’était réservé la possibilité d’augmenter le taux sur les deux prochaines opérations de ce style, qui font partie de ses mesures les plus spectaculaires de lutte contre la c r i se. Aucune décision n’a été prise sur l’opération de décembre.

WASHINGTON 
Les ventes reculent moins que prévu
WASHINGTON — Les ventes des c haînes de magasins aux États-Unis ont reculé de 2 % en août, à magasins c ompa r a bles , a a n noncé hier le Conseil international des centres commerciaux ( ICSC).
Ce recul est moins marqué que ce que prévoyait l’ICSC, qui tablait sur une baisse comprise entre 3,5 et 4 %. Selon l’organisation professionnelle, il s’agit du recul mensuel le moins important depuis septembre 2008.
Les ventes des c haînes de magasins avaient chuté de 5,1 % en juin et de 5 % sur un an en juillet. Pour le mois de septembre, l’ ICSC t able sur une contraction d ’ e nv i r o n 2 % de s ve ntes sur un an, à magasins comparables.
La performance enregistrée en août « reflète un tournant dans le c ycle ( de reprise des ventes), l’ensemble des chaînes de magasins faisant état de revenus mensuels mei l l eurs qu’at t endu » , a estimé Michael Niemira, chef économiste de l’ ICSC, cité dans un communiqué.
Les chiffres de l ’ ICSC, cependant, n’incluent plus le numéro un mondial WalMart, qui a cessé depuis avril de publier ses statist iques mensuel l es et qui tirait traditionnellement les chiffres de ventes de l’ensemble du secteur.
Baisses pour les distributeurs
Les distributeu r s a méricains, qui ont également publié hier leurs chiffres d’activité pour août, font part en majorité d’importantes baisses.
Parmi les grands magasins, Macy’s a vu ses ventes s’effondrer de 8,1 % à nombre de magasins comparable (après -10,7 % le mois précédent) et Nordstrom, de 7,6 %. JC Penney peine également à f reiner l ’érosion de ses revenus : il a vu ses ventes chuter de 7,9 %, et table sur un recul compris entre 3 et 6% pour septembre.
Le généraliste Kohl’s est l’un des rares groupes de distribution à tirer son épingle du jeu, avec une progression de 0,2 % (après + 0,4 % en juillet).
Le spécialiste des prix bas Target a, de son côté, fait état d’une baisse de 2,9 % de son chiffre d’affaires à magasins comparables. « Les chiffres du mois ressortent au-delà de nos attentes », a commenté le PDG Gregg Steinhafel dans un communiqué, selon qui « la stabilisation » de la fréquentation « représente une amélioration importante par rapport aux tendances du deuxième trimestre ».
Les distributeurs d’habillement prêt-à-porter et accessoires continuent de souffrir du ralentissement de la consommation : à magasins comparables, les ventes de Limited Brands ont plongé de 4 %, celles d’Abercrombie & Fitch de 29%, celles de Gap de 3% (-12% à l’international) et celles de Hot Topic de 8,1 %.
En comparaison, le groupe The TJ X Companies, qui a vu ses revenus bondir de 5% à magasins comparables, fait une fois encore figure d’exception.
Le luxe écope aussi
Comme les mois précédents, les enseignes de luxe demeurent durement touchées : Neiman Marcus a vu son chiffre d’affaires à magasins comparables dégringoler de 16,6 %. Celui des grands magasins Saks a pour sa part chuté de 19,6 %, et le groupe prévoit une baisse comprise entre 5 et 10 % au second semestre.
Les chaînes de magasinsentrepôts tels Costco ou BJ’s Wholesale Club, rivaux des magasins Sam’s Club de Wal-Mart, ne sont pas épargnées malgré des indicateurs traduisant une stabilisation du marché immobilier aux États-Unis.
Costco a enregistré une contraction de 2% de son chiffre d’affaires (mais une hausse de 2 % si l’on exclut carburants et effets de change). BJ’s Wholesale Club a quant à lui dévoilé une croissance de 6% de ses ventes.




Les signes d’une reprise mondiale se multiplient
PARIS — L’activité économique et la confiance repartent dans le monde, donnant des signes d’une fin de crise que le président américain Barack Obama a déjà saluée, même si le chômage reste très élevé.
Une série d’indicateurs ces derniers jours ont montré un redémarrage des plus grandes économies mondiales.
Aux États-Unis, l’activité industrielle a progressé en août après 18 mois de baisse, revenant au niveau d’avant la crise des crédits immobiliers. Le président américain a aussitôt salué cette annonce comme un « un signe que nous sommes sur la voie de la reprise économique ».
En outre, le marché immobilier s’est stabilisé, avec un net rebond des promesses de ventes de logements en juillet, pour le sixième mois de suite.
« Une hausse de l’activité industrielle américaine peut soutenir la reprise mondiale », r ésume une note de Rob Carnell & Dimitry Fleming, d’ING.
En zone euro, le PIB a reculé de 0,2% au deuxième trimestre, marquant un cinquième trimestre consécutif de recul, mais le rythme de baisse a nettement ralenti comparé au plongeon de 2,5% au premier trimestre.
Les deux principales économies de la zone euro, l’Allemagne et la France, ont vu un retour à la croissance au deuxième trimestre.
L’Allemagne a annoncé la semaine dernière une croissance de 0,3% au deuxième trimestre, après un an de baisse.
Mi-août, contrairement à toutes les prévisions, la France a annoncé être sortie de la récession avec une croissance de 0,3%, après quatre trimestres négatifs. « La France sort enfin du rouge », a déclaré la ministre de l’ Économie Christine Lagarde.
En Chine, la croissance a remonté à 7,9 % en rythme annuel au deuxième trimestre, contre 6,1% au premier trimestre, son plus bas niveau depuis 10 ans, et le gouvernement attend 8,5% au troisième trimestre.
En Inde, où la croissance a ralenti à +6,5% au deuxième trimestre, le premier ministre Manmohan Singh a prédit « un lent retour à la normale dans les mois à venir » et prévoit une croissance de 8% pour 2010-2011.
Au Canada, le PIB a progressé en juin de 0,1% après 10 mois de reculs successifs, selon les plus récentes données de Statistique Canada.
Enfin, l’Australie a annoncé hier avoir enregistré une croissance positive pour le deuxième trimestre consécutif, à 0,6% au 2e trimestre.
Hausse du chômage
Ces chiffres positifs restent assombris par la montée du chômage, qui réagit toujours avec un décalage par rapport à l’évolution de la conjoncture, et qui devrait encore continuer à grimper pendant un certain temps, selon les économistes.
Aux États-Unis, le secteur privé a encore détruit 298 000 emplois en août, mais le rythme des suppressions de postes « diminue clairement », selon une étude du cabinet de ressources humaines ADP publiée hier.
En zone euro, le chômage a atteint 9,5% en juillet, son plus haut niveau depuis 10 ans, avec plus de 15 millions de personnes sans emploi, selon Eurostat.
Certains pays restent dans le marasme, surtout l’Espagne, où le chômage atteint 18,5%, et qui pourrait ne retrouver la croissance qu’en 2010.
La hausse du chômage « est limitée dans un certain nombre de pays par les mesures gouvernementales », « la confiance des entrepreneurs s’est nettement améliorée » et « les entreprises semblent être devenues un peu moins enclines à supprimer des emplois », relève Howard Archer, de l’institut IHS Global Insight.
Autre inconnue, nul ne sait comment réagira l’économie quand les plans de relance et autres primes à la casse seront épuisés.
Il est trop tôt pour envisager un arrêt des mesures de relance en Europe même si le pire de la crise semble être passé, a d’ailleurs averti hier le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.


Moins de licenciements, plus de commandes
WASHINGTON — Le secteur privé américain a continué de licencier massivement en août, bien qu’à un rythme c h a q ue moi s pl u s l e nt , confirmant le scénario d’une hausse du chômage aux ÉtatsUnis pendant plusieurs mois encore malgré les signes de stabilisation de l’économie.
Selon l’enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP, le secteur privé non agricole a encore détruit 298 000 emplois aux États-Unis en août.
Selon l’enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP, le secteur privé non agricole a encore dét r uit 298 0 0 0 emplois aux États-Unis en août.
Ce chiffre est moins bon que ne l’espéraient les anal ystes, qui t abla i ent s ur 250 000 licenciements secs.
Néanmoins « la baisse de l’emploi au mois d’août est la plus faible depuis septembre 2008 », le mois du pic de la crise financière, écrit ADP, et les « pertes d’emplois diminuent clairement » : août est le cinquième mois consécutif où elles apparaissent inférieures à leur niveau du mois précédent.
Le c abinet aver t i t t out de même que « malgré des signes récents de stabilisation de l’activité économique globale, (...) l’emploi devrait encore baisser pendant plusieurs mois au moins, bien qu’à un rythme plus faible » qu’auparavant.
En août, le secteur des services, qui assure plus de 85 % de l’emploi non agricole aux États-Unis, a perdu encore 146 000 postes. Et malgré la reprise de l’activité industrielle en août dont semblent témoigner les derniers indicateurs, le secteur secondaire a supprimé 152 000 emplois, selon ADP.
L’enquête ADP donne un premier aperçu sur l’évolution mensuelle de l’emploi aux États-Unis avant les chiffres officiels publiés le premier vendredi du mois par le département du Travail et qui couvrent à la fois le secteur privé et le secteur public.
Les a nalystes prévoient que le rapport du Ministère fera apparaître 225 000 licenciements secs en août (après 247 000 en j uillet), et un retour du taux de chômage à 9,5 % après sa baisse inattendue de 0,1 point le mois précédent.
Commandes industrielles
En outre, les commandes industrielles aux États-Unis ont augmenté en juillet pour le quatrième mois de suite, de 1,3% par rapport à juin, leur plus forte hausse depuis juin 2008, selon les chiffres corrigés du département du Commerce.
Ce chiffre est inférieur aux prévisions des analystes, qui tablaient sur 2,2 %, mais le Ministère a revu en hausse de 0,4 point son estimation de la progression du mois de juin, à 0,9 %.
Le cumul des commandes reçues par l’industrie depuis le début de l’année est inférieur de 19,9 % à ce qu’il avait été pour les sept premiers mois de 2008, mais la tendance est clairement à la hausse depuis le point bas touché en mars.
Les chiffres du Ministère conf i r ment l ’a mél ioration de la conjoncture pour une industrie américaine malmenée depuis plus de deux ans.
Par ailleurs, la productivité des entreprises a méricaines (hors secteur agricole) a progressé plus que prévu au deuxième trimestre, de 6,6 % en rythme annuel, du jamais vu depuis le troisième trimestre 2003, selon une estimation officielle publiée mercredi.
Ces gains de productivité sont supérieurs aux attentes des analystes, qui les estimaient à 6,4 % par rapport au trimestre précédent, et à l’estimation précédente (6,4 %) du département du Travail.
Ils sont dus à une baisse des heures travaillées supérieure au recul de la production, indique le ministère dans un communiqué.
À t it re de comparaison, le Ministère indique que la productivité des entreprises américaine a augmenté à un rythme annuel de 2,5 % de 2000 à 2008.


Le cuirassé américain est remis à flot  -  RUDY LECOURS
Pour la première fois en 18 mois, l’indice ISM manufacturier des décideurs d’achat est repassé au-dessus de la barre des 50 points qui marque le seuil d’une économie américaine en croissance.
À hauteur de 52,9, l’indice a bondi de quatre points de juillet à août. Il se situe à 20 points de plus que son creux historique de décembre.
«Le passage au-dessus de la barre des 50 points pourrait être un signe que la récession est maintenant terminée, souligne Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Dans tous les cycles depuis 1950, lorsque l’ISM dépasse 50, l’économie est officiellement sortie de la récession.»
Le cumul des nouvelles économiques encourageantes amène d’ailleurs les économistes à rosir quelque peu leurs sinistres scénarios, élaborés plus tôt cette année.
Ainsi , Sher r y Cooper, l’économiste en chef de BMO Marchés des capitaux croit maintenant que la croissance réelle de l’économie américaine sera de 3,8% au troisième trimestre en rythme annualisé. Il s’agit d’une bonification de un point de pourcentage sur le scénario initial. Mme Cooper fait valoir que le repli de 1,0% de l’économie américaine au deuxième trimestre est entièrement attribuable au déstockage massif des entreprises.
En fa it , précise Stéfane Marion, économiste en chef à l a F i na nc i è r e Ba nque Nationale, les stocks sont maintenant à leur niveau le plus faible depuis 2005, en proportion des ventes finales. Il faudra bien reprendre la production pour satisfaire les nouvelles commandes. Or, selon l’ ISM, le sous-indice des nouvelles commandes marquait 64,9 points en août, un sommet depuis décembre 2004. « Cette mesure, qui devance le cycle économique de six mois, suggère que les stocks pourraient à eux seuls apporter une contribution de trois points de pourcentage à la croissance réelle en deuxième moitié d’année.»
 Le marché de l’habitation paraît désormais stabilisé. Pour le sixième mois d’affilée en juillet, les offres d’achat étaient à la hausse en juillet, ce qui augure de transactions à la hausse au cours d’août et de septembre. Les ventes de maisons neuves étaient par ailleurs en hausse de 9,6% en juillet.
Qui plus est, note aussi M. Marion, même s’il s’est perdu plus de 240 000 emplois au sud de la frontière en juillet « la donnée la plus encourageante est le nombre d’heures travaillées qui a augmenté pour la première fois depuis environ un an ».
Pour répondre à la demande grandissante, la production devra s’accélérer, compte tenu du bas niveau des stocks. Cela devrait profiter aussi aux exportateurs canadiens, souvent fournisseurs des manufacturiers américains.
Voilà pourquoi BMO prévoit aussi une croissance de l’économie canadienne d’environ 2,5 % aux troisième et quatrième trimestres, malgré un printemps décevant avec un repli de 3,4 %, en rythme annualisé. Il s’agit d’un scénario beaucoup plus optimiste que celui de la Banque du Canada qui, avec une prévision de 1,3 % formulée en juillet, reste encore perçue comme voyant la vie en rose.
À la FBN, où on a prévu un retour à l’expansion durant l’été dès janvier, on estime que le rebond sera de 3,0% au cours du présent trimestre. On fait remarquer que le nombre d’heures travaillées en juillet a progressé de 0,3%. Il s’agissait de la troisième augmentation d’affilée, malgré la poursuite de la destruction d’emplois durant la période.
« Nous prévoyons un rebondissement de l’emploi au cours des prochains mois », affirme M. Marion dans la dernière livraison du Mensuel économique.
Cette prévision doit être prise à la lettre. Vendredi, Statistique Canada publiera les données de l’Enquête sur la population active. Elles vont montrer, selon toutes vraisemblances, de nouvelles suppressions d’emplois en … août.


LONDRES 
L’immobilier reprend des forces
LONDRES — Amon Amouzandeh a le sourire aux lèvres ces jours-ci. L’agent immobilier ne doit plus faire des pieds et des mains pour attirer des acheteurs dans son bureau de Kentish Town, dans le nord de Londres.
En juillet, le prix des résidences a augmenté de 1,1 % en Grande-Bretagne, selon la banque Halifax.
« En j uillet, nous avons vendu onze condominiums en trois jours », dit le négociateur immobilier de l’agence indépendante Oliver’s. Une situation très différente d’il y a un an. En septembre 2008, le bureau n’arrivait pas à vendre une propriété par semaine.
C’était en pleine débâcle immobilière. Après quelques années de surenchère, les prix des maisons piquaient du nez, entraînés par la crise du crédit. Les propriétés ont perdu 18% de leur valeur de février 2008 à février 2009.
Amon Amouzandeh et ses collègues ont dû se retrousser les manches. « Nous nous engagions plus dans le quartier, en commanditant des activités locales, par exemple », dit l’homme de 27 ans.
Maintenant , l e marché i mmobi l i er t r averse u ne embellie. En juillet, le prix des résidences a augmenté de 1,1 % selon la banque Halifax, la t r oisième hausse cet t e année. Halifax prédit une dévaluation de 7% pour l’année 2009, contrairement à ses pronostics initiaux de 15%.
Les prix devraient dépasser leur sommet de 2007 en 2014, croit la Housing Federation.
Aussi, le volume des prêts hypothécaires a augmenté de 26 % de juin à juillet 2009, atteignant 16 milliards de livres sterling (environ 30 milliards de dollars canadiens).
Marché de vendeurs
La raison de cette éclaircie ? Tout d’abord, un manque de vendeurs sur le marché. Les propriétaires sont prudents et préfèrent attendre plutôt que de se départir de leur foyer à un prix moindre.
« Ils se disent probablement : attendons encore six mois pour voir si nous pouvons soutirer 10 % de plus », affirme Raj Badiani, économiste à la firme IHS Global Insight.
Pourtant, les propriétaires obtiennent la somme demandée en ce moment, sinon plus, selon Amon Amouzandeh. « Dernièrement, un de mes clients a empoché 22 000£ de plus que le prix de départ », dit-il.
D’autre part, les taux d’intérêt étant historiquement bas, c’est le temps ou jamais pour les jeunes professionnels d’acquérir une demeure. Avec un peu de chance, ils peuvent trouver un taux hypothécaire fixe de 2% ou 3%.
À cause de cette conjoncture, davantage de jeunes entrent dans les agences i mmobilières accompagnés de leurs parents. « Dans notre sondage de juillet, 80% des acheteurs de moins de 30 ans ont acheté avec l’aide de leurs parents, en comparaison à 40% en 2006 », dit Brigid O’Leary, économiste à la Royal Institution of Chartered Surveyors.
Les critères des prêteurs hypothécaires, beaucoup plus sévères qu’en 2006, forcent les parents à mettre l’épaule à la roue. « Les années fastes pendant lesquelles les acheteurs pouvaient emprunter 95% de la valeur d’une propriété sont révolues, dit Mme O’Leary à La Presse. Aujourd’hui, ils sont chanceux s’ils obtiennent 75 %. Sachant que le prix moyen actuel d’une maison en Grande-Bretagne est de 150 000£ (268 000$CAN), on parle d’une mise de fonds de 37 500£ (66600$CAN). »
Depuis la déroute des banques, l’immobilier est perçu comme un investissement plus sûr et plus profitable, souligne Amon Amouzandeh. « Un propriétaire qui loue une maison valant 300 000£ peut faire un profit de 15 000£ par année, soit plus du double qu’avec un certificat de dépôt à un taux annuel de 2%. »
Quoi qu’il en soit, la demande n’est pas près de baisser. « Les gens sont prêts à débourser davantage pour une maison que jamais auparavant. Les Britanniques sont presque obsédés par l’idée d’être propriétaires », affirme Mme O’Leary.



La récession est en bout de course  -  Marc Jourdier
du produit des États-Unis a fortement ralenti au deuxième trimestre, et la première économie mondiale apparaît désormais bel et bien en train de sortir de plus d’un an et demi de récession.
Le département du Commerce a indiqué hier que le recul de l’activité économique américaine n’avait atteint que 1 % en rythme annuel au cours du printemps, confirmant ainsi sa première estimation publiée fin juillet.
Ce chiffre est meilleur que celui prévu par les analystes, qui s’attendaient à une révision faisant apparaître une baisse du PIB de 1,5 %.
Si les trois mois du printemps ont marqué le quatrième trimestre consécutif de baisse du PIB, la chute libre de l’activité après la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, en septembre, appartient au passé. À titre de comparaison, le PIB américain avait chuté successivement de 2 , 7 %, 5,4 % et 6,4 % aux trois trimestres précédents.
Dans un discours prononcé alors qu’étaient publiés les chiffres du Commerce, Jeffrey Lacker, un des dirigeants de la banque centrale américaine ( Fed) a affirmé que la reprise de l’économie serait manifeste dans les chiffres du troisième trimestre.
M. Lacker est le premier responsable de la Fed à dire ouvertement que la reprise est en cours. Le président de la banque centrale, Ben Bernanke, avait délivré vendredi son discours le plus optimiste depuis plus d’un an, mais il s’était contenté d’estimer que les perspectives d’une reprise « à court terme » étaient « bonnes ».
Mais comme M. Bernanke, M. Lacker a insisté sur la fragilité de cette reprise devant mettre f i n à la récession, « la pire » qu’aient connus les États-Unis « depuis les années 1930 ».
« La reprise devrait être lente et connaître des à-coups pendant quelque temps » , et il reste « des difficultés majeures » à surmonter, at-i l prédit , a f f i r mant que l e n i veau du « c hômage (restait) une inquiétude de premier ordre ».
La veille, un autre de ses collègues de la banque centrale, Dennis Lockhart, était allé j usqu’à parler de « la possibilité d’une reprise sans emplois ».
Les chiffres du PIB témoignent encore de la fragilité de l’économie des États-Unis malgré son a mél ioration : l’investissement des entreprises et des ménages a encore chuté de 13,5 % au deuxième trimestre, et sans l’aide de l’ État, la chute de l’activité aurait été bien pire, puisque les dépenses publiques ont assuré 1,27 point de croissance.
La baisse de la consommation a fait perdre 0,69 point de croissance alors que les dépenses des ménages sont le moteur t raditionnel de l ’économie des États-Unis et assurent en temps normal les deux tiers du PIB. Mais la Fed s’attend que celles-ci restent sous pression un certain temps encore du fait de la persistance d’un niveau de chômage élevé.
Signe encourageant pour l’avenir, les forts déstockages du deuxième trimestre ( i l s ont f a i t perdre 1, 39 point de croissance au pays) devraient marquer la fin d’un cycle d’ajustement des stocks permettant en théorie aux entreprises d’augmenter fortement la production pour s’adapter à la hausse de la demande, quand celle-ci se manifestera.
Les chiffres du département du Commerce montrent également une forte progression des profits des entreprises au deuxième trimestre, de 5,7 % en rythme annuel
Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, « la combinaison d’un faible recul de la croissance et d’une forte productivité a permis une hausse solide des bénéfices (des entreprises), susceptible de déboucher sur une hausse des investissements dans un avenir proche ». Le nombre de nouveaux chômeurs inscrits aux États-Unis a baissé moins que prévu pendant la semaine se terminant le 22 août, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Travail à Washington. Le Ministère a recensé 570 000 nouvelles demandes d’allocations chômage au cours de cette semaine, soit 1,7 % de moins que lors de la semaine précédente. Les analystes attendaient une baisse un peu plus marquée, avec 565 000 dépôts de dossiers. À la date du 15 août, ajoute le Ministère, le taux de chômage indemnisé atteignait 4,6%, soit 0,1 point de moins qu’une semaine plus tôt. Les États-Unis comptaient alors 6,133 millions de chômeurs indemnisés. À titre de comparaison, le taux de chômage officiel du pays s’élevait à 9,4% fin juillet. Un des dirigeants de la banque centrale, Dennis Lockhart, a cependant reconnu mercredi que le taux réel atteignait 16% si l’on prenait en compte les chômeurs dits découragés et les gens que la conjoncture contraint à travailler à temps partiel.


L’industrie se remet à voyager  -  Hélène Baril
Stable depuis 2008, le commerce international est reparti à la hausse
C’est une bonne nouvelle pour le Canada, et pour tous les pays qui font leur beurre avec les exportations. Après avoir été gelé depuis la fin de 2008, le commerce international a redémarré en juin, et à la vitesse grand V.

Le volume de marchandises échangées a augmenté de 2,5 % en juin, selon les données du Netherland Bureau for Economic Policy, mieux connu sous son petit nom de CPB. Il s’agit de la plus importante augmentation du commerce mondial depuis juillet 2008.
L’organisme, qui mesure les échanges commerciaux à partir des données de 23 pays industrialisés et de 60 pays en développement, est toujours un des premiers à faire état de l’évolution du commerce mondial.
Et les dernières statistiques sont de très bon augure, explique Stéfane Marion, économiste en chef et stratège de la Financière Banque Nationale. « Il faut savoir que la crise financière a eu pour effet de complètement geler les flux commerciaux », rappelle-t-il.
Le dégel constaté en juin par CPB survient après plusieurs mois consécutifs de baisses. En mai, les échanges commerciaux baissaient encore, au rythme de 1,4 %. Pour le premier trimestre de l’année, le déclin avait été de 11,2 %.
Les pays exportateurs comme le Canada devraient profiter du regain dans les échanges internationaux. L’augmentation de juin a surtout été constatée en Amérique Latine, en Europe de l’ Est et en Asie, précise Stéfane Marion. « Le Canada va en bénéficier durant la deuxième moitié de l’année », prévoit-il.
L’économie canadienne, actuellement dans une phase de stabilisation, devrait se remettre à tourner d’ici la fin de l’année. « Ce qui se passe au sud de la frontière aura évidemment un impact important, comme d’ailleurs ce qui va se passer avec l’industrie de l’automobile ».
À ce sujet, l’économiste souligne que le programme américain de rabais sur les vieilles voitures ( fait déjà tourner les usines.
La production industrielle a repris solidement depuis déjà trois mois et les spécialistes craignaient que ces biens s’empilent dans les entrepôts si le commerce international ne redémarrait pas. « «Heureusement, ce n’est pas ce scénario qui se réalise, les biens produits recommencent à voyager », explique l’économiste.
Ensemble, la hausse de la production industrielle et le dégel du commerce international rendent la reprise économique qui s’amorce beaucoup plus solide, selon lui.
Stéfane Marion souligne un autre signe encourageant qui découle de la reprise des échanges internationaux. Les pays touchés par la récession ne se sont pas repliés sur eux-mêmes, ce qui aurait pu retarder considérablement la reprise économique.
« C’est ce qui s’était produit dans les années 30, le protectionnisme s’était mis de la partie, ce qui avait retardé la reprise. »
La menace du protectionnisme ne peut pas être écartée pour l’instant, mais on peut être moins inquiet, résume-t-il.



Les ventes de logements neufs bondissent
WASHINGTON — Les ventes de logements neufs aux ÉtatsUnis ont bondi de 9,6 % en juillet par rapport à juin, soit bien plus que prévu par les analystes, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce américain.
En r ythme a nnuel , l es ventes de juillet représenteraient 433 000 transactions, indique le ministère, alors que les analystes attendaient un chiffre bien plus faible de 390 000 contrats.
C’est la plus forte hausse de l’indicateur depuis février 2005.
Le Ministère a par ailleurs revu en f or t e hausse la progression des deux mois précédents. Il estime désormais que le rythme annuel des ventes a atteint 395 000 transactions en juin, et non 384 0 0 0 comme il l ’avait annoncé initialement.
Juillet a été le quatrième mois consécutif de hausse des ventes de l ogements neufs. Les chiffres publiés par le Ministère (sujets à de fortes révisions d’un mois sur l’autre) montrent que le rythme de la progression n’a cessé de se renforcer depuis avril.
L’ i nd i c a t e u r e s t a i n s i r emonté à son plus haut niveau depuis septembre 2008, mais restait en baisse de 13, 4 % en gl i s s ement annuel fin juillet.
Les chiffres du Ministère montrent néa n moi n s le c hemin pa r c ouru depuis janvier, quand l’indicateur avait touché son plus bas niveau depuis sa première publication en 1963 : l es ventes de logements neufs ont augmenté de 31,6 % par rapport à ce mois-là.
La hausse des ventes s’est accompagnée d’une rechute de 2, 8 % du prix médian des transactions par rapport à juin, signe que les condit ions du marché du neuf restent di f f iciles pour les vendeurs.
L’avenir s’annonce néanmoins meilleur pour eux puisque le stock des logements non vendus sur le marché est tombé à 271 000 unités, son plus bas niveau depuis mars 1993.
Au plus bas depuis avril 2007, la durée d’écoulement des stocks n’est plus que de 7,5 mois, ce qui, relève Elsa Dargent, analyste de Natixis, la rapproche de son niveau moyen de long terme, qu’elle évalue à 4 ou 5 mois.
Selon elle, les ventes de logements neufs devraient « continuer de se maintenir fermement dans les mois à venir ».
Biens durables
Les commandes de biens durables aux États-Unis ont fortement rebondi en juillet, de 4,9 % par rapport à juin, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières par le département du Commerce.
C’est la plus forte hausse de cet i ndicateur depuis juillet 2007, et elle est bien supérieure aux attentes des analystes qui avaient estimé leur progression à 3,2 %.
El le est cependant due essentiellement à une forte hausse dans le secteur des t r a nsports (+ 18, 4 %). En particulier, les commandes à l’aviation civile, soumises à de fortes variations d’un mois sur l’autre, ont plus que doublé en juillet.
Hors transports, la hausse des commandes de biens durables n’a at t ei nt que 0,8 % ( a pr è s + 2 , 5 % e n juin).
Si l’on exclut le secteur de la défense, l’indicateur a augmenté pour le quatrième mois de suite, de 4,3 % par rapport au mois précédent (après + 0,7 % en juin).
Les commandes de biens d’équipement hors défense et hors aviation, qui donnent une idée de l’effort d’invest i ssement des entreprises dans leur outil de production, ont reculé de 0,3 % en j uillet , après un bond de 3,6 % le mois précédent.


 
États-Unis : Les consommateurs retrouvent le moral
WASHINGTON — La confiance des consommateurs américains, mesurée par l’institut de conjoncture privée Conference Board, a rebondi en août bien au-delà des attentes des analystes, selon un communiqué publié hier.
L’indice de confiance des consommateurs américains est remonté au-delà des attentes des analystes, avec une proportion grandissante de gens qui s’attendent à de meilleures conditions économiques dans les mois à venir.
L’indice est remonté à 54,1 points contre 47,4 points le mois précédent ( chiffre révisé). Les économistes s’attendaient à une progression de moindre ampleur, à 47,9 points seulement.
L’indice de confiance n’est toutefois pas revenu à son plus haut de l’année atteint en mai (54,8 points), mais s’affiche très loin de son plus bas de l’année, en février, où il avait atteint un niveau jamais vu depuis sa première publication en 1967, à 25,3 points.
Selon l’enquête, menée jusqu’au 18 août auprès de 5000 ménages, la proportion des sondés jugeant les conditions économiques « mauvaises » a diminué, tombant à 45,6 % (contre 46,5% en juillet).
Toutefois, la proportion des sondés jugeant « bon » l’environnement économique a également décru, à 8,6% (contre 8,9% en juillet). « La confiance des consommateurs, après avoir enregistré deux mois consécutifs de baisse, apparaît en situation de reconsolidation », a commenté Lynn Franco, directeur des recherches sur la consommation du Conference Board, cité dans le communiqué.
« La hausse des marchés boursiers et un ralentissement des licenciements ont stimulé en août la confiance des consommateurs », renchérit Elsa Dargent, économiste chez Natixis, notant qu’au contraire, « l’appréciation des prix de l’essence n’a pas tellement eu d’impact négatif ».
P o u r S t é f a ne Ma r i o n , é c onomiste en c hef à la Financière Banque Nationale, l ’ hu meur r e t r o uvée des Américains n’est pas étrangère à l’accalmie constatée sur le marché i mmobilier. Selon des données publiées hier, le prix des maisons s’est stabilisé en juin dans les 20 principales villes des ÉtatsUnis. « Ce sont de bonnes nouvelles pour les propriétaires américains, qui sont très endettés, remarque Stéfane Marion. Car il est difficile d’être confiant face à l’avenir lorsque la valeur au marché de son principal actif continue de chuter. »
Les propriétaires de voit ure qui ont bénéficié du programme fédéral d’échange de vieilles voitures, le biennommé Cash for Clunkers, ont également vu la valeur de leur patrimoine augmenter. « Vous pouvez parier que le demi-million de bénéficiaires de ce programme roulent aujourd’hui en arborant un large sourire », écrit Ian Pollick, stratège économique chez Valeurs mobilières TD.
Stabilité
Les économistes de Moody’s Economy, quant à eux, restent plus circonspects : « L’indice reste à un niveau reflétant une récession profonde (...) La confiance tend, au mieux, à se stabiliser (en revenant à son niveau d’il y a trois mois). Cela correspond à une faiblesse des fondamentaux, dont une forte dégradation des revenus et peu de perspectives au niveau de l’emploi », relèvent-ils.
« Les attentes des répondants concernant les conditions économiques à venir fournissent un signe d’espoir (...) Les consommateurs se montrent également beaucoup plus optimistes qu’au premier trimestre sur les perspectives du marché de l’emploi », observent-ils cependant.
D’après l’enquête, 22,4 % des sondés (contre 18,4% en juillet) s’attendent dans les six prochains mois à des conditions économiques « meilleures », et 15,8 % (contre 19 % le mois précédent) tablent sur des conditions « pires ».
Une meilleure appréciation du marché de l’emploi contribue à la hausse de l’indice, la part de ceux qui trouvent « difficile » de t rouver un emploi ayant reculé (à 45,1 % contre 48,5% en juillet).
Par ailleurs, la proportion de ceux qui prévoient qu’il y ait « moins d’emplois » dans six mois a diminué, à 23,3 % (contre 26,1 % en juillet) ; à l’inverse, la proportion de sondés anticipant des « emplois plus nombreux » a progressé, à 18,4% (contre 15,5 %).

États-Unis : Embellie sur le marché immobilier
Il se peut que le pire soit passé sur le marché immobilier américain, selon deux indices consacrés aux prix des maisons.
La baisse des prix et les programmes de relance gouvernementaux américains ont rendu les maisons plus abordables pour les premiers acheteurs, ce qui a provoqué une hausse des ventes. Les gains dans le domaine immobilier et à la Bourse vont accélérer le processus de restauration de la richesse, qui a fondu à un niveau record.
Ainsi, l’indice S&P/CaseShi l ler t ouchant ces prix et qui concerne 20 régions métropolitaines aux ÉtatsUnis, a reculé de 15,4 % en juin dernier par rapport au mois correspondant un an plus tôt, ce qui constitue la baisse la plus modeste depuis avril 2008, a précisé hier l’organisme à New York. À l’échelle nationale, les prix ont diminué de 6,1 % au deuxième trimestre comparativement à un an plus tôt, meilleure performance en u n a n , s elon l a Federal Housing Finance Agency.
« C’est réel et il semble que le vent a tourné », soulignait hier Karl Case, professeur d’économie au Wel l esley College et co-c réateur de l’i ndice S& P/ Case-Shiller, au cours d’une entrevue à Bloomberg Radio. « Les prix ne baissent plus, a-t-il ajouté, et ils commencent à grimper. C’est de très bon augure pour l’avenir de ce problème financier. »
La baisse des prix et les programmes de relance gouvernementaux ont rendu les maisons plus abordables pour l e s premiers a c heteurs, ce qui a provoqué une hausse des ventes, laquelle s’est traduite par une baisse des propriétés disponibles. Les gains dans le domaine i mmobilier et à la Bourse vont accélérer l e processus de restauration de la richesse, qui a fondu à un niveau record. Cette perte de richesse a durement affecté les dépenses de consommation, qui forment 70 % de l’économie américaine.
« La chute libre des prix est t er minée » , a soutenu Michelle Meyer, une économiste de Barclays Capital, à New York.
L e s pr i x des maisons mesurés par l’indice S& P/ Case-Shiller ont progressé de 1,4 % en juin par rapport à mai, deuxième gain consécutif et le plus i mportant depuis juin 2005. En mai, la hausse avait été de 0,6 %. De son côté, l’indice national du gouvernement fait état d’une augmentation des prix de 0,5 % en juin.
La revente de maisons a bondi plus que prévu en juillet et à un sommet de près de deux ans tandis que la demande a été alimentée par un crédit d’impôt pouvant atteindre 8000 $ US consenti aux premiers acheteurs qui font l’acquisition d’une propriété d’ici la fin de novembre prochain.




Un peu d’espoir pour la zone euro
L’activité économique a cessé de se contracter en août, selon une estimation
BRUXELLES — L’activité a cessé de se contracter en août dans la zone euro, selon une première estimation de l’indice composite des directeurs d’achats (PMI) publiée par la société Markit, qui alimente un peu plus les espoirs de sortie de crise.
L’indice a augmenté de 3 points comparativement à juillet, pour atteindre le seuil symbolique de 50 points, le plus haut depuis 15 mois.
En effet, seul un indice PMI supérieur à 50 points signale une croissance de l’activité. Il était jusqu’ici en dessous de ce seuil, montrant que l’activité se contractait.
La livraison d’août signale « une large stabilisation de l’activité du secteur privé dans la zone euro », explique Markit dans son communiqué.
Le rebond du PMI en août est le plus important enregistré depuis la création de l’indice, précise Markit. Il a aussi largement dépassé les attentes des analystes interrogés par Dow Jones Newswires, qui tablaient sur une progression à seulement 48,3 points.
Leurs prévisions ont également été dépassées pour deux sous-composantes de l’indice.
L’ i nd i c e du s e u l s e c - teur des services est passé de 45,7 points en j uillet à 49,5 points en août, et celui du secteur manufacturier de 46,3 points à 47,9 points.
Ces chiffres « signalent que la récession sans précédent a été suivie d’un rebond d’une rapidité historique, qui met la zone euro dans une bonne position pour enregistrer une croissance au troisième trimestre », a commenté Rob Dobson, économiste chez Markit.
Le PI B de la zone euro recule depuis maintenant cinq trimestres. Après un plongeon record de 2,5 % au premier trimestre, la baisse a été limitée à 0,1 % au deuxième. Les deux premières économies de la zone, l’Allemagne et la France, sont même déjà revenues à la croissance, ce qui crée l’espoir d’une sortie de crise.
Quelques inquiétudes
Rob Donson continue toutefois à s’inquiéter de la montée du chômage, soulignant « qu’une reprise durable de la demande est nécessaire si la reprise qui est en train d’émerger doit gagner de l’ampleur ».
Beaucoup d’économistes craignent d’assister à une reprise en « W », où un retour provisoire à la croissance serait suivi par une rechute rapide de l’économie.
« L’économie va ralentir au deuxième semestre 2010 », prévient ainsi Jean-Christophe Caffet de chez Natixis, en évoquant « le contrecoup des plans de relance, la détérioration des marchés du travail ». Pour lui, « l’économie de la zone euro pourrait retomber en récession à la fin de l’année prochaine ».
Autre source d’inquiétude, selon David Henry du centre de recherche économique CEBR, « la force des économies française et allemande par rapport à l’ensemble de la zone euro indique qu’un fossé est en train de se former » entre les pays où l’économie repart et ceux qui sont à la traîne.



Éloge de l’optimisme  -  ALAIN DUBUC
Les signes montrant que la récession se termine se sont multipliés ces dernières semaines. La Banque du Canada a annoncé la fin de la récession. Le Fonds monétaire international arrive à la même conclusion pour l’économie mondiale. Le Trésor américain aussi. L’OCDE note que l’économie s’est stabilisée au second trimestre, et que certains pays, comme la France et l’Allemagne, ont déjà renoué avec la croissance.
Bref, on peut le dire. Nous sommes en train de nous en sortir. On peut aussi conclure que, dans un pays comme le Canada, la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu. Cette récession, quoique sévère, a été moins longue et moins profonde que ce que l’on pouvait craindre.
Et pourtant, ces signaux positifs ne sont pas accueillis par un concert d’applaudissements. On ne veut pas s’emballer parce que la fin de la récession n’annonce pas la fin des problèmes. Le concept de reprise a un sens précis et limité. Cela signifie que l’économie cesse de reculer et qu’elle retrouve le chemin de la croissance. Mais on entre dans une période de rattrapage, qui peut être longue. La récession a laissé des cicatrices qui prendront du temps à disparaître, notamment le chômage. La crise financière, à l’origine de la récession, imposera des restructurations difficiles. L’économie est donc encore aux soins intensifs.
Mais un autre facteur peut expliquer la prudence, sinon le scepticisme avec lequel sont accueillies les bonnes nouvelles économiques. Il s’agit d’un trait intéressant de la psychologie humaine, la tendance à projeter le présent dans l’avenir, le réflexe de croire que la situation présente se perpétuera et la difficulté à imaginer que les choses puissent être différentes de ce qu’elles sont maintenant. Cela a joué de deux façons, dans les deux sens.
À l’automne dernier, la plupart des spécialistes, des organismes internationaux, des gouvernements n’ont pas vu la récession venir et surtout, n’ont pas prévu son ampleur. Encore euphoriques, ils ne croyaient pas que les années de prospérité pouvaient prendre fin et ils pensaient que l’économie pouvait résister au choc de la crise financière.
Dans un mécanisme similaire, on n’a pas voulu voir la reprise quand les signes de revirement se sont manifestés. La morosité dominante empêchait de voir ces signaux. On a alors oublié que les cycles économiques jouent dans les deux sens, et que si les baisses peuvent être brutales, les remontées peuvent aussi être rapides.
Les textes que j’ai écrits sur la récession reflètent cette dynamique. Je suis de ceux qui ont fait preuve d’un optimisme excessif. Sur la foi des prévisions économiques, j’ai cru que le Canada pourrait échapper à la récession, ou subirait, au pire, un recul léger.
Par contre, je n’ai pas succombé à la deuxième tentation. Et j’ai cru assez rapidement que la récession serait moins profonde que ce que l’on pouvait craindre et la reprise plus rapide. En mars, quand ça allait vraiment mal et qu’on se demandait quand arrêterait la dégringolade, j’ai écrit que le pire était « maintenant ». En juin, j’ai écrit sur la reprise qui était à nos portes. Les chiffres étaient là, mais la plupart des spécialistes, échaudés par leurs erreurs de l’automne, n’osaient pas le proclamer.
Encore maintenant, bien des gens ne veulent pas se laisser emporter par l’optimisme, craignant que cela nous amène à sous-estimer les risques qui pèsent sur l’économie et que cela nous rende insouciants. Je crois plutôt que l’optimisme est un état d’esprit sain, qui casse la morosité et qui nous donne l’énergie pour affronter les problèmes très nombreux qui nous attendent dans le processus de retour à la santé économique.




La reprise américaine n’est plus très loin, selon Ben Bernanke
JACKSON, Wyoming — Même si un retour à la normale n’est pas encore d’actualité, la reprise de l’économie américaine n’est plus très loin, a affirmé hier le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke.
L’activité économique aux États-Unis et dans le monde semble « se stabiliser » et « les perspectives d’un retour à la croissance à court terme apparaissent bonnes », a déclaré M. Bernanke lors de la conférence annuelle de la Fed.
Face à la crise financière et à la récession mondiale qui a suivi, le président de la Réserve fédérale a souligné l’importance de la coopération entre les gouvernements, insistant sur la baisse des taux d’intérêt décidée par les banques centrales et sur les plans de relance mis en place dans de nombreux pays. « Aussi graves qu’ont été les conséquences économiques, l’issue aurait toutefois pu être bien pire », a-t-il observé.
Si la crise « a déclenché une profonde récession mondiale, dont nous commençons seulement à émerger », Ben Bernanke a mis en garde contre tout triomphalisme, expliquant que la situation n’était pas encore revenue à la normale.
« Même si nous avons évité le pire, des défis délicats nous attendent encore », a-t-il averti. Ainsi, des difficultés persistent sur les marchés financiers internationaux, et les institutions financières connaissent des « pertes supplémentaires significatives » en raison d’investissements douteux. De même, de nombreux ménages et entreprises éprouvent des « difficultés considérables » pour obtenir des prêts, a-t-il indiqué, expliquant qu’une reprise durable passait par une relance des marchés du crédit.
Face aux présidents des banques centrales du monde entier, Ben Bernanke a également évoqué les leçons que devait tirer la finance de la crise. Il a ainsi de nouveau appelé à une refonte du système financier américain, notamment par l’intermédiaire d’une surveillance accrue des grands groupes dont la faillite menacerait le système dans son ensemble, comme ce fut le cas pour l’assureur AIG.

L’immobilier américain retrouve des couleurs
WASHINGTON — La revente de maisons existantes aux ÉtatsUnis a augmenté de 7,2% en juillet par rapport à juin, représentant la plus forte augmentation mensuelle en plus de 10 ans, indiquent les chiffres publiés hier par l’Association nationale (américaine) des courtiers immobiliers.
En données désaisonnalisées annualisées, c’est-à-dire en données ajustées pour éliminer l’effet des saisons puis annualisées pour faciliter les comparaisons, 5,24 millions de résidences ont changé de mains en juillet dernier, contre 4,89 millions en juin. La performance de juillet dernier dépasse également celle de juillet 2008, mois durant lequel 4,99 millions d’unités avaient été vendues.
En publiant ces données, l ’association des courtiers immobiliers a aussi souligné que la dernière fois que quatre hausses mensuelles d’affilée ont été enregistrées remonte au mois de juin 2004. La dernière fois que les ventes d’un mois donné ont été supérieures à celles du même mois de l’année précédente remonte, par ailleurs, à novembre 2005.
Malgré la hausse, en juillet, le prix médian des maisons a été de 178 400$ US, en baisse de 15,1% par rapport à juillet 2008. Pour les prix, la comparaison la plus significative est celle qui met côte à côte les données des mêmes mois d’une année à l’autre, compte tenu de la saisonnalité. Le prix médian est celui qui se situe au milieu de l’échelle.




Le Trésor américain voit « les premiers pas de la reprise »  -  RUDY LECOURS
Un optimisme prudent gagne Washington grâce à la multiplication d’indices d’une reprise qui se met en place.
« Il reste bien du chemin à parcourir, mais nous commençons à voir des signes de stabilité qui marquent les premiers pas de la reprise », a affirmé hier le secrétaire au Trésor Timothy Geithner au cours d’une allocution en Ohio.
Comme pour lui donner raison, l’indicateur avancé du Conference Board a progressé pour le quatrième mois d’affilée en juillet tandis que la production industrielle était à la hausse pour la première fois en plus d’un an dans les districts de Philadelphie et de New York. Cela suggère que les livraisons manufacturières et les nouvelles commandes sont vraisemblablement à la hausse ce mois-ci. Si la chose se confirme dans les prochains jours, il s’agira de la première expansion du secteur manufacturier américain depuis janvier 2008.
Ce revirement est tangible aussi de ce côté-ci de la frontière. Les ventes des grossistes canadiens ont progressé en juin pour la première fois depuis septembre tandis que leurs stocks ont diminué pour le quatrième mois d’affilée.
Le gros de l’amélioration de la production américaine est d’ailleurs attribuable au restockage des entreprises. Les grossistes canadiens sont de bons fournisseurs.
Du côté de l ’ i ndicateur avancé, la donnée la plus encourageante portait sur l ’augmentat i on l égère du nombre moyen d’heures travaillées le mois dernier. « Cela suggère que les employeurs les augmentent pour répondre à une lente amélioration de la demande », déduit Charmaine Buskas, économiste principal chez valeurs mobilières TD.
« Bref, la peur généralisée cède le pas à de la confiance en émergence », a résumé le trésorier Geithner dans son discours.
Chez Goldman Sachs, on va même un peu plus loin, bien qu’avec précaution. « Juin paraît maintenant le meilleur candidat pour marquer l e c r e u x de la récession selon le NBER », affirme son économiste Ed McKelvey dans une lettre à la clientèle.
Le National Bureau of Economic Research ( NBER) définit une récession non pas comme deux trimestres de décroissance d’af f i lée, comme le font la plupart des économistes. Elle est plutôt marquée par « un déclin significatif et répandu de l’activité économique, qui s’étend durant plusieurs mois qui se manifeste normalement dans le produit intérieur brut réel, le revenu réel, l’emploi, la production industrielle et dans le commerce de gros et de détail ».
Selon cette définition très qualitative, le NBER a décrété que la récession américaine avait commencé en décembre 2007. Il faudra attendre beaucoup de mois (sans doute plus d’un an) avant qu’il ne décrète sa fin. L’analyse de chacun des critères par M. McKelvey l’amène à croire que juin paraît le point tournant. Il émet deux réserves : la révision à la baisse de données publiées et la possibilité d’un faux départ.
Méfiance
Plusieu r s é c onomi s t e s s e méf i ent s urtout de la deuxième hypothèse, comme en fait foi la hausse inattendue des demandes i nitiales d’assurance chômage la semaine dernière, après plusieurs semaines de repli.
« Avant de conclure à la fin de la récession, il faudra s’assurer qu’un ressac n’aura pas lieu au cours des prochains mois, prévient Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. La poursuite des pertes d’emplois, la baisse des ventes au détail ainsi que de la confiance des consommateurs et les fluctuations amenées par certaines politiques gouvernementales laissent la porte ouverte à ce sujet. »



L’ÉCONOMIE MONDIALE ÉMERGE ENFIN  -  RUDY LECOURS
« La reprise a commencé », clame le Fonds monétaire international. Abby Joseph Cohen, renommée stratège chez Goldman Sachs, affirme que « l’économie est clairement en train de se redresser ». Les investisseurs en Allemagne retrouvent le moral et les const
L’économie mondiale émerge enfin de sa pire récession de l’après-guerre, née dans les braises d’une crise f i nancière sans précédent.
Le niveau de confiance mondiale des investisseurs a atteint ce mois-ci un sommet de 22 mois, selon un sondage de l’agence Bloomberg. L’ I ndice des attentes des investisseurs du Centre de r e c herc hes é c onomiques européennes a bondi bien au-delà des prévisions des experts de j uillet à août, dans la foulée de nouvelles attestant que la France et l’Allemagne avaient retrouvé le chemin de la croissance au deuxième trimestre, contre toute attente.
Il y a deux ans, en août 2007, commençait la crise financière qui allait entraîner la débâcle de plusieurs banques et la contraction de l’économie réelle de la plupart des pays.
Aujourd’hui, la crise financière est largement résorbée grâce à l ’action énergique et concertée des banquiers c e nt r a u x . L e s pl a n s de relance des gouvernements commencent à porter fruit, au point où l’économiste en c hef du Fonds monétaire international ( FMI), Olivier Blanchard, peut clamer : « La reprise a commencé. »
Presque au même moment, Abby J o s e ph Cohen, la renommée stratège en investissements chez Goldman Sachs, a déclaré en entrevue que « l’économie est clairement en train de se redresser ».
Dans un article à paraître le mois prochain, mais dont l’Agence France-Presse a pu prendre connaissance, M. Blanchard précise : « Le redressement ne sera pas simple. La crise a laissé des cicatrices profondes qui auront des conséquences tout à la fois sur l’offre et la demande pendant plusieurs années. »
On pense d’emblée à la restauration des f i nances publiques, dans un contexte où les coûts d’emprunt pour financer la reprise deviendront plus élevés que leurs creux actuels.
M. Bla nchard soul i gne que les États-Unis auront un rôle majeur à jouer dans la relance, mais qu’on ne pourra pas compter comme par le passé sur ses consommateurs. Ce sont les exportations nettes qui devront prendre le relais.
Mme Cohen est d’avis que les sociétés qui ont survécu à la récession vont faire de bonnes affaires. « La croissance des profits va devenir plus substantielle. »
Elle peut appuyer ses assertions sur plusieurs statistiques récentes, dont la première croissance mensuelle de la production industrielle américaine en juillet, après huit mois de repli. Par bonheur, l’Asie, et la Chine en particulier, est en mesure d’absorber une quantité plus grande de biens américains, surtout si elle juge souhaitable d’augmenter sa demande intérieure
afin de normaliser une économie trop dépendante des marchés étrangers.
La production industrielle (exploitation minière, fabrication et génération d’eau pot a ble e t d’éle c t r i c i t é) chinoise a d’ailleurs retrouvé son rythme d’enfer avec une expansion a nnualisée de plus de 10 % en juillet.
L’i ndicateur ava ncé de l’Organisation de coopérat ion et de développement économiques (OCDE) s’est complètement relevé à la f i n du deuxième t r i mestre. Mesuré pour les quatre économies émergentes qui for ment l e BRIC ( Brésil, Russie, I nde e t Chine) , i l montre même un bond de 2 %, selon les calculs de l a Financière Banque Nationale. Ce revi rement est spectaculaire puisqu’il reflète la première tendance positive en un an.
Reprise des exportations
Bien qu’encore f a i bles, si on les compare à leurs niveaux d’il y a un an, les exportations américaines et canadiennes ont recommencé à augmenter en juin, tant en valeur qu’en volume.
Tout autant que les ÉtatsUnis, le Canada aura grand intérêt à se brancher sur la dynamo asiatique, car ses ex portateu r s manufacturiers trouveront durant cette reprise-ci le consommateur a méricain moins preneur tant qu’il n’aura pas épongé une partie de ses dettes.
La mission économique prochaine du premier minist re Stephen Harper devra donner les résultats attendus, estime Sherry Cooper, économiste en c hef c hez BMO Marchés des Capitaux. « Le Canada ne peut plus mettre tous ses oeufs dans le seul panier américain. »
Cela dit, le marché américain a encore à donner, surtout que les entreprises des États-Unis ont déstocké très rapidement. Il leur faut maintenant se renf louer, ce qui présente de belles occasions pour les fournisseurs canadiens de biens i ndustriels ( produits semi-transformés, pièces de machines, etc.).
Au x a u r o r e s de c e t t e reprise, le Canada et les États-Unis n’ont pas l es mêmes atouts.
Chez nous, la demande intérieure reste assez solide tout comme les institutions financières, mais les export ations demeurent f ragilisées par la force de notre monnaie et l ’ apathie du consommateur américain. La reprise des ventes et des prix des produits de base apportent cependant un baume à nos comptes nationaux.
Aux États-Unis, l a fa i - blesse du billet vert et la demande chinoise de machinerie stimulent les export at i ons, t out en c a l mant l ’ appétit des Américains pour les biens de consommation importés.
L’évolution de cette dynamique peut réserver des surprises. Encore au printemps, bien rares étaient ceux qui croyaient au redressement de l’économie mondiale cet été même.


États-Unis : La construction relève la tête
WASHINGTON — Le marché de la construction de logements aux États-Unis continue son lent redressement, jugé indispensable pour le retour d’une croissance durable dans le pays.
Selon le baromètre mensuel publié lundi par l’Association nationale des constructeurs de logements (NAHB) et la banque Wells Fargo, le moral des constructeurs de maisons individuelles a progressé en août pour atteindre son plus haut niveau depuis juin 2008.
Les chiffres publiés hier par le département du Commerce américain témoignant d’une baisse de 1,8 % des permis de construire et de 1 % des mises en chantier en juillet par rapport à juin sont en apparence trompeurs.
En effet, la baisse a résulté d’un effondrement dans le secteur des habitations communautaires, secteur très variable d’un mois à l’autre, alors que les chiffres témoignent de l’amélioration continue du secteur des maisons individuelles, qui représente près des trois quarts du marché de la construction de logements.
Ainsi, les délivrances de permis de construire des maisons, indicateur de la tendance à venir du marché, ont augmenté en juillet (5,8%), pour le quatrième mois de suite. Les mises en chantier, qui donnent une idée de la conjoncture du moment, ont pour leur part progressé (1,7%) pour le cinquième mois consécutif.
Plusieurs analystes s’accordent pour dire que la chute du logement communautaire ne remet pas en cause le retournement du marché observé depuis le mois de mai, avril ayant marqué le point bas de la crise (permis et départs de chantiers avaient alors touché en rythme annuel leur niveau le plus bas depuis au moins un demi-siècle).
« Le niveau d’activité de juillet est encore bien supérieur à la moyenne du deuxième trimestre », fait remarquer Paul Ferley, de RBC Economics.
S’ajoutant à la tendance de hausse des ventes de logements (neufs et anciens) et à la baisse des stocks de maisons et appartements sur le marché, les chiffres du département du Commerce « renforcent l’opinion selon laquelle le secteur du logement commence à se redresser », ajoute-t-il, même si le « niveau d’activité reste très faible ».
Selon le baromètre mensuel publié lundi par l’Association nationale des constructeurs de logements ( NAHB) et la banque Wells Fargo, le moral des constructeurs de maisons individuelles a progressé en août pour atteindre son plus haut niveau depuis juin 2008.
Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, « l’amélioration continue de la construction de maisons individuelles indique que le marché du logement continue de guérir ».
Le marché du logement tient une place importante dans l’économie des États-Unis, où plus des deux tiers des ménages sont propriétaires de leur habitation.
S’il semble exclu que les investissements dans le logement tiennent de nouveau rapidement la place qu’ils ont eue dans la croissance économique du pays du milieu des années 90 jusqu’à leur pic de 2005, les autorités estiment que la reprise du secteur, par lequel la crise est arrivée, sera une des clefs du retour à une croissance durable.
À ce titre, le maintien d’une tendance à la hausse dans la construction de maisons individuelles est un signe encourageant pour les États-Unis, alors que la succession d’indicateurs bons et mauvais tend à brouiller les pistes sur l’état de la première économie mondiale, en attente d’une reprise espérée d’ici à la fin du mois de septembre.
Dans les périodes intermédiaires comme celle-ci, « c’est la tendance générale qui importe, et en ce qui concerne le logement, la direction pointe vers le haut », estime M. Naroff.
Pour Sal Guatieri, de BMO Capital Markets, « le marché du logement reste engagé sur la route de la reprise », mais « probablement sur la voie lente jusqu’à ce que les conditions du crédit et le chômage s’améliorent ».

 
Allemagne : Industriels et investisseurs reprennent confiance
— Les exportat eurs et les i nvestisseurs en Allemagne retrouvent le sourire.
La confiance des investisseurs allemands a bondi à un sommet en plus de trois ans ce mois-ci, après que les stimulants fournis par le gouvernement et la hausse des exportations eurent permis à la plus importante économie européenne de sortir de la récession.
Le Centre de la recherche é c onomique e u r opéen ne ZEW a indiqué hier que son i ndice portant sur le sentiment des investisseurs et des analystes était passé à 56,1 en août, comparativement à 39,5 en juillet. Pour leur part, les économistes avaient prédit que l’indice grimperait à 45, selon la prévision médiane de 35 prévisions recueillies par Bloomberg. I l s’agit d’un sommet depuis avril 2006.
L’économie allemande a connu un essor de 0,3 % au deuxième t rimestre, selon un rapport publié la semaine dernière, ce qui a mis fin plus tôt que prévu au pire ralentissement économique depuis la Deuxième Guerre mondiale. Mais si la hausse des exportations et les programmes du gouvernement sont susceptibles de faire en sorte que la croissance économique se poursuive, le fort taux de chômage menace de son côté de restreindre la reprise.
Encore des obstacles
« L’économie allemande n’est plus en récession, mais elle n’est pas sortie du bois », avertit Carsten Brzeski, économiste de la société I NG Groep, à Bruxelles. « Malgré tout l’enthousiasme suscité par l es r écentes st atist i - ques et les perspectives à court terme, il reste tout de même des obstacles à un véritable redressement , le plus gros étant la détérioration du marché du travail », ajoute-t-il.
Le ministère allemand de l’ Économie a fait savoir que sa prévision d’une baisse de l’économie de 6 % cette année pourrait maintenant s’avérer trop pessimiste.
« La récente performance du PIB démontre que les prévisions antérieures des experts des marchés financiers se sont réalisées », avance Wolfgang Franz, président du ZEW. « Cependant, ajoute-t-il, il n’y a aucune raison de tomber dans l’euphorie. C’est que l’économie allemande se développe en parallèle avec l ’économie mondiale et de ce fait , elle devrait s e r edresser uniquement graduellement. »
Exportations
En out r e, l e s ex por t a - tions allemandes devraient rebondir de 4 % en 2010, après une c hute de 17 % attendue cette année, selon une étude publiée hier par la Fédération allemande des chambres de commerce et d’industrie ( DIHK).
« Le commerce extérieur reprendra en 2010 sa fonction de locomotive de l’économie a l l emande » , a commenté Axel Nitschke, directeur de la section Commerce extérieur de la Fédération, cité dans un communiqué.
Le DIHK estime que l’Allemagne devrait retrouver l’an prochain sa part de 9 % sur le marché du commerce mondial.
L’é c onomie a l l e mande est ainsi structurée que les exportations sont sa principale force, mais aussi son talon d’Achille en temps de crise internationale.



De nouveaux signes encourageants  -  Marc Jourdier
Washington continuera de soutenir l’activité pour plusieurs mois encore
WASHINGTON — La nette amélioration de l’activité industrielle autour de New York, publiée hier, est un signe supplémentaire d’une certaine stabilisation de l’économie américaine, mais Washington juge utile de continuer de soutenir l’activité pendant plusieurs mois encore.
Pour Ryan Sweet, économiste de Moody’s Economy.com, l’enquête de la Fed de New York laisse penser que la reprise de l’activité industrielle, dont le déclin avait commencé bien avant le début officiel de la récession, « gagne en puissance ».
« Pour la première fois en beaucoup plus qu’un a n, l’enquête Empire State montre que les conditions des entreprises industrielles de l’ État de New York se sont améliorées », écrit la Réserve fédérale ( Fed) de New York dans le communiqué rendant compte de son baromètre industriel mensuel.
Cet indice industriel Empire State s’est établi nettement dans le vert, avec un rebond beaucoup plus fort que prévu, pour se hisser à +12,1 en août, contre - 0,55 le mois précédent, et alors que les analystes l’attendaient à +3,0 seulement.
C’est son plus haut niveau depuis novembre 2007, le mois ayant précédé l’entrée officielle des États-Unis dans la récession.
Pour Ryan Sweet, économiste de Moody’s Economy. com, l ’enquête de l a Fed de New York laisse penser que la reprise de l’activité industrielle, dont le déclin avait commencé bien avant le début officiel de la récession, « gagne en puissance ». Selon d’autres c hif f r es publ i és hier, par le département du Trésor, la balance des capitaux à long terme des ÉtatsUnis a bénéficié d’un net aff lux de capitaux publics et privés vers les titres amér icains, en particulier les obligations du Trésor et les actions d’entreprises.
Pour l’économiste Brian Bethune, économiste de l’institut IHS Global Insight, c’est le signe que « la demande de base pour les titres américains reste plutôt vigoureuse », ce qui devrait contribuer à aider la reprise.
Attendue majoritairement d’ici à la fin du mois de septembre, celle-ci s’annonce longue et très fragile, et plusieurs autres i ndicateurs publiés récemment témoignent que la première économie mondiale ne sortira pas du jour au lendemain de sa récession la plus violente depuis la Deuxième Guerre mondiale.
La publication d’une nouvelle baisse des ventes de détail la semaine précédente est venue ainsi rappeler que la consommation des ménages, locomotive de la croissance américaine, était encore loin d’avoir relevé la tête.
La Banque centrale en a bien conscience. Si elle a jugé le 12 août que l’économie semblait « en train de se stabiliser », elle n’en a pas moins laissé intact son dispositif exceptionnel de soutien à la liquidité et au crédit et a signifié son intention de maintenir encore longtemps son taux d’intérêt quasi-zéro, en vigueur depuis le mois de décembre, pour accompagner la reprise.
De concert avec le Trésor, elle a annoncé hier la prolongation d’un programme de soutien à la consommation et à l’immobilier, jusqu’au milieu de l’année 2010.
Cette facilité, qui arrivait à échéance à la fin de l’année, a pour but de relancer le crédit à la consommation et le marché immobilier en offrant un financement avantageux à des i nvestisseurs prêts à acheter des t it res adossés à des actifs, grâce auxquels les organismes de crédit se refinancent.
Comme une bonne part de la reprise dépendra de la tenue de la consommation, les autorités peuvent encore se faire du souci : le moral des consommateurs est retombé en août, et un sondage publié hier par le quotidien
montre que 57 % des Américains jugent que le plan de relance budgétaire promulgué il y a six mois par le président Barack Obama n’a aucun effet sur l’économie ou empire les choses.
Mais il est vrai que pour l’i nstant, les ménages ont plutôt eu tendance à épargner les subsides qu’ils ont reçu du gouvernement.

La balance des capitaux américaine repasse dans le vert en juin
WASHINGTON — La balance des capitaux à long terme des États-Unis est repassée dans le vert en juin avec un bénéfice bien plus fort que prévu de 90,7 milliards de dollars, selon les chiffres officiels publiés hier par le département du T r ésor à Washington.
Malgré cela, le solde général de la balance des capitaux américaine est resté négati f pour le t roisième mois consécutif, à -31,2 milliards de dollars, contre - 65,7 milliards en mai.
Chiffre privilégié par les marchés, le solde de la balance des capitaux à long terme (hors ajustements) a bénéficié d’un net afflux de capitaux publics et privés vers les obligations du Trésor américain (100,5 milliards de dollars) et vers les actions d’entreprises (19,41 milliards de dollars).
Ce f lux positif pour les États-Unis a été contrebalancé notamment par un mouvement de délocalisation de fonds des résidents américains, qui ont été acheteurs nets de titres étrangers à long terme, pour 32,7 milliards de dollars, ce qui est sans doute le signe d’un retour du goût pour le risque et les placements dans les pays émergents, même si les chiffres du Trésor ne permettent pas de le voir.
En mai , l a balance des capitaux à long terme avait affiché un solde négatif de 19, 4 milliards de dollars (chiffre révisé). Pour juin, les analystes attendaient un bénéfice de 17,5 milliards.
Les avoirs chinois en obligations du Trésor américain ont enregistré en juin leur plus forte baisse depuis au moins un an (-3,2%) après avoir bondi de près de 5% en mai. Cette baisse pourrait avoir surtout touché les titres à court terme.
Les investisseurs chinois ( hors Hong Kong) restent les premiers détenteurs au monde d’obligations d’État américaines, pour une valeur de 776,4 milliards de dollars, devant le Japon (711,8 milliards) et la Grande-Bretagne ( 214 , 0 mi l l i a r ds), qui a retrouvé sa troisième place après avoir été dépassée par le Brésil et la Russie.


Le Japon sort de la récession
TOKYO — Le Japon a émergé au deuxième trimestre 2009 de sa plus longue récession depuis la Seconde Guerre mondiale, stimulé par le redémarrage de son commerce extérieur et par les mesures de relance massives en faveur des ménages, a annoncé hier le bureau du premier ministre.
Le Japon est le troisième grand pays industrialisé, après l’Allemagne et la France, à annoncer son retour à la croissance sur le trimestre d’avril à juin. Les États-Unis et la Grande-Bretagne restent officiellement en récession.
Le produit intérieur brut ( PIB) de la deuxième économie mondiale a progressé de 0,9 % par rapport au trimestre précédent, soit une augmentation de 3,7 % en rythme annualisé.
La reprise s’explique essentiellement, selon les chiffres communiqués par le gouvernement, par un redémarrage des exportations et de la consommation des ménages, stimulée par les plans de relance mis en oeuvre par les autorités. Mais l’investissement des entreprises est resté très faible.
L’i nvestissement publ i c a ainsi bondi de 8,1 % par rapport au t r i mestre précédent, les exportations de 6,3 % et la consommation des ménages a augmenté de 0,8 %. Mais l’investissement en capital a encore chuté de 4,3 %. Depuis environ un an, le gouvernement nippon a adopté de nombreuses mesures de relance équivalent à environ 5 % du PIB. L’État a notamment viré de l’argent liquide à chaque ménage du pays pour relancer la consommation, et a mis en place des aides à l’achat de véhicules « propres », ce qui a réveillé un marché automobile depuis longtemps sinistré.
La plupart des analystes ont toutefois appelé à la prudence, estimant que l’embellie pourrait prendre fin quand les effets des mesures étatiques commenceront à s’essouffler.
Malgré l’embellie du PIB, le taux de chômage au Japon a atteint en juin son plus haut niveau en six ans (5,4 %), proche de son record historique.





Des experts croient en une reprise vigoureuse
Plutôt qu’une croissance modeste, les États-Unis se dirigent peut-être vers une reprise vigoureuse.
C’est que la pire récession depuis les années 30 a créé un réservoir de demande qui stimulera l’économie, soutiennent de plus en plus d’économistes, dont principalement James Glassman, de JPMorgan Chase & Co., Laurence Meyer, ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed), et Stephen Stanley, de RBS Securities.
« Chaque fois que nous sommes t ombés d’une fa l aise pour nous enfoncer profondément, l’économie a montré pendant un certain temps une tendance à rebondir très rapidement », assure M. Glassman, un économiste principal de JPMorgan Chase à New York. M. Glassman et ses collègues ont indiqué ce mois-ci que les prévisions de croissance de 3 % à 4 % au cours des prochains trimestres pourraient être trop timides étant donné la « demande refoulée » de consommation.
Mais cette opinion des spécialistes de JPMorgan Chase entre en contradiction avec le point de vue popularisé par Mohamed El-Erian, de Pacific Investment Management Co. ( Pimco), selon lequel le fort taux de chômage et la destruction record de richesse feront en sorte que la croissance économique ne sera que de 2 % ou moins pendant des années. 
Cette divergence de vues met en lumière le dilemme auquel doivent faire face les décideurs, ceux-ci ayant à trancher entre la poursuite des sti mulants f i scaux et monétaires records ou une mise en sourdine progressive pour prévenir une poussée inflationniste si la croissance devait s’accélérer.
M. El-Erian, PDGdePimco, une société établie à Newport Beach, en Californie, soutient que les « i ndicateurs que nous suivons continuent d’indiquer une croissance modeste à moyen terme aux États-Unis ».
Il répond ainsi aux arguments en faveur d’une reprise dite en V. Un rapport de la Réserve fédérale américaine ( Fed) publié la semaine dernière ajoute aux signes de reprise parce qu’il fait état d’une hausse de 0,5 % de la production i ndustrielle en juillet, première augmentation en neuf mois.
La t hé o r i e d i t e de la « Nouvelle normalité » prédit que la récession fera en sorte que le taux de chômage, qui atteindra l’an prochain, prévoit-on, 10 % pour la première fois depuis 1983, se maintiendra élevé pendant des années. MM. Glassman et Meyer ne sont pas d’accord.
« La principale objection que j ’élève contre l’idée de Nouvelle normalité voulant que nous soyons pris avec un taux de chômage élevé et que nous devons l’accepter, c ’est que si l ’on examine les initiatives de la Fed, on s’aperçoit qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour combattre cela », lance M. Glassman, qui a déjà travaillé comme é c onomiste de l a Fed à Washington.
M. Meyer, qui a été gouverneur de la banque centrale américaine de 1996 à 2002, explique pour sa part que lui-même et ses collègues « ne décèlent aucun indice » montrant que le taux de chômage allant de pair avec une inflation stable est maintenant plus élevé.
M. Meyer dit s’attendre à ce que le PIB américain bondisse de 3,6 % en 2010 et de 3,9 % en 2011. La croissance économique annuelle aux États-Unis n’a dépassé 3 % qu’une seule fois jusqu’à présent au cours de la présente décennie, soit en 2004, et sa moyenne s’établit à tout juste 2,2 %.
« Le principal moteur est le prix des maisons, soutient M. Meyer en faisant référence à ses prévisions touchant la reprise. Si les prix des maisons se stabilisent, on assistera à une formidable relance du secteur de l’habitation qui domine toutes les autres variables de notre équation. Il y a une formidable demande refoulée dans ce secteur particulier. »



Espoirs de sortie de récession en Europe
Le PIB de l’Allemagne et de la France augmente de 0,3 %
BRUXELLES — L’annonce hier d’un retour surprise de la croissance au deuxième trimestre en Allemagne et en France alimente les espoirs d’une sortie de crise progressive dans la zone euro, même si cette dernière est pour l’instant toujours en récession.
Après quatre t r i mestres consécutifs de contraction de leur produit intérieur brut ( PIB), l’Allemagne, première économie de la zone euro, et la France ont toutes les deux annoncé une hausse identique de leur PIB de 0,3 % comparé au premier trimestre.
Pour l’ensemble de la zone euro, en revanche, l’économie s’est contractée de 0,1 %, et ce, pour le cinquième t rimestre d’affilée, d’après une première estimation de l’Office européen des statistiques Eurostat.
Mais comparé au plongeon record de 2,5 % accusé au premier trimestre, c’est un très net ralentissement et une bonne surprise pour les économistes, qui attendaient un recul plus prononcé.
De quoi a l i menter les espoirs d’une sortie plus rapide que prévu de la récession actuelle, la pire traversée par la zone euro depuis 1945.
Jusqu’ici, la Commission européenne comme le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une reprise modeste seulement au courant de 2010.
« La plus forte contraction semble derrière nous », a commenté hier un porte-parole de la Commission, y voyant l’effet des mesures anticrise prises depuis l’automne par les gouvernements et banquiers centraux.
« L a s i t uation e s t bien meilleure que ce que nous prévoyions au printemps », a-t-il estimé, renvoyant toutefois au 14 septembre pour une actualisation des prévisions économiques de Bruxelles.
Vers une nouvelle récession?
« Ces chiffres sont agréables, mais payés cher, avec les plans de relance », nuance Costa Brunner, économiste chez Natixis. « Que se passera-t-il quand les primes à la casse en Allemagne et ailleurs seront épuisées? Un revers est très probable courant 2010. »
« Ce que nous voyons actuellement s’appuie essentiellement sur les plans de relance gouvernementaux et la reconstitution des stocks », a aussi tempéré Jürgen Stark, économiste en chef de la Banque centrale européenne. « Tant que c’est comme ça, nous ne pouvons pas compter sur un retour durable à une trajectoire de croissance ».
Plusieurs économistes envisagent une courbe en « W », comme Aurelio Maccario chez Unicredit, convaincu que « le PIB de la zone euro pourrait ralentir à nouveau début 2010 ».
« Une nouvelle récession ne peut pas être exclue », prévient aussi Cédric Thellier chez Natixis.
Comme pour leur donner raison, la production industrielle, qui avait rebondi en mai dans la zone euro pour la première fois depuis août 2008, est repartie à la baisse en juin.
Et les estimations nationales des derniers jours brossent toujours un sombre tableau de l’économie européenne.
Le PIB a encore reculé au deuxième trimestre de 0,9% aux Pays-Bas, de 0,5 % en Italie, de 0,4% en Belgique et en Autriche. Hors zone euro, la Grande-Bretagne accuse une baisse de 0,8%, l’Estonie de 3,7%, la Roumanie de 1,2%, la Hongrie de 2,1%.
Les performances de l’ensemble de l’UE sont plus mauvaises que celles de la zone euro, avec une contraction économique de 0,3%, selon Eurostat.
En outre, le PIB européen reste encore bien en dessous de ses niveaux de l’année dernière à la même époque, avec des diminutions de 4,6% pour la zone euro et de 4,8% pour l’UE.
La prudence reste de mise, même chez les bons élèves de la classe européenne.
Pour le ministre allemand de l’Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg, « le pire de la récession est derrière nous », mais « il n’y a pas de raison d’être euphorique ».
Son homologue française, Christine Lagarde, a prévenu pour sa part que « la situation du marché du travail devrait rester difficile au cours des prochains trimestres ».




Wall Street rebondit, encouragé par la Fed
La Bourse de New York a nettement rebondi hier, stimulée par la banque centrale américaine, qui a évoqué une stabilisation de l’activité économique aux États-Unis.
Après deux séances de baisse, le Dow Jones Industrial Average a progressé de 120,16 points (+1,3%) à 9361,61 points, et le NASDAQ, à dominante technologique, de 28,99 points (+1,5%) à 1998,72 points, selon les chiffres définitifs de clôture.
L’ i n d i c e S t a n d a r d & Poor’s 500, à la composition plus large, s’est quant à lui adjugé 1,15% (11,46 points) à 1005,81 points.
En nette hausse toute la matinée, les indices de Wall Street ont maintenu la cadence après la fin de la réunion de la Réserve fédérale américaine.
Sans surprise, la « Fed » a maintenu son taux directeur proche de zéro, mais elle a jugé que l’activité semblait être « en train de se stabiliser ». Ce qui « indique que ses membres pensent que la récession est finie », a commenté l’économiste indépendant Joel Naroff.
La banque centrale a par ailleurs annoncé qu’elle allait ralentir son programme de rachat de 300 milliards US d’obligations du Trésor américain afin de l’achever fin octobre et non plus en septembre.
« La Fed n’en est pas arrivée au point où elle réfléchit à sortir de ses programmes de relance : elle ne va pas relever ses taux, elle est toujours concentrée sur le côté négatif », a expliqué Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
« De ce point de vue, rien n’a changé, et le marché aime la constance, a-t-il ajouté. L’inquiétude, c’était que si (la Fed) évoquait une stratégie de sortie, les gens allaient anticiper une hausse de taux, pour laquelle on n’est pas encore prêt ».
Côté valeurs, Microsoft a gagné 1,7 % à 23,53$US. Le géant des logiciels a conclu un partenariat avec le numéro un mondial de la téléphonie mobile, le finlandais Nokia, qui va équiper ses appareils avec les logiciels de bureautique Office.
La Bourse de Toronto, de son côté, a terminé en terrain légèrement positif. L’indice S&P/ TSX a pris 30,4 points à 10 659,87, essentiellement grâce à la robustesse des secteurs énergétique et financier. Le marché avait cédé environ 250 points depuis deux jours, puisque les i nvestisseurs avaient choisi d’empocher des profits et cherchaient des signes que l’économie américaine sortait de la récession.
« Je pense qu’il serait difficile d’imaginer un communiqué (de la Fed) mieux formulé, a dit l’analyste Andrew Pyle de la firme Scotia McLeod. Ils ont parlé de l’amélioration des conditions économiques (...) en parlant de "stabilisation", ce qui est une autre façon de dire que cet été ou au troisième trimestre nous passerons probablement d’une récession au redressement – mais ils l’ont dit sans mettre toutes leurs cartes sur la table. »
Le dollar canadien a fluctué pour une deuxième journée consécutive, terminant en hausse de 1,09 cent US à 91,88 cents US et récupérant essentiellement le terrain perdu mardi.
La Bourse de croissance TSX a avancé de 9,18 points à 1186,02.
Le baril de pétrole s’est renfloué de 71 cents US à 70,16 cents US. L’once d’or s’est améliorée de 4,90$US à 952,50$US.
Le secteur de l’énergie a avancé de 1%, quand le gouvernement américain a fait état d’une troisième hausse hebdomadaire consécutive de ses réserves de pétrole. Le titre de Suncor a pris 95 cents à 35,86$.
L e s e c t eu r f i na ncier a grimpé de 0,42 %, quand la Financière Manuvie a annoncé l ’acquisition de certaines activités de AIC. Le titre de Manuvie a terminé en hausse de 23 cents à 22,42$.




Les sceptiques confondus ?  -  Yannick Desnoyers
La reprise du marché de l’emploi pourrait être plus rapide que prévu aux États-Unis
L’auteur est économiste en chef adjoint de la Banque Nationale. Au moment d’écrire ces lignes, la récession américaine est probablement terminée alors que plusieurs indicateurs économiques à haute fréquence donnent à penser que le produit intérieur brut réel américain ( PIB) s’apprête à relever la tête au troisième trimestre de l’année en cours. Il semble donc permis à ce stade-ci de faire un bilan du revers de conjoncture enregistré au sud de la frontière.
Des employés, haut perchés, s’activent à refaire le toit du Musée d’art de Denver, au Colorado. Dans un avenir rapproché, l’économie américaine devrait bénéficier de stimulants budgétaires favorables à la création d’emplois.
En rétrospective, la récession américaine aura été longue et de grande amplitude, mais elle aura surtout touché le secteur des biens, par opposition à celui des services. De fait, depuis décembre 2007, date officielle du début de la récession américaine, le PIB réel des services n’a pas reculé aux ÉtatsUnis. À l’opposé, le secteur des biens a connu toute une déconfiture, enregistrant une chute de 9,3% de son activité réelle au cours de la même période.
Or, sur le plan du marché du travail, les entreprises américaines n’y sont pas allées avec le dos de la cuillère. Bien que la production réelle du secteur des services ait progressé de 1% depuis décembre 2007, les entreprises ont tout de même retranché 3% du total de leurs effectifs dans ce secteur ou 3,3 millions d’emplois. L’absence de baisse de production combinée à des licenciements massifs aura réussi à pousser fortement à la hausse la productivité de la main-d’oeuvre dans le secteur des services. De sorte que, contrairement à l’ensemble des récessions depuis 1960, la croissance de la productivité a démarré en pleine récession plutôt qu’à sa fin.
Cela constitue bien davantage qu’un simple détail. Cette dynamique inhabituelle de la productivité, causée par des licenciements démesurés, nous laisse croire que la réaction du marché du travail face à une hausse de la production devrait être plus rapide qu’à l’accoutumée.
À partir de maintenant, il sera beaucoup plus difficile pour les entreprises américaines de pousser encore à la hausse la croissance de la productivité de leur main-d’oeuvre, car le mouvement a déjà été enclenché bien avant la fin de la récession.
Dans ce climat, une hausse de la production devrait plus aisément se traduire par des gains d’emplois. Nous avons donc de bonnes raisons de croire que les statistiques de l’emploi au sud de la frontière sont sur le point de redevenir positives.
Au-delà de l’argument de la productivité, n’oublions pas que les effets des stimulants budgétaires commencent à peine à se faire sentir au sud de la frontière. Malgré qu’au Québec, il soit difficile de circuler sans observer de nombreux chantiers, l’emploi dans le secteur de la construction ainsi que les dépenses gouvernementales n’ont pas encore solidement relevé la tête aux États-Unis.
Dans un avenir rapproché, l’économie américaine devrait bénéficier de stimulants budgétaires totalisant plusieurs centaines de milliards de dollars. L’activité économique sera toutefois déjà en reprise avant même que ces stimulants n’entrent en jeu.
Dans ce contexte, il ne faut donc pas s’étonner si l’indice phare de la Bourse américaine, le S&P 500, a rebondi de 50% par rapport au creux du marché de mars dernier. Les sceptiques de la reprise pourraient bien être confondus.






Wall Street au plus haut depuis novembre
NEW YORK — La Bourse de New York a fini hier à son plus haut niveau depuis le début du mois de novembre, agréablement surprise par les chiffres mensuels de l’emploi aux États-Unis.
L’indice Dow Jones a progressé de 113,81 points (+1,2%) à 9370,07 points, son plus haut niveau de clôture depuis le 4 novembre, et le NASDAQ, à dominante technologique, de 27,09 points (+1,4%) à 2000,25 points.
L’indice Standard & Poor’s 500, à la composition plus large, s’est adjugé de son côté 1,34% (13,40 points) à 1010,48 points.
L’indice phare de Wall Street a conclu fermement sa quatrième semaine consécutive de progression et a désormais repris près de 45% par rapport à son plus bas niveau de clôture au début du mois de mars.
Très attendues, les statistiques du chômage aux États-Unis se sont révélées « très bonnes globalement », s’est réjoui Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
L’économie américaine a aboli 247 000 emplois en juillet, soit bien moins qu’attendu par les économistes (325 000), et contre toute attente, le taux de chômage a reculé à 9,4%, contre 9,5% le mois précédent. Un tel repli n’avait plus été vu depuis avril 2008.
L’indicateur « devrait renforcer l’idée que le point bas de la récession est enfin en vue, et va peut-être être atteint à la fin de ce trimestre », a jugé Frederic Dickson, de DA Davidson. « De plus en plus d’investisseurs voient la possibilité d’une fin de récession. Même une reprise modeste devrait soutenir les profits des sociétés et l’emploi dans les 12 prochains mois. »
Pour John Wilson, de Morgan Keegan, ces chiffres « mettent du baume au coeur de ceux qui pensent que l’économie tente de tourner la page, mais rend possible une déception si les statistiques à venir ne confirment pas cette nouvelle ».
Signe particulièrement positif, selon M. Pado, l’amélioration est sensible dans le secteur qui avait le plus souffert de la crise, et qui voit ses effectifs se réduire depuis 2006: l’industrie.
Dans c e s ec t eur, l ’ avionneur Boeing a gagné 2,6 %, le chimiste DuPont 1,1 % et le fabricant d’engins de chantiers Caterpillar 1,4%.
Les analystes de Charles Schwab ont souligné que le marché avait été emmené par les secteurs de la consommation et de la finance, « tous les deux directement influencés par les perspectives de l’emploi et le bien-être du consommateur ».
Le groupe de médias et de tourisme Disney (5,2% à 26,69$US) a ainsi connu la plus forte hausse de l’indice Dow Jones. L’indice S&P des valeurs bancaires a, quant à lui, pris 3,68%.
Autre nouvelle bien accueillie, l’assureur AIG, nationalisé en septembre pour lui éviter la faillite, a annoncé avoir dégagé un bénéfice pour la première fois depuis près de deux ans. Le titre, qui s’était déjà envolé de plus de 70% entre lundi et jeudi, a bondi de 20,5% à 27,14$ US.
L’indice S&P/ TSX a pris 91,96 points pour terminer la journée à 10 885,33. Le TSX termine la semaine en progression de 98 points, ou 0,9 %, sa quatrième semaine positive consécutive.
Le secteur énergétique a perdu 0,1%, pendant que le secteur aurifère reculait de 1,7%. Le cours du baril de pétrole a cédé 1,01$US à New York, à 70,93$US. L’once d’or a perdu 3,40$US à 959,50$US.
Le secteur financier a avancé de 1,8% après avoir dégringolé de 5,6 % jeudi, quand le plus important assureur du Canada, la Financière Manuvie, a annoncé qu’elle réduisait son dividende de moitié. Le titre de la Banque CIBC a pris 2,75$, ou 4,2%, à 68,75$.




SURPRISE AUX  ÉTATS-UNIS Le chômage baisse et moins d’emplois sont abolis   - Hugues Honoré
WASHINGTON — Les pertes d’emplois ont nettement ralenti aux États-Unis en juillet et le taux de chômage a baissé contre toute attente, selon des chiffres publiés hier qui tombent à point pour un président Obama qui cherche à convaincre de la réussite de son plan de relance.
Le président Barack Obama : « Nous perdons des emplois à un rythme deux fois moindre que quand j’ai pris mes fonctions. Nous avons évité le pire au système financier. »
Les tenants de la thèse selon laquelle la récession économique est en train de s’achever ont trouvé des arguments, avec des suppressions d’emplois tombées à 247 000 sur ce mois, contre 443 000 le mois précédent, d’après les statistiques du département du Travail.
C’est mieux que ce qu’anticipaient les économistes, qui tablaient en moyenne sur 325 000 emplois abolis.
Surtout, la bonne surprise est venue du taux de chômage, descendu à 9,4% contre 9,5% le mois précédent. Ce taux n’avait pas connu de baisse depuis avril 2008.
La Maison-Blanche, qui s’attend à ce qu’il grimpe jusqu’à 10%, a prévenu qu’elle maintenait cette prévision, mais y a vu la preuve que l’économie « s’éloigne du gouffre ».
« C’est un rapport meilleur que prévu sur tous les chiffres-clés », a confirmé Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.
Si la première économie mondiale n’en est pas au stade où elle recréera des emplois, elle s’en est encore rapprochée.
Selon un membre du National Bureau of Economic Research, le comité qui date les cycles économiques aux États-Unis, il est possible que la récession ait pris fin en juillet aux États-Unis.
« Je n’ai pas eu le sentiment au cours de l’un ou l’autre des mois antérieurs que l’économie ait touché le fond, mais juillet est assurément un bon candidat », a dit Jeffrey Frankel.
« En juillet, les suppressions d’emplois ont continué dans la plupart des grands secteurs de l’économie », a précisé le département du Travail. Elles portent le total à 6,7 millions de postes perdus depuis le début de la récession en décembre 2007.
Mais, a-t-il ajouté, « la moyenne des emplois abolis chaque mois de mai à juillet ( 331 000) est environ la moitié de celle de novembre à avril (645 000) ».
L’amélioration est sensible dans le secteur qui avait le plus souffert de la crise, et qui voit ses effectifs se réduire depuis 2006, celui de l’industrie. Le nombre d’emplois a encore baissé de 128 000, après 223 000 en juin. Mais dans le secteur emblématique de l’automobile, le département du Travail fait état d’une augmentation des effectifs (+28 200).
Dans les services, 119 000 emplois ont été supprimés, après 220 000 en juin.
Plan de relance
La Maison-Blanche attribue cette amélioration relative au gigantesque plan de relance de 787 milliards de dollars promulgué en février, « remède éprouvé et fiable » selon elle.
« Nous perdons des emplois à un rythme deux fois moindre que quand j’ai pris mes fonctions. Nous avons évité le pire au système financier », a déclaré le président Barack Obama au cours d’une brève allocution dans les jardins de la Maison-Blanche.
« Nous avons non seulement sauvé notre économie de la catastrophe, mais aussi posé les nouvelles bases de la croissance », a-t-il insisté.
Mais si la conjoncture économique se dégrade beaucoup moins vite qu’il y a trois ou six mois, l’avenir reste sombre pour les 14 462 millions d’Américains au chômage.
« Pour les Américains, le test du plan de relance, c’est de savoir s’ils ont ou non un travail. Aujourd’hui, pour 247 000 Américains de plus et leurs familles, la relance a échoué », a souligné le député républicain Eric Cantor.



INDICE S& P/TSX   Au-dessus de la barre des 11 000 points

— L a Bourse de Toronto a clôturé hier au-dess us de l a barre des 11 0 0 0 points pour la première fois en 10 mois.
L’indice composite S & P/ TSX a bondi de 230,95 points, soit 2,14 %, pour clôturer à 11 018,10 points. I l a f ranchi le seuil symbolique des 11 000 points dans les derniers instants de la séance, une première depuis le 1er octobre 2008.
L’indice de référence du parquet torontois commence ainsi du bon pied le mois d’août, après avoir gagné plus de quatre pour cent en juillet.
La Bourse de Toronto était par ailleurs en mode « rattrapage » par rapport aux marchés new-yorkais, qui avaient affiché de solides hausses lundi, pendant que le TSX était fermé à l’occasion du congé civique en vigueur dans la plupart des provinces canadiennes, mais pas au Québec.
Même à 11 0 0 0 points, le S & P/ TSX est plus de 4 0 0 0 points en-deçà de son sommet de tous les temps, soit 15 154 points, atteint en juin 2008.
Le secteur des métaux de base a été le meneur sur le marché torontois hier, avec un gain de 3,7 %, stimulé par la publication de données laissant croire que les ventes imminentes de maisons américaines ont grimpé de 3,6 % en juin par rapport au mois précédent. Cela est largement supérieur aux attentes des économistes, qui voyaient une progression de 0,7 % dans leurs boules de cristal. La hausse devrait faire grimper la demande pour plusieurs métaux.
Le leader du secteur Teck Resources — la plus grande minière canadienne inscrite en Bourse — a vu son action prendre 73 cents, soit 2,6 %, à 29,08 $.
Selon Bob Tebbutt, vice-président chez Peregrine Financial Group, ce secteur répond à l’appréciation de la demande pour les nouvelles maisons et les nouveaux véhicules.
« Les métaux de base — le cuivre, l’aluminium, le zinc, le plomb et le nickel — ont atteint de nouveaux sommets lundi », a noté M. Tebbutt.
« Il y a eu un léger désinvestissement aujourd’hui, mais le secteur des métaux à Toronto r att r ape l e mouvement à la hausse de lundi qu’ont connu les marchés de Londres et de New York. »
Le cours du pétrole brut a cédé 16 cents US pour terminer la journée à 71,42 $ US le baril à la Bourse des matières premières de New York.
Cependant, le secteur torontois de l’énergie a pris trois pour cent, réagissant en fait à la hausse de 2,13 $ US enregistrée lundi par le baril.
Le secteur aurifère a gagné 2,1 %, le cours du lingot d’or ayant pris 10,90 $ US à 969,70 $ US à New York. Le secteur de la finance a avancé de 1,5 %.
Le dollar canadien a pour s a pa r t gagné 0 , 2 6 c ent US à 93,07 cents US.
L a Bourse de c r oi s s a nce TSXV a avancé de 16,41 points à 1195,98 points.
À New York, les marchés ont clôturé la séance en légère hausse, alors que des données faisaient état d’une hausse de 0,4 % des dépenses des consommateurs américains en juin.
La moyenne Dow Jones des valeurs i ndustrielles de Wall Street a gagné hier 33,63 points à 9320,19 points.
L’indice éla rgi S & P 500 a avancé de 3,02 points à 1005,65 points, tandis que l’indice composite du NASDAQ, à forte composante technologique, a pris 2,70 points à 2011,31 points.




VENTES DE MAISONS AUX ÉTATS-UNIS Les acheteurs s’affichent de plus en plus

Le nombre de contrats pour acheter des maisons existantes aux États-Unis a augmenté en juin dernier pour le cinquième mois consécutif et ce résultat s’est avéré supérieur aux prévisions des économistes. La baisse des prix et des taux hypothécaires a attiré les acheteurs.
La baisse de la valeur des propriétés engendrée par les saisies et les avantages fiscaux fait que des maisons sont désormais à la portée de premiers acheteurs.
Cette progression de 3,6 % de l ’ i ndice des conventions d’achat signées, ou de reventes de maisons existantes, faisait suite à une augmentation de 0,8 % le mois précédent, ce qui était supérieur à ce qui avait d’abord été estimé, a précisé hier à Washington la National Association of Realtors ( NAR).
La baisse de la valeur des propriétés engendrée par les saisies et les avantages fiscaux fait que des maisons sont désormais à la portée de premiers acheteurs. Et cette situation contribue à stabiliser le marché immobilier, qui a été le principal frein à la croissance économique.
Mais en même temps, étant donné que les taux hypothécaires ne baissent plus et que le chômage est encore en hausse, il faudra peut-être des mois avant qu’une reprise soutenue se manifeste dans l’immobilier.
« Le marché immobilier semble assurément être en train de trouver son élan », constate Maxwell Clarke, économiste en chef à IDEAglobal, secteur États-Unis, à New York.
Les économistes avaient prédit que l’indice progresserait de 0,7 % après un gain d’abord annoncé de 0,1 % en mai. Ce résultat correspond à la prévision médiane de 35 économistes sondés par Bloomberg.
Les reventes de maisons en instance sont considérées comme un indicateur principal parce que cette statistique porte sur des contrats signés.
Toutes les quatre grandes r égions des États-Unis ont connu une hausse des ventes en instance, le Sud présentant le meilleur résultat avec un gain de 7,1 % alors que la progression a été de 2,9 % dans l’Ouest.
« L’activité a été constamment plus vive dans le segment des maisons aux pri x plus modestes », a indiqué Lawrence Yun, économiste en chef à la NAR. Celui-ci a précisé que les premiers acheteurs doivent conclure leur transaction d’ici le 30 novembre pour obtenir un crédit d’impôt de 8000 $ US.
Pour leur part , une assoc i a t i on nationa l e de c ou r - tiers i mmobiliers déclarait la semaine dernière que les ventes de maisons existantes ont augmenté en juin, soutenant la thèse que la chute du marché immobilier – maintenant dans sa quatrième année – se terminera en 2009.
Le prix des maisons a diminué en moyenne de 15% aux ÉtatsUnis depuis un an.
En outre, les ventes de maisons neuves ont bondi de 11 % en juin, soit la plus forte hausse depuis l ’a n 2000, a f f i r mait récemment le département du Commerce, à Washington.




Washington prévoit le retour de la croissance avant la fin de l’année
Même l’ancien président de la banque centrale américaine Alan Greenspan s’est montré optimiste. Il a parlé d’une reprise « très proche », assurant qu’il était « pratiquement sûr » que l’économie américaine avait touché le fond.
— L’administration Obama a annoncé hier le retour de la croissance avant la fin de l’année, tout en prévenant qu’il faudra peut-être attendre un an de plus avant de voir reculer le chômage.
« La grande, grande probabilité, c’est que nous verrons, à l’avenir, de la croissance dans la deuxième moitié de l’année », a déclaré le conseiller économique de la Maison-Blanche Lawrence Summers, interrogé sur la chaîne de télévision NBC.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, interrogé sur la chaîne ABC, a avancé la même chose sur la base des prévisions d’économistes privés. Il a surtout précisé que l’administration compte sur une amélioration durable : « Nous pensons que cela va continuer », a-t-il dit.
« Je ne pense pas qu’on puisse voir maintenant le risque » de retomber en récession, a-t-il ajouté, rappelant qu’il s’agissait d’une crainte très répandue il y a quelques mois.
Même l’ancien président de la banque centrale américaine Alan Greenspan s’est montré optimiste. Il a parlé d’une reprise « très proche », assurant qu’il était « pratiquement sûr » que l’économie américaine avait touché le fond et que la reprise avait commencé à se faire sentir à la mi-juillet.
MM. Summers, Geithner et Greenspan ont fait hier une tournée des plateaux de télévision, participant à trois émissions au total, pour mieux i mprimer cette bonne nouvelle dans l’esprit des Américains.
« Il f aut que nous r e ndions les Américains plus optimistes quant à leur avenir » , a j ustifié M. Geithner, reconnaissant que la consommation est une donnée cruciale de l’économie américaine.
Vendredi, la Bourse a réagi avec prudence à l’annonce d’un recul du produit i ntérieur brut ( PIB) moins prononcé que prévu entre avril et juin (1 %, au lieu de -1,5 % attendu). Certains analystes s’inquiétaient de voir reculer les dépenses de consommation, premier moteur de l’activité économique (-1,2 % en rythme annuel), alors qu’elles progressaient au premier t r i mestre (+ 0,6 %).
Et le chômage, qui, comme l’a concédé M. Summers, « est plus élevé que prévu », est un frein considérable aux dépenses de consommation.
L’administration s’est donc efforcée de modérer les attentes : « La plupart des économistes privés (...) disent qu’on va voir le chômage commencer à ref luer peut-être dans la deuxième moitié de l’année », a dit M. Geithner. 
M. Summers a expliqué que le plan de relance voté par le Congrès en début d’année avait une montée en puissance très progressive, si bien que « moins de 10 % » de l’impact attendu sur l’emploi était prévu en 2009, les plus grandes retombées étant espérées en 2010.
Les prochains chiffres du chômage sont attendus en fin de semaine, et le président Barack Obama lui-même a déjà préparé les esprits à une mauvaise nouvelle. Ces chiffres « montreront probablement que nous continuons à perdre beaucoup trop d’emplois », a-t-il prévenu dès vendredi.
Néanmoins, l’administration a exprimé sa confiance dans la politique de relance : « Il nous reste beaucoup de choses à mettre en oeuvre », a dit M. Summers, qui a exclu la possibilité qu’un deuxième plan de relance soit nécessaire.
M. Geithner a de son côté lancé un appel au secteur privé pour qu’il amplifie l’effort des services publics pour créer des emplois : « Nous avons besoin que la reprise soit fondée sur la demande du privé et les dépenses du privé, que les entreprises parient sur l’économie américaine. »



RÉSULTATS PITOYABLES, RENDEMENTS ENVIABLES...  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Des profits en chute libre sur une base annuelle mais néanmoins supérieurs aux attentes des analystes boursiers. Voilà tout ce qu’il fallait pour donner un deuxième souffle aux Bourses nord-américaines, dont les rendements devraient retourner dans les deu
Jean-René Ouellet insiste : les résultats des entreprises inscrites à la Bourse de Toronto ne sont pas seulement mauvais. « Ils sont pitoyables », dit l’analyste principal du groupe conseil en portefeuilles de Valeurs mobilières Desjardins.
Aux États-Unis, 77% des 184 premières entreprises du S&P 500 ayant dévoilé leurs résultats du dernier trimestre ont surpassé les prévisions des analystes. Du jamais vu depuis le premier trimestre de 1994, alors que 74% des entreprises avaient surpassé les attentes des analystes.
Depuis un an, les profits des entreprises qui forment l’indice de la Bourse de Toronto sont en baisse de 45%, une chute accentuée par les résultats des titres du secteur pétrolier. Pour l’indice américain S&P 500, la baisse des profits est de 33% par rapport à l’an dernier. Pourtant, Valeurs mobilières Desjardins est optimiste comme jamais et prédit des hausses de 14% au S&P/ TSX et de 12% au S&P 500 d’ici à la fin de l’année.
Comment des profits en chute libre peuvent-ils pousser à un tel optimisme des analystes boursiers comme Jean-René Ouellet ? Ces mêmes profits sont plus importants que les prévisions des analystes boursiers. Aux États-Unis, 77 % des 184 premières entreprises du S&P 500 ayant dévoilé leurs résultats du dernier trimestre ont surpassé les prévisions des analystes. Du jamais vu depuis le premier trimestre de 1994, alors que 74% des entreprises avaient surpassé les attentes des analystes. « En chiffres absolus, les résultats des entreprises sont pitoyables, mais le marché s’attendait à encore pire », dit Jean-René Ouellet.
Certains stratèges apportent des bémols à ce nombre record de surprises. « La barre n’était pas très haute », dit Jack Ablin, chef des placements de Banque privée Harris, une banque du Midwest américain propriété de BMO Groupe financier.
Au Canada, 21 des 27 premières entreprises qui ont dévoilé leurs
résultats du dernier trimestre ont surpassé les attentes de Bay Street, selon une compilation de la Banque Nationale. « Une bonne partie de ces surprises reflètent des coupes dans les dépenses, que ce soit en salaires ou dans les budgets d’investissement, dit Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Banque Nationale. Maintenant, il faut que les revenus soient au rendez-vous. La croissance des revenus sera vitale pour les entreprises en Bourse durant la deuxième moitié de l’année. »
Stéfane Marion a bon espoir de voir les revenus des entreprises augmenter durant les prochains trimestres. Assez en tout cas pour assurer une croissance de 9% au TSX d’ici un an. À la fin juin, le stratège boursier en chef de la Banque Nationale avait annoncé sa cible pour le TSX à 11 600. À l’époque, il s’agissait d’un gain annuel de 17%. Au cours du dernier mois, le TSX s’est déjà apprécié de 9%.
Le ratio cours/bénéfice à la hausse
L’indice TSX se transige à 16,6 fois les profits de ses entreprises depuis le début de l’année. Sur la base des profits estimés en 2010, le ratio cours/bénéfice du TSX tomberait à 13,1, un chiffre historiquement très faible. La Banque Nationale estime que le ratio cours/ bénéfice (la valeur d’une action par rapport aux profits) du TSX passera à 16 fois ses profits au cours de la prochaine année. « Les ratios cours/bénéfice s’améliorent toujours au cours d’une reprise économique », dit le stratège Stéfane Marion.
À Va l e u r s mo b i l i è r e s Desjardins, on est encore plus optimiste : on ose avancer un ratio cours/bénéfice de 19 fois les profits du TSX. « Ça peut paraître élevé, mais le TSX a 75% de son indice qui a toutes les raisons de connaître une croissance exceptionnelle, dit Jean-René Ouellet. Les financières n’auront plus à amasser des charges exceptionnelles, et la récupération de l’économie mondiale favorisera le pétrole et les matières premières. »
Le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P 500, établi à 16,3 fois les profits de ses entreprises en 2009, risque aussi d’augmenter au cours des prochains trimestres. Si son ratio parvient à atteindre sa moyenne des cinq dernières années, le S&P 500 s’appréciera de 26%, selon l’agence financière Bloomberg. D’autres analystes sont plus prudents. La Banque Nationale et Desjardins prévoient un rendement annuel de 11 % à l’indice S&P 500, contre 12% pour BMO Groupe Financier. La Banque Scotia prévoit un rendement de 16%, mais sur un an et demi.
Les analystes ne tablent pas seulement sur une hausse du ratio cours/bénéfice des indices boursiers nord-américains. Les profits des entreprises, surtout celles de la Bourse de Toronto, riche en titres du secteur des matières premières, devraient aussi augmenter.
« C’est peut-être naïf, mais nous croyons qu’il y aura une reprise économique dans les 12 ou 18 mois et que cette reprise aura des implications importantes en Amérique du Nord, dit Paul Taylor, chef des placements de la Banque privée Harris BMO à Toronto. La reprise économique sera graduelle mais signifiera un raffermissement du prix des matières premières. »
Comme en 1982
Pour l ’a nalyste Jean-René Ouellet, le début de la reprise boursière a un air de déjà-vu. « La courbe de la reprise boursière actuelle ressemble dangereusement à celle de 1982 », dit l’analyste.
En 1982, les marchés boursiers canadiens s’étaient appréciés de 80% en un an. Cette fois-ci, Valeurs mobilières Desjardins prévoit une reprise boursière plus « modeste » : le TSX atteindrait le seuil des 12 200 points d’ici un an, une appréciation de 60% depuis le creux de 7566 points atteint le 9 mars dernier. Le TSX a déjà gagné plus de 3000 points. Reste un potentiel d’environ 1500 points, soit un rendement additionnel de 10%.

« Nous ne nous attendons pas à une reprise boursière aussi importante que celle de 1982, mais il y a de la place pour faire des gains additionnels, dit Jean-René Ouellet. Il y a encore beaucoup d’argent sur les lignes de côté. Beaucoup de gens n’ont pas réinvesti leur argent parce qu’ils se demandaient si le TSX retournerait à 7500. Or, les scénarios catastrophes semblent être écartés. Si la reprise boursière continue, elle coûtera cher à un investisseur qui reste sur les lignes de côté. »


LE GÉOLOGUE DE LA BOURSE
Jack Ablin n’est pas seulement stratège boursier. Il est aussi géologue à ses heures.
Da n s s o n pr e mier liv re – Reading Minds and Market s , publié à la mi-juin –, le chef des placements de la Banque privée Harris à Chicago compare les marchés boursiers à des plaques tectoniques : « Tentez de regarder les marchés à 30 000 pieds d’altitude. De cette perspective, vous verrez les marchés comme des plaques tectoniques qui bougent lentement. Si vous êtes capables de voir les grands changements, vous prendrez moins de décisions, mais elles seront plus solides », a-t-il dit plus tôt cette semaine au cours d’une conférence téléphonique avec des journalistes nord-américains.
Aux petits investisseurs, Jack Ablin conseille de délaisser l’étude minutieuse de leurs titres et de se concentrer davantage sur la sélection de secteurs. « Les gens passent beaucoup trop de temps à choisir leurs titres et pas assez de temps à choisir leurs secteurs », dit le chef des placements de la Banque privée Harris, une banque du Midwest américain achetée par la Banque de Montréal en 1984.
Résolument optimiste pour les 12 ou 18 prochains mois, Jack Ablin prévoit que l’indice américain S& P 500 gagnera 10% en 2009 et de 10% à 15% en 2010. Il aime aussi les perspectives de croissance de l’indice de la Bourse de Toronto. « Les marchés boursiers axés sur les matières premières comme le Canada risquent d’avoir de bons résultats au cours de la prochaine reprise économique, dit-il. Nous aimons aussi les petites capitalisations ( small caps) mondiales, qui sont actuellement 40% moins chères que les petites capitalisations américaines. »
Jack Ablin n’espère pas des vents favorables en Bourse sans raison. Premièrement, le ratio cours/ bénéfice des actions est actuellement très faible sur une base historique. Ensuite, l’économie s’améliore. Même aux ÉtatsUnis, pays des crises financière et immobilière. « Nous devrions avoir une croissance positive du PIB américain au troisième trimestre de 2009 », dit-il.
Troisièmement, les liquidités ne manquent pas sur les marchés financiers. « Quarante-trois pour cent de l’argent est placé sur les lignes de côté, dans les fonds monétaires qui rapportent entre 0,5% et 1%, dit-il. Généralement, quand cette proportion est à 25%, ça signifie le début d’une reprise boursière. »
Dernière raison, mais non la moindre : la psychologie des investisseurs, un des sujets de prédilection de Jack Ablin quand il commente l’actualité financière à la télé (CNBC) ou dans la presse écrite ( Bloomberg, Barron’s, The Wall Street Journal). « Les investisseurs viennent de passer de la panique au scepticisme, dit-il Quand ils seront moins sceptiques, ils investiront plus d’argent dans les marchés boursiers. »
D’ici là, le géologue de la Bourse continue de surveiller ses plaques tectoniques.
par Jack Ablin, Financial Times Press, juin 2009.



Nouveaux indicateurs favorables pour l’économie canadienne
OTTAWA— Le Canada semble être dans la dernière ligne droite d’une difficile récession, et la croissance qui commence à bourgeonner s’intensifiera dans la prochaine année, selon deux rapports économiques rendus publics hier.
Le Conference Board du Canada et Études économiques Scotia s’attendent à observer une croissance économique au pays en 2010, après un recul cette année en raison de la restructuration de certaines industries, de la baisse des prix des matières premières et d’une diminution des exportations. Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a récemment prédit que le trimestre d’été se solderait par une croissance de 1,3%. Mais le ministre des Finances, Jim Flaherty, a appelé à la prudence face aux affirmations trop optimistes, soulignant que le Canada continuera à perdre des emplois, même si l’on devait constater une croissance du produit intérieur brut (PIB).
Les prévisions estivales du Conference Board indiquent que l’économie du pays reculera de 1,9 % cette année, mais qu’elle rebondira l’an prochain, avec une croissance de 2,7 % causée par la reprise du secteur des matières premières et un retour à la consommation des Américains.
Les estimations de la Scotia sont semblables : un recul de 2,2 % cette année, suivi d’une croissance de 2,5% en 2010.
« D’après plusieurs indicateurs, le présent trimestre marquera vraisemblablement la fin de la récession au Canada », a déclaré Alex Koustas, économiste chez Études économiques Scotia.
Les deux rapports offrent toutefois des prévisions différentes en ce qui a trait à la croissance des provinces.
Le Conference Board croit que le Manitoba et les provinces maritimes seront les seuls à voir leur économie croître cette année. Selon le groupe, ces provinces n’ont pas été prédisposées aux fortes fluctuations qui peuvent caractériser les cycles économiques, de sorte qu’elles ont largement échappé au ralentissement. « Elles n’ont pas été touchées par l’effondrement des prix des matières premières », a noté la directrice associée des prévisions économiques provinciales, Marie-Christine Bernard.
« On remarque que la demande des consommateurs est aussi plus forte dans les provinces maritimes, comparativement aux autres provinces », ajoute-t-elle.
La Scotia, de son côté, s’attend à ce que la Saskatchewan soit la seule province à enregistrer une croissance cette année, en raison d’un rebond dans l’industrie de la potasse, après que les prix élevés eurent fait reculer les acheteurs et provoqué la chute des titres en Bourse. La production d’uranium et les prix du pétrole devraient aussi grimper.
Les deux rapports suggèrent que les économies des provinces connaîtront une croissance – ou du moins qu’elles ne diminueront pas – l’an prochain, alors que le Canada amorcera timidement une reprise.
La croissance économique ne se fera toutefois pas sans heurts. Selon le rapport du Conference Board, les dépenses des provinces pour favoriser la relance laisseront d’importants déficits aux gouvernements régionaux. L’étude prévient aussi que la vigueur du dollar canadien pourrait nuire au rebond du secteur manufacturier.


Dernier trimestre de récession aux États-Unis?  -  Hugues Honoré
« Les indices dont nous disposons montrent que l’économie est passée d’une crise profonde aux quatrième trimestre de 2008 et au premier trimestre de 2009 à une stabilisation vers le milieu de l’année. »
WASHINGTON — L’activité économique aux États-Unis devrait avoir baissé pendant la période d’avril à juin, pour le quatrième trimestre consécutif, mais les économistes se demandent déjà si la première économie mondiale ne commence pas à laisser la récession derrière elle.
Le département du Commerce doit annoncer demain ses chiffres du produit intérieur brut ( PIB) qui, selon le consensus des analystes, a reculé de 1,5% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent.
Entrée en récession en décembre 2007, l’économie américaine a continué à détruire de la richesse au deuxième trimestre. Mais, d’après les prévisions, moins qu’auparavant : les deux trimestres précédents avaient vu une chute de 6,3 % et 5,5 % de l’activité en rythme annuel.
« Ce qui est vrai, c’est que nous avons stoppé la chute », a affirmé hier le président Barack Obama lors d’une réunion publique. « Nous sommes peut-être en train d’assister au début de la fin de la récession », a-t-il même avancé.
« Les indices dont nous disposons montrent que l’économie est passée d’une crise profonde aux quatrième trimestre de 2008 et au premier trimestre de 2009 à une stabilisation vers le milieu de l ’a nnée » , expliquent les analystes du cabinet d’analyse économique Moody’s Economy. com.
Cela vaut pour les dépenses des ménages, même si elles ont souffert de la volonté des Américains de se désendetter et d’épargner, et des entreprises, même si elles restent pessimistes face à la conjoncture. Et les premiers effets du plan de relance gouvernemental commencent à se faire sentir.
Le président de la Banque de réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, percevant « le commencement d’une t i mide reprise », avait dressé ce tableau de l’activité dans un discours récent.
S’arrêtant sur chacune des composantes du PIB, il a relevé que « l ’accent est for t ement mis » sur la dépense publique, tandis que la consommation est « f lasque » et l’investissement « hésitant ». Quant au commerce extérieur, il contribue moins négativement au PIB, de manière « provisoire ».
La plupart des analystes et des décideurs économiques estiment que l’économie américaine devrait renouer avec la croissance à la fin de l’année.
« Un autre signe clair, indéniable que l’économie est en voie de guérison est l’arrivée ininterrompue de meilleures nouvelles à propos du secteur immobilier », soulignent les analystes de Wells Fargo.
« Les chiffres du deuxième t rimestre devraient poser les bases d’une croissance au second semestre, quand la consommation devrait se stabiliser et les stocks baisser moins brutalement », estime-t-on chez I HS Global Insight.
L’évolution des stocks devrait, dans l’immédiat, peser sur le chiffre du PIB. Mais à force de déstocker, les entreprises devraient se retrouver sans réserves quand l’activité redémarrera, ce qui pourrait relancer la production et redonner de la vigueur à une reprise qui s’a nnonce anémique.
D’autres économistes avertissent que les entreprises ont toutes les raisons de ne pas trop anticiper ce retour à la croissance. Pour Andrew Tilton, de Goldman Sachs, « la demande a l’air toujours faible, comparée à la période qui a immédiatement précédé les reprises précédentes », en 1991 et 2002.
Avec les statistiques du deuxième t r i mestre, le département du Commerce doit également publier une révision en profondeur des chiffres de croissance passés, du fait de changements de méthode de calcul. Ces révisions peuvent parfois remonter j usqu’à plusieurs décennies en arrière.



INFORMATIQUE  CGI croit que le pire de la crise est passé

« Nous voyons des signes que les clients reviennent et recommencent à investir. »
Le Groupe CGI, principale entreprise canadienne du domaine des technologies de l ’ information, estime que le pire de la crise est passé.
« Je ne crois pas qu’on puisse déceler une tendance à partir d’un seul trimestre, mais j ’ai l’impression, en regardant les chiffres et en parlant aux gestionnaires de comptes, que nous avons peut-être frappé le creux de la vague au cours du trimestre qui s’est terminé en mars », a déclaré le président et chef de la direction de l’entreprise montréalaise, Michael Roach, au cours de la téléconférence tenue pour commenter les résultats du troisième trimestre.
Au début de l’année 2009, CGI avait noté que les clients, paralysés par la récession et la crise financière, remettaient à plus tard des projets informatiques. Le vent semble désormais avoir tourné.
« Nous voyons des signes que les clients reviennent et recommencent à investir », a indiqué M. Roach.
Au cours de la période terminée le 30 juin, CGI a enregistré des profits nets de 76,5 millions de dollars (25 cents par action), en faible baisse par rapport aux 78 millions (24 cents par action) dégagés pendant le trimestre correspondant de l’an dernier.
Les résultats ont légèrement surpassé les attentes des analystes financiers, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 24 cents. Les investisseurs ont bien réagi : l’action a grimpé de 4,9 % hier pour clôturer à 10,70 $ à la Bourse de Toronto.
Les revenus du groupe sont restés sensiblement l e s mêmes d ’ u ne a n née à l’autre, passant de 950,5 à 950,4 millions.
Difficile au Canada
Au Canada, toutefois, le chiffre d’affaires a une fois de plus dégringolé, cette fois-ci de 10%, pour s’établir à 538,6 millions. Aux États-Unis, i l a c r û de 22,9%, à 341,6 millions, tandis qu’en Europe il a baissé de 5,3 %, à 70,2 millions. 
Les revenus de l’extérieur du Canada représentaient 43 % du total au 30 juin, comparativement à 37% un an plus tôt.
Concernant les possibilités d’acquisition, Michael Roach, PDG du Groupe CGI, a déclaré : « Nous travaillons toujours en fonction des trois mêmes critères : la bonne cible au bon prix et au bon moment. »
Pendant le trimestre, CGI a conclu de nouveaux contrats d’une valeur globale de 1,06 milliard, ce qui correspond à 111% des revenus de la période. Le ratio a atteint 186% aux États-Unis et 175% en Europe, mais à peine 55% au Canada.
Pour redresser la situation, l’entreprise espère remporter plusieurs appels d’offres actuellement en cours au pays.
CGI espère par ailleurs que la reprise n’incitera pas les entreprises à se détourner de ses services d’impartition.
« Le revers de la médaille, c’est que, lorsque les choses vont trop bien, il est très difficile d’amener des gens à la table pour conclure une entente de sous-traitance parce qu’ils se disent : si les choses vont rondement, pourquoi changer ? » a souligné Michael Roach.
« Mais j e pense que nous sommes encore loin de là, s’estil empressé d’ajouter. Les gens cherchent encore à réaligner leurs structures de coûts. Je doute qu’ils voudront retourner au modèle qui existait avant la crise. »
À la fin de juin, le carnet de commandes de CGI totalisait 11,8 milliards, soit 3,1 fois les revenus annualisés.
« Le maintien d’un fort volume de nouvelles commandes témoig ne d’u n e ngagement ( des clients) à l’égard des projets informatiques à long terme et augure bien pour le prochain exercice de CGI, alors que les nouveaux contrats commenceront à générer des revenus et des profits », a relevé l’analyste Eric Bernofsky, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note.
Au cours des neuf premiers mois de son exercice financier, CGI a remboursé une tranche de 271,2 millions de ses emprunts, de sorte que la dette nette du groupe s’établissait à tout juste 15,9 millions au 30 juin.
L’entreprise, qui peut compter sur plus de 1,6 milliard de capitaux disponibles, soit 272 millions en liquidités et 1,35 milliard au titre de la portion inutilisée de sa marge de crédit, continue d’examiner les possibilités d’acquisition.
« Nous travaillons toujours en fonction des trois mêmes critères : la bonne cible au bon prix et au bon moment », a expliqué le PDG.
CGI et ses filiales emploient quelque 26 000 personnes qui t ravaillent dans plus de 100 bureaux répartis dans 16 pays.





LA BOURSE EST ENCORE OPTIMISTE - Martin Vallières

La Bourse de Toronto a accueilli avec un enthousiasme certain les prévisions de croissance de la Banque du Canada. L’optimisme de la Banque se base notamment sur des exportations canadiennes qui devraient bien faire dans les prochains mois. Mais les perspectives sont plus mitigées pour les avions d’affaires de Bombardier.
La récession se termine au Canada, selon la banque centrale. Et aux États-Unis, les résultats trimestriels d’entreprises en vue s’annoncent moins pires que prévu par les analystes.
Bref, tout ce qu’il fallait pour injecter une autre dose d’optimisme aux Bourses nord-américaines, dont les principaux indices ont fortement rebondi hier. Et pour déjouer encore les avertissements de certains stratèges face à un risque d’emballement prématuré, les signes de faiblesse de l’économie persistant aux États-Unis et en Europe.
« Malgré le rebond de 40% des principaux indices depuis le creux de mars dernier, et des signaux tangibles d’un début de reprise économique mondiale, nous demeurons réticents à adhérer à la thèse d’un nouveau cycle haussier en Bourse », résume le stratège et analyste de marché Martin Roberge, de la firme Dundee Securities, dans un bulletin distribué hier à ses clients investisseurs.
Quelques paragraphes plus loin, il avertit d’un risque croissant de mini-correction vers la fin de l’été et au début de septembre.
« Les marchés se comportent encore cette année de la façon typique des épisodes antérieurs qui ont suivi une mauvaise année boursière, c’est-à-dire qu’ils affichent de forts rebonds au deuxième trimestre et plafonnent au troisième trimestre, avant de se replier en septembre. »
En contrepartie, à la Financière Banque Nationale, le stratège boursier et économiste Pierre Lapointe estime que l’amélioration des indicateurs économiques augure d’un renversement positif des prochains résultats d’entreprises.
Du coup, cela justifie une poursuite du rebond boursier au cours des prochains mois. Jusqu’à 9% de plus d’ici un an du côté canadien, et jusqu’à 14% de plus sur la Bourse américaine, selon ses cibles.
D’ailleurs, dans l’immédiat, les investisseurs ne semblent avoir d’attention que pour ce type de scénario optimiste. D’autant plus que nombre d’entre eux trépignent d’impatience de réinvestir les quantités massives de liquidités qui reposent encore dans des fonds du marché monétaire, dont le rendement est minable après la chute des taux d’intérêt.



C’EST REPARTI !  -  Rudy LeCours
La Banque du Canada estime que l’économie croîtra dès cet été
On sentait qu’elle s’en venait avec la relance du marché immobilier, le redressement de la confiance des ménages et des entreprises et l’augmentation des ventes au détail. Bye-bye la récession, bonjour la reprise.
« La Banque (du Canada) s’attend depuis longtemps à ce que la croissance du Canada reprenne au deuxième semestre de cette année et qu’elle s’accélère en 2010. En fait, elle devrait reprendre ce trimestre », a affirmé hier son gouverneur, Mark Carney, en présentant son nouveau scénario économique.
La Banque estime que la reprise de l’activité économique sera de 1,3 % en rythme annualisé durant l’été et de 3,0 % l’automne prochain.
Ces prévisions trimestrielles contenues dans la nouvelle mouture du Rapport sur la politique monétaire ( RPM) sont plus optimistes que celles parues en avril.
La Banque estimait alors que l’économie canadienne allait continuer de s’enfoncer dans la récession au troisième trimestre.
Pour l e deuxième t r i mest r e, la Banque maintient sa prévision de décroissance de 3,5 %, un chiffre qui paraît même un peu pessimiste, compte tenu des données publiées à ce jour. Pour l’ensemble de l’année, la taille de l’économie aura rétréci de 2,3 %.
La reprise ira bon train avec des avancées de 4,0% (en rythme annuel) aux premier et deuxième trimestres de 2010 et de 3,8 % pour les deux autres. Pour l’ensemble de 2010, la croissance est évaluée à 3,0 %. À pareil rythme, l’économie aura retrouvé sa taille d’avant la récession ( juillet 2008) dans environ un an. Cela fera du Canada une des premières économies avancées, sinon la première, à renouer à la fois avec le retour à la croissance et à l’expansion.
Le repli plus modeste qu’anticipé des dépenses des ménages et des entreprises, jumelé à une confiance accrue, justifie ces perspectives plus optimistes.
En fait, les Canadiens abandonnent leur morosité, si on se fie à l’indice de confiance du Conference Board. Il est en hausse pour le cinquième mois consécutif.
Le sondage mensuel de la firme Angus Reid sur l’humeur des Canadiens révélait hier que 59% des répondants jugeaient leur situation financière « bonne », voire « très bonne », tandis que 43% d’entre eux jugeaient de même l’économie canadienne. Il s’agit d’un bond de cinq points par rapport au coup de sonde de juin.
La vitalité du marché de la revente de maisons et la relance des mises en chantier depuis le creux d’avril témoignent de la volonté des Canadiens de profiter des conditions très favorables d’accès à la propriété. La Banque croyait en avril que la morosité ambiante allait amener des ménages à reporter leurs achats. Voilà pourquoi elle tablait sur une forte accélération de la demande intérieure en 2011 seulement.
Le devancement des décisions d’achat l’amène donc à ramener de 4,7 % sa prévision de croissance pour 2011 au rythme plus raisonnable de 3,5 %.
Conditions plus favorables
La Banque souligne d’ailleurs que les conditions financières demeurent plus favorables au Canada que dans les autres économies avancées depuis le début de la crise financière.
À preuve, les taux hypothécaires variables s’élevaient en moyenne à 2,75% la semaine dernière, comparativement à 5,35% en juillet 2007, à la veille du gel du crédit en Occident à l’origine de la récession synchronisée la plus grave depuis les années 1930.
Idem pour les taux hypothécaires affichés à cinq ans. Ils étaient de 5,85% la semaine dernière, comparativement à 7,24%, il y a deux ans. Fait à souligner cependant, ils étaient descendus jusqu’à 5,25% en avril. Leur remontée correspond à celle des taux obligataires à long terme observée depuis lors.
Les entreprises peuvent aussi se financer à meilleur compte qu’il y a deux ans: le taux des obligations corporatives à long terme est passé de 5,42% à 4,54% en deux ans. En décembre, au point culminant de la crise du crédit, les taux avaient grimpé à 6,04%.
Ces conditions favorables stimulent la demande intérieure, à commencer par celle des ménages. Les entreprises se remettront à investir un peu plus tard quand elles auront achevé leur déstockage et recommencé à vendre davantage.
Il existe un risque à la hausse et un risque à la baisse à ce scénario. Le premier viendrait d’une demande intérieure encore plus soutenue. Le second, d’un retard de la reprise des exportations.




LA REPRISE EST LÀ  -  Rudy LeCours
La Banque du Canada bonifie ses prévisions économiques
« L’adoption de politiques monétaire et budgétaire expansionnistes, l’amélioration des conditions financières, le renchérissement des produits de base et le regain de confiance des ménages stimulent la croissance de la demande intérieure. »
En r eportant hier sa ns surprise son taux directeur comme prévu à son plancher de 0, 25 %, la Banque du Canada en a profité pour bonifier ses prévisions économiques.
Le président de la Banque du Canada, Mark Carney, lors du Forum économique de Montréal en juin dernier. La Banque table maintenant sur une décroissance de 2,3 % cette année, suivie d’une reprise de 3% en 2010 et de 3,5 % en 2011.
Son nouveau scénario, dont les détails et les fondements seront connus jeudi avec la publication du Rapport sur la politique monétaire ( RPM), table maintenant sur une décroissance de 2,3 % cette année, suivie d’une reprise de 3 % en 2010 et de 3,5 % en 2011.
Dans son scénario du mois d’avril, la Banque estimait l’ampleur de la récession en cours à une décroissance de 3% cette année, mais les résultats moins mauvais que prévu au premier trimestre et une reprise hâtive l’amènent à alléger son pronostic.
« De plus en plus de signes indiquent maintenant que l’activité économique a commencé à se redresser dans de nombreux pays par suite de mesures de relance monétaire et budgétaire et des actions menées afin de stabiliser le système financier i nternational , l it-on dans le communiqué faisant part de sa décision. Toutefois, la reprise commence à peine. »
L a B a nque d o n n e a u s s i son appréciation de la situation canadienne : « L’adoption de pol i t i ques monétai r e et budgétai re expansionnistes, l’a mélioration des conditions f i nancières, l e r enchér i s sement des produits de base et le regain de confiance des ménages stimulent la croissance de la demande intérieure. »
Plusieurs économistes ont vu dans ces propos un optimisme prudent qu’ils sont prêts à partager.
« Notre banque centrale a dit que la reprise commence. Nous s ommes d’accord » , a f f i r me Sébastien Lavoie, économiste à Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
« La perspective plus lumineuse pour le reste de l’année est fondée. L’économie américaine paraît en direction d’une croissance modeste au troisième t r i mestre, c ommente Avery Shenfeld, économiste en chef à CIBC. Les ménages canadiens voient aussi davantage la vie en rose. En conséquence, nous la baisse : de 4,7 %, elle ramène l’expansion à un rythme plus soutenable de 3,5 %.
En avri l , l a Banque avait réduit le potentiel de l’économie canadienne pour l’année en cours et l’an prochain à 1,5 % et celui de 2011 à 1,9 % seulement, compte tenu de la fermeture définitive de beaucoup d’usines. Le potentiel de croissance correspond à une expansion maximale sans surchauffe.
Au rythme où elle voit maintenant la reprise, l’écart entre la production réelle et la producmodifions notre propre scénario en faveur d’un retour de la croissance au Canada dès le présent t rimestre plutôt qu’à compter du prochain. »
Surprise pour 2010
Pour 2010, la Banque crée une franche surprise. À 2,5 %, son scénario de croissance du mois d’avril était perçu comme t rès optimiste par la plupart des observateurs. Elle le porte à 3 %. Pour 2011, elle le révise à tion potentielle sera comblé dès le milieu de 2011. C’est aussi à ce moment qu’elle pense que le rythme d’inflation aura retrouvé sa cible de 2% après un plongeon en territoire négatif au cours du présent trimestre.
En principe, c’est aussi à ce moment que le taux directeur doit être revenu au taux plus neutre de 4% à 5%.
Pourtant, les autorités monétaires semblent à l’aise de répéter leur engagement à le maintenir à 0,25% jusqu’au deuxième trimestre de l’an prochain « sous réserve des perspectives concernant l’inflation ».
« Si la reprise économique est aussi forte que ce qu’anticipe la Banque, la porte pourrait progressivement s’ouvrir à un resserrement un peu plus rapide de la politique monétaire », fait valoir Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins.
« À supposer que l’économie soit revenue à son plein potentiel en juin 2011 et qu’il s’écoule 18 mois entre le moment où la politique monétaire change et celui où l’effet s’en fait sentir dans l’économie, on pourrait faire valoir que juin 2010 semble être une date bien t a r dive pour commencer à normaliser le taux de financement à un jour, suggère Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. À moins, bien sûr, de procéder à quelques hausses d’un demi-point. »
Huard
La Banque souligne cependant que l’appréciation de notre monnaie et la restructuration de certaines industries peuvent modérer le rythme de la reprise et de l’inflation.
Son commentaire sur le huard est moins inquiétant que celui du 4 juin, où elle considérait sa force d’alors comme susceptible de compromettre à elle seule le redressement économique.
« Le gros de l’appréciation du dollar canadien reflète des forces fondamentales. Une intervention ( NDLR: pour la ralentir) serait inappropriée », estiment Derek Holt et Karen Cordes, économistes à Scotia Capitaux.
La Banque ne fait enfin aucune allusion au recours possible à des mesures non traditionnelles d’allégement monétaire ou du crédit, sinon en répétant qu’elle dispose d’une « flexibilité considérable » dans la conduite de la politique monétaire.



BANQUE DU CANADA  Taux stables... et des explications  -  Rudy LeCours

La Banque du Canada n’annoncera aucun changement à sa politique monétaire demain, mais elle aura beaucoup d’explications à fournir sur l’évolution de l’économie depuis avril.
Les autorités monétaires se sont engagées le 21 avril à garder à son plancher de 0,25 % le taux cible de financement à un jour jusqu’en juin prochain « sous réserve des perspectives de l’inflation ».
Celles-ci sont un peu plus fortes que la Banque ne l’avait jaugé. Au cours des trois derniers mois, l’inf lation de référence a progressé de 1,9 % en rythme annualisé alors que la Banque avait plutôt misé sur 1,6 %. Il est plausible aussi que l’inflation garde un rythme plus rapide que les 0,9 % aux troisième et quatrième trimestres, sur lesquels la Banque a fondé sa décision de geler pendant un an son taux directeur.
Revenir sur cet engagement alors que la voie qui mène à la reprise reste remplie d’embûches serait périlleux et mal accueilli par les investisseurs.
Cela équivaudrait à donner des indices sur une stratégie de sortie de l’allègement monétaire exceptionnel présent, au moment où le gouverneur Mark Carney répète que le secteur privé n’est pas encore prêt à prendre le relais des gouvernements et des banquiers centraux pour assurer la croissance.
Il est vrai par ailleurs que l’économie donne des signes de convalescence. Le r ythme de décroissance s’essouff le tandis que les mises en chantier augmentent depuis deux mois, tout comme les prix sur le marché de la revente.
Ces signes d’amélioration rendent de moins en moins approprié le recours à la planche à billets ou à des programmes additionnels d’allègement du crédit, comme il en était encore question au printemps. Il n’y aura pas de surprise sur ce front non plus.
La Banque avait précisé le 4 juin que la rapide appréciation du huard en mai était susceptible à elle seule de tuer dans l’oeuf la reprise prochaine. Le huard avait grimpé au-delà des 92 cents US d’équivalence. Il est ensuite descendu à des altitudes plus acceptables, mais il a connu une nouvelle ascension la semaine dernière et flirte de nouveau avec les 90 cents US. À pareille hauteur, les manufacturiers exportateurs, qui subissent le gros de la récession, auront du mal à relancer leurs usines, à l’exception des constructeurs d’automobiles, pris dans une dynamique exceptionnelle. 
La récession a creusé un écart considérable entre la croissance réelle et le potentiel de l’économie canadienne.
En faisant part de ses décisions demain, la Banque donnera aussi quelques indications sur les ajustements apportés à son scénario économique, dont les détails seront dévoilés jeudi avec la nouvelle parution du Rapport sur la politique monétaire.
En avril, la Banque avait évalué la contraction de l’économie canadienne au premier trimestre à 7,3% en rythme annualisé. Elle aura été plutôt de 5,4%. À moins d’entrevoir un deuxième semestre plus sombre, elle devra donc revoir légèrement à la hausse sa prévision de -3,0% de décroissance pour 2009.
Rien ne l’empêche par ailleurs de réviser à la baisse son scénario pour 2010. Avec un rebond de 2,5 %, la Banque se montre plus optimiste que la plupart des économistes.
Pour expliquer que l’inflation restera faible jusqu’en 2011, la Banque, et bien d’autres économistes, soulignent que la récession a creusé un écart considérable entre la croissance réelle et le potentiel de l’économie canadienne.
Toutefois en avril, la Banque a aussi surpris beaucoup d’observateurs en réduisant l’évaluation qu’elle faisait du potentiel de croissance sans surchauffe. Cela signifie sans doute que l’écart est plus faible que d’aucuns l’estiment.
Voilà pourquoi un nombre grandissant d’économistes pensent que la Banque aura bien du mal à garder son taux directeur à 0,25 % pendant encore près d’un an.
Si telle est sa conclusion aussi , elle ne nous en fera pas part de sitôt pour autant. Cela aurait pour conséquence de miner sa crédibilité future, si elle devait en d’autres circonstances prendre un engagement de même nature.


La production se stabilise aux États-Unis
La production i ndustrielle a diminué moins que prévu le mois dernier aux États-Unis et un indice régional portant sur le secteur manufacturier a connu son repli le plus modeste en plus d’un an, ce qui indique que le secteur manufacturier est en voie de se stabiliser.
Ainsi, la baisse de 0,4 % de la production des usines, des mines et des services publics en juin a été la plus modeste en huit mois, ont indiqué hier des données publiées par la Réserve fédérale a méricaine ( Fed) à Washington. Par ailleurs, l’ Empire Index de la Fed de New York a grimpé à - 0,6 en juillet comparativement à -9,4 en juin. Pour sa part, le Département a méric a i n du c o mmerce a indiqué hier que les prix à la consommat i on avaient augmenté de 0,7 % le mois dernier en partie à cause des coûts de l’énergie.
Les données relatives au secteur manufacturier publiées hier ainsi que les prévisions d’Intel portant sur une hausse des ventes donnent plus de poids aux prévisions voulant que la pire récession en un demi-siècle stoppe au cours de la deuxième partie de la présente année. En même temps, les analystes prévoient une reprise limitée et peu d’inflation au moment où la part de la capacité de production des usines américaines utilisée a chuté à un creux record.
« Nous allons assister à une reprise très graduelle de la production », soutient John Silvia, économiste en chef de Wells Fargo Securities, à Charlotte, en Caroline-du-Nord, qui avait prévu correctement la baisse de la production. « Nous observons de l’incertitude quant à la vigueur de la demande, ajoute-til, les restrictions du crédit sont toujours présentes et le marché de l’emploi est faible. Les éléments fondamentaux indiquent que l’économie ne s’envolera pas subitement. »
Hier, l e s mar c hés bou r - siers étaient en hausse après qu’Intel, de Santa Clara, en Cal i f or nie, eut f a i t ét at de résultats supérieurs aux prévisions des analystes et l’indice Standard & Poor’s 500 grimpait de 2,1 % à 924,69 peu avant midi à New York.
Le marché prévoyait que la production industrielle américaine allait baisser de 0,6 % à la suite d’une diminution de 1,1 % en mai, selon la prévision médiane de 73 économistes sondés par Bloomberg News.
Le s ec t eur manufactur i er forme environ 12 % de l’économie américaine, une affaire de 14 000 milliards US.
L’utilisation de la capacité, qui mesure la proportion des usines qui tournent, a baissé à 68 % le mois dernier, soit le niveau le plus bas depuis que les données à ce sujet ont commencé à être recueillies en 1967.
L’industrie de l’auto est susceptible de profiter du projet de loi adopté par le Congrès américain le mois dernier, qui offre aux consommateurs j usqu’à 4500 $ US pour se débarrasser de leur vieux tacot pour acquérir un véhicule moins gourmand.


PRÉVISIONS DE LA FED  Croissance plus forte... mais chômage plus élevé

La Fed s’attend à ce que « la reprise des dépenses de consommation et des investissements dans le logement soit amoindrie notamment par une dégradation plus marquée du marché du travail ».
WASHINGTON — L a ba nque centrale américaine a revu en hausse ses prévisions de croissance pour les États-Unis d’ici à 2011, mais prévoit également que la poussée du chômage sera plus forte qu’elle ne le pensait en avril, selon les minutes de sa dernière réunion publiées hier.
Confirmant que la première économie mondia l e devrait recommencer à croître, mais « l entement » , au deuxième s emest r e, après quatre trimestres consécutifs de recul de son produit intérieur brut ( PIB), la Réserve fédérale ( Fed) escompte que le repli de l’activité devrait être compris entre 1,0 % et 1,5 % pour l’ensemble de 2009.
C’est beaucoup moins que ce qu’elle envisageait encore il y a trois mois, quand elle pensait que la chute du PIB pourrait atteindre 2 %.
E n 2 010 , la croissa nce devrait atteindre de 2,1 % à 3,3 % (comparativement à une estimation précédente de 2 % à 3 %), ajoute le compte rendu de l a session du Comité de politique monétaire de la Fed ( FOMC) des 23 et 24 juin.
En 2011, la croissance devrait être au moins de 3,8 % et au plus de 4,6 %, ajoute la Fed qui a revu ainsi en hausse de 0,3 point la borne basse de sa fourchette, et en baisse de 0,2 point sa borne haute.
La Fed explique la révision de ses perspectives par le fait que la baisse de la production a été « un peu moins forte » au premier semestre que ne le pensaient i nitialement les membres du FOMC.
Ceux-ci ont également noté « une nouvelle a méliorat ion de la conjoncture financière » entre avril et j uin, « des signes de stabilisation des dépenses de consommation et des indices ténus d’un rebond de l’activité dans le secteur du logement ».
Néanmoins, ajoutent les minutes, les membres du FOMC s’attendent à ce que « la reprise des dépenses de consommation et des i nvestissements dans le logement soit amoindrie par une dégradation plus marquée du marché du t r avai l , le processus de désendettement des ménages, des conditions d’obtention du crédit toujours difficiles, et une demande de logements encore faible ».
Chômage
La banque centrale avertit à ce propos que le chômage montera plus que prévu. D’ici à la fin de l’année, les sans-emploi, qui représentaient 9,5 % de la population active à la fin de juin, pourraient monter jusqu’à 10,1 %. Le t aux de chômage devrait en tout cas atteindre au minimum 9,8 %.
Il devrait encore être compris entre 9,5 % et 9,8 % en 2010 et entre 8,4 % et 8,8 % en 2011, soit beaucoup plus que l’objectif à long terme de la banque centrale (4,8 % à 5,0 %).
La Fed a par ailleurs revu en forte hausse ses prévisions d’inflation pour l’année 2009, où elle table désormais sur une hausse des prix à la consommation (indice PCE) comprise entre 1,0 % et 1,4 %.
Pour 2010, la hausse des prix devrait être comprise entre 1,2 et 1,8 %, soit là aussi plus que prévu initialement.



Le déstockage continue (mais à un rythme ralenti...)
— Les entreprises américaines ont continué de déstocker en mai, pour le neuvième mois consécutif, mais à un rythme moins rapide qu’auparavant, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce.
Les stocks des entreprises ont reculé de 1,0 % par rapport au mois précédent, après une baisse de 1,3 % en avril (chiffre revu à la hausse de 0,2 point) et en mars, indique le Ministère.
En gl i s s ement a nnuel , la baisse des stocks atteignait 8,0 % fin mai.
C’est une nouvelle plutôt encourageante pour l’économie américaine.
E n ef fet , les récessions s’achèvent généralement par une purge des stocks des entreprises, et cette étape est perçue comme un préalable indispensable à la reprise, attendue d’ici à la fin de l’année.
De plus, la variation des stocks est l’une des composantes du produit intérieur brut et un ralentissement des déstockages se traduit par un gain de croissance.
Au premier trimestre, la variation des stocks a contribué pour 2, 20 points à la contraction du PIB, qui a atteint 5,5 % en rythme annuel.
Le ralentissement des déstockages, s’il se confirme en juin, est donc de bon augure pour les chiffres de la croissance du deuxième trimestre, qui doivent être publiés le 31 juillet, et devraient faire apparaître un PIB en baisse pour le quatrième trimestre de suite, mais moins que pendant les trois mois d’hiver.
À plus long terme, plusieurs analystes estiment que la reprise, qui devrait être fragile pendant un temps, sera d’autant plus forte que les déstockages auront été i ntenses : une fois que la consommation sera vraiment rétablie, les entreprises devront alors relancer leurs forces de production mises en sommeil pour faire face à la demande.
Selon les chiffres publiés hier par le Ministère, les ventes des entreprises industrielles et des distributeurs ont ralenti leur baisse en mai, à 0,1 % par rapport au mois précédent, contre 0,3 % en avril.
En glissement annuel, la baisse des ventes atteint 17,8 %.


Embellie en vue dans la zone OCDE
— Les indicateurs composites avancés de l’OCDE pour le mois de mai montrent des signes t angibles d’amélioration des perspectives économiques dans la plupart des économies de cette zone.
« Un signal potentiel de reprise émerge en Italie et en France » avec un plancher atteint « au Canada, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Chine et en Inde », selon un communiqué de l’OCDE (Organisation de coopération et développement économique) publié vendredi.
L’indicateur composite avancé pour 29 des 30 pays de la zone OCDE a ainsi augmenté de 0,8 point en mai 2009, mais est inférieur à 7,3 points de son niveau observé en mai 2008.
Pour la zone euro, il a augmenté de 1,0 point, mais reste inférieur de 4,7 points à son niveau de mai 2008.
L’indicateur composite avancé pour la France a augmenté de 1,3 point en mai et est 0,7 point audessus de son niveau observé il y a un an. Même tendance en Italie, dont l’indicateur a augmenté de 1,7 point en mai et est 1,1 point au-dessus de son niveau observé il y a un an.
Aux États-Unis, si l’indicateur composite avancé a augmenté de 1,0 point en mai, il reste inférieur de 9,4 points à son niveau observé en mai 2008.
Pour le Royaume-Uni, il a augmenté de 0,8 point en mai 2009 mais est 2,7 points en dessous de son niveau observé il y a un an. L’indicateur composite avancé pour le Canada a augmenté de 0,9 point mais est là encore inférieur de 6,3 points au niveau enregistré un an plus tôt.
En Allemagne, il a augmenté de 0,5 point en mai mais son niveau est inférieur à celui d’il y a un an de 11,8 points.
Parmi les économies industrialisées, seul le Japon a encore montré des signes de ralentissement en mai, son indicateur composite avancé ayant encore diminué de 0,3 point. Il reste inférieur de 14,1 points à son niveau observé il y a un an.
En Chine, l’indicateur a augmenté de 1,1 point mais est 6,5 points en dessous de son niveau de mai 2008. Même tendance en Inde, avec un indicateur en hausse de 1,4 point en mai mais inférieur de 4,4 points au niveau observé il y a un an.
En Russie également, l’indicateur augmente de 0,7 point mais son niveau est 20,7 points inférieur à celui de mai 2008.
Pour le Brésil, les dernières données disponibles concernent le mois d’avril et témoignent d’un « fort ralentissement », selon l’OCDE.
L’indicateur composite avancé a diminué de 0,8 point et est inférieur de 13,7 points à son niveau d’avril 2008.



LE FMI ABANDONNE SON TON ALARMISTE  -   Rudy LeCours
Bien des indicateurs laissent penser que l’économie se stabilise, ce qui amène le FMI à augmenter sa prévision de croissance pour l’an prochain à 2,5 %.
Le Fonds monétaire international a troqué son ton ala r miste des derniers mois contre un optimisme imprégné de grande prudence. La récession mondiale a frappé plus brutalement que prévu au premier trimestre, ce qui amène l’organisme établi à Washington à porter de 1,3 % à 1,4 % son pronostic de décroissance de l’économie cette année.
Les États-Unis, épicentre de la crise actuelle, s’en tirent mieux cette année avec un recul d’activité contenu à 2,6%. Le FMI a d’ailleurs atténué sa prévision pour les États-Unis, mais aggravé celle des pays à monnaie unique.
En revanche, bien des indicateurs laissent penser que l’économie se stabilise, ce qui amène le FMI à augmenter de six dixièmes à 2,5 % sa prévision de croissance pour l’an prochain.
Toutefois « le groupe des pays avancés ne devrait pas connaître de reprise soutenue de l’activité économique avant le second semestre de 2010 », lit-on dans la Mise à jour de ses Perspectives d’avril publiée hier. Le Canada fait cependant figure d’heureuse exception dans le j et-set des nations nanties, mais éclopées par la crise actuelle.
En fait, l’économie planétaire est mue par des forces opposées en quête d’équilibre. L’effet de freinage exercé par le choc financier, la baisse prononcée du commerce mondial, l’incertitude et l’effondrement de la confiance s’estompent, mais les forces susceptibles d’activer la relance restent faibles.
Ainsi, s’il est vrai que les prix des produits de base se sont raffermis, la demande réelle ne comble pas encore les capacités de production excédentaires. Une rechute reste possible.
La récession n’a pas frappé toutes les régions avec la même ampleur et les problèmes vécus par les pays développés, émergents ou en développement ne sont pas les mêmes. Ils sortiront donc du marasme présent de manière non synchronisée.
Ainsi, pour les pays les plus riches, le recul de l’activité économique devrait atteindre 3,8 % cette année alors que la reprise timide attendue l’an prochain va limiter la croissance à 0,6 % seulement.
Du groupe, l’Italie et le Japon paraissent les plus touchés avec des reculs du produit intérieur brut ( PIB) de 5,1 % et de 6 %. Mince consolation pour le pays du Soleil-Levant, il retrouvera la croissance l’an prochain alors que la zone euro n’aura pas cette chance, à l’exception notable de la France dont le système bancaire est moins fragilisé que ceux d’Allemagne ou d’Espagne.
Les États-Unis, épicentre de la crise actuelle, s’en tirent mieux cette année avec un recul d’activité contenu à 2,6 %, alors que la zone euro encaissera une chute d’activité de 4,8 %. Le FMI a d’ailleurs atténué sa prévision pour les États-Unis, mais aggravé celle des pays à monnaie unique. « Les données relatives à l’activité ne laissent guère entrevoir de stabilisation, précise le FMI. La hausse du chômage, de même que la forte dépendance de l’économie à l’égard d’un secteur bancaire qui n’a pas encore pansé toutes ses plaies, vont freiner la consommation et l’activité. »
Les perspectives sont moins sombres pour les pays émergents d’Asie au point où le FMI augmente ses prévisions de croissance tant pour cette année que pour l’an prochain à hauteur de 5,5 % et 7,0 %. La Chine tire encore le peloton, mais l’Inde la chauffera l’an prochain.
Les deux autres pays formant le bloc BRIC n’ont pas la même veine. La Russie a été brutalement frappée par l’effondrement des cours des produits de base et du pétrole qui entraîne un amincissement forcé de 6,5 % de la taille de son économie, cette année. La convalescence sera lente puisque la croissance sera contenue à 1,5 % l’an prochain. Le Brésil s’en tire mieux avec un repli d’activité de 1,3 % cette année suivi d’un rebond de 2,5 % en 2010.
Le FMI réitère sans surprise que les perspectives d’inflation restent faibles. Il écarte toutefois les risques de déflation à cause d’une appréciation des prix des produits de base. Les programmes gouvernementaux de stimuli économiques demeurent cruciaux car ils sont responsables de la stabilisation de la décroissance.

Il faudra trouver moyen d’y mettre fin dès que la demande privée pourra prendre l e r ela i s . De grands défis attendent les élus des économies avancées aux prises avec le vieillissement de la population alors qu’ils feront face à l’endettement accru de l’État. Le FMI suggère de relever l’âge de la retraite « en cohérence avec l’espérance de vie ».




LES INTRODUCTIONS EN BOURSE DANS LE MONDE EN HAUSSE
PARIS — Les introductions en Bourse dans le monde sont reparties à la hausse au deuxième trimestre 2009, au nombre de 76, en dépit d’un marché toujours bloqué en Europe, selon deux études publiées hier.
Ce chiffre est supérieur à celui du premier trimestre (52), mais inférieur à celui du quatrième trimestre 2008 (78), a indiqué le cabinet de conseil Ernst and Young.
En valeur, les introductions en Bourse ont représenté un montant de 9,9 milliards US, un chiffre sept fois supérieur au trimestre précédent (1,4 milliard US).
L’activité reste néanmoins en chute libre par rapport au deuxième t rimestre de 2008, où 269 introductions en Bourse avaient eu lieu pour 38,2 milliards de dollars.
Les principales opérations du deuxième trimestre concernent le brésilien VisaNet ( 3,7 milliards US), l’opération la plus importante de l’année et la plus grande jamais réalisée au Brésil, Zhongwang Holdings (1,3 milliard US) et Vodafone Qatar (0,95 milliard US).
Si l’activité a frémi, elle tourne en revanche toujours au ralenti en Europe, où seulement 28 opérations ont été enregistrées au deuxième trimestre, contre 18 le trimestre précédent, relève une étude du cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers.
Le montant des fonds obtenus est en forte progression, à 456 millions d’euros ( 739 millions CAN) contre 9 millions d’euros trois mois auparavant.
Ces chiffres sont t rès loin des performances du deuxième trimestre 2008, où 133 introductions avaient permis de lever 9,171 milliards d’euros (14,9 milliards CAN).
En Europe, sept introductions en Bourse ont eu lieu en Pologne, six sur NYSE Euronext, quatre à Luxembourg et trois au RoyaumeUni tout comme en Allemagne.
L’opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext a indiqué en outre dans un communiqué publié hier avoir attiré le plus de levées de fonds aux ÉtatsUnis au premier semestre avec 11 introductions en Bourse pour 2,2 milliards US.
Cette performance le place loin devant le NASDAQ (3 introductions en Bourse).
« L’activité récente des introductions en Bourse aux États-Unis et dans d’autres pays tels que le Brésil et la Chine démontre que ce marché commence à repartir dans le monde », commente Scott R. Cutler, responsable de ces questions chez NYSE Euronext.
Dans le monde, les pays plus actifs sont la Corée du Sud, comme au premier t rimestre, avec 17 introductions en Bourse, suivie de la Chine (13) et du Canada (9).
Côté secteur, l’industrie (16) mène la danse, juste devant les matériaux (14), la finance (10) et la haute technologie (10).
« Si rien ne laisse présager pour l’instant d’une vague d’introductions marquant un regain d’activité (...), des signes indiquent que des sociétés envisagent de se préparer à une telle opération » en Europe, juge Philippe Kubisa, de chez PricewaterhouseCoopers France.
Gil Forer, responsable des introductions en Bourse chez Ernst and Young, prévient de son côté que le contexte reste délicat, les introductions en Bourse restant très dépendantes de la reprise de l’économie qui « prendra du temps et ne sera pas la même suivant les régions ».



L’embellie va-t-elle se poursuivre ?  -  Rudy LeCours
PORTEFEUILLE LA PRESSE AFFAIRES Pour familiariser ses lecteurs avec les rudiments de la pondération d’un portefeuille, La Presse a demandé en début d’année à quatre stratèges d’exposer comment ils répartiraient une mise de 50 000$ destinée à un REER, sur
Nos quatre experts ont su effacer toutes leurs pertes du premier trimestre. Après six mois, ils affichent une plus-value variant de 5,7 %% à 7,1 %.
La reprise est-elle ou non pour bientôt ? L’appréciation de la vigueur des jeunes pousses de croissance que certains experts voient çà et là détermine comment les investisseurs se positionnent sur les marchés pour l’été.
Il n’est pas acquis que l’économie soit solidement engagée sur la voie de la relance, même si le pire de cette brutale récession mondialisée est sans doute passé. « La situation présente ressemble beaucoup à celle du printemps 2008, où on parlait de décrochage », juge François Bourdon, vice-président répartition de l’actif chez Fiera Capital.
L’économie entre dans une phase où il est difficile pour l’épargnant avisé d’y voir clair.
Les rendements boursiers très élevés au printemps commandent une certaine correction.
Le S& P/ TSX, mesure étalon de la Bourse canadienne, a bondi de tout près de 20% entre le 1er avril et le 30 juin.
Le S& P 500, indice phare de l’activité new-yorkaise, a quant à lui donné un rendement de 7% dans les portefeuilles canadiens. Cela paraît bien moins bon, mais il faut tenir compte de la poussée du huard durant cette période.
Quant aux i ndices Morgan Stanley Europe-Asie ExtrêmeOrient et Marchés émergents, ils ont bondi de 16% et 24,5%, même convertis en dollars canadiens. Pareilles performances ne se répètent pas deux mois d’affilée.
En contrepartie, les rendements obligataires (1,25%) et des bons du Trésor (0,68%) ont désavantagé les investisseurs les moins hardis.
Ce n’était pas le cas de nos quatre experts, qui ont su effacer toutes leurs pertes du premier trimestre. Après six mois, ils affichent une plus-value variant de 5,7 % à 7,1 %.
Il n’est pas acquis, cependant, que l’économie soit solidement engagée sur la voie de la relance, même si le pire de cette brutale récession mondialisée est sans doute passé.
« La situation présente ressemble beaucoup à celle du printemps 2008, où on parlait de décrochage », juge François Bourdon, vice-président répartition de l’actif chez Fiera Capital.
La f i r me montréa l a i s e a a n noncé u ne r e f onte de la répartition de l ’actif de son portefeuille de référence dernièrement. M. Bourdon allègue que le niveau des cours actuels reflète son scénario de reprise. Il concentre donc ses billes dans les obligations. Il croit que la récente montée des taux s’essoufflera puisque bien des investisseurs choisiront ce véhicule pour protéger leur capital.
Pierre Lapointe, stratège de marchés et a nalyste quantit atif à la Financière Banque Nationale, n’est pas de c et avis. « Le troisième trimestre va apporter de la valeur, mais moins que le deuxième. »
M. Lapointe a vidé son encaisse et limité à 35 % son placement obligataire. Il mise avant tout sur le marché américain, où il voit se multiplier les signes de reprise.
Le secteur canadien des ressources a sous-performé à ses yeux, parce qu’on craint que la demande de produits de base soit en partie financière, un euphémisme pour dire spéculative. Il mise enfin peu sur les actions internationales, en bonne partie à cause des difficultés des banques européennes.
Le directeur du groupe c onseil en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins, Luc Girard, s’en tient à son plan de match du début d’année: la protection nécessaire du capital cet hiver cède progressivement le pas à une ouverture vers les marchés boursiers. De 55% de titres à revenu fixe au premier trimestre, on est rendus à 45%, avec pour cible 40% cet automne. « Il y a beaucoup d’argent qui dort sur les lignes de côté. En octobre, le niveau d’encaisse représentait 47% de la capitalisation boursière. À la mi-juin, il en restait 36%. »
À son avis, les investisseurs vont revenir sur les marchés boursiers après la correction que nous vivons. « Les actions cycliques et financières vont reprendre en premier et ça favorise les actions canadiennes », plaide-t-il. Voilà pourquoi il place 27,5 % de ses billes à Toronto.
Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux, partage aussi cette analyse. Bien qu’il conserve une pondération plus forte sur le marché américain, il augmente légèrement le poids des actions canadiennes dans son portefeuille au détriment de l’encaisse.
« L’économie canadienne intérieure va mieux. Le Canada est bien placé pour profiter de la relance des pays émergents et on sera aux premières loges de la reprise américaine qui va débuter dès le présent trimestre. »
M. Delisle prévient qu’il ne faut pas s’étonner de relents négatifs de la récession, en particulier sur le marché de l’emploi.
Il n’entrevoit pas cependant de rendements mirobolants au cours du présent trimestre car les marchés doivent digérer leur printemps avant de s’envoler à nouveau. « Les données devront confirmer les attentes », résume-t-il.




FUSIONS ET ACQUISITIONS
Signes de vie sur le marché
 Les fusions et acquisitions pourraient montrer des signes de rétablissement d’un creux de six ans, grâce à un dégel du crédit, alors que des chefs d’entreprise comme Mick Davis de Xstrata plc recommencent à conclure des transactions.
Des ventes d’obligations records et la hausse de 40% de l’indice Standard& Poor’s 500 depuis un creux de 12 ans en mars permettent d’entrevoir avec optimisme le financement des transactions. Mais toute reprise demeure fragile, disent les banquiers.
« Du financement est maint enant disponible pour l es acheteurs. Mais la volatilité des Bourses n’est pas positive », a dit Rob Kindler, chef des fusions et acquisitions mondiales chez Morgan Stanley, premier conseiller en valeurs depuis le début de l’année.
Les entreprises ont annoncé 773 milliards US en rachats dans les six premiers mois, la plus lente période de fusions depuis 2003, d’après les chiffres de Bloomberg. L’offre de 40 milliards US de Xstrata pour l’entreprise minière Anglo American plc et des rachats par des entreprises telles que Cisco Systems pourraient faire partie des transactions de la deuxième moitié de l’année.
Le S& P 500 a fluctué de plus de 3% à 23 reprises cette année. C’est la troisième période la plus volatile dans l’histoire de l’indice après 1932 et 1933, a dit Howard Silverblatt, analyste en chef de l’indice S& P.
Retour de la confiance
Le Goldman Sachs Group et JPMorgan Chase ont été les deuxième et troisième conseillers en valeurs cette année. Goldman Sachs, Citigroup et Merrill Lynch avaient été les principaux conseillers en valeurs sur la même période l’an dernier.
Les fusions et acquisitions ont diminué de 42% aux États Unis, de 58% en Europe et d’environ 50% en Asie dans les six premiers mois, selon les chiffres de Bloomberg. Les rachats par des entreprises américaines ont totalisé 350 milliards, par rapport à 260 milliards pour l’Europe.
BlackRock, la société de gestion de New York, a acheté ce mois-ci la division de gestion des actifs de Barclays plc pour 13,5 milliards. China Petrochemical a acheté la semaine dernière l’explorateur suisse Addax Petroleum 7,2 milliards, afin d’exploiter les réserves de pétrole du Kurdistan irakien et de l’Afrique.
« Dans la seconde partie de 2009 et en 2010, le nombre de secteurs actifs augmentera », a dit Jeff Stute, cochef des fusions nord-américaines chez JPMorgan Chase.
Le secteur des technos pourrait être mûr pour des rachats. Cisco, qui a fait plus de 130 achats depuis 1995 et a 34 milliards en liquidités, sera « agressif » dans ses acquisitions, a dit son PDG John Chambers le 7 mai.
Les sociétés américaines ayant une cote élevée de solvabilité ont vendu 667 milliards d’obligations cette année, 23% plus qu’au cours de la même période en 2008, selon les chiffres de Bloomberg. « Le financement a toujours été la queue du marché des fusions et acquisitions. Aujourd’hui, cependant, il est clair que c’est la queue qui remue le chien », a dit Bruce Evans, de la Deutsche Bank AG.





La conjoncture américaine s’améliore
— L’économie américaine semble avoir passé le plus fort de la crise, comme en témoignent les chiffres définitifs du produit intérieur brut ( PIB) pour le premier trimestre publiés hier, mais nombre d’indicateurs attestent encore de sa fragilité.
Le cas de la consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie américaine, qui assure en temps normal les deux tiers environ de la croissance économique des États-Unis, est exemplaire. Après s’être effondrée au second semestre de 2008, elle a finalement apporté 0,95 point de croissance au pays au premier trimestre, soit sa plus forte contribution depuis l’été 2007.
Selon les chiffres définitifs du ministère du Commerce, le PIB des États-Unis a chuté de 5,5 % en rythme annuel au premier trimestre, une amélioration après le plongeon de l’activité au trimestre précédent (-6,3 %).
Malgré tout, les trois mois d’hiver ont marqué le troisième t rimestre consécutif de recul de l’activité aux États-Unis, et tout indique que ce recul est en train de se prolonger pendant le trimestre en cours, à un rythme toutefois moins rapide.
La banque centrale a reconnu mercredi que « le r ythme de contraction de l’économie ralentissait » mais a prévenu aussi que l’activité devrait rester « faible pendant un temps » encore.
En conséquence, la Réserve fédérale ( Fed) a maintenu son taux directeur quasiment à zéro et a indiqué qu’il y avait peu de raisons de penser qu’elle puisse le remonter avant longtemps.
Appui de la Fed
Hier, la Fed en a rajouté en prolongeant de trois mois jusqu’au 1er février quatre programmes exceptionnels de soutien au crédit et à la liquidité mis en place pour faire face à la crise.
« La conjoncture des marchés financiers s’est améliorée ces mois-ci, mais, dans de nombreux domaines, le fonctionnement des marchés reste altéré, et il semble probable que ceux-ci restent tendus pendant quelque temps encore », a indiqué la banque centrale pour justifier ces décisions.
La Fed attend que l’économie américaine renoue avec la croissance d’ici à la fin de l’année, mais a prévenu que celle-ci serait « lente », fragile, et très exposée en cas de nouveau choc.
Si nombre d ’ i nd i c a t e u r s récents ont montré un début de stabilisation de l’économie, il n’y a pas véritablement de signe d’amélioration notable.
Le cas de la consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie américaine, qui assure en temps normal les deux tiers environ de la croissance économique des États-Unis, est exemplaire. Après s’être effondrée au second semestre de 2008, elle a finalement apporté 0,95 point de croissance au pays au premier trimestre, soit sa plus forte contribution depuis l’été 2007, marqué par l’explosion de la bulle des crédits immobiliers à risque, à l’origine de la crise actuelle.
Mais elle évolue en dents de scie depuis le mois de mars, et les analystes s’attendent qu’elle contribue à faire baisser le PIB au cours du trimestre en cours.
S’il offre des signes de stabilisation lui aussi, le secteur de l’immobilier, dont la reprise est jugée comme capitale pour permettre à la croissance de s’installer durablement, montre aussi une évolution assez aléatoire, comme en témoigne la baisse inattendue des ventes de logements neufs en mai, annoncée mardi par le département du Commerce. En décrépitude depuis plus de deux ans, l’industrie a ralenti sa baisse, mais ne parvient toujours pas à remonter la pente. L’activité dans les services, qui emploient près de 85% de la main-d’oeuvre non-agricole du pays, s’est encore contractée en mai.
Le c hômage, quant à l ui , continue de progresser et devrait atteindre de l’avis général 10 % d’ici à la fin de l’année.
Néanmoins, un nombre croissant d’analystes estime que la reprise pourrait désormais arriver dès le troisième trimestre.
De ce point de vue, la reprise des commandes de biens durables en mai est venu apporter une bonne nouvelle sur le front de l’investissement des entreprises, dont la chute sans égale depuis plus d’un demi-siècle a été le premier facteur de baisse du produit i ntérieur brut au premier trimestre.



L’OCDE cesse de broyer du noir Prévisions en hausse pour le Canada, les États-Unis et la Chine
« Des conditions récessionnistes devraient persister jusqu’au troisième trimestre, avec seulement une lente reprise par la suite », selon la mise à jour de la Banque du Canada publiée hier.
Pour la première fois en deux ans, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) croit voir enfin la lumière au bout du tunnel dans lequel s’est enfoncée l’économie mondiale l’an dernier. La reprise ne sera cependant pas synchronisée comme l’aura été la récession.
La Banque du Canada (et son gouverneur, Mark Carney – notre photo), qui se montrait plus optimiste que l’OCDE pour l’an prochain, publiera une mise à jour de son scénario économique le 23 juillet prochain.
L’organisation basée à Paris révise ainsi légèrement à la hausse ses perspectives économiques, en particulier pour le Canada et ses principaux partenaires économiques : les États-Unis et la Chine.
Pour l’année en cours, la contraction de l’économie canadienne est ramenée de 3,0% à 2,7%, tandis que la faible croissance de l’an prochain est portée de 0,3% à 0,7%.
Son scénario de mars, qui représentait alors les perspectives les plus sombres pour l’économie canadienne, avait par la suite été repris par la Banque du Canada en avril. Notre banque centrale, qui se montrait plus optimiste que l’OCDE pour l’an prochain, publiera une mise à jour de son scénario économique le 23 juillet.
« Des conditions récessionnistes devraient persister jusqu’au troisième trimestre, avec seulement une lente reprise par la suite, lit-on dans la mise à jour publiée hier. Le chômage continuera probablement à augmenter jusqu’au début de 2010 et les pressions inflationnistes devraient rester modérées. »
L’OCDE rappelle que les États-Unis vivent le creux de leur pire récession de l’après-guerre. La décroissance prévue cette année est tout de même ramenée de 4% à 2,8%, alors que la croissance de l’an prochain s’établira à 0,9%. Bien que faible, c’est beaucoup mieux que la stagnation envisagée en mars.
Hier, les données sur les commandes de biens durables en mai semblaient donner du crédit à cette thèse. Les commandes ont bondi pour le deuxième mois d’affilée, signe que les entreprises se remettent à stocker en vue de la relance de leurs ventes. Toutefois, le rythme des nouvelles commandes n’a pas suivi. En Chine, la reprise est déjà en cours et devrait atteindre 7,7% (comparativement à 6,3% prévu en mars), alors que le rythme solide d’avant récession aux environs de 10% sera ré-atteint dès l’an prochain.
La zone euro pa ra ît en revanche toujours amochée. L’OCDE prédit un amincissement de 4,8% de la taille de l’économie des 16 cette année, suivie d’une stagnation l’an prochain. L’organisme qui compte 30 pays membres ainsi que la zone euro, mais dont ne font pas partie les quatre grandes économies émergentes ( Brésil, Russie, Inde et Chine, BRIC), estime que les États-Unis et le quartet du BRIC agiront à titre de locomotives de la reprise.
« Il apparaît que la reprise ne sera pas simultanée dans tous les pays, en raison notamment de l’ampleur variable des plans de relance et des problèmes de bilan à corriger », estime Jorgen Elmeskov, chef du département des affaires économiques par intérim de l’OCDE.
Voilà pourquoi l’organisme prévient que la récession en cours aura des séquelles durables et parfois graves sur le plan social.
L’OCDE se fait ainsi l’écho de la Banque mondiale qui mettait en garde l’Occident contre la montée de désordres sociaux dans certains pays très frappés comme ceux d’Europe de l’Est.




Le pire de la récession paraît passé - RUDY LE COURS
On savait que la récession avait frappé fort l’hiver dernier. On sait désormais que le Canada s’en est mieux tiré que la plupart des pays du G7 et que la croissance sera sans doute de retour au plus tard l’automne prochain.
Le commerce extérieur s’est effondré durant le premier trimestre au Canada avec une chute de 30,4% du volume des exportations.
Le recul du produit intérieur brut ( PIB) réel de 5,4% en rythme annualisé entre janvier et mars était le plus grave depuis 1991, a annoncé hier Statistique Canada. Les observateurs s’attendaient pourtant à pire encore. Ainsi, la Banque du Canada avait misé sur une chute de 7,3% de l’activité économique durant l’hiver, tandis que la prévision médiane des économistes tablait sur un repli de 6,6%.
Au bout du compte, seule la France aura été moins frappée que nous parmi les membres du G7
a relative résil ience des consommateurs et le solde du commerce extérieur auront fait la différence.
Les dépenses de consommation ont reculé de 1,6% seulement, même si le revenu réel disponible qui mesure le pouvoir d’achat a diminué de 3,0% au premier trimestre et de 6,2% en un an. Bref, les Canadiens n’ont pas jugé à propos d’épargner davantage, comme le font les ménages américains.
Le commerce extérieur s’est effondré durant le trimestre avec une chute de 30,4% du volume des exportations. Celui des importations a toutefois plongé davantage avec pour résultat que le solde a contribué positivement à la variation du PIB. « Nous pensons cependant que la baisse du commerce de marchandises est pénible pour l’économie canadienne » , note Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Pendant 10 ans, les échanges internationaux équivalaient à environ 80% de la taille de l’économie. C’était ramené à 70% au premier trimestre.
Cela affecte les profits des entreprises, amputés de 24% de janvier à mars, après une saignée du même ordre durant l’automne.
Voilà pourquoi elles ont réduit de 35% leurs achats de machines et d’équipement et déstocké à hauteur de près de 6 milliards de dollars. Le ratio des stocks aux ventes est cependant passé de 68 à 71 jours, signe indéniable que le chiffre d’affaires de maintes entreprises s’est effondré à la faveur aussi d’un recul des prix des produits de base. « Comme une reprise de la demande, intérieure et étrangère, est prévue dans la deuxième moitié de 2009, il faudra bientôt reconstituer ces stocks, note Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Une croissance positive s’annonce. »
Les dépenses des gouvernements étaient en hausse de 1,2% seulement, soit moitié moins que durant l’automne. Manifestement, les programmes d’infrastructures ne se sont pas mis en branle durant l’hiver. Leurs bienfaits ont commencé à se faire sentir au printemps avec l’ouverture de nombreux chantiers susceptibles de contenir les pertes d’emplois encore à venir dans le secteur manufacturier et de stimuler l’achat d’équipement et de biens industriels.
En dollars d’aujourd’hui (PIB nominal), la contraction de l’économie est beaucoup plus importante que si on la mesure en volume (PIB réel) : 11,5% l’hiver dernier après 14,4% l’automne dernier. On saisit mieux ainsi l’impact de la récession sur les finances publiques.
Selon toute vraisemblance, la récession se poursuit ce printemps, mais avec moins de brutalité que durant l’hiver. La remontée des prix des produits de base présage aussi de meilleurs chiffres du PIB nominal.
Quand on mesure la taille de l’économie en additionnant simplement la production par industrie sans tenir compte du commerce international ni des variations de stocks, on obtient un repli d’un peu plus de 6%.
Si on examine la production sur une base mensuelle, on constate que c’est en novembre (-0,7%), décembre (-1,0%) et janvier (-0,6%) que les replis ont été les plus importants. En février et mars, les reculs ont été contenus à 0,1% et 0,3%. Le point de retournement n’est pas atteint, mais il semble qu’on s’approche du fond, bien que la récession frappe inégalement selon les secteurs et les provinces. On sera peu étonné dès lors de constater que seulement 27% des 228 répondants d’un sondage Léger Marketing mené auprès des membres de l’Association des économistes québécois craignent que la situation ne se détériore au cours des six prochains mois, tandis que 47% s’attendent plutôt à ce qu’elle se maintienne, voire qu’elle s’améliore (24%).

Les Bourses stimulées par les nouvelles américaines
avancé de 16,47 points, à 1140,55 points.
Aux États-Unis, plusieurs indicateurs sont ressortis supérieurs aux attentes, notamment l’indice ISM mesurant l’activité dans l’industrie aux États-Unis, remonté à 42,8 points. Et celui mesurant les nouvelles commandes s’est hissé au-dessus de 50, reflétant une progression pour la première fois depuis novembre 2007, le mois précédant l’entrée du pays en récession.
Sur le front toujours sensible de l’immobilier, les dépenses de construction aux États-Unis ont augmenté de 0,8% en avril, alors que les analystes tablaient sur une baisse.
Les dépenses de consommation des ménages ont par ailleurs connu en avril une légère baisse, de 0,1%, mais moins marquée qu’attendu, et les revenus disponibles des ménages ont connu leur plus forte progression depuis mai 2008.
Le cours du baril de pétrole brut s’est approché du plateau des 70$US. Il a augmenté de 2,27$US afin d’atteindre 68,58$ US à la Bourse des matières premières de New York.
Le dollar canadien a gagné 0,06 cent US, à 91,66 cents US, après que Statistique Canada eut indiqué que le produit intérieur brut (PIB) réel avait reculé au taux annualisé de 5,4% au premier trimestre. Les experts s’attendaient à un recul de 6,5%.
« (Cette prévision) remonte à il y a quelques mois, lorsque les gens étaient inquiets de voir l’économie sombrer dans la Grande Dépression, deuxième partie », a noté Avery Shenfeld, économiste en chef chez Marchés mondiaux CIBC.
« Et bien que nous soyons toujours en récession, les marchés sont prêts à passer par-dessus cela. »
À la Bourse de New York, la moyenne DowJones des 30 valeurs industrielles a pris 211,11 points, à 8721,44 points, tandis que l’indice du NASDAQ s’envolait de 54,35 points, à 1828,68 points. L’indice élargi S& P 500 a gagné 23,73 points, à 942,87 points.
Le plan de restructuration de General Motors prévoit que le gouvernement américain prendra une participation de 60% dans la nouvelle entreprise. Le gouvernement canadien devrait hériter d’une participation de 11,7%, tandis que les Travailleurs unis de l’automobile repartiraient avec une part de 17,5% et que les détenteurs d’obligations non garanties recevraient 10%.
L’action du constructeur automobile, qui avait plongé dans l’anticipation de cette restructuration, sera retirée de la moyenne Dow Jones des 30 valeurs industrielles, tout comme celle de la banque Citigroup. GM et Citi seront remplacées la semaine prochaine par Travelers Cos. et Cisco Systems.
Le secteur de l’énergie du parquet torontois a grimpé de 4,6%, stimulé par le cours du baril de pétrole brut. Dans ce groupe, l’action d’EnCana a gagné 2,85$, à 62,85$, tandis que celle de Suncor a avancé de 1,75$, à 40$.
Le secteur torontois des métaux de base a progressé de près de 7%, celui des finances a lui aussi poursuivi son ascension. L’action de la Banque Scotia a pris 1,05$, à 39,23$, tandis que celle de la Banque de Montréal s’est améliorée de 1,15$, à 44,95$.


Les ventes des manufacturiers se stabilisent -  Rudy le Cours
RUDY LE COURS Les ventes des manufacturiers étaient à peu près stables en avril, ayant reculé d’un brin envaleur, mais avancé faiblement en volume.
À hauteur de 41,01 milliards de dollars, elles affichaient un repli de 0,1% indiquait hier Statistique Canada, bien que 16 des 21 industries du secteur manufacturier ont encaissé des reculs. Le sursaut des ventes de matériel de transport aura permis de contenir la faiblesse de la majorité des industries.
Le rebond de l’aéronautique aura été salutaire pour le Québec, dont les ventes ont bondi de 4,7%, la plus forte hausse au pays. La valeur des livraisons est passée de quelque 720 millions à plus de 1,3 milliard. Ce rebond annule complètement la faible performance de mars. Les ventes du secteur demeurent toutefois très volatiles d’un mois à l’autre.
À l’échelle canadienne, le gain de 0,4 % des ventes exprimées en volume a surpris les experts, compte tenu de la faiblesse des exportations durant le mois. Le chiffre signifie que la production manufacturière aura contribué pour une rare fois à la croissance.
Toutefois, il n’y a pas de quoi pavoiser. La valeur des nouvelles commandes a plongé de 10,8%, à hauteur de 37,3 milliards seulement. Il s’agit du niveau le plus faible depuis août... 1998.
« La tendance des ventes des manufacturiers reste à la baisse, prévient Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. En outre, l’essentiel des gains dans l’industrie de l’automobile pourrait être effacé en mai par la fermeture temporaire des usines d’assemblage de Chrysler. »
Cela affectera à coup sûr la production, mais pas forcément les ventes de véhicules neufs.
L’agence fédérale nous a aussi appris hier qu’elles n’avaient pas varié de mars à avril à l’échelle canadienne, bien qu’elles aient reculé au Québec et en Ontario. En outre, les données préliminaires indiquent un gain de 1,0% d’avril à mai.
Faute de produire, les entreprises, tant dans l’automobile que dans plusieurs autres industries, poursuivent leur déstockage amorcé en novembre. Du sommet de 68,3 milliards enregistré en octobre, la valeur des stocks s’élevait à 64,8 milliards en avril. Le rapport des ventes aux stocks se situe à 1,58. Cela signifie que les entreprises ont plus d’un mois et demi de production en stocks, un ratio très élevé. En période d’expansion, le niveau se situe plutôt près de 1,25.
« En plus d’être aux prises avec des stocks élevés, les manufacturiers doivent composer avec une monnaie qui se renforce, note Diana Petramala, économiste chez Banque TD Groupe financier. Cela va diminuer la demande extérieure de biens canadiens et amener la demande intérieure à s’orienter vers les biens importés. »
TD, comme quelques autres institutions financières, est d’avis que la parité entre les dollars canadien et américain sera rétablie avant la fin de l’année.


Immobilier : La situation se stabilise aux États-Unis
WASHINGTON— Lesmisesenchantiers et les permis de construire délivrésauxÉtats-Unis sesont reprisen mai, témoignant de la stabilisation du secteur du logement, par lequel la crise est arrivée, mais dont la reprise s’annonce laborieuse.
Le nombre de mises en chantier a progressé de 17,2% par rapport à avril aux États-Unis. En rythme annuel, cela représente 532 000 constructions démarrées.
Selon les chiffres publiés hier par le ministère du Commerce à Washington, le nombre de permis de construire des logements a augmenté en mai de 4,0% par rapport à avril (données corrigées des variations saisonnières) pour s’établir à 518 000 en rythme annuel.
Le nombre de mises en chantier s’est repris lui aussi. Il a progressé de 17,2% par rapport à avril. En rythme annuel, cela représente 532 000 constructions démarrées.
Ces deux indicateurs avaient touché en avril leur plus bas niveau depuis leur première publication il y a un demi-siècle. Leur hausse de mai était attendue, mais a surpris les analystes par son ampleur.
Ils restent malgré tout en forte baisse sur un an (de 47,0% pour les permis, et de 45,2% pour les mises en chantier).
Les analystes relèvent deux « bonnes nouvelles » dans le rapport du ministère du Commerce.
D’abord, le nombre de permis de maisons individuelles, chiffre qui retient généralement l’attention des marchés parce qu’elles sont un produit stratégique dans le secteur, a confirmé sa reprise
Le nombre de permis de construire donne une idée de la tendance à venir du marché de la construction, en décrépitude depuis deux ans. Son rétablissement est jugé indispensable pour permettre une croissance durable après la reprise attendue d’ici à la fin de l’année. entamée le mois précédent. Il a augmenté de 7,9% après 5,0% en avril.
Lente guérison
Témoignant d’une amélioration déjà en cours, la deuxième nouvelle encourageante est la hausse des mises en chantier de maisons individuelles (+7,5%) pour le troisième mois de suite.
« Le marché de la construction des maisons individuelles est en voie de guérison », estime Patrick Newport, économiste de l’institut IHS Global Insight, pour qui le point bas du cycle a été passé. Néanmoins, avertit-il, « la guérison sera lente et prendra deux ou trois ans ».
Le niveau élevé des stocks de logements restant à écouler « signifie que toute reprise de la construction sera très faible pendant un long moment, mais au moins, le pire est passé », note IanShepherdson, du cabinet HFE. La mauvaise nouvelle du rapport est la chute continuelle du nombre de permis d’immeubles délivrés, qui a encore reculé de 8,3% en mai, après s’être effondré de 20,5% le mois précédent.
Relevant elle aussi le niveau élevé des stocks de logements invendus, dont l’écoulement prendrait plus de 10 mois au rythme de la demande actuelle, Elsa Dargent, économiste de Natixis, ne prévoit pas de reprise forte du marché de la construction à court terme.
« La récente hausse des taux d’emprunts hypothécaires pourrait ralentir le processus » de rétablissement, estime-t-elle.
Les taux d’emprunts immobiliers ont effectivement fortement progressé dans le sillage de la remontée des taux des obligations du Trésor américain à long terme observée depuis deux mois, et le taux de référence (30 ans à taux fixe) est désormais à son plus haut depuis fin novembre.
Cette hausse pèse d’ailleurs sur le moral des constructeurs de logements, qui a perdu un point en juin, après une embellie courte et toute relative de deux mois, selon l’étude mensuelle de l’Association des constructeurs de logements (NAHB) et de la banque Wells Fargo publiée lundi.



La crise financière est finie, estime la Banque Royale
La crise financière est terminée et les marchés de crédit sont guéris, estime Gordon Nixon, président du conseil et PDG de la Banque Royale du Canada.
« Je crois que la crise financière est finie, si l’on définit cela comme une crise », a soutenu hier M. Nixon, 52 ans, qui s’adressait à des reporters dans le cadre de la Conférence du Forum économique international des Amériques, à Montréal.
M. Nixon faisait ainsi écho aux commentaires de Jeffrey Immelt, le PDG de General Electric Co., qui soulignait dans un discours prononcé également à Montréal mercredi que les marchés de capitaux américains s’étaient en grande partie rétablis.
Toutefois, M. Nixon croit qu’il en va autrement de la crise économique.
« L’économie a encore un bon bout de chemin à faire, a-t-il dit. Il y a des signes d’amélioration, mais ça demeure encore un environnement économique très difficile. »
La situation économique décourage aussi les acquisitions aux États-Unis, selon le patron de la plus grosse banque canadienne.
« Il y a un mythe voulant qu’il existe aux États-Unis de très nombreuses occasions d’acquisitions, a déclaré M. Nixon. Mais cela ne s’est pas produit. »
« La grande incertitude » entourant l’économie pose un problème pour les acheteurs et entraîne un manque de vendeurs d’actifs bancaires américains, d’après M. Nixon, qui a ajouté: « Je ne crois pas qu’il y aura beaucoup d’activité à court terme. »
La semaine dernière, la Banque Royale a éliminé « un petit nombre » de postes de direction, y compris quatre de présidents de marchés, dans le cadre de la réorganisation de sa division bancaire américaine. Scott Custer, le PDG de cette division appelée RBC Bank, a transmis aux employés une note exposant les détails de la réorganisation sur 18 mois pour se préparer à la reprise économique.
« Étant donné la vigueur de nos autres activités au sein de l’organisation, nous croyons qu’il y aura beaucoup d’occasions de déployer du capital sur le marché américain lorsque les choses commenceront à se stabiliser », a dit M. Nixon.
La division bancaire internationale de services aux consommateurs de la Banque Royale, qui comprend RBC Bank, a subi une perte de 1,13 milliard au cours du deuxième trimestre après avoir inscrit une dévaluation d’actif de 1 milliard. La division internationale, qui compte 441 succursales dans le sud-est des États-Unis, a connu quatre pertes trimestrielles de suite.
« Le marché s’est avéré très difficile, a reconnu M. Nixon. Notre division bancaire de détail, commerciale et axée sur les petites entreprises, dont le siège se trouve à Raleigh, en Carolinedu-Nord, a été au coeur de la tempête aux États-Unis. »

 

La récession sera de courte durée
La récession qui sévit au Canada et qui est vraisemblablement la plus profonde depuis la Grande Dépression, pourrait être aussi la plus courte qu’ait connue le pays.
La hausse des ventes de maisons et de voitures, les gains inattendus dans les secteurs de l’emploi et des permis de bâtir, des conditions de crédit plus faciles et l’augmentation des prix des matières premières signalent que le ralentissement économique observé au Canada pourrait toucher à sa fin. Huit des onze économistes sondés par Bloomberg ce mois-ci prédisent que l’économie renouera avec la croissance au prochain trimestre.
« On n’a pas l’impression que c’est tout à fait fini, mais les gens respirent un peu mieux », indique Russ Girling, président de la division des pipelines de TransCanada Corp., plus importante compagnie de pipelines au pays, qui a connu une augmentation de 12% de ses revenus au premier trimestre.
Toutes les cinq grandes récessions que le Canada a connues après la Deuxième Guerre mondiale, sauf une, ont duré au moins un an. La plus brève, celle de 1957, a duré neuf mois, selon Philip Cross, qui surveille les cycles économiques du pays pour Statistique Canada.
L’économie canadienne a subi un recul de 3,4% au quatrième trimestre de 2008 et la baisse du premier trimestre pourrait avoir atteint 7,3%, ce qui serait la pire dégringolade de tous les temps, estime la Banque du Canada. Cette dernière s’attend à une baisse de l’activité économique de 3% pour toute l’année 2009, ce qui serait la baisse la plus importante depuis 1933.
Aux États-Unis, la récession a commencé en décembre 2007, d’après le National Bureau of Economic Research, qui est l’arbitre américain en matière de cycles économiques. Statistique Canada, qui définit une grande récession comme étant marquée par une baisse de l’emploi et de la production de plus d’un an, n’a pas encore déterminé quand la récession a commencé au pays, dit M. Cross. Pour sa part, la Banque du Canada a indiqué que le pays était entré en récession au cours du quatrième trimestre de l’an dernier.
Si le Canada a pâti de la baisse de la demande américaine de ses exportations, les banques du pays ont en général été épargnées par les pertes sur crédit. Aucun argent public n’a été fourni à l’une ou l’autre des 21 banques canadiennes depuis que le crédit mondial s’est resserré en août 2007. De son côté, le gouvernement américain surveille des investissements d’environ 200 milliards US dans les banques par le truchement du programme Troubled Asset Relief Program, une initiative financée par les deniers publics.
Le marché de l’habitation au Canada s’est tiré beaucoup mieux d’affaire que celui des États-Unis, où les prix ont chuté de 18,6% en février dernier par rapport à un an plus tôt, selon l’indice S& P/Case-Shiller portant sur 20 grandes villes américaines. Les prix moyens des maisons déjà existantes ont baissé de moins de la moitié de ce pourcentage au Canada au cours de la même période, précise l’Association canadienne de l’immeuble.
L’indice composite boursier canadien Standard& Poor’s/ TSX a bondi de 50% (en dollars américains) depuis son creux du 9 mars dernier comparativement à un gain de 34% réalisé par l’indice américain Standard& Poor’s 50 0 au cours de la même période.


Les dirigeants financiers prédisent une reprise pour le début de 2010
— Une étude menée ce printemps auprès de plus de 200 hauts dirigeants financiers canadiens suggère que le ralentissement économique n’est pas aussi grave que certains le croient.
L’étude, réalisée par la Fondation de recherche des dirigeants financiers canadiens ( FRDFC), l’institut de recherche de l’organisme DFI Canada (Dirigeants financiers internationaux du Canada), et parrainée par la firme Ernst& Young, indique qu’une majorité d’entreprises pourront faire croître sinon maintenir leurs revenus en 2009. Les résultats indiquent également que les entreprises de toutes les régions du Canada ont intensifié leurs efforts pour mieux gérer leur trésorerie, avec 75% des répondants mentionnant qu’ils sont maintenant plus axés sur la gestion de leur trésorerie qu’à la même période l’an passé. Cela est le cas pour près de 80% des entreprises privées et de 71% des sociétés ouvertes.
Les répondants de l ’ét ude ont déclaré avoir une vision globale positive quant à la possibilité d’une reprise économique rapide. Les entreprises de fabrication, qui ont été frappées les plus durement ces derniers mois, démontraient le plus d’optimisme à l’idée d’une reprise pour 2010.
DFI Canada est une association de plus de 2000 membres composée de hauts dirigeants professionnels de tous les secteurs d’activité, auxquels elle fournit entre autres des occasions de perfectionnement professionnel et des services liés à la défense de leurs intérêts.



La confiance des exportateurs canadiens remonte
— Le pessimisme s’estompe chez les exportateurs, suggère l’enquête semestrielle sur l’indice de confiance commerciale d’Exportation et développement Canada (EDC) dont les résultats ont été rendus publics hier.
L’indice global d’EDC pour son enquête du printemps a bondi à 68,5, après un plancher record inhabituellement bas de 61 au cours des six derniers mois. Les résultats du printemps interrompent en outre une glissade qui s’est étalée sur trois périodes débutant à l’automne 2007, chaque baisse successive ayant établi un nouveau creux record.
L’enquête a sondé les attitudes des exportateurs canadiens à l’égard de cinq variables, soit les débouchés internationaux, les ventes à l’exportation, les ventes nationales, et les conjonctures économiques nationale et mondiale.
La hausse de confiance observée est la plus importante enregistrée dans le cadre de cette enquête au cours de la période postérieure au 11 septembre 2001.
Le bond de l’ICC (indice de confiance commerciale) global découle principalement du sentiment que la conjoncture économique mondiale et nationale s’améliorera. Environ un quart des répondants prévoient une amélioration des perspectives à court terme, une hausse considérable en regard de l’enquête précédente. La variation de la proportion de répondants s’attendant à une détérioration de la conjoncture est encore plus marquée. Alors qu’ils formaient une majorité claire selon l’enquête précédente, les pessimistes se sont faits plus rares, pour ne plus représenter qu’environ le quart des répondants.
Les exportateurs sont toutefois résolument moins optimistes quant à la demande, suggère l’enquête, soulignant que leurs prévisions à l’égard des ventes nationales et internationales restent modestes et essentiellement i nchangées depuis l’automne 2008. Le comportement à prévoir du dollar demeure l’indicateur le plus volatil de l’enquête.
L’enquête a été menée pour EDC par Opinion Search à la fin du mois d’avril et au début du mois de mai. Au total, un millier d’entreprises canadiennes ont participé, et l’ICC a été calculé sur un total de 858 répondants.
La marge d’er r eur est de 3,1 points de poucentage, 19 fois sur 20.




Le marché mondial de l’automobile poursuit sa reprise
Poussé par les pays émergents, le marché mondial de l’automobile a poursuivi sa reprise en avril avec des volumes de vente égalisant les sommets enregistrés avant la crise financière et économique mondiale, indique une étude de la Banque Scotia publiée hier.
Les ventes de véhicules ont atteint « des sommets » en Chine, en Inde et au Brésil en avril, avec 10,3 millions d’unités vendues, selon une étude de la Banque Scotia.
Les ventes de véhicules ont atteint « des sommets » en Chine, en Inde et au Brésil en avril, avec 10,3 millions d’unités vendues, selon le rapport de cette banque canadienne.
« Ce chiffre se compare favorablement à celui du mois de mars, 9,5 millions d’unités, ainsi qu’au sommet atteint avant la crise, en mai 2008, soit 9,4 millions d’unités », a déclaré dans un communiqué Carlos Gomes, économiste et spécialiste du secteur de l’automobile chez Scotia.
À l’échelle internationale la vente de voitures neuves a connu une légère progression et « il y a matière à optimismedans toute l’industrie », a indiqué à l’AFP M. Gomes.
Cette hausse ne concerne cependant pas les importants marchés européens et américains.
Selon le rapport, 9,3 millions de véhicules ont été vendus en avril aux États-Unis, contre 9,5 millions en moyenne mensuelle depuis le début de l’année.
Ce ralentissement des ventes a débuté à la mi-avril et s’explique vraisemblablement par « l’incertitude grandissante qui paralyse le secteur et par l’inquiétude suscitée par l’éclosion de grippe » porcine, souligne la banque canadienne.
En Europe de l’Ouest et en Russie, les ventes ont reculé respectivement de 12% et de 32% par rapport à l’année dernière, dit M. Gomes, qui note toutefois une progression en avril dans le vieux continent par rapport au premier trimestre de l’année.
Au Canada, les ventes de voitures sont restées stables en avril avec un rythme de vente de 1,42 million de véhicules, pour le deuxième mois consécutif. Ce chiffre est supérieur au 1,34 million du premier trimestre.
La Banque Scot ia remarque que « quatre constructeurs ( Kia, Huyndai, Suburu et Audi) ont même mentionné des ventes mensuelles records, ce qui semble indiquer que la confiance revient sur le marché canadien ».
 
Inflation : le débat lève plus que les prix...
— Les débats passionnés aux États-Unis sur l’éventualité d’une forte reprise de l’inflation paraissent tout à fait déconnectés de l’évolution actuelle des indices de prix, restés très sages en mai.
Une masse monétaire qui augmente rapidement, une politique de la Réserve fédérale plus expansionniste que jamais, des investissements au plus bas dans le secteur pétrolier: certains économistes jugent que l’inflation est en germe.
« Quelle inflation? » leur répondent les analystes d’Aurel ETC Polla: « Les indicateurs disponibles sur l’économie réelle ne militent pas pour un rebond rapide » des prix.
« Ces trois derniers mois, l’inflation a été globalement nulle », confirme l’économiste Joel Naroff. Là où ils augmentent, les prix le doivent à des facteurs comme la hausse des cours du pétrole, alimentée elle-même en bonne partie par... la crainte de l’inflation, ou la hausse des taxes sur le tabac.
« La seule chose dont il faut avoir peur, c’est la peur elle-même », expliquait vendredi Andrew Tilton, de Goldman Sachs. « Le seul endroit où des pressions inflationnistes sont prouvées aux États-Unis aujourd’hui, ou dans un avenir prévisible, c’est dans les matières premières », d’après lui.
L’indice des prix à la consommation en mai, publié hier par le département du Travail, a conforté son analyse.
Non seulement les prix n’ont progressé que de 0,1% sur un mois, mais sur un an, ils sont en chute de 1,3%, ce qui n’était plus arrivé depuis 1950.
La hausse des prix doit beaucoup à celle de l’essence (+3,1%), alors que les prix de l’alimentation baissent (-0,2%) pour le troisième mois consécutif.
Hors énergie et alimentation, l’indice dit de base et beaucoup moins dépendant de la volatilité des marchés, les prix ont également avancé de 0,1% sur un mois, et affichent une hausse, très raisonnable, de 1,8% sur un an.
M. Naroff voit dans ces prix sages le signe que « la récession continue et peu d’entreprises ont le pouvoir d’imposer des hausses de prix ».
Les indices « avancés » de l’inflation restent aussi très modérés.




PRIX DES RESSOURCES NATURELLES Plus forte reprise en 35 ans

Les prix des produits de base ont enregistré leur plus forte reprise mensuelle en près de 35 ans, grâce notamment à l’énergie, au moment où la baisse du dollar américain stimule la demande de matières premières à titre de protection contre l’inflation.
Le prix du pétrole brut pourrait avoir connu en mai sa plus forte progression mensuelle en une décennie.
En mai, l’indice Reuters/Jefferies CRB, qui regroupe les prix de 19 éléments des secteurs de l’énergie, des métaux et de l’agriculture, a bondi de 16%, sa plus forte hausse mensuelle depuis juillet 1974. De son côté, le dollar américain risque de subir sa pire dégringolade depuis août dernier par rapport à un panier de six grandes devises.
Les signes de redressement de l’économie mondiale stimulent depuis un certain temps la demande de carburant, des métaux industries et de produits agricoles. Le prix du pétrole brut pourrait avoir connu en mai sa plus forte progression mensuelle en une décennie. Les prix de l’essence ont grimpé de plus de 30% ce moisci. Hausse des prix aussi du côté de l’or et de l’argent, tandis que ceux du maïs et du soya ont atteint un sommet depuis septembre dernier.
« La croyance voulant que l’économie mondiale ne sombre plus dans un trou noir a ramené beaucoup d’investisseurs sur le marché », constate Peter Sorrentino, qui participe à la gestion d’actifs de 13,8 milliards US chez Huntington Asset Management, à Cincinnati. « Il faut aussi considérer la menace d’inflation et cela signifie que les gens souhaitent avoir des actifs sûrs », ajoute-t-il.
Vendredi, l’indice CRB a progressé de 3,3% à New York, poursuivant sa progression vers un sommet depuis novembre dernier. Pour sa part, le dollar américain se dirigeait vers sa troisième baisse mensuelle de suite par rapport à un panier de devises, en raison notamment de la demande d’actifs présentant de meilleurs rendements.
Les investisseurs sont en quête d’un « refuge pour se protéger du dollar plus faible », soutient Stephen Platt, un analyste du secteur des produits de base chez Archer Financial Services Inc. « Ce redressement est viable, étant donné les perspectives touchant le dollar américain, et l’on s’attend à ce que ce dernier faiblisse comme d’autres devises de pays industrialisés. »
L’économie mondiale montre des signes de reprise par rapport à la pire récession depuis la Dépression des années 30 après que les gouvernements et les banques centrales eurent abaissé les taux d’intérêt à près de zéro et consacré plus de 13 mille milliards US en mesures de sauvetage et en programmes de stimulants.
Le mois dernier, la confiance des consommateurs américains a crû à son plus niveau depuis septembre dernier, signe de plus que la récession se fait moins virulente. La production industrielle au Japon en avril a connu son plus grand bond en 56 ans et l’essor économique en Inde a été plus important au premier trimestre que ce que les économistes avaient prévu.
Vendredi, les contrats à terme sur le pétrole brut ont grimpé de 1,23$US, ou de 1,9%, à 66,31$US le baril à NewYork et les prix ont bondi de 29% le mois dernier, la plus forte progression depuis mars 1999.



Est-ce la fin du cauchemar? -  Claude Picher
D’une façon ou de l’autre, comme t r ava i l l eu r s , consommateurs, contribuables, investisseurs, entrepreneurs, retraités, propriétaires, nous avons tous été touchés par la pire crise économique et financière à survenir depuis la Grande Dépression des années 30.
Dans ces conditions, il n’est pas surprenant de se demander quand on verra enfin la lumière au bout du tunnel. La réponse n’est pas facile: cette crise est sans précédent.
Pourtant, certaines lueurs d’espoir commencent à poindre à l’horizon.
Uniquement dans la journée d’hier, nous avons eu droit à trois signaux encourageants.
D’abord, l’indice de confiance des consommateurs. Chaque mois, le Conference Board effectue un sondage auprès de 2000 consommateurs canadiens. On leur demande notamment de dire comment ils entrevoient leur situation financière dans les prochains mois, quelle est leur perception à court terme du marché du travail, et s’ils considèrent que le moment est bien choisi pour faire un achat important, comme une maison ou une voiture.
Les réponses sont reportées sur un indice (dont la valeur a été établie à 100 en 2002). Quand l’indice monte, c’est bon signe : la confiance des consommateurs augmente, et cela a des chances de se traduire par une hausse des dépenses dans un proche avenir.
 
Que les optimistes soient maintenant deux fois plus nombreux que les pessimistes ne peut que constituer une excellente nouvelle. Le Conference Board n’hésite pas à conclure: « Les consommateurs voient enfin la lumière au bout du tunnel. »
Ce n’est pas rien quand on sait que les dépenses des consommateurs, à elles seules, font rouler les deux tiers de l’économie.
Comme on s’en doute, l’indice de confiance du Conference Board a connu une chute spectaculaire l’an dernier: de 96 points en janvier 2008, il est tombé à 68 points l’automne dernier, au plus violent de la crise. La bonne nouvelle, c’est qu’il remonte lentement mais sûrement depuis le début de 2009. Hier, on a annoncé une hausse de 0,7 point. Ce n’est pas très fort, mais il faut savoir que c’est la quatrième hausse mensuelle consécutive. L’indice se situe maintenant à 82 points, encore loin de son niveau de janvier 2008, mais en très claire amélioration par rapport à son creux de l’an dernier : en fait, il a déjà repris la moitié du terrain perdu.
L’enquête nous apprend aussi que 52% des répondants n’entrevoient aucun changement dans leur situation financière. Chez les autres, 27% s’attendent à une amélioration, comparativement à 13% qui entrevoient une détérioration. C’est le plus bas niveau de pessimisme depuis avril 2008, donc avant la crise. Que les optimistes soient maintenant deux fois plus nombreux que les pessimistes ne peut que constituer une excellente nouvelle. Le mieux c’est), permis de bâtir (un indicateur avancé fiable), taux hypothécaires ( plus ils grimpent, plus cela risque de ralentir les transactions) et marché de la revente (excellent baromètre de l’activité immobilière et de la rénovation). Lorsque l’indice est en hausse, c’est une bonne nouvelle : on considère que l’indice permet de prévoir, avec trois à six dégâts quand même. Ouf, c’est peut-être fini. L’augmentation soutenue de l’indice « laisse présager que le ralentissement du secteur résidentiel au Québec tire à sa fin », observent les spécialistes de Desjardins.
Enf in, également hier, le quotidien torontois Globe& Mail publiait les résultats d’une intéressante enquête montrant que Conference Board n’hésite pas à conclure : « Les consommateurs voient enfin la lumière au bout du tunnel. »
Deuxième signal encourageant : l’indice de l’habitation Desjardins. Les économistes du Mouvement Desjardins ont mis au point un indice qui tient compte de quatre composantes : mises en chantier (plus il en a, mois d’avance, le comportement du marché résidentiel.
Or, hier, Desjardins annonçait que son indice a connu une hausse appréciable de 5,5 % en mai. Mieux : il s’agit du cinquième mois consécutif de croissance. Certes, la crise n’a pas ravagé le marché immobilier québécois avec autant de brutalité qu’ailleurs, mais il y a eu des l’optimisme a maintenant gagné les milieux d’affaires. Il s’agit d’un revirement spectaculaire par rapport à février dernier.
L’enquête a été menée auprès de 157 hauts dirigeants de grandes entreprises canadiennes. Lorsqu’on leur demande leurs prévisions sur le comportement de l’économie canadienne au cours des 12 prochains mois, plus de la moitié des répondants, 55%, s’attendent à une amélioration, comparativement à 45% qui entrevoient une détérioration. En février, il y a à peine quatre mois, les optimistes ne comptaient que pour 11%, et les pessimistes pour 89%.
Bonnes nouvelles aussi sur le front de l’emploi : 37% des employeurs prévoient embaucher du personnel au cours de la prochaine année, 50% ne prévoient aucune mise à pied, seulement 13% envisagent des réductions de personnel.
Enfin, 26% des dirigeants d’entreprise pensent que l’économie renouera avec la croissance d’ici six mois. En février, seulement 5% des répondants pensaient la même chose.
Il serait hautement imprudent de conclure de tout cela que l’économie canadienne est sortie du bois. Mais après un automne déprimant, un hiver morose et un printemps en dents de scie, ces signaux encourageants ne peuvent être que les bienvenus.


Économie : Des signes encourageants -  Yvan Loubier
Les bonnes nouvelles économiques ne manquent pas depuis quelques semaines
Peu d’analystes osent prévoi r l e moment où la récession prendra fin. Car en matière de prévisions économiques, face à une récession presque « atypique », c’est peutêtre une des premières fois que nous sommes confrontés à une obscurité aussi profonde. Au surplus, les prévisions de croissance du PIB et les perspectives économiques générales changent du tout au tout, en quelques semaines à peine, avec des écarts qui sont souvent irréconciliables. Par exemple, en moins de trois mois, la Banque du Canada a repoussé d’un an la reprise de l’économie canadienne et a réduit ses perspectives de croissance pour 2010 de plus de 30 %. Des perspectives qui demeurent encore deux fois plus optimistes que celles du FMI et de Desjardins.
Un travailleur chinois scelle manuellement des thermomètres cliniques dans une usine de Ningbo, à l’est du pays. Contre toute attente, la production manufacturière de la Chine – qui pourrait créer une surprise à titre de moteur de la reprise mondiale – a augmenté de 10% le mois dernier.
Comment s ’ y ret rouver ? Comment éva luer où nous en sommes dans ce cycle peu commun où trône un environnement de confusion ? Il faut se rabattre sur des indicateurs réels qui , sans nous donner un portrait clair et infaillible, peuvent exprimer une certaine tendance.
Une des clés de la reprise demeure l a relance de la confiance des agents économiques. Or, à cet égard, les nouvel les encourageantes et mesurées ne manquent pas depuis quelques semaines.
Depuis la mi-mars, en dépit des prévisions pessimistes et même catastrophiques de certaines institutions respectables, la grande majorité des indices boursiers mondiaux en Amérique, en Europe et en Asie ont connu de belles embellies et dépassent maintenant leurs niveaux d’il y a cinq mois. D’un naturel sensible aux mauvaises nouvelles, le marché boursier y semble aujourd’hui hermétique. Si, en regard de l’histoire, nous savons que le comportement du marché boursier devance de six mois l’allure de la conjoncture économique réelle, il y a des perspectives positives à tirer de cette tendance.
Le moteur chinois
La production industrielle a légèrement remonté aux ÉtatsUnis et en Europe en mars et les indices des acheteurs, établis à partir de données d’enquêtes sur les perspectives économiques auprès de milliers d’entreprises manufacturières et de services, sont en hausse partout. L’indice composite européen mensuel (le PMI), par exemple, progresse constamment et s’établit maintenant à 40,5 pour l’ensemble des pays européens. Il faut que cet indice dépasse le niveau 50 pour entrer dans une ère d’expansion économique et il s’en rapproche progressivement, mais sûrement. Ce seuil de 50 est maintenant dépassé par la Chine (avec 52,4), ce pays émergent qui a également vu, contre toute attente, sa production manufacturière remonter de 10% le mois dernier. La Chine pourrait d’ailleurs créer des surprises à titre de moteur majeur de la reprise mondiale.
Le secteur immobilier connaît également son vent de fraîcheur au Canada, où on a enregistré une reprise depuis trois mois et une croissance spectaculaire le mois dernier, et même aux États-Unis, là où il s’était totalement effondré. Enfin, contre toute attente, le Canada a créé 36 000 nouveaux emplois en avril et même si les États-Unis en ont perdu 539 000, c’est la perte la plus faible des six derniers mois.
Bref, si la récession nous a pris par surprise, son évolution semble être présidée par le même déterminant. La récession n’est certes pas terminée et nous aurons droit encore à de mauvaises nouvelles pendant quelques mois, avant que ne se pointe réellement un début solide de reprise. Mais elles seront de moins en moins mauvaises et les quelques signes actuels de stabilisation de la conjoncture économique mondiale sont très encourageants. L’hémorragie semble arrêtée, il faut souhaiter que le patient se rétablisse rapidement.


Un mois après les « tests de résistance »  Les banques ont fait l’essentiel du chemin

— Un mois après la publication des résultats des « tests de résistance » effectués par les pouvoirs publics, les grandes banques américaines ont parcouru la quasi-totalité du chemin exigé et plusieurs devraient être autorisées la semaine prochaine à rembourser l’aide de l’État.
« La Réserve fédérale annoncera la semaine prochaine une liste de banques suffisamment solides et en mesure d’accorder des prêts, de telle sorte qu’elles peuvent rembourser » l’argent reçu, a indiqué jeudi le président de la Banque centrale américain, Ben Bernanke, devant une commission du Congrès.
Selon le marché, la banque d’affaires Goldman Sachs, la banque universelle JPMorgan Chase et l’émetteur de carte de crédit American Express devraient compter parmi les premières autorisées à rembourser les milliards avancés par l’État – et donc à se défaire de la lourde tutelle qui a accompagné cette aide.
Il y a un mois, ces trois établissements comptaient parmi les neuf (sur un total de 19) jugés suffisamment capitalisés pour résister à une aggravation de la crise. Les deux derniers, qui n’avaient pas jusqu’ici augmenté leur capital, viennent en plus de faire la preuve de leur capacité à lever des fonds.
À en croire le quotidien économique Financial Times, c’est à la demande expresse de l’État que ces augmentations de capital ont été réalisées cette semaine, à hauteur de 5 milliards de dollars pour JPMorgan, de 500 millions de dollars pour American Express, sans besoin urgent apparent.
M. Bernanke a évité de nommer les premières banques autorisées à rembourser, mais il a souligné que les prêts de l’État allaient se révéler un bon investissement pour le contribuable. « Je crois que le recouvrement sera excellent », avait-il alors déclaré.
Plusieurs petites banques locales ont déjà repayé le Trésor, mais le remboursement de banques majeures marquerait un tournant dans l’évolution de la crise. Reste à savoir si les établissements incapables de trouver les fonds nécessaires pourraient être pénalisés par les marchés.
« Il n’y a pas de difficulté en vue à cause de cela », a estimé Gregori Volokhine, analyste chez Meeschaert New York, pour qui « le marché n’a plus la peur d’une faillite de banque ».
« On avait déjà craint une réaction négative des marchés à la publication des résultats des tests de résistance, et elle n’a pas eu lieu », a souligné chez Standard and Poor’s Scott Prinzen, responsable de l’évaluation des institutions financières.
Les tests ont montré que « même en cas d’aggravation de la crise, ce serait gérable pour les banques », et le succès des augmentations de capital exigées par les pouvoirs publics depuis un mois illustre la confiance du marché, a-t-il ajouté.
Citibank et Bank of America ont reçu chacune 45 milliards de dollars du contribuable et le régulateur ne semble guère disposé à les laisser ponctionner des fonds propres encore très fragiles pour rembourser.
Bank of America a pourtant trouvé à une vitesse record 33 des 33,9 milliards requis à l’issue des tests de résistance et claironne sa volonté de rembourser d’ici la fin de l’année.
Wells Fargo, qui a levé 8,6 milliards de dollars, compte sur ses bénéfices futurs pour arriver au chiffre de 13,7 milliards de dollars identifié par l’audit gouvernemental.
La situation est bien plus délicate pour GMAC, ancienne filiale financière du constructeur automobile General Motors, pour laquelle les besoins en capitaux ont été chiffrés à 11,5 milliards de dollars.
Après avoir accepté une participation de 34,5% de l’État, GMAC a annoncé cette semaine un appel au marché de 4,5 milliards de dollars, mais avec garantie publique, ce qui ne correspond pas aux critères exigés par les régulateurs.



CAPITAUX ÉTRANGERS  : Les États-Unis de nouveau attrayants

— Les États-Unis attirent de nouveau les capitaux étrangers, après deux mois de fuite, selon les chiffres officiels publiés hier, qui attestent d’un goût retrouvé des investisseurs chinois pour les obligations du Trésor américain.
La balance des capitaux américains est repassée dans le vert en mars, avec un solde positif de 23,2 milliards de dollars, succédant au déficit de 91,1 milliards relevé en février et à celui, record, de 143,5 milliards de janvier, a indiqué le département du Trésor dans son état des lieux mensuel.
Ce rétablissement est rassurant pour l’économie américaine qui a un besoin de financement immense, émanant essentiellement de l’État, qui porte l’activité à bout de bras en cette période de crise.
Après la promulgation du plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars sur trois ans en février, mars a été marqué par un pic d’émissions de titres du Trésor: la dette publique a augmenté de 250 milliards en 31 jours !
Il est donc essentiel pour les États-Unis d’attirer de nouveau les capitaux. En avril, la dette publique a encore enflé de plus de 110 milliards de dollars, et la tendance n’est pas près de s’arrêter.
Les investisseurs chinois, privés ou publics, qui sont les premiers détenteurs de titres du Trésor américain, ont augmenté leurs achats nets d’obligations du Trésor pour la première fois depuis octobre.
Qu’ils soient de Hong-Kong ou de Chine continentale, ils en détenaient pour 846,8 milliards fin mars, soit 26,3 milliards de plus que le mois précédent.
Si elle résulte sans doute pour beaucoup de la hausse des émissions du Trésor en mars, cette intensification des achats chinois est de nature à apporter un certain réconfort à Washington après les inquiétudes manifestées récemment par Pékin sur la sécurité de ses placements aux États-Unis.
Signe encourageant également pour l’économie américaine, l’excédent de la balance des capitaux à long terme a augmenté bien plus que prévu en mars pour s’établir à 55,8 milliards de dollars, contre 22 milliards en février.
Les analystes attendaient un excédent de 35 milliards de dollars.
En janvier, ce solde avait présenté un déficit de 36,8 milliards de dollars, témoignant d’une fuite des capitaux investis à long terme dans le pays.
Les achats d’actions d’entreprises américaines par des investisseurs étrangers ( pour 13,1 milliards de dollars, contre des ventes nettes de 5,2 milliards le mois précédent) ont fortement contribué à l’amélioration du solde de mars, à côté des achats de bons du Trésor.
Les chiffres du ministère « confortent notre opinion selon laquelle le retour à l’équilibre est en cours. Il est réconfortant que les marchés financiers semblent se stabiliser », note Tu Packard, économiste de Moody’s Economy.com.
Néanmoins, fait-il remarquer, les achats de titres du Trésor se taillent la « part du lion » dans les flux de capitaux en provenance de l’étranger, ce qui « laisse penser que les investisseurs étrangers sont toujours méfiants vis-à-vis des marchés et qu’ils veulent s’en tenir aux actifs financiers sûrs ».
Fin mars, le quinté des plus gros détenteurs de titres du Trésor était le même que le mois précédent, Chine et Japon conservant les deux premières places devant la Russie et la Grande-Bretagne, qui ont chacune gagné une place au détriment du Brésil, désormais cinquième.

La Réserve fédérale entrevoit une reprise cette année
— La Réserve fédérale américaine (Fed) a indiqué hier qu’elle attendait toujours une reprise de l’économie américaine au second semestre, mais a estimé que le produit intérieur brut (PIB) du pays devrait chuter plus que ce qu’elle avait annoncé en février.
Le PIB de la première économie mondiale devrait chuter de 1,3 à 2,0% au total en 2009, avant de croître de 2,0 à 3,0% en 2010 et de 3,5 à 4,8% en 2011, selon les perspectives économiques des membres du Comité de politique monétaire de la Fed ( FOMC) accompagnant les minutes de la dernière réunion de cette instance, en avril.
En février, la banque centrale tablait sur un recul du PIB de 0,5% à 1,3% en 2009, avant une reprise de 2,5$ à 3,3% en 2010, et une croissance de 3,5% à 4,8% en 2011.
Les membres du FOMC ont noté des signes de ralentissement de la récession depuis avril, après trois trimestres de recul du PIB, et ils attendent une reprise de l’économie au second semestre, indique la banque centrale américaine.
Reprise... lente
Les nouvelles prévisions de la Fed sont conformes au diagnostic formulé au début du mois par son président, Ben Bernanke. Celui-ci avait annoncé une reprise avant la fin de l’année, mais avait prévenu qu’elle serait lente et que le chômage allait continuer de monter.
Le FOMC apporte des précisions chiffrées à ce pronostic. Selon ses membres, le taux de chômage, actuellement de 8,9%, au plus haut depuis 25 ans, pourrait atteindre jusqu’à 9,6% en 2009 et encore 8,5% en 2011, soit bien plus que l’objectif de long terme de la Fed, compris entre 4,8% et 5,0%.
Concernant l’inflation, la Fed estime que celle-ci devrait être comprise entre 0,6% et 0,9% cette année. Néanmoins, du fait de la mollesse de l’activité, celleci pourrait n’être encore que de 0,9% à 1,7% en 2011, soit audessous de l’objectif à long terme de ses dirigeants (1,7% à 2,0%).
D’une manière générale, « la plupart » des membres du FOMC estiment que l’économie ne devrait pas être conforme à ses objectifs de croissance, de chômage et d’inflation à long terme avant cinq ou six ans.

Bourse : deux mois de pur bonheur
FONDS COMMUNS DE PLACEMENT
Les investisseurs filent le parfait bonheur. Depuis le creux du 9 mars dernier, la Bourse a explosé d’environ 30% au Canada et aux États-Unis. Cela se reflète dans les résultats de fonds communs de placement.
Par exemple, les détenteurs de fonds d’actions canadiennes ont gagné 7,4% en avril, après un bond de 7,9% en mars. En deux mois, ils se sont enrichis de 16%. Quant aux porteurs de fonds équilibrés, ils ont repris 9% depuis deux mois, selon les données préliminaires de la firme d’évaluation de fonds Morningstar Canada.
« Wow! C’est assez phénoménal comme rendement sur deuxmois », s’est exclamé Christian Charest, rédacteur en chef de Morningstar Canada. Toute l’industrie est portée par la vague: 20 des 24 catégories de fonds d’actions ont grimpé de plus de 5% en avril, exactement comme en mars.
Cette forte remontée apporte un baume aux investisseurs courbaturés. Mais elle ne leur permet pas de se relever complètement de leur culbute. En effet, les fonds d’actions canadiennes avaient déboulé de 40% au cours des six mois précédents (septembre 2008 à février 2009). Les fonds équilibrés s’étaient affaissés de 21% durant cette période.
Soulignons que le pourcentage d’un rebond, calculé à partir d’un niveau déprécié, paraît toujours plus important que celui d’une baisse, calculé à partir du sommet. 
Il y a eu un tournant, à la mi-mars, lorsque la Réserve fédérale américaine a annoncé qu’elle redémarrerait la planche à imprimer des billets, pour injecter une dose d’adrénaline dans le système financier.
Ainsi, lorsque la Bourse baisse de moitié (-50%), elle doit ensuite doubler (+100%) pour récupérer tous les points perdus.
Fini les soins intensifs
Même si les investisseurs n’ont pas fini de panser leurs plaies, au moins ils sont sortis des soins intensifs. « Jusqu’au 9 mars, on anticipait presque la fin du monde », rappelle François Bourdon, vice-président et chef des placements adjoint chez Fiera Capital.
Il y a eu un tournant, à la mi-mars, lorsque la Réserve fédérale américaine a annoncé qu’elle redémarrerait la planche à imprimer des billets, pour injecter une dose d’adrénaline dans le système financier. Ce geste a confirmé que l’État ne laisserait pas le système tomber en déroute, note M. Bourdon.
Le ciel économique reste sombre. Mais les investisseurs guettent maintenant à l’horizon le moindre signe d’éclaircie.
« Il y a de moins en moins de mauvaises nouvelles qui ont une traction sur les marchés, et de plus en plus de petites nouvelles qui font grimper la Bourse », observe Luc Girard, directeur du Groupe de conseil en portefeuilles de Valeurs mobilières Desjardins.
Même si les ratés des constructeurs automobi les font la manchet te, la Bourse se concentre sur une reprise économique en 2010. Pour profiter de l’éventuel rebond, les investisseurs cherchent sur les meilleurs tremplins.
Le goût du risque
Depuis deux mois, ce goût du risque a donné des ailes aux fonds d’actions mondiales de petites entreprises (+25%), aux fonds de pays émergents (+23%), et aux fonds spécialisés en technologie (+19%).
Mais ce sont les fonds d’actions de services financiers qui dominent le palmarès des meilleurs rendements, avec un envol de 30 % depuis deux mois. Cette catégorie avait perdu 52% au cours des six mois précédents.
L’appétit pour le risque s’est aussi ref lété sur le marché obligataire. Les investisseurs ont décidé de se mouiller un peu plus avec les obligations d’entreprises. Ces titres versent un rendement plus élevé que les obligations gouvernementales, mais ils comportent un plus grand risque de défaillance. Ainsi, les fonds d’obligations à rendement élevé ont avancé de 6% en avril, semant les fonds d’obl igat ions canadiennes qui ont fait du surplace (+ 0,4%).
Les investisseurs ragaillardis ont délaissé les secteurs plus défensifs, c’est-à-dire ceux qui résistent le mieux à un ressac de l’économie, et qui leur avaient servi de refuges durant la tempête. En conséquence, les fonds d’actions spécialisés en soins de santé traînent en queue de peloton (+2,5% sur deux mois).
Mais ce sont les fonds spécialisés dans l’or, valeur refuge par excellence, qui ont le plus souffert, avec un recul de 11% en avril et de -1,9% sur deux mois, les rendements les plus faibles de l’industrie dans les deux cas.

 
IMMOBILIER AMÉRICAIN - SIGNES DE REDRESSEMENT ENCOURAGEANTS
— La hausse-surprise de deux indicateurs immobiliers, publiés hier aux États-Unis après plusieurs autres meilleurs (ou moins mauvais) que prévu, vient renforcer l’espoir renaissant pour l’économie américaine, même si les analystes mettent en garde contre tout excès d’entrain.
Alors que les investissements des ménages américains dans le logement sont en baisse continue depuis plus de trois ans, le département du Commerce des États-Unisaestiméquelesdépenses de construction avaient augmenté de 0,3 % en mars par rapport à février, en données corrigées des variations saisonnières.
Cette hausse, qui met fin à cinq mois de baisse consécutifs, a pris à contre-pied les analystes qui les attendaient en recul de 1,7 %.
Autre indicateur bien meilleur que prévu, celui des promesses de ventes de logements. Elles ont affiché en mars une hausse pour le deuxième mois d’affilée, de 3,2 % par rapport à février, selon l’Association nationale des agents immobiliers (NAR). Les analystes les attendaient stables.
« Cette hausse des promesses de vente pendant deux mois de suite est positive dans la mesure où elle montre que des logements plus abordables (du fait de taux d’emprunt plus bas et de prix fortement réduits) et un soutien de l’État (un crédit d’impôt de 8000 $US pour ceux qui achètent pour la première fois) commencent à avoir un effet sur les ventes », note Elsa Dargent, économiste de Natixis.
« Les gens sont un peu moins inquiets à propos de la récession et ils commencent à observer des signes de redressement », avance James O’Sullivan, économiste principal de UBS Securities, à Stamford, au Connecticut.
Deux des quatre grandes régions aux États-Unis ont vu une augmentation des ventes de maisons existantes, selon le rapport publié hier. Ainsi, les achats ont augmenté de 8 % dans le Sud et de 3,9 % dans l’Ouest, alors qu’ils ont baissé de 5,7 % dans le NordEst et de 1 % dans le Midwest.
D’autres rapports indiquent une certaine stabilisation sur le marché de l’habitation. La baisse des prix des maisons dans 20 grandes villes américaines a ralenti en février, ce qui est une première depuis 2007, indiquait le 28 avril dernier l’indice S& P/Case-Shiller. De plus, les ventes de maisons existantes en mars ont été supérieures au creux d’une décennie atteint deux mois plus tôt, précisait le NAR le 23 avril dernier.
Construction
Le niveau des promesses de vente et des dépenses de construction reste malgré tout très bas.
Cependant, alors que commence à s’installer l’idée que le pire de la récession pourrait être passé, la nouvelle de leur hausse a soufflé un vent d’enthousiasme sur Wall Street, tant la reprise du marché de l’immobilier (par lequel la crise est arrivée) et de la construction est perçue comme une des clefs du redressement de l’économie américaine.
Examinées plus en détail, ces statistiques ne sont pas entièrement rassurantes.
Les chiffres du ministère du Commerce montrent que les dépenses de constructions privées, qui représentent plus des deux tiers de l’ensemble des dépenses de construction, ont continué de reculer.
Certes, leur baisse a fortement ralenti en mars, à - 0,1 %, mais les dépenses privées consacrées à la construction de logements restent très déprimées, avec un nouveau recul de - 4,2 %.
Celles-ci ne représentaient plus en mars que 26 % du total des dépenses de construction américaines, contre encore 36 % un an plus tôt et 45 % en juillet 2007, juste avant l’explosion de la crise des crédits immobiliers à risques à l’origine de la récession actuelle.
Pour Patrick Newport, économiste de IHS Global Insight, « la construction se relève d’un pouce, mais cette hausse ne durera pas ». Relevant que les dépenses pour la construction de maisons individuelles ont reculé pour le 37e mois d’affilée en mars, et qu’elles ont cédé encore 8,6 %, après leur baisse record de 11,0 % en février, M. Newport fait remarquer que la hausse de l’indicateur vient essentiellement du secteur hors-logement où l’offre de bâti ( bureaux ou locaux commerciaux) est déjà trop abondante.
Des enquêtes montrent que les ménages profitent de la baisse des taux pour refinancer leurs emprunts à des conditions plus avantageuses, plutôt que pour financer de nouveaux achats.



LES « GROS » INVESTISSEURS PRÉPARENT LEUR RETOUR
Les investisseurs institutionnels retrouvent la bonne humeur, à la faveur d’une remontée des Bourses et des interventions des gouvernements pour relancer l’économie mondiale. Cependant, des indices laissent croire que l’économie américaine continue de s‘e
 « Le plus chaud de la crise serait passé, le marché des actions serait trop déprécié et il serait temps d’y revenir, tout en se protégeant en partie via plus d’investissements dans des classes d’actifs diversifiées. »
C’est ainsi queMuriel Nahmias, directrice des études et de la recherche à Paris pour la sociétéconseil londonienne bfinance, résume ce que pensent les « gros » investisseurs des marchés financiers par les temps qui courent.
La société dirigée par Mme Nahmias a consulté 60 caisses de retraite réparties de façon presque égale entre l’Amérique du Nord et l’Europe pour constater que 46% des investisseurs institutionnels veulent accroître l’exposition aux actions d’ici 12 mois. En même temps, 42% prédisent qu’ils diminueront le poids des obligations dans leur portefeuille.
Cette étude intitulée « Pension Funds & I nsura nce As s e t Allocation Survey » révèle donc des intentions en sens inverse du comportement adopté depuis octobre, indique bfinance. Le sondage indique que 73% des caisses de retraite ont réduit leur exposition aux actions depuis l’automne dernier alors que 44% ont acheté davantage de titres à revenu fixe. Les transactions des cinq derniers mois ont fait en sorte que les entreprises américaines et européennes ont refilé 382 milliards US d’obligations au marché.
Est-ce que ce retour prévu vers la Bourse est un signe que le pire est vraiment passé ou s’agit-il simplement de la pensée magique ? Il faut percevoir une petite réserve dans les données.
« Ce changement d’attitude nous laisse supposer que le pire de la crise financière est maintenant derrière nous, affirme Marc Godin, directeur général pour bfinance Canada. Quelque 35% s’attendent néanmoins à une diminution de leur exposition aux actions (contre 37% en octobre dernier), tandis que 19% seulement, contre 41% précédemment, prévoient une stabilité. »
Chez bfinance, on estime quand même avoir trouvé un autre indicateur de confiance pour soutenir l’idée d’une reprise boursière. Seulement 24% des répondants au sondage entendent diminuer leur gestion active de placement, contre 41% en octobre. La gestion active est fondée sur des transactions souvent plus nombreuses afin de profiter des occasions du marché au lieu de se fier aux indices.
« Il semble que le sentiment très négatif sur la gestion active qui prévalait en octobre dernier ait été en partie neutralisé par le récent rebond des Bourses, avance Marc Godin. Une interprétation possible est que les investisseurs sont revenus à la vie normale, certes dans un nouveau contexte, mais avec le souhait de surperformer leurs indices de référence après une période violente et brutale de dépréciation de l’ensemble des actifs. »
Le sondage permet aussi de voir que la diversification dans les véhicules alternatifs comme le placement privé, les infrastructures, l’immobilier et les achats à l’international est toujours au calendrier pour les grands investisseurs. Par exemple, un quart des répondants investit davantage dans l’immobilier qu’auparavant.

Il reste à voir si toutes ces prévisions tiendront la route longtemps, car les principaux indices mondiaux connaissaient d’importantes baisses hier après quelques semaines de hausse...

La peur marque une pause - RICHARD DUPAUL

Baisse des primes de risque sur la dette, multiplication des emprunts des entreprises, spéculation sur les devises et les taux d’intérêt… La haute finance retrouve enfin le goût d’oser.
« Il n’y a pas si longtemps, la préoccupation était de savoir si la banque avec qui vous faisiez affaire allait être en vie dans trois mois. »Des investisseurs empruntent des milliards dans des pays où les taux sont les plus bas et réinvestissent dans les pays où les taux sont élevés, comme au Brésil où le rendement des bons du Trésor peut atteindre 12%. Ci-dessus le marché des changes de São Paulo.
L’humeur des grands investisseurs s’améliore. Jeudi, l’agence Bloomberg révélait que son indice de la confiance des gestionnaires de fonds avait bondi à un sommet de 11 mois.
Cet indice, tiré d’un sondage auprès de 1500 professionnels du placement à travers le monde, est passé de 5,95, en mars, à 21,2 en avril – sa plus forte hausse depuis que cette enquête a été lancée en novembre 2007.
On est encore loin du niveau jugé « positif » de 50, mais la confiance s’accroît au fil des nouvelles encourageantes.
À Wall Street, d’où origine la tempête financière, Citigroup, Goldman Sachs et JP Morgan et d’autres viennent d’annoncer des résultats au vert ou meilleurs que prévu.
Les États-Unis, faut-il aussi rappeler, ont mis en place un plan de rachat des actifs toxiques des banques, et le G20 a donné des résultats concrets. Dans ce contexte, les craintes s’estompent: en témoigne le fort rebond des Bourses, qui fait les manchettes ces temps-ci.
Les taux baissent
Or un autre phénomène, plus discret mais peut-être plus significatif, suscite l’espoir dans les milieux financiers: la prime de risque sur les emprunts interbancaires diminue rapidement.
Cela est reflété dans le Libor – un taux repère, fixé à Londres, auquel les banques se prêtent de l’argent. Ce taux à trois mois est descendu à 1,10%, vendredi, contre 1,32% il y a un mois et 1,42% au début janvier. Ce repli est important. Car si le Libor diminue, c’est signe que les banques ne se regardent plus en chiens de faïence.
« Il n’y a pas si longtemps, la préoccupation était de savoir si la banque avec qui vous faisiez affaire allait être en vie dans trois mois », affirme Ira Jersey, analyste chez RBC Capital, à New York. « Maintenant, cette crainte a été mise de côté. Le Libor va continuer à baisser. »
Souvenons-nous que les banques ont graduellement cessé de se prêter entre elles en août 2007, au moment où la crise du subprime a transformé des milliards de prêts à risque, détenus par les institutions financières, en papier sans valeur. Les marchés du crédit ont même figé après la faillite du courtier Lehman Brothers, en septembre dernier.
Puis ce fut l’hécatombe: plus de 60 banques américaines ont fermé leurs portes et les radiations d’actifs des banques mondiales ont atteint 1300 milliards US jusqu’ici, selon Bloomberg.
Mais les mauvaises nouvelles sont de moins en moins nombreuses. Si bien que les grandes entreprises, moins frileuses, multiplient les émissions obligataires.
Selon Thomson Reuters, les émissions mondiales de dette non financière ont atteint 322 milliards US au premier trimestre, soit le double du record d’il y a deux ans. Autrement dit, les entreprises cherchent de plus en plus à emprunter pour réaliser certains projets… et elles trouvent de l’argent.
L’argent circule
Même les bons vieux « carry trades » sont de retour, souligne Goldman Sachs dans une récente note financière.
Un carry trade est une opération de portage, qui consiste à profiter du différentiel des taux d’intérêt dans différents pays.
Chaque jour, des investisseurs empruntent des milliards dans des pays où les taux sont les plus bas ou près de zéro, comme aux États-Unis et au Japon. Puis ils réinvestissent le tout dans les pays où les rendements des actifs financiers sont élevés, notamment au Brésil où le rendement des bons du Trésor peut atteindre 12%.
Pas besoin d’un doctorat en finance pour comprendre que ces opérations spéculatives sont simples et payantes. Mais lorsque la crise financière a éclaté, les devises des pays à risque – en Amérique latine et en Asie surtout – ont chuté brusquement. Les risques de change ont alors grimpé en flèche et les opérations de portage ont fortement diminué, le danger de perdre une fortune étant devenu trop grand. Bref, la tempête passe et on revient peu à peu à la normale. Les investisseurs retrouvent enfin le goût du risque, quoique la confiance demeure fragile.


Car l’économie mondiale est mal en point et, à l’extérieur des parquets boursiers, on ne voit guère d’embellie dans les magasins ou les usines. Voici comment le Crédit Suisse, dans une récente étude, résume la situation: « La bonne humeur revient à Wall Street. Mais il faudra du temps avant qu’elle s’installe sur Main Street. »


Tests de résistance  des banques américaines  : Soulagement, mais l’inquiétude persiste

« C’est très positif que les banques pensent que la demande est là », a commenté l’analyste Al Goldman, chez Wachovia Securities. « L’économie de marché reviendra d’entre les morts si ces appels au marché réussissent. »
— Le résultat des « tests de résistance » imposés aux grandes banques américaines semblait hier devoir apaiser les inquiétudes sur la santé du système financier, même si certains analystes jugeaient l’opération trop peu rigoureuse pour totalement rassurer.
Les régulateurs ont établi que 10 des 19 banques testées devaient renforcer leurs capitaux propres de presque 75 milliards de dollars au total.
« Les besoins additionnels de capitaux ne sont pas particulièrement lourds et aucune des banques ne devrait avoir de gros problèmes à atteindre les objectifs fixés », a relevé Brian Bethune, économiste chez IHS Global Insight.
Mais même la plus sévèrement épinglée, Bank of America, a assuré qu’elle pourrait rassembler les 34 milliards de dollars exigés, dans le délai imparti de six mois, et surtout sans solliciter la générosité du contribuable.
Elle entend récupérer 17 milliards de dollars sur les marchés boursiers, céder 10 milliards d’actifs et dégager le solde en accroissant ses résultats.
Plusieurs banques ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel au marché pour combler le besoin de financement identifié. Devant la réaction positive des marchés, Morgan Stanley a porté la somme de son émission de 5 milliards à 7,5 milliards de dollars et Wells Fargo a relevé la sienne de 1,5 milliard pour la porter également à 7,5 milliards de dollars.
« C’est très positif que les banques pensent que la demande est là », a commenté l’analyste Al Goldman, chez Wachovia Securities. « L’économie de marché reviendra d’entre les morts si ces appels au marché réussissent », a-t-il ajouté, en référence aux craintes de nationalisation de pans entiers du système bancaire américain suscitées par l’imposition de ces tests.
Plusieurs analystes convenaient que le renforcement des fonds propres demandé par les régulateurs n’était pas si difficile, puisque les banques pourront se contenter de transformer des titres hybrides (qui ne comptent pas dans la définition des fonds propres « durs ») en actions ordinaires.
Une opération d’autant plus aisée que les cours se sont raffermis ces derniers temps, quadruplant même pour Citigroup et Bank of America.
« Ces résultats ont fait pousser un soupir de soulagement collectif », résumait Patrick O’Hare du site d’analyse f inancière Briefing.com.
De fait, les principales valeurs bancaires se sont af f ichées en hausse hier à la Bourse de New York (+ 5,5 % pour Citibank, + 4,9% pour Bank of Amer i ca , + 10,5 % pour JPMorgan Chase...).
Mais Adolfo Laurenti, chez Mesirow Financial, a regretté de nombreuses inconnues dans la présentation des autorités, qui laissent place au doute. Pour lui, nombre d’interrogations subsistent sur la manière dont ont été calculées les pertes potentielles des banques en cas de dégradation de la conjoncture.
Quant aux hypothèses économiques retenues par les pouvoirs publics pour procéder à l’exercice, elles ne sont pas assez pessimistes, selon l’économiste Martin Weiss, auteur du bestseller intitulé Guide de survie à la Dépression.
« Le scénario (des autorités) est en fait moins sombre que la réalité actuelle », s’étonne-t-il, en relevant que le Produit intérieur brut se contractait à un rythme annuel de 6,1%, alors que le Trésor tablait au pire sur un recul de 3,3% pour l’année en cours.
Par ailleurs le Trésor table sur des pertes potentielles à venir de 600 milliards de dollars (s’ajoutant à 400 milliards de dollars déjà passés dans les comptes depuis 18 mois), un chiffre que M. Weiss juge largement sous-évalué, vu notamment l ’exposit ion des banques aux produits dérivés. Si le FMI estime à plus de 3000 milliards de dollars les pertes futures potentielles de l’ensemble des banques mondiales, la part des banques américaines risque de dépasser largement les 600 milliards, note-t-il.
En tout état de cause, les autorités ont répété qu’en cas de besoin elles restaient disponibles pour un nouveau coup de main, après avoir déjà injecté 216 milliards en actions préférentielles dans les 19 banques étudiées.


ÉCONOMIE   Jean Charest voit des « signaux positifs »

— Prenant acte de la remontée soutenue des marchés boursiersdepuisplusdedeuxmois, le premier ministre Jean Charest s’est demandé, hier, si le pire de la crise économique n’était pas derrière nous.
La semaine dernière, le premier ministre Jean Charest a dit s’attendre à ce que le taux de chômage continue d’augmenter au Québec au cours des prochains mois.
En mission à Atlanta, en Géorgie, où i l par ticipe au congrès international Bio 2009, M. Charest a estimé que des « signaux positifs » s’étaient manifestés, ces dernières semaines, en ce qui a trait aux marchés financiers et à la disponibilité du crédit.
Depuis son creux du 9 mars, l’indice Standard& Poor’s/ TSX a grimpé de plus de 23%. Hier, rattrapant les gains enregistrés la veille par la plupart des autres Bourses du monde, il a clôturé en hausse de 3,5%, à 10 100,95 points.
De plus en plus de financiers et de dirigeants d’entreprise constatent également, depuis plus d’un mois, que les marchés du crédit se sont quelque peu dégelés. Les écarts entre les taux d’intérêt offerts par les obligations gouvernementales et les prêts aux sociétés se sont notamment rétrécis.
Comme bien d’autres, le premier ministre s’est demandé, hier, si cette embellie allait durer ou s’il ne s’agissait que d’une « courte période d’optimisme dans une plus longue période de ralentissement ». Les économistes et les analystes financiers sont actuellement partagés sur cette question brûlante. La semaine dernière, Jean Charest a dit s’attendre à ce que le taux de chômage continue d’augmenter au Québec au cours des prochains mois.
Une chose est sûre: l’incertitude persiste. Ainsi, un projet d’investissement de « plusieurs centaines de millions de dollars » dont Jean Charest avait fait état en janvier, lors de son passage au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, ne s’est toujours pas concrétisé. À l’époque, pourtant, Québec soutenait que les négociations avec le promoteur, une entreprise européenne du domaine des énergies vertes, étaient dans la dernière ligne droite.
M. Charest a assuré hier que le dossier continuait de « progresser », tout en reconnaissant que les gens d’affaires étaient actuellement « hésitants à plonger » en matière d’investissements en immobilisations.
Biotechnologies
À Atlanta, le premier ministre avait rendez-vous, lundi soir, avec les hauts dirigeants de quelques grands acteurs de l’industrie pharmaceutique mondiale. Il a indiqué hier que l’une de ces rencontres devrait déboucher sur un projet d’investissement « qui sera important pour le Québec », mais n’a pas voulu en dire davantage. Une annonce doit avoir lieu au cours des prochains mois.
Cette réunion au sommet a également permis à Jean Charest et à son ministre du Développement économique et des Finances, Raymond Bachand, de sonder les industriels au sujet de la future politique québécoise pour le secteur biopharmaceutique.
« Les rencontres d’aujourd’hui (mardi) et d’hier (lundi) nous ont permis d’avoir de bons échanges avec l’industrie là-dessus, a expliqué M. Charest. Ils (les dirigeants d’entreprise) nous ont alimentés sur un certain nombre de pistes qu’on trouve intéressantes et qu’on va vouloir explorer. »
Le Québec, siège canadien de la plupart des grandes sociétés pharmaceutiques mondiales, fait face à un défi de taille: les brevets de plusieurs médicaments très payants viendront à échéance au cours des prochaines années, ce qui réduira significativement les revenus de ces multinationales et, possiblement, leurs budgets de recherche.
C’est sans compter que lesmédicaments vedettes (appelés blockbusters dans l’industrie) se font plus rares, la plupart ayant déjà été mis au point. L’approbation de nouveaux produits est aussi plus difficile depuis le retrait de l’anti-inflammatoire Vioxx, en 2004, à cause de dangereux effets secondaires.
« Il faut trouver des façons plus innovantes, des façons différentes d’aider les chercheurs à créer de nouvelles molécules et à commercialiser des produits pour le marché », a souligné Jean Charest.
Il n’a pas exclu l’idée d’aider financièrement les dirigeants des petites biotechs québécoises à se rendre à des manifestations comme les congrès Bio, où plusieurs partenariats prennent forme entre les chercheurs et les bailleurs de fonds.

Reculer pour mieux rebondir  -  RICHARD DUPAUL
L’immobilier américain est au plus mal, indique un dernier bilan de l’industrie. Mais une embellie se dessine, insistent des experts. Même que des constructeurs, pourtant bien mal en point, retrouvent le moral.
Près des trois quarts ( 73%) des maisons vendues durant le premier trimestre de 2009, chez nos voisins du Sud, ont été cédées à des prix jugés « abordables ».
ÉCONOMIQUE Mille neuf cent quatre-vingt-onze. Une sévère récession tétanise les États-Unis: la consommation diminue, le chômage grimpe et les prix des maisons sont en forte baisse.
Mais, avec la glissade des taux d’intérêt, un regain de confiance des ménages et, surtout, la réalisation que le marché de l’habitation regorge d’aubaines, l’industrie immobilière – revente et construction – finira par se remettre en marche.
Si bien que la première économie au monde émergera de la récession, lentement mais sûrement…
C’était il y a près de deux décennies. Or, le scénario d’une répétition de ces événements, au cours de la prochaine année, nourrit actuellement les espoirs de quelques acteurs de l’immobilier aux États-Unis.
Ceux-ci se basent notamment sur une nouvelle étude de la banque Wells Fargo et de l’association des constructeurs américains ( NAH), laissant croire que le marché de l’habitation est finalement au creux de la vague.
Une donnée en particulier attire l’attention: selon cette étude, une maison moyenne aux États-Unis se vend actuellement, en termes relatifs, au prix le plus bas depuis 18 ans, soit depuis cette dure récession de 1991-1992.
Près des trois quarts ( 73%) des maisons vendues durant le premier trimestre de 2009, chez nos voisins du Sud, ont été cédées à des prix jugés « abordables ». Ce qualificatif est important car il signifie qu’une famille américaine, ayant un revenu total de 64 000$US, peut acheter une maison sans consacrer plus de 28% de son budget aux frais de logement.
Autrement dit, on peut ( re) devenir propriétaire sans s’étrangler financièrement comme beaucoup d’Américains l’ont fait durant le boom immobilier du début des années 2000.
Signes de reprise
L’« abordabilité » de l’habitation américaine contribue à redonner espoir à ceux qui ont été les plus touchés par la crise du crédit.
Le constructeur américain Toll Brothers, qui accuse pourtant une chute de 51% de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, affirme percevoir des signes de reprise dans son secteur.
Jeudi, la société spécialisée dans la construction de résidences haut de gamme a dit avoir vendu 648 maisons, pour une somme totale de 398,3 millions US, de février à la fin avril. Bien que le nombre de transactions ait plongé de 47% en un an, il est deux fois plus important que le chiffre du premier trimestre.
Le PDG Robert Toll a même déclaré qu’il voyait « quelques raisons d’être modérément optimiste » , soulignant que les acomptes déposés par les clients avaient dépassé durant sept des neuf dernières semaines les sommes versées un an plus tôt.
Voilà une bouffée d’air frais après le bilan déprimant de l’industrie, dévoilé deux jours plus tôt. Les mises en chantier et les permis de construire aux ÉtatsUnis sont en effet tombés, contre toute attente, à des creux records en avril, allant à l’encontre des espoirs d’une stabilisation du marché.
Les mises en chantier ont reculé de 13% à 458 000, leur plus bas niveau depuis janvier 1959. Sur un an, elles chutent de 54%.
Le nombre de permis de construire s’est inscrit en baisse de 3,3%, à 494 000 unités, son plus bas depuis la mise en place de la statistique en janvier 1960. Ces permis ont chuté de moitié sur un an.
Malgré tout, des analystes entrevoient un rayon de lumière dans la grisaille actuelle.
Les mises en chantier de maisons individuelles, le principal du marché du logement américain, ont progressé de 2,8% en avril, après un faible gain de 0,3% en mars. Aussi, le moral des constructeurs remonte pour le deuxième mois consécutif, selon une autre étude de la banque Wells Fargo.
Le bilan de santé de la construction n’est certes pas encourageant. Mais la firme américaine Knight Equity Markets résume bien l’analyse que fait le camp des optimistes.
En gros, on estime que la chute des permis de construire pourrait préparer le terrain à un rebond ultérieur. « Le premier pas pour soigner l’immobilier est d’absorber les stocks (d’invendus). Il y a tellement de stocks que plus tôt on cessera de construire et on puisera dans les stocks existants, mieux on se portera par la suite », estime la firme dans une étude.
Bref, l’immobilier américain va reculer davantage, mais c’est pour mieux rebondir. Le plus tôt sera encore mieux.





Perspectives sombres pour le marché du logement
WASHINGTON — Les perspectives du marché du logement aux États-Unis s ont peu encourageantes, selon l’enquête mensuelle Standard a nd Poor ’ s / Case-Shi l l e r publiée hier.
PHOTO RICK WILKING, ARCHIVES REUTERS Le niveau très élevé des saisies immobilières (qui devrait le rester encore jusqu’en 2011, selon plusieurs responsables de la Fed) continue de peser sur les prix par la multiplication des ventes forcées qu’il engendre.
Les prix des logements dans les 20 plus grandes métropoles américaines ont reculé en mars de 0,5 % par rapport à février, indique cette enquête
L’indice S&P/Case-Shiller fait néanmoins apparaître que les prix sont restés stables en données corrigées des variations saisonnières, et qu’ils étaient en hausse de 2,3 % en glissement annuel à la fin du mois de mars.
Sur les trois premiers mois de l’année, les prix des logements dans l’ensemble du pays ont baissé en moyenne de 1,3 % par rapport au trimestre précédent (en données corrigées des variations saisonnières) après une hausse trimestrielle de 0,1 % pendant l’automne.
Le prix moyen des logements à l’échelle nationale a cependant progressé de 2,0 % en glissement annuel au premier trimestre.
La fin du crédit d’impôt
« Les dernières données ne sont pas aussi encourageantes » que pourrait le laisser croire l’amélioration des prix sur un an, écrivent les auteurs de l’enquête, qui s’inquiètent d’une « tendance récente » à « un nouvel affaiblissement des prix du logement ».
Ils estiment « particulièrement décevant » le fait que la hausse des ventes et des mises en chantier de logements du mois de mars ne se soit pas répercutée sur l ’évolution mensuelle des prix.
Faisant allusion à l’expiration (au 30 avril) du crédit d’impôt accordé aux acheteurs d’un logement, l’étude estime qu’en l’absence de ce dispositif ayant permis la stabilisation du marché, on ne doit pas s’attendre à une forte hausse de la demande.
Commentant l es r ésultats de l’enquête, plusieurs analystes ont estimé d’une manière générale que les prix du logement restaient sur leur tendance de hausse entamée au premier semestre de 2009, mais que des forces opposées se font sentir sur son évolution.
D’un côté, la demande se renforce progressivement, suivant la lente amélioration du marché du travail entamée au début de l’année, et grâce au maintien de taux d’intérêt immobiliers particulièrement bas.
De l’autre, le niveau très élevé des saisies i mmobilières (qui devrait le rester encore jusqu’en 2011, selon plusieurs responsables de la banque centrale) continue de peser sur les prix par la multiplication des ventes forcées qu’il engendre.

Les chiffres du PIB masquent les faiblesses de l’économie - MARC JOURDIER

WASHINGTON — Le chiffre de la croissance économique des États-Unis au quatrième trimestre a été révisé en hausse hier, mais cette amélioration masque les faiblesses d’une économie américaine encore fortement dépendante des efforts de relance du gouvernement et de la banque centrale.

Sur les trois derniers mois de l’année, le produit intérieur brut ( PIB) américain a crû de 5,9 % en r ythme annuel par rapport au trimestre précédent, selon la deuxième e s t i mat i on du département du Commerce.

C’est mieux que ne le prévoyaient les analystes, qui tablaient sur un maintien de la prévision i nitiale d’une croissance de 5,7 %.

Cependant, si l a c roiss a nce s ’e st ef f ect i vement renforcée pendant les trois mois d’automne (la hausse du PIB avait été de 2,2 % au troisième trimestre), les nouveaux chiffres du ministère sont à de nombreux égards moins bons que ceux de sa première estimation publiée à la fin de janvier.

L’essentiel de la révision est dû à des effets comptables de variations des stocks. Le simple fait que les entreprises ont déstocké moins qu’au troisième trimestre a apporté 3,88 points de croissance au pays, soit presque les deux tiers de la hausse du produit intérieur brut.

Presque toutes les composantes du PIB sont moins bonnes que lors de la première estimation, à commencer par la consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie américaine qui a ralenti plus qu’annoncé initialement, pour n’augmenter que de 1,7 %, après une hausse de 2,8 % au troisième trimestre.

La contribution du commerce extérieur à la croissance et la hausse de l’investissement des ménages dans l’immobilier apparaissent moins élevées que dans la première estimation. Quant à la baisse des dépenses publiques, elle se révèle plus forte.

Surtout, la demande totale des entreprises et des ménages ressort plus faible, avec une hausse de 1,9 % seulement en rythme annuel.

« Pas très encourageant », estime Ian Shepherdson, économiste de l’institut HFE, alors que nombre d’indicateurs économiques publiés depuis le début de l’année (et encore hier avec une chute des ventes de logements existants et une baisse de la confiance des consommateurs) témoignent de la fragilité de l’économie américaine.

Les chiffres du Ministère accréditent l’idée d’une reprise encore « superficielle », selon l’expression employée hier par Sandra Pianalto, qui fait partie des dirigeants de la banque centrale américaine (Fed).

La veille, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait jugé que la reprise n’était encore que « naissante »


Tout peut encore basculer -
L. JACQUES MÉNARD
La reprise économique repose sur des bases bien fragiles
Sans relance de l’emploi, pas de croissance durable. Et on est très loin du compte.
Je ne peux m’empêcher de mettre en parallèle les thèmes traités au forum de Davos 2009 et ceux abordés cette année. L’an dernier, nous étions au plus fort de la crise. Cette année, nous sommes en pleine période de prolongation, pour emprunter une image au monde du hockey. Tout peut encore basculer d’un côté comme de l’autre. Pourquoi? Essentiellement parce que la frêle reprise à laquelle nous nous accrochons repose sur des bases bien fragiles.
D’abord, le début de la reprise actuelle est alimenté en bonne partie par les pays émergents, dont la Chine, avec une croissance du PIB de 8,7% en 2009. Mais ces performances remarquables ne font pas, à elles seules, une économie mondiale dynamique.
Bien sûr, on peut se féliciter des effets positifs des initiatives de relance des pays du G20. Mais, en même temps, on ne peut pas oublier la précarité du système économique mondial. La grande absente dans ces tentatives de relance: l’emploi. Sans relance de l’emploi, pas de croissance durable. Et on est très loin du compte.
Deuxièmement, les projets de relance coûtent cher. L’état des finances publiques d’un grand nombre de pays préoccupe les autorités internationales. Le marché est inquiet. Pour sa part, le Congrès américain prévoit déjà un déficit de l’ordre de 1350 milliards pour l’année en cours. Les gigantesques déficits budgétaires encourus depuis un an sur la planète vont nécessiter des talents inimaginables d’équilibriste pour assainir les finances publiques.
Le Canada sera moins touché que d’autres pays par la crise qui se prépare dans les finances publiques, toutes proportions gardées. Mais, il ne faut pas oublier non plus les mises en garde récentes de Kevin Page, le directeur parlementaire du budget canadien: le gouvernement canadien serait incapable d’équilibrer son budget au cours des cinq prochaines années et le déficit structurel pourrait atteindre 18,9 milliards en 2013-2014. J’ai bien dit déficit structurel. Danger : injustice intergénérationnelle à l’horizon…
Difficile de ne pas se demander non plus comment on va pouvoir passer de dépenses de relance à fond la caisse à un retour vers l’équilibre, le tout dans une parfaite continuité. Comment réagira l’économie le jour où on rangera le pot de vitamines pour passer à un régime d’austérité?
Troisièmement, tous s’entendaient l’an dernier quant à l’urgence d’entreprendre une réforme coordonnée de la réglementation des institutions financières internationales. Ces grandes responsables de la crise financière et de la récession qu’elle a provoquées. Force est de constater qu’après un an de débats, les progrès sont lents, malgré les efforts déployés autour de Basil II.
S’il est un domaine où le Canada pourrait assumer un leadership mondial, c’est bien celui de la stabilisation du système financier mondial. Santé et stabilité sont des caractéristiques qu’on s’accorde mondialement pour qualifier notre système financier. Une réglementation qui fait le travail, avec la souplesse requise. Le Canada présidera la rencontre 2010 du G8. Une belle occasion de faire valoir nos points de vue pour contribuer à l’agenda international dans un domaine crucial.
Quatrièmement, l’échec de la conférence de Copenhague a été au coeur des échanges deDavos. Un triste échec. Les délégués à la rencontre de Davos 2009 fondaient pourtant tellement d’espoirs sur cette conférence. C’est très clair qu’il va falloir innover, tant au plan social qu’au plan technologique, pour avancer sur ce terrain si important pour l’avenir de l’humanité. À cet égard, je souligne les efforts du Québec.
Bref, je résume la rencontre de Davos par cette phrase bien de chez nous: on n’est pas sorti du bois. Tout enmanifestant un optimisme réaliste. Dans tous ces domaines, on s’y met lentement. Trop lentement diront plusieurs. Mais, peu de voix discordantes se font entendre pour nier les problèmes. C’est déjà un grand pas en avant. Des pistes ont été identifiées. Il va falloir avoir le courage d’aller au-delà des déclarations d’intentions.
Le Canada et le Québec peuvent et doivent assumer un certain leadership à plusieurs égards. À quelques semaines des budgets fédéral et provincial, c’est important de rappeler qu’il faut appuyer nos gouvernements en ce sens et mettre toute la pression nécessaire afin que nos représentants sentent bien qu’ils ne sont pas seuls au front et que les appuis nécessaires se manifesteront le moment venu.


WASHINGTON 
Chute brutale des reventes de logements
WASHINGTON — Les reventes de logements aux États-Unis ont brutalement chuté en décembre après plusieurs mois de hausse continue, selon des chiffres publiés hier par l’Association nationale des agents immobiliers (NAR).
PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS Même en baissant autant, les ventes de décembre ne font que retomber à leur niveau du mois d’août.
Ces ventes de logements anciens ont reculé de 16,7 % par rapport au mois précédent, à 5,45 millions de transactions en rythme annuel, très loin des prévisions des analystes qui tablaient sur 5,9 millions.
Cette chute est la plus forte depuis que la NAR établit ces statistiques sous cette forme, soit depuis 1999. Mais même en baissant autant, les ventes de décembre ne font que retomber à leur niveau du mois d’août.
La NAR a indiqué que cette baisse était « sans surprise », les reventes ayant progressé tous les mois depuis avril mis à part un léger recul en août, et souvent dépassé les prévisions.
Elle l’a attribuée à l’extension d’un crédit d’impôt pour les acheteurs d’un premier logement, qui devait expirer fin novembre mais a été prolongé jusque fin avril. Ces acheteurs ont représenté 43% du marché en décembre, contre 51% le mois précédent.
« L’incertitude sur la prolongation du crédit d’impôt a amené beaucoup de candidats à l’achat à passer à l’acte. Par conséquent, les ventes ont affiché leur rythme le plus élevé en trois ans » entre septembre et novembre, a rappelé Celia Chen, de Moody’s Economy. com.
D’après elle, « l’environnement de prix et de taux d’intérêt favorable, le soutien en début d’année de la politique économique, et le renforcement du marché du travail au second semestre contribueront à remettre les reventes sur une trajectoire montante ».
En revanche, pour Patrick Newpor t , d ’ I HS Globa l Insight, « jusqu’ici, le nouveau crédit d’impôt semble avoir eu un effet minimal ».
Il a relevé que les demandes de prêts immobiliers sur les quatre dernières semaines étaient « proches de leur plus bas niveau depuis 1997 (...) alors que les taux d’intérêt, qui sont à des niveaux historiquement bas, ont de fortes chances de monter en 2010 ».
La NAR a ajouté que sur l’ensemble de l’année 2009, 5,156 millions de reventes de logements avaient été enregistrées, soit 4,9% de plus qu’en 2008.
Selon ses chiffres, le prix médian des ventes a été au plus haut en décembre depuis juillet, et en hausse (+1,5 %) par rapport à un an plus tôt pour la première fois depuis 2006. Mais il a chuté de 12,4 % sur l’ensemble de 2009 par rapport à l’année précédente.


WASHINGTON  Le chômage franchit la barre des 10%  -  Marc Jourdier
WASHINGTON — Le taux de chômage aux États-Unis a franchi en octobre la barre symbolique des 10 % pour atteindre 10,2 %, témoignant que la bataille pour l’emploi du président Barack Obama est loin d’être gagnée.
Au total, 190 000 postes de travail ont été perdus au mois d’octobre aux États-Unis, soit 13,3 % de moins que le mois précédent, mais encore bien plus qu’en août. En conséquence, le taux de chômage a bondi bien plus que prévu, pour atteindre 10,2%, du jamais vu depuis avril 1983.
Selon le rapport mensuel sur l’emploi du département du Travail publié hier, les entreprises ont continué de licencier en masse et, si le rythme des destructions d’emplois a ralenti en octobre, le recul a été moins fort que ne l’espéraient les analystes.
Au total 190 000 postes de travail ont été perdus, soit 13,3 % de moins que le mois précédent, mais encore bien plus qu’en août. En conséquence, le taux de chômage a bondi bien plus que prévu, pour atteindre 10,2 %, du jamais vu depuis avril 1983.
La réal ité est bien pire cependant, si l’on tient compte des chômeurs dits « découragés » et des personnes que la crise contraint à travailler à temps partiel alors qu’elles voudraient un emploi à plein temps. Peter Morici, professeur d’économie à l’Université du Maryland, estimait jeudi que dans ce cas, le chômage réel atteignait en fait 18%.
La prévision de la banque centrale américaine ( Fed) d’un chômage maximum de 10,1 % en 2009 est d’ores et déjà caduque.
Aussi sombre soit-il, le rapport du Ministère comporte quelques signes d’espoir. D’abord, parce que les licenciements continuent sur leur tendance de ralentissement entamée en mars. Ensuite parce que le secteur des services aux entreprises est redevenu créateur net d’emplois en octobre, après 21 mois dans le rouge.
Après avoir promulgué une loi prolongeant les allocations chômage, M. Obama a qualifié le taux de chômage de « dur rappel à la réalité » et redit qu’il n’aurait de cesse que l’emploi reparte.
Bien que les États-Unis soient sortis de la récession en août, la hausse du chômage est naturelle car le marché de l’emploi réagit toujours avec retard à la reprise de l’activité.
Mais son ampleur suscite l’inquiétude. Économistes et autorités craignent qu’elle fasse dérailler la croissance naissante en réduisant fortement la propension des ménages à consommer, alors que leurs dépenses sont normalement le moteur de l’économie du pays.
Les dirigeants de la Fed, pour qui la croissance risque de ne pas être assez forte en 2010 pour faire baisser « sensiblement » le chômage, ont redit mercredi que la banque centrale soutiendrait encore longtemps l’économie, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé une croissance viable.
Les économistes les plus optimistes pensent que les entreprises américaines pourraient redevenir créatrices nettes d’emplois début 2010. Mais même après cela, le taux de chômage devrait continuer de monter avec le retour dans la population active de personnes ayant cessé de chercher du travail avec la crise.
Parmi les Cassandre, Mark Zandi, économiste en chef du cabinet Moody’s Economy. com, faisait remarquer en début de semaine dans le New York Times que la hausse des heures travaillées, étape indispensable avant une reprise des embauches, n’avait toujours pas eu lieu.
Le rapport du Ministère lui donne raison : les heures travaillées sont restées stables à un niveau historiquement très faible. Pour M. Zandi, le gouvernement, qui réfléchit à la question, doit venir en aide très rapidement aux petites entreprises, qui sont le moteur véritable de l’emploi.
Le Prix Nobel d’économie Paul Krugman plaidait pour sa part hier dans le New York Times pour des mesures de relance supplémentaires. Pour lui, la politique économique de M. Obama risque de connaître le même sort que les Alliés en Italie en 1943 : l’enlisement, faute de renforts et d’audace.

Fannie Mae perd 18,9 milliards US de plus
WASHINGTON — L’organisme de refinancement hypothécaire américain Fannie Mae annoncé hier avoir subi au troisième trimestre une nouvelle très lourde perte nette, de 18,9 milliards US, qui l’a poussée à réclamer au Trésor une aide publique de 15 milliards US.
La perte sur ce trimestre a été réduite de 35 % par rapport au même trimestre de l’exercice précédent, mais s’est aggravée par rapport au deuxième trimestre, où elle était de 14,8 milliards US, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Depuis le début de l’année, les pertes du groupe sous tutelle de l’ État atteignent 56,8 milliards US.
Le groupe a attribué ce nouveau trou dans ses finances à « 22 milliards US de dépenses, ref létant l’accumulation continue à la fois des réserves de pertes et des dépréciations dues à l’ajustement comptable au prix le plus juste ».
Ces dépréciations s ont attribuées au « nombre croissant de prêts qui ont été acquis auprès de détenteurs de titres adossés à des créances hypothécaires afin de poursuivre le programme de modification des termes de l’emprunt » pour les propriétaires en difficulté, a expliqué Fannie Mae.
L’organisme est en effet sol l ic ité par les pouvoirs publics pour reprendre des t it res adossés à des prêts immobiliers dont la valeur s’est effondrée, et soutenir de cette manière le marché immobilier. Par conséquent, le directeur de l’Agence fédérale de finance immobilière (l’administration de tutelle de l’entreprise) « a soumis une requête en vue d’obtenir 15 milliards US auprès du Trésor au nom de la société », a ajouté Fannie Mae.

 

L’économie américaine tributaire de l’État
(NDE : Ne serait-il pas dès lors plutôt difficile de suggérer que les plans de relance n'aient pas fonctionné, du moment qu'il ressortirait que ces derniers s'avèreraient tout ce qui empêche encore l'économie américaine de rechuter, en réalité ?...)
WASHINGTON — Les dépenses de consommation des ménages aux États-Unis sont retombées en septembre après leur bond du mois précédent permis par le succès de la « prime à la casse ». Cela traduit les difficultés de l’économie américaine à fonctionner normalement sans l’aide de l’État.
Selon les chiffres publiés hier par le département du Commerce à Washington, la consommation est retombée comme prévu en septembre, de 0,5% par rapport au mois d’août, après avoir progressé de 1,4% le mois précédent, portée par les achats d’automobiles.
Ces chiffres confirment que l ’économie américaine est encore loin d’avoir retrouvé un fonctionnement normal, malgré la fin de la récession confirmée jeudi par la publication de la première estimation officielle du PIB d’été. Si le pays est sorti en force de cette épreuve avec un taux de croissance de 3,5% en rythme annuel au troisième trimestre, les autorités et les économistes prévoient d’une manière générale que la reprise devrait se poursuivre à un rythme beaucoup moins rapide dans les trimestres à venir.
Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, qui souligne régulièrement le danger qu’il y aurait à retirer prématurément le soutien de l’État à l’économie, a rappelé jeudi que la récession se faisait encore cruellement sentir pour des millions d’Américains au chômage et les PME, moteur, justement, de la création d’emplois.
Le plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars sur trois ans promulgué en février « nous aide à avancer dans la bonne direction », a-t-il déclaré hier à Chicago.
Mais un trimestre de croissance « ne suffira pas à permettre que chaque Américain en quête d’un bon travail (...) puisse en trouver un et le garder », a-t-il ajouté.
Alors que 113 milliards de dollars seulement avaient été dépensés à la fin du mois de septembre au titre du plan de relance, la Maison-Blanche a affirmé hier que celui-ci avait déjà permis de sauver ou créer un million d’emplois.

Flaherty  :
La relance demeure « fragile »
OTTAWA — Le ministre des Finances Jim Flaherty estime que la relance de l’économie canadienne demeure « fragile et timide ».
L’économie s’est contractée de 0,1 % en août par rapport au mois de juillet. Pour le ministre des Finances à Ottawa, Jim Flaherty, la « reprise » reste timide.
Il a fait ces commentaires hier, à la suite de la publication par Statistique Canada de données sur le produit intérieur brut qui révèlent que l’économie s’est contractée de 0,1 % en août par rapport au mois de juillet.
Il s’agit de la quatrième baisse mensuelle en six mois, soit de mars à août.
En mars, le PIB avait reculé de 0,5 %. Il avait continué de décroître en avril et mai, de 0, 4 %. I l avait faiblement augmenté de 0,1 % en juin, pour demeurer i nchangé en juillet.
D’août 2008 à août 2009, le PI B ca nadien a reculé de 4 %.
La baisse du mois d’août est principalement imputable à l’industrie de l’extraction du pétrole et du gaz, qui a connu une baisse de l’ordre de 2,3 %. Des travaux d’entretien de certaines installations de pétrole brut sur la côte Est ont notamment ralenti la production.
Le secteur minier, excluant le pétrole et l’extraction de gaz, a diminué de 1, 4 %. L’act i vité manufactur i ère a diminué de 0,7 %.
Les ventes en gros ont baissé, reflétant la faiblesse de la demande extérieure et intérieure.
Du côté des bonnes nouvelles, on peut noter que les ventes au détail ont augmenté de 0,3 %, au même titre que le secteur public, qui a connu une hausse de 0, 4 %. Le domaine de la construction a gagné 0,2 % et le niveau d’activité des courtiers en immobilier est resté élevé pour un troisième mois consécutif.
Les marchés réagissent
En guise de comparaison, l’économie américaine a connu une hausse de 3, 5 % de j uillet à septembre. Le ministre Flaherty, qui se trouvait hier à Toronto pour une annonce concernant une foire agricole, a relativisé ces bons résultats de nos voisins du Sud. Ils seraient principalement attribuables à certains programmes qui ne sont pas reconduits, telle que la prime à la casse pour les voitures.
Les marchés ont fortement réagi à ces résultats, à commencer par le dollar canadien qui a plongé de 1,29 cent, pour terminer la semaine à 92,43 cents US.
Selon des économistes, ces mauvais résultats de l’économie canadienne feront en sorte que les prévisions annoncées la semaine dernière par la Banque du Canada ont peu de chances de se réaliser. La banque centrale prévoyait une croissance de 2% au troisième trimestre.
Avec seulement les données de septembre à venir, il faudra un rebond massif pour cette période pour répondre aux attentes.
Selon l’économiste principal de la Banque Scotia, Derek Holt, si ces chiffres sont ceux d’un début de relance, « c’est un début de relance très timide ».
Il ajoute que la force du dollar ayant fortement réduit le niveau d’exportations et stimulé les importations en septembre, i l est possible que l’ensemble du trimestre devienne négatif. Cela voudrait dire que la récession ne s era i t t e c h niquement pas terminée.
Toutefois, la majorité des économistes, i ncluant M. Holt, croient que le troisième t r i mestre sera légèrement positif, mais pas assez pour augmenter l e n i veau de confiance des consommateurs et très loin du 3,5 % d’augmentation estimé par l es autorités a méricaines pour la même période.

La Bourse en bulle ou pas?  -  Michel Girard
Comment peut-on expl iquer l’extraordinaire rebond de la Bourse depuis son creux du début du mois de mars dernier ?
Selon François Dupuis, vice-président et économiste en chef de Desjardins, l’explication résiderait dans l’ampleur de la déconfiture boursière qui avait rabattu les indices au fameux creux de mars dernier. Comme si cette débandade des indices boursiers de quelque 50 à 60% était exagérée par rapport à l’impact de la crise financière sur la santé de l’ensemble des entreprises cotées en Bourse.
Quand la déprime a touché son zénith au début de mars, le calme boursier est soudainement revenu et les gros investisseurs institutionnels ont recommencé à sauter sur les titres qui se négociaient dès lors à prix d’aubaine par rapport à leurs prévisions de bénéfices. C’est ainsi que, d’une hausse boursière à l’autre, la masse des investisseurs a retrouvé le moral et la confiance…
Et nous revoilà maintenant aux prises avec une remontée qui fait peur tellement elle est forte.
Du jamais vu ou presque. Imaginez, en l’espace d’à peine sept mois et demi, les grands indices nord-américains présentent des performances à faire peur : +63% pour le S& P 500 de la Bourse de New York; +70% pour le NASDAQ; +55% pour les 30 multinationales du Dow Jones; +53% pour le TSX de la Bourse de Toronto. Que dire maintenant de la Bourse de croissance canadienne: +95%.
Après une telle remontée, nombreux sont les gourous financiers, qui, à l’instar de l’équipe économique de François Dupuis, anticipent une correction temporaire. Ou à tout le moins une pause… avant que la Bourse poursuive son redressement par rapport au sommet historique atteint en 2007 par les indices américains et en 2008 par les indices canadiens.
Une mise en garde s’impose ici : comme les entreprises ont profité de la crise financière pour réduire dramatiquement le personnel et l’ensemble de leurs dépenses, il faut, selon M. Dupuis, mettre un certain bémol sur le dévoilement des bénéfices des prochains trimestres. Lesquels bénéfices risquent d’être quelque peu trompeurs…
D’ici 2013, le service économique de Desjardins anticipe une hausse annuelle moyenne de 13,3 % pour le S & P/ TSX de la Bourse de Toronto et une progression annuelle de 10,7 % pour le principal indice américain, le S & P 500 de la Bourse de New York.
Autrement dit, on nous présente des bénéfices non pas liés à la croissance et à la performance financière des entreprises, mais plutôt tributaires du ménage exécuté à l’intérieur des entreprises.
Mais ce ne sera que passager, si l ’on en croit M. Dupuis.
Il est persuadé que l’amélioration progressive du contexte économique générera une vraie croissance des profits, ce qui permettra à la tendance haussière du marché boursier de se poursuivre dans les prochaines années.
D’ici 2013, le service économique de Desjardins anticipe une hausse annuelle moyenne de 13,3 % pour le S& P/ TSX de la Bourse de Toronto et une progression a nnuelle de 10,7 % pour le principal indice américain, le S& P 500 de la Bourse de New York.
Voilà pour la bonne nouvelle boursière.
Maintenant, regardons un côté plus sombre de la spectaculaire remontée des indices.
La fameuse réforme mondiale de la réglementation financière tarde à se matérialiser. Conséquemment, on risque d’assister à un retour massif aux abus de tout acabit dans les marchés financiers.
La réforme proposée par le président Obama visait à mieux protéger les consommateurs de services financiers, à améliorer la stabilité financière, à augmenter la supervision des marchés financiers et des institutions financières, à mettre en place un système de résolution de crise, à renforcer les exigences internationales de capitalisation des institutions financières, à améliorer la standardisation des marchés de produits dérivés, à resserrer la supervision des agences de crédit, à introduire de meilleures pratiques de rémunération et à augmenter les standards comptables.
Les objectifs de la réforme f i nancière Obama étaient fort appréciés de la part de tous les investisseurs et des législateurs mondiaux des marchés financiers. C’était la seule façon efficace de faire le ménage dans les divers marchés financiers.
Eh bien, tout ce beau monde risque de rester sur sa faim.
La puissance des lobbyistes des institutions financières américaines et la longue liste des autres grandes priorités de l’administration Obama risquent, selon François Dupuis, de laisser traîner en longueur l ’application des mesures prévues.
La réforme du système des soins de santé, la guerre en Afghanistan et en I rak, la situation économique, la détérioration budgétaire : voilà autant de priorités de l’administration Obama qui semblent avoir pris le dessus sur la réforme pourtant si nécessaire des marchés financiers.
Remarquez que les patrons des sept firmes renflouées (Citigroup, Bank of America, AIG, etc.) à coups de milliards par le gouvernement américain verront leurs salaires subir une coupe de 50%. Voilà un début. D’autres mesures vont sans doute suivre au cours des prochaines semaines.
Un conseil : surveillons nos arrières, les financiers ratoureux ont toujours le chemin l ibre ou presque. I ls sont repartis sur la « balloune ». Attention !

...MAIS LOUIS VACHON VOIT AU MOINS CINQ ANNÉES DIFFICILES - Sylvain Larocque
Alors que l’Occident sort lentement de la récession, il faut désormais se préparer à au moins cinq années de faible croissance en Amérique du Nord et en Europe, a prévenu hier le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Louis Vachon.
La mise en place de taux d’intérêt exceptionnellement bas et de plans de relance massifs, au cours des derniers mois, ont permis d’éviter une dépression mondiale, mais les gouvernements et les banques centrales ne pourront bientôt faire autrement que de mettre un terme à ces politiques expansionnistes, a soutenu M. Vachon dans une allocution prononcée dans un colloque organisé pour souligner le centième anniversaire de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
À moyen terme, de telles politiques ne seront « pas soutenables », a-t-il estimé.
Résultat prévisible, selon Louis Vachon : une longue période, d’une durée d’au moins cinq ans, de faible croissance économique en Amérique du Nord et en Europe. D’après un porte-parole de la Banque Nationale, M. Vachon faisait référence à un taux de croissance réel (après inflation) oscillant entre 1,5 % et 2% par année.
À l’instar de plusieurs économistes, le banquier prévoit que la reprise sera alimentée par les pays émergents, alors que pendant une bonne partie des années 2000, les consommateurs occidentaux ont été le principal moteur de l’économie mondiale.
Le défi sera donc, pour les institutions financières, les entreprises et les particuliers d’ici, de tirer leur épingle du jeu dans un tel environnement, at-il affirmé.
Le PDG a reconnu qu’entre 2003 et 2007, les banquiers ont connu le « paradis », voire le « nirvana ».
Le secteur profitait alors d’une forte progression de l’épargne suscitée par la démographie, d’une bonne croissance économique, d’une importante augmentation des volumes de prêt, de faibles pertes sur ceux-ci et de l’arrivée massive de nouveaux produits financiers complexes. L’environnement était « quasi parfait », a lancé Louis Vachon.
Le dirigeant a toutefois admis que les institutions financières avaient trop mis l’accent sur ces « innovations », mais pas assez sur les « processus internes » de vérification. C’est dans ce contexte qu’a explosé le fiasco du papier commercial adossé à des actifs ( PCAA), dans lequel la Banque Nationale a joué un rôle important.
De son côté, le président-directeur général d’ I nvestissement Québec, Jacques Daoust, aussi présent au colloque de la FCCQ, s’est montré un peu plus optimiste. À ses yeux, l’économie canadienne devrait revenir à sa vitesse de croisière d’ici environ deux ans.
Comme Louis Vachon, toutefois, M. Daoust a convenu que les gouvernements allaient devoir bientôt mettre un terme à leurs programmes de relance, faute d’argent. Les entreprises ne pourront donc plus compter là-dessus pour croître.

Et vogue le navire  -  SOPHIE COUSINEAU
La semaine s’est terminée sur un feu d’artifice de bonnes nouvelles. Hier, le Conference Board du Canada a publié des perspectives roses pour l’économie (voir notre dépêche publiée en page 9). Cet institut de recherche prévoit que le Canada rebondira avec encore plus de force l’an prochain, avec une croissance de son produit intérieur brut de 2,9 %.
Jeudi soir, Google avait dévoilé les profits les plus reluisants de ses 11 années d’histoire pour le troisième trimestre. Son bénéfice net s’est élevé à 1,64 milliard US, en hausse de 27% par rapport à la même période il y a un an.
Plus t ôt en j ournée, ce sont les ventes immobilières au pays qui faisaient la manchette. Jamais ne s’est-il vendu autant de résidences durant l’été. Ainsi, le prix moyen d’une maison au pays a grimpé de 11% pour s’établir à 327 736$.
Nous devrions tous avoir le sourire fendu j usqu’aux oreilles. Et pourtant, certains di r igeants d’a f fa i res sont beaucoup plus circonspects, et ce ne sont pas des dépressifs saisonniers en manque de soleil et d’oméga 3.
Ce sont les chefs de file de l’industrie du transport. Cette reprise, ils ne la sentent pas ou si peu qu’ils n’ont pas encore le coeur à célébrer. Du lot se trouvent les patrons du Canadien Pacifique, du Canadien National et du port de Vancouver.
« Je n’ai rien vu qui me permette de croire qu’il y ait une reprise substantielle et soutenue en cours. Personnellement, je ne crois pas que nous ayons fini de sombrer », a dit Fred Green, chef de la direction du Canadien Pacifique lors d’une conférence prononcée le mois dernier.
Claude Mongeau, qui prendra la direction du Canadien National en janvier, croit que le pire est sans doute passé. Mais sur la vigueur de cette reprise, il reste prudent. « Il y a encore un risque de faux départ. Et, à tout événement, nous ne sommes pas d’avis au CN que la reprise sera très rapide », a dit le chef de la direction financière du transporteur montréalais lors de la même conférence.
Nouveau PDG de Port Metro Vancouver, le plus grand port au pays, Robin Silvester se qualifie, lui, de « prudemment optimiste ». Ce grand gaillard voit poindre une reprise, mais pas dès l’an prochain.
« Les choses se sont stabilisées. Au moins, elles ne vont pas de mal en pis. Mais, il est beaucoup trop tôt pour dire que les affaires reprennent », a-t-il dit récemment en entrevue avec La Presse Affaires.
Ainsi, on a beau parler de livres numériques et de commerce de détail électronique, le transport de marchandises reste un baromètre assez fidèle de l’économie et du commerce international. Une économie qui, à la veille de l’arrivée des livraisons pour Noël, n’est pas encore guérie.
Dans son bureau vitré de la Canada Place, au centre-ville de Vancouver, Robin Silvester a une vue imprenable sur les grues, les quais et les conteneurs multicolores qui bordent Burrard Inlet. Mais, depuis que la récession s’est installée, les activités portuaires sont anormalement tranquilles.
Lointaine est la congestion sur les quais dont mon collègue Richard Dupaul a fait état dans une série d’articles en 2005.
Entre janvier et août, le transport de marchandises mesuré en tonnes métriques accuse un retard de 14,1 % par rapport à la période correspondante de 2008. Quant au trafic conteneur, il accuse une baisse de 16% depuis le début de l’année comparativement à l’année passée.
Tout n’est pas noir. Mais les expéditions de céréales (+ 41 %) et de produits pétroliers (+34%) ne contrebala ncent pas l es c hutes observées dans le transport de fertilisants (-49%), de produits chimiques (-39%) et de produits forestiers (-27%).
Clients du port, les armateurs sont en bien mauvaise posture. Durant les belles années, ils ont commandé quantité de vraquiers, de porte-conteneurs et de bateaux de croisière, navires qui, dans bien des cas, n’ont pas encore été livrés.
« I l y a une surcapacité significative qui mettra des années à se résorber », note Robin Silvester.
Pour accommoder les armateurs mal en point et attirer une plus grande part de trafic, certains ports de la côte Ouest ont décidé d’offrir de nouveaux incitatifs. Par exemple, le port de Seattle a consenti des rabais à tout armateur qui accroît le volume de marchandises ou de conteneurs manutentionnés sur ses quais.
Toutefois , le port de Vancouver, le quatrième en Amérique du Nord et le troisième de la côte Ouest selon le trafic conteneur, avec une part de marché de 13,6%, a refusé d’emboîter le pas à Seattle. « Nous ne voulons pas déclencher de guerre de prix », dit Robin Silvester.
Pareil rabais, explique le PDG du port de Vancouver, aurait compromis la capacité de Port Metro Vancouver d’investir dans ses infrastructures.
Vancouver entend y consacrer 4 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années. Malgré la récession, ce montant reste inchangé, même si certains projets seront repoussés de quelques années, comme la construction d’un deuxième t er minal pour conteneurs au Delta Port, qui attendra 2020.
« Nous avons stratégiquement choisi de développer nos infrastructures, afin que nous soyons fin prêts lorsque la reprise se concrétisera. »

Que la galère se termine demain ou l’an prochain, le port de Vancouver n’attend plus que le trafic revienne sur ses quais.


Le chômage restera élevé en 2010, selon la Fed
WASHINGTON — Les dirigeants de la banque centrale américaine, la Fed, estiment que le chômage ne devrait pas baisser « sensiblement » en 2010 et veulent surveiller « soigneusement » les attentes d’inflation, selon les minutes de leur dernière réunion publiées hier.
Au cours de cette réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) des 22 et 23 septembre, les participants sont tombés d’accord « d’une manière générale », pour dire que l’économie américaine devrait « croître sur la fin de 2009 et en 2010, mais à un rythme qui ne devrait pas faire baisser sensiblement le taux de chômage », révèle le compterendu de la séance.
Le document note « que plusieurs participants » ont indiqué au cours de cette réunion avoir « revu en hausse leurs prévisions de croissance pour le second semestre de 2009 et pour les années suivantes », mais ne publie pas de nouvelle fourchette de prévision officielle.
La récession enterrée
Dans leurs dernières prévisions publiées, remontant à juin, les dirigeants de la Fed estimaient que les États-Unis reviendraient à la croissance au second semestre et que le produit intérieur brut ( PIB) du pays augmenterait de 2,1 à 3,3% en 2010.
Au cours de leur réunion des 22 et 23 septembre, les membres du FOMC ont enterré officiellement la récession américaine entamée en décembre 2007, mais ont prévenu que la reprise serait lente et longue, et que le niveau des prix et de l’activité devrait justifier le maintien du taux directeur, abaissé à quasi zéro en décembre, à un niveau extrêmement bas pendant longtemps.
Alors que les dirigeants de la Fed ont pu apparaître récemment tiraillés sur leur appréciation du niveau des prix, entre ceux qui craignent un retour de la grande inflation des années 1970 et ceux pour qui plane encore le spectre d’une déflation, les minutes laissent penser que leur écart de vue était réduit en septembre.
Surveiller l’inflation
« D’une manière générale, de nombreux participants ont considéré que les risques concernant leurs prévisions d’inflation pour les quelques trimestres à venir étaient globalement équilibrés » entre hausse et baisse, notent les minutes.
« Un petit nombre » continuaient de voir un risque assez fort de désinflation, mais moins fort qu’auparavant, et « un petit nombre » craignaient que leur prévision n’ait à être relevée à long terme, ajoute le texte.
Néanmoins, « tous les participants ont reconnu que les attentes d’inflation étaient un des facteurs déterminants de l’inflation, et que, dans les conditions actuelles, il fallait surveiller soigneusement les diverses mesures d’attentes d’inflation, aussi imparfaites soient-elles », ajoute le document.
Toute la difficulté qui attend la Fed sera en effet de trouver le moment opportun pour relever son taux de manière à contrer un envol éventuel de l’inflation sans tuer la reprise naissante.

Y a-t-il un moteur pour l’économie mondiale ?  -  Stéphanie Grammond
Q: Fort de 25 ans d’expérience en gestion de portefeuilles, Robert Auger agit à titre de conseiller principal en gestion de placements au sein du Groupe-conseil Aon. Il se spécialise entre autres dans la répartition d’actifs et la gestion du risque.
La banque centrale d’Australie a fait passer son taux de financement de 3% à 3,25%. L’Australie est le premier pays du G20 à augmenter son taux d’intérêt depuis le début de la récession. C’est étonnant! Les banques centrales, y compris la Banque du Canada, doivent garder les taux d’intérêt faibles pour encourager la reprise économique. Retarder un peu la remontée des taux n’est pas si grave: cela risque seulement de créer un peu d’inflation. Il est beaucoup plus dangereux de les remonter trop vite.
Q:
La confiance des consommateurs et la croissance des profits. Toute déception du côté des profits pourrait entraîner une bonne correction boursière. La question est de savoir ce qui pourrait soutenir, à moyen terme, la croissance économique. Les moteurs du marché boursier haussier de 2003 à 2007 avaient été les consommateurs américains, avec un fort taux d’endettement et une forte progression du marché immobilier. Quel est le nouveau vrai moteur de l’économie mondiale ? Je n’en vois pas à court terme. Cela peut prendre encore quatre ans avant qu’on le trouve. La Chine sera un jour un moteur important, mais à court terme, cela est moins évident. Les dépenses des gouvernements en infrastructures sont un autre moteur, mais il prendra du temps avant de démarrer. La meilleure façon de survivre à des périodes volatiles est d’investir graduellement dans un portefeuille où le risque est bien diversifié grâce à plusieurs catégories d’actifs (actions, obligations, matières premières), puis de le rééquilibrer régulièrement en réinvestissant lorsqu’un actif baisse, et en vendant lorsqu’un actif monte.
Depuis l’apparition des fonds négociés en Bourse, les particuliers possèdent des outils de placements faciles et efficaces pour s’exposer à divers marchés afin de composer un portefeuille bien diversifié à faible coût. Avez-vous pensé à mettre 5000$ dans un CELI?
Q:
La pire erreur que bien des gens ont faite est de se réfugier en fonds de marché monétaire au début de 2009 après avoir subi une perte importante en actions. Les rendements de ces fonds sont très bas. Les certificats de dépôt sont relativement plus avantageux, même avec leurs faibles taux. Par ailleurs, il faut aussi éviter de courir après les actifs qui ont monté en flèche récemment, et plutôt attendre un léger repli pour entrer dans ces placements intéressants.
Q:
À votre avis, quel est l’événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ?
Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?
Quel placement évitez-vous à tout prix ?
Qu’est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ?
Nous sommes dans un marché boursier séculaire à la baisse qui a commencé au début des années 2000 et qui va se poursuivre encore trois ou quatre ans. Les investisseurs qui n’ont pas vécu les années 70 oublient que le dernier marché séculaire à la baisse s’est étendu de 1967 à 1980, avec de très grandes fluctuations des marchés.

Le taux d’inoccupation à un sommet de cinq ans
Le taux d’inoccupation des bureaux aux États-Unis a grimpé à un sommet de cinq ans au troisième trimestre au moment où les pertes d’emplois se sont accentuées et tandis que les employeurs ont vidé les locaux à cause de la récession, indique Reis Inc., une firme de recherches dans le domaine immobilier.
Le taux d’inoccupation est passé de 13,7% à 16,5% en un an depuis la faillite de Lehman Brothers.
Le taux d’inoccupation est passé de 13,7% à 16,5% en un an depuis la faillite de Lehman Brothers Holdings, précise Reis, une société établie à New York. Le loyer véritable payé par les locataires a chuté de 8,5%, plus forte dégringolade sur un an depuis 1995.
« L a ba i s s e des l oyers véritables s’est réellement accélérée après la chute de Lehman Brothers », souligne Victor Calanog, directeur de la recherche chez Reis. « Les locataires vont continuer à quitter des locaux au rythme de l a perte d’emplois » , prévoit-il.
Pertes d’emplois
Les pertes d’emplois aux États-Unis se sont accélérées en septembre et le taux de chômage a grimpé à 9,8%, un sommet depuis 1983. Le nombre d’emplois perdus a atteint 263 000, ce qui porte le nombre total de postes disparus à 7,2 millions depuis le début de la récession, soit le plus important recul depuis les années 30. Le sousindice boursier BBREIT consacré à l’immobilier (bureaux) et qui regroupe 14 titres s’était déprécié de 14,31% en 12 mois jusqu’à ce mardi.
Les firmes financières ont sabré plus de 180 000 postes dans les Amériques au cours de la crise de crédit qui a entraîné la disparition ou la vente de Bear Stearns, Washington Mutual, Merrill Lynch et Lehman Brothers.
Les trois mois terminés le 30 septembre dernier ont marqué le septième trimestre consécutif au cours duquel les propriétaires ont fait état d’une perte nette des locaux occupés par des locataires. Environ 19,6 millions de pieds carrés de locaux de plus étaient inoccupés au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, signale Reis.
Les États-Unis se dirigent vers la deuxième année la pire au chapitre de l’absorption nette de bureaux depuis au moins 1980, année où Reis a commencé à colliger ses données, indique M. Canalog.
Le taux d’inoccupation à l’échelle nationale américaine était de 15,9% au deuxième trimestre.
À New York, le taux d’inoccupation a bondi à 11,4% au troisième trimestre comparativement à 6,6% un an plus tôt, et les loyers véritables payés dans la ville ont chuté de 18,5%.
L’éteignoir de Bay Street   -  Hugo Fontaine
Le gestionnaire Eric Sprott évoque la dépression économique et mise toujours sur l’or
Au moment où plusieurs observateurs évoquent la reprise, Eric Sprott joue les éteignoirs. Pour lui, le mot « dépression » n’est pas trop fort pour décrire l’état de l’économie.
Eric Sprott ne croit pas à la dernière remontée boursière et prévoit que le marché va retomber encore plus bas que les creux de la dernière année.
S’il est l’un des gestionnaires les plus en vue de Bay Street, il est aussi l’un des plus pessimistes. « Nous ne voyons pas l’économie même près d’où plusieurs autres la voient », a dit M. Sprott, de passage à Montréal la semaine dernière dans le cadre d’une tournée nationale de sa firme de gestion de placements, Sprott Asset Management.
Les dernières données américaines ont déçu: les ventes de voitures sont carrément déprimantes, le taux de chômage atteint 10%. Et le PIB canadien est resté au neutre en juillet.
« La situation va au-delà de la récession », a soutenu M. Sprott. Et ça ne s’améliorera pas, selon lui.
« Quand les programmes de stimuli vont venir à leur terme, on reprendra probablement la contraction économique », a-t-il ajouté.
M. Sprott a affirmé la semaine dernière au Globe and Mail que les marchés actuels étaient les plus difficiles de sa carrière. Et cette situation risque de se poursuivre, selon son analyse.
I l ne croit pas à la dernière remontée boursière et prévoit que le marché va retomber encore plus bas que les creux de la dernière année.
Ses portefeuilles sont encore sous-pondérés en financières, ce qui a joué contre lui dans les six derniers mois, concède-t-il.
Mais il soutient que les plans pour sauver les grandes banques n’ont rien réglé. Et que la société devra un jour payer pour tous les sauvetages organisés aux frais de l’État. « Les gouvernements ont pelleté le problème », a-t-il lancé.
Dans ce contexte, M. Sprott tient toujours en haute estime le plus précieux des métaux, et n’entend pas le lâcher de sitôt dans une économie dépressive. « Il n’y a qu’une seule chose qui fonctionne dans un marché baissier, il n’y a qu’une façon prudente de jouer : l’or. »
Depuis 10 ans, M. Sprott a intégré et maintenu des positions aurifères dans ses fonds. Depuis ce temps, l’or a pris plus de 300%, et continue de bien faire aujourd’hui. « Le buy-and-hold n’est pas mort, a-t-il dit pendant son allocution devant un auditoire de gestionnaires et clients. Tout dépend de ce qui est l’objet de cette stratégie. »
« Les marchés haussiers durent longtemps dans le secteur de l’or, a précisé M. Sprott pendant une entrevue accordée à La Presse Affaires. Le marché actuel ne fait pas exception. » Le prix de l’or est en hausse depuis une dizaine d’années maintenant, alors que certains marchés haussiers ont duré plus de 15 ans, a-t-il noté.
En mars dernier, Sprott Asset Management a lancé un fonds entièrement constitué de lingots d’or. Le résultat n’est pas très probant jusqu’à maintenant, avec un rendement négatif de -9,3% de l’ouverture jusqu’à la fin du mois d’août.
Mais l’or demeure « l’endroit où demeurer », a assuré le gestionnaire-vedette, qui a néanmoins ajusté sa stratégie dans les derniers mois en se tournant davantage vers les sociétés aurifères.
« Quand le lingot monte de 20%, les résultats des sociétés aurifères augmentent peutêtre de 40 % », a expliqué M. Sprott.
L’or navigue actuellement autour des 1000$ US l’once, et un prix de 2000$ est dans les cartons d’Eric Sprott, même s’il est difficile pour lui de dire exactement quand cela se produira.
Coup dur pour l’emploi en septembre
WASHINGTON —L’économie américaine a accusé un coup dur en septembre avec une hausse inattendue des destructions d’emplois, porteuse de menaces pour une reprise encore balbutiante.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Travail, la première économie mondiale a supprimé 263 000 emplois nets, contre 201 000 en août, ce qui a fait monter le taux de chômage à 9,8%, contre 9,7% à la fin du mois précédent.
Le vice-président américain Joe Biden a reconnu que ces chiffres représentaient une « mauvaise nouvelle », mais a assuré que le pays allait « recommencer à créer des emplois ».
La hausse des licenciements de septembre a pris au dépourvu les analystes, qui s’attendaient à un ralentissement des destructions de poste pour le troisième mois d’affilée, avec seulement 175 000 pertes d’emplois.
À 9,8%, le taux de chômage reste comme le mois précédent à son plus haut niveau depuis juin 1983. Il est conforme aux prévisions des analystes.
Mauvaise nouvelle pour l’économie américaine, la détérioration de la situation provient du secteur tertiaire, qui représente environ 85% de la maind’oeuvre employée non agricole du pays, et où les licenciements ont plus que doublé.
Qui plus est, comme le mois précédent, un seul secteur a créé des emplois en septembre, celui de l’éducation et des soins de santé, mais ces créations se sont réduites comme peau de chagrin, à 3000 postes, contre 46 000 le mois précédent. Même l’État a supprimé massivement des emplois (53 000) malgré les efforts de relance.
Le nombre de chômeurs dans le pays a presque doublé, à 15,1 millions, depuis le début de la récession en décembre 2007. À ce chiffre officiel, il convient d’ajouter 9,2 millions de personnes contraintes de travailler à mi-temps du fait de la conjoncture, et 2,3 millions de chômeurs non comptabilisés pour diverses raisons, pour avoir une vision plus réelle du fléau social.
Reprise menacée ?
De l’avis général, les ÉtatsUnis sont sortis en août de la récession la pire qu’ils aient connue depuis 1945, mais le gouvernement et la banque centrale (Fed) prévoient que le chômage continuera de monter jusqu’au milieu de l’année 2010, où il plafonnerait alors au-dessus de 10%.
Pour sa part, le Fonds monétaire international ( FMI) a averti jeudi que le taux de chômage risquait de grimper encore plus longtemps, pour n’atteindre son pic qu’au second semestre de cette année-là.
La hausse continuelle du chômage risque d’entraver, voire de faire dérailler la reprise naissante en freinant les dépenses de consommation des ménages, qui sont le moteur traditionnel de la croissance américaine.
D’autant plus que le rapport du Ministère fait apparaître que les heures travaillées ont baissé de 0,5% en septembre et que les salaires ont connu une hausse poussive de 0,1%.
« Il n’y a rien » dans le rapport du Ministère « pour soutenir l’idée que l’économie créera des emplois avant la fin de l’année. Et rien qui soutienne l’idée que les consommateurs puissent maintenir la hausse des dépenses que nous avons vue en août », estime Nigel Gault, économiste du cabinet d’analystes IHS Global Insight.
Mais les chiffres de septembre ne remettent pas en cause le fait que les licenciements sont engagés « résolument sur une pente descendante », juge l’économiste indépendant Joel Naroff, rappelant qu’il ne faut s’attendre à des cahots en début de reprise.
Néanmoins, le Prix Nobel d’économie Paul Krugman a appelé hier dans le New York Times à de nouvelles mesures de relance, faute de quoi le marché de l’emploi restera, selon lui, « épouvantable pendant plusieurs années ».
Moins de production, plus de sans-emploi
WASHINGTON — La hausse de l’activité de l’industrie manufacturière américaine a ralenti contre toute attente en septembre, selon l’indice des directeurs d’achats publié hier par l’association professionnelle ISM.
L’indice ISM manufacturier a reculé de 0,3 point par rapport à juillet pour s’établir à 52,6%, alors que les analystes pensaient qu’il continuerait de progresser jusqu’à atteindre 54,0%.
L’indice était passé en août au-dessus de 50%, témoignant d’une progression de l’activité manufacturière après 18 mois de baisse.
« Le secteur manufacturier a progressé pour le deuxième mois consécutif en septembre. Si le taux de croissance s’est légèrement atténué par rapport à août, la reprise a élargi son emprise dans la mesure ou le nombre d’industries ayant fait part d’une croissance est passé de 11 à 13 » sur les 18 passées en revue, écrit l’ISM dans le compte-rendu de son enquête mensuelle.
Par ailleurs, les nouvelles inscriptions au chômage aux États-Unis ont plus augmenté qu’attendu au cours de la semaine close le 26 septembre, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Travail.
Le Ministère a recensé 551 000 nouvelles demandes d’allocations de chômage, soit une hausse hebdomadaire de 17 000 par rapport aux 534 000 de la semaine précédente. Les analystes prévoyaient une hausse moins marquée, avec 535 000 dossiers déposés.
Ces chiffres montrent une i nterruption de l a baisse des inscriptions au chômage constatée au cours des trois dernières semaines. Ils confirment les prévisions des économistes, qui ont prévenu que le chômage représenterait l’effet le plus durable de la récession économique qui touche à sa fin dans le pays.
La banque centrale américaine (Fed) s’attend à ce que le taux de chômage continue de monter jusqu’à atteindre son sommet « au milieu » de 2010, même si la tendance des nouvelles inscriptions est plutôt à la baisse depuis le sommet atteint en mars.
Le taux de chômage officiel atteignait 9,7% à la fin d’août aux États-Unis, son plus haut niveau depuis juin 1983.
Autre donnée publiée hier, la baisse des prix liés aux dépenses de consommation des ménages américains a ralenti à 0,5% sur un an en août, après 0,8% en juillet, selon l’indice PCE servant de référence à la politique monétaire de la banque centrale des États-Unis.
Ce chiffre, publié par le département du Commerce, montre que l’évolution des prix est encore loin d’être conforme au niveau jugé acceptable par la banque centrale, dont l’objectif à long terme est une hausse de l’indice PCE comprise entre 1,7 à 2,0%.
Hors alimentation et énergie, l’inflation dite de base a ralenti à 1,3% sur un an (comparativement à 1,4% en juillet).
En glissement mensuel , l’inflation mesurée par l’indice PCE a été de 0,3 % en août, alors que les prix avaient été stables en juillet.

1800 travailleurs sans papiers mis à pied à L.A.  -  Nicolas Bérubé
Le fabricant de vêtements American Apparel entend licencier 1800 travailleurs dans les prochains jours. Les employés touchés travaillent à la manufacture de l’entreprise, au centre-ville de Los Angeles. Ils ont été incapables de produire des documents témoignant de leur droit de travailler en sol américain.
C’est après une enquête longue de 17 mois de l’Immigration and Customs Enforcement Agency (ICE) que l’entreprise a dit avoir pris connaissance du statut des employés.
Selon la loi, les employeurs sont tenus de demander le numéro d’assurance sociale et les papiers de travail des employés. Or, de nombreux travailleurs sont munis de faux documents, et réussissent à se faire embaucher. Ceuxci paient alors des taxes et des charges sociales à l’État, comme tout autre travailleur.
Cette semaine, le controversé président d’American Apparel, Dov Charney, a publié une lettre ouverte à ses employés. M. Charney, qui a fait l’objet de plusieurs poursuites pour des allégations de harcèlement sexuel au cours des dernières années, milite depuis longtemps en faveur du droit des sans-papiers.
« Je s uis profondément attristé par le fait que plusieurs d’entre vous vont quitter l’entreprise au cours des prochains jours, a-t-il écrit. Plusieurs d’entre vous ont travaillé avec moi durant des années. Sachez que ceux qui quittent l’entreprise auront droit à un traitement prioritaire pour revenir travailler ici, une fois que vos papiers seront en règle. »
M. Charney a rappelé que le président Obama avait promis de réformer les lois sur l’immigration durant sa campagne, un dossier qu’il n’a pas abordé depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Le nouveau président demeure extrêmement populaire auprès de la population d’origine latino-américaine : les plus récents sondages montrent que plus de 75% des électeurs hispanophones sont satisfaits de son travail.
« Made in L.A. »
American Apparel fait fabriquer tous ses vêtements au centre-ville de L. A. L’entreprise intégrée verticalement verse des salaires supérieurs aux normes du secteur, offre l’assurance-maladie et a récemment donné des millions de dollars en actions à ses employés. Sur son immense manufacture, une bannière géante proclame « Legalize L. A. », un slogan qui appelle à la réforme des lois sur l’immigration.
Sous le règne de Bush, l’ICE avait fait beaucoup de bruit en menant des raids musclés sur les lieux de travail. Sous Obama, l’organisation semble avoir adopté des méthodes moins extrêmes. Aujourd’hui, des audits comptables sont menés, et la tâche de renvoyer les sans-papiers incombe aux patrons des entreprises visées.
Pour le président d’American Apparel, ces méthodes plus discrètes ne sont pas souhaitables pour autant.

« Je crois fermement que les immigrants amènent la prospérité dans un pays, note M. Charney, lui-même originaire de Montréal. Ils deviennent des travailleurs motivés, et ils deviennent parfois des chefs d’entreprise motivés, comme moi. Ils apportent des idées fraîches, de l’optimisme, et de la passion à l’économie, et contribuent à la prospérité de tous. »

USA Baisse inattendue des commandes
La demande de biens durables a baissé de manière inattendue aux États-Unis au mois d’août tandis que les ventes de maisons neuves ont augmenté moins que prévu, ce qui affecte la cadence de la reprise économique.
Les commandes de biens durables ont diminué de 2,4 % le mois dernier, plus forte baisse depuis janvier dernier, a précisé hier le département américain du Commerce. Toutefois, un autre rapport a indiqué que la confiance des consommateurs s’était améliorée.
Les entreprises ont peu de motifs d’investir dans de nouvelles usines et de l’équipement alors qu’elles sont aux prises avec une capacité excédentaire atteignant presque un record et au moment où les prévisions touchant les dépenses de consommation ne sont guère reluisantes.
Le rapport publié hier par le département du Commerce confirme les prévisions de la Réserve fédérale américaine ( Fed) selon lesquelles la reprise sera ti mide. En outre, les dernières données ont incité des économistes de diverses firmes, dont Morgan Stanley, à revoir à la baisse leurs projections quant à la croissance économique au troisième trimestre.
« L’économie américaine a tendance à s’améliorer par à-coups lorsqu’il y a une reprise, mais celle-ci ne fait que commencer », explique Ellen Zentner, économiste principale de Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, à New York. « Les dépenses des entreprises consacrées à l’équipement et aux logiciels semblent plus faibles que ce que nous espérions pour le troisième trimestre », ajoute-t-elle.
Les économistes avaient prédit que les commandes de biens durables augment e r a i e nt de 0 , 4 %, s elon l a prévision médiane de 75 spécialistes sondés par Bloomberg. Les estimations oscillaient entre une baisse de 2 % et un gain de 4 %. En ne tenant pas compte du secteur du transport, on prévoyait que les commandes augmenteraient de 1 %, d’après le sondage de Bloomberg.
Dépenses des ménages
Les dépenses des ménages, bien qu’elles se stabilisent, demeurent réprimées par les pertes d’emplois, la stagnation des salaires et la baisse de la valeur des maisons. Selon les décideurs, l’activité économique restera vraisemblablement faible pendant un certain temps.
L’indice final de l’humeur des consommateurs, tel que calculé par Reuters et l’Université du Michigan, s’est haussé à 73,5 en septembre, soit plus que prévu et davantage que le résultat de 65,7 en août. Les données préliminaires de septembre situaient l’indice à 70,2.
Les ventes de maisons neuves ont grimpé de 0,7 % à 429 000 à un rythme annuel le mois dernier, indiquait hier un autre rapport du département américain du Commerce. Les constructeurs ont sabré leurs prix à une cadence record pour concurrencer les saisies de maisons qui inondent le marché d’habitations déjà existantes.
Selon u n sondage de Bloomberg, les spécialistes s’attendaient à ce que les ventes de maisons neuves progressent à un rythme de 440 000 unités.
Le prix médian des maisons neuves a chuté de 9,5 % par rapport au mois précédent, plus forte baisse depuis que les données ont commencé à être recueillies à ce sujet en 1963. Les maisons d’un prix inférieur à 150 000 $ US ont accaparé la plus grand part du marché. Le prix médian a baissé à 195 200 $, soit le niveau le plus bas depuis octobre 2003.

Reprise en V: attendez avant de crier victoire  -  Stéphanie Grammond
La crise financière semble terminée et la remontée des économies mondiales s’amorce en synchro. L’amélioration des conditions financières laisse entrevoir une reprise en V, où l’on regagnerait rapidement le terrain perdu. Ainsi, l’indice des conditions de crédit de la Banque du Canada est remonté au-dessus de zéro, ce qui indique que les conditions sont meilleures que la moyenne des 10 dernières années. Et l’indice Bloomberg, qui reflète le niveau de stress sur les marchés américains, s’est énormément détendu. Mais il est trop tôt pour crier victoire, selon Sherry Cooper, de Marchés des capitaux BMO, pour qui le plus grand obstacle reste le taux de chômage élevé des consommateurs américains.

LA CARTOGRAPHIE D’UNE FULGURANTE REMONTÉE BOURSIÈRE  -  Stéphanie Grammond
Depuis six mois, la Bourse a explosé de 45%. Après une avancée aussi spectaculaire, les investisseurs se retrouvent à la croisée des chemins : faut-il appuyer sur l’accélérateur ou prendre la voie d’évitement ?
La Bourse est sortie du ravin sur les chapeaux de roues. Attachez vos ceintures : depuis le creux du 9 mars 2009, les actions ont explosé de 45% au Canada et de 53 % aux États-Unis. Les marchés qui avaient déboulé de plus de 50% avec la crise du crédit, ont donc récupéré la moitié de leurs pertes, en six mois seulement.
Du côté a méricain, l es i nvestisseurs n’ont j amais vécu ont rebond aussi extraordinaire, sauf en 1933 alors que la Bourse se relevait de la Grande Dépression.
Par contre, les investisseurs canadiens ont déjà connu d’autres accélérations aussi rapides, notamment au sortir de la récession de 198182. L’indice de la Bourse de Toronto avait bondi de 56,8% au cours de la période de six mois terminée le 10 janvier 1983, a calculé Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale.
Et après cette progression fulgurante, la Bourse avait poursuivi sa route pendant près de cinq ans, soit jusqu’au krach de 1987.
Qu’en sera-t-il cette foisci ? En filant à vive allure, la Bourse risque-t-elle de frapper un mur?
Les moteurs de la Bourse
Certains investisseurs ont encore la frousse en regardant dans le rétroviseur. Ils n’arrivent pas à croire que la Bourse soit repartie si vite. Après tout, le système financier était au bord de l’implosion l’année dernière.
« On est passé très près de tomber dans l’abysse. On a failli retourner au troc ! » ironise Luc Girard. « Mais on a été capable de sauver le capitalisme », enchaîne le directeur du groupe de conseil en portefeuilles, chez Valeurs mobilières Desjardins.
Les gouvernements et les banques centrales ont tout fait pour éviter une réédition de la Grande Dépression, en injectant de l’argent dans l’économie, en épaulant des sociétés en détresse et en abaissant les taux d’intérêt.
Lespolitiquesfiscaleetmonétaire ont fonctionné, constate Carlos Leitao, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
À preuve, les taux hypothécaires se sont stabilisés, de même que les banques. Elles ont même recommencé à dégager des profits et à rembourser l’argent allongé par la Fed, indique M. Leitao.
L’industrie automobile a aussi repris des forces. Les primes à la casse pour la mise au rancart des véhicules d’occasion ont fait rebondir les ventes de véhicules neufs cet été. « On approche du rythme a nnualisé de 14 millions d’unités par mois, alors qu’on roulait autour de 10 millions d’unités jusqu’en avril dernier », note M. Leitao.
La reprise de la production industrielle se dessine. D’ailleurs, l’indice ISM manufacturier a dépassé la barre des 50 points, au mois d’août, ce qui indique généralement une expansion du secteur manufacturier américain.
Tout indique que la récession tire à sa fin. L’OCDE s’attend à ce que les pays industrialisés du G7 retrouvent la croissance dès le troisième trimestre, actuellement en cours.
Dans ce contexte, la remontée boursière n’a rien d’étonnant. Historiquement, la Bourse canadienne perd 23% à partir du début d’une récession, mais rebondit ensuite de 18% à partir de son creux jusqu’à la fin de la récession, expose M. Lapointe. La tendance a été la même, cette fois, mais l’ampleur a été plus forte.
Des obstacles sur la route
Néanmoins, certains jugent que la Bourse est allée trop haut, trop vite. « Les marchés financiers sont en train d’anticiper une reprise économique extrêmement rapide. Oui, il y aura une reprise, mais elle sera lente et hésitante », prévient M. Leitao.
Il ne s’attend pas à une autre hécatombe: « Les probabilités d’une nouvelle descente aux enfers sont très minces », dit-il.
Mais il craint que les investisseurs soient déçus. « Nous avons vécu une crise sans précédent qui aura des conséquences. Ce n’est pas raisonnable de penser que tout va revenir comme avant », dit M. Leitao. À son avis, les investisseurs doivent s’habituer à des rendements plus faibles.
Il faut dire qu’il reste encore des obstacles sur la route. La confiance des consommateurs, le marché de l’emploi et l’immobilier restent encore chambranlants.
Jusqu’ici , les gouvernements ont combattu la récession à coups de milliards, mais l’économie retombera-telle en panne quand les États prodigues retireront leurs stimuli ? Et, à l’inverse, les banques centrales vont-elles réveiller l’inflation en gardant trop longtemps les taux d’intérêt au plancher ?
L’accélérateur sur les ressources
Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas le moment de donner un coup de frein, dit Pierre Lapointe.
« La Bourse n’est pas rendue à un niveau trop élevé. Les actions sont à un ratio de 14 fois les bénéfices de 2010. En moyenne, le ratio monte jusqu’à 16, un an après une récession. Il y a encore place à l’expansion », assure le stratège.
Il favorise donc les ressources naturelles, soit l’énergie et les matériaux (à l’exception de l’or), car ce sont les secteurs qui profitent le plus du cycle de reprise économique.
Il conseille aussi la consommation discrétionnaire et la technologie, plutôt du côté américain.
D’ailleurs, il recommande de surpondérer les actions des sociétés américaines, car ce sont elles qui profiteront le plus l’assainissement des conditions de crédit. Aux États-Unis, les entreprises dépendent beaucoup des marchés financiers
pour se financer, tandis qu’en Europe, les sociétés se financent davantage à l’aide d’emprunts bancaires.
Luc Girard mise aussi sur les secteurs cycliques. « La reprise est à nos portes, on ne fait que commencer le cycle économique. Je ne pense pas que le marché surchauffe », dit-il.
Dans l’énergie, il pointe les titres de Nexen, Talisman Energy et Transocean, une entreprise qui détient 35 % des parts de marché en eaux profondes, « un plus quand on sait que les réserves de pétrole faciles à exploiter se raréfient », dit-il.
Côté matériaux, il favorise Alcoa dans l ’a l uminium, Westshore Terminals dans le charbon, et Thompson Creek Metals dans le molybdène, une matière qui permet de durcir l’acier, très en demande en Chine pour la construction d’édifices en hauteur qui nécessitent des matériaux très résistants.
La pédale douce sur les banques
D’autre part, M. Girard met la pédale douce sur les secteurs défensi f s . « Avec l’inflation qui reviendra éventuellement dans le portrait, il faut éviter les services publics, dont les actions font généralement moins bien dans un contexte de remontée des taux d’intérêt », dit-il.
Bémol aussi pour les actions des banques canadiennes qui ont pratiquement doublé en six mois. Leur taux de dividende reste alléchant : 4,4 % contre 2,7 % pour les banques ailleurs dans le monde, note M. Lapointe. Mais les investisseurs paient les actions deux fois plus cher : leur ratio cours/ valeur comptable a atteint 2,1, presque le double du ratio des banques dans les autres pays.

« Je pense qu’il faut prendre des profits, dit M. Girard, sans sortir complètement du secteur financier. »



Le répit  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Petit soupir de soulagement : après être disparue des écra ns rada rs pendant 10 mois, la croissance est réapparue timidement en juin au Canada. À 0,1 %, en deçà des prévisions, on ne s’emballera pas. Les résultats de cet été devraient néanmoins confirmer le pronostic de la Banque du Canada : la récession a plié bagage après avoir ébranlé le pays pendant trois trimestres tumultueux.
L a c hute du P I B au ra finalement été plus brutale qu’annoncé initialement : un recul de 6,1 % au premier trimestre et de 3,4 % au second. On doit une fière chandelle aux consommateurs qui ont empêché le bateau de prendre l’eau davantage. Le maintien de leurs dépenses a contenu la glissade surtout occasionnée par une dégringolade de 19 % des exportations.
La reprise devrait donc se poursuivre pendant les prochains mois. Sera-t-elle vigoureuse ? Jusqu’à quel point sera-t-elle durable ? Mystère et boule de gomme. Si on opte pour le camp des optimistes, dont fait partie le gouverneur Ma rk Ca rney, l’économ ie prendra graduellement du mieux, si bien que la croissance atteindra 1,3 % dans les six derniers mois de 2009 et 3 % dès 2010. Les plans de relance gouvernementaux mis de l’avant il y a quelques mois devraient donner un peu d’impulsion au rebond de l’économie dans l’immédiat.
Toutefois, des bémols subsistent. Les stocks des entreprises canadiennes, encore fort élevés au deuxième trimestre, et la faiblesse de leurs investissements pourraient ralentir la croissance anticipée des prochains mois. On s’attend aussi à ce que la création d’emplois soit mitigée.
Au sud de la frontière, les États-Unis essaient de faire redémarrer la machine tant bien que mal. Le secteur manufacturier reprend de la vigueur, mais le chômage refuse de s’essouffler : les entreprises américaines ont supprimé 298 000 emplois en juillet.
Pendant que l’Occident s’enfonçait dans la récession, la Chine a porté le fardeau de la croissance mondiale à bout de bras. Toutefois, pour éviter la surchauffe, l’État vient de resserrer le crédit en augmentant ses taux d’intérêt. La bourse de Shanghai n’a pas apprécié et a cédé presque 7% lundi dernier. La correction de 21% en août est sans doute saine dans un marché qui a gagné 90% dans les sept premiers mois de 2009. Mais cela pourrait aussi être un signe avant-coureur que la Chine ne pourra soutenir cette cadence effrénée bien longtemps. Les États-Unis ont avantage à retrouver bientôt le chemin de la prospérité. Rien n’est moins sûr.
Et le Canada, lui non plus, ne pourra tenir le coup éternellement si son voisin ne se relève pas. Tant que son commerce extérieur dépendra aux trois quarts des Américains, son sort reposera essentiellement entre leurs mains. Pour éviter de retomber en récession, les exportations devront un jour ou l’autre prendre le relais des ménages canadiens.
Profitons de ce répit, après la tempête économique qui a sévi l’hiver dernier. Pourvu que l’embellie dure.


Un gain prometteur  -  Stéphane Paquet
L’économie croît de 0,1 % en juin après 10 mois consécutifs de baisse
Les pétrolières se sont remises à forer, les Canadiens ont acheté des maisons et plein d’autres biens, et les activités des grossistes ont retrouvé une partie de leur vigueur. Résultat : presque un an après avoir amorcé son pire recul depuis l’après-guerre, l’économie canadienne a enregistré un faible gain en juin.
Les ventes d’automobiles enregistrées au cours des dernières semaines sont en augmentation, mais les économistes restent prudents avant d’affirmer que la récession canadienne est terminée.
Le soupir de soulagement pour cette croissance de 0,1 % en début d’été est d’autant plus grand que la décroissance pour l’ensemble du deuxième trimestre (avril à juin) est plus importante que prévu, à -3,4 %. Les économistes s’attendaient à un recul de 3%.
Pis encore, pour les trois premiers mois de l’a nnée, Statistique Canada a revu en baisse la production de l’économie canadienne, à - 6,1 %, contre les -5,4 % annoncés plus tôt. Il s’agit du pire résultat depuis le début de la publication de ce type de données, en 1961.
Alors, que penser de tout ça ? « Dans ces choses-là, il y a toujours du bien et du moins bien », résume, ambivalent, Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
Le bien , c ’ est évidemment la hausse de juin. Mais M. Leitao voit quand même trois éléments qui l’inquiètent dans les données publiées hier matin. D’abord les exportations qui « demeurent très faibles ».
Ensuite, il y a l’investissement privé, celui des entreprises qui se montrent hésitantes à allonger leurs huards en vue de la reprise. « Si les entreprises n’investissent pas, elles n’engageront pas non plus », craint-il.
Enfin, et il n’est pas le seul à le noter, il y a les stocks, ces marchandises non vendues que les entreprises canadiennes n’arrivent pas à écouler, ce qui risque de retarder la reprise. « Le cycle d’inventaires ici n’est pas aussi avancé qu’aux États-Unis. »
La fin de la récession ?
La question que plusieurs se posent sans doute: est-ce que cette croissance en juin – le premier mois positif depuis juillet 2008 – marque la fin de la récession au Canada ? Quatre des six économistes sondés par Bloomberg croient que oui et s’attendent à ce que la croissance soit au rendezvous pour le trimestre en cours. Leur prévision moyenne est de + 0,95 %, incluant les deux qui voient un autre recul cet automne. En juillet, la Banque du Canada disait s’attendre à une croissance de 1,3 % pour la même période.
En fait, en lisant les commentaires des analystes hier, on était loin de constater une euphorie généralisée. Krishen Rangasamy, de la CIBC, était sans doute parmi les plus optimistes avec son « La récession canadienne est finalement terminée ».
Notez l’emploi d’expressions plus prudentes de la part de Jimmy Jean, de Moody’s Economy. com : « Le Canada semble sortir de la récession, écrit-il. Même si les ventes de voitures et de maisons ont augmenté, le chômage et de faibles revenus vont affecter négativement les consommateurs. »
Faisant également preuve de prudence, Sherry Cooper, de BMO Marché des capitaux, écrit : « L’amélioration du PIB en juin, le retour rapide de l’immobilier et de la confiance des consommateurs de même que la stabilisation de l’économie américaine suggèrent que la récession canadienne est en train de prendre fin. » Et plus tard, elle ajoute que « la force et le caractère durable de la reprise restent à établir ».
Ton semblable de la part de Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins : « Cer t a i n s s i g nes d ’ u ne embellie des conditions économiques sont indéniables. La demande intérieure prend du mieux grâce, entre autres, à une augmentation significative de la confiance des ménages. Cela dit, les ajustements ne sont pas complètement terminés au sein de l’économie canadienne (…), la plus récente prévision de la Banque du Canada concernant le PIB réel au troisième trimestre (+1,3 %) apparaît optimiste. »
Même le ministre fédéral des Transports, John Baird, qui est aussi responsable du programme d’infrastructures, a fait preuve hier de modération, parlant d’une reprise qui semble « hésitante et fragile ». « Bien qu’on aperçoive la lumière au bout du tunnel, nous sommes encore en pleine récession mondiale », a-t-il souligné.

LE PORTRAIT DE STATISTIQUE CANADA
AU DEUXIÈME TRIMESTRE « Le PIB réel a diminué à un taux annualisé de 3,4% au deuxième trimestre, comparativement à une baisse de 1 % de l’économie américaine. » CONSOMMATION « Les dépenses de consommation en biens et services ont progressé de 0,4%. L’augmentation des dépenses en biens durables (+1,5 %), plus particulièrement en véhicules automobiles, a contribué à la hausse notée au deuxième trimestre. » REVENTE DE MAISONS « Les coûts de transfert de propriété liés à la revente de maisons ont fait un bond de 40%. Ce rebond compense une baisse dans la valeur de la construction résidentielle neuve. La rénovation était aussi en hausse (+2,2%), après avoir diminué pendant la majeure partie de 2008. » INVESTISSEMENT DES ENTREPRISES « Les entreprises ont continué à réduire l’investissement en bâtiments et en ouvrages de génie. » INVESTISSEMENT DES GOUVERNEMENTS « L’investissement des administrations publiques en bâtiments et en ouvrages de génie s’est accru de 4,7%, soit la 11e hausse trimestrielle consécutive. » LES STOCKS DIMINUENT « Les stocks ont diminué de façon marquée pour un deuxième trimestre consécutif (…) Le ratio des stocks aux ventes pour l’ensemble de l’économie a affiché une légère hausse pour atteindre 0,79, soit l’équivalent de 72 jours de vente. Il s’agit du niveau le plus élevé inscrit depuis 1996. » COMMERCE INTERNATIONAL « Les importations ont diminué de 2,2% au deuxième trimestre. Il s’agit d’une quatrième baisse trimestrielle consécutive, mais elle n’a pas été aussi marquée que celles observées au cours des deux trimestres précédents. » « Les exportations de biens et de services ont diminué de 5,2% au deuxième trimestre, après avoir reculé de 8,7% au premier trimestre. Les baisses ont touché la plupart des catégories de produits, plus particulièrement les machines et le matériel, les biens et matériaux industriels ainsi que les produits de l’énergie. » BÉNÉFICES DES SOCIÉTÉS « Comme au cours des deux trimestres précédents, des bénéfices plus faibles ont été enregistrés par les secteurs de l’énergie, des mines et de la finance. » RÉMUNÉRATION
« La rémunération des salariés a baissé de 0,5%. La rémunération du secteur des entreprises a affiché une baisse de 1,1 %, tandis que celle du secteur des administrations publiques a augmenté de 1,3 %. » EN JUIN: POINTS SAILLANTS « Les secteurs de l’extraction pétrolière et gazière, du commerce de gros ainsi que des agents et courtiers immobiliers ont contribué le plus à la croissance du PIB. Les activités du commerce de détail, de la finance et de l’administration publique ont également augmenté. Par contre, les baisses du secteur de l’extraction de minerais métalliques, de la fabrication et, dans une moindre mesure, de la construction ont fait contrepoids. » « En juin, le secteur de la fabrication a baissé de 0,7%, 14 des 21 grands groupes ayant diminué. La fabrication de biens durables s’est repliée de 1,4 %, tandis que celle des biens non durables a progressé de 0,1%. » « Le marché de la revente de maisons a encore une fois fortement progressé, ce qui s’est traduit par une augmentation de 8,3% des activités des agents et des courtiers immobiliers. Le secteur de la construction a cependant reculé de 0,5% en juin. »




ÉTÉ CHAUD, RENTRÉE STRESSANTE  -  Stéphanie Grammond
Après une remontée estivale de 5%, les investisseurs redoutent le mois de septembre
Il n’y a pas que les écoliers qui ont l’estomac à l’envers avec la rentrée. Les investisseurs aussi appréhendent le mois de septembre, après un été ensoleillé à la Bourse.
Au Canada, l’indice S& P/TSX composé a gagné près de 5% en juillet et en août. Le baromètre de la Bourse de Toronto a remonté de 20% depuis le début de 2009, incluant un rebond de 43% depuis le printemps dernier.
Les actions de banques ont explosé. Le titre de la Banque Nationale, par exemple, a pratiquement doublé en 2009. Les premiers signes que la récession tire à sa fin ont aussi fait rebondir le secteur des ressources naturelles, de la technologie et de la consommation discrétionnaire.
Mais cette hausse spectaculaire a donné le vertige aux investisseurs, qui redoutent maintenant le mois de septembre, le pire mois de l’année si l’on se fie aux statistiques de la Bourse américaine depuis 1927.
Historiquement, l ’ i ndice S&P 500 a encaissé un recul mensuel moyen de 1,3% en septembre. C’est le seul mois négatif de l’année, hormis février où l’on observe une légère baisse de 0,2%. 
Depuis 80 ans, le S& P 500 a fondu plus d’une année sur deux au cours du mois de septembre. Plus précisément, la probabilité de recul en septembre s’établit à 56%. Pour tous les autres mois, c’est l’inverse : la probabilité de hausse est plus forte.
Voilà de quoi faire frémir les investisseurs superstitieux. Mais les experts accordent peu d’importance à cet almanach boursier. « Il y a autant de superstitions qu’il y a de moments dans l’année », dit Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.
Selon lui, la Bourse peut encore s’apprécier de 10 ou 15%. Il juge que les actions demeurent en dessous de leur juste valeur, que les nouvelles économiques sont encourageantes, et que la Bourse profitera éventuellement du retour des investisseurs qui laissent encore dormir des sommes colossales dans les marchés monétaires.
Mais au cours des prochaines semaines, M. Delisle ne serait pas surpris que les investisseurs encaissent des profits à la Bourse. « Il faut que le marché reprenne son souffle », dit le stratège, qui suggère de racheter sur faiblesse.
Après presque six mois de remontée, depuis le creux du 9 mars dernier, il serait normal que la Bourse fasse une pause, estime aussi Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee. « Il manque de soldats pour amener le marché plus haut », dit-il.
La Bourse n’est plus une a uba i ne : les actions se négocient à presque 15 fois les bénéfices prévus pour les 12 prochains mois. « Cela a rarement été aussi élevé, si on exclut la période de 1998 à 2002 », indique M. Roberge.
C’est pourquoi le stratège a changé son fusil d’épaule cette semaine. Il recommande aux investisseurs d’élaguer un peu la portion en actions dans leur portefeuille.
Certains stratèges positifs
Par contre, d’autres stratèges demeurent confiants. Les n o u ve l l e s é c o n o mique s s ont posit i ves , s oul i g ne Pierre Lapointe, stratège à la Financière Banque Nationale. Il cite, en vrac, une série de statistiques dévoilées la semaine dernière: le marché immobilier américain a repris 1,4% le mois dernier; la confiance des consommateurs est plus forte que prévu; la production industrielle mondiale a augmenté de 2% en juin, la plus forte hausse mensuelle en 18 ans.
« On prévoit que le marché de l’emploi aux États-Unis va s’améliorer. Je ne serais pas surpris qu’il y ait bientôt de la création d’emplois. Ça va donner des ailes aux marchés », assure M. Lapointe.
À son avis, la récession est sur le point de se terminer et le début d’expansion économique sera favorable à la Bourse. En analysant les cinq dernières récessions américaines, il a d’ailleurs constaté que la Bourse canadienne a augmenté de 11% en moyenne au cours des six premiers mois d’expansion.



La consommation reste très faible  -  Marc Jourdier
WASHINGTON — Les dépenses des ménages ont augmenté pour le troisième mois de suite en juillet aux États-Unis, mais ont fortement ralenti et n’ont progressé que grâce aux subsides du gouvernement, car la consommation, essentielle à la croissance du pays, reste très faible.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce à Washington, les dépenses de consommation des ménages américains ont augmenté de 0,2 % par rapport à juin, ce qui est conforme aux prévisions des analystes.
Cette hausse marque un fort ralentissement par rapport au mois précédent, quand les dépenses avaient augmenté de 0,6 %, et fait suite à +0,1 % en mai.
Le chiffre de juillet tient essentiellement à la « prime à la casse » dans le secteur automobile, alors que les revenus des ménages sont restés stables d’un mois sur l’autre.
Lancé dans l a dernière décade de juillet et clos au début de la semaine, ce programme fédéral offrant un rabais aux consommateurs rendant leur ancienne voiture pour en acheter une nouvelle plus économe en carburant a dopé les ventes de véhicules.
« La prime à la casse a dopé les dépenses de consommation en juillet et sera un catalyseur encore plus fort dans les chiffres d’août. Mais à part ça, les dépenses de consommation sont toujours ternes », relève Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight.
Pour Elsa Dargent , de Natixis, « la consommation devrait progresser au troisième trimestre du fait du soutien temporaire de la prime à la casse et des derniers effets du plan de relance budgétaire, mais à plus long terme, les dépenses de consommation devraient être très faibles à cause du processus de désendettement des ménages ».
Les ménages ont reçu l’essentiel de l’aide prévue cette année par le plan de relance sous forme de remises d’impôt au printemps.
Les dépenses de consommation sont normalement la locomotive de l’économie américaine. Après s’être effondrées au deuxième semestre 2008, elles s’étaient reprises au premier trimestre, avant de rechuter de nouveau au deuxième trimestre (-1,0 % en rythme annuel), malgré l’aide gouvernementale.
Alors que la récession semble en bout de course, la banque centrale ( Fed), qui table sur une reprise très faible, au moins au début, a prévenu que la consommation risquait d’être encore fragile un certain temps du fait notamment de la persistance d’un taux de chômage élevé et de l’appauvrissement des ménages, lié entre autres à la baisse de la valeur de leur patrimoine immobilier.
Face à cela, les ménages épargnent davantage, ce qui réduit d’autant leur propension à consommer. Si leur taux d’épargne ( rapporté à leur revenu disponible) a baissé par rapport aux 6,0 % atteints en mai (du jamais vu depuis 1995), il était encore de 4,2 % fin juillet, ce qui reste très élevé pour le pays.
La légère baisse de l’indice de confiance des consommateurs mesuré par l’Université du Michigan publiée hier vient rappeler que ceux-ci font encore preuve de prudence. S’il n’a reculé que de 0,3 point par rapport à juillet pour s’établir à 65,7, cet indicateur reste bien inférieur à son niveau de 70,8 touché en juin après quatre mois de hausse.
Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, la « véritable nouvelle » contenue dans les chiffres du département du Commerce concerne les revenus des ménages.
Voyant dans « les revenus et la confiance » les « clefs » de la reprise, il se réjouit de constater que si les revenus des ménages n’ont pas bougé en juillet, au moins les salaires des Américains ont progressé pour la première fois depuis le début de l’année (de 0,1 %).


Plus de 400 banques en difficulté aux États-Unis
n’ont pas nommé les sociétés droits d’urgence auprès de Chessen, é c onomiste e n Mais l’organisme ne préréputées être des prêteurs banques pour recueillir 5,6 chef de l’American Bankers voit pas devoir utiliser la Les autorités a méricaines « en difficulté ». milliards US pour son fonds Association. « Nous devrons ligne de crédit du Trésor, a ont ajouté 111 prêteurs à leur Les autorités a méricaid’assurance, qui a fondu faire face à quelques trimesdéclaré Sheila Bair, la préliste de « banques en diffines ont mis le grappin sur à 10,4 milliards US au 30 tres encore pendant lesquels sidente de la FDIC, au cours culté », un bond qui pour81 banques cette année, y j uin dernier par rapport à les banques seront aux prises d’une conférence de presse rait contraindrehier.la Federal compris Guaranty Financial 13 milliards US au cours du avec ces problèmes de pertes Deposit I nsurance Corp. Group, au Texas, et Colonial trimestre précédent. Ce total sur prêts », ajoute-t-il. «L a F DIC d i s pose de ( FDIC) à vider un fonds de Une augmentation de 11,6 ressources suffisantes pour réserve qui a diminué de milliards US en provisions c onti nuer à protéger les 40 % cette année. pour pertes en cas d’effondéposants assurés comme
Un total de 416 banques drements bancaires explique nous l’avons fait au cours des disposant d’actifs combinés la baisse du fonds de réserve, 75 dernières années », a dit de 299,8 milliards US n’ont a précisé la FDIC, qui est la madame Bair. pu répondre aux critères du compagnie fédérale amériLe solde du fonds d’assusystème de classement de caine d’assurance de dépôts rance de 10,4 milliards US la FDIC quant à la qualité bancaires. Si le fonds vient reflète sa valeur nette et il ne des actifs, aux liquidités et à se vider, la FDIC peut tirer comprend pas 32 milliards aux bénéfices au cours du parti d’une ligne de crédit US additionnels que l ’ordeuxième trimestre, un somau département du Trésor ganisme a mis de côté pour met depuis juin 1994, a préque le Congrès a augmenté couvrir les pertes occasioncisé hier l’organisme établi à 100 milliards US en mai nées par d’éventuels effonà Washington. Les autorités dernier. drements bancaires. BancGroup, en Alabama, t a ndis que s évit l a pi r e crise financière depuis les années 30. Cette situation a forcé les responsables de la réglementation à exiger des a été le plus bas depuis la crise de 1993.
« Nous sommes au beau milieu du cycle et ce n’est pas du t out pla i s a nt de s’y t rouver » , la nce James



UN AIR DE REPRISE AVEC DES BÉMOLS  -  Stéphane Paquet
Les Américains se remettent à acheter des voitures, les ventes au détail sont en hausse au Canada, les milliards de Washington commencent à faire tourner la grande roue de l’économie… Pourtant, deux institutions financières y sont allées hier de bémols sur la croissance prévue au Canada.
Le premier de ces bémols est une histoire de stocks. La quantité de c es marc ha ndises qui a t t endent de trouver un acheteur fait dire à l’économiste principal de Desjardins, Benoit P. Durocher, que « d’autres corrections des stocks vont être nécessaires dans les prochains mois ».
Dans une mise à jour de leurs prévisions économiques publiées hier, les économistes de Desjardins estiment que, comme les entreprises voudront vider leurs entrepôts avant de se remettre à produire et à embaucher, « il faut s’attendre à ce que les difficultés du marché du travail se poursuivent jusqu’au début de 2010 ».
Ainsi, ils ont révisé à la hausse, mais légèrement, leur appréciation de l’économie canadienne. Au lieu d’une baisse de 0,8 % du PIB au t roisième t rimestre, ils s’attendent maintenant à un recul de 0,3 %.
Aux États-Unis, l’amélioration est plus claire : de - 0,3 % à +1,0 % pour les mois d’automne. « Aux États-Unis, la correction des stocks est beaucoup plus avancée » , explique l ’économiste au bout du fil.
Au Québec, l ’équipe de Desjardins esti me que la relance « se manifestera d’ici la fin de 2009 ».
Pour l’ensemble de 2009, aux côtés des États-Unis, du Canada, et de l ’ Ontario, c’est le Québec qui fera « moins pire », avec un recul de 1,7 % de son économie, selon Desjardins, contre une baisse de 2,5 % dans l’ensemble canadien.
Pour 2010, par contre, le premier de classe devient le cancre du groupe, avec une reprise faiblarde de 1,5 %, contre 1, 6 % en Ontario, 1,7 % aux États-Unis et 2 % au Canada.
Autre bémol, les Américains
Cet t e prévision de 2 % pour le Canada est aussi celle de Benjamin Tal et Meny Grauman, de la CIBC, ce qui représente, précisent-ils, à peine la moitié de la croissance prévue par la Banque du Canada. I ls expliquent cet écart par l a façon de calculer l’impact au Canada des retombées du plan de relance d’Obama, car cette reprise, contrairement à toutes les autres depuis la Deuxième Guerre mondiale, sera basée non pas sur les dépenses des consommateurs, mais sur celles de l’État.
En moyenne, ont-ils calculé, ces consommateurs ont ajouté 3 points de pourcentage à l’économie dans l’année de la sortie de la récession. Cette fois-ci, ce sera à peine 0,4 point. Les dépenses gouvernementales, elles, compteront pour le double, à près d’un point de pourcentage.
« Comme le secteur public sera la principale bougie d’allumage de l’économie américaine l’an prochain, toute étude de la croissance du PIB canadien doit porter son attention sur le plan d’Obama et s’il est favorable au Canada », écrivent-ils.
Leur réponse est loin d’être encourageante. D’abord, il y a les fameuses clauses Buy America, qui empêcheront les entreprises canadiennes d’obtenir certains contrats qui découleront du pla n
de 787 milliards. Ça, on le savait déjà.
Ensuite, plus intéressant, il y a les secteurs visés par le plan de relance. Or, ceux-ci importent moins du Canada que d’autres, avec environ 1,7 % de leurs intrants provenant du Canada. C’est un tiers de moins que dans l’économie américaine en général.
« Par exemple, écrivent les auteurs, une grande partie des bénéfices iront aux secteurs de la santé, de l’éducation et gouvernementaux américains, qui importent tous peu du Canada. »
Et les taux ?
D’autres économistes de la CIBC prédisent que la Banque du Canada n’aura pas à hausser son taux directeur avant 2011. Selon Avery Shenfeld, économiste en chef à la banque, la récession de 2009 est déjà peut-être finie. Mais « les dégâts qu’elle a laissés dans son sillage viendront tempérer la croissance et l’inflation au Canada l’an prochain ».
Selon lui, l’i nf lation au Canada n’empêchera pas la banque centrale de respecter sa promesse de maintenir les taux d’intérêt à un quart de point jusqu’au milieu de 2010.
« En fait, écrit-il, les prévisions des marchés quant à une hausse des taux au cours du premier semestre de 2010 pourraient avoir été annoncées pas moins d’une année trop tôt. »



Une récession à double creux ?
 L’économiste Nouriel Roubini soutient que les risques augmentent
Nouriel Roubini, ce professeur de l’Université de New York qui avait prédit la crise financière, soutient que les risques d’une récession à double creux augmentent en raison des répercussions de la fin des stimulants monétaires et fiscaux à l’échelle mondiale.
Nouriel Roubini, professeur de l’Université de New York, soutient que l’économie mondiale atteindra son plus bas niveau dans la deuxième moitié de la présente année.
L’économie mondiale atteindra son plus bas niveau dans la deuxième moitié de la présente année, écrivait M. Roubini hier dans un commentaire publié dans le La récession aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans certains pays européens ne sera pas « formellement finie » avant la fin de l’année, alors que la reprise a commencé dans des nations telles que la Chine, la France, l’Allemagne, l’Australie et le Japon, ajoutait-il.
Les gouvernements dans le monde ont promis environ 2000 milliards US en stimulants tandis que sévit la pire récession mondiale depuis les années 30. Ben S. Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine ( FED), et d’autres décideurs dans le monde ont averti que la reprise sera vraisemblablement modeste tout en ajoutant qu’ils n’ôteront pas tous les stimulants injectés dans le système financier.
« Il y a des risques associés aux stratégies de sortie d’assouplissement fiscal et monétaire massif , a écrit M. Roubini. Quoi que les décideurs fassent, ils sont toujours blâmés. »
Les responsables gouvernementaux et des banques centrales sont susceptibles de nuire à la reprise et de refaire plonger leur économie dans la « stagdéflation » s’ils haussent les impôts, réduisent les dépenses et éliminent les liquidités excédentaires dans leurs systèmes pour réduire les déficits fiscaux, a estimé M. Roubini. Il définit la « stagdéflation » comme étant une récession et une déflation.
Ceux qui maintiennent de gros déficits budgétaires seront punis par les « justiciers » du marché obligataire tandis que les prévisions inflationnistes et les taux de rendement des obligations gouvernementales de long terme croissent et que les coûts d’emprunt grimpent brutalement, a écrit M. Roubini. Cela mènera à la stagflation, selon lui.
Des responsables de la Banque centrale européenne (BCE), avec à leur tête le président Jean-Claude Trichet, ont laissé entendre qu’ils ne se presseront pas de mettre fin à leurs mesures de stimulants d’urgence tandis qu’il y a de plus en plus de signes de reprise économique. La BCE a réduit son taux directeur à 1 %, un niveau plancher record, et elle achète des obligations tout en inondant les banques d’argent.
« Nous percevons certains signes confirmant que l’économie réelle commence à sortir de la période de chute libre », soulignait M. Trichet lors d’un symposium à Jackson Hole, au Wyoming, le 22 août dernier. « Mais, ajoutait-il, cela ne veut pas du tout dire que l’avenir s’annonce sans nuages. »




États-Unis  Les demandes d’assurance emploi augmentent encore
Le nombre de chômeurs américains qui ont soumis une première demande d’assurance emploi a augmenté de manière inattendue pour la deuxième semaine consécutive, une indication claire que les emplois se font toujours rares même si l’économie des ÉtatsUnis semble se stabiliser.
Le département du Travail a révélé, hier, que le nombre de demandes a atteint 576 000 la semaine dernière. Les analystes interrogés par la firme Thomson Reuters en attendaient plutôt 550 000.
Lorsque l’économie est en santé, on recense environ 325 000 nouvelles demandes par semaine.
Au total, 9,18 millions d’Américains récoltaient des primes d’assurance emploi pendant la semaine qui a pris fin le 1er août, contre 9,25 millions la semaine précédente.
Quelques signes laissent malgré tout croire à une amélioration du marché du travail. Le département du Travail a révélé que 247 000 postes ont été abolis en juillet, le plus petit recul en un an. Le taux de chômage est passé à 9,4 % en juillet, contre 9,5% le mois précédent, le premier recul en 15 mois.
Par ailleurs, un nombre sans précédent d’Américains pourraient perdre leur maison.
L a Mor t g a ge B a n ker s Association affirme que 13% des propriétaires américains ayant une hypothèque sont en retard sur leurs paiements ou sont carrément en saisie.



« Est-ce qu’on est allés trop vite ? »  -  Stéphane Paquet
Sans données encourageantes, les investisseurs font chuter les Bourses
Il fallait de bons yeux pour trouver les quelques pousses vertes sur le parquet torontois hier. Des 207 titres qui composent le principal indice canadien, à peine 15 ont réussi à clore la séance avec un gain. Partout ailleurs, la perplexité des investisseurs a amené du rouge.
« On se retrouve aujourd’hui avec un indice qui est passé de 7000 et quelques points à 11 000 points. Et là, les gens se demandent : Est-ce qu’on est allés trop vite ? », résume Luc Girard, direct e u r , Groupe c onseil e n portefeui l le c hez Valeurs mobilières Desjardins.
Cette perplexité – alimentée hier par des signes de reprise j ugés décevants au Japon, la deuxième économie mondiale – a été ressentie partout sur la planète. À Toronto et New York, les Bourses ont enregistré leur pire recul en un mois.
« Là, ce qu’il faut, c’est que le " fondamental" suive et vienne solidifier nos 11 000 ou 10 500 points », explique encore M. Girard.
Sentiment similaire chez Gabriel Lancry, de Scotia McLeod, qui se demande si les données voulant que l’Europe soit sortie de la récession sont « une simple étincelle ou un feu de foyer très rassurant ».
Hier en tout cas, peu d’investisseurs semblaient rassurés, même si l’activité industrielle dans l’État de New York s’est améliorée pour la première fois depuis plus d’un an.
S’ajoute au flot de bémols prudents entendus hier, ce commentaire de Sal Guateri, de la Banque de Montréal : « La reprise se fait essent iel lement sur le dos des gigantesques programmes gouvernementaux de relance. La situation s’est vraiment améliorée depuis trois mois, mais nous sommes encore loin d’une reprise durable. »
En chiffres, le S& P/ TSX a perdu 316,42 points (-2,9 %), à 10 531,39. Du 9 mars au 5 août, le même indice a pris pas moins de 46%.
À New York, le Dow Jones a reculé de 2%, le S& P 500 de 2,4 % et, pour le NASDAQ, la chute a atteint 2,8 %.
À Toronto, tous les secteurs ont écopé, particulièrement c eux des matériaux, des industrielles et de l’énergie.
Un florilège de ces reculs d’hier : Potash ( - 4 , 5 % à 100,71 $), Barrick (-3 % à 36,27 $), Bombardier (-5,4 % à 4,07 $), Nexen (-5,3 % à 22,15 $), Financière Manuvie (-3,4 % à 21,57 $) ou encore Gildan (-4,3 % à 20,72$) pour ne nommer que ceux-là.
Parmi les rares gagnants d’hier, mentionnons Cascades qui poursuit sa remontée depuis la publication de ses résultats la semaine dernière (+2,7 % à 6,98$). Quincaillerie Richelieu a aussi bien fait (+1,5 % à 19,75 $), de même que TVA (+1,9 % à 10,30$) et Molson (+2,5 % à 50,51$).
Le huard, lui, a reculé de 87 centièmes, à 90,06 cents US, lui qui a perdu près d’un cent vendredi. Le pétrole pour livraison en septembre a suivi la même courbe, perdant 1,99 $US à 65,52 $US, à New York. « Dis-moi où le pétrole s’en va et je vais te dire où le dollar s’en va », résume M. Girard, de VMD.
Une semaine houleuse
En regardant son calendrier des prochains jours, Gabriel Lancry estime que les prochains jours seront « excessivement volatils » sur les marchés boursiers. La raison : aucune donnée économique importante ne sera publiée cette semaine, le marché aura donc de la difficulté à trouver une direction.
« La correction peut se prolonger un peu. Ce n’est pas un krach, dit-il. C’est une pause, ce qui est sain. »
Actuellement, il cherche sans en trouver « des possibilités d’achat qui sont criantes ».
Chez VMD, Luc Girard note aussi que les prochains mois « seront peut-être assez r ock & r oll » . À un i nvestisseur avec un horizon de placement de quelques mois, il dirait de rester hors du marché boursier.
Si ce même i nvestisseur souhaite retirer ses billes dans t rois ou cinq ans, il peut investir en Bourse sans crainte, selon lui. « En 2010, tout le monde s’entend pour le dire, ce sera l’année de la reprise, qu’elle soit grosse ou petite. »

Tempête en Europe après le cyclone asiatique
PARIS — Le bel été boursier a connu un gros orage hier, les Bourses européennes terminant en baisse sensible, imitant avec moins de force les marchés asiatiques, en raison d’un regain de pessimisme sur la réalité de la reprise économique mondiale.
Témoin du net repli européen, l’indice Eurostoxx 50 a perdu 2,5 % alors que les principaux marchés asiatiques plongeaient de plus de 3 %, Shanghai c revant le plancher avec un recul de près de 6 %. « Ceux qui parient à la hausse ont succombé au retour des craintes selon lesquelles le récent sursaut des marchés boursiers, sur fond de signes de reprise de l’économie, a peut-être dépassé la réalité de l’économie mondiale », ont commenté les analystes américains de Charles Schwab.
ÀlaBoursedeParis, le CAC 40 a lâché 2,2%, soit 75,58 points, à 3419,69 points. Michelin a enregistré la plus forte baisse de l’indice en cédant 5,3% à 50,01 €. Les valeurs cycliques (secteur automobile, matières premières, banques...) – considérées comme risquées – ont enregistré les plus lourdes pertes.
À Francfort, l’indice-vedette Dax des 30 valeurs-vedettes allemandes a fini en recul de 2% à 5201,61 points. Le grand perdant du jour était une nouvelle fois Volkswagen, dont l’augmentation de capital prévue avant la fin de l’année pour s’emparer de Porsche inquiétait toujours les investisseurs. Le titre a plongé de 9,9% à 171,82 €, après avoir déjà chuté de 15% vendredi.
À la Bourse de Londres, l’indice Footsie-100 des principales valeurs a perdu 1,5% à 4645,01 points. La place s’est contentée de suivre la correction qui a frappé les places asiatiques, en l’absence de nouvelles spécifiques.
Les Bourses d’Asie-Pacifique ont subi de lourdes pertes, Shanghai dévissant même de 5,8%, en raison d’un regain de pessimisme pour la santé économique de la région et des États-Unis, et d’un mouvement de correction après de fortes hausses ces dernières semaines. Selon les courtiers, ce sont surtout les prises de bénéfices qui ont agité la Bourse chinoise. « Les gros gains au premier semestre ont créé une bulle sur le marché. Quand le gouvernement a montré des signes de resserrement du crédit bancaire, cela a déclenché une vente généralisée », a expliqué Zhang Yong, analyste chez Great Wall Securities, cité par Dow Jones Newswires.
Les déboires de Shanghai ont entraîné toutes les autres places asiatiques qui avaient également connu de fortes hausses au cours du mois écoulé, et où les investisseurs ont saisi le prétexte pour encaisser des bénéfices.
À Tokyo, l’indice Nikkei a terminé sur un plongeon de 3,1 %. Les actions des grands exportateurs j aponais ont souffert d’une rapide dépréciation du dollar, passé sous le seuil des 95 yens. Le billet vert a pâti de la nouvelle chute de l’indice de confiance des consommateurs américains, annoncée vendredi par l’Université du Michigan, et qui a fait naître des doutes quant à la réalité de la reprise économique aux États-Unis, selon les opérateurs.
Les investisseurs japonais ont complètement ignoré l’annonce, hier, du retour de la croissance économique au Japon après un an de récession, une nouvelle à laquelle tous les économistes s’attendaient. Le produit intérieur brut du Japon a augmenté de 0,9% au deuxième trimestre par rapport au premier, mettant fin à une série de quatre trimestres de forte contraction.
« Les investisseurs ont commencé à prendre des bénéfices après avoir eu confirmation que l’économie se redresse », a expliquéToshihikoMatsuno, stratège chez SMBC Friend Securities.
La chute du Nikkei est intervenue à l’issue d’un mois de hausse quasi continue au cours duquel l’indice s’était envolé de plus de 17%.

Des entreprises ont rebâti leur santé financière
« Nous n’avons jamais vu un redressement du marché boursier de cette ampleur en un si court laps de temps et sans autre chose que de timides signes d’amélioration économique », écrivait M. Rosenberg dans une note la semaine dernière.



Les Américains ont le moral dans les talons
La confiance des consommateurs américains a baissé de manière inattendue ce mois-ci tandis que les craintes s’accroissent quant aux emplois et aux salaires.
Les données divulguées hier aux États-Unis, y compris un coût de la vie qui n’a pas évolué, mettent en relief les dommages occasionnés aux ménages et aux détaillants par la pire baisse du produit intérieur brut depuis les années 30.
Tandis qu’il y a peu de signes que les injections de 1000 milliards US dans le système bancaire alimentent l’inflation, on prévoit que les décideurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) poursuivront leurs efforts tant que la reprise ne sera pas assurée.
« Si les consommateurs manquent de confiance, ils ne seront pas en mesure de nous aider à sortir de cette longue et sombre récession », soutient Chris Rupkey, économiste financier principal de Bank of TokyoMitsubishi, à New York.
« Les ménages s’inquiètent encore à propos des perspectives d’emploi », ajoute-t-il.
L’ i nd i c e pr é l i mi n a i r e Reuters/ Un iversity of Michigan sur l’humeur des consommateurs a baissé à 63,2 points ce mois-ci, un creux depuis mars dernier, comparativement à 66 points en juillet. L’indice avait atteint un niveau plancher de trois décennies, à 55,3 points, en novembre dernier.
Par ailleurs, le département américain du Travail a annoncé hier que l’indice des prix à la consommation n’avait pas évolué par rapport à juin, comme prévu, tout en chutant de 2,1 %, soit la plus forte baisse en six décennies, par rapport à juillet 2008.
Les économistes avaient prédit que l’indice de confiance allait grimper à 69, selon la prévision médiane recueillie lors d’un sondage réalisé par Bloomberg. Les prévisions oscillaient entre 64 et 75.
Le rapport sur l’inflation divulgué par le département du T r avai l montre qu’en excluant l’alimentation et les coûts d’énergie, ce qui donne l’inflation de base, l’indice des prix à la consommation a grimpé de 0,1 %, ce qui était aussi anticipé.
D’autres données démontrent que la production industrielle a augmenté pour la première fois en neuf mois en juillet, alors que le programme de prime à la casse du gouvernement fédéral américain a stimulé la demande d’autos et que les constructeurs d’autos ont terminé leur révision de mi-année de leurs usines. La Réserve fédérale américaine (Fed) a précisé de son côté que la production des manufacturiers, des mines et des services publics avait connu une hausse de 0,5 % après une baisse de 0,4 % en juin.
« C’est le commencement d’u n r e d r e s s e ment da ns le secteur manufacturier », estime Sal Guatieri, un économiste principal de BMO Capital Markets, à Toronto. « Une reprise durable dans le secteur manufacturier dépend du facteur suivant : est-ce que la reprise de la demande d’autos peut se poursuivre? » ajoute-t-il.
L’utilisation de la capacité, soit la proportion du volume d’usines en usage, a grimpé par rapport à son niveau le plus bas depuis 1967, soit l’année où l’on a commencé à colliger des données à ce sujet, passant à 68,5% comparativement au résultat révisé de 68,1% en juin.

Pourrait-on n'être pas encore sorti du bois aux États-Unis ?...
HAUSSE INATTENDUE DES DEMANDES D’ALLOCATION CHÔMAGE
558 000 Le nombre de nouveaux chômeurs inscrits aux États-Unis a progressé lors de la semaine achevée le 8 août, selon les chiffres publiés hier par le département du Travail, mettant un terme à la tendance à la baisse observée les semaines précédentes. En données corrigées des variations saisonnières, ces demandes hebdomadaires d’allocation chômage sont remontées à 558 000, soit davantage que les 554 000 (chiffre révisé) de la semaine précédente. Les économistes, quant à eux, tablaient au contraire sur un léger recul à 545 000. Le nombre hebdomadaire de demandes d’allocation chômage, après avoir atteint un pic à 674 000 en mars, avait nettement décru depuis juin. Malgré tout, le taux de chômage a baissé de 0,1 point en juillet, pour atteindre 9,4 %.
LES VENTES AU DÉTAIL REPLONGENT
-0,1 % Les ventes au détail aux États-Unis sont reparties en baisse en juillet, traduisant les défis que l’économie américaine doit encore relever pour sortir définitivement de sa récession la plus grave de l’Après-Guerre. Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce à Washington, le commerce de détail (et la restauration) a vu ses ventes reculer de 0,1 % par rapport au mois de juin. Cette baisse a totalement pris par surprise les analystes, qui attendaient une hausse de 0,7 %, après celle de 0,8 % (chiffre revu en hausse de 0,2 point) du mois précédent. Après leur effondrement au second semestre de 2008, les ventes de détail n’ont connu que quatre mois de hausse depuis le début de l’année.
VENTES DES ENTREPRISES: PREMIÈRE HAUSSE EN UN AN
Les ventes des entreprises américaines ont augmenté en juin pour la première fois depuis un an, de 0,9 % par rapport au mois précédent, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce à Washington. Dans le même temps, les entreprises ont continué de réduire leurs stocks pour le 10e mois consécutif. Ceux-ci ont reculé de 1,1 % en juin par rapport à mai, soit plus que ne le prévoyaient les analystes, qui attendaient un recul de 0,9 %, après celui de 1,2 % (chiffre revu en hausse de 0,2 point) en mai. Sur un an, la baisse des ventes des entreprises atteignait 18,0 % fin juin et celle des stocks 9,8 %. L’ajustement des stocks à la demande est une étape perçue comme un préalable indispensable à la reprise, attendue désormais d’ici la fin du mois prochain.



Le patient est encore faible  -  Richard Dupaul
Mieux-être de l’immobilier américain et britannique. Regain d’énergie des manufacturiers. La Chine qui galope… Indéniablement, des signaux positifs apparaissent. Mais, au Royaume-Uni, on doute de la vigueur de la reprise mondiale.
PLANÈTE
L’économie s’est tellement affaiblie pendant la crise que la déflation menace les îles britanniques, mais aussi le reste de l’Europe.
ÉCONOMIQUE Dixit Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne ( BCE) : « Nous approchons du moment où il y aura une reprise. »
Message semblable de la part de Washington – de Barack Obaba, qui dit : « Le pire est derrière nous » à Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale, qui entrevoit des « pousses vertes »...
Même la Banque du Canada s’est laissé prendre au jeu en concluant à la fin de la récession.
Certes, les signes vitaux de l’économie s’améliorent et soulèvent l’enthousiasme des boursicoteurs. Mais jeudi dernier, la Banque d’Angleterre a ramené tout le monde sur terre en déclarant que le système financier britannique avait encore besoin d’une injection d’adrénaline.
Concrètement, la banque centrale dit qu’elle augmentera de 35% ses rachats d’actifs financiers à 175 milliards (270 milliards CAN). En bonifiant ainsi son plan « d’assouplissement quantitatif », mis en place en mars, la Banque espère donner de l’oxygène à l’économie du Royaume, qui en a bien besoin.
Le terme « assouplissement quantitatif » signifie qu’une banque centrale crée de la monnaie pour l’injecter dans l’économie en achetant des actifs, comme de la dette de l’État.
La décision du banquier de Sa Majesté intervient alors que l ’économie britannique s’est contractée de 0,8 % au deuxième trimestre. Un très mauvais résultat. Les autorités monétaires ont même reconnu, j eudi, que la récession est plus profonde qu’on ne croyait.
Le premier ministre Gordon Brown a aussi joué les rabat-joie, la semaine précédente, en prévenant les autres chefs d’État contre le risque d’être « complaisant » sur l’état de l’économie mondiale. « La reprise n’est pas garantie, que ce soit ici ou à l’étranger », a-t-il dit.
Crédit rare et déflation
Pourtant, des signes incontestables d’embellie sont apparus à l’horizon. Après plusieurs reculs, les prix de l’immobilier en Grande-Bretagne, par exemple, ont progressé de 1,1 % en j uillet. La production i ndustrielle anglaise en juin a en outre dépassé les attentes.
Mais des problèmes sérieux persistent. Le crédit demeure rare. Les données officielles montrent que les prêts des banques britanniques, notamment aux entreprises, restent en recul.
D’autres indicateurs signalent que l’économie s’est tellement affaiblie pendant la crise que la déflation menace les îles britanniques, mais aussi le reste de l’Europe.
Les prix à la consommation dans le Vieux Continent ont en effet reculé de 0,6 % en juillet, et les prix à la production de juin affichent une baisse de 6,6 % – un record.
Une enquête de la BCE montre également que les banques européennes continuent à durcir les conditions du crédit, craignant de prendre des risques avec des clients fragilisés. En somme, l’engrenage financier a encore besoin d’huile.
Les Américains ne dépensent pas
Entre-temps, la consommation dans les pays occidentaux reste une inconnue, en Europe et surtout aux États-Unis.
Privés du levier de l’endettement, les Américains dépensent peu face à la dégradation du marché du travail.
Même si le rythme des licenciements ralentit, quelque 6,7 millions d’Américains ont perdu leur emploi depuis décembre 2007, a-t-on appris vendredi. Sans oublier que les revenus et le patrimoine des ménages diminuent.
Si bien qu’il faudra jusqu’à 15 ans avant que l’Américain moyen retrouve la santé financière d’avant la crise, a déclaré à l’agence Bloomberg le Prix Nobel d’économie 2006, Edmund Phelps.
Autrement dit, les Américains ne sont pas portés à la dépense et ne le seront pas avant un bout de temps. Sans compter que la hausse des prix des matières premières devient à cet égard une autre source d’inquiétude.
Une hausse du prix du brut, par exemple, à plus de 80$US le baril compromettrait la reprise américaine, prévient l’économiste Robert Dye, de la firme américaine FNC Financial Partners. Et un bond au-dessus des 100$US replongerait le pays en récession, prévient-il dans une étude.
La banque First American Funds, de Minneapolis, évalue d’ailleurs qu’une hausse d’un cent du prix de l’essence prive l’économie américaine de 1,3 milliard US.
Au concert des pronostics optimistes, il faut donc ajouter quelques bémols. L’économie est encore fragile, si bien que les gouvernements devront peut-être en faire plus pour soutenir les consommateurs, surtout américains. Des experts citent en exemple le populaire programme de la prime à la casse (Cash for clunkers), qui a propulsé les ventes d’autos aux États-Unis.
Morgan St a n l e y a même rehaussé ses projections pour l’économie américaine en réaction à la ruée de clients chez les concessionnaires. « Ce programme est plus efficace que tout ce que Washington a concocté jusqu’ici », renchérit le Crédit suisse dans une note économique.
Bref, l’économie va mieux. Mais les gouvernements devront encore veiller sur le patient.




Moins de revenus pour les Américains
Le revenu personnel a baissé de 1,3 % en juin aux États-Unis, une diminution plus importante que prévu et la pire en quatre ans, ce qui indique que les dépenses de consommation mettront du temps à reprendre.
Le rapport publié hier par le département américain du Commerce indique que les augmentations de prix en juin ont été plus modestes qu’au cours du mois correspondant l’an dernier
Cette baisse reflète en partie le dénouement des paiements de transfert non récurrents du plan de stimulants de l’administration Obama qui avaient eu pour effet de faire bondir les revenus de 1,3 % en mai dernier, i ndiquaient hier des données rendues publiques par le Département américain du commerce.
Le plus grave ralentissement économique en sept décennies s’est atténué au cours du dernier trimestre tandis que les programmes de dépenses du gouvernement américain ont commencé à porter leurs fruits. Des économistes ont alors prédit que la récession pourrait être terminée d’ici la fin de la présente année.
Mais la reprise sera vraisemblablement modeste parce que les pertes d’emplois et la baisse de la valeur des maisons incitent les Américains à augmenter leurs épargnes et à limiter leurs dépenses, lesquelles forment environ 70 % de l’économie.
« Au vu de normes passées, nous assisterons à une faible reprise économique », prévient James O’Sullivan, économiste principal à UBS Securities, St a mford , au Connec t i c ut . « Pour qu’il y ait une reprise s outenue des dépenses de consommation, ajoute-t-i l , i l faut une amélioration notable du marché de l’emploi. »
L e s é c onomistes ava i e nt prévu que le revenu personnel baisserait de 1 % après un gain de 1,4 % en mai, selon la médiane de 75 prévisions recueillies lors d’un sondage de Bloomberg. La baisse du revenu personnel observée en juin fut la plus importante depuis janvier 2005, le mois après que Microsoft Corp. eut versé un dividende spécial.
En excluant les effets du programme de stimulants, les revenus auraient baissé de 0,1 % en juin après l’absence de changement le mois précédent, a précisé le Département du commerce. Les traitements et salaires ont baissé de 0,4 % en juin, neuvième diminution en 10 mois.
Le rapport publié hier indique que les augmentations de prix en juin ont été plus modestes qu’au cours du mois correspondant l’an dernier. L’indice d’inflation lié aux habitudes de dépense a accusé un recul de 0,4 % par rapport à juin 2008, plus forte diminution depuis que les données ont commencé à être recueillies en 1960.
Après ajustement pour tenir compte de l’inflation, les dépenses portant sur des biens durables tels que des autos et des meubles ont diminué de 0,2 % en juin après avoir augmenté de 1,2 % en mai.
Mais les ventes d’autos sont susceptibles de connaître un regain au cours du présent trimestre grâce au programme gouvernemental « prime à la casse » . Ce programme of f re j usqu’à 4500 dollars US pour échanger un t acot contre un véhicule moins assoiffé de carburant. En juillet, les ventes de Ford ont grimpé pour le premier mois depuis 2007. Les ventes réalisées par toute l’industrie de l’auto aux États-Unis ont progressé pour atteindre une cadence annuelle de 11,3 millions de véhicules le mois dernier, le plus haut niveau depuis septembre dernier.


Le protectionnisme a plombé l’économie  -  Rudy LeCours
Ottawa presse les provinces d’ouvrir leurs appels d’offres aux fabricants américains dans le but d’obtenir un accord de réciprocité.
Même si les données confirment que la récession a sévi plus durement qu’on ne croyait en mai au Canada, l’optimisme était de rigueur, hier, peu après la confirmation de la nouvelle.
Après tout, les gels tardifs de mai sont loin quand se pointent les canicules d’août.
La contraction réelle du produit intérieur brut a atteint 0,5 % en mai, a indiqué hier Statistique Canada, qui a aussi porté à 0,2 % celle d’avril. Il s’agissait de la 10e décroissance mensuelle d’affilée, ce qui portait à 3,5 % en un an l’amincissement de l’économie.
Toute la contraction était concentrée dans la production de biens. Celle des services, qui représente environ les deux tiers de l’économie, n’a que marginalement changé, les gains des ventes au détail et des services financiers étant annulés grosso modo par le recul du commerce de gros et du transport.
Les déboires des manufacturiers se sont poursuivis, avec en tête ceux liés à l’industrie de l’automobile. Leur volume de production a plongé de plus de 20% avec la fermeture des usines de Chrysler, qui a amorcé sa restructuration par une mise en faillite. « La santé de ce secteur devrait s’améliorer dès le mois prochain avec la réouverture des usines de montage et l’amélioration récente des ventes de voitures », affirme Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale.
Les dégâts du protectionnisme
La production en usine a faibli de manière généralisée, cependant : 16 des 21 secteurs accusaient des replis. C’est la conséquence de la récession américaine et surtout des dispositions protectionnistes ( Buy American) du plan de relance de l’administration américaine, en vigueur depuis avril. Il permet aux États et aux municipalités d’exiger que les programmes d’infrastructures soient réalisés avec du contenu américain. Cela exclut les Canadiens d’un nombre grandissant d’appels d’offres.
Voilà pourquoi Ottawa presse les provinces d’ouvrir leurs appels d’offres aux fabricants américains dans le but d’obtenir un accord de réciprocité.
Les leaders des Manufacturiers et exportateurs du Canada et du Conseil canadien des chefs d’entreprise, Jayson Myers et Thomas d’Aquino, ont d’ailleurs fait parvenir jeudi une lettre aux 10 premiers ministres provinciaux, qui doivent se réunir la semaine prochaine à Regina dans le cadre du Conseil de la Confédération. V
« Nous sommes convaincus que le Canada a l’occasion de négocier avec les États-Unis un accord visant à ouvrir les marchés publics qui avantagerait aussi bien notre économie que la leur », écrivent-ils.
Les deux leaders souhaitent un accord des provinces avant le sommet des chefs d’État américains, la semaine suivante, où Stephen Harper et Barack Obama auront sans doute un tête-à-tête.
En mai, le surplus commercial traditionnel du Canada s’est transformé en déficit, au grand dam des manufacturiers, même si la production de minerai et d’énergie accusait aussi des replis significatifs.
Si l’économie canadienne a fait du surplace en juin, ce qui est une hypothèse réaliste compte tenu des données déjà disponibles, alors la décroissance du deuxième trimestre avoisinera les 3,5% sur une base annualisée. C’est précisément la prévision de la Banque du Canada, qui annonce aussi une croissance de 1,3% de l’économie canadienne, de juillet à septembre.
Aux États-Unis, les données préliminaires du département du Commerce font état d’un repli de 1% de l’économie pour l’ensemble du deuxième trimestre. Washington a aussi révisé à la baisse la performance de l’économie américaine pour l’ensemble de 2008, ce qui confirme que nos voisins traversent la plus grave récession de l’après-guerre.
Malgré une baisse plus marquée que prévu de la consommation d’avril à juin, la nette réduction du déficit commercial a f reiné la décroissance, qui avait atteint 6,4 % au premier trimestre. En gros, la baisse des importations a été beaucoup plus prononcée que celle des exportations. Cela accrédite l’urgence d’un accord d’ouverture des marchés publics. Le Canada demeure le principal partenaire commercial des États-Unis.
« La grande divergence dans la performance des exportations nettes (exportations moins importations) explique le gros de l’écart, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint à BMO Marchés des capitaux. Malgré tout, cela n’exclut pas une croissance au troisième trimestre. C’est plutôt que l’économie canadienne aura à s’extirper d’un trou plus profond. »
Optimisme prudent de rigueur
Les perspectives sont beaucoup plus roses cet été qu’au printemps. Outre la reprise de la production automobile, note Diana Petramala, économiste à l a Banque T D Groupe financier, les dépenses de consommation semblent reprendre. En outre, « la poussée des transactions sur le marché de la revente de maisons, jumelée aux stimuli des gouvernements devrait soutenir la construction jusqu’à l’été prochain ».
C’est sa ns doute aussi ce qu’ont vu les cambistes qui ont poussé le huard à un gain de 58 centièmes. Il termine le mois à 92,81 cents US, un sommet depuis octobre.
Reste un point faible : la production en usine. La solution passe peut-être aussi par davantage de commerce avec les puissances émergentes comme la Chine et l’Inde.



DEUX FOIS PLUS DE JEUNES À L’ASSURANCE-EMPLOI  -  Hugo Fontaine  & Malorie Beauchemin
« Même si la récession canadienne paraît près de sa fin et que le rythme des pertes d’emploi diminue, les chômeurs continuent de trouver difficile la recherche d’emploi. »
Les emplois se font rares, et ce sont les jeunes qui écopent. Ils sont deux fois plus nombreux qu’il y a un an à se tourner vers l’assurance emploi.

Près de 780 000 Canadiens ont reçu des prestations ordinaires d’assurance emploi en mai, selon les plus récentes données de Statistique Canada. C’est une hausse de près de 10 % par rapport au mois précédent, mais surtout une hausse de 66 % par rapport à mai 2008 et un nouveau record.
Mais les jeunes sont davantage touchés : pendant que le nombre de prestataires de 25 ans et moins a presque doublé en un an (94,1 %), les 25-54 ans (+71,3 %) et les 55 ans et plus (+ 60,2 %) ont été moins lourdement frappés.
« Quand les entreprises font des mises à pied, elles se basent souvent sur le critère de l’expérience, et les jeunes écopent en premier », explique Benoît Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.
Le Canada n’a j a mais eu autant de bénéficiaires de l’ass ura nce emploi depuis que des données comparables existent, en 1997. Et le nombre de demandes n’a jamais été aussi élevé qu’en mai dernier.
« Le rapport est un sobre rappel de l’état affreux du marché canadien de l’emploi, constate Millan Mulraine, stratège économiste à TD Valeurs mobilières. En effet, même si la récession canadienne paraît près de sa fin et que le rythme des pertes d’emploi diminue, les chômeurs continuent de trouver difficile la recherche d’emploi. »
C’est le cas de Kim, 44 ans, rencontré devant un centre local d’emploi de l’île de Montréal, qui veut revenir sur le marché de l’emploi après un accident du travail. « C’est encore plus dur de trouver quelque chose avec la crise », dit-il.
Malheureusement pour lui et pour les chercheurs d’emploi, le marché du travail n’a pas encore changé.
« Je pense que la hausse va se poursuivre, dit Benoît Durocher. Le marché du travail a encore baissé en juin, même si c’est moins prononcé (perte de 7400 emplois). »
Explosion dans l’Ouest
Toutes les provinces et les territoires ont enregistré un nombre record de prestataires en mai.
Le nombre de prestataires a explosé dans l’Ouest. En Alberta, les 57 000 bénéficiaires représentent une augmentation de 236%. En Colombie-Britannique, la hausse est de 115,2%.
Mais si l’industrie du pétrole et l’immobilier ont fait mal à l’emploi albertain, c’est l’automobile qui fait pâlir l’Ontario. La plus populeuse des provinces a vu son nombre de prestataires doubler pour atteindre 274 000 personnes.
Le Québec s’en tire mieux, même si le nombre de prestataires, à plus de 206 000, a augmenté du tiers. « Le Québec ne s’en sort pas trop mal, surtout dans les régions, note Benoît Durocher. En ville, le secteur manufacturier fait mal. »
La r écession pa r a î t aussi pousser plus d’hommes vers le chômage au Canada. La hausse de bénéficiai r es masculins est de 84,9 % en un an, contre 49,3 % chez les femmes.
À Ottawa, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a estimé, malgré les chiffres catastrophiques de l’assurance emploi, que l’économie canadienne est « sur la bonne voie ».
« On savait que les chiffres de l’assurance emploi seraient plus élevés, a dit M. Flaherty. Ils datent de mai. Les taux d’emploi accusent toujours un retard par rapport à une reprise économique, alors les gens devraient s’attendre à ce que les chiffres empirent encore pendant un bout de temps. »
« I l y a, actuellement, des signes que l’économie s’améliore, a-t-il ajouté. C’est clairement ce que j’entends de la part des gens
du milieu financier avec qui je suis en contact. »
Mais le ministre des Finances a toutefois souligné que la récession n’est pas pour autant terminée. « Les signes montrent que l’économie se stabilise. Ce sont les débuts d’une reprise. Mais je n’irais pas plus loin, a-t-il dit. Il faut être prudent et continuer la mise en oeuvre de notre plan d’action économique. »

Pour l ’opposition l ibérale, les conservateurs se réjouissent beaucoup trop tôt. « Le Canada a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être sorti du bois », a déploré le critique du Parti libéral en matière de finances, Ralph Goodale.

Les entreprises dépenseront moins  -  Rudy LeCours
Leurs dirigeants retrouvent quand même leur optimisme
Pour la première fois en un an aussi, les répondants qui s’attendaient à une bonification de leurs résultats financiers étaient plus nombreux que ceux qui craignaient leur détérioration.
L’optimisme était à la hausse dans le merveilleux monde des affaires au deuxième trimestre, mais les entreprises hésitaient encore à investir.
Certains secteurs sont particulièrement touchés par un repli des investissements, comme l’extraction de ressources naturelles (-32,9%), la fabrication (-20,4%), la finance et les assurances (-24,1%).
Du premier au deuxième trimestre, l’indice de confiance des entreprises du Conference Board du Canada a bondi de 10 points. Il se situe maintenant au même niveau qu’au printemps 2008, alors que peu de gens s’attendaient à la faillite de Lehman Brothers, qui a déclenché la première récession mondiale synchronisée.
Fait des plus encourageants, pour la première fois en plus de trois ans, davantage de répondants s’attendaient à une amélioration du contexte économique qu’à sa dégradation.
Pour la première fois en un an aussi, les répondants qui s’attendaient à une bonification de leurs résultats financiers étaient plus nombreux que ceux qui craignaient leur détérioration.
Seule ombre à ce tableau plutôt lumineux, plus du tiers des répondants étaient d’avis que leur entreprise fonctionnait en deçà de ses capacités, un phénomène qui n’avait pas été observé depuis la récession de 1991.
Ce constat paraît concorder avec les perspectives révisées d’investissements publics et privés de Statistique Canada.
En construction non résidentielle, matériel et outillage, les investissements devraient totaliser 227,9 milliards cette année, soit près de 10 milliards de moins que ce que révélait l’enquête précédente, menée de décembre à janvier auprès de 28 000 entreprises et administrations publiques. Celle dévoilée hier a été réalisée au cours des mois de mai et juin auprès de 7400 entreprises, ce qui reste un échantillon considérable.
À hauteur de 227 milliards, la valeur des investissements représente un repli de 10,4% du sommet atteint en 2008.
Certains secteurs sont particulièrement touchés, comme l’extraction de ressources naturelles (-32,9%), la fabrication (-20,4%), la finance et les assurances (-24,1%).
Quelques autres progressent, à commencer, sans surprise, par les administrations publiques (14,8 %). À hauteur de 41 milliards, l’effort des gouvernements égalera cette année la mise des sociétés minières et énergétiques. À ce coup de fouet, il faut ajouter la contribution accrue de 3,5 % des services publics (eau, électricité).
Recul au Québec
Àl’échelle provinciale, les investissements pressentis au Québec reculeront de 9,5% malgré les programmes du gouvernement. Les entreprises prévoient diminuer de 23,2% leurs dépenses en matériel et outillage.
Par le passé, des différences importantes ont parfois apparu entre les intentions d’investir et les investissements réels, selon les aléas de la conjoncture économique.
Le climat est en train de changer durant l’été. L’idée voulant que la récession ait somme toute été moins grave que celles de 1981 et de 1990 fait son chemin.
La Financière Banque Nationale estime même que l’économie aura reculé au deuxième trimestre moins que les 3,5 % en rythme annualisé estimés par la Banque du Canada. En conséquence, elle pourrait bientôt de nouveau fonctionner à pleine capacité, d’autant plus que bien des usines ont fermé définitivement. « Notre hypothèse est que la récession est plus sectorielle que celles de 1982 et 1990 », affirme Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint de la Banque du Canada. Il rappelle que, au printemps, le Canada a créé 60 000 emplois dans le secteur des services dont la production a reculé un seul trimestre jusqu’ici.
Milan Mulraine, prévisionniste à TD Valeurs mobilières, souligne pour sa part que le recul de l’activité économique s’élevait à 2,3% au premier trimestre et devrait avoir atteint 2,9% au deuxième. C’est beaucoup moins que les replis de 4,9% de 1981 et de 3,4% en 1990.
Le chômage devrait par conséquent moins s’étendre.


CONSOMMATEURS AMÉRICAINS  La confiance s’effrite plus que prévu

La confiance des consommateurs américains s’est effritée plus que prévu en juillet, ce qui reflète une hausse du chômage qui menace de miner les dépenses des ménages.
La baisse de confiance des Américains reflète des craintes plus vives en ce qui concerne le marché de l’emploi. On prévoit que le taux de chômage dépassera 10% d’ici au début de 2010.
L’i ndice de c onf i a nce du Conference Board américain a reculé à 46,6, deuxième baisse consécutive, à la suite d’un résultat de 49,3 en juin, selon un rapport publié hier par l’organisme établi à New York. L’indice avait chuté à un creux record de 25,3 en février dernier.
Les marchés boursiers ont piqué du nez et les bons du Trésor américain se sont appréciés à la suite de la publication du rapport. Les dépenses de consommation forment environ 70 % de l’économie américaine et toute nouvelle baisse viendrait amortir les efforts pour sortir de la pire récession en cinq décennies.
« Les gens nourrissent encore des inquiétudes quant à leur emploi », estime Mark Vitner, un économiste principal de Wells Fargo Securities, à Charlotte, en Caroline-du-Nord.
Le marché prévoyait que la confiance des consommateurs baisserait à 49, selon la prévision médiane de 67 économistes sondés par Bloomberg. Les prévisions oscillaient entre 44 et 56. L’indice a présenté un résultat moyen de 57,95 l’an dernier.
La baisse de confiance reflète des craintes plus vives en ce qui concerne le marché de l’emploi. On prévoit que le taux de chômage dépassera 10 % d’ici le début de 2010, un résultat potentiel susceptible d’éroder le pouvoir d’achat et d’inciter les Américains à épargner davantage.
Prix des maisons en hausse
Nouvelle plus encourageante, l’indice des prix des maisons aux États-Unis, soit le S& P/ Case-Shiller qui porte sur 20 régions métropolitaines, a affiché son premier gain mensuel en trois ans en mai dernier, ce qui renforce les signes de stabilisation sur un marché durement affecté par la pire déprime depuis les années 30.
L’indice a grimpé de 0,5 % par rapport à avril, première progression mensuelle depuis j uillet 2006 et la plus forte depuis mai de cette année-là. Le résultat représente toutefois une baisse de 17,1 % par rapport à mai 2008, ce qui est moins que prévu et ce qui s’avère la diminution la plus modeste en neuf mois.
Lors du sondage effectué par le Conference Board, la propor t i on des consommateurs qui estiment que les emplois sont nombreux a chuté à 3,6 %, niveau le plus bas depuis février 1983. Par contre, la proportion des répondants qui soutiennent qu’il est difficile d’obtenir un emploi est passée de 44,8 % à 48,1 %.
Le pourcentage des personnes qui s’attendent à voir leurs revenus augmenter au cours des six prochains mois a baissé, passant de 10,1 % à 9,5 %.
L’é c onomie a mér i c a i ne a perdu 6,5 millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007.




États-Unis Près de 19 millions de maisons vides
Plus de 18,7 millions de maisons sont demeurées vides aux ÉtatsUnis au cours du deuxième trimestre. La pire récession en 50 ans a fait chuter la demande d’habitations au moment où les banques ont saisi les propriétés d’emprunteurs incapables de payer.
Plus de 14% des maisons étaient inoccupées au cours du deuxième trimestre aux États-Unis. La valeur des maisons a chuté de 33% depuis 2006, selon l’indice S& P/Case-Shiller.
Mais le nombre de propriétés inoccupées – y compris les habitations saisies, les résidences à vendre et les résidences secondaires – a peu évolué par rapport à un an plus tôt puisqu’il se situait à 18,6 millions lors du deuxième trimestre de 2008, souligne le bureau du recensement américain dans un rapport.
Plus de 14 % des maisons étaient inoccupées au cours du trimestre. La valeur des maisons a chuté de 33 % depuis 2006, selon l’indice S& P/Case-Shiller, tandis que le taux de chômage a grimpé le mois dernier à un sommet de près de 26 ans.
La chute des prix des maisons et la hausse des pertes d’emplois ont mis à mal les efforts du gouvernement américain pour renverser la tendance dans le secteur immobilier tandis que sévit la plus longue récession depuis les années 30.
« L’insécurité en ce qui concerne l’emploi, de même que la baisse de la valeur des maisons et le resserrement du crédit, vont vraisemblablement l i miter la progression des dépenses de consommation », a indiqué lundi dernier Ben S. Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), devant un comité de la Chambre des représentants.
Le pourcentage de toutes les maisons américaines inoccupées et à vendre, soit le taux d’inoccupation, a baissé à 2,5 % au cours du deuxième trimestre. Il avait un atteint un sommet de 2,9 % au cours du premier et du quatrième trimestres de l’an dernier, a précisé le bureau du recensement.
Le taux d’inoccupation a baissé légèrement au moment où le nombre de maisons sur le marché a diminué parce qu’elles ont été vendues ou parce que les propriétaires ont renoncé à les vendre. Le stock de maisons sur le marché a été de 3,8 millions en moyenne à chacun des six premiers mois de 2009, selon des données de la National Association of Realtors. L’an dernier, la moyenne mensuelle était de 4,2 millions.
Le taux d’inoccupation le plus faible, soit 2%, a été enregistré dans le nord-est du pays, alors que le plus élevé, à 2,7%, l’a été dans le sud du pays.
Au deuxième t rimestre, on comptait 130,8 millions de maisons aux États-Unis, a indiqué le bureau du recensement. En plus des 1,9 million de maisons inoccupées à vendre, on a compté 4,4 millions de maisons inoccupées à louer et 4,6 millions résidences secondaires qui ne servent qu’une partie de l’année.
Un ménage américain sur huit qui a contracté un emprunt hypothécaire accuse du retard dans ses paiements ou fait déjà l’objet d’une saisie, d’après Jay Brinkmann, économiste en chef de la Mortgage Bankers Association, un organisme établi à Washington.
Les entreprises américaines ont éliminé environ 6,5 millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007, ce qui affecte la demande de maisons et érode les dépenses de consommation qui forment environ 70% de la plus importante économie au monde.





REPRISE IMMOBILIÈRE AMÉRICAINE Les retombées se font attendre  - Vincent Brousseau-Pouliot
Les Américains recommencent discrètement à acheter des maisons neuves. Mais le secret reste bien gardé : même leurs fournisseurs canadiens ne sont pas au courant.
En juin, les ventes de maisons neuves ont pourtant augmenté pour le deuxième mois consécutif aux États-Unis, cette fois de 11%. Il s’agit de la plus importante hausse mensuelle depuis décembre 2000.
« Je suis surpris d’antendre ça », dit MaximeGendreau, directeur du marketing de Garaga, fabricant de portes de garage de Saint-Georges-de-Beauce.
Selon l e dépa r t ement du Commerce, les Américains achètent 384 000 nouvelles maisons sur une base annuelle en se basant sur les chiffres de juin, par rapport à 346 000 nouvelles maisons en se basant sur les chiffres du mois précédent. En j uin, 36 000 maisons neuves ont été vendues au prix moyen de 276 900 $. Environ 16 000 étaient déjà construites, 10 000 maisons étaient en construction et 10 000 n’existaient encore que sur plans.
Bien réelle dans les livres du département du Commerce, cette timide reprise du marché immobilier américain ne se manifeste pas encore dans les carnets de commandes de Garaga. « Nous ne voyons pas de signes de reprise pour l’instant, mais c’est vrai que notre produit s’installe à la fin du cycle de construction », dit Maxime Gendreau.
Même son de cloche du côté du fabricant de baignoires MAAX, qui a pu compter sur une demande relativement stable au Canada durant la récession afin de compenser pour ses difficultés aux États-Unis. « Il y avait une baisse depuis 2005, mais ça s’est stabilisé depuis le mois de mai, dit Mark Bandrauk, conseiller juridique principal de MAAX. C’est toutefois trop tôt pour spéculer sur une reprise. Les Américains partent de tellement loin, les effets d’une reprise ne se feront pas sentir immédiatement. »
Avant la crise immobilière, 70% du bois produit dans les scieries de Domtar prenait le chemin des États-Unis. Aujourd’hui, les marchés canadien et américain se partagent le bois de Domtar à parts égales. « Nos activités forestières et nos scieries ne fonctionnent qu’à 50% de leur capacité », rappelle Pascal Bossé, vice-président des communications de Domtar.
Les économistes suggèrent aux Domtar, MAAX et Garaga de ce monde de ne pas célébrer trop vite la reprise du marché immobilier américain. Soit, la hausse des ventes de maisons neuves de 11% est spectaculaire – la plus importante en neuf ans! – mais, à long terme, elle reste négligeable. Depuis un an, la vente des maisons neuves a chuté de 21%. Le sommet historique de 1,4 million de maisons neuves vendues, établi en juillet 2005 en pleine bulle immobilière, semble hors de portée. « Nous sommes environ au quart de ce sommet historique, ce qui démontre l’ampleur de la crise immobilière et de la récession », dit Avery Shenfeld, économiste en chef de la Banque CIBC.
Cet immense écart ne tracasse pas l’économiste de BMO Groupe financier Jennifer Lee, qui n’est pas fâchée d’assister à une reprise graduelle du marché immobilier américain. « Les banques ont appris leur leçon, elles resserrent l’accès au crédit et elles demandent davantage de documentation avant de faire un prêt, dit-elle. Dans quelques années, le marché immobilier américain pourra peut-être revenir à des ventes annualisées de 1 million. »
En dépit de la hausse des ventes en juin, les entreprises québécoises qui dépendent du marché immobilier américain devront continuer de prendre leur mal en patience. Il reste actuellement 281 000 maisons neuves à vendre aux États-Unis – soit assez pour satisfaire les acheteurs durant les 8,8 prochains mois. « Il y a encore trop de maisons non vendues sur le marché, dit l’économiste Avery Shenfeld. Habituellement, il faut avoir seulement cinq ou cinq mois de stocks. Au moins, les chiffres montrent que le pire est passé, même si la reprise se calculera en années et non en trimestres. »


L’optimiste  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Le ciel économique se dégage au-dessus du pays, claironne la Banque du Canada. Les nuages de la récession se dissipent peu à peu. Même si le gouverneur Mark Carney s’attend à une reprise graduelle, ses prévisions optimistes de croissance pour 2010 et 2011 ont de quoi faire sourciller plus d’un économiste.
En soi, il n’est pas surprenant que le Canada soit le premier pays industrialisé à annoncer sa sortie de la crise. Son système financier est le plus solide de la planète, son marché immobilier ne s’est pas effondré comme aux États-Unis ou en Europe. Les taux d’intérêt maintenus au plancher par la banque centrale ont permis aux ménages canadiens de souffler et à la consommation intérieure de ne pas trop s’effriter, malgré la débâcle qui a secoué le globe. L’augmentation du prix des ressources, dopé par la forte demande chinoise, a contribué à maintenir l’économie canadienne à flot. D’où une récession qui n’aura duré que trois trimestres, la plus courte en 50 ans, si le retour à la croissance se confirme cet été.
Dans son rapport sur la politique monétaire, M. Carney n’y va pas avec le dos de la cuillère: il entrevoit une croissance de 3% en 2010 et de 3,5% en 2011. On veut bien faire preuve d’optimisme, mais il apparaît prématuré, à maints égards, de prédire un retour aussi spectaculaire à une croissance vigoureuse. Cela n’est pas sans nous rappeler les prévisions jovialistes et à contre-courant de la Banque du Canada en janvier dernier. Il semble que M. Carney ait récupéré les lunettes roses qu’il avait jetées au panier lors de sa mise à jour d’avril.
Le gouverneur mise sur un regain des exportations qui viendra bientôt appuyer les dépenses soutenues des consommateurs. Pourtant, les livraisons manufacturières à l’étranger montrent encore des signes de faiblesse. M. Carney compte notamment sur une recrudescence des ventes dans les secteurs de l’automobile et de la construction aux États-Unis pour pousser la croissance canadienne vers le haut. Toutefois, en dépit de signaux encourageants, les Américains ne se sont pas encore extirpés de leur bourbier financier. Leur marché immobilier a ralenti sa dégringolade, qui s’éternise depuis trois ans, mais on s’attend à ce que le prix des maisons chute encore pendant quelques mois. Le taux de chômage n’atteindra pas le fond du baril avant la mi-2010. Deux facteurs qui freineront leur soif de consommation et leurs achats de produits canadiens, déjà pénalisés par la politique Buy American d’un plan de relance mitigé.
Les prévisions de croissance de la Banque du Canada reposent sur un dollar canadien à 87 cents. Or, le huard caracolait à plus de 92 cents hier sur le marché des changes, de plus en plus populaire parce que le Canada se démarque des autres économies avancées et parce que le billet vert continue de se déprécier. Et aussi grâce au prix du baril de pétrole, qui a repris du poil de la bête depuis février. Ce n’est rien pour ramener un sourire sur les lèvres des manufacturiers canadiens et améliorer notre balance commerciale.

M. Carney a raison de craindre une flambée du dollar canadien. Un huard qui poursuivrait son envol pourrait carrément empêcher la reprise de décoller.


REPRISE  La création d’emplois se fera attendre  - Rudy LeCours

Au lendemain de l’annonce étonnante de la Banque du Canada, selon qui nous sommes sortis de récession, beaucoup de confusion subsiste sur ce que signifie la reprise.
D’un point de vue économique et technique, c’est tangible : la taille de l’économie se remet à épaissir. De là à ce qu’elle retrouve sa superbe d’antan, il y a toutefois plusieurs crans de ceinture à desserrer.
Si les prévisions de la Banque s’avèrent, c’est dans un an environ que le volume de biens et services produits au pays, ce qu’on appelle le produit intérieur brut, aura retrouvé le sommet du cycle précédent atteint il y a un an.
La Banque fonde cependant son scénario sur l’hypothèse que la valeur moyenne du dollar canadien sera de 87 cents américains d’ici là. Ces jours-ci, il se négocie au-dessus des 92 cents US, ce qui risque de freiner la croissance des exportations, de l’aveu du gouverneur Mark Carney.
Hier, le ministre des Finances Jim Flaherty a déclaré « être d’accord » avec les propos du gouverneur. Ni un ni l’autre n’ont cherché à dramatiser le phénomène cependant, comme M. Carney l’avait fait en juin après la plus rapide poussée mensuelle du huard de son histoire
Le taux de change reflète aussi la force de l’économie canadienne. « Plus il sera fort, plus sera forte la demande pour nos matières premières et plus leurs prix seront élevés », souligne Jean-Pierre Aubry, économiste-conseil et fellow associé du CIRANO.
Cela a aussi pour effet d’accroître le revenu intérieur brut réel, une mesure du pouvoir d’achat.
Cette dynamique a d’ailleurs prévalu de 2003 à 2007. Tandis que le secteur manufacturier subissait les premières salves de l’appréciation du huard, les Canadiens consommaient davantage et les coffres des gouvernements se remplissaient.
Cette fois-ci, c’est un peu différent. La rapide ascension du huard n’est pas mue seulement par la force des prix de l’énergie et des produits de base. Elle reflète aussi la faiblesse du dollar américain, ce qui n’aide en rien le Canada.
Taux de chômage
Pour les victimes de la récession, la reprise sera tangible quand la recherche d’un emploi sera redevenue une sinécure. En janvier 2008, le taux de chômage avait atteint un creux historique de 5,8 % au Canada. Un an après, il avait grimpé à 7,2 %. Le mois dernier, il était rendu à 8,6 % et il devrait franchir la barre des 9,0 % avant la fin de l’année. Le retour à 5,8 % ne se fera pas de sitôt.
Cela peut choquer quand on voit ces jours-ci que les entreprises ont renoué au deuxième trimestre avec les profits plus vite qu’on s’y attendait. « Il est clair que les suppressions d’emplois préventives et des plus agressives ont en contrepartie généré des bénéfices surprenants, fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux. Cela peut irriter quelques sensibilités quand le taux de chômage s’approche des 10 % aux États-Unis. La réalité, c’est que chaque reprise de l’après-guerre a été précédée d’un rebond de la part des profits dans le revenu national. »
Ne l’oublions pas, l’économie était en récession des deux côtés de la f rontière au printemps. Cela sera confirmé la semaine prochaine avec les données provisoires du PIB américain pour l’ensemble du deuxième trimestre et les données du PIB de mai au Canada.
Aux États-Unis, l’économie devrait avoir reculé de moins de 2%, vers sa stabilisation, si on compare ce chiffre à la chute de 5,5 % de l’hiver.
Pour le Canada, il faut s’attendre à un repli mensuel de 0,3 % à 0,5 %. C’est pire qu’en avril, mais cela correspond à la fermeture des usines de Chrysler et à la perte de 58 700 emplois. Les données préliminaires de juin sont plus encourageantes.
Le recul de mai se reflète aussi dans les f i nances publiques. Pour avril et mai, Ottawa accuse un déficit de 7,5 milliards. Rien de dramatique, nuance Avrey Shenfeld, économiste en chef chez CIBC. « Ce sont les pires mois d’activité économique de l’année budgétaire (d’avril à mars) et les fluctuations mensuelles peuvent être énormes d’une année à l’autre. »



Les commerçants désertent Manhattan
Lorsque Barnes& Noble a fermé deux magasins dans la 86e Rue Est à New York cette année et quand Circuit City Stores a fait de même avec un autre, des bénévoles du voisinage ont décidé de prendre les choses en main. Ils ont transmis des courriels à leurs détaillants favoris pour leur demander de louer les locaux vides.
C’est que l’enfilade de magasins, d’Upper East Side jusqu’à Soho, comporte de nombreux lieux désertés. Ainsi, le taux d’inoccupation du quartier a grimpé à 12,4% au deuxième trimestre, le plus élevé depuis 2001. La cause? La hausse du chômage et la récession font baisser les dépenses des consommateurs, indique Faith Hope Consolo, présidente de la division des ventes et de location au détail de la firme Prudential Douglas Elliman Real Estate, de Manhattan.
« Les consommateurs ont tout simplement cessé de magasiner », précise-t-elle.
Plus de 15% des 185 magasins de Madison Avenue entre les 57e et 72e rues sont vides ou sont à la veille de perdre leurs locataires, selon le courtier new-yorkais Cushman& Wakefield. À Soho, 11 % des 551 magasins sont à louer. Et dans Upper West Side, environ 9 % des 265 magasins sont désertés ou le seront bientôt.
Chute des loyers
Les loyers pourraient chuter de près du quart de leur valeur d’ici au quatrième trimestre par rapport à un an plus tôt. Et ils sont susceptibles de continuer leur dégringolade jusqu’en 2010 en raison du taux de chômage et de la faible demande des consommateurs, soutient Sam Chandan, économiste de la firme d’analyse Real Estate Economics, à New York.
L e pr i x moyen o f f e r t à Manhattan pourrait baisser à 98,12$US le pied carré d’ici la fin de l’année. Il était de 109,09$US à la fin du deuxième trimestre, précise M. Chandan.
Mais Manhattan continue d’avoir de l’attrait. Ainsi, une entreprise de divertissement et un restaurant s’apprêtent à signer des baux pour des locaux de 70 000 pieds carrés dans l ’a ncien édifice du New York Times, explique Joshua Strauss, président du courtier Robert K. Futterman& Associates. En février dernier, la société Discovery Times Square Exposition a signé un bail de 20 ans pour 60 000 pieds carrés additionnels, ajoute-t-il.
Le taux de chômage dans la ville de New York a grimpé à 9,5% en juin, un sommet depuis juillet 1997, précisait jeudi le Département américain du travail. Le nombre d’emplois dans le secteur privé a dégringolé de 95 100, ou de 2,9%, à 3,16 millions pendant la période de 12 mois terminée en juin. Les emplois dans l’industrie financière ont baissé à 436 000 contre 469 300 en juin 2008.
« Je n’ai jamais vu pire », lance Anees Kahn, directeur du magasin d’informatique RCS Experience à l’angle de Madison Avenue et de la 56e rue. Il a renégocié son bail en avril dernier. Les ventes ne permettent pas de couvrir le loyer, qui se chiffre à de 100 000$US à 200 000$US par mois, de sorte que M. Kahn doit sous-louer de l’espace à d’autres détaillants de produits électroniques.


Des bénéfices éclatants mais trompeurs
NEW YORK — Après JPMorgan Chase, les banques américaines Bank of America et Citigroup ont dégagé au deuxième trimestre des résultats positifs et supérieurs aux attentes, qu’il serait toutefois hasardeux d’interpréter comme le signe de la fin de la tourmente financière.
Pour la période mars-j uin, J PMorgan Chase, première banque américaine par la capitalisation boursière, a vu son bénéfice grimper à 2,7 milliards de dollars. Bank of America a été bénéficiaire de 3,2 milliards et Citigroup de 4,3 milliards, selon leurs résultats publiés hier.
Les trois banques, qui sont actives sur l’ensemble des métiers de la finance, ont bénéficié à plein d’un trimestre exceptionnel sur les bourses, qui a généré d’importants revenus pour leurs activités de courtage.
Chez JPMorgan, le bénéfice des activités de courtage a ainsi été presque quadruplé en un an, à 1,47 milliard.
Une performance « qui n’est sans doute pas un bon indicateur de ce qui se passe », avertissent les analystes de Deutsche Bank.
Si elle est sortie du rouge pour la première fois depuis le troisième trimestre 2007, Citigroup ne le doit qu’à la plus-value de 6,7 milliards enregistrée lors de la cession partielle de sa filiale Smith Barney.
Mais c’est surtout du côté de la banque de détail que le bât blesse.
L’activité de banque pour les particuliers « suit exactement l’état de l’économie et de l’emploi », explique Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. « Il ne peut donc pas y avoir de miracle », note-t-il.
Cette semaine, la banque centrale américaine a indiqué que le chômage monterait plus que prévu, pouvant atteindre d’ici la fin de l’année 10,1% et devrait encore atteindre entre 9,5 % et 9,8% l’an prochain.
La faiblesse de l’économie se traduit chez les banques par un coût des créances douteuses qui a pour certaines plus que doublé sur un an: Citigroup a provisionné 12,4 milliards, JPMorgan 9,7 milliards, et BofA 13,4 milliards.
Les analystes de Deutsche Bank soulignent que, si l’on assiste « à de premiers signes de stabilisation des défauts de paiement chez les particuliers », il faut s’attendre à « une hausse des pertes associées aux crédits non payés au second semestre ». Le pic est attendu pour « le 4e trimestre ou le 1er trimestre 2010 », mais les provisions devraient rester encore élevées sur l’ensemble de 2010, « voire 2011 », selon eux.
« C’est un problème pour des banques comme J PMorgan et Citi, qui ont toujours compté sur la banque de détail pour avoir une source stable de revenus face aux incertitudes cycliques de la banque de gros », relève Charles Geisst, universitaire spécialiste de la f i nance au Manhattan College.
Selon M. Geisst, ces établissements seront menacés de pertes « tant que l’économie ne sera pas bien redressée, ce qui ne semble pas imminent ».
Bank of America a averti que la faiblesse de l’économie affecterait ses performances « durant le restant de l’année et encore en 2010 ».
Autre source d’inquiétude pour les banques, ajoutent plusieurs analystes : la faiblesse continue de la banque commerciale, alors que nombre d’entreprises sont emportées par la crise.
Sur ce point, Bank of America a notamment souligné que les défaillances avaient continué à progresser dans l’i mmobilier professionnel.
Atteindre un haut niveau de rentabilité « sera beaucoup plus dur au second semestre », a prévenu le directeur général de Bank of America Kenneth Lewis, en rappelant que sa banque avait bénéficié de gains qui ne se reproduiront plus, comme la vente de parts dans la banque chinoise CCB.



Le secteur manufacturier est encore mal en point  -  Rudy LeCours
« Ce recul plus prononcé et la relance attendue de la production automobile suggèrent une reprise plus rapide du PIB et du secteur manufacturier en deuxième moitié d’année. »
D’aucuns croyaient que l’activité en usine s’était stabilisée au printemps. C’était sans compter les déboires de l’industrie automobile et la volatilité du secteur aéronautique.

La fermeture de plusieurs usines d’assemblage en Ontario aura fait plonger de 25,4% les ventes des fabricants de cette industrie. Elle aura aussi diminué les livraisons de producteurs de métaux transformés (acier et aluminium surtout).
Au final, les ventes des fabricants canadiens ont reculé de 6% d’avril à mai, indiquait hier Statistique Canada, soit près de trois fois plus que ce à quoi s’attendaient les experts. Exprimées en volume, les ventes reculent de 5,8 %, ce qui indique que le mouvement ne peut être attribué à une baisse des prix. En fait, ceux du pétrole ont même beaucoup augmenté durant le mois.
« À court terme, cela frappe durement le Produit intérieur brut au deuxième t r i mestre, notent Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux. Ce recul plus prononcé et la relance attendue de la production automobile au cours du présent trimestre suggèrent une reprise plus rapide du PIB et du secteur manufacturier en deuxième moitié d’année. »
Très instable, le secteur aéronautique a effacé au cours du mois tous ses gains d’avril. Le plongeon de 55 % de ses livraisons a fait chuter de 9,1 % la valeur des livraisons en provenance du Québec, plus touché encore que l’Ontario. Après cinq mois, les ventes du secteur essuient un repli de 8,6 % sur la période correspondante de l’an dernier.
Si on exclut le matériel de transport, le recul des ventes des fabricants est contenu à 2,1 %, mais la majorité des secteurs est touchée.
Pour donner une idée de l’ampleur de la récession manufacturière, rappelons que la valeur des ventes des fabricants s’élevait à 51,5 milliards en mai 2008. Le huard s’échangeait alors à peu près au pair avec le billet vert et malmenait déjà les fabricants. Un an après, la valeur des ventes est ramenée à 38,4 milliards même si notre monnaie s’échangeait en mai contre environ 90 cents américains. Il s’agit d’un plongeon de 25% des ventes.
Rien n’indiquait en mai que l’activité soit sur le point de rebondir : la valeur des nouvelles commandes était en baisse de 7,2 % sur avril, mais de 38,6 % sur leur sommet d’octobre.
« Si on a en tête les chiffres de la balance commerciale de mai, ces données ne constituent pas vraiment une surprise, note Charmaine Buskas, économiste principal chez TD Valeurs mobilières. Elles reflètent la faiblesse de la demande américaine. Cela va continuer tant que l’économie américaine ne prendra pas du mieux. »
« Le secteur américain n’est pas encore en convalescence, renchérit Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Son état se détériore moins rapidement, mais il décline encore un peu. »
En mai, le Canada a enregistré son surplus commercial le plus faible avec les États-Unis.
Ces chiffres ne surprennent pas non plus, si on considère qu’il s’est détruit 58 400 emplois en usine en mai, selon les données de l’ Enquête sur la population active de l’agence fédérale.
« Chrysler a fermé son usine de fourgonnettes de Windsor tandis que GM fermait celle de pickups à Oshawa », rappelle Jean-Michel Laurin, vice-président affaires internationales des Manufacturiers exportateurs du Canada (MEC).
M. Laurin n’est pas alarmiste pour autant. L’enquête mensuelle la plus récente des MEC révèle que 51 % des membres avaient enregistré une diminution de leurs ventes au printemps, mais que 69% s’attendent à ce qu’elles s’améliorent ou se stabilisent au cours de l’été. « Ça nous porte à croire que ça va rebondir au cours des prochains mois. » Ces résultats concordent avec ceux de l’Enquête sur les perspectives de la Banque du Canada réalisée dans la première quinzaine de juin.
M. Laurin déplore toutefois que les producteurs d’acier, qui devraient profiter des programmes de relance des gouvernements, n’aient pas encore senti le vent tourner.





La consommation toujours en panne   -  Marc Jourdier
« La frénésie d’achats n’est pas encore de retour », constate l’économiste indépendant Joel Naroff, pour qui « les dépenses de consommation des ménages ne devraient pas avoir beaucoup contribué à la croissance au deuxième trimestre ».
— Les ventes de détail aux États-Unis ont progressé en juin pour le deuxième mois de suite, mais la consommation, vitale pour le retour du pays à la croissance, ne parvient toujours pas à décoller.
Alors que la reprise est attendue pour le deuxième semestre, les autorités de Washington comptent faire revenir les Américains dans les magasins grâce au plan de relance promulgué en février et à l’action de la banque centrale (Fed) pour débloquer le marché du crédit à la consommation.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par l e département du Commerce à Washington, les ventes des distributeurs et des entreprises de restauration ont progressé en juin de 0,6 % par rapport à mai (contre 0,5 % le mois précédent).
La hausse est plus forte que prévu par les analystes, qui l’attendaient à +0,4 %.
Mais si l’on exclut les ventes d’essence (soumises à de fortes variations de prix) et d’automobiles (sujettes à des fluctuations importantes d’un mois à l’autre), l’indice est en baisse pour le quatrième mois consécutif, un recul de 0,2 %.
Cet i ndice ne t enant pas compte des variations de prix, il a été artificiellement gonflé par la hausse de l’activité des stationsservice (+5,0 % sur un mois), liée à un renchérissement de l’essence de 18,5 % en juin, selon d’autres chiffres publiés par le département du Travail.
La hausse des ventes d’automobiles (+2,3%) a également joué un rôle important. Malheureusement,
« La f rénésie d’achats n’est pas encore de retour », constate l’économiste indépendant Joel Naroff, pour qui « les dépenses de consommation des ménages ne devraient pas avoir beaucoup contribué à la croissance au deuxième trimestre ».
Pour Elsa Dargent, économiste de Natixis, c’est même l’inverse : « Étant donné la faiblesse de l’indice de base des des deux tiers de la croissance du produit intérieur brut des États-Unis.
Après son effondrement du second semestre 2008, la consommation a progressé de 1,4 % en rythme annuel, au premier trimestre, sans pour autant empêcher une chute du PIB de 5,5 %.
Le ministère du Commerce doit publier le 30 juillet sa première estimation du PIB pour le estime Michael Gregory, économiste de BMO Capital Markets, elle est liée uniquement à un effet de prix car les volumes ont baissé.
Sur les 13 composantes de l’indice des ventes de détail, six ont baissé en juin, et une est restée stable. ventes de détail au cours des trois derniers mois, la consommation devrait avoir baissé au deuxième trimestre. »
Les ventes de détail donnent une bonne idée de la tendance de la consommation des ménages, qui représente normalement plus deuxième trimestre, qui devrait faire apparaître une nouvelle baisse de l’activité, pour le quatrième trimestre de suite, mais moins forte que pendant les trois mois d’hiver.
Alors que la reprise est attendue pour le deuxième semestre, les autorités de Washington comptent faire revenir les Américains dans les magasins grâce au plan de relance promulgué en février et à l’action de la banque centrale (Fed) pour débloquer le marché du crédit à la consommation.
Mais avec l’augmentation du chômage et la baisse continue des prix de l’immobilier, qui appauvrit les propriétaires de leur logement (plus de 67% des ménages), les Américains font preuve de prudence et préfèrent se désendetter et épargner : la part de leur revenu disponible mis de côté est au plus haut depuis plus de 15 ans.
Les chiffres des ventes de détail « laissent penser que les dépenses réelles de consommation continuent de se stabiliser », remarque Patrick Newport, économiste de l’institut IHS Global Insight, « mais cellesci ne sont pas encore engagées sur la voie d’une reprise ferme », et devraient avoir baissé de « 0,3 % à 0,5 % » en rythme annuel au deuxième trimestre.


Fort ressac des fusions et acquisitions -  Martin Vallières
Le pire marché depuis au moins six ans !
Après quelques années records, c’est la disette dans le marché des fusions et acquisitions d’entreprises (F&A), conséquence de la grave crise financière et boursière de l’automne 2008.
« Le pire semestre en valeur et en nombre de transactions depuis 2003 » constate la firme Mergermarket de Londres et de New York dans son plus récent relevé international des F & A, obtenu par La Presse Affaires.
Durant les six premiers mois de 2009, 3873 transactions de F&A d’entreprises à capital ouvert ont été annoncées dans le monde, pour une valeur globale de 709,2 milliards US.
Or, même importants en apparence, ces nombres représentent une baisse d’au moins un tiers par rapport à la même période un an plus tôt.
Ces nombres s’avèrent en atrophie considérable par rapport à la dernière période de bouillonnement des F&A, qui remonte à la mi-année 2007.
D’un point de vue continental, c’est en Europe que la crise du marché des F&A est la plus brutale depuis le début de 2009. Et cette baisse s’est même accentuée durant le deuxième trimestre de 2009 par rapport au trimestre précédant, sur une base annualisée.
Fait à s ouligner : la liste des plus grosses transactions en Europe témoigne de l’ampleur de la crise bancaire en Grande-Bretagne.
En ef fet , le gouvernement britannique, ou Her Majesty’s Treasury en termes officiels, s’est hissé parmi les cinq plus importants « acquéreurs » après ses prises de participation de sauvetage dans deux grandes banques : la Royal Bank of Scotland et la Lloyds Banking.
En Amérique du Nord, pendant ce temps, le déclin du marché des F& A au premier semestre 2009 était moins accentué qu’en Europe, selon le relevé de Mergermarket.
Même que la part nord-américaine du marché mondial des F&A s’est accrue à 50 % selon la valeur, comparativement à 35 % un an plus tôt.
En nombre, cependant, cette part nord-américaine est demeurée stable au tiers environ du total mondial.
Par ailleurs, une transaction survenue au Canada – l’achat de Petro-Canada par Suncor Energy pour 18,4 milliards US – fait partie des cinq plus importantes annonces de F&A depuis le début de l’année.
Mais en dépit de cette transaction d’une ampleur exceptionnelle, le marché canadien des F&A demeure difficile.
« C’est l’une des pires périodes d’incertitude jamais enregistrée », estime Ed Giacomelli, directeur général de la firme Crosbie & Co, dans son plus récent relevé trimestriel de F& A au Canada.
En excluant la mégatransaction de Suncor et Petro-Canada, l’évolution moyenne du nombre et de la valeur des F& A au Canada au premier t rimestre 2009 était encore en baisse de près de 30 % par rapport au trimestre précédent.
N’empêche, Crosbie & Co. a décelé des indices de regain vers la fin du premier trimestre, au fur et à mesure qu’un « sentiment de calme commençait à revenir sur les marchés financiers ».
Hypothèse réaliste, avec le regain boursier des derniers mois?
En tout cas, au niveau mondial, le relevé de Mergermarket suggère que seule la région de l ’Asie-Paci f ique montre des signes de relance du marché des F&A d’entreprises.
« La région de l’Asie-Pacifique tient un rôle de plus en plus important dans le marché mondial des F&A », constatent ses analystes.
Le nombre et la valeur des t ransactions de F&A dans la région la plus populeuse du globe était en rebond notable durant les t rois derniers mois, par rapport au trimestre précédent.
Avec ce rebond, la part asiatique du marché mondial des F&A vient de passer le seuil de 20 % en valeur et en nombre, relève Mergermarket.
Par ailleurs, autre symptôme de la récente crise financière : des grandes banques américaines et britanniques figurent parmi les « vendeurs » sur la liste des grosses transactions de F&A survenues en Asie-Pacifique depuis le début de 2009.
Entre autres, les américaines Citigroup et Bank of America ont cédé des participations dans des groupes financiers au Japon et en Chine, pour des valeurs respectives d’un peu plus de sept milliards US.




RÉSULTATS TRIMESTRIELS FORTE BAISSE DES PROFITS EN VUE
Les grandes sociétés comme Ford et ArcelorMittal risquent de voir leur bénéfices glisser encore davantage au cours du prochain trimestre, alors que le pire taux de chômage à frapper les ÉtatsUnis en un quart de siècle freine toujours la consommation.
La baisse des prof i t s des sociétés composant l ’ i ndice Sta ndard & Poor ’ s 500 I ndex pourrait tomber à 21% au terme du trimestre allant de juillet à septembre, après un recul estimé à 34 % au second trimestre et d’environ 60% au cours des trois premiers mois de l’année, selon des données compilées par S&P et Bloomberg. Les bénéfices du quatrième trimestre pourraient être supérieurs à ceux des derniers mois de 2008, lesquels avaient été érodés par l’effondrement des marchés financiers.
Aux États-Unis , première économie de l a planète, les consommateurs restent toujours préoccupés par la situation de l’emploi, disent les analystes et les investisseurs. Le taux de chômage a atteint en juin un sommet en 26 ans, soit 9,5 %. Tant que les Américains ne se remettront pas à acheter des voitures, des téléphones cellulaires et des vêtements, la plupart des grandes sociétés américaines, asiatiques et européennes risquent de continuer à réduire leurs dépenses.
Les livraisons ferroviaires et autres i ndicateurs en matière de transport aux États-Unis ne donnent pas vraiment à penser que les manufacturiers se préparent en vue d’une reprise de la demande, note Mark Demos, gestionnaire de portefeuille chez Fifth Third Asset Management, à Minneapolis. Les livraisons ferroviaires ont chuté de 19 % depuis le début de l’année et de 18% dans la semaine se terminant le 20 juin.
Google, le géant de la publicité sur l’internet, pourrait afficher un résultat se situant au 2e rang de ses plus faibles hausses de profits depuis son inscription en Bourse. Quant à Microsoft, ses ventes risquent de plonger pour le deuxième trimestre consécutif, selon 22 analystes sondés par Bloomberg. Avant le trimestre bouclé en mars, les ventes du premier fabricant mondial de logiciels n’avaient jamais décliné.
Les utilisateurs de téléphone cellulaire optent maintenant pour des forfaits bon marché qui ne les obligent pas à acheter un appareil, indique Andreas Mark, gestionnaire de fonds chez Union Investment, à Francfort. La société finlandaise Nokia, qui domine le marché mondial du téléphone cellulaire, pourrait ainsi essuyer un recul de bénéfices de 67 %, estiment les analystes.
Selon quatre analystes sondés par Bloomberg, le constructeur américain Ford, qui a vu ses ventes plonger de 33% aux ÉtatsUnis de janvier à juin, pourrait boucler le second trimestre avec des pertes de 718,3 millions US, ce qui est largement inférieur aux pertes de 8,7 milliards US qu’il a essuyées un an auparavant.
La chute de la demande, tant dans le secteur du détail que de la production manufacturière, a fini par affecter les fournisseurs de matières premières, de sorte que des entreprises des secteurs de l’aluminium et des produits c hi miques peinent à r ester rentables.
Les sociétés sidérurgiques sont victimes d’une dépression des prix qui sont tombés à leur plus bas depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le géant mondial de l’acier, le groupe luxembourgeois ArcelorMittal, pourrait afficher sa troisième perte consécutive avant de renouer avec les bénéfices au troisième trimestre, estiment les analystes.
L a pr e mière minière du monde, l ’Aust r a l i enne BHP Billiton, pourrait annoncer un premier recul du bénéfice annuel en neuf ans pour l’exercice bouclé le 30 juin.



LES INVESTISSEURS BATTENT EN RETRAITE  -  Hélène Baril
La Bourse de Toronto perd 255 points
Après une remontée qui avait fait croire au retour des beaux jours, les investisseurs ont battu en retraite hier en l’absence de signes clairs de reprise économique, et c’est la Bourse de Toronto qui en a souffert le plus.
HÉLÈNE BARIL
Les titres liés au pétrole et autres produits de base ont plongé et l’indice S&P/ TSX perdait plus de 330 points en mi-journée hier. En fin de séance, la perte était de 255,67 points, soit 2,5 %, la pire dégringolade en deux semaines.
Cette correction était plus ou moins attendue par les analystes, parce que les prix du pétrole et des produits de base avaient augmenté rapidement récemment, en même temps que l’espoir d’une fin prochaine de la récession.
Le marché ne va jamais en ligne droite, rappelle Luc Fournier, gestionnaire de fonds à l’ IndustrielleAlliance. « On aimerait voir des signes de reprise très clairs mais ce n’est pas ce qui se passe », explique-t-il, en rappelant que les marchés financiers sont des marchés de perception.
Et les perceptions, actuellement, sont plutôt négatives. « Les chiffres sur l’emploi publiés la semaine dernière aux États-Unis, plus mauvais que prévu, ont fait mal », précise-t-il.
Les perspectives de reprise s’éloignant, le pétrole brut a continué sa glissade entamée la semaine dernière et perdu encore 2,68 $ US, à 64,05 $ US.
Au Canada, dont le principal produit d’exportation est le pétrole brut, l’effet a été direct. Tous les titres liés au pétrole ou aux produits de base de la Bourse de Toronto ont plongé, les pertes les plus importantes étant celles de Suncor Energy, qui a perdu jusqu’à 6,4 % de sa valeur, et d’Equinox Minerals, qui a été rétrogradé de 13 %.
À New York, les marchés se sont mieux tirés d’affaire, grâce surtout à des nouvelles encourageantes du côté du secteur des services. L’indice Dow Jones a même fini la journée en terrain positif et le S&P 500 a gagné 2,3 points. L’indice NASDAQ a de son côté laissé échapper 9,12 points.
Le dollar canadien a pris 0,19 cent US, à 86,27 $ US mais la Bourse de Toronto, très liée à l’énergie et aux métaux, n’a trouvé aucune bonne nouvelle pour soutenir son cours.
Selon Luc Fournier, le raffermissement du dollar américain met aussi une pression à la baisse sur le prix du pétrole, qui amplifie l’effet négatif sur la Bourse canadienne. « Quand l’incertitude économique augmente, les i nvestisseurs recherchent le dollar américain comme monnaie refuge », explique-t-il.
La prochaine ronde de résultats trimestriels des entreprises, qui sera lancée demain par Alcoa, pourrait diminuer cette incertitude. « On va mieux savoir à quoi s’en tenir », estime le gestionnaire. Si les pertes des principales entreprises américaines se stabilisent ou diminuent, l’espoir pourrait renaitre, estime-t-il.
À moyen terme, les perspectives sont bonnes pour les produits de base, du moins selon les analystes de UBS, qui viennent de relever leurs prévisions pour le prix des métaux, à l’exception de celui de l’aluminium.

Une autre firme américaine, Morgan Stanley, estime que le pire est derrière nous pour les métaux et les produits de base. Ses analystes tablent sur une remontée du prix des métaux, encouragée par les programmes gouvernementaux de stimulation économique. La Chine, plus important consommateur de produits de base dans le monde, a déjà accru ses importations de fer, de cuivre et d’aluminium grâce aux mesures de stimulation de l’économie de son gouvernement. Éventuellement, ces mesures devraient déclencher une reprise durable de la croissance de la demande, estime Morgan Stanley.





L’économie américaine reste fragile - Marc Jourdier
PERTES D’EMPLOIS
WASHINGTON — Les destructions d’emplois aux États-Unis ont fortement accéléré en juin, après quatre mois de baisse, venant rappeler la fragilité de la première économie mondiale, encore loin d’être sortie d’affaire en dépit de l’optimisme qui régnait jusqu’ici dans les milieux boursiers.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par l e département du Travail à Washington, l’économie américaine a perdu 467 000 emplois nets en juin, soit 45% de plus que le mois précédent.
Le nombre des destructions d’emplois s’est révélé bien plus élevé que les 365 000 suppressions de postes estimées par les analystes.
Les licenciements du mois de juin ont fait monter le taux de chômage américain de 0,1 point, à 9,5 %, ce qui reste son plus haut niveau depuis août 1983.
Ce taux serait bien plus élevé s’il tenait compte des plus de 6,4 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi, mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons, ou des neuf millions de personnes contraintes de travailler à temps partiel contre leur gré du fait de la conjoncture économique.
Depuis le début de la récession en décembre 2007, la première économie mondiale a perdu 6,5 millions d’emplois et compte désormais 14 , 7 mi l l i ons de chômeurs.
Les destructions d’emplois ont touché tous les pans de l’économie, à l’exception du secteur de l’éducation et des services de santé, et de celui des « autres services » (essentiellement les teintureries).
Le nombre d’emplois sacrifiés a plus que doublé dans le domaine des services, où travaille plus de 85 % de la main-d’oeuvre non agricole.
Jetant un jour cru sur la fragilité de la conjoncture américaine, les chiffres du ministère ont fait chuter Wall Street, où l’indice de référence, le Dow Jones, avait gagné 11 % d’avril à juin – sa
meilleure progression trimestrielle en six ans – avec les signes de stabilisation de l’économie.
Mais stabilisation ne vaut pas rétablissement comme l’a rappelé la banque centrale ( Fed) il y a huit jours, à l’issue d’une réunion de politique monétaire.
Pour l a Fed, comme pour l e gouvernement et nombre d’économistes, si les États-Unis vont, selon toute vraisemblance, renouer avec la croissance au deuxième semestre, la reprise s’annonce cahotique et fragile.
« Le grand nombre de licenciements en juin est un message d’alerte sur le fait que la récession a encore du chemin à faire avant de s’achever », estime l’économiste indépendant Joel Naroff.
Pour Milan Mulraine, analyste de TD Financial, il n’y a rien qui puisse laisser « penser qu’un retournement du marché du travail soit à l’horizon ».
« Le chômage va continuer de monter jusqu’en 2010 et en 2010 » , estime Elsa Dargent, économiste de Natixis, alors que Sal Guatieri, de BMO Marché des capitaux, s’inquiète de « la source continuelle de risques sur les perspectives économiques » que représentent les destructions d’emplois massives.
Même la baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômages publiée également hier par le ministère suscite peu d’enthousiasme.
La tendance semble ralentir, mais il ne s’agit que d’une « inflexion, ce qui est bienvenu, mais bien moins emballant qu’un véritable retournement », relève I a n Shepherdson, de l’institut HFE.
Par l a voix de son porteparole Robert Gibbs, le président américain Barack Obama s’est dit « profondément déçu » et « inquiet » devant ces données, tout en relevant des signes de « stabilisation ».
« Il est évidemment profondément déçu devant la poursuite des suppressions d’emplois », a dit M. Gibbs à la presse.
Il a cependant réfuté que les nouveaux chiffres indiquent que le gigantesque plus de relance promulgué début 2 0 0 9 pa r M. Obama soit inefficace.


EUROPE  Le chômage atteint des sommets de 10 ans

— Le taux de chômage dans la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans en mai, alors que les entreprises continuent à supprimer des emplois pour faire face à la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Le taux de chômage dans les 16 pays partageant l’euro s’est établi à 9,5 % en mai, contre 9,3 % en avril, a indiqué hier l’office européen des statistiques Eurostat.
C’est du j amais vu depuis mai 1999, a précisé l’office. C’est aussi le quatorzième mois consécutif de hausse du chômage dans la zone euro.
« La contraction profonde et étendue de l’activité, la faible confiance des entrepreneurs et la détérioration de la rentabilité poussent nettement le chômage à la hausse », a commenté l’économiste Howard Archer, de l’institut IHS Global Insight.
En un mois, le nombre de sansemploi a progressé de 273 000 dans la zone euro pour arriver à un total de 15,013 millions de personnes.
Il y a un an, en mai 2008, le taux de chômage dans la zone euro s’inscrivait encore à 7,4 %, après avoir atteint un plus bas de 7,2 % en mars 2008. Mais il a depuis augmenté régulièrement, accompagnant la dégradation de la situation économique.
Les signes d’une amélioration de la situation se sont multipliés ces derniers mois, avec notamment un regain de la confiance des entrepreneurs et consommateurs. Les responsables européens prévoient que l’ Europe sortira de la récession économique dans le courant de l’année 2010.
Mais le chômage, indicateur qui réagit toujours avec un certain décalage par rapport à l’évolution de la conjoncture, devrait continuer à grimper.
« Le chômage devrait sûrement augmenter encore nettement », note l ’ é c onomiste J en ni f er McKeown, de Capital Economics, qui prévoit que le c hômage devrait atteindre environ 12 % l’an prochain.
Dans ses dernières prévisions économiques publiées en mai, la Commission européenne s’attend à ce que le taux de chômage atteigne 9,9 % dans la zone euro cette année, puis 11,5 % en 2010.
« Nous soupçonnons que l’activité économique va rester trop faible pour créer des emplois pendant encore une bonne partie de 2010 », souligne de son côté Howard Archer.
« Le chômage qui augmente nettement va affecter la consommation des ménages, particulièrement parce qu’il risque de conduire à un ralentissement de la hausse des salaires », a-t-il ajouté.
Dans l’ensemble de l’ Union européenne, le taux de chômage a atteint 8,9 % en mai, à son plus haut niveau depuis juin 2005. Il avait été de 8,7 % en avril.
L’Espagne continue à avoir le taux de chômage le plus élevé de l’UE, à 18,7 %. C’est à nouveau une nette progression mensuelle, après 18 % en avril. Viennent ensuite la Lettonie (16,3 %) et l’Estonie (15,6 %).



L’habitation toujours déprimée aux États-Unis -  Rudy LeCours
« Les transactions sur le marché de la revente sont en hausse pour le deuxième mois d’affilée, note Karen Cordes, économiste chez Scotia Capitaux. Cela suggère que les acheteurs y sont attirés par des prix plus attrayants et par les reventes après saisies. »
Si le redressement dumarché américain de l’habitation est un préalable à la reprise, alors les États-Unis demeurent bel et bien en récession au cours du présent trimestre.
Les ventes de maisons neuves en mai ont déjoué les attentes des experts qui tablaient sur une hausse de plus de 2%. Elles ont plutôt diminué de 0,6%, mais, à leur décharge, les chiffres d’avril ont été révisés à la hausse.
Ce qui fait mal toutefois, c’est qu’elles sont en chute libre de 34% en un an, soit davantage que d’avril 2008 à 2009. Sur une base régionale, le repli mensuel est concentré dans les États du Sud.
Seule note encourageante, les prix se stabilisent. Le médian est en baisse de 3,4% depuis an, alors que le moyen accuse un recul de 8%. Ces pourcentages sont beaucoup plus faibles qu’en avril et s’expliquent en bonne partie par la diminution des mises en chantier. Cela n’est guère le signe d’une contribution à la croissance venant de la construction.
« Les transactions sur le marché de la revente sont en hausse pour le deuxième mois d’affilée, note Karen Cordes, économiste chez Scotia Capitaux. Cela suggère que les acheteurs y sont attirés par des prix plus attrayants et par les reventes après saisies. »
Le prix médian sur le marché de la revente s’est stabilisé, mais il reste en baisse de 16% par rapport à ceux d’il y a un an.
Au Canada, on assiste aussi à un recul des prix sur le marché de l’habitation. Le repli va s’accentuant même, mais reste sans commune mesure avec ce qui se passe au sud de la frontière. L’indice Teranet-Banque Nationale fait état d’un repli annuel de 6,7% en avril, comparativement à 5,8% en mars. Il existe de grandes différences régionales cependant puisque la correction est concentrée à l’ouest d’Ottawa. À Montréal par exemple, les prix sont toujours en hausse de 2,4% sur une base annuelle et de 0,2% de mars à avril.
Sur le marché américain de la revente, le nombre de transactions s’élevait à 4,77 millions le mois dernier, ce qui est beaucoup mieux que le creux de 2,29 millions enregistré en janvier.
« Les ventes de maisons ont sans doute été appuyées par la faiblesse des taux d’intérêt hypothécaires », soutient Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins, qui souligne cependant que « les récentes semaines ont témoigné d’une hausse substantielle des taux hypothécaires ».
Le taux d’une hypothèque amortie sur 30 ans est passé de 4,6% à la mi-mai à 5,5% ces jours-ci. La barre des 5% représente un seuil psychologique pour bien des premiers acheteurs et des emprunteurs désireux de trouver un refinancement apte à diminuer leurs mensualités pour éviter la saisie de leur propriété.
Les prêteurs se font tirer l’oreille au point où plusieurs emprunteurs embauchent des avocats pour renégocier leurs prêts. Ce climat malsain a été dénoncé par le président Barack Obama.
Certains y voient une occasion d’affaires. Ainsi, la nouvelle firme américaine Homeowner Toolbox propose, moyennant 99$US, une expertise en ligne pour remplir adéquatement son dossier de crédit de manière à convaincre un éventuel prêteur. Un négociateur facture ses services de 3000$US à 4000$US.
Les prêteurs vont néanmoins continuer de se faire tirer l’oreille, en dépit des efforts de la Réserve fédérale et les exhortations de la Maison-Blanche.
L’endettement des ménages représentait 70% de la taille de l’économie américaine en 2000. C’est rendu à 98%. « Au début des années 1980, chaque dollar de dette était adossé à 8$ d’actif, note Michel Doucet, viceprésident, Groupe conseil en portefeuille, chez Valeurs mobilières Desjardins. Aujourd’hui, les ménages disposent de 5$ d’actif par dollar de dette. »



Les consommateurs acculés à la simplicité volontaire  -  Rudy leCours
Les très nombreuses pertes d’emplois de l’automne et de l’hiver incitent les Canadiens à goûter davantage, peut-être malgré eux, aux joies de la simplicité volontaire.
Après avoir fait fi de la dure réalité économique durant trois mois pour profiter des multiples soldes des détaillants, les consommateurs ont choisi de leur laisser moins d’argent en avril. La valeur des ventes au détail a fléchi de 0,8%, à hauteur de 33,5 milliards. Il s’agit du montant le plus faible depuis décembre, indiquait hier Statistique Canada.
À l’échelle provinciale, les marchands québécois ont encaissé le pire recul à hauteur de 2,5%. Il faut préciser cependant que c’est dans la société distincte où les ventes avaient le plus progressé en mars.
Les nombreux soldes expliquent sans doute le repli de 1,8% de la valeurdesventesdevéhiculesneufs. Une enquête précédente de l’agence fédérale avait révélé que les ventes des concessionnaires étaient restées stables lorsqu’on les exprime en volume. Les résultats préliminaires demai indiquent une augmentation des volumes de 1,0%.
Les autres détaillants n’ont pas cette chance. Même en consentant des rabais ou en multipliant les promotions, le volume de l’ensemble des ventes au détail a reculé de 0,6% au cours du mois.
Seuls les magasins de matériaux de construction ou de produits extérieurs pour la maison ainsi que les commerces de marchandises diverses ont connu un chiffre d’affaires un peu plus élevé au cours du mois.
Les premiers commencent à profiter des déductions fiscales pour favoriser la rénovation tandis que la bonne fortune des seconds est sans doute attribuable à des modifications des habitudes d’achat: on fréquente davantage les magasins de type Dollarama dans le but de faire des économies.
Le taux d’épargne personnel a d’ailleurs progressé rapidement au cours de la dernière année pour atteindre 4,7% au premier trimestre, note Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. « Les ménages veulent payer moins cher en ces temps difficiles. Pour bien des gens, le luxe et les petites gâteries n’ont plus leur place en cette période de récession. »
À preuve, les ventes de magasins de bière, de vin et de spiritueux ont baissé de 1,7% au cours du mois, celles des magasins d’alimentation spécialisée de 1,8%, soit autant que celles des magasins de meubles.
« La diminution observée en avril est un rappel que les difficultés du commerce de détail ne sont pas complètement effacées », souligne Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Il note toutefois que le volume des ventes des détaillants paraît s’être stabilisé depuis quelques mois après de forts reculs durant l’été et l’automne.
Cela signifie donc que les marchands rognent leurs bénéfices pour attirer les clients. Il faut rappeler que ces mêmes marchands ont mis plusieurs mois à refiler aux consommateurs leur pouvoir d’achat accru par la force du dollar canadien qui s’est maintenu en haut des 90 cents d’équivalence pendant plus d’un an avant de plonger sous les 80 cents US, en octobre. « La stabilisation des mises en chantier de logements et une quatrième hausse consécutive des ventes de logements existants en mai pourraient aider à inverser la longue décroissance des ventes en volume des magasins de meubles, de produits électroniques et d’appareils ménagers », fait remarquer pour sa part Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.
Cela dit, les beaux jours des détaillants reviendront quand le marché du travail se sera vraiment stabilisé. Cela va exiger encore quelques mois.


La Banque mondiale glace les marchés -  Rudy  LeCours
La Bourse de Toronto connaît sa première correction importante en trois mois
La Banque mondiale a fourni un joli prétexte à une correction des marchés financiers en confirmant que la récession mondiale allait être plus grave que ce qu’elle croyait, il y a trois mois à peine.
Le 11 j uin, l ’ organisme situé à Washington avait annoncé son intention prochaine de réviser à la baisse son scénario de décroissance de 1,7% de l’économie mondialisée publié en mars. La nouvelle n’avait guère fait broncher les investisseurs encore subjugués par le rallye le plus rapide et le plus fort en sept décennies.
Hier, la Banque a précisé que la contraction mondiale risque d’atteindre 2,9% en 2009 et que la reprise de 2010 sera de 2,0% seulement plutôt que 2,3%, en dépit de la meilleure performance que prévu de la Chine.
Les grands indices boursiers d’Europe et d’Amérique du Nord ont décroché sur-lechamp. À New York, la correction amorcée la semaine dernière s’est accentuée. À Toronto, on a mis fin à deux séances positives d’affilée par une chute de plus de 4% de l’indice-phare S&P/ TSX.
« Les rallies de fin de récession ne vont jamais en ligne droite, rappelle Pierre Lapointe, stratège et analyste quantitatif à la Financière Banque Nationale. Il ne faut pas se surprendre de ce qu’on voit. »
« On sentait un essoufflement depuis le mois de mai. Le repli actuel reflète un réel épuisement, renchérit Vincent Delisle, stratège chez Scotia capitaux. La Banque mondiale est seulement un prétexte. Les investisseurs choisissent les nouvelles qui font leur affaire. »
Sur le marché des monnaies, le retour de l’aversion pour le risque a permis au billet vert de s’apprécier contre toutes les autres devises. Dans ce mouvement, le huard a effacé les gains de plusieurs semaines, même si les perspectives à moyen terme demeurent du côté de l’appréciation de notre monnaie.
« J’ai beaucoup de difficulté à croire à la cherté du pétrole à court terme. C’est plutôt un retour à la spéculation », fait remarquer Frédérique Mayrand, premier vice-président, taux d’intérêt et changes, chez BNP-Paribas Canada. Il ajoute que les étrangers ont une perception du Canada meilleure que celle des Canadiens eux-mêmes, ce qui reste favorable au huard.
Les sombres prévisions de la Banque mondia le vont à l’encontre des propos encourageants tenus par d’autres organismes internationaux, dont ceux de l’organisation soeur, le Fonds monétaire international ( FMI). Le scénario du FMI table plutôt sur un recul de 1,3% de la croissance cette année, suivi d’une reprise de 2,4% en 2010. Le 19 juin, il a même annoncé son intention de le réviser modestement à la hausse.
Pour sa part, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) prévoyait en mars une contraction de 4,3% des économies de ses 30 pays membres.
Son secrétaire général, Angel Gurria, a déclaré hier à l’agence Bloomberg que ses prévisions révisées à paraître plus tard cette semaine ne « seront pas pires que les précédentes ».
Selon la Banque mondiale, les vastes plans de relance des banquiers centraux et des gouvernements auront permis d’éviter l’effondrement du système financier.
Ils n’ont pas encore ranimé l’économie réelle. Voilà pourquoi elle prévoit un nouveau recul de 10 % du commerce international de même qu’une nouvelle chute des flux de capitaux internationaux. De 1200 milliards US en 2007, ils sont tombés à 707 milliards US l’an dernier et plongeront à 363 milliards US seulement cette année.
La Banque craint d’ailleurs une aggravation de la pauvreté liée à la chute des investissements dans les pays en développement. Elle s’attend à ce que 53 millions de personnes risquent la pauvreté extrême.
Elle croit en outre que la situation présente devient un terreau fertile pour des soulèvements populaires, en particulier dans les pays d’Europe de l’Est. « Si nous n’adoptons pas des politiques, il y a risque d’une grave crise sociale et humaine à fortes incidences politiques », a prévenu son président, Robert Zoellick, dans une interview au quotidien espagnol El Pais, citée par la BBC.
La Banque exhorte les pays riches à respecter leurs engagements envers les pays en développement pour ne pas aggraver la crise.




BOURSIÈRE  Mauvaise semaine à Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé en nette hausse hier, reflétant un certain optimisme chez les investisseurs à la fin d’une semaine qui s’est révélée être la plus difficile en plus d’un mois.
L’indice composite S&P/ TSX a avancé de 166,45 points, soit 1,64%, pour clôturer à 10 287,95 points. Il s’agit de la deuxième séance haussière consécutive pour le parquet, qui a bien réagi à la publication, jeudi, de données du Conference Board américain qui pourraient permettre d’espérer que la reprise économique sera en place d’ici la fin de l’année.
Statistique Canada a cependant fait état hier d’un recul des ventes au détail au mois d’avril, ce qui a notamment entraîné le dollar canadien dans un recul de 0,14 cent US à 88,1 cents US.
Sur l’ensemble de la semaine, le TSX a retraité de 357 points, soit 3,35%, faisant ainsi craindre à certains investisseurs que la reprise printanière – qui a vu les principaux indices nord-américains prendre environ 40% depuis le début mars – ait du plomb dans l’aile.
Les actions financières et minières ont mené les gains du parquet torontois hier. Le secteur de l’énergie a aussi affiché une importante progression, malgré un recul du cours du pétrole. Le baril de brut a cédé 1,56$ US à 69,81$ US à la Bourse des matières premières de New York, tiré vers le bas par les inquiétudes vis-à-vis de la demande.
Les opérateurs se sont montrés plus prudents à New York, où la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a chuté de 15,87 points à 8539,73 points.
L’indice élargi S& P 500 a avancé de 2,86 points à 921,23 points, tandis que l’indice composite du NASDAQ, à forte composante technologique, a gagné 19,75 points à 1827,47 points.
Faute de publication d’indicateur économique ou de nouvelle majeure sur le front des entreprises, la place new-yorkaise a connu « une journée plate, à l’image de la semaine », a observé Art Hogan, de la banque d’affaires Jefferies.
La fin de séance s’est révélée particulièrement volatile, le Dow Jones changeant plusieurs fois de direction, en raison de l’expiration de plusieurs options, ce qui s’est traduit par un fort volume de transactions.
Les options sont des produits financiers qui permettent d’acheter ou de vendre des titres à une date donnée.
« Les opérateurs attendent un catalyseur, du côté des fondamentaux, technique ou autre, pour prendre une direction avec conviction », a jugé Patrick O’Hare, du site financier Briefing.com. Wall Street semble faire du surplace depuis le début du mois, après un rebond spectaculaire de près de 40% en trois mois.
Les valeurs technologiques se sont distinguées par leur bonne tenue. Apple, qui commençait la vente du nouveau modèle de son iPhone, a gagné 2,7% à 139,48$ US et le géant des logiciels Microsoft 2,4% à 24,07$ US après que les analystes de Goldman Sachs eurent recommandé d’acheter le titre.
En revanche, le fabricant du téléphonemultifonctions BlackBerry, le canadienResearchinMotion(RIM), a chuté de 4,9% à 72,78$ US.


En attendant la prochaine crise
Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d’investissement. Cette semaine, Richard Morin, de la firme Landry Morin.
Quel est l’événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?
Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?
Que feriez-vous avec 10 000$ à investir ?
Quel placement faut-il éviter ?
Qu’est-ce que les marchés sousestiment le plus en ce moment?
L’annonce mercredi par Barack Obama d’un programme de réforme des marchés financiers. C’est important pour nous au Canada car souvent les initiatives américaines finissent par être adoptées ailleurs. Le programme vise à mieux protéger les consommateurs et à minimiser les conséquences des bulles boursières. On ne sait pas si ce programme aura du succès. Toutefois, si certaines des mesures annoncées cette semaine avaient été en vigueur l’an dernier ou au cours des dernières années, elles auraient probablement évité une partie des problèmes récents. L’ennui, c’est que la prochaine crise financière (voir plus bas) n’aura rien à voir avec celle qu’on vient de connaître et ses causes seront différentes. L’immobilier américain. On ne sortira pas de la crise tant que l’immobilier américain ne se sera pas stabilisé et n’aura pas commencé à reprendre un peu du poil de la bête. Les indicateurs récents sont positifs. Mais il faut faire attention, car les marchés ne sont pas linéaires. Il peut y avoir des rebonds et le patient est encore aux soins intensifs. Il faut cibler le pétrole. La question n’est pas de savoir si on va en manquer, mais plutôt quand. Et quand nous allons en manquer, il va devoir y avoir un ajustement à la baisse de la consommation. Le signal pour réduire la consommation va être donné par la hausse du prix du pétrole. La récente hausse observée qui survient pendant la récession nous indique quel potentiel il a quand nous serons en période d’expansion économique et que la demande va augmenter. Une bonne façon de s’exposer au pétrole est d’investir dans l’indice de la Bourse de Toronto (le TSX 60: fond indiciel XIU). On y retrouve 29% d’énergie et 20% liés au prix du gaz et du pétrole. Les obligations gouvernementales à long terme. La prochaine crise qui va frapper les marchés en sera une de finances publiques. Dans le futur, nos gouvernements vont devoir payer plus pour financer leurs déficits. Ça frappe déjà les Américains. Les taux des obligations de 10 ans sont déjà passés de 2% à 4% aux États-Unis, ce qui est énorme comme fluctuation. Les gouvernements vont devoir payer plus, donc en conséquence le prix des obligations à long terme va descendre. Pour un investisseur canadien, il faut parler des fiducies de revenus. Même si on ajuste les distributions en fonction des nouvelles règles fiscales qui entreront en vigueur en 2011, les fiducies offrent des rendements intéressants. Il faut toutefois être très sélectif. De façon générale, il faut cibler les émetteurs qui passent mieux à travers les cycles économiques. Je pense aux services publics, aux compagnies spécialisées dans les chauffe-eau ou à GazMétro, par exemple.





Les Américains au régime sec  -   Richard Dupaul
La consommation s’étiole aux États-Unis, alors que l’épargne croît. Un terreau peu fertile à une reprise rapide de l’économie.
L’épargne chez nos voisins du Sud grimpe sans cesse, ayant atteint un taux de 5,7% du revenu disponible en avril, soit un sommet en 14 ans.
ÉCONOMIQUE Wall Street dit rose, mais l’Américain moyen dit noir.
Les ventes des chaînes de magasins ont encore baissé en mai, avec une chute de 4,6% sur un an, à magasins comparables, affirme le Conseil international des centres commerciaux (ICSC).
Si les investisseurs sont prêts à miser gros sur un redressement rapide de l’économie américaine, le consommateur moyen, lui, garde ses mains enfoncées dans ses poches, indique un examen approfondi du dernier bilan du commerce de détail aux États-Unis.
Jeudi dernier, on a appris que les ventes des commerçants avaient grimpé de 0,5% en mai. Une bonne nouvelle à première vue, mais ce gain est surtout dû aux ventes d’automobiles et d’essence. Hormis le secteur de l’auto, le marché est resté quasi stagnant.
Qui plus est, les Américains dépensent beaucoup moins qu’avant. En fait, leurs achats sont d’environ 10% inférieurs à ce qu’ils étaient à la fin 2007.
Parallèlement, l’épargne chez nos voisins du Sud grimpe sans cesse. Elle a atteint un taux de 5,7% du revenu disponible en avril, un sommet en 14 ans.
Or, l’économiste David A. Rosenberg, de la firme Gluskin Sheff, de Toronto, et ex-stratège chez Merrill Lynch, lance cet avertissement: le consommateur américain, qui nous a habitués aux pires excès pendant des années, s’est mis au régime sec.
Selon cet expert, le taux d’épargne continuera à grimper pour éventuellement dépasser le record de 14,5% établi en 1975, au sortir d’une récession sévère provoquée par le choc pétrolier de 1973.
Chômage
La nouvelle frugalité américaine n’est pas le fruit d’un soudain changement de valeurs, mais de deux contraintes biens réelles : l’endettement et le chômage.
Selon un sondage Bloomberg auprès de 62 économistes, le taux de chômage devrait atteindre
Dettes
De plus, un examen du bilan des ménages américains confirme que la crise financière a laissé des marques profondes. La richesse collective a fondu de 1300 milliards US au premier trimestre 2009, a révélé jeudi la Réserve fédérale.
Et les Américains demeurent lourdement endettés. Leurs dettes représentent près de 130% de leur revenu disponible, à peine moins qu’il y a un an. Il faudra donc du temps avant de revenir à un ratio plus raisonnable de 100%, comme à l’automne 2001.
Entre-temps, la confiance des Américains s’améliore, a-t-on appris vendredi. C’est une bonne nouvelle, qui nourrit l’optimisme à la Bourse depuis une certain temps. Mais cette bonne humeur tarde à faire résonner les caisses enregistreuses des détaillants. le seuil des 10% à la fin 2009 (contre 9,4% en mai).
Moins d’emplois, et en plus une baisse des prix des maisons, le crédit moins abondant, des caisses de retraite dégarnies… autant de facteurs qui coupent l’appétit des Américains.
Aussi la consommation – qui génère 70% de l’activité économique aux États-Unis – pourrait se contracter de 0,7% en 2009, la pire performance depuis 1974, prédisent les experts.
Ainsi, les ventes des chaînes de magasins ont encore baissé en mai, avec une chute de 4,6% sur un an, à magasins comparables, affirme le Conseil international des centres commerciaux ( ICSC). Ce chiffre est très en deçà des prévisions, qui tablaient sur une légère croissance.
Certes, les ventes de voitures sont meilleures, gracieuseté des rabais des fabricants. Une autre bonne nouvelle. Mais le marché du vêtement, de la nourriture et des autres biens non durables rétrécit toujours.
Bref, on achète l’essentiel, mais on sacri f ie la qual ité. Fini le chocolat Godiva, place au Hershey’s. Trop cher, le Starbuck’s, on se contente d’un café chez McDo… etc. Un comportement défensi f que des experts britanniques appellent le « Syndrome Smarties ».
Signe des temps : le fabricant de chocolat fin Lindt& Sprungli vient d’annoncer qu’il fermera 50 de ses 80 magasins aux États-Unis. On peut aussi rappeler que Wal-Mart et McDonald’s sont les deux seuls titres de l’indice Dow Jones à avoir inscrit des gains en 2008.
V, U ou L
Le nouveau consommateur américain, plus prudent et plus économe, semble aussi déterminé. Une enquête de Boston Consulting Group révèle que près des trois quar t s des Amér icains prévoient rédui re leurs dépenses cette année. Si tel est le cas, l’impact sera considérable. Pendant ce temps, les économistes continuent de débattre de la durée de la crise: longue (en « U » ou en « L ») ou courte (en « V ») ? Des indicateurs contradictoires appuient les deux thèses pour l’instant.
On y verra plus clair à la rentrée scolaire, à la fin de l’été. C’est la deuxième période en importance dans le commerce de détail, après celle de Noël. Et c’est à ce moment que certains ont fixé le début de la reprise.



 
ÉCONOMIE MONDIALE  Pas de signe de reprise en « V »
Paul Krugman, économiste lauréat d’un prix Nobel, estime que l’économie mondiale ne montre « aucun signe » d’une reprise en « V » caractérisée par un ralentissement et une reprise rapides.
L’économie « se stabilise, mais elle ne se redresse pas », soutient le Prix Nobel Paul Krugman.
L’économie « se stabi lise, mais elle ne se redresse pas », a soutenu vendredi M. Krugman, professeur d’économie à l’Université Princeton, au New Jersey, lors d’une conférence à Dublin. « Les choses empirent de manière plus lente », a-t-il ajouté.
Des données publ iées ce mois-ci démontrent que le ralentissement dans les industries manufacturières et de services en Europe s’adoucit tandis que l’optimisme quant aux perspectives économiques est en hausse. En mai, les États-Unis ont perdu moins d’emplois que prévu, signale un rapport rendu public vendredi. De son côté, le Fonds monétaire international précise que sa prévision de croissance mondiale de 1,9% l’an prochain se fonde sur la prémisse que le système financier aura recouvré la santé.
« Nous sommes passés de la panique pure à l’anxiété chronique », a indiqué M. Krugman, ajoutant qu’il a « beaucoup de mal » à voir ce qui pourrait provoquer une reprise économique « complète ».
Le mois dernier, l’économie américaine a perdu 345 000 emplois, la perte la plus modeste en huit mois, après une perte révisée de 504 000 en avril, a précisé vendredi le Département américain du travail.
La réaction des autorités américaines à la crise économique a été « extraordinairement vigoureuse, a soutenu M. Krugman, mais malheureusement, cela n’a pas été suffisant ». Le pays aura besoin « d’une certaine forme de nouveaux impôts » pour abaisser son déficit, a-t-il dit.
Les industries de services aux États-Unis ont accusé un recul à une cadence plus lente en mai alors que les pertes d’emplois augmentaient, ce qui indique que la reprise économique ne se fera pas du jour au lendemain.
« J’ai bien peur que la zone euro, tout comme les États-Unis, doive faire face à une sorte de décennie perdue » , a avancé M. Krugman.


La conjoncture reste « médiocre », selon la Fed
— La conjoncture économique aux États-Unis est restée « médiocre » ou « a empiré » selon les régions de la mi-avril à la fin mai, indique le Livre Beige publié hier par la banque centrale américaine.
Le président de la Fed, Ben Bernanke, avait jugé en mai que le risque de déflation s’éloignait, tout en promettant de ne pas baisser la garde contre ce fléau.
« La conjoncture économique est restée médiocre ou a encore empiré au cours de la période allant de la mi-avril à la fin du mois de mai », indique ce rapport de conjoncture devant servir de référence lors de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) prévue pour les 23 et 24 juin.
Cinq des douze antennes régionales de la banque centrale ont cependant noté que « le cycle de baisse de l’activité montrait des signes de ralentissement », ajoute le document. La Fed relève également que plusieurs régions ont fait part d’une amélioration de leurs perspectives, « bien qu’elles ne voient pas de hausse substantielle de l’activité économique d’ici à la fin de l’année».
La Fed escompte officiellement que les États-Unis renoueront avec la croissance d’ici à la fin de décembre, mais a prévenu que la reprise serait lente, fragile et encore très exposée aux chocs.
Le l ivre beige affirme que « les conditions d’obtention du crédit restent rudes ou qu’elles se sont encore resserrées », et que les dépenses des consommateurs, si essentielles pour la croissance américaine, « restent faibles du fait que les ménages se fixent comme ligne d’acheter les produits les moins chers » possible.
Le document relève en guise d’illustration que « les achats de voitures neuves sont restés déprimés dans la plupart » des régions.
Alors que mai marque le début de la grande saison touristique dans le pays, le livre beige remarque que « l’activité dans les secteurs du voyage et du tourisme a baissé » et que « les vacanciers tendent à dépenser moins » qu’auparavant.
Le secteur immobilier, à l’origine de la crise, « reste faible », mais huit antennes régionales ont noté une « augmentation des ventes de logements », notamment à San Francisco et à Cleveland, deux régions particulièrement frappées par l’effondrement des prix de l’immobilier. Le livre beige confirme que le secteur de l’immobilier commercial commence à être frappé de plein fouet par la crise, avec un effet de retard par rapport au marché du logement emporté par le déclenchement de la crise des crédits hypothécaires à risque à l’été 2007.
« Le taux de locaux commerciaux inoccupés a monté en de nombreux endroits... alors que les promoteurs éprouvent des difficultés de plus en plus fortes à financer de nouveaux projets. »
Sans surprise, alors que le taux de chômage atteint désormais 9,4%, le document indique que « la conjoncture du marché du travail reste médiocre au pays, avec des salaires qui stagnent ou chutent ».
Quant au niveau général des prix, le livre beige indique qu’« à de rares exceptions près » (comme l’essence), les antennes régionales de la Fed ont rapporté « une stagnation ou une baisse des prix à tous les stades de la production ».
« Un certain nombre de districts ont indiqué que les prix de vente au détail restaient très faibles », ajoute le document. Le président de la Fed, Ben Bernanke, avait jugé en mai que le risque de déflation s’éloignait, tout en promettant de ne pas baisser la garde contre ce fléau qui viendrait entraver une reprise très attendue après 17 mois de récession.


Économie : Le long retour  -  ALAIN DUBUC
Le choc de la crise mondiale provoquera des transformations profondes qu’il faudra des années à digérer.
Ces temps-ci, il y a plus de bonnes nouvelles économiques que de mauvaises. Même les données sur le PIB pour le premier trimestre, une baisse de 5,4% à un rythme annuel, la plus forte chute depuis 1991, ont provoqué un soupir de soulagement, parce que cette baisse est nettement moins mauvaise que ce à quoi on s’attendait.
Le recul de l’économie a été moins sévère en février et en mars, et les consommateurs reprennent confiance peu à peu.
Les multiples signes – un recul de l’économie moins sévère en février et en mars, une reprise des ventes au détail, une hausse de l’indice de confiance des consommateurs, une hausse de l’emploi en avril, une remontée du prix des matières premières – font croire que le pire est derrière nous et que le scénario d’une reprise au quatrième trimestre, ou même au troisième, est très plausible. Le troisième trimestre, rappelonsle, a commencé lundi.
Mais ce n’est pas pour autant le temps de fêter. D’abord, parce ce ne sera pas une partie de plaisir, mais un processus lent, laborieux et parsemé d’embûches. Ensuite, parce que la fin de la récession n’annonce pas la fin des problèmes. Le choc de la crise mondiale est puissant, il provoquera des transformations profondes qu’il faudra des années à digérer.
Il y a encore des gens qui doutent de la proximité de cette reprise, même si la plupart des organismes de prévision l’annoncent avec un consensus assez solide. On peut comprendre cette méfiance. Peut-on croire les prévisionnistes, quand on se souvient de leurs erreurs, eux qui n’ont pas vu la crise venir, qui n’en ont pas prévu l’ampleur, et qui ont dû revoir leurs pronostics mois après mois? Mais on peut davantage leur faire confiance parce que leurs pronostics sont de plus en plus confirmés par les faits, les statistiques économiques ou l’observation de l’activité économique et commerciale.
Il y a cependant beaucoup de confusion sur la signification du concept de reprise. Cela décrit un revirement de l’économie qui cesse de reculer pour recommencer à croître. C’est déjà quelque chose. Mais ce n’est pas pour autant un retour à la normale. Avec une reprise tiède, comme celle que l’on prévoit, un taux de croissance anémique de 1,5% à 2% en 2010, il faudra deux bonnes années pour que l’activité économique retrouve le niveau qu’elle avait avant la récession.
Le concept de reprise ne décrit donc pas un retour à la prospérité, mais plutôt un lent processus de rattrapage. C’est pour cette raison que j’utilise souvent l’analogie de la pneumonie. Une maladie potentiellement mortelle, que l’on peut vaincre avec des antibiotiques. Lorsque les médicaments ont fait leur oeuvre et éliminé la bactérie, le malade est peut-être officiellement guéri, mais il lui faudra des semaines ou des mois avant de retrouver son énergie.
La reprise est d’autant moins un signe de retour à la normale que ses effets seront très inégaux; des régions, des industries, seront encore en récession même quand l’économie sera en croissance. En outre, les effets secondaires d’une récession, comme les faillites ou les mises à pied, continueront à se manifester même quand la récession sera officiellement terminée. Enfin, une récession laisse des cicatrices qu’une reprise, même vigoureuse, ne peut pas effacer, par exemple dans l’automobile ou la forêt.
Surtout, ce qui définit cette récession, ce n’est pas sa puissance, puisqu’elle semble moins profonde que celles de 1981 et de 1991, mais plutôt le fait qu’elle s’inscrit dans une crise mondiale. Et quand nous en serons sortis, il faudra s’ajuster aux changements majeurs que cette crise apportera à la façon dont on investit, on emprunte, on consomme, on gouverne. Il n’y aura pas de retour à la normale, parce que le monde aura changé. J’y reviendrai vendredi.


Immobilier : Les taux remonteront... mais resteront faibles -  Rudy LeCours
Les tauxhypothécairesont amorcé le mois dernier une remontée qui va sans doute se poursuivre tout au long de l’année et de l’an prochain, sans atteindre des sommets vertigineux pour autant.
La valeur de revente moyenne a grimpé de 3,6% depuis janvier à Montréal, comparativement à une baisse de 3% à Toronto, 10% à Calgary et 9% à Vancouver. Le recul atteint 4,2% au pays.
Les taux consentis par les institutions aux épargnants vont aussi augmenter, mais ils resteront anémiques. Telles sont les hypothèses formulées par l’équipe d’économistes de Desjardins.
Cela n’a rien de surprenant, si on considère que les taux sur les prêts hypothécaires de cinq ans avaient atteint leur creux historique de 5,25% au début du printemps.
Ils se négocient ces jours-ci autour de 5,85% et pourraient grimper jusqu’à 7,05%, à la fin de l’an prochain. Ils pourraient aussi limiter leur remontée à 6,55%
En décembre dernier, le taux s’élevait à 6,75%
Le terme d’un an qui est présentement à son taux plancher de 3,75% devrait se négocier entre 4,4% et 4,9% à la fin de l’an prochain. Dans ce cas, le haut de la fourchette reste bien en deçà des 5,45% qui prévalaient encore en fin d’année dernière.
Le terme de trois ans va adopter un comportement mitoyen. Il a gagné un demi-point de pourcentage depuis son creux de 4,15% et il se négociera à l’intérieur d’une fourchette de 5,4% et 5,9% à la fin de 2010, estime l’institution lévisienne. Cela reste inférieur aux 6,2% exigés encore en décembre dernier.
« Les t aux hypothéca i res devraient ainsi demeurer près des niveaux actuels pour plusieurs mois, quoique l’on ne puisse exclure d’autres légères hausses », estiment les auteurs.
Taux directeur
Ce scénario est fondé sur les hypothèses que la reprise attendue en fin d’année sera molle et que la Banque du Canada devra garder très faible son taux directeur, car les risques que le taux d’inflation revienne bientôt à sa cible de 2,0% sont très faibles.
Desjardins attribue la remontée récente des coûts hypothécaires à moyen et long terme à la poussée équivalente des taux obligataires sur les marchés financiers, en particulier ceux des États-Unis. Les investisseurs manifestent des inquiétudes devant les besoins de Washington pour financer un déficit qui équivaut cette année à 13% de la taille de la première économie du monde.
Les rentiers de toute taille ne doivent pas se laisser leurrer par le nouveau compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Un certificat de placement garanti d’un an rapporte à peine 0,4% maintenant, soit à peu près l’équivalent du taux d’inflation au cours de la prochaine année. Fin 2010, selon Desjardins, il rapportera aumieux 1,55%, alors que la Banque du Canada prévoit que les prix à la consommation progresseront plus près de sa cible de 2,0%. Bref, même sans impôt et sans risque, le capital réel n’est pas protégé avec de tels rendements.
Les CPG de trois et cinq ans seront à peine plus prometteurs avec des rendements escomptés jusqu’à 2,75% et 3,35% à la fin de l’an prochain.



L’étau des taux -  Jean-Pascal Beaupré
Il est plausible qu’après un bref sursaut, l’économie flanche de nouveau en 2010.
La récession s’essouffle, les signaux encourageants s’accumulent au comptegouttes. Mais lorsque la croissance reviendra en territoire positif, sera-t-elle durable? Et si c’était un faux départ?
Les ventes au détail reprennent bien du poil de la bête, les consommateurs se montrent moins pessimistes, le nombre de demandes de prestations de chômage réduit sa folle cadence. On semble avoir touché le fond du baril, mais il serait prématuré de parler d’une remontée.
On cherche la moindre parcelle d’espoir, on préfère s’attarder à la portion du verre qui est pleine. Mais jusqu’à point l’est-elle vraiment? Par moments, on prend ses désirs pour la réalité.
Le moteur de l’économie mondiale reste le consommateur américain. Sans son concours, toute reprise est illusoire. Et rien ne l’autorise présentement à ouvrir son portefeuille. Malgré un recul de plus de 30% du marché immobilier depuis trois ans, la valeur des maisons devrait continuer à chuter pendant encore quelques mois. Le taux de chômage devrait dépasser les 10% avant la fin de 2009. Rien pour requinquer un actif passablement amoché.
Comble de ma l heu r, les Américains risquent de se faire coincer entre des taux d’intérêt plus élevés et une poussée du taux d’inflation, susceptibles de tuer dans l’oeuf une reprise qui s’annonce déjà fragile.
Pour financer son plan de relance, le gouvernement Obama a accumulé des tonnes de dettes qui coûteront de plus en plus cher à financer. La tendance se manifeste déjà: le rendement des bons du Trésor de 10 ans a franchi le cap des 4% la semaine dernière. Déjà mis à genoux par la crise, les Américains auront bien du mal à se relever s’ils doivent assumer des intérêts plus élevés pour rembourser leur hypothèque ou régler le solde de leurs cartes de crédit.
L’i n f l at ion, ma i ntenant . L’augmentation de la demande mondiale en pétrole a provoqué une hausse importante des prix à la pompe et a contribué à rogner le pouvoir d’achat des Américains. Par ailleurs, la chute prononcée du billet vert a fait grimper le prix des produits importés. Deux facteurs qui handicapent nos voisins du Sud, déjà moins portés à la dépense depuis qu’ils ont redécouvert les vertus de l’épargne (pour ceux qui en ont les moyens).
Viendra aussi un temps pas trop lointain où le président Obama devra se résigner à augmenter les impôts de ses concitoyens pour mettre un frein à l’escalade des déficits. Les portes de secours se referment une à une.
Il est donc plausible qu’après un bref sursaut, l’économie flanche de nouveau en 2010. Les économistes parlent du phénomène de « double dipping ». Ou, si vous préférez, d’une courbe en W, au lieu du réconfortant V auquel les récessions précédentes nous ont habitués.
Oui, bien sûr, le Canada s’en tire à bon compte jusqu’à maintenant. Nous sortirons vraisemblablement de la crise économique avant les autres pays industrialisés, sans avoir trop souffert, particulièrement au Québec. Mais notre dépendance envers le marché américain devrait nous inciter à la prudence avant de crier victoire. Une rechute est si vite arrivée.


États-Unis : Les capitaux fuient le pays au moment où l’État en a le plus besoin
— La balance des capitaux des États-Unis s’est de nouveau dégradée fortement en avril, alors que les Chinois réduisaient leur portefeuille en obligations du Trésor américain pour la première fois en 11 mois, au moment où Washington a besoin d’eux pour financer sa relance.
Selon les chiffres publiés hier par le département du Trésor, 53,2 milliards US de capitaux ont fui les États-Unis en avril.
Sur les quatre premiers mois de l’année, le solde de la balance des capitaux américain n’a été positif qu’au mois de mars (25,0 milliards US). En j anvier, le solde avait atteint un record dans le rouge (-144,0 milliards US).
La dégradation d’avril a été due en partie à une forte baisse de l’excédent de la balance à long terme, qui est passé en un mois de 55,4 milliards US à 11,2 milliards USs. Elle a totalement surpris les analystes, qui s’attendaient à une amélioration du solde.
Cela signifie que les obligations à long terme du Trésor des ÉtatsUnis et les actions et obligations d’entreprises américaines ont moins intéressé les investisseurs étrangers que les titres équivalents étrangers n’ont intéressé les investisseurs américains.
Le mouvement a été encore plus fort en ce qui concerne les capitaux à court terme, puisque le solde correspondant de la balance a plongé dans le rouge, à 39,4 milliards US, après un solde positif de 26,7 milliards US en mars.
Cette baisse résulte d’une baisse des avoirs étrangers en obligations du Trésor américain à court terme, qui ont diminué de 44,5 milliards US en avril.
Pour la première fois en 11 mois, les investisseurs chinois (hors Hong-Kong) ont réduit leur portefeuille de titres du Trésor américain. S’ils en restent les premiers détenteurs étrangers, ils en détenaient pour 763,5 milliards US à la fin d’avril, comparativement à 767,9 milliards US un mois plus tôt.
Les autorités de Pékin ont exprimé à plusieurs reprises depuis le début de l’année leur inquiétude quant à la sécurité de leurs placements aux États-Unis. Washington n’a pourtant d’autre solution que d’emprunter à l’étranger pour financer un déficit budgétaire abyssal que viennent creuser un peu plus ses mesures de relance de l’économie.
Remettant en cause la domination économique et politique de Washington, la Chine, la Russie et le Brésil ont annoncé ces joursci leur volonté de diversifier leurs avoirs au détriment du dollar et des États-Unis.
Comme les Chinois, les investisseurs russes et brésiliens ont légèrement réduit leur exposition aux titres du Trésor en avril.
L’État américain, qui a cette année un besoin de financement sans précédent sur le marché obligataire, continue malgré tout de placer tous les titres de dette qu’il souhaite émettre.
Lors d’une table ronde à New York, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a cherché à rassurer en affirmant que la Chine avait encore « une grande confiance » dans les bases de l’économie américaine.
Certains analystes estiment que la dégradation de la balance des paiements américaine n’est pas si dramatique, et témoigne d’une amélioration de la conjoncture.
Ce « n’est pas un problème », va jusqu’à dire Tu Packard, de Moody’s Economy. com, pour qui « assurément », « les investisseurs étrangers montrent moins d’aversion au risque, et sont plus prompts à troquer des titres américains à court terme pour des actifs plus attirants sur les marchés émergents ».
C’est aussi l ’avis de Brian Bethune, d’IHS Global Insight. Néanmoins, note-t-il, « cela arrive à un mauvais moment » pour Washington. Le désintérêt des étrangers contribue au mouvement de hausse des taux d’intérêt observé depuis plusieurs semaines lors des adjudications du Trésor, renchérissant le coût de la dette américaine.



ÉTATS-UNIS  Le taux de chômage fait un bond inquiétant

WASHINGTON— L’économie américaine a détruit en mai beaucoup moins d’emplois que les mois précédents, mais le taux de chômage a fait un bond inquiétant pour atteindre son plus haut niveau depuis plus d’un quart de siècle.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Travail, le nombre de pertes d’emplois sur ce mois est tombé à 345 000, contre 504 000 en avril et 643 000 en moyenne sur les six mois précédents.
Mais cette bonne tendance n’en efface pas une autre plus alarmante : le taux de chômage a bondi d’un demi-point en un mois, à 9,4% contre 8,9% en avril, pour atteindre son plus haut niveau depuis août 1983. À l’époque du plein emploi en mars 2007, il était à 4,4%.
Cette hausse plus rapide que prévu devrait remettre en cause les prévisions de la banque centrale américaine qui tablait fin avril sur un chômage culminant entre 9,2% et 9,6% de la population active cette année.
Hausse de la population active
Le département du Travail recensait 14,5 millions d’Américains au chômage en mai, contre 13,7 millions en avril. Cette poussée (787 000 chômeurs de plus) s’explique, outre les pertes d’emplois, par une hausse de la population active considérée comme à la recherche d’un emploi.
En effet, 5,9 millions de personnes disant vouloir un emploi sont exclues des statistiques pour diverses raisons.
« Nous continuons d’être très inquiets du nombre de personnes au chômage aux États-Unis (...) Un taux de chômage à ce niveau n’est pas acceptable », a commenté lors d’une conférence téléphonique la secrétaire au Travail, Hilda Solis.
Les analystes, qui prévoyaient en mai des pertes d’emplois beaucoup plus rudes (520 000) et un chômage moins élevé (9,2%), restaient prudents.
« Même si c’est uneamélioration par rapport aux mois précédents, la baisse du nombre d’emplois en mai est toujours considérable, et porte les pertes cumulées depuis le début de la récession à six millions », relevait Aaron Smith, de la société d’analyse économique Moody’s Economy.com.
Mais selon Peter Kretzmer, de Bank of America, « c’est clairement une bonne nouvelle dans le sens où tous les indicateurs de l’économie, y compris ceux du marché du travail, se dégradent moins rapidement ».
Aucun ne s’aventurait à dire quand les États-Unis se remettraient à créer des emplois. « On peut défendre l’idée que l’économie se détériore à un rythme moins élevé lors de ce deuxième trimestre, mais en déduire qu’une reprise interviendra au second semestre, c’est une autre histoire » , expliquait Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities.
En mai, « les suppressions d’emplois ont continué à être largement répandues, mais le rythme de la baisse des emplois s’est modéré dans le secteur de la construction et dans certains secteurs des services », a noté le département du Travail.
L’industrie, où les effectifs chutent continuellement depuis plus de deux ans, a encore connu 225 000 pertes nettes d’emplois, contre 274 000 en avril. Celles-ci sont surtout davantage concentrées dans les industries de transformation (225 000) que dans la construction (59 000).
Dans les services, 120 000 emplois ont été supprimés, contre 230 000 en avri l . La baisse des emplois ralentit dans presque tous les domaines d’activité, par exemple la finance ( 30 000 emplois supprimés, contre 45 000 en avril) ou les services aux entreprises (51 000, contre 111 000).




La consommation américaine en légère baisse
— Les dépenses de consommation des ménages aux États-Unis ont connu en avril une légère baisse, tandis que leurs revenus progressaient nettement et que leur taux d’épargne faisait un bond au plus haut depuis 14 ans, a indiqué hier le département du Commerce.
En données corrigées des variations saisonnières, ces dépenses ont reculé de 0,1 % par rapport au mois précédent, après avoir baissé de 0,3% en mars. Cette baisse était attendue, mais elle est moins marquée que ce que prévoyaient les économistes, qui tablaient sur - 0,2%.
Ce chiffre vient confirmer que la hausse surprise de la consommation en janvier (+ 1,0 %, après six mois de baisse) et février (+ 0,4%) était un phénomène fragile, et que les ménages restent prudents face à la crise économique.
En revanche, les revenus disponibles des ménages ont avancé de 1,1 % sur un mois, leur progression la plus forte depuis mai 2008, alors que les analystes tablaient sur une baisse. Ils avaient augmenté de 0,1% en mars.
Le département du Commerce attribue cette hausse non pas aux salaires, qui ont eu tendance à baisser, mais aux transferts de l’État, notamment ceux liés au plan de relance, et aux revenus immobiliers.
Épargne
Le taux d’épargne a donc fait un bond à 5,7 % des revenus en avril – il n’avait plus été aussi élevé depuis février 1995 – comparativement à 4,5 % en mars.
Après s’être maintenu à des niveaux très bas avant le début de la crise économique en 2007 (moins de 1% en 2005, 2006 et 2007), il avait commencé à remonter vers la mi-2008, alors que la confiance des consommateurs chutait brutalement, traduisant l’inquiétude des Américains face à la montée du chômage.
L’indice des prix l ié aux dépenses de consommation ( PCE) a augmenté de 0,1% en avril sur un mois, moins que ce qu’attendaient les économistes (+ 0,2%). L’indice de base ( prix hors énergie et alimentation), qui sert de référence à la politique monétaire de la Réserve fédérale, est remonté de 0,3%.

ÉTATS-UNIS L’économie ralentit moins que prévu (mais...)
— L’activité économique s’est contractée unpeumoins qu’initialement prévu aux ÉtatsUnis au premier trimestre, mais la faiblesse de la consommation et de l’investissement est de mauvais augure pour ceux qui espèrent un retour rapide à la normale.
Selon la deuxième estimation du produit intérieur brut publiée hier par le département du Commerce, l’activité a reculé de 5,7% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, alors que la première estimation publiée un mois auparavant faisait état d’une chute de 6,1%.
Les économistes avaient anticipé cette révision, mais pensaient qu’elle serait plus marquée, tablant en moyenne sur -5,5%.
Ce trimestre est le troisième consécutif de recul de l’activité, ce qui n’était plus arrivé depuis 1974-1975. Les économistes prévoient que les États-Unis vont aligner un quatrième trimestre de baisse, avant peut-être de revenir à la croissance durant l’été.
La nouvelle la plus inquiétante est que la consommation des ménages a été revue à la baisse: sa progression n’a été que de 1,5% en rythme annuel (contre 2,2% lors de la première publication), et sa contribution à la variation du PIB que de +1,08 point (contre +1,50 point).


ÉTATS-UNIS L’activité industrielle se contracte toujours

« Les nouvelles commandes, considérées comme un signe majeur, ont enregistré une progression pour la première fois depuis novembre 2007. »
L’activité dans l’industrie aux États-Unis a continué de se contracter en mai, mais plus lentement qu’en avril et moins que prévu, selon l’indice des directeurs d’achats publié hier par l’association professionnelle ISM.
Cet indice a progressé pour le cinquième mois consécutif, pour s’établir à 42,8 points, comparativement à 40,1 points le mois précédent. Il est supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur un indice de 42,3 points.
L’indice se situe cependant toujours sous le seuil des 50 points, qui traduit une contraction de l’actualité.
« Alors que les indices mesurant l’emploi et les stocks continuent de reculer à un rythme rapide, et bien que l’activité du secteur continue de se contracter ce mois-ci, il y a néanmoins des signes d’amélioration », relève pour sa part Norbert Ore, responsable de l’enquête de l’ISM.
« Ainsi, les nouvelles commandes, considérées comme un signe majeur, ont enregistré une progression pour la première fois depuis novembre 2007 », souligne-t-il.
L’indice les mesurant s’est établi à 51,1 points, comparativement à 47,2 en avril.
Pour sa part, l’indice mesurant l’emploi dans le secteur industriel a reculé à 34,3 points, comparativement à 34,4 le mois précédent, traduisant une contraction de l’emploi pour le 10e mois consécutif. « C’est un avertissement éclatant contre un optimisme excessif », relève Rob Carnell, économiste pour la Banque ING.
L’indice mesurant le niveau des stocks est quant à lui tombé à 32,9 points, comparativement à 33,6 points en avril.
L’indice mesurant la production est en revanche remonté de 40,4 à 46,0 points, tandis que celui mesurant les prix bondissait de 32,0 à 43,5 points.
D’après les données historiques de l’ISM, un indice industriel inférieur à 41,1 points signifie que l’économie en général est en récession. L’indice pour mai (42,8 points) correspond donc « à une progression de 0,5% du produit intérieur brut en rythme annuel », a précisé M. Ore.
« L’indice maintient une légère croissance, mais a encore du chemin à faire avant d’entrer en territoire positif (...) Nous restons prudents avec des données comme celles-ci », commente Rob Carnell.
« L’ensemble des données fournit des signes croissants d’une moindre récession du secteur (...). Les composantes de l’indice témoignent d’une situation où le fond aurait été touché », commente Cliff Waldman, économiste de l’Alliance des industriels (MAPI).
« Cela suggère que le pire est clairement passé pour l’industrie américaine. Malgré tout, une véritable reprise pourra encore prendre des mois. L’environnement économique mondial reste difficile, les conditions financières sont toujours problématiques, mais des jours meilleurs sont à venir », estime M. Waldman.
   
Les Américains voient la vie en rose... ou presque
L’indice de confiance de l’Université du Michigan s’affiche en légère hausse à 69,0 points en juin, contre 68,7 le mois précédent. Ce résultat correspond en somme aux attentes des analystes qui prévoyaient un indice de 69,5. Il s’agit du quatrième mois consécutif de hausse – et d’un sommet depuis septembre 2008 – pour cet instrument qui mesure l’optimisme des Américains face à l’économie et à leur situation financière. Il faut toutefois apporter quelques nuances de gris à ce portrait plutôt rose. Par exemple, le consommateur américain est plus inquiet face à l’avenir qu’il ne l’est par rapport à sa situation actuelle. Les événements des deux dernières années lui ont laissé un goût amer et il attend vraisemblablement d’autres bonnes nouvelles avant de laisser déborder sa confiance. Avant la crise, cet indice était stationné à un niveau de 90, et le résultat du mois de juin rappelle qu’il faudra encore longtemps avant d’atteindre un tel sommet.



LE HUARD DANS LALIGNEDEMIREDE LA BANQUE DU CANADA -  Rudy  Le Cours
Aux yeux de la Banque du Canada, la rapide appréciation du huard peut compromettre ses efforts d’assouplissement du crédit et entraver la relance économique qui paraît maintenant plus crédible, voire proche.
En reconduisant sans surprise hier son taux directeur à son niveau plancher de 0,25% la Banque a émis ce commentaire qui a fait beaucoup jaser les observateurs, mais laissé les cambistes de glace: « Si l’appréciation du dollar canadien à une cadence sans précédent (laquelle découle à la fois du renchérissement des produits de base et de la faiblesse généralisée de la devise américaine) devait persister, elle pourrait entièrement neutraliser » les aspects positifs de l’amélioration des conditions financières, des cours des produits de base et annihiler la confiance accrue des ménages et des entreprises.
Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada.
Aprèsavoir touché à trois reprises un plancher de 77 cents US d’équivalence, notre monnaie a entrepris une forte remontée. Depuis deux semaines, elle se négocie au-dessus des 90 cents US.
Cela reflète autant un retour du balancier, après une trop soudaine dépréciation survenue avec la crise du crédit que la remontée des prix des produits de base et du pétrole en particulier auxquels notre monnaie est fortement corrélée.
La poussée de plus de 2$ du baril d’or noir l’a d’ailleurs fait grimper à nouveau hier de 95 centièmes. Il s’échangeait contre 91,17 cents US.
La force relative du huard s’appuie cependant avant tout sur la faiblesse du billet vert américain qui se déprécie contre toutes les autres monnaies.
La valeur de la nôtre ne reflète donc pas la force de l’économie canadienne, ce qui inquiète nos autorités monétaires. « La Banque ayant fait ses projections de croissance et d’inflation à partir d’un huard à un niveau clairement inférieur (80 cents US), cela constitue un risque additionnel qu’elle doive revoir ses projections au cours des prochains mois », note Martin Lefebvre, économiste principal chez Desjardins.
En s’étant engagée à maintenir son taux directeur jusqu’à la fin de juin 2010 afin que la cible d’inflation de 2% puisse être atteinte, la Banque a peut-être stimulé le huard sans le vouloir.
En ne donnant aucune nouvelle indication qu’elle pourrait recou-
rir à des mesures non traditionnelles d’allégement monétaire telles que l’achat d’une partie de la dette fédérale ou de titres de crédit émis par des sociétés, elle lui a peut-être donné un autre coup de pouce. Pareilles initiatives non conventionnelles auraient augmenté la massemonétaire avec pour effet d’affaiblir le huard.
En principe du moins, mais ce n’est pas automatique.
Le bi l let vert se déprécie depuis que la Réserve fédérale a annoncé son intention d’acheter des obligations du gouvernement américain, mais la livre sterling n’a pas faibli face au dollar même si la Banque d’Angleterre achète en proportion davantage de dette britannique.
« Si le huard continue de monter au point de menacer les perspectives à moyen terme pour l’économie canadienne, la Banque du Canada pourrait avoir des motifs de menacer de recourir à la détente quantitative, plaident Paul-André Pinsonnault et Stéfane Marion de la Financière Banque Nationale. Malgré l’essor du dollar canadien, nous continuons de penser que le scénario de reprise économique reste conforme aux prévisions et que la détente quantitative ne sera pas nécessaire. »
La Banque s’en tient toujours à son scénario économique d’avril qui prévoit une contraction de 3% de l’économie cette année, suivie d’un retour à la croissance de 2,5% l’an prochain.
Pour le premier trimestre, la Banque avait prévu un recul du PIB de 7,3%. Il a été contenu à 5,4%.
Ces résultats moins médiocres que prévu conduisent Scotia Capitaux à modifier sa prévision: la décroissance sera contenue à 2,2% cette année, et la reprise sera assez robuste dès l’automne. « La composition de la croissance va grandement refléter la demande grandissante de ressources par les économies émergentes ainsi que l’amélioration de la demande intérieure », selon Warren Jestin et Aron Gampel, économistes chez Scotia.
L’institution croit que la Banque du Canada sera forcée de majorer son taux directeur dès l’hiver et qu’il atteindra 2% à la fin de l’an prochain. Elle voit le huard et le billet vert à parité à la fin de 2010.

Les nouvelles prévisions des autorités monétaires canadiennes seront publiées le 23 juillet dans la nouvelle mouture du Rapport sur la politique monétaire.




La BCE plus pessimiste pour l’économie en zone euro
Comme prévu, la Banque centrale européenne maintient son principal taux directeur à 1%
Semblant répondre aux inquiétudes exprimées par la chancelière allemande Angela Merkel, le président de la BCE a ajouté que la banque ferait « en sorte que les mesures prises soient rapidement levées et les liquidités apportées soient absorbées », dès que les conditions économiques se seront améliorées, pour éviter tout risque de surchauffe inflationniste.
— La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu hier son principal taux directeur à son niveau historique de 1%, tout en livrant des prévisions nettement plus sombres pour l’économie de la zone euro, appelée à rester en récession pendant deux ans.
Le conseil des gouverneurs, qui s’est réuni hier au siège de Francfort, en Allemagne, a comme prévu opté pour un statu quo sur les taux directeurs.
La dernière baisse remontait à mai et la BCE avait fait comprendre qu’elle comptait faire une pause en juin.
« Les taux actuels sont appropriés », a jugé le président de la BCE Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse. Pour autant, le conseil n’a pas décidé qu’ils avaient atteint un plancher, a-t-il redit. La porte reste donc ouverte à une nouvelle réduction, si les conditions économiques se dégradaient brutalement ou si la déflation devenait une menace tangible.
Depuis octobre, le principal taux, qui détermine les conditions du crédit en zone euro, est tombé de 4,25% à 1%.
Ces diminutions de taux, qui permettent aux banques de se refinancer à très bon marché, conjuguées au lancement d’un programme d’achat d’obligations, doivent encourager la reprise d’une activité de crédit et apporter une bouffée d’oxygène à l’économie, qui en a bien besoin.
Cette année, le produit intérieur brut va sans doute se contracter de 4,6% en moyenne, a indiqué le Français, qui dévoilait les nouvelles prévisions trimestrielles de l’institution. Il y a trois mois, elle pariait encore sur une récession de « seulement » -2,7 %. L’an prochain aussi, le PIB va se contracter, de 0,3% en moyenne, contre une stagnation encore envisagée en mars.
Le retour à un taux de croissance trimestrielle positif n’aura pas lieu avant la mi-2010, a-t-il prévenu. Les prévisions d’inflation sont restées de leur côté quasiment inchangées (+ 0,3% en 2009, +1% en 2010).
« Comme la politique monétaire agit avec un délai, notre action va progressivement se transmettre à l’économie », a-t-il expliqué.
Semblant répondre aux inquiétudes exprimées par la chancelière allemande Angela Merkel, il a ajouté que la BCE ferait « en sorte que les mesures prises soient rapidement levées et les liquidités apportées soient absorbées » , dès que les conditions économiques se seront améliorées, pour éviter tout risque de surchauffe inflationniste.
Le plus important est d’avoir « une stratégie de sortie appropriée », a souligné M. Trichet.
Mme Merkel a créé une surprise mardi en critiquant ouvertement les mesures dites « non conventionnelles » prises par la Réserve fédérale américaine ( Fed) et la Banque d’Angleterre ( BoE) qui ont lancé des programmes massifs d’achats d’obligations pour relancer la machine économique.
Ben Bernanke, président de la Fed, a fait savoir mercredi qu’il se trouvait « en désaccord respectueux » avec la chancelière.
La Fed veut acquérir un total de 300 milliards de dollars, la BOE 125 milliards de livres. Plus modestement, la BCE va acheter 60 milliards d’euros d’obligations « sécurisées » (adossées notamment par des crédits hypothécaires et jugées sûres) de juillet à fin juin 2010, a précisé M. Trichet.
La chef du gouvernement allemand a plus d’une fois défendu la BCE face aux tentatives de certains pays, notamment la France, de réduire son indépendance en matière de politique monétaire.
Pourtant elle n’a pas épargné l’institution européenne mardi, jugeant qu’elle avait cédé à la pression d’imiter ses grandes homologues mondiales.
Un coup de téléphone avec Angela Merkel mercredi a rassuré le président de la BCE. Elle a réaffirmé qu’elle « respectait pleinement l’indépendance de la BCE et qu’elle soutenait pleinement ce que nous faisons », s’est félicité le Français.



Des nuages persistants  - RICHARD DUPAUL
Le FMI n’envisage pas la fin de la récession en Europe avant la mi-2010. La Banque centrale européenne croit au contraire que la machine est sur le point de redémarrer, peut-être avec une force surprenante. Qui dit vrai ?
« L’heure est davantage à la célébration de contractions inférieures aux attentes qu’à celle de retours à la croissance », souligne Erik Nielsen, chef économiste pour l’Europe chez Goldman Sachs.
ÉCONOMIQUE Huit mille nouveaux chômeurs… par jour.
L’économie européenne s’est contractée de 2,5% au premier trimestre – une baisse sans précédent. L’Espagne est particulièrement touchée par la crise : elle a perdu 1,8 million d’emplois en un an.
Le chiffre fait peur. L’Espagne, l’économie européenne ayant connu la plus forte croissance au début des années 2000, est littéralement noyée sous un flot de travailleurs qui cherchent du boulot.
En un an, le territoire espagnol a perdu 1,8 million d’emplois, soit la moitié du chômage additionnel de toute l’Union européenne. En 2007, elle faisait l’envie de ses voisins pour avoir créé environ 40% des emplois de la zone euro. Dix-huit mois ont suffi pour voir le taux de chômage passer de 8% à plus de 17%.
L’hémorragie du marché du travail en Espagne illustre à quel point les problèmes de l’Europe sont sérieux et profonds. Vendredi, on apprenait que l’économie européenne s’est contractée de 2,5% au premier trimestre – une baisse sans précédent.
Malgré les signes encourageants qui émergent ici et là sur le Vieux Continent, la reprise économique n’est pas pour demain, prévient l’économiste américain et Prix Nobel 2001, Jospeh Stiglitz.
La fin d’une économie en « chute libre » ne doit pas être confondue avec les signes de reprise, prévient M. Stiglitz dans une allocution prononcée au Portugal, il y a quelques jours. « Nous passons d’une situation extrême de chute libre, seulement, à une profonde récession ». Un avertissement, ajoute-t-il, qui peut s’appliquer à l’ensemble de l’économie mondiale.
Trichet l’optimiste
Cette opinion tranche avec les propos rassurants qu’a tenus, il y a une semaine, le président de la Banque centrale européenne, JeanClaude Trichet.
L’économie mondiale se trouve à un tournant, soutient le grand argentier, et la conjoncture dans certains pays est déjà marquée par une reprise.
« Nous nous approchons, en ce qui concerne la croissance, d’un point d’inflexion », a dit M. Trichet à l’issue de la réunion du G10, ajoutant que « dans certains cas, nous voyons déjà une reprise ».
M. Trichet a même averti ses confrères des autres banques centrales qu’il fallait demeurer « vigilant » face à une remontée rapide de l’inflation. Autrement dit, la machine économique va non seulement redémarrer, elle risque de s‘emballer.
Pas si vite
Toutefois, à peine 24 heures plus tard, l’optimisme de monsieur Trichet a été battu en brèche par le Fonds monétaire international. Le FMI n’entrevoit aucun signal clair d’un retournement de la conjoncture.
« Même si, ici et là, on observe ponctuellement de meilleurs indices, il est trop tôt pour parler d’inflexion », a martelé le directeur du FMI pour l’Europe, Marek Belka. Bref: le grand patron de la BCE porte des lunettes roses.
Qui a raison alors? La BCE? Le FMI?
La réponse la plus fiable, encore une fois, se trouve quelque part entre les deux, nous disent les meilleures boules de cristal de la planète.
Les pays les plus riches du monde devraient sortir de la récession cette année. Mais leur retour à la croissance n’aura rien de spectaculaire, montre une nouvelle enquête de l’agence Reuters auprès de 200 économistes européens, japonais et américains.
Aussi, ces experts répugnent à valider l’idée fréquemment admise sur les marchés boursiers d’une reprise plus rapide qu’attendu dès le deuxième semestre.
L’optimisme dont font preuve les investisseurs, ces derniers temps, repose avant tout sur leurs impressions et sur des enquêtes réalisées auprès des entreprises… mais sur bien peu de statistiques convaincantes.
S’il est clair que la Chine va dégager une croissance appréciable en 2009 et en 2010, les perspectives pour les États-Unis, la zone euro, et le Royaume-Uni ne se sont pas améliorées de façon convaincante depuis le mois dernier, soulignent les répondants de l’enquête.
« L’heure est davantage à la célébration de contractions inférieures aux attentes qu’à celle de retours à la croissance », poursuit Erik Nielsen, chef économiste pour l’Europe chez Goldman Sachs.
D’ailleurs, le camp des ultra-optimistes a été brutalement rappelé à l’ordre, mercredi dernier. On apprenait alors que la production industrielle de la zone euro (donc des 16 pays qui partagent la même devise) a chuté de 20% en mars (variation annuelle). Un plongeon brutal et inquiétant.
Le Nobel Joseph Stiglitz rappelle que l’économie a été sérieusement endommagée par la crise financière. « Je comprends que les hommes politiques veuillent transmettre un sentiment de confiance, mais la confiance doit se baser sur un certain degré de réalité. Et la réalité n’est pas favorable ».
Le message à retenir: il faudra être patient.


EMPLOI ÉTUDIANT Dur été en vue pour les jeunes

« On le sent, il y a plus de jeunes à la recherche d’un emploi. On vit des difficultés de recrutement des entreprises : elles font des compressions, c’est évident. »
Pour près de 20 000 jeunes québécois, la crise ne sera pas qu’un phénomène étudié au cégep dans le cours Initiation à l’économie globale. Les statistiques le démontrent et les responsables sur le terrain le constatent. Cet été, les emplois se font plus rares et les entreprises sont plus réticentes à remplacer leurs employés en vacances.
« On voit arriver des jeunes qui, bien souvent, avaient un emploi les années précédentes et qui se font refuser cette année, dit Francis Côté, directeur du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec. On le sent, il y a plus de jeunes à la recherche d’un emploi. On vit des difficultés de recrutement des entreprises : elles font des compressions, c’est évident. »
Le 6 juin dernier, Statistique Canada, dans son bulletin mensuel sur la population active, constate de même que le début de l’été est difficile pour les jeunes de 15 à 24 ans. Au Québec, ils étaient 21% en chômage en mai dernier, comparativement à 14,6% en mai 2008. Il y a donc quelque 20 000 étudiants de plus en chômage cette année, pour un total de 63 000.
À la grandeur du Canada, 59 000 étudiants de plus étaient incapables de se trouver un emploi en mai dernier, pour un taux de chômage de 18,3%, alors qu’il était de 15,4% en mai 2008. Ces indications sont surtout valables pour les étudiants de 20 à 24 ans, car les plus jeunes n’avaient pas terminé leurs cours au moment de l’enquête de Statistique Canada.
La situation, précise-t-on au Réseau des carrefours jeunesseemploi, varie énormément d’une région à l’autre. Quelque 59 000 jeunes, pas nécessairement des étudiants, fréquentent annuellement un des 110 carrefours jeunesse-emploi au Québec.
« Paradoxalement, quand la clientèle augmente chez nous, c’est signe qu’il y a un problème, note avec humour M. Côté. À Sherbrooke, on a ainsi noté une hausse de la clientèle de 25%. »
Gros employeurs à la rescousse
À Montréal, par contre, le manque de travail est surtout perceptible dans un domaine: la restauration. « C’est très touché et c’est un domaine que les étudiants recherchent beaucoup », précise Marie-Lou Bariteau, agente à l’accueil au carrefour jeunesse-emploi centre-ville.
Globalement, « il y a quand même beaucoup d’offres cet été », ajoute Mme Bariteau, principalement grâce aux gros employeurs – La Ronde, la Ville de Montréal, les festivals – qui n’ont pas diminué leurs embauches.
À Placement étudiant, on note également une baisse des offres d’emploi par rapport à l’an dernier, mais avec une nuance: « En 2008, on parlait d’une année hors de la normale, car les employeurs manquaient de monde, explique Catherine Bourque-Barrette, directrice. Cette année, on revient pratiquement au niveau de 2007. »
Placement étudiant offre notamment quelque 3000 emplois dans la fonction publique québécoise ainsi que des centaines d’emplois dans des municipal ités. Depuis le 1er octobre dernier, on a également proposé 25 244 emplois dans le secteur privé, « autant dans le commerce de détail que dans la restauration ou dans des emplois qui demandent plus de compétences », dit Mme Bourque-Barrette.
Au Réseau des carrefours jeunesse-emploi, on estime que les trois quarts des emplois proposés aux jeunes sont dans le domaine des services – vente, restauration, entretien, tourisme... « Des jobs qui ne demandent peut-être pas nécessairement beaucoup de savoir-faire, mais du savoir-être », résume Francis Côté.




Le taux de chômage atteint 10,5% dans l’île
PERTES D’EMPLOIS DANS LA RÉGION MÉTROPOLITAINE La récente dégringolade de l’emploi touche toute la région métropolitaine, certes. Mais pas de manière uniforme. Les résidants de l’île de Montréal sont davantage touchés que les banlieusards. Et, règle génér
Le nombre de bénéficiaires de l’assurance emploi a bondi dans l’île. On y recensait 38 640 bénéficiaires, en mars. C’est 22% de plus qu’en janvier, et 40% de plus qu’à pareille date, l’an dernier.
Pendant les trois premiers mois de 2009, le marché de l’emploi a connu une période difficile dans l’île de Montréal. Le taux de chômage désaisonnalisé est passé de 8,6% à 10,5%, selon les données comptabilisées par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) à l’aide des chiffres de Statistique Canada.
Les concessionnaires automobiles, déjà frappés de plein fouet par la crise économique, ne seront pas heureux d’apprendre que le nombre de bénéficiaires de l’assurance emploi a fait un bon considérable dans l’île de Montréal au cours du premier trimestre de 2009.
« Près de 2%, c’est un bond énorme » , constate Maxime Trottier, conseiller en recherche à la CMM. Le taux de chômage a beaucoup moins augmenté en banlieue: à Laval, il est passé de 7,2% à 7,9%. Et pour l’ensemble composé de Longueuil et des couronnes, de 6,2% à 6,4%.
La récente baisse de l’emploi dans l’île de Montréal est encore plus surprenante si on la compare avec l’an dernier. Alors que le taux d’emploi chutait tranquillement à Laval, à Longueuil et dans les couronnes, les indicateurs demeuraient relativement stables dans l’île.
Comment analyser ce changement ? Selon Maxime Trottier, cela s’explique en partie par les récentes pertes d’emplois dans les secteurs publics et parapublics, qui regroupent les fonctionnaires de même que les employés des hôpitaux et des universités.
« En 2008, les pertes d’emplois touchaient surtout l’industrie manufacturière et les services aux citoyens. Les travailleurs des couronnes ont écopé puisque leur économie locale est essentiellement axée sur ces deux secteurs », explique Maxime Trottier.
Or, lors du premier trimestre de 2009, Statistique Canada a révélé un nouvel affaiblissement lié à la crise économique: celui des secteurs public et parapublic. Et ces emplois se concentrent généralement dans le centre des agglomérations, explique M. Trottier.
Les résidants de l’île ont également été touchés par la baisse de l’emploi dans les secteurs de la finance, des assurances et de l’immobilier, qui montrent des signes de faiblesse depuis la fin de 2007, estime M. Trottier.
Résultat: dans l’île, le nombre de bénéficiaires de l’assurance emploi a bondi. En mars, on y recensait 38 640 bénéficiaires, selon les données comptabilisés par La Presse à l’aide de résultats fournis par Statistique Canada. C’est 22% de plus qu’en janvier, et 40% de plus qu’à pareille date l’an dernier.
Les banlieues écopent aussi
Statistique Canada ne comptabilise pas les taux de chômage dans les villes sur une base mensuelle. Pour les plus petites unités de recensement, l’organisme fédéral calcule toutefois le nombre de bénéficiaires de l’assurance emploi.
Bien que le taux de chômage y soit moins élevé que dans l’île, les banlieues ont également vu le nombre de bénéficiaires augmenter au cours des derniers mois.
En mars dernier, Laval comptait 2400 bénéficiaires de plus qu’en mars 2008, une hausse de 39%. Laval a également été touché par la baisse des emplois dans les secteurs public et parapublic, estime Maxime Trottier.
La hausse est légèrement moindre dans l’agglomération de Longueuil (38%): les villes qui la constituent ont été touchées notamment par les mises à pied à l’usine Pratt& Withney de Longueuil, analyse M. Trottier.
Du côté des couronnes, le sud écope également un peu moins que le nord, révèlent les données. La couronne Nord comptait un total de 15 000 bénéficiaires en mars dernier, une augmentation de 38% par rapport à l’an dernier. La couronne Sud en comptait pour sa part 11 000, en hausse de 34% par rapport à l’an dernier.
Pourquoi le nord est-il plus touché que le sud? La Rive-Sud est probablement moins tributaire du secteur manufacturier, fortement touché par la crise économique actuelle, estime Maxime Trottier.
D’ailleurs, les villes situées à proximité des i ndust r ies semblent plus touchées que la moyenne. Par exemple, les bénéficiaires sont en hausse importante à Montréal-Nord (+ 44%), Terrebonne (+ 43%), Verdun (+ 49%) et Montréal-Est (+ 44%).


La crise rattrappe le Québec - Agnès Gruda

DANS L’OEILDUCYCLONE
Pour mesurer l’impact du ralentissement économique, La Presse et les autres journaux du groupe Gesca ont recueilli des témoignages dans différentes régions du Québec. Les gens dont nous vous brossons le portrait ont tous perdu leur emploi récemment. La cr
« En février, mars, boum! Le mur est tombé. »
Autour de la table, il y a une gestionnaire de projets récemment mise à pied par une firme pharmaceutique. Une spécialiste en marketing qui vient de perdre son emploi dans une compagnie de boissons gazeuses. Et un urbaniste qui était sur le point de décrocher un boulot quand les budgets prévus pour son projet ont été brutalement gelés. Plus d’argent, plus de job.
Au cours des dernières années, les centres de recherche d’emploi tournaient un peu au ralenti. Mais ces temps-ci, ils sont plus populaires que jamais.
Ils sont bardés de diplômes. Ils ont entre 30 et 40 ans. Et ils sont tous les trois victimes de la crise économique qui a frappé le Québec de plein fouet, quelque part au tournant de l’an 2009.
« Encore au début de l’année, le président de ma compagnie a réuni les employés pour leur dire que tout allait bien », raconte la gestionnaire de projets. Mais trois mois plus tard, c’était une tout autre histoire : « Nos patrons nous ont dit que les ventes avaient baissé et qu’il fallait tout réorganiser. »
Comme ses compagnons du Club de recherche d’emploi du centre-ville de Montréal, la jeune femme préfère taire son nom. L’idée de s’afficher comme chômeurs ne leur plaît pas. Et ils aiment bien cet environnement anonyme d’une tour à bureaux de la rue Sherbrooke où, tous les matins, ils viennent s’entraîner à chercher du travail.
L’urbaniste, qui a aussi un diplôme d’architecte obtenu en France, est particulièrement touché par la crise. « Ma femme travaille dans une entreprise d’éclairage. Ils ont commencé à mettre des gens à pied. Et nous avons un bébé de 10 mois. Je suis plus qu’inquiet. Je suis stressé », confie-t-il.
Encore l’automne dernier, le Québec était relativement à l’abri de la récession. On pouvait espérer que l’oeil du cyclone passerait ailleurs. Mais même si la crise frappe moins fort ici qu’ailleurs au Canada, il y a des signes qui ne mentent pas. Exemple: les chasseurs de têtes n’ont plus de contrats.
Choc brutal
« Nous avons perdu entre 30 et 40% de nos mandats », dit Michel Pauzé, recruteur spécialisé dans le secteur du marketing et des communications.
Ce n’est pas la première récession pour cet homme, qui a vu passer les tempêtes des années 80 et 90. Mais cette fois, le choc a été beaucoup plus brutal. L’automne dernier, sa firme tournait encore à plein régime. « En février, mars, boum! Le mur est tombé. »
Le même scénario s’est produit chez d’autres chasseurs de têtes. « Il y a beaucoup de candidats sur le marché, et les entreprises sont en mode wait and see », dit le recruteur Jean-François Arcand.
Les entreprises sabrent partout, du haut jusqu’en bas de la hiérarchie.
Louis Doucet, ancien chef de la direction financière d’une compagnie de pièces d’aviation, a perdu son travail l’automne dernier. Pour ce comptable de 30 ans d’expérience, le marché de l’emploi se présente un peu comme un désert. « Je ne trouve aucune annonce pour moi, les compagnies retardent leurs décisions, tout est pas mal bloqué », dit-il.
Contrairement aux recruteurs, les centres de recherche d’emploi, eux, sont plus populaires que jamais. Ces dernières années, ils tournaient un peu au ralenti. Le problème, c’était plutôt la pénurie de main-d’oeuvre, rappelle Denise Marquis, directrice de l’Association des centres de recherche d’emploi du Québec.
« Mais depuis deux mois, c’est reparti en sens inverse », constate-t-elle.
Un bémol
Oui, il y a une augmentation du nombre de chercheurs d’emplois, mais la situation est loin d’être désespérée, tient à souligner Monique St-Amand, conseillère au Centre de recherche d’emploi de Montréal Centre-ville. « Notre taux de placement est resté stable malgré la crise. Et la situation reste meilleure que dans les années 90, quand tout était bloqué par les baby-boomers », fait-elle valoir.
Le hic, c’est que, avec la débâcle boursière qui a fait fondre leurs économies, certains babyboomers risquent de retarder leur départ à la retraite. « Nous ne savons pas comment ils vont réagir si la crise continue. Est-ce qu’ils vont vraiment céder leur place? » se demande-t-elle. S’ils restent, cela fera autant de postes bloqués pour les plus jeunes.
En attendant, beaucoup de gens craignent que leur emploi ne tienne plus qu’à un fil. Il y a quelques jours, le recruteur Michel Pauzé a dîné avec une femme qui travaille en publicité et n’arrive plus à atteindre ses objectifs. « Elle se demande si son salaire va diminuer, ou même si elle ne va pas perdre son boulot », dit-il.
Les statistiques n’ont rien de rassurant. Entre décembre et mars, le Québec a perdu 48 800 emplois. En avril, il y a eu une remontée, avec la création de 22 400 emplois. Le bilan reste négatif: il y a aujourd’hui 26 400 emplois de moins qu’à la fin de 2008.
Le taux de chômage atteint 8,4% dans la province. Mais il dépasse 9,8% au Saguenay et 10% à Montréal, et frôle 12% sur la Côte-Nord.
« L’automne dernier, nous nous disions que nous serions épargnés par la crise. Mais elle nous a rattrapés », dit Claude Morin, porte-parole d’Emploi Québec.
Est-ce que ça va se poursuivre? Si oui, pendant combien de temps? se demande-t-il maintenant . Malgré un mois d’avril encourageant, la question reste ouverte.

MONTRÉAL  - Des projets reportés
Il a 31 ans, une maîtrise en architecture et un bébé de 7 mois. Quand il est rentré de son congé de paternité au bureau d’architectes où il faisait son stage professionnel, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. « Encore en janvier, on nous a dit que l’année s’annonçait bien », se souvient-il.
Puis, un important projet a été mis en suspens. Suivi d’un deuxième. Ces projets n’ont pas été vraiment annulés, mais plutôt reportés par des clients frappés par la mauvaise conjoncture économique. Mais forcément, l’argent a cessé d’affluer.
« Tout a été mis à pause. Et moi, j’étais le dernier arrivé. » Le jeune père de famille a donc été remercié de ses services. Et il ne sera vraisemblablement pas le seul. Plusieurs de ses anciens collègues ont un pied dans le vide.
Ce nouveau chômeur préfère taire son nom: l’étiquette « mis à pied » risque de compromettre sa recherche d’emploi, craint-il. Il n’en veut pas à ses anciens patrons. Il comprend qu’ils n’avaient pas le choix. « Ce n’est pas de la mauvaise volonté de leur part, mais ils n’ont pas vu venir le coup. »
Maintenant, il est inquiet. Sa femme travaille également dans un bureau d’architectes. Si la crise se prolonge, elle risque d’être touchée à son tour.
Or, la jeune famille est sur le point de déménager dans un appartement plus grand. Qui dit plus grand dit aussi plus cher. Et puis, ce poupon de 7 mois, il faut le faire garder. Dans le quartier montréalais où ils habitent, les listes d’attente pour les garderies à 7$ dépassent deux ans. Et on fait même la queue pour des garderies privées, à 35 $ par jour !
Le futur architecte a travaillé suffisamment longtemps pour avoir droit à des allocations de chômage. Mais dans les circonstances, ça ne lui permettra pas de joindre les deux bouts. Alors, il s’attaque à la recherche d’un nouveau boulot. Sauf que, dans son domaine, « ça n’engage pas à la pelle ».
« Si je ne trouve pas quelque chose rapidement, je devrai me réorienter… »

QUÉBEC - La fin de la certitude - Ian Buissières
Quand il a quitté son emploi chez Wal-Mart il y a deux ans pour accepter un poste de préposé au nettoyage des locaux à l’usine de la société pharmaceutique GlaxoSmithKline, dans le Parc technologique de Québec, Gilles Caron croyait s’assurer un salaire intéressant jusqu’à sa retraite.
Gilles Caron a perdu son emploi en janvier dernier.
« L’économie allait bien, GlaxoSmithKline embauchait et on m’avait dit que je pouvais dormir sur mes deux oreilles pendant au moins 10 ans! » explique l’homme de 55 ans, qui avait alors vu son salaire horaire bondir de 11$ à 17$.
C’était avant la crise économique qui a amené un ralentissement des activités de la multinationale, dont les ventes de vaccins contre la grippe se sont avérées moins élevées que prévu. Depuis le mois d’octobre, une centaine de travailleurs ont été mis à pied dans l’usine, qui comptemaintenant 750 employés. Pour Gilles Caron, le couperet est tombé en janvier.
« On m’a offert de rester sur la liste de rappel, mais je ne voulais pas attendre trop longtemps avant de travailler de nouveau, alors j’ai accepté une indemnité de départ », explique celui qui est depuis en recherche active d’emploi.
« À Québec, c’est facile de trouver un emploi à 9 $ l’heure, mais ce n’est pas comme ça que tu fais vivre une famille et que tu paies le logement ! J’ai fait des démarches à certains endroits, et j ’ ai l ’ impression que mon âge fait peur. Pourtant, je suis aussi fringant que les jeunes, je ne suis jamais malade et je ne suis jamais en retard ! » fait-il remarquer.
Malgré tout, il demeure optimiste. « C’est sûr que je vais trouver quelque chose, j’ai travaillé toute ma vie! C’est plus difficile actuellement parce que les entreprises recherchent surtout des étudiants pour l’été. Je crois que je serai plus chanceux en août ou en septembre. »
 
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN - Avant qu’il ne soit trop tard - Louis Potvin
« Notre deuil n’est pas encore fait. On vit ça au jour le jour. Ce n’est pas facile à accepter quand tu as mis 30 ans de ta vie dans la compagnie. »
La crise forestière a eu raison en moins d’un an de la compagnie de Micheline Dufour, Gaston Rousseau et Gilles Dufour.
Gaston Rousseau et Gilles Dufour sont le parfait exemple de la cruauté de la crise forestière. En moins d’un an, ils ont vu disparaître le capital chèrement gagné pendant 30 ans pour bâtir leur entreprise Forestier DDR, à Saint-Eugène, au Lac-Saint-Jean. Ils ont marché sur leur orgueil et leur fierté, et ils ont décidé d’arrêter la production avant de faire faillite.
Gilles Dufour, Gaston Rousseau et sa femme, Micheline Dufour, ont accepté de témoigner de leur douloureuse expérience. « Si ça peut réveiller des gens et montrer la fragilité des entrepreneurs forestiers... Il y en a plusieurs, comme nous, qui ne savent plus quoi faire pour arriver. Il faudrait se révolter et marcher dans la rue pour dénoncer les conditions dans lesquelles nous travaillons aujourd’hui », lance Micheline Dufour, qui assurait la comptabilité de l’entreprise. Elle se retrouve aujourd’hui sans emploi.
Gaston Rousseau et Gilles Dufour croisent les doigts en espérant passer à travers ces moments difficiles. « Nous avons encore des créanciers, nous avons une machine presque neuve à vendre, mais à cause de la crise, personne ne veut payer ce qu’elle vaut vraiment. On ne peut que remercier la Caisse populaire et nos fournisseurs, qui sont indulgents et qui nous donnent une chance pour éviter la faillite », affirme Gaston, qui devra retourner comme simple employé dans une autre entreprise. « Je n’ai pas le choix, ça ne sera pas facile, mais nous avons de grosses cautions à payer », mentionne-t-il, un noeud dans la gorge.
En effet, pas facile de cacher son émotion quand le travail de toute une vie s’effondre. « On ne veut pas que ça se sache au départ, on a sa fierté. On espère toujours que ça va reprendre, mais quand t’es obligé d’arrêter ton camion pour pleurer en rentrant à la maison le vendredi, tu te dis que ça ne marche plus », témoigne Gaston Rousseau.
Micheline a jonglé avec les chiffres afin d’éviter l’inévitable. « Je ne leur parlais pas trop des problèmes de liquidités, pour ne pas les inquiéter pendant la semaine. Ils avaient besoin de toute leur tête pour produire », ajoute-t-elle.
C’est justement cette performance à tout prix qui a grugé peu à peu les profits de l’entreprise. Le coup fatal : la crise forestière. La demande du bois a chuté. Les forestiers travaillent donc moins. Ils ont moins de revenus, mais les mêmes paiements pour la machinerie. « On a perdu en cinq ans tout le capital amassé en 25 ans », indique Gilles Dufour. Pourquoi? Les conditions de travail étaient devenues trop difficiles. « On n’avait plus de plaisir, on courait toujours après l’argent en priant pour que la machinerie ne brise pas, car on mangeait alors les profits de la semaine. On n’avait plus de marge de manoeuvre », illustre-t-il.
Avant de fermer les livres, l’entreprise a reçu une offre de garantie de prêt de 150 000 $ d’Investissement Québec. « Les conditions étaient beaucoup trop strictes. De plus, il fallait investir la même somme. On se serait endettés davantage et on aurait été obligés de mettre nos maisons en garantie. On n’a pas pris ce risque et on ne le regrette pas », explique Gaston Rousseau.


LES PROPRIÉTARIES FRAPPENT UN MUR -  Stéphanie Grammond
DES PROPRIÉTAIRES QUÉBÉCOIS AVEC LA CRISE DU CRÉDIT, PLUSIEURS PRÊTEURS À RISQUE ( SUBPRIMES) ONT QUITTÉ LE QUÉBEC EN COUP DE VENT. LEUR DÉPART LAISSE LA CLIENTÈLE FACE À UNMUR. INCAPABLES DE RENOUVELER LEUR HYPOTHÈQUE AUPRÈS DES BANQUES, DES CENTAINES DE
Le choc a été brutal pour Josiane et sa famille. Depuis l’achat de sa maison, elle s’est démenée pour faire tous ses versements hypothécaires à temps. Elle a remboursé son prêt-auto rubis sur l’ongle. À l’échéance de son hypothèque, en juin, elle comptait bien décrocher un taux plus avantageux que celui de 9%, négocié auprès d’un prêteur alternatif il y a trois ans.
Elle est tombée de haut ! Non seulement aucune banque ne veut lui accorder une hypothèque, mais son prêteur actuel lui a fermé la porte au nez. La firme torontoise Xceed n’offre plus d’hypothèques à risque ( subprimes). « Ils veulent ravoir leur argent, c’est tout », dit Josiane (nom fictif).
« J’ai écrit partout. J’en ai perdu mon orgueil, dit-elle. Depuis un mois, j’ai tellement pleuré. C’est insoutenable. »
Josiane ne comprend pas pourquoi les prêteurs la considèrent comme une délinquante. « Les mauvais payeurs, pour moi, c’est des gens qui ne sont pas capables d’arriver. C’est vrai que je ne paie pas toujours mes cartes de crédit, avoue-t-elle. Certains mois, je paie. Certains mois, je ne paie pas. Mais je finis toujours par payer. »
Sauf qu’à force de sauter deux ou même trois mois, elle a totalement démoli sa cote de crédit, qui a plongé en dessous de 500 points. À ce niveau, tous les prêteurs reculent… Même si Josiane et son mari gagnent près de 100 000$. Même si leur emploi est très stable. Même si leur hypothèque représente seulement 80% de la valeur de la maison. Et même si leurs autres dettes totalisent moins que 5000$.
Dur retour à la normale
« Le crédit n’est plus ce qu’il était », constate Jean Fortin, qui dirige un réseau de cabinets de syndics de faillite. Plusieurs prêteurs alternatifs, qui consentaient des hypothèques à risque, aussi appelées prêts B, ne font carrément plus affaire au Québec.
« Citi Financière, GMAC, GE Money ont quitté le marché. Xceed demeure, mais ne fait plus de prêts B », énumère M. Fortin.
Certains prêteurs offrent encore des hypothèques à risque, comme Home Trust, Secure Finance, First Line ou Wells Fargo. « Mais il n’en reste vraiment plus beaucoup », dit Robert Perrier, directeur au Québec d’Intelligence Hypothécaire. Vers 2003, la firme de courtage hypothécaire, qui compte 145 agents au Québec, tirait jusqu’à 40% de son volume d’affaires des prêts B. Aujourd’hui, c’est moins de 10%.
Chez les prêteurs alternatifs qui restent, l’éventail des hypothèques exotiques s’est refermé. Fini les hypothèques à 107% de la valeur de maison. Exit les prêts accordés à des gens au bord de la faillite, avec une cote de crédit en lambeaux. À la poubelle les ratios d’endettement à faire dresser les cheveux sur la tête.
« Avant, il était possible de financer tout ce qui respirait sur terre », ironise M. Perrier. Plus maintenant! Le travailleur autonome qui a une mauvaise cote de crédit ne trouvera pas financement, sauf avec un prêteur privé à un taux de 15%.
Même les grandes banques ont resserré leurs conditions de crédit. « Les normes n’ont pas changé, mais elles sont maintenant appliquées à la lettre. C’est juste un retour à la normale, après des années folles », estime Christine Lemieux, viceprésidente aux ventes pour le courtier hypothécaire Multi-prêts.
Concrètement, cela signifie que les banques ne tolèrent plus d’exceptions. Un ratio d’endettement total supérieur à 40%? Avant, ça pouvait passer quand le client avait une belle mise de fonds, un bon travail, une cote de crédit impeccable. Désormais, non.
Une cote de crédit inférieure à 620points? Avant, la banque ne s’en préoccupait pas trop. Maintenant, « 619 peut passer, si tous les autres critères sont excellents. Mais 618 ou 617, vraiment pas », dit Mme Lemieux.
Propriétaires en détresse
Le départ des prêteurs à risque et le resserrement des conditions de crédit rattrapent les ménages québécois.
Depuis quelques semaines, Option consommateurs reçoit des appels de détresse de propriétaires dont l’hypothèque arrive à terme avec GEMoney, mais surtout GMAC, ancien chef de file des hypothèques à risque.
Les clients sont abasourdis ne pas avoir droit à un refinancement, à l’échéance de leur hypothèque. Karine Robillard, avocate chez Option consommateurs, doit leur expliquer que les prêteurs n’ont aucune obligation de renouveler le crédit pour un autre terme.
Seule obligation: « Si l’établissement de crédit décide de ne pas renouveler le prêt, il doit vous en informer au moins 21 jours avant la fin du terme en cours », note l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Tous les propriétaires dont le prêteur s’est retiré du marché des hypothèques à risque « vont devoir retourner auprès des institutions financières traditionnelles… et ils risquent d’essuyer un refus, si leur situation ne s’est pas redressée », prédit Me Robillard.
Par exemple, environ la moitié des clients de Xceed ont amélioré leur feuille de route et sont désormais capables d’obtenir un prêt conventionnel. « Mais ce n’est pas vrai pour les autres », dit le président Yvan Wahl. Environ un millier de familles au Canada devront chercher un prêt ailleurs. « Nous les avertissons six mois à l’avance. Mais s’ils ne parviennent pas à trouver un nouveau prêteur, ils doivent vendre leur maison », explique-t-il.
Et ceux qui n’arrivent pas à vendre se font saisir leur maison. En mai, Xceed a repris possession de cinq maisons au Québec, selon les registres de 73 bureaux de publicité des droits. D’autres prêteurs alternatifs en ont saisi davantage, notamment HSBC Finance (17), Macquarie (8) et Citi Financière (6).
Le mois dernier, près du tiers des saisies au Québec ont été déclenchées par des prêteurs alternatifs ou par les sociétés de finances (voir encadré), même si leur part de marché ne dépassait pas 7% du marché hypothécaire, lors des meilleures années.
Les saisies se comptent par milliers dans l’Ouest canadien, où les prix de l’immobilier ont chuté. Là-bas, la moitié des saisies sont le fait de prêteurs à risque.
Cependant, elles ne visent pas toutes des propriétaires consciencieux, mais incapables de renouveler leurs hypothèques à l’échéance. Plusieurs visent des ménages en défaut de paiement.
Difficile de démêler les deux catégories. Au pays, près de 25 000 ménages qui ont respecté leurs obligations pourraient perdre leur maison, avançait le Globe and Mail en mars dernier.
Une douzaine de prêteurs alternatifs se sont regroupés pour faire pression auprès d’Ottawa afin de trouver une solution pour les propriétaires coincés par l’assèchement du crédit.
« Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de réponse, dit M. Wahl. Mais ils n’ont pas dit non. »

Hausse des saisies : c’est rien qu’un début…
Les Québécois étranglés par leurs dettes sont de plus en plus nombreux à remettre les clés de leur maison à leur créancier. En mai dernier, 263 ménages se sont fait saisir leur propriété, une hausse de 32% par rapport à l’an dernier.
« Depuis octobre 2007, ça progresse tout le temps. Et je peux vous dire que ce n’est pas fini », lance Daniel Langlois, président de GDL Crédit Ressource Québec, firme qui compile les données.
D’ailleurs, les créanciers ont expédié 845 préavis à des propriétaires en retard dans leurs paiements hypothécaires, le mois dernier. Il s’agit d’une première étape obligée avant la saisie.
Près du tiers (77) des saisies de maisons au Québec ont été provoquées par des prêteurs alternatifs et des sociétés de finances, même si leur part du marché hypothécaire est relativement mince. Le reste des saisies vient des banques (112) et de Desjardins (74).
Laval-Laurentides
C’est dans l a région de LavalLaurentides que l’on dénombre le plus de ménages acculés au mur. En mai, 215 préavis y ont été enregistrés et 59 maisons ont été saisies, pratiquement cinq fois plus qu’il y a deux ans.
« Plusieurs quartiers neufs y ont vu le jour, au cours des dernières années. Quand on achète une maison de 350 000$, avec une hypothèque à 100%, et qu’on perd ensuite son emploi, les paiements sont difficiles », commente M. Langlois.
Les préavis se sont aussi multipliés en Montérégie et en Outaouais. Du côté de l’Estrie, les saisies commencent à grimper.
Mais ce n’est qu’un début. « Quand on sera au sommet, les chiffres actuels nous sembleront banals », selon M. Langlois. Celui-ci souligne que dans la région de Québec, on est très, très loin des années sombres du dernier cycle immobilier.
À Québec, on a dénombré 158 délaissements en 2008. Si la tendance se maintient, il y en aura environ 175 en 2009. Bien sûr, il s’agit d’une augmentation de 50% par rapport au début des années 2000. Mais le nombre de délaissements demeure quatre fois moins élevé qu’à la fin des années 90, alors que les prêteurs saisissaient plus de 700 maisons par an.



BOURSES - Du rouge partout sur la planète

De Londres à New York en passant par Paris et Toronto, les places boursières ont toutes enregistré des baisses significatives hier, emportées par le sentiment que la reprise économique n’est pas encore chose faite.
« L’économie mondiale est encore en récession, explique Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Et même quand on finira par en sortir, vers le troisième trimestre de 2009, la reprise qui suivra sera très lente. »
M. Leitao a la réputation d’être un bon prévisionniste en général, mais aussi d’être plus pessimiste que certains de ses pairs par les temps qui courent. Des données sur l’emploi publiées hier sont venues apporter de l’eau à son moulin.
Aux États-Unis, les nouvelles demandes d’assurance chômage ont atteint 631 000 la semaine dernière (le consensus tablait sur 630 000), un signe que le marché du travail continue de se détériorer. Il y avait aussi 6,7 millions d’Américains qui continuaient à recevoir des prestations. « C’est un signe qu’il y a encore très peu d’emplois qui se créent », analyse M. Leitao.
C’est aussi la lecture que semblent avoir faite les investisseurs des principales places boursières, qui ont toutes reculé entre 1,5% et 3% après l’annonce de cette donnée.
En détail, le Dow Jones a perdu 1,5%, alors que l’indice principal de la Bourse de Toronto a reculé de 2,8%, à 9949,59 points. 
Le sous-secteur de l’énergie, lui qui a progressé de 40% depuis son creux de l’hiver, a reculé de 4% hier. Par exemple, le titre de Suncor a reculé de 4,2% et celui d’Encana, plus important producteur de gaz naturel au pays, a perdu 5,6%.
Pourtant, les marchés auraient pu s’attarder à une autre donnée publiée hier, plus positive que les demandes de chômage. L’indicateur avancé américain a augmenté de 1% en avril après une baisse de 0,2% en mars. Remarquez bien les gants blancs que prend l’économiste principal de Desjardins, Francis Généreux, quand il commente ce résultat: « (L’indicateur) signale peut-être un revirement de la situation économique dans quelques mois. Il faudra cependant d’autres résultats positifs de ce genre pour s’assurer de cette conclusion », écrit-il.
Au téléphone, M. Généreux parle notamment de la confiance des Américains, qui s’améliore, mais reste basse. « C’est encore trop faible pour voir une hausse soutenue des ventes de détail », explique-t-il.
La grande correction?
Difficile de dire si cette baisse généralisée des Bourses hier est le début de cette correction que plusieurs anticipent, après une remontée archi-rapide des indices, quand il est devenu clair pour le marché que la récession serait importante, mais qu’il ne s’agissait pas d’une reprise de la dépression des années 30. La progression de la Bourse de Toronto laisse particulièrement perplexe Carlos Leitao, qualifiant même le parquet canadien d’« animal un petit peu bizarre ».
Il en veut surtout à la progression « trop exubérante » des ressources naturelles. « Je pense que cette foi dans une reprise mondiale, ce n’est pas vraiment justifié. »
À la fin de l’année dernière, il avait mis une cible de 8000 points au S&P/TSX pour la fin de 2009, soit près de 20% de moins que sa fermeture hier. Il ne sent pas le besoin de changer sa prévision.
Chez Va leur s mobi l ières Desjardins , Luc Gi rard, du Groupe-conseil en portefeuille, est beaucoup plus optimiste. Il voit l’indice principal de Toronto à 11 000 points à la fin de l’année.
Mais même lui n’exclut pas la possibilité d’un recul marqué au cours des prochaines semaines, soit de 10% à 15%, environ la moitié des gains réalisés depuis le creux de mars.
Ce qui nourrit son optimisme, c’est d’abord la volatilité qui s’est beaucoup dissipée ces dernières semaines et aussi les montagnes d’argent qui dorment dans les fonds monétaires. Il y a un mois, explique-t-il, l’équivalant de 44% de la capitalisation boursière mondiale était postée dans ces fonds qui rapportent très peu. Cette semaine, c’est 38%, un chiffre encore fort imposant.
« Ce cash va peut-être rentrer (en Bourse) avant d’avoir atteint le 10% ou 15% de recul... »
Une partie de la réponse viendra sans doute la semaine prochaine, alors que seront publiées une flopée de données sur l’économie américaine.




LES GRANDS MOYENS
Le taux directeur ramené à 0,25% pour au moins un an
L’aggravation de la récession depuis janvier oblige la Banque du Canada à abaisser une ultime fois son taux directeur, au seuil inédit de 0,25%.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.
Dans un accent de transparence sans précédent, les autorités monétaires précisent même que « le taux cible de financement à un jour devrait demeurer au niveau actuel jusqu’à la fin du deuxième trimestre de 2010 afin que la cible d’inflation puisse être atteinte ».
La décision a surpris quelque peu puisqu’une mince majorité d’observateurs s’attendaient plutôt au statu quo de 0,5%. L’effet marginal de cette annonce reste à démontrer, arguaient ses tenants, et l’oblige à modifier le cadre de mise en oeuvre de sa politique monétaire.
Quelques minutes à peine après cette annonce hier matin, cependant, les institutions financières ont à leur tour diminué de 25 centièmes leur taux préférentiel, qui passe à 2,25%. À partir d’aujourd’hui, le coût de remboursement des prêts hypothécaires à taux variables diminue aussi (voir autre texte).
« La récession qui a frappé l’économie mondiale s’est intensifiée et est devenue plus synchronisée, écrit la Banque du Canada dans son communiqué. L’activité a diminué plus qu’escompté dans tous les grands pays industrialisés. »
En outre, la mise en oeuvre des mesures visant la stabilisation du système financier international est plus longue que prévu.
Cela l’amène à réviser son scénario économique. La décroissance de -1,2% prévue en janvier pour 2009 se creusera jusqu’à - 3%, ce qui place la banque parmi les observateurs les plus pessimistes. La reprise est reportée à l’automne, soit un trimestre plus tard. L’expansion rapide de 3,8% anticipée encore en janvier pour 2010 est ramenée à 2,5%.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué qu’il n’a pas l’intention de revoir à la baisse ses prévisions, contenues dans son budget adopté en mars. « Je maintiens mes projections budgétaires. Nous sommes sur la bonne voie. Nous allons continuer notre programme de dépenses pour stimuler l’économie », a-t-il affirmé en point de presse.
La molle reprise retardera de deux trimestres l’atteinte de sa cible d’inflation de 2,0%, prévoit la banque.
Ayant maintenant épuisé son outil classique de détente monétaire, elle devra recourir à d’autres instruments non conventionnels d’allégement du crédit qui seront dévoilés demain avec la publication du Rapport sur la politique monétaire.
La banque a néanmoins annoncé une nouvelle façon d’injecter des liquidités. Jusqu’à hier, le taux cible de financement à un jour était le point médian d’une fourchette de 50 centièmes. La limite supérieure correspondait au taux d’escompte, c’est-à-dire celui auquel elle prête aux institutions. La limite inférieure correspondait au taux de rétribution des dépôts qu’elles faisaient à la banque. En offrant un rendement plus faible que son taux cible, la banque centrale décourageait les dépôts chez elle pour inciter les institutions à se prêter entre elles à ou près de son taux cible.
« Avec un taux cible de 0,25%, la banque avait un problème, elle ne pouvait pas abaisser le taux de dépôt davantage », fait remarquer Martin Lefebvre, économiste principal, chez Desjardins.
Désormais, la banque rétribuera les dépôts qu’on lui confie à son taux cible de 0,25%. « Cette valeur plancher est essentielle afin de ne pas perturber le fonctionnement du marché monétaire », souligne Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
Ce faisant, elle va attirer des dépôts avec lesquels elle compte se créer des réserves de 3 milliards. Cet argent servira à acheter des titres gouvernementaux ou d’entreprises, à sa convenance. « Cette mesure, jumelée à l’engagement de ne pas toucher au taux cible pendant au moins un an, devrait contribuer à aplatir la courbe de rendements des marchés monétaires », souligne Michael Gregory, économiste chez BMO Marchés des capitaux.


Les lunettes roses au panier JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
En se mettant au diapason, la Banque du Canada fait réaliser aux Canadiens à quel point la récession sera profonde.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a enfin enlevé ses lunettes roses. Non seulement la banque centrale a-t-elle abaissé hier son taux directeur à 0,25%, mais, surprise, elle s’engage à le maintenir à ce niveau jusqu’à la mi-2010. Elle rejoint ainsi sa voisine du Sud, la Réserve fédérale américaine, qui a réduit son taux au plancher il y a déjà belle lurette.
La Banque du Canada envoie aussi par-dessus bord sa boule de cristal de janvier. Ses prévisions de recul du PIB en 2009 sont passées de 1,2% à 3% en trois mois à peine. Et lorsque la reprise se pointera le bout du nez, la croissance canadienne n’atteindra pas 3,5% en 2010, comme la banque centrale l’avait initialement prédit, mais plutôt 2,5%, ce qui semble déjà un brin optimiste.
Jusqu’à hier, la Banque du Canada nous donnait l’impression de vivre sur une autre planète économique: ses projections plutôt jovialistes tranchaient avec celles plus sombres de l’ensemble des économistes. En se mettant au diapason, la banque centrale fait réaliser en même temps aux Canadiens à quel point la récession sera profonde. Sans presser sur le bouton de panique.
M. Carney s’est finalement résigné à virer capot quand son équipe d’experts a conclu que les effets des programmes de stimulation des pays industrialisés prendraient plus de temps à se faire sentir dans l’économie réelle.
La Banque du Canada n’en restera pas là. Demain, on s’attend à ce qu’elle sorte la planche à billets. Question d’épauler les banques, quoique déjà solides, pour accroître leurs liquidités et ainsi faciliter le crédit aux entreprises et aux consommateurs.
« Nous ne sommes pas sortis du bois », a averti le président américain Barack Obama, il y a quelques jours, en pesant ses mots. Les développements récents lui donnent raison. Pas plus tard qu’hier, un rapport du Fonds monétaire international prévoyait que les institutions financières encaisseraient des pertes de 4100 milliards de dollars à l’échelle mondiale. À elles seules, les banques américaines assumeront les deux tiers du recul.
Tout en annonçant avoir retrouvé le chemin de la rentabilité, Bank of America a ébranlé les marchés financiers lundi en augmentant de 60% ses provisions pour créances douteuses. Face à un marché immobilier chancelant et un taux de chômage galopant, les Américains ont de plus en plus de difficultés à rembourser leurs dettes de cartes de crédit. Le secteur financier est en meilleure santé qu’à l’automne, vrai, mais les défauts de paiement pourraient plomber son bilan pendant encore un bon bout de temps. L’annonce de Bank of America a porté un coup dur à l’embellie boursière des six dernières semaines.
Dès l’automne dernier, l’économiste Nouriel Roubini, réputé pour avoir prédit l’ampleur de la présente débâcle financière, avait évoqué le spectre d’une crise des cartes de crédit potentiellement aussi dévastatrice que la dégringolade du marché immobilier aux États-Unis. Le taux d’endettement élevé des Canadiens forcera les banques à redoubler de vigilance.

Espérons maintenant que la Banque du Canada n’aura pas à réviser encore à la baisse ses prévisions de croissance. Son coffre à outils est de moins en moins garni.


DURE RÉCESSION EN 2009, REPRISE LENTE EN 2010
Le FMI brosse un sombre tableau de l’économie mondiale
— Le Fonds monétaire international ( FMI) est de nouveau très pessimiste pour l’économie mondiale, qui devrait, selon lui, connaître une année 2009 de profonde récession, généralisée dans toutes les régions, et une reprise lente l’an prochain.
Au fil du développement de la crise, le FMI se montre de plus en plus inquiet quant à la tournure que prennent les choses: cette révision à la baisse est la troisième de l’année, après celles de janvier et mars.
Alors que les marchés financiers estiment depuis plusieurs semaines que le plus dur de la crise appartient au passé, le FMI estime lui que le produit intérieur brut (PIB) de la planète se contractera de 1,3% cette année, une première depuis plus d’un demi-siècle, et celui des pays développés de 3,8%.
« L’économie mondiale traverse une grave récession causée par une crise financière massive et une perte de confiance aiguë », souligne l’institution multilatérale dans ses Perspectives économiques mondiales.
L’année 2010 devrait voir le retour à la croissance du PIB mondial (+1,9%), mais pas de celui des pays développés (qui stagnerait). Et ce ne serait que le début d’une « période de transition difficile, où le taux de la croissance sera notablement plus bas que dans un passé récent ».
La crise actuelle, la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, n’épargne aucune région du monde. « Pratiquement toutes les économies développées, et de nombreuses économies émergentes et en développement sont en récession », d’après les économistes du FMI.
Parmi les pays industrialisés, c’est le Japon qui devrait souffrir le plus en 2009, avec une contraction de son produit intérieur brut de 6,2%, suivi de la Russie (6%), l’Allemagne (5,6%) et la Grande-Bretagne (4,1%).
Pour le Canada, le FMI prévoit un recul de l’économie de 2,5% cette année et une croissance de 1,2% l’an prochain. Il s’agit de la meilleure performance escomptée parmi les pays aux économies avancées, autant pour 2009 que pour 2010. Mais ces nouvelles prévisions du FMI pour le Canada contrastent avec celles qu’il avait publiées en janvier dernier ; le FMI prévoyait alors un recul de 1,2% pour le Canada cette année et une croissance de 1,6% en 2010.
En comparaison, mardi, la Banque du Canada indiquait, pour sa part, que l’économie du Canada devrait se contracter de 3,0% cette année et afficher une croissance de 2,5% en 2010. En janvier, la banque centrale canadienne prévoyait un recul de 1,2% cette année et une croissance de 3,8% en 2010.
L’act ivité se contracterait violemment cette année aux États-Unis (-2,8%), en zone euro (-4,2%, dont -3,0% pour la France). Elle aurait considérablement ralenti chez les champions du monde de la croissance, la Chine (+ 6,5 %) et l’ Inde (+ 4,5%).
Déclenchée par la débâcle du système financier américain puis mondial, la récession s’aggrave aussi de ce fait. La dernière révision provient de « l’hypothèse de base que la stabilisation des marchés financiers va prendre plus longtemps que prévu initialement, même portée par les efforts vigoureux » des dirigeants politiques, écrit le FMI.
« Les problèmes financiers des pays avancés resteront donc sérieux pendant une bonne partie de l’année 2010, ne se résolvant que lentement », selon l’institution multilatérale.
Les conséquences s’en feront ressentir dans le monde entier. « Le chômage va continuer à croître tant que la croissance sera inférieure à son potentiel », a relevé lors d’une conférence de presse l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard.
Or, « les crises financières antérieures enseignent que si l’on tarde à s’attaquer au problème de fond, le marasme économique persiste encore plus longtemps et a un coût encore plus élevé, tant pour le contribuable que pour l’activité économique », s’alarme le FMI, dans ce document publié en vue de ses assemblées de printemps, qui se tiennent samedi et dimanche.
Les conséquences de la crise sont particulièrement sensibles dans le volume des échanges internationaux, qui devrait fondre de 11 % cette année, avant de se stabiliser (+ 0,6%) en 2010.
Cette évolution est lourde de conséquences pour les économies émergentes. « Leur sort dépend beaucoup de ce qui se passe dans les économies développées : leurs exportations ne se rétabliront que lorsque la demande reprendra dans les économies développées, et ils n’y peuvent pas grand-chose », a souligné M. Blanchard.
Le FMI se félicite seulement de la mise en place de plans de relance pour lesquels il a plaidé, et sans lesquels « nous serions en plein dans quelque chose de très proche d’une dépression » mondiale, d’après son principal économiste.



Pas de fin de récession en vue
Baisse de l’indice économique avancé en mars
L’indice des indicateurs économiques avancés a baissé plus que prévu le mois dernier aux États-Unis, ce qui donne à penser que ce qui pourrait être la plus longue récession de l’après-guerre ne prendra pas fin avant de nombreux mois encore.
Ainsi, l’indice calculé par le Conference Board américain a reculé de 0,3 % en mars après une baisse de 0,2 % en février. Cette dernière a été plus modeste que ce qui avait été d’abord prévu, a précisé hier l’organisme dont le siège est à NewYork. L’indice des indicateurs économiques avancés indique la direction que l’économie prendra au cours des trois à six prochains mois.
La hausse du chômage et le resserrement du crédit signifient que les récents gains au chapitre des dépenses de consommation, qui forment la plus grosse partie de l’économie américaine, ne dureront probablement pas, ce qui aura pour effet de prolonger la récession jusqu’à tard dans la deuxième partie de l’année. Le rapport avertit que les mesures adoptées par la Réserve fédérale américaine (Fed) et l’administration Obama pour stimuler le système financier sont susceptibles de ne pas rapporter des dividendes immédiatement.
« Cela n’ i ndique aucune petite hausse de la croissance », observe Dean Maki, codirecteur de la recherche américaine chez Barclays Capital Inc., à NewYork. « Nous attendons, ajoute-t-il, une reprise qui sera beaucoup moins vive que ce qu’on l’observe ordinairement après une récession profonde. »
Le marché s’attendait à ce que l’indice des indicateurs économiques avancés baisse de 0,2 %, selon la médiane des prévisions de 51 économistes sondés par Bloomberg.
Six des 10 indicateurs ont tiré l’indice à la baisse, les plus importants étant le plongeon des permis de bâtir et la baisse des prix des actions. Une performance plus rapide des fournisseurs (ce qui indique une baisse des carnets de commandes), une diminution des heures travaillées dans les usines, l’augmentation du nombre de prestations d’assurance chômage et une baisse des commandes de biens d’équipement ont aussi contribué au recul de l’indice.
Mais ce mois-ci, deux des indicateurs ci-dessus ont montré des signes d’amélioration. Il y a deux semaines, le nombre de demandes de prestations d’assurance chômage a chuté à son niveau le plus bas depuis janvier dernier et jusqu’à la semaine dernière, les actions avaient bondi de 29 % par rapport au creux de 12 ans atteint le 9 mars dernier.
Bénéfices des banques
Le redressement des actions en Bourse qui a commencé le mois dernier a été provoqué par des rapports indiquant que les banques américaines renouaient avec les bénéfices.
Hier, Bank of America, de Charlotte, en Caroline-du-Nord, a annoncé que ses profits avaient plus que triplé au premier trimestre grâce à des gains dans les transactions boursières et les prêts hypothécaires. Toutefois, cette bonne nouvelle n’a pas empêché l ’ indice américain Standard & Poor’s 500 de chuter brusquement à New York.
La semaine dernière, le président de la Réserve fédérale, Ben S. Bernanke, a affirmé que la crise du crédit causera des dommages « de longue durée » sur les prix des maisons et la richesse des ménages américains.
Les économistes interrogés par Bloomberg, lors de la première semaine d’avril, prévoient que les dépenses des consommateurs vont ralentir durant le trimestre en cours, après un faible rebond au premier t r i mest re, pour ensuite repartir à la hausse vers la fin de l’année.
L’économie américaine devrait se contracter de 2 % au deuxième trimestre, après un plongeon de 5 % au trimestre précédent, selon le sondage.




Une reprise fragile
Le rebond de l’économie chinoise ne peut être durable si ses marchés extérieurs continuent à s’effondrer
L’auteure est économiste au Centre d’études prospectives et d’information internationales à Paris. Au dernier trimestre 2008, le rythme de croissance de l’économie chinoise est tombé à 6,8% (contre 13% pour l’année 2007), plombé par le ralentissement de la demande interne et la chute des exportations. Au premier trimestre de cette année, il a encore baissé à 6,1%, mais certains signes laissent penser que le ralentissement a atteint un plancher.
La croissance de la production industrielle, qui était tombée au plus bas en janvier et février (+3,8%), a dépassé 8% en mars ( par rapport à mars 2008). Depuis janvier, le volume des ventes immobilières a cessé de chuter. Les prêts bancaires ont explosé et l’investissement s’est accéléré, notamment dans certains secteurs comme les chemins de fer. Le plan de relance massif lancé en novembre 2008 a commencé à faire effet.
Cette reprise est fragile. Le rebond vient de l’augmentation des dépenses publiques et des investissements réalisés par les entreprises contrôlées par l’État. Leur effet d’entraînement sur le reste de l’économie ne s’est pas encore fait sentir.
Les surcapacités persistent dans de nombreux secteurs industriels, les profits des entreprises sont en chute libre (-37% au premier trimestre par rapport à 2008) et les indicateurs montrent des commandes encore faibles dans le secteur manufacturier.
Le commerce extérieur ne donne aucun signe de reprise, puisque les exportations ont continué à baisser (-17% le mois dernier par rapport à mars 2008), de même que les importations (-25%).
La consommation des ménages a jusqu’ici assez bien résisté à la crise, mais il est peu probable qu’elle puisse tirer la croissance vers le haut cette année. Les revenus de la population vont, au mieux, stagner en raison de la faible progression des salaires et de la hausse du chômage. Sur les 120 à 140 millions de migrants ruraux travaillant dans les industries exportatrices, 20 millions sont déjà sans emploi.
Certes, les autorités ont pris des mesures pour stimuler les dépenses : hausse des allocations aux plus démunis, relèvement des retraites des fonctionnaires, distribution de coupons d’achats, subventions aux ventes d’équipements ménagers et d’articles électroniques dans les campagnes. La baisse de 10% de la taxe sur certaines voitures a déjà fait repartir les ventes. Mais les mesures de stimulation de la demande des ménages demeurent modestes et la propension à épargner restera forte. Le vaste projet de refonte du système de santé qui vient d’être adopté devrait donner à tous l’accès à un système de soins à l’horizon 2020, mais reste encore flou sur les financements publics qui lui seront alloués à court terme.


Dans l’état actuel des choses, le rebond de l’économie chinoise ne peut être durable si ses marchés extérieurs continuent à s’effondrer. Les prévisions de croissance pour la Chine se situent en moyenne autour de 6,5% pour 2009 (loin de l’objectif officiel de 8%) et anticipent une accélération en 2010 (autour de 7 à 8%), à condition que les grands partenaires commerciaux de la Chine – les États-Unis, l’Europe et Japon – sortent de la récession l’année prochaine.




La bulle porcine - JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Déjà terrassée par sa pire crise économique en 70 ans, la planète en convalescence est menacée d’être alitée de nouveau par une pandémie de grippe porcine. Ça ne pouvait tomber à un plus mauvais moment.
Une épidémie ne causera pas que de la souffrance physique aux populations. Elle ferait aussi très mal au niveau de vie de tous et chacun parce que le commerce international en serait grandement affecté.
U ne p a n d é mi e entraînerait d’abord une montée naturelle du protectionnisme, entrave majeure à une reprise économique, réflexe qui a encore été décrié tout récemment au sommet du G20. Une chute du tourisme et des voyages d’affaires, l’interdiction d’importer des aliments ou d’accepter des travailleurs provenant des pays touchés par le virus: voilà le visage que pourrait prendre ce repli sur soi des nations effrayées.
Dans les pays ravagés par la grippe porcine, l’absentéisme au travail et la réduction des dépenses des consommateurs reclus à la maison mineront inévitablement la croissance économique. La hausse fulgurante des dépenses de santé associées à la lutte contre l’épidémie plomberait aussi les finances publiques.
Plusieurs études récentes ont évalué les conséquences économiques d’une pandémie de grippe. La Banque mondiale a estimé en 2008 qu’il en résulterait une chute de 2 à 5% du PIB mondial. Ce serait pire que la contraction de 1,3% prévue en 2009 par le FMI, en raison de la crise économique.
Ilyadeuxans, uneétudeduministère canadien des Finances a calculé que le PIB national encaisserait une baisse de 0,9% si le pays était frappé par une forte épidémie de grippe. De son côté, un rapport du Congrès de 2006 a révélé qu’une pandémie modérée ferait culbuter la croissance américaine d’au moins 1%.
Ces études avaient ceci en commun: toutes prévoyaient un rebond spectaculaire de l’économie dans l’année qui suivrait celle de la pandémie. Sauf que leurs conclusions remontent avant l’éclosion de la présente crise financière. Or, les économistes prédisent déjà une reprise très modeste de l’économie mondiale au sortir de la récession. Le patient peinera davantage à se rétablir si une pandémie de grippe porcine de plusieurs mois vient se superposer à la débâcle financière.
Mieux dotés en services de santé, les pays développés pourraient s’en tirer à meilleur compte. Mais qu’arrivera-t-il dans les pays émergents, plus vulnérables, dont la croissance dépend essentiellement des exportations? Leur remise sur pied pourrait s’avérer passablement plus pénible. Le premier affecté, c’est le Mexique évidemment, qui en arrachait déjà. La récession et la guerre de la drogue ont fait chuter ses recettes touristiques de 20% en quelques mois. La grippe porcine portera un coup fatal à l’industrie. Plusieurs pays ont bloqué l’importation de porc mexicain. Les ÉtatsUnis ont aussi fermé la frontière à un nombre croissant de travailleurs mexicains pour protéger les emplois des Américains.
La bulle des technos a crevé en 2000. Puis, récemment, ce fut au tour de la bulle immobilière, encore plus dévastatrice. Cette fois-ci, on craint que le virus de la grippe porcine enfle à vitesse grand V et emporte toute la planète dans la tourmente économique.

Mauvaise nouvelle : l’excédent commercial explose
L’excédent commercial du Canada a quadruplé pour atteindre 1,1 milliard de dollars au mois de mars. Il était de 262 millions au mois de février.
Ce n’est pas une bonne nouvelle.
Statistique Canada a fait savoir hier que les importations et les exportations de marchandise du Canada avaient diminué en mars. Si l’excédent commercial a augmenté, c’est uniquement parce que les importations ont diminué deux fois plus que les exportations.
« La bonne nouvelle apparente, c’est l’augmentation du solde commercial , a déclaré Benoît Durocher, économiste du Mouvement Desjardins, en entrevue avec La Presse Affaires. Mais ça cache deux mauvaises nouvelles: d’une part, les exportations continuent de diminuer, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les exportateurs; d’autre part, la forte diminution des importations est symptomatique de profondes difficultés au niveau de la demande intérieure, soit des dépenses de consommation en recul et une forte diminution des investissements résidentiels et non résidentiels. »
Les importations ont baissé de 4,4% au mois de mars pour s’établir à 31,4 milliards, alors que les exportations ont diminué de 1,8% pour se chiffrer à 32,5 milliards.
La diminution des importations et des exportations a touché la plupart des secteurs. Au niveau des importations, ce sont les produits énergétiques qui ont enregistré la baisse la plus importante, soit une diminution de 18,4%. La valeur de ces importations s’est établie à 2,3 milliards, soit le niveau le plus faible depuis octobre 2004. En mars, les importations de pétrole brut ont diminué de 2,1%, alors que les importations d’autres produits énergétiques ont chuté de 33,2%.
Le f léchissement du secteur énergétique au pays a eu des répercussions sur l’importation des biens industriels. En effet, le Canada a importé moins de tiges et de tubes de forage, ce qui a contribué à une baisse de 4,5% des importations de biens industriels.
Du côté des exportations, il faut noter la diminution de 3,3% du côté des produits de l’automobile et de 3,4% du côté des machines et des équipements. Ces deux secteurs sont à l’origine de près des deux tiers de la diminution des exportations en mars.
« Je suis un peu déçu de la baisse des exportations parce qu’on avait plusieurs éléments en place pour avoir une légère croissance, a affirmé M. Durocher. Il y avait une augmentation importante de prix qui aurait dû normalement gonfler la valeur de nos exportations, et il y avait eu une bonne croissance de la production de véhicules. On aurait pu espérer que ces véhicules soient exportés. »
Krishen Rangasamy, de la CIBC, ne prévoit pas une grande amélioration à ce niveau, « compte tenu du rétrécissement du marché de l’auto aux États-Unis ».
Benoît Durocher a af firmé que les données de Statistique Canada sur les importations et les exportations venaient conforter Desjardins dans ses prévisions.
« Nous demeurons d’avis que le PIB ( produit intérieur brut) réel subira le recul le plus important de son histoire au premier trimestre de 2009, soit une réduction d’environ 7% », a-t-il affirmé.
Desjardins croit que le PIB conti nuera à diminuer au deuxième, au troisième, et peutêtre même au quatrième trimestre, mais à un rythme moins rapide.

Corrections sur fond de signes d’impatience
« Il faut un rebond dans la consommation avant de pouvoir espérer que la reprise s’alimente d’elle-même. »
Les Bourses nord-américaines ont terminé la dernière séance de la semaine sur des reculs marqués, les investisseurs ayant brusquement mis fin à la reprise printanière des récentes semaines.
L’indice composite de la Bourse de Toronto, le S& P/ TSX, a cédé 86,35 points pour clôturer à 9762,85 points. Sur l’ensemble de la semaine, l’indice de référence a retraité de 4,6%.
Le dollar canadien a lui aussi reculé vendredi, cédant 0,59 cent US à 84,81 cents US, tandis que la Bourse de croissance TSXV a réussi à dégager un gain de 2,55 points à 1063,07 points.
Les deux Bourses torontoises ont connu des difficultés techniques en fin de séance qui ont paralysé la transmission de données pendant près d’une heure. Les échanges ont repris à environ 10 minutes de la fermeture des marchés.
Le secteur de l’énergie a été le principal perdant, retraitant de 2,5 %. Le cours du baril de pétrole brut a reculé de 2,28$ US à 56,34$ US à la Bourse des matières premières de New York, victime des inquiétudes quant à la demande pour l’énergie.
À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a chuté de 62,68 points à 8268,64 points, affichant une baisse de 3,6% sur l’ensemble de la semaine.
L’indice élargi S& P 500 a lâché 10,19 points à 882,88 points, tandis que l’indice composite du NASDAQ, à forte composante technologique, a glissé de 9,07 points à 1680,14 points.
« Trop vite »
« Le marché était allé trop vite », souligne Lindsay Piegza, en jugeant peu surprenante la correction subie par la première place mondiale.
Les rares indices économiques publiés au cours de la semaine n’ont pas confirmé les espoirs des investisseurs sur une stabilisation de l’économie. Et leur confiance a été ébranlée par le recul-surprise des ventes de détail mercredi: l’indice Dow Jones a cédé 2,2% ce jour-là.
« Il faut un rebond dans la consommation avant de pouvoir espérer que la reprise s’alimente d’elle-même » , note Lindsay Piegza.
La poursuite de la remontée de l’indice de confiance des consommateurs américains mesuré par l’Université du Michigan en mai – pour le troisième mois de suite– n’a même pas permis de terminer la semaine sur une note positive.
« Les acteurs du marché, sentant que le calendrier de la reprise pourrait être repoussé jusqu’au troisième trimestre au plus tôt, pourraient décider d’empocher des bénéfices supplémentaires et d’attendre des signaux plus clairs d’une stabilisation définitive de l’économie avant de replacer leur argent dans les actions », estime Frederic Dickson, de D.A. Davidson.
L’analyste s’attend ainsi à voir le marché patiner, et estime que même si la tendance est à la hausse, celle-ci devrait se faire à un rythme bien plus lent.
Les investisseurs resteront attentifs à la publication des permis de construire et mises en chantier pour avril mardi, alors que les économistes guettent toujours une stabilisation du marché de l’immobilier.
Mais la semaine à venir sera plutôt légère du point de vue macro-économique.
Le compte-rendu de la Réserve fédérale paraîtra mercredi, puis l’indice composite de l’activité économique pour avril jeudi. Jeudi également, l’indice de l’activité industrielle de la région de Philadelphie offrira une vision un peu plus avancée puisqu’il porte sur le mois de mai.



WALL STREET À BOUTDE SOUFFLE?
Le S& P 500 pourrait baisser après une reprise de 14%
« Ce serait sain que les marchés prennent un moment de répit pour permettre aux bases économiques de combler leur retard. »
La plus forte reprise boursière, enregistrée durant une période de publication des résultats depuis 2002, a poussé 34% des compagnies de l’index S& P 500 audessus du prix cible des analystes pour l’an prochain, ce qui suscite des craintes sur le rythme de la relance.
Le S& P 500 a grimpé de 5,9% la semaine dernière, ce qui a effacé les pertes de cette année.
Le S& P 500 était à moins de 5% des projections de prix combinées de plus de 1700 analystes la semaine dernière après avoir gagné 14% depuis qu’Alcoa a rapporté ses résultats du premier trimestre le 7 avril. Caterpillar, le plus grand fabricant d’excavatrices, et Citigroup, la banque qui a reçu 45 milliards US de l’argent des contribuables américains, font partie des 170 compagnies qui s’échangent au-dessus de leur prix estimé moyen, selon les calculs de Bloomberg.
Jusqu’à maintenant, les analystes n’ont pas voulu hausser les cibles de prix et de revenus après que le S& P 500 ait bondi de 37% à partir d’un creux de 12 ans en mars. Les prédictions de profits à la baisse conjuguées aux évaluations boursières en hausse et aux coûts plus élevés pour les options qui assurent contre les pertes font craindre aux investisseurs que la reprise aille trop loin, trop vite.
« Il ne serait pas réaliste de s’attendre à ce que ça continue de monter », a dit Leo Grohowski, agent d’investissement en chef à la Bank of New York Mellon Wealth Management, qui administre 132 milliards. « Ce serait sain que les marchés prennent un moment de répit pour permettre aux bases économiques de combler leur retard. » Avec plus d’un tiers des entreprises de l’index de référence pour des titres américains surévaluées comparativement à leur prix cible, la juste valeur marchande du S& P 500 est de 970.21, comparativement à 929.23 à sa fermeture le 8 mai, selon les calculs de Bloomberg.
Reprise historique
Le S& P 500 a grimpé de 5,9% la semaine dernière, ce qui a effacé les pertes de cette année. Les résultats de l’examen des banques par le gouvernement ont rassuré les investisseurs de même que l’annonce par le département du Travail que le rythme des pertes d’emplois avait diminué en avril. Les titres financiers ont mené la hausse de l’indice, grimpant de 23%.
Plus de 200 entreprises de l’indice ont grimpé d’au moins 50% depuis le plus bas niveau de cette année, le 9 mars. Les prix de presque la moitié des sociétés de l’indice sont à l’intérieur d’une marge de 5% de la cible de juste valeur marchande, selon les calculs de Bloomberg.
La reprise de neuf semaines la plus prononcée du S& P 500 depuis les années 30 a débuté quand les plus grandes banques américaines ont annoncé des profits au premier trimestre. Le président Obama a également annoncé 787 milliards US en dépenses et réductions d’impôts et le Trésor a dévoilé des plans pour financer jusqu’à 1000 milliards US en rachats de prêts en difficulté.
Freinage brusque
Cependant, Nick Heymann, de Sterne Agee& Leach à New York fait une mise en garde : « L’enthousiasme des investisseurs va freiner brusquement quand ils réaliseront qu’ils ont fait une grosse erreur. Si vous n’êtes pas bien positionné dans votre portefeuille, vous risquez de passer à travers le pare-brise. »
L’histoire démontre aussi que les marchés à la baisse connaissent des rechutes après avoir quitté leur niveau le plus bas. La dernière fois que les titres américains sont sortis d’un marché baissier en 2002, une hausse de 21% sur sept semaines a précédé une nouvelle chute de 15% avant que le marché revienne à la hausse.
Pendant la Grande Dépression, une hausse de 47% après le krach boursier de 1929 a été suivie par au moins six reculs d’au moins 25%.


La consommation américaine inquiète les investisseurs
« Il y a deux semaines, personne ne croyait que l’économie allait se retourner cette année et, aujourd’hui, les gens sont contrariés parce que les ventes au détail n’augmentent pas. »
Le principal indice de la Bourse de Toronto a chuté de plus de3% hier, passant sous la barre symbolique des 10 000 points, alors que les investisseurs se laissaient vaincre par le pessimisme à la suite de la publication de données décevantes sur le commerce de détail aux États-Unis.
L’indice composite S&P/ TSX a dégringolé de 368,19 points, soit 3,7%, pour clôturer à 9709,51 points, tiré vers le bas par la faiblesse du cours du pétrole et les titres des métaux. C’est la première fois que le S&P/ TSX termine sous la barre des 10 000 points depuis jeudi dernier.
Le dollar canadien a lui aussi connu une journée di f ficile, retraitant de 1,02 cent US, à 85,04 cents US, après avoir cédé jusqu’à 1,17 cent US plus tôt dans la journée.
Le secteur torontois des métaux diversifiés a abandonné 5,2%, l’action de Teck Resources ayant cédé 2,40$, à 13,69$.
Les titres du secteur de l’énergie ont pour leur part lâché 4,9%. Le cours du baril de pétrole brut a reculé de 83 cents US, à 58,02$ US, à la Bourse des matières premières de New York (NYMEX). L’action de Talisman Energy a fondu de 2%, à 16,15$.
Sur Wall Street, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a perdu 184,22 points, soit 2,18%, à 8284,89 points. L’indice élargi S&P 500 s’est affaibli de 24,43 points, à 883,92 points, tandis que l’indice composite du NASDAQ, à forte composante technologique, a abandonné 51,73 points, à 1664,19 points.
« Les attentes sont allées plus vite que le marché », a constaté Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
« Il y a deux semaines, personne ne croyait que l’économie allait se retourner cette année et, aujourd’hui, les gens sont contrariés parce que les ventes au détail n’augmentent pas », a-t-il noté.
Le recul des ventes de détail de 0,4% en avril par rapport à mars a été interprété comme un mauvais chiffre, alors que sa baisse est moindre que celle du mois précédent. Mais les analystes espéraient une stabilisation.
« Jusqu’à maintenant, la Bourse montait sur des statistiques qui montraient des signes de ralentissement de la détérioration de l’économie. Cela a amené le marché à avoir des attentes parfois un peu trop optimistes », a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, ajoutant qu’après 30% de hausse en quelques semaines « les investisseurs cherchent des excuses pour vendre ».
La baisse des demandes de refinancement hypothécaire et la hausse des saisies immobilières ont contribué à rendre l’ambiance plus morose que les jours précédents. Le volume d’échanges est resté modeste.
Le repli a été général, n’épargnant que peu de secteurs comme la pharmacie, secteur défensif par excellence. Merck a engrangé 2,8% et Pfizer 2,3%. Seules six valeurs du Dow Jones sur 30 ont terminé en hausse.
« Les investisseurs reconnaissent qu’ils sont allés trop loin en achetant des titres de sociétés sensibles à la conjoncture, mais ils ne veulent pas retirer leur argent du marché. Ce que l’on voit, c’est une rotation des portefeuilles entre différents secteurs », a observé M. Pado.
Intel n’a cédé que 0,5%, à 15,13$US, malgré l’amende record de 1,06 milliard d’euros décidée par l’Union européenne pour concurrence déloyale. Mais le fabricant de microprocesseurs a assuré aux analystes que le trimestre en cours s’annonçait meilleur que prévu.
Son concurrent AMD est monté de 1,2%, à 4,40$US.
Le titre du constructeur automobile Ford a encore abandonné 1%, à 4,96$US. Il a dû consentir une forte décote de 22% pour placer son augmentation de capital, avec un prix de vente de 4,75$US. L’opération ne lui rapportera donc que 1,4 milliard US, moins qu’espéré.
Le groupe de télécommunications Verizon a cédé 2,1%, à 29,75$US. Il va vendre sa téléphonie fixe dans 14 États ruraux à son concurrent Frontier Communications, au terme d’une opération complexe valorisant les actifs cédés à 8,6 milliards US.


IMMOBILIER : BAISSE MODESTE DES PRIX... TOUT AU PLUS
MARCHÉ QUÉBÉCOIS EN 2009
Moins de nouvelles maisons. Moins de transactions sur le marché de la revente. Des prix moins élevés. Décidément, l’année 2009 ne s’annonce pas très encourageante pour le marché immobilier québécois – sauf peut-être pour les premiers acheteurs qui cherchent les aubaines. Et encore.
De tous les types de propriétés, les constructions neuves sont les plus touchées par le ralentissement économique.
Selon les dernières prévisions de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) rendues publiques hier, le marché immobilier québécois subira un recul sur tous les plans en 2009. Les mises en chantier devraient diminuer de 16%. Le nombre de transactions sur le marché de la revente devrait diminuer de 12 %. Les prix devraient aussi suivre la tendance à la baisse, mais de façon beaucoup moins importante. La SCHL anticipe une baisse des prix de 1,7% sur le marché de la revente en 2009. Les prix n’ont pas baissé sur une base annuelle depuis 2004.
Comment expliquer les difficultés du marché immobilier québécois? Par son économie en récession et l’état de son marché de la revente, répond Kevin Hugues, économiste principal pour le Québec à la SCHL. « Le ralentissement économique a atteint et touché le Québec, mais il faut aussi considérer l’état du marché de la revente, dit-il. Les prix n’ont pas reculé, mais l’offre de maisons disponibles a augmenté. Comme les acheteurs de maisons ont davantage de choix sur le marché de la revente, ils n’ont plus autant recours à la construction. »
L’industrie tient le coup
S’i l admet que le marché immobilier est moins actif depuis le début de l’année, le chef de la direction de la Chambre immobilière du Grand Montréal, Michel Beauséjour, fait valoir – chiffres à l’appui – que son industrie tient le coup. De janvier à avril 2009, la valeur des transactions à Montréal a augmenté de 2% pour les unifamiliales et 3% pour les appartements par rapport à la même période l’an dernier.
La valeur des « plex » a toutefois baissé de 1%. « Les prévisions de la SCHL sont toujours un peu pessimistes, dit Michel Beauséjour. Nous refusons de faire des prédictions parce que nous vivons des moments uniques. Les modèles traditionnels ne fonctionnent plus. »
Michel Beauséjour n’écarte toutefois pas le scénario d’une baisse des prix en 2009. Le grand patron de la Chambre immobilière du Grand Montréal se rappelle les dernières grandes récessions, alors que le prix des maisons avait reculé de 1% en 1981 et en 1991. « Une légère baisse cette année ne serait rien de nouveau, dit-il. Ce serait simplement un ajustement entre l’offre et la demande. »
De tous les types de propriétés, ce sont les constructions neuves qui sont le plus touchées par le ralentissement économique. Résultat : les nouveaux projets démarrent moins vite. « Les promoteurs sentent bien le ralentissement, car les pré-ventes ne se sont pas aussi rapidement, dit Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. Ils attendent plus longtemps avant de commencer la construction car les unités non vendues à la fin du projet coûtent très cher au promoteur. »
Crise canadienne
Même si l’heure est au pessimisme sur le marché immobilier, certains promoteurs montréalais soutiennent s’en tirer presque sans heurts. « C’était peut-être un petit peu plus long, mais nous n’avons pas de difficultés à faire nos pré-ventes. Nous avons entrepris deux nouveaux projets depuis le début de l’année et ils sont déjà vendus à plus de 70% », dit Dino Mazzone, copropriétaire de Elevation 3, le promoteur des projets de condos Bélanger 24 et St-Urbain 33 dans le quartier Rosemont– La-Petite-Patrie.
De toute façon, les promoteurs québécois peuvent se consoler en se comparant à leurs collègues du reste du pays, où la crise immobilière est beaucoup plus aiguë. Selon la SCHL, les mises en chantier au Québec devraient baisser de 47 901 à 40 000 cette année. Cette baisse de 16% est importante, mais il s’agit de la moins élevée parmi les provinces canadiennes. En Alberta, les mises en chantier diminueront de 53%. Le Saskatchewan (-50%) et la Colombie-Britannique (-43%) subiront aussi des baisses de mises en chantier dramatiques en 2009.
Selon l’économiste Hélène Bégin, l’Ouest canadien subit actuellement les contrecoups de son boom immobilier des années 2000. « Le boom immobilier a été plus fort dans l’Ouest, dit l’économiste du Mouvement Desjardins. On y a construit beaucoup de nouveaux projets, qui ont fait l’objet d’une surenchère. »
Avis à ceux qui songent à renouveler leur hypothèque : la SCHL estime que les taux hypothécaires, qui sont actuellement à des planchers historiques, augmenteront de façon importante au cours des deux dernières années. Le taux fixe 5 ans, actuellement inférieur à 4%, pourrait remonter jusqu’à 6,75% en 2010.

ÉTATS-UNIS  : CHUTE SURPRISE DE LACONSTRUCTION
— Les permis de construire et les mises en chantier de logements ont encore chuté en avril, aux États-Unis, mais leur baisse-surprise ne semble pas remettre en cause la stabilisation tant attendue du marché du logement, que les analystes voient se rapprocher à grands pas.
Le nombre de nouveaux permis de construire est tombé en avril à 494 000 en rythme annuel, soit 3,3% de moins que le mois précédent, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés hier par le département du Commerce.
C’est leur niveau le plus bas depuis le début de la publication de cette statistique en 1960. Le record précédent ne datait que du mois de mars, et cette nouvelle chute a surpris les analystes, qui s’attendaient à un rebond, à 530 000 permis accordés.
Le nombre de permis de construire donne une idée de la tendance à venir du marché de la construction, en décrépitude depuis deux ans et dont la stabilisation, avec celle de l’immobilier (à l’origine de la crise), passe pour être une des clefs de la reprise aux États-Unis.
Signe encourageant, la chute des permis a ralenti en avril (elle avait atteint 7,1% en mars). Et surtout, le nombre de permis de construire de maisons individuelles a progressé de 3,6%, après une baisse de 5,5% en mars.
Ce chiffre est celui qui retient en premier lieu l’attention des analystes, puisque la construction de maisons individuelles représente de loin la plus grande part du marché de la construction de logements.
Témoignantde l’anémie actuelle de ce marché, le nombre de mises en chantier a chuté encore plus fortement que les permis, de 12,8% par rapport à mars. En rythme annuel, cela représente 458000 départs de chantier, soit un nouveau plancher depuis le début de la publication de cette statistique en 1959.
Néanmoins, les débuts de chantiers de maisons individuelles, qui ont augmenté de 2,8% en avril, « ont continué de se stabiliser » (après leur hausse de 0,3% en mars), note Marie-Pierre Ripert, analyste de Natixis. Pour elle, l’activité de l’immobilier devrait se stabiliser, même si aucune reprise forte ne doit être espérée à moyen terme.
Le moral remonte
Autre signe d’espoir, le moral des constructeurs de logements est remonté pour le deuxième mois de suite en mai, après avoir touché le fond en mars, selon l’étude mensuelle de l’Association des constructeurs de logements ( NAHB) et de la banque Wells Fargo, publiée lundi.
Même si leur moral reste très bas, cette nouvelle hausse « indique que les constructeurs de logements sentent que le marché a touché le fond ou est près de le toucher », estime la NAHB.
L’Association estime que les conditions sont particulièrement propices pour les acheteurs, avec des taux d’intérêt et des prix très bas et un crédit d’impôt de 8000$US pour ceux qui acquièrent un logement pour la première fois.
D’ailleurs, les dépenses de construction aux États-Unis ont augmenté en mars après cinq mois de baisse, selon d’autres chiffres publiés en début de mois par le ministère.
Plusieurs analystes relèvent qu’une grande part de la chute de mai est liée à la construction d’immeubles d’habitation, secteur très fluctuant d’un mois à l’autre. Le mauvais temps pourrait aussi avoir pesé sur les départs de chantiers.
Pour Patrick Newport, économiste d’IHS Global Insight, les mises en chantiers de logements seront engagées dans « une reprise durable mais lente au second semestre ».
Benjamin Reitzes, de BMO Capital Markets, estime qu’un rebond des permis et des mises en chantier est peut-être déjà en cours en mai.


Le capital-risque canadien est en crise
Au Québec, les fonds privés sont demeurés actifs, mais le gouvernement aussi, allant jusqu’à créer le fonds Teralys Capital, doté de 700 millions de dollars à investir dans de plus petits fonds de capital-risque.
L’industrie canadienne du capital-risque traverse une période critique depuis le début de l’année, un phénomène évidemment accentué par la crise économique généralisée. Pour s’en sortir, l’industrie compte faire peau neuve en créant de nouveaux superfonds d’investissement, un peu comme l’a fait Québec avec le nouveau « fonds de fonds » Teralys Capital.
De janvier à mars 2009, les investissements en capital-risque à l’échelle canadienne ont été de 275 millions, une baisse de 25% par rapport à la même période, un an plus tôt. Selon l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement ( CVCA), c’est le trimestre le moins actif en près de six ans. Le nombre d’entreprises ayant obtenu du financement a lui aussi baissé par rapport à 2008, tout comme la taille moyenne de chacun des investissements.
Bref, dans l’industrie canadienne du capital-risque, ça va mal. « Nous traversons unmoment de crise », a constaté d’ailleurs la semaine dernière Gregory Smith, président du CVCA, en publiant ces résultats. « À plusieurs chapitres, ces chiffres témoignent d’un gouffre dans le financement ment en capital-risque a totalisé 156 millions dans la province, une hausse de 33% par rapport à 2008. Détail intéressant : cette somme comprend non seulement des investissements dans des entreprises déjà financées, elle inclut aussi le financement de projets tout neufs. sont demeurés actifs, mais le gouvernement aussi, allant jusqu’à créer, il y a quelques semaines à peine, le fonds Teralys Capital, doté de 700 millions à investir dans de plus petits fonds de capital-risque. Teralys sera géré comme un fonds privé, mais devra concentrer ses investissements de risque au Canada. » Le CVCA craint l’effet à long terme de cette situation, l’organisme estimant que la croissance moyenne des entreprises lancées à l’aide de capital-risque est cinq fois plus rapide que celle de l’économie du pays.
Le Québec, ce mouton noir
Cette avalanche de mauvaises nouvelles cache une autre réalité un peu plus réjouissante, pour le Québec du moins. Durant le premier trimestre, l’investisse-
C’est un gros contraste avec ce qui se produit ailleurs au Canada, note Chris Arsenault, investisseur chez iNovia Capital, à Montréal. « Au Canada, le coeur de l’industrie du capital-risque est l’Ontario, et depuis environ deux ans, le gouvernement ontarien et des fonds comme OMERS et Teachers’ se sont désengagés de ce genre d’investissement, explique-t-il. Ça a réduit énormément l’activité de financement dans cette province. »
Au Québec, les fonds privés dans trois champs d’activité : les technologies informatiques, les technologies propres et les sciences de la vie.
Une industrie naissante
Comparativement à son homologue américaine, l’industrie canadienne du capital-risque est toute jeune. Elle l’est encore davantage au Québec. « Ça fait peut-être 15 ans qu’on a une industrie », estime le porte-parole d’iNovia Capital. Selon lui, on commence à peine à voir apparaître une génération d’entrepreneurs québécois rendus à leur deuxièmeou troisième démarrage. On les reconnaît à leur ambition de créer de grosses entreprises, pas seulement de petites start-ups. Pour eux, le fonds Teralys arrive à point. « À condition qu’il tienne ses promesses », avertit Chris Arsenault.
La création de ce fonds le réjouit néanmoins au plus haut point, car il aura un impact énorme dans l’industrie du capital-risque, au Canada comme aux États-Unis. « C’est l’un des plus gros fonds en Amérique du Nord, dit-il. Quand Teralys va investir, ça va entraîner d’autres investisseurs et ça va créer une vingtaine d’entreprises. C’est tout un levier. »
Chose certaine, à l’échelle canadienne, ça semble le remède pour sortir le capital-risque de la crise : le gouvernement ontarien vient lui aussi de créer son propre « fonds de fonds », la bagatelle de 200 millions, tandis qu’un troisième du genre serait mis en place dans l’ouest du Canada.


La récession des expatriés  -  Richard Dupaul
Avec le chômage croissant dans les pays riches, des milliers d’expatriés perdent leur emploi et, donc, envoient moins d’argent à la maison. Une perte énorme pour leurs proches.
L es douaniers de Tijuana, postés à la f r ontière entre le Mexique et la Californie, ne connaissent pas la récession, du moins au travail.

Débordé, l e person nel voit passer un nombre accru d’Américains qui viennent profiter des aubaines dans les magasins mexicains. Diverses sources indiquent aussi que les douaniers mexicains doivent contrôler un trafic croissant de leurs compatriotes qui quittent les États-Unis pour rentrer à la maison… pour de bon.
Avec la récession qui sévit en Californie, il n’y a plus de travail pour les Mexicains. L’eldorado des ex pat r i és – le secteur de la construction – est terminé, et il y a peu de boulot dans un État où le taux de chômage frôle les 12 %.
De nouvel l e s don nées confirment d’ailleurs que la crise s’aggrave pour cette main-d’oeuvre vulnérable.
Le nombre de personnes qui entrent légalement aux États-Unis en provenance du Mexique a chuté de 40% depuis 2006 pour glisser à 350 000 par an en moyenne, selon le Pew Hispanic Center, u n g r oupe de r e c herc he de Washington.
Et bien qu’on dispose de peu de données officielles, de moins en moins de personnes tentent d’entrer illégalement en territoire américain – le phénomène est dans un creux jamais vu depuis 1973, selon le La récession est donc la plus efficace des murailles le long du Rio Grande.
Pas de travail, pas d’argent
Or, la crise économique a un effet similaire partout sur la planète.
En Asie, l a récession a r e nvoyé des mi l l i e r s de t ravailleurs chez eux. Du Bangladesh au Vietnam en passant par les Philippines, les autorités signalent une baisse marquée du nombre de travailleurs qui partent à l’étranger.
Par exemple, 251 000 trava illeu rs ont qu itté le Bangladesh de j a nvier à juin, soit une chute de 50% en un an, affirme l’agence AFP, qui cite des chiffres gouvernementaux.
Même p h é n o mène e n Amérique l ati ne : le t iers des travailleurs originaires de la région qui sont encore aux États-Unis songe à rent rer au bercai l , selon un sondage d’ I nter-American Dialogue ( I AD), un groupe de réflexion de Washington. Cela se compare à un taux de 20 % l’an dernier.
La crise économique touche directement les expatriés, mais également leurs proches. Les transferts de fonds de la plupart des émigrés du monde vers leur pays d’origine sont en forte baisse, constate la Banque mondiale.
Après avoir augmenté de 15% en 2008, les envois de fonds des émigrés vers les pays en voie de développement devraient baisser de 7,3 % en 2009 à 304 milliards US, écrit l ’organisme dans un récent rapport.
Ces transferts, vitaux pour le développement de certains pays et destinés surtout aux familles des travailleurs, pourraient baisser de 10% si la crise se prolonge, avance la Banque. Autrement dit, le manque à gagner pour les proches pourrait atteindre les 32 milliardsUS.
En Amérique latine, on s’attend au pire: la somme d’argent que les expatriés envoient chez eux devrait chuter de 11% cette année, à 62 milliardsUS, selon l’IAD. Cela signifie qu’environ quatre millions de personnes recevront moins d’argent de leurs amis et parents qui vivent à l’étranger, évalue le
Contrôles renforcés
Les sommes envoyées diminuent d’autant plus que les contrôles migratoires sont renforcés dans plusieurs pays.
Selon la Banque mondiale, les États-Unis, le RoyaumeUni, l’Australie, la Russie, l’A f rique du Sud, l’ Italie, l’Espagne et l’Inde « ont réduit leurs quotas annuels (de travailleurs immigrés) ou imposé des normes plus strictes » en ce qui les concerne.
L’organisme estime que l’Inde (avec 52,0 milliardsUS en 2008), la Chine (40,6 mill i a r ds US) et l e Mexique ( 26,3 milliards US) sont les trois premiers bénéficiaires de transferts de fonds en provenance de leur diaspora.
Pour c er t a i ns pays, la contribution des expatriés est absolument primordiale. Au Tadjikistan, par exemple, ces fonds contribuent à 46% du produit intérieur brut. C’est donc près de la moitié de l’économie locale qui en dépend.
Les récessions touchent tout le monde, on le sait. Mais, avec la mondialisation et la mobilité accrue de la main-d’oeuvre, le choc est plus violent. Les démunis vivent une situation « particulièrement difficile » aujourd’hui, nous rappelle la Banque mondiale.



L’Afrique sera plus lente à sortir de la crise
— L’Afrique a été atteinte de plein fouet par la crise et aura plus de peine que les autres régions à en sortir, a affirmé hier le président de la Banque africaine de développement (BAD) Donald Kaberuka.
Selon lui, la plupart des experts s’attendaient à ce que l’Afrique ne soit touchée par la crise que 18mois après les autres régions en raison de sa plus faible intégration avec le reste de l’économie mondiale.
Mais les effets se sont fait sentir beaucoup plus vite que prévu, les flux d’investissement vers l’Afrique ayant fortement diminué et le financement des échanges commerciaux s’étant pratiquement tari.
« Ma préoccupation est que lorsque la reprise arrivera, les pays africains repartiront beaucoup plus lentement », a-t-il dit lors d’une conférence de presse en marge de la réunion du Comité de développement de la Banque mondiale à Washington. Selon M. Kaberuka, l’Afrique était pourtant parvenue à réaliser d’importants progrès économiques sur les d10 dernières années et « commençait à réussir ».
Le FMI et la Banque mondiale ont averti vendredi que près de 90 millions de personnes de plus pourraient tomber dans la pauvreté en raison de la crise cette année et le nombre de ceux n’ayant pas assez pour se nourrir dépasser le milliard.
M. Kaberuka a d’autre part indiqué qu’il n’attendait « pas de miracles » des réunions du FMI et de la Banque mondiale ce week-end à Washington. « Je ne m’attends pas à ce que des décisions soient prises, mais j’espère que nous pourrons parvenir à une meilleure compréhension », a-t-il dit.
Engagement
Par ailleurs, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a affirmé hier devant le Comité de développement de la Banque mondiale que les États-Unis allaient tenir leurs engagements en matière d’aide à l’Afrique. M. Geithner a rappelé la promesse, formulée lors du sommet du G8 à Gleneagles (Grande-Bretagne) en 2005, « de doubler l’aide internationale au développement à l’Afrique subsaharienne d’ici à 2010 ».
« Je veux vous affirmer que les États-Unis sont en voie d’atteindre leurs engagements de Gleneagles (...) L’aide américaine a été de 7,6 milliards de dollars en 2008, nous plaçant non loin de notre objectif de 8,7 milliards en 2010 », a-t-il précisé devant l’assemblée des États membres de la Banque mondiale.
« Le président Obama a promis de travailler avec notre Congrès pour apporter près d’un demimilliard de dollars d’assistance immédiate aux populations vulnérables et doubler le soutien au développement agricole à plus d’un milliard de dollars en 2010 », a-t-il ajouté.



Petits prix, grosse menace
En Espagne comme en Irlande, les prix à la consommation diminuent à un rythme déroutant, réveillant le spectre de la déflation. Des experts sonnent l’alarme : la Banque centrale européenne doit en faire plus pour relancer l’économie.
L’Europe court le risque que les consommateurs commencent à anticiper une période prolongée de baisse de prix et reportent leurs achats à plus tard, ce qui aggraverait la récession.
Une enquête auprès de 250 économistes dans le monde montre que la déflation restera la principale menace européenne pendant au moins un an.
Confrontés à un chômage élevé (17,4%) et à des consommateurs tétanisés par la récession, les commerçants en Espagne ont commencé à réagir. Mais ils posent des gestes que plusieurs d’entre eux auraient cru impensables auparavant : ils coupent les prix sur presque tout.
Par exemple, les prix du poisson à l’échelle du pays ont chuté de 6% en moyenne, en mars, et ceux du sucre de 5,7%. On paie aussi moins cher pour les vêtements, l’électronique et même les médicaments (-0,7%).
Le portrait global est inquiétant: les prix à la consommation espagnols ont diminué de 0,1% en mars (sur un an), du jamais vu.
Plus au nord, en Irlande, on vit la même chose: les prix ont fondu de 0,7% en mars – une première depuis que le Tigre celtique a adopté l’euro en 1999.
Si bien que bon nombre de « cousins anglais » , venus de Liverpool ou d’ailleurs sur la plus grande île britannique, prennent le traversier pour aller profiter des aubaines dans les magasins irlandais, rapporte le Financial Times.
La glissade de prix a beau réjouir les consommateurs, dans l’immédiat, elle constitue néanmoins une grave menace pour le Vieux Continent.
L’alarme sonne
L’inflation dans la zone euro a touché, le mois dernier, un creux depuis la création de l’euro en 1999, avec une hausse des prix limitée à 0,6% sur un an. C’est le taux le plus faible en 13 ans, d’après Eurostat.
L’inflation s’éloigne ainsi de l’objectif de la Banque centrale européenne (BCE), fixé à 2%, pour maintenir l’équilibre économique.
Selon les experts, l’Europe court donc le risque que les consommateurs commencent à anticiper une période prolongée de baisse de prix et reportent leurs achats à plus tard, ce qui aggraverait la récession. C’est là le grand danger de la déflation: les prix baissent, les consommateurs attendent de meilleures aubaines et n’achètent plus, des usines ferment, le chômage augmente… entraînant d’autres baisses de prix. Bref, un cercle vicieux.
Quel est le niveau des risques déflationnistes? Assez élevé. Les experts de BNP Paribas ont repris la grille d’analyse du FMI (Fonds monétaire international). Le résultat est inquiétant: en France, l’indice de vulnérabilité à la déflation, récemment à 33%, pourrait grimper à 89% dans un an. Globalement, l’Europe est à un niveau de risque inédit depuis 1991.
LedirecteurduFMI, Dominique Strauss-Kahn, reconnaît que la menace est bien réelle. « À court terme, le risque, c’est que la déflade 0,7% en Allemagne en mars, a-t-on appris la semaine dernière. C’est plus que prévu et on n’avait pas vu cela depuis septembre 2002.
La BCE doit agir
Dans ce contexte, tous les regards se tournent vers la BCE. La banque centrale européenne avait créé la surprise, le 2 avril, mais pas celle qu’on attendait. tion compliquerait la récession et la reprise », a-t-il dit dans une récente entrevue.
Même son de cloche dans le privé. Une enquête auprès de 250 économistes dans le monde montre que la déflation restera la principale menace européenne pendant au moins un an.
Et de quoi alimenter les craintes: les prix à la production ont reculé
Les économistes anticipaient une baisse du taux directeur de 50 centièmes, au regard du recul de la production et des prix. On espérait aussi des mesures vigoureuses pour dégeler le crédit, à l’instar des opérations extraordinaires de la Réserve fédérale américaine, qui rachète des obligations de l’État pour accroître les liquidités bancaires. (La Banque du Canada a annoncé jeudi qu’elle pourrait faire la même chose.)
Mais à la stupeur générale, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, est resté de glace. Il n’a abaissé son taux repère que de 25 centièmes, pour le ramener à 1,25%, tout en écartant une intervention « extraordinaire » de peur de raviver l’inflation à plus long terme.
« La BCE est obsédée par l’inflation. (Durant le second semestre), elle va réaliser qu’il faudra racheter des actifs financiers pour accroître la masse monétaire », affirme la Société générale dans une note financière.
BNP Paribas abonde et croit à un « risque significatif de déflation prolongée » en Europe.

En somme, les milieux économiques s‘impatientent et leur message est clair: la BCE doit en faire plus. La banque centrale finira bien par céder à la pression. Une autre baisse de taux et des mesures musclées sont donc à prévoir… à moins que M. Trichet tiennent lui aussi à profiter des aubaines à Madrid ou à Dublin cet été.


La récession nuit à la santé des Canadiens  -  Ariane Lacoursière
La récession a des effets dévastateurs sur la santé des Canadiens, révèle le dernier rapport annuel de l’Association médicale canadienne (AMC). Près d’un adulte canadien sur cinq dit avoir sauté un repas au cours des derniers mois pour des préoccupations financières. Et le quart des citoyens ont dernièrement annulé un rendezvous chez le dentiste pour les mêmes raisons.
« Le bulletin de l’AMCmontre que, même si on a un système de santé gratuit, les difficultés économiques que nous vivons actuellement a des effets sur la santé de la population canadienne », a déclaré le président de l’AMC, le Dr Robert Ouellet.
Selon un sondage Ipsos Reid mené auprès de 1002 adultes canadiens du 7 au 9 juin, le quart des citoyens estiment que le ralentissement de l’économie a eu un effet sur leur façon de s’occuper de leur santé. Les pressions financières amènent 16% des Canadiens à sauter des repas, elles en empêchent 23% de dormir, stressent grandement 40% de la population et amènent 14% des Canadiens à retarder l’achat de médicaments d’ordonnance.
« Nous nous imaginons à tort que les soins de santé sont à l’abri des dures réalités économiques qui sévissent actuellement. Notre sondage révèle que cette notion est tout à fait erronée », note le DrOuellet.
Et chez les citoyens qui gagnent moins de 30 000$ par année, les effets sur la santé sont bien pires. Selon le sondage de l’AMC, près de 30% des Canadiens moins fortunés sautent des repas, 34% ont annulé un rendez-vous chez le dentiste et 30% éprouvent des difficultés à dormir.
« Ce n’est pas surprenant. Certains soins ne sont pas couverts par les assurances publiques, dont les soins dentaires. C’est toujours les gens qui ont moins de revenus qui sont touchés. D’autant plus que ces personnes ont moins souvent accès à des assurances privées », note Claudelle Cyr, porte-parole de la Coalition Solidarité santé.
MmeCyrnotequeleDr Ouellet est lui-même un ardent défenseur du privé en santé. Depuis son arrivée à la tête de l’AMC, en 2008, le Dr a en effet maintes fois défendu la cohabitation du privé et du public dans les soins de santé. « Or, on voit aujourd’hui que les gens qui ont des difficultés financières ne peuvent pas tout se permettre. On peut se demander ce qui arriverait si le privé prenait plus de place », note Mme Cyr.
Le Dr Ouellet réplique « S’il était bien utilisé, le privé serait positif pour les patients. Bien encadré, le privé pourrait améliorer l’accès aux soins. »
Par ailleurs, quand on leur demande d’évaluer leur état de santé, 40% des Canadiens sondés par l’AMC estiment qu’il est excellent. Mais 20% le qualifient de « moyen » ou de « médiocre ». Et plus de la moitié des Canadiens (56%) déclarent avoir un excédent de poids.


LES DENTISTES SOUFFRENT DE LA RÉCESSION  -  Hélène Baril
uand il faut choisir entre faire réparer sa voiture ou aller chez le dentiste, la plupart des consommateurs n’hésitent pas longtemps. De plus en plus de dentistes, qui voient leur clientèle s’éloigner à cause du ralentissement économique, semblent croire que l’auto passe en premier.
I nquiets de ce que l ’ aveni r l eur r éserve, 25 % des Canadiens ont r et a r dé ou annulé leur rendez-vous chez le dentiste depuis le début de la récession, révèle un sondage de l ’Association médicale canadienne publié plus tôt cette semaine.
Aux États-Unis, les clients désertent les bureaux de dentistes en grand nombre, rapporte le Wall Street Journal, au point où plusieurs professionnels des soins dentaires se sont mis à faire de la publicité pour ramener leur clientèle.
Plus de la moitié des dentistes membres de l ’Association dentaire américaine ont indiqué avoir constaté une baisse du nombre de rendez-vous et une diminution de leurs revenus au cours des derniers mois, selon le journal.
La fréquentation des bureaux de dentistes est directement liée
Qau niveau de revenus, indique aussi le sondage de l’Association médicale canadienne. Ceux dont le revenu est inférieur à 30 000$ sont plus nombreux (34%) à voir annulé ou reporté leur visite chez le dentiste, que l’ensemble des répondants (25%).
Au Québec, les statistiques sur la fréquentation des cabinets de dentistes n’existent pas et la dernière enquête de l’Ordre des dentistes auprès de ses membres remonte à 2006.

Un coup de sonde auprès de quelques professionnels indique toutefois que les dentistes québécois ne sont pas épargnés.
« On a remarqué que les clients espacent leurs visites, a fait savoir une porte-parole d’une clinique de Montréal qui regroupe cinq dentistes. Les gens choisissent aussi d’étaler sur deux ou t rois visites les soins qu’ils pouvaient recevoir en une seule fois. »
Les dentistes, dont la clientèle bénéficie d’une assurance privée, souffrent moins que les autres. C’est le cas au bureau de Jean Lachance, un dentiste installé au complexe Desjardins. « La majorité de notre clientèle est assurée, nous a dit son assistante, et le roulement est toujours le même, avec les baisses habituelles en février et pendant l’été. »
Même ceux qui ont des assurances sont plus prudents , pré c i s e t outefoi s Gi l l es Armand, dent i s t e depuis 28 a ns. « La plupa r t des a s s u r a nces ont une limite annuelle et les gens préfèrent reporter des traitements pour débourser moins », explique-t-il.
Au Québec, à peu près le t i e r s des t r ava i l l e u r s sont couver ts pa r u ne assurance dentaire.
Le président de l ’Assoc i at i on des c hi r u r giensdentistes du Québec, Serge L a nglois , qu i pratique depuis 38 ans, a déjà vu des récessions. « Ça baisse et ça revient », dit-il.
I l n’est pas surpris des conclusions du sondage de l’Association médicale canadienne. Ce qui l ’é t onne, c’est la proportion élevée de personnes qui ont annulé ou reporté des visites chez le dent i ste. « 25 %, c ’est énorme », a-t-il commenté.
Selon lui, le nombre de report et d’annulations varie beaucoup selon les régions, les villes ou les quartiers. « Si dans une ville comme T r ois-Rivières une usine ferme et 400 personnes se retrouvent sans emploi, c’est sûr que les dentistes vont être plus affectés. »
Le dentiste Gilles Armand, qui travaille au centre-ville et dans les quartiers montréalais de Mercier et de MontréalNord, confirme que le ralentissement est plus perceptible dans ces deux quartiers qu’au centre-ville. « Il y a plus de cols bleus et moins de gens avec des assurances », précise-t-il.
Aux États-Unis, les dentistes ont réagi à la baisse de leur clientèle par un effort de marketing accru. Le président de l’Association des c hi r u r giens-dent i s t es du Québec doute que les dentistes du Québec fassent la même chose. « Ici, la publicité n’est pas très répandue. C’est une nouvelle tendance et c’est encore une minorité qui en fait. »
De même, Serge Langlois ne croit pas voir un jour des dentistes annoncer des rabais sur leurs services, même si rien ne les empêche de le faire. « Ça me surprendrait beaucoup », a-t-il dit.



Été catastrophe pour les étudiants  -  Claude Picher
Sur le marché du travail, l es emplois d’été ont été tellement rares cette année que les étudiants en quête d’un emploi estival ont connu leur pire saison depuis que Statistique Canada a commencé à compiler ce genre de données, il y a 36 ans.
Cette mauvaise nouvelle fait partie des résultats de l’enquête mensuelle sur la population active, publiée hier par l’agence fédérale de statistique.
La population étudiante, telle que définie par Statistique Canada, comprend les jeunes de 15 à 24 ans, qui fréquentaient une école (ou un collège, ou une université) à plein temps à la fin du calendrier scolaire et qui ont l’intention de retourner étudier à plein temps cet automne. Pour être i nclus dans la population active, ils doivent occuper ou être activement à la recherche d’un emploi d’été.
L’a n der n i e r , e n a oût , 683 000 étudiants occupaient un emploi d’été à plein temps au Canada ; cette année, ils n’étaient que 568 000. C’est une perte record de 115 000 emplois. En ce qui concerne l’emploi à temps partiel, l’hécatombe est moins spectaculaire, mais on compte quand même 14 0 0 0 emplois de moins que l’an dernier.
Même au plus fort de la saison estivale, les étudiants ne représentent que 8 % de la population active. Compte tenu de cette proportion relativement faible, on comprend que les chiffres que nous venons de voir prennent des allures de cauchemar.
Voyons plutôt : • Le taux de chômage relié aux emplois d’été se situait à 11,4 % il y a un an. C’est déjà passablement élevé, mais il faut savoir que le taux de chômage des étudiants est chroniquement plus élevé que dans l’ensemble de la population. Or, cet été, il a bondi à un niveau jamais atteint de 16,4 %. • Les plus jeunes sont les plus durement touchés. Ainsi, les étudiants âgés de 15 et 16 ans et qui participent au marché estival du travail ont connu un taux de chômage stratosphérique de 26,9 % cet été, contre 18,6 % en août 2008. Les étudiants déjà inscrits à l’université ou sur le point de l’être (20 à 24 ans) s’en tirent mieux avec un taux de chômage de 9,2 % cette année, mais ce chiffre est tout de même deux fois plus élevé que les 4,5 % de l’an dernier. • De toutes les régions du pays, c’est le Québec, et de loin, qui est le plus ravagé par la catastrophe. La province a perdu 40 000 emplois d’été par rapport à l’an dernier, ce qui a fait grimper le taux de chômage étudiant de 9,9 à 17,1 %. Très très pénible. Au total, d’août 2008 à août 2009, le chômage relié aux emplois d’été a augmenté d’un dramatique 73 % au Québec, contre 48 % dans l e s Mariti mes, 4 3 % e n Colombie-Britannique, 34 % en Ontario et 25 % dans les Prairies. La moyenne canadienne est de 43%.
Comment en est-on arrivé là ?
La grande coupable, bien sûr, c’est la récession.
En temps de crise, le premier poste de dépenses que les ménages ont tendance à sacrifier, c’est le budget vacances. Or, un nombre considérable d’emplois d’été sont liés à l’hôtellerie, à la restauration, et autres activités touristiques. Il est clair que le ralentissement de ce secteur a porté un coup dur à l’emploi étudiant. En outre, au Québec en particulier, on a connu un été pourri, et cela n’a sûrement pas incité les gens à voyager.
La rénovation résidentielle est un autre secteur qui fournit de nombreux emplois d’été. On peut certainement penser que de nombreux ménages ont retardé leurs projets de rénovations, le temps de laisser passer la crise.
Enf i n , de nombreuses entreprises, notamment les bureaux de professionnels, profitent traditionnellement de l’été pour embaucher des stagiaires qui remplacent t emporairement l a maind’oeuvre en vacances. Cette année, récession oblige, on s’est passé de stagiaires.
Mais der r i ère t ous c es chiffres se profile une bien triste réalité. Les étudiants qui prennent la précieuse période de vacances pour chercher du travail le font souvent pour financer leurs études. Ce sont des jeunes qui ont du coeur au ventre et qui acceptent de faire des sacrifices pour investir dans leur avenir. Des dizaines de milliers d’entre eux n’ont pu trouver un emploi cette année, et devront donc s’endetter en conséquence pour poursuivre l eurs ét udes. Ils méritaient certainement beaucoup mieux que ce que leur réservait le marché du travail en ce sinistre aestas horribilis 2009...




Les jeunes, premières victimes de la crise
TORONTO — L’été a été ardu pour les jeunes Canadiens à la recherche d’un emploi. Et le mois de juillet a été sans précédent en ce qui a trait au taux de chômage chez les étudiants. Il s’est élevé à 20,9%, un record, selon ce qu’a rappor t é Statistique Canada la semaine dernière.
Un taux aussi élevé en juillet n’avait jamais été enregistré depuis que le gouvernement fédéral a commencé à compiler les statistiques en 1977. C’est une hausse de 7,1% par rapport à la période correspondante en 2008.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a qualifié ces récentes données d’ « alarmantes ». Elle a soutenu, par voie de communiqué, que « ce taux de chômage n’augure rien de bon pour l’endettement étudiant ». Le président de la FEUQ, Jean Grégoire, a fait valoir que l’été est une « période critique » pour les étudiants, alors qu’ils tentent d’amasser leur argent pour être en mesure de régler leurs frais de scolarité et de combler leurs autres besoins durant l’année scolaire. La FEUQ a appelé au retour du gel des frais de scolarité et à une bonification substantielle de l’aide financière.
Pour les jeunes de moins de 24 ans qui ne sont pas aux études, le taux de chômage est moindre, à 13,4%, mais tout de même beaucoup plus élevé que la moyenne nationale.
Toujours selon Statistique Canada, le taux de chômage pour l’ensemble de la population canadienne est resté inchangé en juillet, à 8,6%. Toutefois, 4 4 500 emplois ont été perdus, beaucoup plus qu’anticipé.
L’économiste Douglas Porter, de BMOMarchés des capitaux, a souligné au Toronto Star que « les planètes auraient difficilement pu être moins bien alignées » pour le marché de l’emploi cet été, considérant la valeur du dollar canadien, la météo et le ralentissement économique.
Le vice-président d’un centre d’emploi pour la jeunesse à Toronto, John-Frederick Cameron, a indiqué au Toronto Star avoir vu le nombre de jeunes à la recherche d’un travail presque doubler au cours de la dernière année.



Régimes de retraite : Légère éclaircie sur les rendements -  Rudy LeCours
Les forts rendements boursiers du deuxièmetrimestreontentraînéune modeste amélioration des régimes de retraite à prestations déterminées, au deuxième trimestre.

L’écrasante majorité d’entre eux accusaient cependant un déficit de solvabilité au 30 juin. Cela signifie qu’ils seraient incapables de faire face pleinement aux engagements pris à l’endroit de leurs participants actifs ou retraités, advenant leur terminaison. En pareils cas, le promoteur du régime (généralement l’employeur) doit rétablir à ses frais la pleine solvabilité, sauf s’il déclare faillite.
Le rendement indiciel d’une caisse de retraite investie à 45% à titres à revenus fixes (obligations, bons du Trésor) et 55% en actions s’est établi à 5,6 % après six mois, selon l’échantillon de Mercer, mais de 6,6 %, selon ceux d’Aon et de Morneau-Sobeco.
Cette dernière fait ressortir que de grandes divergences de pondération n’ont pas permis après six mois d’importants écarts de rendement: un portefeuille investi à 60% en actions aurait dégagé une plus-value de 6,5 % alors qu’un autre limité à 45% dans les véhicules plus risqués aurait rapporté 6,9 %.
L’explication vient du fait que le rendement des actions a été affreux au premier trimestre, mais très fort au deuxième.
Ce rendement ne tient pas c ompte de t oute i ncidence découlant de la gestion active des placements. Ainsi, plus un gestionnaire aura privilégié les actions canadiennes au deuxième t r i mestre et plus ses clients ont des chances d’avoir mieux performé. L’indice S & P/ TSX a dégagé un rendement de presque 20 %, supplantant son cousin américain qui a de plus souffert au Canada de la forte appréciation du huard face au billet vert.
Cette bonne performance reste encore loin de compenser les pertes de l’an dernier qui ont gravement miné la solvabilité des régimes. Pour les participants à un régime à cotisations déterminées ou à accumulation de capital, sur qui repose tout le risque lié à la performance des marchés, ils sont encore loin de s’être remis à flot.
Les rendements après six mois sont jusqu’ici suffisants pour assurer les coûts de services courants des régimes à prestations déterminés ( prestations aux retraités, frais d’administration et professionnels) selon Éric Dubé, d’Aon. « Un rendement d’environ 2% était nécessaire pour maintenir le niveau de solvabilité au même niveau qu’au 31 décembre 2008, toutes choses étant par ailleurs égales. »
Une qui ne l’est pas forcément, c’est le niveau des salaires. Toute hausse consentie en 2009 augmente le coût des engagements d’un régime. Cela accroît son passif et pèse sur sa solvabilité.
Voilà pourquoi Aon calcule que le niveau de solvabilité des quelque 400 régimes de son échantillon est passé de 76% à 79% du 31 décembre au 30 juin.
Plus de 9 régimes canadiens sur 10 (93 %) sont encore partiellement insolvables, malgré les cotisations supplémentaires que doivent verser les promoteurs pour les renflouer.
Mercer a mis au point un autre outi l pour mesurer la santé des régimes. Son ratio actifs-engagements ne tient pas compte des cotisations spéciales des promoteurs.
Sur la stricte base de l’évolution des rendements, qui font fluctuer l’actif, et des taux d’intérêt des obligations canadiennes à long terme, qui font varier le passif, la firme note une amélioration de quelque 10% de son ratio, depuis son creux de 60% enregistré au 31 décembre.
L’insolvabilité des régimes de retraite risque de perdurer, déplore Jean Bergeron, directeur principal chez Morneau Sobeco « à moins que les taux d’intérêt augmentent de façon marquée et que les rendements des actifs soient beaucoup plus élevés que les hypothèses de rendement utilisées pour évaluer les régimes de retraite ».
Voi l à p o u r q uoi O t t a wa , Québec et d’autres capitales provinciales ont adopté des mesures d’exception pour permettre aux promoteurs de régimes de traverser la conjoncture actuelle qui leur est des plus hostiles.
Les ministres des Finances fédéral et provinciaux ont aussi convenu de se réunir l’automne prochain, à la demande de l’Ontario, afin de trouver des solutions durables aux problèmes de solvabilité des régimes.



78e faillite bancaire
NEW YORK — Le régulateur bancaire américain FDIC a annoncé hier la fermeture d’une nouvelle banque régionale, portant à 78 le nombre d’établissements de dépôt ayant été saisis et fermés depuis le début de l’année aux États-Unis.
L’établissement ebank, établi à Atlanta, en Géorgie, a été fermé hier. Il s’agit du 17e établissement bancaire fermé depuis le début de l’année dans cet État, particulièrement touché par la récession.
Ebank détient 130 millions de dollars en dépôts et a 143 millions de dollars d’actifs sous gestion, ce qui en fait une faillite de taille relativement modeste en regard des importantes faillites bancaires survenues cette année. La plus lourde, Colonial Bank, annoncée la semaine dernière, représente 20 milliards US en dépôts.
La FDIC a passé un accord avec l a banque régionale Stea r ns Ba n k , é t a bl i e à St. Cloud dans le Minnesota, selon lequel cette dernière s’engage à reprendre immédiatement l’intégralité des dépôts d’ebank, a précisé le régulateur dans un communiqué.
La FDIC et Stearns Bank ont aussi accepté de partager les pertes associées aux actifs d’eBank, qui s’élèvent à 111 millions US.
En outre, le coût de cette faillite s’élève à 63 millions US pour le régulateur bancaire, selon les calculs de ce dernier.



Le nombre de faillites grimpe de 31%
EN BREF
Il y a eu 10364 faillites au mois de mai au Canada, soit 9,6% de moins qu’en avril, mais 30,9% de plus qu’en mai 2008, indiquent les données publiées hier par le Bureau du surintendant des faillites. Au total, 9900 consommateurs et 464 entreprises ont déclaré faillite en mai. Pour les consommateurs, il s’agit d’une baisse de 9,5% par rapport au mois précédent, mais d’une hausse de 34,4 % par rapport à mai 2008. Pour les entreprises, le nombre de faillites du mois de mai est de 12,3 % inférieur à celui du mois d’avril et de 16,2 % inférieur à celui de mai 2008.



Crédit
: Les Américains paient plus vite
NEW YORK — Pour la première fois depuis 10 ans, un plus grand nombre d’Américains ont compris qu’ils avaient intérêt à payer à temps les mensualités de leur carte de crédit; le taux de recouvrement s’est amélioré au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent.
Les défaillances sur les cartes de banques sont tombées à 1,1% entre juin et septembre, comparativement à 1,17% pour les trois précédents mois.
La diminution, de 6%, est significative non seulement en volume, mais par le moment où elle se produit. La période de la rentrée est généralement associée à des difficultés à rembourser, d’après Ezra Becker, de la société financière TransUnion. Après un recul de 11% entre le premier et le deuxième trimestre, la variation de 6% au troisième indique que les Américains pilotent mieux leurs dettes. Les sommes moyennes dues reculent de 5719 à 5612$ US. Une raison de cette prudence nouvelle: la peur de perdre son emploi, dans un pays où le chômage atteint un taux record de 10,2%.



CARTES DE CRÉDIT LES FACTURES IMPAYÉES S’EMPILENT - Philippe Mercure

Plus haute, toujours plus haute : la pile de factures impayées des Canadiens grossit à un rythme qui s’accélère sans cesse, révèlent de nouvelles données publiées hier par Equifax Canada.
La proportion de consommateurs pris à la gorge qui sont incapables d’acquitter leurs paiements de crédit a bondi de 24% entre juin 2008 et juin 2009, poursuivant une tendance lourde qui ne fait que s’aggraver.
Les statistiques dévoilées chaque mois par Equifax sont en effet sans cesse plus sombres les unes que les autres. En février dernier, par exemple, la firme avait détecté une augmentation des défauts de paiement 7,3 % par rapport à un an auparavant. L’augmentation était passée à 9% en mars pour atteindre un taux qu’Equifax avait alors jugé « alarmant ». Ce n’était pourtant qu’un prélude. L’augmentation a atteint 13% en avril, puis 19% en mai, pour culminer au chiffre de 24% dévoilé hier pour le mois de juin.
En date du 30 juin dernier, le taux de défaillance sur les paiements de crédit a donc atteint 1,56 % au pays, un sommet depuis au moins six mois (Equifax n’a pas été en mesure, hier, de dire à quand exactement il faut remonter pour le voir si haut).

Equifax ne documente pourtant que les cas de retards extrêmes. Les consommateurs qui paient leur solde quelques jours ou même quelques semaines en retard échappent à son radar, de même que ceux qui ne peuvent s’acquitter de la totalité de leurs factures, mais qui les allègent tout de même de quelques dollars. Seuls les comptes pour lesquels aucun paiement n’a été fait durant 90 jours ou plus sont comptabilisés.
« À partir de 90 jours, on juge que la situation est sévère, avait déjà commenté par le passé le vice-président d’Equifax Canada, Nadim Abdo. Sauter un paiement, ça peut pardonner. Mais après avoir manqué trois paiements, ou 90 jours, ça devient beaucoup plus problématique. Les chances de rétablir la situation sont beaucoup moins bonnes et le risque de défaut augmente grandement. »
La proportion de consommateurs pris à la gorge qui sont incapables d’acquitter leurs paiements de crédit a bondi de 24% entre juin 2008 et juin 2009, poursuivant une tendance lourde qui ne fait que s’aggraver.
Un porte-parole d’ Equifax Canada a indiqué hier qu’une grande partie des défauts de paiement provient des consommateurs qui profitent des offres des grands magasins du type « achetez maintenant, payez plus tard » et qui se retrouvent finalement incapables de payer leurs factures le moment venu.
Les cartes de crédit au solde i mpayé figurent au deuxième rang de la liste des coupables.
C’est dans l’Ouest canadien que les défauts de paiement augmentent le plus rapidement, avec des bonds de 32% en Alberta et de 30% en Colombie-Britannique en juin 2009 par rapport à juin 2008. Le Québec se situe légèrement sous la moyenne nationale avec une augmentation de 23,5%.
D’impor t a ntes di f férences existent aussi entre les villes. À 1,44 %, le taux de défaillance à Montréal est un peu sous la moyenne nationale, mais beaucoup plus élevé qu’à Québec – la championne canadienne du paiement de factures avec un taux de défaillance de seulement 0,83%. Mais c’est Toronto qui compte la plus grande proportion de délinquants avec un taux de 2,03%.
Les fournisseurs de services semblent avoir moins de difficulté à se faire payer malgré la crise. Gaz Métro affirme ne pas avoir de problème particulier à cotiser ses clients. « Nous observons une légère augmentation des activités de recouvrement chez nos clients individuels, mais ce n’est pas problématique », dit de son côté Flavie Côté, porte-parole d’Hydro-Québec, qui observe cependant un « certain impact » du côté des clients industriels à cause des entreprises qui font faillite.




Retards records pour les paiements de carte de crédit aux États-Unis
Les retards de remboursement des cartes de crédit ont atteint un montant record au premier trimestre 2009 aux États-Unis, a annoncé hier l’Association des banques américaines (ABA), l’expliquant par une vague record de suppressions d’emplois pendant cette période.
« Plus de 2 millions d’Américains ont perdu leur emploi pendant les trois premiers mois de l’année, ce qui porte à 6 millions le nombre d’emplois perdus depuis le début de la crise », en décembre 2007, a indiqué l’ABA.
Le nombre de retards de paiements sur les crédits à la consommation – cartes de crédit, crédits automobiles, crédits à la consommation – a globalement augmenté à 3,23% en données corrigées des variations saisonnières, contre 3,22% au trimestre précédent.
Le volume des impayés a également augmenté, passant de 3,16 % à 3,35 % en données non corrigées des variations saisonnières.
« L’explication principale des retards de paiement est la perte d’emploi », a estimé l’économiste en chef de l’ABA, James Chessen. « La situation ne s’améliorera pas tant que nous n’assisterons pas à une vraie reprise. »


Les employeurs sont prudents
Les prévisions d’emplois du site d’emploi canadien révèlent que les embauches se poursuivront à un rythme prudent au cours du troisième trimestre. Les employeurs procèdent à des changements afin de contenir les coûts pour protéger la santé de leur entreprise. Les sociétés au Canada embauchent avec prudence tout en suivant de près les mesures entreprises pour renforcer l’économie.
Bien que de nouveaux postes seront créés, les entreprises se concentreront davantage sur la mise à niveau des talents dont elles disposent actuellement tout en conservant le même nombre d’employés. Cela afin de traverser la crise économique et d’assurer leur position face à la concurrence.
Cinquante-t rois pour cent des employeurs i ndiquent qu’i l s ne prévoient aucun changement dans le nombre de leurs employés permanents à temps complet au cours du troisième trimestre.
Cette enquête, de Harris Interactive, a été réalisée entre le 22 mai et le 10 juin 2009 auprès de plus de 400 gestionnaires recruteurs et professionnels des ressources humaines d’entreprises du secteur privé.
Selon l’étude, 22% des employeurs ont augmenté leur nombre d’employés au deuxième trimestre 2009, alors que près de la majorité (46%) l’a laissé inchangé. Trois employeurs sur 10 (30%) ont réduit leurs effectifs au deuxième trimestre et 2 % étaient indécis.
Les prévisions d’embauches pour le troisième trimestre cadrent avec les six premiers mois de l’année, tandis que les réductions d’effectifs sont orientées à la baisse.
Un employeur sur ci nq ( 21 %) envisage d’augmenter son nombre d’employés permanents à t emps complet, un chiffre similaire aux résultats des premier et deuxième trimestres.
Dix-sept pour cent des employeurs prévoient de réduire leurs effectifs au troisième trimestre, en net recul par rapport au nombre ayant réduit ses effectifs au deuxième trimestre. La moitié (53 %) ne prévoient aucun changement dans le personnel, tandis que 9 % restent indécis.
Pour diminuer les coûts, 15 % des employeurs ont indiqué avoir dû procéder à des baisses de salaire pour les employés à temps complet au cours des six derniers mois.
Pour le troisième trimestre, quatre employeurs sur 10 pourraient envisager de mettre en place des incitations auprès de leurs employés actuels avec une augmentation prévue des salaires allant jusqu’à 3 %, tandis que 8 % prévoient de les augmenter de 4 % ou plus. Quatre employeurs sur 10 ne prévoient pas d’ajustement des salaires et 8 % envisagent des réductions de salaire, tandis que 4 % sont indécis.
Alors que les employeurs attendent des nouvelles positives au sujet des économies canadienne et mondiale, leur attention est tournée vers la santé financière de leur propre entreprise et la maîtrise des coûts.

Cinq tendances constatées au premier semestre
1. Des dates de démar r age repoussées – Un employeur sur 10 a publié cette année des offres d’emploi avec des dates de démarrage repoussées afin de s’assurer des qualifications tout en retardant les dépenses associées à l’embauche de nouvelles personnes.
2. Le chômage technique – 10 % des employeurs ont institué le chômage technique obligatoire pour leurs employés au cours des six derniers mois.
3. Un gel des embauches – 57 % des employeurs ont institué un gel des embauches au cours des six derniers mois, 23 % ont indiqué qu’ils allaient embaucher à partir de maintenant tandis que 34 % ont affirmé qu’ils maintenaient le gel des embauches.
4. Une révision des règles de maladie – Un employeur sur 10 a modifié ses règles concernant les périodes de maladie ou les périodes d’absence rémunérées, en offrant moins de jours, en n’autorisant pas la reconduction des jours ou en limitant le nombre de jours pouvant être reconduits.
5. Moins d’avantages – 39 % des employeurs ont réduit les avantages en 2009. Les principaux domaines touchés sont les bonus, les primes, les avantages bien-être, une couverture médicale et des remboursements scolaires réduits.


Même les morts en souffrent  -  Hugo Fontaine
La récession frappe fort aux États-Unis. Même les morts écopent.
Le nombre de corps non réclamés atteint des records dans plusieurs comtés américains, certaines familles ne pouvant tout simplement plus se permettre les coûts associés aux rites funèbres.
Le magazine Time a remarqué ce phénomène dans des villes comme Detroit, Los Angeles ou Las Vegas. Les comtés doivent donc supporter les frais de crémation ou d’inhumation.
Los Angeles et Las Vegas notent des hausses de 36% et 22% cette année. À Detroit, près de 70 corps sont prêts à être enterrés par l’administration publique. Dans près de 40 cas, la famille a renoncé à reprendre le corps en raison des coûts que cela représenterait.
Il n’existe rien de tel au Québec, selon ce qu’a constaté La Presse Affaires.
Martin Bolduc, propriétaire de Bleu ciel, un centre funéraire de Montréal qui s’occupe des corps non réclamés, remarque une forte croissance du nombre de cas qui lui sont envoyés (190 sur une période de 12 mois, selon son dernier compte). Mais il attribue le phénomène plus à des raisons sociales (il y a davantage de gens qui vivent isolément) qu’à des raisons économiques.
« Et huit fois sur 10, la police finit par retrouver de la famille ou des amis qui veulent s’occuper du corps », ajoute M. Bolduc.
L’État offre aussi, par le truchement de l’aide sociale ou du régime des rentes, une aide financière de 2500$ pour aider les gens dans le besoin à procéder à des rites funéraires minimaux. « Souvent, c’est ce qui va faire la différence entre le fait que les gens s’en occupent ou ne s’en occupent pas », dit M. Bolduc.
Tendance au magasinage
Selon la plupart des centres funéraires joints par La Presse Affaires, la récession n’a pas non plus poussé les Québécois à réduire les frais funéraires. En fait, c’est une tendance qui est en marche depuis au moins cinq ans.
 
« De façon systématique, les gens demandent combien ça coûte, ils vont magasiner le prix, dit Martin Bolduc. Ce sont des choses qu’on ne voyait pas avant. Le changement s’est amorcé il y a 10 ans mais s’accélère depuis cinq ans. » Selon M. Bolduc, l’endettement des consommateurs est plus à blâmer que la récession.
« Les gens ne sont plus à l’Église, ajoute M. Bolduc. Les rites de passage sont moins priorisés, ne font plus partie de la vie. »
Au Complexe f unérai re Fortin, qui se targue d’avoir été le premier à indiquer ses prix dans ses publicités, le président, Patrick Fortin, soutient que le prix est devenu un élément important dans le choix des clients. « Les gens prennent le temps de magasiner, ils font plus attention. »
Tout est moins automatique que par le passé dans ce secteur, alors que les gens allaient à la maison funéraire habituelle et faisaient des choix traditionnels.
Les gens privilégient la location d’un cercueil au lieu de l’achat et optent pour la crémation, note Pierre-Luc Landreville, t hanatologue à l a Résidence f unérai r e Omer Landrevi l l e & Fi l s , de Joliette, fondée par son grand-père.
« Quand quelqu’un sonnait à la porte, mon grand-père savait qu’il allait vendre un cercueil et une exposition, dit M. Landreville. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. »
« Les gens sont plus sensibles au prix et remettent en question leur choix habituel de maison funéraire », dit Mario Aylwin, directeur général de la Coopérative f unéraire de l a Rive-Sud de Montréal.
Celui-c i r emarque pa r ailleurs une faible diminution de ses revenus depuis six mois, sans doute en raison de la récession. « Les gens vont par exemple louer un cercueil un peu moins cher, mais ils ne vont pas changer de rituel. » La récession ne les convaincra pas de passer de l’inhumation à l’incinération.
Selon une enquête du magazine publiée en janvier dernier, les frais funéraires, de l’embaumement à la mise en terre, varient de 11 000 à 19 000 $, avec un cercueil en chêne massif.



Les millionnaires moins nombreux et moins riches en 2008
PARIS — La crise a fait chuter le nombre de millionnaires dans le monde en 2008 à 8,6 millions de personnes, soit un million et demi de moins qu’en 2007, selon une étude publiée hier.
Lesmillionnaires, qui étaient 10,1millions en 2007, ont vu leur fortune totale fondre: elle est désormais estimée à 32 800 milliards US pour 2008, soit 7900 milliards US de moins que l’année précédente, selon l’étude annuelle de la banque d’affaires Merrill Lynch et de la société-conseil Capgemini.
L’étude, qui ne prend en compte que la fortune hors résidence principale, distingue également la catégorie des « très fortunés », définis par un patrimoine de plus de 30 millions US. Cette catégorie comptait 78 000 personnes dans le monde, soit une chute de 25% par rapport à 2007, alors que le nombre de simples millionnaires ne s’est réduit que 15%.
« Ce déclin sans précédent efface les deux ans de croissance soutenue de 2006 et 2007, ramenant à la fois le nombre de millionnaires et leur patrimoine à un niveau inférieur à celui enregistré en 2005 », note Gilles Dard, président de l’activité gestion privée France et Europe continentale de Merrill Lynch.
Les auteurs de l’étude prévoient que le patrimoine des riches va recommencer à croître, enmoyenne de 8% par année d’ici à 2013 pour atteindre 48 500 milliards US, surtout en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique.
Le recul du nombre de millionnaires en 2008 a été visible dans toutes les régions du monde, mais il a été particulièrement marqué en Amérique du Nord (-19%), en Europe (14,4%) et en Asie-Pacifique (-14,2%).



Entente de principe avec quatre syndicats
Le quotidien La Presse a conclu une entente de principe avec quatre de ses syndicats, affiliés à la FTQ.
Il s’agit des syndicats représentant la publicité, la préparation, l’imprimerie interne et la chaufferie.
Tant la direction de La Presse que le Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB-FTQ) ont confirmé l’information hier après-midi.
Selon la direction de La Presse, l’entente de principe toucherait environ le tiers des syndiqués du journal.
La plus grande partie des syndiqués, affiliés à la CSN, n’ont toujours pas réglé avec l’employeur. Il s’agit des syndicats de la rédaction, du personnel de bureau, de l’informatique et de la distribution.
L’entente de principe avec les syndiqués de la FTQ est intervenue hier midi. Elle sera soumise aux syndiqués concernés aujourd’hui, a-t-on précisé au SEPB-FTQ.
Ni la direction de La Presse ni le SEPB-FTQ n’ont voulu en dévoiler le contenu avant que les syndiqués concernés en prennent connaissance.
La direction de La Presse a fait savoir, par voie de communiqué, que les négociations se poursuivaient avec les quatre autres syndicats affiliés à la CSN.
Plainte de la CSN
Par ailleurs, la CSN a déposé une plainte pour négociation de mauvaise foi et pour ingérence dans les affaires syndicales contre la direction de La Presse devant la Commission des relations du travail.
Dans un communiqué, la centrale syndicale explique que sa plainte vise à obtenir une ordonnance provisoire « empêchant la direction du quotidien montréalais de continuer à contourner les représentants des travailleurs en s’adressant directement aux syndiqués ».
La CSN cherche également à obtenir les états financiers de l’entreprise pour les cinq dernières années. Elle affirme que les documents transmis à ce jour par la direction sont « beaucoup trop partiels ».

NÉGOCIATIONS À LAPRESSE Des offres raisonnables et responsables  -   Guy Crevier

Certains médias ont fait état, au cours des derniers jours, des négociations entre La Presse et les syndicats de ses employés. Après 16 semaines de pourparlers, nous souhaitons informer nos lecteurs de l’évolution de la situation, compte tenu du danger réel qui pèse sur la survie du quotidien.

Rappelons que ces négociations visent à alléger la structure de coûts de La Presse, frappée comme les autres quotidiens du continent par une chute brutale de ses revenus publicitaires. Si une entente n’intervient pas d’ici le 1er décembre prochain, La Presse se verra dans l’obligation de suspendre sa publication. À cinq semaines de cette échéance, la direction a fait savoir aux représentants de ses employés qu’elle déposera cette semaine des offres globales et finales.
Confrontés à cette crise structurelle sans précédent, plusieurs quotidiens ont dû faire des mises à pied et imposer des diminutions de salaire. La Presse a fait des efforts considérables pour trouver des solutions qui minimisent l’impact des changements sur ses employés. Les offres que nous déposons cette semaine sont raisonnables et responsables.
Ces propositions privilégient une vision d’avenir en intégrant les activités de Cyberpresse et de La Presse. Ainsi, les journalistes de l’imprimé seront assurés de profiter, plutôt que de subir, la croissance de l’internet.
De plus, l’implantation de la semaine de travail de cinq jours se fera SANS MISES À PIED parmi ses employés réguliers. Soucieux de protéger le rythme de vie de nos employés, nous avons R E NONCÉ À DEMANDER UNE BAISSE DE SALAIRES. Nos employés profiteront également d’un programme de partage des bénéfices.
Voici les principaux éléments de nos offres:
• intégration des activités de Cyberpresse et de La Presse;
• passage de la semaine de quatre jours (32 heures) à un horaire de cinq jours (35 heures), SANS MISES À PIED; la proposition initiale de La Presse prévoyait 49 mises à pied;
• gel des salaires pour trois ans. La direction avait d’abord demandé une baisse des salaires de 6%;
• partage des bénéfices futurs à raison de 15%;
• bonification des primes de départ volontaire ( jusqu’à un an et demi);
• abolition de la fonction d’a i de-dist r i buteu r. Cette mesure ne résulte pas de l’implantation de la semaine de cinq jours. La Presse est le seul journal en Amérique du Nord à employer des aides-distributeurs. Les personnes qui devront quitter leur emploi recevront une prime de départ équivalant, dans la plupart des cas, à TROIS ANS DE SALAIRE, jusqu’à un maximum de 100 000$.
Tout au long de sa démarche, La Presse a gardé à l’esprit l’importance que ses employés attachent à leurs conditions de travail. Au fil des pourparlers, la direction a ramené de 13 millions à 10 millions les compressions exigées. Nous savons que ces changements représentent un sacrifice significatif pour nos employés. C’est pourquoi nous avons proposé des mesures supplémentaires de conciliation travail-famille.
Dans le contexte d’aujourd’hui, s’adapter n’est pas un choix, c’est une nécessité. En vertu de ces offres, nos employés continueront de bénéficier de conditions de travail comparables à celles que l’on trouve dans les autres grands quotidiens d’Amérique du Nord.
I l r este s eulement c i nq semaines pour sauver La Presse. Plus nous approchons de l’échéance, plus les risques sont élevés.
Les solutions existent. Mais nous n’y arriverons qu’avec l’appui et la contribution de ceux qui font de La Presse un élément essentiel de la démocratie québécoise.

Les syndicats de Canwest sur le qui-vive  -  Katia Gagnon
Les syndicats des médias de l’empire Asper, qui s’est mis hier sous la protection de la loi sur la faillite, sont sur le qui-vive. Mais l’annonce d’hier n’est pas nécessairement accueillie comme un désastre par les employés.
« On savait que ça s ’en venait , dit Paul Cormier, président du syndicat des employés de Global television à Montréal. Pour nous, c’est un peu comme le statu quo. On a passé à travers de très grosses coupes il y a un an. Je dirais que pour nous, cette annonce, c’est quatre à six mois de répit. Au terme de cette période, le plan de relance va pouvoir prendre effet. »
« Ce ne sont pas de bonnes nouvelles, mais ce n’est pas un désastre », poursuit M. Cormier. Les employés se sentent toujours sur la corde raide, mais sont rassurés par le fait que la direction a investi plusieurs millions dans les infrastructures de la station, il y a un an à peine.
À The Gazette, le seul quotidien anglophone de Montréal, on n’est pas non plus surpris par l’annonce d’hier. « Nous savions que Canwest était en grande difficulté, dit Irwin Block, vice président de la Guilde des journaux de Montréal. Depuis des mois, nous sommes inquiets. Mais il n’y a pas de panique chez les employés. »
Les j ournaux du groupe Canwest, sauf le National Post, sont exclus de la demande de protection, souligne M. Block. Ce qui n’exclut pas une éventuelle vente de ces actifs par la famille Asper. « Nous savons que notre journal fait du profit. Le journal est toujours en santé. Et ce qu’on sait, c’est qu’il y a des investisseurs qui voient encore de la valeur dans les journaux. Je vois très mal qu’une ville comme Montréal n’ait pas un quotidien anglophone. » Des rumeurs ont couru, la semaine dernière, sur la possibilité que le président du conseil d’administration de Canwest, Paul Godfrey, achète certains journaux. M. Godfrey a démenti la nouvelle publiée en ce sens dans le Globe and Mail.

A illeu rs au pays, le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier, qui représente plusieurs employés des journaux Canwest a dit espérer que les employés ne seront pas les victimes « d’erreurs financières désastreuses. » Peter Murdoch, le porte-parole du syndicat, estime qu’il serait « immoral » de faire des mises à pied massives ou de réduire les conditions de t ravai l , puisque les employés ont déjà « tout fait » pour maintenir l’entreprise en vie. « Des milliers de personnes ont perdu leur emploi et il n’y a pas eu d’augmentations salariales depuis des années », dit M. Murdoch.

Les négociations se poursuivront de façon intensive à La Presse
La direction et les syndicats de La Presse et de Cyberpresse ont convenu hier de poursuivre de façon intensive le processus de négociation.
Da n s u n com mu n iqué com mu n , les pa r ties ont annoncé que les pourparlers se dérouleront à huis clos, et qu’aucune déclaration publique ne sera faite.
Plus tôt hier, la Fédération nationa le des com mu n ications de la CSN, qui représente la majorité des employés de La Presse, avait souhaité que la menace de suspension de la publ ication du quotidien et de Cyberpresse cède le pas à la négociation.
La FNC exhortait la direction de La Presse, qui réclame u n règlement pou r le 1e décembre, à donner accès rapidement à la dema nde d’informations fina ncières des syndicats. Selon la présidente de la F édérat ion , Chantale Larouche, il s’agit d’une condition nécessaire à une évaluation « éclairée » de la situation.
M m L a rouche t rouva it déceva nt et contradictoire que, malgré l’urgence de la situation, La Presse fixa it à la mi-octobre le dépôt des i n for mat ion s f i na nc ières demandées par les syndicats depuis plus de deux mois.
La Fédération estime que les syndicats ont exprimé à maintes reprises leur volonté de contribuer au repositionnement du journal. Chantale Larouche ajoute que, si la sit uation l’ex ige, les sy ndiqués sauront prendre les décisions adéquates pou r assurer l’avenir du quotidien et de leurs emplois.
L a Fédération se dit consciente qu’un virage et une réorganisation s’imposent, précisant toutefois que cela ne peut pas se faire dans le seul intérêt de l’entreprise et de l’actionnariat.
L es mesu res récla mées pa r l’employeur comprennent notamment la mise à pied d’une centaine de travailleurs sur les quelque 700 que compte le journal, et une restructuration des horaires de travail.
Le président et éditeur du quotidien, Guy Crevier, a annoncé j eudi qu’à compter du 1e décembre prochain, La Presse « ne pou r ra tout simplement plus poursuivre ses activités sa ns cha ngements importants dans ses coûts ».
Com me la plupa r t de s quotidiens, La Presse a vu ses recettes publicitaires s’effondrer au cours des dernières années. La direction estime que le j ournal accumulera des pertes de plus de 100 millions en cinq ans si rien n’est fait pou r réduire les dépenses.
En juin dernier, le propriétaire de La Presse, Gesca, une filiale de Power Corporation, avait indiqué vouloir réduire de 2 6 m i l l ion s les coûts d’exploitation du journal. La moitié de cette somme devait provenir de concessions faites par les employés.
L a v ice -présidente au x communications chez Gesca, Caroline Jamet, a soutenu jeudi que la direction a déjà réalisé sa part des économies escomptées, notamment en abandonnant l’édition dominicale de La Presse et en réduisant la taille du quotidien.


G esca :
Trois mois pour s’entendre avec les employés de La Presse
L a d i rec tion de G esca a menacé, hier, les employés de La Presse de « suspendre » les activités du quotidien et du site internet Cyberpresse à compter du 1er décembre, si elle ne peut conclure une entente avec ses syndiqués au cours des trois prochains mois, en vue de réduire les coûts.
Les syndicats ont affirmé qu’ils n’étaient pas surpris, mais ont déploré les méthodes de l’entreprise.
Le groupe de presse Gesca avait déjà fait savoir, en juin, qu’il souhaitait réduire de 26 millions les coûts d’exploitation de La Presse, dont 13 millions devaient provenir de concessions faites par les employés.
La vice-présidente responsable des communications à La Presse et chez Gesca, Caroline Jamet, a indiqué en entrevue que la direction avait déjà réalisé sa part des économies escomptées, notamment en abandonnant le numéro dominical de La Presse, en réduisant la taille du quotidien pour économiser sur les coûts du papier journal, ainsi qu’en concluant des ententes avec des institutions financières pour obtenir du nouveau financement.
La porte-parole a précisé qu’il reste maintenant à négocier avec les syndicats pour réduire les coûts de main-d’oeuvre. Elle a précisé que l’élément clé de ces négociations porte sur l’abandon de la semaine de quatre jours de travail, un avantage dont jouissent présentement 69% des employés à plein temps du quotidien.
La direction souhaite ainsi faire passer la semaine de travail des syndiqués de 32 à 35 heures, réparties sur 5 jours. M me Jamet a précisé que cette mesure entraînerait la suppression d’u ne centaine d’emplois, sur un total de 700.
Selon la porte-parole, des départs à la retraite permettraient de réduire le nombre de mises à pied.
Mme Jamet a indiqué que le quotidien accumulera des pertes de plus 100 millions en 5 ans si rien n’est fait pour réduire les coûts à La Presse.
Elle a de plus indiqué que les mesures envisagées ne concernent pour l’instant que La Presse, mais que les autres quotidiens de Gesca ( Le Soleil, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Droit, Le Quotidien et La Voix de l’Est) avaient tous reçu le mandat de revoir leurs structures de coûts.
Elle a précisé qu’il appartenait aux éditeurs de chacun de ces quotidiens de relever les moyens de réduire les coûts.
Les syndicats déterminés à poursuivre les pourparlers
De leur côté, les huit syndicats de La Presse affirment être résolument déterminés à poursuivre les pourparlers, « jour et nuit » s’il le faut.
La présidente du Syndicat des travailleurs de l’information, Hélène De Guise, dit qu’elle n’est pas surprise de cette tactique de l’employeur. Toutefois, cette manière de procéder est jugée déplorable, selon elle.
Le président du Syndicat des typographes, Yvan Berthelot, estime quant à lui que le calendrier établi par l’entreprise est plus ou moins réaliste. Il accuse Gesca de ne pas avoir été prête à livrer ses données financières avant et ajoute que la période de vacances a aussi retardé l’avancement des négociations.
Un calendrier de négociation a été remis à la partie patronale. L’espoir d’en arriver à une entente négociée demeure un objectif commun.


S’ADAPTER POUR SURVIVRE - Guy Crevier
L’INDUSTRIE DESQUOTIDIENS À TRAVERS LE MONDE TRAVERSE UNE CRISE STRUCTURELLE ALIMENTÉE PAR L’IMPACT DE L’INTERNET ET ACCÉLÉRÉE PAR LA RÉCESSION. LA PRESSE N’Y ÉCHAPPE PAS. C’EST UN CONSTAT PARADOXAL, ALORS QU’IL N’Y A JAMAIS EU AUTANT DE GENS QUI CHOISIS

La Presse n’échappe pas à la crise de l’industrie
Au cours des dernières années, La Presse a réalisé des réformes qui lui ont permis de connaître de nombreux succès. Bien qu’historiquement rentable, La Presse a toujours eu des marges opérationnelles faibles en raison de sa structure de coûts qui ne corre
Ces années-ci , l’industrie des quotidiens est confrontée, à travers le monde, à une baisse des revenus publicitaires causée par l’impact de l’internet et la multiplication des réseaux de distribution. La récession que nous traversons a radicalement accéléré cette tendance, remettant aujourd’hui en question le modèle d’affaires des journaux.
Depuis les derniers mois, pas une semaine ne passe sans qu’un quotidien majeur n’annonce un processus de réduction de coûts importants. Parmi ceux-ci citons, chez nos voisins américains, le Boston Globe, le San Francisco Chronicle, le Chicago Tribune, le New York Times et le Los Angeles Times. Et, plus près de nous, le Globe and Mail, le Toronto Star et le National Post. Aujourd’hui, force est de constater que près d’un quotidien sur deux évoluant dans des grands marchés en Amérique du Nord est déficitaire.
À La Pr e s s e , nous avons entamé au cours des dernières années une transformation progressive et significative de l’entreprise. Malgré ces initiatives, le contexte industriel et économique actuel nous entraîne dans un déficit structurel.
Nos modèles f i na ncier s , qui ont fait l’objet d’analyses détaillées et attentives, laissent entrevoir des pertes d’exploitation cumulatives qui dépasseront les 100 millions au cours des cinq prochaines années, si aucune mesure n’est prise.
De plus, la santé financière de La Presse est fragilisée par un déficit de son régime de retraite, qui doit être assumé totalement par La Presse et qui atteint 113 millions à ce jour (voir texte sur le régime de retraite).
Pour faire face à la situation et assurer la pérennité de l’entreprise, nous n’avons pas d’autres options que de réduire nos coûts, accroître la productivité et augmenter le niveau de flexibilité de l’organisation du travail.
Nous souhaitons aborder cette démarche en collaboration avec nos partenaires syndicaux et nos employés, dans le respect d’une culture d’entreprise qui nous est propre, qui privilégie un dialogue et une négociation de bonne foi dans un climat de transparence.
Nos employés nous ont aidés à réussir notre virage internet par l’intégration de Cyberpresse. Leur contribution est au coeur de nos succès. C’est pourquoi notre proposition prévoit offrir aux employés une participation aux bénéfices éventuels.

Réduire nos coûts
La Presse est à mettre en place un certain nombre d’actions destinées à réaliser d’importantes économies. D’autres mesures suivront à court terme, dont l’arrêt de l’édition du dimanche qui sera publiée pour la dernière fois le 28 juin.
Les efforts requis pour atteindre l’équilibre d’exploitation seront partagés également entre les employés et l’entreprise. Concrètement, nous demandons aux employés syndiqués des concessions de 13 millions par année. Toutes les mesures adoptées s’appliqueront à l’ensemble du personnel y compris les cadres.
Nous avons la conviction que cette proposition est équilibrée et raisonnable. Après les mesures de réduction des dépenses, nos employés bénéficieront de conditions de travail comparables à celles que l’on retrouve dans les grands journaux au Canada.
Sans ces concessions, La Presse sera incapable de trouver une institution financière disposée à l’appuyer dans la recherche de son nouveau modèle d’affaires.
La Presse traverse une étape charnière de son histoire. Confiants dans l’avenir, nous abordons cette période dans un esprit de dialogue et d’ouverture afin que nos employés participent à un modèle d’avenir assurant le maintien d’un média de premier plan et des emplois de qualité.
Notre structure de coûts ne correspond plus au contexte d’aujourd’hui
L’impasse financière dans laquelle La Presse se retrouve a pour origine une structure de coûts qui ne correspond plus au contexte économique et publicitaire d’aujourd’hui. Alors que les revenus sont en baisse, notamment en raison de la récession, nos coût
Quelques exemples permettront d’illustrer le problème. Il ne s’agit pas de cibler nos employés ou des groupes particuliers parmi eux; nous savons que tous ont à coeur l’avenir de La Presse.
Or pour que celle-ci survive, sa structure de coûts doit être adaptée à la nouvelle réalité des médias. Les condit ions de travail à La Presse ont fait l’objet d’ententes conclues de bonne foi entre la direction et les syndicats. Des changements à ces conditions ont été apportés avec le temps. Cependant, l a s ituat ion ac t uel le nous impose de franchir une étape supplémentaire.
› À titre d’exemple, la semaine de t rava i l de 69 % de nos employés à temps plein est de quatre jours et de 32 heures par semaine, alors que dans l’ensemble du Québec, moins de 0,2 % des employés syndiqués bénéficient d’un tel avantage. Nos employés travaillent fort, ils travaillent bien. Mais un tel horaire génère des coûts trop élevés pour une entreprise dont le modèle d’affaires est menacé.
› Nos employés de la distribution travaillent quatre jours par semaine. La grande majorité des camionneurs à la distribution sont à l’oeuvre entre 4 et 5,5 heures par jour, sur quatre jours, pour un total de 16 à 22 heures par semaine. Leur rémunération correspond donc à un taux moyen de 72 $ l’heure, incluant les avantages sociaux. À titre comparatif, le salaire moyen des camionneurs de journaux en Amérique du Nord varie entre 15 $ et 20 $ l’heure.
› Nos employés bénéficient d’un régime de vacances et de congés généreux. 56% d’entre eux jouissent de l’équivalent de neuf semaines ou plus de vacances et congés divers par année.
› Pour la plupart des catégories d’emploi, la rémunération des employés de La Presse est de loin supérieure à ce que reçoivent celles et ceux qui occupent la même fonction dans d’autres entreprises au Québec. À titre d’exemple, un commis administratif à La Presse gagne 49% de plus l’heure qu’un commis dans une compagnie de même taille au Québec.
› Enfin, le régime de retraite de La Presse est parmi les meilleurs de l’industrie au pays.
Nous souhaitons parvenir à ces nécessaires ajustements de concert avec nos employés.
Apr è s l e s mes u r e s d e réduction de dépenses, nos employés bénéf ic ieront de condit ions de t ravai l comparables à celles que l ’on retrouve dans les grands journaux au Canada.

Un régime de retraite impossible à soutenir
En plus des difficultés occasionnées par la conjoncture mondiale, la santé financière de La Presse est fragilisée par la situation de son régime de retraite. Ainsi, bien que la caisse de retraite de La Presse présentait un surplus au début des années 2000, elle affiche aujourd’hui un déficit de 113 millions. Et ce, malgré des rendements qui la classent généralement dans le groupe des plus performants au Canada. Aujourd’hui, 94% des régimes de retraite sont en déficit au Canada, en raison de la chute des marchés et de la faiblesse des taux d’intérêt à long terme.
La Presse ne fait pas exception. Ainsi, le taux de solvabilité de son régime de retraite se situe à la médiane des régimes de retraite des entreprises canadiennes. Par ailleurs, le modèle du régime de retraite de La Presse devait coûter 8 cents pour chaque dollar de salaire versé, ce qui en faisait déjà un des plus généreux de l’industrie des communications au pays. Aujourd’hui, en raison du financement de son déficit, le régime de retraite des employés de La Presse coûte 23 cents par dollar versé en salaire. Une contribution impossible à soutenir pour toute entreprise.

Un remarquable travail d’équipe
La Presse s’est distinguée, au cours des dernières années, à tous les niveaux. Cette réussite est attribuable en très grande partie aux employés qui se sont engagés dans un effort collectif avec talent, créativité et professionnalisme, à faire progresser La Presse. Je tiens aujourd’hui à les remercier et à souligner leur remarquable travail, qui a mené à nos nombreux succès.
Les assises de La Presse reposent sur une culture forte qui valorise le respect et la contribution de tous et chacun. Et je suis fier d’affirmer que l’évolution de La Presse a été réalisée dans une dynamique de collaboration qui, à maintes reprises, a nécessité la participation étroite de nos syndicats. Les ententes sur le travail multimédia de la rédaction ou encore sur l’impartition de l’impression sont des exemples de cette culture d’entreprise qui s’appuie avant tout sur la recherche de règlements négociés de bonne foi.
Ces réussites ne nous mettent pas à l’abri de la crise structurelle que traverse l’industrie des journaux ni des effets de la récession sur les revenus publicitaires.
Nous avions un plan pour réformer notre modèle d’affaires, en plusieurs étapes, qui misait sur la transformation graduelle de l’entreprise. Malheureusement, l’ampleur et la brutalité de la crise nous obligent à prendre des mesures et à revoir immédiatement et en profondeur notre structure de coûts. Nous avons l’intention d’aborder ce défi avec les mêmes valeurs qui nous ont guidés ces dernières années.
La situation actuelle est difficile pour tous les employés de La Presse et amène son lot d’insécurité. Cependant, je suis convaincu que nous trouverons, avec nos employés, les solutions nécessaires pour assurer l’avenir de l’entreprise, et surtout, pour que La Presse continue de jouer son rôle de premier plan dans notre société.


Votre journal, un pilier de la démocratie  -  Guy Crevier
Malgréuntirageenhausse, malgréuncontenu plus richeetplus appréciéque jamais, malgré les nombreux prix prestigieux remportés par ses artisans, La Presse est frappée de plein fouet par les puissants courants qui grugent les fondations de la presse écrite dans le monde occidental.
Cette situation est extrêmement préoccupante. Ce n’est pas seulement une entreprise, un journal qui est menacé, c’est une institution vitale pour notre démocratie.
Il y a eu la radio. Puis la télévision. Et enfin l’internet. Chaque fois, on a annoncé la mort de la presse écrite. Elle est toujours là. Et chaque matin, dans toutes les villes du monde, ouvrir le journal est un des premiers gestes que font des centaines de millions de personnes.
Pourquoi les journaux ont-ils résisté à toutes les tempêtes ? Parce que malgré les atouts dont jouissent les autres médias, l’imprimé conserve des avantages uniques.
La démocratie, c’est le gouvernement par et pour les citoyens. Afin d’assumer pleinement leurs responsabilités – choisir leurs représentants, participer aux débats publics, militer pour les causes qui leur sont chères – les citoyens doivent disposer de l’information la plus complète possible. Cela signifie qu’ils doivent avoir accès à:
› Un portrait exhaustif de l’actualité locale, nationale et internationale. Aucun média généraliste n’est autant en mesure qu’un grand journal quotidien de fournir un tel portrait de manière crédible et objective. La Presse s’acquitte de cette tâche depuis 125 ans.
› Des enquêtes fouillées sur les zones d’ombre des gouvernements et des entreprises. Ce sont les journaux qui, la plupart du temps, débusquent les abus de toutes sortes. Beaucoup de médias font du journalisme d’enquête. Mais partout, la presse écrite est de loin le média qui consacre le plus de ressources à cette mission fondamentale. L’excellence du travail de La Presse dans ce domaine a été maintes fois reconnue.
› Un large éventail d’opinions documentées et solides, de sorte que les citoyens puissent eux-mêmes, en toute autonomie, se forger leur propre point de vue. C’est le propre des pages d’opinion des grands quotidiens, telles les pages Forum de La Presse. La Presse compte aussi plusieurs columnists et éditorialistes dont la réputation et l’impact social sont inégalés au Québec. On entend et voit beaucoup d’autres commentateurs chevronnés dans les médias électroniques. Mais l’opinion écrite conserve une force particulière. Les écrits restent.
L’importance des quotidiens imprimés en ce début de XXIe siècle est confirmée par le fait que les autres médias en tirent une bonne partie des informations qu’ils diffusent. Que seraient les émissions radiophoniques et télévisuelles du matin sans les journaux? À quoi s’abreuveraient les sites internet?
Pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu’encore en 2009, les grands quotidiens sont parmi les médias d’information qui consacrent le plus de ressources humaines et financières à la nouvelle, à l’enquête, à l’analyse et au commentaire. Malgré leur contribution révolutionnaire à la diffusion d’informations, rien n’indique que les médias diffusant uniquement sur Internet seront bientôt en mesure de déployer autant de moyens pour recueillir et pour analyser la nouvelle, et surtout pour aller au-delà de l’information officielle.
Ce n’est donc pas parce qu’ils sont moins pertinents que les quotidiens sont fragilisés, mais parce que leur modèle économique ne tient plus. Si nous ne trouvons pas les moyens d’empêcher le déclin des journaux, c’est la démocratie elle-même qui sera en péril.
C’est pourquoi la direction de La Presse est déterminée à assurer à ce grand quotidien des fondations solides qui lui permettront de continuer à jouer son rôle unique, irremplaçable dans la société québécoise.

Le Conseil a confiance - André Desmarais
La Presse est devenue au fil des ans un média d’information d’une qualité exceptionnelle. Les membres du Conseil d’administration de La Presse sont très fiers de cette réussite. Le Conseil est convaincu de la nécessité de maintenir des médias forts, car il sait que ceux-ci jouent un rôle fondamental dans nos démocraties. C’est pourquoi le Conseil a toujours respecté l’indépendance de la salle de rédaction. La Presse est une institution particulièrement importante dans la société québécoise. Grand quotidien national de langue française, elle permet notamment au Québec de se faire entendre à l’échelle du Canada. Cependant, le monde de l’information subit des transformations profondes qui forcent les journaux de toute la planète à changer leur modèle d’affaires. Non seulement doivent-ils traverser une période de ralentissement économique et d’incertitude sans précédent, ils doivent en même temps réussir leur transformation au numérique. Dans un tel contexte, les journaux sont appelés à revoir de fond en comble leur structure de coûts. La Presse n’y échappe évidemment pas. Au cours des dernières années, la direction et les employés de La Presse ont su relever plusieurs défis. Le Conseil d’administration a confiance que, face à la crise financière qui frappe aujourd’hui l’entreprise, ils sauront trouver les solutions qui permettront la survie de La Presse dans cette nouvelle réalité.



La Presse ne sera plus publiée le dimanche -  Agnès Gruda
Le déficit du quotidien pourrait atteindre 24 millions en 2009
« Le modèle d’affaires d’hier ne fonctionne plus, le modèle de demain n’est pas en place, et on se retrouve entre les deux au pire moment que l’on puisse imaginer. »
Confrontée à une situation financière difficile, La Presse cessera de publier le dimanche à compter du 5 juillet prochain.
Le président et éditeur de La Presse, Guy Crevier, a lancé un appel aux employés, leur demandant de revoir leurs conditions de travail à la baisse.
Le président et éditeur de La Presse, Guy Crevier, a annoncé cette décision aux employés du quotidien, rassemblés à huis clos hier après-midi au Palais des congrès à Montréal.
En plus de l’abandon de l’édition dominicale, publiée depuis 25 ans, d’autres mesures entreront en vigueur prochainement pour permettre au journal de réduire ses coûts de production. Ainsi, La Presse changera de format : dès le mois d’août, elle perdra un pouce de largeur. Auparavant, le journal a aussi annulé son stage de formation annuel pour jeunes journalistes.
Mais tous ces efforts ne suffiront pas à combler un déficit qui pourrait atteindre 24 millions en 2009. « Actuellement, nous brûlons 2 millions par mois », a dit Guy Crevier, soulignant que le déficit de la caisse de retraite, qui atteint 113 millions, s’ajoute à ce manque à gagner.
Il a donc lancé un appel aux employés, leur demandant de revoir leurs conditions de travail à la baisse. Ces concessions, qui pourraient toucher la durée de la semaine de travail, les vacances et même les salaires, devront permettre des économies annuelles de 13 millions.
Cet appel à des concessions vise autant les journalistes que les employés de bureau ou ceux de la distribution du journal. Plus des deux tiers des syndiqués de La Presse bénéficient de la semaine de quatre jours, a souligné Guy Crevier. Ce dernier a promis que les cadres seraient, eux aussi, mis à contribution.
« Notre préoccupation, c’est de sauver La Presse », a assuré Guy Crevier, qui a dit ne pas tenir ce discours « de gaieté de coeur ».
Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse, dont le contrat de travail est échu depuis le 31 décembre dernier, n’a pas apprécié que l’employeur identifie les mesures de compression possibles, ce qui « outrepasse les règles de la négociation », selon sa présidente Hélène De Guise.
Celle-ci n’a toutefois pas écarté la possibilité que les syndiqués contribuent à l’effort de redressement du journal. Mais pour cela, elle aimerait pouvoir consulter les états financiers du quotidien. « S’il faut mettre l’épaule à la roue, nous allons le faire, mais nous voulons d’abord vérifier les chiffres », a-t-elle dit.
Selon Guy Crevier, trois facteurs contribuent à la mauvaise situation financière de La Presse : la récession, le déficit du régime de retraite qui atteint 113 millions, et l’exode des annonceurs qui quittent la presse imprimée au profit de l’internet.
« La récession a été subite et brutale, la moitié des journaux américains sont aujourd’hui déficitaires », a-t-il dit. Il a rappelé que les pertes de revenus publicitaires touchent tous les journaux en Amérique du Nord, et que la publicité qui déserte l’imprimé ne se retrouve pas automatiquement sur les sites web des organes de presse.
Par exemple, aux États-Unis, les journaux ont perdu 14 milliards de revenus publicitaires entre 2000 et 2008. Leurs sites internet, eux, vendent pour 3 milliards de publicités. « Onze milliards se sont évaporés », a déploré Guy Crevier.
Le phénomène s’accélère, selon lui : « Depuis le début de 2009, on descend plus vite que ce qu’on avait prévu. » Cela sape tout le modèle d’affaires qui a permis aux journaux de subsister jusqu’à maintenant.
Guy Crevier se dit convaincu que « La Presse a toujours un avenir ». Il a d’ailleurs offert aux employés de participer, à raison de 15%, aux futurs bénéfices que le nouveau modèle d’affaires, débarrassé de la « lourde structure de coûts » du journal, pourrait engendrer une fois que le quotidien aura traversé cette période délicate.
Mais les changements qui affectent l’industrie tombent à un bien mauvais moment, selon Guy Crevier : « Le modèle d’affaires d’hier ne fonctionne plus, le modèle de demain n’est pas en place, et on se retrouve entre les deux au pire moment que l’on puisse imaginer. »
Le président et éditeur de La Presse entreprend dès cette semaine des rencontres avec les différents groupes d’employés du journal pour les convaincre de participer à l’effort de redressement. « Nous ne voulons pas nous battre contre nos employés », a-til assuré.
Les syndicats qui représentent l’ensemble des employés de La Presse doivent faire connaître une réaction commune aujourd’hui. Et le syndicat des journalistes du quotidien doit tenir une assemblée prochainement.




Léguer un « patrimoine en santé » aux générations suivantes  -  Bruno Bisson
Le responsable des Travaux publics de la Ville de Montréal, Sammy Forcillo, assure qu’il sympathise avec les automobilistes. Mais s’il n’en tient qu’à lui, les chantiers vont continuer de se multiplier chaque automne dans les rues de la ville afin de léguer aux générations suivantes un « patrimoine en santé ».
Selon M. Forcillo, l’entretien et le renouvellement des infrastructures est aujourd’hui largement considéré, dans la population, comme une priorité pour les administrations municipales.
Après avoir pris des années de retard dans l’entretien des routes, des ponts et des conduites d’eau et d’égouts, la Ville de Montréal i nve st i r a , ce t te a n né e , plu s de 6 0 0 millions da ns 359 cha ntiers d’infrastructures, dont près de la moitié (47 %) reste à faire, avant les premières neiges.
« Les gens comprennent qu’on a l’obligation de faire ces travaux, ditnients qui en résultent aujourd’hui en matière de congestion, de bruit et d’impatience.
Des chantiers par centaines
Au cours des prochains mois, Montréal compte réaliser ou terminer 168 chantiers de conduites d’eau il. La décision que nous avons prise d’investir 10 milliards en 20 ans dans les travaux d’infrastructures est une décision responsable, et il faut aller de l’avant », malgré les inconvéet d’égouts, de voirie, d’éclairage ou d’aménagement dans ses 19 arrondissements (la liste complète, par arrondissement, se trouve sur cyberpresse.ca).
Ces chantiers, et les entraves inévitables qu’ils entraînent, vont s’ajouter à des centaines d’autres plus petits – souvent très courts – réalisés dans chacun des arrondissements, sous la responsabilité des autorités locales. Dans la plupart des cas, il s’agit d’asphaltage de tronçons relativement courts, dont la réalisation est conditionnelle à la météo, et qui fait toujours l’objet d’un sprint de fin de saison, avant les premières chutes de neige.
« Je sais que les investissements que nous faisons commencent à porter leurs fruits», dit M. Forcillo. En trois ans, assure-t-il, les intervalles de la Ville ont permis de réduire de moitié le pourcentage des chaussées municipales considérées en «mauvais» ou en «très mauvais» état.


CASSE-TÊTES ROUTIERS À VOLONTÉ  -  Sara Champagne
Les beaux jours des routes du Québec sont chose du passé. Construit en majorité durant les années de l’Expo 67, le réseau autoroutier de la région métropolitaine a atteint sa durée de vie utile. Il n’y pas que le Complexe Turcot et le pont Honoré-Mercier
Soir de grande ouverture du 30e Festival de jazz. Stevie Wonder s’apprête à ouvrir le bal. Il pleut des cordes sur le centre-ville de Montréal. Les touristes affluent. Mais au lieu de défier la foule pour assister au spectacle, La Presse décide de tester le réseau d’autoroutes de la couronne nord, jusqu’à la 640, dans les Basses-Laurentides.

L’avenue Viger, à l’angle du boulevard Saint-Laurent, ressemble à un stationnement. Le viaduc enjambant l’autoroute Ville-Marie est bardé de cônes orange. La Presse tente de remonter vers la rue SaintAntoine Est pour emprunter une bretelle du tunnel, direction Ouest. L’entrée est barrée. Les panneaux clignotants pour l’indiquer n’ont pas été activés. Idem à l’autre sortie. On décide de remonter Viger, vers l’Ouest, jusqu’au boulevard René-Lévesque.
Sous la structure du Palais des congrès, des automobilistes sortent de leur voiture. Gros festival de klaxons. Plusieurs ne se gênent pas pour passer un coup de fil sur leur téléphone cellulaire. Ou pour faire un doigt d’honneur à l’automobiliste qui colle derrière. Ou à celui devant, qui n’avance pas.
Trente minutes plus tard, on parvient à la rue Notre-Dame. Mais pour découvrir que toutes les bretelles d’accès de la 720sont fermées en raison des travaux de nuit. La Presse s’engouffre dans les rues de l’arrondissement de Côte-des-Neiges– Notre-Damede-Grâce pour rejoindre Décarie. Des panneaux préviennent qu’il y a des travaux à l’échangeur Dorval. Mieux vaut éviter l’autoroute 13 nord.
Il reste l’autoroute 15. La circulation est fluide. Tout le long du trajet, il y a des cônes alignés sur l’accotement. La bretelle pour emprunter la 640 Ouest est fermée. Il faut slalomer dans une sortie obscure indiquant Saint-Eustache à gauche. Toutes les bretelles de l’échangeur sont en construction. Encore un bouchon de circulation. Il est maintenant 22h30. La Presse a quitté le centre-ville il y a 1h30, bien après l’heure de pointe. En tout, il aura fallu compter 1h45 à l’auteure de ces lignes pour atteindre Oka, soit au moins 1h de plus qu’à l’habitude.
Nombre record de chantiers
Ce genre d’aventure sur les autoroutes de la région de Montréal est monnaie courante cet été. Le nombre de chantiers routiers fracasse un record de tous les temps dans la région métropolitaine. Les automobilistes qui ont l’habitude d’avoir un « congé » de bouchons de circulation durant la période estivale doivent cette année affronter des heures de pointe aux allures de rentrée automnale. Et il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg, prévient le ministère des Transports, parce que les travaux continueront de s’intensifier au cours des prochains mois.
« C’est évident que, si on part du centre-ville et qu’on n’a pas planifié notre trajet, on va avoir des mauvaises surprises, indique Mario St-Pierre, de la direction des communications de Transports Québec. Et les chantiers diffèrent selon le temps qu’il fait et d’autres facteurs. »
Dans l’ensemble du Québec, les investissements pour retaper le réseau routier atteindront 3,7 milliards de dollars cette année et en 2010, soit presque l’équivalent du budget annuel de la Ville de Montréal. De cette somme, 471,2 millions sont consacrés à 73 chantiers montréalais, sans compter le pont Mercier. Laval compte 20 chantiers et la Montérégie, 288 pour l’Est et l’Ouest. Et 77 chantiers routiers sont actifs dans les Laurentides.
Évidemment, il n’y a pas de solution miracle pour circuler, à moins d’avoir son hélicoptère personnel. À Transports Québec, on indique « que les automobilistes pensent à tort qu’on peut offrir une voie de contournement ou des mesures de mitigat ion pour chaque chantier ».
« Il y a trop de mouvance dans la gestion des chantiers, explique Mario St-Pierre de Transports Québec. Une journée, on va travailler sur telle bretelle d’un chantier puis une autre journée, ce sera une autre bretelle. Et puis, s’il y a de la pluie, on ne peut pas rouler de l’asphalte. Et on n’a pas l’habitude de rediriger les automobilistes vers le réseau relevant de la Ville de Montréal. »

M. St-Pierre ne manque pas de faire remarquer que les travaux sont aussi nombreux en soirée, la nuit, et particulièrement le week-end, où l’achalandage est moindre. Mais prix de consolation : le boom de réfection permettra d’avoir 71% de chaussée en bon état d’ici 2011, estime le Ministère. Ce qui permettra ensuite de passer en mode entretien, précise-t-on.

LE CENTRE-VILLE SENS DESSUS DESSOUS
particulièrement chaotique sur le plan de la circulation automobile au centre-ville, en raison de la rentrée. es rues et les trottoirs du centre-ville de Montréal ne sont Sylvie Laflamme, responsable des mises en chantier à la Ville, pas épargnés par les chantiers. Mis à part les gigantesques ajoute que les chantiers dans les 19 arrondissements, au nombre travaux dans le Quartier des spectacles, au coût de 120 milde 289 cet été, atteignent des records. Au centre-ville, il n’y a pas lions, l’administration du maire Gérald Tremblay a donné de fermeture complète de rues jusqu’à maintenant, mais plusieurs l’aval, au printemps, à l’ouverture de 20 chantiers au coeur de voies sont retranchées: rues Sainte-Catherine, Saint-Urbain et de la Montréal. Montagne, avenues Viger et Docteur-Penfield, viaduc Saint-Laurent, etc.À ces travaux, il faut ajouter six chantiers dont le maître d’oeuvre est l’arrondissement de Ville-Marie. Sans oublier ceux des entre«En ce qui concerne le Quartier des spectacles, des responsables de prises privées comme Bell et Gaz Métro. Et les nombreux projets la Ville, des policiers, pompiers et ambulanciers font le point chaque de construction de promoteurs privés, notamment dans le Quartier semaine pour mesurer l’impact des travaux, précise Mme Laflamme. chinois. Selon les bouchons de circulation, la séquence des feux de circulation
En raison de la pluie, Sammy Forcillo, responsable des infrastrucest corrigée ou des policiers sont affectés à certaines intersections. » tures au comité exécutif de la Ville, admet que plusieurs chantiers La Ville de Montréal a donc un mot d’ordre pour les automobilisaccusent des retards. Tous ces chantiers risquent donc de s’étirer tes: les transports en commun. La marche. Et le vélo. « Les automobiau-delà de la fête du Travail, jusqu’à l’Action de grâce. Une période listes doivent modifier leurs habitudes », dit Mme Laflamme.
QUÉBEC 511
Afin de réduire la grogne des automobilistes et camionneurs, le ministère des Transports a récemment conçu un site internet à l’intention des usagers de la route. Le site permet non seulement de se faire un trajet « à la carte », mais offre aussi une vue des principales artères et chantiers à partir des caméras de Transports Québec. On peut aussi avoir accès aux travaux prévus en soirée, la nuit et le week-end. Pour ceux qui n’ont pas l’internet :




L’inflation plonge et refait surface
Cela peut paraître paradoxal, mais si le taux annuel d’inflation est plongé en territoire négatif en juin pour la première fois en 15 ans, c’est à cause du recul du prix de l’essence depuis juillet 2008. Et si l’indice des prix à la consommation ( I PC) a progressé au cours de cinq des six premiers mois de l’année, c’est aussi largement à cause du prix de l’essence !
En juin, le taux annuel d’inflation au Canada s’est établi à - 0,3 %, a indiqué hier Statistique Canada. Les prix ont reculé dans quatre provinces, stagné dans deux autres et augmenté encore dans quatre. Au Québec, le rythme annuel d’inflation a été de 0,2 %, en hausse d’un dixième.
Il s’agit d’une première plongée en territoire négatif depuis novembre 1994. Cette année-là Ottawa avait sabré dans sa taxe sur le tabac afin de diminuer la contrebande de cigarettes. Sinon, il faut remonter à 1955 pour observer une baisse du taux annuel d’inflation.
De mai à juin cependant, l’IPC a progressé de 0,3 % à l’échelle du pays et de 0,5 % dans sa société distincte. D’avril à juin, le taux d’inf lation canadien a même avancé de 1,1 % en rythme a nnualisé, signe i ndéniable qu’une baisse généralisée des prix n’est pas dans les cartes.
Et pour confondre les sceptiques les plus aguerris, l’indice de référence (IPCX) de la Banque du Canada voguait le mois dernier à 1,9 %, soit à un dixième près de la cible visée par les autorités monétaires, mais à trois dixièmes de plus que sa prévision d’avril.
« C’est la preuve irréfutable que le Canada ne traverse pas une période de déflation, même si l’inflation totale est passée sous zéro », résume Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
En juin dernier, le prix du litre d’essence ordinaire vendu en libre service s’est élevé en moyenne à 1,36 $ d’un océan à l’autre, selon l’agence fédérale. Le mois dernier, le prix moyen a été de 1,02 $, soit 24% de moins.
Les prix ont commencé à chuter en deuxième moitié de juillet jusqu’à leur creux de 76 cents le litre en décembre. Depuis, ils remontent. Ce jeu de bascule devrait garder le taux annuel d’inflation en territoire négatif durant quelques mois.
« La glissade de l’inflation dans le rouge est presque entièrement une histoire d’énergie, résume Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux. Sans elle, l’IPC progresse de 2,1 %. »
Au cours de la dernière année, les prix des biens ont reculé de 2,7% alors que ceux des services qui représentent les deux tiers de l’IPC progressaient de 2,0%. Les prix des aliments ont été en hausse de 5,5 %, tandis que ceux de l’énergie plongeaient de 19%. Hors énergie et aliments, le taux annuel d’inflation s’est élevé à 1,3 %, inchangé par rapport à mai.
Sur une base mensuelle, seuls les prix du logement et des vêtements et chaussures ont reculé. Le prix des transports, qui accuse encore un recul annuel de 7,7% a grimpé de 2,3%.
Même le prix des voitures a recommencé à monter. « C’est un signe que les concessionnaires se sentent moins désespérés à mesure qu’ils voient fondre leurs stocks », fait observer Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.
De fait, l’inflation est de retour, bien que son rythme ne soit pas alarmant. La faiblesse de l’économie canadienne va continuer d’exercer des pressions à la baisse sur les salaires tout en privant les détaillants de toute velléité d’augmenter les prix. En outre, si la force du huard face au billet vert devait persister, les prix des biens importés du sud ne devraient guère augmenter.
Il reste que l’IPCX et l’inflation des services s’activent. Depuis mars, le premier trotte à 2,5 % et la seconde caracole à 3,7% en chiffres annualisés, fait remarquer Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. « Le taux officiel réel (d’inflation) semble être très bas pour ces taux officiels de base. »





LA FIN DUMONDE (TEL QU’ON LE CONNAÎT) EST PROCHE  -  FRANÇOIS CARDINAL
JEFF RUBIN, EN PLUS D’ÊTRE L’UN DES ÉCONOMISTES LE PLUS EN VUE AU PAYS, EST UN REBELLE, COMME LE CONFIRME SA RÉCENTE DÉMISSIONDE LACIBC, APRÈS 20ANSDE SERVICE. LARAISON: LA PUBLICATION D’UN LIVRE SUR L’IMMINENCE DU PROCHAIN CHOC PÉTROLIER, QUE LA BANQUE R
Les vacances en Europe, les vins australiens, les fraises en hiver, vous devrez bientôt faire une croix sur ces petits plaisirs ainsi que sur vos longs trajets quotidiens en automobile, si l’on se fie à l’ancien économiste en chef de la CIBC, Jeff Rubin.
Celui qui avait prédit, contre vents et scepticisme, la hausse spectaculaire du prix du pétrole l’an dernier, prévoit cette fois que le baril s’échangera à plus de 200$ d’ici un peu plus d’un an. Si ce n’est plus tôt.
Résultat: le prix de l’essence dépassera les 2$ le litre, nos habitudes quotidiennes seront complètement bouleversées… et la mondialisation ne sera plus qu’histoire ancienne, conclut-il dans un livre coupde-poing publié ces jours-ci, Why Your World Is About to Get a Whole Lot Smaller.
« Aujourd’hui, en plein milieu de la pire crise des 60 dernières années, le baril s’échange à un peu plus de 60$... Pas besoin d’un diplôme en économie pour imaginer combien il coûtera quand la récession sera finie, quand les gens retrouveront un emploi, quand ils recommenceront à conduire… »
À combien, justement? À 100$ dans les 12 mois suivant une relance économique, puis à 200$ d’ici 2012, estime-t-il.
Certes, la prédiction peut faire sourciller, venant d’un homme reconnu pour sa flamboyance et ses opinions tranchées. Mais elle est partagée par d’autres experts qui croient comme lui que la crise financière, qui se traduit actuellement par une baisse des investissements pétroliers, prépare le terrain pour de « futures brusques hausses des prix », selon les mots du numéro deux du Fonds monétaire international ( FMI), John Lipsky.
Alors qu’ils dépassaient les 147$ en juillet dernier, qu’ils ont chuté à un peu plus de 32$ en décembre, les cours du pétrole dépassent aujourd’hui les 60$. « Il y a quatre ou cinq ans, observe Jeff Rubin, un tel prix aurait été considéré comme un record de tous les temps. Aujourd’hui, rien de plus normal… »
La fin du pétrole
Jeff Rubin est un disciple de la théorie du pic pétrolier (la production mondiale de pétrole atteindra son apogée puis amorcera un inévitable déclin) depuis un voyage en Irlande, en 2000. Il a alors discuté avec l’auteur de l’essai The Coming Oil Crisis, le géologue Colin Campbell, une rencontre qui ne l’a pas autant convaincu de l’épuisement du pétrole… que de l’épuisement du pétrole bon marché.
Or tout, souligne-t-il, de notre alimentation à notre lieu de résidence en passant par nos loisirs de tous les jours, est basé, précisément, sur le pétrole abordable.
« La raison pour laquelle l’économie mondiale a mis tous ses oeufs dans le même panier est simple, écrit-il dans son essai, il n’existe pas d’autre panier. »
D’où sa prédiction: l’économie s’apprête à vivre un choc historique, qui nous ramènera collectivement là où nous étions dans les années 60.
« Le monde sera de plus en plus petit, explique-t-il. Nous nous rapprocherons de nos communautés. Les identités régionales redeviendront importantes. Les industries du passé renaîtront de leurs cendres. L’économie de service sera remplacée par une économie de manufactures, de production. »
Le pétrole sera si cher, ajoute-t-il, que les cargos cesseront de faire l’aller-retour vers la Chine, les gens se rapprocheront de leur lieu de travail, ils quitteront les couronnes pour la ville, ils n’auront plus les moyens de traverser l’océan ni de consommer des poissons provenant de Norvège, etc.
« Aussi, au cours des 10 prochaines années, pas moins de 20% des voitures devraient disparaître des routes, préditil. Regardez l’autoroute Décarie et imaginez la disparition d’une auto sur cinq… La question se posera alors : y aura-t-il suffisamment d’autobus pour accueillir tous ces gens? »
Cela dit, Jeff Rubin ne croit pas que tout cela soit une mauvaise nouvelle en soi. Nos vies seront plus simples, mais aussi plus ancrées dans leur milieu, dans leur environnement. Elles ressembleront, en fait, à la vie des Européens, illustre-t-il, qui roulent depuis longtemps avec de petites voitures, résident dans d’étroits logements et se déplacent en train.
Ajoutons à cela les bénéfices qui accompagneront à son avis ce bouleversement, que ce soit le retour des usines et des manufactures au Canada, la renaissance de l’industrie de l’acier ou le renouveau agricole.
« En fait, les contrecoups, ce sont davantage les populations du Sud qui les vivront, en raison de la fin des exportations. Quand l’Occident se serre la ceinture, il étrangle habituellement les pays du tiers-monde », observe-t-il.

DITES AU REVOIR AU SHIRAZ AUSTRALIEN ET AU SAUMON DU PACIFIQUE - FRANÇOIS CARDINAL
FRANÇOIS CARDINAL QÀ
quand la fin du pétrole bon marché? R C’est déjà fini, même si personne ne le crie sur les toits. Autant les pétrolières aiment tenir des conférences de presse lors de la découverte de n’importe quel gisement, autant elles se gardent d’annoncer qu’un puits s’est complètement asséché. Or, chaque année, nous perdons l’équivalent de 4 millions de barils par jour en raison de l’épuisement de la ressource. Cela signifie qu’au cours des cinq prochaines années, il faudra trouver 20 millions de barils par jour, uniquement pour remplacer ce qui a disparu… QÇa
tombe bien, l’Alberta compte produire plus de quatre millions de barils dans un proche avenir… R Oui, mais on remplace ainsi du pétrole conventionnel et abordable du Moyen-Orient par du pétrole dont l’extraction est de plus en plus chère. Or ce qui est bon pour Fort McMurray ne l’est pas pour le reste du monde, car une production accrue en Alberta ne peut se faire que dans un monde où le prix du baril ne cesse d’augmenter. Bref, le pétrole de remplacement sera un pétrole que le commun des mortels ne pourra pas se payer… QComment
cela se traduira-t-il ? R Le baril s’échangera dans les trois chiffres dans les 12 mois suivant une relance économique. Il atteindra même les 200$ en 2012, si ce n’est plus tôt. Cela dit, que ce soit 200$ ou 120$, peu importe, c’est la fin du monde tel qu’on le connaît. QVous
prétendez que le monde sera de plus en plus petit… R Effectivement, car la hausse des prix du pétrole nous empêchera de partir en voyage comme nous le faisons actuellement. Les gens continueront à prendre des vacances, mais ils le feront à proximité de leur résidence. Les Montréalais visiteront le mont Tremblant plutôt que la vallée du Rhône, ils feront du vélo au Saguenay plutôt qu’en Bourgogne… Peut-être même que Jacques Parizeau déménagera son vignoble français dans les Cantons-de-l’Est ! QQuelles
autres conséquences suivront le choc pétrolier que vous prédisez ? R Deux choses surviendront. Le prix des maisons déclinera rapidement dans les couronnes, car les gens n’auront plus les moyens de faire la navette quotidienne entre leur demeure et leur lieu de travail. Le prix de la nourriture, lui, va grimper très rapidement, ce qui nous obligera à cultiver les aliments localement. Résultat: nous augmenterons la densité dans la ville et nous reconvertirons des zones résidentielles de banlieue en zones agricoles. QDans
un proche avenir ? R Vous serez surpris à quel point ces changements surviendront rapidement… QNous
modifierons nos habitudes alimentaires ? R Dans mon assiette, on retrouvera du poisson provenant du lac Ontario, non plus du saumon de l’Atlantique ou du Pacifique. Le vin proviendra de la péninsule du Niagara, car le coût d’importation du shiraz australien sera prohibitif. Les légumes auront poussé dans la région. QC’est
la fin des espressos et autres cappuccinos aux grains exotiques ? R Disons qu’à plus de 5$ le café latte, beaucoup de gens se tourneront vers Tim Hortons. Starbucks devra fermer bien des magasins. Les baristas, sans emploi, iront travailler dans des usines, des manufactures, sur des fermes, puisque nous produirons notre propre nourriture, nous fabriquerons nos propres téléviseurs, etc. Les emplois de la nouvelle économie n’auront rien à voir avec les emplois actuels. QCe
sera la fin de la mondialisation? R La mondialisation sera de l’histoire ancienne, car les échanges seront de moins en moins importants dans l’économie de demain. En revanche, les marchés domestiques prendront de l’importance. Et cela sera aussi vrai pour l’Amérique du Nord que pour la Chine… QAu
Canada, quelles seront conséquences ? R Le Québec et l’Ontario seront les grands vainqueurs de la hausse du prix du pétrole, car cela fera renaître l’industrie de l’acier ainsi que l’industrie manufacturière.
l es QÀ
quoi ressemblera la vie d’un citadin moyen, dans quelques années ? R Il travaillera dans une usine qui n’existait pas 10 ans plus tôt, car elle avait été délocalisée en Chine. Il ne sera pas un grand voyageur du monde. Il prendra ses vacances au Québec ou à proximité, au Vermont, en Ontario. Il aura une diète alimentaire ressemblant à celle de ses parents, 30 ans plus tôt. Il mangera des légumes cultivés au Québec. Il sera beaucoup plus conscient du monde qui l’entoure, du sort de l’environnement. Si son grillepain se brise, il le fera réparer, plutôt que de s’en acheter un nouveau. Tout cela, en raison de la hausse prochaine des prix.

Panne sèche -  ARIANE KROL
Le baril de brut à 225$? L’essence à 2,25$ le litre? Dès 2012, affirme l’économiste canadien Jeff Rubin. L’avenir nous dira s’il a vu juste. Quoi qu’il en soit, il est grand temps de commencer à réfléchir sur l’après-pétrole.
La thèse dupicpétrolier ( peak oil) n’est pas neuve. Et elle compte plus que sa part de sceptiques. Mais l’essai que vient de publier Jeff Rubin, Why Your World Is About to Get a Whole Lot Smaller, lui donne une visibilité nouvelle. D’autant que l’auteur, qui était jusqu’à tout récemment économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC, a mis toute sa crédibilité dans la balance.
Jeff Rubin n’annonce pas la fin du pétrole, mais la fin du pétrole à bon marché. Parce qu’il est convaincu qu’après avoir atteint un sommet (certains croient que c’est déjà fait), la production va se mettre à décroître rapidement. On aura beau argumenter sur la plausibilité de ce scénario, seuls les faits pourront trancher.
De toute façon, il n’est pas nécessaire d’adhérer à la thèse du pic pétrolier pour constater à quel point notre mode de vie est lié à cette énergie non renouvelable. Quelqu’un a-t-il oublié le choc du baril à 147$ l’été dernier? On ne l’a pas seulement ressenti à la pompe, mais à l’achat d’une foule d’autres produits et de services. À 147$, les consommateurs ne se contentent pas de se défouler sur les lignes ouvertes. Ils modifient leurs projets de voyage et se demandent comment aller travailler sans voiture.
La reprise va ramener les cours au-dessus de 100$ le baril, affirme l’économiste canadien. Que cette prévision nous plaise ou non, on peut difficilement la qualifier de farfelue. Il n’y a qu’à voir la remontée des dernières semaines, en pleine récession. Et il faut une solide dose de pensée magique pour croire que d’autres énergies et d’autres technologies sont prêtes à prendre la relève immédiatement, sans coût supplémentaire et en quantité suffisante. Certains individus peuvent se payer des solutions alternatives, comme des voitures électriques. Certaines régions disposent d’autres sources d’énergie. Mais le pétrole entre dans la production et le transport de tellement de biens, incluant les denrées agricoles, que son coût aura forcément un impact sur celui de nos achats. À partir d’un certain seuil, il faut s’attendre à voir des changements de comportements.
Ces changements ne seront sûrement pas aussi dramatiques que le décrit l’auteur, en tout cas pas à si court terme. Le rationnement qu’il dépeint est tel qu’on dirait un état de guerre perpétuel, bombardements en moins. À l’inverse. les parallèles qu’il trace avec l’Europe, où l’essence est déjà beaucoup plus chère qu’ici, nous semblent un peu trop optimistes.
L’Amérique du Nord est très mal préparée à affronter une flambée des prix du brut. Si un automobiliste sur cinq se tournait vers le transport en commun demain matin, nous aurions de sérieux problèmes. Les réseaux des grands centres sont saturés et ceux de l’extérieur, sous-développés. Le service interurbain ne vaut pas mieux. Et le transport n’est qu’un exemple. Pourtant, nous continuons à développer nos milieux de vie comme si le pétrole allait demeurer bon marché durant au moins 25 ou 30 ans. C’est loin d’être assuré. Qu’attendons-nous pour en tenir compte?





Une extension abusive du concept de dette - Louis Gill
L’auteur est économiste et professeur retraité de l’UQAM. Il réplique à la chronique de Claude Picher, intitulée « La dette, un épouvantail ? », qui a été publiée le 26 décembre.
Dans La Presse du 22 décembre, j’ai comparé la dette du gouvernement du Québec contractée sur les marchés ou « dette directe » (41% du PIB en 2009, 45% en 2010) à celle, beaucoup plus élevée, du gouvernement des États-Unis (60% du PIB en 2009, 70% en 2010). Dans l’édition du 26 décembre, Claude Picher estime qu’il est « téméraire » de se limiter à cette mesure de la dette et qu’il faut ajouter à la dette du gouvernement celles d’Hydro-Québec, des commissions scolaires, des municipalités, des hôpitaux et des universités, ainsi que les engagements de l’ État envers ses futurs retraités et la part du Québec dans la dette du gouvernement du Canada, ce qui porterait la dette du Québec à 108% du PIB en 2009.
Cette mesure de la dette que Claude Picher propose est une extension abusive du concept de dette (brute et nette) de l’ensemble des administrations publiques, utilisé par les organismes internationaux comme l’OCDE et le FMI pour comparer l’endettement des divers pays. Ce concept comprend les diverses composantes mentionnées par Claude Picher, mais exclut les sociétés d’État comme Hydro-Québec, ainsi que les engagements envers les régimes de retraite du secteur public, parce que certains pays les comptabilisent et d’autres pas.
Ainsi calculée de manière à comparer des comparables, la dette brute de l’ensemble des administrations publiques du Québec représente 70% du PIB en 2009 plutôt que les 108% calculés par Claude Picher. Ce chiffre est significativement inférieur à la moyenne des 30 pays membres de l’OCDE qui est établie par cet organisme ainsi que par le FMI à plus de 90% du PIB en 2009 et à plus de 100% pour 2010. Sous cet aspect comme sous celui de la dette directe, on vérifie donc que la situation du Québec n’a rien du caractère exorbitant que certains souhaitent lui attribuer.
Il est par ailleurs pour le moins étonnant de voir Claude Picher présenter les États des États-Unis, et particulièrement la Californie, c o mme é t a n t e n bi e n meilleure santé financière que le Québec alors qu’on sait très bien que cet État et plusieurs autres traversent en ce moment des crises financières sans précédent, qui les placent dans des situations de quasi-faillite et les acculent à un véritable saccage de leurs services publics.
Il est désolant de constater à quels glissements peut mener l’admiration béate d’un t andem d’« experts indépendants ».

Alerte à la dette - CLAUDE PICHER

D’une façon ou d’une autre, les libéraux de Jean Charest sont certains de se faire des ennemis. Réunis en conseil général en fin de semaine, les militants ont avancé toute une série de propositions pour renf louer les coffres de l’ État : rétablissement du péage sur les autoroutes, imposition de droits de scolarité au collégial, hausse des tarifs d’HydroQuébec, nouvelle taxe sur l’alcool et l’eau embouteillée. En oublie-je ?
Le budget déposé en mars par l’ex-ministre Monique Jérôme-Forget faisait état d’un déficit de 3,9 milliards. Les chiffres du premier trimestre, publiés la semaine dernière, font déjà ressortir un déficit de 3 milliards, uniquement pour ce trimestre. Il faut évidemment se garder de faire des projections téméraires à partir d’un seul trimestre. N’empêche : il saute aux yeux que l’objectif de 3,9 milliards ne sera pas atteint. Chez les spécialistes, on parle déjà de 5 à 6 milliards.
Ce trou dans les équilibres financiers du gouvernement aura des répercussions sur les exercices suivants. Déjà que Mme Jérôme-Forget prévoyait accumuler des déficits de 11,6 milliards jusqu’en 2013. Le nouveau ministre Raymond Bachand aura fort à faire pour éviter de défoncer ce chiffre.
Dans ces conditions, les 400 délégués au conseil général ont cherché à renflouer les coffres de l’État. Et voici qu’à la conclusion des t ravaux, dimanche, le premier ministre Jean Charest a mis un gros bémol sur tout cela. Avant de se lancer dans des hausses de taxes et de tarifs, a-t-il dit, le gouvernement devrait commencer par regarder comment il pourrait mieux contrôler les dépenses, se « serrer la ceinture » avant de vider les poches des citoyens.
Bien dit, mais cela cache un défi de taille. Si le gouvernement décide de hausser les tarifs et certaines taxes, il se met à dos les consommateurs et les contribuables. S’il veut réduire ses dépenses, il déclenche la colère des omnipuissants syndicats.
Pourtant, tôt ou tard, le gouvernement n’aura pas le choix: les finances publiques québécoises se détériorent gravement.
Le gros problème, c’est la dette.
Compte tenu de sa capacité de payer, le Québec est, de loin, la région la plus endettée au Canada.
La dette nette du gouvernement québécois représente 16 336$ pour chaque citoyen, y compris les bébés, contre 13 320 $ en moyenne dans les Maritimes, 11 552 $ en Ontario et 1667$ dans les provinces de l’Ouest. En outre, chaque citoyen québécois doit supporter sa part de la dette fédérale, soit 15 469$.
Ces chiffres fournissent une bonne indication du niveau d’endettement des administrations publiques, mais ne disent pas tout.
Ainsi, on vient de voir que la dette par habitant, au Québec, est beaucoup plus élevée qu’en Ontario. Or, les Ontariens, même en tenant compte des récents déboires de l’industrie automobile, sont plus riches que les Québécois. Donc, pour chaque Ontarien, le fardeau de la dette publique est beaucoup plus léger qu’il n’y paraît à première vue.
Pour mieux ref léter cette réalité, on exprime la dette en pourcentage du produit intérieur brut ( PIB), c’est-àdire de la taille de l’économie. Au fédéral, la dette publique nette atteint 515 milliards, ou 32% du PIB. Pour les autres régions, voici ce que cela donne: provinces de l’Ouest, dette de 17 milliards, ou 3%; Ontario, 149 milliards ou 25 %; provinces de l’Atlantique, 31 milliards ou 32 %; Québec, 127 milliards ou 42%.
Voici un autre point de vue, qui donne froid dans le dos: les Québécois, qui forment 23% de la population canadienne, comptent pour 40% de l’ensemble des dettes des administrations provinciales. Ce déséquilibre est tellement i mportant qu’il est grand temps de sonner l’alerte.
Certes, toutes proportions gardées, le déficit budgétaire du Québec sera moins élevé, cette année, que dans la plupart des autres provinces. Mince prix de consolation. Justement parce qu’il est déjà beaucoup plus lourdement endetté que les autres, le Québec doit tout faire pour éviter d’en rajouter.
Mais comment en est-on arrivé là ? C’est une vieille histoire. Déjà au début des années 90, juste avant que n’éclate la crise des finances publiques, le Québec était lourdement endetté. En 1991, la dette nette du gouvernement québécois s’élevait à 37,6 milliards, contre 38,4 milliards pour l’Ontario, pourtant bien plus riche et bien plus peuplé.
Par la suite, on s’est attaqué avec un succès mitigé au cancer du déficit, bien que les ministres des Finances n’aient souvent réussi à atteindre le déficit zéro qu’au prix d’acrobaties comptables, d’ailleurs dénoncées par les vérificateurs généraux.
En revanche, à part un remboursement symbolique effectué dans le temps par la ministre Pauline Marois, et l’initiative du ministre Michel Audet de c réer un Fonds des générations (lequel a été confié à la Caisse de dépôt, et donc frappé de plein fouet par la crise financière), on a toujours négligé de s’attaquer sérieusement à la dette. 
En ce sens, le Parti québécois et le Parti libéral peuvent difficilement s’accuser mutuellement pour le désastre. Ils en sont tous deux responsables.


Avoir la cote  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Il y a quelques jou rs, l’agence Standard & Poor’s a envoyé u n petit avertissement au gouvernement Charest en réduisant de positives à stables les perspectives rattachées à sa cote de crédit A+.
L’agence de notation compte sur le gouvernement québécois pour qu’il revienne rapidement à l’équilibre budgétaire et qu’il diminue le fardeau de sa dette. Sinon, une décote n’est pas à écarter.
La baisse des revenus rattachée à la récession fait évidemment mal au portefeuille de l’État. Et la possibilité que la croissance des transferts de péréquation soit réduite à compter de 2010-2011 ne ferait que plomber davantage ses finances. Avec ses 8,3 milliards reçus l’an dernier, le Québec a été de loin le plus grand bénéficiaire de toutes les provinces.
Une décote signifierait des coûts d’emprunt supplémentaires. Le Québec doit déjà affecter 10 % de son budget au paiement des intérêts sur la dette, autant d’argent qui n’est pas consacré aux services gouvernementaux.
Lors de sa mise à jour des finances québécoises prévue dans quelques semaines, le ministre Raymond Bachand devrait nous laisser savoir si le déficit anticipé de 3,9 milliards tient encore la route pour l’année 2009-2010. Au fédéral, on sait déjà que les prévisions sont passées de 34 à 56 milliards.
Devant la menace d’une décote, rappelons-nous les sacrifices majeurs que le gouvernement Bouchard avait dû imposer à la fin des années 90 afin de revenir au déficit zéro. À l’époque, la dette du Québec atteignait 47 % du produit intérieur brut. Or nous atteindrons ce seuil d’ici deux ans.
Penda nt les a n nées de vaches grasses qui ont précédé la récession , le gouvernement québécois aurait pu en profiter pour ramener le poids de la dette sous la barre des 40 % du PIB. Mais il a privilégié des mesures plus populaires, comme une baisse d’impôt.
L orsque la B a nque du Canada rouvrira la porte à une hausse du loyer de l’argent quelque part en 2010, la facture des intérêts, déjà à plus de 6 milliards par an, grimpera inévitablement et monopolisera une partie grandissante du budget de l’État québécois.
Le gouvernement Charest sera confronté à des choix déch i ra nts da ns les pro - chains mois. Ces décisions ne pourront être pelletées dans le futur indéfiniment. Si le Québec ne fait pas le ménage dans ses affaires, les agences de notation se chargeront de lui forcer la main.
On ne pourra compter sur une hausse significative des revenus fiscaux. La population active diminuera à partir de 2013 ; il sera conséquemment difficile d’augmenter les recettes en impôts. Relever la TVQ de 1 % de plus dès 2010 ne nuirait pas, mais il n’apportera que 1 milliard de plus dans les coffres du gouvernement.
Il vaudrait donc mieux planifier immédiatement les compressions nécessaires à tête reposée. Attendre une menace de décote pourrait mener à des actions draconiennes qui auraient des répercussions pendant des années. Qui ne se souvient pas des milliers d’emplois supprimés dans le réseau de la santé ?


Québec hausserait la TVQ dès janvier  -  Tommy Chouinard
Le gouvernement cherche à devancer Ottawa en cas de changement au pouvoir
QUÉBEC — Le gouvernement Charest craint qu’un changement de gouvernement à Ottawa ne réduise subitement sa marge de manoeuvre au point de vue fiscal.
Le premier ministre Jean Charest, que l’on voit ici avec son homologue de l’Île-du-Prince-Édouard, Robert Ghiz, a assisté hier à une réunion des gouverneurs des États de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres des provinces de l’est du Canada au Nouveau-Brunswick. Il a reconnu récemment que les coffres de l’État auraient besoin d’être renfloués. Le gouvernement pourrait hausser la TVQ dès janvier.
L’arrivée au pouvoir des libéraux de Michael Ignatieff risquerait d’ouvrir la voie à une augmentation de la taxe de vente sur les produits et services, réduisant l’espace que lorg ne Q uébec pou r augmenter sa propre taxe de vente.
C ’est le c a lc u l que fa it le m i n istre des F i na nces , Raymond Bachand en évoquant tout de suite la possibilité pour Québec de hausser de 1 % la TVQ dès janvier 2010 plutôt que d’attendre le début de 2011, comme le prévoyait le budget de Monique JérômeForget, le printemps dernier. Chaque augmentation de 1% de la TVQ fait entrer près de 1 milliard dans les coffres du gouvernement.
Le ministre Bachand, qui en privé, a présenté ces arguments à plusieurs personnes, insistait hier sur le fait qu’il n’y avait pas de décision quant à une hausse de la TVQ, dès janvier prochain.
Hier le même ministre qui avait évoqué ce scénario dans une entrevue, voulait temporiser. Il n’y aura pas de hausse de taxe tant que l’économie ne sera pas revenue en selle. « Tant que la reprise ne sera pas solide, enclenchée, il n’y aura pas de changement » a-til soutenu.
Même si l ’o p p o s i t i o n péquiste l’invitait à combler l’espace rendu vacant, le gouvernement Charest n’avait pas bougé quand, à Ottawa, Stephen Ha r per ava it fa it réduire de 2 % la taxe fédérale. En coulisse, on explique que les recettes fiscales du gouvernement sont « légèrement en bas des prévisions », qu’il n’y a pas matière à sonner le tocsin. En revanche, Québec n’a pas pesé assez sur le crayon quand il a fallu faire des provisions pour la réévaluation triennale du coût des régimes de retraite du secteur public, indique-t-on.
Hier en point de presse pour marquer la rentrée parlementaire, la chef péquiste Pauline Marois n’a pas voulu dire si elle était favorable à une hausse dès janvier prochain. C’est au gouvernement de prendre sa décision, expliquet-elle, soutenant que « le premier ministre Charest avait été d’une parfaite hypocrisie dans la campagne électorale », en attaquant le PQ qui prédisait des hausses de taxes.
Dans le dernier budget, le 1 % annoncé réglait 40 % du problème de déséquilibre des finances publiques. Le 60 % restant sera au centre d’un large débat public, qui abordera aussi les hausses de tarifs, a expliqué le ministre Bachand.
Ce dernier a fait pression pour qu’avance le projet de loi 40 par lequel Québec suspend l’application de la loi antidéficit.
Pour la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, la chef péquiste Mme Marois a attaqué la stratégie du gouvernement « qui veut avoir un chèque en blanc » pour creuser un déficit de 11 milliards en quatre ans.
L’a n dernier, le premier ministre Charest « tournait en ridicule » ses adversaires qui prédisaient que la crise économique le forcerait à hausser les ta xes et les tarifs. Il a tenu le même discours durant la campagne électorale, pour reconnaître récemment que les coffres de l’État auraient besoin d’être renfloués. « Il disait pas de problèmes dans les finances publiques, pas de déficit, pas de nouvelles taxes », a rappelé Mme Marois.
Pour Jean Cha rest, person ne ne pouva it prédi re l’impact de la crise financière, Desjardins a dû revoir ses prévisions à 12 reprises en 2009.

Québec envisage de hausser la TVQ et les tarifs
QUÉBEC — La TVQ et les tarifs gouvernementaux pourraient augmenter plus tôt que prévu, dès 2010 au lieu de 2011, selon ce qu’a appris La Presse Canadienne.
Déjà, on savait que le gouvernement Charest a l l a i t hausser la TVQ de 7,5 à 8,5%, à partir de janvier 2011, mais voilà qu’on examine la possibilité d’augmenter cette taxe à la consommation d’un autre point de pourcentage dès 2010.
Ce scénario ne se réalisera cependant que si, dans les prochains mois, l’économie commence à aller mieux, au point de laisser croire que la reprise est solide. « On manque d’argent », a résumé le ministre des Finances, Raymond Bachand, au cours d’un entretien récent à La Presse Canadienne.
« Alors sûrement qu’au budget (2010), il y aura une partie des choix qu’on fera comme gouvernement » pour renouer avec l’équilibre budgétaire, ajoute le ministre qui prépare déjà son premier budget, attendu en mars.
Québec serait donc tenté d’indexer les tarifs de certains services publics et de hausser la TVQ d’un autre point de pourcentage, dès lors.
Chaque hausse d’un point de pourcentage de la TVQ représente environ 1 milliard de revenus additionnels dans les coffres de l’État.
De la place
Le ministre Bachand s’appuie sur la chef péquiste, Pauline Marois, pour justifier son ouverture à l’idée d’augmenter la TVQ de deux pour cent en deux ans.
« Pauline Marois a dit qu’il y avait de la place » pour une telle hausse, soutient M. Bachand, en se demandant à voix haute: « Y a-t-il de la place? »
Le ministre répond par l’affirmative.
« Il y a un certain nombre d’endroits où i l y a de la place » pour des hausses, dont la TVQ et les tarifs d’hydroélectricité, répond le ministre quand on lui demande de nommer à quels « endroits » il fait allusion.
Il explique que son gouvernement a fait le choix de maintenir les services publics à leur niveau actuel, et que cette décision entraîne la recherche de nouvelles – et substantielles – sources de revenus, en puisant notamment au fond des poches des contribuables.
En 2007, la chef péquiste avait proposé au gouvernement d’occuper le champ fiscal laissé vacant par Ottawa, en déc r ét a nt une hausse de l a T VQ correspondant à la baisse de deux points de TPS, ce qui n’aurait pas entraîné d’impact pour les contribuables.
Ma i s l e gouvernement Charest avait refusé cette avenue, à l’époque, ridiculisant la position du PQ et clamant que la population n’était pas un « guichet automatique ».
En mars der nier, l ’ exmi n i s t r e de s F i n a n c e s , Monique Jérôme-Forget , avait donc surpris bien des gens e n a n nonça nt u ne hausse d’un point de la TVQ en 2011, une fois la reprise bien amorcée, de même que l’indexation au taux d’inflation de tous les tarifs gouvernementaux, à l’exclusion des garderies à 7 $ par jour.
Mais le milliard additionnel de dollars de la TVQ et les 60 millions de plus récoltés des tarifs indexés ne suffiront pas à faire sortir le Québec du rouge, et de cela, le ministre en est bien conscient.
Sa commande est grosse : trouver 4 milliards de revenus de plus pour respecter l’engagement de boucler le budget 2013-2014 sans un cent de déficit.
M. Bachand pressé
I l s e mble donc pressé de t r ouver de nouveau x « endroits » où piger de l’argent pour ramener le Québec tranquillement, mais sûrement, vers l’équilibre budgétaire.
« Plus vite on peut se le dire et arriver à un consensus sur ça, mieux c’est », tranche-t-il.
Québec mise donc sur la consultation menée au cours des prochains mois sur le f i nancement des services publics pour conclure avec la population rien de moins qu’u n « nouveau c ontrat social ».
M. Bachand plaide en faveur d’« un changement culturel global », et les Québécois, selon lui, seraient mûrs pour effectuer ce changement de cap, davantage axé sur le principe de l’utilisateur-payeur.
Cependant, le ministre Bachand s ’est appliqué à abaisser l es at t entes par rapport à cette consultation publique, annoncée en août par le premier ministre, Jean Charest.
Il ne faut donc pas prévoir assister prochainement à un grand sommet, comme celui organisé par Lucien Bouchard sur le déficit zéro, en 1996, ou à l’image du Forum des générations, présidé par le gouvernement actuel, en 2004.


INFRASTRUCTURES: QUI PAIERA LA NOTE?  -  Stéphane Paquet
À voir l’état de nos routes, à peu près personne ne doute de la nécessité de sortir l’asphalteuse du garage. Et si en plus ça permet de conserver des milliers d’emplois en temps de crise, tant mieux ! Sauf que, quand arrivera la facture de ces travaux, le nombre de Québécois sur le marché du travail commencera à décliner. Choc budgétaire en vue ?
Des travaux d’infrastructures, le gouvernement québécois en a prévu pour 41,8 milliards de dollars entre 2008 et 2013, plus environ 9 milliards d’Ottawa et des municipalités.
Québec financera ces travaux à long terme. Chaque année, il paiera des intérêts et remboursera une partie du capital emprunté. Ainsi, pour l’année en cours, la facture est de 288 millions… et grimpe rapidement à 1,4 milliard en 2012-2013, selon les estimations du ministère des Finances, la dernière année pour laquelle le Ministère a publié des prévisions.
Certains travaux d’infrastructures, comme les bâtiments, peuvent être amortis sur 50 ans. Le développement informatique, lui, doit être remboursé en 5 à 10 ans. Au 31 mars 2008, le taux d’intérêt moyen pondéré payé par Québec était de 5,2 %.
Moins de travailleurs dans l’avenir
L’économiste Marc Van Audenrode, de l’ Université de Sherbrooke, ne remet pas en question le bien-fondé de ces dépenses, mais est tout de même « très inquiet » de l’état des finances publiques. « Le problème, ce n’est pas qu’on dépense quand l’économie va mal. Le problème, c’est de ne pas avoir mieux géré qua nd l ’ é c o n o mie allait bien. »
Il a été un des premiers à faire le lien entre la précarité des finances québécoises et le « choc démographique » à venir : dans cinq ans, le nombre potentiel de travailleurs commencera à baisser au Québec. Moins de travailleurs signifie moins de croissance économique et, donc, moins de revenus pour l’État.
Il n’est pas le seul à s’en i nquiéter. Les économistes de la Banque TD et de Desjardins ont aussi documenté l e phénomène, de même que Luc Godbout, également de l ’ Université de Sherbrooke.
Pendant que des économistes s’inquiètent, la dette nette de la province aura continué à augmenter : de 129 milliards au 31 mars dernier, à 137 milliards le printemps prochain, à 145,6 milliards le suivant, soit 46,2 % du PIB québécois. Cette année seulement, alors que les taux d’intérêt sont à un creux historique, c’est plus de 6 milliards qui seront consacrés aux intérêts de la dette, ce qui représente plus de deux fois le budget du ministère des Transports.
Pour Marc Pinsonneault, économiste principal à la Ba nque Nationa l e , c e t t e situation est « très sérieuse ». D’autant plus, souligne-til, que le déficit actuel de Québec est « structurel ». « Le déficit augmente au fil des ans, même quand la reprise économique s’i nstallera » , dit-il.
Son collègue de la Banque L au r e nt i e n ne, Sébast i e n Lavoie, estime d’ailleurs que le déficit québécois sera plus élevé que les 3,9 milliards annoncés au printemps. « Ça pourrait tourner autour des 5 milliards », estime-t-il.
L a s e ma i n e de r n i è r e , l ’agence de not at ion Standard & Poor’s a aussi fait passer à « stables » ses perspectives pour la cote de crédit du Québec, contre le « positives » qu’elles se méritaient avant.
Au ministère des Finances, on maintient « pour l’instant » la somme du déficit prévu au printemps, nous a-t-on écrit, car on veut éviter « une révision précipitée ». La première mise à jour du ministre des Finances Raymond Bachand aura lieu le mois prochain.


Québec peinera à contenir son déficit  -  Rudy LeCours
Ma l g r é s e s pr é t e n t i o n s récentes, Québec aura bien du mal à limiter à 3,9 milliards le déficit budgétaire prévu pour l ’e xercice en cours. En fait, il pourrait se creuser d’au moins un demimilliard de plus parce que la récession aura été plus forte que ce à quoi le ministère des Finances s’attendait cet hiver.
Le scénario de recettes f iscales est fondé sur une décroissance de 1, 2 % de l’économie réelle, en 2009. Cette semaine, la Banque TD voyait plutôt un repli de 1,7 % t andis que Valeurs mobilières Banque Laurentienne estimait, hier, la contraction du PIB québécois à 1,9 %.
L’assiet te f i nancière est mesurée à l’aune du produit i ntérieur brut exprimé en dollars courants pour refléter l’inflation. Québec estimait l’hiver dernier le recul du PI B nominal à seulement 0,1 % alors que le taux d’inflation sera quasi nul durant l ’ exercice. L’a mpleur du recul du PIB réel ref létera donc fidèlement le manque à gagner du Trésor.
« Le déficit au Québec sera passablement plus élevé que les 3,9 milliards prévus dans le budget, prédit Sébastien Lavoie, économiste de l’institution montréalaise. On doit s’attendre à une baisse d’au moins 500 millions des revenus autonomes. »
Les bénéfices des entreprises seront moins élevés que prévu et, forcément, la part qui échouera dans le Trésor public.
Dans s on
Rappor t mensuel des opérations financières publié la semaine dernière, le ministère des Finances faisait état d’un excédent des dépenses sur les revenus de près de deux milliards pour avril et mai, les deux premiers mois de l’année budgétaire. Le rapport rappelle que cet écart rétrécit traditionnellement au cours des mois suivants ce qui amène la conclusion suivante : « Sur la base des résultats cumulatifs au 31 mai 2009, le déficit budgétaire de 3,9 milliards de dollars prévus en 20092010 est maintenu ».
Le lendemain, Moody’s r e c onduisa i t l a note de crédit du Québec Aa2 en s oul i gnant que « l e pla n budgétaire visant à rétablir l’équilibre à moyen terme soutient la perspective de notation stable ».
Hausse de la TVQ
« Je s uis d’accord avec Moody’s, mais cela i mplique que Québec devra faire d’autres annonces pour rétablir l’équilibre budgétaire en 2013-2014 », souligne M. Lavoie.
En 2011, il est prévu que Québec porte de 7,5 % à 8,5 % la taxe provinciale de vente. Des discussions sont en cours avec Ottawa pour l’harmoniser complètement avec la TPS fédérale, comme l’Ontario et la Colombie-Britannique vont le faire, ce qui leur donnera de généreuses ristournes d’introduction.
La volonté affichée par le ministère des Finances de s’en tenir à sa cible contraste avec ce qui est observé dans d’autres provinces. Mardi, la Colombie-Britannique faisait passer son déficit de 500 millions à 2,8 milliards et, partant, annonçait un plan t r iennal de compressions des dépenses pour rétablir l’équilibre.
La semaine dernière, l’Alberta creusait son déficit de 4,7 à 6,9 milliards.
Les deux provinces sont lourdement touchées par l’effondrement du prix du gaz naturel qui fait fondre leurs redevances.
Plus tôt cet été, l’Ontario portait le sien de 14 à 18,5 milliards, à cause des efforts consentis pour relancer son industrie automobile.
Toutes ces provinces ont été plus f r appées que le Québec par la récession.
Mais la société distincte n’a pas été épargnée. En juillet, elle a perdu 32 000 emplois selon Statistique Canada, le pire chiffre depuis 1992. Ce sont 32 000 personnes qui paieront moins d’impôt pendant plusieurs semaines.




Les Québécois devront faire des « sacrifices »  -  Stéphane Paquet
Le débat sur les f i nances publiques annoncé par le premier ministre Charest a beau être encore dans sa phase préparatoire, les économistes de la banque TD y vont de leurs réflexions : avec une population active qui croîtra à peine et une faible productivité, les Québécois devront payer davantage pour les services offerts par le gouvernement.
« Le concept que l’administration publique est capable de subventionner généreusement l’électricité, les frais des études supérieures et les services de garderie doit être remplacé par un autre qui viserait plutôt à diriger l’aide vers les ménages à faible revenu », écrivent les économistes Don Drummond et Pascal Gauthier, dans Le point sur l’économie québécoise, publié hier.
Ce document est en fait une mise à jour d’une étude publiée il y a deux ans. Depuis, notent les auteurs, le Québec a su faire preuve d’une « résilience relative » dans l’actuelle récession, même si les pertes d’emplois devraient se poursuivre jusqu’au début de 2010, souligne M. Drummond.
Selon eux, trois facteurs ont joué en faveur du Québec pendant ce ralentissement: le programme d’infrastructures qui était déjà en place au début de la récession; les prix des maisons qui ne se sont pas effondrés; et la diversification de l’économie. « Le Québec n’a pas les autos », précise l’économiste en chef de l’institution torontoise.
Des défis
Si les derniers mois ont été plus faciles ici que dans le reste du Canada, cela ne doit pas faire oublier, expliquent les auteurs, les défis importants qui attendent le Québec à moyen et long termes. Se basant sur les dernières prévisions démographiques, ils concluent que le plus grand nombre de naissances ne sera pas suffisant pour permettre au Québec de combler son désavantage par rapport au reste du Canada et aux États-Unis.
« Le vieillissement des babyboomers, l’augmentation de l’âge médian et la diminution des taux de participation dans les cohortes plus âgées au Québec, comparativement aux autres régions du pays, demeureront des vents contraires importants auxquels la province sera confrontée au cours des 25 prochaines années. »
La productivité des entreprises est un autre de ces « vents contraires » que doit affronter l’économie québécoise. « D’importants r i sques de baisse de la productivité persistent malgré le bilan pourtant lamentable de la dernière décennie à ce chapitre », écrivent-ils. Parmi ces risques: la remontée du dollar canadien et celle des prix de l’énergie.
Ces deux défis que représentent la démographie et la faible productivité étaient déjà présents lors de leur dernière étude du Québec, en 2007. Depuis, l’état des finances publ iques s ’est détérioré. « Certains sacrifices devront être faits », écrivent donc les économistes, afin de redonner un peu d’air aux finances publiques québécoises.
Ou, en d’autres termes, « la province ne dispose pas des outils nécessaires pour assainir de manière considérable son climat macroéconomique et devra d’abord démontrer qu’elle est en mesure de stabiliser son ratio de la dette au PIB ».
Celui-ci dépassera les 50% en 2013-2014. M. Drummond, qui a été fonctionnaire fédéral pendant la crise des finances publiques fédérales, refuse de parler de crise pour le Québec, « mais c ’est une situation grave », précise-t-il.




Équité entre générations  -  Simon Langlois
Revoyons les types de rentes plutôt que d’imposer une hausse des cotisations aux plus jeunes
L’auteur est professeur au département de sociologie de l’Université Laval. L’équilibre financier du Régime de rentes du Québec est menacé à long terme pour deux raisons. Les mauvais placements de la Caisse de dépôt et placements ont causé un important trou financier estimé à 9 milliards de dollars. La seconde raison tient à des causes structurelles. Les retraités vivent plus vieux que prévu da ns les modèles actua riels, les cotisants prennent leur retraite plus tôt (l’âge moyen est de 62 ans) et il y a moins de cotisants à cause de la dénatalité passée. Le manque à gagner dû à ces causes est estimé à environ 2 milliards.
Il faut collectivement revoir la représentation de la « liberté 55 » dans notre société où l’espérance de vie dépasse maintenant les 80 ans.
Deux avenues s’offrent pour rétablir l’équilibre financier : hausser les taux de cotisations – ce qui entraînera l’accentuation des iniquités entre générations – ou encore revoir les types de rentes afin de les ajuster aux nouvelles réalités sociales, 43 ans après la mise en place du Régime.
La Régie des rentes propose deux grands scénarios. D’un côté, elle estime qu’il faudrait augmenter les cotisations de 9,9 % à 12 % environ pour rétablir l’équilibre financier à long terme sans modifier les types de rentes actuellement en vigueur.
L’autre solution est un compromis ; elle consiste en une hausse moindre du taux de cotisation (+ 0,5 % étalée sur cinq ans) et une série de changements aux dispositions du Régime à long terme, sans remettre en cause les acquis des retraités actuels.
Le premier scénario pénaliserait injustement les j eunes générations de cotisants. L’analyse que nous avons présentée en com m ission parlementaire montre avec évidence que les hausses rapides des taux de cotisations au Régime de rentes du Québec entre 1987 et 2002 ont eu un important effet générationnel. Les jeunes générations de travailleurs ont cotisé et cotiseront une part de leurs revenus beaucoup plus élevée que les autres générations, alors que leurs revenus réels n’ont pas augmenté aussi rapidement. Toute hausse des cotisations – même modérée comme celle proposée dans le scénario 2 – accentuera encore l’effet de génération, augmentera l’effort demandé aux plus jeunes.
Il faut plutôt revoir les types de rentes et les dispositions prévues par le régime, à commencer par la rente d’invalidité entre 60 et 65 ans, actuellement calculée selon des critères généreux, ou encore la rente de conjoint survivant, puisque la situation des femmes vivant en couple est maintenant très différente de celle de leurs grand-mères en 1966. Il y va de l’équité entre générations de femmes (et d’hommes, bien sûr !). Transformer la rente viagère de conjoint survivant en rente temporaire de 10 ans est un bel exemple de mesure raisonnable et dont la transition est bien planifiée dans la proposition soumise par la Régie des rentes.
Mais il faut fa i re d ava nt a ge . D’autres avenues s’imposent et les analyses de la Régie des rentes sont explicites : le régime public doit engranger plus de cotisations (et non seulement hausser les taux). L’une des causes de la crise anticipée du Régime de rentes tient au fait que les Québécois trava illent moins longtemps, donc cotisent moins au régime, et qu’il y a moins de travailleurs cotisants que prévu, ce qui affecte le ratio retraités/cotisants. Il faut donc agir dans cette direction et favoriser une hausse de la participation au marché du travail.
On sait par des enquêtes que bon nombre de travailleurs à l’approche de l’âge de la retraite désirent garder un emploi, mais à des conditions différentes, moins stressantes. Le grand défi des prochaines années sera donc de concilier le travail et le loisir en fin de vie active, comme on a réussi à favoriser la conciliation travail-famille par des politiques novatrices qui correspondent aux besoins des jeunes couples avec enfants et qui font l’envie d’autres sociétés.
Il faut collectivement revoir la représentation de la « liberté 55 » dans notre société où l’espérance de vie dépasse maintenant les 80 ans. Si on travaille moins longtemps, ce sont les jeunes qui paieront la note, les chiffres le montrent. Il ne s’agit pas de forcer qui que ce soit à travailler plus longtemps s’il ne le désire pas. Il s’agit plutôt de lever les obstacles qui empêchent ceux qui le veulent de rester en emploi, selon des horaires souples à aménager par exemple.
Diverses mesu res doivent être mises à l’essai, à commencer par la levée de rigidités dans les conventions collectives et les lois du travail, sans oublier la bonification des rentes versées à ceux qui cotiseront davantage. Plusieurs mesures ont été identifiées par la Régie et on doit aller de l’avant en ce sens.
La Régie est cependant timide dans l’énoncé des mesures à prendre. Par exemple, pourquoi ne pas hausser l’âge de la pré-retraite de 60 à 62 ans, suivant en cela l’exemple du Da nema rk ? On pou rrait aussi mettre en place des mesures fiscales comme il en existe pour les familles avec enfant ou pour le retour en emploi des bénéficiaires de l’aide de dernier recours.
Si on ne change rien, les jeunes paieront davantage et ce sont eux qui écoperont lorsque le temps de leur propre retraite sera venu.
Le Régime de rentes du Québec est basé depu is sa c réation su r le pr i nc ipe de la sol ida r ité . L e temps est venu de considérer un autre principe fondateur qui doit aussi l’orienter : l’équité entre les générations.


Gignac veut faire travailler les 55 ans et plus  -  Stéphane Paquet
Clément Gignac n’a pas troqué sa verve contre une langue de bois. Dans sa première grande entrevue, le nouveau ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation avance deux idées importantes : d’abord, faire travailler davantage le
« Dans le groupe des 55 ans et plus ou des 60 ans et plus, le taux de participation est systématiquement plus faible (au Québec) que dans le reste du Canada. »
Clément Gignac. ancien économiste en chef de la Banque Nationale, a été nommé ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation à la fin du mois de juin.
Pour sa première entrevue de fond à titre de ministre, Clément Gignac avait fait préparer des statistiques. Un des tableaux est tout petit, mais, selon lui, il pourrait avoir un impact important sur l’économie du Québec dans les prochaines années. Son thème : le taux d’activité des 55 ans et plus.
Ce qu’on y lit ? Que moins de 30 % des Québécois de 55 ans et plus ont un emploi ou en cherchent un. Bref, ils ne sont pas actifs sur le marché du travail. En 1998, ils l’étaient encore moins, à 22 %. L’écart entre le Québec et le Canada s’est toutefois creusé au cours des 10 dernières années, passant de 2,6 points de pourcentage à 4,5. Historiquement, ce sont les femmes qui sont moins actives sur le marché du travail. Il faut noter aussi que cette donnée inclut des gens beaucoup plus âgés que 55 ou 60 ans, qui n’ont plus l’envie ou la force de retourner travailler.
« Je pense non seulement au plan humain, à la valorisation des gens de 55 ans et plus ou 60 et plus, mais aussi à l’apport économique de ces personnes. Ils ont de l’expertise, ces gens-là, notamment pour la formation des plus jeunes. » Conscient que son idée risque de faire sourciller ceux qui rêvaient à la liberté 55, il précise : « On ne forcera pas personne. »
L’a ncien économiste en chef de la Banque nationale, nommé ministre à la fin juin, reste flou sur la façon de procéder. Les idées, qu’il débat avec le ministre des Finances, Raymond Bachand, et la ministre responsable des aînés, Marguerite Blais, sont encore « embryonnaires », dit-il, mais « il y a quelque chose à réfléchir de ce côté-là qui serait un élément pour éviter cette décélération du PIB potentiel ».
Le PIB potentiel… C’est un peu technique, mais disons que c’est la croissance possible de l’économie du Québec, dans une situation de pleine utilisation des ressources. Les économistes s’entendent sur le constat : ce PIB potentiel sera en forte baisse dans les prochaines décennies au Québec. Donc, la croissance sera moins grande, même si l’économie tourne à plein régime et cela, parce qu’il y aura moins de travailleurs disponibles.
Dans une récente étude, les économistes de Desjardins ont même calculé qu’à partir de 2014, soit dans cinq ans, le nombre de personnes en âge de travailler au Québec commencera à baisser. Ce qui aura une incidence sur la croissance économique… et les finances publiques québécoises.
Le ministre Gignac en est conscient. « Il faut travailler sur la création de richesse, une création de richesse plus rapide, et là, la marge de manoeuvre au niveau fiscal, au niveau du maintien de la qualité des programmes sociaux, va s’établir davantage. »
Dans l’espoir d’augmenter cette possibilité de croissance de l’économie, le gouvernement a notamment haussé les seuils d’immigration et signé des ententes de mobilité de la main-d’oeuvre. M. Gignac annoncera aussi cet automne une nouvelle politique de l’innovation, en espérant que ça aura un impact sur la productivité des Québécois, que l’économie pourra produire davantage, avec moins de personnel.
« Sur le plan de la création de richesse, il faut retourner toutes les pierres, dit-il.
– Et une plus grande place des 55 ans et plus sur le marché du travail, est-ce une grosse pierre à retourner ?
– Je crois que c’est une pierre importante à considérer. »


Les nouveaux bébés ne résorberont pas l’impasse financière du Québec  -  Francis Vailles
Le mini baby-boom que vit le Québec comporte une bonne et une mauvaise nouvelle pour les finances publiques. La bonne, c’est qu’il réduira un peu la pression sur les déficits à long terme. La mauvaise, c’est qu’il faudra traverser une longue période difficile avant d’y arriver.
Voilà ce que conclut une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’ Université de Sherbrooke. Réalisée par cinq chercheurs, dont le fiscaliste Luc Godbout, l’étude met à jour une recherche publiée en 2007 sur l’impact du vieillissement de la population sur les finances du Québec.
La recherche avait fait l’objet du livre Oser choisir maintenant, qui concluait que le Québec se dirigeait vers l’impasse financière d’ici 2051 en raison du vieillissement de la population. L’étude se basait sur les données démographiques de 2003 de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
L’ISQ a dernièrement produit de nouvelles projections démographiques à la lumière du mini baby-boom. L’indice de fécondité est en effet passé de 1,5 enfant par femme dans le scénario de 2003 à 1,65 dans celui de 2009. Essentiellement, conclut l’ISQ, l’augmentation de l’indice de fécondité et de l’immigration fera en sorte que la population du Québec ne décroîtra plus, mais atteindra jusqu’à 9,2 millions de personnes en 2056, comparativement à 7,8 millions dans le scénario de référence de 2003.
À partir de ces données, la Chaire en fiscalité a refait ses propres projections de déficits dans les années à venir. Conclusion : la vague de personnes vieillissantes est trop forte pour renverser la tendance d’ici le milieu du siècle. Autrement dit, les finances publiques du Québec continueront d’être sous forte pression, malgré les nombreux nouveaux bébés qui naissent.
Ainsi, en 2031, le déficit annuel équivaudra à 2,7 % du PIB, soit un niveau identique au scénario précédent. À titre de comparaison, le déficit que prévoit le Québec cette année à cause de la récession, soit 3,9 milliards de dollars, équivaut à 1,3 % du PIB.
Cette constance relative des déficits s’explique par les efforts financiers que devra faire le gouvernement pour l’éducation des nouveaux rejetons. En fait, à court terme, soit en 2021, le déficit annuel du Québec pourrait même être plus élevé que dans le scénario précédent, soit 1,3 % du PIB comparativement à 0,9 %. L’étude présuppose une croissance annuelle du PIB de 1,4 à 1,8 %, en moyenne.
C’est à long terme que les nouveaux poupons seront bénéfiques pour les finances du Québec, mais encore, le vieillissement et ses effets sur les dépenses de santé étant inexorables, le déficit continuera de croître.
Ainsi, la Chaire prévoit un déficit annuel équivalant à 4 % du PIB en 2051, contre 4,5 % pour le scénario pré mini baby-boom. Bref, la situation demeure sombre à long terme, même si la teinte est moins foncée.
En plus de l’explosion des dépenses de santé, le phénomène s’explique par la diminution relative de la population en âge de travailler et donc de rapporter des impôts.
Le ratio de dépendance traduit bien cette situation. Il s’agit du nombre total d’enfants de 19 ans et moins et d’aînés de 65 et plus en pourcentage du nombre d’adultes de 20 à 64 ans. Ce ratio était de 59,2 % cette année. Il passera à 84% en 2031 et à 89% en 2051, peu importe qu’il y ait eu ou non de mini baby-boom, selon la Chaire.
Une caisse démographique
Pour éviter l’impasse, disent les auteurs, il faut dès maintenant augmenter les impôts, taxes ou tarifs annuels et verser ces nouvelles recettes dans une sorte de caisse démographique. Les fruits de cette caisse seraient ultérieurement décaissés au profit des générations futures. « La meilleure façon de protéger nos services publics, ce n’est pas de jouer à l’autruche, mais de faire l’écureuil », dit le professeur Luc Godbout.
Avis aux sceptiques : les chercheurs sont optimistes quant aux hypothèses économiques, comme le taux d’emploi, la productivité et le contrôle des dépenses publiques. Pour ceux qui, en désaccord avec les hypothèses, voudraient refaire l’exercice, la Chaire a créé un simulateur accessible sur le site http://pages.usherbrooke.ca/lgodbout/. Bonnes simulations !


Déclin de la population active au Québec Il faut agir vite, disent des économistes
À défaut d’une croissance de sa force de travail, le Québec s’expose à de graves conséquences, préviennent des économistes de Desjardins.
Si les récentes données de l’ I nstitut de la statistique du Québec ( ISQ) et de Statistique Canada prévoient que l ’augmentation des taux de natalité et d’immigration va freiner le déclin de la population québécoise d’ici 2056, les économistes de Desjardins constatent tout de même une baisse de la population active au même moment que le vieillissement de la population s’accentue.
En ent r ev ue à L a P r e s s e Canadienne hier, l’économiste Hendrix Vachon a rappelé que le déclin de la population des 15 à 64 ans devrait s’amorcer dès 2014 et se poursuivre au cours de la décennie suivante. Si rien n’est fait, Desjardins prévoit une diminution de la population active au Québec de 0,1 % à 0,4 % de 2014 à 2021.
Les entreprises québécoises devront donc modifier leur façon de faire si elles désirent maintenir leur productivité d’ici à 2021. Mais relever la productivité avec la même quantité de ressources, voire moins de travailleurs, n’est pas une tâche facile.
Faute de pouvoir augmenter la force de travail, les entreprises québécoises devraient notamment investir davantage dans de meilleures technologies, plus performantes, afin d’augmenter leur productivité, indique M. Vachon.
Au cours des dernières années, le Québec a enregistré une hausse moyenne de sa productivité de travail d’environ 1% par année. Selon les nouvelles prévisions de Desjardins, les gains de productivité nécessaires au maintien d’une croissance du produit intérieur brut (PIB) potentiel sont de 2% d’ici 2021
M. Vachon propose donc à court terme d’inciter un plus grand nombre de travailleurs à se joindre à la population active ou à demeurer sur le marché du travail plus longtemps. Sinon, prévientil, les problèmes et les défis à relever d’ici les 15 prochaines années vont demeurer entiers.




Du déclin au déséquilibre ANDRÉ PRATTE

Un jour ou l’autre, il faudra bien prendre des mesures pour faire face aux conséquences du vieillissement de la population.
Les plus récentes projections démographiques de l’Institut de la statistique du Québec, publiées cette semaine, amènent d’abord l’observateur à pousser un soupir de soulagement. Alors que les projections précédentes, faites en 2003, annonçaient un déclin de la population totale de la province à compter de 2031, l’ISQ se fait aujourd’hui rassurante : la population québécoise continuera à croître au moins pendant les 50 prochaines années. Dans un demi-siècle, on comptera 9,2 millions de Québécois, 1,6 million de plus qu’aujourd’hui.
L e s prév i s i ons de 2 0 03 étaient surtout inquiétantes parce qu’elles laissaient entrevoir, dès 2011, une baisse du nombre de personnes en âge de travailler (20-64 ans). Or, une nation dont la population active diminue voit nécessairement sa croissance économique ralentir. Et une nation dont l’économie stagne ne peut s’offrir les services publics dont elle a besoin, surtout quand le nombre de personnes âgées explose.
Les nouvelles projections prévoient qu’il y aura bel et bien une baisse du nombre de Québécois en âge de travailler, mais cette baisse sera de courte durée. La catastrophe annoncée ne se produira pas.
Il ne faudrait toutefois pas qu’ayant poussé ce soupir de soulagement, les Québécois s’assoient sur leurs lauriers. Comme le souligne l’Institut, « le défi du déséquilibre démographique demeure colossal ».
Soulignons d’abord que si les projections démographiques sont aujourd’hui moins sombres, c’est surtout grâce à l’augmentation du nombre d’immigrants décidée par le gouvernement du Québec. La hausse du taux de fécondité amorcée en 2006, dans la mesure où il s’agit d’une tendance à long terme, contribuera bien sûr à freiner le déclin. Cependant, c’est l’immigration internationale qui sera le facteur dominant. L’ouverture du Québec aux gens venus d’ailleurs devra donc être maintenue et il nous faudra apprendre à gérer les tensions qu’elle génère. On ne pourra pas se payer un psychodrame Bouchard-Taylor tous les deux ans.
Malgré la hausse de la fécondité et l’arrivée de milliers d’immigrants relativement jeunes, le nombre et la proportion de vieilles personnes grimperont rapidement. Il y aura en 2056 le même nombre de Québécois âgés de 20 à 64 ans qu’aujourd’hui, mais 1,5 million de plus âgés de 65 ans et plus. Les personnes de plus de 75 ans représenteront 16% de la population de la province, contre 6% maintenant.
C’est dire que la population active devra soutenir (on pense surtout aux dépenses de santé) une population viei l l issante beaucoup plus nombreuse qu’aujourd’hui. Déjà très serrées, les finances publiques du Québec seront sollicitées comme jamais.
Derrière la bonne nouvelle de ces prévisions – pas de déclin démographique – se cache donc la même réalité têtue – le déséquilibre démographique. C’est une réalité que les Québécois ont refusé d’admettre jusqu’ici. Pourtant, un jour ou l’autre, il faudra bien prendre des mesures pour faire face aux conséquences du vieillissement de la population. Chose certaine, nous commettrions une grave erreur en prenant prétexte du plus récent scénario de l’ISQ pour nous enfoncer la tête plus profondément dans le sable.




Après la récession, le choc démographique? - RUDY LE COURS
« Le Québec se dirige inévitablement vers une impasse financière majeure, surtout que l’augmentation des dépenses gouvernementales est supérieure à celle du PIB nominal depuis quelques années. »
La récession présente qui plombe l’équilibre budgétaire d’Ottawa et deQuébec ne doit pas occulter l’effetplusgraveencoreàmoyenterme du choc démographique sur les finances publiques québécoises.
Tel est l’avertissement lancé hier par l’équipe d’études économiques de Desjardins au moment où l’Institut de la statistique ( ISQ) confirmait que la récession s’était accélérée en février.
Le produit intérieur brut ( PIB) par industrie a décru de 1,0% de janvier à février, en raison d’un affaissement de 19% de la production aéronautique. Après deux mois, la taille de l’économie a rapetissé de 1,2% par rapport à celle de décembre. Facteur aggravant, l’ISQ a révisé à la baisse son chiffre de janvier au profit de celui de décembre. Résultat, prévoit Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins, « le premier trimestre sera plus négatif (entre - 4% et -5%) que la diminution de 3% que nous avions anticipée ».
Stat i st ique Canada nous indiquera lundi que le recul à l’échelle du pays s’est situé entre 6,5 et 7%. Cette chute dramatique appréhendée a déjà forcé le ministre des Finances, Jim Flaherty, à porter au-delà de 50 milliards de dollars sa prévision de déficit budgétaire pour l’année en cours, alors qu’il tablait sur moins de 40 milliards en janvier.
Même si Québec s’en tient à sa prévision d’un manque à gagner de quelque 4 milliards jusqu’ici, les économistes de Desjardins insistent surtout sur le fait que l’élimination de son déficit sera plus difficile en raison de la plus grande gravité du choc démographique qui va le frapper dès 2013. C’est l’année où l’ex-ministre des Finances Monique JérômeForget prévoyait, l’hiver dernier, le retour à l’équilibre.
La proportion de la cohorte des 65 ans et plus sera plus élevée dans la société distincte qu’ailleurs au Canada. Les baby-boomers y sont plus nombreux et la diminution des naissances, après 1966, plus importante.
Cela signifie plus de retraités, moins de travailleurs potentiels pour faire fonctionner les entreprises, moins de consommation intérieure. Les entreprises devront conquérir d’autres marchés extérieurs pour survivre et s’épanouir. Le secteur manufacturier ne paraît pas au bout de ses peines.
Une plus forte immigration et des mesures incitatives pour retarder la retraite peuvent au mieux retarder d’un ou deux ans le choc. Des gains de productivité de plus de 2 % par année nécessaires pour compenser le manque de maind’oeuvre paraissent un objectif hors de portée, compte tenu de la performance moyenne de 1% au cours des quatre dernières décennies.
Le potentiel de croissance réelle de l’économie sera ramené de 2,1 % à environ 1 % seulement, estime Desjardins. Cela compromet l ’ augmentation des recettes fiscales nécessa i res pour fa i re face à l’augmentation fatale des dépenses de soins de santé et même celles en éducation, compte tenu du regain de la natalité au cours des dernières années.
« Le Québec se dirige inévitablement vers une impasse financière majeure, surtout que l’augmentation des dépenses gouvernementales est supérieure à celle du PIB nominal depuis quelques années », écrivent François Dupuis, Hélène Bégin et Hendrix Vachon.
Cela sera à la fois brutal et lourd surtout pour les acquis sociaux, concluent-i ls après avoir passé en revue les choix déchirants auxquels ont été confrontés le Japon, la Finlande et la Suède qui ont déjà traversé un tel choc.
Pour l’atténuer, et freiner l’exode des cerveaux, ils préconisent une refonte de la fiscalité en misant davantage sur les taxes à la consommation et moins sur l’impôt des particuliers.
Ce ne sera pas suf f isant cependant. « Il importe aussi de redéfinir le rôle de l’État pour permettre aux Québécois de vivre davantage selon leurs moyens, avertit le trio. Certaines vaches sacrées devront sans doute être sacrifiées afin de diminuer le fardeau de la dette et, surtout, le rendre supportable pour les jeunes générations. »
Étant économistes et pas politiciens, ils se gardent bien de suggérer lesquelles.


Vieillissement de la population : Un retour aux années 70 -  Ariane Lacoursière
Dès 2016, la Ville de Laval comptera plus d’habitants âgés que de mineurs. Plusieurs autres régions du Québec seront dans pareille situation. Mais ce vieillissement de la population n’est pas catastrophique, assure Amélie Quesnel-Vallée, professeure de sociologie et d’épidémiologie. Car la proportion de citoyens vulnérables reviendra au même taux qu’en 1970, alors que les plus jeunes baby-boomers étaient enfants.
« Nous avons été capables comme société de nous adapter aux babyboomers. On a su gérer une population jeune. On va le faire avec les aînés », dit Mme Quesnel-Vallée, qui est professeure à l’Université McGill.
Dans les années 70, le taux de dépendance de la population québécoise était de 90%. La majorité du fardeau était attribuable aux jeunes de 0 à 19 ans. Dès 2030, le Québec retrouvera un taux de dépendance de 90%, mais cette fois-ci, les personnes âgées seront majoritaires. « Le fardeau économique pourrait même être atténué parce que les aînés, contrairement aux jeunes, paient des impôts », note Mme Quesnel-Vallée.
La professeure a livré ces explications mercredi, au cours d’un colloque sur le vieillissement à Laval. L’objectif était de préparer la Ville à affronter le vieillissement de sa population. La directrice de la santé publique de Laval, la Dre Nicole Demestoy, est aussi venue présenter les défis que devra surmonter sa municipalité et plusieurs autres villes du Québec.
Selon elle, les villes devront revoir leur définition de la vieillesse. Car on ne devient plus vieux à 65 ans. « L’espérance de vie à 65 ans est de 17 ans pour les hommes et de 21 ans pour les femmes, dit la Dre Demestoy. Parce que cette tranche de population est souvent en bonne santé et très active, les entreprises devront prendre des moyens pour encourager ces citoyens à rester au travail. »
Transport adapté
Afin de garder les personnes âgées actives et autonomes, les villes, principalement les villes de banlieue, devront prévoir des moyens de transport adaptés. « Pour prévenir l’isolement, qui est l’une des causes premières de perte d’autonomie, des villes comme Laval, où l’automobile est prépondérante pour vaquer à ses occupations, devront revoir leurs systèmes de transports », commente la Dre Demestoy.
Les agences de santé devront adapter leurs services. Desprogrammes de dépistage systématique des abus envers les aînés pourraient être mis en place. Actuellement, de 2 à 10% des personnes âgées subissent des abus, mais seulement un cas sur 14 est signalé, explique la Dre Demestoy.
Les autorités doivent aussi prévoir que le taux de suicide chez les aînés, qui est actuellement de 10% à Laval, augmentera. « Les babyboomers amèneront leur vision plus acceptable du suicide. Cette couche de population a toujours eu un taux plus élevé de suicides que les générations précédentes et suivantes. Il faut s’y préparer », illustre la Dre Demestoy.
Les régions doivent aussi faire attention à la disponibilité de leurs médecins de famille. À Laval seulement, le tiers des 321 médecins de famille ont plus de 55 ans. « Le vieillissement de la population est un défi. Pas une catastrophe. Mais il faut s’y préparer », dit la Dre Demestoy.



Notre prospérité en dépend  -  MONIQUE LEROUX
Avec le déclin de la population active, l’augmentation de la productivité sera un enjeu crucial au Québec
L’auteure est présidente et chef de la direction du Mouvement des Caisses Desjardins. Ce texte est extrait d’une allocution qu’elle prononçait hier devant le Cercle canadien de Montréal. Dans la prochaine décennie, le vieillissement accéléré de la population et, incidemment, la baisse du nombre de personnes qui participent activement au marché du travail vont affecter toute la dynamique de la croissance économique du Québec. Cela rendra aussi la gestion des finances publiques très délicate.
Puisque la population active ne croira plus dès 2014, les gains de productivité seront essentiels afin de stimuler la croissance de l’économie québécoise.
Par rapport aux autres provinces et aux autres pays où le vieillissement de la population représente également un défi, le Québec a ceci de particulier que pendant une génération, à partir de l’après-guerre, il a affiché un très fort taux de fécondité. Dès la génération suivante toutefois, ce taux a chuté dramatiquement. C’est le contraste entre les deux, plus accentué chez nous qu’ailleurs, qui sera la cause des importants défis que nous devrons relever dans les années à venir.
Comme l’écrivait récemment un chroniqueur du journal Les Affaires ( René Vézina) : « Vieillir n’est pas un drame et on peut fort bien s’en accommoder. Le problème surgit quand toute une société vieillit en même temps. »
Pourquoi cela posera-t-il problème ? Parce depuis une dizaine d’années, le potentiel de croissance de l’économie repose sur deux éléments principaux : la progression de la population active au travail et les gains de productivité. Avec le déclin, à compter de 2014, de la population en âge de travailler, nous courons le risque de voir ralentir significativement le rythme de la croissance économique.
Dans un Point de vue économique publié aujourd’hui même, les économistes de Desjardins insistent sur le fait que dans le contexte des échéances démographiques à venir, c’est l’accélération des gains de productivité qui permettra d’éviter une baisse de régime trop prononcée de l’activité économique.
Si, dans la prochaine décennie, l’augmentation de la productivité ne faisait que se maintenir au même rythme que celle des 10 dernières années, soit environ 1% en moyenne annuellement, la baisse de la population active entraînerait alors le potentiel de croissance de l’économie sous les 1% d’ici 2020. Et tout indique que la tendance se maintiendrait pour la décennie suivante.
À titre de comparaison, rappelons que l’économie québécoise avait, de 2003 à 2008, un potentiel de croissance de 2,1% par année. L’enjeu est donc crucial pour le Québec car moins de 1% de croissance équivaut à une quasi-stagnation de l’économie et à une situation de panne pour la création de richesse. Le Japon, qui a fait face à cette réalité au cours des 10 dernières années, a connu d’importants problèmes, en particulier un accroissement inquiétant de sa dette publique.
La hausse de la productivité sera la pierre angulaire de notre prospérité future et il importe d’agir sans tarder à ce chapitre. Cela est d’autant plus important que les finances publiques, déjà précaires, seront soumises à de fortes pressions.
Je suis bien consciente du fait que pour un grand nombre de personnes, entendre parler de productivité et de performance suscite la méfiance plutôt que l’enthousiasme. Plusieurs associent la productivité à la froide logique de l’économie. Plusieurs voient cela en opposition aux valeurs sociales de solidarité et de compassion. Et ils sont aussi nombreux à associer le concept de productivité à la nécessité de travailler plus fort.
Le dictionnaire nous dit que la productivité est le rapport entre les résultats, quantitatifs ou qualitatifs, tirés d’une activité et les ressources ou facteurs de production affectés à cette activité.
En fait, une productivité croissante profite à l’ensemble des agents économiques. Quand la productivité augmente, les entreprises augmentent leurs profits et cela permet généralement de verser de meilleurs salaires aux travailleurs et d’accroître les investissements en capital. En bout de ligne, les revenus des gouvernements augmentent, ce qui permet de maintenir la qualité des services publics.
Les gains de productivité sont ainsi à la base de toute la dynamique de la croissance de l’économie, de l’enrichissement de la collectivité et de la hausse du niveau de vie des citoyens. Sur une longue période, les pays qui affichent les plus fortes croissances de la richesse collective dominent au chapitre des gains de productivité. Et qui dit richesse collective dit aussi possibilité de redistribuer cette richesse en fonction de nos priorités et de nos valeurs comme société. Car il existe un principe fondamental : il faut d’abord créer la richesse avant de la redistribuer !

Vieillissement de la population /
Le Québec devra hausser sa productivité, dit Monique Leroux -  Sylvain Larocque
Le Québec doit absolument accélérer ses gains de productivité s’il veut éviter que le vieillissement de la population ne réduise à néant ses perspectives de croissance économique, a plaidé hier la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux.
Dans un discours prononcé à la tribune du Cercle canadien, à Montréal, Mme Leroux a reconnu que l’augmentation de la productivité suscitait plus souvent la méfiance que l’enthousiasme, plusieurs personnes y voyant notamment l’obligation de travailler plus fort.
La gra nde patronne de Desjardinss’est toutefois appuyée sur une étude préparée par les économistes du Mouvement pour marquer l’urgence de la situation. Ainsi, en maintenant au cours de la prochaine décennie l’amélioration de la productivité au même rythme que celui des 10 dernières années, soit environ 1% annuellement, le Québec verrait son potentiel de croissance sombrer sous les 1% d’ici 2020, selon Desjardins.
De 2003 à 2008, le Québec a joui d’un potentiel de croissance de 2,1% par année, estime Desjardins.
« L’enjeu est donc crucial pour le Québec, car moins de 1% de croissance équivaut à une quasistagnation de l’économie et à une situation de panne pour la création de richesse », a déclaré Monique Leroux, en soulignant que le Japon a vécu ce problème au cours des dernières années, ce qui a notamment contribué à faire exploser sa dette publique.
« La hausse de la productivité sera la pierre angulaire de notre prospérité future et il importe d’agir sans tarder à ce chapitre », a-t-elle martelé.
Desjardins estime que la population québécoise en âge de travailler reculera dès 2014, même en tenant compte du mini baby-boom des dernières années et de la hausse de l’immigration.
Mme Leroux a assuré qu’accroître la productivité n’allait pas forcément à l’encontre des valeurs de solidarité et de compassion. Elle a soutenu qu’une meilleure productivité se traduirait certes par une hausse des profits des entreprises, mais aussi par de meilleurs salaires et une progression des revenus des gouvernements, ce qui serait de nature à préserver les services publics. Pour accroître sa productivité, qui est nettement inférieure à celle de l’Ontario et des ÉtatsUnis, le Québec devra agir sur plusieurs facteurs, dont l’innovation, la qualité de l’éducation, les investissements en immobilisations, le régime fiscal et la réglementation, croit la PDG.


Retard de productivité Un boulet qui plombe la richesse collective  -  Hugo Fontaine
Le retard de productivité agit comme un boulet sur le Québec et maintient la province en queue de peloton des économies industrialisées quant au niveau de vie de ses habitants.
Une étude du nouveau Centre sur la productivité et la prospérité (HEC Montréal) révèle que, depuis 1981, la productivité est une cause de plus en plus importante, voire dominante, des écarts de richesse entre le Québec et les autres économies.
La comparaison avec l’Ontario est un bon exemple.
En 1981, chaque Ontarien pouvait compter annuellement sur près de 5000$ de plus qu’un Québécois, selon la mesure du PIB par habitant. En 2008, il disposait de 6500$ de plus que son voisin.
L’écart de 2008 s’explique pour plus du tiers par la plus faible productivité du travail ( PIB/heures travaillées) des Québécois. En 1981, pourtant, l’écart de richesse s’expliquait presque entièrement par le taux d’emploi, la productivité du travail étant même légèrement supérieure au Québec.
Ce changement majeur, sur une période de 30 ans, trouve surtout sa source dans le secteur des services, et particulièrement dans le commerce de gros et le transport.
Peu importe la comparaison
La productivité joue un rôle encore plus important (58%) dans l’écart entre le niveau de vie du Québec et celui du Canada dans son ensemble.
Quant à l’écart entre le niveau de vie des Québécois et celui des Américains (près de 19 000$ par habitant), il s’explique à plus de 70% par la productivité. Le Québec gagnerait plus de 100 milliards de dollars annuellement (40% de son PIB) s’il affichait la même productivité du travail que les États-Unis.
Le Québec ne peut pas se consoler en se comparant avec les autres pays industrialisés. Face à la performance de 20 pays membres de l’OCDE en termes de croissance annuelle de la productivité (1981-2008), le Québec occupe l’avant-dernier rang. Seule la Suisse (déjà très riche au début de la période) lui permet d’éviter la cave.
Pour chaque heure travaillée en 2008, le travailleur québécois apporte 47,23$ au PIB national, contre 50,22$ pour la moyenne de l’OCDE et 57,85$ pour la moyenne du G7.
Les causes potentielles du retard de productivité sont nombreuses: manque d’investissements privés dans les PME, manque de formation, réglementation, faible concurrence.
Quoi qu’il en soit, « le Québec devra inévitablement redresser sa performance en matière de productivité du travail s’il veut combler son retard économique », écrivent les auteurs de l’étude.
Nouveau centre de recherche
Le bilan sur la productivité au Québec depuis 1981 a été publié hier à l’occasion du lancement du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal.
L’étude est un diagnostic de la situation de la productivité au Québec, mais le directeur du nouveau centre, Robert Gagné, affirme que les prochaines recherches permettront d’élaborer des solutions ou des recommandations.
Le centre aura aussi un rôle d’éducation auprès du plus la rge public possible afin que les Québécois saisissent mieux la nature et l’importance de la productivité, ajoute M. Gagné.
« Augmenter la productivité, c’est pas faire travailler plus fort, c’est pas faire travailler davantage, c’est faire travailler mieux », dit-il.
Le ministère des Finances consacrera 6 millions sur quatre ans au CPP.
L e minist r e Raymond Bachand, présentàlaconférence de presse, a insisté sur l’importance d’accroître la productivité, « cette façon de devenir riche collectivement ».





Épargner, l’affaire des riches  -  RICHARD DUPAUL
Les signes de reprise se multiplient aux États-Unis. Mais les Américains hésitent à dépenser et seuls les riches arrivent à épargner, disent des experts. Les autres s’appauvrissent.
Le ciel économique se dégage aux États-Unis : regain de vie de l’immobilier, moral des ménages à la hausse, remontée des Bourses, etc. De bonnes nouvelles dans l’ensemble.
Dix pour cent des Américains empochent presque la moitié de tous les revenus du pays – un sommet depuis que l’État a commencé à compiler ces données, en 1913.
Mais un nouveau sondage rappelle que des nuages se profilent à l’horizon et que la remise en marche de la grosse machine américaine prendra du temps.
Ainsi, selon une enquête Bloomberg, les Américains comptent toujours restreindre leurs dépenses dans l’avenir, contribuant à freiner l’élan d’une économie qui dépend à 70% de la consommation.
Seulement 8 % des répondants prévoient augmenter leurs dépenses durant les prochains mois, tandis que près du tiers veulent encore les réduire.
Donc, pas de ruée en vue dans les magasins. Une autre douche froide pour les commerçants, surtout que trois Américains sur quatre ont réduit leurs dépenses l’an dernier, toujours selon ce sondage.
Pourtant, les ventes au détail ont rebondi de 2,7 % en août, a révélé le Washington Post la semaine dernière. Un regain de vie, certes, mais surtout alimenté par le programme fédéral de mise à la casse, qui a stimulé les ventes d’automobiles. De toute évidence, le sondage Bloomberg confirme que les Américains n’ont pas l’esprit à la fête.
Ce coup de sonde renforce aussi l’i mpression que les Américains ont plus envie d’épargner après le choc provoqué par la crise financière. Après être descendu autour de 1,75% il y a deux ans, le taux d’épargne frôle en effet les 5%, selon les données récentes.
Les économistes, qui reprochaient aux Américains de vivre à crédit, les accusent aujourd’hui de jouer les fourmis. À en croire les statistiques, le mot d’ordre dans les chaumières est : on regarnit les coffres, les dépenses viendront plus tard.
Sauf que rien n’est plus i ncertain. Car l’A méricain moyen n’épargne pas. Il arrive à peine à joindre les deux bouts.
Qui épargne ?
L’économiste Sherry Cooper, du Groupe BMO (Banque de Montréal), s’est penchée sur les finances des ménages américains. Ce qu’elle a découvert est troublant.
En se basant sur les données les plus récentes, datant de 2007, Mme Cooper rappelle d’abord dans une étude que la répartition de la richesse aux États-Unis est lamentable.
La t r a nche de 1 % des contribuables les plus fortunés accapare près du quart (24%) des revenus nationaux. En élargissant le clan des favorisés, le déséquilibre est encore plus profond: 10% des Américains empochent presque la moitié de tous les revenus – un sommet depuis que l’État a commencé à compiler ces données, en 1913.
Or, cela indique « qu’une petite portion des ménages a la capacité d’épargner », affirme Mme Cooper, mettant en doute l’idée reçue qu’une majorité d’Américains met actuellement de l’argent de côté.
À cet égard, l’économiste a fait un petit exercice comptable : si 1% des Américains les plus nantis consacraient à l’épargne le quart de leurs revenus (de 1,4 million US en moyenne), cela dépasserait tout l’argent épargné par la population américaine.
Ce qui signifie que 99 % des Américains ont toujours un taux d’épargne négatif, soit de -1 à -1,5 %, au lieu du taux officiel de 5 %. « Autrement dit, les super riches ont la capacité d’embellir les chiffres », dit Mme Cooper.
La remontée de la Bourse n’ent r a î ne-t - el l e pas u n enrichissement des ménages, comme l’a indiqué un rapport de la Réserve fédérale la semaine dernière ? À nouveau, les chiffres sont t rompeurs, ca r l ’embel l ie boursière profite sur t out à une petite partie de la population.
Plus pauvres
L’analyse de Mme Cooper est d’ailleurs conforme au portrait que brosse l’Office américain du recensement.
Le r e ve nu moyen de s Américains tend à diminuer, avec un repli de 3,6 % l’an dernier. Et la pauvreté augmente : 13,2 % des citoyens sont démunis, un sommet en 11 ans. ( Le seuil de pauvreté est fixé à 11 000 $ US de revenu annuel pour une personne seule.) Au total, 4 0 mi l l i ons d’A méricains sont pauvres !
Au final, il faut en conclure que la classe moyenne américaine ne dort pas sur une pile de billets verts qui, dans un proche avenir, pourrait servir à propulser soudainement la consommation. Il faudra donc une reprise de l’emploi pour réellement relancer la machine.
Dès l ors, on comprend mieux l ’ e x-président de l a Réserve fédérale, Paul Volcker, qui a remis les pendules à l’heure la semaine dernière.
Selon lui, l’économie américaine mettra « des années » à revenir à ce qu’elle était avant la crise. Et sa remise en marche nécessitera un « travail ardu ». Au moins 40 millions d’Américains seront d’accord avec cela.

Pourquoi on n’épargne pas  -  CLAUDE PICHER
Vo u s a ve z p e ut-ê t r e remarqué l ’excel lent dossier de mon collègue Marc Tison, dans La Presse Affaires de jeudi. On y apprend que les j eunes Québécois, contrairement à un préjugé largement répandu, sont loin d’être des paniers percés ; en fait, ils épargnent beaucoup plus que leurs parents.
Cette nouvelle apparaît comme une agréable surprise. Tous les spécialistes en finances personnelles vous diront qu’épargner, c ’est i nvestir dans sa qualité de vie.
Or, si on regarde la chute spectaculaire du taux d’épargne depuis quelques années (sur ce point, le Québec n’est pas tellement différent du reste du Canada), il pourrait y avoir de quoi s’i nquiéter : c’est comme si les gens mettaient toute prudence de côté.
Comme l’a montré le reportage de Marc Tison, il semble que le message passe mieux chez les jeunes. Il faut toutefois préciser que leur profil d’épargnants n’est pas le même que chez les ménages plus âgés : la première raison qui motive les jeunes à épargner, c’est pour réaliser un projet qui leur tient à coeur.
Le taux d’épargne est la proportion du revenu personnel disponible (c’est-à-dire les revenus provenant de toutes sources moins les taxes, impôts et contributions sociales) que les gens mettent de côté. Cela ne comprend pas les caisses de retraite.
En 1982, au Canada, le taux d’épargne a atteint un record de 20,2%, du jamais vu depuis que Statistique Canada a commencé à compiler ce genre de données, au début des années 60. Par la suite, on observe une érosion presque ininterrompue. À peine cinq ans plus tard, dès 1987, le taux d’épargne dégringole à 11, 9%. Certes, il y a bien quelques sursauts à l’occasion; ainsi, en 1991, il rebondit à 13,3%. Mais la descente vers le bas est aussi spectaculaire qu’inexorable: 9,5% en 1994, 5,2 % en 2001, et un creux historique de 2,1% en 2005. Depuis, il a légèrement remonté (2,5% en 2007, 3,7% l’an dernier), mais demeure extrêmement bas.
De là à conclure que les consommateurs ont oublié les vertus de l’épargne et se comportent de façon irresponsable, il n’y a qu’un pas.
Il faut se garder de le franchir trop rapidement.
En fait, les ménages ont une excellente raison de bouder les comptes d’épargne: ils ne rapportent plus rien !
Si on observe l’évolution des taux d’intérêt et du taux d’épargne depuis le début des années 60, tels que compilés par Statistique Canada, on est frappé par la corrélation entre les deux. À quelques nuances près, la courbe est pratiquement identique. Plus les taux d’intérêt augmentent, plus le taux d’épargne grimpe également, et l’inverse est aussi vrai.
Ainsi, nous venons de voir que le taux d’épargne avait atteint un sommet en 1982. Or, depuis les 50 dernières années, c’est en 1981 que les épargnants obtenaient les meilleurs rendements : plus de 15% en moyenne sur les dépôts d’épargne des banques. Et les quelques sursauts qu’on peut observer depuis ce temps sont toujours liés à des hausses temporaires de taux d’intérêt.
C’est une évidence : lorsque les taux sont élevés, les gens, comme épargnants, ont intérêt – c’est le cas de le dire – à en profiter, et à augmenter leur effort d’épargne en conséquence : cela rapporte gros. Lorsque les taux sont bas, les mêmes gens, comme consommateurs, ne voient pas pourquoi ils laisseraient dormir leurs épargnes dans des comptes qui ne rapportent même plus autant que la hausse de l’indice des prix à la consommation: cela équivaut à s’appauvrir. Dans ces conditions, mieux vaut consommer.
Bien sûr, l’évolution des taux d’intérêt ne peut pas expliquer, à elle seule, les fluctuations du taux d’épargne. Il faut aussi tenir compte d’autres facteurs, comme la conjoncture économique, l’état de santé du marché du travail, l’inflation, les taux de change, le poids de la dette publique, entre autres.
Mais il apparaît clairement, en observant les données des 50 dernières années, que les ménages épargnent ou consomment en fonction de l’évolution des taux d’intérêt. Ils sont loin d’être des irresponsables : au contraire, ils cherchent à profiter au maximum de la conjoncture. Que les taux d’intérêt remontent, et on peut compter sur les ménages pour redécouvrir les vertus de l’épargne.

Les jeunes Canadiens épargnent moins que leurs parents
TORONTO — Les j e u ne s Ca nad i e n s é c o nomisent moins que leurs parents et leurs grands-parents l’ont fait avant eux, les j eunes hommes étant les plus indisciplinés quand vient le temps de r e s pecter u n budget, révèle une nouvelle étude de TD Canada Trust.
L’enquête publ i ée hier démontre que 8 0 % des Canadiens estiment qu’il est « trop difficile » de faire des économies et que les jeunes âgés de 18 à 34 ans sont davantage intéressés à épargner en vue de l’achat d’une maison qu’en prévision de leur retraite.
Dans c e groupe d’âge, seulement 19 % des personnes interrogées mettent de côté entre 10 et 25 % de leur revenu mensuel total. En comparaison, 29 % des gens de plus de 55 ans ont affirmé qu’ils faisaient de même à cet âge.
Les jeunes adultes attribuent l eur f a i ble niveau d’épa r gne à des s a l a i r es i nsuf f i s a nts , t a ndis que les gens de 55 ans et plus disent que le coût de la vie les a empêchés d’économiser quand ils étaient plus jeunes.
Ca r r i e Russel l , de la Banque T D, qual i f i e ces résultats de décevants. Elle aj oute qu’ i l s démontrent qu’il est difficile pour les gens d’épargner.
« I l faut de la pratique, a-t-elle dit. Et plus on commence tôt, mieux c’est. »
L’étude a établi que 54 % des 18-34 ans interrogés ont mis de l’argent de côté en cas de coup dur, comparativement à 55 % des 35-54 ans et 63 % des 55 ans et plus.
Toutefois, 76 % des 18-34 a ns se considèrent financièrement prudents, comparativement à 82% des 35-54 ans et 86% des 55 ans et plus.
L’endettement représentait le principal obstacle à l’épargne chez les jeunes, et surtout chez les hommes. Vingt-huit pour cent des hommes interrogés ont cité cette cause, comparativement à 18% chez les femmes.
L’étude a aussi établi que les femmes respectent plus f a c i l e ment l e u r budget . L’écart est surtout marqué chez les 35-54 ans, où 43 % des femmes respectent leur budget comparativement à 28 % des hommes.
Mme Russell explique que les femmes, souvent considérées comme de grandes dépensières, gèrent plus facilement un budget parce qu’elles ont l ’ habitude de gérer les finances familiales.
« Elles sont souvent celles qui doivent décider de ce qu’on achète ou pas, a-t-elle dit. C’est un dilemme quotidien pour elle. »

L’étude de la firme Angus Reid a été menée auprès de 1000 hommes et femmes à la fin de juillet. Sa marge d’erreur est de 3,1 points, 19 fois sur 20.


Les jeunes font fi de la crise -  Hugo Fontaine
La récession ne bouleverse pas les habitudes des jeunes adultes du pays. Une très forte majorité d’entre eux n’ont pas changé ni ne prévoient changer leurs habitudes de consommation malgré la récession, révèle un sondage réalisé par TNS/Canadian Facts pour le compte de la société de marketing montréalaise Newad Media.
Les jeunes Canadiens de 18-34 ans n’ont jamais vécu d’autre récession. Une proportion de 87% d’entre eux affirment ne pas avoir ressenti l’impact de la crise.
Les jeunes sont résolument confiants et optimistes. « C’est encourageant, dit Michael Reha, président de Newad Media, au cours d’un entretien avec La Presse Affaires. Une économie dynamique commence par une confiance. »
Qu’on les questionne sur toutes sortes de catégories de produits et services variant de l’épicerie aux produits de beauté en passant par les services internet et les DVD, entre 70 et 90% des jeunes Canadiens de 18 à 34 ans des milieux urbains prévoient maintenir ou même augmenter leurs dépenses dans les six prochains mois.
Même que 18% d’entre eux songent à faire l’achat d’une voiture ou d’une propriété d’ici la fin de l’année, une proportion bien plus forte qu’à l’habitude pour de tels achats d’envergure. Généralement, les intentions d’achat d’une propriété tournent autour de 7%, souligne Michael Reha. « Les jeunes voient des occasions », précise-t-il.
Pourtant, 81% des jeunes trouvent la situation économique stressante. « Mais cette crainte ne se transforme pas en réduction des achats, note Michael Reha. Les jeunes dépensent au même rythme. »
Il faut dire que la récession ne semble pas avoir touché concrètement les jeunes Canadiens de 18-34 ans, qui n’ont jamais vécu d’autre récession. Une proportion de 87% d’entre eux affirme ne pas avoir ressenti l’impact de la crise, et une même proportion croit que leur situation financière demeurera stable dans la prochaine année.
Trois sur quatre pensent qu’ils conserveront leur emploi dans les prochains mois. Et très peu de personnes de leur génération et de leur entourage ont perdu le leur.
Newad est une société de marketing nationale qui compte 350 employés, dont 85 à son siège social montréalais. Elle se spécialise dans l’affichage et le marketing événementiel visant les jeunes. « On a développé une expertise dans ce créneau et on investit beaucoup pour comprendre ce marché-là, explique M. Reha. Et ça intéresse nos clients aussi. »
À l’automne, Newad et ses clients voulaient ainsi comprendre comment les jeunes allaient réagir à la crise, « car on ne sentait pas que la panique s’était installée », dit M. Reha. Le coup de sonde est venu confirmer cette impression.
Le sondage a été effectué par la firme de recherche TNS/Canadian Facts entre le 31 mars et le 15 avril auprès de 1639 personnes dans les marchés de Montréal, Toronto, Vancouver, Calgary et Edmonton. La marge d’erreur est de 2,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20.




Les Canadiens encore plus endettés
à partir de la page 1 « On achète maintenant et on paie plus tard, c’est dans la mentalité des Canadiens, note Karine Robillard. Beaucoup de gens ont tendance à combler le manque de revenu par du crédit. »
L’étude de CGA-Canada est dévoilée dans un contexte où l’économie dépend de la consommation pour retrouver son élan.
L’association de comptables « reconnaît l’importance des dépenses de consommation pour l’essor des entreprises et la croissance économique. Il lui semble toutefois plus souhaitable d’adopter une approche équilibrée des dépenses, de l’épargne et du remboursement des dettes pour sortir du marasme économique actuel, que d’essayer de promouvoir les dépenses de consommation ».
Pas assez d’épargne
Les perspectives d’amélioration de la situation d’endettement des ménages ne sont pas très encourageantes. De fait, les Canadiens « perçoivent leur situation financière comment étant meilleure que ce qu’elle est, et beaucoup ne se rendent pas compte des effets du repli économique sur leurs finances », lit-on dans l’étude.
Par exemple, la baisse des marchés boursiers a affecté la valeur des programmes de retraite. Et dans certaines régions du pays, la baisse de la valeur des maisons a fait fondre l’actif de plusieurs ménages.
Pendant que la det te des Canadiens s’accroît, leurs habitudes d’épargne ne s’améliorent pas et leur budget est souvent très serré.
Un Canadien sur trois n’affecte pas un sou à l’épargne, et un sur quatre ne serait pas en mesure de faire face à une dépense imprévue de 5000$, même en s’appuyant temporairement sur ses cartes ou ses marges de crédit.
Même la crise ne semble pas vouloir bouleverser les habitudes financières des consommateurs.
Près de quatre répondants sur cinq (78%) au sondage ont fait savoir qu’ils n’allaient pas changer leurs habitudes d’épargne.
« Le gouvernement a créé beaucoup d’outils dans les dernières années pour inciter les gens à épargner ( REER, CELI), mais ça ne se transforme pas nécessairement en résultats », dit Rock Lefebvre.
M. Lefebvre et CGA-Canada déplorent d’ailleurs le manque de connaissance financière des Canadiens, notamment chez les plus jeunes générations. Selon M. Lefebvre, il faut une meilleure éducation à ce chapitre dans les écoles, que ce soit au primaire ou au secondaire.
Le sondage de CGA-Canada a été effectué par la firme Synovate auprès de 2014 répondants du 3 au 14 novembre 2008. La marge d’erreur est de 2,18%, 19 fois sur 20.



De plus en plus endettés -  Claude Picher
V ous êtes découragé en voyant le solde i mpayé de votre carte de crédit ? Consolez-vous, vous n’êtes pas seul. Récession ou pas, les Québécois continuent de s’endetter à un rythme affolant.
Selon des chiffres publiés cette semaine par l’Institut de la statistique du Québec ( ISQ), l’endettement moyen de chaque Québécois, en 2008, a augmenté de 601 $ pour atteindre 9691 $. Il s’agit d’une hausse de 7 %, trois fois l’inflation. Pire : cette hausse survient alors que le revenu personnel disponible n’augmente que de 4 %. Autrement dit, les consommateurs québécois vivent au-dessus de leurs moyens. 
Résultat: le taux d’endettement à la consommation, c’est-à-dire le pourcentage entre la taille du crédit et le revenu personnel disponible, atteint maintenant le niveau sans précédent de 38%.
Nous parlons uniquement ici de crédit à la consommation, ce qui inclut pour l’essentiel le solde impayé des cartes de crédit, les marges de crédit ainsi que les prêts personnels.
Les hypothèques sont exclues du calcul. L’hypothèque est une dette, certes, mais elle sert à augmenter le patrimoine immobilier de l’emprunteur. Sauf en de rares exceptions (heureusement, nous ne sommes pas aux États-Unis), la valeur marchande de la maison est supérieure, souvent largement supérieure, au solde de l’hypothèque, de sorte que l’emprunteur possède, au total, une valeur nette importante.
En temps de récession, les ménages ont tendance à moins utiliser leurs cartes de crédit. C’est normal: les gens ne sont pas certains de conserver leur niveau de revenus, voire de garder leur emploi. L’heure n’est pas à la dépense.
Ainsi, lors de la récession de 1981-1982, les consommateurs québécois ont réduit leur endettement, en moyenne, de 2%. Lors de la récession de 1990, on a observé une hausse de 3,5%. Mais une augmentation de 7% en pleine récession, comme en 2008, c’est du jamais vu.
La croissance de l’endettement à la consommation a connu une poussée fulgurante depuis un quart de siècle.
En 1981, l’ensemble des dettes des consommateurs québécois s’élevait à 8,9 milliards. En 2008, ce montant dépassait les 75 milliards, huit fois plus. Même en tenant compte de l’inflation, la progression est phénoménale. La hausse réelle, c’est-à-dire ajustée en fonction de l’indice des prix à la consommation, est de 324%!
Il va de soi que cette utilisation débridée des cartes de crédit a propulsé le taux d’endettement à la consommation à des niveaux records. On vient de le voir, ce taux se situe à 38%. Or, il était de seulement 14% en 1982. La détérioration a été particulièrement brutale au cours des cinq dernières années. En 2003, ce qui n’est pas si lointain, les dettes à la consommation se situaient à 46 milliards, ou 6191$ par habitant. Comment expliquer cela? « T r a dit i on nel l e ment , les ménages avaient tendance à se constituer un coussin d’épargne », observe James O’Connor, spécialiste de la question à l’ISQ. « C’était, si on veut, leur marge de manoeuvre. Aujourd’hui, on considère davantage que c’est la marge de crédit qui constitue la marge de manoeuvre. Sans doute que le rendement extrêmement faible des comptes d’épargne y est pour quelque chose. »
Toujours est-il que les Québécois ne présentent pas un cas unique. Ils peuvent même se consoler en pensant qu’ils demeurent légèrement moins endettés que les autres Canadiens.
Dans l’ensemble du Canada, le crédit à la consommation représente en effet 395 milliards, ou 11 868$ par habitant, pour un taux d’endettement de 42%.
Il faut cependant dire que, sur une longue période, la situation se détériore plus rapidement au Québec.
En 1981, l’endettement à la consommation au Québec se situait à 1358$ par personne au Québec, à seulement 70% du niveau canadien. En 2008, cette proportion est passée à 82%. C’est d’autant plus inquiétant que le revenu personnel disponible, au Québec, est de 11% inférieur à la moyenne canadienne.
Les Québécois, comme les autres Canadiens, continuent donc joyeusement de surcharger leurs cartes de crédit. Cela semble d’autant plus difficile à comprendre qu’un récent sondage mené par l’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA) montre que les consommateurs semblent bien conscients du danger.
L’enquête nous apprend que 65% des Canadiens réalisent que leur endettement restreint leur capacité d’atteindre leurs objectifs financiers, et 84% des répondants se disent préoccupés par la hausse de l’endettement des ménages. Un Canadien sur cinq (21%) se dit dépassé par ses dettes, et se déclare incapable de les gérer.
Enfin, le niveau élevé d’endettement est accompagné d’un autre fléau : l’insuffisance de l’épargne. Toujours selon l’enquête des CGA, le tiers des ménages n’affecte aucune ressource à l’épargne ; un ménage sur quatre, même en tenant compte de sa marge de crédit, serait incapable de faire face à une dépense imprévue de 5000$, et il s’en trouve même 10% pour qui une dépense inattendue de 500$ poserait un grave problème financier.




MEUBLE : LA TROISIÈME PRISE POUR L’INDUSTRIE? - Hugo Fontaine
« Quand le dollar était à 65 cents, c’était nous les Chinois de l’Amérique. Le cheap labor, on le trouvait au Québec », dit Fernand Fontaine, propriétaire de Groupe Dutailier.
Une jolie table de cuisine ronde, quatre chaises, et un buffet tout en bois. Une photo de cet ensemble fabriqué par Shermag orne la une du dernier rapport du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation sur l’industrie québécoise du meuble, en 2007. Deux ans plus tard, le plus grand des fabricants de la province fait face à une liquidation de ses actifs.
Même si l’ancien fleuron de l’industrie est sur la voie de garage, l’industrie est encore là. Mais avec l’Asie, le dollar, puis la récession, les fabricants tentent aujourd’hui d’éviter la troisième prise et le retrait.
C’est le cas de Fernand Fontaine, président, propriétaire et cofondateur de Groupe Dutailier, basé à Saint-Pie. L’entreprise, qui fabrique notamment des fauteuils sur billes pour les femmes enceintes et les jeunes mamans, compte 450 employés dans ses usines de Saint-Pie, Saint-Hyacinthe et Sainte-Anne-de-la-Pérade.
« On a déjà eu 850 employés, souligne Fernand Fontaine, en entrevue avec La Presse Affaires. On a fermé quatre usines au cours des six dernières années. »
Première prise
La première prise est arrivée comme une rapide en provenance d’Asie. Les bas salaires asiatiques, dans une industrie à haut taux de main-d’oeuvre, ont désavantagé les fabricants de meubles québécois, comme ceux d’une foule d’autres secteurs manufacturiers.
« Les Américains sont allés s’approvisionner en Asie, dit M. Fontaine. On a perdu le client. Et c’est très difficile de le reconquérir. »
« L’industrie a été fouettée par l’augmentation des importations de produits asiatiques, explique le président-directeur général de l’Association des fabricants de meubles du Québec, Jean-François Michaud. Cela a déstabilisé le marché et apporté une déflation des prix. Ç’a changé drastiquement les habitudes d’achat des professionnels. On nous sortait très souvent des planchers des magasins. Et après ça, c’est très long de rétablir des habitudes d’achat. »
Deuxième prise
La deuxième prise a suivi sans trop tarder, avec la hausse du dollar canadien, en même temps que la baisse du yuan
chinois, si bien que le Groupe Dutailier a vécu « deux ou trois années où c’était vraiment pas rentable », dit M. Fontaine.
« On a vu le dollar monter et on se disait que ce serait temporaire, mais non », ajoute-t-il. Le Québec a perdu sa compétitivité. « Quand le dollar était à 65 cents, c’était nous les Chinois de l’Amérique. Le cheap labor, on le trouvait au Québec. » qu’il était, dit M. Fontaine. Auparavant, il n’était pas rare, dans des expositions de meubles, de signer des commandes qui nous occupaient pour trois ou quatre mois dans l’année. Ça n’existe plus. »
Chez Groupe Lacasse, à quelques pas de l’usine de Dutailier à Saint-Pie, le volume des ventes de ses meubles de bureau aux États-Unis a reculé de 30 à 40% en un
Chez Dutailier, cette nouvelle donne s’est traduite par des compressions de maind’oeuvre, mais aussi par un changement de la chaîne de production. « L’industrie du meuble qu’on connaissait à nos débuts, en 1977, avec des grands volumes vendus aux mêmes clients, c’est terminé », soutient M. Fontaine.
Troisième prise, retiré ?
Mais la décennie n’allait pas se terminer ainsi. La crise économique s’est pointée. La troisième prise fatale ? « Au début de la crise financière, j’ai craint, se rappelle Fernand Fontaine. J’ai vu la faillite de gros réseaux de détaillants, un paquet d’annulations de commandes, on s’est demandé si c’était la fin. »
Comme beaucoup d’autres fabricants québécois, que ce soit dans le mobilier résidentiel ou de bureau, Groupe Dutailier exporte une bonne partie de sa production aux États-Unis. Dans son cas, c’est 75%. Or, le marché s’est effondré.
« Le marché américain est moins preneur an. C’est sensiblement la même chose chez Artopex, de Granby, qui fait aussi dans le mobilier de bureau.
En maintenant ses ventes au pays, notamment grâce à une poussée dans l’Ouest, Artopex s’en tire avec un recul de 18% de ses ventes cette année.
Pour toute l’industrie, le volume de ventes a baissé de 14,5% au premier trimestre de 2009, par rapport au trimestre correspondant en 2008, indique Joëlle Noreau, économiste chez Desjardins.
« L’industrie du meuble est très liée à l’habitation, dit-elle. Or, c’est un secteur qui n’en est même pas encore à l’étape de la convalescence au États-Unis. »
C’est aussi douloureux du côté commercial, qui représente un peu moins du tiers du secteur québécois.
« Il s’est perdu 500 000 à 600 000 emplois par mois aux États-Unis, dit François Giroux, président-directeur général du Groupe Lacasse, filiale de la société américaine Haworth. Au début, la plupart des pertes d’emploi étaient dans le secteur financier et dans les services. Tous ces gens-là, ce sont mes clients! » Pas d’employés, pas besoin de meubles de bureau.
Le choc n’est pas récent. « La récession, pour nous, ça dure depuis 2007, explique le président du conseil du fabricant de meubles de salle à manger Canadel, Guy Deveault. Avec la hausse des prix des produits pétroliers, les consommateurs avaient moins d’argent pour acheter des meubles. Les Chinois, pris avec leur surproduction, ont baissé les prix. Ça a démarré la spirale. »
Une spirale que les fabricants ne peuvent vraiment inverser. Mais il y d’autres moyens d’arriver d’être sauf au premier but, puis de marquer des points.

QUEL AVENIR POUR LE SECTEUR AU QUÉBEC?
Les années fastes du début de la décennie ne sont plus qu’un lointain souvenir pour l’industrie québécoise de la fabrication de meubles.
L’industrie du meuble a énormément changé dans les dernières années, perdant au passage quelques milliers d’emplois.
Des fabricants ont dû réduire de moitié leurs effectifs depuis le début de la décennie. Les investissements ont fondu de 50%.
« Je pense que la croissance de l’industrie du meuble, telle qu’on l’entendait à la fin des années 80-90, c’est un rêve! » dit Fernand Fontaine, président du Groupe Dutailier.
Mais les fabricants croient toujours qu’il y a un avenir pour l’industrie au Québec.
« Je ne crois pas à une croissance débridée, dit M. Fontaine. Je crois plutôt à une croissance modérée, si croissance il y a, et à une stabilisation de l’industrie. »
« C’est mieux que disparaître, car l’industrie est très atomisée », ajoutet-il. Partout au Québec se trouvent des centaines de petits et grands fabricants, et quelque 25 000 emplois à la production. « S’il fallait que ce tissu-là disparaisse, voyez-vous tout le lot de chômeurs ? » note M. Fontaine.
Guy Deveault, président du conseil des Meubles Canadel, de Louiseville, croit qu’il est toujours possible de fabriquer au Québec, « mais pas selon le modèle d’affaires d’il y a cinq ou 10 ans ».
Pour s’adapter au contexte changeant, Canadel a pris le virage technologique. Elle investit sur un nouveau programme 3D pour présenter ses produits aux clients qui se font aider de designers d’intérieur. C’est une manière de trouver une niche.
« Ça nous force à entrer dans un aspect de la commercialisation auquel on ne touchait pas avant, alors qu’on vendait aux magasins et ça s’arrêtait là », dit M. Deveault.
Artopex a aussi changé son angle d’attaque du marché. « Dans les quatre ou cinq dernières années, on s’est davantage orienté vers les contrats », dit Maurice Pelletier, vice-président exécutif et copropriétaire du fabricant de mobilier de bureau.
« Nous avons maintenant des délais de livraison de 12 jours, ce qui nous a aidé à combattre ce qui vient de l’Asie. »
En contrepartie, l’horizon change. « Des plans de 5 ans ou de 10 ans, ça n’existe plus, en tous cas pas chez nous, dit M. Pelletier. On fait un plan de 90 jours et on fonce avec ça. »
Le PDG du Groupe Lacasse, François Giroux, soutient quant à lui que les fabricants de mobilier de bureau sont « relativement en santé » malgré de fortes baisses du volume de ventes, car ils ont massivement réinvesti en technologie et en design pour maintenir une pression sur les coûts.
L’après-récession, encore un défi
L’industrie du meuble a énormément changé dans les dernières années, perdant au passage quelques milliers d’emplois. Elle changera sûrement encore. « De s j oueu r s s o n t pa r t i s , d ’ aut res vont pa r t i r , di t Guy Deveault, de Canadel. Il y aura une consolidation. »
Canadel vient d’ailleurs de mettre la main sur des équipements de Meubles Morigeau et MorigeauLépine, tombé au combat à la fin de l’année 2008.
Mais même après la crise, un autre défi, mis en veille par la récession attend l’industrie : le manque de main-d’oeuvre spécialisée.
« C’est un grand problème, dit Fernand Fontaine. On n’a pas fait la promotion nécessaire. Un peu tout le monde est responsable. Tout le monde pensait que cette industrie était moribonde et que ça ne valait pas la peine de réinvestir. On devrait retrouver la fierté de l’artisan qui fabrique un meuble. On n’a pu cette fierté-là. »


Nortel meurt, Novink naît - Sophie Cousineau
R estructuration judiciaire. Cette expression qui faisait frémir les gens d’affaires est entrée dans le langage de tous les jours depuis que le président américain Barack Obama la décrit sur toutes les tribunes comme une « opération chirurgicale rapide ».
Ce que cette image sous-entend, c’est que l’entreprise malade sortira promptement des soins intensifs et retrouvera la santé. Le constructeur automobile Chrysler n’a-t-il pas échappé à l’emprise de ses créanciers en un court mois, malgré la frousse de dernière minute provoquée par des caisses de retraite de l’Indiana qui s’opposaient à cet arrangement ?
Toutefois, si Chrysler redémarre avec le constructeur italien Fiat dans le siège du conducteur, il n’est pas dit que son moteur ne calera pas de nouveau. À preuve, la rechute d’Air Canada. Le transporteur semble avoir évité de justesse une seconde restructuration en cinq ans en négociant des accommodements avec ses principaux syndicats.
Dans le cas de Chrysler et de General Motors, de surcroît, les deux constructeurs avaient en main des ententes avec leurs principaux créanciers et syndicats avant d’avoir recours à la protection des tribunaux. Ententes arrachées in extremis, alors que l’Oncle Sam maintenait un fusil sur la tempe de toutes les parties.
Ce n’est généralement pas le cas. La désintégration de Nortel Networks, qui s’est confirmée vendredi avec la vente des activités en sans-fil à Nokia Siemens Networks, montre à quel point toute restructuration est périlleuse. Bref, la démarche n’a rien de banal.
 
Dans le cas de Nortel, la restructuration a fait fuir les derniers clients sans persuader les banquiers de lui accorder un financement intérimaire, l’oxygène de toute réorganisation. Presque par compassion, semble-til, la restructuration a mis fin à une longue agonie.
« Le démantèlement de l’entreprise n’est pas notre priorité », affirmait pourtant Mike Zafirovski, président et chef de la direction de Nortel, lorsque cet équipementier a fait appel aux tribunaux en janvier après avoir échoué à vendre certaines activités.
« Au contraire, ajoutait-il, nous comptons revenir commeune société techno plus leste, plus concentrée, plus forte. »
Cet Américain, qui a pris la tête de la vedette déchue des télécoms il y a quatre ans, était bien déterminé à ce que Nortel retrouve son lustre de la toute fin des années 90. À son sommet, l’entreprise comptait 95 000 employés et représentait près du tiers de toute la valeur boursière de la Bourse de Toronto. Mais les dommages causés à Nortel étaient quasi irréparables.
Le gonflement artificiel des ventes grâce à un crédit trop facilement octroyé aux clients. L’éclatement de la bulle techno. Les primes au rendement qui ont amené certains dirigeants à tripoter la comptabilité. La porte tournante à la direction. Les coupes et restructurations qui ont laissé l’entreprise exsangue et démoralisée...
Malgré les milliards dépensés en acquisitions et en R&D, Nortel a perdu son leadership et s’est retrouvée à la remorque de la révolution internet. Le genre de chose dont une techno ne se remet pas. Aucun plan de sauvetage n’aurait changé quoi que ce soi. De toute manière, Nortel n’avait pas le poids économique (et politique) pour forcer la main des gouvernements, contrairement à l’industrie ontarienne de l’auto.
Pour sauver les apparences, le gouvernement fédéral a offert 300 millions de dollars en financement à Nokia Siemenspar l’entremise d’Exportation et Développement Canada, pour que ce repreneur maintienne 2500 emplois de Nortel au Canada et aux États-Unis.
A priori, Quebecor World ne semblait pas dans une meilleure posture lorsqu’elle s’est mise à l’abri de ses créanciers, en janvier 1998. Chose certaine, elle n’était pas plus susceptible d’attirer la sympathie des gouvernements.
Mais cette entreprise de 87 usines et de 19 000 salariés dispose d’atouts indéniables. L’une des raisons pour lesquelles l’imprimeur montréalais s’est mis en difficulté, c’est qu’il avait entrepris un ambitieux programme de modernisation. Depuis 2002, donc, Quebecor World s’est départi de ses vieilles imprimeries pour s’équiper des presses les plus rapides qui peuvent servir autant les éditeurs et que les détaillants. Mais les bienfaits de ces coûteux investissements ont tardé à se faire sentir.
Les imprimeries de Quebecor World en Amérique du Nord sont à la pointe de la technologie. Et l’imprimeur montréalais n’a plus à traîner le boulet de sa filiale européenne, qui imprimait à l’encre rouge. Ou à payer les intérêts sur une dette d’une lourdeur excessive. L’entreprise dirigée par Jacques Mallette, ancien chef de la direction financière qui a pris le relais de Wes Lucas en décembre 2007, a réussi à obtenir un financement intérimaire pour se restructurer. Cela a donné le temps à l’imprimeur de négocier un compromis avec ses créanciers. Compromis que les créanciers ont avalisé lundi.
Les conditions de l’industrie ne seront pas moins difficiles lorsque Quebecor World commencera sa deuxième vie, vers la mi-juillet. La concurrence dans cette industrie morcelée reste féroce. C’est d’autant plus vrai que la transition de l’imprimé vers l’électronique aggrave encore la surcapacité.
Mais être l’un des imprimeurs les moins endettés et les plus efficaces permettra à Quebecor World, alias Novink, de son futur nom, de tirer son épingle du jeu. C’est du moins l’espoir. Espoir que Nortel a complètement perdu.

De Nortel à mortel -  Michel Girard
En huit années donc, Nortel a vu sa valeur boursière passer de 400 milliards de dollars à seulement une vingtaine de millions.
Qui pouvait prédire que le titre de Nortel allait devenir « mortel » pour le portefeuille ! Août 2000. Il y a huit ans ou presque, l’action de Nortel touchait un sommet historique à 1245$. Pendant que la bulle internet tirait à sa fin, Nortel Networks représentait à elle seule plus du tiers de la capitalisation boursière de la Bourse de Toronto. Vendredi dernier, l’action de Nortel a été retirée de la cote des Bourses de Toronto et de New York. Le titre de cet ancien fleuron de la bulle internet en est à ses derniers balbutiements en se négociant aujourd’hui comme un vulgaire penny stock sur l’OTC Markets (Over The Counter). À combien? À 4 cents l’action. Et on parle ici d’une action qui a déjà fait l’objet d’une consolidation de 10 pour 1. En huit années donc, Nortel a vu sa valeur boursière passer de 400 milliards de dollars à seulement une vingtaine de millions.
Victime de manipulation comptable et de nouvelles mensongères sous l’ancienne direction, Nortel n’a jamais été capable de reprendre son envol en dépit des efforts louables de l’actuel président, Mike Zafirovski.
Lorsque Nortel se négociait à son zénith en 2000, la majorité des analystes des maisons de courtage continuaient d’en recommander l’achat. Les plus pessimistes des analystes y allaient avec leurs sempiternelles recommandations : « à conserver ».
C’est ce qui explique sans doute pourquoi nombre de petits actionnaires de Nortel avaient conservé leurs actions au lieu de les liquider à fort prix. Ces petits actionnaires rêveurs étaient légion. Un grand nombre d’entre eux avaient « hérité » de leurs actions de Nortel parce qu’ils étaient actionnaires de BCE. On se rappellera que le 1er mai 2000, BCE avait redistribué à ses actionnaires le gigantesque bloc d’actions de Nortel que la société contrôlait.
Pour chaque lot de 100 actions de BCE, l’actionnaire recevait 157 actions de Nortel, et 100 actions de BCE. Imaginez la petite fortune que ces 157 actions de Nortel représentaient en août 2008. On pa r l e de 195 4 65 $ . Aujourd’hui, ces 157 actions valent 6,28$, à la condition que vous puissiez les revendre sur le marché américain O.T. C. Nouveau symbole boursier de Nortel : NRTLQ. En fait, elles ne valent même pas la commission qu’il en coûte pour s’en départir, ne serait-ce qu’avec un courtier à escompte
Mais quel gâchis ! À cause de quoi? La bulle internet a entraîné Nortel Networks dans le scandale financier… Ce fut carrément désastreux pour Nortel. Victime de manipulation comptable et de nouvelles mensongères sous l’ancienne direction, l’entreprise n’a jamais été capable de reprendre son envol en dépit des efforts louables de l’actuel président, Mike Zafirovski.
Alors que le gouvernement Harper a accepté d’i nvesti r dans le plan de sauvetage de General Motors, i l a ref usé d’aider financièrement Nortel. Conséquemment , e x pl i que Zafirovski, l’entreprise n’a pu éviter la faillite et son démantèlement prochain. Nortel s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites en janvier dernier.
Chose certaine, les actionnaires de Nortel ne pourront jamais accuser M. Zafirovski d’avoir profité de sa position d’initié pour s’engraisser le portefeuille à leurs dépens.
C’est plutôt le contraire qui est survenu. En 2007 et 2008, le grand patron de Nortel a sorti de ses poches 1,7 million de dollars pour acquérir sur le marché un bloc de quelque 160 000 actions.
De plus, croyant en la survie de Nortel Networks, il a, dit-il, convaincu des membres de sa famille d’investir également dans l’achat d’actions de Nortel.
À l’instar de tous les actionnaires de Nortel, M. Zafirovski et ses proches se retrouvent aujourd’hui avec de lourdes pertes sur les bras. Tout comme d’ailleurs plusieurs dirigeants et administrateurs de la multinationale déchue.
Cela m’amène à nous mettre en garde contre les transactions d’achat des initiés. On a beau dire, avec preuves à l’appui, que les grosses transactions d’achat de 500 000$ ou plus des initiés représentent généralement un bon signal d’achat, la catastrophe de Nortel nous ramène les deux pieds sur terre.
En Bourse, il n’y a jamais rien d’acquis, même quand le grand patron investit massivement de sa poche dans son entreprise, et ce en toute bonne foi.
En terminant, notons que M. Zafirovski s’est fait varloper par d’anciens employés lorsqu’il a récemment paradé devant la Chambre des communes. Ces derniers lui reprochent d’avoir versé des primes de 45 millions à ses collègues de la haute direction alors que l’entreprise, placée sous la protection de la loi sur les faillites, avait refusé de payer des indemnités de départ à ses employés mis à pied.


Le cul-de-sac européen  -  Richard Dupaul
Une devise trop forte qui étrangle les commerçants et les exportateurs. Des banques qui ne prêtent pas... La zone euro peut-elle trouver une issue à la crise ?
ÉCONOMIQUE La force de l’euro (à 1,62 $CAN environ) fait maugréer beaucoup de Québécois qui s’envolent vers l’Europe pour les vacances estivales. Mais la devise européenne suscite encore plus de mécontentement parmi les détaillants slovaques et irlandais ces jours-ci.
Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, qualifie d’« adéquat » le niveau actuel des taux.
Six mois après l’adhésion de la Slovaquie à l’euro, le gouvernement enquête déjà sur les raisons qui incitent des milliers de citoyens du pays à faire leurs emplettes chez les voisins, en Hongrie. Or, on connaît déjà la réponse.
La poussée de 15% de l’euro contre le forint hongrois, depuis le début de 2009, i ncite les Slovaques à acheter de la nourriture, des frigos et même des voitures moins chers en Hongrie. Un exode douloureux, qui a fait chuter de 9,2 % les ventes de détail slovaques en avril.
L’euro trop cher
Les médias européens parlent aussi de la grogne montante en Slovénie, le seul autre pays d’Europe de l’Est, outre la Slovaquie, qui a adopté l’euro. Le commerce de détail dans ce pays a plongé de 13,4 % en mai alors que les détai l l a nts blâ ment sur t out l’euro, encore une fois.
Même phénomène en Irlande, dont les citoyens se rendent chaque jour en Irlande du Nord pour profiter des aubaines découlant de la faiblesse de la livre sterling.
L’an dernier, le nombre d’Irlandais visitant les « cousins » britanniques, au nord de l’île celtique, a bondi de 26%, selon l’office de tourisme. Une vraie gifle pour les commerçants, au sud, dont les affaires ont rétréci de 16% au premier trimestre.
P o u r é qui l i br e r les forces, le détaillant britannique Marks& Spencer a dû réduire de 12%, il y a 10 jours, le prix des meubles et des appareils ménagers vendus en Irlande. Le mois dernier, la chaîne de supermarchés Tesco abaissait de 22% ses prix dans 11 magasins irlandais pour soutenir ses détaillants exaspérés.
Trichet ne bouge pas
Malgré l eur c r i d’a l a r me, les commerçants exaspérés ont obtenu peu d’aide de la Banque centrale européenne ( BCE), qui a décidé jeudi de garder inchangé son taux directeur à 1%.
Une baisse des taux d’intérêt, en temps normal, affaiblit une devise en rendant les investissements locaux moins attrayants. Toutefois, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, n’a pas bronché, qualifiant d’« adéquat » le niveau actuel des taux.
Mais comparé aux banques centrales américaine ou britannique, dont le principal taux est près de zéro et qui ont imprimé en masse de la monnaie pour lubrifier le système bancaire, « la BCE continue d’être en retard dans son soutien » à l’économie, déplore la firme Capital Economics, de Londres.
La zone euro, qui s’enfonce dans une récession d’environ 5% cette année, n’est même pas en voie de convalescence. Les derniers indicateurs de confiance montrent une timide embellie, mais peu convaincante.
Le crédit en panne
Or, la BCE et plusieurs cambistes jugent qu’une baisse de taux aurait peu d’impact sur l’euro, dont la vigueur est surtout la conséquence du repli des autres devises.
Le problème est en fait plus profond. Car les banques européennes demeurent très frileuses quand vient le temps de prêter aux consommateurs et aux entreprises.
En effet, les conditions du crédit se dégradent encore outreAtlantique. La croissance des prêts au secteur privé a nettement ralenti, en mai, affichant une hausse de 1,8 % sur un an contre +2,3 % en avril, selon la BCE.
Les chiffres ont de quoi inquiéter, car ils « montrent qu’il n’y a toujours pas de détente des conditions de crédit très dures » en Europe, af f i r me la f i r me Global Insight dans une étude. L’économie, donc, étouffe.
Le ralentissement du crédit s’explique aussi par le fait que les entreprises ont gelé leurs investissements face à des exportations en baisse.
Bref, la crise est complexe et l’Europe s’enfonce dans un culde-sac. C’est pourquoi M. Trichet, au lieu d’abaisser inutilement les taux, a opté pour une autre solution en inondant le marché de liquidités la semaine dernière.
La BCE a accordé un record de 442 milliards (690 milliards CAN) de prêts aux banques européennes sur une durée d’un an (à 1%). Le but : abaisser le coût du crédit et stimuler l’investissement et la consommation.
Cette opération est ambitieuse mais elle arrive un peu tard au goût de certains. Car on ne saura que dans un mois ou deux si la stratégie est une réussite et si les consommateurs ont enfin plus d’argent à dépenser. Entre-temps, les commerçants i rlandais et slovaques devront regarder leurs clients filer vers la frontière.



L’Europe est hantée par la déflation -  Marc Thibodeau
— Les gouvernements européens, qui tentent sans grand succès de relancer leur économie à coups de milliards, doivent maintenant composer avec le spectre de la déflation.
Les dernières données de l’office européen des statistiques, Eurostat, parues il y a quelques jours, indiquent que l’indice des prix à la consommation pour mai 2009 se situait au même niveau qu’en mai 2008 pour les 16 pays utilisant l’euro. C’est la première fois qu’une inflation nulle est enregistrée depuis l’introduction de la monnaie unique.
Certains pays membres ont enregistré dura nt la même période une inflation négative. C’est le cas de l’Irlande, où le recul sur un an est de près de 2%. L’ancien « tigre celtique » est l’un des États du continent les plus touchés par la crise, avec un recul attendu du PIB de près de 10% en 2009.
La France a aussi vu l’inflation passée sous la barre du zéro en mai, avec un indice des prix à la consommation en recul de 0,3 % par rapport à celui enregistré à pareille date l’année dernière.
L’Institut national de la statistique et des études économiques ( INSEE) a précisé qu’il fallait remonter à 1957 « pour retrouver une baisse annuelle » des prix dans le pays.
Annonce attendue
L’annonce d’une inf lation négative était attendue par plusieurs analystes, qui l’expliquent par la baisse marquée du coût de l’énergie et, plus particulièrement, du pétrole. Le baril de brut avait flambé à pareille date l’année dernière, grimpant jusqu’à 150$ à l’été avant de chuter au tiers de ce prix dans les premiers mois de la crise.
L’indice des prix à la consommation pour les produits « non volatils », excluant l’énergie et l’alimentation, a augmenté de 1,6% dans la zone euro pour la période considérée.
La ministre de l’Économie française, Christine Lagarde, a rapidement réagi à l’annonce des données de l’INSEE en soulignant qu’il s’agissait d’une baisse « passagère » de l’indice des prix et non d’une tendance durable susceptible de paralyser peu à peu l’économie.
Elle a ajouté qu’il s’agissait, pour l’instant, d’une évolution positive pour les consommateurs. « Le repli temporaire des prix agit comme un facteur de soutien à la consommation dans le contexte difficile de la remontée du chômage », a-t-elle expliqué.
Les analystes préviennent que l’inflation négative ne peut être profitable qu’à court terme. Si elle se maintient, les consommateurs sont amenés à repousser leurs achats dans le temps, affaiblissant plus encore la demande pour les entreprises.
Ces dernières sont tentées de brader leurs produits et cherchent à réduire leurs coûts internes, exerçant une pression à la baisse sur les salaires qui vient alimenter la baisse de la demande et la spirale déflationniste. Et se traduit par une longue période de morosité économique.
Ce fut le cas notamment au Japon dans les années 90, souligne Cyril Blesson, analyste de la firme d’investissement Seeds Finance.
Courte période
Malgré la baisse enregistrée en mai, ce spécialiste ne croit pas que le continent va subir une longue période de déflation. La hausse en cours du pétrole, qui dépasse la barre des 70$ le baril, devrait faire en sorte que l’indice des prix à la consommation recommence à grimper avant la fin de l’année.
Cette évolution, qui aura comme effet négatif de réduire le pouvoir d’achat de la population, ne doit pas faire oublier que l’Europe est une zone « quasi structurellement déflationniste » depuis 15 ans, relève M. Blesson.
Pour se remettre des déficits importants enregistrés au début des années 90, les gouvernements de la zone ont tenu serrés les budgets. La Banque centrale européenne a parallèlement mené une politique centrée sur la lutte contre l’inflation.
La force de l’euro a aussi miné la croissance, souligne M. Blesson. « On a tendance à dire que les États-Unis sont responsables de la crise, mais c’est un peu court. Pendant 15 ans, l’Europe n’a pas été une zone de croissance, les gouvernements refusant de stimuler leur économie. Il fallait bien que quelqu’un le fasse », dit-il.




La flambée des déficits menace les contribuables européens
« Bruxelles nous dit d’un côté qu’il faut que les États européens combattent la crise en augmentant les dépenses publiques, puis de l’autre qu’il faut faire attention parce que nous allons dépasser les déficits qui étaient prévus. »
La crise économique et les coûteux plans de relance mis de l’avant pour la contrer promettent des lendemains difficiles aux contribuables de l’Union européenne.
Les Irlandais, qui ont profité pendant des années d’une croissance fulgurante avant de voir l’économie du « Tigre celtique » s’écraser, viennent de l’apprendre à leurs dépens. Et d’autres exemples pourraient suivre sous peu.
Le premier ministre irlandais Brian Cowen a présenté il y a quelques semaines un plan d’austérité qui n’épargne pratiquement personne.
Des augmentationsd’impôt tous azimuts ciblant les classes aisées, mais aussi la classe moyenne, notamment à travers la hausse des taxes sur l’alcool, la cigarette, et l’essence, ont été introduites dans l’espoir de contenir le déficit public. Selon les dernières projections, il pourrait excéder 10% du PIB en 2009.
Les f onc t i on na i r e s , qui avaient mani festé en grand nombre dans les rues de Dublin en février, sont aussi touchés par le plan, présenté comme une étape incontournable par le gouvernement pour obtenir la relance espérée.
« Il nous faut d’abord stabiliser les finances publiques. Tant que nous ne pourrons pas nous remettre à f lot, ceux qui ont investi chez nous et ceux qui pourraient investir à l’avenir ne nous feront pas confiance », a-t-il déclaré.
La Grande-Bretagne, qui est aussi aux prises avec une détérioration marquée des finances publiques, s’est engagée timidement sur une voie similaire dans son dernier budget en augmentant les impôts des contribuables qui gagnent plus de 150 000 £ (280 000$) par année.
La plupar t des ana lystes dénoncent comme trop optimistes les projections du ministre des Finances Alistair Darling et ont prévenu que le prochain gouvernement devra recourir à des coupes draconiennes.
Selon le Financial Times, ces coupes devraient toucher directement la rémunération des fonctionnaires et inclure des hausses d’impôts importantes.
M. Darling lui-même a fini par reconnaître que les dépenses publiques devraient être resserrées « plutôt sévèrement » dans un avenir rapproché.
Tant la Grande-Bretagne que l’Irlande font l’objet d’une procédure pour déficit excessif ouverte par la Commission européenne, qui a aussi dans le collimateur la Grèce, la France et l’Espagne. Les gouvernements de ces États doivent présenter au plus tard en octobre 2009 les mesures qu’ils entendent prendre pour rétablir l’équilibre.
L’initiative reflète la détérioration croissante des finances publiques des pays de l’Union européenne, qui sont durement touchés par la crise.
Le commissaire aux Affaires économiques, JoaquínAlmunia, estime que la « consolidation budgétaire » est une condition nécessaire pour permettre une relance durable et qu’il serait par conséquent « désastreux » de laisser filer les déficits sans sévir.
Les semonces de la Commission européenne ont été très mal accueillies à Paris, où l’on martèle que « la priorité est au redémarrage des circuits de financement et à la relance de l’économie ».
Le ministre du Budget, Éric Woerth, estime que l’attitude de l’organisation européenne est « un peu gonflée ».
« Bruxelles nous dit d’un côté qu’il faut que les États européens combattent la crise en augmentant les dépenses publiques, puis de l’autre qu’il faut faire attention parce que nous allons dépasser les déficits qui étaient prévus », dit-il.
« Quand il y a un incendie, on ne chipote pas sur le montant de la facture d’eau », souligne, de manière plus imagée, le président de la Commission des finances du Sénat, Jean Althuis.
Le gouvernement ne se voit guère annoncer des mesures de restrictions alors que la tension sociale ne cesse d’augmenter et que les syndicats mobilisent leurs troupes pour obtenir une meilleure protection des emplois et du pouvoir d’achat.
L’ex-prem i e r s e c r é t a i r e du Parti socialiste, François Hollande, a f f i r me que le « laxisme » du gouvernement vise d’abord et avant tout à protéger les « privilégiés » et ne pourra durer qu’un temps, ce qui rend incontournable une ponction fiscale accrue.
« Tout a une fin. Et la sortie de crise sera aussi douloureuse que la crise elle-même... La question majeure, politiquement, devient de savoir une nouvelle fois qui paiera ! Ce serait un comble que les victimes d’aujourd’hui soient les contribuables de demain », souligne M. Hollande.


 
La pelle en attente - ANDRÉ PRATTE
Les conservateurs savent que seuls les projets annoncés dans les prochains mois leur seront politiquement utiles.
Les fonds du programme de stimulation de l’infrastructure, un élément clé du plan de relance économique du gouvernement Harper, se font attendre. Des municipalités craignent de ne pas pouvoir profiter pleinement de la saison de construction de 2009. Du coup, certains projets devront peut-être être retardés et ne pourront être terminés avant l’échéance fixée dans le budget Flaherty, le 31 mars 2011.
Ce retard s’explique en partie par la lenteur des négociations entre Ottawa et certaines provinces. À ce jour, cinq provinces (dont le Québec) ont conclu avec le fédéral une entente relative au Fonds de stimulation de l’infrastructure.
Autre source de retard: à Ottawa, une partie de bras de fer est engagée entre le politique et la bureaucratie. La tension est une conséquence directe de l’affaire des commandites. La columnist Chantal Hébert intitulait d’ailleurs sa chronique d’hier matin, dans Le Devoir: « Les commandites, prise II. »
Rappelons que le juge Gomery a attribué une part substantielle de la responsabilité du scandale au sous-ministre des Travaux publics, Ranald Quail. Selon M. Gomery, le haut fonctionnaire avait « abdiqué son devoir » de superviser la gestion du programme des commandites de crainte de déplaire à ses patrons politiques. « L’une des qualités exigées des hauts fonctionnaires est le courage », a souligné le magistrat.
Les fonctionnaires ont retenu la leçon. La fonction publique a tenu à étudier chacun des centaines de projets d’infrastructure soumis par les provinces et les municipalités avant que les fonds ne soient déboursés. Selon des informations qui ont coulé dans les journaux, le sous-ministre des Transports et des Infrastructures, Louis Ranger, a résisté aux pressions de son ministre, John Baird, au point de susciter le mécontentement de ce dernier et du premier ministre lui-même.
Les conservateurs sont pressés d’aller de l’avant pour de bonnes et de mauvaises raisons. Ils savent que pour avoir quelque impact sur la relance économique, les projets d’infrastructures doivent être en chantier maintenant... sinon hier! Ils savent aussi que seuls les projets annoncés dans les prochains mois leur seront politiquement utiles pendant une campagne électorale automnale.
Cette précipitation risque d’être néfaste, des milliards de fonds publics étant dépensés pour des projets plus ou moins bien ficelés, dont la nécessité n’est peut-être pas aussi évidente que le croient leurs promoteurs. Par ailleurs, même si on fait le plus vite possible, dans bien des cas la construction commencera alors que le pays sera déjà sorti du creux de la récession.
Quand on le fait suivant un plan cohérent et à long terme (voir le programme lancé en 2007 par le gouvernement du Québec), investir dans les infrastructures est une excellente idée. Mais quand on veut aller vite, les risques de dérapage sont importants. Or ces risques ne valent pas la peine d’être courus parce que de toute façon, l’impact de tels projets sur le ralentissement économique ne sera pas significatif. Par contre, l’impact sur les finances publiques sera certainement néfaste.


 
PROJETS D’INFRASTRUCTURES - Harper presse Québec d’agir
« L’argent doit être dépensé rapidement, sinon il sera perdu. Ces milliards de dollars ne seront pas disponibles pour toujours », a souligné M. Harper.
— Dans une critique à peine voilée envers le gouvernement du Québec, le premier ministre Stephen Harper a estimé qu’il fallait mettre de côté les « chicanes de compétences » et la lourdeur administrative afin d’accélérer le démarrage de projets d’infrastructures. Mais attention, il faut faire vite, prévient-il, parce que l’argent du fédéral ne sera pas disponible éternellement.
« L’argent doit être dépensé rapidement, sinon, il sera perdu. Ces milliards de dollars ne seront pas disponibles pour toujours », a souligné M. Harper, hier, dans une allocution prononcée dans le cadre des assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), à Gatineau.
« Les dépenses pour stimuler l’économie, prévues dans notre plan d’action économique, s’arrêteront à la fin de la récession, a-t-il ajouté. Nos déficits seront aussi importants qu’ils ont besoin de l’être pour nous aider à traverser cette récession. Mais nos déficits doivent être temporaires. Notre action doit être rapide et ciblée. »
En début de semaine, le ministre fédéral du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, avait carrément affirmé que les retards dans la mise en oeuvre des projets d’infrastructure étaient imputables directement à la lenteur administrative à Québec.
Le premier ministre québécois, Jean Charest, qui prenait aussi la parole devant les maires et conseillers municipaux rassemblés à Gatineau, a estimé que sa province était plutôt en avance sur les autres.
« On travaille avec le fédéral pour aller le plus vite possible. Tout le monde est conscient que dans la période de ralentissement, il faut investir aujourd’hui, a dit M. Charest. Je pense que tout le monde travaille de bonne foi. Toutes les provinces sont dans la même situation que nous. Mais je pense qu’on est plus avancé dans la signature des ententes. »
Ottawa et Québec ont par ailleurs confirmé la bonification des transferts aux municipalités de la taxe de vente sur l’essence. De 2010 à 2014, les municipalités recevront ainsi 2,6 milliards de dollars, soit une augmentation de 55% par rapport à ce qui avait été annoncé l’an dernier par M. Charest.
« C’est selon nous la meilleure façon de dépenser au niveau des infrastructures, s’est réjoui le président de l’UMQ, Robert Coulombe. Ça fait que chaquemunicipalité peut planifier à court et à moyen terme, plutôt que les autres programmes d’infrastructures, où les enveloppes sont octroyées en fonction du dépôt de projets. »
Il est par contre urgent d’agir, selon M. Coulombe, pour débloquer les fonds plus vite pour tous les projets qui ont été annoncés en grande pompe depuis des mois.
« En ce moment, les chèques, on ne les voit pas. On veut mettre en chantier des travaux rapidement. On est prêt. Étant donné qu’on a gardé la structure conventionnelle d’approbation pour s’inscrire dans les programmes de subventions, les délais sont trop longs », critique le président de l’UMQ, qui refuse toutefois de blâmer l’un ou l’autre des gouvernements.
S’adressant pour la première fois aux membres de l’UMQ, le premier ministre Harper a rappelé les nombreux investissements annoncés par son gouvernement pour des projets d’infrastructures.
L’opposition à Ottawa reproche au gouvernement conservateur d’annoncer desmilliards de dollars, sans que l’impact ne se fasse toutefois sentir sur le terrain.
Les dépenses fédérales de relance sont parfois mal dirigées
Des régions canadiennes où le taux de chômage est élevé sont laissées pour compte, tandis que des milliards de dollars en dépenses fédérales de relance économique affluent dans des coins de pays qui ont évité le pire de la récession, selon une analyse effectuée par La Presse Canadienne.
Dans si x provinces, les régions qui profitent le plus du programme de relance présentent en fait des taux de chômage très inférieurs à la moyenne provinciale.
Ainsi, les sommes confiées à la Colombie-Britannique, à l’Alberta, à la Saskatchewan, au Québec, au NouveauBrunswick et à NouvelleÉcosse s ont a l l ées à des régions où les travailleurs s’en sont tirés relativement bien.
Dans trois autres provinces, soit le Manitoba, TerreNeuve-et-Labrador ainsi que l ’ Ontario, les régions qui ont profité des stimulants affichent effectivement des taux de chômage plus élevés que la moyenne, mais les régions favorisées ne sont même pas les plus durement affectées par le chômage au sein de chacune de ces trois provinces.
L’ Î le-du-Prince-Édouard ne c ompte qu’u ne s eule région économique, selon la carte standard de Statistique Canada, ce qui fait que l’on ne peut pas faire de comparaisons au sein de la province.
Par ailleurs, la région canadienne où le secteur de l’emploi s’est le plus détérioré, soit la région de Cariboo à l’intérieur de la ColombieBritannique, n’a reçu aucun t raitement spécial dans le cadre du programme fédéral de relance.
« Nous devons chercher à créer des emplois, mais nous ne voyons pas cela arriver », se désole Robert Leclerc, président du Conseil du travail de Quesnel et région, dans le secteur de Cariboo.
« J’ai de la peine pour les travailleurs des usines de pâtes et papiers, ajoute-t-il. Qui sait ce qu’ils vont faire? » Les usines de la région ont réduit leurs effectifs ou ont carrément fermé leurs portes, indique M. Leclerc, et il pourrait y avoir encore d’importantes pertes d’emplois.
L’objectif du programme fédéral de relance était de « soutenir la croissance économique et l’emploi cette année et l’an prochain tout en augmentant la capacité de production du Canada à long terme », soulignait en janvier dernier Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances.


FAUSSE ROUTE  -  Patricia Lefèvre
OPINION Il est si facile de dilapider des milliers de dollars de fonds publics pour asphalter un bout de chemin
Brièvement conseillère municipale d’un petit village des Cantons-de-l ’ Est et c oordonnatrice depuis plusieurs années d’un organisme à but non lucratif, j ’ai été rapidement scandalisée de la façon dont sont gérées les subventions provinciales destinées aux travaux publics.
Obligée de produire une tonne de justifications pour chaque dollar dépensé par mon organisme, j ’ai en effet constaté que l e s mêmes règles ne s’appliquaient pas a u s e c t e u r municipa l . I l est tellement facile, légal et ordinaire de dilapider des dizaines de milliers de dolla rs de fonds publics pour asphalter un bout de chemin sur lequel il ne passe jamais personne, à part monsieur le maire, que c’en est vraiment déroutant...
L e s budge t s d e vo i r i e dépendent essentiellement de la bonne qualité des relations entre le maire et le député. C’est en effet ce dernier qui détermine, « en collaboration avec les municipalités et les MRC », les montants qui seront alloués à des fins d’a mél i or a t i on du r é s e au local dans sa circonscription électorale. Quant aux compensations allouées à des fins d’entretien, elles sont inconditionnelles et le ministère des Transports annonce candidement sur son site internet qu’il ne vérifie même pas l’utilisation des fonds.
Dans notre village, comme dans beaucoup d’autres, vous pourrez chercher longtemps les indicateurs de fréquentation et d’état des routes sur lesquelles devraient t héor i quement êt r e pr i s es l es décisions. Et la plupart des contrats de voirie sont accordés au même entrepreneur, année après année, sans que personne ne s’en offusque (sauf les nouveaux venus, qui finissent par s’habituer). L e s ystème e s t t el l e ment ancré que bien souvent, on ne retrouvera plus qu’un seul soumissionnaire pour répondre aux appels d’offres…
En conséquence, ma fille de 15 ans sait maintenant que les routes ne servent pas à faire rouler des voitures, mais à gagner des élections.
L’asphalte de monsieur le maire, c’est plutôt folklorique. Mais quand on se met à parler de travaux majeurs, comme l ’ i nstallation d’un système d’épuration des eaux usées, la situation est encore moins drôle. Une fois son contrat signé avec la grosse f i r me d’i ngénieurs qui va chercher au fédéral et au provincial les subventions requises par des travaux dont elle assurera ensuite la maîtrise d’oeuvre, une petite municipalité sera pieds et poings liés face à cette dernière.
Comme la firme en question sera rétribuée en fonction d’un pourcentage sur le montant total des t ravaux, elle choisira généralement l ’option l a plus coûteuse, même si celle-ci n’est pas la plus adaptée au contexte local. La petite municipalité n’au r a pas l es r essou r c es r e quises pou r é va l uer la validité de l’option retenue par la f i r me, ni pour surveiller son « maître d’oeuvre » durant la réalisation des travaux. Et si des défauts apparaissent, elle n’aura pas non plus les moyens de se défendre en cour face à son puissant fournisseur, même si celui-ci a tourné les coins ronds.
Dans les deux cas, ce sont des causes structurelles qui provoquent l e ga s pi l l a ge d’argent public. Des enquêtes au cas par cas permettront de colmater quelques fissures, mais si les fondations sont pourries, ça ne servira pas à grand-chose.

Choc et contre-choc pétroliers
BP, Eni, Petro-Canada... plusieurs géants pétroliers réduisent leurs dépenses d’exploration en réaction à la chute des prix du brut et de la demande mondiale. La crainte des experts se confirme : on réunit les éléments d’une remontée en flèche du cours de
L’agence internationale de l’énergie invite les producteurs à continuer d’investir dans l’exploration... sinon le monde vogue vers « une grave pénurie de pétrole en 2013 ».
La semaine dernière, on a signalé un embouteillage monstre à Rotterdam. Non pas dans les rues de cette jolie ville néerlandaise, mais dans le port.
Pour répondre à la croissance de la demande mondiale d’ici à 2030, il faudra une capacité de production de 64 millions de barils par jour, soit huit fois la production de l’Arabie Saoudite.
Plusieurs gros pétroliers ont dû jeter l’ancre à l’écart des quais, obligés d’attendre avant de décharger leur précieuse cargaison. Du jamais vu dans le plus grand port européen.
La raison : les réservoirs du port de Rotterdam, qui servent à stocker près de 12 millions de mètres cubes de produits pétroliers, sont pour la plupart remplis à ras bord. Il faut donc attendre qu’ils se vident… pour les remplir à nouveau.
Cette congestion maritime peu commune est une autre indication, avec la chute de 100$ US du prix du brut, que la récession mondiale étrangle la demande pétrolière.
Deuxième producteu r en importance en Europe, BP Plc ( British Petroleum) a sans doute pris note de ce qui se passe à Rotterdam. Car en annonçant un plongeon de 64% de ses profits au premier trimestre, mardi dernier, le géant britannique a aussi réduit pour la deuxième fois son budget d’exploration. BP abaisse ainsi de 10% ses investissements prévus en 2009, à moins de 20 milliards US.
La stratégie semble faire tache d’huile. L’italienne Eni SpA (profits en baisse de 43% au 1er trimestre) va aussi freiner ses dépenses, ayant reporté des investissements prévus dans des gisements pétrolifères.
Même chose à Petro-Canada ( perte de 47 millions contre un profit de 1,1 milliard un an plus tôt), qui vient de suspendre le projet de sables bitumineux Forts Hills, en Alberta. Son budget d’investissement est aussi ramené au minimum.
Récession
La récession fait mal aux producteurs d’or noir.
Dans son dernier rapport , l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit un recul de la demande pétrolière de 1,2 million de barils par jour (mbj), ou de 1,6%, cette année. Or, l’agence a révisé sept fois ses prévisions en un an à cause de la crise économique.
Chose certaine, la demande va se contracter pendant deux années d’affilée – ce qu’on n’a pas vu depuis le début des années 80 – et elle enregistrera en 2009 sa plus forte contraction depuis le début des années 70.
Dans ce contexte, pas surprenant que les prix du pétrole se soient écroulés : d’un sommet de près de 150$US le baril l’été dernier, ils oscillent depuis entre 43 et 53$US.
Le choc est important. Car l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) soutient que le prix du brut doit demeurer au-dessus de 70-75 $ US pour que ses membres puissent justifier de nouveaux investissements en exploration et en production.
Pénurie
Lemoisdernier, l’AIE a pourtant invité les producteurs à prendre leur mal en patience et à continuer d’investir, en tablant sur un regain des prix avec la reprise économique. Sinon, le monde vogue vers « une grave pénurie de pétrole en 2013 », prévient l’agence.
Mais on fait la sourde oreille dans l’industrie. Une quarantaine de projets d’exploration ont été retardés ou annulés depuis l’été, selon l’AIE.
Le recul des investissements porte le germe d’une pénurie « catastrophique » et d’une flambée des prix, a pourtant averti Ali Al Nouaïmi, le ministre saoudien du pétrole, lors d’un séminaire international sur l’énergie en mars. Il a raison.
Pour répondre à la croissance de la demande mondiale d’ici à 2030, il faudra une capacité de production de 64 mbj, soit huit fois la production de l’Arabie Saoudite, estime l’AIE.
« Les bas prix d’aujourd’hui préparent le terrain pour une nouvelle poussée de prix dans l’avenir », a prévenu le numéro 2 du Fonds monétaire international ( FMI), John Lipsky, dans une récente allocution.
Dans l’immédiat, le FMI ne se plaint pas trop de la chute du prix du brut – une grosse économie qui correspond à une injection de 1000 milliards US (2000 milliards US, selon l’OPEP) dans l’économie mondiale. Mais on sait fort bien que ce répit n’est pas une solution à long terme.
« Plus les prix du pétrole chuteront et plus ils resteront bas longtemps, plus cela aura un impact négatif sur l’offre future » , prévient M. Lipsky. Autrement dit, le message du FMI est le suivant : profitons des bas prix de l’essence pendant que ça passe.




Le tourisme seul ne suffira pas
ESTORIL, Portugal — Les pays du sud de l’Europe, fortement touchés par la crise économique mondiale, misent sur une reprise du secteur-clé du tourisme pour relancer leurs économies et rembourser leurs dettes. Cette reprise ne devrait toutefois pas être suffisante en 2010 pour leur assurer une sortie de crise rapide.
  La Grèce, avec son acropole, fait partie des 20 premières destinations touristiques du monde. Les pays du sud de l’Europe misent sur une reprise de l’industrie pour relancer leurs économies.
L’Europe est l’une des premières destinations touristiques du monde. Le tourisme, un des trois premiers secteurs de services, compte pour environ 11% de son produit intérieur brut (PIB) et génère 24 millions d’emplois. Grèce, Espagne, Italie et Portugal, qui font partie des 20 premières destinations touristiques du monde, attirent à eux seuls 130 millions de touristes par an.
Le tourisme « est considéré par le gouvernement comme l’un des secteurs stratégiques pour le développement économique durable du pays », a ainsi estimé le ministre du Tourisme portugais, Jose Vieira da Silva.
Cependant, au plus fort de la crise économique mondiale en 2009, l’industrie touristique s’est effondrée. L’Europe a été, avec le Moyen-Orient, la région la plus touchée sur le plan touristique en 2009 avec une baisse de 5% des arrivées dans les pays du bassin méditerranéen, selon l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies (OMT).
Les choses semblent s’améliorer quelque peu en 2010. L’OMT prédit une « modeste » éclaircie en Europe cette année, mais l’augmentation du nombre de visiteurs pourrait n’être que de 1%.
Dans la station balnéaire d’Estoril au Portugal, située à 25 km à l’ouest de Lisbonne, 2 0 0 9 aété «u ne a n née noire », déplore son directeur touristique, Duarte Nobre Guedes.
« Nous n’avons pas pu esquiver la crise mondiale », a-t-il commenté, prédisant toutefois des perspectives « bien plus favorables » dans l’un des secteurs économiques « vitaux » du Portugal, qui génère 10% du PIB et des emplois.
En Espagne, le tourisme est la première industrie du pays, engendrant 11 % du PIB et employant plus de 8% de la population active. Avec une baisse de 9% des arrivées à 52,5 millions d’euros (environ 73 millions CAN) en 2009, les revenus de l’industrie touristique ont plongé de 6,8 % pour atteindre 48 milliards d’euros (66,7 millions CAN).
L’Espagne s’attend à une amélioration des arrivées en 2010, mais ce sera seulement une « année de transition », a estimé Joan Mesquida, chef du département du Tourisme espagnol.
Le tourisme ne devrait en effet pas permettre à lui seul une relance rapide del’économie dans ces pays. « Il y a une croissance et cela va les aider, mais c’est seulement une partie de ce qui est nécessaire pour une reprise plus large », a estimé David Goodger, économiste au sein de la société Tourism Economics.
Le principal frein à la reprise du tourisme tient notamment à ce que les principaux pays pourvoyeurs de touristes, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, connaissent eux-mêmes des difficultés. Et, en temps de crise, les voyages sont souvent le premier poste de dépenses sacrifié dans le budget des ménages.


Le voyage à pic   -  Jean-Pascal Beaupré
Le parcours du tourisme québécois en 2009 ressemble à une étape en haute montagne au Tour de France: l’industrie doit affronter des côtes escarpées avec un fort vent de face par temps maussade.
La première pente raide, c’est évidemment la pire récession en un demi-siècle qui affecte le tourisme mondial. Quand l’économie plie l’échine, les familles ont le réflexe, quand elles n’y sont pas contraintes, de réduire leur budget de vacances et de rester dans leur propre cour. D’où une diminution prévisible de 8% de l’activité touristique sur la planète au premier trimestre. Le Québec n’échappe pas à cette tendance : de janvier à avril, la province a accueilli 6% moins de touristes que durant la même période l’an dernier.
Autre obstacle majeur à surmonter : la perte du Grand Prix du Canada a dépouillé l’économie montréalaise de dizaines de millions de dollars dépensés par les touristes étrangers, principalement européens, amoureux de Formule 1. Sans compter que le retrait de la célèbre épreuve au circuit Gilles-Villeneuve, qui était retransmise dans le monde entier, prive Montréal d’une précieuse visibilité.
Le défi devient herculéen lorsqu’un huard à 90 cents pénalise doublement le tourisme québécois. D’une part, il rend le Québec moins attrayant comme destination touristique pour les Américains, qui composent les deux tiers de nos touristes étrangers. Leurs finances étant déjà sérieusement affaiblies par la crise, ils ne voient plus dans leur voisin du Nord l’aubaine qu’il représentait lorsque le dollar canadien valait moins de 70 cents, il y a quelques années.
À l’inverse, avec un dollar canadien tonifié, ce sont plutôt les Québécois qui ont l’occasion de visiter les États-Unis à moindres frais. En conséquence, ils dépensent moins dans leur propre province. La récession ayant été moins sévère ici qu’ailleurs, passablement de Québécois ont encore les moyens de s’offrir des périples à l’étranger.
Si ce n’était pas suffisant, le mauvais temps des dernières semaines a poussé beaucoup de Québécois à mettre le cap vers les destinations ensoleillées du Sud plutôt que de se promener sur les routes mouillées du Québec. D’autant plus que des vacances dans les Caraïbes ne coûtent parfois pas plus cher. Rien pour améliorer le déficit touristique de près de 1 milliard que le Québec enregistre bon an mal an.
Évidemment, on peut espérer que la désaffection des touristes étrangers soit circonstancielle et temporaire. Sauf que l a repr i s e économique qui semble poindre s ’ annonce plutôt anémique, de l ’ avi s d’économistes réputés. Les Américains épargnent davantage, donc consomment moins, et verront leur taux de chômage augmenter pendant encore plusieurs mois. Les Européens ne sont pas encore sortis du bois eux non plus.
Quant au Grand Prix, reviendra-t-il à Montréal en 2010 ? Bien malin qui pourrait le prédire. On verra s’il sera réinscrit au calendrier qui sera rendu public à l’automne.

Alors, que faire pour préserver les 330 000 emplois générés par le tourisme au Québec ? Les trois quarts des touristes sont déjà des Québécois eux-mêmes. En attendant des jours meilleurs, on aurait intérêt à consacrer encore davantage nos dollars-vacances à découvrir les attraits de la Belle Province. Un brin de protectionnisme touristique ne nous ferait pas de tort.




UN ÉTÉ SOMBRE POUR  LES HÔTELLIERS  -  Louise Leduc
Et s’il n’y avait que le Grand Prix! Ajoutez la crise, la météo, le fait que le touriste arrive ici surtout avec l’intention d’y trouver l’aubaine du siècle, et vous avez de gros nuages noirs qui planent sur l’industrie touristique. Dans l’oeil du cyclone
En 25 ans dans l’industrie touristique, je n’ai jamais rien vu de tel. » Directeur général du Delta, rue Président-Kennedy, Alain Crevier explique que, en juin, à son hôtel, le taux d’occupation était de 10% plus bas que l’an dernier, disparition du Grand Prix oblige. L’ennui, c’est qu’il n’y a pas d’éclaircie à l’horizon. « Le mois d’août s’annonce terrible aussi, les clients n’ont pas réservé », dit-il.
Depuis le début de l’année à Montréal, le taux d’occupation des hôtels est en baisse de 8%.
Les heures des femmes de chambre et des serveurs ont été réduites, mais il hésite à supprimer des postes. « Il y aura pénurie de main-d’oeuvre bientôt. Quand les affaires vont reprendre, on aura besoin d’eux. »
Depuis le début de l’année à Montréal, le taux d’occupation des hôtels est en baisse de 8%.
Et encore, ce chiffre ne rend pas compte de toute la déprime de l’industrie. Car si la baisse n’est pas plus marquée, c’est que les hôtels consentent des rabais substantiels.
À l’Hôtel Reine-Élizabeth, en juin, les chambres coûtaient en moyenne 60 $ de moins qu’en juin 2008, explique la directrice générale, Johanne Papineau. « En ce moment, il y a une réelle guerre de prix. Cela fait en sorte que notre clientèle est très inhabituelle : les gens cherchent les aubaines. »
« Même les congressistes, qui se font rares, veulent payer le moins cher possible! » résume M. Crevier, de l’Hôtel Delta.
Tout est-il perdu ? Danielle Chayer, vice-présidente et directrice générale de l’Association des hôteliers du Québec, note que l’été est particulièrement difficile à Montréal et à Québec parce que ces villes ciblent surtout les touristes de l’extérieur du Québec – de l’Ontario, frappée de plein fouet par le déclin du secteur automobile, ou alors des États-Unis ou de l’Europe, très marqués par la crise de façon générale.
Des vacances en régions
Par contre, en région, ça s’annonce tout à fait correct. « La saison a commencé tranquillement parce que les Québécois ont de plus en plus tendance à ne prendre leurs vacances qu’en août, mais tout indique que des régions comme Charlevoix et l’Estrie s’en sortiront très bien », prévoit Mme Chayer.
Impossible de dire quel est l’effet direct de la publicité, mais le ministère du Tourisme du Québec, dès le printemps, a encouragé les Québécois à prendre leurs vacances ici. « L’idée n’est pas d’obliger qui que ce soit à rester ici, mais il est bon de rappeler aux gens que, quand ils passent leurs vacances au Québec, ils aident une industrie touristique dans laquelle travaillent 300 000 Québécois », relève Michel Couturier, directeu r général du ma rket i ng au ministère du Tourisme du Québec.
Le réf lexe à Montréal et à Québec: baisser les prix, ce que déconseille l’Association des hôteliers. « Si l’hôtelier loue sa chambre 169 $ habituellement et qu’il baisse son prix à 89$, il risque d’avoir bien du mal à revenir à son prix réel, surtout si la crise se poursuit. On encourage plutôt les hôteliers à offrir une prime : une troisième nuitée gratuite, un massage, un cocktail, par exemple », dit Mme Chayer, de l’Association des hôteliers du Québec.
Ce qui complique aussi les choses, pour les hôteliers, c’est que « les gens ont de plus en plus tendance à réserver à la dernière minute, même quand ils arrivent d’outre-mer », relève Michel Couturier.
Ce qui s’essouffle particulièrement? Pour les congrès, ce n’est pas la meilleure saison, mais c’est conjoncturel, croit-on. Par contre, ce qui semble s’affirmer comme une tendance à long terme, c’est le désintérêt grandissant pour le voyage de groupe. « Les babyboomers ne veulent plus se faire organiser ! La moyenne d’âge de ces voyages de groupe est de 69 ans. C’est vous dire à quel point cette clientèle est en voie de disparition », évoque M. Couturier.
En revanche, les destinations « grande nature » sont de plus en plus populaires. Les Français ont longtemps demandé et redemanderont encore du fleuve et des baleines – si la crise finit par passer –, mais le ministère du Tourisme commence aussi à faire miroiter les paysages québécois aux Américains, qui ont longtemps eu tendance à ne faire ici qu’un petit tour, à peine un bout d’autoroute 20, sans jamais s’aventurer au-delà de Québec.

Enfin, tantàTourismeMontréal qu’au ministère du Tourisme, on ne lésine pas sur l’opération séduction des jeunes urbains de Paris ou de Londres qui, croiton, envisagent de plus en plus de franchir l’océan pour aller à New York. S’ils vont passer le weekend à New York, pourquoi ne viendraient-ils pas à Montréal, la prochaine fois ?

Le Québec ou l’Europe à peu de frais
« Tout ce que notre conducteur de calèche nous a dit, c’est le nom et l’âge de son cheval, et puis il nous a dit qu’on était devant le Château Ramezay. Autrement, il était tout le temps au cellulaire et il s’arrêtait très souvent pour faire des transactions d’argent. Selon moi, notre conducteur de calèche, c’était un vendeur de drogue! » lance en riant Nicole Larose, une anglophone de Vancouver en visite à Montréal avec ses trois filles.
Malgré tout, à l’instar des touristes rencontrés dans le VieuxMontréal, ceux qui viennent ici y trouvent généralement leur compte. Vive les festivals, vive les musées, mais encore une fois, ce que les touristes disent beaucoup apprécier ici… ce sont les Québécois eux-mêmes. « La gentillesse et la politesse des gens est frappante, dit Julien Terrier, de Perpignan, en France. Chez nous, quand tu prends le bus, c’est la cohue. Pas ici. »
Linda et David Horn, de Floride, nous trouvent aussi bien gentils, Peter et Sheila Sharf, de ColombieBritannique, adorententendreparler français – tout en se faisant parfaitement comprendre en anglais.
Le Québec, pour les Ontariens et les Américains, c’est un peu l ’ Europe, une Europe sans l’euro, une Europe à peu de frais. « Nous avons mangé dans un très bon restaurant hier et on s’en est tiré avec une addition de 40$, c’était très raisonnable », dit Linda Horn.
« Les Français savent que c’est très peu cher ici, alors beaucoup de mes amis m’ont demandé de leur rapporter des trucs: des iPod, des vêtements, etc. », dit M. Terrier.
Les touristes sont d’ailleurs très nombreux à s’attendre à trouver d’excellentes aubaines. Plusieurs ont d’ailleurs des attentes démegratuite, même après qu’on lui eut dit que c’est aussi le cas des grandes églises européennes.
Claudina Pintado, de Mexico, n’en est pas revenue de se faire imposer, à cinq jours d’avis, un visa qui, avec le chèque certifié à faire, lui a coûté 100$. « Aussi, je m’attendais à ce qu’une ville comme Montréal soit beaucoup plus accessible aux fauteuils roulants. Dans le métro, ce n’est pas terrible mais en plus, à tout moment, je dois descendre des trottoirs parce que les restaurants y installent des tables. » Mme Sharf, elle, trouve qu’il manque de restaurants familiaux abordables àMontréal. Quant àMme Larose de Vancouver, elle n’en revenait pas de voir autant de fumeurs dans les rues. « La fumée de cigarette, c’est quand même embêtant. »
Même dehors ? « Oui, oui, même dehors. »

L’embarras du choix aux États-Unis  -  Judith  LaChapelle
Trouver un motel sur les plages du Maine à la dernière minute, à la fin du mois de juillet? C’était impossible, ou très difficile, ces dernières années. Mais cet été, les vacanciers ont l’embarras du choix.
L’industrie touristique américaine est en mauvaise posture cette année. Du petit motel de Nouvelle-Angleterre jusqu’aux grands palaces f lot tants de Floride en passant par Las Vegas au grand complet, des chambres vides attendent des clients qui ne viennent pas. Les Américains ayant choisi de rester à la maison cet été, l’industrie touristique fait les yeux doux aux Canadiens, moins touchés par la crise économique.
« Nous, ça va bien, on a une bonne clientèle qui revient d’année en année » , dit Danielle Bourassa, du motel Kebek 3, à Old Orchard Beach. « On parle français, c’est un grand avantage pour les Québécois. Mais dans les autres hôtels, ça paraît que c’est vide. Peu d’établissements affichent complet. »
Le téléphone sonne moins au bureau, ajoute-t-elle. Mme Bourassa estime que, auparavant, sa clientèle était à 80% québécoise. Comme les Américains ne voyagent plus, la proportion de clients québécois a grimpé à plus de 90% dans son établissement. De plus, la saison a bien mal commencé sur la côte Est, avec 28 jours de pluie en juin, dit Mme Bourassa. « Le motel n’était pas plein pour le Memorial Day (dernier lundi de mai), ce qui est assez rare. Mais il l’était à la fête de la Reine, même si ça a pris plus de temps. »
Des chambres, en pleines vacances de la construction, il en reste aussi quelques-unes au Wel ls-Ogunquit Resor t . « C’est la première fois depuis plusieurs années », dit sa propriétai re, Sarah Proach. Le mauvais temps de juin, la crise économique, « et peut-être aussi les tracas liés aux passeports » expliquent ce ralentissement, croit Mme Proach. Les hôtels et les restaurants du coin en pâtissent. « C’est probablement la pire année depuis 10 ans », dit-elle. Selon Steve Lyons, directeur du marketing à l’Of fice de tourisme du Maine, on s’attendait à cette situation : « La US Travel Association avait prévu que les voyages au pays seraient en baisse de 2,5% cette année. Mais il est encore trop tôt pour dire ce qu’il en sera réellement. S’il fait beau, avec des températures de 30°C tous les jours, on pourrait peut-être renverser la tendance. »
Ailleurs aux États-Unis, la situation est loin d’être plus rose. « Les compagnies de bateaux américaines ont des prix que je n’ai jamais vus de ma vie », dit Lyne Rose, présidente de Voyages Bergeron. Une croisière d’un mois, du Chili à la Floride, à 4000$, « je n’ai jamais vu ça ! » s’exclame Mme Rose.
« Et Las Vegas pleure », dit la voyagiste. « Il y a des aubaines à saisir en général. » Mais si le prix des croisières ou des forfaits avion-hôtel est à la baisse, ce n’est pas nécessairement le cas pour un touriste qui se rend en voiture à Boston, par exemple.
Il reste que les Canadiens ont un peu plus d’argent en poche que les Américains pour voyager et que l’industrie touristique ne ménage pas les efforts pour les attirer. Prix réduits, dol la r au pai r ou presque, « c’est très alléchant, partout, partout ».




Les dépenses touristiques continuent de ralentir au pays
— Les dépenses touristiques ont diminué de 1,3 % au premier trimestre de 2009 au Canada, en raison principalement du fort recul des dépenses des visiteurs étrangers.
Les dépenses des visiteurs étrangers au Canada ont diminué de 5,7 % au premier trimestre de 2009. Il s’agit du 14e recul au cours des 17 derniers trimestres et de la baisse la plus marquée depuis la crise du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) au deuxième trimestre de 2003.
Statistique Canada a précisé hier que c’est la première fois que les dépenses touristiques affichent des reculs pendant trois trimestres consécutifs depuis 2001, alors que le secteur du tourisme, déjà en proie à un ralentissement, était frappé par les attentats terroristes du 11 septembre.
Au cours du repli de 2001, le recul cumulatif des dépenses touristiques s’était élevé à 5,3 %. Par la suite, en raison de la crise du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), la demande liée au tourisme avait diminué de 5,8 % pendant le premier trimestre et le deuxième trimestre de 2003.
Le repli actuel est jusqu’ici moins prononcé, puisqu’il atteint 2,4 %.
Les dépenses des visiteurs étrangers ont diminué de 5,7 % au premier trimestre de 2009. Il s’agit du 14e recul au cours des 17 derniers trimestres et de la baisse la plus marquée depuis la crise du SRAS au deuxième trimestre de 2003.
Les visiteurs en provenance de l’étranger ont moins dépensé au chapitre de tous les biens et services touristiques. Les dépenses liées au transport étaient particulièrement faibles, en baisse de 8,0 % par rapport au trimestre précédent. La consommation de carburant automobile a diminué de 10,3 %, tandis que le nombre de voyages de même jour en automobile en provenance des ÉtatsUnis continuait sa descente. Les dépenses en restauration ont également été remarquablement plus faibles, soit une baisse de 8,0 %.
Les dépenses des Canadiens au chapitre du tourisme dans leur propre pays ont régressé légèrement de 0,1 % au cours des trois premiers mois de 2009, après avoir affiché des reculs modestes au cours des deux trimestres précédents.
De plus, l ’emploi dans le tourisme a reculé de 0,4 % au premier trimestre, en raison des pertes dans les services de voyages, les services de restauration et l’industrie du transport aérien. Des gains ont toutefois été enregistrés dans les industries de l’hébergement ainsi que des loisirs et divertissements.




Des pertes colossales -  Claude Picher
Si les deux premiers mois de l’année sont représentatifs de la suite des choses, les pertes pourraient donc friser, à l’échelle de la planète, les 70 milliards, l’équivalent de plusieurs millions d’emplois.
On peut déjà prédire que l’impact de la crise économique sur le tourisme mondial sera catastrophique cette année. Selon la plus récente compilation de l’Organisation mondiale de tourisme (OMT), un organisme des Nations unies dont la crédibilité est solidement établie, le nombre de touristes internationaux est en baisse de 7,7 % pour les deux premiers mois de 2009, par rapport à la période correspondante l’an dernier. Il est très rare d’observer des chutes de cette ampleur.

Les recettes du tourisme international ont atteint près de 900 milliards l’an dernier (tous les montants, dans cette chronique, sont exprimés en dollars américains). Si les deux premiers mois de l’année sont représentatifs de la suite des choses, les pertes pourraient donc friser, à l’échelle de la planète, les 70 milliards, l’équivalent de plusieurs millions d’emplois.
Le secteur touristique a connu une croissance spectaculaire entre 1995 et 2007. Pendant ces 12 années, le nombre de touristes internationaux est passé de 537 à 908 millions, une hausse annuelle moyenne de 5,5 %.
L’industrie touristique a frappé un mur à compter de l’été 2008. L’année avait pourtant bien commencé, avec une hausse de 6% de janvier à juin, performance qui s’inscrivait tout à fait dans la moyenne des années précédentes. Mais dès que les premiers signaux du naufrage financier sont apparus, la situation a complètement changé. Les six derniers mois, qui comprennent notamment le « pic » de juillet et août, s’est traduit par un recul de 2%. Pour finir, l’année s’est soldée par une faible progression de 1,7 %.
L’important recul de 7,7 % observé au début de 2009 masque d’importantes variations régionales. La région la plus touchée est le Proche-Orient (une quinzaine de pays, dont la Turquie, Israël, l’Iran et l’Arabie Saoudite qui accueille près de trois millions de pèlerins par année), avec une chute de 28%. À l’autre bout de l’échelle, l’Afrique du Nord, et notamment les populaires destinations du Maroc et de la Tunisie, a connu une croissance de 5%. Le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, ensemble, comptent pour près de 8% du volume du tourisme international. La région la plus visitée, et de loin, est l’Europe, qui accapare à elle seule 53% de tous les voyages intern a t i o nau x . E n janvier et février, l’ Europe a subi u ne ba i s s e de 8, 4 %, les pays les plus touchés étant l ’ Italie et l’Espagne. Les États-Unis et le Canada, qui comptent ensemble pour 11% des voyages, encaissent un recul de 3,4%, beaucoup moins grave que la moyenne.
Nuages sombres, donc, pour le secteur touristique, mais cela ne nous empêchera pas de terminer sur une note optimiste, pour deux raisons.
D’abord, il est loin d’être certain que 2009 accuse des pertes de 70 milliards, comme nous l’avons vu plus haut. Ce chiffre est le résultat d’une projection basée sur les deux premiers mois. Par définition, ce genre de projection est toujours risqué. L’exercice peut être utile pour fournir un ordre de grandeur, mais ne nous permet pas de conclure que le reste de l’année sera aussi désastreux que les deux premiers mois. Au Canada et aux ÉtatsUnis, nous savons même que l’indice de confiance des consommateurs, durement amoché durant la crise, est en train de reprendre du poil de la bête. Cela peut se traduire par une baisse moins marquée que prévu des voyages internationaux. C’est peut-être déjà commencé, mais nous ne le saurons pas avant l’automne. L’OMT, qui doit colliger des milliers de données fournies par les 160 pays membres de l’organisation, publie ses chiffres avec quelques mois de décalage. En revanche, les spécialistes de l’organisation sont formels : les voyages internationaux seront en forte baisse cette année.
D’autre part, l’OMT s’intéresse au tourisme international. Elle établit ses statistiques en compilant les arrivées de touristes dans chacun des pays membres. Ses données excluent donc les voyages intérieurs. Or, en période de crise, les consommateurs sont plus portés à sabrer leur budget de vacances internationales, plus coûteuses que des vacances passées chez eux. Au Québec, par exemple, il est possible qu’il y ait cet été moins de visiteurs européens, japonais ou américains. Mais il est également possible que de nombreux Québécois renoncent à un voyage outre-mer au profit d’une destination locale.


TOURISTES RECHERCHÉS -  Marie Tison
Amputée du Grand Prix de Formule 1, l’industrie prévoit un été sans soleil Avec la crise financière, la hausse du chômage et le prix du pétrole qui ne cesse de grimper, personne ne s’attend à un été de rêve dans l’industrie touristique. Mais si la situati
Les autocars de touristes ont commencé à déverser leur cargaison aux abords du Vieux-Montréal. Disciplinés, les touristes suivent une guide qui agite un petit drapeau jaune au-dessus de sa tête, histoire d’être bien visible et de ne perdre personne au détour d’une rue ou dans la foule.
Or, les foules ne seront peut-être pas au rendez-vous cet été. La belle saison ne s’annonce pas très clémente pour l’industrie touristique.
Plusieurs gros nuages s’amoncellent, à commencer par la récession, qui frappe particulièrement fort les plus importants marchés que vise l’industrie touristique québécoise, soit les États-Unis, l’Ontario et l’Europe.
« Nous ne sommes pas très optimistes en ce qui concerne juillet et août, soupire Bill Brown, vice-président exécutif de l’Association des hôtels du grand Montréal. Nous ne nous attendons pas à grand-chose, avec ce qui se passe dans le monde. »
Les hôteliers ne croient pas que les milliers d’Américains et de Canadiens qui ont perdu leur emploi depuis le début de l’année prendront des vacances.
« Quant à ceux qui travaillent dans de grandes compagnies comme GM, Ford ou Citibank et qui ne savent pas d’une journée à l’autre si leur emploi va durer, même s’ils prennent des vacances, je pense qu’ils vont rester chez eux », indique M. Brown.
Le fait que le passeport soit maintenant exigé à la frontière constitue un autre nuage.
« C’est une certaine limite, mais nous pensons que les gens vont s’y habituer, surtout ceux qui vivent près de la frontière », déclare Martine Lizotte, responsable de la recherche et des relations publiques chez Tourisme Montréal.
Le taux de change extrêmement variable des dernières semaines constitue une autre incertitude.
« Il joue quand même en notre faveur par rapport à l’année dernière », soutient Mme Lizotte.
Le coût de l’essence pourrait également avoir un impact, même si, pour l’instant, « ce n’est pas encore » trop important, selon Mme Lizotte.
La grippe A ( H1N1) ne vient pas améliorer les choses. 
« Elle contribue à réduire la mobilité », déplore François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association des restaurateurs du Québec.


UN ÉTÉ SANS GRAND PRIX
Les statistiques officielles pour les mois de mai et juin ne sont pas encore disponibles. Mais en avril, le taux d’occupation dans les hôtels montréalais a chuté de 11% par rapport à avril 2008.
Le prix moyen d’une chambre a aussi glissé de près de 7 % pour atteindre 128,14$.
Pour couronner le tout, le Grand Prix de Formule 1 n’a pas eu lieu cette année. L’année dernière, l’événement avait attiré 319 000 spectateurs. Selon Tourisme Montréal, ce sont 100 millions de dollars de dépenses touristiques qui ne se sont pas matérialisées cette année.
« Ça nous a fait mal, a déclaré Bill Brown, de l ’Association des hôtels du Grand Montréal. Pour nous, ce sont les trois ou quatre jours les plus importants de toute l’année. On peut essayer de remplacer le Grand Prix par plusieurs événements, mais pas par un événement unique. »
L’hôtel Westin, qui a ouvert ses portes à la mi-mai, aurait bien aimé bénéficier du Grand Prix pour remplir ses 454 chambres rapidement après son ouverture. Le directeur général de l’établissement, Jacques Baheux, se montre toutefois philosophe.
« Cette semaine-là, nous avions deux groupes, qui occupaient 300 chambres, indique-t-il. Mais le Grand Prix, ça nous aurait aidés. »
Le groupe Starwood Hotels & Resorts Worldwide, qui possède Westin, a fait l’acquisition de l’ancien édifice du quotidien
en octobre 2005 pour en faire un hôtel de luxe.
« Lorsque les propriétaires ont acheté l’emplacement, ils ne s’attendaient pas à une crise économique en 2009, déclare M. Baheux. Le côté positif, c’est qu’ils ont continué avec le projet et ils ont fait l’ouverture. »
Il affirme que les premiers résultats sont même supérieurs à ce qui avait été prévu. Selon lui, ce serait dû au fait que le Westin est un tout nouvel hôtel et qu’il est bien situé. Étant placé dans le Vieux-Montréal et aux abord du Palais des congrès et du Quartier international, il peut compter sur une clientèle de touristes, de congressistes et de gens d’affaires.
François Meunier affirme pour sa part que la situation est loin d’être désastreuse pour les restaurateurs, qui peuvent compter sur une bonne clientèle locale.
« Depuis le début de l’année, nous avons 7% moins de faillites qu’à pareille date l’année dernière, soutient-il. Les ventes ont augmenté de 5%. »
Cette augmentation a toutefois été compensée par la hausse du coût des denrées et de la main-d’oeuvre.
« La crise n’a pas touché le Québec autant qu’on l’avait prédit, soutient-il. Il y a un niveau de prudence, mais c’est plus lié à la perception qu’ont les gens de la situation. Pour le reste, ça se maintient assez bien. Les scénarios catastrophe qui nous pendaient au-dessus de la tête ne se sont pas encore concrétisés. »
Martine Lizotte, de Tourisme Montréal, fait également preuve d’optimisme en ce qui concerne l’automne prochain.
« Nous savons déjà que le début de l’automne va bien se passer parce que nous avons plusieurs réservations pour des congrès », affirme-t-elle.
Les congrès représentent environ 40% des recettes touristiques de Montréal, soit environ 2,3 milliards de dollars.

LE SPLEEN DU TOURISME PARISIEN - Marc Thibodeau
A priori, difficile de percevoir l’ombre d’un changement en arpentant les rues de la capitale française, qui demeure depuis des lustres l’une des destinations touristiques les plus courues de la planète.
La récession, qui frappe particulièrement fort les plus importants marchés que vise l’industrie touristique québécoise, soit les États-Unis,
Dans l’île Saint-Louis, des dizaines de curieux s’alignent sur une file tous les jours devant les boutiques pour goûter les glaces Berthillon, devenus par quelque miracle du marketing moderne un passage obligé pour tout visiteur de la Ville lumière.
À un jet de pierre de là, des familles font le pied de grue, matin comme après-midi, en attendant de découvrir les splendeurs de la cathédrale Notre-Dame. Sur la Seine, en contrebas, passent et repassent des vedettes bondées de bruyants passagers.
L’heure est néanmoins à la morosité parmi les commerçants du secteur, qui évoquent une baisse de fréquentation substantielle de leurs établissements.
« On parle d’une diminution de chiffre d’affaires d’entre 30 et 50%. C’est la même chose pour tout le monde », confie Barbara, vendeuse au magasin de souvenirs Paris Forever.
« Il y a beaucoup moins de touristes. Et ceux qui viennent sont beaucoup plus attentifs à leur argent », indique la commerçante, qui se fait souvent demander de revoir à la baisse le prix demandé pour ses versions miniatures de la tour Eiffel ou ses plaques de rue.
« Les gens se permettent de voyager mais ils font très attention après de ne pas dépasser leur budget. C’est normal. On ne sait pas de quoi demain sera fait avec cette crise économique », ajoute-t-elle.
Les magasins de souvenirs ne sont pas les seuls à se plaindre par les temps qui courent de la rareté relative des touristes.
Les hôteliers, qui avaient résisté au pire en 2008, ont vu le nombre de nuitées reculer de plus de 10 % en février, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui prévoyait une accélération de la baisse pour les mois subséquents.
Les prévisions pour la haute saison d’été ne sont pas très encourageantes, confirme la présidente de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, Christine Pujol, qui s’inquiète « terriblement » à ce sujet.
Les visiteurs en provenance de certains pays habituellement friands de la France ont pratiquement « disparu », indique la porte-parole, qui s’étonne du faible nombre de ressortissants anglais. Pour nombre d’entre eux, la dévaluation marquée de
la livre face à l’euro a rendu les voyages outre-Manche trop onéreux.
Nombre d’agents de voyages et de compagnies aériennes cassent les prix pour contrecarrer la baisse, ce qui fait le jeu de visiteurs comme Diane, une Australienne de 43 ans croisée au centre-ville avec ses trois enfants.
« Singapour Airlines offrait le voyage pour l’ Europe à moitié prix. On pensait d’abord n’envoyer que ma fille et mon père en visite mais on s’est dit que ça valait la peine de faire venir tout le monde à ce prix-là », relate-t-elle.
Le secrétaire d’État au tourisme, Hervé Novelli, estime que l’industrie touristique nationale pourra éviter le pire grâce au tourisme « interne », la crise augmentant plus encore le pourcentage déjà élevé de Français qui préfèrent passer des vacances dans le pays plutôt qu’à l’étranger.
La situation hexagonale n’a rien d’exceptionnelle à en juger par les projections de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), qui prévoit une baisse des arrivées de touristes internationaux pouvant atteindre jusqu’à 3% pour 2009 à l’échelle du continent. Une baisse du même ordre a été enregistrée en 2008.
Les dirigeants de l’organisation ont mis sur pied un comité de crise chargé de répertorier les mesures mises de l’avant par les gouvernements pour stimuler le secteur de manière à encourager les initiatives.
En France, où le tourisme représente 6 % du PI B, le gouvernement vient notamment de faire voter une réduction de la TVA pour les restaurants, qui doit permettre de réduire sensiblement le prix de plusieurs plats tout en soutenant la création d’emplois.
Il faudra cependant bien plus pour sortir du marasme, juge Barbara, qui ne croit guère à une issue rapide à la crise. « On en a pour des années », dit la vendeuse.



Tourisme: nuages noirs à l’horizon -  Claude Picher
La plupart des spécialistes du secteur touristique s’attendent à une saison catastrophique cette année. Certes, le pessimisme n’a pas encore gagné la ville de Québec, animée par le maire Labeaume et qui compte sur le Moulin à images et le Cirque du Soleil pour attirer les visiteurs. On leur souhaite bonne chance. Mais le fait est que, partout ailleurs au Canada, on voit les gros nuages noirs s’accumuler. C’est normal: en période de crise, les loisirs, et particulièrement le budget de vacances, sont le premier poste de dépenses que les ménages pensent à comprimer.
Hier, Statistique Canada a publié ses perspectives trimestrielles sur l’hébergement des voyageurs. Il s’agit en fait des résultats d’un sondage auprès de ceux qui, sur le terrain, sont probablement les mieux placés pour se prononcer: les hôteliers. Tous les trois mois, quelque 1400 entreprises au Canada, essentiellement des hôtels, participent à l’enquête sur une base volontaire. Un échantillonnage de cette taille donne des résultats d’autant plus précis que tous les participants sont tous des professionnels dans leur secteur. On leur demande, entre autres, de fournir leurs prévisions quant au nombre de chambres réservées, aux taux d’occupation, aux tarifs quotidiens moyens des chambres et au nombre d’heures travaillées par les employés.
Les résultats publiés hier concernent le deuxième trimestre (avril, mai, juin), mais peuvent aussi servir d’indicateur avancé pour la saison de pointe. 
Normalement, cette enquête trimestrielle attire peu l’attention des médias. De façon classique, quand on leur demande s’ils prévoient que les nuitées réservées augmenteront, diminueront, ou resteront stables, une majorité d’hôteliers répondent qu’ils entrevoient peu de changements. Il n’y a pas là de quoi faire les manchettes.
Cette fois-ci, c’est différent. Le pessimisme chez les répondants atteint des niveaux jamais atteints auparavant. Voyons plutôt. Presque quatre hôteliers sur cinq (78%) pensent que les réservations de chambres diminueront; nous venons de le voir, c’est du jamais vu. À l’inverse, ceux qui s’attendent à une augmentation ne forment qu’une rachitique part de 3%. L’enquête ne fournit pas de ventilation régionale parce que l’échantillonnage n’est pas assez important. Peut-on penser que ces 3% d’optimistes sont des hôteliers de Québec ?
L’an dernier à pareille date, 44% des répondants pensaient que la situation demeurerait à peu près inchangée, et le reste se divisaient à peu près également entre optimistes et pessimistes. Apprécions l’ampleur du revirement.
Cette situation fera des heureux et des malheureux.
Les gagnants seront évidemment les voyageurs. Lorsque 78% des hôteliers s’attendent à une baisse du taux d’occupation, cela aura inévitablement un impact sur le prix des chambres. En fait, une majorité assez nette (57%) anticipe déjà des baisses de tarifs, comparativement à seulement 10% qui entrevoient une hausse.
Les perdants, comme on s’en doute, seront les employés de l’hôtellerie. Selon 72 % des répondants, la baisse de la clientèle entraînera une baisse des heures travaillées ; seulement 2 % des participants croient le contraire.
Sans surprise, les répondants montrent du doigt la conjoncture économique comme la première cause, loin devant toutes les autres, du climat général de morosité. Par contre, les hôteliers canadiens semblent bien moins obsédés que les Américains par les questions de sécurité. Seulement 3% d’entre eux pensent que l’inquiétude liée à la sécurité constitue une entrave pour le secteur touristique.
Voyagez au Québec!
Puisqu’il est question de tourisme, jetons un coup d’oeil sur une intéressante petite étude publiée récemment par le service de recherche économique du Mouvement Desjardins.
Le dollar canadien oscille aujourd’hui aux alentours de 85 cents américains. L’été dernier, les deux monnaies étaient à parité. Cela veut dire qu’un voyage aux États-Unis vous coûtera plus cher cette année. En revanche, les prix de l’essence (une composante importante du budget-vacances pour les nombreux ménages qui voyagent en auto) ont baissé de façon appréciable. L’été dernier, le prix de l’essence à la pompe atteignait 1,38$ le litre. Il se tient aujourd’hui aux alentours de 90 cents. Les prix ont suivi la même trajectoire au sud de la frontière.
D’où cette question, fort pertinente en cette période de l’année où les familles planifient leurs vacances d’été : pour ceux qui prévoient aller aux États-Unis, la baisse des prix de l’essence estelle suffisante pour compenser la baisse du dollar canadien?
Pour l’immense majorité des ménages, il sera plus avantageux financièrement de rester au Québec (ou encore de visiter l’Ontario, où les taxes sur l’essence sont plus basses).
Supposons un voyage de 2500 kilomètres. Votre voiture a un réservoir de 60 litres et consomme 9,6 litres aux 100 kilomètres. L’an dernier, votre essence vous a coûté 361 $. Cette année, à 90 cents le litre, vous économiserez 127 $.
Si votre budget de vacances est de 1500$ et que vous décidez d’aller aux États-Unis, vous paierez, avec un dollar à 85 cents, 264 $ de plus que l’an dernier. La baisse du prix du litre est donc largement insuffisante pour compenser la chute du huard. Au total, sur un budget de 1500 $, cela fait une différence qui frise les 10%.
En fait, seuls les propriétaires de grosses cylindrées, et dont le budget de vacances est inférieur à 1000$, pourraient éventuellement sortir gagnants d’un voyage aux États-Unis, et encore à condition que le prix à la pompe continue de descendre jusqu’à 80 cents.




On peut freiner le huard

Peu de moyens pour freiner le huard  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — La Banque du Canada ne peut à elle seule freiner la hausse vertigineuse qu’a connue le dollar canadien au cours des derniers mois, estime le gouverneur de l’institution, Mark Carney.
Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, croit que la décision de la Banque de maintenir son taux directeur à 0,25% jusqu’en juin 2010 limitera l’attrait du dollar canadien auprès des spéculateurs étrangers.
Mais elle dispose quand même de certains outils pour limiter cette hausse à condition que d’autres politiques économiques soient également mises en oeuvre, a-t-il expliqué hier devant le comité des finances de la Chambre des communes.
« L’histoire nous enseigne qu’une telle intervention (de la Banque du Canada) fonctionne rarement à long terme sans l’adoption d’autres politiques qui soutiennent cette intervention », a affirmé Mark Carney, sans toutefois donner plus de détails sur les autres politiques qui devraient être envisagées.
La semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada a déclaré que l’ascension rapide du dollar canadien risquait de mettre en péril la reprise économique qui s’est engagée au pays. Il a aussi affirmé que l’institution qu’il dirige dispose de certaines options pour limiter la hausse du huard.
Devant les députés, M. Carney a été longuement interrogé sur les possibles retombées de la hausse du dollar sur l’économie canadienne. Le dollar canadien s’est apprécié de plus de 25% par rapport à la devise américaine au cours des derniers mois.
M. Carney a d’ailleurs indiqué hier que la Banque du Canada prévoit que le taux de croissance de l’économie canadienne sera légèrement inférieur à ce qui avait été prévu au printemps. Selon les nouvelles prévisions, l’économie canadienne se sera contractée de 2,4% cette année, mais elle progressera de 3,0% en 2010 et de 3,3% en 2011. En somme, la reprise sera un peu plus modeste que celle observée en moyenne lors des cycles économiques précédents.
La dernière fois que la Banque du Canada est intervenue sur les marchés monétaires pour influencer la valeur du dollar canadien remonte à 1998. Pour l’heure, Mark Carney croit que la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 0,25% jusqu’en juin 2010 limitera l’attrait du dollar canadien auprès des spéculateurs étrangers.
Attention à l’inflation
Mais au bout du compte, la Banque du Canada doit évaluer l’incidence de la montée du dollar canadien sur l’inflation au pays. Et l’envolée du huard a eu pour effet de contenir les pressions inflationnistes jusqu’ici.
« L’objectif que vise la Banque dans la formulation de la politique monétaire est d’atteindre la cible d’inflation de 2%. Le taux de change doit être envisagé dans ce contexte. (...) Ce qui importe en définitive, c’est l’incidence du taux de change conjuguée à tous les autres facteurs d’origine interne et externe sur la demande globale et l’inflation au Canada. Autrement dit, la Banque examine tout à travers le prisme de l’atteinte de la cible d’inflation », a affirmé Mark Carney.
Le gouverneur de la Banque du Canada a tout même indiqué que le moyen traditionnel d’intervention pour influencer la valeur du dollar canadien, outre la fixation du taux directeur, consiste à acheter ou à vendre justement des devises en dollars canadiens. M. Carney a aussi affirmé que la décision d’intervenir ne doit pas être prise « à la légère ». Une telle décision importante doit être prise si la fluctuation du dollar a des conséquences sérieuses sur la vigueur de l’économie.
M. Carney a tenu ces propos le jour même où un rapport rédigé par Marchés mondiaux CIBC affirmait qu’un dollar canadien trop fort risquait de saper les fondements du secteur manufacturier du pays.
Les économistes de la filiale des services bancaires en gros de la Banque CIBC ont ajouté que la Banque du Canada devrait se préparer à intervenir de façon exceptionnelle afin de stabiliser le huard et de protéger ce secteur de l’économie.
Ils ont soutenu qu’en refusant d’intervenir sur le marché des devises lorsque les spéculateurs font grimper le huard à des sommets qu’elle juge injustifiés, la banque centrale canadienne risque un effondrement de la base industrielle du pays.

Parité maudite  -  Alain Dubuc
Le dollar canadien a dépassé la marque des 97 cents américains au cours de la journée pour sagement revenir à 96,48 cents en clôture. Ce sursaut a néanmoins ravivé les craintes que notre devise puisse retrouver, ou même dépasser, la parité avec le dollar a méricain dans les semaines ou les mois qui viennent.
Il est, hélas! probable que notre dollar continuera à grimper. Il faut s’en inquiéter. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour l’économie canadienne. Et le pire, c ’est qu’il n’y a rien à faire, que nous sommes parfaitement impuissants.
Un dollar plus haut, qui fait la joie des touristes, pénalise les entreprises exportatrices parce que leurs produits valent soudainement plus cher sur les marchés étrangers. On a vu, il y a deux ans, les ravages provoqués par la remontée de notre dollar à près de 1,10 $ US. Le secteur manufacturier a perdu des emplois par dizaines de milliers. Une autre remontée affecterait à nouveau un secteur manufacturier déjà malmené par la récession, freinerait les exportations et risquerait ainsi d’affecter la vigueur de la reprise.
À l’heure actuelle, ce n’est pas tant le dollar canadien qui grimpe que le dollar américain qui dégringole, parce que l’économie américaine est fragile, que sa reprise est hésitante. Il est normal qu’une économie mal en point voit sa devise perdre de sa valeur. À cela s’ajoute le fait que le billet vert perd son attrait comme valeur refuge. Notre dollar monte également parce que l’économie canadienne est en meilleur état que la plupart des autres. Et c’est ainsi qu’il a progressé de 4,5 % par rapport à l’euro depuis deux semaines et demie.
Il y a donc des facteurs tangibles derrière l’appréciation du dollar canadien. Mais il faut aussi compter sur le jeu destructeur de la spéculation. Notre dollar est très vulnérable aux mouvements des capitaux. Il est en outre très sensible aux f luctuations des prix des ressources et surtout à ceux du pétrole, le paradis des spéculateurs. L’expérience a montré qu’un intérêt pour le dollar canadien peut soudainement se transformer en passion. Comme lors de la f lambée de l’automne 2007. L’inverse est également possible. On l’a vu en octobre dernier, quand il a plongé de 96 cents à 78 cents en quelques semaines, même si l ’économie canadienne résistait mieux à la tourmente.
En soi, nos entreprises peuvent résister à une remontée raisonnable du taux de change. Mais elles peuvent difficilement s’ajuster à des mouvements brusques comme ceux que nous connaissons : le dollar a grimpé de 5% en 10 jours. D’autant plus qu’on ne sait pas quand et à quel niveau cela va s’arrêter.
Que faire ? Le gouvernement canadien ne peut r ien fa i re. C’est en substance ce que le premier ministre Stephen Harper a dit hier en conférence de presse. Il se dit inquiet, mais ajoute que c’est du ressort de la Banque du Canada. C’est ce qu’il devait faire dire pour respecter l’indépendance de la banque centrale.
Et la Banque du Canada ? Elle a jusqu’à un certain point les mains liées, parce qu’elle ne peut plus compter sur son principal outil, une baisse des taux d’intérêt, puisqu’ils sont déjà presque à zéro. Ce qui est cependant nouveau, c’est que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a récemment dit s’inquiéter de la hausse du dollar, ce qui est un changement de cap pour une banque. Il peut intervenir sur les marchés, envoyer des messages aux spéculateurs.
Mais la morale de l’histoire, c’est qu’on ne pourra pas se protéger contre les hausses brutales du taux de change tant qu’on n’aura pas trouvé une parade contre le fléau de la spéculation.


Parité ? La reprise remise en question  -  Philippe Mercure
Le dollar canadien continue à grimper. À un point tel que bien des économistes se sont remis à leur ordinateur question de réviser les scénarios de relance économique du pays... à la baisse.
Le huard a atteint 96,46 cents US, hier, en hausse de 0,73 cent US par rapport à la fermeture de vendredi dernier. La hausse suit celle d’environ 3 cents US enregistrée la semaine dernière et a relancé les paris sur le moment où notre dollar atteindra la parité avec le billet vert américain.
La parité, on l’a bien connue en 2007 et 2008... sauf que c’était au sommet du cycle économique. La voir se profiler alors qu’une reprise fragile est en cours en inquiète plus d’un.

« Ce qu’on va voir, c’est probablement que les exportations nettes – ce qu’on exporte moins ce qu’on importe – vont fortement ralentir la croissance économique », prédit Martin Lefebvre, économique principal au Mouvement Desjardins.
 
  Interrogé à ce sujet hier, Stephen Harper a rappelé que la Banque du Canada a déjà affirmé qu’une montée rapide pourrait nuire à la relance économique du pays. Il a toutefois souligné que son plan de reprise est « plus grand que le seul facteur du dollar ».
S’il croit peu au scénario d’un dollar fort qui se maintient longtemps, Carlos Leitao, économiste en chef à l a F i na nc i è r e Ba nque Laurentienne, admet qu’il pourrait saboter le scénario de relance au Canada, qui consiste à soutenir la demande intérieure jusqu’à ce que les exportations reprennent le flambeau.
« Dans ce cas, c ’est tout le scénario qui tombe, et la croissance pourrait rechuter en territoire négatif au deuxième semestre de 2010 », dit l’économiste.
À Exportation et développement Canada, on en est aussi à revoir les scénarios à cause de la hausse du huard. « Les prévisions pour 2010 risquent d’être plus basses », dit Stuart Bergman, directeur du groupe économique, sans être encore en mesure de chiffrer les changements.
Les exportateurs admettent que la hausse rapide et imprévue du dollar est « un défi qui s’ajoute à tous les autres défis », mais refusent de se plaindre.
« On n’a pas de contrôle là-dessus, lance José Louis Jacome, directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Ce qu’on dit aux manufacturiers, c’est qu’il faut que les entreprises soient concurrentielles avec un dollar au pair. Si on fait ça, quand le dollar canadien baisse, on en bénéficie. »
À la Banque Nationale, Stéphan Marion se montre moins inquiet et continue de tabler sur une reprise plus vigoureuse que prévu aux États-Unis, ce qui viendra soutenir le dollar américain et faire baisser le huard par la bande.
Quand le billet vert coule
Parce que si le huard est si haut, ce n’est pas tant qu’il a le vent dans les voiles : c’est surtout le dollar américain qui coule à pic.
Valeur refuge par excellence, le billet vert était extrêmement populaire au pire de la crise. Depuis, l’appétit pour le risque revient... et on s’en départit.
En fait, les banques centrales du monde lèvent carrément le nez sur le dollar a méricain et regarnissent leurs coffres avec des euros et des yens question de diversifier leurs portefeuilles. Et ça semble faire bien l’affaire des Américains, qui voient leurs entreprises bénéficier d’un avantage concurrentiel.
« Les Américains veulent utiliser l’exportation pour se sortir de la crise. Ils disent au monde: c’est mon dollar, mais c ’est ton problème », dit François Barrière, viceprésident au développement des affaires sur le marché des devises à l a Banque Laurentienne.
Des j ournaux rapportent aussi que certains pays chercheraient à s’entendre « secrètement » pour cesser d’utiliser le dollar américain dans leurs transactions.
« Hautement spéculatif », « complètement déconnecté de la réalité économique », « i r r éal i ste » , « absurde » : l’économiste Carlos Leitao ne mâche pas ses mots pour décrire la dégringolade qu’encaisse actuellement le dollar américain.
« Je sais que d’autres vont vous di r e exactement le contraire, on est dans une période assez turbulente. Mais à mon avis, le dollar américain ne devrait pas être si faible que ça et ne demeurera pas à ces niveaux. »
Le président de Toyota s’est déjà plaint de voir le yen japonais si haut par rapport au dollar, et M. Leitao ne serait pas surpris de voir les banques centrales du monde se concerter pour soutenir le dollar américain si celui-ci continue de chuter.
Les spécialistes soulignent par ailleurs que les spéculations vont bon train actuellement sur les devises, ce qui contribue à augmenter les variations.
« I l va peut-être y avoir de petits correctifs, mais la tendance a l’air très claire, croit de son côté Stéphanie Larivière, directrice, gestion des risques pour entreprises, à la Banque Nationale, qui s’attend à voir le dollar américain bas – et donc le huard haut – au moins jusqu’à la fin de l’année.


Des effets bien concrets  -  Martin Vallières
Au Canada, le recul du dollar américain et la remontée correspondante du huard ont de quoi réjouir les i mportateurs ainsi que les voyageurs au sud de la frontière.
Hormis les frais de conversion, le pouvoir d’achat des dollars canadiens aux États-Unis s’est amélioré de 15 % depuis janvier dernier. Et c’est sans compter les baisses de prix pour de nombreux biens et services qui découlent de la pire récession en un demi-siècle pour l’économie américaine.
Mais si la faiblesse du dollar américain – qui est encore la monnaie de référence pour les matières premières – gonfle les prix affichés pour le baril de pétrole et l’once d’or, elle contribue aussi à tempérer l’impact réel de ces hausses de prix au Canada.
Ainsi, autour de 74$US le baril, le prix du pétrole s’affiche ces jours-ci en hausse de 76% par rapport à son cours moyen de janvier 2009, alors à 42$US.
Mais lorsqu’on la considère en dollars canadiens, la hausse du prix du pétrole brut s’avère en fait limitée à 50% depuis janvier 2009.
C’est là un avantage concret d’un dollar canadien relativement fort par rapport à un dollar américain malmené sur le marché de devises. 
En contrepartie, pour des producteurs canadiens de biens et services vendus en dollars américains, la faiblesse du billet vert peut s’avérer grave de conséquences financières sur leurs revenus réels.
Un cas t ype : l a société AbitibiBowater, première productrice de papier journal en Amérique du Nord, qui est en protection de faillite depuis avril et dont dépendent des milliers d’emplois directs et indirects au Québec.
La grave c r i se du marché du papier journal a fait fléchir de 37 % son prix en dollars américains depuis janvier 2009.
Or, la f a i blesse accent uée de l a devise a méricaine depuis quelques jours aggrave à 47 % la baisse de revenus en dollars canadiens pour AbitibiBowater, qui lui servent à payer les frais d’exploitation de ses usines au Québec et en Ontario.
Même dilemme pour les producteu r s e t e x por t a - teurs de bois d’oeuvre, dont AbitibiBowater fait aussi partie. Coté en dollar américain, le prix du prix d’oeuvre s’est relevé de 9 % depuis janvier dernier.
C’est la conséquence de la relative stabilisation de la construction résidentielle aux États-Unis , après la grave déroute qui a succédé à la bulle hypothécaire qui a éclaté à la fin de 2007.
Le sciage souffre
Pour t a nt , malgré c et t e apparence d’un marché moins défavorable, la glissade du dolla r a méricain signi f ie pour les usines de sciage au Québec que leurs revenus en dollars canadiens sont encore Achats divers aux USA Pétrole Or Aluminium Gaz naturel Bois d’oeuvre Papier journal en baisse de 7 % par rapport à janvier dernier.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les nombreuses usines de bois d’oeuvre fermées depuis deux ans ne rouvriront pas malgré le redressement des prix amorcé aux ÉtatsUnis, de loin leur principal marché d’exportation.

La parité est « réalisable », selon un économiste
Le huard pourrait atteindre la parité avec le dollar américain d’ici la fin de l’année, tandis que la croissance économique en Asie stimule les prix des matières premières, soutient David Rosenberg, é c o n o mi s t e e n c h e f d e Gluskin Sheff & Associates, à Toronto.
L a dev i s e c a nadien ne est susceptible de prendre de l a vigueur pa r c e que la hausse du chômage aux États-Unis force Washington à adopter des mesures stimula ntes addit i onnel l es, ce qui affaiblit encore plus le dollar américain, ajoute M. Rosenberg. Glusk i n Sheff & Associates gère des actifs de 4 milliards US.
« Si vous m’accordez une fenêtre de trois à six mois, je dirais que c’est très réalisable », précise M. Rosenberg, ancien économiste en chef pour l’Amérique du Nord de Merrill Lynch& Co. Il faisait ainsi allusion à la parité éventuelle entre les 2$. « Il me semble, ajoute-t-il, que l’économie asiatique est sur une voie ascendante perceptible, dit-il, et ce sera la marée qui soulèvera le bateau du complexe des matières premières. »
Le huard a atteint la parité avec la devise américaine en septembre 2007 pour la première fois en trois décennies et il s’est maintenu autour de ce niveau jusqu’en juillet 2008, à la suite d’une progression de 60 % sur cinq ans alimentée par la hausse des prix des matières premières. Les expéditions de pétrole brut, de gaz naturel, de bois d’oeuvre, d’or, de cuivre et d’autres matières premières forment plus de la moitié des revenus d’exportation du Canada.
Dans u n r appor t qu’ i l avait produit en novembre 2006 tandis qu’il était encore à l’emploi de Merrill Lynch, M. Rosenberg avait écrit que l’économie se trouvait « sur le tranchant d’un couteau » et il estimait les risques de récession à 51 %. Il a quitté Merrill Lynch en mai dernier. Cette maison de courtage a été rachetée par Bank of America en janvier dernier.
Le produit intérieur brut en Chine, premier consommateur de métaux comme l ’a luminium, le c uivre et le zinc, pourrait bondir de 9,5 % en 2010 après une progression de 8,3 % en 2009, ce qui serait l’essor le plus modeste en huit a nnées, selon un sondage effectué par Bloomberg au cours de la semaine du 28 août dernier auprès de 22 économistes.
Depuis la fin de mars dernier, les analystes ont revu à la hausse, de 17 %, leurs prévisions de bénéfices par action des compagnies de l ’ i ndice MSCI de l ’A siePacifique, alors que l’indice lui-même a grimpé en f lèche, soit de 42 %.
Le huard s’est déprécié de 18 % l ’a n dernier ( un r ecord) pa r r apport à la devise américaine pendant que l a demande de produits de base s’est évaporée dans un contexte de crise financière mondiale. Mais le dollar canadien, dont la valeur a augmenté de 13 % cette année, est susceptible de poursuivre sa présente envolée, tandis que les prix de s matière s pr e mières rebondissent et que le dollar américain s’affaiblit, estime M. Rosenberg.
« Le lapin que l’administration (américaine) est incapable de sortir de son chapeau est l’emploi, qui baisse encore », indiquait M. Rosenberg la semaine dernière au cours d’une entrevue accordée à Bloomberg Radio. « Le taux de chômage va probablement continuer à grimper, non seulement au cours de la prochaine année, ajoutait-il, mais peut-être pendant encore plusieurs années. »
Le taux de chômage aux États-Unis a bondi à 9,7 % en août dernier, un sommet depuis 1983, et les employeurs ont sabré 216 000 postes le mois dernier, selon un rapport du Département américain du travail publié le 4 septembre dernier. Depuis le début de la récession en décembre 2007, le nombre total des emplois perdus aux États-Unis atteint 6,9 millions, ce qui représente la pire baisse de l’emploi au cours de l’un ou l’autre des crises économiques survenues depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Le gouvernement américain et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont dépensé, prêté ou promis plus de 12 mille milliards US pour requinquer l’économie et ravivé les marchés du crédit.
La hausse du taux de chômage « donne à penser à une autre ronde de stimuli fiscaux, selon M. Rosenberg. Mais la question qui se pose est celle-ci : qui achètera les obligations ? »

Le huard hésitant avant l’annonce de la Banque du Canada
Le dollar canadien s’est échangé ces derniers jours près de son niveau le plus élevé en plus d’un mois tandis que la hausse des mises en chantier a compensé les conjectures voulant que la Banque du Canada fasse état de préoccupations aujourd’hui quant à la vigueur du huard.
Ce dernier s’est apprécié de 2,3% depuis la dernière réunion de la banque centrale canadienne le 21 juillet dernier. Les décideurs avaient alors soutenu que la force du huard nuisait à la reprise économique au pays. La banque a maintenu son taux directeur à son niveau plancher record de 0,25% et elle a promis de le laisser intact jusqu’en juin 2010 selon la manière dont l’inflation se présentera.
« L’attention se tourne déjà vers la Banque du Canada demain (aujourd’hui) », indiquait hier Matthew Strauss, stratège en matière de devises de RBC Marchés des capitaux, à Toronto, filiale de la Banque Royale. « Chacun se concentre sur l ’engagement conditionnel de laisser les taux inchangés, a-t-il ajouté. Je crois qu’ils vont respecter cet engagement conditionnel. »
Hier, le huard a cependant clôturé en baisse de 13 centièmes, à 92,51 cents US, après avoir frôlé les 93 cents US plus tôt durant la journée. Le dollar canadien est venu hier au deuxième rang quant aux pires performances des devises comparativement au dollar américain parmi les 16 devises les plus échangées suivies par Bloomberg, après le dollar de Taiwan. Les dollars australien et néo-zélandais qui, comme le huard, ont tendance à suivre les mouvements des prix des actions et des produits de base, ont chacun grimpé de 0,6% par rapport au dollar américain.
La Banque du Canada ne changera pas son taux d’intérêt directeur à sa réunion d’aujourd’hui, selon tous les 21 économistes sondés par Bloomberg News. Ce taux, qui était de 4% lorsque le gouverneur Mark Carney a pris les rênes de la Banque du Canada en février 2008, est demeuré stable depuis avril dernier.
Hier, le huard a atténué une baisse survenue plus tôt dans la journée après que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) eut annoncé que les mises en chantier en août avaient augmenté de 150 400 sur une base annualisée, soit plus que l’estimation médiane de 139 500 recueillie après de 20 économistes sondés par Bloomberg News. « Le grand catalyseur fut les données meilleures que prévu sur les mises en chantier », a expliqué J.P. Blais, vice-président de la filiale des devises étrangères de BMO Marchés des capitaux, à Toronto. « Le dollar canadien a profité de ce fait », a-t-il dit. Même dans ce cas-là, l’énoncé de politique monétaire de la Banque du Canada aujourd’hui « est un facteur très présent à l’esprit des gens », a-t-il ajouté.


Le huard reprend sa poussée  -  RUDY LECOURS
Le dollar canadien est repassé facilement au-dessus des 92 cents américains hier. Il a terminé dans une envolée hebdomadaire très agitée par un gain de plus d’un cent.
Le huard a arraché 46 centièmes d’équivalence hier à hauteur de 92,43 cents US.
Lundi, il était descendu à 90,31 cents US, son niveau le plus faible en quatre semaines, dans la foulée de la correction des marchés boursiers et des prix des produits de base déclenchée en Asie. Il a repris tout le terrain perdu et bien plus au cours des quatre séances suivantes: 90,76 cents US, 91,27, 91,97 et 92.
La correction, qui a pris fin mardi, avait été amorcée après une poussée jusqu’à 94,30 cents US au début du mois. Elle avait amené le ministre des Finances Jim Flaherty à manifester publiquement son inquiétude et stimulé les spéculations de quelques économistes sur la possibilité que la Banque du Canada intervienne sur les marchés des changes pour freiner l’ascension de notre monnaie. Contrairement à la Banque nationale de Suisse qui a freiné son franc, nos autorités monétaires n’ont pas bronché.
Notre monnaie évolue parallèlement aux prix des produits de base de manière générale, et du pétrole en particulier, lesquels dopent les marchés boursiers par les temps qui courent. Or, l’or noir a dépassé la barre des 73$ US le baril, un sommet en 10 mois, qui reste néanmoins à mi-chemin grosso modo de son sommet de juillet 2008.
Dans la lettre hebdomadaire envoyée à sa clientèle tous les vendredis, l’équipe londonienne du marché des devises de BNP Paribas a souligné que les prix des produits de base sont largement tributaires ces jours-ci des nouvelles en provenance de Chine. Elle affirme que cela devrait stimuler notre monnaie encore la semaine prochaine.
Retour de la parité
BNP Paribas croit d’ailleurs au retour à la parité d’ici quelques mois. Cette prév i s i on e s t pa r t a gée pa r quelques institutions financières canadiennes, dont TD Groupe f i nancier et BMO Marchés des capitaux.
Le huard profite aussi de l’intérêt des étrangers pour les actions et les obligations canadiennes. En juin, ils en ont acheté pour plus de 10,5 milliards. « Les solides assises de l’économie attirent les investisseurs étrangers, observe Diana Petramalia, économiste chez TD Groupe financier. Le dollar canadien devrait poursuivre sa montée jusqu’à la parité d’ici la fin de l’année. »
Durant la poussée précédente vers la parité, en 2007, l’ascension du huard avait été régulière, presque linéaire. Cette fois-ci, cependant, elle s’avère des plus chaotiques.
En mai , notre monnaie avait bondi de 9,3 %, un rendement inédit depuis 1950. En juin, elle s’était dépréciée de 6,1 %, avant de rebondir de 7,9 % en juillet.
« Cette volati l ité accrue reflète à la fois l’héritage de la crise mondiale du crédit et les signes divergents d’une reprise économique globale, analyse Michael Gregory, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux. On peut présumer qu’elle diminuera à mesure que s’affirmeront les signaux de reprise et que s’atténueront les effets de la crise. »
Trois éléments stimuleront la progression plus régulière de notre monnaie, soutient-il.
D’abord, le billet vert va continuer de faiblir contre les autres monnaies à mesure que l’appétit du risque se propage parmi les investisseurs. « Le dollar américain n’est pas un bon endroit où parquer ses valeurs, a affirmé hier l’économiste nobélisé Joseph Stiglitz au cours d’une conférence à Bangkok. En ce moment, le dollar ne procure pratiquement pas de rendement et tout le monde qui l’examine juge qu’il comporte des risques élevés. »
Ensuite, le prix des produits de base va encore progresser car la demande asiatique ira grandissant. Enfin, la croissance économique canadienne s ’a nnonce plus robuste à moyen terme que celle des États-Unis. Une fois épuisés les stimuli gouvernementaux, ses fondements plus solides vont permettre de résorber plus rapide la demande intérieure refoulée des ménages et des entreprises.
Face à la poussée de notre monnaie, l es ent r epr i s es devront s’adapter en modernisant leur production. « Au bout du compte, le Canada héritera d’une compétitivité accrue qui ne sera plus tributaire des caprices des taux de change », conclut M. Gregory.




Couper les ailes au huard
La Banque du Canada pourrait maintenir son taux directeur à un creux record
La Banque du Canada pourrait prolonger son engagement de maintenir son taux directeur à un creux record si un huard trop vigoureux menace de prolonger la récession au pays, croit Derek Holt, un économiste de Scotia Capital à Toronto.
Le mois dernier, Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, a prévenu que la devise constituait un risque majeur pour la croissance économique du Canada.
L e moi s d e r n i e r , Ma r k Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, a gardé le taux directeur à 0,25 %. À ce moment-là, il avait souligné que la devise constituait un risque majeur pour la croissance économique, ajoutant qu’il disposait de « souplesse » pour composer avec la situation. Mardi dernier, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a fait écho aux propos de M. Carney en indiquant que des « mesures pourraient être prises » pour amortir la vigueur du dollar canadien.
La semaine dernière, le dollar canadien a cependant plongé de près d’environ 1,50 cent US pour retomber sous la barre des 92,50 cents US. Mais des spécialistes ont évoqué la possibilité que la devise retrouve la parité avec le billet vert d’ici la fin 2009.
M. Carney a déjà fait savoir qu’il avait l ’ i ntention de ne pas apporter de changements à sa politique des taux jusqu’au deuxième t r i mestre de 2010 et prolonger cet engagement pendant un trimestre ou deux constitue la meilleure manière de freiner les élans du huard pendant une période plus longue, estime M. Holt.
Pour sa part, Andrew Spence, un ancien conseiller de la banque centrale c a nadienne et chef de l’analyse des changes chez TD Securities, avait fait une prédiction semblable le 31 juillet dernier.
« La vigueur du dollar canadien réduit en partie la nécessité de retirer des stimulants grâce à des hausses de taux quelque part au cours de la prochaine a nnée » , soulignait hier M. Holt au cours d’une entrevue téléphonique. « J’imagine sans mal qu’ils pourraient attendre un trimestre ou deux de plus », avait-ilajouté.
D’autres options telles que la vente de dollars canadiens pour affaiblir le taux de change ou l’achat de valeurs, qu’on appelle assouplissement quantitatif, sont susceptibles d’être inefficaces et elles pourraient affecter les marchés de crédit, selon M. Holt.
« Si vous êtes la Banque du Canada et que vous tentez de vous opposer au x ma r c hés mondiaux des changes, bonne chance, dit-il. Vous vous préparez ainsi de gros ennuis. »
En 1998, la Banque du Canada a abandonné une politique de transactions systématiques sur les marchés des changes pour contrôler la volatilité du dollar. La banque centrale n’est pas intervenue sur les marchés des changes lorsque le huard a atteint un sommet record en 2007 ou lorsqu’il a connu en mai sa plus forte ascension en un mois depuis la guerre de Corée.
Des ventes en baisse
Un huard plus fort rend les biens manufacturés canadiens moins compétitifs tandis que les faillites de General Motors et de Chrysler cette année ont entraîné la fermeture d’usines, de concessionnaires et de fournisseurs de pièces. Les ventes de l’industrie manufacturière ont chuté de 29% depuis juillet 2008 et les manufacturiers ont licencié 221 500 travailleurs au cours des 12 mois terminés en juin dernier, une baisse de l’effectif de 11%.
« Il y a toujours un risque avec cette sorte de chose », soutient Paul Riganelli, directeur financier de Exco Technologies Ltd. à Markham, en Ontario, en faisant référence à la tentative de la banque centrale d’influencer la valeur du huard.
« Je crois que la banque a fait ce qu’elle pouvait et je pense que le reste dépend de nous », ajoute-t-il.




Huard : Un rebond normal  - François Barrière
Dans ce va-et-vient rapide, le huard est revenu à son niveau de la pré-crise financière
La dernière intervention de la Banque du Canada remonte à la crise asiatique en 1998. Depuis, plus rien.
L’auteur est viceprésident, Marchés internationaux, à la Banque Laurentienne. Au cours des cinq derniers mois, la devise canadienne a gagné plus de 18% contre le billet américain. Il s’agit d’un gain rapide qui semble en surprendre plusieurs, au point où le ministre des Finances, Jim Flaherty, a dû affirmer plus tôt cette semaine « qu’il surveillait le tout de très près » et que « certains gestes pouvaient être faits pour ralentir la spéculation indue ». Qu’en est-il réellement du pouvoir d’intervention du gouvernement lorsqu’il est question de la valeur de notre dollar?
En s’y attardant un peu, on voit que la récente hausse du dollar canadien n’est que le reflet de la chute brutale de son vis-à-vis américain.
Tout d’abord, c’est le rôle de la Banque du Canada d’intervenir sur le marché des devises et non pas celui du gouvernement. Et comme l’indépendance de la Banque du Canada est totale – ce qui est une très bonne chose –, la décision viendra du gouverneur de la banque centrale, Mark Carney. La dernière intervention date de 1998 en pleine crise asiatique, alors que notre devise venait de chuter de 10% en quelques mois. Depuis, plus rien. Aucune intervention en 2002 lorsque le huard a touché son creux historique, pas plus que durant la période 20022007 lorsque nous avons vécu la hausse spectaculaire, nous ramenant à la parité avec le billet américain. Rien non plus l’automne dernier lorsque nous avons chuté de 20% en deux mois à peine, la période la plus volatile de l’histoire du huard.
D’ailleurs, en s’y attardant un peu, on voit bien que la récente hausse du dollar canadien n’est que le reflet de la chute brutale du billet vert, résultant d’un retour à la normale des conditions économiques et financières mondiales. Si les investisseurs internationaux ont eu très peur cet hiver d’une pandémie financière, au point de ne vouloir se protéger qu’avec des titres américains, il est aussi tout à fait normal que le retour de nouvelles économiques un peu plus positives ramène chaque devise à son point d’origine. Et que l’on vende massivement la valeur refuge qu’est le dollar américain.
Dans ce va-et-vient rapide, notre devise est revenue en ligne avec les niveaux d’avant la crise financière. Certains y voient une anomalie alors que le Canada est maintenant en récession, que nos exportateurs souffrent encore et que les prix des commodités – bien qu’en hausse dernièrement – soient loin des niveaux de 2008. Soit! Mais la contrepartie d’un dollar canadien qui monte, c’est aussi un dollar américain qui descend. Et en regardant de l’autre côté de la frontière, il est facile de trouver une raison logique expliquant pourquoi notre devise est mieux perçue par les investisseurs mondiaux que le dollar américain. Dans cette dernière remontée spectaculaire contre le billet vert, le huard a quand même perdu du terrain devant plusieurs devises ( Brésil, Australie, Royaume-Uni).
Les gouvernements ont quand même un impact sur la valeur d’une devise, puisque ce sont eux qui mettent en place les lois, les règles et la fiscalité qui font en sorte qu’un pays devient compétitif pour ses concitoyens et pour les investisseurs. Mais, ces changements se font sur le long terme, et, idéalement, ils doivent avoir un impact positif sur notre devise. Aucun pays n’est devenu riche en dépréciant volontairement sa devise sur le long terme.




ACHATS AUX ÉTATS-UNIS   MOINS AVANTAGEUX QU’ON LE PENSE   -  Rudy LeCours

Le pouvoi r d’achat accru des Canadiens avec la force retrouvée du huard en incitera plusieurs à vouloir courir les aubaines au sud de la frontière.
Cette fois-ci, ils risquent la déception, à moins de s’atteler à un complexe exercice de comparaison des prix.
Oubliez les milliers de dollars épargnés et les formalités fastidieuses pour l’achat d’une voiture neuve au Vermont ou dans l’État de New York. Une enquête menée par BMO Marchés des capitaux montre que le jeu n’en vaudra pas la chandelle pour la plupart des marques.
« Nous avons découver t que les Canadiens ne payent pas vraiment plus que les Américains en moyenne, quand on tient compte des promotions, écrit Douglas Porter, économiste en chef a dj oi nt , da ns u ne é t ude parue hier. Il y a un peu plus d’un an, l’écart allait jusqu’à 20 %. » L’enquête révèle qu’il est ramené à 1 %.
L’avantage transfrontalier (quand il y en a un !) ne tient compte ni du temps ni de l’essence pour s’y rendre ni de la patience dont il faut se doter à la frontière...

Il existe même des produits dont, surprise ! , les prix sont meilleurs au Canada. C’est le cas du baladeur 32G iTouch d’Apple. Des deux côtés de la frontière, son prix affiché est de 399,99$. Comme le huard s’échange ces jours-ci contre 92 cents US, achemonnaie a aussi dissipé toute envie de chasser les aubaines au sud, ce qui a permis de limiter les dégâts d’une baisse des dépenses de consommation liée à la récession. Toutefois, pense M. Porter, les détaillants ne pourront pas dormir en paix avec l’engouement en partie retrouvé pour le magasinage, à moins de consentir de nouveaux efforts sur les prix. ter au Canada représente une économie de 8%.
Cet avantage pourrait fondre cependant, si le huard devait atteindre la parité. « Le magasinage transfrontalier pourrait alors renaître », estime M. Porter.
Les fluctuations sur les marchés de change sont beaucoup plus rapides que les approvisionnements des détaillants. Voilà peut-être pourquoi les prix des biens n’ont pas beaucoup monté l’hiver dernier au Canada, malgré l’effondrement du huard en octobre. La dépréciation de notre
Le panier de provisions un peu aléatoire retenu pour l’enquête fait toujours état d’un écart de 6,8 % favorable au magasinage aux États-Unis. Il y a 18 mois, l’écart était de 18%. Un retour à la parité pourrait le ramener en moyenne à 16 %, à l’exception notable des voitures et des magazines où les prix paraissent bien alignés.
L’avantage transfrontalier ne tient pas compte ni du temps ni de l’essence pour s’y rendre ni de la patience dont il faut se doter à la frontière (à moins d’avoir téléchargé de la musique sur son nouveau gadget Apple acheté juste avant).
Des aubaines-surprises
Ce n’est pas là où on s’attend à épargner qu’on fera de bonnes affaires ces jours-ci. L’écart de prix pour une console Wii est de 3%, pour une caméra numérique ou un GPS Garmin, 2% à peine. « Il semble que les jeunes chassent les meilleurs prix plus agressivement, suggère M. Porter. Les détaillants le savent sans doute. »
Par contre, si le coffre de votre voiture est imposant et que vous ne craignez pas le plein air malgré la pluie, alors gréez-vous d’un barbecue ou d’une tronçonneuse. Vous pourrez épargner plus du tiers sur pareil achat dans le premier cas, plus du quart pour le second.
Après avoir passé quelques heures à assembler le premier ou à tailler des billes avec la seconde, vous serez sans doute en sueur. Ce sera le temps d’une bonne crème glacée. Vous serez heureux de la déguster en constatant que vous avez bien fait de patienter. Elle coûte en moyenne 23% de moins au Canada.
Quelle belle journée d’aubaines vous aurez réalisée !




UN HUARD FORT POUR LES VACANCES  -  Rudy LeCours
Le temps chagrin qui sévit chez nous incite les Québécois qui ne sont pas encore en vacances à envisager d’autres cieux que les nôtres pour recharger leurs batteries avant l’automne. Ils en auront pour leur argent, quels que soient les caprices de dame Nature, car notre monnaie est en pleine ascension.
Hier encore, elle a arraché 16 centièmes pour se hisser à 92,50 cents US d’équivalence. En cours de séance, elle a même touché 92,78 cents US, un sommet depuis le mois d’octobre.
Jusqu’ici, en juillet, le huard s’est apprécié de 7,4 % face au billet vert, dont 6% au cours des deux dernières semaines. Des facteurs techniques devraient lui faire gagner encore un peu d’altitude d’ici à la fin de la semaine. Pour la suite des choses, la conjoncture économique sera déterminante.
Les gestionnaires canadiens de portefeuilles rajustent en fin de mois leurs pondérations. Plusieurs ont parié sur une forte reprise des actions américaines et surpondéré leurs mises. Ils doivent rééquilibrer leurs pondérations ces joursci. Cela signifie rapatrier une partie des gains, ce qui crée de la demande pour le huard.
« Depuis le début du mois, le moteur du huard, c’est avant tout la performance des Bourses, explique Jack Spitz, directeur des marchés des devises à la Financière Banque Nationale. À l’inverse, la faiblesse relative du billet vert reflète un regain d’appétit pour le risque. »
Il n’y a pas que les parquets new-yorkais qui attirent de plus en plus les investisseurs, celui de Toronto aussi.
« Depuis deux semaines, les acheteurs de dollars canadiens sont des Nord-Américains » , observe Frédéric Mayrand, premier vice-président taux d’intérêt et change de BNP Paribas Canada. Parmi les devises liées aux prix des matières premières, comme les dollars australien et néo-zélandais, le huard est fort, note-t-il. 
« La reprise paraît mieux engagée chez nous, renchérit Claude Desautels, directeur marchés des changes de BMO Marchés des capitaux. La demande de matières premières reprend vraiment. Le taux de croissance annualisé en Chine était de 8% au deuxième trimestre. »
Le contrat à terme sur le baril de pétrole WTI s’échangeait audessus des 68$US, celui du Brent au-dessus des 70$US.
La semaine dernière, la Banque du Canada a affirmé que le pays renoue avec la croissance cet été, ce qui paraît stimuler la demande de titres canadiens.
En fait, selon l ’a ge n c e Bloomberg, le huard est la monnaie qui s’est le plus appréciée face au billet vert. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les manufacturiers exportateurs sauf s’ils importent plusieurs éléments des produits qu’ils fabriquent.
Depuis le début de l’année, le huard a repris la majeure partie des pertes subies depuis la crise du crédit provoquée par la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, il y a 10 mois. L’hiver dernier, il s’est échangé quelques jours contre moins de 77 cents US.
Depuis le début de l’année, il a gagné plus de 10% aussi face à l’euro, au yen et au renminbi chinois. Il fait presque aussi bonne figure devant le au peso mexicain, mais il reste au même point qu’en janvier face à la livre sterling malgré d’importantes fluctuations. « À 1,78$, la livre n’est vraiment pas chère, nuance Shaun Osborne, cambiste en chef du Groupe financier Banque TD. La livre a perdu 30% de sa valeur depuis l’an dernier. »
Les différentes opinions émises pour justifier le comportement de notre monnaie entraînent les experts dans des voies divergentes quant à la suite des choses.
M. Osborne croit que notre monnaie se dirige vers la parité, qu’elle devrait atteindre avant la fin de l’année. M. Desautels, tout comme M. Spitz, croit que le huard grimpera jusqu’à 95 cents US d’ici au mois de septembre.
Plus prudent, M. Mayrand affirme que le huard poursuivra sur sa lancée avant que le dollar américain retrouve un peu de tonus en fin d’année ou, au plus tard, au début de l’an prochain. « Le marché est divisé, mais je crois qu’on est en train d’exagérer. » Deux éléments de nature différente sont susceptibles de faire remonter le billet vert: la perte d’appétit du risque des investisseurs qui ferait suite à de mauvaises données économiques ou les attentes d’une remontée des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine par suite d’une tenue des économies américaine et mondiale meilleure que prévu.
Dans le premier cas, le huard pourrait retomber à près des 80-85 cents US mais, dans le second, il devrait rester au-dessus des 90 cents US sans se rapprocher de la parité.
Face à l’euro, le huard peut encore prendre du poids. Il faut ces jours-ci 1,54$ pour acheter la monnaie unique. D’ici à la fin de l’année, 1,50$ devrait suffire.





FORCE DU HUARD  Un joker contre les exportateurs

La Banque du Canada fonde son scénario de reprise en établissant à 87 cents, en moyenne, la force relative du huard face au billet vert d’ici la fin de 2011. Il s’agit du taux moyen observé depuis avril.
Depuis deux semaines, cependant, le huard carbure à l’EPO. Hier encore, il a gagné plus d’un cent, à 92,04 US. Les cambistes ont spéculé sur le fait que la Banque annonçait la fin de la récession.
La Banque admet pourtant qu’une monnaie beaucoup plus forte que la valeur anticipée dans son scénario donnera plus de fil à retordre aux manufacturiers exportateurs au moment où ils pourront profiter de la reprise a méricaine, attendue en fin d’année.
Toutefois, elle attribue sa force relative actuelle à l’appréciation des prix des produits de base dont le Canada est grand exportateur et à la faiblesse généralisée du billet vert. « Le scénario de la Banque est parmi les plus optimistes, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Même la poussée fulgurante du dollar canadien est considérée comme un irritant gérable. »
Augmentation des exportations
La Banque croit d’ailleurs que les exportations canadiennes devraient augmenter de 6 % à 7 % en moyenne en 2010 et 2011, soit beaucoup plus vite que la croissance anticipée de l’économie américaine. Elle la voit à 1,4 % l’an prochain et à 3,4 % en 2011.
Cela tient au fait que nos livraisons sont concentrées dans des secteurs particuliers, plus sujets aux variations cycliques. Ainsi, nos fabricants de véhicules et de pièces d’autos et nos manufacturiers de matériaux de construction ont été plus touchés respectivement par la restructuration et la crise de leur secteur.
La demande refoulée qui s’est créée devra bientôt être comblée. C’est déjà commencé sur le marché de la revente domiciliaire avec une troisième augmentation mensuelle d’affilée en juin. Les mises en chantier reprennent aussi tout doucement. La sortie de faillite de Chrysler et de GM et l’assouplissement progressif des conditions de crédit (plus lent aux États-Unis qu’au Canada) vont permettre la relance des ventes de véhicules prochainement.
Tout cela pour le plus grand bien des exportateurs canadiens... dans la mesure où le huard ne vienne pas tout gâcher.
Sur une croissance projetée de 3,0 % l’an prochain, la Banque croit que les exportations apporteront une contribution de deux points. En avril, elle misait plutôt sur 1,6 point de pourcentage.
La vitalité de la demande intérieure viendra cependant annuler cet apport, puisque l’augmentation des importations sera plus forte encore.
Il s’agit néanmoins d’un revirement nettement positif. Pour l’année en cours, les exportations nettes (exportations moins importations) contribuent à la croissance par un jeu arithmétique qui n’a rien de stimulant. Les importations diminuent plus vite encore que les exportations qui retranchent pourtant 5,3 points de pourcentage à la croissance. Cela i l lustre bien l’effondrement des échanges commerciaux depuis l’automne dernier. En 2009, l’économie canadienne va reculer de 2,3 %.
L’an prochain, le commerce international va se redresser et il contribuera même à l’expansion de l’économie en 2011 quand la croissance des exportations sera plus rapide que celle des importations.
Entre-temps, la progression de l’économie sera assurée par la demande intérieure et par la reconstitution des stocks.




QUELLE SAISON  POUR LE HUARD? - Vincent Brousseau-Pouliot

Àl’approche des vacances estivales, le huard est en chute libre, ayant perdu 5,5 cents US face au dollar américain ce mois-ci. Pour les Québécois qui prendront bientôt d’assaut les plages de la Nouvelle-Angleterre, il y a un coupable tout désigné : Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada.
Le banquier en chef du pays veut que le huard s’affaiblisse par rapport à la devise de l’Oncle Sam. Pas que Mark Carney veuille que les Canadiens paient plus cher pour leurs vacances aux États-Unis, mais il craint plutôt qu’un dollar canadien trop fort ralentisse la reprise économique attendue pour l’automne.
« On a pu constater que M. Carney est devenu plus loquace lorsqu’il a vu le dollar canadien monter, dit Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale.
M. Marion fait remarquer qu’un dollar fort peut miner la reprise économique.
« M. Carney ne semblait pas content de la montée du dollar cette année, dit François Barrière, vice-président du développement des affaires du marché des devises à la Banque Laurentienne. La Banque du Canada tente de baisser les taux pour faire repartir l’économie, mais la hausse du dollar canadien lui complique la vie. »
Mark Carney verra vraisemblablement son souhait exaucé – du moins pour la période estivale. Selon les experts consultés par La Presse Affaires, le huard continuera sa descente cet été pour atteindre un creux entre 83 et 85 cents US. Le dollar canadien, qui s’échangeait hier à 86,77 cents US, a perdu plus de 5 cents US depuis son sommet annuel de 92,5 cents US établi le 2 juin. « Les marchés présument que la Banque du Canada ne semble pas confortable avec le niveau actuel du dollar canadien et pourrait prendre des mesures pour y remédier », dit Christian Dupont, directeur du développement des affaires du marché des devises au Mouvement Desjardins.
Christian Dupont croit que la baisse estivale du huard sera surtout attribuable à la baisse des marchés boursiers. Que viennent faire le TSX et le Dow Jones dans la chute du huard? « Le dollar canadien a la réputation de bien performer quand l’aversion au risque est faible, dit Christian Dupont. En contrepartie, il performe moins bien quand les investisseurs hésitent à prendre des risques, comme c’est le cas lors d’un ralentissement boursier. »
Le spécialiste du marché des devises reconnaît l’ironie de la situation: ce sont surtout les difficultés de l’économie américaine qui causent cette incertitude nuisible au dollar canadien et favorable au billet vert de l’Oncle Sam. « Ça va un peu à l’encontre de l’analyse fondamentale, mais c’est parce que le dollar américain a été une valeur de refuge assez exceptionnelle depuis le début de la crise », dit Christian Dupont. Au plus fort de la crise, entre le 22 septembre et le 28 octobre dernier, l’indice du dollar américain ( US Dollar Index) a gagné 15,8% contre un panier de cinq autres devises, dont le dollar canadien.
L’Europe plus attrayante
Les Québécois qui s’envoleront pour le Vieux Continent cet été auront plus de chance: le dollar canadien devrait tenir le coup, voire s’apprécier, par rapport à l’euro. Hier, le huard s’échangeait 0,616 euro, une baisse de seulement trois centimes depuis le début du mois. Pendant la même période, le dollar canadien reculait de six cents et demi par rapport au dollar américain.
Selon François Barrière, le dollar canadien pourrait gagner un centime additionnel cet été. Stéfane Marion est encore plus optimiste : le huard devrait gagner cinq centimes cet été pour se maintenir à 66,7 cents euro. Une hausse qui n’est pas tellement attribuable à la rigueur du dollar canadien qu’aux problèmes immédiats de l’économie européenne. « Les perspectives de reprise économique sont plus lentes en Europe qu’aux ÉtatsUnis », dit l’économiste en chef de la Banque Nationale.
Pour le taux de change avec le dollar américain, les experts consultés par La Presse Affaires s’entendent tous sur une fourchette entre 83 et 85 cents US. Rien à voir avec les deux derniers étés passés près de la parité (95 cents US en moyenne en 2007 et de 97 cents US en 2008).
François Barrière doute toutefois que la faiblesse du huard éloigne les Québécois des plages de la Nouvelle-Angleterre cet été. « Mon chalet dans le Maine me coûtera un peu plus cher cette année à cause des fluctuations de devises, mais on m’a offert un rabais de 50%, dit le viceprésident du développement des affaires du marché des devises à la Banque Laurentienne. C’est le temps de voyager car il y a des aubaines aux États-Unis. » Comme quoi il n’y a pas que le taux de change dans la vie, même pour ceux qui passent leurs journées à analyser les fluctuations des devises !



Rocket huard est de retour -  RUDY LE COURS
Le dollar canadien s’est apprécié de presque deux cents hier
La dette colossale quedoit financerWashington amène beaucoup d’investisseurs à bouder le marché obligataire américain, ce qui affaiblit le billet vert et propulse le huard par ricochet.
Notre monnaie a bondi de 190 centièmes à hauteur de 91,60 cents US. Elle s’est appréciée de 8,8% au cours du mois. Il faut remonter à l’entrée du Canada dans la guerre coréenne en 1950 pour retrouver pareille poussée qui fait sourciller les autorités politiques et monétaires.
« Ça nous préoccupe toujours beaucoup quand le dollar canadien fluctue rapidement et c’est plutôt rapide depuis les dernières semaines, a commenté le ministre des Finances Jim Flaherty à Toronto hier. Je sais que le gouverneur de la Banque du Canada surveille la situation. »
La Banque reconduira jeudi son taux directeur à 0,25%. Les observateurs espèrent qu’elle se prononce sur l’appréciation de notre monnaie car son scénario économique d’avril misait sur sa stabilité relative aux environs de 80 cents US.
Certains analystes croient même que sa présente poussée le mènera jusqu’à la parité pendant un certain temps, d’ici la fin de l’année.
« Notre prévision s’appuie en partie sur le fait que le dollar américain perdra de son attrait comme valeur refuge et comme point de chute de l’inversion de l’effet de levier et en partie sur l’idée que la situation canadienne est attirante d’un point de vue fondamental », expliquait hier Eric Lascelles, économiste en chef et stratège chez TD Valeurs mobilières. Il précise qu’il s’agit cependant d’un phénomène transitoire.
« L’appétit pour le risque revient. La peur est temporaire, mais la cupidité dure plus longtemps », renchérit Hughes Lajeunesse, vice-président principal, change chez BNP Paribas Canada. Établi à Londres, le cambiste en chef de la banque française, HansGuenter Redecker, prévenait ses clients la semaine dernière de ne pas rater le rallye du huard qui profite aussi de la remontée du prix des produits de base et de la solidité de son système financier. « Parmi les autres points qui le favorisent, il y a le déficit budgétaire américain de 12% (du PIB) pour stabiliser le système financier et stimuler l’économie. Celui de 3% du Canada paraît petit en comparaison, écritil. Nous demeurons convaincus que le billet vert restera faible durant l’été. »
Le désintérêt grandissant pour le billet vert ne s’explique pas seulement par le regain d’appétit pour le risque. Le financement de la dette américaine inonde le marché de titres du Trésor au point de les rendre de plus en plus indigestes aux yeux des acheteurs habituels de Treasuries. La dette devra davantage être financée à l’interne.
Si les ménages renouent avec les bienfaits de l’épargne, ils cherchent aussi les rendements en principe plus élevés des marchés boursiers. Le Trésor devra les attirer en consentant des taux plus élevés.
Or, les taux d’intérêt hypothécaires évoluent en parallèle des taux obligataires, avec un écart. Pour empêcher ces derniers de grimper trop vite au point de compromettre une relance fragile du marché de l’habitation, la Réserve fédérale achète directement une part des nouvelles émissions du Trésor. Elle s’est engagée à le faire jusqu’à concurrence de 300 milliards, mais elle devra peut-être faire davantage.
Cette politique de monétisation de la dette équivaut à imprimer de l’argent. Cela affaiblit le billet vert et refroidit davantage l’appétit des acheteurs étrangers d’obligations.
Voilà qui explique en partie pourquoi les taux sur les obligations américaines ont bondi cette semaine au moment où Washington lançait de nouvelles émissions dépassant les 100 milliards. L’écart entre les taux de deux ans et de 10 ans a grimpé jusqu’à 275 centièmes, du jamais vu en six ans, ce qui a de quoi inquiéter la Fed. « À moins d’une rechute des cours boursiers, il serait surprenant que les taux obligataires de 10 ans revisitent le creux de 2,03% atteint en décembre, mais à 3,75% le niveau actuel ne semble pas refléter la réalité », jaugent François Dupuis et Martin Lefebvre, économistes chez Desjardins, dans la dernière livraison du mensuel La courbe de rendement.





LA CAISSE VEUT RÉINVESTIR DANS QUÉBEC INC.  -  Martin Vallières
La Caisse de dépôt et placement veut redorer son blason parmi les entrepreneurs d’ici en se proposant davantage comme investisseur et fournisseur financier de haut niveau, en particulier pour leurs ambitions internationales.
« La Caisse n’a plus à faire le choix entre le rendement et la contribution économique au Québec. Les deux vont ensemble. La Caisse peut générer du rendement en investissant davantage dans les entreprises québécoises », a indiqué son président, Michael Sabia, au cours d’un colloque de gens d’affaires commandité par la Caisse, hier à Montréal.
Selon M. Sabia , avec ses nouvelles priorités de gestion, la Caisse de dépôt entend mener de front ses objectifs de rendement à long terme « selon les besoins de ses clients » et de contribution au développement économique du Québec.
« La Caisse de dépôt et placement souhaite renforcer son rôle de leadership au Québec, tout en respectant les besoins en rendement de ses clients (caisses de retraite et fonds d’assurance publics) afin qu’ils puissent s’acquitter de leurs obligations », a indiqué M. Sabia.
« Nous connaissons le Québec et son économie en profondeur. Nous avons aussi des avantages comparatifs que nous pouvons utiliser davantage avec les entreprises québécoises. »
Quels avantages en particulier? Le président de la Caisse est demeuré avare de détails.

C’est l’un de ses principaux adjoints, Normand Provost, premier vice-président aux placements privés et chef des opérations de la Caisse, qui a résumé ces avantages.
D’une part, a-t-il indiqué, la Caisse connaît bien les rouages de la haute finance pour améliorer les conditions financières faites aux entreprises d’ici.
« La Caisse ne manquera jamais de fonds pour appuyer de bonnes entreprises québécoises qui ont de bons projets », selon M. Provost.
« Et même s i nous ne gagnons pas toutes les soumissions financières que nous leur faisons, tant mieux si notre intervention permet à ces entreprises d’obtenir de meilleures conditions financières. »
D’autre part, a souligné M. Provost, la Caisse a un réseau international de partenaires qui pourrait servir davantage aux entreprises d’ici à des moments-clés de leur expansion vers les marchés extérieurs.
Selon Normand Provost, ces entreprises font figure de « PMM, c’est-à-dire des petites et moyennes multinationales ».
En exemple, le vice-président de la Caisse a cité son injection récente de 40 millions de dollars en dette et en capital auprès du groupe Laperrière & Verreault (GLV), de Trois-Rivières, lors de son acquisition d’une entreprise en Autriche pour 153 millions.
« C’était un achat stratégique pour GLV qu’elle n’aurait sans doute pu réaliser sans l’assistance financière de la Caisse, ainsi que sa connaissance des règles européennes lors des acquisitions d’entreprise. »
Dans cette foulée, M. Provost a confirmé que la Caisse négocie actuellement « deux dossiers semblables » à celui de GLV avec d’autres entreprises québécoises, qui pourraient aboutir bientôt.
Quant aux détails des intentions de la Caisse envers les entreprises d’ici, Normand Provost a promis qu’ils seraient communiqués « au cours des prochaines semaines ».
La Caisse prépare aussi une deuxième série de colloques régionaux d’entrepreneurs pour le printemps 2010, durant lesquels elle prévoit accentuer son démarchage.
Mais déjà, hier, des dirigeants d’entreprise qui parti-

Ne tirez pas sur le réformateur  -  Francis Vailles
La Caisse de dépôt ne perdra pas d’argent cette année, mais ses rendements seront nettement moins bons que ceux de ses pairs. Le nouveau PDG, Michael Sabia, n’a toutefois pas grand-chose à voir avec ces mauvais résultats. Voici pourquoi.
D’abord, parmi les observateurs avisés, personne n’est surpris d’apprendre que la Caisse a des résultats inférieurs à ceux des autres caisses de retraite cette année. Hier, notre collègue Denis Lessard, avec ses excellentes sources, a écrit que la Caisse obtenait un rendement de 5 ou 6% pour les 10 premiers mois de l’année, comparativement à 10 à 12% pour les pairs.
Cet écart avec la concurrence est déjà connu depuis t rois mois. À la mi-août, la Caisse a en effet donné un aperçu de ses résultats semestriels. Elle rapportait alors un gain de 5 % entre janvier et juin, gain qui était toutefois annulé entièrement par la déconfiture de son portefeuille immobilier. En comparaison, les pairs avaient fait 6 ou 7 % durant la même période.
Position en actions
Deuxième élément connu : le portefeuille de la Caisse contenait proportionnellement moins d’actions que les autres caisses de retraite en début d’année. L’institution avait alors 22 % de son portefeuille en actions, comparativement à 30 % pour OMERS et 42% pour Teachers’, deux caisses ontariennes.
Hier, le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon, a indiqué que la Caisse avait rebâti sa position en actions depuis mars. Au 30 septembre, elle avait 34% de son portefeuille en actions, dit-il. Cet ajout de 12 points de pourcentage (de 22 à 34%) vient, d’une part, de la hausse des marchés et, d’autre part, d’une injection de fonds de la Caisse. L’institution a en effet injecté 8,5 milliards de dollars provenant de son portefeuille de revenus fixes, a indiqué M. Chagnon.
Michael Sabia, PDG de la Caisse de dépôt, doit composer avec les stratégies de ses prédécesseurs. On ne verra sa marque qu’en 2010.
Cet ajout de fonds s’est néanmoins fait progressivement. La Caisse n’a donc pu profiter pleinement du boum boursier comme ses pairs. Aux États-Unis, le Dow Jones est en hausse de 17% depuis le début de l’année et, au Canada, l’indice TSX de la Bourse de Toronto a grimpé de 27%.
Michael Sabia peut donc difficilement être tenu responsable de cette sous-pondération en actions. Le nouveau PDG a pris la barre de l’entreprise en mars et il a hérité des stratégies de l’administration précédente.
La sous-pondération du début d’année s’expliquait notamment par la politique de couverture de change particulière de la Caisse. L’automne dernier, la brusque chute du huard a obligé l’institution à décaisser 8,9 milliards de dollars pour faire face à ses appels de couverture. Ces milliards ont été obtenus non pas par la vente d’immeubles – un processus long et fastidieux – mais par la liquidation de titres boursiers. Cette liquidation, entre autres, a fait chuter la pondération en actions de la Caisse.
Michael Sabia doit également composer avec l’imposant portefeuille immobilier de l’institution. La Caisse a une forte présence immobilière aux ÉtatsUnis, un marché où les prix sont en baisse de 35 à 45% depuis le sommet de 2007.
Certes, les immeubles de la Caisse sont de première catégorie. Toutefois, les cycles immobiliers sont longs et, avant que le marché ne remonte, d’ici 18 mois, le portefeuille continuera de perdre des plumes.
Autre élément: la précédente administration avait choisi de miser environ 3 milliards de dollars dans le secteur des prêts hypothécaires mezzanines aux États-Unis. Or, ces prêts de deuxième rang, plus risqués, ont perdu énormément de valeur, affectant d’autant le rendement de la Caisse.
Enf i n, l e nouveau c hef des placements de la Caisse, Roland Lescure, a été nommé en juillet, mais n’est arrivé à la Caisse qu’à la mi-octobre. Son empreinte sur les rendements de la Caisse ne se fera donc réellement sentir qu’en 2010.
Bref, Michael Sabia doit encore composer avec les stratégies contestables de l’administration précédente, soit le surinvestissement dans les papiers commerciaux risqués et dans l’immobilier, notamment. C’est l’année 2010 qui sera déterminante pour juger de l’équipe Sabia-Lescure.


Charles Sirois dénonce « l’obsession » du rendement
Les caisses de retraite doivent établir des cibles de rendement réalistes et adaptées à leurs propres besoins plutôt que d’être obnubilées par la performance de leurs pairs, a soutenu hier l’entrepreneur Charles Sirois, président de la firme d’investissement Télésystème.
« Ce n’est pas vrai que lorsqu’on gère des sommes de capital gigantesques, on peut s’attendre à aller chercher des rendements de 10-12 % alors que l’inflation est de 2% à long terme. Je regrette, c’est impossible. L’économie réelle ne peut pas supporter ce type d’écart-là, sauf si on prend des risques énormes et qu’on accepte une variabilité énorme (des résultats) », a déclaré M. Sirois à la tribune de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Le président du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Robert Tessier, a assisté au discours de Charles Sirois et n’a rien dit pour le contredire.
« Je pense que comme tout le monde, l’obsession, maintenant, c’est de suivre de très près ce que ceux qui déposent veulent et ont besoin », a-t-il admis.
La Caisse s’est fixé un objectif de rendement à long terme « d’environ 7% ». Depuis sa création, en 1966, elle a enregistré un rendement annuel moyen de 8,3 %, même en tenant compte de la chute de 25% de la valeur de ses investissements, en 2008, attribuable en partie à des placements risqués.
Crise financière
Faisant l’autopsie de la crise financière qui a éclaté l’an dernier, l’ancien président de Téléglobe et de Microcell (Fido) a par ailleurs formulé quelques suggestions pour repartir sur de meilleures bases.
Il prône notamment un encadrement plus serré de l’effet de levier (emprunter pour investir), l’imposition de limites sur la variation des cours de certains produits financiers afin d’en réduire la volatilité et l’adoption de nouvelles règles sur les ventes à découvert.
Le plus important, c’est que le secteur financier se remette au service de l’économie réelle, plutôt que l’inverse, a-t-il rappelé, en mettant toutefois en garde contre la « surréglementation ».
Président du conseil d’administration de la Banque CIBC depuis février, M. Sirois a assuré que le mouton noir de l’industrie avait « appris beaucoup » de ses mauvaises expériences, notamment son incursion coûteuse dans le secteur du courtage aux États-Unis.


LE RÉGIME DE RENTES TENTE DE GARDER LE CAP  -  Martin Vallières
Faut-il hausser les cotisations salariales ? Réviser à la baisse les rentes futures ? Ou encore retarder l ’âge de la retraite et l’accès aux rentes ?

L’avenir de la principale caisse de retraite collective des Québécois, un héritage majeur de la Révolution tranquille, est examiné comme jamais auparavant, ces joursci en commission parlementaire à Québec.
L’enjeu : assurer la viabilité à long terme du Régime de rentes du Québec, malgré les coûts croissants dus au vieillissement de la population et la relative stagnation du nombre de salariés cotisants.
De plus, ce débat lancé l’an dernier par le gouvernement du Québec et sa Régie des rentes s ’est aggravé considérablement après les déboires qu’a connus la Caisse de dépôt et placement en 2008.
La Caisse est le gestionnaire exclusif du fonds du Régime de rentes du Québec. Or, les pertes massives de l’an dernier à la Caisse – 39,8 milliards en tout – ont provoqué une amputation imprévue de 9 milliards au fonds du Régime.
L’actif du fonds a été recalé à 26 milliards au 31 décembre dernier, 11 milliards de moins que ce qu’avait prévu la Régie des rentes, il y a deux ans à peine.
 La conséquence immédiate de cette perte : l’épuisement du Régime des rentes sous sa forme actuelle, prévue auparavant pour 2051, s’en retrouve devancé à 2037.
Ce serait dans 28 ans seulement. En d’autres termes, les salariés actuels de moins de 45 ans risqueraient de se buter à une caisse publique vide lors de leur retraite, après leur 65e anniversaire.
Afin d’éviter ce scénario, le gouvernement québécois doit trouver seul une solution puisque les autres provinces du Canada participent plutôt au Régime de pensions du Canada ( RPC), dont le fonds de réserve a subi moins de dégâts l’an dernier.
Aussi, le Canada anglais affronte un vieillissement de la population moins prononcé qu’au Québec.
« C’est notre r esponsabi l i t é de pa r l ementai r e s d’assurer la pérennité de cet héritage collectif qu’est le Régime des rentes », a indiqué le ministre de l’ Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, en début de commission parlementaire, il y a une semaine.
« Cette consultation est l’occasion d’entendre les principaux acteurs de la société… pour en arriver à un Régime mieux financé et mieux adapté. »
En fin de journée hier, la Commission des affaires sociales a ajourné ses travaux pour quelques jours. Elle a déjà entendu des groupes comme le Conseil du patronat, principal porte-parole des employeurs du privé, la centrale syndicale FTQ, des gestionnaires de caisses de retraite et des associations de retraités.
Évidemment, chaque intervenant a fait valoir ses priorités selon ses propres intérêts. Le milieu syndical, par exemple, s’oppose à toute réduction des prestations futures du Régime de rentes. De même que les représentants de retraités des secteurs privés et publics.
En contrepartie, ils réclament une hausse des cotisations aux salariés actuels et à leurs employeurs.
C’est d’ailleurs l’une des solutions les plus rapides déjà envisagées par le gouvernement du Québec: rehausser de 9,8% à 10,4% le taux de cotisation salariale sur une période de cinq ans, à compter de 2011.
Si elle prévaut, une telle hausse de taux pourrait rapporter à terme 500 millions de plus par an au fonds du Régime de rentes.
Mais du point de vue patronal, une telle hausse de cotisations reviendrait à gonfler encore les « taxes sur la masse salariale » au Québec, déjà trop élevées par rapport à l’Ontario, selon le Conseil du patronat.
Par ailleurs, a-t-il souligné en commission parlementaire, il serait mal avisé d’augmenter encore les cotisations salariales au Québec en pleine période de récession.
Par conséquent, parce qu’il faut renflouer le fonds du Régime de rentes, mieux vaudrait décaler toute hausse de cotisation jusqu’en 2011.
Et même à ce moment, insiste le Conseil du patronat, Québec devrait compenser cette hausse de coût pour les employeurs par une baisse équivalente des autres prélèvements sur leur masse salariale.
Jusqu’à maintenant, au gouvernement du Québec, le ministre Sam Hamad n’a pas encore écarté une hausse rapide des cotisations.
Mais une décision gouvernementale pourrait prendre encore quelques mois, peut-être jusqu’au prochain budget provincial du printemps 2010.
D’ici là, espèrent plusieurs, le vif rebond des marchés boursiers pourrait renflouer une partie des pertes imprévues de l’an dernier au fonds du Régime de rentes.



La Caisse de dépôt risque de perdre un demi-milliard
La Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait perdre 285 millions de livres anglaises (508 millions CAN) sur une dette assortie d’une garantie concernant les propriétés londoniennes de l’investisseur Simon Halabi après que leur valeur eut chuté d’environ 50%, selon deux personnes au fait du dossier.
La Caisse possède la portion de second rang d’un prêt de 1,45 milliard de livres assorti d’une garantie adossée aux neuf édifices de bureaux de M. Halabi, ont précisé les sources qui ont requis l’anonymat parce que l’information n’est pas de nature publique.
La partie de premier rang du prêt, soit 1,15 milliard de livres, a été transformée en valeurs adossées à des hypothèques commerciales en 2006. Les détenteurs d’obligations, qui sont en défaillance, viennent au premier rang lorsque la dette est remboursée. Les paiements d’intérêts au prêteur subalterne ont déjà cessé.
La valeur des propriétés commerciales au Royaume-Uni ont chuté de 44% depuis le sommet atteint à la mi-2007, d’après Investment Property Databank Ltd. Des prêts d’une valeur d’environ 230 milliards de livres ont été consentis pour les propriétés commerciales au Royaume-Uni, selon une recherche de l’Université De Montfort établie à Leicester.
« Le prêt de premier rang lui-même est déjà mal en point », selon Gioia Dominedo, de l’équipe CMBS de Fitch’s, à Londres. « Les valeurs des propriétés devraient revenir à leur niveau de départ pour que le prêt senior retrouve toute sa valeur, sans parler du prêt junior », ajoute l’analyste.
MCR, firme de restructuration d’entreprises, a obtenu un contrat le 21 août dernier pour liquider l’entreprise londonienne de conseil en matière de propriétés de M. Halabi, Buckingham Securities Holdings. Kamlesh Bathia, le directeur financier de Buckingham, n’a pas répondu aux appels ni aux courriels pour obtenir des commentaires. François Gaboury, porte-parole de la Caisse, a refusé de commenter l’affaire.
Les propriétés de M. Halabi, qui comprennent les bureaux l ondoniens de J PMorgan Chase & Co., étaient évaluées à 1,8 milliard de livres lorsque le prêt de premier rang a été transformé en obligations. En juin dernier, leur valeur avait été ramenée à 929 millions de livres.
Les paiements d’intérêts sur le prêt de second rang ont été interrompus le 15 juillet dernier lorsque le prêt de premier rang devait être remboursé, précisait CB Richard Ellis Group Inc. dans un communiqué émis lundi dernier. Les fiducies de M. Halabi ne sont pas en mesure de refinancer la dette et il est vraisemblable que les propriétés seront vendues, avait indiqué Fitch Ratings Ltd. en juin dernier.
« Nous obtenons tous les avis pertinents et nécessaires pour établir une stratégie visant à maximiser la récupération », a fait savoir CB Richard Ellis Inc., le gestionnaire de la dette.
La Caisse a i nscrit une moins-value latente de 5,7 milliards de dollars canadiens sur ses actifs immobiliers pour la première moitié de l’exercice, ce qui a effacé le gain de 5% sur ses autres investissements, selon un communiqué émis le 11 août dernier. La Caisse a fait savoir qu’elle songeait à renoncer aux activités dans le secteur des prêts subordonnés.


Holà au risque  -  ANDRÉ PRATTE
Michael Sabia a pris de nouvelles mesures pour réduire l’exposition au risque excessif de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). On ne peut que s’en réjouir.
Mardi, le président et chef de la direction a annoncé que la Caisse se retirait du domaine des prêts hypothécaires subordonnés, des investissements évidemment plus risqués que les hypothèques de premier rang. L’étranglement du crédit et l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis ont fait plonger la valeur de ce type de placements, de sorte qu’au cours des six premiers mois de l’année, la Caisse a inscrit pour cette seule catégorie d’actifs une perte non matérialisée de 2,2 milliards.
Les résultats semestriels (fragmentaires) publiés par la Caisse révèlent que l’organisation continue de subir les effets de la crise économique et financière qui lui avait fait perdre 40 milliards l’an dernier. Au cours du premier semestre de 2009, la CDPQ a vu la valeur de ses placements dits « moins liquides » baisser de 5,7 milliards, une baisse qui a annulé les gains – fort modestes par ailleurs – obtenus dans les actifs boursiers et à revenus fixes.
Ces pertes « sur papier » ne résultent pas toutes de l’imprudence passée de la Caisse. La baisse de la valeur des immeubles – 1,8 milliard – sera certainement effacée à mesure que l’immobilier commercial américain recouvrera la santé.
Par contre, les pertes de 2,2 milliards dans les prêts hypothécaires subordonnés se concrétiseront en grande partie. Les gestionnaires de ce secteur ont investi alors que le marché était à son plus haut, croyant que les belles années n’auraient pas de fin. Très grave erreur.
LaCDPQ a aussi vu la valeur du PCAA qu’elle détient fondre d’un autre 400 millions, en sus des 5,6 milliards déjà effacés. Les placements privés ont été dévalués de 1,3 milliard; à ce sujet, malheureusement, le secret absolu demeure la règle. Comble de malheur, la Caisse ayant dû vendre des actifs boursiers au pire de la crise, elle amoinsprofité qued’autres de la forte remontée des actions canadiennes survenue depuis le début de l’année.
La culture anti-bas de laine qui s’y était graduellement installée continue donc de coûter très cher à la Caisse. C’est cette frénésie du rendement, cette banalisation du risque que M. Sabia s’affaire à corriger. Si les résultats des six premiers mois de l’année sont décevants, l’orientation choisie et les décisions prises jusqu’à maintenant sont rassurantes. Elles ont en tout cas rassuré Standard & Poors, qui vient de confirmer la cote de crédit AAA de la Caisse. L’agence s’est notamment réjouie du fait que le gouvernement « a clairement manifesté sa volonté de préserver l’indépendance de la Caisse », un commentaire que nos politiciens devraient garder à l’esprit.
L’ef fort de transparence consenti cette semaine par l’équipe Sabia est louable. Il faudra voir si cette ouverture (très relative) se maintient ; il est plus facile d’être transparent pour les erreurs de ces prédécesseurs que pour les siennes.


Rendement nul  -  Francis Vailles
L’immobilier coule la Caisse de dépôt au premier semestre
Les marchés boursiers sont en hausse, mais la Caisse de dépôt et placement n’a pu faire mieux qu’un rendement nul au premier semestre de 2009. Principal responsable : l ’ i mmobilier. Hier, l’institution a annoncé que ses placements non liquides ont dû être dévalués de 5,7 milliards de dollars au cours de la période terminée le 30 juin. À lui seul, le secteur immobilier accapare 71 % de cette dévaluation, soit 4 milliards.
Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt
Ce recul de l’immobilier est compensé par un gain de 5% dans les autres placements de la Caisse ( Bourse, obligations etc.), ce qui ramène le rendement global aux environs de 0% pour les six premiers mois. Pour l’année 2008, la Caisse avait déclaré une perte de 25% ou 39,8 milliards.
 « Notre performance du premier semestre pour les autres placements correspond aux attentes que nous avions il y a quelques mois. Je dirais que nous en sommes satisfaits et en ligne avec l’industrie. Mais avec un rendement global neutre à cause de l’immobilier, personne ne pense ici que c’est ce que nous devrions viser », a expliqué le PDG, Michael Sabia, au cours d’une téléconférence avec les journalistes.
La déconfiture du secteur immobilier de la Caisse, en particulier pour les prêts hypothécaires à risque aux ÉtatsUnis, a incité l’institution à réorganiser ses structures, intégrant la division Cadim à la filiale SITQ immobilier. La réorganisation est stratégique et aucune mise à pied n’est prévue, dit M. Sabia.
Cadim est davantage présent dans les secteurs hôteliers et résidentiels, tandis que les filiales SITQ et Ivanhoé se concentrent sur les immeubles de bureau et les centres commerciaux.
Il y a t r oi s s e maines, La Presse Affaires avait donné un avant-goût de ces changements, révélant les départs du PDG de Cadim, Richard Dansereau, et du chef des i nvestissements de SI TQ, Daniel Fournier. La Presse avait également fait état des graves problèmes de la Caisse avec ses prêts hypothécaires mezzanines aux États-Unis.
Ce sont justement ces prêts mezzanines qui donnent des maux de tête à la Caisse. Il s’agit de prêts de deuxième ou troisième rang sur un immeuble. Dans les bonnes périodes, ces prêts rapportent davantage, mais ils sont plus risqués.
En cas de défaut de paiement, c’est le prêteur de premier rang qui est le mieux protégé, puisque les fruits de la revente de l’immeuble saisi lui seront d’abord versés. Les prêteurs de 2e et 3e rang récupéreront les restes. C’est ce qui est arrivé à la Caisse en avril avec un gratte-ciel à New York. L’institution y a perdu les 130 millions US qu’elle avait prêtés en 2006.
Hier, la Caisse a annoncé qu’elle abandonnait le secteur des prêts mezzanines et autres prêts subordonnés. Les baisses de valeur de ces prêts à la Caisse atteignent 2,2 milliards pour le premier semestre, ce qui en ramène la valeur à quelque 800 millions, a indiqué la Caisse.
C’est la première fois que l’institution dévoile ses résultats semestriels, quoique non détaillés. La Caisse dit répondre ainsi aux demandes de transparence du public et des médias.
Michel Nadeau, di r e c - t eur général de l ’ I nstitut pour la gouvernance, salue cette initiative. I l constate toutefois que le rendement semestriel de la Caisse est inférieur à la médiane des caisses de retraite, qui oscille entre 6 et 7 %. « La Caisse commence l’année avec un retard de 6,5 % sur les autres caisses de retraite », constate M. Nadeau.
La Caisse a par ailleurs confirmé la nomination de René Tremblay au poste de président du groupe Immobilier de la Caisse. M. Tremblay portait ce titre par intérim depuis que Fernand Perreault était devenu PDG par intérim avec la démission de Richard Guay. Hier, Michael Sabia a indiqué que M. Perreault gardait le titre de conseiller spécial du PDG.
« Le modèle de banques d’affaires de Cadim est remis en question en fonction des réalités du marché. On veut revenir au métier de base de l’immobilier », a déclaré hier René Tremblay.
Le nouveau chef de l’immobilier a confiance dans le portefeuille d’immeubles détenus par la Caisse, de grande qualité. Ces immeubles rapportent de meilleurs revenus qu’en 2008, mais ils sont dévalués en raison des transactions actuelles à prix moindres. Le marché immobilier demeurera difficile jusqu’au début de 2011, dit-il, mais reprendra à long terme.
Quant au reste, Michael Sabia affirme que la Caisse est à augmenter de façon assez importante la part du portefeuille investi sur les marchés boursiers.


Le secteur immobilier perd des morceaux   -  Marie Tison
Le secteur immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, ébranlé par de piètres résultats, perd deux piliers.
Le président et chef de la direction de Cadim, Richard Dansereau, a annoncé son départ il y a quelques jours. Pour sa part, le vice-président-directeur et chef des investissements de la SITQ, Daniel Fournier, a quitté son poste le 15 juillet.
Cadim, filiale de la Caisse, se spécialise notamment dans les hôtels et les immeubles résidentiels au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie. La SITQ, filiale à 91,6 % de la Caisse, se spécialise surtout dans la gestion d’immeubles à bureaux et de parcs d’affaires au Canada, aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.
En 2008, l’ensemble du secteur i mmobilier de la Caisse a enregistré un rendement de -16,1 %. C’est encore plus négatif que l’indice de référence de -2,6 %. Et le secteur immobilier n’est pas au bout de ses peines. Hier, La Presse Affaires a révélé que la Caisse connaissait de nouvelles difficultés avec son portefeuille de prêts hypothécaires non résidentiels aux États-Unis. La Caisse a accordé des prêts hypothécaires de deuxième ou troisième rang sur des immeubles, plus risqués que des prêts de premier rang. Or, les prix des immeubles de bureaux et des centres commerciaux ont baissé de 35 à 45% aux États-Unis par rapport au sommet de 2007.
La Caisse a notamment dû racheter pour 100 000 $ US un immeuble à bureaux de 42 étages à New York pour lequel elle avait prêté 130 millions US.
Non seulement elle a perdu cette somme, mais elle a dû rembourser 240 millions US au prêteur hypothécaire de premier rang, la Deutsche Bank. L’immeuble a un taux d’inoccupation de 31 %.
Richard Dansereau s’était joint à l’équipe de direction de Cadim en octobre 2000, d’abord à titre de vice-président aux investissements, puis à titre de président et chef de la direction.
La Caisse n’a pas voulu donner de détails sur les raisons de son départ. Elle n’a pas voulu non plus expliquer les modalités du processus de succession.
« Je ne peux pas commenter là-dessus, a déclaré la porte-parle de la Caisse, Mylène Bélanger. Je ne suis pas au courant et, même si je l’étais, je pense que ça devrait demeurer confidentiel, tous ces processus-là. »
De son côté, la SITQ avait créé le poste de M. Daniel Fournier en juin 2008. La filiale n’a pas non plus voulu donner de détails sur le départ du haut dirigeant.
« Comme toute organisation dynamique, il y a des arrivées et de départs », a simplement déclaré la porte-parole la SITQ, Amélie Plante.
Elle a indiqué que les gens qui relevaient de M. Fournier relèveront directement du président et chef de la direction de la SITQ, Paul Campbell.



Autre tuile pour la Caisse  -  Francis Vailles
L’institution a 2 milliards de prêts hypothécaires à risque aux États-Unis
EXCLUSIF
Avec le dégonflement de la crise financière, on aurait pu croire que la Caisse de dépôt et placement était enfin tirée d’affaire. Mais La Presse Affaires a appris que l’institution avait de sérieux problèmes avec son portefeuille de prêts hypothécaires non résidentiel aux États-Unis.
Ce portefeuille de prêts a été constitué durant les belles années de l’immobilier précédant la crise. Or, aujourd’hui, la perte de valeur des immeubles aux États-Unis est telle que le portefeuille de prêts appelés « mezzanines » fond comme neige au soleil. Pour la Caisse, l’enjeu oscille entre 2 et 3 milliards de dollars.
Les prêts hypothécaires mezzanines sont des prêts de deuxième ou troisième rang sur un immeuble. Ils rapportent davantage mais sont plus risqués. En cas de non-paiement d’un immeuble, c’est le prêteur hypothécaire de premier rang qui est le mieux protégé, puisque les fruits de la revente de l’immeuble saisi lui seront d’abord versés. Suivent les prêteurs de deuxième et troisième rangs, mais ces derniers récupéreront leur mise seulement s’il reste des fonds une fois que le premier prêteur se sera servi.

Immeuble de 42 étages à New York
C’est ce qui arrivé à la Caisse en avril dernier avec un immeuble de bureaux à New York, situé au 1330, Avenue of the Americas, au coeur du Rockefeller Plaza. Le propriétaire du gratte-ciel de 42 étages, Macklowe Properties, a omis de payer son dû à la Caisse sur un prêt de 130 millions US.
L’immeuble a été mis aux enchères, mais comme aucun prétendant ne s’est présenté, la Caisse n’a eu d’autres choix que de racheter l’immeuble pour la valeur symbolique de 100 000$ US. Autrement dit, la Caisse y a perdu les 130 millions US qu’elle avait prêtés en 2006.
Qui plus est, pour racheter la propriété, la Caisse a dû rembourser au prêteur hypothécaire de premier rang, la Deutsche Bank, une somme de 240 millions US. Autrement dit, le coût réel de la transaction s’est élevé à 370 millions US pour la Caisse, et l’immeuble a un taux d’inoccupation de... 31%.
Selon nos sources, la Caisse s’attend maintenant à devoir comptabiliser de grosses pertes en 2009 sur son portefeuille américain de prêts hypothécaires mezzanines. Au 31 décembre 2008, l’ensemble du portefeuille de financement hypothécaire géré par la filiale de la Caisse, Otera Capital, valait 11,3 milliards CAN. Environ 30% de ce portefeuille portent sur des prêts aux États-Unis et l’essentiel est constitué de prêts mezzanines.
Dans le cas du 1330, Avenue of the Americas, la Caisse espère récupérer sa mise en gérant l’immeuble adéquatement et en augmentant le taux d’occupation. L’institution peut notamment compter sur l’expertise approfondie de sa filiale immobilière SITQ.
Cependant, la Caisse devra être patiente parce que les bureaux sont difficiles à louer à New York en ces temps de crise. Certains s’attendent même à ce que la déconfiture de l’immobilier non résidentiel aux États-Unis surpasse le krach immobilier du début des années 1990.
En 2009, les prix des immeubles de bureaux et des centres commerciaux aux États-Unis étaient en baisse de 35 à 45% par rapport au sommet de 2007. L’exemple du 1330, avenue of the Americas risque donc de se reproduire.
La Presse Affaires a demandé à la vice-présidente des affaires juridiques d’Otera Capital, Marie Giguère, si d’autres immeubles étaient en défaut de paiement aux États-Unis, mais elle n’a pas voulu commenter. Pas de commentaires non plus de la part du porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon.
À part la Caisse, les fonds de retraite canadiens qui ont investi dans les prêts mezzanines aux États-Unis sont plutôt l’exception. Les régimes ontariens Teachers’ et Omers ne seraient pas présents sur ce marché, nous dit-on. Au Québec, Otera Capital s’est associé au Régime des rentes du Mouvement Desjardins pour le financement hypothécaire américain.
Bref, l’année 2009 s’annonce difficile pour le financement hypothécaire et l’immobilier à la Caisse, elle qui a eu un rendement de -22% en 2008. Heureusement, dans certains segments de marché, l’institution avait vu venir le recul de l’immobilier et s’était retirée du marché. Par exemple, la Caisse ne détient plus que trois centres commerciaux aux États-Unis, elle qui en avait 25 en 2006.
Autre élément favorable, les immeubles détenus par la Caisse sont de première catégorie et bien rempli, notamment au Canada. Leur perte de valeur le cas échéant risque donc d’être moins forte que la moyenne du marché. Mais chose certaine, l’institution veut se retirer progressivement du marché des prêts mezzanines, nous diton. Chat échaudé craint l’eau froide...





Un homme et son « erreur »  -  SOPHIE COUSINEAU
Le papier commercial aurait été la seule réelle faute de la Caisse; en scrutant chacun des arbres, l’institution n’a pas vu la taille de la forêt.
Tiré à quatre épingles dans son complet charbon, Henr i-Paul Rousseau s’est présenté au Salon rouge 20 minutes avant que ne commencent les audiences de la commission des finances publiques.
Assis seul avec son air le plus grave, l’ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec aurait pu être pressé d’en finir. Après tout, c’était sa dernière journée dans la mire des caméras de télé avant qu’il ne se cloître dans les bureaux de la discrète Power Corporation ( propriétaire de La Presse).
Mais à l’évidence, l’homme de 60 ans espérait infléchir le jugement de l’Histoire, lui qui a volontairement prêté serment avant de livrer des réponsesf leuves pendant six heures. L’« erreur » du papier commercial hante Henri-Paul Rousseau. « J’y pense à tous les jours », at-il confié.
Alors que les députés enfilaient les questions polies et pointues, Amir Khadir a toutefois rappelé au di rigeant , un de ces « monarques qui se croient au-dessus de tout » , qu’il ne se trouvait pas devant l’auditoire docile de la Chambre de commerce du Montréa l métropolitain.
« Votre arrogance et votre mépris cachent une certaine lâcheté : vous avez préféré démis sionner » , a lâché le député de Mercier avant d’être rappelé à l’ordre par le président de la commission.
Blême, Henri-Paul Rousseau a évoqué les sacrifices qu’il a consentis pour servir l’intérêt public du Québec, en se contentant d’une rémunération moindre à la Caisse et en liquidant la totalité de ses placements à l’été 2002, au creux du marché, sans aucune planification fiscale ( !), pour être au-dessus de tout soupçon. Voilà pourquoi il refuse – toujours – de renoncer à sa prime de départ controversée, que Québec a inscrite à son contrat d’embauche sans qu’il ne la réclame.
Deux univers irréconciliables.
La Caisse de dépôt ne pouvait faire meilleure publicité au livre du journaliste Mario Pelletier en envoyant une mise en demeure à son éditeur pour qu’il retire La Caisse dans tous ses états des étagères des libraires. D’ailleurs, les journalistes s’échangeaient hier les rares copies de ce livre tel un ouvrage à l’index sous Duplessis.
Si la Caisse a jugé nécessaire de prendre cette mesure extraordinaire, c’est que ce livre accuse Henri-Paul Rousseau d’avoir eu recours à la technique dite du « bain de sang ». On met les choses au pire en arrivant, en radiant un maximum de mauvais investissements. Puis, les choses s’embellissent et la nouvelle administration prend tout le crédit. Disons simplement que ce n’est pas inédit en affaires.
Henri-Paul Rousseau a néanmoins été piqué au vif. Dès son arrivée, hier, il a insisté pour tirer les choses au clair en lisant une déclaration et en martelant la table de son index. Le gros des radiations dans Quebecor Media (2 milliards de dollars) a été pris à l’époque de son prédécesseur, Jean-Claude Scraire. HenriPaul Rousseau n’a radié que 523 millions de plus. L’ex-dirigeant a qualifié de « très graves » ces accusations, puisqu’elles remetgouffre chez les gestionnaires de fonds.
Le papier commercial aurait été la seule réelle faute de la Caisse ; en scrutant chacun des arbres, l’institution n’a pas vu la taille de la forêt. Pour le reste, blâmez les méthodes comptables qui ne s’appliquent qu’à la Caisse. Ou encore la vieille politique de couverture du taux de change, pour protéger ses investissements immobiliers contre les fluctuations adverses des devises.
Ainsi, Henri-Paul Rousseau a cherché à banaliser cet accident de parcours. « Vous allez en bicyclette, vous tournez la tête et vous foncez dans un camion », a-t-il illustré.
Henri-Paul Rousseau se défend d’avoir institué une culture qui tent en question son intégrité et sa réputation, de même que celles du Vérificateur général du Québec.
Personne ne doute de la probité d’Henri-Paul Rousseau. On est même prêt à lui donner le bénéfice du doute quand il affirme avoir quitté la Caisse à un moment où, pensait-il, « le ciel s’éclaircissait ».
Mais là où on ne le suit plus, c’est lorsqu’il égrène un chapelet d’explications pour justifier la contre-performance de la Caisse en 2008. Rappelons que la Caisse a perdu 39,8 milliards de dollars l’an dernier. Ce rendement négatif de 25% est de 6,6% inférieur aux indices auxquels la Caisse se compare, un incitait les gestionnaires à risquer trop. Il affirme qu’il a même réduit le seuil de versement de la prime au rendement des gestionnaires de portefeuille du marché monétaire (de 30 à 25 points centésimaux) pour éviter toute course à la performance. « C’est complètement faux de dire que la politique de rémunération est à la source de tout », a-t-il dit.
Il n’empêche que la façon la plus simple pour un gestionnaire de toucher une prime, c’était encore d’investir dans les papiers commerciaux. Ces investissements à court terme rapportaient un tout petit peu plus que les obligations des gouvernements, tout en étant sensiblement plus risqués.
Henri-Paul Rousseau a aussi passé sous silence les pertes importantes enregistrées par des cowboys de la finance qui pariaient sur les taux d’intérêt et les indices boursiers. Cette spéculation explique les trois quarts des pertes dans les activités dites de répartition de l’actif, de 2 milliards de dollars au total. Et ici, il ne s’agit pas de pertes sur papier. C’est de l’argent que les Québécois ne reverront plus.
Alors que cette commission parlementaire tire à sa fin, le Québec ne comprend toujours pas pourquoi la Caisse s’est gavée de papier commercial jusqu’à la toute fin. Même après que la firme Coventree, son grand « pusher », eut prévenu la Caisse que ses papiers commerciaux étaient contaminés par les hypothèques américaines à haut risque! Devant les « signaux contradictoires », les gestionnaires de la Caisse se trouvaient dans la « confusion totale », a justifié l’ancien dirigeant.
Henri-Paul Rousseau a répété 100 fois qu’il ne fallait pas désespérer. Plus de la moitié des pertes de 2008 (22,4 milliards) sont sur papier. C’est à peu près comme dire à ceux qui ont acheté des actions de Bombardier à 20$ que le titre finira bien par remonter!
Ainsi, sur les radiations de 5,9 milliards associées au papier commercial, seulement 181 millions de dollars sont disparus à jamais.
I ronique non, qu’Henr iPaul Rousseau demande aux Québécois d’être patients avec le papier commercial, patience qu’il n’a jamais manifestée à l’endroit de Quebecor Media ? Je me demande bien envers qui, de Rousseau ou de Scraire, l’histoire sera la plus sévère.

« La Caisse n’est pas en péril » Henri-Paul Rousseau a voulu se faire rassurant devant la commission parlementaire
« Les papiers commerciaux, c’est une erreur. Comme si vous allez à bicyclette, ne regardez pas en avant et rentrez dans le mur... C’est une erreur », a soutenu Henri-Paul Rousseau, hier.
— À terme, les déboires de la Caisse de dépôt et placement (CDP) en 2008 ne coûteront pas 40 milliards aux contribuables. Plus de la moitié de cette somme, soit 22 milliards, est constituée de provisions, d’écritures comptables qui ne se matérialiseront jamais. « La Caisse n’est pas en péril, elle est là pour longtemps », a soutenu l’ancien président de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau.
Henri-Paul Rousseau s’est défendu d’avoir quitté la barre de la Caisse de dépôt au moment où la tempête financière se manifestait. En mai 2008, tous les indicateurs économiques étaient favorables, a-t-il insisté.
Après six heures de témoignage devant la commission parlementaire spéciale chargée de scruter les résultats catastrophiques de la CDP l’an dernier, M. Rousseau a voulu se faire rassurant. À la fin de 2008, les conventions comptables ont forcé la Caisse à prévoir de lourdes pertes dans son portefeuille immobilier. Or, ces actifs continuent à apporter des recettes croissantes à la Caisse. Et comme il n’est pas question de les vendre, personne ne devrait s’inquiéter de leur valeur au 31 décembre dernier. Il faudra cinq ou six ans pour se faire une opinion solide quant à l’impact de l’année dernière sur les chiffres de la CDP.
Peu de réponses, selon le PQ
Toutefois, selon le critique financier du PQ, François Legault, c’est faire peu de cas de la performance de la CDP, comparée à celle de ses concurrents. « Vous achetez une action 10$ et elle ne vaut plus que 6$. Vous avez perdu 4$. Tout le monde comprend ça. Et pire encore, vos concurrents n’ont eux perdu que 3$! » a lancé M. Legault.
En vain, M. Legault a tenté d’en savoir davantage sur les jours qui ont précédé l’apparition, le 9 août 2007, des problèmes de liquidités pour les papiers commerciaux adossés à des actifs. Des enregistrements des conversations entre courtiers et gestionnaires de portefeuilles démontrent que ceux qui vendaient ces produits de plus en plus douteux mettaient en garde les employés de la Caisse sur les conséquences de leur geste, a révélé hier M. Legault.
Selon le PQ, le peu de réponses données par M. Rousseau devrait pousser le gouvernement à déclencher une commission d’enquête ou une investigation poussée du Vérificateur général sur les causes des déboires de la CDP. Et, selon François Bonnardel, de l’ADQ, il est clair qu’une commission d’enquête est nécessaire, tant les réponses des dirigeants actuels et passés de la Caisse ont été, depuis deux semaines, insatisfaisantes.
Mais à plusieurs reprises hier, M. Rousseau s’est retrouvé sur la sellette en commission parlementaire et a dû se défendre d’avoir « quitté le navire », en mai 2008, à quelques mois de la « tempête parfaite » qui allait frapper les marchés boursiers à l’automne. En fin de journée, il a soutenu « penser à chaque jour aux papiers commerciaux » et a assuré qu’il serait resté à la barre de la Caisse s’il avait pu prédire l’avenir.
« Les papiers commerciaux, c’est une erreur. Comme si vous allez à bicyclette, ne regardez pas en avant et rentrez dans le mur... C’est une erreur », a soutenu M. Rousseau, ques de pension, c’est l’argent qui rentre dans le cochon. L’immobilier peut être dévalué, mais les loyers rentrent pareil », a-t-il illustré. Les recettes demeurent en dépit d’un recul sur la valeur des actifs, a-t-il souligné, rappelant que les recettes de l’aéroport de Londres, détenu par la Caisse, avaient augmenté de 40% cette année par rapport à l’an passé.
Sans « l’erreur » des papiers comun peu exaspéré devant les journalistes après son long témoignage hier. Il reste convaincu que les 6 milliards de provisions pour perte sur les 13 milliards de papiers toxiques ne seront pas nécessaires. Après 18 mois de tourmente, les pertes réelles sur ce produit ne sont que de 181 millions, a-t-il insisté.
Et, surtout, précise-t-il, les rentrées, les revenus courants de la caisse sont restés élevés, à 5,8 milliards en 2008, comparativement à 6,2% l’année précédente. « Ce qui est important pour payer les chèmerciaux, le rendement sur cinq ans, de 2004 à 2008 aurait été près du premier quartile – le peloton de tête des fonds comparables au Canada –, « même en pleine tempête la Caisse demeure solide », a soutenu l’ancien patron.
Le ton monte
Le ton a singulièrement monté quand le seul député de Québec solidaire, Amir Khadir, l’a accusé de « lâcheté » pour avoir opté pour le privé, une vice-présidence chez Power Corporation, à quelques semaines de la crise boursière. Pour M. Khadir, seule la « cupidité » peut expliquer les salaires énormes qui se sont versés dans les milieux financiers en dépit des contre-performances réalisées. « Vous êtes de ces nouveaux monarques qui se croient tout permis », a lancé le député de Mercier.
Même le député libéral de Montmorency, Raymond Bernier, avait lancé le débat en demandant d’entrée de jeu à M. Rousseau: « Pourquoi avoir ainsi quitté le navire? »
Piqué, M. Rousseau a répliqué qu’il ne pouvait accepter qu’on dénigre ainsi son travail et la contribution des employés de la Caisse, qui acceptent des sacrifices pécuniaires pour le bien de l’ensemble des déposants québécois. Il a souligné qu’à la barre de la Caisse, « il n’avait initié ni autorisé » aucune transaction qui aurait été à l’avantage de son futur employeur. Au contraire, la Caisse, dans une assemblée d’actionnaires, avait manifesté son opposition à des décisions proposées par le conseil de Power, a-t-il rappelé.
Une pratique dénoncée
Selon François Legault, l’ancien président de la Caisse n’a pas pu expliquer pourquoi, dans la plupart des portefeuilles, sur les cinq dernières années, la Caisse a fait moins bien que les indices. Même pour l’année 2008, les orientations de placements n’ont pas varié après le départ du président. De plus, le portefeuille des placements privés, où la Caisse a réalisé 10%, tandis que l’indice reculait de 3%, a été dopé par une sousévaluation du placement dans Quebecor Media, ramené à 436 millions en 2002 – une radiation de 1,5 milliard. L’évaluation du placement l’a ramené à 2 milliards cinq ans plus tard, ce qui a gonflé artificiellement le rendement de ce portefeuille, a estimé M. Legault. Le portefeuille de répartition de l’actif, qui spéculait sur les taux d’intérêt, selon lui, a perdu 2 milliards. La Caisse avait investi tout cet argent avec seulement 90 millions d’avoir, a soutenu M. Legault, rappelant que le nouveau patron, Michael Sabia, avait pris ses distances de telles pratiques, d’effet « levier » décuplant le risque.
Selon M. Rousseau le niveau global d’emprunt – l’effet de levier – était remonté rapidement à 58% en 2008, simplement parce que la valeur des actifs avait diminué. Il y a deux semaines, Michael Sabia avait soutenu que le risque de l’effet de levier était trop élevé, c’est-à-dire que la Caisse empruntait trop pour investir plus qu’elle n’avait d’actifs. Or, pour 2006 et 2007, la Caisse avait réduit considérablement le poids relatif de ces emprunts.
M. Rousseau s’est défendu d’avoir quitté la barre au moment où la tempête financière se manifestait. En mai 2008, tous les indicateurs économiques étaient favorables, a-t-il insisté. De plus, dès sa nomination en 2002, il avait prévenu qu’il ne ferait qu’un mandat. Dans des entrevues accordées à l’époque, il avait promis qu’il serait ailleurs à la soixantaine, at-il rappelé.
À propos des papiers commerciaux, M. Rousseau a affirmé qu’il avait arrêté toutes les transactions dès qu’il avait été mis au courant des problèmes de liquidités, le 9 août 2007. La Caisse s’est retrouvée avec 13 milliards de ces papiers toxiques. La semaine dernière, devant la commission parlementaire, Richard Guay, ancien patron de la CDP, avait reconnu qu’il s’en était acheté encore entre le 24 juillet et le 13 août avant que l’alarme ne soit sonnée. François Legault a tenté en vain de connaître les trois ou quatre employés responsables – un seul nom est tombé, celui de Luc Verville, leur ancien patron qui a quitté la CDP. À LIRE, L’ANALYSE D’ALAIN DUBUC, LES MAÎTRES DE L’UNIVERS, EN PAGE A29.


Plus de cotisations, moins d’avantages
Les pertes de la Caisse de dépôt frapperont le régime des rentes
Même si les avantages du régime de rentes étaient réduits pour stopper l’hémorragie quand les baby-boomers vont déferler vers la retraite, ceux qui sont déjà prestataires ne verront pas leurs avantages changer. Il en ira tout autrement pour ceux qui prendront leur retraite après la prochaine révision du régime, prévisible en 2011.
Avec le vieillissement de la population, Québec devra revoir son programme de rentes – réduire les bénéfices aux futurs retraités ou augmenter les cotisations. « Ce sera probablement un mélange des deux », a expliqué hier André Trudeau, président de la Régie des rentes, venu témoigner devant la commission parlementaire sur les pertes de la Caisse de dépôt en 2008.
La Régie des rentes a vu sa réserve fondre de 9 milliards de dollars (26,4%) en 2008 en raison des mauvais résultats de la Caisse de dépôt et placement (CDP). Ce résultat est l’un des pires parmi les déposants à la CDP. La Régie des rentes du Québec (RRQ) planifie à long terme et est ainsi amenée à prendre davantage de risques, « c’est ce qui nous a joué un tour », expliquait hier, en fin de journée, M. Trudeau.
Se faisant rassurant, il insistait hier sur le fait que « cette perte ne menace pas le versement des rentes aux bénéficiaires de la Régie, ni aujourd’hui ni pour plusieurs années ». Même si les avantages du régime de rentes étaient réduits pour stopper l’hémorragie quand les baby-boomers vont déferler vers la retraite, ceux qui sont déjà prestataires ne verront pas leurs avantages changer. Il en ira tout autrement pour ceux qui prendront leur retraite après la prochaine révision du régime, prévisible en 2011.
M. Trudeau, qui siège aussi au conseil d’administration de la Caisse de dépôt, souligne qu’une perte « aussi considérable, de 9 milliards de dollars pour la réserve de la RRQ, aura des répercussions, nous en sommes bien conscients. Il faudra plusieurs années de bons rendements pour retrouver ce montant ».
Déjà, la Régie avait prévu une hausse aux taux de cotisation, « et la crise boursière va nous amener à faire des projections différentes », a admis le mandarin hier. Sur le long terme, la Régie a toujours un rendement de 8,5% de ses fonds à la CDP. Un niveau de 7,2% est nécessaire au maintien du régime.
Mais à partir de 2010, la Régie devra commencer à gruger ses revenus de placement pour payer les rentes.
La réserve à sec, 15 ans plus tôt
Hier, la députée péquiste de Crémazie, Lisette Lapointe, a rappelé que si rien n’était fait, au rythme prévisible des retraites des baby-boomers, la réserve de la Régie serait vidée en 2037. La crise de 2008 a rapproché cette échéance, théorique, de 15 ans, a-t-elle soutenu, rappelant une étude de l’institut CD Howe sur les perspectives actuarielles de la RRQ.
Pour M. Trudeau, tenir compte des pertes forcerait une hausse des cotisations de 9,9% à 11%. CD Howe avait fait le calcul. Actuellement 9,90$ sont prélevés sur chaque 100$ de salaire. Un document de réflexion du gouvernement, lancé au printemps 2008, suggérait de hausser le taux à 10,40$, mais, avec la crise, cela risque de ne pas être suffisant. Il faudra hausser davantage, a convenu M. Trudeau hier, échangeant avec quelques journalistes.
Le régime québécois des rentes n’est pas totalement capitalisé. S’il l’était, il faudrait hausser à 20% les cotisations, une hérésie du point de vue économique. Il s’appuie sur la solidarité entre les générations, qui pousse les décideurs d’aujourd’hui à faire en sorte que les générations à venir n’aient pas à porter une part inéquitable du fardeau, a-t-il expliqué.
Pour lui, une hausse à 11% de cotisation – évaluée par CD Howe –, serait difficile à accepter pour l’économie et il faudra vraisemblablement se tourner aussi du côté des avantages du régime. Ces propos, publiés sur Cyberpresse, ont suscité une réaction immédiate de l’ancien chef adéquiste Mario Dumont. « Je disais exactement la même chose en campagne électorale et les libéraux m’accusaient d’être malhonnête », a lancé M. Dumont.
Parmi les moyens qui s’offrent, reconnaît André Trudeau, on peut reculer l’âge où on peut réclamer des prestations – 60 ans actuellement. C’est la voie choisie par certains régimes pour les fonctionnaires en France. Selon Herman Huot, porte-parole de la Régie, on pourrait penser aussi réduire la rente au conjoint survivant. En janvier dernier, on a aussi permis des prestations à des gens qui travaillent – 10 millions de plus de décaissements.
Toutes ces formules seront discutées dans le cadre d’une consultation qui aura lieu à partir de l’automne prochain, ont insisté MM. Trudeau et Huot.
Choix de Michael Sabia
Plus tard, M. Trudeau, qui siège aussi au conseil d’administration de la Caisse et faisait partie du comité de sélection du président, a souligné que le président du conseil, Robert Tessier, avait rencontré Michael Sabia, pour présider la Caisse, avant même que son nom soit soumis au comité chargé de choisir le nouveau président.
Le comité a aussi appris à ce moment qu’un nouveau membre du conseil, Me Jean-Pierre Ouellet, « connaissait bien M. Sabia », celui que le comité allait « choisir » quelques heures plus tard pour diriger la CDP.
« Il y avait une question de disponibilité des candidats, il y avait aussi une certaine urgence de trouver un PDG, c’est des facteurs qui ont beaucoup influencé. On était en crise, il faut un capitaine pour mener le bateau, quelqu’un par intérim ne prend pas toujours les décisions. Il fallait agir... et on a agi », a expliqué M. Trudeau.
Plus tôt, l’ancien patron du Mouvement Desjardins, Alban D’Amours, était venu témoigner, donnant sa version des événements sur la gestion de la Caisse de dépôt – au sein du conseil d’administration, il était responsable du comité de suivi du risque. Comme les dirigeants de la Caisse mardi, il a souligné que la Caisse n’avait pas pensé à évaluer la valeur totale des papiers commerciaux qu’elle détenait, et s’était contentée de vérifier qu’elle n’avait pas trop acheté auprès de chaque émetteur. Aussi, a-t-il souligné, la différence entre papiers commerciaux bancaires et non bancaires n’avait jamais été soulevée avant la crise d’août 2007 – finalement seules les banques ont couvert les titres qu’elles avaient émis, la Caisse s’est retrouvée avec 13 milliards de créances douteuses.
Le comité responsable d’analyser le risque au conseil d’administration disposait de toutes les données nécessaires. « On nageait dans une mer de chiffres », a-t-il lancé. Il a été visiblement piqué quand, en point de presse, il s’est fait demander s’il était justifié d’avoir doublé la valeur des jetons de présence aux membres du conseil d’administration devant des rendements aussi catastrophiques.
Selon M. D’Amours, la rémunération des administrateurs n’a pas joué dans la décision d’acheter ces produits toxiques. Le responsable des achats de papiers commerciaux à la CDP avait déjà atteint sa prime maximale. Il a été depuis congédié.


La construction touchée par les résultats de la Caisse de dépôt
Le fonds de 10 milliards reste à la Caisse « pour l’instant »
« Perdre 2 milliards de dollars, c’est pas rien, c’est venu gruger la réserve de 1,5 milliard qu’on était parvenu à se constituer après le changement de régime », a dit le président de la Commission de la construction, André Ménard.
— Les déboires de la Caisse de dépôt vont avoir des conséquences douloureuses pour les travailleurs de la construction qui prendront tout prochainement leur retraite.
Le président de la Commission de la construction, André Ménard, n’a pas caché que les employés qui « prendront leur retraite cette année, subiront les effets des rendements négatifs de la Caisse ».
La perte de 600 millions de dollars du fonds de retraite de la construction, signifie une réduction « moyenne » de 4% des rentes dans un avenir immédiat, une coupe potentielle de 700 $ par année pour les 3000 ouvriers qui comptaient accrocher leur marteau en 2009.
Hier, à la commission parlementaire chargée d’examiner les pertes record – 40 milliards de la Caisse de dépôt en 2008 –, le président de la Commission de la construction, André Ménard, n’a pas caché que les employés qui « prendront leur retraite cette année subiront les effets des rendements négatifs de la Caisse ». Les 77 000 ouvriers qui sont déjà à la retraite ne seront pas affectés.
« Il ne faut pas penser que les résultats de la Caisse de dépôt n’auront aucun impact à moyen et à long terme à la Commission de la construction. Pour l’année en cours il n’y a pas de changement », s’est contenté de dire le ministre du Travail, David Whissell.
En 2004, forcés d’effacer un énorme déficit actuariel – 1,2 milliard de la caisse de retraite de la construction –, syndicats et entrepreneurs s’étaient entendus sur une refonte majeure: les employeurs augmentaient sensiblement leur contribution, mais, en revanche, les salariés perdaient leur régime à prestation déterminée. Comme les futurs retraités se partagent ce qu’il y a dans la cagnotte, qui en 2008 est passée de 12 à 10 milliards, cette perte de 2 milliards pour ce fonds géré par la Caisse de dépôt a un impact beaucoup plus immédiat que pour les autres retraités dont la rente est à prestation déterminée. Il y a 237 000 salariés qui contribuent à ce régime de rente moins généreux que celui de leurs prédécesseurs.
Hier, les critiques péquiste et adéquiste aux Finances, François Rebello et François Bonnardel, ont salué la « franchise » du président de la Commission de la construction, M. Ménard. La veille, la plupart des autres « déposants » à la Caisse avaient soutenu que les hausses prévisibles de rendement annuleraient les mauvais résultats de 2008. « M. Ménard est le premier qui nous dit en pleine face que cela sera difficile, que les travailleurs auront à payer plus », a dit M. Bonnardel. Le péquiste François Rebello a salué la détermination de M. Ménard « d’embarquer sur la glace et de poser des questions à la Caisse de dépôt ».
En Chambre, la chef péquiste Pauline Marois a fait un dur bilan de la semaine en commission parlementaire. « C’est la signature de ce gouvernement : refuser de rendre des comptes. Peut-on donner l’heure juste aux Québécois et leur dire de combien leur chèque de paie sera amputé? Les résultats de la Caisse sont connus depuis février, on a amplement eu le temps d’évaluer les impacts ! » a-telle lancé. Selon François Legault, le gouvernement devrait aussi convoquer à la barre Luc Verville, ex-cadre de la Caisse de dépôt, responsable des papiers commerciaux qui a contredit dans les médias le témoignage de son ancien patron, Henri-Paul Rousseau.
Pour le ministre des Finances, Raymond Bachand, 34 heures de commission parlementaire suffisent à expliquer ce qui s’est passé à la Caisse. La commission terminera mardi avec son témoignage.
Abandonner la Caisse ?
« Perdre 2 milliards de dollars, c’est pas rien, c’est venu gruger la réserve de 1,5 milliard qu’on était parvenus à se constituer après le changement de régime », a soutenu M. Ménard.
En plus, sans amélioration des rendements, il faudra ajouter 75 cents de l’heure aux cotisations payées par l’employeur qui sont déjà de 3,50$ pour un « compagnon », un ouvrier reconnu. La période pourrait être allongée pour favoriser la capitalisation du régime – on vise actuellement 2018 –, ce qui réduirait la pression à la hausse sur les cotisations, explique-t-on à la CCQ.
Hier encore, M. Ménard a souligné que les résultats décevants de la Caisse avaient relancé un débat à l’interne sur l’opportunité de continuer comme déposant. « Pour l’instant » la CCQ reste parmi les déposants à la Caisse. Mais « les gens de l’industrie envoient un message à la Caisse. On veut des relations plus étroites avec la Caisse, on veut des rendements, mais des titres qui ne sont pas trop volatils. Quand nous choisissons un portefeuille en obligations, on veut savoir ce qu’il y a dedans », a précisé M. Ménard.



 
La bonne idée de M. Parizeau - ANDRÉ PRATTE
Insatisfaits des réponses obtenues en commission parlementaire, les partis de l’opposition et une association de retraités réclament la mise sur pied d’une commission d’enquête sur les pertes de la Caisse de dépôt. À notre avis, une telle commission serait interminable, coûteuse et inutile.
Des causes des pertes de 40 milliards – réelles et sur papier –, on sait maintenant l’essentiel. Une partie de ces pertes était inévitable, causée par l’effondrement des marchés.
Une autre partie s’explique par les politiques d’investissement de l’institution, certaines bien fondées mais qui se sont retournées contre elle, d’autres mal avisées. Enfin, l’investissement massif dans les PCAA non bancaires fut une erreur monumentale.
L’opposition aimerait prolonger le supplice. Cependant, l’heure est venue de penser à l’avenir de la Caisse. Dans nos pages samedi dernier, le député péquiste François Legault proposait « une réflexion fondamentale sur la mission » de la Caisse. Une commission d’enquête ne serait pas un forum approprié pour une telle réflexion. Le gouvernement devrait plutôt mettre sur pied un groupe d’experts qui ferait rapport à l’Assemblée nationale sur les moyens de prévenir de tels dérapages et, plus largement, sur ce que devraient être la mission de la Caisse et la gestion de ses actifs dans le nouveau monde financier qui prend forme. C’est cette voie qu’a proposée Jacques Parizeau dans une entrevue au canal Argent: « On établit une commission d’enquête lorsqu’on pense qu’il y a eu de la malhonnêteté ou des irrégularités, ce qui n’est pas le cas du tout. Des experts devront se pencher sur la situation et nous dire, à l’avenir, voici comment il faudra procéder. »
Parmi les questions qu’un tel groupe devrait étudier, il y a celle duniveaude risque. Onabeaucoup dit que sous Henri-Paul Rousseau, la Caisse était devenue obsédée par le rendement. En réalité, il y a belle lurette que la Caisse n’a plus rien d’un bas de laine. Les dirigeants de l’institution, qu’ils aient été nommés par les libéraux ou les péquistes, n’ont cessé de faire pression sur le gouvernement pour que soient levées les contraintes autrefois imposées par la loi et que la Caisse puisse placer son argent dans des véhicules plus rentables (forcément plus risqués). Si l’on souhaite que la Caisse soit désormais plus prudente, il faudra accepter que ses rendements moyens soient plus faibles. Devrait-on amender la loi pour circonscrire la marge de manoeuvre des gestionnaires de la Caisse? Ou bien la nouvelle organisation de gestion de risque mise en place par Michael Sabia sera-t-elle suffisante?
La baisse de la part des actifs de la Caisse investis dans des entreprises québécoises suscite une inquiétude légitime. Ce glissement ne date pas d’hier. « Quand on connaît bien un marché, c’est aussi prudent d’investir à Paris qu’à Montréal », soutenait Jean-Claude Scraire il y a une dizaine d’années. Le mouvement s’est toutefois accéléré sous M. Rousseau. Faudrait-il imposer à la Caisse un seuil minimal de participations québécoises? Ce n’est certainement pas notre avis mais la question doit être étudiée et vidée.
Bref, le débat de fond doit succéder à l’inquisition.




Les maîtres de l’univers -  Alain Dubuc
Diriger la Caisse peut donner l’impression d’être au-dessus des lois de la gravité, créer un sentiment d’omnipuissance et d’invulnérabilité.
C’était au tour de l’ancien patron de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau, de parader devant la commission parlementaire qui se penche sur la triste performance de l’institution. Est-ce que cela donnera quelque chose? On aura beau interroger M. Rousseau et les autres dirigeants de la Caisse, on aura beau fouiller, questionner, décortiquer, cela ne nous aidera pas beaucoup à comprendre ce qui s’est passé.
Le ton a monté hier quand le député de Québec solidaire, Amir Khadir (à gauche), a accusé Henri-Paul Rousseau de « lâcheté » pour avoir opté pour le secteur privé, à quelques semaines de la crise boursière.
Dans la tourmente mondiale, la Caisse a perdu 40 milliards. Si sa performance avait été comparable à celle d’autres institutions, ses pertes auraient plutôt été de 30 milliards. Cet écart de 10 milliards s’explique largement par l’achat massif de papiers commerciaux adossés à des actifs.
Et la question centrale, c’est de savoir pourquoi la Caisse a acheté tant de PCAA. Pourquoi n’a-t-elle pas plafonné ces achats, pourquoi ne pas avoir perçu le risque de ces titres, pourquoi ne pas avoir informé le conseil d’administration, pourquoi s’être fié aux analyses d’une seule agence de cotation? La réponse, d’une grande simplicité, c’est que les gens de la Caisse ont estimé qu’il n’y avait pas de risque, ils n’ont pas perçu l’existence d’un problème. Ils ne l’ont tout bêtement pas vu. Et s’ils ne voyaient pas le risque, il n’y avait pas de raison de réduire le portefeuille de PCAA ou d’avertir le conseil d’une stratégie de placement que l’on croyait banale.
L’erreur a été assez majeure, et la crise financière a été assez substantielle pour que la Caisse modifie ses procédures. Mais cela mène à une autre question. Pourquoi la Caisse a-t-elle acheté tant de PCAA quand d’autres institutions n’ont pas touché à ce produit ou l’ont fait avec prudence? Il y a toutes sortes d’explications: l’appât du gain des gestionnaires qui gonflaient ainsi leurs bonis, un changement de mandat qui mettait l’accent sur le rendement. Je tente une autre explication, qui n’est pas politique, qui n’est pas financière, mais qui est presque de nature psychologique.
Il y a plusieurs similitudes entre l’erreur de la Caisse sous la houlette d’Henri-Paul Rousseau et l’autre grande erreur de la Caisse, le soutien à Quebecor pour l’achat de Vidéotron, qui a causé des milliards de pertes sous la direction de son prédécesseur Jean-Claude Scraire. Ces erreurs peuvent s’expliquer par ce que l’on pourrait appeler le syndrome des maîtres de l’univers.
Les deux PDG ont dirigé la Caisse au moment où éclatait une bulle, la bulle « techno » dans le temps de M. Scraire et la bulle financière pour M. Rousseau. Dans les deux cas, la Caisse est tombée dans le panneau, elle a joué à fond la caisse la logique qui sous-tendait ces bulles. M. Scraire a misé sur les mirages de la convergence en soutenant Vidéotron, M. Rousseau a choisi de privilégier l’innovation financière et les produits à la fine pointe de la modernité. Il y a là un « pattern ».
Le fait de diriger la Caisse semble avoir un impact sur ses dirigeants. Ils gèrent des sommes énormes, ils jouissent d’un pouvoir économique considérable, surtout par rapport à la taille du Québec, ils n’ont pas beaucoup de comptes à rendre. Cela insuffle sans doute un désir d’aller plus loin, de réussir, de battre la concurrence. Mais cela peut donner l’impression d’être audessus des lois de la gravité, créer un sentiment d’omnipuissance et d’invulnérabilité.
On peut en tirer une leçon. Pour améliorer la performance future de la Caisse, en plus de renforcer le conseil, en plus de resserrer la gestion du risque, il faut aussi gérer l’impact de l’institution sur ses propres dirigeants, savoir déceler les signes qui semblent indiquer que le pouvoir monte à la tête.


LA CAISSE DE TOUS LES MAUX...
Selon Richard Guay, ex-président de la Caisse, l’épisode des PCAA est à
la source des déboires de l’institution
« Sans les papiers commerciaux, on ne serait pas ici », a dit Richard Guay.
— Pendant trois semaines, à partir de la f i n de juillet 2007, la Caisse de dépôt a acheté des papiers commerciaux adossés à des actifs ( PCAA), même si, dans les marchés financiers, on avait tiré l’alarme pour se retirer rapidement de ces placements risqués.
Les témoignages surprenants se sont succédé hier à la commission parlementaire qui commençait ses deux semaines de travaux pour scruter les causes des résultats catastrophiques de la CDPen 2008, marqués par des pertes historiques de 40 milliards de dollars.
Dans sa première déclaration publique après son passage éclair à la barre de la Caisse de dépôt, Richard Guay a expliqué qu’il avait choisi de prendre du repos, en pleine crise financière, plutôt que de courir le risque de commettre des erreurs lourdes de conséquences à cause de la fatigue.
Tant M. Guay que Claude Bergeron, vice-président aux affaires juridiques de la CDP, ont expliqué que, comme la Caisse avait acheté ces créances toxiques d’une vingtaine d’émetteurs différents, avec chacun moins de 3% du portefeuille, elle tenait pour acquis qu’elle était à l’abri des mauvaises surprises. Ainsi divisés, les 22 milliards investis à un moment donné dans ces produits « étaient passés sous le radar », a expliqué Me Bergeron. Or, reconnaît-il maintenant, personne n’avait pensé qu’une crise des liquidités pouvait, d’un coup, frapper l’ensemble de ces titres similaires.
Pas de réponses
M. Guay n’avait pas de réponse aux questions du député péquiste François Legault, qui a observé que, du 7 au10 août 2007, la Caisse avait acheté pour 893 millions en papiers commerciaux non bancaires. La CDP savait pourtant dès le 18 juillet que ces produits étaient sérieusement problématiques. Pire encore, la CDP a alors vendu des papiers commerciaux émis par les institutions bancaires – qui seront couverts par les émetteurs – et augmenté sa position dans les produits émis par les firmes bien moins solides financièrement. Les membres du conseil d’administration n’ont rien vu venir avant la débâcle; ces transactions, ainsi morcelées dans une vingtaine d’institutions, faisaient partie des opérations quotidiennes.
Pour M. Guay, cet épisode des papiers commerciaux est à la source des déboires de la Caisse en 2008 : sur les 13 milliards qu’elle n’est pas parvenue à vendre à temps, il a fallu provisionner des pertes de 6 milliards. « Sans les papiers commerciaux, on ne serait pas ici », a dit M. Guay aux députés. François Legault n’est pas d’accord: « C’est trop facile de tout ramener aux papiers commerciaux. Il y avait une dérive, le message du gouvernement Charest était de faire du rendement. »
Dans la crise des PCAA, la Caisse ne savait pas exactement ce qu’elle achetait. « Il n’y avait pas une connaissance totale, transparente des produits sous-jacents (sur lesquels s’appuyaient ces papiers) », a indiqué Me Bergeron. Il a décrit le mouvement de « panique » qui s’est emparé des marchés à l’endroit de ces produits, dès le 18 juillet 2007. Richard Guay a été informé le 6 août, et le grand patron, HenriPaul Rousseau, le 9. Le lendemain, une réunion d’urgence était convoquée et on a alors décidé de freiner brusquement pour réduire l’ampleur des placements de la Caisse dans ces produits.
La Caisse est passée de 22 à 16 milliards de ces produits empoisonnés entre le 1er et le 31 août. Mais elle s’est départie de 10 milliards en papiers bancaires, qui s’avéreront couverts par les émetteurs, pour se replier vers les produits plus vulnérables. La distinction à l’époque n’existait pas, a fait valoir M. Guay.
Au début de la crise d’ailleurs, les opinions étaient partagées sur la valeur réelle de ces placements, a relevé Me Bergeron. « Certains investisseurs et DBRS(la Dominion Bond Rating Service) étaient réconfortants », a-t-il rappelé.
Sabia est contredit
Le nouveau patron de la CDP, Michael Sabia, a soutenu la semaine dernière que la Caisse avait pris trop de risques, ce qui expliquait la catastrophe de 2008. Richard Guay et Fernand Perreault, qui l’avait remplacé par intérim, ont été bien plus nuancés.
Pour M. Perreault, la Caisse aurait présenté des résultats respectables, n’eût été « la dislocation des marchés » survenue à l’automne 2008. Les changements apportés en 2004 par le gouvernement libéral à la loi sur la Caisse n’ont pas modifié ses politiques de placement, a-t-il insisté.
Surtout , la Caisse n’a pas pris plus de risques que les autres fonds de placement jusqu’en 2008, selon lui.
Pour Richard Guay, la CDP n’a pas pris des décisions en 2008 qui augmentaient le risque. La tempête qui a frappé les marchés a bien sûr rendu les titres plus volatils, et en octobre 2008, les dirigeants de la Caisse ont décidé de vendre massivement des titres
pour ramener le risque à des niveaux plus acceptables.
Mais, a souligné Me Guay, même avec l’année 2008 et l’erreur des papiers commerciaux, la Caisse a eu, sur cinq ans, un rendement moins volatil que les autres fonds de retraite comparables. Le risque des placements de la Caisse jusqu’en juin 2008 était même inférieur à ce qu’il était en 2002, a-t-il expliqué. « La comparaison historique illustre que le risque réalisé du portefeuille de la Caisse a été inférieur au risque médian des pairs », indique le document déposé par la CDP.
Tous les députés libéraux présents – le ministre des Finances, Raymond Bachand, ne sera là que pour la clôture des travaux, la semaine prochaine – ont permis à M. Perreault de mettre en relief que les changements à la loi en 2004 touchaient la gouvernance de l’organisme, et non ses stratégies de placement.
Selon M. Perreault, le parc immobilier de la CDP se compare avantageusement à ceux des autres fonds de retraite, mais l’obligation d’en inscrire la valeur, théorique, au 31 décembre, a contribué à creuser le déficit de la CDP pour l’an dernier.
La Caisse a annoncé il y a deux semaines la disparition d’un portefeuille de « répartition d’actifs », responsable de pertes de 2 milliards en 2008. Le critique péquiste aux Finances, François Legault, a indiqué que ce fonds empruntait largement pour investir sur les marchés boursiers, plus de 80 fois les liquidités réelles, a-t-il soutenu. Fernand Perreault a refusé de rendre publique une étude commandée par la caisse à Price Waterhouse, sur la gestion de risque. Des informations sensibles se trouveraient disponibles pour les concurrents : « Je ne publie pas le code de mon système d’alarme », a-t-il soutenu.

La Caisse remet en question les évaluations de Teachers’
— La Caisse de dépôt et placement est plus exigeante dans l’évaluation de ses immeubles que Teachers’ et OMERS, ce qui expliquerait les écarts de rendements avec ses rivales ontariennes.
Hier, l’ex-PDG par intérim de la Caisse, Fernand Perreault, a expliqué les contraintes plus grandes de la Caisse à cet égard. Le gestionnaire de 65 ans a passé l’essentiel de sa carrière dans le secteur immobilier de la Caisse.
En vertu des normes comptables canadiennes, la Caisse de dépôt est considérée comme une société de placement et non comme une caisse de retraite, comme le sont Teachers’ et OMERS. Or, pour les sociétés de placement, les normes veulent que l’actif immobilier soit évalué selon la juste valeur à une date donnée, sans égard à un problème extraordinaire de marché au moment de l’évaluation.
« Mon hypothèse, c’est que d’autres caisses de retraite ont évalué leur portefeuille comme s’il était conservé à long terme. On verra (ce qui arrivera) », a dit M. Perreault.
En 2008, le portefeuille immobilier de la Caisse a reculé de 22%, comparativement à une baisse de 4,3% pour Teachers’ et une hausse de 6% pour OMERS.
Fernand Perreault soutient que le type de portefeuille immobilier de la Caisse est « à peu près le même » que ceux de Teachers’ ou OMERS, soit des immeubles de grande qualité. Toute proportion gardée, les revenus qu’ont procurés ces immeubles en 2008 (rendements courants) sont semblables, dit-il.
Sans être en mesure d’en quantifier l’importance, le gestionnaire estime donc que la principale raison qui explique l’écart avec ses rivales est la méthode d’évaluation dictée par les normes comptables. À cet égard, Fernand Perreault a lu un extrait du rapport annuel de Teachers’ qui indique que l’évaluation des immeubles de l’institution ontarienne est « comparée aux attentes de la direction ».
À la Caisse, dit-il, la valeur des immeubles « n’est pas comparée aux attentes » de la direction.
Le 22 octobre 2008, la Caisse a écrit au Conseil de surveillance de la normalisation comptable, lui demandant de pouvoir bénéficier des mêmes modifications accordées aux régimes de retraite, mais sans succès. Le 24 novembre 2008, le Conseil a refusé cette demande.
En somme, comprend-on des propos de la Caisse, lorsque la crise sera passée, la valeur de son portefeuille immobilier s’accroîtra davantage que celui des autres.
Effet de levier
L’effet de levier est une autre raison qui explique les mauvais rendements de la Caisse en immobilier. En 2008, le niveau d’emprunt sur la valeur de l’actif (le levier) était de 55%. Or, l’indice de référence de la Caisse pour l’immobilier a plutôt un levier de 40%, a indiqué M. Perreault.
Quant aux investissements immobi l iers internationaux, « nous n’avons pas agi en cowboy, mais avec des partenaires solides ». Sur 5 ans, le portefeuille étranger de la Caisse a grimpé de 15%.


L’achat de PCAA problématique a doublé en un an
Selon le document de la Caisse, le volume de PCAA détenu par l’institution a suivi une courbe de croissance relativement semblable au marché dans son ensemble, lui-même en très forte croissance.
— Quelques mois avant la crise, la Caisse de dépôt et placement avait fait doubler son volume de papier commercial problématique, indique un document remis à la Commission parlementaire sur les finances publiques, hier.
Au 31 août 2005, l’institution détenait 5,5 milliards de dollars de PCAA non bancaire. Seize mois plus tard, soit au 31 décembre 2006, ce volume était passé à 13,2 milliards, le même niveau qu’au moment du gel du marché, en août 2007.
Cette croissance exponentielle a surpris le député péquiste François Legault, qui a questionné le vice-président des affaires juridiques de la Caisse à ce sujet, Claude Bergeron.
« J’ai de la difficulté à croire que c’est un hasard ou un mystère de la vie, comme l’a dit Henri-Paul Rousseau. Comment expliquer cette croissance ? » a demandé François Legault.
Durant la même période, a fait remarquer M. Legault, la Caisse n’a pratiquement pas augmenté son volume de PCAA bancaire. Rappelons que, contrairement au PCAAnon bancaire, lePCAAbancaire n’a pas été gelé en août 2007, puisqu’il a été soutenu par les banques canadiennes, qui ont assuré le roulement du produit.
Le non bancaire surpasse le bancaire
Le niveau de PCAA non bancaire à la Caisse a commencé à surpasser le bancaire à partir de septembre 2005. Alors que le volume de PCAA non bancaire a pratiquement doublé dans l’année qui a suivi, à 13,2 milliards, le PCAA bancaire s’est maintenu à peu près au même niveau, à 7 milliards.
Claude Bergeron ne fait pas la même lecture des chiffres que M. Legault. Selon lui, la Caisse achetait les deux types de PCAA depuis plusieurs années. « Il y a eu des progressions dans un marché comme dans l’autre. Ça dépend des périodes », a-t-il dit.
Selon ses explications, les marchés financiers ne faisaient pas la distinction entre le bancaire et le non bancaire jusqu’en août 2007. Les deux types de PCAA étaient d’ailleurs reconnus comme des investissements de grande qualité par la firme DBRS, la seule à avoir accepté de donner une cote aux PCAA canadiens.
Selon le document de la Caisse, le volume de PCAA détenu par l’institution a suivi une courbe de croissance relativement semblable au marché dans son ensemble, lui-même en très forte croissance.
« Une certaine panique »
C’est l’équipe responsable du marché monétaire à la Caisse qui a acheté tout le papier commercial. L’équipe était composée de quatre gestionnaires. Selon Claude Bergeron, cette équipe a constaté « une certaine panique » dans le marché à partir de la mi-juillet 2007, un mois avant la crise. Cette panique était notamment liée aux problèmes d’un des fonds de Bear Stearns avec des titres subprimes (hypothèques à haut risque).
La Caisse et les porteurs de PCAA ne savaient pas, alors, le niveau d’exposit ion des PCAA canadiens aux subprimes, puisque les actifs sousj acents aux PCAA étaient opaques. Le 18 juillet, DBRS a indiqué que les PCAA canadiens n’en comprenaient que 4% à 7%.
Les gest ionnai res de la Caisse se sont alors mis à vendre le PCAA non bancaire pendant une semaine. Plus précisément, du 23 au 26 juillet, la Caisse était vendeuse, a dévoi lé François Legaul t . Curieusement, l’institution est redevenue acheteuse à partir du lundi 27 juillet, jusqu’au 10 août, achetant pour 893 millions de ces titres.
Le chef de la direction des placements, Richard Guay, a été mis au courant des problèmes du marché le 6 août. Il a alors donné l’ordre de réduire les positions. Les titres banca i res ont a lors été réduits, mais pas les non bancaires, et M. Guay n’a pas été en mesure d’expliquer pourquoi, hier.
Enfin, précisons que la Caisse avait significativement réduit ses positions de PCAA non bancaire au printemps 2007, ce qui coïncide avec les premiers problèmes de Bear Stearns. Au 30 avril 2007, la Caisse avait réduit sa position à 11,2 milliards avant de la réaugmenter de 2 milliards essentiellement en deux tranches de 1 milliard, soit en mai 2007 et en août 2007.



COMMISSION SUR LA CAISSE DE DÉPÔT :
Sept questions pour les élus
 C’est demain que débute la commission parlementaire sur les résultats de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Pour aider les élus, La Presse Affaires suggère sept questions qui devraient être posées aux dirigeants a
Le premier à témoigner demain matin sera Fernand Perreault, l’ex-PDG par intérim. Suivra en après-midi, entre autres, Richard Guay, l’ex-bras droit d’Henri-Paul Rousseau, qui a dirigé l’institution durant quelques mois avant de prendre un congé pour surmenage, en pleine crise financière.
Le témoignage de M. Rousseau ne sera entendu que la semaine prochaine. Entretemps, les parlementaires auront l’occasion de questionner Alban D’Amours. L’ex-président du Mouvement Desjardins était président du comité de gestion des risques du conseil d’administration de la Caisse de dépôt. C’est lui qui a passé en revue les stratégies de risque de la Caisse avant les deux catastrophes qui ont frappé l’institution: la crise du papier commercial PCAA, en août 2007, et la crise boursière, en octobre 2008.
Voici donc nos questions, regroupées en trois volets.
Le dollar et l’immobilier
1-Le portefeuille immobilier de la Caisse a fondu de 22% en 2008. En comparaison, celui du fonds ontarien Teachers’ a perdu 4,3%, tandis que le portefeuille d’OMERS a gagné 6%. Comment expliquer cette grande différence ? Est-ce la surexposition de la Caisse dans des marchés internationaux en dépression? Ou est-ce que ce sont plutôt les méthodes de calcul qui diffèrent ? 2-Depuis 15 ans, la Caisse protège pleinement ses investissements immobiliers et ses placements privés contre les fluctuations du dollar canadien.
Or , penda nt l a c r i se de l’automne 2008, la Caisse a fait passer son taux de couverture de 100% à environ 80% pour des questions de liquidités. Compte tenu du rebond récent du dollar canadien, la Caisse s’attend-elle maintenant à perdre beaucoup d’argent puisqu’elle n’est plus couverte à 100%?
Les papiers commerciaux PCAA
3-La Caisse détenait 13,2 milliards de dollars de PCAA non bancaire au déclenchement de la crise d’août 2007, un chiffre jugé anormalement élevé (38% du marché). Est-il possible que la Caisse, quelques mois avant la crise, ait été obligée de racheter des milliards de dollars de ces PCAA parce que des investisseurs se retiraient du marché? Autrement dit, est-il vrai que la Caisse a pu jouer le rôle de banque centrale pour éviter que le marché ne s’effondre ? 4-Dans son portefeuille à court terme, la Caisse détenait principalement du PCAA non bancaire, comprend-on. Pourquoi ne détenait-elle pas plutôt du PCAA bancaire, principalement, un produit moins risqué qui ne s’est pas effondré? En somme, quelle a été la ventilation de la Caisse dans les divers produits de marché monétaire au cours des trois années précédant la crise et qu’est-ce qui explique ce choix de ventilation? 5-Jusqu’en décembre 2006, 10 mois avant la crise, la Caisse était le principal actionnaire (30%) de Coventree, le principal producteur de PCAA non bancaire. Est-il possible que la Caisse ait massivement acheté du PCAA non bancaire pour appuyer Coventree?
Le risque
6-Au cours des cinq dernières années, le taux d’emprunt de la Caisse (de type REPO) a représenté 22,3% de son actif net, en moyenne, contre 15,8% pour Teachers’ et 10,6% pour OMERS. L’effet de levier de la Caisse a donc été significativement plus grand que ses rivales. Pourquoi? Comment justifier que la Caisse ait maintenu ce degré plus élevé de risque? 7-Avec ses déposants, la Caisse a bâti un portefeuille de référence auquel elle se compare. Ce portefeuille de référence a fondu de 18,5% en 2008, comparativement à un recul de 9,6% pour celui de Teachers’ et de 13,2% pour celui d’OMERS. La chute plus grande du portefeuille de référence de la Caisse suggère qu’elle prend plus de risque que ses rivales. Qu’en est-il?


Michael Sabia : Le procès - SOPHIE COUSINEAU
Cela ne devait pas être le procès de l’ancienne administration, qui se tiendra plus tard ce mois-ci. C’était le baptême parlementaire du nouveau président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Mais le passé dont Michael Sabia hérite est si lourd qu’il a hanté son témoignage de quatre heures.
Même la salle choisie faisait office de symbole. La comparution des dirigeants de la Caisse ne se tenait pas dans le fastueux salon Rouge, où Henri-Paul Rousseau avait envoûté les députés avec ses explications sur le papier commercial, mais dans le très beige salon Lafontaine.
« Ce n’est pas à moi à juger des actions de mes prédécesseurs », a dit Michael Sabia d’emblée. Mais toutes les remises en question de la nouvelle direction sont criantes de récriminations.
Ainsi en est-il de l’effet de levier, une technique financière répandue mais risquée qui consiste à emprunter des fonds pour les réinvestir afin d’en tirer un rendement supérieur au coût de l’emprunt.
« Notre niveau de levier à la Caisse en général est un peu élevé, oui », a reconnu Michael Sabia en réponse aux questions de François Legault, critique aux finances du Parti québécois.
Même critique, à mots couverts, de la politique de rémunération qui octroie des primes aux gestionnaires sans égard aux risques subis, ce qui explique en partie les investissements catastrophiques dans le papier commercial. Le président du conseil, Robert Tessier, a expliqué que les administrateurs réexaminaient cette politique pour que rendements et risques soient évalués de concert, avant de récompenser les dirigeants.
Les investissements en immobilier, qui expliquent en bonne partie la contre-performance de 2008, sont aussi scrutés à la loupe. Michael Sabia s’interroge sur les investissements dans les titres d’emprunt immobiliers, et non dans les immeubles à proprement parler.
« Le niveau de risque, (l’utilisation de) l’effet de levier et la performance sont tout à fait inacceptables », a tranché Michael Sabia.
Personne ne l’a dit à voix haute. Mais tout le monde a compris que la Caisse a joué aux cow-boys avec les épargnes des Québécois.
Comment se fait-il que le conseil d’administration n’ait rien vu? Il s’est endormi, a expliqué en substance Robert Tessier. « Si vous êtes dans un premier de classe, avec des résultats excellents, c’est un facteur qui crée une certaine confiance, une situation de confort. »
Lui aussi s’est gardé de juger ses prédécesseurs. Mais Robert Tessier a eu cette phrase révélatrice, en parlant de la création, au conseil, d’un comité pour évaluer les risques. Ce comité sera composé des personnes « avec la plus haute compétence pour "challenger" la haute direction ».
Personne n’osait critiquer HenriPaul Rousseau, qui dominait son entourage à la Caisse, au propre comme au figuré.
C’est tout le contraire pour Michael Sabia, dont la nomination téléguidée par le cabinet de Jean Charest a ridiculisé les prétentions d’indépendance de la Caisse. Surtout que le dirigeant, arrivé en poste il y a seulement six semaines, ne maîtrisait évidemment pas le détail de ses dossiers, hier. Aux yeux de l’opposition, il a paru vulnérable.
Le député péquiste Jean-Martin Aussant a remis en cause l’attachement de Michael Sabia pour le Québec en évoquant la vente avortée de BCE à un consortium piloté par la caisse de retraite des enseignants de l’Ontario, Teachers’. Mal lui en a pris.
Michael Sabia, dont le grandpère d’origine italienne a émigré à Montréal sans le sou, s’est empourpré, sa voix trahissant son émotion. « Je me considère comme un allophone qui a des racines profondes au Québec. »
Aux yeux de Michael Sabia, il vaut mieux investir dans les entreprises québécoises de taille moyenne, pour créer les multinationales de demain. Investir entre 25 et 30 milliards de dollars pour empêcher les grandes entreprises du Québec de tomber sous contrôle étranger équivaudrait à mettre beaucoup d’oeufs dans le même panier. Sans rendement assuré.
Il n’est pas le seul à défendre cette position, le Québec étant divisé en deux camps bien définis sur la mission économique de la Caisse. Mais ce n’est pas parce que Michael Sabia ne croit pas aux minorités de blocage qu’il est un traître à la nation.

Michael Sabia : utiliser  l'effet de levier de façon plus prudente
Commission parlementaire sur la Caisse de dépôt et placement
— Piqué au vif sur la question de son attachement au Québec, Michael Sabia a fait un plaidoyer émotif sur sa décision d’accepter de prendre la barre de la Caisse de dépôt et placement en cette période difficile.
Le nouveau président de la Caisse, Michael Sabia, a témoigné hier devant la Commission parlementaire sur l’avenir du bas de laine des Québécois.
Durant quatre heures d’échanges devant la Commission des finances publiques sur l’avenir de la Caisse, le député péquiste de Nicolet, Jean Martin Aussant, a mis en doute l’attachement de M. Sabia au Québec et à son développement économique. Alors à la tête de BCE, M. Sabia avait appuyé une prise de contrôle par un fonds ontarien, il « a tenté de vendre à Toronto, un fleuron » parmi les entreprises québécoises, a lancé le député péquiste.
Clairement meurtri, Michael Sabia a tout de suite amené le débat au niveau identitaire, rappelant d’abord qu’il avait été l’instigateur de la construction du nouveau siège social de BCE, un édifice de 250 millions à L’Île-des-Soeurs.
On est venu le chercher pour diriger la Caisse: « Je n’ai jamais cherché cet emploi », a-t-il insisté.
« J’ai un engagement fondamental envers le Québec, une compréhension des défis du Québec. J’ai eu des offres en Europe, en Asie, aux États-Unis. J’ai décidé de demeurer ici pour essayer de rendre service… » a lancé M. Sabia, dont la nomination, il y a six semaines avait été reçue froidement par certains ténors du Québec inc.
Devant la commission parlementaire, dans un français parfois laborieux, il a défendu ses origines « allophones » et rappelé « qu’il y a presque 100 ans (son) grand-père est arrivé ici, à Montréal, d’Italie, avec rien… rien dans les mains ». Il s’est établi ici parce qu’il était convaincu que le Québec était une société ouverte. « Et j’ai grandi avec ces idées », a martelé M. Sabia.
Plus tard, en point de presse, il a qualifié de « ridicule » la sortie d’un Jacques Parizeau qui le décrivait comme l’émissaire du Conseil privé fédéral dans l’économie québécoise – M. Sabia a été haut fonctionnaire dans le gouvernement Mulroney.
Changements annoncés
Pendant quatre heures à l’Assemblée nationale, évitant soigneusement d’attaquer l’administration de ses prédécesseurs, M. Sabia a indiqué que plusieurs changements fondamentaux seront bientôt apportés à la gestion de l’organisme qui gère le bas de laine collectif des Québécois, plus de 120 milliards. Avec la tempête financière de l’an dernier, « le monde a changé complètement en 2008. À cause de cela, la Caisse doit changer aussi », a résumé M. Sabia en fin de journée.
Aux questions pressantes du critique péquiste aux Finances, François Legault, il a indiqué qu’il comptait revoir le principe de « levier », qui fait que la Caisse puisse emprunter pour maximiser ses rendements.
Dans cette réévaluation de pratiques aussi fondamentales pour M. Sabia, il s’agit de vérifier si le fait d’emprunter pour investir n’accroît pas exagérément le niveau de risque, a-t-il fait valoir. La Caisse avait emprunté plus que d’autres caisses de retraite pour investir davantage, elle l’avait fait notamment pour acheter 13 milliards de papiers commerciaux, une stratégie qui s’est avérée catastrophique.
« Le défi est d’utiliser ces leviers de façon plus efficace et plus prudente », a dit M. Sabia.
Trop éparpillée ?
Selon François Legault, il faut se demander aussi si la Caisse ne s’est pas trop « éparpillée » avec des investissements importants à l’étranger, au Royaume-Uni, au Brésil et en Espagne, par exemple. Les études démontrent que les caisses de retraite font leurs meilleurs rendements dans les investissements dans des sociétés à moins de 100 kilomètres, a-t-il fait valoir. Les 2 milliards injectés par la Caisse dans les aéroports de Londres ne valent plus rien, a-t-il relevé.
Pour lui, la Caisse n’a pas suffisamment investi dans plusieurs sociétés québécoises, en dépit de son mandat originel institué dans les années 60. De plus, elle a réalisé ses meilleurs résultats dans les actions canadiennes. Partout ailleurs, elle a été battue par les indices, sur les cinq dernières années.
M. Legault considère que le gouvernement a dénaturé l’objectif d’origine de la Caisse en faisant passer le rendement en priorité, aux dépens du développement économique du Québec. « Je suis catholique, mais pas jésuite », a répliqué M. Sabia à M. Legault, qui faisait l’exégèse des discours de Jean Lesage dans les années 60. Plus tard, en point de presse, M. Sabia a insisté: le développement économique du Québec et la maximisation des rendements sont deux objectifs compatibles.
Selon le président de la Caisse, il faudrait injecter jusqu’à 30 milliards pour qu’elle ait une position suffisante pour influencer les entreprises qui ont leur siège social au Québec, mais cette décision serait contraire à la diversification des investissements, primordiale à ses yeux.
Le président du Conseil de la Caisse, Robert Tessier, a souligné qu’il sentirait le besoin d’informer plus précisément le gouvernement – le ministre des Finances – si une tempête boursière s’abattait comme l’an dernier.
En revanche, le ministre Raymond Bachand reste opposé à l’idée que la Caisse ait à rendre des comptes plusieurs fois par année, et refuse que le gouvernement ait le mandat d’approuver la politique de rémunération de ses dirigeants. L’indépendance de l’organisme est un élément important pour les firmes qui évaluent le travail de la Caisse, a expliqué le ministre.


Une crise à la Germain Houde  -  Stéphane Laporte
Tout le monde dit que c’est la crise. Pourtant, personne ne fait de crise. Nous sommes calmes. Passifs. Presque végétatifs. La Caisse de dépôt a perdu 40 milliards de dollars. Quarante milliards de notre argent, de nos économies. Avez-vous entendu quelqu’un crier quelque part ? Avez-vous entendu quelqu’un se choquer? Pas du tout.
On est là, devant notre télé. On regarde la commission parlementaire. On hausse les épaules. On se dit : « Ben cou’donc... » On trouve ça plate, pis on change de poste.
On s’émeut plus quand Bob Gainey s’obstine à faire jouer Carey Price. Pourtant, avec 40 milliards, on pourrait se payer tous les gardiens de la LNH!
L’ancien boss de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau, est venu expliquer que ce n’était pas vraiment sa faute. Qu’ils n’ont pas été chanceux. Il a dit: « Vous allez en bicyclette, vous tournez la tête et vous foncez dans un camion. C’est ça qui est arrivé. Bête de même. »
Quarante milliards envolés. Ce n’est la faute de personne. C’est la faute du camion. Qu’est-ce qu’il y avait, dans le camion? Du papier commercial ? Avez-vous entendu quelqu’un piquer une crise après avoir entendu ces excuses qui n’en sont même pas ? Personne. Il y a bien le solidaire Amir, qui a levé le ton un peu. Mais ce n’était pas une vraie crise. C’était une crisette. Une crisette à cinq cennes. Pas une crise à 40 milliards.
Où est Germain Houde quand on a besoin de lui? Vous avez vu Germain Houde dans Les Invincibles, la fois où il corrige son fiston? Au gala Artis, on a déclaré cette scène « le pétage de coche de l’année ». Le père de P.A. est tellement excédé par son grand irresponsable fils de 30 ans qu’il lui donne la fessée. Il l’allonge sur le lit et lui tape le derrière avec rage et énergie. Germain Houde aurait dû faire ça avec Henri-Paul Rousseau : « Viens ici, mon petit gars! T’as perdu 40 milliards! Quarante milliards de l’argent à papa! Quin! Quin! Ça t’apprendra ! »
Ça, c’est une crise. Germain Houde aime son gars quand même. On aime bien M. Rousseau aussi. On n’a rien contre lui. Ça semble un bon monsieur, mais 40 milliards, bondance, faut ben qu’on se défoule un peu!
Quarante milliards, divisés par sept millions de Québécois, ça donne 5714$. Ce n’est pas rien, 5714$, ça permet d’avoir une chambre avec vue sur la mer pendant quatre jours et quatre nuits à Cannes. Imaginez le fun qu’on aurait eu.
Cela dit, même si Henri-Paul Rousseau avait raison, même si ce n’était pas vraiment sa faute, ce n’est pas grave, Germain Houde lui donne la fessée quand même et on la donne aux autres aussi : Jérôme-Forget, Charest, les sousministres, les comptables, les analystes, amenez-les tous. Même les péquistes! On fait comme dans les grosses familles. Quand on ne sait pas qui a fait le mauvais coup, quand tout le monde dit que c’est pas lui c’est l’autre, on donne une fessée collective. Tout le monde sur le ventre, go ! Un peu de communisme pour replacer le capitalisme, ça ne peut pas faire de tort.
Germain Houde pourrait, un coup parti, donner aussi la fessée à Michael Sabia, le nouveau patron de la Caisse. À titre préventif. Pour être certain que ça ne se reproduise pas. Avant de s’asseoir dans le grand fauteuil moelleux du président de la Caisse, mieux vaut avoir les fesses endolories un peu, on reste plus sensible à ce qui se passe autour, dans le vrai monde.
C’est ça, la solution à la crise: une autre crise. Combattre le feu par le feu. Combattre la crise des milieux financiers par une crise à la Germain Houde. La crise des milieux cassés et tannés de l’être. Que Germain donne la fessée à tous ces banquiers, ces spéculateurs, ces investisseurs qui ont voulu faire trop de profits. Mes grands bébés gâtés, vous allez apprendre à regarder en avant quand vous êtes en vélo! Lance Armstrong, il ne fonce pas dans les camions. Si vous êtes à la tête de toutes ces caisses, banques et compagnies, c’est parce que vous êtes censés être des Lance Armstrong de la finance. Pas des mononcles Jacques Villeneuve !
Vous avez les gros salaires, les actions, les primes d’arrivée, les indemnités de départ, les jets privés et les parachutes dorés, parfait. Mais trompez-vous pas ! Et surtout ne faites pas payez vos erreurs par les plus petits.
Ce n’est pas un appel à la révolution. C’est un appel à l’évolution. À la responsabilisation. Arrêtons de tout gober. De laisser les autres décider. Voyons à nos affaires. Mettons le pied par terre. Il faut s’affirmer. Ajouter un peu de pression. Bien sûr, il ne faut pas fesser pour vrai. On parle ici de fessée morale. De respect.
Il n’y a pas plus grand coeur que le père de P. A. dans Les Invincibles. Mais à un moment donné, trop, c’est trop. Il faut mettre ses culottes et baisser celles de ceux qui exagèrent.
Messieurs les puissants, ça va faire ! Faites ce que vous voulez avec votre cash, mais quand c’est notre argent, il faut que vous y fassiez attention. Et que vous marchiez les fesses serrées.


CAISSE DE DÉPÔT : LES PRIMES ENCOURAGEAIENT L’ACCUMULATION DE PCAA - Francis Vailles
POURQUOI LA CAISSE DE DÉPÔT A-T-ELLE ACCUMULÉ AUTANT DE PAPIER COMMERCIAL? QU’EST-CE QUI L’A POUSSÉE À Y INJECTER 13,2 MILLIARDS DEDOLLARS? LES RÉPONSES À CETTE QUESTION SONT VARIÉES, MAIS SELON NOS RENSEIGNEMENTS, UNE PARTIE DE L’ÉNIGME SE TROUVEDANS LE
Le mode d’attribution des primes à la Caisse de dépôt et placement est un des éléments qui ont encouragé l’achat des PCAA non bancaires, a constaté La Presse Affaires. Dans certains cas, il aurait pu permettre de doubler la paye de certains gestionnaires, nous indique un haut dirigeant de la Caisse.
Dans le milieu financier, l’attribution des primes vise à inciter les gestionnaires de fonds à obtenir un rendement plus élevé que certains indices, dans le respect des politiques de risques.
Deux sources nous indiquent qu’à la Caisse, l’objectif de l’équipe du marché monétaire était d’obtenir 25 points centésimaux de plus que les bons du Trésor de 90 jours, soit un quart de 1%. La Caisse nous a confirmé cette cible de valeur ajoutée.
Par exemple, si le rendement moyen des bons du Trésor du gouvernement canadien était de 4%, le gestionnaire devait rapporter un rendement de 4,25% pour obtenir une bonne prime.
Comment se comparait le rendement des PCAA aux bons du Trésor ? Entre 2003 et avant la crise de 2007, les PCAA non bancaires ont procuré un rendement moyen de 43 points centésimaux de plus que les bons du Trésor, selon un rapport de l’OCRCVM publié en octobre 2008. L’OCRCVM est l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.
La Presse a consulté trois autres sources indépendantes de la Caisse à ce sujet. Il en ressort que l’écart avec les bons du Trésor excédait souvent les 25 points centésimaux, selon le moment de l’achat, la qualité du PCAA et l’échéance (lire l’encadré).
Autrement dit, l’équipe du marché monétaire de la Caisse, dirigée par Luc Verville, pouvait espérer de généreuses primes sans trop se casser la tête en achetant des PCAA non bancaires.
En atteignant cette cible de 25 points, les gestionnaires d’expérience étaient susceptibles de recevoir un bonus représentant 80% de leur salaire de base, nous indique-t-on en haut lieu à la Caisse. Encore mieux: en battant l’indice par 40 points, les gestionnaires d’expérience pouvaient espérer un bonus de 120% de leur salaire de base, soit plus du double. Pour les gestionnaires plus jeunes, le maximum était de 60%.
Par exemple, un gestionnaire d’expérience avec un salaire de base de 150 000$ aurait pu obtenir une prime de 120 000$ (80%) à 180 000$ (120%).
Alain Chung, gestionnaire de portefeuille de la firme Claret, constate que la bonification est une puissante mesure incitative. Toutefois, « ce système est un couteau à deux tranchants. Il pousse les gestionnaires de portefeuille à faire mieux que leur cible de rendement, mais les incite aussi à prendre plus de risques », dit-il.
Justement, qu’en est-il du risque? Avant d’acheter un produit, les gestionnaires s’en remettent aux directives de l’institution à cet égard. Or, la Caisse n’avait imposé aucun plafond global pour l’achat de PCAA non bancaires, une erreur qu’a reconnue Henri-Paul Rousseau devant la chambre de commerce.
En fait, une limite existait, mais elle avait été fixée par une fiducie émettrice de PCAA non bancaires. Les gestionnaires pouvaient placer au plus de 1,75% à 5% de leur portefeuille de marché monétaire dans une seule fiducie. Comme il existait 22 fiducies, la limite globale d’achat de PCAA était pratiquement inexistante (22 X 5% = 110%).
À ce sujet, le rapport annuel 2007 de la Caisse est révélateur de sa gourmandise pour les PCAA non bancaires. L’institution a acheté des papiers commerciaux dans 21 des 22 fiducies. Pire : ces 22 fiducies avaient en circulation 35 différentes émissions de PCAA de série A et E et la Caisse a acheté 32 de ces 35 émissions.
L’explosion des PCAA non bancaires coïncide avec la présence de la Caisse dans ce secteur. Entre la fin 2004 et la fin 2006, ce marché a bondi de 198%, selon des documents de la firme DBRS. Plus précisément, le volume total est passé de 11,1 milliards au 31 décembre 2004 à 33,1 milliards au 31 décembre 2006. En août 2007, au moment de la crise, on estimait ce marché à 35 milliards.
Réponses de la Caisse
La Presse a posé des questions précises à la Caisse au sujet des primes et du PCAA. Dans sa réponse écrite, l’institution ne nie pas spécifiquement que le système de primes ait pu contribuer à l’accumulation de PCAA non bancaires, mais elle insiste sur l’absence de plafond global comme élément central du fiasco.
« L’absence de limites par type de produits est considérée comme le facteur déterminant », écrit la Caisse par l’entremise du porte-parole, Maxime Chagnon.
La Caisse ajoute que son système n’est pas différent d’ailleurs. « Les politiques de rémunération de la Caisse, incluant les multiples applicables à la rémunération incitative, sont semblables à celles des gestionnaires de fonds en général au Canada. Elles ont principalement pour but d’offrir une rémunération compétitive, permettant le recrutement et la rétention des employés », écrit la Caisse.
Qui plus est, dit la Caisse, depuis 2000, le portefeuille du marché monétaire a bien fait « en termes de valeur ajoutée positive, peu importe le volume de PCAA détenu en portefeuille ».



LA CAISSE AGISSAIT DES DEUXCÔTÉSDE LA CLÔTURE    -   PCAA    -  La Caisse se retrouvait ni plus ni moins qu'en conflit d'intérêt !...- Francis Vailles

Imaginons une hypothétique industrie des portes triangulaires au Canada. Le principal fabricant est une agence du gouvernement du Québec, appelée QuebTree. Globalement, QuebTree fabrique la moitié des portes triangulaires au Canada.
La Caisse était le plus grand actionnaire du principal concepteur de PCAA, l’entreprise torontoise Coventree.
Pendant un certain temps, l’industrie est impressionnée. Les portes triangulaires se vendent comme des petits pains chauds, à un bon rapport qualité-prix. Mais un beau jour, coup de théâtre : on apprend que le principal acheteur est QuebCaisse, une autre agence du gouvernement. QuebCaisse achète 40% de toutes les portes triangulaires.
Autrement dit, le gouvernement soutient l’industrie. D’un côté, il fabrique et de l’autre, il achète. Devinez la suite ? On découvre un vice de fabrication dans les portes triangulaires et l’industrie s’effondre, provoquant des pertes énormes aux contribuables. Quant aux détenteurs de portes autres que QuebCaisse, ils restent pris avec des produits défectueux.
Cette histoire, c’est un peu celle de la Caisse de dépôt avec le papier commercial PCAA, qui a fait perdre 5,6 milliards à l’institution.
La Caisse était le plus grand actionnaire du principal concepteur de PCAA, l’entreprise torontoise Coventree. En 2006, 48% du volume de PCAA non bancaire au Canada avait été émis par l’entremise de Coventree et de sa filiale Nereus Financial, selon les documents de DBRS.
La Caisse a commencé à investir dans Coventree en 2000 (2,1 millions de dollars), sous l’ère du PDG Jean-Claude Scraire. Entre 2001 et 2005, elle y a injecté environ 10 millions de plus, si bien qu’elle détenait 30% de Coventree à la fin de 2006, le maximum permis par sa loi constitutive. À partir de 2001, la Caisse a d’ailleurs eu un représentant au conseil d’administration, du nom de François Maheu.
En 2006, la Caisse était non seulement le principal actionnaire du plus grand concepteur de PCAA, mais elle était aussi le principal acheteur. Au moment de la crise d’août 2007, l’institution en détenait 13,2 milliards, soit 38% du marché canadien.
Coventree s’inscrit en Bourse en novembre 2006. Elle recueille 41 millions, dont 34 millions ont été empochés par la Caisse de dépôt, qui conserve alors 9,9% de l’entreprise.
Une muraille de Chine
L’ex-PDG Henri-Paul Rousseau a abordé cette question des liens avec Coventree à la chambre de commerce, le 9 mars dernier. En répondant aux journalistes, il a affirmé qu’il y avait une muraille de Chine entre le secteur des placements privés de la Caisse, qui détenait les actions de Coventree, et la division des placements, qui achetait le papier commercial.
Cette situation rend toutefois mal à l’aise certains observateurs. « Une telle proximité crée des dangers, c’est clair. Quand on est des deux côtés de la transaction, on est en conflit d’intérêts. Il faut qu’on institue une enquête pour faire la lumière sur ces choses », nous dit Jean Roy, professeur de finance à HEC Montréal.
Est-il possible qu’en raison de cette proximité, la Caisse ait fait la sourde oreille aux réserves émises par les firmes américaines Standard& Poors et Moody’s au sujet des PCAA canadiens ?
Dans un article daté d’août 2002, Standard& Poors explique clairement pourquoi elle ne veut pas leur attribuer une cote. Les structures du PCAA, écrit la firme, « nécessitent un acte de foi dans le fait que les liquidités seront disponibles en temps opportun, ce qui est insuffisant comme réponse au risque de crédit pour que les fiducies (émettrices de PCAA) obtiennent une cote de crédit de premier ordre pour les papiers commerciaux ».
Une seule agence a finalement attribué une cote aux PCAA, soit DBRS, de Toronto. DBRS a accordé une cote de R1 High à la plupart des PCAA non bancaires, l’équivalent d’une cote AAA pour les obligations.
La Caisse ne fut pas la seule à avoir été sollicitée pour acheter du PCAA non bancaire. Le gestionnaire Jarislowsky Fraser s’en est aussi fait offrir vers la fin de 2006. Mais contrairement à la Caisse, « nous n’en avons pas acheté une seule piastre pour aucun de nos clients, zéro », nous dit l’associé principal, Denis Durand.
Pourquoi? « On a relu le prospectus deux fois plutôt qu’une. On se fout de la cote de DBRS. Et nos analystes trouvaient qu’il n’y avait pas de relation entre le risque de liquidités et le rendement. De plus, les actifs n’étaient pas d’assez grande qualité. Pour en acheter, il aurait fallu qu’on nous offre 125 points centésimaux de plus que les bons du Trésor, plutôt que 25 points », explique-t-il.
Jarislowsky Fraser gère un actif net de 42 milliards, comparativement à 120 milliards pour la Caisse de dépôt. Ses clients sont notamment des caisses de retraite d’entreprises et des particuliers. En 2008, la firme a obtenu un rendement de -12%, comparativement à -25% pour la Caisse.
Denis Durand porte un jugement sévère sur les grands investisseurs qui se sont fait prendre dans l’aventure du PCAA non bancaire. « S’ils avaient lu le prospectus jusqu’au bout, ils auraient vu ce qui était marqué au sujet des liquidités. Sauf que les courtiers vendaient le produit comme s’il était semblable aux bons du Trésor et au papier commercial de banque, avec une qualité AAA et AA », dit-il.
Depuis la crise des PCAA, la Caisse est devenue plus sévère pour les nouveaux produits. Désormais, elle exige que tout nouvel instrument financier soit coté par au moins deux firmes.





La Caisse et le Québec - ANDRÉ PRATTE
La diversification géographique des actifs de la Caisse ne date pas du règne d’Henri-Paul Rousseau.
La publication du rapport annuel 2008 de la Caisse de dépôt et placement du Québec a donné l’occasion au Parti québécois de relancer sa charge contre le gouvernement au sujet des énormes pertes enregistrées par l’institution. Notamment, le PQ déplore que la Caisse n’investisse pas suffisamment dans les entreprises québécoises.
« La Caisse ne détient que 4,9% des actions de CGI, que 3% des actions de SNC-Lavalin, que 3 dixièmes de 1% des actions de Bombardier. La Caisse de dépôt ne détient aucune action de la Banque Nationale », a dénoncé François Legault.
« Est-ce que le premier ministre peut me dire s’il est d’accord avec le fait que la Caisse de dépôt et placement n’ait plus que 9,5% de ses investissements dans les entreprises québécoises? », a demandé Pauline Marois.
Ce questionnement est légitime. Mais la réponse est moins simple que ce que laissent entendre les péquistes. Si 9,5% est un pourcentage insuffisant, quelle part de ses actifs la Caisse devrait-elle investir dans des compagnies du Québec? 15%? 20%? Le gouvernement devrait-il imposer un pourcentage plancher dans la loi sur la Caisse, quitte à priver celleci d’une essentielle flexibilité?
Il faut savoir que la diversification géographique des actifs de la Caisse ne date pas du règne d’Henri-Paul Rousseau. Alors que le Parti québécois était au pouvoir et Jean-Claude Scraire aux commandes, la part des placements en actions canadiennes a glissé de 27% à 17%, tandis que celle des actions étrangères a grimpé de 12% à 21%.
Ceux selon qui la Caisse doit détenir une plus grande part de ses actifs sous forme d’investissements au Québec devraient préciser à quelles fins. Certains voudraient que la CDPQ occupe ainsi une position stratégique dans le capital des « fleurons de l’économie québécoise » pour empêcher une prise de contrôle par des étrangers (un vocable qui, aux yeux du PQ, désigne autant les Canadiens des autres provinces que des Américains ou des Chinois...). Cependant, de telles manoeuvres exigeraient des sommes phénoménales ; en supposant qu’il s’agisse d’une bonne politique, elle ne devrait pas être confiée à une institution dont dépendent les rentes et les prestations d’assurance des Québécois.
De dire M. Legault, en ces temps de crise, la Caisse pourrait fournir aux entreprises d’ici des capitaux dont elles ont grand besoin. CGI, SNC-Lavalin, Bombardier sont-elles vraiment à court de fonds? Dernier argument: s’il détenait plus d’actions de compagnies québécoises, notre « bas de laine » obtiendrait de meilleurs rendements. Or, la composition actuelle de ses actifs n’a pas empêché la Caisse de réaliser d’excellents rendements avant que n’éclate la crise financière.

L’année catastrophique que vient de traverser la Caisse de dépôt devrait inciter ses gestionnaires à mettre l’accent sur la prudence dans la recherche d’un rendement raisonnable. S’ils veulent atteindre d’autres objectifs, les élus n’ont qu’à utiliser les outils qui sont à leur disposition aux fins de développement économique, en particulier la SGF et Investissement Québec.



Le papier commercial acheté avec de l’argent emprunté
LES INVESTISSEMENTS DE LA CAISSE DE DÉPÔT DANS LE PAPIER COMMERCIAL ONT SOULEVÉ PLUSIEURS QUESTIONS DEMEURÉES SANS RÉPONSE. APRÈS ENQUÊTE, VOICI CE QUE LA PRESSE AFFAIRES A DÉCOUVERT CONCERNANT CET ÉPISODE QUI A FAIT PERDRE À LA CAISSE 5,6 MILLIARDS DE DO
« Henri-Paul Rousseau voulait battre Teachers’. Et il ne voulait pas qu’il y ait de l’argent qui dorme. C’est ce qui explique l’augmentation. »
our améliorer son rendement, la Caisse de dépôt et placement a emprunté une montagne de liquidités ces dernières années. Et cet argent emprunté a notamment servi à acheter les 13 milliards de dollars de papier commercial devenus problématiques, a appris La Presse Affaires.
La stratégie existait déjà pendant l’ère de l’ex-PDG JeanClaude Scraire, mais elle a pris des proportions gigantesques entre 2002 et 2007, pendant celle d’Henri-Paul Rousseau.
À la fin de 2001, la Caisse avait 2,4 milliards sous emprunt destinés à être placés dans le marché monétaire, à court terme. Dans les années qui ont suivi, cette somme a explosé, atteignant 46,5 milliards à la fin de 2006, avant la crise du papier commercial. Aucun autre poste n’a crû autant à la Caisse pendant l’ère Rousseau, nous indiquent les rapports annuels des dernières années.
La stratégie est relativement simple : la Caisse de dépôt profite de son portefeuille de titres diversifiés pour emprunter des fonds et les placer à court terme. En temps normal, l’opération rapporte des profits intéressants. Les taux d’intérêt obtenus sur les placements, comme le papier commercial PCAA, sont plus élevés que le coût des fonds empruntés. L’écart de taux est parfois petit – 15 points centésimaux – mais la technique peut rapporter gros compte tenu des immenses sommes en jeu.
« Henri-Paul Rousseau voulait battre Teachers’. Et il ne voulait pas qu’il y ait de l’argent qui dorme. C’est ce qui explique l’augmentation », nous dit une source du conseil d’administration.
Bonifier le rendement
Dans un échange de courriels techniques avec La Presse Affaires, la Caisse de dépôt a admis utiliser des méthodes d’emprunt sophistiquées pour « bonifier le rendement de ses déposants ». Elle reconnaît également que l’argent emprunté a notamment servi à acheter du papier commercial.
« La Caisse est active dans ce marché ( NDLR : d’emprunt sophist iqué) depuis de très nombreuses années, tout comme le sont plusieurs de ses pairs canadiens, américains ou européens », nous répond la Caisse par l’entremise de son porteparole, Maxime Chagnon.
Dans son allocution devant la chambre de commerce de Montréal, le 9 mars, Henri-Paul Rousseau a af firmé que « la Caisse a commencé à utiliser le PCAA comme instrument de gestion de liquidités en 1997 (…) L’accumulation est le fruit de centaines de transactions, réalisées sans incident. La Caisse n’a pas décidé d’un seul coup d’accumuler 13 milliards de PCAA. La Caisse avait simplement beaucoup de liquidités parce qu’elle avait encaissé beaucoup de profits de 2005 à 2007 ».
Dans le marché, plusieurs observateurs avisés s’interrogent sur les raisons invoquées par l’institution. « Ce n’est pas parce que la Caisse faisait beaucoup de profits qu’elle avait besoin de placer de l’argent à court terme. C’est sa stratégie qui augmentait ses liquidités et créait ce besoin », nous dit un gestionnaire bien au fait des politiques de la Caisse.
La technique REPO
Un des moyens privilégiés de la Caisse pour emprunter est une technique appelée REPO, acronyme anglais pour Titres vendus en vertu de convention de rachat. Essentiellement, la Caisse prête à d’autres institutions certains des milliers de titres boursiers ou obligataires qu’elle a dans ses livres et reçoit du comptant en échange. La contrepartie utilise ces titres de la Caisse pour diverses raisons : ventes à découvert, réduction du fardeau fiscal, arbitrage de fonds, etc.
Par analogie, c’est comme si la Caisse hypothéquait ses titres financiers, comme ce serait le cas d’une maison, et qu’elle recevait de l’argent comptant en échange, pour quelques jours ou quelques semaines. Cet argent est réinvesti sur le marché monétaire à court terme dans l’achat de bons du Trésor du gouvernement ou de papier commercial, entre autres. Autrement dit, la Caisse réussit donc avec ses titres boursiers et obligataires à emprunter à faible taux et à placer à meilleur taux.
À la fin de 2006, avant la crise, cette activité de REPO représentait 24,4 milliards dans le portefeuille de Valeurs à court terme. En comparaison, ce portefeuille n’avait emprunté que 450 millions en REPO à la fin de 2002 et 2 milliards à la fin de 2003.
Ces énormes liquidités à placer à la Caisse à partir de 2004 ont coïncidé avec la raréfaction d’un des principaux instruments de placement à court terme : les bons du Trésor du gouvernement fédéral. Cette diminution des émissions vient de la baisse de la dette, notamment. Henri-Paul Rousseau en a fait mention dans son allocution à la chambre de commerce de Montréal et tous les observateurs lui donnent raison sur ce point.
Explosion
Le papier commercial s’est donc avéré une option pour absorber ces liquidités de la Caisse et celles d’autres institutions. D’autant plus que ce véhicule offrait un rendement variant entre 25 et 45 points de base de plus, selon diverses sources.
Ce qui devait arriver arriva : entre la fin 2004 et la fin 2006, le papier commercial vendu sur le marché a explosé de 198 %, selon un recensement de La Presse Affaires dressé à partir des documents de la firme DBRS.
Plus précisément, le volume total est passé de 11,1 milliards au 31 décembre 2004 à 33,1 milliards au 31 décembre 2006. En août 2007, au moment de la crise, on estimait ce marché à 35 milliards.
Nous avons tenté de savoir à partir de quand la Caisse a gonflé son portefeuille de PCAA, mais l’institution n’a pas voulu nous dévoiler ses chiffres, ni officiellement, ni par l’entremise de l’accès à l’information. Nous avons également cherché à savoir pourquoi la Caisse n’avait pas plutôt acheté un tel volume de PCAA bancaire, plutôt que non bancaire, mais sans succès.
Le PCAA bancaire, rappelons-le, n’a pas été gelé pendant la crise d’août 2007, puisque pour l’essentiel, les banques canadiennes ont assuré les liquidités à l’échéance des titres. Dans le cas du papier appelé non bancaire, ce sont les banques internationales qui devaient assurer les liquidités et elles ont fait faux bond aux détenteurs de papier en août 2007.
Tout au plus, la Caisse nous a indiqué qu’elle était un acteur majeur dans le PCAA non bancaire au moins 18 mois avant la crise. En outre, elle dévoilera certains renseignements à ce sujet au cours de la commission parlementaire du début mai.

La Caisse a risqué plus que Teachers’ et OMERS
« C’est risqué d’emprunter et de racheter des instruments de marché monétaire par la suite avec cet argent. »
Emprunter pour faire de l’argent n’est pas rare dans le monde du placement, mais la technique peut être risquée. Or, à la Caisse de dépôt et placement, il appert que la direction ait été plus téméraire qu’ailleurs à cet égard.
Toute proportion gardée, la Caisse a emprunté trois fois plus que sa rivale ontarienne Teachers pour bonifier son rendement depuis cinq ans, selon les chiffres colligés par La Presse Affaires. La Caisse a également emprunté deux fois plus qu’une autre grande concurrente ontarienne, OMERS.
Teachers’ et OMERS sont respectivement les caisses de retraite des enseignants et des employés municipaux de l’Ontario. Comme la Caisse, ces institutions utilisent généralement une technique d’emprunt à bas coût appelé REPO. Essentiellement, elles hypothèquent leurs titres boursiers ou obligataires, comme ce serait le cas d’une maison, et obtiennent de l’argent comptant en échange, qui est réinvesti.
À la Caisse, l’ensemble des portefeuilles avait 36,6 milliards de dollars de REPO à la fin de 2007, un sommet. Cette somme représentait plus de 23 % de l’actif net. En comparaison, le fonds Teachers’ en avait pour 7,9 milliards au même moment, soit 7,3 % de son actif net. Et dans le cas d’Omers, le taux est de 12,9 % de l’actif net.
Sur cinq ans, la moyenne est de 13,3 % pour la Caisse, soit trois fois plus que les 4,4 % de Teachers et deux fois plus que les 6,6 % d’OMERS.
Pour certains, cette activité d’emprunt REPO est courante chez les organismes de gestion de fonds. Le site internet Wikipédia affirme qu’il s’agit d’un instrument important du marché monétaire, notamment utilisé par les assureurs et les organismes de gestion de fonds, comme la Caisse.
Mais pour d’autres, la technique REPO est un instrument risqué dont il ne faut pas abuser. « C’est risqué d’emprunter et de racheter des instruments de marché monétaire par la suite avec cet argent. Essentiellement, c’est une façon de faire du levier. Tout va bien quand les taux d’intérêt ne varient pas beaucoup. Mais la minute où les taux changent, l’institution est frappée des deux côtés : sur son investissement dans le marché monétaire d’un côté et sur son collatéral de l’autre », nous dit Lars Stentost, professeur de finance à HEC Montréal.
Denis Durand, associé principal de Jarislowski Fraser, affirme que 95 % des caisses de retraite dans le marché s’interdisent d’emprunter pour faire du placement. L’homme connaît le tabac : environ 55 % de l’actif sous gestion de Jarislowski Fraser (42 milliards) vient de caisses de retraite.
« On a fait des prêts de titres ( REPO) pour nos clients, mais pas à grande échelle », dit-il.
Essentiellement, le gestionnaire de fonds prêtait les titres de ses clients, avec leur autorisation, et recevait en échange des bons du trésor à 105 % de la valeur des titres prêtés. L’argent n’était pas réinvesti dans le marché monétaire par la suite. « On a cessé au printemps 2008, de crainte qu’il y ait des délais dans le retour des titres en raison des difficultés des banques », nous dit M. Durand.
Le professeur de comptabilité Michel Magnan, de l’Université Concordia, a jeté un coup d’oeil aux états financiers de la Caisse. « Le bilan ressemble un peu à celui d’une banque d’investissement. L’emprunt pour investir est une stratégie plus agressive que celle utilisée traditionnellement par une caisse de retraite en matière de liquidités », dit-il.
La Caisse a investi une partie des fonds empruntés dans du papier commercial, a appris La Presse Affaires. Or, tout indique que lorsque les investissements dans le papier commercial ont gelé, en août 2007, l’institution a dû trouver des milliards de dollars de nouveaux fonds ailleurs pour rembourser la contrepartie à l’emprunt REPO.
Réplique de la Caisse
À la Caisse, on ne nie pas avoir emprunté des fonds avec la technique du REPO. On admet aussi que cet argent a servi à acheter du papier commercial. Mais on estime qu’il ne s’agit pas d’une activité risquée.
« Cette activité n’est ni nouvelle ni inédite : cela fait longtemps que la Caisse utilise le prêt de titres pour créer des liquidités supplémentaires ou mener des activités d’arbitrage sur les taux et la plupart des grands investisseurs le font aussi », nous indique le porte-parole Maxime Chagnon, par voie de communiqué.
« Le fait de prêter des titres et de l’investir dans des titres du marché monétaire n’est pas une activité à haut risque puisqu’on conserve cela en liquidité. On n’investit pas ces sommes à long terme dans des immeubles ou du placement privé ou même à la bourse, mais à court terme dans les marchés monétaires.
« Le PCAA était alors considéré comme un instrument sûr et une partie des liquidités a été utilisée pour en acheter », écrit-il.



Les Québécois blâment la Caisse
Les Québécois blâment les gestionnaires de la Caisse de dépôt et placement pour sa contreperformance de 2008, et deux tiers d’entre eux demandent au gouvernement d’accroître la surveillance sur les décisions d’investissement de l’institution, révèle un sondage effectué par la firme Angus Reid.
Le tiers des Québécois n’a que peu ou pas confiance en la Caisse de dépôt et placement, et un répondant sur 10 dit même ne pas avoir confiance du tout en la Caisse.
Quelque 64 % des Québécois croient également que les pertes de 39,8 milliards pour l’exercice 2008 auraient pu être évitées grâce à une meilleure gestion.
Une proportion à peine plus élevée (67 %) souhaite donc que le gouvernement surveille davantage la Caisse.
L’arrivée de Michael Sabia semble également laisser les Québecois dubitatifs. Invités à anticiper le rendement de M. Sabia à la tête de la Caisse de dépôt, un répondant sur deux se dit incertain.
Environ 44 % des électeurs libéraux croient néanmoins que le rendement de M. Sabia sera bon ou très bon. Seulement 23 % des électeurs péquistes pensent la même chose. Globalement, plus de Québécois pensent que la performance de M. Sabia sera bonne ( 31 %) que mauvaise (21 %).
Le sondage a été effectué les 13 et 14 avril auprès de 800 adultes québécois. La marge d’erreur est d’environ 3,5 points de pourcentage 19 fois sur 20.


DES ÉTUDIANTS DES HEC BATTENT LA CAISSE
Le directeur du département de finance de HEC Montréal veut aider Michael Sabia et offre les services de ses étudiants à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Même si les gestionnaires étudiants du Fonds Standard Life — HEC Montréal ont réussi à battre leur indice de référence dans la volatile année 2008, « nous entrons sur le marché du travail plus humbles face aux marchés », dit Joel Kaczor (à gauche), accompagné sur la photo par son collègue Matthieu Robillard.
Dans une lettre teintée d’humour et adressée au président-directeur général de la Caisse, Martin Boyer souligne que les étudiants qui gèrent le Fonds Standard Life – HEC Montréal (FSLHEC) depuis 10 ans ont enregistré une meilleure performance que les gestionnaires de la Caisse.
« Si les étudiants de finance de HEC Montréal avaient été responsables de la stratégie de placement de la Caisse en 2008, la perte n’aurait été que de 25 milliards de dollars plutôt que de 40 milliards », soutient M. Boyer dans sa missive envoyée à La Presse hier.
Il offre donc au nouveau président de la Caisse Michael Sabia de laisser les étudiants de HEC gérer 1 milliard du capital de l’institution.
En échange, la Caisse pourrait rémunérer HECMontréal à raison de 1% de l’actif sous gestion (10 millions de dollars), en plus de 10% de la plus-value annuelle dégagée par l’équipe de gestion.
Cette rémunération « pourrait servir à éliminer complètement le fardeau financier des quelque 3000 étudiants à temps plein de HEC Montréal qui doivent s’endetter de 2000$ par année », note M. Boyer.
En entrevue à La Presse Affaires, M. Boyer, sourire en coin, dit ne pas se faire pas d’illusion sur la réponse de M. Sabia.  
Il assure néanmoins au nouveau PDG qu’on lui retournera l’ensemble de l’actif dans 10 ans si les gestionnaires ne réussissent pas à battre l’indice de référence.
Mais M. Boyer, qui supervise les activités du FSLHEC avec son collègue Nicolas Papageorgiou, respire la confiance: le fonds étudiant a fait mieux que la Caisse six fois au cours des neuf dernières années.
« Si un déposant quelconque avait investi 1000 $ dans les habilités de gestion des étudiants en finance de HEC Montréal en 2000, il aurait eu 1697$ dans son compte au 31 décembre 2008, écrit le professeur. Si par ailleurs il avait placé cette somme à la Caisse, il n’aurait dans son compte que 1230$. »
Sur un capital de 100 milliards, cela signifie une différence de 40 milliards, estime M. Boyer.
Même en éliminant du calcul l’année 2008 (et la désastreuse aventure des PCAA de la Caisse), le fonds étudiant obtient un rendement annuel moyen de 9,37%, comparativement à 6,75% pour la Caisse, avec le même niveau de risque.
« C’est assez bon que les étudiants dégagent une si bonne valeur, d’autant plus qu’ils doivent suivre l’indice de référence d’assez près », a indiqué Martin Boyer en entrevue.
Une expérience riche
Le FSLHEC est le deuxième fonds étudiant en importance du Canada, et le plus performant de sa catégorie (fonds diversifié) en Amérique du Nord. Standard Life a confié 2 millions aux étudiants pour lancer le fonds en 1999. L’actif du fonds, composé que de titres canadiens, a atteint les 4 millions à la fin de 2007.
« Le fonds nous permet, après des cours très théoriques, de nous exposer aux marchés », dit Matthieu Robillard, un des gestionnaires rencontrés par La Presse Affaires dans les locaux de HEC, chemin de la Côte-Sainte-Catherine.
En 2008, justement, le fonds a enregistré un rendement de -14,9%, battant néanmoins son indice de référence (-15,6%). Pendant ce temps, la Caisse de dépôt perdait 25% ( par rapport à son indice de -18,5%) et Teachers’ reculait de 18% ( par rapport à son indice de -9,6%).
La crise aura été une expérience très formatrice pour la quinzaine de gestionnaires étudiants, tous bénévoles, qui participent à l’exercice.
« En période très volatile, la plus petite mauvaise décision peut avoir un impact énorme sur ton rendement », dit Joel Kaczor, qui gérait jusqu’à tout récemment la portion obligataire du fonds. Les gestionnaires ont d’ailleurs modifié la composition du fonds au plus fort de la crise, atteignant jusqu’à 55% d’obligations.
Même si les gestionnaires étudiants ont réussi à battre leur indice de référence (et la Caisse de dépôt) dans la volatile année 2008, « nous entrons sur le marché du travail plus humbles face aux marchés », ajoute Joel Kaczor.
Aujourd’hui, le fonds est revenu à une répartition de 55% d’actions et 45% d’obligations. C’est signe d’un certain optimisme prudent, notent les apprentis gestionnaires.
« Même s’il y a encore beaucoup d’incertitude, il faut rester prêt pour la reprise », dit M. Robillard.





CESSONS LES CHICANES  - DANIEL LAPOINTE
Créons un « fonds de sécurité » complémentaire pour les retraités, qui risquent de recevoir une rente amputée
Le fédéral doit accroître la limite au-delà de laquelle les cotisations de l’employeur au régime de retraite ne sont plus admissibles à un traitement fiscal favorable.
L’auteur est directeur général de l’Institut canadien des actuaires.
Les employés de certaines entreprises en difficulté, notamment ceux d’AbitibiBowater (Grand Falls-Windsor) sont préoccupés par la solvabilité de leurs caisses de retraite.
La crise f i na ncière, ainsi que la crise économique qu’elle a engendrée, apporte de mauvaises nouvelles tous les jours. Les manchettes font état de l’inquiétude des retraités de certaines entreprises au bord de la faillite, notamment GM et AbitibiBowater. Ces retraités sont préoccupés par la solvabilité de leurs caisses de retraite.
Les caisses de retraite au Québec, en majorité, ne sont pas suffisamment capitalisées et sont par conséquent potentiellement incapables de garantir pleinement les rentes promises. Cette situation, quoique déplorable en soi, devient vraiment dramatique lorsque l’entreprise qui soutient la caisse de retraite fait faillite. C’est alors que les retraités se retrouvent avec une rente amputée.
Ce scénario catastrophique hante, à l’heure actuelle, de nombreux retraités. Ils suivent avec attention l’actualité en souhaitant que leur ex-employeur ne fasse pas faillite. Cette situation est inacceptable. Le retraité type, généralement trop âgé pour réintégrer le marché du travail, n’a pas les moyens de voir une partie de ses revenus de retraite se volatiliser tout d’un coup. Comment en sommes-nous arrivés là?
Qui doit-on blâmer? Il serait trop facile depointerdudoigt unacteur enparticulier. Il faut se méfier des analyses simplistes de ceux qui accusent les employeurs d’avoir été trop chiches pour capitaliser pleinement les régimes de retraite ou encore des question du droit aux surplus des caisses de retraite. Cette dispute explique en partie pourquoi les régimes ne sont pas pleinement capitalisés aujourd’hui, les employeurs se montrant habituellement réfractaires à provisionner de façon conservatrice les régimes dans un contexte d’incertitude quant à l’utilisation des surplus potentiels. Cette querelle malsaine n’a fait que des perdants.
Le temps est venu pour tous les inter venants d’examiner sérieusement la proposition de l’Institut canadien des actuaires (ICA) de créer un « fonds de sécurité de autres qui accusent les représentants syndicaux d’avoir été trop gourmands. L’état actuel des régimes de retraite résulte d’un concours de facteurs très complexes et les solutions ne sont pas évidentes.
Quelles leçons pouvons-nous tirer? D’abord, les employeurs et les syndicats doivent cesser leur sempiternelle dispute au sujet du surplus des caisses de retraite. Avant la crise, la situation financière des régimes était beaucoup moins précaire. Les employeurs et les syndicats s’opposaient alors de façon dogmatique sur l’épineuse retraite ». Cette proposition constitue la pièce maîtresse de l’ensemble des recommandations formulées par l’ICA pour améliorer la situation des régimes de retraite. Il s’agit d’un fonds, complémentaire à la caisse du régime, qui recueillerait l’argent supplémentaire versé par les employeurs afin d’assurer un plein approvisionnement (et du même coup, garantir la sécurité des rentes) mais qui retournerait à l’employeur les sommes devenues superflues lorsque la situation financière du régime indiquerait l’accumulation d’un coussin suffisant.
Les gouvernements, quant à eux, ont aussi un rôle à jouer. Le gouvernement fédéral doit accroître la limite au-delà de laquelle les cotisations de l’employeur au régime de retraite ne sont plus admissibles à un traitement fiscal favorable. La limite actuelle est inappropriée et n’encourage pas un approvisionnement prudent des régimes. Les gouvernements (fédéral et provinciaux) doivent aussi imposer aux régimes des « marges de solvabilité cible », c’est-à-dire des sommes additionnelles qui ont comme effet de créer un coussin pour absorber les situations imprévues et par conséquent d’accroître encore plus la capacité du régime d’honorer ses promesses de rentes. L’ampleur de ces marges variera en fonction des risques liés à la composition de l’actif du régime. Un régime de retraite dont une proportion importante des fonds est placée en actions devra créer une marge de solvabilité cible plus élevée que celui dont les fonds sont placés dans des véhicules financiers aux rendements plus prévisibles.

Il faut voir la crise actuelle comme une occasion privilégiée pour tous les intervenants ( gouvernements, employeurs, syndicats, professionnels) de se retrousser les manches et d’apporter aux régimes de retraite les améliorations qui leur font cruellement défaut depuis trop longtemps.







LA CAISSE BLÂME LES NORMES COMPTABLES - MAUVAIS RENDEMENT
« Nous aurions un tout autre portrait s’il avait été possible d’évaluer ces placements en fonction de leur horizon de détention. »
La Caisse de dépôt et placement du Québec blâme les normes comptables pour expliquer une partie de ses mauvais rendements. En particulier, l’institution s’en prend à la règle d’évaluation des placements à la juste valeur (« mark-to-market » ), un concept critiqué en ces temps de crise.

Dans le rapport annuel rendu publ ic hier, l ’ ex-président Fernand Perreault rappelle que la Caisse est assujettie à des normes qui l’obligent à évaluer ses placements comme s’ils étaient mis en vente le 31 décembre – date de fin d’exercice – même dans un contexte de crise.
Les placements privés et les immeubles, par exemple, sont assujettis à de telles normes, même s’ils sont conservés à long terme.
« Nous aurions un tout autre portrait s’il avait été possible d’évaluer ces placements en fonction de leur horizon de détention », écrit M. Perreault, qui était PDG par intérim jusqu’à tout récemment, avant la nomination de Michael Sabia.
En 2008, la Caisse a présenté un rendement de -25%, ce qui équivaut à une perte de 39,8 milliards. Son rendement est de 6,6 points de pourcentage plus faible que ses indices de référence, ce qui situe la Caisse dans le dernier quartile des grandes caisses de retraite canadienne.
Selon M. Perreault, 56% des pertes de 39,8 milliards sont des moins-values non matérialisées ( pertes sur papier), soit 22,4 milliards.
Débat
Le débat sur l’évaluation à la juste valeur ( mark-to-market) a fait rage aux États-Unis ces derniers mois en raison de son impact sur les résultats. Au début avril, le Conseil financier des normes comptables (FASB) y a changé les règles, ce qui a permis aux banques américaines, par la suite, de présenter de meilleurs résultats.
Au Canada, le débat n’est pas terminé et à l’international, il n’est pas clair que l’International Accountant Standing Board ( IASB) suive la parade. Rappelons que ce sont les normes de l’IASB qui s’appliqueront au Canada à partir de 2011.
Dans son rappor t , la Caisse consacre deux pages à cette question des normes comptables. Selon les règles en vigueur au Canada, la Caisse est considérée comme une société de placement et non une caisse de retraite, comme Teachers’ ou Omers, par exemple. À ce titre, elle ne peut pas clas-
ser certaines catégories d’actif comme étant détenues jusqu’à l’échéance « comme ont pu le faire d’autres institutions financières », écrit la Caisse.
Les placements dans l’immobilier et les infrastructures ont donc dû été évalués à leur juste valeur marchande au 31 décembre. Comme le marché était inactif en cette période de crise, les règles exigent qu’on utilise une méthode qui prend en compte les entrées de fonds futures ramenées en valeurs actuelles en fonction des taux d’intérêt (actualisation des flux monétaires), explique la Caisse. Or, l’écart de taux d’intérêt ayant bondi avec la crise, la valeur actuelle a fondu.
Pour cette raison, les placements dans l’immobilier ou dans les infrastructures ont perdu 21,9% et 44,7%, respectivement, même si ces actifs produisent en 2008 des revenus similaires à ceux de 2007.
Scénarios extrêmes
Par a i l l eurs, Fernand Perreault indique que la crise du papier commercial PCAA et la crise financière de 2008 ont forcé l’organisation à revoir la gestion des risques face aux scénarios extrêmes.
En novembre 2008, la Caisse a lancé un ensemble de travaux de réflexion, dit M. Perreault. Au menu : la couverture de change, la gestion des liquidités, le recours au levier financier et la fixation des objectifs de rendements. Les recommandations issues de ces travaux seront mises en oeuvre en 2009.
Concernant le PCAA, rappelle l’ex-PDG, il a obligé la Caisse à adopter une politique qui exige que deux agences de notation évaluent tout instrument financier. Dans le cas du PCAA, une seule agence ( DBRS) avait accordé une cote à ce produit.



Toujours nécessaire  -  Madeleine Michaud
Il est dans l’intérêt des Québécois de tenir une commission d’enquête sur les pertes de la Caisse
De très nombreuses questions n’ont pu être posées
en commission parlementaire. Et les réponses obtenues ont été imprécises, voire contradictoires.
L’auteure est présidente de l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP). Elle réagit à l’éditorial d’André Pratte intitulé « La bonne idée de M. Parizeau », publié le 21 mai.
La commission parlementaire sur la Caisse de dépôt laisse une désagréable impression de manque de transparence qui empêche de connaître toute la vérité, estime Madelaine Michaud, présidente de l’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic.
Da ns son édi t o r i a l , M. Pratte a exprimé son désaccord à l’égard de notre demande de commission d’enquête por t ant sur les pertes historiques de 40 mi l l iards de dol lars de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Selon la loi, le gouvernement peut instituer une commission d’enquête « sur quelque objet qui a trait au bon gouvernement du Québec, sur la gestion de quelque partie des affaires publiques, sur l’administration de la justice ou sur quelque matière importante se rattachant à la santé publique ou au bien-être de la population » . Les commissions d’enquête ne sont donc pas réservées aux cas de malversations. C’est un outil qui est à la portée des représentants du peuple pour faire la lumière sur tout enjeu majeur d’intérêt public.
M. Pratte estime que l’on sait maintenant « l’essentiel » des causes des pertes de la Caisse en 2008. Nous sommes en désaccord fondamental avec cette affirmation plutôt étonnante. D’une part, de très nombreuses questions n’ont même pas pu être posées en commission parlementaire. D’autre part, les réponses obtenues ont été imprécises, voire contradictoires, comme sur la question de l’approbaune désagréable impression de manque de transparence qui nous empêche de connaître toute la vérité.
Le débat sur l’avenir de la Caisse doit être fait. De nombreux enjeux doivent être discutés, comme la représentation des retraités, la rémunération des gestionnaires ou les pratiques de communication de la Caisse. Mais ce débat doit être alimenté par une information juste et adéquate, qui identifierait notamment la responsabilité de chaque acteur impliqué dans le désastre de 2008. Sinon, comment s’assurer de ne pas répéter les mêmes erreurs ?
M. Pratte le dit lui-même : « Une partie de ces pertes tion de l’utilisation des PCAA par les déposants.
Pire, la presque totalité des témoins entendus ont tenté d’attribuer la responsabilité des pertes tantôt à d’autres intervenants, tantôt à des phénomènes théoriquement imprévisibles. D’autres témoins ont tenté de minimiser la portée de ces pertes historiques. L’ensemble laisse était inévitable, causée par l’effondrement des marchés. » C’est donc dire que l’autre partie de ces pertes était évitable ! Il serait dans l’intérêt de l’ensemble des citoyens du Québec que le gouvernement affecte les sommes nécessaires à la tenue d’une commission d’enquête sur les pertes historiques de la Caisse en 2008.





Une vision pour la Caisse -  FRANÇOIS LEGAULT
Dans sa mission, le développement économique du Québec doit être aussi important que la recherche de rendements
Le fragile équilibre entre la gestion saine et prudente du risque et la recherche de rendements a été rompu.
LL’auteur est député de Rousseau et porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances et d’économie. es pertes colossales de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont alarmé les Québécois et c’est pourquoi une commission parlementaire analyse présentement les raisons qui expliquent ce dérapage financier.
La Caisse de dépôt et placement est l’acteur financier le plus important au Québec.
Comme plusieurs, je crois que le fragile équilibre qu’une société de placements comme la Caisse doit toujours conserver entre la gestion saine et prudente du risque et la recherche de rendements a été rompu. Si cette situation regrettable découle de choix d’investissements mal avisés des dirigeants de la Caisse, je maintiens qu’elle découle également d’une vision à courte vue de ce que doit être le mandat de cette institution.
J’ai mentionné à maintes reprises dernièrement que compte tenu des résultats très décevants qui ont été dévoilés cet hiver, il est essentiel de revoir plusieurs façons de faire de l’institution afin d’endiguer la situation. Je réaffirme cette conviction.
Certains ont vu dans cette insistance une obsession peu avisée sur le plan économique, « une vision des années 60 ». Je propose plutôt une réflexion fondamentale sur la mission que doit avoir cette institution au XXIe siècle pour appuyer l’économie québécoise. Il s’agit après tout de l’acteur financier le plus important au Québec; il est bien normal que l’on s’assure de lui faire jouer le bon rôle.
Deux philosophies s’affrontent à ce sujet. La première postule que le Québec sera mieux servi si la préoccupation des gestionnaires de la Caisse est la poursuite du rendement maximal. Pour les tenants de cette école, les autres considérations sont de second ordre. On peut néanmoins résumer concrètement cette approche en disant qu’il suffit de comparer le rendement attendu d’un investissement à Londres par rapport à un investissement au Québec pour établir le gagnant.
Une deuxième philosophie, que je partage, place le développement économique du Québec au même titre que la recherche de rendements dans la mission de la Caisse.
Depuis sa création, la Caisse a le mandat de gérer les avoirs collectifs des Québécois. Cette mission centrale doit se poursuivre.
De plus, nos dirigeants politiques de toutes les allégeances ont conservé jusqu’à tout récemment la clairvoyance nécessaire afin que la Caisse appuie pleinement le parcours du Québec vers la maturité économique et financière. En effet, le premier ministre Jean Lesage a voulu que la Caisse de dépôt joue un rôle dans la protection des sièges sociaux. Le 9 juin 1965, il affirmait : « Supposons que, dans un cas précis, il soit essentiel de ne pas laisser aller la direction d’une entreprise passée à l’étranger. La Caisse de dépôt devra alors non pas assumer seule tous les risques de l’opération, mais constituer un groupe dont elle sera au besoin le pivot. Dans la mesure où son autorité morale sur le marché sera suffisamment établie, je ne vois pas pourquoi un tel groupe ne pourrait pas être constitué. »

Battons-nous à armes égales
Il faut outiller la Caisse pour favoriser la présence de sièges sociaux de grandes entreprises au Québec
Le Québec est plus fragile que les autres pays parce qu’il n’a pas une longue tradition
d’entrepreneurship.
(...) Il est indéniable que la présence de sièges sociaux de grandes entreprises au Québec est importante pour le développement économique. Ce sont ces entreprises qui tissent des liens et choisissent des fournisseurs et des professionnels (avocats, comptables, consultants, etc.) du Québec. Ce sont aussi ces entreprises qui vont choisir plus souvent de réaliser leurs projets de développement au Québec et d’offrir une vaste gamme d’emplois stimulants à nos citoyens.
En période de ralentissement économique, il est bon de se rappeler que des dirigeants d’ici, bien que soumis aux mêmes impératifs financiers que s’ils étaient à Seattle, vont plus facilement choisir d’épargner les établissements du Québec. Ne soyons pas naïfs, le vieil adage « loin des yeux, loin du coeur » s’applique aussi aux entreprises.
Nos collèges et universités produisent un bon nombre de diplômés de qualité, mais comment espérer les retenir chez nous si le Québec ne dispose pas d’entreprises dynamiques et stimulantes? Le Québec a fait des bonds prodigieux dans l’enseignement universitaire, mais pourra-t-il offrir des débouchés à la hauteur des aspirations des nouveaux diplômés s’il ne dispose pas d’une masse critique d’entreprises qui ont leurs assises chez nous? Pourquoi nos « meilleurs » voudraient-ils rester au Québec si notre économie s’étiolait au point où les décisions affectant nos entreprises et nos emplois se prenaient ailleurs ?
Plus personne ne peut prétendre que les Québécois soient dominés économiquement et, en ce sens, toutes les portes leur sont ouvertes. Depuis près de 40 ans, un Québécois peut devenir PDG d’une multinationale, tout en continuant à vivre au Québec et à contribuer à l’essor de notre société. Ce qui m’importe, c’est d’outiller le Québec et la Caisse pour que des investissements rentables permettent à nos futurs gestionnaires de continuer à pouvoir diriger une grande entreprise, ici, en français, plutôt que de devoir s’exiler pour y parvenir. Il faut poursuivre cette marche ascendante du Québec Inc. Mettre en place un outil financier qui lui permettra d’atteindre de nouveaux sommets. Pour le bien de nos entrepreneurs, de nos travailleurs et pour celui du Québec.
Le Québec ne vit toutefois pas en vase clos et il est tout à fait normal qu’à l’occasion, des entreprises d’ici passent aux mains de groupes étrangers. Inversement, il devrait être tout aussi normal que des entreprises d’ailleurs passent aux mains de gens d’ici et encore davantage que des entreprises d’ici restent aux mains de gens d’ici! À quand remonte la dernière grande acquisition étrangère québécoise? On ne compte pourtant plus les départs… Le Québec compte actuellement une quarantaine d’entreprises clés, des fleurons. Elles sont vulnérables à des prises de contrôle étrangères, en particulier avec la baisse du prix des actions des entreprises sur les marchés boursiers.
Le Québec est plus fragile que les autres pays à ce chapitre parce qu’il n’a pas une longue tradition d’entrepreneurship, ni un bassin important de fortunes familiales capables de maintenir la propriété québécoise de nos grandes entreprises.
Personne ne demande que l’on maintienne les canards boiteux sur le respirateur artificiel aux frais des Québécois. Depuis quelque temps, plusieurs souhaitent que le Québec crée davantage de richesse afin de pouvoir mieux la partager. J’en suis et c’est pourquoi il me semble qu’assurer la pérennité de centres décisionnels au Québec est un élément clé pour y arriver. À quoi bon faire l’éloge de la richesse si l’on ne prend pas tous les moyens pour la créer et la partager chez soi !
Le gouvernement du Québec et la Caisse ont le devoir d’exercer un leadership pour garder nos sièges sociaux au Québec. On ne pourra pas toujours gagner, mais il faut s’assurer de ne pas perdre par défaut.
Bien sûr, ce n’est pas uniquement par un leadership financier que l’on pourra maintenir et même accroître le nombre de sièges sociaux au Québec. C’est une véritable politique de développement économique qu’il faut mettre en place, avec tout ce que cela comporte comme investissements dans des secteurs clés comme l’éducation et la fiscalité des entreprises. Mais pourquoi se priver d’outils que d’autres utilisent? Battons-nous à armes égales.






Une « erreur » profitable  -  Pierre-Karl Peladeau
L’investissement de la Caisse dans Vidéotron a généré des milliers d’emplois et de la richesse pour l’économie québécoise
Quelle erreur d’avoir permis au Québec de conserver un de ses trop rares sièges sociaux.
L’auteur est président et chef de la direction de Quebecor inc. Il réplique à une chronique d’Alain Dubuc. M. Dubuc, c’est avec intérêt que j’ai pris connaissance de votre chronique intitulée « Les maîtres de l’univers », publiée dans l’édition du 20 mai de La Presse.
Si j e prends l a plume aujourd’hui, c’est parce que j’estime que le rapprochement que vous faites entre l’investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans la prise de contrôle de Vidéotron en 2001 et les achats massifs de papiers commerciaux faits par la même institution en 2007 et 2008 est aussi injustifié qu’erroné. Comme s’il ne vous avait pas suffi de qualifier l’achat de Vidéotron « d’autre grande erreur » de la Caisse, vous avez été jusqu’à affirmer que cette transaction avait provoqué des pertes se chiffrant en milliards de dollars pour le bas de laine des Québécois. Or, c’est faux.
Ce qui est toutefois le plus choquant, c’est le parallèle que vous tracez entre un investissement dans des outils financiers purement spéculatifs et des investissements dans une entreprise québécoise qui crée de l’emploi au Québec et qui y réinjecte la majeure partie de ses revenus!
Quelle erreur, en effet, d’avoir permis au Québec de conserver unde ses trop rares sièges sociaux, un endroit où les décisions sont prises par des Québécois qui ont à coeur d’offrir le meilleur à leurs clients québécois.
Quelle erreur, également, d’avoir permis le développement d’une expertise en ingénierie et en technologie de l’information unique au Québec, d’y préserver des milliers d’emplois et d’en créer 3000 de plus, faisant ainsi de Quebecor Media le troisième plus important créateur d’emplois au Québec en 2007. C’est par la richesse qu’elle a su créer que notre entreprise, qui a vu son bénéfice d’exploitation (BAIIA) pratiquement doubler en sept ans, passant de 525 millions de dollars en 2002 à 1,1 milliard en 2008, a pu créer de l’emploi et injecter des sommes importantes dans l’économie.
Quelle erreurdonc, justement, de laisser Vidéotron investir chaque année des centaines de millions de dollars au Québec, pour un total qui dépasse 1,5 milliard depuis cinq ans. Je serais aussi curieux de savoir si les centaines d’organismes sans but lucratif et communautaires qui bénéficient de notre soutien année après année considèrent, comme vous, que le fait d’avoir gardé entre les mains d’intérêts québécois un des fleurons du monde des affaires d’ici constitue une erreur.
Est-ce aussi une erreur si près de 900 000 foyers québécois ont – enfin! – pu bénéficier de meilleurs prix et de plus de choix en matière de téléphonie grâce à la concurrence que Vidéotron a su amener après des décennies de régime monopolistique?
Devrions-nous reconsidérer notre intention de faire preuve, une deuxième fois, du même esprit d’innovation et de faire bénéficier les consommateurs des bénéfices d’une réel le concurrence dans le domaine des communications sans fil, secteur dans lequel nous investirons près de 1 milliard et créerons 1000 nouveaux emplois?
Pour votre gouverne, apprenez en outre que si Vidéotron était passée aux mains de Rogers, ce n’est pas d’un accès de 50 mgbits/sec comme celui que Vidéotron offre dans plus de 100 municipalités au Québec que nos concitoyens bénéficieraient, mais plutôt d’un accès à 18 mgbits/sec.
Comme entrepreneur et dirigeant d’entreprise, je ne peux reprocher à Rogers d’avoir fermé le siège social de Microcell à Montréal et de l’avoir vidé de ses forces vives pour les rapatrier en Ontario après l’acquisition de Fido. Mais je ne peux m’empêcher, non plus, de penser que c’est ce qui ce serait produit si Vidéotron était tombée aux mains du câblodistributeur ontarien au début des années 2000.



À l’ombre de Jean Lesage? -  Alain Dubuc
Peut-on, plus de 40 ans plus tard, ressortir Jean Lesage des oubliettes pour s’en servir comme guide dans notre réflexion sur le rôle et lamission de la Caisse?
COLLABORATION SPÉCIALE
François Legault a fait référence à Jean Lesage – père de la Révolution tranquille et de la Caisse de dépôt – en commission parlementaire cette semaine.
De toutes les envolées auxquelles le débat sur la Caisse de dépôt a donné lieu, les plus farfelues ont été les références à Jean Lesage et les spéculations sur ce qui aurait été sa vision sur la mission de cette grande institution.
Jean Lesage a été un grand premierministre. C’est le père de la Révolution tranquille. L’une de ses grandes initiatives, dont nous profitons toujours, fut la création de la Caisse de dépôt, avec de jeunes loups comme Jacques Parizeau. Mais c’était en 1965.
Peut-on, plus de 40 ans plus tard, ressortir Jean Lesage des oubliettes pour s’en servir comme guide dans notre réflexion sur le rôle et la mission de la Caisse? C’est ce qu’a fait François Legault, critique péquiste en matière de finances, en commission parlementaire cette semaine. La lecture des discours de M. Lesage l’a amené à conclure que, pour le père de la Révolution tranquille, la Caisse avait une double mission: le rendement des actionnaires, mais aussi le soutien au développement économique du Québec. Et qu’il croyait que la Caisse pourrait empêcher une entreprise québécoise de passer à l’étranger. Un argument massue: vous voyez, la Caisse doit empêcher le départ des sièges sociaux. C’est Jean Lesage qui l’a dit!
En 50 ans, le monde financier s’est profondément transformé et les enjeux de développement économique ne peuvent plus se poser dans les mêmes termes. On ne peut pas définir la mission et la stratégie d’une société d’État avec la même grille qu’au moment de sa création.
Ces références au passé ne sont pas un accident. Elles s’inscrivent dans une culture où l’on a eu tendance à sacraliser tout ce qui émane de la Révolution tranquille. Cela mène à une approche presque religieuse du développement économique. Peut-on créer de la richesse en regardant en arrière?
Les références à Jean Lesage ont également des connotations partisanes. Elles permettent de mettre les libéraux d’aujourd’hui en contradiction avec ceux d’hier. Et surtout d’affirmer que, dans les faits, les authentiques héritiers de la Révolution tranquille se retrouveraient maintenant dans le camp péquiste.
Mais il y a autre chose. Ces références aupassé servent à rappeler nos racines, nos traditions et les considérations de nature identitaire qui ont mené à la création de la Caisse de dépôt. Et de rappeler du même coup que le nouveau PDG de la Caisse, Michael Sabia, ne s’inscrit pas dans cette tradition. Pas tant par ce qu’il est un anglophone que parce qu’il est un outsider, qui n’appartient pas au réseau tissé serré duQuébec inc., qu’il n’a pas la fibre nationaliste qu’exigerait sa fonction. En fait, c’est la première fois depuis presque 20 ans que le patron de la Caisse ne provient pas de la mouvance souverainiste.
Le débat sur la nomination de M. Sabia a ainsi porté sur ses convictions, plutôt que sur ses compétences, ce qui a mené à des dérives gênantes, notamment en forçant le patron de la Caisse a faire une profession de foi dans un climat d’inquisition qui avait un je-ne-saisquoi de stalinien. C’est l’ex-premier ministre Parizeau qui est allé plus loin sur cette voie: « C’est le Conseil privé, c’est-à-dire Ottawa qui met la main sur la Caisse… la puissance de la Caisse vient de changer de main. » Une accusation simpliste qui nous rappelle que la corrélation entre l’âge et la sagesse n’est pas absolue.
La morale de l’histoire? Laissons donc Jean Lesage dormir en paix. Les débats pointus sur les nuances dans la formulation de la mission de la Caisse nous font oublier l’essentiel: la bonne performance de la Caisse et la compétence de ses dirigeants.


Une fois l’an, la Caisse devra s’expliquer devant les députés
L’opposition dénonce les mesures de contrôle annoncées par le ministre des Finances
— La Caisse de dépôt devra désormais, chaque année, venir expliquer en commission parlementaire ses résultats, après la publication de son rapport annuel, a annoncé hier le ministre des Finances, Raymond Bachand.
Le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a annoncé hier devant l’Assemblée nationale ses mesures de contrôle pour éviter en 2009 la répétition du bilan catastrophique de la Caisse de dépôt.
En clôture de la commission parlementaire destinée à lever le voile sur les résultats catastrophiques de la Caisse en 2008, M. Bachand a annoncé une série de mesures pour éviter la répétition de l’année désastreuse où la CDP a perdu 40 milliards. Il n’a pas été tendre à l’endroit de la Caisse, souhaitant qu’elle soit « plus prudente à l’avenir ».
En début de soirée quand les journalistes lui ont demandé si des sanctions allaient être prises à l’endroit des dirigeants qui avaient perdu 40 milliards, le ministre Bachand a hésité, puis rappelé que beaucoup d’entre eux avaient quitté leur poste, depuis le désastre.
Pour le critique péquiste aux Finances, François Legault, les 34 heures de commission parlementaire se « terminent en queue de poisson », sur des propositions « minimalistes » du gouvernement. « On ne change pas la loi sur la Caisse, le gouvernement a changé l’équipe Brunet-Rousseau par celle de Tessier-Sabia. Il leur a donné les clés de l’auto et a allumé des lampions en espérant qu’ils ne rentrent pas dans le mur. »
Selon François Legault, Québec devrait demander au vérificateur général de se pencher sur ce qui s’est passé dans l’achat de papier commercial. Un comité d’experts indépendant devrait revoir les politiques de placement, ajoute-t-il. Finalement, le sous-ministre aux Finances devrait retrouver sa place au conseil d’administration de la Caisse. « M. Bachand était ouvert à cette idée, Mme Jérôme-Forget aussi, mais Jean Charest ne veut surtout pas savoir ce qui se passe à la Caisse », a lancé le péquiste. Aussi, selon M. Legault, la commission aurait dû entendre Luc Verville et Nicolas Deblois, les deux employés de la CDP responsables de l’achat des papiers commerciaux. « Ce qui s’est passé entre le 3 et le 10 août 2007, ce n’est pas ce qui m’intéresse », a rétorqué M. Bachand.
Pour l’adéquiste François Bonnardel, il est clair que tous les déposants avaient « mis des lunettes roses » et tenté d’atténuer les faits qui auraient pu alarmer les contribuables. La commission se révèle être « un pétard mouillé ».
Selon l’adéquiste de Shefford, la Caisse devrait être scindée pour réduire le risque: « Est-ce qu’on confie 120 milliards au même homme », a demandéM. Bonnardel. Les propositions du ministre hier « sont plutôt minimales, ridicules », quatre heures de comparution sont un contrôle bien léger compte tenu des montants en cause, a-t-il ajouté.
Le ton est vite devenu acrimonieux hier entre MM. Bachand et Legault. Le ministre a accusé le péquiste de dénaturer sans vergogne ses déclarations. M. Legault n’a pas été plus tendre et a piqué davantage son adversaire, après avoir été traité de « xénophobe » par M. Bachand: « C’est cette personne qu’on a comme ministre! » a laissé tomber M. Legault.
Plus de contrôles
Le ministre Bachand a affirmé que les changements apportés à la loi de la Caisse en 2004 n’ont pas augmenté le risque pour le bas de laine des Québécois. En revanche, ceux adoptés en 1997 sous Lucien Bouchard, quand Bernard Landry était ministre, ont augmenté l’exposition de la Caisse au marché immobilier – un trou de 4 milliards cette année – et à de nouveaux produits financiers, comme les papiers commerciaux adossés à des actifs.
Parmi la série de mesures annoncées hier par M. Bachand, en plus d’une comparution annuelle, Québec demandera à la Caisse de déposer tous les trois ans « un plan d’orientation exposant sa vision et ses priorités ». La première version de ce plan devrait être disponible en 2010.
Chaque année, la Caisse devra également aussi présenter un rapport distinct sur sa gestion du risque, un problème important reconnu en commission parlementaire par le nouveau président, Michael Sabia.
La Caisse devra déposer aussi, l’an prochain, un rapport sur sa politique de rémunération. La prime de départ versée à HenriPaul Rousseau, plus de 400000$, a alimenté la controverse.
Finalement, le gouvernement demande à la Caisse d’être plus précise dans son rapport annuel sur la façon dont elle a respecté son obligation de participer au développement économique du Québec.

 
Déboires de la Caisse de dépôt - Charest ne veut pas d’enquête
QUÉBEC— Une enquête sur les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec ne servirait que les intérêts partisans de l’opposition, a soutenu le premier ministre Jean Charest, hier.
Du même souffle, M. Charest a repoussé du revers de la main la proposition péquiste de créer un comité d’experts « non partisans » pour revoir les règles prudentielles et le mandat du « bas de laine » des Québécois. Le premier ministre a justifié son double refus en mettant en doute la pureté des intentions de la chef péquiste.
« On le sait, la chef de l’opposition officielle voudrait que le PQ ait les deux mains dans la gestion de la Caisse de dépôt et placement du Québec », a-t-il avancé, au cours des échanges en Chambre. Selon le premier ministre, la commission parlementaire spéciale de 30 heures qui s’est terminée mardi a permis de tirer les leçons adéquates pour la suite des choses.
Pour Pauline Marois, ces auditions publiques n’ont certainement pas permis de lever le voile sur les causes de la catastrophe financière. Comme L’ADQ, elle croit qu’une enquête du vérificateur est nécessaire pour identifier la chaîne d’événements qui a conduit la Caisse à perdre 10 milliards de plus que les institutions comparables l’an dernier.



Les Canadiens abandonnent leur téléphone traditionnel
TORONTO — De plus en plus de Canadiens pourraient abandonner leur téléphone t raditionnel au profit de leur cellulaire, poursuivant une tendance qui risque d’aller en s’accélérant au fur et à mesure que de nouveaux acteurs arriveront sur le marché de la téléphonie sans fil avec des offres alléchantes.
L’Association canadienne des télécommunications sans fil révèle qu’à la fin de l’an dernier, 21,5 millions de Canadiens utilisaient un téléphone cellulaire, ce qui correspond à une pénétration nationale de 67% pour ce service.
Rogers Communications, qui offre les services Fido et Rogers, propose déjà des for f a i t s qui ciblent les utilisateurs qui souhaitent renoncer à leur ligne terrestre, a indiqué hier le président de Rogers sans fil, Rob Bruce.
« Je crois qu’il y aura des occasions de croissance énormes du point de vue du sans-fil », a-ti l i ndiqué dans le cadre de la conférence annuelle organisée par BMO Marché des capitaux à l’intention des acteurs des secteurs des médias et des télécommunications, à Toronto.
Selon M. Bruce, environ 9 % des clients Fido à l’échelle nationale ont abandonné leur ligne terrestre et plutôt opté, par exemple, pour un forfait qui offre 2000 minutes par mois pour 40 $.
« Nous croyons que c’est une tendance qui continuera à s’accélérer, surtout en raison de la prolifération des forfaits », a-t-il ajouté.
M. Bruce croit que les nouveaux acteurs qui se lanceront sur le marché au cours des prochains mois i nciteront les consommateurs à se départir de leur ligne terrestre.
« D’après ce que je peux voir des nouveaux acteurs, je pense qu’ils vont arriver avec des forfaits qui i nciteront bien des consommateurs à délaisser leur ligne terrestre et à adopter le sans-fil comme substitut », a dit M. Bruce.
Jean-François Pruneau, viceprésident au x finances de Vidéotron, qui est propriétaire d’un de ces nouveaux acteurs, a expliqué à la conférence que les consommateurs f i niraient par n’avoir qu’un téléphone sans fil.
Le réseau sans fil de Vidéotron dev r a i t ê t r e e n f o nc t i o n a u deuxième trimestre de 2010, a-t-il précisé.
L’Association canadienne des télécommunications sans fil révèle qu’à la fin de l’an dernier, 21,5 millions de Canadiens utilisaient un téléphone cellulaire, ce qui cor respond à une pénétration nationale de 67 % pour ce service.
Dans les grands centres urbains, le taux de pénétration serait de près de 80 %, ajoute l’association.

Infrastructures : Un boom au-delà de la relance ?  -  Philippe Mercure
Fatigués d’entendre parler de grands projets d’infrastructure ? Vous en avez peut-être encore pour longtemps. Parce que selon les analystes, le boom risque de durer bien au-delà du coup d’accélérateur donné par les gouvernements pour dégeler l’économie. Et avis aux investisseurs : ça pourrait vouloir dire des occasions de placement.
« Même lorsque les mesures de relance disparaîtront avec le retour à la normale de l’économie mondiale, une conjonction de forces contribuera à favoriser les dépenses d’infrastructure sous toutes ses formes », écrit la banque UBS dans un rapport publié hier.
Les raisons de ce boom prolongé sont simples : les infrastructures des pays développés arrivent en fin de vie et requièrent d’importants investissements, tandis que celles des pays en voie de développement restent encore à être érigées pour soutenir la croissance démographique et économique.
« Est-ce que l’infrastructure va continuer ? Absolument, c on f i r me Benoî t Ca r on , a nalyste en i ngénierie et infrastructure à la Financière Banque Nationale. Après les quelques années de stimulus, on n’aura pas fait 20 % de ce qui est à faire. Quand les édifices s’écroulent, quand les conduits d’eau pètent, quand le béton tombe du Marriott sur les gens et que les ponts s’affaissent au Québec, au Minnesota et en Ontario, ça veut dire qu’il faut faire quelque chose. »
La question à plusieurs milliards de dollars est évidemment la suivante : quand les gouvernements endettés cesseront d’injecter l’argent à grands coups de milliards, qui le fera ?
UBS fait le pari que le privé prendra le flambeau.
« Le secteur privé semble disposé à prendre la place des États à court de financement afin d’assurer la construction des infrastructures indispensables, écrit la banque suisse. La vente ou la concession d’actifs devraient se généraliser pour limiter la hausse de l a dette et t rouver du financement. » 
Carlos Leitao, économiste à la Banque Laurentienne, apporte toutefois un bémol.
« Il y a quand même eu un changement important qui a eu lieu il y a un an exactement, et c’est un choc financier majeur. Ça a changé les façons de se financer. Avant septembre 2008, on trouvait du financement facilement. Je ne suis pas sûr que ce sera le cas dans les années à venir pour les infrastructures, même si les besoins sont criants. »
Benoît Ca ron, de la Nationale, souligne qu’au Québec en particulier, les entreprises ont très peu d’intérêt à investir pour construire une route entre Chibougamau et le Lac-Saint-Jean. Ce sont encore les fonds publics qui devront s’en acquitter.
L’analyste note à ce sujet un écart entre le pouvoir de taxation des municipalités (8 % de l’assiette fiscale) et du budget d’infrastructure dont elles doivent s’acquitter (52 % selon ses chiffres). « Il va y avoir des changements au niveau de la t a xation, c’est pratiquement inévitable », dit-il.
UBS souligne qu’une vague prolongée d’investissements en i nfrastructure amènera d’intéressantes opportunités de placement. Benoît Caron, de la Financière, souligne l’existence des fonds communs e n i n f r a s t r uc t u r e . « Ça offre un panier de 30 à 50 compagnies dans le domaine », dit-il.
« Une compagnie comme SNC-Lavalin, ce n’est pas demain matin que ça va arrêter, les contrats, dit-il aussi. De toutes les compagnies que j e couvre, SNC est la société qui a les tentacules les plus longues et les plus diversifiées à travers la planète pour donner une exposition à l’infrastructure. »
Denis Durand, a s s ocié principal chez JarislowskyFraser, note cependant qu’il y a « peu de représentation de l’infrastructure sur le marché boursier canadien ». Il mentionne des noms comme le géant f rançais Lafarge, inscrite sur Euronext Paris, ou la firme américaine Fluor, dont le titre se négocie à la Bourse de New York.

Le Dow Jones à la Bourse de Toronto
« Notre fonds Dow Jones négocié en Bourse comporte plusieurs avantages, dit Atul Tiwari, premier vice-président chez BMOGestion d’actifs. Il est couvert contre les fluctuations du dollar canadien et son traitement fiscal est plus avantageux que le fonds Dow Jones acheté à la Bourse de New York. »
Plus de 113 ans après sa création, le célèbre indice boursier américain Dow Jones traverse enfin la frontière canadienne.
Hier, le Dow Jones a fait son entrée sur les marchés boursiers canadiens comme fonds indiciel négocié à la Bourse de Toronto. Lancé par la Banque de Montréal , le fonds BMO Dow Jones Diamonds Index reproduit l’indice boursier créé en mai 1896 par le journaliste Charles Dow, qui voulait mieux suivre les marchés boursiers. Encore aujourd’hui, cette moyenne – qui regroupe 30 blue chips américains – est la plus suivie au monde.
Jusqu’à hier matin, les investisseurs canadiens qui voulaient acheter l ’ indice Dow Jones avaient deux options: un fonds en dollars américains négocié à la Bourse de New York ou un fonds commun de la Banque TD.
BMO offre maintenant une troisième option: un fonds en dollars canadiens négocié directement à la Bourse de Toronto.
À la fermeture hier, le fonds de BMO s’échangeait à 15,45 $ l’unité, soit une fraction des 8750 points de l’indice Dow Jones. Hier, le Dow Jones a gagné 0,86%, ou 75 points.
« Notre fonds Dow Jones négocié en Bourse comporte plusieurs avantages, dit Atul Tiwari, premier vice-président chez BMO Gestion d’actifs. Il est couvert contre les fluctuations du dollar canadien et son traitement fiscal est plus avantageux que le fonds Dow Jones acheté à la Bourse de New York. »
Côté frais de gestion, le fonds négocié en Bourse de BMO (0,24%) est moins cher que le fonds commun de TD (0,84%). Il faut toutefois ajouter des frais de transaction pour un fonds négocié en Bourse comme le BMO Dow Jones Diamonds Index.
Plusieurs sous-indices Dow Jones se négociaient déjà à la Bourse de Toronto, mais pas l’indice principal ( Dow Jones Industrial Average) qui constitue la moyenne des 30 titres industriels américains les plus importants.
Signe des temps, le Dow Jones Industrial Average a procédé à deux changements en début de semaine, évinçant ainsi le constructeur automobile en faillite GM et la financière Citigroup. Un seul titre du Dow Jones faisait partie de l’indice Dow Jones lors de sa création le 28 mai 1896 : General Electrics (GE).
Outre l’indice industriel Dow Jones, BMO Groupe Financier a lancé hier trois autres fonds indiciels négociés à la Bourse de Toronto: un fonds d’obligations canadiennes, un fonds d’actions américaines et un fonds d’actions canadiennes Dow Jones. Il s’agit des premiers fonds négociés en Bourse de BMO.
La famille des fonds négociés en Bourse de BMO s’agrandira bientôt. Au cours de l’été, BMO lancera trois nouveaux fonds indiciels: un fonds d’actions de pays émergents, un fonds d’actions internationales et un fonds d’actions internationales axées sur les infrastructures.
BMO veut concurrencer les firmes comme Barclays (iShares), BetaPro ( Horizons) et Claymore, qui ont déjà des fonds négociés à la Bourse de Toronto. Selon la firme Investors Economics, la valeur des fonds négociés en Bourse passera de 20 milliards à 105 milliards au Canada d’ici 2016.



QUÉBEC VA DE L’AVANT, MALGRÉ LES HAUTS CRIS DES AGRICULTEURS  -  Maxime Bergeron
Ma lgré l ’ o pposi t i o n virulente de milliers d’ag r i c u l t e u r s qui ont manifesté cette semaine dans les rues de la métropole, Québec a entériné hier un nouveau chapitre controversé de l’Accord sur le commerce intérieur (ACI).
Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a ratifié l’entente en compagnie de ses homologues des autres provinces, pendant une conférence à Whitehorse, au Yukon. Cette modification à l’ACI vise à empêcher « le recours à des mesures déraisonnables risquant de nuire à la libre circulation des produits agricoles à travers le Canada», selon le Conseil de la fédération.
Or, les agriculteurs québécois ne voient pas du tout les choses sous un angle favorable. Selon eux, le nouvel accord risque carrément de tuer la spécificité de l’industrie agroalimentaire d’ici. Les normes sévères d’étiquetage et de composition des produits en vigueur au Québec pourront être contestées beaucoup plus facilement, avance Christian Lacasse, président de l’ Union des producteurs agricoles ( UPA).
Le nouvel accord risque par exemple de compromettre la certification biologique accolée aux produits bios québécois, dit le leader de l’UPA. «C’est la certification la plus stricte en Amérique du Nord. C’est clair que cette norme-là, si l’accord est signé, elle ne fera pas long feu et sera fortement contestée.»
Selon Christian Lacasse, les règles serrées qui régissent le secteur agroalimentaire québécois pourraient désormais être considérées comme des « entraves au commerce» par les autres provinces et faire l’objet de sanctions. À terme, plusieurs normes de qualité seront abolies, ce qui provoquera un « nivellement vers le bas», croit-il.
Silence des élus
L’UPA, tout comme la porteparole péquiste en matière d’agriculture, Marie Bouillé, dénoncent que le nouveau chapitre sur l’agriculture n’ait pas fait l’objet d’un débat en commission parlementaire. Les producteurs affirment aussi avoir demandé plusieurs fois à s’entretenir avec le ministre de l’Agriculture, Claude Béchard, sans succès.
Le ministre Béchard a refusé de parler à La Presse Affaires, hier. I l était dans son comté toute la journée, à Kamouraska-Témiscouata, où «le cellulaire ne se rend pas pa r t out » , s elon s on at t aché de presse Pascal D’Astous.
Le ministre Clément Gignac, qui était à Whitehorse à la Réunion du Comité du commerce intérieur où le nouveau chapitre de l’ACI a été entériné, n’a pas non plus voulu répondre à nos questions.
L’at t ac hé de presse de Claude Béchard a toutefois tenu à défendre le bien-fondé de l’entente ratifiée hier. Selon lui, les agriculteurs québécois seront gagnants sur toute la ligne. « Les possibilités de contestation étaient déjà là. Le gain obtenu est pas mal plus grand que les désavantages potentiels.»
Olivier d’Astous affirme que le Québec demeurera maître à 100% de son industrie agroalimentaire et n’aura pas à abdiquer de pouvoirs aux autres provinces. L’ACI revu et corrigé viendra au contraire protéger le système de gestion de l’offre actuelle, comme l’a fait affirmé le Conseil de la fédération dans un communiqué du 7 août dernier, ajoute-t-il.
«Ça veut dire qu’on ne peut remettre en question le système de gestion de l’offre au Canada, donc le lait, les oeufs, tout ce qui est sous gestion de l’offre, est protégé, a-t-il dit. Aucune province canadienne ne peut arriver et remettre cela en question.»
M. D’Astous soutient par ailleurs que le nouveau chapitre sur l’agriculture de l’ACI facilitera les exportations des producteurs d’ici vers les autres provinces. Ce que réfute le président de l’UPA, qui n’y voit absolument aucun avantage. «Le nouvel accord ne changera rien à ça», a-t-il lancé.

Le secteur bioalimentaire québécois a exporté pour 5,8 milliards de dollars de biens vers les autres provinces canadiennes en 2008, tandis que ses importations ont atteint 6,6 milliards. Sa balance commerciale était négative de 768 millions, plus du double de l’année précédente.

CE QU’EN DISENT LES OPPOSANTS
LA FIN DE LA SPÉCIFICITÉ QUÉBÉCOISE
La signature du nouveau chapitre sur l’agriculture de l’Accord sur le commerce intérieur (ACI) viendra tuer la spécificité de l’agriculture québécoise, selon le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse. Pourquoi ? En vertu de la version modifiée de l’ACI, des entreprises ou gouvernements d’autres provinces pourraient contester la légitimité des normes d’étiquetage ou de composition des produits en vigueur au Québec. La province applique des standards très sévères à cet égard — notamment en ce qui a trait aux aliments bio —, mais elle pourrait être forcée de les « niveler vers le bas », selon M. Lacasse.
MANQUE DE TRANSPARENCE
Le processus de négociation du nouveau chapitre sur l’agriculture a été discuté « derrière des portes closes », dénonce la députée d’Iberville et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, Marie Bouillé. Par son manque de transparence, le gouvernement n’a pas fait la démonstration du bien-fondé de l’Accord, dit-elle en somme. « La semaine dernière, les députés libéraux ont refusé de discuter du contenu du projet d’Accord en commission parlementaire. Ce faisant, ils nous font craindre le pire. Quand on ne veut pas montrer les textes, c’est que le gouvernement cache quelque chose aux agriculteurs et aux consommateurs québécois », écrivait cette semaine Mme Bouillé dans un communiqué.
PPROVISIONNEMENT LOCAL MENACÉ
L’approvisionnement prioritaire des abattoirs québécois en porcs du Québec pourrait être contesté par des producteurs d’autres provinces. Ceux-ci pourraient faire valoir qu’il s’agit d’une entrave au commerce interprovincial, affirment Christian Lacasse, de l’UPA, Marcel Groleau, président de la Fédération des producteurs de lait, et Denis Falardeau, de l’ACEF, dans une lettre ouverte au de Chicoutimi.
PERTE DE POUVOIRS DE L’ÉTAT QUÉBÉCOIS
Québec « s’apprête à vendre unilatéralement sa capacité de légiférer et de réglementer dans le domaine de l’alimentation, et ce, sans une seule étude d’impact », font aussi valoir les signataires dans le Quotidien. La FTQ estime pour sa part que Québec est prêt à « brader les pouvoirs de l’Assemblée nationale, ainsi que plus de 50 ans de pratiques agricoles au Québec ».
UN CONSENSUS INSUFFISANT
Le consensus obtenu le 7 août dernier par le Conseil de la fédération, qui exclut le système de gestion de l’offre de l’ACI, ne sera pas suffisant pour bien protéger les droits des agriculteurs québécois, selon l’UPA.

CE QU’EN DISENT LES PARTISANS
UNE BAISSE DES PRIX POUR LES CONSOMMATEURS
Si la réglementation d’une province empêche les produits fabriqués ailleurs au Canada d’être vendus sur son territoire, le consommateur est forcément perdant, parce qu’il a accès à moins de producteurs, explique David Descôteaux, économiste à l’Institut économique de Montréal. Inversement, si les produits fabriqués ailleurs peuvent être vendus au Québec, l’augmentation de l’offre fera baisser les prix et le consommateur en profitera, selon lui. Les normes de fabrication d’un aliment et les règles d’étiquetage sont souvent une façon de protéger un marché contre la concurrence, au détriment des consommateurs.
N MARCHÉ PLUS GRAND POUR LES PRODUITS QUÉBÉCOIS
Si les produits fabriqués ailleurs au Canada peuvent être vendus plus facilement au Québec, il en sera de même pour les produits québécois, qui seront disponibles sur un plus grand marché. C’est un avantage certain, reconnaît le porte-parole d’Agropur, Jean Brodeur. Coopérative appartenant à plus de 3000 producteurs laitiers, Agropur transforme le lait du Québec en yogourts et en fromages de marques aussi connues que Sealtest, Oka et Yoplait. Pour les producteurs québécois, la condition essentielle pour profiter de ce plus grand marché est l’adoption de normes de qualité élevées et non l’inverse. « Si les producteurs des autres provinces n’ont pas les mêmes exigences de qualité à respecter, ils pourront arriver sur le marché à un prix inférieurs et nous serons perdants », tempère-t-il.
GAGE DE QUALITÉ
Les producteurs québécois craignent un nivellement par le bas des normes de qualité des produits alimentaires et à plus long terme, une dégradation de l’assiette des Québécois. Ce scénario catastrophe n’est pas inévitable, estime Jean-Michel Laurin, économiste et vice-président des Manufacturiers et exportateurs du Canada. Les consommateurs sont de plus en plus informés sur ce qu’ils mettent dans leur assiette et les producteurs québécois ont des produits intéressants et ils ont les moyens faire valoir la qualité de leurs produits autrement qu’en empêchant la vente de produits fabriqués ailleurs, explique-t-il. En Europe, la libéralisation des échanges n’a pas compromis les standards de qualité des produits agricoles, qui restent parmi les plus élevés au monde, illustre-t-il.
SSURER L’AVENIR
Le Canada, pays qui vit de ses exportations, ne peut pas continuer de négocier des accords de libre-échange avec d’autres pays souverains sans assurer la libre-circulation des biens et services à l’intérieur de ses frontières. « C’est aberrant de voir autant de barrières qui nuisent au commerce interprovincial quand on signe des ententes internationales de libre-échange », souligne Jean-Michel Laurin. L’Accord de commerce interprovincial, même s’il est décrié par les producteurs agricoles québécois, ne va pas assez loin au goût de certaines provinces, qui ont résolu de faire un pas de plus vers la libéralisation de leur commerce, ajoute-t-il. C’est le cas de la Colombie-Britannique avec l’Alberta, et du Québec avec l’Ontario.



CSeries Washington interroge Ottawa  -  Marie Tison
Incité par Boeing, Washington a communiqué avec Ottawa pour vérifier si l’aide gouvernementale canadienne accordée à Bombardier pour le développement de la CSeries respectait les règles internationales du commerce.
« Les représentants du gouvernement des États-Unis ont soulevé des questions lors des rencontres bilatérales avec les représentants du gouvernement du Canada concernant l ’ i nvestissement du gouvernement du Canada dans le programme CSeries », a déclaré à La Presse Affaires hier une porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.
Elle a soutenu que l’investissement du Canada dans ce programme respectait ses obl i gations commercia l es internationales.
Pour développer la CSeries, Bombardier pourra bénéficier d’un investissement remboursable de 350 millions de dollars du gouvernement canadien, de 118 millions du gouvernement québécois et de 134,37 millions de livres du gouvernement britannique.
Boeing avait pris contact avec l’administration Bush peu de temps après le lancement de la CSeries, en juillet 2008, parce qu’elle craignait que cette aide gouvernementale ne viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le temps n’a pas atténué ses inquiétudes et elle est repassée à l’attaque lorsqu’une nouvelle équipe a pris le pouvoir à Washington.
« Nous avons soulevé la question avec l’administration Obama, a déclaré Tim Neale, directeur des communications de Boeing Avions commerciaux à Washington, DC. , en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Notre but, c ’e s t de vous assurer que tous les concurrents soient sur le même pied d’égalité. »
M. Neale a rappelé qu’il appartenait à Washington de vérifier si les autres gouvernements suivaient les règles internationales.
« C’est pour cela que nous avons parlé à notre propre gouvernement, a f i n de le sensibiliser et de l’amener à poser les bonnes questions. »
Avant de déposer u ne plainte auprès de l ’ OMC, un gouvernement cherche d ’ a bord à d i s c uter avec le gouvernement apparemment fautif. 
Incité par Boeing, Washington a communiqué avec Ottawa pour vérifier si l’aide gouvernementale canadienne accordée à Bombardier pour le développement de la CSeries respectait les règles internationales du commerce.
« Les représentants du gouvernement des États-Unis ont soulevé des questions lors des rencontres bilatérales avec les représentants du gouvernement du Canada concernant l ’ i nvestissement du gouvernement du Canada dans le programme CSeries », a déclaré à La Presse Affaires hier une porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.
Elle a soutenu que l’investissement du Canada dans ce programme respectait ses obl i gations commercia l es internationales.
Pour développer la CSeries, Bombardier pourra bénéficier d’un investissement remboursable de 350 millions de dollars du gouvernement canadien, de 118 millions du gouvernement québécois et de 134,37 millions de livres du gouvernement britannique.
Boeing avait pris contact avec l’administration Bush peu de temps après le lancement de la CSeries, en juillet 2008, parce qu’elle craignait que cette aide gouvernementale ne viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le temps n’a pas atténué ses inquiétudes et elle est repassée à l’attaque lorsqu’une nouvelle équipe a pris le pouvoir à Washington.
« Nous avons soulevé la question avec l’administration Obama, a déclaré Tim Neale, directeur des communications de Boeing Avions commerciaux à Washington, DC. , en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Notre but, c ’e s t de vous assurer que tous les concurrents soient sur le même pied d’égalité. »
M. Neale a rappelé qu’il appartenait à Washington de vérifier si les autres gouvernements suivaient les règles internationales.
« C’est pour cela que nous avons parlé à notre propre gouvernement, a f i n de le sensibiliser et de l’amener à poser les bonnes questions. »
Avant de déposer u ne plainte auprès de l ’ OMC, un gouvernement cherche d ’ a bord à d i s c uter avec le gouvernement apparemment fautif. 

Un petit pas sur un long chemin  -  Hélène Baril
cord qui vient d’être conclu est important, estime David Descôteaux, surtout pour les entreprises qui font des affaires dans les deux provinces.
La mobilité de la maind’oeuvre sera facilitée pour un plus grand nombre de métiers, une centaine en tout, parce que le permis de travailler dans une province sera reconnue automatiquement dans l’autre, illustre-t-il.
Ce sera le cas dans le secteur financier, confirme le Mouvement Desjardins, qui s’attend à ce que l’accord lui facilite la vie. Les permis nécessaires au Québec seront acceptés en Ontario et viceversa. « On accueille favorablement cette entente parce qu’elle va favoriser la mobilité de notre main-d’oeuvre », estime Hélène Lavoie, porte-parole du mouvement coopératif.
L’accord négocié par l’ancien ministre des Finances Michel Audet et par Jim Peterson, le frère de l’ancien premier ministre de l’Ontario David Peterson, va aussi plus loin que l’Accord sur le commerce intérieur qui lie les provinces depuis 1995, souligne David Descôteaux.
« Il empêchera de nouvelles barrières commerciales d’apparaître entre les deux provinces, parce qu’une entreprise pourra se plaindre à son gouvernement si ça arrive. Le mécanisme de règlement des différends est aussi plus contraignant et les sanctions financières plus lourdes que dans l’accord pancanadien (10 millions plutôt que 5 millions), précise-t-il.
Le président de l’ Institut économique de Montréal , Michel Kelly-Gagnon, se réjouit lui aussi du progrès que représente l’accord conclu entre le Québec et l’Ontario. « Il n’y a rien qui va changer la face de l’humanité, mais il faut réaliser qu’on ne partait pas de zéro », a-t-il commenté. L’Accord sur le commerce intérieur de 1995 avait préparé le terrain, et le Québec et l’Ontario sont allés plus loin.
Selon lui, ce genre d’accord commercial est à la fois un exercice économique, à 55 % précise-t-il, et politique, à 45%.
« Ça crée une dynamique sur le plan politique, poursuit-il. Pour ceux qui pensent en termes d’unité canadienne, ça envoie le message que le Canada est un pays qui cherche à avoir une cohésion sur le plan économique. »

Un message est important, estime Michel Kelly-Gagnon parce que « plus c’est tissé serré, plus ceux qui veulent le défaire vont avoir à travailler fort ».


Buy American Ottawa et Washington proches d’une entente
Une entente qui exclurait le Canada de la clause Buy American figurant dans le plan de relance économique du gouvernement des États-Unis pourrait bientôt être conclue, a rapporté hier la Société Radio-Canada.
Selon la SRC, les provinces auraient accepté de supprimer les barrières commerciales et d’ouvrir leur marché aux ÉtatsUnis afin d’avoir accès au marché américain.
Selon le réseau CBC, citant des sources au sein du gouvernement canadien, Ottawa s’attend à ce que la MaisonBlanche se serve très bientôt de son pouvoir discrétionnaire pour faire exempter le Canada de la clause Buy American. En retour, le Canada annoncerait que les marchés provinciaux et municipaux au pays sont désormais ouverts aux sociétés américaines.
Des sources affirment que l’annonce pourrait avoir lieu lors de la première rencontre officielle des négociateurs canadien et américain, respectivement Don Stephenson et Everett Eissenstat.
Selon la SRC, le gouvernement de Stephen Harper souhaite une déclaration de l’administration de Barack Obama au cours des prochaines semaines exemptant le Canada de la clause. Des négociations seraient ensuite tenues, mais les entreprises canadiennes pourraient bénéficier du plan de relance américain entre-temps.
Près de 100 milliards du plan de relance du gouvernement américain ont déjà été alloués aux villes et États pour des projets d’infrastructures avec, pour condition, que l’acier et le fer utilisés proviennent de firmes américaines.


Le G20 doit d’urgence coordonner une sortie de crise, selon l’OMC
GENÈVE — Les pays du G20, qui se réunissent les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, doivent « d’urgence » se coordonner sur une sortie de crise permettant de mettre fin aux mesures protectionnistes prises ces derniers mois, estime l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans un rapport publié hier.
Face au x « dérapages » protectionnistes constatés depuis le début de l’année, « il est urgent que les gouvernements commencent à plani f ier une stratégie de s or t i e de c r i s e c oordonnée », explique le rapport de l ’ OMC conduit conjointement avec l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
L’objectif est d’« éliminer ces éléments (protectionnistes) aussi rapidement que possible », ajoute-t-il.
Certaines mesures créatrices de distorsions dans les échanges commerciaux telles que les subventions ont un effet long terme d’autant plus difficile à corriger que leur durée est prolongée, fait-il valoir.
Attention au chômage
L’urgence est d’autant plus forte, préviennent encore les trois organisations, que le chômage en pleine croissa nce dans de nombreux pays du monde risque d’augmenter la tentation pour les gouvernements de protéger leurs industries nationales face aux exportations et de ralentir en conséquence une reprise encore très fragile.
« L’augmentation du chômage en raison de la crise va continuer à alimenter les pressions protectionnistes pour les années à venir », expliquent-el les appelant « les dirigeants du G20 à rester vigilants ».
Le quatrième rapport de l ’a nnée de l’ OMC sur le protectionnisme, le premier établ i avec l’ OCDE et la CNUCED qui s’est concentrée sur les politiques commerciales des 20 économies les plus riches de la planète, a constaté une « poursuite de dérapages ( protectionnistes) par de nombreux pays du G20 » entre avril et août.
P a r mi e u x , des « augmentations de d r oit s de douane » , « de nouvel l e s mesures non ta ri fa i res » ayant altéré certains f lux d’importation ainsi que la réintroduction par les ÉtatsUnis et l’ Union européenne de subventions aux exportations agricoles ( pour les produits laitiers) ou encore certains paquets de relance qui favorisent les biens et services nationaux.

La guerre des pneus  -  CLAUDE PICHER
Celle-là, on s’en serait bien passé. Voici que les deux grandes puissances économiques de la planète, la Chine et les États-Unis, viennent de déclencher une nouvelle guerre commerciale de première amplitude. Ce conflit, qui risque d’avoir des répercussions sur l’ensemble du commerce international, arrive au moment où la plupart des économies nationales, assommées par la récession que l’on sait, commencent de peine et de misère à reprendre fragilement leur souffle.
À l’origine de la crise : les pneus chinois exportés aux États-Unis. Il y en a pour 1,8 milliard de dollars par année. Le montant peut sembler énorme, même s’il ne représente à peine un demi de un pour cent de l’ensemble des exportations chinoises aux États-Unis.
N’empêche : les enjeux sont i mportants. Selon le syndicat des métallos ( United Steel Workers of America), les i mportations de pneus chinois ont déjà détruit 5000 emplois aux États-Unis. À la demande du syndicat, le président Barack Obama a annoncé l’imposition, pendant les trois prochaines années, d’un tarif sur les importations de pneus chinois, et il n’y est pas allé avec le dos de la cuiller : 35% la première année, 30 % la deuxième et 25% la troisième. Certes, c’est moins que les 55% réclamés par le syndicat, mais c’est suffisant pour saboter l’avantage concurrentiel des Chinois.
Ce n’est pas la première fois que les Américains font preuve de protectionnisme à l’égard de la Chine, et on peut comprendre pourquoi.
D’une part, le déficit commercial américain avec son partenaire chinois s’est gonf lé de façon prodigieuse en un temps relativement court. Jusqu’au milieu des années 80, les échanges entre les deux pays étaient pratiquement équilibrés (insignifiant déficit américain de 6 millions en 1985).
En 1986, pour la première fois, la compétitivité des produits chinois bon marché fait sentir ses effets sur le marché américain. Cette année-là, la Chine vend pour 4,8 milliards de biens aux États-Unis, alors que les Américains n’en écoulent que pour 3,1 milliards en Chine, pour un déficit de 1,7 milliard. À partir de là, le déficit américain s’est détérioré à la vitesse de l’éclair.
Entre 1985 et aujourd’hui, les exportations chinoises aux États-Unis ont littéralement explosé de 8646% (oui, oui, huit mille six cent pour cent), alors que les exportations américaines en Chine se contentaient d’une poussée plus modeste de 1708%. Autrement dit, le commerce entre les deux pays s’est développé de façon fulgurante, mais les exportateurs américains n’ont jamais été capables de suivre le rythme de leurs concurrents chinois. Résultat : l’an dernier, les ventes américaines en Chine ont atteint 70 milliards, alors que les ventes chinoises aux États-Unis se situaient à 338 milliards, pour un déficit américain de 268 milliards. Les chiffres des six premiers mois de 2009 indiquent que les États-Unis se dirigent vers un autre déficit monstrueux cette année.
Un déficit commercial de 268 milliards, cela équivaut, pour les Américains, à dépenser 31 millions de l’heure, 24 heures par jour et 365 jours par année, pour créer de l’emploi et de la prospérité en Chine.
Dans ces conditions, on peut comprendre les Américains d’avoir le mauvais oeil sur les importations chinoises.
Il y a autre chose. La Chine n’est pas un partenaire de tout repos. L’explosion des exportations chinoises est due en bonne partie au fait que Pékin, pendant toutes ces années, a maintenu la valeur officielle de sa monnaie à un niveau plus bas que la réalité (le Japon a utilisé le même truc dans les années 50 et 60). L’artifice permet d’écouler les marchandises à l’étranger à des prix avantageux, qui ont peu de rapport avec la valeur réelle de la monnaie chinoise. L’irritation de Washington dans ce dossier est tout à fait légitime. Les États-Unis ont aussi déposé de nombreux griefs à l’endroit de la Chine, dans des secteurs aussi variés que le respect des normes environnementales ou la propriété intellectuelle.
Ce n’est pas pour rien que, dans la plupart des dossiers de concurrence déloyale soumis à l’arbitrage des instances internationales, les États-Unis l’emportent sur la Chine.
Jusqu’à présent, la Chine a toujours essayé d’éviter de jeter de l’huile sur le feu dans ces différends commerciaux avec les États-Unis. C’est facilement explicable : dans une guerre commerciale, c’est toujours le pays déficitaire qui a le gros bout du bâton ; autrement dit, les Chinois ont beaucoup plus à perdre sur le marché américain que les Américains sur le marché chinois. Or, on a vu à quel point le déséquilibre est important entre les deux pays.
Cette fois-ci, c’est différent. La Chine a réagi avec rapidité et brutalité : hauts cris de protestation, représailles immédiates sur les pièces d’auto et sur le poulet importés des États-Unis, plainte officielle à l’Organisation mondiale du commerce pour « violation des règles du commerce international ».
La crise est sans aucun doute une des plus sérieuses des dernières années à survenir entre les deux partenaires.
Tous les experts s’entendent : la timide reprise qui s’amorce dans le monde est largement tributaire du commerce international. Dans ces conditions, la guerre des pneus, et toutes les conséquences nuisibles qu’elle risque d’entraîner, ne pouvait pas tomber à un pire moment.



La restructuration d’Opel suscite des tensions en Europe
BRUXELLES — Faisant fi de leurs promesses de solidarité européenne, les pays de l’UE se déchirent à propos du sévère plan de restructuration programmé chez le constructeur automobile Opel, l’Allemagne étant accusée de privilégier ses intérêts nationaux.
« En termes de politique européenne coordonnée et de solidarité entre pays européens, j’ai déjà vu beaucoup mieux », a dénoncé hier la ministre belge de l’ Emploi, Joëlle Milquet. « Il faut éviter que des mesures protectionnistes viennent sauvegarder l’activité dans un pays et la détruire dans l’autre », lui a fait écho son collègue responsable des Finances, Didier Reynders.
La Belgique risque d’être la principale victime de la cure d’amaigrissement prévue par le repreneur choisi jeudi pour Opel, l’équipementier canadien Magna, qui semble vouloir supprimer 10 000 emplois en Europe.
L’Allemagne, qui pilotait les négociations sur la reprise d’Opel, est apparemment le seul pays à avoir obtenu la garantie que ses quatre usines Opel seraient conservées.
En revanche, la fermeture progressive de l’usine belge d’Anvers, qui emploie 2600 personnes dans la région néerlandophone de Flandre, a été annoncée jeudi. Même si une source proche du dossier assurait hier que Magna essaie toujours de trouver une solution pour le site.
En Espagne, on parle de 170 0 s uppressions d’emplois sur 7000 dans l’usine de F i g uer uela s , près de Saragosse. Et la Pologne, qui semble pour l’instant épargnée, reste méfiante : son ministère de l’Économie a dit espérer hier « que les démarches ultérieures à l’égard des entreprises du groupe Opel en Europe reposeront sur des critères économiques ».
En Belgique, la presse voit dans la sauvegarde des sites allemands l’effet direct des 4,5 milliards d’euros d’aides publiques promis par Berlin, contre lesquels les 500 millions offerts par la région de Flandre ne pèsent pas lourd.
« Ce qui risque de se passer constitue la preuve qu’en l’absence d’approche européenne, les petits pays payent les pots cassés », a déploré l’ancien premier ministre belge et président du groupe libéral au Parlement européen, Guy Verhofstadt. Il veut en débattre au Parlement européen et « exiger de la Commis s i on eu r opéenne qu’elle lance une enquête pour vérifier que toutes les règles ont bien été suivies ».


Air Canada poursuit Washington
Air Canada a i ntenté une poursuite contre l’administ ration Obama concernant une directive qui interdit à la société aérienne canadienne de fournir des vols nolisés à des équipes professionnelles de hockey et de basketball.
Air Canada croit que Washington s’en prend à son service de transport destiné aux équipes professionnelles depuis que sa filiale Jetz a gagné de nombreux contrats auprès d’équipes américaines.
Dans une lettre datée du 11 août dernier, le département américain du Transport a ordonné à Air Canada d’annuler tous ses vols nolisés de la saison des équipes sportives, citant ses craintes quant au trafic de cabotage, une disposition qui i nterdit le transport de passagers ou de fret par une société aérienne étrangère uniquement entre deux destinations aux ÉtatsUnis , a précisé le t r a nsporteur canadien dans une plainte adressée à une cour fédérale à Washington.
Étant donné que la saison de la Ligue nationale de hockey est sur le point de commencer, a dit Air Canada, la directive américaine a engendré « une énorme confusion et des inquiétudes » parmi les équipes de hockey. Ainsi, les Ducks d’Anaheim viennent de terminer la première année d’un contrat de trois ans tandis que les Blues de St. Louis et les Bruins de Boston pourraient chercher à obtenir les services d’un autre transporteur, a indiqué Air Canada.
« Cela perturbe la saison de hockey et pourrait affecter la saison de la NBA, tout en exposant Air Canada à des plaintes de la part de ses clients », a précisé le transporteur dans des documents soumis au tribunal mercredi. Air Canada cherche à obtenir un jugement pour annuler cette directive et il réclame une mesure réparatoire à temps pour sauver au moins une partie de la prochaine saison sportive.
L’i nterdic t i on t ouchant l e c abotage « ne s ’ appl i - que pas au trafic avec arrêt intermédiaire puisque, par définition, les arrêts intermédiaires comprennent un segment international », a fait valoir Air Canada. La directive américaine viole l’accord dit de « ciel ouvert » qui fait partie intégrante d’un traité entre les deux pays, a ajouté le transporteur.
Air Canada, le principal t ransporteur de toutes les six équipes canadiennes de la LNH, soutient qu’il a été choisi pour subir des sanctions après que sa division de vols nolisés, Jetz, a commencé à obtenir des contrats d’équipes américaines.
« Quand Jetz a commencé à compter parmi ses clients des équipes de hockey et de basketball établies aux États-Unis, la compagnie s’est mise à subir des pressions, soutient Air Canada dans sa plainte. Ces pressions ont été manifestement inspirées par les concurrents américains qui ne souhaitaient pas voir leurs activités écoper à cause de Jetz. »
Les responsables du transport des deux pays ont interdit à des sociétés aériennes de vols nolisés transportant des équipes sportives de faire de nombreux arrêts, alors que c’est une pratique qui avait été permise pendant des années, soulignait mercredi le quotidien torontois Globe and Mail.
Si les interdictions demeurent en vigueur, les équipes de la LNH et de la NBA auront des difficultés à jouer deux parties de suite aux États-Unis ou au Canada et elles pourraient être contraintes de revenir à la maison entre les parties.


Le Canada continuera à aider l’industrie aéronautique
Le gouvernement canadien étudie minutieusement la décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l’aide gouvernementale versée à Airbus, mais il entend continuer à aider financièrement l’industrie aéronautique canadienne.
« Nous continuons à croire que nous respectons les règles et les traités internationaux, a déclaré le ministre fédéral de l’Industrie, Tony Clement, hier. Nous avons une relation très positive avec l’industrie aérospatiale et cela va continuer. »
M. Clement était justement à Montréal pour confirmer le financement du programme Initiative stratégique pour l’aérospatiale et la défense au-delà de 2009. Ce programme, qui investit dans des projets de recherche et développement, pourra compter sur un financement de 200 millions de dollars entre 2010 et 2014.
Le ministre a également annoncé l’attribution d’une somme de 7,6 millions pour appuyer un projet présenté par la société ontarienne PCI Geomatics. La petite entreprise, qui a également un bureau à Gatineau, veut développer un cadre de calculs et des logiciels qui permettront de traiter et d’analyser de grandes quantités de données fournies par des satellites.
Une petite entreprise de Colombie-Britannique, Axys Technologies, bénéficiera pour sa part d’un financement de 1,8 million pour créer une interface entre des sources de données différentes dans le domaine de la surveillance maritime.
Vendredi dernier, l’OMC a remis une décision de 1000 pages dans le cadre du conflit qui oppose Boeing et Airbus. Ce document est confidentiel, mais selon des sources citées par Reuters, l’organisation critiquerait l’aide gouvernementale versée à Airbus pour développer l’A380.
Cette décision pourrait avoir des conséquences pour le Canada et la Grande-Bretagne, qui fournissent une aide financière à Bombardier pour le développement de la CSeries. Le gouvernement canadien a obtenu l e volu mineux document.
Un journal brésilien, le Valor Economico, a d’ailleurs rapporté plus tôt cette semaine qu’Embraer pourrait porter plainte contre Bombardier auprès de la Cour européenne de justice au sujet de l’aide financière britannique.
Une porte-parole d’Embraer n’a pas voulu commenter cette possibilité hier.
À la fin des années 90, le Canada et le Brésil se sont affrontés devant l’OMC au sujet de l’aide gouvernementale reçue de part et d’autre. L’organisation a jugé dans des décisions différentes qu’Embraer et Bombardier avaient toutes deux bénéficié d’une aide illégale. Le Brésil et le Canada avaient alors décidé d’enterrer la hache de guerre.
La menace d’une plainte d’Embraer n’a pas ému M. Clement outre mesure.
« Ce n’est rien de nouveau, mais nous prenons la situation au sérieux, a-t-il déclaré aux journalistes. Nous croyons que nous nous conformons aux règles internationales. S’ils déposent une plainte, nous répondrons. »



ENGAGEMENT CONTRE LE PROTECTIONNISME Ottawa et les provinces proches d’un accord

OTTAWA— La plupart des provinces seraient proches d’un accord dans lequel elles s’engageraient à ne pas faire de discrimination envers les entreprises américaines dans des projets financés par le gouvernement fédéral, a indiqué hier le ministre du Commerce international, Stockwell Day.
Le ministre a précisé qu’il espérait encore parvenir à une entente unanime en obtenant l’accord de toutes les provinces, mais qu’il irait de l’avant même s’il ne recevait l’aval que d’une majorité d’entre elles.
M. Day estime que la signature d’une telle entente pourrait servir de moyen de négociations avec les Américains.
Il espère ainsi encourager les États-Unis à renoncer à leurs clauses Buy American, qui privent les entreprises canadiennes de participer aux appels d’offres de projets d’infrastructure financés par le plan de relance de Washington, dont la valeur totalise environ 290 milliards US.
R i e n ne ga r a nt i t que le Congrès et les États américains suivront l’initiative du Canada, mais le ministre Day a expliqué qu’une guerre du commerce pourrait survenir si les provinces n’essayaient pas de remédier à la situation.
Le ministre a noté qu’il comprenait la réticence des premiers ministres provinciaux à s’engager dans ce dossier, mais il a également averti qu’il n’y avait pas de temps à perdre puisque les procédures de contrats ont été lancées, aux États-Unis, sans que les entreprises canadiennes n’aient eu l’occasion de soumissionner.
Environ 200 entreprises canadiennes auraient été touchées par les clauses Buy American, selon l’Alliance des manufacturiers et des exportateurs du Canada.


À vendre : grande entreprise canadienne -  Sophie Cousineau
Toutes proportions gardées, aucun autre pays que le Canada n’a vendu autant de ses grandes entreprises à des intérêts étrangers, depuis le début des années 2000.
C’est la conclusion à laquelle en vient la firme de consultation montréalaise Secor, après analyse des transactions d’achat et de vente d’entreprises d’une valeur de plus de 1 milliard de dollars rapportées par l’agence Bloomberg.
Ent r e 20 0 0 et 20 0 8 , le Ca nada a f f iche un dé f ic i t de 158 milliards de dollars amér icains ( acquisit ions à l’étranger moins acquisitions d’entreprises canadiennes par des intérêts étrangers). Il se situe ainsi au troisième rang des pays vendeurs, derrière les États-Unis (-220 milliards US) et l e Royaume - Uni ( - 15 8 milliards US).
« Si certaines transactions peuvent profiter au pays vendeur, la perte de contrôle sur la propriété de ses entreprises est préoccupante », note Ken Smith, associé directeur du bureau new-yorkais de Secor, dans un article publié dans le numéro de juin du Harvard Business Review. Ken Smith évoque en exemple la migration de toute l’industrie des services professionnels qui se colle aux sièges sociaux.
En contrepartie, la France se démarque net tement comme étant l’acheteuse la plus enthousiaste de grandes entreprises à l’étranger. Son surplus de 234 milliards de dollars s’explique par « une politique industrielle mondiale agressive ». Suivent plus loin der r iè re l ’ Espagne (+101 milliards US) et la Belgique (+79 milliards US).
Bref, contrairement à ce qu’on pourrait penser à lire certaines manchettes alarmistes, les Européens sont beaucoup plus gourmands en grandes entreprises étrangères que les Chinois, qui se classent seulement au 10e rang des pays acheteurs pour cette période.
La propriété de grandes multinationales rehausse l’influence des pays, aux yeux de Ken Smith. « Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada vont prendre du retard s’ils ne se préoccupent pas de leurs déséquilibres dans la restructuration industrielle globale », prévient-il.
Le protect ionnisme n’est pas la solution, fait toutefois valoir Ken Smith. Mais, les pays doivent prendre de grands moyens pour favoriser leurs multinationales.
Les pays doivent faire pression pour que leurs entreprises puissent acquérir des entreprises à l’étranger avec autant de facilité que s’ils étaient une entreprise locale. Les administrateurs ne doivent pas toujours céder à la pression des fonds de couverture et des fonds d’investissements privés, qui n’ont que l’intérêt à court terme de l’entreprise à coeur. Et les dirigeants doivent se soucier de la taille de leur entreprise, pour ne pas se laisser distancer par leurs concurrents internationaux en mode acquisition.



Clause Buy American : Trop tard - Yvan Loubier
La menace de représailles par les municipalités canadiennes ne fera que braquer les Américains
Il vaudrait mieux se tourner vers l’avenir et entreprendre au plus vite des négociations formelles sur l’élargissement des dispositions de l’ALENA.
L’auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National. La Fédération c a nad i en ne des municipalités ( FCM) a adopté, il y a quelques jours, une résolution qui dénonce la clause Buy American du plan de relance économique du président Obama. Elle vise à empêcher les entreprises américaines d’obtenir des contrats des municipalités canadiennes en guise de représailles.
Une tablette d’acier en fusion sur un convoyeur. Les mesures imposées dans le Buy American Act du président Barack Obama ne représentent qu’un défi aux entreprises canadiennes et non un frein.
Cette résolution est suspensive et ne prendra effet que dans 120 jours, le temps, dit-on, que le gouvernement canadien négocie de nouveaux arrangements avec les autorités américaines.
On peut comprendre que les esprits s’échauffent, compte tenu des 200 entreprises canadiennes déjà victimes de cette clause. Mais cela ne nous autorise pas à faire un geste comme celui-là.
Comme nous le précisions dans cette chronique en mars dernier, cette situation douloureuse vécue par les entreprises canadiennes était prévisible et nous ne devons l’huile sur le feu. Il faut connaître l’histoire de nos relations politiques et commerciales et surtout la gâchette protectionniste facile et « payante pol itiquement » du côté américain, pour savoir nous en prendre qu’à nousmêmes si des arrangements particuliers concernant les marchés publics des États américains, des provinces et municipalités canadiennes n’existent pas, pas même dans l’ALENA.
Pour différentes raisons, dont notamment les sensibilités politiques intérieures, le gouvernement fédéral n’a pas négocié de tels arrangements avec nos voisins du Sud. En ce sens, le Buy American, même s’il nous frappe de façon brutale et va à l’encontre de l’esprit du libre-échange nord-américain, respecte les obligations légales des États-Unis envers le Canada.
Deuxièmement, loin de contribuer à la résolution du problème, la résolution de la FCM jette de qu’une telle résolution, suspensive (faisant figure de chantage de surcroît), ne fera que braquer davantage les États-Unis.
Enfin, donner 120 jours au gouvernement, le temps qu’il négocie un nouvel accord avec les Américains, est irréaliste. On peut toujours rêver et ce serait une formidable victoire si nous parvenions à réaliser ce tour de force avant la fin de la récession. Mais ce genre de négociations, qui doivent absolument mettre le Québec et les provinces à contribution, peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années avant d’aboutir.
Au surplus, les États-Unis savent pertinemment que s’ils font une except ion pour le Canada, sans ar rangements préexistants et définis avant l’adoption du Buy American, ils créeront un précédent et subiront les pressions des pays tiers dans la même situation que le Canada (notamment, la Chine et son acier bon marché…).
Par ailleurs, croyons-nous vraiment pouvoir mobiliser le Congrès, à majorité démocrate, traditionnellement plus protectionniste, afin qu’il adopte en pleine crise économique une disposition faisant une exception pour le Canada? Permettez-moi d’en douter.
La voie à suivre est plutôt de se tourner résolument vers l’avenir et de le protéger en entreprenant, au plus vite, des négociations formelles avec les Américains sur l’élargissement des dispositions de l’ALENA sur les marchés publics. Car il y aura d’autres récessions ou des situations où les Américains reviendront à leurs traditionnels réflexes protectionnistes. Il faut s’en prémunir.
Agir rapidement ne signifie toutefois pas qu’il faille agir tête baissée, avec précipitation. Il faut prendre le temps de bien faire les choses et avoir à l’esprit qu’une fois conclu, un tel accord nous régira pour l’éternité, ou presque. La panique et la colère sont de bien mauvaises conseillères.

La clôture de l’Oncle Sam -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Déjà aux prises avec une récession qui mine leurs exportations, les entreprises québécoises sont frappées de plein fouet par la clause Buy American.
Lors de sa visite éclair à Ottawa en février, le président Barack Obama avait pourtant donné l’assurance que son gouvernement ne mettrait pas de l’avant de mesures protectionnistes dans son plan de relance. Mais les États et les villes américaines, qui ne sont pas assujetties à l’ALENA, ont exclu l’achat de produits canadiens dans leurs projets d’infrastructures.
C’est une tuile supplémentaire qui tombe sur la tête des entreprises d’ici.
La chute de la consommation à l’étranger a provoqué une chute de nos exportations de 10,3% au premier trimestre. Et la décroissance pourrait s’accentuer. Le pire de la débâcle économique est peut-être chose du passé, mais les États-Unis ne sont pas sortis du bois pour autant. Le retour à la croissance n’est pas attendu avant la fin de 2009. Rien pour donner un coup de pouce au marché québécois de l’exportation, qui dépend à 75% des Américains.
Autre facteur aggravant: le huard, qui s’est envolé de 12 cents depuis le début avril, rend nos exportateurs moins concurrentiels. Sans compter le prix du baril de pétrole qui a doublé depuis son creux de 32$ il y a trois mois, ce qui a sensiblement fait grimper les dépenses en transport des marchandises.
La politique protectionniste des États-Unis ne peut donc qu’accabler davantage les entreprises québécoises. Une application rigoureuse de la clause Buy American entraînerait en toute logique une cascade de mises à pied dans la province. Depuis l’automne, la crise économique a déjà poussé le taux de chômage de 7,1% à 8,7% au Québec (10,5% à Montréal).
Le premier ministre Stephen Harper a déclaré jeudi que l’Accord de libre-échange nord-américain devrait être rouvert afin d’empêcher les gouvernements locaux de bloquer l’achat de matériaux étrangers. Son homologue québécois Jean Charest est d’accord. Mais une telle entente ne sera pas conclue demain matin.
En attendant, le président Obama doit joindre le geste à la parole donnée: forcer États et municipalités à accepter les soumissions étrangères sous peine d’être exclus du programme de relance. Car il existe un danger réel d’escalade. Déjà une douzaine de villes canadiennes ont décidé de riposter en cessant toute commande de fournitures américaines.
Le ministre québécois des Finances et du Développement économique, Raymond Bachand, soulève avec raison le danger de « spirale négative ». Il affirme d’ailleurs que les municipalités québécoises n’ont pas développé ce réflexe protectionniste depuis le début de la récession. Au contraire. Des industriels québécois se plaignent parfois qu’on favorise les produits américains au détriment des leurs.
M. Bachand privilégie une voie plus constructive: une offensive diplomatique auprès des autorités américaines pour leur rappeler que sept millions d’emplois aux ÉtatsUnis dépendent directement des exportations au Canada.
Espérons que M. Harper mettra, comme il y songe, de la pression sur le président Obama, alors que se profile une guerre commerciale stérile qui ne contribuera qu’à saboter la reprise économique des deux côtés de la frontière.


CLAUSE « BUY AMERICAN »  Les É.-U. tenteront de calmer les inquiétudes

— Les ÉtatsUnis travailleront de pair avec le Canada pour tenter d’apaiser les inquiétudes suscitées par la clause « Buy American » du plan de relance américain, a assuré hier la secrétaire d’État, Hillary Clinton.
Aux côtés du ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, a tenté hier d’apaiser les inquiétudes suscitées par la clause «Buy American» du plan de relance américain.
Certains craignent que la clause n’empêche des compagnies canadiennes d’obtenir des contrats.
En point de presse aux côtés du mini st re canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, Mme Clinton a reconnu qu’il faudra peut-être revoir certaines obligations en matière de commerce international afin de faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays.
La clause « Buy American » n’est toutefois « appl iquée d’aucune façon qui soit incompatible » avec les obligations des États-Unis en matière de commerce i nternat ional , a insisté la secrétaire d’État.
« Le Canada est notre premier partenaire commercial. C’est une relation qui nous est mutuellement avantageuse et que nous avons l’intention non seulement de nourrir, mais de voir grandir » , a dit Mme Clinton, en visite officielle au Canada pour la première fois à titre de secrétaire d’État.
Elle a discuté de la question pendant une heure avec le ministre Cannon, lequel a déclaré, dans la conférence de presse qui a suivi la rencontre à Niagara Falls: « Il y a déjà une bonne base sur laquelle nous pouvons travailler, et il y aura effectivement encore du travail à faire. Mais comme nous avons toujours pu nous entendre avec les Américains sur un grand nombre de sujets, je ne pense pas que cet obstacle soit majeur. Nous allons poursuivre notre dialogue. »
Mme Clinton et M. Cannon se trouvaient en Ontario pour annoncer qu’ils s’engageaient à modifier l’accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, lequel n’avait pas été revu depuis 1987.
« Nous moderniserons l’accord afin de relever de nouveaux défis et de réduire la pollution », a signalé le ministre Cannon.
Les militants écologistes avaient réclamé que les deux pays mettent à jour l’accord des Grands Lacs afin qu’il réponde dava nt age au x problèmes contemporains, comme la présence d’espèces envahissantes ou les répercussions des changements climatiques.
L’accord, qui a été ratifié en 1972 sous le gouvernement de Pierre Trudeau, établit les droits et les obligations du Canada et des États-Unis visà-vis des Grands Lacs et d’une partie du fleuve Saint-Laurent. I l scel le en particul ier leur obligation de ne pas polluer les eaux frontalières et celle de s’entendre sur tout projet qui puisse en changer le niveau ou le débit naturel.




BUY AMERICAN ACT Ottawa et les provinces montent au créneau

Le protectionnisme, « nous condamne à la médiocrité, à la décroissance de notre économie »,a déclaré hier Jean Charest.
— D’une seule voix, les provinces ont appuyé hier la guerre qu’entend livrer Ottawa à la montée du protectionnisme aux États-Unis. Dans une déclaration unanime, publiée hier, le Conseil de la fédération sedit « grandement préoccupé des effets néfastes » du Buy American Act de l’administration Obama.
Selon Jean Charest, les entreprises québécoises n’ont pas à craindre la réciprocité d’accès aux marchés publics, de part et d’autre de la frontière. « On connaît nos travailleurs, nos entreprises, on sait que chaque fois qu’on a ouvert nos marchés, on a été gagnants. » Le protectionnisme, a-t-il ajouté, en point de presse hier, « nous condamne à la médiocrité, à la décroissance de notre économie. Il faut absolument s’ouvrir à l’extérieur, notre croissance économique en dépend », a lancé M. Charest.
Plus tôt cette semaine, le premier ministre Harper et les leaders provinciaux avaient tenu une téléconférence d’une trentaine de minutes pour arrêter une position commune. Dans sa déclaration hier, le Conseil de la fédération insiste : les dispositions protectionnistes contenues dans le plan de relance de Barack Obama , American Recovery and Reinvestment Act of 2009, « constituent l ’antithèse du stimulant économique qu’elles devaient être à l’origine ».
Des dispositions similaires se trouvent aussi dans deux autres projets de loi actuellement débattus au Congrès.
Ces dispositions, pour l’instant, précisent que les municipalités et les États américains sont tenus d’utiliser uniquement du fer, de l’acier et des produits manufacturiers américains pour leurs projets d’infrastructures financés par le gouvernement fédéral. 
Il s’agit, soulignent les provinces, d’un « obstacle à la bonne ma rche des chaînes d’approvisionnement intégrées que les entreprises américaines et canadiennes ont développées ». Washington « nuira à la prospérité et à la compétitivité des deux économies », de l’avis des provinces.
Appui à Stephen Harper
Les provinces souscrivent aussi, et promettent d’appuyer le projet de Stephen Harper qui revendique que les ÉtatsUnis et le Canada ajoutent à leur accord de libre-échange en négociant « un accord de libéralisation des marchés publics qui soit réciproque, de portée large et englobant les mesures des gouvernements fédéraux, provinciaux, territoriaux et des États ».
Il s’agit de « garantir un accès mutuellement bénéfique aux marchés » et d’af franchir le Canada des effets négatifs du Buy American Act.
En coulisse à Québec, on indique qu’il n’est pas question « d’ouvrir le traité de libreéchange ». On veut « ajouter » à l’entente conclue il y a près de 20 ans. Aussi, les provinces se sont rapidement entendues sur le texte d’appui à Ottawa dans ce dossier. « Personne n’a c hiqué de guenille » , résume-t-on.
Dès lundi, M. Charest a profité de la Conférence de Montréal pour aborder le sujet avec l’ambassadeur canadien à Washington, Michael Wilson, son ex-collègue du gouvernement Mulroney.
Cette question sera aussi abordée lors de la réunion annuelle du Conseil de la fédération, qui se tiendra en Saskatchewan, en août, sous les auspices du conservateur Bra
d Wall.


Clause Buy American : Le malheur des exportateurs canadiens
Industries Fournier a déjà cinq contrats potentiels sur la glace, et le fabricant pourrait bientôt faire une croix sur un sixième. Un des produits majeurs de l’entreprise de Thetford Mines n’est plus dans les bonnes grâces des Américains depuis l’adoption du plan de relance économique et de la clause Buy American, qui commence à frapper durement les exportateurs canadiens.
Industries Fournier a mis au point une technologie spécialisée de pressoir rotatif, qui permet de séparer les solides des liquides dans les systèmes de traitement des eaux usées. Environ 90% de la clientèle pour ce produit appartient au monde municipal américain.
Or, la clause Buy American impose aux municipalités et aux États américains d’utiliser, pour les projets financés par le plan de relance, de l’acier, du fer et des produits manufacturés fabriqués aux États-Unis.
Cette disposition protectionniste, qui frappe notamment le secteur de l’acier, commence à se répandre dans d’autres projets de loi américains, comme le Water Quality Investment Act, qui s’applique aux systèmes d’assainissement des eaux.
Pour les contrats donnés au niveau municipal ou au niveau des États, ni l’ALENA ( Accord de libre-échange nord-américain) ni l’Organisation mondiale du commerce n’offrent de protection pour les entreprises canadiennes.
« Lorsqu’on reçoit une note comme quoi notre technologie a été retenue, on nous demande si notre produit sera conforme au Buy American », explique Harold Roy, vice-président et directeur général d’Industries Fournier.
L’entreprise, « qui a mis au point ce produit depuis 20 ans, qui s’est forgée une efficacité de fabrication au Québec avec des équipements spécialisés », est obligée de répondre par la négative. Au grand dam de la cinquantaine d’employés qui travaillent à ce produit.
Des centaines d’entreprises canadiennes sont ainsi f rappées par le Buy American. 
Le fabricant d’équipement d’assainissement des eaux Hayward Gordon, dans la banlieue ouest de Toronto, est dans le même bateau. Environ les trois quarts de sa production de pompes sont destinés au marché américain.
« Nous avons une toute nouvelle usine ici, explique le président John Hayward, en entrevue à La Presse Affaires. On doit maintenant regarder comment on pourrait construire aux États-Unis. »
De retour de Pennsylvanie, où il visitait des installations qui pourraient accueillir temporairement la production, M. Hayward précise toutefois que s’installer aux ÉtatsUnis « serait très difficile pour nous à long terme, très coûteux ».
Représailles
À Halton Hills, la ville où est située l’usine d’Hayward Gordon, le conseil municipal a répondu aux appels des manufacturiers, qui tentent par tous les moyens de pousser les Américains à faire demi-tour.
La ville a adopté une résolution d’appui aux manufacturiers. D’autres municipalités ont suivi.
Au congrès de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), cette fin de semaine, les représentants discuteront d’une résolution demandant aux municipalités du pays de revoir leur politique d’achat et de se procurer seulement des produits et matériaux produits par des pays qui n’imposent pas de restrictions commerciales contre les produits canadiens (ce qui exclurait les États-Unis).
Ces représailles inquiètent certaines entreprises américaines. Le Financial Times rapportait hier matin le cas d’un exportateur du Texas qui craignait l’escalade des représailles, ce qui représenterait à terme des baisses d’emplois dans son entreprise.
Dans une lettre au président Obama la semaine dernière, le président de la Chambre de commerce des États-Unis indiquait que dans le seul secteur des infrastructures d’aqueducs et d’égouts, les entreprises américaines pourraient perdre 3 milliards de dollars des suites de représailles canadiennes.
John Hayward, membre actif des Manufacturiers canadiens contre le protectionnisme, espère que la FCM adoptera la résolution, même s’il ne souhaite pas de guerre commerciale. « On veut que le problème soit réglé. On veut accélérer les discussions. »
« C’est dommage qu’on en soit là, mais il faut se servir de cela pour mettre de la pression sur le gouvernementaméricain », dit Jean-Michel Laurin, vice-président aux affaires mondiales des Manufacturiers et exportateurs canadiens.
Un tsunami
Harold Roy, de son côté, souligne aux politiciens l’urgence d’agir. Il leur demande de mettre toutes les énergies pour régler ce problème. « Il faut trouver une solution, sinon c’est un tsunami qui s’en vient. »
Lu nd i , l e m i n i s t r e du Développement économique et des Finances du Québec, Raymond Bachand, a reconnu le problème. Il en a déjà discuté avec le ministre fédéral du Commerce international, Stockwell Day.
Ce dernier présentera d’ailleurs une allocution devant la Chambre de c omme r c e du Ca nada aujourd’hui à l’occasion de la Journée du commerce international. Il devrait évoquer les priorités du Canada en la matière.
Gageons que les manufacturiers exportateurs seront tout ouïe.


POLITIQUE « BUY CANADA »  Jim Flaherty n’approuve pas la proposition des maires

Empêcher les entreprises américaines d’obtenir des contrats au Canada, comme l’ont décidé une majorité de municipalités le week-end dernier, risque d’entraîner l’économie « dans une spirale de protectionnisme semblable à celle des années 30 », craint le ministre des Finances, Jim Flaherty.
Jim Flaherty craint qu’une politique de type « Buy Canada » n’entraîne l’économie dans une spirale de protectionnisme.
« Ce n’est pas l’action qui va aider nos industries, a déclaré le ministre hier matin lors d’une conférence de presse à Montréal. Nous devons discuter avec les Américains : les économies du Canada et des États-Unis doivent être en libre-échange. Nous ne voulons pas d’une escalade de mesures protectionnistes, ce ne serait pas dans notre intérêt. »
Pressé de questions sur cette proposition adoptée par unemajorité de délégués lors de la rencontre de la Fédération canadienne des municipalités, à Whistler, en Colombie-Britannique, le ministre Flaherty a refusé de qualifier cette décision de « dangereuse ». « C’est une inquiétude légitime des maires, mais ce n’est pas bon pour nos villes, nos provinces, pour le Canada. » L’assemblée de la FCM a voté cette résolution en réponse à la clause « Buy America », une des propositions du plan de relance de Barack Obama qui favorise l’achat de produits américains.
Le ministre Flaherty a fait cette déclaration en marge d’une annonce concernant le Plan d’action économique mis en place par son gouvernement en janvier dernier. En vertu d’ententes avec des institutions prêteuses, Ottawa a mis en place diverses mesures pour favoriser l’accès au crédit pour les particuliers et les entreprises. « Elles sont maintenant toutes pleinement fonctionnelles », a annoncé le ministre, qui précise que quelque 115 milliards de dollars ont ainsi été versés en prêts depuis le début de l’année.
Sans aller jusqu’à désapprouver les municipalités, son collègue Christian Paradis, ministre des Travaux publics, a renchéri un peu plus tard en matinée, lors d’un point de presse à Laval. « M. Harper a toujours été clair: les mesures protectionnistes comme la clause "Buy America", c’est néfaste, c’est mauvais pour l’économie. Mais je comprends que, dans la résolution de la Fédération canadienne des municipalités, il y avait un délai pour que les choses s’arrangent. Et je peux vous dire qu’on travaille pour que les choses s’arrangent. »
Interrogé à ce sujet, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a dit comprendre la préoccupation des maires face à des entreprises québécoises qui perdent des contrats aux ÉtatsUnis. La résolution de la FCM « aide dans le sens que les villes envoient un message » aux Américains, a-t-il dit lors d’un point de presse à Montréal.
Du même souffle, le premier ministre Charest a dit désapprouver le principe même du protectionnisme. « Il faut éviter de tomber dans une spirale de protectionnisme, sinon on sera les grands perdants ».



Accord de libre-échange avec l'Europe : LE CANADA POURRAIT AVOIR 12 MILLIARDSDE RETOMBÉES
PRAGUE L
Le Canada et l’UE affirment vouloir bâtir « une économie mondiale à faible émission de carbone qui soit sécuritaire et durable tout en renforçant la capacité de s’adapter aux répercussions du changement climatique ».
e pr e m i e r m i n i s t r e Stephen Harper estime que les négociations entre le Canada et l’Union européenne ( UE) visant à conclure un traité de libre-échange constituent « un rayon de soleil dans la tempête économique » qui secoue la planète.
Le premier ministre Stephen Harper et son homologue tchèque, Mirek Topolanek, ont lancé hier des négociations qui devraient durer au moins deux ans.
À l’issue du sommet CanadaUE, hier, M. Harper a soutenu que ces négociations envoient un message on ne peut plus clair aux pays, dont les États-Unis, qui sont tentés par le protectionnisme pour relancer leur économie.
Ces négociations sont le résultat de près de 30 ans d’efforts de la part des autorités canadiennes pour convaincre les pays membres de l’UE de conclure un pacte commercial, a rappelé le premier ministre.
« Ce sommet aura été court, mais il aura aussi été très productif. Il s’agit d’un événement très historique. La relation entre le Canada et l’Union européenne est très importante. L’Union européenne est notre deuxième partenaire commercial en importance. C’est aussi la première entente que l’Union européenne tente de conclure avec un pays industrialisé », a affirmé M. Harper.
M. Harper a donné le coup d’envoi à ces négociations en compagnie de son homologue tchèque, Mirek Topolanek, qui assume la présidence de l’UE, et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Ces négociations devraient prendre au moins deux ans.
Un traité de libre-échange aurait des retombées économiques de 12 milliards pour le Canada et de près de 18 milliards à l’UE sept ans après son entrée en vigueur. En 2008, le Canada a exporté quelque 36,4 milliards de dollars en marchandises vers les pays membres de l’UE. Le Canada a importé 54 milliards de dollars de marchandises de ce bloc commercial.
Ambitieux accord
Les négociateurs des deux partis auront du pain sur la planche pour mener à bien « cet ambitieux accord », selon l’expression utilisée par le premier ministre Topolanek. Le nouvel accord envisagé devrait ouvrir le commerce dans divers domaines, dont les services d’investissement, l’approvisionnement gouvernemental et les produits agricoles. En outre, l’accord souhaité permettrait la mobilité temporaire de la maind’oeuvre entre le Canada et les 27 pays membres de l’UE. Enfin, il devrait permettre d’adopter des réglementations semblables dans plusieurs domaines, notamment les droits d’auteur et l’alimentation ainsi que la sécurité animale.
Les États-Unis demeurent le principal partenaire commercial du Canada, et de loin. Près de 85% des exportations canadiennes aboutissent aux États-Unis. Seulement 6% des marchandises canadiennes sont vendues sur le territoire de l’UE. dérivés du phoque en provenance du Canada.
Hier, M. Harper a indiqué, comme l’avait fait la veille le ministre du Commerce international Stockwell Day, que le Canada a la ferme intention de contester cette mesure devant l’Organisation mondiale du commerce.
Le premier ministre a toutefois indiqué que ce différend commerLe gouvernement Harper veut réduire la dépendance commerciale du Canada vers son voisin américain.
Les négociations ont été lancées 24 heures après que le Parlement européen eut adopté un projet de loi limitant la vente des produits cial n’aurait aucune conséquence sur les négociations portant sur le libre-échange, un signe selon lui de la maturité des relations entre le Canada et l’UE.
« Le Canada et l’Union européenne sont en désaccord depuis longtemps sur cette question. Mais le Canada va continuer à défendre sa position de manière vigoureuse autant au pays qu’à l’étranger. Nous allons continuer de protéger les communautés autochtones qui seront affectées par cette décision », a dit M. Harper.
Le président de la Commission eu ropéenne, José Manuel Barroso, a affirmé que la décision du Parlement répondait à des préoccupations exprimées par la population sur le traitement réservé aux animaux et n’est guère une forme de protectionnisme.
« Nous comprenons la position du Canada, mais nous pensons que nos mesures sont tout à fait compatibles avec les règles commerciales de l’OMC », a dit M. Borroso.
Changements climatiques
Durant le sommet de six heures, M. Harper et ses deux hôtes européens ont discuté de plusieurs dossiers d’actualité, dont l’épineuse question des changements climatiques et la mission de l’OTAN en Afghanistan.
Dans le communiqué final, le Canada et l’UE affirment vouloir bâtir « une économie mondiale à faible émission de carbone qui soit sécuritaire et durable tout en renforçant la capacité de s’adapter aux répercussions du changement climatique ». Les deux parties s’engagent d’ailleurs à « collaborer étroitement » pour favoriser l’adoption d’un accord global sur les changements climatiques – le post-Kyoto – à Copenhague, en décembre 2009.
Les deux parties affirment aussi que les pays industrialisés doivent s’engager à atteindre des objectifs « intermédiaires » de réduction des émissions de gaz à effet de serre, applicables dans tous les secteurs de l’économie, d’ici 2020. Elles affirment aussi que les pays émergents doivent faire un effort raisonnable pour réduire leurs émissions.
Le Canada et l’UE ont également signé un accord sur la sécurité du transport aérien et conclu des négociations sur un accord global en matière de transport aérien. Cet accord, selon les autorités canadiennes, permettra de réduire les prix et d’offrir davantage de choix aux gens qui voyagent entre le Canada et l’Europe.


LIBRE-ÉCHANGE CANADA-EUROPE - Plus de commerce et plus de problèmes
Mine de rien, un partenariat économique entre le Canada et l’Union européenne ne diminuera pas les litiges commerciaux. Il pourrait les augmenter.
Ce qui intéresse avant tout les Européens, ce sont les ressources énergétiques canadiennes, croit Me Simon V. Potter, associé chez McCarthy Tétrault. L’Europe désire diminuer sa trop grande dépendance aux ressources russes.
Un accord commercial complexe qui engloberait la libre circulation des biens, des échanges et de la main-d’oeuvre est en fait un terreau fertile pour cultiver des différends. « La conclusion d’un tel accord vise à favoriser les échanges de biens et de services, pas à éliminer les litiges sauf celui d’accès au marché, précise en entrevue Me Simon V. Potter, associé chez McCarthy Tétrault. Ce qu’il faut espérer, c’est la libéralisation accrue des échanges. »
Il exerce une pratique qui porte notamment sur le droit du commerce et de l’investissement international. À ce titre, il sera appelé à conseiller quelques entreprises désireuses d’influencer les négociateurs canadiens.
L’accès au marché européen est limité par exemple par l’obligation de fabrication sur place pour quiconque désire devenir fournisseur des États membres de l’Union. Au Canada, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) permet à une entreprise canadienne de répondre à un appel d’offres de Washington, mais le Buy America Act qu’appliquent les États limite la portée. De même, des entreprises américaines peuvent soumissionner pour des contrats canadiens, mais les provinces gardent leurs propres règles du jeu. Ainsi, dans un élan de protectionnisme, l’Ontario vient-il de décider que ses hôpitaux, ses écoles et sa fonction publique n’achèteront plus que des aliments produits dans la province.
Si sa portée est grande, le futur traité dont la négociation a été lancée hier à Prague pourrait limiter de telles pratiques. « Tout traité est une promesse de ne pas faire quelque chose », résume Me Potter.
En fait, ni le Canada ni l’Europe ne veulent modifier leur politique agricole respective (gestion de l’offre et productions subventionnées). Les réglementations encadrant l’emballage, l’étiquetage et les appellations qui sont d’autant de barrières non tarifaires pour limiter les importations seront sur la table.
Cela touche une quantité incalculable de produits susceptibles d’être importés ou exportés.
Qu’est-ce qu’un cheddar, un camembert ou un prosciutto ? Pourquoi les petits pots de bébés doivent-ils être vendus dans deux formats seulement? Combien doit contenir de cacao une friandise pour porter le nom de chocolat ou de lait liquide un produit pour s’appeler fromage?
Cela dit, ce qui intéresse avant tout les Européens, ce sont les ressources énergétiques canadiennes, croit Me Potter. L’Europe désire diminuer sa trop grande dépendance aux ressources russes.
L’ouverture d’une route dans l’Arctique pourrait leur donner accès aupétrolecanadien, mais cette question sera embarrassante. Le Canada est déjà tenu par l’ALENA d’assurer des approvisionnements d’or noir aux États-Unis.
Le Canada a tout à gagner d’une percée sur la libéralisation des échanges de services susceptible d’assouplir la réglementation des permis de travail pour la maind’oeuvre canadienne. Cela faciliterait le déploiement de services d’ingénierie. « Les voyages de professionnels devraient être un élément du traité. Maintenant, il faut beaucoup de permis, rappelle Simon Potter. On pourrait réduire cette difficulté. »
« Le Canada est en bonne position pour lancer des critiques des règlements de l’Europe afin de permettre à nos banques d’offrir plus de services, plaide Me Potter. Pourquoi nos banques qui sont les plus solides ne pourraient-elles pas avoir des activités de dépôt ou proposer de la gestion de fortune? »
Le Canada réclamait depuis 1994 un traité avec l’Europe, mais celle-ci a longtemps montré des réticences. L’impasse de la ronde de Doha pour étendre la libéralisation multilatérale du commerce aura convaincu les Européens de briser l’isolement dans lequel ils risquent de se retrouver avec le développement du libre-échange en Extrême-Orient et dans la zone Asie-Pacifique.
« On n’a pas besoin de libéraliser jusqu’au bout dans le partenariat Canada-Europe. Jusqu’où ira-t-on? Tel est l’enjeu », dit Me Potter.




Libre-échange avec l'Europe: damer le pion à Obama
Le vote pris plus tôt cette semaine par le Parlement européen en faveur de la fermeture des marchés de peaux de phoques du Canada a quelque peu assombri le sommet Canada-Union européenne qui a lieu à Prague. Ce sommet est l'occasion de lancer le début des négociations d'un accord de libre-échange entre Canada et l'Union européenne (UE).
L'Europe est le deuxième plus important partenaire commercial du Canada. En 2008, les échanges de biens et services entre l'UE et le Canada ont dépassé les 112 milliards de dollars canadiens et le montant des investissements s'est élevé à près de 420 milliards. On estime à environ 30 milliards les gains produits par un partenariat économique plus étroit entre l'UE et le Canada. Le gouvernement québécois a joué un rôle de premier plan dans le développement de ce projet de partenariat économique. Le Québec a non seulement utilisé sa position au sein du Conseil de la fédération pour forger des alliances provinciales autour d'un éventuel accord de libre-échange avec l'Europe, mais a aussi su exploiter sa relation privilégiée avec la France et profiter de la présidence française de l'UE à l'automne dernier pour s'assurer que le dossier ne disparaisse pas de l'écran-radar européen.
Malgré des échanges commerciaux importants, le Québec et le Canada sont des demandeurs face à l'UE. C'est nous qui portons le fardeau de preuve. Si l'Europe représente notre plus important partenaire économique après les États-Unis, le Canada de son côté arrive seulement au 11ème rang, loin derrière la Russie et la Chine et au même niveau que l'Inde.
Si ces chiffres suggèrent que l'Europe ne partage peut-être pas le même intérêt que le Canada pour une libéralisation plus poussée des échanges, l'échec des négociations multilatérales du cycle de Doha, de même que la volonté actuelle de combattre la montée du sentiment protectionniste, produisent néanmoins un contexte plus favorable à la conclusion d'une entente bilatérale.
Ce qui rend particulièrement innovatrice l'idée d'un partenariat économique plus étroit entre le Canada et l'UE est que l'Europe n'a encore jamais conclu une entente de ce type avec un pays riche comme le Canada.
Presque toutes les ententes de libre-échange de l'UE sont avec des pays en voie de développement. Si la libéralisation des échanges avec des pays plus pauvres ou avec des marchés moins régulés comme celui des États-Unis fait toujours craindre à l'électorat une forme de « course vers le bas » conduisant inévitablement à l'érosion des protections sociales et environnementales, une entente Canada-UE pourrait potentiellement ouvrir la voie à une forme nouvelle de partenariat économique. Une forme de libéralisation économique plus sociale, équitable et plus verte.
Comme en font foi leurs niveaux de dépenses sociales, le Canada et l'UE partagent des valeurs de solidarité, de redistribution et d'égalité des chances globalement différentes de celles des États-Unis. Ils partagent aussi une vision du monde comparable, multipolaire, davantage axée sur le soft power et le recours au droit international plutôt que sur la simple force militaire pour résoudre les conflits.
Pour toutes ces raisons, un partenariat économique qui serait plus large que le libre-échange traditionnel, qui envisagerait des collaborations plus poussées au niveau environnemental et des technologies vertes, de l'éducation, de la recherche scientifique et de la mobilité professionnelle, pourrait être politiquement plus facile à vendre aux électeurs canadiens et européens.
La mondialisation a de plus en plus mauvaise presse. Mais avec leurs valeurs communes, le Canada et l'UE ont l'occasion de renverser cette tendance et atténuer les replis protectionnistes et identitaires. En faisant preuve de leadership, ils peuvent re-légitimer le commerce mondial en lui donnant un visage « plus humain ».
Il ne faut cependant pas perdre de temps. Durant la campagne présidentielle américaine, le candidat Obama s'est dit intéressé à l'idée d'un libre-échange avec l'UE. De tels appels sont susceptibles de résonner fortement du côté européen, pressé de reconstruire les rapports transatlantiques fragilisés par l'administration Bush.
Si les Américains nous dament le pion auprès de l'UE, nous perdrons notre capacité d'initiative et d'innovation. Nous devrons alors nous adapter à une entente négociée par les États-Unis qui risque de nous être moins favorable.
L'auteur est directeur du Centre d'excellence sur l'Union européenne à l'Université de Montréal et à l'Université McGill.



 
Libre-échange Canada-Union européenne Début des négociations -
Ottawa défendra la gestion de l’offre enmatière agricole
« Nous sommes prêts à avoir une conversation avec les Européens sur une foule de questions durant les négociations, mais en bout de piste, nous allons défendre les intérêts des agriculteurs québécois et ontariens en protégeant le système de gestion de l’offre. »
le système de gestion de l’offre », a déclaré à La Presse une source gouvernementale sous le couvert de l’anonymat.
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, est arrivé, hier, à Prague, où il participe au sommet Canada-Union européenne. M. Harper et son homologue tchèque, Mirek Topolanek, qui assume la présidence de l’Union européenne, donneront officiellement le coup d’envoi aux négociations sur l’établissement d’une zone de libre-échange Canada-UE.
Les agriculteurs québécois tiennent au système de gestion de l’offre qui leur garantit le prix
— Le gouvernement Harper tient mordicus à protéger le système de gestion de l’offre durant les négociations qui doivent permettre de conclure un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ( UE) d’ici deux ans.
Stephen Harper s’est d’ailleurs entretenu à ce sujet avec le premier ministre Jean Charest la semaine dernière et les deux hommes ont convenu de l’importance de maintenir ce système pour les agriculteurs québécois, selon des informations obtenues par La Presse.
MM. Harper et Charest ont discuté des grandes lignes des négociations qui vont commencer entre le Canada et l’UE. Le premier ministre du Québec s’est fait l’ardent promoteur d’un traité de libre-échange entre le Canada et l’UE depuis près de trois ans, estimant qu’il s’agit de la meilleure façon de créer des emplois et de diminuer la dépendance commerciale du Canada envers le marché américain.
M. Harper est arrivé hier soir à Prague afin de participer aujourd’hui au sommet CanadaUE. Le premier ministre et son homologue tchèque, Mirek Topolanek, qui assume la présidence de l’Union européenne, donneront officiellement le coup d’envoi aux négociations entre les deux parties. Ces négociations devraient durer environ deux ans, selon les estimations des fonctionnaires canadiens.
Le gouvernement Harper s’est engagé à donner voix au chapitre aux provinces durant les négociations d’autant que celles-ci devront éventuellement mettre en oeuvre certains éléments de l’accord commercial. M. Harper a donc informé M. Charest des objectifs du gouvernement canadien la semaine dernière puisque le premier ministre du Québec préside le Conseil de la fédération.
« Le gouvernement du Canada va protéger l’intégrité du système de gestion de l’offre. Nous sommes prêts à avoir une conversation avec les Européens sur une foule de questions durant les négociations, mais en bout de piste, nous allons défendre les intérêts des agriculteurs québécois et ontariens en protégeant des produits comme les oeufs, la volaille et le lait et régit la qualité et la quantité de ces produits. Cette mesure a toutefois déjà été contestée devant l’Organisation mondiale du commerce.
En août 2007, Stephen Harper avait d’ailleurs résisté aux pressions des Américains au sommet de Montebello qui voulaient forcer le Canada à abandonner cette pratique.
L’objectif du gouvernement canadien dans ces négociations qui commencent est de parvenir à conclure avec l’UE un accord comparable à l’Accord de libre-échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.
En outre, les deux parties estiment que le lancement de ces négociations enverra un message sans équivoque relativement à l’importance de libéraliser les marchés en ces temps de crise économique au moment même où certains pays, dont les États-Unis, jonglent avec l’idée d’utiliser des politiques protectionnistes pour protéger leur économie respective.
« Le timing de ces négociations ne pourrait survenir à un meilleur moment. Il faut continuer à libéraliser le commerce, pas le limiter », a indiqué une source gouvernementale.
Le nouvel accord envisagé devrait ouvrir le commerce dans divers domaines, dont les services d’investissement, l’approvisionnement gouvernemental et les produits agricoles. En outre, l’accord souhaité permettrait la mobilité temporaire de la maind’oeuvre entre le Canada et les 27 pays membres de l’UE. Enfin, il devrait permettre d’adopter des réglementations semblables dans plusieurs domaines, notamment les droits d’auteur et l’alimentation ainsi que la sécurité animale.
L’UE souhaite par ailleurs que le Canada se dote d’une seule commission des valeurs mobilières pour simplifier les investissements, ce qui pourrait faire grincer des dents le gouvernement Charest, qui s’oppose à une telle mesure. Le gouvernement Harper a toutefois clairement fait savoir son intention de créer une commission nationale des valeurs mobilières à laquelle les provinces se joindront si elles le veulent.
Le coup d’envoi de ces négociations survient moins de 24 heures après que le Parlement européen eut adopté un projet de loi limitant la vente des produits dérivés du phoque en provenance du Canada. Toutefois, la loi prévoit une exception pour les produits provenant de la chasse traditionnelle des Inuits.
Cette mesure ne devrait pas const ituer un obstacle aux pourparlers, selon un fonctionnaire canadien qui a décrit la nouvelle loi comme une petite source d’irritation.
Un sondage publié cette semaine révèle que 70% des Canadiens interrogés souhaitent que le gouvernement fédéral tente de conclure de nouveaux traités commerciaux.
L’UEest le deuxième partenaire commercial en importance du Canada après les États-Unis. Le Canada exporte près de 85% de ses produits vers son partenaire commercial américain.
En 2008, le Canada a exporté quelque 36,4 milliards de dollars en marchandises vers les pays membres de l’UE. LeCanada a importé 54 milliards de dollars de marchandises de ce bloc commercial. Selon une étude réalisée l’an dernier, un resserrement des liens commerciaux entre le Canada et l’UE aurait des retombées importantes : 12 milliards de dollars pour le Canada et 18 milliards de dollars pour l’UE.




Vers le libre-échange Canada-Europe
La conclusion d’une zone de libre-échange avec le Canada gagne de l’attrait du côté européen.
Les négociations en vue d’un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ( UE) commenceront le 6 mai, soit 15 ans après que l’idée eut été lancée par l’ex-premier ministre Jean Chrétien.
L’annonce a été faite hier par la commissaire au Commerce de l’Union européenne, Catherine Ashton. Les pourparlers, prévoit-on, dureront deux ans environ.
« Si on devait dépasser ce délai, les gens commenceraient à deveni r nerveux » , expl iquait hier en entrevue Jason Langrish, di recteur général du Forum sur le commerce Canada-Europe ( FORCCE), un groupe formé en 1999 par des entreprises et des organismes de recherche pour valoriser les échanges entre les deux pôles commerciaux.
Jean Charest, la bougie
En font partie des sociétés telles Alstom, Areva ou Siemens du côté européen, Bombardier, CGI et Power Corporation du côté canadien. FORCCE est coprésidé par l’ex-ministre fédéral du Commerce international, Roy McClaren, et par l’ancien éditeur du magazine The Economist , William Emmott.
« Si la situation débloque enfin, c’est en bonne partie grâce aux efforts de Jean Charest, poursuit M. Langrish. Il a exploité ses bons contacts avec Nicolas Sarkozy, le président français. »
Le dernier s ommet du FORCCE s’était déroulé le 17 octobre dernier à Québec. 
L’imprimatur de la France exigera que ne soit pas modifiée la politique agricole européenne qui la favorise.
  La conclusion d’une zone de libre-échange avec le Canada gagne de l’attrait du côté européen depuis le report sine die de la ronde de Doha, lancée par l’Organisation mondiale du commerce au début de la décennie.
La consolidation des liens commerciaux entre les grandes puissances d’Asie rend plus nécessaire un rapprochement de l’UE avec le Canada pour y faire contrepoids. Les 27 ont déjà un accord avec le Mexique, mais n’en ont pas avec l’autre partenaire du Canada au sein de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), les États-Unis.
Les négociateurs devront surmonter plusieurs embûches avant d’en arriver à un accord formel. L’imprimatur de la France exigera que ne soit pas modifiée la politique agricole européenne qui la favorise. Ces dernières années, les litiges commerciaux entre le Canada et la France ont été assez nombreux. L’Hexagone a longtemps fait obstacle aux exportations canadiennes de pétoncles qui menaçaient sa production de coquilles Saint-Jacques. Les Français en ont contre nos tarifs douaniers élevés sur leurs fromages, en raison des politiques canadiennes agricoles de gestion de l’offre.
Les barrières non tarifaires devront aussi être abattues. Ainsi, certains membres de l’UE exigent que le bois importé ait été coupé dans le cadre d’une exploitation forestière respectueuse de leur conception de l’environnement. Les 27 souhaitent en revanche que le Canada n’ait qu’une seule commission de valeurs mobilières de manière à simplifier l’investissement, ce qui est loin d’être acquis.
En 2007, la valeur des échanges commerciaux entre les deux ensembles se chiffrait à 80 milliards de dollars. Cela peut sembler beaucoup. En réalité, cela équivaut à peine aux échanges internationaux de biens réalisés par le Canada durant un seul mois ou à ceux entre le Canada et les États-Unis durant une cinquantaine de jours.
Néanmoins, le Canada a exporté l’an dernier des biens évalués à plus de 8 milliards dans l’UE, son deuxième ma rché. Ses grands débouchés y sont l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la France. Nous vendons surtout du minerai, des métaux et des avions. Le Canada achète en Europe, d’abord au Royaume-Uni, mais aussi en Allemagne, en France, en Italie et en Suède. Il importe surtout du pétrole, des médicaments, des produits chimiques et des boissons.
De 2007 à 2008, les importations du Canada en provenance de l’UE ont progressé de 21,6%, alors qu’elles ont stagné avec les États-Unis. Nos exportations y ont bondi de 25%, alors que celles vers les États-Unis ont reculé de 7,6%, selon Statistique Canada.
Le commerce du Canada avec les 27 est déficitaire, mais l’écart tend à se combler doucement.
Le Canada a aussi des accords de libre-échange avec le Chili, le Costa-Rica et Israël.


Le libre-échange doit être relancé avec les États-Unis -  Rudy LeCours
SELONUNE ÉTUDEDUCONFERENCE BOARD
Pour accroître sa crédibilité, le Canada doit aussi indiquer comment il mettra en application d’autres accords de libre-échange conclus, mais pas encore en vigueur.
Pour neutraliser les velléités protectionnistes des démocrates, le Canada devrait promouvoir le commerce bilatéral avec les États-Unis.
« L’idée derrière l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis de 1989 consistait à isoler le Canada contre le protectionnisme américain qui visait d’autres États », rappelle Marc L. Busch. Il vient de signer une étude pour le Conference Board sur les enjeux commerciaux pour le Canada, compte tenu de l’élection des démocrates en novembre et de la récession présente.
M. Busch passe en revue l’ensemble des déclarations des élus des deux camps afin d’y discerner si les États-Unis entrent dans une phase de protectionnisme ou d’ouverture.
Il en déduit que la perception négative des Américains à l’endroit de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) vient surtout de craintes à l’endroit du Mexique. En particulier du respect des règles en matière d’environnement et de travail qui font l’objet de deux ententes parallèles à l’ALENA. « Les Américains considèrent que commercer avec le Canada, c’est comme commercer avec le Dakota-du-Nord », poursuit M. Busch.
Reste que des litiges sont possibles, comme en font foi les incessantes querelles à propos du bois d’oeuvre.
Là-dessus, M. Busch fait remarquer que l’administration de Barack Obama use de stratégie avec les éléments les plus protectionnistes parmi les sénateurs et les représentants, ces derniers étant particulièrement vulnérables aux pressions de leurs commettants. Plutôt que d’attiser les réflexes protectionnistes susceptibles de faire beaucoup de tort aux Américains eux-mêmes, la Maison-Blanche met l’accent sur la mise en application des accords.
C’est en ce sens que doit être comprise la renégociation de l’ALENA pour que les volets travail et environnement puissent faire l’objet de litiges en bonne et due forme. Ouvrir l’ALENA, c’est peut-être aussi signer son arrêt de mort, prévient cependant l’auteur.
Voilà pourquoi le Canada a tout intérêt à promouvoir les échanges bilatéraux quand il s’adresse aux autorités américaines. Rien ne l’empêche, en même temps, de faire la promotion de l’ALENA pour continuer de développer sa relation commerciale avec le Mexique.
Pour accroître sa crédibilité, le Canada doit aussi indiquer comment il mettra en application d’autres accords de libre-échange conclus, mais pas encore en vigueur. M. Busch pense à particulier à celui avec la Corée du Sud. Les syndicats américains craignent que cet accord s’avère un cheval de Troie pour l’entrée massive de biens sud-coréens fabriqués avec des normes de travail déficientes qui représentent de la concurrence déloyale à leurs yeux.
S’il est difficile de savoir où la Maison-Blanche loge au juste en matière de commerce, l’auteur croit que la résolution récente d’un l itige avec le Mexique l’éveille aux dangers du protectionnisme. En vertu de l’ALENA, le Mexique a obtenu le droit d’imposer des mesures de rétorsion aux États-Unis trouvés coupables par le tribunal d’arbitrage d’avoir violé l’ALENA. Bref, mettre l’accent sur la mise en application des accords plutôt que le protectionnisme se révélera peut-être la marche à suivre pour convaincre les élus du Congrès des bienfaits d’accords de libre-échange.
« Aussi ironique que cela puisse sembler, un des présidents les plus sceptiques en matière de commerce, qui travaille avec un Congrès qui l’est encore plus, pourrait bien s’avérer seul capable d’étendre la mondialisation des échanges ou au moins empêcher qu’elle ne recule », conclut-il.
Entre-temps, le Canada a tout intérêt à cultiver son alliance commerciale en convainquant avant tout les grands groupes industriels, susceptibles de souffrir eux aussi du protectionnisme.



Il faut oublier la ZLEA, selon Stephen Harper
— Oubliez la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Cette idée de conclure un traité commercial qui engloberait 34 pays des Amériques n’est pas réaliste, estime le premier ministre Stephen Harper.
Ce projet, qui avait été évoqué dans les années 90 et qui avait fait l’objet de pourparlers, est mort et enterré, selon M. Harper. Au dernier sommet des Amériques, à Trinité-et-Tobago, cette question n’a même pas été soulevée, a révélé le premier ministre au cours d’une entrevue exclusive accordée à La Presse.
« Je pense qu’une entente de libre-échange comprenant les deux Amériques n’est pas réaliste », a affirmé sans ambages le premier ministre.
Au lieu de travailler à concrétiser une telle entente, le Canada préfère nettement conclure des accords avec chaque pays ou des groupes de pays de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, a indiqué M. Harper.
« Je pense que la stratégie du Canada, c’est essentiellement de conclure des ententes avec chaque pays ou chaque groupe de pays: la Colombie, le Pérou, les Caraïbes, l’Amérique centrale. Nous avons déjà des ententes avec le Costa Rica et le Chili », a dit M. Harper.
« Nous avons l’occasion de conclure des ententes exhaustives dans l’hémisphère Sud. Le grand pays qui nous manque jusqu’à maintenant reste le Brésil. Mais nous sommes un grand acteur dans notre hémisphère, les Caraïbes et maintenant l’Amérique latine », a-t-il ajouté.



Plus cher au Québec qu’en Ontario
Les Québécois paient-ils trop cher pour leurs aliments, comparativement à leurs voisins ontariens ? Au point de permettre aux plus gros détaillants d’engranger au Québec les marges de profit parmi les plus élevées au Canada en alimentation ?
Le marché québécois de l’alimentation est concentré entre les mains de trois grandes entreprises : Metro, IGA-Sobeys et Loblaw-Provigo. Les supermarchés d’escompte du type des supercenters de Wal-Mart n’ont pas encore fait de percée ici, contrairement à l’Ontario.
En t out c a s , c ’e st ce qui r essort d’une récente analyse des principaux détaillants alimentaires au Québec et en Ontario réalisée par une importante firme de courtage de Toronto, pour ses clients-investisseurs.
D’autant que les auteurs vont jusqu’à qualifier le marché québécois de « vache à lait » de profits pour les grandes entreprises de supermarchés.
En particulier pour Metro et IGASobeys, qu’ils considèrent les plus dynamiques sur le marché québécois face au groupe Loblaw-Provigo, encore emmêlé dans une restructuration.
« Le marché de l’alimentation au Québec est sans doute le plus profitable au pays, avec des prix plus élevés et une présence moindre de supermarchés à escompte que partout ailleurs au Canada », selon les analystes Perry Caicco et Mark Petrie, spécialistes du commerce de détail chez Marchés mondiaux CIBC, la filiale de courtage de la banque CIBC.
« Les prix dans les supermarchés réguliers et ceux à escompte au Québec sont supérieurs de 5 à 15 % en moyenne à ceux que l’on retrouve dans les magasins comparables en Ontario », soulignent-ils dans leur rapport.
Mentalité différente
Par ailleurs, un examen par La Presse Affaires des plus récentes données de prix des aliments, telles que recueillies par Statistique Canada, tend à corroborer le constat des analystes de la CIBC.
Pour l’essentiel, l’inflation alimentaire est plus accentuée au Québec qu’en Ontario.
Depuis 2002, l’indice des prix des aliments a cru 24% au Québec, comparativement à 21% en Ontario. Et depuis un an, cette inflation alimentaire atteint 7% au Québec, contre 5% en Ontario.
Selon les analystes de Marchés mondiaux CIBC, cette situation de surcoût alimentaire au Québec par rapport à l’Ontario s’explique par deux facteurs principaux.
Différences de mentalité et de culture alimentaire, d’une part.
Pour l’essentiel, les Québécois seraient plus exigeants que leurs voisins ontariens quant à la qualité et la spécificité de leurs achats alimentaires. Mais cette recherche de qualité leur coûte plus cher. Ce qui expliquerait en partie pourquoi le Québec accapare une plus grande part des ventes alimentaires au Canada que son pourcentage de la population totale.
Mais le principal facteur de surcoût alimentaire au Québec par rapport à l’Ontario tient à la structure même du marché québécois, selon les analystes de CIBC.
Toutes proportions gardées, les supermarchés de t ype « à escompte » sont moins influents dans le marché de l’alimentation au Québec qu’en Ontario.
Et en particulier, le marché québécois est encore dépourvu des grandes surfaces à bas prix, comme les supercenters ouverts par Wal-Mart dans le sud de l’Ontario ces dernières années
Ces très grandes surfaces à escompte qui combinent un supermarché et un magasin à rayons ont eu une influence baissière considérable sur les prix en alimentation en Ontario. Au Québec, les analystes de Marchés mondiaux CIBC doutent encore de l’implantation et de l’impact d’une telle expansion de Wal-Mart en alimentation.
D’une part, estiment-ils, les récentes bisbilles syndicales de Wal-Mart au Québec auraient dilué l’intérêt du géant d’origine américaine d’y étendre son format de supercenters.
D’autre part, les analystes doutent de l’intérêt des consommateurs québécois pour une nouvelle bannière de supermarchés à escompte, comme le suggère la pénétration de marché déjà moindre de ce type de magasins d’alimentation.
Plus concentré
Mais en attendant une telle expansion de Wal-Mart, notentils, le marché québécois de l’alimentation demeure plus concentré qu’en Ontario entre les mains de trois grandes entreprises de supermarchés : Metro, IGA-Sobeys et Loblaw-Provigo.
Et cette concentration de marché s’accentue en faveur de Metro et IGA/Sobeys si l’on considère les difficultés persistantes de Loblaw à vraiment s’affirmer au Québec.
« Loblaw représente le géant un peu endormi sur le marché québécois. Tant que cette situation durera, le marché québécois demeurera une vache à lait pour ses deux principaux concurrents, IGA-Sobeys et Metro », écrivent les analystes de Marchés mondiaux CIBC dans leur récent rapport.
Plus spécifiquement, à propos d’IGA-Sobeys, ils estiment que sa division au Québec est « probablement la plus forte sur une base régionale de tout le marché de l’alimentation au Canada ».
Quant à Metro, les analystes de CIBC estiment que le détaillant a « une position tellement forte et rentable sur le marché québécois qu’il a décidé, avec raison, de diriger ses ressources vers son expansion en Ontario, où son potentiel de croissance est meilleur ».
Les analystes de CIBC font ainsi référence aux acquisitions par Metro, ces dernières années, des chaînes des supermarchés Dominion, A & P et Loeb en Ontario.
Metro est d’ailleurs en voie de convertir ces quelque 380 supermarchés ontariens à sa propre enseigne la plus connue au Québec.



Le pétrole recule, mais l’essence bondit à la pompe  -  Maxime Bergeron
Les cours du pétrole ont terminé avec une nouvelle baisse hier à New York, au moment même où le prix à la pompe explosait de 13 cents le litre dans la région montréalaise, soulevant la colère des automobilistes.
Le baril de light sweet crude pour livraison en août a clôturé à 69,31 $ US au New York Mercantile Exchange, en recul de 58 cents US par rapport à la veille.
L’or noir avait amorcé la journée en hausse. Mais il a changé de cap après la publication des s t at i s t i ques hebdomadai r es du département américain de l’Énergie sur les réserves pétrolières du pays.
Ces données auraient pourt a nt dû susciter un certa i n enthousiasme.
Elles indiquent que les stocks de brut, qui avaient atteint des sommets de 19 ans au printemps, ont baissé pour la quatrième semaine consécutive. Ils ont même reculé plus vite que les attentes des analystes au cours de la dernière semaine (3,7 millions de barils).
« Ma i s ma l heureusement , les bonnes nouvelles s’arrêtent là », a fait valoir l’analyste Nic Brown, de la firme Natixis.
Les réserves d’essence et de produits distillés ont progressé plus qu’anticipé aux États-Unis, grimpant respectivement de 2,3 et 2,9 millions de litres.
« La demande pour les produits r a f f i nés est t out si mplement catastrophique », ont c ommenté l es a nalystes de Morgan Stanley.
Automobilistes en furie
Même si le prix de l’essence à la pompe ne suit pas à la trace celui du baril de brut, les automobilistes montréalais ont vu le coût du litre passer subitement de 98 cents à 1,11 $, hier.
Ce bond est apparu suspect à plusieurs, d’autant plus qu’il est survenu le jour de la fête du Canada, où plusieurs travailleurs en congé prennent la route. Le 1er juillet est aussi marqué par des milliers de déménagements dans la région, réalisés pour la plupart avec des camions énergivores.
Selon CAA-Québec, le prix « réaliste » aurait dû être de 1,04$ hier à Montréal. Un tel prix tient compte de la marge de profit et des coûts d’exploitation des détaillants, selon l’organisme de défense des automobilistes.
Le CAA s’insurge depuis plusieurs mois déjà contre les hausses « injustifiées » à la veille des week-ends ou des congés.
Selon une étude du groupe publiée il y a deux semaines, les stations-services montréalaises ont haussé leurs prix à sept reprises la veille des fins de semaine, entre le 30 mars au 12 juin. Or, cinq de ces hausses n’étaient justifiées par aucun facteur économique réel, soutient le CAA.
L’industrie pétrolière se défend d’abuser des automobilistes. Carol Montreuil, vice-président de l’Institut canadien des produits pétroliers, a récemment qualifié la théorie des week-ends de « légende urbaine » en entrevue à La Presse Affaires.
Reste que les consommateurs ont le réel sentiment de se faire rouler dans la farine. L’annonce de la hausse subite du prix de l’essence, publiée hier sur Cyberpresse, a suscité en quelques heures plus de 50 commentaires de lecteurs. Plusieurs exprimaient une vive frustration à l’égard des pétrolières.




ESSENCE  LA FLAMBÉE DES PRIX À MONTRÉAL ENRAGE LE CAA - Maxime Bergeron

La hausse abrupte du prix de l’essence à 1,15 $ le litre hier à Montréal a entraîné une sortie musclée de CAA-Québec, qui juge injustifiée cette nouvelle flambée à la veille d’un week-end.
Selon l’organisme de défense des automobilistes, le coût « réaliste » aurait dû être 1,109$ à la pompe. « Et déjà à ce prix, les détaillants ne nous feraient pas de cadeau; ce serait un prix qui refléterait les indicateurs pétroliers », a lancé Sophie Gagnon, directrice des relations publiques et gouvernementales chez CAA-Québec.
Le carburant surfe aujourd’hui à son niveau le plus haut depuis le sommet de 1,50$ atteint l’été dernier, au pic de la bulle pétrolière. Le litre a bondi de plus de 7 cents dans la seule journée d’hier à Montréal.
Le CAA a profité de cette hausse pour dénoncer une autre pratique des pétrolières, hier. Selon une étude du groupe, les stations-service montréalaises ont majoré leurs prix à sept reprises à la veille des onze derniers week-ends. Or, cinq de ces augmentations « ne peuvent s’expliquer par des hausses des indicateurs pétroliers sur les marchés », soutient l’organisme.
Des milliers d’automobilistes, qui profitent des week-ends pour faire de longs trajets, ont été pénalisés par cette situation, fait valoir le CAA.
Les marges de détail empochées par les marchands d’essence – qui incluent les profits et les coûts d’exploitation – étaient en outre trop élevées pendant la période étudiée, d’après le CAA. Les marges ont oscillé entre 6,6 et 11 cents le litre, note-t-on, beaucoup plus que la moyenne de 4,7 cents observée depuis un an à Montréal.
Foutaise, répondent les vendeurs d’essence, souvent accusés de gonfler leurs prix à l’approche des congés. « Cette théorie des longues fins de semaine ne tient pas, c’est une légende urbaine », a lancé à La Presse Affaires Carol Montreuil, vice-président de l’Institut canadien des produits pétroliers.
Selon M. Montreuil, il ne faut pas s’attarder à des hausses subites comme celle d’hier pour juger des profits des détaillants, mais plutôt regarder les marges brutes sur une plus longue période. Les marchands doivent parfois vendre le carburant tout près du prix coûtant à cause de la concurrence, note-t-il, ce qui influence les moyennes.
Quoi qu’il en soit, un fait demeure : les marges récentes des



Six Canadiens sur dix vivent de paie en paie  -  Marc Tison
Une paie retardée de quelques j ours, et bonjour les problèmes.
Selon un sondage mené pour l’Association canadienne de la paie (ACP) auprès de 2800 personnes, 59 % des employés canadiens auraient des difficultés à acquitter leurs obligations si leur paie était versée une semaine plus tard que prévu.
Les travailleurs québécois font meilleure figure, alors que 34% d’entre eux soutiennent que le report de leur paie les placerait dans une situation financière préoccupante. « Les Québécois se sentent moins touchés par la récession », explique Richard Rousseau, président sortant du conseil d’administration de l’ACP.
Les spécialistes en finances personnelles recommandent pourtant aux ménages de constituer un coussin budgétaire équivalent à deux ou trois mois de dépenses. Mais cette saine pratique, aux relents de désuétude, a été délaissée au profit des cartes et marges de crédit.
Parmi les groupes d’âge, ce sont les jeunes Canadiens de 18 à 34 ans qui, dans une proportion de 6 4 %, sont les plus nombreux à longer inconfortablement le précipice budgétaire.
 Les familles monoparentales témoignent de la situation la plus fragile : 72% d’entre eux seraient mis en difficulté par une paie retardée.
« C’est i nquiéta nt , les gens ont pris des habitudes de consommation qui font en sorte qu’ils ont peu de marge de manoeuvre, constate Maurice Gosselin, titulaire de la chaire Groupe Investors en planification financière à l’ Université Laval. Et on est chanceux, on est dans une période où les taux d’intérêt sont bas. »
Rien de surprenant, dès lors, que la moitié des répondants s’estiment incapables d’épargner plus de 5% de leur paie nette. « Les experts financiers disent qu’on devrait mettre 10% de côté pour le régime de retraite, soulève Richard Rousseau. On en est loin. »
Les travailleurs ont pourtant conscience de l’importance de l’épargne. En effet, 31 % des Canadiens ont eu la noble intention d’économiser davantage que l’année précédente, sans parvenir pour autant à joindre le geste au souhait.
Paradoxalement, la moitié des répondants estiment avoir besoin d’un capital de 750 000 $ à 3 millions pour vivre une retraite confortable. Ces chiffres sont considérables. « Un régime de retraite d’employeur, pour quelqu’un qui prend sa retraite avec un salaire de 75 000 $, a une valeur actualisée qui se situe entre 500 000 $ et 750 000 $ », souligne Maurice Gosselin. Il en tire le constat d’un problème majeur : « un certain analphabétisme financier ».
Une r et r a i t e à 65 a ns , planifiée suffisamment tôt, nécessitera un ratio d’épargne inférieur aux 10 % souvent cités, rappelle de son côté Martin Dupras, vice-président chez Aon Conseil.
Autre problème, l ’épargnant peut se sentir écrasé par l’ensemble des objectifs financiers qu’on lui trace. « Le client se dit qu’il a tellement peu les moyens de tout faire qu’il décide de ne rien faire. Et il va espérer que la 6/49 le gâte. » C’est un autre élément de ce sondage : s’ils gagnaient 1 million de dollars, 70 % des Canadiens rembourseraient d’abord leurs dettes.


Achat d'Opel par Magna : Le grand pari de Frank Stronach  -  Martin Vallières
P r endre l e contrôle d’un c onst r uc t eu r automobi l e établi est une grande ambition de fin de carrière pour Frank Stronach, 77 ans, président-fondateur de Magna International.
N’empêche. Avec le choix de son offre par GM pour sa division Opel en Europe, l’homme d’affaires torontois sait que l’entreprise qu’il a fait grandir depuis 40 ans d’une PME de garage à une multinationale des pièces automobiles s’engage dans un défi considérable.
«Même si nous avons fait la meilleure offre pour Opel, nous n’obtenons pas de cadeau avec cette acquisition», a commenté M. Stronach en début de semaine, alors qu’il attendait la décision de GM sur son offre présentée en mai dernier.
Le grand patron de Magna a de bonnes raisons de contenir son enthousiasme, en public du moins.
D’une part, ses principaux adjoints et lui sont déjà aux premières loges de la crise qui f r a ppent l ’ i ndustrie automobile en Europe et en Amérique du nord.
Énorme fournisseur de composantes, Magna a vu ses revenus plonger de 32% depuis un an. Et malgré la fermeture de dizaines d’usines et des milliers de licenciements, Magna est passé d’un profit de 617 millions US à une perte de 768 millions, sur une base annualisée au 30 juin.
Par ailleurs, les patrons de Magna se souviennent de leur ambition antérieure pour Chrysler, lors de sa mise en vente il y a trois ans.
Le fonds d’investissement Cerberus a prévalu avec son offre de 7 milliards. Mais la suite lui fut désastreuse.
«Nous avons été chanceux de rater cette acquisition» a admis Frank Stronach en entrevue avec CBC News, le printemps dernier.
Par conséquent, au l ieu de crouler sous Chrysler, et malgré la récession, Magna se retrouve en situation financière très enviable parmi ses pairs.
Au 30 juin, son bilan en mi-année affichait une dette à long terme minime de 659 millions US, largement compensée par des liquidités d’au moins 1,7 milliard.
Bref, de quoi endurer la récession sévère dans l’automobile tout en finançant des projets d’expansion, surtout vers l’Europe.
Aussi, Magna a su profiter des années de prospérité dans l’automobile pour multiplier ses relations d’affaires outre-Atlantique.
Un e xemple : c ’e s t e n Autriche, pays d’origine de M. Stronach avant d’immigrer au Canada en 1954, que Magna est devenu le premier fournisseur de pièces à s’aventurer vers l’assemblage de véhicules complets en sous-traitance. Ses clients : les BMW, Mercedes-Benz et Porsche, rien de moins !
Au niveau financier, c’est dans la nouvelle classe capitaliste en Russie que Magna a trouvé des alliés pour appuyer ses ambitions vers des marchés prometteurs comme l’Europe de l’Est.
Avec son offre pour Opel, c’est encore en Russie, avec la Sberbank, que Magna a trouvé son principal partenaire financier. Leur consortium à parts égales détiendra le bloc de 55% des actions du prochain capital remanié d’Opel.
Par ailleurs, une f i r me immobilière affiliée à Magna, MI Developments, a déjà annoncé trois projets d’usines en Russie, toutes reliées à l’automobile.
Mais dans l ’ i mmédiat , Magna devra d’abord compléter une transaction très complexe pour Opel. Elle implique une banque russe, des fonds publics d’Allemagne assortis de conditions d’emplois, les syndicats d’Opel et même GM, qui demeure actionnaire à 35% et un partenaire majeur d’Opel.
Ensuite, Magna et ses nouveaux partenaires devront piloter une révision sévère de l’exploitation d’Opel. On s’attend à des fer metures d’usines et la suppression de milliers d’emplois en Europe de l’Ouest.
Cet exercice s’annonce très délicat en Allemagne, en raison du soutien financier de 4,5 milliards d’euros promis par le gouvernement allemand.
En contrepartie, l’investissement initial de Magna dans Opel – 500 millions d’euros partagés avec la banque russe Sberbank – s’annonce plutôt modéré.
Aux Bourses de Toronto et de New York, les investisseurs ont d’ailleurs poussé les actions de Magna en légère hausse après l’a nnonce du choix de GM.
Selon l’analyste Peter Sklar, qui suit Magna chez Marchés des capitaux BMO, «les investisseurs apprécient le potentiel de croissance d’Opel vers des marchés comme la Russie. Aussi, ils anticipent des avantages pour Magna de contrôler un constructeur qui demeurera une importante source technologique pour GM et ses prochains véhicules à mandats mondiaux.»

Voitures canadiennes : Une histoire d’essais… et d’erreurs  -  Philippe Mercure
L’achat d’Opel par Magna a fait passer une marque de voiture sous contrôle canadien. Une première ? Non! Si le Canada était jusqu’à hier le seul pays du G8 à ne pas avoir sa marque de voiture, l’histoire compte une poignée d’aventures parfois rocambolesques de véhicules canadiens qui n’ont jamais réussi à s’imposer.

Parlez-en à Michel Fafard, de Saint-Norbert, l’un des rares à rouler dans une voit ure conçue et construite au Québec. M. Fafard est propriétaire d’une Manic GT – un coupé sport entré dans la légende et signé Jacques About, un Montréalais d’origine française.
« Si elle roule ? Ah bien oui, elle roule ! Je l’ai amenée dans un concours d’élégance, au mois d’août… », dit M. Fafard.
Fabriquée à environ 160 exemplaires à Terrebonne, puis à Granby, entre 1968 et 1971, la Manic GT était équipée de pièces Renault et cherchait à faire concurrence à la Ford Mustang et à la Camaro. Mais le rêve fut bref et les difficultés financières, nombreuses. En 1971, l’usine de Granby ferme ses portes. « C’est une histoire un peu malheureuse d’une voiture qui n’a pas abouti par manque de moyens, de chance ou de vision », commente Michel Guégan, un restaurateur de voitures qui estime qu’il ne reste plus que trois ou quatre Manic GT sur les routes du Québec.
La t r i ste histoire de la Man i c i l l u s t r e c e l l e du développement des voitures canadiennes au grand complet. L’autre grande légende nationale à quatre roues est cer t a i nement l a Br i c kl i n SV-1. Créée par Malcolm Bricklin, un homme d’aff a i r e s a mé r i c a i n q u i a nota mment i ntroduit l es marques Subaru et Fiat aux États-Unis, la Bricklin était une voiture sport au look d’enfer munie d’un l ong capot ondulé.
Le bolide avait séduit le gouvernement du NouveauBrunswick au milieu des années 70, qui avait dépensé une petite fortune dans la construction d’une usine à Saint-Jean. Mais le projet s’est terminé par une faillite et moins de 3000 unités ont été construites.
Un premier accident canadien
Une poignée d’autres tentatives ont émergé ici et là au pays. Suzanne Beauvais, conservatrice adjointe au Musée des sciences et de la technologie d’Ottawa, prépare une exposition sur les voitures canadiennes qui sera présentée à partir du 24 juin 2010. Elle rappelle que la toute première voiture à avoir roulé en sol canadien était de conception. . . canadienne.
Fabriquée à Stanstead, dans les Cantons-de l’Est, en 1867, la Henry Seth Taylor portait
le nom de son concepteur et fonctionnait à la vapeur. « Elle n’avait pas de frein, dit cependant Mme Beauvais. À un moment donné, M. Taylor a descendu une côte…Ç’a été le premier accident automobile au Canada. »
La Russell de Toronto et la Gray-Dort de Chatham, en Ontario, font partie des autres véhicules canadiens qui n’ont jamais percé. Au Québec, Éric LeFrançois, qui signe des chroniques automobiles dans La Presse, recense l a Bourassa et la Comet, toutes deux conçues à Montréal au tournant du XXe siècle. La Drednot Motor Truck Company, également de Montréal, a aussi construit une voiture blindée pour le tsar de Russie en 1915.
Comment expliquer l’incapacité du Canada à lancer sa propre marque de voiture ? « La raison principale, c’est qu’on est collé sur Detroit, le berceau de l’automobile américain, répond M. LeFrançois. Les Américains ont tout de suite traversé la frontière pour s’implanter ici. Regardez les filiales canadiennes : Ford est ici depuis plus de 100 ans. »
M. LeFrançois rappel le qu’à défaut de la ncer des véhicules, l e Canada est devenu un important équipementier automobile. L’exemple de Magna , qui gagné le contrôle d’Opel hier, en est un excellent exemple.
« Qu’est-ce qu’une voiture canadienne ? Une voiture dont le design intérieur et extérieur est conçu au Canada? Ou une voiture fabriquée au Canada par des Canadiens ? Chacun a son interprétation là-dessus. Ce sont les questions qu’on veut poser aux visiteurs lors de l’exposition », dit Suzanne Beauvais, du Musée des sciences et de la technologie d’Ottawa.

MAGNA DÉJÀ EN MODE RATIONALISATION
BERLIN — Le constructeur automobile américain General Motors et l a c hancelière Angela Merkel ont annoncé hier la vente d’Opel à l’équipementier canadien Magna, adossé à la banque r usse Sberbank, comme le voulait le gouvernement allemand.
À 17 jours de législatives à l’issue desquelles elle devrait se succéder à elle-même, c’est à la chancelière conservatrice, rayonnante, qu’il est revenu d’annoncer la nouvelle.
« Le conseil d’administration de GM a décidé de vendre Opel à Magna », a-t-elle déclaré devant la presse. « Je me réjouis vivement » de cette décision.
L e géa nt a mér i c a i n a confirmé peu après, en précisant que certains points devaient encore être négociés et que l’accord définitif ne serait pas signé avant « les toutes prochaines semaines ». Donc après les élections allemandes.
Ce devrait être fait d’ici la fin novembre, a indiqué le viceprésident de GM John Smith.
GM veut céder 55% d’Opel et Vauxhall à Magna/Sberbank, qui devraient se partager cette part à moitié-moitié, et 10% aux salariés. L’américain conserverait ainsi 35% de ses anciennes filiales européennes.
Mais le groupe de Detroit doit encore négocier avec les syndicats sur la restructuration d’Opel/ Vauxhall, victime comme la concurrence de surcapacités de production en Europe.
I l a déjà a n noncé s on intention de fermer progressivement l’usine d’Anvers, en Belgique, qui emploie plus de 2000 personnes.
« La proposition de Magna prévoit que (le site de) Anvers ferme progressivement », a déclaré M. Smith lors d’une conférence à Berlin.
Opel compte économiser 1,2 milliard d’euros, indique le patron de GM Europe Ca r l - Peter For s t e r da ns une entrevue au magazine WirtschaftsWoche. Pour y parvenir, il faudra supprimer « plusieurs milliers d’emplois », avertit-il.
Magna, dont l’offre repose sur l’obtention de plusieurs milliards d’euros de garanties publiques en Allemagne, avait promis de ne pas fermer de site dans le pays, mais pourrait supprimer environ 10 000 emplois.
Les aides publiquesdevraient être remboursées d’ici 2014, a promis M. Smith.
« Je sais que ce n’était pas une décision facile pour General Motors, mais je me réjouis qu’Opel ait maintenant un avenir », a commenté Klaus Franz, chef du Comité d’entreprise d’Opel.
Les 25 000 salariés allemands d’Opel (pour un total de 50 000 en Europe) sont échaudés depuis des mois par les atermoiements de leur société mère. Ces derniers jours, les rumeurs avaient ainsi enflé sur la volonté soudaine de GM de conserver Opel et sa jumelle britannique Vauxhall.
En mai dernier, GM et Magna avaient déjà signé une lettre d’intention sous le patronage du gouvernement. Mais GM, à la faveur d’une procédure éclair de faillite, avait très vite repris la main et relancé tout le processus pour améliorer le rapport de force vis-à-vis de Magna.
« Reste à négocier aussi avec les autres pays européens concernés par des usines Opel/ Vauxhall. Le gouvernement britannique et le premier syndicat du pays, Unite, sont en tout cas restés prudents hier, assurant qu’ils défendront le maintien d’un maximum d’emplois au Royaume-Uni.
Une union houleuse
La « marque à l ’é cla i r » appartenait à GM depuis la Grande dépression de 1929.
À l’époque, Opel fabriquait avant tout des bicyclettes, domaine où elle revendiquait le premier rang mondial, et des machines à coudre, une de ses spécialités depuis sa création en 1862 par Adam Opel.
L’entreprise ne s’est lancée dans la production d’automobiles qu’en 1898, mais dès 1906, la millième voiture sort des ateliers, une sensation pour l’époque.
Elle devient alors fournisseur de la cour de l’empereur Guillaume II mais ce sont ses petits modèles accessibles au plus grand nombre qui assureront son succès.
General Motors, qui voit en Opel la marque phare de son extension en Europe, concentre sa production sur l’automobile et permet à la production en série de prendre rapidement de l’ampleur. La « Kadett », petit modèle familial, va devenir un best-seller.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Opel produit surtout des camions « Blitz » pour l’armée. Après, elle est contrainte par les Alliés de se concentrer sur la fabrication de réfrigérateurs.
La production de voitures ne repartira vraiment qu’au début des années 50. Douze ans plus tard, une nouvelle version de la « Kadett » est commercialisée, alternative à la « coccinelle » de Volkswagen et destinée elle aussi au grand public.
Le début des années 70 est l’âge d’or pour Opel, qui détient 20% du marché allemand. Mais Volkswagen mettra un terme à sa domination en lançant sa petite voiture familiale, la Golf.
Opel ne s’en remettra jamais. Ses diversifications par la suite dans le haut de gamme (Omega) ou même les voitures de sport (Tigra) échouent. Des problèmes de qualités viennent entacher sa réputation.



Les employés réclament leurs heures supplémentaires  -  Philippe Mercure
Fini l’époque où les employés acceptaient de rester plus longtemps au bureau sans être payés davantage. Les heures supplémentaires non payées, un phénomène longtemps passé sous silence au Canada, sortent de l’ombre grâce à une poignée de poursuites judiciaires. Et les entreprises commencent à réagir.
Un sondage publié hier par le Conference Board du Canada montre à quel point les mentalités changent lorsqu’il s’agit de donner des heures gratuitement au patron. Un coup de sonde mené auprès de grandes entreprises canadiennes indique que seulement 9% d’entre elles jugent que les heures supplémentaires sont actuellement une « préoccupation critique » au sein de leur société.
Mais les entreprises voient venir la tempête. Pas moins de 90 % d’entre elles prédisent que les heures supplémentaires non payées deviendront une préoccupation au sein de leur organisation au cours des prochaines années.
« C’est un problème qui vient tout juste d’apparaître sur le radar au Canada » , c onst a t e Michael Bloom, vice-président, ef f icacité organisationnelle et apprentissage, au Conference Board, qui avoue avoir été surpris par l’ampleur des préoccupations.
« Neuf entreprises sur 10, c’est vraiment beaucoup », souligne-t-il.
Si les heures supplémentaires non payées préoccupent tant les entreprises, c’est parce qu’elles se sont retrouvées au centre d’une série de poursuites judiciaires depuis deux ans.
L’an dernier, la f i r me comptable KPMG a accepté de verser une somme estimée à 10 millions de dollars pour que certains employés canadiens laissent tomber une poursuite à ce sujet.
Cet été, la Cour supérieure de l’Ontario a refusé d’autoriser un recours collectif de 600 millions de dollars intenté contre la banque CIBC par des employés mécontents d’avoir fait des heures supplémentaires gratuitement. La décision vient toutefois d’être portée en appel.
Emmanuelle Rolland, avocate chez Borden Ladner Gervais, répertorie t rois autres recours collectifs du même ordre au pays, soit les cas de E. Care Contact, de la Banque Scotia et du CN. Pour elle, l’influence américaine est claire.
« Aux États-Unis, ce type de recours existe depuis plusieurs années, ditelle. Il s’agit d’une véritable épidémie : des milliers d’employeurs en sont la cible. »
Selon Stat i st ique Canada, l es Canadiens sont davantage susceptibles de faire des heures supplémentaires non payées (11,4 %) que payées (10,1 %).
Au Québec, la Loi sur les normes du travail stipule que la semaine de 40 heures ne s’applique pas aux cadres, qui n’ont donc pas droit au paiement de leurs heures supplémentaires. Selon le Conference Board, une partie du problème vient justement des entreprises qui définissent mal quels employés sont admissibles aux heures supplémentaires. Ménage et clarifications sont en cours à plusieurs endroits.
« Les entreprises mettent beaucoup d’efforts actuellement à réviser leur politique relative aux heures supplémentaires et à la redéfinir », dit Michael Bloom, du Conference Board.


Revenu Canada veut forcer les banques à collaborer  -  Francis Vailles
Pour pouvoir imiter les ÉtatsUnis dans l ’ a f f a i r e UBS, Revenu Canada veut obliger les banques faisant affaires au Canada à lui divulguer tous les comptes des contribuables canadiens ouverts à l’étranger.
Cette mesure musclée fait partie d’une série de moyens que souhaite prendre l’Agence du revenu du Canada pour contrer l’évasion fiscale, a dévoilé à JeanPierre Blackburn, ministre du Revenu national. Les moyens ciblés par le fisc doivent recevoir l’assentiment du ministère des Finances et nécessitent des changements législatifs.
Ces outils sont réclamés dans la foulée de l’affaire de la banque suisse UBS. Cette semaine, le département de la Justice américain a réussi à s’entendre avec UBS, un des principaux gestionnaires de fortunes privées du monde.
En vertu de l’entente, UBS devra fournir au fisc américain des détails sur 4450 comptes bancaires que des contribuables américains auraient ouverts en Suisse pour éluder le paiement d’impôts. Le fisc américain estime qu’il y a 18 milliards US dans ces comptes.
Le Canada n’a pas conclu une telle entente avec UBS, n’ayant pu obtenir le témoignage d’aucun dénonciateur, contrairement au fisc américain. Revenu Canada a toutefois reçu récemment les déclarations volontaires de sept Canadiens qui ont placé des fonds en Suisse, d’un montant indéterminé, nous dit M. Blackburn. Le Ministère rencontrera bientôt les représentants d’UBS. « Dans le cas des paradis fiscaux, on a de la difficulté à bien accomplir notre mission en raison des lois actuelles qui nous limitent dans nos actions », dit M. Blackburn.
Revenu Canada a besoin de six nouveaux outils pour mieux connaître ceux qui omettent de déclarer leurs revenus gagnés à l’étranger. À la fin mai, ces mesures ont été réclamées au ministère des Finances, Jim Flaherty, dans une lettre que nous avons obtenue. Pour aller de l’avant, le ministre des Finances devra proposer des amendements législatifs à la Chambre des communes.
Transferts de fonds
En ce qui concerne les banques faisant affaires au Canada, Revenu Canada réclame qu’elle divulgue tous les comptes des Canadiens dans leur succursale à l’étranger, nouveaux et existants.
L’Agence demande également d’avoir accès aux renseignements Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE). Ce Centre reçoit notamment les déclarations des institutions financières pour toutes transactions de plus de 10 000 $ en espèces ou pour tout virement électronique à l’étranger de plus de 10 000$.
En vertu des lois actuelles, le CANAFE peut transmettre à Revenu Canada les transferts financiers des Canadiens s ’ i l y a des soupçons de blanchiment d’argent ou de financement d’activité terroriste ou encore s’il y a des indicateurs de fraude fiscale. L’Agence du revenu réclame maintenant l’accès à tous les renseignements.
Autre requête de l’Agence : que soit prolongé le délai qui lui est accordé pour recotiser un contribuable dans un dossier impliquant des fonds à l’étranger.
Actuellement, le fisc dispose de trois ou quatre ans pour récla mer son dû au contribuable qui a omis de déclarer certains revenus.
Comme les dossiers internationaux sont plus complexes, explique M. Blackburn, Revenu Canada veut que la loi lui accorde six ans pour recotiser les particuliers et les entreprises privées qui ont fait de l’évasion fiscale à l’étranger et sept ans pour les entreprises inscrites en Bourse.
Les trois autres outils réclamés par le fisc concernent les échanges de renseignements avec les paradis fiscaux et les conventions fiscales avec les pays étrangers.
Entre autres, le fisc demande que le Canada « poursuive de façon agressive » les accords d’échange de renseignements avec l es paradis f i s c aux. L’Agence veut que le Canada profite « des événements internationaux récents (qui) ont changé la dynamique (…) et qui ont permis à plusieurs pays de l’OCDE de s’engager dans des accords d’échange de renseignements avec un nombre grandissant de paradis fiscaux », est-il écrit dans la lettre de l’Agence.
Jean-Pierre Blackburn dit prendre les paradis fiscaux au sérieux. Il attend une réponse du ministre Flaherty d’ici quelques semaines, qui devra notamment tenir compte de la Charte des droits et libertés et de la Loi sur la protection de la vie privée.




COMMERCE ÉLECTRONIQUE
  Le fisc « s’en vient »  -  Hugo Fontaine
« Notre but n’est pas d’aller chercher 32,64 $, mais vraiment ceux qui font du commerce. »
Les Canadiens qui vendent beaucoup sur l’internet, mais sans toujours en déclarer les bénéfices, devront se ranger : le fisc entend prendre la part des revenus qui lui revient.
Après une joute juridique avec eBay Canada qui a commencé en 2006, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a mis la main en novembre dernier sur une liste de 5000 noms de Canadiens qui ont fait des ventes substantielles sur le site de vente en ligne en 2004 et 2005. Elle met maintenant en marche le processus de vérification.
Le f i sc l aisse un mois de grâce à ceux qui n’auraient pas déclaré leurs revenus. Ils peuvent se reprendre pour s’assurer d’être en règle sur le plan des impôts.
L’ARC déclenchera à la fin de l’été une série de vérifications sur la base des informations reçues d’eBay. Ceux qui n’auront pas payé leur juste part d’impôts s’exposent à des pénalités et d’éventuelles poursuites judiciaires. « Si vous n’avez pas déclaré vos impôts dans les années antérieures, c’est peut-être le temps de le faire », souligne le ministre du Revenu national, Jean-Pierre Blackburn, en entrevue à La Presse Affaires.
« On s’en vient »

Pour l’instant, les personnes visées par le fisc ne sont que celles qui ont possédé en 2004 et 2005 le statut de PowerSeller sur eBay. Il s’agit de vendeurs qui génèrent en moyenne au moins 1000 $ US de ventes mensuelles et qui maintiennent un taux d’évaluation positive de plus de 98 %. 
« Notre but n’est pas d’aller chercher 32,64$, mais vraiment ceux qui font du commerce », dit le ministre, qui entend poursuivre dans cette voie.
« On a demandé à la cour d’avoir les autorisations pour 2004-2005, il y a un précédent qui est là, et maintenant, on va aller plus loin. »
« On s’en vient », a-t-il ajouté un peu plus tard, en précisant que l’ARC demanderait à eBay et à d’autres sites des listes de vendeurs pour les années les plus récentes.
Le ministre n’était pas en mesure d’indiquer combien le gouvernement estimait perdre en impôts dans les mailles du commerce électronique. Mais on sait que les transactions électroniques des Canadiens s’élèvent à environ 5 milliards US par année, dont plus de 1 milliard sur eBay.
La Cour fédérale avait accordé en 2006 le droit d’obtenir les i nformations d’eBay Canada sur les PowerSellers. « L’idée, c’était de bien faire reconnaître par la Cour que si vous faites du commerce électronique, les revenus doivent aussi être déclarés à l’impôt », note le ministre Blackburn.
L’entreprise avait porté la décision en appel « pour la défense du droit à la vie privée de ses membres », a-t-elle rappelé dans une déclaration envoyée à La Presse Affaires. Elle avait mis de l’avant le fait que les informations n’étaient pas conservées au Canada, mais dans les ordinateurs du siège social d’eBay aux États-Unis.
La Cour d’appel fédérale n’a pas retenu les arguments d’eBay et a confirmé la décision initiale en novembre dernier. eBay a dû fournir les listes demandées. L’entreprise a rappelé à ses membres qu’ils étaient « responsables de suivre les lois et réglementations des activités en ligne ».
Le site eBay Canada confirme qu’il n’a reçu aucune autre requête d’information de la part de l’ARC.



TRAVAIL AU NOIR Des « lacunes » à Revenu Canada  -  Vincent Brousseau-Pouliot

Le fisc canadien admet avoir plusieurs « lacunes » dans sa lutte contre le travail au noir. Il choisit mal ses dossiers, recueille peu de renseignements auprès des banques et d’autres sources, éprouve des problèmes de communication entre ses équipes et analyse peu le rythme de vie des contribuables soupçonnés de travailler au noir, selon un rapport interne daté de décembre dernier obtenu par La Presse Affaires.
Au nombre des critiques formulées à l’égard de l’Agence du revenu du Canada (ARC), la principale lacune reste la sélection des dossiers à risque élevé de travail au noir. Selon le rapport interne de l’ARC, le fisc devrait avoir une « approche plus centrée qui appuie la nature particulière des vérifications » des dossiers de travail au noir.
« Les processus et les contrôles peuvent être améliorés afin de détecter et de sélectionner les dossiers à risque élevé (...). Les évaluations des risques (...) n’ont pas été menées systématiquement et aucune méthode comparative pour l’évaluation des secteurs n’a été établie », écrit-on dans le rapport, qui s’appuie sur une évaluation interne de 253 dossiers de travail au noir entre 2004 et 2007.

« L’Agence effectue du travail sérieux. Elle est toujours en train de se remettre en question et d’améliorer ses façons de faire. La vérification traditionnelle a atteint ses limites dans la lutte contre le travail au noir. Il faut être plus inventif. »
Durant l ’a nnée f i nancière 2007-2008, l’A RC a récupéré 150 millions de dollars de plus en impôts grâce à ses enquêtes sur l’économie clandestine.
Outre de mieux choisir ses dossiers, le rapport interne de l’ARC suggère au fisc d’utiliser des techniques de vérification plus modernes afin de lutter contre le travail au noir. À titre d’exemple, 68 % des dossiers ne comportent pas d’analyse du train de vie des contribuables soupçonnés de t ravai l ler au noir. Dans 30 % des dossiers, l e cont r i buable n’est même pas rencontré. Seulement 15 % des dossiers font l’objet d’une demande de renseignements ba nc a i r e s , qu i per met de mieux évaluer les avoirs d’un contribuable.
Même si l’ARC a des « lacunes » sur plusieurs aspects de sa vérification du travail au noir – la sélection des dossiers, les outils et techniques de vérification, la communication entre les vérificateurs et les agents de recouvrement –, le rapport souligne que le fisc a fait des « progrès raisonnables » depuis sa dernière évaluation interne en 2004. Notamment, 18 des 28 recommandations formulées en 2004 ont été complètement réalisées après quatre ans.
« L’Agence effectue du travail sérieux. Elle est toujours en train de se remettre en question et d’améliorer ses façons de faire. La vérification traditionnelle a atteint ses limites dans la lutte contre le travail au noir. Il faut être plus inventif. C’est un work in progress », dit le ministre du Revenu du Canada, J e a n-P i e r r e Blac kburn, e n entrevue à La Presse Affaires.
Le ministre c onservateur assure que l’ARC a déjà commencé à mieux cibler les secteurs susceptibles d’être touchés par le travail au noir dans sa sélection de dossiers à vérifier. « Nous sommes en train d’évaluer les sous-secteurs de l’économie (où le travail au noir est plus répandu), dit le ministre Blackburn. Nous avons toujours en tête la construction et le tourisme, mais nous avons aussi effectué des visites d’information auprès des producteurs de sirop d’érable. Dans le secteur de la restauration, une entreprise à Vancouver a inventé un zapper, mais nous venons de trouver un logiciel pour découvrir les gens qui l ’utilisent. C’est fondamental de communiquer ces informations aux gens afin qu’ils soient au courant qu’ils vont se faire prendre s’ils utilisent ce nouveau zapper. »
En 1997, le vérificateur général du Canada estimait que l ’économie cla ndest i ne représentait de 3 % à 20 % de l’économie du pays, souligne le ministre Blackburn. Selon le scénario le plus modéré, le travail au noir génère des revenus de 48 milliards de dollars cette année au Canada. Le gouvernement fédéral prévoit faire un déficit de 50 milliards cette année.
L’ARC consacre 8 % de son budget de vérification, soit 60 millions de dollars en 2007-2008, dans sa lutte contre le t r avail au noir. L’agence affirme que 1028 des 45 000 employés de l’ARC sont affectés à la lutte contre le travail au noir. Durant l’année financière 2007-2008, l’ARC a traité 11 394 dossiers de travail au noir, découvrant des revenus non déclarés de 575 millions de dollars et établissant des cotisations d’impôt supplémentaires de 150 millions de dollars.
L’ARC a été incapable hier de fournir le montant des cotisations d’impôt supplémentaires récoltées au cours des années antérieures. Le fisc canadien compte un programme de vérification spécifique au travail au noir depuis 1993.




PLANIFICATIONS FISCALES AGRESSIVES Le milieu des affaires se rebiffe

Le milieu des affaires réagit fortement à l’intention de Québec d’encadrer plus sévèrement les planifications fiscales agressives (PFA), qui respectent la lettre de la loi, mais pas son esprit.
La plupa r t des mémoi r es déposés auprès du ministère des Finances dans le cadre de la consultation menée plus tôt cette année s’opposent en tout ou en partie aux propositions mises de l’avant par le gouvernement dans son Livre vert sur la question.
S’inspirant des régimes fiscaux américain et britannique, Québec propose notamment d’obliger les entreprises à divulguer rapidement les opérations ou les arrangements auxquels elles recourent pour payer moins d’impôt. Si elles s’abstenaient de faire une déclaration, elles s’exposeraient à des pénalités allant de 10 000$ à 100 000$.
Le gouvernement vise plus particulièrement les transactions confidentielles, les opérations qui procurent une « rémunération conditionnelle au résultat » (économie d’impôt) à des conseillers fiscaux ou à des promoteurs, de même que les « produits fiscaux prêts à l’emploi ».
Les cabinets comptables Deloitte et PricewaterhouseCoopers, l’Ordre des comptables agréés et celui des CGA, de même que l’Institut des cadres fiscalistes, l’Association canadienne d’études fiscales, l’Association de planification fiscale et l’Association du barreau canadien estiment tous que les mesures de divulgation proposées ratissent trop larges. À divers degrés, ces organisations pressent Québec d’en restreindre l’application, à l’égard notamment d’opérations fiscales « routinières » ou liées à la bonne marche des affaires.
Mais c’est la Fédération des chambres de commerce du Québec ( FCCQ), sous la plume de sa présidente-directrice générale, Françoise Bertrand, qui mène la charge la plus virulente: selon l’organisme, l’approche préconisée par le gouvernement « apparaît déconnectée de la réalité concurrentielle et de la pratique courante ».
Comme les gouvernements réussissent régulièrement à débusquer des PFA, on soutient majoritairement que le système actuel fonctionne adéquatement.




ANALYSE DU CONFERENCE BOARD L’économie canadienne à la traîne parmi les pays riches

« Nous ne pouvons tenir pour acquis que le Canada se tirera mieux de la récession que les autres, car il continue d’accuser un retard pour les indicateurs clés d’une croissance économique durable. »
— Le Conference Board du Canada accorde de nouveau une note B au Canada pour sa performance économique en 2008 et le 11e rang, soit dans le peloton de queue, parmi les 17 pays les plus riches du monde.
Dans le volet « économie » de son a nalyse comparative publiée sous le titre « Les performances du Canada : Bilan comparati f » , l ’organisme de recherche économique i ndique que la position relative du Canada n’a pas changé en 2008 malgré une augmentation du taux de chômage, une baisse du revenu par habitant, un ralentissement de la croissance du produit intérieur brut ( PIB) et une diminution de la productivité de la main-d’oeuvre.
La note que l e Canada a obtenue r end compte de s a performance à l’égard de huit indicateurs économiques, soit l ’ i nf lation, l a c roissance du PIB, le revenu par habitant, la croissance de la productivité de la main-d’oeuvre, le chômage, la croissance de l’emploi et l ’ i nvestissement étra nger direct ( I ED) entrant ainsi que l’investissement étranger direct sortant.
Le Canada a conservé une note globale de B, malgré six C, en raison d’un A pour l’inflation, d’un B pour la croissance du PI B et de C relativement élevés qui ont fait monter sa moyenne en comparaison de celle d’autres pays aux notes plus disparates. Le Canada a aussi augmenté sa part des I ED sortants de l’ensemble des pays comparés en proportion de sa part du PIB de l’ensemble des pays comparés, ce qui l’a fait monter dans le classement.
Le Conference Board explique en outre dans son étude que le 11e rang occupé par le Canada signifie qu’il reste plutôt à la queue des pays comparés.
« Par exemple, la Norvège, en tête du palmarès, a un revenu pa r habit a nt s upérieu r au Canada de presque 9200 $ US. Nous ne pouvons tenir pour acquis que le Canada se tirera mieux de la récession que les autres, car il continue d’accuser un retard pour les indicateurs clés d’une croissance économique durable. »
La première place au palmarès revient donc à la Norvège, s uivie de l a Suisse e t des Pays-Bas. Les États-Unis arrivent huitièmes et l a France neuvième. L’ I rlande, qui était au premier rang pour 2007, a r r ive au dernier rang pour 2008.
L e Conference Boa r d publie « Les performances du Canada : Bilan comparatif » tous les ans depuis 1996.
La catégorie de l’économie est l’une des six dont se sert le Conference Board pour comparer le Canada à 16 autres pays développés. Les résultats dans les autres catégories, soit la santé, la société, l’innovation, l’environnement et l’éducation et les compétences, seront mis à jour plus tard cette année.



REVENU RÉEL Les Canadiens rattrapent les Américains - Rudy le Cours
Le gain canadien est attribuable à des augmentations de salaire plus substantielles, à une plus forte création d’emplois et à une meilleure distribution sectorielle des nouveaux emplois.
Enmoinsdecinqans, lesCanadiens ont rattrapé un retard creusé pendant une quinzaine d’années avec les Américains en ce qui concerne le revenu disponible réel (RDR) par personne.
Et au sortir de la présente récession, tout indique que le rattrapage canadien se transformera en avantage net, car le retour à la croissance reposera surtout sur les produits de base et les denrées dont le Canada est grand producteur et exportateur.
La toute récente étude menée par Benjamin Tal, économiste chez CIBC, montre que le RDR – soit le revenu après impôt – a grimpé de 1300$US, aux États-Unis depuis 2005, alors qu’il a bondi du double au Canada, exprimé en monnaie locale.
« Si on mesure les deux progressions en dollars canadiens, on constate que le RDR au Canada par rapport à celui des États-Unis est revenu à la proportion du début des années 90. »
À l ’ époque , le RDR des Canadiens correspondait à un peu plus de 80% de celui des ÉtatsUnis. Au début de la décennie, il ne correspondait plus qu’à 56% car le dollar canadien n’a pas arrêté de se déprécier durant toute la période.
Depuis cinq ans, les Américains doivent surtout l’amélioration de leur RDR à un fardeau fiscal moins lourd, une embellie qui ne saurait perdurer avec les déficits budgétaires actuels de l’administration Obama.
M. Tal fait ressortir que le gain canadien est plutôt attribuable à des augmentations de salaire plus substantielles, à une plus forte création d’emplois et à une meilleure distribution sectorielle des nouveaux emplois. Aux ÉtatsUnis, le nombre d’emplois bien rémunérés a diminué de 4%, alors qu’il a grimpé de 4,5% auCanada. Bref, la croissance de l’emploi était moins concentrée dans les macjobs de ce côté-ci de la frontière.
M. Tal reconnaît enfin que la présente récession a fait reculer de 2% le RDRauCanada, mais cela ne saurait faire oublier l’élan des dernières années stimulé par le boom du prix des ressources en voie de terminer sa correction. « Cela suggère que dans l’après-récession, les Canadiens vont continuer de toucher des chèques de paye plus gros que leurs voisins du Sud. »
Cela paraît d’autant plus vrai que l’augmentation de la population mondiale de 70 millions de personnes par année stimulera la production céréalière et l’utilisation massive d’engrais, selon un récent rapport d’Angelo Katsoras, et de Pierre Fournier, associé principal et analyste géopolitique à la Financière BanqueNationale. Or, le Canada est troisième exportateur de céréales mondial derrière les États-Unis et l’Europe des 27. Qui plus est, il dispose de 6% des réserves d’eau potable, alors que sa population ne représente que 0,5% de l’humanité. « Attendons-nous à un transfert de la production agricole dans les pays qui détiennent des surplus d’eau », prédisent les auteurs. Cela est d’autant plus probable que le Canada est aussi un très grand producteur de potasse, l’engrais le plus recherché.
L’analysteDonCoxedeChicago, rattaché à BMO Marchés des capitaux, croit que la croissance du prochain cycle sera dominée par le Brésil, la Chine et l’Inde, ce qui avantage des producteurs de ressources comme l’Australie et le Canada. « Leurs économies et leurs marchés boursiers sont les gagnants patents de la croissance soutenue de la demande de produits de base tributaire de la forte expansion des trois grandes puissances émergentes », prétendil dans la dernière livraison de sa circulaire Basic Points.
C’est sans doute vrai, mais la reprise n’est pas encore là, prévient l’équipe d’économistes de Desjardins. Nous traversons plutôt les derniers moments de la récession. « Au Canada, plusieurs signaux pointent vers une reprise, notent-ils dans le dernier numéro du Point de vue économique. Ceux-ci ne garantissent pas quand elle aura lieu : peut-être dans trois mois, peut-être dans neuf mois. »



TRANSACTION DU CANADIEN DE MONTRÉAL GILLETT NE PAIERA PAS D’IMPÔT AU CANADA  - Francis Vailles
TRANSACTION DU CANADIEN DE MONTRÉAL  La stratégie fiscale privera les gouvernements d’environ 63 millions de dollars
EXCLUSIF
George Gillett a réalisé un i mportant gain en vendant le Canadien de Montréal, mais tout indique qu’il ne paiera pas un cent d’impôt au Canada sur cette transaction.
Selon deux sources, les frères Molson et leurs partenaires ont finalement offert 633 millions CAN pour mettre la main sur l’avoir de M. Gillett. La transaction comprend 100 % du Centre Bell et 80,1 % du Canadien et du Groupe spectacles Gillett (les 19,9 % restant ont toujours appartenu à la brasserie Molson-Coors).
D’après trois fiscalistes, la structure juridique des entreprises de M. Gillett est telle qu’elle lui permet, en toute légalité, d’être dispensé d’impôt au Canada.
La stratégie fiscale privera les gouvernements d’environ 63 millions de dollars.
À proprement parler, George Gillett n’a pas vendu le Canadien et le Centre Bell, a-t-on appris, mais la société en commandite qui détient ces deux entités. Dans un tel cas, le gain en capital est imposé entre les mains des commanditaires de la société vendeuse selon leur lieu de résidence. Les commanditaires sont les membres de la famille Gillett, essentiellement, qui résident aux États-Unis.
Les fiscalistes Claire Laplante, de la firme Samson Bélair, Éric Labelle, de Raymond Chabot, et André Lareau, de l’Université Laval, sont unanimes. « Si l’on se fie au paragraphe 13 (4) de la Convention fiscale Canada-ÉtatsUnis, George Gillett ne paiera aucun impôt sur le gain en capital de cette transaction à la condition que la portion immobilière (le Centre Bell) ait une valeur i nférieure à 50 % de la transaction », nous explique Claire Laplante, associée en fiscalité internationale de Samson Bélair Deloitte& Touche.
Cette condition devrait être aisément respectée. Dans son litige avec George Gillett, la Ville de Montréal attribue une valeur maximale de 225 millions au Centre Bell, ce qui équivaut à seulement 35% des 633 millions de la transaction.
En 2001, George Gillett avait payé 150 millions pour mettre la main sur les 80,1% du Canadien, en plus de 100 millions pour le Centre Bell, soit un total de 250 millions. Le prix payé par les Molson, estimé à 633 millions, équivaudrait donc à un gain en capital de 383 millions pour la famille Gillett.
Au Canada, le gouvernement fédéral et les provinces imposent la moitié du gain en capital. Le taux d’imposition est de 19 % au fédéral, de 11,9% au Québec et de 14% en Ontario. Le taux combiné fédéral-provincial oscille donc entre 30,9% et 33% selon le lieu d’imposition (le Canadien est notamment détenu par un holding ontarien).
Autrement dit, la famille Gillett est dispensée d’une facture d’impôt canadienne de quelque 63 millions, selon nos renseignements.
Nous avons fait part de nos constatations fiscales au club de hockey et demandé de parler à M. Gillett à ce sujet, sans succès. « Il n’y aura aucun commentaire de George Gillett ou de l’organisation du Canadien tant que le processus de vente ne sera pas complété », a déclaré le porte-parole du Canadien, Dominique Saillant.
Des impôts aux États-Unis ?
Le f i scaliste Éric Labelle, de Raymond Chabot Grant Thornton, n’est pas outré par cette manoeuvre fiscale. Certes, le gain de M. Gillett ne sera pas imposé au Canada, mais il le sera aux États-Unis.
Ensuite, la disposition de la convention fiscale Canada-ÉtatsUnis s’applique autant dans un sens que dans l’autre, rappellet-il. Par exemple, si Bombardier vend une entreprise américaine, elle sera dispensée de l’impôt aux États-Unis sur le gain en capital, à certaines conditions, mais devra payer son dû au Canada. « C’est ainsi que ça fonctionne dans la plupart des pays », dit-il.
Aux États-Unis, donc, le gain avec la vente Canadien devrait être imposé selon le lieu de résidence des commanditaires de la société vendeuse. Ces commanditaires sont George Gillett et ses quatre fils, de même que Jeffrey Joyce, nous indique le registre des entreprises du Québec.
George Gillett père déclare être résidant du Wyoming ou de l’Idaho, selon deux documents publics de 2009. Dans l’État du Wyoming, il n’y a aucun impôt sur le gain en capital ; seul l’impôt fédéral de 15% s’applique. En Idaho, au Colorado et en Géorgie, où résident les autres commanditaires, le taux d’imposition combiné fédéral-État oscille entre 18 et 20%.
Il n’est pas clair, cependant, si un impôt sera réellement payé. En effet, aux États-Unis, un gain en capital peut être ramené à zéro si un contribuable a accumulé d’autres pertes par ailleurs, explique Claire Laplante. Les pertes admissibles peuvent parfois remonter aux 15 ou 20 années dernières.
Sachant les difficultés que connaît George Gillet avec son club de soccer de Liverpool, au Royaume-Uni, et son écurie Gillett Evernham Motorsports, de la série Nascar, il n’est pas impossible que soit annulé l’impôt sur le gain du Canadien.


CENTRE BELL  Pas de « taxe de bienvenue » pour les Molson  -  Francis Vailles

Non seulement George Gillett sera dispensé d’impôt au Canada, mais la transaction du Canadien devrait permettre à la famille Molson et ses partenaires de ne pas payer de « taxe de bienvenue » sur le Centre Bell. L’économie serait d’environ 3,4 millions de dollars.
En 2001, lorsqu’il a acquis l’amphithéâtre et le club de hockey, George Gillett avait donné une valeur de 100 millions au Centre Bell. Aujourd’hui, la Ville estime que l’immeuble vaut 225 millions aux fins du rôle foncier triennal 2007-2009.
Cette économie est possible parce qu’en fait, ce ne sont pas le Centre Bell et le Canadien qui ont été vendus, mais la société qui les détient. Or, dans un tel cas, la Loi sur la fiscalité municipale est claire : aucun droit de mutation immobilière ne doit être prélevé.
Le droit de mutation est le nom légal pour ce qui est communément appelé la « taxe de bienvenue ». Selon la croyance populaire, le terme Bienvenue a été donné en l’honneur du ministre du Revenu sous Robert Bourassa, Jean Bienvenue. Mais c’est en fait par ironie que l’on donne ce nom.
« Ce qui déclenche le paiement d’un droit de mutation, c’est l’enregistrement d’un acte de vente de la propriété au bureau de la publicité des droits. Lorsque ce sont les actions de l’entreprise qui détient l’immeuble qui sont vendues, il n’y a pas d’acte au bureau, donc pas de droit de mutation », nous a expliqué Gilles Fafard, avocat chez DeGrandpré Chait
Selon Me Fafard, cette constatation ne fait pas de doute. « C’est spectaculaire parce que c’est le Centre Bell, mais c’est comme ça que s’acquièrent généralement des entreprises qui détiennent des immeubles », dit-il.
La vente du Canadien et du Centre Bell, qui s’élève à 633 millions CAN selon nos informations, pose un autre défi aux autorités municipales. Quelle valeur les parties attribuent-elles au Centre Bell dans cette affaire ? La question est sensible, puisque le Centre Bell est en litige avec la Ville de Montréal sur la valeur de l’aréna. En 2001, lorsqu’il a acquis l’amphithéâtre et le club de hockey, George Gillett avait donné une valeur de 100 millions au Centre Bell. Aujourd’hui, la Ville estime que l’immeuble vaut 225 millions aux fins du rôle foncier triennal 2007-2009.
Ni George Gillett ni le clan Molson n’a intérêt à ce que l’immeuble vaille beaucoup. Pour les Molson et leurs partenaires, une forte valeur signifierait un compte d’impôt foncier important. Et pour George Gillett, un immeuble qui aurait une trop forte valeur pourrait l’obliger à payer des impôts au Canada sur le gain en capital (voir autre texte en une du cahier).
Selon une source, la valeur de la transaction pourrait varier en fonction des résultats de ce litige municipal, mais aussi en fonction du cours des devises. En janvier, le tandem George Gillett-Tom Hicks devait 313 millions de livres sterling à la Royal Bank of Scotland pour le club de soccer Liverpool FC, ce qui équivalait à environ 560 millions CAN. Comme George Gillet détient la moitié de cette équipe, sa part due à la Scotland est évaluée à quelque 280 millions CAN.
350 millions de dettes
Par ailleurs, l’offre de 633 millions des frères Molson et leurs partenaires comprend la prise en charge de la dette cumulée par le Canadien, le Centre Bell et le Groupe spectacles Gillett. Cette dette s’élève à quelque 350 millions, selon nos informations.
Au net, c’est donc quelque 283 millions CAN de fonds additionnels que devra verser le clan Molson pour acquérir le club de hockey et ses affiliés. Cette somme correspond au montant dû par M. Gillett à la Royal Bank of Scotland.



Les sociétés étrangères paient moins d’impôts
Les multinationales étrangères qui investissent au Canada sont beaucoup moins imposées que leurs concurrentes en sol canadien. Voilà l’une des aberrations relevées dans une étude de deux éminents chercheurs.
L’étude, rendue publique récemment, a été commandée dans la foulée d’une politique de lutte contre les paradis fiscaux du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty. Pour analyser la situation, le ministre a formé un comité d’experts venu du secteur privé, appelé Groupe consultatif sur le régime canadien de fiscalité internationale.
Le rapport des chercheurs Duanjie Chen et Jack M. Mintz décortique les taux réels d’imposition des multinationales qui font une acquisition ou investissent au Canada. Il constate, entre autres, que l’utilisation de paradis fiscaux permet aux multinationales de bénéficier de taux réels d’imposition beaucoup plus faibles que les entreprises canadiennes.
Par exemple, une firme du Royaume-Uni qui fait une acquisition au Canada paiera un taux d’imposition réel de 11,4% sur son gain en capital, comparativement à 24,4% pour une entreprise canadienne. Les taux sont de 10,7% pour les firmes australiennes, de 14,7% pour les entreprises allemandes et de 15,9% pour les multinationales suédoises.
Mais il y a pire: dans le cas d’une entreprise américaine qui investit au Canada, le taux est même négatif (-3,3%), selon l’étude. Autrement dit, l’investissement au Canada est fiscalement payant pour une firme américaine!
Alcan, Inco, le Canadien...
Même si elle ne mentionne aucun cas particulier, l’étude donne froid dans le dos quand on pense aux nombreuses firmes canadiennes qui sont passées en mains étrangères ces dernières années. 
À ce titre, mentionnons Alcan, Inco ou même le Canadien de Montréal. Dans de tels cas, des entreprises canadiennes qui auraient voulu surenchérir se seraient probablement battues avec des armes fiscales inégales.
Cette différence dans les taux est possible grâce à l’utilisation d’un stratagème qui permet aux multinationales de déduire deux fois les intérêts d’un emprunt contractés pour investir. Le stratagème de double déductibilité des intérêts utilise généralement un paradis fiscal. Les auteurs ont basé leurs exemples sur des i nvestissements réalisés par l’entremise de la Barbade, des Pays-Bas, de Hong-Kong et de la Suisse.
Dans le milieu de la fiscalité, néanmoins, certains f iscalistes nous ont expliqué que cette double déductibilité est possible même sans utiliser un paradis fiscal.
En mai 2007, le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait clairement indiqué son intention de mettre fin à cette « échappatoire fiscale ». Un article de loi (18.2) avait même été adopté à cette fin. Toutefois, le ministre s’est finalement rangé aux conclusions du Groupe consultatif et abrogé l’article 18.2 dans son budget de janvier dernier.
Selon l es c onclusions du Groupe, cet article aurait nui aux multinationales qui investissent hors Canada par rapport à leurs concurrentes étrangères.
D’ailleurs, l’étude note que la double déductibilité permet de réduire significativement le taux d’imposition sur le gain en capital des multinationales canadiennes à l’étranger. Par exemple, pour un investissement aux États-Unis, ce taux passe de 31% à quelque 16,8%.
Ce taux de 16,8 % est inférieur à celui des multinationales anglaises ( 17 %), allemandes (19,9 %) ou suédoises (21,3 %), mais supérieur à celui des australiennes (15,4%).
Ce niveau d’i mposit i on à l’étranger amène un autre constat troublant : les entreprises canadiennes ont avantage à investir à l’étranger plutôt qu’au Canada. L’utilisation de la double déductibilité et des paradis fiscaux ramène en effet les taux sous le niveau canadien (24,4%).
C’est le cas des investissements faits au Royaume-Uni ( 7 %), au Brésil ( 20,2 %), aux États-Unis (16,8 %) et même en France (21,8 %). En Irlande, le taux devient négatif (-22%), tandis qu’il est supérieur en Chine (34,1%).
En fait, disent les chercheurs, pratiquement tous les pays vivent cette distorsion que créé la double déductibilité des intérêts. Les auteurs avertissent que le stratagème « confère des avantages fiscaux à des entreprises qui ne sont pas nécessairement les plus efficientes sur le plan économique ».
Le problème, c’est qu’il est très difficile de faire autrement et de créer des règles équitables « puisqu’aucun gouvernement n’a de contrôle sur ce que font les autres pays ».
Jack Mintz est celui qui avait sonné l’alarme sur la double déductibilité en 1997. À l’époque, le rapport du groupe qu’il présidait concluait qu’il fallait éliminer la double déductibilité au Canada. Cette fois, les auteurs ne prennent pas position, mais notent que la réduction des taux d’imposition des sociétés au Canada d’ici 2012 aidera à diminuer les distorsions. Les iniquités demeureront tout de même « considérables », concluent-ils.


LUTTE CONTRE LA CORRUPTION  Le Canada accusé de traîner les pieds -  Marc Thibodeau

Les firmes canadiennes qui versent des pots-de-vin dans le but de s’assurer des contrats à l’étranger n’ont guère à craindre les poursuites.
C’est du moins ce que suggère Transparency International dans un rapport qui écorche la manière dont Ottawa veille à l’application d’une convention de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) interdisant la corruption de fonctionnaires étrangers.
Le Canada, indique l’organisation dans un nouveau rapport, figure dans une liste de pays signataires de la convention qui font « peu ou pas » d’efforts pour la faire respecter. Tous les autres membres du G8, qui se réunit demain en Italie, l’appliquent « modérément » ou « activement ».
Les États-Unis et l’Allemagne, qui comptaient plus de 100 poursuites et plus de 100 enquêtes en cours à la fin de 2008, sont, de loin, les pays les plus zélés dans ce domaine.
Le Canada, à titre indicatif, ne comptait qu’une poursuite et une enquête en cours à la fin de l’année dernière.
Une firme canadienne, Hydro Kleen, a déjà été condamnée à une amende de 25 000$ pour avoir versé un pot-de-vin à un douanier américain. Une autre firme pétrolière faisait l’objet d’une enquête pour avoir présumément tenté de corrompre des fonctionnaires au Bangladesh.
Transparency International, qui produit chaque année un rapport de suivi relativement à la convention, souligne, dans une note positive, que le pays s’est doté de deux unités anticorruption au sein de la Gendarmerie royale du Canada pour agir à ce sujet.
Un geste salué
L’organisation salue par ailleurs l’introduction de modifications législatives visant à rendre possible la poursuite de ressortissants canadiens qui réalisent des actes de corruption à l’étranger. La loi se limitait jusqu’à maintenant aux infractions commises sur le territoire national.
Le directeur de Transparency International, Cobus de Swardt, indique dans un communiqué que le laxisme avec lequel plusieurs pays appliquent les dispositions de la convention risque de la rendre caduque.
La lutte anticorruption est d’abord et avant tout une question de « volonté politique », souligne M. Swardt, qui demande à l’OCDE de rencontrer les ministres de la Justice des pays laxistes pour faire bouger les choses.
Le gouvernement canadien maint i ent , quoi qu’en dise Transparency I nternational , qu’il respecte entièrement la convention.
« Le fait que le Canada a un moins grand nombre de condamnations que dans certains autres pays (sic) ne veut pas dire que le Canada n’applique pas la convention », a indiqué par courriel à La Presse un porte-parole du ministre du Commerce international, Stockwell Day.
L’absence officielle d’enquêtes est « peut-être » imputable au fait que les enquêtes en cours ne sont pas divulguées publiquement par la GRC en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, a-t-il précisé.
Transparency International avait aussi critiqué l’année dernière le Canada relativement à la convention, relevant à titre d’exemple l’absence d’actions judiciaires contre des firmes présumément impliquées dans le scandale pétrole contre nourriture contre l’Irak.
Une commission indépendante des Nations unies avait identifié, en 2005, plus de 2000 entreprises de toute provenance soupçonnées d’avoir versé des commissions illicites au régime de Saddam Hussein en vue d’acheter du pétrole ou de vendre des biens humanitaires (médicaments, nourriture, etc.).
Une demi-douzaine d’entreprises canadiennes figuraient dans la liste. Mais aucune poursuite à leur encontre n’a été signalée à ce jour.
Plusieurs pays ont mené des actions vigoureuses contre des ressortissants ou des entreprises nationales identifiées dans le rapport. C’est le cas, en particulier, des États-Unis, où plus d’une dizaine de condamnations ont été obtenues.
Plusieurs entreprises importantes, incluant Chevron, ont dû payer des pénalités pour écarter le risque de poursuites. Même une firme danoise, soumise à la juridiction américaine en raison de sa présence en Bourse new-yorkaise, a accepté récemment de verser une amende de plusieurs millions de dollars.


Téléphonie mobile : Le Canada, l’un des pays les plus chers
La Finlande, les Pays-Bas et la Suède affichent les prix des communications mobiles les plus faibles de l’OCDE, tandis que les plus élevés sont enregistrés au Canada, en Espagne et aux États-Unis, indique l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Pour un usager à la consommation moyenne (13 heures d’appels et 600 SMS par an), la facture oscille entre 11$ et 12 $ par mois dans les trois premiers pays, et entre 42 $ et 53$ dans les trois derniers, selon ce rapport, qui se base sur les tarifs d’août 2008.
Pour une consommation faible (six heures d’appels et environ 400 SMS par an), le Danemark arrive en tête avec 50$ par an (4,19$ par mois), suivi de la Finlande et de la Suède. Les États-Unis sont là encore le plus mauvais élève, avec une facture de 279$ par an (23$ par mois), soit cinq fois plus qu’au Danemark.
Pour une consommation élevée (28 heures d’appels, 660 SMS), les usagers du Danemark, des Pays-Bas et de la Suède sont avantagés. Ceux de la Slovaquie et surtout de l’Espagne paient le plus cher.
P a r mi l e s 3 0 pays de l’OCDE, la France se situe dans la deuxième partie de la liste (20e position pour les consommations moyennes et grandes et 22e pour les petites).
Entre 2006 et 2008, dans la zone OCDE, le prix des communications mobiles a chuté de 21% pour une faible consommation, de 28 % pour un usage moyen et de 32% pour une consommation élevée.
En 2007, 96,1% des habitants étaient abonnés à la téléphonie mobile, les Italiens en tête avec un taux de pénétration de 151%, certains usagers possédant plusieurs cartes SIM.
« Le déclin de la téléphonie fixe a cependant été ralenti par le développement de l’internet haut débit, les usagers gardant en général leur ligne fixe pour bénéficier de ce service », indique l’OCDE, qui souligne la baisse des prix enregistrée dans ce domaine: –14 % par an entre 2005 et 2008 pour l’ADSL et –15 % pour le câble.
Pour la téléphonie f i xe, l’ Islande, la Corée du Sud et le Canada affichent les tarifs les plus faibles, tandis que la République tchèque, la Pologne et la Hongrie se classent en queue de peloton. Le budget tchèque, de près de 1000$ par an, se révèle trois fois plus important que celui d’un Islandais.



Une jeune région encore méconnue -
MARTINE LETARTE
« En proportion, (le Centre-du-Québec) est la région du Québec la plus manufacturière. »
— Éric Lampron, économiste d’Emploi-Québec
P lusieurs l’appellent BoisFrancs, un vestige de l’époque où elle formait une région avec sa voisine d’en face, la Mauricie.
PHOTOMONTAGE LA PRESSE
Or, depuis la subdivision du territoire, en 1997, cette région située entre la Montérégie et Chaudière-Appalaches s’appelle le Centre-du-Québec et elle a ses caractéristiques bien à elle.
D’ab ord , le Centredu-Québec est très manufacturier.
« En fait, en proportion, c’est la région du Québec la plus manufacturière », indique d’emblée Éric Lampron, économisted ’ Emploi - Québec pour la région de Centre-du-Québec.
Les chiffres parlent d’euxmêmes : sur environ 100 000 e mploi s da ns larégion, 27 000 font partie du secteur manufacturier.
Et que fabrique-t-on au Centre-du-Québec ? Toutes sortes de choses ! Des produits métalliques en passant par des pièces de machinerie et des meubles. Le parc industriel de Bécancour accueille d’ailleurs plusieurs entreprises importantes, dont Alcoa, Aluminerie Bécancour et Silicium Bécancour.
Une région agricole
Le Centre-du-Québec est aussi une région agricole où on produit beaucoup de lait, de fromage, de viande et de produits de l’érable.
C’est aussi la championne québécoise de la production et de la transformation de la canneberge.
L’A s s oc i at i on des pro - ducteurs de canneberges du Québec a compté que des 68 producteurs de canneberges dans la province, 56 sont situés au Centre-du-Québec et ils réalisent 80% de la production québécoise.
« L’agriculture et la transformationagroalimentairesontdes moteurs économiques importants chez nous, peu importe la MRC », affirme Natacha Desnoyers, directrice générale de la Corporation de développement agroalimentaire-forêt du Centre-du-Québec.
Chez E mploi - Québec , direction Centre-du-Québec, on confirme que le secteur crée une part importante de l’emploi. « Dans le domaine de la production, il y a environ 8500 emplois dans la région alors que la transformation en crée 3700 », précise Éric Lampron.
La crise économique
Comment l’économie du Centre-du-Québec a-t-elle vécu la crise économique ? « On ne peut pas dire qu’on n’a pas vécu de difficultés, indique M. Lampron, mais lorsqu’on se compare, on trouve qu’on s’en sort assez bien. »
D’abord, il faut indiquer que la région n’a pas connu de mises à pied massives.
« Le plus gros licenciement a été celui de Camoplast, à Princeville, qui a été de moins de 200 employés » , précise-t-il.
Les données d’ EmploiQuébec dans le Centre-duQuébec i ndiquent que le nombre de licenciements a été en hausse de 9% en 2009 par rapport à 2008. Le taux de chômage en ce moment est de 18% plus élevé qu’au même moment l’an dernier, mais l’économiste indique que ce chiffre inclut les travailleurs en temps partagé.
« Ce programme du fédéral permet aux entreprises de réduire le nombre d’heures de travail de leurs employés au lieu de les mettre à pied lorsque le carnet de commandes diminue. Ces travailleurs peuvent par la suite demander de l’assurance-emploi pour ces heures perdues. Nous avons beaucoup d’entreprises manufacturières qui utilisent ce programme », affirme M. Lampron.
Une partie de ces « chômeurs » ne sont donc pas sans emploi. D’ailleurs, le travail ne manque pas dans la région.
En fa it , l e Cent r e - duQuébec vit une ra reté de mai n-d ’ oeuv re. Emploi-Québec a réalisé une enquête auprès des entreprises de cinq employés et plus pour savoir s’ils éprouvaient des difficultés en matière de recrutement. Or, 40 % ont répondu par l’affirmative.
« L’enquête a été réal i - sée avant la crise, mais les besoins en matière de maind’oeuvre demeurent », affirme Éric Lampron.
Emploi-Québec éva l ue que la région du Centre-duQuébec sera confrontée à environ 16 000 départs à la retraite dans les cinq prochaines années.


Une économie en transformation - Janie Gosselin
Transformation du bois et des métaux, agric ulture, recherche et développement, biotechnologies maritimes : le Bas-SaintL au r ent bénéf i c i e d’u ne économie diversifiée.
PHOTO JEAN-SÉBASTIEN PERRON, SEPAQ « On a un fleuve, des montagnes, de la forêt, des grands lacs. On offre un tourisme de plein air, mais aussi de détente et de culture », souligne Julie Lamontagne, responsable des communications pour Tourisme Bas-Saint-Laurent. Ci-dessus, le parc national du Bic.
Considérée comme une région-ressource, elle compte aujourd’hui un secteur tertiaire important.
« Depuis une dizaine d’années, il y a eu beaucoup de changements au Bas-SaintLaurent. On s’est tourné vers la deuxième et troisième et la troisième transformation des ressources », dit Serge Ouellet, directeur général du Centre local de développement (CLD) de Rimouski-Neigette.
Le secteu r forestier a toujours occupé une place importante dans l’économie de la région. Mais les crises successives ont incité l’industrie à se repositionner.
On retrouve dans le BasSaint-Laurent plusieurs entreprises de transformation du bois, spécialisées dans la production de portes et fenêtres, notamment.
Comme ailleurs au Québec, le secteur des pâtes et papiers et celui de l’impression ont par t i c ul i èrement souf fer t durant la dernière année.
L’usine de pâte de Tembec, à Matane, a fermé ses portes pendant près d’un an, avant de rouvrir en janvier dernier. duits t ransformés du porc dans une vingtaine de pays et compte 450 employés.
Le Bas-Saint-Laurent est aussi un producteur ovin. Certaines fermes se lancent également dans des élevages plus marginaux, comme celui de la pintade.
« Aujourd’hui, le consommateur cherche des produits distinctifs, de proximité. Les de l’érable, après ChaudièreAppalaches, sa voisine.
Le région profite aussi de sa situation géographique pour exploiter les produits de la mer. Matane compte une usine de transformation de crevettes reconnue.
Tourisme
Le Bas-Saint-Laurent est délimité par le fleuve, la Gaspésie, le Nouveau-Brunswick, le Maine et la région de ChaudièreAppalaches. À quelques heures de Montréal et de Québec, il est bien situé pour attirer les touristes et les gens d’affaires.
« On a un fleuve, des montagnes, de la forêt, des grands lacs. On offre un tourisme de plein air, mais aussi de détente et de culture », souligne Julie Lamontagne, responsable des communications pour Tourisme Bas-Saint-Laurent.
La région compte 10 0 0 entreprises vouées au tourisme et 2500 emplois qui y sont liés. En 2007, les retombées économiques dans le secteur se sont chiffrées à 138 millions, selon Tourisme Bas-Saint-Laurent.
Le domaine touristique a été quelque peu épargné par la crise économique : la plupart des visiteurs sont Québécois ou originaires des provinces maritimes.
« On a été chanceux économiquement, précise Mme Lamontagne. La crise nous a touchés, mais pas durement. Seulement 2% de notre clientèle, environ, est américaine. »
I l faut dire que le BasSaint-Laurent compte aussi sur un autre type de tourisme qui contribue à l’industrie tout au long de l’année : les gens d’affaires.
T o u r i s me B a s - S a i n t - Laurent estime à 7 millions les retombées économiques des c ongrès orga nisés à Rimouski l’an dernier.
Rivière-du-Loup, important centre régional, tire aussi profit de cette catégorie de visiteurs. « Le tourisme est toujours important pour Rivière-duLoup, indique Marie-Josée Huot, directrice générale au CLD de Rivière-du-Loup. C’est une région-carrefour. C’est intéressant pour le tourisme et les congrès. »
Un ef fort est aussi fa it pour développer le tourisme hors des grands centres du Bas-Saint-Laurent.
Un parc national devrait voir le jour dans le Témiscouata en 2012. L’an prochain, la station touristique du MontCitadelle, à Saint-Honoré de Témiscouata, devrait offrir une série d’activités, dont une immense tyrolienne de 1,2 km et une piste de toboggan utilisable 12 mois par année.
« On renouvelle l ’ off re, on veut ra mener les gens dans le Témiscouata, précise Mme Lamontagne. Les gens passaient sans s’arrêter, ce n’était pas vraiment une destination. Mais ce n’est pas j uste un endroit de passage. »



UNE RÉGION RESSOURCE QUI CHERCHE À SE RÉINVENTER  -  Caroline Rodgers

EN UN COUP D’OEIL
L e Saguenay-Lac-SaintJean f a i t pa r t i e des régions ressources du Québec. Deux grands secteurs constituent l’épine dorsale de son économie : l’industrie forestière et la production d’aluminium.
Cette dernière s’est développée grâce à l’abondante é nergie hyd r o é l e c t r i que disponible sur le territoire, extrêmement bien pourvu en cours d’eau.
On y t r ouve d’a i l l eurs un nombre t rès i mportant de barrages et de centrales, dont la majorité est de propriété privée.
E n s e mble, la forêt et l ’ a l u minium c onst i t uent près des deux tiers du sect eur manufacturier de la région. D’autres secteurs, comme l ’agriculture et le tourisme, occupent aussi une part non négligeable dans l’économie, mais génèrent moins d’emplois.
Pour donner un aperçu de l ’ i mpor t a nce de l ’ i ndustrie forestière dans la région, soulignons qu’environ 40 % de son économie est basée sur cette dernière, selon Marc Dubé, directeur général de l a Conférence régionale des élus du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Elle fournit environ 10 000 e mplois, e t l e qua r t du b o i s c o u p é a u Québe c l’est dans la région, ajoute Clément Desbiens, économiste à la direction régionale d’Emploi-Québec.
Manque de diversification
Mais bien que la forêt et l’énergie constituent de grandes richesses, il y a un envers à la médaille : le manque de diversification rend la région plus vulnérable.
Le t aux de chômage au Saguenay-Lac-Saint-Jean est historiquement plus élevé que la moyenne québécoise. En 2009, il était de 10 % en moyenne, alors que le taux de chômage moyen était de 8,5 % pour l’ensemble du Québec.
« Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, dit Clément Desbiens. Notre économie est moins diversifiée que la moyenne québécoise. La croissance de l’emploi est moins forte que dans d’autres régions. Et quand des secteurs sont frappés pas la mauvaise conjoncture, la région est f rappée plus fortement qu’ailleurs. »
De plus, l ’ éloignement géographique constitue une difficulté de plus à surmonter pour les entreprises.
L’accès aux grands marchés est plus di f f icile, et engendre des coûts de transport plus élevés, ce qui nuit à l a compétitivité, ajoute M. Desbiens.
L a nat u r e de l ’ i ndus - trie forestière fait en sorte que plusieurs emplois sont saisonniers, ce qui contribue à faire gonfler le taux de chômage.
Il va sans dire que la crise forestière, qui sévit surtout depuis 2006, a fait mal.
Environ 80 % des droits d’exploitation appartenaient à Abitibi-Bowater, qui s’est mise sous la protection de la loi sur les faillites en 2009. S o n u s i ne de DolbeauMistassini est fermée temporairement et pour une période indéfinie.
En ce qui concerne l’industrie de l’aluminium, les changements technologiques ont entraîné une diminution du nombre d’emplois avec les années.
Au début des années 1980, la région comptait 9000 emplois dans ce sect eur. Aujourd’hui , on en dénombre environ 5500.
« C’est appelé à connaître encore une baisse dans l ’avenir, i ndique Clément Desbiens. Il faut passer par là, parce que si on ne modernise pas nos industries, elles vont disparaître complètement. »
Deux chemins
L’avenir de l’emploi passe donc par deux chemins : le développement de nouveaux secteurs à valeur ajoutée rel iés au bois et à l ’a luminium, ainsi que par la diversification de l’économie. Plusieurs initiatives démontrent que c’est la direction que la région est en train de prendre, petit à petit, mais i l reste encore du chemin à faire.
« Nous sommes dans une période charnière, dit Marc Dubé. I l y a une grande incertitude sur ce que sera le nouveau portrait de l’industrie forestière. Mais la ressource est là et il y aura toujours des gens brillants qui trouveront des façons de l’exploiter et de lui trouver de nouvelles utilisations. »
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour développer une i ndustrie qui exploite pleinement tout le potentiel du bois en créant d e s pr o d u i t s d é r i vé s à valeur ajoutée.
« Il faut faire des efforts du côté de la seconde et de la troisième transformation, et développer des produits de niche, dit Clément Desbiens. Certaines entreprises ont déjà commencé, on fabrique par exemple des pout res pour la construction. À l’ Université du Québec à Chicoutimi, un projet vise à aider les concepteurs, architectes et promoteurs à utiliser davantage le bois dans la construction au lieu de l’acier et du béton, et à leur donner les compétences pour le faire. »
Du côté de l’aluminium, l ’ i ndustrie de la t ransformation se développe bien depuis 20 ans et on a mis en place des infrastructures pour soutenir ce secteur, qui est en croissance et crée des emplois bien rémunérés. Des i nstitutions comme le Centre québécois de recherc he et de développement de l ’ a l u minium, s i t ué à Chicoutimi, et la Société de la Vallée de l’aluminium, à Alma, sont là pour soutenir ce développement.
La région du SaguenayLac-Saint-Jean doit aussi relever un autre défi import ant : contrer le déclin de sa population.
Entre 2001 et 2006, celleci a diminué de 2 %, alors que l’ensemble du Québec c o n n a i s s a i t u ne h a u s s e démographie de 4 % pendant la même période.
La tendance tend toutefois à se résorber depuis quelques a nnées. « Notre bi l a n migratoi r e e s t de moins en moins négatif, et on voit plus de gens revenir habiter ici qu’auparavant », dit Marc Dubé.

Beaucoup de projets sur la table
Le maire de la ville fusionnée de Saguenay, Jean Tremblay, est reconnu pour son franc-parler. Et à l’écouter, on sent son enthousiasme envers les projets de développement présentement en cours à coups de millions, dans une volonté de diversifier et d’assurer l’avenir économique de la ville.
« On a de gros problèmes avec l’industrie forestière, des problèmes qui relèvent d’enjeux internationaux, dit-il. On a longtemps été gâtés en fabriquant des deux par quatre et en les vendant aux États-Unis, mais cette époque est révolue. De plus en plus, on s’aperçoit qu’on ne peut pas vivre en vase clos. Il faut s’ouvrir sur le monde. C’est pour ça que l’on a créé Promotion Saguenay, pour réfléchir et se donner des outils pour stimuler l’économie et mieux se positionner.»
L’organisme, dont il est le président, avait cerné trois lacunes sur le plan de l’accès et des transports qui décourageaient des entreprises de s’installer dans la région: une route désuète, un aéroport trop petit et des infrastructures portuaires insuffisamment exploitées.
La route, ils l’ont eue à force d’insister auprès du gouvernement, qui a refait l’autoroute 175 du Parc des Laurentides au cours des dernières années.
Du côté des ports, on a investi 33 millions dans l’aménagement d’un quai d’escale pour les bateaux de croisière dans l’arrondissement de La Baie, ainsi que la construction d’un pavillon d’accueil inauguré en septembre dernier. «Nous voulions attirer une clientèle touristique venue de l’extérieur du Québec, et pour cela, on en est venus à la conclusion qu’il nous fallait un outil d’accueil intéressant », dit le maire.
Depuis l’ouverture du quai d’escale, près de 26 000 passagers sont venus à Saguenay. Et ce n’est pas fini: on a aussi l’intention de construire un village d’accueil, en plus du premier pavillon. À terme, l’objectif est d’attirer jusqu’à 60 000 passagers annuellement, dont on sait qu’ils dépenseront en moyenne 118$ chacun.
Du côté du port en eaux profondes, on investira également 35 millions pour allonger le lien ferroviaire et permettre au train d’y avoir accès afin de faciliter le transport de marchandises.
Aéroport et aéronautique
L’aéroport trop petit a souvent été pointé du doigt par des entreprises y voyant une raison de ne pas venir s’installer à Saguenay. D’ici deux ans, on aura remédié à la situation en investissant 20 millions.
D’abord, une nouvelle route pour s’y rendre sera construite au printemps au coût de 8,5 millions. Ensuite, on procédera à l’agrandissement du tarmac pour en tripler la superficie. Et finalement, la superficie de l’aérogare sera doublée, ainsi que le stationnement, en 2011 et 2012.
On compte aussi attirer des entreprises de l’aéronautique en créant un nouveau parc industriel de trente hectares dédié à cette industrie. Plusieurs des terrains auront accès aux pistes d’atterrissage. Sans vouloir nommer les entreprises intéressées, le maire affirme que certaines ont été courtisées et que des dossiers risquent d’aboutir prochainement.
Grâce à l’ensemble de ces nouvelles infrastructures, le maire espère positionner Saguenay comme une plaque tournante dans le cadre du développement du nord québécois projeté par le gouvernement.
Par ailleurs, la Ville construit actuellement deux centrales hydro-électriques qui avaient été détruites lors du déluge et qu’Hydro-Québec ne voulait pas conserver, Chute-Garneau et Pont-Arnaud.
« Les turbines sont achetées et nous seront livrées au printemps, et nous avons négocié un tarif pour vendre l’électricité produite à Hydro-Québec, dit Jean Tremblay. Les profits serviront au développement industriel de la ville. » Il s’agit d’un investissement de 40 millions.
Nouvelle usine
Un autre gros dossier chemine discrètement dans les of f i c i nes saguenéennes : convaincre la firme norvégienne Elkem Solar de choisir Saguenay pour construire sa prochaine usine de fabrication de composantes de panneau solaires.
Le maire s’est d’ailleurs rendu en personne à Oslo pour présenter tous les avantages de sa ville aux dirigeants de la compagnie. Ceux-ci connaissent déjà Saguenay, puisque l’entreprise y possède une usine de silicium. La ville s’est classée parmi plusieurs finalistes à travers le monde pour l’obtention de l’usine.
« Il m’est interdit de vous donner des chiffres sur les investissements ou de mentionner les autres villes finalistes, car Elkem Solar ne veut pas dévoiler de détails à sa concurrence, dit Jean Tremblay. Mais je peux vous dire que c’est très gros, et que ce sera l’un des plus gros chantiers du Québec si ça fonctionne. »
La décision d’Elkem ne sera pas rendue avant plusieurs mois, car l’entreprise vient de construire une autre usine à Kristiansand, en Norvège, et souhaite roder cette dernière avant d’aller de l’avant pour la prochaine.


Le Québec, royaume des subventions  -  Martin Vallières
  Le Québec serait un royaume des subventions aux entreprises parmi les provinces canadiennes, selon l’Institut Fraser, un organisme d’analyse économique du secteur privé.
Le coût direct de ces subventions pour le budget provincial totaliserait quelque 6 milliards de dollars par an. Ce serait l’équivalent de 1600 $ pour chaque contribuable québécois ayant déposé un rapport d’impôt, souligne l’Institut Fraser dans une analyse publiée hier.
Par ailleurs, les 6 milliards en subventions aux entreprises du Québec seraient deux fois plus élevées que celles versées par la province voisine, l’Ontario.
Aussi, le Québec débourserait à lui seul plus de la moitié des subventions aux entreprises provenant de toutes les provinces canadiennes.
Un bémol s’impose toutefois sur ce relevé de l’Institut Fraser: les données provinciales sont pour l’année financière 2007.
Par conséquent, elles sont antérieures aux milliards de dollars en subventions versées à l’industrie automobile en Ontario depuis l’an dernier, par les gouvernements provincial et fédéral.
Dans son rapport, d’ailleurs, l’Institut Fraser consacre trois des 11 pages à un relevé de ces subventions à l’automobile. Elles totaliseraient 15,3 milliards depuis deux ans, déplore l’Institut, fortement opposé à ce « bien-être social pour les entreprises ».
Dans le cas du Québec, l’Institut Fraser critique aussi la générosité des fonds publics provinciaux envers les milieux d’affaires.
« Les Québécois devraient se demander si le fait de donner plus de 6 milliards par an aux entreprises est le meilleur usage de l’argent des contribuables », commente Filip Palda, analyste principal à l’Institut Fraser et professeur à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Parmi l es i ntervenants publics et d’affaires, toutefois, on a accueilli avec scepticisme la teneur de l’analyse de l’Institut.
LeministreduDéveloppement Économique, Clément Gignac, ex-économiste de banque, a dit douter de la « comparaison inter-provinciale » faite par l’Institut Fraser.
Par ailleurs, s’il admet que des aides aux entreprises pourraient être révisées au moment des prochaines consultations budgétaires de Québec, le ministre Gignac a souligné que le gouvernement demeure préoccupé « d’aider le mieux possible les entreprises à passer à travers la récession. »
« Dans le contexte actuel, je ne suis pas mal à l’aise que le Québec soit reconnu pour ces mesures d’aide aux entreprises. Et ça fonctionne plutôt bien, alors que le taux de chômage au Québec est inférieur à la moyenne canadienne », a indiqué M. Gignac à La Presse Affaires.
À la Fédération des chambres de commerce, l’économiste Stéphane Duguay a dit souhaiter que l’analyse de l’Institut Fraser alimente le débat sur les subventions aux entreprises.
« Avec les difficultés budgétaires à Québec, c’est d’autant plus important d’analyser le rendement économique des mesures d’aides, a indiqué M. Duguay.
« Juste en fiscalité, par exemple, nous avons recensé au moins 260 mesures d’aide aux entreprises qui se sont accumulées au fil des ans. Nous demandons au gouvernement d’y faire le ménage ».
À l’Association des manufacturiers et exportateurs, le président, Simon Prévost, souhaite aussi que le rapport de l’Institut Fraser, malgré ses raccourcis idéologiques, provoque la réflexion.
« C’est exagéré de dire comme l’Institut que les subventions aux entreprises n’apportent rien à l’économie. En fait, des programmes bien ciblés peuvent aider à développer certains secteurs », selon M. Prévost.
Cela dit, il déplore la timidité du gouvernement à remettre en question de nombreux programmes d’aide.
« Les dirigeants d’entreprise disent qu’ils préféreraient une fiscalité plus concurrentielle au Québec, plutôt que le maintien de tous ces programmes », a indiqué M. Prévost.

Payantes, les mines du Nord  -  Stéphane Paquet
Dis-moi où tu vis, je te dirai combien tu gagnes.
Ainsi, le mineur de Fermont a toutes les chances de faire un bon parti pour la petite dernière, financièrement parlant du moins. Si le nord du Québec est trop exotique à son goût, il y a aussi le jeune professionnel de Boisbriand qui s’en sort plutôt bien.
Des don nées publ i é e s récemment par l’Institut de la statistique du Québec viennent chiffrer les salaires des travailleurs selon la municipalité régionale de comté (MRC) où ils résident.
Dans ce palmarès, la municipalité régionale de comté de Caniapiscau (qui regroupe les municipalités de Fermont et Schefferville) arrive loin devant, avec un salaire d’emploi de 71 761 $ en 2008, soit 27 585 $ de plus que le revenu d’emploi moyen des Québécois.
C’est aussi plus du double de la MRC des Basques, dans le Bas-Saint-Laurent, la plus pauvre de toutes.
La M RC Thérèse-De Blainville arrive au deuxième rang des plus riches (voir le tableau en page 4).
Pour l e s h o mmes d e Caniapiscau, le salaire moyen atteint même 92 798$, comparativement à 39 749$ pour les femmes. Le froid du Nord est décidément plus payant pour certains que pour certaines.
À Fermont, la ville boume, elle qui profite de la construction d’une deuxième mine sur son territoire. « On manque de logement, explique Mireille Arsenault, administratrice à la ville. Si vous venez travailler ici et que ce n’est pas pour la mine (qui fournit le logement), apportez votre tente! »
La ville, de 2800 résidants permanents, a vu la valeur de ses maisons doubler depuis « maximum trois ans », dit-elle encore.
Thérèse-De Blainville
À Boisbriand, la décoratrice Luce Thibault n’a pas vu passer la récession. « Oui, j’ai beaucoup de clients, j’en mène 20 de front en ce moment », dit la propriétaire de Décoration conseil inc.
Il faut dire que ses clients potentiels sont, selon les données de l’ISQ, les plus riches dans le sud du Québec, avec un salaire moyen de 53 820$.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces emplois payants ne se trouvent pas en majorité à Montréal, loin de là. En fait, selon des données de la Communauté métropolitaine de Montréal, à peine un employé sur trois de la MRC Thérèse-De Blainville vient travailler dans l’île, comparativement à 42,5% qui bossent dans la banlieue nord et 18,3 % à Laval.
Les pauvres
Les régions où le revenu d’emploi est le moins élevé se trouvent pour plusieurs le long de la frontière avec les États-Unis ou le NouveauBrunswick et autour de la région de Mont-Laurier.
Dans les régions les moins payantes, l ’é ca r t hommefemme joue aussi. La MRC où le salaire féminin est le moins élevé est Les Etchemins ( 24 027 $). Pour les hommes, c’est en Haute-Gaspésie où les employeurs sont les plus chiches. I ls leur versent en moyenne 33 872$... à peine un peu plus du tiers qu’à Caniapiscau.



Le débat sur la perte des ressources québécoises relancé  -  Philippe Mercure
« Je suis déçu du Québec inc. Je suis déçu de voir qu’il n’a pas réagi face à cette offre. Je trouve que c’est un peu cheap. »
Jean-Pierre Thomassin est directeur général de l’Association de l ’exploration minière du Québec. Depuis que la minière québécoise Canadian Royalties a annoncé vendredi dernier qu’elle allait passer à des intérêts chinois, il a quelque chose en travers de la gorge.
« Tout le monde reconnaît que ça apporte beaucoup aux régions, l’industrie minière. Mais personne ne met une cenne là-dedans au Québec. C’est financé par Toronto, Vancouver, les États-Unis, les Chinois... »
« Il va falloir qu’on prenne un virage à un moment donné. Sinon, au fur et à mesure que nos entreprises grossissent, elles vont se faire acheter. »
Vous avez compris : le débat sur la perte des ressources naturelles à des mains étrangères est relancé.
Canadian Royalties est une petite entreprise d’exploration minière québécoise qui a découvert du nickel à Raglan, dans l’extrême nord du Québec. L’entreprise a commencé la construction d’une mine... avant de se faire couper les ailes par la crise financière.
Faute de f onds, el l e a mis son projet sur la glace e n a t t e n d a n t de s meilleurs.
Au mois d’août, un consortium formé d’un géant chinois du nickel ( Ji l i n Jien) et d’une minière de Vancouver ( Goldbrook) a cogné à la porte avec une offre hostile.
Canadian Royalties a tout fait pour trouver une solution de rechange. En vain. Elle a tout de même réussi à faire monter l’offre de Jien de 148,5 millions à 192 millions de dollars. Vendredi dernier, elle recommandait à ses actionnaires de l’accepter.
« Raglan, j e vous le dis, c’est LE camp minier du XXIe siècle, dit M. Thomassin. Le nickel est un métal très rare qui va devenir de plus en plus important. Or, il n’y aura plus un seul acteur québécois là-bas. »
Si Canadian Royalt i e s passe bel et bien aux mains de Jien, les trois principales entreprises actives dans le nord du Québec seront en effet suisse ( Xstrata), britannique ( Anglo-American) et chinoise (Jien).
Sur le rôle de la Caisse
jours
Selon M. Thomassin, le cas montre que, même si le Québec est nommé meilleure juridiction du monde dans l’industrie minière année après année par l’Institut Fraser, il compte très peu d’acteurs importants capables d’acheter les entreprises juniors prometteuses.
Quant à savoir si la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité de la FTQ, deux des plus importants prêteurs de Canadian Royalties, auraient dû intervenir, c’est un autre vieux débat... que M. Thomassin n’hésite pas à rouvrir.
« Elles auraient pu investir, tranche-t-il. Ou, à la limite, supporter un white knight (une entreprise qui aurait sauvé Canadian Royalties des mains de Jien). »
Josée Lagacé, porte-parole au Fonds de solidarité, explique que le Fonds fait tout pour garder les sièges sociaux au Québec. « Dans ce cas, on avait déjà prêté 20 millions et les sommes nécessaires pour relancer l’entreprise étaient trop importantes pour nos coffres à nous », explique-t-elle, rappelant que le projet était sur la glace depuis un an. La Caisse de dépôt n’a pas voulu commenter le dossier, mais a rappelé qu’elle agit toujours dans l’intérêt de ses déposants.
« C’est vrai que, pour le minier, on n’est pas dans la game, constate Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance des institutions privées et publiques. On a essayé à travers Cambior, à travers la SOQUEM (filiale de la SGF), de bâtir une expertise minière au Québec. Il faut reconnaître que c’est un échec. On n’a pas pu bâtir de grands groupes », dit l’ex de la Caisse de dépôt, qui souligne toutefois que la perte de sociétés est inévitable quand on choisit de « jouer le jeu du capitalisme ».
« De la même manière que beaucoup d’entreprises canadiennes vont exploiter les ressources minières de certains pays, il faut accepter que des entreprises étrangères exploitent des ressources chez nous si ça se fait dans un cadre légal », dit aussi Pierre-Olivier Pineau, professeur agrégé à HEC Montréal, qui parle dans ce cas de « protectionnisme mal placé ».



Adieu, sièges sociaux   -  CLAUDE PICHER

Alors que Montréal est plongé en pleine campagne élec t ora l e au milieu des parfums de scandales que l’on sait, la ville continue de se vider de ses sièges sociaux.
C’est bien connu, il y a des décennies que Toronto a supplanté Montréal pour ce qui est du nombre de grands sièges sociaux. Jusqu’à tout récemment, Montréal pouvait cependant se consoler en se disant qu’il arrivait bon deuxième au Canada, der r i è r e Toronto c e r t e s , mais loin devant Calgary et Vancouver.
Triste nouvelle : ce n’est plus vrai. Depuis huit ans, presque imperceptiblement, Montréal a été victime d’une véritable érosion de ses sièges sociaux, essentiellement au profit de Calgary.
Voici des chiffres qui font peur :
> En 20 0 0, Toronto comptait 190 grands sièges sociaux, contre 92 à Montréal, 50 à Calgary et 41 à Vancouver.
> Huit ans plus tard, en 2008, Toronto domine toujours le classement avec 176, mais Calgary arrive maintenant en deuxième place avec 79, suivi de Montréal avec 76. Vancouver est resté exactement au même point avec 41. C’est la première fois que Montréal glisse en troisième position.
Ces statistiques proviennent de l’étude annuelle de l’Institut Fraser sur les sièges sociaux, qui vient d’être publiée.

Les auteurs du document basent l eu r s c a l c uls s u r le classement du Financial Post 500, q u i é n u mèr e , comme son nom l’indique, les 500 plus grandes entreprises au Canada.
Pour donner un ordre de grandeur, disons que le groupe de services financiers Optimum (500 employés, 400 millions de dollars de revenus, 2,3 milliards d’actifs sous gestion) arrive au 500e rang, juste derrière Van Houtte, le plus vaste réseau de services de café en Amérique du Nord. Ça, ce sont les deux plus petits. On ne parle pas ici de bineries.
Les quatre villes que nous venons de nommer abritent à elles seules les trois quarts des 500 plus grands sièges sociaux au Canada.
Aux fins de l’étude, les sièges sociaux sont attribués à la région métropolitaine de recensement. Par exemple, le siège social d’Alimentation CoucheTard est situé à Laval, mais est comptabilisé comme un siège social montréalais.
La présence de grands sièges sociaux représente un atout économique de taille pour n’importe quelle ville. En plus de fournir des milliers d’emplois directs, les grands sièges sociaux entraînent des retombées importantes. Ils font appel à un vaste éventail de fournisseurs locaux: informaticiens, avocats, comptables, publicitaires, ingénieurs. Ils constituent des centres de décision stratégiques. Ils ont tendance, dans leurs contrats internationaux, à favoriser les sous-traitants locaux parce qu’ils les connaissent bien. Il existe bien sûr quelques exceptions, un des cas les plus connus étant celui de la Banque de Montréal, dont le siège social, officiellement, est bel et bien situé à Montréal alors que l’institution, dans les faits, est dirigée de Toronto (c’est la même chose pour la Banque de Nouvelle-Écosse, dont le siège social est toujours officiellement à Halifax). Mais dans la vaste majorité des cas, il est clair que les grands sièges sociaux contribuent grandement à stimuler l’économie des villes qui les abritent.
Ce n’est pas tout. Le nombre de sièges sociaux ne fournit qu’une partie du portrait.
Pour avoir une idée plus juste de l’impact des sièges sociaux sur l’économie locale, il faut aussi tenir compte de la taille des villes qui les abritent.
Prenons une ville de 500 000 habitants, et une autre d’un million, chacune abritant le même nombre de grands sièges sociaux. Il saute aux yeux que c’est la plus petite des deux villes qui profitera le plus de leur présence.
Pour mesurer la concentration des sièges sociaux, les chercheurs de Fraser calculent le nombre de sièges sociaux par tranche de 100 000 habitants. Selon cette mesure, Montréal n’est tout simplement plus dans la course.
Ainsi, Calgary domine le classement avec 6,7 sièges par tranche de 100 000 habitants, contre 3,2 pour Toronto et seulement deux pour Montréal. Autrement dit, toutes proportions gardées, Calgary abrite trois fois plus de sièges sociaux que Montréal. Vancouver ferme la marche avec 1,8 mais, contrairement à Montréal, Vancouver n’a jamais été reconnue pour son grand nombre de sièges sociaux.
Surtout, ce que ces chiffres nous disent, c’est que depuis huit ans, la perte des sièges sociaux montréalais s’est faite avec une brutalité sans précédent. En effet, entre 1990 et 2000, le nombre de grands sièges sociaux montréalais est passé de 96 à 92. On est loin de l’hémorragie. Pendant ce temps, Toronto en gagnait quatre, Calgary six et Vancouver en perdait quatre. Or, comme on vient de le voir, Montréal n’en conservait plus que 76 l’an dernier. Cet effondrement peut s’expliquer de plusieurs façons: départs, fermetures, ou tout simplement baisse du chiffre d’affaires. C’est notamment le cas de VIA Rail, qui apparait parmi les 500 l’an dernier, mais qui a été éjecté de la liste en 2008 à cause de la baisse de ses revenus. Sur papier, c’est une perte pour Montréal, même si la ville conserve le siège social de VIA Rail. Le problème, c’est que cette société n’est plus considérée parmi les plus grandes. En revanche, Van Houtte, qui n’apparaissait pas au classement de 2007, figure sur la liste cette année (de justesse, au 499e rang) en raison de la hausse de son volume d’affaires. C’est normal: chaque année, des entreprises apparaissent au classement, d’autres en disparaissent.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en considérant les sièges sociaux des plus grandes entreprises canadiennes, Montréal n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été.


Québec sévit contre les entourloupes fiscales  -  Francis Vailles
Au menu: des amendes, des pénalités et des divulgations obligatoires
Les Bahamas, vous connaissez? Ce paradis fiscal a été lucratif pendant longtemps pour les entrepreneurs audacieux. Certains ont pu y transférer les actions de leur entreprise au nom de leur femme et éviter ainsi l’impôt à payer.
Cette entourloupe fiscale sera désormais plus risquée, cependant, avec la série de mesures que vient d’instaurer le gouvernement du Québec. Au menu, des pénalités, des divulgations obligatoires et des délais plus longs accordés à Revenu Québec pour recotiser les fautifs.
Depuis toujours, le gouvernement pénalise l’évasion fiscale, qui contrevient carrément à la loi, mais non l’évitement fiscal, appelé aussi « planifications fiscales agressives » (PFA). L’évitement fiscal est structuré avec des opérations qui respectent la lettre de la loi, mais non l’esprit.
En tout, le gouvernement espère augmenter ses revenus fiscaux de 50 millions de dollars par année avec ces mesures. Québec imite ainsi certains pays comme l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, mais devance le gouvernement fédéral et les autres provinces canadiennes.
« C’est une question de justice sociale. Il faut que les gens paient leur juste part d’impôt », a déclaré le ministre des Finances, Raymond Bachand.
Au Québec, le cas de PFA le plus connu est celui mis au jour en mai 2006, appelé « Truffles ». En créant une fiducie à l’extérieur du Québec, des entreprises ont pu éviter le paiement d’un demi-milliard de dollars d’impôts provinciaux, dont la moitié était due au Québec.
Parmi elles, mentionnons Reitmans, VanHoutte, Saputo, Alimentation Couche-Tard et Transcontinental.
Le ministère des Finances du Québec est i me à 50 0 millions les sommes qu’il a réussi à récupérer depuis 2001 en déjouant les PFA.
Les nombreux cas découverts i ncitent toutefois le Ministère à proposer des mesures coercit i ves pour fermer la porte à ces stratagèmes fiscaux, utilisés par des particuliers fortunés ou des entreprises.
Premier élément: la divulgation obligatoire des opérations à haut risque d’évitement fiscal. Cette divulgation vise les PFA à rémunération conditionnelle, autrement dit, les stratagèmes vendus confidentiellement par des promoteurs et payés en fonction du succès. Une opération non divulguée à Revenu Québec peut entraîner une amende variant entre 10 000$ et 10 0000$.
Deuxième élément : une pénalité au c ontribuable égale à 25% de l’impôt éludé. Le promoteur de l ’opération est également passible d’une pénalité de 12,5 % des honoraires reçus lors de l’opération.
Actuellement, les contribuables coupables d’évitement fiscal doivent repayer les impôts exigés et les intérêts qui s’appliquent, mais ne sont visés par aucune pénalité. Québec poursuit ces contribuables en vertu de la Règle générale anti-évitement ( RGAE), en vigueur depuis 1988.
Précisons que les mesures ne prévoient pas de pénalités pour les simples conseillers fiscaux, dont le métier n’est pas la promotion de recettes d’évitement fiscal.
Troisième élément : l’augmentation de t rois ans du délai accordé à Revenu Québec pour détecter une PFA, qui s’ajoutera à la période normale de trois ou quatre ans, selon le cas.
Quatrième élément: la définition plus précise de la notion « d’objets véritables » d’une transaction commerciale (qui n’a pas pour unique but l’évitement d’impôt).
Bien que la lutte contre les PFA soit de plus en plus répandue dans le monde, certains critiquent les mesures de Québec. « La notion d’évitement n’est pas facile à déterminer. Même la Cour suprême est inconstante dans ses décisions », dit Maurice Mongrain, PDG de l’Association de planification fiscale et financière (APFF).
Selon M. Mongrain, les entreprises ne seront pas portées à faire une divulgation obligatoire, « n’aimant pas avoir le ‘spotlight’ de Revenu Québec sur soi ».
« Les entreprises feront leurs opérations à partir de Toronto, t out si mplement. On m’a informé que c’est déjà commencé », dit-il.
De son côté, la Fédération des chambres de commerce du Québec ( FCCQ) n’est pas contre la lutte à l’évitement fiscal, mais dénonce la bureaucratie qu’entraînera la divulgation obligatoire.
« Que l e gouvernement réduise les crédits d’impôt de toutes sortes. Les PME ne s’y retrouvent plus. Ils sont matière à interprétation, ce qu’on peut confondre avec l’évitement fiscal », dit l’économiste Stéphane Duguay, de la FCCQ.


Québec modernise sa loi des compagnies  -  Martin Vallières
Attendue depuis des années, la modernisation de la loi québécoise sur les compagnies s’est enclenchée pour de bon avec le dépôt du projet de loi 63, hier à l’Assemblée nationale.
Pour quelque 300 000 entreprises à charte québécoise – des PME surtout, mais aussi des poids lourds comme Quebecor, les détaillants Metro et Jean Coutu et la financière Industrielle-Alliance –, cette future loi se traduira surtout par un meilleur encadrement des relations entre les actionnaires, l’entreprise et ses dirigeants.
« Enfin, nous aurons tout un dépoussiérage de la loi québécoise par rapport à celle du fédéral et des juridictions voisines. La loi actuelle est considérée comme un véritable gruyère, surtout en ce qui concerne les recours des actionnaires minoritaires », résume Normand Caron, secrétaire à la direction du MEDAC (Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires).
« La future loi introduira de meilleures balises pour l’exercice des recours des actionnaires d’entreprises québécoises, mais aussi des moyens d’y faire face pour les entreprises et leurs dirigeants », dit pour sa part Paul Martel, avocat spécialisé en droit des affaires chez Blake, Cassels& Graydon. 
Parmi les principaux éléments de la future loi, dont l’entrée en vigueur est prévue en 2011, on note l’introduction de normes pour les propositions d’actionnaires minoritaires lors des assemblées annuelles des entreprises à charte québécoise.
« C’est un manquement grave de la loi québécoise actuelle. Et c’est ce qui permet à des entreprises québécoises d’importance et même cotées en Bourse de faire ce qu’elles veulent avec les propositions d’actionnai res » , explique Normand Caron, du MEDAC.
« Vous voulez un exemple ? Au MEDAC, depuis des années, nous présentons des propositions d’actionnaires aux assemblées annuelles de plusieurs entreprises, en plus des banques. Mais quand nous avons tenté de faire de même auprès d’entreprises d’importance à charte québécoise, comme Quebecor et l’Industrielle-Alliance, nous étions soumis au bon vouloir de leurs dirigeants. »
Un autre amendement législatif très attendu concerne les actionnaires d’entreprises québécoises à capital fermé, c’est-à-dire dont les actions ne sont pas cotées en Bourse.
Selon la loi actuelle, ces actionnaires qui sont en désaccord important avec la gestion de l’entreprise et qui veulent se départir de leurs actions selon limités à des transactions privées avec d’autres investisseurs. Ou encore à un rachat par l’entreprise, mais selon la bonne volonté de ses dirigeants.
Pour les actionnaires mécontents, il s’agit évidemment d’une sit uation beaucoup plus restrictive que la simple revente en Bourse d’actions d’une entreprise dont on ne veut plus.
Dans sa prochaine version, la loi québécoise des compagnies comblera en bonne partie ce déficit important de recours pour les actionnaires dissidents des sociétés à capital fermé.
« Pour l’essentiel, ces actionnaires mécontents obtiendront des moyens de forcer le rachat de leurs actions par l’entreprise dont ils veulent se retirer », explique Normand Caron, du MEDAC.
« Ça réduira considérablement le risque de se retrouver collés avec des actions dont on ne veut plus, mais dont la revente à juste prix est très difficile, sinon impossible », ajoute-t-il.
Selon l e minist r e des Finances, Raymond Bachand, la future loi québécoise des compagnies deviendra le cadre législatif « le plus attrayant et le plus concurrentiel au Canada ».
La loi actuelle a été adoptée en 1920 et sa dernière mise à jour remonte à 1981. Mais, depuis des années, sa désuétude a incité de nombreuses entreprises québécoises à se constituer en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions.
Lors de la consultation qui a précédé la rédaction du projet de loi 63, une vingtaine de mémoires ont été soumis par des ordres professionnels, des professeurs d’université, des cabinets d’avocats et de comptables, de même que des groupes de pression comme le MEDAC.

Bémol sur l’appauvrissement des Québécois  -  Claude Picher
Si l’on en croit une opinion assez répandue chez les économistes, le Québec s’appauvrit par rapport au reste du Canada.
C’est vrai : entre 2000 et 2008, le poids économique du Québec à l’intérieur du Canada est passé de 21 à 19%. Ces deux points de pourcentage peuvent paraître insignifiants : en réalité, ils représentent la bagatelle de 33 milliards (autrement dit, si les Québécois avaient simplement réussi à maintenir leur poids économique depuis 2000, ils seraient collectivement plus riches de 33 milliards aujourd’hui).
Ces chiffres sont basés sur le produit intérieur brut (PIB), qui mesure la taille de l’économie.
Or, le PIB ne dit pas tout. Pour la plupart d’entre nous, c’est une notion abstraite, même quand on le divise par la population pour obtenir le PIB par habitant. D’autre part, le PIB ne reflète que partiellement le niveau de vie. À cause du pétrole, le PIB de Terre-Neuve a fait un bond spectaculaire de 125% depuis huit ans. Cela ne veut pas dire que chaque Terre-Neuvien s’est enrichi dans la même proportion.
En revanche, s’il est une notion facile à comprendre pour tout le monde, c’est bien celle de la rémunération hebdomadaire, c’est-à-dire du chèque de paie que l’on rapporte à la maison. La rémunération globale inclut le salaire de base, les heures supplémentaires et les primes avant impôts, mais exclut les avantages sociaux.
Voilà un indicateur du niveau de vie concret, beaucoup plus palpable que le PIB par habitant.
Or, des chiffres mis à jour cette semaine par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), et comportant des données aussi récentes que celles de juillet 2009, montrent que les travailleurs québécois ne s’appauvrissent pas tant que cela.
Dans l’ensemble du Canada, la rémunération hebdomadaire moyenne se situe actuellement à 824$. Au Québec, la somme correspondante est de 775$. Certes, le Québec continue à accuser un retard sur le reste du pays, mais cet écart, qui correspond d’ailleurs à la moyenne historique, n’est pas dramatique. Après tout, les salaires québécois atteignent 94 % de la moyenne canadienne.
Ce qu’il est important de regarder dans les chiffres de l’ISQ, c’est à quel point les salaires des Québécois évoluent par rapport aux autres provinces.
Entre 1998 et aujourd’hui, la rémunération hebdomadaire moyenne au Canada est passée de 633$ à 824$, une hausse de 30%. Au Québec, de 602$ à 775$, en hausse de 29%. À quelques poussières près, la courbe québécoise des hausses salariales épouse celle de la moyenne canadienne. En supposant que les salaires québécois aient suivi exactement la même courbe que le Canada, chaque Québécois gagnerait 8,92 $ de plus par semaine. . . ava nt i mpôts. Pendant la même période, en Ontario, les salaires hebdomadaires sont passés de 673$ à 845 $, une progression de 26%, donc sensiblement plus faible qu’au Québec.
Il y a autre chose. Les chiffres que nous venons de voir ne tiennent pas compte de la hausse du coût de la vie. Cela fait une bonne différence.
Le cas le plus spectaculaire est certes celui de l’Alberta. Toujours entre 1998 et aujourd’hui, les salaires albertains sont passés en moyenne de 635$ à 943$, une prodigieuse ascension de 48%, de loin la plus forte au Canada. Or, pendant ce temps, en Alberta, le coût de la vie augmentait également de façon beaucoup plus rapide que dans le reste du pays : 37 % d’inflation en 11 ans, contre une moyenne canadienne de 26%. Résultat : le salaire réel, en Alberta, n’a pas augmenté de 48%, mais de 14%, ce qui demeure quand même fort honorable.
L’ i ndice des pr i x à la consommation varie beaucoup d’une province à l’autre. En Alberta, on vient de le voir, i l a augmenté de 37 %. À l’autre bout de l’échelle, en Colombie-Britannique, 21 %, presque deux fois moins. Au Québec, 23 %. La moyenne canadienne est de 26%.
Si on veut voir à quel point les travailleurs des différentes provinces se sont enrichis depuis une dizaine d’années, ce n’est pas suffisant de considérer la rémunération. Il faut aussi voir à quel point les chèques de paie ont été grugés par l’inflation. Voici ce que cela donne.
Dans l’ensemble du pays, la rémunération hebdomadaire moyenne a augmenté de 3,7 % en termes réels depuis 1998. Au Québec, le chiffre correspondant est pratiquement identique à 3,6 %. En Ontario, de 2,5 %.
L’appauvrissement relatif du Québec est une réalité quand on regarde le recul de son poids économique, recul dû, entre autres, à sa faible productivité et à son déclin démographique. Prix de consolation : les chiffres que nous venons de voir montrent que cet appauvrissement n’apparaît pas, du moins pas encore, sur les chèques de paie.

Aucune retombée pour le Québec  -  Marie Tison
Le gigantesque contrat de 4 milliards US décroché par Bombardier Sifang pour la construction de 80 trains à très grande vitesse en Chine n’aura aucune retombée au Québec. Même pas en ce qui concerne la conception.
En fait, lorsqu’il est question de grande vitesse, le Québec n’est carrément pas dans la course. Même si Bombardier est un des grands acteurs mondiaux dans le domaine, avec Alstom et Siemens.
« La conception et le développement des trains à très grande vitesse se font principalement de l’autre côté de l’Atlantique ou du Pacifique », a déclaré le porte-parole de Bombardier Transport, Talal Zouaoui.
La raison est simple: les projets de train à très grande vitesse se retrouvent en Europe ou en Asie.
Dans les années 90, une équipe de Bombardier Transport à Saint-Bruno a travaillé au développement de l’Acela, le train à grande vitesse qui relie Washington et Boston. Sa vitesse ne dépasse cependant pas 240 kilomètres à l’heure, comparativement au Zefiro 380, le nouveau train de Bombardier Sifang, qui atteindra 380 kilomètres à l’heure. Et l’Acela n’a pas fait de petits en Amérique du Nord. 
antique). »
C’est essentiellement en Europe, à son centre d’expertise, que Bombardier a conçu la technologie du Zefiro. C’est toutefois à Qingdao, en Chine, que Bombardier et son partenaire chinois, CSR Sifang Rolling Stock, développeront le projet de Zefiro 380, avec la collaboration de l’équipe ricaines. Le projet le plus avancé relierait Sacramento, San Francisco, Los Angeles et San Diego, en Californie. Les promoteurs ont toutefois déjà fait savoir qu’ils ne favoriseraient pas Bombardier pour la fabrication des trains parce que l’entreprise n’a pas fourni de services gratuits lors de la révision des études d’ingénierie comme ses concurrents Alstom, la société espagnole CAF et les manufacturiers du shinkansen japonais.
Bombardier aurait plus de chances avec la Floride, qui veut remettre sur les rails un vieux projet de train à grande vitesse entre Tampa et Orlando, le Jet Train, qui devait être manufacturé à l’origine par Bombardier.
Une partie de la conception et du développement de ce train pourrait être effectuée à Saint-Bruno, mais cette proportion dépendrait évidemment des exigences de la Floride en fait de contenu local.
Le travail de conception et développement au Québec serait évidemment plus important pour un projet de train à grande vitesse entre Québec et Windsor, un corridor qui vient de refaire son apparition dans le discours des politiciens. Bombardier Transport pourrait adapter le Zefiro aux exigences des gouvernements et aux conditions locales.
« Nous serions en mesure d’assumer une partie du développement et de la fabrication des véhicules ici, sur place, a assuré M. Zouaoui. Nous sommes très bien positionnés, avec le centre d’ingénierie de SaintBruno et l’usine de fabrication de La Pocatière. »
Le titre de Bombardier a gagné 7 cents pour clôturer à 4,93$ hier, à la Bourse de Toronto. L’action avait gagné 29 cents lundi, après l’annonce du contrat de Bombardier Sifang en Chine, un bond de 6,35%.


L’anémie de la banlieue  -  Claude Picher
De Laval à Longueuil, de Repentigny à Châteauguay, les élus locaux auront beau s’efforcer de proclamer le contraire, les quatre régions qui forment la banlieue de Montréal, c’est-à-dire Laval, Lanaudière, les Laurentides et la Montérégie, souffrent toutes intrinsèquement d’anémie économique.
Autrement dit, dans les quatre cas, le dynamisme économique local est largement insuffisant pour créer de l’emploi pour tout le monde, et à plus forte raison des emplois de qualité. Dans Lanaudière, la plus mal en point des quatre régions, le produit intérieur brut (PIB) par habitant est même inférieur à celui de la Gaspésie, la région la plus pauvre du Québec!
Le découpage administratif du Québec fait que les régions de Lanaudière, des Laurentides et de la Montérégie comprennent de vastes territoires parfois très éloignés de Montréal, mais une écrasante majorité de leurs résidants vivent en périphérie immédiate de Montréal. Quant à Laval, c’est essentiellement une ville de banlieue, même si elle a le statut de région administrative distincte.
Toujours est-il que si la banlieue réussit malgré tout à maintenir un niveau de vie comparable à celui du reste du Québec, ce n’est pas à cause de sa vigueur économique, mais à cause de la ville centre et des emplois qui s’y trouvent.
Pour mieux comprendre la faiblesse des économies de la banlieue, il faut faire la différence entre le revenu personnel disponible et la valeur de la production, c’est-à-dire le PIB.
Les plus récentes séries de chiffres de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), publiées la semaine dernière, nous apprennent que le revenu personnel disponible par habitant, dans l’ensemble du Québec, se situe à 25 494$ (1).
Le revenu personnel disponible comprend les revenus de toutes provenances (salaires, caisses de retraite, prestations sociales, revenus de placement et de location) moins les taxes, impôts et contributions sociales. Ainsi, un Lavallois qui travaille et qui reçoit son salaire à Montréal ajoute ce montant à son revenu personnel, ce qui contribue à faire grimper la richesse de Laval...
À Montréal et dans les quatre régions de la périphérie, le revenu personnel disponible oscille entre 26 605$ et 24 222$. Donc, à quelques poussières près, plus ou moins au même niveau que la moyenne québécoise. Le problème ne se situe pas là.
Le portrait change radicalement lorsque l’on considère la taille des économies régionales.
Le PIB mesure la valeur de l’ensemble des biens et services produits sur un territoire donné. Ainsi, le PIB du Québec est de 283 milliards, ou 36 542$ par habitant.
Le PIB donne une idée du niveau de vie d’une société, mais c’est un outil qu’il faut manier avec précaution. Ainsi, dans la région de Lanaudière, le PIB se situe à 10 milliards, ou 22 142$ par habitant, le plus faible niveau au Québec.
Est-ce dire que les Lanaudois sont presque deux fois plus pauvres que les autres Québécois ? Certainement pas ! Comme on vient de le voir, leur revenu personnel soutient parfaitement la comparaison.
En revanche, le PIB nous donne une excellente image de l ’ ac t i vité économique d’une région, de son dynamisme entrepreneurial, de sa capacité à créer de l’emploi localement et, dans la mesure du possible, des emplois de qualité.
I l s aute au x yeu x que Lanaudière n’y parvient pas, et que la région doit remercier Montréal pour son niveau de vie relativement élevé. Même chose pour la Montérégie, où le PIB par habitant n’atteint que 30 776 $, Laval (30 487$) ou les Laurentides (28 378 $). Tous des chiffres bien en deçà de la moyenne québécoise, et qui font clairement ressortir l’atonie économique de la banlieue.
À Montréal, par contre, le PIB par habitant bondit à 52 883 $, presque deux fois plus qu’en banlieue. Encore ici, cela ne veut pas dire que les Montréalais sont deux fois plus riches. Leur revenu personnel disponible est à peine supérieur à la moyenne provinciale. En revanche, ce chiffre indique clairement que c’est à Montréal même que se trouve le moteur de l’économie québécoise, le plus important réservoir de dynamisme entrepreneurial ainsi que les meilleurs emplois, en nombre et en qualité, qui viennent avec. En fait, la ville centre (et les quelques autres municipalités situées dans l’île de Montréal) compte à elle seule pour 35% du PIB québécois, même si elle n’abrite que 24% de la population.
À lui seul, le PIB de Montréal (99 milliards, l’équivalent du PIB de pays comme le Vietnam ou le Maroc) fait facilement deux fois celui de la Montérégie, sept fois les Laurentides, huit fois Laval, dix fois Lanaudière.
Quand on parle de la « locomotive Montréal », c’est de cela dont il s’agit.



MEILLEURS MBA  HEC dans le top 10 de Forbes

HEC Montréal attire une fois de plus l’attention du magazine Forbes. L’institution figure pour une quatrième fois consécutive sur les palmarès des meilleurs MBA au monde.
Le programme i ntensif de HEC mérite le dixième rang des MBA d’un an à l’extérieur des États-Unis. Le classement est établi sur la base du rendement de l’investissement.
Tout au plus 25 écoles non américaines sont incluses dans l’étude de Forbes, mais HEC n’en retire pas moins une certaine fierté.
« Le monde du MBA est très compétitif, et ce genre de classement est une façon de faire connaître l’excellence de nos programmes partout dans le monde, dit Jacques Roy, directeur du programme de MBA à HEC Montréal. Ça vient renforcer encore une fois notre réputation à l’international. »
Environ 45% des 170 étudiants au MBA de HEC Montréal proviennent de l’étranger.
L’ i nstit ution de l a CôteSainte-Catherine est devancée au classement par neuf écoles européennes.
Les f rais de scola r ité peu élevés ( 26 000 $ pour un étudiant étranger) avantagent HEC Montréal, mais les bas salaires des diplômés jouent contre l’école montréalaise. Comme 55 % des diplômés sont Canadiens, la plupart se trouvent un emploi ici, à des salaires qui ne peuvent se comparer à ceux de Londres, de Genève ou de New York.
Un salaire de 92 000$
Pour établir son classement, Forbes a calculé les salaires des diplômés de 2004 dans les cinq années suivant l’obtention de leur diplôme. Le magazine a mis ces données en rapport avec les coûts d’opportunité, soit le total des frais d’inscription, des frais afférents et des salaires reportés en raison des études.
Selon Forbes, le salaire moyen des diplômés de la cohorte 2004 de HEC était de 92 000$ en 2008, contre 32 000$ avant l’obtention de leur maîtrise.
Sur cinq ans, Forbes établit que le gain net d’un diplômé de HEC (les profits dus au MBA divisés par toutes les dépenses) est de 15 000$, soit 25% des dépenses totales.
Par comparaison, l’école française Insead, à Fontainebleau, génère un gain de 192 000$ sur cinq ans, soit 162% des dépenses (qui comprennent des frais de scolarité de 67 000$). Elle est au premier rang de la liste de Forbes.
La faculté de gestion Desautels, de l’ Université McGill, a quant à elle pris le 11e rang mondial (excluant les États-Unis) pour les MBA de deux ans. « Nous sommes confiants d’être encore mieux placés dans l ’avenir, a réagi le directeur du programme, Don Melville. Dans les deux dernières années, nous avons changé notre curriculum, rénové nos installations et embauché 20 nouveaux professeurs. Pour nous, c’est un nouveau départ. »



UNE FRACTURE  NORD-SUD  -  Stéphane Paquet
La f racture NordSud sert normalement à décrire la différence entre les économies développées et celles des pays pauvres. Un économiste vient de lui trouver une nouvelle applicat i on : expliquer les modèles économiques différents des régions du Québec.
Cette fracture, soulignée par Mario Polèse de l’ I NRS Urbanisation, prend une dimension tangible quand on compare le salaire des hommes qui y travaillent : mieux payés au Nord… mais dans une économie plus dynamique au Sud !
Commençons par les salaires. Voici les sept villes où les salaires masculins étaient les plus élevés en 2005 : Ba i e - Comeau, S e ptÎ les, Rouyn-Noranda, Sorel-Tracy, Saguenay, Dolbeau-Mistassini et Alma. Les hommes de ces régions – les femmes ont été exclues pour des raisons méthodologiques – gagnent entre 15 % et 38% de plus que les hommes du r este du Québec. Les hommes montréalais se contentent de 7% de plus que leurs compatriotes, en comparant les salaires médians régionaux.
Voici maintenant les sept villes aux salaires les plus bas – la bouss ole s e déplace c l a i - r e ment ver s l e Sud : Thetford Mines, SaintGeorges, Victoriaville, Cowansville, Matane, D r u m mondv i l l e e t Lachute. Les hommes y rapportent à la maison un pactole de 10 % à 14 % plus petit que dans le reste du Québec.

«À l ’ i n t é r i e u r du Québec, c ’est l a coupure Nord-Sud qui fait la différence ou, plus précisément, la distinction entre les économies l oca l es a xées s u r de grandes industries tributaires des ressources naturelles (dont l’énergie hydro-électrique) et les économies locales axées sur des PME manufacturières plus diversifiées », écrit M. Polèse, dans le Panorama des régions du Québec, publié par l’Institut de la statistique du Québec.

« Le défi est autant social qu’économique dans des collectivités marquées par une vieille tradition syndicale et par de grands patrons protecteurs. »
  Avantage au sud
En se f ia nt seulement aux salaires, le portrait semble être à l’avantage des régions dépendantes de grandes entreprises.
La situation est plus complexe. « La croissance est beaucoup plus forte au sud », souligne M. Polèse au téléphone. En fait, écrit-il, « non seulement l’entrepreneur en puissance à Alma est-il plus loin du marché américain que son cousin de Cowansville, et sans les avantages de la proximité d’une grande ville, mais en plus doit-il naviguer dans un marché local de travail où les attentes salariales sont sensiblement plus élevées ».
Le soudeur du Saguenay, illustre-t-il, s’attendra à recevoir un salaire élevé s’il est employé dans une PME: ses voisins ont droit aux salaires et avantages sociaux offerts par Rio Tinto Alcan.
Le chercheur reconnaît luimême qu’il n’est pas politiquement correct de voir comme un avantage les plus bas salaires. Mais, ajoute-t-il, « c’est précisément parce que salaires sont plus bas dans le Sud que c’est plus intéressant dans le Sud », dit-il.
Pourquoi aussi bas ? Pour M. Polèse, qui a déjà écrit sur le sujet, la question linguistique j oue clairement un rôle. « La f rontière linguistique a pour effet de réduire la mobilité de la main-d’oeuvre francophone ce qui, du point de vue de certaines entreprises, comporte deux avantages : elle réduit le rayon des repères salariaux des travailleurs et rend la main-d’oeuvre plus stable. »
Sa région du sud comporte toutefois des zones « nordiques » : à Sorel-Tracy, Trois-Rivières et à Valleyfield, les salaires masculins sont aussi plus élevés qu’à Montréal. « De telles zones industrielles connaissent plus de difficultés à se recycler, par opposition à des zones avec un héritage d’industrie légère ou de PME. Le défi est autant social qu’économique dans des collectivités marquées par une vieille t radition syndicale et par de grands patrons protecteurs. »
Un avenir
Contrairement à d’autres économistes qui misent peu sur le secteur manufacturier dans les économies développées, Mario Polèse estime qu’il a un avenir. « Nos exportations vers l es États-Unis ou l’extérieur, c’est de 75 % à 80 % des biens fabriqués », rappelle-t-il.
Et plus le t i ssu i ndustriel est diversi f i é, mieux c ’ est . D’ailleurs, l a bonne performance relative de l’économie québécoise dans la récession actuelle t rouve sa cause dan la diversi f ication, selon lui. « Prenez quelques villes du sud du Québec et comparez-les à des villes du sud de l’Ontario… »



B e l l e t & Tel u s : LA « PROBABLE » FUSION SOULÈVE DES CRAINTES  -  Maxime Bergeron
Le spectre d’une fusion e n t r e B e l l e t Tel u s est r evenu à l ’ava ntscène hier, ce qui soulève des i nquiétudes à Option consommateurs.
Dans un rapport exhaustif, l’analyste Jonathan Allen, de RBC Marché des capitaux, estime qu’une union entre les deux géants des télécoms est « très probable » d’ici à deux ans. Le projet avait déjà été contemplé au printemps 2007 mais a avorté.
Or, selon M. Allen, les obstacles qui ont empêché le mariage à l’époque auront presque tous disparu dans deux ans. En premier lieu, l’opposition du Bureau de la concurrence.
Pourquoi ? La nouvelle entité Bell-Telus serait moins dominante sur le marché qu’elle ne l’aurait été en 2007, à cause de l’arrivée de trois, quatre ou cinq nouveaux fournisseurs de sans-fil d’ici un an. Vidéotron et Globalive, par exemple, promettent de mener une guerre féroce aux géants établis.
« Plus les nouveaux fournisseurs seront perturbateurs (pour Bell et Telus), plus les chances d’une fusion augmenteront », écrit M. Allen.
Cette nouvelle dynamique de concurrence empêcherait le tandem Bell-Telus de faire grimper artificiellement les prix grâce à son « pouvoir de marché », ce qui faciliterait du coup l’approbation des autorités, avance l’analyste.
L’avantage premier d’une union réside toutefois dans les économies d’échelle. Selon Jonathan Allen, l’entreprise née de la fusion pourrait épargner 1,2 milliard de dollars par année en combinant les activités de ses deux entités. Au total , les « synergies » pourraient atteindre 10 milliards, écrit-il.
Consommateurs inquiets
Tout cela est bien beau pour les actionnaires, mais Michel Arnold, directeur général de l’organisme Option consommateurs, craint que ce soient les clients qui paient le prix d’un tel mariage. De leur poche.
« Toute f usion de compagnies met e n péri l la concurrence qui pour r a i t être au bénéfice des consommateurs », a-t-il fait valoir à La Presse Affaires.
Michel Arnold est loi n d’être convaincu que l’a rr i vée de nouveaux f ournisseurs dans le sa ns-f i l c ontrebala ncera l e poids immense qu’auraient ensemble Bell et Telus. « Même si de nouveaux acteurs arrivent, et ce ne sera pas dans tous les marchés, ce n’est pas un argument qui fait en sorte qu’on verrait cette fusion d’un bon oeil. »
Les organismes de défense des consommateurs dénoncent depuis longtemps le prix élevé des services de téléphonie cellulaire au pays. Encore cette semaine, une étude de l’OCDE est venue confirmer que c’est au Canada qu’on paie le plus cher parmi toutes les nations développées.
Jonathan Allen, de RBC, note cependant que le revenu moyen par abonné est en recul depuis plusieurs trimestres déjà au Canada, signe d’une concurrence plus vive. Et cette tendance à la baisse devrait se poursuivre lorsque les nouveaux fournisseurs arriveront, ce qui poussera d’autant plus Bell et Telus à fusionner pour réaliser des économies d’échelle.
Troy Crandall, analyste en télécoms chez MacDougall, MacDougall & MacTier, juge lui aussi « très souhaitable » une union des deux sociétés, mais il doute que cela soit possible avant au moins trois ans à cause des autorités.
« Fusion hypothétique »
Au Bureau de la concurrence du Canada, la porteparole Alexa Thorp a refusé de se prononcer sur des « fusions hypothétiques », soulignant que les dossiers sont étudiés au cas par cas.
Si une f usion avait l ieu aujourd’hui, Bell et Telus détiendraient 54% du marché national du sans-fil – plus de 60% dans six provinces – et 85% du secteur des grandes entreprises, indique Jonathan Allen.
Mark Langton, vice-président aux communications de BCE, n’a pas voulu commenter cette fusion éventuelle, hier. Stacey Masson, porteparole de Telus, a elle aussi refusé de se prononcer sur des « spéculations ».
La résurgence de cette idée semble néanmoins avoir eu un impact sur les titres des deux entreprises à la Bourse de Toronto. Ils ont grimpé de près de 2 % en milieu de journée. Celui de BCE a clôturé en hausse de 35 cents, à 25,43 $, et l’action de Telus a gagné 44 cents, à 33,63 $.
Selon Jonathan Allen, la fusion des deux sociétés se réaliserait « entre égaux » , sans versement en argent ni nouvel emprunt. Bell constituerait les deux tiers de la nouvelle entité, et Telus, l’autre tiers. En 2007, Telus souhaitait plutôt mettre la main sur BCE.
Après l ’ avor t e ment de cette première tentative, l’exprésident de BCE, Michael Sabia, avait admis en entrevue à La Presse Affaires que la transaction aurait été très difficile à faire approuver par le Bureau de la concurrence. Selon lui, les chances de succès étaient à peine d’une sur cinq.
Bell Canada avait finalement accepté une offre de rachat de 51,7 milliards de la part de Teachers’ et ses partenaires, qui est tombée à l’eau en décembre dernier après 18 mois de péripéties.






Revenu Québec: « The sky is the limit »  -  Michel Girard
Si votre dossier fiscal est rendu entre les mains d’un percepteur du Centre de perception fiscale, bonne chance.
Ça s’annonce mal pour la mère de JP. Revenu Québec vient de l ui faire parvenir un avis concernant les acomptes provisionnels à verser les 15 septembre et 15 décembre prochains. Pourquoi ça s’annonce mal ? Parce que l’avis a été envoyé à l’ancienne adresse de madame et que celle-ci ne les versera pas ! Par surcroît, comme Madame ne déposera pas sa déclaration de revenus de 2009, Revenu Québec établira possiblement une cotisation arbitraire et faute de réponse de la part de madame, le dossier aboutira entre les mains du Centre de perception fiscale. Et là, ce sera au tour des « limiers » de cette agence de recouvrement de Revenu Québec de courir après madame. Et ce n’est pas un changement d’adresse qui va les arrêter…
Mais diable ! C’est quoi le problème avec la mère de JP ? Le problème : elle n’a plus accès à son courrier. Elle a changé d’adresse ! Elle est rendue au ciel depuis décembre 2008. Elle est décédée à l’âge de 88 ans.
Pourtant…
« Revenu Québec et Revenu Canada ont été avisés i mmédiatement comme il se doit du décès de ma mère et mes coordonnées, à titre de liquidateur de la succession, ont été fournies », explique JP.
« Le rapport d’impôt final a été acheminé au début de l’année à chaque gouvernement, en précisant bien que ma mère était décédée. Les deux avis de cotisation ont été bien reçus confirmant leur acceptation des rapports d’impôts tels que soumis. Le processus de liquidation de la succession en est à la dernière étape, soit la réception des autorisations de la distribution des biens à la suite de la demande déposée à Revenu Québec. »
« Non mais, ils dorment au gaz ou quoi ? » conclut-il. C’est par l’entremise du service de renvoi de courrier que JP a pu mettre la main sur le nouvel avis d’acomptes provisionnels destinés à sa défunte mère.
À la suite de mes deux chroniques Revenu Québec terrorise un vieillard de 87 ans et Revenu Québec saisit une dame de 92 ans…, il appert que le changement d’adresse des contribuables cause un véritable problème à Revenu Québec. Je vous rappelle que Revenu Québec avait inutilement saisi les comptes bancaires de ces deux personnes âgées sous prétexte qu’elles ne donnaient pas suite à ses avis de cotisation. Le hic ? Revenu Québec envoyait ses avis de cotisation aux anciennes adresses des deux contribuables !
C’estquoileproblèmedeRevenu Québec avec les changements d’adresse des contribuables ?
Selon Revenu Québec, tout fonctionne sur des roulettes.
« Les systèmes (informatiques) à Revenu Québec concernés par les changements d’adresse des particuliers ont été refondus et livrés entre les années 2001 et novembre 2005, ce sont des systèmes très récents qui fonctionnent avec une technologie de pointe », m’expl i que l e por t e - pa r ole Dany Lapointe.
Mais qu’en est-il de l’interface des adresses alors que le système réactiverait une adresse désuète simplement parce qu’elle figurait sur une ancienne déclaration traitée après le déménagement?
« Depuis le 6 mars 2009, ajoute M. Lapointe, une modification apportée aux systèmes de Revenu Québec empêche la réactivation d’une ancienne adresse lorsque celle-ci a été modifiée, à la demande d’un contribuable. Cette situation, c’est-à-dire le blocage de la réactivation d’une ancienne adresse, peut survenir lorsqu’un particulier omet de modifier son adresse lors de la t ransmission électronique de sa déclaration d’impôt subséquente. Lors des retours de courrier, un service spécialisé à Revenu Québec veille à retracer les nouvelles adresses des contribuables visés et met à jour le fichier d’adresses dans le système de Revenu Québec. »
Le recouvrement des créances fiscales
C’est le Centre de perception fiscale qui agit comme agence de recouvrement des créances f i scales que Revenu Québec estime lui être dues. Et les percepteurs dudit Centre sont si efficaces qu’ils réussissent chaque année à dépasser les « objecti fs corporatifs » f i xés par le gouvernement Charest.
À preuve, au cours des quatre années allant de 2004 à 2008, le Centre a réussi à récupérer 500 millions de dollars de plus que les 5,7 milliards souhaités.
Pour l’année financière 200809, le gouvernement Charest s’attend à ce que le Centre de perception f iscale de Revenu Québec récupère en créances f iscales ( i mpôts des particuliers et des entreprises, plus les taxes impayées) rien de moins que deux milliards de dollars.
« Toujours plus haut », voilà la devise qui alimente les besoins f i nanciers du gouvernement du Québec, aujourd’hui grandement déficitaire.
Si votre dossier fiscal est rendu entre les mains d’un percepteur du Centre de perception fiscale, bonne chance. Pour vous démonter à quel point les percepteurs sont « ef f i caces » dans leurs méthodes musclées de récupération des créances de Revenu Québec, sachez que chacun d’entre eux a réussi à récupérer l’équivalent de 1,8 million de dollars de créances fiscales.
Et chaque année, le ministère du Revenu exige de ses percepteurs du Centre de perception un petit effort supplémentaire. De grâce, si votre dossier se retrouve parmi les 500 000 dossiers de créances fiscales actuellement traités par le Centre de perception, soyez « indulgent » envers votre percepteur.
I l a des « objecti f s corporatifs » à remplir ! Par contre, si vous le trouvez trop zélé et agressif, vous pouvez toujours vous plaindre soit au bureau du ministre du Revenu (cabinet@ mrq. gouv. qc. c a) ou au bureau du Protecteur du citoyen (ww.protecteurducitoyen.qc.ca).
Bonne chance!





Le rattrapage québécois... et ses faiblesses  -  CLAUDE PICHER
Depuis 2000, année après année (à une seule exception près, en 2006), la croissance du revenu personnel disponible, au Québec, a toujours été au moins égale, et la plupart du temps supérieure, à celle de l’Ontario.
Depuis quelque temps, l or s que St a t i s t i que Canada publie les résult at s de s on enquête mensuelle sur la population active, il se passe quelque chose qu’on n’aurait jamais cru possible : le taux de chômage en Ontario est maintenant systématiquement supérieur à celui du Québec. Selon les derniers chiffres, 9,6 % en Ontario, contre 8,8 % au Québec.
Bien sûr, cette situation exceptionnelle est attribuable aux déboires de l’industrie automobile nord-américaine, dont l’importante production au Canada est essentiellement concentrée dans la province voisine.
Le taux de chômage est un indicateur économique précieux, mais ce n’est pas le seul.
Un autre outil qui permet de mesurer le niveau de prospérité d’une société est le revenu personnel disponible par habitant. Or, les données les plus récentes de l’ Institut de la statistique du Québec, incluant les prévisions pour 2009, montrent que les Québécois, à ce chapitre, s’enrichissent plus rapidement que les Ontariens depuis une dizaine d’années.
Le revenu personnel disponible inclut les revenus de toutes sources : salaires, pensions, revenus de
Certes, les Ontariens demeurent plus riches que les Québécois, mais l’écart s’amenuise avec le temps. Voyons plutôt :
Entre 2000 et 2009, le revenu personnel disponible par habitant est passé de 22 705 à 28 488$ en Ontario, une hausse de 25 %. Les chiffres correspondants pour le Québec sont de 18 915 et 25 408 $, une augmentation de 34%. Les montants sont exprimés en dollars courants, c’est-àdire qu’ils ne tiennent pas compte de l’inflation.
Résultat : en 2000, le revenu disponible de chaque Québécois se situait en moyenne à 83% du niveau ontarien. Aujourd’hui, cette proportion atteint 89%. au Québec continue de dépasser largement celle de l’Ontario sans interruption pendant 13 ans. C’est loin d’être certain. Déjà, les prévisions avancées du Conference Board laissent entrevoir que l’Ontario reprendra l’avantage dès 2010, avec une croissance du revenu disponible par habitant de 2,7 %, contre 2,1 % pour le Québec.
D’autre part, le rattrapage du Québec est en grande partie artificiel. En 2003, les Ontariens ont élu le gouvernement libéral de Dalton McGuinty. La même année, les Québécois ont élu les libéraux de Jean Charest. Les deux premiers ministres ont donc été au pouvoir pendant la location, intérêts et autres revenus de placement, prestations sociales, moins les taxes, les impôts et les cotisations sociales.
Depuis 2000, année après année (à une seule exception près, en 2006), la croissance du revenu personnel disponible, au Québec, a toujours été au moins égale, et la plupart du temps supérieure, à celle de l’Ontario.
Le rattrapage est donc bien réel. On pourrait même être tenté de faire une audacieuse projection : à ce r ythme, les Québécois seront plus riches que les Ontariens en 2022 !
Il faut se garder de pavoiser. Les choses risquent de ne pas être aussi roses, pour quatre raisons.
I l faudrait d’abord que la croissance du revenu disponible plus grande partie de la période étudiée.
Or, le gouvernement McGuinty s’est signalé, entre autres choses, pour ses hausses d’impôts, qui ont évidemment pour effet de réduire le revenu personnel disponible. Pendant la même pér i o de , l e gouve r nement Charest a annoncé d’importantes baisses d’impôts, augmentant d’autant le revenu personnel disponible des Québécois.
Le rattrapage des Québécois n’est donc pas t ant attribuable au dynamisme propre de l’économie québécoise qu’aux politiques fiscales des deux gouvernements provinciaux.
Troisièmement, si la croissance du revenu disponible par habitant est plus forte au Québec, c ’est en partie parce que sa croissance démographique est plus faible. Moins de personnes pour se partager la croissance des revenus, cela fait forcément un peu plus d’argent dans les poches de chacun. C’est un avantage largement annulé par les inconvénients d’une croissance démographique anémique.
Enfin, si l’écart des revenus s’est rétréci entre le Québec et l’Ontario, la situation devient beaucoup moins rassurante si on compare le Québec au reste du Canada.
Toujours entre 2000 et 2009, le revenu personnel disponible par habitant a augmenté de 38% au Manitoba, 40% dans les provinces de l’Atlantique, 41 % en Colombie-Britannique, 57% en Saskatchewan et 66% en Alberta. Toutes des performances qui dépassent celle du Québec, et qui ont pour résultat de propulser la moyenne, dans le reste du Canada (y compris l’Ontario), à 37%.



Les entreprises québécoises à la traîne  -  Michel Girard
C omment se débrouillent les « québécoises » de la Bourse c a nadien ne ? Ont-el l e s réussi à suivre le momentum dicté par l’indice phare de la Bourse de Toronto, soit le S& P/ TSX composé, lors des six premiers mois de l’année ? Comment se défendentelles en Bourse comparativement aux sociétés canadiennes des autres provinces ?
Pour suivre l’évolution boursière des grandes entreprises québécoises, deux indices boursiers ont été mis au point par le Centre d’analyse et de suivi de l’Indice-Québec, voire le IQ-30 et le IQ-120.
L’indice IQ-30 rapporte la performance boursière des 30 grandes sociétés boursières ayant leur siège social au Québec, comme BCE, Power Corporation, Jean Coutu, Banque Royale, Banque Nationale, Transcontinental , Saputo, SNC, Rona, Quebecor, T r a nsat , CN, Industrielle-Alliance, Bombardier, Banque Laurentienne, Cogeco Cable, Uni-Select, Industries Dorel, etc.
Outre ces titres québécois à grande capitalisation, l’indice IQ-120 renferme 90 autres titres de sociétés québécoises inscrites à la cote de la Bourse de Toronto.
Pour la période allant du 1er janvier au 3 juillet dernier, l’IQ-30 a grimpé de 9,5 % et l’IQ-120 de 11,9 %. Est-ce une bonne performance par rapport à l’ensemble de la Bourse canadienne?
C’est bien… mais il n’y a pas de quoi sauter au plafond. La performance des indices québécois est quand même nettement inférieure au gain enregistré par l’indice S& P/ TSX composé. Ce dernier a progressé de 14,0% lors de cette même période. Et l’indice S& P/ TSX 60 de la Bourse de Toronto (lequel regroupe les 60 grandes sociétés canadiennes) a mieux fait avec une hausse de 14,6%.
À défaut de battre l’ensemble des sociétés canadiennes, estce que nos « québécoises » ont réussi à se démarquer par rapport aux sociétés qui ont leur siège social dans les autres provinces canadiennes?
Par rapport aux cinq autres indices boursiers provinciaux mis au point par le Centre d’analyse et de suivi de l’Indice-Québec, notre IQ-30 ne devance que l’indice boursier IA-15 des provinces de l’Atlantique. Celui-ci a progressé de seulement 9,07% au cours des six premiers mois de l’année.
La meilleure performance provinciale de la Bourse canadienne a été réalisée par les sociétés de la Colombie-Britannique. L’indice CB-20 a rapporté depuis le début de l’année un énorme gain de 28,7 %.
Au deuxième rang, on retrouve les grandes sociétés qui ont pignon sur rue dans les Prairies. Leur indice, le IP-10, a gagné jusqu’à présent quelque 21,8 %.
Suivent ensuite l’indice ontarien IO-40 avec un gain de 13,7 % et l’indice albertain IAB-25 avec une hausse de 9,95 % pour la période.
Fonds FTQ et CSN
La comparaison provinciale étant faite, ramenons maintenant la performance rapportée la semaine dernière par les deux fonds de travailleurs dans leurs justes perspectives…
Les dirigeants du Fonds de solidarité de la FTQ et ceux de Fondaction de la CSN étaient tout fiers de comparer leur performance annuelle (du 1er juin 2008 au 31 mai 2009) avec certains indices de référence qu’ils jugent appropriés.
Le Fonds de la FTQ a rapporté un rendement annuel négatif de -12,6% et Fondaction de la CSN, un rendement négatif de -14,8%.
Pour démontrer aux actionnaires qu’ils s’étaient bien défendus dans le cadre de la crise financière qui a sévi durant cette période de 12 mois, les dirigeants des deux fonds québécois ont notamment rappelé la contre-performance de la Bourse canadienne, soit -29,5 % pour le S & P/ TSX composé et -34,5 % pour l’indice BMO des compagnies québécoises à petite capitalisation.
Pendant que le Fonds de la FTQ comparait également sa performance annuelle avec la baisse de -16,6 % de l’indice « des fonds équilibrés mondiaux neutres » du Globefund, Fondaction de la CSN y allait d’une comparaison avec la contre-performance de -17,1 % enregistrée « pour la moyenne des fonds équilibrés canadiens actions » de Paltrak.
Bravo pour le choix des indices de référence ! C’est toutefois une arme à deux tranchants.
Pendant que le portefeuille du Fonds de solidarité progressait d’un maigre 3,2 % lors des six derniers mois de son exercice (1er décembre 2008 au 31 mai 2009), et que celui de Fondaction gagnait un timide 1,2 % durant ce semestre, l’indice BMO des compagnies québécoises à petite capitalisation explosait de 33,6 %.
Un méchant rattrapage qui méritait d’être souligné !



CONGRÈS BIO 2009 : Il faut stimuler l’esprit d’entrepreneuriat des chercheurs, dit le premier ministre

ATLANTA, Géorgie — Le Québec a beau posséder l’une des meilleures politiques d’encouragement au monde en matière de biotechnologies, il reste encore du travail à faire pour stimuler l’esprit d’entrepreneuriat des chercheurs, a reconnu hier le premier ministre Jean Charest.
« Il faut mieux organiser l’information que nous voulons diffuser aux chercheurs québécois », a-t-il déclaré en point de presse à Atlanta, où il participe au plus important congrès mondial de l’industrie, Bio 2009.
« Il existe beaucoup d’outils, il y a de nouveaux fonds qui seront mis en place, mais les chercheurs eux-mêmes n’ont pas suffisamment développé la culture de commercialiser leurs propres produits, a estimé M. Charest. Il faut aider les chercheurs, mieux les informer, leur fournir du soutien pour qu’ils puissent faire le lien entre leurs recherches et la commercialisation. »
La question du financement est évidemment un défi de taille, et c’était le cas bien avant la crise financière qui a éclaté l’automne dernier.
« Lecapitalderisques’est éloigné du pur démarrage (d’entreprises technologiques) au cours des quatre dernières années », a convenu le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, qui accompagne Jean Charest dans la capitale de la Géorgie.
Même des investisseurs institutionnels comme la Caisse de dépôt et placement ou le Fonds de solidarité se sont montrés plus réticents face au secteur ces dernières années. Ce sont le plus souvent les petites entreprises de biotechnologies qui ont écopé: les fonds de capital de risque ont préféré réinjecter des liquidités dans des entreprises avec lesquelles ils travaillaient déjà plutôt que de se lancer dans l’inconnu.
Le gouvernement espère renverser la vapeur avec un train de mesures annoncées dans le dernier budget : la mise sur pied de Teralys, un fonds de capital de risque qui doit être doté, à terme, de 825 millions de dollars, la création de trois fonds d’amorçage et le lancement d’un nouveau Régime d’épargne-actions (REA II).
« Cet automne, il devrait y avoir des émissions d’actions (dans le cadre du REAII), je connais quelques cas » , a indiqué le ministre Bachand.
Jean Charest a dit suivre de près la vague de fusions-acquisitions qui frappe l’industrie pharmaceutique, mais il ne craint pas que le phénomène fasse trop de dommages au Québec, où sont présentes les 10 plus importantes multinationales du secteur. Il faut dire que l’acquisition récente de Wyeth par Pfizer et l’achat d’Aventis par Sanofi, en 2004, n’ont pas eu, jusqu’ici, de répercussions néfastes au Québec.


Les Québécois et le salaire minimum - CLAUDE PICHER
Simplement pour avoir le même pouvoir d’achat que son vis-àvis québécois, le travailleur ontarien devrait toucher un salaire minimum de 10,35$. Même avec l’augmentation d’hier, à 9,50$, il est encore bien loin du compte.
Hier, le salaire minimum au Québec est passé de 8,50$ à 9,00$ l’heure. Huit autres provinces ont également profité du 1er mai pour faire la même chose.
Avec ces changements, la province la plus généreuse est maintenant l’Ontario, avec 9,50$. À l’autre bout de l’échelle, trois provinces, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et l’Îledu-Prince-Édouard, n’offrent que 8,00$.
L’occasion est peut-être bien choisie pour rappeler qu’au Québec, le salaire minimum augmente moins rapidement qu’ailleurs depuis 10 ans.
Entre mai 1999 et aujourd’hui, le salaire minimum québécois est passé de 6,90$ à 9,00$, une progression de 2,10 $ ou 30%. En Ontario, la hausse correspondante est de 39%. La hausse la plus rapide a été observée à TerreNeuve, avec 62%. Enfin, c’est la Colombie-Britannique qui ferme la marche avec seulement 12% de hausse en 10 ans (nous reparlerons du cas pathétique de cette province un peu plus loin).
Les chiffres que nous venons de voir sont trompeurs parce qu’ils ne tiennent pas compte de l’inflation. Une fois ajustées en fonction de l’indice des prix à la consommation, les données changent radicalement.
Ainsi, au Québec, entre 1999 et 2008, dernière année complète pour laquelle on dispose de statistiques, les travailleurs québécois assujettis au salaire minimum ont connu, en termes réels, une hausse de 1,3%... ou 9 cents l’heure. Tout juste de quoi protéger leur pouvoir d’achat, mais largement insuffisant pour améliorer leur qualité de vie. Seule la Colombie-Britannique réussit à faire pire: toujours en termes réels, les travailleurs britannocolombiens touchent 49 cents de moins l’heure qu’il y a 10 ans.
Ne déchirons pas nos chemises trop vite. En réalité, la situation des Québécois est loin d’être aussi noire que ce que laissent supposer ces chiffres, pour deux raisons.
Quand on compare le salaire minimum entre les provinces, il faut tenir compte des différences du coût de la vie.
Nous venons de voir, par exemple, que le salaire minimum québécois vient de monter à 9,00$. En Ontario, il vient de passer de 8,75$ à 9,50$, un bond appréciable de 75 cents. Pourtant, mieux vaut toucher le salaire minimumauQuébec plutôt qu’en Ontario. Principalement à cause des coûts du logement, le coût de la vie est en moyenne de 15% plus élevé en Ontario. Simplement pour avoir le même pouvoir d’achat que son vis-à-vis québécois, le travailleur ontarien devrait donc toucher un salaire minimum de 10,35$. Même avec l’augmentation d’hier, à 9,50$, il est encore bien loin du compte.
D’autre part, il faut se rappeler que le salaire minimum, au Québec, tous gouvernements confondus, a toujours compté parmi les plus élevés au Canada depuis 10 ans.
Il fallait donc s’attendre à ce qu’il monte moins rapidement. Nous avons vu qu’il se situait à 6,90$ en 1999. La même année, il était de 5,25$ à Terre-Neuve. S’il avait fallu que le salaire minimum québécois grimpe au même rythme qu’à Terre-Neuve, il se situerait aujourd’hui non pas à 9,00$, mais à 11,20$, de loin le plus élevé en Amérique du Nord.
Et puis après? N’est-ce pas une bonne chose que les travailleurs les moins bien payés aient droit à des revenus qui leur permettraient d’accéder à une meilleure qualité de vie?
Dans un monde idéal, on pourrait bien monter le salaire minimum à 10$ ou 15$. Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. Vous pouvez imposer le salaire minimum que vous voulez aux employeurs, mais vous ne pouvez pas leur imposer un nombre d’employés minimum. Lorsque le salaire minimum augmente, les employeurs vont se conformer à la loi, mais vont se reprendre en restreignant l’embauche, de façon à de pas augmenter leurs coûts de main-d’oeuvre. Les plus touchés sont les nouveaux arrivants sur le marché du travail, et particulièrement les jeunes. Une étude publiée il y a quelques années par l’économiste Michael Baker, de l’Université de Toronto, calcule que chaque fois que vous haussez le salaire minimum de 10%, vous augmentez le chômage de 2,5% chez les jeunes de 15 à 19 ans.
Voilà pourquoi il faut être prudent avant de jouer avec le salaire minimum. L’exemple de la Colombie-Britannique est d’ailleurs assez éloquent. Dans les années 90, sous la gouverne des néo-démocrates, la province a atteint et maintenu le salaire minimum de loin le plus élevé au pays. L’écart, notamment avec la province voisine d’Alberta, était tellement important que le gouvernement libéral de Gordon Campbell a dû, en 2002, le geler à son niveau de l’époque (8 $), et il y est toujours. Les travailleurs britanno-colombiens supportent donc ce gel depuis sept longues années, mais cette pénible situation aurait facilement pu être évitée avec un peu de clairvoyance dans les années 90.
Dans ces conditions, l’approche québécoise, qui consiste à augmenter graduellement le salaire minimum de façon à protéger le pouvoir d’achat des travailleurs tout en évitant les hausses trop brusques qui supprimeraient des emplois, semble la mieux indiquée.


Ces services dont on parle peu -  CLAUDE PICHER
Le commerce de détail emploie 475 000 personnes au Québec; cela représente à peine 16% de tous les emplois dans le secteur des services. De leur côté, l’hôtellerie et la restauration fournissent ensemble 245 000 emplois, à peine 8% du total. Ces deux secteurs sont ceux où on retrouve une majorité de petits salaires.
Abit i biBowater , GM, Chrysler, l’Alberta en déprime à cause du pétrole, la ColombieBritannique sur le cul à cause du bois d’oeuvre, que voilà de mauvaises nouvelles qui attirent l’attention par les temps qui courent.
Tous ces dossiers sont importants, certes, mais ne représentent au bout du compte qu’une petite partie de l’économie. Au Québec, comme dans l’ensemble du Canada et des autres pays riches, l’économie repose d’abord sur le secteur des services.
Pourtant, on en parle peu et, quand on en parle, c’est souvent avec mépris. Ainsi, toutes les pertes d’emplois survenues depuis deux ans dans le manufacturier ont été amplement compensées par les emplois créés dans les services. Or, une opinion largement véhiculée veut que les emplois créés dans les services, comme l’hôtellerie, la restauration, les dépanneurs et le commerce de détail en général, soient des petits emplois mal payés. À quoi cela sert-il de perdre de bons emplois chez GM si c’est pour les remplacer par des emplois bas de gamme?
La réalité est radicalement différente, comme le montre une nouvelle série de chiffres que vient de publier l’Institut de la statistique du Québec, et qui tiennent compte des données les plus récentes, celles de 2008.
Et maintenant, le mythe des McJobs. La rémunération hebdomadaire moyenne, au Québec, toutes catégories de travailleurs confondues, est de 751$. Dans les services, le montant correspondant est de 710 $. C’est donc vrai que les salaires, dans les services, sont inférieurs à la moyenne, mais la différence dépasse à peine 5%. C’est largement insuffisant pour conclure qu’on échange des bons emplois contre des emplois bas de gamme.
De plus, le chiffre de 710 $ est une moyenne, et il faut parfois se méfier des moyennes. On peut dire d’une personne qui a un pied pris dans un bloc de glace, et l’autre pied Cela va du simple au triple. Dans le commerce de détail, le salaire se situe à 455$, un peu mieux que dans la restauration, mais encore très loin derrière la moyenne.
Le problème, c’est qu’on a souvent tendance à assimiler le secteur des services au commerce de détail et à la restauration. Rien n’est plus faux.
Le commerce de détail emploie 475 000 personnes au Québec ; cela représente à peine 16% de tous les emplois dans le secteur des services. De leur côté, l’hôtellerie et la restauration fournissent ensemble 245 000 emplois, à peine 8% du total.
Ces deux secteurs sont ceux où on retrouve une majorité de
D’abord, un rappel: le secteur des services représente, à lui seul, 70% du produit intérieur brut québécois. Sur les 3,9 millions de travailleurs québécois, salariés et autonomes, à temps plein ou partiel, trois millions oeuvrent dans le secteur des services.
C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il s’agit du véritable pilier de l’économie. posé sur des charbons ardents, qu’en moyenne, sa position est confortable !
L’image s’applique bien au secteur des services. Au bas de l’échelle, c’est-à-dire dans l’hôtellerie et la restauration, le salaire hebdomadaire moyen est de 329$. Et tout en haut de l’échelle, dans les services professionnels, scientifiques et techniques, il grimpe a 1036$. petits salaires. Ils contribuent évidemment à faire baisser la moyenne. Mais ils n’en comptent pas moins pour seulement 24% des emplois.
Où sont les 76% qui restent? On l’a vu, dans les services professionnels, scientifiques et techniques, qui fournissent 266 000 emplois, un peu plus que l’hôtellerie et la restauration. Mais les services, ce sont aussi des centaines de milliers d’emplois dans l’enseignement, l’administration publique, les services financiers et les assurances, le transport et l’entreposage, les soins de santé, le commerce de gros, l’information et la culture, les services aux entreprises, les services informatiques, les services de gestion.
Voilà tous des secteurs où la rémunération rejoint ou dépasse souvent largement la moyenne générale.
Le seul domaine où la contribution du secteur des services ne correspond pas à son poids économique est celui des immobi l isat ions, c ’ est-à-di re les investissements en construction, agrandissement ou rénovation de bâtiments, ou encore acquisition, modernisation ou réparation de machinerie et d’équipement. C’est normal : par définition, le secteur des services ne produit pas de biens, et n’a donc pas besoin de réaliser des immobilisations aussi importantes que le secteur manufacturier ou celui des ressources.
Malgré cela, ses immobilisations ( surtout des édifices commerciaux) at teignent 28 milliards de dollars en 2008, soit 46% du total québécois.
Au total, les services fournissent des emplois à trois travailleurs québécois sur quatre, et quoi qu’on puisse en penser, ce sont surtout de bons emplois bien rémunérés.


Taxe sur la masse salariale - Un vrai débat s’impose
Depuis trop longtemps, chacune des taxes sur la masse salariale est considérée isolément
C’est au Québec que le fardeau global, déjà imposant, est le plus élevé pour les entreprises.
L’auteur est président du Conseil du patronat du Québec.
Les entreprises québécoises paient plus de 15 milliards chaque année en taxes sur la masse salariale.
Le Conseil du patronat du Québe c (CPQ) est invité à se prononcer demain sur l’augmentation du taux de cotisation des employeurs à la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Des scénarios pouvant aller jusqu’à 23% d’augmentation ont été avancés.
Dans quelques semaines, ce sera l’annonce officielle d’une troisième augmentation consécutive du taux de cotisation à l’assurance parentale qui retiendra notre attention; les informations disponibles l’estiment à 8%.
L’automne prochain, nous serons appelés à nous pencher sur l’avenir du Régime de rentes du Québec; sans compter l’impact de la crise financière, on parle d’une autre augmentation, attribuable aux changements démographiques.
À tout cela s’ajoute la proposition du nouveau chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, de rendre plus accessible le programme de l’assurance emploi, augmentant ainsi les coûts de plus de 1milliard de dollars, avec les répercussions inévitables sur les taux de cotisation.
Bref, alors que nous sommes au coeur d’une récession, les entreprises du Québec sont bombardées de toutes parts de propositions de hausses, parfois considérables, des taxes sur la masse salariale (TMS).
Depuis trop longtemps, chacun de ces régimes est considéré isolément. Le poids fiscal substantiel de l’ensemble des TMS est d’ailleurs moins connu que le taux respectif de chacune d’elle, généralement pas très élevé. En fait, l’ensemble des TMS représente pour les employeurs un coût additionnel de 10% en sus de la rémunération versée aux travailleurs québécois.
En chiffres absolus, les entreprises québécoises paient plus de 15 milliards chaque année en TMS. Pour donner un ordre de grandeur, c’est plus que ce que le gouvernement duQuébec reçoit de l’ensemble des taxes sur la consommation.
Rappelons aussi que ces taxes sont applicables en tout temps, que les entreprises fassent des profits ou non.
Taxer davantage les salaires que le font nos voisins rend les entreprises d’ici moins compétitives.
Or, comme le montre un dossier préparé par la directrice de la recherche et économiste en chef du CPQ, Norma Kozhaya, c’est au Québec qu’il en coûte le plus cher parmi toutes les provinces à ce chapitre.
Si on se limite à comparer le Québec avec l’Ontario, l’écart est de 31% pour un salaire de 40 000$. Cette constatation est vraie également pour d’autres niveaux de salaire, notamment ceux entre 15 000$ et 45 000$. Et l’écart augmente pour les travailleurs les mieux rémunérés, principalement en raison du Fonds pour les services de santé, dont les taux sont nettement plus élevés au Québec.
L’heure d’un vrai débat sur cet aspect du fardeau fiscal des entreprises a sonné.
Il faut cesser d’aborder l’enjeu par le biais de chaque régime pris isolément. Même si chaque nouvelle ponction s’inscrit dans des contextes spécifiques et semble mineure en apparence, il faut désormais considérer le fardeau global – déjà imposant – de l’ensemble de ces taxes.
Le fait que les taux de plusieurs TMS soient fixés au moyen de décisions sectorielles n’aide certes pas à faire ce débat. À titre d’exemple, la Régie des rentes du Québec ou le Conseil de gestion de l’assurance parentale soumettent des recommandations dans une perspective d’équilibrer les entrées et les sorties de fonds de ces régimes, recommandations que le gouvernement s’empresse de suivre. Cette apparente décentralisation des décisions évite aux gouvernements d’assumer la responsabilité des augmentations de ces taxes.
Pourtant, ce sont bel et bien les gouvernements qui fixent les paramètres des programmes et le coûts des prestations afférentes, préparant de ce fait des besoins financiers qui mènent à des augmentations de cotisations. Et ce sont aussi les gouvernementsqui sont les seuls à pouvoir cerner le portrait d’ensemble des TMS, et qui doivent donc prendre des décisions en conséquence.
Nous réitérons donc notre appui à la recommandation du rapport du Groupe de travail sur l’investissement des entreprises (le rapport Fortin), paru en mars 2008, de ne plus augmenter le fardeau global des TMS en proportion de la rémunération totale.
Lamise en oeuvre de cette recommandation améliorerait la compétitivité des entreprises québécoises, dans un contexte économique où elles en ont bien besoin.



Desjardins moins efficace que les banques
« Nous n’avons pas d’objectifs de réduction de l’écart à court terme. Les cibles seront connues à l’automne, dans le cadre du plan stratégique. »
Les résultats s’améliorent au Mouvement Desjardins, mais les compressions annoncées jeudi ne suffiront pas à rendre l’organisation aussi productive que les autres institutions financières.
Hier, Desjardins a annoncé un excédent avant ristournes de 117 millions de dollars pour le trimestre terminé le 31 mars 2009.
Hier, Desjardins a annoncé un excédent avant ristournes de 117 millions de dollars pour le trimestre terminé le 31 mars 2009. Il s’agit d’une hausse de 75% par rapport au même trimestre de 2008, qui avait été fortement entachée, faut-il dire, par le papier commercial.
Malgré cette amélioration, Desjardins a beaucoup de chemin à faire avant de devenir aussi efficace que les autres institutions financières. Jeudi, la présidente, Monique Leroux, a donné des détails sur le « plan d’évolution » du Mouvement, qui mènera à la suppression de 900 postes d’ici trois ans. Au terme de l’exercice, 150 millions de dollars seront économisés, dont 40% avec la main-d’oeuvre.
Pour se comparer aux autres, Desjardins utilise un ratio de productivité, qui est essentiellement le rapport entre les frais d’exploitation et le revenu total du Mouvement. Entre 2006 et 2008, ce ratio oscillait entre 70 et 72%, exclusion faite des effets de la crise financière, notamment l’impact des PCAA.
Au premier trimestre de 2009, ce rapport est passé à 79%. Le taux a augmenté par rapport à la norme même si l’organisation a exercé un contrôle serré des dépenses. Cette hausse s’explique notamment par la pression sur les revenus qu’occasionne le fort recul des taux d’intérêt. Au premier trimestre, ces revenus ont atteint 2,25 milliards, en hausse de 2,9% sur la période correspondante de 2008.
Au cours d’un entretien téléphonique, le vice-président de la planification financière de Desjardins, Benoit Lefebvre, a reconnu que Desjardins a un écart à combler avec l’industrie bancaire, dont le ratio comparable oscille entre 55 et 60%.
Structure coopérative
En excluant l’effet des PCAA, l’écart est de 12 à 15 points de pourcentage. Benoit Lefebvre estime que la structure coopérative de Desjardins coûte entre six et huit points à l’organisation. Par exemple, Desjardins a un réseau de caisses étendu, même en région, où le maintien de points de service n’est pas toujours très rentable.
À terme, l’objectif ne sera donc pas de combler ces 12 points d’écart, mais plutôt six points, environ, fait valoir M. Lefebvre. Sachant que les revenus annuels de Desjardins excèdent les 8 milliards de dollars, l’écart à combler avoisine les 500 millions, soit bien davantage que les 150 millions d’économies annoncées jeudi.
Benoit Lefebvre explique que les quelque 350 millions manquants viendront plutôt d’une augmentation du volume d’affaires plutôt que d’une réduction des coûts. « Nous n’avons pas d’objectifs de réduction de l’écart à court terme. Les cibles seront connues à l’automne, dans le cadre du plan stratégique », dit-il.
Encore le PCAA
Par ailleurs, le papier commercial PCAA a encore amoindri les résultats de Desjardins au premier trimestre. Au total, le papier honni a réduit les excédents de 88 millions. De cette somme, 34 millions sont attribuables à une perte de Desjardins sur une des fiducies de PCAA qui ne faisait pas partie de l’entente de Montréal.
La deuxième tranche, soit 54 millions, s’explique par une baisse additionnelle de 2% de la valeur des PCAA restants. Au 31 mars 2009, la moins-value des 2,4 milliards de dollars de PCAA s’élève donc à 47%, soit 1,1 milliard.
Malgré tout, le portefeuille de prêt de Desjardins demeure solide, comme en fait foi le ratio de prêts douteux. Au 31 mars, quelque 466 millions de dollars de prêts étaient douteux, soit un ratio de 0,44%. Ce ratio est certes en hausse par rapport à celui de 2006 (0,39%), mais il demeure bien en deçà de l’objectif de 1%. Autre bonne nouvelle: l’encours de crédit hypothécaire était en hausse de 3,9 milliards au premier trimestre, ou 7,2%, malgré le ralentissement des ventes de maisons.
Enfin, le secteur qui comprend Valeurs mobilières Desjardins et Desjardins capital de risque a enregistré un bénéfice net de 3,0 millions au premier trimestre, comparativement à une perte de 4,0 millions au même trimestre de 2008.



L’industrie électrique pèse lourd, au Québec
L’industrie électrique, qui représente 5% du PIB du Québec, est très importante pour la vie économique de la province. Et contrairement à la croyance populaire, ce secteur ne se limite pas aux activités d’Hydro-Québec.
D’ailleurs, pour rétablir les faits, l’Association de l’industrie électrique du Québec ( AIEQ) vient de rendre publique une étude sur son secteur d’activités.
« Si on exclut les entreprises du domaine de la construction, l’industrie électrique du Québec emploie directement 55 000 personnes. Hydro-Québec en embauche 22 000, ce qui en fa it évidemment un ac teur important, mais nous devons reconnaître qu’une grande partie des employés du secteur de l’électricité travaillent dans d’autres entreprises », souligne Jean-François Samray, présidentdirecteur général de l’AIEQ.
Pour comprendre l’importance de l’industrie électrique au Québec, il faut savoir que les entreprises ne se limitent pas à produire de l’énergie. On retrouve aussi les transporteurs et les distributeurs, les fabricants d’équipement, sans oublier les nombreuses firmes de génieconseil spécialisées dans les projets électriques.
L’étude révèle également que les emplois du secteur de l’électricité sont de qualité : entre 90 à 95% des travailleurs occupent des postes à temps plein et leur salaire annuel moyen s’élève à plus de 72 000$. « Et comme l’électricité est une industrie de pointe, les employeurs investissent environ 3% de la masse salariale dans les activités de formation », ajoute M. Samray.
Des emplois partout
L’industrie électrique a aussi la particularité de procurer des emplois dans les 17 régions administratives du Québec. De plus, en 2007, les entreprises du secteur de l’électricité ont exporté dans plus de 180 pays, ce qui en fait l’une des industries québécoises les plus développées à l’échelle internationale.
« Évidemment, les États-Unis demeurent le client le plus important, mais notre dépendance envers eux est moins grande que celle de l’ensemble des industries en ce qui concerne les biens », remarque Jean-François Samray.
Le secteur de l’électricité est aussi en forte croissance sur le marché international . En 2007, l’exportation de biens a atteint 3,7 milliards. « En 2008, malgré la crise financière, les exportations de biens ont augmenté à 4,2 milliards. En fait, au cours des cinq dernières années, la croissance a été cinq fois supérieure à celle de l’ensemble des industries », précise le PDG de l’AIEQ.
Il croit d’ailleurs que cet élan n’est pas près de s’essouff ler. « La demande en énergie augmente constamment et 60% des réseaux de transport d’électricité sont à refaire dans la prochaine décennie en Amérique du Nord, explique-t-i l . De plus, pour lutter contre le réchauffement climatique, les sociétés doivent laisser tomber les énergies polluantes, comme le charbon, pour se tourner vers des énergies vertes et renouvelables, comme l’hydroélectricité. »

Génie-conseil : Le Québec rayonne aussi à l’étranger
« Pas moins de 80% de nos activités sont reliées à l’hydroélectricité et environ la moitié de notre chiffre d’affaires se fait à l’étranger. »
Avec le nombre imposant de grands projets hydroélectriques réalisés au Québec dans les dernières décennies, bien des entreprises québécoises ont eu la chance de se faire la main et ont réussi à développer de solides expertises. C’est le cas de nombreuses firmes de génie-conseil qui ont mené des projets pour Hydro-Québec. Depuis, plusieurs exportent leur savoir-faire à l’international et font des affaires d’or.
« Pas moins de 80% de nos activités sont reliées à l’hydroélectricité et environ la moitié de notre chiffre d’affaires se fait à l’étranger », indique George Dick, président de RSW.
Mais quels pays sont si assoiffés de l’expertise québécoise en matière d’hydroélectricité ?
« Les pays du BRIC ( Brésil, Russie, Inde, Chine) sont les centres de croissance dans le monde et leur potentiel hydroélectrique est abondant, affirme-t-il. On retrouve aussi d’autres pays en Amér ique latine, où les ressources sont présentes , comme l ’Argentine, le Chili, le Pérou et le Venezuela. Plusieurs pays ont éga lement du potentiel en Afrique. »
L’Amérique latine et l’Afrique sont aussi les principales régions du monde où Tecsult, une autre firme de génie-conseil spécialisée dans les projets énergétiques, a décidé d’exporter ses services.
« En Afrique, tout est à faire. Nous sommes actifs dans une trentaine de pays là-bas, principalement dans l’Afrique francophone. En Amérique latine, il y a aussi beaucoup à faire, même si on a tendance à penser que tout le monde a l’électricité dans ces pays-là. Ce n’est pas le cas », indique Normand Lévesque, vice-président énergie et barrages chez Tecsult.
Face au succès retentissant de quelques firmes québécoises à l’étranger dans le domaine de l’hydroélec t r ic ité, d’aut res joueurs sont aussi tentés de faire le saut. Ce fut récemment le cas de BPR, qui a réalisé un projet au Népal et qui est actuellement en train d’y en démarrer un deuxième.
« Nous regardons aussi les occasions d’affaires en Afrique. D’ailleurs, je remarque qu’à l’étranger, notre carnet de route, qui comprend plusieurs réalisations pour Hydro-Québec, est une belle carte de visite. C’est un nom qui résonne à l’international », affirme Denis Tremblay, président-directeur général de la division énergie chez BPR.




UN DÉFI POLITIQUE  -  Pierre-Olivier Pineau
Bien que rentable, l’acquisition controversée du réseau Énergie NB par Hydro-Québec pourrait dégénérer
L’auteur est spécialiste en politiques énergétiques et professeur agrégé à HEC Montréal. Lorsqu’on fait le tour de la Gaspésie, de majestueux parcs éoliens découpent le paysage à quelques reprises. Si certains trouvent que ces éoliennes détonnent, c’est qu’ils ne regardent pas de l’autre côté de la baie des Chaleurs, au Nouveau-Brunswick : deux longues cheminées crachent constamment de la fumée à Dalhousie et Belledune. De tristes héritages du passé, bien actifs cependant. Ce sont des centrales de production d’électricité au pétrole lourd du Venezuela et au charbon.
Les premiers ministres du Nouveau-Brunswick et du Québec, Shawn Graham et Jean Charest, quelques minutes avant la signature du protocole d’entente visant l’achat de la majorité des actifs d’Énergie du Nouveau-Brunswick par Hydro-Québec, au coût de 4,75 milliards.
Le Nouveau-Brunswick produit en effet 40 % de son électricité avec des centrales thermiques. Un autre 25% provient d’une centrale nucléaire dont la mise à niveau souffre de dépassements de coûts, et le reste de centrales hydroélectriques ou d’importations, essentiellement du Québec. Il va sans dire que ce système coûte très cher à opérer, et les consommateurs d’électricité paient presque deux fois plus cher qu’au Québec.
Il est parfaitement absurde, d’un point de vue économique et environnemental, d’avoir côte à côte deux réseaux électriques gérés de manière complètement indépendante, avec simplement des échanges ponctuels, lorsque la situation à court terme le justifie. Cela explique en grande partie pourquoi Hydro-Québec reprend certains actifs d’Énergie NB (l’équivalent d’Hydro au Nouveau-Brunswick) : ses centrales les plus propres et ses réseaux de transmission et de distribution. Grâce à son nouveau parc de production intégré, Hydro sera en effet en mesure de fournir de l’électricité à bien moindre coût qu’Énergie NB pouvait le faire avec ses centrales thermiques. Le Nouveau-Brunswick en sortira aussi gagnant, puisque sa dépendance au charbon et au pétrole sera grandement réduite.
De plus, pour Hydro-Québec, en plus de vendre à meilleur prix son électricité, les lignes de transmission vers la Nouvelle-Angleterre lui offrent une nouvelle porte d’entrée sur le marché américain.
C’est la force de ces arguments économiques et environnementaux qui pousse une telle transaction, malgré l’atteinte à la fierté provinciale que cette perte de contrôle d’Énergie NB représente.
Par ailleurs, la colère de Terre-Neuve-et-Labrador vient compliquer un peu les choses, mais surtout souligner le caractère dysfonctionnel du secteur électrique canadien. Cette province cherche activement une manière de « sortir » 3000 MW supplémentaires d’hydroélectricité du BasChurchill. Le chemin naturel serait à travers le Québec, mais Hydro-Québec collabore peu avec cet éventuel concurrent, parce qu’évidemment, ce n’est pas dans ses intérêts d’acheminer l’hydroélectricité des autres.
Une seconde avenue pour atteindre le lucratif marché américain est de passer par Terre-Neuve, puis sous la mer jusqu’au Nouveau-Brunswick, afin de rejoindre les États-Unis par le Maine. Cette approche aurait aussi permis d’approvisionner les autres provinces atlantiques en hydroélectricité. Danny Williams, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, aurait ainsi contourné le Québec et contribué à une alliance atlantique de l’énergie. Malheureusement, comme Hydro contrôlera dorénavant le réseau électrique du Nouveau-Brunswick, un acteur clé sort de cette alliance. Le « problème » québécois resurgit pour les Terre-Neuviens et Labradoriens, et vient porter un coup dur au projet du Bas-Churchill.
Malgré tout, la problématique de l’accès au réseau de transmission devrait pouvoir se résoudre, à moyen terme, par une meilleure garantie de son ouverture par les organismes réglementaires, telle que la Régie de l’énergie. Hydro-Québec devra à cet égard certainement se montrer plus amicale à l’avenir avec ses voisins, pour ne pas envenimer les relations interprovinciales et éviter, peut-être, de voir l’agence de réglementation américaine s’en mêler pour comportement anti-compétitif.
L’entente entre Hydro-Québec et Énergie NB est donc toute naturelle sur le plan économique, énergétique et environnemental. Elle profitera aux deux partenaires. Par contre, sur le plan politique, elle est inédite et controversée. Elle vient souligner qu’une plus grande intégration des marchés de l’électricité, bien que rentable, est un défi politique qui pourrait dégénérer. Espérons qu’au contraire, elle ouvre la voie à une plus grande réorganisation et harmonisation du secteur, même si cela pourrait entraîner des changements pour les consommateurs québécois, dont les privilèges tarifaires seront rendus encore plus visibles par cette intégration avec le Nouveau-Brunswick.

La machine à piastres  -  CLAUDE PICHER
Une opinion largement répandue veut que la nationalisation de l’électricité a été réalisée en 1962 par le gouvernement de Jean Lesage. Ce n’est pas tout à fait exact. Le pionnier de la nationalistion de l’électricité, c’est Adélard Godbout. Dans les années 30, la production et la distribution d’électricité au Québec sont entre les mains d’une douzaine de sociétés contrôlées par des hommes d’affaires anglophones. Une des plus puissantes de ces sociétés, la Montreal Light, Heat and& Power, est cordialement détestée de la population, qui lui reproche ses tarifs trop élevés. Encore plus que Eaton ou Morgan, l’entreprise est devenue le symbole de l’oppression des Canadiens français par le grand capital anglais.
À l’époque, Godbout est ministre dans le cabinet d’Alexandre Taschereau, et ne cache pas son hostilité envers les sociétés privées d’électricité. En 1936, lorsque Taschereau démissionne à la suite du scandale du comité des comptes publics, Godbout le remplace, mais il est battu deux mois plus tard par Maurice Duplessis. Aux élections de 1939, il bat Duplessis à son tour et, dès lors, multiplie les attaques contre la Montreal Light. Il ne mâche pas ses mots: pour lui, l’entreprise n’est rien d’autre qu’une « dictature crapuleuse ».
En avril 1944, Godbout fait adopter une loi qui nationalise la Montreal Light. C’est en quelque sorte l’acte de naissance d’Hydro-Québec.
La nationalisation avait plusieurs objectifs : remettre aux Québécois francophones le contrôle d’une partie de leur principale richesse naturelle, développer l’électrification rurale, mettre fin aux tarifs excessifs. En ce sens, on peut considérer cette première nationalisation comme un geste social.
Lorsque le gouvernement Lesage décide de nationaliser les 11 autres sociétés restantes, l’objectif est différent. Le slogan « Maîtres chez nous » dit tout.
Sur le plan financier, le gouvernement fait une affaire absolument extraordinaire.

En 1962, le ministre des Ressources naturelles, René Lévesque, paie 640 millions aux actionnaires des entreprises d’électricité. Si on tient compte de l’inflation, cette somme équivaut aujourd’hui à 4,6 milliards. Or, cette année seulement, Hydro remettra un dividende de 2,9 milliards à son unique actionnaire, le gouvernement du Québec. C’est deux fois plus que le dividende de Loto-Québec, quatre fois plus que le dividende de la Société des alcools.
Entre 2006 et 2009, le gouvernement a touché 12,1 milliards en dividendes d’Hydro. Pas mal pour une entreprise payée le tiers de cette somme en dol l a r s d’aujourd’hui . Parlez-moi d’une machine à piastres !
Le plus fort, c’est que la société d’État peut verser ces fabuleux dividendes tout en pratiquant une des politiques tarifaires les plus généreuses en Amérique du Nord.
C’était dans les objectifs de la première nationalisation en 1944, cela n’a pas changé en 1962, et le cap est toujours le même aujourd’hui. Puisque l’hydro-électricité est une ressource qui appartient à tous les Québécois, qu’elle est pratiquement inépuisable et qu’elle ne coûte pas cher à produire, pourquoi ne pas en faire profiter tout le monde? C’est ainsi que, depuis 65 ans, les Québécois achètent leur électricité à rabais.
Prenons un ménage montréalais dont la consommation d’électricité représente 2000$ par année. Pour une consommation identique, le même ménage paiera 3280 $ à Toronto, 3940$ à Edmonton 4340$ à Charlottetown. Aux États-Unis, les prix atteignent 4380 $ à Houston, 5300 $ à San Francisco, 5620$ à Boston et 6240$ à New York.
Certes, ce n’est pas la même chose partout : à Vancouver, les prix sont à peine plus élevés qu’à Montréal ; à Winnipeg et Seattle, il sont même légèrement inférieurs. Mais ce sont là des exceptions ; dans l’ensemble, les prix québécois figurent de loin parmi les plus bas en Amérique du Nord.
Or, la situation des finances publiques québécoises n’est pas particulièrement brillante. Contrairement à ce qui s’est passé à Ottawa, aucun gouvernement québécois, péquistes et libéraux confondus, ne s’est sérieusement intéressé au problème de la dette.
Si on tient compte, en plus de la dette directe, des caisses de retraite, des dettes des municipalités, universités, hôpitaux, sociétés d’État, la dette du gouvernement québécois dépasse les 213 milliards. Pendant que vous lirez cette chronique, elle aura augmenté de 52 000$.
C’est beaucoup pour une société de 7,7 millions d’habitants, et qui figure dans le peloton de queue parmi les moins riches en Amérique du Nord.
On peut difficilement s’attaquer à la dette en demandant un effort supplémentaire aux contribuables, qui sont déjà abominablement surtaxés (du moins, les 58% qui paient des impôts).
Depuis quelque temps, plusieurs économistes suggèrent qu’Hydro revoie ses tarifs en fonction des prix du marché. Ce n’est pas une mesure populaire. Les sondages montrent que les Québécois tiennent à leurs bas tarifs. À long terme, c’est se tirer dans le pied.
Hydro est une machine à piastres, oui, mais le gouvernement est loin d’utiliser son plein potentiel. Dans le cas du ménage que nous avons vu plus haut, une hausse graduelle qui amènerait les tarifs, disons, à 3000$ par année au bout de cinq ans, coûterait 4 $ par semaine la première année, 8$ la deuxième et ainsi de suite jusqu’à 19$ dans cinq ans. Bien entendu, un crédit d’impôt peut être mis sur pied pour les plus pauvres.
Le sacrifice ne semble pas si énorme ; en revanche, il permettrait à Hydro de verser environ 1,5 milliard de plus par année au gouvernement, tout en freinant une conséquence déplorable de la politique des bas tarifs : la surconsommation et le gaspillage.


Où est le Plan Nord? -  Denis Lessard
Le grand projet du gouvernement n’existe que sur le site du PLQ
QUÉBEC — Où est passé le Plan Nord? L’empressement d’Hydro-Québec à ajuster ses prévisions pour tenir compte de l’engagement du gouvernement a plongé Thierry Vandal, président d’Hydro, dans l’embarras, hier.
Le Plan stratégique d’Hydro-Québec 2009-2013 fait largement écho au Plan Nord annoncé en campagne électorale l’an dernier par le premier ministre Jean Charest. Or, lorsque des citoyens frappent à la porte du ministère des Ressources naturelles ou de l’Environnement pour demander plus d’information à ce sujet, ils reviennent bredouilles.
« Ils se font dire qu’il n’y a pas de document et que la seule référence se trouve sur le site du Parti libéral du Québec », lance le critique péquiste en matière d’énergie, Sylvain Gaudreault. « Chercher le Plan Nord, c’est la quête du Graal » ironise-t-il. Dans le document qu’elle a présenté hier en commission parlementaire, Hydro indique même que ce plan de développement nordique fait partie « des points d’ancrage » à partir desquels elle a défini ses orientations. Pour le député péquiste, il est pour le moins surprenant qu’Hydro ait basé son plan stratégique sur un document purement partisan, un projet qui n’existe formellement nulle part au gouvernement.
Embêté, le président d’ Hydro, Thierry Vandal, a commencé par dire que l’objectif de tirer 3500 mégawatts supplémentaires de ce territoire d’ici à 2035 était connu. Il a admis toutefois n’avoir jamais vu de document sur cet engagement du gouvernement. Un adjoint est venu à sa rescousse et lui a glissé le dernier budget de Monique Jérôme-Forget, produit au printemps dernier, dans lequel la commande du gouvernement pour cette énergie est inscrite noir sur blanc.
 Lors du dernier conseil général du PLQ, il y a deux semaines, à Drummondville, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a fait une présentation aux militants de ce Plan Nord, dont elle a la responsabilité – mais elle a davantage fait un inventaire des ressources et des installations aéroportuaires ou routières du Nord qu’indiqué ce que compte y faire Québec.
En point de presse, M. Vandal a soigneusement évité de suivre son prédécesseur André Caillé, qui s’était ouvertement prononcé en faveur de l’abolition du « bloc patrimonial » de 165 térawatt heures ( les t rois quarts de la production d’Hydro) dont le tarif est artificiellement plafonné à 2,8 cents le kilowattheure.
« M. Caillé a le droit de s’exprimer, mais, pour moi, HydroQuébec opère en fonction du cadre réglementaire et législatif en place, qui prévoit que le tarif patrimonial est gelé », a prudemment déclaré M. Vandal. Il soutient qu’Hydro n’a pas fait de simulations sur l’impact d’une hausse des tarifs sur la consommation. Toutes les questions sur les hausses de tarifs ont été écartées, « des questions de nature politique » a-t-il insisté.
Nouvelle mouture
Il y avait plus de trois ans que les dirigeants d’Hydro étaient venus expliquer leurs projets devant les parlementaires. Le prédécesseur de Nathalie Normandeau, Claude Béchard, les avait renvoyés à leur table de travail, l’an passé, les pressant de présenter une nouvelle mouture de leurs orientations qui tienne compte du Plan Nord du gouvernement. Hier, la ministre a rappelé qu’Hydro ferait des investissements de 25 milliards d’ici à 2013.
Les économies d’énergie attendues atteignent 11 térawattheures en 2015 ; la cible de 8 térawattheures a été rapprochée à 2013. Cela représente l’équivalent de la consommation d’une région comme le Saguenay, a rappelé hier M. Vandal.
Le patron d’Hydro a eu du fil à retordre avec le député Gaudreault. Selon le péquiste, les décisions malavisées du président (près d’un demi-million de dollars en commandites consenties à des écoles cossues de Montréal) et les problèmes de facturation qui ont frappé 120 000 personnes font en sorte que M. Vandal ne devrait pas avoir droit à sa prime annuelle de 122 000 $, en sus de son salaire de 417 000 $.
Plus tard, en point de presse, M. Vandal a déclaré : « Le porte-parole de l’opposition s’était déjà exprimé là-dessus. Je comprends qu’il est là pour faire de la politique. »
Hydro-Québec reçoit chaque année 3000 demandes de commandites. Le but de l’opération n’est pas d’alimenter la controverse. « Quand cela arrive, c’est qu’il y a des ajustements à faire », a dit M. Vandal. Hydro ne versera plus d’argent aux institutions d’enseignement privées ou hors du Québec. La politique d’Hydro sur les commandites a été réévaluée après le tollé soulevé l’été dernier ; « elle est publique, transparente et se trouve sur notre site », a conclu le président.


PLAN STRATÉGIQUE D’HYDRO
L’interrogatoire sera « très serré », promet l’opposition  -  Michel Corbeil
LE PLAN STRATÉGIQUE D’HYDRO présenté à l’Assemblée nationale
QUÉBEC — Hydro-Québec défendra, demain et mercredi à l’Assemblée nationale, son plan stratégique des cinq prochaines années. L’opposition l’attend de pied ferme.
La société d’État a été convoquée par les parlementaires, la semaine dernière. Elle ne s’est pas présentée devant les élus depuis 2006.
Le critique péquiste Sylvain Gaudreault promet de soumettre les hauts dirigeants à un interrogatoire « très serré ». Dévoilé en plein été, quelques mois après que le gouvernement Charest eut renvoyé sans ménagement Hydro à ses devoirs, le plan promet « efficacité énergétique, énergies renouvelables et innovation technologique ».
Par contre, il insiste sur une série de projets pour de nouvelles centrales hydroélectriques. La société d’État a profité du dévoilement du document pour confirmer qu’el le a désormais dans sa ligne de mire la rivière Magpie, sur la MoyenneCôte-Nord, à 200 kilomètres à l’est de Sept-Îles. Le plan stratégique spécule aussi sur les possibilités d’exportation de l’énergie, notamment vers les États-Unis.
Planification
Le député du Parti québécois pour la circonscription de Jonquière a soulevé des objections dès le dévoilement des orientations. « Pour les énergies renouvelables, c’est nettement insuffisant », a réitéré au Soleil M. Gaudreault. Il a également des réserves sur les nouvelles propositions de barrages, dont celle pour la Magpie et une autre pour une rivière de la même région, Petit-Mécatina.
Les experts d’ Hydro se sont souvent trompés sur la planification des besoins en énergie de leurs clients, a suggéré Sylvain Gaudreault. Ce qui l’amène à se demander si les travaux sur la Romaine, qui ont commencé il y a quelques semaines, ne sont pas pour produire une énergie superflue.
« Nous poserons également des questions sur Gentilly II, a poursuivi le député. Comment expliquer le lancement de travaux de réfection de 2 milliards de dollars (à la centrale nucléaire, située sur la rive sud de Trois-Rivières) sans consultations publiques ? »
Seuls les élus participeront aux échanges. L’Union des consommateurs aurait souhaité être invitée, a fait savoir Jean-François Blain. L’analyste en politiques et réglementation énergétiques croit qu’Hydro se retrouvera avec de gigantesques surplus d’énergie, pour de nombreuses années, victime de la récession nord-américaine.
Il redoute que la société d’État en soit même réduite à payer des dédommagements, faute de pouvoir remplir ses engagements. Cela s’est produit à la centrale thermique de Bécancour, où TransCanada Énergie encaisse une compensation de plus de 200 millions parce qu’il n’y a pas preneur pour son électricité.
Selon M. Blain, la rentabilité des nouveaux projets de barrages est d’autant plus à remettre en question que l’affaiblissement de la demande ne peut qu’entraîner « l’effondrement des prix » pour l’hydroélectricité.
« On n’a pas seulement mis la charrue avant les boeufs. On a mis les boeufs dans la charrue et les Québécois vont se retrouver à tirer tout ça ! »

Nationalisons l’éolien  -  BERNARD DRAINVILLE
Hydro-Québec doit en devenir le maître d’oeuvre, comme pour l’hydro-électricité
L’auteur est député péquiste de Marie-Victorin. L’a n née pro - cha i ne, nous célébrerons les 50 ans de la Révolution tranquille. Cette période charnière de notre histoire a été marquée par un projet audacieux, porté par René Lévesque: la nationalisation de l’électricité. Cette grande entreprise est devenue symbolique de l’esprit qui animait cette époque: la volonté d’être « Maîtres chez nous». Grâce à cette politique ambitieuse, nous avons pris en main notre destinée en développant fièrement nos ressources hydrauliques, qui sont au coeur de notre identité et de notre richesse collective.
« En plus de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, écrit Bernard Drainville, l’utilisation intelligente de notre potentiel de production électrique permettra de nous libérer de notre dépendance au pétrole, qui nous appauvrit. »
En revanche, le travail amorcé par René Lévesque et Jean Lesage n’est pas terminé; il doit maintenant aborder les nouvelles réalités du XXIe siècle. Pour demeurer maîtres chez nous, il faudra que nous devenions aussi les maîtres d’oeuvre de la production d’énergie éolienne.
À ce titre, Hydro-Québec devra planifier et exploiter les immenses ressources éoliennes du Nord-du-Québec, en tout respect de l’environnement et des populations qui l’habitent. Le Québec est assis sur une mine d’or renouvelable, et les contrats de production sont donnés à des compagnies privées. C’est inacceptable. L’énergie éolienne est nôtre; les profits qu’elle génère doivent appartenir aux Québécois.
En outre, si nous voulons vraiment nous doter, à long terme, d’un parc de véhicules électriques, nous allons devoir augmenter d’u ne ma nière substantielle notre production d’électricité. Nos immenses «gisements» éoliens pourraient donc contribuer à remplacer le pétrole comme source d’énergie pour le transport. En plus de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation intelligente de tout notre potentiel de production électrique permettra de nous libérer de notre dépendance au pétrole, qui nous appauvrit.
Idem pour l’ensemble de nos ressources naturelles. Par exemple, en 2002, le ministre de l’Environnement de l’époque, André Boisclair, a fait adopter une politique nationale de l’eau qui prévoit que des redevances soient payées à l’État québécois par tout exploitant privé de nos ressources hydriques. Qu’ont fait les libéraux ? Pendant six ans, ils ont refusé de bouger sur ce dossier. À ce jour, des entreprises comme Coca-Cola ou Naya continuent de mettre notre eau en bouteille sans nous payer quelque redevance que ce soit.
Même chose pour l’exploitation de nos ressources minières. Récemment, un rapport du vérificateur général du Québec nous apprenait que les compagnies minières ne nous paient pas leur juste part pour les profits que notre soussol leur permet de réaliser. Qu’attendons-nous pour agir?
Dans le présent contexte de morosité économique et de déficit structurel, les libéraux s’apprêtent maintenant à augmenter les tarifs (électricité, scolarité, etc.). Mais, avant d’aller piger encore une fois dans les poches de la classe moyenne, pourquoi ne pas maximiser nos sources de revenus pour enrichir notre État et, à terme, notre nation?
Les grands projets hydroélectriques et éoliens sont générateurs d’emplois et, à condition qu’Hydro-Québec en soit maître d’oeuvre, de revenus importants pour l’État. Et si les compagnies privées qui exploitent nos ressources hydriques et minières payaient leur juste part de redevances, nous serions aussi beaucoup plus riches collectivement.
Bref, un nouveau maîtres chez nous, ça voudrait dire une augmentation immédiate des revenus disponibles pour l’État québécois. Autant de milliards qui pourraient être utilisés pour financer les services à la population et assainir nos finances publiques.
Prenons-nous en ma i n . Proposons aux Québécois un Québec qui ne vise rien de moins que l’indépendance énergétique. Un Québec tellement riche qu’il n’aurait plus besoin de la péréquation d’Ottawa. Un Québec si riche qu’il n’aurait plus qu’à faire son indépendance politique.


La Baie-James passe à l’attaque  -  Philippe Mercure
Prenez une roulotte. Peignez-la de scènes illustrant des pépites d’or, des loups et des motoneiges. Remplissezla de télés qui diffusent des images de la Baie-James, attachez ça à une camionnette et allez garer le tout devant l’Université McGill. Une chose est sûre: vous allez attirer l’attention.
C’est exactement ce que cherche à faire le Comité mines action, qui a mis en branle hier une vaste campagne de recrutement intitulée « La ruée vers le Nord » et qui vise à contrer la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur minier de la région de la Baie-James.
De Montréal à la Mauricie en passant par l’Abitibi et le Lac-SaintJean, le groupe déplacera son barda dans tout le Québec jusqu’au 7 octobre. L’objectif: recruter 1000 travailleurs d’ici cinq ans qui accepteront de s’embarquer vers la Jamésie, cette immense région du Québec qui borde la baie James et est prise en sandwich entre l’Abitibi au sud et le Nunavik au nord.
« Géologues, ingénieurs, mineurs d’extraction, foreurs, mécaniciens, électriciens, comptables... On a besoin de tout », a expliqué Alain Poirier, président du Comité mines action.
Le Comité, financé à 60% par des fonds publics et à 40% par les entreprises minières, dispose d’un budget de 575 000$ sur trois ans pour convaincre les jeunes de choisir la région.
Avec six mines en exploitation, une dizaine de nouvelles qui pourraient voir le jour au cours des prochaines années et près de 250 projets d’exploration, la Jamésie a raflé la part du lion de l’exploration minière l’an dernier. Exactement 241 millions de dollars y ont été dépensés en 2008, comparativement à 155 millions en Abitibi.
Un boom? Oui. Le hic, c’est qu’il a été ébranlé par la crise financière. Jean-Pierre Thomassin, directeur général de l’Association de l’exploration minière du Québec, croit d’ailleurs que les chiffres de cette année montreront une importante diminution des investissements en Jamésie, qui devrait se faire à nouveau doubler par l’Abitibi.
« Avec la crise, les entreprises sont revenues vers le sud, où ça coûte moins cher d’explorer », dit-il de son bureau de Val-d’Or, en Abitibi.
Pourquoi alors lancer une vaste campagne de recrutement visant une région dont les activités ralentissent ?
« À court terme, ça paraît un peu curieux, admet M. Thomassin. Mais sur cinq ans, ç’a de l’allure. Les gens quittent la région actuellement, et si tous les projets en cours se concrétisent, il y aura plein de projets miniers en Jamésie. Il risque effectivement d’avoir un i mportant problème de main-d’oeuvre. »
Il faut dire que la lutte est féroce pour attirer les travailleurs miniers. La ville de Malartic, où l’entreprise Osisko commencera sous peu la construction de la plus grosse mine d’or au Québec, a déboursé 3500$ pour vanter ses attraits sur la chaîne LCN dans une série de publicités télé.
Le Comité action mines, lui, s’est adjoint les services du comédien François Gadbois (le frisé des annonces de Rogers) pour porter son message.
« Les jeunes sont souvent mal informés, dit le comédien. Ils pensent encore qu’on descend avec des cages et qu’on oublie des mineurs en bas. On est là pour les informer et leur dire que ça a changé. Il y a des opérations aujourd’hui qui s’apparentent aux chirurgies à distance, avec des équipements téléguidés. »
Le groupe ne s’adresse pas qu’aux titulaires de doctorat en géophysique. Selon Luc Letendre, coordonnateur de la tournée « La ruée vers le Nord », un jeune qui a fini son 3e secondaire peut s’inscrire à un DEP en techniques minières; six mois plus tard, il travaillera dans la mine.
La campagne semble déjà porter ses fruits. Selon son président, Alain Poirier, une quarantaine de CV avaient été reçus en fin d’après-midi au Comité sectoriel de la main-d’oeuvre concernant des emplois miniers en Jamésie.


Le premier ministre de Terre-Neuve s’en prend à Hydro-Québec
SAINT-JEAN, T.-N — Le premier ministre de Terre-Neuve-etLabrador affirme qu’HydroQuébec oeuvre contre les intérêts nationaux du Canada.
Dans une diatribe livrée mercredi devant un auditoire du Conseil canadien de l’ Énergie, à Saint-Jean, Danny Williams a imputé à la société d’État québécoise une attitude de protectionnisme économique en mettant des bâtons dans les roues du projet du Bas-Churchill dans le but, a-t-il dit, de protéger ses propres intérêts.
Dansunecourtenoteenvoyée à La Presse Canadienne par c our r i er élec t r onique, le chef des affaires publiques et médias d’Hydro-Québec, Marc-Brian Chamberland, a écrit qu’aucun commentaire ne sera émis en réaction à ces propos.
I l a été précisé que « le réseau de transport d’électricité du Québec est ouvert » e t q u e « Hyd r o - Québe c TransEnergie offre un service en fonction de conditions communes à l’industrie ».
Danny Williams soutient qu’il est temps que le Canada dispose d’un réseau qui permettrait la libre circulation de l’énergie au pays.
Le premier ministre Williams avait lancé quelques flèches du genre vers le Québec, il y a environ trois ans. Pour convaincre le gouvernement du Canada à l’aider à développer le potentiel hydroélectrique du Bas-Churchill, il avait suggéré que le Canada agisse pour être moins dépendant du Québec, compte tenu de la situation politique incertaine au Québec.



La récession mine les profits d’Hydro  -  Francis Vailles
Hydro-Québec commence à sentir les conséquences de la récession, qui a pour effet d’augmenter les mauvaises créances et de diminuer les revenus d’exportation.
Hier, la société d’État a rapporté un bénéfice net en baisse de 286 millions (-39,7%) aucoursdudeuxième trimestre de 2009, à 435 millions. Il s’agit du plus faible bénéfice pour un deuxième trimestre depuis 2005.
« Les mauvaises créances et la baisse de la demande des clients industriels se sont fait sentir surtout au deuxième trimestre », a expliqué en téléconférence la vice-présidente, Comptabi l i t é et contrôle d’Hydro-Québec, Lise Croteau.
Depuis le début de l’année, les mauvaises créances sont en hausse de 46 millions pour l’ensemble d’HydroQuébec, dont 25 millions au deuxième trimestre.
Entre le début avril et la fin juin, les ventes d’électricité ont reculé de 11%, à 2,63 milliards de dollars. Ce sont les exportations qui ont particulièrement fait mal aux profits d’Hydro-Québec, puisque les ventes au deuxième trimestre ont atteint un creux de 282 millions, soit une chute de 221 millions (-44%) sur le trimestre correspondant de 2008.
Baisse de la demande
La récession mondiale a pour effet de réduire la demande d’énergie, faisant du même coup chuter les prix. Dans le nord-est des États-Unis, par exemple, les prix de gros sont en baisse de 40%.
Hydro-Québec a réussi à freiner le recul des prix moyens de l’électricité qu’elle exporte grâce à une politique de couverture sur les marchés financiers. Ainsi, au deuxième trimestre de 2008, le prix moyen de l’électricité exporté par Hydro-Québec a été de 6,7 cents le kilowattheure. Ce prix est cependant en baisse par rapport aux 8,9 cents le kilowattheure obtenus en 2008.
En téléconférence, Lise Croteau a surtout parlé des six premiers mois de l’année plutôt que du seul deuxième t rimestre. Le portrait est d’ailleurs moins sombre en incluant le premier trimestre.
Pour justifier le recul des exportations, Mme Croteau a parlé de la baisse du prix de l’électricité, mais également des températures plus froides du premier trimestre au Québec. Ces températures plus froides que l’an dernier ont obligé Hydro-Québec à vendre plus d’énergie aux Québécois entre janvier et mars, réduisant ainsi les surplus disponibles pour l’exportation.

I l n’a pas été question cependant de l’effet de la température sur le deuxième trimestre, une période où les exportations ont pourtant reculé bien davantage.
 En dépit des conditions encore difficiles du marché, Hydro-Québec continue de prévoir, pour 2009, le maintien ou le dépassement de son niveau d’exportation de 2008. « Je ne connais pas ce qui arrivera aux prix au cours des six prochains mois, mais nous essayons de mettre les outils financiers en place pour maintenir nos prix à l’exportation » , a expliqué Mme Croteau.
Il f aut di r e qu’ HydroQuébec sera aidé par la mise en service de la nouvelle ligne d’interconnexion avec l’Ontario.
Le 30 juin, Hydro a mis en r oute l e premier des deu x c o nver t i s s e u r s a u poste de l’Outaouais, permet t a nt d’acheminer 625 des 1 2 5 0 mégawatts de l’interconnexion.
Cette mise en service se reflétera sur les résultats du prochain trimestre.
Précisons que la comparaison du deuxième trimestre de 2009 avec celui de 2008 est défavorisée par une question technique. En 2008, les charges d’exploitation avaient été réduites de 129 millions pour une question réglementaire, ce qui a eu pour effet d’augmenter les profits. Ce boni réglementaire ne s’est pas présenté en 2009.
Par contre, Hydro-Québec a bénéf i c i é au deuxième t r i mestre de 2 0 0 9 d’une diminution de taxes de 85 millions par rapport à l’an dernier. En plus, l’amortissement a été réduit de 55 millions.
« Dans un contexte commercial de récession et tenant compte de certains éléments non r éc urrents en 2 0 0 8 , Hydro-Québec maintient de bons résultats » , a déclaré Lise Croteau.


Des exportations moins rentables pour Hydro  -  Hélène Baril
Le prix de l’électricité en chute libre aux États-Unis
La récession qui frappe fort aux États-Unis a eu pour effet de réduire la consommation d’électricité et d’en faire chuter le prix, ce qui tombe mal pour Hydro-Québec qui a actuellement des montagnes de surplus à écouler.
La société d’État, qui publie aujourd’hui ses résultats du deuxième trimestre, verra fondre les profits qu’elle tire de ses exportations en 2009. L’an dernier, chaque kilowattheure exporté a rapporté 8,9 cents.
Depuis le début de l’année, les prix de gros ont dégringolé de 40% sur le marché PJM, qui La baisse des prix risque de réduire le dividende versé à l’État. sert de référence dans le nord-est des ÉtatsUnis. Sur le marché de New York, les prix de gros sont en baisse de 71% depuis un an, selon un relevé effectué par Bloomberg. Résultat, le kilowattheure se vend actuellement autour de 4 cents et parfois moins, selon les heures de la journée.
La chute est due principalement à la récession, qui a réduit la demande d’électricité.
Les prix de l ’électricité ont aussi diminué en raison de la baisse du prix du gaz naturel, qui sert à produire de l’électricité dans le nordest américain. Le prix du gaz est en forte baisse, parce que l’offre surpasse largement la demande alors que l’économie tourne au ralenti. Il se vend actuellement autour de 4$US par million de BTU, soit trois fois moins cher que l’an dernier à pareille date.
L a ba i s s e des pr i x de l’électricité aux États-Unis risque de réduire les profits d’Hydro et le dividende qu’elle verse chaque année au gouvernement.
Hyd r o - Québec publ i e aujourd’hui ses résultats pour les mois d’avril, mai et juin. La faiblesse des prix a sûrement diminué la rentabilité des exportations pendant cette période. « Vous en saurez plus demain (aujourd’hui) lors de la publication de nos résultats du deuxième trimestre », a indiqué une porte-parole de la société d’État.
C’est toutefois pour le trimestre en cours que l’impact se fera davantage sentir. C’est pendant l’été que la consommation d’électricité atteint un sommet dans les marchés d’exportation d’Hydro.
Cette année, comble de malchance, la chaleur n’est pas au rendez-vous ni en Ontario, ni dans le nord-est des ÉtatsUnis. Le temps relativement frais pour la saison empêche les climatiseurs de tourner à plein régime comme c’est le cas généralement en cette saison.
La société d’État exploite de plus en plus le filon des exportations pour augmenter sa rentabilité. La quantité d’électricité exportée est passée de 14,4 milliards de kilowattheures à 21,3 milliards de kilowattheures en cinq ans, soit une augmentation de près de 50%. Le prix moyen obtenu a varié entre 7,5 cents le kilowattheure et 8,9 cents le kilowattheure.
Cette année, Hydro a encore plus d’électricité à vendre. En plus de la division Production, qui est très active sur les marchés d’exportation, la division Distribution doit revendre une partie de l’électricité achetée par appel d’offres pour satisfaire les besoins du Québec et qui ne trouve pas preneur.
Le ralentissement économique afait égalementchuterla consommation d’électricité au Québec et la division Distribution estime qu’elle aura des surplus sur les bras jusqu’en 2020.
À plus long terme, Hydro prévoit conclure des ventes fermes avec l’Ontario et la Nouvelle-Angleterre.
Des négociations sont en cours avec ces acheteurs éventuels mais le bas prix actuel du gaz naturel n’avantage pas la société d’État.
Le prix du gaz a toutes les chances de rester bas longtemps, estime Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l’ Université Laval. De nouveaux gisements aux États-Unis et la faiblesse de la demande sont des facteurs qui contribueront à garder le prix du gaz, et par conséquent celui de l’électricité, à des niveaux relativement bas, selon lui.




Hydro vise le Midwest et le Grand Nord  -  Hélène Baril
Percer de nouveaux marchés, exploiter davantage le Grand Nord et tester de nouvelles technologies : c’est ainsi qu’Hydro-Québecentend répondre à la commandedugouvernement qui veut tirer davantage de bénéfices de sa société d’État.
Le plan stratégique 2009-2013, que la société d’État a rendu public hier avec six mois de retard, était très attendu. Une première version de ce plan de match des cinq prochaines années avait été refusée en février dernier par le ministre Claude Béchard, qui avait demandé expressément aux dirigeants de la société d’État de trouver des façons de profiter de l’ouverture du président Barack Obama aux énergies renouvelables.
Hydro propose de prendre pied dans le Midwest, un marché qui lui était inaccessible jusqu’à maintenant, en se servant de sa nouvelle interconnexion avec le réseau de l’Ontario.
La mise en service de ce nouveau lien est prévue plus tard cette année. Ce lien permettra non seulement à Hydro d’accroître les ventes de l’électricité en Ontario, mais aussi de faire transiter son énergie vers les états du centre des États-Unis.
Une grande partie de l’électricité consommée dans ces États est produite à partir du charbon et une percée de l’électricité québécoise pourrait être encouragée par les Américains, puisqu’elle permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Dans son marché traditionnel du nord-est des États-Unis, Hydro mise sur une nouvelle interconnexion qui lui coûtera 400 millions de dollars pour répondre à la commande de son actionnaire gouvernemental. Des contrats de vente à long terme pourraient être associés à la mise en service de ce nouveau lien énergétique.
Hydro prévoit que la part de ses profits associée aux exportations d’électricité augmentera au cours des cinq prochaines années, mais de façon très modérée. Le prix de l’électricité sur les principaux marchés d’Hydro-Québec est lié au prix du gaz naturel, qui restera relativement bas jusqu’en 2013. 
En 2008, les ventes à l’exportation ont généré 32% des profits totaux de la société d’État et, dans cinq ans, cette proportion sera de 38%, prévoit Hydro.
Des hydroliennes
Hydro augmentera sa production de 4500 MW au cours des prochaines années, ce qui coûtera 10 milliards. En plus du projet de la Romaine (1550 MW), les autres projets sont identifiés pour la première fois dans le document rendu public hier. Il s’agit du harnachement des rivières Magpie sur la Côte-Nord ( 850 MW) et Petit-Mécatina ( 1200 MW) également sur la Côte-Nord, ainsi que de la centrale Tabaret au Témiscamingue ( 132 MW). La production de trois centrales existantes sera augmentée, soit celle de SainteMa r g uer i t e ( 4 4 0 MW) , de Manic-2 (120 MW) et de Manic3 (210 MW).
D’autres projets total i sant 3500 MW seront lancés dans le Grand Nord, mais Hydro ne les identifie pas. Tout ce qu’on peut savoir est qu’il s’agit de projets hydroélectriques de 3000 MW et
Cette incursion prévue dans les nouvelles technologies laisse sur sa faim le porte-parole de l’opposition en matière d’énergie, Sylvain Gaudreault. Il estime qu’Hydro a reporté son plan stratégique pour pas grand-chose. « Le mot géothermie apparaît ne donne aucun détail sur les progrès réalisés.
Un groupe de travail a été mandaté pour coordonner les efforts de développement du transport électrique, et notamment la création d’une infrastructure de recharge des batteries qui sera d’énergie éolienne et renouvelable « émergente » de 500 MW.
Hydro veut par exemple mettre à l’essai des hydroliennes, ou des turbines immergées qui produisent de l’électricité grâce au débit d’un cours d’eau, dans le nord du Québec et dans les communautés qui ne sont pas reliées à son réseau. une seule fois dans le document (de 86 pages) », a déploré hier le député.
Par ailleurs, Hydro-Québec n’a pas abandonné son projet de s’associer avec « un fournisseur de taille mondiale » pour mettre un pied dans l’industrie de la voiture électrique, indique le plan stratégique, mais la société d’État indispensable à la mise au point de la voiture électrique.
En attendant, Hydro doit gérer d’énormes surplus d’électricité accumulés pendant la période où la société d’État prévoyait ne plus pouvoir suffire à satisfaire la croissance de la demande au Québec. Elle a donc acheté sur le marché à prix très élevé de l’électricité qui s’avère aujourd’hui excédentaire en raison du ralentissement économique et de la baisse de production chez ses clients industriels.
Hydro sera en situation excédentaire jusqu’en 2017 et devra revendre cette énergie sur le marché au jour le jour qui sert à écouler les surplus et où les prix sont très bas. Des pertes de centaines de millions de dollars sont donc à prévoir pour Hydro en raison de ces surplus.
Ces per t e s dev r a i e nt contribuer à faire augmenter les tarifs d’électricité, mais les hausses demeureront modestes, prévoit Hydro. La société d’État a demandé une hausse de 0,2 % à partir du 1er avril 2010 et prévoit des augmentations inférieures à 2,5 % les années subséquentes.
Les t a r i f s d’électricité ont augmenté de 1,2 % le 1er avril dernier.


Des milliards à faire avec l’« eau du Nord »  -  Martin Vallières
C’est un projet hydraulique qui pourrait valoir des milliards au Québec en redevances sur l’eau et en ventes d’électricité, affirme son concepteur, un ingénieur retraité d’Hydro-Québec.
Selon l ’ I nst i t ut économique de Montréal, ce serait un moyen de « valoriser l’or bleu du Québec » en alliant développement économique et protection de l’environnement.
De quoi s’agit-il ? Un projet de 15 milliards de dollars qui utiliserait l’eau de trois rivières du sud de la Baie-James pour produire de l’hydroélectricité, avant de l’acheminer vers la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent.
Du coup, le débit d’eau provenant du lac Ontario et des autres Grands Lacs pourrait être restreint davantage sans avoir d’impact sur le niveau du fleuve au Québec.
Ce f a i s a nt , l e niveau des Grands Lacs, en baisse marquée, pourrait être renfloué afin de permettre des prélèvements d’eau additionnels pour des millions de résidants de l’Ontario et des États voisins.
Autrement dit, un moyen pour le Québec de vendre de l’énergie hydroélectrique et de l’eau douce de façon indirecte à ses voisins ontariens et américains.
Aussi, cette proposition supplante les projets antérieurs d’exportation directe d’eau à grande échelle, de toute façon interdite par la législation québécoise.
« L’eau a le potentiel d’être le véritable or bleu du Québec auprès de ses voisins américains et ontariens, mais à condition de le faire de façon raisonnable et responsable », a indiqué l’auteur du projet, Pierre Gingras.
Cet ingénieur à la retraite de 64 ans a travaillé trois décennies à la gestion de projets d’HydroQuébec, dont les complexes Manicouagan, Outardes et la première phase de la Baie-James.
Retraité actif, M. Gingras travaille depuis trois ans à peaufiner son projet de « l’eau du Nord » grâce à ses nombreux contacts professionnels en ingénierie, en hydrologie (science de l’eau) et en hydroélectricité.
Pour faire la promotion de son projet, Pierre Gingras a obtenu l ’appui de l ’ I nstitut économique de Montréal, où la « valorisation accrue des ressources naturelles du Québec » est un thème prioritaire.
« L’eau est une ressource encore sous-exploitée pour la création de richesse au Québec », selon Michel Kelly-Gagnon, président de l’Institut. 
« Cela dit, il n’est pas question d’assécher des rivières pour exporter de l’eau à profit. Au contraire, un projet comme celui de M. Gingras minimise l’impact environnemental. Il mérite donc d’être discuté et d’être analysé plus en détail. »
Pierre Gingras attribue l’attrait environnemental de son projet à l’utilisation de rivières et de lacs existants pour acheminer le surplus d’eau de trois rivières de la Baie-James vers le bassin de la rivière des Outaouais, en passant par l’Abitibi.
Ce parcours serait parsemé d’une vingtaine de petites centrales hydroélectriques, avec réservoirs ou au fil de l’eau, installées sur des sites déjà connus.
Des stations de pompage seraient requises pour acheminer l’eau audessus du plateau de Val-d’Or, vers la rivière des Outaouais.
Mais leur besoin en électricité représenterait environ 18% de l’énergie produite par le réseau de centrales, estimée à 17,5 térawatts/ heure par année, selon M. Gingras.
Le seul réservoir d’importance de tout le projet serait tout en amont, mais d’une superficie équivalente au tiers de celui de la centrale LG-3.
« Un tel projet m’apparaît techniquement réalisable, d’autant qu’il est proposé en terrain connu pour l’approvisionnement en eau avec peu d’impact environnemental », a dit Martin Stapinsky, spécialiste en hydrogéologie chez SNC-Lavalin Environnement, après consultation du projet de M. Gingras.
« Toutefois, ce projet risque d’être assez dispendieux par rapport à la valeur encore imprécise que l’on attribue aux approvisionnements en eau douce dans la région des Grands Lacs, qui est le marché cible de ce projet. »
Pour le moment, Pierre Gingras estime à 15 milliards la réalisation de son projet hydraulique, si elle avait lieu d’ici 13 ans.
Sa rentabilisation proviendrait de deux sources : les revenus de vente d’électricité, prévus à 2 milliards par année, et les redevances sur les prélèvements d’eau additionnels dans les Grands Lacs.
Ces redevances pourraient valoir jusqu’à 7 milliards par année au Québec si elles provenaient d’une « taxe » spéciale parmi les 150 millions de NordAméricains dont l’alimentation en eau provient des Grands Lacs.
Mais d’emblée, M. Gingras admet que de telles redevances, à négocier parmi deux provinces et une dizaine d’États, représentent une « boîte de Pandore » pour son projet.
« Chose certaine, l’eau vaudra de plus en plus cher au fur et à mesure que le niveau des Grands Lacs continuera de baisser. On ne sait pas encore combien, mais c’est le Québec qui pourrait en profiter le plus. »


Vers une surcharge de la demande -  Paul Lavallée
L’avènement des autos hybrides rechargeables pourrait poser un problème d’approvisionnement chez Hydro-Québec
Il faut se questionner sur les contrats d’une durée de 40 ans qui sont accordés par Hydro aux grandes entreprises.
L’auteur est physicien et professeur à la retraite de l’UQAM. La compagnie Ford vient d’annoncer la mise à l’essai d’automobi les hybrides rechargeables. Ce véhicule peut être branché sur une prise de courant domestique pour recharger les accumulateurs, et se déplacer en mode entièrement électrique, ou en mode hybride gazoline-électricité pour les plus longs parcours.
Hydro-Québec est partie prenante pour les essais de ces véhicules et pour déterminer l’impact de ces nouveaux véhicules sur la consommation d’électricité. Toyota avait annoncé précédemment un programme semblable. Ses véhicules devraient se retrouver sur le marché en 2011 ou 2012.
Hydro-Québec estime que 1million de ces autos (25% du nombre total de voitures actuellement sur nos routes) consommeraient 3 terawatts-heure d’électricité, soit l’équivalent de la centrale d’Eastmain-1. En fait, cette estimation est très conservatrice et serait vraisemblablement plus près de 10 Twh.
Les premiers modèles auront un rayon d’action en mode tout électrique d’environ 35 km à une vitesse de 65 km/h, soit une autonomie suffisante pour la majorité des déplacements urbains ou locaux. Pas de bruit, pas de pollution… et un coût de déplacement dérisoire! Au tarif actuel de l’électricité, le déplacement en mode électrique coûte six fois moins cher qu’avec un moteur à gazoline.
Hydro-Québec devra s’assurer de disposer d’assez d’électricité pour répondre à la demande: la surcharge sur le réseau due à ces autos sera considérable. Ce virage à l’électricité va s’effectuer progressivement; négligeable au début, il va rapidement prendre de l’ampleur. Le problème de l’approvisionnement va se poser.
En étant liés par des contrats d’une durée de 40 ans avec de grandes entreprises, serons-nous obligés d’acheter de l’électricité, de construire des centrales nucléaires ou au gaz alors que nous leur vendons notre électricité à 4 cents?
Il y a des milliards de dollars en jeu dans cette question. Il faut dès aujourd’hui réfléchir à ces questions et prendre dès maintenant les mesures appropriées.
En particulier, il faut se questionner sur les contrats à long terme; est-il prudent de signer des contrats d’une durée de 40 ans? Au renouvellement de ces contrats avec les grandes entreprises, ne devrait-on pas relever progressivement le tarif afin qu’il avoisine le tarif international, tout en laissant quand même un incitatif raisonnable?
Évidemment, les entreprises vont jurer qu’elles vont aller ailleurs, mais quand la voiture électrique envahira les routes, aucun pays ne voudra donner son électricité à vil prix. Déjà, avec la Sibérie, le Québec est l’endroit où le tarif de l’électricité aux entreprises est le plus bas!
Ensuite, ne devrait-on pas développer rapidement toutes les ressources énergétiques encore disponibles? On peut évidemment se replier sur nousmêmes et soutenir qu’on n’a pas besoin de cette électricité, que nous n’allons pas faire prospérer le Québec « pour les Américains ». D’ici à ce que nous ayons besoin de toute cette énergie localement, nous pourrons effectivement vendre nos surplus à nos voisins.

Je présume qu’on n’aura pas d’objections à ce que les milliards ainsi récoltés soient utilisés pour soigner les citoyens, instruire la jeunesse et alléger le fardeau fiscal des Québécois.


Tarifs d'Hydro : une bataille d’arrière-garde -  ALAIN DUBUC
En dénonçant les hausses, le PQ ne sert pas les intérêts du Québec.
Tous les spécialistes des questions énergétiques vous diront que les prix anormalement bas de l’électricité au Québec sont une aberration. Les environnementalistes vous diront que c’est un frein majeur aux efforts de conservation de l’énergie et de lutte contre les gaz à effet de serre.
Des tarifs trop bas encouragent la surconsommation, sans compter qu’ils freinent le développement de sources d’énergie de rechange et de mesures d’économie d’énergie.
Et pourtant, il y a un groupe qui se bat sans relâche contre une hausse des tarifs d’électricité, et c’est le Parti québécois. L’opposition péquiste a encore une fois repris cette bataille la semaine dernière, cette fois-ci en dénonçant les bonis du PDG d’Hydro-Québec qui, selon elle, s’expliqueraient par les hausses excessives exigées par la société d’État.
Je comprends que le PQ forme l’opposition officielle. Et qu’à ce titre, c’est sa fonction de critiquer les décisions du gouvernement. Je note aussi que le style d’opposition très agressif, quine laisse rien passer, que préconise Pauline Marois, donne de bons résultats. Le PQ devance les libéraux dans les intentions de vote et Mme Marois s’est imposée, non seulement comme chef de l’opposition, mais comme la personne qui ferait le meilleur premier ministre.
Mais justement, le fait que le Parti québécois ait retrouvé son statut de parti de pouvoir devrait en principe lui imposer des contraintes. Car il doit y avoir une cohérence entre les batailles qu’il mène dans l’opposition et les gestes qu’il ferait comme gouvernement.
Le PQ a une longue feuille de route à ce chapitre. C’est le gouvernement péquiste qui a imposé un long gel des tarifs dans les années 90. Cela explique d’ailleurs pourquoi les hausses des dernières années, 18% en cinq ans, soient plus élevées que l’inflation, pour permettre un rattrapage.
Le PQ a dénoncé ces hausses sans relâche. Et la semaine dernière, le critique péquiste en matière d’énergie, Sylvain Gaudrault, a remis ça. Dénonçant les bonis du PDG d’Hydro, il a parlé de « la hausse de tarifs de 18% qu’a imposée la société d’État aux Québécois », de « hausses répétitives », de « hausses nettement plus élevées que l’inflation ». Ça ressemble à une croisade.
Pour coiffer le tout, pendant la dernière campagne électorale, MmeMarois est revenue avec l’idée d’un gel temporaire, pour donner un répit aux consommateurs pendant la crise. C’est une mauvaise mesure, parce que la plupart des gens n’ont pas besoin d’un répit, que ce cadeau contribuerait peu à la relance et surtout, parce que ce gel n’était pas assorti d’un plan très clair de récupération après la crise.
Ces attaques contribuent à faire en sorte que l’idée d’amener progressivement les tarifs d’électricité aux prix du marché est politiquement impossible à réaliser au Québec. Et pourtant, ce rattrapage est souhaitable et nécessaire.
D’abord, parce que l’argument qui sert à justifier des tarifs plus bas, le désir de protéger les plus démunis, ne tient pas la route. Les principaux bénéficiaires sont les gros consommateurs, plus fortunés. C’est le contraire d’une politique sociale. Si on veut aider les familles en difficulté, il faut des mesures bien ciblées, par exemple des crédits d’impôt.
Ensuite, parce qu’en exigeant moins que le prix dumarché, la société québécoise se prive des revenus. Les profits d’Hydro-Québec ne sont pas une honte, mais la façon dont le Québec bénéficie collectivement de cette ressource.
Et surtout, les tarifs trop bas encouragent la surconsommation, ce qui réduit la quantité d’électricité disponible pour déplacer d’autres sources d’énergie qui génèrent des GES. Ces prix bas freinent aussi le développement de sources d’énergies de rechange et de mesures d’économie d’énergie.
Bref, le fait de maintenir trop bas le prix de l’électricité est un non-sens social, un non-sens économique et un non-sens environnemental. Cette bataille d’arrière-garde est peut-être payante au plan politique, mais elle ne sert certainement pas les intérêts du Québec.


Hydro-Québec : À la conquête de la Nouvelle-Angleterre
L’an dernier, 8% de toute la production d’HydroQuébec a été exportée, ce qui a engendré 32% de tout le bénéfice net de la société d’État.
Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a annoncé son intention d’augmenter significativement son exportation d’énergie. Pour y arriver, il mise sur le nordest des États-Unis.
Le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard, a multiplié les opérations de charme ces dernières semaines, chez nos voisins du Sud, pour les convaincre de signer des contrats à long terme d’approvisionnement en énergie avec le Québec.
Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, a d’ailleurs multiplié les opérations de charme ces dernières semaines chez nos voisins du Sud pour les convaincre notamment de signer des contrats à long terme d’approvisionnement en énergie avec le Québec.
« J’ai eu la chance de prendre la parole devant les membres de la New England Annual Energy Conference, qui comprend des gouverneurs, des organismes réglementaires et, évidemment, des distributeurs d’énergie. Je leur ai parlé de tout ce qui se passe au Québec, de notre grande volonté d’être plus présent au niveau de l’exportation et de notre intérêt à signer des contrats à long terme », a-t-il confié à La Presse Affaires, à peine revenu d’Albany, capitale de l’État de New York.
Auparavant peu encl ins à signer de tels contrats, il semble que les Américains démontrent maintenant une belle ouverture.
« À la suite des hausses marquées du prix du pétrole et du gaz naturel l’an dernier, ils cherchent maintenant plus de stabilité dans leur approvisionnement en énergie. Nous voulons leur montrer que nous sommes là. D’autant plus que ces contrats à long terme stabiliseraient une partie de nos exportations, ce qui serait une très bonne chose pour faire avancer notre projet de construction de la nouvelle interconnexion entre le Québec et la Nouvelle-Angleterre », explique le ministre.
D’ailleurs, il y a deux semaines, la Federal Energy Regulatory Commission autorisait le Québec à entreprendre des pourparlers avec ses partenaires américains pour construire cette nouvelle ligne de transport d’énergie. Une décision importante attendue par le gouvernement Charest qui souhaite profiter de l’ouverture du président Barak Obama et de la hausse de la demande d’énergie verte pour augmenter significativement ses exportations d’hydroélectricité. Si tout se déroule comme prévu, la ligne de transmission pourrait devenir opérationnelle en 2014.
« Les États-Unis devront diminuer leur dépendance aux énergies fossiles pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour eux, se tourner vers l’hydroélectricité est une des solutions », croit Claude Béchard.
Il souhaite ainsi profiter de cette belle occasion d’affaires pour enrichir substantiellement la province. « L’Alberta a son or noir, nous avons notre or bleu », ajoute-t-il.
Mais encore faut-il avoir la possibilité de le faire.
« En 2004, nous avions seulement 1,5 térawattheure disponible pour l’exportation. En 2008, nous en avions 15. Nous en aurons encore davantage dans les années à venir avec tous les projets prévus », affirme-t-il.
L’an dernier, 8% de toute la product ion d’HydroQuébec a été exportée, ce qui a engendré 32% de tout le bénéfice net de la société d’État.
« Lundi, à Albany, on parlait de doubler l’exportation », confie le ministre.
Claude Bécha rd souhaite également rassurer ceux qui craignent que les grandes ambitions de son gouvernement en matière de construction de nouveaux projets hydroélectriques et d’exportation aient comme conséquence de faire stagner les projets d’amélioration de l’efficacité énergétique.
« Nous faisons les deux, assure-t-il. Nous avons déjà déposé un plan d’ensemble en matière d’efficacité énergétique à la Régie de l’énergie. En plus de diminuer de moitié notre dépendance au pétrole, nous voulons économiser 11 térawattheures d’ici 2015, soit l’équivalent d’une centrale Manic 5. Pour y arriver, une série de mesures seront mises en place, notamment dans le domaine de la construction neuve, de la rénovation, auprès des gouvernements et des institutions. »

 
HYDRO-QUÉBEC : Chute des exportations
Hydro-Québec a dû réduire ses exportations de 22% au premier trimestre, mais elle soutient que celan’a rienàvoir avec le ralentissement économique aux États-Unis.
Les rigueurs de l’hiver dernier auraient obligé Hydro-Québec à conserver davantage d’électricité pour le marché intérieur au détriment des exportations.
La société d’État blâme plutôt les grands froids qui ont sévi au Québec, qui l’ont obligée à garder davantage d’électricité pour le marché intérieur.
Hydro-Québec a vendu 4,8 térawattheures à l’extérieur du Québec au premier trimestre de 2009, comparativement à 6,2 TWh au premier trimestre de l’exercice précédent.
« La baisse de volume de 1,4 TWh est attribuable à l’indisponibilité des moyens de production d’Hydro-Québec pour l’exportation dans un contexte de température plus froide au Québec, a déclaré au cours d’une conférence téléphonique la vice-présidente comptabilité et contrôle de la société d’État, Lise Croteau, utilisant le jargon hydro-québécois. Ce n’est pas lié à une baisse de la demande sur le marché américain. »
Les revenus de la société d’État liés à l’exportation ont diminué de 130 millions de dollars au premier trimestre de 2009, mais la dépréciation du dollar canadien a permis de compenser une bonne partie de cette diminution et l’a ramenée à 92 millions. Cela correspond à une baisse de 17% des revenus liés à l’exportation.
Ventes au Québec
Les revenus liés aux ventes d’électricité au Québec ont augmenté de 6% pour atteindre 3,3 milliards de dollars au premier trimestre de 2009. Cette augmentation est liée au temps plus froid de l’hiver 2009, mais aussi aux augmentations de tarifs décrétées le 1er avril 2008.
En général, les exportations sont plus rentables que les ventes aux Québec parce que les prix sont plus élevés que dans la province.
Hydro-Québec a enregistré un bénéfice net de près de 1,41 milliard au premier trimestre de 2009, ce qui est légèrement moins que le bénéfice net de 1,45 milliard enregistré une année auparavant. Mme Croteau a toutefois fait remarquer que ce dernier chiffre comprenait un gain de 117 millions lié à un ajustement de prix dans le cadre de la vente de la participation d’Hydro-Québec dans Transelec, au Chili. Si on ne tient pas compte de ce gain, le bénéfice du premier trimestre de 2008 s’établit à 1,3 milliard. Le bénéfice de 1,41 milliard du premier trimestre de 2009 représente donc une augmentation de 5%.
Mme Croteau a affirmé que ce résultat était très satisfaisant, compte tenu du contexte économique actuel.
« Au premier trimestre, malgré un contexte où les prix de marché pour l’énergie ont été moins favorables que l’an dernier, ces prix ont été gérés dans le cadre de notre gestion de risque et nous avons réussi à avoir de tels résultats, a-t-elle déclaré. C’est difficile de s’avancer pour les prochains trimestres, mais nous sommes toujours confiants de pouvoir réaliser notre objectif d’un bénéfice net de 2,7 milliards pour l’ensemble de 2009. »



LE GRAND NORD À L’AVANT-SCÈNE -  Martine Letarte
« Avant, pour construire un barrage hydroélectrique, par exemple, le gouvernement regardait son prix de revient au kilowattheure. Maintenant, on regardera aussi les possibilités d’autres projets à proximité, comme des parcs éoliens ou des mines. »
Plusieurs projets hydroélectriques en chantier, revendications autochtones, enthousiasme du gouvernement de Jean Charest à mettre en valeur le nord du 49e parallèle à travers le Plan Nord: sans aucun doute, le Grand Nord québécois est d’actualité.

Mais d’abord, de quoi parle-ton réellement lorsqu’on parle du nord du 49e parallèle ?
« On parle de 70% de la superficie du Québec, soit environ 1,1 million de km carrés. On parle aussi de 128 000 habitants, répartis dans 66 localités », explique Pierre Corbeil, ministre québécois responsable des Affaires autochtones.
Certaines parties du territoire sont conventionnées – Convention de la Baie-James et du Nord québécois (Cris et Inuits), Convention du Nord-Est (Naskapis) – d’autres non.
Le secteur visé comprend plusieurs hectares de forêt boréale, mais aussi quelques villes importantes comme Sept-Îles, BaieComeau et Chibougamau.
Et qu’est-ce qu’on compte y faire exactement? Il semble que le plan soit encore en développement. Il appert toutefois, à la lumière des des annonces faites par le premier ministre Jean Charest lors de la dernière compagne électorale, qu’on cible quelques grands volets.
D’abord, l’énergie. En plus des 4500 MW prévus dans la Stratégie énergétique du Québec, le gouvernement québécois a l’intention d’ajouter une puissance de 3500 MW avec le Plan Nord, pour un total de 8000 MW d’ici 2035. De quelles façons ?
En plus de miser sur de nouveaux projets hydroélectriques, le Parti libéral s’est engagé à ce que 20 % des 3500 MW proviennent de l’éolien et de nouvelles sources d’énergie de rechange, comme le solaire.
Ensuite, le secteur minier. Quelque 4000 nouveaux emplois devraient être créés d’ici 10 ans grâce à l’amélioration du soutien à l’exploration et à l’adaptation de la formation de la main-d’oeuvre aux réalités de l’industrie minière.
Développement durable
Le premier ministre a aussi annoncé que le développement du Nord ne se ferait pas au détriment de l’environnement. En ce sens, il s’est engagé à mettre 50 % du territoire du Plan Nord à l’abri du développement i ndustriel, minier et énergétique.
Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, souligne que le Plan Nord entraînera tout un changement d’approche en ce qui a trait au développement de projets.
« Ava nt , pou r c onst r u i r e un barrage hydroélectrique, par exemple, le gouvernement regardait son prix de revient au kilowattheure. Maintenant, on regardera aussi les possibilités d’autres projets à proximité, comme des parcs éoliens ou des mines. Nous regarderons aussi les projets i mpensables i l y a 40 ans qui pourraient désormais être envisageables en raison du réchauffement de la planète. L’approche de développement sera beaucoup plus intégrée », affirme-t-il.
Et où ces sites aux multiples projets pourraient-ils être mis en valeur ? « Hydro-Québec présentera en août les points stratégiques qui ont un grand potentiel de développement, mais on tiendra aussi compte des propositions des différentes communautés autochtones » , précise-t-il.
Si la plupart des projets du Plan Nord ne sont pas encore définis, le dernier budget provincial prévoit tout de même 698 millions pour des travaux de réfection de la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont, et pour prolonger l a r oute 167 de Chibougamau vers les monts Otish.
« Cette route donnera accès à la mine de diamants Renard et sera intéressante pour les communautés de l’est du territoire de l a Baie-James » , i ndique Raymond Thibault, présidentdirecteur général de la Société de développement de la Baie James (SDBJ).
Le gouvernement du Québec a aussi annoncé l’i nvestissement de 106 millions sur cinq ans pour les aéroports du Nord afin de permettre un meilleur approvisionnement en vivres des populations éloignées.
« Entre autres, on améliorera l’aéroport de Puvirnituq pour qu’il puisse recevoir de gros porteurs », se réjouit le ministre Pierre Corbeil.
Consultations
De grands projets donc, plusieurs millions i nvestis, des enjeux importants et bien des gens concernés. À commencer par les Premières Nations.
Les différents représentants i nterviewés par La Presse se sont d’ailleurs montrés profondément contrariés de ne pas encore avoir été consultés par le gouvernement en ce qui a trait au Plan Nord.
« Si vous me demandez ce qu’est le Plan Nord, je ne sais pas quoi vous répondre. C’est trop flou », dit Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador. Le processus de consultation pourrait donc s’annoncer épineux.

Toutefois, si le gouvernement maintient ses engagements en matière de protection du terr itoire, i l pourrait t rès bien t rouver de nouveaux a l l i és, notamment du côté des groupes environnementalistes.


UN APPUI IMPORTANT VENU DU SUD
Pour défendre la forêt boréale québécoise au nord du 49e paral lèle, l e s g r o u p e s e nv i r o n nementau x ont reçu l’appui i nattendu du Pew Environment Group, un organisme américain qui consacre plus du tiers de ses activités à l ’extérieu r des États-Unis.
Pourquoi l a forêt boréale canadienne ? « D’abord, depuis l ongt emps , nous c onsidérons que la p e r t e de s é c o s y s t è mes i nt a c t s , spécialement dans les forêts matures, est l ’ une des problématiques environnementales les plus i mportantes pour les différentes nations, mais aussi pour le monde dans son ensemble », i ndique Josh Reichert, pr é s i dent-d i r e c t e u r généra l du Pew Environment Group.
« Nous nous sommes donc donné comme objectif de cibler les forêts vierges les plus importantes sur la planète », indique son collègue responsable de la campagne au Québec, Mathew Jacobson.
Trois pays se sont démarqués dans leurs recherches : le Canada, la Russie et le Brésil.
« Ensuite, nous avons essayé de déterminer lequel de ces pays avait une populat i on qui s ’ i ntéressa i t réellement à la protection de l’environnement, lequel avait les forces économiques nécessaires à la prise d’actions et lequel avait un gouvernement qui montrait un certain leadership en matière de protection de l’environnement », explique-t-il.
« De plus, nous croyons que si le monde développé ne peut pas servir d’exemple pour les pays en développement, nous serions hypocrites de demander à ces pays d’en faire plus », ajoute M. Reichert.
Le Pew Environment Group a donc décidé que, parmi ces trois pays, le Canada était le meilleur endroit où investir.
En plus de t ravailler avec différents organismes environnementaux, comme l ’ I nitiative boréale c a nadienne, l’organisme américain réunit des leaders autochtones et des acteurs importants de l’industrie pour trouver un terrain d’entente sur la marche à suivre pour protéger les bons 50 % du territoire.
« Nous voulons ainsi faciliter la tâche du gouvernement du Québec, qui d’ailleurs, jusqu’à maintenant, montre un grand intérêt envers la conciliation du développement et de la conservation », affirme Mathew Jacobson.

La délicate question des Premières Nations
« Les gouvernements doivent consulter tous les peuples autochtones qui ont des revendications sur le territoire concerné par le projet. »
Impossible de parler du développement du Nord sans parler des Premières Nations. Parce qu’au nord du 49e parallèle, on retrouve le territoire ancestral de bien des communautés où, encore aujourd’hui, on chasse, on pêche et on piège. Irréconciliable, tout cela ?
Augouvernement du Québec, on clame haut et fort que le Plan Nord sera défini en partenariat avec les communautés autochtones.
« Nous sommes en processus de consultation avec les communautés avec lesquelles nous avons signé des conventions – les Cris, les Inuits et les Naskapis – avec les communautés innues avec lesquelles nous sommes en négociations, mais aussi, avec les autres communautés autochtones et non autochtones touchées par le développement du Nord », affirme Pierre Corbeil, ministre responsable des Affaires autochtones.
En fait, le gouvernement du Québec n’a d’autre choix que de se livrer à un large processus de consultation. Récemment, la Cour suprême du Canada a jugé qu’avant de lancer des projets susceptibles de porter atteinte aux droits des peuples autochtones, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux avaient l’obligation de consulter et, dans certains cas, d’accommoder les peuples autochtones même si leurs droits ancestraux n’ont pas encore été reconnus, affirme Pierre-Christian Labeau, avocat responsable de l’équipe Droit autochtone chez Ogilvy Renault.
« Les gouvernements doivent consulter tous les peuples autochtones qui ont des revendications sur le territoire concerné par le projet. S’il appert que le projet portera préjudice aux droits revendiqués, le gouvernement pourrait avoir l’obligation d’accommoder les communautés de façon à en atténuer l’impact le plus possible », explique-t-il.
Le ministre québécois des Affaires autochtones, Pierre Corbeil, a souligné que déjà, quelques communautés ont été rencontrées. « Nous avons fait une première tournée l’an dernier pour connaître leur intérêt par rapport au Plan Nord et leur vision de développement de ce nouvel espace économique. C’est de cette façon que nous sommes arrivés à cibler des enjeux prioritaires, comme l’accès au territoire, la formation de la main-d’oeuvre, la question des habitations disponibles au Nunavik et l’adaptation des services gouvernementaux pour les populations du Nord. »
À l’Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, on confirme avoir reçu cette visite de M. Corbeil, il y a environ un an. « Mais il ne s’y est pas dit grand-chose. Il n’avait rien de concret », nuance toutefois le chef, Ghislain Picard.
« J’ai même précisé lors de la rencontre qu’en aucun cas, ce passage ne devait être considéré comme une consultation », ajoute-t-il.
En fait, les différentes communautés contactées par La Presse n’avaient pas encore eu l’occasion de discuter du Plan Nord avec des membres du gouvernement du Québec.
« Le gouvernement dit qu’il consulte, mais déjà, certaines orientations ont été prises avant même qu’on ait été consultés. J’ai appris ce qu’ils ont l’intention de faire avec le Plan Nord dans les journaux », indique Paul Gull, grand chef adjoint du conseil de bande de la communauté crie de Waswanipi.
Même son de cloche au Grand Conseil des Cris. « Les Cris n’ont pas été consultés. Pourtant, la Paix des braves a instauré un principe de coopération et de respect mutuel. C’est donc inacceptable que le gouvernement se contente de venir nous présenter le Plan Nord sans nous avoir impliqués dans le processus de développement », affirme Roméo Saganash, directeur des relations avec le Québec au Grand Conseil des Cris.
L a Société Makivik, qui représente les I nuits du Nunavik, n’a pas encore eu la chance de discuter avec le ministre Corbeil du Plan Nord, mais le gouvernement a signif ié son i ntention d’organiser une rencontre.
Au c a bi ne t du mi n i s t r e Corbeil, on indique qu’aucun calendrier n’a encore été fixé, mais que des rencontres se feront avec les élus des différentes nations.
« C’est bien évident que chaque projet suivra les processus de consultation et d’autorisation requis », a conclu le ministre.

DES EXEMPLES VENUS D’AILLEURS
En matière de collaboration avec les peuples autochtones et de protection de l’environnement, le gouvernement du Québec pourrait s’inspirer de ses voisins immédiats. L’exemple du Labrador se démarque particulièrement. En négociation territoriale avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, les deux communautés innues du Labrador se sont vu accorder un véritable pouvoir décisionnel sur l’aménagement du territoire ciblé par les négociations, soit 7,1 millions d’hectares. « Le gouvernement a reconnu que c’était important de nous donner ce pouvoir parce que l’aménagement du territoire aura un impact majeur sur le potentiel de développement des communautés innues et la protection de la culture », explique Valérie Courtois, ingénieure forestière membre de la nation innue du Labrador. L’Ontario, qui a aussi annoncé qu’elle protégerait 50% de son territoire nordique, pourrait également servir d’exemple au Québec, d’après Christopher Beck, conseiller régional – Québec, Initiative boréale canadienne. « Le gouvernement de l’Ontario travaille avec les différentes communautés autochtones pour mettre au point le plan d’aménagement de leurs territoires ancestraux, qu’il soit question d’aires à protéger ou de développement de projets », affirme-t-il. Les environnementalistes louangent aussi le gouvernement ontarien pour la façon dont il compte s’y prendre pour protéger sa forêt boréale. Au gouvernement du Québec, on se fait rassurant. « Le premier ministre a toujours dit qu’il voulait, avec le Plan Nord, devenir un exemple mondial en matière de développement nordique. C’est donc évident que nous n’irons pas n’importe comment pour cibler les aires à protéger et pour développer des projets. Nous travaillerons donc avec les autochtones sur l’aménagement du territoire et nous nous assurerons que les aires protégées permettront aux écosystèmes de remplir leurs différentes fonctions », a indiqué Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune.




Une mine, une ville  -  Émilie Côté
LEBEL-SUR-QUÉVILLON — Les 2700 âmes de Lebel-surQuévi l lon s’accrochent à la réouverture de la mine Langlois, propriété de la société Ressources Breakwater. « On va faire des annonces bientôt, a indiqué à La Presse le maire de la municipalité, Gérald Lemoyne. On travaille avec l’entreprise afin de l’aider à repartir et faire des travaux de diversification.»
Les temps sont durs, à Lebel-sur-Quévillon, depuis la fermeture de l’usine de pâte et papier de Domtar. La mine Langlois avait permis à quelques travailleurs forestiers de changer de métier en leur offrant des cours. Mais l’effondrement du prix du zinc a forcé sa fermeture temporaire, en novembre 2008.
« Les mineurs sont des gens qui aiment leur métier », souligne le maire. Mais devenir mineur du jour au lendemain, ce n’est pas évident. « Travailler dans une usine de papier et dans une mine, ce n’est pas la même chose. Nous, nous sommes des gars de nature et des gars de bois. »
Le maire est attablé dans un casse-croûte pour déjeuner. L’homme assis à ses côtés, Serge Dubuc, a tenté l’expérience de la mine. « J’ai une maison, il faut la payer, dit-il. Sous terre, on ne voit jamais la lumière. C’est plus dur physiquement. Il y a de la poussière, de l’eau. C’est humide... »
Les entreprises minières sont quant à elles aux prises avec les aléas du marché du prix des métaux. Si la mine Langlois rouvre, c’est parce que le prix du zinc a remonté. « On sait que la mine est encore bonne pour 15 ans », fait valoir le maire.
Le prix de l’or est aussi en hausse. C’est pourquoi l’entreprise Ressources Metanor a relancé la mine du lac Bachelor, où trois mineurs sont morts il y a quelques jours; elle avait été abandonnée il y a plusieurs années.
L’Abitibi a besoin de ses ressources naturelles pour survivre, ont fait valoir beaucoup de gens de la région. « Ici, c’est une région de mines et de forêts, mais la forêt n’existe plus. Il reste juste des arbres de la grosseur de ma tasse, lance Rémi Richard, un employé du Café Folie à Val-d’Or. L’industrie minière : oui, il s’est fait des conneries dans le passé mais, dans le temps, il n’y avait pas de règlements sur l’environnement. Sans les mines, Vald’Or n’existerait pas. »

MINEUR, UNMÉTIER COMME UNAUTRE
  mais la perception des gens est basée sur le passé. »
Depuis quelques années, l’industrie minière cherche à se défaire d’une image associée au danger et à des pratiques nuisibles pour l’environnement.
M. Sylvestre a accepté que La Presse visite sa mine, dont le puits va jusqu’à 865 mètres sous terre. En exploitation depuis août 2008, Goldex, propriété de la société torontoise Agnico-Eagle, est située en plein coeur de Val-d’Or. « Le Wal-Mart est à deux kilomètres et il y a des résidants à 200 mètres. Nous sommes obligés de faire les choses de façon différente », note M. Sylvestre.
Par exemple, les ventilateurs de la mine sont enfouis à 1000 pieds sous terre afin d’éliminer le bruit. Le minerai est également entassé sous un dôme pour éviter la propagation de la poussière.
Le conseiller à la formation Richard Rehel est notre guide durant la visite de la mine. Il nous montre d’abord le tableau des descentes, qui indique quels employés sont sous terre et à quel niveau ils se trouvent. Il nous emmène ensuite dans la salle de contrôle. Le coordonnateur, Yves Arseneau, est assis devant des dizaines d’écrans. « C’est le cerveau de la mine ici, indique M. Rehel. On voit toutes les caméras qu’il y a sous terre. »
L’ascenseur de la mine monte et descend à des heures précises. Tout passe par là. Même la machinerie lourde, qui est démontée puis rassemblée sous terre.
En quelques secondes à peine, nous nous retrouvons au 76e niveau, soit à 760 mètres de profondeur. Les couloirs sont grands et le plafond est haut, si bien qu’on a l’impression de marcher dans un édifice de roches.
Il y a des toilettes et des salles à manger, appelées « refuges ». « Les employés viennent manger ici ; mais s’il y avait un feu, par exemple, ils viendraient se réfugier ici. Il y a de l’air, de la glaise pour calfeutrer la porte, un téléphone, des bonbonnes d’eau et un défibrillateur cardiaque », énumère M. Rehel, lui-même fils d’un mineur de Murdochville.
La Belmoral
M. Rehel cogne ensuite à la porte de l’atelier électrique, qu’il appelle « le coeur de la mine ». Jocelyn Girard est en train de travailler. L’accident survenu à Desmaraisville a ravivé en lui de douloureux souvenirs. « En 1980, j’étais à la mine Belmoral quand il y a eu le gros accident. C’était le soir du référendum, racontet-il. Honnêtement, ce sont des émotions. Le milieu de la mine, c’est familial, tout le monde se connaît. Quand il arrive un accident dans une mine, ça va chercher le monde. »
La tragédie de la mine Belmora l secoue encore les gens de Val-d’Or. Huit mineurs sont morts le soir du 20 mai 1980. Le plafond d’une galerie située sous un marécage s’est effondré, engouffrant dans la boue et la glaise près de 25 hommes.
Mais la sécurité dans les mines n’a rien à voir avec ce qu’elle était. « On faisait des choses il y a 25 ans qui sont aujourd’hui inacceptables », fait valoir M. Girard. Les mentalités ont aussi évolué. « Quand j’ai appris à conduire, on me disait de m’attacher, mais mon père ne s’attachait pas. Mais quand la loi est passée, il s’est habitué. »
« C’est marquant, ce qui est arrivé cette semaine, poursuit l’électricien. Mais le métier de mineur n’est pas plus dangereux que n’importe quel autre. Combien il y a eu d’accidents d’auto hier à la première neige? »
M. Girard pourrait « vendre » le métier de mineur à un claustrophobe. « J’adore mon métier. On ne fait jamais la même chose. Moi, je n’ai jamais manqué une journée d’ouvrage. Au chômage, ils ne connaissent pas mon nom. Mon fils s’en vient dans le milieu de la mine aussi, souligne-t-il fièrement. Il a travaillé tout l’été dans le nord à la mine de Meadowbank. Il aime ça. »
Les emplois miniers sont payants. Les mineurs de la Goldex (non syndiqués) gagnent environ 70 000$ par année, et cela peut atteindre 100 000 $ avec les primes et les heures supplémentaires.
« Compte tenu de notre scolarité, il n’y a pas grand-chose d’aussi payant. Pas besoin d’aller à l’université pour travailler sous terre, blague l’opérateur Alain Thériault, 31 ans, dont le boulot consiste à forer les trous où sont insérés les explosifs. Mais je ne le fais pas pour l’argent. Je viens de finir un trou de 87 mètres. »
La mine Goldex extrait environ 2,5 millions de tonnes de minerai par année, ce qui donne 160 000 onces d’or. « La teneur en or est basse : deux grammes par tonne », indique Richard Rehel.
S e u l e me n t q u e l q u e s employés et un gardien de sécurité ont accès à la salle où l’or, pur à environ 95%, est coulé. Quant aux lingots, ils sont directement acheminés à la Monnaie royale canadienne.
Un « modèle »
Goldex appartient à AgnicoEagle, propriétaire de deux aut res mines en Abitibi .






FEU VERT À OSISKO  -  Philippe Mercure
Après des années de préparation, le projet d’Osisko pourra finalement voir le jour en Abitibi. La société minière a reçu hier le feu vert du gouvernement Charest pour exploiter la plus grosse mine d’or à ciel ouvert du Québec, qui nécessitera des investissements de plus de 1 milliard. Et créera près de 500 emplois. À l’opposé, le géant minier Rio Tinto avait des nouvelles bien maussades à annoncer, soit une baisse marquée de ses profits depuis le début de l’année.

FEU VERT À OSISKO
Les astres sont alignés pour que la plus grosse mine d’or au Québec voit le jour à Malartic, en Abitibi. Le gouvernement Charest a donné le feu vert à l’entreprise Osisko pour démarrer son projet d’un milliard de dollars.
Suivant les recommandations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ( BAPE), le gouvernement autorise la construction de la mine, mais impose des conditions à Osisko.
« Au terme de la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement, le Ministère conclut que le projet est acceptable sur le plan environnemental », a tranché hier la ministre de l’Environnement, Line Beauchamp.
Le titre d’Osisko a gagné 24 cents ou 3,41% à la Bourse de Toronto pour clôturer à 7,28 $.
Le projet Canadian Malartic devrait permettre d’extraire annuellement 591 000 onces d’or sur une période de 10 ans. C’est plus du double de ce que produit actuellement la plus grosse mine d’or au Québec, la mine La Ronde, d’Agnico-Eagle.
Osisko ne s’en tire cependant pas avec un chèque en bla nc. L’entreprise devra fournir 100 % des garanties financières nécessaires à la fermeture et la restauration du site. Au printemps dernier, un rapport du Vérificateur général du Québec avait révélé que les exploitants miniers abandonnent trop souvent leur site après exploitation, refilant la facture au gouvernement.
Osisko devra aussi implanter des mesures pour limiter les impacts du bruit, de la poussière et des vibrations. L’entreprise doit aussi s’assurer que l’approvisionnement en eau potable de la ville soit maintenu, et devra déposer l’argent nécessaire en garantie.
Osisko a déjà acquiescé à toutes ces demandes.
« Nous sommes prêts à remplir toutes les conditions qui nous sont imposées et nous les suivrons méticuleusement. On finit avec un projet très étudié et très réfléchi qui va devenir le standard pour l’industrie. On parle d’une mine d’une nouvelle génération », a dit à La Presse Affaires Sean Rosen, président et chef de la direction d’Osisko.
M. Rosen a admis que les conditions imposées par le gouvernement engendreront des coûts supplémentaires, mais n’a pas été en mesure de les chiffrer. Il affirme que l’échéancier n’est pas modifié et que la mine devrait commencer ses opérations en 2011.
M. Rosen a aussi révélé à La Presse Affaires qu’Osisko a maintenant obtenu 95 % du financement du projet.
Selon Dan Rollins, analyste chez UBS, l’annonce d’hier « améliore le profil de risque du projet Canadian Malartic, qui était déjà très bas ». « Les risques liés aux permis semblent maintenant éliminés », écrit-il.
Une première
Le projet Canadian Malartic est une première pour l’Abitibi. Alors que ses habitants sont habitués de voir leurs mineurs creuser des galeries pour suivre des filons d’or, Osisko est débarqué avec un projet de mine à ciel ouvert destinée à récolter d’immenses quantités de roc à faible teneur en minerai.
Pour ajouter au spectaculaire, une partie de la mine que veut construire Osisko se t rouve sous la ville de Malartic. L’entreprise termine actuellement le déménagement d’un quartier complet. Déjà 130 résidences ont été déplacées, et il ne reste que de « quatre à six » dossiers de citoyens récalcitrants à régler. Plusieurs bâtiments, dont une école et une résidence pour personnes âgées, ont aussi été reconstruits.
Dans son rapport, le BAPE avait souligné que le déplacement du quartier avait été commencé avant même que le projet n’ait reçu les autorisations, ce qui « soulève des questions sur le plan éthique et humain ».
« On va finalement arrêter de s’obstiner à savoir si la mine va démarrer ou pas. Je suis bien content que ce soit réglé », a commenté hier le maire de Malartic, André Vezeau, qui trouve toutefois que les conditions imposées à Osisko au sujet de « l’aide à la ville et à la communauté » sont insuffisantes.
Jacques Saucier, porteparole du Comité de vigilance de Malartic, promet aussi de continuer à suivre les opérations de près. « On espère que le comité de suivi qui est recommandé par le BAPE soit mis en place le plus tôt possible, dit-il. On a vu de l’ouverture de la part de la compagnie, mais le Comité va toujours les avoir à l’oeil. »
La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! avait jugé en juillet que le BAPE avait soulevé des problèmes « f l agra nts » mais accouché de recommandations « timides » concernant le projet Canadian Malartic. Il a été impossible de parler à ses membres hier.

Rio Tinto reste prudent
Le groupe minier anglo-australien Rio Tinto a dévoilé hier des résultats semestriels en forte baisse du fait de la crise qui frappe l ’économie pla nétai r e, et s’est voulu « prudent » pour la suite malgré la remontée récente des cours des matières premières.
Le géant minier, coté à la fois en Australie, à Londres et à New York, a fait état dans un communiqué d’un effondrement de 65% de son bénéfice net au premier semestre à 2,45 milliards de dollars américains.
Le chiffre d’affaires consolidé a reculé de 30,7 % à 18,85 milliards US, et le bénéfice d’exploitation ( Ebitda) a chuté de 47 % à 6,1 milliards de dollars, reflétant à la fois les baisses de production mises en place par le groupe face à la crise, et la diminution des cours des matières premières par rapport au premier semestre 2008 où ils étaient en pleine flambée.
Une bonne partie de la baisse s’explique par la mauvaise performance de Rio Tinto Alcan ( RTA), division d’aluminium qui a été fondée après l’acquisition de la québécoise Alcan en 2007.
RTA a enregistré une perte nette de 689 millions au premier semestre, malgré un gain de 492 millions lié à la fluctuation des devises et à des compressions budgétaires. Pendant la même période de l’an dernier, RTA avait dégagé des profits nets de plus d’un milliard de dollars.
Les revenus de la division ont dégringolé de 45,3 % pour s’établir à 5,2 milliards, en raison surtout de la chute de 50% des cours de l’aluminium.
En ce qui concerne les perspectives pour le reste de l’exercice de Rio Tinto, « nous restons prudents face à la récente remontée des cours », a expliqué le nouveau président du groupe, Jan du Plessis, qui a pris ses fonctions en avril.
Mais il a réaffirmé la prévision selon laquelle « le développement des pays émergents générera une forte dynamique pour la demande de métaux et de minerais sur le long terme ».
Et l e groupe a r appelé les nombreux efforts qu’il a entrepris pour s’adapter à la récession mondiale, dont son accord de coopération avec son compatriote et rival BHP Billiton, qui porte sur la production de minerai de fer en Australie.
Rio Tinto a par ailleurs réduit sa dette nette, qui s’élevait à 39,1 milliards de dollars à la fin juin, de 14,8 milliards de dollars grâce à une augmentation de capit al massive bouclée début juillet.
Toujours dans le c adre de ces efforts, le groupe a confirmé qu’il ne verserait pas de dividende semestriel, et a assuré qu’il était en bonne voie de remplir son objectif de réduire ses coûts de 2,5 milliards de dollars en 2010.
Bon accueil
Malgré la prudence adoptée par le groupe, les investisseurs ont réservé un bon accueil à ces résultats. L’action du groupe a fini la séance en hausse de 1 % à 2334,5 pence à la Bourse de Londres, dans un marché en progression de 1,43 %. Il a clôturé à 153,86 $US à la Bourse de New York, où l’entreprise est aussi cotée.
La maison de courtage Killik & Co a jugé les résultats semestriels « encourageants », bien que les bénéfices soient un peu inférieurs aux attentes (2,6 milliards contre un consensus de 2,75 au niveau du bénéfice sous-jacent), soulignant que « le ton général du communiqué est plus positif que les mois précédents (...) et que le groupe reste optimiste pour le long terme ».





L’ALUMINIUM REMONTE LA PENTE  -  Stéphane Paquet
La chute du prix de l’aluminium a été brutale l’automne dernier, mais la remontée se fait progressivement. Hier, le métal blanc s’échangeait même à un sommet de huit mois à Londres. Cette demande accrue ne se fait toutefois pas encore sentir dans les alumineries québécoises.
L’aluminium a enregistré cette semaine sa plus longue séance de remontées depuis au moins 1987, mais on est encore loin des 3317$US la tonne atteints il y a un an.
L’aluminium pour livraison dans trois mois a atteint le prix de 1890$US la tonne métrique sur le marché anglais hier et clôturé la séance à 1879$US, en hausse de 84$ US, soit près de 4,7 %. Depuis son creux de la fin février, à 1288$US, l’aluminium se vend environ 45% plus cher.
On est encore loin des 3317$US la tonne atteints il y a un an, mais l’aluminium a quand même enregistré cette semaine sa plus longue séance de remontées depuis au moins 1987, selon des données publiées par Bloomberg.
Pourquoi? La raison est en partie chinoise. Depuis le début de l’année, les Chinois sont devenus des importateurs nets du métal blanc, souligne l’analyste Aleem Ladak, de Valeurs mobilières Desjardins, à Toronto.
« I l s produisent environ 3 millions de tonnes de moins, surtout à cause de Chinalco », ajoute M. Ladak. Selon d’autres rapports d’analystes, ces importations servent à refaire les réserves de l’empire du Milieu, les Chinois profitant ainsi des bas prix mondiaux.
La poussée d’hier a touché tous les métaux à Londres : cuivre, nickel et zinc gagnant tous entre 2% et 5%. Là aussi, l’explication est en partie chinoise.
Plus tôt cette semaine, les marchés ont craint que la Chine ne s’apprête à resserrer ses conditions de crédit, pour ralentir la croissance. Les autorités ont fait savoir hier qu’elles allaient continuer à appliquer une « politique monétaire accommodante ».
Mais i l y a plus que l es Chinois. Les signes de reprise mondiale se multiplient, l’industrie automobile montre aussi des signaux encourageants et la demande pour les canettes augmente. Mais ces facteurs n’expliquent pas à eux seuls la hausse de la demande, selon Alex Heath, directeur général, métaux de base, chez RBC Marché des capitaux à Londres. « Le jeu des devises joue autant que l’économie actuellement », précise-t-il.
Un impact ici ?
À l’Association de l’aluminium du Canada, on a aussi fait des calculs à partir d’un dollar américain déprécié. En en tenant compte, le prix actuel « tourne autour de 1300$US ou 1400$US, ce qui n’est pas vraiment plus que le prix d’il y a 10 ans », souligne son président, Jean Simard.
M. Simard ne saute donc pas au plafond quand on lui parle de la remontée des derniers mois. « C’est mieux, dit-il. Quand on tourne autour des 1300-1400$US, on tourne autour des coûts (de production). Ce ne sont pas de gros profits. »
« Nous, nos dépenses sont en dollars canadiens et australiens principalement », précise le porteparole de Rio Tinto Alcan, Stefano Bertolli.
Rio Tinto Alcan a annoncé une réduction de sa production de 11 % d’ici la fin de l’année. M. Bertolli précise que l’entreprise l’a, à ce jour, diminuée de 5% à 6%. Il reste donc la moitié du chemin à faire.
Inventaires en hausse
Si certains investisseurs regardent seulement le prix du métal
blanc à Londres, M. Bertolli jette aussi un coup d’oeil sur les inventaires. Ils atteignent 4,5 millions de tonnes, soit un peu plus que la production annuelle totale de Rio Tinto Alcan.
« Avant de vraiment pouvoir dire qu’on est tirés d’affaire, il faut que l’inventaire soit revenu à des niveaux plus équilibrés », ditil encore, soulignant qu’avant la chute des prix, l’inventaire tournait autour de 200 000 tonnes.
Depuis le début de l’année, la production mondiale d’aluminium a reculé d’environ 15%. Mais le Canada est moins touché.
Selon les données de l’Association de l’aluminium, les travailleurs canadiens et québécois ont produit 2,8% moins d’aluminium primaire cette année que l’an dernier. La baisse pourrait être de l’ordre de 3% pour l’ensemble de 2009, selon les prévisions de l’Association.

Le Québec, yes sir !  -  Hélène Baril
Consolidated Thompson investit 670 millions et déménage à Montréal
Ça fait 35 ans qu’il ne s’est pas ouvert une mine de fer au Québec. Et probablement plus longtemps encore qu’une compagnie minière a déménagé son siège social de Toronto à Montréal.
En mars 2008, Claude Béchard (à gauche), alors ministre des Ressources naturelles, et Richard Quesnel, président de Consolidated Thompson, ont annoncé l’exploitation d’une nouvelle mine de fer au lac Bloom, au nord de Sept-Îles.
Consolidated Thompson, qui investit 670 millions pour aménager et exploiter une mine de fer au lac Bloom, dans le nord du Québec, a aussi décidé de déménager ses pénates à Montréal.
« L’Institut Fraser l’a déjà dit, le Québec est un des meilleurs endroits sur la planète pour investir dans le secteur minier », explique Richard Quesnel, président et chef de l’exploitation de Consolidated Thompson.
Comme plu s i e u r s a ut r e s membres de la direction de l’entreprise, Richard Quesnel est Montréalais d’origine, un ingénieur minier formé à l’Université McGill. Après avoir voyagé beaucoup pour le travail, il s’agit d’un retour aux sources pour lui.
« Et la mine est au Québec », souligne-t-il lors d’un entretien avec La Presse Affaires.
Cons o l i d a t e d T hompson compte mettre en production d’ici la fin de l’année le gisement de fer du lac Bloom, situé à 400 km au nord de Sept-Îles.
C’est grâce à un investissement de 240 millions US d’un pa r t enai r e c hi nois , Wuhan I ron & Steel, que le projet du lac Bloom a pu voir le jour. Les Chinois ont acquis 25 % de la mine et 20 % de Consolidated Thompson, qui détient les droits d’exploration dans deux autres propriétés situées à proximité.
Au total, la mine nécessitera des investissements de 670 millions, soit 490 millions dans les activités minières et le reste dans les infrastructures portuaires et ferroviaires pour acheminer le minerai.
Actuellement, 450 employés s’affairent sur le site et 300 y travailleront une fois la mine en production. La mine du lac Bloom produira de 7 à 8 millions de tonnes de concentré de fer par année et son potentiel est estimé à 1 milliard de tonnes.
I l s’agit d’un concentré de gra nde qual i t é, au di r e de Richard Quesnel, dont les coûts d’extraction sont très bas. La moitié de ce minerai a déjà trouvé preneur auprès de clients chinois, au prix du marché.
Le prix du minerai de fer a atteint des niveaux stratosphér iques au milieu de l ’a nnée dernière et a dégringolé par la suite. Même au prix actuel de 60 à 64$US la tonne, la mine du lac Bloom sera rentable avec des coûts de production d’environ 25$US la tonne, a indiqué le président de Thompson Consolidated.
Ultérieurement, Consolidated Thompson pourrait investir dans une usine de boulettage pour donner une valeur ajoutée à son minerai, a-t-il indiqué.
Il s’agit d’une première mine pour Consolidated Thompson, une entreprise d’exploration qui a vu le jour à Toronto et a crû avec le soutien financier de Forbes& Manhattan, une banque d’affaires privée.
Cons o l i d a t e d T hompson compte parmi ses administrateurs l’ancien président de Bombardfier et de Provigo, Pierre Lortie, et l’ancien premier ministre de Terre-Neuve, Brian Tobin. Ses actions sont inscrites à la cote de la Bourse de Toronto. Hier, le titre a fini la journée à 4,11 $, en hausse de 16 cents. Depuis un an, l’action a oscillé entre 0,81 et 7,37 $.


FINANCEMENT DES ENTREPRISES MINIÈRES Les marchés demeurent partagés  -  Martin Vallières

« Au Québec, la prochaine saison d’émissions d’actions accréditives s’annonce favorable pour les PME des métaux industriels. »
La remontée des prix des métaux favorise-t-elle le financement des entreprises minières, dont dépendent des milliers d’emplois au Québec ?
Ça dépend encore des secteurs à ce moment-ci de la reprise, i ndiquent des s pécia l i s t es consultés par La Presse Affaires.
Pour l es projets miniers d’une certaine envergure, « on a retrouvé un contexte favorable pour le financement, après le ressac de l’an dernier provoqué par la vive correction des prix des métaux », résume Paul Carmel, directeur général du financement d’entreprises minières chez Valeurs mobilières Desjardins, à Montréal.
« Il y a encore de l’hésitation de la part des prêteurs bancaires pour des projets miniers. Mais l’obtention de capital-actions, elle, se porte plutôt bien. Les investisseurs sont intéressés par les bons projets. À la Bourse de Toronto, d’ailleurs, l’important secteur des mines et métaux s’est le mieux remis du krach de 2008. » Parmi les entreprises minières dites « juniors », essentiellement des PME d’exploration et de promotion de nouveaux gisements, le constat est plus partagé.
« Dans le secteur aurifère, les entreprises n’ont pas ressenti de crise financière ou de récession. Avec l ’or autour de 900 $ US l’once, les investisseurs et les prêteurs sont intéressés aux projets aurifères », commente Nochane Rousseau, chef du secteur minier au bureau montréalais de la firme comptable PricewaterhouseCoopers.
En contrepartie, les entreprises « juniors » en métaux industriels sont encore aux prises avec les conséquences de la crise du krach des prix de l’automne dernier.
« Malgré les indices de reprise économique, leur recherche de c apitaux et de f i nancement demeure difficile », selon M. Rousseau.
« Le pire semble passé, toutefois, poursuit-il. Il y a plus de discussions à propos de projets de financement qui pourraient se concrétiser à l’automne et en fin d’année. Au Québec, la prochaine saison d’émissions d’actions accréditives s’annonce favorable pour les PME des métaux industriels. »
Pour le moment, les récentes statistiques de ce secteur à la Bourse de Toronto demeurent négatives.
À la Bourse de croissance TSX, dédiée aux petites capitalisations, la valeur des émissions d’actions par des PME des mines et métaux durant les six premiers mois de 2009 est inférieure de centaines de millions de dollars à celles des semestres correspondants en 2008 et 2007.
Environ 950 millions de dollars ont été levés de janvier à juin dernier, comparativement à 1,3 milliard en 2008 et à une somme record de 3,4 milliards en 2007.
« Les PME québécoises des métaux de base qui avaient fait des réserves financières il y a deux ans peuvent endurer cette période difficile. Mais pour les autres, plusieurs risquent encore de ne pas passer au travers », a souligné Nochane Rousseau.



L’être humain contre la machine  -  Marc Tison
La machine distributrice de DVD, un robot menaçant qui gobera inexorablement les parts de marché? Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette vision ne provoque pas de cauchemars au SuperClub Vidéotron.
« Il y a deux ans et demi, il y avait plus de 200 kiosques de machines distributrices au Québec, alors qu’aujourd’hui, il y en a peut-être 50 qui sont encore en vie », assène Donald Lizotte, président de la plus grande chaîne de location de DVD au Québec.
Contrairement à Blockbusters aux États-Unis, le SuperClub Vidéotron n’entend faire aucune place aux machines distributrices. Donald Lizotte, président de l’entreprise depuis 2006, a pourtant envisagé très sérieusement cette avenue et a même rencontré des manufacturiers. Verdict : « À court terme, je n’en vois pas la valeur, et on va à l’encontre de ce que le client recherche : de la variété, de la disponibilité et du service à la clientèle. »
Le marché québécois n’offre pas la densité nécessaire au succès des machines distributrices, croit-il. Les profits se gagnent avec les nouveautés, et les nouveautés perdent leur fraîcheur en à peine un mois. En somme, il faut parvenir à en louer un maximum dans le mois qui suit leur parution, d’où l’importance d’une certaine densité de population autour du point de location.
Un marché comme celui de Montréal est pourtant aussi dense que celui de Boston. « Les gens ici ne sont pas encore craintifs de sortir le soir pour aller au club vidéo, rétorque Donald Lizotte. C’est un facteur important dans le marché américain. »
En outre, le consommateur québécois est plus réticent à utiliser sa carte de crédit dans une transaction sans commis. Enfin – et surtout –, « aller choisir un film fait partie de l’expérience de location, dit-il. Dans toutes nos études, les recherches nous démontrent que ça nous prend un espace libre où peut se tenir une espèce de réunion où se fera le consensus sur le film qu’on va choisir. »
Bref, au Québec, la location vidéo demeure une expérience interpersonnelle. Le SuperClub Viédotron table donc sur le point faible de la machine distributrice : le service à la clientèle.
« Les résultats sont là, soutient Donald Lizotte. L’année 2008 a été notre meilleure année à vie en termes de performance de revenus. Et jusqu’à présent, en 2009, on surpasse les chiffres de 2008. »
La chaîne a fermé certains magasins peu fréquentés, en a ouvert d’autres dans des secteurs plus prometteurs, pour maintenir un plateau de 194 emplacements.
Pas d’optimisme béat, toutefois. « La plus grande menace, c’est la maturité de notre industrie », soutient Donald Lizotte. Pour y transfuser un peu de sang neuf, 70 magasins incorporent maintenant une surface consacrée aux autres services de télécommunications offerts par Vidéotron – câblodistribution, téléphonie par câble, etc.
Le président veut étendre largement cette mesure. « Avec la valeur que Vidéotron nous amène, on est en mesure, de créer une nouvelle catégorie d’affaires, qui, elle, est en croissance phénoménale. « Cette nouvelle orientation assurera la pérennité des magasins « parce que notre rôle pourra changer avec le temps », décrit-il.
En somme, et paradoxalement, au SuperClub Vidéotron, la survie du service en chair et en os dépend des télécommunications électroniques.

Air Canada est de retour  -  André Pratte
Il n’y a pas six mois que Calin Rovinescu est à la tête d’Air Canada que déjà on sent souffler un vent de renouveau. Pour la première fois depuis longtemps, on a l’impression que la haute direction de l’entreprise veut s’attaquer résolument au mécontentement de la clientèle, autrefois fidèle.
Il semble aussi qu’Air Canada croit – pour vrai, pas seulement pour flatter les Québécois – au potentiel de l’aéroport Trudeau. «Je veux que Montréal redev ien ne u ne plaque tournante pour Air Canada», a dit M. Rovinescu au cours d’une rencontre avec La Presse. Toronto restera toujours au coeur du réseau de la société. Toutefois, cela ne l’empêche plus de nourrir des ambitions pour la métropole québécoise. Déjà, de nouvelles liaisons ont été annoncées: Bruxelles, Barcelone, Athènes, Houston. Le vol Montréal-Genève, lancé au printemps, est déjà l’un des plus profitables du transporteur.
La tâche de relancer l’ancienne société de la Couronne sera colossale. Selon M. Rovinescu, la première phase, la «phase survie », est maintenant terminée. Des ententes ont été conclues avec les syndicats, du financement a été obtenu. Mais la structure de coûts reste trop lourde à porter. La récession a durement touché l’industrie. Et la concurrence sera plus féroce que jamais, particulièrement difficile à soutenir pour les compagnies les plus anciennes ( legacy airlines), dont le personnel est syndiqué et plus âgé que celui de leurs compétiteurs.
L’équipe de M. Rovinescu ne peut pas changer ces legs du passé. Aussi le nouveau PDG veut-il s’attaquer à la culture de l’entreprise. « Il faut que les décisions soient prises plus rapidement, que les mentalités soient fondées sur le Just do it !, pour reprendre le slogan de Nike», explique-t-il.
Tous les clients d’Air Canada ont été témoins d’une situation où un problème survenu dans l’aérogare dégénère en chaos tandis que les employés attendent d’avoir, d’en haut, une quelconque directive. M. Rovinescu veut que , dé sor m a i s , les gens sur le terrain prennent l’initiative.
Changer la culture d’une vieille entreprise de 25 000 employés ne sera pas facile. Mais, selon le patron , c ’est le seul moyen de regagner la confiance des consommateurs. Les employés doivent comprendre, dit-il en substance, que personne ne doit rien à Air Canada. Si le service est moins bon qu’ailleurs, les Canadiens choisiront sans hésitation un autre transporteur.
La tarification à la carte, qui a suscité l’ire des clients et transformé les agents de bord en commis de dépanneur, sera en partie abandonnée. Le service Rapidair a été modernisé en s’inspirant des bonnes idées de Porter Airlines. Air Canada envisage de plus un retour à l’aéroport de l’île de Toronto.

Le succès du plan Rovinescu n’est évidemment pas assuré. Mais au moins, la volonté y est. Les Canadiens, eux, ne demandent pas mieux que de retrouver le plaisir de voler sur les ailes de leur compagnie aérienne nationale.




Ça presse  -  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
En décrocha nt u n de ses plus gros contrats, Bombardier Transport avait toutes les raisons de sabler le champagne hier. La multinationale québécoise empochera 2 milliards pour la construction de 80 trains à grande vitesse Zefiro qui desserviront la Chine. La livraison des 1120 voitures s’échelonnera de 2012 à 2014: le gouvernement chinois ne perd pas de temps!
On ne peut que se réjouir de ce coup d’éclat de Bombardier. Le carnet de commandes de sa division ferroviaire fera ainsi cont repoids au ra lentissement de son secteu r aéronautique.
Mais, en même temps , ce pro - jet giga ntesque d ’i mpla nt at ion d’un réseau ferroviaire d’avant-garde en Chine nous renvoie en plein visage notre échec de réaliser un projet de TGV dans le couloir Québec-Windsor.
Quel paradoxe quand même: le Canada demeure les bras croisés pendant qu’un de ses plus grands fleurons industriels, Bombardier, fournit des trains à la fine pointe de la technologie aux quatre coins du monde.
Depuis plus d’un quart de siècle, le Canada lambine et tergiverse avec le dossier du TGV qui a maintes fois été reporté aux calendes grecques.
En j anvier 2008, les premiers ministres Jean Charest et Dalton McGuinty, de l’Ontario, ont relancé le projet QuébecWindsor en donnant le feu vert à la mise à jour d’études de faisabilité qui devait être complétée en 12 mois. Presque deux ans plus tard, on attend toujours les résultats des analyses de la firme Dessau. De son côté, dans un avis sollicité par le maire Régis Labeaume, la Société nationale des chemins de fer affirme que le couloir Québec-Windsor serait aussi rentable que certaines lignes françaises.
L e chef libéra l M ichael Ignatieff se dit favorable à un TGV, mais seulement entre Québec et Toronto dans un premier temps, ce à quoi M . C ha rest s ’oppose avec véhémence.
Et le gouvernement Harper dans tout ça? Motus et bouche cousue. Il est dommage qu’il n’ait pas profité du vaste programme de relance économique qu’il a lancé il y a quelques mois pour investir à fond de train dans ce projet. Bien sûr, il en coûterait plus de 20 milliards pour réaliser ce vieux rêve. Mais le Canada, dont la dette par habit a nt est la plu s ba sse des pays industrialisés, a les moyens de financer une telle aventure, malgré la hausse substantielle de son déficit. Le gouvernement conservateur redorerait du même coup son image écolo en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pendant ce temps, l’Europe jouit depuis longtemps d’un système ferroviaire rapide et efficace. Aux États-Unis, le président Barack Obama a dévoilé en avril dernier un plan de 8 à 13 milliards qui prévoit la mise en service de 10 réseaux de trains à grande vitesse.

De toute évidence, ce n’est pas demain la veille qu’on pou r ra ef fe c t uer le t rajet Montréal-Québec en 1h13 ou Montréal-Toronto en 2 h18… Il serait grand temps qu’on se dépêche de moderniser notre réseau ferroviaire aux allures tiers-mondistes.

Annoncer grand, faire petit  - 
SOPHIE COUSINEAU CHRONIQUE
Bombardier a décroché hier un fabuleux contrat de Pékin pour fournir à la Chine 80 trains à très grande vitesse, soit 1120 voitures.
Attribuée à sa plus grande filiale chinoise, cette commande s’élève à près de 4,4 milliards CAN. Comme il s’agit d’une coentreprise à parts égales avec CSR Sifang Rolling Stock Co., la moitié de ces revenus lui reviendront.
Ce contrat tombe à point nommé pour Bombardier, qui souf f r e d’un ralentissement marqué de la demande pour ses jets d’affaires et ses avions régionaux, malgré une commande récente d’American Airlines.
Mais, au-delà de sa valeur financière, ce contrat est important à plusieurs égards. Il récompense la patience de Bombardier, qui s’est installée en 1998 à Qingdao, une ancienne colonie allemande sur la mer Jaune reconnue partout dans le monde pour sa bière – Qingdao se prononçant Tsing Tao.
Ce contrat reconnaît aussi les avancées technologiques des derniers Zefiro, des trains aérodynamiques qui peuvent foncer jusqu’à 380 km/h. ( Par définition, un train à grande vitesse file à 200 km/h ou plus.) Ainsi, cette commande servira de vitrine à Bombardier, alors que l’Asie est en voie de renouveler et d’étendre ses réseaux ferroviaires.
Mais ce qui est peut-être le plus frappant, c’est la volonté de la Chine de se servir des fonds de son plan de relance (4000 milliards de yuan ou 640 milliards CAN) pour se doter d’infrastructures qui accroîtront sa compétitivité. On est loin du remplissage de nids-de-poule!
Cette volonté se manifeste par le calendrier de livraison serré. « Le premier train doit être livré en 2012 et le dernier, en 2014 », précise le communiqué. Ce contrat serait donc achevé en moins de cinq ans!
Difficile, dans le contexte, de résister à l’envie de se comparer. Cela fait 28 ans qu’on discute d’un TGV au Canada, la première étude de faisabilité de VIA Rail remontant à 1981...
Ironie du sort, mon collègue Joël-Denis Bellavance a révélé hier que le chef libéral Michael I gnatief f s ’engagera à construire un train à grande vitesse dans le couloir Québec-Windsor lors de la campagne à venir.
Déjà, la polémique est relancée. Le premier ministre Jean Charest préférerait que le projet se réalise d’un coup, et non en deux temps, en commençant par le tronçon MontréalToronto. Des maires des deux côtés du fleuve Saint-Laurent se disputent au sujet du tracé de cette liaison rapide.
Mais on peut vraisemblablement faire l’économie de quelques chicanes de clocher. Car au-delà des promesses électorales, la volonté politique est-elle réellement là ? Si l’histoire nous a enseigné quelque chose, c’est que rien n’est moins certain.
Michael Ignatieff lui-même croyait tellement dans le TGV à la dernière campagne électorale qu’il a refusé d’en faire un engagement, même s’il en rêvait dans son dernier livre, Terre de nos aïeux ! « J’ai écrit un livre, pas un programme électoral », disait-il alors.
Le premier ministre Jean Charest et son homologue ontarien Dalton McGuinty se sont aussi engagés à ressusciter le projet de TGV, lors d’une conférence commune t rès médiatisée, en janvier 2008.
Cet engagement nécessitait toutefois la réalisation d’une nouvelle étude de faisabilité – la huitième depuis 1981. Or, un an plus tard, La Presse a appris que les gouvernements n’avaient même pas sélectionné les firmes pour la réaliser. De fait, le rapport des cinq firmes du consortium EcoTrain ne sera pas achevé avant le printemps prochain. C’est ce qu’on appelle une sacrée priorité !
Ce n’est pas pour rien que, lorsque Laurent Beaudoin a pris sa retraite, en juin 2008, il a exprimé ses doutes quant à la réalisation d’un TGV au Canada. « La seule façon que le train rapide puisse arriver ici, c’est si un parti politique en fait sa priorité », disait-il avec une pointe d’amertume après des années de vains efforts.
Or, les conseillers politiques dans l’entourage de Michael Ignatieff évoquent déjà les contraintes budgétaires qui pourraient remettre en question ce projet. Ce sont ces mêmes pressions qui, en 1998, ont incité l’ex-ministre des Transports David Collenette à abandonner le projet de train ultrarapide piloté par Alstom, Bombardier, SNC-Lavalin, entre autres.
Les sceptiques font valoir qu’un projet aussi coûteux serait impossible à rentabiliser dans un pays peu peuplé. Les informations à ce sujet sont vieilles ou partiales.
Dans une étude déposée en juin, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) croit qu’un TGV dans le corridor Québec-Windsor réunit toutes les conditions de rentabilité financière.
Il faudrait attendre 30 ans avant de rentabiliser l’i nvestissement initial de 18,3 milliards de dollars grâce aux profits d’exploitation, concluait toutefois une étude de faisabilité qui remonte à 1995.
Mais de quelle façon a-t-on mesuré et tenu compte des coûts totaux du système actuel et des bénéfices moins tangibles d’un TGV? En 2009, le climat n’est plus le même, sans jeu de mots. La congest ion routière et les délais aux aéroports volent de plus en plus d’heures de travail. Pendant ce temps, le Canada réduit ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre, faute de pouvoir atteindre ses cibles plus ambitieuses. Un TGV offre des bénéfices indéniables pour la productivité et l’environnement.
C’est sans parler du fait que les Canadiens sont les otages de tortillards qui s’arrêtent pour laisser les passer les trains de marchandises. Tandis que Bombardier construit les trains les plus rapides de la planète en Chine...
Vivement que l’on casse le moule du « annoncer grand, faire petit ».



Un TGV bien lent  -  Stéphane Paquet
Oubliez le TGV entre Montréal et New York, s’est fait dire cette semaine le délégué général du Québec dans la métropole américaine, lors d’une rencontre avec les responsables new-yorkais. Le projet est trop coûteux et le tracé, trop complexe.
« Pour l’instant, c’est une vision de train rapide et non pas une vision de TGV », a constaté mardi, le délégué Robert Keating. Il rencontrait alors une délégation du ministère des Transports new-yorkais, en compagnie de fonctionnaires de Transport Québec.
La liaison New York–Montréal n’est pas non plus au sommet de leurs priorités. C’est plutôt le trajet Buffalo, Rochester, Syracuse, Albany qui l’est.
D’ailleurs, fait révélateur, la présentation faite à la délégation québécoise et dont nous avons obtenu copie compte 31 pages. Celles consacrées au corridor des Adirondacks, entre Montréal et Albany, sont au nombre de deux.
Qualifiant l’entretien de « rencontre exploratoire », M. Keating a quand même pu constater les différences entre la proposition new-yorkaise et ce que Québec souhaite construire. « La philosophie aux États-Unis, quand ils parlent de train rapide, c’est 110 miles à l’heure. Nous, quand on parle de ça au Québec, c’est plus que ça », confie-t-il.
Les réticences américaines aux trains à grande vitesse comme on les construit en France sont de deux ordres, selon lui. D’abord, les coûts. Une étude de 2004 les estimait à plus de 4 milliards de dollars. Et puis, il y a le tracé, qui devrait être refait, en passant dans le parc des Adirondacks.
« Il faut changer complètement le tracé si on veut un TGV, poursuit M. Keating (…) Ça ne peut pas être construit sur le tracé actuel, c’est un tracé qui a trop de courbes, trop d’élévation. C’est un vieux, vieux tracé. »
 Québec rassurant
À Québec, le bureau du premier ministre s’est fait rassurant hier après-midi. « Nous autres, notre priorité, c’est Québec-Toronto, comme eux, la leur, c ’est Albany-Buffalo », tempérait Hugo D’Amours, l ’attaché de presse du premier ministre Jean Charest. Mais, at-i l poursuivi empruntant une image chère à Jacques Parizeau, « on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps ».
M. D’Amours assure que « au niveau politique, la volonté est là ». D’ailleurs, le délégué général du Québec espère une rencontre « dans les prochains mois » entre M. Charest et le gouverneur de New York, David Paterson, afin de fa i re le point s ur l e dossier. En attendant, « il faut que les autorités politiques soient conscientes des constats qui ont été amenés ».
Dépassé par l’Ontario ?
Mentionnant que le trajet Albany-Buffalo arrivera à un jet de pierre de Niagara Falls, au Canada, le député péquiste François Rebello estime que « le Québec a perdu la bataille par rapport à l’Ontario ».
« On n’a pas le TGV parce que le premier ministre n’a pas fait son travail », poursuit celui qui suit le dossier de près.
Il souligne que les exportations québécoises sont trois fois moins importantes dans le nord-est américain qu’elles ne le sont en Ontario. « L’absence de lien de transport facile engendre un coût économique », dit-il.
L e bureau du premier ministre Charest estime plutôt que c’est ce gouvernement que le projet a repris vie. Et on ne voit pas d’un mauvais oeil le fait qu’une ligne de train plus rapide arrive du côté de Niagara Falls : quand le t r ajet Québec-Windsor sera construit , estime M. D’Amours, et qu’il se rapprochera du trajet AlbanyBuffalo au sud, « ce sera tout un i ncitatif pour les Américains de venir se brancher » et ainsi compléter une grande boucle.
En attendant, le délégué général laisse entrevoir une réduction du temps à la frontière : « Là-dessus, avec de la bonne volonté, on peut faire un bout rapide, qu’on ait un TGV ou non.

Relier Montréal à New York
Un TGVQuébec-Windsor n’aura jamais l’attrait d’un lien nord-sud pour Montréal
Ces jours-ci, encore à cause d’un étranger ( Barack Obama), le Québec se remet à rêver de son axe économique nord-sud. Cet axe qui, pourtant, a toujours fait l’envie des autres provinces et même d’autres pays du monde comme la France, mais que trop souvent, les Québécois eux-mêmes oublient.
Le train à grande vitesse doit partir de Montréal et relier New York en priorité.
Il aura fallu qu’un président d’un autre pays avance par ricochet, en parlant de cette nouvelle économie liée par le train plutôt que par l’automobile, que notre intégrité territoriale passe par l’intégration encore plus forte de nos deux pays.
Pourtant, cette idée a déjà été présentée et soutenue par des milliers de Québécois engagés dans le commerce entre les États-Unis et le Canada depuis des lunes: la nature du commerce international québécois est d’abord nord-sud et non est-ouest. Ce n’est pas la sacrosainte France qui va assurer l’avenir économique du Québec.
Le Québec va prospérer le jour où il va prendre la décision de se concentrer sur le grand triangle Montréal-Boston-WashingtonChicago. Le Québec va prospérer lorsqu’il va se concentrer sur son commerce nord-sud, d’abord vers les États-Unis, puis vers l’Amérique du Sud.
Le train à grande vitesse doit partir de Montréal et relier New York en priorité. Il doit aussi y avoir un embranchement à Albany qui reliera Boston en passant par Springfield au Massachusetts. On pourrait même revoir le lien proposé à l’époque entre Montréal et Burlington-Manchester-Boston.
Le train Québec-Windsor n’aura jamais l’attrait d’un lien nord-sud pour Montréal, la démographie et la richesse collective allant de soi. Québec et Ottawa ne doivent pas prioriser cet axe. Il serait suicidaire au plan économique et même touristique de penser qu’il y aurait un avantage à réaliser ce projet.
La Nouvelle-Angleterre, c’est 15 millions de personnes à deux pas de chez nous et NewYorkmétropolitain c’est 20 millions de personnes. Dois-je vraiment vous sortir les chiffres de l’Ontario? D’ailleurs pourquoi le lien naturel nord-sud existe-t-il entre Vancouver-Seattle et Portland, mais que nous, ici, nous devrions prioriser l’axe est-ouest?
N’allez surtout pas croire que je suis un séparatiste convaincu qui veut briser le Canada, loin de là. Toronto et Windsor pourront bien créer leurs liens eux aussi s’ils le souhaitent avec le sud. Non, en fait, je vois même le Québec comme leader canadien du commerce avec les États-Unis. Et j’en rajoute même en imaginant le Québec comme principale porte d’entrée des Européens en mal d’Amérique qu’ils soient commerçants ou touristes.
Faut-il vraiment que la bonne idée vienne de l’extérieur pour que nos gouvernements l’envisagent?
En Nouvelle-Angleterre, le grand projet Boston-New YorkWashington se réalise. Les études ont été faites et les gouvernements des États concernés finissent présentement de s’entendre sur les tracés et les ajustements techniques d’utilisation des rails. Il reste à ajuster le cas de la ligne de train de banlieue Métro North à New York qui se rend jusqu’à New Haven au Connecticut et qui commanderait des transformations majeures si le train à haute vitesse voyait le jour dans son entité complète.
Il manque cependant à l’Amérique du Nord ce concept d’intégration territoriale que les Européens ont réussi à créer de manière habile. Nous n’aurons pas le choix d’arriver un jour ou l’autre à un vrai traité de libre-échange, ce qui n’est pas le cas de l’ALENA en ce moment.
Il se pose aussi l’éternelle question de la douane entre les deux pays dans l’optique ou un train relierait Montréal à New York et à Boston si l’intégration territoriale ne peut se faire. Pourtant, une partie de la solution vient de la carte NEXUS que plusieurs grands voyageurs se procurent et qui permet de passer la douane sans même rencontrer un douanier, et ce, des deux côtés de la frontière.
Le premier ministre d’un pays ou d’une province qui osera aller si loin sera celui qui permettra l’intégration territoriale canadoaméricaine, la solution ultime à la sécurité économique de nos deux pays liés inévitablement et à tout jamais par une histoire commune et intégrée. C’est aussi ça, le commerce de proximité.


RAGE ETOPTIMISME À L’ASSEMBLÉE DE BCE
Le conglomérat maintient ses cibles malgré la crise
BCE a épargné tellement d’argent grâce à son « plan de 100 jours » qu’elle n’aura pas besoin de revoir ses cibles à la baisse cette année, a fait valoir hier le grand patron du groupe, George Cope.
George Cope, grand patron de BCE
Cette confiance de Bell Canada Entreprises tranche net avec l’annonce faite hier par son grand concurrent, Telus. La société albertaine a réduit de 350 millions de dollars ses prévisions de revenus pour 2009, en raison de « l’aggravation de la situation économique » au pays.
George Cope, à l’opposé, estime que toutes les mesures mises en place pendant les 100 premiers jours de son mandat qui a commencé en juillet dernier – notamment l’abolition de 3500 postes – ont donné une bouffée d’oxygène à BCE.
« Nous croyons maintenant avoir la flexibilité nécessaire pour maintenir nos cibles de BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) », a-t-il dit en marge de l’assemblée des actionnaires, à Toronto.
Cope, confiant dans les progrès de l’entreprise, cherche en quelque sorte à marquer une rupture avec les deux dernières années remplies de turbulences. Mais les actionnaires et employés du conglomérat montréalais n’ont pas tourné la page.
Une vive frustration a marqué la plupart des interventions au micro pendant l’assemblée d’hier.
La faible valeur du titre de BCE en Bourse, le recours à la soustraitance et les salaires des dirigeants gonflés aux stéroïdes en 2008 ont fait l’objet de plusieurs commentaires émotifs.
Un actionnaire a ainsi dénoncé les primes versées l’an dernier à plusieurs hauts dirigeants pour la « fermeture du capital » de BCE, même si le rachat par Teachers’ et ses partenaires a avorté. Les six principaux leaders de BCE se sont partagé 43 millions en salaires et primes l’an dernier, dont 21 millions pour le président sortant Michael Sabia.
« Le prix de l ’action est aujourd’hui plus bas qu’il ne l’était quand Michael Sabia est entré en poste! a lancé l’actionnaire. Comment peut-on récompenser cette absence de leadership? »
Thomas O’Neil, nouveau président du conseil de BCE, a tenu à rappeler que tout le monde a été pénalisé par l’échec de la transaction, qui aurait totalisé 51,7 milliards. Les patrons comme les travailleurs.
Nancy Carmichael, chez Bell Canada depuis 35 ans, a pour sa part déploré que le conseil ait écarté une proposition qui visait à réduire la rémunération des dirigeants et administrateurs. La moindre des choses, selon elle, dans le contexte de compressions qui prévaut ces jours-ci chez Bell.
« Vous demandez beaucoup à vos employés, mais vous n’êtes pas prêts à faire vous-même un effort, a-t-elle lancé. Quel message leur envoyez-vous ? »
Le Mouvement de défense et d’éducation des actionnaires (MEDAC) a par ailleurs présenté une série de propositions, presque toutes rejetées par le conseil. Celle portant sur un nouveau « vote consultatif » a toutefois été adoptée à 93%. Les actionnaires pourront ainsi se prononcer sur la politique de rémunération des dirigeants de BCE dès 2010.
Virgin Mobile
Peu avant l’assemblée, BCE a annoncé le rachat des 50% de Virgin Mobile qu’elle ne possédait pas. La transaction, réalisée au coût de 142 millions de dollars, permettra à l’entreprise de mieux affronter les nouveaux concurrents qui devraient entrer dans le paysage canadien du sans-fil au cours des prochains mois, espère George Cope.
Virgin – qui vise surtout une clientèle frugale – sera distribué à large échelle dès janvier dans les 750 magasins La Source que BCE a récemment acquis.
« Nous sommes à la traîne de nos concurrents en termes de distribution, mais nous serons maintenant à leur niveau », a dit M. Cope pendant l’assemblée.
BCE a aussi publié hier ses résultats pour le premier trimestre de l’exercice financier 2009. Les revenus ont reculé de 0,5%, à 3,6 milliards. Et le bénéfice net a atteint 377 millions, ou 48 cents par action, en progression par rapport aux 258 millions (32 cents) engrangés l’an dernier.
L’analyste Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, a jugé cette performance satisfaisante. « Cela vient démontrer le bien-fondé des éléments de stratégie que les dirigeants ont dévoilés pendant la conférence des investisseurs de février », a-til écrit dans un rapport.
Les marchés ont reçu ces résultats avec un grain de sel. Le titre de BCE a clôturé en baisse de 1,17$, à 24,90$ hier, à la Bourse de Toronto.




Vers un nouvel ordre économique  -  Malorie Beauchemin
Sommet du G20 Les pays émergents remportent une importante victoire
PITTSBURGH — Les pays émergents, avec en tête la Chine, l’Inde, le Brésil et bien d’autres, auront dorénavant droit de cité au chapitre de la gouvernance économique mondiale, au même titre notamment que les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Canada.
Concluantletroisièmesommet du G20 en moins d’un an, hier à Pittsburgh, en Pennsylvanie, les dirigeants des principaux pays industrialisés et émergents ont convenu de faire de cette nouvelle tribune le principal forum économique international, supplantant le G8, qui ne laissait la place qu’aux pays riches.
Les épouses des chefs d’État du G20 en visite à Pittsburgh ont posé pour les photographes dans une école de la ville. Dans la rangée avant, de gauche à droite : Marisa Leticia Lula da Silva (Brésil), Michelle Obama, Ani Bambang Yudhoyono (Indonésie), Carla Bruni et Svetlana Medvedev (Russie). Dans la rangée arrière, à partir de la gauche : Filippa Reinfeldt (Suède), Laureen Harper, Sarah Brown (G.-B.), Miyuki Hatoyama (Japon) et Ban Soon Taek (femme du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon).
Pour le premier ministre canadien, Stephen Harper, la nouvelle réalité internationale rendait ce changement incontournable. «Nous avons maintenant une vraie économie mondiale, a-t-il dit à l’issue du sommet de deux j ours. L’époque où on pouvait discuter des enjeux économiques cruciaux seulement entre pays développés est révolue.»
« On sait, par l’expérience historique, que les marchés ont besoin de gouvernance, de règles, de transparence. On est en train de créer un tel système, qui a la fin de cette récession, va nous donner un monde tout à fait différent», a ajouté M. Harper, jugeant que la présence des pays émergents dans la prise de décision était une question d’efficacité.
Les participants au sommet se sont engagés, dans une déclaration commune, à établir des règles strictes de gouvernance des banques et autres institutions économiques, mais aussi des grandes organisations financières internationales, pour assurer une croissance viable et équilibrée de l’économie et éviter que ne se reproduise une crise de l’ampleur de celle qui a frappé l’ensemble de la planète dans la dernière année.
Le premier ministre canadien a toutefois estimé que le G8 avait toujours sa place dans l’échiquier international, étant un forum plus intime. «Ce serait insensé de ma part de nier que de faire partie d’un groupe de 20 plutôt que d’un groupe de 8 va changer la dynamique», a souligné M. Harper, interrogé à savoir s’il craignait que la voix du Canada soit diluée dans un plus grand forum.
Le Canada, à court terme, ressort de l’exercice de Pittsburgh avec beaucoup de visibilité, puisqu’il sera maintena nt l’hôte d’un prochain sommet du G20, en parallèle à celui du G8 organisé dans la petite municipalité de Huntsville, en Ontario, en juin 2010.
« Mais à l ong ter me, le Canada devra trouver des moyens de se démarquer, ayant maintenant davantage de pays avec qui il sera en compétition», a indiqué Andrew Cooper, directeur associé au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, pour qui les pays émergents ont obtenu, hier, une «grande victoire».
Changements climatiques
La grande perdante de cette avancée « historique », selon M . Cooper, pou rrait bien être l’ONU, à qui les grandes puissances ont pour ainsi dire délégué l’issue des négociations visant à conclure une entente sur la lutte contre les changements climatiques à la Conférence de Copenhague, en décembre prochain.
La déclaration finale de ce sommet contient en effet bien peu d’engagements concrets pour l’environnement, si ce n’est de la promesse de «n’épargner aucun effort pour parvenir à un accord dans les négociations de la Convention-cadre des Nations unies su r les changements climatiques».
«Malheureusement, la déclaration d’aujourd’hui du G20 ne contient rien pour faire avancer les pourparlers sur l’enjeu fondamental du soutien financier pour aider les pays plus pauvres à s’attaquer aux changements climatiques», a déploré Claire Demerse, directrice associée du programme sur les changements climatiques à l’Institut Pembina.
L’impasse persiste entre pays riches et pauvres sur la question, à deux mois du sommet qui doit déboucher sur une entente internationale pour encadrer les réductions d’émissions de gaz à effet de serre après 2012, année où se terminent les engagements contenus dans le Protocole de Kyoto.


PITTSBURGH  Vers des règles contraignantes pour les banques  -  Malorie Beauchemin
PITTSBURGH — C’est dans une ville transformée en forteresse, entre manifestants et forces de l’ordre, que les leaders des plus grandes puissances économiques du monde ont amorcé hier, à Pittsburgh, une discussion de 24 heures qui devrait préparer le terrain pour de nouvelles règles de gouvernance dans le monde financier.
Les pays du G20 seraient sur le point de s’entendre sur une réglementation contraignante des primes octroyées aux dirigeants des banques, ont estimé hier de hauts fonctionnaires canadiens.
La police et la garde nationale sont intervenues à l’est du centre-ville de Pittsburgh pour disperser une manifestation jugée illégale par les forces de l’ordre. Venus dénoncer les abus du capitalisme, plusieurs manifestants portaient le symbole des groupes anarchistes.
Plusieurs mesures sont envisagées, comme de lier les primes attribuées aux dirigeants à la performance de l’institution, pour éviter que certains d’entre eux prennent de trop grands risques et répètent les erreurs qui ont contribué à la crise. Ainsi, les compensations financières ne seraient plus automatiques, mais méritées.
Les principes avaient été élaborés au sommet de Londres, en avril dernier, et pourraient, cette fois, se traduire en pratiques concrètes et applicables dès maintenant.
La France et l’Allemagne réclament toutefois que les pays du G20 aillent encore plus loin, en imposant des plafonds salariaux aux dirigeants des banques. Le sujet devrait donc susciter de vives discussions aujourd’hui lorsque les leaders se retrouveront en session plénière.
Le sommet s’est officiellement ouvert hier en soirée, avec un souper de travail organisé par le président américain Barack Obama, où il a été question de la réforme des institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale.
Le premier ministre Stephen Harper en a profité pour annoncer que le Canada bonifiait son appui à la Banque africaine de développement, pour permettre à cette dernière d’accroître sa capacité de prêt de 2,6 milliards US, grâce à une forme de garantie de la part du fédéral.
Ottawa avait annoncé un capital exigible similaire de 4 milliards en avril dernier pour venir en aide à la Banque interaméricaine de développement. Le Canada milite pour que les pays du G20 remplissent leur engagement de financer adéquatement les institutions financières internationales.
Les leaders des pays riches et émergents devront aussi, au cours de la journée, discuter de l’après-crise, au moment où l’économie mondiale montre des signes de reprise. Mais le premier ministre canadien insistera sur l’importance de continuer la mise en oeuvre des mesures de stimulation économique, pour éviter de provoquer un recul. Par ailleurs, le financement de la lutte contre les changements climatiques fera l’objet d’une discussion à l’heure du midi, à la suite d’un important sommet sur la question à l’ONU en début de semaine.
Grabuge
Mais au moment où les d i r igea nt s a r r iva ient , u n après l’autre, à l’aéroport de Pittsburgh, en après-midi, les rega rds ét a ient plutôt d i r igés u ne trenta i ne de kilomètres plus loin, à l’est du centre-ville, où se déroulait un robuste affrontement entre plusieurs centaines de ma nifesta nts et les forces de sécurité – pratiquement aussi nombreuses.
La police et la garde nationale sont intervenues pour disperser, à coup de menaces, de balles non létales et de gaz lacrymogènes, une manifestation jugée illégale par les forces de l’ordre. Plusieurs manifestants étaient venus dénoncer les abus du capitalisme. Certains portaient le symbole des groupes anarchistes.
L a police de P ittsbu rgh a finalement procédé à une quinzaine d’arrestations. Cette manifestation se déroulait toutefois bien loin de la zone sécurisée pour le sommet.

Le G20 remplacera le G8
PITTSBURGH — Le président a mérica i n Ba rack Oba ma annoncera aujourd’hui que le Groupe des 20 remplacera le G8 en ta nt que principal forum de coordination économique mondiale. Cela ref lète u n rééqu i l ibrage du pouvoir des pays riches vers les marchés émergents, a décla ré u n représenta nt américain à des journalistes à Pittsburgh, sous le couvert de l’anonymat. Par ailleurs, le premier ministre canadien Stephen Harper rencontrera la presse en matinée.



Sommet du G20 à Pittsburgh LA PAIE DES BANQUIERS DANS LA LIGNE DE MIRE  -  Philippe Mercure
Primes des banquiers, réglementation de la finance, programmes de soutien économique... Autant de sujets qui seront discutés par les puissants de ce monde aujourd’hui à Pittsburgh — une ville qui, contrairement à l’économie mondiale, résiste bien à la cri
L’ État doit-i l se mettre le nez dans l es pri mes que versent les banques à leurs employés ? La question risque de provoquer des étincelles au sommet du G20 qui s’ouvre aujourd’hui à P i t t s bu r g h . Au Ca nada , deux banques ont déjà fait le ménage dans leur politique de bonus… et d’autres pourraient bientôt suivre.
La fameuse question de la paie des banquiers demeure un sujet chaud. Déjà, Nicolas Sarkozy a menacé de claquer la porte du sommet du G20 si les gouvernements ne s’engagent pas à plafonner ces primes.
« On discute, cela se bagarre (…) mais il faut qu’on trouve un accord », a affirmé hier le président français à la veille du sommet.
M. Sarkozy a l ’A l lemagne et le gros de l’ Europe derrière lui, mais risque de croiser le fer avec les ÉtatsUnis et le Royaume-Uni. Ces deux pays veulent préserver l’attractivité de leurs centres f i nanciers et s’opposent à ce que les gouvernements limitent les bonus versés aux banquiers.
La Réserve fédérale américaine a bien indiqué qu’elle souhaite pouvoir superviser les politiques de rémunération des banques, mais cette position reste en deçà de la position européenne et n’a pas reçu l’aval de la Maison-Blanche.
Le Canada n’échappe pas au débat. Mardi, la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, a affirmé lors d’une allocution que réglementer les primes versées aux banquiers n’est pas la solution aux problèmes du système financier.
Des banques canadiennes réagissent
Toute cette question fait suite à la débâcle du système financier l’an dernier, quand les gouvernements du monde avaient dû voler au secours des banques. Plusieurs ont placé la rémunération des courtiers au banc des accusés, affirmant que leurs bonus les incitent à prendre des risques à court terme sans se soucier de la viabilité des opérations.
Certaines banques canadiennes, conscientes du problème, ont déjà réagi sans attendre la réglementation. La division valeurs mobilières de la Banque Royale a justement révisé cette semaine la façon dont elle paie ses courtiers et ses banquiers d’affaires.
Au menu: répartir les primes sur une plus longue période pour éviter de récompenser la prise de risques à court terme, et obliger les directeurs exécutifs à détenir un minimum d’actions question d’enligner leurs intérêts avec ceux des actionnaires.
La Banque Royale se réserve aussi le droit de retirer une prime versée à un employé en cas de fraude ou de mauvaise conduite de sa part.
La Royale est la deuxième banque au pays à modifier la politique de rémunération de ses courtiers suite à la crise financière. Au printemps, la Banque Scotia avait adopté des mesures similaires.
Brian Barsness est viceprésident aux ventes et aux opérations c hez Meritas Financial, un gestionnaire de fonds mutuels qui a convaincu les banques de soumettre l a rémunération de l eurs hauts dirigeants au vote des actionnaires.
I l se réjouit de voir les deux banques canadiennes modifier leurs politiques de rémunération.
« C’est un grand pas dans la bonne direction », commente-t-il, disant s’attendre à voir les autres banques canadiennes suivre le mouvement. La Banque Nationale et le Mouvement Desjardins ont effectivement confirmé à La Presse Affaires qu’ils en sont aussi à réviser les politiques de rémunération des courtiers des marchés financiers.
« Même si chez nous il n’y a pas eu d’abus, il reste que c’est un dossier sur lequel o n o bs e r ve la t e nda nce mondiale. Notre direction est en t r a i n d’exa miner ça », a dit André Chapleau, porte-parole du Mouvement Desjardins, expliquant que la coopérative ne peut payer ses banquiers en actions et doit donc trouver des « formes de rémunération originales. » « On suit les développements dans le domaine, on regarde ce que font les organismes internationaux, et actuellement il y a des discussions à l’interne », a aussi confirmé Denis Dubé, porte-parole à la Nationale.
La Banque Laurentienne a expliqué que sa division « valeurs mobi l i ères » est encore petite et ne nécessite pas de changements immédiats, mais on dit garder les yeux ouverts sur ce qui se passe.

Du côté de la Banque de Montréal, on a dit « évaluer régulièrement les modes de rémunération des différentes lignes d’affaires » sans annoncer de changements particuliers. Valeurs mobilières TD a affirmé être déjà un « leader en termes de gouvernance » et dit ne considérer que des ajustements mineurs.

Le G20 en cinq questions -  Laura-Julie Perrault
Le G20, qu’est-ce que ça donne au-delà de la jolie photo de famille des leaders politiques ? Le club des 20 guéritil vraiment les maux économiques et financiers de la planète ? Survol des tenants et aboutissants alors que le sommet de Pittsburgh s’ouvre aujourd’hui.
QQ u’e s t-
ce que l e G20 ? Pourquoi a-t-il été créé ? R C’est à Washington DC, en novembre 2008, qu’a été créé le sommet des leaders du G20. Il diffère d’une autre entité, fondée en 1999, portant le même nom, mais qui regroupe uniquement des ministres des Finances. Créé en réponse à la crise économique mondiale, le G20, qui se réunit pour la troisième fois en moins d’un an, regroupe les leaders politiques des pays industrialisés du G8 en plus des chefs politiques de grandes économies émergentes, dont la Chine et l’Inde. Son mandat principal est de trouver des solutions à la crise économique et financière actuelle. Q En
quoi les économies émergentes, qui n’ont pas été à l’origine de la crise, bénéficientelles de ce forum ? R « C’est beaucoup mieux pour ces pays que le G8. Ils ont voix au chapitre. Avant la crise économique, peu de leaders – dont G eorge W. Bush – croyaient à la nécessité d’un tel forum. Mais la crise est arrivée et on a réalisé que ça ne pouvait pas se régler seulement entre pays riches. On avait besoin d’un rééquilibrage de certaines relations économiques mondiales. Il était évident que des pays comme la Chine et le Brésil avaient quelque chose à dire sur le sujet », explique l’économiste Daniel Schwanen, directeur adjoint aux programmes du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale (C IGI ), qui vient de consacrer une étude aux enjeux auxquels le G20 doit faire face à Pittsburgh. QL e
G20 fait-il bien son travail ? R «Ce groupe a été important pour maintenir la confiance à l’endroit de l’économie mondiale qui commençait à nous échapper. Il y a eu un mouvement commun pour faire face à la crise économique. Ça aurait été catastrophique si les plus grandes économies du monde avaient pris des mesures contraires les unes des autres pour gérer la crise», explique M. Schwanen, en ajoutant que le G20 a fait bonne figure dans sa gestion des stimulants économiques pour relancer l’économie mondiale, mais qu’il n’a pas été aussi performant pour revoir la réglementation financière. «Ça prend des solutions à court terme, mais si on ne résout pas à long terme les problèmes qui ont mené à la crise, le G20 aura échoué.» Q Quels
sont les enjeux de la réunion de Pittsburgh ? R « C’est une réunion cruciale. L a question qui se pose à Pittsburgh est la suivante : peut-on arriver à une entente sur la structure des ma rchés financiers ? », souligne Daniel Schwanen. Les pays du G20 s’entendent sur le diagnostic de la crise financière, notamment sur le fait qu’il y a eu des excès dans la spéculation financière, mais trouver un remède commun n’est pas évident. Des différences idéologiques majeures sont notamment apparues entre les États-Unis et l’Europe. « Le pire qui peut arriver est que des pays partent en claquant la porte », croit l’économiste. Q Et
le Canada dans tout ça ? R « Le Ca nada a rrive au sommet avec une bonne réputation. Nous ne sommes pas un des pays demandeurs. O n veut su r tout voi r les autres redresser la situation chez eux. On veut aussi se sortir de la crise sans trop c réer d’i n f lation et on va privilégier les mesures qui vont en ce sens », esti me M. Schwanen. « Le Canada est aussi da ns une bonne sit uation pou r bâti r des ponts entre les pays qui ont des opinions divergentes », conclut l’expert.

Un exemple pour le G20
La renaissance de Pittsburgh, une inspiration pour les chefs d’État
La métamorphose de Pittsburgh, qui est passé de symbole de délabrement urbain à centre de haute technologie et de services de santé, pourrait offrir certaines leçons aux ministres des finances du G20 qui se réunissent dans la ville à compter d’aujourd’hui. Mais les problèmes financiers persistants de Pittsburgh ont aussi de quoi les faire réfléchir.
Pittsburgh a survécu à l’implosion de sa principale industrie, l’acier, et à la perte d’une génération de travailleurs. Son taux de chômage (7,8 %) est près de deux points de pourcentage sous la moyenne nationale et il est faible parmi les grandes villes américaines. Son taux de saisies de maisons est l’un des plus faibles du pays.
Ces victoires sont toutefois tempérées par le fait que les finances de Pittsburgh demeurent sous le contrôle effectif de l’ État de Pennsylvanie, la ville étant aux prises avec un manque de près de 1 milliard US au chapitre des pensions et de ses obligations, un héritage de sa douloureuse transformation.
« Le message de Pittsburgh est qu’on peut se r emettre d’un recul économique d’i mportance grâce à du soutien et au leadership qui convient » , assure Harold Miller, président de Future Strategies, un cabinet de consultants pour entreprises établi à Pittsburgh. « L’autre leçon de Pittsburgh, ajoutet-il, est celle-ci : ne tentez pas de vous accrocher trop longtemps ou d’attendre de retrouver ce que vous avez perdu pour vous remettre sur les rails. »
Pittsburgh a été anéanti lorsque la concurrence venue de l’étranger, des nouvelles technologies et une récession nationale se sont combinées pour faire presque disparaître l’industrie de l’acier de la région dans les années 80. De 1981 à 1984, Pittsburgh a perdu 120 000 emplois dans le secteur manufacturier.
« C’est beaucoup d’emplois en peu de temps et dans une base industrielle non diversifiée », observe Christopher Briem, un économiste du Center for Social and Urban Research de l’ Université de Pittsburgh. « Il n’y avait rien pour contrer le ralentissement économique, ajoute-t-il. Cela a créé une grande migration vers ailleurs. »
Ce sont les travailleurs dans la vingtaine et la trentaine qui ont été les plus affectés. Plus de 50 000 d’entre eux ont quitté au milieu de la décennie, un formidable déplacement démographique qui se fait encore sentir. Pittsburgh est la seule grande région métropolitaine des ÉtatsUnis où le nombre de décès excède celui des naissances chaque année, selon le Census Bureau.
« Ils ont emmené avec eux leurs familles et leurs futures familles, dit M. Briem. Toute une génération de personnes entre 20 ans et 40 ans. Nous avons perdu non seulement des tas de gens, mais les personnes qui étaient les mieux à même de prendre en charge les nouvelles industries et d’acquérir de nouvelles habiletés. »
La renaissance de Pittsburgh fut le résultat d’un « mélange de certaines circonstances fortuites, de stratégie et de chance », selon M. Miller, de Future Strategies.
La c hance : l ’ Université de Pittsburgh et l’ Université Carnegie Mellon ont fourni des t a l ents essent i els en recherches et ont servi d’incubateurs d’entreprises. En outre, Pittsburgh disposait d’un important centre de services de santé, un héritage des aciéries qui favorisaient par leur présence une société au sein de laquelle on demeurait du berceau jusqu’au tombeau. Et puis, Carnegie Mellon fut un pionnier dans l’étude de la robotique.

Ainsi, en 1987, RedZone Robotics Inc. a essaimé de Carnegie Mellon et ses machines permettent aux villes d’inspecter les tuyaux d’égout pour vérifier s’ils présentent des dommages mais sa ns qu’on ait besoin de creuser pour ce faire. « Pittsburgh est un exemple de ce qu’on peut réussir à faire », affirme Paul O’Neill, ex-président d’Alcoa et ancien trésorier dans l’administration George W. Bush.

Sommet du G20 à Pittsburgh  Harper prudent devant la reprise -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Malgré les signes de reprise de l’économie mondiale, les pays doivent demeurer prudents, et s’assurer que les mesures de stimulation budgétaire continuent à être mises en oeuvre pour éviter de compromettre la relance.
La police a arrêté 14 personnes, la plupart des militants de Greenpeace, hier à Pittsburgh, à la veille du sommet du G20. Les militants de Greenpeace, suspendus à un pont, avaient déployé une immense banderole sur laquelle on pouvait lire : « Danger. Climate destruction ahead. »
Tel est, en substance, le message que viendra livrer le premier ministre Stephen Harper à Pittsburgh, où sont rassemblés, à partir d’aujourd’hui, les dirigeants des 20 plus grandes puissances économiques au monde.
« Ce qui est important maintenant, autant au niveau national qu’international, c’est que tous les pays du G20 finissent le travail, en s’assurant que l’implantation des mesures de stimulation continue à se faire dans chacune des économies nationales », a souligné le porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas.
Au-delà de la définition technique du moment où prend fin une récession, le gouvernement canadien prévoit que « le travail » sera fini seulement lorsque des signes tangibles de reprise seront visibles, pendant plusieurs mois, y compris une croissance économique et la création d’emplois.
« Même si l ’é c o n o m i e démontre certains signes de reprise, cette reprise demeure fragile », a ajouté M. Soudas.
Étant donné ces signes positifs dans l’économie, la tentation pourrait être grande de baisser la garde, estiment les hauts fonctionnaires du gouvernement. Or, il faut à tout prix démontrer qu’on a tiré des leçons et éviter de répéter « les erreurs du passé ».
A insi, les pays du G20 poursuivront, aujourd’hui et demain, les discussions entourant une réforme des règles du secteur financier et des institutions internationales.
Sur cet aspect, le Canada continuera d’envoyer le même message que lors des rencontres précédentes avec les leaders du G20 : une réglementation efficace commence à la maison. C’est en ayant déjà des mesures de régulation domestiques, croit le gouvernement canadien, que les pays industrialisés et émergents pourront ensuite instaurer des normes internationales plus sévères.
La rémunération des dirigea nts , nota m ment des banquiers, sera vraisemblablement au coeur des préocc upations . L e président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, militent depuis quelque temps pour l’adoption de plafonds salariaux afin de contrer l’attribution de généreuses primes.
M. Harper entend pour sa part promouvoir de nouveau la lutte contre le protectionnisme, alors que plusieurs pays ont adopté des mesures pour protéger certains pans de leur économie, ce que dénonce le Canada.
Enfin, la rencontre des dirigeants des 20 plus grandes économies sera aussi l’occasion de comparer les progrès accomplis et d’amorcer une discussion sur la suite des choses.
« Alors que la reprise semble bien engagée, les pays du G20 doivent aussi commencer à planifier leur stratégie de retrait, pour ce qui est des mesures de stimulation à court terme », a souligné le porteparole du premier ministre.
Le Canada entend continuer la mise en oeuvre de son plan économique jusqu’en mars 2011, mais le gouvernement conservateur est clair depuis longtemps : les mesures de stimulation ne seront pas reconduites.



WASHINGTON 
Le G20 sous le signe de la reprise
Dans leur troisième rencontre en un an, les dirigeants dresseront leur bilan et cimenteront la réforme de la supervision du secteur financier
WASHINGTON — Un an après l’éclatement de la crise, les dirigeants des 20 plus grandes économies de la planète vont se pencher au chevet de la finance mondiale à partir de jeudi à Pittsburgh, alors que se précise la fin de la récession.
Le David Lawrence Convention Center de Pittsburgh, où aura lieu le G20 à compter de jeudi.
Apr è s Wa s h i ng t o n e n novembre 2008 et Londres en avril dernier, Pittsburgh est le troisième rendez-vous du G20, qui rassemble les principaux pays industrialisés ainsi que les grands pays émergents comme la Russie, la Chine et le Brésil.
Les chefs d’État et de gouvernement attendus se retrouvent dans un contexte moins tendu, avec la reprise des indices boursiers et le ralentissement des suppressions d’emplois dans la plupart des pays membres, qui font espérer une reprise de la croissance l’an prochain. Mais les économistes s’interrogent sur la solidité de la reprise et des établissements financiers, un an après la chute de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008.
Les participants vont pouvoir tirer le bilan de leurs réunions précédentes, notamment les progrès obtenus dans la lutte contre les paradis fiscaux. Reste à cimenter la réforme de la supervision du secteur financier, qui fait l’objet de tiraillements entre Européens et Américains.
Jeudi, les dirigeants de l’ Union européenne réunis à Bruxelles ont mis la pression sur les États-Unis pour obtenir des règles strictes de limitation des primes bancaires. Les Américains souhaitent pour leur part relever les exigences en matière de fonds propres des banques, ce qui inquiète de l’autre côté de l’Atlantique.
Avec l’amélioration de la conjoncture, certains redoutent que les f i nanciers ne retombent dans les travers qui ont conduit à la crise.
Outre la crise, le G20 parlera climat, avant la réunion de Copenhague qui doit fixer de nouveaux objecti f s de réduction des émissions de gaz à effet de serre en décembre. Les pays pauvres attendent une aide de ceux du Nord et espèrent obtenir à Pittsburgh des indications en ce sens.
Premier grand rendez-vous
Le sommet sera le premier grand rendez-vous international présidé par le président américain Barack Obama, lui-même sous forte pression à domicile au sujet du climat et des règles à imposer à Wall Street.
M. Obama entend faire de Pittsburgh une vitrine de reconversion réussie de l’industrie lourde à l’industrie verte. Les altermondialistes ont de leur côté prévu de manifester dans une ville qui a appelé en renfort 4000 policiers fédéraux.



« VENTE DE FEU ? »  -  Martin Coiteux
OPINION Comme monnaie de référence, un panier de devises serait une solution de rechange dépolitisée à un dollar américain en déclin
Un a n après l a fa i l l ite de Lehman Brothers, serions-nous revenus à la case départ? Bien avant que ne croulent des piliers du marché financier américain, les investisseurs cherchaient déjà frénétiquement une alternative au dollar, poussant ainsi le cours de l’euro, mais encore plus celui du dollar canadien à des sommets pratiquement inégalés. Pour le dollar canadien comme pour l’euro, il semble aujourd’hui que la crise financière et la récession mondiale qui s’en est suivie n’aient constitué qu’un bref moment de répit.
L’euro, mais aussi, le yen, la livre sterling, le yuan, le real et les dollars canadien et australien pourraient faire partie du panier de devises pour le remplacement éventuel du dollar américain.
L a pol i t i que monéta i r e expansionniste de la Réserve fédérale américaine consécutive à la panique financière de 2008 a provoqué une augmentation spectaculaire de la demande pour les bons du Trésor, impliquant une chute drastique de leur rendement et une forte remontée parallèle des cours de la Bourse. Une fois les taux d’intérêt ramenés à zéro, il n’y a plus d’autre trajectoire qu’une hausse éventuelle qui sera dommageable tout autant aux bons du Trésor qu’à la Bourse. La politique monétaire américaine ayant été beaucoup plus expansionniste qu’ailleurs, il est normal que les investisseurs prennent leurs profits et diversifient leurs actifs ailleurs dans le monde. Cela explique en partie le retour à la case départ.
Une nouvelle partie va maintenant commencer. À ce jeu, le pronostic n’est pas nécessairement positif pour le dollar américain, surtout à long terme. La spirale de la dette américaine commence à ressembler dangereusement à celle vécue par le Canada de 1985 à 1995. Des taux d’intérêt croissants s’appliqueront à une dette croissante alors que la classe politique aura les plus grandes difficultés à prendre les décisions qui s’imposent.
Les créanciers des États-Unis, aux premiers rangs desquels figure la Chine, ont commencé à prendre note. Ni la Chine, ni les États-Unis, ni même l’ Europe ou le Canada n’ont cependant avantage à ce qu’une « vente de feu » vienne plomber le dollar américain au point où toute reprise durable de l’économie mondiale ne soit possible. L’Europe pourrait-elle vivre avec un euro à plus de 2$ US et qu’arriverait-il au Canada si le dollar canadien devait un jour atteindre les 1,30$ US?
C’est pourquoi les Canadiens feraient bien de s’intéresser davantage à une idée chinoise avancée au printemps dernier. Le temps est peut-être venu de mettre de l’ordre dans le système financier international et de trouver une solution de rechange dépolitisée au dollar. Par alternative dépolitisée, les Chinois entendent le remplacement graduel du dollar américain comme monnaie de référence dans les transactions internationales par un panier incluant plusieurs devises.
En pratique, cela passerait par l’élargissement de la définition actuelle du Droit de tirage spécial (DTS), un panier de monnaies créé par le FMI en 1969. Au panier actuel incluant le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling, il conviendrait d’ajouter le yuan chinois mais aussi le real brésilien et même les dollars canadien et australien. Les grandes banques centrales échangeraient alors leurs avoirs de réserve, actuellement détenus majoritairement en dollars américains, contre ces DTS, auprès du FMI.
Le FMI serait en outre investi de nouveaux pouvoirs lui permettant d’offrir aux banques centrales des États membres les services typiques d’une banque centrale fédérée, y compris le pouvoir de créer de la liquidité. Il faudrait bien sûr revoir la structure décisionnelle actuelle au sein du FMI afin de tenir compte de l’importance dans l’économie mondiale devenue capitale des pays émergents, la Chine en tête.
S’agit-il là d’une idée utopique? Les obstacles techniques ne manquent pas et la volonté politique a sans doute encore besoin de vivre au moins une nouvelle crise. Mais si un jour devait finalement avoir lieu la « vente de feu » tant appréhendée du dollar américain, nous reviendrons sans doute à une version revue et corrigée du plan chinois. À moins que nous ne souhaitions nous enfoncer dans le protectionnisme et le chacun pour soi nationaliste…


Faiblesse du billet vert : L’Europe s’inquiète
BRUXELLES — Les pays de la zone euro se retrouvent pris au piège de la baisse du dollar américain, qui fait les affaires de l’administration Obama, mais hypothèque en Europe les chances d’une reprise économique s’annonçant déjà très faible.
La monnaie unique européenne s’est approchée de 1,50$ US la semaine dernière.
Après avoir grimpé à la fin de 2008 avec la crise grâce à son statut de valeur refuge, le dollar est retombé durant toute l’année, permettant à l’euro de grimper d’environ 18% face au dollar depuis le début de mars.
Et ce mouvement a « toutes les chances de se poursuivre », selon Véronique Riches-Flores, économiste à la Société Générale.
L’affaiblissement du dollar est dû à l’optimisme des investisseurs quant à la situation économique, qui les pousse à se tourner vers des monnaies plus rémunératrices, mais aussi à des raisons de fond, comme la remise en question de l’avantage de l’économie américaine, explique-t-elle.
Les responsables de la zone euro s’inquiètent de cette évolution. Le président de la Banque centrale européenne ( BCE), Jean-Claude Trichet, a de nouveau dénoncé la semaine dernière les effets d’une excessive volatilité des taux de change, qu’il a qualifiée d’« ennemi » pour l’activité économique.
Le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, s’est dit de son côté « très heureux » d’entendre l’administration américaine répéter « qu’un dollar fort est dans l’intérêt de l’économie » des États-Unis.
Les Européens ne cessent d’exhorter les Américains à ne pas laisser baisser le dollar, mais sans grand effet. Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a soigneusement évité de répondre jeudi dernier à une journaliste lui demandant ce qu’il faisait pour empêcher la baisse du billet vert.



Les nouveaux investisseurs - FRANÇOISE LEMOINE
LaChine et les autres pays du BRIC font de plus en plus d’acquisitions à l’étranger
 Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) sont des investisseurs internationaux de plus en plus actifs.
  La Chine et l’Inde ontmanifestement des ambitions dans le secteur automobile, comme en témoignent le rachat desmarques Jaguar et LandRover par un groupe indien en2008et celui de Rover en 2007 et deVolvo par des entreprises chinoises en 2009.
En 2008, alors que les investissements à l’étranger des pays développés plongeaient de 20% sous l’effet de la crise, ceux du BRIC ont bondi de 50%. Ils ont ainsi représenté environ 8% du total des investissements internationaux, soit huit fois plus qu’en 2001. Ce niveau reste encore relativement faible eu égard aux dimensions de ces grandes économies qui font ensemble 13% du PIB mondial et plus de 15% des exportations mondiales.
Cette progression n’en est donc qu’à ses débuts et leurs entreprises vont poursuivre leur stratégie d’acquisition à l’étranger pour améliorer leur savoir-faire, leur technologie, leursmarques, leurs réseaux de distribution. Elles sont encouragées dans leur internationalisation par leurs gouvernements qui ont progressivement relâché les contrôles sur les sorties de capitaux.
Au sein du BRIC, la Chine est le pays qui a le plus de potentiel pour accroître ses investissements internationaux, car c’est un acteur récent. Le stock d’investissements à l’étranger, en pourcentage du PIB, n’est encore que de 3,5% en Chine, contre 5% en Inde, 10% au Brésil et 12% en Russie. La Chine a fourni seulement 3% des flux internationaux d’investissements en 2008, alors qu’elle est devenue l’année dernière le premier pays exportateur (avec 10% du commerce mondial) et sera en 2010 la deuxième puissance économique (avec 8% du PIB mondial).
En outre, elle a accumulé de réserves de change gigantesques (2400 milliards de dollars), placées largement en bons du Trésor américain, mais elle cherche à utiliser ses ressources financières de manière plus productive. Elle incite ses grandes entreprises à s’internationaliser et a elle créé un fonds souverain (China International Corporation) pour prendre des participations à l’étranger.
Les investissements chinois à l’étranger rencontrent néanmoins des obstacles, car ils sont le fait d’entreprises contrôlées par l’État, et les gouvernements occidentaux les soupçonnent d’être au service d’objectifs politiques ou militaires.
L’année dernière, les ÉtatsUnis se sont opposés au rachat de mines d’or par une société chinoise, et l’Australie s’est opposée au doublement de la part du chinois Chinalco dans le capital du géant de l’aluminium Rio Tinto.
Les investissements chinois se dirigent donc majoritairement vers Hong Kong et vers les pays en développement, notamment en Afrique, ou bien transitent par les paradis fiscaux; l’Amérique du Nord et l’Europe n’en reçoivent qu’une part minime (environ 6% en tout).
Au contraire, les grandes entreprises privées indiennes, internationalisées de longue date, investissent surtout dans les pays développés. Elles sont déjà le deuxième employeur étranger au Royaume-Uni, après les firmes américaines.
À terme, l’expansion internationale des firmes indiennes et chinoises va les mettre en concurrence. Elles le sont déjà pour l’accès aux ressources minérales, qui fait partie de leurs objectifs stratégiques. Le rachat des marques Jaguar et Land Rover par un groupe indien en 2008 et celui de Rover en 2007 et de Volvo en 2009 par des entreprises chinoises témoignent des ambitions des deux pays dans le secteur automobile.

Vers une Union asiatique ? -  Françoise Lemoine
CONJONCTURE Le continent cherche les sources d’une croissance autonome, moins dépendante des pays occidentaux
La Chine est un aimant pour les économies de la région en même temps qu’un frein à l’intégration, tant elle suscite de craintes.
L’Asie est à la pointe de la reprise économique mondiale. Hors Japon, sa croissance atteint 4% cette année, alors que l’économie mondiale est en récession, et elle dépassera sans doute 6% en 2010, deux fois ce qui est prévu pour l’ensemble du globe.
Les économies d’Asie de l’Est (Corée du Sud, Taiwan, Thaïlande, Malaisie), très dépendantes du reste du monde, subissent de plein fouet le choc de la récession mondiale et ne retrouvent que progressivement le chemin de la croissance. C’est aussi le cas du Japon.
Ces bonnes performances viennent essentiellement des grands pays émergents (la Chine, l’Inde, l’Indonésie) qui, grâce à leurs vastes marchés intérieurs, ont amorti le choc de la récession mondiale. Les pays d’Asie du Sud (Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka), peu ouverts au commerce international, affichent aussi une croissance ralentie, mais positive en 2009. Les économies d’Asie de l’Est (Corée du Sud, Taiwan, Thaïlande, Malaisie), très dépendantes du reste du monde, subissent de plein fouet le choc de la récession mondiale et ne retrouvent que progressivement le chemin de la croissance. C’est aussi le cas du Japon.
L’Asie cherche actuellement les sources d’une croissance autonome, moins dépendante de la demande des pays occidentaux qui se dérobe. Les sommets qui ont réuni les pays asiatiques les 24 et 25 octobre en Thaïlande ont montré leur souci de renforcer leur coopération et leurs échanges afin de tirer parti des atouts de la région, parmi lesquels des réseaux denses de production et d’échanges et de vigoureuses politiques de relance de la demande intérieure.
Le cadre institutionnel de l’intégration asiatique est resté léger, constitué essentiellement par des accords bilatéraux de libre-échange et des initiatives de coopération ad hoc ; la plus notable est un fonds multilatéral de réserves de change, de 120 milliards de dollars, qui doit venir en aide aux pays confrontés à une crise financière extérieure.
Mais le manque de coordination des politiques économiques, notamment en matière de taux de change, se fait sentir. Ainsi actuellement, les distorsions de taux de change entre le yen japonais qui s’apprécie face au dollar et les autres monnaies d’Asie de l’Est qui suivent le dollar dans sa dépréciation (notamment le yuan chinois), créent des tensions et perturbent les échanges. Alors que l’Asie a actuellement un poids comparable aux États-Unis ou à l’Union européenne dans l’économie mondiale, aucune monnaie asiatique ne joue un rôle international comparable au dollar ou à l’euro.
Le Japon a récemment proposé la création d’une communauté d’Asie de l’Est, inspirée du modèle de l’Union européenne. Mais le projet reste vague et à long terme. La Chine, dont le poids économique dépassera celui du Japon en 2010, est un aimant pour les économies de la région en même temps qu’un frein à l’intégration, tant elle suscite de craintes. Les obstacles politiques qui entravent l’approfondissement de l’intégration en Asie poussent à son élargissement vers le Pacifique.

Même s’ils ne sont plus le marché le plus porteur, les États-Unis restent indispensables à l’équilibre de la zone. Le sommet de l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation) qui se réunira les 14 et 15 novembre à Singapour vise aussi à trouver dans le commerce entre des deux rives du Pacifique le ressort de la reprise.




LA GÉOPOLITIQUE À L’ÉCHELLE DE VOTRE PORTEFEUILLE  -  Stéphanie Grammond
Au cours des dernières rencontres du G20, tout le monde s’entendait pour dire qu’il ne fallait pas répéter les erreurs de la Grande Dépression, qu’il ne fallait surtout pas que la crise incite les pays à dresser des barrières commerciales.
Mais depuis, cela n’a pas empêché les 20 puissances mondia l es d’adopter une centaine de « mesures protectionnistes qui sautent aux yeux », selon le Centre de recherche en politiques économiques, de Londres.
Au-delà des beaux discours, la plus récente rencontre des chefs du G20, qui s’est terminée hier à Pittsburgh, donnera-t-elle des résultats durables ?
Pierre Fournier n’en est pas convaincu. Après avoir dirigé l’équipe d’analystes financiers de la Financière Banque Nationale durant 17 ans, l’ancien professeur de sciences politiques et économiques est revenu à ses premières amours, devenant consultant géopolitique pour la firme de courtage en 2008.
M. Fournier estime que le rôle du G20 est plus modeste qu’on ne le croit. « C’est un bon forum de discussion où les pays peuvent s’entendre sur des objectifs communs, admet-il. Mais ce n’est pas un organisme décisionnel. Il n’a pas la capacité d’imposer des pénalités. »
Selon lui, les grands enjeux militaires, politiques et économiques se régleront de manière beaucoup plus informelle et secrète entre les cinq superpuissances qui dirigent le monde : les États-Unis, l’Union européenne, la Russie, la Chine et l’Inde.
Duel entre la Chine et États-Unis
Prenez, par exemple, le déséquilibre entre la Chine et les États-Unis, un des plus grands problèmes économiques de l’heure.
« Il faut que ça se règle entre ces deux pays-là. S’ils ne s’entendent pas, les espoirs du G20 ne se concrétiseront pas », estime M. Fournier.
D’u ne pa r t , l a dev i s e chinoise est trop faible face au dollar américain, et les Chinois consomment peu, préférant économiser 50% de leurs revenus. D’autre part, les Américains surconsomment et c’est la Chine qui leur prête.
Mais toute la planète est consciente qu’on ne peut plus se fier seulement aux consommateurs américains pour stimuler l’économie. Et la Chine sait qu’elle ne peut plus miser seulement sur ses exportations. Elle doit encourager sa population à consommer.
« Depuis un an, la Chine a mis en place un système de retraite et d’autres protections sociales pour que les consommateurs se sentent plus à l’aise de dépenser leurs économies. C’est un pas dans la bonne direction », dit M. Fournier.
Quant au yuan, la Chine est prête à bouger. Mais la situation est complexe, car la Chine possède des réserves colossales en dollars américains. Si elle laisse sa devise grimper face au dollar, la valeur de ses réserves diminuera.
Pour se diversifier, la Chine commence à accumuler des réserves minières, de l’immobilier. Elle a même lancé l’idée d’établir une devise internationale de référence, fondée sur un panier de devises mondiales.
Il y a peu de chances que cela se concrétise. « C’est trop compliqué! Mais à l’avenir, les monnaies locales vont jouer un rôle de plus en plus important », prévoit M. Fournier.
Les devises des pays émergents prendront de la vigueur par rapport à celles des pays industrialisés. Comme leurs Bourses, d’ailleurs. « À long terme, les marchés émergents vont surperformer, parce que leurs économies vont croître plus vite que les nôtres », dit M. Fournier.
Les plaques tectoniques bougent
L’expansion des pays émergents fait bouger les plaques tectoniques de la planète économique.
Les États-Unis ne sont plus les maîtres du monde. Les nouvelles superpuissances économiques augmentent leur sphère d’influence. Cela crée des frictions… jusque dans le portefeuille des investisseurs.
La Russie reprend le contrôle de ses anciennes républiques. La Chine étend ses ailes jusqu’en Afrique. Par exemple, elle a allongé des milliards au Congo pour financer un programme d’infrastructures en échange de ressources naturelles.
Du coup, le climat a changé pour l es s ociétés minières canadiennes i nstallées au Congo. First Quantum Minerals avait injecté quelque 300 millions de dollars dans un projet d’exploitation de cuivre et de cobalt. Du jour au lendemain, le gouvernement lui a montré la porte. La semaine dernière, la police est venue fermer la mine. L’action a flanché de 10%.
« Je l’ai écrit avant que ça se fasse, s’exclame M. Fournier. Faites attention ! Il y a de la corruption, de l’instabilité. Le régime en place ne se sent pas lié par les décisions du gouvernement précédent. Ils vont trouver le moyen de déchirer les ententes. »
La guerre des ressources naturelles
Avec la pénurie de matières premières qui s’annonce pour les 20 prochaines années, un combat mondial est en train de s’établir autour de la possession des ressources. Un combat inégal.
« La Chine, l’Inde, les pays du Moyen-Orient achètent comme des fous », constate M. Fournier. Mais la Chine achète pour ses propres besoins à long terme, et non pas pour en faire le commerce sur le marché international. Elle achète par l’entremise de fonds souverains ou de monopoles d’État qui ne se soucient guère des prix de la ressource à court terme.
C’est bien dif férent en Europe et aux États-Unis, où ce sont des entreprises privées qui tirent les ficelles. Tenues en laisse par des actionnaires qui exigent des profits immédiats, elles doivent étudier les projets d’acquisition en fonction du prix des ressources à court terme.
Les gouvernements occidentaux s’en mêleront-i l s pour éviter de perdre la course aux ressources ? Voilà une question cruciale qui se pose au Canada, deuxième plus i mpor t a nte r é s e r ve mondiale de pétrole, avec les sables bitumineux.
« Les Américains considèrent que c’est important pour leur sécurité énergétique à long terme. Mais, comme nous, ils sont réticents, car l’extraction du pétrole est très polluante », explique M. Fournier.
Les Américains ont donc mis la pédale douce, surtout que le prix du pétrole oscille autour de 70 $ US, tout près du seuil de rentabilité pour l’exploitation des sables bitumineux. Mais de son côté, la Chine est prête à payer.
PetroChina vient d’annoncer son intention d’acheter 60 % d’Athabasca Oil Sands pour 1,9 milliard. « Et ce n’est qu’un premier pas, assure M. Fournier. Un jour ou l’autre, la Chine va vouloir acheter un gros acteur. »
Comment d o i t réagir Ottawa? « Ça peut être qu’une entente nord-américaine à l’échelle des gouvernements, où l’on garantirait, par exemple, un prix minimal sur les ressources pétrolières, peu importe l’évolution du marché, et des investissements pour rendre les sables propres », répond M. Fournier.
Bref, une entente qui aurait l’effet indirect de bloquer la Chine… sans dresser de barrière protectionniste.

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Les risques politiques qui guettent les investisseurs  -  Stéphanie Grammond
Un tour d’horizon des points chauds de la planète économique en compagnie de Pierre Fournier, analyste géopolitique à la Financière Banque Nationale
IRAN
La possibilité d’un bombardement américain ou israélien en Iran constitue un risque systémique qui ferait chuter l’ensemble des Bourses et qui ferait exploser le prix du pétrole de façon spectaculaire. « Mais je ne pense pas qu’il y aura de bombardement. »
PAKISTAN
Si le Pakistan, qui possède l’arme nucléaire, tombe aux mains des talibans, toute la région sera déstabilisée. Ce serait un coup dur pour les Bourses. « C’est à suivre, mais le risque est faible à court terme. »
CORÉE
Les récents tests de missiles par le gouvernement communiste de la Corée du Nord ont effrayé les investisseurs. Faut-il en sortir ? « Non: La Corée du Nord veut des denrées alimentaires et de l’énergie. Elle est prête à s’entendre et à laisser tomber son programme nucléaire. »
IRAK
Pour les Américains, la bataille est perdue. L’Irak risque fort de sombrer dans une guerre civile. « Au bout du compte, tout son pétrole va tomber sous l’influence de l’Iran et de la Chine. »
CONGO
Bien des sociétés minières canadiennes (Lundin Mining, First Quantum Minerals) sont présentes au Congo. D’autres sont établies en Zambie, au Ghana, en Afrique du Sud, et Mali. « Je n’investirais pas au Congo. Et de façon générale, je serais extrêmement prudent en Afrique, où il y a peu d’endroits entièrement stables. »
MONGOLIE
La Mongolie est prise en sandwich entre la Chine et la Russie. Mais la Chine considère que le pays est à elle. À long terme, cela pourrait nuire aux sociétés canadiennes présentes (Ivanhoe Mines, Centerra Gold). « Je pense qu’il ne faut pas prendre des risques en Mongolie, même si les projets semblent intéressants. »
TURQUIE
A priori, la Turquie est un allié. Mais qu’adviendra-t-il si l’Union européenne lui claque la porte au nez ? Le pays musulman se tournera-t-il vers le Moyen-Orient ? Pour l’instant, les aurifères canadiennes (Eldorado Gold) n’ont pas à s’en faire. « Mais il faut voir à long terme, car une mine d’or, ça se rentabilise sur 20 ans. Veut-on prendre un risque politique pour investir dans l’or ? »
BRÉSIL, MEXIQUE
Malgré les problèmes de violence au Brésil et de drogue au Mexique, l’Amérique latine mérite l’attention des investisseurs. Ce sont de vraies démocraties, dans la sphère d’influence des États-Unis. Feu vert pour les minières canadiennes au Mexique (Goldcorp, Capstone Mining, Frontera Copper) et au Brésil ( Yamana Gold).





La perspective de l’Espagne abaissée
MADRID — L’agence de notation financière Standard and Poor’s (S&P) s’inquiète de la santé de l’économie espagnole, dont elle a réduit la note en j anvier, et a annoncé hier qu’elle abaissait sa perspective, alors que le pays fait face à une envolée de ses déficits.
Des travailleurs du secteur agricole espagnol ont manifesté à Madrid en novembre pour demander une aide économique au gouvernement. L’économie espagnole est entrée en récession à la fin de l’année 2008. Hier, le S&P a abaissé sa perspective de « stable » à « négative ».
S&P a abaissé à « négative » contre « stable » auparavant la perspective de l’ Espagne, qu’elle avait déjà retiré de sa liste des pays les mieux notés en janvier en attribuant la note de « AA+ » à sa dette long terme, contre « AAA » auparavant.
La décision d’hier est justi f iée par « l’attente d’une croissance du PIB significativement plus basse et de déficits fiscaux persistants », a déclaré l’analyste de S&P Trevor Cullinan, cité par le communiqué, alors que la récession a plombé les comptes publics espagnols.
L’économie espagnole est entrée en récession à la fin 2008 après plusieurs années de forte croissance, frappée par la crise financière internationale et l’éclatement de sa bulle immobilière.
Le PIB a commencé à se contracter au troisième trimestre de 2008, mais le repli a nettement marqué le pas au t roisième t r i mestre de 2009, avec un repli de seulement 0,3 % par rapport au précédent.
Cette chute d’activité a entraîné une dégradation très forte des comptes publics espagnols qui ont viré au rouge. Cet effet a été encore accentué par les mesures de relance adoptées par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.
Pour 2009, le gouvernement prévoit officiellement un déficit des comptes publics représentant 9,5 % du PIB en 2009, bien au-delà des limites fixées par le pacte de stabilité européen (3 % du PIB). La prévision pour 2010 est de 8,1 %.
Un autre pays européen, la Grèce, est sous pression en raison de la dégradation de ses comptes publics. Son déficit public est estimé à 12,7 % du PIB pour 2008, et lundi et mardi, les agences de notation S&P et Fitch ont successivement mis sous surveillance la note de crédit à long terme et abaissé la note de dette à long terme.
Dans une note, la banque Natixis a estimé « qu’à la différence de la Grèce (...), la situation espagnole est bien connue ».
La perspective négative allouée par S&P est supposée refléter les risques encourus pendant les deux prochaines années « en l’absence d’actions plus décidées des autorités pour lutter contre les déséquilibres fiscaux et extérieurs », selon le communiqué.
S& P relève toutefois que l’ Espagne, qui jouit d’une position de départ favorable en raison d’une dette publique relativement basse ( prévue à 62,5% du PIB par le gouvernement en 2010) par rapport à ses voisins européens.



MOSCOU 
Les licenciements massifs se multiplient en Russie
MOSCOU — Trois symboles de l’économie russe – les constructeurs automobiles GAZ et Avtovaz, et la compagnie aérienne Aeroflot – s’apprêtent à s upprimer des milliers d’emplois, au moment où les autorités disent voir une sortie de crise se dessiner.
Des centaines d’employés du constructeur automobile Avtovaz ont manifesté en août dernier, après que leur employeur eut annoncé des coupes dans les salaires. Hier, l’entreprise russe, détenue à 25% par le français Renault, a annoncé des suppressions d’emplois touchant quelque 5000 personnes.
C’est Avtovaz, détenu à 25 % par le français Renault, qui a ouvert le bal lundi en annonçant une première vague de suppressions d’emplois concernant quelque 5 0 0 0 person nes d’ic i la mi-décembre.
Hier, l e ministère du Développement social indiquait que quelque 14 000 des 100 000 employés de GAZ, contrôlé par l’oligarque Oleg Deripaska et partenaire de l’équipementier Magna et de la banque russe Sberbank dans le rachat du constructeur allemand Opel, allaient devoir chercher un nouvel emploi.
« GAZ nous a i nformés qu’il planifiait de licencier 14 000 personnes dans ses différentes filiales d’ici la fin de l’a nnée », a déclaré un représentant du ministère, une information que le constructeur de la légendaire Volga, très endetté, n’a pas encore confirmé.
Le même j our, Aerof lot révélait sa décision de se séparer, au cours des si x prochains mois, de quelque 2000 employés en r aison de la baisse du nombre de passagers.
Et ces vagues pourraient bien ne pas être les dernières pour ces entreprises sévèrement touchées par la crise économique mondiale.
Un porte-parole d’Aeroflot, Irina Dannenberg, a ainsi indiqué que plus de 6000 emplois, soit près du tiers de ses effectifs, pourraient être supprimés si la baisse du nombre de ses passagers se poursuivait encore.
Les choses pourraient être pire dans l’automobile, l’un des secteurs les plus touchés par la crise. Le ministère du Développement social a en effet prévenu qu’Avtovaz pourrait se séparer au total de près du tiers de ses employés, soit 36 000 personnes.
« Notre but est de maintenir autant de personnes que possible, dans la mesure où le marché nous le permet », avait d’ailleurs dit en début de semaine Igor Komarov, le président de l’entreprise, annonçant la suppression de 5000 postes.
Pour l es a nalystes, ces entreprises agissent de la sorte, car le gouvernement a cessé de les soutenir financièrement, comme ce fut le cas depuis le début de la crise il y a un an.
« Les mesures de restructuration de ces compagnies se font en retard », relève Andreï Iakovlev, vice-recteur de la Grande école d’économie à Moscou, notant que les grands groupes comme Avtovaz ont préféré jusqu’à présent réduire les horaires de travail des employés dans l’attente d’une « reprise de la demande ».
« À l’automne dernier, ces grosses sociétés réclamaient les aides de l ’ État , qui a répondu à leurs attentes (...) Mais maintenant l ’ État a compris qu’il n’avait plus cet argent », poursuit-il.
Signe de leur retard, ces licenciements interviennent au moment où les autorités russes, pour la première fois depuis le début de la crise, se montrent optimistes quant à une sortie de récession avant la fin de l’année.
Si le gouvernement s’attend toujours à voir son PIB chuter de plus de 8 % en 2009, le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, a indiqué mardi voir le rétablissement de l’économie commencer dès ce trimestre.
« Il n’y a pas de crise du licenciement et jusqu’à présent en Russie, la chute de la production étant plus flagrante que la croissance du chômage », résume M. Iakovlev.


L’ère du BRIC? Non du BRI-I-C  -  RICHARD DUPAUL
Quel pays affiche la meilleure performance économique parmi le G20, après la Chine et l’Inde ? L’Indonésie. Et le « Dragon de Komodo » impressionne de plus en plus les économistes et les milieux financiers.
Pour ceux qui en doutent encore, l’année 2009 va probablement confirmer que le centre économique mondial se déplace lentement mais sûrement vers l’Asie.
Alors que nombre de pays émergents ont basé leur croissance sur les exportations, et souffrent dès lors d’une faible demande mondiale, 60% du PIB indonésien provient d’un marché intérieur riche de ses 240 millions d’habitants.
Alors que les États-Unis et l’Europe cherchent désespérément les signes d’une reprise, les économies de la Chine et de l’Inde progressent à vive allure. Mais un autre pays asiatique pourrait s’ajouter à la liste des vedettes montantes de la planète économique: l’Indonésie.
Au quatuor Brésil-RussieInde-Chine des pays en pleine explosion, mieux connu comme le BRIC, l’Indonésie pourrait un jour venir se greffer. Les milieux financiers ont d’ailleurs les yeux rivés sur la première économie d’Asie du Sud-Est.
« La puissance émergente de l’Asie ». « La Chindonésie ». « Place au Dragon de Komodo »… autant d’épithètes que Morgan Stanley, Standered Chartered Bank et autres grands noms de la finance ont récemment attribuées à l’économie indonésienne.
Forte croissance
Le pays musulman le plus peuplé au monde, qui abrite le fameux dragon de Komodo, mérite certainement qu’on lui accorde de l’attention.
L’ I ndonésie a enregistré une croissance économique de 4,2 % au premier semestre, un repli modeste par rapport au taux de 6,1 % d’avant la crise financière. Et les boursicoteurs doivent savoir que la Bourse indonésienne a bondi de plus de 80% depuis le 1er janvier…
La raison majeure de ces performances ? Le marché intérieur indonésien – un atout précieux en cette époque où les consommateurs dans les pays riches sont paralysés par les dettes, le chômage et la peur.
Alors que nombre de pays émergents ont basé leur croissance sur les exportations, et souffrent dès lors d’une faible demande mondiale, 60% du PIB indonésien provient d’un marché intérieur riche de ses 240 millions d’habitants.
Un plan de relance de 8 milliards CAN, annoncé en février, des réductions d’impôts, une aide financière aux démunis et une hausse du salaire des fonctionnaires sont autant de mesures qui contribuent à maintenir le pouvoir d’achat. Cela a même valu au gouvernement des fleurs de la part du FMI (Fonds monétaire international) dans son dernier rapport.
Une certaine stabilité politique joue également un rôle. Susilo Bambang Yudhoyono, le président élu pour la première fois en 2004, a été réélu par une la rge majorité en juillet. « SBY », comme on le surnomme à Wall Street, jouit d’une cote favorable dans les milieux financiers.
Quel changement en 10 ans ! En 1998, au pire de la crise financière asiatique et après la chute de la dictature de Suharto, l’Indonésie était alors considérée comme « l’homme malade de l’Asie ».
Et quand les grandes économies ont vu trembler leur système bancaire il y a quelques mois, l’Indonésie a pu compter sur ses banques peu exposées aux produits financiers à risque.
L’ I ndonésie ne s ouf f r e vraiment que de la chute de ses ventes à l’étranger. Les exportations se sont ainsi contractées de près de 20% au premier trimestre.
Les matières premières – son autre richesse – regorgent dans les 17 000 îles du pays : gaz naturel, charbon, cuivre, mais aussi huile de palme, dont elle est le premier producteur mondial. Sans oublier le tourisme, encore peu exploité hors de Bali.
Pas surprenant que Morgan Stanley prévoit que l’Indonésie devra un jour être admise au BRIC, ou plutôt au « BRII-C ». Car elle va devenir, d’ici 2050, la huitième économie du monde, selon la banque américaine.
Corruption
Cependant, ce pays souffre toujours de son passé sous le régime Suharto.
L’ I ndonésie a pour t a nt engagé des efforts ces dernières années pour lutter contre une bureaucratie inefficace, les inégalités sociales et la corruption endémique. Mais elle se trouve toujours parmi les 163 pays les plus corrompus, selon Transparency International.
Une autre priorité est de rattraper le retard dans les infrastructures : peu d’autoroutes, pas de métro dans la capitale, Jakarta, des liaisons maritimes dangereuses, une production électrique insuffisante... Ces handicaps ont empêché l’Indonésie d’attirer des investissements d’envergure, notamment dans les mines et l’énergie, affirment les économistes.
« L’Indonésie est une histoire de demande intérieure », résume Standard Chartered Bank dans une étude. « Le défi maintenant est de stimuler l’investissement et les exportations. »
Reste que l’Indonésie évolue dans la bonne direction. Et vite. Le puissant « Dragon chinois » devra surveiller son petit cousin de Komodo.





PÉKIN 
Forte expansion du secteur manufacturier
PÉKIN — L’activité manufacturière en Chine a continué de progresser en octobre, mois où la demande intérieure et étrangère s’est raffermie et l’emploi a augmenté, selon l’indice de la banque HSBC publié hier.
L’i ndice des di r ecteurs d’achat ( PMI) de HSBC a atteint son plus haut en 18 mois, à 55,4% le mois dernier, après 55% en septembre. Un dépassement de la barre des 50 % marque une progression de l’activité. À l’inverse, un taux qui reste au-dessous signale une contraction.
« Nous pensons que la forte reprise actuelle dans le secteur manufacturier va encore se consolider dans les mois à venir », a déclaré dans une note Qu Hongbin, chef économiste d’HSBC en Chine, évoquant « la forte croissance » attendue au quatrième trimestre.
Par ailleurs, l’indice PMI officiel chinois, publié dimanche par le Bureau national des statistiques, s’est établi à 55,2 % en octobre – au plus haut depuis mai 2008 – après 54,3% en septembre.
L’enquête de la HSBC indique que l’industrie manufacturière a embauché au rythme le plus rapide depuis la première publication de cet indice en 2004, alors que les usines tentaient de faire face à des commandes croissantes.
Les commandes de l’étranger, sous l’impulsion notamment de l’Amérique du Nord, ont progressé pour le cinquième mois consécutif et au rythme le plus soutenu depuis juin 2007.
La croissance du produit intérieur brut ( PIB) chinois a atteint 8,9 % au troisième trimestre sur un an, comparativement à 7,9% au deuxième et 6,1% au premier, et la Chine s’est dite « certaine » d’atteindre son objectif de 8% pour l’ensemble de 2009.
L’économie chinoise s’est redressée sous l’effet de l’assouplissement de la politique monétaire, de mesures fiscales en faveur de secteurs en difficulté et, surtout, des investissements massifs, dans le cadre d’un plan de relance annoncé en novembre 2008, de 4000 milliards de yuans (environ 630 milliards de dollars) sur deux ans.
Le secteur manufacturier produit environ 40 % de la richesse en Chine.

La Chine réaffirme sa soif d’acquisitions
China Investment Corporation (CIC), l’un des plus grands fonds souverains de la planète, a 110 milliardsUS sous la main pour procéder à de nouveaux investissements étrangers. Et elle compte mettre encore davantage l’accent sur les ressources naturelles et l’immobilier, a-t-elle réaffirmé cette semaine.
« Nous voyons des prévisions d’inflation à moyen et long terme, et la valeur des principales devises pourrait tomber à un nouveau niveau d’équilibre, a déclaré mercredi le président du conseil de la CIC, Lou Jiwei. Investir dans les ressources naturelles peut être une protection. »
L’intérêt de la CIC pour les ressources naturelles n’est pas nouveau. Cette déclaration montre qu’il ne s’atténuera pas.
En septembre, la CIC a dépensé au moins 3,69 milliardsUS dans le secteur des ressources naturelles. « En termes de prix, ce n’est peutêtre pas le meilleur temps pour acheter des ressources, a noté l’analyste Helen Wang, de DBS Vickers Hong Kong, dans une entrevue à l’agence Bloomberg. Mais ils (les Chinois) font le pari que les prix seront encore plus élevés dans les cinq ou 10 prochaines années. »
Les sociétés canadiennes sont des cibles potentielles du grand fonds souverain chinois.
Mercredi, une filiale d’Ivanhoe Mines, SouthGobi Energy Resources, a annoncé avoir reçu un financement de 500 millionsUS de CIC. En juillet dernier, le fonds souverain a acquis 17,2% du capital de la canadienne Teck Resources.
La CIC compte maintenant sur des actifs de près de 300 milliardsUS. Il s’agit du cinquième plus important fonds souverain du globe, selon le Sovereign Wealth Fund Institute. Lors du lancement du fonds, en 2007, la Chine avait manifesté son intention de porter l’actif total à 1000 milliardsUS.
La CIC a déjà investi massivement dans le secteur financier, notamment dans Blackstone et Morgan Stanley, mais la crise l’a échaudée.

La Chine maintiendra ses stimulants économiques
Le responsable de la réglementation des banques en Chine soutient qu’il est trop tôt pour que le gouvernement commence à restreindre ses stimulants économiques, bien que la croissance de la troisième économie au monde dépasse les 8%.
« Il est beaucoup trop tôt pour parler d’une stratégie de sortie », a souligné la semaine dernière Liu Mingkang, président de la Commission chinoise de réglementation des banques au cours d’une conférence à Hong-Kong. « Il se peut que l’économie traverse des périodes difficiles », a-t-il ajouté.
Cette position de la Chine contraste avec celle de pays qui commencent à faire disparaître des stimulants au moment où l’économie mondiale prend du mieux.
Ainsi, la banque centrale australienne est devenue la première, cette semaine, parmi les institutions semblables du G20 à hausser ses taux d’intérêt depuis le point culminant de la crise financière.
« La croissance en Chine fera face à des risques réels l ’ a n prochain » , s outient Ben Simpfendorfer, économiste de la Royal Bank of Scotla nd Group, à Hong Kong. « L’économie dépend encore beaucoup des investissements publics et il n’y a pas encore de signes que le secteur privé se soit remis entièrement », ajoute-t-il.
Les dépenses inspirées par le gouvernement et consacrées à des projets de construction ont formé plus des quatre cinquièmes de l’essor économique en Chine cette année, d’après la Banque mondiale.
La croissance économique a atteint 7,9 % en Chine au deuxième trimestre de la présente année comparativement à la période correspondante un an plus tôt, après s’être établie à 6,1 % au cours des trois premiers mois de 2009.
« Les décideurs c hinois souhaitent que la demande du secteur privé soit suffisamment étoffée pour que l’économie soit capable de se passer du soutien gouvernemental », précise Dariusz Kowa l c z yk , s t r a t è ge e n chef des placements de SJS Markets, à Hong-Kong. « Ce n’est pas le cas présentement », admet-il.
La Chine dépend plus du soutien gouvernemental que l’Australie pour assurer sa croissance économique et les prix à la consommation baissent en Chine alors qu’ils progressent en Australie, observe M. Kowalczyk.

La clé : le consommateur chinois  -  FRANÇOISE LEMOINE
La taille et la diversité de son marché intérieur devraient favoriser la croissance de la Chine
Si, comme le prévoit le communiqué du G20, l’économie mondiale est en croissance cette année, c’est grâce aux économies émergentes, et principalement à la Chine.
Ce sont actuellement les provinces qui misent sur le marché intérieur qui favorisent la croissance de la Chine. D’ailleurs, elles ont largement bénéficié des investissements consentis pour moderniser leurs infrastructures.
Après avoir accusé le choc de la crise mondiale, l’économie chinoise a rebondi et sa c roissance devra it atteindre 8% sur l’année, soit beaucoup moins qu’en 2007 (13%), mais beaucoup mieux que le G7 cette année (-3,8%). Le plan de relance chinois s’est révélé efficace : il a stimulé l’investissement dont la progression a contribué pour les trois quarts à la croissance du PIB au premier semestre.
La Chine se devait de résister à la crise mondiale cette année où le régime célèbre son 60e anniversaire. Cette croissance est-elle soutenable au-delà du plan de relance? L’Empire du Milieu, qui ne peut plus compter sur la demande extérieure, doit de ce fait retrouver le régime de croissance qui fut le sien jusqu’au début de cette décennie.
Jusqu’en 2001, l’excédent commercial chinois était modéré ( 2 % du PIB) de même que le poids des exportations (20% du PIB); et la consommation des ménages maintenait un poids assez important dans la demande finale (46% du PIB).
Puis la croissance chinoise s’est accélérée dans un contexte de montée des déséquilibres internes et mondiaux. En 2007, les exportations représentaient 36% du PIB, l’excédent commercial, 8% du PIB, et la consommation des ménages était tombée au plus bas (36% du PIB).
Recentrer la croissance sur le marché intérieur est diffici le. Les entreprises exportatrices doivent se reconvertir vers les consommateurs chinois, qui n’ont pas le pouvoir d’achat des occidentaux. En outre, le ralentissement de la croissance et la montée du chômage ne stimulent pas la consommation des ménages qui ont, de plus, une forte propension à épargner par précaution.
Il ne faut cependant pas sous-estimer la capacité du pays à tirer parti de son atout majeur, la taille et la diversité de son marché intérieur. Alors que les provinces exportatrices sont durement affectées par la baisse du commerce mondial, ce sont les provinces de l’intérieur qui tirent actuellement la croissance.
Ces provinces sont peu ouvertes au commerce international et peu touchées par l’effondrement de la demande mondia le : el les réal isent moins de 10% des exportations du pays alors qu’elles comptent pour 60% de sa population et 40% du PIB.
En outre, elles ont bénéficié des grands efforts d’investissements consentis pour moderniser leurs infrastructures. La crise favorise un déplacement du centre de gravité de l’économie vers les provinces de l’intérieur.
Par ailleurs, la relance a renforcé le secteur d’État, principal moteur de l’activité en 2009, et accentué encore la faiblesse congénitale du secteur privé. Mais le gouvernement envisage d’ouvrir aux entreprises privées des secteurs d’activité dont elles étaient jusqu’ici exclues, comme l’éducation, la santé, la culture, l’assurance, les infrastructures.
Si elles sont mises enoeuvre, ces mesures peuvent donner une envergure nouvelle au secteur privé, stimuler un redéploiement de la croissance vers le secteur des services et amorcer une nouvelle étape du développement chinois.

Recherché : le consommateur chinois  -  RICHARD DUPAUL
La consommation ne contribue qu’au tiers de l’économie en Chine. Mais Pékin veut tout mettre en oeuvre pour en faire un moteur de croissance, au côté des exportations.
On s’y attendait, mais la Banque asiatique de développement l’a confirmé la semaine dernière : l’Asie est en passe de conduire la reprise de l’économie mondiale. La région est même « plus résistante qu’on ne croyait », si bien que la Banque doit réviser à la hausse ses prévisions.
Les Chinois, qui n’ont pas de filet social valable pour se prémunir contre les imprévus, préfèrent mettre de l’argent de côté plutôt que de dépenser : l’épargne représente près de 40% de l’économie.
Ainsi, la croissance économique de l’Asie (hors Japon) sera de 3,9 % cette année (contre 3,4 % auparavant) et de 6,4 % l’an prochain. Et, sans surprise, elle sera tirée par la Chine (+8,2 % en 2009 et +8,9 % en 2010), qui profite de son super plan de relance de 4000 milliards de yuans (700 milliards CAN).
Mais la Banque lance aussi cet avertissement : « La reprise reste fragile et exposée à des risques importants », souligne son économiste en chef, Lee Jong-wha. Il ne faudrait surtout pas, insiste-t-il, que les gouvernements « tirent à la hâte sur les tapis des soutiens budgétaires et monétaires ».
Plus i mpor t a nt encore, l a Chine a besoin d’une demande intérieure beaucoup plus forte, ajoute-t-il, pour compenser sa dépendance aux exportations. Autrement dit, il faut en faire plus pour les consommateurs.
Chômage et épargne élevés
Le rebond de l’économie chinoise a été exceptionnel depuis six mois. Mais le choc de la crise financière a révélé sa grande dépendance au commerce international.
Elle a vu son principal moteur de croissance s’enrayer : les exportations ont fondu de 23% (sur un an) en juillet. Un plongeon qui, n’eût été le plan de relance actuel, aurait eu des conséquences dramatiques pour ce pays, dont le tiers de l’économie dépend du marché extérieur.
Face au commerce international amorphe, les licenciements se sont multipliés : par exemple, plus de la moitié des 3900 fabricants de jouets de la région de Guangdong ont mis la clé sous la porte avant Noël. Le chômage, en dépit de ce que disent les chiffres officiels, reste élevé en Chine, selon diverses sources.
L’ Ét a t doit désor ma i s se tourner vers le marché intérieur. Avec 1,3 milliard d’habitants, le pays a un potentiel énorme. Surtout que les classes riche et moyenne regroupent 430 millions de personnes, selon une étude de HEC Eurasian Institute.
Ce potentiel reste cependant inexploité. La part de la consommation dans l’économie chinoise a même baissé depuis un an, pour tomber à 35 %. C’est la moitié moins qu’aux États-Unis.
Les Chinois, qui n’ont pas de filet social valable pour se prémunir contre les imprévus, préfèrent mettre de l’argent de côté : l’épargne représente près de 40% du PIB (contre environ 5% aux États-Unis) – un t aux économiquement insoutenable.
Autos, électros, etc.
Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, ne cache pas son inquiétude. Il y a quelques jours, il a évoqué une croissance « instable, déséquilibrée et pas encore solide » dans son pays.
L’actuel plan de relance de Pékin fonctionne. Mais il vise surtout l’industrie lourde en allouant des sommes colossales aux infrastructures du pays.
Le gouvernement a ouvert les vannes du crédit, l’hiver dernier, pour stimuler les ventes d’électroménagers et de voitures. D’ailleurs, les ventes d’autos en Chine ont dépassé celles des États-Unis, faisant du géant asiatique le plus grand marché automobile au monde.
Mais cela n’est pas une solution durable. La banque française Natixis est d’ailleurs persuadée que Pékin prépare un grand coup: après un premier plan de relance axé sur l’industrie, le gouvernement envisage une nouvelle politique qui cible cette fois le consommateur et la création d’emplois, avance la banque dans une étude.
LeMcKinsey Global Institute y va même d’une suggestion: « Les banques ( chinoises) devraient soutenir davantage le secteur des services et les PME », car « l’économie crée trop peu d’emplois pour sa taille et son taux de croissance ». De cette façon, on pourrait doubler les dépenses de consommation en Chine d’ici à 2025, estime le groupe de recherche.
Pour le moment, cependant, les Chinois continuent de produire et produire encore pour les Occidentaux étouffés par leurs dettes.
Or, la Chine a besoin d’un nouveau modèle de croissance. Certes, il faudra du temps pour le mettre en place, car cela implique la participation de 1,3 milliard de consommateurs. Mais, comme le dit un vieux proverbe chinois, « qui veut gravir une montagne commence par le bas ».

Incursion de la Chine dans les gros-porteurs
La Chine a l’intention de s’attaquer au coeur de l’industrie aérospatiale mondiale grâce à un appareil à réaction appelé « Le gros avion ». Le pays cherche ainsi à briser le duopole de Boeing et d’Airbus au sein du marché de 70 milliards US par année.
L’avionneur Commercial Aircraft Corp. of China (Comac), société contrôlée par le gouvernement, a présenté mardi au salon de l’aéronautique de Hong-Kong une maquette du C919, un aéronef de 168 places qui doit entrer en service en 2016.
L’avionneur Commercial Aircraft Corp. of China (Comac), société contrôlée par le gouvernement, a présenté mardi au salon de l’aéronautique de Hong-Kong une maquette du C919, un aéronef de 168 places qui doit entrer en service en 2016.
Comac propose l’appareil comme une solution de rechange moins chère qui utilise jusqu’à 15% moins de carburant que les Boeing 737 et les Airbus A320, qui dominent le marché des aéronefs à couloir unique.
« Les Chinois ont un bon mélange de technologies et de normes occidentalisées », soutient Christof Spaeth, vice-président de Jet Aviation, filiale de General Dynamics établie à Zurich, en Suisse, qui adapte des aéronefs. M. Spaeth a fait ce commentaire tandis qu’il étudiait le C919 à Hong-Kong. « Il se peut que l’appareil fasse une percée sur le marché intérieur et aussi sur les marchés internationaux, a-t-il ajouté. Ce n’est pas facile, mais il y a une chance. »
Les projets de la Chine concernant cet aéronef mettent en lumière les ambitions du pays de ne plus être tout simplement un assembleur à faible coût pour les économies japonaise et occidentale, mais bien de faire une percée au sein des industries établies telles que la construction navale, les téléphones cellulaires et les automobiles. Tandis que Boeing et Airbus sont aux prises avec des délais de production de leurs propres modèles, la Chine a accéléré le premier vol d’essai du C919, qui a été devancé en 2014. Boeing prédit que la Chine aura besoin de 3710 nouveaux avions au cours des 20 prochaines années.
Mettre au point un nouvel avion à réaction commercial à couloir unique peut coûter environ 5 milliards US et il faut compter cinq ou six ans à un avionneur disposant d’une infrastructure établie et des ressources d’ingénierie pour y parvenir, alors qu’un modèle gros-porteur peut coûter deux fois plus. Créer de tels programmes est susceptible de coûter encore plus à une compagnie qui fait tout juste son entrée sur le marché, estime Nick Cunningham, analyste de l’industrie aérospatiale chez Evolution Securities, à Londres.
Mais la Chine n’est pas la seule à vouloir ravir une part plus grande de l’industrie mondiale des aéronefs à couloir unique, qui forme jusqu’à 70% du total. Ainsi, la société montréalaiseBombardier, dont le plus gros appareil disponible est actuellement son CRJ 1000, de 100 places, entend faire son entrée sur le marché des gros-porteurs plus modestes en 2013 grâce à son CSeries, un appareil de 110 à 130 places.
« Il faut blâmer Airbus et Boeing jusqu’à un certain point pour avoir laissé la porte ouverte, a dit M. Cunningham. S’ils souhaitaient réaliser un programme intensif pour mettre au point un appareil utile pour le marché intérieur et uniquement pour ce marché, ils pourraient peutêtre le faire vraiment vite. »
La Chine n’aura pas à viser des ventes mondiales une fois son aéronef sur le marché parce que le pays sera vraisemblablement l’acheteur du quart de tous les avions vendus d’ici cinq ans, selon European Aeronautic Defence & Space Co.


Chine : hausse de 81,7 % des ventes d’automobiles
S HANGHAI — Les ventes d’automobiles en Chine se sont envolées de 81,7% en août par rapport à l’année précédente, à 1,14 million d’unités, explosant la barre du million d’unités pour le sixième mois consécutif, a indiqué hier une association industrielle.
Les ventes de voitures particulières ont augmenté de 90,2%, à 858 300 unités, a indiqué l’association des constructeurs automobiles chinoise dans un communiqué.
Il s’était vendu 832 600 voitures particulières en juillet et 872 900 unités en juin, selon les chiffres de l’association.
Les ventes de véhicules commerciaux ont explosé de 59,8% en août, à 280 200 unités.
Pour les huit premiers mois de l’année, les ventes de véhicules ont augmenté de 29,2% par rapport à la même période l’année précédente, à 8,33 millions d’unités, selon l’association industrielle. Le total des ventes de voitures en Chine a dépassé celui des États-Unis pour la première fois en janvier faisant du géant asiatique le plus important marché automobile du monde.


Les chanceux d’en dessous  -  RICHARD DUPAUL
L’Australie continue de surprendre, avec une croissance économique trois fois plus forte que prévu. Mais le pays des kangourous s’apprête à hausser les taux d’intérêt pour freiner son élan. Un geste annonciateur de ce qui nous attend.
Les Britanniques appellent l’Australie « le pays l e plus c ha nceux du monde ». Peut-être à cause du soleil abondant…
L’Australie a été insulaire jusque dans la crise, qu’elle a survolée comme si de rien n’était. Par exemple, en pleine déroute immobilière mondiale, les permis de construction y ont bondi de 7,7 % et 9,9 % en juillet et en juin.
Les Australiens ont aussi, dans l’univers anglo-saxon, la réputation d’être têtus.
Deux épithètes, teintées d’humour certes, mais qui s’appliquent fort bien ces temps-ci au « Pays d’en dessous » – « The land down under » dans la langue de Crocodile Dundee.
Chanceux en effet. On a appris la semaine dernière que l’Australie vient de clore un deuxième trimestre consécutif de croissance, à 0,6 %. Un taux trois fois meilleur que prévu par les économistes !
Le pays des kangourous a carrément sauté par-dessus la récession. Avec un PIB en hausse de 1,0 % durant les six premiers mois de 2009, l’Australie est l’une des nations riches qui ont le mieux résisté à la crise financière. Par comparaison, l’économie britannique s’est enfoncée de 5,5 % au deuxième trimestre.
Têtus aussi. Alors que le reste de la planète était terrassé par la crise, en avril, le premier ministre australien Kevin Rudd a fait ce que tout bon chef d’État devait faire : il a dit aux Australiens de se préparer à une « inévitable récession », la première en 17 ans
Or, à voir leur dernier bilan économique, les Australiens ne voulaient rien entendre d’un tel discours.
L e u r e nt ê t e ment é t a i t d’ailleurs apparent cet été : en pleine déroute immobilière mondiale, les permis de construction ont bondi de 7,7 % et 9,9 % en juillet et en juin respectivement. Encore une fois, la performance australienne est trois fois supérieure aux prévisions, souligne l’agence Bloomberg.
Taux très bas
Pourtant l’Australie, une économie en grande partie dépendante de ses ressources naturelles comme le Canada, n’a pas d’arme secrète contre les récessions.
Le moteur de la reprise australienne – une politique monétaire expansionniste qui a ramené les taux d’intérêt à un creux de 49 ans – est une copie conforme de la stratégie des autres pays.
Idem pour les allégements fiscaux et les remboursements d’impôt, qui visent à stimuler la consommation. Et comme les autres pays, l’Australie se dirige vers un déficit budgétaire record cette année.
À la différence des Américains et des Européens cependant, l’Australie dispose d’un système bancaire solide et, surtout, encore actif sur le marché du crédit. Un atout important, qui a permis au secteur immobilier mais aussi aux consommateurs de mieux traverser la récession. À preuve, les ventes au détail ont grimpé de 0,8 % au deuxième trimestre, la plus forte hausse depuis décembre 2007.
La Chine
Mais là où la chance favorise les « Ozzies », c’est sur le plan de leur situation géographique avantageuse par rapport à la Chine.
Principal fournisseur de métaux et de céréales du Dragon chinois, l’Australie est littéralement tirée par la plus grosse locomotive de la planète. Surtout, le Pays d’en dessous surfe sur le plan de relance de 700 milliards CAN de la Chine, lequel est neuf fois plus important que les mesures adoptées par Canberra pour contrer la récession. .
La Chine est le deuxième partenaire économique de l’Australie, après le Japon, accaparant 15% de ses exportations. Mais les ventes à l’empire du Milieu augmentent d’environ 20% par an, ce qui en fait le marché le plus prometteur pour les exportateurs australiens.
« L’Australie est dans un endroit rêvé et les choses vont continuer de bien aller d’ici la fin de 2009 », affirme la Société générale dans une étude.
Mais c roissance oblige, l’Australie sera probablement le premier pays riche à relever ses taux d’intérêt, avertissent les experts.
Les indicateurs financiers évaluaient à 100 %, vendredi, la probabilité que le t aux directeur australien grimpe en novembre, pour passer de 2,75 à 3,25 %. « Si la banque centrale se réunissait aujourd’hui, elle hausserait les taux », affirme Matthew Johnson, analyste de la banque UBS.
Le cas échéant, ce geste marquera un c hangement majeur, un avant-goût de ce qui nous attend dans l’hémisphère Nord.
Tôt ou tard, les gouvernements aux États-Unis, en Europe ou au Canada devront désactiver leurs mécanismes de relance pour prévenir une surchauffe économique. Tout le monde attend ce repli stratégique avec appréhension.
Pour le moment, la réaction des marchés financiers à l’inévitable coup de frein australien a été très modérée. Tant mieux. Mais les autres pays seront peut-être moins chanceux.



Bourse : Toronto plonge avec Shanghai
— La Bourse de Toronto a clôturé en forte baisse, hier, plombée par le recul des titres des produits de base et par des investisseurs inquiets de la santé de l’économie chinoise.
La Bourse de Shanghai a connu un recul de près de 7% hier, attirant avec elle celle de Toronto.
L’indice composé S& P/ TSX a fondu de 109,76 points à 10 868,21 points après que la Bourse de Shanghai eut reculé de près de 7 %, sur fond de craintes qu’un resserrement du crédit puisse nuire à l’économie chinoise.
Ce recul de la Bourse de Toronto est survenu même après que Statistique Canada eut révélé une hausse de 0,1 % du produit i ntérieur brut (PIB) en juin, sa première progression depuis juillet 2008.
« Partout dans le monde, les marchés se fient à la Bourse de Shanghai », a observé Ian Nakamoto, directeur de la recherche chez MacDougall, MacDougall and MacTier. (Ils ont été) la première économie à
TORONTO montrer des signes d’affaissement et puis de redressement. Les autres marchés n’ont fait que suivre, alors ils sont un précurseur de ce qui va arriver ici à court terme. »
La Chine, qui a continué à croître malgré la récession mondiale, est un important consommateur d’exportations canadiennes, notamment de ses matières premières.
L’établissement des stocks en Chine cette année a fait progresser les prix des matières premières et aidé la Bourse de Toronto à prendre plus de 40% par rapport à ses creux du début mars.
Pour le deuxième trimestre, dans l’ensemble, le produit i ntérieur brut canadien a retraité de 0,9 %, une chute moins prononcée que celle de 1,6 % du trimestre précédent.
Le dollar canadien a cédé 0,26centUS à 91,32cents US.
« La reprise du PIB en juin, le revirement de l’habitation et le rebondissement de la confiance des consommateurs, additionnés à la stabilisation de l’économie américaine, laissent tous croire que la récession canadienne se termine vraiment », a noté l’économiste enchefadjointdeBMOMarchés des capitaux, Doug Porter.
Le pétrole pèse lourd
Lestitresdel’énergieontaussi pesé lourd sur le TSX, le baril de pétrole brut cédant 2,78$ US à New York à 69,96 $ US. Le secteur énergétique torontois a abandonné 2%.
L’action d’EnCana a décliné de 1,39 $ à 57,06$, tandis que celle de Canadian Natural Resources a perdu 1,75 $ à 62,71$. La Bourse de croissance TSXV a abandonné 13,47 points à 1175,24 points.
Les places new-yorkaises ont également terminé en baisse. La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a perdu 47,92 points à 9496,28 points, l’indice composé du NASDAQ a cédé 19,71 points à 2009,06 points et l ’ i ndice élargi S& P 500 a retraité de 8,3 points à 1020,63 points. Les i nvestisseurs se montraient prudents en cette fin d’août, la plupart attendant de dénicher un catalyseur pour le marché d’action, quelque chose qui pourrait lui donner un nouvel envol semblable à celui amorcé en mars.
D’impor t a ntes données économiques seront dévoilées cette semaine et pourraient avoir un impact à ce chapitre. La plus importante de cellesci, soit le rapport mensuel du gouvernement américain sur le marché de l’emploi, sera publiée vendredi. Les données canadiennes sur le marché de l’emploi en août seront annoncées la même journée.
En attendant, les prix des matières premières ont reculé hier, le cours du lingot d’or ayant notamment cédé 5,30$ US à 953,50$ USàNew York, tandis que le cours du cuivre a laissé 11,5centsUS à 2,808$ US.
Le secteur torontois des métauxdebaseareculé de2,7%. L’action de Teck Resources a perdu 1,13$ à 26,42$ et celle de HudBay Minerals a glissé de 13cents à 8,44$.
Le secteur de l’or a diminué de 1,65 %.


Chine : Un pied sur le frein  -  RICHARD DUPAUL
Alors que le reste de la planète s’interroge sur la solidité de la reprise, la locomotive chinoise accélère : de 6,1 % au début 2009, l’économie en Chine croît maintenant à un taux de 8,5 % et franchira bientôt le seuil des 10%. Si bien que les autorités doivent ralentir la machine pour éviter la surchauffe.
Le chiffre est simplement renversant : pour la première fois de l’histoire, la Chine a produit en juillet plus de 50 millions de tonnes d’acier. C’est cinq fois plus qu’il y a dix ans et plus que toute la production des États-Unis, du Japon, de l’Inde et de la Russie… réunis.
Avec 51 millions de tonnes sorties de ses fourneaux en un mois, « la Chine représente désormais presque 50% de la production mondiale » d’acier, souligne la World Steel Association dans un rapport publié la semaine dernière.
Avec 51 millions de tonnes sorties de ses fourneaux en un mois, « la Chine représente désormais presque 50% de la production mondiale », souligne la World Steel Association dans un rapport publié la semaine dernière.
Et il n’y a pas que l’acier. La production de ciment en Chine représente aussi la moitié de la coulée mondiale et huit fois celle de son principal concurrent, l’Inde.
Or, le Dragon chinois a les yeux plus grands que la panse. La capacité en ciment est excédentaire de près de 300 millions de tonnes – une quantité suffisante pour « refaire les joints » de la Grande Muraille, diraient certains maçons.
Mais, a ve c l ’ e uphorie actuelle en Chine, cela n’est pas suffisant : plus de 200 cimenteries sont actuellement en construction, ce qui pourrait se traduire par l’ajout de 200 millions de tonnes supplémentaires, a indiqué un responsable du ministère de l’Industrie à l’agence AFP.
Bref, l ’ i ndustrie lourde chinoise roule à tombeau ouvert.
Coup de frein
En pleine récession mondiale, le gouvernement a donc décidé de prendre des mesures pour diminuer la surcapacité du secteur industriel.
Selon l ’agence officielle Chine Nouvelle, Pékin prévoit limiter les prêts et les allocations de terrains afin de réduire les constructions dans la production d’acier et de ciment, mais aussi de verre, de produits chimiques, de silicone et même d’énergie éolienne.
Les autorités r éa l i s ent maintenant que les 4 0 0 0 mi l l i a r ds de yuans ( 70 0 milliards CAN) du plan de relance – destinés surtout aux infrastructures du pays – risquent de créer des bulles et d’attiser l’inflation.
« Non seulement les secteurs ayant traditionnellement des problèmes de surcapacité, comme l’acier et le ciment, croissent toujours sans limites, mais certains nouveaux domaines montrent désormais aussi des signes de redondance », écrit le gouvernement sur son site internet.
Un frein au crédit
Qui plus est, les consommateurs chinois ont pris goût au crédit avec un grand « C » – un effet, cette fois, des mesures incitatives à la consommation du gouvernement. Or, l’encours des prêts accordés par les banques aux particuliers progresse, en rythme annualisé, de 34%. Une croissance étourdissante.
Aussi, le régulateur bancaire vient de sonner l’alarme et envisage de durcir les conditions du crédit. Cela pourrait aboutir, selon Barclays Capital, à diviser par trois la progression du crédit, aux environs de 12%.
Concrètement, la Chine veut modifier les règles concernant les besoins en capitaux des banques nationales. Des mesures qui pourraient à terme réduire le crédit, alors que les nouveaux prêts ont atteint 7370 milliards de yuans (1200 milliards CAN) au premier semestre, un record.
En freinant son allure, la Chine veut donc limiter les risques de surchauffe, lesquels inquiètent de plus en plus les investisseurs. Depuis le début du mois d’août, la Bourse de Shanghai a en effet chuté de 16%. Une petite pause, certes, après la poussée spéculative de 87% de la Bourse durant les sept premiers mois de 2009, mais qui témoigne d’un malaise.
Alors que certains pays du globe se débattent encore pour sortir de la récession, l’économie chinoise accélère, avec une croissance de 7,9 % au deuxième trimestre contre 6,1 % au premier. Et celle-ci atteindra les 8,5 % au troisième trimestre, vient d’annoncer le Centre d’information d’État, un centre de recherche public.
D’ores et déjà, des économistes estiment que le retour à une croissance de 10% est à peu près assuré au début de 2010.
Spéculation, crédit facile, surcapacité… les ferments d’une nouvelle bulle sont donc réunis en Chine. Une conduite maîtrisée de la grosse locomotive asiatique est donc souhaitable, surtout après le dérapage américain des dernières années. La dernière chose dont Pékin et le reste du monde ont besoin, c’est d’un autre déraillement.



Incontournable Inde -  YVAN LOUBIER
CONJONCTURE Le Québec doit accélérer la cadence, multiplier ses missions et intensifier rapidement ses relations politiques et diplomatiques
L’Inde est la porte d’entrée du plus grand ensemble économique et commercial jamais imaginé.
Ce n’est pas un hasard si depuis quelques années, l’Inde est devenue le point de mire de la planète.
L’Inde compte 1,2 milliard d’habitants; une population jeune, de plus en plus instruite et dont l’âge médian est de 25 ans.
Les perspectives qu’elle offre à l’ensemble des nations du monde sont vertigineuses: deuxième pays le plus peuplé de la planète, après la Chine, avec ses 1,2 milliard d’habitants; une population jeune, de plus en plus éduquée et dont l’âge médian est d’environ 25 ans (40 chez nous); ses 30 millions d’individus qui, chaque année, accèdent à la classe moyenne; un taux de croissance économique annuel moyen qui oscille entre 8% et 10%; une ouverture de plus en plus grande de ses frontières, longtemps hermétiques. Déjà en soi, ces faits font de l’Inde un terreau exceptionnel pour le développement des affaires.
Mais, au surplus, l’Inde est la porte d’entrée du plus grand ensemble économique et commercial jamais imaginé. Encore récemment, elle a signé un accord de libre-échange avec les 10 pays de l’Asie du Sud-Est, regroupés au sein d’une zone commerciale de 600 millions d’habitants (ASEAN).
De leur côté, les pays de l’ASEAN avaient déjà un tel accord avec le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et six d’entre eux avec la puissante Chine. Et malgré des pourparlers difficiles, l’Inde continue de négocier la libéralisation de ses échanges avec cette dernière.
Grâce à toutes ces interconnexions, la région AsieInde-Pacifique est en voie de devenir la plus formidable zone économique intégrée du monde, un marché de plus de trois milliards d’individus.
Pas surprenant alors que l’Union européenne en entier soit mobilisée depuis 2003 et que se multiplient les missions officielles et plus amicales dans cette partie du monde. L’Europe investit des efforts patients, mais sans relâche, accord sectoriel après accord sectoriel, sommet bilatéral après sommet bilatéral, afin de conclure une entente de libre-échange avec l’Inde.
Les liens tissés et entretenus par l’Europe au pays du Mahatma Gandhi, avant même que n’intervienne cette entente, portent déjà des fruits. Alors que l’Inde était le 17e partenaire commercial de l’Europe en 2000, la progression de 80% des échanges commerciaux depuis ce temps en fait maintenant le 9e.
Les États-Unis et les pays du MERCOSUR, le marché commun sud-américain, démontrent eux aussi un intérêt marqué pour des arrangements commerciaux avec l’Inde.
Le gouvernement du Québec a eu raison d’amorcer des relations formelles avec l’Inde, de s’inscrire dans cette grande tendance par ses missions, trois fois plutôt qu’une, depuis 2006 et d’y ouvrir un bureau à Bombay il y a deux ans. Avoir pignon sur rue au coeur d’un géant économique en construction et au centre d’un nouvel ensemble plus prometteur encore, ne peut que bien servir les intérêts économiques et commerciaux du Québec.
Il a bien fait également de ne pas attendre qu’Ottawa, ambigu et hésitant quant à ses orientations, se décide enfin à bouger alors que les grandes puissances du monde sont déjà aux portes de l’Inde.
Le Québec doit cependant accélérer la cadence, multiplier ses missions, ses invitations, et intensifier rapidement ses relations politiques et diplomatiques avec l’Inde. Plus important encore, il doit élargir et entretenir ses réseaux d’amitiés, suivant les valeurs chères à l’Asie et la façon dont on y conclut des affaires.
C’est l’investissement fondamental qu’on doit y faire pour l’avenir et cela dépasse et de loin l’évaluation qu’on peut faire du succès d’une mission, celle qu’on fait trop souvent en regard du nombre de contrats signés sur le chemin du retour.



L’Inde prie les dieux de la pluie  -  Richard Dupaul
La crise financière a freiné une période de croissance fastueuse pour l’Inde. La troisième économie asiatique a bien résisté jusqu’ici et s’apprête à rebondir. Mais dame Nature risque de tout gâcher.
Des paysans de l ’ État de Bihar, dans l’est de l’Inde, ont trouvé un remède original à la sécheresse qui compromet actuellement leur production.

Ils demandent aux filles célibataires du village de labourer les champs... nues. Le but est d’embarrasser les dieux de la météo et de les pousser à apporter la pluie tant attendue.
Des témoins cités par des agences de presse disent avoir vu récemment, après le coucher du soleil, des femmes dévêtues travailler dans les champs tout en invoquant les dieux par des chants traditionnels.
La mousson est finalement arrivée, i nondant certains villages. Mais les pluies sont cantonnées surtout dans le Sud, moins abondantes que prévu et même inférieures aux moyennes historiques. Si bien que ce régime sec imposé par dame Nature menace le retour à la normale de l’économie.
Un impact majeur
On ne peut jamais surévaluer l’importance de la pluie en Inde, malgré les pertes de vie et les dégâts causés par une mousson trop abondante certaines années.
L’agriculture représente plus de 18% de l’économie nationale, selon la firme Morgan Stanley. Et les fermiers n’ont que la mousson, qui dure de deux à trois mois, pour arroser leurs champs.
La semaine dernière, le service national des études météorologiques a semé la consternation dans le milieu agricole en révisant à la baisse ses prévisions pour la seconde fois. On prévoit que les pluies seront de 13 % i nférieures à l a normale de j uillet à septembre.
Deuxième producteur de riz au monde, l’Inde s’oriente ainsi vers une baisse de 20% de ses récoltes cette année, selon le gouvernement.
Le manque d’eau touche aussi le cours du sucre. Une production particulièrement faible en Inde, deuxième producteur et premier consommateur mondial, a poussé le prix du sucre à des records ces derniers jours.
En Inde, quelque 750 millions de personnes (sur une population de 1,1 milliard) vivent à la campagne, et leur pouvoir d’achat dépend beaucoup de l’agriculture.
Aussi, la banque Citigroup sonne l’alarme. Elle affirme que des pluies insuffisantes pourraient retrancher 2 points de pourcentage à la croissance économique. C’est énorme, si l’on pense que l’éclatement de la bulle technologique en 2000 avait eu un impact moins important sur les États-Unis.
Le gouvernement i ndien espère un retour à une croissance de 7% en 2010, après un taux annualisé d’à peine 5 % au début 2009 et d’environ 9% avant la crise. Une sécheresse particulièrement grave, en 2003, avait réduit la progression économique à seulement 3,8 %, la plus faible en 11 ans, rappelle l’agence Bloomberg.
L’Inde résiste
Hormis la mousson insuffisante, il y a tout de même une bonne nouvelle : l’économie indienne ne s’est pas effondrée avec la crise financière, et ses marchés boursiers remontent.
Les clés de cette résistance: d’abord, le pays de Gandhi dépend relativement peu du commerce international, ce qui l’expose moins à la récession qui frappe l’Amérique et l’Europe.
Certes, les industries exportatrices – comme les technologies de l’information, les pièces de voitures ou le textile – souffrent du ralentissement mondial. Mais elles représentent seulement 22% du PIB indien, contre 37% du PIB chinois.
De plus, le système financier a évité une débâcle hypothécaire à l’américaine. Et le gouvernement de Manmohan Singh a agi rapidement pour atténuer le ralentissement.
Il a pris l’an dernier des mesures en f aveur de la consommation, qui représente 60 % de l’économie. En parallèle, la « Banque centrale indienne a fait preuve d’une grande capacité de réaction pour surmonter l’assèchement de la liquidité », note BNP Paribas dans une étude. Les taux d’intérêt ont été régulièrement abaissés : le taux directeur est passé de 9 % à 4,75 % au début de l’été.
En revanche, les déficits publics augmentent et la dette de l’ État devrait s’élever à plus de 80 % du PIB, preuve que le problème de l’endettement ne menace pas seulement les pays occidentaux.
Malgré tout, le gouvernement indien vient d’annoncer des projets pour améliorer les infrastructures délabrées du pays. Des milliards seront injectés dans le réseau routier, ce qui devrait donner un nouvel élan à l’économie.
Ent r e-t emps, l e monde rural continue de prier. Le gouver nement a pr o mi s samedi un soutien financier, mais les fermiers comptent surtout sur l’aide des dieux de la pluie… et peut-être sur les femmes du village.



Malaise à Shanghai  -  ANDRÉ PRATTE
L’ inquiétude gagne les dirigeants d’entreprises occidentales présentes en Chine à la suite de l’arrestation de quatre employés de la multinationale Rio Tinto, dont un cadrede citoyenneté australienne. Soupçonnés de corruption et de vol de secrets commerciaux, ces employés sont détenus depuis cinq semaines. Aucune accusation n’a été déposée et ils n’ont pas encore obtenu le droit de consulter un avocat.
Le vice-ministre chinois du Commerce, Fu Ziying, a donné l’assurance que les suspects subi ront un procès équitable: « La Chine est maintenant gouvernée par la loi . » Les Occidentaux qui connaissent lesystème judiciairedel’empire du Milieu sont sceptiques.
On ne peut certainement pas exclure que les employés de Rio Tinto se soient rendus coupables d’activités illicites. La corruption est très répandue en Chine. Il faut être deux pour danser le tango: si des fonctionnaires se laissent acheter, il y a évidemment des gens, dont des Occidentaux, qui les soudoient.
Cela dit, plusieurs observateurs croient que l’arrestation des représentants de la multinationale australienne cache d’autres motifs que la lutte contre la corruption. On rappelle que Rio Tinto a laissé tomber l’entente qu’elle avait conclue avec Chinalco, entente qui aurait fait de cette dernière le plus important actionnaire de l’entreprise. Les Chinois achètent plus de 60% du minerai de fer exporté dans le monde; la participation de Chinalco dans Rio Tinto leur aurait conféré une influence considérable dans la détermination du prix de ce minerai.
Les employés de Rio Tinto ont été appréhendés alors que piétinent les négociations entre les producteurs de minerai de fer (dont Rio) et les aciéries chinoises, ces dernières réclamant des rabais substantiels par rapport aux prix déjà négociés avec d’autres pays. Est-ce un hasard?
Les Occidentaux comme les Chinois auraient avantage à tirer des enseignements de cette affaire. Les premiers devront apprendre à être encore plus prudents dans leurs relations avec des partenaires locaux, sachant combien les autorités là-bas sont déterminées à mettre un terme à la corruption.
L es di r i - gean ts chinois, pour leur part, doivent tenir davantage compte des sensibi l ités occidentales. Ils sont convaincus du bienfondé des accusations qu’ils comptent porter contre les employés de Rio Tinto ? Qu’ils agissent de façon à convaincre les gens d’affaires étrangers que les procédures sont justes et transparentes, notamment en permettant aux détenus d’avoir immédiatement accès aux avocats dont ils ont retenu les services.
Comme l ’ a soul igné le premier ministre australien, Kevin Rudd, « de nombreux gouvernements et entreprises étrangers vont suivre cette affaire avec beaucoup d’intérêt ». Si Pékin agit en la matière comme le ferait tout État de droit, les relations économiques entre la Chine et l’Ouest s’en trouveront renforcées.





Le Japon voit le soleil levant  -  Richard Dupaul
Englué dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Archipel émerge peu à peu de la crise. La demande chinoise aidant, les usines du Japon recommencent à tourner. Mais les consommateurs, eux, restent figés.
Les fabricants japonais, qui ont réduit leur production d’environ 40% par rapport à leur sommet, doivent refaire leurs stocks pour répondre à la demande de la Chine.
Les usines japonaises ont encore augmenté leur production en juin, la plus forte expansion en plus d’un demi-siècle. Si bien que la deuxième économie de la planète se remet à croire que la crise tire à sa fin.
Les usines nipponnes ne tournent qu’à 60% de leur capacité, selon des études. Le géant Toyota, par exemple, a réduit sa production de 43% en un an.
Jeudi, on a appris que la production industrielle japonaise avait augmenté de 2,4 % le mois dernier, portant la croissance du deuxième trimestre à 8,3 % – plus forte hausse trimestrielle depuis 1953.
Les manufacturiers ont également augmenté la cadence en juillet et en feront autant ce moisci, selon une enquête nationale. Ce qui fait dire au gouvernement que l’industrie japonaise « est sur la voie de la reprise ».
« Le solide rebond de la production industrielle présage d’un redémarrage (de l’économie) au deuxième trimestre », renchérit le Crédit suisse dans une note économique.
Fonds publics
Comment expliquer ce regain de vie ? Les fabricants japonais, qui ont réduit leur production d’environ 4 0 % par r apport à leur sommet, doivent refaire leurs stocks pour répondre à la demande de la Chine et de certains clients asiatiques surtout.
Les pays riches ont accouché de plans de relance d’une valeur de 2000 milliards US pour requinquer leur économie. La Chine et les États-Unis ont budgété 700 milliards chacun pour soutenir la consommation et les investissements en infrastructures. C’est sans compter les 10 000 milliards US que les gouvernements ont offerts en garanties aux banques, selon le FMI ( Fonds monétaire international).
Pour sa part, Tokyo a adopté, en mai, une rallonge budgétaire de 100 milliards US – somme historique – pour huiler les rouages du pays. L’industrie japonaise profite donc des largesses des gouvernements pour se remettre en marche.
Mais la force et la durabilité de la reprise pressentie suscitent des doutes compte tenu des problèmes profonds qui aff ligent le pays du Soleil levant. « La reprise ( japonaise) est à la hau-
Or, les industriels japonais ne peuvent compter sur le marc hé i ntérieur pour soutenir leur production.
Le taux de chômage a atteint 5,2 % en mai – un sommet en près de six ans. Près de 3,5 millions de chômeurs ont été recensés, soit un million de plus en un an. teur des plans de relance, mais pas plus », affirme la banque Barclays dans une étude.
Chômage
Le Japon traverse sa pire récession depuis 1945 à cause de l’effondrement de ses exportations. Au premier trimestre, l’économie s’est contractée de 14,2 % (taux annuel), du jamais vu en 60 ans.
Cette tourmente s’accompagne d’un retour de la déflation, phénomène pernicieux de baisse des prix dû, notamment, aux capacités de production excédentaires.
Les usines nipponnes ne tournent en effet qu’à 60% de leur capacité, selon des études. Le géant Toyota, par exemple, a réduit sa production de 43% en un an.
La crise de l’emploi est telle que Japan Inc. délaisse peu à peu le modèle sacré du travail à vie. La flexibilité est devenue la règle, de sorte que le travail temporaire représente le tiers des emplois, selon le Crédit suisse. « Le rebond manufacturier ne profite pas aux ménages, car les fabricants réduisent encore leurs coûts », ajoute Barclays.
Dans ce contexte, les Japonais ont de moins en moins d’argent en poche et la consommation ralentit. En juin, les ventes de détail ont chuté pour le dixième mois consécutif.
Vieillissement
Et si tous les pays développés souffrent du vieillissement de leur population, le problème atteint un niveau catastrophique dans l’Archipel.
Proportionnellement, le Japon a la population la plus âgée du monde: 22% des habitants ont plus de 65 ans, selon le Bureau américain du recensement. Qui plus est, le vieillissement se double d’un refus de l’immigration dans ce pays, deux facteurs peu propices à la consommation.
Dans ces conditions, le Japon pourra difficilement connaître une croissance soutenue. I l a pourtant besoin de créer de la richesse pour financer une énorme dette publique : l’an prochain, le passif de l’ État atteindra déjà 200 % du PIB – un record pour un pays industrialisé.
Bref, le Japon est dans une impasse dont il sera difficile de sortir.
Ce sentiment est d’ailleurs partagé par les milieux financiers. Aussi, la valeur marchande de la Bourse japonaise, jadis à égalité de celle de Wall Street, vient d’être dépassée par la Bourse de Shanghai. Le monde bascule pour Tokyo, qui a glissé au troisième rang mondial du palmarès boursier.
Le Japon, qui semblait destiné à dominer le monde durant les années 80, a donc perdu de son attrait pour les investisseurs. Ceux-ci semblent même convaincus que, d’ores et déjà, le soleil se lève ailleurs en Orient.




Le « G2 »
-  JEAN-PASCAL BEAUPRÉ
Américains et Chinois ont conclu hier une conférence de deux jours visant à favoriser le dialogue entre les deux géants sur les questions économiques et stratégiques. Un genre de G2, quoi.
Ce mini-sommet a eu lieu à Washington alors que le pire de la récession mondiale semble chose du passé. Toutefois, toucher le fond du baril n’est pas synonyme de reprise, loin de là. C’est dans ce contexte fragile que les deux superpuissances cherchent à favoriser une reprise de croissance durable qui serait basée sur un meilleur équilibre des échanges commerciaux.
Pour stimuler le dialogue, les deux pays ont pris soin d’éviter les pommes de discorde. En constatant d’abord que les programmes de relance commencent à porter leurs fruits. C’est davantage vrai en Chine, où le gouvernement autocratique a pu implanter beaucoup plus rapidement son ambitieux programme d’infrastructures.
Les Américains doivent épargner davantage, les Chinois doivent consommer plus : les deux pays s’entendent sur le principe. Aux États-Unis, c’est bien parti. Le taux d’épargne des Américains, dont l’actif s’est effondré de 14 000 milliards, est passé de presque zéro, ces dernières années, à 7% en 2009. Mais ce n’est pas demain matin que les fourmis chinoises, qui bénéficient d’un filet social précaire, se transformeront soudainement en cigales dépensières.
Le président Barack Obama rêve d’une Amérique qui exporterait davantage ses produits en Chine. Ça tombe bien, le billet vert est faible, mais le gouvernement chinois doit d’abord donner libre cours à l’appréciation de son yuan. Ce à quoi il n’est pas disposé pour l’instant, compte tenu de la dégringolade dramatique de ses exportations depuis le début de la crise.
D’autant qu’une bulle guette la Chine. Pour stimuler la consommation intérieure en attendant une reprise vigoureuse de ses exportations, l’Empire du Milieu a incité les banques à ouvrir les vannes. Résultat : la valeur des propriétés a grimpé de 27% à Pékin en seulement six mois. Les ventes à l’étranger devront bientôt prendre le relais, sous peine d’une surchauffe de l’économie.
Autre souci de la Chine : la valeur de ses énormes réserves en dollars américains, dont 800 millions en bons du Trésor. Le déficit américain, qui devrait exploser à 1840 milliards cette année, fait chuter le dollar et risque de provoquer de l’inflation. Wall Street craint, avec raison, le désintérêt graduel des Chinois, qui ont déjà commencé à diversifier leurs avoirs. Sans entrer dans les détails, le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, a assuré ses invités chinois que les États-Unis avaient un plan pour dégonfler leur dette astronomique.
La recrudescence des mesures protectionnistes a aussi creusé le fossé entre les deux pays. Fin juin, les États-Unis ont porté plainte à l’OMCcontre les quotas chinois sur les matières premières. Pékin a aussitôt riposté en dénonçant l’embargo américain sur la volaille chinoise.
Tous ces différends devraient fai re l ’objet de pourparlers au cours des prochains mois. Espérons que des pistes de solution auront été dégagées lorsque le président Obama rendra visite à son homologue chinois, Hu Jintao, plus tard cette année.
Les États-Unis et la Chine ont grandement intérêt à aplanir leurs divergences. Il y va de leur bienêtre économique, mais également de celui du reste de la planète. Les deux géants sont condamnés à s’entendre.




Haro sur le « made in China »   -  Richard Dupaul
Les boursicoteurs ont beau se réjouir de la reprise économique en Chine, le regain pressenti des importations chinoises dérange en Occident. Si bien que certaines industries souhaitent déjà ériger de nouvelles barrières commerciales.
Les enquêtes sur des disputes commerciales ont augmenté de 12 % dans le monde au deuxième trimestre et elles ont presque doublé par rapport à la même période en 2007.
Les gens d’affaires aiment bien les success stories, mais nettement moins lorsqu’ils sont les perdants de ces histoires.
L’Union européenne a imposé des droits antidumping à plusieurs reprises sur des biens chinois importés, allant des chaussures à l’acier. L’UE et les États-Unis ont en outre saisi l’OMC, en juin, des restrictions chinoises sur l’exportation de matières premières destinées à des aciéries occidentales. Ci-dessus, une usine d’acier à Wuhan, dans la province de Hubei, dans le centre de la Chine.
Ainsi, la reprise économique, qui s’accélère en Chine, provoque un mélange de soulagement et d’appréhension en Occident.
Les investisseurs boursiers ont beau se réjouir de la forte croissance qui reprend ses droits en Asie, des industries aux États-Unis et en Europe craignent un regain de la concurrence chinoise et veulent ériger des digues contre le prochain raz-de-marée made in China, ce qui ne laisse rien présager de bon pour le commerce international.
Dans un l ourd c l i mat de récession, les plaintes contre les pratiques commerciales de divers pays se multiplient sur la planète économique.
Selon l ’auteu r de l ’ét ude, Chad Brown, économiste rattaché à la Brookings Institution de Washington, les États-Unis et l’Inde ont porté le tiers des 35 plaintes commerciales acheminées à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au dernier trimestre.
L’Union européenne a aussi imposé des droits antidumping à plusieurs reprises sur des biens chinois importés, allant des chaussures à l’acier. L’UE et
Selon une étude américaine, les enquêtes sur des disputes commerciales ont augmenté de 12 % dans le monde au deuxième trimestre 2009, sur une période d’un an. Mais elles ont presque doublé par rapport à la même période en 2007, au plus fort du boom asiatique.
Ces enquêtes font suite aux plaintes portées par des industries, qui demandent de nouvelles restrictions commerciales pour protéger leur marché. Et, drôle de coïncidence, 80% des enquêtes récentes portent sur des importations en provenance de la Chine. les États-Unis ont en outre saisi l’OMC, en juin, des restrictions chinoises sur l’exportation de matières premières destinées à des aciéries occidentales.
Or, historiquement, les investigations de l’OMC présagent d’une remontée du protectionnisme. En effet, les plaintes contre les pratiques déloyales précèdent d’environ un an l’imposition de nouvelles restrictions commerciales.
Les erreurs du passé
Pourtant, l’histoire nous enseigne que le protectionnisme est l’une des pires choses à faire en période de récession. Un bel exemple à ne pas suivre : la loi Smoot-Hawley, une trouvaille des Américains conçue il y a trois quarts de siècle pour sortir leur pays de la Grande Dépression.
En juin 1930, à peine neuf mois après le krach boursier à Wall Street, le représentant au congrès W.C Hawley et le sénateur Reed Smoot, deux républicains, ont fait adopter une loi qui augmentait les tarifs à un taux record sur plus de 20 000 produits importés.
Des centaines d’économistes avaient pourtant signé une pétition dénonçant ce geste. Car, comme prévu, plusieurs pays ont riposté en érigeant leurs propres barrières commerciales. S’ensuivit une guerre commerciale aux effets désastreux : le commerce entre les États-Unis et l’Europe a chuté des trois quarts en deux ans. Et le commerce mondial a plongé de 66% de 1929 à 1934.
La loi Smoot-Hawley a été une grave erreur qui a exacerbé la récession, répètent les experts aujourd’hui. D’ailleurs, la reconnaissance de cette gaffe a mené à l’accord Bretton Woods, en 1944, qui assouplissait les tarifs sur les importations. Cette démarche allait ensuite aboutir, dans les années 50, sur l’accord du GATT et éventuellement sur l’OMC.
La semaine dernière, le grand patron de l’OMC, Pascal Lamy, a d’ailleurs demandé au monde d’être « vigilant » face à la montée du protectionnisme souvent associé aux plans de relance de certains pays, comme le Buy American Act.
L’Asie craint le pire
Le milieu des affaires en Asie craint d’ailleurs le pire.
Mercredi dernier, le Forum de coopération économique AsiePacifique ( APEC) s’est réjoui du redressement économique en cours dans certaines régions. Du même souffle, l’organisme a toutefois soulevé des doutes quant à la solidité de cette reprise.
« Les principales menaces contre le regain des échanges commerciaux sont les pressions protectionnistes croissantes », mentionne le communiqué des 21 pays membres de l’APEC, dont fait partie le Canada
Selon l’OMC, le commerce mondia l devrait s ubi r u ne contraction d’environ 10 % en volume cette année. Les pays développés verraient leurs échanges chuter de 14%, tandis que le recul des pays en développement serait limité à 7%. Bref, les exportateurs en arrachent. Et aux yeux de Pascal Lamy, ce sont autant de bonnes raisons d’éviter un repli sur soi : « Une coopération internationale effective et des marchés ouverts sont aujourd’hui plus indispensables que jamais. »



PENDANT CE TEMPS EN IRLANDE...
... le prix des maisons chute de 40%

Les prix des maisons neuves en Irlande ont chuté de plus de 40% en moyenne par rapport au sommet atteint en 2007, a annoncé l’organisme Irish Home Builders Association dans un rapport publié hier. « Des baisses de cette ampleur et même davantage dans certains cas sont déjà survenues », a précisé l’association, dont les membres construisent 90% des maisons en Irlande. Il se peut que les prix aient atteint un niveau plancher, estime le rapport. Les prix des maisons, qui avaient quadruplé de l’an 2000 à 2007, dégringolent tandis que l’Irlande pâtit de la pire récession qu’elle ait jamais connue et que les banques resserrent le crédit. Les prix d’un appartement de deux chambres à coucher dans le secteur chic Ballsbridge, à Dublin, ont chuté de 42% à 560 000 euros (827 000$US), précise le rapport. La « majorité » des promoteurs vendent maintenant des propriétés à un prix inférieur à leurs coûts pour obtenir des liquidités et régler des prêts, a soutenu hier au cours d’une conférence de presse à Dublin le président de l’association des constructeurs de maisons, Dominic Doheny. Il affirme que sa propre compagnie a sabré de 25% les prix de ses maisons construites dans le Midlands irlandais. L’association prévoit que 28 000 nouvelles maisons seront construites cette année, comparativement au sommet de 90 000 atteint en 2007.



LA FIN DU MIRACLE IRLANDAIS  -  Marc Thibodeau
L’Irlande, qui a connu pendant plus de 10 ans une expansion économique phénoménale, est frappée de plein fouet par la crise et l’éclatement d’une bulle immobilière qui avait dopé artificiellement la croissance des dernières années. La population, déjà éprouvée par la forte montée du chômage, fait face à une nouvelle vague de compressions qui promet de créer des remous. NOTRE CORRESPONDANT MARC THIBODEAU S’EST RENDU À DUBLIN POUR FAIRE LE POINT. 

LE TIGRE CELTIQUE LÈCHE SES PLAIES
DUBLIN I
« En Irlande, nous sommes dans une position où il n’est même pas possible de parler de plan de relance. »
l pleut au zoo de Dublin, mais rien ne semble pouvoir entamer l’enthousiasme des enfants présents, qui s’agglutinent à une baie vitrée pour voir le tigre se prélassant paresseusement quelques dizaines de mètres plus loin.
« Viens le voir, viens voir, Maman! » lance Ashley, une petite fille qui lève les bras au ciel pour souligner son excitation. Avant de se mettre à quatre pattes et de rugir pour imiter le puissant fauve.
Pendant plusieurs années, c’est avec un émerveillement quasi enfantin qu’économistes et élus occidentaux ont observé la croissance économique de l’Irlande, qui lui a valu le surnom de « Tigre celtique ».
Les tenants du libéralisme à tout crin – qui préconisaient la déréglementation des marchés, l’ouverture des frontières et un faible degré d’imposition – brandissaient la performance du petit pays de quatre millions d’habitants comme une preuve indéniable du bienfondé de leur approche.
Aujourd’hui, l’Irlande sert plutôt à illustrer l’importance de l’impact de la crise économique et financière qui a ravagé la planète.
Selon l’ I nstitut économique dublinois ESRI, le PNB reculera de 8,9% en 2009 et chutera encore de 2,3% en 2010, soit l’une des corrections les plus sévères enregistrées dans les pays développés.
Le gouvernement conservateur du premier ministre Brian Cowen a dû intervenir en catastrophe à l’automne dernier pour sauver les banques, nationalisant un établissement et se portant garant des prêts de plusieurs autres institutions pour éviter un effondrement généralisé.
Il s’apprête maintenant à imposer une nouvelle ronde de compressions à la population pour tenter d’endiguer l’augmentation du déficit et de la dette, qui explosent en raison de la baisse des rentrées fiscales et de la hausse des indemnités sociales.
Un groupe de consultants a souligné dans un récent rapport que le pays devait emprunter 400 millions d’euros par semaine sur les marchés, simplement pour équilibrer ses livres.
L’annonce de nouvelles compressions survient alors même que les autres pays développés insistent sur la nécessité de maintenir leurs plans de relance.
« En I rlande, nous sommes dans une position où il n’est même pas possible de parler de plan de relance », indique Peter Rigney, porte-parole de l’une des principales organisations syndicales du pays.
La baisse d’activité économique fait monter en flèche le chômage, qui pourrait excéder 16% d’ici 2010, selon l’ESRI. Des dizaines de milliers d’Irlandais qui se croyaient en sécurité se retrouvent à la rue.
C’est le cas de « Matthew », 46 ans, gestionnaire de projets de la firme Ericsson gagnant plus de 100 000 $ par année qui a été remercié par l’entreprise fin juin après plus d’une décennie de travail. « Nos projets étaient réalisés dans les temps et nous générions des profits, mais l’entreprise m’a dit qu’une personne à Shangaï pouvait faire mon travail pour le dixième du prix. Comment voulez-vous rivaliser avec ça? » demande l’homme de 46 ans, qui préfère donner un nom fictif.
Le secteur le plus durement touché est sans conteste celui de la construction, qui s’est effondré l’année dernière après plusieurs années de folle expansion.
« Ma boîte employait 150 personnes, elle n’en compte plus que
25 », souligne Myriam, architecte rencontrée devant un bureau d’assurance emploi du centre-ville. Personne dans le secteur n’avait anticipé un tel crash, dit la femme de 36 ans, qui a été mise à pied au printemps. « Les gens pensaient que les choses allaient simplement plafonner », relate-t-elle.
Responsabilité du gouvernement
John Fitzgerald, économiste de l’ESRI, estime que le gouvernement irlandais a permis à la bulle immobilière de croître de manière disproportionnée au lieu de tenter d’éviter la surchauffe en imposant de nouvelles taxes dans le secteur.
Le secteur immobilier, dit-il, s’est développé au point de représenter 14% de l’économie, comparativement à la moyenne observée de 5% dans les pays développés, faisant flamber du même coup les salaires. Et diminuant la compétitivité des entreprises.
Il préconise aujourd’hui, pour relancer l’économie, une réduction des salaires, tant dans le secteur privé que public. Ce qui ne sourit guère aux grands syndicats.
Kieran Allen, professeur au Dublin University College qui vient d’écrire un livre sur le « crash économique de l’Irlande », s’indigne que la population soit appelée à faire les frais des politiques passées du gouvernement.
Le pays, dit-il, a assuré sa croissance pendant des années en se positionnant comme un « paradis fiscal de l’Atlantique » offrant une porte d’entrée pour le marché européen. Plusieurs entreprises américaines, relate le sociologue, ont utilisé le pays pour transférer leurs profits à l’abri du fisc, tirant avantage des faibles taux d’imposition locaux.
La pratique a fonctionné jusqu’au début des années 2000, lorsque le ralentissement économique américain et l’émergence de pays offrant des taux de taxation encore plus faibles, comme la Pologne, ont coupé l’herbe sous le pied de Dublin, dit M. Allen. Le développement subséquent des secteurs financiers et immobiliers du pays, encouragés par une forte déréglementation, ont ensuite entretenu l’illusion que le Tigre celtique « vivait toujours », souligne-t-il.
L’auteur pense que le gouvernement devrait se détourner des banques privées et s’engager dans un plan public de relance de l’emploi, des suggestions qui ne trouvent guère d’écho pour l’heure dans la classe politique.
Bien que le gouvernement se montre rassurant sur l’avenir, les avis sont partagés. Alors que les économistes les plus alarmistes n’hésitent pas à évoquer une possible banqueroute du pays découlant du coût des garanties offertes aux banques, M. Fitzgerald envisage une reprise plus forte que la moyenne d’ici quelques années.
La relance, prévient-il, dépendra largement de l’évolution de l’économie mondiale, qui exerce un large impact sur les exportations irlandaises.
Myriam, l’architecte récemment mise à pied, pense qu’il faudra dans le meilleur des cas un ou deux ans pour que l’économie retrouve un peu de mordant. « Plutôt quatre ou cinq ans si je suis pessimiste », prévient-elle, témoignant de l’inquiétude générale de la population.
À défaut de certitude, les Irlandais, tant de fois éprouvés par l’Histoire, peuvent toujours se rabattre sur la sagesse populaire.

« Les bons temps viendront même s’il faudra peut-être les attendre longtemps », indique l’affiche d’un pub du centre-ville de Dublin.

APRÈS LA FRÉNÉSIE IMMOBILIÈRE, LE SILENCE
« Tout bougeait, c’était l’euphorie. Maintenant, c’est une autre époque. »
— Une affiche aux couleurs éclatantes mettant en scène un j eune couple tout sourire invite le passant à acheter une propriété ultra moderne et lumineuse au coeur de Clongriffin, le « plus récent » développement immobilier de Dublin.
Le désoeuvrement règne dans la plupart des villes d’Irlande, comme à Limerick, où un nombre grandissant de chômeurs doit recourir à l’aide sociale.
La réalité qui se cache derrière l ’a f f iche, posée sur un haut mur noir s’étendant sur t oute l a longueur de l a r ue principale, est passablement moins inspirante. On découvre, par un trou, un vaste terrain vague qui devait, il n’y a pas si longtemps, devenir un stationnement pour un luxueux centre commercial.
Le centre l u i - même e s t construit, mais il est complètement vide. Seule âme qui vive à proximité, le chauffeur d’un autobus municipal censé ramener les heureux adeptes de shopping vers le coeur de la capitale irlandaise, à plusieurs kilomètres de là.
« J’ai plus de chance de trouver un lutin ici qu’une adepte de shopping », confie, un brin dépité, le chauffeur du véhicule vide, Paul Lenon.
« C’est une ville fantôme », ajoute-t-il, en montrant un bâtiment voisin qui devait servir d’hôtel. Lui aussi est vide.
Dans la rue principale, la situation est à l’avenant. La plupart des locaux commerciaux sont déserts ou promettent l’installation prochaine de commerces qui, visiblement, ne sont pas prêts de se matérialiser. Le silence l’ambiance était toute autre à son arrivée. « Tout bougeait, c’était l’euphorie. Maintenant, c’est une autre époque. J’avais un emploi, je n’en ai plus. Mon mari avait un emploi dans le secteur de la construction, il n’en a plus. Il a est troublé uniquement par le passage occasionnel d’avions en route vers l’aéroport de la ville, situé non loin de là.
Les propriétaires de la seule pharmacie de la rue, fermée lors du passage de La Presse, ont placé une note s’apparentant à un SOS dans laquelle ils s’excusent d’avoir dû réduire de près de moitié les jours d’ouverture.
« Nous faisons appel à votre soutien continu et au soutien de tout le monde à Clongriffin. Nous en avons besoin pour pouvoir survivre », écrivent-ils.
Sinead O’ Brian, qui s ’e st installée dans le secteur il y a quelques années, relate que acheté une licence pour conduire un taxi, mais il doit travailler jour et nuit pour gagner un salaire décent », souligne la jeune femme de 26 ans, qui occupe son temps en promenant son chien.
David Cardick, résidant du secteur, n’apprécie pas du tout le triste spectacle offert par Clongriffin. « C’est terrible et déprimant à voir. Environ le quart seulement des bâtiments sont occupés », grommelle le retraité de 64 ans.
Le fiasco, dit-il, est imputable aux banques, qui ont prêté sans compter aux promoteurs immobiliers sans faire attention à la saturation du marché. « Maintenant, ils ne sont pas capables de récupérer leur argent. Et ce sont les Irlandais qui doivent payer la note », souligne M. Cardick, en référence au fait que le gouvernement s’est porté garant des dettes des banques pour éviter leur effondrement.
La situation de Clongriffin est loin d’être unique puisque le boom immobilier qui a alimenté la croissance économique de l’Irlande depuis cinq ans n’est plus qu’un lointain souvenir.
Un peu partout dans le pays, des développements à moitié complétés apparaissent en périphérie des villes. Et il faudra des années pour que les appartements et locaux vacants trouvent preneur, compromettant toute possibilité de reprise du secteur. Et de remontée des prix.
Une perspective désagréable pour Sinead O’Brian, qui préfère ne pas trop élaborer sur la dévaluation du duplex acheté il y a quelques années avec son conjoint.

« Sa valeur est tombée des tonnes, mais ça ne sert à rien d’en faire une dépression. Qu’est-ce que ça changerait ? » demandet-elle avant de reprendre sa promenade.

LE SPECTRE DE LA FAILLITE PLANE
DUBLIN — Quelle différence y a-t-il entre l’Irlande et l’Islande ? Une lettre et six mois de décalage.
Dell était une des nombreuses entreprises à s’être installée en Irlande, attirée par ses avantages fiscaux. La société a déménagé en Pologne il y a un an et demi, laissant derrière elle des milliers de chômeurs.
La blague revient régulièrement dans les cercles financiers irlandais, qui craignent de voir leur pays suivre la même voie catastrophique que le petit pays nordique.
Le gouvernement islandais a dû nationaliser en catastrophe à la fin de l’année dernière les trois principales banques du pays pour les sauver de la banqueroute, se portant garant de dettes représentant plusieurs fois le Produit national brut. Du coup, c’est l’État lui-même qui vivote depuis un an au bord du gouffre, ne réussissant à surnager qu’avec un prêt d’urgence du Fonds monétaire international, une situation inusitée pour une économie occidentale.
En Irlande, la situation n’est pas si différente, selon l’économiste Morgan Kelly, qui prédit le pire à ses concitoyens.
La décision de Dublin de racheter pour près de 80 milliards d’euros les actifs pourris des banques irlandaises, qui s’ajoutent aux garanties déjà annoncées, coûtera, à terme, des dizaines de milliards qui pourraient compromettre la viabilité financière de l’État lui-même, prévient-il.
« Dix milliards de plus (à payer) par-ci, dix milliards de plus par-là et voilà que vous vous retrouvez face à une situation de banqueroute nationale », écrit-il dans une lettre ouverte parue il y a quelques semaines dans le Irish Times.
D’autres économistes jugent « alarmistes » les prédictions de M. Kelly, qui est parfois appelé « Dr La Mort » dans les médias.
Ils font remarquer que la dette nationale de l’Irlande demeure pour l’instant d’une taille raisonnable. Et que le secteur bancaire, malgré sa forte croissance, n’a jamais atteint l’importance démesurée des établissements islandais par rapport à l’économie nationale.
À défaut de plonger aussi loin que l’Islande, l’ Irlande pourrait bien imiter le pays sur un autre point : le changement de gouvernement.
À Reyk j a v i k , l e gouver n e ment conservateur qui avait chapeauté les années de laisser-aller ayant mené à la crise a fini par démissionner sous la pression populaire, cédant la place à une coalition dirigée par une alliance sociale-démocrate.
À Dublin, la pression va croissante sur le gouvernement du premier ministre Brian Cowen, qui s’engage en terrain glissant en entreprenant une nouvelle ronde de compressions.
« Ça ne prend pas un génie pour comprendre que la colère monte chez les gens », commente Kieran Allen, un sociologue très critique des orientations économiques de Dublin.
La revue The Economist prévient, dans la même veine, que la probabilité de voir le gouvernement irlandais tomber « est en train d’augmenter » sensiblement.



Le « club des riches » a-t-il fait son temps ?  -  Marc Thibodeau
Les pays émergents demandent que le G8, établi dans les années 70 en réponse à la crise pétrolière, cède la place à une « nouvelle gouvernance mondiale basée sur le multilatéralisme ».
— Les groupes altermondialistes réclament en vain depuis des années que le « club de riches » du G8 soit dissous au profit d’une instance plus représentative et plus démocratique. Ils disposent désormais d’appuis au sein même de l’organisation.
Avant même le sommet qui s’est terminé hier à L’Aquila, la France et l’Allemagne avaient fait savoir qu’ils étaient favorables au remplacement du G8 par un G13 incluant les pays émergents du G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique et Afrique du Sud), voire par le G20 qui s’est réuni à Londres au début du mois d’avril pour traiter de la réponse à apporter à la crise économique.
Le président français Nicolas Sarkozy est revenu sur le sujet mercredi après avoir déclaré que l’organisation de huit pays ne « suffisait plus » pour s’attaquer aux grandes problématiques mondiales.
Hier, l’hôte du sommet, Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien, a ajouté son grain de sel en soulignant que le G14, comprenant le G13 et l’Égypte, serait sans doute à l’avenir le forum dans lequel se prendraient les grandes décisions économiques.
L’administration américaine de Barack Obama a indirectement remis en question l’utilité du G8 avant la rencontre de L’Aquila en soulignant qu’il s’agissait d’une simple étape intermédiaire entre le G20 de Londres et celui qui se tiendra à Pittsburgh en septembre.
Les pays émergents demandent que le G8, établi dans les années 70 en réponse à la crise pétrolière, cède la place à une « nouvelle gouvernance mondiale basée sur le multilatéralisme ».
« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne peuvent plus être résolus par les seuls pays industrialisés », ont répété durant le sommet les membres du G5.
Les ONG se montrent aussi très critiques envers le G8 en raison des engagements non tenus sur l’aide au développement et le « manque de leadership » manifesté dans le dossier du réchauffement climatique.
« Ce serait un bon pas en avant de passer au G20.... Le G8 devient trop petit », a souligné hier Denis Howlett, porte-parole d’Abolissons la pauvreté, un regroupement d’ONG canadiennes. Dans ce concert de critiques, le gouvernement canadien apparaît comme l’un des défenseurs les plus déterminés de l’organisation.
Le premier ministre Stephen Harper affirme qu’il est nécessaire d’avoir un « forum plus large » pour tenir compte des réalités économiques. Mais il estime qu’il faut préserver le G8 parce qu’il s’agit d’un forum restreint permettant « d’avoir des discussions très intimes tout en parvenant à un consensus qui a une importance suffisante pour faire bouger les choses relativement aux grands enjeux ».
M. Harper a répété essentiellement la même chose hier en conférence de presse, en précisant que le G8 aurait « toujours une utilité ».
L’attitude du Canada est importante dans le contexte actuel puisque le pays doit accueillir le prochain sommet de l’organisation l’année prochaine en Ontario.
Ce sera le rôle du gouvernement canadien, à titre d’hôte, de mettre un peu de « cohérence » dans ce domaine, a prévenu M. Harper.




G8  La Chine tempérée dans son souhait de diversification du régime monétaire international

La Chine veut mettre fin à l’hégémonie du dollar américain
— La Chine a appelé hier à la diversification du régime monétaire international, au cours d’une réunion des dirigeants du G8 et des grands pays émergents dans le cadre du sommet de L’Aquila, en Italie, a affirmé un responsable chinois.
Selon le conseiller d’État chinois, Dai Bingguo, il faut « améliorer le système monétaire international et renforcer le régime de réserves monétaires ». Les propositions pour ce faire, amenées par la Chine, n’ont pas eu l’heur de plaire aux autres participants du sommet, notamment au premier ministre britannique, Gordon Brown.
Le conseiller d’État chinois Dai Bingguo a déclaré au cours de la réunion qu’il fallait « maintenir une relative stabilité des taux de changes des principales monnaies de réserve internationales et promouvoir un système monétaire international plus diversifié et raisonnable », selon des propos rapportés à la presse par un responsable chinois.
Le président chinois Hu Jintao n’est pas présent au sommet. Il a dû annuler sa participation, regagnant précipitamment la Chine à la suite des émeutes ethniques qui secouent la région du Xinjiang.
Selon le conseiller d’ État chinois, il faut « améliorer le système monétaire international et renforcer le régime de réserves monétaires ».
Cette idée a jusqu’à présent rencontré le scepticisme des membres du G8, le Premier ministre britannique Gordon Brown soulignant devant la presse qu’il n’y avait pas eu de réelle discussion sur le sujet et qu’il n’était « pas réaliste » de s’attendre à des progrès sur cette question à court terme.
« Il n’y a pas eu vraiment de discussion là-dessus. La question a pu être soulevée lors de notre réunion, je ne peux pas vraiment me rappeler, mais si cela a été le cas, ça n’a pas été un sujet majeur des discussions », a-t-il affirmé.
« En ce moment, alors que nous essayons de sortir d’une profonde récession, je ne veux pas donner l’impression qu’un changement majeur va bientôt se produire qui pourrait suggérer que les règles actuelles sont déstabilisées », a-til ajouté.
Aucun élément sur cette question de la diversification du système monétaire, à laquelle sont fermement hostiles les États-Unis, soucieux de défendre la prépondérance du dollar, ne figure dans le projet de déclaration adopté par le G8 et les pays émergents hier et obtenu par l’AFP.
À la faveur de la crise, la Chine, qui s’est interrogée publiquement sur la sécurité de ses actifs financiers en dollars, a appelé ces derniers mois à l’adoption d’une nouvelle monnaie de réserve internationale pour remplacer le billet vert, évoquant un système utilisant les Droits de Tirages Spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international.
En mars, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait jugé « légitimes » les discussions sur une nouvelle monnaie de réserve internationale et estimé que ce débat pourrait avoir lieu « dans les mois à venir ».





ÉCONOMIE  Des « risques importants » demeurent
  -  Marc Thibodeau
L’AQUILA — Les pays membres du G8, réunis depuis hier à L’Aquila, préviennent que la situation économique mondiale demeure « incertaine » et que de « nombreux risques » menacent de compromettre le retour à la stabilité et à la croissance.
Dans une déclaration émise en fin d’après-midi à l’issue d’une première réunion de travail, les dirigeants de l’organisation soulignent qu’ils « continueront à fournir le stimuli macroéconomique » requis pour la relance sans préciser s’il sera nécessaire d’ajouter des sommes à celles qui ont déjà été annoncées.
Ils promettent de s’attaquer aux répercussions sociales de la crise, particulièrement en matière d’emploi, notant que ces impacts peuvent être des sources « d’instabilité ».
Plus tôt dans la journée, le premier ministre canadien Stephen Harper avait souligné que le moment ne semblait pas approprié pour envisager de nouveaux plans de relance même si des voix en ce sens s’élèvent au sein du G8.
« Avant de parler de nouvelles mesures de stimuli, j’inciterais tous les dirigeants à s’assurer que les mesures déjà annoncées ont été réalisées », a-t-il déclaré hier avant l’ouverture officielle du sommet.
Le dirigeant canadien s’est dit inquiet, à cette occasion, de l’apparition dans les plans de certains pays de mesures protectionnistes qui risquent, selon lui, de prolonger la crise.
Les membres du G8 ont promis qu’ils continueraient de s’attaquer au protectionnisme « sous toutes ses formes » pour garder les marchés « libres et ouverts ».
M. Harper a tenu ses propos en matinée lors d’une conférence de presse au coeur de L’Aquila, qui a été dévastée en avril dernier par un puissant tremblement de terre. Devant des immeubles en ruine, il a annoncé le versement d’une somme de 5 millions de dollars pour la construction d’un centre pour jeunes.
« Vos larmes étaient nos larmes », a-t-il souligné à l’attention des résidants de la ville de 70 000 habitants. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux n’ont pu retourner dans leur résidence et vivent dans des tentes.
L’apport du Canada ne constitue qu’une fraction infime des coûts de la reconstruction, estimés à plusieurs milliards de dollars.
Un député canadien présent pour l’annonce de M. Harper, Maurizio Benilacqua, a indiqué qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’un geste « symbolique » visant à montrer la « solidarité » du pays avec les victimes.



Un sommet du G8 sur fond de ruines  -  Marc Thibodeau
« Capitale de la douleur », L’Aquila deviendra aussi à partir d’aujourd’hui la « capitale du monde », a annoncé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi. Dévasté par un séisme en avril dernier, le village italien accueille les leaders des grands
PAGANICA— Si le premier ministre canadien Stephen Harper souhaite laisser une impression durable en Italie, à l’issue du sommet du G8, Anna Rita Tennina a la solution toute trouvée.
Un pompier arpente les rues du village d’Onna, voisin de L’Aquila, où se tient, à compter d’aujourd’hui, le sommet du G8 dans les ruines laissées par le terrible tremblement de terre d’avril dernier.
« Peut-être que le Canada pourrait adopter Paganica ? » suggère l’Italienne de 38 ans, qui continue, tant bien que mal, de faire fonctionner un magasin de fournitures dans ce petit village dévasté par le tremblement de terre d’avril dernier.
Le centre demeure interdit aux visiteurs, en raison des risques d’effondrement des immeubles qui continuent, à une inquiétante fréquence, d’être ébranlés par de nouvelles secousses.
Des centaines de résidants évacués dorment sous les tentes, dans des conditions qui sont à des années-lumière de celles qui sont réservées aux délégations politiques attendues aujourd’hui dans la ville voisine de L’Aquila, pour traiter des grands sujets de l’heure.
Le premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a souligné la semaine dernière qu’il souhaitait tenir le sommet du G8 à cet endroit pour faire de la « capitale de la douleur », l’épicentre de la planète.
Les ruines, omniprésentes dans la région, risquent de passer aux yeux des plus malicieux pour une métaphore de la situation économique mondiale, qui demeure la principale préoccupation des chefs de gouvernement des grands pays industrialisés rassemblés aujourd’hui en Italie.
« Les enjeux économiques doivent demeurer la priorité à L’Aquila », a résumé lundi un porte-parole de M. Harper, qui entend presser ses homologues de maintenir leurs efforts pour endiguer la crise.
Les dirigeants des principales institutions financières ne cessent de mettre en garde les élus contre tout excès d’optimisme face à l’évolution de la situation.
Le président du Fonds monét a i re i nternat iona l ( FMI ) , Dominique Strauss-Kahn, a ainsi prévenu récemment qu’il faut demeurer « très prudent ». « De nombreuses actions doivent encore être réalisées », a-t-il déclaré, en relevant que la situation des pays émergents était « très préoccupante ».
Même son de cloche de la part du président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, qui a révisé à la baisse ses prévisions pour l’économie mondiale en 2009. Il prévoit désormais un recul du PIB de 3% plutôt que de 1,75%.
À l’instar de son homologue du FMI, M. Zoellick insiste sur l’impact de la crise sur les pays pauvres et presse les membres du G8 de faire « beaucoup plus » dans les mois qui viennent pour les aider à se tirer d’affaire.
Des vies en jeu
Les besoins sont c ria nts, confirme en entrevue le directeur exécutif d’Oxfam Canada, Robert Fox. « On ne parle pas ici de gens qui sont contraints de réduire leurs dépenses de loisirs ou de réduire leurs vacances, mais bien de gens qui jouent leur vie », indique M. Fox, qui s’inquiète de l’explosion du nombre de personnes qui souffrent de malnutrition, aujourd’hui supérieur à un milliard dans le monde.
Cette évolutiondécoule enpartie des prix des denrées alimentaires de base, qui demeurent sensiblement plus élevés qu’à la normale malgré un recul marqué après la flambée de l’année dernière.
Lors d’un sommet d’urgence, les représentants d’une quarantaine de pays s’étaient engagés à injecter 22 milliards de plus pour endiguer la crise alimentaire. Seulement 10% de cette somme se sont concrétisés jusqu’à maintenant, déplore M. Fox, qui s’inquiète de voir des pays riches réduire leur budget d’aide.
Lors du sommet de Gleneagles, en 2005, les membres du G8 avaient promis de doubler l’aide au développement d’ici à 2010 et de faire augmenter l’aide totale à 0,7% de leur PIB d’ici 2015. Certains pays, comme la France et l’Italie, ne suivent pas le rythme prévu même si les ministres des Finances du G8 ont réitéré, il y a quelques semaines, leur volonté de respecter ces engagements.
Ils ont aussi promis de rehausser sensiblement le budget du FMI, qui doit passer de 250 à 1000 milliards d’ici à la fin de l’année.
Caserne indestructible
Le président des États-Unis, Barack Obama, a déclaré vendredi dernier, en prévision du G8, qu’il souhaitait convaincre ses homologues de faire plus pour venir en aide aux pays les plus défavorisés, notamment en encourageant un renforcement de leur capacité de production agr icole. Selon le Financ ial Times, un plan spécial de plus de 10 mi l l ia rds de dol la rs devrait être annoncé à cette fin dans le communiqué final de vendredi.
Les dirigeants du G8, qui se réuniront dans une caserne militaire réputée indestructible de L’Aquila, doivent aussi débattre du réchauffement climatique, de la crise en Iran et de régulation financière... s’ils ne sont pas perturbés dans leurs échanges par de nouvelles répliques sismiques. Un plan d’urgence a été mis sur pied pour évacuer rapidement les chefs d’État advenant une secousse supérieure à 4 sur l’échelle de Richter.
Plusieurs délégations ont réservé des chambres d’hôtel à Rome en vue d’un possible transfert de dernière minute. « Les conseillers politiques ont passé plus de temps à discuter de l’endroit où se tiendront les discussions que des enjeux euxmêmes », ironise un lobbyiste.







RIVALITÉ COMMERCIALE   La Chine suscite la méfiance américaine - Hugo Fontaine

LA CHINE SUSCITE LA MÉFIANCE AMÉRICAINE
La rivalité commerciale entre la Chine et les États-Unis s’est enrichie de deux nouveaux chapitres cette semaine, comme un rappel que la relation entre les deux grandes puissances économiques évolue encore entre mésententes et bénéfices.

« Il y a des difficultés assez manifestes dans les relations commerciales entre les deux pays », observe Pierre Martin, professeur de science politique et directeur de la chaire d’études politiques et économiques américaines de l’ Université de Montréal.
Mais en même temps, la Chine a besoin du marché américain. Et les États-Unis bénéficient de produits chinois à bon marché, à un tel point que certains soutiennent que cela a permis de mieux contrôler l’inflation américaine.
« De temps en temps, la relation entre les deux pays présente de belles occasions d’affaires, explique le politologue spécialiste de la Chine, Loïc Tassé. Mais de temps en temps, elle est source de rivalités très profondes. »
Ces rivalités ont refait surface cette semaine.
Hier, la Banque populaire de Chine a réitéré son souhait de voir apparaître une nouvelle devise internationale qui remplacerait le dollar américain en tant que monnaie par excellence des réserves des pays. Un tel changement causerait une forte dépréciation du dollar américain, qui constituait à la fin de 2008 environ 64 % des réserves des banques centrales.
« Les Chinois veulent remplacer les États-Unis comme première puissance mondiale, dit Loïc Tassé. Et un des enjeux est de détrôner le dollar américain. À long terme, la Chine aimerait que le yuan devienne la nouvelle référence, et elle a déjà conclu des ententes avec d’autres pays pour faire des échanges en monnaie locale. »
Mais la menace d’une nouvelle monnaie sonne c reux, estime Pierre Martin. « Cela porterait un dur coup au dollar américain, mais ça coûterait très cher à la Chine, qui détient beaucoup de dolla r s a méricains. Ce n’est pas dans leur intérêt. »
Attaque à l’OMC
Plus tôt cette semaine, les États-Unis ont déposé une nouvelle plainte contre la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – les ÉtatsUnis ont été i mpliqués dans toutes les plaintes portées contre la Chine depuis son entrée à l’OMC en 2001.
Washington accuse Pékin de restreindre les exportations chinoises de matières premières stratégiques. Cela permettrait aux entreprises chinoises de mettre la main sur des ressources à des prix inférieurs aux prix du marché international.
« Nous sommes extrêmement inquiets devant ce qui semble être une politique consciente qui crée des préférences injustes en faveur de l’industrie chinoise », a déclaré le représentant américain au Commerce, Ron Kirk.
L’Union européenne a aussi déposé un recours à l ’ OMC pour ces mêmes restrictions, qui prennent la forme de quotas, de droits ou de prix minimums à l ’exportation sur certaines matières premières comme le zinc, la bauxite, le magnésium ou le manganèse.
« Les restrictions chinoises sur les matières premières sont une distorsion à la concurrence et augmentent les prix mondiaux », a déploré la commissaire européenne au Commerce, Catherine Ashton.
L e ministère c h i nois du Commerce a rétorqué que la nécessité de protéger l ’environnement expliquait les rest r ic t ions à l ’exportation des ressources naturelles, et que ces restrictions étaient conformes aux règles de l’OMC. Pékin a aussi accéléré l’action lancée à l’OMC contre la loi américaine qui limite les importations de poulets chinois cuisinés, rapporte le j ournal économique français La Tribune.
La question des ressources naturelles est critique dans les relations sino-américaines. Pour les Chinois, il est important de sécuriser les prix et l’accès aux ressources pour le marché intérieur, note Loïc Tassé.
La Chine accumule aussi des réserves de ressources, notamment du pétrole, pour stabiliser les prix sur son marché intérieur, ce qui ne plaît pas aux pays occidentaux.
Parallèlement, le poids économique de la Chine devient une source de concurrence pour les États-Unis. « La Chine est considérée comme l’adversaire potentiel à long terme auquel il faut porter attention », note Pierre Martin.
La Chine peut compter sur un fonds souverain d’au moins 200 milliards de dollars, des réserves de devises de 2000 milliards, et un secteur de l’innovation en plein boom. « Les Occidentaux n’aiment pas que la Chine ait les moyens de jouer dans la cour des grands », dit M. Tassé.



L’Afrique veut prendre sa place dans l’économie mondiale  -  Philippe Mercure
« Dans 40 ans, vous n’allez pas vendre aux Chinois, vous n’allez pas vendre aux Indiens. Le nouveau marché, c’est nous. Le plus jeune marché du globe, c’est nous. Le marché où il y a tout à faire, c’est nous. »
« Dans 40 ans, un homme sur quatre sera africain, a dit Alpha Oumar Konaré. Notre Afrique, il faut le dire, est une puissance démographique. »
Non, ce n’est pas le président de l’Indonésie qui parle. Ni celui du Brésil, du Mexique ou de la Turquie – tous des pays sur lesquels parient les analystes pour devenir « la nouvelle Chine ».
Ces mots ont été martelés avec une passion hors du commun hier devant un parterre montréalais par Alpha Oumar Konaré, ancien président du Mali et de la Commission de l’Union africaine.
Et le marché dont il parle, c’est l’Afrique – ce continent négligé qui, sauf pour ses ressources naturelles, passe encore largement sous le radar des investisseurs.
Si M. Konaré parle de l’Afrique plutôt que de son pays, le Mali, ou même de l’Afrique de l’Ouest (une région dont il a présidé plusieurs institutions), « ce n’est pas un effet de style », a averti l’ancien politicien invité dans le cadre du forum Africa 2009.
M. Konaré a fondé au début de l’année le Mouvement pour les États-Unis d’Afrique. Son rêve: créer un état fédéral africain qui regrouperait tous les pays du continent, les nations arabes comme celles de l’Afrique noire.
« Il faut que l’Afrique soit intégrée à l’économie mondiale. Nous savons que nous avons besoin des autres, et que les autres ont besoin de nous », a-t-il d’abord établi.
Mais cela se fera à une condition.
« L’Afrique doit être unie. L’Afrique, avant d’être intégrée au reste du monde, doit être ellemême davantage intégrée. »
Pourquoi? À cause de la force de frappe qu’elle aurait si ses 53 pays se mettaient ensemble, a répondu en essence M. Konaré.
Prendre l’Afrique comme un tout, a plaidé celui qui a dirigé le Mali pendant 10 ans, c’est regarder un territoire 3,5 fois plus vaste que les États-Unis et 6 fois gros comme l’Union européenne. Un territoire où vivront au moins 1,8 milliard d’êtres humains d’ici 40 ans.
« Dans 40 ans, un homme sur quatre sera africain, a dit M. Konaré. Notre Afrique, il faut le dire, est une puissance démographique. C’est ça, la force. Et la richesse, nous l’avons », a dit M. Konaré, rappelant que son continent renferme une large part des ressources minières de la planète et aurait tout pour s’imposer comme une puissance agricole.
Pourquoi un tel potentiel est-il aujourd’hui sous-exploité? M. Konaré a indiqué le passé colonial, les subventions versées par les pays riches qui atteignent « 16 fois l’aide au développement », les privatisations qui ont affaibli les États, le « néolibéralisme où les dimensions sociales ne sont pas présentes ».
Mais les problèmes qui accablent actuellement l’Afrique « ne sont pas une fatalité », a dit M. Konaré. Et une Afrique unie augmenterait à la fois son poids politique... et son poids économique.

Le « néocolonialisme chinois » inquiète l’Afrique  -  Emmanuel Goujon
ADDIS ABEBA — La percée de la Chine en Afrique au cours des dernières années, d’abord accueillie avec enthousiasme, commence à susciter des inquiétudes, certains experts n’hésitant pas évoquer le risque d’un « néocolonialisme à la chinoise ».
« I l ne faudrait pas que l’Afrique sorte d’un néocolonialisme pour aller tomber pieds et poings liés dans le néocolonialisme chinois » , lance René N’Guetta Kouassi, directeur du département des Affaires économiques de l’Union africaine ( UA).
Ce discours contraste avec l’enthousiasme qui avait présidé au premier Forum ChineAfrique (FOCAC) à Pékin en 2000, beaucoup de dirigeants africains voyant dans l’émergence de l’aide chinoise non liée une manière de diversifier leurs financements, face à des pays occidentaux de moins en moins tolérants quant à la corruption et au déficit démocratique.
Principales critiques africaines : le manque de transferts de technologie en faveur de l’Afrique, la mauvaise qualité des produits chinois et surtout le déséquilibre des échanges, l’essentiel des importations africaines de la Chine étant le pétrole.
Dans un rapport publié en septembre, l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA) note que « la part de l’Afrique dans les échanges chinois reste relativement minime (4% en 2008 contre 2% en 2002) », mais que le commerce bilatéral a été « quasiment multiplié par neuf, passant de 12,3 milliards de dollars en 2002 à 107 milliards en 2008 ».
« Les industries extractives comptent pour 87% du total des importations en 2007, dont 83% de pétrole. L’Afrique est désormais le deuxième fournisseur de pétrole (26 % en 2007) de la Chine », précise le document.
Seuls les pays africains producteurs de pétrole bénéficient de la montée en puissance chinoise. « L’Afrique de l’Ouest a enregistré constamment un déficit commercial avec l a Chine, de l ’ordre de 80 % », rappelle l’économiste béninois Guillaume Moumouni.
Peu de bénéfices locaux
À propos des nombreux chantiers chinois en Afrique, « l’argent investi ne profite pas aux économies locales, il ne circule pas », déplore le chercheur sud-africain Tsidiso Disenyana.
« La Chine amène ses propres ingénieurs et ouvriers, des clauses devraient assurer un certain niveau de transfert de technologie, de formation pour les employés locaux », lance-t-il.
Rappelant que la Chine a rempli la plupart de ses engagements du premier FOCAC – a nnulation de l a dette, doublement de l’aide directe à l’Afrique, exemptions douanières –, l’a mbassadeur de Chine auprès de l’ UA, Gu Xiaojie, met en avant des arguments séduisants.
« Nous respectons la souveraineté des pays africains à choisir leur mode de développement et nous n’intervenons jamais dans les affaires intérieures, pas plus que nous ne lions politiquement l’aide aux gouvernements. Nous tentons de combiner les avantages mutuels », affirme-t-il.
Certains experts reprochent aussi à l’Afrique de ne pas bien se défendre. « Que la Chine aille là où se trouvent les ressources dont elle a besoin, c’est normal. Mais on remarque un enthousiasme un peu béat face à la soif de la Chine en matières premières, oubliant que ces ressources ne sont pas i népuisables, estime M. Moumouni. Nous, les Africains, devons sortir de ce type de rêverie d’une puissance, toute bénévole, qui vient pour nos beaux yeux ou parce que nous nous prévalons de notre pauvreté. »
« Aujourd’hui on parle de la Chine, mais demain, ce sera l’Inde ou encore le Brésil qui mènent beaucoup d’offensives en Afrique selon le même schéma », conclut-il.
« C’est pourquoi nous sommes en train, à l’UA, d’accélérer le processus d’intégration qui permettra à l’Afrique de tenir un même langage », répond M. Kouassi, notant que l’UA vise à « faire en sorte que les pays d’Afrique soient unis et solidaires dans les relations internationales afin de renforcer le pouvoir de négociation du continent à l’égard de n’importe quel partenaire ».

Viser le Moyen-Orient pour la reprise  -  Maxime Bergeron
Les PME québécoises devraient profiter de la crise économique pour s’installer aux Émirats arabes unis afin d’être aux premières loges quand la croissance reviendra, d’ici un an ou deux.
Il faut voir Dubaï comme un tremplin vers les autres pays du Moyen-Orient, et non comme une fin en soi, estime la nouvelle présidente du Conseil des entreprises canadiennes aux Émirats arabes unis, Marie-Josée Primeau.
C’est le message qu’a lancé la nouvelle présidente du Conseil des entreprises canadiennes aux Émirats arabes unis, Marie-Josée Primeau, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. « Ce que je suggère aux gens, c’est de commencer à semer des graines. C’est un marché qui est long à développer. »
L’émirat de Dubaï, où vit depuis trois ans Mme Primeau, a été frappé de plein fouet par la crise. Plusieurs projets immobiliers pharaoniques ont été suspendus ou annulés au cours de la dernière année, jetant une douche froide sur l’industrie de la construction. Les prix de l’immobilier ont d’ailleurs reculé de 48% au deuxième trimestre, selon les données de l’agence de courtage Colliers International.
En tout, quelque 300 milliards de dollars de projets ont été mis sur la glace, d’après les estimations de l’AFP. Malgré cette avalanche de mauvaises nouvelles, Marie-Josée Primeau, qui a travaillé à titre de gestionnaire chez Canon et Telus, insiste qu’il y a de la place pour les PME québécoises dans l’émirat. Et de l’avenir.
« Quand la relance va arriver, que ce soit à la fin de 2010 ou au début de 2011, ceux qui seront restés et auront survécu à cette crise-là vont pouvoir surfer sur la vague et aller décrocher toutes les autres transactions », croit-elle.
Selon la femme d’affaires, qui se qualifie elle-même de « visionnaire », les perspectives apparaissent favorables dans cinq principaux secteurs d’activité pour les PME: l’agroalimentaire, la construction, la santé, les technologies de l’information et les hydrocarbures.
Il faut voir Dubaï comme un tremplin vers les autres pays du Moyen-Orient, et non comme une fin en soi, ajoute-t-elle. L’émirat voisin d’Abu Dhabi – qui accueillera son premier Grand Prix de Formule 1 à la fin du mois –, le Qatar et l’Arabie Saoudite ont un potentiel énorme, souligne-t-elle.
Écrémage
Marie-Josée Primeau, qui mène en parallèle une carrière d’artiste-peintre en plus de diriger une PME spécialisée dans le traitement des eaux usées, estime que la crise de la dernière année aura eu le mérite d’écarter les entrepreneurs qui n’étaient « pas de qualité ».
« Le monde des affaires a été touché, beaucoup de gens ont quitté Dubaï, relate-t-elle. Mais je trouve que c’est une correction qui est très saine. Beaucoup de gens atterrissaient à Dubaï et pensaient qu’un sac de pépites d’or les attendrait à la douane. Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas facile et ça prend du temps. »
Le Conseil des entreprises canadiennes aux Émirats arabes unis a été fondé en 1993 et regroupe environ 400 entreprises canadiennes installées aux Émirats arabes unis, dont Bombardier, SNC-Lavalin, CAE et Cansult.



PREMIER SOMMETDU BRIC  Mise en garde contre la domination du dollar américain

— Les quatre grands pays émergents du BRIC ( Brésil, Russie, Inde, Chine), qui ambitionnent de gagner en influence sur la scène mondiale, ont mis en garde hier contre la domination du dollar américain, lors de leur premier sommet.
« Nous pensons qu’ i l est vraiment nécessaire d’avoir un système de devises stable, prévisible et plus diversifié », ont déclaré les dirigeants des quatre pays, réunis à Ekaterinbourg. en Russie, sur fond de critiques récurrentes sur le rôle du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale.
« Le rouble et le yuan méritent d’être inclus » dans le panier de devises de référence du Fonds monétaire international ( FMI), a ajouté le principal conseiller économique du Kremlin, Arkadi Dvorkovitch.
Le président russe, Dmitri Medvedev, qui a qualifié ce sommet d’« événement historique », a souligné qu’il devait « créer les conditions pour un ordre mondial plus juste ».
La rencontre réunissait les présidents russe, chinois Hu Jintao, brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le premier ministre indien Manmohan.
Les quatre dirigeants ont aussi appelé à « réformer » le système financier international, afin de donner une plus grande place aux pays émergents.
« Les économies émergentes et en développement doivent être mieux entendues et mieux représentées dans les institutions financières internationales », ontils souligné dans leur communiqué final.
Le BRIC, porté par une forte croissance des quatre économies nationales ces dernières années, entend s’imposer comme un forum clé sur la scène mondiale.
« Un bébé vient de naître et, pour l’instant, il est encore dans son berceau », a concédé le viceministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
Mais « le groupe du BRIC sera capable de formuler certains principes pour le développement à venir de l’architecture financière mondiale », a-t-il ajouté.
Selon Elena Charipova, analyste à la banque Renaissance Capital à Moscou, la « transformation de ce groupe en une vraie structure internationale va prendre beaucoup de temps mais le BRIC apparaît clairement comme un nouveau centre de pouvoir ».
Il est toutefois « difficile d’imaginer » une refonte sérieuse du système financier international dans un avenir prévisible, a-t-elle ajouté.
La Russie, qui milite notamment pour une diversification des outils financiers internationaux, a aussi appelé ses partenaires à investir dans les obligations émises par chacun des pays du BRIC.
« Nous pourrions placer une partie de nos réserves non seulement dans des bons du Trésor américains et européens, mais aussi (...) dans des instruments financiers émis par nos partenaires », a dit Arkadi Dvorkovitch.
« Personne ne veut démolir le dollar », ni provoquer « l’instabilité sur les marchés financiers », a-t-il toutefois assuré.
Au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS, Chine, Russie et quatre pays d’Asie centrale) organisé plus tôt dans la journée, M. Medvedev avait déjà estimé que les monnaies de réserve actuelles, dont le dollar, n’avaient « pas rempli leurs fonctions ».
La Chine, la Russie et le Brésil comptent aussi acheter les toutes premières obligations que le Fonds monétaire international ( FMI) va émettre, pour plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Pékin a par ailleurs annoncé un crédit de 10 milliards US pour les pays de l’OCS, afin de faire face aux conséquences de la crise.
Le prochain sommet du BRIC aura lieu en 2010 au Brésil.



Premier sommet historique pour le BRIC
BRÉSIL, RUSSIE, INDE ET CHINE
— Les pays du BRIC ( Brésil, Russie, Inde et Chine), qui tiennent leur premier sommet demain, veulent afficher leur volonté d’agir à l’unisson face à la crise et se tailler une place plus importante sur la scène politique mondiale.
Les dirigeants des quatre principales économies émergentes du monde sont attendus à Ekaterinbourg, dans l’Oural, pour leur premier sommet formel, dont l’objectif est de formuler des propositions afin de faire face à la crise économique mondiale.
Ce sommet sera aussi l’occasion de voir si le BRIC a un futur en tant qu’entité internationale.
« La Russie pense que ce format est prometteur, aussi bien sur le plan économique que politique », relève la porte-parole du président russe Dmitri Medvedev, Natalia Timakova.
« Il est trop tôt pour faire des prédictions, il faut d’abord voir comme cette première réunion va se passer », ajoute-t-elle toutefois, se refusant à tout pronostic sur les implications à long terme du sommet.
Lors de cette rencontre, M. Medvedev, le président chinois Hu Jintao, le Brésilien Luis Inacio Lula da Silva et l’Indien Manmohan Singh doivent adopter une déclaration appelant à un monde multipolaire, a précisé le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko.
Moscou refuse toutefois d’y voir une prise de position en forme de camouflet au président américain Barack Obama. « Ce n’est un reproche pour personne », a déclaré M. Nesterenko.
Selon les analystes, ces quatre pays montrent une volonté croissante de coordonner leurs efforts pour contrer la domination des États-Unis sur la scène mondiale et y jouer un rôle plus important.
Trois de ces États ont annoncé leur intérêt pour les toutes premières obligations que le Fonds monétaire international ( FMI) va émettre: la Chine souhaite en acquérir jusqu’à 50 milliards US, tandis que la Russie et le Brésil veulent acheter chacun 10 milliards US d’obligations.
Moscou et Pékin, qui critiquent de plus en plus le système monétaire international dominé par le dollar américain, appellent à réformer les institutions financières internationales et à fixer une nouvelle monnaie de réserve mondiale pour éviter qu’une nouvelle crise ne survienne.
Signification politique
Pour Rory MacFarquhar, économiste à la banque américaine Goldman Sachs, le sommet aura toutefois une signification politique, plus qu’économique.
« Il existe un intérêt considérable – on peut dire de tous les pays (du BRIC), mais de la Russie en particulier – à créer une alternative » aux organisations internationales déjà existantes, a-t-il estimé, interrogé par l’AFP.
Vladimir Osakovski, responsable de la stratégie pour la banque italienne UniCredit à Moscou, est du même avis. L’idée d’une nouvelle monnaie de réserve est plus un moyen de faire du bruit sur le plan politique qu’un réel « premier pas vers la création d’un nouvel outil de politique économique mondiale », a-t-il relevé.
D’autant que cette perspective mettrait des années à être réalisée, soulignent les analystes.
Le sommet du BRIC se tiendra au lendemain d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS – Russie, Chine, Ka zakhs t an, Ouzbéki s t an, Tadjikistan et Kirghizstan), également à Ekaterinbourg.
L’Inde, le Pakistan, la Mongolie et l’Iran, avec son président fraîchement réélu Mahmoud Ahmadinejad, seront présents en qualité d’observateurs.
Le président afghan Hamid Karzai est aussi attendu, a indiqué M. Nesterenko, qui a ajouté que le Sri Lanka et le Bélarus rejoindraient l’OCS en tant que « partenaires de dialogue ».




G2 OU G20?
L’idée d’un « G2 » composé de la Chine et des États-Unis, qui remplacerait le G8 et le G20, a de nouveau été soulevée à la Conférence de Montréal. C’est Robert Zoellick, le président américain de la Banque mondiale, qui a avancé cette idée honnie par les Européens. L’historien à succès britannique Niall Ferguson a lancé l’idée d’un G2 « Chiméricain » cet hiver, avant la réunion du G20 sur la crise économique. Les médias chinois ont au départ approuvé l’idée que le G20 soit d’abord et avant tout une rencontre entre Barack Obama et le président chinois Hu Jintao, avant de changer leur fusil d’épaule et de renier l’idée d’un G2, selon l’hebdomadaire britannique The Economist. Hier, Madeleine Albright s’est pour sa part prononcée en faveur de l’élargissement du G20 plutôt que de sa réduction à un G2. Ironiquement, jusqu’à tout récemment, le G2 qu’évoquaient les politologues regroupait plutôt les États-Unis et une direction centrale de l’Union européenne.


Le déclin du dollar américain - JEAN-PASCAL BEAUPRÉ

Le baril de pétrole se négociait à 423 yuans chinois hier. Vous en perdez votre mandarin? Pas grave, vous avez encore quelques années pour vous y faire. Mais selon ce que prévoient certains experts, le jour où le dollar américain se fera détrôner comme monnaie de réserve internationale pourrait survenir plus vite qu’on le pense.
Pourquoi en faire tout un plat? Les bénéfices rattachés au statut de première monnaie mondiale ne sont pas négligeables. L’hégémonie du dollar procure, entre autres, au gouvernement américain, et à ses consommateurs, les taux d’emprunt les plus bas sur le marché international.
Avant la crise économique qui a déboulonné les colonnes de l’empire américain, juste soulever cette hypothèse aurait relevé de l’hérésie. Mais depuis quelques semaines, des puissances commerciales, dont la Chine et la Russie, ont égratigné l’ego de l’oncle Sam en remettant ouvertement en question le statut privilégié du dollar américain. D’ici 10 ou 15 ans, le renminbi – autre nom donné au yuan – pourrait le pousser en bas de son piédestal.
Les astres semblent s’aligner en ce sens. Les États-Unis sont de plus en plus endettés alors que la Chine, leur principal banquier, peut compter sur des réserves monétaires phénoménales. Leurs déficits abyssaux pourraient même coûter aux ÉtatsUnis sa cote AAA. D’ici un quart de siècle, la Chine ajoutera vraisemblablement l’insulte à l’injure en raflant auxAméricains le titre de première économie mondiale.
Dans une chronique récemment publiée dans le New York Times, l’économiste Nouriel Roubini, qui s’est rendu célèbre en prédisant la crise actuelle, soutient que le renminbi pourrait dominer le marché monétaire du XXIe siècle, comme le dollar américain a régné au XXe.
Évidemment, cela n’arrivera pas du jour au lendemain. Mais des indices laissent croire que le gouvernement chinois est en train de semer les graines qui vaudront avant longtemps au yuan de supplanter le dollar américain comme valeur refuge.
Premier obstacle à surmonter: Pékin doit lever les restrictions entourant la libre circulation du yuan. Tant que sa devise ne sera pas pleinement convertible, elle ne peut remplir les critères de liquidité inhérents à unemonnaie de réserve. Mais la Chine y travaille. Ces derniers mois, question de promouvoir son yuan tout en contournant le billet vert, elle a multiplié les accords d’échanges de devises avec plusieurs pays. Le Brésil souhaite d’ailleurs ne plus échangerendollars US avec la Chine, devenue son principal partenaire commercial.
De plus, le taux de change du yuan devra aussi devenir flexible, il devra flotter face aux autres devises.
Ce passage du flambeau aurait éventuellement des répercussions sur l’économie canadienne. Si les Américains paient davantage d’intérêts pour financer leur dette colossale, ils se retrouveront avec moins d’argent dans leurs poches. Moins d’argent, donc, pour consommer des produits canadiens. Une raison supplémentaire pour le Canada, qui exporte 75% de sa production aux États-Unis, de réduire sa dépendance envers son voisin du Sud.
La suprématie du billet vert tiret-elle vraiment à sa fin? Ses jours comme monnaie toute-puissante de la planète financière ne sont pas encore comptés, mais ses années, peut-être bien que oui.




La Suisse blanchie mais... - André Lehman
Paradis fiscaux
ZURICH — La Suisse a été officiellement retirée hier de la liste « grise » des paradis fiscaux, cinq mois après y avoir été placée par l’OCDE, mais la Confédération ne respire pas pour autant, car la pression sur son secret bancaire se poursuit.
Crise f i nancière, affaire UBS et attaques tous azimuts contre son secret bancaire : la Suisse, qui avait jusqu’à présent cultivé son i mage de havre de stabilité, a été fortement malmenée ces 12 derniers mois.
Mais l’annonce par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) que la Confédération figure désormais sur la liste « blanche » des pays considérés comme vertueux en terme de coopération fiscale a provoqué un soulagement dans cette place financière largement dépendante d’une clientèle internationale fortunée.
« Une place f i nancière a besoin de la confiance de sa clientèle, mais cette confiance a été malmenée par l’affaire UBS aux États-Unis, ce qui a provoqué l’incertitude des clients étrangers » , estime Peter Viktor Kunz, professeur de droit économique à l’Université de Berne.
« Les clients à l’étranger ont appris que la Suisse avait d’abord été placée sur une liste noire, puis grise. Cela a remis en question la réputation » des banques helvétiques, a expliqué à l’AFP M. Kunz.
Mais la résolution de l’affaire UBS, qui a échappé à un procès aux États-Unis en livrant l es noms de 4 4 50 cl i ents soupçonnés d’avoir fraudé le fisc américain, et la décision de l’OCDE vont « calmer les clients et rétablir l’afflux de nouveaux capitaux », prédit-il.
Si la Suisse, qui gère quelque 2000 milliards de francs suisses d’avoirs étrangers, a fait d’importantes concessions sur son secret bancaire, en se conformant aux standards de l’OCDE et en signant 12 accords d’échange d’ i nfor mation f i s c a l e, la Confédération continue de marteler que son secret bancaire est intact.
« La protection de la sphère privée des clients suisses et étrangers des banques contre les interventions injustifiées de l ’ État r este assurée » , affirme le ministère helvétique des Finances.
Même son de cloche du côté des établissements financiers. Le directeur de la banque privée de Credit Suisse, Walter Berchtold, a récemment affirmé que « la protection du client demeure (sa) priorité principale ».
« Le secret bancaire demeure en place », a-t-il affirmé dans un entretien dans la presse.

La fin du secret bancaire suisse
WASHINGTON — L’a c c ord entre les États-Unis et UBS, qui permet aux autorités de Washington d’accéder aux données de 4450 Américains c l i e nt s de c e t t e ba nque suisse, est « sans précédent » et marque une « étape capitale » contre l’évasion fiscale, a indiqué hier le fisc américain ( IRS).
« Grâce au gouvernement suisse », les États-Unis sont parvenus à un « accord sans précédent » qui marque « une étape capitale dans les efforts de l’IRS pour lever le voile du secret bancaire », a déclaré à la presse Douglas Shulman, commissaire de l’IRS.
Cet accord « envoie un message : l’ I RS poursuit et poursuivra sans relâche à travers le monde » ceux qui se soustraient au fisc, « peu importe l’institution » bancaire qui les abrite, a ajouté M. Shulman, qui s’exprimait lors d’une conférence téléphonique.
Il faisait là allusion notamment à l a r é putation de discrétion des banques helvétiques. À un j ournaliste qui lui demandait si le secret bancaire existait encore en Suisse, le responsable américain a répondu en substance que c’était à UBS de répondre à cette question.
Selon les termes de l’accord signé hier à Washington, UBS doit fournir au fisc américain les noms de 4450 de ses clients soupçonnés d’évasion fiscale.
Cet accord met fin à la procédure engagée en février par le ministère de la Justice américain pour obtenir l’identité de 52 000 Américains titulaires de comptes chez UBS en Suisse.
Revenant sur le chiffre de 52 000 comptes, M. Shulman a i ndiqué qu’i l s’agissait d’une estimation faite par UBS du nombre d’Américains ayant des comptes en Suisse, mais que tous n’étaient pas des fraudeurs.
« Nous n’avons jamais eu l ’ i ntention de poursuivre 52 0 0 0 personnes, ç a n’a j a mais été un c hif f r e de l’ I RS », a-t-il ajouté, affirmant que l’ État américain avait lancé cette procédure pour obtenir les i nformations qu’il cherchait « à un moment où la position du gouvernement suisse était que les États-Unis ne pourraient avoir accès à aucun de ces comptes ».
M. Shulman a indiqué que les personnes dont l’identité était sur le point d’être r évélée pouvaient encore se rendre d’elles-mêmes au fisc d’ici le 23 septembre, mais qu’après cela il serait trop tard.
Des responsables du fisc américain ont indiqué que ceux qui souhaitent part i c i per à ce « programme volontaire de divulgation des faits » éviteraient ainsi des poursuites pénales et obtiendraient une minoration de l’amende.
Se fél i c i t a nt que l ’ I RS a i t obtenu ce qu’ i l voul a i t depuis l e début de son enquête sur UBS, M. Shulman a prévenu que ce n’était là « qu’un début et que l a lutte contre l ’évasion fiscale restait une des pr i or i t é s premières » de ses services.
Selon un communiqué de l’ I RS, l’accord fournit au fisc américain « un niveau d’infor mation sa ns précédent sur les ressortissants américains titulaires de comptes » chez UBS.
M. Shulman a i ndiqué qu’au total, grâce à la coopération d’UBS et à ses propres sources, le fisc avait identifié « plus de 5000 » contribuables a méricains suspects, clients d’UBS.
Il a ajouté que selon une esti mation de l a banque, le montant total des actifs détenus s u r l e s c omptes suisses des 4450 personnes livrées au fisc a pu atteindre à certains moments plus de 18 milliards US.

Les spécialistes craignent la fin du secret bancaire  -  Alexandra Troubnikoff
GENÈVE — L’accord mettant fin au litige d’UBS aux ÉtatsUnis ouvre la voie à d’autres enquêtes contre les banques helvétiques qui pourraient finir d’entacher leur réputation tout en écornant un peu plus le secret bancaire, estiment les spécialistes.
« Le désastre d’ UBS est une catastrophe pour la place f i nancière suisse (. . . ) car tout le monde va s’engouffrer dans la brèche », assène le directeur de la banque privée Edmond de Rothschild à Genève, Patrick Segal.
Et en premier l ieu, les États-Unis eux-mêmes, qui pourraient lancer de nouvel l es enquêtes. Berne a ainsi promis à Washington « d’étudier et de donner suite à des demandes additionnelles d’informations concernant d’autres banques ».
Les deux pays sont arrivés mercredi à un accord selon lequel la banque échappe à un procès aux États-Unis contre la livraison des identités de 4450 titulaires de comptes américains, soupçonnés d’avoir f raudé leur fisc.
Après l’enthousiasme du gouver nement e t d ’ U BS mercredi soir, l’accord a reçu un accueil plus que mitigé en Suisse, où l’on se félicite surtout de la fin des poursuites judiciaires contre la banque.
Mais sur le fond, la place financière redoute un marché de dupes dans lequel les clients ont payé le prix fort, ce qui ne sera pas sans conséquence pour son image.
« Jamais auparavant une banque helvétique n’avait été contrainte par le droit ou les pressions politiques de mettre sur le billot la tête de milliers de clients », s’est ainsi insurgé le quotidien 24 heures.
Après UBS, les principales institutions suisses seraient déjà en ligne de mire, à savoir Crédit suisse, Julius Baer ou l’Union bancaire privée (UBP).
Une enquête « ne veut pas dire pour autant que les autres banques suisses se soient mal comportées » sur le sol américain, faisant comme UBS du démarchage auprès de riches citoyens pour les inciter à frauder leur fisc, tempère le porteparole de l’Association suisse des banquiers, James Nason.
Pour le premier secrétaire des banquiers privés, Édouard Cuendet, les États-Unis seront toutefois bien inspirés de ne pas aller trop loin, car « s’ils c ommencent à t i r er t ous azimuts contre les banques suisses ou étrangères », ces dernières pourraient réagir en réduisant leur activités dans le pays.
Il n’empêche. De nouvelles divulgations de noms enverraient un signe que le secret bancaire n’est vraiment plus étanche et pourrait porter atteinte au prestige de la finance helvétique.
Les conséquences pourraient être lourdes pour la place qui gérait en 2008, s elon l es s t at i s t i ques de l a banque centrale, 4 361 milliards de francs suisses d’actifs, soit huit fois son produit intérieur brut, dont près de la moitié venant de l’étranger.
Pour les analystes, il est un fait que le secret bancaire en vigueur depuis les années 30 ne cesse d’être écorné. « La sphère privée rétrécit au lavage à chaque incident depuis 3 0 a ns » , e s t i me M. Segal.
Cette année a été particulièrement significative à cet égard avec la divulgation de 250 noms de clients américains en février par UBS et la décision en mars de la Suisse de se conformer aux standards de l’Organisation de coopération et de dével oppement é c onomiques (OCDE).
Sous l a pression de la communauté internationale, la Suisse a accepté d’abandonner la distinction qu’elle faisait entre évasion fiscale et fraude qui était au coeur de son système.
Mais de nombreux défenseurs de la sphère privée en Suisse s’accrochent, en assurant que le système existant ne permet pas des « expéditions à l’aveugle des États soucieux de mettre au pas leurs contribuables ».
Certes, mais l’étau se resserre de plus en plus, reconnaît M. Segal.

Témoignage accablant pour UBS
WASHINGTON — La j ustice américaine, qui cherche à coincer la banque suisse UBS et les clients américains de celle-ci qu’elle accuse d’évasion fiscale, a publié le témoignage d’un Américain avouant comment UBS l’a aidé à frauder en montant une structure internationale complexe.
La cour de district centrale de Californie a mis en ligne le témoignage d’un Américain qui a accepté de plaider coupable d’avoir omis sciemment de déclarer au fisc de son pays l’argent qu’il détenait sur ses comptes ouverts chez UBS en Suisse ou ailleurs.
Ces informations sont contenues dans un document mis en ligne dimanche sur le site internet de la cour de district centrale de Californie à Los Angeles, devant laquelle cet Américain, John McCarthy, a accepté de plaider coupable d’avoir omis sciemment de déclarer au fisc de son pays l’argent qu’il détenait sur ses comptes ouverts chez UBS en Suisse ou ailleurs.
Selon s on t émoignage, M. McCarthy avait ouvert en Suisse chez UBS un compte au nom d’une société de Hong Kong dont il était le bénéficiaire et sur lequel il a transféré plus d’un million de dollars provenant de ses affaires aux États-Unis, « ce que savait UBS ».
Ce compte, ajoute le document, « avait été établi avec l’aide d’un avocat suisse qui avait été conseillé au prévenu par des représentants d’UBS ».
« D’autres fonds appartenant au prévenu ont été virés sur d’autres comptes suisses d’UBS à partir d’un compte contrôlé par le prévenu dans une banque des îles Caïman », ajoute cet « exposé des faits » attaché à l’accord par lequel M. McCarthy accepte de plaider coupable.
« Dans la gestion de son compte aux Caïman, le prévenu a reçu les conseils de représentants d’UBS qui lui ont indiqué que nombre de leurs clients américains ne déclarent pas leurs revenus et les font simplement disparaître », ajoute ce texte à charge contre la banque suisse.
M. McCarthy a également reconnu avoir rencontré en personne ou communiqué par téléphone, fax, ou courrier électronique avec des représentants d’UBS et son avocat suisse de 2003 jusqu’à 2008 « pour discuter » de ses comptes « ouverts chez UBS et des fonds qu’ils renfermaient ».
Le document ajoute que l’avocat suisse de M. McCarthy a i n f or mé c elu i - c i qu’ i l créerait pour lui « une fondat i on au L i e c htenstei n contrôlant une autre structure, comme une entreprise panaméenne ou hongkongaise, ce qui établirait une barrière supplémentaire pour protéger son identité »
La j ust i c e a f f i r me pa r ailleurs qu’« à plusieurs occasions, l’avocat suisse... a dissuadé le prévenu de virer les fonds présents sur ses comptes UBS en Suisse hors du pays », lui proposant au contraire, en concertation avec les représentants d’UBS, des moyens de faire sortir davantage de fonds des États-Unis au nez et à la barbe des autorités.
L a public a t i on de c e s faits mettant en cause UBS survient alors que le gouvernement américain et la banque suisse sont parvenus mercredi à un accord pour régler un litige dans lequel Washington a c c use U BS d’avoir incité ses clients américains à frauder le fisc.

UBS donnera des noms au fisc américain
— La première banque suisse, UBS, poursuivie aux États-Unis pour fraude fiscale, pourrait échapper à une amende et ne t ransmettre qu’environ 5000 noms de titulaires de comptes à la justice américaine, affirme la presse dominicale helvétique.
Le nombre de 4500 à 5000 noms de titulaires de comptes ayant fraudé le fisc américain « n’est pas éloigné de la réalité », a affirmé une source proche du dossier, citée par le journal NZZ am Sonntag.
Alors qu’UBS et le fisc américain ont trouvé vendredi un « accord de principe sur des points essentiels » du litige, une amende « ne fait pas partie de l’accord », a affirmé la même source. Jusqu’à présent, une amende entre 3 et 5 milliards de dollars avait été évoquée par la presse helvétique.
La j ustice américaine avait initialement exigé de connaître l’identité de 52 000 clients américains dont les comptes « offshore » pourraient receler quelque 14,8 milliards de dollars.
En février, la banque zurichoise s’était déjà acquittée d’une amende de 780 millions de dollars (551,7 millions d’euros) et avait communiqué à la justice américaine environ 250 noms de titulaires de comptes.
La remise des noms pourrait intervenir d’ici le 23 septembre, poursuit la NZZ, citant des sources judiciaires. Le fisc américain pourrait aussi étendre la durée d’auto-dénonciation des fraudeurs pour rattraper un maximum de contribuables.
Le fisc américain (IRS, Internal revenue service) disposerait déjà des noms de 10 000 contribuables repentis. Et rien que la semaine dernière, 400 nouveaux fraudeurs seraient venus faire amende honorable, selon le journal, qui cite un porte-parole de l’IRS.
En t rouvant f i nalement un accord, la Suisse a réussi à préserver ses intérêts spécifiques, principalement le secret bancaire.
« Le droit suisse demeure entier, car les États-Unis se sont engagés à agir selon les accords existants en faisant de nouveau appel à l’entraide administrative », la voie officielle pour obtenir des informations protégées par le secret bancaire, a affirmé le responsable de la délégation suisse aux ÉtatsUnis, Michael Ambühl.
La ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf a cependant averti qu’il restait peu de temps pour finaliser l’accord.

La lutte contre les paradis fiscaux s’annonce ardue  -  Marc Thibodeau
OCDE
La semaine dernière, les membres du G8 réunis à L’Aquila, en Italie, ont répété qu’ils « ne pouvaient pas continuer à tolérer que de larges sommes de capital soient cachées pour échapper au fisc ».
— À en croire l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la lutte contre les paradis fiscaux progresse à toute vitesse depuis que les pays membres du G20 ont décidé de mettre le point sur la table en avril dernier. Mais les avis sont partagés sur le sujet.
L e s e c r é t a i r e généra l de l’OCDE, Angel Gurría, répète à qui veut l’entendre que les progrès enregistrés dans ce domaine au cours des derniers mois sont supérieurs à ceux qui sont survenus « durant les 10 années précédentes ».
Son enthousiasme s’inspire notamment du grand nombre d’ententes bilatérales conclues en matière de coopération bancaire au cours des derniers mois par des pays longtemps considérés comme des paradis fiscaux.
Plusieurs États membres de l’OCDE ont aussi retiré leurs réserves sur un article de la convention type de l’organisation qui prévoit l’échange de renseignements bancaires sur la base de « soupçons nominatifs et documentés » d’évasion fiscale.
Plus de 90 pays et territoires se sont engagés à respecter les normes de l ’organisation en matière de transparence bancaire, même si moins de la moitié les appliquent aujourd’hui de manière active.
Les juridictions qui tardent à emboîter le pas s’exposent à des sanctions à compter de l’année prochaine. La France et la Grande-Bretagne évoquent mars 2010 comme l’échéance ultime. de larges sommes de capital soient cachées pour échapper au fisc ».
John Christensen, porte-parole du Tax Justice Network, une ONG qui lutte depuis des années contre les paradis fiscaux, estime que la multiplication d’ententes bilatérales témoigne, plus que toute autre chose, de la faiblesse des standards de transparence défendus par l’OCDE.
Selon lui, les pays montrés du doigt cherchent à atteindre le seuil critique de 12 ententes requis pour ne plus figurer sur la liste grise de l’organisation et celle qu’a lancée le fisc américain contre la banque suisse UBS.
« J’ai des contacts dans le système bancaire anglais qui me disent que les administrateurs pissent dans leur froc à l’idée d’être confrontés au même processus », indique M. Christensen.
Les autorités américaines, qui bénéficient de la collaboration d’un ancien employé d’ UBS, soupçonnent la banque suisse d’avoir aidé des milliers de clients américains à soustraire au gouvernement des milliards de dollars de rentrées fiscales.
La ministre f r a nçaise des Finances, Christine Lagarde, a prévenu qu’il n’était pas question de reculer à ce sujet et qu’il ne servait à rien pour les gouvernements rétifs de « jouer à l’autruche » en se disant que les exigences diminueront avec le recul de la crise.
La semaine dernière, les membres du G8 réunis à L’Aquila, en Italie, ont répété qu’ils « ne pouvaient pas continuer à tolérer que échapper à d’éventuelles sanctions, mais ils ne croient pas que ces ententes vont radicalement transformer leurs façons de faire en matière bancaire.
« L’OCDE doit rapidement faire monter la mise si elle veut être prise au sérieux », indique en entrevue M. Christensen.
Selon lui, les juridictions considérées comme des paradis fiscaux craignent beaucoup plus des interventions musclées comme
I ls lui demandent par voie judiciaire de remettre les renseignements relatifs à 50 000 personnes et menacent, dans le cas contraire, de sanctionner l’établissement et ses dirigeants. La Suisse a ordonné de son côté à UBS de ne pas remettre les données sous prétexte qu’une telle démarche contreviendrait aux lois sur le secret bancaire, qui constituent la pierre d’assise du système financier du pays.
Le porte-parole de l’Office fédéral de la justice suisse, Folco Galli, confirme en entrevue que la justice suisse interviendra pour bloquer UBS si elle décide de donner suite à la demande américaine, qui fait actuellement l’objet de négociations à l’amiable. « Je ne peux pas vous donner de détails mais nous sommes prêts à agir », souligne-t-il.
Andrew Auerbach, conseiller de l’OCDE en matière de politiques fiscales, espère que ce type de bras de fer ne se généralisera pas. « Si vous avez un système efficace d’échange d’informations bancaires, vous n’avez pas besoin d’injonctions judiciaires », souligne-t-il.
Selon l ui , les normes de transparence bancaire défendues par l’OCDE sont contraignantes et constituent une solution « très équilibrée » pour permettre aux autorités fiscales de mener leurs enquêtes sans empiéter abusivement sur la vie privée des contribuables.
« Les autorités f iscales qui croient avoir de bonnes raisons de penser qu’un contribuable est fautif doivent avoir les moyens de vérifier mais il faut que ce pouvoir soit balisé » , dit-il.

Washington et Berne demandent un report
— Washington et Berne, qui s’affrontent depuis plusieurs mois sur le secret bancaire, ont demandé hier le report du procès d’UBS prévu aujourd’hui, dans l’espoir de négocier un accord alors que le fisc américain exige de connaître l’identité de 52000 clients de la banque suisse.
Les deux gouvernements se donnent trois semaines pour négocier. Dans leur demande soumise conjointement avec UBS, ils réclament que le juge fédéral de Miami chargé du dossier, Alan Gold, reporte les audiences aux 3 et 4 août, à moins qu’un accord n’intervienne d’ici là.
UBS, saluant « l’annonce que les gouvernements américain et suisse sont d’accord pour négocier pour régler » ce litige, a précisé que la demande de report serait formellement présentée au tribunal ce matin, à l’heure où aurait dû s’ouvrir le procès.
Ce report in extremis intervient alors que les deux gouvernements ont durci leurs discours récemment, UBS se retrouvant pris entre deux systèmes de droit aux logiques opposées. Mercredi, le gouvernement suisse avait prévenu que, au cas où la justice américaine trancherait en faveur du fisc, il serait prêt à prendre « toutes les mesures nécessaires », y compris en procédant à la saisie de données, pour empêcher UBS de donner des informations sur des clients en violation de la loi suisse protégeant le secret bancaire – pierre angulaire de la puissance financière helvétique.
Hier, le ministère américain de la Justice a rétorqué que le juge devait prendre sa décision indépendamment des menaces suisses. Il a fait valoir qu’on ne pouvait pas permettre à un État étranger d’« accorder librement une immunité à ses banques ou sociétés, y compris celles ayant d’importantes opérations aux États-Unis, pour leur permettre de ne pas se plier à des demandes valides des forces de l’ordre demandant des informations ».
La demande de report de procès est intervenue juste avant l’expiration d’un délai fixé par le juge pour que les autorités américaines clarifient si elles étaient prêtes, en cas de décision favorable, à saisir ou à placer sous tutelle les biens d’UBS aux États-Unis. La procédure civile demande à UBS de révéler l’identité de 52000 clients américains présumés disposer de comptes secrets, dont les comptes extraterritoriaux pourraient receler 14,8 milliards de dollars.
Plusieurs juristes spécialistes du secteur bancaire craignent des répercussions profondes de cette affaire.
Jacob Frenkel, un ancien procureur américain spécialisé dans les fraudes, estime qu’une lourde amende ou une saisie des avoirs d’UBS décidée par les autorités américaines pourrait « conduire toutes les institutions financières non américaines à remettre en question l’opportunité de poursuivre des activités sur le sol américain ».
UBS avait déjà accepté en février de verser 780 millions de dollars d’amende et de livrer à la justice les noms de quelques centaines de clients, poursuivis pour fraude.
Il s’agit cette fois d’une procédure civile lui demandant de révéler l’identité de 52000 clients américains présumés disposer de comptes secrets, dont les comptes extraterritoriaux pourraient receler 14,8 milliards de dollars.
De leur côté, les autorités suisses, devant les controverses croissantes suscitées par leur culture du secret bancaire, ont accepté de négocier des traités bilatéraux avec plusieurs pays afin de lutter contre l’évasion fiscale.
Mais ces dispositifs permettent un échange d’informations dans le cas d’une fraude avérée et ne prévoient pas d’échange de données automatique.
L’affaire a déjà eu un lourd coût pour UBS, qui compte plus d’employés aux États-Unis qu’en Suisse et voit déjà filer les capitaux, après avoir perdu 19,1 milliards de dollars en raison de ses engagements dans les produits financiers à risque.


France Le moral des ménages se dégrade
— Le moral des ménages f rançais est reparti à la baisse en juillet, perdant deux points par rapport à juin après six mois d’amélioration continue et très progressive, et se situe à « un niveau très bas », a annoncé l’ Institut national de la statistique et des études économiques ( I NSEE).
Même si les Français continuent de penser que l’inflation devrait rester faible dans les mois à venir, ils ont « la conviction que la situation va continuer de se dégrader » sur le marché du travail, « ce qui va forcément avoir un impact sur leur comportement en tant que consommateurs », prédit Alexander Law, de la société d’études de marché Xerfi.
L’indice mesurant le moral des ménages est à -39 points en juillet. Il avait atteint un plancher historique en juillet 2008 à - 48 points, comparativement à - 43 en février, à - 42 en mars, à - 40 en avril et en mai et à -37 en juin, selon les enquêtes de l’INSEE.
En juillet, la quasi-totalité des composantes de cet indice repartent à la baisse.
S’il se situe encore 8 points audessus de son plancher de juillet 2008, cet indicateur demeure encore 21 points en deçà de sa moyenne depuis 1997. « Il montre donc que les Français restent particulièrement prudents », résume l’économiste Marc Touati, de Global Equities.
Selon l ’ I NSEE, l ’opi nion des ménages sur le niveau de vie passé et futur en France se dégrade et les Français sont également plus nombreux à penser que leur situation financière s’est détériorée au cours des 12 derniers mois. En revanche, ils sont légèrement plus optimistes sur leur situation financière future.
« Quant aux craintes d’augmentation du chômage, elles ont certes légèrement reculé en juillet, mais restent toujours très fortes, atteignant un niveau de 90, soit seulement 5 points de moins que leur sommet historique atteint en juin 2009 », relève M. Touati.
Les Français considèrent en outre toujours peu opportun de faire des achats importants.
« Dans ces conditions, il paraît délicat de considérer que l’amélioration de la consommation enregistrée en juin soit amenée à se poursuivre au cours des prochains mois », estime Alexander Law, de la société d’études de marché Xerfi.
Même si les Français continuent de penser que l’inflation devrait rester faible dans les mois à venir, ils ont « la conviction que la situation va continuer de se dégrader » sur le marché du travail, « ce qui va forcément avoir un impact sur leur comportement en tant que consommateurs », explique-t-il.
« Bien entendu, on pourra toujours arguer que la France dispose d’une protection sociale importante, qui jusqu’à présent a servi de bouclier et a empêché les dépenses des ménages de s’effondrer. Toutefois, nous n’avons aucune garantie à l’heure actuelle que cette tendance puisse perdurer », ajoute M. Law.
Mais pour Frédérique Cerisier, de BNP Paribas, « le ralentissement des prix et les mesures de soutien gouvernementales (prime à la casse, exonération de l’impôt sur le revenu, prime RSA, etc.) vont continuer d’amortir les effets de l’augmentation du chômage sur le revenu et la consommation des ménages ».
La consommation, principal moteur de la croissance française qui a jusqu’à présent résisté à la crise, pourrait progresser de 0,5 % sur l’ensemble de l’année, estime-t-elle.
Le gouvernement, comme la plupart des économistes, table sur une chute du produit intérieur brut (PIB) de la France de 3,0 % en 2009.



Effondrement de 500 milliards - CLAUDE PICHER

Cinq cents milliards de dollars américains ! Le montant est étourdissant. Tel sera pourtant le recul, en 2009, de l’investissement direct à l’étranger dans le monde.
Cette prévision dramatique est tirée du rapport annuel sur l’investissement de la Commission des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Le document a été publié il y a quelques jours dans l’indifférence générale.
L’investissement direct à l’étranger mesure tout l’argent investi dans des entreprises situées à l’extérieur du pays d’origine. Par exemple, lorsque Bombardier achète une entreprise aux États-Unis, ou que McDonald’s ouvre un restaurant en Chine, ou que Toyota construit une usine de montage au Brésil.
L’investissement direct à l’étranger comporte plusieurs avantages pour le pays receveur: création d’emplois, transferts technologiques, augmentation de l’activité économique. C’est pour cela que la plupart des administrations publiques multiplient les mesures pour attirer l’investissement, surtout dans le secteur manufacturier: congés de taxes, subventions, terrains à rabais, etc. L’investissement direct suppose donc une participation importante à l’activité économique, contrairement à l’investissement de portefeuille, où l’acheteur achète des titres (actions, obligations) dans l’espoir de réaliser un gain en capital, ce qui n’apporte pas grand-chose à l’économie.
L’an dernier, l’ensemble de l’investissement direct à l’étranger se situait à 1,7 billion (1700 milliards). Ce montant représentait déjà un recul important par rapport aux deux billions de 2007. Pour 2009, la CNUCED prévoit 1,2 billion, d’où le trou de 500 milliards. En fait, c’est plus qu’un trou, c’est un véritable effondrement. Et les spécialistes de l’organisme s’attendent à une très longue convalescence : si tout va bien, l’investissement remontera timidement à 1,4 billion l’an prochain, puis à 1,8 billion en 2011. Autrement dit, dans deux ans, le niveau des investissements sera encore très nettement en-dessous de celui de 2007, et ces chiffres ne tiennent pas compte de l’inflation.
C’est évidemment la crise financière et économique qui est la grande responsable de ces « graves perturbations », pour utiliser l’expression du rapport.

Les multinationales sont les principales sources d’investissement direct à l’étranger. Or, plusieurs d’entre sont aux prises avec d’énormes problèmes.
D’autre part, l ’accès au crédit est beaucoup moins facile. Pas de financement, pas d’investissements.
On pour r a it s ’at t endre, comme c’est généralement le cas lors de perturbations économiques majeures, à ce que la crise frappe plus sévèrement chez les pays les plus pauvres.
Eh bien, non, pas du tout ! Au contraire : sur le plan de l’investissement direct, les grands gagnants de la crise sont les pays pauvres.
« Les pays en développement, observe la CNUCED, ont mieux résisté à la crise financière que les pays développés, leurs systèmes financiers étant moins imbriqués dans les systèmes bancaires très ébranlés des États-Unis et de l’Europe ; leur croissance économique est restée ferme grâce à la hausse des prix des produits de base. »
En conséquence, on assiste à un véritable revirement de situation.
En 2007, les pays riches attiraient 80% de l’investissement direct à l’étranger, ne laissant que 20% aux autres. En 2008, la part des pays riches n’était plus que de 57%.
Ainsi, au moment même où l’investissement reculait de façon dramatique sur l’ensemble de la planète, il augmentait de 67% en Inde, 68% au Nigeria (27% pour l’ensemble de l’Afrique), 29% au Brésil et en Chine.
Pendant ce temps, on observait des reculs épouvantables de 55 % en Allemagne et au Royaume-Uni, 4 4 % au Canada et 25% en France.
L e c a s des Ét a t s - Unis est spécial. Même affaiblis par la crise, les États-Unis conservent de très loin leur première place de pays d’accueil et d’origine des investissements. C’est l ’un des rares pays riches ( avec la Suède, le Japon et l’Australie) à connaître un accroissement de l’investissement direct à l’étranger.
L’an dernier, à eux seuls, les Américains ont accueilli 316 milliards d’investissements étrangers directs, suivis par la France (118 milliards) et la Chine (108 milliards).
Enfin, sur le plan financier, la CNUCED est plus ou moins dans le noir : « On ne sait pas encore quelles seront les conséquences de la crise dans les années à venir », écrivent les auteurs. Ce qui est certain, c’est que la crise a entraîné une t ransformation « radicale » : certains gouvernements de pays riches sont devenus les actionnaires principaux de quelques-unes des plus grandes institutions financières de la planète, pendant que d’autres géants de la finance se sont effondrés.
Tout cela risque d’avoir des conséquences « profondes » sur l’investissement direct dans les services financiers.


Les BRIC veulent une réforme des institutions financières
LONDRES — Le Brésil , la Russie, l’Inde et la Chine ont estimé hier qu’il était « trop tôt » pour parler d’une fin de la crise, et appelé le G20 à accélérer la réforme des institutions financières, dans un communiqué publié en marge de la réunion des grands argentiers du G20 à Londres.
« Malgré des signes positifs, il est trop tôt pour déclarer la fin de la crise », ont prévenu les quatre pays, qui sont surnommés le groupe des « BRIC ». « L’économie mondiale fait toujours face à de grandes incertitudes et des risques importants continuent à peser sur la stabilité économique et financière », ajoutent-ils.
« Nous réalisons que des réformes durables doivent encore être mises en place, sur de multiples fronts », ont ajouté les quatre pays, ajoutant que « le monde a besoin d’une architecture économique et financière juste, équitable et bien gouvernée », ont-ils poursuivi dans leur déclaration commune.
« Nous ne pouvons pas rater cette occasion de changer les pratiques, les règles et les structures internationales, pour que l’économie mondiale puisse mieux résister aux crises futures ».
Brésil, Russie, Inde et Chine militent pour une réforme des grandes institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international ( FMI), dont ils aimeraient qu’elles reflètent mieux leur poids économique grandissant.
Dans leur communiqué, ils qualifient « d’injuste » la répartition des quotes-parts actuelle, réclamant « un glissement important en faveur du marché émergent et des pays en développement ». Ils proposent que ce transfert représente une proportion de 7% au FMI et de 6% à la Banque mondiale. L’évolution se ferait aux dépens principalement de l’ Union européenne.
Le ministre brésilien Guido Mantega a i ndiqué que le secrétaire d’État au Trésor américain Timothy Geithner avait demandé à participer à la réunion des BRIC hier après-midi à Londres, pour les convaincre d’apporter de nouvelles ressources au FMI. Ils sont déjà disposés à apporter 80 milliards de dollars via des achats d’obligations, dont 50 milliards pour la Chine seule.



Une croissance de 6% prévue en 2009 en Inde
Le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee, s’est dit confiant hier que l’économie indienne allait croître de plus de 6% en 2009, malgré la sécheresse et la récession économique mondiale.
Cette prévision ministérielle a été énoncée alors que les volumes attendus des pluies de la mousson sont de 29% inférieurs à la normale en Inde, où le pouvoir d’achat de la population rurale reste un facteur important de la croissance économique.
La prévision optimiste du ministre des Finances survient aussi au moment où un communiqué du ministère du Commerce fait état d’une baisse de 26% des exportations indiennes en juillet par rapport au même mois de l’année précédente. En juin, les exportations avaient déjà chuté de 28%.
Le gouvernement doit annoncer le 27 août prochain des mesures de stimulation des exportations.
Les économistes considèrent généralement que la taille de son marché intérieur a permis à l’économie indienne d’amortir le choc de la récession mondiale, les exportations ne représentant que 15% de son PIB.
L’an dernier, la croissance économique de l’Inde s’est élevée à 6,7%, après plusieurs années de croissance de plus de 9%. Pour combattre la pauvreté endémique du pays, une croissance d’au moins 9% est nécessaire, selon les responsables indiens.



L’arme secrète des fournisseurs  -  Marie Tison
Des fournisseurs, pris dans la tempête qui secoue l’industrie aéronautique, réussissent à limiter les dégâts. Leur secret: la diversification
« Avec les années, nous avons appris à nous diversifier », raconte Jean-Pierre Lepage, président d’Air Data, une petite entreprise de Montréal qui fabrique divers instruments avioniques ainsi que des systèmes de ventilation et de bioprotection pour les appareils.
Bell Helicopter Textron Canada est un client important, mais Air Data a également des contrats en France et en Israël.
« Nous avons ralenti un peu la production à cause des calendriers de livraison, nous avons un peu réduit le personnel en début d’année, mais nous prévoyons maintenant être stable, affirme M. Lepage. Ça avait été plus pénible au début des années 2000: nous avions un ou deux gros clients. Lorsqu’ils ont eu de la misère, ça nous a donné un grand coup. »
Air Data compte une trentaine d’employés. CMC Électronique, une entreprise de 1200 employés, a recours à sensiblement la même recette.
« Depuis plusieurs années, CMC a adopté une stratégie de diversification de ses clients, indique la directrice des relations publiques de l’entreprise, Janka Dvornik. Nous sommes diversifiés entre les grands fabricants et les entreprises qui modernisent des appareils, et nos activités sont à 50% dans le domaine civil et à 50% dans le domaine militaire. Ça nous permet de nous ajuster lorsque le marché cyclique est en baisse dans un domaine. »
CMC, qui fabrique divers équipements avioniques pour les cabines de pilotage et des antennes satellites pour les appareils, a dû procéder récemment à une réduction de sa main-d’oeuvre. Celle-ci a toutefois touché moins de 5% des effectifs.
Alta Précision, une PME d’Anjou qui fabrique des pièces spécialisées pour les trains d’atterrissage, a également réussi à sauver les meubles parce que le domaine de la défense représente 50% de ses revenus.
« Nous souffrons, mais pas autant que si nous étions des fournisseurs exclusifs de Bombardier, de Pratt & Whitney et de Bell, précise le président de l’entreprise, Guillermo Alonso. Nous sommes dans le noir, pas dans le rouge. »
Un de ses clients, le fabricant de trains d’atterrissage et de structures aéronautiques Héroux-Devtek, est aussi actif dans plusieurs créneaux.
« Nous faisons des travaux sur les avions d’affaires, les avions régionaux, les avions de plus de 100 places, les hélicoptères commerciaux, les hélicoptères militaires, les avions de chasse », énumère le président et chef de la direction, Gilles Labbé.
L’entreprise n’a pas procédé à des mises à pied importantes, mais elle a instauré des programmes de travail à temps partagé pour conserver ses employés pendant la période difficile. Elle travaille à remporter de nouveaux mandats pour que ses employés reviennent à temps plein.
Turbomeca Canada, une petite entreprise de Mirabel spécialisée dans la maintenance de turbines d’hélicoptère, s’était préparée au pire. Au début de l’année, elle avait prévu une diminution de 20% de ses activités. C’est effectivement ce qui s’est passé sur le marché canadien.
« Il y a une réduction du nombre de vols, observe la directrice générale de Turbomeca Canada, Hélène Séguinotte. La saison canadienne n’a pas vraiment démarré, si on fait exception des vols liés aux incendies de forêt. »
Or, les affaires liées à l’international vont très bien, même mieux que l’année dernière. La maison mère de Turbomeca Canada a pour politique d’envoyer le matériel à réparer là où il y a de la capacité.
« Nous sommes tirés par le reste du monde, affirme Mme Séguinotte. Habituellement, le tiers de nos affaires provenait du Canada et les deux tiers du reste du monde. Actuellement, pratiquement 85% de nos affaires proviennent du reste du monde. »
Turbomeca Canada n’a donc pas eu à effectuer de mises à pied parmi ses 127 employés.
À ExelTech, une entreprise de maintenance d’avions à Montréal et à Québec, ça va plutôt bien ces tempsci. « Nous n’avons pas encore l’impact de la récession, déclare le président et chef de la direction, Sylvain Duval. Les compagnies aériennes n’achètent pas de nouveaux avions, mais elles doivent entretenir ceux qu’elles ont. L’entretien est très réglementé, les gens n’ont pas le choix. »
Il ajoute qu’ExelTech bénéficie d’un autre facteur : lorsqu’un transporteur aérien réduit sa flotte et renvoie des appareils au locateur, comme GECAS, celui-ci les envoie dans des entreprises de maintenance pour les retaper et les louer à d’autres clients.
« Ça a changé notre clientèle, indique M. Duval. Les lignes aériennes représentaient 95 % de nos clients. Maintenant , nous avons moins de l i gnes aér i ennes, mais plus de locateurs. »
Évidemment, cette vague ne durera qu’un certain temps.
« Nous espérons que la reprise dans l’industrie arrivera au moment où ce transfert de propriété d’avions arrivera à échéance », lance M. Duval.





OBLIGATIONS  Les marchés se fient plus à la Russie qu’à la Californie

« Il est évident que la croissance économique sera supérieure dans les économies émergentes que l’essor au sein du Groupe des sept. »
La demande d’obligations des pays émergents de la part des investisseurs fait en sorte que le coût pour s’assurer contre les défauts de paiement est, pour la première fois, inférieur à celui des obligations des gouvernements des pays industrialisés.
Ainsi, les prix des swaps sur défaillance de la Turquie à l’Indonésie baissent t andis que les obligations grimpent dans un contexte où ces économies se redressent plus vite que les nations développées.
Et au moment où les États-Unis et le Royaume-Uni empruntent des sommes records pour financer le sauvetage de banques et des programmes de stimulants économiques, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (le BRIC) disposent de réserves de 3000 milliards US, en hausse de 19% en janvier 2008, réserves qui forment maintenant 43% du total mondial, selon des données compilées par Bloomberg.
Le coût annuel pour protéger la valeur d’obligations turques a chuté de moitié à 200 000$US pour une somme de 10 millions US pendant cinq ans, ou de 200 points de base, ce qui équivaut à un niveau inférieur aux swaps de la Ville de New York pendant les deux semaines commencées le 22 juillet dernier, indiquent des données de Bloomberg.
L’assurance sur les titres de dette de l’Indonésie a aussi coûté moins cher que celle portant sur les obligations du Michigan. Les swaps du Brésil viennent tout juste de connaître leur plus importante baisse en quatre mois et en ce qui concerne la Chine, la protection des valeurs s’approche de son prix le moins élevé en un an. Et 11 ans après que la Russie eut fait défaillance sur paiements, l es i nvestisseu r s r écla ment aujourd’hui un prix moins élevé pour assurer ses titres de dette que dans le cas de la Californie.
« Cela aurait été i mpossible à imaginer il y a un an », soutient Dmitry Sentchoukov, stratège en matière de crédit sur les marchés émergents chez Dresdner Kleinwort, à Londres. « Maintenant, ajoute-t-il, il est évident que la croissance économique sera supérieure dans les économies émergentes que l’essor au sein du Groupe des Sept, et les investisseurs accueillent alors bien l’idée voulant que les pays en développement appellent un meilleur prix que les pays développés. »
Les swaps assurent à l’acheteur le paiement de la somme protégée en échange de la valeur marchande de la dette en défaut ou de l’obligation elle-même si l’emprunteur manque à ses engagements.
Le coût moyen des swaps sur les dettes souveraines de 45 pays en développement a chuté à 314 points de base, soit le niveau le plus bas depuis octobre dernier, comparativement à 785 points de base il y a cinq mois, indiquent des données compilées par Bloomberg.
Les fonds d’obligations de pays des marchés émergents disposaient de près de 49 milliards US le 31 juillet, un sommet depuis octobre dernier, à la suite de leur plus grosse entrée de liquidités en un an. Ils ont attiré plus de dépôts que de retraits chaque semaine depuis le 13 avril, à la suite de huit mois de baisse, préc i s e la f i r me d’a na l yse EPFR Global, de Cambridge, au Massachusetts.




TATA MOTORS  Réduire les coûts est une stratégie payante

— Tata Motors, le premier constructeur automobile i ndien, a réalisé au premier t rimestre un bénéfice net en hausse de 57,3 %, grâce à une compression des coûts, a-t-i l annoncé hier.
Tata Motors, l’une des entités du conglomérat Tata Group dont les activités vont du thé à l’acier, a indiqué que le bénéfice net du premier trimestre de son exercice décalé 2009-10 avait atteint 5,13 milliards de roupies (105 millions de dollars US) contre 3,26 milliards de roupies un an plus tôt.
Le chiffre d’affaires a, quant à lui, baissé de 7,6 % à 64,04 milliards de roupies.
La commercialisation de la Nano, la voiture la moins chère du monde, n’ayant commencé qu’en juillet, elle n’a pas encore eu d’impact sur les ventes du trimestre sous revue : Tata a placé 127 340 véhicules entre avril et juin, un chiffre en baisse de 4,8 % sur un an.
Les résultats ne prennent pas en compte les divisions Jaguar et Land Rover, que Tata Motors a achetées à Ford l’année dernière pour la somme de 2,3 milliards de dollars.



L’économie chinoise rebondit
Le PIB croît de 7,9 % au deuxième trimestre
Le produit i ntérieur brut de l a Chine a c r û de 7,9 % au deuxième t r i mestre, le pays devenant la première des grandes économies à rebondir de la récession mondiale.
Hier, en fin d’après-midi à Shanghai, le yuan se transigeait à 6,8312 par rapport au dollar américain, comparativement à 6,8315 avant la publication des données sur le PIB.
Ces résultats, publiés par le bureau chinois de la statistique hier, ont dépassé la prévision médiane d’une croissance de 7,8% des 20 économistes qui avaient été sondés par Bloomberg et ils font suite à une progression du PIB de 6,1% au premier trimestre. C’était alors le gain le plus modeste en près d’une décennie.
Mercredi, la Chine, le plus important contributeur à la croissance mondiale, a ravi au Japon le titre de deuxième marché boursier le plus important au monde après qu’un programme de stimulants de 4000 milliards de yuan (585 milliards US) eut entraîné des prêts records et fait gonfler les prix des actions. La croissance économique observée au cours de la première moitié de l’année permet d’espérer que le pays atteindra son objectif d’un essor de 8% au cours de 2009, ce qui devrait se traduire par la création d’emplois et le maintien de la stabilité sociale, a indiqué le bureau de la statistique.
« Le rythme de la reprise est encore plus vif et plus fort que ce que nous avions i nitialement prévu », a fait savoir hier Qu Hongbin, économiste en chef pour la Chine de HSBC Holdings, à Hong Kong, qui a revu à la hausse ses prévisions de croissance après la publication des données. « Il y a des signes évidents, a-t-il ajouté, que cette reprise attribuable en bonne partie aux infrastructures sera plus durable que ce que beaucoup de gens avaient prévu. »
Hier, en fin d’après-midi à Shanghai, le yuan se transigeait à 6,8312 par rapport au dollar américain, comparativement à 6,8315 avant la publication des données sur le PIB. L’indice composite Shanghai a clôturé en baisse de 0,2 %.
Mais les assises de la reprise en Chine « ne sont pas encore solides » et le gouvernement entend s’en tenir à sa politique monétaire « relativement souple » et à sa position fiscale « proactive », a averti Li Xiaochao, un porte-parole du bureau de la statistique.
L’an dernier, la Chine a fourni le tiers de la croissance économique mondiale, selon des données du Fonds monétaire international ( FMI).
Dans un rapport publié le 8 juillet dernier, le FMI a annoncé que l’économie mondiale allait se replier de 1,4 % cette année en raison notamment d’un recul de 2,6 % aux États-Unis et de 6% au Japon. Toutefois, les économies émergentes, avec la Chine à leur tête, devraient retrouver un élan de croissance au cours du reste de 2009, ce qui aidera le monde à se remettre de la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, estime le FMI.
« La croissance économique en Chine est de nouveau sur ses rails après avoir été touchée par la baisse mondiale des exportations », soutient David Cohen, un économiste de l’organisme Action Economics, à Singapour.
Les investissements dans les i mmobilisations urbaines ont bondi de 35,3% en juin dernier par rapport à un an plus tôt, a précisé le bureau de la statistique. Le bond de 33,6% dans ce domaine au cours de la première moitié de l’année a été le plus grand en cinq ans. La production industrielle a grimpé de 10,7% en juin comparativement au mois correspondant de 2008, ce qui constitue la progression la plus importante en neuf mois. Les ventes au détail ont fait un saut de 15%.
« La Chine est encore aux prises avec des difficultés, y compris la baisse de la demande extérieure de même que celle des profits des entreprises et des recettes fiscales, a dit M. Li. Les pressions restent énormes pour créer des emplois. »
L’économie chinoise est la seule parmi les plus importantes au monde à connaître encore de la croissance. Hier, la Banque de Chine a vendu des billets d’un an et de trois mois portant les plus forts taux de rendement cette année, guidant ainsi les taux du marché monétaire à la hausse pour ralentir la croissance record de la masse monétaire.
Les réserves chinoises de devises étrangères, qui sont les plus considérables au monde, ont grimpé au niveau record de plus de 2000 milliards US au dernier trimestre au moment où la banque centrale de Chine a vendu des yuans pour prévenir une appréciation de sa devise qui rendrait les exportations chinoises plus chères.
Selon Tim Condon, économiste en chef pour l’Asie de la firme ING Groep, il se peut que la banque centrale chinoise hausse le taux de prêts d’un an dès le premier trimestre de l’an prochain.
« Il se peut que la croissance économique s’accélère à près de 9 % au troisième trimestre et à 10 % au quatrième trimestre », soutient pour sa part Lu Ting, un économiste de Bank of AmericaMerrill Lynch, à Hong Kong.





La nouvelle bulle chinoise -  Richard Dupaul
Besoin d’argent ? Allez faire un tour en Chine où le crédit coule à flot. Les banques chinoises distribuent des centaines de milliards aux entreprises et aux consommateurs, mais ces prêts à tout va suscitent des inquiétudes.
LA PLANÈTE ÉCONOMIQUE
Il y a quelques jours, un économiste chinois a confié aux médias avoir été surpris par les propos d’un gouverneur provincial, qui vantait les progrès accomplis dans sa région.
Les banques chinoises ont alloué environ 7000 milliards de yuans (ou près de 1200 milliards CAN) de prêts au premier semestre 2009.
Ni l’environnement, ni la création d’emplois ou même les progrès sociaux ne figuraient dans le discours élogieux du politicien. Notre homme notait plutôt que les prêts consentis par les banques d’État de sa province supplantaient largement la moyenne nationale, pourtant déjà en forte hausse.
Son message, dirigé surtout à ses patrons à Pékin, peut se résumer ainsi : le crédit coule à flot, donc tout va bien, Madame la marquise.
Dans notre coin du monde, on parle beaucoup de l’envolée de la Bourse chinoise qui a bondi de 71% depuis le début de l’année, atteignant un niveau insoutenable, selon des analystes.
Mais une autre bulle, possiblement plus lourde de conséquences pour l’économie chinoise, est en train de prendre forme: une flambée du crédit bancaire.
Le spectre des créances douteuses
Les banques chinoises ont octroyé environ 7000 milliards de yuans (ou près de 1200 milliards CAN) de prêts au premier semestre 2009. C’est environ trois fois la somme du crédit accordé pendant tout 2008 et presque deux fois le budget du plan de relance annoncé par Pékin en novembre (700 milliards CAN), l’un des plus ambitieux de la planète.
Après les dégâts causés par la crise financière – fort recul de l’exportation, fermetures d’usines, etc. –, le gouvernement chinois a appelé ses banques publiques à ouvrir les vannes du crédit.
Objectifs : d’une part, financer les entreprises pour la réalisation des grands travaux d’infrastructures et, d’autre part, stimuler la consommation, surtout de produits locaux.
Une telle poussée, à première vue encourageante, ravive cependant le spectre des dettes de mauvaise qualité, qui avaient plombé les banques chinoises il y a quelques années. Pour l’instant, le taux de créances douteuses est de 2%, niveau relativement correct. « Mais attention, l’heure n’est pas encore aux remboursements », faisait remarquer récemment un responsable chargé de la réglementation des banques chinoises.
En effet, des experts redoutent beaucoup une hausse des défauts de paiement. D’autant plus que, sous la pression de Pékin, les banques chinoises se montrent moins exigeantes sur la solvabilité des emprunteurs.
« Créer une bulle pour soutenir l ’économie apporte, au mieux, quelques bénéfices à court terme, mais surtout beaucoup de souffrance à long terme », prévient dans une note l’ancien économiste en chef de la banque Morgan Stanley, Andy Xie. Et si quelqu’un s’y connaît dans le domaine, ce sont bien les Américains...
Immobilier et Bourse
Le surplus de crédit, en plus de menacer la santé des banques, engendre divers problèmes sur le terrain. Cet argent mis à disposition nourrit notamment la spéculation.
Le généreux crédit chinois n’a pas toujours l’effet escompté. Selon l e Development a nd Research Center, lié au gouvernement, environ 20% des prêts accordés depuis janvier ont atterri en Bourse ou dans l’immobilier en Chine.
Dans La Presse Affaires, on a d’ailleurs signalé la semaine dernière une flambée des prix de l’immobilier à Pékin. Des analystes préviennent que cette bulle est sur le point d’éclater.
De plus, les économistes craignent un phénomène de surproduction industrielle.
L’investissement dans l’industrie progresse à un taux de 40% par an en Chine. Tout cela accroît la capacité de production à un rythme excessif, compte tenu de la faiblesse des ventes des manufacturiers à l’étranger.
Or, dans un contexte favorable aux investissements, mais peu propice aux exportations, la crise de surproduction risque de s’aggraver avec le temps.
Évidemment, Pékin n’est pas pressé de mettre un f rein au crédit, car on veut d’abord et avant tout requinquer l’économie chinoise. Entre-temps, à l’Ouest, on se réjouit à voir aller la grosse machine chinoise, qui contribue à tirer le reste de la planète hors du gouffre économique. Tant que ça tourne…
D’ailleurs, on apprenait jeudi que les ventes de voitures en Chine ont bondi de 48% en juin. Une bonne nouvelle. Surtout que les constructeurs européens et américains en profitent, les ventes de General Motors ayant grimpé de près de 40%.
Le c r édit est l e principal carburant du secteur automobile, en Chine comme ailleurs. Les banques prêtent, alors on roule. Il reste à savoir combien de temps les Chinois pourront continuer à faire le plein chez leur banquier.


Chine Il est risqué de se hasarder dans les zones grises
Affaire Rio Tinto
— Les accusations de corruption portées par la Chine contre des employés de Rio Tinto ont de quoi faire f rémir tout investisseur dans ce pays où les contrats sont souvent conclus après force banquets et soirées karaoké et les règlements sont à géométrie variable.
Des employés de Rio Tinto à Shanghai sont accusés de corruption par la Chine. Un halo de mystère entoure cette affaire.
L’inquiétude est d’autant plus vive que les autorités chinoises n’ont pas fait connaître les détails de la corruption dont sont accusés l’Australien Stern Hu, responsable de Rio Tinto à Shanghai, et trois de ses collègues chinois. Elles ont simplement annoncé avoir des preuves que Hu avait volé « des secrets d’État » et nui aux intérêts de la Chine.
Rio Tinto a rejeté des accusations « dépourvues de tout fondement » et affirmé que son équipe avait toujours obéi à l’éthique de la compagnie.
Mais « il y a des tas de règles cachées en Chine, comme de devoir développer des relations avec les agences gouvernementales, des "guanxi", pour obtenir des accords », souligne Xianfang Ren, analyste de IHS Global Insight.
« Guanxi », qui veut dire « relations », désigne couramment les relations intéressées et moins avouables que l’on entretient avec des gens bien placés pour obtenir des faveurs.
Ceux qui travaillent en Chine expliquent que la recherche de ces contacts personnels mène souvent aux karaokés et autres lieux habituellement inexplorés par les hommes d’affaires occidentaux.
« Les affaires en Chine reposent souvent sur la confiance. Une soirée à boire et au karaoké sert à aller au-delà du terrain des affaires pures et à vous présenter en tant qu’individu », explique Paula Beroza, qui a fondé la société d’investissement Sierra Asia Partners.
« Boire a toujours lié les gens et cela peut être maladroit de ne pas le faire avec des hôtes chinois. »
Tracey Wilen Daugenti, auteure de La Chine pour les femmes d’affaires raconte avoir été invitée dans des salons de massage par des cadres chinois pour « se faire masser les pieds en discutant affaires ».
La frontière n’est pas toujours nette entre l’entretien de bonnes relations et la corruption, parfois déguisée en hospitalité somptuaire.
Pour cette Américaine, il faut pourtant apprendre à distinguer entre « guanxi, qui concerne la création de réseaux et qui peut demander beaucoup d’investissement », et « corruption, (qui) concerne ses intérêts personnels et qui sous-entend que l ’on bénéficie pécuniairement de la relation ».
En outre, l’application de la loi est à la discrétion des autorités chinoises, souligne Gary Liu, de l’école sino-européenne CEIBS à Shanghai ( China Europe International Business School).
« Il est possible que le personnel de Rio ait fait de l’espionnage, mais les autorités laissaient faire. Et puis, tout d’un coup, elles ont pris des mesures et les ont arrêtés. C’est assez commun en Chine », dit Liu.
« Par exemple, des agents immobiliers qui ont offert des pots-de-vin ou des responsables officiels corrompus qui ont été arrêtés abruptement après un i ncident particulier. C’est une application sélective de la loi ».
Par conséquent, un seul conseil aux entreprises étrangères en Chine : « Restez i mpeccable. » « Vous ne pouvez pas venir vous plaindre après avoir été arrêté que d’autres s’en sont sortis sans problème. »
Mais, dans l’affaire Rio Tinto, le grand public pourrait bien ne jamais apprendre quelle ligne a été franchie – si une ligne a été franchie. Les employés sont soupçonnés non pas de vol de secrets commerciaux, mais bien de vol de secrets d’État.
« Si l ’on pa rle de s ec r et s d’État, le procès ne devrait pas être public », souligne Zhang Xin, professeur d’administration publique à l’Université du peuple de Pékin.


Sans pétrodollars, la Russie s’enfonce
Pendant que le reste du monde soigne les « jeunes pousses » d’une reprise encore fragile, la Russie s’enfonce dans la récession. À tel point que la grogne populaire menace le plus grand réservoir énergétique de la planète.
L’économie russe a plongé de 10,1% au premier semestre. C’est la plus forte contraction depuis le début des années 90, pire que celle subie lors la débâcle financière 1997-98.
En Russie, le taux de chômage a doublé en un an. Et le mécontentement gagne les travailleurs toujours actifs, qui ont du mal à se faire payer. Les retards des versements de salaires toucheraient un tiers des salariés russes, selon des sondages. Ci-dessus, une usine de camions à Nizhny Novgorod.
La grosse machine russe à pétrodollars, qui produisait des milliardaires au début des années 2000, s’enlise dans sa pire crise économique en deux décennies. En moins d’un an, la Russie est devenue le cancre du prestigieux club du BRIC.
Jeudi dernier, Moscou a dressé un bilan désastreux de la situation : l’économie russe a plongé de 10,1 % au premier semestre 2009. C’est la plus forte contraction depuis le début des années 90, pire que celle subie lors de la débâcle financière 1997-1998.
La crise mondiale du crédit, la glissade du rouble et, surtout, la chute des prix du pétrole ont essentiellement effacé presque 10 années de croissance rapide.
La production i ndustrielle russe affichait en juin un recul de 12,1 % sur un an. Le recul dépasse même les 50% dans l’industrie automobile.
Le taux de chômage a doublé en un an. Et beaucoup de travailleurs qui ont encore un emploi ont du mal à se faire payer: les retards des versements de salaires toucheraient un tiers des salariés russes, selon des sondages.
Crise sociale
Dans un tel contexte, la société de conseil Eurasia, de New York, prévient que les troubles sociaux sont « inévitables » en Russie.
La Haute École d’économie de Moscou en rajoute, signalant une multiplication dans le pays « des manifestations spontanées causées par les retards de salaiUlcérés, les chômeurs ont bloqué début juin l’autoroute de la région, causant un bouchon de 400 km, selon l’AFP.
À Baïkalsk ( Sibérie) , l es ouvriers de l’usine de cellulose ont menacé de bloquer le passage du train Transsibérien. Et à Zlatooust (région de Moscou), des métallos ont fait une grève de la faim récemment.
Comme la plupart des gouvernements de la planète, Moscou a mis sur pied cet hiver un plan de relance, injectant 100 milliards de dollars principalement dans des sociétés contrôlées par l’État.
Mais, de toute évidence, ce plan est mal structuré, déplorent des experts. La plus grande partie de cet argent a été dirigée vers les trois grandes banques publiques, Sberbank, VTB et Gazprombank. La commande de l’ État était pourtant claire : ces banques devaient réanimer res ». Déjà plusieurs conflits se manifestent.
À Pikaliovo (région de SaintPétersbourg), des ouvriers privés de travail après la fermeture des t rois cimenteries réclamaient depuis des mois le versement de leurs indemnités, en vain. les prêts interbancaires afin que l’ensemble des banques prêtent à nouveau aux entreprises.
Les banques ne prêtent pas
Mais les banques privées n’ont pas vraiment joué le jeu, préférant gonfler leurs réserves parce que leur situation financière se dégrade rapidement.
Dans une étude récente, l’agence de notation Fitch confirme que les banques russes ont encore besoin de 20 à 80 milliards US de capitaux pour faire face à la marée montante des prêts problèmes.
Les mauvaises créances paralysent les banques russes, après quatre ans de distribution à tout-va de crédits à la consommation. Fitch estime que la part des créances douteuses atteindra à la fin de l’année 15 à 40% de l’ensemble des prêts. Standard and Poor’s va plus loin, prédisant un taux de 25% de crédits douteux – un niveau qui plongerait les banques canadiennes dans une crise majeure.
Le patron d’Alfa Bank, plus i mportante banque privée en Russie, sonne l’alarme. Piotr Aven chiffre à 130 milliards US le besoin d’argent frais des banques et évoque même un « scénario à la japonaise » si l’État ne fait pas davantage pour aider ses banques.
« Le secteur (bancaire) a besoin d’un plan de recapitalisation représentant j usqu’à 10 % du Produit i ntérieur brut ( PIB), sinon nous ne pourrons pas redémarrer », dit le banquier, cité par les médias européens.
En attendant, les choses risquent de se gâter davantage.
Selon les analystes, un prix du brut avoisinant les 70$US le baril (contre 62$US ces temps-ci) permettrait à la Russie de sortir la tête de l’eau. Or, jeudi, le professeur Philip Verleger, consultant du gouvernement Obama en matière d’énergie, a créé tout un émoi dans les milieux pétroliers. Il a prédit que le brut chutera à 20 $ US le baril à la fin 2009 en raison de la faible demande mondiale.
Ce scénario, évoqué par l’agence Bloomberg, fait sourire plusieurs experts, dont les prédictions sont moins pessimistes. Mais à Moscou, on n’est pas d’humeur à rire ces temps-ci. Parions que plusieurs banquiers ont avalé leur vodka de travers en lisant cela.





Cap sur Rio de Janeiro -  Richard DuPaul
Wal-Mart relève d’un tiers ses investissements au Brésil. L’assureur Standard Life mise des milliards sur le real brésilien et le dollar australien… Pour plusieurs multinationales, les bonnes occasions sont au sud de l’équateur. LA PLANÈTE ÉCONOMIQUE
Si l’on se fie à Wal-Mart, il n’y a pas de meilleur remède pour se remettre d’une grosse récession qu’un bain de soleil… brésilien. Le numéro un mondial du commerce de détail a annoncé mercredi qu’il investira près de 1 milliard de dollars au Brésil cette année. Et ce, en pleine crise économique mondiale.
Soucieux d’assurer sa croissance, Wal-Mart fait le pari que la reprise prévue de la première économie d’Amérique lati ne entretiendra la demande des consommateurs. Le groupe américain affiche, à cet égard, une assurance sans équivoque.
« Le pire est passé et, à partir de maintenant, il va y avoir un rebond de l’économie brésilienne », a déclaré Hector Nunez, directeur général de Wal-Mart au Brésil.
Wal-Mart ne badine pas : son investissement au Brésil sera augmenté d’un tiers par rapport à l’an dernier et atteindra ainsi un sommet depuis que Wal-Mart s’est s’installé au pays, il y a 14 ans. Le détaillant ouvrira 90 magasins, s’ajoutant aux 348 déjà implantés au pays.
Wal-Mart table sur une croissance de 1,5 % à 1,8 % de l’économie du Brésil au deuxième trimestre. Une projection qui fait des jaloux dans l’hémisphère nord. Et même si l’économie brésilienne s’est contractée de 0,8 % au premier trimestre, Wal-Mart dit ne pas avoir ressenti de recul de la consommation.
Les ressources naturelles
Pour comprendre les motifs de l’engagement de Wal-Mart envers le Brésil, il suffit d’examiner la stratégie d’investissement d’une autre multinationale, Standard Life.
L’assureur britannique, présent dans plus de 50 pays, affiche ouvertement un penchant ces jours-ci pour les pays riches en ressources naturelles.
Standard Li fe I nvestments (SLI), qui gère un gigantesque portefeuille de 194 milliards US, vient de révéler qu’il avait beaucoup investi ces derniers temps dans le real brésilien et le dollar australien.
Pourquoi ? Simplement parce que la reprise va stimuler la demande pour les ressources naturelles, donc profiter aux pays qui en ont beaucoup, comme le Brésil et l’Australie.
« Les pays riches en ressources naturelles sont les endroits où la croissance sera probablement la plus durable », a déclaré le directeur des devises de SLI, Ken Dickson, à l’agence Bloomberg.
La tendance récente du marché des changes indique que plusieurs investisseurs pensent la même chose.
Le real brésilien est la monnaie la plus performante de la planète en 2009, après le rand sud-africain, avec une hausse de 17% par rapport au billet vert américain et de 18% face à l’euro.
Le dollar australien – surnommé le « aussie » par les cambistes – ne fait pas trop mal non plus, s’étant apprécié de 14 % contre les devises américaine et européenne.
L’OCDE est d’accord
Depuis le début de 2009, l’indice Reuters/Jeffries CRB, qui suit de près le rendement de 19 métaux et denrées alimentaires, a grimpé de 9% après un plongeon de 36% l’an passé.
Or, les investisseurs et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pensent que les économies riches en métaux, en céréales ou en énergie vont profiter de la reprise tant attendue.
L’OCDE, on le sait, vient de réviser à la hausse ses projections pour ses pays membres, y allant de quelques bons mots au passage pour le Canada. Mais elle a réservé ses meilleures notes aux économies émergentes.
L’organisme t able sur une croissance de 4 % de l’économie brésilienne en 2010, soit plus de cinq fois celle du Canada (+ 0,7 %).
S’il a trébuché en début d’année, le pays de la samba a déjà retrouvé ses jambes. Les exportations brésiliennes redémarrent, les achats de voitures sont à la hausse et les chefs d’entreprises gardent le moral. L’une des raisons de ce bilan favorable : le Brésil dépend de moins en moins du géant américain, contrairement au Canada.
Le mois dernier, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil, devant les États-Unis. C’est un changement historique, planifié de longue date par les deux puissances montantes.
L’hiver dernier, les Brésiliens et les Chinois ont conclu une entente qui permet aux deux pays de f a i r e du commerce dans leurs devises respectives. Autrement dit, on ne règle plus nécessai r ement l es f actu r es en dollars américains comme avant, mais en yuans ou en reals. Une véritable révolution est donc en cours.

Alors que les pays du Nord sont à l ’a r rêt, les Wal-Mart, Standard Life et autres géants de ce monde voient bien que le train du BRIC est en marche. Et on juge que le Brésil a choisi la bonne voie. Car on ne peut s’arrimer à une meilleure locomotive que la Chine ces jours-ci.




Une nouvelle Chine émerge de la criseV - Richard Dupaul
Ses exportations chutent. Mais la consommation et les investissements domestiques montent en flèche. C’est la « nouvelle » Chine, qui surfe maintenant sur son marché intérieur.
Des ventes d’automobiles en hausse de 47%. Les achats de cuisinières et de téléviseurs qui grimpent de 42%. Le crédit bancaire et les ventes de maisons à des niveaux records...
Les Chinois profitent de l’aide de l’État pour consommer davantage : les ventes au détail au pays ont bondi de 15% en mai. Ci-dessus, des habitants de la région rurale de Chenggong achètent un téléviseur et un lecteur DVD.
On croirait revoir des données américaines d’il y a trois ou quatre ans. Mais ce sont les statistiques chinoises… du mois dernier.
Quel revirement! Après son adhésion à l’OMC (Organisation mondiale du commerce), en novembre 2001, la Chine a surfé pendant sept ans sur une énorme vague d’exportations. Une majorité de Chinois pendant ce temps achetait peu, regardant passer les conteneurs remplis de produits made in China destinés aux Occidentaux.
Mais la balance est en train de basculer. L’empire du Milieu mise de plus en plus sur son marché domestique pour assurer sa croissance.
L’exportation étant en panne, l’État consacre tous ses efforts au soutien de la consommation et de l’investissement. Et les Chinois acceptent de mettre l’épaule à la roue.
Le plan fonctionne
La crise économique a bouleversé la relation entre la Chine et le reste du monde.
En mai , les exportat ions chinoises ont plongé de 26% par rapport à il y a un an. Une chute record, dramatique. Au chapitre du commerce extérieur, toute relance semble donc impossible tant que les ÉtatsUnis et l’Europe ne sortent pas de leur récession.
À première vue, les importations chinoises suivent une trajectoire semblable: -25% en mai. Mais ce chiffre est trompeur, car il reflète la baisse des prix des ressources naturelles. En réalité, la Chine a augmenté sensiblement ses achats de cuivre, d’aluminium et de divers métaux.
C’est un effet direct du plan de relance de 700 milliards (5350 milliards de yuans), annoncé par Pékin en novembre, qui prévoit des investissements dans les infrastructures et des subventions à la consommation.
Les banques étrangères présentes en Chine font état de chantiers majeurs dans tout le pays. Les investissements en zones urbaines ont bondi de 33% en cinq mois. Et dans le secteur ferroviaire, les dépenses ont plus que doublé.
Goldman Sachs évalue qu’une fois l’inflation prise en compte, les investissements domestiques au pays ont crû de près de 50% en un an. Du jamais vu auparavant.
Dans le cadre de son plan, Pékin offre également une aide aux ménages, en région surtout, pour l’achat de voitures et d’appareils ménagers. Et les Chinois en profitent : les ventes au détail ont bondi de 15% le mois dernier, en pleine crise économique planétaire.
Si bien que la Banque mondiale a relevé ses prévisions, mercredi, tablant sur une croissance de 7,2% pour l’économie chinoise en 2009 au lieu de 6,5% auparavant.
Encore le découplage?
Tout indique alors que la Chine va sortir de cette crise bien avant les États-Unis et l’Europe, et dans de meilleures conditions.
Au rythme actuel, à la différence des pays occidentaux et du Japon, la République populaire n’aura jamais connu de récession véritable. La prévision gouvernementale d’une croissance de 8% en 2009, jugée trop optimiste en début d’année, pourrait donc se réaliser.
La théorie du « découplage » – soit une économie chinoise voguant allègrement sans être trop affectée par la récession mondiale – refait même surface en Europe ces jours-ci. Quoique des experts en Amérique demeurent sceptiques.
« Pour que la relance de la Chine puisse continuer, audelà du court terme, les autorités devront s’assurer que la consommat ion demeure en croissance », affirme Jin Ulrich, présidente Bourse asiatique, chez JP Morgan.
Les Chinois dépensent beaucoup ces temps-ci, mais « ce rythme n’est pas durable » , renchérit la Banque mondiale, depuis Washington, en mettant en garde contre les effets d’un déficit budgétaire accru en 2010. « Il y a des limites à ce que la Chine peut faire et pendant combien de temps, en se distinguant de la conjoncture internationale », soutient l’organisme dans son dernier rapport.
Pour le moment, cependant, seul le marché domestique compte aux yeux de Pékin. Quitte à jeter de l’huile sur le feu protectionniste, comme le gouvernement l’a fait la semaine dernière en décrétant une politique « Achetez chinois », qui oblige les autorités régionales à s’approvisionner localement. Bref, on a installé une grosse barrière pour protéger les fournisseurs du pays.
La tactique est dangereuse. Déjà des voisins de la Chine envisagent de porter plainte à l’OMC.
Mais le pays qui a ér igé la Grande Muraille en a vu d’autres. Et les autorités chinoises semblent davantage s’inspirer de ce vieux proverbe cantonais : « Aimez vos voisins, mais ne supprimez pas votre clôture. »





L’Occident représente moins de 50% de l’économie mondiale -  RUDY LE COURS
Pour la première fois en plus d’un siècle et demi, la production des États-Unis, des 27 pays de l’Union européenne et du Canada représentera moins de la moitié de la production mondiale cette année.
L’économie de la Chine se rétablit à grande vitesse, ce qui va stimuler les prix du pétrole et des produits de base.
Il s’agit d’un fait décisif qui représente une belle occasion pour le Canada de tirer parti de la montée en puissance des économies émergentes.
Cette fatalité survient six ans plus tôt que ne le croyait encore l’an dernier le Centre for Economics and Business Research (CEBR). L’organisme de recherche indépendant britannique attribue le devancement de ce tournant aux effets de la récession présente qui frappe davantage les économies industrialisées.
« Les États-Unis ne pourront plus dominer seuls le monde, affirme en entrevue au téléphone depuis Londres Jorg Radeke, économiste au CEBR. Les économies émergentes comme la Chine joueront un rôle de plus en plus important. »
Le CEBR constate d’ailleurs que c ’est cette année même que l’empire du Milieu supplante celui du Soleil-Levant au deuxième rang des puissances économiques. Le Japon est l’économie industrialisée la plus frappée par la récession actuelle avec deux plongées successives de plus de 10% de son produit intérieur brut ( PIB) réel en rythme annualisé. Bien que ralentie, l’expansion de l’économie chinoise se poursuit.
Le déclin de l’Occident va se poursuivre au cours des prochaines années. Il ne représentera plus que 45% de la taille de l’économie mondiale dans trois ans, prévoit aussi le CEBR.
« Ce qui explique ce revirement plus rapide, poursuit M. Radeke, c’est la vitesse avec laquelle la Chine se rétablit. Cela va stimuler les prix du pétrole et des produits de base. »
La place grandissante sur l’échiquier économique mondial occupée par le bloc des quatre puissances émergentes ( Brésil, Russie, Inde et Chine (BRIC)) se fait déjà sentir, renchérit Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. « La récession a frappé les économies industrialisées de manière synchronisée, mais on a sous-estimé que le BRIC est en train de stabiliser les choses et de la raccourcir. »
Ce nouvel équilibre mondial amènera petit à petit les gestionnaires de capitaux à détenir relativement moins de titres et de dollars américains. « Si le billet vert est toujours utilisé dans plus de 75% des échanges de marchandises, les États-Unis ne sont partie prenante de la transaction que dans moins de 25% des cas », souligne François Barrière, viceprésident, développement des affaires, marchés internationaux, à la Banque Laurentienne.
Bref, la donne a beau changer, le billet vert servira de monnaie mondiale pendant encore un bon moment. Plus il faiblira toutefois et plus les prix des produits de base vont grimper pour que les pays producteurs puissent garder leurs marges de profit, prévoit-il.
En réalignant la composition de leurs portefeuilles, les gestionnaires devront tenir compte des puissances qui risquent de sortir gagnantes de la dynamique qui commence. M. Delisle pense avant tout au Brésil et au Canada.
« Le Canada offre le meilleur de trois mondes, explique-t-il. C’est une économie développée forte, encore bien branchée sur le consommateur américain et un grand producteur de ressources. En outre, le Canada va se relever de la récession encore plus vite que les autres. »
Et au sein du Canada, le Québec s’en tire encore mieux, ajoute-t-il.
Voilà pourquoi il recommande aux gestionnaires de détenir plus de titres canadiens que notre poids économique relatif. Dans l’indice mondial de référence de Morgan Stanley, le Canada pèse 4%. M. Delisle suggère plutôt une pondération de 6%.
Le Canada a quand même un défi économique à relever. Son commerce mondial dépend encore trop de ses rapports avec les États-Unis qui en absorbent les trois quarts. Il doit profiter davantage de l’essor du BRIC, qui devient le moteur de la croissance mondiale de la prochaine reprise.
« C’est sûrement un plus que de ne pas se reposer sur une seule région », dit M. Radeke.




ÉCONOMIES ÉMERGENTES  Perspectives « prometteuses » malgré la crise
— Le Maroc et les autres économies émergentes sont touchés par la crise économique mondiale, estime le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, mais leurs perspectives à long terme restent prometteuses.
Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, estime que les perspectives des économies émergentes restent bonnes à long terme.
« Le Maroc est touché par la crise (car) les cycles conjoncturels du Maroc et de l’UE sont fortement synchronisés » , a déclaré M. Trichet vendredi, à Marrakech, dans le cadre d’un symposium international à l’occasion du 50e anniversaire de la banque centrale marocaine, Bank Al-Maghrib.
Cela s’explique, a-t-il poursuivi, par « l’existence de divers canaux de transmission économique : commerce, tourisme, transferts de fonds de travailleurs migrants ».
« À partir de la mi-septembre de l’année dernière, a indiqué M. Trichet, nous avons vu les économies émergentes être réellement touchées alors qu’elles avaient prouvé jusque-là une remarquable capacité de résistance à la crise financière et économique internationale ».
Mais, a-t-il souligné, « en dépit de la crise, les perspectives à long terme des économies émergentes demeurent extrêmement prometteuses ».
D’ailleurs, a poursuivi le président de la BCE, « les économies émergentes vont voir leur poids relatif augmenter considérablement ». Selon lui, « la rapidité, dans une perspective de moyen à long terme, du rattrapage des grandes économies industrialisées par les économies émergentes est la marque d’une très profonde transformation de l’économie mondiale qu’il faut prendre totalement en compte ».
« Les économies des pays méditerranéens el les-mêmes sont en plein développement, at-il affirmé. Du point de vue de la zone euro, la proximité des pays du Maghreb, du Maroc en particulier, les relations étroites que nous avons avec le sud de la Méditerranée sont absolument capitales. »
M. Trichet a rappelé que « plus de 50% des exportations et des importations du Maroc s’effectuent avec la zone euro », une autre preuve que « nous sommes très, très étroitement liés les uns aux autres ».
« La première et peut-être principale conclusion » de ce qui s’est passé au cours de cette crise, c’est que la coopération entre banques centrales a été « absolument exemplaire », a pour sa part estimé le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.
« Cette réaction, a-t-il dit, a été rapide, vive, efficace et, le plus remarquable, totalement coordonnée », montrant aux marchés que, « finalement, il y avait des gens qui tenaient la barre » : ça s’est révélé « extrêmement utile dans un contexte où la confiance est la clef de la réussite ».
L’autre leçon à tirer, a noté M. Strauss-Kahn, c’est que « les solutions domestiques, nationales, sont des choses qui appartiennent au passé ».
« Il faut bien reconnaître que nous avons tous été aveugles, à commencer par le FMI, avait-il auparavant souligné, et sousestimé l’interrelation entre les économies, c’est-à-dire la mondialisation réelle ».
Pour éviter la répétition d’une telle crise, le directeur général du FMI a plaidé pour de meilleurs systèmes d’alerte car, a-t-i l déclaré, « on aimerait bien voir venir l’orage un peu plus tôt ».



Économie : la Chine peut-elle nous sauver ?... - Richard Dupaul
Catalyseur plus que sauveur
LA CHINE La Chine va de mieux en mieux au plan économique. Tout comme ses partenaires commerciaux, de l’Indonésie jusqu’au Brésil. Le Dragon chinois va-t-il sauver seul l’économie mondiale ?
La Chine vient de remplacer les États-Unis au titre de premier marché d’exportation du Brésil, pour les quatre premiers mois de 2009.
n dévoilant ses résultats du premier trimestre, il y a quelques jours, l’équipementier industriel Caterpillar a confirmé ce que plusieurs redoutaient: les affaires du géant américain sont au ralenti à l’échelle mondiale. Mais il y a une exception notable en Orient.
Le poids de la Chine dans l’échiquier mondial est encore peu significatif. Elle ne pèse que 7% du PIB mondial en 2008, contre 23% pour les États-Unis et 32% pour l’Union européenne.
Le PDG de Caterpillar, James Owen, a révélé que les ventes d’excavatrices en Chine étaient revenues à des records, après avoir plongé cet hiver. La raison : le plan de relance économique de 700 milliards CAN, que Pékin a mis de l’avant en décembre, commence à porter ses fruits. Les chantiers se multiplient dans le paysage chinois, ce qui a un i mpact j usque dans les usines américaines du groupe.
L’aciériste indo-luxembourgeois Arcelor Mittal a tenu des propos similaires, récemment, en soulignant que la demande d’acier est « à la hausse » en Chine.
De la Mongolie à l’Indonésie ou aux États-Unis en passant par le Brésil, on fait partout le même constat : non seulement le regain de vie de l’économie chinoise est réel, mais il a des effets bénéfiques sur plusieurs pays.
Le monde en profite
Les proches partenaires commerciaux de la Chine sont évidemment les mieux placés.
Les exportations de Singapour sur le marché chinois, par exemple, ont bondi de 29% en mars. Celles du Japon, de la Corée-duSud et de Taiwan vers l’empire du Milieu sont également en hausse.
Si bien que les géants de l’automobile Nissan (Japon) et Hyundai (Corée-du-Sud) prévoient maintenant accroître leurs ventes en Chine.
« Il se passe quelque chose de significatif (en Chine), affirme Robert Prior-Wandesforde, économiste à HSBC Holdings Plc, cité par l’agence Bloomberg. « Les effets du plan de relance, des réductions de taux d’intérêt, de la politique monétaire donnent des résultats. »
La Chine multiplie en effet les signes encourageants. Secteur clé de l’économie, la production manufacturière est repartie à la hausse en avril, a-t-on appris la semaine dernière.
Unimportant indicedesdirecteurs d’achat du secteur manufacturier a atteint 50,1 le mois dernier, contre 44,8 en mars. Un premier gain en neuf mois. Ce résultat a d’ailleurs donné un nouvel élan aux Bourses mondiales ces derniers jours.
Aussi, la firme Goldman Sachs n’a pu s’empêcher de relever – de 6 à 8% – sa prévision de croissance de l’économie chinoise en 2009.
Le Brésil jubile
Or, ce qui étonne le plus avec la relance chinoise, c’est qu’elle a des échos dans les coins les plus reculés du globe.
Mardi dernier, le Brésil a annoncé que son surplus commercial avait atteint un sommet de 11 mois en avril. Et le gouvernement brésilien a pris soin de noter que la reprise en Chine accroît la demande pour les ressources naturelles du plus grand pays sud-américain.
Et surprise! La Chine vient de remplacer les États-Unis au titre de premier marché d’exportation du Brésil, pour les quatre premiers mois de 2009. Les expéditions brésiliennes vers le géant asiatique ont enregistré un bond spectaculaire de 65% en un an. Par comparaison, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 35%.
Un sauveur ?
Évidemment, cela soulève une question: le Dragon chinois peutil seul insuff ler une nouvelle vie à la planète économique ? Malheureusement non.
Certes, la remise en marche de l’industrie chinoise est une « bonne nouvelle », car celle-ci augmente la demande de matières premières. La Chine peut donc être un « catalyseur », explique dans une étude Laurence Boon, chef économiste à Barclays Capital… mais à condition d’être accompagné d’une reprise aux États-Unis.
Seule, l’économie chinoise a un impact limité sur le reste du monde.
L’un des problèmes est que l’économie chinoise est encore relativement fermée. Sa part dans les importations mondiales ne s’élevait qu’à 6,5% en 2007, faute d’un nombre important de consommateurs assoiffés ou assez riches.
De plus, le poids de la Chine dans l ’ échiquier international est encore peu significatif. La Chine ne pèse que 7% du PIB mondial en 2008, contre 23% pour les États-Unis et 32% pour l’Union européenne. « Le consommateur moyen chinois ne peut remplacer le consommateur moyen américain pour ce qui est de son pouvoir d’achat », souligne M. Boone.
En attendant, la Chine joue un rôle limité mais grandissant. Sans être un puissant moteur de croissance, elle est devenue, à tout le moins, un symbole de la sortie de crise. C’est déjà beaucoup en cette période de grisaille.

LES PAYS ÉMERGENTS RÉ-ÉMERGENT EN PREMIER ...
« Le plan de relance de la Chine a un impact plus rapide que celui des États-Unis, car il insiste davantage sur le développement des infrastructures, tandis que le plan d’Obama est plutôt un plan social. »
Frappées de plein fouet l’année dernière, les Bourses des pays émergents sont reparties à toute vitesse depuis le début de 2009. « Les investisseurs s’étaient positionnés pour l’apocalypse, mais ce n’est pas arrivé », explique Benoit Paradis, gestionnaire d’actions canadiennes et internationales chez McLean Budden. Pour profiter du rebond, les investisseurs ont collé l’accélérateur au tapis, dès qu’ils ont entrevu les premiers signes d’amélioration économique.
Résultat: l’indice MSCI Barra des pays émergents est en hausse de 25% depuis le début de l’année, loin devant les Bourses des pays industrialisés du G7 qui n’ont repris que 3,7% en 2009.
En tête de peloton, la Russie a repris plus de 40%, grâce à l’envol du prix du pétrole. Stimulé par les ressources naturelles, le Brésil a bondi de 33%. Et la Chine a gagné 25%.
Le plan de relance de la Chine commence à porter fruit. Ces derniers mois, plusieurs indicateurs se sont redressés, notamment les ventes d’automobiles qui ont explosé de 50% en avril par rapport à l’année précédente, alors qu’elles reculaient de 34% aux États-Unis. D’ailleurs, le nombre de véhicules vendus en Chine a maintenant dépassé le nombre de véhicules vendus aux États-Unis.
« Le plan de relance de la Chine a un impact plus rapide que celui des États-Unis, car il insiste davanatage sur le développement des infrastructures, tandis que le plan d’Obama est plutôt un plan social », explique M. Paradis.
Et là-bas, tout bouge plus vite. « On peut annoncer une mesure et, le lendemain, il y a 1000 travailleurs dans la rue ! Dans les pays émergents, les processus sont moins longs », ajoute Frédéric Imbeault, gestionnaire d’actions asiatiques chez Hexavest.
Mais selon lui, les pays émergents profitent aussi des mesures de relance annoncées par les États-Unis. « Chaque fois que la Réserve fédérale américaine ba i sse ses t aux de façon draco - nienne, cela crée un environnement favorable pour les mar c hé s éme r - gents », dit-il.
Pour repartir l’économie, les États-Unis ont doublé leur masse monéta i re. L’augmentation des liquidités rejaillit sur les marchés émergents, qui sont abreuvés plus vite étant donné leur plus petite taille.
L’Asie devant
Plusieurs considèrent que les pays émergents sortiront gagnants de la crise financière qui a secoué la planète. L’investisseur-vedette George Soros est de ce nombre : « La dégringolade de l’économie a cessé. L’Asie sera la première à sortir de la crise », a-t-il confié aux médias, hier.
Douglas Porter partage son point de vue. « Il y a des raisons de croire que les pays émergents peuvent émerger plus vite et plus forts que les pays industrialisés, dans la phase de reprise », estime l’économiste en chef adjoint aux Marchés des capitaux BMO.
Selon lui, les pays émergents offrent l’une des plus belles occasions de placement à moyen terme, parce que leurs perspectives de croissance sont plus fortes et aussi parce que leurs assises économiques se sont améliorées par rapport aux décennies passées (ex: fardeau de la dette, inflation, déficit budgétaire).
De manière générale, « les sociétés en Asie sont moins endettées qu’il y a 10 ans et que leurs
concurrentes des pays industrialisées », confirme M. Imbeault. De plus, leur structure d’affaires est moins « exotique » qu’en Occident. « Il y a une perception que les marchés émergents sont plus sécuritaires parce qu’elles n’ont pas d’actifs toxiques. Leurs banques ne risquent pas d’être nationalisées, comme on l’a vu au Royaume-Uni », indique M. Paradis.
Mais il ne faut pas se leurrer, l’envolée récente des Bourses des pays émergents est principalement due aux plans de relance des gouvernements, à la baisse des taux d’intérêt, et à l’ajustement des stocks des entreprises.
Une telle dose d’adrénaline pourrait réanimer un mort, lance à la blague M. Imbeault. « Pour que la reprise soit durable, à moyen terme, il faut que la demande reprenne », dit-il. Autrement, les Bourses pourraient facilement plonger à nouveau.


Les bureaux indiens profitent de la crise  -   Philippe Mercure
CGI
Avenues bordées d’arbres, grands édifices de verre, jeunes professionnels qui se baladent avec leur carte d’employé au cou: pénétrer dans la Cité électronique, le parc technologique de la ville de Bangalore, en Inde, c’est oublier un instant toutes les misères et le chaos du pays.
Comme partout où il se brasse des affaires, l’endroit n’a pas été épargné par la crise économique. Mais demandez à Bradiptea Banerjee s’il en subit les conséquences et il ne peut s’empêcher de sourire.
M. Banerjee est directeur des ressources humaines pour l’entreprise montréalaise CGI à Bangalore. Au moment même où plusieurs de ses homologues planchent sur des plans de réduction de personnel, M. Banerjee, lui, n’a jamais été aussi occupé… par les embauches.
« Depuis quatre ou cinq ans, on grossit de 35 à 40% par année, dit M. Banerjee. Et cette année, on prévoit encore grossir de 35 à 40%. »
Le secret d’une croissance aussi spectaculaire en pleine crise économique ? M. Banerjee l’explique de deux façons. D’abord, de l’avis même des analystes, CGI résiste plutôt bien au ralentissement mondial. Au deuxième trimestre de l’année, l’entreprise a dévoilé des profits en hausse de 12,7%.
« CGI gagne de nouveaux contrats, et une partie de ce travail se fait en Inde », explique M. Banerjee.
Mais la crise joue aussi en faveur des bureaux indiens. CGI, qui s’occupe de gérer les technologies de l’information et les processus d’affaires des autres entreprises et des gouvernements, subit de la pression de la part de ses clients, qui veulent diminuer leurs coûts en période difficile. L’entreprise a réagi en augmentant la proportion de ses activités réalisées en Inde, question d’abaisser ses coûts d’exploitation.
En fait, on pourrait dire que CGI est un peu en mode « rattrapage » quant à ses activités indiennes. 
Un ingénieur fraîchement sorti de l’école gagne environ 6000$ US par année en Inde, environ 10 fois moins qu’en Amérique du Nord.
« CGI compte moins de 10% des ses employés en Inde, explique M. Banerjee. Si vous regardez des grandes multinationales comme IBM ou Accenture, la proportion du travail imparti en Inde est dans les environs de 25 à 30%. »
L’entreprise explique que le ratio est maintenant appelé à s’approcher de ceux des autres entreprises. « Une certaine proportion du travail qui se fait en Amérique du Nord et en Europe peut être poussée en Inde, dit M. Banerjee. Et c’est en train de se produire au moment où on se parle. »
L’avantage est évident : un ingénieur fraîchement sorti de l’école gagne environ 6000 $ US par année en Inde, environ 10 fois moins qu’en Amérique du Nord.
Dans les bureaux de CGI à Bangalore, ils sont une armée de jeunes en chemise à plancher devant les écrans plats de leurs ordinateurs. Seules quelques filles se détachent du lot. Dehors, sur la terrasse, un petit groupe pousse des exclamations, absorbé par une partie de soccer sur table.
Même si l’Inde est de plus en plus utilisée comme centre d’excellence en recherche et développement, ce sont surtout des techniciens qui seront appelés en renfort au cours des prochains mois. CGI a bien bâti un centre de R& D il y a deux ans. Mais ce sont maintenant les activités de gestion des systèmes déjà en place, donc celles qui demandent le moins d’expertise, qui sont aujourd’hui massivement envoyées en Inde par CGI.
Pas étonnant de voir Bradiptea Banerjee sourire. « Chez CGI, la tarte grossit. Et notre portion de la tarte grossit aussi. »



Une crainte exagérée La faible proportion de contenu local dans les exportations de la Chine rend la dégringolade moins catastrophique
Les protestations de la place Tiananmen, il y a 20 ans, sont étroitement liées aux performances macroéconomiques de la Chine.
L’auteur est professeur adjoint au service de l’enseignement des affaires internationales aux HEC Montréal, CIRANO et LICOS.
Comparativement à l’année précédente, les exportations de la Chine pour le premier trimestre de 2009 ont diminué de 20,1%, passant de 304 milliards à 243 milliards de dollars américains.
La violente répression du mouvement étudiant prodémocratie qui s’est manifestée sur la place Tiananmen il y a 20 ans compte parmi les événements dont on a le plus parlé dans l’histoire récente de la Chine. Dans ces discussions, toutefois, on oublie souvent à quel point les protestations de la place Tian’anmen étaient étroitement liées aux performances macroéconomiques de la Chine.
À la fin des années 80, les piètres compétences du Parti communiste chinois ( PCC) en matière d’économie ont engendré beaucoup de mécontentement au sein de la population urbaine. Les réformes économiques avaient provoqué une inflation galopante qui grugeait les véritables revenus urbains. Ajoutant l’insulte à l’injure, la perception se répandit que les officiels du parti s’enrichissaient grâce à la corruption. Dans ce contexte incendiaire du printemps de 1989, des masses de citadins désillusionnés se sont joints aux protestations politiques de la place Tian’anmen et les a alimentées.
Ce lien étroit entre la performance économique de la Chine et sa stabilité politique reflète la légitimité politique modifiée par le PCC après la mort de Mao Zedong en 1976. Puisque que l’idéologie communiste, autrefois toute puissante, perdait de son lustre, le PCC s’est réinventé comme le gardien de la croissance économique et de la hausse du niveau de vie.
I l faut garder cela à l’esprit quand il est question de la présente crise économique. En raison des turbulences que subissent les marchés nordaméricains et européens, la demande pour les exportations de la Chine a subi une baisse considérable. Comparativement à l’année précédente, les exportations de la Chine pour le premier trimestre de 2009 ont diminué de 20,1%, passant de 304 milliards à 243 milliards de dollars US. Certains observateurs s’inquiètent de cet état de choses, puisque les exportations représentent 42% du produit intérieur brut ( PIB) de la Chine, soit un pourcentage beaucoup plus élevé que celui qu’enregistrent d’autres économies d’envergure comme celles des États-Unis et du Japon (où les exportations représentent respectivement 12% et 18% du PIB). Plusieurs considèrent par conséquent la Chine particulièrement vulnérable au présent ralentissement économique.
Cette crainte, toutefois, est considérablement exagérée. La dépendance de la Chine envers l ’ export ation est beaucoup moins importante que ne l’indique le rapport exportation/ PIB, reconnu pour son manque de précision. La hausse substantielle des exportations de la Chine au cours des deux dernières décennies est principalement due au fait que plusieurs sociétés étrangères confient à la sous-traitance chinoise une portion de leur chaîne de valeur – l’assemblage final nécessitant beaucoup de main-d’oeuvre – à des fins d’exportation.
Une récente étude réalisée par Koopman, Wang et Wei estime qu’environ la moitié de la valeur totale des exportations de la Chine représente des biens véritablement fabriqués en Chine, alors que l’autre moitié représente un contenu importé.
Quand on t i ent compte de cette faible proportion de contenu local dans les exportations de la Chine, on constate que la dépendance de la Chine envers l’exportation est beaucoup moindre que le suggère le rapport exportation/ PIB et que l’économie chinoise demeure largement dissociée des cycles d’affaires des économies avancées.
I l est encore trop tôt pour évaluer la véritable résilience de la Chine face à la crise économique mondiale, mais certains indicateurs laissent présumer que le PCC saura l’éviter. Pendant le premier trimestre de 2009, la croissance du PIB de la Chine s’est accélérée pour atteindre un taux annualisé de plus de 6%, en hausse d’environ 1% sur le trimestre précédent.
En outre, des grandes banques comme la Morgan Stanley, la Royal Bank of Scotland et la Barclays ont récemment révisé à la hausse leurs prévisions pour la croissance du PIB de la Chine en 2009, les faisant passer de 5% ou 6% à 7% ou 8%. Si ces prévisions s’avèrent justes, les dirigeants du PCC pousseront sans aucun doute un grand soupir de soulagement.

La cigale (russe) et la fourmi (chilienne)  -   RICHARD DUPAUL
La Russie a son pétrole. Le Chili, ses mines de cuivre. Les deux pays sont largement dépendants des ressources naturelles. À la différence que le plus petit des deux résiste mieux à la récession. La leçon de la fourmi chilienne.
Les Chiliens ont accumulé d’importantes réserves monétaires, soit plus de 20 milliards US. Un coussin exceptionnel qui représente plus de 15% de l’économie du pays.
Son économie se contracte. Ses exportations chutent. Le chômage grimpe.
Le Chili contribue au tiers de la production mondiale de cuivre, qui compte pour 45% de ses exportations. Ci-dessus, la mine Los Bronces, près de Santiago.
Pourtant, cela n’a pas empêché la firme Moody’s de relever la cote de crédit du Chili l’hiver dernier, au plus fort de la tempête financière.
Au moment où les agences de crédit ont le couteau à la main, le Chili a réussi tout un exploit. Surtout que ce petit pays d’Amérique latine est le premier au monde, parmi ceux qui bénéficient de la note de crédit supérieure ( investment grade), à grimper d’un rang dans le classement Moody’s 2009.
Pendant ce temps, à l’autre bout du monde, la Russie risque d’être « décotée ». Son économie s’enfonce dans le rouge à une vitesse alarmante, avec une chute du PIB de 10,5% en avril – soit cinq fois le recul du Chili (-2,1%) au premier trimestre.
Ces deux pays, de taille et de culture très différentes, ont pourtant un point en commun: d’abondantes ressources naturelles.
Le Chili contribue au tiers de la production mondiale de cuivre, qui compte pour 45% de ses exportations. Quant à la Russie, le pétrole et le gaz naturel sont ses principales sources de devises étrangères.
Or, avec la récession mondiale, ces deux pays ont vu leurs ventes à l’étranger chuter de moitié environ. Un choc violent.
Les similitudes s’arrêtent là, cependant. Car Moody’s a fait du Chili un modèle, un exemple à suivre pour les pays riches en ressources, comme la Russie, qui gèrent mal leurs précieux avoirs.
Un bas de laine de 20 milliards US
En bonifiant la réputation financière du Chili, en mars, Moody’s a souligné un fait encore peu connu dans l’hémisphère Nord: les Chiliens ont accumulé d’importantes réserves monétaires, soit plus de 20 milliards US. Un coussin exceptionnel, qui représente plus de 15% de l’économie chilienne.
D’où provient cet argent ? Simple: la « fourmi » chilienne – personnifiée par le ministre des Finances Andres Velasco – a su économiser en période de beau temps. Durant la montée en flèche des prix du cuivre, le Chili en a profité pour remplir ses coffres.
Le Wall Street Journal a d’ailleurs salué cette sagesse la semaine dernière. Dans un long article, le quotidien financier souligne surtout le travail de M. Velasco, qui a su résister l’an passé à d’énormes pressions venant de groupes qui réclamaient que l’État brise son petit cochon et dépense ses milliards.
En septembre, des protestataires ont même interrompu un discours de M. Velasco en scandant : « L’argent du cuivre est pour les pauvres ! » Mais ce diplômé de la Columbia University, aux États-Unis, n’a pas bronché. Et aujourd’hui, il passe pour un visionnaire.
Car le Chili peut puiser dans ses réserves pour financer divers programmes économiques et sociaux au moment où le pays en a le plus besoin.
Par exemple, la présidente socialiste Michelle Bachelet vient d’annoncer que l’État versera à 4 millions de pauvres une deuxième prime équivalant à 80$ pour les aider face à la crise. C’est sans compter les milliards que le gouvernement va injecter dans les infrastructures du pays.
La Russie s’enfonce
Pendant ce temps, la Russie doit pomper des milliards pour sauver son système financier, qui est menacé d’implosion. Tout un contraste avec le Chili, qui n’a pas versé un peso pour soutenir ses banques.
Et les Russes ont d’autres problèmes.
Heurté de plein fouet par la chute des cours pétroliers, Moscou vient de hausser sa prévision de déficit budgétaire pour cette année, à 9% du PIB. Et ce, même si l’État va réduire ses dépenses.
L e gouver nemen t dev r a emprunter 20 milliards US à l’étranger, d’ici deux ans, pour régler ses comptes. Le Chili, par comparaison, a remboursé toutes ses dettes étrangères.
Et, comble de malheur, les réserves monétaires de la Russie ( 125 milliards de dollars en 2008) fondent comme neige au soleil. D’ici à la fin de 2009, ces fonds auront peutêtre disparu, en bonne partie parce que Moscou s’est entêté à défendre à coups de milliards sa devise, qui chutait sur le marché des changes cet hiver. De l’argent « gaspillé », selon des économistes, avec très peu de résultats...
Bref, deux cas aux antipodes. S’il était vivant, Jean de La Fontaine aurait un malin plaisir à raconter les tribulations économiques de la Russie et du Chili. La cigale et la fourmi, version 2009. Et cette fable des temps modernes trouverait une oreille attentive à Wall Street.
« Le Chili est dans une classe à part, affirme Luis Arcentales, économiste à Morgan Stanley, dans une note financière. À mesure que la récession progresse, on verra que le Chili se porte relativement mieux que les autres. »


Chine et Brésil font bon ménage

PÉKIN— La visite d’État en Chine du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été marquée hier par une série d’accords dans le domaine pétrolier, et notamment un prêt chinois à la société publique brésilienne Petrobras.
Petrobras a obtenu un crédit de 10 milliards US sur 10 ans de la China Development Bank (CDB), dépendant du gouvernement chinois, qui doit, selon la société brésilienne, « financer ses projets d’investissements et des achats de biens et services en Chine ».
Mais, « dans le cadre de ce contrat » avec CDB, Petrobras et le géant public chinois Sinopec, premier raffineur d’Asie, ont également conclu un accord sur la livraison de pétrole brésilien à la Chine, hautement intéressée par la diversification de ses sources d’approvisionnement.
« Les volumes d’exportation seront de 150 000 barils par jour la première année, puis de 200 000 barils par jour pendant les neuf années suivantes », a annoncé Petrobras.
Les bases de ces accords, notamment le prêt de la CDB, avaient été établies lors de la visite officielle à Brasilia en février du vice-président chinois Xi Jingping.
La visite en Chine du président Lula, arrivé à la tête d’une délégation de 240 hommes d’affaires brésiliens, a une forte tonalité économique. Il devait également parler de commerce et de monnaie, hier, lors de ses entretiens avec le président chinois Hu Jintao et le premier ministre Wen Jiabao.
En l’accueillant, Hu Jintao s’est félicité que Luiz Inacio Lula da Silva, dont c’est la deuxième visite à Pékin, « ait donné une place de choix à la Chine dans la diplomatie » brésilienne.
Lula s’est réjoui à son tour du fait que la Chine soit devenue le premier partenaire commercial du Brésil.
« Cette visite permettra de renforcer notre coopération financière et commerciale », a-t-il dit.
Au nombre des accords signés hier figure « un accord de prêt de 800 millions US » entre la China Development Bank et son équivalente brésilienne, a-t-on annoncé officiellement.
Signe des liens de plus en plus étroits entre les deux grands pays émergents, la Chine est devenue pour la première fois, à la faveur de la crise mondiale, le premier partenaire commercial du Brésil, devant les États-Unis.
Or, le chef de l’État brésilien devait défendre l’idée que ces échanges commencent à se passer désormais du dollar américain, pour s’effectuer en reales et en yuans.
« Il est absurde que deux importantes nations commerciales comme les nôtres continuent de mener (leurs) échanges dans la monnaie d’un pays tiers », a déclaré le président brésilien dans un entretien publié par le magazine chinois Caijing.
Lula avait déjà avancé l’idée de contourner le dollar américain en rencontrant Hu en marge du sommet du G20 à Londres, au début d’avril, et annoncé qu’ils en reparleraient à Pékin.
En mars, le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, avait lancé de son côté l’idée que le dollar soit remplacé comme monnaie de réserve internationale par les Droits de tirages spéciaux du FMI.
M. Zhou et son homologue à la banque centrale du Brésil devraient en discuter prochainement, a rapporté hier le quotidien Financial Times.
Dans un commentaire publié hier par le China Daily, Lula explique que l’un des piliers de la diplomatie brésilienne est de renforcer les alliances diplomatiques et économiques avec les autres grands pays en développement, surtout dans le contexte de crise mondiale.
« Les défis systémiques qu’affronte l’économie mondiale mettent en relief la responsabilité croissante des pays émergents », écrit-il.


Rio Tinto laisse tomber les Chinois
Le géant minier se renflouerait par une émission d’actions
La mégatransaction avec la société chinoise Chinalco, qui devait soulager Rio Tinto de sa lourde dette, ne se fera pas. Annoncée en primeur par le Financial Times de Londres, la nouvelle a reçu une sorte de confirmation de Rio Tinto plus tard hier dans la journée.
Rio Tinto doit impérativement réduire sa dette de près de 40 milliardsUS contractée principalement lors de l’achat d’Alcan conclu juste avant que le marché des métaux ne s’effondre. Sur la photo, des collines de bauxite traitée à une mine de Rio Tinto Alcan.
Le géant minier a publié un communiqué qui ne fait aucune mention de la transaction, ni de Chinalco. « Rio Tinto poursuit une série d’options, dont certaines sont assez avancées, pour maximiser la valeur pour les actionnaires et améliorer sa structure de capital », a fait savoir l’entreprise, qui ajoute qu’une annonce sera faite « en temps utile ».
Pour la plupart des analystes, ce bref message signifie la mort de la transaction conclue au pire de la crise du crédit et alors que les prix des métaux étaient au plus bas. Chinalco avait accepté d’investir 19,5 milliardsUS, ce qui lui aurait donné 18% des actions de Rio Tinto et des participations variant entre 15 et 50% dans plusieurs projets miniers en Australie.
Controverse
Dès son annonce, le 12 février dernier, la transaction avait soulevé la controverse. Le gouvernement australien, où se trouve undesdeux sièges sociaux de Rio Tinto (l’autre est à Londres), s’était inquiété de voir une société appartenant à la Chine, déjà un important client de Rio Tinto, devenir un des principaux actionnaires de l’entreprise dans un secteur aussi névralgique pour l’Australie que les mines.
Les actionnaires de Rio Tinto s’inquiétaient eux aussi de voir leur participation diluée par Chinalco, qui aurait acheté ses actions à rabais.
La direction de Rio Tinto a travaillé très fort pour défendre la transaction, jusqu’à tout récemment, alors qu’il devenait de plus en plus évident que les termes de l’entente conclue avec les Chinois devaient être renégociés.
Les actions de Rio Tinto se sont en effet appréciées de près 50% depuis février, ce qui rendait la transaction avec Chinalco de moins en moins acceptable pour les actionnaires. « À mesure que l’action montait et que les conditions de crédit s’amélioraient, d’autres options commençaient à paraître beaucoup plus intéressantes » , a commenté l’analyste londonien Nick Hatch, d’ING, à Bloomberg.
Les autres options envisagées par Rio Tinto étaient la vente d’éléments d’actif et, surtout, une émission d’actions de 10 à 15 milliards US. Ce plan B, qui apparaissait impossible à mettre en oeuvre en février dernier, est devenu réalisable avec l’amélioration des conditions du marché et le raffermissement du prix des métaux.
Selon le Financial Times, Rio Tinto annoncera dans les prochaines heures qu’elle a choisi d’aller chercher du capital en Bourse et de s’allier avec son concurrent BHP Billiton, qui prendrait les participations dans les projets miniers australiens qui étaient destinés à Chinalco.
Ni Chinalco ni BHP Billiton n’ont commenté hier. Le titre de Rio Tinto a chuté de 6,6% et celui de BHP Billiton a baissé de 2,5% hier sur les marchés de Londres et de Melbourne.
Rio Tinto doit impérativement réduire sa dette de près de 40 milliardsUS contractée principalement lors de l’achat d’Alcan conclu juste avant que le marché des métaux ne s’effondre.
Si la transaction avec Chinalco est abandonnée, Rio Tinto devra verser une compensation estimée à 195 millionsUS au gouvernement chinois. Mais ce qui risque de faire le plus mal à Rio Tinto, c’est la frustration des Chinois qui restent les principaux consommateurs de métaux sur la planète.


INDE  GMen pleine campagne de séduction - Philippe Mercure

Lancement de nouveaux modèles. Pleines pages de publicité dans les journaux. Clips à la télé et sur l’internet. Difficile, en Inde, de croire que GM vient de se placer sous la loi de la faillite. Ici, le constructeur automobiledépenseàfond lacaisse dans l’espoir de percer l’un des seuls marchés au monde qui continue de croître.
GM a placé l’Inde parmi les marchés « très importants » sur lesquels compte le constructeur pour se remettre sur pied. Sur la photo, la Chevrolet Spark dans une salle d’exposition de Bombay, en Inde.
Avec exactement 65 702 véhicules vendus l’an dernier, General Motors n’occupe que 3,5% du marché indien. Mais le constructeur de Detroit a annoncé ses intentions d’augmenter sa part de la tarte à rien de moins que 10% d’ici... 2010. Un objectif ambitieux que l’entreprise travaille à atteindre malgré la restructuration de la société mère.
« La faillite, c’est aux ÉtatsUnis, monsieur. Ça n’a rien à voir avec l’Inde, monsieur. »
Vikram B. S. travaille dans la salle d’exposition de GM boulevard Kasturba, à Bangalore, dans le sud de l’Inde. Chaque jour, plusieurs fois par jour, il s’applique à répéter le message que GM veut passer ici : la restructuration n’affecte pas les activités locales.
Pour aider Vikram, GM a déployé une immense banderole où on peut lire ceci: « Nous sommes là pour vous. Nous sommes là pour l’Inde. »
Vikram remet aussi systématiquement aux clients un livret imprimé qui explique qu’ils n’ont « rien à craindre » pour la garantie de leur véhicule. Il a aussi sous la mainles immensespublicitésquele constructeur a fait paraître dans les grands journaux nationaux. Il les montre aux clients comme preuve que « GM investit en Inde ».
Si certains clients sont convaincus, d’autres affichent leur scepticisme. « Une restructuration, c’est quand même quelque chose de sérieux. On ne peut pas savoir combien de temps ça va durer. Qu’est-ce qu’on va faire s’ils ferment tout demain matin? » s’interroge Amit Pandya, 47 ans.
M. R. Indresh, expert automobile indien, croit que la faillite rend effectivement plusieurs Indiens craintifs d’acheter les véhicules. Les concessionnaires ont beau dire qu’ils n’observent pas d’effet sur les visites et les vendent depuis l’annonce de la faillite, le 1er juin dernier, il n’y croit pas.
« Il y a un effet, définitivement », dit-il.
Reste que GM poursuit sa campagne de séduction. Rien de bien surprenant aux yeux de Christian Navarre, spécialiste de l’industrie automobile à l’École de Gestion de l’Université d’Ottawa. « GM gagne de l’argent en Asie... » rappelle-t-il.
En fait, GM a placé l’Inde parmi les marchés « très importants » sur lesquels compte le constructeur pour se remettre sur pied.
Un pari que suit M. Navarre de près. « Dans le passé, les profits réalisés en Asie ont beaucoup aidé les finances de GM, dit le spécialiste. Et sur le marché des voitures traditionnelles, il semble que les Asiatiques et les Indiens aiment la marque GM. »
MaisM. Navarre surveille aussi les constructeurs locaux comme Tata et Mahindra. Contrairement aux constructeurs chinois qui veulent conquérir le monde, les constructeurs indiens semblent concentrer toutes leurs énergies sur le marché local, en se préoccupant très peu de l’exportation.
C’est ainsi que Tata a lancé en Inde cette année la voiture à 2500$US.
« Tata ouvre un nouveau marché innovant en Inde sur lequel il aura une sorte de monopole pour quelque temps. Ça pourrait bien devenir le nouveau modèle en Inde. L’expérience Tata est probablement l’avenir de ce marché », dit M. Navarre.
Un élément de plus dans la bataille que se livrent les constructeurs pour un marché qui croît encore de 6% par année.


Le gouvernement espagnol crée un fonds pour sauver ses banques
— Le gouvernement socialiste espagnol a créé un fonds de secours au secteur financier, doté de 9 milliards d’euros ( 15 milliards CAN), qui permettra aux pouvoi r s publics d’entrer au capital des entités en difficulté.
Les grandes institutions d’Espagne, comme les banques Santander, sont moins sensibles au secteur immobilier que les petites caisses d’épargne régionales.
Le fonds, baptisé Frob, pourra augmenter ses ressources de 27 milliards d’euros par l’endettement pour la seule année 2009.
Sur sa dotation de départ, 6,75 milliards d’euros sont des deniers publics et 2,25 milliards d’euros sont versés par les fonds de garantie du secteur bancaire déjà existants, alimentés par les établissements financiers.
Le but du Frob, créé par un décret-loi adopté en Conseil des ministres, sera de faciliter la réorganisation du secteur financier espagnol, en particulier au sein des nombreuses caisses d’épargne régionales.
« Bien que le secteur bancaire espagnol ait montré sa solvabilité, dans cette conjoncture de crise économique internationale, quelques entités financières pourraient avoir des difficultés au cours des prochains mois », a déclaré la vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, à l’issue du Conseil.
Les banques espagnoles ont été relativement épargnées par la crise causée par les crédits à risque de type subprime, mais certaines institutions, notamment les petites caisses d’épargne régionales, sont grandement exposées à l’éclatement de la bulle immobilière espagnole, ce qui fait augmenter leurs taux de créances douteuses et leur pose des problèmes de liquidité.
Fin mars, la Banque d’Espagne a dû secourir en urgence une petite caisse d’épargne, la Caisse de Castille-La-Manche (CCM).
Les gra ndes i nstit utions, comme les banques Santander, BBVA, ou la caisse d’épargne La Caixa, beaucoup plus internationalisées, sont moins sensibles au secteur immobilier.
Plusieurs autres pays européens se sont dotés de structures pour encadrer les prises de participations publiques dans les établissements financiers.
La Grande-Bretagne a créé une holding publique gérant les dizaines de milliards de livres sterling dépensés par l’État pour sauver des banques.
En Allemagne, 80 milliards d’euros sont dédiés à d’éventuelles prises de participation dans les établissements en difficulté, et en France, la Société des prises de participation de l’ État (SPPE) a déjà injecté 10,5 milliards d’euros dans plusieurs grandes banques.
Restructuration ou fusion
L’action du Frob s’inscrira dans le cadre de diverses opérations : des processus de restructuration ou des processus de fusion.
Tout d’abord, dans le cas de la restructuration d’une banque, le Frob pourra prêter aux conditions de marché des liquidités aux différents fonds de garantie déjà existants.
De plus, si le plan de restructuration n’aboutit pas, le Frob pourra intervenir directement dans la banque pour élaborer luimême un plan de restructuration et éventuellement prendre des participations.
Les banques souhaitant bénéficier de l’aide du Frob devront présenter un plan de sauvetage dans un délai d’un mois. Ce plan devra être approuvé par la Banque d’Espagne.
D’autre part, le Frob pourra agir pour aider deux entités à fusionner. Dans ce cas, il aura la possibilité d’acquérir des titres émis par ces entités. Il s’agira de titres préférentiels transformables en actions ou en apport au capital social.
Les banques devront s’engager à racheter au Frob les titres émis dans un délai de cinq ans.
Le Frob, dont la création devra pour la forme être prochainement avalisée par le parlement, sera dirigé collégialement, la plupart de ses membres étant nommés par la Banque d’Espagne.



Espagne : Premier entré, dernier sorti   -  Richard Dupaul
Envolée du chômage et de l’endettement. Effondrement de l’immobilier. Les touristes qui fuient… L’Espagne traverse une crise qui, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, n’est pas à la veille de prendre fin.
Le prix des logements en Espagne devrait chuter d’environ 30% d’ici à la fin 2001, estime la banque BBVA.
ÉCONOMIQUE BBVA, la deuxième banque espagnole en importance, a concocté un remède peu ordinaire contre les maux causés par la récession.
Il y a quelques jours, des milliers d’Espagnols ont envahi les rues de Madrid en exigeant du gouvernement des mesures pour combattre la crise économique.
Il y a environ une semaine, la Banque a proposé à certains de ses 30 000 employés de prendre congé... pour cinq ans.
S’il accepte l’offre, l’employé recevra 30% de son salaire et conservera sa couverture santé. La banque BBVA promet de le reprendre par la suite. Du jamais vu en Europe.
Si une telle proposition peut sembler attrayante pour certains, elle témoigne de la gravité de la récession en Espagne. Les entreprises sont prêtes à tout pour réduire leurs coûts. D’autres diront que cette mesure draconienne est une manoeuvre de la BBVA pour contourner les règles sévères que Madrid impose aux entreprises en matière de licenciement.
Quoi qu’il en soit, le pays de Don Quichotte lutte contre un ennemi féroce. L’Espagne a été frappée par la récession plus tôt et plus brutalement que la plupart de ses voisins. Or, le pays devrait en sortir plus tard que les autres, avance un nouveau rapport de la Commission européenne.
Endettés
Les derniers chiffres font état d’un taux de chômage de plus de 17% en Espagne, soit 4 millions de personnes sans emploi. Un chômeur sur cinq a moins de 25 ans, ce qui démoralise les jeunes, déplorent des groupes sociaux.
Et ce n’est pas fini. Des économistes prévoient que le chômage atteindra bientôt 20%, un sommet en Europe.
La récession espagnole s’annonce plus longue et plus sévère qu’ailleurs notamment parce que les consommateurs espagnols sont les plus endettés du Vieux Continent.
Les dettes des ménages (hypothèques et prêts personnels) correspondent à 70% de l’économie. Cela se compare à un taux de 45% pour l’ensemble de la zone euro, selon la Banque centrale européenne. Concrètement, chacun des 45 millions d’Espagnols traîne une dette personnelle de 18 000€ (28 000$CAN).
Pourtant, la croissance espagnole a été l’une des plus rapides d’Europe pendant une décennie, grâce surtout à l’immobilier. Mais lorsque la crise financière a frappé, l’atterrissage a été brutal dans ce pays où la construction contribuait à la création d’un emploi sur cinq au début des années 2000.
Au pic du boom immobilier, le PIB augmentait de près de 4% par an. Aujourd’hui, l’Espagne voit son économie se contracter au rythme annuel de plus de 3%.
Déflation
Avec le chômage et les dettes qui s’accumulent, le moteur immobilier n’est donc pas à la veille de redémarrer, contrairement à d’autres pays, dont le Royaume-Uni, où l’on croit avoir touché le fond dans ce secteur.
Le prix des logements en Espagne devrait chuter de près de 30% d’ici à la fin de 2011, estime la banque BBVA. La remontée des prix devra donc attendre deux ou trois ans.
Et le pays de la Costa del Sol et des vins rioja ne peut compter sur l’aide des touristes.
Deuxième destination touristique mondiale après la France, l’Espagne doit s’attendre à une baisse des visiteurs de 10% cet été, affirme le gouvernement.
L’industrie touristique de même que les exportateurs ne peuvent profiter d’une monnaie plus faible pour requinquer les affaires à l’étranger. Car l’euro résiste bien à la tempête. Il s’est même apprécié face au billet vert américain et à la livre sterling.
C’est pourquoi bon nombre des 200 000 Anglais qui possèdent une maison en Espagne ont mis en vente leur propriété, rapportait récemment le Financial Times. Plusieurs « Brits » à la retraite rentrent chez eux pour de bon, préférant la pluie froide de Londres au taux de change brûlant de l’outre-Manche.
En outre, la force de l’euro paralyse le secteur industriel, qui n’est plus aussi concurrentiel. La seule chose qui relancera l’économie « est une baisse prolongée des prix et des salaires », affirme Luis Garicano, professeur à la London School of Economics. Déprimant. Somme toute, le ciel espagnol est bien sombre, ces temps-ci.
« L’Espagne est différente », affirmait jadis le régime franquiste pour attirer les touristes sur la péninsule.
Aujourd’hui , on peut dire la même chose, mais pas pour les bonnes raisons. Car la Commission européenne prévoit que les Espagnols ne sortiront pas de la récession avant 2011, soit un an ou deux plus tard que ses voisins.


Se tuer à la tâche  -  Ariane Krol
Le suicide d’un employé de France Telecom, lundi, bouleverse l’Hexagone. C’est le 24e salarié de l’entreprise à s’enlever la vie enàpeine plus de 18 mois. Et comme d’autres collègues avant lui, il a clairement identifié son travail comme élément déclencheur de son geste. De sérieuses remises en question s’imposent.
L’homme qui s’est jeté en bas d’un viaduc cette semaine avait été muté récemment dans un centre d’appels – un poste auquel il n’arrivait pas à s’adapter. Cette détresse, qu’il avait exprimée plusieurs fois au bureau, se retrouve dans sa lettre d’adieu. Il y a moins de trois semaines, c’est une employée parisienne qui a sauté par la fenêtre après avoir été informée d’un changement de supérieur. En juillet, un technicien a souligné dans une lettre que son travail était « la seule cause » de son suicide. Et il y a eu d’autres cas.
Le climat de travail dans l’ancien monopole d’État est-il la seule, ou même la principale raison qui ait poussé ces gens à se donner la mort? On ne le saura jamais. Mais ces signaux d’alarme sont devenus impossibles à ignorer.
La gauche réclame la tête du grand patron de FT. Déjà convoqué par le ministre du Travail il y a 15 jours, Didier Lombard a dû s’expliquer devant la commission des Affaires sociales du Sénat hier matin. La crise interne est devenue une affaire d’État.
De fait, le contexte français compte pour beaucoup dans cette histoire. Contrairement à la plupart des ex-monopoles de télécom, comme Bell Canada, FT a fait le pari de devenir concurrentielle sans sabrer son personnel. Pari un peu imposé, il est vrai, puisque des mises à pied massives lui auraient coûté très cher, aussi bien d’un point de vue politique que financier. Sa restructuration n’est pas agréable pour autant.
Les employés ne sont pas mis au chômage, mais les pressions pour qu’ils partent d’eux-mêmes ou acceptent un poste sans rapport avec leur expérience sont énormes. À cela s’ajoute une nouvelle culture de la performance qui met les collègues en concurrence et dicte des objectifs perçus par plusieurs comme inatteignables. Le tout dans un marché du travail difficile, où les bons emplois sont rarissimes. Pas surprenant que des salariés se sentent pris au piège. Note aux entreprises d’ici: la crainte du chômage ne rend pas la mauvaise gestion plus tolérable.
Toutefois, ce n’est pas en démettant le PDG qu’on va régler le problème. Dans une entreprise de cette taille, ce sont les pratiques au quotidien, bien plus que la personnalité du dirigeant, qui influencent le climat de travail. La société va devoir développer de mei l leures stratégies pour garantir sa rentabilité. Car jusqu’ici, elle a surtout réussi à créer un grand désarroi. Pour mobiliser les troupes et leur redonner confiance en l’avenir, il va falloir que des changements notables se fassent sentir chez France Télécom. Autrement, il ne faudra pas s’étonner que d’autres désespérés lui attribuent, à tort ou à raison, la responsabilité de leur geste.


Une firme française propose de reclasser des employés... en Inde
« Je pense qu’il y a un problème dans le texte (de loi)... La direction n’a jamais eu l’intention d’offrir des postes salariés à 69€ », a indiqué le PDG.
— Véronique Jacobé a réagi avec consternation il y a quelques semaines en apprenant que la firme textile pour laquelle elle travaillait depuis huit ans à Castres, dans le sud de la France, avait décidé d’abolir son poste.
Une entreprise textile a proposé à ses employés dont les postes ont été abolis de les reclasser en Inde, pour un salaire mensuel d’environ... 100$.
Sa consternation a tourné à l’indignation lorsque les dirigeants de Carreman lui ont ensuite proposé d’accepter un poste de reclassement dans une usine située... en Inde, pour un salaire mensuel de 100$ représentant une fraction infime du salaire minimum français.
« J’ai eu l’impression d’être jetée à la poubelle. J’espérais qu’ils feraient une proposition de reclassement décente mais là, j’ai bien vu qu’ils nous prenaient pour des imbéciles », explique Mme Jacobé, qui fait partie d’un groupe de neuf employés concernés par la singulière proposition.
« La direction des ressources humaines a dit d’emblée qu’il était clair pour eux que je refuserais mais qu’il fallait bien proposer quelque chose... J’ai compris que ce n’était pour eux qu’une légalité », déplore la femme de 44 ans, qui recevait un salaire net d’environ 2000$ par mois pour son travail de préparation des collections et d’échantillons des produits de la firme pour les salons.
L’offre de Carreman a connu un large écho dans les médias de la région, qui ont multiplié les reportages. La Dépêche du Midi a notamment révélé que l’offre était totalement impraticable puisque l’Inde ne délivre pas de visa de travail pour des étrangers venant combler des postes dont le revenu est inférieur à 50 000 roupies (environ 1200$). C’est la stupidité de la loi », a-t-il déclaré.
Un membre du personnel administratif, Philippe Bouete, a répété mardi à La Presse la position de l’entreprise, arguant que le problème venait de la loi et non de Carreman. « Je pense qu’il y a un problème dans le texte... La direction n’a jamais eu l’intention d’offrir des postes salariés à 69€ », a-t-il indiqué.
Évoquant la question des visas, M. Bouete a précisé que la faisabilité des reclassements n’avait pas été considérée. « Les dirigeants ne se sont même pas posé la question. Ils ont fait la proposition sans
Le PDG de l ’ ent repr i s e , François Morel, a déclaré en réponse à la polémique qu’il avait été obligé de procéder ainsi pour se conformer aux dispositions du Code du travail en matière de licenciement.
« C’est la loi française qui nous oblige à faire par écrit une proposition de reclassement si on dispose d’autres sites, même si c’est en Papouasie ou au Bangladesh. regarder ça », a-t-il précisé, en ajoutant que l’entreprise traitait généralement « très bien » ses employés.
Des spécialistes du monde du travail soulignent que l’entreprise a voulu « appliquer la législation avec zèle » pour ne pas s’exposer à d’éventuelles poursuites.
Le Code du travail précise qu’un licenciement pour motif économique « ne peut intervenir que lorsque tous les efforts de formation et d’adaptation ont été réalisés et que le reclassement de l’intéressé ne peut être opéré dans l’entreprise », ce qui inclut les filiales étrangères.
La Cour de cassation, plus haute instance judiciaire du pays, a précisé il y a quelques années que les offres de reclassement devaient être « sérieuses » sans pour autant expliciter les critères pertinents, entretenant un flou juridique.
En 2006, la Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle avait indiqué que « la proposition d’une entreprise concernant des postes au sein du groupe ou des unités de production à l’étranger pour des salaires très inférieurs au (salaire minimum) ne peut être considérée comme sérieuse ». La directive gouvernementale n’a cependant pas mis fin aux polémiques puisqu’elle n’a pas force de loi.
Ces considérations juridiques ne justifient en rien le comportement de Carreman, souligne Mme Jacobé, qui s’est placée en congé de maladie après s’être vu offrir le poste en Inde.
« Ils tentent de se cacher derrière la loi. Ils n’ont même pas le minimum requis de respect pour reconnaître qu’ils ont fait des erreurs », indique l’employée, qui n’écarte pas un recours devant les tribunaux.

CHINE  Une nouvelle bulle se profile sur le marché immobilier

PÉKIN — Les récentes mesures du gouvernement chinois tendant à réduire les restrictions qui pèsent sur le secteur immobilier ont fait récemment monter les prix en flèche et renforcé les craintes de voir se former une nouvelle bulle immobilière, affirme la presse officielle chinoise.
Les prix des logements dans le quartier des affaires de Pékin ont augmenté la semaine dernière de 6,5 %.
Les prix des logements dans le quartier des affaires de Pékin ont augmenté la semaine dernière de 6,5 % et la demande quant à l ’ i mmobilier ancien dans certains quartiers est quatre fois supérieure à l’offre, a indiqué le journal China Daily, citant la maison de courtage Homelink.
Une parcelle de terrain, qui avait été retirée il y a 15 mois d’un appel d’offres, en raison du manque d’enchérisseurs, a été vendue aux enchères lundi dernier pour une somme record de 585 millions US (environ 680 millions CAN).
« Les enchérisseurs sont devenus irrationnels. Une bulle sur le marché immobilier pékinois est certainement là », a estimé juste après cette vente exceptionnelle Pan Shiyi, un des enchérisseurs pour le compte du promoteur immobilier leader du marché, Soho China, selon le journal.
À Shanghai, les promoteurs de luxueux appartements de l a Tomson Riviera , dont le mètre carré est évalué à plus de 14 600$ US, ont vendu au moins 10 logements au mois de juin, alors que quatre appartements seulement avaient été vendus depuis 2005, date du lancement de la vente, a précisé le journal.
Les mesures décidées en 2007 par Pékin pour ralentir la spéculation immobilière, dont l’augmentation de l’acompte pour l’acquisition de résidences secondaires, ont fortement influencé le marché immobilier chinois. Elles avaient conduit à l’effondrement des prix.
Cependant, l’actuelle crise financière a incité le gouvernement à assouplir ces restrictions. Les autorités régionales comptent sur des politiques incitatives pour stimuler la demande dans ce secteur qui tire la croissance, a ajouté le journal.




Importante hausse des prix du poisson  -  Stéphanie Bérubé
Si le poisson occupe une place importante dans votre alimentation, vous avez certainement remarqué que votre note d’épicerie est plus élevée depuis quelques mois. Le prix des aliments, en général, a augmenté de 2,8% durant la dernière année. Dans le cas des poissons, l’augmentation est de 8,8%. « Il faut retourner 10 ans en arrière pour voir une hausse aussi considérable », note Sébastien Lavoie, économiste à la Banque Laurentienne. La mauvaise température de l’été, qui a réduit la quantité de poisson pêchée dans certaines régions, serait en partie responsable de cette hausse.
« Le poisson, c ’est comme la Bourse », la nce Guylaine Lévesque, propriétaire de la poissonnerie La dorade rose de l’avenue du Mont-Royal. Plusieurs facteurs vont déterminer le prix des espèces, explique-telle. L’offre, la demande, le prix de l’essence. Un dollar canadien fort va faire augmenter le prix de certaines espèces et en faire baisser d’autres. Présentement, le saumon américain coûte, en général, moins cher. Mais le poisson étant une ressource naturelle, de soudaines intempéries peuvent tout changer. Un tsunami ou un gros ouragan en Asie fait grimper d’un coup le prix de la crevette, explique Guylaine Lévesque.

Il y en aura toujours pour tous les prix, tempère Miguel, de la poissonnerie Antoine, avenue du Parc. Un produit de la mer quelconque gardera son bas prix, inflation ou pas, alors qu’un poisson issu de la pêche durable ou un poisson sauvage coûtera effectivement plus cher. Globalement, le poissonnier confirme toutefois la hausse des prix. Assez pour faire diminuer la consommation? « Le poisson est considéré comme un luxe en alimentation », note Sébastien Lavoie. Certaines personnes pourraient effectivement décider de le remplacer par une livre de viande hachée, affirme l’économiste. Mais les plus fidèles, dit-il, trouveront des substituts à même le comptoir du poissonnier. Le prix du thon, par exemple, est en baisse ces temps-ci ; en période de récession, ce poisson de luxe est moins en demande.


Un tableau d’honneur bien disparate  -  Vincent Brousseau-Pouliot
Un fonds d’obligations de l’assureur Manuvie. Un f onds d ’ a c t i ons canadiennes de Dynamique, une f i r me tenue en haute estime à Toronto. L’indice du NASDAQ exposé aux f luctuations de billet vert a mér i c a i n . Des a c t i o n s i nternationales gérées par une firme de Hartford. Un panier de t i t r es de pays émergents sélectionnés selon les principes de Benjamin Graham. Pour compléter le tout, un fonds de dividendes nouvellement acquis par la Banque Nationale.
Voilà une collection de fonds on ne peut plus disparate, mais qui font tous partie du tableau d’honneur de la firme Morningstar au cours de la dernière année. Ces six fonds ont obtenu le meilleur rendement de leur catégorie d’actifs pour les 12 mois se terminant au 30 septembre dernier. I l s se démarquent ainsi des 3786 fonds communs en vente au Canada. Seuls les fonds avec une mise de fonds initiale inférieure à 1000 $ ont été considérés dans le cadre de l ’exercice ef fectué par Morningstarpour le comptede La Presse Affaires.
La f i r me Morningsta r suggère toutefois d’y penser à deux fois avant de tout chambarder son portefeuille pour y intégrer les meilleurs fonds de la dernière année. « Ce n’est pas garanti que ces fonds vont obtenir les mêmes résultats cette année, prévient Christian Charest, éditeur adjoint de la f i r me d’évaluation de fonds communs Morningstar. En plus, les investisseurs devraient changer leurs fonds seulement s’ils ne conviennent plus à leur portefeuille ou leur horizon de placement, ou s’il y a un changement dans la philosophie de gestion du fonds. »
Esko Mickels , a nalyste de f onds c ommuns c hez Morningsta r , r e nc hér i t . « Parfois, un fonds a bien performé au cours de la dernière année parce que sa composition était favorable au contexte économique », dit-il.
À défaut de j ouer les devins, fa i sons un retour sur les meilleurs fonds communs de la dernière année au Canada. Six catégories d’actifs, six premiers de classe.
Le fonds de Manuvie doit son titre de premier de classe à l’audace de son gestionnaire David Janis, qui a accumulé les obligations de gouvernements des marchés émergents comme le Brésil. « C’est un fonds plus risqué que la moyenne de cette catégorie », dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. Il contient aussi beaucoup d’obligations de sociétés, qui ont effectué un rebond en Bourse au cours des derniers mois. » Dans cette catégorie de fonds où les rendements sont traditionnellement peu élevés, pas le choix de faire doublement attention au jeu des devises. « C’est devenu aussi important que le choix des obligations », dit Esko Mickels.
Dans un marché boursier canadien en baisse depuis un an, le fonds CI Dynamique, issu d’une famille de fonds créée à Montréal mais dorénavant gérée à Toronto, remporte la palme. « J’aime son gestionnaire David Taylor, qui a souvent des opinions contraires au reste du marché, dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. Son approche est toutefois plus risquée. Il ne détient qu’une trentaine de titres, ce qui est peu pour un fonds de cette envergure. Il a obtenu d’excellents rendements l’an dernier car il détenait beaucoup d’argent comptant et de titres de r essources naturel l es, particulièrement des aurifères. » Au cinquième rang du palmarès des fonds d’actions canadiennes, on retrouve le fonds indiciel de Claymore, dont les frais de gestion sont très bas. « Au contraire de la plupart des fonds i ndiciels, la composition de ce fonds n’est pas basée sur la capitalisation boursière des entreprises mais sur leur poids réel dans l’économie », dit Esko Mickels.
L’indice boursier qui a le mieux performé aux ÉtatsUnis au cours des 12 derniers mois : le NASDAQ (+2,56 %), qui a surpassé le S & P 500 (-8,96 %) et le Dow Jones (-10,33 %) entre le 1er octobre 2008 et le 30 septembre 2009. Dans ce contexte, pas étonnant que le fonds indiciel NASDAQ de la CIBC, qui regroupe les 100 plus grands t it res t echnos a méricains comme Google, Apple et Microsoft, surpasse les autres fonds d’actions américaines en vente au Canada. « Le secteur des technos a bien performé au cours de la dernière a nnée, dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. En plus, les frais de gestion de ce fonds indiciel sont peu élevés. » Le fonds i ndiciel de la CIBC n’est pas protégé contre les f luctuations de devises. Résultat : à chaque fois que le cours du dollar canadien baisse, le rendement en dollars canadiens du fonds indiciel CIBC monte, et vice-versa. Quatrième au palmarès, le fonds indiciel NASDAQ de la Banque TD est immunisé, lui, contre les f luctuations du billet vert américain et du huard.
Voilà la recrue de l’année ! Fondé en septembre 2008, le fonds d’actions internationales Hartford a généré le rendement le plus important dans sa catégorie au cours des 12 derniers mois en dépit – ou plutôt grâce – à son statut de recrue. « C’est avantageux d’avoir beaucoup d’argent comptant pour acheter quand les marchés sont très bas », dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. D’autres facteurs ont contribué au succès de ce fonds : une surpondération des titres européens (plus de 50%) et une sous-pondération des titres financiers (moins de 10 %). « Le gestionnaire du fonds, Richard Jenkins, est un professionnel qui a connu beaucoup de succès chez Trimark et qui a gagné plusieurs prix au Canada », dit Esko Mickels.
Le fonds d’actions émergentes de Brandes, le plus rentable de sa catégorie, ne manque pas de contradictions. Les marchés émergents peuvent représenter un risque élevé en Bourse, alors que la philosophie de Benjamin Graham – le mentor de Warren Buffett qui sert aussi d’inspiration à la firme Brandes – prône la patience, la croissance à long terme et la prise de risques contrôlés. « 90% de ses titres sont des compagnies étrangères dont vous n’avez jamais entendu parler, dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. La stratégie d’investissement est très agressive, mais elle tient aussi compte des principes de Benjamin Graham dans le sens où les gestionnaires recherchent des compagnies avec une valeur intéressante sur des bases tangibles. » Une solution de rechange pour les investisseurs qui préfèrent jouer moins risqué: le fonds AGF, géré par Patricia Perez-Coutts, tenue en haute estime par l’analyste de Morningstar. « Elle a une excellente feuille de route à long terme malgré les risques liés à ce secteur », dit Esko Mickels.

Les rendements des fonds canadiens de dividendes sont moins impressionnants que les fonds généraux d’actions canadiennes, qui ont bénéficié du rebond boursier depuis six mois. « Par leur nature, ce sont des fonds moins risqués », dit Esko Mickels, analyste chez Morningstar. Le fonds d’actions privilégiées Omega, qui fait partie d’une famille de fonds achetée par la Banque Nationale plus tôt cette année, a réussi à distancer ses concurrents grâce à une surpondération de titres financiers. Ceux-ci ont rebondi depuis six mois, l’indice financier du TSX gagnant 75,74 % entre son creux du 3 mars et la clôture mercredi dernier. « Au Canada, la plupart des fonds de dividendes ont une proportion de 50% de titres financiers mais le fonds Omega en a 72% », dit Esko Mickels.


DES CELI TRÈS BIEN GARNIS !  -  Stéphanie Grammond
Qui l’eût cru ? Les CELI, qui avaient été conçus pour aider les Canadiens à se constituer un fonds d’urgence, ont permis à certains investisseurs audacieux de multiplier leur mise, en profitant des rendements fous de la Bourse depuis le début de 2009.
Au départ, le fédéral avait présenté le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) comme un outil idéal pour permettre aux Canadiens de se bâtir un coussin de sécurité ou pour épargner en vue d’un projet à court terme (rénovation, voyage, voiture, etc.).
Depuis le 1er janvier 2009, tous les Canadiens de plus 18 ans peuvent cotiser 5000 $ par an dans leur CELI. L’argent y fructifie à l’abri de l’impôt. Les épargnants n’ont pas à payer d’impôt non plus lorsqu’ils retirent de l’argent de leur compte. Ils peuvent même remettre les sommes qu’ils ont retirées dans leur CELI, mais ils doivent patienter à l’année suivante.
La plupart des institutions financières ont encouragé leur clientèle à glisser dans leur CELI des placements garantis : comptes à intérêts élevés, certificats de placement garanti (CPG), dépôt à terme, obligations… Logique, puisqu’il ne faut pas risquer l’argent dont on pourrait avoir besoin au moindre imprévu.
« Chez nous , 9 5 % des CEL I contiennent des CPG: beaucoup de court terme et de rachetable. Environ 5 % des clients ont investi dans des fonds communs, et ce sont des fonds très conservateurs », indique Manon Stébenne, porte-parole de la Banque Laurentienne où les CELI ont remporté un succès inespéré. Au rythme où les clients ouvrent des comptes, la banque devrait tripler les objectifs qu’elle s’était fixés pour l’année.
Le choix de titres sûrs à l’intérieur du CELI paraissait d’autant plus justifié que les intérêts versés par les titres à revenus fixes coûtent plus cher d’impôt ( jusqu’à 48 %) que le gain en capital ( jusqu’à 24 %) et les dividendes ( jusqu’à 30 %) que génèrent les actions.
Sauf que les taux d’intérêt sont tellement bas que l’économie d’impôt réelle est bien maigre. Par exemple, un placement de 5000 $ à 4 % produit des intérêts annuels de 200 $. Dans le meilleur des cas, le CELI permet donc d’économiser 96 $ d’impôt par année… pour les contribuables qui gagnent 124 000 $ par année. Ce n’est pas énorme.
Coup de circuit
Voilà que d’autres investisseurs, qui n’avaient par besoin de leur argent à court terme, ont adopté une approche plus audacieuse avec leur CELI. Ils ont acheté des actions ou des fonds. Et comme la Bourse a explosé de 27 % depuis le début de 2009 (voir tableau), certains CELI renferment aujourd’hui de vraies petites fortunes.
Robert Arcand fa i t partie des chanceux. Dès le début de janvier, le retraité de 64 ans a mis 5000 $ dans son CELI. Puis, il a acheté des actions des Mines de fer Consolidated
T h o mson , à 0 , 8 6 $ , a u d é but de l’hiver.
Le titre de la société minière qui avait frôlé les 10 $ en 2008, s’était écroulé à cause de la crise du crédit. Mais à la fin de mars, le vent a tourné quand un groupe chinois a offert un financement de 240 millions de dollars. Depuis, l’action est remontée à tout près de 6 $. Et M. Arcand se retrouve avec presque 22 000 $ dans son CELI !
« J’ai été chanceux ! C’est un coup de circuit. Mais j’aurais pu tout perdre , dit l’ancien chef d’entreprise qui a une stratégie de placement « à peu près sans risque » dans son REER. « À la Bourse, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Il ne faut pas investir si cela risque de nous empêcher de déjeuner le lendemain. »
« Il y a des gens qui se sont dit : je vais tester dans mon CELI des choses que je ne ferais jamais autrement dans mon REER », souligne Richard Dussault, premier vice-président chez BMO Ligne d’action.
La firme de courtage direct a connu une croissance de 113 % de ces ouvert ures de comptes cette année, en bonne partie en raison de la popularité du CELI. Actuellement, les comptes actifs renferment 5500 $, en moyenne.
Mais 3 % des CELI ont plus que doublé. Ces comptes valent 15 100 $ en moyenne. Et le champion s’élève à 28 000 $… presque six fois la cotisation annuelle maximale !
« Il y a une clientèle qui a réussi à faire fructifier son CELI de façon spectaculaire », constate M. Dussault. Mais il assure que 97 % des gens ont des placements très conventionnels, comme des fonds communs ou des fonds négociés en Bourse.
Ces produits ont l’avantage d’offrir une bonne diversification, même si les investissements se limitent à quelques milliers dans le CELI, pour l’instant.
Mais encore faut-il que les fonds aient un potentiel de rendement suffisant. Sinon, l’économie d’impôt espérée ne couvrira pas les frais administratifs du CELI perçus par plusieurs firmes de courtage (de 50 $ à 80 $ par an, mais la plupart des firmes les éliminent dans certaines circonstances).
Ainsi, il vaut mieux ouvrir un CELI dans une banque où il n’y a pas de frais et investir dans un CPG (ex : 3 % sur 5 ans) ou un compte à intérêts élevés (1,05 %), plutôt que d’opter pour un fonds de marché monétaire qui verse pratiquement 0 % dans un compte de courtage qui prélève des frais.

SPÉCULATEURS: LE FISC A VOTRE CELI À L’OEIL
Avis aux spéculateurs sur séance ( day traders), le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) n’est pas un bon endroit pour spéculer à la Bourse. Le fisc pourrait décider d’imposer les gains.
« Le CELI, c’est le sujet pour lequel je reçois le plus de quest ions en ce moment ! » la nce Natalie Hotte, fiscaliste pour la f i r me de courtage Financière Banque Nationale.
« Les revenus gagnés dans le CELI et dans le REER ne sont pas imposables… sauf les revenus d’entreprise, dit-elle. Or, les revenus de la spéculation sont considérés comme des revenus d’entreprise. »
Les revenus réalisés dans le CELI par des spéculateurs professionnels pourraient donc être imposés au taux de 48%.
Mais comment tracer la ligne entre un simple investisseur actif et un spéculateur professionnel? Comment déterminer si l’appréciation du CELI constitue un gain en capital ou un revenu d’entreprise?
À l’heure où n’importe quel particulier peut négocier tant qu’il veut sur l’internet, la ligne devient de plus en plus difficile à tracer. Mais voici certains critères qui permettent de déterminer qu’il s’agit de revenus d’entreprise : Par ailleurs, certains individus à l’imagination fertile ont trouvé une manière de gonfler leur CELI en procédant à des échanges de titres (swap) entre leur REER et leur CELI. Inutile d’en dire plus long sur la méthode, car l’Agence du revenu du Canada a déjà émis plusieurs réserves. Tenez-vous-le pour dit.



Grands parleurs, petits investisseurs  -  Stéphanie Grammond
Les investisseurs sont pleins de contradictions. Ils vous diront qu’il est important d’épargner, de procéder à une planification financière en vue de la retraite, et de bien s’informer avant d’investir. Mais, dans la pratique, la majorité des Québécois n’ont aucun plan financier, ils craignent de manquer d’argent à la retraite, et ils investissent les yeux fermés!
Voilà ce que ressort d’un sondage dévoilé hier par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, l’organisme qui regroupe les différentes instances réglementaires provinciales.
« Les investisseurs ne font pas ce qu’ils ont à faire. Le sondage nous confirme ce qu’on voit sur le terrain », a commenté Anne-Marie Poitras, surintendante à l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui réglemente l’univers du placement au Québec.
En effet, près des trois quarts (72%) des Québécois n’ont aucune planification financière, même s’ils considèrent majoritairement (66%) qu’il est important de faire un tel exercice.
Au Canada, la situation n’est guère plus reluisante: le tiers des répondants n’ont pas de planification financière, malgré l’importance que cela revêt à leurs yeux.
De plus, la vaste majorité des Canadiens (85%) considère qu’il est important d’épargner et d’investir. Pourtant, le tiers (35%) n’a par la moindre économie. D’ailleurs, cette proportion est significativement plus élevée qu’il y a trois ans, alors que seulement 27% des répondants n’avaient pas un cent de côté.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’un grand nombre (60%) d’investisseurs craignent de ne pas avoir amassé suffisamment d’économies pour répondre à leurs besoins financiers à la retraite.
Le sondage fait ressortir d’autres paradoxes troublants dans l’attitude des investisseurs. Ainsi, quatre personnes sur cinq estiment qu’il est de leur devoir d’acquérir de bonnes connaissances en matière de placement et de bien s’informer avant d’investir. Or, la majorité ne le fait pas.
  En fait, 78% des Québécois (comparativement à 66% des Canadiens) n’ont fait aucune forme de recherche sur l’épargne et les investissements depuis 12 mois. Pire. Dans 57% des cas (le plus haut niveau au Canada), les Québécois n’ont effectué aucune recherche personnelle avant de conclure leur dernier investissement. « Je pense que les gens trouvent ça compliqué, avoue Mme Poitras. Ils sont gênés de poser des questions. Les institutions devraient améliorer la documentation qu’elles fournissent à leurs clients. Il faudrait adapter le jargon financier dans un langage clair. »
Même si les Québécois ne sont pas plus vulnérables à la fraude financière, ils ont une attitude plus à risque, révèle aussi le sondage.
Ils aiment participer à des concours ou encore jouer à la loterie. Le tiers d’entre (31% comparativement à 23% au Canada) pensent qu’on peut faire de l’argent à la Bourse avec un bon tuyau. « Les investisseurs veulent transiger à partir d’une information privilégiée... ce qui est illégal. Ils aiment ça, le petit tuyau du beau-frère! » lance Mme Poitras.
Le sondage démontre que les victimes de fraude financière sont souvent des gens bien éduqués, qui ont de bonnes connaissances financières, mais qui souffrent d’un excès de confiance. Ce sont aussi des investisseurs audacieux qui sont prêts à courir des risques pour obtenir un rendement supérieur, et qui sont disposés à investir sur-le-champ pour ne pas rater une occasion de placement.
Il est intéressant de noter une différence culturelle en matière de fraude financière. Au Québec, les tentatives de fraude sont souvent le fait d’un proche ou une personne de confiance. Les Québécois semblent beaucoup moins importunés par les courriels frauduleux que le reste des Canadiens (55%comparativement à 70% au Canada), probablement parce que les messages sont souvent diffusés en anglais.
Dans l’ensemble, près de 40% des Canadiens se sont déjà fait proposer un investissement frauduleux. Et 4% des Canadiens sont déjà tombés dans le piège.
BOIRE UN COUP À LA SANTÉ DE TRANSAMERICA!  -  Stéphanie Grammond
C’est décidé depuis des années. Le 23 mars 2010, Jean-François va boire un bon coup. Il lèvera son verre à la santé Transamerica Vie Canada. Ce jour-là, la compagnie d’assurances doit lui remettre un chèque de 173 156$, soit la valeur garantie de ses placements dans trois fonds distincts.
En 1999, l’investisseur de la RiveSud avait i nvesti 108 000 $ dans une brochette de fonds distincts Transécurité, qui devaient suivre la performance des Bourses canadienne, américaine, et anglaise, ainsi que celle du NASDAQ.
Les fonds avaient une caractéristique toute particulière : l’assureur permettait de mettre à jour la valeur garantie. Ainsi, les clients qui en faisaient la demande pouvaient garantir les gains réalisés en cours de route.
Le 23 mars 2000, au plus fort de la folie des technos, Jean-François a donc réinitialisé sa garantie, pour une nouvelle période de 10 ans. Son portefeuille était rendu à 173 516$. Ainsi, il était assuré de récupérer cette somme, en patientant jusqu’en 2010.
Peu après, la bulle des technos a crevé. Puis, il y eut les attentats du 11 septembre 2001, la récession, la crise du crédit... une vraie décennie de misère pour les marchés boursiers ! Aujourd’hui, le portefeuille de JeanFrançois ne vaut plus que 53 556$. Peu importe, il encaissera trois fois plus, dans six mois.
Le comble, c’est que Jean-François a été forcé de déclarer faillite, il y a deux ans. Or, le syndic n’a pas pu toucher à ses fonds distincts, car ils sont insaisissables. « En 10 ans, ses fonds distincts l’ont protégé contre deux krachs boursiers et une faillite », constate son conseiller Fabien Major.
Dire que les détracteurs des fonds distincts répétaient, il y a 10 ans, que leurs garanties n’en valaient pas le coût, compte tenu des risques infimes de baisse sur une période aussi longue que 10 ans…
I l s ont eu t or t . On dénombre aujourd’hui des centaines de fonds distincts qui affichent des rendements négatifs sur 10 ans. Le pire de tous ? Le fonds Transamerica ISM technologies de l’information, qui accuse un rendement de -15 % par an. Une somme de 1000 $ investie en août 1999 ne valait plus que 190 $ en août dernier, selon PalTrak. Heureusement, ce fonds contient très peu d’actifs.
Mais on trouve aussi des rendements négatifs parmi les poids lourds des fonds distincts. Par exemple, le fonds London Life actions américaines, qui renferme 365 millions, a fondu de 7,2 % par an: un dépôt de 1000$ ne vaut plus que 636 $. Autre cas : un dépôt de 1000$ dans le fonds CanadaVie actions mondiales ne vaut plus que 523$.
Pas étonnant que les assureurs qui vont boire la tasse soient en train de réduire leur garantie pour l’avenir.

Fini la faillite personnelle facile  -  Martin Vallières
Consommateur trop endetté, vous envisagez la faillite personnelle pour vous libérer de vos dettes en quelques mois à peine ? Détrompez-vous.
Dès aujourd’hui, des amendements à la législation fédérale des faillites entrent en vigueur afin de forcer les particuliers insolvables à négocier avec leurs créanciers, plutôt que de déclarer faillite avec l’espoir de se libérer rapidement de leurs dettes.
« Il y a encore cette perception dans le public. Mais c’est maintenant fini, ça. Les délais minimaux de libération sont deux à trois fois plus longs qu’auparavant », résume Pierre Fortin, syndic en faillite personnelle chez Fortin & Associés.
Ainsi, le délai minimal de libération pour un individu à sa première faillite passe de neuf à 21 mois. C’est presque deux ans de purgatoire financier, au lieu de quelques mois.
Et lors d’une faillite subséquente, ce délai minimal de libération triple carrément. Il est désormais de 36 mois au lieu de 12 mois auparavant. C’est donc un purgatoire f i nancier de t rois ans qui attend les consommateurs trop dépensiers et récidivistes.
« Ces modifications visent surtout à dissuader les abus de faillites à répétition de la part de certains consommateurs », note Pierre Fortin.
Une exception est prévue pour les particuliers à revenus modestes. Dans ce cas, le délai minimal de libération d’une première faillite demeure à neuf mois. Mais il double de 12 à 24 mois pour les fois subséquentes.
Toutefois, note M. Fortin, l a déf i nit i on de « r evenu modes t e » e s t laissée à Statistique Canada. Ça signifie un maximum de 2000 $ par mois (après impôt) pour une personne seule, et jusqu’à 4100 $ par mois pour une famille de deux adultes et trois enfants.
« C’est vraiment le seuil inférieur de la classe moyenne. En pratique, ça veut dire que la majorité des cas de faillites personnelles seront audessus, et donc soumis aux délais de libération désormais plus longs », résume Pierre Fortin.
En contrepartie, dit-il, les amendements à la législation fédérale devraient faciliter la négociation entre les consommateurs insolvables et leurs créanciers, dans le but de convenir d’un remboursement par paiements périodiques.
D’ailleurs, la limite de dette totale d’un particulier pour accéder à de telles négociations à l’amiable est rehaussée considérablement, de 75 000$ à 250 000$.
Au-delà , une personne insolvable devra encore passer par un processus de faillite judiciarisée.
« C’est beaucoup plus long et compliqué que la négociation d’un règlement, même partiel, entre un particulier insolvable et ses créanciers », selon M. Fortier.
 Par ailleurs, pour rehausser l’attrait d’un tel règlement négocié, la législation amendée proscrit la saisie de la résidence et du véhicule personnel d’un particulier insolvable, par les créanciers garantis de ces biens, tant que cette personne poursuit ses paiements en vertu de l’entente avec ces créanciers.
Et si cette période demeure plafonnée à cinq ans, elle est désormais assortie de la possibilité de rouvrir l’entente avec les créanciers en cas d’une autre situation d’insolvabilité par le particulier.
Par ailleurs, notent les syndics consultés, l’objectif de faciliter les négociations entre les créanciers se retrouve aussi derrière les modi f ications législatives à propos de l’insolvabilité des entreprises.
« Ces changements permettent enfin une meilleure harmonisation entre les deux lois qui affectent les entreprises : la Loi sur les faillites et la Loi sur les arrangements avec les créanciers (accessible au passif de plus de 5 millions). Ça fait des années qu’on attendait ça », résume André Hébert, comptable spécialisé en insolvabilité chez RSM Richter.
D’emblée, c e s c ha ngements législatifs s’avèrent plus techniques dans le cas des entreprises que pour les consommateurs.
Toutefois, un amendement en particulier concerne les salariés de toute entreprise en difficultés financières.
Désormais, lorsqu’elle sera en restructuration financière sous supervision judiciaire, une entreprise qui souhaite réduire ses coûts de maind’oeuvre s era obl i gée de passer par des négociations à l’amiable avec les représentants de ses employés. Et de telles négociations pourront être ordonnées par le tribunal, en cas de refus de l’une ou l’autre des parties, syndicale ou patronale.
PRINCIPAUX CHANGEMENTS
POUR LES PARTICULIERS: > Allongement considérable des délais minimaux de libération d’une faillite : de neuf à 21 mois pour la première fois, de 12 à 36 mois lors des suivantes. Pour les faillis à revenus modestes, le délai minimal reste à neuf mois la première fois, mais double de 12 à 24 mois les fois suivantes. > Abrogation du droit de saisie de maison et de véhicules personnels par les créanciers garantis de ces biens, tant que leur propriétaire insolvable poursuit ses paiements de règlement convenus avec tous ses créanciers. > Triplement de la limite de dette totale (de 75 000 à 250 000$) pour l’accès au processus à l’amiable de proposition aux créanciers, au lieu d’une faillite. > Possibilité de rouvrir une proposition aux créanciers en cas de nouvelle insolvabilité durant la période convenue de paiements d’un règlement.
POUR LES ENTREPRISES: > Harmonisation des procédures entre la Loi sur l’arrangement avec les créanciers (LACC) et la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI). > Possibilité d’annulation de contrats d’affaires considérés défavorables, lors d’une restructuration d’insolvabilité supervisée en justice. S’ajoute à l’annulation courante de baux immobiliers. > Possibilité d’ordre de Cour pour forcer des négociations syndicalespatronales avant toutes modifications aux conventions collectives chez un employeur insolvable. Assouplit l’interdit antérieur de telles modifications. > Protections et exigences professionnelles accrues pour les comptables d’entreprise, les syndics et les contrôleurs de restructuration d’insolvabilité. Vise l’élimination de conflits d’intérêts. > Restrictions à la reprise d’actifs d’entreprises insolvables par ses administrateurs précédents, jusqu’à la preuve en Cour de la meilleure transaction possible pour les tous les créanciers.
Sources : firmes de syndics (J. Fortin & Associés, RSM Richter).


LES JEUNES ÉPARGNENT!  -  Marc Tison


PLUS FOURMIS QUE CIGALES
Les jeunes mettent de côté le tiers de leurs revenus
Les jeunes sont des paniers percés qui vivent au jour le jour et ne résistent pas aux sirènes de la consommation ? Faux. Les Québécois de 18 à 29 ans détiennent de l’épargne dans une proportion de 60%.
Cette épargne moyenne de 8837 $ correspond au tiers (34%) de leur revenu annuel brut.
Toutes proportions gardées (mais sans égard aux responsabilités), c’est nettement plus que leurs parents, qui en 2008 n’épargnaient que 2,1 % de leur revenu disponible.
Ce rassurant constat provient d’une recherche menée par Marie J. Lachance, professeure au département des sciences de l’éducation de l’Université Laval, avec l’assistante de Jacinthe Cloutier, étudiante à la maîtrise en mesure et évaluation.
« On e s t a g r é a blement surpris, commente Marie Lachance. Les jeunes savent qu’il est important de mettre de l’argent de côté, savent que ça devrait être une priorité et ils sont favorables à l’épargne. »
Leurs données proviennent d’un questionnaire posté sur l’internet en juin 2008, auquel 966 personnes ont répondu. On peut penser que les résultats auraient été plus favorables encore si l’enquête avait été menée en août, au terme d’un été de travail pour les jeunes encore aux études.
On doit cependant mettre ces chiffres en perspectives, nuance Ma r i e L ac ha nce. Malgré une épargne moyenne élevée, elle correspond chez l a plus g r a nde pa r t des répondants à 10 % de leur revenu brut.
Motivation: projet prochain
Le grand intérêt de cette t oute nouvelle ét ude sur l’épargne est d’en montrer le pourquoi et le comment.
Les jeunes Québécois qui économisent le font la plupart du temps pour réaliser un projet qui leur tient à c oeur. Prévenir les coups durs arrive au second rang des motivations. « Les jeunes ne savent pas nécessairement ce qu’est un fonds d’urgence, observe Marie Lachance. Mettre de l’a rgent de côté avant les imprévus devrait être le premier objectif, avant tout autre chose. »
Ils sont également peu nombreux – 30% – à épargner de façon régulière.
Cette inconstance traduit sans doute l’incertitude de la situation des jeunes.
Car l’échantillon englobe des situations très variées : la tranche d’âge des 18 à 29 ans est sans doute celle où la situation financière connaît ses changements les plus profonds. « Ceux qui épargnent le plus sont ceux qui travaillent, mais ceux qui ont la plus grande proportion du revenu sont ceux qui habitent chez leurs parents, observe Mme Lachance. On peut comprendre : ils n’ont pas de responsabilités financières. » Malgré tout, ils épargnent! Presque tous les j eunes détiennent un compte bancaire courant. Curieusement, l’assurance vie arrive au second rang des produits financiers les plus fréquemment détenus (64,9%), tout juste devant le compte d’épargne (64,4%) et l’assurance de biens personnels (59%)!
Les voeux et la réalité
Plus de neuf j eunes sur dix approuvent le principe de l’épargne et reconnaissent l’importance de mettre régulièrement de l’argent de côté. Cependant, la moitié d’entre eux ne sont pas prêts à sacrifier certains plaisirs pour concrétiser ce bon voeu.
Pour Marie Lachance, les parents, l’école et les professionnels de la finance ne doivent pas tant taper sur le clou déjà bien enfoncé de l’importance de l’épargne, qu’insister sur les avantages à commencer tôt et sur les moyens concrets d’y parvenir.
« Ce qui est particulièrement intéressant pour nous, c ’est de voir que tous les agents – parents, conseillers financiers, école... – ont une influence, directe ou indirecte, conclut-elle. C’est loin d’être négligeable, mais on peut certainement améliorer l’influence de l’école et des parents. »

Les parents ont une influence positive... malgré tout
Pour plus de la moitié des jeunes Québécois, les parents sont l a principale source d’i nf l uence en f aveur de l’épargne. Les deux tiers des répondants à l’enquête dirigée par Marie J. Lachance ont indiqué que leurs parents sont de bons exemples en matière d’épargne.
Sans doute les jeunes n’ontils pas eu accès aux bilans financiers parentaux, car les Canadiens n’ont jamais été aussi endettés ni n’ont détenu aussi peu d’épargne.
Ceci explique peut-être cela : si les jeunes déclarent que leurs parents ont une influence favorable sur leur perception de l’épargne, les résultats de l’enquête montrent que cette influence ne se traduit pas par une plus grande probabilité d’épargner. Peut-être ces j eunes n’ont-ils pas eu encore l’occasion ou les moyens de concrétiser leurs intentions.
Les auteurs suggèrent une autre explication : « Le taux d’épargne des Canadiens n’aya nt j a mais été aussi faible, on peut aussi croire que les encouragements ont pu être i nsuffisants si les parents ne prêchaient pas aussi par l’exemple. »
L’argent de poche
L’argent de poche est un autre f acteur domest ique positif. La recherche de Marie Lachance et Jacinthe Cloutier montre que plus jeune on touche de l’argent de poche, plus grandes sont les probabilités de détenir de l’épargne entre 18 et 29 ans. « C’est une surprise car il y avait peu d’information à ce sujet », indique Marie Lachance.
L’argent de poche peut susciter des discussions sur la gestion de ce pécule entre enfants et parents, qui seront l’occasion d’un « minimum d’éducation pouvant influencer le développement des pratiques d’épargne ». Les parents ont donc tout intérêt à commencer tôt leurs encouragements à l’épargne, assortis de pièces sonnantes et trébuchantes.
Les auteures de l’étude en concluent que les parents devraient être mieux soutenus dans leur rôle d’« agent de socialisation » principal. Car si leurs encouragements portent éventuellement leurs fruits, ils sont rarement en mesure de les accompagner de notions de base en finances personnelles.


Les finances personnelles, un domaine obscur  -  Marc Tison
Qu’est-ce que l’épargne? Près de trois jeunes adultes québécois sur dix estiment que c’est l’argent mis de côté… pour payer les factures et les dettes à la fin du mois.
S’ils sont favorables à l’épargne, s’ils la pratiquent en bonne proportion, les jeunes montrent peu de connaissances financières – c’est-à-dire à propos des moyens de concrétiser leurs bonnes intentions.
L’enquête menée en juin 2008 auprès de 966 Québécois âgés de 18 à 29 ans incluait un questionnaire de neuf questions de type vrai ou faux sur l’épargne et l’investissement. Le score moyen s’est fixé à 52 %.
Marie Lachance s’est montrée particulièrement étonnée que les deux tiers des répondants ne soient pas en mesure de distinguer les intérêts simples des intérêts composés. En effet, à peine 35% des répondants ont correctement évalué que l’assertion « Un placement à 5% d’intérêt est plus payant à intérêt composé qu’à intérêt simple » était vraie.
Une majorité de j eunes Québécois quittent « l’école secondaire sans connaître cette distinction fondamentale qu’on aurait pu croire enseignée, sinon dans un cours sur les finances personnelles, du moins dans un cours de mathématique », s’inquiètent les auteures de l’étude.
Autre exemple, sept répondants sur dix ont estimé (à tort) que les sommes retirées d’un REER sont à l’abri de l’impôt si le retrait est fait après 65 ans. Il est vrai que pour ces jeunes, la retraite est certainement une préoccupation éloignée.
Plus préoccupant, les femmes ont montré une moins grande maîtrise des notions de finances personnelles et d’épargne que les hommes.
Elles ont suivi les mêmes cours secondaires, mais ontelles ensuite manqué de temps ou d’intérêts pour compléter leurs connaissances ? « On devrait les viser davantage et trouver des moyens pour que ces connaissances leur soient accessibles », insiste la chercheuse.
Chose certaine, conscients de leurs lacunes, « la majorité des jeunes veulent davantage d’information sur les moyens de mettre de l’argent de côté, ajoute-t-elle. C’est la base. »
Par ailleurs, il n’est pas dit que les Québécois plus âg… plus expérimentés auraient obtenu un score tellement supérieur. Faites le test…

DES COURS RAPIDEMENT OUBLIÉS  -  Marc Tison
« Contrairement à nos attentes, les répondants ayant suivi un cours sur les finances personnelles n’ont pas obtenu un score de connaissances significativement différent de ceux n’en ayant pas suivi », i ndiquent les auteures de la recherche sur les jeunes adultes québécois, l’épargne et l’i nvestissement, Marie Lachance et Jacinthe Cloutier.
Encore plus surprenant, 60% des répondants ont signifié n’avoir jamais suivi de cours sur les finances personnelles à l’école secondaire, alors que des cours obligatoires abordaient ces questions jusqu’en juin dernier.
S’ils ne se rappellent pas les avoir suivis, pas étonnant qu’ils en aient oublié les notions.
« Peut-être que ces cours n’ont pas été assez marquants? i nterroge Marie Lachance. On peut parler de formation des enseignants, de qualité du matériel, de notions qui n’étaient peut-être pas adaptées à leurs besoins et leurs motivations. Les professeurs en éducation économiques nous ont dit souvent que les jeunes étaient très intéressés à entendre parler du crédit et de cartes de crédit. »
Est-ce à dire que les cours en éducation économique au secondaire sont inutiles ? Au contraire. « Il faut renforcer l’éducation en finances personnelles à l’école », soutient Marie Lachance. Car si ces cours ne semblent pas avoir laissé d’impérissables souvenirs cognitifs, ils ont eu le grand bénéfice de favoriser une attitude positive face à l’épargne. « Ce ne sont pas les apprentissages acquis en classe qui ont un impact mais les attitudes qui y sont développées », soutiennent les auteures de la recherche.
Chose certaine, on doit désormais en parler au passé. Les derniers cours d’éducation économique ont été donnés en juin dernier. Ils ont disparu dans le maelström de la réforme, à la faveur de notions de consommation saupoudrées dans les nouveaux programmes Histoire et éducation à la citoyenneté et Connaissance du monde contemporain.
« Nous croyons que c’est une erreur et que le peu de contenu dispensé jusqu’à ce jour aurait plutôt dû être mis à jour, renforcé et adapté aux besoins des jeunes », soutiennent les auteures de la recherche.


FAUT-IL ÉCOUTER LES DICTONS?  -  Hugo Fontaine
LA BOURSE REGORGE DE DICTONS, MAXIMES ET AUTRES ADAGES CENSÉS INDIQUER AUX INVESTISSEURS LES VOIES DU SUCCÈS SUR LES MARCHÉS. CERTAINS SE COMPLÈTENT, D’AUTRES SE CONTREDISENT, ET PEU SONT ABSOLUS. LA PRESSE AFFAIRES A DEMANDÉ À DES STRATÈGES ET GESTIONNAI

The trend is your friend
(La tendance est ton amie)
Autre dicton à signification semblable : -Don’t fight the tape V.D. : Il est primordial de cerner l’état du marché (haussier ou baissier) et on ne doit pas se « battre » contre sa tendance, sinon on risque de vendre ou d’acheter prématurément. Les changements de tendance peuvent être particulièrement importants. L.F. : C’est bon aussi longtemps que la tendance dure ! Si le marché est bon dans une direction où tu es long, le dicton te suggère de ne pas toucher à tes titres. Si tu es court et que le marché descend, tu es gagnant aussi.
L.G.: Ce dicton convient aux investisseurs au profil momentum. S.G. : Le marché parle, il faut composer avec ce qu’il te dit. Mais la tendance
est ton amie jusqu’à ce que tu frappes un mur.

Achetez la rumeur, vendez la nouvelle
V.D.: Le marché boursier est une machine à anticipation et lorsqu’une nouvelle sort, il y a fort à parier qu’elle est reflétée depuis longtemps dans le prix d’une action. Ce dicton colle surtout aux titres-vedettes auxquels s’intéressent les investisseurs hyperactifs. L.F. : Quand une rumeur se concrétise, un titre réagit rapidement et il est très difficile d’en acheter. Ceux qui ont acheté sur la rumeur peuvent alors vendre. Mais il faut être prudent, car si la rumeur est fausse, on peut se faire avoir. S.G. : Il faut se méfier de certaines rumeurs qui reviennent constamment, mais qui sont sans fondement. Chaque fois qu’une telle rumeur revient, je vendrais plutôt que d’acheter, comme chaque fois que la rumeur veut que Rogers achète Shaw Communications.

The more certain the crowd is, the surer it is to be wrong
(Plus la foule est sûre d’elle, plus elle est sûre d’avoir tout faux) - Attribué au financier américain Robert Menschel. V.D. : Il s’agit probablement du constat auquel j’apporte le plus d’importance puisqu’il prône une approche « contrarienne ». Quand tout le monde a vendu, le risque de baisse est assez faible, bien qu’il soit perçu comme étant très élevé. Quand tout le monde a acheté (et que les chauffeurs de taxi vous en parlent !), c’est le temps de vendre. S.G. : Quand on ne peut plus résister à l’idée d’acheter un titre parce qu’il s’est tellement apprécié, ce n’est jamais trop bon. Quand le consensus, incluant ta belle-mère, te dit d’acheter, c’est dire que toutes les nouvelles sont connues et qu’on commence à être complaisant. L.F. : Au pire de la bulle spéculative en 2000, tout le monde était investi dans les actions. À un certain moment, quand il n’y a plus d’acheteurs et qu’un sentiment négatif commence à s’installer, ça tombe comme une roche. Celui qui avait vendu ses actions était correct. Cette année, tout le monde a retiré son argent du marché pendant les trois premiers mois de l’année. Mais le meilleur moment d’acheter était au mois de mars. Quand tout le monde est sûr de quelque chose, il faut faire l’inverse.
On peut s’enrichir en dormant
Autres dictons à signification semblable : - « Tout au long de mes années passées à investir, j’ai observé que les grosses sommes n’étaient jamais gagnées en achetant ou en vendant. Les grosses sommes étaient gagnées dans l’attente. » Citation attribuée au célèbre investisseur du début du XXe siècle, Jesse Livermore. - À l’occasion, un investissement qui rapporte requiert l’ inactivité. ( Warren Buffett) V.D. : Ces dictons portent sur la valeur de conserver ses placements à long terme, soit la stratégie buy-and-hold. Certaines périodes ont été favorables à cette maxime, mais nous vivons depuis 10 ans dans un climat où il faut réévaluer ses positions une ou deux fois par année. On ne parle pas ici d’être hyperactif ni de changer son plan de match comme une girouette, mais la valeur du buy-and-hold est moins évidente ces jours-ci et ne doit pas rendre complaisant. S.G. : Pour illustrer ce dicton, je donnerais l’exemple de Potash Corporation. C’est une excellente entreprise qui annonce des profits à la baisse. On sait pourquoi, et on sait que cela n’a rien à voir avec le fondamental de l’industrie à moyen terme. Et l’entreprise gère bien l’offre. Nous sommes assis sur nos mains et on garde le titre, car on sait que ça va revenir. Dans certains cas, vaut mieux attendre.

Don’t try to catch a falling knife
(Il ne faut pas tenter d’attraper un couteau qui tombe) V.D.: Ce dicton est similaire au « dead cat bounce ». Même un chat qui tombe du dixième étage peut rebondir. Il est donc préférable d’attendre un rétablissement fondamental avant d’acheter, même à prix plus élevé. L.G. : Attendons que le couteau soit par terre avant de le ramasser, si on
pense, après analyse, qu’il y avait eu exagération. L.F. : Quand un titre ou un indice recule beaucoup, il commence à être intéressant. Il ne faut pas arrêter le couteau, mais plutôt attendre que ça se stabilise. L’automne dernier, des investisseurs ont replongé dans le marché après trois mois de baisse, mais le marché a poursuivi sa chute par la suite.
Achetez la rumeur, vendez la nouvelle
V.D.: Le marché boursier est une machine à anticipation et lorsqu’une nouvelle sort, il y a fort à parier qu’elle est reflétée depuis longtemps dans le prix d’une action. Ce dicton colle surtout aux titres-vedettes auxquels s’intéressent les investisseurs hyperactifs. L.F. : Quand une rumeur se concrétise, un titre réagit rapidement et il est très difficile d’en acheter. Ceux qui ont acheté sur la rumeur peuvent alors vendre. Mais il faut être prudent, car si la rumeur est fausse, on peut se faire avoir. S.G. : Il faut se méfier de certaines rumeurs qui reviennent constamment, mais qui sont sans fondement. Chaque fois qu’une telle rumeur revient, je vendrais plutôt que d’acheter, comme chaque fois que la rumeur veut que Rogers achète Shaw Communications.
Don’t marry your stocks
(Ne tombez pas amoureux de vos titres) V.D. : C’est une règle de base importante pour les investisseurs et les analystes puisque la nature humaine fait en sorte que l’amour pour un titre (ou une recommandation) tend à augmenter avec le prix de l’action. Pourtant, plus le prix augmente, plus le rendement espéré diminue. L.G. : C’est l’un de mes dictons préférés. Il ne faut pas laisser les émotions déranger la raison. Il faut constamment refaire ses devoirs et regarder le fondamental dans les entreprises qu’on aime pour savoir quand s’en aller. Il faut faire la distinction entre une bonne entreprise et son évaluation. L.F. : Tomber amoureux d’un titre est la pire chose à faire. Combien sont tombés amoureux de
Bombardier ou de Nortel ? Une entreprise, c’est un nom, la réalité va au-delà.
You’ll never go broke by taking a profit
( Vous ne serez jamais fauché en prenant des profits) L.G. : Tout ça revient à la pondération des actifs dans le portefeuille. Ne soyons pas avides. On se met des balises, et quand on les dépasse, c’est le temps de prendre des profits. Mais en même temps, il ne faut pas aller à l’autre extrême où on vend tous nos titres gagnants et ne conserver que les perdants. L.F. : Il est plus difficile de vendre trop tôt que de vendre trop tard. Avec des titres qui ont bien fait, on veut souvent faire plus. Mais parfois on attend trop et le marché retombe avant qu’on ait pu vendre. Si tu vends un peu plus tôt, tu fais peut-être moins de gains, mais tu ne te fais pas planter par après. S.G. : Ce pourrait être la suite de « Don’t marry your stocks ». Quand un titre s’est fortement apprécié et qu’il représente un poids trop important dans le portefeuille, il est parfois mieux de prendre des profits. Il y a toujours d’autres situations qui ont corrigé et qui méritent de l’attention.
Don’t fight the Fed
(Ne vous battez pas contre la Fed) V.D. : La Fed et les banques centrales auront ultimement ce qu’elles recherchent par le truchement de leurs politiques monétaires. Si la Fed baisse les taux pour relancer l’économie, il faut alors viser des actifs sensibles à l’économie. Si au contraire la Fed remonte ses taux pour freiner la croissance, garnissez vos portefeuilles d’actifs plus défensifs. L.F. : C’est probablement le dicton qui a le plus de pertinence. Il ne faut jamais penser que la Fed ne sera pas capable d’atteindre son but. Si tu ne crois pas à la Fed, tu n’as pas d’affaire dans le marché. Mais la période actuelle est un peu spéciale. Les gens se battent un peu contre la Fed. On hésite à croire que les interventions de la Fed vont relancer l’économie, on a l’impression que la Fed « pousse sur une corde ». S.G. : C’est toujours pertinent. Si la Fed dit que l’inflation devient préoccupante, ça veut dire que les taux vont augmenter. Ce n’est pas le temps d’acheter des obligations longues. Il faut écouter la Fed et lire entre les lignes.

Price is king, but volume is the power behind the price
(Le prix est roi, mais le volume est la puissance derrière le prix)
V.D. : L’absence de volume réduit la validité d’un mouvement, qu’il soit haussier ou baissier. L.F. : Certains disent que la dernière remontée boursière est intenable car elle s’est faite sur un faible volume de transactions. C’est un adage utilisé à outrance, mais je n’y accorde pas beaucoup d’importance.
Sell in May and Go Away
( Vendre en mai et quitter le marché)
V.D. : Les théories liées à la saisonnalité servent à remplir les temps morts. L.F. : Ce dicton s’applique beaucoup aux titres cycliques. Les gens sont en vacances l’été, et
le marché des ressources est moins actif jusqu’à l’arrivée de l’automne. S.G. : Les probabilités de succès d’un tel dicton sont historiquement assez bonnes, même si le temps de vendre est peut-être venu un peu plus tard cette année. Les gens sont souvent plus portés à prendre du risque dans les premiers mois de l’année.

L’ humilité
Quelques autres maximes ou citations qui rappellent l’humilité nécessaire face aux marchés.
-
- - Octobre. C’est un des mois particulièrement dangereux pour spéculer sur les actions. Les autres sont juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février. (Mark Twain) Les prévisions vous en disent beaucoup sur ceux qui les font, elles ne vous disent rien sur l’avenir. ( Warren Buffett) Les marchés peuvent demeurer irrationnels plus longtemps que vous pouvez rester solvable. (John Maynard Keynes)
- Il ne faut jamais confondre le génie et un marché haussier. - Les économistes sont bons pour prédire les récessions. Ils ont prédit
huit des trois dernières.


De l’équilibre dans le portefeuille -  Michel Girard
Après avoir été grandement échaudés à la suite des piètres résultats obtenus en 2008, les investisseurs retrouveront sans doute leur bonne humeur en constatant la performance accumulée lors du premier semestre 2009.
Est-ce que les fonds communs équilibrés représentent encore un bon placement ? Chose certaine, nombre de lecteurs se posent sérieusement « la » question en prenant connaissance ces temps-ci de la performance au 30 juin de leurs portefeuilles de fonds communs de placement.
Les fonds équilibrés représentent actuellement quelque 37 % de tous les fonds communs de placement distribués au Canada. L’actif total des fonds équilibrés dépasse les 200 milliards de dollars.
Après avoir été grandement échaudés à la suite des piètres résultats obtenus en 2008, les
Pourquoi parler des fonds équilibrés ? Parce que c’est la catégorie de fonds d’investissement la plus recommandée par les conseillers en placement auprès de leurs clients. Les portefeuilles des fonds équilibrés misent sur la diversification de leurs actifs : les titres à revenu fixe (obligations gouvernementales et corporatives, bons du Trésor, etc.), les actions de tout acabit, les fiducies de revenu, etc. investisseurs retrouveront sans doute leur bonne humeur en constatant la performance accumulée lors du premier semestre 2009.
Pour la période des six premiers mois de l’année, voici le rendement moyen des diverses catégories de fonds équilibrés suivis par la firme Morningstar. Entre les parenthèses, vous y trouverez la contre-performance de l’année 2008.
> Fonds équilibrés canadiens d’actions : 12,4% (-21,3 %)
> Fonds équilibrés tactiques : 10,8% (-21,0 %)
> Fonds équilibrés canadiens neutres : 7,2 % (-17,3 %)
> Fonds équilibrés mondiaux neutres : 6,9 % (-18,8%)
> Fonds équilibrés canadiens à revenu fixe : 6,6 % (-8,8 %)
Comme vous pouvez le constater, l a bonne per f or mance enregistrée au cours du premier semestre vient éponger une portion des lourdes pertes engrangées en 2008 à la suite de l’effondrement de la Bourse à l’échelle mondiale.
Le prochain défi ? Est-ce que les marchés boursiers vont réussir à tout le moins à conserver les gains qu’ils ont accumulés depuis le creux boursier du début mars dernier ?
Je nous le souhaite de tout coeur… À voir la difficulté qu’ont actuellement les marchés boursiers à se maintenir en territoire positif, j ’admets que la tâche sera ardue… Énormément d’incertitudes mettent les gros investisseurs institutionnels en garde contre une stratégie boursière optimiste. C’est ce qui explique pourquoi les portefeuilles institutionnels (caisses de retraite, fonds communs) regorgent encore de montagnes de liquidités, soit plus de 80 milliards j uste au niveau de l’industrie canadienne des fonds communs de placement.
Avant de réinvestir ces sommes colossales de liquidités en Bourse, les investisseurs institutionnels attendent d’obtenir des signaux plus probants de reprise économique et de retour à la profitabilité des entreprises.
Dans notre tableau, une brochette des 12 plus gros fonds équilibrés distribués au Canada. À la fin de la liste, vous y trouverez trois autres fonds équilibrés, nettement plus petits, mais également populaires au Québec. Pour chacun des fonds, vous trouverez des données sur l’actif sous gestion, le rendement semestriel des six premiers mois de l’année 2009 et le rendement obtenu en 2008.
En Bourse, c’est bien connu, il n’y a pas de recette miracle pour faire de l’argent à coup sûr.
Il existe cependant diverses stratégies d’investissement relativement bénéfiques. Lorsqu’on est en phase d’investissement ou de réinvestissement, échelonner son capital par tranches, sur plusieurs mois, permet d’acquérir des positions (titres) à prix moyen raisonnable en profitant des f utures baisses. D’autre part, lorsqu’on a accumulé des gains intéressants (15 %, 20 % ou plus), pourquoi ne pas liquider une partie de ses titres (ou valeurs) à gros profits (le tiers ou la moitié) et attendre les prochaines corrections à la baisse ! Simple question d’encaisser de temps à autre ses profits accumulés sur papier.


Au bon marché…  -  Michel Girard
Quoi qu’il en soit, les investisseurs aux nerfs solides qui ont acheté au cours des déprimantes séances boursières des deux premiers mois de l’année n’ont pas raté leurs coups. Loin de là. Ils ont réalisé des affaires d’or.
Ouf ! Mais quel premier semestre de fou. La Bourse nous en a fait voir de toutes les couleurs. En l ’espace de six mois, nous sommes passés d’une magistrale déconfiture à une magistrale performance. Résultats : tous les grands indices boursiers de par le monde ont r éussi à r éc upérer une importante portion des lourdes pertes accumulées j usqu’au creux de mars dernier.
Un conseil : ne festoyez pas trop vite ! L’année 2009 n’est bouclée qu’à moitié. Il reste six gros mois d’activité. En Bourse, c’est une éternité. À preuve, de septembre 2008 à mars 2009, le monde entier a basculé dans la plus grave crise financière depuis la Grande Dépression des années 30. D’où l’actuelle récession mondiale.
L’impact sur la Bourse ? Ce f ut tout simplement catastrophique. Pour vous rafraîchir la mémoire, je vous rappelle l’ampleur de la chute boursière survenue entre le haut historique des indices ci-après et le creux cyclique du bear market atteint lors de la séance du vendredi 6 mars dernier. Les hauts historiques des indices américains ont été atteints en octobre 2007 et ceux des indices canadiens en juin 2008.
> S& P/ TSX Composite de Toronto : -50,6 % > Dow Jones : -54,. 4 % > S& P 50 0 de New York : -57,7 %
> NASDAQ : -55,8 %
Toutes l es autres grandes places boursières asiatiques et européennes ont également subi une vertigineuse déconfiture.
Entre octobre 2007 et mars 20 0 9, l es pertes boursières dans l e monde t ot a l i s a i ent autour des 30 0 0 0 milliards US. Cela équivaut à environ la moitié du produit intérieur brut ( PIB) mondial !
Au début de mars dernier, il y a donc à peine trois mois, c’était la déprime généralisée en Bourse. Autant c hez l es petits i nvestisseurs que chez les stratèges et gestionnaires des portefeuilles i nstitutionnels des caisses de retraite et fonds communs d’actions.
La moindre nouvelle économique servait de prétexte pour faire chuter la Bourse. C’était du moins l’impression qui se dégageait à la suite des multiples séances boursières à la baisse.
Selon maintes nouvelles rapportées dans les médias, tout le monde se débarrassait de ses actions.
Gardons-nous u ne pet i t e r éser ve de pessi misme ici. En Bourse, i l y a t oujours deux acteurs qui s’affrontent : un vendeur et un acheteur. Que le vendeur soit déprimé, oui ! ça se peut. Mais l’acheteur des mêmes actions, lui, n’ont pas raté leurs coups. Loin de là.
I l s ont r éa l i s é des a f f a i - res d’or. Il suffit de jeter un coup d’oeil à l’extraordinaire performance réalisée entre le creux du début de mars dernier et le récent du mois de j uin pour constater à quel point la Bourse peut s’avérer lucrative et nous faire oublier ses mauvais jours.
> S& P/ TSX Composite de Toronto : + 43,2 %
> S& P 50 0 de New York : + 43,4 % > Dow Jones : +36,6 % > NASDAQ : + 48,5 %
On conviendra qu’il s’agit ici d’un revirement explosif. Cette croit, au contraire, faire une bonne affaire ! Il y perçoit une aubaine.
Quoi qu’il en soit, les investisseurs aux nerfs solides qui ont acheté au cours des déprimantes séances boursières des deux premiers mois de l’année hausse dépasse les prévisions des plus optimistes stratèges boursiers.
Historiquement, la Bourse grimpe environ de 30 % à 35 % dans les 12 mois qui suivent le creux cyclique d’un marché baissier. Là, la hausse atteint les 40 % après à peine t rois mois.
Après une telle progression si explosive, il est normal que la Bourse traverse des périodes de correction à la baisse. Comme si elle avait besoin de consolider ses assises... et de justifier sa progression.
Ne perdons jamais de vue que la performance de la Bourse devance la réalité économique. La Bourse a généralement une longueur d’avance de t rois à si x mois sur l a conjoncture économique.
C’est donc dire que le revirement explosif depuis mars dernier anticipe la fin prochaine de l’actuelle récession.
Si la récession mondiale perdure après décembre prochain et que les onéreux plans de sauvetage économique des gouvernements n’atteignent pas les objectifs e s c o mpt é s , c o mpto n s sur la Bourse pour nous s e c ouer de nouveau le portefeuille.
Bilan des six premiers mois de l’année 2009 : le S& P/ TSX Composite de Toronto (+15,5 %) a nettement dépassé les deux grands indices de Wall Street, soit l e S& P 50 0 (+1,9 %) et l e Dow J ones ( - 3,7 %) . L e NASDAQ a en r egist r é u ne hausse similaire à la Bourse canadienne : +16,4 %.
Et que la hausse se poursuive...




Devenir travailleur autonome -  Marc Tison
An nie Pa r e n t deva i t recevoi r sa réponse mardi. « Je ne l’ai pas eue encore » , lance-telle, deux jours plus tard. Cette réponse, c’est son acceptation ou son refus à la deuxième étape de la mesure de Soutien au travail autonome.
C’est important. Une réponse positive lui permettrait de mettre sur pied sa petite entreprise tout en étant rémunérée pour le faire.
Titulaire d’une maîtrise en sciences, elle a étudié en gestion de l’environnement. Mais elle voulait avoir son entreprise à elle. En quête d’idées et de conseils, elle s’est inscrite l’automne dernier à une formation donnée par Marie Brouillet, du Centre d’entrepreneuriat féminin de Montréal. « J’ai eu l’idée une semaine avant le cours », raconte Annie Parent. Elle serait écoconsultante pour l’industrie de la transformation alimentaire. Objectifs durabilité et zéro rejet. « Le cours avec Marie a confirmé que c’était la bonne voie, que ça venait vraiment me chercher. »
Étape suivante : être admise à la mesure de Soutien au travail autonome d’Emploi-Québec.
« Dans le contexte économique actuel, où les gens perdent leur emploi, cette mesure permet à une personne prestataire de la sécurité du revenu ou de l’assurance emploi de recevoir, à certaines conditions, un soutien technique pour devenir travailleur autonome », explique Suzie Loubier, directrice générale de l’Association des CLD du Québec.
Ce programme se déploie en deux volets. Durant le premier, d’une durée de 12 semaines, l’apprenti entrepreneur suit un cours où on lui apprend à rédiger un plan d’affaires.
Annie Parent avait été prestataire de l’assurance emploi moins de deux ans auparavant, ce qui lui permettait de poser sa candidature. Elle a présenté son dossier devant un comité du SAJE Montréal Métro au début février. Le jour même, elle a reçu son aval. « Deux semaines après, raconte-t-elle, je commençais la formation sur le plan d’affaires. »
Dans le second volet, d’une durée maximale de 40 semaines, l’entrepreneur lance son entreprise avec le soutien technique du CLD local (ou, à Montréal, d’un SAJE).
Dans l’un et l’autre volet, le participant reçoit également un soutien au revenu, qui consiste en une allocation hebdomadaire équivalant à 40 heures au salaire minimum. Ceux qui touchent déjà des prestations de l’assurance emploi les reçoivent jusqu’à la fin de leur période d’admissibilité.
« Le soutien financier, pour moi, est essentiel, exprime Annie Parent. Il m’aurait fallu beaucoup plus de temps pour mettre au point mes services et développer mon projet s’il avait fallu travailler à temps plein en même temps. »
Une étude réalisée en 2005 a montré que 73% des entreprises créée avec le Soutien au travail autonome étaient toujours en activité deux ans après leur démarrage. « Ce qui fait la différence, c’est vraiment l’entrepreneur, soutient Frédéric Loprieno, di recteur gest ion croissance au SAJE-Montréal Métro, et par là j’entends son expérience, ses capacités d’apprendre, sa résistance au stress. Et aussi, évidemment, le réalisme du projet. »
Le second volet n’est pas automatique. Le participant doit présenter son plan d’affaires devant le comité qui a accepté son projet initial. C’est ce qu’a fait Annie Parent, le 8 mai dernier. Et c’est la réponse qu’elle attend impatiemment, prête à foncer au signal du départ. « Je ne vois pas ma vie autrement, s’exclame-t-elle. Je le fais avec tout mon coeur et tout mon ventre. »
Elle a promis d’appeler si la réponse tombait avant la fin de la journée.

TROUVER LA BONNE PORTE
Où s’adresser quand on nourrit des intentions entrepreneuriales ? Essayons de démêler tout ça. La meilleure porte d’entrée est probablement le Centre local de développement (CLD).
Voués au soutien aux entreprises naissantes, les CLD gèrent un fonds d’investissement local. « Chaque CLD a sa politique d’investissement », informe la directrice générale de l’Association des CLD du Québec, Suzie Loubier. Le prêt moyen avoisine 30 000$. « C’est un petit prêt qui participe au montage financier, explique-t-elle. Il est important de se rappeler que le CLD n’est pas une banque. Sa première mission est d’accompagner l’entrepreneur. »
C’est ici que ça se complique. Les CLD gèrent aussi le programme de Soutien au travail autonome… mais pas à Montréal, où cette responsabilité relève des SAJE Montréal Métro et Montréal Centre.
On trouve des CLD partout au Québec… sauf dans une large partie de Montréal, où les corporations de développement économique communautaire (CEDC), déjà en place lors de la création des CLD en 1998, se sont vu confier leurs responsabilités.
Ajoutez encore au portrait les Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC), organismes à but non lucratif subventionnés par Ottawa, qui se spécialisent dans l’appui à l’entrepreneuriat en région. Par conséquent, on ne les trouve pas à Montréal. Dommage. Les SADC administrent le programme Stratégie jeunesse, qui peut accorder à un jeune entrepreneur un prêt variant entre 5000$ et 15 000$. Si deux jeunes fondent l’entreprise, chacun peut avoir droit à son prêt, pour un total maximal de 30 000$ « C’est un prêt personnel et non un prêt d’entreprise, précise Hélène Deslauriers, directrice générale du Réseau des SADC du Québec. Ça facilite la vie quand ils arrivent à l’institution financière. »
Le portrait est à peine plus clair ? D’accord, sonnez à n’importe quelle porte. « Que la personne aille à un endroit ou à l’autre, on va lui parler de l’autre organisme, rassure Hélène Deslauriers. Il y a peu de risque qu’elle se perdre. Tout le monde a les yeux fixés sur le client. »
Le site de l’Association des CLD du Québec propose un outil de recherche qui fournit les coordonnées des CLD et CEDC en fonction des municipalités et régions: www.acldq.qc.ca
TROUVEZUNMENTOR
Une fois votre entreprise lancée, mettez toutes les chances de votre côté. Trouvezvous un mentor.
Le mentor accompagne, guide sans s’insérer dans le fonctionnement de l’entreprise. Il n’est pas rémunéré et ne doit pas détenir d’intérêts dans l’affaire. « C’est un compagnon avec qui on fonde une relation de confiance », décrit Mario Girard, président-directeur général de la Fondation de l’entrepreneurship.
Depuis qu’elle a organisé son programme de mentorat, en 2000, la Fondation a jumelé 3200 entreprises et près de 1000 mentors. Elle veut faire grimper ces chiffres à 5000 « mentorés » et 3000 mentors, partout au Québec, avec le Réseau national de mentorat d’affaires, dont elle a annoncé la création le 25 mai dernier.
Le service de mentor ne s’adresse pas, en principe, aux personnes qui sont encore à mettre sur pied leur entreprise. Mais dès que le pas est franchi, elles peuvent bénéficier des conseils d’un homme ou une femme d’affaires d’expérience. « Les meilleurs mentors ne sont pas nécessairement dans le même secteur d’activité que ceux qu’ils suivent », informe Mario Girard.
À peine 34% des entreprises québécoises existent encore après cinq ans. Ce taux bondit à 73% parmi les entreprises qui ont un mentor. « On fait plus que doubler le taux de survie », insiste Mario Girard. C’est bon à savoir.



POURQUOI RETARDER SON RÊVE?  - Caroline Rodgers
Récession, mises à pied. Même s’ils ont un bon emploi, plusieurs Québécois, touchés par la morosité ambiante, se demandent s’il ne devrait pas reporter la réalisation de leur rêve. Ont-ils raison de vouloir ainsi retarder des projets qui leur tiennent à c
Pierre économise depuis 10 ans pour s’acheter une caravane motorisée. Il a accumulé assez d’argent pour une mise de fonds importante, et il est prêt à passer à l’action. Pourtant, il hésite encore : il lit les journaux...
Récession, mises à pied, tout cela inquiète Pierre et il se demande s’il ne devrait pas reporter la réalisation de son rêve à l’an prochain. Même s’il a un bon emploi, il se laisse contaminer par l’incertitude et la morosité ambiantes. A-t-il raison de vouloir reporter son rêve ?
Absolument pas, selon trois planificateurs financiers interrogés par La Presse. C’est avant tout notre situation financière personnelle et professionnelle qui doit déterminer l’opportunité d’un achat important, et non la situation économique générale.
« Ce n’est pas parce que la situation économique est mauvaise que cela va mal pour tout le monde, dit Marcel Bédard, planificateur financier. Si on a les moyens aujourd’hui de faire une acquisition, il faut la faire dans la mesure de ses moyens. »
D’ailleurs, si Pierre se fait plus prudent qu’il ne le devrait, son comportement n’est pas tout à fait représentatif de celui de la majorité des gens. « En temps de récession, les gens vont essayer de réduire davantage leurs dépenses dans les achats courants, dit Benoit Duguay, professeur à l’ESG UQAM. Mais, quand arrive le temps de se faire plaisir, la réaction n’est pas la même, car le plaisir est fondamental chez l’humain. »
Ce professeur, qui est aussi l’auteur du livre Consommation et luxe, a observé que, par les temps qui courent, certaines personnes se trouvent des alibis plutôt étonnants: « Il y en a qui disent préférer l’achat d’un bateau de luxe ou d’une moto de marque prestigieuse, qui ne se dévalue pas beaucoup avec le temps, plutôt que de perdre leur argent en Bourse. »
Gérer les risques
Avant de prendre la décision d’acheter un chalet, une caravane motorisée ou de faire le tour du monde, il faut d’abord s’assurer que l’on gère bien trois risques, selon Éric Brassard, comptable agréé, planificateur financier et associé chez Brassard, Goulet et Yargeau.
Le premier risque concerne la gestion budgétaire à court terme. « Il faut s’assurer que l’on a un petit coussin, soit sous forme de liquidités ou en marge de crédit, pour faire face à des situations imprévues », dit-il.
Le deu x i ème r i sque e s t celui de manquer d’argent à la retraite. « La planification de la retraite implique une épargne pour avoir un train de vie raisonnable jusqu’à sa mort », dit Éric Brassard.
Et si l’épargne pour la retraite est importante, il faut aussi vivre. « L’épargne n’a pas à être systématique chaque année si c’est fait dans le cadre d’une planification financière bien pensée, dit Éric Brassard. On peut décider, une année, de ne pas épargner et d’aller en voyage. L’important, c’est d’être sur le bon chemin et que cette exception soit faite de façon réfléchie. Il ne faut pas non plus se raconter d’histoire et retarder l’épargne chaque année. »
Troisièmement, il faut gérer les risques catastrophiques, le décès qui pourrait laisser nos proches sans le sou ou le risque d’invalidité. Il est donc important d’avoir toutes les assurances nécessaires pour se prémunir contre une catastrophe.
« L’invalidité est le plus grand de tous les risques, et le plus négligé, dit M. Brassard. Si on perd la capacité de gagner des revenus, on risque de se retrouver à vie sous le seuil de pauvreté. »
Faire des choix
Une fois ces trois risques bien gérés, il n’y a pas de raison de s’empêcher de réaliser son rêve, quelle que soit la situation économique globale. Sauf si on se retrouve dans une situation d’emploi précaire, ou qu’on travaille dans un secteur sérieusement menacé, comme les pâtes et papiers.
« Si on travaille dans une entreprise où des congédiements ont été annoncés, c’est sûr que notre équilibre financier pourrait être en danger, dit Jacques Brouillard, planificateur financier au Groupe Investors. Dans un tel contexte, il vaut mieux repor t er l e s déc i s i ons importantes. »
Ce n’est pas votre cas ? Eh bien ! pourquoi vous priver? Récession ou pas, si votre situation financière est équilibrée, il n’y a pas de raison de ne pas réaliser vos rêves, en étant conscient qu’il faudra faire certains sacrifices. « Si on décide de se payer un plus grand chalet, on aura peutêtre alors une plus petite voiture, dit Éric Brassard. Il faut canaliser l’argent vers des choix plus épanouissants. »
Et ne pas contracter de dettes farfelues. « Ce n’est pas parce qu’on a un rêve qu’il faut absolument le réaliser, dit Marcel Bédard. Il faut le réaliser de façon réfléchie. Ça commence par faire son bilan, son budget, et épargner d’abord. »

RECOUVREZ VOTRE SANTÉ FINANCIÈRE!  -  MARC TISON
Votre bilan financier est boiteux ? Vous souffrez d’un oedème du crédit ? Votre budget discrétionnaire est anémique ?
L’ épargne des Canadiens s’est rarement aussi mal portée: un Canadien sur trois n’économise pas le moindre sou, selon une enquête publié fin mai par CGA-Canada. L’endettement des ménages est une véritable épidémie: il a atteint un sommet de 1300 milliards de dollars à la fin de 2008, soit 40000$ par habitant – le double de ce qu’il était en 2000.
Les budgets en phase terminale se répandent: en mars 2009, les cas d’insolvabilité – faillites et propositions de consommateurs – étaient en hausse de 57% par rapport à la même période de 2008. « Les indicateurs de la santé financière des ménages se sont détériorés de façon significative en 2007 et particulièrement en 2008 », indique ce rapport.
Et vous, comment vous sentezvous, côté portefeuille? Inconfort? Malaise? Douleur?
Rien n’est perdu. Vous pouvez vous remettre sur pied.
C’est l’objectif du document que vient de publier l’ACEF de l’Est de Montréal, Retrouver la santé financière, dont s’inspire ce dossier.
L’organisme à but non lucratif, qui offre depuis 30 ans conseils et formations sur le budget, l’endettement et la consommation, a condensé son expérience dans un guide de 43 pages.
Les cours sur le budget de l’ACEF de l’Est de Montréal n’ont jamais été aussi populaires. Le nombre de groupes a doublé cette année. Les temps économiques difficiles y sont probablement pour quelque chose: ces personnes veulent en quelque sorte faire de la prévention budgétaire. En d’autres mots, se vacciner contre les problèmes.
Mais si le mal est déjà installé, voici le chemin de la guérison

LE TRAITEMENT
Il y a deux cures: la progressive et la désespérée. La première s’étend sur un maximum de deux ans.
Son objectif consistera à rembourser en priorité les dettes de crédit variable portant les plus hauts taux d’intérêt.
Si nécessaire, vous pouvez consolider vos dettes avec un nouveau prêt négocié avec votre institution financière. Vous pouvez également en transférer une partie dans un autre instrument de crédit moins coûteux. Chose certaine, fuyez les redresseurs de crédit et autres compagnies de finance aux dents acérées.
Deux quest ions sont essentielles, selon l’ACEF de l’Est : à combien s’élèvent vos dettes les plus coûteuses ? Combien devriez-vous verser chaque mois pour vous en libérer en deux ans?
Cette mensualité, il faudra réussir à la caser dans votre budget. Vous devrez donc établir un budget transitoire. Pour chaque poste de dépense, évaluez combien vous pouvez économiser chaque mois, de façon réaliste. Le guide Retrouver la santé financière contient des grilles à cet effet, mais vous pouvez travailler avec n’importe quel outil budgétaire.
« Je cherche à me ramener à la case départ avec une seule carte de crédit à zéro, définit Mme Morin. Ce peut être une période difficile, mais si je la vois comme une période de transition de 12 ou 18 mois, ça peut m’aider à passer au travers. »
Si vous ne prévoyez pas pouvoir liquider vos dettes de crédit variable en deux ans ou moins, il faut poser un diagnostic plus sévère: vous êtes surendetté.
Le remède de cheval
Une consultation auprès d’un spécialiste s’impose alors : prenez rendez-vous avec un conseiller budgétaire dans une association de consommateurs.
La solution sera peut-être douloureuse – ni plus ni moins qu’une ablation.
Trois opérations sont possibles. Au Québec, le dépôt volontaire, dont les conditions sont décrétées par un tribunal, étale le remboursement des dettes sur trois ans, à taux fixe, au moyen d’une ponction automatique sur le salaire. Pour plus d’information: ministère de la Justice du Québec, www.justice.gouv. qc.ca.
L a pr o p o s i t i on de consommateur est plus courante. En vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, vous pouvez vous entendre avec vos créanciers pour réduire la dette, en allonger le remboursement jusqu’à cinq ans ou faire un mélange des deux. Approuvée par des inspecteurs et administrée par un syndic, cette mesure vous permet de conserver votre actif.
Sinon, reste la faillite, qui vous libère de la plupart de vos dettes et vous permet de repartir du bon pied, mais au prix d’une partie de votre actif et d’un dossier de crédit durablement entaché.
Bureau du surintendant des faillites du Canada: www.osb-bsf.ic.gc.ca
La cure holistique
Pour vous simpl i f ier la vie et vous éviter une pénible remise en question budgétaire, il existe une façon simple de réduire les dépenses et d’économiser. Elle consiste à retirer automatiquement de votre compte, dès versement des salaires, une proportion fixe du revenu net – 10%, par exemple. Cette somme, tout aussi automatiquement, est appliquée au remboursement accéléré des dettes prioritaires. Une fois qu’elles sont acquittées, la même discipline sert à constituer les fonds de roulement et d’urgence, puis les épargnes. « On ne voit pas cet argent passer et on vit avec son revenu disponible », décrit Lise Morin.
Et peu à peu, on se reconstruit une santé.




 
Quand votre carte de crédit vous fait un chèque… - STÉPHANIE GRAMMOND
LE PRODUIT Des chèques offerts par les sociétés de cartes de crédit. LE HIC En pratique, l’utilisation du chèque coûte plus cher que le taux promotionnel de 0,9%. « Croyez-moi, je ne retomberai plus
» dans le panneau. – Charles AU BOUT DU COMPTE Ces chèques sont considérés comme des avances de fonds. Les clients ont droit au taux d’intérêt promotionnel uniquement si le solde de leur carte de crédit est à zéro et s’ils ne portent aucun nouvel achat à leur carte. C’est écrit en petits caractères ! Mais cette pratique douteuse sera bientôt interdite.
i l’émetteur de votre carte de crédit vous envoie un chèque en blanc, ne croyez surtout pas qu’il vous fait un cadeau. Les intérêts associés à l’utilisation de ces chèques sont plus élevés qu’on veut bien vous le faire croire.
Charles l’a constaté à ses dépens… et il jure qu’il ne tombera plus dans le piège. Récemment, il a reçu de l’émetteur de sa carte un chèque qu’il pouvait utiliser pour régler n’importe quel achat (épicerie, services publics, dépenses de voyage, même un prêt auto) ou encore pour rembourser le solde d’une autre carte de crédit.
L’offre était assortie d’un taux d’intérêt promotionnel de 0,9% jusqu’en juillet. Pour profiter de ce crédit bon marché, Charles a utilisé le chèque. Quand il a reçu son relevé de compte, il a payé ses achats du mois courant, mais pas le chèque, qui ne lui coûtait presque rien en intérêts, croyait-il. Eh bien, non! Le mois suivant, l’émetteur de sa carte lui a facturé près de 50$ en intérêts.
Charles est tombé en bas de sa chaise. Un préposé lui a expliqué que les versements servent toujours à rembourser le solde dû au taux d’intérêt le plus bas (en l’occurrence la valeur du chèque à 0,9%), avant le solde au taux le plus élevé (en l’occurrence les achats portés sur sa carte à 19,5%). D’ailleurs, c’était écrit en petits caractères au verso de la publicité, dans les modalités d’utilisation du fameux chèque.
Voilà donc pourquoi le paiement de Charles n’a pas servi à rembourser ses achats mensuels, mais plutôt une partie de la somme empruntée à l’aide du chèque. « Me voyant pris pour payer toujours un taux d’intérêt de 19,5% sur mes nouveaux achats, j’ai remboursé la totalité du compte sur-le-champ », raconte Charles. Sage décision.
Reste que ce tour de passe-passe fait en sorte que les clients ne bénéficient jamais pleinement du taux promotionnel de 0,9%, sauf si le solde de leur carte est à zéro et qu’ils ne s’en servent pour aucun achat. Et comme ces chèques sont considérés comme des avances de fonds, les intérêts s’appliquent dès l’utilisation (pas de délai de grâce) et certains émetteurs imposent même des frais calculés en pourcentage de la somme empruntée.
Heureusement, cette pratique douteuse sera mieux encadrée grâce aux nouvelles règles sur les cartes de crédit dévoilées jeudi dernier par le ministre des Finances Jim Flaherty.
Désormais, lorsque plusieurs taux d’intérêt s’appliqueront à différentes tranches de dette sur la même carte de crédit, les émetteurs auront deux possibilités. Ou bien ils appliqueront le remboursement en priorité aux dettes qui coûtent le plus cher en intérêts (la formule la plus avantageuse pour le client); ou bien ils appliqueront le paiement à chacune des tranches dues, selon la proportion qu’elles représentent par rapport au solde impayé (par exemple, la moitié à 19,5%, l’autre moitié à 0,9% d’intérêt).
« C’est un très bon pas en avant », juge Me Élise Thériault, conseillère juridique à Option Consommateurs. Autre belle avancée : les relevés de compte devront préciser combien de temps il faudra aux clients qui ont un solde impayé pour s’acquitter de leur dette s’ils font seulement le paiement minimum.
Par contre, plusieurs autres mesures annoncées par Ottawa ne sont que de la poudre aux yeux, croit Me Thériault. Et certaines mesures sont déjà en vigueur au Québec, grâce à la Loi sur la protection du consommateur.
L’avocate déplore que le gouvernement n’ait pas carrément imposé de plafond aux taux d’intérêt, comme en Europe, où le taux des cartes de crédit ne peut dépasser le taux directeur de plus d’un certain pourcentage.
Au Canada, les émetteurs de cartes ont le champ libre. « Les institutions financières sont cependant obligées de se plier au Code criminel et de respecter le plafond de 60% d’intérêt », note Amélie Sirois, porte-parole de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Même si le taux directeur n’a jamais été si faible, plusieurs émetteurs de cartes ont relevé leur taux dernièrement, notamment CanadianTire (de 18,99% à19,5%) et Sears (de 18,9% à 19,9%).
La tendance est à l’externalisation des frais, note aussi Mme Thériault. Cela signifie que les émetteurs ajoutent toutes sortes de frais qui gonflent le taux d’intérêt par la bande. Par exemple, Sears vient de rehausser les frais sur les avances de fonds, et Canadian Tire a modifié sa méthode de calcul des intérêts.
Option Consommateurs estime que ces frais doivent être présentés dans le taux de crédit total, ce qui n’est pas le cas en ce moment. Pour cette raison, l’organisme a entrepris des recours collectifs contre une série d’institutions financières.




RÉUSSIR À LA BOURSE -  Christine Deslandes
Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils financiers. Ce neuvième texte d’une série de 12 porte sur les actions. La semaine prochaine, nous aborderons les placements non traditionnels.
Si vous rêvez de devenir le partenaire d’affaires d’entrepreneurs tels que Rémi Marcoux, Jean Coutu, Paul Desmarais ou PierreKarl Péladeau, vous êtes mûr pour la Bourse.
« C’est que les actions permettent de détenir un pourcentage de la propriété de l’entreprise », explique Inaam Ghantous, de Banque Nationale. Vous participez ainsi aux profits, en risquant seulement la somme investie.
Mais armez-vous de patience! Car les cotes boursières évoluent en dents de scie. Un pas en avant, un pas en arrière; au signal, changez de côté... De quoi donner le vertige.
En revanche, à long terme, la tendance est haussière. « Depuis les années 50, le marché obligataire a rapporté en moyenne autour de 6% par an, contre 9 à 11% pour la Bourse », note M. Ghantous.
« Cette progression des cours provient du fait que les profits augmentent à long terme au même rythme que la croissance économique », dit Neil Matheson, d’Investissements Standard Life. Et ces profits plus élevés sont généralement synonymes de dividendes plus élevés et de gains en capital, les deux composantes du rendement d’une action.
Notez de plus que les gains en capital et les dividendes ont l’avantage d’être moins imposés que les revenus d’intérêt, ce qui rend les actions particulièrement attrayantes à l’extérieur du REER. « En supposant un taux d’imposition de 40%, un revenu d’intérêt de 4% ne procurera que 2,4% après impôt, alors qu’un gain en capital de 4%, imposable à 50%, donnera un rendement de 3,2% net d’impôt », illustre Inaam Ghantous.
Mais pour faire de l’argent en Bourse, vous devez immanquablement apprendre à acheter bon marché et à revendre à prix plus élevé. Pour ce faire, vous devez attendre patiemment le moment favorable pour revendre vos titres.
Vous devez aussi dénicher des aubaines, ce qui sous-entend de bien comprendre les activités de l’entreprise, son industrie et ses perspectives d’avenir.
« On cherchera normalement des compagnies qui ont une position favorable dans l’industrie, pas trop de dettes, de bonnes entrées d’argent et des dirigeants expérimentés et reconnus pour leur bon jugement » , dit M. Matheson.
« On préférera aussi attendre la bonne période du cycle boursier pour entrer, le meilleur moment étant lorsque la Bourse est déprimée », ajoute-t-il. Le temps est donc propice en ce moment, les Bourses ayant reculé d’environ 50% depuis 2007.
Toutefois, rien n’est jamais gagné d’avance. « Comme les entreprises évoluent dans un envi ronnement cha ngea nt (concurrence, préférences des consommateurs, etc.), il est difficile de dire avec certitude ce qui va se produire demain, dit I naam Ghantous. C’est pourquoi il faut diversifier son portefeuille en choisissant un panier d’actions. »
Combien de sociétés faut-il détenir en portefeuille ? Là, les études se contredisent. Certaines prétendent que 7 ou 8 suffisent ; d’autres conseillent de 20 à 30 ; d’autres encore soutiennent qu’il en faut de 40 à 50.
« Une chose est certaine, ces titres doivent provenir de divers secteurs, tels les technologies de l’information, l’énergie, la consommation discrétionnaire, dit Jean-Philippe Tarte, chargé de formation à HEC Montréal. La déconfiture récente du secteur financier américain et l’éclatement de la bulle technologique en 2001 illustrent bien le danger d’être trop concentré dans un seul secteur. » « Un boursicoteur pourra construire son propre portefeuille, ajoute-t-il. Mais un novice devra absolument faire appel à un conseiller en placement ou acheter des fonds communs de placement (FCP). »

Fonds indiciels: plus facile que les actions
Si vous manquez de temps ou de compétences pour négocier des actions, il existe une solution de rechange : les fonds indiciels négociables en Bourse (FINB).
Ces fonds ont gagné en popularité ces dernières années, car ils offrent aux investisseurs l’occasion de diversifier leur portefeuille tout en conservant une flexibilité de négociation semblable à celle des actions.
« Les F I NB ne font que calquer la composition d’un indice boursier donné, explique Inaam Ghantous, de la Banque Nationale. C’est ce qu’on appelle de la gestion passive, le gestionnaire ne posant aucun jugement sur les titres en portefeuille. »
Leur but est de vous donner le même rendement que l’indice sous-jacent. Cette simplicité permet de maintenir les frais de gestion annuels très bas. On parle de 0,20 à 0,60% comparativement à 0,70 à 2,5% pour les fonds communs de placement.
« Vous paierez également moins de frais de courtage en achetant un FINB qu’en achetant 20 ou 40 actions différentes », remarque Jean-Philippe Tarte, des HEC.
Les FINB ont aussi une meilleure efficience fiscale que les FCP, du fait que les gains en capital sont rarement versés aux détenteurs sous forme de distributions. Vous paierez donc de l’impôt sur le gain en capital seulement lors de la vente de vos parts.
Enfin, les FINB vous permettent de construire facilement un portefeuille qui respectera votre stratégie d’allocation d’actif. À titre d’exemple, si vous mettez 40% de votre portefeuille dans iShares CDN DEX Universe Bond Index Fund (obligations) et 60% dans iShares CDN S& P/ TSX Capped Composite Index Fund (actions de la Bourse deToronto), vous aurez un portefeuille équilibré.



QUELLES OBLIGATIONS CHOISIR?- Christine Deslandes
Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils financiers. Ce huitième texte d’une série de 12 porte sur les revenus fixes. La semaine prochaine, on abordera les actions.
On ne prêtera pas de la même façon à Bill Gates, immensément riche, qu’à General Motors, au bord de la faillite, ou à notre beaufrère, un gars bien ordinaire.
« Pour prêter, il faut avoir confiance en l’emprunteur, en sa capacité de rembourser et de faire les paiements d’intérêt », rappelle Gabriel Lancry, administrateur associé chez ScotiaMcLeod.
Or, une obligation n’est rien d’autre qu’une reconnaissance de dette. L’investisseur qui l’achète prête de l’argent aux gouvernements ou aux entreprises. En contrepartie, il est rémunéré régulièrement sous la forme de coupons d’intérêt, et récupère sa mise initiale à l’échéance.
D’où l’importance de bien choisir l’émetteur. Car s’il fait faillite, il ne pourra pas respecter ses engagements, et l’obligation n’aura plus aucune valeur.
Au Canada, l’émetteur le plus solide est le gouvernement fédéral. « Ça vient du fait qu’il peut soit taxer davantage, soit imprimer de l’argent pour respecter ses engagements », explique Benoit Durocher, président d’Addenda Capital.
Les gouvernements provinciaux et les municipalités, qui ont un pouvoir de taxation limité, arrivent juste derrière. Quant aux entreprises, elles comportent plus de risque, car leurs revenus dépendent de leurs activités, de leur succès commercial...
On peut s’informer sur la réputation et la santé financière des émetteurs en consultant les cotes de crédit octroyées par les agences de notation (Moody’s, Standard & Poors, DBRS).
Les obligations de « meilleure qualité » sont celles dont la cote va de AAA à BBB. En deçà de ce seuil, on tombe dans les « obligations de pacotille ».
« Des études démontrent que les obligations de pacotille comportent un risque de défaut plus grand et que ce risque augmente au fur et à mesure que la cote descend », dit M. Durocher.
« C’est sans compter qu’une cote de crédit est quelque chose de dynamique. Elle peut fluctuer en fonction de la santé financière de l’émetteur », prévient Diane Moisan, chef de produit à la Banque Nationale.
Ainsi, si une obligation subit la décote, sa valeur au marché diminuera, mais le coupon d’intérêt restera inchangé, ce qui augmentera le rendement pour les futurs acheteurs. C’est qu’une cote de crédit moindre ou une échéance plus longue – le temps étant un facteur de risque puisque la situation de l’émetteur peut changer – sera normalement compensée par un rendement plus élevé.
Voilà pourquoi les obligations du gouvernement du Québec donnent présentement un rendement annuel de 2,52% pour l’échéance d’octobre 2013, comparativement à 2,98 % pour décembre 2014.
Jeu de l’offre et de la demande
L’offre et la demande peuvent également influer sur le prix de ces titres. « À preuve, pendant la crise du crédit, les investisseurs ont senti le besoin de se réfugier dans la qualité. Résultat : la demande d’obligations corporatives a chuté, propulsant l’écart entre leur rendement et celui des obligations fédérales à un sommet historique », raconte Mme Moisan.
Toutefois, depuis décembre 2008, les investisseurs regagnent confiance et reviennent tranquillement dans ce marché. L’écart de rendement s’est automatiquement réduit. « Mais la marge de manoeuvre est encore intéressante », pense M. Lancry.
L’autre risque important, dans le cas où il faudrait vendre le titre avant l’échéance, est le mouvement des taux d’intérêt dans l’économie.
Comme le coupon d’intérêt d’une obligation est fixe, si le taux d’intérêt déterminé par la politique monétaire monte, cela aura pour effet de faire diminuer le prix de l’obligation. Plus la durée de l’obligation est longue, plus la baisse de prix sera ressentie.
« Certains profitent de la situation, dit Gabriel Lancry. Ils achètent une obligation avec un coupon de 3% lorsque le taux d’intérêt courant est de 4%. L’obligation se vend alors à escompte, disons 95 $, par rapport aux 100$ remboursés à l’échéance. Ainsi, ils réalisent à terme un gain en capital de 5$, imposable à 50% seulement. »
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Obligations d’épargne du Québec: mauvaise nouvelle -  Michel Girard
Fa ites-vous pa r t ie des centaines de milliers de Québécois qui détiennent des obligations d’épargne du Québec ? Une bien mauvaise nouvelle vous attend : à compter du 1er juin prochain, toutes les émissions d’obligations d’épargne en circulation depuis les 10 dernières années verront leur rendement actuel de 2,75% tomber comme une roche à seulement 1,15%.
Et on parle ici de très lourdes pertes de revenu pour les détenteurs d’obligations d’épargne du Québec, le produit vedette d’Épargne Placements Québec, le bras financier du ministère des Finances. L’encours de l’ensemble des produits d’épargne distribués par Épargne Placements Québec totalise présentement 5,7 milliards de dollars. Pour des raisons commerciales, le ministère des Finances refuse toutefois de dévoiler la proportion de cet encours de 5,7 milliards de dollars qui provient de la vente des populaires obligations d’épargne du Québec.
Pourquoi le gouvernement Charest sabre-t-il le taux de rendement de ses obligations d’épargne? Tout simplement parce qu’il suit le marché des taux d’intérêt et que ceux-ci sont tombés à un creux historique à la suite des réductions du taux directeur de la Banque du Canada.
Au cours des trois précédentes années, le ministère des Finances se faisait toujours un honneur d’émettre un communiqué pour lancer sa nouvelle campagne d’obligations d’épargne et faire connaître le nouveau taux de rendement. Pour l’actuelle campagne des nouvelles obligations d’épargne du Québec : niet. Aucun communiqué.
Par contre, lorsqu’on attend sur la ligne téléphonique d’Épargne Placement Québec (1-800-4635229), un « slogan » revient en boucle vanter les mérites de la nouvelle émission des obligations québécoises : « Elles vous offrent la liberté puisqu’elles sont encaissables en tout temps », claironne-t-on.
Bon! Avec un rendement de 1,15%, c’est bien la moindre des choses de nous offrir « la liberté » de les encaisser en tout temps. Et cette « liberté » vaut également pour les 10 vieilles émissions d’obligations d’épargne en circulation qui, je vous le rappelle, ne rapporteront plus que 1,15% à partir du 1er juin prochain.
Je pense qu’une petite mise au point mathématique s’impose ici. Un rendement de 1,15%... cela rapportera au bout d’une année la somme de 1,15$ par tranche d’épargne de 100$. L’équivalent d’un demi-café! Ou un revenu de 11,50$ par tranche d’épargne de 1000$. Le prix d’un petit poulet.
Tiens n’ayons pas peur des gros chiffres. Mettons que vous avez 100 000$ d’épargne. À 1,15%, votre placement rapportera après 365 jours la somme de 1150$. Imposable par surcroît. Chose certaine, avec un si maigrichon rendement, les épargnants n’ont aucune chance de s’enrichir. La récession pourra dormir sur ses lauriers…
Mais à la décharge du gouvernement du Québec, ce rendement de 1,15% est malgré tout compétitif par rapport au rendement de quasi zéro que les grandes banques canadiennes et Desjardins offrent présentement sur leurs comptes d’épargne.
Généralement reconnue comme étant l’une des institutions financières les plus « généreuses » envers les épargnants, ce n’est malheureusement plus le cas avec Épargne Placements Québec. Depuis un an, Épargne Placements Québec se fait régulièrement damer le pion par des institutions plus accommodantes.
Ces temps-ci, c’est ING Direct qui, parmi les institutions financières les plus connues du grand public, détient la palme de la générosité en offrant un rendement de 1,50% sur les dépôts encaissables en tous temps de son compte d’épargne. Pour joindre l’institution: ingdirect.ca ou 1-866-464-3473.
Les deux « Credit Union » du Manitoba, offrent un rendement supérieur sur leurs comptes d’épargne, ainsi que Banque ICICI du Canada:
– Achieva Financial (1,85%) : achievafinancial. ca ou 1-877-224-4382
– Outlook Financial (1,75%): out l o ok f i na nc i a l . c om ou 1-877-958-7333
– Banque ICICI du Canada ( 1 , 6 0 %) : i c i c i ba n k. c a ou 1-888-424-2422
Notez que les placements effectués dans ces quatre institutions jouissent de la même protection que celle offerte par les grandes banques canadiennes.


Bien planifier sa succession -  Caroline Rodgers
Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils. Ce onzième texte d’une série de douze porte sur la planification successorale. La semaine prochaine, on abordera la retraite.
Pas besoin d’attendre ses vieux jours pour planifier sa succession.
Toute personne qui possède des biens devrait prévoir à qui elle souhaite les laisser en cas de décès. Car, rassurez-vous, rédiger son testament n’a jamais fait mourir personne...
« En plus de laisser les gens qui vous survivent avec de bonnes indications et d’éviter les zones grises, planifier votre succession comporte aussi l’avantage de vous amener à dresser votre propre bilan », dit Benoit Desjardins, associé en fiscalité chez Samson, Bélair, Deloitte et Touche.
Et l’outil le plus important de cette planification successorale est, bien sûr, le testament.
Il doit être fait dès que l’on commence à détenir des biens, et révisé régulièrement quand surviennent de grands événements dans notre vie. Par exemple, un changement de statut matrimonial, la naissance d’un enfant ou l’achat d’une propriété indiquent qu’il est temps de réviser votre testament. Autrement, il peut être révisé aux trois à sept ans.
Au Québec, il existe trois manières de faire un testament afin qu’il soit valide.
La première consiste à passer chez le notaire pour rédiger un testament notarié en bonne et due forme. L’avantage de cette méthode est que votre testament sera plus facile à retrouver, puisqu’il sera inscrit au Registre des notaires.
Mais vous pouvez aussi rédiger votre testament vous-même. Il doit alors être signé devant deux témoins qui ne sont pas avantagés par le testament.
Finalement, vous pouvez même rédiger un testament à la main et le signer sans témoins. Dans ce cas, encore faut-il que vos successeurs soient au courant de son existence et le retrouvent, et qu’il ne soit pas déchiré. Seul l’original est valable.
De plus, pour qu’un testament qui n’a pas été rédigé par un notaire soit reconnu après votre décès, il devra être homologué devant la Cour. Si vous mourez sans laisser de testament, vos biens seront attribués à vos successeurs selon les règles déterminées par le Code civil.
Évitez des problèmes à vos successeurs
Saviez-vous qu’à votre décès, aux yeux du fisc, tous vos biens sont présumés vendus à la valeur du marché ? C’est ce que l’on appelle le principe de la disposition réputée. La succession devra remplir une déclaration de revenus pour la personne décédée, et s’il y a une plus-value, il faudra payer de l’impôt, même si ce gain est théorique et que les biens ne sont pas vendus.
Peu de gens connaissent cette règle, et leurs héritiers se retrouvent alors avec une grosse facture d’impôts à payer. Cela les oblige parfois à vendre les biens hérités, surtout quand il s’agit d’immeubles.
Par contre, si les biens sont légués au conjoint, cette règle ne s’applique pas et on peut profiter d’un transfert sans impôt. C’est aussi le cas des REER.
« Assurez-vous de laisser suffisamment de liquidités à vos héritiers pour qu’ils puissent payer toutes les dettes et les impôts sans être obligés de vendre des biens qu’on ne voulait surtout pas vendre, le chalet familial, par exemple », dit Geneviève Leblanc, notaire fiscaliste pour Banque Nationale Groupe financier.
Cette question peut notamment être réglée en prenant une assurance vie.
Une autre façon de réduire les impôts à payer est de créer une fiducie, si on laisse un patrimoine important. Les intérêts accumulés à l’intérieur de cette fiducie sont alors imposés séparément au lieu de s’additionner aux revenus des bénéficiaires, ce qui permet de fractionner la facture fiscale.
Mais at tention : une fiducie entraîne des frais d’adm i n i s t r at i on. Mieux vaut consulter un spécialiste pour savoir si cela en vaut la peine dans votre situation.
De plus, on ne devrait pas laisser les règles fiscales dicter sa planification successorale, croit Benoit Desjardins. « Ce sont vos valeurs et votre conscience qui doivent déterminer votre planification, pas la volonté d’économiser de l’impôt à tout prix », dit-il.



Payez-vous d’abord !  -  Jocelyne Houle -Lesarge
La crise est une période idéale pour épargner en vue de la retraite
L’auteure est présidente de Question Retraite, un regroupement à but non lucratif de 19 partenaires provenant du public et du privé qui a comme mission d’encourager, d’informer et de sensibiliser les Québécois à l’importance d’assurer leur sécurité financière à la retraite.
« Un Canadien sur trois n’affecte pas un sou à l’épargne », apprenions-nous récemment dans les journaux! À une époque pas si lointaine, nos grandsmères avec leurs modestes revenus s’assuraient de conserver quelques billets sous la couette pour les « aux cas où ». Aujourd’hui, un Canadien sur quatre ne serait pas en mesure de faire face à une dépense inattendue de 5000$ même en utilisant tous les moyens « modernes » pour faire face aux imprévus : carte de crédit, marge de crédit, compte d’épargne. Pas étonnant que les soupirs se font entendre lorsqu’on évoque l’idée d’épargner en prévision de sa retraite!
Épargner ne se fait pas en un clin d’oeil. Cela exige une réflexion sur nos choix et nos comportements. Puis, il faut appliquer ces choix. C’est l’étape la plus difficile et c’est ce qui empêche plusieurs de passer à l’action. Cela nécessite de choisir ce qui compte vraiment pour nous.
Pourtant, le contexte est idéal pour redonner à l’épargne une place de choix dans nos vies. Une crise économique nous pousse à revoir nos habitudes de consommation et à réévaluer nos besoins. Au cours des dernières décennies, l’épargne a été ballotée, repoussée, enfouie sous une tonne d’objets oubliés. Les années 80 l’ont rendue complètement revancharde d’un seul coup de spray-net. Les années 90 lui ont fait la vie dure avec des gadgets technologiques devenus désuets aussitôt achetés. Il est temps de se réapproprier l’épargne et d’en faire un moyen extraordinaire pour déterminer nos choix et nos priorités.
Qu’on le veuille ou non, l’argent fait partie intégrante de nos vies et consommer n’est pas un acte banal. Lorsqu’on décide d’épargner pour un projet à long terme, un voyage, mais surtout pour la retraite, on doit se questionner sur notre consommation. Et donc, sur nos choix de vie.
Épargner ne se fait pas en un clin d’oeil. Cela exige une réflexion sur nos choix et nos comportements. Ensuite, il faut appliquer ces choix. Avec constance et régularité. C’est l’étape la plus difficile et c’est ce qui empêche plusieurs de passer à l’action. Cela nécessite de faire un ménage, de choisir ce qui compte vraiment pour nous et ce que nous laisserons tomber.
On peut opter pour acheter moins, mais de meilleure qualité, apprendre à cuisiner, recycler des vêtements, troquer des objets qui nous sont devenus inutiles. Avec un peu de créativité, la liste pourrait se poursuivre bien longtemps. Une chose est certaine, la réflexion est nécessaire.
Une fois vos priorités établies, faites vôtre un truc simple comme tout: payez-vous d’abord. Ouvrez un compte en banque et payez-vous… avec constance et régularité. Vous en retiendrez une très grande satisfaction à la fois personnelle et financière.
Aborder ce sujet n’est pas insignifiant. On estime que près de 46% des Québécois n’ont pas de régime de retraite collectif au sein de leur entreprise. L’augmentation du nombre de travailleurs autonomes et de la précarité de l’emploi nécessite une responsabilisation accrue des individus à l’égard de leur retraite. À l’automne dernier, Question Retraite a dévoilé les résultats d’un sondage qu’il avait mené auprès des jeunes concernant leur avenir financier. Seulement 15% des 25 à 44 ans avait un plan de retraite. C’est peu. D’autant plus qu’une bonne planification financière repose principalement sur la constance et la précocité des investissements.
L’épargne s’inscrit de mieux en mieux à notre époque. Elle allie un mélange de mieux-vivre et de conscience environnementale, tout ça, dans un contexte économique qui s’y prête parfaitement. Essayez, vous verrez que ça rapporte… maintenant et pour longtemps!






La Banque Royale savait, dit la poursuite -  FRANCIS VAILLES
La Banque Royale savait depuis 2001 qu’Earl Jones puisait dans le compte en fidéicommis de ses clients à des fins personnelles. C’est ce que soutient une poursuite déposée hier en Cour supérieure, à Montréal.
La requête demande l’autorisation d’intenter un recours collectif contre la Banque Royale au nomde plus de 150 des victimes qui auraient perdu environ 75 millions dans cette affaire.
Le 15 janvier, Earl Jones s’est reconnu coupable d’avoir fraudé ses clients. Pour ce faire, il déposait tout leur argent dans un même compte en fidéicommis ( in Trust Account) sans jamais le placer. De plus, il y puisait environ 1 million de dollars par année pour ses fins personnelles. Aujourd’hui, les fonds sont à sec.
Selon la requête déposée, la succursale de Beaconsfield de la Royale a fait preuve de négligence et d’aveuglement. Dès le 7novembre 2001, elle avait inscrit une note au dossier d’Earl Jones identifiant des irrégularités.
«M. Jones m’a rappelé (…) Je lui ai dit que ce compte n’est pas un compte en fidéicommis formel et qu’il peut avoir des problèmes, car ce n’est qu’un compte personnel à son nom, le fidéicommis ne veut rien dire dans ce cas. Il m’a dit que son entreprise était en train de faire de gros changements et qu’il va y voir…» précise la note, reprise dans la requête.
En 2008, la Banque s’est de nouveau interrogée sur le compte, selon la requête. «Des notes au compte indiquent la connaissance en 2001 que le client faisait des affaires ( business) par l’entremise de son compte personnel. Le client avait été avisé… Aujourd’hui, il y a de l’activité (sur le compte) qui est cohérente avec le fait que le client l’utilise comme un compte commercial en fidéicommis. Les renseignements sur le compte doivent toutefois être encodés incorrectement, puisque tous les renseignements indiquent qu’il s’agit d’un compte personnel plutôt qu’un compte en fidéicommis d’avocat», avait écrit la banque.
Pour faire suite à cette découverte, la Banque a obligé Earl Jones à ouvrir un autre compte le 24 juillet 2008, un compte commercial, et y a transféré les fonds des clients détenus dans le compte Earl Jones en fidéicommis.
La requête reproche aussi à la banque d’avoir omis de vérifier les signatures des chèques encaissés par le compte, parfois faussées. Les victimes réclament 40 millions de dollars, soit la différence entre les sommes déposées et les sommes qu’elles ont pu retirer depuis 1981.
La représentante du recours est Virginia Nelles, de Montréal, qui a perdu 400 000$ dans cette affaire.

10 professionnels de plus pourraient être accusés
Les enquêteurs du gouvernement fédéral américain projettent de porter des accusations de délits d’initiés à l’encontre d’au moins 10 professionnels du commerce des valeurs mobilières aux ÉtatsUnis. Certains seraient liés à l’affaire criminelle impliquant le gestionnaire milliardaire de fonds spéculatifs, Raj Rajaratnam, une affaire qui a secoué Wall Street la semaine dernière, ont indiqué des personnes au fait du dossier.
Les autorités avaient prévu d’arrêter Raj Rajaratnam (notre photo) cette semaine dans le cadre d’un coup de filet plus vaste, mais elles ont décidé d’intervenir plus tôt après avoir appris que le suspect avait acheté un billet d’avion pour se rendre à Londres vendredi dernier.
Le coup de filet que les autorités s’apprêtent à réaliser, qui fera suite à une enquête de plus de deux ans et qui concerne l’une des plus importantes opérations d’infiltration dans le domaine des délits d’initiés, pourrait se traduire par des accusations à l’encontre de gestionnaires de fonds spéculatifs et de leurs adjoints dès cette semaine, ont précisé les sources, qui ont requis l ’a nonymat parce que les causes ne sont pas publiques. Les autorités avaient prévu d’arrêter M. Rajaratnam cette semaine dans le cadre d’un coup de filet plus vaste, mais elles ont décidé d’intervenir plus tôt après avoir appris que le suspect avait acheté un billet d’avion pour se rendre à Londres vendredi dernier, a dit l’une des sources.
L’affaire Rajaratnam, dont les éventuelles accusations à porter contre lui reposent sur des conversations enregistrées avec un réseau de présumés conspirateurs, offre un aperçu sur la manière dont les enquêteurs américains font appel à des tactiques plus audacieuses pour cerner les transactions illégales tapies dans un nuage d’investissements effectués par des fonds spéculatifs. Des enquêtes additionnelles découlent d’un projet secret de dépistage de données effectué par la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse aux États-Unis, et mis sur pied pour trouver avec précision des groupes de gens qui effectuent des placements « opportunistes » semblables. Certaines enquêtes, comme celle contre M. Rajaratnam, reposent sur de l’écoute.
« Si vous avez l’intention de viser le roi, vaut mieux viser pour t uer », lance Bradley Bennett , associé du cabinet d’avocats Baker Botts, à Washington, qui s’était spécialisé dans les affaires de délits d’initiés lorsqu’il était enquêteur à la SEC. « S’ils s’attaquent à un milliardaire, ajoute-t-il, il leur faut les arguments les plus solides possible. Les propres paroles du défendeur sont les meilleures preuves qui soient. »
John Heine, porte-parole de la SEC, a refusé de faire des commentaires sur l’affaire tout comme Alejandro Miyar, porte-parole du département américain de la Justice.
18 millions US
M. Rajaratnam, qui a fondé Galleon Group en 1997, a été arrêté vendredi dernier avec cinq complices présumés. Selon les procureurs, M. Rajaratnam et sa firme ont raflé jusqu’à 18 millions US en faisant des placements après avoir obtenu des tuyaux d’un fonds spéculatif, d’une firme de notation de crédit et d’employés au sein de sociétés telles qu’ I ntel Capital, McKinsey& Co. et IBM Corp. IBM a annoncé hier la mise en congé temporaire de l’un de ses cadres, Robert Moffat, qui est un des présumés conspirateurs de M. Rajaratnam et contre qui des accusations ont été portées.
M. Rajaratnam, né au Sri Lanka, a des avoirs nets de 1,3 milliard US. Au début des années 2000, son fonds Galleon figurait parmi les 10 plus gros fonds spéculatifs au monde et il gérait des actifs de 7 milliards US à son sommet en 2008.

Quand l’AMF réécrit Norbourg  -  SOPHIE COUSINEAU
L’Aut o r i t é d e s ma r - chés financiers ( AMF) a un don i nné pour attirer l’attention sur elle. Mal h e u r e u s e ment p o u r la police de la Bourse au Québec, c’est rarement pour les bonnes raisons.
Jeudi dernier, par exemple, l’Autorité publiait son dernier rapport annuel. On y apprenait que l’AMF compte deux fois plus d’inspecteurs et d’enquêteurs qu’à sa création en 2004, soit 93 professionnels contre 47 il y a cinq ans. Résultat : la durée moyenne d’une enquête a chuté à moins de 10 mois. Le plus hallucinant de l’histoire, c’est quand l’on réalise qu’en 2004, l’AMF mettait 48 mois en moyenne pour mener une enquête à terme. Quatre ans!
Ce qui fait plus jaser, ce sont les investissements malheureux de l’AMF dans du papier commercial de qualité douteuse. Tout comme le procès au criminel des ex-dirigeants de Norbourg.
Le plaidoyer de culpabilité et la sentence de 13 années de prison de Vincent Lacroix ont éclipsé le procès, qui se poursuit pour ses cinq complices présumés.
Dans ce procès qui s’annonce long, c’est à peine s’il a été fait mention des rôles joués par Serge Beugré, Jean Renaud, Félic i en Souka , Rémi Deschambault et Jean Cholet t e . Mais pa s u ne journée ne passe sans que l’AMF, ou son prédécesseur, la Commission des valeurs mobilières du Québec, ne se retrouve au banc des accusés.
À quel moment l’AMF at-elle disposé d’indices assez sérieux pour j ustifier une intervention ? En 2002, en 2003, en 2004 ou seulement à l’été de 2005, lorsque les policiers ont perquisitionné dans les bureaux de Norbourg ? Si ces indices étaient fumants, pourquoi l’AMF n’est-elle pas intervenue plus tôt ?
En fait, les observateurs ont l’impression d’assister à un autre procès. C’est comme si on entendait avant l’heure le recours collectif qui a été intenté contre l’AMF et toute la nébuleuse Norbourg, au nom des 9200 investisseurs floués.
Pour faire taire les critiques, le PDG de l’Autorité, Jean St-Gelais, a senti le besoin de rédiger une lettre, publiée dans les pages Forum de La Presse. « On a laissé entendre que dès 2002, l’Autorité avait des éléments en main pour freiner les activités frauduleuses de Vincent Lacroix. Rien n’est plus faux. »
Jean St-Gelais reprend, pour l ’e ssentiel, la t hèse que l’AMF soutient dans sa défense amendée, déposée en septembre. À son tour, l’AMF rejette le blâme sur les « sentinelles du secteur financier » ( vérificateurs, f iduciaires, gardiens de valeurs), le « premier rempart des investisseurs contre les fraudeurs ».
« Jamais n’avons-nous cru un seul instant que l’argent des investisseurs était à risque. Pourquoi ? Parce que ceux qui étaient chargés de veiller sur ces questions nous disaient (…) qu’il n’y avait aucun problème », écrit Jean St-Gelais.
Jamais ? Pas même un instant ?
Les premiers inspecteurs qui ont mis leur nez dans le dossier Norbourg ont pourtant signalé des activités troublantes chez cette firme qui avait des comptes bancaires en Suisse. Les transferts de fonds i nternationaux soulevaient de « nombreuses interrogations », selon ces inspecteurs qui évoquaient une « situation étrange » ou « bizarre ».
« Nous n’avons pas l’assurance complète que (Norbourg) respecte t outes les règles établies en matière d’impôt sur le revenu et de contrôle des activités de blanchiment d’argent » , écrivaient-i ls à l’époque. Mais, la direction de l’AMF n’a pas donné suite à leur rapport.
Donnons à l’AMF le bénéfice du doute. Après tout, ce n’est pas parce qu’on blanchit de l’argent qu’on détrousse ses clients ! Peut-être qu’en 2002, ce n’était pas évident. Mais, au printemps de 2004? C’est là que la défense de l’AMF ne tient plus la route.
En avril 2004, un enquêteur à la Banque nationale du Canada, Michel Carlos, a sonné l’alarme. Il a communiqué avec le directeur de la conformité de l’Autorité, Pierre Bettez, un enquêteur de la Sûreté de la Québec (SQ) prêté à l’AMF. Les deux hommes s’étaient connus à la SQ, où Carlos avait déjà travaillé comme enquêteur.
Ici, l es versions divergent. Selon les avocats qui intentent le recours collectif, Michel Carlos aurait dit à Pierre Bettez que Lacroix a détourné 2 millions de dollars d’un compte de Norbourg à son compte personnel à la Nationale, au moyen d’un faux transfert électronique. Bettez, lui, se rappelle une transaction de l’ordre de 150 000 $ à 300 000$.
Selon l’AMF, Carlos aurait plutôt signalé des « transactions inhabituelles » dans le compte personnel de Lacroix qui s’apparenteraient à du blanchiment d’argent.
Mais, quel que soit le montant en cause ou le camouflage employé, un fait reste incontestable : Vincent Lacroix a transféré des fonds d’un compte de Norbourg à son compte personnel. Dans le langage de l’Organisation mondiale de la santé, cela équivaudrait à une alerte maximale de niveau 6!
Pierre Bettez alerte à son t our l a SQ. I l c onsidère Lacroix comme un « bandit » et estime qu’il s’agit vraisemblablement d’une fraude, dira-t-il plus tard au cours d’un interrogatoire sous serment. Mais à l’époque, pour une raison qui échappe à l’entendement, Bettez n’ordonne pas la tenue d’une enquête et n’informe personne d’autre à l’Autorité.
Explication de l ’Auto - r ité ? « Bettez a exercé sa discrétion. » L’Autorité se justifie aussi en expliquant qu’elle n’avait pas reçu de plainte d’un i nvestisseur lésé. Mais franchement, en avait-elle besoin ?
Selon les avocats du recours collectif, 63 millions de dollars se sont volatilisés entre l ’avertissement de Michel Carlos, en avril 2004, et les perquisitions aux bureaux de Norbourg, en août 2005.
L’Autorité peut bien essayer de réécrire l’histoire. Mais en 2004, elle ne manquait pas tant de personnel que de jugement. Par une triste ironie, sa défense s’apparente d’ailleurs à celle des complices de Vincent Lacroix : c’est pas moi, c’est eux… Or, ce n’est pas parce que les autres ont manqué à leurs devoirs, voire ont été complices, que l’AMF est disculpée de toute responsabilité.

L’AMF encore ciblée  -  Martin Vallières
Le rôle de l’Autorité des marchés financiers (AMF) auprès des fonds Norbourg au cours des années antérieures à l’éclatement de la fraude continue d’être mis en cause au procès des cinq complices présumés de Vincent Lacroix, qui en est à sa deuxième semaine.
Et ce, malgré une tentative t rès médiatisée du président actuel de l’AMF, Jean St-Gelais, de contredire les « graves allégations » suscitées depuis le début de ce procès.
Dans une lettre publiée hier dans les principaux quotidiens québécois, le PDG de l’AMF s’en prend aux commentaires suscités par l’examen au procès, la semaine dernière, d’un rapport d’une inspection spéciale menée chez Norbourg en novembre 2002.
« (...) laisser entendre que dès 2002, l’A MF avait en mains les éléments pour freiner les activités frauduleuses de Vincent Lacroix. Rien n’est plus faux », écrit M. St-Gelais. Il dirige plutôt le blâme sur les « sentinelles » du secteur financier, dont la firme comptable KPMG.
Interrogatoire serré
Au procès Norbourg, l’un des i nspecteurs de l’A MF en 2 0 02 , Aubert Gagné, aujourd’hui retraité, a subi un interrogatoire serré des cinq avocats de la défense qui voulaient lui faire dire que son rapport serait demeuré lettre morte à l’Autorité.
Et ce, malgré sa recommandation d’une enquête plus poussée sur des aspects troublants de Norbourg, dont l’origine et le transfert des millions de dollars que Vincent Lacroix prétendait alors gérer.
 Mais hier, c ’est lors du témoignage d’un analyste de l’A MF, Jacques Doyon, en poste depuis 25 ans, que les avocats de la défense ont tenté de nouveau de discréditer l’Autorité devant les jurés.
Cette fois, ils s’en sont pris aux renouvellements des permis de Norbourg par l’AMF en 2004, qui auraient eu lieu alors que la firme était déjà la cible d’une enquête spéciale.
Ces permis de gestion et de vente de fonds d’investissement, des « visas » dans le jargon financier, concernaient la continuité des fonds Norbourg.
Auparavant, c’était lors de l’acquisition de la société de gestion des fonds Evolution des mains de la Caisse de dépôt et placement que l’AMF avait consenti à un délai écourté pour l’avis aux investisseurs des fonds.
Le délai d’avis habituel de 60 jours lors d’un changement de propriété d’un gestionnaire de fonds a été raccourci de moitié, à 35 jours, a acquiescé M. Doyon aux questions insistantes des avocats de la défense.
« A-t-il été question à l’AMF de surseoir à l’émission des visas de Norbourg en raison de l’enquête déjà en cours? » a demandé l’un d’entre eux.
« Notre analyse de Norbourg et son achat des fonds Evolution nous avaient permis d’obtenir des éléments convaincants pour accorder la demande de dérogation (au délai d’avis de 60 jours) », a répondu M. Doyon.
Et à une autre question sur « quels critères avait l’AMF pour émettre des visas? », M. Doyon a précisé que les fonds visés devaient notamment démontrer « les assises financières nécessaires » ainsi que des règles de « protection des épargnants ».
Aussi, selon M. Doyon, l’AMF avait obtenu l’assurance de la continuité de « l’équipe de gestion » des fonds Evolution par son acquéreur, Norbourg.
Mais cette continuité n’a duré finalement que « quelques mois, avant que Norbourg les change tous », a témoigné M. Doyon.
Pour le contexte, on sait maintenant qu’un an et demi plus tard, en août 2005, la gestion frauduleuse de fonds Norbourg éclatait au grand jour lors de perquisitions policières à ses bureaux du centreville de Montréal, à La Prairie et à Candiac.
Au procès, aujourd’hui, c’est d’ailleurs l’un des dénonciateurs présumés de Norbourg auprès des autorités, Jean Hébert, qui continuera son témoignage.
Après c i nq a ns comme analyste des sociétés de fonds chez l’AMF, Jean Hébert avait été embauché par Norbourg en septembre 2004 afin de superviser sa documentation réglementaire.
En début de témoignage, hier, il a soutenu avoir identifié des transferts de fonds suspects à peine quelques mois après son arrivée en poste.

Les « sentinelles » fautives - Jean St-Gelais
Que s’est-il passé chez KPMG, Northern Trust, Concentra et Deschambault dans le dossier Norbourg ?
C’est seulement lorsque Éric Asselin s’est mis à table en 2005 qu’on a pu empêcher Vincent Lacroix de s’approprier les 75 millions restants.
L’auteur est présidentdirecteur général de l’Autorité des marchés financiers. Il s ’e s t d i t et écrit beaucoup de choses ces derniers temps à propos du rôle de l’Autorité des ma rchés fi na nc iers da ns l ’a f f a i r e Norbourg. On a notamment laissé entend re que dès 2002, l’Autorité avait les éléments en main pour freiner les activités frauduleuses de Vincent Lacroix. Rien n’est plus fau x . P er met tez-moi à mon tour de commenter ces graves allégations qui portent ombrage à la créd ibi l ité de l ’or ga n i s at ion que je dirige.
Un policier de la GRC est posté devant les bureaux montréalais de Norbourg, en août 2005.
Dans l’affaire Norbourg, l’Autorité a mené son trava il de façon diligente et rigoureuse. Et qu’une chose soit ici clairement établie : l’Autorité a agi dès que des renseignements su ffisa nts lui ont permis de le faire. Toute prétention ou allégation voulant que l’Autorité avait, dès 2002, les éléments de preuve lui permettant de mettre à j our les activités frauduleuses de Norbourg sont fausses et ne visent qu’à discréditer l’Autorité ou à trouver un coupable utile.
Avec le recul, il est facile de prétendre que les soupçons que l’Autor ité ent retena it effectivement sur Norbourg auraient dû suffire pour lui permettre de bouger. Mais des soupçons ne valent rien devant la Cour et c’est pourquoi le travail visait à bâtir des preuves solides.
C’est lorsque Éric Asselin décide de se mettre à table à l’été 2005, après que l’étau se fut resserré autour de lui, que toutes les pièces du puzzle peuvent enfin être mises en place. Dès lors, l’Autorité a multiplié les ordonnances de blocage et d’interdiction et des perquisitions ont été effectuées conjointement avec la police. Une démarche qui aura permis d’empêcher Vincent Lacroix de s’approprier les quelque 75 millions de dollars restants dans les fonds et de causer davantage de dégâts.
En concentrant habilement le ti r vers l’Autorité, cela per met ma lheu reusement d’oublier qui sont les vrais responsables du sca nda le Norbourg. Ce sont ceux que nous appelons les « sentinelles » du secteu r fina ncier : les vérificateurs comptables, les fiduciaires et les gardiens des valeurs qui représentent le premier rempart des investisseurs contre les fraudeurs. Dans Norbourg, la vérité est que ces « sentinelles » ont la mentablement échoué à l’égard de leurs responsabilités de protéger l’argent des i nvestisseu rs . Ca r ma lg ré les soupçons que l ’Auto - rité pouvait entretenir sur Norbourg, jamais n’avonsnous cru un seul instant que l’a rgent des i nvestisseu rs éta it à risque. Pou rquoi ? Parce que ceux qui étaient cha rgés de veiller su r ces questions nous disaient que tout était conforme, qu’il n’y avait aucun problème. Bref, que l’argent était sous bonne garde et protégé. Que s’estil passé c hez les K PMG , Northern Trust, Concentra et Deschambault pour qu’une tel le sit uation pu isse se produire ? Comment se faitil qu’aucun drapeau rouge n ’a i t ja ma is été levé de leu r côté ? Ces sentinelles avaient la responsabilité de voir et d’alerter face à ce qui se passait.
Avec le procès au criminel des ex-adjoints de Vincent Lacroix qui vient de commencer, la tentation sera grande de jeter régulièrement la balle dans l’accommodante cour de l’Autorité des marchés financiers, en oubliant l’importance du rôle j oué par les autres acteurs impliqués dans cette affaire. Notre dossier est prêt et sera défendu devant les instances appropriées.
L’Autor ité des ma rc hés financiers n’a pas la prétention d’être parfaite, mais ne peut rester silencieuse lorsqu’elle est attaquée pour des motifs qui ne relèvent pas de sa responsabilité. Ne perdons jamais de vue également les 9200 investisseurs qui ont été floués dans l’affaire Norbourg et qui représentent les vraies victimes de Vincent Lacroix. Le désarroi et la colère de ces victimes sont légitimes.
Pour ma part, je peux vous assu rer que l’Autorité des marchés financiers entend continuer à assumer pleinement son rôle afin de protéger les investisseurs et leur donner confiance dans les marchés financiers.


Procès Norbourg : l’AMF sous la loupe  -  Martin Vallières
Au procès de cinq adjoints présumés du fraudeur Vincent Lacroix chez Norbourg, qui se poursuivra lundi, c’est le rôle du principal gendarme financier au Québec, l’AMF, qui s’est retrouvé sous la loupe durant la première semaine de délibérations.
Pas très étonnant quand le premier document significatif déposé en preuve par la Couronne, mardi, fut le rapport d’une inspection chez Norbourg effectuée en novembre 2002 par la Commission des valeurs mobilières du Québec ( CVMQ), l’agence antérieure à l’Autorité des marchés financiers (AMF).
C’était d’ailleurs la première fois que ce rapport était rendu public. Il avait servi en coulisse du procès intenté par l’AMF contre Vincent Lacroix, il y a presque deux ans.
Par ailleurs, le premier témoin entendu par les jurés, mardi et mercredi, fut l’un des inspecteurs de la CVMQ c h e z Norbou r g , Aube r t Gagné, maintenant retraité d’une carrière en comptabilité et en analyse de conformité réglementaire.
Recommandation sans suites
À la barre pendant quelques heures, et cible d’un contre-i nterrogatoire serré par les cinq procureurs de la défense, M. Gagné a dû défendre un rapport fa rci d’interrogations et de doutes à propos de la légitimité même de certaines activités de Norbourg.
Et pourtant, a-t-il admis à la barre, la recommandation d’une enquête plus approfondie sur certains aspects de Norbourg, tant fiscaux que financiers, serait demeurée sans suite.
« Cette décision n’était pas de mon ressort, mais de mes dirigeants », a-t-il indiqué.
Après le témoignage de M. Gagné, trois clients d’importance identifiés par Norbourg auprès de la CVMQ lors de cette inspection de 2002 sont venus témoigner à tour de rôle que les documents concernant leur compte étaient falsifiés.
En particulier leur signature de clients, mal imitée dans plusieurs cas et apposée à côté de celle de Vincent Lacroix.
À eu x s euls , c e s t r oi s témoins totalisaient quelque 9 millions de dollars en comptes de placement qui se sont avérés falsifiés.
En plus, l’un de ces témoins, Robert Simoneau, oncle de Vincent qui lui a servi de bailleur de fonds initial pour lancer Norbourg, a affirmé tout ignorer d’une société suisse à laquelle son neveu l’avait associé à son insu.
Il s’agit de Tercio Trust, dont le compte de placement de 31,5 millions à l’automne 2002 était alors le plus gros client de Norbourg, à sa quatrième année d’exploitation.
Pour la suite, deux autres de ces clients supposément millionnaires chez Norbourg en 2002 sont attendus la semaine prochaine comme témoins au procès des cinq ex-adjoi nts présu més de Lacroix.
Quant au premier témoignage d’un ex-dirigeant de Norbourg, c’est son ex-chef financier, Jean Hébert, que la Couronne prévoit faire comparaître devant les jurés, la semaine prochaine.
M. Hébert était aussi un employé de l ’AMF avant d’être embauché par Vincent Lacroix. On l ui at t r i bue d’avoir averti l a GRC de malversations comptables et financières chez Norbourg au printemps 2005.
Quelques mois plus tard, en août 2005, une importante perquisition policière avait lieu aux bureaux de Norbourg et de f i r mes a f f i l i ées au centre-vi l le de Montréal , à La Prairie et à Candiac.


AGENCE ÉROTIQUE, CÉGEP PRIVÉ ET FORTUNE FAMILIALE  -  Francis Vailles
Les clients du Québec avaient 19 millions US dans la Stanford International Bank
Un cégep privé, une agence de danseuses nues et plusieurs fortunes du monde des affaires. Voilà le genre de clients québécois qu’a recruté la Stanford International Bank, cette institution accusée d’une fraude monumentale.
La Presse Affaires a obtenu une liste des clients canadiens qui avaient fait confiance au financier Allen Stanford. L’homme et ses complices sont accusés d’une fraude de 7,2 milliards de dollars US. La liste a été produite par le séquestre américain qui gère cette affaire, Ralph Janvey.

Des quelque 215 clients canadiens de la liste, 106 ont leur adresse de résidence au Québec. Les fonds investis par les Québécois s’élèvent à 19 millions US, selon cette liste, soit 43% du total canadien.
Tout indique que les vict i mes de c et t e présumée pyramide « à la Ponzi » ne récupéreront qu’une petite partie de leurs placements dans cette affaire. La banque avait son siège social dans le paradis fiscal d’Antigua, mais ses activités se déroulaient dans 113 pays. Montréal avait un bureau de représentation.
Le Collège LaSalle
Parmi les plus touchés figurent le Collège LaSalle et la Fondation du Collège LaSalle. Cette institution privée de niveau cégep, qui fait dans la mode, avait placé quelque 755 000$ US dans cette institution, selon la liste obtenue par La Presse.
Si l’on inclut la Fondation du Collège et le holding de l’ex-dirigeant Jacques Lefebvre, les sommes investies dans la Banque Stanford approchent le 1,4 million US.
Le Collège LaSalle fête son 50e anniversaire cette année. Bon an mal an, il accueille 3000 élèves sur son campus de Montréal, rue Sainte-Catherine Ouest. Le Collège a également des écoles dans divers pays, dont le Maroc, la Colombie et la Turquie. Au moment de mettre sous presse, les dirigeants n’avaient pas répondu à nos nombreux appels.
Artopex
Le plus i mportant client canadien est un Albertain (6,6 millions US), suivi du Québécois Daniel Pelletier, président et principal actionnaire du fabricant de meubles Artopex, de Granby.
Selon la liste, Daniel Pelletier a des avoirs de 4,8 millions US dans la Banque Stanford, placés par l’entremise de sa société de portefeuille. Cette même société de portefeuille est indirectement le principal actionnaire d’Artopex, selon le registre des entreprises.
Joint au téléphone, Daniel P e l l e t i e r s o ut i e nt a voi r « beaucoup moins d’argent aujourd’hui » dans l’institution que ce qui figure sur la liste puisqu’une patrie « est récupérée, même si je ne l’ai pas eue dans mes poches encore… »
Les fonds ont été placés dans la banque par divers canaux depuis sept ou huit ans, explique M. Pelletier. L’argent a donc été investi avant même l ’ouverture du bureau de représentation de Stanford à Montréal, en 2004. « On est en poursuite contre eux. Ce sont mes placements personnels, sans rapport avec Artopex. La situation financière d’Artopex n’est nullement affectée », a dit M. Pelletier au téléphone.
A r t opex c o mpte quelque 480 employés dans ses usines de Granby, Laval et Sherbrooke. En 2008, ses revenus s’élevaient à 72 millions, selon le répertoire Les Affaires 500. Le fabricant de meubles a récemment remporté le titre d’entreprise de l’année aux Mercuriades.
Daniel Pelletier soutient qu’il obtenait avec la Stanford un à deux points de pourcentage de plus en intérêts que les placements concurrents, mais guère plus. Les placements n’ont pas été faits pour tirer des avantages fiscaux, « tout est déclaré, rien n’est caché », dit-il.
Des danseuses nues
Ce n’est pas le cas de toutes les victimes. L’un des clients de la liste, Agence érotique 2000, a candidement admis que les placements étaient exempts d’impôt.
Agence érotique 2000 est une entreprise de placements de danseuses nues située rue Sainte-Catherine Est, près du pont Jacques Cartier, à Montréal. L’entreprise avait plus de 500 000$ CAN dans la Banque Stanford, nous indique l’un des représentants de l’entreprise, qui nous a demandé de taire son nom.
Le placement a été vendu par un fiscaliste de Laval. « Notre fiscaliste nous disait qu’en investissant là-bas, on aurait un super gros retour ( NDLR: rendement) sur les intérêts, soit une dizaine de pour cent par année. Et que vu que c’était aux Bahamas ( NDLR: Antigua), eh bien, il n’y avait pas d’impôts làdessus, que c’est un genre de paradis fiscal. Il nous disait que le placement commençait à être payant si on le laissait au moins cinq ans », a-t-il expliqué.
L’homme dit ne pas se souvenir du nom du fameux fiscaliste, dont les bureaux seraient situés dans un centre commercial de Laval. Heureusement, cette mésaventure ne mettra pas l ’Agence érotique en faillite, dit-il. « Non non non, mais c’est fatigant. On attend le remboursement (NDLR: du séquestre de faillite). »
Équipement de hockey Bauer
La l i s t e de l a Ba nque Stanford comprend au moins une famille québécoise qui a eu maille à partir avec le fisc ces dernières années. Il s’agit de la riche famille Olivieri, de Westmount.
I l y a deux s emaines, l e 10 septembre, l a Cour suprême du Canada a refusé d’entend r e l ’ a ppel de la famille concernant un litige fiscal qui dure depuis 15 ans. Essentiellement, le litige portait sur le gain tiré de la vente de l’entreprise Canstar Sports ( patins Bauer) à la multinationale Nike, en 1994.
La transaction a rapporté 252 mi l l ions à l a fa mi l le Olivieri, à l’époque, mais sa structure a été telle qu’elle a permis d’éviter le paiement d’au moins sept millions de dollars au f isc québécois. Après 15 ans de débats juridiques, Québec vient de gagner en Cour suprême, une victoire qui devrait lui rapporter près de 20 millions en incluant les intérêts et pénalités.
La f a mi l l e Ol i v i e r i s e retrouve à trois endroits sur la liste de la Banque Stanford. Les placements n’ont pas de liens avec l’affaire Canstar.
D’abord, la société 1339097 Alberta, qui a comme adresse la résidence des Olivieri, à Westmount, y a des avoirs de 456 843 $ US, selon la liste. Jacopo Olivieri y a également un compte personnel, qui semblait vide en date du 22 février 2009. Enfin, la société Florestan Investments, toujours à la même adresse, y avait également un compte inactif en date du 22 février.
P a r l a nt a u nom de la fa mille, l ’avocat f iscaliste Sydney Sweibel ne nie pas que les Olivieri aient eu des comptes avec la Banque Stanford. Toutefois, il affirme que tout a été encaissé avant le dévoilement du scandale, y compris l’argent de la firme albertaine. Selon Me Sweibel, les dépôts à terme avaient été offerts à la famille par un employé de la Stanford, à Montréal. Ils offraient un rendement un peu supérieur au marché. Tout a été déclaré au fisc.

Le bon tournevis?  -  ARIANE KROL
Québec et Ottawa veulent serrer la vis aux criminels à cravate. Mais il faut avoir les bons outils, et s’en servir.
Les ministres québécois de la Justice, des Finances et de la Sécurité publique ont annoncé des mesures pour lutter contre la fraude, dimanche. Le ministre fédéral de la Justice a renchéri mardi, promettant de punir plus sévèrement les escrocs.
La réponse du gouvernement Harper en a sans doute réjoui plusieurs. Mais elle surestime l’efficacité du châtiment. La perspective de passer plus de temps en prison découragera peut-être quelques vocations d’arnaqueurs. Mais pour la plupart des individus tentés par cette forme de vol, l’attrait du gain facile éclipse toute autre considération. Ce qui inquiète les fraudeurs, ce ne sont pas les peines auxquelles ils s’exposent, mais les risques de se faire prendre. Il est là, l’effet dissuasif. Le gain perd de son attrait à mesure qu’il gagne en difficulté. C’est ce qui explique que les banques soient si rarement la cible de hold-up de nos jours.
Il y a plusieurs façons de rend re les f raudes moi ns attrayantes. Il ne faut en négliger aucune. Nous avons maintes fois exprimé notre soutien à l’égard des investisseurs de Norbourg, qui avaient toutes les raisons de croire que leur argent était bien géré. Nous sommes toutefois incapables de nous apitoyer sur les victimes de stratagèmes comme celui qui vient d’être découvert en Alberta. Personne n’est obligé de confier son argent à des inconnus qui promettent 35% à 40% dans des placements offshore. Quand on prend un risque aussi élevé, on ne peut pas nier sa part de responsabilité.
Cela dit, il y a des limites à sensibiliser les épargnants. Certaines fraudes sont tellement sophistiquées qu’il faut des spécialistes pour les détecter. Québec vient de faire un effort en ce sens en créant une escouade mixte intégrant des experts de la SQ, de l’AMF (Autorité des marchés financiers) et des procureurs, avec le mandat d’ouvrir plus d’enquêtes sur les crimes financiers. L’AMF a aussi décidé de mieux surveiller l’internet et diverses publications où de pseudo-conseillers racolent en toute impunité. Les mailles du filet se resserrent. On aurait aimé voir un effort semblable à Ottawa – un renforcement du service d’enquêtes économiques de la GRC, par exemple. Malheureusement, le gouvernement Harper considère avoir faire le nécessaire dans son budget… d’il y a deux ans.
Québec et Ottawa envoient des signaux, mais il en faudra plus pour dissuader des fraudeurs. Il faudra des résultats. Des arrestations. Des enquêtes et des procès menés rondement. À plusieurs reprises. C’est à partir de là seulement que les peines purgées pourront avoir un impact.
Parler de ses outils en conférence de presse ne suffit pas. Si on veut vraiment serrer la vis, il faut s’assurer qu’ils servent tous les jours, sans relâche. Même quand les ca méras regardent ailleurs.


Norbourg :
L’AMF nie toute responsabilité
L’Autorité des marchés financiers (AMF) rejette en bloc les allégations selon lesquelles elle aurait pu intervenir dès 2002 pour mettre un terme aux malversations dans le scandale Norbourg, rejetant la responsabilité sur les vérificateurs comptables et le gardien de valeurs de la firme déchue de Vincent Lacroix.
Dans sa défense amendée déposée mardi dans le cadre d’un recours collectif intenté par des investisseurs floués, l ’organisme réglementaire assure qu’il a agi de bonne foi dans ce dossier et qu’il n’est « pas responsable des dommages subis » par les victimes.
Selon l’AMF, il faut plutôt se tourner vers les « sentinelles postées sur le terrain par le législateur afin de veiller à ce que les intérêts des investisseurs soient protégés », à savoir Northern Trust, gardien de valeurs pour Norbourg, Concentra, fiduciaire de 12 fonds Evolution de la firme, de même que les vérificateurs comptables KPMG et Deschambault, qui ont tous « lamentablement échoué à remplir les obligations que la loi leur imposait ».
L’Autorité soutient occuper « un poste à distance du terrain » et ne pas avoir la tâche de « superviser les détails des opérations quotidiennes des fonds communs de placement ou de refaire le travail des sentinelles ».
L’AMF reproche notamment aux vérificateurs comptables d’avoir abdiqué leurs responsabilités en s’abstenant de contacter Northern Trust pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’« écart irréconciliable » entre le montant véritable des valeurs détenues par le gardien et celui, falsifié, apparaissant aux états financiers de Norbourg.
L’organisme réglementaire accuse par ailleurs Northern Trust de ne pas s’être enquis des motifs des nombreux retraits irréguliers demandés par Lacroix et l’un de ses sbires, David Simoneau.
Dans sa défense amendée, l’AMF n’explique pas pourquoi son prédécesseur, la Commission des valeurs mobilières du Québec (CVMQ), s’est abstenue d’intervenir après que trois de ses inspecteurs eurent écrit, dans un rapport rédigé en 2002, que Lacroix s’était servi de l’argent d’investisseurs pour acquérir des propriétés.
En entrevue, le porte-parole de l’Autorité, Sylvain Théberge, a soutenu qu’il ne s’agissait alors que de « soupçons » et non pas de preuves solides. L’AMF prétend que si les sentinelles avaient fait leur travail, la fraude aurait pu être mise au jour dès 2001.
Demande d’enquête
Il reste qu’en septembre 2003, un des inspecteurs de la CVMQ, Vincent Mascolo, a recommandé la tenue d’une enquête sur la « probité » de Lacroix. Or, au terme d’une préenquête, le directeur de la conformité et de l’application de l’organisme, Pierre Bettez, a décidé de ne pas aller de l’avant.
L’AMFassurequ’à ce moment, la CMVQ ne se doutait aucunement que les fonds des investisseurs étaient en péril, même si elle redoutait qu’il y ait eu du blanchiment d’argent chez Norbourg.
L’organisme admet qu’en avril 2004, Michel Carlos, enquêteur au service de la Banque Nationale, a téléphoné à Pierre Bettez pour le prévenir que Lacroix était soupçonné d’avoir détourné plus de 2 millions d’un compte de Norbourg vers son compte personnel. M. Bettez, issu de la Sûreté du Québec, a alerté le corps policier au sujet d’un autre transfert douteux, mais il n’a pas averti ses collègues à la CVMQ.
Ce n’est qu’en octobre 2004 que l’AMF a finalement ouvert une enquête sur Norbourg, près de deux ans après le rapport de vérification de 2002.
Mais c’est en août 2005, avec le témoignage du délateur Éric Asselin, ancien proche de Lacroix, que le scandale éclate au grand jour. L’AMF fait valoir que son intervention subséquente a permis de récupérer 75 millions appartenant aux clients de Norbourg, alors que généralement, les combines à la Ponzi sont découvertes trop tard pour qu’on puisse retrouver des sommes importantes.
Les investisseurs de Norbourg ont tout de même perdu 115 millions dans la fraude alléguée.
Les instigateurs du recours collectif visant Lacroix, l’AMF et Northern Trust réclament, au nom de plus de 9000 investisseurs floués par Norbourg, quelque 130 millions. Pour eux, il ne fait aucun doute que la CVMQ et l’AMF ont fait preuve d’une « absence totale de diligence », d’« incurie » et d’« insouciance » dans l’affaire Norbourg.


Un plan incomplet, selon le PQ et Yves Michaud
Le Parti québécois et l’ancien président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires, Yves Michaud, esti ment que le pla n du gouvernement pour enrayer les c r i mes f i na nc ier s est incomplet.
Bien qu’il souhaite analyser plus en détail ce qui a été déposé par trois ministres du gouvernement Charest, le por te-pa role péqu iste en matière de fina nce et d ’é conom ie, Jea n-M a r t i n Aussant, considère que les prétentions de la ministre de la Justice, Kathleen Weil, sont ambitieuses.
En entrevue hier, il a noté qu’elle ne peut augmenter les peines des bandits à cravate parce qu’un tel changement relève du gouvernement fédéral.
« Si on pouvait rapatrier ce qui relève du droit criminel, on pourrait mieux légiférer et adapter les pratiques financières au Québec à nos lois et à nos valeurs », a indiqué JeanMartin Aussant.
Il rappelle que son parti prône la mise sur pied d’une commission pa rlementaire pour faire le tour de la question et étudier, entre autres choses, la création d’un fonds d ’i ndem n isation col lec ti f pour les victimes de crimes financiers.
Et les paradis fiscaux ?
Pour sa part, celui que l’on nomme le Robin des banques, Yves Michaud, déplore que le plan ne fasse pas référence aux paradis fiscaux. Il a martelé que les milliards issus des fruits de la criminalité auraient dû être visés.
« La plupart des fraudeurs cachent l’argent quelque part, il ne se volatilise pas dans les airs, a soutenu hier celui qui a fondé l’Association de protection des épa rgna nts et investisseurs du Québec. Qu’on ne s’attaque pas aux paradis fiscaux et que les gouvernements, fédéral ou provincial, laissent ça impunément et ne prennent aucune mesure pour régler ce chancre de l’économie mondiale, c’est une déception. »
I l reconnaît malgré tout que des pistes tendent vers un resserrement des contrôles. Selon lui, une meilleure surveillance et une préoccupation accrue pour les intérêts des investisseurs et des actionnaires demeurent des pas dans le bon sens.
Un « petit pas »
« C’est un petit pas qui a été fait, soulignons-le, mais l’élève aurait pu faire mieux », a insisté Yves Michaud.
Rappelant qu’il existe déjà une « police » financière au Québec, il croit par ailleurs qu’il aurait été plus simple de donner plus de pouvoirs et de moyens à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Opter pour de nouvelles structures risque de causer de la confusion, a-t-il jugé.
Quant au maire de Montréal, Gérald Tremblay, et au président du comité exécutif, Claude Dauph i n , ils ont affirmé, par voie de communiqué, qu’ils s’estiment satisfaits de la mise en place des deux escouades.


Des enquêteurs de la SQ pour mieux combattre les fraudeurs  -  André Noël
Outre la nouvelle escouade anticorruption, le gouvernement du Québec a annoncé, hier, la création d’une équipe de si x enquêteu rs de la Sûreté du Québec chargée de travailler avec l’Autorité des marchés financiers pour mieux combattre les fraudes financières.
La ministre de la Justice du Québec, Kathleen Weil, a demandé à son homologue fédéral de « rehausser les peines de certains crimes de nature économique, comme le blanchiment d’argent ».
C e l a s ’a c c o m p a g n e d e plusieu rs autres mesu res . La ministre de la Justice, Kathleen Weil, a dit qu’elle avait demandé à son homologue fédéral de « rehausser les peines de certains crimes de nature économique, comme le blanchiment d’argent ». Les personnes détenues pour des crimes non violents peuvent être libérées après avoir purgé un sixième de leur peine. Mme Weil souhaite que cette disposition ne s’applique pas à certains types de fraudes financières.
Le ministre canadien de la Justice, Rob Nicholson, a publié un communiqué quelques heures après les déclarations de Mme Weil. Ouvrant la porte à ses suggestions, il a affirmé qu’Ottawa est « résolu à faire en sorte que les peines imposées aux coupables dans ces cas-là soient à la mesure du bouleversement de la vie des victimes ».
Le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, a indiqué que l’Autorité des marchés financiers va intensifier la « cybersurveillance », afin de mieux dépister les individus qui offrent illégalement des produits financiers. Le ministre a annoncé le lancement d’une campagne d’information pour mettre les petits épargnants en garde contre les fraudeurs.
Certains citoyens « voient s’envoler en fumée leurs épargnes de toute une vie », a-t-il dit. « Les conséquences sont dramatiques. Il y a la dimension "attraper et punir les bandits", et il y a la dimension "prévenir" pour s’assurer que ça n’arrive plus. »
De son côté, le Barreau du Québec a annoncé qu’il allait travailler avec le gouvernement pour modifier des lois et des règlements afin de mieux protéger les épargnants.


Charest s’attaque aux criminels à cravate  -  Denis Lessard
QUÉBEC — La multiplication des crimes économiques de toute nature, au niveau municipal, dans les milieux financiers et même dans l’industrie de la construction force le gouvernement Charest à prendre des mesures.
Québec annoncera demain la mise en place de deux escouades mixtes spécialisées dans le secteur économique. Le projet s’intitule «L’initiative de lutte contre la malversation et la corruption». La première, relevant de la Sûreté du Québec, sera composée d’une vingtaine d’enquêteurs. La seconde, sous la direction de l’Autorité des marchés financiers, comprendra six spécialistes, a appris La Presse. Québec assumera la totalité de la facture ; environ 4,5 millions seront nécessaires chaque année. Le projet est prévu au moins jusqu’à 2011-2012.
Le tollé suscité dans l’opinion publique par les affaires Vincent Lacroix et Earl Jones a fait monter la pression sur le gouvernement au cours des dernières semaines – Jean Charest était particulièrement inquiet d’un mouvement de ressac si le patron de Norbourg avait échappé à un procès criminel, a-t-on appris. Jean Charest a cette semaine éteint un feu – la controverse sur l’éthique – avec le départ du ministre David Whissell. Avec l’annonce gouvernementale de la création de ces escouades, on agit sur un autre front, soit celui de la perception d’indifférence du gouvernement devant les abus des « criminels à cravate ». Le gouvernement aura donné des réponses pour éliminer ces controverses avant le retour des députés à l’Assemblée nationale, mardi.
Pendant tout le printemps, les irrégularités dans l’attribution de contrats à la Ville de Montréal et l’évidence que le monde interlope a pénétré le secteur de la construction ont contribué à mettre de la pression sur le gouvernement Charest. L’opposition a réclamé en vain une commission d’enquête publique sur les rapports entre le crime organisé et les entrepreneurs.
Devant tant de pression, Québec a jugé opportunde bouger, au moins pour calmer l’opinion publique. L’administration de Gérald Tremblay était d’ailleurs bien au courant du projet; le cabinet du maire avait décidé de faire adopter une résolution pour réclamer exactement ce genre d’escouade à sa prochaine réunion du conseil, le 21 septembre.
Annonce demain
Demain, au quartier général de la SQ rue Parthenais, avec le patron de la SQ, Richard Deschesnes, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, celui des Finances, RaymondBachand, la responsable de la Justice, Kathleen Weil, et le président de l’Autorité des marchés financiers ( AMF), Jean Saint-Gelais, annonceront la constitution de ces escouades mixtes spécialisées.
Celle des policiers sera chargée d’enquêter sur les problèmes de corruption de fonctionnaires dans tous les ordres de gouvernement – dans des cas de fraude comme celle qu’on vient de découvrir dans les services informatiques de la Ville de Montréal.
Déjà fort avancées à la Section des fraudes fiscales de la SQ, les enquêtes sur la pénétration du crime organisé dans l’économie légitime feront aussi partie du mandat des enquêteurs – la SQ a déjà fait des gestes dans les secteurs automobile et de la construction.
Un autre groupe, relevant davantage de l’AMF, sera chargé de surveiller particulièrement le secteur financier, une réponse à la multiplication des criminels comme Vincent Lacroix et Earl Jones – un autre cas vient d’ailleurs d’être révélé à Magog. Le groupe aura à vérifier les autorisations des courtiers et les potentiels délits d’initiés.
Il y a trois ans, Québec s’était entendu pour que l’AMF travaille très étroitement avec la GRC et les ministères du Revenu à Ottawa et à Québec pour débusquer les « criminels à cravate », mais l’escouade mixte mise en place alors n’a pas donné les résultats attendus.
Même chose du côté de la Sûreté du Québec, qui avait profité d’une annonce du ministre des Finances Yves Séguin pour augmenter ses équipes d’enquêteurs sur « l’économie au noir ». On compte déjà plus de 300 personnes qui travaillent à ce genre de dossier à la SQ. Les enquêtes déclenchées depuis deux ans ont nécessité plusieurs vagues de perquisitions au printemps et devraient mener à des accusations formelles dès l’automne. Mais avec la multiplication des problèmes exposés dans les médias, le gouvernement a senti qu’il devait faire une opération afin de rassurer le public.


Complice de Madoff - ARIANE KROL

Ahurissant. Scandaleux. Révoltant. Les superlatifs nous manquent pour qualifier la nonchalance avec laquelle la Securities and Exchange Commission a traité les plaintes dénonçant Bernard Madoff. En bâclant ses enquêtes, l’organisme n’a pas seulement failli à la tâche: il a contribué à renforcer la réputation du fraudeur. Le monde à l’envers!
L e rapport déposé cette semaine par l’inspecteur général de la SEC est accablant. En 16 ans, l’organisme a reçu au moins six plaintes qui auraient pu lui permettre de découvrir le pot aux roses. Le récit de tant d’amateurisme et de négligence laisse sans voix. Les investisseurs qui ont confié des fonds à Madoff après 1992, eux, doivent hurler. Car cette année-là, la SEC détenait déjà des indices inquiétants sur les activités du financier. Si elle avait pris la peine de vérifier certaines données, elle aurait probablement découvert le stratagème de Ponzi, lit-on dans le sommaire du rapport.
Et l’h istoi re se répète. Inexpérimentés et ne connaissa nt pas gra nd-chose au x produ its fi na nciers, les employés de la SEC ignorent des signaux visibles comme des gyropha res, acceptent les réponses i ncohérentes du fraudeur et négligent de vérifier les informations qu’il leur fournit. À un moment, deux équipes enquêtent en parallèle à l’insu l’une de l’autre. C’est Madoff lui-même qui les en informera !
On peut envier la sévérité avec laquelle la justice américaine a puni le plus grand fraudeur financier de l’histoire moderne. Mais tous ceux qui croient, comme le ministre fédéral Jim Flaherty, qu’on serait mieux protégés avec une autorité des marchés financiers unique pour l’ensemble du pays viennent de recevoir un démenti cuisant.
L’affaire Madoff nous montre aussi qu’il est plus dangereux de bâcler une enquête que de ne pas en faire du tout. Car le financier s’est mis à citer la SEC pour renforcer sa crédibilité ! L’organisme avait vérifié ses opérations et n’avait détecté aucune fraude. Que voulezvous de plus comme garantie? L’argument en a convaincu plusieurs d’investir chez lui.
Mary Shapiro, qui a pris les commandes de la SEC en janvier, affirme avoir déjà grandement renforcé la surveillance. Mais l’organisme devra faire son examen de conscience. S’il n’a pas vu clair dans le jeu de Madoff, ce n’est pas seulement par manque de méthode ou de compétences. C’est aussi parce que ses employés, cadres inclus, étaient si éblouis par la réputation du gestionnaire qu’ils étaient incapables de douter de lui. Ils ont perdu de vue leur mandat. Quand le gendarme des marchés financiers s’inquiète davantage de ménager la susceptibilité d’une grosse gomme de l’industrie que de protéger les investisseurs, il ne sert plus à grand-chose.


Lacroix : Peine réduite à cinq ans  -  Christiane Desjardins
De douze, à huit, à cinq. La peine imposée à Vincent Lacroix pour une série d’infractions à la Loi des valeurs mobilières rétrécit comme peau de chagrin. Hier, la Cour d’appel a réduit la peine – déjà réduite – de huit ans et demi de prison, à cinq ans moins un jour.
Dans un jugement unanime, les juges de la Cour d’appel Benoît Morin, François Doyon et Lise Côté, concluent que les peines imposées à Lacroix auraient dû être concurrentes, plutôt que consécutives. L’ampleur ou la portée des infractions n’entre pas en ligne de compte, justifie la Cour d’appel.
Rappelons qu’il s’agit du plus grand scandale financier au Québec, alors que 115 millions de dollars ont été illégalement retirés de 27 fonds d’investissement, lésant 92 000 petits investisseurs. « …la peine imposée par le juge du procès peut, à première vue du moins, ne pas sembler déraisonnable si l’on tient compte de l’ampleur des conséquences reliées aux i nfractions commises pour l’ensemble des investisseurs. Toutefois, nous n’avons pas à trancher cette question puisque la peine ne peut prendre assise que sur les dispositions prévues au Code de procédure pénale qui n’autorisent pas, en l’espèce, l’imposition de peines consécutives », peut-on lire dans le jugement.
Le j uge Claude Leblond ava i t c onsidéré l ’a f f a i r e autrement en imposant une peine de douze ans de prison à Lacroix, en janvier 2008, au terme du procès intenté par l’Autorité des marchés financiers. Le juge de la Cour supérieure André Vincent avait par la suite réaménagé la peine et l’avait réduite à huit ans et demi.
C’est ce jugement, rendu en juillet 2008, qui vient d’être révisé à la baisse. C’est donc dire que Lacroix, qui est actuellement en maison de transition, pourrait retrouver sa véritable liberté plus vite que prévu. « Il va devoir y avoir un recalcul de sentence », a admis Me Marie-Hélène Giroux, avocate de Lacroix, hier.
Quand a joint l’avocate, Lacroix n’était pas encore au courant de la nouvelle. « Il venait de sortir de mon bureau quand j’ai reçu le jugement », at-elle dit. Quand il l’a su, plus tard en après-midi, Lacroix était évidemment bien content.
Rappelons que les deux parties en appelaient à la Cour d’appel : Lacroix espérait réduire sa peine de huit ans et demi, tandis que l’Autorité des marchés financiers (AMF) voulait faire rétablir la peine de 12 ans imposée par le juge Leblond.
« C’était une peine illégale, on ne peut pas légiférer en droit pénal, c’est un jugement qui va faire jurisprudence », estime Me Clemente Monterosso, qui représente aussi Lacroix.
Jusqu’en Cour suprême ?
Pour sa part, l ’Autorité des marchés financiers s’est avouée bien déçue, et n’écarte pas la possibilité de se rendre en Cour suprême. Elle veut d’abord étudier attentivement le jugement avant de prendre une décision, at-elle fait savoir par voie de communiqué.
L’AMF pense que la réduct ion de peine de Lacroix « lance un message négatif quant à la possibilité d’obtenir au pénal des sentences proportionnelles à la gravité des i nfractions commises. Les crimes économiques sont graves et dommageables et ils doivent être sanctionnés avec toute la sévérité nécessaire par des peines exemplaires et dissuasives », peut-on lire dans le communiqué. Me Éric Downs, avocat de l’AMF, n’était pas disponible pour commenter le jugement.
Lacroix n’est toutefois pas au bout de sa peine, ni même peut-être de ses peines. Le 14 septembre, il doit revenir devant la Cour supérieure. Commencera alors son procès criminel pour f raudes, conjointement avec d’anciens collaborateurs de Norbourg. Au printemps, ses avocats ont tenté de convaincre le juge de ce futur procès, Richard Wagner, d’écarter Lacroix de l’exercice, car selon eux, Lacroix a déjà été j ugé et puni. Le juge Wagner ne s’est pas encore prononcé là-dessus, mais il devrait le faire sous peu.

Affaire Earl Jones  Les victimes affirment avoir perdu 75 millions  -  Francis Vailles

Les nuages se dissipent progressivement sur l’affaire Earl Jones, qui fait les manchettes depuis maintenant six semaines. Hier, le syndic RSM Richter a indiqué à que les victimes allèguent avoir perdu près de 75 millions de dollars.
Cette somme correspond plus précisément à l’ensemble des réclamations reçues pour l’assemblée des créanciers, mardi dernier, de la Corporation Earl Jones, en faillite. Le syndic a fait le cumul des réclamations et tout compte fait, 151 créanciers réclament 74,49 millions.
Au cours des dernières semaines, plusieurs chiffres ont circulé sur cette présumée fraude. Certains avançaient même la somme de 100 millions de dollars. Pour sa part, l’Autorité des marchés financiers (AMF) parlait de 30 à 50 millions et d’une cinquant aine d’investisseurs dans son premier communiqué, le 10 juillet.
Fait à préciser, le syndic n’a pas validé le chiffre de 74,5 millions. « On fera l’analyse au moment venu s’il y a des fonds à distribuer », indique Neil Stein, l’avocat qui représente le syndic.
États de compte fictifs
Neil Stein fait remarquer que les réclamations sont basées sur les états de compte fictifs que fournissait M. Jones aux victimes. L’actif qui y est indiqué est fondé sur un rendement annuel composé des fonds qui est loin de la réalité, par exemple de 8 à 12%.
Comme l’effet composé des rendements devrait être beaucoup plus faible, les réclamations finales, le cas échéant, devraient être beaucoup moindres, nous explique M. Stein. « Ce sera beaucoup moins que 75 millions », croit M. Stein. 
 D’autre part, la liste des c r éa nciers comprend non seulement les victimes, mais également les fournisseurs réguliers de la Corporation Earl Jones. Par exemple, le propriétaire de l’immeuble où l’entreprise avait ses affaires réclame des arrérages de loyer de quelque 9000$, nous dit M. Stein.
Le syndic nous i ndique cependant que les créanciers autres que les victimes sont très peu nombreux. Leurs réclamations sont peu élevées, nous dit M. Stein, si bien que l’essentiel des 74,5 millions peut être attribués aux victimes.
Dans son rapport déposé mardi, le syndic écrit que M. Jones a fait des retraits personnels ou irréguliers de 12,3 millions de dollars sur 15 ans à même les fonds de ses clients. Ces retraits, qui provenaient essentiellement du compte en fidéicommis de la Banque Royale, ont par exemple été faits pour l’achat de voitures ou d’appartements, l’éducation des enfants ou le paiement de cartes de crédit personnelles.
Pour l’instant, le syndic n’a obtenu des données que pour 15 des 23 années ciblées de son enquête. En ajoutant les huit années manquantes, soit de 2000 à 2007, le représentant du syndic, Gilles Robillard, estime que les retraits irréguliers pourraient excéder les 20 millions.
Earl Jones, 67 ans, s’est livré à la police le 27 juillet. Il a été libéré le lendemain moyennant une caution de 30 000$ fournie par un membre de sa famille. La Sûreté du Québec poursuit son enquête.


Fraude et fidéicommis : Indigne de confiance  -  ARIANE KROL
Il est choquant de voir avec quelle désinvolture Earl Jones s’est servi dans son compte en fidéicommis. Ce type de compte n’est-il pas censé mettre les avoirs des clients à l’abri des malversations? Hélas! non. Les consommateurs doivent être conscients qu’il n’offre, en soi, qu’une protection très limitée.
Le terme fidéicommis vient d’une expression latine signifiant « ce qui est confié à la bonne foi ». C’est dire si le client est à la merci du professionnel qui a la garde de son argent. Heureusement, la très grande majorité d’entre eux sont honnêtes et de bonne foi. Heureusement, car contrairement à la croyance populaire, le titulaire d’un compte en fidéicommis n’a pas à demander d’autorisation ni à fournir d’explication à sa banque lorsqu’il en retire des fonds... même si ces fonds ne lui appartiennent pas. Earl Jones, on l’a vu, ne s’est pas gêné. Autos, condos, droits de scolarité, généreux versements pour lui-même et son épouse. Selon le syndic RSM Richter, le présumé fraudeur a siphonné plus de 12 millions pour financer son train de vie et le fonctionnement de son entreprise. Une somme qui pourrait dépasser les 20 millions quand la firme aura épluché les huit années manquantes. Le compte « Earl Jones in Trust » inspirait confiance, mais il n’éloignait pas le loup de la bergerie.
La situation aurait pu être différente si Jones avait été accrédité auprès d’un ordre professionnel ou d’un organisme qui imposent des règles sur l’utilisation des comptes en fidéicommis. Car qui dit règles, dit surveillance et risques de sanction. Le Barreau, par exemple, fait périodiquement des contrôles de ses membres. L’avocat qui puise dans son compte en fidéicommis risque fort de se faire rattraper au détour. Et il risque gros : certains ont été radiés à vie. Bien sûr, il y aura toujours des escrocs pour s’essayer. Mais la perspective de ne plus pouvoir exercer sa profession éloigne certainement bien des tentations. Earl Jones, par contre, n’était enregistré nulle part. Ses clients ne bénéficiaient donc d’aucun effet dissuasif du genre. Non seulement son « compte en fidéicommis » n’offrait-il aucune protection à ses clients, mais il contribuait à leur inspirer confiance – donc, d’après ce qu’on présume aujourd’hui, à les escroquer. Un chef-d’oeuvre de cynisme!
Comme le révèle aujourd’hui notre collègue Francis Vailles, la Banque Royale a jugé l’an dernier que certaines des transactions faites par Earl Jones ne correspondaient pas à « l’utilisation normale » d’un compte en fidéicommis. L’avocat Neil Stein regardera cet aspect pour voir si l’institution pourrait avoir une quelconque responsabilité. Nous sommes impatients de le savoir. Les investisseurs doivent toutefois retenir que les banques, de façon générale, ne sont pas tenues de surveiller ce qui se passe dans un compte en fidéicommis. On ne devrait donc jamais se fier à cette façade rassurante, mais vérifier plutôt si le professionnel qui est derrière est digne de confiance.


Il ne reste plus rien, prétend Earl Jones  -  Francis Vailles
Le financier a puisé 12,3 millions dans les fonds de ses clients
Les victimes d’Earl Jones espéreraient peut-être qu’il les aiderait à retrouver certains fonds. Qu’elles n’y comptent pas : Earl Jones a avisé le syndic qu’il ne restait plus rien.
L’homme de 67 ans a transmis une lettre au syndic vers 17h lundi, par l’entremise de son avocat, soit la veille de l’assemblée des créanciers. Il a d’abord indiqué qu’il ne se présenterait pas à l’assemblée du Holiday Inn PointeClaire, disant craindre pour sa vie. Et au sujet des fonds, Earl Bertram Jones a confirmé ce qui apparaît de plus en plus évident: de l’argent, il n’en reste plus.
De fait, le syndic RSM Richter dit n’avoir retrouvé que 15 000$ dans les comptes d’Earl Jones, essentiellement celui de la Banque Royale. Et au terme de son enquête préliminaire, le syndic a constaté qu’Earl Jones a utilisé au moins 12,3 millions de dollars des clients pour des fins personnelles ou non reliées aux activités de la Corporation Earl Jones.
L’a nalyse du syndic porte sur les états de comptes bancaires des années 1987 à 1999 et 2008-2009. Les états de compte de 20 0 0 à 2007 n’ont pas été retrouvés dans les bureaux de M. Jones, à PointeClaire. Le syndic a demandé aux banques de lui fournir dès que possible une copie des relevées pour les années manquante
 Pour les 15 années comptabilisées, le syndic estime qu’Earl Jones et sa conjointe Maxine ont prélevé 4,6 millions de dollars du compte en fidéicommis pour des fins non précisées. En plus, le syndic a constaté qu’il y a eu 912 000 $ pour des immeubles, 169 000 $ pour des voitures, 593 000$ pour les études des enfants et 530 000$ pour les cartes de crédit personnelles, notamment.
À cela s’ajoute les 886 000 $ de retraits au comptant, 487 000 $ de transferts aux Bermudes et 2,4 millions de transferts au compte de l’entreprise pour des honoraires, entre autres. « C’est une ponction systématique dans le compte en fidéicommis des clients depuis le début », a expliqué l’avocat Neil Stein, qui représente RSM Richter.
Comme le syndic n’a pas idée de ce qui s’est passé entre 2000 et la fin de 2007, soit huit ans sur 23, les retraits irréguliers pourraient être plus élevés. « Ce pourrait être 22 millions, on ne sait pas », nous dit Gilles Robillard, responsable du dossier chez Richter.
Danielle Manouvrier, l’une des exclientes de M. Jones, a sa petite idée. « Il y a lieu de croire que ces huit années sont les plus compromettantes. Ce n’est pas pour rien qu’elles ont disparu », dit Mme Manouvrier, qui fait signer une pétition pour que les sentences contre les « criminels en cravate » soient plus sévères (www. spspcc.epetitions.net).
LecomptableCGAPierreCourchesne semble avoir été en charge de la comptabilité de la Corporation Earl Jones, selon le syndic. L’homme, qui pourrait aider le syndic à y voir plus clair, a été sommé de ne pas se départir des documents en sa possession. Le mois dernier, Pierre Courchesne avait affirmé à ne pas avoir eu de relations d’affaires avec Earl Jones depuis une quinzaine d’années.
Avant l’assemblée, une quarantaine de victimes avaient fait parvenir leurs réclamations au syndic, pour une valeur de 12 millions. Comme les autres victimes n’ont déposé leurs réclamations qu’hier matin, il n’a pas été possible de connaître précisément le total des réclamations et le nombre de victimes. Environ 150 personnes ont assisté à la réunion, interdite aux journalistes.
« Après coup, je me rends compte qu’il y a des signes que j’aurais dû détecter », a dit Frances Gordon, la belle-soeur de Earl Jones, qui a perdu toutes ses économies, soit presque un million de dollars.
Hier, l’assemblée a procédé à la nomination de cinq inspecteurs, soit Ginny Nelles, Gerry Coughlan, Kevin Curran, Peter Kent et Grant Burton. Ces inspecteurs décideront des étapes suivantes de la faillite, qu’il s’agisse des enquêtes ou des poursuites.
En vertu de la Loi sur la faillite, Earl Jones sera tenu de témoigner, comme pourrait l’être sa conjointe Maxine, les directeurs de compte de banques et les professionnels qui ont fait affaire avec M. Jones.
RSM Richter a demandé des renseignements à 93 i nstitutions, dont 50 banques, 12 entreprises de courtage, 13 cabinets d’avocats et de notaires et 6 sociétés d’assurances. Certaines sont situées en I rlande, en Angleterre, en Suisse et dans les paradis fiscaux des Bermudes et des Îles Caïmans.
Dans le cas de la Suisse et des îles Caïmans, toutefois, l’i nformation du syndic n’apparaît pas sur des relevés, mais vient de ouï-dire de certains clients.
Parmi les victimes, quatre peuvent se compter chanceuses. RSM Richter a constaté que leurs fonds gérés par Earl Jones ont été placés dans des comptes de courtiers en fidéicommis à leurs noms. Leurs économies, qui vaudraient de 2,5 à 3 millions, sont donc en toute sécurité.



EARL JONES  : 369 000$... COMPTANT !  -  Francis Vailles
EARL JONES FAISAIT DES RETRAITS FRÉQUENTS À MÊME LES COMPTES DE SES CLIENTS
Earl Jones ne se gênait pas pour puiser dans le compte général de ses clients, peu importe la façon. Ainsi, le 28 novembre 2007, le soi-disant conseiller financier s’est présenté à la Banque Royale pour y retirer 369 000$… comptant.
Au fil de son enquête, le syndic Gilles Robillard, de RSM Richter, découvre des éléments à faire dresser les cheveux sur la tête. Le rapport qu’il présentera aux victimes, la semaine prochaine, fera notamment état de ces « cash withdrawals » (retraits comptants).

En plus de ces 369 000 $, indique M. Robillard, Earl Jones a également fait un autre retrait de 170 000$ comptant, un peu plus tard. À ces deux sommes s’ajoutent des retraits fréquents de 5000$ à 20 000$ faits au guichet automatique, toujours dans le compte « Earl Jones in Trust » de la Banque Royale.

Earl Jones faisait des retraits fréquents à même les comptes de ses clients
Ce compte en fidéicommis d’Earl Jones est celui dans lequel aboutissait l’argent des présumées victimes, la plupart du temps, et dans lequel Earl Jones puisait allègrement, nous dit M. Robillard.
Earl Bertram Jones se servait de ce compte pour payer de nombreuses dépenses, qu’il s’agisse de sa voiture ou de son condo, par exemple. Certaines années, il y a puisé jusqu’à 1 million de dollars pour ses propres besoins, selon M. Robillard.
J oi nt au t élé phone, le porte-parole de la Banque Royale, Raymond Chouinard, confirme qu’un retrait de 369 000$ a bel et bien été fait en novembre 2007. Il précise cependant que « la mention cash withdrawal ne signifie pas nécessairement un retrait d’argent en espèces. Ce peut être une traite bancaire ou un transfert électronique », dit-il.
Aucun registre comptable
Quoi qu’il en soit, la présumée fraude ne ressemble en rien à certains scénarios déjà vus, où l’instigateur pose des gestes malencontreux pour « tenter de se refaire après que certains placements aient tourné au vinaigre », dit Gilles Robillard.
« Earl Jones a joué avec l’argent de ses clients depuis les années 80, comme si c’était le sien. Déjà en 1987-19881989, il puisait dans le compte en f idéicommis. Certains chèques ont alors été faits au nom de sa femme », explique le comptable de RSM Richter, qui a également géré le dossier de Norbourg.
La t âche de l ’équipe de RSM Richter s’avère ardue, étant donné l’absence de tout registre comptable détaillant les transactions d’Earl Jones pour chaque client. « Il n’y a pas de registres. Tout est pêlemêle », dit M. Robillard.
Pour s’y retrouver, le syndic a fait parvenir des lettres à 93 institutions financières ou sociétés de placement dans lesquels des fonds des clients ont transité à un moment ou un autre.
À ce jour, Richter a passé en revue les transactions bancaires du compte en fidéicommis d’Earl Jones à la Banque Royale pour les années 2007 à 2009 et 1987 à 1999. Les années subséquentes à 1999 suivront.
Des transferts aux Bermudes
À la lecture de ces transactions, le syndic a notamment constaté que des fonds ont été transférés en Irlande et dans le paradis fiscal des Bermudes, à la fin des années 90. Aux Bermudes, les transferts se sont élevés à plusieurs centaines de milliers de dollars, indique M. Robillard.
Le syndic estime qu’il ne reste pas de fonds en Irlande. Quant aux transferts à la Bank of Bermuda, une filiale de HSBC, il est plus difficile d’y voir clair, puisqu’il faut généralement l’approbation d’un tribunal local pour avoir le portrait d’un compte, comme le veulent les règles régissant le secret bancaire des paradis fiscaux.
Dans les jours suivant la tutelle de l’entreprise de M. Jones, l’a nalyse des documents l a i ssait c roi re que les fonds des successions n’avaient aucunement été placés en Bourse, dans des fonds communs ou dans quelque autre véhicule de placement. Depuis, le syndic a retrouvé certains comptes de placement où des fonds sont disponibles, sans être « très substantiels ».
Sur la centaine de présumées victimes, il appert que sept ou huit comptes de placement sont « clairement identifiables » à des clients précis, dans des comptes en fidéicommis. Tout indique que l’argent qui s’y trouve sera donc versé à ces clients plutôt qu’à la masse des créanciers.
Cela dit, le syndic a toutes les misères à constituer une liste de créanciers, étant donnée l’absence de registre. RSM Richter a transmis des avis de réclamations à quelque 200 à 250 parties qui ont fait affaire de près ou de loin avec M. Jones au fil des années.
L’assemblée des créanciers de l a semaine prochaine permettra de nommer des inspecteurs à la faillite de la Corporation Earl Jones, conseiller administratif. Le syndic pourra ensuite obliger Earl Jones à témoigner, en vertu de la Loi sur la faillite.



10 CONSEILS POUR ÉVITER LA FRAUDE
L A PRESSE AFFAIRES Mindy Mayman, conseillère en gestion du patrimoine à RSM Richter Chamberland, a dressé une liste de 10 conseils à l ’ i ntention des petits investisseurs afin qu’ils puissent mieux se prémunir contre les fraudes. 1. VÉRIFIER SI LE CONSEILLER EST ACCRÉDITÉ Au Québec, les conseillers en placement doivent s’inscrire auprès des autorités, comme l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières ou l’Autorité des marchés f i nanciers ( AMF). 2. ÉVALUEZ LE PERSONNEL
Cherchez à savoir qui prend les décisions de placement et qui met en oeuvre les stratégies de placement. Recherchez des accréditations professionnelles reconnues, comme CFA (analyste financier agréé), Pl. Fin. ( planificateur financier accrédité), AVA (assureur-vie agréé), CA (comptable agréé), FCSI (fellow de l’Institut canadien des valeurs mobilières). 3. COMPRENEZ CLAIREMENT LA STRATÉGIE DE PLACEMENT Les stratégies de placement et les produits financiers devraient être clairs et compréhensibles. Mieux vaut rester loin de ce que l ’on ne comprend pas, comme disait l’investisseur Peter Lynch. 4. MÉFIEZ-VOUS DES « GARANTIES », DES RENDEMENTS RAPIDES ET DES ACCÈS PARTICULIERS Les professionnels sérieux en matière de placement ne garantissent pas les rendements. Les combines pour s’enrichir rapidement de manière légitime n’existent pas, non plus que les placements qui donnent des rendements plus élevés sans volatilité. 5. NE DONNEZ DE PROCURATION À PERSONNE RELATIVEMENT À VOS FONDS Le conseiller en placement ne devrait pas avoir le pouvoir de dépenser les fonds provenant du compte d’un client, sauf pour le paiement des honoraires contractuels. De plus, le conseiller ne devrait avoir aucun autre pouvoir que celui de négocier les titres. Ne libellez jamais de chèque au nom d’un particulier lorsque vous faites des placements. 6. ASSUREZ-VOUS QUE LES FONCTIONS DE GARDE ET DE CONTRÔLE SONT EXÉCUTÉES PAR UN TIERS INDÉPENDANT Demandez un relevé du dépositaire, un tiers indépendant, qui établira un rapport quant aux effets en portefeuille et à leur valeur indépendamment des conseillers. 7. ASSUREZ-VOUS QU’IL Y A DES VÉRIFICATIONS ET DES CONFIRMATIONS I NDÉPENDANTES DES RÉSULTATS DÉCLARÉS Si le conseiller en placement est également responsable de la préparation et de la publication des relevés et des rapports destinés aux clients sans confirmation de tiers, ou si les résultats déclarés étaient trop uniformément bons, cela peut être considéré comme des signaux d’alarme. 8. COMPRENEZ LE CADRE RÉGLEMENTAIRE DU TERRITOIRE Les investisseurs devraient être prudents à l’égard des placements à l’étranger. Un grand nombre d’entre eux sont légitimes, mais d’autres font l’objet d’une réglementation différente, et il est beaucoup plus difficile delocaliser et derecouvrer votre argent à l’étranger si un problème survient. 9. LIMITEZ VOTRE EXPOSITION AU RISQUE Un des meilleurs moyens d’éviter la catastrophe qui découle des fraudes en matière de placements consiste à limiter la somme que vous investissez. La diversification offre également l’une des protections les plus fondamentales et éprouvées en matière de placement pour se prémunir contre la possibilité de tout perdre en raison d’une fraude. 10. POSEZ DES QUESTIONS
En posant les bonnes questions et en vous armant de l’information pertinente, vous devenez l’un des investisseurs informés que les escrocs ont plus de difficulté à piéger.


AFFAIRE LIVENT  Le producteur Garth Drabinsky écope d’une peine de sept ans

Livent était devenue l’une des plus importantes maisons de production théâtrale en Amérique du Nord.
Deux poids lourds du monde du théâtre au Canada, qui ont fraudé des investisseurs pendant des années en falsifiant systématiquement les livres de leur entreprise, Livent, ont tous deux été condamnés à plusieurs années d’emprisonnement par une juge ontarienne, qui a dénoncé les dangers des fraudes d’entreprise.
Le producteur torontois Garth Drabinsky, photographié en avril 1990 à Montréal, lors d’une conférence de presse entourant la sortie du Fantôme de l’opéra.
Le producteur Garth Drabinsky a écopé de sept années d’emprisonnement et son ancien partenaire d’affaires, Myron Gottlieb, à six ans.
Ces deux producteurs de théâtre ont falsifié les livres de leur compagnie Livent (pour Live Entertainment) pendant neuf ans, jusqu’à ce que la firme fasse faillite, à la fin de 1998.
La j uge Mary Lou Benotto, de la Cour supérieure de l ’ Ontario, a dit qu’il fallait tenir compte de l’apport de MM. Drabinsky et Gottlieb à la société. « Mais, a-t-elle ajouté, personne n’est au-dessus de la loi. Personne n’a le droit d’établir ses propres règles. Les deux ont dirigé une compagnie qui avait la malhonnêteté comme culture d’entreprise », ce que la cour a le devoir de dénoncer avec force.
M. Gottlieb était le principal responsable des finances de Livent, a dit la juge Benotto, mais M. Drabinsky était « la principale personne aux commandes ».
Les deux hommes, qui ont été libérés moyennant caution, vont interjeter appel, a indiqué leur avocat Edward Greenspan après le prononcé des sentences.
Au cours d’une audience antérieure, la juge Benotto avait entendu des appels à la clémence de la part d’anciens politiciens, d’écrivains et d’acteurs, dont Christopher Plummer.
Les deux hommes avaient fondé Livent en 1990 et en avaient fait l’une des plus importantes maisons de production théâtrale en Amérique du Nord. M. Drabinsky, qui fut un temps PDG de la compagnie, et M. Gottlieb, qui en a été président, avaient été accusés en 2002 d’avoir menti pendant neuf ans au sujet de la situation financière de l’entreprise.
Selon la Couronne, ils ont réussi à recueillir environ 500 millions de dollars en vendant des actions, des bons de souscription, des débentures et d’autres valeurs pour acheter des théâtres et pour présenter des productions comme Ragtime, Fosse et The Phantom of the Opera.
De nombreux succès
Les productions de Livent ont été mises en nomination pour 61 Tony Awards et elles ont gagné 19 fois. Kiss of the Spider Woman, produit par M. Drabinsky, a obtenu trois Tony, y compris pour la meilleure trame musicale.
Les deux producteurs avaient aussi obtenu des marges de crédit valant jusqu’à 60 millions auprès de la Banque Royale du Canada, de la Banque Scotia et de la Banque CIBC.
Livent avait procédé à un placement initial à la Bourse de Toronto en 1993. Le titre a atteint un sommet de 18,25$ en 1996, ce qui conférait à l’entreprise une valeur comptable de 287 millions. Deux ans plus tard, la police a commencé à enquêter sur des allégations d’irrégularités comptables et la compagnie de production a alors fait faillite.
Le 25 mars dernier, la juge Benotto avait reconnu MM. Drabinsky et Gottlieb coupables de fraude (deux chefs) et de falsification de document, dans le cadre de ce que les autorités considèrent comme l’une des fraudes les plus importantes de l’histoire canadienne.
Les deux hommes ils ont été accusés des mêmes choses en 1999 à New York, mais ils refusent de se présenter devant un tribunal américain. Les autorités américaines gardent une demande d’extradition en main en attendant le résultat du procès à Toronto.
Garth Drabinsky

QU’EST-CE QUE L’AFFAIRE LIVENT?
Les deux fondateurs de Livent, Garth Drabinsky et Myron Gottlieb, ont été reconnus coupables en mars dernier d’avoir falsifié les livres de leur entreprise et d’avoir fraudé des investisseurs pour des millions de dollars.
Un juge a déterminé que Drabinsky et Gottlieb avaient systématiquement manipulé les livres de l’entreprise pendant neuf ans, avant que celle-ci ne déclare faillite vers la fin de 1998.
La GRC avait porté des accusations en 2002 contre MM. Drabinsky et Gottlieb, mais il a fallu six ans avant que leur procès ait finalement lieu et ne devienne l’une des affaires judiciaires les plus suivies au Canada.
« La croissance exponentielle de l’entreprise était semblable à celle d’un athlète sous stéroïdes, a déclaré la juge Lou Benotto, de la Cour supérieure de l’Ontario, au moment du verdict. Les résultats peuvent paraître spectaculaires, mais les moyens impliquent la tricherie. »
Livent avait dans son portefeuille des productions prestigieuses présentées à Toronto et à Broadway, comme Le fantôme de l’opéra.


Fisc et fraude  -  ARIANE KROL
Quand une fraude financière éclate au grand jour, il est souvent trop tard. Les coffres sont vides et les épargnants n’ont plus que des miettes à se partager. Le fisc, paradoxalement, est parfois le seul endroit où les victimes peuvent espérer récupérer un peu d’argent. Mais on pourrait faire davantage.
Aux États-Unis, le fisc a pris le taureau par les cornes. Devant le raz de marée provoqué par l’affaire Madoff, l’IRS ( Internal Revenue Service) a publié une directive administrative spécialement destinée aux victimes de stratagèmes de Ponzi. Les pertes causées par de telles fraudes ne seront pas considérées comme des pertes en capital, mais comme des pertes causées par le vol, a tranché l’IRS. Les déductions auxquelles elles donnent droit ne s’appliquent donc pas seulement sur les gains en capital du contribuable, mais sur l’ensemble de ses revenus imposables. Une distinction importante, car elle permet à davantage de victimes de réclamer des sommes.
Cette disposition n’existe pas dans nos lois de l’impôt. Les entreprises peuvent déduire des pertes pour vol, mais pas les individus. Une situation qui devrait être corrigée pour les victimes de fraudes financières qui, souvent, perdent les économies de toute une vie, sans aucun espoir de se refaire.
Pour l’instant, les épargnants floués n’ont que deux moyens de recouvrer des sommes auprès du fisc. Ceux qui ont payé de l’impôt sur de prétendus revenus de placement peuvent faire une demande de redressement. Car il n’y a pas de rendement dans un stratagème de Ponzi. Les montants inscrits sur les relevés sont purement fictifs et les versements d’intérêt, quand il y en a, sont puisés à même les placements de l’investisseur.
L’argent perdu aux mains du fraudeur donne également droit à des pertes en capital. Mais comme nous l’avons mentionné, ce type de perte peut seulement être déduit d’un gain en capital. Pour un épargnant qui n’a réalisé aucun gain du genre dans les trois années précédentes, et qui n’a aucun espoir d’en faire dans le futur puisqu’il n’a plus un sou, ce n’est d’aucun secours. Une perte applicable sur l’ensemble du revenu imposable serait beaucoup plus utile. Évidemment, il y aurait encore des victimes qui ne pourraient pas s’en prévaloir, mais elles seraient tout de même plus nombreuses à pouvoir le faire.
L’avocat fiscaliste torontois Jack Bernstein a évoqué cette possibilité dans plusieurs articles, mais aucun politicien n’a encore saisi la balle au bond. Pourquoi? Une telle mesure mérite au moins d’être étudiée.
On s’étonne aussi que Revenu Canada n’ait pas encore émis de directives claires au sujet des fraudes financières. Leministère n’a même pas pu nous indiquer le traitement fiscal réservé à ces pertes, une semaine après que notre collègue Michel Girard eut posé la question!
Selon nos informations, Revenu Canada et Revenu Québec se sont organisés pour s’occuper des ex-clients d’Earl Jones. Mais tous les scandales ne sont pas aussi gros, ni aussi médiatisés. Les contribuables sont-ils tous au courant des démarches qu’ils peuvent entreprendre auprès du fisc? Avec la multiplication des fraudes de type Ponzi (un cas en ColombieBritannique la semaine dernière, un autre soupçonné au Québec cette semaine), il serait temps d’informer les victimes de leurs droits.



Répit fiscal pour les présumées victimes ?
Québec et Ottawa envisagent de consentir un répit fiscal à la centaine de victimes de la f raude présumément commise par Earl Jones, qui les aurait détroussées de 30 à 50 millions de dollars.
Les présumées victimes d’Earl Jones pourraient bénéficier de sursis fiscaux particuliers.
Au cabinet du ministre québécois du Revenu, Robert Dutil, on confirme que des discussions ont débuté avec son homologue fédéral, JeanPierre Blackburn, afin de coordonner des sursis fiscaux pour les particuliers mis à mal financièrement par cette fraude présumée, depuis sa mise au jour il y a un mois.
« Les deux gouvernements se parlent dans le but de parvenir à une proposition commune et coordonnée », a indiqué Mathieu St-Pierre, attaché de presse du ministre Dutil.
Quant à la rapidité et à la nature de ces mesures fiscales, le f lou persiste. « Le ministre Dutil attend un état de la situation d’une heure à l’autre. C’est après qu’il pourra préciser les mesures appropriées et en discuter avec son vis-à-vis fédéral. Ça pourrait se faire rapidement », a indiqué M. Saint-Pierre hier après-midi.
Pour le moment, Revenu Québec s’en tient à l’analyse au cas par cas de la situation fiscale des victimes d’Earl Jones. Notamment, que faire pour les impôts réclamés sur des revenus de placement, qui s’avèrent maintenant faux ?
« C’est important que ces gens qui s ’esti ment lésés inscrivent une demande de redressement i ndividuelle à Revenu Québec, afin que l’a nalyse de leur situation puisse débuter », a précisé pour sa part un porte-parole du ministère, Danny Lapointe.
Entre-temps, à Ottawa, le ministre fédéral du Revenu, M. Blackburn, a indiqué il y a quelques jours qu’il pourrait utiliser ses pouvoirs discrétionnaires afin d’accorder des sursis fiscaux aux victimes d’Earl Jones.
Le ministre peut suspendre ou annuler les amendes et les i ntérêts courus sur des notes d’impôt en souffrance dans des circonstances exceptionnelles.
Les victimes d’Earl Jones sont surtout des personnes retraitées et leurs familles immédiates de la banlieue ouest de Montréal . El l es n’auraient constaté qu’au début de l’été, avec les refus bancaires de leurs divers chèques de rente, que leurs fonds auraient été engloutis dans une fraude de type pyramidal.
Depuis des années, Earl Jones leur aurait fait croire à des rendements importants en les payant à même les fonds de ses nouveaux clients.
Aussi, le début d’enquête comptable suggère qu’Earl Jones et sa conjointe finançaient leur train de vie avec des dizaines de milliers de dollars puisés chaque mois dans sa PME de gestion.




Ottawa ouvre la porte aux victimes de crimes financiers
OTTAWA — Dans la foulée de la plus récente fraude financière, le gouvernement canadien compte consentir des allègements fiscaux aux victimes de crimes financiers.
Le ministre fédéral du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, entend utiliser le pouvoir discrétionnaire que lui confère la loi pour permettre aux présumées victimes de l’affaire Earl Jones d’éviter de payer des intérêts et des pénalités. Elles pourraient même étaler le paiement de leurs impôts selon leurs moyens si elles se retrouvent en difficulté financière.
« On va analyser chacun des dossiers pour vérifier à quelles modalités de paiement on peut en arriver avec ces personnes en fonction de leur réalité financière, a dit le ministre Blackburn, en entrevue à La Presse. Je vais utiliser mon pouvoir ministériel, pour faire en sorte de ne pas pénaliser les gens. »
Les dispositions d’allègement pour les contribuables de l’Agence du revenu du Canada prévoient en outre que les intérêts et pénalités peuvent être annulés s’il y a des paiements en souffrance en raison de « circonstances exceptionnelles », comme dans le cas d’une catastrophe naturelle, d’un incendie, d’une grève des postes, d’une maladie grave, d’un accident.
« Ce n’est pas loin d’une catastrophe naturelle », a dit le ministre Blackburn, bien conscient du fait que l’allègement fiscal envisagé pour les victimes présumées d’Earl Jones pourrait faire boule de neige et amener d’autres personnes escroquées à se manifester.
« Si ça ouvre la porte à d’autres demandes, si elles sont valables, pourquoi pas? a lancé le ministre. Ce qui est important, c’est que ce qui est dû à l’État, on doit le recouvrer. Mais on a le droit de tenir compte du fait qu’il est arrivé une situation incontrôlable, où une personne a perdu tout son avoir à brûle-pourpoint. »
L’analyse des dossiers au cas par cas nécessitera une approche bien méticuleuse pour définir quel demandeur a ou n’a pas la capacité de payer ses impôts, concède toutefois M. Blackburn.


Un coup de pouce s’impose  -  François Gaudreault
Les gouvernements doivent secourir les investisseurs floués
L’auteur réside à Saguenay. Nous avons connu notre lot de scandales financiers récemment. D’abord, Vincent Lacroix, qui a fait perdre 130 millions à des petits épargnants (une moyenne d’environ 14 000$ par personne) et ensuite Earl Jones, dont l’affaire n’est pas encore claire, mais qui aurait fait disparaître 50 millions (50 000$ en moyenne par épargnant).
Earl Jones au moment de son arrestation, lundi.
Cet argent ne provient pas d’investisseurs classiques, des mi l l ionnai res qui peuvent essuyer les pertes et qui se renfloueront rapidement. Il s’agit de petits épargnants, qui placent de petites sommes pendant toute leur vie, pour avoir une retraite confortable.
N’est-ce pas ce qui est propagé dans notre société supérieure aux classes laborieuses : « Travaillez le plus possible, épargnez et à 55 ans, vous pourrez enfin avoir une vie agréable » ? Eh bien, pour ces gens qui ont bûché et qui se sont privés pour mettre de côté ce qu’ils ont pu durant toute de leur vie, il n’en reste qu’un souvenir, celui où ils rêvaient à leur retraite pendant 25 ou 30 ans. Maintenant ces gens n’ont plus rien, certains sont obligés de retourner travailler pour joindre les deux bouts. Imaginez, sortir de la retraite pour retourner bûcher encore et encore… jusqu’à sa mort.
Il n’y a rien à faire, pauvres retraités, ils se sont fait avoir et en beauté. Tout le monde s’en lave les mains, évidemment, nous tenons le coupable, il ira en prison (un peu) et ensuite tout le monde sera content.
Il me semble qu’il y a une solution relativement simple : que le gouvernement les aide un peu. Il serait facile pour les deux ordres de gouvernement de faire leur part en offrant de compenser une partie des pertes, sous forme de REER ou même d’obligations.
Il y aurait deux raisons de le faire. Premièrement, une raison éthique: ces gens qui ont travaillé méritent de pouvoir profiter de leurs vieux jours. Ensuite, il y a une question économique : qu’est-ce qui va arriver à ces gens qui ont tout perdu? C’est de toute manière le gouvernement qui va subvenir à leurs besoins.
Faisons un calcul : une personne très riche va dépenser son argent à l’extérieur du territoire, va s’arranger pour ne pas payer d’impôt. Par opposition, une personne de la classe moyenne va dépenser son argent pour sa consommation immédiate, elle fera rouler son économie locale, elle fera des rénovations.
Bref, une très large part de ses économies restera au pays. Il n’y a pas une si grande différence entre une politique d’aide aux petits épargnants qui se sont fait voler et une politique d’investissement dans les infrastructures pour relancer l’économie.



Un voleur est un voleur  -  François Leduc
Un ordre professionnel des planificateurs financiers n’enrayera pas toutes les fraudes
L’épargnant-investisseur doit faire ses devoirs et son suivi. Encore faut-il qu’il en soit capable et qu’il soit soutenu.
L’auteur est professeur au département de Conseil en assurance et services financiers du collège Montmorency. Le nouveau scandale f inancier qui frappe des épargnants nous ramène les mêmes commentaires, recommandations et réclamations qu’à l’habitude. On trouve notamment l’Institut québécois des plani ficateurs financiers qui réclamera dans les prochaines semaines un ordre professionnel.
Un tel ordre n’aurait probablement rien changé. Un voleur est un voleur. S’il ne peut passer par la porte, il passera par la fenêtre. En fait, on se retrouverait avec un organisme additionnel qui nous expliquerait aujourd’hui pourquoi il ne pouvait pas déceler le fraudeur plus tôt. Il faut aussi se souvenir qu’une récente étude de Protégez-vous démontrait que les planificateurs financiers ne sont pas à l’abri d’erreurs.
Or, l’industrie financière au Québec est déjà sous la supervision de plusieurs organismes (Autorité des marchés financiers, Chambre de la sécurité financière, etc.). Y ajouter un autre organisme diviserait encore plus la surveillance et la supervision du domaine des finances. Il serait sans doute plus opportun de renforcer les structures et législations existantes plutôt que de diviser encore plus les ressources.
Il y a cependant certaines actions qui pourraient être entreprises pour mieux protéger le public. 1. Une meilleure coordination de la structure d’encadrement. On a divisé en petites chapelles l’ensemble de l’industrie financière, notamment en ce qui concerne les permis et les titres professionnels. On devrait plutôt aller dans le chemin inverse pour permettre une meilleure coordination de l’ensemble de l’industrie. On doit aussi s’assurer que les organismes existants disposent des ressources et des compétences nécessaires à leur mandat. 2. Parallèlement, une formation minimale spécialisée doit être exigée de ceux qui se présentent aux examens visant les permis d’exercice. Cette règle n’aurait cependant rien changé ici puisqueM. Jones ne détenait aucun permis de l’AMF. 3. Une meilleure coordination de la formation continue pour l’adapter à la pratique propre de chaque professionnel en fonction de son profil de compétence et de ses activités. 4. Une véritable éducation économique et financière durant les études secondaires. La réforme en éducation a fait disparaître le cours de sciences économiques du programme du secondaire. Ce cours n’était déjà qu’un survol rapide de connaissances de base en matière économique. On préparait déjà mal nos jeunes en matière de consommation, d’économie et de finances personnelles. Maintenant, on ne le fera plus. À l’ère d’une sévère récession et de scandales à répétition, c’est à n’y rien comprendre. On voit actuellement dans les médias tous les chroniqueurs financiers rappeler certains principes de base en épargne et en consommation financière. Ne devrait-on pas justement faire en sorte que ces connaissances soient apprises par le plus grand nombre possible de nos concitoyens ? Est-ce que la société ne bénéficierait pas de consommateurs financiers plus avertis? 5. Finalement, une forme de divulgation officielle stipulant toutes les certifications (permis d’exercice plutôt que titres professionnels), droits, obligations et mandat du représentant au moment de toute transaction. Un tel document officiel et standardisé pourrait créer une habitude pour certains épargnants qui leur permettrait de voir la lumière rouge dans certaines situations.

Malheureusement, aucun système, permis ou formation ne permettra d’enrayer toutes les fraudes. L’épargnant-investisseur doit faire ses devoirs et son suivi. Encore faut-il qu’il en soit capable et qu’il soit soutenu.




Earl Jones : ensuite?   -  ARIANE KROL

Qu’il ait pu fonctionner ainsi durant 25 ans sans être inquiété n’est pas normal.
Deux étapes majeures viennent d’être franchies dans l’affaire Earl Jones: la mise en faillite de la firme et le dépôt des premières accusations contre son propriétaire. Les enquêtes du syndic et de la police vont nous aider à reconstituer les faits. Mais si l’on veut que cette histoire serve à prévenir de futures fraudes, il va falloir se poser beaucoup d’autres questions.
Les investisseurs sont les premiers interpellés. Earl Jones, malgré ses prétentions de conseiller, ne s’était jamais enregistré auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ne blâmons pas ses clients. Plusieurs le connaissaient (ou avaient été dirigés vers lui par des gens qui le connaissaient) depuis 20 ou 30 ans. À l’époque, le réflexe de vérifier les permis de tout un chacun était loin d’être acquis. Aujourd’hui, on s’attend à ce que le consommateur le fasse systématiquement, aussi bien pour son plombier que pour son planificateur financier. Et heureusement, le message commence à passer.
Depuis que ce scandale a éclaté, le 10 juillet dernier, l’AMF est inondée d’appels d’épargnants anxieux de vérifier la légitimité de leur conseiller. Bravo. C’est d’autant plus important que le dédommagement n’est pas automatique. Si le délinquant est enregistré, mais que la fraude porte sur un produit financier qu’il n’a pas le droit de vendre, la victime n’aura pas accès au fonds d’indemnisation. Combien d’investisseurs le savent? L’AMF doit trouver des moyens de rejoindre un public plus large, car il n’y aura pas toujours des scandales pour la propulser à l’avant de l’actualité.
Earl Jones n’avait pas de permis, mais il ne se cachait pas non plus. Il avait pignon sur rue dans une grosse tour à bureaux et affichait ses services dans de nombreux répertoires d’entreprises. Et, surtout, il s’était inscrit à titre de conseiller administratif et financier auprès du registraire des entreprises. Une incorporation qui lui donnait énormément de crédibilité. Qu’il ait pu fonctionner ainsi durant 25 ans sans être inquiété n’est pas normal.
Il n’est pas normal non plus que personne à Québec ne se sente interpellé par cette anomalie. Au bureau du ministre du Revenu, on nous dit que le rôle du registraire est de recueillir des informations et que ce n’est pas un organisme de surveillance. C’est un peu court. Bien sûr, l’AMF pourrait passer ce monstrueux fichier au peigne fin. Mais ce serait pas mal plus simple, et plus efficace, de responsabiliser le registraire. Pourquoi ne signalerait-il pas les entreprises financières au fur et à mesure qu’elles s’inscrivent? L’AMF pourrait intercepter les imposteurs pas mal plus rapidement, avant qu’ils ne recrutent trop de victimes. L’Autorité, de son côté, pourrait faire preuve d’un peu plus d’initiative et vérifier au moins les conseillers financiers inscrits dans les pages jaunes!
Finalement, il sera important de déterminer si les banques, comptables, notaires et avocats avec qui la Corporation Earl Jones faisait affaire ont une part de responsabilité. Des signatures auraient été imitées, des prêts faits entre clients à leur insu. Certains professionnels ont-ils fermé les yeux sur des signaux inquiétants? On ne peut pas dissuader tous les fraudeurs de tenter leur chance. Mais on devrait tout mettre en oeuvre pour les détecter le plus vite possible.



« ON CROIT ENCORE AU PÈRE NOËL »  -  Stéphane Paquet
Claude Béland, président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires, le Médac, n’hésite pas quand on lui demande ce qui cause le plus problème dans les récents cas de fraude, présumée ou avérée : les consommateurs, dit-il. « Je pense qu’on croit encore au père Noël. »
Le Médac, comme d’autres, demande des lois plus sévères contre les crimes financiers. Il espère aussi un examen de conscience de la part des organismes réglementaires, en plus de la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes.
Mais, plus encore, l’ancien grand patron de Desjardins insiste sur la connaissance financière de base des consommateurs. À propos de ceux qui ont été floués, il a ce commentaire : « Dans le fond, ils sont un peu fâchés contre eux-mêmes parce qu’on n’aime pas se faire avoir. »

Une alerte venue de Suède  -  Stéphane Paquet
Earl Jones, Norbourg… et maintenant peut-être une nouvelle menace en Suède.
Alors que, hier, les yeux et les oreilles des commentateurs judiciaires et financiers étaient tournés vers le palais de justice, l’Autorité des marchés financiers a mis les Québécois en garde contre une nouvelle organisation dont « la démarche a l’apparence d’une fraude ». Son nom: l’ International Organization of Securities Commission.
Selon l’AMF, qui se fie à des renseignements fournis par l’organisme de réglementation des services financiers de Suède, l’IOSC s’adresse à des investisseurs qui détiennent des actions dont la valeur a chuté. Ses promoteurs offrent alors de les racheter à un prix supérieur à la valeur du marché.
Le hic, c’est que, avant de procéder au rachat, l’IOSC exige des frais. Quand paiements sont faits, les représentants de l’IOSC disparaissent dans la nature, et les boursicoteurs restent pris avec leurs actions dévaluées.
« C’est un stratagème assez c ommun » , e x pl i que Cathy Beauséjour, de l’AMF. « Il n’y a aucune commission de valeurs qui va racheter des actions », précise-t-elle à l’intention de ceux qui aurait tendance à écouter des offres trop belles pour être vraies.
À sa connaissance, un seul Suédois a porté plainte et il n’a pas mordu à l’hameçon des fraudeurs.
Si l’AMF a décidé d’alerter la population et qu’un enquêteur « effectue des vérifications » , c’est qu’il y a « peut-être » des Canadiens impliqués dans l’affaire, confie Mme Beauséjour.
L’AMF fonde ses soupçons sur le fait que le site internet des présumés fraudeurs mentionnait le nom d’entreprises canadiennes. Aussi, des documents qui y sont présentés comme des lois américaines sont en fait des documents législatifs canadiens légèrement altérés, a constaté l’AMF. Le site affiche aussi les logos du ministère américain de la Justice et de la Federal Trade Commission.
Hier après-midi, le site internet de l’IOSC était inaccessible.
L’A MF s’i nquiète d’autant plus que Montréa l r e c ev r a l e c ongrès de l a vér i t a ble Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) l’a n prochain. Le nom pourrait donc être plus facilement reconnu par certains investisseurs, craint Mme Beauséjour. « La mise en garde, c’est un outil de prévention. »

 

Un autre cas de fraude financière à Montréal ?  -  Martin Croteau
Une nouvelle fraude financière pourrait avoir fait jusqu’à une centaine de victimes à Montréal, selon deux poursuites déposées à la Cour supérieure cette semaine. Des investisseurs soupçonnent Progressive Management Ltd (PML), une entreprise enregistrée aux Bahamas, de les avoir fraudés.
Deux investisseurs se sont adressés à la Cour supérieure pour obtenir 350 000$ de la société. Ils affirment avoir confié leurs épargnes à PML pour finalement se rendre compte qu’il s’agissait d’une coquille vide.
« Les gens investissaient et ils recevaient un certificat, explique l’avocat des présumées victimes, Me Jacob Rothman. La plupart réinvestissaient leurs bénéfices de sorte que leur perte est totale. La compagnie ne faisait rien. Elle ne faisait que recueillir de l’argent et elle le redistribuait probablement parmi ses dirigeants. »
Entre 60 et 100 petits investisseurs de Montréal, principalement des membres de la communauté italienne, ont investi dans PML, estime Me Rothman.
Les clients qui poursuivent PML disent avoir confié leurs économies à la compagnie par l’entremise de conseillers financiers installés dans la métropole, Lance Townend et Gennaro R. Natale. Ils accusent ces entrepreneurs d’avoir servi d’intermédiaires en sachant très bien que PML n’était pas une institution financière. L’Autorité des marchés financiers (AMF) connaissait ces conseillers, selon Me Rothman.
Les investisseurs n’ont rien remarqué d’anormal jusqu’en 2005, lorsque PML a pris du retard dans les paiements. En février 2006, l’entreprise a avisé sa clientèle qu’elle éprouvait des problèmes et qu’il faudrait deux ans pour les résoudre. Ce délai échu, les clients n’ont jamais été en mesure de recouvrer leur mise.
Des bâtons dans les roues
L’avocat n’est pas tendre à l’égard de l’AMF. Il accuse le chien de garde du marché financier d’avoir mis des bâtons dans les roues de ses clients, qui souhaitaient obtenir des informations en préparant leur poursuite.
« Je suis irrité par l’AMF à cause de son manque total de collaboration, dénonce-t-il. Elle a bloqué toutes nos demandes d’information. »
L’organisme gouvernemental a confirmé hier qu’il mène une enquête sur PML. Mais il s’est fait avare de détails, refusant même de dire quand il a reçu sa première plainte.
« Tout ce qu’on peut mentionner, c’est que c’est une enquête complexe qui concerne des compagnies extraterritoriales », a affirmé la porte-parole, Cathy Beauséjour.

Quelques fraudeurs célèbres
Thérèse Humbert (1856-1918)
Vincent Lacroix PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
D’origine paysanne, cette femme mariée avec le fils d’un ministre de la IIIe République française fait croire qu’elle a touché un énorme héritage. Grâce à ses dires, elle obtient des prêts, gagés sur cette supposée fortune. L’escroquerie dure 20 ans. Charles Ponzi (1882-1949)
Il invente la technique de vente pyramidale qui porte désormais son nom et devient millionnaire en six mois. Barings (1995)
Nick Leeson, courtier à l’emploi de la plus ancienne banque d’affaires britannique, spécule secrètement avec les comptes de ses clients. Ses pertes, qui totalisent plus de 1 milliard, entraînent la faillite de la banque en 1995. Sumitomo Corporation (1996)
Yasuo Hamanaka, de la maison japonaise de négoce Sumitomo Corporation, a fait perdre 2,6 milliards US à son employeur en faisant des transactions frauduleuses durant 10 ans, jusqu’en 1996. Enron (2001)
Sous la direction du PDG Kenneth Lay, les dirigeants de cette énorme société américaine, spécialisée dans l’énergie et le courtage, créent plus de 3000 sociétés extraterritoriales pour mieux contrôler les prix de l’énergie. Des pertes colossales sont masquées par des manipulations comptables frauduleuses. Plus de 5000 employés perdent leur travail et les caisses de retraite de centaines de milliers de petits épargnants disparaissent presque complètement. WorldCom (2002)
Bernie Ebbers lance WorldCom et fait une série d’acquisitions de grandes télécoms à coups de milliards payés en actions de WorldCom qui ne valent rien. Ebbers gonfle les comptes de 11 milliards. La faillite sera de 41 milliards. Société Générale (2008)
Le courtier Jérôme Kerviel fait perdre 4,9 milliards à la banque française Société Générale par des initiatives non approuvées. Bernard Madoff (2008)
Le financier Bernard Madoff met sur pied une chaîne de Ponzi qui fonctionnera pendant des décennies. Plus de 50 milliards disparaissent. AuQuébec Norbourg (2005)
Vincent Lacroix, fondateur de l’entreprise de gestion de fonds de placement Norbourg, est accusé d’avoir floué 9200 investisseurs en détournant environ 130 millions de dollars. Mount Real (2008)
Mount Real était financé à même les fonds recueillis auprès des investisseurs. La fraude s’élève à 130 millions. Quelque 1600 investisseurs sont floués.





Le guide de l’escroquerie  -  Michel Girard
La meilleure façon de se protéger contre les Vincent Lacroix, Bernard Madoff et leurs émules comme le présumé fraudeur Earl Jones, c’est peutêtre d’en connaître davantage sur les stratégies et manoeuvres utilisées par tous ces filous qui veulent notre bien.
Ce n’est pas moi qui le dis , mais l ’Autor i t é des marchés financiers (AMF). Chaque année, au Canada, des milliers d’investisseurs se font voler des milliards de dollars par les escrocs de la finance.
Comment ces filous s’y prennent-ils pour nous siphonner le portefeuille ? La meilleure façon de se protéger contre les Vincent Lacroix, Bernard Madoff et leurs émules comme le présumé fraudeur Earl Jones, c’est peut-être d’en savoir davantage sur les stratégies et manoeuvres utilisées par tous ces filous qui veulent notre bien.
Après consultation de plusieurs sources, dont de nombreuses publications offertes gratuitement par l’AMF, voici mon guide de l’escroquerie.
Pour c hacune des astuces décrites plus bas, vous trouverez un commentaire de ma part. Rappelez-vous que la prévention ne coûte rien mais… peut rapporter gros ! 1-Votre partenaire de golf (ou de tennis, de chasse, de pêche, de boulingrin, de quilles, de danse sociale…) a obtenu de la part de son courtier un super tuyau voulant que les actions de l’entreprise XYZ montent fortement. Pourquoi ? Parce qu’un important investisseur s’apprêterait à acquérir un gros bloc d’actions. Il vous invite à y investir au plus vite. Commentaire : concentrez-vous sur votre partie de golf ou autre et laissez à votre partenaire la chance de réaliser lui-même le coup d’argent. Cela dit, posez-vous la question suivante lorsqu’on vous donne un tuyau en Bourse à la suite d’une information privilégiée: pourquoi veut-on me faire faire un coup d’argent? Se peutil que l’on veuille faire grimper le titre dans le but de permettre à certains « véreux » de liquider leurs actions au prix fort ? 2-Votre conseiller (courtier, agent d’assurances, représentant en fonds communs de placement) vous fait une offre que vous ne pouvez pas refuser selon lui. Vous faites partie des clients privilégiés à qui il offre la possibilité d’ i nvestir 5000 $, 10 000 $ ou même 25 000$ dans un placement privé d’une petite pétrolière de l ’Alberta, laquelle devrait bientôt s’inscrire en Bourse. Des actions à 10 cents, qui devraient valoir 1 $ sitôt que l’entreprise arrivera en Bourse. Commentaire : demandez-lui combien il a personnellement investi dans ladite entreprise, preuves à l’appui. Vous serez au moins deux à vous enrichir comme Crésus ! Autre question à lui poser: quel est le pourcentage de sa commission sur la vente de ce placement privé ? 3-Un membre de votre famille élargie vous invite à participer à une soirée d’information pour vous permettre de devenir vous-même « conseiller » financier et promoteur/intermédiaire de produits financiers (assurances, fonds communs de placement, prêts hypothécaires, etc.). Pas besoin de permis de l’AMF, vous dit-on. Pour chaque client que vous recrutez, vous recevrez, promet-on, une quelconque ristourne. Mieux encore: vous empocherez même des ristournes sur les clients de vos clients. Payant, le système pyramidal. Commentaire : non seulement le traditionnel système pyramidal ou le stratagème à la Ponzi de Madoff est illégal, mais, en plus, les risques d’y perdre ses économies sont extrêmement élevés. Dans un système pyramidal, la clé du succès financier n’est détenue qu’en haut de la pyramide. Et vous n’y aurez pas accès… 4-Un ami de l ’ami de votre ami exploite une firme de placements privés. Avec l ui, on vous promet que vous obtiendrez un rendement garanti minimum de 10%. Et ce, à l’abri de l’impôt. Mais il faut garder secret le nom de l’entreprise afin de protéger les investisseurs contre la main du fisc. C’est une sorte de paradis fiscal. Commentaire : c’est assurément un paradis fiscal pour votre nouvel ami de la finance, et il vous en remercie. Et dites adieu à vos épargnes ! 5-Vous possédez très peu de connaissances en matière de placements. La banque avec l aquelle vous faites affaire ne vous donne rien ou presque comme rendement sur vos comptes et vos certificats de placement. Un proche de la famille vous propose de lui confier vos épargnes pour les placer dans des placements nettement plus rentables. Commentaire : ne ratez pas votre chance et dites-lui « non merci ». Cela devrait vous éviter des pertes quasi garanties ! 6-Votre institution bancaire vous informe par courriel qu’une mise à jour de votre compte « X » doit être immédiatement exécutée. À défaut de cliquer sur le lien informatique, vous risquez la catastrophe. Commentaire : optez pour la catastrophe, cela vous fera « économiser » bien des maux de tête et vous évitera des risques de fraude ! Les tentatives d’hameçonnage et de vol d’identité ou de renseignements confidentiels sont monnaie courante sur l’internet. 7-Une firme de placement vous offre un stratagème pour encaisser vos REER à l’abri du fisc. Commentaire: on a eu droit ces dernières années à diverses propositions de stratagème promettant l’encaissement des REER sans payer un cent d’impôt à Revenu Québec et Revenu Canada. Un conseil : passez votre tour et payez vos impôts.
Les fraudeurs sont reconnus pour être très créatifs. Voilà pourquoi personne n’est à l’abri d’une fraude. Mais si on fait preuve d’une pr udence é l é menta i r e , on peut certes limiter les risques.
Faire affaire uniquement avec des institutions, des firmes et des conseillers qui détiennent leurs permis de l’AMF et autres institutions gouvernementales reconnues ne nous protège pas entièrement contre les manoeuvres et stratégies frauduleuses.
Mais cela nous permet de démasquer plus facilement les f raudeurs et d’avoir certains recours pour récupérer notre argent.





Au pays des illettrés financiers  -  Sophie Cousineau
Les i mages des i nvestisseurs québécois qui ont été floués par le conseiller financier Earl Jones sont à la limite du supportable. Il n’y a évidemment pas trace de sang. Mais il y a une violence extrême dans le geste de voler les économies d’une vie, de faire basculer une existence.
Ces investisseurs se croyaient à l’abri des intempéries. Du jour au lendemain, ils sont confrontés à de graves soucis, voire à la pauvreté. Un choc si terrible que ces victimes abasourdies semblaient sans voix, dimanche, même si leurs visages étaient criants de cette angoisse qu’a si justement dépeinte l’artiste Edvard Munch.
Depuis le début de la crise financière, cette scène est trop familière. Les retraits des investisseurs inquiétés de la déroute des marchés ont f ragilisé les escroqueries des Bernard Madoff et compagnie, qui reposent sur l’arrivée continue de nouveaux investisseurs alléchés par des rendements mirobolants. Un à un, ces systèmes de vente pyramidale s’effondrent comme des châteaux de cartes.
Comment ces i nvestisseurs ont-ils pu se faire duper à se point ? se demande-t-on. Vrai, Earl Jones savait se montrer charmant et persuasif, racontent ceux qui croyaient le connaître. Vrai, il avait su gagner au fil des ans la confiance de sa clientèle dans l’ouest de Montréal et ailleurs au Canada.
Pourtant, un coup de fil à l’Autorité des marchés financiers aurait suffi, ai-je entendu toute la fin de semaine aux nouvelles. La police des marchés encadre le travail de tous les professionnels qui sollicitent des clients afin de faire fructifier leurs épargnes. Si Earl Jones ne s’était pas enregistré auprès de l’Autorité, c’est que sa pratique était forcément louche.
Mais, combien de gens y songeraient spontanément? La réalité, c’est qu’on se documente souvent plus avant d’acheter un chien que lorsqu’on choisit la firme à qui l’on confiera ses économies. Bref, à bien des égards, nous sommes des illettrés financiers.
Se faire pigeonner est souvent très lourd de conséquences, alors que les gouvernements sont de plus en plus fauchés et que les entreprises se désengagent de la retraite de leurs employés.
Diviser ses avoirs entre plus d’un gestionnaire. Vérifier avec qui on traite. Diversifier ses placements. Ne pas miser sur des produits financiers qui sont si complexes qu’on en comprend mal les rouages. C’est le b. a.ba. Pas besoin d’être rompu aux subtilités des produits dérivés exotiques. Mais il faut au moins connaître quelques principes rudimentaires en finances.
C’est l’une des raisons pour lesquelles le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a lancé, à la fin de juin, un groupe de travail sur l’éducation financière.
L’objecti f est noble. Faire en sorte que les Canadiens s’y retrouvent lorsqu’ils financent l ’achat d’une maison, qu’ils magasinent leur carte de crédit ou qu’ils économisent pour leurs vieux jours. Bref, qu’ils soient plus avertis.
Le problème, c’est le comment. C’est ce que ce groupe présidé par Donald Stewart, chef de la direction de la Financière Sun Life, doit déterminer. Ce comité de 13 membres, au nombre desquels se trouvent Jacques Ménard (BMO Nesbitt Burns), Marcel Côté (Secor Conseil) et Jean Vincent (Société de crédit commercial autochtone), doit faire rapport à l’automne de 2010.
Clairement, ce n’est pas en produisant un dépliant et une courte vidéo que l’on rejoindra les Canadiens, encore moins changer leurs habitudes financières et leurs comportements, comme le recours excessif au crédit.
Toutefois, une recension récente de la recherche universitaire pour le compte de la Financial Services Authority, l’autorité réglementaire du Royaume-Uni, qui a aussi fait de l’éducation financière une priorité, démontre qu’on ne sait pas trop comment s’y prendre. Conférences en milieu de travail, formations, site web?
Pis, même si on le soupçonne intuitivement, on est incapable de prouver qu’une meilleure éducation financière aide les citoyens à devenir des consommateurs plus futés de services financiers, conclut la chercheuse Adele Atkinson de l’Université Bristol.
Ce que l’on sait de façon certaine, c’est que les bonnes habitudes se prennent tôt. Ainsi, l’école est la meilleure façon de rejoindre tout le monde, puisque les destins se séparent ensuite. Dans le contexte, il est complètement aberrant que le ministère québécois de l’ Éducation ait choisi de faire disparaître, à compter de la prochaine rentrée, le cours d’éducation économique. Ce cours était obligatoire au secondaire depuis 1982.
Les rudiments de l’économie seront dorénavant enseignés dans un cours intitulé Monde contemporain, sorte de fourre-tout de sciences humaines où il sera aussi question de géographie, de politique et d’histoire. Mais, tout ce qui a trait à la consommation a été évacué de ce cours axé sur l’actualité, comme le rapportait récemment ma collègue Stéphanie Grammond.
Le Ministère invite les professeurs à intégrer des notions de consommation dans les cours de français, de mathématiques et d’anglais. Mais comme personne n’y est tenu, les résultats seront assurément inégaux.
Pis, comme le rapporte Adele Atkinson, c er t a i nes ét udes démontrent qu’enseigner les finances personnelles durant un cours de mathématiques n’assure pas une bonne éducation financière tout en nuisant à l’apprentissage des maths !
Bref, s’il fallait donner une note, le Québec serait vraisemblablement recalé comparé à la Colombie-Britannique, où tous les élèves de la dixième année sont tenus de suivre un cours de finances personnelles.
Évidemment, une bonne éducation financière ne remplace pas une réglementation qui a des dents et des commissions des valeurs mobilières qui veillent au grain. Mais, comme le veut le dicton, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.


Un scandale qui profitera aux grandes institutions financières ?  -  Vincent Broussot-Pouliot
Les grandes institutions financières ont leurs défauts. Mais en cas de fraude, elles ne sont pas souvent insolvables et introuvables comme le financier montréalais Earl Jones, soupçonné d’avoir détourné jusqu’à 50 millions de dollars des poches de ses clients.
La Banque Nationale estime offrir « un environnement plus serré et plus sécuritaire » à ses clients que les petites firmes privées de gestion de patrimoine.
« Lorsqu’il y a des fraudes, les grandes institutions prennent la situation en main et gèrent la fraude parce que leur réputation est en jeu, dit Denis Dubé, porteparole de la Banque Nationale. Les grandes institutions ont les reins assez solides pour gérer de telles fraudes. Le meilleur exemple, c’est la crise du papier commercial alors que la Banque Nationale a racheté deux milliards de dollars aux petits investisseurs et aux clients commerciaux qui répondaient aux critères de notre offre. Les petits investisseurs n’ont pas perdu un sou à cause du papier commercial. »
L’an dernier, la Banque Nationale a acquis quatre firmes privées de gestion de patrimoine – Groupe financier Everest au Québec, Groupe Option Retraite au Québec et en Ontario, Aquilon Capital en Ontario, Bieber Securities au Manitoba – en plus de devenir actionnaire à 15% de Wellington West, une firme du Manitoba.
« Ces f i r mes ont décidé de joindre un grand groupe comme la Banque Nationale car elles avaient des difficultés à accroître leur clientèle dans la foulée des scandales financiers malgré leur excellente réputation, dit Denis Dubé. La Banque Nationale offrait la réputation et la confiance d’une grande institution. »
Desjardins n’a pas avalé de firmes de gestion de patrimoine comme son concurrent, mais le mouvement coopératif remarque que les grandes institutions financières gagnent la faveur des investisseurs depuis deux ans.
« Les gens sont ébranlés par les cas de fraude (…) et nous vendons de la confiance, dit André Chapleau, porte-parole du Mouvement Desjardins. Nous avons une réputation et nous voulons protéger nos membres. Il y a un sentiment de sécurité plus grand dans les grandes institutions financières même si la grande majorité des planificateurs financiers dans des petites firmes ou à leur compte sont honnêtes et compétents. »
Selon l’Autorité des marchés financiers, les scandales Lacroix, Madoff et Jones entachent la réputation de toute l’industrie des services financiers, du planificateur à son compte aux institutions qui brassent des milliards. « C’est dommage pour la réputation des conseillers financiers qui, dans la très grande majorité, font de l’excellent travail, sont inscrits auprès des autorités compétentes et travaillent en toute légalité », dit Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF.



Des planificateurs financiers veulent un ordre professionnel  -  Vincent Broussot-Pouliot
« Avec un ordre professionnel, ce ne serait pas long qu’il y aurait des poursuites pour exercice illégal. »
Dans la foulée des scandales financiers comme la présumée fraude commise par Earl Jones, des planificateurs financiers demanderont au gouvernement Charest de leur créer un ordre professionnel.
L’Institutquébécoisdeplanificationfinancière(IQPF), organisme qui regroupe 4742 planificateurs financiers, rencontrera la ministre de la Justice du Québec, Kathleen Weil, d’ici la fin de l’été. Cette rencontre était prévue depuis plusieurs mois – soit bien avant l’éclosion de l’affaire Earl Jones la semaine dernière –, mais l’organisme compte se servir du dernier scandale financier québécois afin de convaincre la ministre Weil de créer un ordre professionnel pour les planificateurs financiers.
« Avec un ordre professionnel, ce ne serait pas long qu’il y aurait des poursuites pour exercice illégal, dit Jocelyne Houle-LeSarge, directrice générale de l’IQPF. Il me semble que ce serait pas mal plus gênant pour un ordre professionnel que pour les organismes actuels de réglementation. »
Au cabinet de la ministre Weil, on affirme que la création d’un ordre professionnel pour les planificateurs financiers est un scénario « prématuré », dit Philippe Archambault, attaché de presse de la ministre Weil, actuellement en vacances à l’extérieur du pays.
Les planificateurs financiers sont présentement régis par trois organismes au Québec. L’Autorité des marchés financiers (AMF) délivre les permis d’exercice, l’IQPF supervise la formation de base (trois ans d’études universitaires), fait passer un examen obligatoire à l’obtention du titre de planificateur financier et donne la formation continue (40 heures aux deux ans), tandis que la Chambre de la sécurité financière s’occupe des questions déontologiques. Voir page 4
À la lumière des récents scandales financiers, l’IQPF estime que cette structure est devenue trop lourde, surtout lorsqu’une personne se fait passer pour un planificateur financier ou fait des gestes réservés exclusivement aux planificateurs financiers. Dans le cas d’Earl Jones, qui se présentait comme un « conseiller administratif », l’AMF tente de déterminer s’il a fait des gestes réservés aux planificateurs financiers. Earl Jones, qui aurait détourné entre 30 et 50 millions de dollars des poches de ses clients selon l’AMF, ne détenait pas de permis d’exercice de l’AMF.
En 2008, l’Office des professions du Québec avait recommandé au gouvernement Charest de ne pas fonder d’ordre professionnel pour les planificateurs financiers après examen de la demande de l’ IQPF. L’Office estimait que les planificateurs financiers répondaient à tous les critères pour obtenir un ordre professionnel, mais qu’ils étaient déjà soumis à toute la réglementation nécessaire afin de bien protéger le public.
« Il y a un avantage de créer un ordre professionnel si vous n’êtes pas encadrés sur le plan juridique, mais ce n’est pas le cas des planificateurs financiers qui sont déjà encadrés par l’AMF et la Chambre, a dit Jean Paul Dutrisac, président de l’Office des professions du Québec, hier en entrevue à La Presse Affaires. En plus, 95 % des organismes qui ont comparu nous décourageaient à créer un ordre professionnel pour les planificateurs financiers. » L’AMF et la Chambre de la sécurité financière se sont notamment opposées au projet d’ordre professionnel.
André Buteau, ancien président de l’IQPF qui a travaillé sur la demande de l’organisme à l’Ordre des professions du Québec, n’est pas d’accord avec sa recommandation au gouvernement. « Un ordre professionnel ne règle pas tous les problèmes, mais il permet de tout rassembler sous un même toit. Un organisme est généralement mieux géré quand il est intégré. Un ordre professionnel serait aussi plus insistant sur la question de l’exercice illégal », dit le planificateur financier à La Financière Liberté 55.



Madoff, mode d’emploi  -  Ariane Krol
Comment peut-on manipuler des dizaines d’investisseurs durant des décennies sans être inquiété ? C’est la question que tout le monde se pose aujourd’hui au sujet de Bertram Earl Jones, un gestionnaire de l’Ouest-de-l’Île soupçonné d’avoir détourné 30 à 50 millions des comptes de ses clients. On se demandait la même chose au sujet de l’escroc américain Bernard Madoff. Et dans les deux cas, on retrouve des éléments de réponse similaires. Un mélange de nature humaine et de mécanismes de surveillance déficients.
Il faut avoir parlé aux clients d’Earl Jones pour comprendre à quel point il était normal qu’ils lui fassent confiance. Et que c’est dans ce genre de situation, justement, qu’un investisseur et son entourage devraient se méfier.
La Corporation Earl Jones avait ses bureaux dans une grosse tour miroitante de Pointe-Claire. Elle s’annonçait aussi dans les pages jaunes. Mais ses présumées victimes n’arrivaient pas là par hasard. Elles connaissaient le gestionnaire personnellement, parfois depuis des dizaines d’années, ou lui avaient été recommandées par des proches qui le fréquentaient depuis longtemps. L’homme jouissait d’une confiance telle, qu’aucun de ses clients, avant la semaine dernière, n’avait jamais posé la moindre question à son sujet à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Et pourquoi l’auraient-ils fait ? Jusqu’à récemment, tout semblait marcher comme sur des roulettes. Earl Jones réglait les successions, faisait fructifier l’argent, expédiait les chèques, payait les impôts et envoyait des états de compte faisant état des rendements. Une grande partie de la clientèle se composait de retraités, parmi lesquels beaucoup de veuves. Pas exactement le genre de personnes à chercher des poux sans raison. Voilà pour la nature humaine.
Les mécanismes de surveillance, maintenant. Les clients se sont fait asséner coup sur coup deux nouvelles accablantes. Non seulement les comptes bancaires sont-ils vides, mais ils ne peuvent rien espérer au Fonds d’indemnisation des services financiers, car Earl Jones n’était pas enregistré auprès de l’AMF. Sauf que l’organisme n’est pas seul en cause. Car s’il est responsable d’épingler les imposteurs, il ne devrait pas être le seul à les détecter. On a reproché bien des choses à l’AMF, et à la Commission des valeurs mobilières qui l’a précédée. Mais on ne peut pas lui demander de repérer seule tous les individus qui se prétendent conseillers financiers sans en avoir le droit. D’autres aussi devraient tirer la sonnette d’alarme.
La Cor porat ion Ea rl Jones était inscrite comme « conseiller administratif et financier » auprès du Registre des entreprises depuis près de 15 ans. Comment une firme peut-elle obtenir une reconnaissance officielle de ses activités sans que l’organisme chargé de les encadrer n’en soit au moins informé? C’est inacceptable.
Si le gouvernement québécois veut vraiment protéger les investisseurs, il doit faire beaucoup plus d’efforts pour stopper les faux conseillers financiers. Surtout ceux qui s’affichent ouvertement comme tel auprès de ses ministères ou dans les pages jaunes!
En attendant, les investisseurs qui n’ont jamais vérifié si leur conseiller est en règle auprès de l’AMF devraient le faire immédiatement. Surtout s’ils ont toujours eu confiance totale en lui.


Deux comptes de Jones vidés 24 heures avant que ses actifs soient gelés
Deux comptes de banque appartenant à Earl Jones ont été fermés à peine 24 heures avant que l’Autorité des marchés financiers (AMF) gèle ses actifs, affirme l’avocat JeanPaul Robitaille, qui défend une investisseuse f louée par l’ex-financier.
Me Robitaille a reçu un rapport l’avisant que le financier déchu avait fermé – ou fait fermer – ses deux comptes à la Banque de Montréal le jeudi 9 juillet.
Ce j our-là, Me Robita i l le devait s’adresser à la Cour supérieure pour lui demander de geler sur-le-champ les actifs d’Earl Jones. Sa cliente, Pamela Stewart , de PointeClaire, soupçonnait que les 6,5 millions que sa famille lui avait confiés étaient en péril.
L’avocat n’a toutefois pas été en mesure de présenter sa requête au tribunal, qui était fort occupé. Il y est retourné le lendemain matin, le vendredi 10 juillet, et a obtenu une ordonnance. Mais peu après, lorsqu’il s’est présenté à la banque pour faire saisir les comptes de Jones, il a appris qu’ils avaient été vidés la veille.
« Mes saisies ont été faites le 10 juillet et les comptes avaient été fermés le 9 juillet », affirme Me Robitaille.
Il ignore combien d’argent contenaient les comptes de la Banque de Montréal avant leur fermeture. Le solde était à 0 $ lorsqu’il s’est présenté à l’institution financière. La seule somme qu’il a réussi à confisquer est un chèque de 105,48 $ à l’ordre de la Corporation Earl Jones.
« Est-ce que c’est Earl Jones qui a fermé les comptes? Estce que c’est quelqu’un d’autre ? Je ne sais pas », a indiqué Me Robitaille.
Jones sentait-il la soupe chaude lorsque ses comptes ont été fermés ? « Je pense que oui », a répondu l’avocat.
L’AMF déjà alertée
Le 10 juillet, le jour où Me Robitaille a tenté de saisir les comptes d’Earl Jones, l’AMF a annoncé qu’elle gelait les actifs du financier, qu’elle soupçonne d’avoir orchestré une fraude pyramidale de 30 à 50 millions.
L’organisme dit avoir été alerté par des investisseurs inquiets deux jours plus tôt, le 8 juillet. C’était 24 heures avant que les deux comptes d’Earl Jones à la Banque de Montréal soient fermés.
Les autorités ont également saisi deux comptes à la Banque Royale, mais ils ne contenaient que très peu de fonds.


AFFAIRES EARL JONES Retours forcés au travail et chocs - Martin Croteau
« L’adrénaline va baisser à un moment donné et des problèmes personnels vont se manifester. »
Mary Jane Taylor est de retour sur le marché du travail bien malgré elle. Cette Ontarienne de 62 ans espérait couler une retraite paisible en compagnie de son époux. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que les 400 000$ qu’elle avait confiés au financier déchu Earl Jones se sont probablement volatilisés.
« C’est tout un changement de vie, a confié la résidante d’Ingleside, près de Cornwall. Il faut que je retourne travailler. Je vivais sur les intérêts de mon capital, et j’avais une petite pension chaque mois. Maintenant, je n’ai plus rien. »
Comme elle, des dizaines d’investisseurs floués ont afflué dans un hôtel de Pointe-Claire, hier matin, afin de prendre connaissance des services publics qui sont à leur disposition. Car une fois le choc initial de la nouvelle passé, plusieurs victimes du présumé escroc ont gravement besoin d’un coup de main.
« Nous sommes au courant qu’il y a au moins six familles qui sont vraiment sans argent du tout », a expliqué Me Neil Stein, l’avocat du séquestre RSM Richter, l’entreprise chargée de liquider les actifs d’Earl Jones.
Ces personnes ont d’ailleurs joint l’organisme Jeunesse au Soleil afin d’obtenir de l’aide. Mais d’autres types de problèmes risquent fort de se manifester dans les prochaines semaines.
« Une fois que le choc initial est passé, une fois que des informations créent une certaine accalmie sur le plan de notre situation financière, là on commence à ressentir plus de stress, plus de difficultés de sommeil, plus de difficultés d’alimentation », explique Claude Girouard, chef de projet au Centre de santé et des services sociaux de l’Ouest-de-l’Île.
M. Girouard a participé à l’assemblée d’hier matin afin d’expliquer aux investisseurs floués les services qui sont à leur disposition. Car plusieurs commencent déjà à ressentir les contrecoups de cette crise.
Au cours des derniers jours, Margaret Davis a appris que les 120 000$ qu’elle a confiés à Earl Jones ont été prêtés à d’autres clients du financier. Et ceux-ci n’auraient jamais été informés de ces prêts. L’une des signatures au contrat aurait même été forgée. 
« Tout ce que je possédais est parti », a soupiré Mme Davis.
Mais à ses soucis financiers s’ajoutent ceux de sa santé. Depuis qu’elle a été mise au courant de l’affaire, elle souffre d’attaques de panique, a-telle confié. Elle a consulté son médecin, et elle doit maintenant prendre des médicaments pour retrouver le calme.
Le cas de Mme Davis pourrait bien n’être que la pointe de l ’ iceberg, a convenu Ann Davidson, du Centre de ressources communautaires de l’Ouest-de-l’ Île. Son organisme a fait circuler un sondage pendant la réunion d’hier, afin d’en savoir davantage sur l’état de santé des victimes d’ Earl Jones.
« L’adrénaline va baisser à un moment donné et des problèmes personnels vont se manifester », a-t-elle prédit.
Mais pour l’heure, elle ignore quelles difficultés attendront les victimes dans les prochaines s e ma i nes . « Auront-i l s besoin d’une aide alimentaire ? Au r o n t - i l s b e s o i n d ’ a i d e pour payer leur hypothèque ? Peuvent-ils se permettre d’acheter leurs médicaments ? »
L a S û r e t é d u Québec a confirmé hier qu’elle mène l’enquête sur la présumée fraude, dont la somme sera confirmée le mois prochain, mais que l’Autor i t é des marchés f i nanciers estime entre 30 à 50 millions.
Une aide de Québec?
Par ailleurs, deux membres du gouvernement Charest ont assisté à l’assemblée des investisseurs, hier. Mais le député Geoff Kelley et la ministre Yolande James estiment qu’il est trop tôt pour savoir si Québec donnera un coup de pouce financier aux clients d’Earl Jones.
« Il est trop tôt pour répondre à cette question, a indiqué M. Kelley. Nous devons d’abord savoir ce qui s’est passé. »


ON NE SAIT PAS S’IL  RESTE DE L’ARGENT »  -  Francis Vailles et Martin Croteau
Des dizaines d’investisseurs qui avaient confié leur argent à Earl Jones, certains depuis plusieurs décennies, sont inquiets. Et le financier montréalais, soupçonné d’avoir détourné entre 30 50 millions de dollars, reste introuvable.
« Nous avons été informés par les ministères provincial et fédéral du Revenu que nous leur devons 30 000$ et nous n’avons plus d’argent. Comment allons-nous les payer ? »
Sue Brown devra sans doute retourner travailler à temps plein. Les 250 000$ qu’elle avait minutieusement accumulés depuis 25 ans sont probablement partis en fumée.
Plusieurs investisseurs qui ont fait affaire avec Earl Jones ont assisté hier à une séance d’information avec des avocats, des enquêteurs de la police et de l’Autorité des marchés financiers.
« On ne sait pas s’il reste de l’argent, a confié la résidante de Beaconsfield. Je ne pense pas, mais j’espère. »
Des chèques sans provision, des amitiés trahies, des centaines de milliers de dollars disparus, chacune des 100 personnes rassemblées au sous-sol d’un hôtel de Pointe-Claire avait une histoire d’horreur à raconter, hier. Ces personnes, pour la plupart retraitées, avaient toutes le même nom au bout des lèvres: Earl Jones, le financier montréalais soupçonné d’avoir détourné entre 30 et 50 millions.
« Les finances vont être très serrées, a soupiré Sue Brown. Après 25 ans d’économie de sous, tout est perdu. Et j’ai une hypothèque de 200 000$ sur ma maison. »
Au cours d’une séance d’information avec des avocats, des enquêteurs de la police et de l’Autorité des marchés financiers, des investisseurs qui avaient fait confiance à Earl Jones ont raconté comment les chèques qu’il leur envoyait avaient commencé à vincial et fédéral du Revenu que nous leur devons 30 000$ et nous n’avons plus d’argent, a-t-elle dénoncé. Comment allons-nous les payer? »
Pendant ce temps, Earl Jones reste introuvable. L’AMF a fait geler les actifs de son entreprise, ainsi que deux comptes bancaires. Mais il n’est pas impossible rebondir dans les derniers mois. Il aurait refusé de fournir des relevés de compte à certains clients.
Une dame âgée a affirmé que Jones, qui gérait ses placements, l’aurait même laissée avec une dette colossale. « Nous avons été informés par les ministères proqu’il ait placé de l’argent à l’extérieur du pays, des sommes auxquelles il pourrait avoir accès.
La pluie tombait abondamment sur le stationnement de son condo, chemin Bord-du-Lac à Dorval, samedi après-midi. Deux messages étaient placés sous les essuie-glaces de sa BMW argentée. Certains voisins ont affirmé ne rien connaître sur M. Jones. D’autres ont raccroché lorsque La Presse les a interrogés.
Le financier possède aussi un condo à Mont-Tremblant. Sa jardinière là-bas, Danielle Manouvrier, a indiqué que M. Jones et sa femme lui doivent plus de 3000$ depuis plusieurs
semaines.


Toutes les allures d’une fraude   -  Francis Vailles 
L’affaire Earl Jones a toutes les allures d’une fraude majeure, selon le séquestre intérimaire nommé par le tribunal, RSM Richter. Le document fait état de faux prêts, de signatures contrefaites et d’emprunts aux motifs douteux.
Une requête déposée vendredi après-midi par RSM soutient que la Corporation Earl Jones, conseiller administratif a participé « à un stratagème à la Ponzi depuis plusieurs années avec ses actifs sous gestion ». 
La Corporation, active depuis 1984, gérait d’abord et avant tout des successions testamentaires. Le séquestre en a recensé 96, actives ou non.
L’inquiétude se lisait hier sur les visages de ceux et celles qui ont confié leur argent au financier Earl Jones.
Ces dernières années, Earl Bertram Jones s’était donc vu confier la liquidation des biens de diverses familles dans le cadre d’un héritage. Plutôt que d’empocher la somme héritée, les familles acceptaient souvent de la faire gérer par la Corporation et de recevoir une rente régulière tirée des fruits de l’héritage.
Les problèmes ont émergé ces dernières semaines lorsque les banquiers ont cessé d’honorer les chèques émis par la Corporation.
En plus de successions, Earl Jones s’était greffé une clientèle d’investisseurs traditionnels. C’est le cas de la famille Gibson, de Westmount, dont fait état la requête. La Corporation gérait leurs fonds communs, mais également des « investissements spéciaux ». Ce sont ces « investissements spéciaux » qui posent problème, notamment.
Par exemple, Earl Jones a demandé à la famille Gibson d’allouer des prêts à diverses successions soi-disant parce qu’elles avaient des problèmes de liquidités liés au processus de liquidation testamentaire. La famille Gibson a ainsi prêté 675 000$ à sept successions à un taux d’intérêt de 12%, à court terme. Aujourd’hui , les successions emprunteuses apparaissent incapables de rembourser ces dettes.
Dans un autre cas, la requête fait plutôt état d’un prêt de 125 000 $ alloué par l’investisseur Robert Hausner à la famille Gibson à un taux d’intérêt de 18%. Or, la famille Gibson n’a jamais été mise au courant de ce prêt qui lui aurait été fait. Qui plus est, le document de Robert Hausner porte la signature des deux Gibson, mais ces derniers soutiennent qu’ils n’ont jamais signé un tel document, qu’il s’agit de signatures contrefaites.
La police de Montréal et la Sûreté du Québec enquêtent sur la fraude présumée. « On ne peut pas encore dire que tout est frauduleux; peut-être que les choses ont mal tourné et que M. Jones a essayé de trouver des solutions pour repayer. Mais il semble qu’il y ait certains éléments qui peuvent constituer des actes criminels », dit Neil Stein, l’avocat du séquestre RSM Richter.
Cette dernière entreprise devrait être chargée de liquider les actifs de la Corporation Earl Jones et de redistribuer les fonds aux investisseurs, s’il en reste.
Lié à une autre affaire ?
Par ailleurs, Neil Stein a constaté que parmi les dossiers de successions, « 90% des testaments ont été préparés par le bureau d’avocats dont faisait partie Gordon McGilton ».

Or, l’ex-avocatGordonMcGilton a été condamné à 15 mois de prison, en avril 2007, pour des fraudes s’élevant à 1,7 million, notamment dans le domaine des successions. Les deux ex-associés de M. McGilton dans le bureau d’avocats n’ont pas été inculpés dans cette affaire, mais ils ont été poursuivis en responsabilité solidaire par des victimes de Gordon McGilton.


La présumée fraude en questions
  -  Francis Vailles
QQui  sont l es victimes ?  R Lesvictimessontdes familles qui avaient confié l’administration de successions testamentaires et des investisseurs qui ont fait des prêts par l’entremise de la Corporation Earl Jones, conseiller administratif. Pour le moment, le séquestre estime que la Corporation avait dans ses livres 96 successions, actives ou non, de même que 15 à 30 prêteurs ou investisseurs, peut-être plus. Il s’agit généralement de familles anglophones. QQuelles
en jeu? R L’AMF estime que l’actif sous gestion de la Corporation pourrait s’élever à entre 30 et 50 millions de dollars. Le décompte est encore imprécis, cependant, et il n’est pas clair que la fraude
sont les sommes présumée porte sur cette somme ou sur une partie. L’avocat Neil Stein, qui représente le séquestre intérimaire nommé pour gérer la Corporation, ne croit pas qu’il s’agit d’une somme aussi importante à la lumière des rencontres qu’il a eues avec les investisseurs. QQuand
les autorités ont-elles été mises au courant ? R L’AMF a reçu ses premiers appels d’investisseurs mercredi dernier. C’est quelques semaines après que les investisseurs eurent constaté que les chèques qu’ils avaient reçus venant de la Corporation étaient sans provision. Le gestionnaire Earl Jones n’était pas enregistré auprès de l’AMF. QQue
se passe-t-il maintenant du point de vue légal ? R La Cour supérieure a nommé d’urgence un séquestre intérimaire, RSM Richter. Ce séquestre est chargé de prendre possession des comptes, des locaux et des documents de la Corporation, qui a ses bureaux à Pointe-Claire. La nomination du séquestre devra être réévaluée par la Cour supérieure mercredi et pourrait devenir permanente. QY
aura-t-i l une fai l l i te ? R La Corporation Earl Jones est présumée insolvable. Une requête en faillite sera entendue le 29 juillet en Cour supérieure. Au terme de la faillite, si des fonds sont récupérés, ils seront redistribués aux créanciers. QO ù sont les fonds manquants? R Pour l’instant, on ne sait pas où est l’argent. Les autorités ont reçu ordre du tribunal des valeurs mobilières de bloquer les comptes d’Earl Jones et de sa Corporation. Deux comptes ont été trouvés, à la Banque Royale, mais ils contiennent peu de fonds. QPourquoi
parle-t-on d’un stratagème à la Ponzi ? R Un stratagème à la Ponzi est un genre de fraude pyramidale popularisé aux États-Unis par l’Italien Charles Ponzi, au début des années 1900. Selon les autorités, il appert que des investisseurs de la Corporation Earl Jones se voyaient payer leurs rendements non pas avec des placements, mais avec l’argent d’autres investisseurs. QOù
est Earl Bertram Jones ? R Le gest ionna i re de la Corporation a disparu. Ses bureaux de Pointe-Claire sont fermés et il ne répond pas à sa résidence de Dorval. La police de Montréal et la SQont entrepris une enquête pour fraude, mais nous ignorons s’il fait l’objet d’un mandat d’arrestation international


« Il avait une touche de velours »  -  Martin Croteau
Earl Jones a bâti sa clientèle par le bouche à oreille
« Ma mère semble avoir vécu de ses rentes pendant des années sans jamais réaliser que sa source de revenu était une fiction. »
Pour André Thiem, Earl Jones n’était pas un gestionnaire de placements, c’était un ami. Sa famille le connaît depuis 1965. Comme des dizaines d’autres investisseurs, ils ont fait confiance au financier pendant des décennies. Pour finalement apprendre qu’il est soupçonné de les avoir floués.
« C’était un très bon gars, comme un oncle pour moi », raconte M. Thiem, rencontré hier à l’assemblée des investisseurs de la Corporation Earl Jones. Sa mère Ruth, 74 ans, craint d’avoir perdu 200 000$.
Si l’on ignore où se trouve M. Jones, on en sait davantage sur ses méthodes, lui qui a géré des successions et des placements pendant 25 ans sans jamais s’enregistrer auprès des autorités. Il a bâti sa clientèle par l’entremise de ses nombreuses relations dans la communauté de l’ouest de Montréal.
Jerry Coughlin a grandi dans la métropole, mais habite maintenant Boston. Sa mère Mary, 77 ans, a confié toutes ses économies à Earl Jones après la mort de son mari. Elle l’avait rencontré alors qu’elle suivait un cours sur les femmes et la finance, dans les années 80. Jones était l’un de ses professeurs.
« I l avait une touche de velours, relate M. Coughlin. Il semble avoir gagné la confiance des gens au point de les convaincre de lui donner des sommes immenses. »
Mme Coughlin a vendu deux maisons après le décès de son mari. Elle a confié tout l’argent à Earl Jones, qui lui versait chaque mois une rente pour payer son loyer et subvenir à ses besoins. Depuis 25 ans, tout semblait marcher sur des roulettes.
« Elle semble avoir vécu de ses rentes pendant des années sans jamais réaliser que sa source de revenu était une fiction », rage Jerry Coughlin. Propriétaire d’une entreprise horticole, Danielle Manouvrier a été embauchée à maintes reprises par les Jones pour l’aménagement de leur propriété à Mont-Tremblant.
« Depuis quatre ans,
ils payaient rubis sur l’ongle, relatet-elle. Comme ce sont des amis de mes parents, nous nous sommes liés d’amitié. »
Sa mère a confié 80 000$ à Earl Jones. Danielle Manouvrier, elle, craint d’avoir perdu 20 000$.
« C’est l’argent pour la retraite, a-t-elle dénoncé. On comptait acheter de l’immobilier avec ça, justement parce qu’on fait plus ou moins confiance au marché financier. Ça confirme justement ce qu’on pense. »
Mais le financier ne faisait pas l’unanimité, surtout chez les plus jeunes investisseurs.

« J’ai rencontré cinq ou six personnes qui me disent qu’ils ne lui ont jamais fait confiance, dit Kevin Curran, l’un des organisateurs de la rencontre d’hier. Ils en ont parlé à leurs parents, mais leurs parents ne voulaient pas les écouter car ils le respectaient énormément. »

Earl Jones aurait fraudé son propre frère
Le conseiller financier Earl Jones, soupçonné d’avoir détourné jusqu’à 50 millions de dollars des poches de ses clients, aurait fraudé son propre frère.
En entrevue au réseau CTV, hier soir, le frère aîné du financier a affirmé avoir tout perdu à cause de lui . Bevan Jones dit être sans nouvelles de son frère depuis un mois. Il ne l’aurait pas appelé le jour de son 70e anniversaire, la semaine dernière.
Bien qu’il se sente trahi, Bevan Jones s’est dit prêt à pardonner à son frère et l’a invité à se rendre aux policiers.


Norbourg : Chaque jour, j’y pense  -  François Leblanc
Un investisseur se demande quelle vie il aurait si Vincent Lacroix ne l’avait pas volé il y a quatre ans
L’auteur est un des investisseurs floués par Vincent Lacroix. M. Vi ncent Lacroix, voici maintenant q u a t r e a ns que vous avez bousculé ma vie. C’est le 25 août 2005 que le pot aux roses a éclaté et que j’ai compris que vous aviez dilapidé une partie fort significative du patrimoine de ma mère et de ma conjointe et du mien.
Pour François Le Blanc, Vincent Lacroix ne peut se scandaliser d’être accueilli par les journalistes à son arrivée à sa maison de transition.
J’aimerais que vous compreniez comment vos viles actions ont pu avoir de l’influence fort négative dans la vie de vos victimes. En effet, ma mère, ma conjointe et moi avions confié nos économies à une des sociétés que vous avez achetées, en vous servant vraisemblablement de l’argent d’autres épargnants.
Nos placements étaient diversifiés en obligations, en actions de première qualité ( canadiennes et étrangères. En principe, il s’agissait de portefeuilles comme les spécialistes en investissement conseillent : pas trop risqués, mais avec la possibilité de participer à la croissance économique. Donc des placements qui devaient assurer un certain degré de confort matériel à ma mère qui est en centre d’accueil, victime d’un parkinson avancé, et une retraite confortable à ma conjointe et à moi dès cette année.
Mais voilà, vous avez fait le ménage de plusieurs centaines de milliers de dollars dans nos comptes d’investissements et nous sommes maintenant placés dans une situation où la « liberté 55 » ne fait plus partie de la donne. Conséquemment, nous devrons probablement travailler jusqu’à 65 ans, alors que ma mère ne pourra pas s’offrir certaines des petites douceurs auxquelles elle aspirait en cette dernière étape de sa vie.
Vous comprendrez que chaque jour où je me lève pour me rendre au travail – et fort heureusement, j’en ai un –, je ne peux avoir qu’une pensée pour vous en me disant : que ferais-je aujourd’hui si Vincent ne m’avait pas volé et violé mon intégrité ?
Alors, ne vous scandalisez pas lorsque les journalistes vous suivent à votre sortie de prison et à votre transfert en maison de transition. Vous devriez plutôt vous demander comment il se fait que vous soyez déjà sorti de prison alors que vous avez condamné, par vos actions, 9200 personnes à une vie bien en dessous de ce à quoi étaient en droit de s’attendre. Les économies qu’elles avaient amassées en vue de s’assurer un certain degré de confort, elles ne pourront jamais les récupérer à cause de vous.
De grâce, M. Lacroix, cessez de jouer à la vierge offensée, vous qui avez ruiné la vie d’autant de gens et acceptez que l’opinion publique ne soit jamais plus en votre faveur. Même si notre système judiciaire canadien ne vous donne qu’un camouflet, sachez au moins le prendre en homme.
Chaque matin, demandez-vous comment se serait déroulée la vie de vos 9200 victimes si vous ne les aviez pas soulagées de 130 millions. C’est le minimum que vous nous devez.




De Lacroix à Madoff  ANDRÉ PRATTE

Le financier new-yorkais Bernard Madoff saura aujourd’hui combien d’années il passera en détention pour avoir fraudé des milliers d’investisseurs d’au moins 13 milliards de dollars US. La défense réclame une peine de 12 ans, demandant au juge de faire abstraction de « l’émotion et l’hystérie » entourant cette cause; la poursuite exige au contraire la peine maximale, soit 150 ans. Tout indique que Madoff, âgé de 71 ans, passera le reste de ses jours derrière les barreaux.
Ce qui frappe ici, c’est la rapidité avec laquel le a agi la justice. Le scandale a été mis au jour en décembre 2008. Six mois, c’est tout ce qu’il a fallu pour mener l’enquête et envoyer ce fraudeur de luxe en prison. Pendant ce temps, au Québec, cela fait quatre ans que les premières perquisitions ont été faites dans le dossier Norbourg; or, le procès criminel de Vincent Lacroix ne commencera pas avant l’automne, si procès criminel il y a.
Il est sans doute imprudent de comparer ces deux affaires. Madoff ayant tout de suite avoué ses crimes, l’enquête et les procédures judiciaires ont évidemment été moins ardues. Il reste que la lenteur de la Gendarmerie royale dans le dossier Norbourg, de même que la réduction de la peine imposée à Vincent Lacroix pour les infractions pénales dont il a été reconnu coupable, confirment la perception répandue selon laquelle les délits économiques ne sont pas traités assez durement au Canada.
Il est facile de comprendre la colère des investisseurs trompés quand ils ont appris que Lacroix obtiendra cet été une libération conditionnelle de jour, ayant purgé le sixième de sa peine de 42 mois d’emprisonnement (la sentence originale était de 12 ans moins un jour). Quelle que soit la peine de prison que le juge lui infligera, Bernard Madoff devra en purger non pas un sixième, mais 85%.
Il y a plusieurs années que les faiblesses de l’application des lois canadiennes contre les infractions financières sont montrées du doigt. Diverses mesures ont été prises. Le Code criminel a été renforcé, la GRC a mis sur pied des équipes spécialisées, les autorités provinciales se sont dotées de ressources supplémentaires. Toutefois, les résultats de ces changements n’ont pas été assez probants pour rassurer les investisseurs. Il y a deux mois, The Economist déplorait que « le Canada met te autant de temps que plusieurs pays d’Amérique latine à réagir aux allégations de corruption et de crimes financiers ».
Cela dit, il ne faut pas oublier que même les lois les plus sévères n’empêchent pas tous les abus ; on n’a qu’à voir le nombre de pyramides de Ponzi démantelées aux États-Unis au cours des derniers mois. En ce domaine comme ailleurs, la prévention est la meilleure arme. Et cette prévention commence par l’investisseur lui-même. Le scandale Madoff vient rappeler à tous la sagesse des règles de base du placement. Par exemple celle-ci: un rendement élevé garanti et sans risque, c’est trop beau pour être vrai.


LA PEINE MAXIMALE POUR MADOFF
Le financier est condamné à 150 ans de prison pour sa gigantesque escroquerie
— Le financier américain Bernard Madoff, accusé de l’une des plus gigantesques escroqueries de tous les temps, a été condamné hier à 150 ans de prison par un tribunal de New York, la peine maximale requise.
« Bernard Madoff est condamné à 150 ans de prison. Ainsi en a décidé cette cour, » a déclaré le juge Denny Chin. Il a qualifié l’escroquerie de « renversante », soulignant qu’elle s’était étendue sur plus de 20 ans. La « violation de la confiance était massive », at-il insisté.
Le ministère public avait requis cette même peine à l’encontre de l’ex-président du conseil d’administration du NASDAQ à la Bourse de New York.
À 71 ans, l’ancienne coqueluche des milieux financiers, qui a jonglé pendant 30 ans avec les milliards de dollars confiés par des banques, des particuliers aisés ou des organisations caritatives, avait plaidé coupable le 12 mars à 11 chefs d’inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d’argent et vol. Il évitait ainsi un procès devant jury.
Madoff était depuis incarcéré loin du confort de son luxueux appartement de l’Upper East Side (nord-est de Manhattan).
Tête baissée et impassible, Bernard Madoff a affronté une l it anie d’invectives venant de ses victimes, telles que « psychopathe », « monstre » ou « bête » qui doit finir ses jours en prison.
Assis entre ses avocats, en costume-cravate sombre, le financier déchu a écouté sans ciller neuf victimes appelées tour à tour pour lire des témoignages décrivant leur faillite personnelle.
M. Madoff a demandé pardon à ses innombrables victimes.
« Je devrai vivre avec cette douleur le reste de ma vie (...) je demande pardon à mes victimes. Je suis désolé », a-t-il dit peu avant que sa peine ne soit prononcée.
Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards US ont été remis par Madoff et les pertes se chiffreraient entre 50 et 65 milliards US, correspondant aux gains qu’auraient engendrés les sommes prêtées si les intérêts avaient été réels.
De nombreux retraités, organisations caritatives, institutions juives, ou rescapés de l’Holocauste figurent parmi les victimes de Madoff, qui comptait également des célébrités dans sa clientèle, comme le cinéaste Steven Spielberg, l’acteur Kevin Bacon ou l’écrivain et prix Nobel de la paix Elie Wiesel.
Le juge du tribunal du district sud de New York chargé de son procès a par ailleurs publié un mandat préalable autorisant la confiscation des biens de M. Madoff à hauteur de 170 milliards US.
Le financier a avoué n’avoir jamais investi un centime des sommes qu’il avait en portefeuille. Il avait monté un « schéma de Ponzi » – du nom d’un de ses prédécesseurs dans les années 20 –, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l’argent déposé par de nouveaux clients.
Le système a fonctionné jusqu’au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l’automne 2008.
« Je prédis qu’il sera condamné à 20 ans de prison ou plus, peuxêtre 25 », avait indiqué à l’AFP Bradley Simon, un ancien procureur devenu avocat.
L’avocat de Madoff avait plaidé l’indulgence: 12 ans de prison, un peu moins des « 13 ans qui lui restent à vivre », selon les statistiques américaines d’espérance de vie.
L’affaire avait éclaté le 11 décembre. Un c ommuniqué laconique des autorités annonçait l’arrestation d’un courtier célèbre, PDG de l’entreprise Bernard Madoff I nvest ment Sec u r i t i e s (BMIS).
Le millionnaire avait confié la veille à ses deux fils qu’il « n’avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards US », selon le document du tribunal.
Après le volet pénal, d ’ a ut r e s i n s t a nces , civiles, l’attendent. Et l’audience ne permettra pas de connaître les sommes à restituer : la justice se dit incapable de les chiffrer. Les proc u r eu r s ont demandé un délai de trois mois, au terme duquel la Cour ordonnera la restitution de l’argent ou décidera qu’elle est impossible.
Son épouse, Ruth Madoff, ne pourra conserver que 2,5 millions de dollars sur les 80 millions US d’avoirs qu’elle revendiquait.

Mme Madoff, qui a souvent été la cible du mépris des victimes depuis l’arrestation de son mari, est sortie de son silence hier en rendant public un communiqué via son avocat dans lequel elle dit avoir été elle aussi trompée. « Je suis embarrassée et honteuse », affirme-t-elle. « Comme tout le monde, je me sens trahie et désorientée. L’homme qui a commis cette fraude horrible n’est pas celui que j’ai connu pendant toutes ces années. »


Le gazon n’est pas plus vert à New York -  Sophie Cousineau
C’était la journée de Bernard Madoff. Pourtant, à l i re les réactions des internautes sur sa sentence de 150 ans de prison, vous n’en avez que pour Vincent Lacroix.
Dans ce croquis, on voit un Bernard Madoff impassible pendant qu’une de ses victimes s’adressait à la cour, hier.
Comment se fait-il que notre filou national n’ait reçu qu’une peine de 12 ans moins un jour de prison? Et qu’il purgera seulement le sixième de sa peine, que la Cour supérieure a écourtée à huit années et demie! Vincent Lacroix ne recouvrera-t-il pas la liberté en 2010, alors que Bernard Madoff mourra en prison, puisqu’il n’a aucune possibilité de libération avant 127 ans et six mois?
Qu’on envoie Vincent Lacroix se faire juger aux États-Unis ou qu’on invite le juge américain Denny Chin au pays, avez-vous écrit à chaud.
Loin de moi l’idée de défendre l’Autorité des marchés financiers ou la Gendarmerie royale du Canada dans le dossier Norbourg ou celui de Mount Real, pour prendre un dossier moins médiatisé mais encore plus navrant, puisque les pertes des 1600 victimes totalisent 130 millions de dollars! Comme je l’ai souvent écrit, l’Autorité a ignoré des signaux troublants et la GRC a mis un temps fou avant de monter son dossier.
Mais disons que l’éloge du système de justice américain est un peu surfait. Le gazon n’est pas beaucoup plus vert à New York.
Ce qui frappe dans la sentence de Bernard Madoff, l’auteur de la plus grande supercherie financière des temps modernes, c’est sa gravité.
(Ce n’est pas la sentence la plus sévère pour un financier américain, soit dit en passant. Un juge de Floride a condamné le New-Yorkais Sholam Weiss à 845 années de prison pour avoir dérobé 125 millions US dans l’effondrement de la société National Heritage Life Insurance!)
En comparaison, les 12 années de prison de Vincent Lacroix ne pèsent pas lourd dans la balance de la justice. Mais il faut voir que le procès au criminel du fondateur de Norbourg n’a même pas commencé. À moins d’une surprise, l’affaire s’ouvrira en septembre. Vincent Lacroix fait toujours face à 200 accusations de fraude, de blanchiment d’argent et de fabrication de faux. Tout jugement sur les justices américaine et canadienne est donc prématuré.
En fait, la sentence que Vincent Lacroix a reçue au terme du procès intenté par l’Autorité des marchés financiers est d’une sévérité sans égale pour une affaire pénale. En effet, Vincent Lacroix était accusé en vertu de la Loi québécoise sur les valeurs mobilières, qui fixe la sentence maximale à cinq ans moins un jour. Que les peines de Vincent Lacroix soient purgées de façon consécutive, et que celles-ci excèdent largement cinq ans, même après la révision de la Cour supérieure, cela tient de l’exploit.
Il est vrai qu’au Canada, les détenus qui ne sont pas reconnus coupables de crimes violents peuvent jouir d’une libération conditionnelle après avoir purgé le sixième de leur peine. Mais, ce n’est pas le propre des fraudeurs à cravate. Cela vaut pour tous les criminels au pays.
Veut-on investir pour construire des prisons afin que les détenus purgent la quasi-totalité de leur peine, sans possibilité de sortie anticipée? On touche ici à un débat plus vaste où interviennent des questions de réhabilitation et de finances publiques.
Là où les critiques font mouche, c’est sur la lenteur du système canadien. En raison du manque de ressources spécialisées et de la faible priorité qui était accordée jusqu’à tout récemment aux crimes économiques, ces dossiers attendent beaucoup trop longtemps avant d’aboutir sur des accusations et sur des procès.
C’est d’autant plus vrai que la preuve est extrêmement complexe à monter. Il faut remonter le fil des transactions illicites et établir leur cheminement entre toutes les sociétés apparentées et leurs comptes bancaires. Ceux qui ont couvert le procès de Vincent Lacroix se souviennent très bien de « la pieuvre », un immense tableau qui avait toutes les allures d’un panneau électrique.
Dans le cas de Bernard Madoff, la justice a progressé rondement parce que le courtier déchu de New York a choisi de plaider coupable, en mars, aux 11 chefs d’accusation de fraude, de blanchiment d’argent et de parjure qui pesaient sur lui. Les procureurs du gouvernement n’ont donc pas eu à faire une fastidieuse démonstration portant sur des transactions qui remontaient 15 ans en arrière.
Ontouched’ailleurs là aucoeurdu problème. La Securities& Exchange Commission aura mis une quinzaine d’années avant de déceler cette gigantesque escroquerie. Et cela, en dépit de plusieurs dénonciations.
En comparaison, l’Autorité des marchés financiers a mis un terme plus rapidement au stratagème de Vincent Lacroix et de ses acolytes, même si elle aurait pu mettre le holà à Norbourg des mois auparavant. Dans tous les cas, c’était bien avant que cette lamentable fraude de 115 millions de dollars n’atteigne les proportions démesurées de celle commise par Bernard Madoff.
Ses investisseurs américains croyaient détenir des portefeuilles de près de 65 milliards de dollars. Mais Bernard Madoff n’achetait même pas d’actions, ou si peu! Le syndic au dossier estime à 13,2 milliards de dollars la perte nette des investisseurs depuis 1995.
Jusqu’à présent, il a seulement récupéré 1,2 milliard de dollars. Où le reste de cet argent est-il passé? La justice américaine n’en a encore pas la moindre idée.
Bref, Lacroix pourrait passer pour Averell Dalton aux côtés de Madoff, le vrai Joe Dalton. Avec la réforme de la réglementation des institutions financières, récemment dévoilée, l’administration Obama compte colmater les brèches qui ont permis à Bernard Madoff de se faufiler. Mais, d’ici à ce que cette réforme entre en vigueur, on ne peut pas dire que la justice américaine soit nettement plus futée.


Pension gelée ou en baisse pour des milliers de retraités québécois  -  Karim Benassaieh
PRESTATIONS FÉDÉRALES
« Le gouvernement du Québec devrait s’assurer que quand il bonifie ses prestations, il ne voit pas Ottawa baisser les siennes. »
Comme des milliers de retraités québécois, Pierre Bourgeois, de Mascouche, a eu une mauvaise surprise au début du mois de juillet. Pour la première fois, son chèque de pension du gouvernement fédéral, gelé depuis janvier dernier en raison de la déflation, a légèrement diminué.
Pierre Bourgeois a vu, pour la première fois, son chèque de pension du fédéral diminuer alors que la Régie des rentes du Québec a augmenté ses prestations de 2%.
Personne ne lui a expliqué le mécanisme de ce calcul plutôt complexe, dénonce l’homme de 70 ans. « Il me reste 100$ par mois pour manger, je n’ai pas les moyens de perdre cet argent. Tous les retraités dans mon bloc ont vu leur chèque baisser, entre 3$ et 20$. C’est la première fois que ça nous arrive. C’est rageant. »
Il s’agit en fait d’une conjonction exceptionnelle, vraisemblablement jamais vue depuis que les prestations fédérales pour les retraités sont indexées selon l’inflation, soit 1985. En cas de déflation, les prestations sont gelées. En janvier 2008, cependant, la Régie des rentes du Québec, l’autre source principale de revenus des retraités, a augmenté ses prestations de 2%.
Résultat : par un implacable calcul mathématique, les prestations fédérales, recalculées en juillet selon le revenu de l’année précédente, ont été amputées. Plus précisément, c’est le Supplément de revenu garanti, établi selon le revenu des personnes âgées à faible revenu, qui a diminué. M. Bourgeois a ainsi vu son chègir », précise Frédéric Lalande, conseiller aux dossiers sociaux.
« Quelques dizaines » de ces retraités ont également joint les députés du Bloc québécois, selon le leader parlementaire du parti et député de Joliette, Pierre que de pension du fédéral passer de 1039$ à 1036$ par mois.
À la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ), on confirme avoir reçu « quelques appels » de retraités inquiets. « Mais probablement que beaucoup ne s’en sont pas aperçus ou ont jugé la somme trop minime pour réaPaquette. « Les gens dans mon comté n’ont pas le réflexe d’appeler leur député fédéral, alors ils représentent sans doute un nombre beaucoup plus élevé de retraités, estime M. Paquette. Ils sont inquiets, nous essayons de les rassurer, de leur expliquer pourquoi leur chèque a diminué. C’est dur pour eux, ce sont souvent des gens démunis qui ont besoin de tous leurs sous. »
Pour M. Paquette, la situation de ces retraités est un des « paradoxes typiques » des programmes sociaux au Canada. « C’est arrivé pour les prêts et bourses, pour les garderies à 7$. Le gouvernement du Québec devrait s’assurer que quand il bonifie ses prestations, il ne voit pas Ottawa baisser les siennes. Si on était les maîtres d’oeuvre de nos programmes, on n’aurait pas ce genre de paradoxes. »
La formule d’indexation d’après l’inflation devrait être corrigée, estime le leader parlementaire. « Elle est manifestement faite pour une économie en inflation, ce qui n’est pas le cas en ce moment. Le problème, c’est que le coût de la vie pour les personnes âgées continue d’augmenter, lui. Mathématiquement, ça tient la route mais nous, on remet en cause la mécanique. »
Les dernières données de Statistique Canada confirment cette analyse. L’indice des prix à la consommation a reculé de 0,3% en juin dernier dans le pays, mais a progressé au Québec de 0,2%. La déflation du mois dernier n’est en fait due qu’au recul des prix de l’essence – c’est la raison pour laquelle les experts préfèrent parler d’« inflation négative ». Pour le reste du panier de consommation, on a plutôt constaté une inflation de 2,1%.
Le pays n’a connu que deux épisodes d’inf lation négative depuis 1985, soit en juillet 1994, essentiel lement à cause des baisses spectaculaires des taxes sur les cigarettes, et depuis octobre 2008.



Revenu Québec s’en prend à un vieillard  - MICHEL GIRARD

Bon an, mal an, Revenu Québec récidive avec des méthodes musclées, allant jusqu’à saisir inutilement les comptes de banque d’un vieillard de 87 ans. De quoi le faire mourir d’une syncope. L’attitude cavalière du Centre de perception de Revenu Québec a, selon les dires de sa conjointe, complètement traumatisé et bouleversé Monsieur X. Que s’est-il passé? Sous prétexte que Monsieur X ne donnait pas signe de vie à leur demande de produire sa déclaration de 2006 et de payer une réclamation de 4800$ d’impôt provincial, le Centre de perception fiscale de Revenu Québec a bloqué ses comptes de banque.
« On voulait tout simplement vous faire réagir. » C’est l’explication que Revenu Québec a donnée à la conjointe de Monsieur X pour justifier le blocage des comptes bancaires de ce dernier. Il y a cependant un gros malentendu dans cette histoire de gel des comptes de Monsieur X.
En effet, Monsieur X ne gagne annuellement que des revenus fixes de pension. Toujours les mêmes ou presque, depuis très longtemps. Chaque année, c’est Revenu Québec qui le rembourse pour impôt trop payé. Pour l’année 2005, par exemple, Québec lui a envoyé un chèque de remboursement de 2212$.
Quoi qu’il en soit, Monsieur X a omis d’envoyer sa déclaration de 2006.
Vers le 15 septembre 2008, selon sa conjointe, le Centre de perception de Revenu Québec appelle Monsieur X chez lui en soirée et on lui mentionne qu’il devait 4800$ d’impôt provincial impayé pour l’année d’imposition 2006. Madame prend l’appel.
« J’ai répondu au préposé, ben voyons ! Monsieur n’a rien à payer et vous lui envoyez un crédit provincial tous les ans, dont un retour de 2212$ en 2005. Je lui dis qu’il n’a eu aucun changement dans ses revenus et qu’il y a peu de chances que ça change à 87 ans. J’ai ajouté que les rapports d’impôts seraient faits dans les prochains jours, rapports qu’on m’a demandé d’envoyer par télécopieur à un nom et numéro de téléphone. »
« Le lendemain, quand je suis revenue avec les rapports d’impôts, j’ai constaté qu’il manquait une page et j ’a i envoyé une télécopie avisant qu’il y aurait du retard. Puis les rapports ont été oubliés, moi pensant que mon conjoint les avait envoyés et lui pensant que je les avais envoyés. »
Mardi matin, le 14 juillet 2009, Monsieur X se rend à la banque pour payer ses comptes.
Terreur. « Il venait de faire l’objet d’une saisie de la part de Revenu Québec et, ajoute sa conjointe, tous ses comptes étaient bloqués. Une somme de 1400$ de rentes, qui avait été déposée automatiquement, avait même été retirée.
« Il (Monsieur X) revient de la banque avec un numéro de téléphone à appeler. La banque lui avait donné le numéro du Centre de perception fiscale. J’appelle pour lui. La première personne me répond qu’il devrait retourner instantanément à la Banque pour l’autoriser à payer 4800$ au gouvernement et qu’ensuite il devait se rendre au Centre de perception fiscale pour faire débloquer son compte. Le surplus payé au gouvernement, le cas échéant, lui serait ultérieurement retourné.
« Je parle au comptable et je rappelle le Centre de perception fiscale avec les chiffres de 2006, 2007. Je leur dis qu’il a droit à crédit provincial de 43$ pour 2006 et qu’il n’est absolument pas question de leur payer 4800$. »
Pour un règlement rapide, le préposé de Revenu Québec suggère à Monsieur X de se rendre en personne au Centre de perception. Le dossier a été réglé en moins de 10 minutes. Revenu Québec a communiqué avec la banque pour faire débloquer les comptes de Monsieur.
Pour j ustifier la saisie des comptes bancaires de Monsieur X, Revenu Québec lui a affirmé qu’un avis de saisie lui avait été envoyé en octobre 2008 et qu’il n’avait pas donné signe de vie.
Le problème: Monsieur X n’a jamais reçu cet avis de saisie. Pourquoi? Parce que, après vérification, le Centre de perception fiscale de Revenu Québec s’est rendu compte qu’il avait envoyé l’avis en question à l’ancienne adresse de Monsieur X.
Pourtant, t ous l es autres ministères du gouvernement du Québec avaient effectué le changement d’adresse à la suite de la demande de modification transmise par l’entremise du site internet du gouvernement provincial.
« La préposée du Centre de perception fiscale a constaté que la bonne adresse était entrée dans les autres ministères, mais pas à Revenu Québec. Ce n’est pas de notre faute si Revenu Québec ne fait pas de mise à jour », rétorque la conjointe.
Il y a deux semaines, ajoute-telle, Monsieur X avait reçu une étrange lettre. La lettre provenait du Centre de perception fiscale : on lui indiquait que Revenu Québec avait demandé à Equifax des renseignements à son sujet.
« J’ai essayé de les appeler, j ’ai passé de longues minutes, sinon des heures, en attente, et je n’ai pas donné suite. Au Centre fiscal, la préposée m’a dit que pour envoyer cette lettre, ils avaient pris l’adresse chez Equifax, mais sans être certains que c’était la bonne. »
Deux suggestions au nouveau ministre du Revenu du Québec, Robert Dutil. Premièrement : avant de saisir les comptes de banque d’un contribuable, serait-ce possible de vérifier adéquatement son dossier fiscal ? Et deuxièmement: le Centre de perception fiscale de Revenu Québec ne devrait pas j ouer au PARRAIN en faisant à un contribuable une offre qu’il ne pouvait pas refuser… Ça vole bas !


Revenu Québec saisit une dame de 92 ans et un jeune  -  Michel Girard
« Aucun recours ne m’a été permis. Aucune chance d’avertir mes autres créanciers avec lesquels j’avais déjà des ententes de prélèvement autorisé à date fixe. »
Àla suite de ma chronique de samedi, où je racontais que Revenu Québec avait inutilement saisi les comptes de banque d’un vieillard de 87 ans alors que ce dernier ne devait pas un sou, j’ai reçu d’autres témoignages accablants sur les méthodes musclées de recouvrement utilisées par le Centre de perception du fisc québécois. Deux autres exemples. Mme Y., 92 ans, ancienne fonctionnaire fédérale. En mai 2007, elle part visiter sa famille dans son pays natal pour plusieurs mois. Sur sa déclaration de 2006, envoyée en avril 2007, elle avait pris soin de donner l’adresse où elle résidait dans son pays natal, question de pouvoir recevoir notamment les avis de cotisation de Revenu Québec et d’y donner suite.
Finalement, Revenu Québec lui envoie un avis de cotisation de 2600 $. Un gros problème survient : Revenu Québec envoie l’avis de cotisation à l’ancienne adresse de Mme Y. Et récidive au fil des mois, toujours à l’ancienne adresse.
Le temps passe. La santé de Mme Y. se détériore grandement, au point où elle ne peut revenir au Québec.
La note de Revenu Québec grossit au fil des mois et des pénalités et intérêts. De 2600$, la note passe à plus de 4000$... N’ayant pas de nouvelles de Revenu Québec, Mme Y. pense que tout va bien.
Septembre 2008 : après avoir obtenu l e s r enseignements d’ Equifa x , Revenu Québec frappe, saisit les comptes de banque de Mme Y. et se paye. Mme Y. a toujours conservé ses comptes à la même succursale bancaire, au Québec. Ses pensions (sécurité de la vieillesse, rentes du gouvernement fédéral, etc.) y sont automatiquement versées.
C’est en essayant de retirer une petite somme d’argent par l’entremise d’un guichet automatique Ministère lui envoyait des avis de cotisation à la mauvaise adresse ?
Un jeune
Passons maintenant au cas de Martin, un jeune homme dont les revenus oscillent énormément au gré de son travail à commissions.
Traînant une dette fiscale depuis 2002, Martin s’était entendu en février dernier avec Revenu Québec pour qu’il retienne chaque semaine un pourcentage de ses revenus de commissions. Les sommes sont retenues à la source, par l’employeur de Martin, et versées à Revenu Québec.
« Une solution à laquelle je me suis résigné et qui, ma foi,
Mais au début de juillet, un nouvel agent de Revenu Québec a hérité du dossier de Martin. « Il a décrété unilatéralement et sans avertissement que mon compte bancaire devait être saisi. L’exécution de la saisie s’est effectuée le 17 juillet 2009. Un vendredi soir ! »
« Aucun recours ne m’a été permis. Aucune chance d’avertir mes autres créanciers (électricité, internet, téléphone, assurance vie, assurance auto, assurance habitation…) avec lesquels j’avais déjà des ententes de prélèvement autorisé à date fixe. Dans mon compte bancaire, au moment de la saisie, il y avait tout juste de quoi que Mme Y. s’est aperçue que son compte de banque canadien avait fait l’objet d’une saisie de la part de Revenu Québec.
Pour lui veni r en a ide et essayer de corriger l’abus de pouvoir dont Mme Y. se dit victime, un ancien compagnon de travail (monsieur M.) a essayé de régler le problème pour elle après avoir obtenu une procuration.
« Malgré ce statut de mandataire, les fonctionnaires de Revenu Québec ont refusé de répondre à mes lettres. Je me suis adressé au bureau du Protecteur du citoyen en début d’année 2009. L’intervention de l’agent du Protecteur a permis d’obtenir plusieurs éléments du dossier et de confirmer le caractère cruel et brutal du système de perception fiscale (de Revenu Québec). En ce moment, l’affaire traîne encore et tout indique que des retenues se poursuivent sur une partie des revenus de madame », explique monsieur M.
Voilà un bon test pour le Protecteur du citoyen. Réussirat-il à faire annuler les pénalités et intérêts que Revenu Québec a facturés à Mme Y. alors que le m’a permis d’avoir l’esprit tranquille », explique Martin.
« Mon salaire de 2009, de janvier à juillet, totalise tout juste au-dessus de 6000$. Donc chaque dollar, chaque cent que je reçois en salaire est déjà affecté, après déduction de ma saisie (d’impôt) sur salaire, aux paiements de mes comptes. » payer mes trois prochains dus, c’est-à-dire, environ 300$. »
« En raison de cette saisie, le gouvernement vient chercher 300$ pour l’appliquer à ma dette envers lui. Mais il me cause du tort et des problèmes avec trois autres fournisseurs, et ça me coûte 42,50$ de frais pour paiement sans provision pour chaque transaction, et 15$ de frais pour prélèvement sans provision chez chacun de mes fournisseurs. Donc 172,50$ de frais bancaires au total. Et tout ça, c’est sans compter la tache supplémentaire à mon dossier de crédit. »
Quand un contribuable faisant l’objet d’un processus de recouvrement se sent victime d’abus de pouvoir et de harcèlement de la part de Revenu Québec, comment peut-il se défendre ?
Réponse de Mathieu St-Pierre, attaché de presse du ministre du Revenu, Robert Dutil : « Nous souhaitons que les citoyens qui se sentent lésés dans le cadre de ce processus (recouvrement) nous acheminent leur plainte (au bureau du ministre) afin que de telles situations ne puissent se produire. »
Les coordonnées du cabinet du ministre :
[email protected] Montréa l : 514 - 2 8 7-8 2 8 3, Québec : 418-652-6835.

Avis aux victimes : si vous vous méfiez du bureau du ministre, il vous reste le Protecteur du citoyen : protecteurducitoyen.qc.ca Montréa l : 514 - 8 7 3 - 2 032 , Québec : 418-643-2688.



LE DOUBLE DISCOURS D'UNE INDUSTRIE  -  Maxime Bergeron
Le site web de Virgin Mobile Canada ne laisse planer aucun doute. Les clients de ce fournisseur sansfil n’auront pas d’extra à payer, mis à part le prix de leur forfait sans-fil. « Rien à craindre : dites adieu aux méchants frais d’accès au système et aux frais de 911 », peut-on lire sur un fond rouge éclatant.
Stratégie à deux vitesses sur la question des frais d’accès au réseau.
Les millions d’abonnés de Bell Mobilité, à l’opposé, n’ont pas le choix d’allonger 9,70 $ tous les mois pour couvrir les frais d’accès au réseau et de 911. Des surcharges présentées comme tout à fait légitimes par l’entreprise... qui est aussi propriétaire à 100% de Virgin Mobile.
Telus va encore plus loin dans cette stratégie marketing à deux vitesses. Sa filiale à bas prix Koodo a fait un gros tapage l’automne dernier en qualifiant les frais excédentaires de « dégueulasses » et « sordides » dans des publicités. Tout cela pendant que sa société mère continuait – et continue toujours – à exiger 7,70 $ par mois à ses clients pour l’accès au réseau sans fil et au service 911.
Ce double discours enrage au plus haut point Charles Tanguay, porte-parole de l’ Union des consommateurs. « Quelle arrogance et quel mépris de la part de cette industrie! Je pense qu’on crée beaucoup d’écrans de fumée pour délibérément entretenir la confusion. »
La question du marketing à deux vitesses est très délicate dans le secteur multimilliardaire du sans-fil. Aucun dirigeant de Bell, Telus et Rogers – qui détiennent ensemble la quasi-totalité du marché canadien – n’a accepté de s’entretenir avec La Presse Affaires à ce sujet. Pas plus que le président de l’Association canadienne des télécommunications sansfil, le regroupement des principaux acteurs de l’industrie.
Les experts, pour leur part, sont partagés. La plupart indiquent qu’il est tout à fait normal qu’une entreprise, quelle qu’elle soit, cherche à différencier ses marques avec des stratégies marketing distinctes. Mais de là à dénoncer ouvertement des frais qu’elle collecte de l’autre main, il y a un pas énorme.
« De dépeindre votre truc comme dégoûtant d’un côté, et comme étant une bonne chose de l’autre, c’est contradictoire », dit Brahm Eiley, président du Convergence Consulting Group, une firme torontoise spécialisée en télécoms.
Ignorance des consommateurs
Selon David Soberman, professeur à l’École de gestion Rotman de l’ Université de Toronto, les trois géants profitent du fait que la majorité des consommateurs ignorent les liens de parenté qui existent avec leurs filiales à rabais. « On pense toujours que les gens sont beaucoup plus au courant des i nformations qu’ils ne le sont en réalité. Il y aura toujours 10% ou 15% de la population qui est au courant, mais la vaste majorité ne le sait pas. »
Les géants profitent non seulement de cette méconnaissance du grand public, mais ils font tout pour l’accentuer, avance pour sa part Troy Crandall, analyste en télécoms chez MacDougall, MacDouga l l & MacTier à Montréal.
« Ils essaient de présenter leurs marques à rabais comme des entreprises distinctes, et c’est là toute l’idée, dit-il. Une bonne partie des consommateurs ne réalise pas que Koodo appartient à Telus, et c’est exactement ce que Telus veut ! Cela leur permet d’offrir des prix différents, de faire leur marketing différemment, ce qui leur ouvre un autre segment. »
Les fournisseurs d’entrée de gamme – Koodo, Virgin, Solo et Fido – visent avant tout les consommateurs au budget restreint, qui utilisent leurs téléphones pour parler et envoyer des textos. Bell Mobilité, Telus et Rogers offrent des appareils plus sophistiqués, comme le BlackBerry et le iPhone, et misent davantage sur le transfert de données.
SelonJean-François Ouellet, professeur agrégé à HEC Montréal, cette distinction nette constitue une « excellente stratégie » des trois géants. « En marketing, à partir du moment où vous déterminez le segment de clientèle auquel vous voulez vous attaquer, la meilleure chose à faire est de vous trouver un positionnement extrêmement différencié. La quintessence de ça, c’est quand vous créez des marques différentes. »
Quant au fait de vouloir masquer les liens de parenté entre les diverses filiales, il n’y a rien là d’anormal, d’après M. Ouellet. « Bell ne veut pas que les clients sachent que Solo et Virgin, c’est la même chose, de la même façon que Volkswagen ne veut pas vous sachiez qu’Audi, c’est aussi Volkswagen. »
Vache à lait
Qu’on les trouve « sordides » ou pas, les frais d’accès au réseau n’en ont plus pour bien longtemps, estiment plusieurs experts de l’industrie. La plupart des fournisseurs à bas prix ont déjà cessé de les facturer, et les nouveaux acteurs qui arriveront d’ici quelques mois, comme Public Mobile et Globalive, promettent de ne pas en facturer. Rogers abolira de plus ces frais impopulaires la semaine prochaine pour ses nouveaux clients, lequel sera remplacé par une surcharge d’environ 3$ et une hausse de 5$ du prix de ses forfaits.
La pression des investisseurs est toutefois forte pour conserver ces frais d’accès au réseau le plus longtemps possible. Pourquoi? Comme cette surcharge est comptabilisée en entier dans la colonne des revenus – car elle ne représente en aucun cas une taxe gouvernementale –, elle constitue une véritable mine d’or pour les sociétés de téléphonie, souligne l’analyste Troy Crandall.
P r enons l e c as de Bell Canada. L’entreprise compte près de 4,9 millions clients sans-fil avec contrat, les autres ayant un service prépayé. Si, à titre d’exemple, 3 millions d’entre eux paient les frais d’accès mensuels de 9,70 $ de la marque principale Bell Mobilité ( on ignore combien souscrivent à ses filiales Virgin et Solo), cela représenterait 29,1 millions de dollars en revenus tous les mois pour le conglomérat. Presque 90 millions par trimestre !
« Il y a une pression des investisseurs sur Bell, Rogers et Telus pour qu’ils fassent grimper le produit mensuel moyen par unité ( PMU), explique Troy Crandall. C’est une donnée critique, et les frais d’accès au système font partie de ce PMU. Si on les abolit, cela va créer une pression à la baisse sur le PMU. »
Le revenu moyen tiré de chaque client est déjà en déclin depuis plusieurs trimestres chez les trois grands en raison de la concurrence grandissante, rappelle M. Crandall. Et la baisse s’accentuera avec l’arrivée prochaine de nouveaux concurrents agressifs, prévoient les analystes.
Bell compte « jeter un coup d’oeil » sur ses frais d’accès afin de s’assurer de demeurer concurrentielle dans le marché, a indiqué la semaine dernière la porte-parole de l’entreprise Claire Fiset, la seule qui a accepté de nous parler brièvement à ce sujet.

Québec serrera la vis aux fournisseurs sans-fil
La ministre québécoise de la Justice compte encadrer l’industrie du sans-fil de façon beaucoup plus serrée dans la province, à très court terme.
Si tout se passe comme prévu, le projet de loi 60, qui viendra actualiser la Loi sur la protection du consommateur, entrera en vigueur avant Noël. Un des objectifs visés est de réduire au maximum la confusion qui règne dans les contrats sans-fil et de mettre fin aux pénalités abusives.
« On voit que les forces ne sont pas équilibrées envers le consommateur, on vient rééquilibrer les forces », a résumé la ministre Kathleen Weil pendant un entretien avec La Presse Affaires.
Les amendements prévus serviront en bonne partie à protéger les adolescents, pour qui l’achat d’un téléphone cellulaire représente souvent la première grosse transaction. « Ce n’est pas une expérience tellement simple: c’est leur tout premier contrat, ils ne comprennent rien, le contrat est confus et lourd », dit Mme Weil.
Et qu’adviendra-t-i l des frais d’accès au réseau et au 911, qui atteignent dans certains cas presque 10 $ par mois? La loi ne les interdira pas, mais ceux-ci devront être clairement affichés dans le prix et expliqués aux acheteurs, souligne la ministre.
Ce redressement sur le plan législatif réjouit au plus haut point Charles Tanguay, de l’ Union des consommateurs. « Ça va faire beaucoup de bien qu’il y ait un ménage réglementaire dans ce dossier, surtout que le fédéral ne veut pas le faire. »
Ottawa, en effet, ne compte pas légiférer les frais d’accès, malgré les pressions intenses de certains députés. « Dans le contexte actuel du marché déréglementé des télécommunications, le gouvernement n’a pas l’intention d’interférer dans les décisions que doivent prendre les compagnies privées » , a i ndiqué Michael Hammond, d’Industrie Canada, dans un courriel.
En ce qui a trait à la constitutionnalité de la Loi 60, qui forcera les entreprises de télécoms à adopter des pratiques différentes au Québec que dans le reste du Canada, la ministre Kathleen Weil estime que tout a été fait dans les règles de l’art. La législation projetée touche le droit contractuel, qui est de compétence provinciale, souligne-t-elle.
« Personne n’a menacé de contester la constitutionnalité, a dit Mme Weil. Des gens l’ont évoqué, mais aucune compagnie de téléphonie cellulaire ne me l’a dit jusqu’à maintenant. »



Faut-il se méfier des actions à droits de vote multiples ? -  Claude Laurin
Au sorti r d’une crise financière d’une ampleur sans précédent, la question de la gouvernance des sociétés cotées demeure au centre des préoccupations des investisseurs et du législateur. D’aucuns sont d’avis que si la gouvernance des grandes entreprises était réellement saine, les crises financières ne pourraient prendre une ampleur telle que celle que nous venons de connaître.
Le fondateur et président du conseil d’administration du Groupe Jean-Coutu, Jean Coutu, en compagnie de son fils, François-Jean Coutu, PDG du groupe Jean-Coutu. Le recours aux actions à droits de votes multiples leur a permis de mettre sur pied une entreprise québécoise capable de prospérer d’abord au Canada et ensuite, de tester les marchés internationaux.
Or, gouvernance et droit de propriété des entreprises sont aujourd’hui des concepts indissociables.
En termes de propriété, une problématique qui intéresse un nombre grandissant de chercheurs est celle des nombreux mécanismes, incluant le recours aux actions à droits de vote multiples, qui permettent à un groupe restreint d’actionnaires dominants au sein d’une entreprise d’en détenir le contrôle effectif sans avoir une participation équivalente au capital d’une société.
De nombreuses entreprises québécoises, par exemple Bombardier et le Groupe Jean Coutu, se sont dotées de structures actionnariales où la proportion des droits de vote détenus par l’actionnaire principal est plus élevée que la proportion des titres de propriété qu’il détient.
Plusieurs i ntervenants à l’échelle internationale croient que de tels types d’arrangement sont dangereux pour les actionnaires minoritaires et devraient être enrayés. On invoque le fait que lorsqu’il y a concentration des droits de vote accompagnée d’une relative dispersion du capital, l’actionnaire dominant peut bénéficier d’une certaine immunité et ainsi, éviter d’absorber une part importante du coût de ses décisions, ce coût étant distribué sur l’ensemble des titres de participation au capital de l’entreprise.
Pour illustrer les dangers du recours aux actions à droits de vote multiples, on peut évoquer le tristement célèbre cas de Hollinger. Dans le cas de cette entreprise, des actions à droits de vote multiples conféraient le plein contrôle de la société à Conrad Black, alors que la participation de ce dernier au capital s’élevait à 30%. Black aurait-il pris les mêmes décisions si une part disproportionnée des conséquences n’avait pu être refilée aux actionnaires minoritaires ?
Malgré les indéniables dangers associés à l’utilisation de mécanismes, comme les actions à droits de vote multiples, « garantissant » que la propriété demeurera entre les mains des actionnaires dominants, il s’en trouve pour dire que de tels mécanismes sont indispensables dans des sociétés comme la nôtre.
À cet égard, il faut bien reconnaître que ces mécanismes ne font pas que paver la voie à des abus. Ils peuvent aussi permettre à des entrepreneurs talentueux de jouer un rôle économique significatif. Dans le cas du Groupe Jean Coutu, l’utilisation d’actions à droits de vote multiples a permis à M. Coutu de financer la croissance de son entreprise sans diluer son contrôle tout en évitant de s’endetter outre mesure.
Le recours aux actions à droits de vote multiples aura permis à Jean Coutu de mettre sur pied et de contrôler une entreprise québécoise capable de prospérer d’abord au Canada et ensuite, de tester les marchés internationaux.
Devant des positions si contradictoires, comment l’investisseur peut-il se faire une idée? Nous proposons d’aborder cette question sous l’angle du risque.
En effet, si les entreprises à propriété concentrée ne sont pas nécessairement mal gouvernées, les dommages que peuvent subir les investisseurs minoritaires si elles le sont effectivement peuvent rapidement devenir importants. Par exemple, payer des honoraires exagérément élevés à des consultants que l’on connaît bien ou profiter d’une situation dominante pour s’accorder une rémunération disproportionnée sont des formes d’expropriation que les lois actuelles ne peuvent pas vraiment prévenir.
On peut donc dire que les entreprises à propriété concentrée sont plus risquées, et que ce problème est encore plus grand lorsque les actions à droit de vote multiples confèrent à un groupe restreint d’actionnaires dominants des droits de vote disproportionnés par rapport à leur participation au capital.
La recher che dan sle domaine tend à confirmer cette conclusion. Plusieurs études démontrent que les sociétés qui se sont dotées de structures actionnariales qui protègent un groupe d’actionnaires dominant sont moins performantes. D’autres chercheurs renchérissent en démontrant que les sociétés qui utilisent des actions à droits de vote multiples ont un coût en capital plus élevé.
Autrement dit, parce qu’elles sont moins exposées à la discipline du marché et parce qu’elles imposent plus de risque aux actionnaires minoritaires, ces entreprises doivent payer plus cher que les autres pour avoir accès aux capitaux des investisseurs.
Au Québec, plusieurs entreprises utilisent des actions à droits de vote multiples afin de protéger la propriété des actionnaires dominants. Un avantage indéniable de cette pratique réside dans le fait que des entrepreneurs comme Jean Coutu peuvent se protéger contre d’éventuels prédateurs, permettant ainsi de garder en mains québécoises d’importants actifs corporatifs.
Toutefois, il faut bien réaliser que le risque imposé aux actionnaires minoritaires dans de telles circonstances a un prix, et qu’un coût en capital plus élevé peut ralentir la progression des entreprises ainsi protégées.



La mobilisation, mais pour quoi faire ?  -  Caroline Rodgers
Les employeurs de choix ont plusieurs points en commun, certes, mais le plus important, c’est qu’ils ont des employés mobilisés. Un employé mobilisé, c’est un employé attaché à son entreprise, qui parle d’elle en bien, qui a l’intention ferme d’y rester et qui est prêt à se dépasser pour contribuer à sa réussite. Et ce, même en temps de crise !
Pour être dans la catégorie des employeurs de choix, il faut que 65% des employés soient mobilisés. Mais quels sont les avantages, pour une entreprise, d’en faire partie ? La crise de la dernière année a été une excellente occasion de le vérifier.
Plusieurs entreprises ont dû prendre des décisions difficiles, même parmi les employeurs de choix. Or, quand on a des employés déjà mobilisés, c’est plus facile de les convaincre de collaborer pour passer au travers et redresser la situation, explique Daniel Drolet, actuaire, conseiller en ressources humaines et coordonnateur de l’étude pour le Québec.
« Ils sont moins difficiles à rallier que s’ils étaient déjà sceptiques au départ, et on sait que c’est important de leur montrer que l’on prend les bonnes décisions comme employeur, même quand tout va mal », dit-il.
Une perception positive de la haute direction de la part des employés fait partie des leviers les plus importants pour leur mobilisation. Chez les employeurs de choix, celle-ci a augmenté de 5% au cours de la dernière année. « Cela signifie que ces organisations, dans les temps plus difficiles, ont communiqué davantage avec les employés pour leur expliquer leurs décisions. Elles leur ont dit où les choses en étaient, et quel était le plan de match pour la suite », dit M. Drolet.
Par ailleurs, la mobilisation a aussi un effet important sur la rétention. Quand l’économie va mal, les travailleurs ont le réflexe de conserver leurs acquis et sont moins enclins à chercher du travail ailleurs. La question leur a été posée dans le cadre du sondage.
Or, malgré la crise, au sein des entreprises où la mobilisation était faible (à un niveau de 45% et moins), seulement 36 % ont répondu positivement à la question suivante : « Comparativement à la même période l’année dernière, je suis moins enclin à chercher activement du travail ailleurs. »
Chez les employeurs de choix, ce sont plutôt 67% qui ont manifesté leur intention de rester. « On peut se douter que lorsque la reprise sera là, les meilleurs employés qui travaillent pour des entreprises où la mobilisation est faible seront rapidement tentés d’aller voir ailleurs plutôt que de rester dans une équipe de travail où plusieurs sont négatifs », ajoute Daniel Drolet.
Cultiver la mobilisation
Évidemment, avoir une majorité d’employés mobilisés ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut travailler sur les leviers qui la favorisent. Ceux-ci sont au nombre de 18. Le leadership et la reconnaissance, entre autres, font partie de ceux qui ont le plus d’impact (voir autre texte).
Mais il n’y a pas de formule magique, prévient Daniel Drolet. C’est la culture de l’entreprise et la vision des dirigeants qui font toute la différence. « Des clients viennent nous demander de leur bâtir un programme de reconnaissance des employés, dit-il. Mais il faut d’abord bâtir une culture de la reconnaissance, et cela peut prendre plusieurs années. Si ce n’est pas dans la culture des gestionnaires de célébrer les succès des employés, le programme va tomber à l’eau, parce que les employés n’y croiront pas. »
Tout n’est pas mauvais dans les entreprises où la mobilisation est modérée ou faible. Au-delà des programmes, souvent, ce qui fait la différence se retrouve dans les éléments très pratiques de la gestion. C’est beaucoup à travers la qualité des gestionnaires que l’on développe une constance et une cohérence dans la façon de travailler avec le personnel, explique M. Drolet.
« Par exemple, on voit des entreprises qui ont un programme de gestion de la performance des employés qui n’est pas mauvais en soi, mais le programme est mal communiqué, mal compris et mal exécuté par les gestionnaires », précise-t-il.
Ce qui dist i ngue s ouvent l es employeurs de choix, c’est que leurs leaders croient vraiment à l’importance de leurs ressources humaines et sont engagés envers la mobilisation de leurs employés. « Si tu dis à tes employés qu’ils sont ta ressource la plus précieuse, il faut qu’ils le sentent sur le terrain. Ce n’est pas juste de le dire qui fait la différence. »


Télétravail : mais où est passé tout le monde? - Éric Brunelle
Les études prévoient qu’il y aura d’ici 2011 plus d’un milliard de télétravailleurs dans le monde. C’est-à-dire que d’ici deux ans, plus de 30,4% des t ravailleurs mondiaux passeront plus de 20% de leur temps de travail à l’extérieur des bureaux pour être, par exemple, à la maison, chez le client ou sur la route, tout en étant reliés avec l’entreprise par l’entremise de moyens technologiques.
Un des avantages du télétravail : la diminution du volume de trafic routier et la réduction de pollution en raison de la diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Aux États-Unis, là où cette proportion est la plus forte, il y avait 68% des travailleurs qui étaient en mode télétravail en 2006. La croissance du nombre de télétravailleurs a été au cours des cinq dernières années de 25% aux États-Unis et de 20% au Canada.
En 2005, 44 % des entreprises américaines et 41 % des entreprises canadiennes avaient adopté une forme d’organisation du travail qui permet la réalisation du travail à domicile ou mobile et les prévisions sont que cette proportion atteindra, d’ici 2011, 75% aux États-Unis et 68% au Canada.
Sans aucun doute, le télétravail est un mode d’organisation du travail important et une nouvelle réalité organisationnelle avec laquelle les dirigeants d’aujourd’hui et de demain devront conjug uer da n s l ’ e xer c i c e de leurs fonctions.
Cette tendance s’explique facilement. Outre le fait que l’accès aux TIC est de plus en plus facile, leur utilisation simple et leur coût faible, de nombreux avantages, autant pour les entreprises que pour les travailleurs, ont été déterminés et démontrés dans les recherches qui portent sur le sujet. Ainsi, lorsqu’ils sont bien gérés, les programmes de télétravail engendrent une augmentation de la productivité des employés, améliorent la rétention du personnel, offrent de nouvelles occasions de recrutement, réduisent le taux d’absentéisme et permettent des réductions de coûts associés à l’espace des bureaux.
De plus, les études font également état de plusieurs avantages pour l’employé. Lorsque les pratiques de gestion sont adéquates, les travailleurs perçoivent le télétravail comme un bon moyen pour obtenir un meilleur équilibre vie privée/ vie professionnelle, réduire le degré de stress, acquérir plus de flexibilité et d’autonomie dans le travail et avoir une plus grande satisfaction à l’égard de leur emploi.
Finalement, des avantages d’un point de vue social sont également à souligner. À ce titre, notons la diminution du volume de trafic routier, la réduction de pollution en raison de la diminution des émissions de gaz à effet de serre et, avantage intéressant en cette période de crise de la grippe A (H1N1), une diminution des risques de contamination. Bref, tous ces avantages offrent aux entreprises des occasions intéressantes afin de se démarquer et de bénéficier d’avantages stratégiques.
Défis de gestion
Toutefois, pour profiter pleinement de tous ces avantages, les entreprises doivent relever plusieurs défis de gestion. En effet, le télétravail crée des distances et réduit la richesse des communications. Ceci a pour effet de complexifier grandement les relations entreprise-employés, d’accroître le sentiment d’isolement de la part des employés et leur sentiment d’insécurité à l’égard de leur carrière. Aussi, des défis reliés au contrôle des employés, aux différences culturelles, aux choix technologiques et aux problèmes de communication se présentent.
À ce sujet, les études sont unanimes. Afin de relever ces défis et de bénéficier de tous les avantages du télétravail, le dirigeant, et plus précisément la manière dont celui-ci exerce son métier, joue un rôle déterminant. En effet, la nature des relations étant considérablement transformée, il devient impératif pour les dirigeants de s’adapter et d’adopter de nouvel l es prat iques pour être efficaces. Il s’agit là, en quelque sorte, de la pierre angulaire qui permet aux entreprises de tirer avantage de ce mode d’organisation du travail. Nous pouvons donc nous poser la question suivante: que doit faire au juste le dirigeant pour intervenir de manière adéquate ? Quel est le profil idéal du dirigeant qui exerce son métier dans un contexte de télétravail?
La réponse à cette question est complexe et il serait difficile de bien y répondre ici. Toutefois, nous pouvons résumer en trois mots l’essence des pratiques de direction efficaces dans ce contexte : leadership, leadership et… leadership!
En effet, les dirigeants performants dans ce contexte réussissent bien parce qu’ils font preuve de beaucoup de leadership, en prenant, par exemple, de nombreuses initiatives visant à permettre et à faciliter l’éclosion de relations personnalisées qui engendrent un climat d’ouverture, de partage et améliorent le sentiment de proximité.
Ces dirigeants sont davantage intéressés par les moyens et les processus d’influence aptes à motiver, à mobiliser et à inspirer les individus dans l’atteinte des objectifs organisationnels que dans la traditionnelle approche de planification, d’organisation, de direction et de contrôle des ressources disponibles. Bref, il semblerait que les dirigeants performants en mode télétravail exercent efficacement du e-leadership! Éric Brunelle est professeur au département de management de HEC Montréal. [email protected]