Éthique

LA PRESSE & COMPAGNIE



À LA DÉFENSE DES BÊTES

Dead dogs and morality


Les pro-vie muselés aux Communes


Le gouvernement Harper menacerait-il le droit des femmes à l'avortement ?...

Santé maternelle - La première entente ne fait pas mention de la contraception
Tirs groupés contre la décision d'Ottawa d'exclure l'avortement
Santé maternelle: l'exclusion de l'avortement vient de Harper, dit l'opposition
Santé maternelle: Stronach juge le plan gouvernemental incomplet
Santé maternelle: l'ACDI avait recommandé d'inclure l'avortement
Why Harper fears the A-word
L'avortement, zone trouble du G8
Pas de danger à l'horizon - Lysiane Gagnon
Ignatieff dénonce « l’incohérence » de Harper
Santé maternelle: la majorité des Canadiens s'opposent au plan Harper
Message to the G8: Put up the money and save the mothers
Harper panders to his base on Third World abortion funding
À la santé des femmes! - Mario Roy
L'avortement, ici et ailleurs - Lysiane Gagnon

Avortement : L'aveu - Bernard Descôteaux
The Tories’ maternal health initiative is the mother of bad policy
L'ouragan Clinton - Mario Roy
Avortement: Harper embarrasse le Canada, selon Ignatieff
Harper et Clinton divisés sur l'avortement
Initiative sur la santé maternelle - Le Canada ne peut faire fi de l'avortement, selon Clinton
The sad truth about Harper and maternal health
Contraception a part of maternal-health plan, Harper says
Harper provoque un débat inattendu sur l'avortement
Ignatieff takes another shot at Harper's 'ideology'
Mr. Harper, ‘maternal health’ isn't very healthy without a choice
Le revers d'une bonne intention
Avortement et contraception - Maternité selon Harper

Avortement
Les Canadiens sont divisés sur l'avortement
Drop in teen pregnancies is a good-news story
Avortement: l'exemple européen
L'avortement, prise 2 - Mario Roy
Personne n'est pour l'avortement
Militants pro-immobilisme - Marie-Claude Lortie
Avortement : Les cliniques privées auront six mois de sursis  -  Pascale Breton
L’autre recul  -  MARIE-CLAUDE LORTIE

Le ministre Bolduc fait volte-face  -  Pascale Breton

La fissure dans le mur  - MÉLANIE DUGRÉ
Jean Charest s’engage à ne pas rouvrir le débat sur l’avortement
Crise avortée    -  ARIANE KROL

L’injustice  -  Marie-Claude Lortie
Avortement : D’autres interventions compromises  -  Pascale Breton

Québec réévalue le dossier  -  Pascale Breton
Nouvelles contraintes imposées par la loi   Une clinique cesse de faire des avortements  -  Martin Croteau
Les médecins pourraient cesser de faire des avortements au privé

Bataille « maudite » mais nécessaire  -  Louise Leduc
La femme, seule juge  -  Nathalie Parent

Bachelet gagnera-t-elle « sa » guerre ?  -  Olivier Ubertalli

Menacée au début et à la fin  -  Nestor Turcotte

Euthanasie
Belgium's parliament votes through child euthanasia
La caméra pas cachée - Pierre Foglia
Let Canadians die with dignity - Globe Editorial
Mourir dans la dignité - Pour l'amour de la vie
The right to die is back in the spotlight
Il faut légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, dit un comité d'experts
Actes de compassion ou dérive meurtrière ?
Avoir le dernier mot
Les nouvelles frontières de l'euthanasie
Abus de fin de vie

Des risques majeurs
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Les Québécois d'accord à 71 % avec la légalisation de l'euthanasie
Supplier la mort
Délivrez-nous de nos souffrances
«L'euthanasie n'est pas un prétexte pour libérer des lits»
Euthanasie: une très grave erreur

L'euthanasie dans la clandestinité
Euthanasie: des médecins craignent des dérapages
L'euthanasie clandestine fait surface à la commission spéciale
Sartre et Camus au temps de l'euthanasie
Editorial: There's no dignity in euthanasia

Pour ou contre l'euthanasie?
Est-ce bien nécessaire?

La souffrance indigne?

Une loi est insuffisante
Désir de mort
Seul face à la mort
L'art de la mort
Il n'a pas vu assez mourir - Patrick Lagacé
Une belle mort - Ariane Krol
Euthanasie: une «gamme de possibilités» s'offre à Québec
Euthanasie: des repères à définir

Débrancher ou non?
Santé: des ressources coûteuses... et limitées

En bref - Mort du projet de loi sur le suicide assisté
La fin de vie au coeur des débats -  VALÉRIE GAUDREAU LE SOLEIL

Le désir ardent de dignité - LAURENCE NORMAND-RIVEST

« Si un humain a décidé de mourir, personne ne doit pouvoir s’y opposer » 

UN PEU DE DIGNITÉ S.V.P. -  Éric Normandeau
Suicide assisté: le débat fait rage en Europe
Euthanasie: un débat sans hypocrisie souhaité

Québec accepte de lancer un débat sur l'euthanasie
LE DEVOIR DE GUÉRIR - Céline Tessier
Les Québécois favorables à l'euthanasie
Les omnipraticiens aussi en faveur de l'euthanasie
Une majorité de médecins spécialistes se disent favorables à l’euthanasie 
Un sondage « truqué »
Il faut sauver grand-maman  -  Mario Roy
Les Québécois favorables à l’euthanasie  -  Catherine Handfield
Les autruches  -  Marie-Claude Lortie
Un premier pas vers la légalisation du suicide assisté  -  Mali Ilse Paquin

L’euthanasie: pour ou contre?
Le refus de la souffrance  -  Michelle Dallaire


Robert Latimer persiste et signe

D'autres arguments à ajouter ?...
La majorité insuffisante


Et si un peu plus d'humanité pouvait justement aider ?...
L'entrevue - La médecine désarmée devant la mort
 
Concevoir un enfant pour en sauver un autre  -  Mathieu Perrault


Mères porteuses : La Commission de l’éthique opte pour le statu quo 


Les opinions haineuses font-elles de mauvais parents ?

La liberté de refuser -  YVES BOISVERT


La morale de l'histoire - Mario Roy

Meurtre au Kansas -  LYSIANNE GAGNON


Des pubs de bière jugées sexistes  -  Émilie Côté


Un moindre mal essentiel

 





Would we swallow a ‘morality’ pill?







Les cliniques privées auront six mois de sursis  -  Pascale Breton
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, songe à repousser jusqu’en mars l’obligation pour les cliniques privées d’obtenir un permis si elles veulent continuer de pratiquer certaines interventions chirurgicales.
Selon ce que La Presse a appris, un décret est en préparation afin de faire modifier le règlement, qui devait s’appliquer à compter du 30 septembre. Le ministre Bolduc pou r ra it le sou met t re au Conseil des ministres dès la semaine prochaine.
Les cliniques privées avaient jusqu’à la fin du mois pour obtenir leur accréditation les recon na issa nt com me des centres médicaux spécialisés (CMS). Si elles n’obtenaient pas cette accréditation, elles ne pouvaient plus pratiquer certains actes prévus dans la loi.
Le 1er septembre, date de la dernière mise à jour disponible, seulement 17 établissements avaient obtenu leur permis, dont quatre à Montréal, où se concentre pourtant la majorité des cliniques privées.
Adoptée en juin, la loi 34 vise à encadrer davantage cer ta i nes i nter ventions et procédu res pratiquées au privé. Elle fixe notamment des normes strictes que doivent respecter les cliniques pour une cinquantaine d’interventions chirurgicales.
Selon ce que nous avons appris, le ministre Bolduc souhaite prolonger les délais parce qu’il estime que les cliniques ont eu peu de temps pour s’ajuster aux nouvelles normes, entre le moment de l’adoption de la loi 34, en juin, et l’application du règlement, prévue le 30 septembre.
Il faut dire que la loi 34 a souvent été décriée, tant par les syndicats que les médecins. Le mois dernier, un nouveau tollé a éclaté lorsque la clinique de l’Alternative a annoncé qu’elle devrait cesser de pratiquer des avortements à compter du 30 septembre. Elle n’était pas en mesure de se plier aux normes exigées pour l’obtention d’un permis de CMS, normes qu’elle estimait trop sévères.
Consu lté da ns la tou rmente, le Collège des médec i n s a f ou r n i u n av is au ministre, lui recommandant d’exclure les interruptions volont a i re s de g r o s s e s s e du règlement.
Ces interventions n’ont pas besoin d’être pratiquées dans des lieux stériles comme les blocs opératoires, avait alors déclaré le président et directeur général du Collège, le Dr Yves Lamontagne.
La Presse a appris que le Collège est ensuite allé plus loin. Dans une lettre datée du 4 septembre, adressée au ministre de la Santé, le Dr La montagne l ui dema nde de surseoir à l’obligation de détenir un permis de CMS pour au moins six mois.
Ce n’est pas la première fois que le règlement est reporté. Il devait initialement entrer en vigueur en janvier 2009, avant d’être reporté en septembre, puis vraisemblablement en mars 2010.
Les centrales syndicales contestent déjà le règlement en Cour supérieure. La Fédération des médecins spécialistes du Québec songe à entreprendre des recours juridiques elle aussi.


L’autre recul  -  MARIE-CLAUDE LORTIE
Essayez de résumer la dernière crise en matière d’avortement à des gens venus d’ailleurs, et ils vous feront répéter huit fois vos explications, incrédules, perplexes, bouche bée.
Dans l’Ouest canadien, la force des mouvements dits « pro-vie » est indéniable. Ce n’est pas la américaine, mais le militantisme oblige les pro-choix à limiter leur réflexion et leurs gestes à une seule chose : protéger le droit de choisir. Ci-dessus, une manifestation contre l’avortement à Ottawa en 2005.
Essayez. Voici l’absurde dialogue que cela produit :
– Donc, d’abord, les médecins ont dit au ministre que, s’il changeait les normes de pratique des interruptions volontaires de grossesse (IVG) hors hôpital, cela causerait des problèmes. – O.K. – Puis, le ministre est revenu en disant qu’il allait les changer parce que les médecins le demandaient. – Ah bon? Pourtant… – Puis le ministre a été critiqué à cause de cette décision, mais il a répondu que c’était la faute aux médecins, que c’était eux qui avaient demandé que les normes changent. – ??? – Et les médecins ont donc dit : « Non, on n’a jamais rien demandé. On a dit l’inverse. » – Quoi? – Alors le ministre a dit : « Ouais, que faire ? Je vais demander leur avis aux médecins! » – Mais il… – Et les médecins sont revenus en disant: « Ne changez rien. » Et le ministre a dit: « O. K., on ne change rien », exactement comme le lui avait recommandé le Conseil du statut de la femme, il y a un an...
Évidemment, ce résumé de toute cette affaire est un peu grossier. Il y manque quelques détails. On pourrait préciser, par exemple, que les médecins parlent parfois par la voix du Collège et parfois par celles de leurs fédérations. Mais peu importe. La trame du scénario est intacte. Et avec un peu de travail côté rythme ou écriture, on pourrait lui donner soit des airs d’Ionesco, soit d’un sketch de Marc Labrèche…
Le dossier de l’avortement et de la loi 34 passera donc ainsi à la postérité: un grand virage à 360° qui n’aura mené nulle part, inquiétant tout le monde en chemin, stressant les femmes et exaspérant les cliniciens. Le président du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne, a dit hier qu’on en avait quand même profité pour faire avancer les choses. Mais quoi, exactement? Moi, j’y vois un recul. Mais pas celui dont on parle depuis le début de la crise.
L’avortement est en effet un sujet très particulier. Un sujet délicat qui enflamme les discussions et provoque des débats de société épiques dans les pays où il n’y a pas consensus. Aux États-Unis, un de ceux-là, des médecins se font tuer parce qu’ils pratiquent des avortements. On ne fait pas dans la subtilité.
I l est normal , dans ce contexte, que la discussion sur l’avortement tourne autour d’une seule et unique question: doit-il être légal ou pas?
Dans l’Ouest canadien aussi, au pays du Reform Party et des conservateurs, la force des mouvements dits « pro-vie » est indéniable. Ce n’est pas la Bible Belt américaine, mais le militantisme oblige les pro-choix à limiter leur réflexion et leurs gestes à une seule chose: protéger le droit de choisir.
En revanche, au Québec, avant ce dernier mélodrame, on en était au point où la solidité du droit à l’IVG, son enracinement profond, nous permettait d’amorcer une certaine réflexion critique sur son utilisation. Ici et là, depuis quelques années, on commençait à entendre des pro-choix s’inquiéter du nombre d’avortements pratiqués au Québec ou alors se demander tout haut s’il ne fallait pas commencer à éduquer les jeunes femmes sur les cicatrices psychologiques qu’ils laissent…
De tels questionnements, très nécessaires, ne peuvent avoir lieu si le droit semble le moindrement menacé. Si la perception de sa solidité est altérée.
Et c’est ce que cette désastreuse tempête dans un verre d’eau a causé.
Et le plus ridicule, c’est qu’il ne semble même pas y avoir d’idéologie ou d’idéologue antichoix en cause. Juste du cafouillage bureaucratique.
Qui est responsable de ce navrant épisode? J’aimerais bien le savoir.
On a beaucoup rouspété contre le ministre Yves Bolduc depuis que le dossier est en dérapage incontrôlé, et avec raison. C’est lui qui aurait dû saisir rapidement qu’on ne menace pas le droit à l’avortement nonchalamment. C’est lui qui a laissé glisser les choses. Mais est-il réellement le seul responsable? Comment se fait-il que, parmi ses sousministres et toute la pléthore de hauts fonctionnaires censés le conseiller, personne n’ait fait 2 + 2 quand, dès le mois de mai, la Fédération des médecins spécialistes tout autant que la Fédération des médecins omnipraticiens ont dénoncé l’inclusion de l’avortement dans les nouvelles normes sur la pratique privée alors qu’ils témoignaient en commission parlementaire? D’où est sorti cet affrontement avec le Collège? Et où était endormi tout le monde, il y a un an, quand le Conseil du statut de la femme a, le premier, sonné l’alarme?
Il y a des jours où la responsabilité ministérielle devrait être un peu plus partagée.


Le ministre Bolduc fait volte-face  -  Pascale Breton
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, fait volte-face. Les avortements seront soustraits de l’application de la loi 34.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a indiqué hier que les normes encadrant la pratique des avortements ne seront finalement pas resserrées. « Selon le Collège desmédecins, les normes en demandaient plus que nécessaire », a-t-il admis.
Le ministre Bolduc a indiqué hier qu’il se rangeait à l’avis du Collège des médecins. Les normes encadrant la pratique des avortements ne seront pas resserrées.
« Moi, j’écoute les recommandations de l’organisme responsable de la qualité au niveau de l’acte médical », a déclaré M. Bolduc à la sortie du la réunion du Conseil des ministres.
Il a reconnu que la réglementation allait peut-être trop loin dans le cas des interruptions volontaires de grossesse. « Selon le Collège des médecins, les normes en demandaient plus que nécessaire », a admis M. Bolduc.
Après des jours de controverse, le débat est donc clos. Les avortements seront retirés du règlement qui encadre les centres médicaux spécialisés. Du coup, ils sont soustraits à l’application de la loi 34. Cette loi définit les normes de pratique d’une cinquantaine d’interventions chirurgicales faites à l’extérieur des hôpitaux.
Cette décision était réclamée par les fédérations de médecins, par les groupes de femmes et par les cliniques privées qui pratiquent des avortements.
Face à la controverse soulevée par la décision initiale, le ministre avait demandé au Collège des médecins un nouvel avis, qui est arrivé hier matin.
I l n’est pas nécessai re d’avoir une salle d’opération pour pratiquer des avortements. Il suffit d’une salle consacrée à ce type d’intervention où les règles d’hygiène et de salubrité sont respectées, a tranché le Collège.
C’est déjà le cas dans les cliniques privées et les centres de femmes où se pratiquent des avortements.
« D’après nous, il n’y a vraiment pas besoin de s’habiller en chirurgien pour faire des interruptions de grossesse », a déclaré le président et directeur général du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne.
Il estime d’ailleurs que la controverse des derniers jours est « une tempête dans un verre d’eau ».
À Montréal, quatre cliniques privées étaient visées par la loi. Elles pratiquent 5000 des 15 000 avortements faits annuel lement au Québec.
« Ces cliniques existent depuis plus de 30 ans et les informations que nous avons font en sorte que nous sommes à peu près sûrs que la sécurité et la santé des patientes qui consultent dans ces cliniques sont protégées » , a décla ré le Dr Lamontagne en voulant rassurer la population.
Par ailleurs, la question de la sévérité des normes imposées aux cliniques privées pourrait se poser dans d’autres types d’interventions, a laissé entendre le Dr Lamontagne.
« Il est fort probable que le Collège sera consulté à savoir si tout ce qui est là-dedans (la loi 34), on le garde ou on ne le garde pas », a dit le Dr Lamontagne.
De son côté, la clinique de L’Alternative pourra rester ouverte. Elle avait annoncé qu’elle devrait cesser de pratiquer des avortements dès la fin du mois de septembre parce qu’elle ne pouvait se plier aux normes fixées par la loi 34.
« C’est une très bonne nouvelle », a déclaré la directrice de la clinique, Micheline Dupuis, visiblement soulagée. « On essayait de faire comprendre à tous ces gens que c’était impossible de faire des avortements dans les conditions exigées par la loi 34, et rien ne bougeait. »
Par contre, la question des quotas demeure. L’Agence de santé de Montréal limite à 5000 par année le nombre d’avortements faits en clinique privée, dont 1036 à la clinique de L’Alternative. « Le gros problème, c’est que ces quotas al longent les listes d’attente, ce qu’on n’avait pas avant », a ajouté Mme Dupuis.



La fissure dans le mur  - MÉLANIE DUGRÉ
Chèrement acquis, le droit à l’avortement est désormais fragilisé  Le droit à l’avortement est une bataille qui ne sera jamais pleinement gagnée.
L’auteure est avocate. Il y a quelques jours, nous soulignions le 20e anniversaire du jugement Daigle et de la victoire des femmes dans leur combat pour faire reconnaître leur droit au libre choix en matière d’avortement. Triste coïncidence, voilà que ce droit est à nouveau menacé par une offensive menée sans grâce par une armée de hauts fonctionnaires en cravate qui n’ont probablement jamais mis les pieds dans une salle d’opération ou d’intervention volontaire de grossesse ( IVG). Bref, nous assistons à un magnifique exercice de bureaucratie crasse.
La situation actuelle impose certains constats. Premièrement, le système public a, au cours des dernières décennies, lamentablement failli à sa responsabilité de fournir des services d’IVG en temps opportun aux femmes qui le souhaitent. Il faut se rappeler que chaque journée passée avec dans le ventre un foetus dont on ne veut pas est une journée de trop. Il faut également se rappeler qu’on ne peut pas traiter une femme qui souhaite subir une IVG de la même façon qu’on se comporte à l’endroit de patients qui attendent une opération pour soigner une cataracte ou pour remplacer une hanche. La formule classique du « prenez un numéro, entrez dans le rang et soyez patient », si chère aux yeux à demi clos du gouvernement, est fort inopportune.
Dans le contexte d’une IVG, la facilité et la simplicité d’accès au service, l’humanisme des intervenants et la capacité à gérer la délicatesse d’une telle situation sont élémentaires, mais restent pourtant souvent étrangers au système public. Là où le gouvernement a échoué, les cliniques privées ont réussi à instaurant des règles de pratique efficaces et répondant aux besoins de la population.
Mais ironiquement, le gouvernement voudrait aujourd’hui que toutes les procédures et interventions médicales pratiquées en cliniques privées obéissent aux mêmes règles sans distinction ni égard aux particularités de chacune. Un poids, une mesure pour tous.
Deuxièmement, l’Agence de la santé et des services sociaux ne fait état d’aucune plainte ou d’aucun incident en relation avec les procédures d’IVG pratiquées en cliniques privées. Le gouvernement serait donc bien mal venu de prétendre que les changements législatifs sont nécessaires afin de préserver la santé, la sécurité et l’intégrité des femmes.
Subsiste donc la question de savoir pourquoi le gouvernement a choisi de s’attaquer aux racines d’un droit aussi fondamental? Soit il s’agit d’un solide travail d’amateurs dépourvus de toute faculté de réflexion ou encore la démarche s’inscrit dans une ligne d’action très précise et dont l’ordre du jour est tenu secret. Cette dernière possibilité est, ma foi, plutôt inquiétante.
Troisièmement, on peut s’indigner et se scandaliser ad nauseam des statistiques québécoises sur l’avortement. On pourra toujours se reparler de prévention et d’éducation avec un café et une brioche. Mais là n’est pas le débat. La question actuelle est de loin plus urgente et immédiate puisque les changements annoncés mettent sérieusement en péril, et ce, à très court terme, le droit d’accès à l’avortement pour des milliers de femmes.
Il semblerait qu’après consultation avec le Collège des médecins, des assouplissements seront mis en place afin d’éviter la catastrophe. Peut-être nous réveillerons-nous demain avec le sentiment que tout ça n’était qu’une tempête dans un verre d’eau.
Malheureusement, force est de constater que les fondations mêmes d’un droit durement et chèrement acquis sont désormais fragilisées et, en toute lucidité, nous devons admettre que cette bataille ne sera jamais pleinement gagnée.
Par sa démarche irréfléchie et irresponsable, notre gouvernement s’est injustement attaqué au mur de soutien d’un de nos droits les plus fondamentaux en y laissant une fissure béante pour nous rappeler qu’aucun droit ne nous est jamais vraiment acquis.




Jean Charest s’engage à ne pas rouvrir le débat sur l’avortement
Le premier ministre Jean Charest ne s’en cache pas: il fera tout ce qu’il peut pour éviter de rouvrir le débat explosif sur l’avortement.
Il s’est donc appliqué, hier, à mettre le couvercle sur la marmite, en s’engageant à respecter scrupuleusement le droit des femmes d’interrompre une grossesse non désirée.
« On l’a fait, ce débat. C’est réglé. On ne reviendra pas làdessus. Les femmes doivent avoir accès à ce service », a martelé à maintes reprises le premier ministre Charest, hier, en point de presse, en pesant chacun de ses mots.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui a mis le gouvernement dans l’embarras dans ce dossier, a donc reçu le mandat de revoir à la baisse les critères définis par règlement dans la loi 34, afin que les cliniques privées puissent continuer à pratiquer des avortements comme avant.
Adoptée au printemps, la loi 34 encadre la pratique des cliniques médicales privées – quant à la stérilité des instruments, par exemple, et à la qualité de l’aération –, dans le but de garantir la qualité des soins qui y sont offerts.
Or, en ce qui touche les cliniques où on pratique les interruptions de grossesse, le Collège des médecins estime que Québec place la barre beaucoup trop haut quant aux normes à respecter, ce qui compromet l’accessibilité du service.
Le week-end dernier, le ministre Bolduc avait refusé d’assouplir sa position, mais il a depuis fait volte-face pour demander au Collège des médecins de lui fournir, dans les prochains jours, une nouvelle liste d’exigences mieux adaptée aux besoins réels des cliniques d’avortement.
« Maintenant, il s’agit de s’assurer que le service sera offert, et il le sera », a ajouté M. Charest.
Mais ni le ministre Bolduc ni le premier ministre Charest ne pouvaient, hier, expliquer comment le gouvernement avait pu se retrouver au coeur d’un cafouillage qui a pris des proportions telles que certaines cliniques menacent de ne plus pratiquer d’avortements, voire de fermer leurs portes, tandis que la Fédération des médecins spécialistes réclame la tête du ministre.
Visiblement contrarié par la polémique autour de cette question qui soulève les passions, M. Charest a tout de même réaffirmé sa confiance « totale » dans le ministre Bolduc, hier, en marge de l’assermentation des députés libéraux Clément Gignac et Jean D’Amour, récemment élus.
Le ministre Bolduc croit pouvoir régler le dossier la semaine prochaine, quand il aura obtenu les recommandations du Collège des médecins.



Crise avortée    -  ARIANE KROL
Le Dr Bolduc trouvaitil son été trop calme ? D’habitude, les ministres de la Santé se contentent d’éteindre les feux, en croisant les doigts pour qu’il n’en éclate pas trois en même temps dans le réseau. Yves Bolduc, lui, a créé une crise de toutes pièces avec les cliniques d’avortement privées. Un dérapage qui aurait facilement pu être évité.
Il suffit de revoir le film des événements pour s’en rendre compte. Lorsque Le Devoir annonce, vendredi dernier, que la clinique L’Alternative cessera de pratiquer des avortements en septembre, on est encore bien loin d’une crise. Un conflit, tout au plus. Les autres cliniques d’avortement dénoncent les exigences requises pour obtenir leur nouveau permis en vertu de la loi 34. Si Québec s’entête à leur imposer des normes inutilement élevées, elles devront fermer.
Sauf qu’à ce stade-ci, le ministre a encore beaucoup de marge de manoeuvre. La date butoir est dans plus d’un mois. Il a le temps d’étudier la question, de consulter des experts – un environnement de type bloc opératoire est-il vraiment indispensable? Ce jour-là, c’est une porte-parole du Ministère qui répond aux médias. Si l’avortement est couvert par la loi 34, c’est à cause d’une recommandation du Collège des médecins, dit-elle.
Le Dr Bolduc se prononce le lendemain, en marge du congrès des jeunes libéraux. Il dit que les normes ne peuvent pas être changées, plaide l’importance de la qualité des services, ouvre la porte à un soutien financier pour les cliniques. En aucun temps il ne rectifie le tir sur la supposée recommandation du Collège. Et voilà! La situation, qui était jusqu’ici parfaitement gérable, vient de se transformer en crise majeure. Et le ministre ne doit s’en prendre qu’à lui-même.
Quand on confie la Santé à un médecin, on s’attend à ce qu’il navigue avec une certaine aisance dans le système. On ne lui demande pas de connaître les normes de ventilation nécessaires pour pratiquer des avortements. Mais on aimerait, quand il évoque des exigences de qualité et de sécurité, qu’il sache de quoi il parle. Hélas, le Dr Bolduc était complètement dans le champ. Il a fallu que le Collège et des médecins pratiquant en milieu hospitalier sortent sur la place publique pour qu’on ait enfin l’heure juste.
Non seulement le Collège n’a-t-il jamais demandé que les avortements soient encadrés par la loi 34, mais il trouve ses exigences excessives. D’ailleurs, une bonne partie des interventions effectuées dans les hôpitaux et les CLSC se font dans des conditions semblables à celles des cliniques privées, et non dans un bloc opératoire. Le Dr Bolduc n’aurait même pas dû être pris au dépourvu. Au printemps déjà, les fédérations de médecins avaient prévenu que la loi 34 découragerait certains de leurs membres de faire des avortements en clinique.
Le ministre se montre maintenant ouvert à assouplir ses normes. Bravo. Mais il aurait pu arriver aux mêmes conclusions plus tôt, et sans se mettre dans l’embarras, s’il avait pris la peine de se renseigner.


L’injustice  -  Marie-Claude Lortie
J e n’en rev iens pas que, 21 ans après l’arrêt Morgentaler, il faille encore se battre pour faire respecter le droit à l’avortement. Je n’en reviens pas… »
Au bout du fil, la présidente du Conseil du statut de la femme du Québec, Christiane Pelchat, est furieuse.
« Je ne doute pas de la bonne foi du ministre », répète-t-elle à plusieurs reprises, en parlant d’Yves Bolduc, le ministre de la Santé, qui doit gérer ces jours-ci le fiasco du dossier de l’avortement. « Mais pourquoi, pourquoi nous retrouvons-nous dans cette situation? »
Pour ceux qui reviennent de vacances et qui n’ont pas lu leur Presse depuis une semaine, petit résuméde la crise: Québec a décidé de mieux encadrer la pratique médicale privée. Pour cela, il a préparé la loi 34. On y trouve une nouvelle liste d’actes médicaux spécialisés, y compris les avortements, soumis à des normes très strictes qui entrent en vigueur le 30 septembre.
Les quatre cliniques privées et les trois centres de santé des femmes qui pratiquent des avortements au Québec sont soumis à ces normes, qui exigent notamment que les interventions se fassent en bloc opératoire. Pour certaines de ces cliniques, notamment la clinique Morgentaler, en activité depuis 40 ans (sans plaintes sur la qualité des services), une telle transformation serait trop coûteuse.
Les nouvelles normes, donc, pourraient obliger ce type d’établissement à fermer. Cela n’est pas sans importance quand on sait que, en 2006, 28% des avortements, au Québec, ont été pratiqués dans ce type de lieu, donc à l’extérieur des hôpitaux et des CLSC. Dans certaines régions, ce sont les seuls établissements à offrir le service d’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Depuis que le dossier a commencé à déraper, le ministre Bolduc dit que ce sont les médecins qui ont demandé que l’avortement soit sur la fameuse liste.
« Faux », a rétorqué le Collège des médecins lundi. « On n’a jamais demandé ça », a-t-il dit, en gros.
En fa it , non seulement les médecins ne l’ont jamais demandé, mais ils disent publiquement haut et fort depuis les audiences de la commission parlementaire sur le projet de loi en mai – tout est dans les articles de ma collègue Pascale Breton – que ça n’a pas d’allure d’imposer aux cliniques privées des normes hospitalières pour ce qui touche l’avortement.
Hier, placé devant la réaction des médecins, M. Bolduc a commencé à sembler vouloir reculer, mais il a dit qu’il leur demanderait encore leur avis…
Quelle partie de ce qu’a dit le Collège des médecins peutil bien ne pas comprendre ? « Ce n’est pas la demande (du Collège), que l’interruption volontaire de grossesse figure sur la liste des services pouvant être dispensés dans un centre médical spécialisé… »
Hier, c’est cette clarification des médecins qui a fait bondi r la présidente du Conseil du statut de la femme. « Si ce n’est pas à la demande des médecins, c’est à la demande de qui? » Très bonne question. Autres questions : qu’en pense Christine St-Pierre, ministre responsable de la Condition féminine, et qu’en pense le premier ministre Jean « cabinet paritaire » Charest? Et encore: est-il normal que, au Québec, on menace l’accès à l’avortement par le truchement de la bureaucratie ? Comme si, au lieu de partir en guerre idéologique, on préférait ensevelir tout le monde sous une montagne de normes et de paperasse…
Lepire, rappelleMme Pelchat, c’est que les centres et cliniques visés n’ont jamais demandé à jouer un rôle aussi central depuis 20 ans dans la pratique des avortements au Québec. Cette réalité s’est organisée parce que le réseau de la santé faisait preuve d’une volonté pour le moins inégale face à cette pratique. On a donc délesté consciemment les IVG vers ces centres. Leur tomber sur la tête aujourd’hui est totalement injuste. Mme Pelchat parle de « misogynie patentée » au ministère de la Santé.
Ces mots sont durs, mais le droit à l’avortement est protégé par la Constitution et défendu par la Cour suprême. Et le ministère de la Santé du Québec, qui a comme responsabilité de garantir l’accès à ce service, le remet en question. C’est grave. La moindre des choses serait que, faute de faire son travail, il cesse de tomber sur la tête de ceux et celles qui le font à sa place (NDE : WOW !!!...) .


D’autres interventions compromises  -  Pascale Breton
Les avortements ne sont pas les seules interventions délaissées par le privé. Des cliniques pourraient cesser certaines activités, notamment des examens pour détecter des cancers, allongeant du coup les listes d’attente.
Gaétan Barrette craint que certaines activités soient délaissées par les cliniques privées, notamment les biopsies tumorales du sein. « Les patientes vont attendre », a déclaré le président de la Fédération des médecins spécialistes duQuébec.
Les médecins avaient déjà exprimé au ministre leurs craintes en ce sens lors de l’étude du projet de loi 34.
Mais à l’approche de la date butoir qui oblige les cliniques à être accréditées comme cliniques médicales spécialisées pour pratiquer une cinquantaine d’activités, les craintes se concrétisent.
« Les cliniques vont arrêter de faire certaines activités, par exemple des biopsies tumorales du sein. Elles vont abandonner ce volume d’activités qui va retourner à l’hôpital; donc, les patientes vont attendre », a déclaré le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette.
À l’Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec, on confirme que les médecins pourraient cesser de pratiquer certaines interventions au privé, notamment pour des tumeurs malignes et des réductions mammaires.
« Peut-être que certaines cliniques vont choisir de cesser certains services qu’elles offrent actuellement. Si elles le font, c’est qu’elles ne souhaitent pas correspondre aux critères qu’on exige », a rétorqué Marie-Ève Bédard, l’attachée de presse du ministre, en rappelant que l’objectif de la loi 34 est d’assurer des « normes de qualité et de sécurité ». Tollé autour des avortements
La controverse entourant la loi 34 a éclaté au grand jour quand la clinique L’Alternative a fait savoir qu’elle ne pratiquerait plus d’avortements, jugeant les nouvelles normes trop sévères. Elle s’occupe d’un millier de femmes par année.
« Les avortements devraient être retirés de la loi 34; il devrait y avoir une abrogation de ce côté-là », estime la présidente de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, la Dre Corinne Leclercq, qui craint pour l’accessibilité du service.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s’est montré ouvert à cette avenue si telle est la recommandation du Collège des médecins, qu’il a mandaté pour réviser la question.
Cette décision survient un peu tard. La tension est bien installée entre le milieu médical et le Ministère. Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec accuse carrément le ministre d’avoir menti à la population dans ce dossier.
C o m me plusieurs, le Dr Barrette croit que le Ministère veut rapatrier certaines interventions, dont les avortements, dans les hôpitaux. « C’est une impression qu’on a. J’ai la certitude qu’ils veulent tout ramener à l’hôpital et tout contrôler, y compris l’accès », a ajouté le Dr Barrette.
Des organismes et des cliniques privées craignent que Québec ne tente en fait de réduire l’accès à l’avortement. Depuis une bataille juridique, les femmes peuvent subir l’intervention gratuitement au privé si elles le désirent, comme c’est le cas dans les hôpitaux ou les CLSC. Mais les cliniques sont limitées par des quotas.
« Le Ministère devrait débloquer les budgets nécessaires pour s’assurer que toutes les femmes puissent avoir accès au service dans le lieu de leur choix et puissent avoir l’intervention dans un délai rapide », souligne Nathalie Parent, coordonnatrice de la Fédération du Québec pour le planning des naissances.
Les femmes attendent en moyenne une dizaine de jours avant d’avoir l’intervention. Mais dans certains cas, l’attente dure jusqu’à cinq semaines, précise Mme Parent.
Les délais sont plus longs en raison de ces quotas, a confirmé le Dr Claude Paquin, directeur médical de la clinique Fémina.
« C’est évident qu’on ne peut pas parler d’accessibilité si on est limité à 2200 avortements par année dans notre cas. On est rendu à deux, trois ou quatre semaines d’attente. »
À Montréal, une entente de service lie l’Agence à quatre cliniques privées qui pratiquent 5000 des 15 000 interventions chaque année.




Québec réévalue le dossier  -  Pascale Breton
Québec pourrait revenir sur sa décision et assouplir les nouvelles normes imposées aux cliniques privées qui pratiquent des avortements.

Face au tollé des derniers jours, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a demandé au Collège des médecins de réétudier la question.
J’ai parlé à Yves Lamontagne ( PDG du Collège) cet aprèsmidi et je lui ai demandé de revoir si les normes doivent être maintenues ou si on peut les assouplir », a déclaré le ministre en entrevue à La Presse.
Il a précisé qu’il allait se conformer aux recommandations de l’organisme. « Nous voulons maintenir l’accès à l’avortement » , a insisté M. Bolduc.
À l’origine de cette controverse, l’adoption de la loi 34, qui obligera les cliniques privées à obtenir une accréditation du ministère de la Santé à compter du 30 septembre.
Pour obtenir leur permis, elles devront se conformer à des règles strictes visant à encadrer une cinquantaine d’interventions, dont les interruptions volontaires de grossesse. Ces règles touchent notamment la circulation de l’air et le port de vêtements stériles, comme dans un bloc opératoire.
Déjà, la Clinique de l’Alternative, à Montréal, a fait savoir qu’elle ne pratiquerait plus d’avortements. Elle s’occupait d’un millier de femmes chaque année.
Le dossier de l’avortement et des cliniques privées est devenu une patate chaude au cours des derniers jours. Hier, le Collège des médecins a indiqué qu’il allait répondre à la demande du ministre, mais s’est défendu d’avoir proposé les nouvelles normes.
«Les critères appliqués dépassent largement les niveaux de soins requis et les actions prises récemment par le personnel du Ministère auprès de ces centres risquent de compromettre l’accessibilité à ces interventions médicales requises pour des raisons apparemment nobles de sécurité du public; les règles appliquées dans ces centres depuis plusieurs décennies n’ont jamais démontré jusqu’à maintenant des problèmes majeurs de qualité», a indiqué le Collège par voie de communiqué. L’Agence de santé de Montréal a pour sa part assuré qu’aucune femme ne serait laissée en plan, même si des cliniques privées cessaient de pratiquer des avortements.
« Je suis confiant que nous serons capables de combler les besoins », a déclaré le président et directeur général de l’Agence, David Levine, en conférence de presse.
L’Agence a demandé aux hôpitaux et aux cliniques d’accroître leur offre de service. Elle estime être en mesure actuellement de répondre à 70% des besoins. Dans quelques semaines, elle espère atteindre 100%, si le besoin s’en fait sentir.
Le tiers des 15 000 avortements pratiqués à Montréal chaque année sont faits dans quatre cliniques privées. Déjà, l’Alternative a fait savoir qu’elle n’en ferait plus.
Les cliniques Fémina et Morgentaler, qui pratiquent 4700 des 5000 avortements faits au privé, n’ont toujours pas reçu leur accréditation. On ne sait pas encore si elles vont continuer d’offrir le service. À ce jour, seule la clinique l’Envolée a obtenu son permis.




Nouvelles contraintes imposées par la loi   Une clinique cesse de faire des avortements  -  Martin Croteau

« Pour la femme, c’est encore un recul. Il faut encore qu’elle se batte pour avoir droit à l’avortement. »
Des groupes craignent que l’accès à l’avortement soit menacé par une nouvelle loi qui impose une série de contraintes aux cliniques privées qui pratiquent cette intervention. Ils ont demandé au gouvernement de réviser la loi, hier, tandis qu’une clinique du centre-ville de Montréal faisait savoir qu’elle cessera de pratiquer des avortements fin septembre.
La clinique de L’Alternative, dans le quartier Centre-Sud, a informé le ministère de la Santé qu’elle cesserait de pratiquer des avortements à compter du 30 septembre. Elle continuera toutefois d’offrir d’autres services, notamment le dépistage des maladies transmises sexuellement.
Les quelque 1000 femmes qui se rendent à L’Alternative pour subir une interruption de grossesse volontaire devront donc se tourner vers les hôpitaux et les autres établissements.
« Ça va venir accentuer les problèmes d’accès et de délais d’attente qui sont déjà importants dans certaines régions », estime Nathalie Parent, coordonnatrice de la Fédération du Québec pour le planning des naissances.
Dans la foulée du jugement Chaoulli, qui forçait Québec à ouvrir la porte au privé dans la santé, le gouvernement a adopté la loi 34 le printemps dernier. La loi vise à encadrer une cinquantaine d’interventions pratiquées dans des cliniques qui ne font pas partie du réseau public.
Pour se conformer aux nouvelles exigences de la loi, la clinique de L’Alternative aurait dû transformer la pièce où sont pratiqués les avortements en un véritable bloc opératoire. Elle aurait dû s’équiper d’un mécanisme pour changer l’air, stériliser la salle de fond en comble, doter les médecins de vêtements pour chirurgiens.
Tout cela alors que les interruptions volontaires de grossesse sont une intervention relativement simple, explique la directrice de la clinique, Micheline Dupuis.
« L’avortement est une intervention mineure et on nous demande de rendre ça majeur », a résumé Mme Dupuis.
Elle précise qu’aucune patiente de sa clinique n’a jamais connu de complications « majeures » à la suite d’un avortement.
Révision demandée
La Dre Corinne Leclercq, présidente de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, demande au gouvernement de réviser la loi 34. Elle souhaite que Québec retire l’avortement de la liste des chirurgies qu’elle encadre.
« Ce n’est pas la clinique qui est fautive, c’est le projet de loi qui est fautif, a-t-elle tranché. Pour la femme, c’est encore un recul. Il faut encore qu’elle se batte pour avoir le droit à l’avortement. Et ce droit vient d’être en partie diminué. »
La porte-parole du ministère de la Santé, Marie-Claude Gagnon, rétorque que c’est le Collège des médecins qui a recommandé au gouvernement d’inclure l’avortement à la liste des interventions encadrées par la loi 34.
De son côté, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal craint que d’autres cliniques privées n’emboîtent le pas à L’Alternative. C’est pourquoi son président, David Levine, présentera lundi un plan pour assurer l’accès à l’avortement.
Le tiers des grossesses se terminent en avortement au Québec.


Les médecins pourraient cesser de faire des avortements au privé
Spécialistes et omnipraticiens protestent contre des normes que Québec veut imposer
Exaspérés par les contraintes administratives que veut leur imposer Québec, les médecins menacent de ne plus pratiquer de nombreuses interventionsdans lescliniquesprivées, notamment les avortements. Une décision qui aurait un impact important sur les listes d’attente.
Des ententes existent entre des hôpitaux et des cliniques privées pour y diriger des femmes qui veulent subir une interruption volontaire de grossesse.
Beaucoup d’hôpitaux sont en effet incapables de faire les avortements dans les délais requis en raison des listes d’attente élevées. D’autres ne pratiquent pas ce genre d’interventions au-delà d’un certain nombre de semaines de grossesse.
Tout risque de changer, affirme le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette. « C’est certain que les gynécologues-obstétriciens vont arrêter de faire ces interventions parce que ce qu’on leur impose comme lourdeur est trop grand. On impose aux cabinets privés des normes hospitalières. »
Le son de cloche est similaire du côté des médecins omnipraticiens du Québec qui pratiquent le plus grand volume des avortements.
« On se retrouve avec un carcan administratif, déplore le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le Dr Louis Godin. Nous pensons qu’il y a un risque important que ça ne mette un frein à l’accessibilité parce qu’il y a probablement des médecins qui vont arrêter d’en faire. »
Le problème réside dans la teneur du projet de loi 34, à l’étude en commission parlementaire à Québec cette semaine. Dans un souci d’accessibilité aux soins et dans la foulée du jugement Chaoulli, le gouvernement veut encadrer une cinquantaine de procédures chirurgicales faites dans le privé.
À compter de l’automne, les cliniques devront être reconnues comme des cliniques médicales spécialisées. Elles devront obtenir un permis délivré par le ministre. Elles devront aussi se conformer à une série de règlements, autant en ce qui a trait aux installations, au personnel, aux procédures, jusqu’au code vestimentaire.
Si la clinique n’obtient pas de permis, elle devra cesser ses opérations ou devenir privée au sens où les médecins devront devenir non participants au Régime de l’assurance maladie du Québec.
Mais les médecins estiment que les règles administratives sont trop nombreuses. « Les gens vont simplement arrêter de faire ces procédures parce qu’ils n’ont pas besoin de ça pour vivre », lance le Dr Gaétan Barrette.
L’impact sur les avortements est important. En 2007, près de 5000 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées dans les cliniques privées et quelque 2800 dans les centres de santé des femmes. Environ 19 900 interventions ont été pratiquées dans les hôpitaux et les CLSC.
À la suite d’un jugement de la Cour supérieure du Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux rembourse par ailleurs 350$ pour chaque avortement pratiqué au privé, en plus des honoraires médicaux payés par la RAMQ.
Bien d’autres procédures faites au privé risquent d’être aussi abandonnées. Une décision qui aurait même un impact sur le projet de loi sur la procréation assistée. En campagne électorale, les libéraux s’étaient engagés à payer des frais de traitements de fertilité aux couples qui veulent avoir un enfant.
« Il est strictement impossible de faire de la fécondation in vitro dans le public au Québec. Il n’existe aucune ressource », souligne le Dr Barrette.
En commission parlementaire, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a expliqué qu’il voulait s’assurer de la sécurité entourant chacune des procédures.
« Dans les cliniques médicales spécialisées, ce sont des actes chirurgicaux qui sont pratiqués. C’est le pendant d’un bloc opératoire à l’hôpital. (…) Le fait d’avoir un agrément, un permis spécial est tout à fait indiqué. »
En fin de journée hier, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a par ailleurs indiqué que les centres de santé des femmes, des organismes à but non lucratif où se pratiquent notamment des interruptions volontaires de grossesse, ne seront pas soumis aux règles les contraignant à devenir des cliniques médicales spécialisées.




Bataille « maudite » mais nécessaire  -  Louise Leduc
Il y aura 20 ans samedi prochain, la Cour suprême a permis à Chantal Daigle de se faire avorter. Si les avortements étaient déjà monnaie courante à l’époque et si 34 grossesses sur 100 se terminent aujourd’hui par un avortement au Québec, celui-là a fait
« Ça a été le dernier soubresaut du mouvement féministe. Il n’y en a plus eu depuis. »
C’était l’affaire de l’été. Il y avait eu des manifestations monstres, chacun avait son opinion sur une grossesse qui n’était pas la sienne. Le 8 août, finalement, la Cour suprême a siégé pour déterminer si Chantal Daigle pouvait ou non se faire avorter. Puis, coup de théâtre : en pleine salle d’audience, devant neuf juges – parmi lesquels certains avaient dû interro, pre leurs vacances – l’avocat de Chantal Daigle s’était levé, livide, pour dire que sa cliente s’était fait avorter quelques jours plus tôt. À Boston, sans le prévenir.
À l’été 1988, l’avortement faisait les manchettes au Québec. Jean-Guy Tremblay était allé jusqu’en Cour suprême pour empêcher son ex-copine, Chantal Daigle, de se faire avorter.
Chantal Daigle n’avait donc pas attendu la permission de la Cour. Le temps pressait, elle était déjà enceinte de plus de 20 semaines. Son ex-copain ayant au préalable obtenu de la Cour d’appel une injonction lui interdisant de se faire avorter, elle s’exposait du coup à une poursuite pour outrage au tribunal, à une peine de prison et à une amende pouvant totaliser 50 000$.
Chantal Daigle n’est pas allée en prison. Elle n’a pas eu d’amende. Le gouvernement du Québec ne l’a pas poursuivie. Quelques mois plus tard, dans le jugement écrit qui justifiait la décision prise en août, la Cour suprême a fermé une porte et en a laissé une autre ouverte: non, le foetus n’est pas un être humain, mais il peut être traité comme une personne « dans les cas où il est essentiel de le faire pour protéger ses intérêts après sa naissance ».
L’ex de Chantal Daigle, JeanGuy Tremblay, a fait les manchettes à quelques reprises depuis. Séjour en prison, épisodes de violence conjugale... Chantal Daigle, qui est aujourd’hui mère et qui chérit son anonymat, ne veut plus accorder d’entrevues sur cet épisode de sa vie, traumatisant au possible. « Je suis une fille qui a subi une cause, cet été. Je ne fais partie d’aucun organisme, a-t-elle déclaré après toute l’affaire. Je veux retrouver ce que j’étais. »
C’est donc bien malgré elle que Chantal Daigle est devenue, le temps d’un été, le porte-étendard du féminisme.
« La mobilisation s’éteignait, ça a été le dernier soubresaut du mouvement féministe. I l n’y en a plus eu depuis », lance Francine Pelletier, journaliste et documentariste.
Ce débat n’était pas joli, se souvient-elle : « Une bataille maudi t e , mai s nécessa i r e . Personne n’aime l’idée d’arrêter une grossesse. Se faire avorter, ce n’est facile pour personne. »
Même si l’avortement n’est plus un geste criminel depuis 1988 (depuis l’arrêt Morgentaler – un an, donc, avant l’affaire Daigle), même si la pratique est largement répandue aujourd’hui, « personne ne se vante d’avoir subi un avortement », fait observer Mme Pelletier.
Et il n’y a plus grand-monde, au Parlement, qui ose rouvrir cette boîte de Pandore.
Outre quelques projets de loi privés au fédéral, c’est le statu quo, signale Margaret Somervi l le, professeure au dépar tement de droit et de médecine de l’Université McGill. « Stephen Harper ne veut pas toucher à cela, et je doute qu’un politicien ne s’attaque à la question. Pour un politicien, c’est de la dynamite. »
Margaret Somervi l le, qui est originaire de la NouvelleZélande, est arrivée ici en 1975. Elle est toujours renversée par le virage à 180° qu’a fait le Québec en quelques années. « Quand je suis arrivée ici, si un chirurgien devait, par une opération, porter atteinte aux facultés reproductives d’une femme, il devait demander l’autorisation au mari avant de procéder. On est passé de ça à la possibilité d’avoir un avortement la veille d’un accouchement. »
Le risque est théorique, car les avortements tardifs sont dangereux et rares. En janvier, le Dr Henry Morgentaler avait lui-même dit, dans une entrevue accordée à La Presse, qu’il s’opposait à tout avortement après 24 semaines.
La loi louvoie
N’empêche, sur l’avortement, la loi louvoie. La Cour suprême a décriminalisé l’avortement en 1988 et déclaré l’année suivante que le foetus n’est pas un être humain. Mais jamais l’avortement n’a été reconnu comme un droit constitutionnel, a fait remarquer le Conseil du statut de la femme l’an dernier.
La dernière tentative sérieuse de baliser l’avortement remonte à Kim Campbell. Alors ministre de la Justice, elle était presque parvenue à faire amender la loi, en 1991, pour limiter l’avortement aux seules situations où la santé des femmes était en jeu. Au bout du compte, le Sénat avait bloqué le projet de loi.
Mais y aurait-il lieu de baliser l’avortement ? Même Francine Pelletier, féministe des premières heures, s’étonne du fait que des avortements très tardifs puissent être pratiqués et ne nie pas que, idéalement, quelques balises pourraient être indiquées. Mais il faudrait rouvrir le débat. . . « C’est un débat où l’on tombe tellement facilement dans le sensationnalisme, où l’on a tellement tôt fait de culpabiliser les femmes, dit Francine Pelletier. Pour l’instant, surtout avec le gouvernement conservateur que l’on a, il vaut mieux s’en tenir au statu quo. »
Ma rga ret Somervi l le, elle, croit qu’il y aurait lieu d’interdire les avortements après le premier trimestre. Non pas parce qu’elle n’a aucun problème avec l’avortement au premier trimestre, mais parce que la loi n’y peut rien, notamment en raison de la pilule du lendemain.

Louise Viau, professeure de droit à l’Université de Montréal, interviewée par La Presse l’année dernière, avait résumé l’affaire ainsi : tout compte fait, quelles que soient les raisons pour lesquelles un avortement est pratiqué, « ça vaut toujours mieux que les broches à tricoter ».


La femme, seule juge  -  Nathalie Parent
Il y a 20 ans, l’affaire Chantal Daigle: les droits du foetus et du père en puissance n’existent pas
C’est l’histoire d’une formidable mobilisation et d’une grande solidarité, entre cette jeune femme de 21 ans qui ne se disait pas féministe et le mouvement en faveur du libre-choix.
L’auteure est coordonnatrice de la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN). Elle se prononce au nom du comité organisateur des activités entourant le 20e anniversaire de l’affaire Chantal Daigle.
Le 8 août 1989, la Cour suprême du Canada rendait son jugement dans l’affaire Chantal Daigle, mettant ainsi fin à un suspense qui a tenu le Québec et le Canada en haleine pendant quelques semaines. Aujourd’hui, nous tenons à souligner le 20e anniversaire de ce jugement qui demeure un des plus importants en matière de droit à l’avortement.
On se souviendra qu’en juillet 1989, à la suite d’une injonction de la Cour supérieure, Chantal Daigle était la seule femme au Canada qui ne pouvait se faire avorter, sous peine d’emprisonnement et d’une amende de 50 000$. Déboutée en Cour d’appel, la jeune femme avait porté sa cause devant le plus haut tribunal du pays et défié la loi en se faisant avorter aux États-Unis.
Dans un jugement historique ( Tremblay c. Daigle, [1989]) qui n’a jamais été contredit depuis, la Cour suprême affirme que les droits du foetus et les droits du père en puissance n’existent pas. La Cour ajoute que seule la femme enceinte a le pouvoir de décider si une grossesse sera menée à terme et que le père n’a aucun « intérêt » sur le foetus. Elle conclut que « le foetus n’est pas compris dans les termes "être humain" utilisés par la Charte québécoise et, par conséquent, ne jouit pas du droit à la vie conféré par son article premier ». Ce jugement, ainsi que l’arrêt Morgentaler, qui décriminalisait l’avortement un an et demi auparavant, constituent encore aujourd’hui les jalons juridiques du droit à l’avortement au pays.
Mais l’histoire de Chantal Daigle n’est pas seulement remarquable en raison de son caractère fortement médiatisé, des acteurs en présence, et de sa contribution en matière de droits des femmes. C’est aussi l ’ histoi re d’une formidable mobilisation et d’une grande sol idarité, entre cette jeune femme de 21 ans qui ne se disait pas féministe et le mouvement en faveur du libre-choix.
Au lendemain de la décision de la Cour d’appel, le mouvement féministe prépare la riposte. En quelques jours, la Coalition québécoise pour le droit à l’avortement libre et gratuit (CQDALG), composée de groupes féministes, syndicaux et étudiants, et forte de l’appui d’une grande partie de la population, organise la plus grande manifestation jamais vue en faveur de la liberté de choix au Canada. Ainsi, le 27 juillet, plus de 10 000 personnes manifestent leur appui à Chantal Daigle dans les rues de Montréal.
Dans le Manifeste des femmes du Québec, la CQDALG compare le fait de forcer une femme à poursuivre une grossesse non désirée à un viol : « La forcer, sous la menace d’emprisonnement, à porter dans son corps un enfant qu’elle ne veut pas mettre au monde, c’est de la violence physique et psychologique… jusqu’à maintenant, les décisions des tribunaux dans l’affaire Chantal Daigle démontrent que la magistrature s’est fait complice de la violence conjugale. Ces jugements sont fondés sur des principes sexistes qui légitiment l’appropriation des femmes par les hommes, et non sur des principes de justice fondamentale qui garantissent aux femmes l’égalité. »

Le j ugement de l a Cour suprême aura tranché la question pour les décennies à venir : en matière d’avortement, les femmes sont les seules juges. Souligner les 20 ans de ce jugement, c’est souligner cet acquis fondamental, ainsi que le courage de Chantal Daigle et celui de toutes les femmes qui, encore aujourd’hui, doivent se battre pour exercer et défendre leur droit de décider librement de leur maternité.




La fin de vie au coeur des débats - 
VALÉRIE GAUDREAU LE SOLEIL
La commission sur le droit de mourir dans la dignité commence ses travaux
Les députés québécois ont adopté à l’unanimité une motion en faveur de la tenue de cette commission.
« Je suis pleinement satisfait. C’est le genre d’exercice qu’on souhaitait. Et il atteint même un niveau plus élevé que ce à quoi on s’attendait. » Farouche militant pour le droit de choisir le moment de sa propre mort, Ghislain Leblond se réjouit de la commission parlementaire sur le droit de mourir dans la dignité qui commence aujourd’hui ses travaux à l’Assemblée nationale.
Anc ien sous-mini s t re, Ghislain Leblond, 65 ans, est atteint d’une forme rare de sclérose qui fige progressivement ses membres. Il a toute sa tête, mais la maladie le rend lentement « prisonnier de son corps » depuis plusieurs années.
En entrevue au Soleil en octobre, il avait plaidé en faveur de la liberté de décider le moment de partir. Pour son bien et pour celui de ses proches, disait-il.
M. Leblond avait aussi formulé le souhait de voir le gouvernement tenir une vaste consultation qui regrouperait tous les partisans et les opposants au droit à l’euthanasie.
Avec le début, cet après-midi, des travaux de la commission, par les élus le 4 décembre. « Cette commission a la noblesse de s’élever au-dessus de l’esprit partisan, se réjouit M. Leblond. Cela favorisera des débats civilisés. »
Des débats auxquels il prend part dès aujourd’hui en compagnie d’un autre représentant du collectif, Yvon Ghislain Leblond voit en quelque sorte son voeu exaucé.
« C’est une étape très importante », estime l’homme engagé dans le col lect i f Mourir digne et libre, joint par téléphone. Impressionné par le plan de travail « très intense » de la commission, M. Leblond la juge d’autant plus pertinente qu’elle est issue d’une motion unanime adoptée Bureau. « On est heureux d’être conviés dès le départ », indique M. Leblond.
Jusqu’à jeudi, ainsi que les 8 et 9 mars, la commission que préside le député libéral de Jacques-Cartier, Geoffrey Kelley, entendra une trentaine d’intervenants – experts, organismes, universitaires, éthiciens ou spécialistes en soins palliatifs.
Cet te premiè re phase d’audience permettra de rédiger un document de réflexion qui mènera à une consultation publique à la fin de l’été.
Ouverture chez lesmédecins
Le début des travaux de cette commission vient coiffer un automne où les enjeux reliés à la fin de vie et à une éventuelle décriminalisation de l’euthanasie au Québec ont fait l’objet d’une réflexion chez les représentants du monde médical.
Le Collège des médecins avait lancé le bal dès 2006 en mandatant un comité d’éthique clinique de réfléchir à la question. Au printemps, le Collège a promis de donner une réponse aux recommandations du comité en novembre. Sa conclusion: une ouverture timide au fait que l’euthanasie « devrait faire partie des soins appropriés en fin de vie ». Le président du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne, s’était toutefois gardé de trancher la question, invitant plutôt la société québécoise – mais aussi le Barreau du Québec et l’Ordre des infirmières – à accompagner le Collège dans la suite de la réflexion.
Cette annonce de la position du Collège a été précédée, à la mi-octobre, du dévoilement d’un sondage de la Fédération des médecins spécialistes montrant que 75% de ses membres étaient « certainement ou probablement » favorables à la légalisation de l’euthanasie dans un contexte bien balisé.
Résultats semblables du côté de la Fédération des médecins omnipraticiens qui s’est livrée au même exercice. Les deux fédérations professionnelles ont toutefois insisté sur l’importance d’inclure le patient et ses proches dans le processus de décision.


Le désir ardent de dignité -
LAURENCE NORMAND-RIVEST
L’auteure est étudiante en médecine à l’Université de Montréal. Ma grand-mère, qui est passée de la retraitée très active à la malade alitée en l’espace de trois mois, retrouve pourtant une joie que je ne lui avais pas connue avant.
Le témoignage de l’ex-sous-ministre Ghislain Leblond, devant la commission parlementaire sur le droit de mourir dans la dignité, m’a touchée.
Atteint d’une sclérose dégénérative, M. Leblond espère « que d’instaurer l’euthanasie médicale balisée et contrôlée garantira aux personnes de mourir dans leur propre vision de la dignité ». Son ami Yvon Bureau a souligné que les patients « craignent d’abord la perte de leur dignité, de leur personnalité, de leur identité et ont la crainte de devenir un poids pour leurs proches », plutôt que la douleur qui est bien contrôlée pour le plus grand nombre.
J’ai eu le privilège d’accompagner une patiente en fin de vie lors d’un stage d’externat en médecine. Et présentement, je suis auprès de ma grand-mère mourante. Ces deux femmes m’ont communiqué ce désir ardent de dignité, d’une manière tout autre que celle définie par une évaluation conséquentialiste de nos capacités et aptitudes.
La première, ma patiente, était déterminée à continuer à servir les autres, comme elle s’y était engagée lors de sa vie active, même si elle avait beaucoup de peine à se lever pour beurrer le pain de son voisin de chambre.
Néanmoins, elle m’a avoué quelques jours avant sa mort que la seule chose qui rendait les derniers moments dignes d’être vécus était sa certitude qu’un médecin résident et moi portions sa souffrance avec elle, qu’elle était vraiment accompagnée d’une manière humaine.
Ma grand-mère, qui est passée de la retraitée très active à la malade alitée en l’espace de trois mois, retrouve pourtant une joie que je ne lui avais pas connue avant. Chaque gorgée d’eau, chaque geste tendre est savouré avec une attention à la beauté qui nous transforme et nous éblouit tous.
L’espérance que ces femmes ont eue, face à la reconnaissance de la grandeur de leur humanité par ceux qui les ont accompagnées, nous rappelle que le coeur humain a un désir insatiable qui ne peut être comblé par le suicide, qui est l’expression du vide, mais bien par un amour présent malgré la misère humaine.


« Si un humain a décidé de mourir, personne ne doit pouvoir s’y opposer »  -  Marc Thibodeau
Plus de 1000. C’est le nombre de personnes ayant reçu l’aide de l’organisation suisse Dignitas pour s’enlever la vie. Y compris quelques Canadiens. Alors que le gouvernement du Québec annonce la tenue d’une consultation sur le suicide assisté et l’euthana
SUISSE
ZURICH — On peut difficilement imaginer mission plus délicate – et plus controversée – que celle que s’est donnée Ludwig Minelli. Mais n’allez pas imaginer un instant qu’il puisse se sentir dépassé par la tâche ou intimidé par la détresse des personnes qui lui demandent son aide.
« Jamais ! Je n’ai peur de rien. Si j’en avais l’occasion, j ’interviewerais le diable lui -même » , sou l i gne le Suisse de 76 ans en éclatant de rire.
Bien qu’il ne rechigne pas à évoquer des figures bibliques auxquelles il ne croit pas pour illustrer ses propos, le fondateur de l’association Dignitas fait peu de cas des religions. Et il ne s’émeut guère des critiques de croyants qui voudraient, au nom de leur foi, l’empêcher de continuer à aider des personnes à s’enlever la vie.
« La seule théologie à laquelle j’adhère, c’est celle-là », lance-til d’emblée à La Presse, qui l’a rencontré il y a 10 jours dans sa résidence de Forch, une paisible bourgade à l’est de Zurich offrant une spectaculaire vue sur les Alpes.
Cet ancien journaliste, qui a travaillé 10 ans pour un prestigieux hebdomadaire allemand avant de se convertir au droit dans la quarantaine, reçoit rarement les médias même s’il est constamment sollicité.
Le caractère international de l’action de Dignitas, qui a facilité depuis sa création, en 1998, le suicide de plus de 1000 personnes venues d’une soixantaine de pays, suscite particulièrement l’attention. Près d’une dizaine de ces personnes étaient d’origine canadienne. Et au moins trois venaient du Québec, selon un décompte produit par M. Minelli à notre demande.
La plupart souffraient de maladies graves ou incurables et souhaitaient être libérées de leur douleur. Mais le fondateur de Dignitas pense que le « droit au suicide assisté » ne s’arrête pas là.
« Si un être humain a pris la décision de mourir, aucune personne ne doit pouvoir s’y opposer », souligne l’avocat, qui milite dans plusieurs pays pour faire adopter son point de vue sur le sujet.
Pas d’euthanasie
Les personnes faisant appel à Dignitas pour mettre fin à leurs jours sont reçues dans une résidence aménagée en pleine zone industrielle à Pfäffikon, à l’est de Zurich. Des accompagnateurs préparent le cocktail de barbituriques qui entraîne normalement une mort rapide et indolore en une demi-heure. Le patient doit le prendre lui-même puisque la loi suisse ne permet pas l’euthanasie, dans laquelle la mort résulte de l’action directe d’une autre personne.
L’infirmière Petra Keller, qui joue ce rôle d’accompagnatrice, assure que le processus est souvent paisible, même s’il est douloureux pour les proches. « Les gens sont sereins à 99%. Ils sont contents de pouvoir se libérer de leur douleur », assure-t-elle en entrevue dans un bureau où sont conservés des centaines de dossiers actifs et passés de l’organisation.
La femme de 51 ans souligne que certains membres de son entourage l’ont déjà attaquée pour son action en la traitant « d’ange de la mort ». « Mais ils comprennent bien aujourd’hui ce que je fais », souligne Mme Keller, qui se dit convaincue de bien agir.
Tourisme de la mort
Le suicide assisté est déjà largement autorisé en Suisse, où la Constitution réserve une place centrale au droit à l’autodétermination des individus. Le Code criminel précise que ceux qui aident une personne à se suicider sont passibles de cinq ans de prison s’ils sont motivés par un mobile « égoïste », lire pécuniaire, mais ne pose pas de contraintes additionnelles, souligne M. Minelli.
La loi interdit cependant aux médecins de prescrire des médicaments à des personnes saines et limite de facto le recours au suicide assisté pour des personnes souffrant de troubles mentaux puisqu’elles ne peuvent facilement être jugées aptes à donner un consentement éclairé.
Deux barrières que le fondateur de Dignitas tente de faire tomber par des recours juridiques. Et en explorant d’autres voies de suicide qui ne nécessitent pas l’usage de médicaments.
Le droit au suicide assisté ne s’arrête pas non plus aux

Au moins neuf Canadiens se sont enlevé la vie avec l’aide de Dignitas
Il s’agit de six femmes et de trois hommes âgés de 40 à 90 ans.
ZURICH — Dignitas dit avoir aidé neuf Canadiens, y compris trois personnes d’origine québécoise, à s’enlever la vie depuis sa création il y a dix ans.
Un employé des services funèbres de Zurich transporte le cercueil de Reginald Crew, un Britannique de 74 ans atteint d’une maladie en phase terminale qui s’est rendu en Suisse pour obtenir l’aide de l’association Dignitas pour mettre fin à ses jours, en janvier 2003.
Il s’agit de six femmes et de trois hommes âgés de40à90ans qui se sont suicidés entre 2004 et 2008. L’organisation refuse cependant de préciser l’identité des personnes ou d’organiser un contact avec leurs familles par souci de confidentialité.
Quelques cas sont cependant connus parce qu’ils ont eu un écho médiatique. Comme celui de Manon Brunelle, une ex-employée de Télé-Québec qui s’est rendue à Zurich en 2004 pour mourir avec l’aide de Dignitas. Sa démarche a fait l’objet d’un documentaire du journaliste Benoît Dutrizac qui avait suscité un virulent débat dans la province.
En 2007, une femme de 38 ans de la Nouvelle-Écosse qui souffrait de sclérose en plaques, Elizabeth MacDonald, s’est enlevé la vie à Zurich en présence de son mari. La GRC a ouvert une enquête pour savoir si ce dernier était passible de poursuites au Canada, mais l’affaire est restée sans suite.



UN PEU DE DIGNITÉ S.V.P. -  Éric Normandeau
Ma mère avait le cancer. Il y a trois ans, les médecins lui prédisaient entre 9 et 12 mois à vivre. Elle a profité de ces années et nous avons savouré sa présence depuis ce temps. Elle a toutefois été admise à l’hôpital le 21 décembre parce que la douleur était devenue insupportable.
Éric Normandeau, que l’on voit photographié ici avec sa mère, Monique Parent, en des circonstances plus heureuses.
Sa douleur semblait sous contrôle, mais elle n’était plus l’ombre de ce qu’elle était. Elle était alitée. Elle ne bougeait pratiquement plus. Elle respirait avec difficulté. Elle ne parlait plus. Nous croyons qu’elle nous reconnaissait à l’occasion.
Ma mère est une personne avec beaucoup de fierté et voulait mourir dignement. Elle nous avait demandé de ne pas tenter de la réanimer si quelque chose lui arrivait. Elle nous avait demandé de ne pas prolonger son agonie si elle souffrait beaucoup.
Comme la douleur de ma mère était stabilisée, le processus normal était d’attendre et que doucement, les différents systèmes vitaux cesseraient de fonctionner et entraîneraient la mort. Pendant plus de 10 jours, les infirmières et médecins regardaient la condition de ma mère et disaient qu’il ne lui en restait plus que pour quelques heures. Les systèmes de ma mère fonctionnaient toujours. Mais la qualité de vie de ma mère était inexistante. Il n’y avait plus d’espoir que sa condition s’améliore ou qu’elle ressorte de l’hôpital. Nous souhaitions que tout cela se termine, car rien de positif ne pouvait maintenant arriver.
Toutefois, le médecin refusait de lui administrer une dose fatale. C’est la règle dans notre société.
Que fait-on si un chien ou un chat n’a plus le contrôle de ses sphincters, ne mange plus, ne boit plus et respire difficilement? Nous faisons ce qui est humain et l’aidons à passer dans l’autre monde.
Dans notre société, si cette situation prévaut chez un humain, nous préférons attendre. Attendre quoi ? Qu’il meure d’une attaque cardiaque, d’arrêt respiratoire ou tout simplement de faim. Ma mère allait mourir de faim. La société ne voulait pas la pousser vers la sortie. Si je l’aidais, je risquais de me retrouver en prison.
Vous trouvez qu’il est plus humain de mourir de faim que d’injecter une dose fatale quand il n’y a plus de qualité de vie ?
S’il vous plaît, un peu plus de dignité. Vous aussi mourrez peut-être de faim.


POUR OU CONTRE L’EUTHANASIE?
La Fédération des médecins spécialistes du Québec a publié mardi les résultats d’un sondage réalisé auprès de ses membres au sujet de l’euthanasie. On apprend que 75 % des spécialistes qui ont participé à cette enquête sont favorables à un recours à l’eut



Les animaux mieux traités
Je suis en faveur de l’euthanasie dans un cadre législatif balisé, comme on le fait dans d’autres pays et États américains. Comment prétendre que les personnes vivant dans les centres de longue durée ont une vie intéressante ? Certainement pas la majorité. J’ai eu et j’ai encore à vivre une situation difficile avec un parent qui ne peut même pas manger seul, ne peut bouger seul, qui ne sait pas s’il fait soleil ou s’il neige. Ne venez pas me dire que c’est une vie souhaitable, intéressante. Cette personne attend la mort comme une délivrance. J’ai demandé à mes proches de m’aider à mettre fin à mes jours si une telle situation m’arrive. Je pense souvent que nous avons plus de compassion pour les animaux que pour les humains.

L’euthanasie hypocrite
Je suis pour le recours à l’euthanasie, mais attention de ne pas confondre euthanasie et sédation profonde. La sédation profonde est le procédé par lequel on administre de fortes doses de morphine au malade en phase terminale pour, diton, l’empêcher de souffrir. C’est une procédure utilisée fréquemment dans les centres hospitaliers du Québec. Nous connaissons tous au moins une personne qui a terminé sa vie de cette façon. C’est, comment dire, une sorte d’euthanasie hypocrite. Le malade sombre peu à peu dans une léthargie qui l’entraîne vers la mort. A-t-il vraiment cessé de souffrir? A-t-il eu seulement conscience de sa mort imminente? A-t-il eu le temps de dire au revoir à ses proches? A-t-il subi un dernier et ultime sursaut de souffrance, comme une constipation extrême, un dernier goût trop amer dans la bouche? Pour moi, l’euthanasie c’est celle où le malade choisit sa journée, son heure, son moment pour mourir. Ce malade est atteint d’une maladie devenue incurable. Il sait qu’il sera grandement diminué, qu’il perdra peu à peu toute qualité de vie et qu’à un moment donné il ne pourra plus le supporter. Il fera alors des demandes répétées à son médecin de l’aider à terminer ses jours. Ce dernier fera part de la demande de son patient à un comité spécialement formé qui, après étude de son dossier et de ses demandes répétées, acquiescera à sa requête d’euthanasie. Le malade choisira sa journée, son moment. Il sera entouré des siens, et en pleine lumière, il partira heureux, en toute connaissance de cause. Soulagé enfin. C’est l’euthanasie que je nous souhaite.

Dans la dignité
Quiconque a vu un de ses proches en phase terminale mourir dans des souffrances atroces ne souhaiterait mourir de cette façon et ne peut être contre l’euthanasie. Combien de fois n’a-t-on pas entendu cette expression: « Qu’on lui donne une petite pilule qu’on en finisse » ? À ceux qui sont d’avis qu’il faut laisser la volonté divine s’accomplir, je leur dis: laissez mourir en paix et dans la dignité ceux qui ne veulent pas s’y soumettre ou qui ne croient pas en Dieu.

Pourquoi étirer l’agonie ?
L’euthanasie, intervention médicale pour accélérer une fin de vie imminente, quand le point de non-retour est atteint. Cela est déjà informellement accessible avec l’administration de morphine dans de tels cas (généralement pour abréger ou éviter la souffrance physique). Il n’y a pas tellement de risques de dérapage dans de telles situations. Peut-être vaut-il mieux baliser? J’ai accompagné deux mourants dans de telles circonstances. Je sais que c’est ce qu’elles souhaitaient et ce que je souhaiterais pour moi. Il n’y a rien à gagner à souffrir et à étirer l’agonie. Bien entendu, si une personne avait exprimé clairement un refus, par sa croyance religieuse ou autre, cela devrait être respecté. Je suis aussi pour le suicide assisté, aidé d’un professionnel. J’aimerais avoir le droit et la possibilité de décider de mettre fin à ma vie sans devoir avoir recours à des moyens violents. Je ne veux pas passer les dernières années de ma vie à attendre le bon vouloir de la nature pour décider de ma mort si je n’ai vraiment plus envie de vivre ou de qualité de vie minimale pour moi. Dans les cas de suicide assisté, il y a davantage de risques de dérapage. Des héritiers avides ou trop égoïstes pourraient mettre une pression sur la personne ou des intervenants du milieu « pour libérer des places », ou une période de dépression temporaire, et bien d’autres possibilités. Il devrait y avoir des balises très claires: soit à la suite d’un diagnostic de maladie grave incurable ou un grand âge (plus de 85 ans?) Le plus important: s’assurer du consentement éclairé, voire du désir ferme de la personne qui devra bien entendu être lucide et apte à prendre une telle décision. Si nécessaire, mettre sur pied un comité constitué pour valider une demande. Laisser passer un intervalle de temps suffisant pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un état d’âme passager ou d’un moment de découragement. Hors de question d’assister une personne jeune et en santé parce qu’elle est déprimée…

Bien encadrer
Je suis pour l’euthanasie à 100%. Cependant, la pratique doit être bien encadrée. On pourrait s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Il est important d’avoir une bonne discussion entre médecins et spécialistes ; cependant, il ne faudrait pas étirer la réflexion outre mesure comme le « tournage en rond » dans le dossier du CHUM. L’euthanasie pourrait être permise pour les maladies incurables à la demande du patient après évaluation par un comité d’experts ; à la demande du patient dans les cas de cancer en phase terminale ; à la demande des familles de patients polytraumatisés, branchés, évalués « mort cérébrale », chaque situation dans les cas de maladies incurable demandant une évaluation personnelle et individuelle, au cas par cas. Je ne crains pas les dérapages si le processus est bien défini, bien encadré autant dans la pratique que par des lois.

... ou contre...
Ouverture au génocide
Je suis totalement contre l’euthanasie. Avec ce débat, c’est le diktat d’une société centrée sur l’apparence qui se fait sentir, où seuls ceux qui ont des corps jeunes, beaux et sains devraient avoir le droit de vivre, comme si l’on disait que la faiblesse, la dépendance devraient mériter la mort. La vieillesse et la maladie sont deux réalités de la vie. Quel message envoiet-on aux handicapés qui dépendent des autres? Avec ce débat, on ouvre la porte à rien de moins que ce qui pourrait être un génocide. La médecine doit sauver les vies humaines, pas les tuer. En faisant le serment d’Hippocrate, les médecins affirment: «Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.» À force d’être centrés sur l’apparence, les gens en sont venus à oublier l’essentiel.

Avant de tuer nos patients
Cette semaine, la Fédération de médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a demandé à ses membres de compléter en ligne un sondage sur l’euthanasie. Je suis une de ces membres et je serais franchement outrée que la FMOQ annonce publiquement qu’une majorité de médecins est en faveur de la légalisation de l’euthanasie, comme vient de le faire la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Il faut examiner et débattre des soins de fin de vie au Québec, mais posons d’abord les bonnes questions. Nous devons d’abord nous questionner comme médecins et comme citoyens sur l’accessibilité des soins palliatifs de qualité pour les gens qui ne veulent pas des soins prolongeant la vie ou pour ceux qui n’y sont plus candidats. Nous devons également revendiquer comme médecin des outils pour guider et accompagner les gens dans leurs derniers mois ou années de vie avant de revendiquer le droit de tuer nos patients. En tant que citoyenne, avant d’avoir le droit de demander la mort, je veux avoir le droit de refuser des soins tout en continuant d’être traitée comme un être humain avec des besoins physiques, psychologiques, sociaux et spirituels avant de mourir. Je rencontre chaque semaine des patients qui ont eu accès à des tests et des traitements dernier cri, mais qui n’ont jamais eu accès à un professionnel qui s’occupait du contrôle de leur douleur ou de leur essoufflement et qui sont sur une liste d’attente de deux ans pour avoir de l’aide à domicile ou un suivi avec un psychologue du CLSC. Pas étonnant qu’ils contemplent l’euthanasie ou le suicide! Avant d’avoir le droit de tuer mes patients, je veux avoir les moyens de les laisser vivre dans la dignité et le confort. Je veux également avoir le droit de laisser mourir! À ce jour, le gouvernement du Canada n’a toujours pas accepté de réviser le Code criminel afin d’y inclure le droit de cesser ou de ne pas initier des soins qui prolongent la vie. Le Collège des médecins du Québec se préparerait à prononcer sa position face à l’euthanasie. Je questionne sérieusement sa légitimité à le faire. L’euthanasie et le suicide assisté ne sont pas des enjeux médicaux, mais des enjeux de société.

Ce n’est pas de l’euthanasie
Un sondage auquel seulement le quart des membres de la Fédération des médecins spécialistes du Québec a répondu révèle que parmi ces répondants, 75% se disent « probablement » ou « certainement » en faveur de l’euthanasie. Ils décrivent l’euthanasie comme étant le fait de retirer la respiration artificielle d’une personne en état de mort cérébrale et le fait d’administrer des sédatifs à une personne en phase terminale. Or, il ne s’agit là nullement d’euthanasie puisque la personne est déjà morte (mort cérébrale) ou mourante (phase terminale). L’euthanasie, c’est le fait de mettre fin à la vie d’une personne qui n’est pas déjà morte ou mourante, une personne qui a peur de souffrir. Pourtant, les soins palliatifs peuvent atténuer la souffrance de façon remarquable. Cela comprend, dans de très rares cas, le fait d’endormir temporairement une personne pour alléger une douleur. Ainsi, une fois que les gens se rendent compte qu’ils peuvent très bien vivre avec leur maladie ou que celle-ci peut même parfois être guérie, ils ne demandent plus l’euthanasie ou le suicide assisté. Ne donnons pas le droit aux médecins de nous tuer quand nous avons le plus besoin de soutien et d’encouragement.

Soins palliatifs en danger
En tant que médecin de famille à la retraite après plus de 40 ans de pratique, je crois que dans une société où l’euthanasie pourrait être pratiquée, il y aurait atteinte à la qualité des soins palliatifs. De la part des soignants, il pourrait parfois y avoir la tentation d’abréger la vie du patient, particulièrement lorsque l’administration des soins deviendrait difficile et exigeante et que la possibilité d’en finir serait disponible. Chez le mourant, le doute pourrait s’installer quant à la volonté de l’équipe de dispenser les meilleurs soins possibles. Pour les soignants, il deviendrait plus difficile de conserver la confiance du mourant et de maintenir leur crédibilité auprès de celui-ci. Au point de vue médical, les soins palliatifs ne peuvent être dispensés si l’équipe n’arrive pas à prendre fermement position contre la pratique de l’euthanasie, car c’est son intégrité même qui est en jeu. Je réfute l’affirmation, trop fréquemment répétée, à l’effet qu’il se pratique actuellement beaucoup d’euthanasie auprès des mourants. Le problème est que trop de personnes ne font pas la différence entre l’euthanasie (le fait de poser ou d’omettre de poser, volontairement, un acte avec l’intention d’abréger la vie d’une personne) et de bons soins palliatifs qui peuvent comme effet secondaire abréger la vie, dont l’abstention à l’acharnement thérapeutique ou à l’administration d’un puissant analgésique. Un investissement, de la part de notre société, dans de bons soins palliatifs aura comme conséquence de rendre beaucoup moins pertinent le débat sur l’euthanasie.




LE DEVOIR DE GUÉRIR - Céline Tessier
L e pa r l e ment du Canada débattra prochainement du projet de loi C-334, qui vise à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté au Canada.
Alors que s’actualise dans notre pays un débat aussi important, des questions de vie s’imposent: qu’est-ce que l’euthanasie, qu’est-ce que le suicide assisté, qu’est-ce que l’acharnement thérapeutique et quelles conséquences entraînerait une législation de l’euthanasie ou du suicide assisté? Y a-t-il une différence réelle entre l’euthanasie et l’abstention ou l’interruption d’un traitement? Et, finalement, qu’est-ce que mourir dans la dignité?
Je vous ferai grâce de toutes ces définitions, mais il est important de bien les distinguer et de se conscientiser au débat actuel. Il ne fait aucun doute que la douleur physique et morale remet en question le coeurmême de l’être humain et ses plus profondes convictions. Il faut aussi reconnaître nos limites.
Dans ses dernières volontés, Alexandre le Grand disait : « Je veux que les médecins les plus éminents transportent eux-mêmes mon cercueil pour démontrer ainsi que face à la mort, ils n’ont pas toujours le pouvoir de guérir.» Mais, ils en ont le devoir. L’interdiction légale de tuer est fondamentale. Leur devoir consiste à éradiquer la souffrance ou bien sûr à l’atténuer.
Les idéologies s’affrontent lorsqu’il est question d’euthanasie ou d’acharnement thérapeutique. Qui, un jour ou l’autre, ne s’est pas posé la question de cesser toute forme de traitement curatif face à une grave maladie ou devant un être cher qui se soustrait lentement du monde des vivants? La question est tout à fait légitime. Les progrès de la médecine dans la préservation et le prolongement de la vie ont connu des percées étonnantes. La profession médicale, les théologiens et aussi les philosophes débattent de la qualité de la vie, des droits pour un être humain de déterminer le moment où cette qualité de vie s’est dégradée. Le fil conducteur est parfois très mince et teinté de dentelle.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu un préjugé défavorable envers ce que je croyais être un acharnement thérapeutique. J’ai eu tort. Le retour à la vie en a été la plus extraordinaire et la plus belle des preuves et j’avoue avoir été troublée par ce que je nommerai le miracle des hommes et le miracle de Dieu. Cette volonté de vivre a renversé mes convictions.
Mon expérience d’accompagnatrice en soins palliatifs me permet aussi de vivre une tout autre dimension de la dignité. Elle est viscéralement présente. Elle ne s’invente pas, elle ne s’apprend pas, elle se vit et se termine en son temps. Tout comme la vie a un début, elle a aussi un terme puisque nous avons tous une finitude.
Lorsque les traitements curatifs sont inutiles et que l’on s’abstient de donner un traitement ou lorsqu’on l’interrompt, la mort est causée par l’évolution normale de la maladie.
Dans le cas de l’euthanasie, la mort est causée par tout autre moyen et il y a une grande différence entre laisser mourir et faire mourir. Je crois profondément que lorsque la maladie est irréversible, il reste à pallier à la douleur physique par une médication appropriée, ce que les médecins sont largement habiletés à appliquer, faisant honneur à leur serment d’Hippocrate : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies et je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » (professeur Bernard Hoerni, France, 1996)
L’équipe multidisciplinaire, la famille et l’équipe des bénévoles tiennent compte aussi de la souffrance morale qui nécessite une approche incontournable. On est présent par notre empathie, par notre compassion, tout en répondant à leurs besoins les plus fondamentaux. Au moment de mourir, la présence des autres devient réconfortante tout comme elle l’a été pour vivre. La finalité en son temps et lieu se transforme en une boucle de la vie.



Une majorité de médecins spécialistes se disent favorables à l’euthanasie  -  Pascale Breton
Une majorité se dit favorable à l’euthanasie
Une majorité de médecins spécialistes se disent favorables à l’euthanasie, même si 20 % d’entre eux refuseraient de la pratiquer si elle était légale.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec, présidée par le Dr Gaétan Barrette, a mené une vaste enquête auprès de ses membres au sujet de l’euthanasie.
C’est ce que révèle un sondage commandé par la Fédération des médecins spécialistes du Québec ( FMSQ) auprès de ses 8000 membres, dont 2025 ont répondu.
Au total, 84 % des répondants se disent ouverts à lancer un débat sur l’euthanasie et les trois quarts affirment qu’ils seraient « probablement » ou « certainement favorables » à une ouverture à la légalisation.
Plus de la moitié des médecins qui ont répondu au sondage accepteraient d’ailleurs de pratiquer l’euthanasie « dans un cadre législatif balisé ». Par contre, un répondant sur cinq s’y refuserait.
« L’euthanasie est rendue à un point aujourd’hui qui est presque identique à celui où se trouvait l’avortement il y a 21 ans. C’est exactement le même débat aujourd’hui », a déclaré le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette.
La différence, ajoute le Dr Barrette, c’est que les médecins se montrent aujourd’hui majoritairement favorables à un débat sur l’euthanasie, ce qui n’était pas le cas à l’époque avec l’avortement.
Le s ondage c ommandé pa r l es médecins spécialistes portait précisément sur la question de l’euthanasie et non pas sur le suicide assisté. « Le suicide assisté est un sujet en soi qui est complètement différent et qui, par définition, ne met pas en cause la pratique du médecin spécialiste, à l’opposé de l’euthanasie », a précisé le Dr Barrette.
L’eutha nasie n’est pas permise selon la loi mais, dans les faits, elle est courante dans les hôpitaux. Le sondage révèle d’ailleurs que 81 % des médecins ont eu conscience « souvent, parfois ou rarement » d’une telle pratique.
Il s’agit généralement de polytraumatisés de la route, en état de mort cérébrale, qui sont débranchés ou de malades en phase terminale qui reçoivent un sédatif palliatif.
C’est une question délicate qui nécessite des balises. La décision doit être prise par le médecin et son patient ou ses proches, si ce dernier est dans l’incapacité de le faire, souligne le Dr Barrette. « Plus on remonte en amont de la phase terminale, plus ça nécessite des balises parce que la question qui se pose est : où s’arrête-t-on ? »
La léga l i sation de l ’eut hanasie relève du fédéral. Par contre, le gouvernement du Québec se montre préoccupé par la question.
« Il faut en faire un débat de société. Il y a eu une évolution de la société par rapport à ça. Également, ce qu’il faut, c’est clarifier les termes. On parle parfois de soins palliatifs, parfois d’euthanasie, de suicide assisté, ce sont des termes complètement différents. J’ai une ouverture à recevoir les avis des gens, à ce que, comme société, on en fasse un débat et que, si possible, on recherche un consensus », a déclaré le ministre de la Santé, Yves Bolduc.
Un groupe de travail mandaté par le Collège des médecins a recommandé au printemps que l’euthanasie fasse partie des soins de fin de vie. Le conseil d’administration du Collège doit en débattre à sa prochaine séance. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec se prononcera également après consultation de ses membres.
Le sondage I spos Décarie commandé par la FMSQ a été mené sur l’internet et par la poste entre le 28 août et le 15 septembre 2009. La marge d’erreur est de 1,9 point de pourcentage, 19 fois sur 20.


Un sondage « truqué »
Affirmer que les médecins sont ouverts à l’euthanasie sur la base de l’enquête de la FMSQ est une tromperie
Le docteur Gaétan Barrette et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) nous ont présenté un sondage tendancieux sur l’euthanasie. La formulation des questions, pleines d’incitatifs positifs (du type « seriez-vous d’accord si un projet de loi bien balisé était déposé... »), visait clairement à nous faire adhérer à des options pro-euthanasie. Plusieurs de nos collègues l’ont noté et pour cette raison se sont abstenus de participer à cet exercice démagogique. Cela explique probablement le très faible taux de participation (moins de 25%), même si l’enjeu ici était crucial. Nous en avons avisé la FMSQ en septembre, et celle-ci a pris acte de notre commentaire, mais a refusé d’y répondre (bravo pour le respect des membres!).
Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette, a dévoilé mardi les résultats d’un sondage sur l’euthanasie dont la méthodologie ne fait pas l’unanimité.
Aujou rd’hui, le docteu r Barrette, sur « l’autorité » de ce sondage controversé, clame haut et fort « l’appui des médecins spécialistes à une ouverture à l’euthanasie ». Peut-être cette ouverture existe-t-elle, mais l’affirmer sur la base de ce sondage est une tromperie. Le docteur Barrette, s’il n’a pas beaucoup de respect pour les élus (parlez-en au ministre de la Santé) ou pour les membres de sa propre fédération, devrait avoir au moins un peu plus de respect pour le public en évitant d’utiliser de façon idéologique des résultats d’un sondage mal fait et nonapprouvé par une majorité de ses membres.
En bref, le docteur Barrette ne peut moralement affirmer que les résultats de son sondage sont « l’expression de l’opinion des membres de la Fédération des médecins spécialistes du Québec ».

Une interprétation hâtive
J’ai été très étonné d’entendre le docteur Gaétan Barrette a ffirmer su r quelques tribunes qu’une forte majorité des médecins spécia listes est en faveur de l’euthanasie. L es médias ont d’a illeu rs a llèg rement repris cette information.
Un sondage mené récemment a en effet révélé que les médecins spécialistes appuieraient à 76 % l’adoption d’un projet de loi visant la légalisation de l’euthanasie par la Chambre des communes. Mais on néglige de dire que seulement 23 % des médecins spécialistes ont daigné répondre au sondage.
Avec u n tau x de nonréponse aussi important (près de 80 %) à une question aussi délicate que celle de l’euthanasie, la conclusion du docteur Barrette relève tout simplement du sport extrême. En effet, si les non-répondants ont une opinion différente de celle des répondants sur la question de l’euthanasie, peut-on vraiment accorder une quelconque légitimité à cette estimation, compte tenu d’un taux de réponse aussi bas ?
Imaginons que parmi les non-répondants, 50 % sont en faveur de l’euthanasie. Cela signifierait que seulement 56 % des spécialistes sont en faveu r de l’eutha nasie. Cela aurait-il alors valu une manchette ?
La non-réponse dans les sondages a comme principal effet de générer des biais qui peuvent s’avérer très importants lorsque le comportement des répondants est différent de celui des non-répondants et que le taux de non-réponse est aussi élevé. Il faut donc procéder avec une extrême prudence et ne pas succomber à la tentation de l’interprétation trop hâtive et trop facile. Professeur adjoint au département de mathématiques et de statistique à l’Université de Montréal



Il faut sauver grand-maman  -  Mario Roy
Vue d’ici, la virulence des protestations qui ont cours aux États-Unis contre le projet de réforme des soins de santé est tout bonnement stupéfiante. Barack Obama travesti en Joker. Staline et Hitler servant de points de comparaison. Des appels surréalistes à ne pas « tuer grand-maman »... Tout cela est tellement hors de proportion avec l’objet du débat! De sorte que voir cette rhétorique ignare, irrationnelle, souvent haineuse, occuper toute la place nous paraît totalement incompatible avec le fait que c’est ce même électorat qui, il y a peu, a porté Obama à la Maison-Blanche.
Bien sûr, il ne faut pas oublier que, loin des caméras de la télévision, la moitié de la population demeure favorable à ce que fait le président en cette matière (48% pour et 48% contre, hier, Washington Post/ ABC News).
Mais tout de même: pourquoi cette folie?
Il n’y a pas que la grogne organisée par les républicains, la droite religieuse, les ténors de la radio-poubelle et les groupes de pression ad hoc. Il n’y a pas non plus que les phobies nationales. L’État fédéral, les communistes, les immigrants, l’avortement... et ce que chacun redoutait en silence: la couleur de la peau du président, qui fait bel et bien partie de l’équation.
Non, il y a pire. Et c’est le spectre de la mort.
Sarah Palin n’a rien inventé en jetant dans le débat les « tribunaux de la mort ». Il y a presque un an, Obama à peine élu, le Washington Times avait subtilement évoqué un programme d’État de l’Allemagne nazie, le T4, prescrivant l’euthanasie en certains cas ( Palin l’avait bien dit qu’elle lisait les journaux!).
L’image est particulièrement vicieuse parce qu’elle fait entrer dans la pièce l’éléphant que personne n’ose regarder : le rationnement des soins de santé, dont la nécessité est universelle quel que soit le régime – public, privé ou mixte – sous lequel on vit... et meurt. On aurait tort de se moquer. « Les Américains ont non seulement peur de la mort, mais peur aussi d’y penser et d’en parler! » écrit le Newsweek. Des froussards? Peut-être. Mais ils ne sont pas les seuls. Ici, 81% desCanadiens n’ont jamais parlé des soins de fin de vie avec un professionnel de la santé (Léger Marketing). L’affaire est pour nous tellement délicate qu’une dramaturge, Manon Lussier, a senti le besoin de monter une pièce sur cette zone terrifiante qui entoure l’acte de mourir; sa création, Un suaire en Saran Wrap, sera présentée à compter de ce soir au Théâtre d’aujourd’hui.
Enmatière de soins de santé, donc, les Américains ont peur du changement ? Peut-être. Mais ils ne sont pas les seuls. Ici, en une image-miroir de ce qui se passe aux États-Unis, la plus petite allusion à un rôle quelconque éventuellement alloué au secteur privé provoque des hurlements dont la stridence n’est pas moindre que ce qui nous crève les tympans depuis des semaines à CNN et à Fox News... Alors, les nerfs. Ce débat n’est facile pour personne.
Pensez à la mort.


Les Québécois favorables à l’euthanasie  -  Catherine Handfield
Un peu plus de trois Québécois sur quatre sont d’accord pour que l’euthanasie soit légalisée au Québec, révèle un sondage Angus Reid-La Presse. Un droit qui devrait toutefois être limité aux grands malades, selon une majorité de répondants.
Jaideep Mukerji, vice-président aux affaires publiques d’Angus Reid Strategies, avoue avoir été surpris par les résultats du coup de sonde mené les 4 et 5 août auprès de 800 adultes québécois. La marge d’erreur du sondage, fait en ligne, est de 3,5%.
« Il est surprenant de voir à quel point les Québécois sont en faveur de l’euthanasie et que leur opinion sur le sujet est claire », observe M. Mukerji.
Parmi les répondants, 31% se disent « fortement d’accord » avec la légalisation de l’euthanasie et 46% se disent « modérément d’accord ». À l’opposé, 8% sont « fortement en désaccord » et 9% sont « modérément en désaccord ».
Le débat sur l’euthanasie a refait surface cet été. À la mijuillet, le Collège des médecins du Québec a annoncé qu’il envisageait de recommander la décriminalisation de l’euthanasie dans des circonstances précises.
Le Groupe de travail en éthique clinique publiera un document de réf lexion à la mi-octobre, a révélé le quotidien The Globe and Mail. Cette prise de position viserait à faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il modifie le Code criminel.
Si on se fie aux résultats du sondage, le Collège des médecins du Québec aura l’appui de la population dans sa démarche. Trois Québécois sur quatre estiment que rouvrir le débat sur l’euthanasie est une bonne idée.
Et les appuis se trouvent dans toutes les sphères de la société, note Jaideep Mukerji. « Les réponses des Québécois sont constantes, peu importe le sexe, le revenu ou le lieu de résidence », souligne-t-il.
Le seul groupe qui a fourni une réponse légèrement différente est celui des 55 ans et plus : 71% sont en faveur de la légalisation, soit 6% de moins que la moyenne.

Par ailleurs, près de 50% des répondants estiment que les provinces devraient avoir le droit de déterminer si l’euthanasie est permise ou non. Trente pour cent souhaitent que la question demeure de compétence fédérale.
Limité aux grands malades
Si les Québécois sont d’accord avec la légalisation de l’euthanasie, ce droit devrait toutefois être limité aux gens atteints de graves maladies, révèlent les résultats du sondage.
Quelque 85 % des Québécois sont d’accord pour permettre au médecin d’aider un malade à mettre fin à ses jours quand ce dernier est en phase terminale et qu’il éprouve d’intenses douleurs. La majorité des répondants sont en faveur de l’euthanasie pour les gens atteints d’une maladie incurable qui les laissent tétraplégiques (58%) ou encore pour les malades dans le coma qui ont déjà précisé qu’ils souhaitaient mourir s’ils se retrouvaient dans une telle situation (86%).
À l’opposé, les trois quarts des répondants s’opposent à l’euthanasie d’un malade qui désire mourir en même temps que son conjoint. Dans le même ordre d’idée, près de 50% s’opposent à ce qu’un parent puisse demander la mort d’un enfant qui souffre d’une forme grave d’une maladie comme la paralysie cérébrale.
« On peut déduire que les Québécois ont besoin d’une justification morale pour permettre l’euthanasie et qu’une souffrance terrible peut en être une pour eux », analyse Margaret Somerville, directrice fondatrice du Centre de médecine, éthique et droit de McGill.
Mme Somerville attribue en partie au déclin de la religion le fait que les Québécois se montrent si favorables à l’euthanasie. « C’est difficile d’argumenter contre l’euthanasie si on n’a aucune croyance religieuse... » note-t-elle.
Suzanne Philips-Nootens, professeure à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, appelle pour sa part à la prudence dans l’analyse des résultats du sondage.
« Les répondants se sont prononcés sur une situation abstraite, dit-elle. Mais le jour où les gens deviennent réellement malades, les études démontrent que leur opinion sur l’euthanasie a tendance à changer. »


Bachelet gagnera-t-elle « sa » guerre ?  -  Olivier Ubertalli
Chili La première femme présidente du Chili, Michelle Bachelet, semble sur le point de gagner l’une des plus importantes batailles de sa présidence. Offrir la pilule du lendemain gratuitement dès l’âge de 14 ans. Mais l’initiative demeure hautement contro
VALPARAISO ET SANTIAGO — Face à l’immense bâtiment rectangulaire du Congrès chilien, situé dans le port de Valparaiso, deux groupes de jeunes manifestants se font face
lendemain38 Des militants pro-vie se sont fait entendre hier devant le Congrès chilien à Valparaiso. La présidente Michelle Bachelet est sur le point de remporter sa bataille pour rendre plus accessible la pilule du .
D’un côté, on trouve les opposants au projet de loi sur la gratuité de la pilule du lendemain dans les hôpitaux publics pour les adolescentes – à partir de 14 ans – et sans autorisation préalable des parents.
Ils brandissent plusieurs pancartes qui témoignent de leur colère face au texte en discussion. Sur l ’ une d’entre elles, on peut lire : « Gouvernement immoral, ta pilule est illégale ».
Casquette sur la tête et chemise bleue soigneusement repassée, le jeune Rodolfo Marcone soutient que « la vertu ne vient pas en capsule. Le gouvernement devrait plutôt présenter un projet de loi qui parle de la sexualité d’un point de vue plus humain ».
À quelques mètres de là, AnitaPeña, militante féministe aux cheveux bouclés noirs et aux lunettes rouges, est venue avec quelques amies soutenir le projet de loi. « Aujourd’hui nous vivons dans un système discriminatoire. La pilule du lendemain doit être prise en charge par le système de santé public », affirme-t-elle dans le brouhaha.
Discrimination
L’accès à la pilule du lendemain est aujourd’hui discriminatoire au Chili, car elle peut s’acheter en pharmacie sur ordonnance d’un médecin, mais est interdite dans les dispensaires publics. Or, certains n’ont pas les ressources pour payer une consultation privée.
Chaque année, 38 0 0 0 enfants naissent de mères adolescentes dans le pays sudaméricain. Dans les milieux défavorisés, une fille sur cinq de moins de 20 ans a déjà un enfant, contre une sur trente dans les classes aisées.
La gratuité de la pilule du lendemain constitue « LA » bataille de Michelle Bachelet, la première femme présidente du Chili. Celle que la socialiste a érigée en symbole de sa lutte contre les inégalités sociales et en faveur des femmes. Les trois principaux candidats à la présidentielle de décembre prochain se sont ralliés au texte.
Pays très catholique
Mais la gratuité de la « píldora », comme on l’appelle au Chili, reste un sujet controversé dans un pays très catholique et où l’avortement est strictement interdit. Malgré la réticence de certains alliés politiques, les critiques de l’Église et surtout le veto du tribunal constitutionnel en 2008, Michelle Bachelet n’a jamais renoncé à son projet. Elle est désormais sur le point de le faire approuver, après trois années de débat houleux. Le Sénat chilien devrait entériner le texte dans les prochains jours, à la suite du vote positif de la Chambre des députés à la mi-juillet.
À ses opposants, la présidente socialiste qui termine son mandat en mars prochain répond : « Laissez aux femmes leur liberté de conscience, af in qu’el les décident si elles prennent ou non la pilule. Il est du devoi r de l ’ État de leur fournir une alternative qui ne soit ni l’avortement ni la grossesse. »




Menacée au début et à la fin  -  Nestor Turcotte
Jadis un don, la vie est devenue un choix pris par d’autres
L’auteur réside à Matane et est philosophe. Jeune , mes pa rent s me disaient, lorsqu’un nouvel enfant naiss a i t – nous étions 13 à la table –, que Dieu leur avait envoyé un autre fils, une autre fille et qu’ils étaient bien contents de recevoir ce cadeau venant directement du ciel. La vie venait de Dieu et personne ne songeait à l’interrompre.
Des militants pro-choix qui ont manifesté dans les rues de Montréal en mai dernier. De toute évidence, ils ne partagent pas le choix de notre lecteur. Le débat sur l’avortement divise le pays depuis plus de 30 ans.
La famille se réjouissait de voir arriver une nouvelle figure au milieu d’une marmaille déjà nombreuse. Il n’y avait pas de technique pour empêcher un enfant de commencer sa croissance dans le sein de la mère. Il y en avait encore moins pour l’extirper avant qu’il lance ses premiers cris, le moment de la naissance venue.
Jadis, la vie était un don. Maintenant, la vie est un choix. Un choix pris par d’autres, alors que l’intéressé, lié à ce droit des autres, n’a aucune possibilité de dire s’il est d’accord ou pas avec le choix pris en son absence.
Chaque année, depuis 1980, environ 30 000 enfants ne naissent pas à cause du choix que quelqu’un fait à leur place. Près d’un million d’enfants n’ont pas vu le jour au Québec, depuis une trentaine d’années, parce que des personnes ont décidé qu’ils ne verraient tout simplement pas le jour. Pour un petit peuple comme le nôtre, ce nombre d’interruption de grossesses a déstabilisé drôlement l’équilibre démographique du Québec.
Du point de vue légal, l’article 223 du Code criminel affirme qu’un enfant devient un être humain au sens précis de la loi lorsqu’il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère. Sorti jusqu’au nombril, il n’est pas juridiquement un être humain. Le Canada est un des rares pays au monde à ne pas avoir de loi pour encadrer la pratique de l’avortement. Le politicien qui oserait en faire une perdrait assurément ses élections !
Jeune, mes parents me disaient, lorsqu’une personne mourait, que le bon Dieu était venu la chercher et qu’il fallait se soumettre à sa volonté. Les gens mouraient habituellement à la maison familiale, dans la dignité, entourés de leurs proches. Personne ne songeait à abréger les jours de quelqu’un et il aurait été indigne, voire criminel de le faire ou de songer à le faire. Les analgésiques ou autres médicaments pour soulager la souffrance n’existaient peu ou pas. Chaque malade offrait ses souffrances pour son salut éternel.
Le débat entourant l’euthanasie devrait reprendre à l’automne 2009. Le projet de loi C-384 légalisant l’euthanasie et le suicide assisté « pour toute personne de 18 ans ou plus éprouvant une souffrance mentale ou physique qu’elle juge insupportable » sera débattu à la Chambre des communes. Selon moi, cette question est trop grave pour être mise entre les mains des politiciens. La question devrait être tranchée par voie référendaire. Elle ne le sera sans doute pas. Comme celui de l’avortement. Les politiciens ne veulent pas faire réfléchir les citoyens sur la vie et la mort. Ils sont trop préoccupés à se faire réélire.
Techniquement, il est possible d’éliminer les malades qui le souhaitent et qui ne veulent plus être à la charge de personne. Le testament biologique autorise médecins et proches à ne pas tenter de réanimer un patient. L’euthanasie passive et active prend lentement place dans les moeurs et certains pays, comme la Belgique et les Pays-Bas, autorisent les proches d’un malade à aider un malade à mettre fin à ses jours.
La vie est limitée maintenant par le choix des autres. Elle est menacée à son départ comme à son terme.
Ce monde, accroché uniquement aux plaisirs et à la satisfaction du moment, ne souffre plus que quelqu’un vienne briser ses plans de carrière. Avant de naître ou de mourir, l’être en construction, en perte d’autonomie ou en phase terminale pose problème à celui qui se croit en santé.
Que faire pour redonner le sens du respect de la vie, tant à ses débuts qu’à son terme? Retrouver un minimum de sens. Car c’est le sens qui donne à la vie à venir et à la vie qui se termine, toute sa signification. Si ce n’est plus cela, chacun peut être autorisé à faire n’importe quoi avec la vie de l’autre.





Les autruches  -  Marie-Claude Lortie
Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais, il y a 20 ans, on a aussi eu un été pourri.
Rien à voir avec le climat. L’été a été nul car traumatisé par l’affaire Chantal Daigle, cette fille enceinte qui voulait avorter et contre qui son ex-chum avait demandé une injonction. À l’été 1989, au lieu de se prendre le bec sur la météo, on s’engueulait sur les droits de Jean-Guy Tremblay (dont on ne savait pas encore à quel point il était violent avec ses petites amies) autour de la piscine. Au lieu de parler sans arrêt de pluie, on parlait de Cour suprême, de foetus, de droits, de la vie, de son début et de quand on peut ou on ne peut pas.
Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais même si ce ne fut pas un bel été à cause de tous ces déchirements envenimés, des questions importantes ont été tranchées sous le ciel d’août de cette année-là. On a mis les points sur les i. La Cour suprême a donné raison à Daigle (qui avait déjà avorté). Elle a décidé que le foetus n’était pas un être humain. Les hommes ont appris qu’ils ne pouvaient forcer une femme à mener une grossesse à terme. Et depuis, le droit de choisir n’a plus été remis en question.
La discussion pénible a porté ses fruits.
Cette année, il faudrait avoir le courage de saisir l’occasion pour replonger dans la vie et la mort afin de parler d’un autre sujet du même registre qu’on ne cesse de balayer sous le tapis : l’euthanasie. Je sais, je sais... Ma i s comme le disa i t récemment Yves Robert, le secrétaire du Collège des médecins, à un journaliste du « Éviter le débat contribue à entretenir l’hypocrisie générale autour de cette question. Dire que cela ne se fait pas parce que c’est illégal est complètement stupide... Nous devons arrêter de nous cacher la tête dans le sable. »
Le Collège doit émettre officiellement un avis sur la quest ion à l ’ automne. Profitons-en.
Si on le fait, aura-t-on droit, au Québec, à une chicane de famille collective douloureuse à la Daigle? Peut-être. Mais peut-être pas non plus. Le sondage d’Angus Reid montre que les Québecois sont très majoritairement en faveur d’une ouverture. Les trois quarts disent qu’ils sont fortement ou modérément en accord avec la légalisation de l’euthanasie.
L’affrontement idéologique, c’est plutôt à Ottawa qu’il risque d’avoir lieu. Puisque c’est le Code criminel fédéral qui interdit l’euthanasie, on n’a pas le choix d’en parler avec les Canadiens des autres provinces, y compris ceux des régions, disons, plus conservatrices du pays, celles dont on peut se douter qu’elles n’ont pas exactement trouvé géniale la scène de la mort assistée du personnage de Rémy Girard dans les Invasions barbares...
Les groupes religieux qui essaient tout ce qu’ils peuvent, depuis l’arrivée au pouvoir des troupes de Harper, pour remettre en question la légalité de l’avortement se préparent depuis longtemps déjà à contrer tout ce qui toucherait l’euthanasie du bout du doigt.
Donc, débat philosophique, éthique, médical en vue sur fond de confrontation de valeurs avec le reste du pays. Le cocktail pourrait être corsé, surtout si cela se passe sur la scène électorale.
Les politiques auront-ils envie d’y goûter ? Pas sûr. Mais il faudra finir par le crever, cet abcès. Car la question ne cessera pas d’être posée et reposée par les babyboomers qui viei l l issent, voient leurs parents mourir et n’ont pas envie de finir comme eux. Pas envie de voir leur corps devenir public dans des hôpitaux où on oublie ce qu’est l’intimité, la gêne, la pudeur. Pas envie d’avoir mal, très mal, en attendant que la fin arrive toute seule.
Renouveler la mort passerat-il par l’euthanasie ? Il faudra, un jour, en parler.è



Un premier pas vers la légalisation du suicide assisté  -  Mali Ilse Paquin
LONDRES— « Onm’a redonné ma vie! » C’est avec cette déclaration étonnante que Debbie Purdy, qui envisage de mettre fin à ses jours, a remporté une victoire juridique sur le suicide assisté à la fin du mois dernier à Londres.
Debbie Purdy a remporté une victoire juridique sur le suicide assisté le mois dernier à Londres. Souffrant de sclérose en plaques, la Britannique de 46 ans a obtenu que la loi à cet égard soit clarifiée. Elle veut s’assurer que son mari, Omar Puente (à droite), ne soit pas inculpé s’il devait être complice de son suicide.
Souffrant de sclérose en plaques, la Britannique de 46 ans semble avoir provoqué un premier pas vers la légalisation du suicide assisté au pays.
La femme a obtenu des lords juges – l’équivalent de la Cour suprême – que la loi à cet égard soit clarifiée. Elle voulait s’assurer que son mari, Omar Puente, ne soit pas inculpé s’il devait être complice de son suicide. Elle vivra plus longtemps, selon elle, puisqu’elle n’aura pas à passer à l’acte avant d’être complètement dépendante de son mari.
Debbie Purdy compte se rendre à Dignitas, la controversée « clinique du suicide » située en Suisse.
« Je veux vivre ma vie mais je ne veux pas souffrir inutilement jusqu’à la fin de mes jours, a dit Mme Purdy après la décision des lords. Ce jugement me permettra de faire un choix éclairé avec Omar à savoir s’il voyagera avec moi en Suisse. »
Actuellement, une loi promulguée en 1961 interdit d’aider une personne à se suicider. Depuis la fondation de l’association Dignitas, environ 120 Britanniques se sont rendus en Suisse. Or, aucun des proches qui les ont accompagnés n’a été poursuivi par la justice britannique.
Edward Turner est l’un d’eux. Sa mère, Anne Turner, atteinte d’une rare maladie dégénérative, est morte à Dignitas en 2006.
« Les pol i c i ers m’ont demandé des explications sur mon rôle dans le suicide de ma mère. Ils ont été délicats. Ils ont dit : " Si vous avez seulement tenu sa main, ça va. Si vous avez administré la dose létale, c’est autre chose", affirme le comptable de 43 ans à La Presse.
Edward Turner applaudit la démarche de Debbie Purdy, qui voulait en quelque sorte forcer la main des autorités pour que ce qui se passe sur le terrain soit reflété dans la loi.
Sa victoire oblige le procureur général, Keir Starmer, à clarifier le flou juridique. Ses directives seront publiées en septembre et soumises à une consultation publique au printemps 2010.
« Si on se fie au passé, ses lignes directrices seront humaines et compatissantes », dit Jo Cartwright, du groupe de pression Dignity in Dying. Le Parlement au pied du mur
La Grande-Bretagne est à un tournant, croit une sommité sur le suicide assisté, Penney Lewis.
« Le procureur général a précisé que ses lignes directrices s’appliqueraient autant en Grande-Bretagne qu’à l’étranger. Ainsi, des suicides assistés pourraient avoir lieu ici sans poursuites judiciaires. Je crois qu’il essaie d’amener le Parlement à changer la loi », explique Mme Lewis, professeure en éthique médicale à l’université King’s College.
Le Parlement britannique, qui a maintenu le statu quo dans le passé, pourrait donc replonger dans cet épineux débat , une boîte de Pandore aux yeux des plus conservateurs.
Pourtant, le vent semble tourner. Le numéro 2 du parti au pouvoir, Harriet Harman, a affirmé être sympathique à la cause de Debbie Purdy la semaine dernière à la BBC.
L’opinion publique est aussi favorable à un assouplissement juridique face au suicide assisté, selon les sondages. Il y a quelques semaines, le double suicide d’un vieux couple d’artistes, le chef d’orchestre Sir Edward Downes et sa femme Joan, avait ému tout le pays.




L’euthanasie: pour ou contre?
La nouvelle selon laquelle le Collège des médecins du Québec envisage d’entrouvrir la porte à l’euthanasie a suscité de nombreux commentaires. En voici quelques-uns :
Elle est déjà morte

Enfin un signe d’ouverture au bon sens ! J’étais contre l’euthanasie. Comme j’étais contre l’avortement, les deux principes étant le même: la protection de la vie. Mais ça ne marche pas comme ça. Je devrais dire: ça ne marche PLUS comme ça. Mon ex-belle-mère souffre d’alzheimer depuis plus de 20 ans, dont les 18 dernières années en soins prolongés. Elle n’est plus consciente de rien depuis des années. C’est un légume qui salit ses couches, ne se lève plus de son lit, ne communique plus, n’est plus l’ombre de cette belle femme vivante et attentionnée qu’elle fut. Cette femme est morte depuis des années. Avec la multiplication de ces cas qui s’annonce en raison du vieillissement de la population, je ne vois pas comment on pourra collectivement s’en sortir. Le système de santé semble craquer de toutes parts. Tout va casser si on ne fait rien pour donner aux malades condamnés un choix réel d’abréger leurs souffrances. Nous devons appuyer les démarches du Collège des médecins.
Raynald Collard
Le droit à la dignité
Bon nombre de gens qui commentent cette délicate question ont perdu de vue ce que devrait être la finalité de la médecine: le bien-être des personnes. L’acharnement thérapeutique et technologique, pour maintenir en vie à tout prix des personnes qui ne retrouveront jamais une qualité de vie minimale, est indécent. On considérerait comme cruel un tel acharnement sur un animal et on n’hésiterait pas à mettre fin à ses souffrances. Toute personne devrait avoir le droit de mourir dans la dignité. Il reste à baliser ce droit pour prévenir des abus.
François Jalbert
La mort fait partie de la vie
Les gens ont oublié que la mort fait partie de la vie. Aujourd’hui, tout le monde veut l’immortalité. On maintient vivants des gens qui devraient mourir, on les prolonge, on les fait souffrir atrocement. Est-ce vraiment pour améliorer leur qualité de vie ? J’en doute. Quand le voyage est terminé, on débarque. Si mon avenir se résume à être un légume, au revoir la vie et bonjour le créateur.
Bernard Ouellet
Écouter la vie
L’euthanasie, tout comme l’avortement, constitue un problème pour nos sociétés parce que nous avons une vision très matérialiste et dualiste de la vie. Si nous savions écouter la vie elle-même, cette lumière consciente que nous sommes, au lieu de suivre notre bavardage mental, il n’y aurait rien à décider et surtout personne pour décider, simplement suivre les instructions.
Jean Bouchart d’Orval
La souffrance de vivre
Dans le blogue de l’édito, André Pratte écrit: « Selon The Globe& Mail, le Collège proposerait que, pour soulager une douleur intolérable, il soit légal d’augmenter la dose d’analgésique au point où cela constitue une euthanasie. » Ça se passe dans les hôpitaux et les établissements de soins palliatifs tous les jours. Ma mère est morte de cette manière et je remercie le médecin qui a pris cette décision. Provoquer une « sédation palliative » – joli euphémisme pour décrire un coma profond! – dans le cas d’un patient cancéreux qui n’en a plus que pour quelques jours à vivre de toute manière, je veux bien, mais ça ne réglera pas le cas des gens aux prises avec une maladie dégénérative grave et qui font le choix d’en finir avec une existence dont ils ne veulent plus. Soulager la douleur, c’est bien, mais comment voulez-vous soulager la souffrance de vivre?
Robert Giroux
Une piqûre et libérons un lit
Dans le numéro de La Presse de mercredi dernier, la Dre Michelle Dallaire vantait les mérites de la « sédation palliative », une approche permettant « d’endormir le malade sans effectivement remettre en cause les buts des soins palliatifs ». Voilà une approche qui me parait digne de l’être humain. J’ai pu en constater le bienfait dans la mort d’une personne très proche de moi. Mais je suis sans illusion, on permettra éventuellement l’euthanasie. La mentalité actuelle veut que la seule vie digne soit celle des gens en santé. Il est indigne d’être malade. Une femme peut décider si ce qui grandit en elle est un enfant ou une masse indésirable. Elle va accoucher ou se fera avorter. L’avenir du foetus se joue selon le bon vouloir de madame. Il en sera de même pour la fin de vie. Te voilà tellement malade que tu es indigne. Une piqûre vite fait et libérons un lit. Prochaine étape, le meurtre par compassion avec décoration.
Albert Champagne





Le refus de la souffrance  -  Michelle Dallaire
Comment peut-on croire que marcher vers l’ultime inconnu puisse être facile ?
L’auteure est médecin et travaille en soins palliatifs. Il est certain que l ’ ex pé - r ience vécue par M. JeanMarc Leduc ( La Presse, 8 juillet) au chevet de son frère a été très pénible. Ses propos en témoignent. « Mon frère… agonie de plusieurs jours, … mort de soif, drogué à mort… »
La souffrance d’un être cher nous émeut, et parfois elle nous déchire. Bien souvent, c ’est notre propre fin qui se dessine et s’y attache alors notre façon personnelle, voire unique, de juger les événements. Monsieur Leduc y vient lorsqu’il exprime que « l’idée de devoir me dégrader inexorablement et de ne plus pouvoir respirer » lui apparaît inacceptable au point de vouloir une anesthésie générale. Il refuse le traumatisme et l’angoisse de la mort. Il veut contrôler l’issue finale.
Ce refus de la souffrance est exprimé par plusieurs. On peut se demander si ce n’est pas aussi un refus de la vie. Qui n’a pas souffert durant son périple ? Souf f r i r n’est-i l pas devoi r s’ajuster à la différence, au changement, au deuil et aux pertes qui surprennent, bouleversent et traversent inexorablement la vie ? La mort n’est-elle pas la fin de ce voyage ? Comment peut-on croire que partir, quitter tout, marcher vers l’ultime inconnu puisse être facile ?
Au jour le jour, j’accompagne des malades qui quittent la vie et les déchirements sont inévitables. Cependant, il faut voir aussi l’apaisement de ces malades et de leurs proches lorsque leurs besoins sont entendus et reconnus. Petit à petit, malade et proches se remémorent les bons moments, échangent sur la beauté de la vie partagée, pleurent ensemble, certes, mais la sérénité qui s’installe fait du bien à chacun.
Certains, cependant, confrontés au choc de la mort qui frappe, vivent une souffrance tellement envahissante qu’un soulagement impérieux est exigé. Cette souffrance dite totale résiste parfois aux approches usuelles de soins. Sachons cependant qu’aucun malade n’y sera abandonné. À ce moment, il est possible d’endormir le malade sans effectivement remettre en cause les buts des soins palliatifs. Cette approche se nomme « sédation palliative » et elle correspond tout à fait au voeu émis par M. Leduc. J’espère donc que ces propos pourront l’informer et le rassurer.
Pour terminer, soulignons que les besoins en eau et en aliments en fin de vie sont minimes. Peu s’en plaignent. Quant à l’agonie, disons que quitter le corps se déroule naturellement et généralement de la même manière. La coloration de la peau change, la respiration s’embarrasse, devient plus superficielle, des râles apparaissent, des pauses respiratoires s’installent, les yeux sont souvent entrouverts, le coeur ralentit, la respiration cesse. C’est le silence.


Concevoir un enfant pour en sauver un autre  -  Mathieu Perrault
Les tests génétiques ont révolutionné la fertilisation en éprouvette. Il est maintenant possible de concevoir un bébé dont le cordon ombilical sera génétiquement compatible avec une grande soeur ou un grand frère qui a besoin d’un don de cellules souches
« On ne fait jamais d’enfant strictement par altruisme. On peut vouloir un enfant pour des motifs purement égoïstes. Pourquoi alors interdire la naissance d’un enfant qui sauvera une vie ? »
On les appelle les bébés-médicaments. Ils ont été conçus en éprouvette au terme d’un processus de sélection d’embryons, afin qu’ils aient la meilleure compatibilité génétique possible avec une soeur ou un frère plus âgé atteint d’une maladie grave de la moelle épinière. Quand ils naissent, les cellules de leur cordon ombilical sont immédiatement inoculées à l’enfant malade pour reconstituer une moelle saine.
Le film My Sister’s Keeper, avec Cameron Diaz (à gauche) et Sofia Vassilieva, traite du sujet controversé des bébésmédicaments, ces enfants conçus dans l’espoir d’une compatibilité génétique qui sauverait une soeur ou un frère aîné.
Cette pratique controversée est née aux États-Unis il y a une dizaine d’années et a depuis été discutée, interdite puis approuvée en France et au Royaume-Uni. Elle est arrivée cet été dans les cinémas avec My Sister’s Keeper, un film de Nick Cassavetes mettant en vedette Cameron Diaz. Basé sur le roman éponyme publié en 2004 par la romancière américaine Jodi Picoult, lui-même inspiré par des faits réels, le film relate l’histoire d’un bébé-médicament qui, à 12 ans, après avoir donné du sang et de la moelle épinière à sa grande soeur malade, poursuit ses parents pour éviter qu’ils ne l’obligent à lui donner un rein.
Le vrai bébé-médicament, qui s’appelle Adam Nash, n’a donné que son cordon ombilical à sa grande soeur, Molly Nash. Cette dernière, qui a maintenant 14 ans (Adam en a 9), était atteinte d’une leucémie grave qui nécessitait la destruction des cellules de sa moelle épinière pour les remplacer par les cellules saines tirées du cordon ombilical de son petit frère. Leurs parents, qui habitent Denver, avaient même organisé une cérémonie religieuse autour du don d’Adam à sa soeur. Adam avait été conçu en éprouvette, après un processus de sélection consistant à prélever quelques cellules de plusieurs embryons, pour déterminer quel était l’embryon le plus compatible avec Molly aux points de vue génétique et immunologique.
L’instrumentalisation est de toute façon bien relative, selon Bryn Williams-Jones, philosophe bioéthicien au département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal. « On ne fait jamais d’enfant strictement par altruisme, dit-il. On peut vouloir unenfantpourdesmotifs purement égoïstes. Pourquoi alors interdire la naissance d’un enfant qui sauvera une vie? Il n’y a pas de raison qu’il soit moins aimé simplement parce qu’il a été l’instrument de la guérison d’un autre enfant. »
Au Canada
Il n’y a jamais eu de bébémédicament au Canada , dit M. Williams-Jones. « Il y a eu beaucoup de débats sur le sujet en Grande-Bretagne, il y a une dizaine d’années, parce que des parents étaient obligés d’aller aux États-Unis pour recourir à cette méthode. Finalement, les autorités médicales britanniques l’ont permise. »
Selon Angela Campbell, professeure de droit à l’Université McGill, on pourrait invoquer la Loi fédérale sur la procréation assistée tant pour interdire le recours aux bébés-médicaments que pour l’autoriser. « La loi ne parle pas de tests génétiques préimplantation, sauf pour décourager les tests sur le sexe, dit Me Campbell. On pourrait considérer que cette précision signifie que les autres tests génétiques sont aussi découragés, ou alors estimer que ce qui n’est pas interdit est permis. »
Le gouvernement fédéral va probablement préciser quels tests génétiques sont permis et lesquels sont interdits dans le cadre de la mise en application de la Loi sur la procréation assistée, indique Julie Cousineau, du Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal. « Il est certain qu’il y aura des précisions pour éviter que l’on tombe dans l’eugénisme », dit Me Cousineau. Pour le moment, le gouvernement du Québec conteste la loi fédérale pour une question de compétence. La Cour d’appel a donné raison au Québec, et le dossier est devant la Cour suprême.
Santé Canada a fait des consultations il y a quelques années sur la question des bébés-médicaments, mais le conflit de compétences avec le Québec a forcé le report de la publication du résultat de ces consultations, selon Me Cousineau. La Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie a déjà réfléchi à la question et a proposé que les parents ne soient autorisés à faire un bébémédicament que s’ils avaient déjà le projet d’avoir un autre enfant. Me Cousineau note toutefois que cela est difficile à déterminer. 
Un bébé-médicament pourrait-il poursuivre ses parents pour ne pas avoir à donner de moelle épinière en cas de rechute de la leucémie de son grand frère ou de sa grande soeur, comme dans le film My Sister’s Keeper? « Il y a eu au Québec le cas d’un enfant de 5 ans qui avait peur des aiguilles, dit MeCampbell, de l’Université McGill. Les médecins hésitaient à se servir de lui comme donneur de moelle épinière pour un frère. La Cour a décidé que les parents pouvaient prendre la décision pour l’enfant parce qu’il n’était pas en mesure d’évaluer les conséquences de son refus de donner de samoelle. On peut aussi faire le parallèle avec les jugements qui ont obligé des adolescents membres des témoins de Jéhovah à subir une transfusion sanguine parce qu’ils n’étaient pas assez mûrs pour comprendre les conséquences de leur refus. »




La Commission de l’éthique opte pour le statu quo  -  Judith LaChapelle
MÈRES PORTEUSES
Le recours aux mères porteuses doit rester une activité d’exception dont l’ État ne doit pas faciliter le recours, sans non plus l’interdire complètement, selon des experts en éthique mandatés par Québec pour se pencher sur la question. Par ailleurs, ces mêmes ex perts esti ment que les enfants nés d’un don de gamèt es ( s per me, ov ule ou embryon) devraient avoir le droit de connaître leurs origines comme les autres enfants adoptés.
La Commission de l’éthique, de la science et de la technologie du Québec a remis hier au ministère de la Santé et des Services sociaux son avis à la suite de ses réflexions entamées en 2007. Le Ministère lui avait confié le mandat de lui faire des recommandations sur les enjeux éthiques liés à la procréation assistée.
Au Québec, les mères porteuses et les couples qui font affaire avec elles agissent actuellement dans la clandestinité et dans un f lou juridique. Néanmoins, c roient les éthiciens, Québec ne devrait pas changer sa loi pour faciliter ou encadrer cette activité comme l ’ont fa it d’autres provinces canadiennes. Le principe de la nullité des contrats de la gestation pour autrui doit être maintenu, disent les experts, pour ne pas qu’une femme qui porte un enfant ne soit forcée de le remettre si elle change d’idée.
Risques d’exploitation
La Commission juge que la gest ation pour autrui « comporte des risques d’exploitation des femmes qui sont i nacceptables sur le plan éthique ». Par contre, une interdiction totale de la gestation pour autrui « peut inciter au tourisme procréatif et augmenter ainsi les risques d’exploitation des femmes pauvres à l’étranger ».
Un encadrement de la pratique n’est pas souhaitable, dit la Commission, même si elle confine les gens concernés à agir dans l a cla ndestinité. « Parce qu’à partir du moment où on l’encadre, ça devient une pratique », dit la présidente de la Commission, Édith Deleury.
La Commission recommande aussi que le don de gamètes reste fondamentalement a nonyme et gratuit. Par contre, elle croit que certaines dépenses devraient être remboursées aux donneurs et préconise la création d’un organisme chargé d’encadrer les pratiques des cliniques de fertilité en la matière.
Et les donneurs doivent être sensibilisés au besoin de leur progéniture de connaître leurs origines. Québec doit donc amender le Code civil « pour résoudre l’inégalité de droit entre les enfants adoptés et les enfants issus de dons quant à l’accès à leurs origines en appliquant les mêmes pratiques qu’en matière d’adoption ».
Enfin, le diagnostic préimplantatoire doit être davantage balisé afin d’éviter, par exemple, que des parents s’en servent pour des raisons non médicales, comme pour sélectionner le sexe de l’enfant à naître.




Les opinions haineuses font-elles de mauvais parents ?
Garde parentale et liberté d’expression : un débat qui soulève les passions
« On ne peut pas enlever des enfants à leurs parents simplement parce que ceux-ci ont des opinions qui font peur. »
Peut-on endoctriner nos enfants avec des idées haineuses sans pour autant se disqualifier comme parents ? Cette question est au coeur d’un procès qui a commencé cette semaine à Winnipeg.
Ce procès a pour protagonistes un homme qui réclame la garde de deux enfants, des travailleurs sociaux qui la lui refusent et une fillette convaincue qu’il faut tuer les Noirs en les fouettant jusqu’à ce qu’ils meurent.
L’affaire a commencé il y a un peu plus d’un an, quand la petite fille, alors âgée de 7 ans, est arrivée à l’école avec une immense croix gammée tracée au stylo-feutre sur son bras. Ses jambes portaient des slogans haineux, évoquant la supériorité des Blancs et d’Adolf Hitler.
Le personnel de l’école a tenté d’effacer ces dessins, mais quand l’enfant est revenue le lendemain, elle arborait les mêmes inscriptions. Quand les services sociaux se sont mis de la partie, ils ont eu droit à une collection d’horreurs débitées avec la plus grande certitude.
« Ceque les gensne comprennent pas, c’est que les Noirs devraient mourir », a affirmé la fillette à un travailleur social. Notre monde est un monde de Blancs. »
À l’époque, la fillette vivait avec sa mère et son beau-père, aujourd’hui séparés, et son petit frère, maintenant âgé de 3 ans. À un moment, le couple avait transformé les bambins en outils de propagande, en collant leurs photos sur des affiches clamant « Recherché: un avenir pour les enfants blancs ».
Selon les services sociaux, les enfants écoutaient des films néonazis avec les parents. La mère avait décrit, sur un site web, combien elle trouvait jolis ses enfants lorsqu’ils marchent au pas de l’oie…
Il y a un peu plus d’un an, les Services de la famille et de l’enfance, équivalent manitobain de la DPJ (direction de la protection de la jeunesse), ont placé les enfants en famille d’accueil. Motif : les dommages émotifs qu’ils subissent en baignant dans un environnement idéologique aussi rébarbatif.
C’est l’homme qui réclame aujourd’hui la garde des deux enfants. Il prétend que skinhead ou pas, il peut exercer correctement son rôle parental. Et il poursuit le gouvernement manitobain pour atteinte à sa liberté d’expression.
Mais la DPJ manitobaine n’en démord pas : ce qui lui tient à coeur, c’est le bien-être de ces enfants élevés dans une famille « dysfonctionnelle ».
Oui, le couple a rempli la tête de la fillette d’idées répugnantes, conviennent tous les commentateurs. Mais plusieurs se demandent si c’est une raison suffisante pour le séparer de ses enfants.
Exception faite des slogans racistes qu’elle répète sans broncher, la petite fille ne semble pas avoir été maltraitée, souligne Lindor Reynolds, chroniqueuse au Winnipeg Free Press.
Enjeux de la cause
Jointe par La Presse, elle réfléchissait à voix haute sur les enjeux de cette cause dont l’intérêt dépasse les frontières du Manitoba. Elle craignait le précédent qui, une fois établi, risquerait d’ouvrir la porte à des dérapages. « Nous devons réfléchir attentivement à ce que les parents ont le droit de dire dans l’intimité de leur maison. Par exemple, des tas de gens sont opposés au mariage gai. Mais cela justifierait-il qu’on leur retire la garde de leurs enfants? »
Margaret Wente, du Globe and Mail, abonde dans le son sens. « Les enfants peuvent être abusés de différentes façons, et aider votre enfant à dessiner une svastika sur son bras n’est que l’une d’entre elles. Mais le remède imposé par le gouvernement est pire que le mal. Car être séparé de ses parents, c’est difficile », écrivait-elle hier.
Une telle histoire pourrait-elle arriver au Québec? Théoriquement oui: la loi prévoit que de mauvais traitements psychologiques susceptibles de causer un préjudice à l’enfant peuvent justifier un placement en famille d’accueil.
« On peut imaginer qu’un enfant imprégné d’un discours haineux peut soulever des réactions qui lui portent préjudice », suppose Nathalie Bibeau, adjointe à la directrice de la protection de la jeunesse. Mais cette possibilité n’a jamais été testée au Québec.
« Dans cette affaire, l’intérêt de l’enfant doit primer sur la liberté d’expression », croit David Matas, porte-parole de B’nai Brith à Winnipeg. Selon lui, cette enfant transformée en affiche de propagande raciste subit un dommage qui va la marquer pour la vie.
Mais pour l’avocat québécois Julius Grey, la question ne se pose même pas: « On ne peut pas enlever des enfants à leurs parents simplement parce que ceux-ci ont des opinions qui font peur. »
Car la fillette et ses parents ont beau promouvoir la violence à l’égard des Noirs, jamais ils ne sont passés à l’action. Briser des familles pour crime d’opinion, c’est un jeu extrêmement dangereux, prévient le juriste. La question se pose: qui sera le prochain?


La liberté de refuser -  YVES BOISVERT
L’évaluation de la maturité est un exercice périlleux. Quand il est question de vie ou de mort, dans une situation tout de même urgente, on peut accepter que la loi fixe à 16 ans l’âge de cette maturité.
La question vient d’être posée avec un témoin de Jéhovah, mais elle pourrait l’être avec n’importe qui: à quelles conditions un adolescent peut-il refuser des soins médicaux vitaux?
La semaine dernière, la Cour suprême a été appelée à trancher la cause d’une adolescente du Manitoba atteinte de la maladie de Crohn, une maladie chronique de l’intestin. L’enfant avait 14 ans et 10 mois à son arrivée à l’hôpital. Elle avait perdu du sang et les médecins recommandaient une transfusion.
L’adolescente étant témoin de Jéhovah, elle s’opposait à la transfusion. Trois psychiatres ont été convoqués à son chevet. Tous ont conclu qu’elle était pleinement consciente des risques pour sa santé: dommages aux organes internes et, éventuellement, la mort. Elle ne souffre d’aucune maladie psychiatrique. Elle n’obéit pas aux ordres de ses parents, c’est sa propre volonté, ont-ils dit unanimement.
La loi manitobaine permet aux adolescents de refuser des soins, mais à partir de 16 ans. Avant, on peut les forcer si c’est dans leur meilleur intérêt.
Un juge a ordonné les transfusions et l’adolescente a pris du mieux. Pour le principe, elle a néanmoins porté la décision en appel, et jusqu’en Cour suprême, où on vient de la maintenir.
On a évidemment invoqué la liberté de religion. Mais depuis un certain temps déjà les tribunaux refusent cet argument quand il s’agit de traitements vitaux pour un enfant.
Ici, c’était la liberté tout court de cette adolescente qui était en cause. Son autonomie, son droit de faire ce qu’elle veut de son corps. Sa sécurité également, puisque pour elle l’intrusion d’un sang étranger dans ses veines est inadmissible.
Il est insensé que la loi ne permette pas à une adolescente de démontrer qu’elle a la maturité requise pour prendre une décision aussi grave, même si elle n’a pas encore 16 ans, plaidait-elle.
Les juges de la Cour suprême ont rejeté l’argument à six contre un… mais pas tant que ça. Un groupe de quatre juges, menés par la juge Rosalie Abella, a dit que la loi est valide, mais qu’elle doit être interprétée pour permettre à l’adolescent de faire cette preuve.
Fort bien, mais elle a justement fait cette preuve, selon les experts. Alors de quel droit ne l’écouterait-on pas?
C’est le point de vue du juge Ian Binnie, seul dissident. La Charte, écrit-il, ne protège pas seulement ce que la majorité trouve judicieux. On n’a pas besoin d’une Charte pour protéger cette liberté-là. C’est aussi la liberté de refuser des soins parce qu’on estime qu’ils sont contraires à la volonté divine, quoi qu’en pensent les médecins, les juges et la société en général.
La question n’est donc pas ce qu’on fait de cette liberté… mais plutôt qui l’exerce et quand.
Le juge Binnie estime que la loi ne peut pas forcer une personne par ailleurs « mature » à subir un traitement.
Logique. Mais en ce qui me concerne, je me rangerais avec la juge en chef Beverley McLachlin: l’évaluation de la maturité est un exercice périlleux. Quand il est question de vie ou de mort, dans une situation tout de même urgente, on peut fort bien accepter que la loi fixe à 16 ans l’âge de cette maturité. Même si, comme pour la majorité, c’est arbitraire. L’État a le droit et la responsabilité de protéger les enfants et, pour cela, on peut accepter cette limite à l’autonomie individuelle.
Notons qu’au Québec, le Code civil fixe à 14 ans l’âge du consentement aux soins. On prévoit que l’établissement peut s’adresser aux tribunaux en cas de refus, mais la loi n’en dit pas tellement plus long. On peut imaginer toutes sortes de cas où un adolescent refuserait d’être soigné, pas seulement pour des raisons religieuses. Faut-il acquiescer automatiquement ?
L’expérience suggère que, dans le doute, les tribunaux préfèrent se tromper du côté de la vie et de la santé de l’enfant que du côté de sa liberté.
Bon calcul.
Le laitier à cheval
Je quitte pour les vacances. Encore cette année, vous m’avez envoyé beaucoup de courriels. Merci. Encore cette année, je vous dis que je ne peux pas toujours répondre. Je vous lis, par contre.
Ainsi, Mme Vena, qui m’a écrit au sujet de ma chronique (« Souvenirs en papier ») où je comparais mes sentiments face à la lente disparition du papier journal à ceux des laitiers qui ont dû abandonner leur cheval au profit du camion.
« Mon père était laitier chez J. J. Joubert et le cheval était le meilleur travailleur d’une laiterie », dit-elle. En plus d’être docile et travaillant, par temps froid, il paraît que quand le laitier s’était un peu trop réchauffé au p’tit blanc (pas son père), le cheval retrouvait tout seul le chemin de la laiterie.
Je l’ignorais, madame, et peut-être que M. Joubert aussi, sans quoi il y aurait pensé à deux fois avant d’acheter un parc de camions. Résultat: il n’y a même plus de laitiers. En tout cas. Soyons optimistes: on met encore de la crème sur nos fraises. Quoi? Oui, je sais, je sais, c’est une sale saison pour les fraises. On se reprendra avec les bleuets d’Abitibi, qui annoncent la fin des vacances, quelque part en août.
D’ici là, bon été.




Meurtre au Kansas -  LYSIANNE GAGNON

LYSIANE GAGNON Cet horrible incident montre jusqu’à quel excès de fanatisme certains militants pro-vie sont prêts à aller.
Le Dr George Tiller a été abattu dimanche matin devant une église duKansas par un militant du mouvement provie. Le médecin, depuis longtemps la cible de menaces, avait été blessé par un tir de balles en 1993.
Spécialisé dans les avortements tardifs, le DrGeorge Tiller a été tué dimanche matin au Kansas.
Ce médecin se spécialisait dans les avortements tardifs, au-delà de la 24e semaine de grossesse, soit au stade où le foetus serait viable en dehors du corps de la mère – au stade où il a tout d’un bébé.
Il n’y a que trois cliniques aux États-Unis qui pratiquent de tels avortements. C’est là que vont les très rares Québécoises qui requièrent ce genre d’intervention. Une intervention, notons-le bien, que la presque totalité des médecins et des infirmières se refusent à pratiquer, et pour cause. On est ici à la frontière de l’infanticide, et l’on se demande par quelle inconscience certaines femmes peuvent retarder à ce point leur décision. (Les avortements thérapeutiques, motivés par une malformation congénitale, se font avant la 22e semaine.)
Même Henry Morgentaler, à qui les Canadiennes doivent d’avoir triomphé de l’esclavage de la maternité imposée, se refusait, dans ses cliniques, à pratiquer des avortements au-delà de 16 semaines. Il recommandait à ces femmes de mener leur grossesse à terme et de donner leur enfant en adoption.
Bien sûr, ce n’est pas parce que le métier du Dr Tiller tenait de la boucherie qu’il méritait d’être assassiné. Cet horrible incident, qui d’ailleurs s’ajoute à bien d’autres attentats, montre jusqu’à quels excès de fanatisme certains militants pro-vie sont prêts à aller. Le meurtrier, qui a d’ailleurs été arrêté, paiera de sa liberté ce meurtre, odieux comme tous les meurtres. Il reste que l’avortement ultratardif, passé le seuil de viabilité autonome du foetus, constitue une sale vitrine pour les partisans du libre-choix, et une vitrine trompeuse de surcroît, car la plupart des avortements (de 85 à 90%) sont effectués au cours des 12 premières semaines.
L’assassinat du Dr Tiller fait resurgir la question de l’avortement, qui est toujours, hélas ! d’une brûlante actualité dans la politique américaine. Tous les yeux seront désormais tournés vers la juge Sonia Sotomayor, que le président Obama vient de nommer à la Cour suprême, mais qui devra d’abord passer par l’épreuve d’un comité sénatorial. La juge Sotomayor part gagnante parce qu’elle est la première personnalité hispanophone – et la seconde femme – à accéder à la Cour suprême, mais comme elle n’a jamais statué, jusqu’ici, dans une cause portant sur l’avortement, c’est probablement sa position sur l’avortement qui sera au centre des interrogations des sénateurs conservateurs.
Pour les opposants à l’avortement, cette nomination est cruciale… et ils semblent avoir l’opinion publique de leur côté ; selon un récent sondage Gallup, 51% des Américains seraient contre l’avortement, et seulement 42% en faveur. La formulation de la question est absurde, cependant. Qui donc est « pour » l’avortement? Ce n’est pas sans raison que le mouvement « pro-choix » a mis l’accent sur le libre choix de la femme plutôt que sur l’IVG elle-même: effectivement, l’avortement est une solution de dernier recours.

Une solution pour laquelle la fille de Sarah Palin, la catastrophe ambulante que John McCain avait choisie comme colistière, aurait certainement dû opter, au lieu de se retrouver, à 17 ans, mère d’un enfant non voulu, plaquée par son petit ami et forcée d’arrêter ses études. La pauvre enfant fait actuellement des tournées pour recommander aux jeunes l’abstinence (qu’elle-même n’a pas pu pratiquer !) tout en vantant les joies de la maternité… Un fouillis de contradictions et une jeune vie gâchée parce que sa mère refusait le principe même de la contraception! L’entêtement idéologique de ces intégristes républicains, outre qu’il est parfaitement utopique, est presque criminel…



Des pubs de bière jugées sexistes  -  Émilie Côté
Deux campagnes publicitaires de Molson Coors et Labatt Budweiser font beaucoup jaser Un party avec les filles du camp Bud? La Coors Light, une bière « plus froide que la fille de 24 à qui t’en as donné 32 » ? Deux campagnes publicitaires de bière font bea
« C’est un combat qui ne cesse pas », lance Jeanne Maranda, la fondat r ice de la MeuteMédiAction, un organisme qui dénonce le sexisme dans les publicités. « Le principe est toujours le même. On présente une femme sexy d’une beauté parfaite avec des slogans qui diminuent la femme », ajoute sa collègue, Josée Quenneville.
Les publicités du camp Bud, comme celle-ci, à la station de métro Bonaventure, ont fait réagir les groupes de femmes. « Lors d’un trajet, j’ai vu leurs mini-shorts rouges sur des méga-affiches à TOUTES les stations. La campagne de publicité de Budweiser est si agressive… » a écrit Marianne Prairie, l’une des Moquettes Coquettes, sur un blogue féministe.
Si le camp Bud est une campagne publicitaire, c’est aussi une dizaine de « vrais » camps organisés avec des « vraies » filles un peu partout au Québec, auxquels participeront les gagnants d’un concours web, à l’aide d’un code numérique qu’ils trouvent à l’intérieur des caisses de Budweiser.
À Montréal, difficile de ne pas voir les filles du camp Bud, dont la préposée au barbecue et la joueuse de volleyball. Surtout dans les stations de métro. « Lors d’un trajet, j’ai vu leurs minishorts rouges sur des méga-affiches à TOUTES les stations. La campagne de publicité de Budweiser est si agressive… Ça ne me surprendrait même pas que vous les ayez croisées au fin fond des bois… » écrit Marianne Prairie, l’une des Moquettes Coque t t e s , su r l e blogue www.jesuisféministe.com.
Le collectif Les délicates attentions, dont les membres n’ont pas la langue dans leur poche, a même fait une affiche en riposte à la campagne de Bud. Leur slogan: « Je suis autonome: je me branle tout seul! »
« Les femmes ne sont pas des instruments masturbatoires de luxe, (…) il est bien indélicat de la part de la compagnie de broue de prendre leurs consommateurs fétiches tant aimés pour des décérébrés », écrivent les blogueuses.
Quant aux pubs de Coors Light, c’est plutôt sur les routes qu’elles attirent l’attention: « Une bière plus froide que la fille de 24 à qui t’en as donné 32 », peut-on lire sur des panneaux d’affichage. Sur le site internet de la marque de bière, les slogans proposés par les internautes vont encore plus loin: une bière plus froide « que ton ex », « qu’une Ontarienne » ou encore « que ta femme frustée (sic) ».
Juniper Glass, coordonnatrice à la Fondation Filles d’action, est heureuse de voir que des femmes dénoncent ces campagnes publicitaires. « L’important, c’est d’avoir un esprit critique face aux images dépassées », dit-elle.
Encore des plaintes
Le Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques a reçu plusieurs plaintes concernant les deux campagnes. Mais le président, Claude Béland, ne pouvait pas s’entretenir avec La Presse, car le tout est à l’étude.
Labatt, dont relève Budweiser, n’a pas été en mesure de répondre à nos questions, parce que la responsable des relations avec les médias est en vacances. Jennifer Damiani, du service des communications, a toutefois indiqué qu’elle n’avait reçu aucun avis du conseil pour l’instant. Labatt respecte le code d’éthique des associations canadienne et québécoise des brasseurs, assure-t-elle, de même que les normes canadiennes de publicité.
« Tous nos messages sont conçus selon les règles », dit aussi Douglas Chow, conseiller principal aux relations publiques de Molson Coors.
Il n’en demeure pas moins que, au cours des deux premières années d’activité du conseil d’éthique, la plupart des plaintes visaient les publicités de Molson Coors et de Labatt Budweiser, le plus souvent pour leur caractère sexiste. En 2008, Molson a récolté 151 des 221 plaintes pour son « calendrier des plus belles filles de l’Est du Québec », qui a été retiré après une dizaine de jours de controverse en juillet 2008.
Les deux brasseurs ne font pas partie du Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques, auquel l’adhésion est volontaire et dont les décisions ne vont pas plus loin que l’avis. « Nous estimons que la réglementation actuelle est efficace et suffisante », dit Douglas Chow.
Les Normes canadiennes de la publicité (NCP) voient aussi leur téléphone sonner souvent à cause des publicités des deux grands brasseurs. « La plupart du temps, les plaintes que nous recevons au sujet des annonceurs de bière concernent l’image de la femme », souligne la directrice des communications, Danielle Lefrançois.
Plus ça change, plus c’est pareil
Bien qu’elles suscitent des plaintes, les pubs comme celle du camp Bud reviennent année après année. Selon Josée Quenneville, de la Meute-MédiAction, les organismes qui établissent les normes de publicité n’ont aucun pouvoir, car les brasseurs sont seulement invités à adopter leur code d’éthique. « C’est de l’autorégulation. C’est ça, le problème. »
Et les plaintes ? « Ces publicités sont très remarquées, donc le risque n’est pas énorme, dit la publicitaire Anne Darche. On fesse fort pour le segment qu’on vise, quitte à éclabousser. Et regardez, on est en train d’en parler! »
« Le sexe vend, renchérit Denyse Côté, professeure au département de travail social de l’Université du Québec en Outaouais. Ça pogne et ça fait vendre de la bière. »
Personne de la Fédération des femmes du Québec ni de la Coalition nationale contre les publicités sexistes n’était en mesure de commenter.