Politique
fédérale
LA PRESSE & COMPAGNIE |
AUTRES MÉDIAS |
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Contrast
Between Photo-Op Justin And Policy Trudeau Is Night And
Day
En
Alberta, « l’avènement
d’une humanité... inhumaine »
Le consensus au coeur du système
politique des Territoires du Nord-Ouest
Consensus democracy
Consociationalism
Consensus government in Canada
What is Consensus Government?
Differences from Provincial Governments
What is consensus government?
Kevin O'Brien
What
is consensus government?
Consensus
government not working in the N.W.T.
Justin Trudeau
triomphe
Le NPD s'effondre
Vote
Together, Move Canada Forward
2015
Canadian federal election riding projections
Intentions
de vote : un sondage place les conservateurs en tête
pour la première fois
Solide
avance du NPD dans les intentions de vote
Vacances
à Ottawa: le NPD en tête des intentions de vote
Votons
pour l’environnement : un outil pour comparer
Harpers
top 10 most destructive actions in 2014
Avril 2014
Sénat:
Harper «déçu» de la décision de la Cour suprême
Ottawa s'en remet aux provinces pour réformer
le Sénat
La Cour suprême rejette la réforme du Sénat
Le gouvernement Harper va de l'avant avec son projet de
réforme du Sénat
Réforme du Sénat : la Cour suprême tranchera ce matin
Élections fédérales 2011
Tom le conquérant
NPD:
les paris sont ouverts
Le NPD choisit dès ce soir le successeur de Jack Layton
NDP membership makes big gains in Quebec
Les Conservateurs démontreraient-ils donc une certaine
préoccupation à ce que leur législation paraisse tout
simplement ridicule ?
Conservative flag-protection bill won’t apply to MPs
Lettres
- Des prisons qui ne manqueront pas de clients
Without Layton, ‘Orange Wave’ receding in Quebec
Trois courses, un candidat
Brian Qui? Thomas Who?
L’homme
de l’ombre
Brian
qui?
Tories denounce NDP frontrunner Brian Topp as power-hungry
union stooge
The
NDP, its big-labour past, and its future
NDP solidarity cracks over role of unions in picking
leader
Point
chaud - «Je ne parle pas la langue de bois»
Dr. JEKYLL ET Mr. HYDE
Un premier test réussi
Mulcair se lance dans la course
Course
à
la
chefferie
du
NPD - Mulcair cible l'inexpérience de Topp
Is Mulcair over the NDP's Topp?
Julian
bows out – but Mulcair ‘will be running’ for NDP helm
Le
NPD enmeilleure position avec Mulcair
Course
à la direction du NPD - La particularité québécoise
Brian Qui? Thomas Who?
Course
à la direction du NPD - Thomas Mulcair hésite toujours à
se lancer
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir - Mulcair aura fort à faire au
Canada
The NDP can polish its brand – and Mulcair must refurbish
his
Mulcair se prépare à sauter dans l’arène
Firebrand
Mulcair is the best bet to take on Harper
Choisir
un chef
Le
prochain chef du NPD sera élu le 24 mars
NDP firebrand toots his own horn
Course
à la chefferie du NPD - Mulcair sonde ses appuis
NDP’s Quebec wing urges delayed leadership convention
Potential NDP leadership contender Thomas Mulcair to break
his silence
Que
sera le NPD sans Jack?
La vie après Jack
Et
maintenant...
Des
prétendants potentiels
Les
successeurs possibles
« On ne remplacera pas Jack Layton »
Jack Layton’s legacy and our yearning for political
civility - MARGARET WENTE
Le politicien du peuple
«
Je m’excuse pour ce qui arrive »
Jack et John
VAGUE
DE SYMPATHIE
L’espoir, jusqu’à la fin
« IL ÉTAIT OBSÉDÉ PAR LE QUÉBEC »
Recalling final House exchange, Harper hails Layton’s
optimism
Déferlement
d'amour et de respect sur les réseaux sociaux
Le
parcours d'un combattant aux convictions profondes
Des
députés néodémocrates tristes, mais inspirés
Jack Layton ennobled politics - Globe Editorial
There’s a little bit of Jack Layton in all of us - Tim
Powers
Perdre
un ami
Jack ( 1950- 2011)
Jack
Layton - L'homme de l'espoir -
Bernard Descôteaux
Jusqu'à
la fin, un homme de convictions - Manon
Cornellier
Un
géant est mort
What the mourning for Jack Layton teaches us
Your Views: Jack Layton’s impact and legacy
Letter of the Day: Jack Layton: A role model for young
people
Layton’s death a devastating blow to the left - LAWRENCE
MARTIN
Canada is weaker without Layton’s passion, conviction and
smile - John Ibbitson
Jack Layton's final message
Grieving Quebeckers bid farewell to ‘bon Jack’
Le
chef du NPD et chef de l'opposition officielle Jack Layton
est décédé
Jack
Layton eschewed attacks in pursuit of greater good
Jack Layton, dead at 61, never lost focus on NDP’s future
Jack
Layton dies after battle with cancer
Le premier ministre Harper ferait-il donc la honte du Canada
?
Incident
diplomatique à Brasilia?
Se pourrait-il donc qu'au Canada, l'on vienne d'entrer dans
une ère du conservatisme, mais dans tout ce que ce dernier
peut en fait avoir de plus régressif ?...
Harper spins a new brand of patriotism
Marine
et
aviation
royales - Rétrograde Harper
L’ère
du
conformisme
Chasse
aux sorcières
The
media’s
game
of
‘gotcha’
can
teach
the NDP some lessons - Gerald Caplan
Nycole
Turmel discrédite l’engagement politique, selon Bernard
Landry
Nycole
Turmel - L'opposition fragilisée
NDP's
Turmel owes Canadians an explanation
Nycole Turmel and the NDP have some explaining to do -
Globe Editorial
Jack
Layton et le NPD - Partir sans partir
Layton's
resolve
will
be
great,
his
battle
difficult
-
Jeffrey
Simpson
Un chef proche du peuple
La tendance des Conservateurs à tout garder secret
serait-elle donc en train de menacer la santé et la
sécurité de la population ?
Le
ministre des Transports reste coi
Faut-
il
avoir
peur
de
Denis
Lebel?
Le ministre Lebel durement critiqué
Les ponts pour les nuls
Rapports
sur le pont Champlain: secret d'État
Ottawa refuse de rendre publics les rapports d’analyse
structurelle
Le NPD s'accrocherait-il donc à la défense de causes
dépassées ?
Le
NPD touche de l'argent des syndicats
The cleavage with labour - Norman Spector
Le
NPD,
un
parti
socialiste?
This is what a real Parliament looks like - BRIAN TOPP
Bras
de
fer
historique
à
Ottawa
MPs
waging marathon debate over Canada Post
Canada Post debate drags on – and could for days more
Cachez ce mot...
Layton
tient aux liens syndicaux du NPD
Et si le Canada ne pouvait être sauvé que par l'union
des forces progressistes ?...
Publisher and author Douglas Gibson on NDP-Liberal merger
talk
Lefties, a little progressive merger wouldn’t hurt
Liberal-NDP merger ‘will come very quickly,’ Chrétien
predicts
Fusion,
mathématiques et politique
Des avis divergents au sein du PLC
Après
les funérailles, un mariage?
A counterintuitive alternative to a Liberal-NDP merger
Stephen Harper continues to outstrip rival party leaders
in popular support
Le
NPD
n’écarte
pas
une
fusion
avec
les
libéraux
Congrès
du NPD - La porte reste ouverte aux libéraux
Some day, the
opposition will thank Mr. Harper - Tom Flanagan
Sans
chef, le PLC évoque déjà l'union des forces progressistes
Liberals cool to idea of merger with NDP
A progressive mix of orange, red and Quebec
How vote-splitting gave the Tories Ontario – and a
majority
À moins qu'une telle fusion ne soit pas non plus pour demain
?...
En
bref - Les Canadiens peu emballés par une fusion NPD-PLC
Fusion:
Rae trouve trop divergente la position économique du NPD
Some
political mergers have more appeal than others
La
rumeur
The Liberals do not
need the NDP - Globe editorial
Talk all you want – but Liberal and NDP pieces just won't
fit - John Ibbitson
NPD,
PLC - Inutile fusion
Le
mirage
« Ce n’est pas à l’ordre du jour »
Les
libéraux fédéraux rejettent l’idée d’une fusion avec les
néo-démocrates
NDP the 'true alternative' to Tories, not interested in
merger: Layton
L'unification
des libéraux et des néodémocrates reste en veilleuse
La majorité conservatrice nous permettrait-elle donc de
découvrir un nouveau visage de Stephen Harper, soit
l'arrogance dans la victoire ?
Un
pays
bleu?
Stephen Harper has reached the pinnacle – now what?
In
a
world
without
‘socialism’
-
Margaret
Wente
The election of our discontent - Preston Manning
Coming
soon:
harmonious
times
for
Harper
-
John
Ibbitson
It’s
Conservatives who changed to fit Canada- Jeffrey
Simpson
Stephen
Harper
successfully
quarterbacks
the
status
quo
Maintenant qu’ils sont majoritaires
Américanisation
du Canada: la nouvelle majorité conservatrice relance le
débat
L'heure serait-elle donc au changement ?
Bilan
de fin d'année politique - Le nouveau combat pour la
citoyenneté
History
doesn’t
bear
out
Harper’s
hopes
for
brief
NDP
honeymoon
in
Quebec
Débats
politiques - La tête ailleurs
Réforme
du Sénat - En pièces détachées
Sondage - Les Canadiens sont
prêts à rouvrir la Constitution
Lack
of
buyer’s
remorse
over
Tories
and
NDP
bodes
ill
for
Liberals
and
Bloc
Why New Democrats won’t stop
Why did all the West’s big centrist parties go down the
drain?
La
vague
orange
s’explique
par
le
goût
du
changement
From an angry Quebec electorate, an unmistakable message
La grande évasion
«
En politique, il n’y a plus d’allégeances, plus de
certitudes »
L’exutoire
La
suite
pour...
Médias
- La soirée de toutes les surprises
La
nouvelle géographie politique du Canada
Un
pays
transformé
Un
séisme
L'électrochoc!
Se pourrait-il donc que la pays n'ait tout simplement jamais
été aussi polarisé ?...
Politically polarized but rarely so unified
L’AUTRE
CANADA
GAUCHE
ET DROITE FACE À FACE
Évolution du NPD
NDP
loses
its
edge
–
or
purposely
softens
it
The
NDP’s
message:
We’re
not
a
fluke
Nouveau
Parti démocratique - La quête du pouvoir
NDP
faces
barriers
to
evolution
L'espoir serait-il donc redevenu possible pour les
Québécois, et notamment en ce qui concerne leur place dans
le Canada ?
«Québec
autonome et Canada fort»
Sondage - Les Canadiens sont
prêts à rouvrir la Constitution
LA DÉCLARATION DE SHERBROOKE DU NPD
Jusqu'à quel point Jack Layton saura-t-il véritabement
défendre les intérêts du Québec ?...
Jack
Layton et Thomas Mulcair livrent des discours à saveur
nationaliste
It’s
official:
Layton
backs
50%-plus-one
rule
for
Quebec
secession
Clarity
Act
Layton
clears air on sovereignty issue
Layton unanimement critiqué à Québec
For
Smiling Jack Layton, the hard work begins
Un
contrat difficile
Loi
sur la clarté - Layton prend ses distances du 50 % + 1
«
Vous pouvez compter sur moi pour défendre vos intérêts »
Jack Layton et le malaise québécois
The new NDP constituency : Far more francophone, far less
multicultural
Travailler avec Harper pour le Québec
The NDP in Quebec: ‘What do we do now?’
Le piège
Des
devoirs pour le NPD
Jack’s Quebec
challenge: how to keep smilin’ - Jeffrey Simpson
‘Conditions gagnantes’ – the NDP dilemma
Mulcair promet de «livrer la marchandise»
NDP expected to be more sensitive to Quebec issues
Jack Layton’s delicate
Quebec dance - Globe Editorial
Quebec’s
flirtation
with
the
NDP
is
just
a
test
Serions-nous donc en train d'assister à la fin du Parti
Libéral, du moins tel qu'on le connaît ?...
The self-immolation of the Liberal Party
In Peter C. Newman’s book, Ignatieff was ‘the catalyst on
the road to ruin
The
new
Liberal
constituency:
less
wealthy,
less
diverse,
very
East
Coast
Is the government party over?
The two-day NDP surge that sank the Liberals
Les libéraux déconnectés
Liberal insiders say party must take long look in mirror
Le
Parti libéral est anéanti
Michael
Ignatieff démissionne
Ignatieff
resigns
after
Liberal
defeat
Ignatieff
stepping down 'with my head held high'
Future
of Liberals, Bloc uncertain after Tory majority win
Ignatieff
offre de rester
... Et pour la suite des choses ?...
Le
chant du cygne de Bob Rae? - Chantal
Hébert
Liberal Party executive at last proposes substantive
change
Et
maintenant?
Bob
the
rebuilder
surveys
the
wreckage
‘Bob
the
Rebuilder’
forfeits
run
at
permanent
Liberal
leadership
L’avenir
des
libéraux
By
focusing
on
leadership,
Liberals
put
cart
before
horse
-
Jeffrey
Simpson
Les libéraux pansent leurs plaies
La
colère
gronde
au
PLC
Wanted:
a
Liberal
leader
who
can
grow
with
the
party
Leaderless Liberals face new era of caucus turmoil
Why
Liberals
should
think
big
Chrétien
promoting
Rae
as
interim
Liberal
leader
D’abord reconstruire la base au Québec
Peut-on encore espérer un renouveau du Parti Libéral du
Canada ?
Grits: Be bold, or get lost
Un parti à réinventer
A
Liberal primary might prevent a Liberal demise
A
month later, Liberals seek fresh start free of
‘middle-aged white guys’
Changing
everything
can’t
look
the
same
for
Liberals
-
Robert
Silver
Moribund Liberals should get beyond their grief –
and their grassroots - John Ibbitson
La fin du Bloc ?...
Lettres
- Daniel Paillé se trompe de ville
Duceppe
monte, le Bloc descend
Maria Mourani garde le cap
Duceppe
K.-
O.,
le
Bloc
en
sursis
Bloc
:
Paillé
appelle
à
la
réflexion
Tout est sur la table
Je vous ai sacrifié
Trop
tôt
pour
chercher
un
chef
Bloc
leader Gilles Duceppe resigns after losing seat
DUCEPPE
QUITTE
SON
POSTE
APRÈS
LA
DÉBÂCLE
Le
Bloc québécois encaisse un dur coup
Gouvernement
conservateur - Harper et le Québec
Carte
blanche
Éditorial
- Rêves réalisés
Stephen Harper’s double
victory - Globe Editorial
Harper
aura
les
coudées
franches
Percée
majeure
des
conservateurs
Recount
gives NDP Quebec seat by nine votes
La
douce revanche de Jack-le-tenace
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir - Layton jugé le mieux placé
pour bloquer Harper
Her Majesty’s Loyal (orange and pink) Opposition - Gerald
Caplan
NPD:
l’effet
«
Tout
le
monde
en
parle
»
La
«vague orange» balaie le Québec
Le
NPD chasse le Bloc
Région
de Montréal - Même des châteaux forts cèdent à la vague
néodémocrate
Région
de Québec - L'orange domine
Il
était une fois Outremont et Thomas Mulcair...
Seul
Lebel
résiste
à
la
vague
orange
Montréal est orange
Tout Québec vire à l’orange
Harper gagne son pari, le Québec parie sur Layton
Le NPD arrive deuxième mais crie victoire
Managing
Tom
Mulcair
-
Jeffrey
Simpson
Charge of the parliamentary youth brigade
Sur les nouveaux députés du NPD
In the Commons, the
kids are alright - Globe Editorial
Ceci n’est pas un poteau
Pas si mal, les « poteaux » !
Le
NPD
n’imitera
pas
l’ADQ,
dit
Mulcair
Une
députée
«
bouillante
»
dans
Gatineau
« Un gars éminemment honnête »
Le plus jeune député jamais élu à Ottawa
Révolution
politique
aux
portes
des
Communes?
Projection
de sièges - Harper minoritaire, Layton chef de
l'opposition
Boîte
à surprise électorale
Retrouver
sa
liberté
de
choix
Une attaque envers la notion même de coalition ne revient-il
pas à ni plus ni moins qu'une attaque envers la démocratie
en tant que telle ?..
Paddling the damn coalition canoe
Coalitions:
A
way
of
the
world
Canadians
don't
embrace
Une
coalition
dans
l’Ouest
La
bourde
diplomatique
Coalitions,
arrangements, agreements – just not here - Jeffrey
Simpson
Stephen
Harper’s
curious
attack
on
majority
rule
-
Globe
Editorial
Les mensonges de Harper seraient-ils donc en train d'éclater
au grand jour ?...
Harper
digs
a
coalition
hole
Coalition talk was about uniting right not seizing power,
Harper says
Coalition:
Harper justifie sa lettre de 2004
Harper aurait pu prendre le pouvoir sans élections en 2004
Le
spectre d'une coalition se retourne contre Harper
Stephen Harper ne chercherait-il donc à gouverner que par la
peur ?...
Smoke,
mirrors
and
a
Harper
majority
-
Lawrence
Martin
Mais surtout, se pourrait-il donc que rien ne puisse
vraiment égratigner le Parti conservateur ?...
Monsieur
Téflon
Fuites
et
campagnes
Peut-on vraiment espérer quoi que ce soit des prochaines
élections ?...
The two-day NDP surge that sank the Liberals
Boîte
à surprise électorale
QUE
NOUS
ONT-ILS
PROMIS?
How
this
‘unnecessary
election’
has
changed
Canada
for
the
better
Why
this
campaign
has
been
a
boon
to
democracy
NDP
makes
hay
of
Ignatieff
truancy
as
‘serene’
Liberals
lash
out
The
election
ain’t
over
till
the
voters
sing
-
Jeffrey
Simpson
Le
livre rouge du Parti libéral - Reste le chef
Radwanski:
Ignatieff’s
sparkle
brightens
Liberal
hopes
À
l’affût d’une gaffe
Ignatieff's got a ground game, Harper's got a problem
Tory strategy ensures there is no national election
Pile
ou face
Cette
foutue
coalition
Tory
support stays high, ethics falling flat: Poll
La campagne broche à foin
Un
outil
politique
redoutable
One
adroit
budget,
one
more
Conservative
government
-
Jeffrey
Simpson
UN
SCRUTIN
INÉVITABLE
Layton plonge, Harper tombe
La population canadienne se rendrait-elle donc
responsable, de par sa propre indifférence, de maintenir
au pouvoir ce qui s'avère peut-être le pire gouvernment de
l'histoire du pays ?...
Reader
reaction
to
The
Globe’s
endorsement
of
Stephen
Harper
Projections
Le Devoir-ThreeHundredEight.com- Qui sera chef de
l'opposition officielle lundi soir?
À
LA PORTE!
Pas
encore de changement dans les sièges du NPD au Québec
Projections
de sièges - Le PLC et le NPD font des gains
With Ignatieff ‘in the mud,’ Harper sheds support in
Quebec and B.C.
Projections
de sièges - Les conservateurs sous la barre des 150 sièges
Projections
de sièges - Les conservateurs perdent un siège
Projections
de sièges - Harper de retour en territoire minoritaire
Projections
de sièges - Les conservateurs en territoire majoritaire
Projections
de sièges (2e semaine)
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir - Forte avance de Harper au
Canada
Stephen
Harper
government
will
win
a
majority
May
2
-
Gerald
Caplan
Aux
urnes,
citoyens?
Harper
Conservatives closing in on majority support: poll
Étude
- Individualistes et matérialistes, les jeunes Canadiens
Tories
need
to
refocus
after
political
shocks
of
2010
ANNUS
HORRIBILIS
Une
année
facile
pour
Harper
Revue
de presse - Fin d'année
Mais les Canadiens s'avèrent-ils pour autant prêts à
accorder à Stephen Harper une majorité ?...
Projections
de sièges
Most
Canadians would support Liberal-NDP coalition, rather
than Harper majority: Poll
Polls
go
up,
polls
go
down
–
election
probably
still
on
the
way
Car après tout, n'y aurait-il pas de réels dangers à ce que
le parti Conservateur devienne majoritaire au Parlement ?...
The Supreme Court: How a Harper majority could really
change Canada
Qu'est-ce que les Canadiens trouvent donc de si
impressionnant dans la supposée "gouvernance" de Stephen
Harper, au fait ?...
Un
ministre nous est né
AVANTAGE HARPER
It
was
the
year
of
grinding
mediocrity
Conservatives are pedalling furiously but going nowhere -
Jeffrey Simpson
Though on rock-solid ground, Tories face fearsome odds for
majority
Political deep freeze endures – even in hypothetical
fantasyland
The
1993
election
changed
everything
Never
have
so
many
fought
so
hard
for
such
barren
political
terrain
Et si le Canada ne pouvait être sauvé que par une
coalition ?...
Une
tête vaut mieux que deux
Want
a
coalition
scenario?
Try
Duceppe
as
PM
-
Neil
Reynolds
Un
plan
«
pour
la
classe
moyenne
»
A
Tory minority seems as inevitable as its demise
A
surplus of parties means a deficit of democracy
Le
NPD
ouvert
à
une
alliance
L'épreuve
des faits - Les coalitions sont-elles légitimes?
Les
Québécois
appuieraient
une
coalition
Le
Bloc
relance
l’idée
d’une
coalition
The
rules
of
the
multi-party
parliamentary
game
Don’t
tempt
fate
with
your
coalition
talk,
Mr.
Harper
Unite
the
centre-left
–
without
a
coalition
Political
deep
freeze
endures
–
even
in
hypothetical
fantasyland
Liberals
need
a
political
game
changer
Are
Ignatieff
and
Layton
getting
itchy
trigger
fingers?
Le
Bloc,
partenaire
The
coalition
of
2010
is
Stephen
Harper’s
fantasy
Une
option nécessaire
Australie:
la première ministre promet la stabilité
British
coalitions
and
Canadian
lessons
-
Norman
Spector
Why
a
Liberal-NDP
merger
makes
sense-
Norman
Spector
The
pluses
and
minuses
of
Liberal-NDP
merger
Fusion
PLC-NPD: Chrétien ne veut pas forcer la main à Ignatieff
Ignatieff,
Layton squelch ‘ridiculous’ merger rumours
Néo-démocrates
et libéraux favorables à une coalition
Suddenly, a coalition government seems almost respectable
- Norman Spector
Harper
suggests
Israel’s
government
is
illegitimate.
Oops.
Ignatieff
entrouvre
la
porte
à
une
coalition,
mais
du
bout
des
lèvres
La
coalition, dernier des scénarios pour Ignatieff
Bringing
clarity
to
coalitions
Une
coalition,
c'est
sérieux?
-
Vincent Marissal
Coalition:
la leçon britannique
Is
a
Liberal-NDP
merger
in
the
cards?
Liberals
pour
cold
water
on
'Stop
Harper'
coalition
idea
Une
coalition PLC-NPD dirigée par Layton déferait Harper
Prime Minister Layton? - Norman Spector
Bob
Rae
shrugs
off
'hysteria
from
the
dark
side'
on
coalition
governments
Bob
Rae
hints
at
Liberal-NDP
accord
Stephen Harper's lock on lead raises coalition stakes
Jack
Layton
still
has
no
dance
partner
A
coalition of conscience won't work
La
leçon britannique
The
Tories
risk
all
on
narrow
appeal
and
wedge
issues
-
Lawrence
Martin
Guiding
principles
for
a
coalition
Learning
from
the
Mother
Parliament
Five
reasons
David
Cameron's
coalition
government
is
not
a
harbinger
for
Canada
La
coalition en Grande-Bretagne rappelle des souvenirs sur la
colline
Why
coalition,
Cameron?
What
Harper
should
say
about
the
British
coalition
-
Norman
Spector
La
politique canadienne sous la loupe d'experts britanniques
As in Britain, hopes stir for Canada’s third party
Récession:
la coalition a tout changé
Climat:
l'opposition s'unit contre les conservateurs
If
he'd
taken
the
coalition,
Ignatieff
coulda
been
a
contender
Bye-bye
coalitions?
Ignatieff trouvait la «coalition de 2008» illégitime
Dans
les
coulisses
de
la
coalition
-
Norman Spector
Et les critiques à ce niveau peuvent-elles vraiment s'avérer
pertinentes ?...
Political deep freeze endures – even in hypothetical
fantasyland
A
missionary view on why a Liberal-NDP merger would fail
Lessons
from
across
the
pond
and
down
under
Chrétien
se range derrière la position d'Ignatieff sur la coalition
Desperate
measures
don’t
have
to
be
stupid
measuress
-
Jeffrey
Simpson
A
proposal for a different kind of Canadian coalition
NDP
and Liberals should go their own ways
Oh,
what
a
crock
was
the
merger
talk
Encore la coalition! - Lysiane Gagnon
Coalition:
une grave erreur
Don’t
sacrifice
the
Liberal
Party
for
a
coalition
of
the
centre-left
Car ne faut-il pas avouer que, dans le présent ordre des
choses, l'idée qu'un parti puisse à lui seul détrôner Harper
ne se trouve ni plus ni moins qu'à relever de la fantaisie
?...
Liberals can hope, but Harper is the granite man
Et si les partis de l'opposition avaient enfin
réalisés qu'ils détiennent ensemble la balance du pouvoir
?...
AVANTAGE HARPER
Bilan
de session à Ottawa - Entre l'outrage et la méfiance
La
gifle de Milliken
Compromis nécessaire
Outrage au Parlement - Loin d'être terminé
Détenus
afghans - Harper perd sa bataille
There was a middle ground
– and the Speaker found it
Why Milliken’s ruling isn’t good for accountability
Speaker gives Stephen Harper a great opportunity
Outrage
au Parlement: Peter Milliken donne le feu vert à
l’opposition
Les Libéraux nous auraient-ils donc trahis ?...
Plus
de
1
million
dépensé
afin
d’examiner
des
documents
Revue
de presse - Le choix afghan
The detainees file appears
lost in the fog of committee
Détenus afghans: ultimes tentatives d'en arriver à une
entente
Détenus
afghans - Laisser traîner
Opposition
balks
at
Tory
loophole
in
detainee
record
deal
Afghan
detainee
deal
a
pioneering
compromise
on
national
security
Détenus
afghans: l'opposition aura accès aux documents classés
Documents afghans: une entente a été conclue
Documents sur les détenus afghans: les partis ne
s'entendent plus
Parties closing in on deal to release Afghan records
Détenus
afghans - Blocage à quelques heures de l'ultimatum
Documents
sur les détenus afghans: les partis près d'une entente
Détenus afghans : Une entente semble improbable
Détenus afghans - Milliken accorde un sursis de trois
jours
Documents afghans: le gouvernement espère une entente
d'ici vendredi
Documents
afghans: l'heure est au compromis
Documents afghans: pourparlers «constructifs»
Que faudra-t-il donc à la population canadienne pour
qu'elle cesse enfin d'endurer un tel gouvernement ?...
If Stephen Harper’s an economist, I’m the Queen of Sheba -
Gerald Caplan
Le gouvernement conservateur ne s'avérerait-il donc au
plus qu'une pâle copie des gouvernements libéraux
précédents ?...
La
dérive de Stephen Harper - Chantal Hébert
Se pourrait-il donc que l'on se retrouve présentement avec
le pire gouvernement que le Canada ait jamais connu ?...
À LA PORTE!
Le
gouvernement
coupable
d’outrage
au
Parlement
L'opposition
conclut que le gouvernement a commis un outrage au
Parlement
Le
gouvernement
tente
d’éviter
l’outrage
MPs
weigh
contempt
charges
against
Harper
government
On
the
road
to
the
Harper
government's
tipping
point
Bilans
de session à Ottawa - Le gouvernement critiqué de toute
part
«
Un gouvernement dangereux »
Et le Canada peut-il rester uni ne serait-ce que lorsqu'il
est question de défendre ses valeurs les plus fondamentales
?...
Gun registry lives, but Harper vows to keep up the fight
Moins
de crimes violents
Unis
pour sauver le registre
Registre
des armes à feu: Jacques Dupuis part en mission à Ottawa
The
gun
registry
has
taken
on
a
moral
hue
that
refuses
to
fade
-
Jeffrey
Simpson
Tir
groupé en faveur du registre fédéral des armes à feu
Tout dépend de vous, Jack
Jack
Layton interpellé par un survivant de Dawson
Voir aussi À moins qu'il n'en soit justement pas
capable ?...
Et si, en attendant, les gouvernements minoritaires ne
pouvaient qu'accélérer la déliquescence de notre cher
Parlement ?...
Fair Britannia, splashing around in coalition waters
Our
inability
to
elect
a
majority
government
imperils
democracy
Une
campagne à la carte
Jack Layton pourra-t-il un jour être reconnu comme un
véritable leader ?...
Stephen
Harper dit s'ennuyer de Jack Layton
Jack
Layton secures his place in NDP – and Canadian – pantheon
Défendre
le
Québec,
mais
pas
à
tout
prix
NDP
gains
on
Bloc
turf
add
tension
to
Duceppe-Layton
rivalry
And
now
a
word
from
our
NDP
conscience
Layton
is
the
right
guy,
making
the
right
decision
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir-The Gazette - Layton rattrape
Ignatieff au Québec
Registre
des armes à feu: Layton dans une course contre la montre
Layton
manoeuvre pour sauver le registre des armes à feu sans
forcer ses élus qui s'y opposent
Budget
- Layton dit non au projet de loi des conservateurs
Une
coalition PLC-NPD dirigée par Layton déferait Harper
Prime Minister Layton? - Norman Spector
Le
NPD veut limiter le pouvoir de prorogation de Harper
Layton
devance Ignatieff
Getting
it
right
on
peace
and
war
Les
chefs vus par les Canadiens
Le bon, l'intello et le sérieux - Vincent Marissal
Dans l'isoloir, c'est Harper
Louis
Riel: le NPD demande la correction d'une erreur historique
... mais ceci dit...
NDP platform betrays its centralizing instincts
À moins qu'il n'en soit justement pas capable ?...
Registre
des armes à feu - Layton a «perdu une certaine
crédibilité», dit une ex-candidate vedette
Le
NPD perd des appuis à gauche... et à droite
The
politics
of
the
long
gun
-
Gerald
Caplan
Registre
des armes à feu: Layton dans une course contre la montre
M.
Layton, comportez-vous en homme d'État!
Menotté
Registre
des armes à feu - Le test de M. Layton
Registre
des armes à feu: Layton recherche un compromis
How the long-gun registry shot a wedge into the NDP -
Jeffrey Simpson
Jack Layton’s potential legacy includes slaying a gun
registry he supports
Registre des armes à feu: Layton est prêt à endosser les
habits du fossoyeur
Liberals
blast
NDP
on
gun
registry
as
Tories
pour
salt
in
wound
Le
sort du registre des armes à feu dépend du NPD
Et son parti saura-t-il un jour se faire reconnaître comme
une alternative crédible ?...
Révolution politique aux portes des Communes?
Projection
de sièges - Harper minoritaire, Layton chef de
l'opposition
Projection
de sièges - La progression du NPD continue
Le
Québec
voit
orange
On ne peut empêcher un coeur d’aimer
LE
VENT ORANGE SOUFFLE ÀQUÉBEC
Des souverainistes passent dans le camp du NPD
UN VENT D’ESPOIR
Layton
grimpe,
le
Bloc
s’enfonce
Le
NPD bon deuxième
Projection
du nombre de sièges - Le NPD continue de progresser
Les
Québécois pourraient donner jusqu'à 20 circonscriptions au
NPD
C’est
maintenant
Harper
contre
Layton
Why Layton’s fit for office
La
théorie
du
«
bon
Jack
»
Projections
de sièges: des gains majeurs pour le NPD
Raz-de-marée orange en vue au Québec ?
Retrouver
sa
liberté
de
choix
Le
NPD
chamboulera-
t-
il
l’échiquier
politique
?
The
New
Democrats
rise
up
LE NPD PREND LA TÊTE AU QUÉBEC
Sérieux, ce bon Jack!
NDP surges ahead of the Liberals and into second place:
Poll
NDP on track to win 60 seats, poll projects
Le
NPD
sur
une
lancée
Le
NPD prend du galon
Un « ami » encombrant
La
réalité du terrain rattrape le NPD au Québec
En
quête
d’une
renaissance
Le gouvernement Harper ne gouvernerait-il donc que par
la division ?...
(Le gouvernement Harper ne rechercherait-il donc que la
division ?...)
Ontario PCs conjure images of chain gangs
Liberals
accuse
Harper
of
U.S.-style
tactics
in
long-gun
registry
battle
Conservatives
exploit
urban/rural
divide
over
long-gun
registry
-
John
Ibbitson
In
his
quest
for
a
majority,
the
PM
has
fallen
off
the
best
path
-
Jeffrey
Simpson
Comment
la droite s'organise
Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils d'ailleurs à
la botte des extrémistes religieux ?...
Se pourrait-il donc que l'on aie tout simplement le
gouvernement que l'on mérite ?...
We're
Canadians,
not
Vulcans
Et se pourrait-il donc que les Conservateurs s'avèrent en
fait les mieux placés pour assurer leur propre perte ?...
Des
citations controversées de Harper recueillies par... son
parti
How
Tory
rush
to
kill
per-vote
subsidy
could
backfire
Le
monde est fixe
Harper
shoots
majority
‘from
implausible
to
unimaginable’
That
bang?
It
could’ve
been
Stephen
Harper
shooting
himself
in
the
foot
-
Jeffrey
Simpson
Stephen Harper tries to break new ground again
Conservative
math
doesn't
add
up
on
gun
registry
Harper
flunks
political
math
His heavy-handedness makes Harper look bad
In
his
quest
for
a
majority,
the
PM
has
fallen
off
the
best
path
-
Jeffrey
Simpson
The
incredible
shrinking
Tory
tent
Sure,
there’s a leadership death watch – but for which leader?-
Jeffrey Simpson
Harper
sur YouTube: «Il a un peu manqué son coup»
Harper
sur YouTube: une première expérience difficile
Au
sujet
de
l’utilité
de
la
presse
parlementaire…
-
Chantal
Hébert
Core
support
keeps
the
PM
in
thrall
-
John
Ibbitson
Harper
bombardé de critiques sur YouTube
Grit
plan:
Let
Harper
be
Harper
How many times can the
Prime Minister tempt fate?
En fait, y a-t-il même un sens quelconque à ce que peut
faire le gouvernement Harper (lorsqu'il se trouve à faire
quelque chose...) ?...
Harper could be the real gun-registry loser
Why does the Harper government do what it does? Beats us
Le moment du changement serait-il enfin arrivé ?...
Menaces
d'élections automnales à Ottawa
Layton
devance Ignatieff
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir - Le PLC en remontée au Québec
Harper
dans une mauvaise passe - Lysiane Gagnon
L'avance
des conservateurs a fondu
Liberals
see
'structural
shift'
in
their
favour
Les
libéraux font des gains stratégiques selon un sondage
Les Conservateurs se enfreigneraient-ils carrément de la
loi ?...
Le respect de la loi
Le gouvernement Harper prendrait-il ses propres citoyens
pour des imbéciles ?...
Les ponts pour les nuls
Économies de 50millions - PIERRE DUHAIME
Allô,
Sheila
Fraser?
-
Vincent Marissal
Immeubles fédéraux: menus travaux gros prix
Immeubles fédéraux: des factures «exagérées», dit Rona
Ambrose
Contrat de 6 milliards de Profac: «rien d'irrégulier»
Public
Works Minister orders review of ‘over
the top' invoices
Traitement
clément de Jaffer: les conservateurs peu bavards
Droits
des gais retirés d'un guide: Kenney nie tout
Et la prétendue lutte au déficit des Conservateurs ne
serait-elle encore que de la poudre aux yeux ?...
L'art de la diversion
The kindest cuts of all
Ottawa
cuts
already
vacant
positions
Ottawa va supprimer 245 postes dans la fonction publique
... et d'ailleurs, la discrimination des Conservateurs à
l'endroit des homosexuels ne revient-elle pas carrément à
ni plus ni moins qu'une violation des droits de l'homme
dans tout ce que ceux-ci peuvent avoir de plus fondamental
?...
Un grand déshonneur - JEAN-RENÉ ROY
En plus de ne sembler avoir plus d'ambition que de se
faire le valet de Washington, se pourrait-il que le
gouvernement Conservateur ne s'avère plus que l'ambassade
d'Israël en Amérique du Nord ?...
I Shall Not Hate: A small book that should change Harper’s
foreign policy - Gerard Caplan
Le messager de Nétanyahou
Harper,
la voix d'Israël à Deauville?
Harper
blocks
mention
of
1967
border
in
G8
Mideast
statement
On
Israel,
Harper
stands
alone
at
G8
summit
À
l’ombre d’Israël
La
carpe
et
le
lapin
Stephen
Harper
earns
biblical
praise
for
pro-Israeli
stand
George
Galloway
prêche
une
foule
de
convertis
Le
Canada
est
les
yeux
et
les
oreilles
d’Israël
au
Venezuela
A
Mideast reading list for Tories willing to learn - Gerald
Caplan
Ottawa
a refusé de financer une conférence d'Alternatives
Ottawa
appuie une enquête, mais défend Israël
Une
amitié aveugle
Israël - Le fiasco
Le
Canada, l'allié le plus fidèle d'Israël
Un
«incident»
regrettable
-
Vincent Marissal
La
tournée de l'amour
La
Semaine contre l'apartheid israélien divise les Communes
Le
Canada augmente sa présence en Cisjordanie
Communautés
culturelles - Le financement d'Ottawa n'a pas profité
également à tous
And this is our foreign policy …
What
every
office
needs
to
succeed
in
Harper's
Canada
Attack
on Israel is an attack on Canada, Kent says
What
a
tangled
web
PM
weaves
in
promoting
democracy
abroad
-
Jeffrey
Simpson
Tories' hard line on criticism of Israel could spark
backlash, MP says
Quand
le Proche-Orient crée une crise politique au Canada
Et d'ailleurs, les Conservateurs pousseraient-ils
leur effronterie jusqu'à afficher béatement un soutient
inconditionnel et unilatéral envers Israël ?...
Se pourrait-il donc que cette fois, les Conservateurs
soient peut-être allés un peu trop loin dans le mépris
qu'ils peuvent témoigner envers la démocratie, et donc
envers leur propre électorat ?...
(Ou autrement dit : se pourrait-il que cette fois la
population ne l'ait pas laissé s'en sortir si facilement,
pour faire changement ?...
Une
coalition s'érige contre la «menace» Harper
Civic
reinvolvement
Les
raisons de la méfiance
Un
moment charnière?
Lettres
- Les champions de la prorogation
Le
loup
Des
milliers de Canadiens dénoncent la prorogation du
Parlement
Sondage:
Harper perd des plumes
Le gouvernement conservateur se moquerait-ils carrément de
la démocratie, et donc de la volonté de sa propre
population ?...
Le
mandat - Manon
Cornellier
Retour
au recensement obligatoire - Harper fait fi de la motion
adoptée
Registre
des armes à feu: Duceppe presse Harper d'accepter la
défaite
Recensement
- Les automates
Omnibus
bills
subvert
our
legislative
process
The
federal
government
is
senseless
on
the
census
-
Globe
editorial
This
budget bill is overstuffed - Globe
editorial
Sénat:
Harper protège son budget
Harper
veut abolir la subvention aux partis
Committee
issues
subpoenas for PM staffer, others
A
shabby way to gut parliamentary debate
Le
monarque d'Ottawa
Jouer avec le feu
Is
Stephen
Harper
hampering
democracy?
Dépenses
électorales: les conservateurs sont fautifs, selon
Élections Canada
Et pourtant, ne peut-on pas toujours compter sur Harper pour
une nouvelle petite surprise ?...
Lesson learned
Pas de relâche en mars et avril à Ottawa
Harper
sets
a
trap
for
the
opposition
Mr. Harper continues to surprise - Norman Spector
Stephen Harper mépriserait-il donc de ses propres ministres
?
Le ministre Mackay tenu dans l’ignorance
Le gouvernement Harper n'aurait-il donc pas la moindre
considération pour la vie privée des Canadiens, cette même
vie privée qu'il se targue pourtant de vouloir protéger ?...
Close
those
prying
eyes
at
Veterans
Affairs
Anciens
Combattants - Ottawa a bafoué le droit à la vie privée
Les Conservateurs ne peuvent-ils agir que lorsqu'ils sont
forcés de le faire ?...
Flaherty sets stricter mortgage rules
Les Conservateurs ne semblent-ils pas être passés maître
dans l'art de repousser toujours plus loin les limites de
l'inacceptable ?...
Jean Chrétien chides Stephen Harper for attack on top bank
executive
Le gouvernement Harper aurait-il quelque chose à cacher
?...
Public
interest
goes
private
-
Globe
editorial
Ottawa
accusé de régenter les publications scientifiques
Colère
à Environnement Canada
Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir
soutenir la torture ?...
After
falsehoods,
skepticism
needed
-
Globe
editorial
Censure
à Ottawa: trois ministres soupçonnés
Is
this
the
answer
to
access
requests?
Stop
keeping
records?
-
Lawrence
Martin
Canadian
democracy is oxygen-starved
Accès
à l'information - Un cas après l'autre
Loi d'accès à l'information - Harper rappelle ses
ministres à l'ordre
Accusations
d'ingérence: Paradis jure qu'il ne savait rien
Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout
simplement incompétents ?...
Censure:
Paradis au coeur d'une enquête
Ottawa
aurait empêché la diffusion d'un rapport controversé
Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir
soutenir la torture ?...
Stéphen Harper jouerait-il à manipuler l'information ?...
Registre
des armes à feu - Ottawa a gardé secret un important
rapport
En fait, le gouvernement Harper ne se trouve-t-il pas à
rappeler les pires régimes totalitaires de par son total
mépris du libre accès à l'information ?...
On access to information, Canada is a developing country -
Globe Editorial
La
GRC
enquêtera
sur
un
ex-
conseiller
de
Christian
Paradis
Access-to-information
woes
grow
ever
more
absurd
Can
Access to Information be fixed?
Le
Canada
en
dernière
place
Another
day,
another
government
report
redacted
beyond
recognition
Le
«
prix
de
la
noirceur
»
remis
à
Harper
Big
Brother,
sors
de
ce
corps!
La
grogne
s’accentue
envers
Paradis
Une
page Wikipedia modifiée par la Défense nationale?
Le
sommet des exclus
En
bref - Responsabilité ministérielle ou pas, les comités
sont rois
Témoignages:
le bras de fer pourrait provoquer des élections
The price we pay for a
government of fear - Jeffrey Simpson
Soudas,
l'homme le plus recherché d'Ottawa
Empoignades
aux Communes
Registre
des armes à feu - Ottawa a gardé secret un important
rapport
Le
monarque d'Ottawa
Le
politburo
de
M.
Harper
-
Vincent Marissal
Accès
à l'information: le Canada de moins en moins transparent
Dure
journée pour le gouvernement Harper
Voir aussi Se pourrait-il que les Conservateurs
méprisent carrément le journalisme, tout comme les
médias en général ?...
En fait, ce gouvernement ne commence-t-il pas à s'apparenter
de plus en plus à celui d'un état totalitaire, de par sa
façon de gouverner en général ?...
Dans
un pays près de chez vous
Majority!
Who
cares?
En fait, ne pourrait-on pas commencer à parler carrément
d'une certaine culture du secret ?...
Ottawa keeps tight lid on even most basic U.S.-border-deal
files
Des
F-
35
deux
fois
plus
chers
que
prévu
Vic
Toews
dodges
demands
government
attach
price
tag
to
crime
bills
Dépenses
publiques - Le Parlement en voie de perdre le contrôle,
dit Kevin Page
Harper
keeps
Canada
in
dark
at
his
own
peril
Excès
de secret
Et d'ailleurs, Harper aurait-il une petite
tendance à vouloir jouer au dictateur ?...
Is Stephen Harper the
Dear Leader in disguise? - MARGARET WENTE
Visite
royale - Notre vrai roi
Stephen
Harper’s
worst
enemy
The
dismantling
of
Canadian
democracy
promotion,
brick
by
brick
La
controverse
se
poursuit
Ottawa
a refusé de financer une conférence d'Alternatives
Droits
et démocratie: 92 000$ pour des détectives privés
En
bref - Des groupes communautaires évitent de parler
Senate
girds
for
sparks
as
Tory
budget
hits
the
floor
with
a
boom
Le
projet
de
loi
fédéral
sur
le
budget
est
adopté
grâce
à
l'absence
de
libéraux
La
survie d'une autre ONG menacée?
Le
gouvernement Harper accusé de couper les vivres à ceux qui
le critiquent
Droits
et Démocratie doit suivre la politique du Canada, estime
son président
Droits
et Démocratie: la veuve de l'ex-président réclame une
enquête publique
Muselés,
des employés décrivent un climat «malsain» à Droits et
Démocratie
Droits
et Démocratie sur la corde raide
Droits
et Démocratie - Les employés se vident le coeur devant un
comité parlementaire
Droits
et
Démocratie:
que
veut
Ottawa?
-
Agnès Gruda
Droits
et Démocratie: deux témoins s'esquivent
Droits
et Démocratie - Cirque au comité
Droits
et Démocratie - Cannon est prié de rendre des comptes
Droits
et Démocratie: Ottawa accusé d'ingérence politique
Droits et Démocratie - La FIDH épingle Stephen Harper
L’indépendance menacée
Droits
et Démocratie - Cannon s'entête
Droits
et Démocratie: l'opposition dénonce le choix de Latulippe
Droits et Démocratie: le choix de Latulippe soulève la
tempête
Latulippe avait fait le lien entre immigration et
terrorisme à la commission Bouchard-Taylor
Gérard Latulippe: un homme et ses zigzags
Droits
et Démocratie: trois cadres supérieurs congédiés
Le
mémoire controversé du candidat à la présidence de Droits
et démocratie
The Rights and Democracy twist
La
crise
à
Droits
et
Démocratie
-
Quand
le
politique
s'arroge
tous
les
droits
Des
ONG
sous
surveillance
Sondage:
trop de pouvoirs au premier ministre
Ignatieff
takes
another
shot
at
Harper's
'ideology'
Droits
et Démocratie - Ottawa s'apprête à nommer un nouveau
président
Rights
and
Democracy
again
in
the
(French)
news
Droits
et Démocratie - Le conseil a voulu protéger des ministres
Canadian
aid
groups
told
to
keep
quiet
on
policy
issues
What
a
tangled
web
PM
weaves
in
promoting
democracy
abroad
-
Jeffrey
Simpson
Cannon will support embattled rights agency: source
A
rights agency's future in peril
La
liberté d'expression menacée
Droits et Démocratie - L'inquiétante pratique du lawfare
au Canada
Droits
et Démocratie dans la tourmente
Ottawa était satisfait de Droits et démocratie
LES COURTIERS QUÉBÉCOIS SONT AUX AGUETS - MARTIN VALLIÈRES
Fini la vente d’assurances sur
l’internet - Julian Beltram
Voir aussi Et son
gouvernement aurait-il même une tendance à se prendre
pour Big Brother ?...
Stephen Harper chercherait-il donc à museler ceux qui
osent s'élever contre son gouvernement ?...
Le
boomerang
Voir aussi Les
Conservateurs pratiqueraient-ils donc la censure ?...
Les Conservateurs seraient-ils donc passés maîtres dans
l'art de s'ingérer de manière à ne réussir qu'à nuire plutôt
qu'à servir à quoi que ce soit ?...
Pakistan
- Six ans plus tard, le Canada n'a pas livré les écoles
promises
Les Conservateurs se moqueraient-ils carrément
de la démocratie ?...
Démocratie
bancale - Manon
Cornellier
Rigidité
dangereuse
Détails,
détails...
Respecter
les
électeurs
On
ne
joue
pas
avec
la
démocratie,
prévient
l’opposition
Coupable
de mépris du Parlement
«
Une affaire très grave »
What
direction
our
own
democracy?
The
dismantling
of
Canadian
democracy
promotion,
brick
by
brick
Rentrée
parlementaire sans Parlement
Harper mine la démocratie
Harper
paie cher pour avoir prorogé le Parlement
Le
président
Stephen
Harper
-
Vincent
Marissal
Prorogation:
The Economist acerbe envers Harper
Harper n'exclut pas de proroger le Parlement tous les ans
La
prorogation du Parlement inquiétante pour notre démocratie
Les
conservateurs n'auront pas carte blanche au Sénat
Stephen Harper: priorité à l'économie
Pause
olympique sur la colline
Harper
s'apprête-t-il à proroger la session?
Et d'ailleurs, qu'ont à dire les Libéraux, à ce sujet ?...
Et surtout, comment comptent-ils au juste réagir ?...
L'opposition attend de pied ferme le gouvernement
It's
gonna
get
ugly
as
bell
rings
on
prorogation
Les
querelles entre les partis recommencent cette semaine
Prorogation:
Ignatieff demande à Harper de limiter son pouvoir
Ignatieff
sollicite l'aide des députés de la Colombie-Britannique
Redemption
and
counter-redemption
Opposition
presses
ahead
on
detainees
despite
prorogation
Does
Michael
Ignatieff
really
want
this
constitutional
dance?
-
Norman
Spector
Ignatieff
défend
la
nouvelle
publicité
des
libéraux
Campagne de pub libérale contre la prorogation
Prorogation
du Parlement: Ignatieff dénonce le cynisme de Harper
En fait, se pourrait-il donc que les Conservateurs ne
puissent tout simplement pas supporter d'être contredits
?...
Harper chercherait un successeur à Michaëlle Jean
Let the wild viceregal speculation begin
La démocratie canadienne serait-elle donc en pleine érosion
?...
Let a commission, not
broadcasters, call the shots
Le gouvernement Harper lui-même se montrerait-il pourtant
capable d'humanité face à un drame tel que celui qui secoue
Haïti ?...
Ottawa
envoie 80 millions supplémentaires
Le
Canada facilitera l'immigration d'Haïtiens
La mobilisation du Canada s'intensifie
... Mais au delà des apparences, le gouvernement
conservateur n'est-il pas toujours égal à lui-même,
notamment en ce qui concerne son manque d'ouverture envers
le reste du monde, pour le moins qu'on puisse dire ?...
Les
troupes canadiennes quittent Haïti
Le
choix de Thamar
Ottawa
refuse d'assouplir les règles d'immigration
Bienvenue
chez nous, mais restez chez vous - Rima Elkouri
Ottawa
doit faire plus, plus vite
« On a froid, on a faim! » -
André Duchesne
L'ambassade
canadienne prise d'assaut
N'entre pas qui veut au Canada
Et si le gouvernement conservateur fait si peu de cas de la
démocratie dans son propre pays, peut-on vraiment s'étonner
qu'il n'ait aucun intérêt à promouvoir la démocratie à
travers le monde ?...
Ai-
je travaillé dans le vide?
Le vote étranger, l’exception canadienne
Odd timing for Feds to bar voting in Tunisian election
Composition
de l'Assemblée constituante - Ottawa interdit le vote de
Tunisiens sur son territoire
Canada can help Arab
autocracies become democracies - Globe Editorial
Canada
is
missing
the
democratic
moment
Ottawa:
hypocrisie ou pragmatisme?
Why
did
Ottawa
drag
its
feet
on
Mubarak?
-
Jeffrey
Simpson
The
road
to
democracy
promotion's
paved
with
broken
vows
Le gouvernement Harper se moquerait-il donc des droits de la
personne ?
Le gouvernement Harper ferait-il donc tout simplement peu de
cas de la personne humaine ?
Honte
au Canada
Les Conservateurs
feraient-ils pâlir notre image ?
(Voir aussi : toutes les autres
sections de cette page...)
Canada’s
message: The world and its climate be damned - JEFFREY
SIMPSON
Gouvernement
Harper - Incontrôlable
Kyoto
et le Canada - Une position qui nous coûte cher
La
pâle étoile du Canada
Amnistie
écorche
Ottawa
En
bref - Le Canada est difficile à cerner, selon Amnesty
International
Amnistie
internationale: «le Canada nous inquiète»
Amnistie
n'est pas tendre envers le Canada
Conservatives
follow
recipe
for
foreign-policy
decay
Le
monde selon Stephen Harper - André Pratte
Le gouvernement Harper irait-il donc jusqu'à salir la
réputation du Canada dans le seul but de satisfaire ses
propres intérêts politiques ?
WikiLeaks
- Le NPD critique Bernier
Les Conservateurs ne seraient-ils pas surtout en train
de nous isoler, en s'obstinant à ne tenir qu'à bloquer
tout avancement dans ce dossier ?...
Le Canada méconnaissable -
MARTIN CAUCHON
« Le Canada a perdu sa vision »
- AGNÈS GRUDA
Jean Chrétien déplore le recul
du Canada
Le beigne et le fantasme - André
Pratte
L’opposition à l’amiante prend de l’ampleur -
FRANÇOIS CARDINAL
Je veux voter ! -
Jean-Serge Baribeau
Manque d’éthique -
André Melançon
Cuba: une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL
Stephen Harper brandit l’étendard du
libre-échange
Et se pourrait-il donc que l'environnement et les
droits de la personne ne soient même plus les seuls
dossiers dans laquelle le Canada semble perdre
toujours plus du peu de crédibilité qu'il pouvait lui
rester ?...
Des écueils olympiques
Mort
d'un lugeur aux JO: qui blâmer?
Les Canadiens seraient-il en train de confirmer leur
support à Harper comme les Américains l'avaient auparavant
fait pour Bush ?...
Sondage:
les conservateurs creusent l'écart
Le
PC a récolté plus de dons en 2010 que ses rivaux réunis
Le
gouvernement
Harper
-
Inspiré
par
George
W.
Bush
-
Bernard
Descôteaux
Dans
l'isoloir, c'est Harper
Obama
patine, Harper plane - Vincent Marissal
Sondage:
Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan
2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute
libre
En
2009, Harper a repris les rênes du Parlement
Les
conservateurs maintiennent leur avance devant les libéraux
Le Canada méconnaissable -
MARTIN CAUCHON
Les
nouvelles - Pierre Foglia
Vers
la majorité au Sénat pour les conservateurs
Une
victoire significative - Lysiane Gagnon
Duceppe
amoché, Harper requinqué - Vincent Marissal
Rivière-du-Loup:
le PC détrône le Bloc
Ignatieff
ne
tient
plus
à
des
élections
Harper flirte avec la majorité -
Joël-Denis Bellavance
Le Québec ratatiné? - VINCENT MARISSAL
Le Canada serait-il en train de traverser une période
plutôt noire de son histoire ?...
M. Harper, il est moche, votre Canada
La
politique du désabusement
A country of Dryden’s values shifts to Cherry’s - Lawrence
Martin
Jack Layton’s Canada and the other Canada - GERALD CAPLAN
Canada’s G8/G20 weekend shames all but peaceful protesters
- Gerald Caplan
It's
time
for
Canada
to
take
on
the
world
-
Globe
editorial
Conserving
Canada
or
a
Conservative
Canada?
ANNUS
HORRIBILIS
Is
there
an
old-style
Tory
in
the
House?
-
Lawrence
Martin
La
société civile perd du terrain au Canada
Deciphering
sides
in
Canada's
‘culture
wars’
Canada’s
reputation
for
low
infant
mortality
takes
stunning
decline
For
relevant
politics,
look
to
the
provinces
and
municipalities
-
Jeffrey
Simpson
La
Grande
Noirceur
canadienne
-
Alain Dubuc
Des
sujets sensibles abordés à la conférence libérale
Après
le
podium
-
André Pratte
Relation
distante, bilan mitigé - Vincent Marissal
L'Ontario
officiellement pauvre - Vincent Marissal
Le
portrait de la péréquation a changé
Les
Jeux invisibles de Vancouver - Vincent Marissal
Et peut-on toujours dire que les Américains aient quoi que
ce soit à nous envier de nos jours, et du moins sur le plan
politique ?...
Imagine Stephen Harper visiting the Liberal caucus
Se pourrait-il qu'après tout, les Canadiens ne soient pas
nécessairement aussi progressistes qu'on aurait pu le
croire ?...
40
years
later:
Security
and
the
FLQ
Les
valeurs d'Ignatieff, les manoeuvres de Harper
Immigration
- Ô ironie
L'immigration
est néfaste pour le pays, estime un Canadien sur deux
Sondage
Angus Reid - Les Canadiens sont contre le registre des
armes à feu
Revue
de presse - Les portes closes
Les
Tamouls ne sont pas les bienvenus aux yeux des Canadiens
In
the
matter
of
Omar
Khadr,
shame
on
us
-
Lawrence
Martin
Détenus
afghans: la population est divisée
The
blueing
and
greening
of
the
political
centre
-
Preston
Manning
This
take
on
crime
is
irrational
-
Lysiane
Gagnon
L'obsession
sécuritaire - Lysiane Gagnon
Lettres
- Le Québec comme le Canada
62
% des Canadiens diraient oui à la peine de mort
Et si l'on ne pouvait peut-être pas nécessairement dire non
plus que les Canadiens s'avèrent tous des
ultra-conservateurs, après tout ?...
(Et si les Canadiens ne devaient pas non plus s'avérer tous
des ultra-conservateurs , après tout ?..)
Are
Canadians
more
conservative?
No
-
Jeffrey
Simpson
Santé
maternelle: la majorité des Canadiens s'opposent au plan
Harper
Et s'il y avait toujours de l'espoir pour le Canada, malgré
tout ?...
Robbie Robertson praises Canada’s spirit
There's
plenty
of
room
for
growth
in
Canada’s
electoral
soil
Et pourtant, des élections seraient-elles
vraiment si inutiles ?...
Inévitables, les élections?
Je veux voter ! -
Jean-Serge Baribeau
Manque d’éthique -
André Melançon
J’ai honte - ALAIN DUBUC
L’enjeu - ANDRÉ PRATTE
Et nous resterait-il une quelconque chance de nous sortir de
ce bourbier ?...
Michaëlle Jean bien en selle
Le vent tournerait-il enfin en faveur du changement
?...
Spring election likely as all three opposition parties
reject Tory budget
Jamais
deux sans trois?
Sondage:
libéraux et conservateurs à égalité
'Revenge
of
propeller-heads'
leaves
Tories
even
with
Liberals
Sondage:
libéraux et conservateurs à égalité
Changements
climatiques: Jack Layton est impatient
Le PLC dépose sa motion pour
renverser le gouvernement
Une motion de censure brève et sans
artifice - Joël-Denis Bellavance
Les libéraux veulent forcer la cadence
- Joël-Denis Bellavance
Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte
- Joël-Denis Bellavance
Le gouvernement Harper pourrait tomber dès vendredi
- Joël-Denis Bellavance
Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de
coalition
Les sondages n’ont pas refroidi les
libéraux - Joël-Denis Bellavance
Trois discours en une semaine -
Joël-Denis Bellavance
Le PLC n’augmentera pas les impôts
- Hugo de GrandPré
Québec veut des gestes concrets d’Ottawa -
Tommy Chouinard
Le cirque - VINCENT MARISSAL
Voir aussi Et la bataille ultime serait-elle enfin
lancée ?...
... ou pas encore ?...
Reality
check:
Edge
to
the
Tories
And
in
this
corner,
the
great
Grit
slayer
Paltry war chest 'says a lot about Ignatieff’s leadership'
Sondage:
libéraux et conservateurs à égalité
Les
libéraux adoptent le budget, les conservateurs survivent
Le
piège
à
ours
-
Vincent Marissal
Le gouvernement conservateur survivra au budget
Michael
Ignatieff n'entend pas faire tomber les conservateurs
Michael
Ignatieff promet: pas d'élections fédérales en 2010
La priorité : reconstruire le parti
- Joël-Denis Bellavance
Ignatieff
ne
tient
plus
à
des
élections
Remontée conservatrice
- LYSIANNE GAGNON
La descente aux enfers - ALAIN
DUBUC
Qu’est-ce qui fait donc chanter M. Harper? -
VINCENT MARISSAL
Le gouvernement Harper survit à un nouveau
vote - Malorie Beauchemin
Jack Layton : L’homme qui a « sauvé » le
gouvernement Harper !...
Le gouvernement Harper reste en vie
- Hugo de GrandPré
Goodbye, la majorité! - LYSIANE
GAGNON
La majorité à portée de main -
VINCENT MARISSAL
Le NPD appuiera Harper - Joël-Denis
Bellavance
Harper le «socialiste» sauvé par les
séparatistes - VINCENT MARISSAL
LA FIÈVRE EST TOMBÉE - Joël-Denis Bellavance
UN SURSIS POUR HARPER
Ottawa veut bonifier l’assurance emploi -
Malorie Beauchemin
Assurance emploi : Harper serait
prêt à des concessions
Le pari d’Ignatieff - VINCENT MARISSAL
LE PARI RISQUÉ DE MICHAEL IGNATIEFF -
Joël-Denis Bellavance
...et en fait, pourrait-on même dire : pas avant longtemps
?...
Michael Ignatieff promet: pas d'élections fédérales en
2010
Cette campagne saura-t-elle au moins montrer du nouveau ?...
Les Canadiens font davantage confiance à Harper qu’à
Ignatieff à
Ignatieff et Harper : même « regard »
- Denis Lessard
Harper verra-t-il dans ces élections une dernière
chance pour se ressausir... ou n'en profitera-t-il que
pour se caller davantage ?...
L’enfer est à gauche - VINCENT MARISSAL
Le « vrai visage » de Stephen Harper - Malorie
Beauchemin & Tristan Péloquin
Michael Ignatieff présenterait-il vraiment une nouvelle
vision pour le Canada ?...
Ignatieff
ne ferme pas la porte à l'ajout de sièges au Québec
Food
policy
may
give
what
we
eat
a
shorter
commute
-
Globe
editorial
Executives
say
it's
time
to
raise
taxes
Invest
in women, Liberals told
On
Mideast, Ignatieff sounds prime ministerial - Norman
Spector
Conflit
israélo-palestinien - Ignatieff accuse Harper d'être trop
proche d'Israël
Ignatieff,
«premier
ministre
l'an
prochain»
selon
Foreign Policy
Harper
rate le virage vert, selon Ignatieff
De
«grands penseurs» pour redéfinir l'image du parti libéral
Un lieutenant au pouvoir allégé sera
nommé - Hugo de GrandPré
TGV: très grande vision? -
VINCENT MARISSAL
Les libéraux fédéraux promettront un TGV -
Joël-Denis Bellavance
LE CANADA EST-IL POSSIBLE ?
Le Canada de M. Ignatieff - André Pratte
Un écrivain authentique
Voir aussi Et pourrions-nous finir un jour par nous
doter d'un TGV ?...
...ou se pourrait-il en fait que ce ne soit tout simplement
pas le cas, justement ?...
What are the chances of a federal election in 2011?
Michael
Ignatieff
plays
politics
with
AIDS
Liberals
offer
thin
gruel
on
deficit
reduction
Changements
climatiques - Les libéraux jonglent avec le projet de loi
C-311
Ignatieff
essuie les critiques
Ignatieff
mis en garde par des économistes
Nothing new or bold about bashing business
Gel des impôts des entreprises - Les conservateurs ne font
qu'une bouchée de la proposition d'Ignatieff
Les libéraux n'entendent pas hausser les impôts
la
recherche
de
l'âme
libérale
-
André Pratte
Robert
Fowler critique fortement le Parti libéral
Smart
people
talked,
but
were
the
Liberals
listening?
-
Jeffrey
Simpson
Liberals look to catch next wave - before their party
sinks
Liberals' hunt for ideas a welcome project
Invest in women, Liberals told
Les libéraux fédéraux en mode réflexion
Thinkers
conference
or
'academic
fantasyland'?
Place à l’audace - ROBERT ASSELIN
Les conservateurs accusent les libéraux d’élitisme
- Hugo de GrandPré
Ignatieff
ne
compte
pas
rouvrir
le
débat
constitutionnel
Mais en réalité, les libéraux ne sont-il pas paralysés par
leurs propres dogmes, autant sinon davantage que par
l'électorat lui-même, par ailleurs ?...
La loi, c'est la loi? - Alain Dubuc
Ignatieff
s'oppose au ticket modérateur du Québec en santé
Incredible
shrinking
Ignatieff
Le
bilan
libéral
-
Chantal Hébert
Canada
can't afford a corporate tax cut, Ignatieff urges party
How would the Liberals pay for their ‘national
strategies'?-
Jeffrey
Simpson
Ignatieff a un remède pour soulager les maux du pays
Et par dessus tout, M. Ignatieff saura-t-il vraiment gagner
notre confiance ?...
Sondage: les libéraux avancent, mais pas Ignatieff
La
tournée libérale est le plus grand défi d'Ignatieff
Réfléchir
vite
L'effet
Ignatieff s'évapore
Les
libéraux creuseraient encore davantage le déficit
Sondage:
Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan
2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute
libre
Ignatieff
nie les rumeurs de révolte
De
«grands penseurs» pour redéfinir l'image du parti libéral
Les
indiscrétions de Mme Dion
Épouse en colère - Lysiane Gagnon
Une
nouvelle équipe pour relancer Ignatieff
Ignatieff
ou le désastre - Lysiane Gagnon
Les
Canadiens ne voient pas Ignatieff en premier ministre
Michael
Ignatieff perd deux autres conseillers
Ignatieff en panne - Denis
Lessard
PLC: un quatrième chef en quatre ans?
- VINCENT MARISSAL
D’abord communiquer avec le chef
- Malorie Beauchemin
Ignatieff prêt à parler de
hausses d’impôts
La descente aux enfers - ALAIN
DUBUC
Un autre rendez-vous manqué -
VINCENT MARISSAL
Ignatieff promet d’éliminer le boulet du
déficit - Joël-Denis Bellavance
... ou ne semble-t-il pas plutôt démontrer une surprenante
faculté à produire carrément l'effet contraire ?...
(ou plus précisément : le chef libéral n'aurait-il pas
plutôt tendance à surtout faire des erreurs ?...)
Is this Michael Ignatieff’s Kim Campbell moment?
Quand
la pâte ne lève pas
Ignatieff
hoisted
on
his
own
petard
in
Quebec
Exit
la
coalition
Les
libéraux
en
route
pour
l’abattoir
Le PLC à son plus bas au Québec
With
Harper
16
points
up
in
poll,
do
Liberals
need
‘a
head
transplant’?
Ignatieff
changes
his
mind
on
EI
bill
Michael
Ignatieff’s
highly
overrated
summer
vacation
-
Gerald
Caplan
The
humbling
of
Michael
Ignatieff
Who
leads
the
Liberals?
Échec
de la motion libérale sur la contraception - Gueule de
bois chez les libéraux
Planification familiale: le PLC perd le vote sur sa propre
motion
La descente aux enfers - ALAIN
DUBUC
Rendez-vous manqué - Danny
Lepage
Des élections, mais sur quoi? - VINCENT
MARISSAL
Un peu de sagesse - ANDRÉ
PRATTE
Réforme de l’assurance emploi Les
demandes libérales jugées « fantaisistes »
Quelques notes avant de
décrocher - VINCENT MARISSAL
Attention, M. Ignatieff: terrains glissants
! - VINCENT MARISSAL
Première erreur de M. Ignatieff - ANDRÉ
PRATTE
Allez plus loin, M. Ignatieff - Gilles
Duceppe
Les chômeurs trouvent la position d'Ignatieff
courageuse...
Harper dénonce la proposition «
irréaliste » des libéraux
Un système à réformer -
Michael Ignatieff
Voir aussi Et que dire du chômage ?...
La hausse de l'appui au PLC stoppée par les taxes
d’Ignatieff
Et pourtant, serait-il aussi capable d'apprendre de ces
dernières ?...
Le PLC n’augmentera pas les impôts -
Hugo de GrandPré
À propos, voir aussi... Et que dire du chômage ?...
En fait, Ignatieff aurait-il carrément tendance à manquer de
jugement ?...
Manque de leadership - Heidi Rathjen
Un
vote inquiétant - André Pratte
Et que lui reproche-t-on, au juste ?...
Ignatieff: qu'est-ce qui cloche?
Ignatieff
faces
taxing
Tory
line
as
blackmail
threat
hits
Guergis
OTTAWA La volonté de
centralisation des libéraux décriée
Simple flirt ou amour
durable? - LYSIANNE GAGNON
Harper dépeint Ignatieff comme un ardent
centralisateur
Le Bloc prend Ignatieff pour cible
Et qu'a-t-il à répondre, d'ailleurs ?...
Ignatieff : « S’ils m’attaquent, ils attaquent
aussi tous ceux qui ont vécu à l’étranger, tous ceux qui
sont venus de l’étranger »
Les libéraux seraient-ils sur le point de revenir à la vie ?
(Ou : les libéraux incarneraient-ils donc le changement
?...)
Michael
Ignatieff sauvé des eaux?
Registre
des armes à feu: Ignatieff met le feu aux poudres
Vote
sur le registre des armes: les libéraux soumis à la ligne
de parti
Libéraux
et conservateurs toujours à égalité
Sondage
Léger Marketing-Le Devoir - Le PLC en remontée au Québec
Lucienne
Robillard prêtera main-forte au PLC
Martin
Cauchon: du temps pour la reconstruction du PLC
Un
parti bien vivant
L’effet Ignatieff attire les Québécois au
PLC, estime Jean-Marc Fournier
Les libéraux veulent provoquer des
élections - Joël-Denis Bellavance
SONDAGE NANOS/ LA PRESSE Les libéraux
ont une imagemoins négative que les conservateurs
L’Alberta préfère Ignatieff à
Harper pour défendre les sables bitumineux
Ignatieff augmente son avance
L’effet Ignatieff - ALAIN DUBUC
La cote des conservateurs au plus bas au
Québec
Le PLC souhaite limiter les cadeaux
auxministres et hauts fonctionnaires
Un programme électoral dès juin - Michael Ignatieff rêve
d’une « société du savoir »
Bilan de congrès - VINCENT MARISSAL
Le PLC plus populaire que le
Bloc
La récession, meilleure amie d’Ignatieff - VINCENT
MARISSAL
Ignatieff appelle à la mobilisation - Élu par 97%
Ignatieff n’a plus droit à l’erreur -
VINCENT MARISSAL
Les libéraux rêvent de reprendre le pouvoir
Beau temps pour rêver - VINCENT
MARISSAL
Les libéraux à la veille d’éponger leurs
dettes
...ou peut-être pas encore ?...
(ou peut-être pas vraiment ?...)
Les
rouges
sont
dans
le
rouge
Liberals poised for gains, but not government, in
make-or-break battle
Liberal
brand
takes
10-year
beating
Because
every
day
is
What’s
Wrong
With
the
Liberals
Day
Michael
Ignatieff
faces
daunting
'enthusiasm
gap'
A
new narrative in search of an author
'Grave
doubts
rising
in
Liberal
land'
as
support
hits
new
low
Des
libéraux en quête d'appuis, des bloquistes bien en selle
Sondage:
Ignatieff ne s'impose pas plus que Dion
Liberals
are
failing
to
fan
the
winds
of
change
-
Jeffrey
Simpson
Sondage: Michael Ignatieff est le chef le moins populaire
Les libéraux tentent de faire oublier leur échec
- Hugo de GrandPré
Planification
familiale: le PLC perd le vote sur sa propre motion
Quelle
solution
de
rechange?
-
André Pratte
For
Liberals,
there’s
good
polling
news
and
bad
L'effet
Ignatieff s'évapore
Sondage:
Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan
2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute
libre
Martin
Cauchon: du temps pour la reconstruction du PLC
Propos
de Janine Krieber: les libéraux tentent de limiter les
dégâts
Stéphane Dion réaffirme son soutien à Michael Ignatieff
Les
indiscrétions de Mme Dion
Épouse
en colère - Lysiane Gagnon
Le
déclin du Parti libéral du Canada
Ignatieff
ou le désastre - Lysiane Gagnon
Les
Canadiens ne voient pas Ignatieff en premier ministre
McKenna
dit que les libéraux devront s'armer de patience
Michael
Ignatieff perd deux autres conseillers
Ignatieff en panne - Denis
Lessard
L'indécence
- VINCENT MARISSAL
PLC: un quatrième chef en quatre ans?
- VINCENT MARISSAL
La descente aux enfers - ALAIN
DUBUC
Ignatieff à peine mieux que Dion
- VINCENT MARISSAL
LE PLC PERD DES PLUMES AU QUÉBEC - Joël-Denis
Bellavance
Un grand vide - ANDRÉ PRATTE
Le Parti libéral du Canada perd
des appuis au Québec - Hugo de GrandPré
Un mois crucial pour Ignatieff -
VINCENT MARISSAL
L’enjeu - ANDRÉ PRATTE
Des élections, mais sur quoi? - VINCENT
MARISSAL
Le PC talonne le PLC - Martin
Croteau
Michael Ignatieff en baisse dans les sondages
La lune de miel est terminée
Les libéraux s’essoufflent
LeBloc reprend la tête au Québec
Essor des Libéraux - La peau de l’ours -
Lysianne Gagnon
À part Denis Coderre? - ANDRÉ PRATTE
De l’espoir, mais aussi des
défis pour le PLC
Ignatieff : un politicien caché dans
l’intellectuel?
L’« iggymanie» , ou la Nostalgie chronique -
Lysianne Gagnon
Le parti Libéral pense-t-il vraiment pouvoir n'amadouer les
Québécois qu'avec des bagatelles ?...
« Je suis du milieu, je comprends les enjeux »
- Karim Benassaieh
En fait, le parti Libéral a-t-il jamais démontré qu'il avait
su apprendre de ses erreurs ?...
Les commandites continuent de coûter cher aux
contribuables - Joël-Denis Bellavance
Au tour d'Ignatieff de s'opposer à une enquête publique
Et surtout, sont-ils vraiment venus eux-mêmes à bout de
leurs petites rivalités ?...
Who leads the Liberals?
Federal
Liberals
still
squabbling
in
Quebec
Planification
familiale: le PLC perd le vote sur sa propre motion
Denis
Coderre veut diriger le Parti libéral
Marc Garneau remplace Denis Coderre
- Malorie Beauchemin
Voir aussi D’abord communiquer avec le chef
- Malorie Beauchemin et Un lieutenant au
pouvoir allégé sera nommé - Hugo de GrandPré
Chronique d’une catastrophe annoncée -
VINCENT MARISSAL
Coderre sous haute surveillance
Un gâchis - ANDRÉ PRATTE
Mariage raté, divorce houleux - VINCENT
MARISSAL
CODERRE CLAQUE LA PORTE - Joël-Denis
Bellavance & Hugo de GrandPré
Les «vedettes» de M. Coderre
- LYSIANE GAGNON
Processus de sélection des candidats au Parti libéral du
Canada / Deux jeunes militants dénoncent des relents
de « duplessisme » - Hugo de GrandPré
La « coderrisation » du PLC-Québec - André
Pratte
Coderre gagne, le PLC perd -
VINCENT MARISSAL
Ignatieff bloque Cauchon - Joël-Denis
Bellavance
Cauchon veut se présenter dans
Outremont - Joël-Denis Bellavance
Un aspirant libéral sort du
rang - Tristan Péloquin
Denis Coderre tente de rétablir
l’ordre
Des militants demandent à
Ignatieff d’intervenir
Serions-nous donc en train d'assister à la fin du Parti
Libéral du Canada ?...
The
‘strange
death’
of
Liberal
Canada-
Jeffrey
Simpson
Pauvres libéraux
Is this Michael Ignatieff’s Kim Campbell moment?
Quand
la pâte ne lève pas
Liberals scramble to save own seats in election’s dying
days
Les Conservateurs seraient-ils en chute libre, du moins au
Québec ?
Aucun
effort à faire
Harper
embauche des Québécois
Layton est prêt à couler Harper
- Joël-Denis Bellavance
Les lacunes des conservateurs
émergent plus que leurs forces
Les
conservateurs et Stephen Harper s’enfoncent encore
davantage
Harper en récession, Iggy stagne
- VINCENT MARISSAL
Harper contreviendrait-il à sa propre loi ?...
Le déclenchement du scrutin 2008
était-il légal ? - Sue Bailey
Les Conservateurs essayeraient-ils de nous rouler ?...
La « grande passe de 2001 »
- VINCENT MARISSAL
Voir aussi... Allocations de transition
pour... retraités - VINCENT MARISSAL
Harper laisserait-il tomber ses propres ressortissants,
et donc ses propres citoyens, du moment que ceux-ci se
risquent à poser le pied à l'étranger ?...
Une
«no-fly list» arbitraire ?
Canadian
blasts
embassy’s
evacuation
plan
for
tsunami-struck
Japan
Les ressortissants canadiens ne sont toujours pas évacués
LA
POLITIQUE
ÉTRANGÈRE
MONTRÉE
DUDOIGT
Emprisonnement
prolongé au Soudan - Abdelrazik obtient le feu vert pour
poursuivre Ottawa et Cannon
Peine
de mort à l'étranger: Ottawa entretient la confusion
Abdelrazik
launches
constitutional
challenge
Québécoise
retenue en Arabie Saoudite: l'opposition réclame de
l'action
Un
homme soupçonné de terrorisme poursuit le gouvernement
The
never-ending ordeal of Abousfian Abdelrazik
Pas
de mesures spéciales pour les ressortissants canadiens
Abdelrazik
est en prison virtuelle
Abousfian
Abdelrazik
lives
in
a
prison
without
walls
Mexique:
deux Canadiens libérés, mais le mystère reste entier
Canadiens
à l'étranger: les libéraux dénoncent l'attitude d'Ottawa
Un rapport prône une révision de
la liste d’interdiction de vol
Canadiens
détenus au Mexique: au mauvais endroit au mauvais moment
La Cour fédérale déclare invalide un autre
certificat de sécurité
Julius
Grey à la rescousse de l'imam Jaziri
L'immunité
des tortionnaires - Yves Boisvert
Stephan
Hashemi contre l'Iran... et le Canada
Prisonniers
canadiens à l'étranger: Ottawa se garde un droit de regard
«absolu»
Le prix de la liberté - AGNÈS
GRUDA
Un millier de Canadiens dans les prisons
étrangères - Joël-Denis Bellavance
Harper savait dès le 1er juillet, clame
l’opposition - Agnès Gruda
Les prétentions d’Adil Charkaoui
- Yves Boisvert
Charkaoui
n’exclut pas de poursuivre Ottawa -
Malorie Beauchemin
Adil Charkaoui est un homme libre
- Laura-Julie Perrault
Que vaut notre
citoyenneté? - DENIS ST-MARTIN
Une série noire - AGNÈS GRUDA
Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE
Une famille séparée par
l’Immigration - Laura-Julie Perrault
IRAN Jack Layton presse Ottawa de faire
libérer un journaliste
Abdelrazik réclame justice
Jeune Montréalais condamné à mort en Arabie
Saoudite Les proches déçus par les efforts d’Ottawa
Ottawa sommé par la cour de
rapatrier un Canadien
Des excuses réclamées pour trois
Canadiens
Un Montréalais écrit au premier ministre
Harper
Harper refuse de rapatrier unMontréalais
retenu au Soudan
Ottawa ramènera Abdelrazik au
pays
Abousfian Abdelrazik rentre au
bercail
Abousfian Abdelrazik veut blanchir son
nom
Montréalais condamné à mort : Stockwell Day
dit poursuivre les efforts
Preuve « insuffisante » contre Charkaoui
- Laura-Julie Perrault
Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout
simplement racistes ?...
Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir
soutenir la torture ?...
Et le cas d'Omar Khadr ne fait-il pas ressortir, à lui
seul, tout ce qu'il peut y avoir de plus pourri dans la
"gestion" qu'en font les Conservateurs, ou plutôt dans le
fait qu'ils ne semblent justement d'aucune façon un cas
comme celui-là ?...
Omar
Khadr
«
UN PACTE AVEC LE DIABLE »
In
the case of Khadr v. Harper, seeing is believing - Gerald
Caplan
Honteuse et
accablante mesquinerie
Will
U.K.
payouts
set
precedent
for
Khadr?
Le
cas
Khadr
est
différent,
dit
Ottawa
Roméo
Dallaire rages against Canada
Le
bouc
émissaire
Omar
Khadr - La capitulation
Un
interrogateur avait fait planer la menace d'un viol à Omar
Khadr
Le
scandale
canadien
Testimony on Khadr informed by psychologist with
anti-Muslim views
L’aveu
du
désespoir
Did Omar Khadr perjure himself?
Omar
Khadr
pleads
guilty
to
all
terrorism
charges
Omar
Khadr - Triste histoire
La
machine
à
rumeurs
s’emballe
L’intenable position canadienne
On
Omar
Khadr,
even
Bushies
are
biting
Obama
'No
evidence' Khadr's confessions were obtained through
torture: Judge
Procès
d'Omar Khadr: honte au Canada!
Le
procès Khadr suspendu pour au moins 30 jours
Khadr
a admis être un terroriste, selon le procureur
Procès
Khadr: la défense savoure une «petite victoire»
And then there were 7: The jury who will decide Omar
Khadr’s fate
Procès
Khadr: l'ONU condamne le tribunal militaire
Le
procès Khadr commence avec le choix des jurys
Procès
Khadr: les déclarations sous torture seront retenues
Omar
Khadr: le procès dont personne ne veut
Le
tribunal militaire d'exception s'apprête à juger Omar
Khadr
En
bref - Khadr: un crédit triple pour le temps passé en
détention?
This Khadr is not welcome back - Globe Editorial
Le
frère d'Omar Khadr, Abdullah, est libre
L'avocat
d'Omar Khadr demande à la Cour suprême de mettre fin au
procès
En
bref - Omar Khadr accepte d'être défendu par Jon Jackson
In
the
matter
of
Omar
Khadr,
shame
on
us
-
Lawrence
Martin
Khadr
abandonné
Defiant
Khadr denounces U.S. military commission
Affaire
Khadr: Ottawa ira en appel de la décision de la Cour
fédérale
Ottawa
persiste, Khadr résiste
Omar
Khadr
fires
U.S.
lawyers
in
protest
Omar Khadr - Heure de tombée
A
week to make amends with Omar Khadr
Omar
Khadr’s
defender
sees
‘no
way’
for
fair
trial
États-Unis:
demande d'abandon des accusations contre Khadr
Obama
prié par trois organisations d'abandonner le procès d'Omar
Khadr
L’opposition juge « honteuse » la décision
du gouvernement
Omar
Khadr - L'effronterie
Les
avocats d'Omar Khadr critiquent la décision d'Ottawa
Affaire
Khadr: Nicholson réagit au jugement de la Cour suprême
Khadr
restera aux mains des Américains
Ottawa
ne demandera pas le rapatriement d'Omar Khadr
La
Cour est sage. Et M. Harper ? - André Pratte
An
unsatisfactory end to the Omar Khadr case
Omar
Khadr - Assez d'indifférence!
Omar
Khadr - La Cour suprême coupe la poire en deux
A chance to do the right thing
A
moral victory
Khadr ruling sees top court clash with Tories
C'est
le temps d'agir, monsieur Harper - Yves Boisvert
Omar Khadr: le gouvernement appelé à l'action
La
Cour
suprême
n'ordonne
pas
le
rapatriement
d'Omar
Khadr
-
Khadr:
un jugement critique
Obama
n'arrive pas à fermer Guantánamo
Le gouvernement conservateur irait-il donc jusqu'à se
moquer de nos militaires ?...
Anciens combattants: Ottawa délie les cordons de sa bourse
La
bombe à retardement afghane
New
Veterans
Charter
shortchanges
our
disabled
soldiers
Anciens
combattants: des citoyens de seconde classe?
Un
ombudsman s'en va-t-en guerre
Le
boomerang
L'ombudsman
des vétérans part en guerre contre Ottawa
Anciens
combattants: l'ombudsman vilipende le Ministère
Veterans advocate won’t go quietly
Harper irait-il jusqu'à laisser tomber les retraités
?...
Régimes
de retraite: l'heure est à l'action, clame l'opposition
Quit
heel-dragging
on
pensions,
Jack
Layton
tells
Tories
Les
régimes de retraite laissés à eux-mêmes
Le
PLC propose des façons de mieux protéger les retraités
Jim Flaherty tente d’amadouer
les critiques - Joël-Denis
Bellavance
Pension gelée ou en baisse pour
des milliers de retraités québécois -
Karim Benassaieh
Voir aussi Et si l'on revoyait quelque peu le traitement
que l'on peut réserver à nos aînés, en commençant
notamment par peut-être revoir un peu notre système de
pension à cet effet ?...
Harper laisserait-il même tomber la santé de ses
propres citoyens ?...
La morale contre la santé
Un
billion
de
calories
en
moins
aux
États-Unis
Ottawa
refuse de remplacer le réacteur nucléaire de Chalk River
Sur
le marché sans l'approbation de Santé Canada
Site
d'injection supervisée: Ottawa veut aller en Cour suprême
La
lutte contre la drogue qui tue - Yves Boisvert
La
surveillance des aliments déficiente au Canada
Going the wrong way on isotopes, reactors
Isotopes
médicaux - Chalk River redémarre, mais les dégâts sont
irréversibles
La production d'isotopes reprend à Chalk River
D'autres
jours sombres à venir en médecine nucléaire au Canada
Isotopes
médicaux: un retard serait extrêmement grave
PUBLICITÉ FÉDÉRALE La grippe
avant les Jeux
Sel: Santé Canada fera confiance à
l’industrie - Stéphanie Bérubé
Arrêt
du réacteur de Chalk River: les coûts s'élèvent à 70
millions $
Fermeture de Chalk River L’opposition passe à
l’attaque
Isotopes: Ottawa ne ferme pas à
la porte à un dédommagement
Isotopes : Ottawa est appelé à
l’aide
CRISE DES ISOTOPES Une facture possible de
10 millions au Québec
Isotopes médicaux La pénurie s’accentue - Pascale Breton
La crise des isotopes est
imminente - Ariane Lacoursière
Fermeture du réacteur de Chalk RiverLa situation pourrait
tourner à la catastrophe
« Un casse-tête inouï »
Une solution miracle? -
André Pratte
Mes amis sont-ils condamnés? Nos
premiers ministres doivent agir en chef d’État et
régler rapidement la crise des radio-isotopes
La pénurie touche les hôpitaux
québécois - Agnès Gruda
Réacteur nucléaire de Chalk River Ottawa fait
pression sur les responsables
Voir aussi Harper veut arrêter la production
d’isotopes
Ne nous passez pas le sel
- Ariane Krol
Et surtout, voir aussi Les
Conservateurs auraient-ils tout simplement tendance à
ne rien faire ?...
...
et ce même lorsque ceux-ci font face à une pandémie ?...
Ottawa promet l'arrivée de nouvelles doses
L'absence
de plan d'urgence critiquée
Voir aussi Le vaccin offrirait-il surtout un témoignage
ultime de l'incompétence de nos gouvernements ?...
Et voir aussi Vaccin trouble et Grippe A
(H1NI) La lenteur d’Ottawa critiquée
... Et si Harper se moque de la santé des
Canadiens, alors que dire de celle des non-Canadiens
?...
Amiante : Les droits de la personne sont
bafoués, selon un expert - FRANÇOIS CARDINAL
AMIANTE : CESSONS LE MENSONGE
L’opposition à l’amiante prend de
l’ampleur - FRANÇOIS CARDINAL
Des pressions pour mettre fin à l’exportation
- FRANÇOIS CARDINAL
... tout comme des Premières Nations ?...
Mohawks de Kahnawake - D'un autre temps
A (H1N1) OTTAWA ENVOIE
DES SACS À CADAVRES À DES RÉSERVES DU MANITOBA
Deux mauvais choix de Harper -
LYSIANNE GAGNON
Harper en Arctique : Des pépins sur le
chemin d’Harper - Murray Brewster
Bonne fête quand même,
Canada - VINCENT MARISSAL
Voir aussi Grippe A (H1N1) : Le Canada
préoccupé par les autochtones
Et plus généralement, voir Premières Nations...
Et plutôt que pratiquer un prétendu
fédéralisme d'ouverture, Harper n'aurait-il pas
surtout réussi qu'à lancer une nouvelle ère de
conflits entre Ottawa et les provinces ?...
Stephen Harper se moquerait-il donc totalement et
ouvertement du Québec ?...
Angelo
et les francos
Nomination
controversée chez Harper - Le Québec? Bof...
Ottawa
défend l'achat des F-35
En
bref - Le PLC accuse Harper de négliger le Québec
Liberals
accuse
Stephen
Harper
of
'completely
shunning'
Quebec
Recensement:
le Québec grand perdant
Gouverneur
général: Ignatieff et Layton consultés, pas Duceppe
Financement
des festivals : près de 12 millions inutilisés à
Ottawa
L'appui
du ministre Moore aux Canucks dérange des députés
Harper
embauche des Québécois
Que
reste-t-il du discours de Québec? - Vincent Marissal
Shawn
Graham menace de poursuivre Ottawa
Québec veut des gestes concrets
d’Ottawa - Tommy Chouinard
Voir aussi Se pourrait-il que les
Conservateurs ne se sentent aucunement concernés par la
promotion du bilinguisme au Canada ?... Ou autrement
dit, se pourrait-il que les Conservateurs ne voient pas
vraiment la nécessité de réellement considérer le Québec
en tant que peuple fondateur ?...
Et en fait, à force de ne réussir qu'à diviser toujours
davantage le pays en tentant apparemment de faire en sorte
que celui-ci ne soit plus qu'une réplique des États-Unis, et
en s'évertuant même à imiter ces derniers dans leurs pires
travers, les Conservateurs ne risquent-ils pas surtout de
menacer notre pays d'éclatement pur et simple, dans la
mesure où leur cirque ridicule ne pourra ultimement que
réveiller et attiser l'attrait pour la souveraineté pour un
peuple québécois chez lequel une telle option était jusque
là considérée comme appartenant au passé ?
Lettres
- Aux armes, citoyens!
Vers
la séparation ?
Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir soutenir la
torture ?...
La vérité toute nue
Détenus
afghans - Sous la torture
Torture systématique à Kandahar
Ottawa a sommé Colvin de rendre ses documents
Canadian
officials knew of Afghan torture claims: Documents
Vetting of Afghan detainee files left unfinished, panel
says
4000
pages
mais
toujours
pas
de
réponse,
dit
l’opposition
Détenus
afghans: toujours pas de documents
Ottawa
met la hache dans le comité spécial sur l'Afghanistan
Le
Canada reconnaît avoir arrêté et transféré des mineurs en
Afghanistan
Le gouvernement Harper dans l’embarras
LeCanada
a
fait
ce
qu’il
fallait,
dit
MacKay
Les
allégations de Richard Colvin se confirment, dit
l'opposition
Le
Canada a transféré 283 prisonniers afghans
Le
SCRS utiliserait des renseignements obtenus grâce à la
torture
En
bref - Torture: un Afghan se vante
Détenus
afghans - Le SCRS examinera sa participation aux
interrogatoires
Publication
de documents sur les détenus afghans - Ottawa nomme un
«comité des sages»
Le
SCRS pourrait avoir reçu des informations acquises par la
torture
Scoring
points
with
detainees
Outrage
au Parlement: Peter Milliken donne le feu vert à
l’opposition
Exit
le dossier des détenus afghans?
The
government
seems
to
be
inviting
suspicion
-
Globe
editorial
Détenus
afghans - L'opposition peste contre l'obstruction d'Ottaw
Détenus
afghans: le fédéral accusé de choisir les documents qu'il
remet
Plus
d'insurgés, plus de prisonniers, observe Peter MacKay
Torture: les détenus du Canada étaient épargnés
Le
Canada transfère plus de détenus afghans que ses alliés
Afghanistan:
Who
are
the
heroes
here?
De
nouvelles allégations explosives
Preventing
Afghan
torture
not
our
job,
military
policeman
says
Détenus
afghans: le gouverneur de Kandahar montré du doigt
Les
risques de torture étaient connus, réitère Colvin
The case of the incurious investigator - Globe editorial
House
of
pain:
Canada’s
connection
with
Kandahar's
ruthless
palace
guard
Public
interest
goes
private
-
Globe
editorial
Les
journalistes
doivent-ils
être
intégrés
dans
l'armée?
-
Michèle Ouimet
Détenus
afghans: d'autres documents déposés
Prisonniers
afghans: l'opposition doit se contenter de documents
censurés
Torture
des prisonniers et guerre en Afghanistan - Le temps de
rendre des comptes
«Les
Afghans torturent leurs femmes»
Détenus
afghans - Ottawa jette de l'huile sur le feu
Opposition fumes as Tories release reams of redacted
detainee files
Détenus afghans: Ottawa dépose des documents censurés
Mourir
en secret : la question de la torture
Détenus
afghans - L'opposition enclenche le processus d'outrage au
Parlement
Détenus afghans: un comité pourrait dénouer la crise
Détenus
afghans: le bras de fer s'intensifie
Détenus afghans: l'analyse des documents pourrait durer
deux ans
Voir aussi
Et le cas d'Omar Khadr ne fait-il pas ressortir, à lui
seul, tout ce qu'il peut y avoir de plus pourri dans
la "gouvernance" des Conservateurs, ou plutôt dans
leur absence de gouvernance, justement ?...
Détenus afghans - Ottawa défend le protocole de visite des
prisons
All quiet on the Afghan-detainee front
Esquiver le Parlement
Un
rapport américain confirme des cas de torture dans les
prisons afghanes
Détenus
afghans: Ottawa aurait été prévenu dès 2005
Détenus
afghans: l'opposition exige une enquête publique
Documents
sur les détenus afghans: un juge tranchera
Prisonniers
afghans: Harper refuse de fournir des documents non
censurés
Harper
defiant
in
face
of
renewed
detainee
attacks
Détenus
afghans: un député défie le gouvernement Harper
Comité
sur l'Afghanistan - L'opposition aiguise ses armes
Détenus
afghans: l'opposition réclame toujours les documents
Opposition
presses
ahead
on
detainees
despite
prorogation
Prisonnier
afghan battu: l'armée canadienne exige une enquête
Les
frais juridiques de Richard Colvin seront payés par Ottawa
Vers
une abolition du comité des Communes sur la mission en
Afghanistan?
Omar
Khadr toujours en attente de son procès
Le
Canada
en Afghanistan
Le protocole critiqué
Torture:
les Canadiens croient l'armée
La torture, un problème afghan
Torture:
des audiences sans les députés conservateurs
Des
cas d'Afghans agressés par des Canadiens?
La
torture, spirale de violence
Un Algérien expulsé par le
Canada aurait été interrogé sous la contrainte
McChrystal prône la tolérance zéro face à la
torture - Hugo de GrandPré
Détenus
torturés: Colvin réplique
Les
conservateurs boudent le comité sur l'Afghanistan
Torture:
les conservateurs boycottent le comité parlementaire
McKay
réfute le rapport sur le gouverneur afghan
Soutenu
par Ottawa, aujourd'hui accusé de torture
Détenus
torturés: le gouvernement fait la sourde oreille
Démocratie ou barbarie
- Michel Lebel
Insultes,
cynisme et satisfaction - Vincent Marissal
Torture
des détenus: Harper ment selon l'opposition
Harper
torture la vérité - Vincent Marissal
Un
détenu transféré par le Canada a été torturé
Tous
les partis de l'opposition demandent la démission de
MacKay
Prisonniers
afghans: le NPD réclame la tête de MacKay
L'immunité
des tortionnaires - Yves Boisvert
Prisonniers
afghans: les perceptions au détriment de la protection
Le
ministre MacKay accusé de cacher la vérité
Canadiens
torturés: les efforts de médiation avec Ottawa échouent
L'Afghanistan
aurait refusé le transfert de prisonniers
Torture:
l'opposition mise sur d'autres dénonciateurs
Détenus torturés: l'alerte a bel et bien été lancée dès
2006
Stephan
Hashemi contre l'Iran... et le Canada
Obama,
allié de Stephen W. Harper - Vincent Marissal
Des documents censurés déposés au comité
Risques
de torture: la Croix-Rouge avait prévenu Ottawa
Prisonniers afghans: Harper dit non à une enquête publique
L'opposition
en faveur d'une enquête sur le sort des détenus afghans
Détenus
afghans: les libéraux se défendent d'avoir critiqué les
militaires
Torture:
l'opposition réclame les documents
Détenus
torturés: Ottawa était préoccupé dès 2006
Torture
en Afghanistan: le Canada savait dès 2006
Faute
d'immunité, Colvin ne déposera pas ses rapports au comité
Prisonniers
afghans: l'opposition veut voir les documents
Ottawa a suspendu trois fois les transferts de prisonniers
Hillier
conteste la version de Colvin
La
torture existe, M. Harper - Michèle Ouimet
Prisonniers:
les partis se renvoient la balle
TORTURE DES PRISONNIERS Une agence
afghane dresse un sombre portrait
Le
pire Harper - André Pratte
Torture:
de nouveaux rapports mis de l'avant par l'opposition
Détenus
torturés: l'opposition réclame une enquête publique
« LES DÉTENUS ONT ÉTÉ TORTURÉS » - Malorie
Beauchemin
Le
courage d'un jeune diplomate - MICHÈLE
OUIMET
Omar
Khadr sera jugé en sol américain
Omar Khadr serait-il
finalement non-coupable ?...
Afghans
torturés: l'opposition talonne le gouvernement
Pas besoin de devenir un
monstre - PATRICK LAGACÉ
Omar Khadr : La Cour suprême
tranchera - Malorie Beauchemin
Journée cruciale pour Omar Khadr
- AGNÈS GRUDA
J’ai honte - ALAIN DUBUC
Réactions à la décision d’Ottawa
- Hugo de GrandPré
Un jeune détenu de Guantánamo
renvoyé en Afghanistan
Omar Khadr : Le gouvernement portera la cause en Cour
suprême
LE GOUVERNEMENT HARPER ENCORE
GIFLÉ - Louise Leduc
Un jugement crucial - AGNÈS GRUDA
Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE
L’ombre de George W. Bush - Alain Dubuc
Les repères perdus - ANDRÉ PRATTE
Les services secrets canadiens
blâmés dans l’affaire Khadr
Au diable Khadr... et la Charte- VINCENT
MARISSAL CHRONIQUE
OMAR KHADR - Ottawa porte en appel la
décision de la Cour fédérale
Le barbarisme de Stephen
Harper - Stéphane Giroux, Montréal
La Cour fédérale
ordonne à Ottawa de rapatrier Omar Khadr
GUANTÁNAMO Omar Khadr veut se séparer de ses
avocats militaires
Torture : de nouvelles règles... qui ne
semblent pas changer grand chose...
La cour diplomate - André Pratte
Voir aussi Comment dénoncer la torture tout en
l'excusant chez soi...
Devant les accusations, le gouvernement Harper ne
saurait-il donc faire autre chose que de tirer sur le
messager ?...
Torture: Peter MacKay réfute les propos d'un interprète
Et comment s'obstiner à ne rien dévoiler sans ne faire
ainsi que prouver d'autant plus qu'on a justement
quelque chose à cacher ?...
Parliament must be trusted with state secrets
Accès
à l'information: le PCC obtient la note «F»
La
culture
du
secret
-
Lysiane Gagnon
Canada’s
access
axis
So
much for promises of open government
Brouillard
persistant
The Guergis and Afghan
message: Loose lips still sink ships - Jeffrey Simpson
Transparence
à Ottawa - L'idéal perdu
Détenus
afghans - Faire la lumière
La
culture du secret
Guergis:
les rumeurs n'arrêteront pas tant que les allégations
seront secrètes
Les
allégations s'accumulent au sujet d'Helena Guergis
Le Canada aurait-il donc tout simplement mis de côté sa
tradition de respect envers les droits de la personne,
dans son empressement à suivre Washington et sa lutte au
terrorisme ?...
(Les Conservateurs se moqueraient-ils des droits de la
personne ?...)
Révélations gênantes pour l’ancien patron du SCRS
Les
fuites de WikiLeaks - Espionnage de diplomates à Ottawa:
Cannon n'est pas inquiet
« Le Canada a perdu sa vision »
- AGNÈS GRUDA
Et comment pouvons-nous faire la morale aux autre pays
si on ne commence pas d'abord par s'occuper des problèmes
que l'on crée nous même à travers le monde ?...
Harper parle de droits humains à Shanghai
Le
marathon chinois de Stephen Harper
Mauvais
timing pour le voyage de Harper en Chine
Voir aussi Les
Conservateurs feraient-ils pâlir notre image ?
Les Conservateurs seraient-ils prêts à soutenir
les régimes les moins recommandables, dans le seul but de
s'enrichir ?...
Harper
dit oui aux demandes de censure chinoise
Nucléaire:
Ottawa incité à la prudence
Harper complète son séjour en Inde
Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper n'éprouve
pas trop de scrupules à soutenir des dictatures, après
tout ?...
Gel
des avoirs par Ottawa - Deux poids, deux mesures pour Ben
Ali et Kadhafi?
Les Conservateurs s'accrocheraient-ils
encore à la logique de la Guerre Froide ?...
DES
DÉPENSES
INUTILES?
UNE CAUSE NATIONALISTE PARFAITE
Canada,
take
note:
Here’s
how
to
resolve
maritime
disputes
Souveraineté
dans l'Arctique: évitons la guerre froide
Ignatieff:
«Harper joue à la guerre froide»
It’s
time to resolve our Arctic differences
Arctique:
Cannon accuse les Russes de «jouer des jeux politiques»
Cannon
critique un plan russe au Pôle Nord
Arctique:
une autre épreuve de force entre le Canada et la Russie
With
Colombian
free-trade
deal,
Ottawa
pushes
the
'right
side'
of
Latin
America
Stephen
Harper critique le régime de Pyongyang
Pas de guerre diplomatique avec la
Russie, mais...
Une expulsion qui ravive les tensions
Cuba: une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL
Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper soit en train
de faire perdre au Canada toute la crédibilité que ce pays a
pu susciter à l'échelle internationale ?
Now that Canada's Tory blue, Stephen Harper's rekindling
old alliances
The
Harper
Doctrine:
Conservative
foreign
policy
in
black
and
white
Et se pourrait-il que les maladresses de Harper doive
coûter au Canada ce qui ne peut que devenir une de ses
plus importante relation commerciale, soit celle avec la
Chine ?...
Êtes-vous fier de votre PM? - Alain Dubuc
Harper
critiqué:
il
a
récolté
ce
qu'il
a
semé,
dit
Bob
Rae
Petite
révolution touristique
Harper rabroué en Chine
Harper
essuie
les
critiques
de
dirigeants
chinois
Chine:
Harper dit que les droits humains restent une inquiétude
Mauvais
timing pour le voyage de Harper en Chine
Harper doit «payer les pots cassés»
L'«espion»
qui vit dans une église
Harper et Ignatieff en
route vers la Chine
Les Conservateurs pensent-ils vraiment faire avancer quoi
que ce soit en ne faisant que bouder les autres nations
?...
Ottawa a refusé de rencontrer des dignitaires nord-coréens
Commonwealth:
le Canada n'appuie pas la candidature du Sri Lanka
Les Conservateurs s'accrocheraient-ils à des modèles
dépassés ?... (Ou autrement dit : ce pourrait-il donc que
le gouvernement conservateur manque cruellement de vision
?... ou encore : les Conservateurs se seraient-ils tout
simplement campés du mauvais côté de l'histoire ?...)
Merkel
leads
pro-bank-tax
forces
against
Harper
Duceppe:
«Le Canada ne mérite pas un siège au Conseil de sécurité»
Bottom
line:
Canadian
banks
should
pay
their
fair
share
Ottawa
s'opposera à une taxe mondiale sur les banques
Taxe
mondiale sur les banques - Le Canada encore plus isolé
Harper
mettra l'accent sur l'environnement à Davos
Le
G8 passe avant le G20
Le « club des riches » a-t-il fait son temps
? - Marc Thibodeau
Stephen Harper brandit l’étendard du
libre-échange
En fait, ce pourrait-il que les
Conservateurs ne comprennent rien à la diplomatie ?...
Lettres
- Mise à l'écart du Canada
The visa for visiting
Mexicans has run its course - Globe Editorial
Visas:
le Mexique devra être patient
Calderón
déplore le visa exigé aux Mexicains
Visa
obligatoire: deux fois moins de touristes mexicains au
Canada
Un
ancien PM haïtien dans les limbes juridiques canadiens
Canada-Mexique:
la querelle des visas a assez duré, dit le Bloc
Une
ancienne ministre refoulée au Mexique
Ottawa
songerait à imposer un visa aux Slovaques
Conservatives
follow
recipe
for
foreign-policy
decay
While
Mexicans
fume,
Canada's
reputation
and
revenues
take
a
hit
-
Jeffrey
Simpson
L'UE
menace de réintroduire des visas pour les diplomates
canadiens
Jean Chrétien déplore le recul
du Canada
Le beigne et le fantasme - André
Pratte
Ottawa veut désamorcer le protectionnisme
américain
Le Canada persiste et signe -
Agnès Gruda
Visas aux Mexicains : Une pression inutile -
Michael Rathier
Une décision irréfléchie
- Raymond Tousignant
Le Mexique impose des visas aux
officiels et aux diplomates canadiens
Des visas pour les Canadiens
dans toute l’Europe ?
Obligation d’obtenir un visa pour entrer au
pays Tchèques et Mexicains
sont ulcérés
Les Conservateurs démontrerait-ils une attitude de
fermeture par rapport à pratiquement tout le reste de la
planète ?...
La
politique de la porte fermée
Réforme
sur les réfugiés: l'ONU met le Canada en garde
Un rapport prône une révision de
la liste d’interdiction de vol
Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout
simplement racistes ?...
Les Conservateurs pousseraient-ils leur
effronterie jusqu'à afficher béatement un soutient
inconditionnel et unilatéral envers Israël ?...
Et d'ailleurs, à force de n'offrir au monde d'autre
impression que celle d'un pays qui ne cherche qu'à se
replier sur lui-même, les Conservateurs ne
sont-il pas en train de ne réussi qu'à pratiquement isoler
le Canada du reste du monde ?...
Summit
musical
chairs:
Canada's
seat
is
at
risk
Harper's
bank-tax
victory
has
left
some
scars
Le gouvernement conservateur se moquerait-il donc tout
simplement d'à peu près tout ce qui peut se passer sur la
planète, ou plus précisément de tout ce qui peut se passer
en dehors de nos frontières ?...
The
dismantling
of
Canadian
democracy
promotion,
brick
by
brick
La politique étrangère du gouvernement Harper ne se
résume-t-elle donc qu'à aller chez les autres pour se
vanter ?... Et qui plus est, de quoi au juste les
Conservateurs peuvent-ils bien se vanter, si ce n'est
d'avoir offert une performance médiocre là ou celle des
autres s'est tout simplement avérée catastrophique ?...
Why Canada shouldn’t strut on the global stage
L'économie
canadienne vantée sur trois continents
Voir aussi Harper n'est-il donc capable de se
trouver lui-même d'autre mérite que celui d'être
supposément moins pire qu'un autre ?...
La super campagne des Conservateurs pour un siège au
Conseil de sécurité de l'ONU n'aura-t-elle donc servi qu'à
illustrer un désaveu pur et simple de la politique
étrangère du Canada, et ce, de la part de rien de moins
que la planète en entier ?...
Conservative voters: rock-solid by reflex
Canada said things,
but just wasn’t there
The Economist on Canada’s UN rejection
Un
siège au Tim Horton
Les
faiblesses d'un plan de match
Défaite
du Canada à l'ONU - Confusion autour de l'appui américain
Le
Canada
a
été
abandonné,
croit
un
expert
Esprit
de
Lester
B.,
es-tu
là?
Quand
on sème du chiendent
Humiliation diplomatique
Canada-ONU
- La honte !
HUMILIANTE DÉFAITE
« C’est un recul important », dit un ancien ambassadeur
La gifle
Le
Canada reçoit une gifle à l'ONU
Canada
must
rebuild
its
diplomatic
resources
Le
déclin
du
Canada
Why
Canada
shouldn’t
strut
on
the
global
stage
Se pourrait-il donc qu'il n'y ait pas seulement à l'économie
que les Conservateurs appliquent la "logique" du
laisser-faire économique ?...
Stephen
Harper's
worrying
drift
Ce gouvernement prendrait-il plaisir à s'empêcher lui-même
de gouverner ?...
Un
autre Canada
Gouvernement
Harper - Sous haute surveillance
Le
Parlement de la stagnation
Une
année perdue à Ottawa
Projets
de loi sur la justice - Les conservateurs ont boudé l'aide
des libéraux
Se pourrait-il donc que les Conservateurs n'aient tout
simplement pas compris qu'il faut quand même savoir
démontrer un peu plus qu'une capacité à "laisser faire" afin
de favoriser la croissance économique ?...
Canada in danger of missing the boat in the Arctic - Globe
editorial
Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne sachent tout
simplement pas gérer l'économie ?...
Le
déficit éliminé, la dette aura bondi de 40%
Ottawa's GST cut a mistake
Le
contribuable, vache à lait d'Ottawa
L’économie
à
la
sauce
électorale
It
could be worse, Stephen Harper could really be an
economist - Gerald Caplan
If Stephen Harper’s an economist, I’m the Queen of Sheba
Ottawa
should
just
show
spending
restraint
Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne se soient
tout simplement pas montrés assez responsables pour
mériter qu'on leur confie la gestion du budget fédéral
?...
Manque
de prudence
The feds are spending billions without looking at the bill
Les
Conservateurs seraient-ils encore dans la logique du
laisser-faire économique, même en pleine récession
?... Ou autrement dit, les Conservateurs
entretiendraient-ils, vis-à-vis de l'économie, la même
négligence qui a justement mené à la récession, et qui
pourtant avait jadis causé la Grande Dépression ?...
L’énoncé
maudit
de
Jim
Flaherty
La
crainte des banques - Le déni de Flaherty
Pas
de second plan de relance de la part d'Ottawa, dit
Flaherty
Dispute concernant les
projets d’infrastructures
Industrie Canada reste passif devant la
possibilité d'une récupération canadienne de Nortel
Visas aux Mexicains : Une pression inutile -
Michael Rathier
Financement fédéral des infrastructures
provinciales Ottawa tarde à payer, accuse le NPD
Forêt : Ottawa se tire dans le
pied
Hubert Lacroix s’en prend à l’«
inaction » des gouvernements
Les associations de consommateurs restent sur
leur faim
Le jovialisme économique des Conservateurs ne serait-il
pas en bout de ligne que de la pure irresponsabilité ?...
Un déficit temporaire, dit Harper
Mais surtout, le gouvernement Harper ne se moque-t-il
pas tout simplement de nous lorsqu'il prétend pouvoir
retrouver l'équilibre budgétaire sans même se donner la
peine de donner une raison de croire que cela pourrait en
fait être réalisé ?...
Hope
keeps
Flaherty's
balanced
budget
afloat
Spending
now,
restraint
later
–
after
the
next
election
-
Jeffrey
Simpson
Peut-on
croire
Jim
Flaherty?
-
Alain Dubuc
Crédible... sur papier - Claude Picher
Budget fédéral - Pourvu qu'il fasse beau !
Flaherty
is cracking the whip but can he really tame the deficit?
La
crédibilité
de
Jim
Flaherty
-
Claude Picher
Lunettes
roses à Ottawa - Alain Dubuc
Christian
Paradis: «il va falloir rétablir l'équilibre budgétaire»
La
croissance économique n'effacera pas le déficit fédéral
La foire aux illusions - CLAUDE
PICHER
Où est le plan de M. Flaherty? -
ALAIN DUBUC
Et peut-on vraiment penser rétablir l'équilibre budgétaire
en n'ayant recours qu'à des coupes, en partant ?...
Can
Ottawa
tame
its
deficit
beast?
Et pourtant, le Canada n'a-t-il pas déjà été un leader
mondial en matière de lutte au déficit ?...
British politicians hang hopes on comparisons to Canada
Les Conservateurs ne commenceraient-ils pas un peu trop
tard à se soucier de l'économie ?... Et surtout, les
"mesures" qu'ils proposent à cet effet ne seraient-ils
encore que des écrans de fumée destinés à mieux camoufler
leur inaction, comme cela semble d'ailleurs être le cas
pour à peu près tous les autres dossiers ?...
Le talon d'Achille de M. Harper - Alain Dubuc
Le
gouvernement s'attaque à la situation alarmante de
l'emploi
La "gestion" que les Conservateurs "font" de l'économie ne
se réduirait-elle qu'à suivre à la lettre leur petit crédo
idéologique ?...
Five years later, Harper has made Canada more conservative
Taxing
the
über-rich
would
reduce
the
deficit
and
social
resentment
Se pourrait-il donc que ce gouvernement ne gouverne en
fonction de nul autre objectif que ses propres intérêts
électoraux ?...
This was not a conservative budget - Globe editorial
UN BUDGET INUSITÉ
La sharka du prunier
Programme électoral
This
is
not
a
conservative
budget
Les Conservateurs ne légifèreraient-ils donc qu'en
fonction de considérations bassement éléctoralistes ?
La loi comme un drapeau
"L'agenda" conservateur ne serait-il donc qu'une liste de
caprices partisans ?
Canada’s big problems need more than small thinking
Se pourrait-il que le gouvernement Harper ne se
préoccupe que de ce qui peut lui-même l'avantager à court
terme, et même lorsque ce n'est rien de moins que l'avenir
économique du pays qui est pourtant en jeu ?...
Discours du Trône: «de la regurgitation», dit Ignatieff
Tout
ça pour ça?
Balanced
budgets are lifesavers in turbulent times - Jeffrey
Simpson
Le
déficit structurel du Canada inquiète
Les Conservateurs iraient-ils même jusqu'à renier le jeu
de la concurrence et du libre-marché, dont ils sont
pourtant les premiers à se prêcher les mérites ?...
Why this aversion to tendering contracts?
Un
milliard
de
plus
en
contrats
sans
appel
d’offres
Un
jeu
dangereux
Potash investment: friends with net benefit - Globe
Editorial
Economic
chauvinism
in
2010?
Barking
mad!
La
vente
de
PotashCorp
bloquée
Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper n'éprouve
en fait aucun scrupule à gaspiller les impôts des
Canadiens ?....
Retombées
économiques du F-35 - Le Pentagone est moins optimiste que
le gouvernement Harper
F-35:
les conservateurs ont négligé la concurrence
Le gouvernement Harper se moquerait-il tout simplement de
l'économie canadienne, surtout du moment qu'il peut faire
lui-même des économies ?...
Des
épinglettes de la mauvaise couleur
Un symbole canadien made in China
Les politiques économiques des Conservateurs
n'auraient-elles donc pour effet que de profiter aux plus
riches, et donc d'accroître l'inégalité, en bout de ligne
?...
Turning elitist proposals into populist ones
Harper,
champion
de
la
classe
moyenne?
Tories’ income splitting another nail in tax coffin -
Jeffrey Simpson
Le temps d’y penser
Harper irait-il jusqu'à se moquer des citoyens lessivés
par des fraudeurs qui savent que rien ne sera jamais fait
pour les arrêter ?...
Fraude : Le bon tournevis? - ARIANE KROL
Les Conservateurs auraient-ils tout simplement tendance à
ne rien faire ?...
Inévitables, les élections?
G8/G20:
un ordre du jour vide, dit Ignatieff
Le train manqué
- François Rebello
Voir aussi Harper laisserait-il même
tomber la santé des Canadiens ?...
Se pourrait-il donc que ce gouvernement n'aie tout
simplement pas plus d'agenda que de vision ? (... Si ce
n'est en fait un agenda secret pour une vision de division
?... )
In search of lost Conservative substance
Northern
tour symbolic, but not much more
Le gouvernement conservateur ferait-il donc le contraire
de ce qu'il prêche, et notamment au niveau de l'économie ?
Stephen Harper’s Conservatives to pony up $190,000 for
doughnuts
Harper n'est-il donc capable de se trouver lui-même
d'autre mérite que celui d'être supposément moins pire
qu'un autre ?...
For
Harper,
no
news
is
good
news
for
his
legacy
Se pourrait-il donc que ce gouvernement n'ait d'autre
agenda que l'aveuglement idéologique pure et simple ?...
Pardon:
le taux de récidive ne justifie pas les restrictions
Harper
contre
la
machine
Politique
canadienne - Obsessions conservatrices
The
Tories
are
running
on
empty,
so
don’t
expect
much
progress
Stephen Harper se servirait-il donc de la lutte au déficit
comme prétexte pour donner libre cours au mépris qu'il
semble systématiquement témoigner envers toute forme de
mission sociale du gouvernement ?
Coupes
conservatrices - Ce qui dérange
Ressources
humaines - Ottawa coupe en catimini
Quelles sont donc les priorités de ce gouvernement ?...
Fund pathways to education, not to prison
Le sens des priorités du gouvernement Harper
Dépenses
fédérales - Ottawa donne aux prisons et coupe en
environnement
Et surtout, voir aussi...
Les Conservateurs se
moqueraient-ils touts simplement de l'environnement
?
Les Conservateurs ne seraient-ils pas surtout
en train de nous isoler, en s'obstinant à ne tenir qu'à
bloquer tout avancement dans ce dossier ?...
et
Les "politiques" des Conservateurs ne seraient-elles
en fait que des "écrans de fumée" n'ayant d'autre but
que de dissimuler leur propre inaction ?...
Le gouvernement conservateur ne saurait-il donc faire
autre chose que de conserver le pouvoir ?...
Cinq
ans de pouvoir minoritaire - Le survivant
En fait, à travers la "gestion" qu'ils font de
l'environnement, et surtout à travers l'absence de cette
dernière, les Conservateurs ne sont-il pas en train de
dépouiller le Canada de sa propre souveraineté ?...
Espace
aérien - Les béni-oui-oui
Le
Tea Party par la bande
Ottawa
assujetti à Washington
Le
marché du carbone va attendre
Le 51e État
Émissions de GES - Une politique made in USA
La
vraie sottise - Alain Dubuc
Et en fait, le Canada prendrait-il donc plaisir à se
défaire lui-même de sa souveraineté, du moins depuis qu'il
se trouve sous la gouverne des Conservateurs ?...
The
United States of Canada
Monarchie
britannique et gouvernement Harper - La refonte des bases
symboliques du Canada
Les lubies de Monsieur Harper
Trading
away from the USA (again)
Here’s a royal suggestion - JEFFREY SIMPSON
Lettres
- Notre patrie, le Canada
Lettres
- Quand le Canada s'émancipera-t-il de l'Angleterre?
Marine
et
aviation
royales - Rétrograde Harper
Un pays colonisé
Le
colonial
Portrait
de la reine - Leçon politique
Affaires
étrangères et Défense - Une alliance poussée à l'extrême
et par ailleurs...
Les Conservateurs bloqueraient-ils en fait le progrès
non seulement pour le dossier de l'environnement, mais en
fait pour pratiquement tous les dossiers d'importance ?...
Ou autrement dit, pour les Conservateurs, être
"conservateur" ne veut-il pas surtout dire être "contre le
progrès" ?...
Le billet vert en chute libre
Les Conservateurs nous enfonceraient-ils dans une guerre
aussi absurde que sans issue ?...
Afghanistan–Canada, même fouillis? Un succès remarquable
?
Les Conservateurs ont-ils une quelquonque crédibilité
lorsque vient le moment de critiquer les autres ?...
Promesses non tenues en matière d’aide au
développement Harper sermonne les autres pays du G8
Harper aurait-il par ailleurs une petite
tendance à vouloir jouer au dictateur ?...
Et son gouvernement aurait-il même une tendance à se
prendre pour Big Brother ?...
Deux programmes préoccupent la commissaire à la vie privée
Les Conservateurs auraient-ils aussi une petite
tendance à se mêler de ce qui ne les regarde pas ?...
Les droits des femmes doivent primer, dit
Verner - Tommy Chouinard
Les Conservateurs savent-ils seulement ce qu'ils font ?
Le
Wapikoni mobile, fleuron du Canada !
Composition
de l'Assemblée constituante - Ottawa interdit le vote de
Tunisiens sur son territoire
Cinéma
- Ottawa porte un coup aux jeunes créateurs autochtones
Vic
Toews,
un
vrai
dur
MacKay défend le travail de l’armée
L’honorable
et
les
terroristes
F-35:
la note risque d'être trop salée
Le
Canada tourne le dos aux Roms
Stephen
Harper
does
the
UN
-
but
shouldn't
-
Gerard
Caplan
Des
députés s'étonnent que Harper dise ne pas suivre
l'actualité
OTTAWA La nomination de
Pharès Pierre de nouveau contestée
Le ministère de l’Immigration savait
- Hugo de GrandPré
Ministre congédiée après une
subvention... à la fierté gaie !...
Ottawa bloquera les réfugiés
haïtiens qui transitent par les É.-U.
Une impression d’arbitraire
- Marc Cassivi
Le fédéral refuse de financer
Divers/Cité
Un organisme voué à l’éducation
pourrait disparaître
Les Conservateurs se rendaient-ils maintenant coupables de
mesures discriminatoires ?...
Dans
un pays près de chez vous
«C'est
mieux de refuser des gens que d'avoir de la difficulté à
en attirer»
De
plus
en
plus
d’exclus
des
rassemblements
conservateurs
Le gouvernement conservateur serait-il tout simplement
inhumain ?...
Jail is no place for the mentally ill
Les Conservateurs chercheraient-ils donc à faire
d'eux-mêmes des champions de l'intolérance ?...
When
guilt
by
association
wasn’t
the
Canadian
way
Les Conservateurs
seraient-ils nos Républicains ?
La réforme est inéquitable, dit l’opposition - HUGO DE
GRANDPRÉ
Harper
à l'écoute de la droite religieuse
Le
gouvernement
Harper
-
Inspiré
par
George
W.
Bush
-
Bernard
Descôteaux
Droits
des gais retirés d'un guide: Kenney nie tout
Triste
sort réservé aux gais
Les droits des gais retirés d'un guide remis aux
immigrants
La
lutte contre la drogue qui tue - Yves Boisvert
Prêts
et loi islamique: Ottawa mis dans l'embarras
Harper savait dès le 1er juillet, clame
l’opposition - Agnès Gruda
Punition plutôt que réinsertion
- Mathieu Perrault
Ministre congédiée après une
subvention... à la fierté gaie !...
Une impression
d’arbitraire - Marc Cassivi
Le nombre de crimes et leur
gravité en baisse
Un double discours - Le
gouvernement Harper veut renforcer la sécurité publique,
mais cherche à abolir une partie du registre des armes à
feu
Pot - Un projet de loi sur le inquiète l’opposition
Les Conservateurs seraient-ils d'ailleurs à la botte des
extrémistes religieux ?...
Hidden in plain sight: the evangelical factor
Promoting pluralism abroad must be a foreign policy pillar
Des
fous de Dieu chez les conservateurs
Conservateurs
et Opus Dei à la même table
Opus
Dei: Ottawa se fait rassurant
The
real
cultural
warrior
arrives
on
the
battlefield
Voir aussi Le gouvernement Harper menacerait-il le
droit des femmes à l'avortement ?...
Les Conservateurs seraient-ils tout simplement racistes
?...
Les
conservateurs veulent éliminer la discrimination positive
dans l'embauche
La
politique de la porte fermée
Réforme
sur les réfugiés: l'ONU met le Canada en garde
Un rapport prône une révision de
la liste d’interdiction de vol
Ottawa bloquera les réfugiés
haïtiens qui transitent par les É.-U.
Voir aussi Les Conservateurs démontrerait-ils une
attitude de fermeture par rapport à pratiquement tout le
reste de la planète ?...
Les Conservateurs ne gouverneraient-ils donc que par la
peur, même non fondée ?...
M. Harper, il est moche, votre Canada
Harper
government misguided in its tough-on-crime approach
La justice après C- 10
La soif de vengeance
There is no crime epidemic - Jeffrey Simpson
Ottawa's new war on crime, waste and other bad things –
like facts
Scary are the Tory measures to combat crime - JEFFREY
SIMPSON
The ideology and the reality of law and order
JUSTICE À L’AVEUGLE
En retard d’une révolution
The
Conservatives’ crime obsession is not magnificent - Globe
Editorial
Même
dureté, mêmes critiques
Putting
politics before public safety
Ottawa’s drug problem: The penalty doesn’t fit the crime
Lutte
contre
le
crime
- Anachronique Harper
Pardon:
le taux de récidive ne justifie pas les restrictions
Tories
judge
evidence
of
falling
rates
inadmissible
-
Jeffrey
Simpson
Moins
de crimes, mais plus de prisons
Nouvelle
baisse
de
la
criminalité
Le
populisme
sécuritaire
What
are
Canadians
really
afraid
of
when
it
comes
to
crime?
Tories
twist crime stats to build more prisons
Playing
the
politics
of
slogans
and
fear
-
Jeffrey
Simpson
Y a- t- il plus de crimes?
Essentielle, la répression
Lettres
- C-10 et les chiffres sur la criminalité
Les Conservateurs seraient-ils en train de nous refiler
en douce l'imposition d'un système pénal punitif à
l'américaine ?...
Projet
de loi C-10 - Des normes internationales de protection de
l'enfance
Harper
machiavélique
Canada’s
youth crime plans bewilder international observers
Ontario
PCs
conjure
images
of
chain
gangs
Canada
warned
not
to
follow
U.S.
tough-on-crime
‘mistakes’
Puritanism
could
be
a
winner
Sécurité
publique: un enjeu électoral?
Stockwell
Day's
prisonyard
of
dreams
Stockwell
Day
cites
'alarming’
rise
in
unreported
crime
to
justify
new
prisons
A
second chance or a boot in the face
La
face cachée du casier judiciaire
With
ex-cons,
forgiveness
should
not
be
by
rote
Plants
de
marijuana:
le
PCC
ressuscite
son
projet
de
loi
Les
conservateurs veulent faire annuler la «dernière chance»
Making
things worse for young offenders
Le
respect de la loi
Jeunes
contrevenants: Ottawa présente une réforme adoucie
Jeunes
contrevenants: Ottawa promet une loi avec plus de mordant
Random
breath tests would be too intrusive
La
méprise du sénateur Boisvenu - Que gagneront les victimes
à la prison que l'on propose ?
Le
modèle québécois est menacé, estime le Bloc
Jeunes
contrevenants: Harper récidive
Le
contrat du «chien de garde» de la GRC n'est pas renouvelé
Code
criminel: Duceppe prend le cas Lafleur en exemple
Punition plutôt que réinsertion
- Mathieu Perrault
Et d'ailleurs, n'est-ce pas surtout nous-mêmes qui
semblons devoir en payer le prix ?...
Lawyers
group
balks
at
Harper’s get-tough-on-crime agenda
Crime
laws
and
our
deteriorating
prisons - Globe Editorial
Let’s
build
opportunity,
not
prisons
When
jails become a jobs program
Harper
Tories
split
with
friends
abroad
on
crime
policy
-
Globe
editorial
Prisons
fédérales 35% plus de prisonniers d'ici trois ans
Condamnés
à
payer
-
Ariane Krol
The
prison
spending
boom
-
Globe
editorial
Les Conservateurs seraient-ils donc en train de donner
à la violence tous les moyens d'être perpétrée?...
Harper et l’émeute de Montréal-Nord
Libre
opinion - Le registre des armes à feu, un gage de sécurité
M.
Layton, comportez-vous en homme d'État!
Moins
de crimes violents
Tout
se peut
Les
policiers canadiens veulent garder les armes d'épaule dans
le registre
Jack
Layton interpellé par un survivant de Dawson
À
la défense du registre des armes à feu
Cri
du
coeur
pour
le
registre
des
armes
à
feu
Triste
et fâchée - Marie-Claude Lortie
Polytechnique,
20 ans après: «Quatorze fins du monde» ?...
La
chasse au registre des armes à feu est ouverte
Anniversaire
du 6 décembre: le ton monte aux Communes
Registre
des armes à feu: la bataille se prolonge
Manque de leadership - Heidi
Rathjen
Un
vote inquiétant - André Pratte
Registre
des armes à feu: le projet de loi fait son chemin
Registre
des armes à feu : les Conservateurs sortent l'artillerie
lourde
Voir aussi Violence
Et si ce cher registre ne s'avérait peut-être pas si
indispensable ?...
MAUVAISE CIBLE
This
registry
doesn’t
register
-
Globe
Editorial
Getting
beyond emotion on long-gun registry
Your Views: In defence of the gun registry
Gun control: Crime and the registry
Un
registre
inutile
Et si ce débat était tout simplement mal posé ?...
Gun-list debate way off target
Le Parti conservateur serait-il donc devenu le parti de la
régression ?...
Policy-pinched
Liberals
eye
home-care
plan
Les Conservateurs savent-ils remonter leur image
autrement qu'en attaquant celle des autres ?...
What if Stephen Harper’s previous views were used against
him? - Jeffrey Simpson
Tory
attack
ads
pack
a
punch
that
leaves
Liberals
reeling
Harper s’excuse auprès
d’Ignatieff
Chacun son
torchon - André Pratte
Triste dérapage du PC -
Olivier Lemieux
PUBLICITÉS CONSERVATRICES Des libéraux
défendent le Bloc
Les pubs contre Ignatieff n’ont
pas fait mouche
Les gaufrettes d’Iggy, les enveloppes de
Mulroney - VINCENT MARISSAL
Les conservateurs lancent une offensive
publicitaire contre Michael Ignatieff
Le bilan du PC parle de lui-même, selon
Ignatieff
Le début de la salle campagne
Les Conservateurs sont-ils vraiment guidés par quoi que
ce soit d'autre que la partisannerie, si ce n'est par
l'électoralisme en tant que tel, comme un tel comportement
tend d'ailleurs à le suggérer ?...
Would
Tories
use
an
Ignatieff
clip
out
of
context?
‘Yes!
Yes!
Yes!’
Attack
the policies, not the person - Jeffrey Simpson
Ça
promet!
It’s
a
risky
time
for
attack
ads
Majorité
conservatrice
Harper’s senators: Conservative, diverse and obedient
Sénat
- Contrôle total
Le
refus de l'intelligence
Ottawa
exige une recension des affiches du plan de relance
Les
libéraux dénoncent les nominations partisanes des
conservateurs
Sénat:
Harper protège son budget
Harper
nomme un partisan conservateur au Sénat
Just
stop doing this
L'opposition
critique une nomination «partisane»
Les politiques s’invitent aux
olympiques
Les
conservateurs contrôleront les deux chambres du Parlement
Les cinq nouveaux sénateurs renforcent la position des
conservateurs
Crise
majeure à Droits et démocratie
Stratège
d'abord, premier ministre ensuite - Vincent Marissal
Les
conservateurs n'auront pas carte blanche au Sénat
Ottawa
a dépensé 400 millions en publicité en cinq ans
PUBLICITÉ FÉDÉRALE La grippe
avant les Jeux
Ignatieff
veut limiter la propagande politique
Bisbille
autour d'envois postaux conservateurs
Les
libéraux accusent Harper de multiplier les nominations
partisanes
Des
bouteilles à l'effigie du Parti conservateur
L'opposition
critique le guide pour les immigrants
Flamme
olympique: le PC accusé de partisanerie
L'indécence
- VINCENT MARISSAL
Une
enquête sur les chèques des conservateurs
Les
libéraux dénoncent la «propagande» des conservateurs
Publicités gouvernementales à des fins partisanes : Les
conservateurs violent la loi, accusent les
libéraux - Malorie Beauchemin
Jeux Olympiques : Un logo jugé trop
partisan - Malorie Beauchemin
Dispute concernant les
projets d’infrastructures
Le sénateur Demers à la rescousse -
Vincent Marissal
Deux mauvais choix de Harper -
LYSIANNE GAGNON
Vague de nominations partisanes
à Ottawa
Orgie bleue au Sénat - VINCENT
MARISSAL
L’orignal dans le Sénat -
YVES BOISVERT
Harper fait au moins six nominations
partisanes à des postes clés
9 millions de fonds publics - VINCENT MARISSAL
Les Conservateurs verseraient-ils même dans la
manipulation de l'information, sinon l'art de la
propagande ?...
Harper
s'intéresse à Sun TV News
Les Conservateurs iraient-ils jusqu'à s'en
prendre directement à quiconque ose les critiquer ?... Ou
autrement dit, se pourrait-il que, sur les questions
idéologiques tout au moins, le gouvernement Harper ne se
comporte pas mieux que la plus basse des dictatures, tout
simplement ?...
Le contrat du «chien de garde» de la GRC n'est pas
renouvelé
Les Conservateurs ne se soucieraient-ils donc que des
perceptions populaires, même aux dépens de la raison et
des faits ?...
Pas
d’excuses
pour
Helena
Guergis
Le
monde
selon
Harper
Les Conservateurs iraient-ils donc jusqu'à déformer
sciemment la réalité, et ce de sucroît sur une base
apparemment systématique ?
Financement
international - Du toupet!
Stealth
jets,
brought
to
you
by
a
spin
machine
on
steroids
-
Jeffrey
Simpson
Les Conservateurs n'hésiteraient-ils donc pas à déformer la
réalité afin de mieux servir leurs propres intérêts ?...
Not exactly an
economic gold medal
Les Conservateurs seraient-ils donc de mauvaise foi ?...
Stockwell
Day
stands
his
ground
on
crime
stats
Hallucinations
- André Pratte
Sound the alarm on Stockwell Day’s statistics - Globe
Editorial
Stockwell Day scrapes the bottom of the barrel
A voice in the wilderness: Bob Rae weighs in on census
Stockwell
Day
cites
'alarming’
rise
in
unreported
crime
to
justify
new
prisons
Les Conservateurs ne seraient-ils donc que des menteurs
?...
«
C’est un abus du Parlement »
Oda
and accountability
Financement
de Kairos - Outrage aux électeurs
La
pression s’accroît sur Bev Oda
Bev
Oda’s
serious
transgression
-
Globe
Editorial
Opposition steps up pressure for Oda resignation over
altered document
Abus
de mensonges
Financement
de Kairos: l’opposition demande la tête de Bev Oda
Believe
me, you can’t trust anyone-
Gerard Caplan
Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne se satisfassent
pas de ne pas remplir leurs propres promesses, et
iraient-ils en fait jusqu'à faire précisément le contraire
?...
Waiting
for
smaller
government?
Don’t
hold
your
breath
-
Jeffrey
Simpson
Ce gouvernement serait-il carrément en train d'essayer de
contrôler l'information ?...
Médias:
l'influence conservatrice s'accroît
Les Conservateurs seraient-ils donc cependant à des réseaux
pratiquant rien de moins que la désinformation ?...
Médias
- Bouette et désinformation
Se pourrait-il que les Conservateurs méprisent
carrément le journalisme, tout comme les médias en général
?... Ou autrement dit, mépriseraient-ils donc le droit du
public d'avoir accès à l'information ?...
Stephen Harper’s five-question limit
Le
sommet des exclus
G
comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte
Les
neuf vies de Dimitri Soudas
Un
ministre conservateur s'attaque à des journalistes
Dimitri
Soudas, le fidèle soldat
Des
députés s'étonnent que Harper dise ne pas suivre
l'actualité
Voir aussi En fait, le gouvernement Harper ne se
trouve-t-il pas à rappeler les pires régimes
totalitaires de par son total mépris du libre accès à
l'information ?...
Les Conservateurs chercheraient-ils donc à empêcher toute
procédure officielle par laquelle leurs agissements
pourraient en venir à être examinés et évalués de quelque
façon que ce soit ?
How
can
our
lawmakers
stand
such
harsh
scrutiny?
Les Conservateurs oseraient-ils donc aller jusqu'à
pratiquer la censure ?...
L’apparence de censure dénoncée par les libéraux
UNE
ARTISTE
QUI
DÉRANGE
Ignorance
mensongère
Le
gouvernement Harper: une culture d'intimidation
Registre
des armes à feu : le directeur viré
Removal of firearms watchdog has critics screaming
'censorship'
Is Stephen Harper set to move against the CRTC?
Le
boomerang
L'ombudsman
des vétérans part en guerre contre Ottawa
Anciens
combattants: l'ombudsman vilipende le Ministère
Veterans advocate won’t go quietly
Moderators
skipped
question
on
Gulf
oil
spill
at
Harper
forum
Why Conservatives are
attacking CBC
A
land of bias from sea to shining sea - Lawrence Martin
Beating
up
the
CBC
is
like
beating
up
a
sick
puppy
La baisse de budget affectera la programmation - FANNIE
OLIVIER
Encore
une tuile pour Radio-Canada
Ann
Coulter: le NPD accuse Ottawa d'hypocrisie
Ottawa
accusé de régenter les publications scientifiques
Colère
à Environnement Canada
JamesMoore peine à convaincre l’opposition -
Profession de foi en faveur de Radio-Canada
Le ministre du Patrimoine rejette l’idée
de privatiser Radio-Canada
Les Conservateurs seraient-ils par ailleurs incultes
?...
Compressions
en culture - Autopsie du pire
L’image
du
Canada
ternie
On n’est pas surpris
'Fair'
can be foolish in doling out grants
Manifestations
touristiques de renom: le ministre a choisi les projets
financés
Le
ministre
(de
Montréal)
est-il
fou
des
Francos?
-
Nathalie Petrowski
Financement
des festivals : près de 12 millions inutilisés à
Ottawa
Financement
des festivals : crise totale aux Francos
Obama
10,
Harper
0
-
Nathalie Petrowski
Une impression
d’arbitraire - Marc Cassivi
Plusieurs festivals ignorent si
Industrie Canada leur versera l’argent
attendu - Louise Leduc
La vitalité de la culture
en péril
Clémence DesRochers critique Stephen Harper
Les ministres Conservateurs savent-ils seulement ce qui se
passe dans leur propre ministère ?...
Kenney se dit responsable du guide sur la citoyenneté
Loi
d'accès à l'information - Harper rappelle ses ministres à
l'ordre
Accusations
d'ingérence: Paradis jure qu'il ne savait rien
Les Conservateurs mépriseraient-ils donc leur propre
fonction publique ?...
Three hand-written 'nots' don’t make a right
Les Conservateurs iraient-ils donc jusqu'à mépriser la
magistrature ?
L’indépendance judiciaire en question
Les Conservateurs seraient-ils tout simplement
incompétents ?...
It should have been Stephen Harper's shining hour -
Jeffrey Simpson
«Aucun
lien» entre le registre des armes et Polytechnique
Avortement:
un «fermez-la» qui embarrasse les conservateurs
Une
sénatrice conservatrice se fait vulgaire
Le
ministre Prentice affirme avoir été approché par Jaffer
Parution
d'un communiqué acerbe: un député conservateur s'excuse
L'ex-député
Jaffer peine à s'expliquer
'Guergisized'
Tories
fall
back
into
tie
with
Liberals
In Ottawa, secrecy is the issue that keeps on giving -
Lawrence Martin
Affaire Guergis - Les cachettes
Sense
of entitlement led to Guergis's downfall
Helena
Guergis démissionne
Incident
à l'aéroport: le ministre Blackburn s'explique
Une
bouteille de tequila confisquée au ministre Blackburn
Thou
dost
in
us
bewilder
-
Globe
editorial
Climat:
«Bernier agit sur commande», croit Duceppe
Un
député conservateur rabroué par son parti
Dimitri
qui? - Lysiane Gagnon
Un
député conservateur traite les chômeurs de «bâtards»
Afghanistan–Canada, même fouillis? Un succès
remarquable ?
Harper s’excuse auprès
d’Ignatieff
Harper retarde encore une photo
officielle - Marc Thibodeau
Étiquetage des aliments « Le gouvernement
doit corriger le tir »
RÈGLES D’ÉTIQUETAGE ASSOUPLIES « C’est une
très bonne nouvelle »
Le Canada refuse un visa
à une légende du soccer algérien
Une ministre cul-de-jatte
- VINCENT MARISSAL
En larmes, la ministre Lisa Raitt présente des
excuses
Des documents oubliés mettent le gouvernement
dans l’embarras
Un enregistrement qui met la ministre
Raitt dans l’embarras
Raitt critique un autre ministre pour sa propre
incapacité de gérer le dossier des sables bitumineux
La démission de la ministre exigée
Se pourrait-il donc que les Conservateurs se trouvent
finalement à ne faire qu'à peu près n'importe quoi ?...
G
comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte
Les Conservateurs ne seraient-ils capables, au mieux, que
de médiocrité ?...
Nouvelle politique fédérale d’expulsion
des demandeurs d’asile Inquiétude chez les Rwandais, les
Burundais et les Libériens deMontréal
Voir aussi Ottawa bloquera
les réfugiés haïtiens qui transitent par les É.-U.
Les Conservateurs s'adonneraient-ils au patronage dans
tout ce que celui-ci peut avoir de plus grossier ?
Caucus
présessionnel - Le NPD accuse Ottawa d'avoir abandonné les
Québécois
Pont
Champlain
-
Un
NPD
pragmatique
?
Tories
misled
Parliament
on
G8
spending:
Auditor-General
Le
gouvernement conservateur a trompé le Parlement selon la
vérificatrice
Harper,
objet
d’une
enquête
du
SCRS
?
Smith's
funding comments 'stupid': Duceppe
‘It’s
normal’
for
Tory
ridings
to
get
more
federal
cash,
Larry
Smith
says
Travaux
routiers - Mieux vaut voter du bon bord!
Deux
circonscriptions conservatrices ont été choyées au Québec
G
comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte
Sommets
du G8 et du G20 - L'opposition dénonce des dépenses
«bidon» pour acheter des votes
Les Conservateurs seraient-ils donc carrément corrompus
?...
Troublant
Les
marionnettistes
Scandales
- Les vrais patrons
The
senator,
the
port
authority
and
the
'big
boss'
in
Quebec
-
DANIEL
LEBLANC
Sexe,
pouvoir
et
lobbying
The
construction
magnate,
the
Hill
reno
deal
and
a
minister’s
$5,000
coat
La
version de Rahim Jaffer taillée en pièces
Une
entreprise liée au PCC reçoit un contrat de 12 M$ sans
appel d'offres
ALLÉGATIONS DE CORRUPTION MUNICIPALE Les rumeurs
rattrapent le PCC - Hugo de GrandPré
L'indécence
- VINCENT MARISSAL
L'opposition
s'inquiète des activités du sénateur Léo Housakos
Le ministre MacKay dans l’embarras
- Malorie Beauchemin
Contrat verbal Le bureau de Stephen
Harper rappelé à l’ordre
Royal LePage et les Conservateurs :
« Ce n’est pas transparent »
Les Conservateurs seraient-ils donc des fraudeurs ?...
Aftermath of an 'in and out' election scheme
Les
conservateurs
ont
perdu
leur
cause,
croit
un
ancien
candidat
Revers
des
conservateurs
en
appel
Stratégie
du «in and out»- Le Parti conservateur perd en cour
Ouf!
Le
Parti conservateur accusé de fraude
Les Conservateurs seraient-ils donc des voleurs ?...
S’enfuir comme un voleur
Les Conservateurs seraient-ils des criminels ?... (Ou
ne sembleraient-ils pas tout au moins entretenir d'un
peu trop bonnes relations avec ces derniers ?...)
Le juge Léger a été l'avocat commercial des Hells Angels
Liberals
take another shot at Tory 'Bonnie and Clyde'
Les
conservateurs restent muets sur l'amende de l'ancien
député Jaffer
Traitement
clément de Jaffer: les conservateurs peu bavards
En fait, Harper se moquerait-il carrément de nous
?...
La divulgation d'un rapport «au-dessus de la Sibérie»
insulte l'opposition
Le gouvernement Harper insulterait-il l'intelligence des
citoyens ?...
On dit que... - Patrick Lagacé
Et au fait, que pensent les "véritables conservateurs"
de ce gouvernement ?...
This is not a conservative budget
Is
there
an
old-style
Tory
in
the
House?
-
Lawrence
Martin
The
Tories
risk
all
on
narrow
appeal
and
wedge
issues
-
Lawrence
Martin
Preston
Manning:
Proselytizer
of
science
Kim
Campbell: «Les secrets, ça n'existe plus»
Joe Clark n'a jamais caché ses réserves envers Stephen
Harper...
Ottawa : SÉRIE DE DÉPARTS
Harper perd son directeur des
communications
Peut-on encore espérer quoi que ce soit de ce gouvernement
?...
Ça ne change pas le monde, sauf que…
- VINCENT MARISSAL
Pourrait-il parfois arriver à ce gouvernement de faire
quelques bons coups ?...
Without
any fanfare, Canada has grown up
Les Canadiens doivent apprendre à gérer un budget
Les
organismes publics ne pourront plus engager de lobbyistes
Et si c'était surtout l'économie qui devait avoir le
dernier mot ?...
Are corporate tax cuts a winning issue for Conservatives?
It’s
the
economy,
Scott
Brison
says,
and
the
Tories
are
stupid
Opposition
leaders
who
push
for
better
on
the
economy
won't
fare
better
in
the
polls
L'opposition
dénonce le budget de Flaherty
Flaherty
vend son budget, l'opposition dénonce le document
Tout
ça pour ça?
La
crédibilité
de
Jim
Flaherty
-
Claude Picher
Une
ère d'austérité s'annonce à Ottawa
Beaucoup d'encre pour rien - Vincent Marissal
A
pivot; not yet a recalibration
Budgets
in
a
dangerous
time
If only the Tories had taken a cue from our Olympians -
Lawrence Martin
Flaherty
réduira les dépenses du gouvernement
Stockwell Day: l'homme de confiance de Stephen Harper
Budget
will expose absurdity of 'recalibration' - Jeffrey Simpson
Le
vrai
test
Les
cinq
défis
de
Jim
Flaherty
-
Alain Dubuc
Le déficit passe de50 à 56 milliards
- Joël-Denis Bellavance
Ottawa pourrait afficher
un déficit de 156 milliards d’ici cinq ans
Le déficit sera (beaucoup) plus élevé
que prévu
Ottawa a enregistré un déficit de 5 milliards
- Joël-Denis Bellavance
50 milliards? So what
! - ALAIN DUBUC
Ampleur du déficit : Les partis devront
limiter leurs promesses
Le déficit fédéral sera plus
élevé
Des élections fédérales cet été ? Le PLC décidera la
semaine prochaine
Insatisfait, le PLC menace de
renverser le gouvernement
Ignatieff menace de renverser le
gouvernement
L’économie se redresse, soutient
Ottawa
Un vote de confiance en vue sur l'économie ?...
Ou même là, pas encore ?...
Un déficit moins élevé que prévu à Ottawa
Un
plan de relance de 19 milliards sans récession
Budget fédéral: un plan de relance de 19 milliards
Le gouvernement Harper opte pour la prudence
Élimination du déficit : le plan de match sera respecté
Un
budget d'austérité discrète
Les chambres de commerce tièdes
Le Conseil du patronat applaudit
Sans
douleur...
ou
presque
-
André Pratte
Et la bataille ultime serait-elle enfin lancée ?...
Voir aussi Le vent
tournerait-il enfin en faveur du changement ?...
Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte
- Joël-Denis Bellavance
Le gouvernement Harper pourrait tomber dès
vendredi - Joël-Denis Bellavance
Le cirque - VINCENT MARISSAL
Layton tend une perche à Harper
La perspective d’élections n’inquiète pas les
économistes
OTTAWA Une entente peu probable
L’épouvantail - ANDRÉ PRATTE
Encore des élections ? - ALAIN DUBUC
Ignatieff le guerrier? - VINCENT
MARISSAL
Ignatieff ouvre les hostilités - Hugo de
GrandPré
Le dernier espoir de Stephen Harper - Malorie
Beauchemin
Et pour la suite des choses...
Les élections partielles, un test de popularité pour les
partis
Une rentrée parlementaire qui s’annonce
courte - Joël-Denis Bellavance
Le gouvernement Harper pourrait tomber dès
vendredi - Joël-Denis Bellavance
Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de
coalition
Les libéraux font volte-face : Moins
pressés de provoquer des élections
« L’instabilité politique nuirait à la reprise
»
Pour un vent de changement à
Ottawa
La campagne commencera au Québec
le 24 juin
Rendez-vous aux urnes en octobre -
VINCENT MARISSAL
OTTAWA : Une bataille reportée
Une belle souris - André Pratte
Une troisième rencontre
Harper-Ignatieff ce matin
Ignatieff lance un ultimatum
Les libéraux devraient encore
sauver Harper
Alerte électorale à Ottawa -
VINCENT MARISSAL
Et se pourrait-il qu'il existe en plus un plan B, de par
l'idée d'une coalition ?...
Le retour de la coalition - LYSIANNE
GAGNON
Et pourquoi pas un petit résumé de la situation ?...
Les Québécois appuient l’idée d’un gouvernement
minoritaire
MAJORITAIRE OU MINORITAIRE? Le Québec
a le dernier mot
LA MUTATION POLITIQUE DE HARPER SE
POURSUIT - Joël-Denis Bellavance
Et qu'en est-il de nos relations avec nos chers voisins ?...
Et plus spécifiquement... Harper se bornerait-il à ne
considérer les rencontres avec ses homologues américains
qu'autant d'occasions pour ne faire que dresser une liste
d'épicerie (et surtout de griefs et conflits), plutôt que de
chercher à travailler ensemble avec nos voisins sur des
projects communs et constructifs ?... Mais Harper sait-il
seulement ce que peut être une projet commun et constructif
?...
Pactiser
avec l’oncle Sam
Obama
est- il vraiment notre ami?
Essais
québécois - Quand les Américains mangent du Canadien
La
tempête
atteint
le
Canada
Le
voile levé sur un Canada complexé...
We
can’t
return
to
our
special
relationship
with
the
United
States
Straight
talk
from
Clinton
was
no
smackdown
Manif
à Stanstead: «On veut retrouver notre frontière amicale»
Le ton change au 490, Sussex Drive
- Alexandre Sirois
Harper et Obama : Une rencontre à saveur économique
- Hugo de GrandPré
Présidents et premiers ministres : Qui se ressemble
s’assemble ?
Harper et Obama : Pas de santé au menu
- Hugo de GrandPré
AU MENU : DROGUE, GRIPPE ET
HONDURAS
Premier sommet nord-américain
pour Obama
Une rencontre à trois - Malorie
Beauchemin
Harper invité à Washington le 16
septembre - Malorie Beauchemin
Quand la division fait enfin place à
l'union...
Le NPD relance un débat du Bloc -
Malorie Beauchemin
Gary Doer, deWinnipeg à Washington -
Joël-Denis Bellavance
PUBLICITÉS CONSERVATRICES Des libéraux
défendent le Bloc
Une motion du Bloc appuyée à l’unanimité
La coalition aurait « profondément
divisé » le Canada, dit Ignatieff
Et que dire de notre cher système parlementaire canadien
?...
Grand guignol à Ottawa - ALAIN DUBUC
Goodbye, la majorité! - LYSIANE
GAGNON
La majorité à portée de main -
VINCENT MARISSAL
Peut-on seulement rêver d'un
Obama canadien?
|
Democracy
diminished,
accountability
avoided
No
fear
of
the
opposition
Proroguing
Parliament – a travesty, yet clever
Introducing Canada's
minority dictatorship
Harper's
prorogation
retort?
'We
need
the
time'
And what do the Liberals have to say about it ?....
Harper has 'something
to hide,' Liberal ads say
What the Liberal
prorogation ad is hoping we forget
Fiscal math = tax hikes to balance the budget - Jeffrey
Simpson
This country is falling apart (really)
High time for a minister
who understands
the role of aid
Ed
Broadbent
defends
rights
agency's
independence
And if the Senate reform was indeed worth doing ?...
Rejecting Tory proposal, McGuinty presses Harper to
abolish Senate
Senate
veto
is
here
to
stay
Senate
to
save
Supreme
Court?
Quatrième
tentative des conservateurs pour limiter le mandat des
sénateurs
Two
reforms
for
the
price
of
one
-
Globe
Editorial
Senate reform: an
altered state of affairs? - Jeffrey Simpson
Senate reform plan
sparks standoff with provinces
Harper to revive Senate
reform plan
Fixing the Red Chamber, step by step - Tom Flanagan
... or maybe not all that much ?...
Le conservateur Pierre-Claude Nolin s'oppose à un Sénat
élu
Réforme
du Sénat: les provinces devront assumer l'essentiel des
coûts
End
run
to
an
Americanized
Senate
When the Senate finally proves its worth
Federal budget will launch spending review, Day says
Yup, still old-style politics
The
beginning
of
the
end
for
Stephen
Harper
The
two faces of Stephen Harper - Jeffrey Simpson
Could Ignatieff truly offer a new vision for Canada ?...
Ignatieff
pledges
to
give
federal
watchdogs
more
bite
There
was a time when the Liberals stood for
something
-
Jeffrey Simpson
Le Canada serait-il tout simplement en panne d'inspiration
?...
The boring gang of four
Three
lessons
Liberals
should
learn
from
Montreal
Get down to basics, Liberals
Ignatieff's
new
maxim:
to
thine
own
self
be
true
Winning
voters'
hearts
and
minds:
it's
all
about
managing
the
message
Two cheers for Mr. Ignatieff - Norman Spector
The Conservatives the Liberals can’t be bothered with
‘The
thing' about innovation - Preston Manning
Focus on the big stuff, Mr. Harper
And why does Stephen Harper acts the way he does ?...
Looking
for
Nixon-like
tendencies
in
Harperland
-
JEFFREY
SIMPSON
Stephen
Harper
–
the
last
Straussian?
And
in
this
corner,
the
great
Grit
slayer
The incredible shrinking Tory tent
Harper has taken the wrong lessons from Chrétien -
Lawrence Martin
No more Mr. Nice Guys?
Exploring
the
politics
of
emotion
Tory
triumph:
They
know
where
they're
going
-
Lawrence
Martin
Harper
may
be
iron-fisted.
And
so
what
if
he
is?
-
Bob
Plamondon
Wheel
of fortune: Canadian politics is all about lady luck
Conservative ferment is fertile soil for Alberta's
Wildrose - Jeffrey Simpson
Why PM fights for banks
Offensive
d'Ottawa contre la taxe aux banques
Liberals, lay down your arms
Le
bulletin de l’opposition fédérale - Chantal Hébert
TORONTO STAR
Canada's
toxic
NEP
|
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The
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Dévoilement
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Munsinger,
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|
|
Harper mine la démocratie
La
prorogation du Parlement pour des raisons partisanes
risque de créer un dangereux précédent
Ce texte est signé par plus de 150 universitaires,
notamment Charles Taylor, professeur émérite à
l’Université McGill, Jeremy Webber, professeur de droit
constitutionnel à l’Université de Victoria, et Daniel
Weinstock, directeur du Centre de recherche en éthique de
l’Université de Montréal. On trouvera le texte dans sa
version intégrale et la liste complète des signataires sur
le site web http://www. noprorogation-nonprorogation.ca/.
La façon normale pour un gouvernement de légitimer un
arrêt dans une session parlementaire est par
l’ajournement. Une telle mesure permet aux institutions du
gouvernement de continuer et aux comités de faire leur
travail.
En tant que professeurs d’université canadiens ayant pour
mission de faire connaître et comprendre à nos étudiants
le sens et le fonctionnement de nos institutions
démocratiques, nous sommes profondément troublés par la
décision du premier ministre Stephen Harper d’user de son
pouvoir afin de proroger le Parlement pour une deuxième
année consécutive, dans des circonstances qui lui
permettent d’ignorer ses responsabilités démocratiques. Le
premier ministre fait non seulement un usage cavalier des
pouvoirs discrétionnaires inhérents à ses fonctions dans
notre système parlementaire, mais en agissant ainsi, il
mine notre système de gouvernement démocratique.
Le
premier ministre Stephen Harper a prorogé le Parlement
pour la deuxième année consécutive.
Plusieurs observateurs ont noté que le premier ministre
n’a techniquement rien fait de mal en demandant la
prorogation du Parlement et en fixant la date du discours
du trône après les Jeux olympiques de Vancouver. Le
premier ministre est la seule personne autorisée à
demander la prorogation auprès du Gouverneur général (bien
que la coutume soit de faire cette requête en personne,
par respect pour le représentant de la Reine, ce qui ne
fut pas fait dans ce cas). Mais une telle requête dans les
circonstances actuelles est non seulement très
exceptionnelle, elle est aussi inappropriée.
Mais alors, en quoi exactement le premier ministre a-t-il
agi incorrectement en prorogeant le Parlement? Nos
institutions parlementaires et constitutionnelles
obéissent non seulement à des règles explicites, mais
répondent aussi à l’esprit de ces règles. (...) Nous nous
attendons à ce que le premier ministre fasse sa part afin
d’assurer le bon fonctionnement du système, et que les
députés puissent remplir effectivement le rôle pour lequel
ils sont élus. Cela implique notamment qu’il fasse preuve
de retenue, et qu’il n’utilise pas les pouvoirs dont il
dispose pour se soustraire aux mécanismes d’imputabilité à
l’égard du Parlement et des citoyens canadiens.
Il est
clair que le recours à la prorogation par le premier
ministre ne fait preuve d’aucune retenue de cette sorte.
En décembre 2008, le premier ministre y a recouru de
manière étroitement partisane pour sauver son gouvernement
de la défaite lors d’un vote de confiance. Il s’agit d’un
geste clairement partisan encore aujourd’hui, puisqu’il
puisque cela court-circuite le travail du comité
parlementaire qui se penche sur la question des détenus
afghans et permet d’ignorer la requête du Parlement que le
gouvernement rende publics les documents qui touchent à
cette question.
La façon normale pour un gouvernement de légitimer un
arrêt dans une session parlementaire est par
l’ajournement. Une telle mesure permet aux institutions du
gouvernement de continuer et aux comités de faire leur
travail. Le travail législatif peut reprendre une fois la
période d’ajournement terminée.
En revanche, une prorogation interrompt toute activité du
Parlement. Tous les projets de loi, à l’exception des
projets de loi privés, devront être présentés une nouvelle
fois, comme s’il s’agissait d’un nouveau processus.
L’ordre du jour législatif postélectoral du gouvernement
est loin d’avoir été réalisé. Le premier ministre ne peut
pas, par conséquent, invoquer de façon crédible la raison
d’être du pouvoir de prorogation, qui est de fournir au
gouvernement une pause nécessaire, hors de la bataille de
tranchée des sessions parlementaires, pour soumettre au
parlement un nouvel ordre du jour législatif. (...) Les
actions du premier ministre risquent d’établir un
précédent qui fragilisera une condition importante d’un
gouvernement démocratique, soit la capacité du peuple,
agissant par le biais de leurs représentants élus, de
tenir le gouvernement imputable de ses actions.
Le Canada méconnaissable - MARTIN CAUCHON
Malheureusement, le premier ministre Harper vient juste de
découvrir que la Chine existe.
Je reviens en politique pour défendre les valeurs
libérales qui ont façonné notre beau grand pays, valeurs
qui sont mises à rude épreuve par le gouvernement Harper.
Comme candidat et député, je travaillerai sans relâche
pour qu’ensemble, nous puissions redonner un sens au mot «
Canada ».
Ancien
ministre fédéral, l’auteur a été choisi mardi candidat
du Parti libéral du Canada dans la circonscription
d’Outremont.
Le Canada s’est bâti une grande réputation internationale
grâce à des chefs comme Lester B. Pearson, Pierre Elliott
Trudeau, John Turner, Jean Chrétien et Paul Mar tin. Le
Canada n’est pas une superpuissance au sens où on l’entend
lorsqu’on parle de notre voisin américain. Mais, à sa
façon, le Canada était une superpuissance lorsque dans un
passé pas si lointain, on parlait d’équité sociale, de
multilatéralisme, de mondialisation, d’environnement et
j’en passe.
Il « était », parce qu’aujourd’hui le Canada est
méconnaissable.
Quand j’ai quitté la vie politique, le magazine The
Economist disait que le « Canada was cool ». Le Canada
était, à bien des égards, l’étudiant modèle dans le
classement de l’OCDE. Où en sommes-nous aujourd’hui? Poser
la question, c’est y répondre.
Je
reviens parce que je suis indigné et frustré. Indigné et
frustré de voir, aux rênes de mon pays, un gouvernement
sans transparence, sans vision, sans compassion et sans
lucidité.
Indigné et frustré par un gouvernement qui ne comprend
pas, ou encore pire, un gouvernement qui nie et refuse
d’affronter les grands problèmes qui menacent le pays et
la planète.
Frustré d’avoir à répondre à la question que me posent les
gens que je rencontre à l’étranger : « Qu’est-il arrivé au
Canada? »
Cette question, j ’ai à y répondre chaque fois que je
voyage à l’étranger. Prenons la Chine, un pays qui compte
1,3 milliard d’habitants et qui possède l’une des plus
fortes économies mondiales. Un pays avec lequel nous
avions une relation privilégiée, basée sur le respect
mutuel des valeurs de chacun. Malheureusement, le premier
ministre Harper vient juste de découvrir que la Chine
existe. M. Harper a préféré la confrontation plutôt que la
collaboration, avec les résultats que l’on connaît. Je
crois que les Canadiens préfèrent une approche basée sur
la coopération, le respect mutuel et la fraternité. Par
cette approche, nous pouvons mieux connaître, mieux
comprendre et ainsi mieux communiquer les valeurs qui nous
sont chères.
Je reviens aussi parce que je suis très mécontent de la
stratégie de division que le gouvernement Harper affiche
et qui cherche à mettre les régions l’une contre l’autre,
à semer la querelle entre les provinces, un gouvernement
qui donne plus aux circonscriptions des conservateurs qu’à
ceux qui ont voté pour l’opposition. Je suis mécontent de
voir que le gouvernement se sert des impôts et des taxes
pour obtenir le vote des électeurs.
Un grand déshonneur - JEAN-RENÉ ROY
L’auteur est un étudiant en droit à l’Université
d’Ottawa. Il adresse cette lettre ouverte au ministre
canadien de l’Immigration, de la citoyenneté et du
multiculturalisme, Jason Kenney. Les immigrants
doivent impérativement savoir qu’ici, les homosexuels
ont droit à la liberté et à la sécurité.
Je me permets aujourd’hui, en tant qu’électeur,
citoyen, mais avant tout, en tant qu’humaniste, de
vous adresser ces lignes. Il apparaît que le nouveau
guide qui devra être étudié par les milliers de
nouveaux arrivants au Canada a été épuré de
l’historique de l’évolution des droits des gais et
lesbiennes du Canada.
Bien entendu, il ne fait aucun doute que votre
gouvernement, dirigé par les hautes sphères « blue
tory » de votre parti conservateur canadien, ait pris
sur lui de s’en prendre aux droits des gais et
lesbiennes depuis des années. Votre volonté de
«rétablissement de la définition traditionnelle du
mariage» n’en est qu’un exemple.
En tant queministre de l’Immigration, de la
Citoyenneté et du Multiculturalisme, vous avez
apparemment le fardeau d’appliquer cette homophobie
par des actions fermes et concrètes dans vos dossiers.
Permettez-moi de vous féliciter, c’est chose faite. Je
me serais par contre attendu à ce que vous en parliez
peut-être plus ouvertement.
N’était-ce pourtant pas vous qui, en 2005, affirmiez:
« Les gais ont le droit de marier qui ils veulent –
pourvu que ce ne soit pas quelqu’un de même sexe » ?
Un message interne envoyé en juin dernier par les
fonctionnaires de votre ministère démontre bien que
ces passages ont été retirés du livre à la demande de
votre cabinet. Pourtant, vous avez expressément et
très ouvertement nié votre implication dans ce retrait
lors de votre entrée au caucus des députés
conservateurs mercredi dernier. Force est de constater
que votre homophobie est doublée d’une couardise plus
que déplorable.
Votre
attaché de presse, M. Velshi, il y aà peine quelques
jours, affirmait que ce guide «ne pouvait pas être une
encyclopédie». Permettez-moi cette autre remarque.
Depuis des siècles, les gais et lesbiennes sont
discriminés, marginalisés et pourchassés dans la très
large majorité des pays du monde. C’est seulement
depuis quelques décennies qu’une minorité de pays ont
daigné accorder le droit aux homosexuels de vivre leur
vie comme ils l’entendent.
Les immigrants, qu’ils soient originaires de pays où
les droits des homosexuels sont encore bafoués ou non,
doivent impérativement savoir qu’ici, les homosexuels
ont le droit à la liberté, à la sécurité et que cela
ne peut, sous aucun prétexte, être remis en cause.
Vos actions, vos omissions et vos paroles apportent un
grand déshonneur à votre fonction ainsi qu’au travail
acharné de décennies en matière de droits humains.
Cher monsieur, puissiez-vous démissionner pour
préserver ce qu’il vous reste de dignité.
L’indépendance menacée
L’aide internationale est-elle tombée sur la tête ? La
Presse a discuté de la question avec Ian Smillie, un
expert canadien du développement international.
QIl y a un mois, vous avez participé, à Ottawa, à un
colloque sur l’avenir de l’aide internationale. Qu’est-ce
qui ressort de cette rencontre ?
R Avec l’incertitude qui pèse sur Alternatives, la
décision de couper les fonds à Kairos et la crise au
centre Droits et Démocratie, il y a beaucoup d’inquiétude.
La présence d’une voix canadienne indépendante dans le
monde en développement semble menacée.
QD’où vient la menace ?
R Un des problèmes, ce sont les politiques fédérales
changeantes. Un jour, on met la priorité sur
l’agriculture, un autre jour, c’est la santé ou
l’environnement. Les ONG ont de la peine à s’ajuster. Et
la bureaucratie paralysante de l’ACDI ralentit le
traitement de leurs demandes de financement. Actuellement,
plusieurs organismes d’aide internationale doivent puiser
dans leurs réserves d’urgence pour survivre. Certains
frôlent la faillite.
QEt les pressions politiques d’Ottawa?
R Les gens surveillent ce qu’ils disent depuis qu’ils ont
vu ce qui s’est passé avec Kairos. C’est comme dans la
mafia: un seul est puni, tous comprennent la leçon…
QMais les organismes d’aide internationale doivent-ils
afficher leurs opinions politiques?
R Les organismes d’aide ont toujours pris
position sur les dossiers où ils interviennent. Si vous
travaillez avec des enfants handicapés et que des
politiques publiques ont un impact sur la situation de ces
enfants, vous devez prendre position sur ces politiques.
Même chose si vous vous préoccupez de la santé des femmes,
vous ne pouvez pas ne pas vous soucier de politiques de
planning familial.
Économies de 50millions - PIERRE DUHAIME
Lamarge de profit de SNC-Lavalin est inférieure à 4%
pour le contrat de gestion des immeubles fédéraux
L’auteur est président et chef de la direction du
Groupe SNCLavalin inc. Il réplique au dossier sur le
contrat de gestion des immeubles fédéraux qui a été
publié mercredi dans La Presse.
Nous avons pris connaissance avec déception de
l’article portant sur le contrat de gestion des
immeubles fédéraux effectuée par SNC-Lavalin O&M.
En effet, plusieurs éléments importants parmi ceux qui
avaient été communiqués au signataire de l’article ont
été passés sous silence. S’ils avaient été inclus dans
l’article, ils auraient démontré sans l’ombre d’un
doute que nos frais respectent les normes du marché
pour ce genre de services.
Le coût relatif aux deux
plantes, explique le président et chef de la
direction de SNC-Lavalin – dont faisait état La
Presse mercredi –, inclut les deux plantes
elles-mêmes, leur livraison, leur pot, leur empotage
ainsi que leur entretien et leur arrosage durant une
période d’un an.
Nous tenons à apporter des éclaircissements qui, nous
l’espérons, permettront une meilleure compréhension de
la nature de notre industrie, de nos services ainsi
que du contexte dans lequel nous oeuvrons.
Nous sommes fiers d’avoir réussi à réaliser des
économies substantielles d’environ 50 millions de
dollars annuellement depuis que nous avons remporté
l’appel d’offres relatif au contrat de gestion des 320
immeubles fédéraux. Entre autres, nous avons notamment
réduit de 2,1 millions les dépenses énergétiques liées
à ces immeubles.
Certains des montants mentionnés dans vos pages
peuvent apparaître élevés, mais ils ne peuvent en
aucun cas être comparés aux tarifs applicables aux
particuliers ou aux immeubles résidentiels. En effet,
les décrets, conventions et règlements régissant le
recours aux nombreux corps de métier pour des travaux
réalisés dans les édifices commerciaux imposent des
tarifs que nous nous devons de respecter.
Voici des éléments d’information essentiels qui ont
été passés sous silence dans vos pages, bien que votre
journaliste ait reçu ces informations lors de ses
nombreux échanges avec nos équipes:
• Les coûts d’entretien que vous attribuez au
nettoyage de deux bureaux sont en réalité attribuables
au nettoyage quotidien de deux étages de l’immeuble,
comprenant 22 bureaux fermés, des aires ouvertes, deux
cuisines et deux salles de bains complètes, qui
représentent près de 1500 mètres carrés.
• La
nouvelle sonnette: sa pose a nécessité l’installation
d’un transformateur de réduction de courant,
l’ouverture et la réparation d’une partie de mur afin
d’y installer une boîte électrique, le conduit ainsi
que le filage nécessaires, à plus de 12 mètres de la
sonnette.
• Le coût relatif aux deux plantes inclut les deux
plantes elles-mêmes, leur livraison, leur pot, leur
empotage ainsi que leur entretien et leur arrosage
durant une période d’un an.
SNC-Lavalin O&M est responsable de la gestion
complète des installations, ce qui comprend la
supervision des travaux confiés aux quelque 6000
entreprises sous-contractantes pré-qualifiées. Ces
sous-traitants sont pour la plupart de petites et
moyennes entreprises canadiennes, et dans tous les
cas, sélectionnés par le biais d’appels d’offres
concurrentiels.
Nous privilégions en tout temps la réalisation des
travaux d’entretien, de rénovation ou de nettoyage
durant les heures normales de travail, afin de limiter
les coûts. Cependant, pour ne pas nuire à la poursuite
des activités des employés, il peut arriver que les
travaux soient effectués en dehors des heures normales
d’affaires.
Depuis le début du contrat, les performances de
SNC-Lavalin O&M ont fait l’objet de 170 audits
satisfaisants, effectués tant par Travaux publics et
services gouvernementaux Canada que par la
vérificatrice générale du Canada. Nous avons également
procédé à 400 audits internes afin de nous assurer
d’appliquer les meilleurs pratiques.
Rappelons que, tel qu’indiqué à notre rapport annuel,
la marge de profit brute de SNC-Lavalin O&M pour
la gestion de tels projets est inférieure à 4%.
Ainsi, nous faisons bénéficier le gouvernement et, par
ricochet, l’ensemble des contribuables canadiens,
d’importantes économies d’échelle attribuables à
l’importance du parc immobilier que nous desservons
dans tout le Canada et des tarifs préférentiels que
nous négocions avec les fournisseurs.
Informations incomplètes fournies à La Presse
M.
Duhaime, j’ai lu votre lettre avec attention et
j’aimerais corriger certains faits.
Je note dans un premier temps que vous ne niez pas les
montants rapportés dans LaPresse du 10 mars. Vous
m’accusez par contre d’avoir passé sous silence des
informations essentielles, que j’aurais reçues lors de
mes nombreux échanges avec vos équipes. J’ai le regret
de vous dire que vous avez été mal informé.
Je n’ai eu d’échanges qu’avec une seule personne dans
votre entreprise. Cette responsable des communications
a répondu à mes questions principalement par courriel
et elle n’a pas mentionné les nombreux éléments
nouveaux que vous soulevez ici.
On ne
m’a pas dit que les 2000$ pour l’achat de deux plantes
incluaient aussi leur livraison et leur arrosage. On
ne m’a pas dit que pour poser une sonnette, votre
entreprise a aussi ouvert un mur et posé une boîte
électrique. Et on ne m’a pas précisé que le «extra
cleaning – ministers suite», tel qu’écrit sur votre
facture pour le ménage dans le bureau ministériel,
faisait référence à 22 bureaux fermés, des aires
ouvertes, deux cuisines, etc.
Avoir été mis au courant de ces informations, je me
serais fait un devoir de les ajouter dans mon texte,
comme j’ai ajouté les autres explications que votre
représentante et celle du ministère m’ont transmises.
J’ai par ailleurs remarqué que nulle part dans votre
lettre, vous ne mentionnez les frais de gestion que
vous facturez au gouvernement pour chaque service
rendu. Il s’agit pourtant d’un élément central de ce
dossier. Invoquant le secret commercial, votre
compagnie a en effet refusé de nous divulguer ces
informations, ce qui a poussé le ministère des Travaux
publics à les effacer des factures qu’il nous a
transmises en vertu de la Loi sur l’accès à
l’information.
Or, sans connaître le pourcentage de ces frais de
gestion, il demeurera impossible de savoir si, comme
vous l’affirmez, vous faites « bénéficier le
gouvernement et, par ricochet, l’ensemble des
contribuables canadiens, d’importantes économies
d’échelle ».
Hugo de Grandpré, journaliste
Harper flirte avec la majorité - Joël-Denis
Bellavance
La chute
marquée des troupes d’Ignatieff se poursuit
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff n’ont qu’une
question en tête par les temps qui courent: quand prendra
fin leur chute brutale dans les intentions de vote?
PHOTO ADRIAN WYLD, LA
PRESSE CANADIENNE
En
ce moment. 51% des gens désapprouvent le travail du chef
du PLC, Michael Ignatieff.
Un sondage publié hier et réalisé par la firme EKOS
démontre que le Parti conservateur de Stephen Harper
pourrait former un gouvernement majoritaire si des
élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Il s’agit du
deuxième coup de sonde en trois jours à laisser entendre
que les conservateurs flirtent avec la majorité.
Ce sondage, réalisé auprès de 3333 Canadiens du 30
septembre au 6 octobre derniers, soit au beau milieu de la
tourmente provoquée par la démission de Denis Coderre à
titre de lieutenant libéral au Québec, accorde 39,7 % des
appuis au Parti conservateur.
Le Parti libéral doit se contenter de 25,7% des intentions
de vote, le plus faible score depuis que Michael Ignatieff
a pris les commandes du parti, en décembre 2008. Le NPD
récolte quant à lui 15,2% des appuis tandis que le Parti
vert en recueille 9,7%. La marge d’erreur d’un sondage
comportant un tel échantillon est très faible, soit 1,8
point, 19 fois sur 20.
Au Québec, où la firme EKOS a interrogé 794 personnes, le
Bloc québécois conserve la tête avec 38,7%. Mais le Parti
conservateur supplante maintenant le Parti libéral pour la
première fois en un an avec 22,2% des appuis, alors que
les libéraux doivent se contenter de 21%, un résultat
catastrophique. Le NPD arrive quatrième avec 9,7%. La
marge d’erreur au Québec s’élève à 3,5 points.
En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges des
Communes et qui a longtemps été le bastion des libéraux,
le Parti conservateur détient une avance de 11 points de
pourcentage sur le Parti libéral (43,8% contre 32,5%), un
écart jamais vu depuis 1993. Au total, 1146 personnes ont
été interrogées dans la province la plus populeuse du pays
(marge d’erreur de 2,9 points).
Selon la
firme EKOS, qui a réalisé ce sondage pour RadioCanada, les
libéraux ont perdu des appuis parmi des électeurs qui,
traditionnellement, leur avaient toujours été fidèles: les
femmes, les diplômés universitaires et les immigrés.
« Cela constitue un recul dramatique pour le Parti
libéral, qui n’est pas confiné à une seule région ou à un
seul groupe d’électeurs. Et tout cela semble être le
résultat de la chute de popularité de Michael Ignatieff»,
commente Frank Graves, le président de la firme EKOS.
Pis encore, à peine 19% des Canadiens interrogés
approuvent le travail de M. Ignatieff, et 51 % le
désapprouvent. Stephen Harper se tire mieux d’affaire à
cet égard : 39 % des répondants approuvent son travail, et
42 % ne l’aiment pas.
Plus tôt cette semaine, un sondage publié dans le
quotidien The Globe and Mail accordait 41 % des intentions
de vote au Parti conservateur et 28% au Parti libéral.
De passage à London, en Ontario, hier, Michael Ignatieff a
reconnu qu’il a beaucoup de pain sur la planche pour
renverser cette tendance, d’autant plus que les libéraux
ont promis de tout faire pour renverser le gouvernement
conservateur cet automne.
Le chef libéral reconnaît que son parti doit redresser la
barre, mais il a répété que le Parti libéral demeure la
seule véritable option face aux conservateurs.
« J’ai beaucoup de travail à faire. C’est très clair. Je
suis un leader qui est à l’écoute des Canadiens. Si les
Canadiens veulent que je fasse un meilleur travail, je
suis prêt à serrer les coudes et à le faire », a dit M.
Ignatieff. Il a aussi reconnu que l’offensive publicitaire
des conservateurs depuis des semaines a eu une influence
sur l’opinion des Canadiens.
Le Québec ratatiné? - VINCENT MARISSAL
La
croissance des conservateurs au pays (ou l’écrasement
des libéraux, c’est selon), confirmée par un nouveau
sondage Ekos, laisse très clairement entrevoir depuis
quelques semaines la possibilité d’un gouvernement
Harper majoritaire.
Ce scénario, spectaculaire en soi, cache une autre
partie de l’histoire: un gouvernement majoritaire
conservateur, dans le contexte politique actuel,
signifierait un affaiblissement historique du poids du
Québec au sein du Canada.
Selon l’humeur actuelle de l’électorat canadien, Stephen
Harper pourrait fort bien obtenir les sièges qui lui
manquent pour former une majorité sans faire de gain au
Québec. Il pourrait même se permettre de perdre
certaines de ses 10 circonscriptions québécoises
puisqu’il en prendra vraisemblablement plusieurs en
Ontario et peut-être même dans les Maritimes.
La grosse histoire politique des derniers mois est là:
les Ontariens tournent le dos aux libéraux, même à
Toronto, et c’est le Québec qui risque d’en payer le
prix.
Un gouvernement majoritaire avec un minimum de députés
québécois, c’est le rêve éveillé des conservateurs.
Imaginez: pas besoin de se préoccuper du Québec et de
ménager ses susceptibilités, pas besoin de nommer un
nombre disproportionné de ministres du Québec ou de
faire des contorsions pour désigner un responsable de
Montréal.
Le Québec se retrouverait donc affaibli à la table du
cabinet, lui qui ne pèse déjà pas très lourd.
Il ne s’agirait pas que d’un affaiblissement
mathématique ou symbolique. Non seulement il y aurait
moins de Québécois autour de la table des décisions,
mais l’influence du Québec dans le façonnage des grandes
orientations canadiennes se trouverait aussi amoindrie.
Le Québec a joué, de tout temps, un rôle déterminant
dans la prise de décision du gouvernement fédéral et
dans la priorisation des enjeu x politiques, sociaux et
économiques. Pensez seulement au libre-échange, à la
décision du Canada de ne pas suivre les États-Unis en
Irak, à la légalisation des mariages gais, à la
politique étrangère, etc. On trouve les empreintes
digitales de l’électorat québécois et celles leurs élus
partout sur ces décisions du gouvernement fédéral.
Évidemment, un gouvernement fédéral à faible teneur
québécoise deviendrait encore moins intéressant (c’est
un cercle vicieux) pour les politiciens québécois. Qui
voudrait jouer les Québécois francos de service dans un
gouvernement qui se moque du Québec et n’en a pas
besoin?
Un tel scénario aurait nécessairement un effet sur le
gouvernement du Québec aussi. Celui-ci, ayant perdu de
son influence auprès d’Ottawa, deviendrait moins
influent autour de la table des provinces. Il aurait
plus de mal à défendre ses priorités auprès d’Ottawa et
à susciter la formation de fronts communs provinciaux.
Cette situation serait aggravée par la refonte de la
carte électorale fédérale, un projet qui passerait sous
un gouvernement conservateur majoritaire et qui
accorderait une trentaine de sièges à l’Ontario, à la
Colombie-Britannique et à l’Alberta. Mathématiquement et
politiquement, le Québec perdrait encore un peu de son
poids au sein du Canada.
Un tel revirement ne déplairait pas aux conservateurs,
qui trouvent les Québécois bien ingrats de leur avoir
tourné le dos après avoir obtenu la reconnaissance de la
nation québécoise, une représentation à l’UNESCO et le
règlement du déséquilibre fiscal.
Pour bien des conservateurs (en fait, pour bien des
Canadiens, point), le Québec reste l’insupportable «
enfant gâté » de la fédération. Quel bonheur de ne plus
avoir à s’en préoccuper!
C’est peut-être un fantasme pour les conservateurs, mais
c’est aussi celui de bien des souverainistes, qui
pensent que quatre ans de gouvernement Harper
majoritaire feront plus pour leur cause que 20 ans de
patiente pédagogie auprès des Québécois.
Les conservateurs reprennent un peu de poil de la bête
au Québec, mais ils sont toujours loin derrière le Bloc.
En fait, le Québec est la seule province (ou région
puisque l’on prend les quatre provinces de l’Atlantique
ensemble) où les conservateurs ne mènent pas dans les
intentions de vote.
Qu’à cela ne tienne, pour peu que vous rafliez la
majorité des sièges en Ontario. Si c’était bon pour Jean
Chrétien dans les années 90, ça l’est encore pour
Stephen Harper aujourd’hui.
Les libéraux peuvent continuer à s’illusionner en se
répétant que le pouvoir leur retombera naturellement
dans les mains sous peu, ils ne pourront encore très
longtemps faire l’économie d’un vrai débat sur la
nécessité d’unir les forces politiques de centre gauche
(eh oui, avec le NPD).
Si le regroupement de la droite a été bon pour Stephen
Harper au début des années 2000, celui du centre gauche
est peut-être bien la seule avenue qui reste aux
libéraux s’ils veulent éviter un long séjour dans
l’opposition. Pour joindre notre chroniqueur :
Je veux voter ! - Jean-Serge
Baribeau
De nombreux Canadiens et Québécois trouvent que nous
avons voté trop souvent au cours des dernières années. Moi, je
pense qu’il faut des élections fédérales le plus tôt possible.
Le gouvernement Harper, minoritaire, est toxique, régressif et
réactionnaire. Il y a un enjeu on ne peut plus clair et plus
précis : celui de savoir si nous voulons que le Canada, à
l’intérieur et à l’extérieur, devienne un pays qui renie des
décennies de politique passablement progressiste. Une
éventuelle élection serait presque référendaire : voulons-nous
qu’un gouvernement régressif et « baveux » continue à tenter
d’imposer sa vision idéologique de droite presque extrémiste,
sinon clairement extrémiste ? Le drame, c’est que le Parti
libéral semble rester un parti plutôt décomposé, dirigé par un
chef passablement ambigu. Sans construire une coalition
tricotée serrée, il faudrait que les libéraux, les bloquistes
et les néo-démocrates s’entendent pour mettre un terme aux
agissements de ces conservateurs, éminemment rétrogrades.
Manque d’éthique - André Melançon
Le premier ministre Harper a réussi, en quelques brèves
années de pouvoir, à détruire et à massacrer toute l’action
internationale qu’avaient patiemment élaborée Lester B.
Pearson (premier ministre du Canada et Prix Nobel de la paix)
et ses successeurs. Cette ouverture au monde et ces
initiatives du Canada qui ont marqué les années 60 et 70, il
aura suffi de quelques mois d’ineptie et d’un manque total
d’éthique pour les rayer de l a carte du monde. Un monde qui
se questionne de plus en plus sur ce douteux changement de cap
et sur cette absence de moralité politique.
Le PLC dépose sa motion pour renverser le
gouvernement
OTTAWA —
Les libéraux fédéraux sont allés de l’avant avec leur
souhait de renverser le gouvernement minoritaire de
Stephen Harper et ont présenté hier après-midi une motion
de censure au Parlement. Mais leur projet pourrait être
rapidement court-circuité par les néo-démocrates, dont
l’appui aux conservateurs semble de plus en plus assuré.
À sa sortie des Communes, le leader du Nouveau Parti
démocratique, Jack Layton, a refusé de se prononcer sur
les intentions de son parti tant que ses troupes n’auront
pas évalué la motion des libéraux. Mais le chef a réitéré
que son parti préférait faire adopter de nouvelles mesures
d’aide aux chômeurs plutôt que de déclencher des
élections.
« Si on peut aider des milliers de gens avec un milliard
de dollars, d’après moi, on doit le faire, parce que nous
l’avons demandé. (...) Nous allons travailler très fort
pour atteindre cet objectif », a dit M. Layton.
Les troupes néo-démocrates tiennent cependant à faire
planer le mystère et maintiennent que plusieurs options
demeurent sur la table. Une décision pourrait être
annoncée dès aujourd’hui, selon l’attaché de presse du
parti, Marc-André Viau. Mais on concède malgré tout qu’un
scrutin automnal demeure fort peu probable.
Même si l’appui des néodémocrates au gouvernement sembla
it presque ga ra nti , les libéraux ont néanmoins décidé
de se lancer dans un processus qui pou rra it se solder
par la chute du gouvernement, le jour même où le premier
ministre Stephen Harper déposait son troisième rapport
d’étape du plan de relance économique.
C es bi la
n s t r i mest r iels étaient une condition imposée en j
uin par les libéraux en échange de la survie du
gouvernement conservateur. Mais le document n’a pas semblé
satisfaire le leader libéral. Michael Ignatieff a cité au
passage l’explosion du déficit fédéral depuis le dernier
budget, en j anvier – qui atteint maintenant 56 milliards
–, et la hausse du taux de chômage, notamment chez les
jeunes.
«Nous sommes fatigués de ce genre de jeux politiques. Nous
voulions une réelle imputabilité, un gouvernement qui dit
la vérité aux Canadiens. Nous en avons assez, et donc nous
allons déposer aujourd’hui (lundi) une motion de censure
très simple qui dit que ce parti, le Parti libéral du
Canada, ne peut pas continuer d’avoir confiance dans le
gouvernement», a expliqué M. Ignatieff après la période
des questions.
L e prem ier m i n ist re a cependa nt regretté que le
Parti libéral s’oppose au bilan économique avant même de
l’avoir consulté et a du même souffle traité le leader
libéral d’irresponsable.
« C’est dommage, j e crois que les Canadiens s’attendent à
mieux, à ce qu’en temps de difficultés économiques les
membres du Parlement de tous les partis travaillent fort
en matière d’économie, et non à ce qu’ils jouent à ce
genre de jeux politiques », a dit M. Harper.
Le Bloc québécois devrait voter en faveur de la motion
puisque Gilles Duceppe clame qu’il n’a aucune confiance
dans le gouvernement de M. Harper. L’appui d’un seul parti
suffit au gouvernement pour assurer sa survie. La motion
sera débattue jeudi et le vote pourrait se tenir le jour
même ou lundi prochain.
Le plan de relance est engagé à 90 %
OTTAWA —
Le gouvernement Harper affirme avoir engagé 90 % des 29
milliards de dollars en fonds consacrés aux mesures de
stimulation économique pour les années 2009 et 2010.
PHOTO ANDREW VAUGHAN,
PC
Stephen
Harper et le ministre des Finances Jim Flaherty
étaient de passage hier midi à Saint-Jean, au
NouveauBrunswick. Selon le premier ministre,
l’économie canadienne montre des signes encourageants,
mais beaucoup de travail reste à faire.
Dans le troisième rapport d’étape présenté par le
premier ministre Stephen Harper hier midi à Saint-Jean,
au Nouveau-Brunswick, Ottawa a indiqué que l’économie c
a nad ien ne mont ra it des signes encourageants, mais
que beaucoup de travail restait à faire.
Par ailleurs, contrairement à ce qu’ont affirmé les
libéraux la semaine dernière, le gouvernement soutient
que 84 % des 9,6 milliards alloués aux projets
d’infrastructures ont été engagés.
Les libéraux ont en effet rendu publique une enquête i
nter ne da ns laquel le ils affirment que seuls 12 % des
fonds destinés aux projets d’infrastructures ont
réellement été dépensés. Ils ont aussi dénoncé le fait
que les circonscriptions conservatrices recevaient plus
que leur part du pactole.
Mais le gouvernement avait une autre version, hier. « Le
gouvernement a conclu presque toutes les ententes
requises visant à permettre aux provinces, aux
territoires, aux municipalités et aux autres partenaires
de les mettre en oeuvre», peuton lire dans le document
d’environ 150 pages.
« Le moment où se déroulera le gros de la mise en oeuvre
dépend de la vitesse à laquelle les provinces, les
territoires et les municipalités réaliseront des
progrès. »
Le
ministre des Transports, Joh n Ba i rd , a tenté
d’expliquer ainsi la distinction entre dépenses «
engagées » et dépenses « réelles ». « Je vais vous
donner un exemple », a-til dit, en prenant celui du
crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle.
« Est-ce que l’argent a été payé ? Non, mais les gens
partout au pays gardent leurs reç us pou r le te mps des
impôts. Donc, même si l’argent n’est pas sorti des
coffres, les Canadiens ont eu le feu vert pour dépenser
sur les projets d’infrastructures. Nous payons nos
factures dans les 30 jours. »
Rapport critiqué
Tous les partis de l’opposition ont critiqué le rapport
du gouvernement. « Assez de jeux. Nous allons déposer
une motion de censure très simple plus tard dans la
journée », a déclaré le chef libéral, Michael Ignatieff.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a une fois de
plus déclaré que le plan d’action économique du
gouvernement ne défendait pas les intérêts du Québec.
« Je vou s don ne pou r exemple la page 142, a-t-il dit.
Pour l’automobile, il y a eu 9 milliards, 718 millions
de dollars d’engagés, donc 100 % de ce qui avait été
prévu. Pour la forêt, 70 millions, dont 57 [millions]
d’engagés . Vous voyez la disproportion. »
Une motion de censure brève et sans artifice
- Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
Les libéraux de Michael Ignatieff maintiennent le cap pour
renverser le gouvernement Harper cet automne, même si le
NPD ne semble pas prêt à appuyer cette démarche pour le
moment.
Les stratèges libéraux ont d’ailleurs arrêté leur décision
quant au libellé de la motion de censure qu’ils déposeront
la semaine prochaine envers le gouvernement minoritaire
conservateur. Cette motion sera toute simple, très brève
et sans artifice, afin de faire pression sur les
néo-démocrates de Jack Layton pour qu’ils l’appuient.
Selon des informations obtenues par La Presse, hier, la
motion se lira comme suit: « Que la Chambre des communes
n’a plus confiance dans ce gouvernement. »
« La motion de censure sera une phrase très simple. Nous
ne voulons pas donner un seul prétexte à Jack Layton et au
NPD de ne pas l’appuyer », a confié hier un stratège
libéral sous le couvert de l’anonymat.
Le Parti libéral compte déposer cette motion de censure
durant la journée de l’opposition qui lui sera attribuée
deux jours après le dépôt du troisième rapport du ministre
des Finances, Jim Flaherty, sur l’état de l’économie. En
principe, M. Flaherty doit déposer ce rapport aux Communes
le 28 septembre.
Pour se
maintenir au pouvoir, les conservateurs ont besoin de
l’appui d’un des trois partis de l’opposition. Le Parti
conservateur détient 143 des 308 sièges, soit 12 de moins
que la majorité requise pour gouverner sans devoir faire
des compromis.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a déjà indiqué
que ses troupes voteront en faveur de la motion des
libéraux si celle-ci exprime clairement que le
gouvernement Harper ne jouit plus de la confiance de la
Chambre. Les libéraux doivent donc s’assurer de l’appui du
NPD afin de mettre fin au règne des conservateurs à
Ottawa.
Mais le NPD a annoncé la semaine dernière qu’il ne
provoquerait pas d’élections tant que les nouvelles
mesures proposées par le gouvernement Harper pour
améliorer le programme d’assurance emploi n’auront pas été
adoptées. Concrètement, cela veut dire que les troupes de
Jack Layton, qui ont toujours voté contre les propositions
des conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006,
pourraient soit s’abstenir de voter sur la motion de
censure ou carrément appuyer le gouvernement minoritaire
de Stephen Harper.
Lasemainedernière, laministre des Ressources humaines,
Diane Finley, a déposé le projet de loi C-50 afin
d’injecter 935 millions dans le programme d’assurance
emploi et permettre à certains travailleurs d’obtenir
entre cinq et 20 semaines de prestations de plus. Cette
mesure temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et
serait rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en
vigueur. Le projet de loi est à l’étape de la deuxième
lecture.
Vendredi dernier, le gouvernement Harper a aisément
survécu à son premier vote de confiance de la session
parlementaire après que le Bloc québécois et le NPD eurent
voté en faveur de la motion de voies et moyens visant à
mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget, dont
le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire, très
populaire au pays. Tous les députés libéraux présents aux
Communes ont voté contre.
Toutefois, le Bloc québécois n’a pas l’intention d’appuyer
le gouvernement Harper lors des autres votes de confiance.
Au cours des prochaines semaines, l’avenir du gouvernement
conservateur reposera donc entre les mains du NPD.
Les libéraux veulent forcer la cadence -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
Les libéraux de Michael Ignatieff redoublent d’efforts
afin d’éliminer, une à une, les raisons qu’invoque le NPD
pour soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen
Harper à la Chambre des communes.
Toujours aussi déterminés à provoquer des élections
fédérales cet automne, les libéraux ont ainsi proposé
d’accélérer l’adoption du projet de loi C-50 permettant
d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations pour
les travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi.
L e chef du N P D, Jack Layton, a fait savoir mercredi que
son parti ne participera à aucun effort des autres
formations politiques visant à forcer la tenue d’un
quatrième scrutin en cinq ans tant que ce projet de loi ne
sera pas adopté.
L e s con ser vateu r s , qu i détiennent 143 des 308
sièges, ont besoin de l’appui d’un parti de l’opposition
pour se maintenir au pouvoir. Les libéraux, de leur côté,
comptent déposer une motion de censure contre le
gouvernement Harper, au début du mois d’octobre, et le
Bloc québécois entend appuyer cette démarche.
« Nous ne voulons pas donner à M. Layton quelque alibi que
ce soit », a lancé en matinée hier Michael Ignatieff.
Du même souffle, le chef libéral a réitéré sa ferme
intention de déposer une motion de censure à la première
occasion. «Oui, il y aura un vote de défiance dans
quelques semaines parce que nous avons clairement dit que
nous n’avons plus confiance dans ce gouvernement.»
Su r l’heu re du midi, le leader parlementaire du
gouvernement à la Chambre, le ministre Jay Hill, a
convoqué ses homologues des autres partis afin de proposer
d’adopter à toute vitesse le projet de loi C-50. Le NPD et
le Parti libéral ont donné leur accord, mais le Bloc
québécois, qui juge les mesures proposées nettement
insuffisantes, s’y est finalement opposé.
M. Hill
était prêt à ce que les Communes adoptent ce projet de loi
en deuxième lecture dès hier et qu’un comité parlementaire
le passe au peigne fin la semaine prochaine, même si les
Communes ne siègent pas, mais cette proposition n’a pu
faire l’unanimité. Tous les partis doivent accepter que
les procédures normales soient modifiées pour accélérer
l’adoption d’un projet de loi.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a
déposé mercredi le projet de loi en question qui
permettrait à Ottawa d’injecter 935 millions de dollars
afin d’accorder à certains travailleurs entre cinq et
vingt semaines de prestations de plus. Cette mesure
temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et serait
rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en
vigueur.
Avant d’entrer en vigueur, un projet de loi doit franchir
trois lectures à la Chambre des communes et ensuite être
approuvé par le Sénat après trois lectures également.
Les libéraux ne baissent donc pas les bras même si le NPD
a indiqué vouloir éviter des élections générales tant que
le projet de loi C-50 n’a pas été sanctionné.
En privé, les libéraux affirment vouloir profiter de cette
volte-face du NPD, lui qui a toujours voté contre toutes
les mesures proposées par les conservateurs depuis leur
arrivée au pouvoir en 2006, pour discréditer les troupes
de Jack Layton.
Les stratèges libéraux n’ont d’ailleurs toujours pas
digéré la décision de M. Layton de s’a llier avec les
conservateurs et le Bloc québécois en novembre 2005 pour
renverser le gouvernement minoritaire libéral de Paul
Martin.
Cette décision a non seulement mis fin au règne libéral,
selon eux, mais a eu de graves répercussions sociales
puisque le gouvernement Harper a mis la hache dans le
programme national de garderies, mis sur pied par le
gouvernement Martin et les provinces, et refusé de donner
suite à l’accord de Kelowna. Cet accord, signé à la toute
veille de la campagne électorale de 2005-2006, visait à
investir cinq milliards de dollars sur 10 ans pour
extirper les peuples autochtones de la pauvreté. En outre,
la défaite des libéraux a relégué aux oubliettes les
efforts entrepris par Ottawa pour lutter contre les
changements climatiques, selon les stratèges libéraux.
« Nous avons une grosse crotte sur le coeur. Jack Layton
n’aura pas de cadeau de notre part», a affirmé un stratège
sous le couvert de l’anonymat.
Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les
députés reviennent à la Chambre des communes aujourd’hui pour
reprendre le boulot après deux mois et demi de congé. Mais
tous savent que leur séjour à Ottawa sera de courte durée. Des
élections sont inévitables. Le gouvernement minoritaire de
Stephen Harper pourrait tomber dès vendredi.
PHOTO PAUL DARROW, ARCHIVES
REUTERS
Le chef du Nouveau Parti démocratique,
Jack Layton, souhaite faire fonctionner le Parlement, mais
ne se fait pas d’illusions sur sa survie au-delà de
vendredi.
Le chef du NPD, Jack Layton, qui presse le premier ministre
Stephen Harper de mettre de l’eau dans son vin depuis
plusieurs jours afin d’éviter un quatrième scrutin fédéral en
cinq ans, s’est rendu à l’évidence au cours de la fin de
semaine. L’impasse entre le gouvernement minoritaire
conservateur et les trois partis de l’opposition est totale.
Les électeurs devront trancher.
M. Layton doit prononcer un discours ce matin devant son
caucus pour expliquer les priorités de son parti en cette
journée de rentrée parlementaire. Mais même s’il souhaite
faire fonctionner le Parlement, «il ne faut pas se bercer
d’illusions. Nous sommes à la veille d’élections, même si nous
n’en sommes pas encore tout à fait là», doit affirmer M.
Layton à ses troupes, selon ce qu’a appris La Presse.
Une source néo-démocrate a indiqué hier soir qu’aucune
discussion ou pourparlers n’a eu lieu entre des émissaires du
gouvernement Harper et les dirigeants du NPD pour trouver un
terrain d’entente. «Cela nous laisse croire qu’ils veulent
aussi des élections», a indiqué cette source.
Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD auront
d’ailleurs l’occasion de mettre fin au règne du gouvernement
Harper dès vendredi. Les conservateurs comptent mettre aux
voix une «motion de voies et moyens». Il s’agit d’un vote de
confiance puisqu’il vise à mettre en oeuvre des mesures
budgétaires, dont notamment le crédit d’impôt pour la
rénovation domiciliaire. Si le gouvernement perd ce vote, des
élections auront lieu le lundi 26 octobre.
Selon des
informations qui circulaient hier soir, le ministre des
Finances, Jim Flaherty, pourrait aussi déposer son troisième
rapport trimestriel sur l’état de l’économie vendredi. Ce
rapport serait aussi incorporé dans la motion de voies et
moyens pour être adopté.
Les libéraux de Michael Ignatieff, qui ont provoqué il y a
deux semaines cette valse rapide vers un autre scrutin, ont
continué leur offensive charme auprès des électeurs en fin de
semaine.
Ils ont lancé une nouvelle série de publicités hier sur le
site du Parti libéral et la page Facebook de Michael
Ignatieff. L’une des publicités traite de l’économie. Le chef
libéral y affirme que près d’un demimillion de Canadiens ont
perdu leur emploi depuis le début de la récession. Il souligne
aussi l’importance de conquérir de nouveaux marchés.
M. Ignatieff doit poursuivre aujourd’hui sa croisade en faveur
d’une campagne électorale; il prononcera un discours devant le
Canadian Club expliquant sa vision sur l’économie.
De leur côté, les conservateurs chercheront cette semaine à
projeter l’image d’un gouvernement qui s’attelle à la tâche de
gérer les affaires de l’État en présentant de nouvelles
mesures relatives à l’assurance emploi et un projet de loi
pour sévir contre les bandits à cravate.
Les sondages n’ont pas refroidi les libéraux -
Joël-Denis Bellavance
Michael
Ignatieff a toujours l’intention de provoquer des élections
fédérales
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff demeurent fermes
dans leur volonté de provoquer la chute du gouvernement Harper
à la Chambre des communes – et de forcer des élections
fédérales cet automne – même si une série de sondages
démontrent qu’ils traînent derrière les conservateurs dans les
intentions de vote.
Un sondage Nanos-La Presse n’a pas refroidi l’ardeur des
stratèges libéraux hier, même s’il révèle que les appuis au
Parti conservateur ont bondi de six points depuis que le chef
libéral Michael Ignatieff a brandi la menace de renverser le
gouvernement Harper à la première occasion aux Communes.
Ce sondage accorde 37,5% des appuis aux troupes de Stephen
Harper contre 33,4% au Parti libéral et 14,8% au NPD. Au
Québec, le Bloc québécois domine toujours avec 37,3% contre
32,5% au Parti libéral, 19,3% au Parti conservateur et 8,9% au
NPD.
« Nous sommes toujours aussi déterminés à renverser ce
gouvernement. Nous avons hâte de faire mentir tous ces
sondages. Michael Ignatieff a lui-même très hâte d’en découdre
avec les conservateurs. Le chef est mentalement prêt à y aller
et à livrer une bataille féroce », a affirmé hier à La Presse
un stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Le Parti libéral compte utiliser la journée de l’opposition
qui lui sera accordée deux jours après le dépôt du troisième
rapport du ministre des Finances Jim Flaherty sur l’état de
santé de l’économie, le 28 septembre, pour déposer une motion
de censure contre le gouvernement minoritaire de Stephen
Harper. Le Parti libéral a besoin de l’appui du NPD et du Bloc
québécois pour arriver à ses fins et tout indique qu’il
l’obtiendra. Le cas échéant, les élections auraient lieu le 9
ou le 16 novembre.
Toutefois, le
gouvernement Harper pourrait forcer la tenue d’un vote de
confiance dès la semaine prochaine, quand les Communes
reprendront leurs travaux, en déposant une motion pour adopter
les crédits budgétaires. Si tel est le cas, les élections
auraient lieu le 26 octobre. Mais des stratèges conservateurs
semblent avoir maintenant écarté cette option après l’avoir
évoquée la semaine dernière.
Reprise
Pour le moment, la stratégie des conservateurs, qui ne veulent
pas d’élections fédérales cet automne, est de démontrer aux
Canadiens qu’ils s’attellent à la tâche qui leur incombe de
gouverner le pays. « Les Canadiens ne veulent pas d’élections
qui pourraient fragiliser la reprise économique. Nous
maintenons le cap sur notre programme », a affirmé à La Presse
le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn.
Selon des sources, le gouvernement Harper compte donc déposer
des modifications au programme de l’assurance emploi et des
mesures pour durcir les peines imposées aux « criminels à
cravate » dès la semaine prochaine.
Pour sa part, le Bloc québécois intensifie sa campagne visant
à attaquer Michael Ignatieff. Des députés bloquistes ont
expédié des dépliants de la Chambre des communes dans
plusieurs foyers du Québec, aux frais des contribuables, dans
lesquels ils affirment que Michael Ignatieff et Stephen Harper
sont des « complices » pour dépouiller le Québec de ses
pouvoirs.
« Force est de constater que Michael Ignatieff suit les
sillons creusés par les Trudeau, Chrétien, Martin et Dion pour
ce qui est de dépouiller le Québec de ses pouvoirs »,
affirme-t-on dans ce dépliant. On y souligne que les libéraux,
comme les conservateurs, sont favorables à la création d’une
commission nationale des valeurs mobilières. Le dépliant a été
envoyé dans certains foyers de Gatineau par la députée
bloquiste de VaudreuilSoulanges, Meili Faille.
Trois discours en une semaine - Joël-Denis
Bellavance
Ignatieff
entend marteler le thème de l’économie
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, veut
donner rapidement le ton à la prochaine bataille électorale en
prononçant trois discours en moins d’une semaine à Ottawa, à
Montréal et à Toronto, à partir du 14 septembre. Le thème de
ces discours : l’économie, l’économie et encore l’économie.
PHOTO ANDY CLARK, REUTERS
Le chef libéral Michael Ignatieff
espère donner le ton à la prochaine campagne électorale à
l’occasion de trois discours à saveur économique à Ottawa, à
Montréal et à Toronto, à partir de la mi-septembre.
M. Ignatieff, qui a annoncé mardi que ses troupes avaient la
ferme intention de mettre fin au règne du gouvernement
conservateur minoritaire de Stephen Ha r per à la pre - mière
occasion, prononcera son premier discours devant le Canadian
Club d’Ottawa au prestigieux hôtel Château L au r ier, le 14
septembre, jour de la reprise des travaux parlementaires.
Il doit aussi prononcer un discours à saveur économique le 21
septembre devant le Canadian Club de Toronto. Les stratèges
libéraux planchent sur un troisième discours qui sera prononcé
à Montréal, selon des informations obtenues par La Presse.
« Ces discours donneront le ton à la prochaine campagne
électora le. M ichael Ignatieff présentera sa vision
économique et rappellera le bila n i mpression na nt des
libéraux en matière de gestion des finances publiques, en
particulier l’élimination du déficit », a expliqué hier un
stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Dans les années 90, le gouvernement libéral de Jean Chrétien a
éliminé un déficit de 42 milliards en quatre ans en réduisant
les dépenses, notamment les paiements de transfert aux
provinces. Cette semaine, les libéraux ont promis de venir à
bout de ce boulet financier sans augmenter les impôts des
contribuables et sans sabrer dans les transferts aux
provinces.
LesconservateursdeStephen deau fiscal des Canadiens.
De passage à Vancouver, hier, le chef libéral a d’ailleurs
donné toutes les indications que l’état de santé de l’économie
serait l’un des principaux thèmes de sa campagne. « Nous
allons sortir de cette récession. Mais la question est de
savoir qui est le mieux placé pour diriger le Canada durant la
reprise. » Harper ont aussi affirmé qu’ils comptent venir à
bout du déficit en tablant essentiellement sur une reprise de
l’économie, sans réduire les paiements aux provinces ou
augmenter le far-
« L’é c o n o
m ie souffre encore. Un million et demi de Canadiens se
cherchent du travail. Les faillites sont en hausse de 50 %.
Nous accusons un déficit de 50 milliards. Et l’OCDE affirme
que nous aurons la reprise la plus longue et la plus pénible
des pays membres. Nous sommes d’avis que ce n’est pas
suffisant et nous pouvons faire mieux », a soutenu M.
Ignatieff durant un point de presse.
« Nous allons sortir de cette récession. Mais la question est
de savoir qui est le mieux placé pour diriger le Canada durant
la reprise. En matière de lutte contre le déficit, nous avons
de la crédibilité. Nous avons hérité d’un déficit de 42
milliards de Brian Mulroney et du dernier gouvernement
conservateur, et nous l’avons éliminé sans augmenter les
impôts. Nous allons hériter d’un déficit dépassant les 50
milliards de M. Harper et nous allons l’éliminer. Nous l’avons
fait dans le passé et nous allons le refaire », a-t-il ajouté.
Des partis aux aguets
Même si le signal du départ n’a pas encore été officiellement
donné, tous les partis politiques se préparent à se lancer en
campagne à la mi-septembre. Le Parti conservateur, le Parti
libéral et le NPD ont nolisé des avions, des autocars et mis
sur pied leur cellule de guerre pour répondre aux attaques des
uns et des autres. Le Bloc québécois a aussi nolisé des
autocars et la nomination des candidats va bon train.
Les libéraux ont promis de déposer une motion de censure
envers le gouvernement Harper au début d’octobre. Mais les
conservateurs pourraient forcer un vote de confiance plus tôt,
le 17 septembre, en déposant une motion de voies et moyens
pour adopter les crédits budgétaires et mettre en oeuvre
certains éléments du dernier budget.
Le cas échéant, le prochain scrutin fédéral (le quatrième en
cinq ans) aurait lieu le 26 octobre. D’ores et déjà, la lutte
s’a nnonce serrée entre les conservateurs et les libéraux, que
plusieurs sondages placent au coude à coude dans les
intentions de vote à l’échelle du pays
Au Québec, un coup de sonde réalisé par la firme Léger
Marketing et publié dans Le Devoir accorde 35 % au Bloc
québécois, 30% au Parti libéral, 16% au NPD et 16% au Parti
conservateur.
Au chapitre de la confiance des Québécois envers les chefs, le
bloquiste Gilles Duceppe arrive en tête avec 32%, suivi du
néo-démocrate Jack Layton avec 23%. Michael Ignatieff inspire
confiance à 14% des personnes interrogées, et Stephen Harper
arrive dernier avec 12%.
Le PLC n’augmentera pas les impôts - Hugo de
GrandPré
Michael
Ignatieff promet tout de même de « nettoyer » le déficit
SUDBURY, Ontario — Le chef libéral, Michael Ignatieff, promet
de payer le déficit laissé par le gouvernement Harper sans
augmenter les impôts.
PHOTO SEAN KILPATRICK, LA
PRESSE CANADIENNE
À la fin du caucus libéral hier à
Sudbury, Michael Ignatieff a embrassé un poupon de sept
semaines que lui a présenté sa femme, Zsuzsanna Zsohar.
À peine une journée après avoir annoncé qu’il tenterait de
défaire le gouvernement au Parlement à la première occasion,
M. Ignatieff a ainsi pris ses distances d’une position
controversée qu’il avait adoptée plus tôt cette année.
En avril, le chef libéral avait évoqué la possibilité de
devoir augmenter les impôts pour rembourser le déficit de
quelque 50 milliards de dollars prévu par le gouvernement. Ses
adversaires politiques, en particulier les conservateurs,
avaient sauté sur l’occasion pour l’attaquer dans les médias.
Or, en point de presse à Sudbury au terme d’une réunion du
caucus de son parti, Michael Ignatieff a tenu à mettre les
pendules à l’heure – et à clarifier d’emblée une question
susceptible de revenir le hanter dans une campagne électorale.
«Nous avons déjà été dans la même position, a-t-il dit. Nous
avons hérité d’un déficit de 42 milliards de dollars de M.
Mulroney et nous avons dû le nettoyer, et nous l’avons fait
sans augmenter les impôts. Nous avons hérité d’un trou de 50
milliards de dollars de M. Harper et nous allons le nettoyer
sans augmenter les impôts.» Le chef libéral n’a cependant pas
précisé comment il comptait rembourser ce grand déficit,
résultat de la crise économique et du besoin d’augmenter les
dépenses gouvernementales pour stimuler l’économie.
«Attendez pour voir», a-t-il seulement lancé.
Les conservateurs ont réagi en fin de journée en affirmant que
la dernière fois que les libéraux ont voulu rembourser la
dette, dans les années 90, ils l’ont fait en réduisant les
transferts aux provinces en matière de santé et d’éducation.
Pas de déclic soudain
M. Ignatieff
a partagé pour la première fois hier midi ses réflexions après
avoir causé une commotion, mardi, en annonçant qu’il
n’appuierait plus le gouvernement Harper et tenterait de le
défaire à la première occasion.
« Il n’y a pas eu de déclic soudain », a-t-il expliqué en
parlant du moment où il a pris sa décision, qu’il a décrite
comme étant irréversible. Il dit avoir consulté plusieurs de
ses collègues durant l’été et réfléchi longtemps et calmement,
en plus de parler aux Canadiens durant sa tournée estivale.
Cette décision l’a néanmoins forcé à annuler le voyage qu’il
prévoyait faire en Chine avec une délégation de députés entre
le 6 et le 9 septembre. «Nous voulons voir comment la
situation politique se développe. M. Harper a des cartes à
jouer, M. Duceppe a des cartes à jouer, M. Layton a des cartes
à jouer et il me paraît responsable d’être ici pendant que ces
questions se clarifient», a-t-il dit.
Le NPD a évoqué mardi la possibilité de collaborer avec le
gouvernement pour empêcher des élections. «Ça leur appartient
de décider. Je ne peux pas décider pour les autres partis », a
réagi Michael Ignatieff, peu bavard sur le sujet.
Outre la question du déficit, M. Ignatieff a donné un autre
aperçu de sa plateforme électorale, cette fois-ci sur la
question de l’environnement. Prenant clairement ses distances
face aux politiques de son prédécesseur, il a précisé sa
préférence pour un système de quotas et d’échanges ( cap and
trade) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. «
Le geste qui doit être fait est d’établir un système
continental de quotas et d’échanges », a-t-il insisté.
Il a aussi prêché en faveur d’un plan d’action pour nettoyer
les plans d’eau canadiens le plus rapidement possible. « Vous
verrez un plan environnemental très robuste dans notre
plateforme quand les élections viendront», a-t-il promis.
« Unis » derrière le chef
L a décision de M ichael Ignatieff de provoquer des élections
n’a pas plu à tous les membres de son parti. Certains députés
et sénateurs, particulièrement en Ontario, lui avaient
clairement fait savoir qu’ils auraient préféré attendre encore
un peu. Néanmoins, les libéraux ont tenté de projeter une
image d’unité et d’harmonie, hier, au terme de ce caucus
mouvementé.
Le sénateur David Smith est l’un d’eux. L’organisateur avait
déclaré qu’il serait irresponsable de tenter de déclencher des
élections de manière continuelle, s’est dit serein de la
décision du chef. « Je pense que la décision est de première
classe ! » s’est-il exclamé.
Québec veut des gestes concrets d’Ottawa - Tommy
Chouinard
— Le
gouvernement Charest profite de la fièvre électorale à Ottawa
pour mettre de la pression sur les partis fédéraux, les
conservateurs de Stephen Harper en particulier.
QUÉBEC
Ottawa doit accepter de verser à Québec une compensation
financière de 2,6 milliards de dollars pour l’harmonisation de
la TPS et de la TVQ avant le déclenchement probable des
élections cet automne, a affirmé hier le ministre responsable
des Affaires intergouvernementales canadiennes, Claude
Béchard.
D’ici à ce que les machines électorales démarrent, d’autres
dossiers, qui traînent en longueur, doivent être « réglés »
selon lui. Il veut que le gouvernement Harper donne le feu
vert à certains travaux d’infrastructures et lui cède la
propriété des terrains devant le parlement, à Québec.
À l’entrée d’une réunion du Conseil des ministres, M. Béchard
a voulu lancer un appel à l’ensemble des partis fédéraux. Mais
cet appel visait surtout les troupes de Stephen Harper.
« On a une
période préélectorale où tous les partis politiques à Ottawa
ont une belle occasion de faire ce qu’on appellerait du
fédéralisme de crédibilité. Avant de venir nous promettre quoi
que ce soit en campagne électorale, il y a peut-être un
certain nombre de gestes à faire avant pour donner de la
crédibilité à leurs promesses qu’ils vont faire en campagne »,
a-t-il affirmé.
Puis, Claude Béchard a énuméré des dossiers qui doivent être «
réglés » avant un éventuel scrutin, ce qui interpelle
seulement le gouvernement conservateur. « On pense à
l’harmonisation de la TVQ et de la TPS. Ça fait longtemps
qu’on en parle. Qu’on le règle donc avant au lieu de nous
promettre en campagne électorale qu’on va le régler », a-t-il
expliqué. Québec réclame une compensation de 2,6 milliards de
dollars pour avoir harmonisé sa taxe de vente provinciale à la
TPS dans les années 90.
Claude Béchard veut aussi clore les discussions sur la
cessation des terrains deva nt le pa rlement qui appartiennent
toujours à Ottawa. Des annonces en infrastructures doivent
aussi être faites avant les élections, a-t-il ajouté,
interpellant là encore le gouvernement Harper. « Ce qu’on
souhaite, c’est qu’on se donne tout le monde la possibilité de
régler des choses pour que, quand on va arriver en campagne
électorale et qu’on va nous promettre ci et ça, on va se baser
sur un bilan. »
Claude Béchard demande à tous les partis politiques fédéraux
de se prononcer sur certains enjeux comme la création d’une
commission pancanadienne des valeurs mobilières, un projet
cher aux conservateurs mais auquel s’oppose Québec.
La priorité : reconstruire le parti - Joël-Denis
Bellavance
Michael Ignatieff écarte maintenant l’idée d’élections à
brève échéance
OTTAWA —
Après avoir vainement tenté de renverser le gouvernement
conservateur minoritaire de Stephen Harper, en octobre,
les libéraux de Michael Ignatieff écartent maintenant
l’idée d’élections à brève échéance. I ls ont décidé
d’accorder la priorité à la reconstruction de leur parti
afin de mieux reconquérir le pouvoir, après avoir vu leurs
appuis chuter de manière spectaculaire dans les sondages
depuis quelques mois.
La tenue d’une conférence de grands penseurs, initialement
prévue à la mi-janvier et maintenant remise à la fin de
mars à Montréal, sera la pierre angulaire de ces efforts
de reconstruction.
Dans un courriel envoyé à tous les militants libéraux du
pays, le chef libéral Michael Ignatieff a confirmé hier la
tenue de cette conférence, du 26 au 28 mars dans la
métropole, qui aura comme thème « Les 150 ans du Canada:
relever le défi ».
Ce faisant , M. Ignatieff s’inspire des Jean Chrétien et
Lester B. Pearson pour remettre le PLC sur les rails. En
1991, Jean Chrétien, alors dans l’opposition, avait
organisé une conférence d’experts à Aylmer qui a donné
naissance au fameux Livre rouge du Parti libéral, une arme
redoutable que les libéraux ont utilisée durant la
campagne électorale de 1993. Le Livre rouge a connu un tel
succès que les libéraux en ont rédigé un deuxième en vue
des élections de 1997 et un troisième en 2000. Et les
libéraux de Jean Chrétien ont remporté trois victoires
majoritaires de suite.
En 1960, Lester B. Pearson, également dans l’opposition,
avait aussi réuni de grands penseurs à l’occasion de la «
conférence de Kingston ». Élu à la tête d’un gouvernement
minoritaire en 1963 et en 1965, M. Pearson a lancé des
réformes sociales avantgardistes, notamment l’accès
universel aux soins de santé; les prêts aux jeunes
désireux de faire des études postsecondaires ; le
bilinguisme ; le régime de pensions du Canada. Son
gouvernement a aussi adopté le drapeau canadien.
« La
conférence de trois jours, qui s’inscrit dans la tradition
de la conférence de Kingston de 1960 et de la conférence
d’Aylmer de 1991, invitera des penseurs progressistes et
des militants représentant une large part de la société
canadienne pour discuter des défis fondamentaux auxquels
le Canada fait face dans une nouvelle ère d’incertitude et
de bouleversements économiques mondiaux. La conférence
sera une étape clé dans l’élaboration de la plateforme du
Parti libéral pour la prochaine élection générale », a
écrit M. Ignatieff dans son courriel aux militants.
En prévision de cette rencontre, le chef libéral
effectuera une tournée du pays en janvier, et rencontrera
d’abord les jeunes dans les écoles secondaires, les
collèges et les universités. Le Parti libéral mettra sur
pied un site internet afin d’encourager les Canadiens à
soumettre des idées qui pourraient être abordées durant la
conférence.
Les députés libéraux ont pour leur part reçu le mandat
d’organiser des tables rondes et des assemblées publiques
dans leur communauté afin de prendre le pouls de leurs
électeurs.
Selon Michael Ignatieff, ce grand brassage d’idées
permettra au Parti libéral de se donner les outils pour
gouverner le pays.
« Dans quelques années à peine, nous célébrerons le 150e
anniversaire de notre pays. Mais une question fondamentale
se pose: quel genre de pays serons-nous ? Et quel genre de
pays pouvons-nous être ? (…) Il ne s’agit pas seulement de
parler du genre de Canada que nous voudrions être en 2017,
mais aussi de ce que nous devons faire aujourd’hui et
demain pour y arriver », a soutenu M. Ignatieff.
Remontée conservatrice - LYSIANNE GAGNON
Un
gouvernement conservateur solidement majoritaire, qui tire
sa force de l’Ontario et de l’Ouest, pendant que le Parti
libéral s’étiole à l’ouest de l’Ontario sans même parvenir
à faire des gains dans un Québec plus que jamais en
retrait, toujours dominé par le Bloc…
Tel est le portrait qui aurait résulté d’élections
automnales, si les libéraux avaient réussi dans leur
tentative masochiste de renverser le gouvernement.
Selon Strategic Council, les conservateurs de Harper ont
13 points d’avance sur les libéraux sur la scène
pan-canadienne, le PLC se retrouvant aussi mal pris sous
la gouverne d’un Michael Ignatieff dont il attendait
pourtant mer et monde, que sous celle de Stéphane Dion.
Pendant que le PLC plafonnait, le PC a pris une avance qui
lui permettrait de former un gouvernement majoritaire.
Pour ce qui est du Québec, il faut plutôt se fier au
sondage de CROP, antérieur de deux semaines à celui du
Strategic Council, mais qui a le mérite de reposer sur un
échantillon de 1000 personnes. Ce sondage montre lui aussi
la dégringolade des libéraux – une dégringolade que les
sorties belliqueuses de Denis Coderre et le cafouillage
dans Outremont ont certainement accentuée. Malgré ses
indéniables qualités, Marc Garneau, le nouveau bras droit
de M. Ignatieff au Québec, n’a pas les atouts nécessaires
(soit l’expérience politique et la connaissance du
terrain) pour faire des miracles.
Logiquement,
le vote fédéraliste se déplace vers les Tories, dont la
cote a remonté de quatre points en un mois. M. Harper a
appris de ses erreurs, l’économie ne va pas aussi mal que
prévu, le premier ministre a bonne presse – et il n’a pas
renoncé au Québec.
Il a commencé à faire la paix avec Brian Mulroney, qui
reste l’incontournable figure de proue pour les «bleus» du
Québec. Cameron Charlebois, un acteur important dans le
paysage urbanistique, vient d’être nommé à la tête de la
Société immobilière du Canada (section Québec), et va
s’attaquer aux fameux silos qui longent la rive
montréalaise du fleuve. Le Vieux-Port et ses environs sont
une responsabilité fédérale. Si l’on réussit à relever ce
secteur et à en faire un beau lieu d’activités mixtes
comme on l’a fait dans l’île Granville, à Vancouver, le
crédit de cette opération très visible en reviendra au
gouvernement Harper.
Dans le comté de
MontmagnyL’Islet–Kamouraska–Rivière-du-loup, où une
élection partielle aura lieu le 9 novembre, les
conservateurs ont déniché un candidat intéressant –
l’ancien maire de La Pocatière Bernard Généreux, un homme
jeune, dynamique et bien vu. La circonscription est
bloquiste (l’ancien député Paul Crête, en place depuis
1993, a eu 6500 voix de majorité en 2008), mais face à une
nouvelle venue, le PC pourrait afficher une meilleure
performance.
L’époque où la politique attirait des vedettes connues
partout dans la province est révolue. Le mieux qu’un parti
politique puisse espérer, c’est de recruter des gens
compétents et bien implantés dans leur milieu. Or, et
c’est bon signe, les conservateurs viennent d’attirer un
candidat de qualité dans un comté théoriquement «perdu»…
alors que les libéraux n’ont pas encore choisi le leur,
l’ironie étant que M. Généreux est libéral au provincial.
Le
sondage du Strategic Council contient d’autres mauvaises
nouvelles pour les libéraux. D’une part, le PLC recule
dans l’électorat féminin qui lui était pourtant
traditionnellement acquis. D’autre part, l’extrême
faiblesse du parti dans l’Ouest, et son recul en Ontario,
va profiter au NPD… Si le déclin du PLC se confirme, le
NPD pourrait être tenté par l’aventure électorale et
cesser de soutenir le gouvernement. M. Harper ne serait
que trop heureux de lui en fournir le prétexte.
La descente aux enfers - ALAIN DUBUC
Un sondage
du Globe and Mail d’hier montre que la lente glissade des
libéraux fédéraux s’est transformée en dégringolade. Après
avoir devancé les conservateurs de cinq points en mai
dernier, ils ont perdu cette avance au cours de l’été pour
se retrouver, à la veille de la rentrée des classes, cinq
points derrière leurs adversaires. Cet écart s’est
maintenant creusé à 13 points.
Il s’est donc passé bien des choses en un mois. Début
septembre, des élections générales à l’automne semblaient
inévitables. Et Michael Ignatieff pouvait raisonnablement
croire qu’en travaillant fort, il pouvait les remporter.
Quatre semaines plus tard, Stephen Harper, avec 41% des
intentions de vote contre 28% pour les libéraux, peut non
seulement compter sur une victoire, mais raisonnablement
croire qu’elle serait majoritaire.
Cela en dit long sur la volatilité extrême de l’électorat,
sur la difficulté de faire des prévisions, et sur les
dangers de croire que le temps présent peut nous dire ce
que l’avenir nous réserve. Tout peut donc encore changer.
Mais la descente aux enfers de M. Ignatieff est trop
brutale et trop marquée pour être portée au compte des
phénomènes passagers.
Il y a, dans la chute rapide de popularité des libéraux,
un élément conjoncturel : la réaction très négative des
électeurs aux tentatives de M. Ignatieff de renverser le
gouvernement. Non seulement les Canadiens ne voulaient pas
d’élections si rapprochées, ils en sont même au stade où
ils souhaitent un gouvernement majoritaire.
Rétrospectivement, la stratégie libérale a été
désastreuse. Mais c’est le genre de choses que l’on finira
par oublier.
Cet
incident a par contre révélé deux tendances lourdes, bien
plus menaçantes pour les libéraux. D’abord, le profond
désir de stabilité des citoyens. Par définition, cela
profite au gouvernement en place. Ensuite, le fait qu’il
n’est pas vrai, comme l’ont sans doute cru les stratèges
libéraux, que la récession affaiblirait le gouvernement.
Ici comme ailleurs, c’est le contraire qui semble se
produire. On le voit par exemple à la récente victoire
d’Angela Merkel en Allemagne.
D’autant plus que le gouvernement Harper s’est bien
acquitté de sa tâche. Le Canada s’en est sorti mieux que
les autres, sa reprise sera plus vigoureuse, et les
organismes internationaux félicitent le gouvernement
canadien pour ses politiques de relance. Les déboires des
libéraux ne s’expliquent pas seulement par leurs
faiblesses, mais aussi par la performance des
conservateurs.
Il est vrai que la stratégie de relance des conservateurs
a été imposée par les libéraux, et que le gouvernement
Harper a dû déposer un budget de type libéral pour éviter
d’être renversé. Mais le résultat est là. Et dans un
contexte où le principal enjeu politique reste la relance
économique, rien ne distingue foncièrement les libéraux
des conservateurs.
À ce contexte difficile s’ajoute un problème propre aux
libéraux. Le fait que le penseur respecté qu’est Michael
Ignatieff ne s’est pas transformé en politicien et en
leader. On a vu les carences du politicien dans l’incident
Cauchon-Coderre. Elles s’expliquent bien moins par le fait
que le chef est entouré de Torontois que parce que
celui-ci n’a pas eu l’instinct politique pour déceler un
problème, ni la détermination pour le régler avant qu’il
ne se transforme en crise.
Mais surtout, M. Ignatieff n’a pas réussi à bien expliquer
ce que serait un gouvernement libéral, et en quoi il se
distinguerait. C’est peut-être le calcul politique d’un
parti qui veut attendre avant de dévoiler son jeu. Bien
sûr, il y a les valeurs libérales et les évidentes
différences culturelles et idéologiques entre libéraux et
conservateurs. Mais ce n’est manifestement pas assez pour
convaincre l’électorat.
Qu’est-ce qui fait donc chanter M. Harper? -
VINCENT MARISSAL
Stephen
Harper est à la tête d’un gouvernement minoritaire
menacé de renversement. Il traverse la pire crise
économique depuis la Grande Dépression, ce qui creusera
le pire déficit de l’histoire du Canada.
M. Harper devrait avoir le moral dans les talons et son
parti devrait sombrer dans les sondages.
Au contraire, le Parti conservateur ne s’est jamais si
bien porté au Canada, et son chef s’est même permis un
rare moment de détente en public en chantant une toune
des Beatles avec Yo-Yo Ma, samedi soir, au Centre
national des arts d’Ottawa.
Qu’est-ce qui fa it donc chanter Stephen Harper (air
connu)?
Les sondages, dont le dernier Strategic Counsel publié
hier dans The Globe and Mail, qui donne 13 points
d’avance aux conservateurs sur les libéraux? Cela
contribue certainement à la bonne humeur du premier
ministre.
M. Harper n’a pas joué du piano ni chanté en public,
hier, pour célébrer ce nouveau sondage dévastateur pour
les libéraux, mais il a donné une entrevue à une radio
de Toronto pour suggérer aux partis de l’opposition
d’oublier leur projet de défaire son gouvernement.
Sont-ce les crises internes chez les libéraux qui
rendent M. Harper si guilleret et exubérant? (Enfin, on
se comprend: guilleret et exubérant pour le très
lymphatique Stephen Harper.)
Ça ne peut pas nuire au bonheur du premier ministre que
de voir son principal adversaire se couler lui-même en
lavant son linge sale en public.
Est-ce l’appui inusité du NPD qui réjouit à ce point M.
Harper ? Ironiquement, l’appui de Jack Layton rend
peut-être les conservateurs plus acceptables aux yeux
des électeurs qui les trouvent généralement beaucoup
trop à droite.
Tout cela peut certainement inciter M. Harper à
chantonner de plaisir. Mais il n’est pas soudainement
devenu un boute-entrain. Il est d’abord un tacticien. Et
pour un tacticien, il n’y a rien de plus satisfaisant
que de voir ses morceaux se mettre en place pendant que
ceux de l’adversaire explosent dans le plus grand
désordre.
Stephen Harper a pris des risques, ces derniers mois, et
ceux-ci s’avèrent aujourd’hui très payants.
Il a pris un risque, notamment, en parlant ouvertement
d’un gouvernement conservateur majoritaire, une idée qui
rebutait profondément l’électorat il y a quelques mois à
peine. Résultat: l’idée a fait son chemin, devenant
soudainement acceptable.
Fidèles
à leur stratégie, les conservateurs ont aussi lancé des
publicités négatives contre Michael Ignatieff, rappelant
notamment que le chef libéral a vécu hors du pays très
longtemps et l’accusant d’être hautain.
Visiblement, les pubs conservatrices ont fait mouche,
mais, pis encore, celles qu’ont lancées les libéraux en
réplique ont complètement manqué la cible, montrant un
Michael Ignatieff figé et mal à l’aise. La meilleure
défense, c’est bien connu, c’est l’attaque. Au lieu
d’essayer de répliquer aux insinuations des
conservateurs, les libéraux auraient mieux fait de s’en
prendre au bilan du gouvernement.
Stephen Harper a aussi dû sortir des sentiers
traditionnels des conservateurs en adoptant des mesures…
libérales pour affronter la récession. Il risquait ainsi
de déplaire à la base dure de son parti, les anciens
réformistes, mais il se rapprochait aussi du centre, ce
qui aura été finalement plus payant que dommageable.
La crise économique a forcé les conservateurs à migrer
vers le centre, ce qui les sauvera peut-être dans
l’électorat.
M. Harper se trouve maintenant à assouplir l’assurance
emploi, notamment en ouvrant la porte aux travailleurs
autonomes, tout en insistant lourdement sur des aspects
« loi et ordre », comme la traite des enfants et les
criminels à cravate, pour apaiser sa base électorale.
Pendant ce temps, la stratégie libérale s’effrite.
Encore le week-end dernier à Québec, Michael Ignatieff a
mitraillé le gouvernement à cause du déficit historique
qui s’annonce. Le hic, c’est que tout le monde sait que
ce déficit a été provoqué par la crise économique, pas
par la mauvaise gestion ou le gaspillage du gouvernement
conservateur. Par ailleurs, les libéraux peuvent
difficilement critiquer l’injection de milliards dans
l’économie puisqu’ils auraient fait exactement la même
chose.
Les libéraux essayent aussi de dépeindre Stephen Harper
comme un horrible monstre que les Canadiens détestent et
dont ils veulent se débarrasser au plus vite, au moment
où ceux-ci découvrent un pianiste un peu crispé, mais
pas bien méchant.
Cette mise en scène fait partie d’une opération charme
utilisée jadis pour Mike Harris (le chef de cabinet de
Stephen Harper, Guy Giorno, travaillait pour
l’ex-premier ministre ontarien) et nommée HOAG, pour
Hell of a Guy (un maudit bon gars!). Chose certaine,
l’opération Beatles de samedi soir a très bien
fonctionné.
Pendant que M. Harper projette l’image d’un leader relax
et en plein contrôle, les électeurs voient les libéraux
déchirés par les crises.
Les libéraux essayent très fort de faire passer Stephen
Harper pour un control freak (ce qu’il est, en effet),
mais Michael Ignatieff, lui, semble avoir perdu le
contrôle de son parti dans l’affaire Coderre, notamment.
Le pire pour les libéraux, c’est que les choses
s’amélioreront vraisemblablement pour les conservateurs
au cours des prochains mois. L’économie montre ses
premiers signaux positifs et, si le gouvernement survit
à l’automne, il pourrait aussi bénéficier de l’effet
olympique.
Même au Québec, où on note une légère remontée des
conser vateu rs , M. Ha r per pourrait abattre quelques
cartes payantes. Il pourrait annoncer, par exemple, une
entente (et un chèque de plus de deux milliards de
dollars) pour l’ha r monisation des taxes de vente avec
Québec.
On
dit aussi que l’entente Canada-Québec sur la culture est
bien avancée ( pour le transfert de certains pouvoirs en
culture à Québec) et pourrait être annoncée au moment
jugée opportun.
Le gouvernement Harper survit à un nouveau vote
- Malorie Beauchemin
OTTAWA —
Le gouvernement con ser vateu r de S tephen H a r per a s
u r vé c u à u n deuxième vote de blâme en deux semaines,
hier, grâce à l’appui des néo-démocrates, qui se disent
convaincus que ce geste permettra d’aider les chômeurs.
Comme prévu, le Bloc québécois a appuyé les libéraux de
Michael Ignatieff et voté en faveur d’une motion visant à
retirer la confiance de la Chambre envers le gouvernement.
Les députés du NPD de Jack Layton sont finalement restés
assis, et leur abstention a permis aux conservateurs de
remporter le vote controversé.
« Notre abstention reflète le désir de supporter les
chômeurs plutôt que de supporter le désir des libéraux
d’avoir des élections », a dit le député du NPD, Yvon
Godin, tout de suite après le vote.
Les néo-démocrates avaient annoncé depuis deux semaines
qu’ils ne feraient « rien pou r provoquer des élections »,
tant que les modifications au régime d’assurance emploi ne
seront pas adoptées. Le gouvernement conservateur a
promis, à la mi-septembre, d’injecter 900 millions de
dollars pour augmenter les prestations d’assurance emploi
pour les travailleurs de long ue du rée qu i ont perdu
leur emploi. Le projet de loi a été déposé, mais n’est pas
encore adopté par le Parlement.
Il y a deux semaines, bloquistes et néo-démocrates avaient
assuré la survie du gouvernement minoritaire en appuyant
une motion de voies et moyens qui comprenait notamment le
crédit d’impôt à la rénovation résidentielle.
Ignatieff cinglant
L a nça nt
le débat su r la motion de défiance, le chef de
l’opposition officielle, M. Ignatieff, a en matinée fait
le procès du gouvernement de Stephen Harper, expliquant
pourquoi, selon lui, la Chambre ne devait plus lui faire
confiance pour diriger les affaires du pays.
Dans un discours passionné, qui visait à marquer une
rupture avec la semaine difficile vécue dans le camp
libéral, après la démission fracassante de Denis Coderre
lundi, M. Ignatieff a été cinglant à l’égard du
gouvernement.
« Ce n’est pas seulement l’idéologie conservatrice, ce
n’est pas seulement leurs politiques, c’est la façon dont
ils font de la politique, a critiqué le chef libéral. Pour
eux, tous les adversaires sont des ennemis. On ne peut pas
faire fonctionner le Canada comme ça. On ne peut pas
diviser notre pays ainsi. »
M . Ignatieff a vivement c r it iq ué les position s du
gouvernement Harper sur les changements climatiques, sur
la Chine, sur l’ONU, sur le Québec, sur les Canadiens q u
i s e r e t r ouve n t pr i s à l’étranger.
Pou r le chef libéral, les conservateurs « ont perdu le
contrôle des finances publiques du pays », ils n’ont « pas
de plan pour sortir du déficit » et compromettent, ainsi,
la capacité du gouvernement canadien à venir en aide aux
aînés et protéger leurs pensions, à assurer un système de
santé adéquat et à aider les chômeurs.
« Nous méritons mieu x. Nous méritons un gouvernement de
compassion, de créativité, de collaboration, un
gouvernement qui unit les Canadiens, qui ne les divise pas
», a conclu le chef de l’opposition.
L’homme qui a « sauvé » le gouvernement -
Joël-Denis Bellavance
Des
élections fédérales semblaient inévitables cet automne
jusqu’à ce que le chef du NPD, Jack Layton, séduit par la
proposition des conservateurs d’accorder jusqu’à 20
semaines de plus de prestations d’assurance emploi à des
travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi, cause
la surprise en offrant de soutenir le gouvernement
minoritaire de Stephen Harper. M. Layton a dû se défendre
de renier ses principes à la suite de cette décision.
L’homme à la cravate orange s’est entretenu avec notre
chef de bureau à Ottawa, Joël-Denis Bellavance, à ce
sujet.
Q Beaucoup
PHOTO MARTIN MARTEL,
FOCUS 1
Après
avoir empêché des élections fédérales cet automne en
soutenant le gouvernement Harper, le parti de Jack
Layton est dans la ligne de mire des libéraux.
d’observateurs vous ont critiqué parce que vous avez
décidé de soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen
Harper. Avez-vous trouvé la rentrée parlementaire
difficile ? R Tous les j ours, j’ai pensé aux visages des
gens que j’ai rencontrés pendant l’été, même la semaine
dernière, qui me disaient, après une réunion : « J’ai
perdu mon emploi. J’ai 50 ans et je ne peux pas trouver un
autre travail. » J’ai vu des larmes sur les visages. Ils
m’ont demandé de faire quelque chose pour les aider. On me
pose des questions sur les sondages, ou encore à propos de
nos décisions sur les votes passés. Mais moi, je pense à
eux. Mercredi soir, j’étais à l’Université Queens. Une
jeune fille pensait qu’elle ne pourrait pas aller à
l’université parce que son père à Thunder Bay a perdu son
emploi. Son père devait choisir entre l’hypothèque ou les
frais de scolarité. Quand on pense à la possibilité
d’avoir 1 milliard de dollars pour ces familles, pour ces
personnes, je n’ai aucun doute au sujet de ce que nous
devons faire. On doit venir en aide à ces familles le plus
rapidement possible. Q Ces
attaques ne vous dérangent pas ? R J’ai vécu toute ma vie
avec des attaques. Il n’y a jamais eu un journal qui a
appuyé notre parti. Mais nous avons toujours progressé en
tant que parti, nous avons toujours augmenté nos appuis
durant les élections. Pourquoi ? Parce que nous tentons de
faire ce que les gens veulent de nous. Je n’ai rencontré
presque personne qui m’a dit que la première chose que
nous devions faire, c’était de provoquer d’autres
élections. Mais, d’un autre côté, beaucoup de gens nous
ont demandé de les aider. Je pense que le choix était
clair. Q Donc,
vous estimez avoir écouté la population, avoir fait passer
les intérêts de la population avant les intérêts des
partis politiques ? R C’est notre raison d’être. Nous
essayons d’être fidèles à ces principes. Sommes-nous
parfaits tout le temps ? Probablement pas. Nous sommes des
êtres humains. Mais nous faisons de notre mieux. C’est
pourquoi le caucus est content de ce qui arrive. Nos
militants nous appuient. Et les grands syndicats aussi. Q
Que
répondez-vous
à ceux qui disent que le NPD a abandonné son rôle de
conscience sociale du Parlement en appuyant un
gouvernement conservateur qui, selon les observateurs, a
mis du temps à réagir à la crise économique et qui, selon
les écologistes, a fait peu de choses pour lutter contre
les changements climatiques ? R Nous rejetons plusieurs
des politiques de M. Harper. Mais ce que nous sommes en
train de faire, c’est d’accomplir des résultats concrets
pour les gens. C’est toujours de cette façon que le NPD a
fonctionné. Pour nous, ce qui compte, ce sont les
résultats, pas nécessairement les apparences. Aussi, le
NPD a appuyé le premier projet de loi déposé par le
gouvernement Harper sur l’imputabilité. Nous avons proposé
des amendements. Les conservateurs les ont acceptés pour
régler le comportement inacceptable et la corruption des
libéraux. Q Est-
ce que les événements de cette semaine vous ont appris une
leçon concernant la façon de faire de la politique ? Vous
avez souvent reproché aux libéraux de soutenir les
conservateurs. Vous avez même préparé un gâteau pour
souligner le fait qu’ils avaient voté 79 fois avec les
conservateurs. Avec le recul, feriez-vous la même chose? R
Nous avons peut-être trop mis l’accent là-dessus. Mais
c’était pour démontrer que les libéraux n’obtenaient pas
de résultats. Dans le dernier budget, par exemple, les
conservateurs attaquaient les femmes, l’environnement, il
y avait beaucoup de choses qui nous inquiétaient. C’est
pourquoi nous avons souligné qu’il était inacceptable que
les libéraux appuient les conservateurs sans rien
accomplir, juste pour les maintenir au pouvoir. Q Depuis
votre décision, cette semaine, les libéraux vous attaquent
beaucoup. Vous êtes dans leur ligne de mire. R Nous avons
eu l’occasion de travailler avec les libéraux en formant
une coalition (en décembre dernier). Mais M. Ignatieff a
décidé de la rejeter pour ensuite appuyer M. Harper. Il a
rejeté l’occasion de travailler ensemble pour mettre au
pouvoir un gouvernement progressiste. Et maintenant, il
ose m’attaquer pour avoir demandé directement au premier
ministre et obtenu 1 milliard de dollars pour les chômeurs
qui sont menacés de perdre leur maison ou qui ne peuvent
mettre de la nourriture sur la table? Nous avons essayé de
faire fonctionner le Parlement avec le Parti libéral en
concluant une coalition. C’était une occasion en or. M.
Ignatieff a signé le document en disant qu’il acceptait la
coalition. Mais il a choisi M. Harper à la place, sans
rien obtenir en retour. S’il avait été sincère dans son
désir de remplacer M. Harper, il aurait pu le faire sans
provoquer d’élections. Q Vous répondez à un voeu de la
population en ne provoquant pas d’élections un an après le
dernier scrutin. Vous offrez aussi une certaine stabilité
à Ottawa. Mais pour combien de temps? R Cela va dépendre
du premier ministre Harper. Va-t-il retourner à ses
anciennes habitudes en refusant de travailler avec les
autres ? Ou va-t-il essayer de répondre aux propositions
réalistes et importantes qui sont sur la table en ce qui
concerne les pensions, les frais des cartes de crédit, les
changements climatiques ? S’il ne le fait pas, cela veut
dire qu’il veut des élections et il provoquera des
élections. S’il répond à nos propositions, cela indiquera
une volonté d’avoir un Parlement qui fonctionne au lieu
d’avoir un Parlement toujours en chicane.
Goodbye, la majorité! - LYSIANE GAGNON
Ainsi donc,
le NPD et le Bloc auraient « sauvé » le gouvernement
Harper? Mais non, ce sont les libéraux qui viennent d’être
sauvés!
Le défi d’Ignatieff au gouvernement était bien téméraire,
car les libéraux partaient en guerre sur un fort mauvais
pied. Par contre, avec plusieurs points d’avance dans les
sondages et face au néophyte qu’est Michael Ignatieff, les
conservateurs avaient ces temps-ci des chances réelles de
former un gouvernement majoritaire.
Le gouvernement Harper, ne l’oublions pas, n’est qu’à 12
sièges du seuil requis pour la majorité. Or, le PLC
d’Ignatieff baissait dans les sondages à mesure que se
précisait la «menace» d’élections, et les premières salves
de la précampagne libérale n’étaient pas de nature à
susciter l’enthousiasme dans les chaumières: annonces
télévisées anémiques (surtout en anglais), chef mal connu,
plan d’affirmation internationale redondant, et aucun
argument solide pour justifier le renversement du
gouvernement…
Le nouveau chef libéral s’était «peinturé dans le coin» et
seule l’intervention miracle d’un tiers parti pouvait le
sauver. Le NPD, faut-il dire, avait fort peu d’intérêt à
aller au front, lui dont la cote, à en juger par les
derniers sondages, se rapproche dangereusement du 10%. Le
Bloc, pour sa part, est en position solide au Québec. En
revanche, la perspective d’un gouvernement conservateur
majoritaire avait de quoi lui refroidir le sang, car avec
un gouvernement majoritaire en place pour au moins quatre
ans, les tiers partis perdraient beaucoup d’influence et
de visibilité.
Le
compromis avancé par le gouvernement Harper sur
l’assurance emploi, de même que son populaire programme
d’aide à la rénovation domiciliaire, constituaient de bons
prétextes pour permettre aux tiers partis de justifier
leur appui au gouvernement. Ce dernier, par ailleurs,
n’aurait sûrement pas détesté être renversé, à un moment
où les astres lui sont favorables… mais il devra attendre
à l’an prochain, car le NPD vient de lui assurer son
appui, en pratique, pour le reste de l’automne.
Ce revirement de la position traditionnelle des
néo-démocrates, qui s’étaient fait jusqu’ici un point
d’honneur de voter contre le gouvernement (et qui se
moquaient du PLC pour sa «collusion» avec le
gouvernement), va sûrement être très critiqué au sein du
parti, mais permet à Jack Layton de sauver sa peau pendant
quelques mois encore.
Pour l’instant, l’opinion publique, au Canada anglais,
commence à en avoir assez des gouvernements minoritaires.
L’aventure de la coalition en a fait réfléchir plus d’un,
et l’atmosphère constante de chicanes partisanes,
inévitable produit des gouvernements minoritaires, a fait
le reste. (Il y a eu, à d’autres époques et dans d’autres
pays, des gouvernements minoritaires qui fonctionnaient
plutôt bien, mais ce n’est pas le cas dans le Canada
d’aujourd’hui, où tant les libéraux que le Bloc sont
congénitalement incapables de jouer le jeu de bonne foi –
les libéraux parce qu’ils se croient destinés par Dieu à
former le gouvernement, et le Bloc parce qu’il ne croit
pas au Canada.)
Il n’y aura donc pas d’élections cet automne… mais on ne
dirait pas, car avec ces gouvernements minoritaires qui se
succèdent, nous sommes dans une campagne électorale
perpétuelle… Le Parlement nage dans la «politicaillerie»,
et le gouvernement est incapable de réfléchir et d’agir à
long terme, obligé de surveiller ses arrières à chaque
tournant. Et tant pis pour les lois nécessaires – celle,
par exemple, qui viendrait ramener à la raison notre
système d’accueil des demandeurs d’asile – qui ne pourront
jamais être adoptées parce qu’elles prêteraient à
controverse et que le gouvernement n’a d’yeux et
d’oreilles que pour les mesures rentables à court terme.
Un gouvernement qui ne fait que survivre, c’est un
gouvernement sans vie
La majorité à portée de main - VINCENT
MARISSAL
«Bon, on
va être O.K., il n’y aura pas d’élections tout de suite –
pas cette semaine, en tout cas », m’a lancé un collègue
mardi soir au téléphone.
« Pas cette semaine. » En entendant la précision,
l’absurdité de notre paysage politique m’a fait rire
(jaune, à vrai dire).
On en est réduit, en cette ère de gouvernement
minoritaire, à évaluer, à la semaine, les risques
d’élections. Pas étonnant que nous n’ayons pas eu dans ce
pays de véritables débats sur de véritables enjeux depuis
des années. Depuis 2004, en fait, année de l’élection du
premier gouvernement minoritaire en un quart de siècle.
Pas le temps pou r les vrais enjeux, il faut aller au plus
pressant : des élections seront-elles déclenchées cette
semaine, dans deux semaines ou le mois prochain?
Qua nd on pense que, dans certains pays plus stables
politiquement, comme les États-Unis, par exemple, les
présidents élus pour des mandats de quatre ans manquent
parfois de temps pour accomplir les principaux engagements
de leur programme politique ! Ici, on ne se préoccupe plus
des programmes, seul le calendrier compte.
Cela d it , pu isque nous n’aurons pas de campagne pour le
moment, Stephen Harper peut souffler un peu. D’autant plus
que les planètes semblent s’aligner en sa faveur, ces
temps-ci.
Son voyage écla i r à Washington et à New York n’au ra it
d’a illeu rs pas pu mieux tomber. Son absence pour cause
de fonctions officielles l u i don ne d’abord l’excuse
parfaite pour ne pas assister, ce soir à Montréal, à la
fête organisée pour souligner l’élection, il y a 25 ans,
de Brian Mulroney.
Cette visite chez Ba rack Obama lui aura surtout permis de
se poser en champion du libre-échange, la plus grande
réalisation des conservateurs dans l’histoire moderne du
Canada. La rencontre constructive entre M M . Ha rper et
Obama à propos des restrictions du fameux Buy American Act
ne peut que servir l’image du premier ministre.
Pendant que Harper était à Washington, hier, le NPD lui a
signé un chèque en blanc qui pourrait lui permettre de se
maintenir au pouvoir pendant plusieurs mois encore. En
s’engageant à ne pas défaire le gouvernement tant que le
projet de loi sur l’assurance emploi n’aura pas été
adopté, Jack Layton aurait tout aussi bien pu envoyer une
carte de Noël à Stephen Harper. Un projet de loi, c’est
parfois long à adopter.
En prime pour M. Harper, les partis de l’opposition, au
lieu de s’attaquer au gouvernement conservateur, mettent
depuis quelques jours le plus gros de leur énergie à
s’accuser les uns les autres d’appuyer le gouvernement, de
trahir leurs principes ou même les Canadiens, de se
contredire ou de manquer de colonne vertébrale.
Hier, le
NPD a pris la peine d’envoyer un long communiqué aux
médias pour contredire les affirmations de ses adversaires
qui affirment qu’il n’est pas prêt à se lancer en
campagne. Un peu plus et le NPD ajoutait: «Mon père est
plus fort que le tien ! »
Les libéraux, quant à eux, ont poussé la puérilité de ce
petit jeu jusqu’à utiliser les textes des chroniqueurs
politiques du pays, dans les deux langues, pour en
extraire des parties (seulement celles qui font leur
affaire, évidemment) négatives à l’égard des conservateurs
ou du NPD.
Ces querelles entre les partis de l’opposition font bien
l’affaire de Stephen Harper. Elles renforcent son message
selon lequel seul un gouvernement majoritaire conservateur
peut assurer stabilité et sérieux à Ottawa.
La simple évocation d’une majorité conservatrice pa r
Stephen Harper, il y a trois ans, en toute fin de campagne
électorale, lui avait probablement fait perdre… la
majorité. Les Canadiens avaient eu un mouvement de recul,
perceptible dans l’écart entre les derniers sondages et le
résultat final.
Les conservateurs ont toujours été extrêmement prudents
lorsqu’ils abordaient la question de la majorité.
Cette fois, Stephen Harper ne se prive plus d’en parler
ouvertement à chaque entrevue, signe indéniable, comme la
fameuse vidéo, qu’il en a marre d’avoir les mains liées
par l’opposition et qu’il entend maintenant jouer le tout
pour le tout.
Après tout, la prochaine campagne, peu importe quand elle
aura lieu, risque d’être la dernière de M. Harper. S’il
gagne sa majorité, il reste pour un plein mandat de quatre
ans et peut gouverner à sa guise. S’il ne l’obtient pas,
il serait étonnant que son parti lui accorde une cinquième
chance.
Il semble bien que son message dans cette fameuse vidéo,
quoique cru, soit en train de faire son effet auprès de
l’électorat. Les premiers sondages publiés depuis la
diffusion de la vidéo de Sault-Sainte-Marie indiquent tous
une remontée marquée des conservateurs et de son chef
contre son adversaire libéral.
La firme Angus Reid, dans un sondage divulgué hier,
accorde maintenant sept points d’avance aux conservateurs
(36% PCC, 29% PLC, 17% NPD) et une avance écrasante de 41
% à 29 % en Ontario. C’est simple : les conservateurs sont
en avance dans toutes les provinces, sauf au Québec (ils
sont à égalité avec les libéraux dans les Maritimes).
Au-delà de la préférence des électeurs pour tel ou tel
parti, le sondage Angus Reid démontre aussi qu’une
majorité de Canadiens souhaitent maintenant un
gouvernement majoritaire.
Stephen
Harper
n’a probablement jamais été si près d’une majorité et il
en est privé par... l’appui du NPD. Il faudra voir, au
cours des prochaines semaines, si les conservateurs ne
forcent pas le jeu pour arriver à se faire renverser.
Le gouvernement Harper reste en vie -
Hugo de GrandPré
OTTAWA
— Le gouvernement Harper a pu survivre à un premier
vote de confiance cet automne, hier, grâce à l’appui
du Bloc québécois et du NPD. Les élections automnales
sont donc évitées, du moins pour l’instant.
PHOTO SEAN
KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE
Le
député
néo-démocrate Thomas Mulcair espère l’adoption d’un
nouveau projet de loi du gouvernement sur
l’assurance emploi.
Les partis de Gilles Duceppe et de Jack Layton ont en
effet voté en faveur d’une motion de voies et moyens
visant à mettre en oeuvre certains éléments du dernier
budget fédéral, dont un crédit d’impôt pour la
rénovation domiciliaire et des détails financiers de
l’accord de libre-écha nge Ca nadaColombie, accord
auquel s’opposent pourtant bloquistes et
néo-démocrates.
Le Bloc a expliqué sa décision en disant qu’il était
en faveur du crédit d’impôt. Le NPD, de son côté,
souhaite permettre l’adoption d’un nouveau projet de
loi du gouvernement sur l’assurance emploi.
Ce projet de loi, C-50, vise à accorder jusqu’à 20
semaines de prestations supplémentaires aux
travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi.
«Le NPD préfère de loin mettre 1 milliard dans les
poches des chômeurs et de leur famille que de dépenser
300 millions sur des élections dont personne ne veut
et qui ne changeront probablement pas la donne», a
déclaré le député néo-démocrate Thomas Mulcair.
Pas d’élections à l’automne ?
Mais si les Ca nad iens n’auront pas à aller aux urnes
le 26 octobre (comme cela aurait été le cas si le
gouvernement Harper avait été défait hier), la
possibilité d’élections automnales n’est toutefois pas
entièrement écartée.
En
effet, le chef libéral, Michael Ignatieff, a réitéré
hier sa volonté de déposer une motion de défiance vers
la fin du mois de septembre, dans l’espoir de
remplacer le gouvernement à l’occasion d’un scrutin
tenu le 9 ou le 16 novembre. Le chef du Bloc, Gilles
Duceppe, a indiqué hier qu’il était fort probable
qu’il se range du côté des libéraux et se prononce lui
aussi contre le gouvernement au moment du vote sur
cette motion.
Le sort des troupes de Stephen Harper en octobre
pourrait donc encore être entre les mains du NPD.
Jusqu’ici, les néo-démocrates ont laissé planer la
possibilité de garder le gouvernement en vie tant que
le projet de loi C-50 ne sera pas adopté. Mais un
stratège du NPD a confié à La Presse hier qu’il
n’était pas encore acquis que Jack Layton et ses
députés votent contre la motion libérale.
Pressions du Québec
Dans les prochaines semaines, cependant, le débat
portera sans doute davantage sur la réforme de
l’assurance emploi. Tous les partis souhaitaient
accélérer l’adoption de C-50, mais le Bloc s’y est
opposé, au motif qu’il ne répond pas aux intérêts des
chômeurs québécois, plus précisément ceux des
travailleurs de la foresterie.
Gilles Duceppe veut ainsi étudier le projet de loi en
comité pa rlementa i re et sou ha ite obtenir des
modifications afin d’augmenter l’accessibilité à
l’assurance emploi aux travailleurs saisonniers, aux
travailleurs forestiers, aux jeunes et aux
travailleurs à statut précaire. Selon lui, le plan
d’Ottawa s’adresse surtout aux travailleurs du secteur
de l’auto de l’Ontario.
Le gouvernement du Québec a joint sa voix à celle du
chef bloquiste, hier après-midi, et dénoncé
l’immobilisme du gouvernement fédéral dans la crise
qui touche l’industrie forestière. Le ministre du
Développement économique, Clément Gignac, a réclamé
une aide équivalente à celle accordée au secteur
automobile ontarien.
Mais, peu avant la sortie de M. Gignac, le ministre
fédéral des Finances, Jim Flaherty, a semblé fermer la
porte à la possibilité d’apporter des modifications au
projet de loi.
Le NPD appuiera Harper - Joël-Denis
Bellavance
Fausse
alerte à Ottawa : il n’y aura pas d’élections automnales
OTTAWA — Nouveau coup de théâtre hier à Ottawa : le NPD,
qui a toujours voté contre les mesures proposées par les
conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006, se
dit maintenant prêt à assurer la survie du gouvernement
minoritaire de Stephen Harper jusqu’à nouvel ordre.
PHOTO SEAN KILPATRICK, LA
PRESSE CANADIENNE
Le
Nouveau Parti démocratique et son chef, Jack Layton,
attendront que les modifications à l’assurance emploi
proposées par les conservateurs soient adoptées avant de
songer à défaire le gouvernement. Cela permet d’écarter
le scénario d’élections fédérales à l’automne.
Séduit par l’engagement du gouvernement conservateur
d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations pour
les travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi,
le NPD veut s’assurer que ces nouvelles mesures soient
adoptées avant de songer à précipiter le pays en
élections.
Cette décision, annoncée hier par le leader adjoint du N
DP, Thomas Mulcair, à l’issue d’une réunion du caucus,
permet d’écarter le scénario d’élections générales à
l’automne puisque les conservateurs ont besoin de l’appui
d’un seul des trois partis de l’opposition pour se
maintenir au pouvoir.
Concrètement, cela veut dire que le NPD votera en faveur
de la motion de voies et moyens qui sera déposée demain et
qui vise à mettre en oeuvre certains éléments du dernier
budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation
résidentielle. Cette motion engage la confiance de la
Chambre des communes. Le Bloc québécois entend aussi voter
en faveur de cette motion.
En outre, le NPD n’a pas l’intention d’appuyer la motion
de censure enver s le gouver nement H a r per que compte
déposer le Parti libéral au début du mois d’octobre si les
modifications au régime d’assurance emploi proposées par
la ministre des Ressources humaines ne sont pas adoptées
d’ici là. L’adoption de ces mesures pourrait prendre
quelques semaines.
Les libéraux de Michael Ignatieff sont déterminés à
provoquer la chute du gouvernement Harper à la première
occasion afin de forcer la tenue d’élections générales.
Prolongation des prestations
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a
indiqué lundi qu’Ottawa comptait injecter 935 millions de
dollars afin de permettre à certains travailleurs
d’obtenir entre cinq et 20 semaines de prestations
d’assurance emploi de plus. Cette mesure temporaire
toucherait environ 190 000 chômeurs et serait rétroactive
de neuf mois à partir de son entrée en vigueur.
« Notre priorité est de faire fonctionner le Parlement
dans l’intérêt des Canadiens. Notre caucus est déterminé à
aider le plus possible et le plus rapidement possible les
chômeurs qui en ont besoin. Nous devons être conséquents
avec nous-mêmes. Nous n’allons pas faire de geste qui
pourrait interrompre la possibilité que cet argent-là (935
millions) se retrouve dans les poches des chômeurs », a
affirmé Thomas Mulcair.
Cela dit,
le gouvernement Harper devra s’abstenir de proposer des
mesures controversées uniquement pour provoquer les autres
partis, a dit M. Mulcair.
Résultat : la Chambre des communes semble amorcer une
certaine période de stabilité grâce à cette décision du
NPD alors que d’aucuns s’attendaient au déclenchement
rapide d’une campagne électorale, la quatrième en cinq
ans.
Dans la foulée de cette décision, les stratèges
conservateurs croient maintenant possible que le
gouvernement Harper puisse gouverner en toute quiétude
jusqu’au prochain budget, prévu en février ou en mars.
Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que
le NPD doit maintenant vivre avec ses propres
contradictions, rappelant que les troupes de Jack Layton
avaient fréquemment accusé le Parti libéral de n’avoir
aucun principe lorsqu’il appuyait le gouvernement Harper
durant les votes de confiance, notamment ceux portant sur
le budget.
« Je crois que M. Layton devrait expliquer aux
travailleurs, aux gens, en quoi c’est cohérent avec ses
positions antérieures. Moi, j’ai pris ma décision en tant
que chef de l’opposition officielle. Ce gouvernement n’est
pas à la hauteur des attentes légitimes des Canadiens.
C’est ma décision. C’est aux autres à s’expliquer », a
affirmé le chef libéral après avoir pris connaissance de
la décision du NPD.
Le député libéral de Beauséjour, Dominic LeBlanc, a été
plus cinglant. « Le NPD s’est laissé acheter pour
franchement pas beaucoup. Ils avaient des revendications
pour l’assurance emploi telles que diminuer à 360 heures
le nombre d’heures nécessaires pour avoir accès aux
prestations, augmenter les bénéfices à 60 %, enlever les
deux semaines d’attente. Ils n’ont rien eu de cela. Si
Tommy Douglas était encore en vie, il aurait honte du
leadership du NPD de Jack Layton aujourd’hui », a-t-il
dit.
Mais M. Layton a fait peu de cas de ces attaques.
« Nous croyons qu’un milliard de dollars pour les chômeurs
est une décision plus sage en ce moment qu’un tiers de
milliard de dollars pour tenir des élections. Cela, c’est
certain. Il y a beaucoup de familles qui ont besoin d’aide
et nous sommes ici pour défendre la cause des chômeurs »,
a dit M. Layton.
Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a
réitéré que son parti compte appuyer la motion de censure
des libéraux.
« J’ai dit clairement que c’est toujours enjeu par enjeu.
Mais il n’est pas question de donner une bénédiction sur
l’oeuvre générale de ce gouvernement. Nous n’avons pas
confiance en ce gouvernement », a-t-il dit.
Harper le «socialiste» sauvé par les séparatistes
- VINCENT MARISSAL
Stephen
Harper serait-il en train de se transformer, à son corps
défendant, en socialiste ?
À le voi r br ic ole r à la sauvette des réformettes du
régime d’assurance emploi, on croirait bien qu’il a été
contaminé par une bactérie soc ia l isa nte. Cela a
commencé, il est v rai, pa r sa récente conversion aux
vertus de l’interventionnisme d’État ou aux programmes
d’infrastructures, des symptômes associés au x précédents
régimes libéraux.
M. Harper sera aujourd’hui en bon ne compagnie à
Washington, où il rencontre le président Barack Obama,
luimême qualifié d’abominable socialiste par la droite
américaine. M. Harper a d’ailleurs copié plusieurs gestes
du président Obama, dont l’aide aux géants de l’auto et
l’intervention auprès des banques.
Ce n’est pas pour rien que M. Harper s’excusait presque
auprès de ses militants, dans la fameuse vidéo tournée à
Sault-Sainte-Marie au début du mois , de devoi r fa i re
des gestes qui ne sont pas « normalement associés aux
conservateurs ». Il voit bien lui-même qu’il est « atteint
» de socialisme galopant.
Cette soudaine conversion semble avoir rendu Stephen
Harper plus présentable au « socialiste » Jack Layton et
au « séparatiste » Gilles Duceppe, qui a indiqué le
premier, hier, qu’il votera avec le gouvernement vendredi.
Voici donc Stephen Harper sauvé, ironie du sort, par les
socialistes et les séparatistes. Sauvé un peu contre son
gré, d’ailleurs, puisque les conservateurs sont
probablement en meilleure position que les autres pour se
lancer en campagne. Celle-ci attendra toutefois un peu.
Que le Blo c québécois décide d’appuyer le gouvernement
vendredi n’est qu’une étape de la joute politique serrée
qui s’amorce à Ottawa. C’est la suite qui sera plus
délicate. Surtout pour Jack Layton.
Gilles Duceppe n’a pas l’i ntention de don ner u n ticket
au gouvernement jusqu’au prochain budget, au printemps
prochain.
Q u ’e n e
s t-i l d e J a c k Layton ? Combien de temps jouera-t-il
le rôle d’allié des conservateurs ? Et en échange de quoi
?
Pou r le moment , Jac k Layton peut bien dire que lui,
contrairement aux libéraux de Stéphane Dion, ne donne pas
de chèque en blanc à Stephen Harper, la perception
largement répandue est qu’il est prêt à accorder son appui
contre une poignée de petite monnaie, au mépris de ses
principes.
Les libéraux craignaient il y a quelques semaines de voir
leur chef se « dioniser » en se montrant trop conciliant
envers le gouvernement H a r per. L a menace pèse
maintenant sur Jack Layton. S’il appuie le gouvernement au
vote de confiance prévu au début du mois d’octobre, le
chef du N PD accordera de facto une prolongation de ma
ndat de six mois à Stephen Harper, avec tout ce que cela
comporte de risque.
Chez Jack Layton, l’instinct de survie pourrait être plus
fort que les principes. Regardez les sondages : s’il y a
des élections maintenant, le NPD risque une dégelée qui le
ramènerait à sa position marginale des années Chrétien. M.
Layton pourrait décider d’« acheter du temps ». À crédit.
Et les intérêts, qu’il dev r a ve r s e r u n jou r ou
l’autre, risquent de lui coûter une bonne partie de son
capital politique auprès de sa base ou des indécis.
D éjà , depu is quelques jours, on note un adoucissement
du ton du NPD dans ses communiqués. Le député Paul Dewar,
par exemple, annoncera aujourd’hui une consultation des
Canadiens au sujet de l’attitude d’Ottawa envers les
ressor tissa nts ca nadiens coincés à l’étranger.
« L es Ca nadiens sont de plus en plus inquiets à propos
du fait que le gouvernement ne reconnaît pas son devoir
constitutionnel de protéger nos citoyens à l’étranger »,
écrit M. Dewar, qui ajoute que « cette campagne citoyenne
veut recueillir l ’a p pu i d e s C a n a d ie n s de pa r
tout au pays pou r demander au gouvernement de cor r iger
le système. » R ien pou r faire peu r au x conservateurs.
Dans l’immédiat, le chef libéral, Michael Ignatieff, n’a
pas trop à se plaindre de la tournure des événements.
Le délai accordé au gouvernement lui donne plus de temps
pour s’organiser – ce qui n’est pas un luxe pour les
libéraux – tout en maintenant la ligne dure envers Stephen
Harper.
Et M. Harper, ne risque-t-il pas d’être accusé de pactiser
avec le diable ?
Le premier ministre semble s’en remettre à de très hautes
i nsta nces pou r le jugement de son bilan. « Pour être
honnête avec vous, je suis beaucoup plus préoccupé par le
verdict de Dieu concernant ma vie que par celui des
historiens », a-t-il répondu dans une entrevue accordée à
la revue Prestige, de Québec, et publiée dans le numéro
courant. Pour joindre notre chroniqueur:
LA FIÈVRE EST TOMBÉE - Joël-Denis Bellavance
FIN DU
SUSPENSE: LE BLOC A ANNONCÉ QU’IL ALLAIT APPUYER LE PARTI
CONSERVATEUR AU VOTE DE CONFIANCE DE VENDREDI. LE
FEUILLETON N’EST TOUTEFOIS PAS TERMINÉ : LES LIBÉRAUX
OBTIENDRONT À NOUVEAU L’OCCASION DE DÉFIER LE GOUVERNEMENT
HARPER LE 30 SEPTEMBRE.
PHOTO CHRIS WATTIE,
REUTERS
Le
chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a mis fin de
manière définitive au petit suspense qui flottait encore
à Ottawa en annonçant que ses troupes allaient se
rallier autour de la mise en oeuvre de certaines mesures
du budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation
résidentielle.
JOËL-DENIS BELLAVANCE OTTAWA — Tous les regards étaient
encore tournés vers le chef du NPD, Jack Layton, hier, pou
r savoir s’il prolongera ou non le règne du gouvernement
minoritaire de Stephen Harper au vote de confiance prévu
vendredi.
Mais en fin de compte, c’est le chef du Bloc québécois,
Gilles Duceppe, qui a mis fin de manière définitive au
petit suspense qui flottait encore à Ottawa : il a affirmé
que ses troupes voteront en faveur de la motion de voies
et moyens du gouvernement visant à mettre en oeuvre
certaines mesures du budget, dont le crédit d’impôt pour
la rénovation résidentielle.
M. Duceppe a confirmé ses intentions en milieu
d’aprèsmidi, au moment même où Jack Layton disait vouloir
consu lter son cauc us , ce matin, avant de prendre une
décision. Tout indique que les néo-démocrates emboîteront
le pas aux bloquistes.
Mais quelle que soit la décision du chef du NPD, le
résultat sera le même : le gouvernement Harper survivra
aisément au vote de confiance et évitera ainsi la tenue
d’élections généra les… pou r le moment.
En point de presse, hier, M. Duceppe a indiqué que la
motion des conservateurs contient des demandes formulées
par son parti depuis quelques mois.
« Ce sont des demandes que l’on faisait en novembre
dernier. (…) J’ai toujours dit que c’était complètement
imbécile d’avoi r dema ndé quelque chose et, quand on
l’obtient, de dire "non, on n’en veut pas" », a dit M.
Duceppe.
La fièvre électorale qui avait frappé tous les partis
politiques le mois dernier, après que le chef libéral,
Michael Ignatieff, eut indiqué qu’il tenterait de
renverser le gouvernement conservateur à la première
occasion, avait déjà baissé de quelques degrés lundi.
En effet, le gouvernement Harper avait tendu une branche
d’olivier au NPD en proposant d’augmenter de 20 semaines
la durée des prestations d’assurance emploi pour les
travailleurs de longue date licenciés. M. Layton avait
alors indiqué que son parti était favorable à cette
proposition, mais il disait vouloir examiner le projet de
loi avant de prendre une décision.
Les
libéraux ont modifié du tout au tout la donne politique à
Ottawa depuis qu’ils ont signifié leur intention de
provoquer des élections générales cet automne. Depuis
l’arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006, le NPD a
toujours voté contre le gouvernement Harper – au moins 79
fois –, laissant ainsi d’abord aux bloquistes, puis aux
libéraux le fardeau de venir à sa rescousse.
L es st ratèges du N P D avaient même prépa ré un gâteau
décoré de 79 bougies pour se moquer des libéraux au
printemps. Maintenant, les rôles sont inversés et les
libéraux prennent un malin plaisir à tourner en ridicule
les principes du NPD.
Selon ce qu’a appris La Presse, la décision éventuelle du
NPD d’appuyer pour la première fois le gouvernement Harper
provoque un malaise certain chez les députés. La pression
a diminué quelque peu hier après que le Bloc québécois eut
annoncé ses intentions au sujet du vote de vendredi.
Mais le NPD, qui a vu ses appuis chuter dans les sondages
depuis quelques semaines, sera de nouveau placé devant le
même dilemme en octobre.
C’est que le Parti libéral a la ferme intention de déposer
une motion de censure enver s le gouver ne ment Ha r per
du ra nt la jou r née de l’opposition qui lui sera
attribuée deux jours après le dépôt du troisième rapport
sur l’état de santé de l’économie, prévu le 28 septembre.
Et le Bloc québécois a déjà fa it savoi r qu ’i l appu
iera la motion de censu re des l ibérau x si el le ex pr i
me clairement et simplement la non-confiance des Communes
envers le gouvernement.
Interrogé hier sur la question de savoir si son parti
faisait confiance au gouvernement Harper, M. Layton a
esquivé la question.
« Pour nous, c’est toujours une question d’essayer
d’améliorer le sort des Canadiens », a-t-il dit.
Les Communes ne siègent pas la semaine prochaine en raison
du sommet du G20 à Pittsburgh, auquel M. Harper doit
participer.
UN SURSIS POUR HARPER - Joël-Denis
Bellavance & Malorie Beauchemin
La volonté
du gouvernement Harper de bonifier les prestations
d’assurance emploi est venue tout chambouler hier à
Ottawa. Les élections qui semblaient inévitables seront
vraisemblablement reportées parce que les conservateurs
ont trouvé, chez les néo-démo
OTTAWA — Le gouvernement minoritaire de Stephen Harper
semble avoir obtenu un sursis d’au moins trois semaines
après avoir proposé hier d’accorder jusqu’à 20 semaines de
plus de prestations aux travailleurs de longue date qui
ont perdu leur emploi.
PHOTO FRED CHARTRAND, LA
PRESSE CANADIENNE
Cette mesure a été bien accueillie par le chef du NPD,
Jack Layton, qui a promis de l’étudier plus à fond avant
d’arrêter sa décision. Mais tout indique que les troupes
néo-démocrates, qui ne souhaitent pas d’élections
générales cet automne, sont prêtes à accorder leur appui
au gouvernement Harper jusqu’à ce que les modifications
proposées au régime d’assurance emploi soient adoptées aux
Communes.
Résultat : le gouvernement conservateur devrait aisément
survivre au premier vote de confiance de la session
parlementaire, qui doit avoir lieu vendredi. Ce vote porte
sur une motion de voies et moyens visant à mettre en
oeuvre cinq mesures du dernier budget, dont le crédit
d’impôt pour la rénovation résidentielle, le crédit
d’impôt pour l’achat d’une première habitation et
l’augmentation de la prestation fiscale pour le revenu de
travail.
Les conservateurs, qui détiennent 143 des 308 sièges aux
Communes, ont besoin de l’appui d’au moins un parti de
l’opposition pour se maintenir au pouvoir. Hier, le NPD et
le Bloc québécois se sont dits prêts à voter en faveur de
la motion de voies et moyens si elle ne contient pas de
cadeau empoisonné.
Les députés et ministres ont passé une bonne partie de la
journée hier à spéculer sur les possibilités que le pays
soit plongé en élections pour la quatrième fois en cinq
ans. Depuis que les libéraux de Michael Ignatieff ont
indiqué leur intention, il y a deux semaines, de renverser
le gouvernement Harper à la première occasion, tous les
partis se préparent à une bataille électorale cet automne.
Mais la fièvre électorale a diminué de quelques degrés,
hier, après que le NPD eut salué la décision du
gouvernement de bonifier le programme d’assurance emploi.
Les stratèges du NPD croient pouvoir obtenir d’autres
concessions de Stephen Harper et n’écartent pas l’idée de
proposer des amendements au projet de loi qui sera déposé
cette semaine.
« Il y a présentement 1,6 mi l l ion de chômeurs au Canada
, et des mi l l iers d’autres vont être mis à pied cet
hiver, malheureusement. Et la plupart des économistes
s’entendent pour dire que les pertes vont continuer au
moins j usqu’au pr i ntemps. Ces gens-là ont besoin d’aide
», a affirmé hier Jack Layton en point de presse.
«
L’annonce d’aujourd’hui semble être un pas dans la bonne
direction. Il en reste beaucoup à faire. Notre préférence,
c’est de travailler pour aider les chômeurs et les
sans-emploi, pas de retourner en élections. Mais il n’est
pas question pour nous de suivre la recette de Stéphane
Dion et Michael Ignatieff. Il n’y aura
aucun chèque en blanc de la part du NPD », a ajouté M.
Layton.
Cette ouverture du NPD au compromis a suscité les
moqueries des libéraux. « Je trouve curieux qu’après avoir
décrié pendant des semaines l’idée d’une coalition, le
premier ministre multiplie les efforts pour en former une
avec les gens qu’il qualifiait de socialistes pas plus
tard que ce matin », a lancé le chef libéral durant la
période de question.
Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, le NPD a
toujours voté contre le gouvernement Harper, laissant
ainsi le fardeau d’abord aux bloquistes, puis aux libéraux
de venir à sa rescousse.
Visiblement mal à l’aise dans sa nouvelle position, le
chef du NPD s’est contenté de lire une brève déclaration à
la sortie de la Chambre, sans répondre à aucune question,
contrairement à son habitude.
Stephen Harper a pour sa part tenté de profiter de la vive
opposition des Canadiens à la tenue d’un autre scrutin. «
C’est clair que la population ne veut pas d’élections. Le
pays n’a pas besoin d’élections. Ce n’est pas dans les
intérêts supérieurs du pays. La priorité, pour le
gouvernement et pour la population, c’est l’économie », a
affirmé M. Harper.
Même s’il survit au vote de confiance, vendredi, le
gouvernement Harper n’est pas au bout de ses peines. Le
Parti libéral compte en effet déposer une motion de
censure envers le gouvernement durant la journée de
l’opposition qui lui sera accordée au début du mois
d’octobre. En principe, cette journée doit lui être
attribuée deux jours après la présentation du troisième
rapport sur l’état de santé de l’économie, prévue le 28
septembre.
Les Communes ne siègent pas la semaine prochaine en raison
de la tenue, pendant deux jours, du sommet du G20 à
Pittsburgh, auquel M. Harper doit participer.
Ignatieff fait deux promesses à saveur internationale
Michael
Ignatieff a fait deux promesses, à Ottawa hier, dans un
discours où il a exposé le volet international de sa
plateforme électorale, dont il souhaite faire un point
central de la prochaine campagne.
Le chef libéral a déclaré qu’élu, son gouvernement
créerait un Secrétariat de la paix, de l’ordre et de la
bonne gouvernance. « Notre Canada, nous le voyons comme
[…] capable d’enseigner le fédéralisme er la bonne entente
entre les nations », a-t-il dit devant le Canadian Club
d’Ottawa. Son bureau n’a pas donné plus de détails.
M.
Ignatieff a aussi promis d’élargir le G8 pour inclure les
pays du G20 et d’accueillir et financer un secrétariat
permanent du G20 au Canada.
Les libéraux reprochent aux conservateurs de Stephen Ha r
per ses posit ions en matière de relations étrangères et
estiment qu’il a terni la réputation du pays sur la scène
internationale. Cette rhétorique se trouve au centre des
arguments évoqués par Michael Ignatieff pour justifier son
désir de provoquer des élections et de remplacer le
gouvernement dans les plus brefs délais.
Ottawa veut bonifier l’assurance emploi - Malorie
Beauchemin
OTTAWA —
Désireux d’éviter des élections générales anticipées et de
démontrer qu’ils travaillent pour soutenir l’économie, les
conservateurs de Stephen Harper ont présenté, hier, la
première mesure d’un plan plus vaste de réforme de
l’assurance emploi.
Le gouvernement propose d’aider les Canadiens plus âgés en
prolongeant la durée de leurs prestations.
Ainsi, un travailleur mis à pied qui a cotisé au régime de
l’assurance emploi pendant au moins 7 des 10 dernières
années et qui n’a pas touché de prestations pendant plus
de 35 semaines depuis 5 ans pourrait toucher de 5 à 20
semaines supplémentaires de prestations.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, et son
collègue du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, ont présenté
hier les grandes lignes de cette mesure. « On s’était
engagés devant la population canadienne à présenter un
plan à l’automne (pour l’assurance emploi), a souligné le
ministre Blackburn. C’est ce que nous faisons.
Aujourd’hui, on veut cibler le groupe des travailleurs de
longue durée qui ont besoin d’aide. »
Selon M. Blackburn, environ 190 000 travailleurs ayant
récemment perdu leur emploi pourraient bénéficier de cette
mesure, qui serait temporaire – jusqu’à l’automne 2011. Si
le Parlement adopte le projet de loi, la mesure coûtera
935 millions au gouvernement. « Ça n’arrêtera pas là. Il y
aura autre chose », a ajouté le ministre du Revenu.
Le
premier ministre Harper avait notamment promis lors de la
dernière campagne électorale de rendre les travailleurs
autonomes admissibles à l’assurance emploi.
« Nous allons remplir cette promesse électorale », a
assuré la ministre Finley, sans vouloir dire à quel moment
le gouvernement pensait le faire.
« C’est une mesure très i mpor t a nt e , a r enc hér i M.
Blackburn. C’est une catégorie de travailleurs qui jamais
auparavant n’a eu accès à aucun bénéfice de l’assurance
emploi. On est en train d’y travailler de façon sérieuse.
Ça prend un certain temps. »
Si le NPD a rapidement affirmé qu’il pourrait appuyer une
telle mesure (voir texte ci-dessus), le Parti libéral de
Michael Ignatieff, qui avait réclamé en juin dernier la
mise sur pied d’un comité bipar t ite sur la quest ion
d’une réforme de l’assurance emploi, a préféré fermer la
porte une fois de plus à toute collaboration avec le
gouvernement conservateur.
« On ne peut pas avoir confiance dans ce gouvernement, a
dit la députée libérale qui siégeait à ce comité, Marlene
Jennings. Ce gouvernement prend tout pour des outils
politiques, comme tactique politique. Et si le
gouvernement était sérieux, il aurait pu proposer quelque
chose au mois de juin, au mois de juillet, au mois d’août.
»
Le projet de loi doit être présenté en Chambre demain.
Assurance emploi : Harper serait prêt à des
concessions
OTTAWA —
Le gouvernement Harper semble prêt à prolonger la durée
des prestations d’assurance emploi, une décision qui
pourrait éviter des élections et qui semble destinée à
mortifier les libéraux et courtiser les néo-démocrates.
Mais même si leur leader, Jack Layton, a fait de la
réforme de l’assurance emploi une condition sine qua non
au soutien de son parti au gouvernement actuel, les
néodémocrates continuent de douter que les conservateurs
puissent arriver avec une solution qu’ils pourront
appuyer.
La ministre des Ressources hu ma i ne s , Dia ne F i n
ley, a f fi r me que des mesu res seront présentées peu
après la rentrée parlementaire du 14 septembre pour aider
les travailleurs sans emploi depuis une longue période de
temps et dont les prestations sont sur le point de prendre
fin.
« C’est notre priorité, ça ne fait pas de doute »,
a-t-elle déclaré.
La ministre indique que ces mesures n’impliqueront pas
nécessairement de changements législatifs, ce qui assure
qu’elles prendront effet qu’il y ait des élections ou non
cet automne.
« Il y a plusieurs façons de procéder », a soutenu la
ministre.
« Notre
objectif est de nous assurer que, quoi qu’en pense M
ichael Ignatieff, ces travailleurs obtiennent l’aide dont
ils ont besoin pour retourner sur le marché du travail.»
Le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, a dit de son
côté que le projet impliquait bien quelques changements
législatifs mais aussi des correctifs « qui pourraient
être appliqués immédiatement même si nous sommes forcés à
une campagne électorale ».
Mme Finley n’a fourni aucun détail mais elle a indiqué que
ces améliorations au programme ont été abordées au cours
des négociations qui ont duré tout l’été avec les libéraux
mais que leur chef, Michael Ignatieff, n’était pas
intéressé, ce qui l’a «beaucoup déçue».
De leur côté, les libéraux, qui se sont retirés des
négociations la semaine dernière, affirment que la seule
allusion à un tel plan consistait en une liste de sujets à
discuter, dont une possible prolongation.
« S’ils ont un plan maintenant, pourquoi n’en avaient-ils
pas en juin, juillet ou août ? » a questionné le député
libéral Mike Savage. Selon lui, les conservateurs ne sont
pas vraiment préoccupés par l’assurance emploi mais ne
veulent qu’embarrasser les libéraux et courtiser les
néo-démocrates.
À ce sujet, Rick Boychuk, porte-parole de Jack Layton,
s’est demandé publiquement si les néo-démocrates peuvent
faire confiance aux conservateurs quand le gouvernement a
passé le printemps et l’été à claironner qu’il ne voulait
apporter aucun changement à l’assurance emploi.
Malgré tout, M. Boychuk n’exclut pas totalement la
possibilité que le NPD appuie les mesures conservatrices,
selon ce qui sera présenté.
Le pari d’Ignatieff - VINCENT MARISSAL
En analysant
le résultat des sondages nationaux, ces derniers jours, les
libéraux de Michael Ignatieff doivent se sentir comme un
parachutiste novice regardant le vide.
Trop tard pour reculer («on y va, la machine est en marche»,
résume un stratège libéral), mais les libéraux peuvent
néanmoins se demander si le parachute s’ouvrira après le
grand saut.
Les nouvelles sont plutôt inquiétantes pour les libéraux.
Depuis la déclaration de guerre de M ichael Ignatieff, tous
les sondages indiquent une remontée des conservateurs. Au
Québec, on observe une consolidation du vote bloquiste et
une légère remontée du Parti conservateur. Ce sont deux
mauvaises nouvelles puisque le PC risque ainsi de gruger des
votes aux libéraux dans les circonscriptions chaudes, ce qui
permettrait au Bloc de se faufiler.
Le constat est désagréable pour les libéraux, qui ont tenté
un grand coup en annonçant leur intention de défaire le
gouvernement à la première occasion. Stephen Harper remonte
au moment où les libéraux contre-attaquent et en dépit d’une
vague de nominations partisanes au Sénat.
Il semble que les nouvelles économiques encourageantes et la
probabilité d’une reprise jouent en faveur des
conservateurs, même s’ils n’y sont pas pour grand-chose.
Normal. Les gouvernements souffrent en période de crise
économique, même s’ils n’y sont pas pour grand-chose.
Les libéraux craignaient d’ailleurs le phénomène le
printemps dernier, sachant que l’économie canadienne
reprendrait un peu de vitesse fin 2009, début 2010. La même
logique rend le déclenchement des élections encore plus
pressant pour les libéraux, malgré les sondages
défavorables.
P ol itiquement , M ic hael Ignatieff n’avait pas le choix,
mais le saut est périlleux. Non seulement les chiffres des
sondages sont insuffisants pour penser au pouvoir, mais en
plus, les sondages ne détectent pas de profonde envie de
changement dans l’électorat.
Le chef libéral a peu de temps devant lui et il demeure
largement méconnu. Le fait que les publicités préélectorales
en anglais « présentent » le chef libéral en est un aveu
criant.
Michael Ignatieff peut-il renverser la vapeur? Cela s’est
déjà vu.
Il n’est pas rare que le chef de l’opposition parte en
deuxième place le jour du déclenchement des élections. En
2005-2006, les rôles étaient inversés dans les sondages :
les libéraux de Paul Martin récoltaient entre 35 et 40% des
intentions de vote, et les conservateurs de l’inconnu
Stephen Harper, moins de 30%. Pour les bleus, c’était encore
pire au Québec, où ils croupissaient en troisième place.
On connaît
la suite: une campagne efficace et disciplinée de Stephen
Harper, les libéraux et leur chef qui s’effondrent et, au
Québec, le Bloc qui panique...
Il faut toutefois préciser que les libéraux, usés par 13 ans
au pouvoir et minés par le scandale des commandites, étaient
alors au bout du rouleau.
Les libéraux disent toutefois avoir décelé, dans leurs
sondages et groupes de discussion, un certain dédain des
Canadiens pour la politique conservatrice en matière
d’environnement, d’affaires étrangères, de culture, de
recherche et de développement économique, notamment.
La campagne libérale repose sur un double pari: Michael
Ignatieff, le novice, connaîtra une excellente campagne et
il réussira à s’imposer comme la seule solution de rechange.
Pour les libéraux, c’est le retour aux «valeurs canadiennes
», que l’on peut résumer par : compassion, ouverture,
égalité des chances et primauté du droit.
Les libéraux font le pari que les Canadiens en ont marre des
conservateurs et qu’ils verront dans Ignatieff le gardien de
ces valeurs. Il y a deux problèmes avec cette approche: a)
la répulsion des électeurs envers Harper ne semble pas aussi
élevée dans la population que le souhaiteraient les
libéraux; b) Ignatieff représente plus une énigme qu’une
solution pour une majorité de Canadiens.
Les libéraux sont si convaincus de leur approche qu’ils ont
décidé de s’en prendre uniquement à Stephen Harper dans
leurs pubs au Québec, ignorant le Bloc québécois, pourtant
premier dans les intentions de vote.
Autrement dit, les libéraux espèrent attirer des électeurs
du Bloc en tapant sur… Stephen Harper.
Quant au Bloc, il reprend le thème des intérêts du Québec en
associant son principal adversaire, Michael Ignatieff, au
conservateur Stephen Harper. Aux dernières élections, le
Bloc avait comparé Stephen Harper à George W. Bush avec un
certain succès.
Cela dit, le ton des publicités du Bloc est plutôt bon
enfant. On voit notamment les visages de MM. Harper et
Ignatieff coiffés du slogan «Deux partis, un regard». Pas
bien méchant.
En
tout cas, on est loin des publicités bloquistes à l’époque
du scandale des commandites, dans lesquelles on disait,
notamment: Alfonso Gagliano a distribué des millions de
l’argent des contribuables à ses amis libéraux ;
l’ex-premier ministre Jean Chrétien a dilapidé plus de 250
millions de commandites et Paul Martin n’aurait rien vu
passer.
LE PARI RISQUÉ DE MICHAEL IGNATIEFF - Joël-Denis
Bellavance
ALORS QUE LES
PARTIS RODENT LEURS SLOGANS EN PRÉVISION DES ÉLECTIONS QUI SE
DESSINENT CET AUTOMNE, LES RÉSULTATS D’UN SONDAGE EXCLUSIF
NANOS/ LA PRESSE DÉMONTRENT QUE LA DÉCISION DE MICHAEL
IGNATIEFF DE FAIRE TOMBER LE PARTI DE STEPHEN HARPER EST UN
PARI RISQUÉ.
OTTAWA — Le Parti conservateur a vu ses appuis bondir dans les
intentions de vote au pays depuis que les libéraux de Michael
Ignatieff ont brandi la menace de provoquer de nouvelles
élections générales cet automne.
Le
chef libéral Michael Ignatieff a salué ses partisans dans un
rassemblement à Surrey, en Colombie-Britannique, le 4
septembre.
Un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte
de La Presse démontre que les con ser vateu rs de Stephen
Harper obtiendraient 37,5 % des suffrages si des élections
avaient lieu aujou rd’hui, soit un score presque identique aux
résultats du dernier scrutin, tenu le 14 octobre 2008 (37,7
%).
Il s’agit d’un bond de près de six points de pourcentage par
rapport au dernier coup de sonde réalisé par Nanos, en août.
Le Parti libéral, pour sa part, obtiendrait 33,4 % des voix,
soit environ le même pourcentage que le mois dernier (33,8 %),
mais une nette a mélioration compa rativement aux résultats du
dernier scrutin (26,3 %) alors que Stéphane Dion était à la
barre du parti.
Le NPD, qui ne souhaite pas la tenue d’élections fédérales cet
automne, voit quant à lui ses appuis passer de 18,7 % à 14,8 %
à l’échelle du pays.
Au Québec, le Bloc québécois continue de dominer avec 37,3 %
des intentions de vote. Le Parti libéral arrive bon deuxième
avec 32,5 %. Le Parti conservateur est toujours troisième,
mais ses appuis ont augmenté de six points de pourcentage et
se situent maintenant à 19,3 %. Au dernier scrutin, les
conservateurs ont obtenu 22 % des suffrages et remporté 10 des
75 sièges au Québec.
En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges à la Chambre
des communes, le Parti conservateur et le Parti libéral sont à
égalité, à 38,5 % et 39,6 % des appuis, respectivement. Le NPD
doit se contenter de 15,6 % des intentions de vote.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1003 Canadiens entre le 28
août et le 2 septembre, au moment même où le chef libéral
Michael Ignatieff a annoncé, à une réunion de son caucus à
Sudbury, que les libéraux tenteraient de renverser le
gouvernement à la première occasion. Les Communes reprennent
leurs travaux le 14 septembre.
Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, les résultats
de ce sondage démontrent que la décision du chef libéral de
mettre fin au régime des conservateurs cet automne est un pari
hautement risqué.
« I l appert
que les électeurs réfléchissent actuellement à deux options,
celle de Stephen Harper et celle de Michael Ignatieff. Mais un
stratège libéral qui examine ces chiffres, qui voit que les
tories regagnent du terrain au Québec et que les deux partis
sont à égalité en Ontario, comprend rapidement qu’un scrutin
fédéral cet automne est très risqué. Mais cela l’est aussi
dans une moindre mesure pour les conservateurs », a expliqué
M. Nanos.
Un taux d’indécis élevé
Cela d it , le sondeu r a souligné que le nombre de Canadiens
qui se disent indécis a augmenté de manière importante au
cours du dernier mois. Près d’un Canadien sur quatre (24,6 %)
affirme ne pas savoir quel parti il appuierait si des
élections avaient lieu aujourd’hui. En août, environ 15 % des
personnes interrogées se disaient indécises.
« Le taux d’indécis est plus élevé que la moyenne. Cela est
probablement imputable au fait que nous sommes dans une
période préélectorale et qu’un nombre important de Canadiens
attendent encore avant de porter un jugement sur les partis et
leur chef », a affirmé M. Nanos.
La marge d’erreur du sondage Nanos est de 3,1 points de
pourcentage, 19 fois sur 20. Elle est plus élevée dans le cas
des échantillons régionaux (plus ou moins 7,1 points dans le
cas du Québec).
Les résultats de ce sondage surviennent au moment où tous les
partis politiques se préparent à une campagne électorale qui
semble inévitable.
Le Parti libéral a lancé les hostilités au cours de la fin de
semaine en dévoilant trois messages publicitaires dans
lesquels Michael Ignatieff critique le bilan du gouvernement
Harper dans le domaine de l’économie et de l’environnement.
Le Bloc québécois a aussi lancé hier une offensive
publicitaire visant à convaincre les électeurs du Québec que
Michael Ignatieff et Stephen Harper défendent essentiellement
les mêmes points de vue.
L e P a r ti conser vateu r n’a rien laissé filtrer, mais
Stephen Harper et ses ministres ont affirmé qu’un scrutin
moins de 12 mois après le dernier pourrait mettre en péril la
fragile reprise économique qui se profile à l’horizon.
De
passage à Waterloo, en Onta rio, hier, M ichael Ignatieff a
répété que sa décision de mettre fin au régime des
conservateurs était fondée sur des principes et non sur les
résultats de sondages.
Ignatieff et Harper : même « regard » - Denis
Lessard
que, après un
reportage de La Presse, le Bloc avait décidé de rendre public
sur-le-champ le message publicitaire qu’il souhaitait retenir
quelques jours encore, histoire de voir la tournure des
événements aux Communes. « On s’ajuste », at-il laissé tomber.
PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA
PRESSE CANADIENNE
La publicité Deux partis, un regard «
ne contient aucune attaque personnelle », a souligné M.
Duceppe, qui se défend de recourir à de la publicité «
négative » pour combattre l’adversaire.
« Vision restrictive de la nation québécoise »
Sous le titre Deux partis, un regard, la publicité destinée
aux quotidiens présente deux moitiés des visages de MM. Harper
et Ignatieff, qui ont « la même vision restrictive de la
nation québécoise. La même façon de voter en Chambre. QU ÉB EC
— Tout auta nt que le prem ier m i n ist re Stephen Harper, le
chef libéral Michael Ignatieff est devenu l’homme à abattre
pour le Bloc québécois.
Dans une publicité électorale agressive, le parti de Gilles
Duceppe ma rtèlera que MM. Harper et Ignatieff, bien qu’ils
représentent deux partis distincts, ont le même « rega rd » su
r les enjeu x québécois.
Hier, à l’issue d’une réunion de ses députés à Québec, Gilles
Duceppe a reconnu Les mêmes résultats pour la langue, la
culture, les travailleurs, l’environnement. »
Ce message « ne contient aucune attaque personnelle », a
souligné M. Duceppe, qui se défend de recourir à de la
publicité « négative » pour combattre l’adversaire.
Le PLC vient de rendre publiques des publicités où M .
Ignatieff s’en prend à Stephen Harper. « Or, le chef libéral a
les mêmes positions que M. Harper sur tout ce qui est
essentiel pour le Québec », soutient Gilles Duceppe : les deux
sont en faveur de l’exploitation des sables bitumineux,
s’opposent à l’application de la loi 101 dans les organismes
qui relèvent du Code fédéral du travail et sont favorables à
la mise en place d’une commission pancanadienne des valeurs
mobilières, insiste le chef bloquiste.
Au lendemain
de la publication de sondages qui montrent que le PLC n’est
pas très loin derrière le Bloc au Québec, il a
particulièrement visé le chef libéral : « Les Québécois
doivent savoir que Michael Ignatieff ne propose aucune
ouverture au Québec. »
Il élude la question quand on relève que, par le passé, les ca
mpag nes bloqu istes ne faisaient pas grand cas du chef de
l’opposition aux Communes et que le Bloc n’avait pas la même
agressivité à l’endroit de Stéphane Dion. « On était en
situation de gouvernement minoritaire. On a actuellement deux
adversaires dont l’un tente de se distinguer de l’autre », a
servi Gilles Duceppe comme réponse.
Jusqu’ici, dans ses campagnes publicitaires, le Bloc avait
toujours mis en relief l’importance de son rôle à Ottawa
plutôt que d’attaquer ses adversa i res . H ier, M . Duceppe a
rappelé que, en 2004, le Bloc avait mené une campagne
préélectorale contre Paul Martin, en fait un « livre noir »
sur le gouvernement libéral.
D u côté des con ser va - teurs, le ministre Jean-Pierre
Blackburn a soutenu : « Nous, on se distingue des libéraux. On
ne veut pas de campagne électorale, on veut travailler sur
l’économie. » Il a promis une réponse « législative ou
réglementaire » aux attentes des chômeurs. « Par règlement,
cela pourra avoir un effet même si le gouvernement est défait
», explique-t-il.
« Publicité très négative »
Pou r sa pa rt, M ichael Ignatieff a soutenu qu’il « s’agit
d’une publicité très négative », bien différente de celle que
le PLC a rendue publique il y a quelques jours, dans laquelle
le chef libéral traite pourtant d’« irresponsable » le premier
ministre Harper.
Joi nt pa r La Presse , son lieutenant québécois, Denis
Coderre, souligne que, par sa publicité, le Bloc a pris acte
d’une « réalité Ignatieff » au Québec : « Ils ont décidé
d’être agressifs parce qu’ils sentent que Michael Ignatieff
gruge du terrain dans toutes les régions au Québec », a lancé
M. Coderre.
L’enfer est à gauche - VINCENT MARISSAL
«Stephen Harper
filmé à son insu », titraient hier RDI et les sites de nouvelles
qui ont repris la nouvelle. À son insu? Je ne crois pas ça. I
don’t buy that, comme on dit dans l’autre langue officielle.
PHOTO ADRIANWYLD, LA PRESSE
CANADIENNE
Malgré l’odeur de controverse qui
flottait à Ottawa hier, Stephen Harper a annoncé la nomination
du juge autochtone Graydon Nicholas (à gauche) au poste de
lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick pour un mandat de
cinq ans.
Un premier ministre sait fort bien qu’il n’est jamais totalement
« off the record », qu’il n’a jamais le luxe d’avoir des
conversations privées. Sauf peut-être dans sa chambre à coucher.
Ou en tête-à-tête avec un ministre qui sait qu’il risque de
perdre son poste s’il s’ouvre la trappe.
Mais cer tainement pas lorsqu’il s’adresse à une salle remplie
de militants. Certainement pas dans un climat préélectoral
permanent comme celui qui enveloppe le Canada ces jours-ci.
M. Harper, c’est vrai, ne savait pas qu’il était filmé, mais il
est assez intelligent (et stratège) pour savoir que si on ne
veut pas qu’une information sorte, on la garde pour soi.
Ce message aux militants conservateurs n’était pas improvisé (
pas le genre de M. Harper), cela fait partie de la stratégie de
campagne.
Coïncidence troublante, hier à la une du quotidien The Globe and
Mail, un article faisait justement référence à cette stratégie
électorale consistant à agiter le spectre de la coalition de
décembre entre le Parti libéral et les «
socialistes-séparatistes ».
Selon les collègues du Globe, les stratèges conservateurs
soupèsent deux scénarios électoraux: jouer sur la crainte d’une
coalition PLC– NPD– Bloc ou insister sur les risques
d’augmentation des impôts avec un gouvernement libéral.
Justement, autre coïncidence, ce sont les deux thèmes abordés
par Stephen Harper à Sault-Sainte-Marie.
Selon Tom Flanagan, politicologue de Calgary et ancien
conseiller de M. Harper, cité dans le Globe, une telle stratégie
aurait le mérite de secouer l’apathie des électeurs
conservateurs ou indécis opposés à une coalition de
centre-gauche et de les inciter à aller voter. Et comme ils sont
majoritaires à l’extérieur du Québec, ça représente un beau
bassin d’électeurs.
En jargon
électoral , on appelle cela la segmentation du vote, une
technique ut i l isée en 2004 par les républicains pour assurer
la réélection de George W. Bush. Les stratèges républicains,
Karl Rove en tête, avaient réussi à mobiliser l’électorat de
droite en faisant éclater, en parallèle à la présidentielle, des
débats sur les mariages gais ou sur la décriminalisation de la
marijuana dans certains États chauds.
Les conservateurs estiment qu’une forte mobilisation de leur
base et des indécis les aiderait à arracher une majorité,
surtout si le taux de participation général est faible.
Évidemment, M. Harper adoucira un peu son discours en public,
mais ce qu’il a dit à Sault-Sainte-Marie correspond exactement à
ce qu’il pense.
C’est cru et méprisant , pour les « socialistes et les
séparatistes », mais encore davantage pour les « groupes
marginaux de gauche » qui utilisaient des fonds publics pour
traîner le gouvernement devant les tribunaux grâce au défunt
programme de contestation judiciaire.
Des « groupes marginaux de gauche » ( « lef t wing fringe groups
», en anglais) ? M. Ha r per pa rle ici des Acadiens, des
homosexuels, des francophones horsQuébec, des femmes…
Dans son discours, M. Harper revient aussi sur une autre de ses
marottes : la nomination par les libéraux d’« idéologues de
gauche » à la magistrature et au Sénat. Pas mal pour un premier
ministre qui a nommé hier un ancien ministre conservateur,
Pierre Blais, au poste de juge en chef de la Cour d’appel
fédérale et plusieurs proches organisateurs au Sénat depuis
quelques mois.
Par ailleurs, M. Harper s’excuse presque, dans cette vidéo,
d’avoir dû adopter des mesures « pas tellement conservatrices »
pour combattre la récession et nous apprend que ce dont il est
le plus fier, après presque quatre ans au pouvoir, c’est d’avoir
donné de l’équipement neuf aux Forces armées canadiennes.
Voilà qui plante le décor pour la prochaine campagne électorale.
Un décor sans le Québec pour les conservateurs, qui ont décidé
de repartir en guerre contre les méchants « sépa r a t i s t es
» du Bloc québécois.
Le « vrai visage » de Stephen Harper - Malorie
Beauchemin & Tristan Péloquin
OTTAWA— Mépris,
arrogance, hypocrisie, indignité : c’est le « vrai visage » de
Stephen Harper qui est dévoilé dans une vidéo enregistrée lors
d’un discours à huis clos, estiment les trois partis de
l’opposition à Ottawa.
PHOTOALAIN ROBERGE, LA PRESSE
« Cette vidéo nous démontre à quel point
Stephen Harper traite ses adversaires avec mépris », a affirmé
hier le chef libéral, Michael Ignatieff.
Dans une allocution prononcée à Sault-Sainte-Marie deva nt des
pa r t isans, la semaine dernière, le premier ministre affirme
qu’il est impératif que son parti obtienne une majorité au
prochain scrutin, sans quoi le Canada sera gouverné par le Parti
libéral « avec l’appui de socialistes et de séparatistes ».
Le clip vidéo, tourné par un étudiant dans ce rassemblement à
huis clos, mais rendu public par Radio-Canada mercredi soir,
montre un Stephen Harper sous un nouveau jour, plus agressif,
affirmant même qu’un gouvernement libéral s’empresserait de «
nommer des idéologues de gauche dans les tribunaux, les
institutions fédérales ainsi qu’au Sénat ».
« Le vrai Harper »
« Le vrai Harper ressort lorsqu’il pense qu’il ne peut pas être
entendu, a estimé le chef libéral, Michael Ignatieff, à
Montréal. Cette vidéo nous démontre à quel point Stephen Harper
traite ses adversaires avec mépris. Il considère ses adversaires
comme des ennemis qu’il faut détruire. Cela mine le travail
parlementaire et rend le Parlement impossible à faire
fonctionner. »
Pour M. Ignatieff, qui avait écarté le projet de coalition avec
le Bloc et le NPD en prenant les rênes du Parti libéral, ces
déclarations de M. Harper témoignent d’un « mépris pour les
institutions » et pour la tradition parlementaire canadienne. «
J’ai déjà refusé une coalition, mais je suis prêt à travailler
avec des socialistes et des séparatistes », a ajouté le chef
libéral.
M. Ignatieff estime que son parti offre une « alternative
modérée, pragmatique et de centre » face à « l’arrogance » du
gouvernement Harper.
« Les masques
sont tombés »
« Les masques sont tombés. On voit le vrai visage de Stephen
Harper, le vieux gueulard réformiste, le gars qui ne veut
travailler avec personne et qui sape la confiance du public dans
nos institutions démocratiques et nos tribunaux, a pour sa part
jugé le député néodémocrate Thomas Mulcair. C’est un jeu très
dangereux pour quiconque, mais dans la bouche d’un premier
ministre, c’est tout simplement indigne. »
Le lieutenant politique de Jack Layton au Québec estime que M.
Harper « joue le tout pour le tout », en envoyant un message «
sectaire ». « Il sait qu’il est foutu comme chef s’il n’a pas
une majorité après la prochaine élection, alors il a décidé de
balancer le Québec par-dessus bord et de faire appel aux plus
bas instincts de sa base en tapant sur les choix démocratiques
desQuébécois », a souligné M. Mulcair, jugeant « hypocrites »
les commentaires du premier ministre sur les nominations
politiques, alors qu’il vient tout juste de nommer une série de
sénateurs et de magistrats.
En privé, en public
« Ce qui est choquant, c’est qu’il a une attitude tout à fait
différente en privé et en public », a critiqué le chef du Bloc
québécois, Gilles Duceppe. Le chef bloquiste constate que le
premier ministre « parle des deux côtés de la bouche » lorsqu’il
dénonce l’idée de travailler avec le Bloc québécois et le NPD,
rappelant qu’en 2004, M. Harper, alors chef de l’opposition,
était prêt à former une alliance avec les mêmes « séparatistes
et socialistes » dans l’éventualité d’un vote de défiance à
l’égard du gouvernement libéral de Paul Martin.
Mais l’allocution prononcée à huis clos, devant une foule
partisane, pourrait bien donner le ton à la prochaine campagne
électorale. Le Parti conservateur semble résolu à brandir la
menace de la défunte coalition qui a tenu en haleine la classe
politique d’Ottawa pendant quelques jours en décembre dernier,
avant de mourir dans l’oeuf.
« On est à l’aise de continuer à gouverner avec le statut
minoritaire actuel parce qu’on pense que des élections ne sont
pas nécessaires, a dit hier l’attaché de presse du premier
ministre, Dimitri Soudas. Mais si des élections ont lieu dans
les prochaines semaines, si le Parti conservateur n’obtient pas
une majorité, il ne faut pas exclure le risque d’avoir un
gouvernement de coalition mené par Michael Ignatieff et appuyé
par Jack Layton et Gilles Duceppe. »
Un lieutenant au pouvoir allégé sera nommé -
Hugo de GrandPré
Réunis hier à
Québec, les militants de l’aile québécoise du Parti libéral du
Canada ont voulu, après une semaine tourmentée, montrer une
image de cohésion et d’unité. Denis Coderre a cependant brillé
par son absence, alors que le chef, Michael Ignatieff, a
annoncé qu’il nommerait d’ici quelques jours un nouveau
lieutenant. Mais le successeur du député de Bourassa aura
moins de pouvoir entre ses mains, en plus d’être secondé par
un organisateur en chef.
QUÉBEC — L’aile québécoise du Parti libéral du Canada a tout
fait pour donner l’impression d’un nouveau départ, hier à
Québec, où elle tenait son congrès biennal.
Première étape pour réparer les pots cassés par la démission
du lieutenant du Québec, Denis Coderre, lundi dernier : le
chef libéral, Michael Ignatieff, a a n noncé qu’il nommera
rapidement un nouveau lieutenant québécois.
Cette nomination viendrait toutefois avec un bémol. La
personne qui occupera ce poste, vraisemblablement un député,
n’aura pas autant de responsabilités que son prédécesseur. Les
libéraux veulent ainsi éviter de concentrer trop de pouvoir
entre les mains d’une seule personne.
M. Ignatieff a indiqué qu’il nommerait deux personnes : un
organisateur en chef pour remplacer Pierre Lajeunesse (un
proche de M. Coderre qui a démissionné après lui en signe
d’appui) et un représentant du chef au comité exécutif du
parti. Dans le passé, sous Denis Coderre et avant lui Céline
Hervieux-Payette, entre autres, ces deux responsabilités
étaient assumées par le lieutenant.
Pou r le poste de représentant du chef national au comité
exécutif québécois, la partie semble se jouer entre les
députés Pablo Rodriguez et Marc Garneau. Pour le poste
d’organisateur, quelques noms circulent, dont celui de
l’actuel directeu r généra l du P L C - Q uébe c , Ph ilippe A
ngers, ma is la plupart des militants consultés par La Presse
hier étaient d’avis que la responsabilité échouerait à la
jeune Brigitte Legault, appuyée par un organisateur de Michael
Ignatieff au Québec, Pat Fiore.
M. Garneau n’a pas voulu s’avancer, hier, quant à la
possibilité qu’on le nomme ainsi nouveau représentant du chef
auprès des instances québécoises du parti. « Le chef ne m’a
pas sondé », a-t-il dit. Il a indiqué que certaines personnes
lui avaient fait savoir qu’il pourrait être la bonne personne
pour le poste et qu’il serait « honoré » de le faire, si
Michael Ignatieff le décide.
Coderre absent
Dans son
discours d’environ une demi-heure prononcé ad lib, Michael
Ignatieff a exhorté les quelque 1000 militants présents au
Centre des congrès de Québec à faire preuve de loyauté et de
fidélité envers le Parti libéral. « L’équipe du Québec, c’est
vous. Et le chef, c’est moi », a-t-il dit au groupe de députés
et candidats réunis derrière lui sur la scène.
Ma is « la f idél ité et la loyauté, chez nous, c’est pour une
institution, pas pour une person nalité, a-t-il ajouté. Chaque
fois que nous mettons notre fidélité, notre loyauté dans cette
institution, nous gagnons. »
Le nom de Denis Coderre n’a toutefois pas passé ses lèvres
avant que son discours soit terminé, lors du point de presse,
lorsqu’une journaliste lui a demandé ce qu’il pensait de
l’absence de son ancien lieutenant.
« Ce que M. Coderre fait est son affaire, a-t-il tranché. Il a
fait un geste en début de semaine qui porte des conséquences.
I l subit ces conséquences. »
Nouveau départ ?
Le député de Bourassa et quelques-uns de ses proches avaient
beau être absents et son nom nulle part dans le discours, on
sentait néanmoins sa présence, hier, ne serait-ce que dans les
discussions de couloir, qui ne manquaient pas d’aborder ce
sujet délicat.
Plusieurs n’ont pas caché leur satisfaction de voir les hautes
insta nces du pa rti débarrassé de M. Coderre. Ce dernier se
faisait reprocher notamment d’être trop autoritaire et axé sur
lui-même dans l’exercice de ses fonctions.
D’autres se sont réjouis de la tenue de ce congrès qui marque
le renouveau du parti au Québec. « Il y a un nouveau
président, un nouveau comité exécutif, une nouvelle dynamique,
le conseil de direction est changé, il n’y a pas beaucoup
d’anciens membres qui sont là… Les gens sont très heureux et
je peux dire que c’est un nouveau départ », s’est réjoui Marc
Bélanger, un militant de longue date élu hier à la commission
politique du PLC-Québec.
TGV: très grande vision? - VINCENT MARISSAL
Ce n’est pas
la première fois qu’un projet de TGV se profile dans le
paysage politique canadien. En fait, on en débat depuis 30 ans
et au moins sept études majeures ont été réalisées sur sa
faisabilité durant cette période.
Ce sera la première fois, toutefois, que l’on passe d’une idée
plus ou moins bien définie à un engagement électoral dans un
programme politique.
Dans son dernier livre, Terre de nos aïeux, consacré à la
branche maternelle de sa famille, le chef libéral parle d’un
TGV avec ferveur, affirmant qu’il est invraisemblable que le
Canada ne se soit toujours pas doté d’un tel équipement.
«Les Européens ont relié les pays du continent grâce à un
train à grande vitesse. Après cinquante ans d’études de fai-
CHRONIQUE sabilité, il n’y a toujours pas de train à grande
vitesse qui relie Windsor et Québec, Vancouver et Calgary ou
Calgary et Edmonton. Si nous voulons rassembler les Canadiens,
si nous voulons construire un pays, il faut nous mettre au
travail», écrit-il
Ce plaidoyer en faveur d’un TGV avait évidemment retenu
l’attention au moment de la parution de ce livre, le printemps
dernier, mais Michael Ignatieff avait refusé d’en faire un
engagement électoral.
Dans le bouquin (et les entrevues qui ont suivi son
lancement), l’idée d’un TGV chez M. Ignatieff semblait se
situer davantage entre la poésie (le train comme unificateur),
le patriotisme et même le fantasme que sur le terrain des
vaches, là où il faudra dessiner le tracé et investir des
dizaines de milliards.
Au cours des derniers mois, l’idée a cheminé, gagnant des
appuis politiques et l’attention de certains leaders
économiques. Elle a fait son chemin aussi chez les libéraux.
Michael Ignatieff a consulté des spécialistes, notamment
Pierre Beaudoin, de Bombardier, qui lui a donné un cours
TGV101 de plus de deux heures.
L e projet est i m mense. Vraisemblablement le plus vaste
projet d’infrastructure jamais lancé au pays. Il est question,
évidemment, de gros sous (entre 20 et 30 milliards de dollars)
étalés sur deux décennies, de milliers d’emplois, de
développement durable, de technologie, de tracés optimaux et
de financement à long terme entre plusieurs ordres de
gouvernement.
Nous sommes
cependant encore bien loin de tout cela. La première étape,
plus simple en apparence qu’en réalité, est purement
politique. Le chef libéral y croit mais, dans son entourage,
plusieurs conseillers craignent qu’un projet d’une telle
ampleur ne les entraîne dans des débats contre-productifs sur
les chiffres, sur la faisabilité, sur les guerres de tracés,
sur le financement, sur les chicanes entre Ottawa et les
provinces, entre les provinces et les villes, entre les
régions, etc.
Surtout, certains libéraux craignent que ce projet à long
terme soit perçu comme une chimère, comme un rêve importé
d’Europe par leur chef. Ils craignent que les retombées
lointaines d’un TGV n’apportent pas les solutions économiques
immédiates attendues des Canadiens.
Par-dessus tout, on craint de se «faire planter» par les
conservateurs si le projet de TGV est connu trop tôt. C’est le
syndrome «Tournant vert», le défunt projet politique de
Stéphane Dion pour l’environnement, qui avait été la cible de
toutes les attaques conservatrices pendant des mois avant les
dernières élections.
D’autres libéraux, par contre, pressent leur chef de faire du
TGV un élément central de son programme, une «vision pour le
pays», même. Un TGV, disentils, c’est beaucoup plus que des
rails et une machine, c’est aussi un projet vert, un outil
économique sans pareil et un objet de fierté nationale.
Pour eux, le TGV doit être synonyme de « très grande vision »,
non pas de « très grand vertige».
Le TGV risque donc d’être un test politique crucial pour
Michael Ignatieff. S’il décide en effet d’aller de l’avant, il
a intérêt à être convaincant et déterminé. Il devra éviter de
s’enfarger dans les chiffres en étant toutefois assez concret
pour passer du rêve poétique de l’héritage de ses ancêtres à
un plan terre-àterre faisable et réaliste.
Le chef libéral a un double défi devant lui: convaincre les
Canadiens de la nécessité d’un TGV et faire la preuve que ce
n’est pas un autre projet en l’air.
Le moment n’aura probablement jamais été aussi propice. À
Québec, le gouvernement Charest semble prêt à monter à bord.
Même chose en Ontario avec le gouvernement McGuinty. L’arrivée
de Barack Obama à la Maison-Blanche pourrait fort bien être la
locomotive politique qui a toujours fait défaut à un TGV
nord-américain.
Sur le terrain, au Québec, les milieux politique et d’affaires
s’activent déjà. Des tiraillements sur le tracé et des
batailles régionales sont à prévoir.
La semaine dernière, une centaine de décideurs de la rive-sud
du Saint-Laurent se sont réunis à Drummondville pour faire la
promotion d’un tracé de leur côté du fleuve. Ils dénoncent le
parti pris des gouvernements pour un tracé sur la rive nord.
Ce n’est là qu’un modeste aperçu de la bataille politique dans
laquelle veut s’engager Michael Ignatieff.
Les libéraux fédéraux promettront un TGV -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les
libéraux de Michael Ignatieff proposeront aux Canadiens de se
lancer dans l’aventure de la construction d’un train à grande
vitesse (TGV) durant la prochaine campagne électorale.
PHOTO ARCHIVES AGENCE
FRANCE-PRESSE
Le projet de TGV, soutient-on dans les
rangs libéraux, permettra au Parti libéral de se démarquer
des autres formations politiques et entraînera des retombées
économiques importantes.
Après mûre réflexion, les hauts dirigeants du Parti libéral,
au premier rang Michael Ignatieff lui-même, ont conclu que la
promesse de construire un TGV entre Québec et Windsor sera
incluse dans le programme électoral du parti, a appris La
Presse de plusieurs sources.
Ce projet, soutient-on dans les rangs libéraux, permettra au
Parti libéral de se démarquer des autres formations politiques
et il entraînera des retombées économiques importantes au
Québec et Ontario.
Toutefois, le calendrier de construction dépendra évidemment
des finances du gouvernement fédéral et de la collaboration
des gouvernements du Québec et de l’Ontario, deux partenaires
essentiels à la réalisation d’un tel projet.
« Le TGV fait partie de nos plans. Mais il reste à déterminer
le timing de tout cela. Cela dépendra évidemment de la
situation budgétaire », a affirmé une source libérale digne de
foi.
Ce faisant, le
Parti libéral deviendra le premier parti politique aspirant au
pouvoir à for mel lement promet t re la construction d’un TGV.
Les dernières études chiffraient à quelque 20 milliards de
dollars les coûts de construction d’un TGV entre Québec et
Windsor. Le gouvernement fédéral et les provinces du Québec et
de l’Ontario ont décidé de mettre à j our les études réalisées
sur ce projet au cours des dernières années. Cette étude de
trois millions de dollars doit être terminée au début de 2010.
Selon les moyens financiers des gouvernements, une première
phase du TGV, entre Montréal et Toronto, pourrait être
réalisée plus rapidement. Ce couloir serait d’ailleurs
rentable, selon certains experts. La deuxième phase –
QuébecMontréal et Toronto-Windsor – serait entreprise plus
tard.
Dans une récente entrevue accordée à La Presse, le chef
libéral Michael Ignatieff a tout fait sauf confirmer que ce
projet ambitieux fera partie des engagements des libéraux aux
prochaines élections. D’autant plus que l’arrivée d’un TGV
aura des retombées importantes non seulement dans les grandes
villes, mais dans toutes les régions où le train passera.
« Ce qui m’attire du TGV, c ’est l’impact sur le développement
régional sur tout le tracé. Cela va donner une nouvelle vie
aux villes et aux régions. C’est cela qui n’est pas dit. Ce
n’est pas pour permettre aux hommes d’affaires de voyager plus
vite. C’est plutôt l’impact sur le développement régional. Et
Windsor a fortement besoin de cela. Et entre Montréal et
Québec, cela va donner un coup de pouce majeur », a affirmé M.
Ignatieff.
« Je s u i s conva i nc u du bienfait (du TGV) pour le
développement économique. Et nous avons la technologie, la
compétence, les entreprises. Nous avons tout ce qu’il nous
fait. Le problème, c’est le timing. Nous sommes aux prises
avec un déficit record de 56 milliards de dollars. Il faudra
faire des choix difficiles. Quand on verra qu’il y a une
croissance suffisante pour nous sortir du trou, on pourra le
lancer », a ajouté le chef libéral.
LE CANADA EST-IL
POSSIBLE?
Il faut apprendre à vivre ensemble
Parmi les responsabilités du citoyen, celle dont on parle le
moins, c’est la responsabilité d’imaginer les sentiments de ceux
qui ne pensent pas comme nous.
Pour imaginer le Canada, il faut marcher longtemps dans les
mocassins de quelqu’un d’autre, comme disent les Autochtones. Dans
d’autres pays, où on partage la même langue, la même origine, les
mêmes mythes, il est plus facile de s’identifier les uns aux
autres. Il faut moins d’empathie. Mais ce n’est pas notre cas.
Pour imaginer le Canada, il faut se mettre à la place de quelqu’un
qui a d’autres convictions et d’autres intérêts.
Il faut imaginer le pays comme pourrait le voir un Québécois, un
Québécois qui n’a jamais été attaché au drapeau, au parlement et à
l’évocation des sacrifices qui nous émeuvent parfois aux larmes.
Voici un concitoyen qui a voté « Oui » aux référendums de 1980 et
de 1995 pour diviser le pays ou, comme on l’avait formulé à
l’époque, pour négocier une nouvelle relation entre un Québec
souverain et le reste du Canada. Ces référendums ont été l’épreuve
décisive de notre histoire récente.
Nous avons échappé de peu à la dissolution. Nous sommes encore en
train de tirer des leçons de cette expérience de mort annoncée.
Une de ces leçons nous dit que, si nous voulons survivre en tant
que pays, il nous faudra comprendre ce que nous avons du mal à
comprendre. Nous n’avons pas le choix. Un contrat d’indifférence
mutuelle ne ferait que reporter à plus tard le jour funeste.
Désormais, il nous faut apprendre à vivre ensemble. Le Québécois
qui a perdu les deux référendums reste un concitoyen. Il est
possible qu’il ne veuille toujours pas du Canada. Il rêve
peut-être encore d’indépendance. Pourtant, il faudra travailler
avec lui, ne serait-ce que jusqu’au prochain épisode de rupture.
CeQuébécois devra comprendre l ’ i ntensité de l’attachement au
Canada qu’il n’éprouve pas luimême. Et il nous faudra comprendre,
ou du moins respecter, le rêve qui l’anime. Être citoyen du
Canada, c’est imaginer les sentiments qu’éprouvent ceux qui n’ont
pas les mêmes convictions. Du moins si l’on veut préserver l’unité
du pays.
Parmi les responsabilités du citoyen, celle dont on parle le
moins, c’est la responsabilité d’imaginer les sentiments de ceux
qui ne pensent pas comme nous. Sans un effort constant pour
imaginer le monde tel qu’il est perçu par des personnes d’une
autre race, parlant une autre langue ou pratiquant une autre
religion, il est impossible de dégager des objectifs communs. Le
débat politique se transformerait vite en dialogue de sourds. On
conçoit mal comment les sociétés divisées comme la nôtre auraient
pu survivre sans la capacité partagée d’imaginer la différence.
Au Canada, l’empathie est censée embrasser 33 millions d’habitants
dont les mythes fondateurs s’affrontent, qui sont répartis entre
quatre fuseaux horaires et cinq régions économiques distinctes,
qui parlent à la maison presque toutes les langues du monde et, en
public, deux langues officielles.
Pourtant, nous avons réussi à susciter l’empathie nécessaire pour
garder ce projet en vie pendant 140 ans. Ce n’est pas un mince
exploit, dans un monde déchiré par les différences, et c’est
l’exemple que nous offrons au monde.
L’hymne national que nous chantons en choeur n’est pas le même
dans les deux langues. En français, on promet que la nation «
protégera nos foyers et nos droits », tandis que, en anglais,
c’est nous qui promettons à la nation de la protéger : « We stand
on guard for thee ». C’est la même musique, mais pas les mêmes
mots. C’est ainsi que nous prenons acte de ce qui nous sépare, et
c’est ainsi que nous arrivons à le surmonter.
Les relations qui découlent des traités avec les Autochtones
présupposent aussi que nous raisonnions ensemble, de nation à
nation, au-delà des divisions historiques.
Ces relations exigent que les Autochtones soient traités comme des
peuples constituants. Ils étaient ici avant nous. Ils avaient
leurs propres lois et leurs institutions. Nous, les autres, nous
sommes arrivés en conquérants.
L e s Au t o c h t o n e s acceptent le nouveau pays, mais nous
devons les traiter en tant que peuple. Il s’agit d’une entente de
base. Bien sûr, ce n’est que le premier acte d’empathie. Il
devrait en découler d’autres, qui bien souvent n’arrivent jamais.
Si je suis fier d’être Canadien, c’est justement parce que nous
essayons de nous comprendre les uns les autres, malgré des
différences qui ont brisé d’autres pays. Notre façon d’exercer,
quoiqu’imparfaitement, l’empathie est l’exemple que nous avons à
donner au reste du monde.
C’est la raison d’être morale de notre pays.
Le Canada de M.
Ignatieff
Des
commentateurs ont reproché au chef libéral, Michael Ignatieff,
de ne pas avoir encore p r é s e n t é de propo s i t i ons
concrètes à la population. Vrai, on ne sait pas précisément ce
qu’un gouvernement Ignatieff ferait pour stimuler l’économie,
mater le déficit ou lutter contre les changements climatiques.
Toutefois, le nouveau livre du chef de l’opposition officielle
( Terre de nos aïeux, chez Boréal) nous en dit beaucoup sur sa
conception du pays où il est revenu s’installer après
plusieurs années d’absence. Ce t t e conception nous semble su
s c e pt i ble de plaire à plusieurs Québécois.
D’abord proche de la pensée de Pierre Trudeau, comme celui-c i
intellectuel public et c i t oye n du monde, Michael Ignat
ieff en est venu, au f i l de ses r e c her c hes sur
l’identité, à accepter le national isme comme une donnée
inéluctable. Cette force peut certes mener à de terribles
excès – d’où le titre de son célèbre ouvrage publié il y a 15
ans, Blood and Belonging – mais elle est aussi un ancrage
essentiel.
Ce constat a amené le député torontois à conclure que
n’arrivera jamais un jour où le « problème canadien » sera
réglé. Le pays sera toujours confronté au défi de la
coexistence entre des peuples porteurs de mythes nationaux
rivaux. Le Canada, par conséquent, demeurera une oeuvre
inachevée, un extraordinaire projet. Le chef libéral ose même
se poser cette question, troublante venant d’une personne qui
aspire à gouverner le pays: « Le Canada est-il possible ? »
Cette
compréhension intime de la difficulté de la fédération
canadienne porte M. Ignatieff à l’ouverture à l’endroit de
ceux qui ne voient pas le pays comme lui. Il aimerait
convaincre les Canadiens de faire preuve de la même tolérance,
de la même patience. Ignatieff, on le voit, est un idéaliste.
Il n’y a là rien de mal, au contraire.
Autant que l’hostilité, l’indifférence mutuelle dans laquelle
nous glissons depuis quelques années conduit à l’impasse : «
Si nous voulons survivre en tant que pays, il nous faudra
comprendre ce que nous avons du mal à comprendre. (...) Le
Québécois qui a perdu deux référendums reste un concitoyen. Il
rêve peut-être encore d’indépendance. Pourtant, il faudra
travailler avec lui, ne serait-ce que jusqu’au prochain
épisode de rupture. »
La permanence du débat su r l ’ u n i t é du pays n’exaspère
pas l’ancien journa l i s t e : « L e s citoyens ne
s’entendent pas toujours sur ce que leur pays représente, sur
la voie qu’il doit suivre. Ces désaccords sont inhérents à la
vie de tout pays qui se dit libre. »
C’est peut-être parce qu’il a tant voyagé, parce qu’il n’a pas
été dans les tranchées de nos grandes batailles nationales que
le chef libéral est aujourd’hui en mesure de garder un tel
recul. Ce qui ne l’empêche pas d’être convaincu de la valeur
intrinsèque, universelle du projet canadien : « Nous n’aimons
pas notre pays parce que nous pensons qu’il est parfait, ni
même satisfaisant, mais parce que nous sommes convaincus qu’il
peut changer. »
Cela ne nous dit pas comment un gouvernement Ignatieff
aborderait tel ou tel problème. Mais au moins, on sait que le
chef libéral sera porté à la conciliation plus qu’à
l’affrontement. Comme il l’écrit en citant un dicton
autochtone, « pour imaginer le Canada, il faut marcher
longtemps dans les mocassins de quelqu’un d’autre ».
Un écrivain authentique -
Lysianne Gagnon
Contrairement
à la France, où l’on ne fait pas de grande carrière politique
sans avoir publié au moins un livre, le monde politique du
Canada est un désert littéraire, à la brillante exception de
Pierre Elliot Trudeau, dont les écrits sont de grands
classiques de philosophie politique. M. Ignatieff est d’une
autre mouture : moins rationnel, plus romantique, plus
imaginatif, il se situe quelque part entre le penseur
politique et le romancier.
Son Album russe ( Boréal, 1990), qui racontait l’histoire de
ses ancêtres paternels, était un bijou. Il récidive, cette
fois, avec la biographie intellectuelle de trois hommes
marquants de sa lignée maternelle: Terre de nos aïeux, quatre
générations à la recherche du Canada ( Boréal).
Même si la matière, à l’image des sages protestants d’origine
écossaise que furent les Grant, est moins romanesque que
l’épopée des Ignatieff, ce petit livre au style fluide (et
très bien traduit par Alexandre Sanchez) se lit avec plaisir.
J’ai
particulièrement aimé le chapitre sur son arrière-grand-père,
un pasteur presbytérien qui participa à la première expédition
visant à établir le tracé de la voie ferrée du Canadien
Pacifique, scellant à la fois les bases de l’unité d’un pays
géographiquement improbable et le début de l’agonie culturelle
des peuples autochtones. M. Ignatieff a lu les comptes-rendus
de cette équipée, refait lui-même ce parcours en 2000, et nous
emmène, l ittéralement, dans un fabuleux voyage où les zones
d’ombre le disputent à l’émerveillement.
Tout c o mme L’A l b u m russe ouvrait une fenêtre captivante
sur l’aristocratie russe du X I Xe s i è c l e , les débuts de
la Révolution et l’expérience exaltante e t dou l ou r eus e
de l’exil, Terre de nos aïeux, à travers le parcours de t rois
générations de Grant, s’inscrit dans une vaste toile de fond –
l’Empire britannique, les deux guerres mondiales, la montée de
la puissance américaine… Intéressant et instructif. On sent,
bien sûr, l’arrière-pensée politique, même si le coeur du
récit a été façonné bien avant la plongée d’Ignatieff en
politique. Ce livre est une réponse à ceux qui lui reprochent
d’avoir vécu 30 ans à l’étranger, une façon de montrer, à
travers l’histoire de trois intellectuels engagés qui se sont
interrogés à des époques différentes sur le « destin » du
Canada, qu’il a ici des racines très profondes.
L’avant-propos et la conclusion se lisent un peu comme un
manifeste politique, et c’est là que le texte a tendance à
devenir sentencieux, mais il y a quand même, dans ces
chapitres écrits sous la pression politique, un souff le, une
certaine hauteur de vue, des accents de lyrisme, exceptionnels
sous la plume d’un chef de parti. Ainsi, ces belles pages sur
le patriotisme : « Aimer un pays est un acte d’imagination »…
« Un pays est une entreprise commune qui nous arrache à notre
solitude, qui nous libère de la prison du moi ».
Ce qui intrigue, c’est la conscience aiguë que semble avoir
l’auteur de son propre destin, comme s’il était voué à
poursuivre, dans la foulée de ses ancêtres, la quête d’un pays
qu’il dit « inachevé ». Se voit-i l , orguei l leusement,
comme celui dont la mission serait de donner au Canada sa
pleine personnalité ? Ou est-ce l’âme slave héritée des
Ignatieff qui le mène à cette vision romantique du Canada ?
ichael Ignatieff est décidément un politicien atypique. Voici
un leader politique qui est un écrivain authentique dans un
pays où les politiciens n’écrivent pas, sauf quand ( pour la
plupart) un « nègre » leur passe sa plume, et encore est-ce
presque toujours par calcul : soit pour dorer leur image à
l’approche des élections, soit pour glorifier leur passage au
pouvoir dans des autobiographies complaisantes.
Place à l’audace - ROBERT ASSELIN
Michael
Ignatieff n’a pas une éternité devant lui pour mieux se
définir auprès de l’électorat
Il y a une soif réelle pour que nos leaders politiques
fassent preuve d’une certaine authenticité, d’une certaine
vision de l’avenir.
Vendredi prochain, le Parti libéral du Canada entamera un
important exercice de modernisation de ses politiques avec
la tenue à Montréal d’une conférence intitulée Les 150 ans
du Canada: relever le défi. Si on aurait tort de voir
l’événement comme une finalité en soi, il peut néanmoins
marquer un virage important pour le parti et aider
grandement l’image de son chef.
En 1996, en publiant un manifeste intitulé New Labour,
New Life for Britain, Tony Blair avait totalement refait
l’image de son parti et jeté les bases de la plus grande
victoire électorale de l’histoire du Labour Party en
Grande-Bretagne. Plus de 40 ans après la « société juste »
de Pierre Trudeau, le temps est venu pour le Parti libéral
du Canada de se redonner un élan, un leitmotiv.
Si l’une de ses forces est de n’avoir jamais étéunparti
idéologique, enfermé dans de vieux dogmes, le défi auquel
il fait face aujourd’hui est de demeurer un parti
centriste capable d’articuler des solutions concrètes à
des problèmes modernes. La réalité politique exige que les
libéraux identifient deux ou trois priorités claires,
faciles à communiquer, qui vont les différencier dans
l’immédiat du parti au pouvoir.
Qui plus
est, le temps n’est pas propice à proposer des solutions à
la marge ou à se présenter comme un parti d’intendance. À
ce compte-là, Stephen Harper continuera de régner et le
Canada poursuivra sa stagnation, voire sa régression. Ceux
et celles qui pensent que la politique consiste à toujours
aller au plus petit dénominateur commun devraient prendre
acte du vote historique que vient de remporter le
président Obama sur la réforme des soins de santé aux
États-Unis.
Comme aspirant au poste de premier ministre du Canada,
Michael Ignatieff n’a pas une éternité devant lui pour
mieux se définir auprès de l’électorat. Il doit viser
haut. Si sa principale force comme chef de formation
politique réside dans son parcours apolitique et sa
capacité à offrir du renouveau, il a un effort de
communication réel pour mieux se faire connaître. Par des
idées qui seront audacieuses, il a la possibilité de
rehausser le discours politique et d’offrir un contraste
marqué avec ce dont nous a habitués M. Harper.
Le Canada aura 150 ans en 2017. Les défis auxquels nous
faisons face sont nombreux. Le vieillissement de la
population et la pression que cela exerce sur nos charges
sociales, le développement durable, des finances publiques
mal en point, une économie en pleine transformation, des
frontières éclatées qui nous exposent à une compétition
féroce. Ces défis ne sont pas abstraits; ils affectent
notre vie de tous les jours. Et ils sont aussi porteurs
d’immenses possibilités pour notre pays.
Les gens savent bien que les gouvernements ne peuvent pas
régler tous les problèmes. Dans cette ère aiguë de
cynisme, ils n’en attendent d’ailleurs pas tant de leurs
élus. Ce qu’ils n’endurent plus, ce sont les astuces
mensongères, les slogans vides et la partisanerie
excessive. Il y a une soif réelle pour que nos leaders
politiques fassent preuve d’une certaine authenticité,
d’une certaine vision de l’avenir, d’un certain courage de
sortir des sentiers battus.
Les conservateurs accusent les libéraux d’élitisme
- Hugo de GrandPré
CONFÉRENCEDES
«GRANDS
PENSEURS» À MONTRÉAL
OTTAWA — Taxés d’élitisme, les libéraux ont insisté hier
sur le caractère historique et non partisan de leur
conférence des « grands penseurs », qui se déroulera cette
fin de semaine à Montréal.
L’ancien gouverneur de la Banque
du Canada David Dodge fait partie des personnalités
invitées à prendre la parole à la conférence Canada 150,
organisée par les libéraux. Les conservateurs ont
critiqué le caractère exclusif de l’événement, pour
lequel les participants doivent débourser 700$ et avoir
été invités personnellement.
Au cours d’une séance d’information destinée aux
journalistes, des stratèges du parti ont présenté
l’exercice comme s’inscrivant dans la lignée des
conférences d’Aylmer, en 1991, et de Kingston, en 1960,
qui avaient donné un nouveau souffle aux politiques
libérales – et à leurs chances électorales.
Cette fois-ci, la conférence de trois jours qui se tiendra
à l’hôtel Hyatt, dans le centre-ville montréalais, offrira
53 conférenciers, dont une lauréate duprixNobel etune
autre du prix Pulitzer, et doit réunir plus de 250
participants.
Mais n’entrera pas dans la salle qui veut: seules les
personnes invitées peuvent assister à l’événement. Ces
invités doivent en outre avoir accepté de débourser 700 $
pour entendre ce qui se veut un remue-méninges de haut vol
servant à inspirer la prochaine plateforme électorale du
parti.
Le caractère exclusif de l’événement a toutefois donné des
munitions aux conservateurs, qui ont été prompts à accuser
Michael Ignatieff d’être déconnecté des priorités des
Canadiens.
«
L’événement est tellement élitiste que le chef libéral ne
s’est même pas donné la peine d’inviter ses propres
députés », a raillé à la Chambre des communes le député
conservateur Jim Abbott.
« Clairement, le chef libéral ne veut pas que les
Canadiens y assistent. Son raisonnement est : qu’est-ce
que des Canadiens pourraient bien amener à une soi-disant
conférence des grands penseurs? »
Retransmise sur le web
Parlant sous le couvert de l’anonymat, les stratèges
libéraux ont répliqué hier que les personnes intéressées à
suivre la conférence pourraient le faire sur le site web
www. can150.ca, où les allocutions et discussions seront
retransmises. Ils ont aussi fait valoir que les députés du
parti tiendraient en même temps des réunions publiques
dans une soixantaine de circonscriptions, afin de discuter
des idées présentées.
Intitulée Canada 150, la conférence vise à discuter des
priorités et défis du pays d’ici 2017, année de son 150e
anniversaire. Des personnalités comme l’ancien gouverneur
de la Banque du Canada, David Dodge, et l’économiste
québécois Pierre Fortin doivent aborder différentes
questions dans cinq domaines : l’emploi, la famille,
l’économie, l’environnement et les affaires
internationales.
Ignatieff en panne - Denis Lessard
SONDAGE
CROP
QUÉBEC — Le chef des libérau x f é d é r a u x , Mic h a e
l Ignatieff, a perdu beaucoup de plumes au Québec et son
parti a poursuivi sa longue glissade dans la faveur
populaire après l’affrontement dans la circonscription
d’Outremont et la démission de Denis Coderre.
Le dernier sondage CROP montre que depuis un mois, la cote
de Michael Ignatieff a carrément piqué du nez au Québec.
Fin septembre, 28 % des Québécois voyaient en lui le
meilleur premier ministre du Canada, on n’en compte plus
que 20 % maintenant.
Stephen Harper f a i t du sur-place – passant de 23 à 25 %
en un mois, son score le plus élevé toutefois depuis sa
réélection , minoritaire, l ’a n dernier. I roniquement
c’est Jack Layton, le chef du NPD, qui mène le peloton,
d’un seul point cependant, avec 26 % d’appuis.
Au niveau des i ntentions de vote, le PLC au Québec semble
revenu à l’heure de Stéphane Dion. Le parti de M.
Ignatieff aurait eu 23 % des suffrages au Québec, un point
de moins que le résultat de Stéphane Dion aux élections du
14 octobre 2008.
C’est le
Bloc québécois et le NPD qui font recette. Le parti de
Gilles Duceppe monte de quatre points, à 37 %, son score
des dernières élections. Le NPD, lui, monte de trois
points, à 16 %, quatre points de plus que son résultat
dans l’urne, en octobre 2008.
Hier, Michael Ignatieff a décidé de donner un grand coup
de balai da ns son bureau.
Le réseau CTV a rapporté hier soir que M. Ignatieff a
congédié son chef de cabinet, Ian Davey, et a nommé le
redoutable communicateur Peter Donolo à ce poste
névralgique. M. Donolo est actuellement à la tête d’une
firme de sondage de Toronto, Strategic Council.
M. Ignatieff pou rra it aussi r emplacer s a di r ect r
ice des communications, Jill Fairbrother, qui est la
conjointe de M. Davey, selon des informations qui
circulaient hier soir.
Le couple Davey-Faibrother a fait l’objet de critiques de
la part de députés libéraux en privé au cours des derniers
mois.
PLC: un quatrième chef en quatre ans? -
VINCENT MARISSAL
Le génial
Gable a tout résumé, en une caricature toute simple, hier,
dans The Globe and Mail.
Devant la grande salle à manger de Stornoway, Michael
Ignatieff donne ses instructions à une domestique en train
de monter la table du repas de l’Action de grâce organisé
pour le Parti libéral : « Couverts en plastique. »
Un chef l ibéra l pa ra no devant ses propres troupes, ça
ne vous rappelle pas quelque chose? Eh oui, Stéphane Dion,
en 2007 et 2008, et, avant lui, Paul Martin entre 2004 et
2006.
Michael Ignatieff sera-t-il le prochain ? Les libéraux
pourraient-ils le virer et choisir un quatrième chef en
quatre ans?
La chose se discute de plus en plus ouvertement au PLC et
parmi toute la faune politique canadienne.
La semaine dernière, dans un restaurant de Montréal, des
libéraux du Québec en vue (candidats et sénateurs), qui
avaient obtenu, la veille de leur publication, les
chiffres d’un sondage du Globe and Mail, se délectaient
des problèmes de leur chef. Certains ont même lancé des
paris sur la longévité
CHRONIQUE de M. Ignatieff à la tête du PLC.
Il y a six semaines à peine, le chef libéral avait annoncé
péremptoirement la fin du règne des conservateurs.
Aujourd’hui, son plus grand défi n’est plus de préparer la
bataille électorale, mais plutôt de ne pas se faire
éjecter avant.
Si, comme le laissent déjà entendre certains libéraux, les
prochains chiffres du financement sont aussi mauvais que
ceux des sondages (normalement, les deux sont intimement
liés), les problèmes de M. Ignatieff ne feront qu’empirer.
Par moments, le chef libéral semble accablé par la
situation. Il se retranche alors dans l’autodérision et
l’humour noir à propos des «joies du chef de
l’opposition».
Certains
de ses fidèles le défendent en disant qu’il est fatigué
parce qu’il n’a pas pris de vacances au cours de l’été,
justement pour se préparer à la campagne électorale. On a
bien remarqué la fatigue, en effet, mais la préparation
électorale, c’est moins évident...
Comment a-t-il pu en arriver là si vite? Absence d’idées
fortes, désorganisation du parti et du bureau du chef,
faible contre-attaque aux publicités négatives des
conservateurs, mauvaise priorité (des élections à tout
prix), les conclusions sont connues. Ce qui l’est moins,
c’est que le grenouillage s’intensifie au PLC.
Les sondages le démontrent clairement depuis un mois et
demi: les Canadiens ne veulent pas d’élections (le
gouvernement Harper II aura seulement un an demain, après
tout). Cela n’est pas nouveau, toutefois. Depuis le début
de l’ère minoritaire, en 2004, aucun sondage n’a jamais
démontré qu’une majorité de Canadiens VEUT des élections.
Michael Ignatieff n’a donc pas seulement un problème de
timing. Le message et le messager posent aussi problème.
Les électeurs ne suivront pas un chef qui ne sait pas où
il s’en va, surtout en temps de crise.
La semaine dernière, par exemple, on a appris d’un «haut
dirigeant libéral» que M. Ignatieff s’apprêtait à parler
de hausses d’impôt comme solution au déficit. Faux,
archifaux, s’est défendu le chef libéral, qui a sauté sur
le téléphone pour démentir la manchette de La Presse
Canadienne dans les minutes qui ont suivi sa sortie sur
l’internet.
Ballon d’essai ? Fuite malheureuse ? Sabotage ? Chose
certaine, le mal est fait et encore une fois, le chef
libéral semble dépassé par les événements.
Est-ce une raison suffisante pour plonger le PLC dans une
nouvelle crise en éjectant le chef avant les prochaines
élections? Pour certains, ce serait un moindre mal. Cela
permettrait de gagner de 12 à 18 mois et d’élire un
nouveau chef. Au besoin, Bob Rae serait plus qu’heureux de
répondre à l’appel.
Le Parti libéral est une machine de pouvoir, une machine
impatiente qui supporte mal de s’être trompée de chef
trois fois de suite. À la différence de Paul Martin, qui a
attendu 13 ans avant de devenir chef, et de Stéphane Dion,
dûment élu au terme d’une vraie course, Michael Ignatieff
n’a pas nécessairement un droit acquis de mener les
troupes aux prochaines élections.
À la décharge de M. Ignatieff, il faut rappeler que le
rôle de chef de l’opposition est ingrat et que celui qui
l’occupe a généralement besoin de temps pour passer de
l’opposition au pouvoir. Prenez Jean Chrétien, Stephen
Harper, Jean Charest ou Jacques Parizeau, des politiciens
aguerris (ce que n’est pas M. Ignatieff) qui ont mangé
leur pain noir dans l’opposition avant de devenir premier
ministre.
Le
hic, c’est que le temps est un luxe inabordable en période
de gouvernement minoritaire.
Les Canadiens font davantage confiance à Harper qu’à
Ignatieff - Joël-Denis Bellavance
Le chef du
Parti libéral Michael Ignatieff redouble d’efforts pour
provoquer des élections générales au pays cet automne.
Mais il n’a pas encore réussi à convaincre les Canadiens
qu’il serait un meilleur premier ministre que Stephen
Harper.
OTTAWA —
Un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le
compte de La Presse démontre que les Canadiens font
davantage confiance à Stephen Harper qu’à Michael
Ignatieff dans plusieurs dossiers, en particulier dans le
domaine de l’économie.
Interrogés pour savoir à quel leader ils font le plus
confiance pour gérer l’économie en ces temps de crise,
40,5% des Canadiens choisissent M. Harper tandis que 26,8%
optent pour M. Ignatieff. Seulement 10,1% des personnes
interrogées croient que le chef du NPD, Jack Layton, est
le plus compétent à cet égard.
M. Harper obtient sensiblement le même score au chapitre
des taxes et des impôts. En tout, 40,1% estiment qu’il est
le plus compétent pour s’occuper du fisc canadien
comparativement à 24,2% qui croient au contraire que c’est
Michael Ignatieff. Jack Layton arrive bon troisième encore
une fois avec 11,6%.
Toutefois, M. Layton réussit à surpasser M. Ignatieff aux
yeux des Canadiens dans deux secteurs: la santé et
l’environnement. En effet, le chef du NPD obtient la
confiance de 22,1% des personnes interrogées pour ce qui
est d’assurer la pérennité du régime de santé au pays
alors que le chef libéral suit de près à 21,5%. Stephen
Harper arrive toujours en tête, mais son résultat est
moins reluisant (28,9%) que ceux qui concernent l’économie
ou les taxes.
Pour ce
qui est de la protection de l’environnement, Jack Layton
(21,1%) dépasse Michael Ignatieff (16,8%) de près de cinq
points de pourcentage. M. Layton obtient d’ailleurs un
score presque identique à celui de Stephen Harper (21,6%)
dans ce domaine.
Le seul dossier où Michael Ignatieff réussit à s’imposer
un peu est celui de l’unité nationale. Le chef libéral
obtient la confiance de 28,1% des personnes interrogées,
ce qui est tout de même deux points de pourcentage de
moins que Stephen Harper (30,1%). Jack Layton est le
meilleur homme pour préserver l’unité du pays aux yeux de
14,8% des Canadiens.
Fait à noter, Michael Ignatieff dame toutefois le pion à
Stephen Harper sur tous les fronts au Québec. Les
Québécois préfèrent le chef libéral au premier ministre
pour gérer l’économie (38,5% comparativement à 26,5%), le
régime de soins de santé (27,6% comparativement à 13,3%),
les taxes et les impôts (32% comparativement à 28,4%),
l’unité nationale (36,2% comparativement à 15,4%) et
l’environnement (19,3% comparativement à 9,1%).
Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, les
résultats de ce sondage démontrent que Michael Ignatieff a
encore beaucoup de pain sur la planche pour s’imposer
comme une option crédible à l’extérieur du Québec.
«Stephen Harper est généralement bien perçu en ce qui a
trait à toutes les questions importantes. Michael
Ignatieff obtient un bon résultat au Québec, mais c’est
loin d’être le cas à l’extérieur de la province. Cela veut
dire qu’il doit redoubler d’ardeur pour mieux se définir à
l’extérieur du Québec», a affirmé M. Nanos.
Il a ajouté que le fait que Michael Ignatieff obtienne son
meilleur résultat dans le dossier de l’unité nationale
démontre que le Parti libéral sous Ignatieff est redevenu
la principale option fédéraliste au Québec.
D’abord communiquer avec le chef -
Malorie Beauchemin
Marc
Garneau, nouvel homme fort des libéraux fédéraux au
Québec
Le 28 septembre, Denis Coderre a démissionné avec fracas
de son poste de lieutenant québécois du Parti libéral du
Canada. Michael Ignatieff a d’abord annoncé qu’il ne le
remplacerait pas, avant de se raviser, cette semaine, et
de nommer l’ancien astronaute et député de Westmount,
Marc Garneau. Le nouveau représentant du chef libéral au
Québec a reçu La Presse dans son bureau de la colline
parlementaire, à Ottawa.
Q Vous
PHOTO CHRIS WATTIE,
REUTERS
Marc
Garneau
ne veut pas se contenter d’être la voix de Michael
Ignatieff au Québec, il veut aussi être la voix des
Québécois auprès de son chef.
remplacez Denis Coderre à titre de représentant du chef
libéral au Québec. Qu’allez-vous faire de différent ? R
Je vais vous dire ce que je vais faire. Ce qui est
particulièrement important dans mon rôle, c’est non
seulement de communiquer au nom du chef au Québec, mais
plus particulièrement de communiquer avec le chef pour
qu’il comprenne les enjeux, les préoccupations et les
intérêts des Québécois. Q Le
poste de lieutenant qu’occupait M. Coderre a été scindé
en deux. Est-ce que c’était nécessaire ? Est-ce que M.
Coderre avait trop de pouvoir ? R Je crois que la raison
principale pour laquelle le poste a été scindé en deux,
c’est parce qu’il y a beaucoup de travail pour une
personne. M. Coderre avait fait beaucoup de travail du
côté de l’organisation depuis neuf mois. Alors, je pense
que c’est pour optimiser nos ressources. Moi, je vais me
concentrer sur mes responsabilités et l’organisateur ou
l’organisatrice va se concentrer sur l’aspect de
l’organisation. Q Le
rôle de représentant est exigeant. Vous n’avez pas une
longue expérience en politique. Comment comptez-vous
tirer votre épingle du jeu ? R Moi, ma tâche, mon défi,
c’est de rejoindre tous les coins du Québec, que ce soit
les régions, que ce soit Montréal, que ce soit la grande
région de la ville de Québec, et d’être là pour les
écouter, pour savoir ce qui les préoccupe. Le secteur
forestier, la culture, la recherche et le développement,
le degré de préparation pour la grippe H1N1. Différents
enjeux dans différentes parties du Québec. Je veux être
sûr que mon chef comprenne bien ce que les Québécois
veulent lui communiquer. Il faut que je sois sur le
terrain, avec les gens. Q Au
Québec, les derniers sondages i ndiquent que l es appuis
à votre formation politique sont actuellement en baisse.
Comment entrevoyez-vous l’avenir du Parti libéral du
Canada au Québec? R Je crois qu’il ne faut pas exagérer
la situation au Québec. Si vous examinez la situation
actuelle et si vous la comparez à celle d’il y a un an,
on a vraiment fait du progrès du côté du membership, les
coffres sont garnis parce qu’il y a eu beaucoup de
collectes de fonds qui ont eu du succès et il y a
beaucoup plus d’enthousiasme. Quand j ’ai fait des
tournées durant l’été, j’ai rencontré des Québécois qui
étaient réceptifs. C’était quelque chose de très
encourageant. Ils étaient prêts à réévaluer l’option du
Parti libéral. Il y en a beaucoup qui ne sont pas
satisfaits avec le Parti conservateur. Il s’agit pour
nous de continuer à travailler pour que les Québécois
décident de nous donner une chance. Q Sur
les 75
sièges au Québec, le Bloc québécois en détient 47, l e
Parti conservateur en a 10, et les libéraux, 14. Quel
est votre principal adversaire ? R Les deux partis, le
Bloc et les c onser vat e u r s . À propos du Bloc, je
crois qu’il y a beaucoup de Québécois qui sont plus
ouverts maintenant à choisir l’option libérale, parce
que le Bloc, même s’il défend les intérêts du Québec, ne
peut pas implanter de projets de loi. Le concret de la
fonction d’un politicien, c’est d’être au gouvernement
et de mettre en place des politiques, des projets de
loi, qui représentent une réponse aux aspirations des
Québécois. Je pense que certaines personnes sont prêtes
à reconsidérer la façon dont elles votent parce qu’elles
deviennent impatientes. Le Bloc peut parler de n’importe
quel dossier, mais au bout du compte, il ne peut pas
lui-même agir parce qu’il ne fera jamais le
gouvernement. Q Deux
élections complémentaires au Québec ont été déclenchées
dimanche dernier. Quels sont vos attentes, vos objectifs
pour ces scrutins du 9 novembre ? R On va travailler
très fort dans les deux comtés, pour que le Parti
libéral soit visible et fasse de son mieux. Ce sont des
partielles, c’est important qu’on soit présents sur le
terrain. Moi, j’ai l’intention de me présenter dans les
deux endroits – et je ne serai pas le seul – pour
appuyer les candidats. QL es
s ondages n a t i onaux, c e t t e semaine, accordent 14
points d’avance aux conservateurs de Stephen Harper. M.
Ignatieff a reconnu, jeudi matin, qu’il y avait beaucoup
de travail à faire. Comment comptez-vous remonter la
pente ? R On va remonter la pente si on est discipliné,
si on présente nos arguments de façon efficace, pour
qu’on puisse convaincre les Canadiens qu’on est une
option qui est préférable à celle des conservateurs. Un
de nos défis, c’est du côté de la communication. On doit
mieux communiquer. Si, par exemple, on examine
l’économie, en ce moment, le public semble, d’après les
sondages, dire que le parti au pouvoir est en train de
faire un travail raisonnable. La réalité, c’est que sur
les dépenses des infrastructures, on a fait notre propre
analyse et seulement 12% des projets ont amené des
dépenses. Même si le gouvernement a dit que 80% a été
annoncé, les experts disent que d’ici la fin de l’année,
peutêtre que 30% des projets seront en cours de route.
On ne peut pas prétendre que ce que le gouvernement a
fait à l’égard des infrastructures a vraiment stimulé
l’économie cette année. Q Que
ferez-vous si vous prenez le pouvoir dans les prochains
mois ? R M. Ignatieff a clairement indiqué qu’il fallait
non seulement se sortir de cette récession, mais
s’attaquer à cette nouvelle économie du savoir. Il a
aussi dit qu’on n’augmenterait pas les taxes, qu’on ne
changerait pas les transferts. Ce que ça veut dire,
c’est qu’on va être obligés de faire certaines coupes,
dans le sens d’être plus efficace, et aussi miser sur ce
qui est la priorité : des programmes pour qu’on soit
plus compétitif, plus innovateur. Q Est-
ce que Michael I gnatieff est l’homme de la situation
pour le Parti libéral ? R Je crois que oui. Je pense
qu’il fera un excellent premier ministre parce qu’il a
de la vision. Il est entouré d’une bonne équipe, qui
l’appuie entièrement. On va travailler fort et je suis
confiant qu’on va éventuellement mériter la confiance
des Québécois et des Canadiens.
Ignatieff prêt à parler de hausses
d’impôts
OTTAWA
— Michael Ignatieff est prêt à prendre le risque
politique de tenir une « conversation entre adultes »
avec les citoyens canadiens au sujet des «douloureuses
mesures» à adopter pour régler la dette du Canada, y
compris des hausses d’impôts et des taxes.
Selon ce qu’ont confié de hauts responsables du PLC à
La Presse Canadienne, le chef libéral est sur le point
de lancer une discussion «pleine de franchise »,
relative aux options réalistes pouvant être adoptées
afin de stopper « l’effusion d’encre rouge » dans les
livres comptables du gouvernement.
Cela inclut des hausses d’impôts et des taxes,
d’importantes réductions des dépenses, le maintien du
déficit pendant une plus longue période de temps que
prévu à l’origine, ou une combinaison de ces trois
hypothèses. M. Ignatieff ne dévoilera pas sa stratégie
personnelle pour attaquer le déficit tant que des
élections ne seront pas imminentes, ce qui apparaît
peu probable cette année.
Selon
certaines sources, le chef libéral veut se faire une
meilleure idée de l’état de la situation économique du
pays, et veut savoir à quel point les électeurs sont
prêts à se serrer les dents avant de soumettre une
proposition élaborée.
Néanmoins, en affichant une volonté d’aborder des
sujets aussi délicats que les hausses d’impôts et les
restrictions budgétaires, M. Ignatieff court un grand
risque. Habituellement, les électeurs rejettent l’idée
de payer plus de taxes et d’impôts, même pour une
bonne cause. Mais selon des sources d’information,
c’était avant que le déficit de l’année financière en
cours ne gonfle au point de s’élever à 56 milliards.
Ces sources pensent que M. Ignatieff est prêt à parier
que les Canadiens veulent des réponses honnêtes au
sujet de l’ampleur du déficit, et qu’ils savent déjà
qu’ils devront souffrir pour en sortir.
M. Ignatieff envisage de donner le coup d’envoi à
cette stratégie en prononçant un discours à la chambre
de commerce de London, en Ontario, aujourd’hui.
Suivront plusieurs séances de discussions ouvertes
afin d’engager les Canadiens dans le débat.
Un autre rendez-vous manqué - VINCENT
MARISSAL
CHRONIQUE QUÉBEC — Pour les libéraux fédéraux du
Québec, le rassemblement d’hier à Québec visait
d’abord à faire une démonstration, après une semaine
difficile, d’unité et d’harmonie.
PHOTO MARTIN MARTEL,
LE SOLEIL
Michael
Ignatieff a jeté samedi soir le premier discours
qu’on lui a remis, insatisfait du contenu. Il en a
donc prononcé hier une version ad lib, plus « sentie
», hier à ses militants.
Mission accomplie pour l’u n ité, les libérau x du
Québec, surtout les députés, étaient visiblement ravis
de constater que leur encombrant confrère, Denis
Coderre, avait été « puni ». Au coin ! Comme le p’tit
boss de la cour de récréation qui se fait prendre par
le directeur de l’école.
« On va enfin pouvoir militer et travailler librement
», a résumé une consoeur de M. Coderre croisée dans le
hall de l’hôtel attenant au Centre des congrès.
Les libéraux ont effectivement projeté une image
d’unité. Soit, mais unis derrière quoi ?
Il était bien facile (et apparemment irrésistible)
pour les collègues de Denis Coderre et pour les
militants de casser du sucre sur le dos du nouveau
mouton noir du caucus libéral, mais celui-ci, malgré
ses défauts, ne peut être tenu responsable du manque
de substance, de préparation et de perspicacité de son
parti.
L e cong rès bien na l de l’a ile québécoise du P L C
(qui n’avait de congrès que le nom) aura surtout
permis de mesurer l’écart inquiétant entre la
stratégie des libéraux, qui disent vouloir renverser
le gouvernement à la première occasion, et l’état
lamentable de leur préparation électorale.
Pas d’idée forte, des phrases creuses du chef sur
l’économie, sur l’environnement, sur le développement
des régions ou sur le Québec, peu de nouveaux visages…
Non seulement les libéraux ne sont pas prêts à partir
en campagne électorale, mais en plus, leur plan pour
la suite des choses repose sur des hypothèses plus
près de la pensée magique que de la réalité politique.
D’abord, les libéraux semblent convaincus que le NPD
continuera, au moins pour la session d’automne, à
appuyer le gouver nement H a r per, ce qui permettra à
Michael Ignatieff de maintenir la ligne dure envers
les conservateurs sans risquer, vraiment, de se
retrouver dans des élections au moment où son parti en
arrache.
Il est loin d’être garanti que les néo-démocrates
renouvellent à l’infini leur appui ponctuel aux
conservateurs. Si les libéraux continuent de s’enliser
en Ontario et en ColombieBritannique, le NPD pourrait
même y voir un avantage stratégique. Si on devait en
arriver là, le chef libéral ne s’est pas gardé de
porte de sortie.
Déjà,
la semaine dernière, Jack Layton a indiqué aux
Communes qu’il rejetterait, par exemple,
l’harmonisation de la taxe de vente avec les provinces
si les conservateurs vont de l’avant avec ce projet.
Par ailleurs, les libéraux continuent de croire que
les Canadiens en ont assez des conservateurs et que
ceux-ci seront nécessairement éjectés aux prochaines
élections, au profit des libéraux.
C ’e s t s a n s d o u t e c e t t e conviction
téméraire et non fondée qui explique que le chef
libéral préfère s’en tenir à des généralités plutôt
que de présenter à l’électorat des idées concrètes.
En ce sens, M. Ignatieff a manqué un autre rendez-vous
avec les Québécois, hier, en prononçant un long
discours creux truffé de clichés et de bonnes
intentions.
Et encore, nous avons eu droit à une version ad lib,
plus « sentie », puisque le chef libéral a jeté samedi
soir le premier discours qu’on lui a remis,
insatisfait du contenu. Il ne manque pas qu’un
lieutenant à M. Ignatieff. Il a aussi un urgent besoin
de conseillers québécois allumés et d’un bon rédacteur
de discours.
La nature ayant horreur du vide, les distractions
périphériques ont pris toute la place. On retiendra
surtout de ce congrès que Michael Ignatieff a fait
marche arrière et nommera finalement un nouveau
lieutenant à la place de Denis Coderre.
On dit que les absents ont toujours tort, mais
rarement l’absence d’un député aura été aussi
remarquée (et lourde de signification) que celle de
Denis Coderre, hier à Québec. M. Ignatieff a même
lourdement insisté, dès le début de son discours, pour
dire que le Parti libéral est une institution basée
sur la fidélité et la loyauté, pas sur les individus.
Dans la salle de presse, les journalistes en manque de
substance étaient, quant à eux, beaucoup plus
intéressés par la sortie extrêmement bien orchestrée
de Stephen Harper, samedi soir sur la scène du Centre
national des arts d’Ottawa, où il a chanté With a
Little Help From My Friends des Beatles. (Vous pouvez
trouver la performance sur YouTube.)
« Mmm, I get high with a little help from my friends
»… M. Harper pensait-il à ses « a mis » l ibérau x ,
qu i l u i facilitent vraiment la vie ces temps-ci ?
M.
Ignatieff,
quant à lui, devrait plutôt s’inspirer d’Alain
Bashung, qui chantait «C’est com ment qu’on f rei ne ?
», parce que dans l’état actuel des choses, bien peu
de députés libéraux voudront sacrifier leur siège si
leur chef persiste à vouloir provoquer des élections.
Ignatieff promet d’éliminer le boulet du déficit
- Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
Le gouvernement Harper risque de mettre en péril les
programmes sociaux importants comme la santé, l’éducation
ou le régime de pensions s’il ne reprend pas le contrôle
des finances publiques, estime le chef du Parti libéral,
Michael Ignatieff.
Le déficit est un boulet qui doit être éliminé dès que la
reprise économique sera bien engagée, a affirmé le chef
libéral dans une entrevue accordée hier à La Presse.
Dans son dernier budget déposé en janvier, le ministre des
Finances, Jim Flaherty, avait estimé le déficit à 34
milliards de dollars pour l’exercice financier en cours.
Mais le ministre a été contraint de revoir le déficit à 50
milliards en mai et à 56 milliards au début du mois de
septembre.
M. Ignatieff promet de préciser comment un gouvernement
libéral viendrait à bout de ce boulet durant la campagne
électorale. Selon lui, il ne suffit pas d’avoir un plan de
relance économique pour sortir le gouvernement fédéral de
l’ornière des déficits. Il faut aussi une stratégie qui va
encourager la croissance soutenue de l’économie.
« Nous avons laissé au x conser vateu rs u n su r plus de
13 milliards de dollars (en 2006). Mais ils nous ont menés
au bord du déficit avant même le début de la récession.
Maintenant, le déficit est à 60
« Nous sommes dans une récession. J’espère vivement qu’on
va commencer à remonter à la surface. Mais cela requiert
un gouvernement avec une stratégie pas seulement de
relance, mais aussi de croissance. Ce qui me préoccupe le
plus, c’est le déficit. Nous sommes en déficit de près de
60 milliards de dollars. Cela met à risque la capacité du
Canada de maintenir les soins de santé, de maintenir nos
pensions. Ce n’est pas une chose abstraite, un déficit »,
a affirmé M. Ignatieff. milliards. C’est fort possible que
nous serons à 65 milliards à Noël. Cela met en danger tout
le progrès social que nous avons accompli depuis les 20
dernières années», a-t-il ajouté.
À
l’occasion d’un discours devant le Canadian Club de
Toronto, lundi, M. Ignatieff détaillera les politiques
économiques qu’il envisage s’il gagne les élections.
M a i s d ’o r e s e t d é j à , M.Ignatieff écarte toute
forme de hausse des impôts ou des taxes comme moyen de
juguler le déficit. Pas question non plus de sabrer dans
les transferts aux provinces, comme le gouvernement
libéral de Jean Chrétien l’avait fait dans les années 90,
pour rétablir l’équilibre budgétaire à Ottawa.
Le gouvernement Harper écarte aussi toute hausse des
impôts et des taxes ou toute réduction dans les paiements
de transferts. Il table surtout sur la reprise de la
croissance économique et la fin des mesures de relance du
gouvernement pour mettre de l’ordre dans les finances de
l’État. Selon les dernières projections du ministre Jim
Flaherty, le déficit devrait être éliminé d’ici 2015.
«L’élimination du déficit est l’enjeu capital de la
politique canadienne pour les années à venir. Il faut
élaborer une stratégie très concrète de croissance
économique. Je ne veux pas éviter les questions
difficiles. Les conservateurs nous ont mis dans un trou
sans précédent. Chaque choix sera difficile», a dit le
chef libéral.
M. Ignatieff a soutenu qu’il ne fait pas de promesse en
l’air lorsqu’il s’engage à ne pas augmenter le fardeau
fiscal des Canadiens. Il a dit croire qu’une hausse des
impôts pourrait faire dérailler la croissance une fois que
les effets des milliards de dollars investis par les
gouvernements pour stimuler l’économie s’estomperont.
Chose certaine, le Canada doit conquérir de nouveaux
marchés s’il veut créer de nouveaux emplois, outre les
exportations vers les États-Unis, selon M. Ignatieff.
C’est pourquoi le chef libéral propose de remettre sur
pied des missions commerciales en Chine, en Inde et dans
les pays émergents, qui avaient été la marque de commerce
du gouvernement Chrétien. Ces missions ont été abandonnées
par le premier ministre libéral Paul Martin en 2004.
«Négliger l’Inde et la Chine, comme l’ont fait les
conservateurs depuis quatre ans, cela a de lourdes
conséquences », a dit M. Ignatieff.
Rendez-vous manqué - Danny Lepage
La sortie du chef libéral Michael Ignatieff de mardi est
sans aucun doute le résultat d’un processus intellectuel bien
réfléchi et d’une stratégie bien documenté. Il n’en demeure
pas moins surprenant de constater le manque total
d’opportunisme politique dont il fait preuve depuis qu’il
détient les rênes du parti. Pensons au rendez-vous manqué le
printemps dernier, quand les libéraux avaient l’immense
occasion de défaire le gouvernement minoritaire sur des
questions d’ordre social. Leur analyse simpliste fut celle
d’attendre à l’automne la mise à jour économique et les
conclusions du comité sur l’assurance emploi comme catalyseurs
électoraux, mais surtout de profiter des épluchettes de blé
d’Inde et des barbecues estivaux pour renflouer les coffres du
parti. Ce rendez-vous manqué pourrait leur coûter cher. Les
sondages montrent une remontée impressionnante des intentions
de vote en faveur des conservateurs. Ensuite, l’économie
canadienne tend vers une reprise dans les prochains mois.
Un peu de sagesse - ANDRÉ PRATTE
On ne doit
modifier l’assurance emploi qu’après avoir soigneusement
évalué les effets des changements envisagés.
La réforme de l’assurance emploi est au coeur du débat
politique à Ottawa. Libéraux et conservateurs font mine de
discuter au sein d’un comité mis sur pied il y a deux
mois; leur désaccord à ce sujet pourrait provoquer la
tenue d’élections cet automne. Les statistiques du chômage
publiées hier, selon lesquelles 45 000 Canadiens de plus
ont perdu leur emploi en juillet, confirment l’importance
de cet enjeu.
L’assurance emploi est un régime complexe et délicat. On
ne doit y apporter des changements qu’après en avoir
soigneusement évalué les effets. Malheureusement, les
politiciens s’en sont emparés en mettant de l’avant des
propositions et arguments simplistes ne visant qu’à
marquer des points contre leurs adversaires.
La proposition de réforme dont on parle le plus est celle
mise de l’avant par les trois partis de l’opposition, soit
l’adoption d’un seuil d’admissibilité unique à la place du
seuil actuel qui varie selon le taux de chômage régional.
Le nouveau seuil national serait fixé à 360 heures
travaillées dans l’année précédant la demande ;
présentement, le seuil va de 420 à 700 heures travaillées.
Il s’agirait d’unchangement très important. Le principe du
seuil variable a été adopté il y a plus de 40 ans. Depuis,
il a survécu à toutes les réformes du régime. En 2005, un
comité parlementaire a proposé un seuil national de 360
heures. Le gouvernement libéral en place à l’époque a
rejeté l’idée, expliquant que « lorsque des changements au
régime sont envisagés, il est important de bien connaître
les répercussions des dernières améliorations ».
C’est la
principale faiblesse de la proposition de l’opposition: on
la dirait sortie d’un chapeau. Le nombre de chômeurs étant
à la hausse, on veut rapidement rendre le régime plus
généreux (et par ricochet stimuler l’économie) sans se
préoccuper de savoir si le seuil national profitera aux
travailleurs qui sont les plus touchés par la crise, si le
changement aura des effets pervers ou si d’autres
modifications, moins spectaculaires, pourraient s’avérer
mieux ciblées et moins coûteuses.
De son côté, le gouvernement Harper se contente de
caricaturer les suggestions de ses adversaires. Pourtant,
la plupart des spécialistes s’entendent sur la nécessité
de rendre l’assurance emploi plus accessible et équitable.
La Chambre de commerce du Canada et la Banque TD suggèrent
d’abaisser le seuil d’admissibilité à 560 heures dans
toutes les régions où le taux de chômage est de moins de
10%(où le seuil varie actuellement entre 560 et 700
heures). Cela permettrait aux travailleurs installés dans
des régions jusqu’à récemment prospères d’être plus
facilement admissibles à l’assurance emploi. Le régime se
trouverait ainsi simplifié et le changement serait moins
coûteux que la mesure suggérée par l’opposition. Enfin, le
principe de la variabilité selon le taux de chômage
n’étant pas complètement abandonné, un éventuel retour aux
anciens seuils serait moins controversé.
S’ils font preuve d’un peu plus de sagesse et d’un peu
moins de partisanerie, les élus fédéraux arriveront à
mettre en place les changements qu’impose la récession...
avant que la récession ne prenne fin.
Réforme de l’assurance emploi Les demandes libérales
jugées « fantaisistes » - Malorie Beauchemin
— L’épineux
dossier de la réforme de l’assurance emploi divise toujours
libéraux et conservateurs, à moins de deux mois de la reprise
des travaux parlementaires, qui pourraient rapidement mener à
une nouvelle joute électorale.
La
ministre fédérale des Ressources naturelles, Diane Finley, a
relancé hier le débat entourant l’assurance emploi.
Hier, la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a
qualifié de « fantaisiste » la proposition du Parti libéral
d’abaisser à 360 heures le seuil d’admissibilité à l’assurance
emploi.
En juin dernier, la mise sur pied d’un comité bipartite sur la
question, comprenant des députés libéraux et conservateurs,
avait permis d’assurer la survie du gouvernement de Stephen
Harper, au moins jusqu’à l’automne.
« M. Ignatieff et des membres du caucus libéral ont publiquement
indiqué qu’ils ne reculeraient pas sur leur demande des 360
heures, a lancé Mme Finley à la sortie d’un caucus conservateur.
Soyons clairs, travailler neuf semaines et récolter de
l’assurance emploi pour le reste de l’année, ce n’est qu’une
fabulation intellectuelle. »
Les contribuables canadiens n’ont pas les moyens d’éponger la
facture qui résulterait d’un tel changement aux règles, a
soutenu la ministre des Ressources humaines, fermant
définitivement la porte à cette proposition.
Mme Finley reproche aux libéraux de changer sans arrêt leur
position et réclame maintenant qu’ils lui présentent des
propositions « précises, détaillées, financièrement responsables
et qui ne feront pas augmenter les impôts des Canadiens ».
En entrevue à CTV, le chef libéral Michael Ignatieff a rétorqué
que la situation du chômage au Canada n’avait rien de «
fantaisiste » et que seul son parti avait jusqu’à présent
démontré un minimum de flexibilité dans les pourparlers sur
l’assurance emploi.
« J’ai
toujours essayé de travailler avec le gouvernement, de mettre
les intérêts des Canadiens au premier plan. Mais c’est de plus
en plus difficile », a souligné M. Ignatieff, laissant
entendre qu’il pourrait être tenté de présenter un vote de
défiance dans le but de faire tomber le gouvernement de
Stephen Harper.
Les libéraux tiennent mordicus à une réforme de l’assurance
emploi qui comprendrait l’établissement de normes nationales
d’admissibilité, plutôt que par régions économiques comme
c’est le cas actuellement.
« Il y a 150 000 Canadiens qui ne peuvent pas recevoir
d’assurance emploi dans ces temps difficiles, non pas parce
qu’ils n’ont pas assez contribué, mais parce qu’ils n’habitent
pas au bon endroit, a souligné M. Ignatieff. Il faut changer
les règles pour plus d’équité. »
Les trois partis de l’opposition à Ottawa réclament
d’importants changements à l’assurance emploi. « S’il n’y a
pas de modifications substantielles, et non pas juste
cosmétiques, à l’assurance emploi, c’est très clair qu’on va
voter contre la confiance au gouvernement », a réitéré le
leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette.
L’attaque en règle de la ministre Finley contre ses
adversaires libéraux survient à l’issue d’une session de trois
jours de préparation, chez les conservateurs, en vue de la
reprise parlementaire et de la possible tenue d’élections
générales cet automne.
Les futurs candidats et militants se sont d’abord rencontrés
pendant deux jours à Ottawa, au début de la semaine, pour des
formations et des séances d’information. Puis, les députés et
ministres ont tenu deux jours de caucus, afin d’aligner leurs
fusils en vue des prochains mois.
Si tous les ministres se réjouissent des « signes
encourageants » constatés dans l’économie canadienne, tous ne
s’entendent pas sur l’état de la récession. Leministre du
Commerce international, Stockwell Day, a annoncé à grands
cris, lundi, la fin de la récession, dans une lettre publiée
dans un quotidien de Colombie-Britannique. Or, plusieurs de
ses collègues se sont relayés, depuis deux jours, pour réduire
les élans de triomphalisme initiés la semaine dernière par le
gouverneur de la Banque du Canada, MarkCarney, qui avait lui
aussi affirmé que la récession était terminée.
Quelques notes avant de décrocher -
VINCENT MARISSAL
Michael
Ignatieff aurait pu faire tomber le gouvernement Harper sur
cette question de l’accessibilité à l’assurance emploi, mais
il a reculé, se contentant d’une vague promesse de M. Harper
de mettre sur pied un comité bipartisan pour étudier le
dossier.
Après la fin de session en queue de poisson de Michael Ignat
ief f à Ottawa, il y a deux semaines, on aurait pu penser que
les libéraux partiraient en vacances sans trop insister sur la
question de l’assurance emploi.
Pourtant, les libéraux essayent encore de taper sur le clou
des « 360 heures » qu’ils ont euxmêmes tordu en cédant devant
le premier ministre Harper.
J’ai reçu cette semaine dans ma boîte à lettres, comme des
milliers de foyers, une brochure du Parti libéral accusant le
gouvernement conservateur de priver 150 000 Canadiens de
prestations en refusant d’appliquer partout au pays la règle
des 360 heures pour se qualifier.
Le dépliant affirme ceci : « Plus de la moitié des Canadiens
au chômage n’ont pas droit à l’assurance emploi et beaucoup
d’entre eux ont du mal à faire face au coût de la vie. Les
conservateurs ont rejeté un plan qui aurait permis à 150 000
Canadiens de plus de recevoir une prestation. »
Heureusement pour les libéraux que la grande majorité des
électeurs ont déjà la tête aux vacances et qu’ils ne porteront
pas trop attention à ce curieux message parce que celui-ci
nous rappelle surtout que Michael Ignatieff avait fait de la
règle des 360 heures une condition incontournable et qu’il a
finalement battu en retraite piteusement pour éviter des
élections estivales.
Le chef libéral aurait pu faire tomber le gouvernement Harper
sur cette question de l’accessi-
D’autant que ce sont les précédents gouvernements libéraux (de
ça, la brochure ne parle pas, évidemment) qui ont restreint
l’accessibilité dans les années 90, au point où, comme le note
le Parti libéral, la moitié des chômeurs ne se qualifient plus
à l’assurance emploi.
Quand on vit dans une maison de verre…
Forces et faiblesses…
Hier matin, en lisant ma Presse (eh oui, je lis ENCORE le
journal en papier en prenant mon café…), je ne pouvais
m’empêcher de sourire en juxtaposant le texte de mon collègue
Joël-Denis raux sur l’assurance emploi en est l’illustration
parfaite. On ne peut pas dire, par ailleurs, que Michael
Ignatieff se soit imposé dans quelque dossier que ce soit au
cours des derniers mois.
Ce n’est pas plus concluant du côté des conservateurs. Ceuxci
souffrent même de dédoublement de personnalité. Que reste-t-il
de « conservateur » chez un gouvernement qui a pondu et vanté
un budget… libéral et qui a même « nationalisé » un géant de
l’auto comme GM? Où sont passés les points forts de Stephen
Harper lorsque les Canadiens pensent que le manque de
transparence et l’arrogance font plutôt partie de la liste de
ses points faibles? bilité à l’assurance emploi, mais il a
reculé, se contentant d’une vague promesse de M. Harper de
mettre sur pied un comité bipartisan pour étudier le dossier.
Dans les faits, M. Harper a été très clair : pas question
d’étendre la règle des 360 heures, mais on verra ce que l’on
peut faire pour les travailleurs autonomes.
Si la chose tenait tellement à coeur à Michael Ignatieff, il
pouvait s’opposer, mais ne l’ayant pas fait, il est plutôt
complice de la misère des 150 000 chômeurs dont il se fait
aujourd’hui le défenseur. Bellavance à propos d’un sondage
Nanos et cette brochure du PLC.
En gros, la
firme Nanos a découvert qu’une majorité de Canadiens sont
incapables de trouver un point fort aux conservateurs et aux
libéraux.
Pas très étonnant. Côté idées fortes, vision et convictions,
nous ne vivons pas des années de grands crus. Si les Canadiens
n’arrivent pas à identifier la marque de commerce des deux
principaux partis, c’est tout simplement parce que ceux-ci
sont incapables d’en imposer une.
La brochure partisane des libé-
Remarquez, l’absence d’idées fortes, de priorités clairement
définies et de points forts ne condamnent pas nécessairement
un parti à sa perte. En politique, on tire d’abord sa force de
la faiblesse de notre opposition.
Voyez Jean Charest, à Québec.
On a de l’argent pour ça?
Apparemment, les fonds de tiroirs du gouvernement fédéral sont
d’une profondeur abyssale et, en grattant bien, on y trouve
encore quelques réserves, même en ces temps de disette.
Et même si le gouvernement est formé de conservateurs qui
déchiraient leur chemise lorsque les précédents régimes
libéraux dépensaient de l’argent dans des comités, des études,
des commissions, des groupes d’experts…
Ainsi, le ministre des Finances, Jim Flaherty, père du plus
grand déficit budgétaire jamais enregistré en ce pays, vient
de trouver des sous pour créer un groupe de travail « sur la
littératie financière ».
Le mandat de ce groupe de travail (duquel fera partie le
banquier montréalais Jacques Ménard) est de proposer des
moyens d’améliorer les connaissances des Canadiens sur les
produits et les services financiers et ainsi les aider à mieux
gérer leurs finances, selon les informations recueillies par
notre bureau d’Ottawa.
On a vraiment de l’argent pour ça dans les coffres du
ministère des Finances ?
Cela dit, si le fédéral a de l’argent pour faire des campagnes
sur les sièges d’auto pour enfants, sur la violence aux aînés,
sur la préparation des ménages en cas de catastrophe
naturelle, sur la manipulation des matières dangereuses, et
j’en passe, pas surprenant qu’il en ait aussi pour dire aux
Canadiens comment gérer leur bas de laine.
Sur ce, je pars recharger mes batteries quelques semaines en
vue des élections fédérales de l’automne. Bon été.
Attention, M.
Ignatieff: terrains glissants ! - VINCENT MARISSAL
Ragaillardi par
des sondages qui lui sont favorables, M. Ignatieff a délaissé la
retenue qui caractérise habituellement ses réponses.
Les détracteurs de Michael Ignatieff ne ratent pas une occasion
de souligner son manque d’expérience en matière de politique et
de gestion gouvernementale (ce qui est objectivement exact),
mais ils ne pourront jamais l’accuser de manquer de confiance en
lui-même.
En
entrevue au quotidien deVancouver The Province, Michael
Ignatieff a résumé ses projets d’avenir : « Je vais devenir
premier ministre de ce pays, aussi certain que je suis assis
ici devant vous, et je vais hériter du plus gros déficit de
l’histoire du Canada. »
Voici comment le nouveau chef libéral a résumé ses projets
d’avenir, le week-end dernier, dans une entrevue accordée au
chroniqueur James McNulty, du quotidien vancouvérois The
Province:
« Je vais devenir premier ministre de ce pays, aussi certain que
je suis assis ici devant vous, et je vais hériter du plus gros
déficit de l’histoire du Canada. »
Ragaillardi, apparemment, par l’ambiance d’un congrès harmonieux
et par des sondages qui lui sont favorables, M. Ignatieff a
délaissé la retenue qui caractérise habituellement ses réponses.
C’est peut-être ce qui explique aussi qu’il se soit rendu
dare-dare à Ottawa, dès lundi, pour en découdre avec le premier
ministre Harper.
Avant de se lancer avec tant d’enthousiasme, le nouveau chef
libéral aurait néanmoins intérêt à s’équiper de crampons, comme
le recommandait ce bon Marcel Tremblay. Parce que, à l’instar
des trottoirs de Montréal en hiver, les terrains politiques sur
lesquels il s’avance sont plutôt casse-gueule.
Tout d’abord, Michael Ignatieff se retrouve sur la même petite
plaque de glace que tous les chefs de l’opposition devant un
gouvernement minoritaire. Plus important encore que d’élaborer
un programme, M. Ignatieff doit trouver le bonmoment et la
bonnemanière de défaire le gouvernement.
Ce qui veut dire: trouver un bon moment pour son parti sans
avoir l’air de faire passer celui-ci avant les intérêts premiers
des Canadiens. Et espérer que les électeurs soient assez
mécontents des conservateurs, sans toutefois être trop fâchés
d’avoir d’autres élections.
Ce n’est pas si simple. L’expérience récente à Ottawa et
àQuébec, oùquatre gouvernements minoritaires ont été élus depuis
cinq ans, démontre qu’un seul a été renversé par l’opposition
(celui de Paul Martin, fin 2005).
Rappelons qu’il y a quelques mois à peine, M. Ignatieff disait
que les Canadiens avaient autant besoin d’une élection que d’un
trou dans la tête! Il va falloir les convaincre que la situation
a vraiment changé, faute de quoi c’est lui qui se tirera dans le
pied.
Visiblement, M. Ignatieff veut profiter de sa lancée
post-congrès pour traquer le gouvernement, pour le mettre sur la
défensive, plutôt que de se faire attaquer lui-même.
L’idée est
bonne, mais il va un peu vite en affaires avec ses demandes pour
un assouplissement de l’assurance emploi.
Quand il accuse les conservateurs de laisser tomber les
chômeurs, M. Ignatieff semble oublier que c’est le gouvernement
libéral de Jean Chrétien, dans les années 90, qui a resserré
l’accès au programme et diminué les prestations. Ce sont aussi
les libéraux qui ont pigé allégrement dans la caisse d’assurance
emploi pour éponger le déficit.
Les libéraux en ont d’ailleurs payé le prix aux élections de
1997, perdant 19 de leurs 30 sièges dans les Maritimes et à
Terre-Neuve.
« Les coupes ont fait mal à certaines régions, c’est évident,
avait reconnu Jean Chrétien au lendemain du scrutin. Mais nous
n’avions pas vraiment le choix. Si nous ne l’avions pas fait,
l’économie et même les programmes sociaux auraient souffert
encore plus dans les mois et les années à venir. »
On pourrait dire la même chose aujourd’hui. Pondue à la hâte, la
proposition de Michael Ignatieff visant à rendre plus
accessibles les prestations à l’échelle du pays risque de
recréer tout un contingent d’abonnés qui travaillent 10 semaines
pour toucher ensuite des prestations d’assurance emploi pendant
42 semaines. Coûteux et pas forcément bien avisé en période de
crise.
Autre terrain glissant : les champs de compétence des provinces,
dans lesquels M. Ignatieff rêve de gambader avec une série de
nouveaux programmes pour la petite enfance, pour l’éducation
postsecondaire, la santé ou la formation de la main-d’oeuvre.
Mêmes lubies libérales. Même vocabulaire litigieux, où il est
question de « plan national », de priorités nationales, de
programme national. Et mêmes querelles en perspective avec
Québec. S’aliéner le gouvernement Charest à ce moment-ci serait
pour le moins contre-productif.
Tout dépend, évidemment, de la manière.
Michael Ignatieff, qui insiste avec raison sur le savoir, peut
s’inspirer du succès de la Fondation canadienne pour
l’innovation (une initiative du gouvernement Chrétien qui
distribue des centaines de millions pour la recherche
universitaire, dans la plus grande harmonie).
Ou il peut se rembarquer dans une controverse, comme le fameux
programme des bourses du millénaire, qui vient d’ailleurs de
prendre fin après 10 ans d’existence.
On pourra du coup vérifier si M. Ignatieff est sérieux quand il
parle de décentralisation et de respect des provinces.
Première
erreur de M. Ignatieff - ANDRÉ PRATTE
Au l endema i n
de s a conf i rmation comme chef du Parti libéral du Canada,
Michael Ignatieff a enfourché un nouveau cheval de bataille. M.
Ignatieff exige qu’on élargisse l’admissibilité aux prestations
d’assurance emploi. Cette réforme est « urgente », affirme le
chef libéral, laissant entendre que si le gouvernement Harper
rejette sa suggestion, il pourrait y avoir des élections dès cet
été.
Bien des observateurs s’entendent pour dire que l’assurance
emploi n’est pas assez généreuse et qu’à mesure qu’augmente le
nombre de chômeurs, cette situation devient intolérable. Soit.
Mais quels changements devraiton apporter en priorité ? Quel
impact auraient ces changements sur la viabilité financière du
régime et donc sur le niveau futur des primes ?
L’assurance emploi est un programme éminemment complexe. Avant
d’y apporter toute réforme substantielle, il faut prendre le
temps de bien en étudier les tenants et aboutissants.
Le Parti libéral demande que le nombre d’heures de travail
requis pour avoir droit à l’assurance emploi soit abaissé et
uniformisé à 360 heures. À l’heure actuelle, ce seuil varie de
420 heures à 700 heures selon le taux de chômage sévissant dans
la région où réside le travailleur. Le changement mis de l’avant
par les libéraux coûterait 1milliard.
Vaut-il mieux
faire cela ou éliminer le délai de carence de deux semaines? Ou
augmenter le niveau des prestations? Ou encore allonger la
période pendant laquelle on peut recevoir des prestations, comme
les conservateurs viennent de le faire? On ne sait pas trop
pourquoi les libéraux préfèrent les 360 heures aux autres
avenues de réforme sinon que d’un point de vue politique, la
proposition a l’avantage d’être à la fois simple et séduisante.
Curieusement, le système d’assurance emploi que Michael
Ignatieff dénonce aujourd’hui a été mis en place par des
gouvernements libéraux. C’est depuis 1977, alors que Pierre
Trudeau était au pouvoir, que le nombre d’heures (autrefois, de
semaines) exigé varie selon le taux de chômage régional. C’est
le gouvernement de Jean Chrétien qui a procédé à la doloureuse
réforme de 1996. Par conséquent, si le régime est « en crise »
comme le soutient M. Ignatieff, on ne peut certainement pas en
rendre les conservateurs responsables.
Les libéraux proposent que l’abaissement du seuil
d’admissibilité soit une mesure temporai re. Temporai re jusqu’à
quand? Dans une étude sur le sujet publiée la semaine dernière,
les économistes de la Banque TD soulignent à juste titre que «
quand il s’agit de mettre un terme à un programme temporaire,
les gouvernements canadiens ont un piètre bilan ».
Sachant la virulence de l’opposition suscitée par toute
compression dans l’assurance emploi, on se demande quel
gouvernement aura le courage, une fois la récession passée, de
rehausser le nombre d’heures exigé.
On a beaucoup reproché au nouveau chef libéral d’exprimer
seulement des généralités. La réforme temporaire de l’assurance
emploi est la première mesure concrète que M. Ignatieff met de
l’avant. Mauvais départ: il s’agit d’une proposition téméraire
et irréfléchie. La plateforme électorale que le PLC promet pour
juin devra être beaucoup mieux ficelée.
Les chômeurs
trouvent la position d'Ignatieff courageuse...
Une position courageuse - Pierre Céré
La proposition
de Michael Ignatieff pour améliorer l’accès à l’assurance
emploi n’est pas improvisée
L’assurance emploi doit redevenir un programme qui assure la
sécurité économique et la dignité des travailleurs qui perdent
leur emploi.
l y a un peu plus d’u n mois , nous avions incité le chef du
Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, à faire preuve de
courage et à préciser ses mesures d’engagement pour réparer et
améliorer le régime d’assurance emploi. Force est de constater
que notre appel a été entendu et que les propositions
exprimées publiquement par le chef du PLC sont de haut niveau.
Unemajorité
de chômeurs n’arrivent plus à se qualifier à l’assurance
emploi: depuis 1996, la couverture du régime (le ratio
prestataires-chômeurs) est tombée en dessous des 50%,
justement à cause du resserrement des critères
d’admissibilité.
D’aucuns seront dérangés par cette proposition (d’uniformiser
à 360 le nombre d’heures de travail requis), et seront tentés
de faire le procès passé des libéraux. D’autres, à l’instar de
l’éditorialiste en chef de La Presse, André Pratte,
prétendront qu’il s’agit « d’une proposition téméraire et
irréfléchie », qu’il y a lieu de « prendre garde à ne pas
faire des changements improvisés ou trop coûteux ». Quant à la
position du gouvernement Harper, elle est insignifiante et
sans coeur.
Nous avons été artisans de ces rapprochements avec les
libéraux, et de la mise en place de très larges alliances au
sein de la société pour favoriser les changements désirés. Si
nous avons été au-devant de tous les combats menés contre les
compressions imposées au régime d’assurance emploi depuis
1993, nous avons aussi proposé des éléments de solution. Plus
particulièrement, et cela depuis quelques années, nous avons
tendu la main aux libéraux, dans un esprit de réconciliation
fondé sur la vérité et sur la justice.
Il n’est pas juste de considérer la position libérale comme
étant irréfléchie, téméraire, trop coûteuse. Chaque année, le
régime d’assurance emploi module la vie de centaines de
milliers de travailleurs, pris entre deux emplois.
Malheureusement, une majorité de chômeurs n’arrivent plus à se
qualifier à l’assurance emploi: depuis 1996, la couverture du
régime (le ratio prestataires-chômeurs) est tombée en dessous
des 50%, justement à cause du resserrement des L’auteur est
porte-parole du Conseil national des chômeurs (CNC).
Icritères
d’admissibilité. Les premières victimes sont les travailleurs
à statut précaire.
On ne compte plus les voix qui réclament une meilleure
admissibilité à l’assurance emploi: le Conference Board du
Canada, l’Institut CD Howe, de nombreux économistes québécois
et canadiens, hommes et femmes politiques, comme les premiers
ministres du Québec et de l’Ontario, observateurs et
commentateurs, groupes de femmes, syndicats... Combien
d’articles et d’éditoriaux, que nous pourrions résumer dans
cette formule éclairée, celle de Mario Roy dans La Presse du
13 décembre 2008: « La façon élégante, juste et efficace de
régler le dossier sera sans doute de bonifier le régime
d’assurance emploi, notamment en décadenassant l’accès aux
prestations. »
Il n’y a rien d’improvisé dans la position libérale qui
s’affirme comme une position courageuse, en phase avec la
société, en phase avec les besoins criants, avec les demandes
et avec les majorités qui s’expriment. En phase aussi avec ce
concept de solidarité sociale qui se retrouvait au coeur même
du Livre blanc de Brice Mackasey pour un meilleur régime
d’assurance-chômage, sous le gouvernement Trudeau, en 1971.
Comprenons aussi une chose : les coûts d’un tel chantier
seront assumés, sans défaut, par les seules cotisations des
travailleurs et des employeurs, considérant que le
gouvernement ne finance plus la caisse d’assurance emploi
depuis la fin des années 80. La caisse continue d’ailleurs à
enregistrer des surplus, et s’il le fallait, une hausse de
seulement 10 sous affecterait des revenus d’environ 1 milliard
de dollars.
L’assurance emploi doit redevenir un programme qui assure la
sécurité économique, et donc la dignité, des travailleurs qui
perdent leur emploi et qui se retrouvent temporairement en
situation de chômage. La seule partisannerie que nous
connaissons est là. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à
saluer la prise de position deM. Ignatieff, et à l’encourager
dans cette voie.
Allez plus loin, M. Ignatieff - Gilles
Duceppe
Il faut
hausser les prestations d’assurance emploi et abolir le
délai de carence de deux semaines
Les règles « injustes » qu’il dénonce ont été créées par
les libéraux eux-mêmes.
L’auteur est chef du Bloc québécois.
L’OCDE
prévoit
que le taux de chômage au Canada atteindra 10,8% en
2010, soit quelque deux millions de chômeurs.
L’OCDE prévoit que le taux de chômage au Canada atteindra
10,8% en 2010. Cela signifie qu’il y aura deux millions de
chômeurs au Canada, dont une majorité n’a pas accès à
l’assurance emploi.
Ça veut dire des milliers de Québécoises et de Québécois
plongés dans une situation financière pénible, des régions
entières en crise et une économie qui peine à redémarrer.
Plus on attend avant d’agir, plus cette prévision a des
chances de se réaliser.
Depuis des années, le Bloc québécois exige des
bonifications au régime d’assurance emploi pour en élargir
l’accès. Nous sommes évidemment surpris, mais aussi ravis,
de lire et d’entendre Michael Ignatieff réclamer à son
tour une norme universelle d’admissibilité de 360 heures,
ce qui permettra à 148 000 personnes d’avoir accès à
l’assurance emploi.
Si nous sommes surpris, c’est qu’en voyant Michael
Ignatieff dénoncer les règles actuelles du régime
d’assurance emploi, on pourrait croire qu’il n’est pas le
chef du Parti libéral du Canada. Ces règles injustes,
selon lui, ont en effet été créées par les libéraux
eux-mêmes. Ce sont aussi des gouvernements libéraux qui
ont présidé au pillage de la caisse d’assurance emploi à
hauteur de 50 milliards de dollars.
Nous sommes surpris du ton d’urgence de M. Ignatieff,
puisqu’une telle réforme était inscrite dans l’esprit de
l’entente de la coalition que le chef libéral a sabordée
en janvier. S’il avait choisi une autre route, les
familles touchées par la crise bénéficieraient déjà d’un
meilleur accès au régime.
De même, en votant en faveur du budget conservateur en
janvier, Michael Ignatieff a cautionné le gouvernement
Harper qui a effacé la décision de la Cour suprême qui
avait jugé illégal le détournement des surplus pour les
années 2002, 2003 et 2005. Et il a du même coup cautionné
ces règles injustes dont il parle aujourd’hui.
Nous
sommes aussi ravis de voir le chemin parcouru par le Parti
libéral du Canada sur cette question, mais si M. Ignatieff
veut vraiment aider les travailleurs, il devra aller plus
loin.
En limitant sa proposition au seuil de 360 heures, Michael
Ignatieff fait l’impasse sur d’autres réformes urgentes.
Actuellement, l’archaïsme du régime fait en sorte que les
travailleurs qui ont droit à des prestations peuvent
attendre jusqu’à deux mois, voire plus, avant de toucher
leur premier chèque, ce qui met les gens dans une
situation très pénible.
Si le chef libéral est sérieux, il doit également réclamer
l’abolition du délai de carence de deux semaines, une
mesure qui a depuis longtemps perdu toute justification.
Il est également urgent de changer l’approche actuelle
d’un régime qui part du principe que tout demandeur est un
fraudeur potentiel. En plus d’être insultante pour les
99,9% des travailleurs qui sont de bonne foi, cette
approche est à l’origine de ces délais inacceptables.
De même, le régime offre des prestations insuffisantes,
qui ne permettent pas aux gens qui perdent leur emploi de
subvenir aux besoins de leur famille. Une véritable
réforme devrait comprendre une hausse des prestations de
55% à 60% du salaire gagné, l’augmentation de la
rémunération assurable à 42 500$ et un calcul basé sur les
12 meilleures semaines.
Finalement, on ne peut se contenter de prendre des mesures
pour venir en aide à ceux qui perdent leur emploi, sans
d’abord les aider à le conserver. Le programme d’assurance
emploi pourrait être d’un grand secours si seulement on
assouplissait et adaptait les mesures favorisant la
formation et le travail partagé.
Ces mesures ont déjà été proposées à de multiples reprises
par le Bloc québécois et ont été étudiées – et, pour la
plupart, acceptées – dans les comités parlementaires.
Elles pourraient être implantées en quelques semaines et
permettraient d’injecter rapidement des milliards de
dollars dans l’économie.
Si les propos de Michael Ignatieff sont autre chose que de
la simple rhétorique et qu’il veut véritablement aider les
travailleuses et les travailleurs, il a maintenant
connaissance de tous les éléments pour compléter sa
proposition.
Harper dénonce la proposition « irréaliste » des
libéraux
BONIFICATION
DE L’ASSURANCE EMPLOI
— Le premier ministre Stephen Harper juge « totalement
irréaliste » la proposition des libéraux de Michael Ignatieff
de ramener à 360 le nombre d’heures que doivent travailler les
Canadiens pour avoir droit à des prestations de d’assurance
emploi.
Depuis deux semaines, le Parti libéral réclame des changements
au programme d’assurance emploi pour une durée limitée afin de
donner un coup de pouce aux travailleurs qui viennent de
perdre leur emploi.
Les libéraux proposent que toute personne ayant travaillé au
moins 360 heures, soit l’équivalent de neuf semaines à temps
complet, puisse toucher des prestations, et cela peu importe
la région où elle vit. À l’heure actuelle, ce critère varie de
420 à 700 heures, selon la région économique.
Les libéraux ont exigé que ces changements soient adoptés
avant la fin de juin à défaut de quoi ils n’écartent pas
l’idée de renverser le gouvernement conservateur minoritaire
de Stephen Harper.
Aux Communes , hie r, Michael Ignatieff a soutenu que les
faillites personnelles sont en hausse de 60% en mars, le taux
de chômage a bondi de 83% en Alberta et de 68% en
ColombieBritannique depuis le début de la crise économique.
« Il y a plus
de gens dans les provinces de l’Ouest que partout ailleurs au
pays qui ont cotisé à l’assurance emploi mais qui ne peuvent
obtenir de prestations. Nous avons proposé un seuil national
d’admissibilité de 360 heures. Le premier ministre va-t-il
donner suite à notre proposition avant la fin de la session
parlementaire », a demandé M. Ignatieff.
Comme il l’avait fait la semaine dernière, M. Harper a opposé
une fin de non-recevoir à cette demande en affirmant que le
programme d’assurance emploi actuel est très « généreux », et
que son gouvernement a augmenté de cinq semaines la durée des
prestations.
Mais il est allé plus loin hier. « Nous savons tous ce qui
motive le chef libéral en faisant une telle proposition. Cette
proposition ferait en sorte qu’un Canadien pourrait travailler
45 jours et obtenir des prestations d’assurance emploi pendant
un an. Ce serait le régime dans chaque région. Cela ne ferait
rien pour l’économie ou la récession aujourd’hui. C’est
simplement une proposition totalement irréaliste, irréfléchie
qui augmenterait les impôts de manière importante et
permanente pour les travailleurs et les petites entreprises »,
a dit M. Harper.
M. Ignatieff a rétorqué en invitant le premier ministre à
expliquer sa décision devant les quelque 150 000 Canadiens qui
auraient droit à des prestations en vertu des changements
proposés par les libéraux.
Ces changements sera ient d’une durée limitée et coûteraient
entre un et 1,5 milliard de dollars par année.
En point de presse, le chef libéral a accusé M. Harper de ne
pas comprendre le fonctionnement du programme d’assurance
emploi. « Bonifier le programme d’assurance emploi est un
excellent moyen de stimuler l’économie. Les gens qui en ont
besoin le dépensent rapidement. Tous les économistes sont
d’accord là-dessus », a dit M. Ignatieff.
Un système à réformer - Michael
Ignatieff
Nous devons
élargir les critères d’admissibilité de l’assurance emploi
pour aider les chômeurs exclus
L’assurance emploi utilise toujours 58 critères
d’admissibilité régionaux différents. Cela n’a aucun sens.
L’auteur est chef du Parti libéral du Canada et député
d’Etobicoke-Lakeshore.
Le
leader libéral, Michael Ignatieff, était à Toronto jeudi
dernier pour exiger une réforme de l’assurance emploi au
pays: « Plus de 40% des personnes qui sont au chômage dans
ce pays n’ont pas droit aux prestations d’assurance emploi,
même si elles ont cotisé au régime. »
Nous sommes en pleine récession. Nous devons adapter les
règles qui gouvernent notre économie.
Le chômage augmente en flèche, le nombre de faillites est en
hausse et le déficit budgétaire bat des records. Plus de 300
000 Canadiens ont perdu leur emploi depuis le début de la
crise.
Notre système d’assurance emploi n’est pas conçu pour une
récession de cette ampleur. Plus de 40% des personnes qui sont
au chômage dans ce pays n’ont pas droit aux prestations
d’assurance emploi, même si elles ont cotisé au régime. La
conséquence ? L’aide dont les Canadiens ont besoin n’arrive
pas .
Voilà pourquoi il faut absolument réformer notre système
d’assurance emploi. Nous devons élargir les critères
d’admissibilité pour aider ceux qui ont cotisé, mais sont
actuellement exclus. L’assurance emploi est également le moyen
le plus efficace, le plus rapide et le mieux ciblé que le
gouvernement puisse utiliser pour relancer l’économie dès
maintenant.
La crise que nous traversons affecte tout le pays. C’est une
crise nationale. Mais l’assurance emploi utilise toujours 58
critères d’admissibilité régionaux différents. Cela n’a aucun
sens.
Le chômage a augmenté de 83% en Alberta et de 68% en
Colombie-Britannique, mais il est toujours deux fois plus
difficile d’avoir droit aux prestations d’assurance emploi
dans l’ouest du Canada qu’ailleurs au pays.
À Magog, au Québec, 200 personnes ont été mises à pied par
Gurit Canada. Ces personnes ont toutes versé les mêmes
cotisations à l’assurance emploi, mais perçoivent des
prestations différentes parce qu’elles habitent dans une ville
qui chevauche deux zones différentes.
Chaque j our, les bureaux de nos députés reçoivent des
Canadiens qui ont besoin d’aide pour recevoir des prestations
de chômage. À Mississauga, un père de quatre enfants dont
l’épouse touche des prestations d’invalidité, a cotisé à
l’assurance emploi mais n’y est pas admissible parce qu’il lui
manque 11 heures de travail, selon les règles en vigueur.
Ces règles
sont injustes, et mal adaptées aux circonstances.
Le Parti libéral a proposé d’établir une norme nationale
d’admissibilité de 360 heures jusqu’à la reprise économique.
Si cette proposition est adoptée rapidement, quelque 150 000
Canadiens, qui ont perdu leur emploi pour des raisons
totalement indépendantes de leur volonté et qui ont cotisé à
l’assurance emploi, auraient droit aux prestations de chômage.
Ce type d’initiative aura un effet bénéfique sur l’économie
canadienne: 150 000 bénéficiaires de plus, c’est 150 000
familles qui paient leur loyer, leur nourriture, leur
transport. C’est de l’argent qui circule dans les
collectivités qui ont été le plus durement touchées par la
récession.
Voilà le type de mesures de relance immédiates, ciblées et
efficaces qu’il nous faut. Nous sommes à la mi-2009 et le
gouvernement n’a réussi à verser que 6% des fonds de
stimulation qu’il a lui-même promis. Les lourdeurs
administratives paralysent les dépenses fédérales en faveur de
l’infrastructure et le gouvernement reste assis sur des
milliards de dollars dont nos municipalités ont désespérément
besoin pour mettre des projets en chantier et créer des
emplois. Nous pouvons aider ces municipalités rapidement et
directement, en améliorant l’admissibilité aux prestations
d’assurance emploi.
Selon notre plan, le coût de l’amélioration du régime
d’assurance emploi serait couvert par les revenus généraux du
gouvernement. Les cotisations n’augmenteraient pas, elles
resteraient les mêmes pour les salariés. La durée et le
montant des prestations ne changeraient pas non plus.
Jour après jour à la Chambre des communes, les conservateurs
défendent le système actuel. Leur argument, selon lequel le
système fonctionne bien, est pervers : ils ne citent que les
régions où le chômage a tellement augmenté que, selon les
règles existantes, les personnes qui ont perdu leur emploi ont
finalement droit aux prestations.
Si la solution du gouvernement conservateur à la crise est
d’attendre que suffisamment de Canadiens perdent leur emploi,
quelque chose ne va pas.
À l’approche de la fin des travaux parlementaires, le
gouvernement conservateur doit faire un choix. M. Harper peut
continuer à s’opposer à une bonne idée simplement parce que
quelqu’un d’autre y a pensé avant lui ou apporter un
changement crucial à l’assurance emploi et donner aux milliers
de Canadiens, qui ont cotisé au régime, l’aide qu’il leur faut
pour subvenir aux besoins de leur famille.
Nous espérons que le gouvernement conservateur fera le bon
choix.
La hausse
de l'appui au PLC stoppée par les taxes d’Ignatieff
Le dernier
sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse
et du Toronto Star démontre en effet que les appuis au Parti
libéral sont demeurés stables à 36%, soit le même score que lors
du coup de sonde précédent. Les appuis au Parti conservateur se
sont également maintenus à 33%.
Stephen
Harper est encore choisi par le plus grand nombre de Canadiens
comme étant le plus apte à occuper le poste de premier
ministre (32%). Le chef du PLC, Michael Ignatieff, est bon
deuxième avec 27%.
Pour sa part, le NPD récolte 15% des intentions de vote, une
hausse de deux points de pourcentage, tandis que le Parti vert
doit se contenter de 7%. Il s’agit du deuxième coup de sonde de
la firme Nanos qui place les libéraux en tête à l’échelle
nationale, devant les conservateurs. Mais la progression
spectaculaire de leurs appuis relevée au cours des dernières
semaines semble avoir pris fin.
Au Québec, le Bloc québécois et le Parti libéral sont
pratiquement à égalité. Les troupes de Gilles Duceppe obtiennent
37% alors que les libéraux de Michael Ignatieff leur soufflent
dans le
— Les libéraux de Michael Ignatieff ont vu leur progression dans
les intentions de vote stopper après que le chef libéral eut
affirmé le mois dernier qu’il n’écartait pas l’idée d’augmenter
les impôts ou les taxes, si cela s’avérait nécessaire, pour
éliminer le déficit fédéral une fois la crise économique
terminée. cou en raflant 36%. Les conservateurs de Stephen
Harper ne récoltent plus qu’un maigre 11%, le même score que le
NPD.
Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, il est évident
que les propos du chef libéral au sujet d’une possible
augmentation des impôts ont causé du tort à son parti.
« Les propos de
Michael Ignatieff ont eu un effet. Il n’est d’ailleurs pas
étonnant que les libéraux tentent de rectifier le tir depuis
qu’il a fait ces déclarations », a affirmé Nik Nanos.
La firme Nanos a d’ailleurs évalué l’opinion des Canadiens au
sujet d’une possible hausse des impôts sans toutefois nommer le
chef libéral. À la question de savoir ce qu’ils penseraient «
d’un politicien qui déclare que les taxes devront être
augmentées à l’avenir pour compenser les dépenses déficitaires
occasionnées par la crise économique actuelle », 43% des
Canadiens affirment qu’ils auraient une opinion défavorable ou
plutôt défavorable contre seulement 30% qui auraient une opinion
favorable ou plutôt favorable. Vingt-trois pour cent affirment
qu’une telle déclaration les laisse indifférents et 4% disent ne
pas le savoir.
Depuis que M. Ignatieff a fait cette déclaration, les
conservateurs de Stephen Harper ne ratent pas une journée à la
Chambre des communes pour accuser le Parti libéral de vouloir
hausser les impôts dès leur retour au pouvoir.
Selon M. Nanos, les conservateurs pourraient marquer des points
contre les libéraux s’ils continuent à taper sur ce clou.
Et le Parti conservateur détient un autre atout: Stephen Harper.
Selon la firme Nanos, Stephen Harper est encore choisi par le
plus grand nombre de Canadiens comme étant le plus apte à
occuper le poste de premier ministre (32%). Michael Ignatieff
est bon deuxième avec 27% tandis que le chef du NPD, Jack
Layton, doit se contenter de 13%. Mais Stephen Harper représente
un boulet pour son parti au Québec, où seulement 15% des
répondants croient qu’il est le meilleur chef pour diriger le
pays. Le chef libéral, pour sa part, est le choix de 35% des
personnes interrogées alors que Jack Layton est choisi par 14%.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1001 Canadiens du 25 au 30
avril. La marge d’erreur est de 3,1 points, 19 fois sur 20. La
marge d’erreur est de 6,4 points pour les résultats au Québec.
OTTAWA La volonté de centralisation des
libéraux décriée - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le
ministre des Travaux publics, Christian Paradis, dénonce les
intentions des libéraux de Michael Ignatieff de transférer des
sommes d’argent directement aux municipalités pour financer
des projets d’infrastructures s’ils prennent le pouvoir aux
prochaines élections.
Selon M. Paradis, qui est le lieutenant politique de Stephen
Harper au Québec, une telle déclaration du chef libéral plus
tôt cette semaine à Toronto démontre que le vieux réflexe des
libéraux de tout vouloir centraliser à Ottawa revient
tranquillement à la surface.
M. Paradis a rappelé qu’une telle manoeuvre d’un gouvernement
libéral provoquerait de nouvelles confrontations entre Ottawa
et Québec, d’autant plus que cela irait à l’encontre de la loi
sur le Ministère du conseil exécutif (M-30), adoptée en 1974.
Cette loi empêche notamment les municipalités de conclure des
ententes de financement directement avec le gouvernement
fédéral sans l’autorisation préalable du gouvernement du
Québec.
« Tout cela est encore une fois du Ottawa knows best que nous
ont déjà servi les libéraux. Il faut travailler dans le
respect des juridictions des provinces, comme nous le faisons
depuis 2006 », a dit M. Paradis.
Respecter la
loi M-30
« Je trouve cela malheureux. C’est un retour en arrière. Cela
va provoquer des conflits entre Québec et Ottawa et c’est la
dernière chose dont nous avons besoin. (…) L’Assemblée
nationale, dans sa souveraineté, a décidé d’adopter la loi
M-30 et le gouvernement fédéral doit la respecter. C’est un
vieux réflexe des libéraux qui revient et qui a tant fait mal
à l’unité du pays », a ajouté le ministre des Travaux publics.
Dans un discours prononcé devant la Chambre de commerce de
Toronto, lundi, Michael Ignatieff a critiqué la lenteur du
gouvernement Harper à financer les projets d’infrastructures
au pays.
Il a ajouté qu’un gouvernement libéral « distribuerait
l’argent directement aux municipalités, aux gens sur le
terrain qui savent où sont les besoins les plus urgents – dans
les infrastructures communautaires ».
Simple flirt ou amour durable?
- LYSIANNE GAGNON
La relation
qui s’amorce entre le PLC et le PLQ estelle prometteuse?
C’est de nouveau le flirt entre libéraux fédéraux et
provinciaux, les fiançailles entre MM. Charest et Harper
s’étant rompues quand le premier a laissé tomber le second en
pleine campagne électorale fédérale, et ce, après que Stephen
Harper, amant volage, eût entamé une brève liaison avec Mario
Dumont. Les amours sont fugitives en politique. Mais la
relation qui s’amorce entre le PLC et le PLQ est-elle
prometteuse ?
Jean
Charest, chef du Parti libéral du Québec, et Michael
Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada.
Rien n’est moins sûr. M. Charest n’a pas d’affinité
particulière avec les libéraux fédéraux qu’il a combattus aux
côtés des conservateurs de Mulroney, et il est difficile de
voir en quoi M. Ignatieff pourra donner au Québec davantage
que ce que lui a cédé Stephen Harper.
Le nouveau chef libéral a déjà fait savoir sans équivoque
qu’il n’entend pas enchâsser le concept de « nation » dans la
constitution (ce en quoi il fait preuve du réalisme le plus
élémentaire). Et il serait fort étonnant que le PLC renonce à
sa tradition centralisatrice.
Ce n’est pas sans raison que le premier ministre Harper,
l’autre jour à Montréal, tapait sur ce clou-là. Même si sa
cote a désespérément baissé au Québec, le Parti conservateur
garde un gros atout dans sa manche: il peut dire aux
Québécois, sans trahir la vérité, qu’il est le seul parti à
prôner un fédéralisme décentralisateur. M. Harper pourrait à
la rigueur, s’il était poussé dans les câbles, renoncer
formellement au pouvoir de dépenser dans les champs de
compétence provinciale, mais cela ne se produira jamais sous
un gouvernement libéral. M. Ignatieff, d’ailleurs, ne s’en
cache pas. Le gouvernement fédéral faillirait à sa mission,
disait-il au sortir du congrès de Vancouver, s’il ignorait les
grandes questions qui intéressent les citoyens. Et c’est
reparti : programme national de garderies, programmes
favorisant la recherche et l’innovation, éducation
post-secondaire, TGV est-ouest (alors que les déplacements, du
moins à partir du Québec, se font vers le sud)…
Le PLC a
toujours formé des gouvernements interventionnistes et
dépensiers. Il n’y a pas de raison pour que cela change avec
Michael Ignatieff, qui n’est pas le genre d’homme à se
contenter d’administrer les douanes et la TPS, et qui rêve au
contraire de « refaire » le Canada et d’unir tous les
Canadiens autour de grands projets collectifs.
Même Stéphane Dion est tombé dans le piège, lui qui, au temps
où il enseignait la science politique, croyait dur comme fer à
la séparation des pouvoirs entre le fédéral et les provinces.
Son programme électoral, l’automne dernier, était truffé
d’interventions grossières dans des domaines de compétence
provinciale. Il voulait même se mêler des admissions dans les
facultés de médecine!
Il est beaucoup trop tôt pour savoir si l’erre d’aller dont
jouit actuellement le nouveau chef libéral va durer. Les
Québécois seront-ils sensibles à son charme raffiné, à ses
indéniables qualités intellectuelles, à sa hauteur de vue ?
Seront-ils au contraire rebutés par son côté un peu hautain?
Les publicités négatives dont les tories inondent les ondes
vont-elles lui nuire ? Probablement.
Dans toutes les sociétés, il y a des gens qui se méfient des «
jet-setters » et des personnalités cosmopolites. Ceux-là lui
reprocheront d’avoir été absent pendant trois décennies du
pays qu’il veut diriger… en oubliant que Stephen Harper, lui,
présente le problème inverse: quand il a été élu, ce dernier
n’était pratiquement jamais sorti du Canada; il avait très peu
voyagé, et aussi brillant fut-il, ses horizons étaient
limités. D’où son inaptitude à comprendre les arcanes de la
diplomatie internationale et son insécurité psychologique qui
le pousse à vouloir tout contrôler. L’indifférence têtue qu’il
a manifestée envers la Chine jusqu’à tout récemment, entre
autres choses, a beaucoup nui au pays.
Harper dépeint Ignatieff comme un ardent
centralisateur
Discours du
premier ministre au Reine-Elizabeth
Stephen Ha r per i nvite les Québécois à la plus grande
prudence avant de sauter dans le train libéral de Michael
Ignatieff.
Le
premier ministre Stephen Harper a prononcé un discours à
saveur électorale, hier soir à l’hôtel Reine-Elizabeth à
Montréal. Son adversaire libéral Michael Ignatieff a été sa
cible de choix, mais le Bloc québécois n’a pas été épargné.
Car Michael Ignatieff est le leader le plus centralisateur
ayant jamais pris les commandes du Parti libéral de toute son
histoire, a affirmé hier soir le premier ministre dans un
discours à forte saveur électorale devant quelque 2000
militants conservateurs réunis au prestigieux hôtel Le
Reine-Elizabeth.
Alors que les libéraux ont pris la tête dans les sondages
depuis que Michael Ignatieff est à la barre du parti, Stephen
Harper a soutenu que les écrits du chef libéral font de lui un
élève exemplaire de Pierre Trudeau quand il s’agit des
pouvoirs que doit posséder le gouvernement fédéral.
« M. Ignatieff est dans la lignée de Pierre Trudeau. Il dit
lui-même que Trudeau est son mentor. Je vous invite à lire ce
qu’il a dit et ce qu’il a écrit au cours des dernières
décennies. Vous verrez que M. Ignatieff est en fait le chef
libéral le plus centralisateur de l’histoire de notre pays »,
a affirmé M. Harper dans son discours d’une trentaine de
minutes.
« Mes amis, souvenez-vous toujours qu’il y a un parti
centralisateur, le Parti libéral. Il y a un parti des
indépendantistes, le Bloc. Mais il y a un seul parti qui a cru
dans le passé et qui croit toujours aujourd’hui en une nation
québécoise forte au sein d’un Canada uni et c’est le Parti
conservateur », a-t-il ajouté.
Le premier ministre a aussi souligné que le seul plan que
propose son adversaire libéral pour combattre la récession
mondiale est d’augmenter les taxes et les impôts pour mieux
financer « des dépenses extravagantes et permanentes » du
gouvernement fédéral, la plupart du temps dans des champs de
compétence des provinces. « Ce serait une erreur d’une
proportion historique », at-il lancé à ses militants.
Selon M. Harper, les libéraux n’hésiteront pas à ramener la
TPS, présentement à 5%, à 7%, et à imposer une taxe sur le
carbone s’ils prennent le pouvoir aux prochaines élections,
deux mesures qui auraient des effets catastrophiques, selon
lui, sur l’économie canadienne.
« Une des raisons pour lesquelles le chef libéral veut
augmenter vos impôts, c’est parce qu’il veut que le fédéral
ait plus d’argent pour pratiquer un fédéralisme centralisateur
», a affirmé le premier ministre.
M. Harper a prononcé ce discours à Montréal, où les
conservateurs n’ont pas réussi à faire élire de députés depuis
1988, alors que son parti a vu ses appuis diminuer de manière
marquée dans les sondages depuis les dernières élections. Le
dernier sondage CROPLa Presse accorde en effet 37% des appuis
aux libéraux de Michael Ignatieff au Québec contre 31% au Bloc
québécois, 15% au Parti conservateur et 12% au NPD. Au dernier
scrutin, le Parti conservateur a obtenu 22% des suffrages dans
la province tandis que le Bloc québécois a recueilli 38% et le
Parti libéral, 23,5%.
M. Harper a
non seulement profité de son discours pour attaquer la
crédibilité deMichael Ignatieff et mettre en doute de nouveau
l’utilité du Bloc québécois, mais il a aussi tenté de
démontrer que son parti n’a pas fait une croix sur le Québec,
malgré les mauvais sondages.
« C’est le plus grand rassemblement au Québec depuis qu’on a
formé le nouveau Parti conservateur. J’espère qu’il y a
beaucoup de journalistes dans la salle. Ils ne pourront plus
jamais dire que j’ai fait une croix sur le Québec », a lancé
d’emblée Stephen Harper. Les stratèges conservateurs ont
d’ailleurs choisi un thème pour cette soirée afin de marteler
ce message : « On s’enracine au Québec ».
Durant son discours, Stephen Harper a aussi voulu faire taire
les rumeurs persistantes rapportées dans certains médias
anglophones selon lesquelles il pourrait tirer sa révérence
avant les prochaines élections afin d’éviter une défaite aux
urnes.
Dans une envolée qui ne laissait aucun doute sur ses
intentions, le premier ministre a affirmé, en rappelant qu’il
venait de célébrer son 50e anniversaire de naissance: « Je
suis en très grande forme malgré la cinquantaine. Et je peux
vous dire que les bloquistes et les libéraux vont s’en rendre
compte lors de la prochaine campagne électorale. »
S’il a réservé la majorité de ses attaques à Michael
Ignatieff, hier soir, Stephen Harper n’a pas épargné le Bloc
québécois pour autant. Il a critiqué les troupes de Gilles
Duceppe d’avoir voté contre toutes les mesures prises par son
gouvernement minoritaire pour relancer l’économie. Mais sa
plus grande charge a porté sur la lutte contre la criminalité.
Stephen Harper a fustigé le Bloc d’avoir voté contre un projet
de loi visant à imposer des peines plus sévères aux criminels
impliqués dans le trafic des enfants. « Le Bloc a confirmé
encore qu’il a plus de considérations pour les agresseurs que
pour les victimes. Nous sommes le seul parti à la Chambre des
communes qui s’attaque au crime et qui défend les victimes »,
a-t-il affirmé sous les applaudissements de ses militants.
À la toute fin de son discours, Stephen Harper est revenu à sa
politique de la main tendue vers le Québec qui a permis à son
parti de remporter 10 sièges aux élections de 2006 et au
scrutin de 2008 dans la province.
« Vous pouvez compter sur moi pour déployer tous les efforts
nécessai res pour que notre parti soit toujours l’instrument
par lequel les Québécois et les Québécoises pourront affirmer
massivement leur fierté dans leur passé et leur confiance dans
l’avenir », a-t-il affirmé.
« Aujourd’hui, comme premier ministre du Canada et chef du
Parti conservateur, je vous invite à renouveler votre
engagement en faveur d’un Québec fort, prospère et autonome au
sein de la fédération canadienne », a-t-il ajouté sur un ton
plus contrit, conscient que son parti avait commis des erreurs
au Québec lors de la dernière campagne.
Le hasard a voulu que M. Harper prononce son discours à
Montréal le jour même où l’ancien premier ministre Brian
Mulroney terminait à Ottawa son témoignage éprouvant devant la
commission Oliphant chargée de faire la lumière sur ses liens
d’affaires avec Karlheinz Schreiber. Cette commission a été
créée par M. Harper et a provoqué des tiraillements au sein
des conservateurs au Québec.
Le Bloc prend Ignatieff pour cible
— Changement
de ton au Bloc québécois: le parti prend maintenant pour cible
le chef libéral Michael Ignatieff, allant jusqu’à utiliser une
technique s’apparentant aux récentes publicités négatives du
Parti conservateur.
Pierre
Paquette, leader parlementaire du Bloc québécois, a sommé
Michael Ignatieff (notre photo) de voter en faveur,
aujourd’hui, d’un projet de loi visant à contraindre les
sociétés sous juridiction fédérale au Québec à appliquer la
loi 101.
Sommant M. Ignatieff de voter en faveur, aujourd’hui, d’un
projet de loi visant à contraindre les sociétés sous
juridiction fédérale au Québec à appliquer la loi 101, les
bloquistes ont cherché, hier, à dépeindre le chef libéral
comme un fédéraliste peu enclin à faire respecter la Charte de
la langue française.
« Voilà quelqu’un qui dit reconnaître la nation québécoise,
mais qui ne reconnaît pas la langue de la nation québécoise,
qui est le français », a critiqué le chef du Bloc québécois,
Gilles Duceppe, en parlant de M. Ignatieff.
« C’est la même position que MM. Dion, Martin, Chrétien, et
Trudeau. Il n’y a pas de changement », a-t-il ajouté,
remettant en question la « position d’ouverture » du nouveau
chef libéral face à la nation québécoise.
En matinée, le leader parlementai re du Bloc , Pier re
Paquette, a présenté des affiches relevant d’anciennes
déclarations controversées de M. Ignatieff – l’adversaire
principal des bloquistes au Québec selon les plus récents
sondages.
Sur l’une
d’entre elles, datant de 1995, le chef libéral compare le
Québec à « un cas classique d’État ethnique en formation ». Le
style rappelle grandement une campagne publicitaire négative
lancée le mois dernier par le Parti conservateur : des
déclarations passées, des propos parfois tirés des livres
écrits par Michael Ignatieff, sur fond de photos et de
questionnements sur les intentions réelles du chef libéral.
Mais le Bloc se défend bien de se lancer dans « une campagne
de salissage ». « C’est important pour les Québécois de savoir
c’est quoi le contenu de Michael Ignatieff et du Parti libéral
du Canada, a souligné M. Paquette. Le Parti libéral a été
obligé de reconnaître la nation québécoise lors de la motion
que le Bloc québécois a déposée en 2006. Mais dans la réalité,
ils ne veulent surtout pas que ça se concrétise. »
En conférence de presse, M. Paquette a sommé le chef libéral
de voter, aujourd’hui, en faveur du projet de loi C-307, qui
vise à assujettir à la loi 101 les entreprises et sociétés sur
le territoire québécois qui relèvent du Code canadien du
travail, comme les aéroports, les banques et Postes Canada,
notamment. Celles-ci ne sont pas tenues actuellement d’offrir
un environnement de travail en français à plus de 200 000
travailleurs québécois.
« Il nous dit qu’il veut faire les choses différemment, a dit
le leader bloquiste. On lui donne une occasion de montrer que
son parti est différent de ce qu’on a connu pendant les 40
dernières années. »
Le principal intéressé a rapidement rejeté d’un revers de main
la requête du Bloc québécois, jugeant que les lois fédérales
devaient plutôt selon lui « insister sur le bilinguisme comme
un trait de notre caractère national ».
« Je crois que ce projet de loi du Bloc ne respecte pas la
dualité linguistique, pas seulement au Canada, mais aussi au
Québec », a justifié M. Ignatieff, ajoutant qu’il ne votera
tout simplement pas sur la question, puisqu’il s’agit d’un
projet de loi privé.
« S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont
vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger »
Un millier de convives à 500$ pour entendre Michael Ignatieff
« S’ils
m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont vécu à
l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger. »
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a encore une fois tendu la
main aux Québécois, à Montréal, hier soir, dans une salle
remplie par environ 1000 partisans.
Hier à
Montréal, le chef libéral fédéral, Michael Ignatieff, a de
nouveau tendu la main aux Québécois.
Dans un discours axé sur la culture, le savoir, l’innovation
et la diversité culturelle, il a appelé les électeurs et
militants libéraux de la province à unir leurs forces pour
renverser le gouvernement Harper et bâtir le Canada de demain.
« Bientôt, nous remettrons le Canada sur les rails. Et ce
jour-là, le Québec sera dans la locomotive », a-t-il lancé en
concluant son allocution à l’hôtel Sheraton du centre-ville.
M. Ignatieff a été introduit par Jacques Ménard, de BMO
Nesbitt Burns, qui l’a encouragé à « redresser la trajectoire
» donnée par le gouvernement Harper.
Le chef libéral n’a toutefois pas soufflé mot d’un possible
déclenchement d’élections avant l’été, malgré des rumeurs à
cet effet à Ottawa, et des sondages qui continuent à le placer
en bonne posture dans les intentions de vote au Québec.
Les organisateurs de ce « dîner annuel du chef » ont évalué
l’assistance à environ 1100 personnes. Le coût du billet était
de 500$.
L’organisateur
en chef de Michael Ignatieff pour la province, le député
montréalais Denis Coderre, était donc heureux, dans une
allocution, de comparer l’événement à celui tenu par les
conservateurs à Montréal, il y a quelques semaines.
Environ 2000 personnes étaient alors présentes, mais les
billets étaient 150$. De plus, les organisateurs conservateurs
avaient peiné à remplir la salle.
En plus de s’en prendre au Bloc québécois, Michael Ignatieff a
aussi lancé quelques flèches aux conservateurs et à leur chef.
« Stephen Harper appartient au passé », a-t-il dit, lui
reprochant en outre de pratiquer un fédéralisme de
confrontation.
Il a également critiqué les publicités négatives à son endroit
lancées par le Parti conservateur il y a quelques semaines, et
qui le décrivent comme un simple visiteur au Canada, puisqu’il
a vécu plusieurs années de sa vie à l’extérieur du pays.
« S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont
vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger »,
a dénoncé M. Ignatieff.
« Nous sommes un pays tourné vers le monde, un pays habité par
le monde. Il faut un leadership qui se réjouit d’être un pays
foyer et asile de tous les peuples, bilingue, qui inspire le
monde sur la manière de vivre, travailler, et réussir
ensemble. C’est ça – cette vision ouverte du Canada – qui est
dans la balance. »
Michael Ignatieff recrute un proche
collaborateur de Jean Chrétien
— Les
troupes libérales de Michael Ignatieff ont unanimement
salué la décision de leur chef de faire appel à Peter
Donolo, un ancien proche collaborateur de Jean Chrétien,
pour occuper le poste de chef de cabinet.
M. Donolo remplace ainsi Ian Davey à ce poste névralgique
au cabinet de M. Ignatieff au moment où les appuis aux
libéraux sont en chute libre dans les sondages depuis
quelques mois. M. Davey faisait partie d’un groupe de
libéraux de Toronto qui avaient convaincu Michael
Ignatieff de quitter son poste de professeur à l’
Université Harvard en 2005 pour tenter sa chance en
politique fédérale
À tour de rôle, hier, les députés libéraux interrogés à ce
sujet ont affirmé que le retour à Ottawa de M. Donolo
permettra de remettre le parti sur la bonne voie.
Reconnu comme un redoutable communicateur, M. Donolo a été
directeur des communications de Jean Chrétien durant son
premier mandat comme premier ministre de 19 93 à 1997.
Originaire de Montréal et bilingue, M. Donolo était à la
tête d’une firme de sondages de Toronto, Strategic
Council, depuis quelques années.
M.
Donolo dev r a i t ê t r e i ntégré dans ses nouvelles
fonctions aujourd’hui.
« J’ai beaucoup de respect pour Ian Davey et tout ce qu’il
a fait pour nous, mais nous avons besoin d’expérience et
c’est exactement ce que M. Donolo apporte. Il a beaucoup
d’expérience et un bilan démontrant qu’il est capable de
se concent rer sur les préoccupations des Canadiens
ordinaires », a affirmé le député libéral de Toronto John
McCallum. « Il est l’homme de la situation », a pour sa
part affirmé Steven MacKinnon, ancien directeur général du
PLC et candidat libéral dans Gatineau.
M. Ignatieff a décidé de donner un coup de balai au sein
de cabinet après avoir vu les appuis du Parti libéral
fondre comme neige au soleil depuis le printemps.
Plusieurs députés libéraux ne se gênaient pas pour blâmer
en privé Ian Davey pour les déboires du parti. Fils du
célèbre sénateur libéral Keith Davey, mieux connu au
Canada anglais sous le nom de Rainmaker pour avoir
contribué à plusieurs victoires libérales dans les années
60 et 70, M. Davey occupait son poste depuis quelques
semaines seulement.
Le député libéral de Bourassa, Denis Coderre, avait
vertement critiqué les membres de l’entourage de M.
Ignatieff, très majoritairement originaires de Toronto,
lorsqu’il a remis sa démission comme lieutenant politique
en septembre.
Dans un courriel envoyé à La Presse hier, M. Donolo s’est
dit heureux de reprendre du service pour le Parti libéral.
« J’ai hâte de travailler avec M. Ignatieff, les membres
du caucus libéral et les militants libéraux d’un bout à
l’autre du pays au cours des prochains mois pour
revitaliser le Parti libéral », a affirmé M. Donolo.
L’effet Ignatieff attire les Québécois au PLC, estime
Jean-Marc Fournier - Hugo de GrandPré
OTTAWA —
L’effet Ignatieff encourage de plus en plus de membres du
Parti libéral du Québec, voire de souverainistes, à
joindre leurs forces à celles du Parti libéral du Canada,
estime Jean-Marc Fournier.
L’ancien ministre de l’Éducation du Québec occupe depuis
environ deux semaines le poste de conseiller principal du
chef libéral fédéral, Michael Ignatieff. Dans une entrevue
accordée à La Presse, il explique pourquoi il a décidé de
s’engager de nouveau en politique active, après l’avoir
quittée il y a moins d’un an pour une pause de
«ressourcement».
Assis dans son bureau du quatrième étage du parlement, le
dos tourné à la vue superbe dont il dispose sur la rivière
des Outaouais, M. Fournier explique que c’est la vision de
son nouveau patron, tant pour le Québec que pour le Canada
et le reste du monde, qui l’a convaincu de demander un
congé sans solde jusqu’au mois de décembre à son
employeur, Socodec, filiale de SNC-Lavalin.
«Je suis venu parce que je crois, et je ne suis pas tout
seul, que les gens voient chez Michael Ignatieff une
nouvelle ouverture à l’égard du Québec. Cette idée de
respect de l’appartenance à des degrés divers, elle est
intéressante », dit-il.
« Je suis sensible au fait que l’on me permette d’être
Québécois et d’être Canadien, dans l’ordre que je veux. Je
suis sensible à cela », ajoute l’ancien ministre et leader
parlementaire dans le gouvernement de Jean Charest.
Selon M. Fournier, plusieurs Québécois seront aussi
sensibles que lui à ces arguments et décideront de
délaisser le Bloc québécois et le Parti conservateur pour
monter dans le train libéral fédéral.
«La
gouverne mondiale est en changement, note-t-il. Est-ce que
nous allons passer à côté de l’occasion que nous avons de
sortir de ce statu quo-là, où nous nous réservons un
espace dans les gradins, debout à crier "Chou!"? Ou est-ce
que nous allons prendre part à une gouverne qui va nous
ressembler?»
Jean-Marc Fournier souligne qu’on n’a qu’à jeter un coup
d’oeil à la liste de personnes présentes dans des
rassemblements du PLC partout au Québec pour s’en
convaincre: nous ne sommes plus à l’époque où les
militants du PLQ se tenaient loin de leurs cousins
fédéraux.
« Je ne commencerai pas à donner des noms, dit-il en
riant. Mais je crois qu’il y a plus de Québécois qui sont
intéressés par ce que représente le Parti libéral du
Canada maintenant. Qui sont attentifs à ce que M.
Ignatieff peut leur proposer. Et s’il y a plus de
Québécois qui sont attentifs à ça, forcément, il va y
avoir plus de libéraux du Québec qui seront attentifs à
ça. »
Lorsqu’il a accepté d’agir à titre de conseiller à temps
plein de Michael Ignatieff à Ottawa, M. Fournier devait
arriver en plein dans une campagne électorale. Or,
l’affrontement pourrait bien attendre encore au moins une
saison. Il estime néanmoins qu’il pourra être utile au
parti.
« Je viens avec l’expérience de 18 ans de politique, 14
ans en tant que député, quelques années ministre, dont
entre autres dans un gouvernement minoritaire à titre de
leader. Comme leader, j’étais responsable, avec d’autres,
de la cohérence gouvernementale, du message»,
souligne-t-il.
« L’automne est assez important, conclut M. Fournier. Il
aurait pu être un automne électoral, il est de toute façon
un automne de préparation. »
Les libéraux veulent provoquer des élections
- Joël-Denis Bellavance
— Les
libéraux de Michael Ignatieff n’ont plus qu’une chose en
tête à l’approche de la rentrée parlementaire: renverser
le gouvernement conservateur. À moins d’un revirement
majeur, les libéraux profiteront de la journée de
l’opposition qui leur sera accordée fin septembre pour
déposer une motion de censure envers le gouvernement
Harper afin de provoquer des élections à l’automne.
Si les libéraux obtiennent l’appui du Bloc québécois et du
NPD, ce qui semble acquis à en juger par les déclarations
du chef bloquiste, Gilles Duceppe, et du leader du NPD,
Jack Layton, des élections auraient lieu le lundi 9
novembre. Il s’agirait du quatrième scrutin en cinq ans et
du deuxième en douze mois.
« Le temps où les libéraux appuyaient les conservateurs
est révolu. Et les propos de Michael Ignatieff à ce sujet
depuis quelques semaines sont assez limpides », a affirmé
à La Presse un proche collaborateur de M. Ignatieff, qui a
requis l’anonymat.
« Un consensus assez solide s’installe dans les rangs
libéraux. Il n’est plus question d’assurer la survie du
gouvernement de Stephen Harper. Michael Ignatieff doit y
mettre fin », a ajouté une autre source libérale.
« Iln’y aura pasdemeilleure occasion pour défaire le
gouvernement Harper que cet automne. Michael Ignatieff ne
peut se permettre à nouveau de soutenir les conservateurs.
Autrement, il va se faire comparer à Stéphane Dion », a
encore soutenu un stratège libéral.
Les troupes libérales sont en état d’alerte depuis la fin
de la session parlementaire de juin. Durant la dernière
session, Michael Ignatieff avait menacé de renverser le
gouvernement au cours du vote sur les crédits budgétaires,
à moins que Stephen Harper ne se plie à quatre conditions:
réforme du programme de l’assurance emploi, un plan pour
pallier la pénurie des isotopes médicaux à la suite de la
fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River, un bilan
des dépenses réelles engagées dans les projets
d’infrastructures et un plan pour rétablir l’équilibre
budgétaire à Ottawa.
Mais M. Ignatieff a dû battre en retraite après le refus
de M. Harper de donner suite à ses exigences. Le chef
libéral a finalement obtenu la création d’un comité
bipartite pour examiner les réformes possibles au régime
d’assurance emploi.
Michael
Ignatieff a aussi réussi à arracher du gouvernement Harper
une journée de l’opposition deux jours après la
présentation du troisième rapport sur l’état de santé de
l’économie par le ministre des Finances, Jim Flaherty, le
28 septembre. Pour les stratèges libéraux, il est acquis
que Michael Ignatieff profitera de cette journée pour
présenter une motion de censure contre le gouvernement
minoritaire conservateur.
Fin prêts
Les troupes libérales se réuniront à Sudbury, dans le nord
de l’Ontario, du 31 août au 2 septembre afin de peaufiner
leur stratégie en prévision de la rentrée parlementaire du
14 septembre. Ils feront alors le point sur leur
préparation en vue d’une campagne électorale.
Les libéraux affirment être prêts à en découdre avec les
conservateurs, même si les derniers sondages démontrent
que le Parti conservateur et le Parti libéral sont à
égalité dans les intentions de vote. « Ce n’est pas trois
ou quatre mois de plus qui nous permettront d’être plus
prêts », a affirmé un député libéral.
La rédaction du programme électoral est presque terminée.
La machine libérale a aussi réussi à récolter plus
d’argent que par le passé. Le recrutement de candidats
d’envergure est également plus facile que lorsque Stéphane
Dion dirigeait les troupes.
« Nous allons avoir l’argent nécessaire pour mener une
campagne nationale digne et dépenser la limite permise par
la loi », a-t-on indiqué.
Les stratèges libéraux croient qu’une victoire est
possible si Michael Ignatieff mène une bonne campagne.
Toutefois, ils reconnaissent que la victoire est loin
d’être acquise. À l’heure actuelle, le Parti conservateur
détient 143 sièges et le Parti libéral, 77. Le Bloc
québécois a 48 sièges et le NPD, 36. Il y a un député
indépendant et trois sièges vacants.
Les libéraux reconnaissent qu’ils doivent faire des gains
importants au Québec et en Ontario. Au Québec, ils
détiennent 14 des 75 sièges et ils ont comme objectif de
doubler ce nombre.
SONDAGE NANOS/ LA PRESSE Les libéraux ont une
imagemoins négative que les conservateurs
— Autre signe
du cynisme qui existe envers les hommes et les femmes
politiques au pays, les Canadiens sont davantage capables de
relever les faiblesses des principaux partis politiques que
d’en énumérer des forces.
Tant le premier minist re Stephen Harper que le chef du
Parti libéral, Michael Ignatieff, ont donc du pain sur la
planche s’ils veulent renverser cette tendance avant les
prochaines élections, qui pourraient avoir lieu dès
l’automne.
C’est du moins ce que suggère un sondage Nanos réalisé pour
le compte de La Presse du 17 au 21 juin auprès de 1001
Canadiens.
Dans le cadre de ce coup de sonde, le sondeur Nik Nanos a
voulu connaître la véritable opinion qu’ont les Canadiens
des libéraux de Michael Ignatieff sans leur suggérer de
réponse. La firme Nanos avait fait le même exercice pour les
conservateurs de Stephen Harper dans son précédent sondage.
Les résultats, dans les deux cas, sont comparables.
Dans le cas du Parti libéral, seulement 35% des personnes
interrogées ont été en mesure d’identifier une force ; 15%
ont affirmé que les libéraux n’avaient pas de force et une
étonnante proportion de 51% a soutenu être incapable d’en
identifier une. Les qualités identifiées spontanément par
les Canadiens étaient le leadership de Michael Ignatieff
(7,9% des répondants), l’expérience de l’équipe libérale
(4,6%), le pragmatisme des libéraux (4,3%) et le fait qu’ils
ne soient pas des conservateurs (4%).
Mais lorsqu’il s’agissait de relever une faiblesse, 49% des
Canadiens ont été en mesure d’en nommer une et 49% ont été
incapables de le faire. Une maigre part de 2% des répondants
a affirmé que le Parti libéral était sans faille. Les
lacunes relevées sont aussi variées: le leadership de
Michael Ignatieff (11,8%), les politiques du parti (5,8%),
le manque de réalisme (4,3%) et leur récente histoire
(commandites 4,4%).
Il y a deux semaines, la firme Nanos avait constaté que 65%
des Canadiens étaient en mesure de nommer spontanément une
lacune du gouvernement conservateur, au pouvoir depuis
février 2006, mais seulement 35% des répondants étaient
capables de souligner une qualité.
Parmi les
faiblesses du gouvernement, les Canadiens avaient cité le
premier ministre Stephen Harper (11,6%), le manque de
transparence (7,7%), l’idéologie de droite (4,6%), la
gestion de l’économie (4,3%), le manque d’écoute ( 4,3%),
l’arrogance (3,2%), entre autres choses.
Ceux qui avaient pu nommer une force avaient notamment
cité Stephen Harper (5%), la gestion de l’économie (3,5%),
les promesses tenues (3,2%), l’efficacité du gouvernement
(3,1%), la continuité (2,2%) et le fait que les
conservateurs soient au pouvoir (2,2%).
Selon Nik Nanos, les conservateurs et les libéraux
reçoivent une note globale négative pour ce qui est de
leur image puisque les Canadiens sont davantage portés à
relever des lacunes que des forces.
« Toutefois, l’image négative des conservateurs est plus
forte que celle des libéraux. Car 65% sont capables
d’identifier une lacune aux conservateurs alors que 49%
sont capables de le faire avec les libéraux. Aussi les
Canadiens n’ont pas encore fait leur opinion sur les
libéraux depuis qu’ils ont changé de chef. Cela veut dire
que les libéraux doivent encore faire des efforts pour se
définir eux-mêmes », a noté Nik Nanos.
Autre fait intéressant, les Canadiens, de manière
générale, sont plus portés à citer les chefs des partis
respectifs comme une faiblesse, ce qui veut dire que les
leaders définissent beaucoup l’image qu’ont les électeurs
des partis politiques.
« Au-delà de leur chef, l’image des conservateurs porte
beaucoup sur des facteurs de rendement comme la gestion de
l’économie, l’organisation et la cohérence. Dans le cas
des libéraux, leur image est forgée à partir de leur
expérience et de la perception qu’ils sont plus équilibrés
sur les grands enjeux. »
La marge d’erreur du sondage réalisé du 17 au 24 juin est
de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Le précédent
sondage sur la perception des conservateurs, réalisé du 26
mai au 1er juin, comportait la même marge d’erreur.
L’Alberta préfère Ignatieff à Harper pour
défendre les sables bitumineux
« Pourquoi
le chef libéral défend-il avec plus de conviction
l’importance des sables bitumineux pour l’Alberta que notre
premier ministre qui vient de Calgary ? »
OTTAWA — Estimant que le premier ministre Stephen Harper
défend mal l’industrie des sables bitumineux, le
gouvernement de l’Alberta croit avoir trouvé un meilleur
allié : le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.
Dans
une note destinée à ses députés conservateurs, le
gouvernement albertain souligne que Michael Ignatieff n’a
pas hésité à défendre vigoureusement l’industrie des
sables bitumineux à la suite de la publication d’un
reportage dévastateur sur cette industrie dans le magazine
National Geographic.
Dans une note destinée aux députés conservateurs du
gouvernement albertain pour les aider à sensibiliser leurs
cousins fédéraux aux besoins de la province, on affirme que
Michael Ignatieff défend mieux cette importante industrie
qui contribue toutefois au piètre bilan du Canada en matière
d’émission de gaz à effet de serre.
Dans ce document, on souligne d’ailleurs que Michael
Ignatieff n’a pas hésité à défendre vigoureusement
l’industrie des sables bitumineux à la suite de la
publication d’un reportage dévastateur sur cette industrie
dans le magazine National Geographic.
« Pourquoi le chef l ibéral défend-il avec plus de
conviction l’importance des sables bitumineux pour l’Alberta
que notre premier ministre qui vient de Calgary ? »
demande-t-on dans le document dont le quotidien The Globe
and Mail a publié des extraits hier.
Les louanges du gouvernement de l’Alberta envers le chef
libéral Michael Ignatieff ont causé des remous hier à Ottawa
e chef du
Bloc québécois , Gi l les Duceppe, a soutenu que cela
démontre que le chef libéral n’agirait pas différemment du
gouvernement Harper s’il était au pouvoir dans le dossier de
l’exploitation des sables bitumineux.
« Il a la même position que Harper. Quand il nous dit que
les sables bitumineux, c’est une question d’unité nationale,
c’est vrai pour les Canadiens. Moi comme Québécois, je
trouve que c’est une raison de plus de faire la souveraineté
», a déclaré M. Duceppe.
« C’est contraire aux intérêts du Québec sur Kyoto, les
sables bitumineux. Prendre la part des sables bitumineux,
c’est aller contre les intérêts du Québec qui aurait tout
intérêt à ce que Kyoto soit mis en oeuvre. (…) Or ce
qu’Ignatieff fait, c’est de prendre la même position que
Harper et encore plus. »
L e c r i t i que du N PD en matière de ressources
naturelles, Nathan Cullen, a aussi déclaré que les libéraux
et les conservateurs semblent être sur la même longueur
d’onde lorsqu’il s’agit de réglementer l’industrie des
sables bitumineux.
« Les deux ont atteint le même fond du baril. Ils se
concurrencent pour savoir qui appuie le plus fort le projet
énergétique le plus pol luant au monde. Que ce soit Michael
Ignatieff ou Stephen Harper, les deux croient que les sables
bitumineux sont une merveille », a dit M. Cullen.
Ignatieff augmente son avance
Les
conservateurs se maintiennent dans les intentions de vote
malgré la crise
OTTAWA— L’entreprise de séduction entamée parMichael Ignatieff
auprès des électeurs d’un bout à l’autre du pays depuis
quelques mois continue de rapporter des dividendes aux
libéraux.
Le Parti libéral a en effet réussi à augmenter l’avance qu’il
détient sur le Parti conservateur dans les intentions de vote,
démontre le dernier sondage exclusif réalisé par la firme
Nanos pour le compte de La Presse et du Toronto Star.
Si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, les
troupes de Michael Ignatieff récolteraient 37,2% des appuis et
les conservateurs de Stephen Harper, 31,8%. Le NPD
recueillerait 15,7% des votes tandis que le Parti vert devrait
se contenter de 7,4%.
Ce faisant, le Parti libéral récolte, à l’échelle nationale,
un point de pourcentage de plus dans les intentions de vote
qu’en avril, la dernière fois que Nanos a pris le pouls de
l’électorat canadien. Le Parti conservateur, au pouvoir depuis
février 2006, a vu ses appuis diminuer de moins d’un point de
pourcentage (0,7).
Résultat: le Parti libéral pourrait former un gouvernement
minoritaire s’il maintenait de tels appuis jusqu’au jour des
élections. Mais une majorité serait difficile à obtenir compte
tenu de la faiblesse des appuis des libéraux dans les quatre
provinces de l’Ouest.
Au Québec, l’appui aux libéraux atteint maintenant 38%. Ils
devancent ainsi le Bloc québécois, qui récolte 35% dans ce
dernier coup de sonde. Le Parti conservateur doit se contenter
d’un maigre 12%, soit un point de pourcentage de moins que le
NPD qui recueille 13%.
Ces c h i f f res expl iquent d’ailleurs le changement de
stratégie des bloquistes qui multiplient les attaques contre
Michael Ignatieff depuis quelques semaines. Toutefois, il faut
souligner que tout près d’un électeur sur cinq est indécis au
Québec (18%), le taux le plus élevé au pays.
Ces résultats constituent certes de bonnes nouvelles pour les
libéraux, mais le président de la firme Nanos, Nik Nanos, note
que les conservateurs demeurent dans la course en dépit de la
grave crise économique que traverse le pays. En temps normal,
le parti au pouvoir subit les pires foudres des électeurs
durant une récession. À titre d’exemple, les gouvernements au
pouvoir durant les récessions de 1980 et 1991 ont été mis à la
porte par les électeurs dès la première occasion.
« Compte tenu
du marasme économique actuel, les conservateurs ont, en
général, réussi à maintenir leurs appuis. Pour un
gouvernement, il n’est pas réaliste d’espérer voir ses appuis
augmenter durant une crise économique. Mais les appuis au
Parti conservateur demeurent solides dans les provinces de
l’Ouest, et les conservateurs sont encore dans la course en
Ontario. La plus grande chute des appuis aux conservateurs est
survenue au Québec », affirme Nik Nanos.
Le sondeur ajoute que certaines nuances doivent être
soulignées au sujet de la donne politique au Québec. « Même si
les résultats sont mauvais pour les conservateurs au Québec,
il faut être prudent parce que la situation est beaucoup plus
volatile dans cette province qu’ailleurs au pays »,
soutient-il.
NikNanosdit juger étonnantque le NPD n’ait pas réussi à
s’imposer davantage jusqu’ici vu l’ampleur de la crise
économique. Durant ces périodes, les Canadiens exigent plus
d’interventions du gouvernement pour soutenir les travailleurs
et les entreprises en difficulté, une philosophie chère au
NPD.
Un quatrième scrutin en cinq ans?
Les libéraux se maintiennent donc en tête dans les sondages
réalisés par la firme Nanos depuis mars. Emporté par ce
changement d’humeur de l’électorat canadien, le chef libéral,
Michael Ignatieff, a brandi à plusieurs reprises la menace de
provoquer la chute du gouvernement de Stephen Harper à la
Chambre des communes afin de forcer la tenue d’élections
générales. S’il met sa menace à exécution, il s’agirait du
quatrième scrutin fédéral en cinq ans et des dépenses de
quelque 300 millions de dollars.
M. Ignatieff a évoqué le refus du gouvernement Harper
d’améliorer les conditions d’admissibilité au programme
d’assurance emploi comme prétexte pour le renverser. Les
libéraux réclament un seuil unique de 360 heures travaillées
pour qu’une personne touche des prestations. À l’heure
actuelle, ce seuil varie de 420 heures à 900heures, selon la
région économique.
Mais le chef libéral fait fausse routes’il
croitplaireauxCanadiens en provoquant des élections sur cette
question, selon le sondage réalisé par Nanos. En effet, 60%
des personnes interrogées affirment que cela n’est pas un
dossier assez important pour justifier un autre scrutin.
Seulement 31% des répondants donnent leur bénédiction aux
libéraux s’ils décident d’aller de l’avant avec des élections
sur cette question.
Ce sondage a été réalisé du 26 mai au 1er juin auprès de 879
Canadiens. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,3 points
de pourcentage, 19 fois sur 20. La marge d’erreur est plus
élevée ( plus ou moins 7 points) dans le cas des résultats
régionaux au Québec. La firme Nanos est celle qui avait prédit
avec le plus de précision les résultats des élections
fédérales de 2004, 2006 et 2008.
L’effet Ignatieff
- ALAIN DUBUC
Cette remontée
des libéraux au Québec repose sur un élément plus solide et
plus durable, que l’on pourrait décrire comme un retour à la
normale.
Pour la première fois depuis cinq ans, les libéraux fédéraux
sont plus populaires que le Bloc québécois. Selon le sondage
CROP-La Presse publié mercredi, le PLC obtient 37% des
intentions de vote, contre 31% pour le BQ. Le revirement est
spectaculaire et l’avance libérale est significative. Mais
est-elle durable?
On pourrait, au premier abord, voir ce succès comme la
résultante de facteurs conjoncturels. Un effet récession, qui
favorise les partis de l’opposition au détriment du
gouvernement. Et un effet Ignatieff, le sursaut temporaire de
popularité dont jouit tout nouveau chef.
Cette remontée des libéraux, à mon avis, repose sur un élément
plus solide et plus durable, que l’on pourrait décrire comme
un retour à la normale. L’arrivée du nouveau chef marque
l’aboutissement d’un processus qui permet en fait au Parti
libéral du Canada de retrouver la place qui lui revient sur
l’échiquier politique québécois.
Pour mieux comprendre ce qui se passe maintenant, il faut
faire un bref retour en arrière. Quand Paul Martin a remplacé
Jean Chrétien, les libéraux dominaient au Québec, avec 50% ou
plus des intentions de vote. Les bloquistes allaient si mal,
avec 33% des voix, qu’on parlait de leur disparition
prochaine. Mais le scandale des commandites, fin 2003 et début
2004, a cassé les reins des libéraux. Leur appui a chuté de 17
points, à 34%, le Bloc revigoré est remonté à 49%. Un choc
dont le PLC ne s’est jamais remis.
L’autre choc, ce fut la remontée des conservateurs, qui ont
eux aussi profité du scandale des commandites, qui ont réussi
à s’affirmer comme parti de pouvoir, et surtout, qui ont fait
des gains grâce aux ouvertures de Stephen Harper envers le
Québec. Entre 2004 et 2006, les conservateurs ont triplé leur
score au Québec, en passant de 9% à 25%, des voix surtout
prises au PLC.
L’arrivée de
Stéphane Dion n’a rien changé. Ce politicien, très impopulaire
au Québec, l’est resté. L’effet Dion a été minimal et bref.
L’appui aux libéraux est passé à 29%, pour retomber à 20% deux
mois plus tard. Voyons ce court passage comme un intermède
peut-être nécessaire.
Ce à quoi on assiste maintena nt , c ’ e s t d’abord que le
chapitre du scandale des commandites est bel et bien clos. Le
temps a fait son oeuvre et le leadership du PLC s’est à ce
point renouvelé que ces événements ne peuvent plus lui être
associés.
L’autre phénomène, c ’est l’effondrement au Québec du Parti
conservateur. Une chute qui s’explique peut-être par la
conjoncture, mais tient bien davantage à des considérations
idéologiques : l’hyperconservatisme du gouvernement Harper,
dans les arts, l’environnement, l’économie, et bien sûr, la
fin du flirt avec le Québec. La récession y est sans doute
pour quelque chose, mais cela aurait pu tout autant profiter
aux bloquistes.
C’est dans ce contexte favorable que Michael Ignatieff a pris
la direction du PLC. Mais il apporte trois choses qui
permettent de renforcer ces acquis. D’abord, son autorité
morale. Ensuite, son ouverture au Québec; c’est lui qui a
amorcé la reconnaissance du Québec comme nation. Enfin, une
capacité d’incarner ce que le Parti libéral doit être, un
parti de centre, avec des politiques équilibrées, plus proche
du « mainstream » québécois, un parti plus interventionniste
que celui des idéologues conservateurs, dans une période où
l’intervention, en économie et en environnement, paraît
souhaitable.
Voilà pourquoi le succès des libéraux ne ressemble pas à un
feu de paille. On ne sait pas jusqu’où cela va mener le PLC,
mais on voit déjà que l’échiquier politique s’est transformé
et que le Québec est revenu, au niveau fédéral, à une forme de
bipartisme où libéraux et bloquistes s’affronteront pour être
le numéro un.
La cote des conservateurs au plus bas au
Québec
La cote des conservateurs du premier ministre Stephen
Harper est au plus bas au Québec où la principale formation de
l’opposition fédérale, le Parti libéral, continue à progresser
dans les intentions de vote, indique un sondage publié hier.
Selon une étude de l’institut Léger Marketing pour le
quotidien Le Devoir, les libéraux de l’ancien professeur à
Harvard Michael Ignatieff obtiendraient un score de 37% au
Québec, en cas d’élections fédérales. Le Bloc québécois arrive
en seconde position, avec 33% des intentions de vote et les
conservateurs, avec un score de 13%, se retrouvent en
quatrième position derrière le Nouveau Parti démocratique.
Le PLC souhaite limiter les cadeaux
auxministres et hauts fonctionnaires
« Nous ne
pensons pas […] que le fait d’interdire aux ministres
d’accepter des cadeaux secrets de centaines de milliers de
dollars en argent comptant de la part de soi-disant amis
constituerait une intrusion inacceptable dans leur vie
privée. »
— Le Parti libéral souhaite limiter les dons ou les cadeaux
que les ministres ou autres titulaires de charges publiques
reçoivent de leurs « amis ».
Un projet de loi qui sera présenté au Sénat aujourd’hui
tente de restreindre la possibilité d’accepter de tels
cadeaux aux seuls « amis intimes » et membres de la famille.
De plus les ministres, leurs employés ou des hauts
fonctionnaires seraient tenus de déclarer tous ces cadeaux
ou ces dons dès que leur valeur dépasse 200$, sauf s’ils ont
été donnés par un membre de la famille.
À l’heure actuelle, la Loi sur les conflits d’intérêts
adoptée par le gouvernement Harper en 2006 prévoit qu’il est
« interdit à tout titulaire de charge publique […]
d’accepter un cadeau ou tout autre avantage […] qui pourrait
raisonnablement donner à penser qu’il a été donné pour
influencer le titulaire dans l’exercice de ses fonctions
officielles ».
Cette règle a toutefois une exception: le titulaire de
charge publique peut accepter un cadeau ou autre avantage
qui provient d’un parent ou d’un ami.
Or, selon le Parti libéral , cette notion d’« ami » ouvre la
porte trop grande aux accrocs à l’éthique gouvernementale. «
Les politiciens ont beaucoup d’amis, surtout lorsqu’ils sont
au pouvoir », a noté le sénateur libéral James Cowan, leader
de l’opposition au Sénat et qui a déposé le projet de loi.
« Nous ne
pensons pas […] que le fait d’interdire aux ministres
d’accepter des cadeaux secrets de centaines de milliers de
dollars en argent comptant de la part de soi-disant amis
constituerait une intrusion inacceptable dans leur vie
privée », a-t-il déclaré. Mais comment, alors, trancher la
difficile question de savoir qui est un « ami », et qui est
un « ami intime » ? « Je ne pense que l’on tente de définir
un terme comme celui-ci, a répondu le sénateur lors d’un
entretien téléphonique avec La Presse. »
« C’est une question de degré, a-t-il poursuivi. La plupart
d’entre nous seraient capables de lister sur les doigts de
deux mains nos amis intimes, et puis il y a un cercle plus
élargi de gens qui sont des amis. »
« Si vous jouez une fois de temps en temps avec quelqu’un au
golf, que vous êtes un titulaire de charge publique et que
soudainement, cette personne vous appelle et dit : "Je suis
dans mon jet privé et je m’en vais aux Bahamas… Venez donc
!" Il serait raisonnable de se demander : pourquoi une
personne qui n’est pas un ami intime ferait cela? Et il peut
y avoir un doute sur ses motifs réels. »
Le sénateur souligne que les libéraux ont tenté de faire ces
changements à la loi sur l’éthique adoptée par le
gouvernement Harper en 2006, mais qu’il avait refusé pour
des raisons de vie privée. Il affirme que c’est la
commission Oliphant qui a, cette fois-ci, convaincu le parti
de revenir à la charge.
La commission chargée de faire la lumière sur les relations
d’affaires entre l’ancien premier ministre Brian Mulroney et
l’homme d’affaires Karlheinz Schreiber en était à sa
dernière journée d’audiences, hier. Elle se penche depuis
quelques jours sur les réformes qui devraient être apportées
à l’éthique des titulaires de charges publ iques. Le
commissaire Jeffrey Oliphant doit maintenant se mettre à la
rédaction de son rapport, qui est attendu avant le 31
décembre.
Un programme électoral dès juin - Michael
Ignatieff rêve d’une « société du savoir »
— Au lendemain
de sa nominat ion off iciel le comme chef du Parti libéral du
Canada ( PLC) par quelque 3000 membres de son parti, Michael
Ignatieff a laissé entrevoir les enjeux qui pourraient dominer
sa prochaine campagne électorale.
Même
si plusieurs des dossiers auxquels il compte s’attaquer
relèvent du domaine de l’éducation, et donc des provinces,
Michael Ignatieff s’est défendu de faire de l’ingérence. «
Parfois, la responsabilité est provinciale, mais d’avoir un
plan d’action national, c’est un rôle essentiel d’un
gouvernement fédéral », a-t-il affirmé.
Dès le mois de juin, le PLC aura rédigé son programme
électoral, qui contiendra des engagements précis en faveur
d’une « société du savoir », a promis M. Ignatieff hier à
Vancouver, au terme du congrès du PLC qui s’y est déroulé
durant le week-end.
Il s’est engagé à s’attaquer notamment à l’analphabétisme, à
l’éducation pour la petite enfance et à la formation des
travailleurs. La ressource naturelle du pays se trouve dans
les cerveaux des Canadiens, a-t-il martelé, convaincu que l’«
emploi de demain commence dans les laboratoires d’aujourd’hui
».
Même si plusieurs des dossiers cités relèvent du domaine de
l’éducation, et donc des provinces, M. Ignatieff s’est défendu
de faire de l’ingérence.
« Un premier ministre est là pour élaborer une vision
stratégique pour un pays. Un premier ministre et un
gouvernement fédéral ont un travail d’inspiration et un
travail de concertation. Parfois, la responsabilité est
provinciale, mais d’avoir un plan d’action national, c’est un
rôle essentiel d’un gouvernement fédéral », a-t-il affirmé.
Le programme
des libéraux pourrait également contenir des mesures
particulières aux régions du pays mais s’assurera néanmoins de
faire preuve de cohérence à l’échelle nationale.
Dans l’immédiat, le chef de l’opposition réitère la nécessité
d’apporter des réformes au régime d’assurance emploi pour
venir en aide aux travailleurs canadiens touchés par la crise.
M. Ignatieff veut proposer ce printemps à la Chambre des
communes de réduire temporairement à 360 le nombre d’heures
nécessaires pour être admissible au programme, pour ensuite
rehausser le standard une fois la crise économique passée.
Outre l a réforme du régime d’assurance emploi, les libéraux
demanderont des comptes au gouvernement Harper quant aux
mesures présentées dans le dernier budget.
« Si le Parlement dure et qu’on revient (à la Chambre des
communes) au mois de septembre, on aura eu le temps de voir
s’il y a eu l’effet désiré, et si la réponse est non, je serai
tout à fait prêt à proposer d’autres mesures supplémentaires.
Mais il faut attendre un certain temps pour que les mesures
que nous avons votées soient travaillées (sic) », a indiqué M.
Ignatieff.
Le chef libéral a du reste laissé planer le spectre du
déclenchement d’élections. Même si la population a envoyé un
message clair aux élus, selon M. Ignatieff, en leur demandant
de travailler ensemble, si le gouvernement conservateur ne
veut pas coopérer, les libéraux laisseront le peuple décider,
a-t-il répété.
« C’est le fédéralisme des surprises continuelles, de
l’improvisation sans arrêt, de diviser pour régner. Un jour,
on est gentil avec le Québec, le lendemain, avec l’Ontario, le
surlendemain, vous jouez les uns contre les autres. Et vous
continuez à le faire pour vous maintenir au pouvoir, et ce
n’est pas de cette manière qu’on unit le pays », a-t-il une
fois de plus reproché au chef conservateur Stephen Harper.
Bilan
de congrès - VINCENT MARISSAL
La
politique réserve toujours des surprises, même quand tout
semble paisible. Prenez les libéraux fédéraux, par
exemple. Réunis en congrès à Vancouver au cours du
week-end, ils ont officiellement élu leur quatrième chef
en un peu plus de cinq ans, ils ont retrouvé une rare
harmonie et se sont convaincus que le pouvoir est
maintenant à portée de main.
Les
libéraux
fédéraux ont élu leur quatrième chef en un peu plus de
cinq ans.
Tout ça pour réaliser que la suite des choses est
maintenant entre les mains de… Jack Layton, le chef du
Nouveau Parti démocratique.
Avec Michael Ignatieff solidement installé à la direction
de leur parti, les libéraux veulent en découdre
rapidement, idéalement à l’automne, avec les conservateurs
de Stephen Harper.
Pas si vite! Le gouvernement minoritaire conservateur n’a
besoin de l’appui que d’un seul parti pour survivre à un
éventuel vote de confiance. Et comme les appuis au NPD
baissent au même rythme que ceux des libéraux augmentent,
il est loin d’être certain que M. Layton veuille repartir
en campagne cette année.
À court terme, le sort des libéraux est donc entre les
mains de leur ancien allié de coalition. Les libéraux se
demandent aussi comment réagira Gilles Duceppe, dont les
appuis sont aussi en baisse au Québec.
Michael Ignatieff n’a pas de pouvoir sur cette partie de
l’équation. Pour la partie où il en a (sa propre formation
politique), il peut toutefois dire mission accomplie au
terme de ce congrès.
Voici, en vrac, quelques morceaux choisis de ce congrès de
Vancouver.
Un très long jeudi soir…
Avant de couronner Michael Ignatieff, il fallait d’abord
tourner la page sur l’ère Dion, un exercice long, pénible
et douloureux, comme l’aura été le règne de l’ancien chef.
Une jeune observatrice perspicace a comparé la soirée
d’adieu de vendredi au film Men in Black, dans lequel les
deux agents secrets effacent la mémoire récente des
témoins gênants à l’aide d’un flash lumineux dans les
yeux.
Sauf que dans ce cas-ci, le flash a duré près de cinq
heures, au cours d’une trop longue soirée.
Le tout avait bien commencé, avec un Jean Chrétien en feu
qui a pourfendu Stephen Harper avec humour et fougue comme
s’il était toujours chef du PLC.
La politique, c’est un don: certains l’ont, d’autres ne
l’ont pas. Stéphane Dion, dans un interminable discours
d’adieu, a rappelé aux militants libéraux qu’il fait
partie de la deuxième catégorie.
D’entrée de jeu, on a reconnu son style grinçant quand il
a déclaré, en parlant de John Turner et de lui-même: « Il
y a de ces politiciens qui n’ont pas le bon timing… »
Léger malaise dans la salle…
Au bout du compte, cette soirée s’est tellement étirée que
l’invitée d’honneur, Louise Arbour, a pris la parole vers
23h (2h du matin pour les gens de l’Est) devant environ
200 braves (sur plus de 2000) restés jusqu’à la fin.
La madame
n’était pas contente du tout, avec raison, et elle l’a
fait savoir aux organisateurs de la soirée.
Si les libéraux avaient encore un mince espoir de recruter
Mme Arbour pour les prochaines élections, disons qu’ils
n’ont pas aidé leur cause.
Le français, lointaine langue officielle
On s’inquiète beaucoup ces jours-ci de la place du
français aux Jeux olympiques de Vancouver, l’hiver
prochain.
Il faudrait aussi s’inquiéter du sort de la deuxième
langue officielle du pays au sein du parti qui se vante
pourtant de l’avoir élevée à ce statut.
À Montréal , en décembre 2006, le peu de place fait au
français avait créé un malaise chez les libéraux. Cette
fois, à Vancouver, personne n’a soulevé la question, mais
Molière est aussi resté au vestiaire.
Dans tous les discours importants de la fin de semaine, le
français a été relégué au titre de lointaine langue
officielle.
Par ailleurs, les libéraux auraient intérêt à engager un
correcteur pour nettoyer les innombrables fautes sur le
site internet du PLC, où on encourage les militants à «
nominer » Michael Ignatieff pour ne pas « perdre le
momemtum »…
Oh well, plus ça change…
Amourettes libérales
Les libérauxdeMichael Ignatieff sont en train de
reconstruire des ponts avec leurs cousins québécois,
notamment grâce à la présence de Marc-André Blanchard,
libéral provincial influent et proche de Jean Charest,
dans l’entourage du nouveau chef.
Cela dit, les libéraux provinciaux n’ont pas poussé
l’amitié jusqu’à dépêcher des émissaires du gouvernement
au congrès de Vancouver.
Les libéraux ontariens, toutefois, étaient omniprésents. À
commencer par le premier ministre Dalton McGuinty, dont le
frère, David, est député libéral fédéral dans une
circonscription de la région d’Ottawa.
Dans un grand élan d’enthousiasme, Dalton McGuinty a même
lancé : « Enfin, on aura un interlocuteur avec qui parler
», en référence à Michael Ignatieff.
En plus du premier ministre, quelques membres du
gouvernement ontarien étaient aussi présents, notamment le
ministre de la Justice, Chris Bentley.
Les amourettes libérales risquent de déplaire fortement au
premier ministre Harper, qui multiplie les annonces ( pour
sauver l’industrie automobile ontarienne, notamment)
depuis quelques temps. La semaine dernière encore, i l
était en Ontario, avec Dalton McGuinty, pour lancer une
bouée de sauvetage à Chrysler.
Le PLC plus populaire que le Bloc
Le nouveau
chef du parti, Michael Ignatieff, séduit de plus en plus
d’électeurs au Québec
— Pour la première fois depuis plus de cinq ans, les libéraux
fédéraux dépassent le Bloc québécois dans les intentions de
vote au Québec, conséquence évidente de l’arrivée de Michael
Ignatieff aux commandes.
Dans son enquête d’avril réalisée pour La Presse, la maisonde
sondage CROP constate que la satisfaction à l’endroit du
gouvernement fédéral marque le pas; pour un troisième mois
consécutif, on retrouvait plus de 60% de Québécois
insatisfaits du gouvernement Harper.
La popula rité de Michael Ignatieff, qui a pris la succession
de Stéphane Dion, ne se dément pas et propulse son parti
devant le Bloc québécois. Ainsi, le PLC obtient actuellement
37% des intentions de vote au Québec, un bond de 7% sur son
score de la fin mars. Le Bloc québécois lui recule de 4 points
sur la même période, passant de 35 à 31%. Pour le Parti
conservateur, c’est la dégringolade: après les 22% des
élections du 14 octobre, le parti de Stephen Harper est
aujourd’hui à 15%, un recul de 3 points de pourcentage par
rapport à mars. Les néo-démocrates de Jack Layton restent à
leur niveau des élections, avec 12%.
Pour Maïalène Wilkins, analyste de CROP, il faut remonter à
février 2004 pour trouver une enquête où le Bloc et le PLC
sont à égalité. « Paul Martin venait de devenir chef du PLC et
c’était juste avant le rapport de la vérificatrice générale
sur les commandites » rappelle-t-elle. Aux élections
suivantes, en juin 2004, le Bloc avait raflé la mise avec 49%
des suffrages, contre 34% aux libéraux qui n’avaient jamais,
depuis, repris les devants au Québec. Quant au gouvernement
Harper, « il semble que les Québécois n’attendent plus
grand-chose de ce côté », constate Mme Wilkins.
Gains chez
les francophones
Les gains du PLC se constatent aussi auprès de l’électorat
francophone. Ici, 34% des gens se disent en faveur du parti de
M. Ignatieff, une remontée de 7 points de pourcentage par
rapport au mois précédent. Avec 37%, le Bloc québécois recule
de 4 points auprès des francophones. Les conservateurs
glissent de 4 points aussi, à 13%, juste un point au dessus du
NPD.
La bougie d’allumage des libéraux au Québec semble se résumer
à une chose, l’arrivée de Michael Ignatieff aux commandes. «
La remontée du PLC se dessinait depuis janvier avec l’arrivée
de M. Ignatieff », explique Mme Wilkins.
Le nouveau chef « bénéficie d’un fort capital de sympathie au
Québec », résume la spécialiste. Il est devenu le « meilleur
premier ministre du Canada » aux yeux de 45% des Québécois,
une hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l’enquête
précédente. Stephen Harper doit se contenter du tiers de cet
appui, avec 17% de partisans, trois de moins que le
néo-démocrate Jack Layton. Gilles Duceppe, qui n’aspire pas à
diriger le Canada, ne reçoit que 2% de suffrages.
Cette remontée du chef libéral correspond à une campagne
publicitaire bien orchestrée au Québec. « Il s’est fait
connaître, il a publié un ouvrage, est passé à Tout le monde
en parle. La question demeure toutefois: cela vat-il se
maintenir ? » relève Mme Wilkins.
La récession, meilleure amie d’Ignatieff - VINCENT MARISSAL
Pour
comprendre ce qui se passe en politique, il y a les
sondages, bien sûr; et à ce chapitre, notre CROP dernière
mouture est particulièrement éclairant en ce qui a trait à
la scène fédérale.
Encore plus instructif, parce qu’il s’agit de matière
vivante: la réaction des partis politiques.
Les jours de sondages, on a à la fois une radiographie de
l’électorat et les réactions des partis, qui s’agitent comme
des toxicomanes devant une armoire à barbituriques.
En ce moment, à Ottawa, les libéraux se pincent, les
bloquistes s’inquiètent et les conservateurs tirent dans
toutes les directions.
Suffit de suivre la guerre des communiqués entre
conservateurs et libéraux pour comprendre leur stratégie
respective.
Hier après-midi, les conservateurs ont reproché à Michael
Ignatieff de vouloir augmenter les impôts et d’avoir ramené
des acteurs des commandites dans son entourage. Pendant ce
temps, les libéraux ont accusé les conservateurs
d’abandonner les Canadiens et d’être responsables de la
hausse du chômage.
Les bloquistes, quant à eux, se grattent la tête: Michael
Ignatieff représente-t-il une véritable menace ou son départ
canon se transformera-t-il en pétard mouillé?
Le plus inquiétant pour le Bloc, c’est que Michael Ignatieff
n’a rien fait (dans le sens d’annonce, d’énoncé de politique
ou de promesse) pour se retrouver soudain en tête des
sondages au Québec.
Le Bloc et les conservateurs mitraillent Michael Ignatieff.
C’est de bonne guerre. Mais dans les faits, leur ennemi
commun, ce n’est pas le chef libéral, c’est la récession.
James Carville, le génie derrière Bill Clinton, avait raison
lorsqu’il a lancé en 1992, durant une autre crise: « It’s
the economy, stupid! »
Les Québécois sont inquiets. Ils perdent leur job et les
régions souffrent. Les conservateurs ont perdu la confiance
des électeurs et le Bloc ne peut faire grand-chose comme
opposition éternelle. Reste une option: le Parti libéral. En
plus, Michael Ignatieff jouit d’un fort capital de sympathie
et paraît modéré.
Le Bloc ne
peut présenter un programme de gouvernement. Il gagne ses
batailles électorales grâce à la faiblesse de son principal
adversaire: Jean Chrétien et les relents de Meech et
Charlottetown en 1993, Paul Martin et les commandites en
2004, Stephen Harper contre la culture et les jeunes
contrevenants en 2008. Contre Michael Ignatieff, c’est moins
évident.
Les bloquistes eux-mêmes savent que l’argument des «
intérêts du Québec » n’est ni infaillible ni éternel,
surtout en période de crise économique. Surtout dans les
régions durement touchées par la récession et les pertes
d’emplois. Il est possible que bien des électeurs optent
pour l’espoir d’un nouveau gouvernement.
La remontée des libéraux est spectaculaire, en particulier
chez les francophones. À 34% (ils sont tombés à 9% il y a
trois ans), ils sont juste derrière le Bloc, à 37%.
Plus spectaculaire encore: le PLC prend la tête « ailleurs
en région », donc partout sauf dans la grande région de
Québec (36% par rapport à 35% pour le Bloc).
Les conservateurs restent forts dans la région de Québec et
les libéraux, sans surprise, continuent de dominer à
Montréal.
Si la tendance observée depuis quelques mois se maintient,
le PLC redevient compétitif dans une quinzaine de
circonscriptions, peut-être même autour de 20 (en plus des
14 qu’il détient déjà). En 1997, Jean Chrétien avait récolté
37% des votes au Québec et 26 des 75 sièges.
Cela dit, le Bloc reste profondément enraciné dans certains
coins.
Et puis, Michael Ignatieff n’a pas subi son baptême du feu
électoral. Même ses partisans et son entourage ne savent pas
comment il réagira en campagne électorale.
Au fait, aurons-nous une campagne électorale à l’automne,
comme le souhaitent les libéraux?
Depuis quelques jours, on se demande à Ottawa si le chef du
NPD, Jack Layton, ne serait pas tenté de sauver le
gouvernement pour éviter la dégelée annoncée par les
sondages.
Et le Bloc? Si la glissade se poursuit, Gilles Duceppe
sera-t-il aussi frondeur en septembre?
Le Bloc et le NPD ne peuvent plus reculer, disent les
libéraux. « Pas après tout ce qu’ils ont dit contre ce
gouvernement, résume un stratège libéral. Surtout pas le
NPD, qui payerait le prix fort parce qu’il compte les
anti-Harper les plus farouches dans ses rangs. »
Ignatieff
appelle
à la mobilisation - Élu par 97%
Michael
Ignatieff a été confirmé comme chef du Parti libéral,
hier, par 97% des 2100 délégués réunis en congrès
national. Aussitôt, il a lancé un appel à la mobilisation
en prévision de la prochaine campagne électorale.
Dans
son
discours, Michael Ignatieff a notamment affirmé que son
parti sera prêt à prendre le pouvoir aux prochaines
élections mais qu’il doit d’abord établir un programme
qui suscitera l’espoir des Canadiens en ces temps de
crise.
Dans un discours d’une trentaine de minutes, M. Ignatieff
a expliqué les grandes lignes de sa vision du pays, qui
privilégie un gouvernement fédéral plus interventionniste.
Même s’il s’est contenté de grands principes, le chef
libéral a indiqué sa volonté, notamment, de relancer le
programme national de garderies, aboli par les
conservateurs, et de lutter contre la pauvreté des peuples
autochtones, comme le prévoyait l’accord de Kelowna, aussi
rejeté par le gouvernement Harper.
M. Ignatieff compte aussi augmenter les investissements
dans la recherche et l’innovation ainsi que dans
l’éducation postsecondaire. Il a brièvement mentionné le
dossier de l’environnement en soulignant l’urgence
d’investir dans les technologies vertes pour contrer les
changements climatiques.
Il a denouveau tendulamainaux Québécois nationalistes,
comme il l’avait fait à Laval en mars, en affirmant qu’il
est possible d’être un fier Québécois sans renier son
appartenance au Canada.
« Nous
respectons nos différences. Nous acceptons nos
identités. Nous n’imposons pas un patriotisme singulier.
Nous laissons la liberté d’appartenance à nos citoyens.
Soyez québécois et canadiens, soyez les deux dans
l’ordre qui vous semble bon. C’est ça, le génie du
Canada. C’est notre exemple pour le monde », a affirmé
M. Ignatieff.
Le chef libéral a aussi affirmé que son parti sera prêt
à prendre le pouvoir aux prochaines élections, mais
qu’il doit d’abord établir un programme qui suscitera
l’espoir des Canadiens en ces temps de crise économique.
« Si nous offrons un message d’espoir empreint de
générosité à nos concitoyens, ils nous choisiront comme
prochain gouvernement du Canada », a lancé M. Ignatieff,
qui a été applaudi chaleureusement à plusieurs reprises.
À la toute fin de son discours, il a accusé le premier
ministre Stephen Harper d’avoir manqué à son devoir,
notamment durant la crise parlementaire de novembre
dernier. Il l’a accusé de tenter de dresser les régions
du pays les unes contre les autres pour s’accrocher au
pouvoir.
« M. Harper, vous ne comprenez pas le Canada. Vous ne
comprenez pas qu’un premier ministre est là pour unifier
le pays, non pas pour le diviser. M. Harper, vous
manquez à votre devoir. Vous n’avez pas compris que le
seul rôle qu’a un premier ministre, c’est d’unir les
Canadiens. Si vous ne pouvez unir les Canadiens, si vous
ne pouvez nous inspirer, nous, nous le pouvons », a dit
M. Ignatieff.
Le discours de M. Ignatieff clôturait un congrès de
trois jours au cours duquel les militants libéraux ont
rendu hommage à Stéphane Dion, leur ancien chef, et
débattu certaines positions. Ils ont aussi réformé le
mode de fonctionnement de leur parti.
Ignatieff
n’a plus droit à l’erreur - VINCENT MARISSAL
Michael
Ignatieff n’a pas prononcé le nom du président américain
une seule fois, mais on sentait son influence dans tous
les grands thèmes de son discours: espoir et unité
contre la politique de la division, affaires étrangères
et responsabilités internationales, éducation et
recherche scientifique, environnement.
— Dans une ville envoûtée par les séries éliminatoires,
Michael Ignatieff a emprunté une page du grand livre du
hockey pour prononcer son premier grand discours de
nouveau chef libéral.
La meilleure défensive, dit-on, c’est l’attaque. C’est
ce que M. Ignatieff a essayé de faire hier en présentant
sa plus grande faiblesse comme une grande qualité.
Les conservateurs reprochent à Michael Ignatieff d’avoir
vécu hors du Canada une bonne partie de sa vie et de mal
connaître le pays qu’il rêve de diriger.
Le chef libéral a contre-attaqué en affirmant que
Stephen Harper ne comprend pas le Canada, qu’il pratique
la politique de la division et que le pays a perdu son
influence sur la scène internationale à cause du
gouvernement conservateur.
Si on doit dégager un thème dominant de ce congrès
libéral, c’est bien la politique étrangère, un sujet qui
a occupé une grande partie des ateliers de vendredi et
qui a été repris longuement par Jean Chrétien dans un
discours typique de l’ancien chef libéral.
L’international a également pris une place prédominante
dans le discours d’acceptation du nouveau chef. vue, un
pari risqué de la part de Michael Ignatieff. Ne vient-il
pas d’ouvrir toute grande la porte à ses détracteurs,
qui diront qu’il ne s’intéresse pas aux problèmes
internes et qu’il n’a pas de solutions à proposer?
Tout dépend de la suite. Maintenant qu’il est
officiellement chef du Parti libéral du Canada, M.
Ignatieff n’aura plus le luxe de surfer sur les enjeux.
Il devra mettre de l’avant des solutions et dire aux
Canadiens pourquoi ils seraient mieux servis par un
gouvernement libéral.
Hier, il a d’abord voulu répondre préventivement aux
conservateurs en affirmant que c’est restaurer l’image
de leur pays à l’étranger.
Dans le montage audiovisuel qui présentait Michael
Ignatieff, ce sont les photos du chef libéral en
compagnie de Barack Obama qui ont provoqué les plus
forts applaudissements.
Michael Ignatieff n’a pas prononcé le nom du président
américain une seule fois, mais on sentait son influence
dans tous les grands thèmes de son discours : espoir et
unité contre la politique de la division, affaires
étrangères et responsabilités internationales, éducation
et recherche scientifique, environnement.
On
sent aussi chez Michael
Un dicton populaire dit que, en politique, tous les
enjeux sont d’abord locaux. Autrement dit, les électeurs
seront toujours plus préoccupés par les nids-de-poule
dans leurs rues que par les grands débats
internationaux.
Accorder autant d’importance à la place du Canada dans
le monde, au rôle que le pays peut et doit jouer est
donc, à première Stephen Harper qui ne comprend rien au
Canada. Par ailleurs, M. Ignatieff a joué sur la fibre
patriotique en insistant sur la place que le Canada doit
reprendre dans le monde.
En ce sens, le discours de Michael Ignatieff a été
fortement influencé par un certain Barack Obama, qui a
lui aussi promis à ses concitoyens de Ignatieff, par ses
références aux guerres auxquelles le Canada a participé,
aux sacrifices et aux efforts, un appel au patriotisme
commun chez nos voisins du Sud.
Même les mots choisis rappellent Obama. Les mots « we
can » sont revenus à quelques occasions dans le discours
de M. Ignatieff. Ne manquait que le « yes ».
C’est un cliché, mais le plus dur reste à venir
pourMichael Ignatieff. Il a été élu chef libéral sans
opposition, mais ses adversaires conservateurs,
bloquistes et néo-démocrates lui bloqueront la voie vers
le pouvoir avec plus de force maintenant qu’il est
officiellement chef.
C’est une chose que de s’inspirer du mouvement Obama;
c’en est une autre que d’amener des solutions et des
propositions concrètes aux problèmes les plus pressants
– la crise économique en tête de liste.
Sans surprise, la réplique des adversaires de Michael
Ignatieff s’en vient. Les conservateurs ont déjà préparé
des publicités négatives affirmant notamment que M.
Ignatieff augmentera les impôts des Canadiens. C’est la
même stratégie que celle qu’ont employée les
républicains contre Barack Obama.
Reste à voir si les attaques des conservateurs auront
plus d’impact que n’en ont eu celles des républicains
sur le candidat démocrate.
La réponse à cette question est entre les mains de
Michael Ignatieff. Il a connu la consécration ce
week-end à Vancouver, mais à partir de ce matin il n’a
plus droit à l’erreur.
Les
libéraux rêvent de reprendre le pouvoir
Michael
Ignatieff admet qu’il est toutefois trop tôt pour faire
tomber le gouvernement conservateur
VANCOUVER
Les libéraux rêvent de reprendre le pouvoir le plus
rapidement possible. Mais ils croient qu’il est encore
trop tôt pour provoquer la chute du gouvernement
conservateur aux Communes. Et même si le Parti libéral a
vu ses appuis augmenter dans les sondages au cours des
dernières semaines, il est peu probable que les bonzes
du parti donnent suite à la suggestion de leur ancien
chef, Jean Chrétien, qui a affirmé jeudi soir que les
libéraux devraient essayer de déclencher des élections «
le plus tôt possible ».
En entrevue à la radio de CBC hier matin, l’actuel chef
libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que les Canadiens
ne souhaitent pas d’élections hâtives. « Je veux
continuer à faire fonctionner le Parlement », a affirmé
Michael Ignatieff, que les militants libéraux, réunis en
congrès national, confirmeront officiellement dans ses
fonctions de chef aujourd’hui.
« Nous ne sommes pas encore prêts », a confié hier une
source libérale sous le couvert de l’anonymat,
soulignant que le parti doit rebâtir son organisation
dans plusieurs régions du Québec. « Même si nous étions
prêts, il faut l’appui du Bloc québécois et du NPD pour
renverser le gouvernement conservateur. Dans l’état
actuel des choses, je ne crois pas que ces deux partis
seraient prêts à collaborer avec nous pour le faire », a
affirmé cette source.
Le député libéral de Papineau, Justin Trudeau, a soutenu
que le renouvellement du parti était loin d’être
terminé. « Le renouvellement du Parti libéral va prendre
trois ou quatre ans encore », a-t-il affirmé dans une
entrevue accordée à l’animateur de radio Dave
Rutherford, à Calgary.
Un député de la région de Toronto, Maurizio Bevilacqua,
a fait écho à ces propos. Selon lui, les Canadiens ne
sont pas nécessairement heureux de la façon dont le
gouvernement dirige le pays, mais ils ne cognent pas à
sa porte pour réclamer des élections, en ces temps de
crise économique. « En temps et lieu, les Canadiens vont
nous le faire savoir quand ils estimeront que des
élections doivent avoir lieu. Et comme nous l’avons
toujours fait dans le passé, nous allons respecter leur
souhait », a dit M. Bevilacqua.
De
proches collaborateurs de M. Ignatieff évaluent à 75%
les chances que des élections fédérales aient lieu à
l’automne. Ils croient toutefois que les libéraux
doivent faire preuve de patience afin de permettre à
leur chef de rebâtir le parti et de renflouer ses
coffres. Le scénario le plus probable est donc un
scrutin au printemps 2010, au moment du vote sur le
prochain budget.
DepassagehieràEdgeley, enSaskatchewan, le premier
ministre Stephen Harper a mis en garde les libéraux
contre la tentation de provoquer des élections
anticipées. Il a affirmé que les Canadiens souhaitent
que les élus travaillent de concert pour surmonter la
crise économique.
« Nous venons d’avoir des élections. Ce que nous
recherchons de la part de M. Ignatieff et des autres
partis politiques, c’est évidemment une occasion de
travailler ensemble pour faire avancer les intérêts du
pays », a affirmé M. Harper.
Les libéraux ont profité de leur congrès hier soir pour
rendre hommage à leur ancien chef Stéphane Dion.
L’ancien premier ministre Paul Martin a présenté M. Dion
aux militants. Jean Chrétien a également pris la parole.
Invisible aux Communes depuis qu’il a quitté la barre du
parti en décembre, M. Dion traîne toujours une dette de
150 000$ à la suite de la dernière course à la direction
de 2006. Les libéraux ont décidé de lui donner un coup
de main pour éliminer ce boulet financier en organisant
des collectes de fonds hier.
Également hier, les libéraux ont organisé une série de
conférences portant sur le Canada dans le monde, la
crise économique et la justice sociale, entre autres.
Aujourd’hui, les quelque 2000militants libéraux
devraient donner leur aval à une réforme du mode de
sélection du prochain chef, qui serait élu par suffrage
universel, mais pondéré pour accorder le même poids à
chaque circonscription. Cette réforme avait été rejetée
au congrès de décembre 2006 à Montréal.
Michael Ignatieff prononcera un discours cet après-midi
pour conclure le congrès de trois jours.
Beau temps pour rêver - VINCENT MARISSAL
Il y a
certes quelques ambitieux dans l’entourage de Michael
Ignatieff et dans son caucus mais, pour une rare fois
lors de l’investiture du nouveau chef libéral, personne
n’est tapi derrière le rideau, le couteau entre les
dents.
— On a beaucoup dit, ces derniers jours, que les
libéraux fédéraux réunis en congrès à Vancouver vivent
un rare moment d’harmonie. I l suffit de les voir planer
dans un style décontracté très « West Coast » pour s’en
convaincre hors de tout doute.
L’exemple vient d’ailleurs de très haut : jamais on n’a
vu l’entourage d’un chef libéral aussi relax.
Hier midi, sous un généreux soleil, j’ai croisé le chef
de cabinet de Michael Ignatieff, Paul Zed, près du
Centre des congrès de Vancouver. Il marchait d’un pas
pressé pour aller… faire son j ogging avec quelques
comparses.
Un autre proche collaborateur de Michael Ignatief f, à
qui j’ai posé une question par BlackBerry, m’a répondu
qu’il sirotait un verre de vin blanc sur une terrasse de
Granville Island pour se remettre d’une grande virée à
bicyclette!
Un mot revient sur toutes les lèvres pour décrire
l’ambiance de ce congrès biennal : tranquille. Même
quand les libéraux étaient au pouvoir avec des
gouvernements majoritaires, ils n’étaient pas aussi
détendus quand ils se réunissaient.
Il faut dire qu’il y avait toujours des épiphénomènes
pour déranger l’harmonie, comme l’interminable guerre
ChrétienMartin et, avant celle-là, la fronde de Jean
Chrétien contre John Turner.
Rien de tout cela cette fois. Il y a certes quelques
ambitieux dans l’entourage de Michael Ignatieff et dans
son caucus mais, pour une rare fois lors de
l’investiture du nouveau chef libéral, personne n’est
tapi derrière le rideau, le couteau entre les dents.
Au contraire, les libéraux ont, pour une rare fois,
réuni leurs anciens chefs au même congrès sans que les
flèches empoisonnées ne viennent gâcher la fête.
Les libéraux sont tellement décontractés que, pendant
quelques heures, dans la bulle du Centre des congrès de
Vancouver, on arrivait à oublier la récession et la
grippe porcine.
La crise économique, qui est pourtant au centre de
toutes les discussions politiques canadiennes depuis des
mois, a pratiquement disparu du ciel bleu libéral.
Parmi les 32 résolut ions qui doivent être débattues en
vitesse aujourd’hui, une seule touche directement la
récession, et encore, puisque les mesures proposées sont
plutôt vagues (exemple : « tenir compte des effets
positifs de la réduction des impôts corporatifs dans la
détermination de sa politique fiscale et garder la
flexibilité jugée nécessaire en temps de ralentissement
économique »).
Fidèles à eux-mêmes, les libéraux reprennent par
ailleurs leurs thèmes électoraux de prédilection : lutte
contre la pauvreté, logements sociaux, garderies. Ils
enterrent définitivement le fameux Tournant vert si cher
à leur ancien chef, Stéphane Dion. Le vert, tellement à
la mode au congrès de décembre 2006 à Montréal, a cédé
sa place au bon vieux rouge libéral.
Signe
que les choses vont beaucoup mieux pour le PLC, plus de
2000 délégués, dont plus de 200 du Québec, se sont
déplacés à Vancouver. Ils ont déboursé pour la plupart
plusieurs centaines de dollars pour assister à la
nomination officielle de leur nouveau chef.
Le calme apparent du congrès est toutefois trompeur.
Comme les magnifiques canards que l’on peut observer
dans les baies autour du parc Stanley, les libéraux
semblent paisibles en surface, mais ils se font aller
les pattes avec énergie sous l’eau.
En particulier les libéraux du Québec, qui profitent de
la vague des bons sondages pour regagner le terrain
perdu au cours des dernières années.
L’effectif est en hausse, soit autour de 16 000 membres.
On est encore loin des belles années (70 000 membres),
mais la progression est constante. Même chose, par
ricochet , pour le financement. L’aile québécoise a
réussi à éponger sa dette.
La marge de manoeuvre et les bonnes perspectives des
sondages permettent au PLC de se réorganiser sur le
terrain. Ainsi, six coordonnateurs régionaux (des
permanents payés par le Parti libéral) entreront en
fonction au Québec dans quelques semaines.
Les libéraux se sont également équipés d’un logiciel
performant pour faire du pointage dans chaque
circonscription, pour communiquer avec leurs membres et
suivre l’évolution des effectifs. Selon les
organisateurs québécois, il s’agit du même type de
logiciel que celui qu’avait utilisé l’équipe de Barack
Obama pour les primaires et la présidentielle.
Les candidatures commencent aussi à se préciser dans
certaines circonscriptions convoitées.
« De très belles annonces s’en viennent », m’a affirmé
un des principaux organisateurs de Michael Ignatieff au
Québec, confirmant du bout des lèvres que des libéraux
provinciaux pourraient faire le saut sur la scène
fédérale.
Impossible d’en savoir plus pour le moment, ma i s les
libéraux n’auront pas à trouver un successeur à Stéphane
Dion dans Sa i nt-Laurent– Cartierville, car il a décidé
de se représenter.
Il semble que l’Université de Montréal, son ancien
employeur, lui ait offert un poste de vice-recteur et
d’ambassadeur, mais M. Dion ne se résigne pas à quitter
la vie politique.
Une autre députée aurait décidé de rester : Raymonde
Folco, dans Laval-Les Îles, a l’intention de se
représenter malgré des problèmes graves de financement
dans cette circonscription libérale sûre.
Le retour de Martin Cauchon dans Outremont paraît de
plus en plus improbable, dit-on par ailleurs dans les
cercles libéraux québécois.
CONGRÈS DU PARTI
LIBÉRAL DUCANADA - Ignatieff remercie Harper pour l’unité
retrouvée
« M. Harper a laissé tomber une boule de neige de la
colline parlementaire en décembre, et cette boule s’est
transformée en avalanche pour lui. »
— Le Parti libéral du Canada n’a pas été aussi uni depuis des
décennies et, selon Michael Ignatieff, c’est en grande partie
grâce à un homme: le premier ministre Stephen Harper.
En tentant d’abolir les subventions annuelles versées par
l’État aux partis politiques, en novembre dernier, Stephen
Harper a cherché à affaiblir davantage ses adversaires. Mais
en lieu et place, il a déclenché une série d’événements qui a
forcé les troupes libérales à s’unir pour assurer leur survie,
a déclaré, hier, M. Ignatieff au premier jour du congrès
libéral, qui a lieu jusqu’à samedi à Vancouver.
Cette unité retrouvée a permis au Parti libéral de se donner
un nouveau chef sans se déchirer, de rembourser sa dette
électorale de deux millions de dollars en cinq mois, et de
concentrer ses efforts pour convaincre les Canadiens qu’il est
l’option de rechange la plus crédible aux conservateurs,
notamment en ces temps de crise économique, selon M.
Ignatieff.
La présence de Jean Chrétien, Paul Martin et John Turner à ce
congrès démontre bien l’harmonie qui règne au sein des
troupes, selon des stratèges libéraux.
« M. Harper a laissé tomber une boule de neige de la colline
parlementaire en décembre, et cette boule s’est transformée en
avalanche pour lui. Et, fin stratège comme il est, il s’est
retrouvé avec un Parti libéral plus uni avec un nouveau chef
prêt à partir en campagne. Qui l’aurait cru? Une partie du
mérite revient à mon principal adversaire, M. Harper », a
déclaré M. Ignatieff aux journalistes.
Reconnaissant
le travail que M. Harper a fait pour unir le Parti libéral, M.
Ignatieff a même tenu à souhaiter bon anniversaire au premier
ministre, qui a célébré son 50e anniversaire de naissance
hier.
« Je veux lui souhaiter très joyeux anniversaire. Il est un
parlementaire redoutable et un leader redoutable de son parti.
Même si nous ne sommes pas d’accord sur le plan politique et
sur plusieurs principes, j’ai du respect pour le travail qu’il
a accompli comme chef de son parti », a dit M. Ignatieff dès
le début de sa conférence de presse hier. À l’origine, le
congrès libéral de Vancouver devait permettre aux militants
libéraux d’élire un nouveau chef à la suite de la démission de
Stéphane Dion, en décembre. Mais M. Ignatieff a finalement été
désigné comme chef intérimaire après le désistement des
députés Bob Rae et Dominic LeBlanc. Le congrès permettra donc
aux militants d’exprimer leur confiance envers leur nouveau
chef.
Au premier jour du congrès, M. Ignatieff s’est dit « amusé »
de voir le Bloc québécois et le NPD soumettre des propositions
dans l’espoir de trouver des compromis avec le gouvernement
conservateur minoritaire de Stephen Harper afin d’éviter des
élections générales.
Ces manoeuvres parlementaires du Bloc québécois et du NPD
surviennent alors que les appuis au Parti libéral augmentent
dans les sondages. En privé, des stratèges conservateurs ont
confié à La Presse Canadienne cette semaine qu’ils sont prêts
à conclure des ententes ponctuelles avec le Bloc ou le NPD
pour assurer la survie du gouvernement au moins jusqu’à ce que
les Jeux olympiques de Vancouver soient terminés, en février
2010. D’ici là, les conservateurs espèrent que la crise
économique sera terminée, ce qui devrait leur donner un coup
de pouce électoral.
Les libéraux, pour leur part, envisagent de plus en plus de
forcer la tenue d’élections générales à l’automne.
« C’est légèrement amusant tout cela. Ces deux partis ont voté
contre le dernier budget conservateur sans même le lire.
Maintenant, ils sont prêts à soutenir les conservateurs. Je me
demande bien pourquoi ! », a lancé M. Ignatieff. Le Parti
libéral a voté en faveur du dernier budget, ce qui a permis au
gouvernement Harper de survivre au vote de confiance aux
Communes.
Les
libéraux à la veille d’éponger leurs dettes
L’arrivée de
Michael Ignatieff a facilité le financement
— Le moteur de la machine du Parti libéral tourne plus rondement
depuis que Michael Ignatieff en a pris les commandes en
décembre. En plus de devancer les conservateurs dans les
sondages depuis quelques semaines, le Parti libéral est sur le
point de rembourser toute sa dette de 2 millions de dollars six
mois après les dernières élections.
L’arrivée
de
Michael Ignatieff à la barre du PLC a permis de renflouer les
coffres du parti. Il y a deux semaines, un souper-bénéfice à
Toronto a même dépassé la barre du million de dollars.
Selon le nouveau directeur national du PLC, Rocco Rossi, la
dette du parti sera entièrement remboursée au plus tard à la
mimai, libérant ainsi les troupes libérales d’un important
boulet au moment même où certains stratèges envisagent de
provoquer la tenue d’élections à l’automne.
Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Rossi a confirmé que
les dons sont plus fréquents et plus nombreux depuis le début de
l’année et l’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du PLC
explique en bonne partie ce revirement de fortune.
L’an dernier, le Parti libéral alors dirigé par Stéphane Dion
n’avait récolté que 5,9 millions de dollars, une bien maigre
récolte comparativement aux 21,9 millions recueillis par le
Parti conservateur. Mais en décembre, après que Michael
Ignatieff eut été acclamé chef, les dons des libéraux de plus de
200$ (832 000$) avaient dépassé ceux des conservateurs (826
000$).
« Je pense que notre situation financière s’améliore de jour en
jour. Nous avons vu l’effet Ignatieff durant les deux dernières
semaines de décembre et cela s’est poursuivi durant le premier
trimestre de 2009. Nos résultats sont nettement meilleurs que le
premier trimestre de 2008 (seulement 846 000$). Ce n’est une
raison pour danser dans la rue, mais nous sommes dans la bonne
direction », a affirmé M. Rossi.
Au cours des dernières semaines, M. Ignatieff a aussi parcouru
le pays afin participer à des soirées de collecte de fonds. À
Vancouver, 700 personnes sont venues l’entendre, 850 militants
en ont fait autant à Edmonton et 1100 personnes à Toronto il y a
deux semaines. Durant cette seule soirée dans la Ville reine,
les coffres du parti se sont enrichis de près d’un million de
dollars. « Nous n’avions pas réussi à faire ce tour de force
depuis plusieurs années », se félicite M. Rossi.
Inspirés par Obama
Cette nouvelle va sans doute réjouir les quelque 4000
militants attendus au congrès national du Parti libéral qui aura
lieu à Vancouver du 30 avril au 2 mai. Durant ce congrès, M.
Ignatieff sera officiellement confirmé par les militants comme
chef du parti.
M. Ignatieff a confié l’important poste de directeur national à M.
Rossi au début de l’année. Auparavant, M. Rossi, qui parle trois
langues – anglais, français et italien – avait fait sa marque en
tant que PDG de la Fondation du coeur de l’Ontario. Sous sa
houlette, cet organisme de charité a vu son financement bondir de
30% pour atteindre les 120 millions de dollars.
En entrevue, M. Rossi a fait valoir qu’il était crucial que le
Parti libéral règle ses problèmes de financement pour le bien de
la démocratie canadienne. Il a soutenu que le Parti conservateur,
qui a su bien maîtriser l’art du financement populaire après que
les dons des entreprises et des syndicats eurent d’abord été
limités en 2004 avant d’être interdits en 2006, avait les moyens
pour faire des campagnes à grand frais alors que le Parti libéral
ne pouvait tout simplement pas rivaliser.
« Nous avions un très grand défi devant nous, mais les choses
commencent à bouger et à bouger très, très bien. Si bien que j’ai
confiance qu’avant la fin de mai, nous serons de retour dans le
noir », a-t-il dit.
M. Rossi a décidé de s’inspirer des stratégies de financement
utilisées par Barack Obama durant la dernière campagne
présidentielle. À la fin de cette campagne historique, le camp
d’Obama avait à sa disposition 13 millions d’adresses de
courriels, cinq millions de bénévoles et quatre millions de
donateurs qui ont réussi à amasser la rondelette somme de 600
millions de dollars (moyenne de 150$ par donateur).
Le Parti libéral s’est donc fixé comme objectif de construire une
banque de données proportionnelle à la population canadienne, soit
10% de ce que le camp d’Obama a accompli. « Cela veut donc dire
qu’on doit avoir accès à 1,3 million d’adresses de courriel, 500
000 membres du parti et 400 000 donateurs. Mais nous allons
d’abord tenter de réaliser la moitié de cela, soit 250 000 membres
et 200 000 donateurs. Je crois que c’est plus réaliste et si nous
y arrivons et obtenons 100$ par année par donateur, cela nous
assurer 20 millions de dollars par année, soit la somme que
récolte à peu près le Parti conservateur », a expliqué M. Rossi.
« Nous ne sommes pas Barack Obama. Il est un phénomène à part.
Mais nous pouvons apprendre beaucoup de leçons de lui et nous
pouvons utiliser les outils de l’internet à notre avantage »,
a-t-il ajouté.
Les libéraux tentent de faire oublier leur échec -
Hugo de GrandPré
MOTION
LIBÉRALE SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE
Derrière des portes closes, hier matin, le chef Michael
Ignatieff et le whip Rodger Cuzner ont reconnu devant les
députés qu’ils ne les avaient pas suffisamment consultés avant
d’arrêter leur plan d’action.
OTTAWA — L’échec de la motion libérale sur la planification
familiale a continué à faire des vagues sur la colline
parlementaire, hier, malgré les tentatives du parti pour faire
oublier cette gaffe gênante.Les
députés libéraux ont applaudi Michael Ignatieff durant la
période de questions à la Chambre des communes hier. Le chef
du parti a essuyé un revers mardi lors d’un vote sur unemotion
concernant la planification familiale.
En fin de journée, mardi, l’absence de 13 députés libéraux,
l’abstention d’un autre et le vote de trois députés contre la
motion de leur propre formation a permis aux conservateurs de
battre l’opposition par 144 voix contre 138.
Derrière des portes closes, hier matin, le chef Michael
Ignatieff et le whip Rodger Cuzner ont reconnu devant les
députés qu’ils ne les avaient pas suffisamment consultés avant
d’arrêter leur plan d’action.
Devant les journalistes, quelques minutes plus tard, M.
Ignatieff a admis qu’il était mécontent de la tournure des
événements. Il a toutefois tenté de ramener l’attention sur le
contenu du débat plutôt que sur ses problèmes d’organisation.
« Vous essayez de dire que le sujet, c’est moi, a-t-il dit.
Mais je suggère que le sujet, c’est la position de M. Harper.
»
Par leur
motion, les libéraux voulaient obliger le gouvernement Harper
à inclure « tout l’éventail des options de planification
familiale » dans son initiative en matière de santé maternelle
et infantile dans les pays pauvres.
Si le texte ne mentionnait pas précisément l’avortement, les
membres du caucus pro-vie du Parlement canadien – dont
plusieurs députés libéraux – craignaient que la motion ne
relance ce débat délicat au Canada.
Bien qu’ils aient promis de poursuivre la lutte sur cet enjeu,
les libéraux se sont tout de même abstenus d’aborder le sujet
durant la période des questions, hier.
Le chef est par ailleurs resté vague sur les sanctions
auxquelles s’exposent les trois députés qui n’ont pas suivi la
ligne du parti alors qu’ils étaient obligés de le faire pour
un tel vote. « On discute de cela avec le whip et nous allons
régler ça de façon interne », a insisté M. Ignatieff.
Les adversaires des libéraux s’en sont pour leur part donné à
coeur joie pour tourner l’organisation du parti en ridicule et
pour remettre en question le leadership de M. Ignatieff.
« Je n’ai jamais rien vu comme ce que j’ai vu hier soir »,
s’est exclamé le chef adjoint du Nouveau Parti démocr atique ,
Thoma s Mulcair, qui compte plusieurs années d’expérience à
l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes. Le député
d’Outremont est d’avis que le leader libéral aura peine à se
relever d’un tel affront de ses propres rangs. « C’est une
vraie claque sur la gueule qu’il a subie hier soir. »
Ignatieff à peine mieux que Dion - VINCENT
MARISSAL
Près d’un
Québécois sur deux souhaite un changement de gouvernement à
Ottawa ; à peine un quart d’entre eux pensent que Stephen
Harper est le chef le mieux placé pour occuper le poste de
premier ministre; le taux de satisfaction envers le
gouvernement conservateur est toujours en dessous de la barre
des 50%.
Pourtant, les conservateurs remontent légèrement dans les
intentions de vote et les libéraux perdent des appuis.
Conclusion : les Québécois n’a i ment pas beaucoup Stephen
Harper, mais ils aiment encore moins les élections. Et ils ne
voient pas en Michael Ignatieff une solution de rechange
acceptable.
Le changement de ton de Michael Ignatieff, qui a annoncé à la
fin de l’été qu’il entendait défaire les conservateurs à la
première occasion, n’aura pas été payant pour les libéraux. Au
contraire.
Moins d’un an après les dernières élections, et au moment où
l’économie prend du mieux, il semble que les Québécois
puissent encore vivre avec Stephen Harper.
À la question « Lequel des chefs politiques ferait le meilleur
premier ministre ? », M. Harper a gagné cinq points depuis le
mois dernier et neuf points depuis juin. Michael Ignatieff est
toujours premier à cet te question, mais il a toutefois perdu
sept points en un mois (de 35% à 28%), alors que ce devait
être sa rentrée et la fin du gouvernement Harper,
claironnaient les libéraux en juin.
De toute évidence, l’événement de la pré-rentrée, la fameuse
vidéo de Stephen Harper à Sault-Sainte-Marie, n’a pas nui aux
conservateurs. Au contraire, on dirait bien que les Québécoi s
aiment mieux un Stephen Harper f r ondeur qu’un Stephen Harper
conciliant.
Autre « vic t
oi re » ( sur papier, en tout cas) du chef conservateu r : une
for te majorité de Québécois (68% cont re 25 %) souha itent
maintenant l’élection d’un gouvernement majoritaire à Ottawa
aux prochaines élections.
Michael Ignatieff aurait-il raté sa fenêtre en ne faisant pas
tomber le gouvernement le printemps dernier ? Peutêtre, mais
la question pour les libéraux est maintenant de savoir s’ils
doivent continuer de jouer le tout pour le tout ou s’ils ne
devraient pas plutôt se replier dans l’espoir de se relancer.
Les récents sondages au Canada donnent une nette avance aux
conservateurs et, au Québec, on constate maintenant l’essouff
lement du phénomène Ignatief f . La querelle autour
d’Outremont, suivie de la démission de Denis Coderre de son
poste de lieutenant, n’aidera certainement pas les libéraux au
Québec.
À 26%, les libéraux de Michael Ignatieff ne sont pas loin des
24% obtenus par Stéphane Dion l’an dernier.
À 21%, les conservateurs se rapprochent aussi de leur score du
scrutin d’octobre 2008 mais, dans leur cas, c’est grâce à une
remontée de quatre points en un mois et de huit points depuis
juin.
Les l ibéraux ont perdu beaucoup d’intentions de vote chez les
francophones : huit points de moins en deux mois (de 30 à
22%). Situation inverse chez les conservateurs, qui prennent
huit points dans la même période (de 12 à 20%). Le Bloc
québécois aussi prend des forces : un gain de trois points en
général et de quatre chez les francophones depuis un mois.
Les conservateurs pourraient donc garder leurs sièges au
Québec et en prendre ailleurs, surtout en Ontario.
Dans les circonstances, M. Harper n’aura peut-être pas envie
d’être « sauvé » encore longtemps par Jack Layton.
LE PLC PERD DES PLUMES AU QUÉBEC - Joël-Denis
Bellavance
Déjà amorcée
en août, la glissade du Parti libéral du Canada au Québec se
confirme. Avant même le dénouement fracassant de la saga
CoderreCauchon, les troupes libérales ont dégringolé dans les
intentions de votes des Québécois. Leur chef, Michael Ignatief
OTTAWA — Le Parti libéral perd des plumes au Québec et les
espoirs du chef Michael Ignatieff d’y faire des gains
importants aux prochaines élections sont compromis.
PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA
PRESSE
La Presse Le score du PLC dans ce
sondage CROP/ est le pire obtenu par les libéraux au Québec
depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti.
Le chef libéral suscite ainsi beaucoup moins d’enthousiasme
que lorsqu’il est arrivé à la tête du parti, il y a 10 mois.
Les attaques soutenues du Bloc québécois et du Parti
conservateur contre Michael Ignatieff, la bisbille entre
Martin Cauchon et Denis Coderre et l’effacement du chef
libéral durant l’été ont eu une influence sur les opinions des
Québécois.
Résultat: le Parti libéral n’obtiendrait que 26% des voix au
Québec si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui,
révèle un sondage CROP-La Presse réalisé auprès de 1000
personnes, du 17 au 27 septembre derniers. Ce résultat est
essentiellement le même que celui de Stéphane Dion aux
dernières élections (24%).
I l représente aussi une baisse de quatre points de
pourcentage par rapport au sondage réalisé en août (30%) et de
neuf points comparativement à celui du mois de juin (35%). Ce
score est aussi le pire obtenu par les libéraux au Québec
depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti, en
décembre dernier.
Toutefois, le sondage ne tient pas compte des retombées de la
démission fracassante de Denis Coderre de son poste de
lieutenant politique au Québec et de ses critiques selon
lesquelles la garde rapprochée de M. Ignatieff de Toronto
essaie de diriger l’aile québécoise du PLC.
À l’avantage du PCC
Le Pa r t i conser vateur du Canada t i re avantage des ennuis
des libéraux au Québec. En effet, les troupes de Stephen
Harper obtiendraient 21% des voix si des élections fédérales
avaient lieu aujourd’hui, une hausse de quatre points de
pourcentage en un mois et une augmentation de huit points
depuis juin. Aux dernières élections, les conservateurs
avaient récolté 22% des suffrages et réussi à remporter 10
sièges.
Pour sa part, le Bloc québécois se maintient en tête avec 33%
des intentions de vote, soit trois points de plus qu’en août.
Le NPD voit quant à lui ses appuis passer de 18% en août à
seulement 13% en septembre.
Case départ
Selon Maïalène Wilkins, direc t rice des projets de CROP, le
Parti libéral est revenu à la case départ au Québec. « Le
Parti libéral se retrouve avec un score similaire à celui
qu’avait obtenu M. Dion l’année dernière. M. Ignatieff a connu
son sommet en avril quand il a prononcé une série de discours
au Québec et qu’il a démontré une certaine ouverture. Les gens
étaient à l’époque un peu sous le charme. Mais depuis les
appuis sont en baisse », at-elle ajouté.
Pour le Parti libéral, malgré le dépôt de la motion de
censure, des élections sont loin d’être souhaitables. « Les
libéraux tablaient sur des gains au Québec, mais ce serait le
statu quo pour eux en ce moment. Et c’est certain que les
événements des derniers jours ne viendront pas aider leur
cause. »
Mince consolation, de tous les chefs fédéralistes, Michael
Ignatieff est perçu par le plus grand nombre de Québécois
comme le plus apte à occuper le poste de premier ministre.
Mais encore là, sa cote est en forte baisse. Le chef libéral
obtient un score de 28% en septembre, alors qu’il récoltait
35% en août et en juin, 39% en mai et 45% en avril.
Pour sa part, la cote de Stephen Harper remonte un peu : 23%
des Québécois croient qu’il ferait le meilleur premier
ministre, alors qu’ils étaient seulement 18% en août et 14% en
juin. Le chef du NPD, Jack Layton, se maintient bien à ce
chapitre puisque 23% des Québécois le désignent comme le
meilleur premier ministre.
« C’est une véritable dégringolade pour les libéraux et
Michael Ignatieff depuis juin. Il a bénéficié d’un capital de
sympathie, mais il n’a pas réussi à en profiter », a noté Mme
Wilkins.
À l’instar de ses appuis au Québec, le gouvernement Harper a
vu augmenter quelque peu le taux de satisfaction des Québécois
à son endroit au cours du dernier mois. Ainsi, 40% des
Québécois interrogés se disent très ou plutôt satisfaits de sa
performance, une hausse de trois points par rapport au mois
d’août. Il s’agit de son meilleur score en 12 mois. À
l’inverse, 55% des répondants se disent très ou plutôt
insatisfaits – une baisse de six points – et 4% disent n’avoir
pas d’opinion sur cette question.
Ce sondage comporte une marge d’erreur de plus ou moins trois
points de pourcentage, 19 fois sur 20.
Après la tempête, les libéraux serrent les
rangs - Malorie Beauchemin
& Catherine Handfield
Devant 150
libéraux fédéraux réunis à Laval,
OTTAWA — Au lendemain de la démission fracassante de Denis
Coderre du poste de lieutenant deMichael Ignatieff au
Québec, les libéraux ont tenté de démontrer leur unité
tandis que leurs rivaux se sont délectés de cette bisbille.
De pa s s a ge à L ava l , M. Ignatieff a prononcé un «
discours rassembleur », hier soir, devant 150 militants
libéraux réunis à un cocktail de financement. Le chef
libéral a remplacé à la dernière minute Denis Coderre, qui
devait d’abord présider l’événement, mais qui brillait par
son absence, hier soir.
« Le discours de M. Ignatieff rappelait aux libéraux
présents qu’ils sont ensemble parce qu’ils ont des valeurs
libérales communes, qui sont celles des Canadiens et des
Québécois », a dit Raymonde Folco, députée libérale de
Laval– Les Îles.
Avant son al locut ion à laquelle les médias n’étaient pas
conviés, M. Ignatieff a tenu à répondre aux critiques
formulées par Denis Coderre quant au pouvoir de ses
conseillers torontois au Québec.
« Les questions d’organisation et de candidatures qui
étaient soulevées dans l es dernière s s emaine s étaient
soulevées au Québec par des Québécois, a dit M. Ignatieff.
Et ces questions vont être réglées au Québec par des
Québécois sous mon leadership. Point à la ligne. »
Rappelons
que, lundi, froissé par la décision de M. Ignatieff de
permettre à l’ancien ministre de la Justice Martin Cauchon
d’être candidat dans la circonscription d’Outremont, alors
que M. Coderre lui avait préféré la femme d’affaires
Nathalie Le Prohon, le lieutenant politique a claqué la
porte.
M. Coderre a déploré que les décisions concernant le Québec
soient prises « à Toronto » par la « garde rapprochée » de
M. Ignatieff. Cinq organisateurs politiques ont suivi
l’exemple de M. Coderre et ont remis leur démission le même
jour.
Du bout des lèvres, Michael Ignatieff a admis avoir traversé
une période difficile. « Ça n’a pas été la semaine la plus
facile de ma vie, a-t-il dit. Mais sincèrement, je préfère
aimer les problèmes que j’ai. Un chef de parti a toujours
des problèmes. Et nous allons tous les résoudre un part un.
»
Des députés à la rescousse
Également dési reux de calmer le jeu, des députés du Québec
sont venus parler aux médias à l’issue de la période des
questions, hier.
« On a perdu M. Coderre, c’est dommage, a dit le président
des députés du Québec, Marc Garneau, député de Westmount –
Ville-Ma r ie. Malheureusement, il s’est laissé emporter par
ses émotions, mais la réalité, c’est que le parti a fait
beaucoup de progrès au Québec et au pays.
Michael
Ignatieff livre un « discours rassembleur »
Notre membership a augmenté, nos coffres sont plus remplis
et on est prêts. »
Réunis
à
Laval, des libéraux ontminimisé hier la démission
deDenisCoderre de son poste de lieutenant québécois.
Cette photo a été prise lundi, lors de la conférence de
presse oùM. Coderre a dénoncé la « garde rapprochée du
chef à Toronto ».
« Il ne faut pas exagérer sur la question de l’unité à
l’intérieur du Parti libéral parce qu’elle est là, l’unité
», a-t-il ajouté. Selon lui, les incidents de la veille
sont imputables à l’« ego blessé » de M. Coderre.
« Ce n’est pas Toronto qui prend des décisions par rapport
au Québec. On a toute une équipe extraordinaire au Québec
de personnes qui non seulement connaissent très bien le
Québec, mais qui sont aussi capables de conseiller le
chef, dont JeanMarc Fournier et Marc-André Blanchard », a
dit la députée libérale de Brossard-La Prairie, Alexandra
Mendès.
Les adversaires misent sur la dissension
Les
adversaires des libéraux, eux, n’ont pas manqué de
récupérer cette image de dissension à leur avantage.
« Ce que le député de Bourassa (M. Coderre) vient de
découvrir au sujet de son chef, nous, conservateurs du
Québec, nous le savons depuis fort longtemps. On ne peut
pas faire confiance à un chef libéral, a estimé la députée
conservatrice de BeauportLimoilou, Sylvie Boucher. Sa
vision du Québec et du Canada est l’image de son propre
reflet dans son miroir. Au diable « l’intérêt supérieur de
la nation ». Ce qui est important pour le chef libéral,
c’est de prendre le pouvoir. »
Les a rguments de M. Coderre servent aussi la cause du
Bloc québécois, qui répète inlassablement que les
conservateurs et les libéraux ont la même vision,
notamment par rapport au Québec.
Lundi, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, avait affirmé
que dans tous les partis pancanadiens, les Québécois «
doivent se plier aux diktats du reste du Canada ». Hier,
il en a rajouté : selon lui, la seule différence est que
le Parti libéral est « dirigé de Toronto » et le Parti
conservateur, « de Calgary. »
Absent du parlement hier, M. Coderre devrait aussi manquer
la réunion hebdomadaire des députés du Parti libéral
aujourd’hui. Reste à savoir s’il assistera dimanche au
congrès de l’aile québécoise du PLC à Québec.
Un grand vide - ANDRÉ PRATTE
Le plus récent
sondage CROP-La Presse révèle qu’aucun parti fédéral ne
suscite d’enthousiasme au Québec. Si des élections avaient eu
lieu ce mois-ci, 30% des Québécois auraient voté en faveur du
Bloc québécois, 30% en faveur du Parti libéral, 18% pour le N
PD, 17% pour les conservateurs et 6% pour les verts. On le
voit, le vote des Québécois est très dispersé.
Le Bloc reste
bien sûr solidement i mpla nté da ns la plupart des régions de
la province. Toutefois, on ne sent plus l’engouement d’antan.
L’appui au Bloc ne dépasse pas l’appui à la souveraineté, qui
est au plus bas.
Cela dit, aucun parti fédéraliste n’est en mesure de profiter
de cet essoufflement relatif du parti de Gilles Duceppe. On a
l’impression que les Québécois sont en attente d’un nouvelle
vision du pays à laquelle ils pourraient adhérer. Pour
l’instant, malheureusement, rien n’indique que leurs voeux
seront comblés.
Le Parti libéral du Canada perd des appuis au Québec -
Hugo de GrandPré
OTTAWA — Le
Parti libéral du Canada a perdu des plumes au Québec au profit
du Parti conservateur au cours de l’été. Il se trouve
maintenant à égalité avec le Bloc québécois dans les
intentions de vote.
Le sondage CROP-La Presse mené dans la province auprès de 1003
répondants entre le 13 et le 23 août derniers accorde 30 % des
intentions de vote au PLC, et le même pourcentage au Bloc.
Lors du dernier coup de sonde de CROP, du 11 au 18 juin, le
parti de Michael Ignatieff récoltait 35 % des intentions de
vote. Celui de Gilles Duceppe est resté relativement stable :
il avait récolté 31 % des appuis.
Le NPD est lui aussi resté à peu près au même point à 18 % des
intentions de vote, par rapport à 17 % au début de l’été.
Les conservateurs ont quant à eux légèrement progressé : si
des élections avaient eu lieu le 23 août, 17 % des Québécois
auraient voté pour eux, une augmentation de quatre points
depuis la mi-juin.
Mauvais augure
Claude Gauthier, vice-président de la maison CROP, croit que
ces résultats ne sont pas de bon augure pour le Parti libéral,
au moment où ses stratèges contemplent très sérieusement la
possibilité de déclencher des élections. « À l’heure actuelle,
je ne vois pas comment le PLC pourrait aller chercher beaucoup
plus que les 14 circonscriptions qu’il détient présentement au
Québec. En juin 20 0 4 , avec 34 % des votes dans la province,
Paul Martin avait remporté 21 sièges. On est loin de cela
encore… »
Dans la région de Québec, le Bloc québécois a repris la
position de tête (30 %), qu’il avait momentanément perdue aux
mains du Parti libéral au mois de mai. Cette fois, le PC et le
PLC sont pratiquement ex æquo, à respectivement 23 % et 24 %
des intentions de vote.
Pa r a illeu rs, le tau x de satisfaction à l’égard du
gouvernement est resté le même depuis les dernières élections
générales : 61 % des Québécois en sont insatisfaits.
Le sondage CROP-La Presse a été mené pa r téléphone auprès de
1003 personnes. La marge d’erreur est de 3 points, 19 fois sur
20. À noter que la marge d’erreur pour les échantillons
régionau x , com me celui de la région de Québec, est
supérieure.
Un mois crucial pour Ignatieff - VINCENT
MARISSAL
Au printemps
dernier, les libéraux fédéraux redoutaient la grosse machine
conservatrice, en particulier une salve prévisible de
publicités négatives visant à miner la crédibilité de leur
chef, Michael Ignatieff.
Dès 2007, les conservateurs, inspirés par leurs cousins
républicains des États-Unis, avaient orchestré de main de
maître une opération «bing-bang-rentre-dedans» dévastatrice
contre Stéphane «not a leader» Dion.
Tous les bons st ratèges s ’entendent là-dessus : en
politique, un chef doit définir et projeter lui-même l’image
qu’il souhaite imprimer dans l’électorat, faute de quoi ses
détracteurs se chargeront de lui arranger le portrait. Et
comme les caricatures impressionnent toujours plus qu’une
photo réelle, malheur aux leaders qui tombent dans la trappe
des publicités négatives.
Les libéraux avaient raison de craindre pour l’image de leur
chef. Curieusement, toutefois, les dommages n’ont pas été
infligés par les conservateurs, mais bien par Michael
Ignatieff lui-même, qui a disparu de l’écran radar politique
depuis de longues semaines. Du coup, une impression (et en
politique, l’impression devient souvent la réalité) de
nonchalance et de laxisme s’est imprégnée chez tous les
commentateurs et chez plusieurs libéraux.
Cette impression est-elle en train de se répandre dans la
population canadienne ? Les sondages des derniers jours
laissent en tout cas croire que M. Ignatieff a perdu des
plumes cet été, tant dans les intentions de vote que dans sa
cote de crédibilité face à Stephen Harper.
Après avoir écrit, la semaine dernière, que M. Ignatieff avait
manqué une belle occasion de se faire voir au cours des
dernières semaines, j’ai reçu de nombreux courriels de
militants libéraux inquiets devant le manque de substance de
leur parti. L’image de la coquille vide revient souvent.
Vrai, les électeurs sont plus distraits l’été. Vrai, les
gouvernements montent souvent da ns les sondages du ra nt la
période estivale (du fait, notamment, qu’ils ne font
généralement rien !). Vrai, aussi, il est toujours difficile
pour le chef de l’opposition d’attirer l’attention.
Cela dit, aucun sondage ne place en ce moment les libéraux
dans une position de victoire garantie. Même pas minoritaires.
Les plus généreux de ces sondages n’accordent même pas 35 %
aux libéraux. Or, la dernière fois que les libéraux ont gagné
les élections (le gouvernement minoritaire de Paul Martin, en
2004), c’était avec plus de 36%.
La confiance de certains organisateurs libéraux, surtout ceux
qui rêvent de rafler 30 sièges au Québec (16 de plus qu’en ce
moment) repose bien plus sur un excès d’optimisme que sur des
probabilités statistiques raisonnables.
Autre don née
de 20 0 4 : les libéraux de Paul Martin avaient remporté 21
sièges au Québec avec 34% des voix. Les coups de sonde récents
les placent tous en deçà de ce score.
O n peut bien d i re pa r ailleurs que Michael Ignatieff
aurait perdu son temps en faisant campagne cet été, le fait
est qu’il n’avait pas vraiment le choix. S’il envisage encore
de renverser le gouvernement à la fin de septembre, le chef
libéral n’a plus qu’un mois devant lui. Et même pas tout à
fait puisqu’il sera parti en Chine quatre jours au début du
mois.
Pour espérer sauver la mise au prochain scrutin, Michael
Ignatieff devra donc livrer une rude bataille sans commettre
de faute grave. Voilà justement l’inconnue : le nouveau chef
libéral n’a jamais été mis à l’épreuve dans une campagne
électorale. Règle générale, les gens ont plutôt un préjugé
favorable pour le bonhomme, mais le contact reste superficiel
puisque M. Ignatieff a du mal à toucher les cordes sensibles
des électeurs.
Par ailleurs, ceux qui l’ont obser vé depu is quelques mois
savent qu’il n’est pas un bagarreur à la Jean Chrétien et
qu’il n’a ni les réflexes ni la constitution de cet increvable
voyageur.
Les libéraux ne sont certainement pas là où ils rêvaient
d’être il y a quelques mois, mais en politique comme au
baseball, pardonnez le cliché, ce n’est pas fini tant que ce
n’est pas terminé.
La disparité dans les résultats des sondages récents indique
une certaine confusion au sein de l’électorat.
Les l ib é r au x n ’o n t pa s ouvert leur jeu encore, mais
les conservateurs, au pouvoir depuis près de quatre ans,
devront défendre leur bilan. Au passif : un déficit record de
plus de 50 milliards, une politique étrangère en rade, un net
recul en matière d’environnement et quelques dossiers épineux
comme celui de la pénurie d’isotopes médicaux.
Les partis de l’opposition aux Communes ont tenté de marquer
des points la semaine der n ière en dénonça nt le manque de
préparation du gouvernement pour contrer une éventuelle
résurgence de la grippe A (H1N1). Ils remettront ça cette
semaine en étudiant la politique du gouvernement Harper à
l’égard des ressortissants canadiens coincés à l’étranger.
Justement, on a appris hier que le gouvernement contestera en
Cour suprême l’obligation de rapatrier Omar Khadr de
Guantánamo.
Le jour même où des révélations embarrassantes sur les
méthodes de la CIA refont surface. Et le même jour où les
États-Unis décident de libérer et de renvoyer en Afghanistan
un jeune prisonnier de Guantánamo dont l’âge et l’histoire
rappellent Omar Khadr.
L’enjeu - ANDRÉ PRATTE
Les libéraux
de Michael Ignat ief f sont apparemment déterminés à défaire
le gouvernement Harper en Chambre à la première occasion, ce
qui forcerait la tenue d’élections générales le 9 novembre
prochain. Pendant la durée normale d’un mandat gouvernemental,
cinq ans, les Canadiens auront donc été appelés aux urnes
quatre fois. Les électeurs ne sont pas dupes: la décision des
partis de l’opposition de provoquer des élections l’automne
prochain est fondée uniquement sur des considérations
tactiques. Le cynisme populaire à l’endroit des politiciens
risque d’augmenter encore, de sorte que le taux de
participation pourrait être plus faible que le 58,8% de l’an
dernier.
Il est compréhensible mais triste que la population réagisse
ainsi. S’il peut être agaçant d’être plongé en campagne
électorale à intervalles rapprochés, on doit admettre qu’entre
l’excès de démocratie et l’absence de démocratie, le premier
est de loin préférable.
Quel sera l’enjeu de la campagne de 2009? La crise économique?
Le Canada s’en est relativement bien tiré; le gouvernement
conservateur ne peut pas s’en attribuer le mérite, mais
l’oppositon ne peut pas non plus l’accuser d’être responsable
de la récession mondiale. D’autant que les recettes que
proposent les formations rivales ne sont pas très différentes
de celle qu’a finalement cuisinée le ministre des Finances.
La réforme de l’assurance emploi? Si des changements sont en
effet nécessaires, cette question seule ne justifie pas le
déclenchement d’élections générales. Les isotopes médicaux?
L’Afghanistan? Non plus.
Alors quoi?
Le choix des Canadiens portera peut-être sur le style du
gouvernement qu’ils souhaitent. Les conservateurs de Stephen
Harper se sont révélés excessivement partisans et prisonniers
de leurs préjugés idéologiques. Ils n’ont maté ces réflexes
que lorsque forcés par leur statut minoritaire. Le chef
libéral, Michael Ignatieff, avait raison lorsqu’il a déclaré,
en juin dernier: «Notre pays a besoin d’un premier ministre
capable de nous unir, pas de nous diviser.»
Au Québec, cette campagne électorale revêtira une couleur
particulière. M. Harper s’est aliéné une forte majorité de
Québécois. Ils le lui ont fait savoir l’automne dernier en
votant en grand nombre, encore une fois, pour le Bloc
québécois. Ce vote de protestation n’a toutefois pas empêché
la réélection des conservateurs. Si les Québécois souhaitent
que le Canada soit gouverné par un parti plus proche de leurs
valeurs, comment doivent-ils s’y prendre?
Les sondages montrent que plusieurs électeurs de la province
envisagent de voter libéral. Cependant, on sent une
hésitation: qui est M. Ignatieff? Les libéraux ont-ils
vraiment changé? Quelle politique proposent-ils?
S’ i l veut r egagne r la confiance des Québécois, le Parti
libéral du Canada a encore beaucoup de pain sur la planche.
Des élections, mais sur quoi? - VINCENT MARISSAL
Fin 2006, dans
les derniers jours d’une très l ong u e pé r i o d e d e
réflexion, Barack Obama avait demandé de but en blanc à un
conseiller: « O. K., à supposer que je plonge, comment
gagne-t-on l’Iowa ? »
« Tu vas devoir y passer beaucoup, beaucoup de temps pour
communiquer avec les électeurs. Tu vas devoir créer des liens.
Michelle aussi devra passer du temps en Iowa et tu auras
besoin d’une forte organisation », lui avait répondu du tac au
tac Steve Hildebrand, son principal organisateur en Iowa(1).
En résumé: il va falloir travailler !
Malgré une certaine notoriété et un capital de sympathie
évident, Barack Obama ne pouvait surfer sur la vague et
espérer remporter le caucus de l’Iowa sans y mettre énormément
d’efforts. Ce qu’il fit, d’ailleurs, ouvrant ainsi la voie
vers l’investiture démocrate, 18 mois plus tard, et la
présidence, deux ans plus tard.
N’importe quel stratège le moindrement allumé aurait donné le
même conseil à Michael Ignatieff, en juin, à la fin de la
dernière session parlementaire : présence, visibilité,
organisation, tournées, poignées de mains, rencontres de
stratégie, financement… Travail, travail, travail.
Michael Ignatieff a plutôt choisi de passer un été pépère,
misant apparemment sur un inéluctable effondrement des
conservateurs. Les libéraux ont bien du mal à se guérir du
syndrome du natural governing party, eux qui croient que le
pouvoir leur revient toujours, comme une pièce de fer attirée
par un aimant.
Pourtant , les sondages démontrent que les conservateurs ont
autant de chances de gagner les prochaines élections que les
libéraux. Ils accordent aussi une meilleure cote à M. Harper.
Non seulement on ne l’a pas vu beaucoup au Canada dans les
dernières semaines, mais Michael Ignatieff a décidé de faire
sa rentrée… en Chine, où il séjournera au début du mois de
septembre.
Le chef libéral sera bien au Québec cette semaine ( jeudi dans
Brome-Missisquoi et vendredi dans ComptonStanstead), mais il
ne lui reste plus beaucoup de temps pour se faire voir avant
le déclenchement plausible des élections, à la fin de
septembre.
Lorsque les libéraux ont quitté la colline, en juin, ils
affirmaient déjà que le gouvernement Harper ne survivrait pas
jusqu’à Noël. M. Ignatieff ne lui avait accordé un sursis que
pour éviter des élections en juillet, disaient-ils.
Que les libéraux se préparent à des élections en novembre n’a
donc rien de surprenant. Michael Ignatieff n’a plus vraiment
le choix: s’il laisse les conservateurs survivre encore une
fois après avoir obtenu si peu au printemps dernier, il risque
la « dionisation ».
Des élections, donc, mais sur quoi? Quel enjeu?
Sur l’usure du gouvernement? Sur le désir de changement?
Franchement, on ne sent ni l’un ni l’autre dans les sondages.
Sur
l’économie ? Mauvais timing: tous les indicateurs tournent au
vert.
Sur une réforme de l’assurance emploi, qui uniformiserait,
notamment, la règle des 360 heures travaillées (pour se
qualifier) dans tout le pays ?
Mauvais cheval. D’abord, un tel changement est loin de faire
l’unanimité dans la population – plusieurs électeurs y voient
même un recul.
Autre problème : le gouvernement Harper s’apprête à débloquer
des centaines de millions de dollars pour des chantiers dans
le cadre de son programme de stimulation économique (le tout
assorti d’une grande campagne publicitaire).
Ottawa et Québec se sont notamment entendus sur certains
projets dans les derniers jours, et des annonces (avec lourde
présence ministérielle) auront lieu en août et en septembre.
Certaines sources indiquent que le gouvernement Harper a mis
de la pression sur Québec récemment pour débloquer les projets
communs.
Penda nt que Stephen Harper annoncera des jobs à coup de
centaines de millions de dollars, Michael Ignatieff mènera la
lutte pour ouvrir les vannes de l’assurance emploi. Avantage
Harper.
Par ailleurs, les dossiers d’Omar Khadr, de la grippe A (
H1N1) ou des isotopes médicaux ne sont certainement pas à
l’avantage du gouvernement mais, devant le peu de réaction des
Canadiens, il est pour le moins douteux que les libéraux
réussissent à les transformer en enjeu électoral majeur.
Le calendrier favorise aussi Stephen Harper, qui se « sauvera
» de la première semaine aux Communes pour rendre visite à
Barack Obama à Washington le 16 septembre. La semaine
suivante, il sera à Pittsburgh pour une rencontre du G-20 aux
côtés des grands de ce monde.
Si la question du « sur quoi » faire campagne n’est pas
évidente pour les libéraux, celle du « avec qui » l’est encore
moins.
Pour le moment, on ne peut pas dire que l’effet Ignatieff se
soit traduit par une bousculade de candidats aux portillons
libéraux. Les deux « gros » noms qui circulent pour le moment
sont ceux de Jean Leclerc à Québec (des biscuits Leclerc) et
de Martin Cauchon, qui voudrait revenir dans Outremont.
Les libéraux bombent le torse en ce moment, mais il ne leur
reste pas beaucoup de temps pour s’organiser, pour recruter,
pour élaborer de grandes stratégies et pour mieux faire
connaître leur chef.
Dans les circonstances, la décision de défaire le
gouvernement, fin septembre, repose en grande partie sur un
coup de dé.
À moins que ce ne soit sur cette assurance, à la limite de
l’arrogance, qui faisait dire à Michael Ignatieff, en mai : «
Je vais devenir premier ministre de ce pays, aussi certain que
je suis assis ici devant vous, et je vais hériter du plus gros
déficit de l’histoire du Canada. »
Le PC
talonne le PLC - Martin Croteau
SONDAGE NANOS-
LA PRESSE
L’écart se resserre entre le Parti libéral et le Parti
conservateur dans les intentions de vote. Les troupes de
Michael Ignatieff continuent d’obtenir la faveur d’une
majorité de Canadiens, mais leur avance n’est plus que de deux
points.
Le dernier sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte
de La Presse révèle que, si des élections avaient lieu
aujourd’hui, le PLC obtiendrait 33,8% des suffrages, les
conservateurs 31,3% et le NPD, 18,7%.
Stephen Harper continue d’être perçu comme le chef le plus
apte à diriger le pays : 29,5% des répondants considèrent
qu’il ferait le meilleur premier ministre, alors que 26,2%
préfèrent Michael Ignatieff.
Le Bloc québécois domine toujours les intentions de vote au
Québec, mais ses appuis ont fondu légèrement pour se chiffrer
à 35,8%. La formation de Gilles Duceppe a désormais le PLC en
plein dans son rétroviseur (34,1%).
« Libéraux et conservateurs restent pris dans une course très
serrée à l’échelle nationale, mais le pays est caractérisé par
une série de courses régionales différentes, explique Nik
Nanos, président de la firme de sondage. Les conservateurs
restent forts dans l’Ouest tandis que les libéraux obtiennent
de bons scores dans les Maritimes, au Québec et en Ontario. »
L’économie
préoccupe moins
Le sondage a été mené du 30 juillet au 2 août, soit une
semaine après que le gouverneur de la Banque centrale du
Canada, Mark Carney, eut annoncé la fin de la récession. Mais
c’était avant que Statistique Canada révèle la perte de 45 000
emplois au pays.
Si les intentions de vote restent stables par rapport à sa
dernière enquête, réalisée il y a deux mois, le sondeur
perçoit un changement dans les préoccupations des Canadiens.
L’économie et l’emploi restent le principal enjeu électoral,
mais dans une proportion de 30,5%, soit 5,4 points de moins
qu’au dernier sondage. En revanche, les électeurs sont de plus
en plus préoccupés par la santé (26,9%).
Selon Nik Nanos, le lent retour à la normale de l’économie
devrait changer la donne électorale, car la santé et
l’environnement devraient retrouver leur place au coeur des
débats. « Cela pourrait avoir un impact significatif sur les
discours politiques durant la prochaine campagne électorale »,
estime-t-il.
Le sondage a été mené auprès de 1002 Canadiens. Il comporte
une marge d’erreur de 3,4 points de pourcentage, 19 fois sur
20. La marge d’erreur est plus élevée au Québec (6,7%).
Michael Ignatieff en baisse dans les sondages La lune de miel
est terminée
Même si la cote du chef recule, la popularité du PLC au Québec
continue d’avancer en dents de scie.
— Michael
Ignatieff ne pourra faire l’économie d’efforts et d’une
stratégie précise pour séduire les Québécois. L’engouement
pour le chef libéral paraît s’essouffler. On est loin de la
lune de miel du mois d’avril où 45% des Québécois estimaient
qu’il ferait le meilleur premier ministre du Canada.
Selon le plus récent sondage CROP réalisé du 11 au 18 juin,
35% des gens jugent que le chef libéral serait le meilleur
premier ministre, une seconde baisse, de quatre points de
pourcentage, en autant de mois où le Bloc québécois a
multiplié les attaques contre le chef libéral. L’enquête se
déroulait pendant la partie de bras de fer entre MM. Harper et
Ignatieff autour de possibles élections estivales. Les
déboires de la ministre Lisa Raitt et la crise du réacteur de
Chalk River ajoutaient à l’ambiance générale.
Stephen Harper ne devrait pas se réjouir de ce
refroidissement. Seulement 14% des gens voient le conservateur
dans les souliers d’un premier ministre, même s’il les chausse
déjà. M. Harper perd un point de pourcentage par rapport au
mois de mai; sa popularité a diminué de moitié depuis le
départ de Stéphane Dion du PLQ.
Le néo-démocrate Jack Layton ferait l’affaire pour un
Québécois sur quatre: 24% voient en lui le meilleur premier
ministre.
Pour Maïalène
Wilkins, analyste de CROP, le message est clair pour M.
Ignatieff. Il ne peut espérer surfer sur la nouveauté pour
obtenir l’appui des Québécois. « Il devra aller plus loin,
être plus précis sur ce qu’il propose auQuébec », estime Mme
Wilkins.
Même si la cote du chef recule, la popularité du PLC au Québec
continue d’avancer en dents de scie. C’était une pointe en
juin: 35% des Québécois disaient vouloir voter libéral, trois
points de pourcentage de plus qu’en mai. Inversement, le Bloc
a perdu cinq points durant cette période, passant de 36 à 31%.
Les libéraux étaient quatre points derrière en mai, ils sont
quatre points en haut en juin. Depuis le début de l’année,
libéraux et bloquistes s’échangent la première place.
Mais, de sondage en sondage, une lecture demeure inchangée.
Les carottes sont cuites pour les conservateurs québécois. Ils
étaient à 13% en juin, après deux mois à 15%. Depuis le départ
de Stéphane Dion, ils n’ont jamais dépassé 18% d’appuis, eux
qui avaient récolté 22% aux élections d’octobre 2008.
Le NPD fait un bond surprenant de cinq points, à 17% dans ce
sondage. Chez les francophones, le Bloc mène avec 36% des
intentions de vote, suivi des libéraux six points derrière. Le
NPD devance nettement les conservateurs à 17% contre 12%.
La satisfaction à l’endroit du gouvernement Harper s’est un
peu améliorée, mais reste bien inquiétante pour les
conservateurs québécois. Désormais 62% desQuébécois sont
mécontents du gouvernement – 3% de moins qu’en mai. Une
personne sur trois (34%) est satisfaite, 2% de plus que le
mois précédent. En août 2008, à deuxmois des élections, 52%
des Québécois étaient satisfaits du gouvernement, contre 42%
de mécontents.
Les libéraux s’essoufflent
Les troupes
d’Ignatieff mènent toujours, mais leur avance diminue
— Le Parti libéral détient toujours une avance sur le Parti
conservateur dans les intentions de vote, mais les troupes de
Michael Ignatieff semblent avoir perdu leur élan des derniers
mois après avoir brandi la menace de provoquer des élections
estivales la semaine dernière.
C’est du moins ce que suggère le dernier sondage réalisé par
la firme Nanos pour le compte de La Presse. Ce sondage a été
mené du 17 au 21 juin, soit après que le chef libéral Michael
Ignatieff eut menacé de renverser le gouvernement minoritaire
de Stephen Harper aux Communes s’il ne se pliait pas à quatre
conditions.
Si des élections avaient eu lieu aujourd’hui, le Parti libéral
aurait obtenu 36,3% des votes – une chute d’un point de
pourcentage par rapport au mois précédent – alors que le Parti
conservateur en aurait récolté 32,2%, soit 0,4 point de
pourcentage de plus qu’en mai. Le NPD aurait pour sa part
recueilli l’appui de 16,8% des Canadiens, tandis que le Parti
vert aurait obtenu 9,8% des voix.
Au Québec, le Bloc québécois a repris la tête dans les
intentions de vote avec 38% comparativement à 35,4% au Parti
libéral, à 14% au Parti conservateur et à 10,8% au NPD.
« Le dialogue entre Harper et Ignatieff a profité aux
conservateurs en Ontario. Historiquement, les Ontariens sont
davantage préoccupés par le ralentissement économique que les
autres Canadiens. Mais l’attention qu’accorde Ignatieff à la
question du programme d’assurance emploi a moins d’écho en
Ontario que dans les autres régions, comme les provinces
atlantiques ou le Québec », a souligné Nik Nanos, président de
la firme qui porte son nom.
En Ontario, le Parti conservateur a vu ses appuis bondir de
près de 10 points de pourcentage en un mois pour atteindre
42,4%, devançant ainsi le Parti libéral, qui obtient 40,9%.
L’appui aux libéraux est demeuré stable dans la province la
plus populeuse du pays, mais les troupes de Michael Ignatieff
n’ont plus l’avance de 10 points qu’ils détenaient sur les
conservateurs le mois dernier.
Étant donné que ses appuis sont concentrés dans la région de
Toronto, le Parti libéral doit avoir une avance d’au moins
cinq points dans les intentions de vote en Ontario pour
remporter la majorité des 106 sièges que détient la province à
la Chambre des communes. Le Parti conservateur a siphonné ses
appuis principalement au NPD et au Parti vert en Ontario.
Michael
Ignatieff avait menacé d’emboîter le pas au Bloc québécois et
au NPD en votant contre les crédits budgétaires avant la fin
de la session parlementaire si le gouvernement Harper ne
répondait pas à ses demandes. Ce geste aurait provoqué des
élections le 27 juillet.
Le chef libéral exigeait que le gouvernement conservateur
dévoile avant les vacances estivales la réforme du programme
d’assurance emploi qu’il envisageait; qu’il détaille les
dépenses réalisées dans les projets d’infrastructures ; qu’il
précise le plan d’Ottawa pour pallier la pénurie d’isotopes
médicaux et qu’il indique comment le gouvernement comptait
rétablir l’équilibre budgétaire.
Après trois rencontres avec le premier ministre Harper, le
chef libéral n’a obtenu que la création d’un comité bipartisan
qui étudiera pendant l’été les réformes possibles du régime
d’assurance emploi. Ce comité devra soumettre un rapport au
plus tard le 28 septembre. Le Parti libéral a aussi obtenu une
journée de l’opposition aux Communes deux jours après le dépôt
de ce rapport. Les libéraux pourront donc profiter de cette
journée pour déposer une motion de censure contre le
gouvernement Harper et forcer la tenue d’élections fédérales
le 9 novembre.
Cela dit, Stephen Harper doit tout de même profiter de l’été
pour redorer son blason auprès des électeurs. En effet, les
Canadiens sont plus susceptibles d’avoir une image négative du
premier ministre que du chef libéral. Seulement 27% des
Canadiens disent avoir une impression positive ou plutôt
positive de M. Harper, alors que 41,9% soutiennent le
contraire.
Dans le cas de Michael Ignatieff, près de la moitié des
Canadiens ne savent que penser du chef libéral ou disent avoir
une impression neutre de lui. Par contre, 27,8% des répondants
ont une impression positive ou plutôt positive de M.
Ignatieff, alors que 22,6% disent le contraire.
« Il est évident que les conservateurs doivent rebâtir l’image
de Stephen Harper, en particulier au Québec. Mais les libéraux
doivent pour leur part s’atteler à la tâche de définir qui est
Michael Ignatieff. Beaucoup de gens ignorent qui il est », a
noté Nik Nanos.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1004 Canadiens. Il comporte
une marge d’erreur de 3,1%, 19 fois sur 20. Toutefois, la
marge d’erreur est plus élevée dans le cas des résultats
régionaux (plus ou moins 6,2% au Québec ; plus ou moins 5,7%
en Ontario).
Essor
des Libéraux - La peau de l’ours - Lysianne Gagnon
Le PLC brûle de
déclencher des élections. Mais il souffre, en quelque sorte, de
son succès dans les sondages.
Bien qu’un sondage Ipsos-Reid
indique que la cote du PLC est en hausse, Stephen Harper (photo)
reste, dans l’ensemble du pays, un leader plus crédible que le
chef libéral, par 43% contre 33%.
En Ontario, le PLC mène par une dizaine de points, mais c’est du
Québec qu’est venu, récemment, la divine surprise: selon CROP,
les libéraux devancent le Bloc québécois de six points (37 à
31), les conservateurs traînant de la patte avec un maigre 15%
d’appuis. Et le niveau d’insatisfaction envers le gouvernement
Harper a grimpé jusqu’à 61%, un taux inhabituellement élevé si
peu de temps après une élection.
À partir de ces chiffres, L. Ian MacDonald de la Gazette estime
que si des élections avaient eu lieu la semaine dernière, les
libéraux auraient remporté 40 circonscriptions québécoises, le
Bloc, seulement 30, et que le PC serait réduit à la portion
congrue, avec cinq circonscriptions concentrées dans la région
de Québec…
Mais si les libéraux enlèvent leurs lunettes roses, ils verront
qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Primo, un sondage Ipsos-Reid indique que si la cote du PLC est
en hausse, Stephen Harper reste, dans l’ensemble du pays, un
leader plus crédible que le chef libéral, par 43% contre 33%. Il
est vrai que M. Ignatieff est très peu connu du grand public.
Gagnera-t-il, ou perdrat-il à être mieux connu?
Deuzio, même si
M. Ignatieff se démène pour combler le fossé gigantesque qui
sépare son parti de l’électorat de l’Ouest (jusqu’à se faire,
avec quelques nuances, le champion de l’exploitation des sables
bitumineux d’Alberta), le PLC reste un corps étranger dans la
moitié ouest du pays.
Tertio, la partie est loin d’être gagnée pour les libéraux au
Québec. L’expérience des dernières années montre que le Bloc, en
définitive, réussit toujours à sauver sa mise. L’effet «
nouveauté » qui joue actuellement en faveur de Michael Ignatieff
pourrait s’émousser lorsque les nationalistes québécois
constateront que le chef libéral est bien plus centralisateur
que le laissait croire son appui rhétorique au concept de «
nation », et ils reviendront en masse dans la serre chaude
familière du Bloc. Or, la seule vraie victoire libérale au
Québec serait non pas de supplanter les Tories comme premier
parti fédéraliste, mais de devancer le Bloc – à tout le moins de
lui tenir tête en lui faisant perdre un certain nombre de
comtés.
Malgré ces inconnues, le PLC brûle de déclencher des élections.
Mais il souffre, en quelque sorte, de son succès dans les
sondages. Il faut être deux pour danser le tango, mais à la
Chambre des communes, il faut être trois pour avoir des
élections ou, plus précisément, pour renverser le gouvernement.
Or, ni le NPD ni le Bloc n’y ont intérêt. Et plus l’étoile du
PLC montera, moins ils y auront intérêt.
Le NPD voit ses appuis s’effriter au profit des libéraux. Des
élections risqueraient de lui faire perdre un certain nombre de
sièges. Le Bloc québécois, bien assis sur le quasi-monopole
qu’il exerce sur le Québec, est en meilleure posture, mais il
est plus vulnérable, face au PLC revigoré par l’arrivée de
Michael Ignatieff, qu’il ne l’était face à Stéphane Dion.
Tout ce qu’il reste à faire au gouvernement Harper pour
s’assurer la neutralité bienveillante des deux tiers partis,
c’est de leur céder sur quelques points secondaires, histoire de
permettre à leurs chefs de justifier leur appui au gouvernement.
es libéraux de Michael Ignatieff flottent ces temps-ci sur un
petit nuage rose : de toutes parts, les sondages annoncent que
leur formation est en nette remontée ; la caisse du parti, qui
était à sec sous le règne de Stéphane Dion, a commencé à se
remplir; il y a une petite excitation autour du nouveau chef,
qui est certainement une personnalité plus intéressante que la
moyenne de la classe politique.
À part Denis
Coderre? - ANDRÉ PRATTE
Les libéraux
fédéraux du Québec ont eu peu d’occasions de se réjouir au cours
des dernières années. On imagine leur bonheur à la lecture des
résultats du plus récent sondage CROP– La Presse montrant que
leur parti a devancé le Bloc québécois dans les intentions de
vote.
S’agit-il d’un phénomène durable, d’un « retour à la normale »,
comme le soutenait hier notre collègue Alain Dubuc? Peut-être.
Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres, d’un sondage aux
élections générales.
Le sursaut du PLCrésulte d’abord de l’affaissement du Parti
conservateur, phénomène irrémédiable en raison de l’entêtement
idéologique du gouvernement Harper et de son incapacité à
expliquer ses politiques aux Québécois. Le Bloc québécois aurait
aussi perdu quelques plumes depuis les élections de l’automne,
mais cela ne signifie pas grandchose. Gilles Duceppe a bien
raison de dire: « Je ne commente pas les sondages, je gagne les
élections. » On ne compte plus les sondages qui ont annoncé le
déclin du parti souverainiste au cours des ans; la formation
fondée par Lucien Bouchard a toujours su rebondir et triompher
au fil d’arrivée.
Les assises du Bloc sont solides. Le parti s’appuie sur
l’inébranlable foi des souverainistes. Ses racines au Québec
sont profondes et étendues de sorte que les bloquistes
perçoivent avec une grande acuité le pouls de l’électorat. Aucun
autre parti fédéral ne peut en dire autant.
L’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du PLC a certes
suscité sympathie et curiosité. Au Québec comme dans le reste du
pays, M. Ignatieff doit maintenant passer de la séduction à la
persuasion. Cela passe d’abord par sa capacité à convaincre les
Canadiens que son parti sera en mesure de bien gouverner le pays
dans les domaines de compétence fédérale, en particulier
l’économie, l’environnement et les affaires étrangères.
Pour ce qui est plus spécifiquement du Québec, les libéraux ne
rendront service ni au Canada ni à eux-mêmes en promettant ce que
leur chef appelle avec raison « des bonbons ». Il leur faut plutôt
développer une vision moderne, dynamique et cohérente du
fédéralisme canadien et du rôle que les Québécois sont appelés à y
jouer.
Les libéraux doivent enfin se doter d’une équipe québécoise forte.
La petite députation québécoise du PLC n’a pas réussi à faire sa
marque. Le lieutenant québécois de M. Ignatieff, Denis Coderre,
est apprécié pour son inépuisable énergie et ses talents
d’organisateur. Mais il a l’allure et le discours du politicien
des années 50. Il reflète mieux ce que le Parti libéral du Canada
a été que ce qu’il veut devenir.
L’extinction
du feu de paille Harper au Québec est porteuse d’enseignements
pour tout parti fédéral qui souhaite faire unepercée dans la
province. Une telle percée ne réussira que si cette formation se
dote d’une organisation québécoise autonome et enracinée dans tout
le territoire. Il faut aussi une équipe de candidats de fort
calibre, capable de faire le débat à armes égales avec la
députation bloquiste.
De l’espoir, mais aussi des défis pour le PLC
L’organisation
reste à rebâtir dans plusieurs régions du Québec
« Il faut prendre (les résultats des sondages) avec beaucoup
d’humilité. Il faut s’assurer que cela se poursuive jusqu’au
jour des élections. »
OTTAWA — Les libéraux se réjouissent de voir leurs appuis
bondir dans les sondages au Québec depuis que Michael
Ignatieff est à la barre du parti. Mais ils reconnaissent
d’emblée qu’ils ont toujours un gros défi à relever: rebâtir
l’organisation dans plusieurs régions de la province.
Après trois ans sur les banquettes de l’opposition, les
libéraux croient qu’une victoire aux prochaines élections
fédérales est plus que jamais possible. Toutefois, la
différence entre une victoire et une autre défaite électorale
dépendra de la qualité de l’organisation sur le terrain. Et la
machine libérale a été décimée à l’extérieur de la grande
région de Montréal dans la foulée du scandale des commandites,
à partir de 2004.
L’objectif des troupes de Michael Ignatieff est d’arracher la
victoire dans au moins 30 des 75 circonscriptions que compte
le Québec à la Chambre des communes aux prochaines élections,
soit environ le double de ce que les libéraux détiennent
présentement (14 sièges).
« Nous sommes encore en mode reconstruction. Cela demeure un
défi, mais ça va bon train. Le chef a donné son aval à une
stratégie visant à livrer une dure bataille dans les 308
circonscriptions. Alors nous travaillons à mettre cela en
oeuvre dans chacune des circonscriptions du Québec », a
affirmé hier à La Presse Steven MacKinnon, ancien directeur
national du Parti libéral qui préside le comité du renouveau
du parti.
De bonnes nouvelles
Un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse, publié
hier, révèle que le Parti libéral récolte 37% des intentions
de vote au Québec, contre 31% au Bloc québécois, 15% au Parti
conservateur et 12% au NPD. C’est la première fois en cinq ans
que les libéraux devancent les troupes de Gilles Duceppe au
Québec. La dernière fois, c’était en février 2004, avant
l’éclatement du scandale des commandites.
Les résultats de ce sondage ont donné des ailes aux libéraux,
qui se réunissent à Vancouver à partir d’aujourd’hui pour un
congrès national de trois jours. Durant ce congrès, auquel
quelque 1500 militants libéraux sont attendus, Michael
Ignatieff sera officiellement confirmé comme chef du Parti
libéral.
« Le sondage
confirme le bris de confiance entre les Québécois et le Parti
conservateur. Pour nous, ce sont de bonnes nouvelles. Cela
nous donne le sourire. Mais en même temps, il faut prendre
cela avec beaucoup d’humilité. Il faut s’assurer que cela se
poursuive jusqu’au jour des élections », a commenté le député
libéral
Pablo Rodriguez.
L’atout Ignatieff
En privé, des stratèges libéraux soutiennent que Michael
Ignatieff est un véritable atout pour le Parti libéral au
Québec, comme le démontre le sondage CROP. Ils soutiennent que
son discours de la fin mars à Laval, où il a exhorté les
Québécois à reprendre la place qui leur revient dans la
gouvernance du pays, a eu des échos positifs partout au
Québec.
Ils soutiennent aussi que Michael Ignatieff a affiché une
ouverture certaine envers les Québécois en affirmant qu’il est
tout à fait normal d’être Québécois d’abord et Canadien
ensuite, ce qui devrait séduire certains nationalistes.
Ils soulignent d’ailleurs que des Québécois influents ont
accepté de travailler à donner une nouvelle crédibilité au
parti dans la province. À titre d’exemple, l’avocat Marc-André
Blanchard, qui a oeuvré au sein du Parti libéral du Québec
pendant plusieurs années, a accepté de coprésider la campagne
du PLC au Québec aux prochaines élections.
Chose certaine, le congrès libéral qui s’ouvre aujourd’hui
devrait se dérouler dans la plus grande harmonie. Pour la
première fois en près de 40 ans, la famille libérale semble
unie. Durant le congrès, Jean Chrétien et Paul Martin, qui se
sont livré une lutte sans merci pour la direction du PLC il y
a quelques années, seront bien en vue. Les deux anciens
premiers ministres ont été invités à prononcer des discours
devant les militants.
Un politicien caché dans l’intellectuel?
M. Ignatieff est
sans contredit plus intellectuel que politicien. Mais il apprend
vite, dit-on dans son entourage. Il n’aura pas le choix, s’il
veut survivre dans ce job, parce que, autour de lui, gravitent
des bêtes politiques à la dent longue.
Michael Ignatieff a mis près d’une décennie à écrire le 16e de
ses livres, Terre de nos aïeux, qui raconte l’histoire de la
branche maternelle de sa famille et expose sa vision du
patriotisme canadien.
À l’époque où il a entrepris la rédaction de ce bouquin, il ne
savait certainement pas qu’il sortirait à un moment aussi
opportun de sa carrière politique, mais le timing de sa parution
ne pouvait mieux tomber.
Comme Barack Obama, Michael Ignatieff retrace les origines et le
parcours de sa famille pour élaborer sa propre vision de son
pays. L’exercice a bien fonctionné pour Barack Obama. En plus de
faire une fortune avec ses livres, il a réussi à se définir
lui-même avant que ses adversaires républicains ne le fassent
avec leurs publicités négatives.
Michael Ignatieff sera-t-il aussi bien servi par sa plume?
D’abord, chose certaine, il ne gagnera pas autant d’argent que
le président des États-Unis avec sa prose. Le marché canadien
est trop petit et l’intérêt pour nos politiciens, trop étriqué.
Politiquement, il n’est pas certain non plus que Terre de nos
aïeux soit aussi payant pour Michael Ignatieff que ne l’ont été
Dreams from My Father et The Audacity of Hope Barack Obama.
Le principal défaut du livre de M. Ignatieff, paradoxalement,
est aussi sa plus grandequalité: il s’agit d’une réflexion
intellectuelle de haut niveau. L’intelligence du chef libéral
est connue et reconnue, là n’est pas le problème. La question
est de savoir s’il y a un politicien caché dans cet
intellectuel.
pour deux cultures, dans deux civilisations, dans deux manières
de voir la vie. Je crois que c’est quelque chose d’absolument
fondamental pour l’identité canadienne. »
Voilà la vision d’un universitaire cosmopolite qui a fréquenté
l’élite intellectuelle internationale, mais certainement pas
celle du Canadien moyen. Combien de gens de BaieComeau,
Mississauga, Moose Jaw ou Vancouver vivent leur vie,
quotidiennement, dans les deux langues? Combien estiment qu’il
s’agit d’un élément « fondamental » de leur identité?
Même romantisme pour des sujets plus terre-à-terre, comme le
TGV. Marqué par l’expérience de ses aïeux, qui ont construit le
pays sur un chemin de fer, M. Ignatieff rêve de poursuivre
l’épopée avec un
Au cours des dernières semaines, le chef libéral a eu quelques
accrochages avec son lieutenant québécois, Denis Coderre, dont
une dans le foyer de la Chambre des communes et une autre au
caucus des députés. Le chef libéral a notamment indiqué à son
lieutenant qu’il n’aimait pas la façon dont se déroulent les
choses pour son parti au Québec.
M. Ignatieff
aurait aussi perdu patience lors de la rencontre de l’aile
québécoise de son parti à Laval, à la fin mars.
Selon des sources fiables, Denis Coderre « interprète son mandat
de lieutenant un peu trop largement », ce qui a provoqué des
frictions avec son chef.
« Denis travaille très fort, mais il ne fait pas l’unanimité et
tout le
Pour le moment, même ses proches collaborateurs n’ont pas
réponse à cette angoissante question. Et ils ne la trouveront
pas dans Terre de nos aïeux, qui présente une vision plutôt
romantique du Canada.
Prenez, par exemple, les passages sur le bilinguisme, résumés
ainsi par M. Ignatieff dans une entrevue à mon collègue
Joël-Denis Bellavance: « (…) Nous sommes l’un des rares pays où
nous faisons ces traversées chaque jour entre deux phrases. Je
vis ma vie dans les deux langues. Cela veut dire dans TGV, sans
toutefois s’avancer sur les considérations financières ou
techniques d’une telle aventure.
Barack Obama aussi rêvait éveillé dans ses bouquins, direzvous.
Vrai, mais il a démontré très tôt dans sa carrière un flair et
un talent politique indéniables.
M. Ignatieff, lui, est sans contredit plus intellectuel que
politicien. Mais il apprend vite, dit-on dans son entourage. Il
n’aura pas le choix, s’il veut survivre dans ce job, parce que,
autour de lui, gravitent des bêtes politiques à la dent longue.
monde sait qu’il rêve lui-même de devenir premier ministre,
indique un libéral influent à Ottawa. Il pousse trop, il
bouscule parfois des gens, qui s’en sont plaints au chef.
Michael (Ignatieff) a eu l’impression à unmoment donné que Denis
était passé par-dessus lui et il a mis son pied à terre. »
Au sein de l’aile québécoise du PLC, on reproche par ailleurs à
M. Coderre d’avoir ramené le publicitaire Yves Gougoux, de la
maison BCP, dans le giron libéral. L’affaire crée un malaise
parce que le nom de M. Gougoux rappelle la commission Gomery sur
le scandale des commandites, au moment où les libéraux croient
pouvoir tourner enfin cette désagréable page de leur histoire.
La firme BCP et son patron n’ont jamais été accusés de quoi que
ce soit, mais le passage du célèbre publicitaire devant le juge
Gomery avait fait des vagues il y a quatre ans. On avait alors
appris que M. Gougoux avait des liens étroits avec l’ancien
premier ministre Jean Chrétien et avec le PLC. De 1994 à 2003,
les années Chrétien, BCP avait obtenu du fédéral des contrats
d’une valeur de 300 millions de dollars. M. Gougoux avait
défendu bec et ongles l’intégrité de son entreprise, affirmant
qu’elle avait suivi les règles d’obtention des contrats.
L’ancien fonctionnaire Chuck Guité avait quant à lui affirmé que
« quelqu’un au bureau du premier ministre » était intervenu en
faveur de BCP dans un cas précis.
Yves Gougoux est de retour dans les bonnes grâces du PLC et il a
repris du service. Il a notamment aidé Michael Ignatieff, la
semaine dernière, à préparer son passage à l’émission Tout le
monde en parle.
Le patron de BCP a même été pressenti pour devenir
vice-président de la campagne libérale au Québec. Son emploi du
temps ne lui permettait toutefois pas de commencer en mars, tel
que voulu par le PLC.
L’« iggymanie» , ou la Nostalgie chronique - Lysianne
Gagnon
Pour
l’instant, l’« iggymanie » est un phénomène qui n’existe que
dans l’imagination des nostalgiques de Pierre Elliott Trudeau.
Le Globe and Mail est allé jusqu’à publier, samedi, une pleine
page de vieilles photos de Pierre Elliott Trudeau, pour
marquer l’ascension du nouveau « roi philosophe ». Il faut
croire qu’Iggy fera l’affaire, à défaut du fils biologique,
l’aimable Justin en qui les libéraux du Canada anglais, dans
l’aveuglement de la passion, ont un moment cru voir la
réincarnation de leur héros.
M. Ignatieff ne s’est pas privé de jouer sur ce thème-là,
affirmant que ce congrès lui rappelait l’atmosphère
électrisante du congrès de 1968 où M. Trudeau avait été élu à
la tête du parti. M. Ignatieff y assistait, comme jeune
délégué. Mais il a la mémoire qui flanche, car il n’y a aucune
comparaison entre les deux événements.
M. Trudeau avait été élu au quatrième tour de scrutin – ce
qui, bien sûr, allait engendrer une extraordinaire excitation
– alors que M. Ignatieff, déjà élu par le caucus libéral
l’hiver dernier, a été platement confirmé dans ses fonctions
par un congrès certes heureux et uni, mais beaucoup moins
fréquenté que celui de 1968, qui s’est tenu à une époque où le
PLC, riche en fonds et riche en militants, se vautrait dans
les délices du pouvoir. Rien à voir avec le PLC appauvri et
maigrichon qui ne vit actuellement que d’espoir.
Le contexte
est également tout à fait différent. La « trudeaumanie »
tenait en grande partie au fait que Pierre Elliott Trudeau
incarnait la réponse au « séparatisme » qui montait au Québec
et venait de recevoir le puissant appui du Général de Gaulle.
Contrairement à M. Ignatieff, qui rêve d’un grand rôle
international pour le Canada, M. Trudeau était essentiellement
hanté par la question du Québec. C’est cela, plus que tout
autre motif, qui l’a conduit en politique, à une époque où,
justement, le Canada se cherchait un sauveur pour maintenir
l’unité nationale. Aujourd’hui, la question nationale ne se
pose plus – même pas au Québec, où les péquistes eux-mêmes ont
plus ou moins jeté l’éponge.
Les deux hommes ont moins en commun qu’on ne l’imagine.
Certes, tous deux étaient, avant leur entrée en politique, des
penseurs politiques et des intellectuels jouant un rôle
public. Autres points communs: le charme personnel, l’allure
patricienne, la culture classique humaniste. Mais M. Trudeau,
en 1968, avait depuis longtemps fait ses classes en politique,
et était déjà très connu au Canada. Ce célibataire séduisant
de 49 ans incarnait la liberté et l’anticonformisme à une
époque où la jeunesse menait le monde. À 62 ans, M. Ignatieff
projette une image plus conservatrice.
Ce dernier est un romantique, dont les idées politiques sont
souvent vagues et fluctuantes, tandis que M. Trudeau avait des
idées claires et précises, marquées par une rationalité toute
cartésienne. Autant M. Ignatieff est conciliant, autant M.
Trudeau aimait la bataille et la provocation. M. Trudeau
pouvait être un conférencier très ennuyant, mais lorsqu’il
s’enflammait (comme au référendum de 1980), il se révélait
extraordinaire orateur, ce qui n’est pas le cas de M.
Ignatieff, toujours un peu sentencieux quand il est au micro.
Il est trop tôt pour prédire l’impact qu’aura M. Ignatieff,
parce qu’il est encore peu connu du grand public. Mais pour
l’instant, l’« iggymanie » est un phénomène qui n’existe que
dans l’imagination des nostalgiques de Pierre Elliott Trudeau.
a nostalgie des anglophones pour Pierre Elliott Trudeau a pris
les dimensions d’une véritable maladie chronique, qui vient de
se manifester encore une fois par une montée de fièvre. Au
congrès où les libéraux ont acclamé Michael Ignatieff – que
certains, à commencer par lui-même, voient comme l’héritier de
l’ancien chef –, les comparaisons ont repris de plus belle.
« Je suis du milieu, je comprends les enjeux »
- Karim Benassaieh
Un gouver
nement l i béra l dirigé par Michael Ignatieff doubler a i
t l e budget du Conseil des arts du Canada, un engagement
de plus de 180 millions par année, en plus de restaurer et
bonifier les programmes de promotion culturelle à
l’étranger.
Le chef
libéral a fait cette promesse hier matin à l’issue d’une
rencontre qu’il a tenue à Montréal avec différents acteurs
de la scène culturelle, dont l e s r e s ponsables de
l’Orchestre symphonique de Montréal, ceux de l’A DISQ et
du monde du théâtre.
« Je ne suis pas un homme politique comme les autres, j’ai
été romancier, scénariste, docu menta r i s t e, j ’a i
véc u l’angoisse et aussi la liberté des créateurs, a
déclaré M. Ignatieff. Je suis du milieu, je comprends les
enjeux. » Il s’en est également pris aux compressions de
45 millions imposées en 2008 par le gouvernement Harper
dans des progra mmes d’exportation culturelle. « C’est une
partie du rôle du Canada dans le monde. Ce sont des gens
comme Céline Dion, Robert Lepage, Robert Charlebois qui
ont donné sa réputation au Canada. » Interrogé sur la
pertinence de promettre des millions alors que le déficit
atteindra la somme record de 56 milliards cette année,
Michael Ignatieff a assuré qu’il était « prêt à faire des
choix difficiles ».
Les commandites continuent de coûter cher aux
contribuables - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les
factu res s ’a c c u mulent et l es c oûts continuent de
grimper. La G e n d a r mer i e roya le du Canada (GRC)
tarde à déposer des accusations contre d’autres acteurs du
scandale des commandites. Sept ans après l’éclatement de ce
scandale, les contribuables continuent de payer la note.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a dépensé près de 12,5
millions j usqu’ici pour enquêter sur ce scandale politico -
f i na ncier da ns le cadre de son projet Carnegie depuis 2
0 0 2 , démontrent des documents obtenus par La Presse en
vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Cet t e s
omme c omprend essentiellement les salaires des enquêteurs
affectés à ce dossier ainsi que leurs heures
supplémentaires.
« Quel que soit le type d’enquêtes criminelles, nous avons
le devoir, lorsque nous les entreprenons, de produire la
preuve la plus complète possible et prouver qu’il y avait eu
une intention criminelle de commettre ces gestes
répréhensibles. Ce sont des enquêtes complexes et ardues qui
exigent rigueur et expertise », a expliqué le sergent
Bessette.
Marc Garneau remplace Denis Coderre -
Malorie Beauchemin
OTTAWA —
Sans surprise, c’est le député de Westmount et ancien
astronaute, Marc Garneau, qui a été choisi par le chef
libéral Michael Ignatieff pour devenir le prochain
représentant du parti au Québec, en remplacement de Denis
Coderre, qui a claqué la porte la semaine dernière.
Après plusieurs jours de r u meu rs , M . Ig natief f l ’a
confirmé aux médias hier midi, présentant M. Garneau comme «
un héros canadien, un collègue et un ami ».
PHOTO CHRIS WATTIE, REUTERS
Le
nouveau lieutenant du PLC au Québec, Marc Garneau, député
de Westmount et ancien astronaute (à gauche), Michael
Ignatieff, chef libéral (au centre), et Pablo Rodriguez (à
droite), député d’Honoré-Mercier, qui devient président du
caucus des députés du Québec, poste qu’occupait M.
Garneau.
L e député d’ HonoréMercier, Pablo Rodriguez, dont le nom
avait aussi circulé en tant que possible lieutenant, devient
pour sa part président du caucus des députés du Québec,
poste qu’occupait M. Garneau.
Volte-face
Après le départ fracassant de son lieutenant québécois, M .
Ignatieff avait d’abord a f fi r mé qu’il ne nom merait pas
de remplaçant à M. Coderre, avant de se raviser et de
choisir M. Garneau. La constitution du parti prévoit en
effet qu’un « représentant du chef » doit être membre du
comité exécutif du PLC au Québec.
« Je ne me compare pas avec M . Coderre. Moi, je suis Marc
Garneau, j e fais les choses à ma façon, avec humilité, avec
persévérance, avec discipline, avec ouvertu re. C ’est ce
que je va is faire », a souligné le nouveau représentant, j
ugeant qu’il sera à la fois le porte-parole du chef au
Québec, ma is aussi les yeux et les oreilles de M.
Ignatieff.
« Mon rôle est d ’êt re à l’écoute des Québécois et de
m’assurer que leurs intérêts soient présentés à notre chef
pour qu’il soit bien informé », a expliqué le député à
l’issue de la période de questions. Les derniers sondages
démont rent que le P a r t i l ibéra l peine à augmenter ses
appuis au Québec.
« Il ne sera pas sur la même orbite que M. Coderre », a pour
sa part commenté le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe,
au sujet du style passablement différent du nouveau
lieutenant.
Déclarations controversées
Premier
Canadien à aller dans l’espace, M. Garneau a été élu pour la
première fois à la Chambre des communes aux dernières
élections, en octobre 2008. Il avait toutefois été candidat
en 2006 dans la circonscription de VaudreuilSoulanges. Sa
campagne avait alors été marquée par des décla rations
controversées qui avaient mis son parti dans l’embarras. M.
Garneau avait notamment comparé la souveraineté du Québec à
l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Il avait aussi
affirmé qu’il quitterait le Québec si la province devenait
un pays. La députée sortante du Bloc québécois, Meili
Faille, avait finalement maintenu son siège et fait mordre
la poussière au candidat-vedette du PLC.
M. Garneau était par la su ite resté très acti f da ns le
parti au Québec. Lors de la course à la direction du parti
de l’automne 2006, il s’était rangé derrière Michael
Ignatieff, alors que c’est plutôt Stéphane Dion qui avait
été élu chef du Parti libéral du Canada.
Le poste qu’occupe maintena nt l’a ncien astronaute aura
toutefois moins d’envergure que celui qu’occupait M.
Coderre. Un organisateur en chef, non élu, devrait être
nommé sous peu pour compléter l’équipe sur le terrain.
« On ne va pas tarder, parce qu’il y a les partielles, et on
a beaucoup de choses à faire », a dit M. Ignatieff, hier.
Élections complémentaires
Le Parti libéral a confirmé seulement en milieu de semaine
les candidats aux élections complémentaires du 9 novembre
dans deux circonscriptions québécoises. Dans Hochelaga, une
forteresse bloquiste, c’est un spécialiste des ONG
caritatives (Alternatives, SUCO, Oxfam), professeur à temps
partiel à Concordia et à l’Université d’Ottawa, Robert
David, qui sera candidat libéral. Le candidat libéral da ns
Montmagny– L’ Islet– Kamouraska–Rivière-du-Loup sera Marcel
Catellier, un retraité du ministère des Ressources
naturelles et maire de CapSaint-Ignace, petite municipalité
de la région.
Le chef a par ailleurs nommé le député britanno-colombien
Ujjal Dosanjh au poste de critique en matière de défense
nationale, après la démission de M . Coderre. Redevenu
simple député, ce dernier est absent de la Chambre des
communes depuis qu’il a quitté ses fonctions de lieutenant,
le 28 septembre dernier. À son bureau d’Ottawa, on assure
que M. Coderre se trouve à Montréal, au chevet de son père
qui a subi une opération récemment. Sur sa page Facebook, le
bouillant député n’a fait aucune intervention depuis
dimanche. Il avait alors affirmé qu’il serait de retour à
Ottawa après l’Action de grâce.
La Chambre des communes faisant relâche la semaine
prochaine, le député devrait donc être de retour le 19
octobre seulement. Comme les parlementaires ne siégeaient
pas non plus la semaine du 21 septembre, M. Coderre n’aura
pas mis les pieds au parlement depuis un mois.
Une question de principes, explique
Denis Coderre
S’il a
démissionné avec fracas de son poste de lieutenant du
Québec lundi dernier, c’est parce qu’il sentait qu’il
n’avait plus « l’autorité morale » nécessaire, a dit
Denis Coderre à l’émission Tout le monde en parle
diffusée hier.
Denis
Coderre
a remis sa démission à titre de lieutenant du Québec
lundi dernier. « Je voulais lancer un message »,
a-t-il déclaré à l’émission Tout le monde en parle
diffusée hier soir.
À quelques reprises, il a redit toute sa confiance en
Michael Ignatieff, « que j’apprécie grandement ».
Cela éta nt d it , « Den is Coderre a des principes »,
a-til dit de lui en s’exprimant à la troisième personne,
ajoutant n’avoir aucun regret.
Il jugeait important d’y être fidèle et il trouvait
nécessaire de dire tout haut ce qu’il croyait juste.
En faisant son geste d’éclat, M. Coderre a expliqué
avoir voulu « lancer un message » et s’est montré
satisfait des résultats. « Le message a été entendu,
maintenant, on va passer à autre chose. »
Le
message en question : « Quand on fait des affaires au
Québec… s’il vous plaît, respectez les autorités en
place. »
Toute la controverse est venue du fait que le Parti
libéral a ultimement choisi Martin Cauchon comme
candidat dans la circonscription d’Outremont. Denis
Coderre a raconté qu’il avait eu au préalable « une
entente avec la candidate et une poignée de main avec le
chef », le tout scellant la nomination de Nathalie Le
Prohon.
Michael Ignatieff a-t-il renié la parole donnée ? a
demandé l’animateur Guy A. Lepage. « Il y a eu des
pressions et le chef a eu à prendre une décision », a
répondu M. Coderre, faisant ici référence à l’influence
trop grande des gens de Toronto qu’il a critiquée cette
semaine en démissionnant.
Quand il lui a été demandé si tout cela justifiait son
absence d’Ottawa toute la semaine – il est toujours
député – alors qu’un vote crucial pour la survie du
gouvernement était tenu, Denis Coderre a soumis qu’il
avait prévenu que sa présence était requise à Montréal
toute la semaine pour des raisons familiales. Son père,
a-t-il relevé, se faisait poser un stimulateur
cardiaque.
Enfin, M. Coderre a dit n’avoir aucunement agi par
ambition personnelle mais en toute fidélité à lui-même,
à sa volonté de dire ce qu’il pense et de ne pas avoir
recours à la « cassette » du politicien typique
d’aujourd’hui.
L’entrevue a été enregistrée jeudi. Hier, lors du
congrès de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada
à Québec, Michael Ignatieff a lourdement insisté sur le
devoir de loyauté de ses troupes.
Chronique d’une catastrophe annoncée - VINCENT
MARISSAL
Si
tout avait fonctionné selon le plan initial de Michael
Ignatieff, nous serions, ce matin, en campagne
électorale.
Heureusement pour le chef libéral, Jack Layton a non
seulement sauvé le gouvernement Harper, il a aussi
épargné à Michael Ignatieff l’embarras de se lancer en
élections au moment où son parti connaît une grave
crise interne.
Que le NPD permette aux conservateurs de survivre,
voilà qui éta it hautement imprévisible. Les problèmes
qui accablent M . Ignatieff cette semaine, pa r
contre, étaient écrits dans le ciel.
La relation entre le chef libéral et son ex-lieutenant
a toujours été, comment dire, aussi inusitée que
hasardeuse. En plus, M. Ignatieff n’a pas aidé sa
cause en prenant une série de décisions mal avisées.
La première de ces décisions, même les conseillers et
les députés de M. Ignatieff s’entendent là-dessus,
aura été de donner beaucoup trop de pouvoirs à son a
ncien lieutenant et de ne pas prêter attention aux
critiques sur ses méthodes.
« Denis Coderre a fait le vide autour de lui, si bien
que personne n’arrivait à se rendre jusqu’au chef,
jusqu’au jour où est arrivé Martin Cauchon », résume
un conseiller libéral à Ottawa.
L’autre erreur du chef libéral aura été de ne pas se
méfier suffisamment des ambitions personnelles de son
ex-lieutenant. Pourtant, M. Ignatieff connaissait bien
M. Coderre et son caractère.
Pendant sa course à la direction en 2006 (remportée
par Stéphane Dion), M. Ignatieff avait admis à des
proches se méfier de cet organisateur un peu trop
zélé.
À cette époque, en sortant avec une collègue de
l’édifice de la presse nationale, rue Wellington à
Ottawa, je me souviens d’avoir entendu clairement un
commentaire de M. Ignatieff à propos de Denis Coderre.
Je ne sais pas à qui il parlait, mais il avait terminé
l’appel en disant : « Et cette fois, ne te laisse pas
bousculer par Denis Coderre, surtout. » M. Ignatieff
avait affiché un rictus figé en nous apercevant
sourire derrière lui…
La confiance n’a jamais été la principale
caractéristique de cette relation i nusitée. Pourquoi
l’avoir nommé lieutenant, alors ?
« Va
u t m i e u x o c c u p e r Denis », m’avait expliqué
un proche de Michael Ignatieff l’hiver dernier. Le
chef libéral avait respecté le vieux principe qui veut
qu’en politique, on garde ses amis près de soi, et ses
ennemis encore plus près.
Il faut d i re au ssi , à la décharge de M. Coderre,
qu’il n’a pas demandé ce poste. Il en a hérité parce
que personne n’en voulait. Et puis, toujours pour être
j uste envers l’exlieutenant, tous ses collègues
vantent aujourd’hui son travail de lieutenant.
Mais comme le chef et ses conseillers ne faisaient pas
totalement confiance à M . Coderre, on lui a adjoint
des « chaperons », comme MarcAndré Blanchard, un
avocat prestigieux et l’une des figures non publiques
les plus influentes chez les libéraux, aussi bien
provinciaux que fédéraux.
D’autres conseillers, comme Yves Gougoux ou Jean-Marc
Fournier, se sont aussi greffés dans l’orbite
d’Ignatieff, mais aucun dans des postes officiels et à
temps complet.
MM. Blanchard, Fournier et Gougoux sont des hommes
brillants et politiquement allumés, mais ils ont tous
un « vrai » job ailleurs. M. Coderre, lui, ne fait que
de la politique, 25 heures sur 24. Pas étonnant qu’il
ait pris beaucoup de place.
Drôle d’idée pour un chef, tout de même, de nommer un
lieutenant en qui il n’a pas pleinement confiance et
des conseillers à temps partiel dans la province la
plus prometteuse.
D’autant plus que le mariage de raison entre les
libéraux provinciaux (MM. Blanchard et Fournier) et
fédéraux crée toujours des remous.
Certains libéraux québécois sont encore étonnés, par
exemple, de voir l’a nc ien député et ministre
provincial Jean-Marc Fournier dans le bureau du chef.
Ils doutent de l’allégeance de M. Fournier aux
libéraux fédéraux parce que son organisateur dans
Châteauguay, Daniel Rochette, a aussi été
l’organisateur du candidat conservateur aux dernières
élections fédérales de 2008 (Pierre-Paul Routhier).
Paranoïa ou doutes fondés, là n’est pas la question.
Ce que cela dit, c’est que l’organisation de M.
Ignatieff au Québec est bancale.
Le chef libéral a pourtant reçu tous les
avertissements d’usage et les critiques dès son
arrivée à la tête du PLC.
Lorsqu’il a annoncé la composition de l’équipe de son
bureau, l’hiver dernier, tous les commentateurs
québécois ont souligné d’une voix l’absence honteuse
(et suicidaire) de conseillers québécois francophones
«seniors». M. Ignatieff a promis de corriger le tir,
mais neuf mois plus tard, le poids du Québec dans son
bureau est toujours inversement proportionnel aux
ambitions des libéraux dans la province.
C’est à croire que le fiasco de Paul Martin n’a pas
servi de leçon à Michael Ignatieff.
La bonne nouvelle pour les libérau x (il y en a au
moins une dans cette très mauvaise semaine), c’est que
le « cadeau » de Jack Layton leur permettra maintenant
de se ressaisir. Peut-être que cela donnera aussi le
temps à leur chef de comprendre qu’il lui faudra plus,
pour gagner le Québec, que de répéter dans chaque
discours que ses grands-parents sont enterrés dans les
Cantons-de-l’Est.
Coderre sous haute surveillance - Joël-Denis
Bellavance & VINCENT MARISSAL
OTTAWA —
Denis Coderre est désormais un député sous haute
surveillance par ses propres collègues libéraux. Une autre
sortie en règle contre le chef libéral Michael Ignatieff
et son entourage « torontois » et il risque l’expulsion du
parti.
M . Ignatieff a d’ailleurs été contraint de contenir la
colère de plusieurs députés libéraux à la réunion du
caucus cette semaine à Ottawa. Ces députés ont réclamé le
départ de M. Coderre après sa démission fracassante de
lundi de son poste de lieutenant politique.
« Des députés anglophones (N DL R : de l’extérieur du
Québec) ont parlé ouvertement au caucus d’adopter un blâme
et certains discutaient même entre eux de l’expulser », a
confirmé une sou rce mêlée de près au x discussions.
Mais des députés du Québec ont rapidement fait valoir au
chef libéral qu’expulser M. Coderre risquerait d’empi rer
la sit uation du parti puisque cela aurait pour effet de
faire du député de Bourassa un « martyr », ce qui pourrait
lui valoir une vague de sympathie au Québec.
« Je sais que ça s’est discuté et que bien des gens sont
en colère au sein du parti, mais il faut éviter d’en
arriver là, ce serait une grave erreur », a estimé un
libéral influent.
Question de calmer le jeu, dès le début de la réunion du
caucus de mercredi, Michael I g natief f a la ncé u n mot
d’ordre à ses députés : « Je vais m’occuper moi-même de
Denis Coderre, c’est moi qui vais commenter l’affaire en
public. »
En confirmant sa démission , M . Coder re a la ncé u ne
vér itable g renade en direction de M. Ignatieff en
affirmant que ses conseillers torontois tentaient de
prendre le contrôle de l’aile québécoise du PLC. Il a fait
cette sortie après que M. Ignatieff eut renversé la
décision de M . C o d e r r e d ’e m p ê c h e r Martin
Cauchon de faire un retour en politique dans la
circonscription d’Outremont.
« Il y a des députés qui veulent l’expulser du caucus. Un
autre faux pas de sa part et il sera éjecté », a confirmé
à La Presse une autre source libérale digne de foi.
Ces députés sont d’autant plus en colère que M. Coderre a
accepté de pa r ticiper à l’émission Tout le monde en
parle de Radio-Canada pour discuter de sa situation au
sein du Parti libéral, ce qui risque de prolonger la crise
actuelle que vivent les libéraux.
« Com ment
pouva it-il accepter de participer à une telle émission
qui sera diffusée le jour même où le chef prononce un
discours important à Québec à l’occasion du congrès de
l’aile québécoise du PLC? Il le savait très bien que cela
avait lieu le même jour », a commenté un stratège libéral.
Malgré la grogne, les libéraux du Québec estiment que ce
serait « la pire chose à faire que de mettre Denis Coderre
à la porte ».
« On en ferait un martyr et nous ne ferions qu’empirer
notre cas sur la place publique, a dit un conseiller
libéral. Nous sommes le Parti libéral, on ne peut éjecter
quelqu’un parce qu’il s’exprime. Les députés de
Terre-Neuve ou de Colombie-Britannique sont loin de la
réalité québécoise, il faut les calmer et leur expliquer
les conséquences d’un geste extrême. »
Dès mardi soir, des députés et des conseillers québécois
ont dû rencontrer leurs collègues du reste du pays pour
tenter d’adoucir leurs sentiments à l’égard de
l’ex-lieutenant. L’histoire a fait du bruit au Québec,
mais elle a aussi fait la une des plus grands quotidiens
du Canada anglais mardi et mercredi, aggravant encore la
crise.
H ier matin, M ichael Ignatieff a tout de même lancé u n
avertissement à pei ne voilé à son ancien lieutenant
politique en affirmant que le député « sait ce qu’il doit
faire » pour ne pas nuire aux intérêts du parti.
Interrogé pour savoir s’il ne craignait pas que le député
de Bourassa jette encore de l’huile sur le feu en
participa nt à l’émission Tout le monde en parle qui sera
diffusée dimanche, M. Ignatieff a déclaré : « M. Coderre
sait ce qu’est le P a r ti l ibéra l . M. Coderre sait ce
à quoi on s’attend de lui. »
« Dimanche, nous aurons un congrès à Québec. J’attends ce
congrès avec impatience. On a perdu un individu. On n’a
pas perdu l’équipe. En fait, l’équipe est plus forte que
jamais. Il faut se concentrer sur cela. Vous allez voir
l’équipe en marche au congrès dans la ville de Québec »,
a-til commenté.
M. Ignatieff a tenu à soul ig ner q u ’i l n ’e nt re ten
a it pas de rancune envers son ancien lieutenant
politique. Toute foi s , la déc ision de M. Coderre aura
des conséquences à long terme. « C’est la politique. Il
n’y a rien de personnel là-dedans. Nous avons un grand
caucus avec une grande tradition. Pour chaque geste que
l’on fait, il y a des conséquences. Je suis très cla i r
là-dessus . M. Coderre le sait très bien », a-t-il dit.
Pour sa part, M. Coderre a adopté un ton plus conciliant
ce matin sur le site de réseautage Facebook. Il y affirme
qu’il « souhaite que les libéraux se rendent nombreux au
Congrès du PLC (Q) dimanche à Québec. Ma démission doit
être interprétée comme une incapacité à faire mon travail
de lieutenant point. Il n’y a jamais eu de problèmes au
Québec ou avec le Québec ».
Denis Coderre désavoué
comme lieutenant québécois du PLC / La grogne venait du
Québec - Joël-Denis Bellavance &
Vincent Marissal
OTTAWA — Dix jours avant la démission fracassante de Denis
Coderre, les membres québécois du conseil national du Parti
libéral du Canada avaient officiellement demandé à Michael
Ignatieff de rappeler à l’ordre son ancien lieutenant.
En
annonçant sa démission, lundi, Denis Coderre a accusé sans
ambages les conseillers de Michael Ignatieff à Toronto de
tenter de diriger l’aile québécoise du PLC. Depuis cette
sortie, M. Coderre a été discret. Il a brillé par son
absence aux Communes et il n’a pas participé à la réunion
du caucus hier.
Selon ce qu’a appris La Presse, les représentants québécois
digéraient de plus en plus mal certaines décisions de M.
Coderre. Le style parfois mordant qu’il utilisait pour
imposer ses décisions avait aussi laissé un goût amer dans
la bouche de plusieurs d’entre eux. Ses manoeuvres pour
barrer la route à Martin Cauchon dans la circonscription
d’Outremont ont été la goutte qui a fait déborder le vase.
Les représentants québécois ont donc profité d’une réunion
du conseil national du PLC, à Ottawa, le week-end du 19
septembre, pour exiger que l’on inscrive à l’ordre du jour
le comportement de M. Coderre.
À l’issue de cette réunion, les quelque 30 membres du
conseil national venus des quatre coins du pays ont donné au
président du Parti libéral, Alfred Apps, le mandat de
discuter du cas de M. Coderre avec Michael Ignatieff.
« Le conseil national a unanimement décidé d’aborder le
dossier de M. Coderre avec le chef. Ce n’était pas une
cabale de conseillers de Toronto contre M. Coderre.
L’initiativeestvenue des représentants du Québec au conseil
national », a affirmé à La Presse une source libérale bien
au fait de ce dossier.
Les Québécois Br igit te Garceau, Samuel Lavoie, MarieReine
Paré Paradis, Robert Fragasso et Johanne Brodeur font partie
du conseil national.
Lundi, M. Coderre a annoncé avec fracas qu’il démissionnait
de son poste de lieutenant politique au Québec après que son
chef eut annulé sa décision de réserver la circonscription
d’Outremont à une femme d’affaires de Montréal, Nathalie Le
Prohon. Cédant à la grogne qui prenait de l’ampleur au
parti, M. Ignatieff a plutôt décidé de permettre à Martin
Cauchon de revenir en politique dans Outremont et demandé à
MmeLe Prohon de se présenter dans Jeanne-Le Ber.
En annonçant sa démission, M. Coderre a accusé sans ambages
les conseillers de Michael Ignatieff à Toronto de tenter de
diriger l’aile québécoise du PLC.
Depu i s
cette sortie, M. Coderre a été discret. Il a brillé par
son absence aux Communes et il n’a pas participé à la
réunionducaucushier. Il songe aussi à ne pas prendre part
au congrès biennal de l’aile québécoise du PLC, qui doit
avoir lieu dimanche à Québec. M. Ignatieff, M. Cauchon et
Mme Le Prohon y seront.
M. Coderre pourrait donner encore du fil à retordre à son
chef en fin de semaine puisqu’il a été annoncé hier qu’il
participera à la populaire émission Tout le monde en parle
de Radio-Canada. L’émission, qui est enregistrée le jeudi
soir, est diffusée le dimanche soir et obtient des cotes
d’écoute qui dépassent le million.
D’autres griefs
Par ai l leurs, des mi l itants libéraux ont des griefs à
l’endroit de M. Coderre au sujet de l’organisation du
congrès de l’aile québécoise. La Constitution du PLC
stipule que les membres de l’exécutif et du comité de
direction doivent être élus aux deux ans, mais les équipes
actuelles sont en poste depuis 27 mois, date du dernier
congrès de l’aile québécoise.
Selon les règlements du PLC-Québec, le congrès biennal
devrait s’étirer sur trois jours, question de permettre de
tenir les votes et de débattre des propositions des
membres. Mais le congrès ne durera toutefois qu’une
journée, « histoire de gagner du temps », explique-t-on au
Parti libéral.
Des sources dans l’aile québécoise reprochaient déjà la
semaine dernière à M. Coderre (avant sa démission) d’avoir
écourté leur congrès à une seule journée et d’avoir mis le
conseil de direction devant un fait accompli à la
mi-septembre, deux semaines avant le congrès. « M. Coderre
était au téléphone et il nous a dit que ce serait une
journée, et c’est ça qui est ça! Nous n’avons rien décidé
et Denis avait organisé le congrès tout seul », résume un
libéral bien au fait des tiraillements internes au
PLC-Québec.
Des membres du conseil de direction ont alors fait
remarquer que les militants doivent recevoir un avis 90
jours avant le congrès, question de préparer la plénière
et d’obtenir des candidatures aux postes électifs. «
Coderre a répondu qu’il ne voulait pas d’élection
contestée, donc, tout était organiséd’avance sans qu’on
puisse intervenir », reprend notre source.
« Denis a organisé ça pas mal tout seul, en effet » ,
confirme un autre libéral influent qui a collaboré aux
préparatifs du congrès.
Après les incidents des derniers jours, la grande question
chez les libéraux du Québec est de savoir si Denis Coderre
sera au congrès. « On espère qu’il sera là. Ça ne sera pas
facile pour lui, mais qu’il arrête de bouder, nous voulons
tourner la page », ajoute notre source.
Un gâchis - ANDRÉ PRATTE
La
démission de Denis Coder re du poste de lieutena nt de M
ichael Ignatieff au Québec met la touche finale au gâchis
qu’a provoqué le choix du candidat libéral dans Outremont.
Alors que l’aile québécoise du PLC avait fait un bon bout
de chemin dans sa reconstruction, alors que les sondages
plaçaient les libéraux à portée du Bloc québécois, cette
affaire a fait surgir des rancoeurs et des divisions
telles celles qui ont tant nui à la formation dans le
passé.
Les versions des faits étant contradictoires, il n’est pas
facile de départager les torts. On ne se trompe sans doute
pas en concluant qu’ils sont partagés.
• Martin Cauchon et Denis Coderre auraient dû se
rencontrer il y a déjà quelques mois pou r fa i re le poi
nt sur les intentions du premier. M. Cauchon a préféré
contourner M. Coderre tandis que ce dernier n’a rien fait
pour tirer les choses au clair.
• Une fois que la crise a éclaté, M . Cauchon au ra it dû
accepter de se présenter dans Jeanne-Le Ber, comme le lui
offrait son chef. Il avait autant de chances de l’emporter
là que dans Outremont et cette avenue aurait permis à tout
le monde de sauver la
L e c
hef aya nt pr is sa décision, M. Coderre aurait dû s’y
plier.
• Chose certaine, en a n nonç a nt sa dém ission , M.
Coderre n’aurait pas dû s ’en prend re à « la ga rde
rappro c hée de Toronto ». Cette déclaration, dont Gilles
Duceppe s’est régalé, suivra les libéraux pendant la
campagne électorale.
Certains estiment que Michael Ignatieff a mal géré toute
cette h istoi re. Cette conclu sion nou s appa ra ît
excessive. Si le c hef s ’est retrouvé avec une « patate
chaude » entre les ma i ns , c’est que ses subalternes et
M. Cauchon n’ont pas eu la volonté de trouver un compromis
honorable.
C h o s e c e r t a i n e , c ’e s t M. Ignatieff qui doit
maintenant réparer les pots cassés. Il a choisi de ne pas
remplacer M. Coderre au poste de lieutenant pour le
Québec. Il est vrai que les candidats à ce poste ne sont
pas nombreux. Néanmoins, le chef libéral fait preuve de
témérité en laissant l’aile québécoise ainsi décapitée.
Notamment, il accroît le risque que les décisions
concernant le parti au Québec soient prises... pa r la «
ga rde rapprochée de Toronto ». L’expérience
catastrophique des conservateurs en 2008 confirme que la
campagne québécoise d’un parti fédéral ne doit pas être
dirigée par le « national ».
Le
Parti libéral du Canada a aujourd’hui une chance de se
réimplanter au Québec. Il serait dommage, pour le parti
comme pour le pays, que l’ambition, l’orgueil et
l’entêtement de certains de ses leaders lui fassent rater
cette chance.
Mariage raté, divorce houleux - VINCENT
MARISSAL
En dém
ission na nt de son poste de lieutenant, Denis Coderre a
insisté sur la nécessité des liens indéfectibles entre le
titulaire de ce poste et son chef.
Il a raison. Il aurait toutefois dû ajouter que la
principale qualité d’un lieutenant, en échange de la
confiance illi m itée de son c hef, est d’être d’une
loyauté tout aussi indéfectible.
Depuis le premier jour, le couple Ignatieff-Coderre était
condamné au divorce.
Au sein du Parti libéral du Canada, tout le monde recon na
ît que M . Coderre est un organisateur efficace et un
travailleur infatigable. Tout le monde sait aussi, par
contre, qu’il entretient les plus grandes ambitions, d’où
cette boutade parmi les libéraux : « Denis Coderre orga
nise, mais surtout, il s’organise. »
Michael Ignatieff a certes manqué de jugement politique en
désavouant son lieutenant et de colonne vertébrale en
pliant devant Martin Cauchon. Cela dit, il n’y aurait pas
eu de psychodrame à Outremont si M. Coderre ne s’était pas
senti menacé par le retour de son rival.
Denis Coderre m’a déjà dit lui-même, il y a quelques
années, ne pas vouloir du poste de lieutenant parce que
c’est incompatible avec ses ambitions. Les lieutenants ne
deviennent pas chef, ils servent leur chef.
M. Coderre s’est pris les pieds dans ses contradictions,
hier matin, en affirmant avoir toujours placé son parti
avant ses intérêts, alors que dans le fond, sa décision
est purement une affaire d’ego meurtri. Lui qui dit avoir
encore confiance en son chef vient de lui asséner un coup
dans les flancs en disant tout haut qu’il est mou,
manipulable et qu’il a cédé aux pressions de
l’establishment de Toronto. Du petit lait pour le Bloc
québécois, les conservateurs et les néo-démocrates, qui ne
se gêneront certainement pas pour utiliser les critiques
de M. Coderre.
Par ailleurs, Denis Coderre affirme ne rien avoir contre
Ma rtin Cauchon , ma is il remet clairement en question la
décision de son chef de lui avoir ouvert la porte
d’Outremont. Selon l’ex-lieutenant, cette déc ision a été
pr ise sous la pression d’une clique torontoise qu i ne
con na ît r ien du ter r a i n p ol it iq ue québécois.
C’est
Toronto qui mène le PLC, dénonce M. Coderre. Il a en
grande partie raison. C’est bien là son problème : il
vient de déclarer la guerre à la « garde rapprochée de
Toronto ». Il a refusé de nommer ces « conseillers
torontois qui ont une méconnaissance totale de la réalité
sociale et politique québécoise », mais il est évident
qu’il vise les Bob Rae ou Alf Apps, le président du PLC.
Ce dernier a pris la peine de me téléphoner, de Toronto j
u s tement , vend re d i dernier, pour me dire à quel
point Michael Ignatieff avait bien géré la crise
CauchonCoderre dans Outremont. Il a aussi vanté
profusément D en is C o der re (« qu i n’a jamais voulu
tasser Martin Cauchon », m’a-t-il dit) et s ’est félic ité
du retou r de M. Cauchon dans la famille libérale. Hier,
ce beau portrait de famille s’est soudainement décomposé
sous nos yeux.
Ci rconsc ri re les appu is de Martin Cauchon à quelques
conseillers de Toronto est certes réducteur. Denis Coderre
n’est pas sans savoir que le principal supporter de M.
Cauchon est Jean Chrétien, qui est encore très pesant dans
l’establishment libéral.
Le retou r en force de Martin Cauchon au PLC n’est pas un
hasard et les appuis de pu issa nts l ibérau x ne sont pas
fortuits. S’il devait arriver malheur à Michael Ig natief
f au x pro c ha i nes élec tion s , ce qu i est l oi n
d’être impossible, il faudra bien le remplacer. De toute
évidence, l’establishment du PLC préfère Martin Cauchon à
Denis Coderre.
Au-delà de la démission spectaculaire de Denis Coderre, la
j ournée d’hier marquait donc le jour 1 d’une nouvelle cou
rse non of ficielle à la direction du PLC. Après la guerre
ChrétienM a r ti n , voic i la suite : Cauchon-Coderre.
Tout cela a des relents de vieilles chicanes, de guerres
de pouvoirs, de règlements de comptes.
Ce devait être la semaine de Michael Ignatieff, son
premier pas vers le pouvoir.
L e voilà plutôt empêtré da ns u ne crise emba rrassa nte,
obligé de répond re au x c r it iq ue s de s on exlieutena
nt . Ce deva it être le procès du gouvernement Harper,
cette semaine aux Communes, mais c’est le chef libéral qui
se retrouve au banc des accusés pour manque de jugement et
d’instinct politique.
Pendant ce temps, Stephen Harper sillonne le pays en
distribuant les milliards et en vantant le bilan de son
plan de relance.
CODERRE CLAQUE LA PORTE - Joël-Denis
Bellavance & Hugo de GrandPré
Denis
Coderre n’a pas digéré que Martin Cauchon lui soit imposé
dans la circonscription d’Outremont. Le député de Bourassa
a démissionné avec fracas et a vertement critiqué les
conseillers torontois de Michael Ignatieff. Le chef du
Parti libéral, qui a an
OTTAWA — Le chef du Parti libéra l, M ichael Ignatieff,
s’est évertué hier à limiter les dégâts importants causés
par la démission fracassante de son lieutenant politique
au Québec, le député de Bourassa Denis Coderre.
M . Ignatieff a convoqué les députés de son caucus du
Québec, inquiets de la zizanie qui règne dans les rangs
libéraux depuis deux semaines, à son bureau, en fin de
journée, afin de les rassurer sur la suite des choses.
Aupa rava nt , deva nt les journalistes, le chef libéral a
dit regretter la décision du bouillant député, mais il a
aussi affirmé que M. Coderre était un acteur parmi
d’autres au sein de l’équipe libérale au Québec, soutenant
que les Marc-André Blanchard et Jean-Marc Fournier, issus
de la filière du Parti libéral du Québec, jouent déjà un
rôle important dans le parti.
Tout en louant le travail de M. Coderre au cours des
derniers mois, M. Ignatieff a affirmé qu’il ne comblera
pas le poste de lieutenant du Québec.
« Je regrette sa démission, bien sûr, parce que c’est un
ami et un collègue. Je ne le remplacerai pas pour le
moment. Je n’aurai plus de lieutenant au Québec », a dit
M. Ignatieff, affirmant que l’équipe qui reste poursuivra
le travail de renouveau du PLC.
Effet boule de neige
MaisledépartdeM. Coderre a provoqué une onde de choc au
sein des troupes libérales au Québec, le jour même où
Michael Ignatieff a déposé une motion de censure envers le
gouver nement m i nor itaire de Stephen Harper. En effet,
quelques heures après la conférence de presse du député de
Bou rassa , quatre de ses proches lui ont emboîté le pas
en remettant leur démission à M. Ignatieff en guise de
solidarité avec M. Coderre.
A insi,
l’orga nisateu r en chef du pa rti au Québec, Pierre
Lajeunesse, le président d’un comité chargé d’approuver
les candidats, Éric Simard, un responsable du financement,
Jean Rizzuto, et le cousin de M. Coderre, Jea n-F ra nçois
Coderre, coordonnateur aux bureaux montréalais du parti,
ont tous claqué la porte.
P a r a i l leu r s , des i n formations la issa ient
entendre hier soir que Nathalie L e P rohon , qu i deva it
se présenter dans Outremont et qui a accepté la semaine
dernière de tenter sa chance da ns Jea n ne-L e Ber pou r
la isser le c ha mp libre à l ’a nc ien m i n i s t re M a
r t i n Cauc hon , recon sidérera it son choix et
songerait à ne pas être candidate libérale au x proc ha i
nes élec tions . M. Cauchon n’a pas voulu com menter les
der n iers rebondissements hier.
Malgré la tourmente, Michael Ignatieff a balayé d’un
revers de main les accusations de M. Coderre selon
lesquelles l’aile québécoise était dirigée par sa « garde
rapprochée de Toronto ».
« J’ai dans cette équipe JeanMarc Fournier, Marc-André
Blanchard, Yves Gougoux, Serge Paquette – je pourrais
continuer encore pour cinq minutes. L’idée que ce parti
est dirigé de Toronto me fait rire et ça fait rire en
ColombieBritannique. Ça fait rire en Alberta. Ça fait rire
dans les provinces atlantiques. Je mène une formation
pancanadienne. Je suis fier de mon équipe au Québec. Ils
ont la direction et la responsabilité avec moi, avec moi,
je répète, pour le renouveau du parti. Et ça se poursuit
», a dit M. Ignatieff.
Plus de lieutenant
L e député libéral Pablo Rodriguez a aussi salué le
travail de M. Coderre, mais il a affirmé que le parti peut
fonctionner sans lieutenant. « Il faut comprendre le rôle
du lieutenant. Il vise à coordonner les efforts
d’organisation, à trouver des candidats et cela peut se
faire autrement. Denis a fait un très bon travail.
Maintenant, on passe à autre chose. Ce même travail-là va
se faire de façon différente », a-t-il dit.
Mais le commentateur Jean Lapierre, qui a été lieutenant
politique de Paul Martin, a affirmé que cette situation
sera intenable. « Je ne vois pas comment cela peut
fonctionner. Le Parti libéral a toujours eu un lieutenant
politique depuis Ernest Lapointe, et même à l’époque où le
premier ministre était du Québec », at-il dit.
Les conseillers torontois d’Ignatieff fustigés
- André Duchesne
Denis
Coderre n’a pas seulement démissionné de son poste de
lieutenant politique de M ichael Ignatieff, hier matin.
Il a carrément tiré à bout portant sur les conseillers
torontois du chef libéral.
Michael
Ignatieff
s’est retrouvé dans la tourmente hier avec la
démission de son lieutenant au Québec, Denis Coderre.
Celui-ci ne sera pas remplacé, a annoncé le chef
libéral.
Selon le coloré député de Bourassa, c’est la garde
rapprochée de Michael Ignatieff à Toronto qui a
convaincu le chef de désavouer son lieutena nt québécois
au sujet de la candidature de Martin Cauchon dans
Outremont.
« Le message qui est envoyé par ces récents événements
est le suivant : si vous voulez avoir gain de cause au
Québec, vous n’avez qu’à court-circuiter les autorités
québécoises du parti en vous adressant plutôt à la garde
rapprochée du chef à Toronto », a-t-il balancé.
« Au-delà de ces événements, des questions beaucoup plus
fondamentales se posent : à qui doit s’en remettre le
chef du Parti libéral du Canada pour décider des enjeux
qui concernent strictement le Québec ? Doit-il s’en
remettre à son lieutenant québécois ou plutôt à ses
conseillers torontois, qui ont une méconnaissance totale
de la réalité sociale et politique québécoise ? »
Invité à dire s’il visait Bob Rae (que Martin Cauchon
avait appuyé lors de la course à la d i rec tion de 2 0
0 6), M. Coderre a refusé de nommer qui que ce soit. Par
contre, il a dit bien connaître les « sources anonymes »
qui s’en sont prises à son autorité dans les médias au
cours des dernières semaines. Il a rétorqué que toutes
ces décisions avaient été prises après consultation d’un
comité d’une vingtaine de personnes.
D’Outremont à Jeanne-Le Ber à Outremont
M .
Coderre ne sou ha itait pas que M. Cauchon se représente
dans Outremont et misait sur la venue d’une
candidate-vedette, Nathalie Le Prohon. Dans un premier
temps , M . I g n at ie f f ava it appuyé la décision de
son lieutenant. Mais il a fait un virage à 180 degrés
devant la grogne palpable au sein du Parti libéral du
Canada.
Élu à trois reprises dans Outremont, M. Cauchon avait
volontairement quitté la politique avant les élections
générales de 2004. Il avait alors repris la pratique du
droit à Montréal. Au cours des derniers mois, il avait
exprimé son désir de retourner à la vie publique. Dans
une tentative de compromis, le parti lui avait proposé
de se présenter dans Jeanne-Le Ber, circonscription du
sud-ouest de Montréal jugée prenable.
Mais M. Cauchon a refusé. Pour lui, c’était Outremont ou
rien. M. Ignatieff a finalement cédé aux pressions.
Quant à Mme Le Prohon, elle se présentera dans Jeanne-Le
Ber.
Lieutenant controversé
Député de Bourassa depuis 1997, M. Coderre a occupé
plusieurs postes de ministre sous Jean Chrétien avant
d’être écarté du cabinet par Paul Martin. Il a repris du
service avec l’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du
PLC, en janvier 2009. Le nouveau leader l’a tout de
suite nommé lieutenant au Québec avec le mandat de
préparer l’aile québécoise en vue des prochaines
élections fédérales.
Depuis, son travail n’a jamais fait l’unanimité.
D’aucuns, sous le couvert de l’anonymat, lui ont
reproché ses jeux en sous-main.
Hier matin, Denis Coderre a aussi démissionné de son
poste de critique libéral en matière de défense. Il
compte cependant demeurer député de Bourassa. Il s’est
dit fier du travail accompli dans l’organisation
électorale, indiquant que 68 candidats avaient été
confirmés ou étaient sur le point de l’être dans les 75
circonscriptions de la province.
Cauchon gagne
le droit d’être candidat - Joël-Denis
Bellavance
Bras de fer libéral à Outremont
le
bouillant député néo-démocrate Thomas Mulcair.
Michael
Ignatieff
a fait volte-face en permettant à Martin Cauchon de
porter les couleurs libérales dans Outremont.
En fi n de compte, M m Le Prohon, qui a été mêlée bien
malgré elle dans cette bataille entre M. Coderre et M.
Cauchon, a accepté de porter les couleurs du Parti libéral
dans Jeanne-Le Ber, une circonscription qui est
actuellement détenue par le bloquiste Thierry Saint-Cyr.
Joint hier, Martin Cauchon s’est dit heureux de la
décision de son chef.
« Je suis ravi de la décision de mon chef Michael
Ignatieff. Maintenant, j e pense qu’il faut retrousser nos
manches et commencer à travailler fort au Québec pour
faire en sorte que le Parti libéral se prépare pour la
prochaine campagne électorale. Sur une note plus
personnelle, j’aimerais remercier tous les gens du comté
d’Outremont qui m’ont appuyé de même que tous ceux du
Québec et du reste du pays qui m’ont donné leur appui », a
dit M. Cauchon.
« Nous devons ca naliser notre énergie en force positive
pour l’unité du parti. Notre vraie cible, c’est le
gouvernement de Stephen Harper qui ne répond pas aux
attentes des Canadiens et des Canadiennes. Nous allons
leur offrir une vraie option », a-t-il ajouté.
E n poi nt de presse en après-midi, Michael Ignatieff a
affirmé que c’est à la suggestion de Nathalie Le Prohon
qu’un compromis a pu être trouvé. La femme d’affaires a
suggéré au chef hier matin de se présenter dans Jeanne-Le
Ber plutôt que d’être nommée dans Outremont.
Malgré la controverse, le chef libéral a aussi réitéré sa
confiance envers Denis Coderre OTTAWA — L’ancien ministre
de la Justice Martin Cauchon a eu gain de cause dans le
bras de fer qui l’a opposé au lieutenant politique de
Michael Ignatieff au Québec, Denis Coderre, au cours des
deux dernières semaines.
Après deux jours de palabres, Michael Ignatieff a
finalement accepté de permettre à Martin Cauchon de porter
les couleu rs libéra les au x prochaines élections da ns
Outremont, une circonscription qu’il a représentée à la
Chambre des communes pendant 11 ans. M. Cauchon devra
auparavant convaincre les militants libéraux de cette
circonscription de le désigner à titre de candidat durant
une assemblée d’investiture, ce qui devrait être une
formalité.
M. Ignatieff, qui avait au début de la semaine appuyé la
décision de Denis Coderre de réserver Outremont à une
femme d’affaires de la région de Montréal, Nathalie Le
Prohon, et de fermer la porte à un retour de M. Cauchon, a
donc fait volte-face devant la pression de ses propres
troupes.
La grogne
était telle qu’elle minait l’unité du parti non seulement
au Québec, mais dans le reste du pays. En outre, ces
tiraillements risquaient d’avoir de lourdes conséquences
sur le leadership de M. Ignatieff, ont estimé hier des
stratèges libéraux.
Ce faisant, M. Ignatieff a également désavoué son
lieutenant politique Denis Coderre, qui, de toute
évidence, ne souhaitait pas le retour en politique de M.
Cauchon. Les deux hommes entretiennent l’ambition de
diriger le Parti libéral un jour.
Pour calmer la grogne, M. Coderre avait suggéré à son chef
libéral, jeudi, de proposer la circonscription voisine de
Jeanne-Le Ber à Martin Cauchon. Mais ce dernier a vite
fait savoir aux hautes instances du parti qu’il voulait
faire un retour en politique uniquement s’il pouvait être
candidat dans Outremont, circonscription actuellement
détenue par et a rejeté toute suggestion que le dénouement
de cette crise constitue un désaveu pour lui.
« Je suis très content du résultat. C’est un bon résultat
pour le parti. Et je veux féliciter d’abord Denis Coderre
pour un travail remarquable. Il a attiré des candidats
formidables. Il a travaillé toute la semaine dans un
esprit de compromis. M. Coderre a toute ma confiance et
mon affection personnelle. Cette semaine, il a montré un
bon j ugement politique, M. Cauchon aussi et Mme Le Prohon
surtout», a dit M. Ignatieff.
M. Coderre avait pourtant affirmé à plusieurs reprises que
la décision de réserver Outremont à une femme était
irrévocable et que l’offre faite à Martin Cauchon de se
présenter dans Jeanne-Le Ber était à prendre ou à laisser.
Selon certa ins libérau x , cette affaire a miné
l’autorité non seulement de Michael Ignatieff, mais aussi
celle de Denis Coderre.
« L a ra ison a t r iomphé. Michael a pris la décision qui
s’imposait. Les petites magouilles de Denis Coderre, les
gens en ont ras le bol. C’est sûr que cela l’affaiblit en
tant que lieutenant, mais il n’a que lui-même à blâmer», a
affirmé hier un vétéran du parti qui a travaillé au sein
des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul
Martin.
Du côté du N P D, on a accueilli ce nouveau rebondissement
dans Outremont avec un haussement d’épaules. «On va
laisser les libéraux se chicaner puisque c’est leur
principale préoccupation. On réagira quand ils se seront
branchés. Au NPD, notre préoccupation, pour l’instant,
c’est de travailler au Parlement pour aider les gens à
traverser la crise économique », a affirmé Karl Bélanger,
proche collaborateur du chef du NPD, Jack Layton.
Après une semaine difficile, les libéraux feront une
démonstration d’unité le dimanche 4 octobre à l’occasion
d’une réunion de l’aile québécoise du Parti libéral à
Québec. Selon des informations obtenues par La Presse,
Martin Cauchon, Denis Coderre, Nathalie Le Prohon et
Michael Ignatieff monteront sur la même scène pour
illustrer la nouvelle harmonie au parti.
Ce sera Outremont ou rien - Joël-Denis
Bellavance
Martin
Cauchon refuserait de porter les couleurs libérales dans
Jeanne-Le Ber
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a
tenté de rétablir l’unité au sein de son parti hier en
offrant à l’ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon,
de porter la bannière libérale dans la circonscription de
Jeanne-Le Ber aux prochaines élections.
Le
chef libéral, Michael Ignatieff, a tenté d’apaiser la
grogne au sein de son parti en proposant hier à Martin
Cauchon de se présenter dans la circonscription de
Jeanne-Le Ber.
Mais le principal intéressé a confié à des proches qu’il
n’avait pas l’intention d’accepter cette offre, selon des
informations obtenues par La Presse hier soir. M. Cauchon
souhaite effectuer un retour en politique uniquement s’il
peut être candidat libéral dans Outremont, une
circonscription qu’il a représentée à la Chambre des
communes pendant 11 ans.
Mais M. Ignatieff a déjà fait savoir cette semaine
qu’Outremont, un bastion libéral tombé aux mains du
néo-démocrate Thomas Mulcair en septembre 2007, était
réservé à une femme d’affaires de la région de Montréal,
Nathalie Le Prohon.
Ce faisant, M. Ignatieff a appuyé la décision de son
lieutenant politique au Québec, Denis Coderre, qui tient
mordicus à accorder Outremont à une candidate de prestige.
Mais certains y voient plutôt une manoeuvre de M. Coderre
pour empêcher le retour de M. Cauchon, les deux hommes
ayant des ambitions de diriger le Parti libéral un jour.
Plusieu rs libérau x ont dénoncé cette décision, dont le
député libéra l i n f luent de Toronto Bob Rae, ancien
adversaire à la direction de M. Ignatieff. M. Rae a
qualifié d’inacceptable cette manoeuvre visant à écarter
un ancien ministre de la Justice. « Martin Cauchon était
un ministre de la Justice remarquable et il a défendu les
valeurs libérales durant toute sa carrière politique. S’il
veut effectuer un retour en politique, on doit lui faire
une place », a affirmé M. Rae.
D’anciens collaborateurs de Jean Chrétien ne se sont pas
gênés pour faire savoir à M. Ignatieff et à Denis Coderre
qu’ils avaient commis une grave erreur en écartant d’une
manière aussi cavalière la candidature de Martin Cauchon,
selon des informations obtenues par La Presse hier. M.
Chrétien lui-même est intercédé en faveur de son ancien
ministre de la Justice pour qu’il puisse faire un retour
dans Outremont, mais sans succès jusqu’ici.
Des députés libéraux incrédules ont aussi indiqué en privé
avoir l’intention de soulever cette affaire à la prochaine
réunion du caucus libéral mercredi prochain si un
compromis n’est pas trouvé d’ici là. Ces mêmes députés
sont aussi outrés de la conduite du lieutenant politique
Denis Coderre dans cette affaire et exigent qu’il soit
rappelé à l’ordre.
La grogne au sein du Parti libéral a forcé M. Ignatieff à
corriger le tir en téléphonant hier à Martin Cauchon pour
lui offrir la circonscription de Jeanne-Le Ber, détenue
par le bloquiste Thierry Saint-Cyr depuis 2006.
« M. Ignatieff souhaite que M. Cauchon soit candidat pour
le Parti libéral aux prochaines élections. La balle est
maintenant dans son camp », a i nd iqué Jea n-F r a nçoi s
del Torchio, porte-parole de Michael Ignatieff.
M.
Cauchon, qui souhaite faire un retour en politique cinq
ans après avoir tiré sa révérence, n’avait pas encore
indiqué publiquement hier soir s’il acceptait la
proposition de M. Ignatieff. Mais selon certaines sources,
il écarte cette option puisqu’il demeure dans Outremont.
Située dans l’île de Montréal, la circonscription de
Jeanne-Le Ber comprend notamment les secteurs de Verdun,
Pointe-Saint-Charles et de L’Île-des-Soeurs.
En matinée, M. Ignatieff avait indiqué avoir entrepris des
discussions avec M. Cauchon, qui a été le lieutenant
politique de Jean Chrétien au Québec dans le dernier
mandat de l’ancien premier ministre.
« Nous sommes en discussion avec M. Cauchon afin qu’il
puisse se rallier à notre équipe, et je suis très
optimiste sur les résultats. Mais ces discussions se
poursuivent », a dit M. Ignatieff au cours d’un point de
presse à Burlington, en Ontario.
Hier après-midi, M. Coderre a fait savoir sur sa page
personnelle du site de réseautage social Facebook que
l’idée d ’o f f r i r J e a n n e - L e B e r à Martin
Cauchon venait de lui.
«Sur ma recommandation et celle de notre équipe du Québec,
Michael Ignatieff a offert la circonscription de Jeanne-Le
Ber à Martin Cauchon. À suivre», a-t-il écrit.
Certains libéraux croient qu’il serait préférable de
permettre à M. Cauchon de revenir dans Outremont et
d’accorder JeanneLe Ber à Mme Le Prohon.
Mais da ns u ne entrev ue accordée à L a P resse
Canadienne hier, M. Coderre a laissé entendre que cette
offre était à prendre ou à laisser.
« C’est un excellent comté, Jeanne-Le Ber. Ce n’est pas
une négociation, ce n’est pas une question d’options. On
lui offre le comté et il prendra la décision», a dit M.
Coderre.
Selon Peter Donolo, ancien directeur des communications de
Jean Chrétien, cette affaire risque d’avoir des
répercussions sur les intentions de vote si elle n’est pas
réglée rapidement.
«Un parti qui ne peut diriger ses propres affaires
correctement ne peut convaincre les électeurs qu’il peut
gouverner le pays», a dit hier M. Donolo, aujourd’hui
partenaire de la firme de sondage Strategic Counsel, dans
une entrevue à Power Play sur le réseau CTV Newsnet.
Les «vedettes» de M. Coderre- LYSIANE
GAGNON
La guéguerre
que les libéraux viennent de se livrer dans Outremont est
significative à plus d’un titre. Elle montre que Denis
Coderre, l’omniprésent lieutenant québécois de Michael
Ignatieff, est prêt à tout, même à compromettre les chances
de son parti, pour écarter un rival susceptible de
l’éclipser quand viendra le temps de former un cabinet… ou
de succéder à Michael Ignatieff.
L’affaire illustre aussi l’inexpérience du nouveau chef
libéral, qui a laissé l’un de ses principaux collaborateurs
solliciter la candidature de M. Cauchon dans Outremont… pour
ensuite refuser de désavouer son lieutenant québécois. M.
Ignatieff s’est justifié avec l’excuse passe-partout qu’il
faut favoriser les femmes. En filigrane, on se rappellera
que M. Cauchon avait appuyé Bob Rae dans la course au
leadership de 2006… tandis que Denis Coderre avait misé sur
Ignatieff.
Le plus drôle dans cette histoire, c’est que M. Coderre a
proclamé sur tous les toits que sa candidate dans Outremont
était une «candidate-étoile». Pardon? Nathalie Le Prohon,
vous connaissez? Il n’est pas nécessaire d’être connu du
grand public pour être un bon candidat. Mais les mots ont un
sens: une vedette, c’est une personne connue.
Il est un
peu exagéré de décrire Mme Le Prohon comme une femme
d’affaires de haute voltige. Elle ne l’est plus depuis
cinq ans. Née en Ontario, diplômée de McGill et de
Concordia, elle a occupé des postes de direction à IBM
avant de devenir, en 2003, PDG de Nokia… un poste qu’elle
n’occupa qu’un an, car en 2004, à l’âge de 43 ans, elle
allait être frappée par un cancer extrêmement agressif
contre lequel elle a dû recourir à des thérapies
d’avant-garde. Mariée à un homme d’affaires important
(Stéphane Boisvert, président de Bell Enterprise Group),
elle s’est retirée du marché du travail et se consacre à
la lutte contre le cancer tout en siégeant à deux conseils
d’administration (dont HydroQuébec) et au comité de
vérification du ministère de la Défense.
L’essentiel de sa carrière s’est déroulé en Ontario, où
elle a vécu les 12 années précédant le déménagement de sa
famille à Montréal, en 2008.
M. Cauchon n’a rien de charismatique, mais l’ancien
ministre aurait eu plus de chances que Mme Le Prohon de
reprendre Outremont, une circonscription qu’il a remportée
à trois reprises – la dernière fois avec 7000 voix de
majorité. Et contrairement à Mme Le Prohon, il est bien
enraciné au Québec… ce qui est en train de devenir un
atout politique, dans un parti dont seulement la moitié de
la députation québécoise est canadiennefrançaise et qui
compte aujourd’hui très peu de figures de proue
francophones. (Il y a Justin Trudeau, Denis Coderre, Marc
Garneau, Stéphane Dion… qui d’autre?)
En tout cas, on a hâte de connaître ces formidables
candidats de prestige à qui M. Coderre veut offrir «ses»
circonscriptions les plus sûres. Un nom a filtré, celui de
Rita De Santis, à qui M. Coderre réserverait la
circonscription de LaSalleÉmard. Mme De Santis, une
avocate spécialisée dans le droit commercial et
corporatif, est depuis longtemps active dans les cercles
libéraux et dans la communauté italienne de Montréal, mais
malgré ses qualifications professionnelles, elle n’est pas
ce qu’on peut appeler une « candidate-vedette ». homas
Mulcair doit se frotter les mains. Au lieu de faire face à
l’ancien ministre Martin Cauchon, son adversaire sera une
inconnue dépourvue d’expérience politique. Par sa propre
faute, le PLC risque de voir cette circonscription
traditionnellement libérale retomber une fois de plus dans
l’escarcelle du NPD, en plus de se priver d’un des rares
Québécois susceptibles d’hériter d’un ministère important
dans un éventuel gouvernement Ignatieff
Processus de sélection des candidats au Parti libéral du
Canada / Deux jeunes militants dénoncent des relents de
« duplessisme » - Hugo de GrandPré
OTTAWA — Après Martin Cauchon et
Comlan Amazou, un autre militant libéral qui s’estime lésé
par le processus de sélection de candidats au Parti libéral
prend la parole publiquement.
Da ns une lettre publiée aujourd’hui dans les pages Forum de
La Presse, les libéraux Jonathan Pednault et John Lennard
dénoncent le «duplessisme» qui, selon eux, règne au parti à
l’heure actuelle.
M. Pednault, 19 ans, proche des frères Trudeau, souhaitait
se présenter dans la circonscription de
Longueuil–PierreBoucher au x procha i nes élections. À
l’invitation du président de l’association de
circonscription, il a même vendu une centaine de cartes de
membre et donné une réception pou r la ncer sa candidature.
C’était au début de 2009. Vers le milieu de l’année, il a dû
freiner ses ardeurs. Joint par une organisatrice du parti,
Reine Hébert, il a été encouragé à abandonner ses démarches.
Vers le mois de mai, il estime avoir été mis devant le fait
accompli : on avait choisi de nommer quelqu’un d’autre et on
lui demandait poliment de céder le passage.
«Après nous avoir annoncé en grande pompe, au printemps
2009, que toutes les circonscriptions du Québec, y compris
celles tenues par des députés libéraux, pourraient être
soumises à une course à l’investiture pour déterminer le
candidat du parti, certains se sont mis à jouer à la petite
politique pour assurer leur avenir et leurs grandiloquentes
ambitions», dénonce M. Pednault dans sa lettre.
Le PLC a une tout autre explication. Selon le coprésident de
la campagne au Québec, l’avocat Marc-André Blanchard,
personne n’a empêché le jeune militant de tenter sa chance,
au contraire.
«M.
Pednault n’a pas cru bon de soumettre une demande de
candidature. Il y a eu un appel de candidatures dans cette
circonscription, et un seul candidat s’est présenté à
l’assemblée d’investiture. C’est comme cela que M. Diamond
a été nommé candidat dans Longueuil », a déclaré cet
ancien président du Parti libéral du Québec lors d’un
entretien téléphonique.
Dans leur lettre, le candidat déçu et son coauteur
critiquent néanmoins sévèrement Denis Coderre, sa ns
toutefois le nommer.
« Depuis qu’un nouveau lieutenant a été nommé au Québec
par vos soins, on n’a eu de cesse de bien vouloir nous
faire comprendre l’importance de son rôle. Si bien
d’ailleurs qu’avec tout le respect que nous cultivons à
votre égard, nous nous demandons qui, de vous ou le
lieutenant en question, dirige le parti au Québec »,
lancent-ils.
Coderre critiqué
Selon ce qu’a pu apprendre La Presse, même si le bureau du
chef Michael Ignatieff n’a pas voulu réagir à cette
lettre, pas plus qu’à une autre publiée sur Facebook par
John Lennard, ces protestations ne tombent pas dans
l’oreille d’un sourd et l’on s’active à tenter de trouver
des solutions.
«M. Ignatieff n’est pas très heureux de la situation qui
règne au Québec par les temps qui courent», a confié un
stratège libéral influent.
Les méthodes d’organisation de M. Coderre sont critiquées
de toutes parts depuis une semaine. L’ancien ministre
Martin Cauchon l’a d’abord accusé de l’avoir empêché de se
présenter dans Outremont. Dans la même circonscription, un
autre militant, Comlan Amazou, s’est plaint de ne pas
avoir pu tenter sa chance dans une assemblée
d’investiture. Et plus tôt cette semaine, le PLC a dû nier
que le lieutenant avait fait pression sur des députés
actuels, dont l’ancien chef Stéphane Dion, pour qu’ils
laissent la place à du sang neuf aux prochaines élections.
Nous méritons mieux
Des
relents de duplessisme flottent dans l’air un peu vicié
de l’aile québécoise du Parti libéral
Les auteurs sont de jeunes militants du Parti libéral du
Canada. M. Pedneault souhaitait être candidat dans
Longueuil–Pierre-Boucher. M. Ignatieff, il fut un temps
où être libéral était un gage de courage, de force de
caractère, d’indépendance d’esprit et de respect pour la
démocratie.
S’adressant
à
Michael Ignatieff, des membres de l’aile québécoise du
PLC se disent inquiets de voir que des candidats sont
imposés dans plusieurs circonscriptions.
Force nous est malheureusement de constater qu’en 2009,
être membre du Parti libéral fédéral au Québec, c’est
savoir se tenir à sa place, obéir sans questionner – et
surtout – ne pas questionner les instances en place.
En tant que membres du PLC, mais surtout en tant
qu’ardents défenseurs de la pensée libérale, nous nous
voyons forcés, par faute de fâcheux événements, à
prendre parole sur la place publique pour vous énoncer
notre point de vue. Notre but n’est pas d’embarrasser le
parti, mais de le fortifier. Si nous agissons ainsi,
c’est que nous sommes persuadés que nous n’aurions pu
faire passer notre message au travers des instances du
parti. Des instances qui, comme toutes institutions, ont
la fâcheuse habitude de s’opposer au changement et aux
idées leur paraissant un peu trop audacieuses. Dans un
parti se voulant libéral, cela devrait être perçu comme
un grave problème.
Plus problématique encore nous apparaît la propension
qu’ont certains personnages de notre parti à
s’institutionnaliser de façon à se rendre omniprésents
et omnipotents. Cela nous semble particulièrement vrai
ces temps-ci, alors que des relents de duplessisme
flottent dans l’air quelque peu vicié de l’aile
québécoise du PLC.
Depuis qu’un nouveau lieutenant a été nommé au Québec
par vos soins, on n’a eu de cesse de bien vouloir nous
faire comprendre l’importance de son rôle. Si bien
d’ailleurs qu’avec tout le respect que nous cultivons à
votre égard, nous nous demandons qui, de vous ou le
lieutenant en question, dirige le parti au Québec. Nous
ne remettons nullement en question la qualité de votre
leadership au sein du parti, toutefois nous ne pouvons
que nous inquiéter de voir certains agir comme s’ils
étaient seuls maîtres à bord.
Après
nous avoir annoncé en grande pompe, au printemps 2009,
que toutes les circonscriptions du Québec, y compris
celles tenues par des députés libéraux, pourraient être
soumises à une course à l’investiture pour déterminer le
candidat du parti, certains se sont mis à jouer à la
petite politique pour assurer leur avenir et leurs
grandiloquentes ambitions.
De façon quelque peu sournoise, on s’est mis à imposer
des candidats dans plusieurs circonscriptions,
outrepassant ainsi le droit sacré que devraient avoir
les membres de ce parti, que l’on veut libéral, de
choisir celui ou celle qui portera le rouge dans leur
circonscription.
Il n’est pas très libéral de refuser des candidatures à
l’investiture, sans aucune justification, pour
privilégier des gens de son entourage. Il n’est pas très
libéral de privilégier certains candidats sur d’autres
lors d’une course à l’investiture. Et il n’est pas très
libéral de mettre ses intérêts propres (ou malpropres,
c’est selon) au-dessus de la démocratie.
Sans équivoque, l’imposante ombre de ces gens qui
prennent trop de place plane au-dessus de l’ensemble des
rangs libéraux au Québec. Lors de la rédaction même de
cette lettre, nous avons reçu maints encouragements de
la part de gens qui partageaient notre opinion, sans
toutefois être prêts à la cosigner par peur de
représailles. Est-ce là le parti pour lequel nous
souhaitons militer? Ce parti doit retrouver ses lettres
de noblesse libérales, et s’affranchir de la loi du
silence.
Maintenant que les élections approchent à grands pas, il
nous semble difficile de voir à ce que les membres de ce
parti – qui rappelons-le sont à la base même de toute
victoire possible – aient leur mot à dire dans la
sélection des candidats. Toutefois, pour le bien du
parti ainsi que pour celui de votre avenir politique,
nous croyons que vous devriez vous méfier de ceux qui,
par leurs agissements, cherchent par tous les moyens à
brimer le courage, la force de caractère, l’indépendance
d’esprit et l’âme foncièrement démocrate des membres de
ce parti.
Nous sommes certains que vous comprenez, M. Ignatieff,
qu’en tant que membres de ce parti, nous méritons mieux.
Cauchon veut se présenter dans Outremont -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
L’ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon, veut
reven i r en politique fédérale. Et il souhaite que les
hautes instances du Parti libéral du Canada tiennent une
assemblée d’investiture dans Outremont, une
circonscription qu’il a représentée à la Chambre des
communes pendant 11 ans.
L’ex-ministre
Martin
Cauchon serait candidat d’une éventuelle assemblée
d’investiture libérale dans Outremont.
Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Cauchon a
dit qu’il sera assurément candidat à cette assemblée
d’investiture afin non seulement de porter les couleurs du
PLC au prochain scrutin, mais aussi de reprendre ce
bastion libéral, tombé entre les mains du néo-démocrate
Thomas Mulcair en septembre 2007.
Rentré au pays après un voyage de quelques jours en Chine,
M. Cauchon a fait part de son étonnement lorsqu’il a
appris que le lieutenant politique de Michael Ignatieff au
Québec, Denis Coderre, avait décidé de réserver cette
circonscription à Nathalie Le Prohon, une femme d’affaires
de Montréal.
Il s’est dit d’autant plus surpris qu’un proche
collaborateur de M. Ignatieff l’a rencontré en juin afin
de le convaincre de reprendre du service cinq ans après
qu’il eut tiré sa révérence. M. Cauchon a alors demandé
qu’on lui accorde u ne période de réflexion afin de
discuter de cette offre avec sa famille.
M. Cauchon a fait savoir à l’entourage de M. Ignatieff il
y a trois semaines qu’il acceptait de porter à nouveau la
bannière du PLC aux prochaines élections, qui pourraient
avoir lieu cet automne ou au printemps. Or, une semaine
plus tard, M. Coderre a dit à qui voulait l’entendre
qu’Outremont était réservée à une candidate.
« Je suis surpris de tout ce qui est arrivé. Je milite
dans ce parti depuis l’âge de 17 ans. J’ai été président
de l’aile québécoise du Parti libéral. J’ai été député et
ministre pendant une dizaine d’années. Je pense avoir bien
servi la société canadienne et mon parti », a indiqué M.
Cauchon.
« On m’a
demandé en juin de revenir pour rebâtir le parti au
Québec. Je veux revenir, surtout quand je regarde la
direction que donne au pays le gouvernement Harper. Ce que
fait le gouvernement conservateur ne correspond pas du
tout à ma vision de la société canadienne. Le timing est
bon pour revenir. Je crois en mon parti et je crois en mon
chef », a ajouté l’a ncien ministre libéral, qui pratique
le droit à Montréal depuis 2004.
En privé, plusieurs militants libéraux croient que M.
Coderre tente de contrer le retour de M. Cauchon parce
qu’il le voit com me u ne menace dans une éventuelle
course à la direction du Parti libéral. M. Coderre n’a
jamais caché son intérêt à cet égard. Il a d’ailleurs
aussi tenté de bloquer la route à Steven MacKinnon à
l’assemblée d’investiture dans Gatineau, mais sans succès.
M. MacKinnon est vu par plusieurs observateurs comme
ministrable dans un gouvernement Ignatieff.
En entrevue, M. Cauchon a dit souhaiter que le chef
libéral Michael Ignatieff donne sa bénédiction à une
assemblée d’investiture. De toute façon, at-il ajouté, M.
Ignatieff détient seul le pouvoir de réserver une
circonscription à un candidat de son choix et il n’a pas
encore mentionné de préférence jusqu’ici.
« Je suis un peu dans les limbes, en ce moment. Je ne
connais pas les intentions de mon chef », a-t-il dit.
Michael Ignatieff est donc face à deux choix à la suite de
cet appel de Martin Cauchon. Il peut soit appuyer la
décision de Denis Coderre de réserver Outremont à une
femme ou désavouer son lieutenant politique en ordonnant
une assemblée d’investiture.
La semaine dernière, La Presse a rapporté que les
militants libérau x d’Out remont se mobilisaient pour
faire désigner Martin Cauchon comme candidat aux
prochaines élections. « Je peux vous annoncer que, dans la
circonscription d’Outremont, c’est réglé. Nous aurons une
candidate et j’aurai l’occasion de vous la présenter
officiellement », avait répliqué M. Coderre.
Un aspirant libéral sort du rang - Tristan
Péloquin
Persuadé
qu’il a été évincé au profit d’un candidat vedette dont le
nom sera dévoilé à la dernière minute, un des aspirants à
la candidature libérale dans la circonscription
d’Outremont sort du rang. Vedette ou pas, Comlan Amouzou
réclame une investiture en bonne et due forme, comme
l’avait promis Denis Coderre en mars.
Déjà armé d’affiches avec sa photo, de dépliants soignés
et d’une carte de visite rouge or née du logo libéra l su
r laquelle il se présente comme candidat à l’investiture,
M. Amouzou à lancé un appel à l’ordre à son parti hier,
lors d’un petit événement auquel le PLC-Q avait délégué un
observateur.
M. A mouzou j ure avoir obtenu cet été du directeur
général du PLC-Q, LouisPhilippe Angers, l’autorisation de
lancer sa campagne d’investiture. Il a payé de sa poche
les affiches et le matériel promotionnel qu’il a fait
préparer. « Dès que j’ai eu le feu vert, je me suis mis à
travailler sur le terrain ; j’ai cogné aux portes en
vantant mon chef, Michael Ignatieff », affirme l’aspirant
candidat, qui a été organisateur en chef du comédien
Sébastien Dhavernas (défait par Thomas Mulcair) aux
dernières élections.
Mais voilà que, au début du mois de septembre, citant une
source anonyme, Le Devoir a révélé que la circonscription
d’Outremont était réservée à un candidat-vedette que le
parti confirmera à la dernière minute. Les
circonscriptions de Jeanne-Le Ber et d’Ahuntsic auraient
aussi été réservées à des candidats de prestige.
«Quand j’ai appris que la circonscription d’Outremont
était réservée à un candidat-vedette, j’ai immédiatement
demandé à M. Angers (le directeur général du PLC-Q) si
c’était bien vrai, soutient M. Amouzou, qui est d’origine
togolaise. Il m’a dit qu’il n’en savait rien et que, pour
le savoir, je devais entrer en contact avec Denis Coderre.
Or, le problème, c’est que M. Coderre est constamment trop
occupé pour me rencontrer», se désole M. Amouzou.
En
conseil général, en mars, le PLC-Q avait pourtant indiqué
qu’il souhaitait rompre avec la tradition en forçant la
tenue d’assemblées d’investiture dans chacune des 75
circonscriptions québécoises, y compris celles où des
députés libéraux sont déjà élus. En conférence de presse,
le lieutenant politique de Michael Ignatieff, Denis
Coderre, avait même dit qu’il pourrait luimême devoir se
soumettre au processus de désignation des candidats si
quelqu’un d’autre désirait se présenter. « Mais, cela dit,
le chef conserve sa prérogative de nommer un candidat dans
telle ou telle circonscription » », avait toutefois nuancé
M. Coderre.
Selon différentes sources, c’est l’ancien député
d’Outremont et ancien ministre de la Justice Martin
Cauchon qui aurait été pressenti par le Parti libéral
comme candidat dans la circonscription. Actuellement en
Chine, M. Cauchon n’était pas joignable hier.
« Je ne veux pas jouer les victimes, mais ça donne
l’impression qu’on m’a tassé. Ça laisse courir toutes
sortes de ru meu rs. C ’est dom mage, parce que le Parti
libéral, c’est un parti pour tout le monde; pas juste pour
les notables. Il faut que les gens qui s’engagent sachent
à quoi s’en tenir », ajoute M. Amouzou.
Le porte-parole du PLCQ, Jean-Bernard Villemaire, qui a
rappelé La Presse hier au nom de Louis-Philippe Angers,
s’est dit incapable de confirmer si M. Amouzou avait eu ou
non l’autorisation verbale de lancer sa campagne
d’investiture. « La commission électorale (du PLC-Q) n’a
pas encore décidé s’il y aurait une investiture dans
Outremont. Dans le meilleur des mondes, il y en aurait
une. Mais si les échéances sont aussi serrées que ce à
quoi on peut s’attendre, il n’y aura pas assez de temps,
a-t-il affirmé. Chose certaine, tant que l’assemblée
d’investiture n’est pas convoquée par la commission
électorale, il n’y a pas de candidature officielle », a
ajouté M. Villemaire.
Conscient que sa sortie risque de braquer les hautes
instances du Parti libéral contre lui, M. Amouzou dit
qu’il cherche uniquement à obtenir ce que souhaitent les
citoyens d’Outremont et la base militante: «Quand on a
perdu les dernières élections, tout le monde a dit: «C’est
assez, les vedettes, à Outremont. Je ne fais que dire tout
haut ce que d’autres pensent tout bas. »
L e coméd ien Séba stien Dhavernas, candidat défait aux
dernières élections, qui lorgnait aussi la circonscription
d’Outremont en vue d’un nouveau scrutin, affirme pour sa
part avoir «très bien compris » que sa candidature ne sera
pas retenue cette fois-ci. « C’est clair depuis le début
que c’est une circonscription réservée à un
candidat-vedette. Et j’ai très bien compris que je ne suis
pas ce candidat. J’ai donc conclu qu’il valait mieux que
je vaque à mes occupations », dit-il.
La « coderrisation » du PLC-Québec -
André Pratte
Bien
qu’invité par l’entourage de Michael Ignatieff à faire
un retour en politique en se présentant dans son
ancienne circonscription d’Outremont, Martin Cauchon a
été écarté par Denis Coderre. Le lieutenant québécois
de M. Ignatieff a fait savoir que le parti avait déjà
choisi son candidat dans cet ancien château fort l
ibéral ; il s’agirait d’une femme d’affaires peu
connue mais au parcours intéressant, Nathalie Le
Prohon.
M. Coder r e investit son inépuisable énergie à
préparer le PLC pour les prochaines élections au
Québec. Il veut rajeunir l’image du parti en y amenant
de nouveaux visages. Tout cela est louable et
nécessaire. Cependant, cette cure de jeunesse ne doit
pas se faire aux dépens de libéraux d’expérience dont
on sait qu’ils seraient des poids lourds au
gouvernement. C’est certainement le cas de Martin
Cauchon. Si M. Cauchon (47 ans!) fait partie de la
vieille garde, pourquoi n’est-ce pas aussi le cas de
M. Coderre (46 ans)?
L’expérience
du gouvernement Harper montre combien le Québec
souffre d’être mal représenté au sein du cabinet
fédéral. Il ne faudrait pas que la même chose se
produise au sein d’un éventuel gouvernement Ignatieff.
Dans ce contexte, la candidature de Martin Cauchon
dans Outremont s’imposait.
Selon toute vraisemblance, M. Coderre l’a bloquée pour
la simple raison que M. Cauchon aurait menacé sa
domination de l’aile québécoise du parti. L’ancien
ministre de la Justice aurait aussi été un rival lors
de la prochaine course à la direction du parti.
Autrement dit, le député de Bourassa a fait passer ses
propres intérêts avant ceux du parti et du Québec. Le
Devoir rapportait hier que M. Coderre a voulu écarter
quelques députés en poste, notamment Stéphane Dion.
Quoi qu’il en soit, M. Dion a finalement reçu une
lettre du chef confirmant sa candidature.
Heureusement. S’il n’a pas l’étoffe d’un leader, dans
l’éventualité d’une victoire libérale, M. Dionsera à
nouveauun excellent ministre (on le voit très bien aux
Affaires étrangères). En outre, il demeure un des plus
efficaces promoteurs du fédéralisme au pays, comme on
a pu le constater récemment dans l’entrevue qu’il a
accordée aux auteurs du film Questions nationales.
Après une pénible traversée du désert, le Parti
libéral du Canada a l’occasion de redevenir une force
politique qui compte dans la province de Québec. M.
Ignatieff ne doit pas laisser les ambitions de Denis
Coderre mettre cette résurgence en péril.
Coderre gagne, le PLC perd - VINCENT
MARISSAL
(Denis
Coderre
avait lui-même pris l’engagement de tenir des
assemblées d’investiture dans toutes les
circonscriptions du Québec, y compris celles occupées
par un député libéral. )
Si l’on considère
l’accrochage Coderre-Cauchon sous un angle purement
pugilistique, on peut affirmer que le lieutenant de
Michael Ignatieff a eu le dessus sur son ancien collègue
en lui barrant la route vers un retour à Outremont.
La politique, par contre, n’est pas qu’une affaire de
coups de poing sur la gueule ; c’est aussi une partie
d’échecs qui demande finesse et stratégie.
En ce sens, Denis Coderre a peut-être gagné dans le
ring, mais le Parti libéral s’est affaibli sur
l’échiquier.
Le PLC a perdu une bonne occasion de ramener dans son
équipe le candidat qui avait les meilleu res cha nces de
reprendre Outremont, perdue aux mains des néo-démocrates
en 2007.
Perdue, aussi, l’occasion de projeter une image
harmonieuse et ouverte. C’est même tout le contraire :
on ne parle que de chicanes de famille chez les libéraux
depuis quelques j ours. Pourtant, Denis Coderre avait
lui-même pris l’engagement de tenir des assemblées
d’investiture dans toutes les circonscriptions du
Québec, y compris celles occupées par un député libéral.
Perdue, enfin, l’occasion de tendre la main aux fidèles
de Jean Chrétien, encore très nombreux dans les rangs
libéraux. Disparus, les efforts de réconciliation des
derniers mois et l’appel aux libéraux de M. Ignatieff.
Jean Chrétien, plus actif da ns les coulisses que sa
grande réserve publique le laisse croire, est intervenu
en faveur de Martin Cauchon (qui a toujours été un de
ses protégés). Il a fait savoir à Denis Coderre qu’il
commettait une erreur en s’opposant à son retour.
En outre, parlant d’occasion ratée : Michael Ignatieff
aurait dû intervenir avant que cette histoire n’éclate
sur la place publique.
Les libéraux ont repris du poil de la bête au Québec
depuis l’arrivée de Michael Ignatieff à leur tête, mais
le recrutement reste difficile et les histoires de
règlements de comptes entre vieux rivaux n’amélioreront
pas les choses.
Les libéraux rencontrés ces derniers jours, pas tous des
fans de Martin Cauchon ni de loyaux militants de Jean
Chrétien, sont unanimes sur un point : Martin Cauchon
est le mieux placé au PLC pour battre Thomas Mulcair
dans Outremont. Mais Denis Coderre « ne veut pas d’un
autre coq dans le poulailler », résume un ancien
collègue des deux hommes.
Quant
à Nathalie Le Prohon, candidate « vedette » pressentie
par le PLC dans Outremont, personne dans les rangs
libéraux ne semble la connaître. « Sans rien enlever à
cette dame, que je ne connais pas, je ne vois pas
comment une inconnue qui n’a jamais fait de politique
aurait plus de chances de reprendre Outremont que le
gars de la place qui a régné sur la circonscription
pendant 10 ans », ajoute une autre source libérale.
Selon certains, les anciens liens d’amitié entre
Martin Cauchon et le publicitaire déchu Jean Lafleur
auraient refroidi les collaborateurs de Michael
Ignatieff. Pourtant, copains pour copains, Denis
Coderre a lui aussi entretenu des relations d’amitié
avec trois acteurs des commandites : Luc Lemay, Claude
Boulay et sa femme, Diane Deslauriers. Les souvenirs
de cette affaire restent, mais, à l’évidence, les
anciennes accointances de M. Coderre ne semblent pas
avoir limité ses mouvements et ses pouvoirs au sein du
PLC.
Il faut rappeler que Martin Cauchon, supporter de Bob
Rae lors de la course à la direction de 2006, avait
attendu à la toute dernière minute pour se rallier à
Michael Ignatieff, ce qui ne l’a certainement pas aidé
dans sa tentative de retour.
Si Martin Cauchon n’était qu’un cas isolé, l’exception
dans une opération recrutement spectaculaire,
l’affaire ferait peu de bruit. Mais dans les rangs
libéraux, la grogne envers le lieutenant de Michael
Ignatieff est de plus en plus palpable.
Le cas de Steven MacKinnon, candidat libéral dans
Gatineau, fait aussi beaucoup jaser chez les rouges.
M. MacKinnon, ancien directeur des communications du
PLC, a réussi à remporter l’investiture dans cette
circonscription malgré les entraves mises sur son
chemin.
Moins connu, le cas de Mark Bruneau, un homme
d’affaires recyclé dans la politique après la vente
extrêmement profitable de son entreprise.
M. Bruneau, très actif au PLC depuis deux ans (les
cocktails de financement organisés dans son luxueux
appartement du Vieux-Montréal ont permis d’amasser
beaucoup d’argent, notamment pour Michael Ignatieff),
devait être candidat dans Jeanne-Le Ber,
circonscription jugée « prenable » par les libéraux.
À deux jours de son investiture, M. Bruneau a appris
qu’il ne sera pas candidat puisque le PLC réservait la
circonscription à un candidat vedette. Cette décision
frustre le principal intéressé, on s’en doute, mais
aussi un groupe de militants qui l’ont aidé depuis des
mois à atterrir dans Jeanne-Le Ber.
Les raisons avancées pour écarter Mark Bruneau sont
pour le moins nébuleuses, selon différentes sources.
M. Bruneau avait déjà essayé de se présenter dans
cette circonscription l’an dernier. Même da ns les c i
rcon s c r iption s théoriquement imprenables, la
méthode Coderre a laissé bien des ecchymoses dans les
rangs libéraux.
Da ns L ongueu il-P ier reBoucher, par exemple, le
jeune militant Jonathan Pedneault a travaillé
activement pendant des semaines pour obtenir
l’investiture avant de se faire dire que la
circonscription i ra it à quelqu’u n d’autre. Question
de lui faire bien comprendre le message, on lui a
offert ensuite Verchères-Les Patriotes, une
circonscription encore plus bloquiste !
Il faut dire que M. Coderre lui-même ne l’a pas eu
facile au début de sa carrière politique. La première
fois qu’il est allé au casse-pipe pour le PLC, en
1990, c’était contre... Gilles Duceppe, qui allait
devenir le tout premier député élu du Bloc québécois.
De toute évidence, M. Coderre croit aux vertus de
l’apprentissage à la dure.
Ignatieff bloque Cauchon -
Joël-Denis Bellavance
Le
PLC dans Outremont
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael
Ignatieff, a tranché : il cautionne la décision de
son lieutenant politique au Québec, Denis Coderre,
de réserver la circonscription d’Outremont à une
femme.
M . Ignatieff a ainsi mis un terme aux ambitions
de Martin Cauchon, qui désirait revenir à la
politique fédérale dans Outremont. Dimanche, M.
Cauchon avait dit souhaiter que les hautes
instances du parti tiennent une assemblée
d’investiture dans cette circonscription, qu’il a
représentée à la Chambre des communes pendant 11
ans.
Mais M. Ignatieff n’a pas osé désavouer son
lieutenant politique, selon ce qu’a appris La
Presse hier. Cette décision du chef libéral, qui
est sans appel , provoque t outefois une onde de
choc dans les rangs libéraux non seulement dans
Outremont, mais aussi ailleurs au pays.
« Martin Cauchon était un excellent ministre, un
excellent député. C’est un bon libéral. J’ai
discuté avec lui hier soir (dimanche) et j’ai
tranché. J’ai dit que, depuis quatre mois, on a
sollicité des candidates. On cherche non seulement
des candidates, mais aussi de placer ces
candidates là où elles peuvent gagner. Et c’est le
cas à Outremont », a affirmé hier M. Ignatieff.
« J’ai beaucoup de respect pour M. Cauchon et je
crois qu’il a un grand avenir au sein du parti.
C’est un homme qui a une fidélité pour le parti et
j’ai beaucoup de respect pour cela », a ajouté le
chef libéral à Toronto, où il a prononcé un
discours sur sa vision économique du pays.
Deva
nt les jou r na listes , M. Ignatieff n’a
toutefois pas expliqué pourquoi un de ses proches
collaborateurs avait pressenti Martin Cauchon en
juin pour qu’il reprenne du service cinq ans après
avoir tiré sa révérence. Ce dernier avait demandé
une période de réflexion afin de discuter de cette
offre avec sa famille.
Il y a trois sema i nes , M. Cauchon, qui a déjà
été le lieutena nt politique de Jean Chrétien au
Québec, a fait savoir qu’il acceptait de porter la
bannière du PLC aux prochaines élections. Or, une
semaine plus tard, Denis Coderre a dit à qui
voulait l’entendre qu’Outremont était réservée à
la femme d’affaires Nathalie Le Prohon, ancienne
cadre supérieure de Nokia Canada et d’IBM Canada.
«C’est clairement une grave erreur d’écarter
Martin Cauchon. Au Québec, on n’a pas le luxe
d’exclure un ancien ministre qui a siégé au
cabinet pendant presque 10 ans. On a besoin de
gens qui ont de l’envergure. Et qu’on ne me serve
pas l’argument du renouveau. À ce compte-là, Denis
Coderre est largement disqualifié», a affirmé hier
un stratège libéral influent qui refuse encore de
croire la décision de son chef.
Longtemps considérée comme un bastion libéral, la
circonscription d’Outremont est tombée entre les
mains du néo-démocrate Thomas Mulcair à la faveur
d’une élection partielle en septembre 2007. Le
bouillant député a réussi à se faire réélire aux
élections générales d’octobre 2008.
Les libéraux de Michael Ignatieff ont bon espoir
de reprendre cette circonscription aux prochaines
élections, qui pourraient avoir lieu cet automne
ou au printemps. À l’heure actuelle, les libéraux
détiennent seulement 14 des 75 sièges du Québec à
la Chambre des communes.
Denis Coderre tente de rétablir l’ordre -
Hugo de GrandPré & Tristan Péloquin
OTTAWA —
Le lieutenant québécois de Michael Ignatieff, Den is Coder
re, a décla ré hier que l’ancien ministre fédéral de la
Justice, Martin Cauchon, ne briguerait pas le siège
d’Outremont pour le Parti libéral, aux prochaines
élections.
M. Coderre a ainsi tenté de rétablir l’ordre dans cet
ancien château fort libéral, aux prises avec des
dissensions internes depuis que M. Coderre a affirmé son
intention de nommer une candidate plutôt que son ancien
collègue du Conseil des ministres, Martin Cauchon.
Hier matin, La Presse a rapporté qu’une véritable guerre
était déclenchée entre ces deux a nciens collègues de
l’ère Chrétien et que Denis Coderre voulait à tout prix
écarter son rival de cette circonscription réservée aux «
candidats vedettes ».
M. Coderre a nié ces informations, hier après-midi. Il a
précisé du même souffle que la circonscription n’irait pas
à M. Cauchon.
« Il n’y a absolument rien. Martin est un ami. On a
travaillé ensemble et on se connaît bien », a-t-il déclaré
à sa sortie de la période de questions.
« Je peux vous annoncer que, dans la circonscription d ’O
ut remont , c ’e st rég lé , a-t-il ajouté. Nous au rons
une candidate et j’aurai l’occasion de vous la présenter
officiellement. »
M.
Coderre n’a pas voulu divulguer l’identité de cette
candidate, mais il n’a pas nié les informations de La
Presse selon lesquelles il s’agirait de Nathalie Le
Prohon. Mme Le Prohon, dans la quarantaine, est membre de
divers conseils d’administration, dont celui
d’Hydro-Québec.
M. Cauchon étant en voyage d’affaires en Chine, il a été
impossible d’obtenir sa réaction.
Militants mécontents
La décision de la présidente de l’association locale
d’écrire à Michael Ignatieff, mercredi, pour lui demander
de désigner Martin Cauchon à titre de candidat, a fait des
vagues parmi les militants libéraux d’Outremont.
Comlan A mouzou, viceprésident de l’association de la
circonscription, qui lorgne lui-même l’investiture, a dit
ne pas avoir été consulté par la présidente de
l’association, Diane Phaneuf, avant que cette dernière
fasse parvenir sa lettre au chef. « Personne n’en veut,
ici, de candidat désigné », a dit M. Amouzou.
« Personne n’est contre M. Cauchon, mais ce n’est pas
normal que son retour se prépare dans le secret », a pour
sa part déploré un autre militant, Mike Meideros.
«Cela fait longtemps que la direction de l’association
locale prépare le retour de M. Cauchon. Malheureusement,
avant d’envoyer sa lettre, Mme Phaneuf n’a consulté
personne», a-t-il ajouté.
Des militants demandent à Ignatieff
d’intervenir
La tension
monte entre les libéraux dans la circonscription
d’Outremont. Au moment où Denis Coderre s’apprêterait à
nommer une candidate-vedette pour y représenter les
couleurs du parti, les militants de l’association locale
se mobilisent pour faire désigner l’ex-député Martin
Cauchon.
PHOTO ROBERT SKINNER,
ARCHIVES LA PRESSE
Martin
Cauchon
s’adresse à Michael Ignatieff sous l’oeil attentif de
Denis Coderre, pendant la course à la direction du Parti
libéral, en 2006.
Selon nos sources, la candidate que Denis Coderre a en
tête est Nathalie Le Prohon, une femme d’affaires de
Montréal dans la quarantaine, qui a été PDG de Nokia et
qui est maintenant membre d’une série de conseils
d’administration, dont celui d’Hydro-Québec, en plus
d’avoir été nommée au Comité de vérification de la Défense
canadienne.
Dans une lettre envoyée hier à Michael Ignatieff et
obtenue par La Presse, la présidente de l’Association
libérale d’Outremont, Diane Phaneuf, a officiellement
demandé au chef libéral de «bien vouloir désigner
l’honorable Martin Cauchon au titre de candidat du Parti
libéral du Canada dans le compté d’Outremont lors de la
prochaine élection générale».
« Au cours des dernières semaines, l’honorable Martin
Cauchon nous a fait part de son souhait de retourner à la
vie politique active et en ce sens, il a formulé le désir
de soumettre à nouveau sa candidature à titre de député
d’Outremont représentant le PLC », liton dans la missive,
signée au nom de l’Association libérale fédérale
d’Outremont et de son Conseil de direction.
La Presse a aussi appris qu’un leader de la communauté
hassidique d’Outremont, communauté qui représente
traditionnellement une base électorale importante pour le
Parti libéral dans cette circonscription, a aussi contacté
le bureau du chef Michael Ignatieff pour lui faire
connaître sa préférence pour la candidature de Martin
Cauchon.
Rivalité
Selon des
sources au PLC, l’actuel branle-bas de combat de militants
dans cet ancien bastion a été provoqué par la rivalité qui
existe entre Martin Cauchon et le lieutenant du Québec de
Michael Ignatieff, Denis Coderre.
À titre de lieutenant, M. Coderre a la responsabilité de
trouver des candidats dans les 75 circonscriptions de la
province. Or, ses mauvaises relations avec son ancien
collègue du Conseil des ministres l’auraient amené à
tenter de l’écarter du paysage politique pour les
prochaines élections.
Mais de toute évidence, cette décision de M. Coderre, qui
depuis sa nomination se fait accuser à mots à peine
couverts de placer ses propres intérêts avant ceux du
parti, ne fait pas l’unanimité.
« Nous sommes conscients que ce comté peut être attrayant
pour d’autres candidats potentiels, a écrit Diane Phaneuf
dans sa lettre. Mais nous vous soumettons respectueusement
qu’au cours des années passées comme député d’Outremont,
l’honorable Martin Cauchon a su gagner la confiance de ses
concitoyens et qu’il a l’appui indéfectible de
l’organisation du comté.»
Tout indique que c’est Michael Ignatieff qui sera appelé à
trancher ce débat inconfortable. À son bureau, hier, on a
en effet indiqué que les présidents nationaux et régionaux
du PLC sont responsables d’étudier les candidatures et de
faire ensuite une recommandation au chef. On s’est refusé
à tout autre commentaire.
Il avait été impossible de joindre Denis Coderre et Martin
Cauchon, en voyage d’affaires en Chine, au moment de
mettre sous presse.
Layton est prêt à couler Harper - Joël-Denis
Bellavance
Le premier
ministre « n’a pas l’intention de changer de direction »,
accuse le chef du NPD
OTTAWA — Stephen Harper ne pourra compter sur l’appui du N
PD pour assurer la survie de son gouvernement minoritaire
conservateur à la Chambre des communes cet automne.
PHOTO ADRIAN WYLD, LA
PRESSE CANADIENNE
Jack
Layton a rencontré Stephen Harper hier, en prévision de
la rentrée parlementaire.
Alors que les libéraux menacent de déposer une motion de
censure envers le gouvernement conservateur à la fin
septembre, M. Harper a rencontré le chef du NPD, Jack
Layton, hier, afin de discuter de dossiers qui devraient
être traités en priorité à la reprise des travaux
parlementaires, le 14 septembre.
Mais au terme de cette rencontre, les deux hommes sont
restés bien campés sur leurs positions dans une foule de
dossiers qui ont été abordés durant ce tête-à-tête. «M.
Harper n’a pas l’intention de changer de direction», a
affirmé M. Layton en conférence de presse après la
rencontre.
Le chef du NPD a affirmé que le premier ministre ne semble
toujours pas saisir l’ampleur de la gravité de la
récession qui a frappé le pays. Il s’est aussi dit déçu du
refus du gouvernement Harper de modifier sa politique dans
le dossier de l’assurance emploi. Le NPD, le Bloc
québécois et le Parti libéral pressent le gouvernement
conservateur de ramener à 360 heures le seuil
d’admissibilité dans l’ensemble du pays pour qu’une
personne puisse obtenir des prestations d ’a s s u r a n c
e e m pl o i . À l’heu re actuelle, ce critère de 420 à
700 heures selon la région économique. « Ce qui m’a
frappé, c’est qu’il ne semble vraiment pas comprendre
l’ampleur du chômage qui continue d’empirer et l’urgence
d’adopter de nouvelles mesures pour créer des emplois », a
affirmé M. Layton.
Il a aussi affirmé que des trois partis de l’opposition,
le N PD était le moins susceptible d’accorder son sout ien
au x con ser vateu r s pou r leur permettre de se
maintenir au pouvoir.
Motion de
censure
Les libéraux de Michael Ignatieff comptent profiter d’une
journée de l’opposition qu i leu r sera accordée le 30
septembre afin de déposer une motion de censure envers le
gouver nement H a r per. Si les libéraux obtiennent
l’appui du NPD et du Bloc québécois, le gouvernement
conservateur sera défait aux Communes et des élections
générales auront lieu le 9 novembre ou le 16 novembre. Si
des élections ont lieu cet automne, il s’agira du
quatrième scrutin en cinq ans. Un scrutin fédéral coûte
300 millions de dollars aux contribuables.
Un porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, a
indiqué que la rencontre entre M M. Harper et Layton a été
«cordiale». Toutefois, il a mis en doute les intentions du
chef du NPD à moins de trois semaines de la rentrée
parlementaire.
«Dans notre esprit, il est clair que le N PD veut
travailler avec les libéraux et le Bloc québécois. M.
Layton a demandé cette rencontre peut-être pour prétendre
qu’il ne travaille pas avec ses partenaires de la
coalition. Mais la réalité est que c’est exactement ce
qu’il fait», a dit M. Soudas.
«À 79 reprises, M. Layton et son parti ont voté
non-confiance envers le gouver ne ment , mê me q u a nd
les mesures que nous mettions en oeuvre étaient des mesure
que le NPD demandait», a-t-il ajouté.
Il n’est pas prévu, pour le moment, que M. Harper
rencontre les chefs des deux autres partis de
l’opposition, soit le libéral Michael Ignatieff et le
bloquiste Gilles Duceppe.
Les lacunes des conservateurs émergent plus que
leurs forces
— Les
Canadiens ont plus de facilité à énumérer les lacunes du
gouvernement conservateur de Stephen Harper que d’en trouver
les forces. C’est du moins ce que révèle un sondage exclusif
réalisé du 26 mai au 1er juin par la firme Nanos pour le
compte de La Presse.
PHOTO
Selon Nik Nanos, président de la firme
de sondage du même nom, il appert que Stephen Harper est
devenu la cible du mécontentement de plusieurs Canadiens.
Cela suggère, dit-il, qu’il est devenu « le paratonnerre du
mécontentement de la population ».
Pour connaître la véritable opinion qu’ont les Canadiens des
conservateurs de Stephen Harper, Nanos leur a demandé, sans
suggérer de réponse, d’énumérer les forces et les faiblesses
du gouvernement.
Les résultats devraient inquiéter les stratèges conservateurs
au moment où les libéraux de Michael Ignatieff n’écartent pas
l’idée de provoquer des élections dès la semaine prochaine.
Selon le sondage, 65% des Canadiens peuvent nommer
spontanément une lacune du gouvernement conservateur au
pouvoir depuis février 2006, mais seulement 35% sont capables
de souligner une qualité.
« Cette
recherche nous aide à mieux saisir l’image globale qu’ont les
Canadiens du gouvernement conservateur. Les Canadiens voient
plus facilement ses faiblesses que ses forces. Près d’un
Canadien sur cinq estime que le gouvernement n’a aucun côté
positif. Cela devrait inquiéter les conservateurs », soutient
Nik Nanos, le président de la firme de sondage.
Parmi les faiblesses du gouvernement, les Canadiens ont cité
le premier ministre Stephen Harper (11,6%), le manque de
transparence (7,7%), l’idéologie de droite (4,6%), la gestion
de l’économie (4,3%), le manque d’écoute (4,3%), l’arrogance
(3,2%), entre autres choses.
Ceux qui ont pu nommer une force ont notamment cité Stephen
Harper (5%), la gestion de l’économie ( 3,5%), les promesses
tenues (3,2%), l’efficacité du gouvernement (3,1%), la
continuité (2,2%) et le fait que les conservateurs soient au
pouvoir (2,2%).
Pour Nik Nanos, il appert que Stephen Harper est devenu la
cible du mécontentement de plusieurs Canadiens. « Dans
l’ensemble, Stephen Harper a deux fois plus de chances d’être
perçu comme une faiblesse que comme une force pour le
gouvernement. Cela suggère qu’il est devenu le paratonnerre du
mécontentement de la population. Cela n’est pas étonnant
puisque, depuis le début, la stratégie des conservateurs a été
de faire de Stephen Harper le coeur de l’image du gouvernement
», souligne M. Nanos.
Pour corriger le tir, « ils doivent changer l’opinion qu’ont
certains Canadiens de Stephen Harper, ou encore tenter de
régionaliser le visage de l’équipe conservatrice », dit-il
Les conservateurs et Stephen Harper s’enfoncent encore
davantage
LeBloc reprend la tête au Québec
« Au niveau de
la satisfaction, c’est très faible, les intentions de vote
stagnent… Le déclin des conservateurs au Québec est bel et
bien confirmé.»
— Le Bloc québécois a repris la tête dans les intentions de
vote au Québec, après avoir cédé le premier rang au Parti
libéral du Canada, le mois dernier. Pendant ce temps, la
situation est loin de s’améliorer pour le Parti conservateur
et pour Stephen Harper, qui atteignent de nouveaux sommets
d’impopularité.
Un sondage CROP-La Presse mené au Québec entre le 14 et le 24
mai derniers montre que le Bloc récolte désormais 36% des
intentions de vote, par rapport à 32% pour le PLC. Le Parti
conservateur et le NPD sont restés stables depuis le dernier
coup de sonde de CROP, avec des scores respectifs de 15% et
12%.
Le sondage comporte une série de mauvaises nouvelles pour les
conservateurs. D’abord, le taux de satisfaction des Québécois
à l’égard du gouvernement fédéral a atteint un nouveau creux
depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs à l’hiver 2006.
En tout, 65% des répondants au sondage se sont dits plutôt ou
très insatisfaits de sa gestion des affaires de l’État. C’est
le pire score depuis les 75% obtenus par le gouvernement
libéral de Paul Martin, quelques jours avant sa défaite
électorale de 2006.
Puis, les troupes de Stephen Harper ont glissé au troisième
rang des intentions de vote dans leur bastion de la région de
Québec, tout juste derrière le Bloc québécois et à 10 points
du Parti libéral. À ce chapitre, le PLC termine au premier
rang, avec 33%. C’est du jamais vu depuis janvier 2004, soit
quelques semaines avant la publication du rapport dévastateur
de la vérificatrice générale sur le scandale des commandites.
Enfin, M. Harper a obtenu son pire score à la question: qui
ferait le meilleur premier ministre du Canada. Il a récolté
15% des voix, contre 39% pour Michael Ignatieff et 21% pour
Jack Layton. Le dernier chef fédéral à obtenir 15% était
Stéphane Dion, quelques jours avant que les conservateurs ne
déclenchent les dernières élections.
« Au niveau de la satisfaction, c’est très faible, les
intentions de vote stagnent… Le déclin des conservateurs au
Québec est bel et bien confirmé », observe Maïalène Wilkins,
analyste chez CROP.
Stabilisation
des libéraux
C’est une tout autre histoire pour les libéraux. Les résultats
du dernier sondage CROP-La Presse mené au Québec le mois
dernier, du 16 au 26 avril, les plaçaient au premier rang des
intentions de vote au Québec pour la première fois depuis le
début de l’année 2004, avec 37%, contre 31% pour le Bloc. Mais
selon Mme Wilkins, cette chute de 5 points en un mois n’est
pas nécessairement désastreuse pour les troupes de Michael
Ignatieff.
« Lorsque notre sondage a été fait au mois d’avril, c’était
une période particulière, explique l’analyste. C’était
vraiment le moment où M. Ignatieff était très, très présent au
Québec. Il y avait une forte présence médiatique, il avait été
à Tout le monde en parle, il y avait le lancement de son
livre, son discours à Laval était assez récent. L’opération
charme d’Ignatieff était en cours. »
« Ce mois-ci, c’est comme si les choses s’étaient stabilisées
», note-t-elle.
« On observe une remontée du PLC depuis janvier et le parti
est redevenu l’alternative au Bloc au Québec, pour ce qui est
de l’option fédéraliste. »
Le sondage CROP-La Presse a été mené par téléphone auprès de
1001 personnes. La marge d’erreur est de 3 points, 19 fois sur
20. À noter que la marge d’erreur pour les échantillons
régionaux, comme celui de la région de Québec, est supérieure.
Reste à savoir si ces résultats influenceront la décision du
Parti libéral de tenter de provoquer – ou non – des élections
avant l’été. Lundi encore, Michael Ignatieff n’a pas écarté
cette possibilité. Or, quelques heures plus tard, le groupe
CanWest a rendu public un nouveau sondage de la firme Ipsos
Reid, qui indique que le Parti conservateur a repris la tête
dans l’ensemble du Canada, avec 35% des intentions de vote –
une avance de 2 points sur le PLC.
Harper en récession, Iggy stagne -
VINCENT MARISSAL
Le Bloc,
dans les circonstances, redevient la bonne vieille valeur
refuge, d’autant plus que Gilles Duceppe a un avantage
qu’aucun de ses adversaires n’aura jamais au Québec: une
intimité avec l’électorat québécois.
Co mme l ’ é c o n o mi e canadienne, le Parti conservateur
de Stephen Harper est officiellement en récession. Selon la
maison de sondage CROP, le gouvernement de Stephen Harper
vient de connaître deux trimestres de croissance négative,
aussi bien dans les intentions de vote que pour le taux de
satisfaction des électeurs.
Et contrairement à l’économie, aucun signe positif ne laisse
présager une reprise prochaine pour les conservateurs. En
fait, le PCC est gelé à 15% dans les intentions de vote
générales et congelé à 13% chez les électeurs francophones.
De plus la cote du gouvernement et du premier ministre sont
aussi au plus bas: 65% de taux d’insatisfaction à l’endroit
du gouvernement (un « record » pour le gouvernement Harper)
et seulement 15% pour M. Harper à la question « quel chef
ferait le meilleur premier ministre », contre 39% pour
Michael Ignatieff et 21% pour Jack Layton.
Seule note encourageante pour les conservateurs : ils
s’accrochent à 23% dans la région de Québec (contre 33% pour
les libéraux et 24% pour le Bloc) et peuvent ainsi espérer
sauver quelquesuns de leurs sièges. Ailleurs au Québec, ils
font la lutte au NPD pour la troisième place.
Il y a une autre « bonne » nouvelle pour les conservateurs
dans ce sondage: le Parti libéral de Michael Ignatieff a
stoppé sa progression et montre même les premiers signes de
recul. En un mois, le PLC a perdu 5% dans les intentions de
vote générales et 6% chez les électeurs francophones. Dans
les deux cas, c’est le Bloc qui profite du recul libéral.
Cette correction des intentions de vote du PLC ne rapporte
rien aux conservateurs puisque ce sont les bloquistes qui
récoltent, mais elle limite tout de même, si elle devait se
confirmer dans les prochains mois, les gains possibles des
libéraux.
Comment expliquer le tassement des appuis des libéraux?
Dans un autre sondage rendu public hier, la firme Angus Reid
affirme que les publicités négatives lancées par les
conservateurs contre Michael Ignatief f ont freiné son élan.
Il est vrai que ces publicités ont beaucoup fait jaser
(c’est le but premier d’un tel exercice). Elles ont
peut-être semé le doute dans l’esprit de certains électeurs
qui ont décidé de retourner au Bloc québécois pour le
moment. C’est donc dire que les conservateurs font la job de
bras pour le Bloc, mais ça aussi, c’était voulu.
Il est vrai aussi que les libéraux sont bien discrets depuis
leur congrès de Vancouver, il y a près d’un mois. Michael
Ignatieff ne semble compter que sur sa personnalité et il
n’a donné à ce jour aucune raison, aucun argument politique,
aux électeurs.
Le Bloc, dans les circonstances, redevient la bonne vieille
valeur refuge, d’autant plus que Gilles Duceppe a un
avantage qu’aucun de ses adversaires n’aura jamais au Québec
: une intimité avec l’électorat québécois.
Vrai, le
Bloc ne prendra jamais le pouvoir, mais avec le Bloc, les
Québécois savent à quoi s’attendre. Pas avec Michael
Ignatieff.
Le danger pour le nouveau chef libéral est que la curiosité
des Québécois à son égard s’estompe, que ceux-ci « kick les
pneus », comme disent les Anglais, mais qu’ils décident de
garder leur vieille voiture.
Malgré le recul, les libéraux affirmaient hier suivre un
plan de match prévu et voulu. Pas question de sortir tout de
suite les gros morceaux du futur programme politique, qui
deviendraient alors des cibles de choix pour les
conservateurs. Trop en faire en ce moment serait
contre-productif, disent des conseillers de Michael
Ignatieff.
Vaut mieux garder les munitions pour donner un grand coup
dès la rentrée. En dépit des quelques pas en arrière de
Michael Ignatieff cette semaine, le scénario d’élections à
l’automne tient toujours pour les libéraux.
Pas le choix, disent des libéraux interrogés. Il serait trop
risqué de laisser survivre le gouvernement. Selon un
stratège libéral, Michael Ignatieff a appris ce qu’il ne
faut pas faire quand il était le chef adjoint de Stéphane
Dion: menacer sans cesse le gouvernement, puis s’écraser
chaque fois que l’occasion de le renverser se présente.
Les libéraux croient par ailleurs que, selon toute logique,
le gouvernement se défera seul, aidé en cela par la
récession.
Le déficit record en vue (plus de 50 milliards) et les
pertes d’emplois anticipées feront plus, disent les
libéraux, que toutes les charges à fond de train contre le
gouvernement.
À condition, bien sûr, que le recul enregistré par CROP le
mois dernier, ne soit que passager. Autrement, c’est le
Bloc, encore une fois, qui profitera le plus de la
conjoncture.
Pendant ce temps, à Québec, Jean Charest s’en tire
relativement bien, compte tenu du mauvais printemps assombri
par le dépôt d’un premier budget déficitaire, par les
déboires de la Caisse de dépôt et par les tergiversations
entourant le nouveau code d’éthique.
Le Parti québécois de Pauline Marois est en tête, mais pas
de beaucoup. Compte tenu de la quasi-disparition de l’ADQ de
l’écran radar politique, le PQ devrait normalement être plus
haut dans les intentions de vote. Idem pour la cote de
confiance envers sa chef.
Parlant de l’ADQ, ses militants auront au moins une bonne
nouvelle pour leur conseil général, en fin de semaine à
Sainte-Foy: selon CROP, une majorité de Québécois croient
que le parti survivra au départ de Mario Dumont (48% contre
40%).
Le déclenchement du scrutin 2008 était-il
légal ? - Sue Bailey
Loi
fédérale sur des élections à date fixe
OTTAWA — Un juge de la Cour fédérale du Canada devra
décider si la décision du premier ministre Stephen
Harper de déclencher des élections générales, il y a
exactement un an, était illégale.
Des avocats ont débattu de la question, hier, et le
verdict à venir pourrait créer un précédent non
seulement au Canada, mais ailleurs dans le monde.
En septembre 2008, M. Harper a demandé la dissolution du
Parlement et forcé la tenue d’un troisième scrutin
national en quatre ans, malgré le fait qu’il avait
lui-même apporté un amendement à la Loi électorale du
Canada, en 2007.
Selon cet amendement, les prochaines élections ne
pouvaient avoir lieu avant le 19 octobre 2009, à moins
que le gouvernement ne soit battu à la suite d’une
motion de défiance. Des élections fédérales devaient
ensuite être tenues tous les quatre ans.
La loi n’interdit pas clairement au premier ministre de
devancer une motion de défiance et de demander à la
gouverneure générale de dissoudre le Parlement, ce que
Michaëlle Jean a accepté de faire.
Néanmoins, l’organisme Démocratie en surveillance
soutient que la « décision opportuniste de M. Harper »
contrevenait à l’esprit, voire au sens de la loi.
Un coordonnateur de Démocratie en surveillance, Duff
Conacher, a affirmé que M. Harper avait soit enfreint la
loi, soit brisé la promesse qu’il avait faite en 2006
d’interdire le déclenchement d’élections précipitées
selon les humeurs d’un premier ministre.
M. Conacher soutient aussi que M. Harper a transgressé
son droit à des élections justes et équitables, garanti
par la Charte des droits et libertés, ditil, et confirmé
par la Cour suprême du Canada.
M.
Conacher veut une décision qui confirme que le geste de
M. Harper était illégal.
« C’est exactement ce genre d’actions que la loi (sur
les élections à date fixe) devait empêcher », a fait
remarquer l’avocat de Démocratie en surveillance, Peter
Rosenthal, au juge Michael Shore.
Démocratie en surveillance soutient que le gouvernement
Harper n’avait aucune raison de forcer la tenue d’un
vote, à part l’impression qu’il était en position de
gagner la majorité des sièges de la Chambre des
communes.
Il n’a toutefois pas remporté cette majorité, et il fait
maintenant face à une opposition qui semble déterminée à
imposer la tenue d’un quatrième scrutin en cinq ans.
Le juge Shore a pris l’affaire en délibéré et sa
décision ne sera vraisemblablement pas dévoilée avant
plusieurs semaines, sinon quelques mois.
Lorsque ce verdict sera connu, il établira des
précédents relativement à des législations de même type
à TerreNeuve-et-Labrador, à l’Île-du-PrinceÉdouard, en
Ontario, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique ainsi
que dans les Territoires du Nord-Ouest.
Si le juge Shore donne raison à Démocratie en
surveillance, l’organisme envisagera la possibilité de
déposer u n recou rs collectif a fin de rembourser aux
contribuables la somme de 350 millions $ dépensée lors
des dernières élections. Il exigera également
l’établissement d’une période de 30 à 60 jours, qui
serait ajoutée à la loi, pour permettre à toutes les
formations politiques de bien se préparer en vue d’une
campagne électorale avant qu’elle ne commence.
Selon l’avocat du gouvernement, Robert MacKinnon,
Démocratie en surveillance demande au juge de trancher
sur une question morale et non légale. Il a ajouté que
les changements relatifs aux élections à date fixe ne
diminuaient en rien les pouvoirs de la gouverneure
générale de dissoudre le Parlement, « si elle le juge
nécessaire ».
La « grande passe de 2001 » - VINCENT
MARISSAL
La «
grande passe de 2001 » a aussi permis aux députés
d’augmenter considérablement leurs prestations de
retraite, calculée, cela va de soi, sur le salaire
annuel.
Depuis 5 ans, le salaire de base d’un député fédéral est
passé de 141 200$ à 157 713$, un bond de 12%. Pas mal
pour des gens qui se plaignent souvent de « perdre de
l’argent » en faisant de la politique.
Les
députés
fédéraux n’ont peut-être pas la possibilité de
combiner allocation de transition et pension de
retraite comme leurs confrères à Québec, mais ils ont
tout de même connu une hausse de salaire importante
depuis cinq ans.
Par comparaison, le revenu moyen des travailleurs (à
temps complet) canadiens n’a augmenté que de 6% entre
2002 et 2007 (de 50 000$ à 53 000$ selon les derniers
chiffres de Statistique Canada).
Les députés fédéraux vous diront que leur salaire a
fortement augmenté au début des années 2000 parce que
l’on a intégré leurs allocations de dépenses non
imposables dans leur rémunération (imposable) globale.
Vrai, mais en fouillant un peu, on s’aperçoit que les
allocations de dépenses n’ont pas complètement disparu
même si le salaire de base a considérablement augmenté.
En 2001, le nouveau régime de rét r ibut ion des députés
devait él iminer l’al location non imposable de 23 000$.
On devait alors hausser le salaire des élus fédéraux
pour tenir compte de l’impôt et ceux-ci devaient se
débrouiller avec leur chèque.
Or les députés t ouchent encore aujourd’hui , en plus de
leur salaire de base de 157 713 $, une allocation
globale de dépenses (déplacements et logement) de 24 500
$ par année. Ils peuvent utiliser cette cagnotte pour
payer les frais de location d’un appartement (ou d’une
chambre d’hôtel) à Ottawa ou, s’ils sont propriétaires
d’une maison dans la capitale, pour payer les dépenses
courantes, à raison de 28,42$ par jour.
Salaire
en forte hausse, maintien des allocations de dépenses,
ce qui devait inaugurer un nouveau régime de
transparence est plutôt devenu la « grande passe de 2001
».
La « grande passe de 2001 » a aussi permis aux députés
d’augmenter considérablement leurs prestations de
retraite, calculée, cela va de soi, sur le salaire
annuel.
Au moins, les députés fédéraux ne peuvent, contrairement
à leurs collègues québécois, cumuler pension de retraite
et allocation de départ lorsqu’ils sont battus ou qu’ils
se retirent. Le versement de la pension commence à 55
ans. Après cet âge, les députés ne peuvent toucher
d’indemnité de départ. Avant 55 ans, un député qui
démissionne, qui est battu ou qui ne se représente pas a
droit à une indemnité de six mois (basée sur son salaire
annuel).
En plus de leur salaire, de leur pension et de leur
régime d’assurance, les députés ont aussi droit à
quelques petits extras : 64 vols aller-retour pour eux
et leur famille et l’utilisation gratuite partout et en
tout temps des trains de VIA Rail.
On leur sert même un buffet chaud ou froid dans
l’antichambre des Communes lorsqu’ils siègent.
Les plus radins s’empiffrent au buffet et réclament
ensuite l’indemnité quotidienne pour repas…
Le Parlement n’existe plus -
Robert Asselin
La
décision du premier ministre Stephen Harper de
proroger les travaux des Communes est choquante à
bien des égards. En annonçant sa décision en
catimini le 29 décembre, au beau milieu du congé des
fêtes, le geste est d’un cynisme mesuré.
Sans raison valable, le premier ministre a fait un
quelconque calcul politique qu’il valait mieux que
les Communes ne siègent pas pour quelque temps.
Soit, on sait depuis un certain temps que ce premier
ministre carbure à la stratégie politique et qu’il
ne se soucie guère des apparences.
Ce n’est pas ce qui est le plus désolant dans cette
affaire. Le Parlement, ce lieu ou nos représentants
dûment élus devraient incarner la pratique
démocratique de notre pays, serait ainsi devenu
nuisible au bon fonctionnement du gouvernement. Le
travail entamé au sein des comités parlementaires,
les projets de loi à l’étude, tout ça devient
trivial et impertinent. Le Parlement serait ainsi
devenu un banal instrument politique à la
disposition du premier ministre.
Au fil des ans, notre système parlementaire a perdu
de sa pertinence. La branche exécutive du
gouvernement, largement dominé par le premier
ministre et ses conseillers, a dominé notre système
politique. Sous Stephen Harper, seuls quelques
ministres ont le droit de s’exprimer publiquement,
les autres étant réduits à signer la correspondance
ministérielle.
Depuis
quelques décennies, la grande majorité des décisions
qui affectent les Canadiens ne sont même plus
débattues au sein de notre Parlement. Le seul aspect
visible des travaux des Communes, la période des
questions, est devenu un affrontement partisan qui
gargarise les bases les plus militantes des partis
politiques et sert de théâtre pour nos médias
télévisuels. Il n’y a plus de débat de fond.
Il faut juste avoir l’air convaincu et montrer un
peu d’émotion devant la caméra. Au nom de leur
ministre, les secrétaires parlementaires y vont tour
à tour lire des platitudes préparées par des
fonctionnaires pour défendre leur projet de loi.
Faisant fi de la pratique parlementaire, le premier
ministre rend compte de la situation économique du
pays en sortant d’un avion en Chine. La branche
législative, gardienne de l’imputabilité
démocratique, semble impuissante.
En vertu de notre Constitution d’inspiration
britannique, notre Parlement est souverain. En
théorie, c’est à lui que nous confions la
responsabilité de poser le dernier jugement en notre
nom collectif. Quand nous votons aux élections, nous
élisons un député pour nous représenter aux Communes
et c’est le parti qui fait élire le plus grand
nombre de députés qui forme le gouvernement. Nous
n’élisons pas un chef de gouvernement au suffrage
universel, comme le font les Américains.
Nonobstant la ligne de parti, nécessaire pour
assurer la stabilité du gouvernement, il est
possible pour nos représentants d’assurer un minimum
d’imputabilité gouvernementale. L’épisode de la
crise politique de décembre 2008, où les trois
partis d’opposition avaient convenu de former une
coalition, en est un excellent exemple. Mais quand
le premier ministre met fin sans raison valable aux
travaux du Parlement, pour la deuxième fois en un
an, cette imputabilité démocratique disparaît.
Notre système politique a été conçu pour assurer une
certaine stabilité dans la conduite des affaires de
l’État. Le pouvoir a toujours été concentré dans les
mains de l’exécutif, mais à force d’usurper les
conventions constitutionnelles en sa faveur, le
premier ministre est devenu une sorte d’empereur aux
pouvoirs illimités qui peut décider à sa guise quand
nos instances démocratiques ont le droit ou non
d’exercer leurs prérogatives constitutionnelles.
Cela a de quoi amuser les pays à qui nous faisons de
grandes leçons de démocratie.
Un rapport prône une révision de la
liste d’interdiction de vol
OTTAWA — Des consultants indépendants ont conseillé
au ministère fédéral des Transports de revoir de
fond en comble sa liste d’interdiction de vol.
Ces consultants, embauchés par le ministère, ont
conclu que Hani Al Telbani n’aurait jamais dû être
empêché de prendre l’avion. Dans une évaluation
cinglante de la liste d’interdiction de vol, connue
sous le nom de Programme de protection des
passagers, les conseillers indépendants en sécurité
Allan Fenske et Wendy Sutton ont recommandé à
l’organisme fédéral de retirer du registre le nom de
cet étudiant montréalais.
Le rapport a été commandé par le Bureau de réexamen
de Transports Canada, lequel examine les plaintes
déposées par des personnes qui se sont vu refuser le
droit de prendre l’avion parce que leur nom figurait
sur la liste d’interdiction de vol.
Bien
qu’il ait été terminé en octobre 2008, le rapport
n’a été dévoilé que récemment, par la Cour fédérale,
où M. Al Telbani a déposé une poursuite contre le
gouvernement.
Entrée en vigueur en juin 2007, la liste
d’interdiction de vol a été mise sur pied pour
empêcher des personnes considérées comme une menace
à la sécurité aérienne de prendre un avion en
partance ou à destination du Canada.
Le rapport des consultants recommande à Transports
Canada de revoir la manière dont sont choisis les
noms figurant sur la liste d’interdiction de vol. Le
document pourrait avoir d’importantes répercussions
non seulement pour le cas de Hani Al Telbani, mais
également pour le Programme de protection des
passagers.
Le 4 juin 2008, M. Al Telbani , un résida nt de
Longueuil âgé de 27 ans, n’a pas pu monter dans
l’avion d’Air Canada qui devait l’amener de Montréal
à Riyad, en Arabie Saoudite, via Londres.
La Cour fédérale déclare invalide un autre
certificat de sécurité - Hugo de GrandPré
OTTAWA — Et de deux: après Adil Charkaoui, une
deuxième personne en quelques semaines voit son
certificat de sécurité déclaré invalide par la Cour
fédérale.
Dans une décision de 183 pages, le juge Richard
Mosley a décrété hier qu’il n’y avait plus de motif
raisonnable pour maintenir un certificat à l’endroit
d’Hassan Almrei.
Ce faisant, le magistrat a sévèrement critiqué le
Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS)
et les ministres responsables pour ne pas avoir
considéré toute l’information disponible, au moment
de renouveler la mesure, en février 2008. «Ils ont
cru avoir fait leur travail en 2001 et qu’il n’y
avait plus besoin depoursuivre leur enquête», a-t-il
noté.
Hassan Almrei, l’un des quatre hommes musulmans à
toujours faire l’objet d’un certificat de sécurité,
est détenu depuis octobre 2001. Le SCRS lui
reprochait entre autres de partager l’idéologie
d’Oussama Ben Laden, d’avoir entretenu des liens
avec des membres de réseaux «affiliés» à Al-Qaeda et
d’avoir fabriqué de faux documents.
Or, si les craintes des services de renseignements
canadiens pouvaient être justifiées dans la foulée
des attentats du 11 septembre 2001, elles n’avaient
plus leur place en 2008, lorsqu’ils ont émis un
nouveau certificat à la suite d’un jugement de la
Cour suprême, a tranché le juge Mosley.
«L’évaluation du SCRS en 2008 a été préparée, à mon
avis, sans considération suffisante de toutes les
informations en sa possession et sans considérer si
l’état des connaissances à propos du risque de
sécurité posé par des extrémistes islamistes à la
sécurité nationale avait évolué depuis qu’Almrei est
détenu », a-t-il écrit.
L’un
des experts cités par le juge, le professeur Brian
Williams de l’Université du Massachusetts, est allé
plus loin, qualifiant une portion du travail du SCRS
de «renseignement Wikipédia».
« C’est une critique très sévère du SCRS, a constaté
l’avocat d’Hassan Almrei, Lorne Waldman. Les gens du
SCRS devraient jeter un coup d’oeil attentif à ce
jugement et peut-être renvoyer certains de leurs
agents à l’école.»
Me Waldman a dit espérer que la Cour puisse ordonner
la révocation du certificat d’ici quelques jours, et
ainsi permettre à son client d’être enfin libre,
après huit ans de détention.
Il faudra toutefois attendre la décision des avocats
du fédéral: à la fin de son jugement, le juge Mosley
a ouvert la porte à une forme d’appel par le
gouvernement. Me Waldman a déclaré qu’il s’y
opposerait.
«Notre objectif est de s’assurer que les Canadiens
sont en sécurité face aux menaces terroristes », a
fait savoir le ministre de la Sécurité publique,
Peter Van Loan, par la voix d’un porte-parole.
Le ministre Van Loan a par ailleurs annoncé dans une
entrevue avec La Presse Canadienne qu’il travaillait
actuellement sur une réforme du système des
certificats de sécurité, qui existent depuis 1978.
Depuis 1991, 28 ont été émis. Outre Hassan Almrei,
Mohammed Mahjoub, Mahmoud Jaballah et Mohamed Harkat
tombent sous le coup de cette mesure déclarée en
partie inconstitutionnelle par la Cour suprême du
Canada en février 2007.
Le prix de la liberté - AGNÈS GRUDA
Quel
prix doit-on payer pour la liberté d’une jeune femme
séquestrée à l’autre bout du monde, et qui ne r êve
que d’u ne chose: rentrer chez elle avec ses trois
enfants?
Johanne
Durocher, la mère de Nathalie Morin, Québécoise
retenue contre son gré en Arabie Saoudite avec ses
trois enfants, déplore l’analyse des autorités
consulaires canadiennes qui considèrent la situation
de sa fille comme une « question familiale du
domaine privé ».
Saeed Al-Shahrani a présenté son « esti mation » le
mois dernier au personnel de l’a mbassade canadienne
en Arabie Saoudite. Et il s’agit de 300 000$ US. Si le
Canada lui paie cette somme, le Saoudien permettrait à
sa conjointe, la Québécoise Nathalie Morin, de
retourner au Canada. Il a aussi promis de lui céder la
garde légale de leurs trois enfants.
Le Canada n’a aucune intention de céder à sa requête.
Les autorités consulaires ont vérifié si celle-ci
pouvait être considérée comme une demande de rançon.
Leur réponse est non. Comme le remboursement de la dot
est légal en cas de divorce en Arabie Saoudite, « il
ne s’agit pas d’une situation de prise d’otage »,
conclut une responsable consulaire dans un courriel
envoyé à Johanne Durocher, la mère de Nathalie.
L’histoire de Nathalie Morin est donc une « question
familiale du domaine privé » et Ottawa n’a pas à se
mêler de ses affaires de divorce et de garde
d’enfants, aux yeux des autorités consulaires.
Pour Johanne Durocher, cette analyse est d’autant plus
aberrante que sa fille n’a jamais l é ga l e ment é
pousé Saeed Al-Shahrani. Le document saoudien qui
confirme l’état matrimonial du couple est une «
confirmation » d’un mariage qui aurait été conclu au
Québec. Mais qui, dans les faits, n’a jamais eu lieu.
La demande de 300 000$ ne peut donc pas être
considérée comme une démarche habituelle dans un
divorce à la saoudienne et Ottawa ne doit pas la
traiter comme telle, plaide-t-elle.
L’interprétation du Canada « n’a aucun bon sens »,
renchérit la députée bloquiste Francine Lalonde, qui
suit ce dossier depuis longtemps. « Ça me révolte, la
réaction de l’ambassade dénote une incompréhension
totale de l’enfer que vit Nathalie. »
Voilà le dernier rebondissement dans un feuilleton
dont la principale protagoniste est une Québécoise de
25 ans, séquestrée jour et nuit dans un appartement de
la ville saoudienne de Dammam. Et entièrement
dépendante d’un conjoint qui lui fournit la
nourriture, ne lui permet jamais de sortir seule, la
frappe à l’occasion. Un homme qui veut maintenant
monnayer son départ.
« Je suis coupable »
« Je suis coupable, c’est mon erreur, je le sais que
je suis coupable. Mais tout le monde a droit à une
deuxième chance. »
C’est sur cette scène filmée par Johanne Durocher, qui
a rendu visite à sa fille en juillet, que s’ouvre le
reportage diffusé ce soir à l’émission Enquête, à
Radio-Canada.
Un reportage dans lequel on sent toute l’impuissance
d’une femme confrontée à un dilemme cruel: abandonner
ses trois enfants, ou rester cloîtrée avec eux.
Au
printemps dernier, la mère de Nathalie Morin avait
envisagé de poursuivre Ottawa pour avoir négligé de
venir en aide à sa fille. Des documents obtenus par
Radio-Canada grâce à la Loi sur l’accès à
l’information révèlent pourtant que le dossier de
Nathalie Morin est l’un des plus actifs au ministère
canadien des Affaires étrangères.
Les agents consulaires de Riyad ont eu des dizaines
d’échanges de courriels et d’appels téléphoniques avec
Nathalie Morin et sa mère. Le dossier a fait l’objet
d’une douzaine de rencontres avec de hauts
fonctionnaires saoudiens. Il y a quelques jours, le
ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon en a
parlé avec son homologue saoudien, à Riyad. Une
rencontre qui n’a pas changé sa position: Nathalie
Morin doit régler son problème en faisant appel aux
lois saoudiennes.
Doit-on en conclure qu’Ottawa fait tout son possible
pour venir en aide à Nathalie Morin? Pas
nécessairement, nuance son avocat Julius Grey:
maintenant que l’on sait que le gouvernement a tenté
de l’aider, encore faut-il vérifier s’il n’a pas
commis d’omission majeure. Mais cet examen va prendre
du temps.
Amour en dents de scie
Le reportage d’Enquête retrace l’histoire de la jeune
femme depuis le jour où elle fait la connaissance de
Saeed, à l’âge de 17 ans, dans une pizzeria de
Montréal. Trois semaines plus tard, Nathalie tombe
enceinte. Le couple doit s’épouser, mais le jour J,
elle ne se présente pas à la mosquée. C’est une
histoire d’amour en dents de scie, qui se complique
quand Saeed est expulsé du Canada, après avoir été
mêlé à une agression armée.
Le jeune homme se lance alors à la reconquête de
Nathalie. Il lui promet l’amour sur les plages
ensoleillées de son pays. Nathalie se convertit à
l’islam et fait quelques allers-retours en Arabie
Saoudite. Jusqu’à ce dernier voyage où, incapable de
vivre sans ses enfants, elle décide de « sacrifier sa
vie » pour eux.
Avec le temps, Nathalie découvre que Saeed Al-Shahrani
a un dossier trouble. Le gouvernement saoudien a
confisqué son passeport. Le Canada ne veut pas le
laisser entrer. Interviewé par Enquête, le ministre
Lawrence Cannon affirme être au courant de ce qui lui
est reproché, mais refuse de le révéler.
L’histoire de Nathalie n’est pas tout en noir et
blanc. Elle reçoit de l’aide, mais pas assez pour que
ses conditions de vie s’améliorent de façon notable.
Elle vit en recluse, dans une situation qui serait
considérée comme abusive au Canada – mais qui ne
contrevient pas aux lois saoudiennes.
Jusqu’où va le devoir du gouvernement canadien face à
des citoyens retenus à l’étranger où ils sont traités
conformément aux lois locales, aussi inéquitables
soient-elles?
« Traditionnellement, la protection diplomatique
relève du pouvoir de l’ État, et non du droit d’un
individu », explique le juriste François Crépeau.
Autrement dit, à quelques exceptions près, la
protection diplomatique s’arrête là où commence la loi
d’un autre pays. Les moeurs saoudiennes ont beau être
contraires à la conception canadienne des relations
entre les hommes et les femmes, la situation de
Nathalie Morin n’est probablement pas suffisamment
critique pour outrepasser ce principe, croit M.
Crépeau – qui souligne que des réactions récentes de
tribunaux tendent toutefois à élargir la
responsabilité du gouvernement face à ses expatriés.
I l reste l a négociation . François Crépeau est
convaincu que l’Arabie Saoudite a une « liste
d’épicerie » de dossiers qui permettraient à Ottawa de
faire pression sur Riyad pour trouver un terrain
d’entente avec Saeed.
À partir de là, tout est une question de prix.
Un millier de Canadiens dans les prisons
étrangères - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Omar Khadr n’est pas le seul Canadien
détenu à l’étranger. En tout, 1073 individus ayant
la citoyenneté canadienne se trouvent dans des
prisons un peu partout sur la planète, démontrent
des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi
sur l’accès à l’information.
Plus de la moitié de ces Ca nadiens, soit 551, sont
emprisonnés aux États-Unis, selon les dernières
données compilées par le ministère des Affaires
étrangères, datées de juillet dernier.
Il y a aussi 57 Canadiens qui purgent une peine de
prison en Chine, 55 au Mexique, 44 dans les Émirats
arabes et 33 en Grande-Bretagne.
L es deu x tiers de ces Canadiens sont nés au
Canada. Les autres sont des immigrés qui ont la
citoyenneté canadienne. Ils sont majoritairement des
hommes (89%) âgés entre de 21 à 49 ans.
En outre, 40 % de ces détenus purgent une peine liée
à une affaire de possession ou de trafic de
stupéfiants. Environ 11 % font face à une accusation
de meurtre tandis que 8 % sont accusés de fraude.
Depuis 2000, le nombre total de Canadiens qui
purgent une peine de prison à l’étranger a toujours
dépassé 1600 et a même atteint 2037 en 2008. Ce
nombre a donc diminué de près de la moitié jusqu’ici
par rapport au sommet de l’an dernier.
Projet de loi du NPD
Malgré tout, le député néodémocrate Paul Dewar, qui
compte déposer un projet de loi contraignant le
gouvernement canadien à se porter à la défense des
Canadiens détenus à l’étranger et à leur offrir les
services consulaires nécessaires, s’est dit surpris
par ces statistiques.
« Cela me convainc encore plus de la nécessité de
déposer mon projet de loi », a dit M. Dewar,
critique du NPD en matière d’affaires étrangères. «
Les Canadiens sont de plus en plus inquiets du fait
que le gouvernement ne reconnaît pas son devoir
constitutionnel de protéger nos citoyens à
l’étranger », a ajouté le député
M.
Dewar a ajouté que la loi qu’il propose est
nécessaire afin d’éviter que le gouvernement
canadien refuse de rapatrier des Canadiens détenus à
l’étranger, comme O ma r K had r, ma lg ré les déc
isions des t r ibu nau x qui les y obligent.
Le projet de loi du député Dewar viserait notamment
à imposer au gouvernement le devoir constitutionnel
de protéger les C a nad ien s à l’étranger, à
assurer des services consulaires constants et non
discriminatoires à tous les Canadiens en détresse et
à créer un bureau d’ombudsman indépendant qui serait
responsable de vérifier la performance du
gouvernement à cet égard.
Âgé de 22 ans, M. Khadr a été emprisonné à
Guantánamo par les États-Unis, qui l’accusent
d’avoir tué un soldat américain il y a sept ans en
lui lançant une grenade.
En avril, la Cour fédérale du Canada a statué que le
gouvernement canadien avait l’obligation de
rapatrier Omar Khadr, qui est né à Toronto. Le
gouvernement Harper a décidé d’en appeler devant la
Cour suprême du Canada.
Jusqu’ici, le premier ministre Stephen H a r per a
fa it valoir qu’il attendait de voir quel sort
l’administration de Barack Obama compte réserver à
Omar Khadr une fois que la prison de Guantánamo sera
fermée, l’an prochain. M. Harper a aussi soutenu que
le jeune doit répondre à des accusations « très
graves » devant la justice américaine.
Le procès intenté en cour ma r tia le cont re le jeu
ne Canadien a commencé il y a quatre ans et est
toujours en cours.
M. Khadr n’est pas le premier Canadien à obtenir un
jugement favorable des tribunaux pour que le
gouvernement fédéral l’aide à rentrer au pays. En
effet,
Abousfia n Abdel ra zi k , retenu du ra nt si x a ns
au Soudan, est rentré au pays durant l’été après que
le gouvernement fédéral eut épuisé tous les recours
juridiques et eut été contraint par les tribunaux de
le rapatrier.
Soupçonné d’avoir des liens avec u n réseau ter
roriste, M . Abdelrazik ne pouvait quitter le Soudan
parce que le gouvernement canadien refusait de lui
délivrer un passeport. La semaine dernière, ses
avocats ont annoncé qu’il intentait une poursuite de
27 m i l l ion s de dol la r s contre le
gouvernement fédéral et le ministre des Affaires
étrangères, Lawrence Cannon.
Les prétentions d’Adil Charkaoui -
Yves Boisvert
Si Adil Charkaoui a été une menace à la sécurité
nationale, ce n’est cer tainement plus le cas
aujourd’hui, après presque deux ans de détention
et des années de surveillance et de débats
judiciaires.
Mais voici qu’il se compare à Maher Arar et
laisse planer une menace de poursuite contre le
gouvernement canadien. Pas sûr, M. Charkaoui,
pas sûr du tout.
D’abord , Maher Ara r, citoyen canadien, a été
envoyé avec la complicité de la police
canadienne vers la Syrie, où il a été non
seulement emprisonné mais torturé pendant un an.
Une commission d’enquête a conclu à l’absence de
preuve contre M. Arar. Elle a critiqué
sévèrement la GRC et les services de
renseignement. Le gouvernement canadien a
ensuite présenté ses excuses et indemnisé M.
Arar à hauteur de 10 millions. M. Charkaoui,
originaire du Maroc, n’est pas citoyen canadien.
En observant ses liens avec diverses personnes
liées à la mouvance islamiste radicale, et en
apprenant qu’il avait fait un voyage jugé
suspect au Pakistan en 1998, le Service canadien
du renseignement de sécurité a conclu qu’il
était indésirable et qu’il devait être expulsé
du pays.
Il y a pour cela une procédure prévue à la Loi
sur l’immigration : le certificat de sécurité.
Depuis une trentaine d’années (donc bien avant
le 11 septembre), 27 personnes ont été l’objet
d’un tel certificat.
C’est une audience au cours de laquelle l’État
doit démontrer qu’il a des motifs raisonnables
de soupçonner la personne d’activités
criminelles, de terrorisme ou de ce qui pourrait
constituer unemenace à la sécurité nationale.
M. Charkaoui a été détenu pendant 21 mois, à
partir de 2003, puis a été soumis à une série de
conditions très sévères, notamment à la
surveillance électronique 24 heures sur 24.
En 2007, la Cour suprême a accueilli un recours
de M. Charkaoui, disant que cette procédure
viole les droits fondamentaux: la preuve est
largement secrète et ne peut même pas être
contestée par la personne visée.
La Cour suprême n’a pas pour autant invalidé la
procédure, elle a simplement forcé le
gouvernement conservateur à la récrire pour
prévoir un mécanisme de révision: un avocat
indépendant, lui, peut avoir accès à la preuve
et la tester. Ce qui fut fait, et les cinq
personnes visées par ces certificats au Canada
le sont maintenant suivant la nouvelle
procédure.
En fait, la Cour suprême a surtout confirmé la
légitimité d’une mesure exceptionnelle pour
permettre au Canada d’expulser les personnes
potentiellement dangereuses.
Bien entendu, le monde de l’espionnage est plein
de coups fourrés, de faux témoins et de
renseignements foireux. La juge Danièle
TremblayLamer, de la Cour fédérale, ne semble
pas particulièrement impressionnée par le
travail des services de renseignement canadiens
dans ce dossier, c’est le moins qu’on puisse
dire. Elle semble sur le point de rejeter
carrément ce certificat, et ce n’est pas pour
rien que M. Charkaoui a été libéré de son
bracelet électronique.
Mais faut-il en conclure que M. Charkaoui est
victime d’une erreur sur la personne ou d’un
acharnement injustifié ? On n’en est pas là du
tout si l’on se fonde sur le sommaire de la
preuve du gouvernement produit en cour et
pourtant déjà allégé de plusieurs éléments cet
été.
Adil Charkaoui a passé cinq mois au Pakistan en
1998. Le SCRS le soupçonne de s’être rendu
pendant cette période dans un camp
d’entraînement terroriste d’Al-Qaeda en
Afghanistan. Les recrues qui s’y rendaient
passaient par le Pakistan, et c’est la route
qu’a suivie, à peu près aux mêmes dates, Ahmed
Ressam, ce Montréalais arrêté à la frontière
canado-américaine en décembre 1999 dans une
voiture bourrée d’explosifs. Ressam était au
même camp que Zacarias Moussaoui, impliqué dans
les attentats du 11 septembre 2001.
Ressam a affirmé reconnaître Charkaoui sur deux
photos. Il a dit l’avoir vu au camp d’Al-Qaeda.
Toutefois, il a ensuite appelé le journaliste
Fabrice de Pierrebourg pour dire qu’il avait
menti.
M. Charkaoui, lui, affirme n’avoir pas mis les
pieds en Afghanistan. Tant au FBI qu’au SCRS et
à la Cour fédérale, M. Charkaoui a donné des
explications nébuleuses sur son voyage. Il y
était allépour renouer avec la religion
musulmane, a-t-il dit. Il ne semble pas capable
de donner beaucoup de détails.
Le SCRS a observé qu’il avait pris l’habitude,
au début des années 2000, d’utiliser très
souvent les téléphones publics, y compris en
face de chez lui.
M. Charkaoui a eu des liens avec Abousoufian
Abdelrazik, que le Conseil de sécurité de l’ONU
considère comme un extrémiste membre du réseau
Al-Qaeda. Il a aussi eu des contacts avec
Abdellah Ouzghar, qu’il a décrit comme un
innocent n’ayant rien à se reprocher, mais qui a
été condamné à cinq ans de prison en France pour
avoir facilité la fabrication de faux documents
à des fins terroristes.
Ce ne sont pas des preuves d’un complot
terroriste. Si c’était le cas, on lui ferait un
procès pour cela. Mais je conçois que ces
éléments, plus d’autres qu’on ne connaît pas,
peuvent constituer éventuellement un « soupçon
raisonnable » que, à tout le moins, M. Charkaoui
a flirté avec l’extrémisme islamiste.
J e ne s u i s donc pa s convaincu du tout qu’il
pourra prouver que, si sa réputation a été
entachée, c’est à cause du gouvernement
canadien, quels que soient les errements des
services secrets.
Dans toutes ces entrevues que donne M.
Charkaoui, j ’aimerais bien qu’on lui demande de
répéter son opinion sur le 11 septembre, cette
vaste « supercherie », comme il a dit à la cour,
lui qui croit que ben Laden n’aurait jamais pu
organiser pareille affaire.
J’aurais voulu causer avec lui, hier, mais il
m’a raccroché au nez quand je lui ai posé des
questions sur son voyage au Pakistan. Questions
tendancieuses, m’a-t-il dit, menace de poursuite
à l’appui.
Il n’a donc pas commencé à me convaincre que ce
certificat a été une erreur. Aujourd’hui, en
vérité, je ne le crois pas du tout.
Charkaoui n’exclut pas de
poursuivre Ottawa - Malorie Beauchemin
OTTAWA — Espérant que son certificat de sécurité
soit révoqué dès aujourd’hui, le Montréalais
Adil Charkaoui réclame au gouvernement fédéral
des excuses officielles et n’exclut pas de
poursuivre Ottawa en justice.
Adil Charkaoui a
recouvert entièrement la liberté jeudi
dernier, la juge Danièle Tremblay-Lamer ayant
révoqué son certificat de sécurité.
« La question n’est pas écartée. En ce moment,
mes avocats étudient toutes les avenues
juridiques », a répondu M. Charkaoui en
conférence de presse, hier, alors qu’on lui
demandait s’il allait intenter une poursuite au
civil pour obtenir une compensation financière.
« Quand on vous enlève votre permis
d’enseignement, quand on envoie de fausses
allégations sans preuve à toutes les agences
étrangères à travers le monde, qu’on m’empêche
de travailler, que je passe 21 mois en prison,
que je sois stigmatisé de la sorte, que je ne
puisse plus retourner dans mon pays d’origine,
moi je pense que ça mérite une compensation »,
at-il dit.
Le Montréalais d’origine marocaine était à
Ottawa, hier, pour réclamer des excuses au
gouvernement, qui l’a arrêté, emprisonné, puis
mis en liberté avec l’obligation de respecter de
nombreuses conditions, dont le port d’un
émetteur GPS à la cheville, en raison du
certificat de sécurité délivré contre lui.
Après six ans de bataille judiciaire, la juge
Danièle Tremblay-Lamer, de la Cour fédérale, a
ordonné jeudi dernier que M. Charkaoui r e couv
r e complè t ement la liberté.
Deux
ministres du gouvernement canadien, dans une
lettre datée du 31 juillet, avaient euxmêmes
reconnu que la preuve était « insuffisante »
contre M. Charkaoui, qu’Ottawa soupçonnait, en
2003, d’appartenir à Al-Qaeda. M. Charkaoui a
toujours clamé son innocence et réclamé l’accès
à la preuve détenue contre lui.
« Pendant six ans et demi, j’ai vécu avec
l’étiquette de présumé terroriste alors que je
n’étais même pas accusé ; je ne veux plus vivre
avec l’étiquette d’ex-présumé terroriste », a
dit hier l’enseignant de 36 ans, père de trois
enfants.
La juge Tremblay-Lamer doit entendre
aujourd’hui, à huis clos, les avocats du
gouvernement. Mais déjà, la semaine dernière,
elle a annoncé que le certificat de sécurité
contre lequel se bat M. Charkaoui depuis des
années sera révoqué dans les prochaines semaines
puisque rien ne le justifie.
En 2007, le Canadien d’origine syrienne Maher
Arar, détenu et torturé sous de fausses
accusations en Syrie, a obtenu des excuses
officielles dupremier ministre StephenHarper,
enplus d’une compensation financière de 10,5
millions de dollars.
Au moment oùM. Charkaoui a recouvré la pleine
liberté, la semaine dernière, un autre Canadien,
Abousfian Abdelrazik, a annoncé qu’il intentait
une poursuite de 27 millions contre Ottawa pour
avoir été retenu injustement au Soudan pendant
six ans.
Adil Charkaoui est un homme libre -
Laura-Julie Perrault
« Je
suis content, mais il manque encore quelque chose.
Des excuses. »
Après six ans de feuilleton juridique, le
Montréalais Adil Charkaoui, visé par un certificat
de sécurité, a recouvré complètement sa liberté
hier. À grands coups de ciseaux, il s’est débarrassé
du dernier dispositif qui le reliait aux autorités
canadiennes: un GPS qu’il devait porter jour et
nuit.
PHOTO ALAIN
ROBERGE, LA PRESSE
Après six ans de vaudeville
judiciaire, la juge Danièle Tremblay-Lamer de la
Cour fédérale a ordonné hier matin la libération
complète d’Adil Charkaoui.
«C’est un morceau de plastique et de métal, mais
vous n’avez pas idée de ce que ça fait
psychologiquement à un homme », s’est excla mé le
ressortissant marocain de 36 ans, les yeux embués,
devant l’immeuble de la Cour fédérale. Sa mère,
Latifa, remerciait Dieu. Des supporteurs
applaudissaient.
Quelques minutes plus tôt, la j uge Danièle T
remblayLamer avait ordonné la levée de toutes les
contraintes imposées à Adil Charkaoui depuis sa mise
en liberté en février 2005. La magistrate a rendu sa
décision séance tenante, ex pliqua nt qu’il n’y
avait aucune raison de restreindre plus longtemps la
liberté de M. Charkaoui. «J’ordonne que toutes les
conditions de remise en liberté soient révoquées et
que cette ordonnance prenne effet immédiatement », a
lancé la j uge alors que l’avocate de M. Charkaoui,
Johanne Doyon, était au milieu de sa plaidoirie.
Mme Tremblay-Lamer a expliqué que les conditions de
mise en liberté ne peuvent plus tenir puisque les
ministres fédéraux qui ont délivré le certificat de
sécurité contre M. Charkaoui – le soupçonnant
d’appartenir à Al-Qaeda – reconnaissent que ce
certificat n’est plus raisonnable. Ils en sont venus
à cette conclusion après avoir retiré eux-mêmes une
partie de la preuve secrète qui était au dossier et
que la juge leur avait demandé de rendre publique.
Retour à la normale
«Mon
client va pouvoir enseigner à nouveau», s’est
exclamée l’avocate de M. Charkaoui à la suite de la
décision, rappelant que malgré l’allègement de ses
conditions de mise en liberté au cours des ans, M.
Charkaoui n’était pas libre de vivre comme bon lui
semblait.
Détenu depuis son arrestation en mai 2003 jusqu’en
février 2005, M. Charkaoui a été mis en liberté
moyennant le respect d’une longue liste de
conditions : l’imposition d’un couvre-feu, de
chaperons, l’interdiction de voyager, d’utiliser
l’internet ou un téléphone cellulaire. La plupart de
ces conditions ont été graduellement abandonnées par
la Cour fédérale, mais jusqu’à hier, il devait
porter le GPS, aviser les autorités s’il voulait
quitter Montréal, n’avait plus accès à son passeport
marocain et ne pouvait communiquer avec un certain
nombre de personnes. Son permis d’enseigner lui a
aussi été retiré par la ministre de l’Éducation du
Québec.
En moins de quelques heures, hier, en rentrant chez
lui à Anjou, où il a retrouvé sa femme et ses trois
enfants, Adil Charkaoui a pu se débarrasser des
derniers vestiges liés à ses conditions de mise en
liberté. Des représentants de l’Agence des services
frontaliers ont récupéré le GPS et rendu à M.
Charkaoui son passeport. « Ça sera un plaisir de ne
pas vous revoir!» a dit un Charkaoui plaisantin aux
deux agents avant de leur offrir des biscuits.
Un obstacle en vue
Malgré sa victoire devant la Cour fédérale hier,
Adil Charkaoui n’est pas encore tiré d’affaire. La
juge TremblayLamer a annoncé hier que le certificat
de sécurité sera complètement révoqué dans les
prochaines semaines, mais elle doit d’abord entendre
les avocats du gouvernement à huis clos le 30
septembre. Ces derniers veulent porter en appel
l’ordonnance de la juge qui les a obligés à
divulguer des informations secrètes. «Les ministres
ne veulent pas retirer le certificat », a dit hier
un des avocats du gouvernement.
Adil Charkaoui avait, lui aussi, une requête à
présenter à la Cour fédérale hier. Il aimerait que
la juge reconnaisse que toute la procédure intentée
contre lui a violé ses droits à répétition. « Je
suis content d’être libre, mais il manque encore
quelque chose. Ceux qui sont responsables pour ce
qui m’est arrivé doivent répondre de leurs actes. Je
veux des excuses. Je veux laver ma réputation», a
dit M. Charkaoui hier à La Presse. Assis dans son
salon, il savourait sa victoire, mais a confessé que
si une lutte est terminée, une autre commence.
Que vaut notre citoyenneté?
- DENIS ST-MARTIN
Dans
l’affaire Khadr, le gouvernement Harper malmène le «
lien sacré » de confiance entre l’État et ses «
sujets »
C’est par le truchement de la politique démocratique
et du droit qui en découle que les sociétés modernes
protègent leurs membres du pouvoir discrétionnaire
et arbitraire de l’État et de ses dirigeants. Cette
protection est offerte au nom de la citoyenneté, une
institution et une entreprise collective dans
laquelle nous sommes tous des « actionnaires » et
dont la valeur dépend de notre capacité à faire
respecter les droits qui en font partie.
Or, à l’heure actuelle, cette capacité est rudement
mise à l’épreuve par la décision du gouvernement
canadien de contester jusqu’en Cour suprême son
obligation de rapatrier Omar Khadr, emprisonné à
Guantánamo depuis près de sept ans.
Qu’on ne se méprenne pas: au-delà des spécificités
du cas Khadr, cette affaire nous concerne tous.
C’est de la valeur de notre citoyenneté dans le
monde dont il s’agit. Comme la plupart de ses
détenteurs le suppose, notre passeport représente
une sorte de « police d’assurance » obligeant le
gouvernement canadien à ne pas abandonner ses
citoyens lorsque ceux-ci se retrouvent dans des
situations difficiles à l’étranger.
Mais quel message le gouvernement du Canada
envoie-t-il à la communauté internationale lorsque
lui-même n’offre pas à ses propres ressortissants
toute « l’aide et la protection » que la première
page de notre passeport demande aux autres pays de
nous donner ? Lorsqu’un des nôtres est abandonné
dans des prisons étrangères dont l’existence a été
jugée inconstitutionnelle, c’est le « lien sacré »
de confiance entre l’État et les citoyens qui est
mis à mal.
L’affaire Khadr est un cas classique d’opposition
entre les droits de la personne et les pouvoirs de
l’État. Depuis 200 ans, la démocratie et le
libéralisme ont peu à peu repoussé les frontières de
l’arbitraire politique et ligoté les mains des
gouvernants par un ensemble de lois et de règles qui
encadrent et réduisent la marge de pouvoir
discrétionnaire pouvant être exercée sur les
individus et les communautés.
Mais
ce pouvoir discrétionnaire, bien que plus mince de
nos jours, existe encore. Et c’est précisément ce
que le gouvernement cherche à préserver aujourd’hui
en refusant que la conduite de sa politique
étrangère ne soit limitée par les droits de la
citoyenneté.
Tout constitutionnelle qu’elle soit, le Canada est
toujours gouverné par l’institution de la monarchie.
On la croit devenue tellement symbolique au fil du
temps, que son pouvoir formel et son effet
structurant sur nos institutions politiques sont
trop souvent sous-estimés.
Pourtant, au Canada, la politique étrangère fait
partie des « prérogatives royales », ce domaine de
pouvoirs d’origine médiévale et pré-démocratique,
encore pratiquement intouché par la constitution et
les lois du parlement. Avec d’autres pouvoirs
appartenant exclusivement à la Couronne et exercés
en son nom par le premier ministre, comme la
nomination du haut personnel de l’État et le
déclenchement des élections, en matière de politique
étrangère, les gouvernements élus – libéral comme
conservateur-avec la complicité des bureaucrates qui
les conseillent, ont toujours cherché à se réserver
un maximum de marge de discrétion.
Puisque la politique étrangère appartient aux
prérogatives de la Couronne, pas surprenant dans ce
contexte que les Omar Khadr de ce monde soient
traités comme des « sujets » de Sa Majesté et non
pas comme de véritables citoyens à part entière.
Face à ce type de pouvoir, le « sujet » ne dispose
pas de droit, mais de privilèges qui lui sont
accordés – et repris – de façon arbitraire et en
fonction de l’humeur des dirigeants. Par définition,
le pouvoir discrétionnaire est capricieux, changeant
et imprévisible.
Souhaitons que la Cour suprême désactive ce pouvoir
issu d’un autre âge qui s’accorde mal avec la
démocratie et ses exigences de transparence et
d’imputabilité. Il est grand temps que le Canada
s’engage de façon plus crédible à soumettre sa
politique internationale à la primauté des droits de
la personne.
Une série noire - AGNÈS GRUDA
S’il
n’y avait qu’elle. Mais le cas de Suaad Hagi
Mohamud, cette Canadienne retenue au Kenya où elle a
été accusée d’usurpation d’identité, n’est pas le
seul. Au cours de la dernière décennie, de nombreux
Canadiens se sont retrouvés coincés à l’étranger,
sous des accusations diverses, face à des systèmes
judiciaires douteux. Et ils sont plusieurs à s’être
sentis abandonnés par Ottawa.
Le cas le plus célèbre est celui de jeune Omar
Khadr, détenu à Guantánamo. Hier, la Cour d’appel
fédérale a rendu un jugement qui oblige Ottawa à le
rapatrier.
En décembre 2000, William Sampson a été arrêté en
Arabie Saoudite sous l’accusation d’avoir organisé
des attentats à la bombe. À la suite d’aveux
arrachés sous la torture, il a été condamné à la
décapitation. Il a été libéré en 2003. Durant sa
détention, les représentants consulaires canadiens
lui avaient dit à plusieurs reprises qu’ils le
croyaient coupable.
Autre cas marquant, celui de Maher Arar. Canadien
d’origine syrienne, il a été arrêté en 2002 et
envoyé en Syrie où il a été détenu et torturé
pendant un an, sous l’accusation de terrorisme – une
accusation alimentée par des informations provenant
du Service canadien de renseignement de sécurité
(SCRS). Il a été par la suite lavé de tout soupçon.
Un
récent rapport d’enquête du juge Frank Iacobucci
affirme que la GRC et le SCRS ont une responsabilité
indirecte dans le traitement de trois autres
Canadiens
– Abdullah Almalki, Ahmad Abou-El Maati et Muayyed
Nureddin, détenus en Syrie et en Égypte.
Abousf ian Abdel ra zik, Canadien d’origine
soudanaise, est rentré récemment au pays après avoir
été détenu pendant six ans au Soudan, parce que son
nom figure sur une « liste noire » de l’ONU.
Et puis, le jeune Montréalais Mohamed Kohail croupit
toujours dans une prison saoudienne où il a été
condamné à la décapitation à la suite d’une bagarre
dans une cour d’école. Selon le député Dan McTeague,
critique libéral en matière consulaire, le Canada
n’a pas tout fait pour lui venir en aide.
D’ailleurs, signalet-il, plus aucun ministre n’a la
responsabilité spécifique des Canadiens à
l’étranger. Ça n’aide pas quand on se retrouve dans
le pétrin.
CANADIENS CONDAMNÉS À MORT À L’ÉTRANGER
- Harper politise la protection consulaire
Un pas de plus vers le cas par cas
— Le
gouvernement de Stephen Harper a franchi un pas de
plus afin de légitimer sa nouvelle politique de «
cas par cas » à l’égard des Canadiens condamnés à
mort à l’étranger, croit l’avocat d’un Canadien en
attente dans le couloir de la mort aux États-Unis.
Mardi, le ministère des Affaires étrangères a mis en
ligne un guide à l’intention des ressortissants du
pays devant la justice à l’étranger. On y trouve une
liste de critères pour déterminer si un Canadien
mérite ou non qu’Ottawa intervienne en sa faveur
auprès des autorités étrangères.
On y recommande par ailleurs « vivement » aux
personnes faisant face à la peine de mort de ne pas
compter uniquement sur la clémence que pourrait
demander le gouvernement fédéral à leur endroit,
mais plutôt « d’utiliser tous les moyens à leur
disposition » pour se sortir elles-mêmes de leur
situation.
« L’intervention du gouvernement du Canada est
seulement un des recours possibles pour obtenir la
clémence », ajoute-t-on.
On peut également y lire que les détenus dans les
prisons étrangères devront présenter une demande «
écrite » au gouvernement canadien pour espérer
obtenir son appui. Ce sera ensuite au gouvernement
de décider du « bien-fondé » de l’appel à la
clémence.
Lorne Waldman, l’un des avocats de Ronald Allen
Smith, condamné à mort au Montana pour deux meurtres
commis en 1983, croit que le gouvernement tente par
là de confirmer sa nouvelle politique de cas par cas
pour ses ressortissants, lui qui autrefois demandait
systématiquement la clémence.
En mars dernier, la Cour fédérale a durement tapé
sur les doigts du gouvernement conservateur parce
qu’il refusait de demander la clémence pour M. Smith
– une première au pays depuis de nombreuses années –
alors qu’aucune nouvelle politique n’avait
officiellement été adoptée en la matière.
« Je pense que la conséquence du cas Smith est que
le gouvernement tente de clarifier (plus
officiellement) sa politique », a confié Me à La
Presse Canadienne, hier.
Il se désole de la tangente qu’a prise le
gouvernement de Stephen Harper en matière
Waldman de défense des droits de ses ressortissants.
«
Ce qui me préoccupe, c’est que notre gouvernement
politise toute la question de la protection
consulaire. Ce devrait être un droit pour tous les
citoyens canadiens, peu importe leurs convictions
politiques ou le crime dont on les accuse », a fait
valoir Me Waldman.
« Qui alors décide de qui peut avoir la protection
et de qui ne peut pas l’avoir si ce n’est pas
automatique pour tout le monde? » a-t-il demandé.
Liste de critères
Sur le site www.voyages.gc.ca figure une longue
série de critères qui seraient vraisemblablement
pris en compte par le gouvernement pour déterminer
si un détenu peut espérer obtenir l’aide d’Ottawa.
Le premier est de savoir si l’État dans lequel le
ressortissant fait face à la peine de mort est
considéré comme « démocratique », ce qui, pour M.
Smith, est bien le cas puisqu’il est emprisonné aux
États-Unis.
Vient ensuite une liste de questions pour le détenu:
A-t-il été informé des raisons de son arrestation?
A-t-il eu droit à un avocat? La peine de mort
sera-t-elle imposée seulement si sa culpabilité est
prouvée hors de tout doute raisonnable? Le détenu
a-t-il été torturé?
Il n’est pas indiqué quel critère pourrait
intervenir en faveur en défaveur du prisonnier.
Ce guide en ligne a fait bondir Béatrice Vaugrante,
de la filiale canadienne francophone d’Amnistie
internationale, qui dénonce cette politique « de
droits de la personne à la carte ».
« Ils passent un peu par la porte arrière pour
passer leur message sur la politique de la clémence
», a-t-elle soutenu, ajoutant que si le gouvernement
voulait en effet changer sa position sur le sujet,
il devrait le faire de façon ouverte, au Parlement,
afin que l’on puisse en débattre.
Le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Alain Cacchione, a de son côté souligné
dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne que
la clémence était un « processus participatif ». «
Il est pratique courante que les demandes adressée
(sic) au gouvernement du Canada soit faite (sic) par
écrit », a-t-il écrit.
Canadienne retenue pendant trois mois au Kenya :
Un député libéral réclame la démission de Cannon
- Malorie Beauchemin
OTTAWA — Outré par la réaction du gouvernement
conservateur dans le dossier de Suaad Hagi Mohamud,
une Canadienne retenue pendant trois mois au Kenya,
le député libéral Dan McTeague réclame des
explications.
« Si le ministre des Affaires étrangères (Lawrence
Cannon) n’est pas capable de faire son travail,
qu’il démissionne, a dit M. McTeague à La Presse. Il
devrait avoir l’obligeance de s’excuser auprès de
Mme Hagi Mohamud. S’il ne veut pas faire son
travail, qu’il soit remplacé. »
Soupçonnée d’usurpation d’identité, emprisonnée huit
jours dans des conditions difficiles, Mme Mohamud,
mère célibataire de 31 ans, a finalement été
blanchie par un test d’ADN après avoir été qualifiée
d’« imposteur » par les services consulaires
canadiens.
En juillet, M. Cannon, qui, en tant que ministre des
Affaires étrangères, est responsable de l’assistance
consulaire aux Canadiens à l’étranger, avait estimé
que c’était à Mme Hagi Mohamud de prouver sa
citoyenneté canadienne.
«
Ce sont des commentaires inacceptables et absolument
indéfendables » , a accusé M. McTeague hier.
« Les Canadiens retenus à l’étranger, ce n’est pas
une priorité pour le gouvernement », a-t-il ajouté,
citant plusieurs cas, dont celui d’Omar Khadr,
détenu à Guantánamo depuis 2002.
Interrogé au sujet de Mme Hagi Mohamud lors de son
passage au Nunavut mardi, le premier ministre
Stephen Harper avait affirmé qu’il n’avait eu vent
du dossier que la semaine dernière, une « preuve
supplémentaire », selon M. McTeague, « de
l’incompétence du gouvernement dans ce dossier »,
dont les médias torontois font état depuis plusieurs
semaines.
En voyage au Kenya pour visiter sa mère, la
citoyenne canadienne s’est vu refuser l’accès à
l’avion qui devait la ramener au Canada par un
douanier qui estimait qu’elle ne ressemblait pas à
sa photo de passeport. Elle est rentrée à Toronto
samedi dernier.
L’incident fait l’objet d’une enquête interne lancé
par le gouvernement fédéral.
IRAN Jack Layton presse Ottawa de faire libérer un
journaliste
« On ne
peut accepter simplement que le gouvernement iranien ne
reconnaisse pas la citoyenneté canadienne » du
journaliste.
TORONTO— Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack
Layton, a demandé au gouvernement fédéral, hier, de faire
pression sur l’Iran pour la libération du journaliste
irano-canadien Maziar Bahari, détenu depuis le 21 juin.
Le chef du NPD s’est adressé au gouvernement lors d’une
conférence de presse tenue au domicile du journaliste à
Toronto.
Le reporter de 42 ans, qui travaille actuellement pour le
magazine américain Newsweek, aurait été enlevé lors des
manifestations sanglantes qui ont suivi les élections en
Iran le 12 juin. Vingttrois autres journalistes auraient
également été arrêtés.
Selon la direction de Newsweek, Maziar Bahari serait
détenu à Téhéran, mais aucune accusation n’aurait été
portée contre lui.
M.
Bahari, qui possède la double citoyenneté, est né en
Iran et a étudié à l’Université Concordia de Montréal
avant de devenir correspondant pour Newsweek.
La semaine dernière, le ministre des Af fai res
étrangères, Lawrence Cannon, a convoqué un diplomate
iranien et demandé que Bahari puisse rencontrer un
représentant diplomatique et que l’on éclaircisse les
accusations contre lui.
Hier, le porte-parole du ministre, Rodney Moore, a
indiqué dans un courriel que M. Cannon avait aussi
rencontré le chargé d’affaires iranien au lendemain de
l’arrestation de M. Bahari. Le ministre a été tenu au
courant par les autorités iraniennes de l’endroit où est
détenu le journaliste, a soutenu M. Moore.
M. Layton, lui, pense que le gouvernement Harper n’en
fait pas assez. « Le premier ministre devrait maintenant
déléguer en I ran un député de poids pour démontrer le
sérieux des Canadiens dans ce dossier », at-il dit. « On
ne peut accepter simplement que le gouvernement iranien
ne reconnaisse pas la citoyenneté canadienne » du
journaliste.
Des proches rencontrés hier au domicile du journaliste
Bahari ont indiqué qu’ils n’avaient pas eu de nouvelles
de lui depuis son arrestation.
Abdelrazik réclame justice
Emprisonné six ans au Soudan, le Montréalais demande à
Ottawa de lui redonner une vie normale
— Pendant six ans, l e Montréa l a i s Abous f i an
Abdelrazik, arrêté au Soudan alors qu’i l visitait sa
mère malade, s’est battu pour rentrer au Canada, son
pays d’adoption. Il y a un mois, il a eu gain de cause,
mais depuis, sa vie est un cauchemar, a-t-il raconté
hier lors de son premier témoignage public, implorant le
gouvernement canadien de lui venir en aide.
Des
supporteurs
attendaient Abousfian Abdelrazik hier à sa sortie de
l’édifice du Parlement où il a témoigné pour la
première fois des six années qu’il a passées au
Soudan, dont deux en détention. Une décision de la
Cour fédérale a obligé le gouvernement canadien à le
rapatrier le mois dernier.
À la fin d’un point de presse de 40 minutes qu’il a
convoqué sur la colline parlementaire à Ottawa, l’homme
de 46 ans a demandé aux ministres des Af faires
étrangères et de la Sécurité publique de lui accorder
une rencontre, de l’aider à obtenir justice et
d’intervenir en sa faveur pour faire retirer son nom de
la liste du comité 1267 des Nations unies, réservée aux
membres et aux complices d’AlQaeda et des talibans.
Sa présence sur cette liste l’empêche de voyager,
entraîne le gel complet de ses avoirs et interdit à
quiconque de lui venir en aide financièrement, et ce,
même s’il n’a été accusé d’aucun crime. « Je marche dans
les rues de Montréal, mais c’est comme si j’étais encore
en confinement solitaire dans la prison d’AlBawgah au
Soudan. Je n’ai pas le droit de chercher un travail. Je
ne peux pas recevoir de soins médicaux. Même mes proches
ne peuvent pas me faire de cadeaux, aussi petits
soient-ils », a déploré hier Abousfian Abdelrazik.
Au cours de son point de presse, le Montréalais
d’origine soudanaise a raconté pour la première fois les
six années qu’il a passées au Soudan sans pouvoir
rentrer au Canada et, plus particulièrement, la torture
qu’il a endurée aux mains de ses gardiens soudanais
pendant 21 mois de détention. « On m’a battu avec un
boyau d’arrosage, on m’a fixé au rebord d’une porte. On
m’a battu », a raconté le grand homme filiforme.
Il a aussi profité de sa tribune pour nier en bloc les
allégations américaines et onusiennes selon lesquelles
il aurait connu Oussama ben Laden, tenté de participer à
la guerre de Tchétchénie et reçu un entraînement
d’AlQaeda en Afghanistan. « Je n’ai jamais fait de mal à
qui que ce soit », a-t-il insisté.
Le SCRS blâmé
M.
Abdelrazik a par ailleurs donné des détails sur
l’interrogatoire que lui ont fait subir en 2003 au
Soudan des agents du Service canadien du renseignement
de sécurité (SCRS). « Mes interrogateurs soudanais me
demandaient des questions sur des Canadiens et les
agents du SCRS qui sont venus me voir me posaient les
mêmes questions. Ça m’a montré que le SCRS participait à
toute l’affaire », a-t-il indiqué. « Ces agents
(canadiens) m’ont dit que j’étais un Soudanais, pas un
Canadien et que je devrais rester au Soudan à jamais.
L’un d’eux a dit que le Soudan serait mon Guantánamo. »
Abousfian Abdelrazik a aussi rapporté hier avoir subi de
la pression psychologique de la part des diplomates
canadiens pendant son séjour d’un an – de mai 2008 à
juin 2009 – à l’ambassade canadienne de Khartoum, où il
avait trouvé refuge.
Ce séjour s’est terminé à la fin juin quand un juge de
la Cour fédérale a ordonné au gouvernement canadien de
rapatrier M. Abdelrazik, tout en notant que les
autorités canadiennes avaient violé les droits de leur
citoyen en refusant de lui délivrer un passeport pour
qu’il rentre au pays.
« Maintenant, je veux que ceux qui sont responsables
pour ce qui m’est arrivé aillent devant la justice. Je
ne veux pas qu’une autre personne vive la même chose »,
a lancé M. Abdelrazik à la fin de son témoignage. Ses
avocats n’ont pas précisé hier quelle forme prendra sa
requête. « Il est essentiel qu’il y ait reddition de
comptes », a noté à ce sujet un de ses avocats, Yavar
Hameed.
M. Abdelrazik avait à peine terminé sa conférence de
presse hier que déjà, ses avocats recevaient des lettres
des ministres Lawrence Cannon et Peter Van Loan
déclinant une rencontre. Au téléphone hier, l’attaché de
presse du ministre Cannon a cependant précisé que les
Affaires étrangères étaient disposées à accompagner M.
Abdelrazik dans les procédures entourant son retrait de
la liste du comité 1267.
Dans sa réaction officielle, le SCRS a pour sa part dit
hier avoir respecté la loi canadienne et les règlements
qui le régissent dans sa gestion du cas d’Abousfian
Abdelrazik.
Jeune Montréalais condamné à mort en Arabie Saoudite Les
proches déçus par les efforts d’Ottawa
« Le gouvernement se vante d’agir, mais il ne répond pas
aux demandes de Mohamed, il ne fait pas ce qui pourrait
réellement l’aider », dénonce une amie de la famille, Rana
Saheb.
Des
proches de la famille de Mohamed Kohail, ce Montréalais
condamné à la décapitation en ArabieSaoudite, sont
déçusde l’attitude du ministre Stockwell Day et ne
croient pas que le gouvernement Harper fait réellement
tout ce qui est en son pouvoir pour sauver la vie du
jeune homme.
Profitant d’une mission commercia le au Moyen-Or ient,
Stockwell Day s’est entretenu vendredi avec les parents
de Mohamed Kohail afin de leur assurer qu’Ottawa mettait
tout en oeuvre pour les aider.
« La rencontre n’a duré que sept minutes – le père de
Mohammed l’a chronométrée, c’est lui qui me l’a
confirmé. C’est très décevant », a affirmé hier à La
Presse Rana Saheb, une amie de la famille qui
s’entretient régulièrement avec le père de M. Kohail.
« Le gouvernement se vante d’agir, mais il ne répond pas
aux demandes de Mohamed, il ne fait pas ce qui pourrait
réellement l’aider », dénonce-t-elle.
Mme Saheb aurait souhaité que Stockwell Day « fasse
preuve d’humanisme » et s’entretienne avec le roi
Abdallah ou l’un de ses porte-parole pour lui demander
d’intervenir directement dans le dossier. Stockwell Day
a plutôt rencontré le président de la Commission
saoudienne des droits de l’homme, Bandar Bin Mohammed
Al-Aiban, et abordé la question au cours de plusieurs
rencontres bilatérales, notamment avec le gouverneur de
Djeddah.
Selon l e député l i béral Dan McTeague, qui suit de
près ce dossier et qui s’est aussi entretenu avec le
père de Mohamed hier matin, M. Kohail a été « vexé » par
l’attitude de Stockwell Day et du peu de temps qu’il a
eu à lui consacrer. « Il n’a même pas pris la peine
d’aller rencontrer Mohammed en personne », a-t-il
dénoncé. Le geste, dit-il, aurait envoyé un message
clair aux autorités saoudiennes de la volonté du Canada
d’obtenir la clémence pour Mohamed Kohail.
Signes
encourageants ?
Par ailleurs, le ministre Stockwell Day s’est dit
encouragé, hier, que le Conseil de justice suprême
saoudien ait demandé à un tribunal d’une instance
inférieure de réviser certains éléments du dossier. « La
Cour suprême envoie le message que des questions doivent
être reconsidérées. Nous prenons cela comme une bonne
nouvelle », a-t-il déclaré au cours d’une conférence
téléphonique. Mieux, les avocats de M. Kohail pourraient
avoir la chance de mettre de l’avant de nouveaux
éléments du procès qui avaient été écartés précédemment.
Mais pour le député McTeague, ces propos témoignent
plutôt de « l’ignorance » du système de justice saoudien
dont fait preuve M. Day. « C’est la sixième fois
maintenant que la cause est remise à une instance
inférieure, devant le même groupe de juges. Ce n’est
certainement pas un événement dont on peut se réjouir. »
Il affirme que seule l’intervention du roi Abdallah
permettra maintenant de faire débloquer les choses.
Lettre à Stephen Harper
Mohamed Kohail a écrit une lettre à Stephen Harper cette
semaine lui demandant aussi de « prendre 10 minutes pour
appeler sa majesté le roi Abdallah » pour lui éviter la
décapitation. « J’ai le sentiment que mon gouvernement a
échoué à m’aider dans la moindre procédure judiciaire
consulaire », reproche-t-il d’ailleurs au premier
ministre.
Stockwell Day, qui a reçu une copie de la lettre des
mains du père de Mohamed, a promis hier de la remettre à
Stephen Harper dans les prochains jours.
Emprisonné depuis plus de deux ans et demi, Mohamed
Kohail a été reconnu coupable en janvier 2007 du meurtre
d’un adolescent lors d’une bagarre dans une école de
Djeddah, qui aurait été déclenchée lorsque son frère
cadet, Sultan, a été accusé d’avoir insulté une camarade
de classe. Les deux frères ont affirmé à plusieurs
reprises qu’ils avaient agi en état de légitime défense
et n’avaient pas infligé les blessures fatales durant la
bagarre. Sultan Kohail, 18 ans, a d’abord été condamné,
à titre de complice de Mohamed, à un an de détention et
200 coups de fouet. La famille de la victime a interjeté
appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement
subir un nouveau procès.
Ottawa sommé par la cour de rapatrier un
Canadien
Abousfian
Abdelrazik est réfugié depuis un an à l’ambassade du Canada
au Soudan
Le gouvernement doit faire les arrangements nécessaires pour
assurer le retour, sans entrave, de M. Abdelrazik au pays
d’ici 30 jours, stipule le jugement.
— Le gouvernement de Stephen Harper subit un nouveau revers
en Cour fédérale : le tribunal lui ordonne de prendre les
mesures nécessaires pour faire revenir au pays Abousfian
Abdelrazik, citoyen canadien réfugié depuis un an à
l’ambassade du Canada à Khartoum, au Soudan.
Dans une décision rendue hier matin, le juge Russel W. Zinn
somme le ministre des Affaires étrangères d’octroyer à M.
Abdelrazik le passeport d’urgence qui lui permettra de
rentrer au pays, comme le demandent ses avocats depuis des
mois.
Le juge estime que le droit de ce citoyen d’entrer au Canada
a été brimé. L’article 6 (1) de la Charte prévoit en effet
que « tout citoyen canadien a le droit de demeurer au
Canada, d’y entrer ou d’en sortir ».
Le gouvernement doit faire les arrangements nécessaires pour
assurer le retour, sans entrave, de M. Abdelrazik au pays
d’ici 30 jours, stipule le jugement. Le juge Zinn cite le
ressortissant canadien à comparaître en Cour fédérale, à
Montréal, le 7 juillet.
Le minist re des Af fai res étrangères, Lawrence Cannon, a
toujours refusé de rapatrier le Montréalais d’origine
soudanaise, alléguant qu’il figure sur une liste
d’interdiction de vol des Nations unies. Le juge a rejeté
l’argument du gouvernement. peur d’être arrêté par les
autorités soudanaises, n’ayant ni statut ni permis de
travail dans ce pays.
Le député néo-démocrate Paul Dewar, qui tente depuis
plusieurs mois de forcer le gouvernement à rapatrier le
Canadien coincé au Soudan, s’est réjoui de la décision du
tribunal, mais craint que le gouvernement ne veuille
interjeter appel.
En visite au Soudan en 2003, M. Abdelrazik a été arrêté et
emprisonné, soupçonné d’entretenir des liens avec Al-Qaeda.
Mais la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien
du renseignement de sécurité l’ont par la suite blanchi,
affirmant n’avoir rien à lui reprocher. En avril 2008, il
s’est réfugié à l’ambassade canadienne à Khartoum, de
« C’est une bonne journée pour la justice canadienne et M.
Abdelrazik, mais seulement si le gouvernement se conforme au
jugement. S’il en appelle de la décision, ça impliquera des
coûts importants pour les contribuables, sans raison valable
sur le plan de la justice. En appeler irait à l’encontre de
la loi, des valeurs canadiennes et équivaudrait à
discréditer la Charte », a dit M. Dewar, en entrevue
téléphonique de Beyrouth, où il participe à une mission
d’observation électorale.
Au bureau du
ministre Cannon, on s’est fait avare de commentaires à
propos de ce jugement. « Le gouvernement étudie présentement
la décision », s’est contenté de répondre la porte-parole du
ministre, Catherine Loubier.
En Chambre, c’est plutôt le ministre de la Justice, Rob
Nicholson, qui a essuyé les tirs nombreux de l’opposition. «
La décision fait plus de 100 pages et nous la lirons très
attentivement au ministère de la Justice et nous déciderons
par la suite des actions à prendre », a répété M. Nicholson.
Le jugement fait en réalité 74 pages.
Son collègue ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, est
toutefois allé un peu plus loin à la sortie de la période de
questions. « Il n’y a pas de gouvernement qui soit audessus
des lois, a dit M. Blackburn. Nous aussi, on doit respecter
la loi. Cependant, on a le droit aussi de regarder
l’ensemble du processus judiciaire et de prendre nos
décisions en lien avec cela. »
Troisième cause perdue
L’opposition a rapidement rappelé qu’il s’agit de la
troisième cause concernant le sort de citoyens canadiens à
l’étranger que le gouvernement perd en Cour fédérale cette
année.
Le 23 avril, le juge James O’Reilly, de la Cour fédérale, a
statué que le refus du gouvernement fédéral de rapatrier
Omar Khadr, citoyen canadien emprisonné à Guantánamo,
violait les droits du jeune prisonnier, arrêté en
Afghanistan alors qu’il n’avait que 15 ans.
Ottawa a annoncé deux semaines plus tard, en catimini, qu’il
en appelait de la décision de la Cour fédérale. Le ministre
Cannon n’avait, dès la publication du jugement, laissé aucun
doute sur son intention d’interjeter appel.
En mars, le même tribunal avait par ailleurs estimé
qu’Ottawa se devait d’offrir un soutien consulaire à Ronald
Allen Smith, détenu dans une prison du Montana depuis 25
ans, reconnu coupable d’un double meurtre en 1983.
« Ça démontre que ce gouvernement ne prend pas au sérieux
l’État de droit, qu’il ne protège pas les droits des
citoyens canadiens. Il force ses ressortissants à s’adresser
aux tribunaux, c’est honteux, a estimé le critique libéral
en matière d’affaires étrangères, Bob Rae. Les conservateurs
ne respectent pas la charte des droits et libertés. C’est
très troublant. »
Des excuses réclamées pour trois Canadiens
— Un comité
des Communes demande au gouvernement fédéral de s’excuser et
de dédommager trois Canadiens or i g i na i re s du
Proche-Orient, pour des torts subis en Syrie et en Égypte,
comme il l’a fait dans le cas de Maher Arar en 2007.
Faisant écho aux conclusions du rapport de la commission
d’enquête présidé par l’ancien juge de la Cour suprême Frank
Iacobucci, les membres du comité de la sécurité publique
ont, en majorité, jugé qu’Abdullah Almalki, Ahmad Abou-El
Maati et Muayyed Nureddin méritaient des excuses et une
compensation financière de la part du gouvernement fédéral.
En octobre 2008, le j uge Iacobucci blâmait la Gendarmerie
royale du Canada (GRC) et le Service canadien de
renseignements de sécurité (SCRS) pour leur responsabilité
indirecte dans les conditions de détention horribles vécues
par les trois citoyens canadiens.
Le rapport
indiquait que, à l’instar du Canadien d’origine syrienne
Maher Arar, MM. Almalki, AbouEl Maati et Nureddin avaient
été torturés par leurs geôliers, en Syrie et en Égypte, sur
la base d’informations transmises par la GRC et le SCRS.
Les trois hommes ont, depuis, intenté des poursuites contre
le gouvernement fédéral.
Après une longue commission d’enquête, les conclusions du
juge Dennis O’Connor avaient contraint le gouvernement de
Stephen Harper, en janvier 2007, à offrir à Maher Arar des
excuses publiques et une compensation financière de 10,5
millions de dollars pour avoir fourni des informations
erronées ayant mené à l’arrestation, aux États-Unis, du
ressortissant canadien, qui a par la suite été expulsé et
torturé en Syrie.
Un Montréalais écrit au premier ministre Harper
Condamné à la
décapitation en Arabie Saoudite
LA PRESSE CANADIENNE Le jeune Montréalais condamné à la
décapitation en Arabie Saoudite a envoyé une lettre à Stephen
Harper dans laquelle il affirme avoir été torturé pour lui faire
avouer un crime qu’il nie avoir commis.
Mohamed Kohail dit avoir remis le message au député conservateur
de Calgary, Deepak Obhrai, quand ce dernier lui a rendu visite
dans sa prison de Djedda, en Arabie Saoudite, en décembre
dernier.
Dans sa lettre d’une page, le jeune homme exhorte le premier
ministre Harper à employer tous les moyens possibles pour le
tirer de sa triste situation. Il y décrit aussi les divers
problèmes de santé qui l’affligent depuis qu’il a été
emprisonné, il y a deux ans.
« M. Harper, je suis en prison depuis deux ans. Je suis détenu
avec des centaines de criminels notoires en Arabie Saoudite pour
un crime que je n’ai pas commis. J’ai perdu mes cheveux et deux
ans de ma vie, et je vois la mort approcher de plus en plus
chaque jour », a-t-il écrit.
Une bagarre qui a mal tourné
Kohail, qui est âgé de 24 ans, et un ami jordanien, Muhanna
Ezzat, ont été reconnus coupables du meurtre de Munzer Al-Hiraki
lors d’une bagarre survenue après l’école à Djedda, en janvier
2007. L’échauffourée a apparemment été déclenchée quand le frère
cadet de Mohamed Kohail, Sultan, a été accusé d’avoir insulté
une fille.
Les deux frères
ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils avaient agi en état de
légitime défense et n’avaient pas infligé les blessures fatales
durant la bagarre, à laquelle ont été mêlés des dizaines
d’adolescents.
Mohamed Kohail a été reconnu coupable de meurtre l’an dernier et
condamné à avoir la tête tranchée, tandis que Sultan, qui est
âgé de 18 ans, a d’abord été condamné, à titre de complice, à un
an de détention et 200 coups de fouet. La famille de la victime
a interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement
subir un nouveau procès.
Les deux frères et leur ami clament leur innocence et
soutiennent que le système judiciaire saoudien ne leur a pas
assuré un procès équitable.
Le Conseil judiciaire suprême d’Arabie Saoudite étudie
présentement la décision d’une instance inférieure qui
maintenait la condamnation à mort de Mohamed Kohail.
En entrevue, mardi, M. Obhrai a déc l a r é avoi r rencont r é
Mohamed Kohail et sa famille sans la présence de représentants
saoudiens. Et à cette occasion, le jeune homme ne lui a pas
parlé de torture, a-t-il dit. Le député s’est refusé à commenter
le contenu de la lettre, invoquant des raisons de
confidentialité.
M. Obhrai a refusé de dire si le premier ministre Harper a vu la
lettre. Selon le député, qui est secrétaire parlementaire du
ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon, Ottawa a
l’intention de solliciter la clémence pour les deux frères.
Des citoyens veulent rapatrier unMontréalais
retenu au Soudan
— Dans une
nouvelle tentative pour forcer le gouvernement Harper à
rapatrier un ressortissant canadien coincé au Soudan, une
délégation de la société civile propose d’aller chercher en
personne Abousfian Abdelrazik, Montréalais réfugié depuis un
an à l’ambassade du Canada à Khartoum, la capitale soudanaise.
Pour la deuxième fois en trois mois, un billet d’avion a été
émis à son nom, cette fois pour le 12 juin, afin que M.
Abdelrazik puisse venir comparaître devant le comité des
Affaires étrangères, comme le réclame une motion adoptée par
les partis de l’opposition.
Tout ce qu’il manque, c’est que le gouvernement fédéral lui
délivre un passeport d’urgence, ce que le ministre Lawrence
Cannon a toujours refusé de faire, sous prétexte que M.
Abdelrazik figure sur une liste d’interdiction de vol des
Nations unies.
Arrivé au Soudan en 2003 pour rendre visite à sa mère malade,
M. Abdelrazik y a été arrêté et emprisonné sur la base
d’informations fournies par les autorités canadiennes qui le
soupçonnaient d’avoir des liens avec Al-Qaeda. Le Montréalais
de 46 ans a finalement été blanchi. Autant la Gendarmerie
royale du Canada que le Service canadien du renseignement de
sécurité affirment n’avoir rien à lui reprocher. En avril
2008, il s’est réfugié à l’ambassade canadienne à Khartoum, de
peur d’être arrêté par les autorités soudanaises, n’ayant ni
statut ni permis de travail dans ce pays. Il y vit depuis
maintenant plus d’un an.
Les avocats du ressortissant canadien d’origine soudanaise ont
fait hier une nouvelle demande auprès du ministère des
Affaires étrangères pour obtenir un passeport d’urgence,
arguant que le Canada détient tous les pouvoirs pour ramener
M. Abdelrazik au pays, sans même avoir à demander une
exemption aux Nations unies.
« Il appartient seulement au
gouvernement canadien de décider de ramener ou non M.
Abdelrazik au pays, a souligné Me Yavar Hameed en
conférence de presse, hier. Nous avons l’appui de la
population, l’appui d’une majorité au Parlement et il n’y
a aucun obstacle en matière de droit international. » Une
délégation de citoyens pourrait par ailleurs le
raccompagner pour assurer son retour en toute
transparence, a ajouté l’avocat du ressortissant.
Premier refus
La dernière fois qu’un billet d’avion a été émis au nom de M.
Abdelrazik, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence
Cannon, a utilisé ses pouvoirs discrétionnaires pour refuser
sa demande de passeport, considérant qu’il constituait un
risque pour la sécurité nationale et qu’il devait d’abord
faire retirer son nom de la « liste noire » de l’ONU avant de
pouvoir rentrer au Canada. Au bureau de M. Cannon, hier, on
indiquait que la position du ministre n’a pas changé.
De plus, les défenseurs de M. Abdelrazik ont subi un nouveau
revers au Parlement, hier. Dans un avis juridique demandé par
le greffier du comité des Affaires étrangères, le légiste et
conseiller parlementaire à la Chambre de communes, Rob Walsh,
a estimé que la motion du comité pour faire témoigner M.
Abdelrazik à Ottawa ne pouvait contraindre Ottawa à rapatrier
le citoyen canadien.
« L’émission d’un passeport [...] à un citoyen canadien par le
gouvernement du Canada est faite conformément aux prérogatives
de la Couronne, indique l’avis. N’importe quel citoyen
canadien peut se voir octroyer un passeport par le ministre
des Affaires étrangères. C’est une disposition permissive,
mais pas obligatoire. »
Ottawa ramènera Abdelrazik au pays
Le Canada était prêt à rapatrier le ressortissant d’origine
soudanaise en 2006
« Le
gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour
ramener M. Abdelrazik. Ce sera un citoyen canadien libre.
Il pourra faire tout ce qu’il veut », a déclaré le
ministre Lawrence Cannon.
— Le gouvernement de Stephen Harper accepte de se
conformer au jugement de la Cour fédérale et devra
organiser le retour au pays du Canadien d’origine
soudanaise Abousfian Abdelrazik, qui se cache à
l’ambassade de Khartoum depuis plus d’un an.
Sans crier gare, le ministre de la Justice, Rob Nicholson,
a annoncé que son gouvernement renonçait à faire appel de
la décision du juge Russel W. Zinn, qui sommait le
ministre des Affaires étrangères de délivrer un passeport
d’urgence au ressortissant canadien et d’organiser son
retour au pays d’ici le 7 juillet.
« Le gouvernement se conformera à l’ordonnance du tribunal
», s’est contenté de répondre le ministre Nicholson aux
questions posées par l’opposition en Chambre.
Au bureau du ministre des Affaires étrangères, Lawrence
Cannon, on a indiqué qu’il n’y aurait aucun autre détail
qui serait rendu public, hier, sur les modalités du retour
de M. Abdelrazik au pays.
En entrevue à CBC, le ministre Cannon a toutefois dit que
le gouvernement « prendrait toutes les mesures nécessaires
pour ramener M. Abdelrazik », et ce « plus tôt que tard ».
« Ce sera un citoyen canadien libre. Il pourra faire tout
ce qu’il veut », a ajouté M. Cannon.
Dans sa décision rendue le 4 juin, le juge estimait que le
droit du ressortissant canadien d’entrer au pays avait été
brimé. La Charte des droits et libertés prévoit en effet
que « tout citoyen canadien a le droit de demeurer au
Canada, d’y entrer ou d’en sortir ».
Soupçonné d’avoir des liens avec al-Qaeda, M. Abdelrazik
avait été arrêté par les autorités soudanaises en 2003,
alors qu’il se rendait en visite dans son pays d’origine,
pour être ensuite blanchi par la Gendarmerie royale du
Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de
sécurité. Depuis avril 2008, il s’était réfugié à
l’ambassade canadienne, à Khartoum, de peur d’être à
nouveau arrêté, n’ayant plus de passeport valide et aucun
statut au Soudan.
Pressions américaines ?
Un
document datant de juillet 2006, obtenu par les avocats du
ressortissant grâce à la Loi sur la protection des
renseignements personnels, suggère que le Canada était
prêt, à cette époque, à assurer le retour au pays
d’Abousfian Abdelrazik. Des diplomates américains auraient
alors réclamé l’aide d’Ottawa pour monter un dossier cr
iminel contre M. Abdelrazik, affirmant manquer de preuves
pour pouvoir l’accuser et le juger en sol américain, selon
une correspondance faite entre deux hauts fonctionnaires
du ministère canadien des Affaires étrangères. Les
Américains croient que « si les autorités canadiennes
partagent les informations qu’elles détiennent, ça
pourrait être suffisant pour que les États-Unis puissent
intenter des procédures », explique le courriel envoyé le
19 juillet 2006 par un diplomate canadien à des hauts
fonctionnaires du gouvernement et de la GRC.
Talonné pa r l ’ opposit ion depuis le printemps 2008, le
gouvernement de Stephen Harper a toujours refusé d’aider
M. Abdelrazik à revenir au pays, arguant que le nom du
ressortissant canadien se retrouve sur une liste
d’interdiction de vol des Nations unies.
Hier, les partis de l’opposition à Ottawa se sont réjouis
de la décision du gouvernement de ne pas en appeler du
jugement, qui arrive toutefois à la dernière minute,
ont-ils rappelé.
« Il n’avait pas d’autre argument et on se devait
d’accepter le jugement », a dit le chef du Bloc québécois,
Gilles Duceppe.
« On est contents, mais pourquoi ça a pris si longtemps
pour avoir une décision qui était claire depuis le début?
» a demandé le chef néodémocrate, Jack Layton.
En quelques mois, le gouvernement de Stephen Harper a
perdu trois causes enCour fédérale concernant des
ressortissants canadiens à l’étranger. En mars, dans le
cas de Ronald Allen Smith, détenu dans une prison du
Montana depuis 25 ans, reconnu coupable d’un double
meurtre en 1983, le gouvernement a accepté de se conformer
au jugement et d’offrir un soutien consulaire au
prisonnier.
En avril, le gouvernement en a toutefois appelé de la
décision concernant le rapatriement d’Omar Khadr, citoyen
canadien emprisonné au controversé centre de détention de
Guantánamo.
« La décision du juge, dans le cas d’Abdelrazik, était
très claire. Mais la décision du juge dans la cause de M.
Khadr est tout aussi claire et j’aurais espéré que le
gouvernement l’accepte et s’y conforme », a déclaré le
critique libéral en affaires étrangères, Bob Rae.
Abousfian Abdelrazik rentre au bercail
APRÈS
SIX ANS D’EXIL FORCÉ
L’ex i l f or c é d’Abou s f i a n Abdelrazik est
enfin terminé. Le Canado-Soudanais est rentré à
Montréal hier soir après avoir passé six ans coincé au
Soudan en raison de ses liens présumés avec le
mouvement Al-Qaeda.
Abousfian Abdelrazik est
arrivé hier à l’aéroport de Toronto, accueilli par
de nombreux supporters. Il a ensuite pris la route
pour Montréal afin de retrouver sa famille.
« Je suis vraiment content d’être de retour à la
maison. Merci beaucoup, merci beaucoup. Je suis fier
d’être un citoyen canadien », a-t-il déclaré lors
d’une courte déclaration à la presse à son arrivée à
l’aéroport de Toronto. Vêtu d’une chemise à carreaux
blancs et verts, fatigué, Abousfian Abdelrazik a
ensuite repris la route en voiture avec ses avocats
pour Montréal où l’attendaient sa belle-fille de 25
ans et sa fille de 15 ans qu’il n’avait pas serrées
dans ses bras depuis 2003. Quelques dizaines de
supporters devaient se rassembler dans la nuit au coin
des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert pour
l’accueillir.
« Ça a été un long voyage, après une longue bataille,
mais c’est une grande victoire pour Abousfian », a
déclaré hier soir son avocate, Audrey Brousseau. M.
Abdelrazik et sa famille ont décliné hier les demandes
d’entrevues de La Presse.
Le cauchemar d’Abousfian Abdelrazik, citoyen canadien
depuis 1995, débute en 2003 lorsqu’il est arrêté au
Soudan au cours d’un voyage auprès de sa mère malade.
Au moment où les autorités soudanaises le relâchent,
en 2004, son passeport d’urgence est échu et le Canada
refuse de lui en émettre un nouveau parce que l’ONU a
inscrit entre-temps son nom sur la liste noire des
présumés terroristes. Il se réfugie en mai 2008 dans
les bureaux de l’ambassade du Canada à Karthoum dans
l’espoir d’obtenir enfin les documents officiels qui
lui seront toujours refusés jusqu’à la semaine
dernière.
L’h i
s t oi r e d ’ Abous f i a n Abdelrazik a attiré
l’attention de plusieurs organismes et groupes de
citoyens, dont Amnistie internationale, qui se sont
portés à sa défense. Au cours des derniers mois, ses
supporters ont multiplié les actions pour obtenir son
rapatriement, allant jusqu’à proposer le remboursement
de son billet d’avion. En vain. C’est finalement un
jugement de la Cour fédérale canadienne qui lui aura
été salutaire. Le 4 juin dernier, le tribunal a sommé
le gouvernement Harper de porter secours à ce citoyen
coincé à l’étranger et a ordonné à Ottawa de le
rapatrier au Canada, à ses frais, avant le 7 juillet.
Ottawa a tardé deux semaines avant de confirmer qu’il
se plierait au verdict du juge Russel Zin. « Nous
avons mis du temps à croire que c’était bien vrai,
c’était un rêve qui devenait réalité. Même maintenant,
Abousfian a du mal à croire qu’il est bien rentré »,
disait hier Me Brousseau.
Abousfian Abdelrazik reprendra des forces au cours des
prochaines semaines et passera du temps avec sa
famille. La possibilité que des poursuites soient
entreprises contre le gouvernement n’a pas été
écartée, hier, par son avocate. M. Abdelrazik soutient
avoir été torturé pendant sa détention au Soudan.
« Ce cas met en lumière des actions extrêmement
répréhensibles portées par le gouvernement et
discriminatoires envers la communauté musulmane qui
fait l’objet d’injustices graves. Il faudra qu’Ottawa
en tire des leçons », a affirmé Me Brousseau. Elle
compare l’histoire de son client à celle de Maher
Arar, ce Canadien d’origine syrienne qui avait été
détenu et torturé dans une prison en Syrie. Rapatrié
au pays, il a été blanchi de tout lien terroriste à la
suite d’une commission d’enquête et a reçu une
indemnité compensatoire de 10,5 millions de dollars.
Abousfian Abdelrazik est maintenant un homme libre,
Ottawa n’a pas manifesté l’intention de porter des
accusations contre lui. Le Conseil de sécurité des
Nations unies soutient qu’il a été lié de près à la
direction du réseau Al-Qaeda et qu’il a des liens
étroits avec un ancien lieutenant d’Oussama ben Laden,
qui a recruté des militants et orchestré le réseau de
camps d’entraînement en Afghanistan. Mais la
Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du
renseignement de sécurité ont tous deux indiqué qu’ils
ne retenaient aucune preuve contre lui.
Abousfian Abdelrazik veut blanchir
son nom
Abousfian Abdelrazik, ce CanadoSoudanais rapatrié
au pays après six ans d’exil forcé, veut blanchir
sa réputation. Ses avocats ont entrepris des
démarches auprès du gouvernement canadien pour que
son nom soit retiré de la liste des présumés
terroristes de l’ONU.
« Je veux que mon nom soit enlevé le plus
rapidement possible, a dit hier M. Abdelrazik,
lors d’une brève allocution à la Cour fédérale, à
Montréal. Parce que c’est injuste, et parce que ça
a rendu ma vie très difficile. »
Dix jours après son retour au Canada, Abousfian
Abdelrazik s’est présenté devant le juge Russel
Zin, hier après-midi. Le magistrat, qui avait
ordonné à Ottawa de le rapatrier dans un délai de
30 jours, voulait ainsi s’assurer que son verdict
avait été respecté.
Citoyen canadien depuis 1995, M. Abdelrazik a été
arrêté au Soudan en 2003, soupçonné d’entretenir
des liens avec Al-Qaeda. Lorsqu’il a été relâché,
en 2004, son passeport canadien était échu et
Ottawa a toujours refusé de lui en délivrer un
nouveau. Il s’est réfugié en mai 2008 à
l’ambassade du Canada à Khartoum dans l’espoir
d’obtenir ses documents officiels, qui lui ont été
délivrés après le verdict du juge Zin, rendu le 4
juin.
Au
terme de la courte audience, hier, l’avocat de M.
Abdelrazik, YavarHameed, a annoncéqu’il avait
demandé une rencontre avec les ministres des
Affaires étrangères et de la Sécurité publique,
Lawrence Cannon et Peter Van Loan.
« Le gouvernement a le pouvoir d’entreprendre
certaines démarches pour que le nom d’Abousfian
Abdelrazik soit retiré de la liste 1267 de l’ONU,
et nous voulons savoir si la volonté existe », a
dit Me Hameed. Les gens qui figurent sur cette
liste ne peuvent posséder de biens ou voyager,
entre autres.
Pendant la rencontre, les avocats de M. Abdelrazik
souhaiteraient aborder « la question de
l’imputabilité du gouvernement ». « Le
gouvernement du Canada doit reconnaître sa
responsabilité pour ce qui est arrivé », a dit Me
Hameed, sans préciser si son client envisageait un
recours en justice. Le bureau de M. Cannon n’a pas
souhaité commenter la situation, hier, affirmant
n’avoir reçu aucune demande de rencontre
officielle à ce jour.
M. Abdelrazik fera une conférence de presse la
semaine prochaine. Rappelons que la Gendarmerie
royale du Canada et le Service canadien du
renseignement de sécurité ont tous deux indiqué
qu’ils ne retenaient aucune preuve contre lui.
Montréalais condamné à mort : Stockwell Day dit
poursuivre les efforts
— Le
ministre du Commerce international, Stockwell Day, a
confirmé à la famille du Montréalais condamné à la
décapitation en Arabie Saoudite qu’Ottawa faisait
tout en son pouvoir pour lui venir en aide.
Dans une déclaration émise par son bureau hier, le
ministre Day affirme avoir donné sa parole à la
famille de Mohamed Kohail lors d’une visite
officielle qu’il mène en ce moment en Arabie
Saoudite.
Il soutient également avoir discuté des cas de
Mohamed Kohail et de son frère, Sultan, lors de
rencontres bilatérales. Au cours de son séjour en
Arabie Saoudite, M. Day a notamment rencontré le
président de la Commission saoudienne des droits de
l’Homme, Bandar bin Mohammed Al-Aiban.
Mohamed Kohail, qui est âgé de 24 ans, et un ami
jordanien, Muhanna Ezzat, ont été reconnus coupables
du meurtre de Munzer Al-Hiraki lors d’une bagarre
survenue après l’école à Djedda, en janvier 2007. Il
a été condamné à mort par décapitation.
L’échauffourée
a apparemment été déclenchée quand le frère cadet de
Mohamed, Sultan, a été accusé d’avoir insulté une
fille.
Les deux frères ont affirmé à plusieurs reprises
qu’ils avaient agi en état de légitime défense et
n’avaient pas infligé les blessures fatales durant
la bagarre. Des dizaines d’adolescents auraient été
mêlés à l’événement.
Sultan Kohail, qui est âgé de 18 ans, a d’abord été
condamné, à titre de complice, à un an de détention
et 200 coups de fouet. La famille de la victime a
interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra
probablement subir un nouveau procès.
Les deux frères et leur ami clament leur innocence
et soutiennent que le système judiciaire saoudien ne
leur a pas offert un procès équitable.
Aucun détail concernant les discussions qu’a eues
Stockwell Day avec les représentants saoudiens n’a
été dévoilé. Mais le gouvernement canadien a déjà
déclaré qu’il réclamait la clémence pour les deux
frères.
Preuve « insuffisante » contre Charkaoui
- Laura-Julie Perrault
Le certificat de sécurité contre le Montréalais
pourrait être bientôt levé
Le certificat de sécurité qui pèse sur le
Montréalais Adil Charkaoui pourrait être bientôt
levé. Dans un document déposé à la Cour fédérale
et que La Presse a obtenu, le gouvernement
canadien admet que la preuve au dossier de
l’immigrant d’origine marocaine est aujourd’hui
« insuffisante » pour justifier son renvoi du
pays.
Dans le document en date du 31 juillet, les
ministres de l’Immigration et de la Sécurité
publique écrivent qu’ils en sont venus à ce
constat après avoir eux-mêmes retiré du dossier
de M. Charkaoui une partie des renseignements
qui les avaient amenés, en 2003, à soupçonner le
ressortissant marocain d’avoir des liens avec
l’organisation terroriste d’Oussama ben Laden,
Al-Qaeda.
La juge de la Cour fédérale qui supervise le
dossier de M. Charkaoui, Danièle TremblayLamer,
a récemment enjoint au gouvernement de rendre
publiques certaines informations jusque-là
restées secrètes. Estimant que le dévoilement de
ces renseignements « porterait atteinte à la
sécurité nationale ou à la sécurité d’autrui »,
et ce, malgré l’avis contraire de la juge, les
ministres ont décidé de les enlever de la preuve
plutôt que d’en révéler la teneur.
Dans un nouveau sommaire public des soupçons que
le gouvernement entretient à l’égard d’Adil
Charkaoui, on peut voir que l’allégation selon
laquelle il aurait discuté au téléphone de la
prise de contrôle d’un avion à des fins
agressives a été biffée. Idem pour sa présumée
participation à un camp d’entraînement
d’Al-Qaeda en Afghanistan.
À la suite de ces importantes modifications au
dossier, la juge de la Cour fédérale devra
décider à son retour de vacances en septembre si
le certificat de sécurité tient encore la route
ou s’il doit être révoqué.
Dans une directive qu’elle a fait parvenir au
gouvernement et à M. Charkaoui au début du mois,
la juge demande aux ministres s’il ne serait pas
préférable qu’ils retirent euxmêmes le
certificat.
Six ans de contraintes
La
rédaction
du certificat de sécurité en mai 2003 a entraîné
la détention pendant 18 mois d’Adil Charkaoui,
sans qu’aucune accusation ne soit portée contre
lui. Mis en liberté en 2005, il a dû respecter
une longue liste de conditions pendant près de
quatre ans, y compris un couvre-feu et
l’interdiction d’utiliser l’internet ou un
téléphone cellulaire.
Ces conditions ont été progressivement allégées,
mais Adil Charkaoui doit encore aviser les
autorités s’il quitte Montréal et porter un
bracelet GPS à la cheville. Si le certificat
contre lui est jugé déraisonnable, il recouvrera
la liberté complète.
En entrevue avec La Presse, Adil Charkaoui ne
cachait pas cette semaine qu’il se réjouit des
nouveaux développements dans son dossier, mais
le père de trois enfants affirme que ses
avocates et lui, ayant déjà remporté deux
manches contre le gouvernement à la Cour suprême
dans le dossier des certificats de sécurité,
veulent plus. « Il faut crever l’abcès. Nous
voulons que tous les abus dont j’ai été victime
soient reconnus par la cour. Je veux blanchir
mon nom », plaide Adil Charkaoui. Par
conséquent, il demande l’arrêt du processus, sur
la base de toutes les irrégularités au dossier.
S’ilagaindecause, Charkaoui et ses supporters
couperont l’herbe sous le pied du gouvernement
qui veut porter l’affaire en appel. Le
gouvernement veut notamment contester la
nécessité de divulgation des renseignements
secrets et estime que M. Charkaoui représente
toujours un danger à la société.
Des certificats controversés
Mesure prévue par la loi de l’immigration
canadienne, les certi f icats de sécurité
permettent au gouvernement canadien d’expulser
des noncitoyens du pays s’il est capable de
prouver qu’il a des motifs de croire que les
personnes visées représentent un danger à la
sécurité nationale. Le gouvernement a dû en
revoir les modalités après que la Cour suprême
eut tranché en 2007 que les certificats
violaient les droits des personnes visées en ne
leur permettant pas de connaître la preuve
amassée contre eux.
À ce jour, cinq hommes musulmans font toujours
l’objet d’un certificat.
L’opposition juge « honteuse » la décision
du gouvernement - MALORIE BEAUCHEMIN
Omar Khadr restera aux mains des Américains
« C’est honteux. C’est une gifle au visage de
la Cour suprême et au concept de défense des
droits de la personne, a estimé le chef du
NPD, Jack Layton. C’est épouvantable de voir
que notre gouvernement n’a fait dans ce
dossier aucun effort pour assurer que les
droits deM. Khadr soient respectés comme
précisé dans notre Charte des droits de la
personne. »
OTTAWA — La décision du gouvernement fédéral
de ne pas demander le rapatriement d’Omar
Khadr et de faire le « strict minimum » pour
protéger les droits du prisonnier canadien à
Guantánamo est « regrettable », voire «
honteuse », selon les partis de l’opposition à
Ottawa.
Mardi , en soirée , le ministre de la Justice,
Rob Nicholson, a fait connaître la réponse
officielle du gouvernement au jugement de la
Cour suprême du 29 janvier dernier, qui
sommait Ottawa d’offrir réparation au jeune
prisonnier détenu à Guantánamo, pour la
violation de ses droits fondamentaux.
En 20 03 et 20 0 4 , des fonct ionnai res et
agents fé dér au x ont int e r rogé M. Khadr
alors qu’il avait é té pr ivé sys téma t
iquement de sommeil, puis ont transmis aux
autorités américaines les informations ainsi
recueillies.
La Cour suprême a jugé le gouvernement
responsable de cette violation des droits du
ressortissant, mais a laissé Ottawa choisir de
quelle façon il allait réparer les torts
causés.
Plutôt que de rapatrier Omar Khadr au pays,
comme le réclament ses avocats, les groupes de
défense des droits et l’opposition, le
gouvernement a jugé qu’il n’avait qu’à
demander aux Américains de ne pas utiliser
l’information fournie à l’issue des
interrogatoires de 2003 et 2004 contre M.
Khadr dans le cadre des procédures de la
commission militaire, qui devraient débuter en
juillet. Une note diplomatique à cet effet a
été envoyée au gouvernement américain mardi, a
expliqué le ministre Nicholson dans un
communiqué.
« C’est honteux. C’est une gifle au visage de
la Cour suprême et au concept de défense des
droits de la personne, a estimé le chef du
NPD, Jack Layton. C’est épouvantable de voir
que notre gouvernement n’a fait dans ce
dossier aucun effort pour assurer que les
droits de M. Khadr soient respectés comme
précisé dans notre Charte des droits de la
personne. »
Enfant soldat
Selon le chef du Parti libéral, Michael
Ignatieff, les conservateurs de Stephen Ha r
per ont répondu au jugement du plus haut
tribunal du pays par « le strict minimum ».
« On regrette la décision du gouvernement
Harper. Dans la note diplomatique, ils n’ont
même pas mentionné que c’était un enfant
soldat », a dit M. Ignatieff. Omar Khadr
n’avait que 15 ans lorsqu’il a été arrêté en
Afghanistan, en 2002. Accusé du meur t re d’un
soldat amér icain, le prisonnier canadien
croupit à Guantánamo depuis sept ans, sans
procès. Il est le dernier ressortissant
occidental dans le tristement célèbre centre
de détention, les autres ayant tous été
rapatriés dans leur pays d’origine.
Nathan Whitling, avocat du jeune prisonnier,
s’est dit « choqué » par la réponse
gouvernementale, surtout après avoir essuyé un
refus des autorités canadiennes d’entendre sa
version des faits avant de rendre leur
décision.
Les avocats de M. Khadr ont intenté un recours
en Cour fédérale pour casser la décision du
gouvernement.
Jim Flaherty tente d’amadouer les
critiques - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Accusé d’avoir abandonné à leur sort
les retraités ayant perdu une partie ou la
totalité de leur fonds de retraite, le ministre
des Finances, Jim Flaherty, a annoncé hier un
train de mesures visant à rendre davantage
solvables les régimes de retraite d’entreprises
relevant de la compétence d’Ottawa.
Plusieurs
travailleurs
ayant contribué toute leur vie à un régime de
retraite se retrouvent aujourd’hui le bec à
l’eau puisque les entreprises qui les
employaient ne peuvent plus les f i nancer
adéquatement. Selon certaines évaluations, les
régimes de retraite seraient sous-financés de
quelque 50 milliards de dollars au pays.
« Notre gouver nement a prêté une oreille
attentive aux Canadiens et nous comprenons la
valeur que revêtent la sécurité et la viabilité
des régimes de retraite », a affirmé le ministre
des Finances.
Sel: Santé Canada fera confiance à
l’industrie - Stéphanie Bérubé
il semble que nous soyons friands de sel. Et
l’industrie alimentaire ne se gêne pas pour
parfumer ses plats canadiens de sodium.
Résultat: on trouve plus de sel dans la version
canadienne de certains aliments faits par des
multinationales.
Santé Canada a
formé un groupe d’experts il y a deux ans afin
de créer une politique sur le sel dans les
aliments. Il semble que le groupe penche vers
l’autorégulation. C’est du moins ce qui a été
mentionné dans le Journal de l’Association
médicale canadienne au début du mois. Santé
Canada affirme que le rapport final du groupe ne
sera déposé qu’au milieu de l’année prochaine.
La stratégie d’autorégulation a déjà été adoptée
pour réduire les gras trans dans l’alimentation.
Toutefois, le défi est peut-être plus grand
encore cette fois. Le sel n’est pas qu’un agent
de conservation efficace et abordable, il est
aussi porteur de goût, rappelle Paul Boisvert,
de la Chaire de recherche sur l’obésité de
l’Université Laval. On ne le remplace pas si
facilement.
Heureusement, estime ce spécialiste, Santé
Canada compte aussi miser sur l’éducation.
Les
gens, en général, ne s’intéressent au sel que
lorsque leur médecin leur conseille de le faire.
Or, explique M. Boisvert, passer de 3500 mg à
1500 mg de sodium par jour aurait des bienfaits
sur la santé équivalents à l’activité physique
ou à une perte de poids substantielle. Il existe
aussi un calcul mathématique permettant
d’estimer la diminution de la pression
artérielle selon la réduction de milligrammes de
sodium consommés.
Une analyse britannique rendue publique cette
semaine évalue quant à elle que 5g de sel de
moins par personne, chaque jour, équivaut à une
diminution de 23% des crises cardiaques.
Santé Canada songerait aussi à instaurer un
système de logo de type « feu de circulation ».
Les produits ayant le feu vert respecteraient
les limites de « sel par portion » recommandées.
Cela ferait inévitablement pression sur
l’industrie. Pourquoi choisir un gruau qui
affiche un feu jaune si son voisin sur la
tablette porte le vert?
En
attendant, pour la majorité des produits du
supermarché, les consommateurs devraient être
vigilants et prendre le temps de consulter le
tableau des valeurs nutritives. Le meilleur
conseil reste, néanmoins, de cuisiner davantage
et de diminuer la part de produits transformés
dans l’alimentation.
Fermeture de Chalk River L’opposition passe à
l’attaque - Malorie Beauchemin
OTTAWA — Hypocrisie, inaction,
déresponsabilisation ; au lendemain de
l’annonce, par Énergie atomique du Canada, d’un
nouveau délai pour la réouverture du réacteur
nucléaire de Chalk River, l’opposition et les
intervenants du milieu blâment le gouvernement
fédéral pour leur réaction à la crise.
En fin de journée mercredi, l’agence fédérale
EACL a publié un communiqué de presse indiquant
que la centrale de Chalk River ne serait pas
rouverte avant le premier trimestre de 2010. Le
réacteur nucléaire produisait 40% de
l’approvisionnement mondial en isotopes
médicaux, nécessaires aux diagnostics de cancer,
jusqu’à sa fermeture temporaire en mai dernier.
Le premier ministre Stephen Harper s’est dit «
déçu », hier, de ce nouveau délai. Le réacteur
ne devait, au départ, être hors de service que
pour un mois.
« Nous espérons avoi r plus d’actions plus vite
de la part d’Énergie atomique du Canada. Nous
continuons à les pousser pour qu’ils puissent
assurer l’approvisionnement en isotopes dès que
possible », a dit M. Harper, de passage à
Kitchener, en Ontario.
« C’est hypocrite » , s’est insurgé le critique
libéral en environnement, David McGuinty. Selon
lui, plutôt que de prendre ses responsabilités,
le gouvernement blâme EACL parce qu’il veut « se
débarrasser » de cette agence étatique, la
privatiser et sortir le gouvernement de
l’industrie nucléaire.
« C’est une stratégie délibérée du premier
ministre pour dévaluer la société de la Couronne
et légitimer éventuellement aux Canadiens que
tout est pourri là-dedans et qu’on abandonne
complètement le secteur », a estimé M. McGuinty.
Au milieu de la crise des isotopes, au
printemps, le premier ministre Harper avait
annoncé à brûle-pourpoint que le Canada se
retirerait de la production d’isotopes médicaux
lorsque le réacteur de Chalk River aurait
atteint la fin de sa vie utile.
Le Bloc québécois et le NPD, de même que les
libéraux, réclament depuis le printemps des
solutions à court, mais aussi à long terme pour
pallier la pénurie d’isotopes dans le monde, qui
sera vraisemblablement aggravée par la fermeture
temporaire d’autres réacteurs, en Europe
notamment. L’Association québécoise des
établissements de santé et services sociaux
(AQESSS) estime que la pénurie d’isotopes
coûtera 10 millions de dollars au réseau si la
crise dure un an, seulement pour le Québec.
L’opposition et les intervenants du milieu
somment Ottawa de dédommager les provinces pour
les coûts supplémentaires « puisque c’est le
gouvernement fédéral qui est responsable de la
crise », a jugé le Dr François Lamoureux,
président de l’Association des spécialistes en
médecine nucléaire du Québec.
Réparation imminente
Contrairement aux précédents rapports d’EACL sur
la centrale de Chalk River qui restaient vagues
sur les dates de réouverture, cette fois-ci les
dirigeants sont catégoriques : le réacteur
nucléaire pourra reprendre du service au premier
trimestre de 2010, vraisemblablement à l’hiver
prochain. « Nous faisons encore des
vérifications pour comprendre les mécanismes de
corrosion, mais tous ces tests n’auront pas pour
effet de prolonger les délais parce qu’ils
seront faits en parallèle avec la stratégie de
réparation que nous avons adoptée », a dit Hugh
MacDiarmid, présidentdirecteur général d’EACL,
en entrevue à La Presse.
Au total, les inspections ont révélé neuf
endroits endommagés, qui, plutôt qu’être traités
séparément, seront vraisemblablement réparés
ensemble, à l’aide d’un procédé de renforcement
par soudure.
Isotopes: Ottawa ne ferme pas à la
porte à un dédommagement
Le gouvernement fédéral ne ferme pas la porte à
l’idée de dédommager les provinces pour la
pénurie d’isotopes médicaux, qui entraîne des
coûts supplémentaires importants pour les
hôpitaux de toutes les régions du pays.
La ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, a
indiqué hier qu’elle n’avait pas encore reçu de
demande « officielle » de remboursement. Elle a
toutefois ajouté qu’il s’agissait d’un dossier
que son équipe suivait de près.
À
l’instar de l’Ontario, Québec a conf i rmé qu’i
l avait l’intention de demander à Ottawa de lui
faire un chèque pour couvrir le coût
d’acquisition d’isotopes.
D’après le ministre québécois Yves Bolduc, la
note pourrait atteindre 10 millions pour la
province si la crise devait se poursuivre
pendant un an.
La pénur ie d’i s o topes médicaux perdure
depuis la fermeture de la centrale nucléaire de
Chalk River à cause d’une fuite d’eau lourde
constatée le printemps dernier. Ce réacteur
situé près d’Ottawa répondait au tiers de la
demande planétaire.
Isotopes : Ottawa est appelé à
l’aide - Marie Vastel
Tandis que les experts de la santé s’entendent
pour dire que la pénurie d’isotopes médicaux
risque de s’aggraver fortement dans les
prochaines semaines, les regards se tournent
vers Ottawa afin que le fédéral vienne en aide
aux établissements de santé pour éviter le pire.
L’Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services sociaux
(APTS) a appelé, hier, le gouvernement du Québec
à faire pression sur le gouvernement fédéral,
pour que ce dernier verse une compensation à la
province.
La pénurie d’isotopes coûte cher, plaide l’APTS,
puisque les isotopes sont désormais plus
coûteux, et les solutions de rechange sont
également plus dispendieuses. Et comme les
isotopes n’ont une durée de vie que de six
heures, les hôpitaux doivent s’en servir le plus
rapidement possible, ce qui fait que le
personnel médical est appelé à faire des heures
supplémentaires et à modifier ses horaires de
travail pour répondre à la demande.
«
Il faut que le gouvernement du Québec aille
cogner à la porte du fédéral, il ne faut pas
qu’il attende qu’il lui donne de l’argent, il
n’en donnera pas. Il faut cogner à la porte,
mettre la pression et obtenir des sommes
d’argent pour aider la population », a souligné
la présidente de l’APTS, Dominique Verreault, en
entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.
Au bureau du ministre québécois de la Santé,
Yves Bolduc, on a fait savoir qu’aucun scénario
n’était exclu. Québec pourrait à son tour
réclamer une compensation financière à Ottawa,
puisque le dossier des isotopes relève de sa
juridiction.
L’Ontario a pour sa part déjà indiqué son
intention de faire de même, en raison de la
pénurie d’isotopes.
Mais aucune décision n’a encore été prise à
Québec, et l’adjointe de l’attachée de presse du
ministre Bolduc, Karine Rivard, n’a pas pu
préciser à quel moment le ministère de la Santé
déciderait des mesures à prendre. Pour le
moment, le ministère interroge les
établissements de santé afin de déterminer le
coût exact de la pénurie.
CRISE DES ISOTOPES Une facture possible de 10
millions au Québec - Pascale Breton
EXCLUSIF
En période estivale, les hôpitaux fonctionnent
généralement au ralenti. La situation va
s’aggraver quand le rythme habituel va reprendre
l’automne prochain.
La pénurie d’isotopes médicaux pourrait entraîner
une facture supplémentaire de 10 millions de
dollars pour les hôpitaux québécois si la crise
durait un an.
C’est l’estimation que fait l’Association
québécoise des établissements de santé et services
sociaux (AQESSS) au terme d’une téléconférence
avec une dizaine de directeurs généraux d’hôpitaux
de partout dans la province.
Le bilan est inquiétant. « Ce n’est pas rien.
Quand l’on sait que le budget dont disposent les
départements de médecine nucléaire pour la
province est d’environ 40 millions, on parle ici
d’une augmentation du quart », explique la
directrice générale de l’AQESSS, Lise Denis, en
entrevue à La Presse.
L’AQESSS demande au ministre de la Santé, Yves
Bolduc, d’agir au plus tôt afin de mettre en place
des solutions pour l’automne.
Depuis la mise hors service du réacteur de Chalk
River, en Ontario, en mai dernier, et la pénurie
d’isotopes médicaux qui a suivi, les départements
de médecine nucléaire doivent faire preuve
d’imagination pour traiter les patients. Les
isotopes sont utilisés comme marqueurs pour
certains examens.
Les horaires ont donc été réaménagés afin
d’utiliser au maximum les isotopes lorsque les
livraisons arrivent, en début de semaine.
Des produits de remplacement sont utilisés,
notamment le thallium et le fluorure de sodium,
pour procéder à d’autres types d’examens lorsque
c’est possible. C’est le cas pour certains
patients atteints de cancer.
Tous ces réaménagements ont un coût. Les heures
supplémentaires et l’utilisation de produits de
rechange coûtent de 10 à 12% de plus par semaine
aux hôpitaux, révèle l’AQESSS dans sa note de
service.
Jusqu’à présent, grâce à ces solutions de
rechange, beaucoup d’hôpitaux ont réussi tant
bien que mal à maintenir leur degré d’activité
habituelle. D’autres ont vu leur capacité
diminuer légèrement, augmentant du coup les
listes d’attente. Mais l’urgence commence à se
faire sentir.
En période estivale, les hôpitaux fonctionnent
généralement au ralenti. La situation
s’aggravera quand le rythme habituel reprendra
l’automne prochain.
« Nous avons eu une très belle collaboration de
tous jusqu’à présent, mais il est clair que,
pour suivre ce rythme pendant des mois, nous
allons user notre monde », mentionne d’ailleurs
Mme Denis.
Les hôpitaux ne savent que le jeudi la quantité
d’isotopes qui sera disponible pour la semaine
suivante. Tant le personnel médical
qu’administratif est mis à contribution pour
appeler les patients, remodeler les horaires de
rendez-vous, procéder aux examens ou lire les
résultats.
« Onnepourrapas fonctionner à la petite semaine
comme ça quand le volume d’activité reprendra de
façon normale l’automne prochain », ajoute la
directrice générale de l’AQESSS.
Le tour d’horizon mené auprès de la dizaine
d’établissements a permis de sentir l’inquiétude
qui règne. « Les gens sont épuisés. Il faut que
le ministre prépare des voies de passage pour
qu’à l’automne, on ne vive pas la même situation
», insiste Mme Denis.
L’AQESSS n’est pas la seule à s’inquiéter des
répercussions de la pénurie d’isotopes.
La Coalition Priorité cancer invite la
population à écrire à la gouverneure générale,
Michaëlle Jean, et au premier ministre canadien,
Stephen Harper, pour dénoncer l’inaction du
fédéral à gérer la crise.
Plus tôt ce mois-ci, le Conseil pour la
protection des malades avait aussi envoyé une
mise en demeure au gouvernement fédéral, pour
les mêmes raisons.
Isotopes médicaux La pénurie s’accentue -
Pascale Breton
Les
hôpitaux auront la moitié de ce qui est nécessaire
la semaine prochaine
EXCLUSIF
Les vacances de la construction donnent un répit
aux médecins, mais « le pire sera au début du mois
d’août et à la fin de septembre », dit le Dr
Lambert
Déjà aux prises avec des difficultés
d’approvisionnement depuis deux mois, les hôpitaux
verront la disponibilité des isotopes médicaux
chuter de moitié à compter de la semaine
prochaine. Un véritable casse-tête pour les
départements de médecine nucléaire.
Une patiente dans un
accélérateur linéaire en radio-oncologie. Les
isotopes médicaux sont des marqueurs utilisés
pour de nombreux examens médicaux afin de
détecter des cancers et des métastases, des
embolies pulmonaires et des saignements, entre
autres.
« On vient de tarir une source additionnelle et ça
devient critique », déclare le président de
l’Association des médecins spécialistes en
médecine nucléaire du Québec, le Dr Françoi s
Lamoureux.
En mai, l’arrêt du réacteur nucléaire de Chalk
River, en Ontario, a provoqué une crise
d’approvisionnement en isotopes médicaux. Quelques
semaines plus tard, on apprenait que le réacteur
ne sera pas remis en activité avant la fin de
l’année.
Mais voilà que le réacteur de Patten, aux
Pays-Bas, est hors service à son tour depuis une
semaine. Cet arrêt de quatre semaines au total est
nécessaire pour un entretien régulier.
L’impact commencera à se faire sentir au cours des
prochains jours. Après celui de Chalk River, c’est
le plus important producteur de molybdène –
produit radioacti f à partir duquel sont extraits
les isotopes médicaux – dans le monde.
« Quand on peut reporter les examens d’une
semaine, on peut essayer de s’arranger, mais si on
tarit une source pendant un mois, nous avons un
problème », affirme le Dr Lamoureux.
Les isotopes sont des marqueurs utilisés pour
nombre d’examens médicaux afin de détecter des
cancers et des métastases, des embolies
pulmonaires et des saignements, entre autres.
Solution de rechange
Pour pallier la crise, des solutions de rechange
ont été mises en place. Les 54 départements de
médecine nucléaire du Québec ont convenu de se
répartir les stocks disponibles afin que chacun en
ait au moins une quantité minimale.
Les horaires de travail sont prolongés afin de
procéder à plus d’examens en début de semaine,
lorsque les isotopes sont disponibles.
D’autres types d’examens peuvent aussi être
faits pour
Mais cette gestion au jour le jour commence à
peser lourd. C’est particulièrement le cas dans
les hôpitaux pédiatriques.
« I l faut faire énormément d’appels. On fixe
pratiquement certains patients. La tomographie
par positrons ( PET scan) est ainsi utilisée,
notamment pour détecter des cancers. des
rendez-vous à nos patients au jour le jour »,
déplore le chef du département de médecine
nucléaire du centre hospitalier universitaire
Sainte-Justine, le Dr Raymond Lambert.
Les patients proviennent souvent de l’extérieur
de Montréal. Ils sont accompagnés de leurs
parents, qui doivent prendre congé. Comme il
s’agit généralement d’examens de contrôle, les
patients ont aussi d’autres rendez-vous avec
différents spécialistes au cours de la même
journée. Reporter leur examen entraîne bien des
bouleversements.
Heureusement, souligne le Dr Lambert, il reste
encore une semaine aux vacances de la
construction. Il y a donc moins de patients. «
Le pire sera au début du mois d’août et à la fin
de septembre », craint-il.
Les nombreux réaménagements d’horaire ont un
coût. La facture pourrait atteindre 4 millions
supplémentaires au Québec, estime le président
de l’Association des médecins spécialistes en
médecine nucléaire du Québec.
« C’est clair qu’il va y avoir des coûts
supplémentaires, mais nous ne sommes pas en
mesure pour le moment d’évaluer la hausse des
factures des établissements », indique la
porte-parole du ministère de la Santé, Karine
White.
Si la facture est trop élevée, il est possible
que Québec demande au fédéral de l’éponger.
La crise des isotopes
est imminente - Ariane Lacoursière
Environ 3000 patients par semaine risquent d’être
privés de tests au Québec
Alors que les hôpitaux canadiens vivent déjà une
importante pénurie d’isotopes médicaux, le
réacteur nucléaire de Petten, aux Pays-Bas,
cessera ses activités dès aujourd’hui pour un
entretien de routine qui durera un mois. Selon
les spécialistes de médecine nucléaire, une
crise est imminente.
Un technicien en
médecine nucléaire analyse le résultat d’un
test mené sur un patient à l’Hôpital général
de Toronto.
« On a très peur des répercussions. Il faudra
gérer la situation au jour le jour. Déjà, le
moral des troupes n’est pas très bon. On a peur
de ne pas donner de bons services aux patients
», dit le président de l’Association de médecine
nucléaire canadienne, le Dr Jean-Luc Urbain.
« La pénurie importante d’isotopes ne surviendra
pas cette semaine. Parce que le molybdène que
nous recevrons a une durée de vie de 2,2 jours.
Mais à la fin de la semaine prochaine, on aura
une idée de l’ampleur de la crise », explique le
président de l’Association des spécialistes en
médecine nucléaire du Québec, le Dr François
Lamoureux.
SelonlescalculsduDrLamoureux, environ 3000
patients par semaine pourraient devoir se priver
de tests au Québec si la pénurie d’isotopes est
sévère. « Déjà, les hôpitaux se sont fait dire
que leur stock livré chaque semaine sera réduit
des trois quarts », affirme le Dr Lamoureux.
Les hôpitaux canadiens manquent déjà d’isotopes
médicaux depuis trois mois. En mai, la centrale
nucléaire de Chalk River, en Ontario, a dû
fermer en raison d’une fuite d’eau lourde. À
elle seule, cette centrale répondait à 35% des
besoins mondiaux et à pas moins de 80% des
besoins en isotopes au pays.
Pour contrer la pénurie, les hôpitaux québécois
ont modifié leurs horaires et leurs techniques.
« Les isotopes sont comme des glaçons qui
fondent au soleil. Ils ont une durée de vie très
courte. Pour traiter le maximum de patients, on
travaille depuis le mois de mai de façon
condensée, même les week-ends. On fait en deux
ou trois jours ce qu’on fait habituellement en
une semaine », explique le Dr Urbain. Si bien
que la pénurie a eu peu d’impact sur les
patients jusqu’à maintenant.
Mais la fermeture du réacteur de Petten viendra
compliquer la situation. Depuis la fermeture de
Chalk River, le réacteur de Petten avait
compensé la perte en augmentant sa production de
50%. Mais on ne peut plus compter sur ce
réacteur.
Les centrales nucléaires de Belgique et
d’Afrique du Sud ont déjà commencé à augmenter
leur production, affirme le Dr Urbain. « Mais
les isotopes sont une substance brute qui doit
être raffinée. Or, les centrales n’ont pas
toutes de grandes capacités de raffinement »,
explique le Dr Urbain.
Pour l’instant, il est impossible de dire à quel
point la fermeture de la centrale de Petten aura
des conséquences ici. « L’approvisionnement
jusqu’à la semaine prochaine est correct. Tous
les rendez-vous planifiés sont maintenus. Mais
les risques viendront après », reconnaît la
porte-parole du Centre hospitalier de
l’Université de Montréal (CHUM), Lucie Dufresne.
« Jeudi prochain, on aura une meilleure idée de
l’ampleur de la crise », confirme le Dr
Lamoureux.
Fermeture du réacteur de Chalk RiverLa situation
pourrait tourner à la catastrophe
Le
président de la section canadienne de l’Association
de médecine nucléaire, le Dr Jean-Luc Urbain,
qualifie la situation de « désastre national et
international ».
— La fermeture prolongée du réacteur de Chalk River
constitue un casse-tête considérablepour les
hôpitauxdupays, mais lesmédecins croient être
enmesure de composer avec cette situation difficile
pour le moment.
Situé non loin d’Ottawa, le
réacteur de Chalk River, vieux de 52 ans, produit
environ le tiers de l’approvisionnement mondial
d’isotopes médicaux, qui sont nécessaires pour le
diagnostic et le traitement du cancer. La centrale
produisait en outre environ 80% des isotopes
nécessaires pour traiter les Canadiens.
Toutefois, si le réacteur ne redémarre pas d’ici la
fin de l’année, comme les dirigeants de Chalk River
l’ont indiqué hier, cette situation difficile pour
ra it se t ransformer en catastrophe pour bien des
patients, a indiqué hier le Dr Daniel Picard,
secrétaire trésorier de l’Association des médecins
spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
M. P i c a rd a a i ns i réagi hier à l’annonce du
président d’Énergie atomique du Canada ( EACL), Hugh
MacDiarmid, selon laquelle les travaux de réparation
du réacteur de Chalk River sont plus importants que
prévu et prendront donc plus de temps.
Situé non loin d’Ottawa, le réacteur de Chalk River,
vieux de 52 ans, produit environ le tiers de
l’approvisionnement mondial d’isotopes médicaux, qui
sont nécessaires pour le diagnostic et le traitement
du cancer. La centrale produisait en outre environ
80% des isotopes nécessaires pour traiter les
Canadiens.
Mais le réacteur a dû cesser ses activités en mai en
raison d’une importante fuite d’eau lourde. Et tout
indique qu’il demeurera fermé au moins jusqu’en
octobre, et peut-être même jusqu’à la fin de
l’année. Au départ, les dirigeants d’EACL estimaient
qu’il serait possible de le redémarrer en août.
« Cette annonce ne me surprend nullement. Je n’ai
jamais vu une centrale nucléaire se faire réparer en
un ou trois mois. C’était donc quelque chose de
prévisible. Mais cette fermeture prolongée ne change
rien à la situation actuelle. On est déjà en
pénurie. On est en rationnement de radio-isotopes
pour limiter les conséquences sur nos patients, ce
que l’on réussit relativement bien jusqu’ici », a
indiqué le Dr Picard.
Au bout du rouleau
Il a ajouté que les médecins ont modifié leurs
horaires pour maximiser l’utilisation des isotopes
disponibles, lesquels ont une durée de vie limitée.
« Nous travaillons les fins de semaine et le soir
pour les mêmes raisons avec les doses disponibles
durant la journée », a-t-il dit.
Mais si Chalk River demeure fermé en 2010, la
situation sera différente. « Nous sommes en mesure
de composer avec la situation actuellement. Mais il
faut que Chalk River rouvre au début de l’an
prochain », a-t-il dit.
Le
président de la section canadienne de
l’Association de médecine nucléaire, le Dr JeanLuc
Urbain, se montre plus critique, qualifiant la
situation de « désastre national et international
». « Nous avons le tiers de notre
approvisionnement habituel en technétium pour nous
occuper de nos patients », a-t-il dit.
Depuis la fermeture du réacteur, les hôpitaux du
pays sont confrontés à une pénurie d’isotopes,
forçant les médecins à reporter des traitements.
Le gouvernement fédéral travaille depuis des
semaines à trouver de nouvelles sources
d’approvisionnement, mais la situation demeure
difficile.
Depuis quelques semaines, la centrale néerlandaise
de Petten a augmenté sa production de 50% pour
combler une partie de la demande. Mais le réacteur
est aussi très vieux et il devra être fermé du 18
juillet au 18 août pour des travaux d’entretien. À
l’heure actuelle, les divers réacteurs dans le
monde répondent à environ 70% de la demande
mondiale d’isotopes.
Dans une déclaration commune publiée hier, la
ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, et la
ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt,
ont dit partager l’inquiétude des Canadiens au
sujet de la pénurie d’isotopes provoquée par la
fermeture de Chalk River.
« La santé et le bien-être des Canadiens sont la
priorité absolue du gouvernement du Canada et nous
comprenons que l’annonce faite par EACL – que le
temps d’arrêt sera prolongé – est une source
d’inquiétude pour les Canadiens. Nous sommes aussi
très inquiètes et nous comprenons que des familles
canadiennes seront sérieusement affectées par
cette annonce », ont affirmé les ministres.
« Nous nous attendons à une période de pénurie
plus critique au cours du mois d’août. Pour cette
raison, il continuera d’être essentiel que les
fournisseurs de soins de santé gèrent de façon
attentive l’approvisionnement disponible
d’isotopes et qu’on puisse trouver des solutions
de rechange », ont-elles ajouté.
En conférence de presse à Toronto, le président
d’EACL, Hugh Ma c D i a r mid , s ’e s t défendu
d’avoir induit la population en erreur lorsqu’i l
a indiqué au printemps que le réacteur pourrait
reprendre ses activités en août.
Il a soutenu que l’inspection du réacteur a
démontré que les travaux nécessaires étaient plus
importants que prévu. D’où la décision de
prolonger la fermeture pour les prochains mois. «
L’inspection a été un voyage de découverte, comme
vous pouvez l’imaginer », a indiqué le président.
Cela dit, il a certifié que le réacteur pourra
être redémarré ultérieurement et reprendre la
production d’isotopes.
Les travaux de réparation sont fort complexes. «
C’est comme si vous essayez de faire une vidange
d’huile sur votre voiture à partir de votre salon
», a imagé le responsable des travaux, David Cox.
« Un casse-tête inouï »
Une
centrale néerlandaise stoppera sa production
d’isotopes pendant un mois
Environ 3000 patients par semaine verront leurs
rendez-vous retardés.
La fermeture prochaine d’un réacteur nucléaire aux
PaysBas provoquera un « casse-tête inouï » dans notre
système de santé, préviennent des médecins
spécialistes. L’arrêt des activités à la centrale de
Petten relancera de plus belle la crise des isotopes,
avertissent-ils, et jusqu’à 3000 patients québécois
pourraient en subir les conséquences chaque semaine.
Le technicium, la substance
dérivée des isotopes médicaux, sert à tester ou à
traiter 9500 patients au Québec chaque semaine.
Depuis la fin du mois de mai, le Canada et le monde
entier doivent composer avec une pénurie de cette
substance radioactive, qui sert notamment au
diagnostic et au traitement du cancer. La centrale de
Chalk River (en Ontario), qui produisait environ 80%
des isotopes nécessaires aux Canadiens et répondait à
35% des besoins mondiaux, a fermé en raison d’une
fuite d’eau lourde.
Depuis, la centrale néerlandaise de Petten a augmenté
sa production de 50% pour combler une partie de la
demande. Mais voilà, ce réacteur est également âgé. Du
18 juillet au 18 août, il devra fermer pour
maintenance pendant un mois, indique le Dr François
Lamoureux, président de l’Association des spécialistes
en médecine nucléaire du Québec.
Les hôpitaux ont été prévenus: ils perdront les trois
quarts de leurs livraisons habituelles d’isotopes.
« On a un problème majeur », convient le Dr Lamoureux.
Le technicium, la substance dérivée des isotopes
médicaux, sert à tester ou à traiter 9500 pat ients au
Québec chaque semaine.
Alors qu’ils craignent que la pénurie s’aggrave, les
spécialistes et le ministère de la Santé ont adopté
une série de mesures pour éviter une crise. Les
horaires des consultations ont été modifiés pour
optimiser l’utilisation des isotopes, dont la durée de
vie est très courte. Les patients atteints de maladies
cardiaques sont testés à l’aide d’une technologie plus
ancienne, qui ne requiert pas de technicium. Et la
province parvient à mieux économiser la substance que
ses voisins en utilisant l’équipement de tomographie
par émission de positrons, ou TEP ( PET scan en
anglais).
Mais beaucoup de procédures médicales nécessitent
l’utilisation d’isotopes. Et la fermeture de la
centrale de Petten forcera les spécialistes québécois
à reporter environ 50% d’entre elles après le 18
juillet, prévient le Dr Lamoureux. C’est donc dire
qu’environ 3000 patients par semaine verront leurs
rendezvous retardés.
« On peut parfois reporter des examens de quelques
jours, indique le Dr Lamoureux. Mais quand on va se
retrouver dans une situation où ça va durer trois
semaines, on aura des problèmes majeurs. »
« Des
risques »
La Coalition Priorité Cancer, un organisme qui fait la
promotion de la lutte contre cette maladie, qualifie
la situation de « déplorable ».
« On ne peut pas dire à la population: "Ne vous
inquiétez pas", affirme sa porte-parole, Nathalie
Rodrigue. Il y a des risques pour la population. »
Elle estime que ce sont avant tout les patients qui
subiront les contrecoups de cette nouvelle escalade
dans la crise des isotopes. Comme on utilise la
substance radioactive pour mesurer l’efficacité des
traitements de radiothérapie et de chimiothérapie,
dit-elle, des centaines de malades pourraient être
plongés dans l’incertitude.
Unspécialistequi conseille le gouvernement fédéral
dans ce dossier a indiqué au Globe and Mail qu’Ottawa
ne sait pas encore où le pays s’approvisionnera en
isotopes une fois la centrale de Petten fermée.
Besoins couverts à 85%
Pour l’heure, le Québec couvre actuellement 85% des
besoins liés aux isotopes médicaux, indique Marie-Ève
Bédard, attachée de presse du ministre de la Santé,
Yves Bolduc. Mais la donne pourrait changer bientôt.
« C’est sûr qu’on n’est pas à l’abri d’une pénurie,
puisque ça frappe de la même façon tout le monde qui
s’approvisionne dans ces réacteurs nucléaires. »
La fermeture de la centrale de Petten pendant un mois
pourrait être le prélude à une situation beaucoup plus
grave. Le réacteur sera mis hors service pour des
réparations en profondeur dès le début de l’an
prochain. Il cessera alors de produire des isotopes
médicaux pendant six mois.
Une solution miracle? - André
Pratte
Pourquoi le projet MAPLE a été mis sur la glace sans
aucune forme de débat public?
Selon Steve West, président du producteur d’isotopes
médicaux MDS Nordion, il existe une solution simple à
la pénurie actuelle. « La solution se trouve ici au
Canada. La solution, c’est de redémarrer le projet
MAPLE », a-t-il déclaré à un comité de la Chambre des
communes.
Construits il y a une dizaine d’années, les réacteurs
nucléaires MAPLE 1 et 2 devaient permettre la
production de deux fois plus d’isotopes médicaux que
la demande mondiale actuelle. Malheureusement, ils
n’ont pu être mis en service en raison de problèmes
techniques.
Énergie atomique du Canada (EACL) n’est pas parvenue à
régler ces problèmes malgré des investissements de 250
millions à 600 millions (la somme exacte n’est pas
connue). L’an dernier, avec l’accord du gouvernement
Harper, EACL a décidé d’abandonner le projet.
Certains experts estiment que ce fut une grave erreur.
Depuis que le vieux réacteur de Chalk River a cessé sa
production en raison d’une fuite, on presse le
gouvernement de revenir sur sa décision. La ministre
des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a rejeté cette
idée: « Le problème est que, si le réacteur entrait en
fonction, il ne serait pas sécuritaire parce qu’il y a
une possibilité qu’on soit incapable de l’arrêter. »
Laministre exagère ou comprend mal. Les MAPLE comptent
suffisamment de systèmes de protection pour empêcher
qu’on perde contrôle de la réaction nucléaire.
L’ingénieur John Waddington, qui a travaillé pendant
27 ans à la Commission candienne de sûreté nucléaire,
a été catégorique à ce sujet: « Il ne fait absolument
aucun doute que les réacteurs MAPLE sont sans danger.
Je vivrais sans hésitation avec mes enfants et mes
petits-enfants à proximité de ces réacteurs. »
Alors,
pourquoi Énergie atomique du Canada les a-t-elle
envoyés aux boules à mites? Parce que le réacteur ne
se comporte pas comme l’avaient prédit ses
concepteurs. Or, dans le domaine du nucléaire, les
autorités gouvernementales ne permettent tout
simplement pas la mise en service d’installations dont
on ne comprend pas le fonctionnement dans les moindres
détails.
Par conséquent, même si le gouvernement revenait sur
la décision d’abandonner le projet MAPLE, il faudrait
encore des années et « des centaines de millions »
(selon le PDG d’EACL) avant que les réacteurs ne
puissent servir à la production d’isotopes.
La solution miracle à la présente pénurie ne se trouve
donc pas là. En fait, il n’y a pas de solution
miracle. À court terme, le seul espoir réside dans la
réparation rapide – trois mois? six mois? – du
réacteur cinquantenaire de Chalk River.
Cela dit, il ne nous semble pas raisonnable que le
projet MAPLE ait été mis sur la glace sans aucune
forme de débat public. Énergie Atomique du Canada
s’est contenté d’un bref communiqué de presse et est
très peu bavarde depuis.
Les contribuables canadiens ont financé à coup de
dizaines de millions la construction de ces
installations. Les malades canadiens subissent les
conséquences de la pénurie d’isotopes. Ne devraientils
pas avoir voix au chapitre? Souhaitons que le groupe
d’experts mis sur pied il y a trois semaines par le
gouvernement se penchera sur l’opportunité de relancer
le projet MAPLE.
Mes amis sont-ils condamnés? Nos premiers
ministres doivent agir en chef d’État et régler rapidement la
crise des radio-isotopes
Tout cela
n’a aucun bon sens, je n’arrive pas à comprendre que nous
en soyons arrivés là.
L’auteure est la mère d’un enfant maintenant guéri d’un
cancer. Elle a mis sur pied la fondation Les Gouverneurs
de l’espoir, après s’être engagée durant de nombreuses
années avec Leucan. Je suis entourée de gens qui livrent
une lutte infernale contre le cancer. Je côtoie
quotidiennement des enfants cancéreux et des parents hyper
anxieux en attente des résultats.
Un
appareil utilisé en médecine nucléaire.
Mon frère se bat depuis deux ans. Ma meilleure amie attend
impatiemment l’opération qui lui enlèvera la masse qui
s’est logée dans son palais alors qu’elle était enceinte
de sept mois, elle attend encore cette opération hyper
urgente qui devait être faite en avril et qui a été
reportée deux fois. Il y a aussi la femme de mon
entrepreneur qui voit ses traitements reportés, la soeur
de mon beau-frère qui est complètement découragée, car il
n’y a pas une seconde qui passe sans qu’elle se demande si
elle fait partie des « cas » où il y a eu erreur
d’analyse. J’arrête ici, mais je pourrais facilement
continuer ma liste en ajoutant des dizaines d’histoires
aussi graves les unes que les autres.
Aujourd’hui, je voudrais en leur nom m’adresser aux
différents ordres du gouvernement fédéral et provincial.
Je ne suis pas une professionnelle de la santé, je ne suis
pas non plus une grande scientifique, mais je suis capable
de voir et de juger la gravité des choses. La crise des
radio-isotopes est catastrophique!
Le Dr
Soulière (hématologue et oncologue médical au CHUM)
l’explique bien: « Pour les patients qui souffrent d’un
cancer, la médecine nucléaire sert à établir le diagnostic
de leur condition, à déterminer le stade de la maladie et
à choisir le traitement » … Alors qu’arrivera-t-il s’il
n’y a plus ou presque plus d’isotopes? Est-ce que mes amis
sont condamnés? Seront-ils les prochains à alimenter les
statistiques des décès causés par le cancer ? Vont-ils
mourir à petit feu devant moi, spectatrice impuissante?
Tout cela n’a aucun sens, je n’arrive pas à comprendre que
nous en soyons arrivés là, mais pour l’instant ne perdons
pas de temps à tenter de comprendre le pourquoi, il faut
agir rapidement. Qu’allezvous faire maintenant, messieurs
les premiers ministres? Vous avez eu le pouvoir, vous avez
été élus par le peuple, alors maintenant, agissez en chefs
d’État et prenez vos responsabilités!
C’est la santé physique et mentale de tout un peuple qui
en dépend. Imaginez un seul instant que vous êtes ce
patient qui attend, qui souffre et qui va sûrement mourir
si rien n’est fait. Imaginez que vous allez laisser
derrière vous une petite fille de quelques mois, une
famille complètement anéantie, un avenir prometteur…
L’empathie, messieurs les premiers ministres, estce que
vous savez ce que cela veut dire? C’est vrai que ce
sentiment ne se chiffre pas en dollars et qu’il est
impossible d’inclure ces résultats dans la classe positive
d’un budget.
La seule chose qui m’importe aujourd’hui, c’est de
connaître votre plan d’action. Je voudrais que toutes vos
énergies soient concentrées sur le mode solution. Puis-je
vous demander de mettre de côté vos divergences et de
rallier vos neurones pour une fois, vous gens du pouvoir
et de l’opposition?
La pénurie touche les hôpitaux québécois -
Agnès Gruda
« La situation
actuelle était prévisible, Ottawa l’a laissée pourrir, il a
laissé tomber les malades », accuse le Dr François Lamoureux.
Des patients suspendus au téléphone, qui veulent savoir quand
ils pourront subir un test diagnostique, ou s’ils pourront ou
non soigner leur cancer de la thyroïde. Des listes d’attente
qui s’allongent. Des hôpitaux qui voient leurs réserves
d’isotopes fondre à vue d’oeil.
Et puis, de l’inquiétude. Beaucoup d’inquiétude.
Tel est l’impact de la nouvelle « crise des isotopes », causée
par la fermeture du réacteur de Chalk River, il y a deux
semaines. S’ils ont réussi à parer au plus urgent, les
services de médecine nucléaire font face à des patients de
plus en plus nerveux. Et ils ont peu de choses à leur dire
pour les rassurer.
« Cette semaine, nous n’avons plus assez d’iode 131 pour
soigner les patients atteints de cancer de thyroïde », dénonce
le Dr François Lamoureux, président de l’Association des
médecins spécialisés en médecine nucléaire du Québec.
Il n’a pas de mots pour qualifier l’attitude du gouvernement
fédéral, qui a décidé d’abandonner, il y a un an, le projet de
construction de deux nouveaux réacteurs, appelés Maple 1 et
Maple 2, pour remplacer le vieil appareil de Chalk River.
« La situation actuelle était prévisible, Ottawa l’a laissée
pourrir, il a laissé tomber les malades », accuse-t-il.
Situation « très serrée »
Un tour d’horizon de quelques hôpitaux québécois indique que
tous sont affectés par la pénurie. « Cette semaine, notre
capacité de production de technétium était à 30%. La semaine
dernière, c’était 10%. Et on n’a pas la moindre idée de ce qui
nous attend la semaine prochaine », déplore le Dr Jean
Guimond, de l’Institut universitaire de cardiologie et de
pneumologie de Québec.
Chaque semaine, l’Institut reçoit des générateurs de
molybdène, une en jour, à mesure que la semaine avance.
« Actuellement, nous fonctionnons avec notre minimum vital, la
situation est très inquiétante », dit-il.
L’hôpital Sainte-Justine marche lui aussi sur un fil de fer. «
Il y a 15 jours, on recevait encore 70% de notre
approvisionnement en technétium. Cette semaine, c’est 20% »,
dit le Dr Raymond Lambert.
Jusqu’à
maintenant, l’hôpital a réussi à « rouler sur la vague », en
regroupant les rendez-vous, en réduisant les doses d’isotopes
ou en utilisant des substances de remplacement.
Cette semaine, la situation est devenue très, très « serrée »,
selon substance qui sert à fabriquer le technétium, marqueur
nécessaire à des tests de médecine nucléaire.
Ces tests, utilisés entre autres en médecine coronarienne et
en oncologie, permettent de décider si un patient a besoin
d’un pontage coronarien, par exemple. « Chez nous, tous les
cas sont urgents », dit le Dr Guimond, qui voit les réserves
de technétium s’épuiser de jour le Dr Lambert. Des rendez-vous
ont été remis et des examens n’ont été faits qu’à moitié.
Mais le Dr Lambert s’inquiète surtout pour les jours qui
viennent. « Est-ce qu’on pourra faire deux examens? Quatre? On
ne le sait pas », dit-il.
La situation est un peu meilleure
àl’hôpitalMaisonneuve-Rosemont, qui a reçu 50% de ses
isotopes. L’hôpital a quand même dû geler ses rendez-vous en
médecine nucléaire pour les patients des consultations
externes.
Patients en danger
Les hôpitaux déploient les grands moyens pour compenser la
pénurie. L’hôpital de Verdun, dont les réserves d’isotopes
tomberont à 5% demain, recevra ce weekend un générateur qui
devrait lui permettre de renflouer ses stocks. Au Centre
hospitalier de l’Université de Montréal, la majorité des
patients ont pu subir leurs tests, dit Lucie Dufresne,
porte-parole de l’hôpital. « Nous suivons ça de très près,
nous devons nous revirer de bord sur un 10 cennes pour
organiser les rendez-vous. »
La plupart des hôpitaux s’en tirent en remettant les
rendez-vous moins urgents à plus tard, ce qui retarde
diagnostic et traitement, signale le Dr Lambert. Des examens
pour maux de dos ou arthrose peuvent être reportés. « Mais
pour le patient qui éprouve les symptômes, le diagnostic est
toujours urgent », dit-il.
La pénurie actuelle met carrément la vie des gens en danger,
clame le Dr Pierre Audet-Lapointe, de la Coalition
Priorité-Cancer. Le pire, selon lui, c’est que le réacteur de
Chalk River, qui fournissait la moitié des isotopes médicaux
utilisés dans le monde, était déjà tombé en panne en 2007. «
Comment se fait-il qu’Ottawa ne se soit pas réveillé plus tôt?
»
Le Dr Jean Guimond, lui, juge qu’Ottawa a eu une « attitude
très désinvolte, tant pour les patients canadiens que pour
ceux de toute la planète ».
« Quand le réacteur de Chalk River est tombé en panne, ça
aurait dû déclencher la sonnette d’alarme », s’indigne-t-il.
LE TECHNÉTIUM 99
Le réacteur
de Chalk River, en Ontario, fabrique du molybdène, dont on
tire le technétium 99, un isotope utilisé en médecine
nucléaire. Ce marqueur est utilisé entre autres pour la
détection de cancers, mais aussi pour des tests en
cardiologie ou pour l’examen du système osseux. Il existe
d’autres méthodes pour réaliser ces tests. Le thallium, par
exemple, est également utilisé en médecine coronarienne,
mais il est moins efficace et exige plus de temps. Résultat
: les listes d’attente s’allongent. Un autre isotope produit
à Chalk River, l’iode 131, est utilisé pour le traitement du
cancer de la thyroïde et l’hyperthyroïdie.
Réacteur nucléaire de Chalk River Ottawa fait pression
sur les responsables
(NDE
: Pourquoi ne pas simplement agir, et donc financer,
plutôt que de "faire pression" ou autrement dit de ne
faire que "souhaiter ardemment" !?!...)
— Le gouvernement fédéral souhaite ardemment que le
réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, soit remis
en état de marche plus rapidement que ne l’ont prédit les
responsables.
C’est ce qu’a affirmé hier la ministre fédérale des
Ressources naturelles, Lisa Raitt, alors qu’elle exprimait
son opinion sur la manière de gérer la pénurie mondiale
d’isotopes médicaux.
Selon Mme Raitt, de passage à Toronto, la gestion de cette
pénurie est ardue, mais compte tenu de l’importance du
réacteur canadien dans l’approvisionnement mondial
d’isotopes médicaux, il serait préférable de bouger plus
rapidement.
Toutefois, a-t-elle ensuite reconnu, Énergie atomique du
Canada (EACL) doit d’abord prendre les mesures de sécurité
nécessaires.
Situé non loin d’Ottawa, le réacteur de Chalk River, qui
produit environ le tiers de l’approvisionnement mondial en
isotopes médicaux, a dû cesser ses activités, il y a plus
d’un mois, en raison d’une importante fuite d’eau lourde.
Les
responsables ont estimé que le réacteur restera fermé
pendant trois mois, soit jusqu’au milieu du mois d’août.
Toutefois, le président d’EACL a affirmé à un comité des
Communes qu’il s’agissait d’une prévision optimiste. Hugh
MacDiarmid n’a toutefois pas voulu établir un échéancier
précis pour relancer le réacteur.
Un autre tiers de l’approvisionnement mondial en isotopes
médicaux est fourni par les Pays-Bas, alors que le reste
est produit par l’Afrique du Sud, la Belgique et la
France.
« Même sans la production du Canada, la demande mondiale
totale en isotopes médicaux est satisfaite par ces quatre
autres réacteurs », a affirmé hier Mme Raitt.
Mais la ministre a ajouté que si les activités d’un seul
de ces réacteurs devaient être interrompues, il n’y aurait
alors plus suffisamment d’isotopes médicaux.
Le réacteur néerlandais sera fermé à la mi-juillet durant
un mois pour des opérations de maintenance. Le Canada mène
présentement des discussions avec les autres producteurs
d’isotopes afin de coordonner les fermetures des réacteurs
et pour gérer la baisse de la production.
Les droits de la personne sont bafoués, selon un
expert - FRANÇOIS CARDINAL
Une
sommité scientifique en matière d’amiante, affiliée au
Centre international de recherche sur le ca ncer (C I
RC), estime que le Canada bafoue sa politique sur les
droits de la personne en exportant cette substance
cancérigène dans le tiers-monde.
PHOTO ARCHIVES PC
Des
experts
québécois en santé publique exhortent Ottawa à
interdire la production et l’exportation d’amiante
chrysotile, qui cause l’amiantose et des cancers
mortels comme le mésothéliome et le cancer du
poumon. Sur notre photo, une équipe de nettoyage
s’affaire à récupérer des débris d’amiante dans un
parc à la suite d’une forte explosion, survenue
l’été dernier à Toronto.
Ce point de vue est partagé par 14 experts québécois
en santé publique, qui exhortent Ottawa à interdire la
production et l’exportation d’amiante chrysotile dans
une lettre intitulée « Cessons le mensonge », publiée
aujourd’hui dans les pages FORUM (page A27) de La
Presse.
« Il est tout à fait désolant de voir le Canada
exporter un produit aussi dangereux dans les pays en
développement », lance le Dr Leslie Stayner, qui a
présidé plus tôt cette année les travaux de révision
du CIRC sur l’amiante chrysotile.
« Il est faux de prétendre que l’amiante chrysotile
peut être utilisé de façon sécuritaire dans des pays
comme l’Inde puisque nous-mêmes, dans les pays
développés, nous n’avons pas été en mesure de limiter
les risques associés à cette substance, responsable
encore aujourd’hui d’une épidémie de maladies liées à
son utilisation passée », ajoute l’épidémiologiste,
que joint à Chicago.
Ce cri du coeur est sensiblement le même que celui
qu’ont lancé une douzaine d’experts du réseau de la
santé publique du Québec, dont André Dufresne,
directeur du département de Santé environnementale et
santé au travail
La Presse
a de l’Université de Montréal, Fernand Turcotte,
professeur émérite de la Faculté de médecine de
l’Université Laval, et Louis Drouin, de la Direction
de la santé publique.
« Le
Canada proclame que ce qui est dangereux pour les
Canadiens ne l’est pas pour les personnes du
tiersmonde », dénoncent-ils dans leur lettre.
« L’ I nstitut du chrysotile prétend que des contrôles
sécuritaires rigoureux existent dans ces pays. C’est
complètement faux, ajoutent-ils. Un documentaire
récent de la Société Radio-Canada (CBC) a filmé les
conditions effroyables d’exposition des travailleurs
en Inde qui manipulent l’amiante exporté par la
compagnie Lab Chrysotile. Les ouvriers étaient
couverts de poussière d’amiante et en respiraient des
niveaux élevés, ce qui détruira leur santé et celle de
leurs familles.»
Rappelons que le Canada et le Québec se sont toujours
opposés à l’inscription de l’amiante chrysotile à la
liste des produits dangereux de la convention de
Rotterdam, malgré l’avis du comité d’experts du
traité. Ce dernier a pour but « d’encourager le
partage des responsabilités et la coopération dans le
domaine du commerce international de certains produits
chimiques dangereux».
Cela autorise le Canada à vendre de l’amiante aux pays
du tiers-monde sans avoir à les informer que c’est un
produit dangereux, notent les scientifiques. « Au
contraire, les "experts" désintéressés de l’Institut
du chrysotile les assurent que "les produits
d’amianteciment sont absolument sûrs". Rien n’est plus
faux selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé).»
Les partisans de l’amiante chrysotile, pour leur pa
rt, dénoncent l’acharnement des scientifiques et de la
classe politique. «Il y a sûrement bien des produits
qui sont utilisés de façon non sécuritaire dans les
pays émergents. Or on ne parle pas de leur
interdiction formelle pour autant», souligne Clément
Godbout, président de l’Institut du chrysotile, lobby
de l’industrie.
«Pourquoi bannir l’exportation de l’amiante et
continuer de permettre la production et la vente de
tabac? renchérit le maire de Thetford Mines, Luc
Berthold. Parce que, politiquement, il est plus facile
de taper sur une petite communauté qui tente par tous
les moyens de survivre que de s’attaquer au vrai
problème de notre société.»
LemaireBertholdestd’ailleurs en colère contre le chef
du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, qui
s’est récemment positionné pour l’interdiction de
l’exportation de l’amiante.
«La position anti-Québec de M. Ignatieff dans le
dossier du chrysotile est en train de causer un tort
irréparable à un secteur important de l’économie
québécoise, soutient-il, et c’est à lui qu’il revient
de mettre un terme à cette campagne de dénigrement. »
Pour joindre notre journaliste :
AMIANTE : CESSONS LE MENSONGE
PIERRE GOSSELIN, FERNAND TURCOTTE, PIERRE L. AUGER,
ÉVELYNE CAMBRON GOULET, RAY BUSTINZA, DENIS BÉGIN, BENOÎT
GINGRAS, NORMAN KING, LOUIS DROUIN, PIERRE DESHAIES, YV
BONNIER-VIGER, ANDRÉ DUFRESNE, MICHEL GÉRIN ET LYNDA
PINSONNEAULT.
La
preuve scientifique est irréfutable : l’amiante
chrysotile cause l’amiantose et des cancers mortels
Les signataires sont médecins, toxicologues,
hygiénistes industriels et épidémiologistes du réseau
de santé publique du Québec, dont plusieurs
professeurs aux universités de Montréal, Laval et
Sherbrooke. Selon le Mouvement ProChrysotile, ce sont
« des groupuscules idéologiques » et « des extrémistes
» qui s’opposent à l’amiante.
Rien ne saurait être plus loin de la vérité. Ce sont
des organismes réputés et respectés du monde entier
qui réclament l’interdiction de l’amiante, dont
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Société
canadienne du cancer, l’Organisation internationale du
travail, le Congrès du travail du Canada,
l’Association médicale canadienne, ou la Confédération
syndicale internationale, qui représente 168 millions
de travailleurs dans 155 pays.
L’Institut du chrysotile est inscrit au registre des
lobbyistes comme groupe de pression de l’industrie de
l’amiante. Il prétend que ce sont les autres formes
d’amiante qui sont dangereux et non l’amiante
chrysotile. En vérité, l‘amiante chrysotile constitue
95 % de tout l’amiante ja mais utilisé da ns le monde
et représente aujourd’hui 10 0 % de l’amiante transigé
sur la planète.
La preuve scientifique établissant que l’amiante
chrysotile cause l’amiantose et des cancers mortels
comme le mésothéliome et le cancer du poumon est
maintenant irréfutable. Le Centre international de
recherche sur le cancer, un institut qui fait autorité
dans le monde, le confirme dans sa dernière révision
de l’a m ia nte c h r ysoti le publ iée plus tôt cette
année. L’Institut du chrysotile rejette toute cette
preuve sc ienti fique établie sa ns con f lit
d’intérêts, lui préférant celle que l’industrie a
achetée auprès « d’experts » à sa solde.
Dans 11 rapports de recherche réalisés au Québec
depuis 2003, l’Institut national de santé publique du
Québec (INSPQ) a aussi fait la preuve que son
utilisation sécuritaire, telle que prônée depuis 2002
par une politique du gouvernement du Québec, était une
vue de l’esprit. Pendant ce temps, les cancers mortels
liés à l’amiante augmentent ici même au rythme de 4 %
par année. Et nous payons des millions de dollars
chaque année pour éliminer l’amiante chrysotile des
écoles et des hôpitaux du Québec.
Le
Québec, comme le reste du Canada et du monde
industrialisé, a renoncé dans les faits à
l’utilisation de l’amiante. Malgré les pressions de
l’industrie de l’amiante, nous ne l’utilisons plus.
Nous exportons presque tout notre a miante dans les
pays en développement. L’Institut du chrysotile
prétend que des contrôles sécuritaires rigoureux
existent dans ces pays. C’est complètement faux. Un
documentaire récent de la Société Radio-Canada (CBC) a
filmé les conditions effroyables d’exposition des
travailleurs en Inde qui manipulent l’amiante ex porté
pa r la compag n ie L ab Ch rysotile. L es ouv riers
éta ient couverts de poussière d’amiante et en
respiraient des niveaux élevés, ce qui détruira leur
santé et celle de leurs familles.
Pour la loi canadienne, l’amiante chrysotile est une
substance dangereuse, mais le Canada a empêché
l’adoption de la recommandation du comité d’experts de
la convention de Rotterdam plaçant l’amiante
chrysotile sur une liste internationale de substances
dangereuses. Ce faisant, le Canada proclame que ce qui
est dangereux pour les Canadiens, ne l’est pas pour
les personnes du TiersMonde. Ce qui nous autorise à
leur vendre de l’amiante, sans avoir à les informer
que c’est un produit dangereux. Au contraire, les
«experts» désintéressés de l’Institut du chrysotile
les assurent que «les produits d’amianteciment sont
absolument sûrs». Rien n’est plus faux, selon l’OMS.
Cette infamie n’est plus défendable. Aujourd’hui,
l’industrie de l’amiante ne représente plus que 7% des
emplois dans la région de Thetford Mines, au lieu du
tiers comme dans le passé. Les salaires des mineurs
ont été coupés en deux, il ne reste que deux mines,
dont une en faillite.
C’est le moment de prendre une décision éclairée.
Investissons plutôt ces millions dans des fonds qui
permettront aux travailleurs plus âgés de prendre une
retraite honorable et aux plus jeunes de se recycler
dans des emplois plus rémunérateurs et dans une
diversification économique que le milieu a déjà mis en
marche avec beaucoup d’ingéniosité et de succès.
Le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, a dit
récemment : « En connaissez-vous beaucoup des villes
minières qui ont réussi à revivre après la chute de
leurs mines? En matière de diversification économique,
on est le plus beau secret du Québec!»
Il reste à compléter le virage de la vérité.
L’opposition à l’amiante prend de l’ampleur
- FRANÇOIS CARDINAL
Jamais
la pression exercée sur l’industrie de l’amiante par
les scientifiques et les organisations internationales
n’a été aussi grande. Même le Parti libéral du Canada,
jusqu’ici partisan de cette fibre, a choisi de lui
tourner le dos. Le Canada et le Qu
L’Orga ni s a t i on mon - diale de la santé (OMS)
ainsi que l’ensemble du monde occidental condamnent
l’utilisation de l’amiante chrysotile. Et pourtant, le
Canada en fait la promotion et le Québec prône une «
utilisation accrue » de cette substance cancérigène,
dénoncent un nombre croissant d’experts.
PHOTO JEAN-CHARLES
POULIN, ARCHIVES LA TRIBUNE
Une
vue
des installations de Lab Chrysotile, à Thetford
Mines.
Pour certains d’entre eux, cela s’apparente même à de
la « négligence criminelle » et pourrait donner lieu à
des recours collectifs et à des poursuites contre des
membres du Conseil des ministres, tant à Québec qu’à
Ottawa.
« La situation ressemble à celle du sang contaminé
dans les années 80, estime Pierre Gosselin, médecin
affilié à l’Institut national de santé publique du
Québec ( INSPQ), qui parle en son nom personnel. Des
gens en situation de pouvoir, en toute connaissance de
cause, font la promotion d’un produit cancérigène.
Cela s’approche d’une situation de négligence
criminelle. »
« S’il a pu y avoir un doute sur la dangerosité de
l’amiante chrysotile il y a 20 ans, ajoute le Dr
Gosselin, il n’en existe plus du tout aujourd’hui. Il
n’y a en outre aucune preuve que cette substance est
utilisée de façon sécuritaire. »
Pour être aussi catégorique, M. Gosselin s’appuie sur
les plus récentes études de l’OMS et du Centre
international de recherche sur le cancer (CIRC), qui
concluent que l’amiante chrysotile est bel et bien
cancérigène, mais aussi sur une analyse de la faculté
de médecine de l’Université de Montréal.
Intitulé Surveillance de l’exposition à l’amiante dans
les métiers de la construction, le document présenté à
l’INSPQ en février 2008 relève plusieurs déficiences
en ce qui concerne l’exposition à l’amiante dans
l’industrie de la construction.
« Alors que les travailleurs doivent être suivis selon
les normes, nous avons constaté que très peu de
mesures d’exposition sont disponibles, notamment parce
que les mesures prises par les entreprises ne sont pas
publiques, explique l’un des coauteurs, Michel Gérin.
Par ailleurs, ces mesures sont prises en poste fixe et
non dans la zone respiratoire des travailleurs comme
l’exige la réglementation. En un mot, on ne mesure pas
adéquatement l’exposition des travailleurs. »
Pour Denis Bégin, également coauteur, la situation de
l’exposition à l’amiante au Québec, de façon plus
générale, devrait être rapidement corrigée étant donné
l’augmentation de l’incidence des cancers
(mésothéliomes) associés à cette substance.
« L’industrie de l’amiante parle d’exposition passée,
où la prévention était déficiente. Cependant, il y a
30 ans que la réglementation existe à ce sujet, et
pourtant les taux de mésothéliomes continuent
d’augmenter. Il y a donc visiblement un problème »,
souligne-t-il.
Normes
sévères
Le syndicat des métallos ( FTQ), qui représente la
moitié des quelque 800 travailleurs de l’amiante
chrysotile, est en désaccord avec ces conclusions. «
Il est bien évident que, dans certains petits
chantiers de construction, il peut y avoir des
employeurs peu scrupuleux qui mettent parfois de côté
la sécurité. Mais dans les chantiers reconnus, les
normes sont sévères et elles sont respectées
rigoureusement », indique le directeur, Daniel Roy.
Notons que la Fédération internationale des
organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM)
ne partage pas l’avis de la FTQ à ce sujet.
Quant à l’Institut du chrysotile, il souligne
l’importance de circonscrire le problème au secteur de
la construction. « Il y a certes un problème avec les
travailleurs de la construction, qui sont pris avec de
vieilles infrastructures où les fibres sont à l’air
libre, mais ce n’est pas le cas des travailleurs dans
les mines et les moulins, où la ventilation est
adéquate », soutient le président Clément Godbout.
Mais cela ne convainc pas les opposants à l’amiante
chrysotile. « À part les gens qui sont payés pour
défendre cette industrie, personne ne dit que
l’amiante chrysotile n’est pas dangereux, lance le Dr
Pierre Gosselin. Un médecin qui affirmerait une telle
chose serait passible de poursuites pour incompétence
par le Collège des médecins. »
« Les experts de la santé publ ique du Québe c et
d’ailleurs répètent depuis des années que l’industrie
de l’amiante nous assène des contre-vérités » ,
renchérit Kathleen Ruff, coordonnatrice de l’Alliance
pour la convention de Rotterdam, un traité qui encadre
le commerce international de certains produits
chimiques dangereux.
Cela est vrai pour les Québécois, mais aussi pour les
travailleurs des pays en développement, qui achètent
plus de 95% de l’amiante chrysotile produit ici,
souligne celle qui est aussi conseillère principale à
l’Institut Rideau. « Je suis tout à fait d’accord
(avec le Dr Gosselin), il s’agit certainement d’une
situation qui s’apparente à de la négligence
criminelle », renchérit-elle.
Interrogé à ce sujet, le cabinet du ministre fédéral
des Travaux publics et député de la région de
l’amiante, Christian Paradis, s’est contenté d’envoyer
sa position par courriel: « Depuis 1979, le
gouvernement du Canada fait la promotion de l’approche
d’utilisation sécuritaire et contrôlée du chrysotile
au Canada et à l’étranger. Cette approche est étayée
par de nombreuses études scientifiques qui démontrent
que le chrysotile peut être utilisé de façon
sécuritaire en contrôlant le niveau d’exposition aux
fibres. »
Quant au ministre québécois des Mines, Serge Simard,
il a fait parvenir une lettre récemment envoyée au
Parti libéral du Canada, qui réitère le soutien de la
province à l’industrie de l’amiante chrysotile.
Des pressions pour mettre fin à l’exportation
- FRANÇOIS CARDINAL
Au
Canada, le consensus politique est en train
d’éclater
Rien ne va plus pour l’industrie de l’amiante.
Scientifiques, militants, médecins et même des
banquiers, la liste des opposants à l’exportation de
cette substance cancérigène semble s’allonger de
mois en mois, y compris à la Chambre des communes.
À l’instar de la
Société canadienne du cancer, de la Banque mondiale
et de l’Association médicale canadienne, le chef du
Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a en
effet retiré l’appui que son organisation accordait
à l’industrie québécoise de l’amiante, le 21 août
dernier.
« C’est la science qui doit guider nos choix », a
lancé M. Ignatieff en marge d’un discours prononcé à
l’Université Bishop. Cette volte-face a fait voler
en éclats le front commun des deux grands partis
fédéraux sur ce sujet. Seul le Bloc appuie désormais
les conservateurs.
La réponse de l’industrie et des partisans du
chrysotile a été virulente. Le candidat l i béra l
da ns Méga nt i c - L’Érable, Marc Giroux, a même
décidé de claquer la porte de son parti.
Deux jours plus tôt, la députée conservatrice Pat
Davidson s’était jointe à sa collègue Dona Cadman en
prenant position contre son propre gouvernement,
fait rarissime dans le Parti conservateur. Les deux
femmes ont soutenu qu’il est temps de mettre fin à
l’exportation de cette substance cancérigène.
Parallèlement, le député Nathan Cul len, du NPD, a
déposé un projet de loi (C-399) contre l’extraction
et l’exportation de l’amiante.
« C’e s t c l a i r ement u n moment charnière pour
l’industrie de l’amiante, estime Kapil Khatter,
président de l’Association canadienne des médecins
pour l’environnement. Je crois que la fin de
l’exportation est désormais inévitable. »
Le Dr Khatter était d’ailleurs au dernier conseil
général de l’Association canadienne médicale, le 19
août, où une résolution a été adoptée à 95% contre
l’exportation de l’amiante. Une première, selon lui.
«
Le consensus politique est en train d’éclater,
renchérit Pierre Gosselin, un médecin affilié à
l’INSPQ, qui parle en son nom propre. Cela ne peut
mener qu’à l’ajout du chrysotile à la convention de
Rotterdam et donc à l’arrêt pur et simple de
l’exportation d’amiante. »
Position « méprisante »
Les gouvernements du Québec et du Canada appuient l
’ i ndustrie de l ’amiante chrysot i le , qui
emploie aujourd’hui un peu plus de 800 personnes.
Forte de la Politique québécoise d’utilisation
accrue et sécuritaire de l’amiante chrysotile,
l’Assemblée nationale a même adopté en 2004 une
résolution unanime contre l’inclusion du chrysotile
dans la liste des produits proscrits par la
convention de Rotterdam.
Le minist re québécois des Mines, Serge Simard, a
d’ailleurs fait connaître son mécontentement à M.
Ignatieff. Une lettre transmise le 26 août dernier
précise que « l’utilisation de produits de
chrysotile, dans le respect des réglementations et
des techniques d’utilisation sécuritaire et en
l’absence d’amphiboles, n’entraîne pas de
risques significatifs pour les travailleurs ».
« Il n’existe tout simplement pas de degré
d’exposition sécuritaire », rétorque Barry
Castleman, expert international de l’amiante, que La
Presse a joint au Maryland.
Dans son livre Asbestos, Medical and Legal Aspects,
celui qui a témoigné dans le procès de l’OMC contre
le Canada à titre de consultant indépendant ajoute :
« Quiconque soutient que l’amiante est utilisé de
façon sécuritaire dans le tiers-monde est soit un
menteur, soit un imbécile. » Il travaille
actuellement avec l’OMS à un guide sur les
substituts au chrysotile.
I nterdit dans une cinquantaine de pays, l’amiante
chrysotile est jugé « notoirement cancérigène pour
l’homme » par de nombreux organismes internationaux
comme l’OMS.
Dernière
en date, la Banque mondiale, dansundocument de mai
2009, précise que l’amiante ne devrait pas être
utilisé dans les nouvelles constructions. « Cela
signifie que les pays qui souhaitent recevoir du
financement de la Banque mondiale ne doivent pas
utiliser d’amiante », souligne Kathleen Ruff,
coordonnatrice de l’Alliance pour la convention de
Rotterdam.
Harper en Arctique : Des pépins sur le chemin
d’Harper - Murray Brewster
IQALUIT, Nunavut — Stephen Harper a parlé de
croissance de l’économie et des mérites de la viande
de phoque durant sa tournée dans l’Arctique, hier,
mais son message a été dilué par une bévue au chapitre
des communications et une photo à briser le coeur.
PHOTO JASON RANSOM,
REUTERS
Le
premier
ministre Stephen Harper et les membres de son
cabinet, en tournée dans l’Arctique hier, en ont
profité pour manger de la viande de phoque.
Le premier ministre a entrepris la deuxième journée
d’une visite qui durera cinq jours en lançant
officiellement une agence de développement régional
annoncée depuis longtemps et qui sera responsable de
la mise en oeuvre des initiatives fédérales dans la
région.
M. Harper a indiqué que l’agence, baptisée CanNor,
mettra fin à une situation où les décisions concernant
l’économie du Nord étaient prises dans les bureaux du
Sud.
L’agence pourra compter sur un budget de 50 millions
de dollars au cours des cinq prochaines années. Elle
aura son siège à Iqaluit et des bureaux de district à
Whitehorse et à Yellowknife. Un bureau chargé de la
coordination sera situé à Ottawa. À l’heure du midi,
le premier ministre et les membres de son cabinet ont
mangé de la viande de phoque crue et bouillie derrière
des portes closes et loin des caméras, de façon à
éviter un autre débat avec les défenseurs des droits
des animaux, comme ce fut le cas à la suite de la
récente visite dans le Nord de la gouverneure
générale, Michaëlle Jean.
Le premier ministre semblait néanmoins heureux de
pouvoir apporter publiquement son appui à un mode de
vie essentiel pour les populations nordiques. «
L’appui de notre gouvernement à l’industrie du phoque
est bien connu », a affirmé M. Harper.
« Les normes mises de l’avant dans cette industrie
sont, honnêtement, supérieures à celles que l’on
trouve dans d’autres industries de produits
animaliers. Il n’y a aucune raison justifiant le fait
que l’industrie du phoque fasse l’objet d’un
traitement discriminatoire de la part des Européens ou
de citoyens d’autres nations », a ajouté le premier
ministre.
L’entourage de M. Harper a dit que c’était la première
fois qu’il goûtait à cette viande et qu’il avait bien
aimé.
Le premier ministre du Nunavut a vu, dans ce repas de
M. Harper, un énoncé politique de haute importance.
D’autre part, comme s’il fallait confirmer les
problèmes auxquels font face ces populations, une
photo de deux jeunes garçons dormant à l’extérieur
d’une épicerie d’Iqaluit à la veille de la visite de
M. Harper a eu des répercussions partout au pays. Elle
a d’ailleurs été qualifiée « d’embarrassante » par un
officiel local, bien au courant des ravages que font
la drogue et l’alcool.
M. Harper a dit que cette photo illustrait « une
histoire terrible et tragique » et qu’il fallait être
naïf pour croire qu’il s’agissait d’un cas isolé, non
seulement à Iqaluit mais également partout ailleurs au
pays.
Coquille embarrassante
Ce ne fut pas le seul pépin de la journée.
Un communiqué de presse diffusé lundi pour dresser
l’itinéraire de M. Harper faisait mention à répétition
de la capitale du Nunavut, Iqaluit, mais plutôt en
écrivant « Iqualuit ». Ce « u » supplémentaire fait
une énorme différence dans la langue inuktitut.
Écrit de la bonne façon, « Iqaluit » signi fie «
beaucoup de poissons ». Mais en y ajoutant la lettre «
u », le mot prend une tout autre signification: il
fait référence à quelqu’un « qui a le derrière mal
essuyé », selon Sandra Inutiq, du bureau du
Commissaire aux langues du Nunavut.
Des Inuits ont rappelé que les personnes qui ont
l’inuktitut pour langue maternelle sont parfois
offensées ou même en colère lorsque des gens qui ne
vivent pas dans le Nord écrivent incorrectement le nom
de la capitale du Nunavut.
Mardi, le cabinet du premier ministre s’est excusé
pour ce qu’il a qualifié d’« erreur humaine ».
Certaines critiques ont aussi reproché à M. Harper de
remodeler de vieilles annonces déjà faites.
Le protocole critiqué
Le
protocole de transfert des détenus afghans, que le
gouvernement conservateur se vante d’avoir bonifié
en 2007, est adéquat sur papier, mais la réalité du
terrain le rend inutile, a soutenu l’avocat
d’Amnistie internationale devant des membres de
l’opposition réunis en comité parlementaire, hier.
Malgré l’absence des conservateurs, les membres de
l’opposition ont tenu une réunion informelle,
puisqu’il n’y avait pas quorum.
Me
Paul Champ, qui a représenté Amnistie internationale
dans sa poursuite contre le fédéral, ainsi qu’un
ancien ambassadeur, Gar Pardy – qui compte parmi la
centaine de diplomates ayant signé une lettre
d’appui à leur collègue Richard Colvin – étaient
venus témoigner, même s’ils ne pouvaient pas
profiter de l’immunité parlementaire d’une réunion
officielle.
Et leurs déclarations allaient à l’encontre du
discours du gouvernement: le protocole de transfert
des détenus n’est pas adéquat, les risques de
mauvais traitement sont des preuves suffisantes pour
cesser le transfert, en vertu du droit
international, et le comportement du gouvernement à
l’égard de M. Colvin était inapproprié, ont-ils tour
à tour soutenu.
Un Algérien expulsé par le Canada
aurait été interrogé sous la contrainte
Le
Canada a expulsé un réfugié afin qu’il réponde de
ses gestes auprès des services de renseignements
algériens qui sont reconnus pour abuser de leurs
pouvoirs, où il a été interrogé sous la contrainte
et s’est vu refuser un avocat, a soutenu Amnistie
internationale hier.
Un organisme consultatif de l’Organisation des
Nations unies a déclaré que l’ancien Montréalais
Mourad Ikhlef, renvoyé en Algérie en vertu d’un
certificat de sécurité nationale, a été incarcéré
et interrogé en violation des principes juridiques
de base.
Amnistie internationale a indiqué que M. Ikhlef a
été détenu sans contact avec l’extérieur, alors
que sa femme et ses deux enfants sont demeurés
sans lui à Montréal, où ils vivent depuis six ans.
Son frère, Nabil, vit et travaille toujours dans
le même quartier de Montréal où Mourad Ikhlef est
venu sous surveillance. Selon lui, le Canada a
abusé des certificats de sécurité au lendemain des
événements du 11 septembre 2001.
Mourad Ikhlef est arrivé à Montréal en 1993. Il a
demandé le statut de réfugié, car il craignait
d’être torturé s’il retournait en Algérie, après
avoir appris qu’il était soupçonné d’être lié à
des activités terroristes. Il a alors indiqué ne
jamais avoir été impliqué dans des mouvements
extrémistes et avoir découvert qu’il avait été
condamné à mort en lisant les journaux.
Il a obtenu le statut de réfugié et a fait la
demande pour devenir résident permanent.
Les services de renseignement canadiens ont
rencontré M. Ikhlef à plusieurs reprises. Il a
alors été révélé qu’il connaissait Ahmed Ressam,
qui a été intercepté en 1999 à la frontière
américaine avec des explosifs. Celuici a été
reconnu coupable en 2001 d’avoir préparé un
attentat à la bombe visant l’aéroport de Los
Angeles.
Mourad Ikhlef a été arrêté en décembre 2001 en
vertu d’un certificat de sécurité. Il a été accusé
d’avoir aidé Ressam en tant que membre d’une
cellule montréalaise du Groupe islamique armé
(GIA), qui a comme but de renverser le
gouvernement algérien.
Le cas de Mourad Ikhlef soulève de nouveau des
questions sur les certificats de sécurité. Le
ministre de la Sécurité publique fédéral, Peter
Van Loan, a indiqué plus tôt cette semaine que
l’application de ces certificats allait être
révisée.
McChrystal prône la tolérance zéro face à la
torture - Hugo de GrandPré
OTTAWA — Les forces de la coalition en
Afghanistan doivent prôner une politique de
tolérance zéro face à la torture et aux mauvais
traitements de prisonniers, a tranché hier à
Ottawa son commandant, le général Stanley
McChrystal.
Durant un discours organisé par l’Institut de la
conférence des associations de la Défense, le
général McChrystal a rappelé que le nerf de la
guerre en Afghanistan consistait à gagner le
coeur et l’esprit des Afghans.
«Toute allégation potentielle d’un prisonnier
victime de mauvais traitements est une
préoccupation pour chacun de nous», a-t-il
déclaré par la suite lors d’une conférence de
presse.
«
Alors que nous tentons de maintenir la
crédibilité du gouvernement d’Afghanistan et des
forces de la coalition, il doit y avoir une
politique de tolérance zéro quant aux mauvais
traitements de prisonniers ou de quiconque. »
Cette déclaration survient au moment où Ottawa
continue à être la cible de critiques par
rapport à sa gestion du dossier du transfert des
détenus afghans.
Stanley McChrystal a toutefois pris ses
distances par rapport à ce débat qui fait rage
depuis un mois au pays, et par rapport aux
mauvais traitements d’un prisonnier transféré
par les militaires canadiens, tels que reconnus
par le chef d’état-major canadien la semaine
dernière. « Je ne connais pas les détails de ce
dossier en particulier. Je suis au courant de
son existence », s’est-il contenté de dire.
Le général américain n’a par ailleurs pas voulu
se mêler de la question du retrait des troupes
canadiennes, en 2011. «Je vais laisser cette
décision aux politiciens», a-t-il indiqué,
précisant qu’il attendrait cette décision pour
préparer des plans à plus long terme pour le
contingent du Canada, dont il a loué les efforts
à plusieurs reprises.
Démocratie ou barbarie - Michel
Lebel
En
ce 61e anniversaire de la Déclaration universelle
des droits de l’homme, la question de la torture
apparemment faite à des détenus afghans est bien
d’actualité au Canada. Ce n’est pas parce que la
guerre en Afghanistan est peu populaire ou que des
Afghans commettent des actes de barbarie qu’il faut
minimiser la conduite des politiciens et des
militaires. Toute complicité avec des actes de
torture est formellement interdite par le droit
international. Les autorités canadiennes, tant
militaires que civiles, n’ont pas pris au sérieux
cette question de la possible torture de prisonniers
afghans capturés par les soldats canadiens et livrés
aux autorités afghanes. Elles se sont longuement
fermé les yeux et bouché les oreilles. La guerre est
une bien sale affaire, mais elle oblige les États
démocratiques à respecter certaines règles afin
qu’ils puissent avoir l’honneur et le droit de
s’appeler démocratie. C’est le tribut à payer. La
dictature n’a pas pareil fardeau.
TORTURE DES PRISONNIERS Une agence afghane
dresse un sombre portrait
HALIFAX—
Une agence afghane à laquelle a déjà été confiée la
garde d’insurgés capturés par les Canadiens à
Kandahar, en Afghanistan, affirme dans un rapport
avoir documenté près de 400 cas de torture à la
grandeur du pays.
Ce rapport de la Commission indépendante des droits
de la personne en Afghanistan, dont La Presse
Canadienne a obtenu une copie traduite, fait surface
alors que le chef d’état-major des Forces
canadiennes, le général Walt Natynczyk, vient de
confirmer que le transfert de prisonniers aux
autorités afghanes a été interrompu à plusieurs
reprises en raison d’inquiétudes quant à leur
sûreté.
La gouvernement fédéral n’a reconnu publiquement
qu’une seule fois que l’armée a cessé de confier à
d’autres la garde de prisonniers – en novembre 2007
– en raison de préoccupations relatives à la
torture.
L’ancien
diplomate Richard Colvin a lâché une bombe, la
semaine dernière, lorsqu’il a prétendu que tous
les insurgés capturés par les Canadiens avaient
été torturés au début de la mission du Canada en
Afghanistan.
Néanmoins, dans un document datant d’avril 2009,
la Commission indépendante des droits de la
personne en Afghanistan a indiqué avoir découvert
47 cas de mauvais traitements à Kandahar, au
troisième rang quant au nombre de cas de torture
qui auraient eu lieu à la grandeur du pays.
Selon l’organisme, 14% des cas répertoriés ont
impliqué la Direction nationale de la sécurité
(DNS) de l’Afghanistan, service de renseignement
afghan.
Les forces de l’OTAN, y compris celles du Canada,
remettent habituellement leurs prisonniers à la
DNS.
« LES DÉTENUS ONT ÉTÉ TORTURÉS » -
Malorie Beauchemin
En
remettant des détenus aux forces afghanes, le
Canada s’est rendu complice de torture, accuse un
diplomate canadien. La Presse révèle par ailleurs
aujourd’hui que le gouvernement Harper entend
retirer toutes ses billes d’Afghanistan en 2011.
OTTAWA — En transférant des prisonniers aux
services secrets afghans, le Canada s’est rendu
complice d’un système de torture généralisé, et
n’a rien fait pour corriger la situation malgré
des signaux d’alarme répétés, a souligné hier le
diplomate canadien Richard Colvin, dans un
témoignage explosif en comité parlementaire
spécial sur l’Afghanistan.
PHOTO SEAN
KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE
Les déclarations de
Richard Colvin hier devant un comité spécial sur
l’Afghanistan ont créé une commotion: alors que
les députés de l’opposition ont tenté de le
défendre, ceux du caucus conservateur ont
attaqué sa crédibilité.
En poste en Afghanistan d’avril 2006 à octobre
2007, M. Colvin est venu expliquer ce qu’il avait
écrit en octobre dans une déclaration sous serment
devant servir à la Commission d’examen des
plaintes concernant la police militaire, avant
qu’elle ne soit suspendue, dans ce qui a été perçu
comme une tentative d’Ottawa de museler le
diplomate de carrière.
« Les informations dont on dispose, de plusieurs
sources, nous indiquent que selon toute
probabilité, tous les détenus que nous avons
transférés ont été torturés », a dit M. Colvin,
dans une salle de comité bondée comme jamais.
« Ce sont les procédures d’usage dans les
interrogatoires à Kandahar », a-t-il ajouté. La
privation de sommeil, les décharges électriques,
les coups de bâton et même les sévices sexuels
étaient monnaie courante, selon lui.
Le diplomate, aujourd’hui en poste à Washington,
prétend avoir fait état des allégations de torture
des prisonniers transférés dans près de 20
rapports envoyés aux plus hautes autorités
canadiennes, de Rick Hillier, alors chef
d’état-major des Forces canadiennes, à David
Mulroney, sous-ministre responsable de
l’Afghanistan, et jusqu’au Conseil privé à Ottawa.
Or, Ottawa n’a rien fait pour que la situation
change pendant l’année et demie pendant laquelle
il était sur place, a-til déploré. M. Colvin a
même affirmé avoir reçu des pressions pour ne plus
discuter de la question par écrit, mais plutôt
seulement par téléphone.
« La complicité du Canada dans la torture a amené
certaines populations locales à se retourner
contre nous, renforçant ainsi l’insurrection »,
a-t-il estimé, jugeant que les prisonniers
interceptés par les Canadiens n’étaient pas « de
haut calibre» et que certains ont très
probablement été torturés alors qu’ils étaient
innocents.
Les membres du gouvernement de Stephen Harper,
dont les ministres Peter MacKay et Gordon
O’Connor, ont toujours affirmé de pas avoir eu
connaissance des allégations de torture et des
rapports de M. Colvin.
Selon
le spécialiste du renseignement, il serait peu
probable, mais tout de même « possible », que le
gouvernement n’ait pas été mis au parfum, compte
tenu de la culture du secret dans les cercles
militaires.
Le témoignage de plus d’une heure et demie a
secoué les parlementaires.
Les membres du caucus conservateur membres du
comité spécial sur l’Afghanistan ont tenté par
tous les moyens de discréditer la version de M.
Colvin, allant jusqu’à prétendre que la torture
des prisonniers afghans n’avait jamais été
prouvée. Pourtant, les transferts de prisonniers
avaient justement cessé à la fin de l’année 2007 à
la suite d’allégations de torture.
Le député d’EdmontonCentre, Laurie Hawn, a
reproché au diplomate ne pas avoir discuté de la
situation des prisonniers avec les ministres du
gouvernement lors de visites officielles. « Si
c’était si important, vous en auriez parlé avec
les autorités compétentes quand vous en avez eu la
chance. Alors permettez-moi d’être sceptique », a
souligné M. Hawn, acerbe.
M. Colvin n’a reçu que des informations concernant
des allégations de torture « de seconde main », et
de la part d’insurgés afghans « devenus des
maîtres en stratégies de communication », a ajouté
la députée conservat r ice Cheryl Gallant.
Mais pour l’opposition, le témoignage de M. Colvin
est incontestable.
Le comportement des conservateurs est « ignoble »,
a jugé le député libéral Ujjal Dosanjh. « C’était
une stratégie pathétique d’essayer de discréditer
un de nos meilleurs diplomates », a dit le député
du NPD Paul Dewar.
«Je pense qu’on fait face à un énorme camouflage
de la part du gouvernement», a pour sa part
renchéri Claude Bachand, du Bloc québécois.
À l’issue de son témoignage, M. Colvin a refusé de
répondre aux questions des journalistes. Son
avocate a expliqué qu’il lui était interdit de
parler aux médias. M. Colvin a dit en comité se
trouver dans une position intenable. Le mois
dernier, il était passible d’une peine
d’emprisonnement s’il refusait de participer à la
Commission d’examen des plaintes concernant la
police militaire, mais aussi s’il y participait et
révélait des informations pouvant nuire à la
sécurité nationale.
Omar Khadr serait-il
finalement non-coupable ?...
De nouveaux doutes sur le rôle joué par Omar
Khadr
Des photos pourraient innocenter le jeune détenu
de Guantánamo
TORONTO — Les anciens avocats d’Omar Khadr ont
soumis des photographies et des documents qui,
selon eux, mettent en doute la théorie voulant que
le jeune Canadien ait lancé une grenade et tué un
soldat américain en Afghanistan en 2002, écrit le
Toronto Star.
Le
quotidien torontois dit avoir obtenu des photos
montrant Khadr, alors âgé de 15 ans, enseveli face
contre terre sous des débris, aveuglé par des
shrapnels et grièvement blessé, au moment où le
Pentagone prétend que le présumé terroriste aurait
lancé la grenade qui a tué le sergent Christopher
Speer. Près de lui, on peut voir le corps d’un
soldat adulte – celui qui, selon les avocats de
Khadr, aurait pu avoir lancé la grenade. Ces
photographies font partie d’un document de 18
pages présenté par les anciens avocats de Khadr,
plus tôt cette année, à une équipe spéciale de
l’administration Obama qui mène une enquête sur la
prison de Guantánamo.
Bien que les avocats de Khadr aient soumis une
telle argumentation au cours d’une audience sur
Guantánamo l’an dernier, le juge militaire avait
refusé de dévoiler les photos ou de rendre publics
les documents écrits.
Le fils aîné de la famille Khadr pourrait être
extradé vers les États-Unis
TORONTO — Le fils aîné de la famille Khadr a affirmé
hier, dans le cadre de sa comparution sur sa
possible extradition, avoir menti à la Gendarmerie
royale du Canada au cours d’un entretien tenu à son
retour au pays, il y a quatre ans, parce qu’il
craignait d’être renvoyé au Pakistan, où il avait
été torturé. Mais la Couronne a, pour sa part,
soutenu qu’Abdullah Khadr avait dit la vérité lors
de cet entretien et qu’il mentait maintenant afin de
minimiser son implication au sein d’Al-Quaeda.
Se
tenant à la barre des témoins, et confronté aux
déclarations qu’il a faites en 2005 au sergent
Konrad Shourie, M. Khadr a insisté pour dire qu’il
ne savait rien des relations entre son père et des
dirigeants d’AlQuaeda. Les États-Unis veulent
interroger M. Khadr, natif de Toronto et âgé de 28
ans, car ils le soupçonnent d’avoir aidé le réseau
Al-Quaeda à se procurer des armes et d’avoir
comploté pour tuer des Américains au Pakistan et en
Afghanistan.
Pas besoin de devenir un monstre - PATRICK
LAGACÉ
Voyons voir. Depuis trois ans, j’ai sacrifié à
l’autel de la sécurité aérienne au moins une
bouteille de shampoing, un tube d’aprèsrasage et
une bouteille de parfum.
Tous coupables, ces contena nts, d’excéder 10 0
millilitres.
Ah, j’oubliais : une bouteille de Pinot noir
israélien, achetée à l’aéroport Ben-Gourion de
Tel-Aviv, en janvier. J’ai pu l’amener à bord
puis, à l’escale, on l’a dûment confisquée à
Schipol, aux Pays-Bas.
Ce fut la confiscation la plus douloureuse de
toutes...
Depuis trois ans, vous le savez, plus moyen
d’apporter à bord d’un avion, sur soi, des
contenants de plus de 100 millilitres de gel et de
liquide.
Il y a trois ans, la police br ita n n ique a a r
rêté hu it types qui, selon son enquête,
planifiaient de faire exploser sept avions en
partance de Londres pour l’Amérique du Nord, en
plein vol, au-dessus de l’Atlantique.
Sept vols, trois compagnies aériennes (United
Airlines, A merica n A irlines et A ir Canada) à
destination de six villes (San Francisco, Chicago,
N e w Yo r k , Wa s h i n g t o n , Toronto et
Montréal).
Dans ce cauchemar aérien, nul besoin de prendre
d’assaut le cockpit pour détourner les Boeing et
les Airbus. Seul objectif : un trou dans le
fuselage des avions, pour provoquer une
décompression explosive fatale. Comment? Avec des
bombes artisanales, à base de peroxyde liquide et
de piles AA. Si le plan des islamistes
britanniques avait fonctionné, quelque 1500
personnes auraient été tuées.
Lundi, la justice britannique a déclaré coupables
trois salopards qui ont trempé dans le complot.
Quand Scotland Yard et le MI5 de Sa Majesté ont
appréhendé les huit suspects, au terme d’une des
plus grandes enquêtes depuis la Seconde Guer re
mondia le, ceu x-ci n’ont pas été traités comme
des « combattants ennemis ».
Ils n’ont pas été envoyés dans une prison secrète
pour y être torturés.
Ils ont été traités comme des suspects d’actes
criminels. Ni plus ni moins. On ne leur a pas fait
l’honneur de les traiter différemment de tueurs en
série ou de chefs de gangs de motards.
On les a emprisonnés, en attendant les procès (le
premier procès s’est conclu sur un non-lieu). Ils
ont eu droit à des avocats. Ils ont été bien
traités. Personne n’a menacé de violer leurs
épouses ou de tuer leurs enfants.
Pas de prisons secrètes, pas de simulation de
noyade, pas de lois brisées, pas de pacte avec le
diable. Ça, c’est l’approche américaine,
tacitement approuvée par l’actuel gouvernement
canadien.
L’approche
britannique
est old-fashioned. On enquête. On met le fric
nécessaire pour financer les équipes de filature,
faire de l’écoute électronique. On amasse de la
preuve. On présente le tout devant un tribunal,
publiquement.
Et, si la preuve est assez solide, si la police a
fait sa job, un jury envoie des salopards en
prison. Puis, un juge détermine une peine de
prison.
C’est ce qui est arrivé à Londres, lundi.
Le mot-clé, dans toute cette affaire ?
Police.
Allez sur l’internet, si vous avez quelques
minutes, lire les comptes rendus du procès qui a
mené à la condamnation de ces trois islamistes
britanniques. Le cliché serait de dire que c’est
du stuff de James Bond. Pas vrai. On parle ici de
travail de police.
C’est la police, le travail de police, avec ce que
cela comporte de ressources, d’indices, de pistes,
de filatures, d’heures perdues à suivre des
suspects, d’assommantes nuits d’écoute
électronique, de relations avec des informateurs,
qui finit par combattre les terroristes.
Pas des soldats.
Les Britanniques ont compris cela il y a
longtemps. Peut-être que ça vient de ces années
sanglantes à combattre les poseurs de bombes
irlandais.
Je sais bien qu’ils ont été de l’aventure
irakienne. Je sais bien que les Britanniques sont
encore en Afghanistan. Deux invasions au nom de la
stupide « guerre » au terrorisme.
Mais ils ont été parmi les prem iers à qu itter l’
I ra k . I ls sont ca nd ides , depu is long temps
, su r les c ha nces minces de « succès » en
Afghanistan.
Mais ils ont été les premiers à dire qu’on ne peut
pas faire la « guerre » au terrorisme. En 2006,
les officiels britanniques ont cessé de parler de
« guerre au terrorisme ». En ja nvier 20 0 9, le
secrétaire d’État aux Affaires étrangères a
publiquement répudié le terme et l’esprit de la «
guerre » contre la terreur.
« Les démocraties doivent répondre au terrorisme
en favorisant la règle du droit, pas en l’écrasant
», a expliqué David Miliband, dans une déclaration
célèbre, juste avant le départ de Bush de la
Maison-Blanche, faite en début d’année.
Ces condamnations sont formidables. Car elles nous
rappellent deux trucs tout simples.
Un, ce sont les outils existants (police,
renseignement, t r ibu n au x) q u i peuvent
combattre les terroristes (je n’ai pas dit le
terrorisme) le plus efficacement, dans une société
ouverte. Pas les bazookas de soldats qu’on envoie
mener des combats de guérillas dans des contrées
loi nt a i nes , déser tiques et montagneuses.
Deux,
pas besoin de devenir un monstre, de pervertir nos
fameuses et proverbiales valeurs occidentales,
pour combattre des monstres. On peut très bien
gagner sans vendre son âme à des bourreaux. Sans
un goulag à Cuba, non plus.
La Cour suprême tranchera - Malorie
Beauchemin
OTTAWA — La Cour suprême a décidé d’entendre la
cause du gouvernement canadien, qui refuse de
demander le rapatriement du jeune prisonnier Omar
Khadr, détenu depuis 2002 à Guantánamo.
Ottawa s’est tourné vers le plus haut tribunal du
pays après avoir été débouté à deux reprises en
Cour fédérale.
Le 14 août dernier, la Cour d’appel ava it con fi
r mé le jugement du mois d’avril, dans lequel le j
uge Walter O’Reilly, de la Cour fédérale, estimait
que le refus du gouvernement de réclamer auprès
des États-Unis le retour du détenu de 22 ans
violait la Charte canadienne des droits et
libertés.
M. Khadr est le dernier ressortissant occidental
encore détenu à Guantánamo. Il a été arrêté et
fait prisonnier au tout début de la guerre en
Afghanistan, alors qu’il était âgé de seulement 15
ans.
La Cour suprême n’a pas précisé les raisons de sa
décision d’entendre la cause. L’audition aura lieu
le 13 novembre prochain. Le plus haut tribunal du
pays s’était déjà penché sur le dossier Omar
Khadr, obligeant Ottawa à remettre au prisonnier
les documents relatifs à sa cause, lesquels
faisaient état de la torture que le jeune homme a
subie au cours de sa détention.
LegouvernementdeStephen Harper a toujours argué
que M . K hadr était accusé de crimes graves
(meurtre, tentative de meurtre, terrorisme) et
qu’il était ainsi préférable d’attendre l’issue
des procédures judiciaires américaines.
L’administration du président Barack Obama a déjà
annoncé son intention de fermer la prison de
Guantána mo et d’évaluer chacun des cas des
prisonniers qui y sont encore détenus.
« N ou s avon s i ntérê t à attend re l’issue des
déc isions prises par le président Obama. Le
gouvernement du Canada assume ses responsabilités
envers M. Khadr et il les assumera encore quand le
gouvernement américain lui aura fait part de sa
décision », a fait savoir le bureau du ministre
des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, par voie
de communiqué.
De passage à Vancouver, le chef du Parti libéral,
Michael Ig natief f, a j ugé i naccep - table que
le gouvernement conservateur se soit rendu
jusqu’en Cour suprême dans ce dossier.
« Pour nous, un Canadien, c’est un Canadien. Ce
gouvernement n’aurait ja mais dû s’opposer à une
série de décisions des tribunaux lui dema nda nt
d’agir da ns le dossier Omar Khadr », a souligné
M. Ignatieff.
Les
trois partis de l’opposition militent depuis
plusieurs mois pour qu’Ottawa rapatrie le jeune
prisonnier et espèrent toujours que le
gouvernement changera son fusil d’épaule et se
pliera aux nombreux jugements en ce sens.
Question cruciale
Pour le professeur en droit de l’Université de
Montréal Stéphane Beaulac, la Cour suprême aura à
trancher une question cruciale. « Le tribunal aura
à décider dans quelle mesure le pouvoir judiciaire
peut-il forcer la main du gouvernement dans des
dossiers qui, habituellement, relèvent du pouvoir
discrétionnaire de l’exécutif, comme les affaires
étrangères », a-t-il estimé.
L’argument du gouvernement conservateur est j
ustement qu’il s’agit d’une question politique et
donc que les tribunaux ne devraient pas s’en
mêler. Selon M. Beaulac, le jugement de la Cour
suprême fera jurisprudence en la matière.
«Les conservateurs semblent vouloir discréditer le
pouvoir judiciaire. Les libéraux avaient l’at tit
ude d ia mét ra lement opposée, renvoyant
occasionnellement des questions délicates touchant
la Charte des droits et libertés aux tribunaux
pour qu’ils tranchent, comme dans le cas du
mariage gai », a-t-il rappelé.
En 2004, la Cour suprême avait jugé que le
gouvernement fédéral avait le pouvoir
constitutionnel de revoir la définition
traditionnelle du mariage pour permettre aux
conjoints de même sexe de se marier.
Le député néo-démocrate porte-parole des questions
de justice, Joe Comartin, estime qu’il aurait été
préférable que les tribunaux n’aient pas à se
mêler du dossier Omar Khadr.
«L’intervention de la Cour a été rendue nécessaire
seulement parce que le gouvernement a violé les
droits fondamentaux compris dans la Charte»,
a-t-il dit. M. Comartin déplore que le jeune
prisonnier doive souffrir encore plusieurs mois
avant de savoir ce qui lui arrivera.
La porte-pa role du Bloc québécois en matière
d’affaires étrangères, Francine Lalonde, abonde
dans son sens. « Le gouvernement n’a pas besoin
d’attendre. Il lui faut rapatrier sans tarder Omar
Khadr», a-telle conclu.
Journée cruciale pour Omar Khadr -
AGNÈS GRUDA
La
Cour suprême du Canada annoncera aujourd’hui si
elle donne suite à une demande du gouvernement
fédéral pour se pencher, une nouvelle fois, sur la
cause d’Omar Khadr.
Ottawa conteste la décision rendue le 14 août par
la Cour d’appel fédérale qui reproche au
gouvernement canadien de s’être rendu complice
d’actes contraires à ses obligations
internationales et à la Charte canadienne des
droits et libertés, parce que ses représentants
ont interrogé Omar Khadr tout en sachant qu’il
était torturé à Guantánamo. Ils ont ensuite remis
la transcription de leurs interrogatoires aux
autorités américaines.
En guise de réparation, le gouvernement Harper
doit rapatrier le jeune Canadien emprisonné à
Guantánamo depuis l’âge de 15 ans, affirme le
tribunal d’appel. Mais un des trois juges qui ont
signé la décision a exprimé une opinion
dissidente. La décision majoritaire confirme un
jugement antérieur de la Cour fédérale.
Ce
n’est pas la première fois que la Cour suprême est
appelée à examiner le cas d’Omar Khadr. Dans un
premier jugement, le plus haut tribunal avait
obligé Ottawa à remettre au jeune prisonnier tous
les documents relatifs à sa cause. Ces documents
révélaient, entre autres, que le jeune prisonnier
a subi de la torture. Les deux jugements
subséquents étaient basés en grande partie sur ces
informations.
Dernier Occidental à Guantánamo
L a Cou r suprême reçoit entre 500 et 600 demandes
de révision par année. Elle en retient environ le
quart. Si le plus haut tribunal décide de se
pencher sur la cause d’Omar Khadr, sa réflexion
porterait probablement sur la « réparation »
ordonnée par les deux tribunau x inférieu rs,
croit Fannie Lafontaine, professeure de droit à
l’Université Laval et porte-parole d’Avocats sans
frontières. Autrement dit : la «complicité»
documentée par les jugements antérieurs
justifie-t-elle qu’Ottawa soit obligé de rapatrier
le jeune Khadr?
Ce dernier est le dernier c itoyen o cc ident a l
encore détenu à Guantánamo. Jusqu’à maintenant,
trois tribunaux différents ont tranché en sa
faveur, déboutant le gouvernement Harper qui
refuse de demander son rapatriement. Si j amais la
Cour suprême choisit de rejeter la demande
d’Ottawa, le gouvernement n’au ra it plus le c hoi
x : la décision de la Cour d’appel deviendrait
exécutoire.
J’ai honte - ALAIN DUBUC
Hier
matin, je lisais La Presse et j’avais honte. Pas de
mon journal, mais de ce que j’y lisais. J’avais
honte du gouvernement conservateur, de la façon dont
il est en train de transformer le Canada, de trahir
ses valeurs, et de ternir son image dans le monde
entier.
En pages A2 et A3, La Presse faisait état du rapport
rendu public lundi sur les techniques
d’interrogatoire de la CIA en Irak et en Afghanistan
et analysait le difficile débat sur la façon dont
les ÉtatsUnis doivent rompre avec ce passé peu
glorieux. En page A5, on apprenait que le
gouvernement Harper a l’intention de porter en Cour
suprême le jugement de la Cour fédérale qui l’oblige
à rapatrier le jeune Omar Khadr, un citoyen canadien
détenu à Guantánamo.
Les deux histoires sont évidemment liées. Le
président Obama est en rupture avec les pratiques et
l’idéologie de ce que son prédécesseur appelait la «
guerre contre la terreur ». Au Canada, le
gouvernement Harper, prêt à aller jusqu’au bout,
semble s’être donné pour mission de poursuivre seul
l’oeuvre de George W. Bush.
Le Canada est le seul pays occidental à ne pas avoir
rapatrié ses ressortissants détenus à Guantánamo.
C’est encore plus incompréhensible dans le cas
d’Omar Khadr, parce que celui-ci, arrêté à 15 ans, a
été endoctriné et entraîné dans la lutte armée par
son père, ce qui en fait un des enfants-soldats
auxquels le Canada s’est engagé à venir en aide.
La décision canadienne de le laisser à Guantánamo
pose d’abord des questions de droit. Sur les devoirs
du gouvernement, sur les droits des citoyens
canadiens, sur le rôle des tribunaux. Mais ce
dossier soulève aussi des questions de valeurs. Et
il constitue un enjeu politique.
Au
plan des valeurs, accepter qu’un citoyen canadien,
mineur, soit maltraité et soumis à un processus
judiciaire vicié aux États-Unis, remet en question
ce que le Canada incarne : un pays de modération, de
respect des droits, dont le rôle international était
celui de la médiation et des missions de paix. Ces
valeurs canadiennes, on le sait, sont tout autant
québécoises.
L’image du Canada ne peut qu’en souffrir. Le
gouvernement est en train de détruire ce qu’il a
fallu des décennies à construire. Une image qui
faisait que même les Québécois les plus
nationalistes étaient fiers d’être canadiens
lorsqu’ils étaient à l’étranger. Ce capital de
sympathie va fondre, sauf peut-être quand on voyage
en Alabama ou en Géorgie.
Et c’est là qu’intervient le niveau politique. Je
peux bien avoir honte, comme un grand nombre de
citoyens, notamment dans des milieux plus urbains et
plus scolarisés. Mais il est évident que ce malaise
n’est pas généralisé. Bien des gens, dans des
milieux plus conservateurs, aimeront voir le
gouvernement « mettre ses culottes » et faire preuve
de « fermeté » contre les « terroristes ».
Le gouvernement Harper, très partisan, dont les
gestes sont calculés, a certainement mesuré l’impact
politique de son entêtement. Et probablement conclu
que le fait d’indisposer une partie de l’électorat,
qui ne lui est de toutes façons pas acquis, était
largement compensé par les gains qu’il pouvait faire
ailleurs, notamment en consolidant sa base
réformiste. Le fait qu’Omar Khadr reste enchaîné sur
une base américaine est sans doute politiquement
payant.
Dans une période où se multiplient les rumeurs
d’élections, une perspective qui ne soulève pas
l’enthousiasme, cela nous rappelle qu’au Canada, les
partis politiques ne sont pas interchangeables. Et
que ces différences de doctrine et d’idéologie
soulèvent des enjeux importants, bien plus, par
exemple, que les ajustements à l’assurance emploi.
Des enjeux qui portent sur les valeurs, sur la
conception de l’État, sur l’idée même du Canada. Et
qui pourraient donner un sens à une campagne
électorale.
Réactions à la décision d’Ottawa -
Hugo de GrandPré
OTTAWA
— La décision du gouvernement fédéral de porter devant
la Cour suprême du Canada la cause du rapatriement
d’Omar Khadr a suscité des protestations de toutes
parts, hier.
En matinée, le bureau du ministre des Affaires
étrangères, Lawrence Cannon, a confirmé qu’Ottawa
demanderait au plus haut tribunal du pays de casser la
décision de la Cour fédérale qui lui ordonne de
demander le rapatriement de son ressortissant.
Dans
un jugement rendu en avril, confirmé par la Cour
d’appel fédérale il y a moins de deux semaines, le
juge Walter O’Reilly a conclu que le gouvernement
canadien avait violé la Charte des droits et libertés
en interrogeant Omar Khadr d’une manière qui
contrevenait aux conventions internationales sur les
droits des enfants et contre la torture.
O ma r K had r, qu i au ra bientôt 23 ans, a été
arrêté en Afghanistan en 2002 à l’âge de 15 ans. Il
est accusé d’avoir tué un militaire américain avec une
grenade et est détenu à Guantánamo depuis ce temps.
Tous les partis fédéraux de l’opposition de même que
de nombreux groupes de défense des droits de la
personne ont dénoncé l’initiative du gouvernement
fédéral. La Cour suprême met environ trois mois pour
se prononcer sur une demande d’autorisation d’appel.
Cette fois, une requête a été présentée pour que le
processus soit plus rapide.
Un jeune détenu de Guantánamo renvoyé en
Afghanistan
Après
sept ans de détention, un des plus j eunes détenus de
Guantánamo, Mohammed Jawad, a été renvoyé hier par les
États-Unis vers son pays d’origine, l’Afghanistan où
il était attendu à bras ouverts.
Le jeune homme a reçu un chaleureux accueil de sa
famille. Il a aussi eu droit à une rencontre en tête à
tête avec le président afghan Hamid Karzaï. «Je suis
si heureux que j’ai peur de déchirer mes vêtements», a
dit le jeune homme à l’Associated Press.
Le crime qui était reproché à Moha mmed Jawad
ressemble en tous points à celui reproché à un
autre détenu de Guantánamo: le Canadien Omar
Khadr. Ce dernier, qui avait
15 ans au moment de son arrestation, est accusé
d’avoir tué un militaire américain en lançant une
grenade au cours d’un combat.
Le
renvoi de Mohammad J awa d e s t s u r venu prè s d’u
n mois après qu’u ne juge a déclaré sa détention à G
ua nt á na mo B ay illégale, a annoncé hier l’avocat
du j eune homme dans un communiqué de presse. «
Mohammed Jawad a été libéré de Guantánamo et renvoyé
en Afghanistan, mettant fin à près de sept ans de
détention illégale par les États-Unis », a affirmé
dans ce communiqué l’ACLU, une organisation américaine
de défense des droits civils.
Âgé de 12 ans au moment de son arrestation fin 2002 à
Kaboul, selon le gouvernement afghan, de 16 ou 17
selon le Pentagone, Mohammed Jawad était soupçonné par
les ÉtatsUnis d’avoir jeté une grenade sur un convoi
militaire américain. Il était poursuivi devant un
tribunal d’exception pour crime de guerre.
« La libération de M. Jawad représente une victoire
longtemps attendue, mais dans le même temps, de
nombreux autres prisonniers sont toujours détenus
illégalement » à Guantánamo, a déclaré son avocat
Jonathan Hafetz.
« C’est une immense victoire pour la justice et l’État
de droit. Bien que rien ne puisse j amais remplacer
ses années perdues, par bonheur, ce j eune homme
remarquable est toujours assez j eune pour se
construire une vie », a ajouté le commandant David F
ra kt, avocat milita ire de Mohammed Jawad.
Le gouvernement portera la cause en Cour suprême
- Catherine Handfield
Le
gouvernement fédéral portera devant la Cour suprême le
jugement de la Cour d’appel fédérale qui l’oblige à
demander aux États-Unis le rapatriement du Canadien Omar
Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis près de sept ans.
PHOTO RICK EGLINTON,
ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Le
Canadien Omar Khadr est emprisonné à Guantánamo depuis
2002. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les
dernières années pour demander son rapatriement. Le
gouvernement a toujours refusé de le faire et en
appellera sa cause devant la Cour suprême.
Selon Radio-Canada, le gouvernement de Stephen Harper
déposera bientôt une motion pour suspendre le jugement
de la Cour d’appel fédérale, prononcé il y a 10 jours,
en attendant que la Cour suprême se penche sur le
dossier.
Il s’agit du deuxième appel du gouvernement
conservateur, qui a toujours soutenu que c’est à lui, et
non aux tribunaux, qu’incombe la décision de rapatrier
les Canadiens détenus à l’étranger. Rappelons que, le 14
août, la Cour d’appel fédérale a confirmé un jugement de
la Cour fédérale qui oblige le gouvernement à rapatrier
Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis l’âge de 15
ans.
La décision de la Cour d’appel fédérale confirme que le
gouvernement a bel et bien violé la Charte canadienne
des droits et libertés dans l’affaire Khadr. Deux des
trois juges ont conclu que les droits constitutionnels
d’Omar Khadr avaient été bafoués quand le fruit de ses
interviews avec les autorités canadiennes a été rendu
aux Américains.
Le ministère des Affaires étrangères n’a pas confirmé la
nouvelle de Radio-Canada, hier.
Natha lie Sa ra fia n , attachée de presse du ministre
Lawrence Cannon, et Simone MacAndrew, porte-parole du
Ministère, n’ont pas répondu aux questions de La Presse.
L’avocat
d’Omar Khadr, l’Albertain Dennis Edney, n’a pas été
informé de la volonté du gouvernement fédéral
d’interjeter appel une nouvelle fois. Si ce désir se
concrétise, Me Edney le déplore.
« Il me semble que notre
gouvernement est plutôt sélectif quant au genre de
Canadiens qu’il souhaite aider. Ça ne le dérange
pas d’aider un Blanc anglo-saxon, mais il semble
très réticent à aider un citoyen de couleur», a-t-il
déclaré. Dennis Edney faisait référence à Brenda Ma rtin
, cette Ca nadien ne condamnée pour fraude au Mexique et
rapatriée l’an dernier à bord d’un avion nolisé.
«Le cas d’Omar Khadr est traité
comme tous les autres cas consulaires: il y a un
manque total d’intérêt du gouvernement, qui ne
respecte pas les droits des citoyens à l’étranger»,
a pour sa part déclaré le critique libéral en matière
d’affaires consulaires, Dan McTeague, que la décision
des conservateurs n’étonne pas.
Il a souligné l’écart qui se creuse entre le Canada et
les États-Unis quant au traitement des présumés
terroristes. Le gouvernement américain a annoncé hier
qu’il ouvrait une enquête sur les méthodes violentes
utilisées par la CIA dans ses interrogatoires
antiterroristes.
«Le jour même où le gouvernement actuel cherche encore
des moyens pour échapper à ses obligations envers les
Canadiens à l’étranger, les Américains sont en train de
changer leurs méthodes d’interrogation », a souligné M.
McTeague.
Hier, les États-Unis ont également renvoyé un des plus
jeunes détenus de Guantánamo, Mohammed Jawad, vers son
pays d’origine, l’Afghanistan. «Comment se
fait-il que le gouvernement américain commence à
respecter ses engagements, alors que nous, au
Canada, ne sommes pas capables de ça?» a
demandé Béatrice Vaugrante, d i rectrice généra le d’A
mnistie internationale Canada francophone.
« On croyait que ce gouvernement avait
atteint le fond, mais il creuse encore »,
a c o n c lu M m Vau g r a n t e , qui qualifie d’«
absolument lamentable » l’attitude
des Conservateurs dans le dossier d’Omar Khadr.
LE GOUVERNEMENT HARPER ENCORE GIFLÉ
- Louise Leduc
Les
discussions ont été vives à la Cour d’appel fédérale. Le
jugement rendu hier confirme néanmoins celui de la
première instance : les droits constitutionnels du
Canadien Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo à l’âge de 15
ans, ont été bafoués. Une décisio
La Cour d’appel fédérale vient d’infliger un camouflet au
gouvernement Harper, confirmant le jugement qui l’oblige à
demander aux États-Unis le rapatriement du Canadien Omar
Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis près de sept ans.
Seul Occidental à y être encore détenu, Omar Khadr est né
et a passé une partie de son enfance au Canada avant de se
joindre à Al-Qaeda à l’invitation de son père. Aujourd’hui
âgé de 23 ans, il n’en avait que 15, en juillet 2002,
quand il a été arrêté par les États-Unis en Afghanistan.
Les ÉtatsUnis ont toujours allégué que Khadr avait tué un
soldat américain avec une grenade, mais aucun procès n’a
encore été tenu à ce sujet.
Le gouvernement Harper plaidait que les tribunaux
n’avaient pas à se mettre le nez dans les questions de
rapatriement de Canadiens détenus à l’étranger et qu’il
revenait au gouvernement d’en décider.
LaCourd’appel fédérale note d’abord que son jugement ne
porte aucunement sur cette question de compétence. LaCour
s’est plutôt limitéeàdéterminer si le droit
constitutionnel de M. Khadr « à la vie, à la liberté et à
la sécurité de sa personne » a été violé quand le fruit
des interviews de M. Khadr avec les services secrets
canadiens et avec le ministère des Affaires étrangères, en
2003 et en 2004, a été rendu aux Américains. Cela est
arrivé, peut-on lire dans le jugement, « alors que les
autorités canadiennes savaient que M. Khadr était une
personne mineure emprisonnée, privée d’un accès
consulaire, privée d’avocats et privée de contacts avec sa
famille, et qui avait été soumise à des techniques de
privation de sommeil afin de l’inciter à parler ».
Deux juges sur trois concluent que les droits
constitutionnels d’Omar Khadr ont effectivement été
violés. « Les autorités canadiennes ont non seulement
participé à un processus qui ne se conformait pas aux
normes internationales en droits de la personne, mais
elles l’ont fait en toute connaissance de cause », peut-on
notamment lire dans ce jugement qui confirme que le Canada
doit demander le rapatriement de son citoyen.
En réponse au jugement de première instance de la Cour
fédérale qui ordonnait déjà la demande de rapatriement
d’Omar Khadr, Ottawa arguait « qu’il n’y (avait) qu’une
chance sur un million » que les États-Unis consentent à
cette demande.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND,
ARCHIVES LA PRESSE
Plusieurs
manifestations ont eu lieu au cours des dernières années
pour demander le rapatriement d’Omar Khadr en sol
canadien.
« Le fait que le Canada n’ait pas de pouvoir sur la
réponse donnée par les États-Unis ne signifie pas qu’il
soit inapproprié que cette demande (de rapatriement) soit
présentée », réplique à cela la Cour d’appel fédérale.
Le gouvernement a toujours le loisir, maintenant, de
demander à la Cour suprême de se pencher sur ce dossier.
L’opinion dissidente
Les commentaires du juge dissident, Marc Nadon, démontrent
bien que les discussions ont été vives à la Cour d’appel
fédérale. Le juge Marc Nadon commence par dire qu’il est «
loin d’être convaincu que le Canada a le devoir de
protéger M. Khadr ». Contrairement au jugement
majoritaire, le juge Nadon estime par ailleurs que « le
Canada a pris tous les moyens nécessaires à sa disposition
pour protéger Omar Khadr ».
« Le Canada n’a pas participé à son arrestation, à son
transfert ou à sa détention et en aucun moment il n’a été
consulté par l’armée ou par le gouvernement américain »,
écrit-il.
Si ce
n’est de ces interviews rendues aux Américains, « je ne
vois pas en quoi la conduite du Canada est répréhensible
», dit encore le juge Nadon.
Réactions
Interrogé hier, le premier ministre Stephen Harper a
réservé ses commentaires, le temps que le jugement soit
analysé. Il a simplement rappelé que les Canadiens,
lorsqu’ils se trouvent à l’étranger, « ne sont plus sous
la protection de leur gouvernement ».
« Trois cours ont jusqu’à maintenant condamné la
conduite du Canada et des États-Unis. Quand donc ce
gouvernement va-t-il décider de respecter la loi et de
se lever pour respecter les droits de ses citoyens? » a
pour sa part demandé l’Albertain Dennis Edney, l’avocat
d’Omar Khadr.
Le député libéral Irwin Cotler, qui est souvent monté au
front pour des questions de droits de la personne, a
déclaré que « depuis le début, le rapatriement d’Omar
Khadr aurait été la juste et bonne décision. Après la
promesse du président Barack Obama de fermer la prison
de Guantánamo, il est devenu clair que, sur le plan
politique, cette décision était la meilleure.
Aujourd’hui, la Cour d’appel fédérale a confirmé que
notre Constitution exige le rapatriement de M. Khadr ».
L’organisation internationale Human Rights Watch a salué
la décision de la Cour d’appel fédérale par l’entremise
de sa porte-parole, Stacy Sullivan. « Il reviendra
ultimement aux Canadiens de décider si des accusations
criminelles doivent être déposées contre Omar Khadr,
mais quand il s’agira de le déterminer, les Canadiens
seraient bien avisés de prendre en considération qu’il
est ici question d’un homme qui a passé le tiers de sa
vie en prison, dans des conditions inacceptables,
souvent en isolement cellulaire. »
Un jugement crucial - AGNÈS GRUDA
Le
gouvernement fédéral a-t-il l’absolue liberté de décider
s’il demande ou non le rapatriement d’un citoyen canadien
emprisonné à l’étranger?
Oui , af f i rmait Ottawa, dans l’un des principaux
arguments qu’il invoquait devant la Cour d’appel fédérale
pour justifier sa décision de laisser croupir Omar Khadr
dans la prison de Guantánamo.
Non, répond le tribunal, la latitude du gouvernement n’est
pas entière. Pas au point de se montrer complice d’actes
contraires à ses obligations internationales, ou
contrevenant à la Charte des droits et libertés.
Dans le cas d’Omar Khadr, de tels actes ont été commis à
trois reprises, lorsque des représentants canadiens l’ont
interrogé à Guantánamo, affirme la Cour d’appel.
Les responsables canadiens savaient qu’Omar Khadr était
mal traité et subissait le supplice de la privation du
sommeil destiné, comme toute forme de torture, à le faire
passer aux aveux.
Ils l’ont interrogé quand même, et ont remis le compte
rendu de leurs conversations aux autorités américaines. Ce
faisant, dit le tribunal, ils ont enfreint l’article 7 de
la Charte qui garantit le droit à la vie, à la liberté et
à la sécurité. Et ils ont donc l’obligation de réparer
cette faute en le ramenant au Canada.
Ce jugement est une excellente nouvelle pour Omar Khadr,
qui vit dans des condi t i ons i nhuma i nes depuis l’âge
de 15 ans. « Il est constamment enchaîné, il n’a droit à
aucune instruction, je n’ai jamais vu quelqu’un laissé
autant à l’abandon », commentait hier son avocat Dennis
Edney, qui s’est rendu à Guantánamo à deux reprises au
cours des six dernières semaines.
Pour le jeune homme dont la vie s’est arrêtée alors qu’il
n’avait que 15 ans, il s’agit d’une troisième victoire
dans la pénible bataille judiciaire qu’il mène pour sortir
de Guantánamo.
D’abord, la Cour suprême a forcé le gouvernement à lui
remettre tous les documents relatifs à sa cause. Ensuite,
en se basant entre autres sur ces documents, la Cour
fédérale a jugé qu’Ottawa devait le rapatrier. Et hier, la
Cour d’appel a confirmé ce verdict, en affirmant haut et
fort que le rapatriement d’Omar Khadr n’est pas seulement
une obligation morale, mais aussi, et surtout, un devoir
légal.
Après ces
trois décisions qui penchent toutes en faveur d’Omar
Khadr, le gouvernement Harper va-t-il maintenant en
appeler à la Cour suprême ? Tout, pourtant , milite en
faveur du rapatriement du jeune homme. Ce dernier a
accepté d’être poursuivi au Canada. Rien n’indique qu’il
pose aujourd’hui un risque à la société. Les fautes
canadiennes ont été largement documentées. Et surtout, le
contexte international a changé. Omar Khadr est le dernier
citoyen occidental encore détenu à Guantánamo, ce complexe
carcéral que le président Barack Obama s’est engagé à
démanteler.
D’ailleurs, selon toute probabilité, la nouvelle administ
rat ion amér icaine le remettrait volontiers aux autorités
canadiennes.
« Nous ne sommes plus en 20 01 » , soul igne Dan McTeague,
le député libéral qui a suivi les dossiers de plusieurs
Canadiens détenus à l’étranger.
Ma i s l ’ avocat d ’ Oma r Khadr, lui, ne se fait pas
d’illusions : la persistance avec laquelle Ottawa s’est
battu depuis plus de six ans pour empêcher Omar Khadr de
rentrer chez lui l’incite à penser que malheureusement,
nous aurons droit à une quatrième manche…
Au-delà d’Omar
Cela dit, la décision d’hier a une portée plus large que
le seul cas d’Omar Khadr. Car si sa situation est
particulièrement dramatique, de nombreux autres Canadiens
ont dû faire face à des situations kafkaïennes dans des
prisons à l’autre bout du monde.
Plusieurs étaient des immigrants portant des noms
étrangers, mais possédant néanmoins un passeport canadien.
Et dans de nombreux cas, ils se sont sentis complètement
abandonnés par Ottawa (lire à ce sujet notre dossier en
pages A26 et A27).
Or, le j ugement d’hier affirme que dans certaines
circonstances, la Charte canadienne permet de protéger des
Canadiens à l’extérieur du pays, se réjouit le juriste
Paul Champ, spécialisé dans les questions de droits de la
personne. « Ce n’était pas établi clairement par les lois
actuelles », dit-il.
Le jugement établit également que lorsque des responsables
canadiens rencontrent leurs concitoyens dans quelque geôle
à l’autre bout de la planète, ils leur doivent les mêmes
égards que ceux auxquels ceux-ci auraient droit dans leur
pays. Aussi étonnant que cela paraisse, ça non plus, ce
n’était pas très clair…
Indirectement , donc, le jugement d’hier concerne aussi
des gens comme Suaad Hagi Mohamud, qui a été détenue
pendant trois mois au Kenya. Ou Abousfian Abdelrazik,
coincé pendant six ans au Soudan. Ou encore Maher Arar,
qui a vécu un an d’enfer en Syrie avec la complicité des
services secrets canadiens. Et bien sûr, tous les cas
semblables qui pourraient se présenter à l’avenir.
Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE
Quels que soient
les soupçons qui pèsent sur lui, M. Abdelrazik a droit au
respect de ses droits fondamentaux.
Revenu au Canada il y a un mois après être resté coincé au
Soudan pendant six ans, Abousfian Abdelrazik a raconté j eudi
qu’un agent du Service canadien du renseignement de sécurité
(SCRS) lui avait lancé, lors d’un interrogatoire : « Le Soudan
sera ton Guantánamo. »
On ne sait pas si cette anecdote est véridique mais une chose
est certaine : le Canada a bel et bien son Guantánamo. Il ne
s’agit certes pas d’un centre de détention bâti sur une île
lointaine. Toutefois, un nombre croissant de nos concitoyens ont
été soumis à des traitements arbitraires, voire torturés, en
raison de la négligence ou de la complicité d’agents canadiens.
Pour mémoire, citons les cas de Maher Arar, Omar Kadhr, Ahmad
Abou El Maati, Abdullah Almalki et Muayyed Nureddin, auxquels
s’ajoute celui de M. Abdelrazik. Bien que sa situation ne soit
pas reliée à la lutte contre le terrorisme, le meurtrier Ronald
Allen Smith a lui aussi été abandonné à son sort (la peine de
mort) par Ottawa, au mépris de ses droits fondamentaux (selon la
Cour fédérale).
Dans tous ces cas, tribunaux et commissions d’enquête ont conclu
que le gouvernement du Canada avait manqué à ses obl igations de
faire tout en son pouvoir pour accorder aux Canadiens concernés
la protection de la Charte des droits et libertés. À cet égard,
le calvaire d’Abousf ian Abdel razik est typique.
Soudana i s d’or
igine, cet homme a obtenu sa citoyenneté canadienne en 1995. En
2003, il s’est rendu dans son pays natal pour voir sa mère
malade. Il a été arrêté et emprisonné par les autorités
soudanaises sans qu’on sache pourquoi. Il affirme avoir été
torturé. Au début de sa détention, le gouvernement canadien est
venu à son secours. Mais lorsqu’Ottawa a appris qu’Abdelrazik
avait été placé sur la liste noire du Conseil de sécurité de
l’ONU, il l’a laissé tomber. Or, les raisons pour lesquelles
Abdelrazik se trouve sur cette liste ne sont pas claires. Les
Américains soutiennent qu’il fait partie d’Al-Qaeda, mais ils
n’ont pas fourni d’élément de preuve. De son côté, le SCRS dit
ne disposer d’aucune information en ce sens.
On ne peut pas exclure la possibilité que les soupçons au sujet
de M. Abdelrazik soient fondés. Il n’en a pas moins droit au
respect de ses droits fondamentaux. « Les droits conférés par la
Charte ne dépendent pas de la sagesse des choix que font les
Canadiens, de leur sens moral ou de leurs idées politiques », a
soutenu le juge Zinn. Le juge a ordonné à Ottawa de rapatrier ce
ressortissant canadien.
Les agents du SCRS et des Affaires étrangères ne sont pas seuls
responsables de la mise en place de ce Guantánamo virtuel.
L’abus systématique des droits de certains Canadiens résulte de
l’absence de message clair venant des autorités politiques, en
particulier depuis que les conservateurs sont au pouvoir. Il est
grand temps que le gouvernement du Canada l ’af f i rme,
solennellement et fermement : la lutte contre le terrorisme et
le crime doit être menée dans le respect de la Charte canadienne
des droits et libertés, pas en dépit d’elle.
L’ombre
de George W. Bush - Alain Dubuc
Dans l’affaire
Omar Khadr, l’entêtement de M. Harper est si insensé qu’il en
devient suicidaire.
Un juge de la Cour fédérale vient d’ordonner au gouvernement
Harper de demander le plus rapidement possible aux autorités
américaines le retour du jeune Omar Khadr, le seul détenu
canadien à la base américaine de Guantánamo.
Le
Canada est maintenant le seul pays civilisé qui n’a pas
rapatrié ses ressortissants détenus àGuantánamo.
Et qu’a fait notre premier ministre? Il a dit que la position de
son gouvernement dans ce dossier n’avait pas changé –
c’est-à-dire de confier le sort du jeune détenu à la justice
américaine – et il a laissé clairement entendre qu’il porterait
ce jugement en appel.
Sur le plan des principes, de la morale et du droit,
l’entêtement du gouvernement conservateur à ne pas reconnaître
ce que le juge James W. O’Reilly décrit comme un « principe de
justice fondamentale », est tout simplement honteux. Au plan
politique, cet entêtement est si insensé qu’il en devient
suicidaire. Car Stephen Harper se retrouve à défendre l’un des
chapitres les plus odieux du règne de George W. Bush.
Résumons rapidement l’histoire. Omar Khadr est le cadet d’une
famille de terroristes, entraînés par son père, un proche
d’Oussama ben Laden qui a fini par trouver la mort. Il a été
arrêté en 2002 dans une escarmouche en Afghanistan dont il a été
est le seul survivant. On l’accuse d’avoir lancé la grenade qui
a tué un soldat américain. Il avait 15 ans à l’époque. Il est
interné à Guantánamo depuis ce temps. Il a maintenant 22 ans.
Après avoir fait des pressions pour s’assurer de son bien-être,
les représentants du gouvernement canadien ont participé à des
interrogatoires où le garçon a été soumis à une forme de
torture, la privation de sommeil.
Le système
judiciaire auquel le gouvernement Harper fait confiance est une
mascarade. Les prisonniers ont été définis comme des «
combattants illégaux », un concept que ne reconnaît pas le droit
international. On les a emprisonnés à Guantánamo, une enclave
américaine à Cuba, pour qu’ils puissent échapper au système de
droit américain. On a inventé de toutes pièces une procédure de
justice militaire complaisante. On a soumis des prisonniers à un
régime de torture cautionné par la Maison-Blanche. En outre,
dans le cas d’Omar Khadr, très clairement un enfant-soldat, on a
bafoué toutes les règles internationales qui protègent ces
jeunes.
Ce système, les États-Unis ne le soutiennent plus. Le président
Obama, le jour de sa prestation de serment, a annoncé la
fermeture de Guantánamo. Il a stoppé les procédures judiciaires.
Il a condamné le recours à la torture. Ce sont ces pratiques que
le premier ministre Harper continue de défendre. Comme si les
dérapages, peut-être compréhensibles au lendemain du 11
septembre, étaient encore justifiables. Comme s’il voulait
porter le flambeau de George W. Bush.
Mais pourquoi donc? L’argument officiel du gouvernement
conservateur, c’est la crainte d’indisposer les Américains en
demandant le rapatriement d’Omar Khadr. Un argument absurde
quand on voit à quel point l’administration Obama veut se
distancer de toutes ces pratiques.
Peut-être qu’Ottawa craint également de paraître mou face au
terrorisme. Encore là, il n’y a rien de très convaincant à
s’acharner sur un enfant qui n’était certainement pas un cerveau
du terrorisme international. C’est d’autant plus fou que le
Canada est maintenant le seul pays civilisé qui n’a pas rapatrié
ses ressortissants détenus à Guantánamo. Même l’allié fidèle
qu’est la Grande-Bretagne a récupéré ses ressortissants depuis
belle lurette.
La position conservatrice est à ce point dénuée de logique
qu’elle nous force à la spéculation. L’entêtement proverbial
d’un gouvernement qui n’aime pas admettre ses erreurs?
L’allergie à la culture des droits et aux décisions imposées par
les tribunaux? Peut-être. Mais il est très difficile d’écarter
l’autre explication, celle de l’aveuglement idéologique d’un
partisan de la ligne dure.
Les repères
perdus - ANDRÉ PRATTE
Une fois les
pieds sur la pente savonneuse de la torture, il est bien
difficile de s’arrêter.
Après les notes de service du ministère américain de la Justice
approuvant les techniques musclées d’interrogatoire contre les
détenus de la CIA, un rapport de la Commission sénatoriale des
Forces armées, publié mercredi, suscite à son tour un sentiment
de dégoût. Le rapport retrace l’origine de ces techniques et
montre comment leur utilisation s’est rapidement répandue
partout où les Américains détenaient des personnes soupçonnées
de terrorisme.
Les méthodes en question sont dérivées de celles qu’employaient
les Chinois pendant la guerre de Corée. Après le 11 septembre
2001, la Défense et la CIA ont demandé à l’équipe chargée de
préparer les soldats américains à une éventuelle capture
d’entraîner leurs membres à utiliser ces techniques ennemies.
D’abord réservées aux dirigeants d’Al-Qaeda détenus par la CIA
dans des prisons secrètes, ces façons de faire se sont répandues
à Guantánamo, en Afghanistan et en Irak et ont été employées à
grande échelle jusqu’au scandale d’Abou Ghraib. L’autorisation
accordée par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, « a
envoyé le message que des pressions physiques ou dégradantes
constituaient un traitement approprié contre les personnes
détenues par les États-Unis. Il s’en est suivi une érosion des
standards exigeant que des prisonniers soient traités
humainement », conclut la commission.
Ceux qui se demandaient si, face à la menace terroriste, les
démocraties ne devaient pas se résigner à employer certaines
formes de torture dans l’espoir d’obtenir des informations
cruciales, ceux-là ont leur réponse: une fois les pieds sur
cette pente savonneuse, il est bien difficile de s’arrêter. «
Nous avons perdu nos repères moraux », a résumé le président
Obama.
Le recours à la
torture cause aux démocraties des dommages plus importants et
plus durables que toute information qu’il permettrait de
soutirer. Notamment, il leur devient impossible de dénoncer les
actes de torture commis par d’autres pays. Car entre les
interrogatoires musclés qui ont eu cours dans les prisons
américaines et les mauvais traitements infligés dans les geôles
des dictatures, il n’y a plus qu’une différence de degré, pas de
nature.
Chez nous, le gouvernement Harper s’entête à laisser le jeune
Canadien Omar Khadr croupir dans sa cellule de Guantánamo.
Jeudi, un juge de la Cour fédérale a ordonné à Ottawa
d’intervenir auprès des autorités américaines pour qu’elles
permettent le rapatriement de Khadr. Le gouvernement a annoncé
hier qu’il portait le jugement en appel. Selon le premier
ministre, «les faits n’ont pas changé.»
Les faits n’ont pas changé ? Voyonsdonc! M. Obama a annoncé la
fermeture de Guantánamo et suspendu les procédures contre les
détenus de la base. Washington reconnaît que ces détenus ont été
soumis à la torture. Et la Cour fédérale affirme qu’Ottawa viole
la Charte canadienne des droits en restant assis sur ses mains.
L’attitude du gouvernement conservateur dans ce dossier reste
incompréhensible et révoltante. On en vient à se demander si M.
Harper lui-même n’a pas perdu ses repères moraux.
Les services secrets canadiens blâmés dans
l’affaire Khadr
Le Service
canadien de renseignement de sécurité (SCRS) n’a pas reçu de
félicitations hier pour sa gestion du dossier d’Omar Khadr.
Selon un nouveau rapport d’un comité de surveillance, les
agents du SCRS n’ont tenu compte ni des mauvais traitements
que le jeune Canadien subissait aux mains des autorités
américaines ni de son jeune âge quand ils ont décidé de
l’interroger à Guantanamo Bay en 2003.
Les vidéos de ces interrogatoires ont déjà créé la
controverse l’an dernier quand elles ont été rendues
publiques par les tribunaux canadiens. On y voit le jeune
Khadr, alors âgé de 16 ans, pleurer à chaudes larmes en
expliquant qu’il ne reçoit pas l’aide médicale nécessaire
pour soigner ses blessures à l’oeil et au pied. L’agent
canadien dont il implore l’aide le rabroue durement.
L’ire qu’ont soulevée ces images n’a pas laissé de glace le
Comité de surveillance des activités de renseignement de
sécurité. Au cours des derniers mois, cet organisme, composé
de cinq membres du Conseil privé, a étudié le processus
décisionnel qui a mené à ces interrogatoires.
« Ce que nous avons trouvé, c’est que le SCRS avait des
motifs raisonnables d’aller à Guantánamo Bay pour obtenir
des renseignements de sécurité. Mais en prenant cette
décision, il a omis de prendre en considération l’âge de M.
Khadr ainsi que les droits de la personne », a exposé hier
Sacha Richard, analyste de recherche du comité.
Le SCRS de glace
Selon le rapport, le SCRS a notamment négligé de prendre en
compte les différents rapports médiatiques sur les abus que
subissaient les détenus de Guantánamo Bay. « Le comité n’a
trouvé aucune preuve que le SCRS ait tenu compte de ces
informations lorsqu’il a décidé de s’entretenir avec Khadr
», peut-on lire dans le document rendu public hier. Le
rapport met notamment en lumière le fait que le SCRS a
dérogé à ses propres règles de confidentialité en remettant
ses interrogatoires aux autorités américaines.
La question
du jeune âge de M. Khadr retient aussi l’attention du
comité. « En droit canadien et international, il est notoire
que les jeunes peuvent jouir de certains droits fondamentaux
en raison de leur statut de mineur. Le comité n’a trouvé
aucune preuve que le SCRS a tenu compte de l’âge de Khadr »,
écrivent les membres du l’organe de supervision.
En conclusion, le comité, que préside l’ancien premier
ministre manitobain Gary Filmon, recommande au SCRS de
prendre des mesures pour que ses agents prennent davantage
compte des droits de la personne dans l’exercice de leur
travail « afin de maintenir sa propre crédibilité ».
Le SCRS a réagi au rapport en notant qu’il a changé ses
pratiques depuis ces interrogatoires. Cependant, le SCRS
persiste et signe en affirmant qu’il ne détient aucune
preuve fiable selon laquelle Omar Khadr avait été malmené à
Guantánamo avant sa rencontre avec les agents canadiens.
Amnistie internationale outrée
Cet énoncé du SCRS a irrité au plus haut point la directrice
générale d’Amnistie internationale, Béatrice Vaugrante. «
C’est incroyable de jouer à l’autruche comme ça. Les vidéos
des interrogatoires sont claires. Les avocats d’Omar Khadr
sont clairs. Même le président Obama dit qu’il y a eu des
abus! » s’est-elle indignée hier. Elle espère que le
gouvernement Harper profitera des recommandations du comité
pour émettre des directives « sans équivoque que les droits
humains doivent être centraux dans les services de
renseignement ».
Hier, le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a
promis d’étudier attentivement le rapport de 12 pages. Le
gouvernement conservateur a été maintes fois critiqué pour
son inaction dans l’affaire Khadr. Fils d’un présumé membre
de haut rang d’Al-Qaeda, le jeune Canadien, arrêté en
Afghanistan alors qu’il était âgé de 15 ans, est le seul
ressortissant d’un pays occidental toujours détenu à la base
militaire américaine de Guantánamo.
Au diable Khadr... et la Charte- VINCENT MARISSAL CHRONIQUE
Pas besoin
d’un doctorat en sciences politiques pour comprendre que
l’entêtement du gouvernement conservateur lui fera plus de mal
au centre, là où il doit gagner des votes, que de bien à
droite, là où il a fait le plein de toute façon.
Résumé du jugement de la Cour fédérale sur l’affaire Omar
Khadr, rendu par le juge James O’Reilly, ce jeudi : en
laissant Omar Khadr croupir à Guantánamo, le gouvernement a
été complice des mauvais traitements qui lui ont été infligés
et le Canada a contrevenu à ses obligations contenues dans la
Convention internationale des droits des enfants et celle
contre la torture.
Peut-on être plus clair ? Difficilement, mais cela,
apparemment, ne réussira pas à ébranler le gouvernement, qui
maintient, contre toute logique juridique, sa décision de
laisser Omar Khadr moisir à Guantánamo plutôt que de réclamer
son rapatriement.
Contre toute logique politique, aussi, d’ailleurs. Pas besoin
d’un doctorat en sciences politiques pour comprendre que
l’entêtement du gouvernement conservateur lui fera plus de mal
au centre, là où il doit gagner des votes, que de bien à
droite, là où il a fait le plein de toute façon.
Pourtant, le jugement de la Cour fédérale offre une porte de
sortie rêvée pour le gouvernement Harper. Que les
conservateurs ne soient pas empressés de rapatrier un jeune
Canadien accusé d’avoir guerroyé avec les talibans et d’avoir
tué un militaire américain, soit. Le gouvernement libéral
précédent n’était pas non plus trop pressé d’intervenir.
Mais en s’obstinant, malgré les décisions de cour, malgré le
changement de régime à Washington, Stephen Harper ne fait pas
que punir Omar Khadr, il renie les principes du pays qu’il
dirige et, au passage, la signature du Canada au bas des
traités internationaux. En plus, il piétine allègrement la
Charte des droits et libertés, un document fondamental pour
lequel les conservateurs purs et durs ont toujours eu un
profond mépris.
Dans un passé récent, des conservateurs (en fait, d’anciens
réformistes) avaient même indiqué qu’ils pourraient réécrire
la Charte s’ils prenaient le pouvoir. M. Harper n’a pas poussé
jusque-là, mais c’est tout comme. Il ne s’est pas attaqué à la
Charte, il l’ignore.
Aux État s-Un i s , Ba r ack Obama a annoncé qu’il fermera
Guantánamo d’ici janvier prochain. Plusieurs pays ont
d’ailleurs offert à Washington de prendre sous leur aile les
détenus de Guantánamo.
Le président américain a décrié l’usage de la torture et même
rendu publiques des notes secrètes de la CIA décrivant en
détail les interrogatoires musclés et les techniques des
tortionnaires. D’anciens responsables de l’administration Bush
pourraient être poursuivis pour avoir autorisé la torture.
Ici, le gouvernement continue d’ignorer ce cas patent de
torture, comme si Omar Khadr allait finir par disparaître à
force d’être ignoré.
Comme si un pays pouvait signer à moitié les traités
internationaux et renier sa parole lorsqu’une situation heurte
son idéologie. Il ne s’agit pas ici d’excuser Omar Khadr ou de
minimiser les accusations qui pèsent sur lui. Pas plus qu’il
ne s’agit, comme l’a laissé entendre hier le ministre des
Affaires étrangères, Lawrence Cannon, dans un grand élan de
démagogie, de défendre les terroristes qui tuent nos jeunes
soldats, commeKarine Blais, enterrée hier par les siens.
Si Stephen Harper veut réécrire la Charte ou retirer le Canada
de certains traités internationaux, qu’il en prenne
l’engagement à la prochaine campagne électorale. Ce sera plus
transparent.
L’embarrassant Mulroney
La commission
d’enquête Oliphant ne nous aura pas permis d’apprendre
beaucoup de neuf ces trois dernières semaines sur l’affaire
Mulroney-Schreiber, mais elle aura toutefois permis de
constater que Brian Mulroney reste un personnage controversé
dans son propre parti.
Il y a eu d’abord cette controverse surréaliste à savoir si
l’ancien premier ministre est toujours membre du PCC. Puis,
chose rarissime dans le gouvernement Harper, une contestation
ouverte de son autorité.
Bien des députés et sénateurs conservateurs n’ont pas apprécié
que la leader au Sénat, Marjorie LeBreton, ex-grande amie de
Brian Mulroney, le renie publiquement pour satisfaire Stephen
Harper. En plus, les partisans de M. Mulroney au sein du
caucus accusent le bureau du premier ministre d’avoir fait
circuler l’information selon laquelle M. Mulroney n’est plus
membre du Parti conservateur.
M. Harper, qui n’est pas habitué de devoir reculer, a dû
mettre de l’eau dans son vin cette semaine. Il a demandé à son
caucus de traiter l’ancien premier ministre avec respect et a
prévu que tout cela (l’embarras de l’affaire
Mulroney-Schreiber) serait bientôt terminé.
Comment peut-il en être aussi sûr? N’a-t-il pas commandé
luimême cette commission pour faire toute la lumière? Il est
pour le moins malhabile pour un premier ministre de présumer
des conclusions d’une commission d’enquête des mois avant le
dépôt du rapport.
Quant aux réactions de son caucus, M. Harper aurait dû s’en
douter.
Déjà, en 2007, lorsqu’il a ordonné à ses ministres de couper
tout contact avec Brian Mulroney, aumoins deux d’entre eux,
Michael Fortier et Peter MacKay, l’avaient prévenu qu’ils
n’avaient pas l’intention de se plier à cette directive.
La loi et l’ordre, encore…
Le Bloc québécois, une menace pour les familles?
Voilà du moins ce que les conservateurs affirment haut et fort
depuis quelques jours dans une offensive concertée qui met la
table pour la prochaine campagne électorale.
De toute évidence, les conservateurs ont décidé de jouer la
carte de la loi et de l’ordre contre le Bloc pour sauver les
sièges qu’il lui reste au Québec.
C’est que le Bloc a voté contre le projet de loi C-268, qui
prévoit une peine minimale de cinq ans pour les crimes contre
les enfants. Selon les conservateurs, le Bloc prend le parti
des criminels au détriment des enfants. Le Bloc se défend en
répétant qu’il est contre les peines minimales, une approche
trop rigide.
Les conservateurs pensent avoir trouvé des munitions contre le
Bloc et ont déjà lancé l’attaque. Et pas seulement aux
Communes. J’ai reçu ces trois derniers jours plusieurs
courriels de « gens ordinaires » qui, comme par hasard,
reprennent tous les mêmes arguments et les mêmes mots entendus
à Ottawa cette semaine pour dénoncer le Bloc.
Cannon assure que le gouvernement ira en appel... puis se
rétracte
Jugement de la
Cour fédérale sur le rapatriement d’Omar Khadr
Le gouvernement de Stephen Harper a 30 jours pour décider s’il
en appelle de la décision.
— Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a
affirmé hier que le gouvernement canadien comptait en appeler
de la décision de la Cour fédérale qui le somme de réclamer le
rapatriement d’Omar Khadr… avant d’être rappelé à l’ordre par
le bureau du premier ministre, semant ainsi la confusion.
Le
ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé
de façon catégorique, hier en Chambre, que le gouvernement
en appellerait de la décision de la Cour fédérale, avant que
sa directrice des communications ne nuance ses propos.
Après avoir affirmé que le gouvernement en appellerait « fort
probablement de cette décision », le ministre, bombardé de
questions par les partis de l’opposition à la Chambre des
communes, s’est empêtré à sa dernière intervention sur le
sujet. « Nous irons en appel de la décision », a alors déclaré
M. Cannon, catégorique.
Une heure plus t a rd, sa directrice des communications,
Catherine Loubier, faisait le tour des médias pour préciser
que le jugement était toujours à l’étude par les avocats du
gouvernement et qu’aucune décision finale n’avait encore été
prise, confirmant toutefois que le ministre envisageait « très
sérieusement » la possibilité d’en appeler.
Dans un jugement rendu jeudi, la Cour fédérale du Canada
ordonne au gouvernement conservateur de réclamer sans délai le
retour au pays du jeune prisonnier, détenu à Guantánamo depuis
2002. Le juge James O’Reilly estime que le Canada viole la
Charte des droits et libertés et la Convention de Genève
contre la torture en refusant de réclamer le rapatriement de
M. Khadr, citoyen canadien.
Le gouvernement de Stephen Harper a 30 jours pour décider s’il
en appelle de la décision. Arrêté par l’armée américaine en
Afghanistan à l’âge de 15 ans, Omar Khadr est accusé notamment
de meurtre et d’activités terroristes.
Les partis de l’opposition, les groupes de défense des droits
humains et les avocats de M. Khadr réclament depuis des mois,
voire des années, que le jeune prisonnier soit rapatrié au
pays pour y être jugé. Le gouvernement canadien plaide que
c’est aux autorités américaines de le juger, compte tenu de la
gravité des crimes qui lui sont reprochés.
Or, le président américain Barack Obama a annoncé dès son
arrivée au pouvoir que le controversé centre de détention
devrait fermer ses portes d’ici un an. M. Khadr est
actuellement le seul ressortissant occidental à Guantánamo
dont le rapatriement n’a pas été réclamé par son pays
d’origine.
« Totalement
démagogique »
Le ministre Lawrence Cannon a par ailleurs fait bondir
l’opposition, hier à Ottawa, en accusant M. Khadr d’avoir
fabriqué et dissimulé « les mêmes bombes qui ont pris la vie
d’un certain nombre de nos soldats, incluant Karine Blais,
décédée la semaine dernière ». Les funérailles de la jeune
soldate originaire de Les Méchins, en Gaspésie, étaient
célébrées au même moment.
« C’est totalement démagogique, a lancé le leader
parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette. Je trouve ça
extrêmement malhonnête. Essayer, par association, de rendre
coupable Omar Khadr du décès de cette jeune militaire, je
trouve que c’est manquer de respect envers les familles et
envers les militaires. »
« C’est tout simplement une façon de dévier le débat, de noyer
le poisson et de se défiler devant leurs responsabilités parce
que tôt ou tard, le jugement de la Cour fédérale est clair à
cet égard-là, le Canada aura à demander le rapatriement d’Omar
Khadr », a ajouté le député bloquiste, pour qui l’entêtement
des conservateurs témoigne d’un mépris des institutions
démocratiques.
« Je trouve ça incroyable de faire comme ça un procès sur le
parquet de la Chambre des communes, a pour sa part vilipendé
le critique libéral en matière d’affaires étrangères, Bob Rae.
Si le gouvernement a de nouvelles preuves contre M. Khadr,
j’oserais espérer qu’il voit là une raison supplémentaire de
le ramener au pays pour qu’il soit jugé par nos tribunaux.
Nous sommes tous d’accord que les allégations contre lui sont
sérieuses. »
M. Rae estime que le ministre Cannon utilise des tactiques
dignes du maccarthysme, politique de persécution utilisée dans
les années 50 aux États-Unis contre les communistes.
Pour le critique néo-démocrate Paul Dewar, M. Cannon se sert
d’une tragédie – la mort de soldats canadiens – pour tenter de
défendre la position indéfendable du Canada, qui ne fait pas
son travail en refusant de rapatrier M. Khadr.
« Est-ce que M. Cannon pense qu’Omar Khadr orchestre tout ce
qui se passe en Afghanistan de sa cellule à Guantánamo? » a
ironisé M. Dewar.
OMAR
KHADR - Ottawa porte en appel la décision de la Cour
fédérale
— Le gouvernement canadien a confirmé hier sa décision
de porter en appel la cause du rapatriement d’Omar Khadr, ce
Canadien emprisonné au centre de détention militaire de
Guantánamo depuis 2002.
La Cour fédérale a imposé à Ottawa il y a deux semaines de
rapatrier le jeune homme le plus rapidement possible. Le
juge James O’Reilly a dit que le Canada violait la Charte
des droits et libertés et la convention de Genève contre la
torture en refusant de le ramener au pays.
M. Khadr, 22 ans, a été arrêté en Afghanistan à 15 ans. Il
est accusé d’avoir tué un militaire américain à l’aide d’une
grenade.
Des documents rendus publics l’été dernier ont démontré
qu’il avait été victime de mauvais traitements à la base
militaire américaine. Il a notamment été privé de sommeil
avant d’être interrogé par des représentants du gouvernement
canadien.
Lors de son arrivée en poste, le président américain Barack
Obama a annoncé qu’il fermerait le centre de détention avant
la fin janvier 2010. Malgré tout, Ottawa a refusé de
s’engager à ramener le jeune Torontois au pays.
Hier, le
ministère des Affaires étrangères n’a donné aucun détail
pour expliquer les raisons, juridiques ou autres, de sa
décision de porter cette décision en appel.
La réponse, laconique, permet tout au moins de deviner que
le gouvernement Harper maintien une position maintes fois
répétée au cours des derniers mois: «Le gouvernement du
Canada a toujours fait état que M. OmarKhadr fait face à de
sérieuses accusations», a simplement déclaré dans un
courriel un porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Alain Cacchione.
La Presse lui avait posé deux questions: Quelles sont les
bases juridiques de cet appel? Est-ce que les documents ont
été déposés en cour? «Comme cette question est en litige,
nous ne ferons pas d’autres commentaires à ce moment», s’est
contenté de dire le fonctionnaire.
Le critique libéral en matière d’affaires étrangères, Bob
Rae, s’est dit déçu, mais pas surpris de cette décision. «Le
gouvernement évite ses responsabilités, a-t-il dit. Ce n’est
pas seulement les cours de justice qui ont la responsabilité
de faire respecter la charte des droits et libertés. Les
gouvernements aussi.»
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait
dit à la Chambre des communes, le lendemain du jugement, que
le gouvernement en appellerait. Il s’était ensuite fait
rappeler à l’ordre par le bureau du premier ministre.
Apparemment, M. Cannon avait parlé trop rapidement: sa
porte-parole avait par la suite convenu que les avocats du
gouvernement n’avaient pas fini d’étudier le dossier.
Le barbarisme de Stephen Harper - Stéphane
Giroux, Montréal
La Cour fédérale vient d’affirmer que le gouvernement
Harper a l’obligation de demander le rapatriement d’Omar Khadr,
emprisonné à Guantánamo depuis six ans, alors qu’il n’était
qu’un enfant, et estime que le refus du premier ministre d’agir
en ce sens viole la Charte canadienne des droits et libertés.
Face à cette décision de la Cour, Harper et son ministre de la
Justice ont décidé d’en appeler de la décision! Avec cet
entêtement, le gouvernement Harper contrevient également à ses
obligations inscrites dans la Convention internationale des
droits des enfants et celle contre la torture. Le Canada est le
seul pays occidental à n’avoir pas rapatrié ses prisonniers de
Guantánamo. Il y a un mois dans un autre dossier, la Cour
fédérale avait aussi indiqué que le gouvernement a le devoir
d’intervenir pour venir en aide au Canadien Ronald Smith,
condamné à mort aux États-Unis. Le précédent gouvernement
libéral avait aidé Smith à éviter l’exécution. Dès leur arrivée
au pouvoir, les conservateurs ont décidé de ne plus suivre la
politique traditionnelle du Canada sur ces citoyens condamnés à
la peine de mort. M. Harper, je vous rappelle que le Canada est
contre la peine de mort. Votre refus de respecter les
conventions internationales sur les enfants-soldats et votre
soutien à la peine de mort témoignent du barbarisme qui vous
caractérise, vous et les gens de votre parti. Une fois de plus,
j’ai honte d’être canadien.
La Cour
fédérale ordonne à Ottawa de rapatrier Omar Khadr
— La Cour fédérale du Canada ordonne au gouvernement de Stephen
Harper de rapatrier Omar Khadr, détenu à Guantánamo depuis 2002.
Une décision que les conservateurs pourraient contester.
Dans un jugement rendu hier, le tribunal condamne le refus
d’Ottawa de demander le retour au Canada du jeune prisonnier,
citoyen canadien, estimant que le gouvernement viole ainsi la
Charte des droits et libertés.
« Pour remédier à cette violation des droits, le Canada doit
présenter aux États-Unis une demande pour le rapatriement de M.
Khadr le plus tôt possible », écrit le juge James O’Reilly. La
décision du tribunal explique que le gouvernement fédéral, dans
ce dossier, contrevient à des traités internationaux dont il est
signataire, notamment la Convention de Genève, mais aussi la
Convention internationale des droits de l’enfant.
Aujourd’hui âgé de 22 ans, M. Khadr, né au Canada, n’avait que
15 ans lorsqu’il a été arrêté par l ’ a rmée amér ica i ne en
Afghanistan. Il est entre autres accusé de meurtre et
d’activités terroristes. Il est actuellement le seul
ressortissant étranger à Guantánamo dont le rapatriement n’a pas
été réclamé par son pays d’origine. Or, le président des
États-Unis Barack Obama a, dès son arrivée au pouvoir, suspendu
les procédures judiciaires en cours et décrété la fermeture de
ce centre de détention controversé d’ici un an.
Interrogé à la Chambre des communes, le premier ministre Harper
s’est empressé d’indiquer que son gouvernement examinerait
attentivement la décision de la Cour, mais n’excluait pas
d’interjeter appel. « À nos yeux, les faits n’ont pas changé »,
a-til dit.
Son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a par la
suite renchéri en affirmant que le gouvernement allait « très
sérieusement examiner la possibilité d’en appeler de cette
décision ».
Les conservateurs ont toujours soutenu que le jeune Khadr devait
être jugé par les autorités américaines, qui avaient procédé à
son arrestation, compte tenu de la gravité des crimes qui lui
sont reprochés.
L’opposition
proteste
Les partis de l’opposition à Ottawa, qui réclament depuis des
mois, voire des années, le retour du jeune prisonnier pour qu’il
soit jugé au Canada, se sont insurgés contre la possibilité que
le gouvernement interjette appel.
« C’est complètement insensé, a lancé le chef du Bloc, Gilles
Duceppe. Le jugement est très sévère, disant non seulement qu’il
(le gouvernement) contrevient à la Convention des droits des
enfants, mais également qu’il pourrait être complice de torture.
Guantánamo va fermer. Il va faire quoi M. Harper, il va
l’envoyer sur la Lune, Omar Khadr? »
Même son de cloche au Parti libéral. « Le jugement est clair. Le
processus judiciaire aux ÉtatsUnis en ce qui concerne l’enfant
soldat est vicié, a souligné la députée montréalaise Marlene
Jennings. Le gouvernement a une obligation légale de demander au
gouvernement américain de rendre l’enfant soldat Omar Khadr aux
autorités canadiennes. Alors que M. Harper prenne une journée
pour étudier le jugement, pas de problème. Peut-être qu’il ne
lit pas très vite. Mais interjeter appel, je pense que c’est
rejeter d’un revers de main un jugement qui est très clair. »
Le leader en Chambre du Parti libéral, Ralph Goodale, a ajouté
que le dossier avait assez traîné et qu’il attendait du
gouvernement qu’il agisse de façon « expéditive » plutôt que de
chercher à gagner du temps en laissant M. Khadr dans « des
circonstances inacceptables ».
« M. Harper a ignoré la volonté du Parlement, qui a réclamé le
rapatriement, il a ignoré les lois internationales et les
précédents établis par d’autres pays et maintenant il se prépare
à ignorer la Cour fédérale, a pour sa part dénoncé le chef du
NPD, Jack Layton. Nous pensons qu’il doit rapatrier M. Khadr au
Canada pour que, si des procédures légales doivent être
entreprises, elles soient entreprises ici. Tout le monde
comprend ça, sauf le premier ministre. »
La décision de la Cour fédérale démontre, selon lui, « que la
majorité à la Chambre des communes avait raison de réclamer que
M. Harper respecte les lois internationales ».
C’est la deuxième fois en deux mois que la cour fédérale rabroue
le gouvernement Harper sur sa piètre gestion de ses
ressortissants détenus à l’étranger. En mars, le tribunal avait
estimé qu’Ottawa se devait d’offrir un soutien consulaire à
RonaldAllen Smith, détenu dans le couloir de la mort d’une
prison du Montana depuis 25 ans, reconnu coupable du meurtre de
deux hommes en 1983.
GUANTÁNAMO Omar Khadr veut se séparer de ses avocats
militaires
de dissensions
entre eux ces derniers mois.
Le j uge mi l ita i re Pat r ick Parrish a accédé à sa demande
et programmé une nouvelle audience pour le 13 juillet, malgré
la demande de gel des travaux des tribunaux d’exception pour
quatre mois supplémentaires déposée vendredi par
l’administration américaine.
« Depuis quatre mois, il y a eu un conf lit entre mes avocats,
je ne peux pas leur faire confiance, je veux me séparer de
toute l’équipe », a déclaré le jeune homme de nationalité
canadienne, inculpé du meurtre d’un officier américain en
Afghanistan en 2002, lorsqu’il n’avait que 15 GUANTÁNAMO —
Omar Khadr, 22 ans, dernier citoyen occidental détenu à
Guantánamo, a demandé, hier, à un juge militaire le droit de
se séparer de ses avocats militaires, à qui il affirme ne «
plus faire confiance » en raison
Alors d’au moins deux des onze juges saisis ont déjà accepté
la prolongation pour quatre mois supplémentaires de la
suspension des activités judiciaires à Guantánamo demandée par
Barack Obama, le juge Parrish a organisé hier une audience
pour prendre une décision quant à la défense d’Omar Khadr.
Il a décidé qu’un des avocats militaires du jeune homme serait
maintenu pour « ne pas le laisser sans représentation » en
attendant qu’un nouveau conseil lui soit assigné. À la demande
de l’accusé, c’est l’avocat qui conduisait l’équipe de défense
jusqu’à il y a quelques mois, William Kuebler, qui restera en
place jusqu’au 13 juillet.
M. Kuebler est un avocat très médiatique qui n’a jamais mâché
ses mots pour protester contre l’inculpation d’Omar Khadr,
l’attitude du Canada qui ne demande pas son extradition ou le
principe des tribunaux d’exception.
« Apparemment, il va y avoir des changements dans le choix des
avocats », a expliqué le juge, en référence aux nouvelles
règles pour les tribunaux d’exception annoncées par Barack
Obama en mai. Les accusés auraient en effet davantage de
latitude pour désigner leurs avocats.
L’orga n i s a t i on de c e t t e audience sur la base navale
de Guantánamo, en plein gel des activités des tribunaux
d’exception tels qu’ils fonctionnaient sous la présidence de
George W. Bush, a nécessité, pour le Pentagone, le transport
des avocats, journalistes et membres d’ONG.
L’administrat ion Obama a demandé vendredi à chacun des
juges militaires de prolonger le gel des activités jusqu’en
septembre, pour que l’administration puisse « mener à bien »
le réexamen des dossiers de chaque détenu actuellement et «
déterminer quel tribunal sera le plus à même de les juger »,
a expliqué à la presse John Murphy, qui dirige l’équipe de
procureurs.
Décision renversée
Par ailleurs, à Washington, un juge fédéral a ordonné, hier,
au ministère de la Justice américain de rendre publics des
documents dont il dispose concernant des accusations et des
preuves à l’encontre d’une centaine de détenus de la prison
de Guantánamo.
Sur décision du ministère de la Justice, ces documents ne
pouvaient jusqu’ici être vus que par un nombre restreint de
personnes : juges, avocats ou responsables du gouvernement,
même s’ils étaient déclassifiés.
« La question de savoir ce que l’on fait des détenus de
Guantánamo demeure une source d’intérêt et de débats pour le
grand public », a estimé le juge du district de Columbia,
Thomas Hogan, tranchant la question de la publication en
faveur des avocats de détenus du camp de prisonniers.
« Transmettre au public les accusations qui pèsent sur ces
détenus (...) assurerait un meilleur contrôle des détentions
et des procédures judiciaires », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministère de la Justice, Dean Boyd, a
indiqué à l’AFP que « le gouvernement n’avait jamais
envisagé de garder indéfiniment scellées les informations en
question ».
Selon lui, le gouvernement avait réclamé un délai
supplémentaire à la Cour « pour s’assurer que la version de
ces documents rendue publique ne contienne pas d’information
réellement classifiée ».
Torture : de nouvelles règles... qui ne semblent pas changer
grand chose...
OTTAWA — À la
suite des scandales impliquant des Canadiens torturés à
l’étranger, le gouvernement fédéral a institué de nouvelles
règles pour encadrer les activités du Service canadien du
renseignement de sécurité. Ces directives ministérielles sont
énoncées alors que le SCRS assume dava ntage d’opérations à
l’étranger dans des points chauds du globe comme
l’Afghanistan.
Mais selon des militants des droits de la personne, la
proportion de directives restées secrètes est telle qu’il est
à peu près impossible de dire si ces nouvelles instructions
permettront d’assurer une meilleure reddition de comptes.
Les plus récentes règles, rédigées par le gouvernement,
traitent de principes fondamentaux, des sources humaines de
renseignement, des activités opérationnelles hors du pays et
des ententes de liaison intérieures et à l’étranger.
Directives secrètes
Grâce à la Loi sur l’accès à l ’ i nformation, La Presse
Canadienne a obtenu des copies – fortement censurées – des
nouvelles règles édictées l’an dernier. Une bonne partie de
ces règles sont semblables aux directives passées, mais
beaucoup d’entre elles restent secrètes, la loi autorisant le
gouvernement à masquer les i n format ions touchant aux
affaires et enquêtes internationales, et aux avis provenant
d’agents publics.
Ainsi, une
directive exposant les priorités du service d’espionnage pour
2008-2009 a été entièrement soustraite à la divulgation, même
si de telles listes ont été dévoilées par le passé, alors
qu’elles traitaient des activités du SCRS dans des domaines
comme le contre-terrorisme, le filtrage de sécurité, et des
opérations visant à contrer la création d’armes de destruction
massive.
Il devient impossible d’identifier les changements apportés
aux directives ministérielles au SCRS à la suite de deux
commissions d’enquête portant sur le rôle joué par les
autorités canadiennes dans les cas de Canadiens arabes
torturés dans des prisons syriennes.
Amélioration?
Hilary Homes, d’Amnistie internationale Canada, affirme
qu’elle est incapable de déterminer si les nouvelles
directives constituent ou non une amélioration.
Tant au SCRS qu’au cabinet du ministre de la Sécurité
publique, Peter Van Loan, on s’est refusé à discuter de la
teneur des plus récentes instructions au service du
renseignement, ou du moment choisi pour y apporter des
changements.
Selon Ker r y Pi t her, une militante des droits de la
personne qui a rédigé un livre sur les Canadiens torturés à
l’étranger, les directives ministérielles devraient être
rendues publiques parce qu’elles sont cruciales pour assurer
la reddition de comptes de la part du SCRS.
La cour diplomate - André Pratte
Le
gouvernement du Canada devrait demander auxÉtatsUnis le
rapatriement du jeune Canadien Omar Khadr, détenu à
Guantánamo depuis sept ans, afin qu’il soit jugé ici dans
le respect de ses droits fondamentaux. Nous l’avons écrit
ici à quelques reprises.
Le récent jugement de la Cour d’appel fédérale, s’il
arrive à la même conclusion, suscite néanmoins un malaise.
Comme le juge de première instance, les deux juges
majoritaires nous semblent avoir outrepassé leur
compétence en s’immisçant dans une question qui relève des
prérogatives du gouvernement canadien, la gestion de ses
relations internationales.
Il est clair que les droits d’Omar Khadr ont été violés.
La Cour suprême des ÉtatsUnis a statué que le régime
juridique imposé aux détenus de Guantánamo était illégal.
De plus, la Cour fédérale et la Cour d’appel fédérale ont
déterminé qu’en interrogeant Khadr sachant les mauvais
traitements qui lui étaient infligés, les représentants
canadiens se sont rendus complices de ces traitements, en
violation de la Charte canadienne des droits. Jusque là,
pas de problème.
Pour autant, les tribunaux ont-ils à dicter au
gouvernement la façon dont il doit s’y prendre pour
s’assurer que les droits de Khadr seront respectés dans
l’avenir? Selon les deux juges majoritaires de la Cour
d’appel fédérale, leur collègue de première instance était
dans son droit en ordonnant au gouvernement de demander le
rapatriement de Khadr. Sur cette question précise
toutefois, l’opinion émise par le juge dissident,
l’honorable Marc Nadon, est plus convaincante.
En cour,
le gouvernement a rappelé avoir multiplié les
interventions auprès de Washington afin que Khadr soit
traité correctement et ait droit à une assistance
consulaire. Des diplomates ont régulièrement visité le
prisonnier pour s’assurer de son bien-être.
Surtout, Ottawa a soutenu qu’une demande de rapatriement
nuirait à nos relations avec les États-Unis, sans
toutefois déposer de preuve à cet égard. La majorité en
conclut que cet argument ne tient pas. Elle souligne aussi
que le gouvernement n’est pas en mesure de démontrer sa
thèse selon laquelle il n’y a pratiquement aucune chance
que le gouvernement américain accède à une requête de
rapatriement. Pourtant, qui sont les magistrats pour
estimer, à l’encontre de l’opinion du ministère des
Affaires étrangères, qu’une telle demande est la meilleure
façon de procéder? Sur quelle base croient-ils pouvoir
mieux prévoir que les diplomates la réaction des
États-Unis?
Il s’agit là, selon le juge Nadon (dissident), d’« une
interférence directe dans la conduite des affaires
étrangères du Canada ». Les décisions en cette matière «
devraient être laissées au jugement des personnes qui ont
été démocratiquement choisies pour gérer ces questions au
nom des Canadiens. »
La Cour fédérale est-elle victime d’une poussée
d’activisme judiciaire? En tout cas, elle s’est aventurée
en terrain miné.
« Le Canada a perdu sa vision » - AGNÈS
GRUDA
Le
directeur de Human Rights Watch appelle Ottawa à reprendre
son rôle traditionnel sur la scène internationale
Ce dernier juge qu’Ottawa s’est comporté de manière «
honteuse » en laissant Omar Khadr croupir à Guantánamo. Et
juge décevant que le Canada ait abandonné son rôle de
défenseur des droits de la personne – rôle qui était
traditionnellement le sien jusqu’à ce que les
conservateurs de Stephen Harper prennent la direction du
pays, constate-t-il.
PHOTO ROBERT MAILLOUX, LA
PRESSE
Le
Canada a perdu beaucoup de son pouvoir d’influence sur
la planète, déplore le directeur général de Human Rights
Watch, Kenneth Roth. « Je ne comprends pas en quoi cela
peut servir l’intérêt du Canada de disparaître ainsi de
la scène internationale », dit-il.
I nvité par le Conseil des relations i nternationales de
Montréal, le grand patron de cette ONG vouée à la défense
des droits de la personne doit prononcer une conférence
aujourd’hui à Montréal. Sujet de son allocution :
l’érosion du leadership canadien sur la scène
internationale.
Il estime que ce phénomène est nocif pour le Canada
luimême: « Je ne comprends pas en quoi cela peut servir
l’intérêt du Canada de disparaître ainsi de la scène
internationale. »
« J’appelle le Canada à se faire respecter, comme avant,
pou r s on e ngagement e n faveur du respect des droits,
du maintien de la paix et des i nstit utions i nter
nationales », plaide-t-il.
Kenneth Roth ne manque pas d’exemples pour illustrer cet
effritement du leadership canadien. Il y a une décennie,
le Canada avait joué un rôle clé dans l’adoption d’un
traité qui a banni les mines antipersonnel. Ce traité
soulevait beaucoup d’opposition et le ministre canadien
des Affaires étrangères de l’époque, Lloyd Axworthy, avait
eu l’initiative d’enclencher des négociations parallèles,
appelées « le processus d’Ottawa », qui ont permis un
déblocage.
Dix ans plus tard, Ottawa a joué un tout autre rôle dans
les négociations sur un autre traité, portant sur les
armes à sous-munitions. « Le Canada a eu tendance à
s’aligner sur les pays qui voulaient diluer le traité pour
préserver une marge de manoeuvre et pouvoir continuer à
utiliser ces a r mes » , déplore Kenneth Roth. C’est la
Norvège qui a finalement fait débloquer les discussions.
Cette fois, on a parlé du « processus d’Oslo ».
D’aut r e s e xemples ? L e Canada n’a même pas posé sa ca
ndidature au Conseil des droits de l ’ homme de l’ONU, une
institution haut e ment c r i t i quable, s elon Kenneth
Roth, mais aussi, pa r voie de c onséquence, perfectible.
«
L’ancien Canada aurait tenté de devenir membre du Conseil,
et aurait tenté de l’améliorer, alors que le Canada actuel
se contente de le laisser couler », constate Kenneth Roth.
Ce dernier n’en revient pas, non plus, que le Canada ait
été prêt à signer un traité de libreéchange avec la
Colombie sans lui demander de démanteler les groupes
paramilitaires responsables de la mort de nombreux civils.
Pourtant, Washington avait posé cette exigence comme une
condition à la libéralisation du commerce
américano-colombien.
Même le l e a der l i béra l Michael Ignatieff était
d’accord avec l’approche du gouvernement Harper qui, selon
Kenneth Roth, équivaut à « donner une récompense pour
l’inaction ».
Un rôle en Afghanistan
Le Canada joue-t-il encore un rôle positif quelque part
sur l a pl a nè t e ? Oui , e n Afghanista n, où i l se
bat pour l ’éga l ité des femmes et l a l iberté
d’expression, répond Kenneth Roth. Mais selon lui, le
départ annoncé des t r oupes c a nad i e n nes rog ne déj
à son pouvoi r d’influence.
Le Canada devrait s’engager à y rester plus longtemps,
croit Kenneth Roth. Pas pour tuer plus de talibans, mais
plutôt pour i n f l uencer le débat sur la stratégie à
développer dans ce pays. Et pour faire pencher l’action
internationale en faveur du développement et de la défense
des droits.
Mais ici, comme ailleurs, le Canada pratique la stratégie
du retrait, déplore le directeur de Human Rights Watch.
Cuba:
une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL
Être petit sur
la scène internationale, comme le Canada, ne devrait pas nous
obliger à penser petit. M. Harper comprend-il bien l’importance
des changements en cours dans notre hémisphère et leur sens
historique?
La politique de l’« engagement constructif » du Ca nada enver s
Cuba serait-elle sur le point de triompher, même à Washington?
C’est probable, mais Ottawa n’en tirera ni mérite ni plaisir,
parce qu’à en juger par la réaction de Stephen Harper, en fin de
semaine au cinquième Sommet des Amériques, le sort de Cuba
l’indiffère complètement.
En 1994, à Miami, lors du premier Sommet, le gouvernement
Chrétien avait fait pression pour que Cuba, le seul État exclu,
soit de la rencontre. En vain, l’administration Clinton s’y
opposait.
En 1998, à Santiago du Chili, Jean Chrétien avait volé le show
(et fait rager Bill Clinton) en annonçant qu’il se rendrait à
Cuba en visite officielle tout de suite après le Sommet des
Amériques. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs, au grand déplaisir
de Washington.
Par la suite, le Canada a un peu relâché la pression, lors des
Sommets de Québec en 2001 et de Buenos Aires en 2005, mais
Ottawa prônait toujours l’inclusion de Cuba autour de la grande
table des 34 États.
Maintenant que la chose semble possible, du moins à portée de
main, maintenant que les ÉtatsUnis entrouvrent la porte près de
50 ans après l’avoir cadenassée avec leur embargo de 1961, le
Canada affiche la plus belle indifférence envers Cuba.
Le principal facteur de réchauffement envers Cuba est, bien sûr,
l’arrivée de Barack Obama à la présidence des États-Unis.
Les leaders des Amériques ont pu saisir la réelle portée de ce
changement de régime à Washington. possible de parler des droits
de l’homme et de démocratie.
Le premier ministre a fini par se dire d’accord avec la levée de
l’embargo sur Cuba, mais visiblement, le coeur n’y était pas.
De toute évidence, Stephen Harper n’a pas encore saisi l’ampleur
et la signification de l’arrivée de Barack Obama.
On dit souvent, avec raison, que le Canada est un bien petit
acteur sur la scène internationale et que son inf luence est
minime. Mais s’il y a un endroit au monde, toutefois, où le
Canada peut et devrait jouer un rôle de leader, c’est bien à
Cuba, un pays avec lequel nous avons une relation privilégiée
depuis près de 50 ans. entreprises américaines ont été
expropriées après la révolution de 1959, le gouvernement
Chrétien a riposté avec sa propre loi.
Voici ce que Jean Chrétien disait devant l’Economic Club de New
York en 1998, à propos de Cuba: « Vous ne pouvez aspirer à
imposer votre volonté à tous les pays du monde, parce qu’alors,
ils vont tous se retourner contre vous. Par exemple, vous
n’aimez pas Fidel Castro. Eh bien, ça vous regarde. C’est un
dictateur, c’est vrai, mais vous avez fait affaire avec d’autres
dictateurs avant lui dans cette partie du monde. Et si vous
voulez vous débarrasser de lui, laissez les Américains aller
là-bas avec leurs dollars. Mais n’y allez pas trop vite, parce
Les 32 autres nations réunies à Trinité-et-Tobago pour ce Sommet
des Amériques auront certainement remarqué que le Canada aussi a
changé de leader. Et au moment précis où Washington se montre
disposé à suivre la doctrine d’ouverture défendue par le Canada
depuis des décennies, le gouvernement canadien retourne à la
mentalité de guerre froide.
M. Harper est
arrivé au Sommet de Port of Spain en disant souhaiter que la
relation Cuba–ÉtatsUnis ne prenne pas toute la place. Il a parlé
presque exclusivement de commerce alors qu’il est enfin
M. Obama parle d’un « second début » avec Cuba. Nous, Canadiens,
et surtout Québécois, vivons ce second début depuis un quart de
siècle.
Nos empreintes sont partout à Cuba. Sur les plages, bien sûr,
mais aussi dans l’industrie hôtelière, dans celle de la
construction, de l’agroalimentaire, des mines, etc. Voilà le
moment de protéger et de consolider notre place à Cuba.
Lorsque l ’ admi n ist rat ion Clinton a adopté, en1996, la loi
Helms-Burton, punissant les entreprises faisant affaire à Cuba
dans des secteurs où des que lorsque vous arriverez, vous serez
accueillis dans des hôtels canadiens. »
Nous avons, il est vrai, une vieille relation politique avec
Fidel Cast ro, relat ion qui nous permettrait de jouer les
entremetteurs.
Pierre Elliott Trudeau, en 1976, avait fait un pied de nez au
président Nixon en visitant Cuba.
Même John Diefenbaker, un conservateur qui avait vécu les débuts
de la guerre froide, avait proposé (avec arrogance, raconteton)
au président Kennedy de régler le problème cubain après le
fiasco de la baie des Cochons.
Ce même Kennedy, selon ses collaborateurs de l’époque, voulait
rétablir les relations avec Cuba et il avait l’intention d’en
faire un élément majeur de son deuxième mandat ( politiquement,
il aurait été trop risqué de faire un geste avant l’élection
présidentielle de 1964). JFK discutait de Cuba avec ses
conseillers quelques jours seulement avant son assassinat, en
1963.
Que Stephen Harper critique le régime dictatorial des frères
Castro soit. Il est vrai que Cuba, même après 30 ans de bonnes
relations avec le Canada, a résisté à épouser ses principes
démocratiques.
Mais la porte, enfin, s’entrouvre. M. Harper vante le
libreéchange. Justement, voilà le moment tant attendu d’inclure
Cuba.
Être petit sur la scène internationale, comme le Canada, ne
devrait pas nous obliger à penser petit. M. Harper comprend-il
bien l ’ impor tance des changements en cours dans notre
hémisphère et leur sens historique?
Barack Obama parle d’ouverture et de relations d’égal à égal.
Stephen Harper, lui, se qualifie de « conservateur
anticommuniste » et dépeint Cuba comme « antagoniste », comme un
« État voyou » et comme un régime « socialiste de la guerre
froide ».
MM.
Obama et Harper ont beau être de la même génération, ils ne
semblent pas vivre à la même époque. Pour joindre notre
chroniqueur : [email protected]
Stephen Harper brandit l’étendard du libre-échange
— Pendant que Barack Obama veillait au réchauffementdes
relations entre lesÉtatsUnis et ses voisins du Sud, Stephen
Harper, lui, adoptait une tout autre approche au sommet des
Amériques: il aplutôtbrandi l’étendarddu libre-échange chaque
fois qu’il en avait l’occasion. Au point où, selon certains
observateurs canadiens, le premier ministre du Canada a semblé
mal interpréter le ton de la rencontre.
Au
cours du sommet des Amériques, Stephen Harper a parlé d’«
antagonistes », de « socialisme de la guerre froide » et de
« nations voyous » au sujet du Venezuela et de Cuba.
Ci-dessus, le premier ministre discute avec son homologue
chilienne, Michelle Bachelet.Dans un
effort pour amadouer les pays avec lesquels le Canada négocie,
M. Harper a annoncé au sommet qu’il leur allouait 18 millions
de dollars supplémentaires, en cinq ans, pour les aider,
a-t-il dit, à « maximiser les avantages d’une augmentation du
libreéchange et des investissements ».on appel
à l’ouverture des marchés a recueilli un certain soutien.
Devant un groupe de journalistes canadiens, le président de la
République dominicaine, Leonel Fernandez, s’est dit prêt à
faire avancer des pourparlers avec le Canada en vue d’en
arriver à un accord de libre-échange, tout en soulignant que
la crise financière et économique mondiale demeurait le
principal problème,
M. Harper tenait également un langage tout à fait
différent de celui de M. Obama.
« Nations voyous » Là où le président américain, dans son
discours enlevant de vendredi, conseillait aux pays de se
méfier des étiquettes idéologiques telles que « capitaliste »
ou « socialiste », M. Harper parlait d’« antagonistes » , de «
socialisme de la guerre froide » et de « nations voyous » en
parlant du Venezuela et de Cuba. Il s’est présenté comme un «
conservateur anticommuniste », au cours d’une entrevue
accordée au réseau américain de droite Fox News, à l’occasion
du sommet.
Son porte-parole a à plusieurs reprises qualifié l’Amérique
latine de « cour arrière » du Canada lors d’une séance
d’information, en début de sommet.
Selon certains observateurs canadiens, M. Harper a semblé mal
interpréter le ton du sommet, où plusieurs pays, et non
seulement les États supposés « voyous » comme le Venezuela et
la Bolivie, font face à un fort ressac de leurs populations
contre la libéralisation du commerce.
L’opposition à une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA)
a été la principale cause de l’échec du précédent sommet.
Mauvaise stratégie
La crise financière constituait de loin la principale
préoccupation des pays représentés au sommet. Mais selon Carlo
Dade, directeur de la Fondation canadienne pour les Amériques,
mettre l’accent sur le libre-échange est une mauvaise
stratégie, au moment où plusieurs en ont contre la
libéralisation du commerce – ce qui explique enpartie
l’émergence de leaders comme le Vénézuélien Hugo Chavez et le
Bolivien Evo Morales.
« On jette beaucoup de blâme, pour expliquer la crise
économique, sur la libéralisation des échanges, a dit M. Dade,
qui a assisté à des rencontres liées au sommet. Certains pays
ont souffert d’accords commerciaux avec les États-Unis et
l’Union européenne. Ces ententes ne sont pas comme les accords
canadiens... mais (le gouvernement) n’a pas fait le travail
pour se distinguer. »
Le dommage qu’a infligé le trafic de drogue à la région aurait
été un bon sujet à aborder, a ajouté M. Dade.
Les 15 membres de la Communauté des Ca ra ïbes (CARICOM) se
montrent hésitants à conclure un accord de libreéchange avec
Ottawa. Ils souhaiteraient qu’une telle entente inclue une
mesure de financement pour pallier toute perte subie en raison
d’un pacte – et ce, en dépit du fait que le Canada est le plus
important donateur de la région caribéenne.
Droits de
l’homme
Selon Alex Neve, secrétaire général d’Amnistie internationale
Canada, plusieurs organisations de défense des droits, dont la
sienne, sont déçues que Stephen Harper n’ait pas associé sa
rhétorique sur les échanges commerciaux à une promotion de la
justice sociale et une meilleure protection des droits de
l’homme. « Il semblerait qu’il soit plutôt le seul à
considérer le libre-échange comme étant la réponse à tous les
maux des Amériques, a soutenu M. Neve. Il apparaît clairement
que plusieurs autres leaders ont évolué sur cette question,
ou, bien que toujours intéressés, croient qu’il y a des
priorités plus pressantes qui méritent l’attention. »
M. Harper s’est envolé vers la Jamaïque à l’issue du
sommet pour une visite officielle. Il doit prononcer un
discours devant les parlementaires du pays.
Harper et Ignatieff en route vers la Chine
Le premier
ministre du Canada veut apaiser les tensions entre les deux
pays
Stephen Harper profiterait de la tenue du sommet Coopération
économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), qui aura lieu les
14-15 novembre à Singapour, pour finalement faire un saut en
Chine. Mais cette visite pourrait être annulée si des
élections générales sont déclenchées à l’automne.
— Signe indéniable d’un certain réchauffement dans les
relations entre le Canada et la Chine, le premierministre
StephenHarper compte faire à la mi-novembre sa
toutepremièrevisitedans le pays le plus populeux de la planète
depuis qu’il est au pouvoir.
La
semaine dernière, Stephen Harper a rencontré à son bureau de
la colline parlementaire le ministre chinois des Affaires
étrangères, Yang Jeichi. Les deux hommes ont discuté devant
les caméras de l’importance d’accroître les liens entre les
deux pays.
Selon des informations obtenues par La Presse, hier, le
premier ministre profitera de la tenue du sommet Coopération
économique pour l’Asie-Pacifique ( APEC), qui aura lieu les
14-15 novembre à Singapour, pour finalement faire un saut en
Chine.
Mais cette visite pourrait être annulée si des élections
générales sont déclenchées à l’automne. Les libéraux de
Michael Ignatieff ont fait savoir la semaine dernière qu’ils
n’écartaient pas la possibilité de provoquer la chute du
gouvernement minoritaire conservateur le 30 septembre, date où
ils auront une journée de l’opposition à la Chambre des
communes.
Si les libéraux décident de mettre fin au règne des
conservateurs et obtiennent l’appui du Bloc québécois et du
NPD, des élections fédérales auraient lieu le lundi 9
novembre.
« M. Harper devrait faire une visite en Chine avant ou après
la tenue du Sommet de l’APEC », a i ndiqué hier une source
conservatrice sous le couvert de l’anonymat.
M. Harper risque toutefois d’être devancé par son adversaire
libéral Michael Ignatieff. Ce dernier a en effet annoncé la
semaine dernière qu’il visitera officiellement la Chine au
début de septembre.
La ligne dure
Les relations entre le Canada et la Chine se sont refroidies
nettement après l’arrivée au pouvoir des conservateurs en
février 2006. Alors que les libéraux de Jean Chrétien et
ensuite de Paul Martin multipliaient les gestes de séduction
envers les autorités chinoises, les conservateurs ont plutôt
adopté la ligne dure, n’hésitant pas à critiquer à plusieurs
reprises le bilan de la Chine en matière de respect des droits
de l’homme.
Stephen Harper avait même affirmé, à la veille d’un sommet de
l’APEC en 2007, qu’il n’avait pas l’intention de « brader »
les droits de l’homme simplement pour avoir de meilleures
relations commerciales avec la Chine et empocher « les
puissants dollars » de ce pays.
Auparavant, d’autres événements avaient irrité les dirigeants
chinois. En 2006, le ministre des Affaires étrangères de
l’époque, Peter MacKay, aujourd’hui ministre de la Défense,
avait affirmé que le gouvernement canadien avait « des preuves
» que des agents secrets chinois se livraient à de
l’espionnage industriel au Canada. Cette déclaration avait
soulevé l’ire de l’ambassadeur Lu Shumin, qui avait nié avec
véhémence cette allégation.
En 2007, la
Chine avait fait connaître son mécontentement lorsque l’ancien
ministre de l’Immigration, Monte Solberg, avait rencontré le
dalaï-lama quelques jours avant que le Canada ne lui accorde
la citoyenneté canadienne à titre honorifique.
Virage discret
Ce froid dans les relations entre le Canada et la Chine, dont
l’économie a connu un taux de croissance économique annuelle
spectaculaire dépassant les 10% avant que la crise mondiale ne
frappe, a semé l’inquiétude chez les gens d’affaires.
Mais le gouvernement Harper a discrètement entrepris un virage
au cours des derniers mois pour rétablir les liens avec les
autorités chinoises. D’abord, l’an dernier, M. Harper avait
profité du sommet de l’APEC, au Japon, pour s’entretenir avec
le président chinois, Hu Juntao.
Ensuite, l e mi n i s t r e du Commerce international ,
Stockwell Day, s’est rendu en Chine en avril afin d’y ouvrir
de nouveaux bureaux commerciaux. Cette visite a été saluée par
les gens d’affaires canadiens et les autorités chinoises.
Enfin, la semaine dernière, M. Harper a rencontré à son bureau
de la colline parlementaire le ministre chinois des Affaires
étrangères, Yang Jeichi. Les deux hommes ont discuté devant
les caméras de l’importance d’accroître les liens entre les
deux pays.
M. Harper a aussi profité de l’occasion pour demander à son
invité, devant les caméras, de transmettre ses meilleurs voeux
au président de la Chine. « Votre visite ici est très utile et
nous l’apprécions », a même lancé M. Harper à M. Yang.
Selon l’ancien ministre libéral des Affaires étrangères John
Manley, il est évident que le gouvernement Harper travaille à
améliorer les relations avec la Chine. Et il se félicite de la
visite prévue du premier ministre en novembre.
« Je crois qu’il y a un réchauffement depuis la visite de
Stockwell Day (le ministre du Commerce international). (...)
Ce sont de bonnes nouvelles. Il faut que le Canada soit engagé
avec la Chine et cela à tous les niveaux », a dit M. Manley,
qui prendra la tête du Conseil canadien des chefs d’entreprise
à partir du 1er janvier. M. Manley, qui aussi été vicepremier
ministre dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien, a
affirmé que la Chine remplacera les États-Unis comme moteur de
la croissance de l’économie mondiale au XXIe siècle.
Un porte-parole du gouvernement Harper, Dimitri Soudas, a
affirmé que le gouvernement Harper n’avait pas négligé les
relations avec la Chine, soulignant qu’une dizaine de
ministres y ont fait une visite officielle depuis 2006.
Pas de guerre diplomatique avec la Russie, mais...
Russie ne sont pas engagés dans une
nouvelle guerre froide, mais les relations entre les deux pays
sont loin d'être au beau fixe, a affirmé mercredi le premier
ministre Stephen Harper.
M. Harper a ainsi réagi à la décision du
ministère des Affaires étrangères russe d'expulser deux
diplomates canadiens travaillant pour l'Organisation du traité
de l'Atlantique nord (OTAN) à Moscou. Cette décision est
survenue quelques jours après l'expulsion de deux diplomates
russes en poste au siège social de l'OTAN à Bruxelles. À
l'issue du sommet Canada-Union européenne, mercredi, à Prague,
M. Harper a soutenu que les deux diplomates canadiens,
Isabelle François et Mark Opgenorth, n'ont rien fait d'illégal
qui justifierait une expulsion. Les deux diplomates
travaillaient au bureau d'information de l'OTAN, qui était
d'ailleurs dirigé par Mme François.
«Ce n'est pas la guerre froide entre le Canada et la Russie.
Mais ce n'est pas une relation idéale», a dit M. Harper en
conférence de presse.
Le premier ministre a indiqué que le Canada continuera à
exprimer ses inquiétudes à chaque fois que la Russie se
livrera à des activités inacceptables aux yeux des autorités
canadiennes.
«J'ai déjà exprimé nos inquiétudes envers le comportement
général de la Russie. Nous continuons à être préoccupés par
certains comportements de la Russie. Nous sommes préoccupés,
mais en même temps nous allons continuer à dialoguer avec les
Russes sur les questions des droits de la personne, de la
démocratie et de l'espionnage», a affirmé M. Harper.
Il y a quelques semaines, le ministre de la Défense Peter
MacKay avait révélé que des avions russes avaient pénétré dans
l'espace aérien canadien le jour même de la visite du
président des États-Unis Barack Obama au Canada. Les autorités
russes avaient démenti vigoureusement ces informations.
La semaine dernière, l'OTAN a ordonné l'expulsion de deux
diplomates russes à la suite de l'affaire Herman Simm. Ce
dernier est un haut fonctionnaire estonien condamné en février
dernier par la justice de son pays à 12 ans de prison pour
avoir livré plus de 2000 documents secrets de l'OTAN à Moscou.
M. Simm a avoué avoir fourni des informations à des «membres
des renseignements russes», mais Moscou a tout nié, parlant
d'une «provocation grossière « basée sur des « prétextes
fantaisistes».
Une
expulsion qui ravive les tensions
«
Représailles » de la Russie contre deux diplomates canadiens
à l’OTAN
— L’expulsion de deux diplomates canadiens travaillant pour
l’OTAN en Russie a ravivé de nouveau les tensions entre les
deux pays, hier. Si Moscou a assuré qu’il ne s’agissait que
de représailles « normales » contre l’Organisation du traité
de l’Atlantique Nord, le premier ministre canadien, Stephen
Harper, y a vu la démonstration que les relations
russo-canadiennes s’effritent.
Stephen
Harper en compagnie du premier ministre de la République
tchèque, Mirek Topolanek, hier à Prague.
« Ce n’est pas la guerre froide entre le Canada et la
Russie. Mais ce n’est pas une relation idéale », a dit M.
Harper en conférence de presse à Prague, où il participait
au sommet Canada-Union européenne, hier.
Quelques jours après l’expulsion de deux diplomates russes
en poste au siège social de l’OTAN à Bruxelles, en Belgique,
la Russie a répliqué en montrant la porte à Isabelle
François et à Mark Opgenorth, respectivement chef et chef
adjoint du Bureau d’information de l’OTAN à Moscou.
À Prague, M. Harper a rétorqué que les deux Canadiens
n’avaient rien fait d’illégal qui justifierait une
expulsion. Le premier ministre a indiqué que le Canada
continuera à exprimer ses inquiétudes chaque fois que la
Russie se livrera à des activités inacceptables aux yeux des
autorités canadiennes.
« J’ai déjà exprimé nos inquiétudes envers le comportement
général de la Russie. Nous continuons à être préoccupés par
certains comportements de la Russie. Nous sommes préoccupés,
mais enmême temps nous allons continuer à dialoguer avec les
Russes sur les questions des droits de la personne, de la
démocratie et de l’espionnage », a affirmé M. Harper.
Il y a quelques semaines, le ministre de la Défense, Peter
MacKay, avait révélé que des avions russes avaient passé
tout près d’entrer dans l’espace aérien canadien le jour
même de la visite au Canada du président des ÉtatsUnis,
Barack Obama. Les autorités russes avaient démenti
vigoureusement ces informations.
Néanmoins, les relations entre le Canada et la Russie «
auraient besoin de s’améliorer », a estimé Peter MacKay en
matinée.
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a
rencontré, en après-midi hier, l’ambassadeur russe au
Canada, Georgiy Mamedov, pour demander des explications et
exprimer son inquiétude.
Il s’avère en fait que les deux diplomates canadiens étaient
les seuls employés étrangers travaillant pour l’OTAN à
Moscou. Après un froid diplomatique de plus de six mois, à
la suite de l’invasion éclair de la Géorgie par les troupes
russes, l’OTAN n’a repris que récemment le dialogue avec
Moscou.
Un bureau
sous pression
Une source bien au fait des relations entre l’alliance
atlantique et la Russie, à Moscou, soutient toutefois que le
Bureau d’information de l’OTAN (NIO), chargé d’informer la
population sur les actions de l’alliance, est de plus en
plus « mis sous pression » par la Russie depuis le sommet de
Bucarest d’avril 2008. C’est à cette occasion qu’a été
discutée une éventuelle adhésion à l’OTAN des ex-républiques
soviétiques d’Ukraine et de Géorgie, ce à quoi s’oppose
farouchement Moscou.
« Déjà, l’automne dernier, les Russes laissaient entendre
que l’avenir du NIO était compromis, poursuit cette même
source. L’épisode actuel est peut-être simplement utilisé
pour mettre la clé sous la porte d’un organisme qui ne
servait pas vraiment les intérêts russes. »
Mme François avait été nommée directrice du NIO en novembre
2004. Détachée à l’OTAN par le ministère de la Défense en
1998, elle a été l’un des principaux artisans de la création
du Conseil OTAN-Russie en 2002.
Hier matin, la Russie n’a pas expliqué les raisonsprécises
de ces expulsions à l’ambassadeur canadien Ralf Lysyshyn. Le
ministère russe des Affaires étrangères s’est contenté de
lui remettre une note diplomatique se référant à l’article 9
de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.
Cet article stipule que « l’État accréditaire peut, à tout
moment et sans avoir à motiver sa décision, informer l’État
accréditant que le chef ou tout autre membre du personnel
diplomatique de la mission est persona non grata [...] ».
Le Ministère russe a toutefois clairement indiqué par la
suite qu’il répondait ainsi à une « action inamicale de la
part de l’OTAN en ce qui concerne des officiels russes au
quartier général de l’OTAN ».
Le 30 avril, l’OTAN a ordonné l’expulsion de deux diplomates
russes, soupçonnés d’être liés à l’affaire Herman Simm. Ce
dernier est un haut fonctionnaire estonien condamné en
février dernier par la justice de son pays à 12 ans de
prison pour avoir livré plus de 2000 documents secrets de
l’OTAN à Moscou.
M. Simm a avoué avoir fourni des informations à des «
membres des renseignements russes », mais Moscou a tout nié,
parlant d’une « provocation grossière » basée sur des «
prétextes fantaisistes ».
Le nouvel incident survient au moment où l’OTAN entamait
hier une série d’exercices militaires en Géorgie, qui
doivent durer un mois. La Russie avait estimé la semaine
dernière que la décision de maintenir ces opérations dans un
pays contre qui elle a combattu une guerre éclair l’été
dernier relevait de la « provocation ».
Les partis de l’opposition à Ottawa ont dit espérer que
l’expulsion des diplomates ne constituerait pas une nouvelle
étape dans l’escalade des tensions entre le Canada et la
Russie.
Jean Chrétien déplore le recul du Canada
PARIS —
Rompant avec le devoir de réserve qu’il s’impose
habituellement, Jean Chrétien estime que la décision du
premier ministre Stephen Harper de se rendre en Chine
d’ici la fin de l’année survient « trois ans trop tard
».
Hier, à Paris, l’ex-premier ministre s’est inquiété des
changements survenus dans la politique étrangère
canadienne sous le gouvernement Harper – qu’il n’a pas
nommé. Il a déploré que le Canada ait abandonné
l’Afrique et négligé la Chine.
M. Chrétien a porté c e jugement dans une allocution
devant l’Association FranceCanada, quelques heures avant
de se rendre à Londres où il sera reçu aujourd’hui dans
l’Ordre du mérite britannique par la reine Élizabeth II.
«Sa
politique étrangère a beaucoup changé. Malheureusement,
nous avons disparu d’Afrique, nous avons perdu beaucoup
de terrain en Chine et ce n’est pas bon », a-t-i l
poursuivi devant un petit groupe de journalistes
canadiens.
Stephen Harper aurait l’intention de se rendre en Chine
avant la fin de l’année. « Mieux vaut tard que jamais »,
a commenté Jean Chrétien. « Apparemment, le premier
ministre va y aller, mais c’est trois ans trop tard »,
a-t-il laissé échapper.
En Afrique aussi , Jea n Chrétien estime que « la voix
du Canada est beaucoup moins forte ». « On a fermé les
ambassades. À Ottawa, dans la rue, je rencontre des
ambassadeurs de pays qui ont encore des ambassades au
Canada alors qu’on n’en a plus dans leur pays. C’est un
peu gênant, non ? » a-t-il demandé.
Le beigne et le fantasme - André Pratte
Pendant
que le secrétaire général Ban Ki-moon et Barack Obama
inauguraient la 64e session de l’Assemblée générale des
Nations unies, Stephen Harper s’envolait vers Oakville
pour participer à une cérémonie marquant le retour du
siège social de Tim Hortons au Canada. Cette escapade a
suscité l’indignation de beaucoup de Canadiens.
De fait, le premier ministre a commis une erreur. Mais
pas pour les raisons que l’on croit.
Dans un éditorial résumant bien le point de vue de
plusieurs, le Toronto Star écrivait hier: «Compte tenu
de l’importance particulière de cette assemblée-ci, M.
Harper semble avoir manqué une occasion en or d’attirer
l’attention sur le point de vue canadien au sujet des
questions internationales.»
Cette thèse n’est pas fondée. Si M. Harper s’était
adressé à l’Assemblée générale, la salle aurait été aux
trois quarts vide et personne n’aurait porté la moindre
attention à ses propos. Les discours de la grande
majorité des 65 chefs d’État ou de gouvernements ayant
pris la parole depuis deux jours ont d’ailleurs été
accueillis par une totale indifférence.
M.
Harper n’a pas non plus participé à la table ronde sur
les changements climatiques à laquelle l’ONU avait
convié le Canada, qui lui aurait donné l’occasion
d’échanger avec les dirigeants des Îles Comores et de la
Micronésie... Comme son homologue britannique Gordon
Brown, le premier ministre canadien s’est limité au
dîner de travail organisé par le secrétaire général Ban
Ki-moon pour 23 leaders, dont Barack Obama, Nicolas
Sarkozy, Hu Jintao, Dmitri Medvedev, Lula da Silva, etc.
Homme pratique et impatient, M. Harper a choisi
d’utiliser son temps à autre chose que d’écouter du
bla-bla diplomatique. Au symbole d’un chef de
gouvernement canadien s’adressant à la planète, il a
préféré le symbole d’un premier ministre proche des gens
ordinaires, pour qui les beignes de Tim Hortons font
davantage partie du quotidien que la réforme de l’ONU.
Et c’est là que le chef conservateur a commis une
erreur. Le rôle du Canada dans le monde est un des
fondements du nationalisme canadien. Les Canadiens sont
convaincus que leur pays joue ou peut jouer un rôle
crucial dans le monde. C’est un fantasme, le syndrome de
Pearson. Sauf exception, notre pays n’a tout simplement
pas le poids économique et militaire qui lui permettrait
de jouir d’une grande influence dans les affaires
internationales.
Si
M. Harper devait prendre la parole à l’ONU et participer
activement aux discussions sur les changements
climatiques, c’est donc moins pour influencer la
communauté internationale que pour rassurer les
Canadiens sur la place de leur pays dans le monde. Pour
entretenir le fantasme.
Ottawa veut désamorcer le protectionnisme
américain - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
Le gouvernement Harper a soumis hier aux autorités
américaines l’ébauche d’un accord bilatéral qui
permettrait aux entreprises des États-Unis de participer
aux appels d’offres pour des projets financés par les
provinces et les municipalités, a appris La Presse.
De même, les entreprises canadiennes pourraient, elles
aussi, soumissionner pour des projets financés dans le
cadre du projet de relance de près de 800 milliards
adopté par l’administration démocrate de Barack Obama.
Par cet accord, le gouvernement Harper tente de contrer
les velléités protectionnistes des autorités
américaines, en particulier la clause dite Buy American
du plan de relance qui a pour effet d’exclure les
entreprises canadiennes des appels d’offres reliés aux
projets d’infrastructures des États américains et des
municipalités.
Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a
envoyé hier à son homologue américain, Ronald Kirk, une
lettre expliquant les détails de la proposition
canadienne à laquelle les provinces ont donné leur aval
au cours des derniers jours.
Dans cette lettre, que La Presse a obtenue, M. Day
exprime la volonté du gouvernement canadien de conclure
un accord de réciprocité permanent qui permettrait aux
entreprises des deux côtés de la frontière de participer
aux appels d’offres lancés par les provinces et les
municipalités canadiennes ainsi que les États et les
municipalités américains.
« Notre
proposition représente des avantages mutuels pour le
Canada et les États-Unis », écrit M. Day dans la lettre.
« Non seulement cette proposition offre des avantages
économiques à nos pays, mais elle montre un exemple
concret au reste du monde que le protectionnisme n’est
pas la solution à nos problèmes économiques actuels »,
ajoute M. Day.
L e mi n i s t r e a même annoncé à son homolo - gue
qu’il confiait à son sous-ministre adjoint, Don
Stephenson, le mandat de négocier les modalités d’un
accord permanent pour illustrer le désir du Canada de
régler ce dossier rapidement. Des fonctionnaires
canadiens sont également prêts à se rendre à Washington
dans les plus brefs délais afin d’expliquer les détails
de la proposition canadienne pour que les négociations
puissent être entamées.
Le gouvernement Harper, les dirigeants des provinces et
des municipalités ont exprimé à plusieurs reprises leurs
craintes de voir une montée du protectionnisme aux
États-Unis. Ils ont aussi exhorté le président Obama et
le Congrès américain à rayer cette clause dite Buy
American, affirmant que cela pourrait faire dérailler la
reprise économique. Ils ont aussi rappelé que ce sont
des protectionnistes qui ont transformé la crise
économique des années 30 en Grande Dépression. Ces
dernières semaines, Ottawa et les provinces ont
travaillé de concert pour lutter contre le vent de
protectionnisme qui souffle au sud de la frontière.
Stephen Harper et ses homologues des provinces ont même
tenu une conférence téléphonique en juin afin de définir
une position commune.
Cette épineuse question a aussi été discutée lors de la
dernière réunion du Conseil de la Fédération à Regina,
il y a deux semaines. Le premier ministre du Québec,
Jean Charest, s’est fait l’un des plus farouches
défenseurs du libreéchange parmi les premiers ministres
des provinces.
Le Canada persiste et signe - Agnès Gruda
Stephen
Harper persiste et signe: tant que le gouvernement
canadien n’aura pas réformé
son système d’admission des réfugiés (NDE : alors
pourquoi ne pas simplement le faire, justement,
plutôt que de faire payer les autres parce qu'on
n'aura pas voulu faire nous-mêmes notre travail
?...) , les voyageurs mexicains devront
obtenir un visa avant de poser le pied au Canada.
PHOTO ELIANA APONTE,
REUTERS
Le
président américain Barack Obama a signé des
autographes, hier, à Guadalajara, après une séance
photo officielle aux côtés du premier ministre
canadien Stephen Harper et du président mexicain
Felipe Calderon.
Les lois canadiennes sont « trop faibles » et ouvrent la
porte à des demandes frauduleuses, a soutenu le premier
ministre, hier, à Guadalajara, à l’issue du sommet
annuel des dirigeants nord-américains.
« Ces demandes abusives sont injustes pour les vrais
réfugiés et pour les autres immigrants », a fait valoir
Stephen Harper, en soulignant que les Mexicains
n’étaient pas responsables de cette nouvelle exigence.
Le problème, selon lui, c’est bel et bien le laxisme du
régime canadien.
Le nombre de demandes d’asile présentées par des
Mexicains a explosé depuis cinq ans, passant de 3500 en
2005 à 9400 l’an dernier. Environ neuf demandes sur 10
finissent par être rejetées.
C’est pour freiner cet afflux qu’Ottawa a décidé
d’imposer un visa aux voyageurs mexicains depuis la
mi-juillet.
Du coup, les demandes d’asile ont fondu. Au cours des
deux semaines suivant l’imposition du visa, 17 Mexicains
ont fait une demande de statut de réfugié – contre 225
pendant les deux premières semaines de juillet.
Mais la nouvelle politique a aussi eu un impact sur le
tourisme. « La moitié de nos clients ont annulé leur
réservation », dit le voyagiste Alain Paquette, dont la
compagnie, Amerigo Tours, reçoit chaque année 8000
Mexicains au Canada. « Les Mexicains sont enragés, ils
ne veulent plus venir au Canada », déplore-t-il.
« Des
réunions ont eu lieu pour convaincre les Canadiens
qu’ils devraient trouver d’autres moyens que les visas
pour limiter les demandes d’asile abusives », affirmait
hier le quotidien mexicain La Jornada. Tous ces efforts
ont été vains. Critiques
Au Canada, l’imposition de visas est loin de faire
l’unanimité, et plusieurs craignent que des Mexicains
qui ont réellement besoin de protection n’en fassent les
frais.
Au fil des ans, des « agents » ont effectivement
organisé à grands frais des filières d’immigration vers
le Canada, en uti l isant les mécanismes d’asile,
reconnaît Janet Dench, du Conseil canadien pour les
réfugiés.
Mais au lieu d’imposer des visas, le Canada devrait
plutôt faire des campagnes d’information pour que les
Mexicains se tiennent loin de ces réseaux, croit-elle.
« Le degré de violence est très élevé au Mexique et
l’État n’est pas toujours capable d’assurer la sécurité
des gens », souligne-t-elle – un état de fait reconnu
par un avertissement aux voyageurs affiché sur le site
web du gouvernement canadien.
Or, depuis l’exigence de visa, les Mexicains qui veulent
fuir cette violence ont peu de chances d’entrer au
Canada, dit Mme Dench.
Oui, le traitement de demandes
d’asile doit être amélioré, mais l’imposition de
visas est une mauvaise solution, opine
Thierry St-Cyr, critique du Bloc québécois en matière
d’immigration. Selon lui, il faudrait plutôt rendre le
régime plus efficace et moins aléatoire qu’il ne l’est
aujourd’hui.
De son côté, l e Haut Commissariat pour les réfugiés
encourage les États à ne pas utiliser l’imposition de
visa comme moyen de réduire le nombre de demandeurs
d’asile.
Une pression inutile - Michael Rathier
Le visa
exigé des visiteurs mexicains cause un préjudice
important à notre propre industrie touristique
Le fait que nos voisins et amis mexicains doivent
dorénavant obtenir un visa pour visiter le Canada nous
permet de constater avec étonnement à quel point des
décideurs pourtant bien avisés peuvent parfois prendre
des décisions qui manquent de vision.
PHOTO EDUARDO VERDUGO,
AP
Des
dizaines
de Mexicains ont pris connaissance, sans autre
préavis, des nouvelles exigences du Canada la semaine
dernière, à l’ambassade canadienne de Mexico.
Puisque les demandes de statut de réfugié du Mexique
représentent maintenant plus d’un quart de toutes les
demandes de personnes cherchant à fuir les conflits et
la persécution, cette décision semble à première vue
justifiée, équitable et raisonnable.
Sans autre préavis, un délai de conformité de 48 heures
a été imposé à des milliers de ressortissants mexicains
qui, de bonne foi, se préparaient à voyager dans
diverses régions du Canada. Le tout exécuté à la veille
de leur période de congé annuel estival.
Ce délai inéquitable a causé préjudice à notre propre
industrie touristique avec d’innombrables annulations de
billets d’avion, de réservations hôtelières, de
locations de voiture, de rassemblements de familles et
d’amis, sans compter l’état de panique créé dans nos
établissements diplomatiques au Mexique. De nombreux
reportages ont indiqué que des centaines de Mexicains
tentaient toujours de soumettre leur demande de 85$ aux
fonctionnaires canadiens pris de court. Mais à quoi
a-t-on pensé?
Le Mexique n’est pas un quelconque pays d’un autre
hémisphère. Cette puissance émergente est la 11e
économie au monde. C’est un partenaire et ami de longue
date du Canada. Nous entretenons d’excellentes relations
avec ce pays depuis plus de 65 ans et nos liens se sont
particulièrement resserrés au cours des 15 dernières
années grâce à l’Accord de libre-échange nord-américain
(ALENA).
Le Mexique est le cinquième marché d’exportation en
importance pour le Canada. Au cours des 15 dernières
années, des entreprises canadiennes ont injecté au
Mexique plus de 9 milliards en investissements directs
et nous sommes maintenant le troisième investisseur
étranger en importance. Plus de 2000 entreprises
canadiennes sont établies dans ce pays. En 2008, 1,2
million de Canadiens ont dépensé 1,5 milliard au
Mexique.
Ces
nouvelles tensions indésirables exercent ainsi une
pression accrue sur nos industries touristiques
respectives, déjà durement touchées cette année par le
virus A (H1N1) au Mexique et la météo peu clémente du
nord-est du Canada.
Le Mexique demeure la sixième source de visiteurs au
Canada avec plus de 260 000 arrivées par an. Tourisme
Montréal a indiqué que 90 000 Mexicains injectent chaque
année environ 60 millions dans l’économie de la
métropole. Une telle approche peu éclairée de la part de
certains décideurs canadiens pourrait mettre en péril la
viabilité de notre industrie touristique bilatérale et
exercer une pression inutile sur une relation
exemplaire… Et si le Mexique devait gentiment répliquer
et éventuellement adopter une approche semblable en
exigeant des visas et des frais des visiteurs canadiens
? À ce stade du débat, il a eu la sagesse de ne s’en
prendre qu’aux représentants officiels du pays.
Derrière cette décision peu réfléchie réside la question
des demandes d’asile formulées par un nombre grandissant
de ressortissants mexicains cherchant à fuir leur
conjoncture économique et sociale. Les défis liés à la
hausse de la criminalité et de la pauvreté font du
Canada un endroit de rêve pour nombre de Mexicains qui
ne voient pas d’avenir pour leurs enfants et qui
souhaitent leur offrir une part de cette terre d’accueil
et de compassion.
De nombreux reportages ont aussi fait état de
l’existence au Mexique de promotions frauduleuses
formulées par des parties sans scrupules cherchant à
profiter de notre système de demande d’asile, poussant
ainsi des centaines de citoyens à tenter leur chance et
entraînant une augmentation accrue et récente des
demandes d’asile.
Plutôt que d’annoncer des mesures que l’on aurait pu
mettre en place dans un délai raisonnable de 90 jours,
d’accroître les ressources afin de mieux soutenir nos
agents locaux d’immigration, de multiplier nos efforts
de communication grand public afin de contrer la fraude
et d’accélérer nos enquêtes sur ces agissements
suspects, un bien-pensant a choisi une solution facile.
Il a de ce fait pénalisé 96% des Mexicains de bonne foi
souhaitant visiter notre pays. Bon coup pour nos
relations bilatérales et tant pis pour les dommages
causés à notre image à l’étranger. Beau travail, Canada
!
Un visa contre les profiteurs du droit d’asile
Une décision irréfléchie -
Raymond Tousignant
J’ai appris avec stupéfaction que le Canada avait
décidé, de façon unilatérale, d’exiger un visa de tous les
citoyens tchèques et mexicains qui désirent nous visiter.
Plusieurs avaient trouvé draconienne la décision des
ÉtatsUnis d’exiger un passeport des citoyens canadiens, et
ce, même si nous avions été avisés plusieurs mois à
l’avance. Dans le présent cas, c’est un visa que le Canada
exige, en plus du passeport évidemment. Or, le Canada n’a
pas fait de consultation et surtout, il ne donne aucun délai
aux visiteurs. C’est incroyable et aberrant. Un porte-parole
du gouvernement conservateur a déjà admis que des centaines
de Mexicains font la file à l’ambassade du Canada à Mexico
pour obtenir ce visa. De toute évidence, les fonctionnaires
sont débordés et ne suffisent pas à la tâche. Si les
Mexicains ne réussissent pas à obtenir leur visa à temps,
ils perdront des centaines de dollars à cause de
l’inconséquence de notre gouvernement. Le préjudice est
réel. Dans quelle bulle vivent nos dirigeants pour en
arriver à une décision aussi irréfléchie? Raymond Tousignant
Montréal
Quel manque d’humanisme! - Michael Sévigny
Je suis
outré par la décision du gouvernement conservateur
d’imposer un visa aux Mexicains. Outré par son ignorance
et son manque d’humanisme. Le Mexique, aux prises avec
toutes sortes de crises et de graves problèmes sociaux,
dont certains sont étroitement liés à l’exploitation
éhontée de ce pays, dont nous sommes responsables, ne
saurait riposter et imposer un visa aux Canadiens sans
mettre en péril les revenus provenant des touristes. Il
faut être vraiment ignorant pour ne pas comprendre ce
que vivent ces Mexicains et autres HispanoAméricains qui
risquent leur vie en essayant de gagner le Canada ou les
États-Unis, trop souvent dans des conditions
dangereuses, sans un sou, laissant derrière eux famille
et amis, dans le seul but de vivre leur vie dans la
dignité et l’espoir. Des gens qui, je le répète, sont
souvent victimes de ce que nous leur avons fait. Ce
gouvernement me fait honte. Michael Sévigny Montréal
Depuis
trois jours, les files (et la grogne) se succèdent
devant l’ambassade du Canada à Mexico.
Le Mexique impose des visas aux officiels
et aux diplomates canadiens
WASHINGTON— LeMexiquea décidé d’imposer des visas aux
responsables gouvernementaux et aux diplomates
canadiens, en rétorsion à la décision canadienne
d’imposer un visa d’entrée aux Mexicains, a annoncé hier
à Washington la ministre mexicaine des Affaires
étrangères, Patricia Espinosa.
« Aujourd’hui, nous avons décidé de suspendre l’accord
qui exemptait de visas les passeports officiels et
diplomatiques », a déclaré Mme Espinosa au cours d’une
conférence de presse commune avec son homologue
canadien, Lawrence Cannon, et la secrétaire d’État
américaine Hillary Clinton, à l’issue d’une réunion
trilatérale au département d’État.
LeMexique
a en revanche décidé de ne pas imposer de visas aux
nombreux touristes canadiens qui se rendent au Mexique,
pour ne pas nuire à l’industrie touristique mexicaine, a
précisé la ministre.
Sommet américain au Mexique
Mme Espinosa a aussi annoncé hier qu’un sommet
nord-américain se tiendra au Mexique les 9 et 10 août.
Le sommet réunira le président américain Barack Obama,
son homologue mexicain Felipe Calderon et le premier
ministre canadien Stephen Harper dans la ville de
Guadalajara.
Des visas pour les Canadiens dans toute
l’Europe ?
La
présidence de l’UE est favorable à l’idée, mais Ottawa
n’y croit pas
Les Canadiens devront-ils se munir d’un visa pour aller
voir la tour Eiffel ou assister à un mariage en Italie ?
S’il n’en tenait qu’à la présidence de l’Union
européenne, la réponse serait oui, a-t-on appris hier.
Mais le gouvernement canadien croit qu’une telle mesure
est « impensable ».
L’ambassade
du
Canada à Prague, en République tchèque. Le
gouvernement tchèque a réagi avec colère à la décision
du gouvernement canadien de réimposer, à partir
d’aujourd’hui, des visas aux Tchèques qui désirent
entrer au Canada. La mesure, qui vise à freiner le
nombre de demandeurs d’asile en provenance de ce pays,
s’applique aussi au Mexique.
Interrogée hier sur la décision du Canada de réimposer
dès aujourd’hui des visas aux ressortissants de la
République tchèque, la Suède, qui vient de prendre les
rênes de l’UE, a estimé hier qu’il serait approprié de
rendre la pareille aux Canadiens en leur demandant
d’obtenir des visas pour séjourner dans l’Europe des 27.
En entrevue avec La Presse hier, le ministre canadien de
l’Immigration, Jason Kenney, a dit d’emblée ne pas
croire à cette menace. « Je suis certain que ça
n’arrivera pas. Nous avons rencontré l’ambassadeur de
l’Union européenne et il n’a donné aucune indication
d’une telle intention. Depuis toujours, le Canada a une
obligation de visas pour les citoyens de la Roumanie et
de la Bulgarie, néanmoins, l’Union européenne n’a pas
menacé le Canada de l’imposition d’un visa », a indiqué
le ministre hier.
Au sein de l’ Union européenne, la possibilité d’exiger
des visas aux ressortissants canadiens ne semble pas
pour le moment faire l’unanimité. Après que son
gouvernement se soit dit en faveur de l’imposition de
visas pour les Canadiens, le faits pour « rétablir la
possibilité de voyage sans visa » pour les
ressortissants de la République tchèque, sans évoquer la
possibilité d’imposer des visas aux ressortissants
canadiens.
Certains analystes cités hier dans les médias tchèques
ont ministre de l’Immigration suédois, Tobias Billström,
a renvoyé la balle hier à la Commission européenne,
soulignant qu’il lui revenait de gérer les « mécanismes
de réciprocité » prévus dans ce type de dossier.
Or, la Commission ne montre aucun empressement à
procéder en ce sens. Hier, son président, Jose Manuel
Barroso, s’est contenté de réitérer qu’il « regrettait »
la décision canadienne, reprenant la position expr i mée
la vei l le pa r un porte-parole.
M. Barroso a assuré que « tous les efforts nécessaires »
seraient prévenu que la mesure de réciprocité ne
pourrait s’appliquer qu’à l’issue de consultations
s’étalant sur plusieurs mois, rendant peu probable une
action musclée de l’UE à court terme, si action il y a.
Les
autorités tchèques avaient prévenu le Canada, afin de le
décourager d’aller de l’avant, que la réintroduction de
visas aurait des « effets potentiels négatifs » sur ses
liens avec la République tchèque et l’UE.
Prague en colère
Prague a réagi avec colère à la décision du gouvernement
conservateur, qui vise à freiner le nombre de demandeurs
d’asile en provenance du pays. La même mesure s’appl
ique au Mexique qui, depuis 2006, représente la
principale source de demandeurs d’asile pour le Canada.
La République tchèque suit tout juste derrière. « Depuis
quelques semaines, il y a un vol sans escale entre
Prague et Toronto et cela a causé une augmentation
notable de demandes de statut de réfugiés. Si on n’avait
pas pris d’action maintenant, on aurait vu des milliers
de citoyens tchèques débarquer au Canada pour demander
l’asile, a justifié M. Kenney hier. Notre système
d’immigration aurait alors subi de lourdes pression. »
Hier, le président de la République tchèque, Vaclav
Klaus, a fustigé l’inertie de la Commission européenne
en soulignant que le Canada était libre d’agir comme il
l’entend dans le dossier, alors que son pays « a les
mains liées » par l’UE. « C’est Bruxelles qui va décider
pour nous », a déclaré le président.
La décision canadienne risque d’alimenter le sentiment
anti-européen existant dans le pays, souligne Petr
Pesek, qui est responsable de la section internationale
de l’un des principaux quotidiens tchèques.
Elle risque aussi, ironiquement, d’alimenter la
rhétorique de formations d’extrême droite qui cherchent
à attiser la haine contre la communauté rom, a indiqué
en entrevue M. Pesek. La vaste majorité des demandeurs
d’asile provenant de la République tchèque sont issus de
cette minorité.
« Le gouvernement dit aux gens qu’il ne faut pas blâmer
les Roms, qu’il ne faut pas faire d’eux les victimes de
la colère populaire (découlant de l’action canadienne)
», a indiqué le journaliste, joint hier à Prague.
Le pays lui-même n’échappe pas aux polémiques de visas,
puisqu’il a été critiqué au printemps pour avoir modifié
ses politiques en vue d’endiguer l’immigration
professionnelle en provenance d’une demi-douzaine de
pays asiatiques et esteuropéens. Les ressortissants
étrangers qui ont perdu leur travail et qui veulent
retourner dans leur pays d’origine se voient offrir un
billet d’avion et une aide de 500 €.
Obligation d’obtenir un visa pour entrer au pays
Tchèques et Mexicains sont ulcérés
Unenouvelle exigence canadienne, qui obligera dès demain tous
les ressortissants mexicains et tchèques à semunirdevisaspour
entrer au pays, a suscité une levée de boucliers hier dans les
deux pays visés et semé l’émoi dans l’industrie touristique.
Inquiets
à
propos de leurs vacances, de nombreux Mexicains sont
allés hier à l’ambassade canadienne à Mexico pour en
savoir davantage sur les nouvelles mesures imposées
par le Canada.
Piqué à vif par la décision d’Ottawa rendue publ ique
lundi, le gouvernement tchèque a rétorqué hier matin en
annonçant que les détenteurs de passeports diplomatiques
canadiens devront eux aussi obtenir un visa avant de
visiter le pays d’Europe centrale. Toujours en guise de
protestation, l’ambassadeur tchèque à Ottawa a été
rappelé à Prague.
« Nous percevons l’introduction d’un visa pour les
citoyens tchèques comme une mesure unilatérale non
amicale de la part du Canada », a commenté hier le
premier ministre tchèque, Jan Fischer, lors d’un point
de presse.
La l ibre c i rc u l at ion des Tchèques au Canada était
plutôt récente. De 1997 à 2007, le gouvernement canadien
exigeait l’obtention d’un visa pour les citoyens de ce
pays. La trêve, qui a débuté en novembre 2007, aura été
de courte durée.
Dans un communiqué de presse, le ministre canadien de l’
Immigration Jason Kenney explique que le Canada a dû se
résoudre à imposer des visas pour endiguer le flot de
demandeurs d’asile en provenance de la République
tchèque.
Selon les autorités canadiennes, en 2007 seulement, 3000
personnes, dont la majorité appartient à la minorité rom
– ou t zigane – ont revendiqué l’asile au Canada. Prague
conteste ce chiffre et estime à 1565 le nombre de ses
citoyens qui ont fait une telle demande entre novembre
2007 et mars 2009.
« Nous avons essayé de dissuader le Canada d’aller de
l’avant avec cette mesure. La République tchèque croit
que c’est une mesure fautive », a dit hier le premier
ministre Fischer. Invoquant une clause de solidarité, le
politicien tchèque a demandé hier à l’Europe des 27
d’émettre des sanctions contre le Canada.
En guise de réponse , la Commi s s ion européenne a
déploré la décision canadienne, mais a annoncé qu’elle
n’imposera pas systématiquement de visas pour les
Canadiens.
Le Mexique espère un retournement
Tout
aussi touché par la mesure, le Mexique, dans sa réaction
officielle, a dit « regretter » l’imposition de visas
aux Mexicains tout en reconnaissant que le Canada a agi
de la sorte afin de freiner « l’augmentation
substantielle de demandes d’asile frauduleuses de la
part de citoyens mexicains ».
Depuis 2006, le Canada a connu une véritable explosion
dans le nombre de demandeurs d’asile en provenance du
Mexique. En 2008, selon le ministère de l’Immigration,
9400 Mexicains ont revendiqué le statut de réfugiés au
Canada. De ce nombre, seulement 11% ont été acceptés.
Les experts de l’immigration rapportent qu’un réseau
d’agences vend le Canada et plus spécialement Montréal
comme une destination de rêve aux Mexicains. « Ils
disent à des gens honnêtes que le Canada cherche des
travailleurs. Quand ils arrivent au Canada, ces
Mexicains réalisent qu’on leur a menti. On leur dit
alors de dire telle ou telle chose aux autorités », a
rapporté hier Stephan Reichhold, directeur de la Table
de concertation des organismes au service des personnes
réfugiées et immigrantes.
S’il reconnaît que l’augmentation importante du nombre
de demandeurs d’asile donne du fil à retordre aux
organismes qui leur viennent en aide, M. Reichhold note
que l’imposition de visas fermera la porte à ceux qui
ont des raisons valides de demander la protection du
Canada. « Soit ils seront devant une porte fermée, soit
ils devront passer la frontière illégalement », a-t-il
déploré.
Le tourisme en émoi
L’industrie canadienne du tourisme a elle aussi été
secouée par la nouvelle. À Tourisme Montréal hier, on
comprenait mal que le gouvernement agisse ainsi alors
que des milliers de Mexicains s’apprêtent à arriver au
pays pour leurs vacances.
« À Montréa l seulement, nous recevons 90 000 touristes
mexicains annuellement qui dépensent 60 millions. Près
de la moitié d’entre eux visitent Montréal entre juillet
et septembre », a remarqué hier la porteparole de
Tourisme Montréal, Martine Lizotte.
Les ressortissants tchèques et mexicains qui arriveront
au Canada aujourd’hui pourront faire une demande de visa
à la frontière, mais ceux dont l’arrivée est prévue
après minuit ce soir devront se rendre à un consulat
canadien pour obtenir un permis de résidence temporaire.
Ils devront alors convaincre l’agent d’immigration
qu’ils sont capables d’acquitter les coûts de leur
séjour et qu’ils comptent rentrer chez eux après leur
visite.
Dans un communiqué, le ministre de l’Immigration du
Canada admettait lundi que des délais sont à prévoir.
DEMANDE DE REPORT
Pris de
court par l’annonce inattendue du ministère de
l’Immigration, les agents de voyage et des hôteliers
demandent au gouvernement conservateur de repousser au
moins jusqu’au 15 novembre l’entrée en vigueur de la
nouvelle exigence, qui risque de priver le Canada de
centaines de millions de dollars. D’après le directeur des
ventes de l’agence Amerigo Tours, Alain Paquette, le
moment choisi par le fédéral ne pourrait être pire. «C’est
le début de la haute saison», a-t-il souligné lors d’un
point de presse. L’annulation prévisible de plusieurs de
ces expéditions aura des conséquences dramatiques non
seulement pour les agences, mais aussi pour les guides,
les hôtels, les restaurants et les attractions
touristiques du pays. «C’est le marché numéro quatre sur
le plan des marchés outre-mer au Canada, donc ça va être
désastreux», a-t-il insisté.
Dispute concernant les projets
d’infrastructures
BURLINGTON, Ont. — Les libéraux ont choisi un champ de
culture de graines de soya et les con ser vateu r s ,
u ne station d’autobus, hier, afin de démontrer avec
précision combien d’argent a j usqu’à maintenant été
consacré aux projets d’infrastructures visant à
relancer l’économie.
Chacun de leur côté, les deux partis ont profité de
l’occasion pour accuser l’autre de tromper les
Canadiens à des fins politiques.
« Le problème ne vient pas seulement du fait que peu
d’argent sorte, c’est le fait qu’il va
systématiquement dans des circonscriptions
représentées par des députés conservateurs », a lancé
le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.
De
passage à Burlington, à l’ouest de Toronto, M.
Ignatieff s’est installé devant une terre agricole,
qui doit être transformée en parc, et l’a citée en
exemple pour expliquer pourquoi il ne fait aucunement
confiance au gouvernement Harper.
« I l s’agit d’u n exemple parmi des milliers d’autres
où ils annoncent quelque chose et que rien ne se
produit », a ajouté M. Ignatieff, tout en dévoilant
les résultats de recherches laissant croire que
seulement 12% des 4 milliards de dollars devant être
investis dans des projets de création d’emplois
avaient été dépensés.
Ces recherches, menées par le porte-parole libéral en
matière d’in frastr uctu res, G era rd Kennedy,
affirmaient que 4800 emplois, au plus, avaient été
créés depuis l’instauration du programme
d’infrastructures dans le cadre du budget de janvier
dernier. De plus, selon le rapport libéral, la
circonscription moyenne représentée par un député
conservateur aurait reçu 13 fois plus d’argent que
celle représentée par un député de l’opposition en
ColombieBritannique, et 2,7 fois plus au Québec. En
Ontario, les circonscriptions conservatrices auraient
obtenu 11 fois plus que celles appartenant à
l’opposition.
Le ministre de l’Infrastructure, John Baird, a
répliqué qu’Ottawa agissait avec célérité, et qualifié
de « totalement fausses » les données émises par le
Parti libéral.
Industrie Canada reste passif devant la
possibilité d'une récupération canadienne de Nortel
Ottawa invité à arbitrer le différend entre RIM et
Nortel
TORONTO — Les dirigeants politiques canadiens risquent
de rater une occasion en or de démontrer leur
engagement envers l’économie canadienne s’ils
demeurent passifs alors que Research In Motion,
fabricant canadien du BlackBerry, demande de l’aide
pour pouvoir participer à l’appel d’offres pour les
actifs sans fil de Nortel, indiquaient hier des
observateurs de l’industrie.
Hier, le titre de Research In
Motion (RIM) a dégringolé au moment où le fabricant
du BlackBerry (notre photo) manifestait son intérêt
pour acquérir des actifs de la filiale sans fil de
Nortel Networks.
« Il s’agit d’une occasion qui s’offre à I ndustrie
Canada de réagir et d’établir le leadership du Canada
dans un secteur où nous avons traditionnellement été
en tête dans le monde en matière d’innovation et de c
réation de marché » , a fa it valoir Carmi Levy,
analyste de l’industrie des télécommunications à AR
Communications. « Demeurer passif et ne rien faire
pendant qu’un prétendant canadien se manifeste et
qu’il est prêt à signer un gros chèque serait
l’équivalent pour le gouvernement canadien de fuir ses
responsabilités envers le peuple canadien », a-t-il
ajouté.
« De l a pression politique s’exerce même si nous
conservons les emplois et l’innovation, et il y a un
certain prestige à l’échelle mondiale dans le fait
d’avoir son siège social au Canada », observe pour sa
part Duncan Stewart, directeur de l’analyse à DSam
Consulting.
Hier, le titre de Research In Motion ( RIM) a
dégringolé au moment où fabricant du BlackBerry
manifestait son intérêt pour acquérir des actifs de la
filiale sans fil de Nortel Networks. Toutefois, RIM
soutient qu’il est empêché de présenter une offre.
L’action de l’entreprise a baissé de 1,19$, à 81,99$,
à la Bourse de Toronto. L’heure limite pour présenter
des offres pour des actifs de Nortel selon un
processus supervisé par le tribunal était à 1h hier.
Question de sécurité
Dans un bref communiqué publié tard lundi, RIM appelle
Ottawa à revoir le processus d’offres pour les
activités sans fil de Nortel. Elle soutient que
qu’elle a été écartée injustement à cause de son
souhait d’acheter aussi d’autres actifs de Nortel.
L’entreprise de Waterloo, en Ontario, estime qu’il
pourrait y avoir des implications quant à la sécurité
nationale si la technologie de Nortel devait passer à
des mains étrangères, ajoutant que le gouvernement
fédéral devrait revoir la situation.
« RIM s’est fait dire qu’il pourrait participer à
l’appel d’offres uniquement s’il promettait de ne pas
soumettre d’offres pour d’autres actifs de Nortel
pendant une période d’un an », a indiqué Research In
Motion.
Tony Clement, ministre fédéral de l’Industrie, a réagi
en précisant qu’il souhaite que le secteur privé
décide lui-même de l’issue de la situation. « Je suis
au courant des discussions entre Nortel et RIM, a
indiqué M. Clement dans un communiqué. Mes
responsables et moi-même suivons la situation de près.
Étant donné que Nortel est sous la protection du
tribunal en vertu de la loi sur les faillites, le
gouvernement du Canada n’a pas son mot à dire quant à
la manière dont le juge décide du jugement à rendre en
ce qui concerne toute vente proposée d’actifs de
Nortel. »
Financement fédéral des infrastructures
provinciales Ottawa tarde à payer, accuse le NPD
OTTAWA—
LeNPDaccuse le gouvernement Harper de mettre trop de temps
à débloquer les sommes qu’il avait annoncées dans son
budget de 2007 pour des projets d’infrastructure.
Le Nouveau Parti démocratique a remis à La Presse des
documents qui montrent en effet qu’Ottawa a tardé à mettre
en place certaines portions de son programme, dont un
financement annuel de base de 25 millions pour le Québec.
Le budget de 2007 annonçait une enveloppe totale de 33
milliards destinée aux infrastructures, ce qui incluait le
Fonds de la taxe sur l’essence et le remboursement de la
TPS. Cinq sousenveloppes avaient été créées, dont le Fonds
Chantier Canada, un financement de base annuel égal par
province et un fonds destiné aux partenariats publicprivé
(PPP).
Or, rien n’a encore été dépensé dans les PPP, alors que
214 millions auraient déjà dû l’être, selon les
projections du budget 2007. Quant au financement de base
de 25 millions par année pour chaque province et
territoire, le Québec et l’Ontario étaient les seules
provinces à ne pas avoir reçu un sou à la fin du mois
d’avril, selon les documents émanant du gouvernement.
Au bureau de la présidente du Conseil du Trésor du Québec,
Monique Gagnon-Tremblay, on a toutefois indiqué vendredi
que Québec avait reçu 100 millions pour ce financement de
base la semaine dernière. Néanmoins, le chef du NPD, Jack
Layton, n’est pas impressionné par le peu d’empressement
qu’a démontré le gouvernement fédéral jusqu’ici.
« Le gouvernement se vante d’avoir dépensé tant de
milliards de dollars. Mais quand on lui demande de
préciser combien exactement, on voit l’idéologie Harper de
ne pas dépenser les sommes, même quand elles ont été
adoptées à la Chambre des communes… Les chiffres sont tout
à fait différents des annonces », a lancé le chef
néo-démocrate.
Les
données, contenues dans la réponse qu’a fournie le
gouvernement il y a quelques jours aux questions d’un
député néo-démocrate, font craindre le pire à Jack
Layton pour le plan de relance économique du budget
fédéral de 2009.
« C’est la même chose avec cette déclaration de M.
Harper », a souligné M. Layton, en parlant du rapport
d’étape présenté par le premier ministre jeudi, et dans
lequel il s’est vanté d’avoir déjà « engagé » 80% des
dizaines de milliards promis pour stimuler l’économie au
moyen de projets d’infrastructure.
« Il a dit que 80% étaient engagés pour les dépenses,
mais quand on examine leur attitude et la réalité
pendant les deux dernières années, on trouve que même le
Fonds chantier Canada n’a pas atteint le niveau de
dépenses annoncées », a-t-il dit.
Le NPD dénonce le fait que, après deux ans d’un
programme qui doit durer sept ans, seulement 24% des
sommes prévues pour le Fonds chantiers Canada, les
infrastructures aux frontières, les PPP, le financement
de base aux provinces et le Corridor AsiePacifique ont
été dépensées. Au total, c’est donc 3,8 milliards sur
15,423 milliards. Il s’agit là de la portion de
l’enveloppe totale de 33 milliards qui pourrait être
accélérée en raison de la situation économique,
contrairement au Fonds de la taxe sur l’essence, par
exemple, qui constitue un financement fixe chaque année.
Ainsi, les dépenses dans ces cinq fonds sont
sensiblement les mêmes que ce qui avait été projeté pour
2007. Jack Layton trouve la situation inacceptable dans
le contexte où le gouvernement avait promis d’accélérer
ses dépenses d’infrastructures pour faire face à la
crise.
« On va continuer de presser le gouvernement là-dessus.
Pourquoi doit-on croire ce que le premier ministre a dit
jeudi concernant son plan d’action économique ? Nous
n’avons pas eu de résultats pour le Fonds chantiers
Canada… Pourquoi doit-on croire ce qu’il est en train de
dire maintenant concernant le dernier budget? »
Les députés de tous les partis doivent voter cette
semaine des crédits supplémentaires au budget. Ils se
prononceront donc sur les efforts de relance économique
du gouvernement Harper, un vote de confiance qui peut
entraîner sa chute. Or, le NPD et le Bloc québécois ont
déjà dit qu’ils se prononceraient contre. La décision de
plonger ou non le pays dans des élections revient donc
encore une fois au Parti libéral.
Forêt : Ottawa se tire dans le pied
Le Bloc
critique la stratégie du gouvernement Harper
— Le gouvernement canadien nuit à sa propre cause,
devant un tribunal international chargé d’évaluer la
légalité des garanties de prêts pour soutenir
l’industrie forestière en crise, en affirmant à la
Chambre des communes que cette mesure pourrait être
jugée illégale en vertu du droit commercial.
C’est du moins ce qu’a soutenu hier le Bloc québécois
après avoir obtenu le compte rendu des plaidoyers des
avocats du gouvernement des États-Unis devant le
Tribunal international d’arbitrage de Londres, en
Grande-Bretagne.
Ce s avoc a t s ont u t i l i s é abondamment certaines
des déclarations de ministres du gouvernement Harper
pour prouver que les garanties de prêts
contreviendraient à l’accord sur le bois d’oeuvre conclu
entre le Canada et les États-Unis.
Depuis des semaines, le Bloc québécois presse le
gouvernement Harper d’accorder des garanties de prêts
pour soutenir les entreprises forestières, durement
touchées par la récession économique et l’effondrement
du marché immobilier aux États-Unis.
Or, le
gouvernement conservateur refuse en alléguant qu’une
telle mesure pourrait être illégale, et que deux causes
concernant des garanties de prêts sont présentement
devant les tribunaux pour arbitrage.
Mais devant le tribunal de Londres, les avocats du
gouvernement canadien défendent justement la légal ité
de ces garanties de prêts. Les avocats du gouvernement
américain ont récemment soutenu que le plaidoyer des
avocats du Canada était contredit par les propos tenus à
la Chambre des communes par les ministres du
gouvernement Harper.
Hier, le chef bloquiste Gilles Duceppe a vertement
critiqué la stratégie du gouvernement Harper dans ce
dossier. « C’est assez épouvantable. Les avocats
américains se servent des déclarations des ministres en
Chambre pour dire que la position des avocats du Canada
n’est pas sérieuse puisque ceux qui les engagent, les
ministres, disent exactement le contraire. On les avait
prévenus que c’est ça qui se passerait », a précisé M.
Duceppe.
Aux Communes, le ministre Stockwell Day a invité le Bloc
québécois à attendre la décision du tribunal de Londres
avant de sauter aux conclusions.
« La question des prêts est devant la cour. Nous devons
attendre la décision. Pendant que cela est traité en
cour, nous avons beaucoup de programmes pour appuyer les
entreprises forestières. Juste l’année passée, nous
avons donné de l’aide (…) à plus de 430 entreprises
forestières dans la province de Québec », a dit M. Day.
Les associations de consommateurs restent sur
leur faim
Ottawa a
proposé hier de nouvelles mesures pour protéger davantage
les utilisateurs de cartes de crédit.
Le hic, c’est que la plupart de ces mesures ont déjà cours
au Québec.
« Ça ressemble beaucoup à des mesurettes, a déploré le
responsable des communications de l’Union des consommateurs,
Charles Tanguay. Il y en a plusieurs qui ont déjà en vigueur
au Québec par la voie de la Loi sur la protection du
consommateur. »
C’est ainsi que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a
indiqué hier que les utilisateurs pourront bénéficier d’une
période de grâce de 21 jours sans intérêt pour les nouveaux
achats, à condition de payer le solde en entier.
« Ce ne sera
pas nouveau pour les Québécois, a commenté M. Tanguay. Nous
sommes contents de voir que le gouvernement fédéral
s’inspire de la réglementation québécoise pour imposer des
mesures partout, mais pour ici, ce n’est pas grand-chose. »
Élise Thériault, conseillère juridique chez Option
consommateurs, a ajouté que certaines mesures québécoises
allaient encore plus loin que les nouvelles mesures
proposées par le ministre Flaherty.
Le ministre a ainsi annoncé que les institutions financières
ne pourront plus hausser la limite de crédit d’une personne
sans obtenir son consentement explicite.
« Au Québec, c’est le consommateur qui doit demander une
hausse de sa limite de crédit », a fait observer Mme
Thériault.
M. Flaherty a fait savoir que les institutions financières
ne pourront plus imposer des frais lorsqu’un client dépasse
involontairement sa limite de crédit parce qu’un commerçant
a fait une retenue sur le crédit disponible.
Ce genre de
retenue est notamment effectué par les stationsservices et
les hôtels qui veulent ainsi s’assurer de la disponibilité
des fonds.
M. Tanguay a affirmé que ces frais étaient déjà illégaux au
Québec parce qu’une institution financière ne peut augmenter
la limite de crédit sans la demande du client.
« Lorsqu’une transaction a pour effet de dépasser la limite
de crédit, elle devrait être refusée », a-t-il affirmé.
Le ministre Flaherty a aussi proposé des limites aux
pratiques de recouvrement des institutions financières.
Celles-ci ne pourront plus essayer de communiquer avec les
clients retardataires après 21h les jours de semaine et le
samedi, et après 17h le dimanche.
« Au Québec, la loi demande à ce que ces communications
aient lieu entre 8h et 20h du lundi au samedi, a indiqué Mme
Thériault. Il n’y a pas de recouvrement le dimanche. »
M. Tanguay, de l’Union des consommateurs, a trouvé
intéressant le fait que le ministre Flaherty propose
d’obliger les institutions financières à favoriser davantage
les consommateurs lorsque ceux-ci effectuent un paiement
supérieur au minimum requis. À l’heure actuelle, les
institutions affectent ces paiements au solde impayé portant
le taux d’intérêt le moins élevé (les taux d’intérêt varient
souvent selon qu’ils s’appliquent à des achats, des
transferts de solde ou des avances de fonds). Les nouvelles
mesures fédérales les obligeront à affecter ces paiements au
solde portant le taux le plus élevé, ou à répartir les
paiements de façon proportionnelle entre les différents
types de soldes.
« Ma l heu r
eu s ement , M. Flaherty n’a pas pris complètement le camp
des consommateurs, a déploré M. Tanguay. Il aurait pu se
brancher et demander carrément à ce que les paiements soient
affectés au solde portant le taux le plus bas, au lieu de
permettre une répartition au prorata. »
Les principales critiques des organisations de protection
des consommateurs ont cependant porté sur les mesures que le
ministre fédéral n’a pas proposées, comme un mécanisme
visant à limiter les taux d’intérêt des cartes de crédit.
« Le taux directeur n’a jamais été aussi bas, alors que les
taux des cartes de crédit n’ont jamais été aussi hauts, a
dénoncé Mme Thériault. Ce n’est pas normal qu’on n’essaie
pas de trouver une solution à ce problème-là. »
M. Tanguay a également souligné que les frais imposés aux
commerçants étaient de plus en plus élevés. « C’était de 2%
par transaction, ça frôle maintenant les 4 ou 5%, a-t-il
affirmé. C’est caché dans le prix des biens et services
qu’on achète, qu’on paie au comptant ou par carte de crédit.
»
L’Association des banquiers canadiens n’a pas non plus
apprécié les mesures du ministre Flaherty, mais pour de tout
autres raisons.
« Ce projet de règlement pourrait limiter la capacité des
banques de fournir certains des services auxquels les
clients s’attendent, restreindre le nombre d’options de
cartes de crédit et réduire la disponibilité du crédit dans
le cas de certains clients », a affirmé le directeur de
l’association pour le Québec, Jacques Hébert.
Il a ajouté que les changements qu’il faudra apporter au
système seront particulièrement coûteux, à un moment où les
banques ressentent les effets de la récession.
Paul Martin estime que Harper doit donner
l’heure juste
WATERLOO, Ontario — L’ex-premier ministre Paul Martin
croit que le gouvernement Harper doit élaborer un plan
clair pour éliminer le déficit.
L’ancien
premier ministre Paul Martin
M. Martin a tenu ces propos hier à Waterloo, en Ontario,
pendant une conférence organisée par le Centre pour
l’innovation dans la gouvernance internationale. Il a
expliqué que son gouvernement avait laissé un surplus de
13 milliards mais que les conservateurs l’avaient
entièrement dépensé, avant le début de la récession.
« Le surplus a disparu avant même qu’un sou soit dépensé
sur les mesures de relance économique », a déploré Paul
Martin. Selon lui, si le gouvernement n’avait pas touché
au surplus, il y aurait eu assez d’argent dans les
coffres d’Ottawa pour couvrir les coûts d’un programme
d’aide de plusieurs milliards sans avoir besoin
d’enregistrer un déficit.
Le
ministre des Finances, Jim Flaherty, a récemment estimé
le déficit total de l’année courante à 55,9 milliards.
Toutefois, M. Flaherty a promis de rééquilibrer le
budget d’ici l’année fiscale 2015-2016 en faisant des
compressions dans les dépenses publiques et en se fiant
sur des revenus plus élevés provenant des taxes. Il a
juré qu’il n’augmenterait pas les taxes et qu’il ne
toucherait pas aux transferts des provinces.
Mais Paul Martin, qui est connu pour avoir éliminé le
déficit fédéral lorsqu’il était ministre des Finances de
1993 à 2002, estime que les Canadiens méritent de
connaître l’heure juste quant aux mesures que prendra le
gouvernement pour éliminer le déficit structurel qu’il a
créé. « Ce n’est pas assez de dire qu’il y aura un plan,
at-il soutenu. Le gouvernement devrait avoir
unplanmaintenant et le présenter aux Canadiens », a
ajouté M. Martin.
Mais cela ne veut pas dire que le gouvernement devrait
éliminer le déficit immédiatement, selon Paul Martin. Il
croit plutôt que le Canada et les autres pays doivent
attendre le bon moment avant de diminuer les dépenses.
Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence
économique internationale, Paul Martin avait exhorté les
membres du G20 à créer une instance internationale pour
coordonner la régulation des systèmes financiers pour
éviter une nouvelle crise économique. Il croit que la
participation des pays à cette nouvelle instance devrait
être obligatoire.
La foire aux illusions - CLAUDE PICHER
Le
ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a annoncé
cette semaine que le déficit budgétaire de l’exercice en
cours atteindra 56 milliards. C’est 6 milliards de plus
que ses prévisions du printemps dernier, et 22 milliards
de plus que le déficit prévu dans son budget de janvier.
PHOTO CHRIS RATCLIFFE,
AP
Il
est certain que le ministre des Finances, Jim
Flaherty, a été pris de court, mais il n’a pas pour
autant perdu le contrôle des finances publiques.
Le ministre a-t-il perdu la maîtrise de la situation ?
Pour l’économiste et député l i béra l J ohn McCal l u
m, la réponse est claire : « Les Canadiens, dit-il, ne
peuvent plus avoir confiance en ce ministre. »
La réalité n’est pas aussi simple. S’il avait
lui-mêmeété dans les chaussures de M. Flaherty, le
député McCallum n’aurait sans doute pas fait les choses
différemment.
Les prévisions émises par le ministère des Finances, en
janvier, étaient basées comme toujours sur les
renseignements les plus fiables disponibles à l’époque,
et reflétaient le consensus des économistes des grandes
institutions du secteur privé. On s’attendait à ce
moment à une contraction économique de 0,8% en 2009. Or,
la récession a été beaucoup plus dure que prévu, et on
parle aujourd’hui d’un recul de 2,3%. Chaque fois que le
produit intérieur brut (PIB) recule de 0,1%, cela coûte
1,5 milliard au gouvernement.
M. Flaherty a été pris de court, c’est certain, mais on
ne peut pas conclure pour autant qu’il a perdu le
contrôle des finances publiques. Toutes proportions
gardées, la situation est autrement plus tolérable,
aujourd’hui, qu’elle ne l’était il y a 15 ans, au pire
de la crise des finances publiques. À l’époque, la dette
fédérale atteignait 72% du PIB; aujourd’hui, elle se
situe à 29%.
En revanche, lorsque le ministre affirme que le
gouvernement pourra revenir au déficit zéro dans six
ans, grâce à des restrictions budgétaires dont la nature
reste à préciser, et sans hausser les impôts ni sabrer
les transferts aux provinces, il entretient une vaste
foire aux illusions.
L’expérience montre que les choses ne se passent pas
comme cela.
Pour mieux comprendre la vraie nature des défis qui
attendent M. Flaherty et ses successeurs, faisons un
petit rappel historique.
En
1993-1994, les finances publiques fédérales sont dans un
état de délabrement avancé. Cette année-là, l’ensemble
des recettes budgétaires se situe à 113 milliards. Ce
montant provient essentiellement des taxes et impôts. La
même année, l’ensemble des dépenses se chiffre à 155
milliards. Cela laisse un gigantesque déficit de 42
milliards. Le pire, c’est que tout cet argent ne sert
pas à financer des services à la population, mais à
payer les intérêts sur la dette.
Il a fallu quatre ans pour redresser la situation. En
19971998, le ministre libéral Paul Martin annonce des
recettes de 152 milliards et des dépenses de 149
milliards, pour un surplus de 3 milliards.
Apprécions l’ampleur de ce revirement : 45 milliards, ce
n’est quand même pas rien.
En scrutant les chiffres de plus près, nous voyons que
pour parvenir au déficit zéro, le gouvernement a
augmenté ses recettes, donc les taxes et les impôts, de
39 milliards, ou 35 %. Pendant la même période, i l
s’imposait des compressions budgétaires de 6 milliards,
ou seulement 3%.
Ces compressions englobent aussi bien les mises à pied
et les gels salariaux dans la fonction publique, la
réduction draconienne des transferts aux provinces, le
massacre de certains programmes sociaux comme
l’assurance emploi ou les pensions de vieillesse,
l’érosion des subventions agricoles, les compressions
dans le financement des sociétés d’État, la suppression
d’une quarantaine d’agences et organismes
gouvernementaux, et j’en passe. Pour arriver à comprimer
ses dépenses de 3 %, Ottawa a imposé d’énormes
sacrifices aux provinces, aux chômeurs, aux aînés, aux
fonctionnaires.
Or, malgré les hauts cris des provinces, des syndicats
et des lobbies de toutes sortes, ces sacrifices ne sont
rien à côté de ce qu’on a demandé aux contribuables.
La véritable vache à lait du gouvernement, ce sera la
désindexation des impôts, introduite par le conservateur
Michael Wilson et maintenue par Paul Martin. La
désindexation est une augmentation d’impôts pernicieuse:
même si les taux d’imposition ne montent pas, les
contribuables paient de plus en plus d’impôts parce
qu’ils progressent beaucoup plus rapidement dans les
fourchettes d’imposition non indexées.
Une autre mesure introduite par le gouvernement Mulroney
et poursuivie par celui de Jean Chrétien a apporté des
milliards aux coffres fédéraux, et fortement contribué à
éliminer le déficit et à rembourser la dette : c’est la
réforme de l’assurance-emploi, qui a augmenté les
cotisations et réduit les prestations.
Les cotisations sont directement ajoutées aux autres
recettes budgétaires. Les prestations sont également
comptabilisées comme une dépense budgétaire. Avec la
réforme, les cotisations sont devenues plus importantes
que les prestations. Il s’en est automatiquement dégagé
un surplus qui a été canalisé directement sur la
réduction du déficit.
Dans ces conditions, lorsque M. Flaherty tente de faire
accroire qu’il suffira de revoir les dépenses fédérales
pour retrouver le déficit zéro en 2016, sans toucher aux
taxes et aux impôts, il ne fait rien d’autre que de
jeter de la poudre aux yeux.
Où est le plan de M. Flaherty? - ALAIN
DUBUC
Les
nouvelles projections du ministre canadien des
Finances, Jim Flaherty, révèlent que le déficit sera
plus élevé que prévu cette année et que le Canada
restera dans le rouge plus longtemps, au moins
jusqu’en 2015.
Et qu’est-ce que le gouvernement conservateur entend
mettre en oeuvre pour revenir au déficit zéro?
Absolument rien. Quel est son plan? En fait, il n’y
a pas de plan. Le ministre compte surtout sur la
relance. Pour le reste, il se borne à prévenir qu’il
sera probablement nécessaire de faire éventuellement
quelque chose.
Cette intervention financière du gouvernement Harper
était très préparée. Le ministre prononçait un
important discours à Victoria, qui coïncidait avec
la publication de sa «mise à jour des projections
économiques et financières». Mais quel est
exactement le message que voulaient transmettre les
conservateurs, dans ce contexte préélectoral?
Oublions le caractère exagérément partisan de cette
« mise à jour », un document financier formel où
l’on se serait attendu à plus de retenue. Le
ministre va jusqu’à y affirmer que c’est parce que
son gouvernement «a réagi promptement et de façon
audacieuse» que «le recul de l’économie canadienne a
été beaucoup moins prononcé que celui qu’ont connu à
peu près toutes les autres grandes économies
industrialisées» Merci, M. Flaherty!
Selon le document, le déficit de cette année, prévu
initialement à 33,7 milliards dans le budget de
janvier dernier, revu à 50 milliards, sera plutôt de
55,9 milliards. Cela n’a rien d’étonnant ou de
scandaleux. La récession a été plus forte que ne
pensaient les spécialistes. Il sera difficile de
reprocher au ministre des erreurs de prévision
auxquelles personne n’a échappé sur la planète. Ce
qui est plus inquiétant, c’est que les déficits
resteront élevés plus longtemps et que l’équilibre
budgétaire ne sera retrouvé qu’en 2015, plutôt qu’en
2013.
Que
fera le gouvernement Harper? D’abord, à court terme,
poursuivre son plan d’action économique et ses
importantes dépenses de relance. C’est la chose à
faire, pour ne pas entraver une reprise qui pourrait
être compromise sans le soutien de l’État.
Par la su ite, le gouver nement compte sur trois
facteurs pour revenir à l’équilibre. D’abord, le
fait que ses dépenses vont baisser quand son plan de
relance sera complété. Ensuite, la réduction
naturelle de certains déboursés gonflés par la
récession, comme l’assurance emploi. Enfin, la
hausse des revenus fiscaux quand la croissance
s’installera. Voilà pourquoi le gouvernement n’a ni
l’intention de toucher aux paiements aux citoyens,
ni de couper les transferts aux provinces, ni
d’augmenter les impôts pour équilibrer ses livres.
La seule intervention envisagée est hypothétique.
«Le moment venu, a dit le ministre dans son discours
– lorsque notre plan d’action économique aura été
mis en oeuvre, que la reprise sera bien ancrée et
que les prévisions du secteur privé seront plus
certaines – nous déterminerons dans quelle mesure il
faudra freiner l’augmentation des dépenses afin
d’équilibrer le budget.» Bref, on fera peut-être
quelque chose, un jour, si nécessaire. Mais on ne
dit ni quand, ni quoi, ni combien.
Est-ce que cela aidera les troupes de M. Harper à
marquer des points dans ce contexte préélectoral?
Les conservateurs, qui accusent les libéraux de
vouloir augmenter les impôts, leur fournissent sur
un plateau d’argent des données qui permettent de
conclure que le recours à cette impopulaire mesure
ne sera pas nécessaire.
Et
surtout, le ministre essaie de dire en même temps
que la situation est acceptable et sous contrôle,
pour qu’on ne l’accuse pas d’avoir mal géré les
finances publiques, tout en affirmant que la
situation est sérieuse, pour convaincre que seuls
les conservateurs ont ce qu’il faut pour gérer les
fina nces en période de crise. Quel étrange message.
Un déficit temporaire, dit Harper
— Le
premier ministre Stephen Harper affirme que son
gouvernement réussira à éliminer le déficit, qui dépassera
les 50 milliards de dollars en 2009-2010, sans augmenter
le fardeau fiscal des contribuables ou des entreprises.
M. Harper a soutenu hier dans une entrevue accordée au
réseau CTV que près de la moitié du déficit actuel sert à
financer des mesures temporaires pour relancer l’économie
canadienne, frappée de plein fouet par la crise mondiale.
Or, ces mesures prendront fin en mars 2011, soit dans deux
ans, a tenu à préciser hier le premier ministre. Il a
aussi expliqué que la récession actuelle a fait chuter les
rentrées d’impôts du gouvernement de manière importante.
Ces rentrées devraient augmenter de nouveau une fois que
la croissance de l’économie reprendra.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué la
semaine dernière qu’Ottawa pourra rétablir l’équilibre
budgétaire d’ici 2014, soit dans cinq ans.
« Il y a deux moyens pour sortir de l’ornière des
déficits. Le premier est que la vaste majorité des
dépenses de relance prendra fin en mars 2011. (...) Le
deuxième moyen est l’augmentation des revenus, et cela va
naturellement arriver une fois la récession terminée », a
affirmé M. Harper, qui était de passage à Halifax hier.
Pas de hausses d’impôt
Interrogé
par l’animateur Steve Murphy pour savoir s’il était
convaincu qu’il n’était pas nécessaire de majorer les
impôts ou les taxes pour venir à bout du déficit, M.
Harper a déclaré: « Absolument. Le déficit, si l’on exclut
les dépenses temporaires, ne représente que 1,5% du
produit intérieur brut. Et la chute de nos revenus durant
la récession est certainement plus importante que cela. »
Le premier ministre a rappelé que le Canada est moins
durement frappé que les autres pays par la récession. Il a
souligné que le déficit aux États-Unis est quatre fois
plus important que celui du Canada, toutes proportions
gardées.
« Il est important que les Canadiens comprennent, même si
le chiffre du déficit peut paraître énorme, qu’il est en
fait petit en comparaison aux déficits d’autres pays », a
affirmé M. Harper.
Le gouvernement fédéral a enregistré son premier déficit
en 11 ans au cours du dernier exercice financier qui a
pris fin le 31 mars. Ce déficit s’élevait à 3,9 milliards.
En 2009-2010, le déficit devrait dépasser les 50
milliards.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a été contraint de
revoir ses projections à la hausse en mai. Dans son budget
déposé en janvier, il prévoyait un déficit de 34 milliards
cette année.
Durant la dernière campagne électorale, en octobre, M.
Harper avait affirmé que son gouvernement ne replongerait
pas le pays dans l’encre rouge. Il prévoyait alors de
modestes surplus pour les prochaines années. C’était avant
que la récession ne frappe le Canada de plein fouet.
Depuis lors, les libéraux de Michael Ignatieff, tout comme
le Bloc québécois et le NPD, ne cessent de mettre en doute
les projections financières du gouvernement Harper.
Le train manqué -
François Rebello
Québec
et Ottawa ont raté une belle occasion d’appuyer un
projet de TGV Montréal-New York
L’économie du Québec ne peut plus souffrir de
l’absence d’un train rapide vers la capitale
économique du monde.
L’auteur est député de La Prairie et porteparole de
l’opposition officielle en matière de travail. Il
participe aujourd’hui à un panel portant sur les
trains à la réunion annuelle de la Conférence
régionale de l’Est du Council of State Government, qui
a lieu à Burlington au Vermont.
PHOTO FOURNIE PAR
BOMBARDIER
Pourquoi,
s’interroge François Rebello, les projets de TGV
piétinent-ils ?
Àl’invitation du président Obama, les États américains
ont déposé une série de projets de trains rapides.
Malheureusement, le projet du TGV Montréal-New York
n’a pas été soumis. En fait, deux projets modestes
touchent des liaisons avec Montréal. La durée du
trajet Montréal-New York passerait de 11 heures à huit
heures et demie et un train Boston-Montréal serait
remis sur les rails avec une durée de trajet de six
heures.
Dans le cas de Boston, la durée sera équivalente à un
voyage en voiture, mais dans le cas de New York, le
trajet en train prendra deux heures de plus qu’en
voiture. Nous sommes loin du TGV Paris-Lyon qui roule
trois fois plus vite qu’une auto! Ces projets méritent
d’être appuyés, mais sont loin d’être à la hauteur des
attentes des citoyens. Un changement de vitesse
s’impose.
Montréal avait beaucoup plus à gagner que New York
dans un projet de TGV. Aussi, on aurait pu s’attendre
à ce que Québec et Ottawa se coordonnent et proposent
un projet aux États du nord-est et au président Obama.
Ce n’est malheureusement pas ce qui s’est passé. Nos premiers ministres ont
regardé passer le train. Contrairement
au président Obama, ils n’ont rien prévu dans leur
budget d’infrastructure pour financer des TGV. Nos
chefs n’avaient rien à mettre sur la table pour
inviter le président à les suivre afin qu’il finance
les 4 milliards nécessaires au TGV Montréal-New York.
Bien sûr, on a enfin commencé à parler d’un TGV
TorontoMontréal-Québec, mais nous n’en sommes encore
qu’aux études préliminaires. Dans ce dossier-là aussi,
il faut accélérer la cadence. Quoi qu’il en soit, la
liaison vers NewYork ne devrait pas être retardée
parce que celle vers l’Ontario tarde à se réaliser.
Nous sommes chanceux, NewYork n’est qu’à 600 km de
chez nous. L’économie du Québec ne peut plus souffrir
de l’absence d’un train rapide vers la capitale
économique du monde.
Les
Américains aussi devraient commencer à s’inquiéter de
l ’absence d’un train rapide vers Montréal. Les
statistiques en témoignent : les Québécois visitent de
moins en moins le nord-est des États-Unis. En fait,
entre 1991 et 2001, c’est 300 000 Québécois de moins
qui couchent chaque année au moins une nuit dans les
États du nord-est.
Pourquoi cette désaffection? Peut-être à cause des
changements de mentalité dans l’utilisation des moyens
de transport. En effet, les jeunes Québécois ont moins
de voitures. Les transports collectifs gagnent 1% de
part de marché par année. C’est évident que le choix
de la destination en sera affecté. Pourquoi se louer
une voiture pour aller sur la côte Est américaine si
on peut aller dans les îles du sud pour le même prix
et plus rapidement?
Pourquoi les projets de TGV piétinent-ils? Certains
vous diront qu’il n’y a pas le bassin de population
nécessaire. Pourtant, les populations de New York,
Boston et Montréal réunies atteignent 25 millions,
soit plus que les 14 millions que représentent les
populations de Paris, Lyon et Marseille, qui sont
desservies par un TGV pourtant rentable.
Le véritable lobby qui agit contre les TGV est celui
des lignes aériennes. Pourtant, les TGV développés
ailleurs n’ont jamais tué les lignes aériennes. La
mise sur rails du TGV n’a eu aucun impact sur les vols
Barcelone-Madrid. Le Paris-Marseille n’a eu, pour sa
part, qu’un effet mitigé, réduisant de 7%
l’achalandage aérien.
Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’un voyage
en train produit 20% de moins de gaz à effet de serre
qu’un voyage en voiture. Tout le monde le sait, les
transports collectifs, c’est bon pour l’environnement,
mais ce que l’on oublie souvent, c’est que c’est
payant.
LES COURTIERS QUÉBÉCOIS SONT AUX AGUETS - MARTIN VALLIÈRES
La
bisbille entre le ministre fédéral des Finances et les
banques à propos de la vente d’assurances sur leurs
sites internet résonne de façon particulière dans le
milieu québécois de l’assurance.
Avec plus d’acuité, en fait. Parce que les courtiers
d’assurances québécois, à la différence de leurs
homologues hors Québec, disent subir déjà avec
Desjardins la concurrence directe d’un géant des
services financiers aux particuliers. Desjardins est
régie par une loi québécoise.
À Ottawa, les négociations de coulisses se poursuivent
à propos de l’intention d’interdit signifiée récemment
par le ministre Jim Flaherty aux banques, et que ces
dernières ont décrié publiquement comme une concession
au « lobby » des courtiers d’assurances.
D’ailleurs, malgré des années d’efforts en marge de la
loi fédérale, qui interdit encore la vente
d’assurances en succursales bancaires, les banques
n’accaparent encore que 6% du marché de l’assurance de
personnes au Canada. Et environ 10% pour les
assurances de dommages, responsabilité et automobile.
Des assurances vendues surtout grâce à l’internet.
Bref, selon les banques, les courtiers d’assurances
auraient tort de réclamer un bannissement de
l’assurance de leurs sites internet. Aussi, pas plus t
ard qu’en j uin dernier, le Bureau fédéral des
institutions financières avait édicté que les sites
internet de banques étaient différents de leurs
succursales.
Par conséquent, selon les banques, leurs sites
internet seraient exclus de l’interdit de vente
d’assurances en succursales déjà prévu par la loi.
Et à voir l’influence croissante de la vente
d’assurances sur leurs résultats financiers, les
banques ont de bonnes raisons de s’opposer à
l’interdit évoqué par le ministre Flaherty.
À la Banque Royale, par exemple, les assurances pèsent
environ 15 % du bénéfice net jusqu’à présent cette
année, contre 9% l’an dernier.
À l a
B a nque T o r o n t o - Dominion ( TD), qui a acquis
plusieurs filiales d’assurances au fil des ans, ce
marché compte pour le tiers du bénéfice net cette
année, comparativement à 24% l’an dernier.
Et au Québec ?
Entre temps, au Québec, ce débat entre Ottawa et les
banques prend une tournure bien différente du point de
vue des courtiers.
À l a différence de l eurs homologues hors Québec, qui
commencent à peine à sentir la concurrence des
banques, les courtiers d’assurances au Québec
subissent depuis des années la forte croissance de
Desjardins en assurances vendues directement en
caisses populaires et par l’internet.
Cet atout du géant coopératif par rapport à ses
concurrents bancaires au Québec découle d’un
amendement fait il y a presque dix ans à la loi
québécoise qui régit Desjardins, plutôt que d’une loi
fédérale dans le cas des banques. Résultat :
Desjardins a pu profiter de son vaste réseau de points
de service financiers pour se hisser au premier rang
des fournisseurs en assurances au Québec, tous marchés
confondus.
« Desjardins profite d’une situation particulière au
Québec, qui explique en bonne partie pourquoi la part
des courtiers du marché de l’assurance IARD des
particuliers (dommages, autos, responsabilité) est
passée sous 50 %. Et c’est pourquoi nous tenons t ant
à que les banques demeurent restreintes en assurances,
en succursales et sur leurs sites i nternet »,
explique Johanne Lamarque, directrice du Regroupement
des cabinets de courtage d’assurances du Québec.
En comparaison, dans le reste du Canada, les courtiers
accaparent encore au moins 80% de l’assurance de
dommages pour les particuliers, selon la firme MSA
Research de Toronto.
Selon le plus récent relevé de l’AMF, Desjardins
accapare 18% du seul marché québécois de l’assurance
de personnes.
En assurance IARD (dommages, responsabilité, auto), la
part de marché de Desjardins frôle les 13%, tout juste
derrière la société Intact/Bélair, qui a 14%. Ce
premier rang d’Intact tient surtout à sa forte
présence dans le marché de l’assurance des
entreprises.
Les associations de consommateurs sont muettes... pour
l’instant -
VINCENT BROUSSEAU- POULIOT
Doit-on
laisser les banques vendre des assurances sur le web?
Les associations de consommateurs n’ont pas d’opinion
sur le sujet. Du moins, pas encore.
« Nous n’avons pas étudié cette question », dit Julie
Gagnon, porte-parole d’Option consommateurs, une
association à but non lucratif vouée à la défense et à
la promotion des droits des consommateurs.
Même
s on de c l oche à l’ Union des consommateurs, qui
regroupe les coopératives d’économie familiale du
Québec. « Est-ce que l’arrivée des banques dans la
vente d’a s s ura nces f r ei nera ou encouragera la
concurrence ? La question n’a pas été étudiée. Les
banques ne sont pas toujours les meilleurs amis des
consommateurs, mais les assureurs non plus », dit
Charles Tanguay, responsable des communications de
l’Union des consommateurs.
L’Association des consommateurs du Canada n’a pas
d’objection à la vente d’assurances en ligne. «
Pourvu que les règles soient les mêmes pour tout le
monde », dit son président Bruce Cran.
Les agents et courtiers d’assurances de dommages,
eux, se méfient de l’internet. « Il faut que la
vente soit encadrée. Par exemple, un nombre minimal
de questions uniformes garantirait au client une
évaluation adéquate de ses besoins », dit Isabelle
Perreault, directrice des communications de la
Chambre de l’assurance de dommages, l’organisme
québécois qui encadre la pratique des agents et
courtiers d’assurances automobile, habitation et
entreprise.
Fini la vente d’assurances sur
l’internet - Julian Beltram
OTTAWA —
Le gouvernement fédéral a l’intention d’empêcher les
banques canadiennes de recourir à l’internet pour la
promotion et la vente de leurs produits d’assurances.
L e ministre fédéra l des Fina nces, Jim Fla herty, a
affirmé hier avoir écrit aux banques canadiennes pour
leur demander de cesser de vendre des produits
d’assurances sur l’internet. Il a l’intention de déposer
un projet de loi pour rendre illégale cette pratique.
Comme il fallait s’y attendre, l’industrie du courtage
d’assurances a accueilli favorablement la nouvelle.
Toutefois, les représentants de l’industrie bancaire
canadienne se sont dits consternés. Ils ont notamment
affirmé que les consommateurs en subiront les
contrecoups, car ils auront moins d’informations pour
faire des choix avisés en matière de services
financiers.
« Nous avons été abasourdis d’apprendre que M. Flaherty
veut imposer des limites aux Canadiens quant à l’endroit
et la manière d’obtenir de l’information au sujet des
assurances », a déclaré l’Association des banquiers
canadiens, dans un communiqué.
« De plus, M. Flaherty a pris cette initiative sans
effectuer de consultations publiques auprès des Canadiens
ou de l’industrie bancaire. »
Actuellement, les banques peuvent vendre des produits
d’assurance par le truchement de filiales distinctes, mais
pas par l’intermédiaire de succursales bancaires.
Cependant, le Bureau du surintendant des institutions
financières a récemment rendu une décision dans laquelle
il indique qu’aux termes de la loi actuelle, cette
politique de séparation ne s’applique pas aux sites
internet.
« À mon avis, ça ne correspond pas aux principes que
véhicule cette politique », a fait savoir M. Flaherty à sa
sortie de la Chambre des communes hier.
« J ’ai écrit au x ba nques pour leur dire que ce n’était
pas conforme aux politiques du gouvernement et je leur ai
demandé de mettre fin à ces pratiques rapidement », a-t-il
renchéri.
Jim Flaherty a envoyé sa missive au moment où la députée
libérale Alexandra Mendes a déposé un projet de loi
d’initiative parlementaire avec l’intention, a-t-elle
précisé, d’accorder des chances égales aux grandes banques
canadiennes et aux compagnies d’assurances indépendantes.s
Les droits des femmes doivent primer, dit
Verner - Tommy Chouinard
(NDE : S'il faut vraiment se mêler des affaires des
autres, faut-il pour autant le faire à tout prix à travers
des positions aussi simplistes que douteuses ?...)
QUÉBEC
— La ministre fédérale des Affaires
intergouvernementales, Josée Verner, plonge dans le
débat sur les accommodements raisonnables. L’égalité
entre les hommes et les femmes doit primer la liberté
de religion, a-t-elle affirmé.
La ministre conservatrice a commenté brièvement, hier,
la proposition du Parti québécois de donner
prépondérance à l’égalité des sexes sur la liberté
religieuse. Le gouvernement Charest rejette cette
demande. La ministre de la Condition féminine,
Christine St-Pierre, a plaidé qu’on ne peut
hiérarchiser les droits garantis par les chartes
canadienne et québécoise, un avis partagé par le
président de la Commission des droits de la personne,
Gaétan Cousineau.
«Personnellement,
comme ancienneministredelaCondition féminine, je pense
qu’il y a deux débats ici. Les femmes doivent
s’assurer de garder leurs droits. Je comprends que,
selon la Charte canadienne, la liberté de religion a
également sa place. Ce n’est pas un débat qui est
simple», a d’abord affirmé Josée Verner. Et votre
coeur dit quoi sur ce débat? a demandé un journaliste.
«Les femmes en premier», a-t-elle répondu, précisant
ensuite que c’est un «avis personnel».
Le débat sur les accommodements raisonnables est
revenu hanter le gouvernement Charest au cours des
consultations publiques concernant le projet de loi 16
sur la diversité culturelle. Le projet de loi de la
ministre de l’Immigration, Yolande James, demande à
tous les ministères et organismes d’adopter une
«politique sur la gestion de la diversité culturelle»,
sans préciser ce que devra comprendre cette politique.
Le Parti québécois, l’Action démocratique du Québec,
le Conseil du statut de la femme, le Syndicat de la
fonction publique et le Collectif pour l’égalité et la
laïcité craignent que ce projet de loi n’entraîne une
multiplication d’accommodements qui bafouent selon eux
les droits des femmes.
OTTAWA La nomination de Pharès
Pierre de nouveau contestée - Hugo de
GrandPré
COMMISSION DE L’IMMIGRATION ET DU STATUT DE RÉFUGIÉ
OTTAWA — La Commission de l’immigration et du statut de
réfugié (CISR) a refusé, hier, d’ad mettre un demandeur
d’asile qui a plaidé que la présence d’un nouveau
commissaire à la CISR, Pharès Pierre, posait un risque
de persécution supplémentaire pour lui et ses proches
restés en Haïti.
Le demandeur en question, dont l’identité n’a pas été
révélée à La Presse pour de s r a i s o n s de s é c u r
i t é , entend interjeter appel de la décision en Cour
fédérale, a indiqué son avocat, Stéphane Handfield.
Pharès Pierre a occupé les postes de c hef de c abinet
du premier ministre et du ministre de l’ Intérieur
d’Haïti durant les dernières années du gouvernement
Aristide. La nomination de cet ancien milita nt du Parti
progressiste-conservatreur au Québec au poste de
commissaire à la section montréalaise de la CISR sème la
controverse depuis qu’elle a été annoncée, en février
dernier.
Des avocats en droit de l ’ i m mig r a t i o n , d o n
t Me Handfield, estiment en effet qu’el l e mine l ’ a
ppa r e nce de justice à la commission. Encore
aujourd’hui, la CISR est chargée de se prononcer s u r
des demandes d’a si l e faites par des Haïtiens qui
disent fuir le régime de terreur imposé par les anciens
f i dèle s de J e a n-Ber t r a nd Aristide.
La CISR a depuis tenté de calmer le jeu en affirmant que
M. Pierre ne siégerait jamais dans des dossiers
d’Haïtiens.
Nouvel argument
Mais il y a quatre mois, Me Ha nd f i el d e s t r e
venu à l a c harge avec un autre a r g u ment , i nvoqué
c e t t e fois devant la commission et dans le dossier
de l’un de ses clients. À titre de commissaire, a-t-i l
plaidé, Pharès Pierre a accès à toutes les informations
personnelles de tous les demandeurs d’asile, grâce au
système i nformat i s é de l a CISR. Or, cela poserait
un problème à son client, qui dit craindre pour la
sécurité de certains de ses proches restés en Haïti, si
des i nformations éta ient communiquées aux mauvaises
personnes, volontairement ou non.
Dans
une décision de six pages dans laquelle i l n’a réservé
que deux paragraphes à la question touchant s on nouveau
c ol l è g ue, le commissaire qui a siégé dans ce
dossier a rejeté l ’a rgument, reprochant même à Me
Handfield de l’avoir soulevé.
« Les propos tenus par le proc u r e u r du demandeur da
ns s es obser vations en regard d’un collègue qui a été
nommé par le cabinet au cours des derniers mois étaient
pour le moins déplacés », a écrit Michel Jobin.
« Le Code de conduite des commissaires de la CISR, a - t
- i l r appelé, mention ne que l e s c ommissai r e s ne
peuvent révéler, divulguer, a uc u n r e n s e i g
nement de nature confidentielle obtenu dans l ’ e xe r c
i c e de leu rs fonctions. »
Mais, selon Me Handfield, le commissaire a mal analysé
le dossier. « À pa r t i r du moment où vous avez un
individu qui occupe des fonctions i mportantes dans le
gouvernement ca nadien – dans ce cas-ci, il siège à la
Commission de l’i mmigration – est-ce que, compte tenu
de son passé, le demandeur d’asile peut craindre que des
i nformations le concernant soient transmises
volontairement ou involontairement à ses persécuteurs ?
C’est ça, le test. C’est cela que l’on doit démontrer »,
a-t-il insisté.
Quant à la conclusion du c ommissai r e voula nt que
l’on ne doive pas critiquer la nomination de Pharès
Pierre parce qu’elle a été entérinée par « le cabinet »,
donc par le conseil des ministres, elle ne tient tout
simplement pas la route, a tranché l’avocat.
« Le ministre de l’ I mmigration lui-même, lorsqu’il a
été interrogé à la Chambre de s c o mmunes s u r c e t t
e nomination, a dit que s’il avait été au courant du
passé de Pharès Pierre au sein du gouvernement Aristide,
i l ne l’aurait pas recommandé comme com missaire »,
a-t-il rappelé.
Interrogé par La Presse cette semaine, le ministre en
quest ion, Jason Kenney, a fa it savoir par l’entremise
de son directeu r des communications, Alykhan Velshi,
qu’il éta it toujours de cet avis. « M. Kenney demeure
troublé par cette nomination et préoccupé par le fait
que cet individu avec des liens avec le gouvernement
Aristide lui ait été recommandé », a écrit M. Velshi
dans un courriel envoyé à La Presse mardi.
Seul le conseil des ministres a le pouvoir de révoquer
M. Pierre. Le directeur des communications de M. Kenney
n’a pas pu expliquer pourquoi cela n’avait pas encore
été fait.
Le ministère de l’Immigration
savait - Hugo de GrandPré
HUGO DE
GRANDPRÉ OTTAWA — Le ministère de l’ Immigration a
cherché à camoufler le passé controversé d’un nouveau
membre de la Commission de l’immigration et du statut de
réfugié (CISR), il y a huit mois.
PHOTO SEAN KILPATRICK,
LA PRESSE CANADIENNE
Le
ministre de l’Immigration, Jason Kenney, a toujours
soutenu qu’il ne savait rien du passé de Pharès
Pierre, nommé membre de la Commission de l’immigration
et du statut de réfugié.
Des documents obtenus par La Presse grâce à la Loi sur
l’accès à l’information montrent en effet que le
communiqué qui a annoncé la nomination de Pharès Pierre
devait à l’origine mentionner qu’il avait été chef de
cabinet du premier ministre dans le gouvernement
Aristide entre 2002 et 2003.
Mais cette mention a été retirée du document définitif.
« Il a obtenu un baccalauréat spécialisé en
mathématiques, avec option en enseignement secondaire,
ainsi qu’une mineure en administration et sciences
politiques de l’ Université du Québec à Montréal »,
s’est-on contenté d’annoncer le 17 février dernier.
Discussions en haut lieu
Le 10 mars dernier, des avocats montréalais spécialisés
en droit de l’immigration ont dénoncé dans La Presse le
fait que cet ancien haut placé du gouvernement Aristide
soit susceptible d’entendre des demandes d’asile faites
par des Haïtiens ayant justement fui ce régime.
Le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, avait lui
aussi dénoncé cette nomination. Il s’était empressé de
renvoyer la balle à la CISR et avait indiqué que, s’il
avait été mis au courant du passé de M. Pierre, il n’y
aurait jamais procédé.
Or, les documents que La Presse a obtenus soulignent
qu’il n’est pas du ressort de la Commission de révoquer
une nomination, mais bien du ministre. « Les articles
185 et 186 de la Loi sur l’immigration et le statut de
réfugié indiquent les droits et les pouvoirs du
gouverneur en conseil dans de tels cas », peut-on lire
dans une note d’information destinée aux porte-parole de
l’organisme.
Des courriels inclus dans les quelque 150 pages obtenues
montrent également que le président de la CISR, Brian
Goodman, a été mis au courant des antécédents de son
nouveau commissaire le 20 février, soit trois jours
après la publication du communiqué de presse qui
annonçait sa nomination et huit jours après la signature
du décret qui l’officialisait, mais 20 jours avant que
la nouvelle de ces liens ne sorte publiquement dans La
Presse.
« Je suggère, en prenant abondamment de précautions… » a
d’ailleurs écrit le président dans un courriel envoyé à
des hauts dirigeants de la commission... sans que l’on
puisse en savoir davantage sur la nature de ces
suggestions, puisque la suite du courriel a été
censurée.
Le ministre au courant ?
Compte
tenu de ces nouvelles informations, se pourrait-il que
le ministre Kenney n’ait pas été mis au courant de la
situation avant le 10 mars, comme il l’a déjà affirmé ?
« C’est très difficile à croire », a tranché Thierry
Saint-Cyr, le porte-parole du Bloc québécois en matière
d’immigration, qui suit le dossier Pierre depuis le
début.
« Dans tous les cas, il est très difficile de justifier
cette nomination, a-t-il poursuivi. Il semble que rien
d’autre que l’esprit partisan ne puisse l’expliquer. »
Une fois au Canada, Pharès Pierre s’est en effet engagé
en politique fédérale dans le Parti
progressisteconservateur, ancêtre de l’actuel Parti
conservateur. L’homme de 68 ans a été vice-président et
trésorier du comité de direction dans la circonscription
de Saint-Jean et vice-président de l’aile québécoise de
ce parti.
« Troublé »
Mais M. Kenney n’a pas changé sa version des faits,
hier. « Le ministre demeure troublé par cette nomination
et préoccupé qu’un individu avec des liens avec le
régime Aristide lui ait été recommandé par le CISR et
ait passé les vérifications de sécurité au Bureau du
Conseil privé », a déclaré son directeur des
communications, Alykhan Velshi, dans un courriel envoyé
à La Presse.
« Le ministre n’a été mis au courant des liens de M.
Pierre avec le gouvernement Aristide qu’après que cette
nomination eut été faite par le gouverneur en conseil »,
a-t-il ajouté.
Lorsqu’il avait été interrogé à ce sujet devant le
comité parlementaire de l’immigration, le 10 mars
dernier, M. Kenney avait déclaré : « Je n’étais pas au
courant de ce fait. Je l’ai appris en lisant les
journaux ce matin. »
M. Velshy n’a toutefois pas été en mesure de dire
pourquoi son patron n’avait jamais tenté de révoquer
cette nomination. « La nomination est faite. Il est
maintenant commissaire », a-t-il simplement déclaré.
À la CISR, on a précisé que Pharès Pier re n’ava it j a
mais exa miné et n’examinerait j amais des dossiers de
Haïtiens.
Le fédéral refuse de financer Divers/Cité
LA
PRESSE CANADIENNE OTTAWA— Le gouvernement fédéral refuse
de financer le festival gai et lesbien montréalais
Divers/Cité, même s’il était censé correspondre à tous
les critères d’un nouveau programme de promotion
touristique.
Les responsables du festival gai montréalais Divers/Cité
ont appris la nouvelle hier, quelques semaines après que
l’attribution d’un financement à un festival similaire a
suscité des tensions au sein du groupe parlementaire
conservateur.
Au début de mois de juillet, une subvention similaire
accordée à la Gay Pride de Toronto avait mis une
ministre dans l’embarras. Les responsables de
Divers/Cité avaient alors pris la défense du
gouvernement de Stephen Harper, en affirmant que les
conservateurs ne les avaient jamais traités de façon
discriminatoire.
Divers/Cité a soumis sa candidature pour un financement
de 155 000$ en vertu du nouveau Programme de
manifestations touristiques de renom (PMTN).
Grâce à cette somme, le festival gai souhaitait
embaucher d’autres artistes et faire davantage de
promotion pour 2009.
Le
directeur du marketing et des relations gouvernementales
du festival, Paul Girard, a indiqué que les
fonctionnaires d’Industrie Canada qui s’occupaient de
son dossier lui avaient signifié que la demande de
l’organisme était conforme à tous les critères
d’admissibilité et qu’elle avait été envoyée au bureau
du ministre Tony Clement, pour approbation finale.
Toutefois, lorsqu’il a téléphoné hier pour faire le
suivi, M. Girard a appris d’un haut fonctionnaire que le
PMTN avait reçu tellement de demandes que le
gouvernement avait tout simplement été forcé de choisir.
Le festival gai et lesbien de Vancouver aurait également
essuyé un refus.
La soeur de PaulGirard, Suzanne, qui est également la
directrice du festival, a affirmé que l’organisation
était complètement abasourdie.
Divers/Cité recevait depuis plusieurs années des aides
financières de Développement économique Canada ainsi que
du ministère du Patrimoine canadien.
M. Girard a précisé qu’il avait reçu, plus tôt cette
année, une subvention de Développement économique Canada
étalée sur deux ans, mais que c’était la première fois
qu’il ne recevait pas de lettre félicitant l’organisme
pour le succès continu du festival.
Le bureau du ministre Tony Clement n’a pas voulu
commenter hier soir.
« Harper,
agissez contre ce génocide! »
Quelque 30
000manifestants pressent Ottawa d’intervenir dans le conflit
au Sri Lanka
— Pas moins de 30 000 personnes ont manifesté sur la colline
parlementaire, hier, afin de presser Ottawa d’intervenir
pour que cessent les violences entre militaires et rebelles
tamouls au Sri Lanka.
Lesmanifestants,
sympathiques
à la cause tamoule, déplorent qu’aucun représentant
conservateur ne soit venu les rencontrer.
« Cessez de tuer des innocents ! » scandaient hier les
manifestants, pour la plupart venus de Toronto, d’Ottawa et
de Montréal. « Harper, agissez contre ce génocide! »
imploraient d’autres supporters.
Les manifestations organisées par des Canadiens d’origine
tamoule se poursuivent depuis maintenant trois semaines
devant le parlement fédéral, à l’image d’autres
rassemblements tenus à Londres, New York et Paris. Le
rassemblement d’hier était cependant le plus important,
alors que la victoire des forces gouvernementales sur les
Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) est imminente
(voir texte ci-bas).
« Nous sommes venus à Pâques et nous sommes de retour
aujourd’hui parce que, depuis trois semaines, rien n’a été
fait par Ottawa », a dit hier Sunitha Subramanian, de
Toronto. L’adolescent de 17 ans s’était absenté de l’école
pour assister à la manifestation, en compagnie de ses
parents et de ses deux soeurs. « Je n’ai jamais mis les
pieds au Sri Lanka. Mais des violences de ce genre sont
intolérables, peu importe le lieu. Que font les
conservateurs? Aucun d’entre eux n’a daigné venir nous
parler », s’est impatienté le jeune homme.
Les
organisateurs avaient demandé aux manifestants de ne pas
brandir de drapeaux des LTTE, une organisation considérée
comme terroriste par le Canada, les États-Unis et l’Union
européenne. Des drapeaux noirs et canadiens ont plutôt été
agités.
Mais le gouvernement Harper a préféré ne pas rencontrer les
manifestants. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence
Cannon, a cependant réitéré son appel à un cessez-le-feu,
hier, et indiqué s’être entretenu à ce sujet avec la
secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et son
homologue britannique David Miliband. « Un entretien entre
M. Cannon et le ministre des Affaires étrangères du Sri
Lanka devrait avoir lieu dans les prochaines 24 heures », a
fait savoir hier soir son attachée de presse, Catherine
Loubier.
Les chefs l ibéral Michael Ignatieff et néo-démocrate Jack
Layton ont rencontré des représentants de la communauté
tamoule, hier, exprimant tous deux leurs « inquiétudes face
à l’escalade de la violence » au Sri Lanka. Les deux partis
de l’opposition ont également demandé au gouvernement
conservateur d’envoyer une aide humanitaire dans ce pays.
Le Canada est l’hôte de l’une des plus importantes
populations tamoules dans le monde, avec une diaspora
estimée à 300 000 personnes, dont les trois quarts habitent
Toronto.
Un organisme voué à l’éducation pourrait
disparaître
Le
gouvernement Harper supprime le financement du Conseil
canadien sur l’apprentissage
— Après la culture et la science, l’éducation ? La Presse a
appris que le gouvernementHarper n’a pas renouvelé le
financement du Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA), un
organisme voué à la promotion de l’apprentissage tout au long
de la vie à travers le Canada.
Le CCA
est un organisme indépendant créé en 2004: son mandat
principal est de surveiller et de promouvoir l’apprentissage
au Canada notamment dans les secteurs du perfectionnement en
milieu de travail, de l’éducation aux adultes et de
l’apprentissage dans les communautés autochtones.
Dans une lettre publiée sur le site web du CCAle 6 avril
dernier, le président de l’organisme, Paul Cappon, a annoncé
que la décision du gouvernement l’avait forcé à remercier 20%
de son personnel, à fermer tous ses bureaux provinciaux, dont
celui du Québec voué à la recherche sur l’apprentissage chez
les jeunes enfants, et à abolir une série de programmes.
M. Cappon, qui a refusé nos demandes d’entrevue, a précisé
dans le document qu’il continuait à négocier avec le
gouvernement et qu’il espérait s’entendre pour obtenir du
financement d’ici le 31 mars 2010, soit dans un an. S’il
échoue, on ignore ce qu’il adviendra de l’organisme.
« L’entente quinquennale originale […] a été prolongée d’un
an, jusqu’au 31 mars 2010, mais sans financement additionnel,
a-t-il souligné. Ainsi, pour remplir son mandat principal,
notamment de faire avancer la recherche, surveiller l’état de
l’apprentissage au Canada et d’en rendre compte par des
rapports, le CCA doit rationaliser ses activités. »
« Une perte »
Organisme indépendant, le CCA a été créé en 2004 grâce à une
enveloppe fédérale de 85 millions pour cinq ans. Il se penche
sur un ensemble de secteurs, dont le perfectionnement en
milieu de travail, l’éducation aux adultes et l’apprentissage
dans les communautés autochtones. Chaque année, le Conseil
publie son Indice composite de l’apprentissage, qui mesure le
rendement annuel du Canada dans ces différents secteurs.
Dans le milieu, les rumeurs de compression couraient depuis un
certain temps. Ainsi, des experts ont été déçus, il y a
quelques jours, de voir leurs craintes confirmées.
« C’est une honte, il n’y a pas de doute, et ce sera une perte
», a lancé Alison Taylor, professeure au département
d’éducation de l’Université d’Alberta et directrice du Réseau
du travail et de l’apprentissage pour la recherche et les
politiques.
Le Conseil fournit du financement aux chercheurs et les aide à
diffuser leurs conclusions auprès de leurs pairs et du grand
public.
« Ça enlève un important forum aux intervenants pour qu’i ls
communiquent ent re eux », déplore pour sa part la Dre
Kathleen Flanagan. Cette dernière dirige l’un des cinq «
centres du savoir » créés en 2004 et qui fermeront leurs
portes le 6 juillet prochain. Ces centres sont disséminés
partout au pays et sont chacun axés sur un domaine en
particulier. Par exemple, celui de la Dre Flanagan, à
Fredericton, se concentre sur l’éducation aux adultes. Celui
de Winnipeg étudie les questions d’apprentissage chez les
autochtones.
« C’est
malheureux parce que nous avons passé les quatre dernières
années à construire notre organisation, ce qui prend du temps
», a déploré la directrice de ce centre qui emploie quatre
personnes. Au total, environ 70 personnes travaillent pour le
CCA.
« C’est plate. C’est vraiment plate », a renchéri Paul
Bélanger, un spécialiste de l’éducation aux adultes de l’UQAM
et un ancien directeur de l’Institut de l’UNESCO pour
l’Éducation.
« Dans un pays fédéral, que l’on ait une plateforme non
gouvernementale pour discuter entre nous des innovations en
cours et se concerter, c’est un avantage majeur. Et ils l’ont
bien fait. »
Aucune décision
Au gouvernement, on a pris soin de préciser qu’aucune décision
finale n’avait été prise.
« Un examen des investissements fédéraux concernant
l’information sur l’apprentissage est en cours, a déclaré une
porte-parole du ministère des Ressources humaines et du
Développement des compétences. Aucune décision concernant le
financement futur accordé au CCA ne sera prise tant que
l’examen ne sera pas terminé. »
Par cet examen, qui a débuté il y a près de deux ans (à l’été
2007), le ministère souhaite « optimiser les ressources et […]
éliminer les chevauchements et le travail fait en double ».
Or, pour certains, le cas du CCA n’est pas sans rappeler
diverses compressions faites par le gouvernement Harper au
cours des derniers mois, et qui ont été dénoncées avec
véhémence partout au pays. C’est le cas des coupes en culture
ou celles dans la recherche scientifique.
Récemment, Ottawa a encore une fois été critiqué lorsqu’il a
annoncé la création de nouvelles bourses d’études en sciences
humaines exclusivement réservées au domaine des affaires.
« Je ne sais pas pourquoi le CCA n’a pas reçu de deuxième
mandat. Son travail a eu beaucoup de valeur, ses contributions
ont été importantes, les besoins sont là… Je spéculerais si je
m’avançais sur la raison de cette décision. J’aime mieux ne
pas m’avancer », a simplement déclaré Kathleen Flanagan.
Harper savait dès le 1er juillet, clame
l’opposition - Agnès Gruda
Des f onc
tion na i res ca nadiens au Kenya ont hésité à faire subir
un test d’ADN à une j eune femme qu’ils accusaient de
voyager avec un passeport canadien qui n’éta it pas le sien
, pa rce que cela aurait entraîné des dépenses trop
importantes, révèlent des documents rendus publics hier.
PHOTO DARREN CALABRESE,
ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Suaad
Hagi Mohamud à son arrivée à Toronto après un cauchemar de
près de trois mois.
« Ce genre de tests sont faits de façon routinière par I
mmigrat ion Ca n a d a , le problème, c’est que ça coûte
cher, 500 dollars ou plus », écrit l’agent consulaire Philip
L u pu l d a n s u n c o u r r i e l envoyé à des collègues
le 3 juillet dernier.
À l’époque, Suaad Hagi Mohamud était retenue au Kenya depuis
six semaines parce qu’on l’accusait d’usurpation d’identité.
Elle a dû attendre qu’un tribunal canadien s’en mêle pour
pouvoir faire analyser son ADN. Le test a confirmé qu’elle
était bien la titulaire du passeport. Elle est finalement
rentrée au Canada à la mi-août.
Ce courriel fait partie d’une pile de documents qu’a obtenus
l’avocat de Suaad Mohamud, Raoul Boulakia, grâce à la Loi
sur l’accès à l’information. Les députés libéraux Bob Rae,
Dan McTeague et Joe Volpe les ont rendus publics hier, en
conférence de presse.
D’autres écha nges électroniques démontrent que le premier
ministre Stephen Harper avait été informé du cas de Mme
Mohamud dès le 1er juillet, à la suite d’un article paru
dans le Toronto Star. Pourtant, le 18 août, le premier
ministre a assuré qu’il avait pris connaissance de la
situation à peine une semaine plus tôt et qu’il avait
immédiatement fait enquête.
L e s d o c u ment s d é vo i - lés h ier démontrent que,
dans toute l’histoire de Mme Mohamud, le gouvernement « ne
fait que perpétuer des fau s s e t é s », dé nonce J o e
Volpe, qui représente la circonscription fédérale torontoise
où vit Mme Mohamud.
M. Volpe a sou levé la question hier à la Chambre des
communes, mais le premier ministre a maintenu sa version des
faits : il n’avait pas entendu parler de Suaad Hagi Mohamud
avant le mois d’août. « Il y a des milliers de cas
consulaires, et il est extrêmement rare pour un premier
ministre d’être personnellement engagé dans ces dossiers. Je
l’ai fait au début d’août. J’ai demandé que Mme Mohamud soit
ra menée au Ca nada . Et elle l’a été », a répondu Stephen
Harper.
Fardeau de la preuve
Le dossier
de Suaad Hagi Mohamud contient un autre écha nge
électronique qui montre que, trois semaines après lui avoir
confisqué son passeport, les responsables canadiens au Kenya
n’avaient pa s complètement éca r té l’éventualité d’une
erreur.
Dans cet échange, qui date du début du mois de j uin, deux
fonctionnaires du HautCommissa riat canadien à Nairobi se
demandent si elles devront témoigner devant la cour kényane,
qui envisage d’intenter une poursuite pour fraude contre Mme
Mohamud.
« Pour être honnête, je ne crois pas qu’ I mmigration Canada
ou les autorités consulaires devraient témoigner. Si
l’accusée finissait par s’avérer Canadienne (quoique dans ce
cas, les photos soient éloquentes) nous pourrions encourir
des poursuites », s’inquiète Liliane Khadour.
Sa correspondante, Odette Gaudet-Fee, note que c’est Mme
Mohamud qui a « le fardeau de prouver son identité et sa
citoyenneté ».
À son retour au Canada, celle-ci a intenté une poursuite de
2,5 millions contre le gouvernement fédéral. La semaine
dernière, Ottawa a présenté sa défense, dans laquelle il
maintient sa version des faits.
Ainsi, dans sa déposition, l’agent Paul Jamieson, qui avait
interrogé trois fois Mme Mohamud avant de conclure qu’il
s’agissait, en fait, de sa soeur, soutient que celle-ci
était incapable de dire quelles tâches elle accomplissait
pour la firme torontoise ATS, où elle prétendait travailler.
Vérification faite auprès des responsables des ressources
humaines de cette compagnie, M. Ja mieson affirme qu’aucune
Suaad Hagi Mohamud ne figure parmi sa liste d’employés.
M. Jamieson a été muté quelques semaines plus tard. Dès le
15 juillet, son successeur, Darryl Huard, a reçu un courriel
de la compagnie ATS confirmant que Mme Mohamud travaillait
comme débardeur pour sa f i l ia le Ready Staffing
Solutions, de minuit à 8 h 30, pour un salaire de 11,71 $
l’heure.
Toutes ces informations font dire au député Dan McTeague
que, au lieu de « continuer à répéter des arguments qu’il
sait faux », Ottawa devrait s’excuser et dédommager la jeune
femme.
Punition plutôt que réinsertion - Mathieu
Perrault
Prisons
Nouvelles mesures dans les cartons des conservateurs
Un rapport de l’Université de Colombie-Britannique,
dévoilé hier matin lors d’une conférence de presse à
Ottawa, dénonce le manque de fondement scientifique de la
stratégie conservatrice sur les prisons. L’accent mis sur
la punition des détenus mine la réinsertion sociale des
prisonniers, donne aux geôliers le pouvoir quasi
judiciaire d’imposer des sentences beaucoup plus dures par
le biais de l’isolement administratif et fera exploser le
coût des prisons fédérales. « Si ces gens-là ne peuvent
plus du tout voir leur famille, et donc que les seuls
êtres humains qu’ils voient seraient des gardes, je crains
pour leur santé mentale. »
« Pour le moment, le gouvernement Harper n’a pas appliqué
toutes les mesures qu’il désire», explique Michael Jackson
de l’ Université de Colombie-Britannique. « Il attend que
l’économie prenne du mieux, parce que certaines mesures
coûteront cher, et il attend d’avoir un gouvernement
majoritaire.»
L’accent
mis
sur la punition des détenus mine leur réinsertion
sociale, donne aux geôliers qui imposent l’isolement
administratif un pouvoir quasi judiciaire et fera
exploser le coût des prisons fédérales, dénonce un
chercheur de l’Université de Colombie-Britannique.
Le projet de loi C-43 prévoit faire des changements
philosophiques qui faciliteront ces nouvelles mesures,
selon Me Jackson, en plus d’abolir la libération
automatique aux deux tiers de la peine. Mais le Service
correctionnel du Canada a été incité à tenir compte de
plusieurs des recommandations d’un rapport de 2007 sur
lequel s’appuie la stratégie conservatrice.
Le Service correctionnel n’a pas voulu commenter le
rapport, dirigeant les médias vers le ministère de la
Sécurité publique. «Notre gouvernement veut placer les
droits des victimes devant ceux des criminels», a indiqué
par voie de communiqué le porte-parole du ministre,
Christopher McCluskey. «Nous avons augmenté la
responsabilité des contrevenants, et nous ne nous en
excuserons pas.»
Deux des
recom ma ndations les plus controversées interdiraient
toute visite aux prisonniers en isolement administratif –
ceu x-ci peuvent actuellement bénéficier de visites sans
contact – et réduiraient fortement les visites avec
contact pour les autres prisonniers dans le but de lutter
contre le trafic de drogue. «Pour ce qui est de la
libération automatique aux deux tiers de la peine, son
abolition empêcherait de surveiller
« Le Service correctionnel a déjà appliqué la
recommandation d’augmenter les fouilles et la détection
automatique de traces de drogues sur les effets personnels
des visiteurs, dit Me Jackson. Or, cette détection
automatique fonctionne mal. Elle n’est fiable que pour la
cocaïne et il y a beaucoup de faux positifs, notamment
avec les prisonniers récalcitrants lors des premières
années de leur retour dans la société», dénonce Me
Jackson. Le comité qui a produit le rapport ne comptait
aucun professeur de droit et était essentiellement composé
d’ex-membres des forces de l’ordre et d’ex-politiciens
responsables des prisons et de la justice. un type de
crème corporelle qui a une structure moléculaire proche de
la cocaïne. Les visiteurs sont dans un état de peur
constante, même s’ils n’ont rien à se reprocher. Il suffit
qu’ils s’assoient dans un autobus ou un taxi où il y a des
traces de cocaïne pour que le test soit positif.»
Pour ce qui est de l’isolement administratif, le rapport
de 2007 faisait fi des nombreuses enquêtes concluant qu’il
s’agit d’une «prison dans la prison» qui devrait faire
l’objet d’une supervision judiciaire et affirmait qu’elle
ne concernait que des prisonniers qui veulent bénéficier
du confort d’une cellule individuelle, selon Me Jackson.
«Seulement 20% des 7500 personnes qui sont isolées chaque
année sont volontaires, et souvent, il s’agit de gens qui
craignent pour leur vie. Dans 40% des cas, les gens y
restent plus de deux mois. Le renouvellement de
l’isolement est parfois automatique. Si ces gens-là ne
peuvent plus du tout voir leur famille, et donc que les
seuls êtres humains qu’ils voient seraient des gardes, je
crains pour leur santé mentale.» En 1997, le nombre de
détenus en isolement était cinq fois moins important et
seulement la moitié s’y trouvaient contre leur gré, selon
un rapport du Service correctionnel.
Congédiée après une subvention... à la fierté
gaie !...
Tony Clement aurait joué un rôle direct dans le départ de
Diane Ablonczy à la tête du Programme des manifestations
touristiques de renom (PMTR). En juillet, M. Clement avait assuré
que le départ de la ministre n’était pas lié à l’attribution d’une
subvention au festival de la fierté gaie de Toronto. Pourtant, le
29 juin, dans une lettre aux fonctionnaires, le chef de cabinet de
Tony Clement avait annoncé que les dossiers, les projets et la
communication liés au PMTR allaient être gérés par le ministre de
l’Industrie.
Un double
discours - Le gouvernement Harper veut
renforcer la sécurité publique, mais cherche à abolir une partie
du registre des armes à feu
DENIS CÔTÉ - Président de la Fédération des policiers municipaux du
Québec...
Le registre est
un précieux outil pour les policiers, qui le consultent
plus de 9400 fois par jour.
L’auteur est président de la Fédération des policiers municipaux
du Québec (FPMQ). Nous publions des extraits d’une lettre
adressée au premier ministre Stephen Harper.
Monsieur le premier ministre, la FPMQ tient à vous réitérer son
appui aumaintiendu registre des armes à feu incluant les armes
d’épaule (carabines et fusils). Elle s’inquiète donc des dépôts
des projets de loi C-301, Loi modifiant le Code criminel et la
Loi sur les armes à feu (enregistrement d’armes à feu) et S-5,
Loi modifiant le Code criminel et une autre loi qui ont pour
effet de retirer les armes d’épaule du registre.
La FPMQ est étonnée de l’attitude du Parti conservateur dans ce
dossier, qui affiche un double discours. En effet, alors que le
gouvernement fédéral adopte des mesures et des lois pour
renforcer la sécurité publique, il cherche à abolir une partie
du registre des armes à feu qui constitue un outil utile et
efficace pour les policiers du Québec et du Canada dans la
prévention et la lutte contre la criminalité. Il est important
de noter que les policiers canadiens le consultent plus de 9400
fois par jour.
La Fédération est en faveur du maintien du registre des armes à
feu incluant les armes d’épaule pour les autres raisons
suivantes :
• l’enregistrement des armes à feu responsabilise les
propriétaires ;
• il diminue le risque que des armes légales soient détournées
vers des marchés illicites ;
• il retire des armes des mains de personnes dangereuses ;
• il aide les policiers à enquêter (par exemple, les policiers ont
pu retracer une arme à feu récupérée à la suite du meurtre de
quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ce qui a
permis d’accuser deux hommes de meurtre au second degré) ;
• ce sont les armes d’épaule que l’on trouve le plus souvent dans
les résidences et qui sont fréquemment utilisées dans les cas de
violence conjugale, de suicide et de meurtre de policier;
• par rapport à 1991, il y a 500 décès par balles de moins chaque
année. Le taux d’homicides par carabines et fusils de 2007 a chuté
de plus de 78% depuis 1991 et le nombre de femmes tuées par balle
est passé de 85 en 1991 à 32 en 2004;
• depuis 2005, le coût annuel de fonctionnement du programme des
armes à feu est évalué à 64 millions. Cependant, la majorité de
ces coûts sont associés à l’attribution de permis aux
propriétaires d’armes à feu et non pas à l’enregistrement d’armes
à feu. La GRC estime que l’élimination de l’enregistrement des
armes d’épaule ne permettrait d’économiser que 2,9 millions par
année.
La FPMQ s’oppose également à toute autre mesure visant à affaiblir
le contrôle des armes à feu. Elle est d’avis qu’il faut conserver
le renouvellement périodique des permis de possession d’armes pour
que les données soient maintenues à jour. De plus, elle est contre
le prolongement de l’amnistie pour ceux qui ont omis de renouveler
leur permis ou d’enregistrer leurs fusils et carabines. Cette
amnistie nuit à l’exactitude des données du registre,
particulièrement en ce qui a trait à l’adresse des propriétaires
d’armes. Elle empêche les policiers de retirer des armes et
d’accumuler des éléments de preuve contre des individus
potentiellement dangereux.
La réforme est inéquitable, dit l’opposition - HUGO DE GRANDPRÉ
Certains
groupes, comme les femmes et les homosexuels, risquent d’être
pénalisés
« Dans de nombreux pays qui semblent par ailleurs relativement
pacifiques et "sûrs", des problèmes sérieux de persécution
peuvent exister. Pourtant, ces demandeurs n’auront pas accès à
l’appel disponible aux autres demandeurs. » — Le Conseil
canadien pour les réfugiés
OTTAWA — La réforme du système d’accueil des réfugiés
présentée hier par le ministre fédéral de l’Immigration, Jason
Kenney, risque de pénaliser certains groupes, dont les femmes
et les homosexuels, ont dénoncé des partis de l’opposition et
un groupe de défense des droits des réfugiés.
PHOTO FRED CHARTRAND, LA PRESSE
CANADIENNE «
Le projet de loi répond également au fait que certaines
personnes abusent de notre générosité et que bon nombre de
demandeurs d’asile qui viennent au pays n’ont pas besoin de
notre protection », a affirmé le ministre de l’Immigration
Jason Kenney lors d’une conférence de presse à Ottawa, hier.
Le projet de loi C-11 vise à faire passer de quatre ans et
demi à un an la période au cours de laquelle un demandeur
d’asile peut se voir expulser du pays si sa demande est
rejetée. On espère ainsi réduire les temps d’attente actuels,
qui se situent à environ 19 mois, selon le ministère de
l’Immigration.
« Le projet de loi répond également au fait que certaines
personnes abusent de notre générosité et que bon nombre de
demandeurs d’asile qui viennent au pays n’ont pas besoin de
notre protection », a affirmé le ministre Kenney lors d’une
conférence de presse à Ottawa, hier.
Pour parvenir à ses fins, Ottawa propose de mettre sur pied ce
que certains ont qualifié de « régime à deux vitesses », qui
prévoit la création d’une liste de pays dits « sûrs », dont
les ressortissants ne profiteront pas d’autant de recours que
les ressortissants de pays jugés moins sécuritaires.
C-11 propose aussi deux nouvelles étapes dans l’examen d’une
demande: l’audience de première instance, qui est actuellement
tenue devant un commissaire indépendant de la Commission de
l’immigration et du statut de réfugié (CISR), serait remplacée
par une audience tenue devant un fonctionnaire de la CISR.
La réforme créerait également une section d’appel capable
d’entendre une nouvelle preuve, mais seulement pour les
demandeurs issus de pays jugés dangereux. Les autres auraient
un an après le rejet de leur demande pour demander à la Cour
fédérale l’autorisation de porter cette décision en appel.
Le ministre de
l’Immigration souhaite limiter à un an le délai au cours
duquel il peut expulser un demandeur rejeté en première
instance. À l’heure actuelle, ceux dont la demande d’asile est
ainsi rejetée disposent d’un éventail de possibilités, dont
une demande d’autorisation à la Cour fédérale, une évaluation
des risques avant renvoi (ERAR) et une demande pour motif
d’ordre humanitaire. Ces deux dernières options seraient
toutefois interdites pendant les 12 mois suivant le rejet de
la demande en première instance.
« Ce que nous faisons ici, c’est de remplacer ces appels de
facto qui ne marchent pas, qui prennent des mois et des mois,
avec une section d’appel aux processus très robustes », a
précisé le ministre Kenney.
« Inéquitable »
Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), le Bloc québécois
et le NPD ont tous critiqué la réforme proposée par le
gouvernement Harper. Ils la considèrent comme inéquitable pour
les demandeurs d’asile provenant de pays qui seraient
étiquetés comme « sûrs » par le ministre de l’Immigration. Aux
premières loges des victimes d’une telle approche, ont-ils mis
en garde, seront les homosexuels et les femmes.
« Dans de nombreux pays qui semblent par ailleurs relativement
pacifiques et "sûrs", des problèmes sérieux de persécution
peuvent exister pour ces motifs. Pourtant, ces demandeurs
n’auront pas accès à l’appel disponible aux autres demandeurs
», a écrit le CCR dans un communiqué de presse diffusé après
l’annonce.
Les autres critiques déplorent aussi que les audiences de
première instance ne se tiendraient plus devant un commissaire
indépendant ; que le ministre nuise aux demandeurs d’asile en
décrivant certains d’entre eux comme des profiteurs ; et que
le délai de deux mois imposé pour tenir l’audience de première
instance est trop court puisque certains réfugiés sont encore
traumatisés par leurs expériences passées.
Ottawa bloquera les réfugiés haïtiens qui
transitent par les É.-U.
— Les Haïtiens
seront vraisemblablement les premières victimes des
modifications à l’Entente sur les tiers pays sûrs annoncées
jeudi soir et qui interdisent désormais aux personnes ayant
transité par les États-Unis de faire une demande d’asile à
leur arrivée à la frontière canadienne.
L’an dernier, 4000 ressortissants de cet État des Grandes
Antilles ont procédé ainsi pour entrer au Canada et y demander
le statut de réfugié. Cela représente environ 80% de ce genre
de requêtes.
Les changements annoncés jeudi soir suscitent de l’inquiétude
dans la communauté haïtienne de Montréal, qui a été prise de
court par la nouvelle.
« Cela va sûrement affecter beaucoup de gens. Surtout ceux qui
arrivent par la frontière de Lacolle », a expliqué Raymond
Laurent, qui anime depuis 20 ans l’émission Samedi midi inter
sur les ondes de la radio CKUT.
« La
situation d’Haïti reste quand même difficile et je crois que
la décision des conservateurs, c’est une mesure très dure »,
a-t-il ajouté.
Ottawa dit avoir choisi de modifier l’Entente sur les tiers
pays sûrs en vigueur depuis 2004 afin de pouvoir mieux gérer
les demandes d’asiles et de réduire la possibilité de demandes
d’asile multiples.
« Il est important de ne pas créer un système d’immigration à
deux vitesses: une vitesse pour les immigrants qui attendent
patiemment leur tour de venir au Canada, souvent pendant des
années, et une autre vitesse pour les personnes qui devancent
les autres et présentent une demande d’asile au Canada après
avoir eu la possibilité de le faire dans un pays sécuritaire
et démocratique », a déclaré le ministre de l’Immigration
Jason Kenney, dans un communiqué.
Mais d’après le député libéral Denis Coderre, qui a signé
l’Entente en 2002, le gouvernement vient de se priver d’un
moyen de faire respecter ses valeurs et d’appliquer sa propre
politique en matière d’affaires étrangères, dans des cas où il
a des divergences avec les États-Unis.
« En enlevant le caractère plus spéci fique en ce qui a trait
aux exemptions, on enlève du lustre à l’entente » , a-t-il
fait valoir en entrevue avec La Presse Canadienne.
Pot - Un
projet de loi sur le inquiète l’opposition
— Un projet loi du gouvernement Harper qui vise à imposer
des peines de prison minimales pour certaines infractions liées
aux drogues, dont le pot, inquiète les partis de l’opposition.
Au comité parlementaire de la justice, hier, des députés du Bloc
québécois ont indiqué au ministre de la Justice, Rob Nicholson,
que la marijuana aurait dû être exclue.
S’il était adopté, le projet de loi C-15 créerait entre autres
des peines minimales de six mois pour quiconque ferait pousser
de un à 200 plants de marijuana dans le but d’en faire le
trafic. Le projet vise à punir et décourager les producteurs,
trafiquants et importateurs de toutes les drogues.
« Ça peut être la personne qui ne fait pousser qu’un seul plant
pour se faire 30$ », a lancé Rick Norlock, un député
conservateur et ancien policier ontarien, en exprimant son
soutien à l’initiative du ministre. Mais, a-t-il ajouté, « les
criminels commencent petit ».
Les partis de l’opposition voient les choses autrement. Le
député bloquiste Marc Lemay, un ancien avocat criminaliste, a
fait remarquer que plusieurs de ces criminels seraient dirigés
vers les prisons provinciales.
« Si la personne
veut suivre un traitement, on a un problème, a-t-il dit. Il n’y
a rien pour les prisons provinciales. Il n’y a rien pour donner
les services. »
« On a un paquet de jeunes qui ont des plantations de 10, 15,
20, 25 plants, a-t-il ajouté. On leur impose une peine de six
mois en partant. Qu’est-ce qu’on fait? C’est quoi la solution? »
M. Nicholson a expliqué que des programmes existaient pour «
éduquer » les jeunes et les convaincre de ne pas prendre de
drogue. Pour le reste, a-t-il dit, « je vois mal de qui vous
voulez parler. La Loi sur les jeunes contrevenants s’applique à
des jeunes de moins de 18 ans. Alors si vous me dites qu’un
jeune de 25 ans est impliqué dans le commerce de la drogue, il
doit s’attendre à être touché par ce projet de loi. »
La députée néo-démocrate Libby Davies, de son côté, a demandé au
ministre s’il avait des preuves que de telles sanctions étaient
efficaces en matière de drogue, alors qu’un rapport publié sur
le site du ministère de la Justice conclut que non.
« Les peines minimales obligatoires sévères instituées aux
États-Unis ont surtout entraîné l’emprisonnement de délinquants
non violents de bas niveau, ont écrit les auteurs, deux
professeurs d’université, en 2001. Les peines minimales
obligatoires ne semblent influer sur la consommation de drogue
ou la criminalité liée à la drogue en aucune façon mesurable. »
« Les Canadiens nous l’ont dit », a simplement répondu le
ministre.
De plus longues peines pour les auteurs de
meurtres multiples
Le
gouvernement fédéral a annoncé hier le dépôt d’un projet de
loi qui permettra aux juges d’imposer des peines
d’emprisonnement à perpétuité consécutives aux accusés
reconnus coupables de plusieurs meurtres. Le ministre de la
Justice, Rob Nicholson, a dit vouloir s’assurer que les tueurs
en série ou récidivistes paient le juste prix pour leurs
actions. Il a indiqué que le but du projet de loi était de
mettre fin à ce qu’il qualifie de « rabais de peine » pour les
auteurs de meurtres multiples.
Manque de leadership - Heidi Rathjen
En
permettant un vote libre, MM. Ignatieff et Layton ont rendu
leurs députés vulnérables aux incroyables pressions du lobby
des armes à feu
Je connais bien les armes à feu. Je suis témoin des dommages
qu’elles peuvent causer. J’ai perdu des consoeurs lors de la
tuerie à l’école Polytechnique. Et j’ai longtemps côtoyé les
familles des victimes pour travailler avec elles dans le but
d’améliorer le contrôle des armes.
J’ai donc été estomaquée d’apprendre qu’une majorité de
députés ont appuyé un projet de loi privé visant l’abolition
du registre des armes à feu.
L’intention du Parti conservateur d’abolir le registre n’a
jamais été un secret. Depuis ses débuts, lorsqu’il
s’appelait le Parti réformiste, l’idéologie « Touche pas à
mon arme! » était omniprésente. Or, sans majorité, les
nombreuses tentatives des conservateurs pour détruire le
registre n’ont mené nulle part.
Mais qui a besoin d’une majorité quand deux des chefs de
l’opposition décident de tourner le dos aux victimes des
armes à feu, aux femmes violentées, à la sécurité des
générations futures?
Michael
Ignatieff et Jack Layton ne sont pas naïfs. Ils savent très
bien que le projet de loi C-391 est un projet de loi
gouvernemental déguisé. En permettant un vote libre, ils ont
rendu leurs députés vulnérables aux incroyables pressions du
lobby des armes, surtout dans les comtés ruraux de l’Ouest
canadien.
Les conservateurs ont même diffusé des annonces
publicitaires à la radio visant spécifiquement les députés
de l’opposition dans ces régions. Le résultat de ce manque
de leadership était tout à fait prévisible.
Mais il n’est pas trop tard. Le vote a eu lieu en deuxième
lecture. C’est la troisième qui compte. Si jamais il était
temps d’envoyer un message aux libéraux et aux
néodémocrates, ce serait maintenant. Moi, je vais leur
demander : où est votre leadership ? Où est votre conscience
? Où sont les valeurs de votre parti ?
Depuis l’entrée en vigueur des mesures de contrôle plus
sévères, les décès par balle au Canada ont systématiquement
diminué, passant de 1441 en 1991 à 818 en 2005 – une baisse
de 43%!
Il revient maintenant à MM. Ignatieff et Layton de décider
s’ils veulent maintenir cette tendance, ou s’ils veulent
marquer des points avec le lobby des armes aux dépens des
futures victimes d’armes à feu.
Harper s’excuse auprès d’Ignatieff - Joël-Denis
Bellavance
PROPOS
ERRONÉS DU PREMIER MINISTRE
— Dure semaine pour le premier ministre Stephen Harper.
Après avoir été entraîné dans une controverse religieuse
même s’il n’avait rien à se reprocher et après avoir été
légèrement en retard pour la photo officielle au sommet duG8
en Italie, voilà que M. Harper a été contraint de s’excuser
hier auprès du chef libéral Michael Ignatieff.
PHOTO SEAN KILPATRICK, LA
PRESSE CANADIENNE
Pendant
une conférence de presse au sommet du G8, le premier
ministre Stephen Harper a attaqué le chef libéral Michael
Ignatieff sur des propos que ce dernier n’a jamais tenus.
La raison? M. Harper a durement attaqué M. Ignatieff durant
sa conférence de presse de clôture au sommet après lui avoir
prêté des propos controversés sur la place du Canada au sein
des institutions internationales, des propos que le chef
libéral n’a jamais tenus.
M. Harper a dû faire son mea culpa devant une caméra
quelques minutes après la fin de sa conférence de presse
officielle à L’Aquila, où avait lieu le sommet.
« Durant cette conférence de presse, j’ai attaqué M.
Ignatieff pour des propos qu’il aurait prétendument tenus au
sujet du Canada et du G8. Ce n’était pas une citation de M.
Ignatieff. Je regrette cette erreur et je m’excuse auprès de
M. Ignatieff pour cette erreur », a affirmé M. Harper avec
un air contrit.
Le principal intéressé, qui se trouvait à Londres, en
GrandeBretagne, hier, a accepté les excuses du premier
ministre quelques heures plus tard. Il a dit toutefois
regretter que M. Harper ait profité d’un sommet
international pour se livrer à des attaques partisanes au
lieu de s’en tenir à faire valoir les intérêts du Canada au
G8.
« J’accepte les excuses du premier ministre. Il est
malheureux que ces remarques aient été faites à la toute fin
de la rencontre du G8 alors que les efforts du Canada
auraient été mieux servis à discuter avec les autres leaders
du monde des dossiers d’intérêts communs », a écrit M.
Ignatieff dans un courriel.
Cette controverse a éclaté lorsque M. Harper a vilipendé le
chef libéral en conférence de presse pour avoir prétendument
affirmé que le Canada pourrait être exclu d’une éventuelle
réforme des organisations internationales comme le G8. M.
Harper avait auparavant été informé par un de ses proches
collaborateurs, Dimitri Soudas, de la teneur de ces propos
attribués faussement à M. Ignatieff.
« M. Ignatieff est censé être un Canadien. (…) Je ne pense
pas que l’on doive faire valoir de telles idées qui sont
évidemment contraires aux intérêts du pays. Personne ne
préconise une telle chose, a dit le premier ministre. C’est
une suggestion irresponsable. Il doit examiner ses propos
attentivement et se rétracter. Franchement, ce sont des
propos irresponsables. Mais ils le sont encore plus venant
d’un parlementaire influent du Canada. »
Le premier
ministre répondait alors à une question d’un journaliste sur
la pertinence du G8 et la possibilité qu’il soit remplacé
par une autre structure plus vaste.
Quinze minutes après cette sortie, Dimitri Soudas a
rassemblé d’urgence les journalistes présents à la
conférence de presse dupremier ministre pour les informer
que les propos en question avaient été faussement attribués
à M. Ignatieff. Les propos, a-t-il expliqué, lui ont été
envoyés par courriel durant la nuit de jeudi à vendredi. Ces
propos auraient été tenus par un professeur qu’il n’a pas
identifié.
Source non vérifiée
M. Soudas a indiqué avoir informé M. Harper de la teneur des
propos sans toutefois en vérifier la véracité et la source.
Il a dit être responsable de cette erreur. Il a présenté ses
excuses aux journalistes, au premier ministre et à M.
Ignatieff et a dit être prêt à subir les conséquences de
cette bévue.
Les libéraux se sont rapidement portés à la défense de leur
chef après cette bourde du premier ministre. Le critique
libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, s’est dit outré de
voir que M. Harper se livre à de telles attaques à
l’étranger.
« Non seulement on n’a jamais vu de telles attaques lors
d’une réunion internationale, mais cela témoigne aussi d’un
grave manque de jugement de la part du premier ministre.
Cela montre, encore une fois, que l’actuel gouvernement est
incapable d’un leadership compétent et crédible, que ce soit
au pays ou à l’étranger », a-t-il affirmé.
« Il ne s’agit pas d’une simple erreur commise par l’un des
collaborateurs de M. Harper. Cela témoigne de la
personnalité du premier ministre, qui a choisi de salir ses
adversaires, comme il l’a toujours fait, mais cette fois-ci
devant le monde entier », a-t-il ajouté.
M. Rae a aussi accusé M. Harper d’être incapable de s’élever
au-dessus de la mêlée partisane.
Plus tôt cette semaine, M. Harper s’est fait accuser par le
chancelier dudiocèse de Saint-Jean, Mgr Brian Henneberry, de
ne pas avoir avalé l’hostie qui lui a été remise lors des
funérailles d’État de l’ancien gouverneur général du Canada,
Roméo LeBlanc, la semaine dernière. Hier, le premier
ministre a affirmé avoir bel et bien avalé l’hostie et
qualifié toute l’affaire « d’absurde ».
Triste dérapage du PC - Olivier
Lemieux
Le Parti
conservateur me révolte lorsqu’il utilise les enfants à des
fins de propagande partisane, comme il l’a fait dans un récent
dépliant distribué aux électeurs québécois. Comment le premier
ministre Harper peut-il tolérer une telle pratique qui
s’apparente à une façon de faire typiquement américaine où
tout est permis ? Doit-on interpréter cela comme un geste de
panique au point d’emprunter les côtés moins glorieux de la
politique américaine qui utilise la démagogie et la
désinformation comme outils électoraux? Ce n’est pas pour rien
que les libéraux fédéraux ont également dénoncé cette forme de
propagande en la qualifiant de honteuse et mesquine! Si les
élus conservateurs du Québec veulent regagner en crédibilité,
ils devraient rapidement présenter des excuses à la
population. Audelà du ton et de la forme utilisée pour cette
attaque partisane, ce n’est pas aux contribuables de payer
pour une pratique aussi indigne de la démocratie canadienne.
Démagogie conservatrice - Jeannot Vachon
L’attaque des Conservateurs contre le Bloc québécois est
tellement démagogique que même le Parti libéral s’est lancé à sa
défense. Leur publicité négative qualifie les députés bloquistes
d’amis des pédophiles parce qu’ils n’appuient pas leur projet de
loi pour un système de justice plus répressif. La question n’est
pas de savoir si on est sympathiques aux criminels, mais de
savoir si on doit changer le système actuel. L’escalade
répressive n’a pas de fin. Si on veut augmenter les séjours en
prison de deux à trois ans par exemple, on se posera la
question: pourquoi pas cinq, 10 ou 20 ans, ou la perpétuité ou
la peine de mort ? Est-ce que celui qui n’est pas un partisan de
la peine ultime est l’ami du criminel? Des investissements
massifs dans le système carcéral amèneront-ils une société
meilleure et exempte de criminalité? Construire de nouvelles
prisons est-il préférable que de s’occuper des hôpitaux ou du
système d’éducation?
PUBLICITÉS CONSERVATRICES Des libéraux défendent le
Bloc
Le député
Coderre : « On est des adversaires, mais il y a un niveau où
il ne faut pas aller. »
Les attaques du Parti conservateur à l’endroit du Bloc
québécois sont un « geste de désespoir », a affirmé hier le
député libéral Denis Coderre, qui dénonce le « mauvais goût »
de l’offensive publicitaire des troupes de Stephen Harper.
Le
député libéral Denis Coderre a dénoncé le « mauvais goût »
de l’offensive publicitaire des troupes de Stephen Harper.
« Les gens sont extrêmement cyniques à l’égard des
politiciens, a-t-il affirmé hier, en marge de l’investiture de
la députée Marlene Jennings. Ce genre de geste met de l’huile
sur le feu et contribue au cynisme. »
Les conservateurs ont distribué la semaine dernière des
brochures dans les 48 circonscriptions bloquistes du Québec.
Le dépliant accuse les députés du parti de Gilles Duceppe
d’être compatissants à l’endroit des pédophiles, car la
formation s’est opposée à un projet de loi privé qui aurait
imposé des punitions plus sévères aux proxénètes.
La campagne
publicitaire a été payée avec l’argent des contribuables.
Ce genre de tactique n’a pas sa place en politique canadienne,
a affirmé le député Denis Coderre, qui faisait écho aux propos
tenus par son chef Michael Ignatieff lors d’un récent passage
à Calgary.
« C’est un geste de désespoir, a-t-il dénoncé. Ils ont attaqué
personnellement Stéphane Dion à l’époque, ils ont attaqué
Michael Ignatieff et là, ils s’en prennent au Bloc. On est des
adversaires, mais il y a un niveau où il ne faut pas aller. »
Le député dit reconnaître la légitimité du Bloc à Ottawa. Mais
du même souffle, il remet en question sa pertinence.
Les pubs contre Ignatieff n’ont pas fait mouche
OTTAWA—
L’offensive publicitaire lancée il y a deux semaines par le
Parti conservateur contre le chef libéral, Michael
Ignatieff, semble aussi efficace qu’un coup d’épée dans
l’eau.
Les Canadiens qui ont vu les publicités estiment qu’elles
sont « inefficaces » ou « plutôt inefficaces » dans une
proportion de 61%, révèle un sondage exclusif réalisé par la
firme Nanos pour le compte de La Presse et du Toronto Star.
Seulement 35% des répondants les ont jugées « efficaces » ou
« plutôt efficaces », et 4% ne savent pas.
Résultat : cette offensive des conservateurs a eu jusqu’ici
un effet marginal sur l’image de Michael Ignatieff aux yeux
des Canadiens. Pas moins de 45% d’entre eux affirment que
leur perception du chef libéral n’a guère changé, même après
avoir vu les annonces qui critiquent notamment le fait qu’il
a vécu à l’étranger pendant 34 ans.
Seulement 34% des personnes interrogées ont affirmé que
l’annonce leur avait laissé une impression négative (22%) ou
plutôt négative (12%) du chef libéral.
Les annonces
négatives peuvent être une arme redoutable. Les
conservateurs avaient utilisé une tactique semblable pour
pulvériser l’image de Stéphane Dion et critiquer ses
qualités de leader. Ces attaques avaient été un succès
puisqu’une forte majorité de Canadiens ne faisaient pas
confiance à M. Dion pour occuper les fonctions de premier
ministre.
Mais dans le cas de Michael Ignatieff, les conservateurs
n’ont pas réussi à égratigner son image, du moins jusqu’ici.
Pis
encore, cette manoeuvre semble se retourner contre eux,
car 65% des personnes qui ont vu les annonces soutiennent
qu’elles leur ont laissé une impression négative (53%) ou
plutôt négative (12%) des conservateurs. Seulement 10% ont
affirmé qu’elles avaient laissé une impression positive ou
plutôt positive.
« Notre recherche démontre clairement que les publicités
négatives n’ont pas eu d’impact, du moins à court terme.
En fait, la majorité de Canadiens les jugent inefficaces
et estiment que cela mine l’image des conservateurs »,
affirme Nik Nanos, le président de la firme Nanos.
« Les annonces ont eu un impact négatif marginal sur l’image
de Michael Ignatieff principalement parmi les électeurs qui
appuient le Parti conservateur et ceux qui appuient le NPD.
Mais les conservateurs sont eux-mêmes divisés sur
l’efficacité de ces annonces. Chez les électeurs qui
appuient le Parti conservateur, 49,7% d’entre eux estiment
que ces annonces sont inefficaces ou plutôt inefficaces »,
souligne M. Nanos.
Ces annonces n’ont d’ailleurs pas empêché les libéraux
d’augmenter légèrement leur avance sur les conservateurs
dans les intentions de vote. Le dernier coup de sonde
réalisé par Nanos accorde 37,2% aux libéraux, 31,8% aux
conservateurs, 15,7% auNPDet 7,4% auParti vert à l’échelle
nationale. Au Québec, le Parti libéral obtient 38%, le Bloc
québécois 35%, le NPD 13% et le Parti conservateur 12%.
Ce sondage a été réalisé du 26 mai au 1er juin auprès de
1001 Canadiens. De ce nombre, seules les 626 personnes ayant
affirmé avoir vu les annonces ont été interrogées sur leur
impact. La marge d’erreur de cette portion du sondage est
donc de plus ou moins 3,9 points de pourcentage, 19 fois sur
20.
Les
gaufrettes
d’Iggy, les enveloppes de Mulroney - VINCENT MARISSAL
Puisque les
Canadiens risquent de se retrouver, encore une fois, en
élect ion avant longtemps, voici une question fondamentale :
l’habitude de tremper une gaufrette au chocolat dans son
espresso constitue-t-elle une preuve irréfutable de manque
de leadership?
Selon le Parti conservateur, la réponse est oui, ce pourquoi
on retrouve une référence aux gaufrettes du chef libéral,
sous la rubrique « leadership », dans la série de publicités
mises en ligne hier.
À défaut d’élever le niveau intellectuel des débats
politiques au Canada, on pourra au moins dire que les
conservateurs auront cont ribué à repousser encore un peu
plus loin les limites de la publicité négative.
Aux États-Unis, les républicains s’offusquent du fait que
Barack Obama préfère la moutarde de Dijon dans ses
hamburgers. Ici, les conservateurs en ont contre les
gaufrettes.
La publicité conservatrice sou s - entend que Mi c hael
Ignatieff est snob et distant parce qu’il aime les
gaufrettes. Dans les faits, elle laisse plutôt entendre que
les Canadiens sont tellement « colons » qu’ils ne peuvent
supporter le moindre ra f f i nement chez leurs politiciens.
On appelle cela du nivellement vers le bas.
Pou r êt r e ef f i c a ces , l es publicités négatives
doivent répondre à trois critères : être factuelles (
appuyées sur des faits réels) ; pertinentes ( les
accusations doivent avoir un lien avec la crédibilité ou les
capacités du candidat visé) ; être mesurées (ne pas trop en
mettre). À l’évidence, les deux derniers critères ne sont
pas ici respectés, à moins que vous pensiez sincèrement que
l’envie de gaufrettes rend quelqu’un inapte à gouverner...
Cela dit, cette nouvelle campagne négative n’est pas le
fruit du hasard. Elle est le reflet des sondages et focus
groups, qui démontrent que les Canadiens connaissent encore
peu Michael Ignatieff et que celui-ci dégage une image
hautaine.
Les conservateurs cherchent donc à imprégner tout de suite
une image de Michael Ignatieff dans l’esprit des électeurs,
quitte à en beurrer très épais. L’idée est d’attirer
l’attention des électeurs, de provoquer des discussions.
Outre les gaufrettes, les publicités parlent aussi du condo
de luxe des Ignatieff à Toronto, de leur maison en Provence,
de leur mode de vie quand ils vivaient à l’étranger.
Les républicains ont essayé, sans succès, de faire le même
coup à Barack Obama, l’été dernier, en attaquant sa trop
grande assurance (ça aussi, faut le faire !). Dans une pub
internet désormais célèbre, les républicains avaient même
fait une caricature d’Obama en Moïse ouvrant les eaux pour
le peuple américain.
La stratégie
des publicités négatives avait fonctionné contre Stéphane
Dion, mais ce dernier ne jouissait pas d’une aussi forte
crédibilité et d’une aussi forte cote de popularité (selon
les sondages) que Michael Ignatieff.
Au-delà des détails insignifiants sur les gaufrettes ou sur
le condo de M. Ignatieff, les recherchistes conservateurs
ont toutefois retrouvé quelques citations à fort potentiel
de controverse, sur le Québec et les Québécois, notamment.
On note aussi que M. Ignatieff était en faveur de la
coalition, en décembre dernier, avant de dire le contraire.
Voilà qui est plus fair-play, mais dans l’état actuel de
leur parti au Québec, les conservateurs sont en train de «
faire la job » pour le Bloc québécois.
En dépoussiérant les vieilles citations de Michael
Ignatieff, Stephen Ha rper r isque par ailleurs de se
prendre les pieds dans les siennes, lui qui a déjà milité
contre le bilinguisme et contre la société distincte, pour
la participation du Canada à la guerre en Irak et qui a déjà
qualifié le Canada de « pays socialiste » devant un groupe
de droite américain.
Pour le moment, les libéraux n’ont pas l’intention de
répliquer aux salves conservatrices. Pas besoin, disent-ils,
les conservateurs sont en train de se battre tout seuls.
Les libéraux, en effet, n’ont pas de raison de dépenser de
l’argent dans des publicités négatives contre les
conservateurs, la commission Oliphant s’en charge à
merveille.
Les vieilles histoires d’enveloppes pleines d’argent de
Brian Mulroney ternissent le nom du Parti conservateur plus
efficacement que n’importe quelle campagne publicitaire. En
plus, le témoignage de l’ancien premier ministre est venu
rouvrir des plaies douloureuses au sein du Parti
conservateur, un peu comme le témoignage de Jean Chrétien
devant la commission Gomery avait divisé les troupes
libérales. On ne fait pas témoigner un ancien premier
ministre devant une commission d’enquête sans causer
quelques remous.
Stephen Harper peut espérer que les électeurs fassent une
distinction entre le Parti conservateur de l’époque et le
Parti conservateur d’aujourd’hui, mais ce qu’il ne pourra
éviter, ce sont les effets dévastateurs des critiques de
Brian Mulroney dans ses troupes, surtout au Québec.
M. Mulroney a beau être persona non grata pour le premier
ministre, il est plus branché et plus influent que ne le
sera jamais Stephen Harper au Québec.
Personne ne lui donnera l’absolution pour ses relations
passées avec Karlheinz Schreiber, mais quand il critique
Stephen Harper, bien des conservateurs du Québec désabusés
lui donneront raison.
Que met M.
Harper dans son café? - ANDRÉ
PRATTE
On parle beaucoup de la campagne de « publicité négative »
lancée cette semaine par le Parti conservateur contre
Michael Ignatieff. Il s’agit en effet de publicité
négative, mais pas au sens péjoratif du terme. Ces
annonces ne se moquent pas du physique de l’homme. Elles
ne contiennent pas de faussetés grossières ou
d’insinuations malhonnêtes. Évidemment, on s’en prend à
Michael Ignatieff, à son absence du pays pendant 34 ans et
aux opinions controversées qu’il a émises au cours de sa
carrière d’essayiste. La tactique n’a rien d’original;
c’est de la politique partisane telle qu’on la pratique
depuis longtemps, avec une dose de démagogie comparable à
celle qu’emploient les autres formations.
Les publicités télévisées et web mettent en évidence des
aspects pertinents, parfois troublants du cheminement de
M. Ignatieff. Évidemment, comme le soulignait hier notre
collègue Vincent Marissal, le fait que le chef libéral
trempe « délicatement une gaufrette au chocolat » dans son
espresso n’a rien à voir avec ses talents de leader. Reste
que M. Ignatieff a en effet un côté élitiste qui agace
parfois. Il en a donné la preuve mercredi quand, interrogé
au sujet de la campagne conservatrice, il a laissé tomber
(de haut): « J’ai écrit plus de bouquins que les
conservateurs n’en ont lus. »
Il est indéniable, aussi, que M. Ignatieff « est revenu au
Canada pour une seule raison: devenir notre premier
ministre ». Incontestable qu’à la télévision américaine il
y a à peine cinq ans, il parlait des États-Unis comme de «
mon » pays. Le contenu et le ton de ses ouvrages
confirment, enfin, que le chef libéral n’est pas
allergique au narcissisme.
En
somme, les cibles visées par la campagne conservatrice
sont légitimes.
Les tories marchent sur un terrain beaucoup plus glissant
lorsqu’ils épluchent les déclarations passées du leader
libéral. Il est vrai que celui-ci n’a pas toujours été
ouvert au nationalisme québécois, vrai qu’à l’automne il
avait endossé la coalition PLCNPD-Bloc, vrai qu’il a tenu
des propos ambigus sur la torture, etc. Cependant, si on
se livrait au même exercice ausujet deStephen Harper, on
constaterait qu’il a lui aussi été hostile aux
nationalistes du Québec, qu’il était contre Meech et
Charlottetown, contre le bilinguisme officiel, contre la
loi 101, etc. Ce n’est qu’en désespoir de cause que le
chef conservateur s’est converti au « fédéralisme
d’ouverture » et a reconnu le Québec comme nation. En
somme, sur le plan des virages à 180 degrés, M. Ignatieff
n’a rien à envier au premier ministre.
Malheureusement pour les conservateurs, le prochain
scrutin ne portera pas sur ce que les chefs mettent dans
leur espresso (ou leur Tim Hortons). C’est le bilan peu
reluisant du gouvernement Harper qui sera au coeur des
débats. Et puis les partis politiques devront dire aux
Canadiens ce qu’ils comptent faire au cours des prochaines
années. À cet égard, il est vrai que les intentions de
Michael Ignatieff sont infiniment vagues. On peut
toutefois en dire autant de celles des conservateurs, eux
qui gouvernent depuis l’hiver à contre-courant de leurs
propres convictions.
Les conservateurs lancent une offensive
publicitaire contre Michael Ignatieff
«C’est un chef
qui est ultracentralisateur à la Trudeau, qui aime Trudeau
parce qu’il savait remettre le Québec à sa place.»
— Après Stéphane Dion, Michael Ignatieff s’apprête à goûter à
la médecine des conservateurs.
Le Parti conservateur a lancé hier une offensive publicitaire
à l’échelle nationale sur les ondes des stations de
télévision, mettant en doute l’attachement de Michael
Ignatieff au Canada.
Les conservateurs ont ainsi recours à la même stratégie
utilisée contre l’ancien chef libéral Stéphane Dion. Cette
stratégie avait connu un succès certain auprès des électeurs
canadiens dont une forte majorité ne voyait pas M. Dion
occuper le poste de premier ministre.
Les troupes de Stephen Harper lancent cette offensive au
moment où les libéraux de Michael Ignatieff voient leurs
appuis augmenter dans les sondages depuis quelques semaines.
Le dernier sondage Nanos, mené pour le compte de La Presse et
du Toronto Star, accorde 36% des appuis au Parti libéral à
l’échelle nationale contre 33% au Parti conservateur, tandis
que le NPD doit se contenter de 15%.
« Michael Ignatieff a eu une longue lune de miel. Mais
maintenant, cette lune de miel est terminée », a déclaré une
source conservatrice qui a exigé l’anonymat.
En point de presse, après la période des questions, le
principal intéressé a soutenu que les Canadiens ne seront pas
impressionnés par une telle offensive alors que l’économie
canadienne est en récession.
« Nous avons des faillites personnelles à un niveau record.
Nous avons un taux de chômage qui grimpe chaque mois. Et la
seule chose que ce gouvernement sait faire, c’est de créer de
la publicité négative contre Michael Ignatieff. Je crois que
les Canadiens s’attendent à beaucoup plus que ça », a dit le
chef libéral.
« J’ai été très clair. Je ne vais pas me lancer dans des
attaques personnelles contre M. Harper. Il ne devrait pas le
faire non plus. S’il croit pouvoir me faire à moi ce qu’il a
fait à mon prédécesseur, il se trompe royalement », a ajouté
M. Ignatieff.
En tout, le Parti conservateur a préparé six annonces
publicitaires – trois en français (www.quisuisje.ca) et trois
en anglais (www.ignatieff.me) – qui ont commencé à envahir les
ondes hier midi.
Les stratèges
conservateurs ont passé les derniers mois à éplucher les
écrits, les livres, les entrevues et les articles de journaux
de Michael Ignatieff, en particulier lorsqu’il vivait à
l’étranger. Dans certaines annonces, les conservateurs
rappellent des déclarations de M. Ignatieff, notamment celle
où il appelle les États-Unis son pays. « L’Amérique… c’est mon
pays autant que le vôtre », a-til affirmé dans une entrevue à
CPSAN, le 17 juin 2004, soit environ un an avant qu’il ne
rentre à Toronto.
M. Ignatieff a quitté le Canada en 1969. Durant son séjour à
l’étranger, il a notamment vécu à Londres et à Boston, où il a
enseigné à Harvard.
Dans leur publicité, les conservateurs dépoussièrent une
citation de M. Ignatieff parue dans le quotidien The Globe and
Mail le 2 avril 1998 au sujet des Québécois. « Les Québécois
fantasment sur le fait qu’ils sont différents, mais ils ne
sont que des Nord-Américains qui parlent français. (…) Ils
prennent des différences mineures et les amplifient. »
Ils relèvent aussi l’opposition du chef libéral, exprimée le
11 janvier 2006, à ce que le Québec obtienne une place au sein
de l’UNESCO. « Des délégations internationales distinctes pour
le Québec signifient que le Québec devient la risée
internationale et que le Canada devient une source d’embarras…
ce que nous n’avons jamais été. »
Le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, a défendu
cette tactique en affirmant que les Québécois doivent être
informés des propos « troublants » qu’a tenus dans le passé
Michael Ignatieff.
« M. Ignatieff n’est pas connu malgré les positions qu’il a
prises au cours des 20 dernières années. Il a dit beaucoup de
choses qui doivent être sues des Québécois. Par exemple, il
prétend que les Québécois vivent dans un monde fantaisiste,
que la seule chose qui différencie le Québec du Minnesota ou
du Vermont, ce sont les panneaux de signalisation. Ce sont des
faits qui sont troublants, qui doivent être sus des gens.
C’est un chef qui est ultracentralisateur à la Trudeau, qui
aime Trudeau parce qu’il savait remettre le Québec à sa place
», a dit M. Paradis, le lieutenant politique de Stephen Harper
au Québec.
À ce sujet, Michael Ignatieff a dit assumer la responsabilité
de tous les propos qu’il a tenus dans le passé, même ceux qui
pourraient le hanter aujourd’hui.
« J’ai écrit plus de bouquins que les conservateurs en ont
lus. Bien sûr ils vont feuilleter mes pages pour voir des
choses que j’ai écrites il y a 20 ans. Je prends la
responsabilité de ce que j’ai écrit. Je ne suis pas un homme
parfait. J’ai fait des erreurs dans le passé. Mais ce n’est
pas du sérieux. Nous sommes dans une crise économique. (…) Ils
veulent changer de sujet parce que le sujet qui compte, c’est
leur incompétence économique », a dit M. Ignatieff.
Les stratèges conservateurs ont refusé de dévoiler le coût de
cette offensive publicitaire ou de préciser combien de temps
elle durera.
Le bilan du PC parle de lui-même, selon
Ignatieff
Le chef
libéral n’entend pas recourir aux publicités négatives
— Même s’il a prévenu qu’il s’en prendrait au premier ministre
Stephen Harper si nécessaire, Michael Ignatieff a affirmé hier
que le Parti libéral du Canada n’aurait pas recours à des
publicités reposant sur des attaques personnelles.
M. Ignatieff, qui prenait part à Dartmouth, en
Nouvelle-Écosse, à un rassemblement politique dans le cadre de
la campagne électorale provinciale, a souligné qu’il y avait
suffisamment matière à critique dans les réalisations des
conservateurs.
« Il y a assez (de choses) dans leur dossier que nous pouvons
attaquer : chômage record, faillites records, déf icit record
» , a-t-il dit après avoir appuyé le chef libéral provincial
Stephen McNeil, à l’approche des élections du 9 juin. Samedi,
lors d’un congrès libéral provincial à Gander, à
Terre-Neuve-etLabrador, M. Ignatieff avait lancé une mise en
garde à l’endroit de M. Harper : « Si vous m’embêtez, je vais
vous embêter jusqu’à ce que j’en aie terminé. »
Reproches des
conservateurs
M. Ignatieff faisait alors allusion aux récentes publicités
diffusées à la télévision et sur l’internet par les
conservateurs, qui lui reprochent d’avoir pendant longtemps
été absent du Canada. Cette campagne publicitaire présente le
chef libéral comme un être élitiste et arrogant qui ne
s’intéresse qu’à sa réussite personnelle.
Les conservateurs voient dans les 34 années passées par M.
Ignatieff à enseigner à l’étranger un signe de son manque
d’attachement au Canada.
La semaine dernière, M. Ignatieff a rendu publique une vidéo
dans laquelle il accuse le premier ministre Harper de s’en
prendre à tous les nouveaux Canadiens avec sa série de
publicités, dans lesquelles les conservateurs laissent
entendre que le chef libéral n’est que de passage au pays.
Le début de la
sale campagne - VINCENT MARISSAL
À l’évidence, les conservateurs commencent à sentir la soupe
chaude et, comme chacun sait, la meilleure défense, c’est
l’attaque.
Ça y est, la campagne électorale fédérale est commencée! La sale
campagne, s’entend. En perte de vitesse dans les sondages et
visiblement dépassés par la c r ise économique, les
conservateurs de Stephen Harper lancent une première salve de
publicités négatives contre le chef libéral Michael Ignatieff.
Pour le moment, l’opération est limitée, mais les stratèges
conservateurs travaillent fort pour déterrer les déclarations
passées et récentes qui pourraient se retourner contre le chef
libéral.
En 2007 et 2008, la stratégie des publicités négatives avait été
payante pour les conservateurs, qui avaient réussi à dépeindre
Stéphane Dion comme un leader mou. De plus, les pubs
conservatrices affirmaient que M. Dion hausserait les taxes et
les impôts, un boulet dont l’ancien chef libéral n’a pas su se
défaire.
Les conservateurs remettent ça avec Michael Ignatieff, qui a
laissé entendre bien maladroitement, mardi en Ontario, qu’une
hausse d’impôts est probable.
Quelques heures seulement après avoir fait cette déclaration, M.
Ignatieff s’est retrouvé en vedette sur la page d’accueil du
Parti conservateur, occupant au moins la moitié de l’écran.
Le chef libéral a nié, depuis, vouloir augmenter les impôts,
mais le mal est fait. Voici ce que l’on peut lire quand on
clique sur la photo de Michael Ignatieff, sur le site du PCC: «
(…) Il est clair que M. Ignatieff est en faveur de
l’augmentation du fardeau fiscal. En une période de récession
mondiale, alors que le budget de nombreuses familles est serré,
Michael Ignatieff doit aux Canadiens de donner de vraies
réponses sur son ordre du jour de hausses fiscales et de
dépenses. Quand va-t-il augmenter le fardeau fiscal ? Quelles
taxes et quels impôts va-t-il augmenter ? De combien va-t-il les
augmenter ? Et pourquoi veut-il absolument imposer une taxe sur
le carbone et augmenter la TPS – deux taxes qui nuiraient de
façon disproportionnée aux familles de travailleurs et aux
personnes âgées à revenu fixe? »
Exactement ce que les conservateurs disaient à propos de
Stéphane Dion.
La stratégie fonctionnera-telle contre Michael Ignatieff ? Cela
reste à voir, mais l’empressement des conservateurs à récupérer
les propos de leur adversaire, en plus de la multiplication des
annonces, sont deux signes indéniables d’agitation
préélectorale.
Au même moment, vient d’apparaître sur YouTube une vidéo très
dure contre Michael Ignatieff (www.youtube. com/ watch ? v=
0ZICYDs9q5c).
Intitulée Flip-f lops ( Volteface), la vidéo accuse le chef
libéral, sur fond musical dramatique, de ne pas avoir de
position claire, contrairement à Stephen Harper.
Of ficiellement, cette vidéo n’est pas approuvée par le Parti
conservateur, mais elle reprend fidèlement ses arguments et elle
circule chez les bleus.
Le montage fait exactement 30 secondes, comme une publicité
télé, et a été mis en ligne par « toryboy1 ». Contrairement aux
premières vidéos de toryboy1, on ne voit plus le logo du PCC à
la fin du message. de la publicité négative efficace sont: viser
juste (s’en tenir à des faits), viser la bonne cible (on ne tire
pas sur des ambulances), et ne pas trop en mettre.
Michael Ignatieff n’est pas Stéphane Dion. Son capital de
sympathie, on le voit dans tous les sondages, est beaucoup plus
élevé. Sa crédibilité aussi.
À force de recourir aux attaques et aux publicités négatives,
les conservateurs risquent surtout d’exposer très ouvertement
leur propre manque de substance, l’absence de solutions
constructives, de plan pour redonner confiance aux Canadiens.
Il est vrai que le parti de Stephen Harper n’offre rien de
À l’évidence, les conservateurs commencent à sentir la soupe
chaude et, comme chacun sait, la meilleure défense, c’est
l’attaque.
Le sondage Ekos-Radio - Canada, dévoi lé j eudi , qui donne une
avance de 7 points aux libéraux au Canada (37 à 30) et de 10 en
Ontario (42 à 32) ne fera que convaincre les conservateurs
d’accélérer le rythme des attaques au cours des prochains mois.
Le pari est risqué, toutefois, et il pourrait tout aussi bien se
retourner contre Stephen Harper. En insistant trop sur les
travers (vrais et présumés) de ses adversaires, on risque
d’indisposer l’électorat.
Les trois règles fondamentales positif à l’électorat, ce qui
avait pourtant été sa force lors de la campagne de 2006.
En outre, l’omniprésence du jeune et dynamique Barack Obama rend
les comparaisons inévitables, ce qui n’est certainement pas à
l’avantage de Stephen Harper.
Ce gouvernement semble usé. Il prend de mauvaises décisions et
se colle à droite alors qu’il doit viser le centre pour espérer
gagner une majorité.
Bref, disent les libéraux, les conservateurs sont en train de se
battre seuls, ce qui est généralement le sort de tout
gouvernement en fin de mandat.
Fin de mandat? Stephen Harper n’est au pouvoir que depuis 39
mois, direz-vous. Vrai, mais en situation minoritaire, les
gouvernements semblent s’user deux fois plus vite.
Il n’en fallait pas plus pour que certains libéraux commencent à
rêver à des élections hâtives, dès juin.
Scénario hautement improbable, selon de bonnes sources
libérales.
D’abord, pour tenir des élections avant le 24 juin, il faudrait
faire tomber le gouvernement d’ici un mois. Trop vite. Les
libéraux ne sont pas prêts (les Canadiens non plus !).
Au Québec, par exemple, les libéraux attendent beaucoup de leur
plus importante activité de financement depuis des années, le 4
juin à Montréal (le PLC espère amasser autour de 500 000$).
Par ailleurs, le recrutement est loin d’être terminé. Les
libéraux fédéraux ont quelques « vedettes » dans leur ligne de
mire, et ils pourraient attirer quelques cousins provinciaux (
les noms de Jacques Chagnon, JeanMarc Fournier et Benoît
Pelletier reviennent le plus souvent).
Enfin, dernier élément, mais non le moindre: les sondages
indiquent une remontée, c’est indéniable, mais la majorité est
encore hors de portée des libéraux.
Jean Chrétien a déjà remporté une majorité de sièges avec 38%
des voix, en 1997, mais le paysage politique n’est pas le même.
À l’époque, la division de la droite permettait aux libéraux de
rafler l’immense majorité des circonscriptions en Ontario, tout
en maintenant une bonne récolte au Québec.
Les politiques s’invitent aux olympiques
OTTAWA — Il
y a un an, les stratèges conservateurs se frottaient déjà
les mains en songeant à la visibilité dont jouirait Stephen
Harper s’il parvenait à maintenir au pouvoir son
gouvernement minoritaire jusqu’aux Jeux olympiques d’hiver à
Vancouver.
À l’aube de l’ouverture officielle, le premier ministre est
déjà lancé dans l’action.
Le chef conservateur avait des activités un peu partout à
Vancouver à son horaire hier, avec comme clou de la journée
une cérémonie du drapeau au village des athlètes.
Aujourd’hui, il doit faire un saut à Victoria pour le tout
premier discours d’un premier ministre fédéral devant les
députés provinciaux de la Colombie-Britannique.
Demain
soir, Stephen Harper doit aider à donner le coup d’envoi aux
Jeux à la cérémonie d’ouverture – lançant ainsi 15 jours de
compétition de haut niveau et deux semaines de tango entre
les athlètes et les politiciens de toutes allégeances.
Selon le sondeur Allan Gregg de la firme Harris-Decima et
ancien stratège de Brian Mulroney, la joie et la
satisfaction générées par les Jeux sont les amies de tout
politicien qui cherche à se faire réélire.
Mais la poursuite de ce qu’il qualifie de « rebond
euphorique » des Jeux olympiques peut s’avérer aussi
périlleuse que de dévaler à toute allure une pente glacée
chaussé d’un surf des neiges.
Les Jeux de Calgary ont offert des exemples de revers de
politiciens qui ont tenté de se faire du capital.
PUBLICITÉ
FÉDÉRALE La grippe avant les Jeux
En douce, le gouvernement
fédéral a annulé un projet de campagne publicitaire de 10
millions de dollars axée sur les Jeux olympiques de 2010, et
choisi d’investir cet argent dans la prévention contre la
grippe A (H1N1).
Ottawa
a privilégié la prévention contre la grippe A (H1N1) au
détriment d’une campagne publicitaire sur les Jeux de
Vancouver. Dans l’intervalle, le gouvernement se demande
toujours quoi faire avec des dizaines de millions de doses
de vaccin inutilisées.
C’est ce qu’a confirmé le ministre d’État (Sports), Gary Lunn,
hier.
Le contrat rattaché à cette campagne publicitaire avait été
consenti en septembre dernier, et les messages devaient être
diffusés au moment du lancement du relais du flambeau
olympique, en octobre.
Le sujet de la publicité gouvernementale a beaucoup retenu
l’attention sur la scène politique cette année, après que les
conservateurs eurent produit une campagne promotionnelle sans
précédent mettant en valeur leur budget de janvier.
Plusieurs i
ntervena nts ont critiqué cette campagne publicitaire, la
jugeant partisane, une accusation qui a été reprise pour
qualifier la gestion des Jeux de Vancouver par le Parti
conservateur.
La controverse a pris de l’ampleur lorsque des observateurs
ont noté que les conservateurs avaient consacré beaucoup
moins d’argent à une prise de conscience face à la pandémie
de H1N1 que les 34 millions prévus au budget pour promouvoir
leur plan d’action économique.
Doses en trop
En parallèle, le gouvernement se demande toujours quoi faire
avec les dizaines de millions de doses du vaccin contre la
grippe A (H1N1) qu’il a achetées, mais qui ne seront
probablement pas utilisées, selon la direction de l’Agence
de la santé publique du Canada. Les provinces signalent que
la demande pour le vaccin est en baisse, même si les taux de
vaccination demeurent en deçà de 50 % dans tout le pays sauf
dans les territoires du Nord.
Le docteur David ButlerJones a signalé que le Canada avait
entrepris des pourparlers avec le fabricant du vaccin,
GlaxoSmithKline, au sujet des besoins du pays. Le Canada a
commandé 50,4 millions de doses l’été dernier. Les autorités
du pays croyaient alors que chaque personne aurait besoin de
deux injections.
Les libéraux déposent 48 plaintes - Malorie
Beauchemin
OTTAWA —
Alors que le premier ministre Stephen Harper a laissé
entendre, mercredi, que l’utilisation du logo du Parti
conservateur sur un chèque du gouvernement par le député
Gerald Keddy était un incident isolé, les libéraux ont
relevé 181 cas jugés problématiques et ont déposé hier 48
plaintes contre des députés et des ministres.
« Nous pensons que ceci constitue probablement la plus vaste
campagne de propagande jamais vue au niveau fédéral dans
l’histoire du Canada », a plaidé le député libéral
d’Ottawa-Sud, David McGuinty.
Selon lui, cette façon de faire est digne des pays
émergents, où les lois et les codes de conduite ne sont pas
aussi poussés qu’au Canada.
« Ce comportement rappelle ce que j’ai souvent vu en 10
années de t ravail dans les pays en développement, où la
ligne entre le service public i ndépendant, le respect de
l’argent des contribuables et la partisanerie politique est
transgressée régulièrement, a dit M. McGuinty. C’est une
façon de faire qu’on voit dans les États dirigés par un
parti unique, lorsque le parti qui gouverne utilise les
ressources publiques pour répondre à ses propres besoins. »
Les libéraux critiquent non seulement l ’ utilisation du
logo du Parti conservateur sur des reproductions de chèques
pour des investissements du gouvernement fédéral, mais aussi
l’apposition au bas de ces reproductions de la signature du
député ou du ministre qui en fait l’annonce. Outre les 48
plaintes déposées au commissaire fédéral à l’éthique, le
Parti libéral songe à demander à Élections Canada d’enquêter
afin de savoir si des contributions indues ont été faites au
Parti conservateur à la suite de cet « effort massif de
propagande ».
Les libéraux entendent aussi réclamer une enquête de la
vérificatrice générale sur ces pratiques et estiment que la
Commission de la fonction publique devrait se pencher sur la
« politisation du service public ».
Harper
lui-même
Sourire en coin, les deux libéraux ont mis au défi chacun
des députés et ministres conservateurs de fournir eux-mêmes,
de leur compte personnel ou de celui du parti, les fonds
promis lorsqu’ils mettent leur propre nom sur un de ces
immenses chèques promotionnels.
La signature du premier ministre Harper lui-même figurerait
au bas de quatre chèques, selon la recension faite par les
troupes libérales.
M. McGuinty n’a pas nié que les précédents gouvernements l
ibéraux aient pu utiliser le même procédé, qui consiste à
inscrire la signature du député de la circonscription sur
des investissements fédéraux, mais a jugé que la nouvelle
Loi sur la responsabilité, adoptée en grande pompe en 2006,
empêche maintenant ces pratiques.
« Nous avons un nouveau code d’éthique, renforcé, at-il
souligné. Tous les partis étaient d’accord. Les
conservateurs font un détournement flagrant des nouvelles
règles. »
L e bu r e a u du pr e mier ministre Harper condamne depuis
deux jours l’utilisation du logo du Parti conservateur sur
des chèques gouvernementaux, mais ne voit pas d’objection à
ce que le nom du député concerné soit utilisé.
Des chèques
du gouvernement canadien ornés du logo du Parti conservateur
: Ottawa se trouve dans l’embarras - Malorie
Beauchemin
OTTAWA — Confusion des gen res , abu s de pouvoi r,
possible violation des règles d’éthique... Un chèque du
gouvernement canadien orné du logo du Parti conservateur et
signé par un député plonge à nouveau les troupes de Stephen
Harper dans l’embarras. L’opposition a accusé hier le
gouvernement fédéral de se servir des dépenses en
infrastructures pour faire de la « propagande » pour le
Parti conservateur.
C’est d’abord une photo d’un député conservateur de la
Nouvelle-Écosse, Gerald Keddy, pr ise au mois de septembre,
qui a soulevé les foudres des libéraux et des néo-démocrates
à Ottawa. On y voit le député remettre un chèque de plus de
300 000 $ à un organisme de sa circonscription pour des
projets d’infrastructures. C’est le type de photo que l’on
voit régulièrement dans les journaux régionaux. Le problème,
c’est que la reproduction du chèque porte, bien en évidence,
le logo du Parti conservateur et la signature du député. Aux
yeux de l’opposition, cela crée de la confusion entre le
parti politique de M. Harper et le gouvernement fédéral, en
plus de donner l’impression que le député paie de sa poche
la somme en question.
« Ça viole toutes les règles. C’est l’argent des Canadiens,
pas l’argent des conservateurs, ni celui de Gerald Keddy ni
d’aucun autre député, s’est i n su rgé le député l ibéra l
Wayne Easter. Ce sont les impôts des contribuables, qui sont
censés être dépensés dans des programmes du gouvernement
pour stimuler l’économie canadienne, pas pour la propagande
de M. Harper. »
La controverse a rapidement rattrapé le premier ministre,
qui était de passage en Alberta pour annoncer, justement, un
nouvel investissement dans le cadre du plan d’action
économique. « Le député lui-même a admis que c’était une
erreur et que ça ne se répétera pas », a rétorqué, sans
équivoque, M. Harper.
« C’est inapproprié. Le logo conservateur n’a pas sa place
sur les chèques des annonces gouvernementales », a ajouté en
fin de jou rnée Dimitri Soudas, attaché de presse du premier
ministre. M. Soudas s’est toutefois bien gardé de condamner
la signature de M. Keddy sur le chèque.
Or, les députés libéraux ont rapidement trouvé d’autres
exemples où des députés et ministres ont apposé leur nom, et
parfois un slogan ou un logo du parti, sur des chèques
gouvernementaux. Le député d’Okanagan-Shuswap, en
Colombie-Brita n nique, Colin Mayes, présente notamment sur
son site internet une photo de lui avec un chèque du plan
d’action économique sur lequel se trouve non seulement le
logo du Parti conservateur, mais aussi sa propre photo.
« Si nous avions un seul exemple, ou un seul député qui
s’est prêté à ce jeu-là, ça pourrait être de la naïveté, ça
pou rra it être in nocent. Mais à partir du moment où il y a
usage répétitif, dans des conditions quasi identiques, dans
les Maritimes, en Colombie-Britannique, c’est une habitude,
pas une coïncidence », a jugé le député libéral Marcel
Proulx.
Selon les libéraux, la pratique viole le Programme de
coordination de l’image de marque du gouvernement du Canada,
qui stipule que c’est le logo du gouvernement canadien qui
doit être utilisé dans ce genre d’annonce.
« Pour nous,
c’est un abus de pouvoir et un message trompeur de la part
du gouvernement envers la population », a conclu M. Proulx.
La politique de communication du gouvernement stipule en
outre que l’information sur les programmes, services et
initiatives gouvernementaux doit se transmettre de façon non
partisane.
L’argent des contribuables
« Le commissaire (John) Gomery a démontré très clairement
après le scandale des commandites que quand on transgresse
la ligne entre les dépenses du gouvernement et la politique
partisane, ça devient très dangereux, a dit le député
néo-démocrate Peter Stoffer. C’est ce que les conservateurs
sont en train de faire. I ls passent complètement outre aux
recommandations du juge Gomery, et cette pratique nous
apparaît contraire à l’éthique. »
M. Stoffer s’est adressé hier à la commissaire fédérale à
l’éthique, Mary Dawson, pour qu’elle enquête sur l’incident
concernant M. Keddy.
« C’est l’argent des contribuables. Ça n’appartient pas au
Parti conservateur pour faire sa propre promotion. C’est
très arrogant de leur part », a estimé M. Stoffer.
Pour le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre
Paquette, les conservateurs se rapprochent, par ces
pratiques, des libéraux à l’époque du scandale des
commandites, en faisant passer « la visibilité du parti
avant les services aux citoyens ».
« Ce qui est le plus choquant de la part des conservateurs,
c’est qu’eux-mêmes, da ns l’opposition , dénonçaient ces
pratiques de la part des libéraux, a souligné M. Paquette.
On se serait attendu à ce que le gouvernement con s er vateu
r, qu i prê c he la loi et l’ordre, soit exemplaire à cet
égard-là. C’est à mettre au compte de leurs contradictions.
»
Le nouvel incident survient moi ns de deu x sema i nes après
que les conservateurs ont été accusés de vouloir politiser
les Jeux olympiques. L’opposition avait alors jugé que le
nouveau logo de l’équipe canadienne ressemblait à s’y
méprendre à celui du parti de Stephen Harper.
Publicités gouvernementales à des fins partisanesLes
conservateurs violent la loi, accusent les
libéraux - Malorie Beauchemin
OTTAWA — Les
libéraux accusent les conservateurs de contrevenir à la loi en
utilisant des publicités gouvernementales à des fins
partisanes.
En conférence de presse, hier, les députés Pablo Rodriguez et
Martha Hall Findlay ont estimé à plus de 56 millions les
dépenses engagées par le gouvernement de Stephen Harper depuis
le mois de janvier, aux frais des contribuables, pour se faire
de la publicité, soit près de 10 fois plus que pour la
campagne de prévention contre la pandémie de grippe A (H1N1).
«C’est non seulement immoral, mais c’est illégal, a lancé M.
Rodriguez. Une publicité gouvernementale doit être objective,
informative, elle ne doit pas être partisane. À aucun moment
votre argent ne devrait être utilisé pour dire que le
gouvernement fait une bonne job et qu’il faut continuer.»
La critique vise surtout la promotion que fait le gouvernement
Harper de son plan d’action économique. Les députés ont brandi
une publicité sur laquelle on peut lire que le gouvernement
«crée des emplois, maintenant», sur un fond de ciel du même
bleu que celui du Parti conservateur.
«Nous, on dit qu’ils ne font pas le travail. Eux se paient une
orgie de publicités, avec votre argent, pour dire qu’ils font
leur job, donc pour passer leur point de vue partisan», s’est
insurgé M. Rodriguez.
Dans une lettre
envoyée hier au Conseil du Trésor, la critique en matière de
travaux publics, Martha Hall Findlay, explique comment la
campagne publicitaire lancée par le gouvernement viole selon
elle les directives du Conseil du Trésor en vertu de la Loi
sur la gestion des finances publiques, le Code régissant les
conflits d’intérêts des députés, la Loi sur les conflits
d’intérêts et les dispositions de la Loi électorale du Canada
portant sur le financement des partis.
Mais les libéraux ne sont pas allés jusqu’à alerter les
autorités policières. «Nous demandons que cessent ces
pratiques. Nous pensons qu’il est préférable de commencer par
se plaindre au Conseil du Trésor. Nous allons voir comment
réagit le gouvernement et nous ajuster», a souligné Mme Hall
Findlay.
En Chambre, le secrétaire parlementaire du président du
Conseil du Trésor, Andrew Saxton, a répondu qu’il est
important que le gouvernement communique avec la population :
« La publicité est un moyen privilégié de rejoindre un grand
nombre de Canadiens à propos de dossiers d’intérêt public,
comme la grippe H1N1, le recrutement des forces canadiennes ou
le crédit d’impôt à la rénovation résidentielle.»
Le Parti libéral s’est par ailleurs engagé à resserrer les
règles concernant les publicités gouvernementales. À ce sujet,
Mme Hall Findlay estime qu’il faut prendre exemple sur les
nouveaux règlements adoptés par le gouvernement de l’Ontario.
«C’est interdit (en Ontario), dans les publicités
gouvernementales, d’utiliser le nom d’un politicien, son image
ou sa voix. Au fédéral, le mot Harper apparaît 8366 fois sur
les sites du gouvernement», a soutenu la critique libérale.
Un logo jugé trop
partisan - Malorie Beauchemin
Un logo jugé trop partisan
Denis
Coderre, qui a préféré le plateau de Tout le monde en parle
à son siège aux Communes où Michael Ignatieff a défié, sans
succès, la bande à Harper, est sous haute surveillance. La
tension qui règne sur la colline parlementaire ne semble
rien épargner : même le logo qui orne les uniformes de
l’équipe olympique canadienne fait l’objet de critiques
partisanes. Il n’y a pas de doute possible : ça joue dur à
Ottawa !
— Ingérence ou coïncidence ? Un nouveau logo de l’équipe
canadienne pour les Jeux olympiques de Vancouver 2010,
dévoilé hier, a fait des vagues jusqu’à Ottawa, dénoncé
aussitôt par l’opposition.
OTTAWA
PHOTO RICHARD LAM, LA
PRESSE CANADIENNE
Steve
Yzerman, le directeur général de l’équipe olympique
canadienne, a fait plaisir à l’un de ses partisans hier.
Une façon détournée d’éviter la controverse.
La lettre C en noir avec au centre une feuille d’érable
rouge, apposée sur des vêtements officiels, n’aurait
probablement rien de controversé, si ce n’était de sa
ressemblance frappante avec le logo du Parti conservateur du
Canada.
À peine quelques heures après le dévoilement de la nouvelle
collection de vêtements et accessoires, libéraux et
néo-démocrates se sont relayés, à la sortie de la Chambre
des communes, pour dénoncer ce qu’ils considèrent être une
tentative des conservateurs d’utiliser les Jeux olympiques
pour faire de la publicité partisane.
« N’importe quel citoyen au Canada se demanderait pourquoi
les deux sont presque identiques. C’est un peu louche », a
estimé le député libéral David McGuinty, qui réclame des
explications au gouvernement.
« Essayer de politiser les Jeux olympiques au Canada, c ’est
j ouer ave c le feu , a dénoncé M. McGuinty. Ils (les
conservateurs) le savent, mais ils sont tellement
désespérés, ils sont allés tellement loin, ils sont
tellement idéologiques. »
L es conser vateu rs ont aussitôt nié toute ingérence. « Je
peux vous assurer que personne dans le gouvernement canadien
n’a été impliqué d’aucune façon dans la conception des
vêtements olympiques. La première fois que je les ai vus,
c’est hier », a martelé le ministre d’État aux Sports, Gary
Lunn.
Si le ministre concède qu’il y a des « similitudes » entre
les deux logos, il réfute vivement les allégations de
tentative de politisation des Jeux. « On devrait être fiers
de nos athlètes, d’un bout à l’autre du pays. Il n’y a
absolument rien de politique », a dit M. Lunn.
« On n’a rien à voir dans cette décision-là », a ajouté son
collègue Christian Paradis, ministre des Travaux publics.
Mais aux
yeux de l’opposition, la coïncidence semble invraisemblable.
« Si le Parti conservateur n’avait rien à voir là-dedans, il
poursuivrait en justice le Comité olympique pour contrefaçon
», a estimé le député néo-démocrate Charlie Angus, qui
n’hésite pas à qualifier l’incident de « honteux ».
« C’est un logo du Parti conservateur. N’importe qui peut
voi r ça , a ajouté M . A ngus. Si M. Lunn pense qu’il peut
aller dans un Tim Hor tons n’i mpor te où au Canada et
convaincre un amateur de hockey que ce n’est pas un logo du
Parti conservateur, M. Lunn s’imagine que les Canadiens sont
stupides. C’est de la petite politique partisane et je pense
que les Canadiens et notre équipe olympique méritent mieux.
»
Le ministre Lunn a d’emblée rejeté la possibilité de traîner
les concepteurs du logo devant la justice.
J oi nte à Va n c ouve r, la responsable du motif
controversé, designer en chef pour la Compagnie de la Baie
d’Hudson, Suzanne Timmins, n’a pas caché son étonnement. «
Je ne sais même pas de quoi a l’air le logo du Parti
conservateur », a-t-elle répondu à La Presse, rejetant toute
allégation d’ingérence politique dans le processus créatif.
«Le gouvernement n’a rien à voir là-dedans», a insisté Mme
Timmins, concédant toutefois qu’elle ne connaît pas les
allégeances politiques de son équipe de designers
graphiques.
« Qua nd on utilise u ne feuille d’érable, il y a toujours
quelqu’un pour trouver que les logos proposés ressemblent à
Petro-Canada, à Air Canada ou à d’autres », a-t-elle
expliqué.
Mme Timmins assure qu’avant qu’ils ne soient dévoilés au
public, les trois motifs retenus pour la collection de
vêtements et accessoires ont tous passé avec succès les
vérifications du service du contentieux de la Compagnie de
la Baie d’Hudson, qui doit s’assurer qu’aucune autre
organisation ou personne n’en détient les droits.
Les a rticles officiels ont ensu ite été présentés au Comité
olympique canadien (COC) et à quelques athlètes. Dans tout
le processus, personne, selon la designer en chef, n’a
souligné qu’il pouvait y avoir une confusion entre le logo
de l’équipe canadienne et celui du Parti conservateur.
« Il n’y a absolument aucun rapport, a pour sa part conclu
Isabelle Hodge, gestionnaire des relations médias au COC, à
propos des allégations d’ingérence politique. Ce sont des
éléments de design qui ont été conçus pour compléter ou
augmenter le logo de l’équipe olympique canadienne sur
l’uniforme des équipes. » Mme Hodge s’étonne aussi du tollé
soulevé à Ottawa.
Deux mauvais choix de Harper - LYSIANNE GAGNON
C’est dans
les villes de l’Ouest canadien que l’on voit le plus
clairement la misère amérindienne. Dans tous les quartiers
pauvres de Winnipeg, de Regina, d’Edmonton ou de Vancouver,
elle vous saute aux yeux.
Une image, entre autres. Bien à la vue des passants, à
l’entrée d’un supermarché Safeway, dans l’est de Vancouver,
un petit garçon de 7 ou 8 ans pisse dans son pantalon, comme
si c’était la chose la plus normale au monde. Sa mère est
là, qui le regarde d’un air impassible, attendant qu’il ait
fini. Elle n’a pas 20 ans. Elle est obèse et enceinte, et
deux autres enfants sont accrochés à ses jupes.
On pourrait soutenir que les Indiens qui vivent en dehors
des réserves ont malgré tout plus de chances – en tout cas
plus de possibilités de s’en sortir – que ceux qui restent
emprisonnés dans ces communautés isolées que sont les
réserves, sous l’emprise quotidienne de chefs de bande très
souvent corrompus jusqu’à l’os. Thompson Highway, dont une
pièce est actuellement à l’affiche de l’Espace Go, ne serait
pas devenu un dramaturge de réputation internationale s’il
avait passé toute sa vie sur une réserve. Il reste que les
Indiens « off reserve » forment le tiers-monde urbain du
Canada.
C’est pourquoi j’ai été indignée (quoiqu’à vrai dire pas
tellement étonnée) d’apprendre dans le Globe and Mail que
Patrick Brazeau, l’ancien chef du Congrès des peuples
aborigènes que le premier ministre Harper a nommé au Sénat
l’hiver dernier, est soupçonné d’avoir fraudé tant les
contribuables que le malheureux peuple qu’il représente.
Pendant que ses commettants s’enfoncent dans l’alcool et
dans le trou sans fond de l’aide sociale, M. Brazeau
s’offrait tous les luxes des capitaines d’industrie –
voyages en première classe, téléviseur géant pour son
bureau, chèques personnels encaissés sans les autorisations
requises à même les fonds du Congrès, jolie « prime de
séparation », etc.
Après deux
audits, le ministère des Affaires indiennes, qui finance
l’organisation à hauteur de 5 millions de dollars par année,
réclame du Congrès des remboursements totalisant près de 800
000$ en dépenses inadmissibles pour la période de 2004 à
2006, laquelle correspond aux années où M. Brazeau était
responsable des finances et chef national de l’organisation.
Puisque l’on parle du Sénat, on ne s’étonnera pas que M.
Harper ait voulu y nommer unmembre en vue des Premières
Nations. M. Harper a cependant bien mal choisi son homme.
Comment accepter que siège à la Chambre haute un homme sur
qui pèsent des soupçons de fraude?
Une autre nomination contestable de M. Harper – quoique dans
un tout autre registre – est celle de l’ancien entraîneur du
Canadien, Jacques Demers.
Certes, M. Demers est un citoyen éminemment respectable, en
plus d’avoir excellé dans sa profession. Mais enfin, soyons
sérieux. La fonction essentielle d’un sénateur, c’est de
lire et d’analyser des projets de loi. Or, M. Demers avouait
en 2005 qu’il a toujours été analphabète. Aujourd’hui, il
dit avoir appris à lire suffisamment pour déchiffrer des
textes simples et courts. Voilà déjà un beau progrès, mais
les projets de loi ne sont pas Le Journal de Montréal. Ce
sont des textes longs et complexes, qui exigent une capacité
normale de lecture.
M.
Demers était le premier surpris de sa nomination, ce qui
montre qu’en plus d’être sympathique, cet homme a du bon
sens. Il reste qu’objectivement, et indépendamment des
qualités personnelles de M. Demers, cette nomination est un
bien mauvais exemple à proposer aux jeunes tentés par le
décrochage scolaire. Non seulement on peut devenir
millionnaire et célèbre sans savoir lire, mais on peut en
plus accéder aux plus hautes fonctions du pays!
Vague de nominations partisanes à Ottawa
OTTAWA —
Quelques semaines avant que Stephen Harper eut envoyé au
Sénat certains de ses amis les plus proches, son cabinet a
autorisé en douce une série de nominations à des organismes
fédéraux qui ont également récompensé des fidèles du Parti
conservateur.
Au moins 20 des 111 postes confiés le 4 août sont allés à
des donateurs et à des partisans conservateurs, y compris un
candidat défait à Vancouver et un important organisateur du
parti en Nouvelle-Écosse.
Ces postes valent à leurs détenteu rs u ne indem nité
quotidienne pouvant atteindre 450 $, dans le cas des emplois
à temps partiel, ainsi que des salaires allant jusqu’à 118 0
0 0 $ par année en ce qui a trait aux postes à temps plein.
Parmi les organismes concernés figurent la Commission de
l’immigration et du statut de réfugié du Canada, des com m
ission s de rév ision du Régime de pensions du Canada, le
conseil arbitral de la Commission d’assurance-emploi, la
Commission nationa le des l ibération s conditionnelles, des
administrations de pilotage, des administrations portuaires
ainsi que des conseils d’administration de musées.
Près de 30
% des postes ont été attribués à des personnes qui en
étaient à leur première nomination. Les autres annonces
concernaient le renouvellement de mandats de trois ans
devant arriver à terme en octobre ou en novembre.
Cette vague de nominations faisait suite à celle, peu
remarquée, qui a eu lieu le mois dernier dans des cours
supérieures de partout au pays. Depuis 2006, le gouvernement
de M. Harper a nommé 201 juges au sein des cours supérieures
canadiennes.
Ces nominations donnent du poids aux arguments de
l’opposition voulant que le premier ministre ait renoncé à
respecter ses promesses électorales de transparence et de
nominations reposant sur le mérite au sein de la fonction
publique et des tribunaux.
Le nombre de nominations faites par les conservateurs dans
des cours, commissions, tribunaux quasi judiciaires et
sociétés de la Couronne est maintenant estimé à 3000 depuis
que M. Harper est devenu premier ministre.
Orgie bleue au Sénat - VINCENT MARISSAL
Ardent
militant d’une réforme du Sénat depuis des années, Stephen
Harper vient de démontrer ce qui cloche avec cette
institution en faisant... exactement ce qu’il a toujours
reproché à ses adversaires libéraux.
PHOTO
MATHIEU BÉLANGER, REUTERS La nomination de Jacques Demers
survient au moment où les conservateurs de Stephen Harper
multiplient les efforts pour reprendre le terrain perdu au
Québec depuis les dernières élections.
Comme ses prédécesseurs libéraux, M. Harper a nommé hier un
nouveau groupe de neuf sénateurs non élus, choisis
unilatéralement en puisant allègrement dans les rangs de son
parti.
Ce matin, c ’est surtout la nomination de Jacques Demers qui
retiendra l’attention. Avec raison, d’ailleurs. Le bonhomme
est très connu, très apprécié aussi (peut-on ne pas aimer
Jacques Demers ?). Et puis si le premier ministre a encore
la possibilité de désigner seul et sans appel ceux qui
auront l’honneur d’atterrir à la Chambre haute, vaut mieux
que ce soit un Jacques Demers qu’un bon vieux bag man du
parti au pouvoir.
Ma i s pourquoi diable Jacques Demers ? Que vient-il faire
dans cette galère?
Une piste d’explication : Jacques Demers, analphabète sorti
du placard sur le tard, a croisé ces dernières années la
femme de Stephen Harper, Laureen, elle-même impliquée dans
l’organisme Raise-aReader (initiative de CanWest,
propriétaire notamment du National Post) qui lutte contre
l’analphabétisme au Canada. En 2006, M. Demers avait été
l’un des porte-parole vedettes de l’organisme.
En s’associant à un personnage aussi populai re, M.
Harperespèreaussiévidemment montrer son parti sous un jour
plus sympathique.
La nomination-surprise de Jacques Demers fera donc jaser.
C’est le but. Comme ça, on parlera moins des autres
nominations, en particulier des organisateurs conservateurs
qui auront maintenant un bureau à Ottawa payé par les
contribuables. Comme leur salaire, d’ailleurs.
Ce n’est pas la première fois que M. Harper annonce des
nominations spectaculaires parmi un lot de nouveaux
sénateurs, question de créer un écran de fumée.
En décembre, lorsqu’ i l avait nommé 18 nouveaux sénateurs
d’un seul coup (pas mal pour un premier ministre qui avait
promis de ne nommer aucun sénateur tant que l’institution
n’aura pas été réformée!), il avait caché aussi quelques
organisateurs derrière les Mike Duffy (ancien animateur
vedette de CTV), Pamela Wallin (elle aussi ex de CTV) et
Nancy Greene Raine (ancienne championne olympique de ski
alpin).
Moins connus
du public, mais grands amis du Parti conservateur, les
organisateurs québécois Michel Rivard et Leo Housakos ont
aussi hérité d’un fauteuil au Sénat. MM. Rivard et Housakos
sont encore actifs dans l’organisation et la collecte de
fonds.
Cette fois, outre Jacques Demers, on retrouve quatre autres
organisateurs ou membres influents du PCC: Doug Finley (
proche conseiller de Stephen Harper, organisateur en chef de
la dernière campagne électorale et mari de la ministre Diane
Finley), Don Plett (le président du Parti conservateur),
Carolyn Stewart-Olsen (ex-attachée de presse de M. Harper)
et Claude Carignan (maire de Saint-Eustache et candidat
battu du PCC dans Rivièredes-Mille-Îles en 2008).
Ces nouveaux sénateurs retrouvent donc une autre
organisatrice influente du PCC, Marjory Lebreton (nommée par
Brian Mulroney en 1993), leader des conservateurs au Sénat.
Au train où M. Harper comble les vacances au Sénat par des
nominations partisanes, on pourra bientôt écrire « Quartier
général du PCC » à l’entrée de l’institution.
En plus de récompenser les amis, ces nominations permettent
d’offrir bureau, budget, personnel et prestige aux nouveaux
sénateurs, qui peuvent évidemment vaquer à leurs occupations
d’organisateurs tout en siégeant. Sans oublier que les
sénateurs sont membres du caucus de leur parti et, à ce
titre, ont accès aux réunions hebdomadaires au même titre
que les élus. Il peut être utile, pour un organisateur,
d’avoir accès au premier ministre, aux ministres et aux
députés chaque semaine.
Remarquez, la pratique n’est pas nouvelle. M. Harper ne fait
qu’imiter ses prédécesseurs. Dans le passé, les Leo Kolber,
Jerahmiel Grafstein ou Paul Massicotte, pour ne parler que
d’une poignée de loyaux organisateurs libéraux, ont aussi
obtenu un siège au Sénat.
En 1984, Brian Mulroney avait même accusé son adversaire
libéral John Turner d’avoir accepté tacitement les
nominations partisanes (au Sénat et ailleurs) de Pierre
Elliott Trudeau. Ce mémorable échange lors du débat des
chefs de 1984 avait été un tournant décisif en faveur des
conservateurs.
C’était il y a 25 ans, date de la prise du pouvoir des
conservateurs, un événement que fêteront les bleus à
Montréal en présence de M. Mulroney et de nombreux membres
du gouvernement Harper.
À l’époque, M. Mulroney avait promis de faire le ménage dans
les pratiques de copinage et de favoritisme. Une fois au
pouvoir, il n’avait toutefois pas résisté à la tentation de
récompenser lui aussi les amis du parti en les nommant au
Sénat.
Un quart de siècle plus tard, son successeur succombe lui
aussi à la tentation des nominations partisanes. Du coup,
son modeste projet de réforme du Sénat (limiter à huit ans
le mandat des sénateurs, notamment) vient de perdre encore
un peu de crédibilité.
Stephen Harper a raison: il faut réformer le Sénat. Il vient
d’en faire la preuve, encore une fois. Mais il ne faudra
apparemment pas compter sur lui pour que cela se produise.
L’orignal dans le Sénat - YVES BOISVERT
Ce n’était
qu’une rumeur, mais il fut question un jour que Maurice
Richard soit nommé sénateur.
Pour les cégépiens que nous étions, c’était évidemment la
chose la plus comique qui se pouvait imaginer. On savait
bien que l’homme était un héros national qu’il fallait
révérer, encore que nous ne l’ayons jamais vu patiner, sinon
dans de mauvaises annonces de teinture pour les cheveux.
Mais sénateur… Alors, quand notre prof de science politique
nous avait demandé ce que nous en pensions, à l’unanimité,
sa candidature fut ridiculisée dans la classe.
Eh ben moi, je suis pour, avait-il dit. En voilà un, au
moins, qui ne va pas au Sénat pour faire du lobby, pour
influencer le gouvernement, pour avoir des contrats, pour
services rendus au parti.
C’est un point de vue.
Je suppose qu’on peut appliquer le même raisonnement pour
Jacques Demers. Ce n’est pas un collecteur de fonds, un
fabricant d’asphalte, ni un chômeur politique.
Mais est-ce suffisant pour en faire une bonne nomination? Je
veux dire: est-ce que la piètre estime dans laquelle on
tient cette institution fait en sorte que la seule qualité
de « maudit bon gars ayant surmonté des difficultés
terribles » vous qualifie?
Jacques Demers arrive là comme un trophée de chasse sans
même se douter qu’il est l’orignal empaillé de l’endroit.
Oui, mais c’est vraiment un maudit bon gars, me direzvous.
Il a démissionné du Journal de Montréal par solidarité avec
les lock-outés. Ça l’honore.
Je sais. Ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai un ami qui
est un maudit bon gars également. Ça ne le qualifie pas
comme entraîneur du Canadien.
Je ne vois pas pourquoi on se gênerait de le constater :
rien ne prépare Jacques Demers à être législateur. Je veux
dire analyser des projets de loi, en proposer, les discuter,
siéger à des commissions parlementaires.
« C’est mon deuxième plus grand exploit après la conquête de
la Coupe Stanley », a dit M. Demers.
Un exploit suppose une action. La conquête d’un championnat
est un exploit sportif. Une nomination n’est pas un exploit.
C’est un honneur, peut-être, une reconnaissance.
Une
institution où l’on étudie les lois du pays, et où on les
vote, ne devrait pas être un lieu pour honorer les citoyens
méritants. Il y a l’Ordre du Canada et le Temple de la
renommée, pour ça.
La prouesse ici est celle de Stephen Harper. Il nomme un
personnage populaire qui réussit à occuper tout l’avantscène
médiatique le jour d’une série de nominations, comme l’a
expliqué Vincent Marissal hier.
Jacques Demers n’est pas seulement une vedette. C’est le
personnage consensuel québécois par excellence. Et parti de
rien jusqu’au sommet, c’està-dire la Coupe Stanley. Il est
au-dessus de tout soupçon, audelà des querelles politiques,
inattaquable, en somme.
Et maintenant, le voici conservateur. Le conservateur le
plus sympathique et le plus compatissant au Québec, sans
doute. Quelle aubaine! « Je ne pense pas qu’il aille au
Sénat comme politicien conservateur », disait jeudi un
commentateur sportif, en voulant dire: il est au-dessus de
ça. Lui-même minimisait l’aspect politique de sa fonction –
tout en prenant soin de dire qu’il respecte énormément les
politiciens : du Jacques Demers à son meilleur.
Qui dit politique dit controverse et Jacques Demers est un
rassembleur, un homme de consensus qui veut être l’ami de
tout le monde.
Ah non? Il n’y va pas comme politicien? Il y va en tant que
quoi, alors? Auditeur libre?
Il y va pour appuyer de la plus sympathique manière le
gouvernement conservateur. Tous ses projets de loi qui
niaisent au Sénat à cause des libéraux, qui y sont
majoritaires. C’est ça l’idée, les amis. Défaire la majorité
libérale au Sénat. Idée d’autant plus brillante qu’il a
l’air d’un gars apolitique. Il en a parfaitement le droit,
remarquez bien. Mais n’allez pas dire que lui, Jacques
Demers, est moins politique parce qu’il n’a pas été
organisateur.
Ça envoie le message que même avec une enfance difficile, et
en ayant surmonté l’analphabétisme, on peut atteindre une
position politique importante?
Pas du tout. Ça envoie le message que le Sénat a un rôle
politique si peu sérieux qu’on peut y installer des trophées
pour voter avec le gouvernement le moment venu.
Ça envoie le message que le Sénat est une nuisance politique
que les conservateurs veulent transformer en insignifiance
politique.
Ça envoie le message que le NPD a probablement raison:
puisque toute réforme paraît irréalisable, mieux vaudrait
l’abolir et transférer ce qu’il fait d’utile à d’autres
organismes.
Et
pendant ce temps-là, mesdames et messieurs, on ne parle pas
des vraies affaires. Non, mais qui jouera sur le deuxième
trio du Canadien, hein?
Harper fait au moins six nominations partisanes
à des postes clés
— Le cabinet
fédéral a nommé au moins six conservateurs aux conseils
d’organismes gouvernementaux clés le mois dernier, notamment
un ami du premier ministre, Stephen Harper.
Ces nominations importantes figuraient parmi plus d’une
trentaine annoncées en un seul jour alors que les rumeurs
courent sur une possible contestation du leadership de M.
Harper.
Selon des observateurs critiques, ces nominations signifient
que, avec des élections qui se profilent et les coffres du
Parti libéral qui se regarnissent, Stephen Harper réalise
qu’il doit « garder ses troupes heureuses ».
D’autres croient que les nominations en haut lieu démontrent
le désir du premier ministre de changer la nature du Canada
en plaçant dans les conseils d’administration des alliés et
des amis qui partagent ses valeurs sociales et politiques.
Stephen Clarkson, politologue de l’Université de Toronto, a
souligné qu’une bonne façon de changer le pays est de
détruire ou de transformer les institutions créées par ses
ennemis. « Vous mettez vos gens en place pour transformer
une institution libérale en institution conservatrice ou
peut-être même pour l’anéantir », a soutenu M. Clarkson.
Parmi les
personnes désignées, on trouve un conseiller conservateur
proche de l’ancien chef réformiste Preston Manning et un
ancien directeur du Parti Saskatchewan.
Ami du premier ministre
John Weissenberger, ami de longue date du premier ministre
et administrateur d’une entreprise pétrolière de Calgary, a
aussi été nommé au conseil de la Fondation canadienne pour
l’innovation. Il a dirigé la campagne de circonscription de
Stephen Harper quand il a été élu pour la première fois à la
Chambre des communes en 1993 et l’a aidé à remporter la
course à la direction de l’Alliance canadienne en 2001.
M. Weissenberger avait été désigné chef du bureau de la
ministre de l’Immigration, Diane Finley – la femme du
directeur de campagne de M. Harper et organisateur politique
–, mais il était depuis retourné à son poste à Husky Energy.
Mark Mullins, directeur de l’Institut Fraser à Vancouver,
qui a aidé M. Harper à mettre au point la politique initiale
du Parti conservateur, a été nommé au Conseil de recherches
en sciences naturelles et en génie, et Rosemary Vodrey,
ancienne ministre de la Justice conservatrice au Manitoba
qui a fait adopter de nouvelles mesures strictes pour les
jeunes contrevenants, a été nommée au Conseil des arts du
Canada.
Un porte-parole du bureau du premier ministre, Andrew
MacDougall, a assuré que les postes avaient été offerts à
des candidats qualifiés.
9 millions de fonds publics -
VINCENT MARISSAL
en pubs préélectorales
On ne sait
toujours pas quels sont les plans des partis de l’opposition à
Ottawa quant à la survie du gouvernement Harper, mais
celui-ci, clairement, prépare le terrain pour l’automne.
Quitte à financer ses campagnes publicitaires à même les fonds
publics.
StephenHarper était àMontréal hier soir pour requinquer ses
militants et amasser de l’argent en vue de la prochaine
bataille électorale. Le moral des troupes n’est pas au plus
haut ces temps-ci chez les conservateurs, mais le fonds de
guerre, par contre, déborde.
En plus des millions accumulés auprès de sa base militante
pour ses activités partisanes, le gouvernement conservateur
pourra aussi profiter d’une campagne publicitaire de 9
millions en fonds publics vantant son plan de relance
économique dévoilé dans le budget de janvier dernier. Comme
par hasard, l’offensive publicitaire des conservateurs
s’étalera de septembre à mars, soit exactement pendant la
période électorale la plus plausible.
Le Plan d’action économique du gouvernement Harper est
pourtant connu depuis janvier et il avait été présenté comme
un électrochoc d’urgence pour une économie en détresse. Ce
n’est que quatre mois après le dépôt du budget, soit début
mai, que le ministère des Finances a finalement lancé un appel
d’offres pour l’élaboration d’une campagne publicitaire grand
public qui ne verra vraisemblablement pas le jour avant
septembre. Juste à temps pour la rentrée parlementaire qui
s’annonce mouvementée et qui pourrait culminer par le
renversement du gouvernement Harper.
Si les mesures budgétaires annoncées par le ministre Jim
Flaherty pour affronter la crise économique étaient si
urgentes, pourquoi attendre plus de huit mois, jusqu’en
septembre, pour les faire connaître aux Canadiens.
Lesgouvernementsfont toujours de la publicité pour « vendre »
leur budget, mais habituellement, ces publicités sont lancées
dans les jours suivant le dépôt dudit budget, pas huit mois
plus tard. À plus forte raison quand la situation économique
commande des actions immédiates.
En situation de gouvernement minoritaire, ce genre de
manoeuvre prend clairement une saveur électorale, surtout que
le gouvernement Harper prévoit un véritable bombardement
médiatique pour vanter les mesures de relance et d’aide de son
Plan d’action économique.
Le contrat pour cette campagne publicitaire n’est pas encore
accordé, mais le but de l’opération est on ne peut plus clair.
Dans l’appel d’offres public, on a imposé les « Messages clés
».
- Le gouvernement du Canada dispose d’un plan détaillé – le
Plan d’action économique du Canada – pour stimuler notre
économie, rétablir la confiance durant le ralentissement
économique mondial et investir afin de renforcer les
fondements de notre croissance économique à long terme.
- Grâce à ce plan de stimulation économique, le Canada
disposera, lorsque la récession mondiale se dissipera, d’une
infrastructure améliorée, d’une population active plus
compétente, d’impôts plus bas et d’une économie plus
concurrentielle.
Pour l’année 2009-2010 ( jusqu’en mars), c’est 9 millions.
Pour 2010-2011, le montant n’est pas précisé. Comme il s’agit de
publicités gouvernementales, et non partisanes, elles pourront
être diffusées même en période électorale, sans être
comptabilisées (et payées) par le Parti conservateur.
Les conservateurs déchiraient leur chemise pour moins que cela
quand les libéraux étaient au pouvoir, notamment quand Paul
Martin, chef de gouvernement minoritaire, multipliait les
déplacements en avion aux frais des contribuables.
Le plus ironique, c’est que le gouvernement Harper soll ic ite
des agences pour sa campagne publicitaire, une pratique maintes
fois décriée par les conservateurs quand ils étaient dans
l’opposition.
Pendant que les conservateurs se préparent activement à la
guerre, le chef libéral, Michael Ignatieff, lui, envoie des
signaux contradictoires à ses troupes. Au cours des derniers
jours, plusieurs membres de son entourage ont avoué avoir du mal
à suivre le plan de match de leur chef. C’est comme si les
libéraux n’avaient rien prévu pour l’après-congrès de Vancouver
(il y a deux semaines).
Tout ce qui semble préoccuper les libéraux ces temps-ci, c’est
le discours de Michael Ignatieff à Montréal, le 4 juin, au cours
duquel ils espèrent amasser autour de 500 000$.
Le hic, c’est qu’il reste un gros mois de travaux aux Communes
et que les conservateurs, eux, n’ont pas ralenti le rythme.
Un exemple parmi d’autres : hier, le leader parlementaire des
libéraux et ex-ministre des Finances, Ralph Goodale, a prononcé
devant l’Economic Club de Toronto un discours intitulé Les
Canadiens d’abord: le plan de Michael Ignatieff pour faire
fonctionner le Parlement en temps de récession.
Difficile, quand on tient de tels propos, de préparer en même
temps le renversement du gouvernement.
Pendant ce temps, Stephen Harper multiplie les apparitions
préélectorales.
Critiqué pour avoir coupé les vivres aux chercheurs dans le
dernier budget, le premier ministre s’est rendu cette semaine
au… Laboratoire national de microbiologie du Canada, à Winnipeg.
À
défaut d’être subtil, le premier ministre s’assure d’une belle
visibilité.
La baisse de budget affectera la programmation - FANNIE OLIVIER
de cette
réduction budgétaire se ref léteront pa rtic ulièrement sur
« l’offre de la programmation aux heures de grande écoute
plutôt que sur le fonctionnement ».
Les téléspectateurs du diffuseur public doivent
conséquemment s’attendre à une programmation possiblement
moins riche dans l’avenir.
« Il y a plusieurs options possibles. On peut diminuer les
coûts de nos productions, mais il y a une limite à le faire.
On peut passer plus de reprises », a notamment énuméré le
vice-président principal des services français, Sylvain
Lafrance, en entrevue.
« Il y a beaucoup de stratégies de grille (horaire) qu’on
peut adopter. Mais l’impact le plus important dans le fond,
d’un côté ou de l’autre, c’est de l’argent qui ne va plus
dans le contenu canadien », s’est-il désolé.
Au total, le financement de Radio-Canada chute de 3,7
millions, et celui de son pendant anglophone, la CBC, de 8,9
millions.
Toutes deux bénéficiaient auparavant d’une enveloppe
protégée ga ra ntissa nt leu r financement. Le gouvernement
de Stephen Harper a souhaité mettre fin à ce privilège,
comme l’a rappelé le vice-président industrie et affaires
publiques du FMC.
« L’une des
orientations de la décision du gouvernement en mars 2009,
lorsque le Fonds des médias a été créé, était d’équilibrer
les règles du jeu. Ce que ça voulait dire, c’est que tous
les télédiffuseurs devaient être sur un pied d’égalité au
niveau de nos règles », a noté Stéphane Cardin.
« Le système des enveloppes de rendement à travers lequel
nous attribuons la majorité de notre financement est un
système qui est compétitif, donc basé sur la performance des
télédiffuseurs », a-t-il spécifié.
Pour le porte-parole libéral en matière de Patrimoine, Pablo
Rodriguez, par ses grandes orientations, le gouvernement
conservateur fait tout pour s’en prendre constamment à
Radio-Canada.
« On arrive avec un Fonds qui récompense surtout le
potentiel de succès , a lors qu’il faut encou rager
l’ensemble de l ’é c o s y s t è m e qui existe au niveau de
la culture », a fait valoir le député d’Honoré-Mercier.
« À force de fragiliser comme ça notre diffuseur national,
on va finir par le blesser sérieusement », a-t-il conclu.
Le ministre du Patrimoine, James Moore, n’était pas
disponible hier pour intervenir sur le sujet.
L’an prochain, une disposition visant à donner une
importance particulière aux émissions originales en heure de
grande écoute entrera en vigueur et devrait favoriser
davantage le diffuseur public. Entre-temps, toutefois,
RadioCanada doit trouver le moyen d’économ iser ses sous .
Et selon M. Lafrance, ce sont les téléspectateurs et la
culture en généra l qu i en sor tent perdants.
S.O.S.
RADIO-CANADA Un nouveau groupe à la défense du diffuseur
La Presse a appris qu’un regroupement citoyen appelé S. O.
S. Radio - Ca nada s e f orme r a aujourd’hui pour
convaincre le gouvernement fédéral de soutenir le diffuseur
public.
Le site www.sosradiocanada. org doit être lancé ce matin.
Des actions surprises et des appels à la mobilisation,
notamment sur l’internet, sont prévus dans les prochaines
semaines. « Un peu comme avec la culture aux dernières
élections fédérales, on veut lancer le mouvement et laisser
ensuite le public se l’approprier. Il faut montrer au
gouvernement notre attachement à RadioCanada pour ne pas
qu’il l’abandonne », lance l’acteur Emmanuel Bilodeau,
porte-parole du groupe. D’autres porte-parole pourraient se
joindre à lui.
S. O. S. Radio-Canada naît quelques jours après le cri du
coeur lancé par Bernard Derome à l’Assemblée nationale.
Le groupe dénonce l’abolition de 805 postes à la SRC, dont
environ la moitié au service français, pour compenser un
manque à gagner estimé à 171 millions de dollars l’année
prochaine. Des actifs ont aussi été vendus ou le seront
bientôt.
Rappelons que la SRC, qui ne peut pas recourir au
financement privé, avait aussi demandé une marge de crédit
au gouvernement fédéral pour lui permettre d’affronter la
crise, ce qui lui a été refusé. « Nous ne critiquons pas la
direction de RadioCanada. Elle fait ce qu’elle peut dans les
circonstances, explique Emmanuel Bilodeau. Ce qu’on dénonce,
c’est le manque de soutien des conservateurs. On dirait
presque qu’ils utilisent la crise économique comme excuse
pour régler des comptes. Ce n’est pas loin de ressembler à
du sabordage. »
S.O.S.
Radio-Canada demande l’application des principales
recommandations du rapport du Comité permanent du patrimoine
canadien: hausser le financement annuel de 33$ à 40$ par
Canadien, l’accorder sur une base de sept ans et rendre
permanent l’ajustement annuel de 60 millions des crédits
parlementaires.
« Des 18 pays examinés par le Comité, le Canada se classe
16e pour le financement du diffuseur public. Quarante
dollars, ce ne serait vraiment pas beaucoup si on compare »,
avance Emmanuel Bilodeau.
Un enjeu pour l’automne
Il comprend que le gouvernement doit se montrer prudent en
temps de crise. « Mais est-ce qu’abolir des emplois, c’est
bon pour l’économie ? Et est-ce qu’investir 5,2 milliards
dans l’industrie automobile, c’est mieux pour l’économie et
l’environnement que d’investir un peu dans Radio-Canada ? »
lance-t-il.
S. O. S. Radio-Canada souhaite faire de ces questions des
enjeux électoraux. « Il pourrait y avoir des élections d’ici
à l’automne prochain. Si c’est le cas, il faudra qu’on en
parle. Notre pouvoir, c’est notre vote. Mais il faut agir
rapidement, car il pourrait bientôt y avoir des décisions
très néfastes et peutêtre irréversibles pour l’avenir de
Radio-Canada. »
Selon lui, le rendement d’un investissement dans RadioCanada
ne doit pas s’évaluer seulement en chiffres. « Même si c’est
difficilement quantifiable, il y a quelque chose de très
important là-dedans pour notre fierté, notre culture et
notre identité. Quand j’étais petit, les émissions jeunesse
et les bulletins d’information de Radio-Canada, c’était
sacré », raconte celui qui a travaillé comme journaliste à
Radio-Canada à Windsor avant de se réorienter vers une
carrière d’acteur.
JamesMoore peine
à convaincre l’opposition - Profession de foi en faveur de
Radio-Canada
OTTAWA—
Critiquédetoutesparts, le ministre duPatrimoine canadien,
James Moore, a promis que son gouvernement ne réduirait pas
les budgets de Radio-Canada. Sa profession de foi envers la
société d’État n’a toutefois pas convaincu les partis de
l’opposition.
Devant le comité du Patrimoine canadien à la Chambre des
communes, hier, le ministre Moore a assuré que son
gouvernement soutenait le diffuseur public et comprenait son
importance.
Depuis le refus du gouvernement d’accorder à RadioCanada/CBC
une aide financière d’urgence pour faire face à une crise sans
précédent, les partis de l’opposition à Ottawa accusent les
conservateurs de se réjouir des déboires du diffuseur public.
« La décision qui a été prise est, selon moi, dans le meilleur
intérêt des contribuables, de la société et de la viabilité à
long terme du monde de la radiodiffusion », s’est défendu
JamesMoorehier, ajoutant qu’il avait une très bonne relation
professionnelle avec le président de Radio-Canada, Hubert
Lacroix.
« Sa profession de foi, je n’y crois pas, a réagi la députée
bloquiste Carole Lavallée. Depuis qu’il a été élu, on
s’aperçoit que ce qu’il dit et ce qu’il fait, c’est deux
choses différentes. »
« Si vous aimiez votre diffuseur public, vous l’auriez soutenu
dans les moments difficiles », a lancé la députée bloquiste au
ministre, en comité.
Lapsus
révélateur ?
Mme Lavallée s’est réjouie d’un lapsus commis par le ministre,
qui répondait à une attaque sur le manque d’intérêt de son
parti pour le diffuseur public.
À la députée qui lui demandait pourquoi les membres du caucus
conservateur « applaudissaient lorsqu’on parlait de la
disparition de Radio-Canada », le ministre a répondu: « Ce
n’est pas faux », avant de se reprendre et de dire que
l’affirmation n’était « pas vraie ».
LedéputélibéralPabloRodriguez n’a pas non plus été convaincu
par les promesses du ministre. « Les conservateurs essaient de
défendre le fait qu’ils ont augmenté le budget de Radio-Canada
alors que c’est totalement faux, a-t-il dit. On est en pleine
crise et le ministre n’amène aucune solution. »
Le porte-parole de l’organisme de surveillance Friends of
Canadian Broadcasting (FCB), Ian Morrison, est lui aussi sorti
déçu du témoignage de M. Moore en comité. Il espérait que le
ministre dépose les crédits supplémentaires de 60 millions
tant attendus.
« Les actions de ce gouvernement ne sont pas au diapason de
ses paroles. C’est dommage », a souligné M. Morrison. Selon un
sondage rendu public par FCB hier, 60% des Canadiens pensent
que le gouvernement conservateur se conduit de façon hostile
envers Radio-Canada. Le sondage a été réalisé par l’internet
auprès de 3361 Canadiens en âge de voter et est doté d’une
marge d’erreur de moins de 2 points de pourcentage.
Le ministre du Patrimoine rejette l’idée de
privatiser Radio-Canada
— Le
ministre du Patrimoine, James Moore, rejette de manière
non équivoque l’idée de privatiser la Société
Radio-Canada.
Dans
une
entrevue accordée à La Presse, le ministre du
Patrimoine, James Moore, a soutenu que Radio-Canada joue
un rôle essentiel dans un pays aussi grand que le Canada
en ce qu’il permet à tous les Canadiens de dialoguer
entre eux.
Et à tous ceux qui prêtent la vile intention au
gouvernement conservateur de Stephen Harper de tout faire
pour se débarrasser de la société d’État, le ministre
lance un appel au calme.
Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Moore a soutenu
que Radio-Canada joue un rôle essentiel dans un pays aussi
grand que le Canada en ce qu’il permet à tous les
Canadiens de dialoguer entre eux, qu’ils vivent à
TerreNeuve, en Colombie-Britannique ou au Québec. Il a
ajouté que la société d’État est également indispensable
au bien-être des minorités de langues officielles, en
particulier le million de francophones qui vivent à
l’extérieur du Québec.
« Je suis contre la privatisation de Radio-Canada »,
affirme sans ambages le ministre James Moore, cherchant
ainsi à mettre fin aux rumeurs qu’utilisent ses
adversaires politiques pour attaquer le gouvernement
conservateur à la Chambre des communes.
Ces rumeurs ont été relancées au cours des dernières
semaines après qu’il fut révélé que le gouvernement Harper
avait entrepris de revoir les actifs d’Ottawa, dont huit
sociétés d’État, pour en évaluer l’efficacité, la
viabilité et la pertinence. Certaines de ces sociétés,
comme Via Rail, pourraient être mise en vente au terme de
cet exercice.
Mais la Société Radio-Canada ne fait pas partie de cet
examen et il est hors de question de privatiser cette
institution nationale.
« Radio-Canada a un rôle crucial à jouer. C’est une
institution qui permet aux Canadiens de parler aux
Canadiens. Sans la Société Radio-Canada, les gens de la
Colombie-Britannique, des francophiles comme moi,
n’entendraient jamais parler de ce qui se passe au
Québec», a affirmé le ministre.
L’ancien Par ti réformiste, dont plusieurs membres sont
aujourd’hui des militants du Parti conservateur, a
longtemps préconisé la privatisation de RadioCanada/CBC.
Le Parti réformiste est devenu l’Alliance canadienne en
2000. Ce parti a ensuite fusionné avec le Parti
progressiste-conservateur, en 2003, pour devenir le Parti
conservateur.
Même si le programme électoral des conservateurs n’a
jamais évoqué la privatisation de la SRC, libéraux,
néo-démocrates et bloquistes ont sporadiquement alimenté
le doute à ce sujet envers Stephen Harper s’il devait un
jour diriger un gouvernement majoritaire.
«
Radio-Canada, c’est crucial pour l’avenir de notre pays,
un pays énorme avec une population aussi dispersée. Ce
sont les médias qui nous unissent et la SRC a un rôle
important à jouer dans tout cela. C’est aussi ce qui nous
permet de protéger les deux langues officielles au Canada.
En tant que ministre responsable des langues officielles,
c’est très important. Il y a 2,5 millions de personnes qui
parlent le français à l’extérieur du Québec. Sans
Radio-Canada, ce serait comme la Louisiane », a-t-il
ajouté.
M. Moore a souligné que le secteur privé ne
s’intéresserait pas au sort des francophones qui vivent à
l’extérieur du Québec. D’où l’importance du rôle que joue
la SRC pour l’avenir des francophones au pays.
« Nous sommes en faveur d’un marché fort qui peut
s’exprimer librement. Mais en même temps, il faut être
conscient qu’on doit protéger des choses que le marché ne
protégerait pas, comme l’environnement et notre culture »,
a-t-il dit.
En entrevue, le ministre Moore a par ailleurs rejeté les
accusations selon lesquelles le gouvernement Harper a
coupé les vivres à la SRC.
« Nous n’avons fait aucune compression. Nous avons en fait
augmenté le financement de la Société Radio-Canada à
chacun de nos quatre budgets. C’était un de nos
engagements durant la campagne électorale », a-t-il dit.
La SRC a annoncé il y a quelques semaines qu’elle devait
mettre à pied quelque 800 employés afin de réduire ses
dépenses de 171 millions de dollars en 2009-2010.
Selon le ministre, si la SRC éprouve des problèmes
financiers à l’heure actuelle, ce n’est pas à cause du
gouvernement, mais à cause d’une chute des revenus
publicitaires. À cet égard, la SCR vit la même crise que
tous les autres médias privés. Environ le tiers du budget
de la société d’État provient de la vente de publicité. Le
reste vient des coffres du gouvernement fédéral.
M. Moore a affirmé que le Parti libéral avait fait le plus
mal au développement de la SRC lorsqu’il était au pouvoir
dans les années 90 en sabrant plus de 400 millions de
dollars du financement accordé à la société d’État.
« Près de 4000 emplois ont été éliminés et ce n’était pas
dans une situation de crise économique comme celle que
l’on vit actuellement. En 1997, en 1998, le budget était
équilibré et nous étions en pleine croissance économique.
Mais les libéraux ont quand même décidé d’être agressifs
envers Radio-Canada en coupant son budget. Mais nous, dans
une situation de crise économique mondiale, nous avons
fait le choix de faire des investissements, d’augmenter le
budget de la Société Radio-Canada », a affirmé le
ministre.
« Je trouve cela ridicule quand des gens qui prétendent
être des amis de Radio-Canada nous attaquent, en
particulier le Parti libéral qui, alors que l’économie
était florissante, a choisi de réduire le budget de la
société d’État », a dit M. Moore.
La vitalité de la culture en péril
Le refus
du gouvernement Harper d’aider Radio-Canada est une
attaque directe contre notre identité nationale
Sans des investissements continus importants permettant de
promouvoir notre créativité et de donner des tribunes à
nos jeunes artistes pour qu’ils fassent leurs classes,
aucune culture régionale, et encore moins nationale, ne
pourra survivre à long terme.
Les signataires sont présidents d’associations membres du
Mouvement pour les arts et les lettres (MAL), au nom de 14
000 artistes, écrivains et travailleurs québécois de la
culture: Anik Bissonnette, Regroupement québécois de la
danse; Martin Faucher, Conseil québécois du théâtre;
Chantal Gilbert, Conseil des métiers d’art du Québec;
Marie-Josée Lafortune, Regroupement des centres d’artistes
autogérés du Québec; Chantal Lambert, Conseil québécois de
la musique; Danielle Leblanc, Conseil québécois des arts
médiatiques; Jeannot Painchaud, En Piste, Regroupement
national des arts du cirque; Stanley Péan, Union des
écrivaines et écrivains québécois; Christian LaForce,
représentant des Conseils régionaux de la culture au MAL.
Les
coupes
annoncées le mois dernier à Radio-Canada/CBC dépasseront
la seule société d’État pour frapper plusieurs artistes
québécois et canadiens.
Peut-on interpréter le refus du gouvernement Harper de
lever le petit doigt pour aider Radio-Canada – voire de
brandir le spectre d’une coupe additionnelle possible de
56 millions de dollars – comme autre chose qu’une nouvelle
attaque directe contre les artistes et artisans de notre
culture? Difficile de croire le contraire quand on examine
les conséquences de la baisse de revenus de
Radio-Canada/CBC.
L’impact des coupes annoncées le mois dernier par
Radio-Canada et rendues nécessaires par le manque de
flexibilité étonnant de M. Harper dépassera, en effet,
largement la simple société d’État pour frapper des
milliers d’artistes québécois et canadiens et contribuer à
mettre en péril la vitalité même de notre culture. Le PDG
de Radio-Canada/CBC l’affirmait tout récemment: pour
chaque poste aboli à Radio-Canada, trois postes seront
perdus du côté des productions indépendantes.
Au total, si on additionne ces pertes d’emploi au public
et au privé, c’est plus de 1340 artistes francophones,
dont une très grande majorité de Québécois, qui seront
privés de revenus à la suite du refus de Stephen Harper de
combler par un prêt de 171 millions le manque à gagner de
Radio-Canada/CBC. À la CBC, ces pertes d’emploi s’élèvent
à 400 et, par conséquent, à 1200 artistes
anglophonesoeuvrant à leur compte. Un total, au Canada
anglais, de 1600 producteurs, réalisateurs, techniciens,
comédiens, recherchistes, etc.
M. Harper, dans ses efforts de relance de l’économie
canadienne, vient donc d’abolir près de 3000 emplois
artistiques directs, rien de moins, et sans doute
l’équivalent de quelques autres milliers d’emplois
indirects!
Sans des
investissements continus importants permettant de
promouvoir notre créativité et de donner des tribunes à
nos jeunes artistes pour qu’ils fassent leurs classes,
aucune culture régionale, et encore moins nationale, ne
pourra survivre à long terme.
Le Cirque du Soleil de Guy Laliberté, ou Ex Machina de
Robert Lepage, ou, tant qu’à faire, le cinéma d’Atom
Egoyan n’ont plus autant besoin de ces occasions de se
faire valoir sur la scène nationale ou internationale.
Mais aucun de ces trois géants artistiques n’aurait pu
accomplir ce qu’il a accompli sans le soutien de nos
gouvernements.
Vouloir étouffer à petit feu, faire disparaître
Radio-Canada comme semblent vouloir le faire Stephen
Harper et ses partisans, qui traitent la CBC de Communist
Broadcasting Corporation, c’est vouloir empêcher
qu’émergent, à moyen et à long terme, les grands artistes
qui ont fait notre renommée internationale et qui,
surtout, enrichissent notre vie quotidienne de façon
singulière. Ils nous permettent non seulement de traverser
des moments difficiles comme ceux que nous vivons
actuellement, mais de devenir de meilleures personnes,
mieux informées surtout.
Son refus d’accéder à la demande de crédit du président
Hubert Lacroix, le refus du CRTC de protéger l’enveloppe
prioritaire de Radio-Canada dans le Fonds des médias, ses
tentatives constantes de contrôle de l’information, tout
comme ses compressions tous azimuts de programmes dont
bénéficiaient directement nos artistes, sont autant
d’exemples de la volonté de ce gouvernement d’imposer sa
morale et sa culture à un peuple qui lui a pourtant
manifesté clairement qu’il n’en voulait pas.
M. Harper sait que la meilleure façon d’affaiblir une
identité nationale est d’en affaiblir les porte-parole et
les diffuseurs. Et c’est ce qu’il tente de faire par la
bande depuis qu’il est au pouvoir. Il a compris, trop bien
peut-être, le rôle essentiel que jouent sur le plan
identitaire les employés et les artistes pigistes de
Radio-Canada et de la CBC, et il veut profiter de la crise
économique pour diminuer de façon importante les moyens
mis à leur disposition.
Clémence
DesRochers critique Stephen Harper
Clémence
DesRochers figure parmi les six lauréats qui ont reçu hier le
prestigieux Prix du gouverneur général pour les arts de la
scène, mais cela ne l’empêche pas de critiquer le gouvernement
conservateur, qui a réduit l’aide financière à la culture.
La
gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a remis hier
à Clémence DesRochers le Prix du gouverneur général pour les
arts de la scène. Lors d’une cérémonie à Rideau Hall, la
poète et monologuiste québécoise a critiqué le gouvernement
conservateur pour avoir réduit l’aide financière à la
culture.
« Harper n’a pas l’air de considérer les artistes comme des
gens importants », a vivement déploré la poète et monologuiste
québécoise, qui a reçu son prix des mains de la gouverneure
générale, Michaëlle Jean, lors d’une cérémonie à Rideau Hall.
En entrevue à La Presse Canadienne, Mme DesRochers n’a pas mis
de gants blancs. « Il est essentiel de ne pas laisser tomber
les artistes. Si on n’avait pas les artistes, la vie serait
mortelle », a ajouté Mme DesRochers, pour qui l’aide
financière des gouvernements fait partie des choses «
intouchables ».
« En cinéma, par exemple, il faut de l’argent pour faire de
bons films », a-t-elle dit.
« I l faut
comprendre que certains projets sont refusés. Mais beaucoup
d’artistes ne travaillent pas. Ils mangent leurs chaussons »,
a signalé l’auteure de La vie d’factrie un jardin.
Clémence DesRochers ainsi que la chanteuse acadienne Édith
Butler ont reçu la plus haute distinction canadienne pour les
disciplines scéniques. Ce prix a aussi été accordé à Robert
Lepage, qui, absent hier, l’avait déjà reçu il y a un mois. Il
avait alors critiqué le gouvernement Harper sur la question
des compressions dans le financement des artistes qui
présentent leurs oeuvres à l’étranger.
Le compositeur et écrivain R. Murray Schaffer, la danseuse et
chorégraphe Peggy Baker ainsi que l’auteur George F. Walker
sont les autres lauréats.
Harper retarde encore une photo
officielle - Marc Thibodeau
Le premier
ministre canadien a été accueilli par des applaudissements
moqueurs de quelques dirigeants à son arrivée sur la
scène.
— Décidément, le premier ministre canadien Stephen Harper
éprouve quelques difficultés avec les photos officielles
pendant les grands sommets internationaux.
Hier, le politicien a retardé le cliché qui devait être
pris avant un dîner de travail avec une quinzaine d’autres
dirigeants à l’occasion du sommet du G8, à L’Aquila, en
Italie.
Les chefs d’État réunis sur la scène, après avoir été
rejoints par le président américain Barack Obama, ont
attendu impatiemment que le premier ministre se manifeste.
Le dirigeant canadien a finalement été accueilli par des
applaudissementsmoqueurs de quelques dirigeants à son
arrivée.
Le
premier ministre italien Silvio Berlusconi l’a regardé en
sour i a nt et en f a i sa nt balancer ses mains dans une
gestuelle typique pour « réprimander » gentiment le
premier ministre.
L e po r t e - pa r o l e de M. Harper, Dimit r i Souda s
, a écarté les questions à ce sujet en se contentant de
souligner que le politicien « était présent pour la photo
».
Il a répété la même phrase à plusieurs reprises en réponse
à un journaliste qui lui demandait, avec insistance, de
préciser les causes du retard.
Le premier ministre canadien avait aussi créé une
commotion lors du sommet du G20 à Londres, forçant la
reprise d’une photo officielle à cause de son absence.
La BBC avait indiqué qu’il se trouvait aux toilettes au
moment du premier cliché. Le bureau du premier ministre a
soutenu qu’il était plutôt en train d’être informé des
plus récentes discussions par des conseillers. Un
rectificatif avait été demandé en vain à la chaîne, qui a
maintenu sa version.
Étiquetage des aliments « Le gouvernement doit corriger
le tir »
Le ministre
Blackburn a entendu les doléances de l’industrie
EXCLUSIF
« Avec ce que j’ai entendu, on ne peut pas demeurer
insensible à ce que l’industrie nous demande. Il faut
examiner comment on peut répondre à ses attentes et à celles
des consommateurs. »
de fabrication étaient enregistrés au pays et que la
dernière transformation substantielle du produit était faite
au Canada pour avoir droit d’apposer la mention « Produit du
Canada » sur les étiquetages.
Avec
les nouvelles règles d’étiquetage, la confiture de bleuets
du Lac-Saint-Jean n’est plus considérée comme un produit
du Canada.
Or, les nouvelles règles ont été jugées trop contraignantes
par la grande majorité des agriculteurs et des
transformateurs puisqu’il suffit parfois d’un ajout de sel
ou de sucre, comme c’est le cas pour le vin de glace, pour
lui faire perdre le titre convoité de produit du Canada.
Dans une entrevue accordée à La Presse hier, le ministre
Blackburn a indiqué avoir déjà abordé cette épineuse
question avec le ministre Ritz. Et il compte lui envoyer
sous peu une lettre expliquant les nombreux cas saugrenus
qu’il a entendus à l’occasion d’une rencontre au sommet
tenue à Ottawa le 15 juin avec une trentaine de
représentants de l’industrie de la transformation des
aliments.
— Les nouvelles règles d’étiquetage adoptées par le
gouvernement fédéral sont trop sévères et donnent lieu à des
situations loufoques. Le vin de glace de l’Ontario n’est
plus considéré comme un produit du Canada. La confiture de
bleuets du Lac-Saint-Jean non plus, ni les cornichons
québécois Whyte’s.
Le ministre du Revenu JeanPierre Blackburn, qui est aussi
ministre d’État à l’Agriculture et à l’Agroalimentaire,
affirme avoir entendu les doléances de l’industrie
agroalimentaire. Et il entend faire pression sur son
collègue Gerry Ritz, ministre de l’Agriculture, et les
autres membres du cabinet pour qu’on corrige le tir.
Les nouvelles règles d’étiquetage, qui sont entrées en
vigueur le 1er janvier, stipulent que seuls les produits
contenant au maximum 2% d’ingrédients importés peuvent
utiliser la mention « Produit du Canada » sur leur
emballage. Les autres produits peuvent porter l’étiquette «
Fabriqué au Canada » si la dernière transformation
substantielle a eu lieu au pays.
Auparavant, les entreprises devaient s’assurer que 51% des
coûts directs de production ou
Seuil à 85%
Selon l e ministre Blackburn, l’une des solutions
envisageables serait de ramener à 85% le pourcentage
requis d’ingrédients canadiens utilisés dans un produit
pour qu’il puisse décrocher le titre de produit du Canada.
Ce seuil fait d’ailleurs consensus au sein de l’industrie.
« Les nouvelles règles d’étiquetage des produits créent
des difficultés pour l’industrie. Le vin de glace, un
produit typiquement canadien, ne peut plus être considéré
comme un produit du Canada parce qu’on y ajoute du sucre
pour la fermentation. Les cornichons sont produits avec
des concombres du Québec, mais dès qu’on les met en
marinade, ce ne sont plus des produits d’ici. J’ai eu des
exemples comme cela à profusion au sommet de juin », a
expliqué M. Blackburn.
Le ministre a indiqué que le gouvernement fédéral doit à
la fois protéger les consommateurs et tenir compte des
préoccupations de l’industrie agroalimentaire en matière
d’étiquetage.
« C’est la marque de commerce des fabricants d’avoir un
produit du Canada. Tout cela ne restera pas lettre morte.
Le seuil de 85% a été évoqué comme un compromis. Cela
permettrait quand même aux consommateurs de savoir quels
produits viennent du Canada et en même temps de s’assurer
que les produits du Canada sont effectivement produits ici
», a ajouté le ministre.
« Avec ce que j’ai entendu, on ne peut pas demeurer
insensible à ce que l’industrie nous demande. Il faut
examiner comment on peut répondre à ses attentes et à
celles des consommateurs » a-t-il encore dit. En entrevue,
M. Blackburn a tenu à souligner l’importance de cette
industrie au Canada. Ce secteur génère des activités
économiques de l’ordre de 87,2 milliards de dollars par
année, procure de l’emploi à 296 000 travailleurs, et
représente 2% du produit intérieur brut du pays. « C’est
le deuxième secteur en importance au pays après le secteur
manufacturier. Compte tenu de ces chiffres, il faut
s’occuper de cette industrie et l’écouter », a affirmé M.
Blackburn.
Le ministre compte d’ailleurs organiser un sommet annuel
avec les représentants de l’industrie afin d’être mis au
parfum des défis auxquels ils sont confrontés.
RÈGLES D’ÉTIQUETAGE ASSOUPLIES « C’est une très
bonne nouvelle »
— Le
Conseil de la transformation agroalimentaire et des
produits de consommation (CTAC) salue l’intention exprimée
par le ministre du Revenu Jean-Pierre Blackburn de
modifier de nouveau les règles d’étiquetage pour les
produits canadiens.
Ces règles sont si sévères qu’elles font en sorte que le
vin de glace de l’Ontario n’est plus considéré comme un
produit du Canada, tout comme la confiture de bleuets du
Lac-Saint-Jean ou les cornichons québécois Whyte’s.
Les nouvelles règles d’étiquetage, qui sont entrées en
vigueur le 1er janvier, stipulent que seuls les produits
contenant au maximum 2% d’ingrédients importés peuvent
utiliser la mention « Produit du Canada » sur leur
emballage. Les autres produits peuvent porter l’étiquetage
« Fabriqué au Canada » si la dernière transformation
substantielle a eu lieu au pays.
Auparavant, les entreprises devaient s’assurer que 51% des
coûts directs de production ou de fabrication étaient
enregistrés au pays et que la dernière transformation
substantielle du produit était faite au Canada pour avoir
droit d’apposer « Produit du Canada » sur les étiquetages
Dans une entrevue accordée à La Presse, cette semaine, le
ministre Blackburn, qui est aussi ministre d’État à
l’Agriculture et à l’Agroalimentaire, a soutenu que le
gouvernement Harper doit tenir compte des doléances de
l’industrie agroalimentaire et corriger le tir.
Les
nouvelles règles ont été jugées trop contraignantes par
la grande majorité des agriculteurs et des
transformateurs puisqu’il suffit parfois d’un ajout de
sel oude sucre, comme c’est le cas pour le vin de glace,
pour lui faire perdre le titre convoité de Produit du
Canada.
Hier, Sylvie Cloutier, la vice-présidente communication
et affaires publiques du CTAC, a accueilli favorablement
les propos du ministre Blackburn, qui compte faire
pression sur son collègue responsable de l’Agriculture,
le ministre Gerry Ritz, pour ramener à 85% le
pourcentage des ingrédients canadiens utilisés pour
qu’un produit puisse mentionner « Produit du Canada ».
Ce seuil fait d’ailleurs consensus au sein de
l’industrie.
« C’est une très bonne nouvelle », a affirmé Mme
Cloutier. « C’est ce que nous avions demandé durant les
consultations du comité de l’agriculture de la Chambre
des communes l’an dernier. »
Mme Cloutier a rappelé que l’industrie agroalimentaire
aura toujours besoin d’ingrédients qui proviennent de
l’étranger, comme le sucre, le sel et des épices, pour
fabriquer ses produits.
Elle a souligné que les entreprises obtiennent un
avantage concurrentiel important quand elles peuvent
apposer la mention « Produit du Canada » sur leurs
étiquettes.
Le Canada refuse un visa à une légende du
soccer algérien
ZINÉDINE
ZIDANE À MONTRÉAL
Même si elle n’a eu aucun mal à remporter la victoire,
hier aprèsmidi, l’équipe de Zinédine Zidane était privée
d’un joueur de taille, au stade Percival-Molson. Les
organisateurs de la tournée canadienne de la star avaient
invité Lakdhar Belloumi, une grande vedette du soccer
algérien. Mais le Canada a refusé de lui accorder un visa
d’entrée, au grand damdesMaghrébins de Montréal, a appris
La Presse.
Hier,
au
stade Percival-Molson, le match amical qui opposait des
policiers de Montréal à d’anciennes vedettes du soccer a
connu un vif succès. La foule a joyeusement acclamé
Zinédine Zidane (à droite), qu’on voit ici avec le
policier Louis Sant.
Aujourd’hui âgé de 50 ans, Lakhdar Belloumi est peu connu
dans les chaumières québécoises, mais c’est une légende
vivante en Algérie. Il a connu la gloire dans les années
80, alors qu’il était considéré comme le meilleur joueur
d’Afrique. C’est lui qui a marqué le but de la victoire
lorsque l’Algérie a battu l’Allemagne de l’Ouest à la
Coupe du monde de 1982, l’un des plus grands succès
internationaux de la sélection.
« Vous connaissez Maurice Richard? C’est la même chose,
résume Wahid Meghrebi, journaliste et animateur de radio
communautaire dans le Petit Maghreb, dans le nord de
Montréal. Ce n’est pas qu’un joueur, c’est une idole. »
Plusieurs Montréalais d’orig i ne magh r é bi ne é t a i e
n t emballés d’apprendre que le footballeur participerait
aux matchs de Toronto, Montréal et Vancouver en compagnie
de l’ancienne vedette de l’équipe de France, Zinédine
Zidane.
« C’est le plus grand footballeur de l’histoire de
l’Algérie, explique le porte-parole de l’organisation du
match amical, Albert Bellemare. Ses états de service sont
tout à fait exceptionnels. »
Déception
Mais voilà, le voyage de la star a été annulé à la
dernière minute. Le Canada lui a refusé l’accès au pays.
L’organisation ignore les motifs de la décision d’Ottawa,
mais elle ne cache pas sa déception.
« On aurait aimé que le ministère de l’Immigration soit
plus compréhensif », convient M. Bellemare.
Ce contretemps n’a pas empêché le match amical qui
opposait des policiers deMontréal à d’anciennes vedettes
du soccer de connaître un vif succès. Plus de 15 000
personnes ont payé entre 21$ et 198$ pour assister à une
victoire écrasante de 10-0 des vedettes du soccer sur les
policiers. La foule a joyeusement acclamé Zinédine Zidane,
qui avait rencontré des centaines de jeunes de
Montréal-Nord la veille.
La tournée
canadienne « Zidane et ses amis » devrait permettre
d’amasser 115 000$ au profit de l’UNICEF.
Une religion
Ma l g r é t o u t , plus i eu r s Québécois d’origine
maghrébine ne comprennent pas qu’Ottawa ait barré la route
à Lakhdar Belloumi. Il faut comprendre que le soccer est
une religion pour la communauté algérienne de Montréal.
Pas plus tard qu’il y a trois semaines, une foule en
liesse s’était déversée dans la rue Jean-Talon après la
victoire de leur équipe sur la Zambie, une manifestation
spontanée qui avait momentanément été prise pour une
émeute par les forces de l’ordre.
Au Café Safir, où plusieurs amateurs prenaient un thé à la
menthe avant de se rendre au match au stade
Percival-Molson, Abdelhak Siouada ne cachait pas sa
déception. Il rêvait de voir Zinédine Zidane et son idole
Lakhdar Belloumi sur le même terrain, et dans sa ville de
surcroît.
« On déplore, mais qu’estce qu’on peut y faire? » a-t-il
soupiré.
D’autres sont beaucoup plus frustrés.
« Le refus de visa est une offense aux citoyens canadiens
d’origine algérienne, estime Wahid Meghrebi. Le
gouvernement doit respecter l’avis et les sentiments de
ses citoyens. »
Il n’a pas été possible de savoir pourquoi Ottawa a refusé
de permettre la venue de Lakhdar Belloumi, hier.
M. Belloumi, ancien Ballon d’or africain, a déjà été visé
par un mandat d’arrêt international. Un médecin égyptien
l’avait accusé d’être responsable des blessures qu’il
avait subies à l’oeil lors d’un match Algérie-Égypte en
1989. Mais le mandat a été levé en avril dernier.
Une ministre cul-de-jatte - VINCENT
MARISSAL
Les
derniers jours ont été difficiles pour les conservateurs.
On se croirait en pleine semaine nationale de l’embarras
politique.
Sans surprise, les partis de l’opposition à Ottawa
continuent de réclamer la démission de la ministre Lisa
Raitt, malgré ses excuses larmoyantes aux malades du
cancer.
Dans le jeu politique, c’est de bonne guerre, mais c’est
inutile puisque, dans les faits, Mme Raitt est déjà
partie.
Partie dans le sens politique du terme. Dans le sens où
elle a perdu toute crédibilité à son poste de ministre des
Ressources naturelles.
Il y a eu d’abord, la semaine dernière, cette affaire de
documents secrets concernant Énergie atomique du Canada
oubliés chez CTV – une enveloppe brune déposée dans une
salle de rédaction par une ministre, le fantasme de tout
journaliste!
Puis, cette semaine, éclate cette histoire de propos
controversés enregistrés et diffusés dans tout le pays.
Mme Raitt était un canard boiteux depuis la semaine
dernière. Elle est devenue cul-de-jatte politique cette
semaine.
I maginez une seconde la ministre Raitt assise en face des
scientifiques d’Énergie atomique du Canada ou des
spécialistes du cancer. Ou de ses collègues qui se
demanderont intérieurement : dit-elle en privé que je
suis, comme elle l’a dit de la ministre de la Santé, Leona
Aglukkaq, un ministre faible et dépassé ?
Et imaginez la ministre Raitt devant l’opposition. Un sac
de sable dans une salle d’entraînement de boxe. Les partis
de l’opposition réclament son renvoi, mais dans le fond,
ils ne sont pas si mécontents de voir qu’elle reste en
poste.
Chose
certaine, pour Lisa Raitt, la fin de la session ne viendra
jamais assez vite.
Au-delà de l’anecdote d’une conversation salée captée
fortuitement, la question de la crédibilité de la ministre
des Ressources naturelles est importante parce que le
gouvernement songe à privatiser Énergie atomique Canada
(un autre dossier sexy?) et, surtout, parce que la pénurie
d’isotoentraîné le congédiement de la présidente d’Énergie
atomique Canada et avait plongé le gouvernement dans un
profond embarras.
Le premier ministre Harper aurait dû rendre service à sa
ministre recrue (et à lui-même) et accepter sa démission
la semaine dernière. Il aurait ainsi évité ce nouvel
épisode et aurait envoyé un message de fermeté à son
caucus. En envoyant sa ministre réfléchir sur les
banquettes arrière, M. Harper pes est un très sérieux
problème de santé.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Harper
cafouille dans le dossier du réacteur nucléaire Chalk
River, où sont produits les isotopes médicaux.
L’an dernier, une controverse entourant la fermeture, pour
des raisons de sécurité du réacteur situé près d’Ottawa,
avait aurait indiqué aux Canadiens qu’il prend le parti
des patients. Piqué par les attaques de l’opposition, il a
préféré se rebiffer par pur esprit partisan. L’empathie,
c’est bien connu, n’est pas la première qualité du premier
ministre.
Il n’y a pas que Lisa Raitt qui doit avoir hâte aux
vacances d’été. Stephen Harper aussi. Les derniers jours
ont été difficiles pour les conservateurs. On se croirait
en pleine semaine nationale de l’embarras politique.
En plus des affaires Raitt, le ministre des Transports,
John Baird, a dû s’excuser lui aussi pour des propos
intempestifs captés inopinément par une journaliste. En
gros, M. Baird a dit que la Ville de Toronto et son maire,
David Miller, peuvent « aller se faire foutre » parce que
selon lui, ils ont présenté des demandes inadéquates au
programme d’infrastructures. Voilà qui n’aidera pas les
conservateurs à Toronto, une ville qui leur est déjà
hostile.
Puis, comme si ce n’était pas assez, on a appris que des
lingots d’or d’une valeur d’au moins 10 millions ont
disparu des coffres de la Monnaie royale canadienne.
Penauds, les conservateurs ont dû se résigner à appeler la
GRC en renfort.
De l ’ or en ba r r e pou r l’opposition.
Harper veut arrêter la production d’isotopes
En
larmes, la ministre Lisa Raitt présente des
excuses
« Je ne promettrai pas une solution rapide à la
question, il n’y en aura tout simplement pas. »
— À l’aube d’une crise majeure d’approvisionnement en
isotopes médicaux, alors que la ministre responsable
se retrouve sur la sellette, que sa démission est
réclamée de toutes parts et qu’elle doit s’excuser
d’avoir fait des commentaires inappropriés, le premier
ministre Stephen Harper affirme sans détour que
leCanada se retirera de la production de ces précieux
atomes nécessaires aux diagnostics et traitements du
cancer.
La ministre des Ressources
naturelles, Lisa Raitt, n’a pas caché ses émotions
au cours d’un point de presse qu’elle a tenu afin de
présenter ses excuses pour les propos qu’elle a eues
concernant la pénurie.
« Nous anticipons que le Canada, éventuellement, se
retirera de cette industrie », a dit M. Harper,
interrogé sur les récents développements concernant le
dossier du réacteur nucléaire de Chalk River,
principal fournisseur international d’isotopes
médicaux, en arrêt de production depuis la mi-mai.
Impossible, dit le premier ministre, de construire
rapidement un nouveau réacteur nucléaire produisant
des isotopes, et comme celui de Chalk River est « très
vieux » – il a 50 ans –, il devient de plus en plus
vulnérable aux arrêts de production qui se
multiplieront, mais demeurent « imprévisibles »,
estime M. Harper, blâmant au passage l’ancien
gouvernement libéral pour son échec dans le dossier.
« C’est la réalité. Il y a des problèmes à cause de
son âge, malgré les investissements pour les
réparations. On ne peut pas contrôler cette situation.
Si on doit fermer ce réacteur pour des raisons de
santé publique, on doit le faire, on n’a pas le choix,
a souligné le premier ministre, en fin d’après-midi,
hier. Nous avons décidé d’investir davantage d’argent
dans le réacteur actuel pour le maintenir en activité
le plus longtemps possible pendant que d’autres
sources d’approvisionnement se mettent en branle au
niveau international. »
En attendant, a ajouté M. Harper, les ministres des
Ressources naturelles et de la Santé s’activent à
chercher, à la fois d’autres sources
d’approvisionnement en isotopes et aussi des «
traitements alternatifs ».
« Je ne promettrai pas une solution rapide à la
question, il n’y en aura tout simplement pas. Même
l’injection de centaines de millions de dollars ne
créera pas une solution rapide », a-t-il dit à l’issue
d’une journée forte en rebondissements dans le
dossier.
Excuses
Après avoir résisté plus de 24 heures à la pression du
public et de l’opposition, la ministre des Ressources
naturelles, Lisa Raitt, a finalement cédé et présenté
des excuses empreintes d’émotion aux victimes du
cancer et à leur famille, hier midi, pour avoir tenu
des propos controversés qui ont été mal interprétés,
selon elle.
Lors d’une conversation privée, enregistrée à son
insu, la ministre Raitt avait qualifié la crise des
isotopes médicaux de « sexy ».
Sous
l’oeil attentif de membres de l’entourage immédiat de
M. Harper, la ministre a convoqué les médias à une
demi-heure d’avis pour lire une courte déclaration.
« Je tiens à présenter mes excuses à tous ceux qui ont
pu se sentir offensés par mes paroles, a dit la
ministre. Mon intention n’était certainement pas de
manquer de respect aux victimes du cancer, ni aux
survivants de cette terrible maladie, non plus qu’à
leurs familles. »
La voix tremblante, cherchant ses mots et retenant
visiblement ses larmes, Mme Raitt a rappelé que son
propre père est mort d’un cancer du côlon alors
qu’elle était âgée de 11 ans. Son frère a lui aussi
succombé à un cancer, du poumon, 20 ans plus tard.
Outrée par les propos privés de la ministre,
l’accusant d’arrogance, l’opposition avait réclamé à
grands cris, mardi, sa démission.
Hier, le ton avait changé à la Chambre des communes.
Mais si les trois partis de l’opposition ont bien reçu
les excuses de la ministre, ils ont tous réitéré
qu’elle devait quitter ses fonctions, jugeant qu’elle
a très mal géré la pénurie appréhendée.
« Selon de nombreux spécialistes en médecine
nucléaire, la crise des isotopes était prévisible. La
ministre des Ressources naturelles a fait preuve de
négligence, a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles
Duceppe. Comment le premierministre peut-il justifier
de garder en place la ministre, alors que tous les
experts la jugent incompétente? » Selon le critique
libéral en matière d’énergie, David McGuinty, Mme
Raitt « a laissé la crise dégénérer », mettant
maintenant la santé des Canadiens en danger, notamment
celle d’enfants souffrant du cancer.
En Chambre, la ministre a essuyé les attaques de ses
adversaires, comme elle l’avait fait toute la semaine.
« Nous avons été en contact avec l’industrie
concernant l’approvisionnement d’isotopes médicaux. Je
peux vous dire que les hôpitaux recevront la semaine
prochaine plus de 50% de leurs commandes, ce qui est
nettement mieux que ce qui avait été anticipé », a
annoncé la ministre Raitt.
Rien pour satisfaire l’opposition, toutefois. « Quand
elle dit que 50% des isotopes essentiels pour les
Canadiens seront disponibles, ça veut dire que ça
laisse 50% de ceux et celles qui souffrent sans aide
de la part du gouvernement, a rétorqué le chef du NPD,
Jack Layton. Ni la ministre ni le gouvernement ne
semblent comprendre l’ampleur de la crise. »
La semaine dernière, la ministre Raitt s’était aussi
retrouvée sur la sellette lorsque sa directrice des
communications, âgée de 26 ans, a été contrainte de
remettre sa démission pour avoir oublié des documents
sensibles concernant le réacteur nucléaire de Chalk
River dans les bureaux d’Ottawa de la station de
télévision CTV. C’est la même employée qui a égaré, il
y a plusieurs mois, l’enregistreuse contenant les
conversations compromettantes dont le contenu a été
révélé cette semaine par un journaliste du Chronicle
Herald d’Halifax, qui s’est retrouvé en possession de
l’appareil.
RAITT A AUSSI SON OPINION SUR PRENTICE
La
ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt,
soupçonne son collègue responsable de l’environnement,
Jim Prentice, d’avoir détourné des fonds prévus pour
l’industrie éolienne vers celle des sables bitumineux,
selon le quotidien The Chronicle Herald, d’Halifax, qui
a révélé, cette semaine, les propos controversés que la
ministre a tenus dans une conversation privée sur la
crise des isotopes. Lors de la même conversation avec
son attachée de presse de l’époque, enregistrée par
mégarde en janvier dernier, la ministre Raitt pourfend
son collègue de l’Alberta, alléguant qu’il a
délibérément supprimé des fonds à l’industrie éolienne
pour les rediriger vers un fonds de recherche et
développement dédié aux sables bitumineux. « Je ne sais
pas ce qui est arrivé. Je soupçonne Jim d’avoir pris
l’argent pour son plan d’énergie propre », cite le
quotidien de la Nouvelle-Écosse. Au bureau du ministre
Prentice, on n’a pas voulu commenter ces nouvelles
allégations. « L’enregistrement perdu par l’ancienne
attachée de presse de la ministre Raitt est un sujet qui
concerne le cabinet de la ministre », s’est-on contenté
de répondre.
Propos
désobligeants sur le maire de Toronto : Le ministre Baird
fait ses excuses
Le ministre se plaignait que la ville n’ait pas
respecté les critères d’un programme national
d’infrastructure.
— Reconnu pour être fort en gueule, le ministre des
Transports, John Baird, a dû présenter ses excuses au
maire de Toronto, David Miller, hier après avoir tenu des
propos désobligeants à son endroit à l’occasion de la
conférence annuelle de la Fédération canadienne des
municipalités, qui a eu lieu à Whistler, en
Colombie-Britannique.
M. Baird, responsable du programme national
d’infrastructures doté d’un budget de quatre milliards de
dollars, s’est emporté contre les élus de Toronto parce
qu’ils n’ont soumis qu’un seul projet au gouvernement
fédéral, soit le financement pour le renouvellement du
parc de tramways de la ville. Toronto désire acheter 204
tramways qui seraient construits par Bombardier à son
usine de Thunder Bay.
Ignorant qu’il se trouvait dans une salle réservée aux
médias, à Whistler, M. Baird a affirmé, le week-end
dernier, que Toronto était la seule ville canadienne à
n’avoir pas respecté les critères du programme national
d’infrastructure et que les dirigeants torontois osaient
se plaindre qu’Ottawa tardait à financer leur demande.
« Deux mille sept cents personnes ont réussi. Pas eux. Ce
n’est pas un partenariat, et ils râlent contre nous. Ils
peuvent aller se faire foutre ( They should fuck off, en
anglais) », a affirmé M. Baird, qui a été entendu par une
journaliste du Toronto Star.
Essentiellement, le ministre Baird rejette le projet de
Toronto parce qu’il ne se concentre pas sur la création
d’emplois dans la métropole. Mais le maire de Toronto,
David Miller, tient mordicus à ce qu’Ottawa paie une
partie de la facture de ce projet. Le contrat de 1,2
milliard de dollars a d’ailleurs déjà été accordé à
Bombardier en avril, mais il sera annulé si Toronto
n’obtient pas l’argent des gouvernements provincial et
fédéral au plus tard le 27 juin.
Une autre gaffe des conservateurs
Le quotidien torontois a publié hier les propos
controversés du ministre Baird en une. M. Baird devenait
ainsi le deuxième ministre du gouvernement minoritaire
conservateur de Stephen Harper à se retrouver dans
l’embarras à cause d’une indiscrétion après la ministre
des Ressources naturelles, Lisa Raitt.
À la
Chambre des communes hier, le ministre Baird n’a pas
hésité à présenter ses excuses après avoir été interpellé
par les libéraux de Michael Ignatieff durant la période
des questions.
« J’étais en proie à la frustration et je l’ai
certainement exprimé. Ce matin, j’ai téléphoné au maire de
Toronto pour m’excuser. Le maire et moi avons convenu de
tourner la page et de continuer à bâtir sur les
investissements que nous devons faire dans les transports
en commun. Nous avons convenu de travailler de concert
pour concrétiser tout cela au cours des prochaines
semaines », a dit M. Baird.
Le NPD, qui a aussi soulevé cette question aux Communes, a
dit apprécier les excuses du ministre des Transports.
La liste des ministres conservateurs qui mettent le
gouvernement Harper dans l’embarras après avoir tenu des
propos controversés continue donc de s’allonger.
L’an dernier, le ministre de l’Agriculture, Gerry Ritz, a
été contraint de s’excuser après avoir fait des blagues de
mauvais goût durant la crise de la listériose, qui a coûté
la vie à au moins 17 personnes au pays. M. Ritz avait tenu
ses propos lors d’une conférence téléphonique le 30 août,
mais ils avaient été révélés uniquement durant la campagne
électorale d’octobre.
Durant cette conférence téléphonique, M. Ritz avait
affirmé que la crise de la listériose, « c’est comme
mourir par tranches. Ou plutôt par tranches de viande
froide ( cold cuts). » L’usine de viandes froides Maple
Leaf de la région de Toronto avait été identifiée comme la
source de cette contamination. Le ministre des Finances,
Jim Flaherty, a pour sa part déjà affirmé, en 2007, que
l’Ontario était la dernière province où les entreprises
devaient investir à cause des taxes élevées imposées aux
sociétés. Ses propos avaient fait des vagues en Ontario.
Le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, s’est
lui aussi attiré les foudres des libéraux après avoir
décrit le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty,
comme « le petit homme de la confédération ». M. Van Loan
était leader du gouvernement en Chambre à l’époque où il a
tenu ces propos en 2007.
Des documents oubliés mettent le gouvernement
dans l’embarras
L’opposition
réclame la démission de la ministre Lisa Raitt
— Des documents sensibles oubliés par mégarde. Une ministre
sur la sellette. Une démission réclamée par l’opposition. Un
gouvernement dans l’embarras. À peine plus d’un an après la
démission du ministre desAffaires étrangères Maxime Bernier,
l’histoire se répète.
La
ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, est sur la
sellette. Son attachée politique a oublié un cahier à
anneaux contenant des documents sensibles, vendredi
dernier, dans les bureaux de la chaîne de télévision CTV à
Ottawa.
Cette fois-ci, c’est la ministre des Ressources naturelles,
Lisa Raitt, ou plutôt une de ses employées, qui a laissé un
cahier à anneaux contenant différents documents sensibles,
dont certains portant la mention « secret », dans les
bureaux d’Ottawa de la chaîne de télévision CTV.
À l’instar de l’ex-ministre Bernier, secoué l’an dernier par
l’affaire Couillard, Mme Raitt a voulu remettre sa démission
au premier ministre Stephen Harper, qui l’a refusée. C’est
plutôt son attachée politique de 26 ans, Jasmine MacDonnell,
qui a écopé; c’est elle qui aurait oublié les documents en
question.
« Ce n’est pas la faute personnelle de la ministre », a
justifié M. Harper, de passage à Québec.
Les trois partis de l’opposition aux Communes se sont
rapidement déchaînés, accusant le premier ministre de
manquer de jugement, de bafouer ses propres règles, et
d’agir avec deux poids, deux mesures.
« C’est de l’incohérence totale, puis on se moque des gens,
a estimé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Dans un
cas, il exige la démission, puis dans l’autre cas, la même
chose se produit et il la refuse. Ça manque carrément de
dignité. C’est une employée qui subit les contrecoups de
cela. Alors cela est totalement inacceptable. »
« M. Harper est en train de prouver son hypocrisie, a
renchéri le député néo-démocrate Thomas Mulcair. Mot pour
mot l’an dernier Stephen Harper a dit que ça n’avait rien à
voir avec les facteurs individuels ou personnels, de
comportement ni de performance dans leurs fonctions. Ça
avait tout à voir avec une règle inébranlable de
confidentialité des documents. »
Le Guide du ministre pour un gouvernement responsable
prévoit en effet que « le premier ministre tient les
ministres personnellement responsables de la sécurité de
leur personnel, de leurs bureaux et des documents
confidentiels du Cabinet ».
La décision
du premier ministre est d’autant plus surprenante, pour les
libéraux, que Mme Raitt a admis, en présentant sa démission,
« qu’elle est coupable d’avoir laissé des documents dans une
place publique », a dit le critique libéral en matière
d’énergie, David McGuinty.
« Quand une ministre perd un cartable rempli de documents
secrets du gouvernement, c’est sérieux, a lancé le chef
libéral Michael Ignatieff. Quand la même ministre ne tente
pas de les récupérer, parce qu’elle ne savait même pas
qu’ils étaient perdus, cela devient ridicule.
Mais quand elle blâme son employée, cela devient méprisable.
»
Bombardée de questions en Chambre, Mme Raitt s’est contentée
de répéter inlassablement que « des mesures correctives »
avaient été prises et que l’employée en question avait été
congédiée.
Dans la foulée de la crise des isotopes médicaux, déclenchée
par l’arrêt de production du réacteur nucléaire de Chalk
River, depuis la mi-mai, la ministre a donné plusieurs
entrevues la semaine dernière, dont à la chaîne de
télévision CTV. C’est donc vendredi que le document a été
oublié, mais CTV n’a révélé l’erreur que mardi soir dans un
reportage. Entre-temps, personne ne les a réclamés.
Selon CTV, les documents indiquent notamment des
dépassements de coûts à Énergie atomique du Canada et à la
centrale nucléaire de Chalk River. Depuis 2006, le
gouvernement fédéral y aurait investi 1,7 milliard, dont 72
millions cette année pour maintenir la production d’isotopes
médicaux, une somme qui n’apparaît nulle part dans le
dernier budget de Jim Flaherty.
L’an dernier, alors qu’il était ministre des Affaires
étrangères, Maxime Bernier avait admis avoir oublié des
documents classifiés à la résidence de son ancienne amie de
coeur, Julie Couillard, exconjointe, successivement, de deux
membres du crime organisé.
La raison invoquée pour réclamer sa démission avait été
l’oubli de ces documents confidentiels concernant le travail
des troupes canadiennes en Afghanistan. Le premier ministre
Harper avait alors affirmé qu’il s’agissait d’une « erreur
grave » et que les ministres étaient « toujours responsables
de la protection des documents classifiés ».
Raitt critique un autre ministre pour sa propre
incapacité de gérer le dossier des sables bitumineux
RAITT A CRITIQUÉ UN AUTRE MINISTRE
En plus des propos tenus à l’égard de la ministre de la
Santé dans une conversation enregistrée par mégarde, la
ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, y aurait été
de remarques désobligeantes au sujet du ministre de
l’Environnement, Jim Prentice. Selon des sources qui ont
pris connaissance des cinq heures d’enregistrement obtenues
par un journaliste d’Halifax, la ministre Raitt laisse
entendre, dans la conversation controversée, que Jim
Prentice se plie aux exigences des entreprises de sables
bitumineux de l’Alberta. Mme Raitt est pourtant responsable
du dossier des sables bitumineux, alors que M. Prentice est
responsable de la réduction des émissions de carbone.
La démission de la ministre exigée
L’OPPOSITION DURCIT LE TON
OTTAWA— Accusée par l’opposition d’arrogance,
d’opportunisme, de manquer d’empathie et d’avoir tenu
des propos inacceptables, la ministre des Ressources
naturelles, Lisa Raitt, a refusé de démissionner, voire
de s’excuser pour avoir dit, dans une conversation qui
se voulait privée, que la crise des isotopes médicaux
était un dossier « sexy » qui l’aiderait dans sa
carrière.
L’ex-attachée
de presse de la ministre des Ressources naturelles,
Jasmine MacDonnell, responsable de l’oubli d’une
enregistreuse dans une des toilettes du parlement, a
tenté en vain lundi d’obtenir une injonction de la
cour pour bloquer la publication de l’article d’un
journaliste du Chronicle-Herald d’Halifax.
Au lendemain des révélations faites par le
Chronicle-Herald d’Halifax, libéraux, bloquistes et
néo-démocrates ont estimé que la ministre Raitt n’avait
plus la légitimité d’assumer ses fonctions.
Dans une conversation enregistrée à son insu, en janvier
dernier, Mme juge que le dossier des isotopes médicaux
l’aidera à gravir les échelons dans sa carrière
politique, parce que c’est un sujet « sexy: les fuites
radioactives, le cancer… ». Au passage, elle remet en
question la capacité de sa collègue ministre de la
Santé, Leona Aglukkaq, de gérer le dossier et se réjouit
d’en avoir la responsabilité. « Si on gagne là-dessus,
on aura tout le crédit. Je suis prête à jeter les dés.
C’est un coup facile, affirme la ministre à son attachée
de presse. Tu sais ce que ça prend pour résoudre ce
problème? De l’argent. On va trouver une solution. Ce
n’est pas une question morale. »
L’arrêt de production de la centrale nucléaire de Chalk
River, en mai dernier, cause à l’heure actuelle une
pénurie d’isotopes médicaux, essentiels aux diagnostics,
notamment, de certains cancers.
Il s’agit de la deuxième fois en autant de semaines que
la ministre Raitt se retrouve sur la sellette, après
l’oubli de documents sensibles concernant Chalk River
dans les bureaux de CTV, qui a conduit au congédiement,
la semaine der-
Raitt nière, d’une employée de 26 ans, Jasmine
MacDonnell, la même qui aurait égaré l’enregistreuse sur
laquelle se trouvait la conversation controversée.
« Indécent »
Alors que l’opposition critiquait jusqu’ici l’inaction
du gouvernement conservateur pour résoudre la crise
d’approvisionnement en isotopes, les députés se sont
tout simplement révoltés hier.
« Devant si peu d’empathie et tant d’opportunisme, le
premier ministre n’a d’autre choix que de congédier sa
ministre », a jugé le chef du Bloc québécois, Gilles
Duceppe, en Chambre.
« C’est
indécent de la part de Mme et de M. Harper, a-t-il
ajouté à l’issue de la période de questions. Elle aurait
dû démissionner puis s’excuser. Elle ne s’est même pas
excusée et puis M. Harper cautionne tout ça, c’est donc
dire qu’il cautionne l’immoralité en politique. »
Le premier ministre ne s’est levé en Chambre que pour
répondre au chef libéral Michael Ignatieff, une fois en
français et une fois en anglais, réitérant son entière
confiance en Mme Raitt.
« La ministre des Ressources naturelles travaille très
fort pour assurer un approvisionnement adéquat à
l’avenir. Elle travaille
Raitt très dur et le public connaît son bilan à cet
égard », a dit M. Harper, accusant l’opposition de faire
« de la petite politique ».
La réponse du chef libéral ne s’est pas fait attendre. «
La plus petite politique qui soit, c’est de considérer
une crise comme une possibilité d’avancement
professionnel », a lancé M. Ignatieff.
Des excuses, mais pas assez
Si la ministre Raitt a passé un coup de fil à sa
collègue Leona Aglukkaq, en soirée lundi, pour s’excuser
des propos désobligeants tenus à son égard, elle a
toutefois refusé de présenter des excuses aux Canadiens
souffrant du cancer, soulevant la consternation chez ses
adversaires.
« Les gens sont scandalisés par l’attitude de la
ministre des Ressources naturelles, a dit Jack Layton,
chef du NPD. La ministre a démontré qu’elle n’était pas
digne de ses fonctions. »
MmeRaitt qui, pour la deuxième semaineconsécutive,
aétécontrainte d’essuyer les tirs répétés de
l’opposition en Chambre, sans l’aide du premier
ministre, s’est justifiée en disant que les commentaires
avaient été faits en janvier, soit bien avant la crise
actuelle des isotopes médicaux. Sa propre famille a été
lourdement touchée par le cancer, a-t-elle ajouté,
affirmant toute son empathie pour les gens atteints de
la maladie et leurs proches.
Cette fois-ci, Mme Raitt n’a pas offert sa démission au
premier ministre, comme elle l’avait fait dans le cas
des documents oubliés la semaine dernière.
Une politicienne néophyte
— À
peine élue, pour la première fois l’automne dernier,
Lisa Raitt a aussitôt fait son entrée au Conseil des
ministres, en octobre, comme titulaire des
Ressources naturelles.
PHOTO ADRIAN WYLD,
LA PRESSE CANADIENNE
Lisa Raitt est
nouvelle en politique. Cette mère de deux jeunes
garçons, âgée de 40 ans, a été élue pour la
première fois l’automne dernier.
La femme de 40 ans, mère de deux jeunes garçons, en
était à sa première tentative en politique active
lorsqu’elle a battu par 7000 voix le candidat
libéral Garth Turner (ancien député conservateur)
dans la circonscription ontarienne d’Halton.
Cette avocate spécialisée en propriété
intellectuelle et en litiges commerciaux, native du
CapBreton, en Nouvelle-Écosse, était auparavant à la
tête de l’Administration portuaire de Toronto,
depuis 2002. Son passage y aura été marqué par la
controverse ; Mme Raitt a notamment eu maille à
partir avec les riverains et le maire de Toronto
concernant l’expansion du petit aéroport situé au
centre-ville de la métropole canadienne. En 2006,
l’administration portuaire a poursuivi en
diffamation pour 3,4 millions un organisme citoyen
qui remettait en question l’intégrité et l’éthique
de Mme et d’autres membres de la direction.
Considérée comme une poursuite abusive (SLAPP), la
cause s’est finalement réglée à l’amiable.
Plutôt effacée depuis son arrivée sur la colline
parlementaire, la ministre a été propulsée à
l’avantscène avec l’arrêt de production, à la
mi-mai, du réacteur nucléaire de Chalk River, en
Ontario, principal fournisseur mondial d’isotopes
médicaux essentiels à de nombreux examens, notamment
pour diagnostiquer des cancers.
Fin mai, la ministre a par ailleurs annoncé la
privatisation du volet commercial de l’industrie
nucléaire canadienne, actuellement géré par Énergie
atomique Canada.
Lisa Raitt, née MacCormack, est mariée à David
Raitt, acteur et auteur comique ontarien. Le couple
et ses deux garçons, John Colin et Billy, habitent à
Oakville, dans la grande région de Toronto. Outre
ses études en droit, Lisa Raitt détient aussi un
baccalauréat en sciences et une maîtrise en chimie,
spécialisée en toxicologie environnementale. En
1989, son frère Colin, travailleur d’une aciérie,
est mort d’un cancer du poumon, à l’âge de 36 ans.
Un enregistrement qui met la ministre Raitt
dans l’embarras
— La
ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, qualifie la
crise des isotopes médicauxd’enjeu « vendeur » enplus
d’émettre des doutes quant à la compétence parlementaire de
la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, dans une
conversation enregistrée par erreur.
Le quotidien Halifax Chronicle-Herald a rapporté avoir
obtenu un enregistrement où la ministre Raitt et son
ancienne attachée de presse, Jasmine MacDonnell, tiennent
des commentaires désobligeants à propos de la ministre
fédérale de la Santé.
La conversation aurait été enregistrée par erreur le 30
janvier, peu après qu’une fuite d’eau lourde eut été
signalée au réacteur nucléaire ontarien de Chalk River. Mme
Raitt et son attachée de presse d’alors discutaient dans une
voiture de leurs efforts infructueux visant à obtenir des
citations de la part de Leona Aglukkaq pour la préparation
d’un communiqué de presse au sujet de la crise des isotopes
médicaux.
L’enregistrement révèle que Mme Raitt a dit vouloir recevoir
le mérite de la gestion de la crise, un dossier qu’elle
affirme être « vendeur ». Mme Raitt affirme que sa collègue
à la Santé est une femme compétente, mais qu’il lui est
difficile de travailler dans un Parlement où règne la
confrontation.
« J’espère qu’elle n’aura jamais un dossier chaud entre les
mains », a affirmé Lisa Raitt, selon le Halifax
Chronicle-Herald.
Injonction refusée
L’ancienne attachée de presse de la ministre avait demandé
au tribunal une injonction interdisant la publication d’un
article rapportant la conversation. L’affaire a été entendue
d’urgence hier après-midi par le juge Gerald Moir, qui a
finalement donné raison au quotidien de Halifax et a permis
la publication de l’article et de la conversation.
« Il n’est pas avisé de priver les médias, et le public
qu’ils informent, de commentaires tenus en privé, mais qui
ne sont pas confidentiels comme le sont des secrets
commerciaux », a fait valoir le juge après avoir écouté la
conversation, d’une durée de 5 heures et 16 minutes.
Plus tôt
dans la journée, à la Chambre des communes, Lisa Raitt
n’avait pas voulu confirmer si les propos que lui attribuait
le Halifax Chronicle-Herald étaient exacts.
Mme MacDonnell, 26 ans, a perdu son emploi la semaine
dernière, soi-disant parce qu’elle était responsable de
l’oubli de documents confidentiels dans les bureaux du
réseau de télévision CTV.
Elle aurait aussi égaré son enregistreuse au Parlement,
après une entrevue, il y a plusieurs mois. Un journaliste
duChronicle-Herald affirme avoir fait savoir à Mme
MacDonnell qu’il était en possession de l’appareil – trouvé
dans une des toilettes de la galerie de la presse –, mais
que celle-ci n’est jamais allée le récupérer.
Lisa Raitt est dans l’embarras depuis quelques semaines, en
raison de la crise des isotopes médicaux et aussi à cause de
documents oubliés au réseau CTV.
Hier, le NPD a par ailleurs laissé entendre qu’elle avait
dépensé de manière outrancière alors qu’elle était à la tête
de l’organisme qui gère le port de Toronto.
Mme Raitt a offert sa démission au premier ministre la
semaine dernière, mais ce dernier l’a refusée. La clémence
de M. Harper en a fait sourciller plus d’un à Ottawa.
Les médias ont souligné que le député de Beauce, Maxime
Bernier, n’avait pas été traité avec autant de magnanimité
quand il avait oublié des documents chez son excopine, Julie
Couillard, il y a un an. M. Bernier avait dû renoncer à son
portefeuille des Affaires étrangères pour calmer la grogne.
Il n’a pas encore été réintégré au Conseil des ministres.
Tard hier soir, un porte-parole de Stephen Harper a fait
savoir que les ministres Raitt et Aglukkaq ont toujours la
confiance du premier ministre. « Cette histoire est peutêtre
embarrassante, mais elle n’affecte en aucune façon la
capacité de la ministre (Raitt) de faire son travail », a
dit le porte-parole, Dimitri Soudas.
Nouvelle politique fédérale d’expulsion des demandeurs
d’asile Inquiétude chez les Rwandais, les Burundais et les
Libériens deMontréal
Les communautés
rwandaise et burundaise de Montréal craignent que des dizaines
de leurs membres soient forcés de quitter le Canada,
conséquence d’une nouvelle politique fédérale sur l’expulsion
des demandeurs d’asile.
Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi soir qu’il levait la
suspension des expulsions vers le Rwanda, le Burundi et le
Liberia. Dans le cas des deux premiers pays, le moratoire
avait été adopté en 1994, dans la foulée du génocide rwandais.
On craignait de mettre la vie des demandeurs d’asile en péril
en les renvoyant dans leurs pays d’origine.
Ottawa estime que la mesure n’est plus nécessaire, car la
situation politique et humanitaire s’est améliorée dans ces
trois pays. Elle reste toutefois en vigueur pour les
ressortissants de l’Afghanistan, de la République démocratique
du Congo, d’Haïti, de l’Irak et du Zimbabwe.
Quelque 2100 Rwandais, Burundais et Libériens qui se sont vus
refuser le statut de réfugié pourraient devoir quitter le
Canada.
Bien que la situation dans son pays natal se soit améliorée,
JeanClaude Manirakiza, ancien
présidentdelaCommunautéburundaise de Montréal, estime que la
décision d’Ottawa est mal avisée.
« Le Burundi vient à peine de sortir de 15 années de guerre
civile, a-t-il indiqué. Et les séquelles de ce conflit
persistent. »
L’actuel président de la communauté, Elie Nahimana, convient
que de plus en plus de Burundais voyagent dans leur pays
d’origine, signe que la paix y règne. Mais il craint que la
situation ne dégénère dans les prochains mois. D’abord,
parcequeles combats continuentde semer la terreur dans la
République démocratique du Congo voisine. Ensuite, parce que
les élections prévues l’an prochain font craindre une nouvelle
flambée de violence à plusieurs observateurs.
« Il y a une
escalade entre les partis politiques, a-t-il affirmé. Et
tout le monde veut se dépêcher d’y aller avant 2010, parce
que tout le monde craint que les élections n’entraînent de
la violence. »
Les Montréalais d’origine rwandaise sont plus partagés sur
la question. D’une part, ils se réjouissent de la décision
du gouvernement fédéral, y voyant la preuve que leur pays se
porte mieux. De l’autre, ils craignent que des dizaines de
leurs concitoyens établis au Canada depuis plus de 10 ans
soient forcés de partir.
« Si ce sont des gens qui ont trempé dans des affaires
criminelles, ils risquent d’être poursuivis par les
autorités, mais autrement, il y a une grande sécurité au
Rwanda », a indiqué Jean-Baptiste Kanobana, membre inf luent
de la communauté rwandaise de Montréal.
Un sursis de six mois
Ottawa et Québec donnent six mois aux personnes qui risquent
l’expulsion pour déposer une demande de résidence
permanente. La procédure de renvoi sera suspendue pendant
l’étude de leur dossier.
Le ministère provincial de l ’ I mmigration étudiera le «
parcours d’intégration » de chaque candidat – travail,
études, dossier criminel, etc. – et fera des recommandations
aux autorités fédérales.
« Ça les aidera à avoir un avis favorable », a dit le
porte-parole de la ministre Yolande James, Luc Fortin.
Entre 200 et 300 résidants du Québec pourraient être
expulsés en raison de la nouvelle politique fédérale.
ALLÉGATIONS DE CORRUPTION MUNICIPALE Les rumeurs
rattrapent le PCC - Hugo de GrandPré
OTTAWA — Les allégations de corruption en
politique municipale montréalaise rattrapent le Parti
conservateur du Canada. La Presse a appris hier que
Giulio Maturi, un proche du sénateur Léo Housakos,
n’était plus organisateur pour le parti de Stephen
Harper dans la métropole depuis la fin de la semaine
dernière.
Ce départ coïncide avec l’entrevue de trois heures
donnée par l’a ncien chef de Vision Montréal, Benoit
Labonté, à Radio-Canada, et dont une heure a été
diffusée jeudi. Au cours des deux heures non diffusées,
M. Labonté a affirmé que c’était le propriétaire de la f
i r me Si mard-Beaud r y Construction, Tony Accurso, qui
lu i avait présenté M. Housakos en août 2008, qui a à
son tour présenté Giulio Maturi à l’ancien aspirant
maire.
Selon ce qu’a déclaré M. Labonté à Radio-Canada, les
deux hommes auraient plus tard insisté pour que le parti
Vision Montréal embauche quatre personnes, payées par
des entreprises privées. Le refus de l’ancien chef
aurait envenimé leurs relations et MM. Housakos et
Maturi auraient quitté Vision Montréal peu après. Ce
dernier occupait jusqu’à son départ, en 2009, le poste
de directeur général de la formation. Il avait remplacé
Yves Lemire, qui avait rejoint le chef libéral Michael
Ignatieff, à Ottawa.
M. Maturi n’a pas r appelé La Presse, hier. Quant au
Parti conservateur, on n’a pas voulu expliquer les
circonst ances de son départ. « M. Maturi n’est plus un
employé du Parti conservateur », s’est borné à dire le
porte-parole de Christian Paradis, Mark Quinlan. M.
Paradis est le lieutenant québécois du premier ministre
Stephen Harper. À ce titre, il est chargé de superviser
l’organisation électorale dans la province.
Deux sources conservatrices ont dit toutefois douter que
le départ de M. Maturi soit une coïncidence, étant donné
les circonstances. « Je ne pense pas que ce soit lui qui
ait quitté », a ajouté l’une d’elles. Ces sources nous
ont expliqué que le début de son engagement avec le PC
remontait à la fin de l’été.
Charge aux Communes
G i u l
i o Mat u r i e t L é o Housakos étaient ensemble dans
l’aile jeunesse du Parti conservateur. M. Maturi a
ensuite assisté M. Housakos lorsque ce dernier s’est
présenté pour l’Alliance canadienne, en 2000, dans une
circonscription de Laval. Ils ont par la suite travaillé
pour l’ADQ.
L e s deu x orga nisateu r s politiques sont entrés à
Vision Montréal afin de donner un coup de main au parti
lors des élections partielles dans Ahuntsic-Cartier vi l
l e. M. Labonté a déclaré à RadioCanada qu’il avait
confié ses « difficultés organisationnelles » à Tony
Accurso. « M. Accurso m’avait référé M. Housakos, que je
ne connaissais pas du tout à ce momentlà », a-t-il
relaté.
Cette proximité entre le sénateur Léo Housakos et
l’entrepreneur en construct i on a r ebondi j usqu’à la
Chambre des communes, hier – à propos d’un autre sujet.
Le député libéral Marcel Proulx a en effet questionné le
gouver nement à propos d’u n article paru sur le site
internet des employés en lockout du Journal de Montréal
, RueFrontenac.com.
« On apprend aujourd’hui que le sénateur Housakos
organisait des événements de financement pour Mario
Dumont et l’ADQ au restaurant Onyx, du complexe Tops à
Laval, propriété de Tony Accurso. C’est M. Accurso qui
aurait payé l’addition de 14 000$ », a lancé M. Proulx.
« Le premier ministre bénéficie-t-il lui aussi du vaste
réseau d’amitié tissé par MM. Housakos et Soudas ? »
a-t-il ajouté en faisant allusion à Dimitri Soudas,
attaché de presse de longue date du premier ministre
Harper et l’un de ses principaux conseillers. M. Soudas,
lui aussi issu de la branche adéquiste du Parti
conservateur actuel, est un ami de longue date de Léo
Housakos.
Le ministre des Transports, John Baird, a répondu à la
question en invitant le député à répéter ses propos à
l’extérieur de la Chambre des communes, où il ne jouit
pas de l’immunité parlementaire.
Le sénateur Housakos a refusé la demande de La Presse
pour réagir à l’entrevue de Radio-Canada.
Le ministre MacKay dans l’embarras -
Malorie Beauchemin
OTTAWA —
À quelques semaines du déclenchement possible d’une
campagne électorale, un ministre influent du cabinet
Harper, Peter MacKay, se retrouve en eau trouble pour
avoir omis de déclarer qu’il était membre du conseil
d’administration d’entreprises forestières appartenant à
son père.
« C’est un manquement à l’éthique. Pour un ancien
procureur qui sait que l’ignorance devant la loi ne peut
pas être un argument, je trouve que son aveuglement ne
tient pas la route », a j ugé le député libéral Denis
Coderre, hier.
Le quotidien néo-écossais The Chronicle Herald a révélé
hier que le ministre de la Défense occupait jusqu’à
mercredi le poste d’administrateur dans les entreprises
Beaver Lumber et Lorne Resources, propriétés de son
père, l’ancien ministre conservateur Elmer MacKay.
L e m i
n ist re M ac K ay a démissionné de ses fonctions après
avoir été joint par le bureau de la commissaire à
l’éthique, Mary Dawson, qui analyse actuellement le
dossier. Il a affirmé avoir oublié qu’il fa isa it pa r
tie de ces conseils d’administration.
La loi fédérale sur les conflits d’intérêts interdit à «
tout titulaire de charge publique principale d’occuper
un poste d’administrateur dans une société ou un
organisme ». Les ministres et députés doivent par
ailleurs remplir une déclaration d’intérêts au moment de
leur entrée en fonction.
Le ministre MacKay a par ailleurs annoncé la semaine
dernière un investissement fédéral de 7 millions pour
l’industrie forestière en NouvelleÉcosse, une région où
son père est considéré comme un magnat du bois de
charpente.
L’opposition réclame une enquête et attend avec la
décision de la commissaire à l’éthique. «C’est un devoir
de tout déclarer, a conclu Carole Freeman, députée du
Bloc québécois. Encore une fois, on a, avec ce
gouvernement-là, un grand problème de transparence.»
Contrat verbal Le bureau de Stephen Harper
rappelé à l’ordre - Hugo de GrandPré
Le bureau
du premier ministre Stephen Harper s’est fait rappeler à
l’ordre par le bureau du Conseil privé, il y a quelques
mois, pour avoir octroyé un contrat de près de 24 500$
verbalement. Ce qui ne l’a pas empêché de recommencer
quelques jours plus tard.
C’est ce que révèlent des documents obtenus par La Presse
en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Le contrat
en question a été conclu en mars dernier avec Ari
Fleischer, l’ancien attaché de presse de George W. Bush,
pour que sa firme fournisse des conseils en matière de
communications à l’entourage du premier ministre canadien
en vue du sommet du G20 qui s’est tenu à Londres, au début
du mois d’avril.
À l’époque, le gouvernement souhaitait faire la promotion
du libre-échange et exprimer son opposition au
protectionnisme américain. M. Fleischer avait entre autres
organisé des entrevues de Stephen Harper à Fox News et
CNN.
Or, la manière dont ce contrat a été octroyé – sans
documentation préalable – a visiblement déplu aux
fonctionnaires chargés de surveiller l’octroi de contrats
du bureau du Conseil privé, qui ont fait de véritables
remontrances aux employés du bureau du premier ministre.
« En plus de la documentation que vous nous enverrez, nous
exigeons une approbation du chef de cabinet expliquant
qu’il est au courant qu’il s’agit d’un contrat rétroactif
», a écrit à la fin mars un employé du bureau du Conseil
privé à la gestionnaire des opérations du bureau du
premier ministre, Geraldine Hyland.
De plus, a ajouté cet employé, le chef de cabinet « doit
nous fournir les raisons pour lesquelles le travail a été
fait sans un contrat et quelles procédures, s’il y en a,
ont été mises en place pour empêcher que cela se
reproduise ».
Le chef de cabinet du premier ministre Harper, Guy Giorno,
a répondu une semaine plus tard. « J’ai été mis au courant
que les services de M. Fleischer ont été retenus sans
avoir rédigé de contrat écrit », a-t-il écrit dans une
note de service adressée à une autre employée du Conseil
privé.
« C’était une situation extraordinaire en ce que les
services de M. Fleischer ont été requis dans un délai très
court », a-t-il justifié.
Dimitri
Soudas, attaché de presse de Stephen Harper, a déclaré
qu’il était contre les pratiques du bureau du premier
ministre d’octroyer un contrat verbal. « Il n’y a aucun
contrat verbal qui est conclu par le bureau du premier
ministre », a-t-il commencé par dire.
« Dans ce cas-ci, étant donné que les services étaient
requis à très brève échéance, ils ont été retenus avant
que le contrat écrit ne soit en place. Mais le contrat
écrit a suivi. Cette façon de faire n’est pas
inhabituelle dans certaines situations exceptionnelles.
Mais je réitère qu’elle respecte toutes les règles
établies. »
Un porte-parole du Conseil du Trésor a précisé que le
fait de conclure des contrats demanière verbale n’était
pas expressément prohibé par les règles du gouvernement.
« La politique du Conseil du Trésor ne l’empêche pas,
mais elle ne l’encourage pas non plus », a expliqué
Pierre-Alain Bujold.
Un deuxième contrat verbal
Par ailleurs, le bureau du Conseil privé a confirmé à La
Presse qu’un autre contrat verbal de moins de 25 000$
avait été attribué à la société de M. Fleischer, pour la
période couvrant le mois suivant la fin de son premier
mandat, soit du 15 avril au 15 mai. Encore une fois,
l’entente a été conclue verbalement. Mais la porteparole
du bureau du Conseil privé, Myriam Massapli, n’a pas été
en mesure d’en préciser le montant, sous prétexte que M.
Fleischer n’avait pas encore été payé pour ce second
mandat.
En principe, le gouvernement doit passer par des appels
d’offres avant d’attribuer des contrats. Or, comme il
existe une exception à cette règle pour les contrats de
moins de 25 000$, il n’est pas rare dans les rapports du
gouvernement de voir des contrats pour environ 24 500$.
Dans ce cas-ci, en plus du contrat avec Ari Fleischer
Communications, le gouvernement a aussi eu recours aux
services de l’ancien porteparole de Bill Clinton, Mike
McCurry, contre une rétribution semblable.
Dimitri Soudas n’a pas voulu dire si son patron aurait
encore une fois recours aux services de ces deux ténors
de la communication politique en vue du sommet du G20
qui se tiendra à Pittsburgh, à la fin de septembre. « On
ne peut jamais exclure la possibilité d’avoir les
services de professionnels pour des travaux nécessaires,
a-t-il laissé tomber. Mais pour le moment, pour le
contrat écrit qui a été signé, les services requis ont
été rendus. »
« Ce n’est pas transparent » - Malorie
Beauchemin
OTTAWA —
L’opposition libérale accuse le gouvernement
conservateur d’avoir manqué de transparence dans
l’attribution à l’entreprise Royal LePage d’un contrat
visant les déménagements des employés fédéraux.
Comme La Presse l’avait annoncé la semaine dernière, le
ministère des Travaux publics a annoncé en catimini,
hier, sur son site, qu’un « nouveau contrat » avait été
attribué à Brookfield Global Relocation Services,
nouveau nom des Services de relogement Royal LePage,
pour une durée de cinq ans, dans le cadre du Programme
de réinstallation intégré.
Autour de 20 000 employés f é d é r au x , do n t 1 5 0
0 0 membres des Forces canadiennes, sont déplacés chaque
année d’une ville à l’autre. Royal LePage détient le
contrat depuis une décennie. Or, l’entreprise a été le
seul soumissionnaire, dans un processus d’appel d’offres
critiqué par l’industrie.
Depuis 2002, le dossier est entaché de controverses,
d’enquêtes et de poursuites. Une enquête a d’abord
révélé que des fonctionnaires s’étaient placés en conf
lit d’intérêts en acceptant des cadeaux de Royal LePage.
Puis, en 2006, la vérificatrice générale, Sheila Fraser,
a conclu que le processus d’appel d’offres de 2004
contenait aussi des irrégularités.
« Les conservateurs ont promis de changer le processus,
mais ils n’ont rien fait, a dit hier la critique
libérale en matière de Travaux publics, Martha Hal l
Findlay. I ls savaient qu’il y avait des problèmes. Ils
ont eu des avis depuis des mois. Ça soulève bien des
questions. »
Dans une lettre envoyée à Christian Paradis, le ministre
des Travaux publics, la députée libérale somme le
gouvernement de démontrer que le processus a été
transparent et équitable, « sans quoi la procédure en
question devrait être reprise ».
« On a
posé des questions en comité. On a essayé. On n’a eu
aucune réponse, a-t-elle ajouté. C’est difficile de dire
si le processus a été équitable ou non, mais ce que je
peux dire, c’est que ce n’est pas transparent. »
La députée néo-démocrate Carol Hughes s’inquiète aussi
du fait que le contrat, évalué à 150 millions de
dollars, ait été attribué sans qu’il y ait concurrence.
« Il va falloir voir si le processus fonctionne ou pas.
La vérificatrice générale a déjà dit que c’était
problématique. Ce serait peut-être le moment de voir si
on ne devrait pas scinder le contrat », a souligné Mme
Hughes.
Dès l’appel d’of fres, en avril, l’industrie s’était
insurgée contre les courts délais accordés pour
soumissionner, mais aussi pour se préparer à remplir un
contrat de cette ampleur.
« Le processus était tel que seul Royal LePage pouvait
obtenir le contrat », a estimé hier Vickie Campbell,
présidente de l’entreprise TransferEASE Relocation, qui
avait soumissionné le même contrat en 2004. Mme Campbell
s’était rendue à Ottawa l’automne dernier pour présenter
aux responsables des recommandations afin d’avoir un «
processus ouvert » , qui permettra it à d’autres
entreprises de soumissionner.
« Quand l’appel d’offres a été publié, aucun changement
n’avait été fait à la suite de mes recommandations ou de
celles d’autres ent repr ises » , a soul igné Mme
Campbell. Elle réclame maintenant que la vérificatrice
générale se penche de nouveau sur l’attribution de ce
lucratif contrat.
Le ministre Paradis n’était « pas disponible » pour
répondre aux questions de La Presse, hier, a-t-on
indiqué à son bureau.
Joe Clark n'a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper...
StephenHarper doit avoir des regrets, selon Joe Clark -
Tensions entre Harper et Mulroney
Michael
Ignatieff ou Stephen Harper ? « J’ai un vote privé, et je veux
le garder privé. »
Le premier ministre Stephen Harper aurait dû appuyer son
prédécesseur Brian Mulroney dès le début des révélations
entourant ses liens avec l’homme d’affaires allemand Karlheinz
Schreiber, estime l’ancien premier ministre Joe Clark.
« J’imagine que M. Harper regrette de ne pas avoir appuyé M.
Mulroney dès le début de cette controverse », a dit M. Clark,
hier, lors d’une entrevue avec La Presse.
Joe Clark, qui a été premier ministre
progressiste-conservateur en 1979-1980 et ministre des
Affaires étrangères sous le gouvernement Mulroney, était de
passage à l’École de technologie supérieure dans le cadre
d’une conférence sur l’Afrique.
En marge de l’événement, M. Clark s’est brièvement prononcé
sur les tensions qui opposent Stephen Harper et Brian
Mulroney.
Les deux hommes sont en froid depuis la fin de 2007. Ébranlé
par les déclarations de Karlheinz Schreiber, de qui M.
Mulroney aurait accepté 225 000$ en argent comptant, M. Harper
a donné l’ordre à son équipe de rompre les liens avec Brian
Mulroney. Pour faire la lumière sur les relations entre les
deux hommes, il a également ordonné la tenue de la commission
Oliphant, qui se déroule ces jours-ci à Ottawa.
« Je crois que M. Harper regrette d’avoir permis à cette
animosité de se développer », a dit Joe Clark, hier, affirmant
que le conflit actuel n’était « pas nécessaire ».
La semaine dernière, Stephen Harper a dit aux membres de son
caucus que Brian Mulroney devrait être traité avec « respect
». Le premier ministre tentait ainsi d’apaiser la controverse
entourant le traitement que les conservateurs réservent à M.
Mulroney.
Joe Clark considère que les récentes paroles de Stephen Harper
sont plus correctes, car « Mulroney est un ancien premier
ministre qui mérite beaucoup de respect pour ses réalisations
».
Joe Clark
affirme entretenir de bonnes relations avec M. Mulroney, qu’il
voit « de temps en temps ». Au tournant des années 80, la
relation entre les deux hommes était pourtant tendue. Des
partisans de Brian Mulroney avaient organisé une campagne
visant à se débarrasser de Joe Clark comme chef du parti. Et
Karlheinz Schreiber a affirmé avoir fourni 25 000$ pour payer
les frais de transport de délégués du Québec qui ont voté
contre le leadership de Joe Clark au congrès conservateur de
1983
M. Clark n’a pas fait d’autres commentaires sur la commission
Oliphant, hier.
Aide humanitaire
L’École de technologie supérieure recevait M. Clark pour
annoncer un projet de développement durable en République
démocratique du Congo. M. Clark est président d’une firme
canadienne travaillant au Ghana, entre autres.
Joe Clark s’est désolé du fait que Stephen Harper ait diminué
l’aide humanitaire du Canada en Afrique. « Mais on doit se
souvenir que le gouvernement actuel a commencé en ignorant
tous les pays en voie de développement », a-t-il déclaré.
L’ancien politicien a également ajouté sa voix à celles qui
réclament le rapatriement d’Omar Khadr de Guantánamo.
Joe Clark n’a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper.
En 2004, il avait affirmé qu’il serait dangereux de le laisser
diriger le pays, et que le libéral Paul Martin serait un
moindre mal.
Alors, Michael Ignatieff ou Stephen Harper?
« J’ai un vote privé, et je veux le garder privé », a conclu
Joe Clark, soulignant qu’il connaissait peu Michael Ignatieff.
SÉRIE DE DÉPARTS
Robert Marleau est le dernier d’une série de hauts
fonctionnaires fédéraux influents qui ont annoncé leur
retraite au cours des dernières semaines. La semaine dernière,
le sous-ministre des Transports, Louis Ranger, a annoncé la
sienne, après un désaccord avec le ministre John Baird sur le
moyen d’accélérer les dépenses dans les projets
d’infrastructures. Il y a un peu plus d’un mois, c’était le
plus haut fonctionnaire d’Ottawa, le greffier du Conseil
privé, Kevin Lynch, qui avait fait de même. Le dirigeant du
Service canadien du renseignement de sécurité, Jim Judd, sera
quant à lui remplacé la semaine prochaine par un autre haut
fonctionnaire, Richard Fadden, pour les mêmes raisons. Mais le
commissaire à l’information sortant, Robert Marleau, refuse
d’y voir le signe d’un malaise au sein de la fonction publique
à Ottawa. « On a tous 35 ans, 38 ans de service, on a tous
au-dessus de 55 ans… a-t-il noté. On a des petitsenfants qui
commencent à grandir… J’en ai un, moi, qui commence à manier
une ligne à pêche… Je pense que c’est important de lui donner
du temps et d’aller à la pêche avec lui ! »
Harper perd son directeur des communications
À quelques mois d’une possible campagne électorale
automnale, un membre important du cabinet du premier ministre
Stephen Harper quitte le navire. Kory Teneycke, directeur des
communications depuis à peine un an, a confirmé hier qu’il
quitterait son poste prochainement. Il insiste pour dire qu’on
ne lui a pas montré la porte. – Malorie Beauchemin et La
Presse Canadienne
Ça ne change pas le monde, sauf que… - VINCENT
MARISSAL
Voilà tout
un changement avec le premier mandat: les élus conservateurs
sont « parlables », eux qui fuyaient les médias comme la
grippe porcine auparavant.
D’abord une bonne nouvelle ( elles ne sont pas si
fréquentes): le gouvernement Harper fait marche arrière et
s’engage à réinstaurer sa subvention de deux millions par
année à Montréal International, ce qui règle du coup un
dossier empoisonné entre Ottawa et Québec.
Dans le flot des mauvaises nouvelles et des milliards de
déficit anticipé, deux millions pour un petit organisme, ça
ne change pas le monde, sauf que…
Sauf que cela illustre un changement de mentalité au sein du
gouvernement Harper, qui avait braqué la communauté
d’affaire de Montréal et le gouvernement du Québec, en 2007,
en coupant bêtement la subvention versée à Montréal
International.
Financée par Ottawa, Québec, Montréal et par le secteur
privé, Montréal International a pour mandat d’amener dans la
métropole des sièges sociaux d’organisations
internationales, comme l’Agence mondiale antidopage, l’une
de ses plus belles prises.
Le retrait du fédéral, en 2007, avait provoqué une commotion
à Montréal et déclenché une guerre de mots entre les
ministres JeanPierre Blackburn, à Ottawa, et Raymond
Bachand, à Québec.
Le nouveau minist re du Développement économique, Denis
Lebel, semble adopter une approche plus conciliante et
l’enles conservateurs, aussi, qui semblent avoir appris de
leurs coûteuses erreurs du premier mandat.
Depu i s quelque s moi s , on sent clairement que les
ministres Christian Paradis (Travaux publics) et Denis Lebel
( Développement économique) font de louables efforts pour
payer les pots cassés. Ils sont plus attentifs, moins
frondeurs, notamment avec le milieu culturel et les
organismes de développement économique.
Ils communiquent mieux aussi, signe qu’ils sont plus
sensibles à leur image. La semaine dernière, les collègues
de RDI étaient bien surpris de voir les ministres
conservateurs de Québec se porter volontaires pour des tente
devrait être annoncée le 9 juin, selon une source
conservatrice bien informée.
Une autre annonce, touchant cette fois le financement de
World Trade Center Montréal (organisme de démarchage à
l’étranger rattaché à la chambre de commerce de Montréal),
devrait suivre dans les semaines suivantes.
Bon ne s nouve l l e s pou r Montréal. Bonne nouvelle pour
entrevues sur presque tous les sujets d’actualité au
lendemain du grand rassemblement partisan à Montréal. Voilà
tout un changement avec le premier mandat : les élus
conservateurs sont « parlables », eux qui fuyaient les
médias comme la grippe porcine auparavant.
Bien sûr,
il en faudra plus pour que les conservateurs changent le
triste sort annoncé par les sondages au Québec, et en
particulier à Montréal. Cela dit, on leur a tellement tapé
sur la tête pour leurs mauvais coups, ce n’est que justice
que de relever le changement d’attitude.
Pressés de lancer les grands chantiers censés relancer
l’économie, les conservateurs voudraient bien en faire plus
– et surtout plus vite – mais les traditionnelles cérémonies
de première pelletée de terre sont retardées en ce moment
pour une raison bêtement logistique: les ministres Christian
Paradis et Raymond Bachand n’arrivent apparemment pas à
trouver des plages communes disponibles à leur agenda
respectif!
« Le ministre Bachand est aux Finances, au Développement
économique et il est responsable de Montréal, il est trop
occupé pour faire des annonces, déplorent des conservateurs
au centre des pourparlers. En plus, ces temps-ci, il en a
plein les bras avec la Caisse (de dépôt) et avec les FIER… »
Selon les conservateurs, trois ou quatre gros chantiers sont
prêts à être lancés à Montréal et n’attendent que… le
ministre Bachand.
La rumeur à Québec veut que Jean Charest allège la tâche de
son superministre en nommant un nouveau ministre du
Développement économique, ce qui serait, à l’évidence, une
très bonne chose.
On admet par ailleurs dans les rangs conservateurs que les
disponibilités du ministre Paradis sont aussi limitées
puisque les membres d’un gouvernement minoritaire sont le
plus souvent réquisitionnés aux Communes.
C’est tout demême ironique: les partis de l’opposition
accusent les gouvernements Harper et Charest de branler dans
le manche (de pelle), mais les retards dans les travaux sont
causés, en partie, par les travaux parlementaires.
Le bras politique, décidément, est bien mal équipé pour
donner un élan à l’économie.
Mal équipé et même impuissant, à en juger par la réaction
cette semaine du ministre fédéral des Finances, Jim
Flaherty.
Le pauvre homme avait l’air complètement dépassé pa r
l’ampleur du déficit, qui vient d’exploser de 34 à plus de
50 milliards.
Toute la semaine, les porteparole conservateurs ont fait de
vaillants efforts de diversion en expliquant que les
prévisions du déficit sont basées sur des chiffres avancés
par des économistes du privé.
Cette défense visait à nous rassurer, mais dans les faits,
il s’agit plutôt d’un autre terrible aveu d’impuissance.
Le déficit passe de50 à 56 milliards -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA —
Leministre des Finances, Jim Flaherty, revoit encore à la
hausse ses prévisions concernant le déficit pour
l’exercice financier en cours en raison de la faiblesse de
l’économie canadienne. Au lieu de 50 milliards de dollars,
le déficit est maintenant estimé à 56milliards en
2009-2010.
De
passage hier à Victoria, où il a fait une mise à jour
des projections économiques et financières du
gouvernement fédéral pour les cinq prochaines années,
Jim Flaherty a soutenu qu’Ottawa devrait être en mesure
de renouer avec les surplus d’ici six ans, soit deux ans
plus tard que prévu.
Dans son dernier budget, déposé en janvier, M. Flaherty
prévoyait un manque à gagner de 34 milliards de dollars
cette année. Il avait revu ce chiffre à la hausse à 50
milliards en mai. Aujourd’hui, le grand argentier du pays
estime qu’il s’établira plutôt à 56 milliards de dollars.
De passage hier à Victoria, où il a fait une mise à jour
des projections économiques et financières du gouvernement
fédéral pour les cinq prochaines années, M. Flaherty a
soutenu qu’Ottawa devrait être en mesure de renouer avec
les surplus d’ici six ans, soit deux ans plus tard que
prévu.
Il a réitéré que l’engagement du gouvernement Harper de
rétablir l’équilibre budgétaire sans augmenter les impôts
des particuliers et des entreprises et sans réduire les
paiements de transferts aux provinces, comme l’avaient
fait les libéraux de Jean Chrétien dans les années 1990
pour venir à bout du déficit.
« Au cours des 12 derniers mois, les perspectives de
l’économie mondiale ont fait un demi-tour spectaculaire.
La croissance soutenue a fait place à une crise
économique. Rien que cette année, la révision à la baisse
des prévisions économiques du secteur privé nous a obligés
à revoir nos propres projections de déficit, ce que nous
faisons encore aujourd’hui même », a affirmé M. Flaherty.
Selon les dernières projections duministère des Finances,
le déficit devrait être ramené à 5,6 milliards de dollars
au cours de l’exercice financier 20142015 et devrait être
éliminé au plus tard l’année suivante. Toutefois, ce
boulet financier pourrait disparaître plus vite si le
gouvernement fédéral décide d’imposer des mesures de
restrictions budgétaires.
L’an prochain, le déficit devrait être ramené à 45,3
milliards avant de passer à 27,4 milliards en 2011-2012, à
19,4 milliards en 2012-2013, et à 11,2 milliards en
2013-2014.
La crise
économique qui a frappé le pays en 2008 forcera donc le
gouvernement fédéral à ajouter quelque 170 milliards à la
dette accumulée, qui atteindra 628 milliards en 2014-2015.
Conséquence de cette vague d’encre rouge, les frais
d’intérêt liés au service de la dette augmenteront de 25%
durant cette période, passant de 30,7 milliards en
2009-2010 à 42 milliards 2014-2015.
Pour l’heure, le gouvernement Harper refuse de déterminer
des mesures de restrictions budgétaires qu’il pourrait
adopter pour réduire plus rapidement le déficit étant
donné que l’économie mondiale commence à peine à reprendre
des forces et qu’il y a encore de l’instabilité.
Ces mesures seront déterminées, si nécessaire, une fois
que le plan d’action économique aura été totalement mis en
oeuvre, a expliqué le ministre. La grande majorité des
mesures de relance sont d’ailleurs d’une durée de deux ans
et prendront fin en 2011, ce qui réduira le déficit.
« Alors que notre économie s’améliore, les Canadiens ont
toutes les raisons de s’attendre à ce que le gouvernement
rétablisse l’équilibre budgétaire. Nous avons pris cet
engagement dans notre budget de janvier, et nous
maintenons le cap. Cela ne veut pas dire qu’il sera facile
de rétablir l’équilibre budgétaire », a affirmé le
ministre Flaherty dans son discours à Victoria.
« Certains disent que les augmentations d’impôts sont
inévitables, et même souhaitables, si l’on veut rétablir
l’équilibre budgétaire. Ce n’est pas ce que fera le
gouvernement. Nous avons déployé trop d’efforts afin de
créer l’avantage fiscal dont nous disposons aujourd’hui
pour maintenant faire marche arrière », a-t-il dit.
Le ministre a ajouté que la reprise économique actuelle
est fragile et qu’elle pourrait être mise en péril si les
trois partis de l’opposition provoquaient la tenue
d’élections générales. « Ce n’est pas le moment de laisser
l’intérêt partisan et étroit engendrer l’instabilité.
L’heure n’est pas à la politicaillerie », a-t-il dit.
Le Parti libéral a mis en doute les nouvelles projections
du ministre Flaherty, affirmant qu’il n’avait plus aucune
crédibilité pour gérer adéquatement les finances de
l’État.
« Nous avons encore droit à des prédictions de fiction de
la part de l’homme de 56milliards de StephenHarper.
JimFlaherty a dit aux Canadiens qu’il n’y aurait pas de
déficit, ensuite il nous arrive avec un déficit de 50
milliards et maintenant c’est 56 milliards. Les Canadiens
ne peuvent pas avoir confiance en ce ministre », a dit le
député libéral John McCallum.
Ottawa pourrait afficher un déficit de 156
milliards d’ici cinq ans
Selon le
directeur parlementaire du budget
Selon le porte-parole libéral en matière de finances, John
McCallum, le rapport montre qu’Ottawa sera toujours dans
une situation déficitaire même lorsque l’économie ira
mieux.
— Le directeur parlementaire du budget estime que la
récession plongera le gouvernement fédéral dans un déficit
de 155,9 milliards d’ici cinq ans et que des centaines de
milliers d’emplois seront perdus au pays, a appris La
Presse Canadienne.
Dans un rapport qui doit être dévoilé demain, le directeur
parlementaire du budget, Kevin Page, estime qu’en
2013-2014, Ottawa affichera un déficit de 16,7 milliards.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait auparavant
prédit qu’à cette période, le Canada afficherait de
nouveau un surplus budgétaire.
Ces nouvel les prévisions représentent le double de la
somme estimée dans le budget de janvier déposé à Ottawa.
Le gouvernement fédéral avait alors prédit que le déficit
accumulé au cours des cinq prochaines années serait de
84,9 milliards.
Toutefois, ce sont les estimations sur le nombre d’emplois
qui seront perdus au pays qui surprennent le plus . Selon
certaines sources, le rapport révèle que de 190 000 à 270
000 emplois seront perdus cette année au Canada.
On prédit également qu’il y aura de 200 000 à 500 000
emplois en moins l’an prochain. Et pour la période allant
de 2011 à 2014, alors que la récession ne devait être
qu’un mauvais souvenir, il y aurait de 100 000 à 380 000
emplois en moins, toujours par rapport à ce qu’Ottawa
avait d’abord prévu.
Même si ce
rapport ne devait pas être déposé avant demain, il a déjà
été dévoilé aux partis politiques et certains détails sur
son contenu avaient commencé à ci rculer la semaine
dernière.
Pas de surprise
Hier aprè s - mid i , le porte-pa role l ibéral en matière
de finances, John McCallum, a transmis un communiqué dans
lequel il publie certains détails du rapport. Il y affirme
que les chiffres démontrent que le gouvernement fédéral
affiche un déficit structurel d’environ 17 milliards. Cela
veut dire, selon lui, qu’Ottawa sera toujours dans une
situation déficitaire même lorsque l’économie ira mieux.
Même si ces chiffres sont supérieurs à ceux prévus au
budget de janvier, ils ne causeront pas de surprise chez
les économistes du secteur privé. I ls af firmaient depuis
longtemps que les sommes inscrites dans le budget
n’étaient plus valides.
Par exemple, l a Banque Toronto-Dominion avait prédit au
début du mois de mai que le déficit accumulé atteindrait
172 milliards d’ici cinq ans. Et en juin, le ministre des
Finances avait lui-même revu le taux de chômage pour
l’année, qu’il estimait désormais à 8,6%. Il avait
également af firmé que le déficit budgétaire de 2009
serait de 50,2 milliards, alors qu’il l’avait auparavant
estimé à 33,7 milliards.
Dans cette mise à jour du mois de mai, le ministre n’avait
cependant pas fait de prédiction au-delà de l’année
financière 2009-2010 et il ne parlait plus d’un retour à
l’équilibre budgétaire d’ici quatre ans.
Le déficit sera (beaucoup) plus élevé que prévu
Les déficits accumulés doubleront en cinq ans
Après l’aveu
du ministre des Finances Jim Flaherty que le déficit
budgétaire pour l’année financière en cours allait dépasser
les 50 milliards de dollars, le retour à l’équilibre dans
cinq ans paraît compromis.
En fait, selon les projections de la Banque TD, Ottawa
accumulera durant cette période 173,1 milliards en déficits,
soit 88,2 milliards de plus que les 84,9 milliards prévus
par le ministre durant cette période.
Le retour à l’équilibre n’est pas à portée de vue. Cela
signifie que la somme des déficits se rapprochera des 200
milliards, à moins de réduire les dépenses ou de taxer
davantage.
Ottawa pourrait quand même retrouver l’équilibre budgétaire
en 2015-2016 seulement, à la condition expresse de limiter à
2% l’augmentation de ses dépenses de programmes à partir de
2012-2013. Avant, c’est quasi impossible, compte tenu des
plans de relance de l’économie déjà engagés et des effets
retardés de la récession sur la population.
Ce ne sera pas une mince affaire, même en 2012-2013. « La
tendance depuis la fin des années 1990 est plutôt une
croissance annuelle de 6 à 8% », préviennent Don Drummond et
Derek Burleton, respectivement économiste en chef et
directeur de l’analyse économique de l’institution
torontoise.
Déficits plus lourds
Selon leurs analyses, plusieurs facteurs ponctuels et
conjoncturels alourdiront les déficits annoncés en janvier
par le ministre Flaherty.
Ce dernier n’avait pas pris en compte le sauvetage de GM et
de Chrysler par les contribuables qui représentera une
ardoise de 8 à 10 milliards pour l’année budgétaire en cours
selon la voie comptable retenue.
Cela ne peut
être reproché au ministre. Si les rumeurs allaient bon
train, il n’y avait pas d’accord entre les deux moribonds et
Ottawa.
Queen’s Park vient d’ailleurs aussi de refaire ses calculs,
de manière plus transparente, après s’être engagé à aider
les deux constructeurs. Son injection de 4,76 milliards
porte le déficit anticipé de l’Ontario cette année de 14,1 à
18,7 milliards.
M. Flaherty n’a pas non plus ajouté au déficit de l’an
prochain et au suivant l’aide de 4,3 milliards promise à
l’Ontario pour l’harmonisation de sa taxe de vente à la TPS
fédérale. Sa volonté d’aider la province voisine à bouger
avait été pourtant annoncée dans le budget de 2007-2008.
Les calculs des deux économistes tiennent compte aussi de la
révision de l’année financière 2008-2009, annoncée dans la
Revue financière du ministère la semaine dernière. Le
déficit estimé en janvier à 1,1 milliard aura plutôt été de
5,3 milliards.
Ils se montrent aussi plus pessimistes sur les dépenses que
devra consentir Ottawa pour combattre les effets de la
récession, notamment pour l’assurance emploi.
Les économistes de TD font preuve de plus de prudence que le
ministre en ce qui concerne la croissance nominale de
l’économie. Ils misent moins que lui sur l’appréciation
robuste du prix des commodités, en dépit de leur poussée des
dernières semaines.
Enfin, comme la Banque du Canada, ils réduisent le potentiel
de croissance de l’économie canadienne à moyen terme, à la
lueur de la faiblesse des investissements des entreprises
pour augmenter les capacités de production et du
vieillissement de la population qui limitera l’augmentation
de la population apte à travailler.
« Équi l ibrer le budget est illusoire à moins de changer
les paramètres politiques » , préviennent-ils.
Ottawa a enregistré un déficit de 5 milliards
- Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le
gouvernement fédéral a enregistré un déficit de 5 milliards
de dollars uniquement en juin, portant ainsi le manque à
gagner à 12,5 milliards de dollars au cours des trois
premiers mois de l’exercice financier 2009-2010.
Le ministère des Finances a confirmé hier que l ’encre rouge
est désormais à l’ordre du jour à Ottawa en publiant les
plus récentes données sur l’état des finances publiques.
Durant la même période, l’an dernier, les coffres du
gouvernement f édéral ne débordaient pas, mais Ottawa
affichait tout de même un petit surplus de 800 millions de
dollars. Les finances de l’État se sont donc détériorées de
plus de 13 milliards de dollars si l’on compare les trois
premiers mois de l’exercice financier de 2009-2010 à ceux de
2008-2009.
Le déficit de juin s’explique, en grande partie, par une
hausse des coûts des programmes de 4,2 milliards de dollars
par rapport à l’an dernier, notamment à cause de
l’augmentation des prestations d’assurance emploi et de
l’aide offerte par le gouvernement Harper à l’industrie
automobile, frappée durement par la crise économique
mondiale. Les revenus de l ’ État ont aussi été moins élevés
de 2,7 milliards de dollars.
Au printemps, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a revu
à la hausse le déficit prévu pour le présent exercice
financier qui prend fin le 31 mars 2010 en affirmant qu’il
atteindra au moins les 50 milliards de dollars. Dans son
dernier budget, déposé en janvier, il avait prévu un déficit
de 34 milliards de dollars.
Augmenter les impôts ou réduire les dépenses
Dans ce même budget, le grand argentier du pays soutenait
que le gouvernement fédéral serait en mesure de rétablir
l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, ce que plusieurs
économistes et analystes ont mis en doute, dont le directeur
parlementaire du budget, Kevin Page. Selon eux, il sera
impossible de venir à bout du déficit sans augmenter les
impôts ou réduire les dépenses.
M. Flaherty
doit faire une mise à jour économique et financière cet
automne.
Dans une entrevue publiée hier dans le quotidien
le ministre Flaherty a affirmé qu’il voyait des signes
encourageants de reprise à l’horizon et qu’il était donc
hors de question de présenter de nouvelles mesures pour
relancer l’économie, comme le réclament certains partis de
l’opposition.
Il a aussi affirmé que la priorité du gouvernement, une fois
que la reprise économique sera bien engagée, sera de déposer
un plan qui permettra à Ottawa de renouer avec l’équilibre
budgétaire.
« Il faut réduire le déficit et la dette du gouvernement au
cours des prochaines années. Il y avait un consensus assez
large sur le fait qu’il fallait augmenter les dépenses pour
stimuler l’économie. Mais il y a définitivement un désir
d’avoir un plan qui permettra d’éliminer le déficit au fil
des ans », a affirmé M. Flaherty, qui a rencontré des gens
d’affaires, des économistes et des dirigeants de à Chelsea,
en Outaouais cette semaine, pour faire le point sur la
situation économique.
Le retour à l’équilibre budgétaire et la gestion de
l’économie canadienne seront sans doute deux sujets
importants au cours de la prochaine campagne électorale qui
pourrait survenir cet automne.
À moins d’un revirement de taille, les libéraux comptent en
effet profiter de la journée de l’opposition qui leur
revient afin de déposer une motion de censure envers le
gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la fin
septembre.
Le Bloc québécois et le NPD ont déjà fait savoir qu’ils
voteront avec les libéraux pour renverser le gouvernement
conservateur à la première occasion. Des élections fédérales
pourraient donc avoir lieu le 9 novembre ou au plus tard le
16 novembre.
50 milliards? So what !
- ALAIN DUBUC
Les attaques
de M. Ignatieff contre le ministre Flaherty sont injustes
et, surtout, incohérentes.
Coup de théâtre à Ottawa. Le ministre des Finances, Jim
Flaherty a admis mardi en point de presse que le déficit
budgétaire, qu’il évaluait à 34 milliards dans son budget de
janvier, serait plutôt de 50 milliards.
Jim
Flaherty n’a rien à voir avec le bond du déficit.
Un vent de fureur a soufflé sur la capitale. Indigné par ce
déficit, le plus important de l’histoire canadienne, le chef
de l’opposition libérale, Michael Ignatieff, a réclamé la
tête de M. Flaherty, pour cause d’incompétence et de manque
de crédibilité.
Ceux qui me lisent savent que je ne suis pas un fan du
ministre Flaherty, à mon avis un idéologue rigide et sans
vision. Mais je vais me porter à sa défense. Les attaques
dont il fait l’objet sont injustes et, surtout,
incohérentes. Cela nous rappelle encore une fois que la
politique partisane est la pire façon d’aborder un enjeu
grave comme la crise économique.
Pour commencer, il faut arrêter de jouer avec les chiffres.
À 50 milliards, le déficit est peut-être, nominalement, le
plus élevé que le Canada ait connu. Mais parce que les prix
augmentent et que l’économie grossit, les comparaisons avec
le passé ne veulent rien dire. Par exemple, les 34 milliards
du temps de Marc Lalonde étaient bien plus graves que les 50
milliards de M. Flaherty, parce qu’ils équivalaient à 8,6%
du PIB, presque trois fois plus que les 3,3% actuels.
Ensuite, on peut difficilement accuser le ministre
d’incompétence à cause de ses erreurs de prévision. M.
Flaherty a utilisé exactement la même approche prudente que
son illustre prédécesseur Paul Martin. Depuis une décennie,
pour dépolitiser le processus budgétaire, le ministère des
Finances construit son budget en se basant sur la moyenne
des prévisions économiques du secteur privé.
En janvier,
les spécialistes du privé prévoyaient un recul du PIB de
0,8% en 2009. Et c’est cette prévision, que le Ministère a
même corrigé à la baisse par souci de prudence, qui a permis
de projeter un déficit de 34 milliards. La détérioration
marquée de l’économie, depuis janvier, a obligé les maisons
spécialisées, tout comme le FMI ou l’OCDE, à revoir leurs
prévisions à la baisse, ici et dans tous les pays.
On parle maintenant d’un recul de 2,5% à 3,0% pour le
Canada. C’est ça qui propulse le déficit à 50 milliards. Si
on veut punir quelqu’un pour cette erreur, il faudrait
mettre dehors les hauts fonctionnaires des Finances, les
économistes en chef de nos banques et les bonzes des
organismes internationaux. Pas Jim Flaherty, qui n’y est
pour rien.
Enfin, et surtout, on ne peut pas réclamer une chose et son
contraire. L’opposition a beaucoup reproché l’inaction du
gouvernement conservateur. Et bien, ce bond du déficit
constitue justement un stimulus additionnel dont l’économie
peut avoir besoin.
Quand l’économie se dégrade, il est normal que le déficit
grimpe. C’est inévitable et même souhaitable. Certains
postes de dépenses augmentent naturellement, comme
l’assurance emploi, tandis que les revenus baissent. Le
gouvernement se trouve ainsi à injecter, de façon
automatique, des sommes additionnelles dans l’économie, qui
contribueront à la relance.
En s’indignant ainsi du déficit, M. Ignatieff envoie donc un
mauvais message. Car on sait bien que, s’il était au
pouvoir, il ne tenterait pas de résorber ce déficit, puisque
cela entraverait la reprise.
Ces attaques des libéraux sont d’autant plus étonnantes
qu’ils ont plein de munitions pour critiquer le gouvernement
Harper, comme la lenteur de la mise en oeuvre des projets de
relance, les effets dramatiques de la baisse de la TPS sur
la marge de manoeuvre gouvernementale, ou l’absence de plan
crédible pour ramener le déficit à zéro une fois la
récession terminée.
Ampleur du déficit : Les partis devront limiter
leurs promesses
(NDE
: Pour une fois !...)
Le déficit force les policitiens à faire preuve de réalisme
dans leurs prochains engagements électoraux
EXCLUSIF
« Il faudra être moins gourmands », a convenu le député
libéral John McCallum, critique en matière de finances.
OTTAWA— Le déficit record de50 milliards de dollars
qu’affichera le gouvernement fédéral en 20092010 force déjà
les principaux partis politiques à éliminer les projets
coûteux de leurs promesses électorales.
Le
ministre des Finances, Jim Flaherty, a largué une bombe
cette semaine à Ottawa en affirmant que le déficit de
2009-2010 dépassera les 50 milliards de dollars.
Depuis plusieurs semaines, le Parti conservateur, le Parti
libéral, le NPD et le Bloc québécois planchent sur leurs
programmes électoraux en prévision d’un scrutin qui pourrait
survenir à l’automne.
Mais les stratèges de ces partis reconnaissent maintenant
qu’ils devront être moins ambitieux dans leurs engagements
étant donné que le gouvernement fédéral est retombé dans
l’ornière des déficits après plus d’une décennie de
plantureux surplus.
Ils affirment qu’un parti qui promet des programmes coûteux
ne sera tout simplement pas pris au sérieux durant une
campagne électorale qui sera certainement dominée par deux
sujets : les mesures à prendre pour relancer l’économie et
les moyens à adopter pour éliminer le déficit.
Au cou r s de s dernièr e s semaines, l e c hef l i béral
Michael Ignatieff a affirmé qu’un gouvernement l ibéral
investirait dans la création d’un programme national de
garderies, tenterait de ressusciter l’accord de Kelowna (qui
prévoit 5 milliards de dollars pour combattre la pauvreté
chez les autochtones) et invest i rait dans la const ruct
ion d’un train à grand vitesse entre Québec et Windsor,
entre autres choses. Mais, à la lumière des sombres
projections financières de cette semaine, les libéraux
devront faire des choix.
« Il faudra être moins gourmands » , a convenu le député l
ibéral John McCal lum, c r it ique en matière de finances. «
Peutêtre pas le NPD ou le Bloc québécois, parce qu’ils
savent qu’ils ne formeront jamais le gouvernement, mais si
nous devenons le gouvernement, le déficit deviendra notre
problème et donc, oui, il faut être responsable », a-t-il
ajouté.
Déficit revu à la hausse
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a largué une bombe
cette semaine à Ottawa en affirmant que le déficit de
2009-2010 dépassera les 50 milliards de dollars. Dans son
dernier budget, présenté en janvier et adopté en mars, le
grand argentier du pays prévoyait un déficit de 34 milliards
de dollars.
Même s’il a
revu le déficit à la hausse, M. Flaherty a affirmé qu’il
prévoyait toujours l’éliminer d’ici quatre ans sans
augmenter les taxes et les impôts. Il table sur la
croissance des revenus découlant de la reprise économique
attendue l’an prochain.
Hier, le ministère des Finances a annoncé que l’exercice
20082009, qui a pris fin le 31 mars, s’était soldé par un
déficit de 2,2 milliards de dollars, soit le double de ce
que prévoyait le budget. À titre de comparaison, Ottawa
avait un excédent de 9,6 milliards de dollars en 20072008.
Il s’agissait alors du 11e surplus de suite.
M. McCallum a affirmé que les partis politiques auront à
débattre d’une question qui n’était même pas un enjeu au
dernier scrutin, tenu il y a à peine huit mois: comment
éliminer le déficit sans sabrer dans les programmes ou
majorer de façon importante les taxes et les impôts.
« La dernière fois, il n’y avait pas de déficit et on ne
savait pas qu’il y en aurait un. On doit avoir un plan
responsable. On doit être très conscient du déficit quand on
fait les promesses. Quand il y aura des élections, nous
serons responsables parce que nous sommes bien conscients
que, si nous formons le gouvernement, c’est nous qui devrons
régler ce problème », a dit M. McCallum.
Assurance emploi
Il a toutefois ajouté que les libéraux tiennent mordicus à
uniformiser les critères d’admissibilité au programme
d’assurance emploi au pays. L’un de ces critères ferait en
sorte qu’une personne devrait travailler 360 heures pour
avoir droit à des prestations. À l’heure actuelle, le nombre
d’heures requis varie de 420 à 900 heures, selon la région.
Cette mesure, que les libéraux souhaitent temporaire,
coûterait environ 1,5 milliard de dollars par année.
Karl Bélanger, un stratège du NPD, a pour sa part affirmé
que le déficit prévu cette année contraint tous les partis à
faire preuve de réalisme. « Il faut revoir nos chiffres
parce que ceux du gouvernement étaient erronés. Mais c’est
un exercice auquel on est habitués. Les libéraux avaient
l’habitude de cacher les surplus. Maintenant, on a un parti
qui cache les déficits », a affirmé le proche collaborateur
de Jack Layton.
M. Bélanger a ajouté que le Parti conservateur et le Parti
libéral avant lui ont réduit la capacité fiscale d’Ottawa en
diminuant les impôts des grandes entreprises. « Des
réductions d’impôts, c’est bien quand l’économie va bien,
mais quand il y a une crise qui frappe comme c’est le cas,
on tombe en déficit », a-t-il souligné.
Des élections
fédérales cet été ? Le PLC décidera la semaine prochaine
— Les
libéraux attendront le deuxième rapport d’étape sur le
plan économique du gouvernement Harper, qui doit être
déposé la semaine prochaine, avant de décider s’ils
provoquent ou non un vote de censure, au risque de
précipiter le pays en élections en plein été.
Le chef Michael Ignatieff a répété hier qu’il ne
souhaitait pas partir en campagne électorale tout de
suite. Il a toutefois soutenu que les crises se
multipliaient – approvisionnement en isotopes, chômage,
déficit, entre autres – et que l’incompétence des
conservateurs était de plus en plus manifeste.
« Je veux faire fonctionner le Parlement. Les Canadiens ne
veulent pas d’élections. Je ne veux pas d’élections, mais
j’ai un problème. Un problème grave avec ce gouvernement
», a-t-il insisté à l’issue de la période des questions.
M. Ignatieff a rappelé que les conservateurs devaient
rendre compte d’ici quelques jours au Parlement des
progrès accomplis dans la mise en oeuvre de leur plan de
relance économique de janvier dernier.
« Comme
je l’ai dit au départ, nous avons mis ces gens en
probation. Nous regarderons les données quand nous les
aurons et nous prendrons une décision sereine et claire,
probablement au milieu de la semaine prochaine », a-t-il
précisé.
Il n’est cependant pas dit que les Canadiens seraient
appelés aux urnes cet été, même si les libéraux
décidaient de retirer leur confiance aux conservateurs.
Le parti de Michael Ignatieff doit en effet absolument
obtenir l’appui du Bloc québécois et du Nouveau Parti
démocratique pour que leur manoeuvre fonctionne. Leur
prochaine journée d’opposition aura lieu le 23 juin. Ce
n’est qu’à cette occasion qu’ils pourront faire voter
une motion de censure, s’ils le souhaitent.
La fièvre électorale ne semble cependant pas avoir
atteint le chef bloquiste, Gilles Duceppe, qui souligne
que le chef libéral envoie des signaux contradictoires
depuis quelque temps.
« Il se lève en Chambre puis dit : comment peut-on avoir
confiance dans ce gouvernement ? Et quand vient le temps
de voter, il se revire de bord, puis il vote avec eux »,
a-t-il fait valoir.
Insatisfait, le PLC menace de renverser le
gouvernement
Le PC
annonce 500 millions pour les chômeurs
OTTAWA— LeParti libéral a continué à laisser planer la
possibilité d’élections printanières, voire estivales,
hier, malgré les changements annoncés au système
d’assurance emploi par le gouvernement Harper.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a
confirmé que le gouvernement verserait 500 millions de
dollars pour l’aide à la transition et à la formation de
chômeurs. La mesure en deux temps, déjà rendue publique
dans le dernier budget, profiterait à près de 50 000
travailleurs.
Mais selon les partis de l’opposition à Ottawa, il ne
s’agit que d’une annonce recyclée et qui rate complètement
la cible. Le NPD, le Bloc québécois et le Parti libéral
préféreraient que le gouvernement améliore l’admissibilité
au programme, entre autres choses.
« Ils ne cessent de réannoncer des projets d’assurance
emploi qui ne touchent pas aux vrais problèmes, a dénoncé
le chef libéral, Michael Ignatieff. Le vrai problème,
c’est l’admissibilité. »
Le PLC presse le gouvernement Harper pour qu’il établisse
un seuil d’admissibilité de 360 heures de travail partout
au pays. À l’heure actuelle, le seuil établi pour avoir
droit aux prestations varie de 420 à 700 heures, selon les
différentes zones.
M. Ignatieff a déjà indiqué qu’il serait prêt à faire
tomber le gouvernement sur cette question. Il n’a pas
changé de discours, hier, quand une journaliste lui a
demandé s’il pouvait envisager la possibilité de déposer
une motion de défiance.
« Je peux entrevoir cette possibilité et je peux entrevoir
cette possibilité dans un proche avenir », a-t-il dit,
restant tout de même prudent dans le choix de ses mots.
« Mais je
veux être clair, a-t-il ajouté. J’essaie de faire
fonctionner le Parlement pour les Canadiens, premièrement.
Et deuxièmement, j’essaie d’obtenir des améliorations à
l’assurance emploi pour tous les Canadiens. »
Le Bloc et le NPD plus prudents
Le Parlement a repris ses travaux, hier, une dernière
ligne droite avant les vacances estivales. Le Parti
libéral espère d’ici là amener le gouvernement à apporter
des changements à l’aide aux chômeurs. L’un des moyens d’y
parvenir serait de le forcer par le moyen d’une motion de
défiance, présentée au moment de sa prochaine journée
d’opposition.
Mais il n’est pas certain que les autres partis appuient
cette initiative. Hier, ni le Bloc québécois ni le NPD ne
se sont avancés en ce sens.
« Tout est possible, maismoi je préfère avoir des
résultats pour les gens et on va continuer de faire
pression pour ça », a déclaré le chef néo-démocrate, Jack
Layton. Il demande aux autres partis de voter la semaine
prochaine en faveur d’un projet de loi privé qui énonce
les demandes de sa formation.
« La question, ce n’est pas d’avoir le goût ou pas, a
quant à lui expliqué Gilles Duceppe. C’est quelle question
sera posée, puis est-ce qu’on est en faveur de la
proposition ou non? Si on est en faveur, on l’appuie. Si
on ne l’est pas, on est contre. »
Le gouvernement doit accorder trois de ces journées
d’opposition avant la pause estivale, une à chaque parti.
On ignore toutefois quand il le fera. Plusieurs sont
d’avis qu’il attendra jusqu’à la toute dernière minute,
dans l’espoir de couper l’appétit électoral de ses
adversaires.
CANADA
- Le plus important déficit de l’histoire
— La crise économique provoque une chute des
revenus à Ottawa à un point tel que le déficit du
gouvernement fédéral dépassera les 50 milliards de
dollars durant le seul exercice 2009-2010.
« Nous traversons un
ralentissement économique plus profond que ce que
nous avions anticipé », a affirmé hier Jim Flaherty,
ministre fédéral des Finances.
Ce déficit sera, et de loin, le plus important dans
l’histoire du pays, surpassant le déficit de 39,5
milliards de dollars enregistré au cours de l’exercice
financier 1992-1993 quand les conservateurs de Brian
Mulroney étaient au pouvoir.
Il sera aussi 16 milliards de plus que ce qui avait
été prévu dans le dernier budget, adopté il y a à
peine trois mois.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait prévenu
les Canadiens lundi, à l’issue d’une rencontre au
sommet avec ses homologues des provinces à Chelsea, en
Outaouais, que le déficit serait nettement plus
important en 20092010 que les 34 milliards qu’il avait
prévus dans son dernier budget déposé en janvier.
Mais le grand argentier du pays avait refusé de
chiffrer le nouveau boulet financier, affirmant qu’il
comptait détailler le manque à gagner à l’occasion
d’une mise à jour économique qu’il doit faire à la
Chambre des communes d’ici à la fin du mois de juin.
Hier, M. Flaherty a mis fin au suspense. « Nous allons
afficher un déficit à court terme nettement plus élevé
cette année. J’estime que le déficit dépassera les 50
milliards de dollars. Nous traversons un
ralentissement économique plus profond que ce que nous
avions anticipé », a affirmé hier le ministre Flaherty
à l’issue de la période quotidienne des questions.
M. Flaherty a refusé de dire si le déficit prévu pour
l’an prochain – 30 milliards – sera plus important
aussi. Toutefois, il a affirmé qu’il prévoit toujours
un retour au budget équilibré d’ici 2013.
Mais selon des informations obtenues par La Presse
hier, les fonctionnaires du ministère des Finances
n’écartent pas l’idée que le déficit grimpe jusqu’à 55
ou même 60 milliards de dollars une fois que le
présent exercice financier aura pris fin, le 31 mars
2010.
Le gouvernement Harper se voit contraint de revoir à
la hausse le déficit en raison de la chute marquée des
impôts et taxes payés par les particuliers et les
entreprises et la hausse des coûts des programmes
sociaux, notamment les coûts du programme de
l’assurance emploi.
Fait à noter, les entreprises et les particuliers
peuvent revenir trois ans en arrière pour réclamer une
révision des impôts payés sur les gains en capitaux.
L’année 2008 a été marquée par la chute brutale des
revenus des entreprises et le ministère du Revenu a
été inondé de demandes de révision. Résultat: le
gouvernement fédéral est obligé de signer de nombreux
chèques de remboursement en 2009, selon nos
informations.
En outre, l’aide gouvernementale à l’industrie
automobile, de plus de 2,6 milliards de dollars, sera
imputée au budget de cette année, augmentant ainsi le
déficit.
« Un
chiffre très choquant »
Le critique libéral en matière de finances, John
McCallum, s’est dit sidéré d’apprendre les nouvelles
projections du ministre Flaherty.
« C’est un chiffre très choquant. Je suis surpris de
voir que ce soit si élevé que cela. J’aimerais voir
les détails, mais c’est presque 50% plus élevé que ce
qu’il avait prévu. C’est un chiffre assez alarmant.
Tout cela veut dire que la situation est bien pire que
ce qu’on avait prévu », a affirmé M. McCallum.
L’ancien économiste en chef de la BanqueRoyale a
affirmé que le gouvernement fédéral devrait prendre
des mesures « sévères » un jour pour venir à bout de
ce boulet financier.
Le critique du NPD aux finances, Thomas Mulcair, a
pour sa part affirmé que les conservateurs n’ont plus
de crédibilité en matière de gestion des affaires de
l’État.
« Les conservateurs sont en train de battre tous les
records de médiocrité économique. Ils sont en train de
faire les pires déficits dans l’histoire du Canada,
même pires que ceux de Brian Mulroney, ce qui n’est
pas peu dire », a dit M. Mulcair.
Avant que M. Flaherty ne largue cette bombe devant les
journalistes, le premier ministre Stephen Harper avait
affirmé à la Chambre des communes que le gouvernement
fédéral pouvait se permettre ce genre de déficits.
« Nous pouvons nous permettre ce genre de déficits
d’autant plus qu’ils seront de courte durée », a dit
M. Harper, soulignant que les déficits des autres pays
duG7, en particulier aux États-Unis, sont encore plus
imposants en proportion de leur produit intérieur brut
(PIB).
Au Canada, la dette du gouvernement fédéral ne
représente que 29% du PIB, le taux le plus bas des
pays du G7. L’Allemagne arrive au deuxième rang avec
58%. Par comparaison, la dette des États-Unis
représente près de 70% de son PIB.
Dans son dernier budget, le ministre Flaherty
prévoyait un déficit de 34 milliards de dollars en
2009-2010 et de 30 milliards en 2010-2011. Il
prévoyait un déficit cumulatif de 80 milliards entre
2008-2009 et 2012-2013 avant le retour à l’équilibre
budgétaire.
Or, la semaine dernière, le Fonds monétaire
international (FMI) prévoyait que le déficit cumulatif
s’élèverait à 120 milliards au cours des cinq
prochains exercices financiers. Le FMI consulte
abondamment les fonctionnaires du ministère canadien
des Finances avant de faire ses projections pour le
Canada. Chose certaine, un déficit cumulatif de cette
importance fera bondir la dette accumulée du
gouvernement fédéral à 577 milliards, un sommet
inégalé. Ce faisant, Ottawa se verra contraint
d’effacer tous les efforts consentis pour rembourser
la dette accumulée entre 1997 et 2008. Durant cette
période, le gouvernement fédéral a remboursé
l’équivalent de 105 milliards de la dette
accumulée.
Le déficit fédéral sera
plus élevé
Ottawa affirme que ses revenus sont nettement plus
faibles que budgeté
— Le
ministre des Finances, Jim Flaherty, prévient les
Canadiens que le déficit prévu en 2009-2010 sera
nettement plus imposant les 34 milliards de dollars
qu’il avait estimés dans son budget déposé en janvier.
M. Flaherty a laissé tomber cette bombe hier à l’issue
d’une rencontre avec ses homologues provinciaux à
Chelsea, en Outaouais, pour faire le point sur la
situation économique au pays et les mesures prises pour
contrer la récession et examiner la viabilité des
régimes de pensions.
Le ministre des Finances a expliqué que les revenus de
l’État sont beaucoup moins élevés en raison d’une
diminution des impôts des particuliers et des
entreprises ainsi qu’une hausse des coûts des programmes
sociaux, dont l’assurance emploi.
« Le
déficit sera substantiellement plus élevé que prévu.
(...) La croissance est plus lente que nous l’avions
anticipée jusqu’ici. Cela va affecter les revenus du
gouvernement fédéral », a affirmé le grand argentier du
pays, refusant toutefois de chiffrer ce nouveau boulet
financier.
M. Flaherty a indiqué qu’il précisera l’ampleur du
déficit du présent exercice financier à l’occasion de la
mise à jour de la situation économique qu’il compte
faire d’ici la fin de juin à la Chambre des communes.
Dans son dernier budget, M. Flaherty estimait que le
déficit s’élèverait à 34 milliards de dollars au cours
de l’exercice financier 2009-2010 et de 31 milliards en
2010-2011. Une partie de ce déficit est imputable aux
investissements de 20 milliards prévus par Ottawa pour
relancer l’économie en finançant notamment des projets
d’infrastructures.
Le retour à l’équilibre budgétaire était prévu pour
2013. L’encre rouge est donc de retour dans les finances
publiques de façon marquée à Ottawa et dans la majorité
des provinces, dont le Québec et l’Ontario.
« Nous
sommes confrontés à une récession sévère », a affirmé M.
Flaherty, rejetant toutefois du même souffle l’idée de
présenter de nouvelles mesures budgétaires sous peu pour
stimuler davantage l’économie canadienne, même si le
Fonds monétaire international affirmait la semaine
dernière que le Canada disposait d’une marge de
manoeuvre financière pour en faire plus.
M. Flaherty a souligné que les investissements combinés
du gouvernement fédéral et des provinces pour donner du
tonus à l’économie oscillent autour de 50 milliards au
cours des deux prochaines années.
« C’est beaucoup d’argent. Mais cela veut dire que nous
devons prendre les moyens pour s’assurer que l’argent
soit investi rapidement. Les investissements doivent
être faits plus tôt que tard, les emplois doivent être
créés plus tôt que tard », a dit M. Flaherty.
Bachand
Prenant la parole après son collègue fédéral, le
ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a pour
sa part indiqué qu’il n’avait pas corrigé à la hausse
l’ampleur déficit de 4 milliards de dollars prévu par
son ancienne collègue, Monique Jérôme-Forget, en
2009-2010.
« Nous avons déposé notre budget plus tard, en mars. Nos
prévisions tiennent toujours la route pour l’instant »,
a dit M. Bachand, précisant qu’il fera une mise à jour à
l’automne.
Le
ministre des Finances de l’Ontario, Dwight Duncan, a
aussi affirmé que les projections économiques du
gouvernement McGuinty ne seront pas corrigées pour le
moment. Dans son dernier budget déposé le 26 mars, le
ministre Duncan a prédit un déficit record de 14
milliards de dollars en 2009-2010.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a
participé à une partie de la rencontre des ministres des
Finances afin de les mettre au parfum de ses dernières
prévisions économiques.
Par ailleurs, le ministre Flaherty a résisté aux
pressions de certains de ses collègues pour que le
gouvernement fédéral modifie les conditions
d’admissibilité au programme d’assurance emploi.
Avant le début de la rencontre, le ministre Raymond
Bachand a soutenu que des mesures temporaires pourraient
être adoptées pour permettre à un plus grand nombre de
Canadiens ayant perdu leur emploi de toucher des
prestations plus rapidement. « Pour le délai de carence
ou pour le nombre d’heures, il pourrait y avoir des
améliorations pour la période à court terme qu’on vit
aujourd’hui. Pas nécessairement pour le long terme », a
dit le ministre québécois.
Le ministre ontarien Dwight Duncan a tenu des propos
semblables, affirmant que la situation frise la crise
pour plusieurs familles. « Les gens ont besoin de
nourrir leur famille cette semaine. Ils ne peuvent
attendre. Ils ont payé cette assurance, les entreprises
également. On sait que le régime d’assurance emploi
affiche des surplus importants. Et je crois que l’on
doit considérer cette question. Les gens ne peuvent plus
attendre », a-t-il déclaré.
Les conditions d’admissibilité à l’assurance emploi
varient d’une région à l’autre. Une personne doit avoir
travaillé entre 420 à 700 heures, selon la région, pour
toucher des prestations d’assurance emploi. Les libéraux
de Michael Ignatieff proposent d’uniformiser ce critère
à l’échelle du pays à 360 heures, ce que rejette le
gouvernement Harper.
Par ailleurs, M. Flaherty a indiqué qu’il s’était
entendu avec ses collègues des provinces afin de créer
un groupe de travail pour étudier la viabilité des
régimes de pensions au pays. Ce groupe de travail, qui
sera présidé par le député conservateur Ted Menzies,
secrétaire parlementaire duministre Flaherty, devra
présenter ses recommandations d’ici la fin de l’année.
L’Ontario réclamait un sommet national sur l’avenir des
régimes de pensions privés.
Ignatieff menace de renverser le
gouvernement
— Le chef
du Parti l ibéral du Canada, Michael Ignatieff, a réitéré
hier ses menaces de renverser le gouvernement conservateur
si ce dernier ne présente pas une réforme du programme de
l’assurance emploi avant le début de l’été.
M. Ignatieff a déclaré qu’il ne pouvait pas continuer
le travail parlementaire si une réforme substantielle
n’était pas apportée au programme fédéral. Il a aussi réagi
à la publicité conservatrice qui le décrit comme un
politicien opportuniste qui a été longtemps absent de la
scène publique.
Dans un discours hier, M. Ignatieff a condamné ces annonces
publicitaires, les qualifiant « d’injustes » et «
d’offensantes », alors que le pays fait face à la pire crise
économique depuis plusieurs générations
L’économie se redresse, soutient Ottawa
Pour
l’opposition, le gouvernement a tort de se réjouir trop
vite.
OTTAWA— Alors que le gouvernement fédéral s’attribue les
mérites du « redressement » de l’économie en avril, la
stabilisation du taux de chômageà8% neréjouitpasautant
lespartisde l’opposition, àOttawa, qui continuent de
réclamer davantage de mesures.
Les
chiffres
sur l’emploi dévoilés hier sont la preuve de
l’efficacité du plan de relance d’Ottawa, selon les
conservateurs. Ci-dessus, le ministre des Finances Jim
Flaherty en mars dernier.
À la Chambre des communes, les conservateurs ont
applaudi, hier, les chiffres rendus publics par
l’Institut de la statistique, une preuve de plus, selon
eux, que leur plan de relance fonctionne.
« Les statistiques le prouvent, la tendance est
renversée », a lancé sans hésiter le député conservateur
de Lotbinière-Chutes-de-laChaudière, Jacques Gourde.
« Notre plan d’action économique commence à porter ses
fruits. Grâce aux mesures concrètes de notre
gouvernement, l’économie se redresse depuis avril
dernier », a-t-il ajouté, enjoué.
Mais pour les partis de l’opposition à Ottawa, le
gouvernement a tort de se réjouir trop vite de données
statistiques qui cachent, selon eux, une autre réalité.
« Le seul progrès, et c’est en dépit du gouvernement, se
trouve dans la catégorie des emplois indépendants.
Autrement dit, les Canadiens sont abandonnés à leur sort
pour faire face à cette récession », a critiqué le
leader libéral en Chambre, Ralph Goodale, qui déplore
l’attitude jovialiste du gouvernement.
Assurance emploi
L’annonce d’une création d’emplois positive survient au
moment même où le Parti libéral fait de l’assurance
emploi son cheval de bataille, allant jusqu’à laisser
entendre qu’il pourrait déclencher des élections
générales si le gouvernement conservateur n’acceptait
pas sa proposition d’élargir l’accessibilité pour aider
les Canadiens à traverser la crise.
Pour le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre
Paquette, les emplois créés en avril n’ont rien à voir
avec le plan du gouvernement de Stephen Harper.
« Quand on regarde le type d’emploi qui a été créé,
c’est absolument pas les emplois qui peuvent résulter
des mesures annoncées par le gouvernement. C’est du
monde qui cherche à survivre parce qu’il n’arrive pas à
se qualifier à l’assurance emploi, il ne trouve pas
d’emploi et tant qu’à crever de faim, on va chercher à
créer son propre emploi », a dit M. Paquette.
« Si les conservateurs s’assoient là-dessus pour ne pas
proposer un deuxième plan de relance avant la fin des
travaux parlementaires en juin, on aura un sérieux
problème à la rentrée parlementaire parce que le taux de
chômage va avoir augmenté », a-t-il prédit, rappelant
qu’il s’agit, à 8%, du plus haut taux de chômage atteint
en sept ans au Canada.
De passage à Montréal, le chef bloquiste, Gilles
Duceppe, a pour sa part admis qu’il s’agissait d’une «
bonne nouvelle », mais qu’il était « beaucoup trop tôt
pour parler d’une reprise » économique.
La porte-parole du NPD, Libby Davies, a pour sa part
estimé que le gouvernement ne vivait pas « dans la
réalité » en se réjouissant des chiffres d’avril.
Un vote
de confiance en vue sur l'économie ?...
Le ministre des Finances pourrait devancer sa mise
à jour économique
et financière en septembre
FLAHERTY A DE NOUVELLES MESURES DANS
SA MANCHE
La pression s’accentue sur le gouvernement Harper
pour qu’il présente de nouvelles mesures budgétaires,
après la perte de près de 300 000 emplois depuis le
début de l’année.
Le ministre des Finances Jim Flaherty songe à faire sa
mise à jour économique et financière annuelle dès
septembre, soit deux mois plus tôt que prévu, si
l’état de santé de l’économie canadienne continue à se
détériorer.
Le grand argentier du pays pourrait alors présenter
des mesures additionnelles pour relancer l’économie du
pays, rapportait hier l’agence de presse Bloomberg,
qui citait des sources anonymes.
La pression s’accentue sur le gouvernement Harper pour
qu’il présente de nouvelles mesures budgétaires depuis
quelques semaines après la perte de près de 30 0 0 0 0
emplois depuis le début de l’année et dans la foulée
des mauvaises nouvelles économiques qui ne cessent de
s’accumuler.
Encore hier, la Banque du Canada a indiqué que la
chute des exportations et la baisse des dépenses des
ménages canadiens pourraient entraîner une contraction
du produit intérieur brut de l’ordre de 7,3% au cours
du premier trimestre de l’année.
Au
début de la semaine, l’institution fédérale a réduit
son taux directeur au taux historique de 0,25% et a
promis de le maintenir à ce niveau au moins jusqu’en
juin 2010 pour encourager les consommateurs à
dépenser. La une contraction de 1,2% du PIB cette
année.
Chisolm Pothier, proche collaborateur du ministre
Flaherty, a Banque du Canada a aussi affirmé que la
récession qui frappe le pays entraînerait une
réduction de 3% du produit intérieur brut ( PIB) pour
toute l’année 2009. Dans son budget adopté en mars, le
ministre Flaherty prévoyait indiqué hier qu’aucune
décision n’avait été arrêtée quant à la date de la
mise à jour économique et financière.
Il a souligné que le gouvernement Harper avait accepté
de faire des mises à jour périodiques, comme le
demandait le Parti libéral pour appuyer le dernier
budget. Une première mise à jour a eu lieu en mars et
la prochaine est prévue pour la fin juin.
Toutefois, il a laissé la porte ouverte à ce que le
ministre Flaherty présente sa mise à jour économique
et financière annuelle plus tôt. « Nous avons dit que
nous allons continuer à surveiller de près la
situation économique et que nous allons faire ce qui
est nécessaire pour combattre cette récession mondiale
et en limiter l’impact sur les Canadiens », a dit M.
Pothier.
Plus tard, dans une entrevue accordée à CTV Newsnet,
leministre Flaherty a tenté de minimiser les
attentes quant à une éventuelle mise à jour économique
en septembre, affirmant qu’il n’y avait « pas de plan
pour faire une telle chose ».
Le ministre des
Finances Jim Flaherty pourrait faire sa mise à jour
économique et financière annuelle deux mois plus tôt
que prévu.
En temps normal, les mises à jour économiques et
financières font l’objet d’un vote de confiance à la
Chambre des communes quand le ministre propose des
mesures fiscales immédiates ou de nouvelles dépenses.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est
minoritaire à la Chambre des communes, ne détenant que
143 des 308 sièges. Il aura donc besoin de l’appui
d’au moins un des trois partis de l’opposition pour
survivre à un tel vote de confiance. À défaut de quoi
il sera renversé et le premier ministre Stephen Harper
devra demander à la gouverneure générale Michaëlle
Jean de dissoudre le Parlement et de convoquer les
Canadiens aux urnes. Il s’agirait du quatrième scrutin
fédéral depuis 2004.
Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD ont
soutenu à l’unisson hier que le gouvernement Harper
doit présenter de nouvelles mesures pour stimuler
l’économie au cours des prochaines semaines au lieu
d’attendre à septembre ou octobre.
Le
critique libéral en matière de finances, John
McCallum, n’a pu s’empêcher de noter que le ministre
Flaherty et le premier ministre Stephen Harper ne
semblaient pas sur la même longueur d’onde sur la
nécessité d’adopter d’autres mesures pour stimuler
l’économie.
« Ce gouvernement est comme un yoyo. Le mini s t re de
s Finances veut des mesures en septembre et le premier
ministre dit le contraire le même jour. Selon la
Banque du Canada, le premier trimestre de cette année
sera le pire depuis qu’on a commencé les statistiques
il y a presque 50 ans. Et donc peut-être que le
premier ministre a tort et le ministre des Finances a
raison qu’on aura besoin de plus de mesures et
peut-être même avant septembre, peut-être en juin », a
dit M. McCallum.
Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a abondé dans
le même sens. « Je pense que ça prend de nouvelles
mesures. Ça me semble très clair et il me semble plus
tôt que tard. On travaille sur ça actuellement, et je
pense que la Banque du Canada a donné un signal hier.
Il est temps que le gouvernement se réveille », a-t-il
dit.
Le chef du NPD, Jack Layton, a rappelé que son parti
exige de nouvelles mesures depuis plusieurs semaines,
notamment des changements à l’assuranceemploi. « On va
continuer de presser le gouvernement là-dessus. Mais
on a besoin de ça dans les prochaines quelques
semaines. On ne peut pas attendre jusqu’au mois
d’octobre. »
Le cirque - VINCENT MARISSAL
Facile de mesu rer le niveau de confiance d’un
parti politique en temps de gouvernement
minoritaire : suffit d’évaluer à quel prix ce
parti est prêt à vendre son appui au gouvernement
menacé de renversement.
Apparemment, le NPD n’est pas rassuré à l’idée de
repartir en campagne. Son chef, Jack Layton,
semble en effet disposé à vendre à Stephen Harper
le poids crucial des 36 voix de son caucus pour un
plat de lentilles.
Il suffirait, a expliqué hier M. Layton, que
Stephen Harper fasse un geste pour répondre à
l’une des demandes traditionnelles du NPD, comme
les frais sur cartes de crédit ou sur l’assurance
emploi.
Quel geste ? Quelles sont exactement les demandes
du N PD ? M. Layton ne les a pas détaillées, se
contentant de dire que la balle est dans le camp
de Stephen Harper et que celui-ci doit tendre la
main le premier.
Tout un contraste avec les derniers mois durant
lesquels les néo-démocrates ont répété sur tous
les tons de la gamme que le s con ser vateu r s ne
méritaient plus leur confiance. Le prix du caucus
du NPD est en baisse, ses principes aussi.
Il y a une dizaine de jours à peine, Jack Layton
sortait d’une rencontre avec Stephen Harper en
affirmant que ce dernier ne voulait rien savoir et
qu’un rapprochement était impossible.
Soudainement, les conservateurs sont devenus
fréquentables pour les néo-démocrates…
Fallait entendre Thomas Mulcair, mercredi soir au
magazine 24/60 sur RDI, expliquer à Anne-Marie
Dussault que le NPD avait travaillé fort pour
obtenir la balance du pouvoir aux Communes et que
c’est son devoir d’utiliser ce pouvoir pour faire
fonctionner le Parlement.
A h bon ? Le N PD vient apparemment de se rendre
compte qu’il a la balance du pouvoir. En tout cas,
c’est la première fois qu’il propose de l’utiliser
pour travailler avec les conservateurs.
Selon M. Mulcair et ses collègues du NPD, des
élections pour la quatrième fois en cinq ans
seraient inutiles et coûteuses. Le député
d’Outremont nous a même ressorti l’argument
fallacieux par excellence : le coût des élections,
350 millions $. Une telle dépense ne semblait pas
déranger beaucoup le NPD en juin, lorsqu’il était
prêt à défaire le gouvernement.
Michael Ignatieff se comporte de manière
irresponsable, accusent les néo-démocrates. Les
mêmes néo-démocrates qui accusaient le même
Michael Ignatieff de n’avoir ni principe ni
colonne vertébrale chaque fois que les libéraux
ont appuyé les conservateurs. Paroles et paroles
et paroles, comme le chantait langoureusement
Dalida.
O n d it souvent que la politique fait des drôles
de compagnons de lit, mais un accouplement PC-N PD
ne fera jamais des enfants forts. Jack Layton le
sait, c’est pour ça qu’il essaye de se présenter
aux Canadiens comme le bon gars prêt à faire des
compromis, contrairement aux libéraux, qui vont
précipiter de nouveau le pays en élections.
M.
Layton pourra dire que Stephen Harper a refusé sa
main tendue et que les libéraux (et le Bloc), eux,
n’ont même pas essayé de tendre la main.
La réalité, c’est que Stephen Harper n’a pas
l’intention de se coller sur le NPD. Il l’a fait
savoir clairement hier.
Mercredi, son ministre Jason Kenney ridiculisait
même les néo-démocrates, ces « idéologues
extrémistes de gauche qui boivent leur Kool-Aid».
La ca mpagne électorale, on le voit, est bel et
bien commencée. Et avec elle, le cirque politique,
les petites manigances et le cynisme qui
caractérisent le paysage politique de ce pays.
Cynisme des conservateurs, notamment, qui accusent
leurs adversaires de compromettre la reprise
économique en déclenchant des élections, mais qui
complotent eux-mêmes pour devancer… leur propre
chute aux Communes!
Petite manigance qui consisterait ici pour M.
Harper à obliger l’opposition à voter contre un
programme d’aide à la rénovation annoncé dans le
dernier budget. Mais si ce programme était à ce
point crucial pour les conservateurs, pourquoi ne
l’ont-ils pas fait adopter le printemps dernier,
plutôt que d’attendre maintenant ?
Du côté du Bloc québécois, pas de surprise : que
des demandes, aucun compromis. Au nom des intérêts
supérieurs du Québec, élevés au rang de
commandements, et dont Gilles Duceppe est
apparemment devenu le seul gardien. Demandez,
demandez, il manquera toujours quelque chose.
Les demandes du Bloc, c’est comme la queue d’un
lézard : vous en coupez un bout le soir et elle a
repoussé le lendemain matin.
Le Bloc québécois jouit du luxe inouï d’un parti
qui ne prendra jamais le pouvoir : pas de bilan à
défendre, que des demandes à formuler.
De toute façon, Stephen Harper n’a rien à gagner
au Québec dans ces élections. Il ne fera donc pas
d’efforts pour plaire à un électorat qui lui a
tourné le dos (par sa grande faute, d’ailleurs)
l’an dernier.
Ce qui soulève des questions sur la stratégie
publicitaire éventée du Parti libéral, qui
consisterait à présenter Michael Ignatieff au
Canada anglais et à taper sur Stephen Harper au
Québec.
À moins que les libéraux jugent trop risqué
d’attaquer Gilles Duceppe, leur véritable
adversaire au Québec. Pour joindre notre
chroniqueur :
La perspective d’élections n’inquiète
pas les économistes
OTTAWA — Les avertissements des conservateurs
voulant que des élections puissent faire dérailler
la reprise de l’économie sont accueillis avec
dérision par les partis de l’opposition, et
scepticisme par des économistes.
Le premier ministre Stephen Harper a intensifié
ses attaques contre le Parti libéral du Canada,
hier, réitérant que des élections mineraient,
selon lui, la relance économique.
Plus tôt cette semaine, son ministre des
Transports, John Baird, avait sonné l’alarme en
deux différentes occasions, affirmant qu’un
scrutin risquerait d’entraîner des délais dans des
projets d’infrastructures alimentant la reprise
économique.
Mais les porte-pa role libéral et néo-démocrate en
matière de finances ont rejeté ces avertissements.
« Quel c u lot , vena nt de Stephen Harper, qui a
déclenché les dernières élections en pleine
récession », a déclaré le libéral John McCallum,
un ancien économ iste en chef de la Banque Royale.
Pour
sa part, le néo-démoc rate Thomas Mu lca i r a
affirmé que si des élections étaient déclenchées,
Stephen Harper en serait responsable, car il aura
refusé de coopérer avec les partis de
l’opposition.
De leur côté, des économistes ne s’inquiètent pas
des conséquences d’éventuelles élections générales
sur l’économie du pays. « L’économie ca nad ien ne
est la som me d’un grand nombre de décisions
prises par des investisseurs, des entreprises et
des consommateurs de partout au Ca nada », au x É
tatsUnis et ailleurs, a dit Finn Poschmann, du
C.D. Howe I nstitute. « A lors, la situation de
l’économie dépendra probablement davantage (de
bien d’autres facteurs) que de ce qui se passe
dans l’arène politique fédérale. »
L’économiste en chef de la Banque TD, Don
Drummond, a expliqué qu’une baisse des dépenses
des ministères, plus particulièrement des dépenses
discrétionnaires, était observée au cours des
campagnes électorales et durant de plus longues
périodes au moment de l’entrée en scène d’un
nouveau gouvernement.
M. Drummond a toutefois ajouté que les impacts
d’un scrutin seraient minimes sur les 12 milliards
consacrés aux infrastructures et destinés à
contrer la récession, si impacts il devait y
avoir.
« (Un scrutin) ne nuirait qu’aux dépenses en
infrastructures n’ayant pas encore été approuvées,
mais u ne bon ne pa r t des dépenses auront déjà
reçu l’approbation, comme le (gouvernement) l’a
indiqué dans son plus récent rapport », a dit M.
Drummond, l ui-même un ancien représentant d’un
ministère des Finances.
Layton tend une perche à Harper
- Hugo de GrandPré & Joël-Denis
Bellavance
Le néo-démocrate pense qu’il est encore
possible d’éviter des élections
OTTAWA — Le chef du NPD, Jack Layton, invite
Stephen Harper à mettre de l’eau dans son vin
s’il veut continuer à gouverner le pays cet
automne et ainsi éviter un quatrième scrutin
fédéral en cinq ans. Mais le premier ministre
semble peu enclin à accepter ses exigences.
PHOTO MIKE DEMBECK, LA PRESSE
CANADIENNE
Le chef néo-démocrate,
Jack Layton, et sa femme, Olivia Chow, avant
une conférence de presse, hier à Halifax.
L’i mpa sse semble donc totale entre le
gouvernement minoritaire conservateur et les
trois partis de l’opposition. Des élections
fédérales paraissent inévitables, au moment où
un nouveau sondage Ekos mené pour Radio-Canada
place les libéraux et les conservateurs à
égalité dans les intentions de vote à
l’échelle nationale.
Réagissant pour la première fois à la décision
des libéraux de Michael Ignatieff, annoncée
mardi, de renverser le gouvernement Harper dès
la première occasion à la reprise des travaux
parlementaires, prévue le 14 septembre, Jack
Layton préfère nettement que le Parlement
continue à fonctionner au lieu de se lancer
dans une autre campagne électorale.
Mais pour ce faire, a-t-il insisté, il faut
que le premier ministre accepte qu’il dirige
un gouvernement minoritaire et agisse en
conséquence au Parlement.
Selon M. Layton, il incombe à Stephen Harper
de décider ou non si des élections auront lieu
cet automne au Canada.
« Si M. Harper veut éviter des élections, il
dev ra travailler avec les partis de
l’opposition. S’il refuse de le faire, nous
devrons avoir des élections », a-t-il dit en
point de presse, hier à Halifax.
De manière plus précise, M. Layton espère que
Stephen Harper reculera sur des questions qui
tiennent à coeur aux néo-démocrates, comme la
réforme de l’assurance emploi, la diminution
des frais des cartes de crédit et la
protection des pensions des aînés et des
chômeurs.
Pas d’entente PC-NPD
Mais la perche tendue par M.Layton n’a pas
trouvé preneur. Une heure avant sa conférence
de presse, le premier ministre l’a pris de
vitesse en déclarant qu’il ne voulait pas
conclure d’entente avec son adversaire
néo-démocrate.
En point de presse à Niagaraon-the-Lake, en
Ontario, M. Harper a dit que selon lui, les
Canadiens n’avaient pas apprécié l’entente en
coulisses négociée entre les libéraux, les
néo-démocrates et les bloquistes, l’hiver
dernier, pour faire tomber son gouvernement et
le remplacer par un gouvernement de coalition.
M. Harper a affirmé qu’il n’a guère
l’intention de se prêter à un tel jeu
politique.
« Nous n’allons pas conclure des ententes en
coulisses. Si les autres partis veulent
soumettre des idées utiles et abordables afin
de relancer l’économie, nous sommes prêts à
les examiner », a-t-il dit.
Il a soutenu que le seul objectif de son
gouvernement est de travailler à relancer
l’économie. Il a répété que des élections
fédérales pourraient mettre en péril la
fragile reprise qui se manifeste.
« Pas une république de bananes »
De son côté, le Parti libéral a rejeté les
prétentions de s con ser vateu r s , selon
lesquelles un scrutin minerait la reprise.«
Nous ne sommes pas dans une république de
bananes. M. Harper doit s’habituer à vivre
dans une démocratie», a affirmé le député
libéral de Toronto-Centre, Bob Rae.
Il a ajouté que l’économie continuerait à
rouler, même en campagne électorale, et que le
premier ministre pourrait vaquer à ses
occupations de chef de gouvernement en
participant par exemple à des sommets à
l’étranger. Stephen Harper doit rencontrer le
président des États-Unis, Barack Obama, le 16
septembre à Washington, et se rendre la
semaine suivante au sommet du G20, à
Pittsburgh.
Scénarios possibles
Le scénario électoral le plus probable
voudrait que le gouvernement Harper dépose une
motion de voies et moyens durant la semaine du
14 septembre, vraisemblablement le 17. Cette
motion permettrait d’adopter les crédits
budgétaires et de mettre en oeuvre certains
éléments du budget adopté en mars, notamment
le crédit d’impôt pour la rénovation
résidentielle.
Le vote sur cette motion en est un de
confiance, qui met la survie du gouvernement
en jeu. Cette stratégie forcerait les trois
partis de l’opposition à renverser le
gouvernement Harper sur une mesure fort
populaire au pays. En outre, un vote de
confiance le 17 septembre permettrait à
Stephen Harper de profiter des retombées de sa
visite officielle à Washington avant de partir
en campagne électorale.
OTTAWA Une entente peu probable -
Joël-Denis
Bellavance & Malorie Beauchemin
OTTAWA — Les chances que le gouvernement
Harper survive en concluant une entente avec
le NPD ou le Bloc québécois pour éviter des
élections fédérales à l’automne semblent bien
minces, selon des informations obtenues par La
Presse. Mais à quelques semaines du
déclenchement possible, la campagne
électorale, elle, semble bel et bien
commencée.
De passage à Laval
hier, le chef du Bloc québécois, Gilles
Duceppe, a dit qu’il serait prêt à appuyer
n’importe quel parti qui proposerait des
mesures dans le sens des intérêts des
Québécois. « Je serais très étonné que M.
Harper reprenne nos positions, a aussitôt
concédé M. Duceppe. Mais s’il veut
m’étonner, grand bien lui fasse. »
Les libéraux de Michael Ignatieff ont promis
ma rdi de retirer leur confiance au
gouvernement de Stephen Harper à la première
occasion, laissant le fardeau au NPD ou au
Bloc de sauver les conservateurs pour éviter
des élections à la fin du mois d’octobre ou en
novembre.
Pour l’instant, il n’y a eu aucun contact
entre le gouvernement et les néo-démocrates,
qui ont laissé, hier encore, une mince
ouverture à la possibilité de travailler avec
le gouvernement.
« Les lignes de communication sont ouvertes, a
dit le directeur national du NPD, Brad
Lavigne. La balle est dans le camp de M.
Harper. » Ce ne seront toutefois pas les
néo-démocrates qui feront le premier pas, a
assuré M. Lavigne.
Or, sous le couvert de l’anonymat, une source
conservatrice a affirmé que le gouvernement
Harper n’a guère l’intention d’entreprendre
des négociations avec le NPD.
« L’heure n’est pas à la négociation. Nous ne
sommes pas en train de mener des consultations
budgétaires. Nous sommes en train de mettre en
oeuvre le plan de relance économique du
gouvernement. Si un parti veut collaborer avec
nous sur la mise en oeuvre de ce plan, nous
sommes prêts à travailler avec lui », a dit
cette source.
De passage à Sault Ste. Marie, où il a annoncé
un autre projet d’infrastructure, le premier
ministre a rappelé qu’il avait rencontré le
chef du NPD Jack Layton il y a deux semaines à
son bureau. M. Harper a soutenu que M. Layton
semblait plus intéressé à recréer la coalition
que le NPD avait conclue avec le Parti libéral
et le Bloc québécois qu’à travailler avec le
gouvernement.
La « véritable » opposition
Le
NPD a systématiquement voté contre toutes les
mesures proposées par les conservateurs depuis
qu’ils sont au pouvoir. D’ailleurs, M. Layton
se targue fréquemment que son parti a agi
comme la véritable opposition officielle aux
conservateurs depuis 2006, ayant voté à 79
reprises contre le gouvernement Harper.
En entrevue à une station de radio de Calgary,
le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, a
pour sa part carrément jugé improbable la
conclusion d’une entente avec le NPD. « Nous
ne sommes pas à vendre au plus offrant,
surtout pas au N P D », a la ncé le ministre.
Hier, le chef du Bloc québécois, Gilles
Duceppe, a dit qu’il serait prêt à appuyer
n’importe quel parti qui proposerait des
mesures dans le sens des intérêts des
Québécois.
« On ne vote pas à l’étiquette. On vote sur la
valeur des propositions. Quand c’est bon pour
le Québec, on l’appuie, sinon on s’y oppose et
on fait face aux conséquences », a dit M.
Duceppe, de passage à Laval.
Le chef bloquiste a par la suite énuméré
quelques demandes à l’endroit du gouvernement
conservateur, y compris revenir sur la
décision de créer une commission pancanadienne
des valeurs mobilières, aider davantage les
régions forestières, à l’instar de ce qui a
été fait pour l’industrie automobile, rejeter
l’énergie provenant des sables bitumineux et
respecter le français comme langue de travail
sur le territoire du Québec.
« Je serais très étonné que M. Harper reprenne
nos positions, a aussitôt concédé M. Duceppe.
Mais s’il veut m’étonner, grand bien lui
fasse. »
En attendant, libéraux et conservateurs se
livrent déjà une guerre de communication digne
d’une j oute électorale, à coup de communiqués
démolissant les arguments de leur adver sa i
re. L e prem ier m i n ist re Harper, lui
aussi, semble déjà en campagne. Aujourd’hui
seulement, son horaire prévoit trois activités
dans deux villes ontariennes.
Après M. Duceppe, hier, ce sera aujourd’hui au
tour de M. Layton de réagir officiellement à
la menace d’élections.
L’épouvantail - ANDRÉ PRATTE
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a effacé
tout doute quant à la tenue d’élect ions
générales cet automne. En multipliant les
déclarations-chocs du genre « Le temps de
Stephen Harper est terminé », M. Ignatieff et
ses lieutenants ont coupé les ponts qui leur
auraient permis de reculer au moment décisif.
Les conservateurs ont répliqué en évoquant
l’instabilité que provoquerait une campagne
électorale alors que s’amorce une fragile
reprise économique. « L’instabilité politique
pourrait mettre la relance en péril », a dit le
premier ministre Harper, de passage à Calgary.
Le risque d’inst abi l ité ? C’est un
épouvantail. Le Canada n’est pas une république
de bananes. Les campagnes électorales s’y
déroulent toujours dans le calme et aucun des
deux partis en mesure de former le gouvernement
n’effraie les gens d’affaires. Le plan de
stimulation du gouvernement est en place; que
les ministres soient en Chambre ou en campagne
électorale ne changera rien à la situation
économique au pays. D’ailleurs, ce risque
d’instabilité en période difficile n’avait pas
empêché M. Harper de déclencher des élections
l’automne dernier.
Si l ’ opposi t ion est en mesure de renverser
le gouvernement à peine un an après le dernier
scrutin, c’est parce que les conservateurs ont
mal joué leurs cartes en faisant preuve, tout de
suite après ces élections, d’une mesquinerie
partisane sans précédent. Aussi, quand M. Harper
dénonce aujourd’hui les « manigances politiques
» de l’opposition, sa crédibilité est nulle.
Du côté libéral, on l’a souvent écrit ici, on
devra faire la preuve que le parti s’est
vraiment renouvelé, en particulier au Québec.
Surtout, M. Ignatieff devra présenter aux
Canadiens un plan de gouvernement sérieux. Il
lui faudra réconcilier ses différents
engagements : mieux soutenir l’économie, rendre
l’assurance emploi plus généreuse et revenir
rapidement à l’équilibre budgétaire.
Le chef libéral est particulièrement convaincant
lorsqu’il oppose sa vision du rôle international
du Canada à celle de son vis-à-vis : « Plutôt
que de résister au changement, le Canada devrait
inspirer le changement. (. . .) I l est tout
simplement inacceptable que l e monde en a r r
ive à se demander " Où est le Canada?" » Il
devra toutefois dépasser les généralités pour
parler en termes concrets. Pour préciser,
notamment, quelle position défendrait un
gouvernement libéral à la conférence de
Copenhague sur les changements climatiques.
Pour leur part, les conservateurs feraient mieux
de ranger l’épouvantail de l’instabilité pour
proposer plutôt leur propre vision du Canada de
l’avenir. Pas des promesses gadgets permettant
de montrer Stephen Harper maniant la perceuse.
Un plan pour permettre au pays de sortir plus
fort et plus vert de la récession. Là se trouve
le principal enjeu de la prochaine campagne
électorale.
Ignatieff le guerrier? - VINCENT
MARISSAL
Michael Ignatieff s’était déj à passablement
peinturé dans le coin en juin dernier en
affirmant que le gouvernement Harper devait
répondre à ses exigences à défaut de quoi il
tomberait à l’automne. I l vient d’ajouter une
couche de peinture en affirmant que les jours
des conservateurs sont comptés.
Dorénavant, si le chef libéral veut sortir du
coin, il devra piétiner sa propre peinture en
suivant les traces encore fraîches de Stéphane
Dion.
Pour rassurer ses députés, réunis à Sudbury
pour préparer la rentrée (lire : la campagne),
Michael Ignatieff n’avait pas le choix : il
devait adopter un ton combati f , question de
faire contraste avec sa performance plutôt
pépère de l’été.
Les mots choisis ne laissent plus de doute :
nous sommes dès ce matin en campagne
électorale.
« Monsieur Harper, vous avez échoué sur toute
la ligne, a dit M. Ignatieff. Vous n’avez pas
su protéger les plus vulnérables, ni créer des
emplois, ni défendre notre système de santé.
Vous n’avez pas non plus réussi à présenter un
plan pour rétablir nos finances (…). Stephen
Harper dirige un gouvernement qui ne se soucie
de rien. Nous pouvons mieux faire, et nous
allons mieux faire. »
Le ton indique que les libéraux sont prêts à
vivre avec les conséquences de défaire le
gouvernement. Qui plus est, ils ont clairement
fait le choix d’attaquer Stephen Harper de
front, de recourir, notamment, aux publicités
négat ives pour dénoncer le bilan du
gouvernement conservateur.
Maintenant qu’ils ont un peu plus d’argent,
les libéraux peuvent contre-attaquer. Une
première salve de messages anti-Harper sera
d’ailleurs lancée en début de semaine
prochaine, selon des sources fiables.
Les libéraux visent les « points faibles »
(selon eux, du moins) du gouvernement Harper,
en particulier la création d’emploi, l’état
des finances publiques, le rythme des dépenses
en infrastructures et la gestion de la pénurie
d’isotopes médicaux. Les libéraux insisteront
aussi sur le sort des ressortissants canadiens
coincés à l’étranger.
« La cuirasse de M. Harper a des failles et il
faut les exploiter, il faut aller sur le
terrain de l’adversaire », résumait hier soir
un stratège libéral.
Prendre résolument la voie des campagnes négat
ives peut être risqué. La ligne entre
l’acceptable et l’inacceptable en ce domaine
est aussi mince que floue et quiconque la
traverse court le danger de voir l’électorat
lui tourner le dos.
Stéphane Dion avait opiniâtrement refusé
d’utiliser ce moyen, alors que les
conservateurs s’étaient déchaînés contre lui.
Paul Martin, au contraire, avait été trop
loin, perdant votes et crédibilité (vous vous
souvenez des soldats de Stephen Harper dans
les rues ou du fusil pointé vers vous dans
l’écran de télé ?).
La différence entre les campagnes de Paul
Martin et de Michael Ignatieff, c’est que le
premier prêtait des intentions à M. Harper
alors que le second peut attaquer son bilan.
Est-ce que ça marchera ? Tout dépend du
dosage. De toute façon, les libéraux n’ont pas
vraiment le choix: il leur reste trop peu de
temps (un peu plus de deux mois avant le
scrutin) pour façonner l’image de leur propre
chef et l’état des finances publiques ne leur
offre pas le luxe d’élaborer un programme
politique bourré de promesses de nouveaux
programmes et d’investissements.
On dit souvent que les gouvernements se
battent eux-mêmes. C’est vrai, mais il faut
aussi parfois les aider un peu. On a beaucoup
critiqué ces dernières semaines le manque de
substance de Michael Ignatieff, mais le plan
conservateur, s’il existe, n’est pas très
clair non plus.
Les conservateurs ont toutefois un avantage :
ils sont au pouvoir et peuvent, d’ici leur
chute, faire pleuvoir les milliards en projets
d’infrastructures partout au pays.
La grande question est de savoir comment
Michael Ignatieff, grand intello dont c’est la
première campagne en tant que chef, se
comportera dans le rôle du challenger, du
batailleur venu arracher le pouvoir au premier
ministre sortant.
Michael Ignatieff en guerrier? Bien sûr, il
pourra toujours envoyer ses « goons » sur la
glace, ce que fait tout bon chef, mais il
devra aussi se battre à l’occasion.
Pou r l e moment, son message semble calqué
sur celui de Barack Obama, l’an dernier : on
peut faire mieux que ça, le Canada doit être
plus que ça. Mieux en santé, en création
d’emploi, dans la gestion des finances
publiques et à l’étranger. Il manque toutefois
ce souffle d’espoir, incarné par Barack Obama.
En gros, M. Ignatieff dit aux Canadiens: mon
gouvernement pourrait faire mieux que celui de
M. Harper, au moment où les Canadiens ne
veulent pas d’élections, où on ne sent pas
d’ardent désir de changement et où les
électeurs font davantage confiance au chef
conservateur. Gros, gros contrat en vue pour
les stratèges libéraux.
Ceux-ci disent que leur programme est prêt.
Rien n’a coulé de ce programme à ce jour (les
libéraux se seraientils inspirés de la
discipline de leur adversaire conservateur?),
mais on sait que la lutte contre le déficit et
la rigueur budgétaire seront de mise. Pas
beaucoup de marge de manoeuvre, donc, pour les
programmes sociaux si chers aux libéraux.
Retrouvera-ton un TGV comme mégaprojet
d’infrastructure dans ce programme? Motus,
mais on dit que Michael Ignatieff y tient
beaucoup.
Les
conservateurs, quant à eux, ont déjà trouvé
leur ligne directrice : des élections
retarderont la reprise sentie au pays, et ce
sera la faute des libéraux. Simple, mais
efficace, surtout si on oublie que les
conservateurs n’ont pas vu venir la récession
et que M. Harper a préféré provoquer une crise
politique l’automne dernier plutôt que de
s’occuper de l’économie.
Ignatieff ouvre les hostilités - Hugo
de GrandPré
La
trêve estivale est bel et bien terminée. Michael
Ignatieff a décidé de passer à l’attaque et a
annoncé qu’il voulait faire tomber le gouvernement
Harper. À moins que le NPD ou le Bloc québécois ne
tendent une bouée aux conservateurs, les Canadiens
sero
SUDBURY — Le Parti libéral souhaite déclencher des
élections à la première occasion. Dans un discours
devant les députés, sénateurs et stratèges de son
parti, hier, le chef Michael Ignatieff a causé une
commotion en déclarant qu’ils ne supporteraient plus
le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Michael Ignatieff pourrait
faire tomber le gouvernement dès le 14 septembre,
sinon à l’occasion de la journée de l’opposition
prévue au début du mois d’octobre.
Les Canadiens pourraient donc être appelés aux urnes
le 26 octobre. Le gouvernement Harper a en effet
laissé planer hier la possibilité de faire voter la
Chambre des communes sur l’approbation de crédits
budgétaires dès le 14 septembre, journée de la
rentrée parlementaire.
Selon un autre scénario électoral, le scrutin se
tiendrait le 9 ou le 16 novembre. Cela suppose que
le gouvernement soit défait au cours d’un vote de
confiance au début du mois d’octobre, sur une motion
de défiance du Parti libéral. Michael Ignatieff
avait obtenu cette journée de l’opposition
supplémentaire lors de ses négociations avec le
premier ministre Harper en juin dernier.
Dans un cas comme dans l’autre, Michael Ignatieff et
ses députés ont indiqué qu’ils ne faisaient plus
confiance au gouvernement et qu’ils étaient résolus
à le défaire dès que l’occasion se présenterait.
« Après quatre ans de dérapage, de déni, de division
et de discorde, le temps de Stephen Harper est
terminé », a-t-il lancé devant la foule de sénateurs
et députés l’applaudissant à tout rompre. « Le Parti
libéral ne peut plus soutenir ce gouvernement
incompétent. Stephen Harper doit rendre des comptes.
Désormais, nous nous opposerons à lui. » Surprise
Cet te prise de position a causé une certaine
surprise jusque dans les rangs des libéraux où,
encore hier matin, des députés disaient ouvertement
qu’ils préféraient attendre avant de se lancer en
campagne.
Selon des sources, Michael Ignatieff a annoncé sa
décision finale vers 11h à son comité de stratégie
réuni dans une salle du Holiday Inn de Sudbury. Le
comité de stratégie, qui se réunit chaque matin avec
le chef, est un groupe de proches conseillers dont
font partie les députés Bob Rae, Dominic LeBlanc,
Denis Coderre et Marlene Jennings.
Auparavant , les caucus régionaux s’étaient réunis
pendant deux heures pour se prononcer sur leur désir
de se lancer en campagne. Des membres de l’entourage
du chef étaient présents dans ces réunions pour
prendre acte des différentes opinions. Toujours
selon des sources, la plus grande opposition est
venue du caucus de l’Ontario, où les parlementaires
se sont dits le plus inquiets. Le caucus du Québec
aurait pour sa part fait savoir à M. Ignatieff qu’il
se rangerait derrière lui, quelle que soit sa
décision.
Après l’annonce de leur chef, les libéraux se sont
af fairés à diminuer l’importance de ces divergences
d’opinions . « Nous nous sommes parlé tout l’été, a
noté le député Bob Rae. Et je pense que ce que le
chef a dit aujourd’hui reflète de manière puissante
non seulement ce que les membres du parti pensent,
mais ce qu’il pense lui aussi. Ce que nous avons vu
aujourd’hui, c’est Michael Ignatieff qui parle avec
sa tête et avec son coeur. » Échec aux tests
Le chef libéral a expliqué sa décision en disant que
Stephen Harper n’avait pas satisfait aux conditions
qu’il avait établies au printemps. « En juin, nous
avons établi quatre tests pour Stephen Harper »,
a-t-il dit en parlant de cette négociation qui avait
tenu la colline parlementaire en haleine pendant
trois jours, mais qui s’était soldée par l’annonce
de M. Ignatieff qu’il laissait le gouvernement
survivre pour l’été. « M. Harper, vous avez échoué
aux quatre tests », a-t-il lancé.
Ces conditions incluaient la tenue d’un comité
bipartite avec les conservateurs pour discuter de
réformes à l’assurance emploi. « Aucune proposition
n’est venue. Rien que des manigances », a dénoncé le
chef libéral.
La balle est donc dans le camp des autres partis de
l’opposition, qui pourraient à leur tour décider de
permettre au gouvernement Harper de survivre. Une
indication en ce sens a été fournie par le NPD. Le
député d’Outremont, Thomas Mulcair, a en effet
déclaré que son parti souhaitait que le Parlement
fonctionne et qu’il jugerait de chaque dossier au
cas par cas. Le Bloc québécois doit faire connaître
sa position aujourd’hui.
Le dernier espoir de Stephen Harper -
Malorie Beauchemin
Le
NPD
OTTAWA — Opportunisme ou bluff ? Le gouvernement
conservateur et le NPD de Jack Layton ont tour à
tour reproché au chef l ibéral Michael Ignatieff
de faire de la petite politique et de manquer de
crédibilité en menaçant de plonger le Canada en
élections. Mais les néo-démocrates ont aussi saisi
l’occasion d’entrouvrir une petite porte à une
collaboration pour sauver le gouvernement de
Stephen Harper.
PHOTOROBERTMAILLOUX,
ARCHIVES LA PRESSE
Thomas Mulcair a affirmé
hier que, pour l’instant, la volonté de son
parti était de faire fonctionner le
gouvernement.
« On est prêts à gérer un arrangement. C’est
possible », a dit le député ontarien du NPD Joe
Comartin, en entrevue à Plus tôt dans la journée,
le député québécois néo-démocrate Thomas Mulcair
avait affirmé que la priorité de son parti était
de i mportants, a a f f i rmé le député
néo-démocrate. S’ils ne changent pas leur
politique économique, on ne pourra pas les
appuyer. » La semaine dernière, le chef du NPD,
Jack ment. Ça fait plusieurs fois qu’il dit ça et
il a voté avec le gouvernement chaque fois, a dit
M. Comartin. Rien n’a changé depuis juin et M.
Ignatieff appuyait alors le gouvernement. Alors,
je pense qu’il va continuer à l’appuyer. »
Le député du NPD croit que si le Parti libéral
s’entêtait à déposer une motion de défiance, les
troupes de Michael Ignatieff trouveraient un moyen
d’éviter la chute du gouvernement, par exemple en
s’absentant au moment du vote
De passage à Calgary, le premier ministre a quant
à lui répété le même message que les conservateurs
martèlent depuis des semaines, à savoir que la
population ne veut pas, selon lui, d’élections.
« Les Canadiens veulent que le Parlement concentre
ses énergies sur l’économie. C’est ce que le
gouvernement va faire à l’automne, a dit M.
Harper. C’est notre vision des choses, et celle,
je pense, de la vaste majorité des Canadiens. La
petite politique et l’instabilité ne serviront pas
les intérêts du pays en ce moment. »
Le
ministre des Transports, John Baird, a pour sa
part qualifié d’« opportunisme politique » la
volonté du chef libéral Michael Ignatieff de «
plonger le Canada dans des élections inutiles »,
moins d’un an après le dernier scrutin.
« Il ne fait pas ce qui est dans l’intérêt des
Canadiens, il fait ce qui est bon pour lui-même »,
a lancé M. Baird, qui a refusé de comparer cette
menace d’élections au déclenchement d’un scrutin
hâtif, l’an dernier, par le premier ministre
Harper alors qu’il avait lui-même fait adopter une
loi imposant la tenue d’élections à date fixe.
M. Baird a toutefois émis de sérieux doutes quant
à la possibilité que son gouvernement soit sauvé
par le NPD ou le Bloc québécois advenant une
motion de défiance déposée par les libéraux.
« Je crois que les deux partis ont été très clairs
depuis de nombreuses années. Je ne ferai pas de
spéculation làdessus », a-t-il souligné.
Le Bloc québécois n’a pas voulu réagir, hier. Le
chef bloquiste, Gilles Duceppe, a convoqué l es
médias aujourd’hui à 16h, à Laval. Il serait très
surprenant de voir les troupes souverainistes
d’Ottawa se ranger du côté du gouvernement Harper.
Le gouvernement Harper pourrait tomber dès
vendredi - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les trois partis de l’opposition à la
Chambre des communes auront l’occasion de mettre
fin au règne du gouvernement minoritaire
conservateur de Stephen Harper dès vendredi
prochain.
Les députés reprennent le boulot à Ottawa lundi.
Et le gouvernement Harper a l’intention de
mettre aux voix, le 18 septembre, une motion de
voies et moyens visant à mettre en oeuvre
certains éléments du dernier budget, dont le
crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire,
a-t-on appris hier soir de sources sûres. Il
s’agit d’un vote de confiance, puisqu’il porte
sur des mesures budgétaires.
Si le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD
décident de faire front commun contre le
gouvernement Harper, les Canadiens seront
convoqués aux urnes le lundi 26 octobre. Il
s’agira alors du quatrième scrutin fédéral en
cinq ans. Chaque scrutin coûte environ 300
millions.
À la première occasion
Il y a deux semaines, le chef libéral Michael
Ignatieff a déclaré que ses troupes tenteraient
de renverser le gouvernement Harper à la
première occasion. Le Bloc québécois et le NPD
ont déjà fait savoir qu’ils comptaient
participer au renversement du gouvernement, même
si une forte majorité de la population s’oppose
vivement à la tenue d’un autre scrutin.
Le Pa r t i conser vateur détient 143 des 308
sièges aux Communes ; le Parti libéral en compte
77; le Bloc québécois 48 et le NPD 36. Il y a un
député indépendant et deux vacances.
Selon des informations obtenues par La Presse,
hier, tous les députés du Bloc ont eu l’ordre
d’être présents à la Chambre des communes tous
les jours, la semaine prochaine, au cas où un
vote de confiance aurait lieu.
Ce vote se tiendra donc après que Stephen Harper
aura rencontré le président des États-Unis,
Barack Obama, à la Maison-Blanche, mercredi. Il
aura aussi lieu après le grand rassemblement
prévu à Montréal jeudi soir afin de souligner le
25e anniversaire de l’élection du premier
gouvernement conservateur de Brian Mulroney.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, qui
a notamment été ministre de l’Environnement dans
le gouvernement Mulroney, doit coprésider cette
fête en compagnie de l’ex-ambassadeur du Canada
à Washington Michael Wilson, qui a aussi été
ministre des Finances sous Brian Mulroney.
Des sources ont indiqué à La Presse cette
semaine que M. Mulroney compte profiter de cette
activité pour faire un vibrant plaidoyer en
faveur de l’unité des troupes conservatrices,
notamment au Québec, à la veille de possibles
élections fédérales. « Après cette soirée, il
n’y aura plus de réformistes, d’alliancistes, ou
de red tories. Il va juste y avoir des
conservateurs », a déclaré une source digne de
foi.
Plusieursministres influents du gouvernement
Harper participeront à la fête, dont le ministre
de l’Industrie, Jim Prentice, le ministre de la
Défense, Peter MacKay, le ministre des Affaires
étrangères, Lawrence Cannon, et le ministre du
Revenu, JeanPierre Blackburn.
Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de
coalition - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael
Ignatieff, a senti le besoin hier de réitérer
qu’il écarte l’idée de former un gouvernement
de coalition avec le NPD et soutenu par le
Bloc québécois après les prochaines élections.
PHOTO ADRIANWYLD, LA PRESSE
CANADIENNE
« En janvier dernier,
nous n’étions pas favorables à une
coalition. Et aujourd’hui, nous ne sommes
pas plus favorables à une coalition, ni
aujourd’hui ni demain », a dit Michael
Ignatieff, hier, à Ottawa.
Le chef libéral a décidé de revenir sur cette
question quelques heures après que le Parti
conservateur eut lancé une offensive
publicitaire sur certains réseaux de
télévision anglophones jeudi soir. Dans cette
publicité, on accuse M. Ignatieff de vouloir
former une nouvelle coalition avec le NPD et
le Bloc québécois afin de s’emparer du pouvoir
à Ottawa, même s’il perd les prochaines
élections.
En point de presse dans le foyer de la Chambre
des communes, M. Ignatieff a affirmé au
contraire que son objectif est de remporter
les prochaines élections et de former un
gouvernement libéral qui travaillera
ponctuellement avec les autres partis pour
faire fonctionner le Parlement.
Le chef libéral avait tenu des propos
semblables, jeudi aprèsmidi, à Montréal, alors
qu’il commentait les déclarations du
premierministreStephenHarper prononcées devant
des militants conservateurs la semaine
dernière à Sault-Sainte-Marie.
M. Ha r per avait alors affirmé que le Parti
conservateur devait à tout prix obtenir une
majorité à la Chambre des communes aux
prochaines élections afin d’empêcher Michael
Ignatieff de prendre le pouvoir à la tête d’un
gouvernement de coalition avec les «
socialistes » et soutenu par « les
séparatistes ».
« L’enregistrement clandestin de M. Harper que
nous avons tous vu cette semaine explique
tout. Stephen Harper pense qu’il mérite un
gouvernement majoritaire. Pour obtenir cette
majorité, il dit que le Parti libéral est prêt
à former une coalition. Permettezmoi de vous
dire très clairement ceci : le Parti libéral
ne consentira pas à former une coalition. En
janvier dernier, nous n’étions pas favorables
à une coalition. Et aujourd’hui, nous ne
sommes pas plus favorables à une coalition, ni
aujourd’hui ni demain », a affirmé M.
Ignatieff.
Il
a ajouté qu’il n’avait pas besoin de
former une coalition pour prendre le
pouvoir, affirmant
qu’il était un leader capable de travailler
avec les autres partis politiques. « Je ne
crois pas que les Canadiens veulent une
coalition », a-t-il dit. Interrogé à savoir
s’il était prêt à formerunecoalitions’il
perdait les élections pour supplanter les
conservateurs, M. Ignatieff est resté vague. « Je n’aime pas du
tout cette hypothèse. S’il y a des
élections, je chercherai l’appui des
Canadiens pour former un bon
gouvernement libéral », at-il dit.
En décembre dernier, le Parti libéral, alors
dirigé par Stéphane Dion, avait conclu un
accord formel avec le NPD et soutenu par le
Bloc québécois afin de renverser le
gouvernement Harper et le remplacer par un
gouvernement de coalition.
Tous
les députés libéraux avaient signé une lettre
d’appui à ce projet de coalition, dont Michael
Ignatieff. Il avait toutefois été le dernier
député libéral à le faire. M. Harper a
finalement évité une défaite aux Communes en
prorogeant le Parlement pendant six semaines
en décembre, quelques jours avant le vote
crucial.
Fort impopulaire dans le Canada anglais, cette
coalition avait été bien accueillie au Québec.
La coalition a toutefois volé en éclats le
jour du dépôt du budget fédéral le 27 janvier,
quand M. Ignatieff a décidé d’appuyer le
budget de relance du gouvernement Harper.
Immédiatement après le point de presse deM.
Ignatieff, les stratèges conservateurs ont
envoyé aux journalistes des extraits d’une
conférence de presse donnée par le chef
libéral le jour même où il a remplacé Stéphane
Dion à la barre du PLC, le 10 décembre 2008.
M. Ignatieff avait déclaré: « Je suis prêt à
former un gouvernement de coalition et à
diriger ce gouvernement afin d’offrir au
Canada la stabilité et la sécurité dont il a
besoin. »
Le député conservateur de Lévis-Bellechasse,
Steven Blaney, a soutenu que M. Ignatieff n’a
pas totalement écarté l’idée d’une coalition.
« Michael Ignatieff a cafouillé quand on lui a
posé la question sur la coalition. En plus, il
y a 10 mois, il a signé un pacte avec le Bloc
québécois et le NPD pour former une coalition.
C’est M. Zigzag. »
M. Blaney en a profité pour décocher une
flèche au chef bloquiste Gilles Duceppe. « En
votant pour des élections, Gilles Duceppe
devient le nouveau valet de service du Parti
libéral du Canada. En déclenchant des
élections, il donne son vote au parti qui a
torpillé l’accord du lac Meech, au parti qui
est encore empêtré dans le scandale des
commandites. Et il s’oppose au Parti
conservateur qui règle le déséquilibre fiscal,
qui augmente les transferts aux provinces, qui
reconnaît la nation québécoise », a dit M.
Blaney.
Le Bloc déçu
Le Bloc québécois s’est dit déçu de la
décision de Michael Ignatieff de rejeter une
coalition avant même les élections. « C’est
extrêmement décevant. M. Ignatieff achète
finalement la thèse de M. Harper voulant que
toute forme de coalition, d’alliance avec les
socialistes du NPD et les séparatistes du Bloc
québécois serait contre nature. C’est dommage.
M. Ignatieff nous dit qu’il va agir de la même
façon que M. Harper même s’il est minoritaire
», a dit le député bloquiste Pierre Paquette.
Il a ajouté que le Bloc québécois n’écarterait
pas de soutenir un gouvernement de coalition
formé par le Parti libéral et le NPD s’il
offrait des politiques favorables au Québec,
comme c’était le cas en décembre dernier.
« M. Ignatieff aurait dû se laisser toutes les
portes ouvertes pour montrer qu’il était prêt
dans toutes les circonstances à faire
fonctionner le Parlement d’une manière
différente de celle de M. Harper. Mais ce sera
la même approche », a-t-il dit.
Les libéraux font volte-face :
Moins pressés de provoquer des
élections -
Hugo de GrandPré
SUDBURY
— Le chef libéral, Michael Ignatieff, a promis de
prendre la décision de provoquer ou non des élections
cet automne en se basant sur ses principes et non pas
sur les sondages.
Les députés et sénateurs libéraux sont réunis depuis
hier midi à Sudbury pour discuter de la saison
parlementaire qui s’amorce. Tous ont convenu que la
question des élections sera au coeur des discussions
des trois prochains jours.
M. Ignatieff a cependant souligné qu’il était possible
qu’il n’émerge pas du caucus, demain, avec une
décision ferme en ce qui concerne l’avenir du
gouvernement Harper.
« Nous allons avoir u ne bon ne discussion et nous
allons prendre une décision quand ça fera notre
affaire, at-il tranché. J’aime avoir une idée claire
des choses. »
En juin, les libéraux étaient passés à un cheveu de
défaire le gouvernement, sous prétexte qu’il gérait
mal certains dossiers, dont ceux de l’assurance emploi
et de la crise des isotopes. Michael Ignatieff avait
finalement convenu de lui laisser la vie sauve, en
échange de certaines concessions, dont la création
d’un comité spécial chargé d’étudier les réformes à
apporter à l’assurance emploi. Le parti a aussi obtenu
une journée d’opposition supplémentaire à la fin du
mois de septembre, ce qui lui donnerait l’occasion de
provoquer des élections.
Or,
le chef libéral, comme ses députés, s’est dit hier
insatisfait du gouvernement. «Ça ne s’est pas
amélioré au cours de l’été, a-t-il lancé. Nous avons
eu des réunions sérieuses sur la question de
l’assurance emploi, mais ces rencontres se sont
transformées en une sorte de charade... C’est le
genre de choses que nous devrons étudier dans la
réunion du caucus.»
Changement de ton
Nombreux sont ceux, même dans les rangs des
libéraux, qui croyaient que des élections cet
automne n’étaient qu’une formalité. Or, la semaine
dernière, des ténors du parti ont commencé à changer
de message et à dire tout haut qu’il sera it
peut-être préférable d’attendre. Même chose pour
l’assurance emploi : dossier de prédilection des
libéraux au printemps dernier, tous les députés, y
compris le chef, insistent maintena nt pou r dire
qu’il s’agit d’un enjeu parmi d’autres.
Comment expliquer cette volte-face ? Les sondages y
sont peut-être pour quelque chose. À l’échelle
canadienne comme à l’échelle québécoise, les
libéraux ont perdu des appuis depuis le début de
l’été. Ils sont maintenant à égalité avec les
conservateurs au Canada et ils sont deuxièmes au
Québec, après avoir brièvement dépassé le Bloc
québécois dans les intentions de vote.
Le parti doit étudier le résultat de ses propres
coups de sonde dans les prochains jours. Plusieurs
s’attendent à ce que ces résultats influencent
largement la décision du parti de provoquer ou non
des élections.
Mais Michael Ignatieff affirme qu’il n’en est rien.
«C’est une question de principe, ce n’est pas une
question de sondage», a-t-il insisté en point de
presse.
« L’instabilité politique nuirait à la reprise
» - Joël-Denis Bellavance
& Hugo de
GrandPré
Élections
à
l’automne Des ministres conservateurs mettent de
la pression sur les libéraux
OTTAWA/SUDBURY — Des ministres du gouvernement
Harper ont profité des dernières nouvelles
encourageantes sur l’état de santé de l’économie
canadienne afin d’augmenter la pression sur les
libéraux pour qu’ils renoncent à l’idée de
provoquer des élections fédérales cet automne.
Les députés, sénateurs et stratèges du Parti
libéral sont réunis en caucus à Sudbury, dans le
nord de l’Ontario, jusqu’à demain afin de préparer
la prochaine session parlementaire et de décider
s’ils feront tomber le gouvernement minoritaire
conservateur.
Mais au premier j our de leur réunion, hier,
Statistique Canada a rapporté que le produit
intérieur brut (PI B) a augmenté de 0,1% au mois
de juin au Canada sur une base mensuelle. Il
s’agit de la première hausse d’un mois à l’autre
depuis juillet 2008 et d’un autre signe de reprise
économique.
À Ottawa, des ministres influents du gouvernement
Harper ont profité de l’occasion pour accentuer
leur offensive pour convaincre les libéraux de
Michael Ignatieff qu’il faut éviter toute
instabilité politique à Ottawa qui pourrait nuire
à la reprise de l’économie.
Le ministre des Transports, John Baird, a soutenu
qu’il y a des signes encourageants démontrant que
l’économie ca nad ien ne com mence à reprendre du
poil de la bête. Il a soutenu que la dernière
chose dont le pays a besoin, à l’heure actuelle,
est la tenue d’autres élections fédérales qui
pourraient miner le progrès accompli jusqu’ici.
« La dernière chose dont le pays a besoin en ce
moment est une élection inutile, moins d ’u n a n
après le der n ier scrutin. Ce serait
irresponsable d’interrompre le travail important
que nous sommes en train de faire pour relancer
l’économie », a affirmé le ministre Baird en
conférence de presse.
« Si nous voyons la lumière au bout du tunnel,
nous sommes toujours en pleine récession
économique mondiale. Le potentiel de reprise est
encore très fragile. Voilà pourquoi nous ne devons
pas baisser la garde. Nous devons rester prudents
et garder le cap », a ajouté M. Baird.
Le ministre s’est dit heureux de voir des libéraux
influents comme le sénateu r Dav id Smith, qui est
le coprésident de la campagne nationale du PLC,
soutenir que des élections fédérales ne sont pas
nécessairement à l’ordre du jour pour les libéraux
cet automne.
Travailler ensemble
«Je crois que c’est un bon signe. L’économie n’a
pas besoin que l’on brandisse des menaces
d’élections. L’économie exige que nous
travaillions ensemble», a dit M. Baird.
Dans une entrevue accordée à La Presse, le
ministre Denis Lebel, responsable de l’agence de
développement économique du Canada pour le
Québec, a abondé dans le même sens en affirmant
que les Canadiens ne veulent pas d’élections.
Ils souhaitent, selon lui, que les gouvernements
adoptent des mesures pour contrer la crise
économique.
« Il faut qu’ensemble on travaille pour essayer
de contrer les impacts de la crise économique »,
a lancé Denis Lebel. « Oui, on voit poindre à
l’horizon une certaine lueur d’espoir, on voit
bien les chiffres qui sont sortis aujourd’hui
encore sur le PIB… Mais il ne faut pas tenir
cela pour acquis. C’est une reprise fragile et
elle peut être provisoire. L’année prochaine
s’annonce encore d i f f ic i le pou r l’économ
ie, autant canadienne que mondiale », a-t-il
ajouté.
Selon M. Lebel, il serait irresponsable de la
part des pa r tis de l ’oppo sit ion de
déclencher des élections dans de telles
circonstances. « Ce n’est pas le temps de
l’intérêt des partis ; c’est le temps de
l’intérêt suprême de la population canadienne »,
a-t-il dit.
Riposte libérale
Mais les libérau x ont riposté aux propos des
deux ministres en affirmant que l ’é c o n o m
ie s e p o r t e m a l depuis que les
conservateurs sont au pouvoir. Ils ont rappelé
certa ines statistiques désolantes. Ils ont
souligné qu’il y a 1,58 million de chômeurs,
qu’Ottawa affichera cette année un déficit de 50
milliards, que le Canada a enregistré son
premier déficit commercial depuis 1976 en
juillet, entre autres choses.
« Le Ca nada a les pi res résultats économiques
du G7. Contrairement à la déclaration de John
Baird, selon qui "nous avons la meilleure
situation financière des pays du G8". Les
États-Unis et les autres partenaires
traditionnels du G7 connaissent une reprise
économique plus rapide que le Canada, ce qui
rend les Canadiens inquiets au sujet de leur
avenir économique et de la direction du pays »,
peut-on lire dans un communiqué du Parti
libéral.
La hausse de 0,1 % annoncée hier par Statistique
Canada est inférieure aux prévisions des
analystes du secteur privé qui s’attendaient à
une hausse de 0,2 %. Mais cette augmentation n’a
pu compenser la tendance baissière observée dans
les mois précédents, donnant comme résultat pour
le trimestre d’avril à juin une baisse de 0,9 %
par rapport au trimestre précédent pour lequel
un recul de 1,6 % avait été enregistré.
Pour un vent de changement à Ottawa
Après avoir consulté leurs partisans, les chefs
bloquiste et néodémocrate sont conscients que les
électeurs ne sont pas très chauds à l’idée de devoir
vivre d’autres élections générales, mais ils croient
qu’ils souhaiteraient malgré tout un changement à
Ottawa. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a
poursuivi ce qui ressemble de plus en plus à une tournée
pré-électorale, hier, se disant fin prêt à se lancer
dans une nouvelle campagne, malgré les motifs qui
pourraient mener à son déclenchement et la tenue
d’élections municipales au Québec vers la même période.
La réforme de l’assurance emploi est au coeur d’un
litige entre le Parti conservateur et le Parti libéral,
et la formation d’un comité conjoint ne semble en rien
avoir rapproché les deux camps. Ce dossier pourrait
mener à un vote de censure du gouvernement au Parlement,
fin septembre, qui pousserait les Canadiens vers un
quatrième scrutin national en un peu plus de cinq ans.
Malgré cela, croit le chef du Bloc, les électeurs dans
l’ensemble du pays seront attentifs aux principaux
enjeux qui les concernent, et ne remettront pas en
question la pertinence d’un éventuel scrutin fédéral. –
La campagne commencera au Québec le 24
juin
Possibles élections fédérales à l’automne
Déjà en campagne électorale ? « Ça ressemble
beaucoup à ça », a concédé M. Duceppe, hier, après
l’ultime période de questions aux Communes.
— Maintenant que la menace électorale est reportée à
l’automne, la précampagne peut commencer. Et quoi de
mieux, au Québec, quela Saint-Jean-Baptiste pour
serrer des mains et faire le plein de visibilité.
Les chefs fédéraux n’y échapperont pas. Les 23 et 24
juin, ils seront tous dans la Belle Province, à
participer aux célébrations de la Fête nationale du
Québec.
Critiqué cette semaine pour avoir menacé de défaire
le gouvernement avant de reculer, le jour même, sans
arracher de grandes concessions, le chef libéral,
Michael Ignatieff, devrait être à Québec, aux côtés
du premier ministre québécois, Jean Charest, pour
une partie de la journée du 24 juin. Il devrait par
la suite se rendre en Beauce, prêter mainforte au
nouveau candidat libéral qui sera choisi ce soir
pour livrer bataille à l’ancien ministre
conservateur Maxime Bernier aux
Fidèle à son habitude, le chef du Bloc québécois
sera très actif. D’abord à Québec pour le spectacle
de la Fête nationale sur les plaines d’Abraham, le
23 juin. Puis, le lendemain, son horaire est
passablement chargé, à Montréal: réception à l’hôtel
de ville, visite d’organismes l’ultime période de
questions à la Chambre des communes. « M. Ignatieff
l’a dit à ses troupes, a-t-il ajouté. Bien sûr, avec
un gouvernement minoritaire, on est presque toujours
en campagne électorale. »
Natif
d’Hudson, à l’ouest de Montréal, le chef
néo-démocrate, prochaines élections. Les deux
candidats à l’investiture sont René Roy, candidat
défait en octobre dernier, et Claude Morin, ancien
député adéquiste, à Québec, emporté par la débâcle
de l’ancien parti de Mario Dumont aux élections
provinciales de décembre. communautaires dans sa
circonscription, défilé de la Saint-JeanBaptiste,
rue Sherbrooke, discours au Château Dufresne,
spectacle en soirée au parc Maisonneuve.
Déjà en campagne électorale? « Ça ressemble beaucoup
à ça », a concédé M. Duceppe, hier, après Jack
Layton, sera à Terrebonne, pour des festivités, en
soirée, le 23 juin. Le jour de la Fête nationale, il
devrait participer à une messe en plein air dans
HochelagaMaisonneuve, puis prendre part au défilé
des géants, au centre-ville, et terminer sa journée
par un souper communautaire, rue Bloomfield.
Depuis l’élection du député Thomas Mulcair, dans
Outremont, le NPD a vu ses appuis grimper en flèche
au Québec et espère pouvoir faire des gains
supplémentaires au prochain scrutin.
En perdition dans les intentions de vote au Québec,
le premier ministre Stephen Harper devrait aussi
participer aux festivités de la Saint-Jean-Baptiste.
À son bureau, hier, on a confirmé que M. Harper
serait « au Québec », le 24 juin, mais sans donner
d’autres détails.
Le Québec est un champ de bataille prisé pour les
politiciens fédéraux. Les derniers sondages semblent
indiquer que la lutte se fera toutefois surtout
entre libéraux et bloquistes, les conservateurs
ayant pratiquement disparu du portrait. Sans
surprise, le gouvernement Harper a survécu au vote
sur les crédits budgétaires, avec l’appui du Parti
libéral du Canada, après l’entente intervenue
mercredi matin entre MM. Ignatieff et Harper, qui
amis fin aupsychodramequi tenait la colline
parlementaire en haleine. Originalement prévu à 22h,
hier soir, le vote crucial a été devancé en début
d’après-midi, et tous les députés ont pu rapidement
prendre la route des vacances. Reprise des
hostilités, le 14 septembre.
Rendez-vous aux urnes en octobre -
VINCENT MARISSAL
Heureusement que le chef libéral ne jouait pas au
strip poker contre le premier ministre Stephen Harper
parce qu’il ne lui resterait plus ce matin que les
chaussettes… Disons qu’il a beaucoup exposé son jeu et
ses faiblesses pour arracher ce qu’il recherchait.
Michael Ignatieff a peutêtre gagné ce qu’il voulait
(éviter des élections et obtenir une occasion de
défaire le gouvernement tôt cet automne), mais le
moins que l’on puisse dire, c’est que cette « victoire
» lui a tout de même coûté cher.
Heureusement que le chef libéral ne jouait pas au
strip poker contre le premier ministre Stephen Harper
parce qu’il ne lui resterait plus ce matin que les
chaussettes… Disons qu’il a beaucoup exposé son jeu et
ses faiblesses pour arracher ce qu’il recherchait.
En dévoilant ses « exigences » lundi, M. Ignatieff a
visé tellement large, il a laissé tellement de portes
de sortie à Stephen Harper que celui-ci s’est dégagé
de ce faux piège sans faire de véritable compromis sur
le fond des demandes, en particulier sur un
élargissement de l’accessibilité au régime d’assurance
emploi.
Campé au départ dans une position ferme (adopter la
règle des 360 heures travaillées partout au Canada
pour se quali fier à l’assurance emploi), le chef
libéral a bifurqué vers une liste de demandes floues :
que le gouvernement dévoile avant l’été sa réforme à
l’assurance emploi, qu’il détaille les dépenses des
projets d’infrastructures, qu’il précise son plan pour
contrer la pénurie d’isotopes médicaux et son plan
pour rétablir l’équilibre budgétaire.
Tout ce que M. Ignatieff a obtenu, de cette liste,
c’est l’engagement de M. Harper de former un comité
pour étudier la possibilité d’élargir l’assurance
emploi aux travailleurs autonomes.
Exit les 360 heures. Exit les autres demandes. Si ce
n’était que ça, Michael Ignatieff aurait perdu sur
toute la ligne et il s’apprêterait à passer un très
long été.
Ce qui lui permet de sauver la mise, toutefois, c’est
d’avoir évité des élections estivales dont personne ne
voulait sauf le Bloc et le NPD, tout en obtenant la
garantie d’avoir une autre occasion de défaire le
gouvernement en temps plus propice, à l’automne.
M. Ignatieff n’a rien obtenu pour les chômeurs, mais
il a gagné un échéancier électoral prévisible pour
l’automne. Selon toute vraisemblance, le gouvernement
tombera en septembre, à l’occasion du dépôt d’un
troisième rapport d’étape du plan de reprise
économique, et nous retournerons aux urnes en octobre.
Joli coup, à condition, bien sûr, que les chômeurs
oublient au cours de l’été que le chef libéral a
abandonné leur cause pour mieux positionner son parti
en vue de la prochaine ronde électorale.
Le che f du Bloc , Gi l l e s Duceppe et s on c
ollègue du NPD, Jack Layton, eux, n’oublieront pas,
c’est garanti. Leur stratégie électorale est déjà
toute dessinée pour septembre: Ignatieff, Harper,
c’est pareil !
Dans l
’ i mmédiat , cependant, les électeurs retiendront
davantage que le chef libéral a préservé le pays
contre une AUTRE campagne électorale, en plein été qui
plus est, alors que le NPD et le Bloc étaient
déterminés à faire tomber le gouvernement. On a
beaucoup répété cette semaine que le déclenchement des
élections était entre les mains de Michael Ignatieff,
mais les deux autres partis de l’opposition portaient
eux aussi cette responsabilité.
Les analystes analyseront, les commentateurs
commenteront, c’est normal et souvent utile à la
réflexion pour la suite des choses. Mais hier soi r,
dans les bulletins d’information, les électeurs ont vu
le mot ENTENTE écrit juste au-dessus de la tête de MM.
Ignatieff et Harper. Dans les circonstances, pour les
libéraux, le mot ENTENTE est certainement préférable à
ÉLECTIONS.
À partir du moment où Michael Ignatieff avait décidé,
le week-end dernier, qu’il ne provoquerait pas
d’élections, ce qu’il avait dit à ses collaborateurs,
deux options s’offraient à lui : avaler la couleuvre
et faire survivre le gouvernement ou essayer de forcer
le jeu par la négociation. C’est la première fois,
d’ailleurs, en cinq ans de gouvernement minoritaire,
que le chef de l’opposition officielle négocie la
survie du gouvernement avec le premier ministre.
Évidemment, le Bloc et le NPD sont furieux contre le
chef libéral, mais ils ne seront pas mécontents, eux
non plus, d’éviter des élections le 27 juillet. En
plus, en laissant à Michael Ignatief f le soin de
sauver le gouvernement Harper, MM. Duceppe et Layton
ont fa it provision de munitions pour la prochaine
campagne électorale.
Chez les libéraux, on se disait heureux hier d’avoir
planté le décor et même d’avoir écrit le scénario pour
des élections à l’automne. Cela dit, on admettait
aussi que Michael Ignatieff a mal joué ses cartes
devant Stephen Harper en reculant sur ses demandes
pour l’assurance emploi.
Pour les stratèges libéraux, la semaine aura été
utile. C’était, en quelque sorte, un match hors
concours qui aura permis de voir les faiblesses de
leur chef.
Dans l’entourage de Michael Ignatieff, un autre point
fait l’unanimité: la prochaine fois, il n’aura d’autre
choix que de défaire le gouvernement, sinon il risque
d’être frappé par le syndrome Stéphane Dion.
Rendez-vous en septembre, donc, pour le début de la
campagne électorale.
Encore un mot sur la négoc i a t i on I gna t i e f f
- Ha r p e r , juste pour soulever un aspect cocasse.
Le premier ministre s’est engagé à former un comité
pour étudier l’éventuel élargissement du régime
d’assurance emploi aux travailleurs autonomes.
Michael Ignatieff s’est satisfait de ce compromis.
Mais ce n’en est pas vraiment un, du moins pas de la
part du premier ministre, puisque cette ouverture aux
travailleurs autonomes fait partie des engagements
électoraux des conservateurs. M. Harper a donc « plié
» sur un de ses propres engagements ! Quant aux
libéraux, ils ont aussi songé à inclure les
travailleurs autonomes en 1998, sous le gouvernement
Chrétien. Le ministre du Développement des ressources
humaines de l’époque, Pierre Pettigrew, avait
toutefois perdu cette bataille contre son collègue des
Finances, Paul Martin.
OTTAWA : Une bataille reportée
— Il
n’y a aura pas d’élections générales en juillet.
Mais la bataille estivale qui a été évitée hier
pourrait n’avoir été que reportée à l’automne.
En point de presse, hier, à
l’issue d’une réunion de son caucus, Michael
Ignatieff (au centre de la photo) s’est défendu
d’avoir accouché d’une souris, après avoir tenu la
colline parlementaire en haleine depuis lundi. le
chef libéral et le premier ministre Stephen Harper
ont réussi à s’entendre, en matinée, pour éviter
une collision frontale entre leurs partis à la
Chambre des communes, vendredi, et qui aurait
entraîné la chute du gouvernement minoritaire
conservateur.
Le premier ministre Stephen Harper et le chef du
Parti libéral, Michael Ignatieff, ont réussi à
s’entendre hier matin pour éviter une collision
frontale entre leurs partis à la Chambre des
communes, vendredi, et qui aurait entraîné la chute
du gouvernement minoritaire conservateur.
MM. Harper et Ignatieff ont convenu de créer un
comité de six personnes qui aura comme mandat
d’étudier les changements à apporter au programme
d’assurance emploi au cours de l’été. Le Parti
libéral nommera trois des membres de ce comité et
les autres seront nommés par le gouvernement Harper.
En échange de l’appui des libéraux à l’occasion du
vote de confiance sur les crédits budgétaires,
demain, Michael Ignatieff se voit aussi attribuer
une journée de l’opposition le 30 septembre. Le
Parti libéral pourrait alors utiliser cette journée
pour déposer une motion de censure envers le
gouvernement Harper et ainsi tenter de provoquer des
élections générales qui se tiendraient alors
vraisemblablement le lundi 2 novembre.
Les libéraux se sont aussi félicités que le
gouvernement Harper déposera un troisième rapport en
septembre sur les progrès réalisés pour relancer
l’économie. Or, M. Harper s’était déjà engagé, en
mars, à présenter un autre rapport en septembre et
avait réitéré cet engagement la semaine dernière.
Réagissant à cette entente qui a nécessité des
heures de négociations à huis clos entre MM. Harper
et Ignatieff, le Bloc québécois et le NPD ont
soutenu qu’une nouvelle coalition entre le Parti
libéral et le Parti conservateur avait vu le jour à
Ottawa. Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, et le
député néo-démocrate Thomas Mulcair ont aussi accusé
le Parti libéral d’avoir carrément abandonné les
chômeurs.
« Au lieu de prendre la défense de la population et
d’aider les gens, M. Harper et M. Ignatieff ont
plutôt choisi de former une coalition
conservatrice-libérale. Une coalition qui va contre
les intérêts de la population, et particulièrement
contre les intérêts du Québec », a dit Gilles
Duceppe.
« Mardi, les libéraux hurlaient que les chômeurs
allaient crever. Aujourd’hui, le vice-premier
ministre libéral ( Michael Ignatieff), leur chef,
dit : "Qu’ils crèvent!" Le pire est que la coalition
libérale-conservatrice n’offre aucun espoir aux
centaines de milliers de chômeurs en pleine crise
économique. C’est une honte et une tragédie », a
renchéri Thomas Mulcair.
Le comité à mettre sur pied aura le mandat
d’examiner la possibilité d’admettre les
travailleurs autonomes dans le programme d’assurance
emploi. Il devra également proposer des mesures pour
s’assurer que les critères d’admissibilité soient
plus équitables pour tous les Canadiens, d’une
région à l’autre.
Composé
de la ministre des Ressources humaines, Diane
Finley, et d’un fonctionnaire du ministère ainsi que
des députés libéraux Marlene Jennings et Mike
Savage, ce comité aura accès aux documents du
gouvernement et devra soumettre son rapport au plus
tard le 28 septembre.
« Perte de temps monumentale »
L’entente d’hier a mis fin à 48 heures de suspense
provoqué par les propos de Michael Ignatieff lors
d’une conférence de presse, lundi, pour réagir au
rapport d’étape du gouvernement sur les mesures pour
relancer l’économie.
Durant cette conférence de presse, le chef libéral
avait menacé de voter contre le gouvernement Harper
vendredi s’il ne se pliait pas à quatre conditions :
dévoiler avant les vacances estivales la réforme
qu’il envisageait d’apporter au programme
d’assurance emploi, détailler les dépenses réalisées
dans les projets d’infrastructures, préciser le plan
d’Ottawa pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux
et d’indiquer comment le gouvernement comptait
rétablir l’équilibre budgétaire.
En point de presse, hier, à l’issue d’une réunion de
son caucus, Michael Ignatieff s’est défendu d’avoir
accouché d’une souris, après avoir tenu la colline
parlementaire en haleine depuis lundi.
« Dans une impasse parlementaire sur la question de
réformer l’assurance emploi, nous, le premier
ministre et moi, nous avons montré un moyen de
débloquer la situation et de trouver des réponses
ponctuelles dans le système qui vont aider les
travailleurs aussitôt que possible », a déclaré le
chef libéral.
Quelques minutes plus tard, Stephen Harper est
apparu souriant et détendu devant les journalistes,
soulignant qu’il n’avait rien cédé sur la question
de l’assurance emploi.
« Ce que je dis maintenant est exactement ce que
j’ai dit plus tôt », a fait remarquer le premier
ministre au sujet de sa position sur l’assurance
emploi.
M. Harper a ensuite mis les libéraux en garde,
affirmant que les Canadiens ne voulaient pas
d’élections cet été et n’en voudront pas plus à
l’automne. « La dernière chose que quiconque devrait
faire aujourd’hui est de dire: nous avons une
entente maintenant, mais ce que nous allons vraiment
faire est de défaire le gouvernement à l’automne. Ce
serait insensé de dire cela », a-t-il dit.
En privé, des stratèges libéraux ont néanmoins
affirmé qu’ils profiteront de la première occasion,
à l’automne, pour mettre fin au règne du
gouvernement Harper.
Une belle souris - André Pratte
Si
le comité parvient à un consensus, il ouvrira la
voie à une importante réforme de l’assurance
emploi.
Stephen Harper et Michael Ignatieff ont trouvé une
solution élégante à l’impasse qui menaçait de
plonger le pays en campagne électorale au beau
milieu de l’été.
Les deux hommes se sont entendus pour créer un
comité chargé d’étudier des modifications
éventuelles au régime d’assurance emploi. De plus,
le chef de l’opposition officielle s’est assuré de
pouvoir soumettre le gouvernement à un vote de
confiance dès la rentrée parlementaire de
l’automne.
Des journalistes ont demandé à M. Ignatieff si la
montagne n’avait pas accouché d’une souris. Il est
vrai que nous sommes loin du changement majeur et
immédiat à l’assurance emploi que réclamait le
chef libéral. Une souris, ce groupe de travail ?
Admettons au moins qu’il s’agit d’une belle
souris.
Cette entente permet d’éviter la tenue d’élections
générales le 27 juillet. Des élections à cette
date auraient gonflé le cynisme populaire à
l’égard de la classe politique, ce qui aurait
probablement fait chuter le taux de participation
à un plancher record. Il fallait à tout prix
éviter ce scénario.
En
raison du mauvais souvenir laissé par le
leadership de Stéphane Dion, des libéraux
voulaient éviter que Michael Ignatieff appuie le
gouvernement sans poser de conditions. Le problème
c’est que, souhaitant éviter des élections
estivales, le PLC a eu bien du mal à concevoir des
conditions à la fois crédibles et réalistes.
L’idée d’abaisser et d’uniformiser le nombre
d’heures de travail requis pour avoir droit à
l’assurance emploi est peut-être bonne, mais le
gouvernement aurait été irresponsable s’il l’avait
conçue précipitamment « sur le dos d’une enveloppe
», comme l’a fait valoir le premier ministre.
Le groupe de travail bipartisan mis sur pied par
les deux chefs permettra de creuser la question.
Quels sont les avantages et désavantages
d’uniformiser le seuil d’accès au programme sans
tenir compte du taux de chômage dans les
différentes régions ? Si un seuil unique était
jugé souhaitable, à quel niveau devrait-on le
fixer?
Le groupe étudiera aussi le projet, déjà en partie
envisagé par le gouvernement, d’étendre
l’assurance emploi aux travailleurs autonomes.
Bien des gens estiment une telle mesure
souhaitable. Cependant, cela exigerait la
résolution de difficultés techniques importantes.
Par exemple, comment le gouvernement pourrait-il
vérifier le nombre d’heures vraiment travaillées
par une personne qui n’a pas d’employeur?
Si, par miracle, le comité parvient à un
consensus, il ouvrira la voie à la plus importante
réforme de l’assurance emploi depuis plus d’une
décennie. Ce serait une avancée importante pour le
filet social canadien.
Si, au contraire, l’esprit partisan l’emporte, la
table sera mise pour des élections générales à
l’automne, une saison beaucoup plus propice aux
débats politiques.
Une troisième rencontre
Harper-Ignatieff ce matin
Élections estivales ?
Des sources ont indiqué que les pourparlers allaient
suffisamment bon train pour espérer éviter une
collision frontale entre les deux partis.
— Le premier ministre Stephen Harper et le chef du
Parti libéral Michael Ignatieff ont eu deux
rencontres d’une heure hier afin d’aplanir leurs
différends et d’éviter des élections estivales.
Michael Ignatieff demande
depuis plusieurs mois d’uniformiser les critères
d’admissibilité au programme d’assurance emploi
avant l’ajournement des travaux parlementaires de
vendredi.
Les pourparlers entre les deux hommes à quelques
jours d’un vote crucial mettant en jeu la survie du
gouvernement minoritaire conservateur se sont
déroulés dans le plus grand secret.
MM. Harper et Ignatieff ont convenu de continuer le
dialogue ce matin.
Une première rencontre a eu lieu au bureau du
premier ministre situé dans l’immeuble Langevin, en
face du parlement, durant la période de questions,
en milieu d’après-midi.
La seconde s’est déroulée en soirée à la résidence
officielle du premier ministre, située au 24,
promenade Sussex, à Ottawa.
Les proches collaborateurs du premier ministre et du
chef libéral se sont bornés à dire que les deux
tête-à-tête avaient été « productifs ».
« Le premier ministre et le chef de l’opposition
Michael Ignatieff ont eu une deuxième rencontre ce
soir (hier soir). Ils convenus de se parler à
nouveau demain matin (ce matin) », s’est contenté de
dire Dimitri Soudas, porte-parole de M. Harper, vers
20h hier.
Stephen Harper avait offert de rencontrer le chef
libéral lundi, après que Michael Ignatieff eut
évoqué la possibilité de voter contre le
gouvernement conservateur à la Chambre des communes
lors du vote sur les crédits budgétaires de vendredi
si le premier ministre ne se pliait pas à quatre
conditions.
Le chef libéral avait pressé M. Harper de dévoiler
avant les vacances estivales la réforme qu’il
envisage d’apporter au programme d’assurance emploi,
de détailler les dépenses réalisées dans les projets
d’infrastructures, de préciser son plan pour pallier
la pénurie d’isotopes médicaux et d’indiquer comment
le gouvernement compte rétablir l’équilibre
budgétaire.
Le sort du gouvernement Harper repose entre les
mains des 77 députés libéraux aux Communes, puisque
le Bloc québécois et le NPDont affirmé avoir la
ferme intention de voter contre les crédits
budgétaires. Il s’agit d’un vote de confiance. Une
défaite du gouvernement provoquerait un scrutin
fédéral le 27 juillet.
Le
principal point en litige concerne les améliorations
à apporter à l’assurance emploi.
Michael Ignatieff demande depuis plusieurs mois
d’uniformiser les critères d’admissibilité au
programme avant l’ajournement des travaux
parlementaires de vendredi. Le chef libéral souhaite
que toute personne ayant accumulé 360 heures de
travail puisse obtenir des prestations. À l’heure
actuelle, les heures requises varient d’une région à
l’autre, selon la vigueur de l’économie.
Les conservateurs ont toujours opposé une fin de
non-recevoir à cette proposition, la jugeant trop
coûteuse et susceptible d’engendrer des abus. M.
Harper a indiqué lundi que la seule réforme qu’il a
en tête pour le moment est de permettre aux
travailleurs autonomes de cotiser au régime
d’assurance emploi pour être admissibles à des
prestations en cas de perte d’emploi. Il a précisé
que ces changements seraient adoptés au plus tôt à
l’automne. Au sujet du déficit, le ministre des
Finances, Jim Flaherty, a indiqué devant la
commission parlementaire, hier matin, qu’il
prévoyait toujours un retour à l’équilibre
budgétaire en 2013.
Au moment de mettre sous presse, hier soir, des
sources ont indiqué que les pourparlers allaient
suffisamment bon train pour espérer éviter une
collision frontale entre les deux partis. MM. Harper
et Ignatieff devraient présenter le fruit de leurs
négociations à leur caucus respectif ce matin.
Projets en péril?
Par ailleurs, durant une période de questions
particulièrement survoltée, hier, le président du
Conseil du Trésor, Vic Toews, loin de calmer le jeu,
a affirmé que les libéraux de Michael Ignatieff
mettraient la reprise économique en péril s’ils
renversaient le gouvernement minoritaire
conservateur.
M. Toews a soutenu que la chute des conservateurs
aurait pour effet de paralyser la machine
gouvernementale et de retarder le financement de
nombreux projets d’infrastructures en pleine saison
de la construction. Il a notamment fait valoir que
les négociations entre Ottawa et les villes ou les
provinces tomberaient au point mort.
« Des milliers de jobs seront en danger si
l’opposition libérale vote contre le gouvernement »,
a affirmé M. Toews.
Le député libéral Denis Coderre l’a accusé de
mentir. « Lorsqu’on a voté pour les budgets, on est
en mesure de négocier. L’argent, on l’a accepté.
Alors, tout ce qu’il dit, c’est faux! Qu’on le dise
en anglais ou en français, ce qu’il a dit est faux!
» a-til tonné, les yeux rivés sur la caméra de la
Chambre des communes.
Plus tôt dans la journée, le Parti libéral avait
aussi accusé le premier ministre Stephen Harper
d’induire les Canadiens en erreur en prétendant
qu’un vote contre les crédits budgétaires
empêcherait l’approbation parlementaire de milliards
de dollars nécessaires au plan de relance économique
du gouvernement.
« La Presse Canadienne a confirmé auprès de
responsables du Conseil du Trésor, le 15 juin 2009,
que le Parlement avait bel et bien déjà approuvé la
dépense de 21,1 milliards de dollars sur les 22,7
milliards prévus pour relancer l’économie. Rien
n’empêche ces fonds d’être dépensés pendant une
campagne électorale », dit le communiqué de presse.
Ignatieff lance un ultimatum
Les
libéraux voteront contre les crédits budgétaires si
Harper ne se plie pas à leurs conditions avant
vendredi
En privé, des stratèges des deux camps ont laissé
entendre hier que des élections étaient inévitables,
à moins que l’un des deux protagonistes ne recule
avant la fin de la semaine.
— Le premier ministre Stephen Harper affirme qu’il
ne veut pas d’élections estivales. Le chef du Parti
libéral, Michael Ignatieff, soutient la même chose.
Mais les deux hommes devront faire d’importants
compromis d’ici à vendredi pour éviter un scrutin le
27 juillet.
En privé, des stratèges des
deux camps, libéral et conservateur, ont laissé
entendre hier que des élections étaient
inévitables, à moins que l’un des deux
protagonistes, Michael Ignatieff (à
l’arrière-plan) ou Stephen Harper, ne recule avant
la fin de la semaine.
MM. Harper et Ignatieff doivent se rencontrer
aujourd’hui pour tenter de trouver un terrain
d’entente sur les réformes à apporter au régime
d’assurance emploi et discuter d’un plan pour
pallier la pénurie des isotopes médicaux à la suite
de la fermeture du réacteur nucléaire de Chalk
River.
Michael Ignatieff souhaite aussi arracher au
gouvernement conservateur minoritaire plus de
détails au sujet des dépenses réelles réalisées
jusqu’ici dans les projets d’infrastructures et
obtenir des précisions au sujet du plan d’Ottawa
pour rétablir l’équilibre budgétaire.
M. Ignatieff a fait connaître ses exigences en
matinée. M. Harper a rétorqué en après-midi que les
demandes de son adversaire libéral étaient loin
d’être claires et s’est montré peu enclin à y donner
suite, en particulier la demande du chef libéral de
déposer avant vendredi la réforme à l’assurance
emploi envisagée par les conservateurs.
Jeudi dernier, M. Harper a évoqué des changements à
l’assurance emploi pour l’automne. Hier, il a
précisé que ces changements toucheraient uniquement
les travailleurs autonomes.
« Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons faire
en une semaine ou deux semaines. Nous avons besoin
de l’été pour finaliser nos propositions. Et si M.
Ignatieff a des idées à cet égard, nous sommes
toujours prêts à les écouter. Mais c’est difficile
de répondre à un ultimatum qui n’est pas un
ultimatum », a dit M. Harper.
Menace d’élections
Après avoir passé la fin de semaine à étudier le
deuxième rapport du gouvernement Harper expliquant
les mesures prises pour relancer l’économie
canadienne jusqu’ici, le chef libéral a mis les
conservateurs en demeure de se plier à ses
conditions avant vendredi, à défaut de quoi il
compte voter contre les crédits budgétaires aux
Communes.
Si M. Ignatieff met sa menace à exécution, le
gouvernement Harper sera défait puisqu’il s’agit
d’un vote de confiance et que le Bloc québécois et
le NPD ont déjà affirmé qu’ils voteront contre.
Les Canadiens seraient alors convoqués aux urnes le
27 juillet, pour le quatrième scrutin fédéral en
cinq ans.
En
privé, des stratèges des deux camps ont laissé
entendre hier que des élections étaient inévitables,
à moins que l’un des deux protagonistes ne recule
avant la fin de la semaine. La question est donc de
savoir qui fera les manoeuvres nécessaires pour
éviter une collision frontale entre le gouvernement
Harper et les partis de l’opposition.
« Je ne souhaite pas d’élections. Mais faire notre
travail veut dire respecter nos principes, a déclaré
Michael Ignatieff sur un ton ferme lors de sa
conférence de presse, hier matin. La vraie question
qui se pose est: est-ce que M. Harper souhaite que
le Parlement fonctionne? (…) C’est le choix du
premier ministre. (…) S’il veut faire marcher le
Parlement, c’est très facile pour lui de répondre de
façon positive. Mais il doit savoir que je suis prêt
à voter contre. »
Le chef libéral demande depuis plusieurs mois
d’uniformiser les critères d’admissibilité à
l’assurance emploi au pays. Il souhaite que toute
personne ayant accumulé 360heures de travail
puisseobtenir des prestations. À l’heure actuelle,
les heures requises varient d’une région à l’autre
selon la vigueur de l’économie. Les conservateurs
ont toujours opposé une fin de nonrecevoir à cette
proposition. M. Ignatieff a précisé hier qu’il était
prêt à mettre de l’eau dans son vin sur cette
question.
Mais dans une conférence de presse en après-midi, M.
Harper a affirmé que la seule réforme qu’il a en
tête pour le moment est de permettre aux
travailleurs autonomes de cotiser au régime
d’assurance emploi pour être admissibles à des
prestations en cas de perte d’emploi.
M. Ignatieff a aussi exigé que le gouvernement
précise quelles sommes ont été dépensées dans son
plan de relance économique au cours des 120 derniers
jours, et quelles sommes seront dépensées dans les
120 prochains jours.
M. Harper a répliqué que les libéraux empêcheront le
gouvernement d’accélérer les dépenses dans les
infrastructures s’ils votent contre les crédits
budgétaires vendredi.
« Il demande que le gouvernement dépense plus vite.
On ne peut pas dépenser plus vite sans l’appui du
Parlement vendredi pour dépenser, et c’est la raison
pour laquelle j’encourage M. Ignatieff à voter pour
les crédits budgétaires », a dit M. Harper.
Le chef libéral a demandé au gouvernement Harper de
préciser comment il comptait redresser les finances
de l’État. Il y a quelques semaines, le ministre des
Finances, Jim Flaherty, a déclaré que le déficit
dépassera les 50 milliards de dollars cette année. À
ce sujet, M. Harper a affirmé durant la période de
questions que le gouvernement prévoit un retour aux
budgets équilibrés en 2013, sans donner plus de
détails.
Quant aux isotopes médicaux, Michael Ignatieff exige
du gouvernement d’expliciter son plan pour pallier
la pénurie à venir. Le réacteur nucléaire de Chalk
River, qui fournit près du tiers de ces isotopes
nécessaires à la détection du cancer dans le monde
entier, a cessé ses opérations il y a quelques
semaines. Les professionnels de la santé multiplient
depuis les interventions pour mettre en garde contre
une crise à l’échelle mondiale.
À ce sujet, Stephen Harper a déclaré que le
gouvernement travaille actuellement pour trouver des
solutions de rechange à long terme. Assistant à ce
jeu de ping-pong entre les conservateurs et les
libéraux, le Bloc québécois et le NPD ont réitéré
hier leurs intentions de voter contre le
gouvernement Harper.
Le chef bloquiste, Gi l les Duceppe, a affirmé qu’il
tient à ce que le gouvernement fédéral abolisse le
délai de carence de deux semaines avant qu’un
travailleur qui a perdu son emploi puisse toucher
des prestations d’assurance emploi.
DES
ÉLECTIONS FÉDÉRALES ESTIVALES? Ignatieff
réfléchit
OTTAWA— Le chef duParti libéral, Michael
Ignatieff, s’accorde une fin de semaine de réflexion
avant de déterminer s’il s’alliera ou non au Bloc
québécois et au NPD pour défaire le gouvernement de
Stephen Harper.
Le chef libéral réfléchit,
ce week-end. à la possibilité de s’allier au Bloc
québécois et au NPD pour défaire le gouvernement
de Stephen Harper, vendredi prochain. S’il décide,
à l’instar des deux autres partis d’opposition,
que l’heure est venue de mettre fin au règne
conservateur, il provoquera le quatrième scrutin
fédéral en cinq ans et le deuxième en moins de
huit mois.
Le chef libéral est conscient que sa décision sera
lourde de conséquences. S’il décide, à l’instar du
Bloc québécois et du NPD, que l’heure est venue de
mettre fin au règne du gouvernement Harper, il
provoquera le quatrième scrutin fédéral en cinq ans
et le deuxième en moins de huit mois.
Une défaite des conservateurs à la Chambre des
communes, vendredi prochain, entraînerait un scrutin
fédéral le 27 juillet, en plein milieu des vacances
de la construction.
Le Bloc québécois et le NPD ont affirmé jeudi qu’ils
comptaient voter contre le gouvernement conservateur
après avoir pris connaissance de la mise à jour
économique du premier ministre Harper, à Cambridge,
en Ontario. Les deux partis jugent que les mesures
prises par le gouvernement sont insuffisantes pour
relancer l’économie et soutenir les travailleurs et
les entreprises en difficulté.
Jeudi, à Montréal, M. Ignatieff a indiqué qu’il
voulait prendre le temps de lire au complet le
rapport d’étape de quelque 250 pages produit par le
gouvernement avant d’arrêter sa décision.
Le chef libéral passera le weekend dans sa
circonscription de la région de Toronto à passer au
peigne fin le document, à consulter ses proches
collaborateurs et certains membres de son caucus. Il
annoncera sa décision lundi.
« La situation est la suivante: nous avons une crise
économique, nous avons un déficit exorbitant et nous
avons une crise en santé avec la fermeture de la
centrale nucléaire de Chalk River. Le gouvernement
n’est pas à la hauteur de la situation », a affirmé
une source libérale qui a requis l’anonymat.
« Michael Ignatieff est déchiré. Ce gouvernement
n’est pas compétent, mais il faut voir si la tenue
d’élections aggraverait la situation ou non. Il faut
évaluer ce qui est dans l’intérêt des Canadiens dans
les circonstances actuelles », a ajouté cette
source.
M.
Ignatieff juge aussi inacceptable que le
gouvernement Harper n’ait pas précisé comment il
compte rétablir l’équilibre budgétaire une fois la
récession terminée. Dans son rapport d’étape, le
gouvernement confirme que le déficit atteindra 50,2
milliards de dollars en 2009-2010, mais il reste
muet sur le retour à l’équilibre budgétaire.
Pourtant, dans son dernier budget, le ministre des
Finances, Jim Flaherty, prévoyait l’élimination du
déficit d’ici à 2012-2013. Il prévoyait aussi un
déficit de 34 milliards de dollars, qui a été revu à
la hausse récemment.
Des stratèges libéraux ont indiqué que Michael
Ignatieff prendra sa décision indépendamment du chef
du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et de celui du
NPD, Jack Layton.
Certains libéraux ont affirmé que, si Michael
Ignatieff décide de ne plus appuyer les
conservateurs, les autres partis pourraient reculer.
« Il pourrait y avoir des députés du Bloc québécois
et du NPD qui auraient soudainement envie d’aller au
petit coin au moment du vote », a-t-on indiqué.
Il y a actuellement 161 députés de l’opposition et
143 conservateurs à la Chambre des communes.
L’absence d’une vingtaine de députés de l’opposition
suffirait à assurer la survie du gouvernement
minoritaire.
De passage à Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard,
hier, Stephen Harper a soutenu que la dernière chose
dont le pays a besoin à l’heure actuelle est un
autre scrutin: « Le gouvernement déploie tous les
efforts pour s’assurer que les projets
d’infrastructures démarrent au pays. C’est ce que
les Canadiens veulent que nous fassions et c’est ce
que nous allons continuer à faire. Personne ne veut
voir renaître la coalition (entre le Parti libéral,
le Bloc et le NPD). Personne ne veut voir les partis
se livrer à de petits jeux politiques. Les gens
veulent que le gouvernement et tous les partis
politiques travaillent ensemble pour relancer
l’économie. »
En privé, certains stratèges libéraux continuent de
croire que Michael Ignatieff renoncera en bout de
piste à l’idée de provoquer des élections estivales.
À l’heure actuelle, il doit composer avec les
pressions soutenues qu’exercent plusieurs députés de
l’Ontario. qui souhaitent en découdre le plus
rapidement possible avec les conservateurs.
L’ancien premier ministre Jean Chrétien presse aussi
M. Ignatieff de provoquer la chute du gouvernement
Harper.
Renverser Harper? - Alain
Dubuc
Le rapport d’étape fournit-il un bon prétexte
pour renverser le gouvernement? Non.
Les bloquistes et les néo-démocrates ont
l’intention de voter contre l’adoption des
crédits budgétaires la semaine prochaine parce
qu’ils trouvent que les efforts de lutte contre
la récession décrits dans le rapport d’étape
déposé jeudi dernier par les conservateurs sont
nettement insuffisants. Michael Ignatieff se
donne la fin de semaine pour décider de la
marche à suivre et déterminer s’il renversera le
premier ministre Harper et s’il provoquera le
déclenchement d’élections cet été.
Le chef de l’Opposition
a le pouvoir, normalement réservé au premier
ministre, de décider du moment des élections.
Évidemment, si le chef libéral choisit d’appuyer
les conservateurs, il se le fera vivement
reprocher. Dans notre tradition politique,
soutenir un gouvernement minoritaire est fort
mal vu. Les autres partis d’opposition
accuseront le chef libéral d’être un allié
objectif des conservateurs. On lui reprochera
son manque de courage.
Il serait temps qu’on s’ajuste à la nouvelle
réalité. Nous élisons des gouvernements
minoritaires à répétition. La pratique voulant
que l’opposition officielle vote automatiquement
contre le gouvernement et le renverse à la
première occasion n’a plus aucun sens. Arrêtons
donc de jouer aux vierges offensées.
Dans ce contexte nouveau, le chef de
l’opposition a le pouvoir, normalement réservé
au premier ministre, de décider du moment des
élections. Son choix reposera en très grande
partie sur un calcul politique, le potentiel de
marquer des points. Mais le succès électoral
dépend aussi de l’appétit des citoyens pour des
élections. Les forcer à retourner aux urnes
après huit mois peut coûter très cher si on n’a
pas de raison valable.
Est-ce que le rapport d’étape fournit un bon
prétexte pour renverser le gouvernement? La
réponse est non. Il faut se souvenir que la
publication de ces rapports trimestriels était
une condition exigée par les libéraux pour
appuyer le budget des conservateurs, qu’ils
mettaient ainsi sous surveillance. Eh bien, ce
rapport montre que les conservateurs suivent
leur plan de match. Il ne serait pas logique que
les libéraux rejettent maintenant ce plan qu’ils
ont déjà soutenu. D’autant que le ministre Jim
Flaherty n’a pas présenté un budget
conservateur, mais plutôt une mixture hybride
destinée à satisfaire les libéraux et à éviter
d’être défaits.
Les bloquistes et les néo-démocrates trouvent
bien sûr que les mesures de relance sont
insuffisantes. Mais dans les faits, les
ressources consacrées à combattre la récession
sont importantes, encore davantage parce que le
déficit s’est creusé à 50 milliards. L’ampleur
de cet effort correspond à ce que les organismes
internationaux préconisaient. Le fait que
l’économie canadienne soit au bord de la reprise
montre en outre que ce degré d’intervention
semble approprié.
Ce qu’on peut reprocher aux mesures de
relancedugouvernementHarper, c’est quemême si
80% des projets d’infrastructures annoncés ont
été amorcés, la vraie mise en marche, sur le
terrain, est beaucoup plus lente que prévu. Mais
le hasard fait bien les choses. Le retard dans
le démarrage des projets peut devenir un
avantage. Parce quemême si la récession achève,
bien des spécialistes, notamment le gouverneur
de la Banque du Canada, Mark Carney, craignent
qu’un relâchement trop rapide des stimuli
gouvernementaux ne compromette une reprise
anémique. La mise en oeuvre plus tardive des
projets permettra ainsi au gouvernement
d’accompagner l’économie plus longtemps.
Ce n’est pas sur la lutte contre la récession
que le procès du gouvernement conservateur
devrait se faire. Contraint d’agir, il a tenu
ses promesses, de façon efficace, mais sans
imagination et sans vision. C’est plutôt dans
l’après-crise que ce manque de vision pèsera
lourd, quand il faudra retrouver l’équilibre
budgétaire, transformer une économie peu
compétitive, faire face aux défis
environnementaux. L’enjeu, ce n’est pas ce qui
se passe en 2009, mais ce qu’il faudra faire en
2010, en 2011 et au-delà.
Un bel été, M. Ignatieff ! ANDRÉ PRATTE
Le
chef du Parti libéral du Canada, Michael
Ignatieff, est en réflexion. Il se demande s’il
doit voter pour ou contre le gouvernement Harper
vendredi prochain. Si, à l’instar des bloquistes
et des néo-démocrates, les libéraux s’opposent aux
crédits, le gouvernement tombera et des élections
générales auront lieu le 27 juillet. Ce scénario
serait néfaste pour l’économie, pour la démocratie
et pour le Parti libéral.
On comprend que certains libér au x pia f f ent
d’impatience. Les sondages leur donnent quelques
points d’avance et le gouvernement Harper est
submergé par une pluie de tuiles. Ils craignent
aussi, s’ils attendent à l’automne, que l’économie
prenne du mieux et que le gouvernement s’en
attribue le mérite.
Le seul reproche que peuvent faire les libéraux
aux mesures de relance économique annoncées en
janvier par le gouvernement, c’est qu’elles ne
sont pas mises en place assez rapidement. Les
milliards promis pour les infrastructures,
notamment, mettent du temps à se rendre sur le
terrain. On peut toutefois être certain que les
conservateurs font l’impossible pour accélérer les
choses ; leur intérêt partisan le dicte. Si, dans
beaucoup de cas, les travaux n’ont pas commencé,
c’est qu’il y a un travail d’analyse et
d’approbation qui ne peut tout simplement pas être
escamoté.
Les
choses se passeraient-elles plus rapidement si
les libéraux étaient au pouvoir? C’est très peu
probable. Une chose est sûre: la tenue
d’élections générales cet été ne pourra que
ralentir le processus. Autrement dit, si Michael
Ignatieff veut que les mesures de relance
produisent vite des résultats, il ne doit pas
forcer la tenue d’un scrutin estival.
Passons aux considérations liées à la santé de
la démocratie canadienne. On le sait, le taux de
participation aux élections fédérales est à la
baisse depuis plusieurs années. Le 14 octobre
dernier, ce taux a glissé sous les 60% pour la
première fois depuis la Confédération. Si des
élections générales ont lieu au beau milieu de
l’été – au Québec, en pleines vacances de la
construction – il est presque certain que
l’intérêt et la pa r t i c i pa t i on seront
plus faibles que jamais. Certes, bien des gens
aimeraient se débarrasser du gouvernement de
Stephen Harper. Faut-il pour cela prendre le
risque de gonfler encore le cynisme populaire à
l’égard des politiciens?
Enfin, les libéraux doivent voir plus loin que
leur nez. M. Ignatieff lui-même l’admet, le
renouveau du Parti libéral est loin d’être
achevé. Au Québec, on n’entend pas parler de
candidatures d’envergure. Le chef libéral
suscite la curiosité, c’est certain, mais les
Québécois ne le connaissent pas vraiment. Ils ne
savent surtout rien de ce qu’il propose comme
politique économique, comme politique étrangère,
comme politique environnementale. Une formation
et un chef mal préparés feraient des cibles
faciles. Déçus, les électeurs d’abord attirés
par le nouveau chef libéral retourneraient vite
au refuge bloquiste.
Des élections le 27 juillet ? Une très mauvaise
idée. Passez un bel été, M. Ignatieff!
Les libéraux devraient encore sauver
Harper
«
Est-ce que la tenue d’une élection contribue à aider
le Canada à sortir de la récession? C’est ça, la
question clé. »
OTTAWA — À moins d’un revirement de taille, les
libéraux de Michael Ignatieff viendront encore une
fois à la rescousse du gouvernement minoritaire
conservateur de Stephen Harper la semaine prochaine
afin d’éviter la tenue d’élections fédérales cet été.
M. Ignatieff a tout fait sauf confirmer hier qu’il
n’avait pas l’intention d’emboîter le pas au Bloc
québécois et au NPD en votant contre l’adoption des
crédits budgétaires, la semaine prochaine, à la
Chambre des communes.
Le Bloc québécois et le NPD ont indiqué hier qu’ils
voteront contre l’adoption de ces crédits budgétaires
parce qu’ils jugent net tement insuf f isantes les
mesures prises par le gouvernement Harper pour
relancer l’économie et soutenir les travailleurs et
les entreprises en difficulté.
Les deux partis ont fait connaître leurs intentions
après que le premier ministre Stephen Harper eut
présenté le deuxième rapport d’étape détaillant les
mesures adoptées par son gouvernement pour sortir le
Canada de la crise économique.
En présentant ce rapport à Cambridge, en Ontario, la
province la plus touchée par la crise, M. Harper a
dressé un portrait optimiste de la situation,
affirmant que les effets de la récession commencent à
s’atténuer.
Le
premier ministre a aussi soutenu que le plan
économique de son gouvernement commence à donner des
résultats encourageants, affirmant que près de 80% des
fonds prévus dans ce plan ont été engagés et que près
de 3000 projets d’infrastructures ont été démarrés
d’un bout à l’autre du pays depuis le début de la
saison de la construction.
De passage à Montréal, hier, Michael Ignatieff a dit
vouloir lire le rapport de 235 pages produit par le
gouvernement avant de déterminer si ses troupes
donneront leur appui aux conservateurs, la semaine
prochaine. Conscient qu’il détient le droit de vie ou
de mort sur le gouvernement Harper, le chef libéral a
déclaré qu’il doit juger si des élections fédérales
maintenant sont dans l’intérêt du pays.
Même s’il se dit « déçu » du bilan économique du
gouvernement Harper, « il faut toujours tenir compte
des intérêts du pays, des intérêts des citoyens et des
contribuables. Ont-ils besoin d’une élection
maintenant? Je suis en réflexion. Est-ce que la tenue
d’une élection contribue à aider le Canada à sortir de
la récession? C’est ça, la question clé », a dit
Michael Ignatieff.
« Contrairement au NPD et au Bloc, je suis un homme de
jugement mûr, je prends mon temps et je crois que les
contribuables s’attendent à cela d’un chef de
l’opposition. Je vais regarder le rapport ce soir
(hier soir) et nous allons prendre une décision »,
a-t-il ajouté.
Selon toute vraisemblance, M. Ignatieff rendra son
verdict aujourd’hui. Mais des stratèges libéraux
interrogés hier soir par La Presse ont dit douter
fortement que M. Ignatieff décide de plonger le pays
en élections. D’autant plus qu’une campagne électorale
– la quatrième depuis 2004 – coûterait 300 millions de
dollars et paralyserait la machine gouvernementale
pendant près de deux mois. Une campagne électorale
dure 36 jours au minimum selon la loi, et il faut
entre deux et trois semaines pour qu’un nouveau
cabinet s’installe au pouvoir.
Plus tôt en journée, M. Ignatieff a répété ses
critiques envers le gouvernement Harper en l’accusant
de recycler des annonces. « Je ne fais pas
d’accusations vaines. Nous avons dit depuis quelques
mois qu’ils annoncent, ils réannoncent et réannoncent
les annonces. C’est très difficile de savoir si
l’argent pour stimuler l’économie est sorti d’Ottawa
oui ou non », a-t-il dit.
Alerte électorale à Ottawa -
VINCENT MARISSAL
Les
conservateurs retournent le fardeau de la preuve et
Michael Ignatieff, un politicien peu expérimenté,
pourrait se retrouver sur la défensive en campagne
électorale, lui qui a déjà indiqué qu’il pourrait être
obligé de hausser les impôts.
Àmoins d’un mois de la fin des travaux à la Chambre
des communes, la fièvre électorale vient subitement de
s’abattre sur le Parti conservateur de Stephen Harper,
qui a donné instruction hier à ses organisateurs de
passer en mode alerte.
Le lieutenant de M. Harper au Québec, le ministre
Christian Paradis, et l’organisatrice en chef, Claude
Durand, ont participé hier à des conférences
téléphoniques pour demander à toutes les organisations
de circonscription de trouver candidat, local
électoral et financement au plus vite, en vue d’un
déclenchement possible le 23 juin.
Les libéraux, qui ont manifesté leur impatience envers
le gouvernement cette semaine, pourraient profiter
d’une journée de l’opposition pour tenter de renverser
les conservateurs.
Ce scénario s’était quelque peu dégonflé dans les
dernières semaines, mais les conservateurs, à
l’évidence, préfèrent se préparer au pire.
Le Bloc québécois aussi prépare un grand coup
préélectoral. Impossible d’en savoir plus pour le
moment, mais le leader parlementaire, Pierre Paquette,
rencontrera la presse sur la colline, mardi, pour
dévoiler la nouvelle offensive.
Au Bloc, des élections au printemps 2010 demeurent le
scénario privilégié, mais Gilles Duceppe n’a
évidemment aucun pouvoir sur son adversaire libéral.
Ce dernier tôt que tard pour profiter de l’élan
détecté dans les sondages. Dans les troupes libérales,
toutefois, l’idée d’un scrutin estival est loin de
faire l’unanimité.
Une autre raison pousse cependant les libérauxàagir
rapidement: au début de l’année prochaine, les
conservateurs deviendront majoritaires au Sénat, une
perspective extrêmement désagréable pour les rouges,
qui perdraient l’avantage numérique pendant des années
à la Chambre haute.
On a bien vu cette semaine que les esprits
s’échauffent à Ottawa avec, notamment, cette
annoncechoc au sujet du déficit anticipé, qui passe de
34 à plus de 50 milliards. Par ailleurs, les trois
À moins que le chef libéral ne cherche qu’à se faire
dire non, question de dénoncer l’intransigeance de
Stephen Harper.
M. Ignatieff, qui sera à Montréal jeudi pour une
grande activité de financement, veut de toute évidence
fouetter ses troupes, les mobiliser.
Les conservateurs pourraient aussi voir un avantage à
repartir maintenant en campagne électorale. Ce serait
en effet le meilleur moyen de forcer le chef libéral à
dévoiler son jeu.
Pour
le moment, Michael Ignatieff fait son job de chef de
l’opposition officielle et se contente de critiquer le
gouvernement mais, dès la première heure d’une
campourrait jouer le tout pour le tout le 23 juin, de
peur de voir les conservateurs le bloquer, à
l’automne, en n’accordant une journée de l’opposition
que très tard en novembre, ce qui signifierait une
campagne électorale pendant les Fêtes.
En cas de vote de confiance le 23 juin, le sort du
gouvernement reposera donc vraisemblablement sur le
chef du NPD, Jack Layton, qui est en difficulté en ce
moment dans les sondages.
À Ottawa, les adversaires des libéraux estiment que
Michael Ignatieff serait tenté d’y aller plus partis
de l’opposition continuent de demander des
modifications au régime d’assurance emploi.
Emporté par l’enthousiasme, Michael Ignatieff a même
exigé la démission du ministre des Finances, Jim
Flaherty.
Drôle de stratégie. Normalement, l’opposition fait ce
genre de demande à un gouvernement majoritaire. Si
l’opposition n’a plus confiance en ce gouvernement, ce
n’est pas la peine d’exiger le renvoi d’un ministre.
Elle peut faire encore plus: congédier le
gouvernement. pagne, il devra offrir du concret aux
Canadiens.
Les conservateurs ont essayé cette semaine de se
dépêtrer des chiffres astronomiques du déficit en
renvoyant la balle à M. Ignatieff.
Que fera le chef libéral? ont demandé les
conservateurs ? Haussera-t-il les impôts et les taxes?
La manoeuvre est quelque peu grossière, certes, mais
c’est de bonne guerre. La question se pose, en effet :
que proposera Ignatieff ? Quel est son plan pour
retrouver l’équilibre budgétaire ?
Dans les années 90, les libéraux de Jean Chrétien
avaient éliminé le déficit en réduisant les transferts
aux provinces et en sabrant dans l’assurance emploi,
notamment. Répéteront-ils cette recette?
Stephen Harper, lui, affirme que son gouvernement a
adopté un plan de lutte contre le déficit basé sur la
reprise, sur la vente d’actifs et sur une révision des
dépenses de l’État. On n’est pas obligé de le croire,
mais il pourrait se lancer en campagne électorale en
demandant aux Canadiens d’appuyer son plan plutôt que
de risquer des augmentations d’impôts avec les
libéraux.
Les conservateurs retournent donc le fardeau de la
preuve et Michael Ignatieff, un politicien peu
expérimenté, pourrait se retrouver sur la défensive en
campagne électorale, lui qui a déjà indiqué qu’il
pourrait être obligé de hausser les impôts. Avant de
lancer les dés, les quatre partis à Ottawa devront
aussi se poser une autre question: à qui profiterait
une campagne en juillet? Et le parti qui provoquera la
chute du gouvernement en plein été, et en pleine crise
de surcroît, risque-t-il d’être puni par l’électorat?
Tout d’un coup, la fin de session s’annonce plus
stressante que prévu à Ottawa.
Le retour de la coalition - LYSIANNE
GAGNON
Michael Ignatieff doit avoir l’impression d’avoir
été frappé par un TGV. À peine a-t-il proclamé sur
le ton sentencieux requis que « le temps de M.
Harper est terminé », que les sondages rendent
tous le même verdict: la cote des libéraux chute…
et celle des conservateurs remonte!
Est-ce parce que les électeurs renâclent devant la
futilité de tenir des élections sans enjeu majeur?
Assurément. Parce qu’ils doutent que le nouveau
chef libéral, encore très peu connu, soit l’homme
de la situation? Peut-être.
Quoi qu’il en soit, jamais n’aura-t-on vu un parti
d’opposition renverser un gouvernement à partir
d’une position de départ aussi faible. Ce qui
montre qu’en politique, si l’on veut jouer les
machos et les fanfarons, il faut d’abord en avoir
le gabarit.
Malheureusement pour eux, les libéraux se sont
acculés au mur et devront foncer dans la tempête
en se croisant les doigts, sans pouvoir espérer
mieux que de former un gouvernement minoritaire…
ce qui en soi serait un tour de force, étant donné
que les conservateurs ne sont qu’à 12 sièges de la
majorité. La seule bouée de sauvetage des libéraux
serait qu’un des deux autres partis accorde sa
confiance au gouvernement.
Cela n’arrivera pas. Le Bloc n’a aucune raison de
craindre les élections et pourrait mêmeregagner
certains des comtés passés aux tories. LeNPD, par
contre, serait bien tenté par une alliance
ponctuelle avec le gouvernement… mais encore
faudrait-il qu’il reçoive quelque chose en
échange. Or, M. Harper n’est plus d’humeur aux
compromis. Le gouvernement s’apprête même à couper
l’herbe sous le pied de ses adversaires en
annonçant une réforme de l’assurance emploi, le
thème favori des trois partis de l’opposition!
La
principale raison pour laquelle M. Harper refusera
la main tendue du NPD est que cela contredirait
l’un des thèmes majeurs qu’il a déjà préparés pour
la campagne, soit le spectre du retour de la
fameuse « coalition appuyée par les socialistes et
les séparatistes » advenant l’élection d’un
gouvernement minoritaire. Comment pourrait-il
s’allier, même ponctuellement, avec des
adversaires qu’il s’apprête à diaboliser?
Tous les indices montrent que telle sera la carte
maîtresse de M. Harper: donnez-moi une majorité,
ou vous risquez de vous retrouver avec la
coalition que vous abhorriez l’an dernier!
L’initiative pourra lui faire perdre des voix au
Québec, où cette idée était populaire, mais les
tories ont plus ou moins fait une croix sur la
province. Dans les coulisses du PCC, on envisage
déjà la possibilité de perdre quatre ou cinq
circonscriptions sur les 10 que les conservateurs
ont réussi à rescaper l’an dernier.
Ce dont ils ont surtout besoin, cette fois-ci,
c’est de rallier leur base militante et de
mobiliser les indécis. Et pour ce faire, ils
utiliseront le spectre de la coalition dont la
perspective faisait frémir tout le Canada anglais
l’an dernier. Un argument qui portera, d’autant
plus que la reconstitution d’une coalition
constitue un scénario plausible.
Certes, M. Ignatieff y était fort réticent l’an
dernier et avait signé de mauvais gré le document
scellant l’alliance du trio. Mais advenant un
troisième gouvernement conservateur minoritaire,
et dans la foulée d’une campagne qui s’annonce
féroce, les pressions en ce sens seront fortes, et
le chef libéral pourrait bien y céder car sa
réserve de l’an dernier s’expliquait en partie par
sa crainte qu’une fois « premier ministre » de la
coalition, Stéphane Dion s’incruste dans son poste
de leader.
Or,
de nouveau placée devant une coalition qui
revendiquerait le pouvoir, la gouverneure générale
pourrait bien se résoudre, cette fois, à accepter
qu’elle forme le gouvernement, pour éviter une
cinquième élection consécutive.
Les Québécois appuient l’idée d’un gouvernement
minoritaire - Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les Québécois ne détestent pas avoir un
gouvernement minoritaire à Ottawa, même si cela
amène son lot d’instabilité, de psychodrames et
d’élections à répétition.
De tous les Canadiens, les Québécois sont ceux qui
aiment le plus l’idée d’un gouvernement
minoritaire, révèle un sondage exclusif réalisé
par la firme Nanos pour le compte de La Presse.
Selon ce sondage, 29,7% des Québécois ont une
bonne impression du travail accompli par les trois
gouvernements minoritaires élus depuis 2004.
À cet égard, les Québécois se distinguent des
autres Canadiens. Seulement 17,5% des Ontariens
ont une bonne impression des gouvernements
minoritaires, alors que le taux de satisfaction
tombe à 15,4% dans les provinces atlantiques, à
13% en Colombie-Britannique et à 11% dans les
Prairies. À l’échelle du pays, l’appui à l’idée
d’un gouvernement minoritaire s’élève à 18,5%.
À l’inverse, 14,6% des Québécois interrogés ont
exprimé une opinion négative au sujet des
gouvernements minoritaires, soit un chiffre
comparable à la moyenne nationale (15,9%).
Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, les
résultats au Québec démontrent que les électeurs
québécois aiment voir le gouvernement fédéral
composer avec les exigences du Bloc québécois pour
rester en vie.
« Les résultats au Québec sont influencés par les
partisans du Bloc, qui sont vraisemblablement plus
susceptibles de préférer un gouvernement
minoritaire à Ottawa afin d’obtenir plus de
concessions », a souligné M. Nanos.
«
Mais ces résultats révèlent aussi la situation
dans laquelle sont les leaders des partis
fédéralistes. StephenHarpern’aplus la cote auprès
des Québécois. C’est le pourcentage de Québécois
qui ont une bonne impression du travail accompli
par les trois gouvernements minoritaires élus
depuis 2004. Michael Ignatieff demeure une énigme.
Jack Layton peut jouir d’une certaine sympathie,
mais l’appui au NPD continue de fluctuer », a-t-il
ajouté.
Durant les entrevues, la firme Nanos a demandé à
ceux qui apprécient les gouvernements minoritaires
d’expliquer pourquoi, mais sans suggérer de
réponses. Une majorité (54,8%) des Canadiens qui
ont une impression favorable ont dit que cela
force les différents partis politiques à
collaborer à la Chambre des communes.
Selon certaines informations qui ont circulé cette
semaine, les conservateurs de Stephen Harper
entendent réclamer un mandat majoritaire si des
élections ont lieu cet automne. Au dernier
scrutin, les conservateurs avaient évité d’évoquer
l’idée d’une majorité aux Communes, afin de ne pas
effaroucher certains électeurs, comme ce fut le
cas en 2004.
Selon des informations obtenues par La Presse,
Stephen Harper a déclaré à son caucus, en juin,
qu’il ferait campagne pour obtenir une majorité
afin d’assurer une stabilité en ces temps de crise
économique.
« Il demanderaauxCanadiens d’élire un gouvernement
majoritaire conservateur. Il fera valoir que
l’autre option, c’est une coalition Parti
libéral-NPD soutenue par le Bloc, et cela serait
néfaste pour l’économie et l’unité canadienne », a
soutenu une source conservatrice sous le couvert
de l’anonymat.
Selon cette source, Stephen Harper, élu depuis
2006, a démontré qu’il est un premier ministre
compétent et que les épouvantails du passé ne
fonctionneront plus pendant la prochaine campagne.
Selon Nik Nanos, toutefois, cela comporte des
risques. « Cette nouvelle stratégie demande aux
Canadiens d’examiner plus à fond les
conservateurs. Une démarche risquée car
l’attention portera moins sur Michael Ignatieff et
les libéraux. Et dans un contexte où les deux
partis sont à égalité dans les sondages, tout peut
arriver le jour du vote », a-t-il dit.
MAJORITAIRE OU MINORITAIRE? Le Québec a le
dernier mot - Joël-Denis
Bellavance
« Aussi
longtemps qu’il y a aura un Bloc québécois fort, les
chances d’élire un gouvernement minoritaire demeureront
élevées. »
— Il y a cinq ans aujourd’hui, les Canadiens élisaient
le premier gouvernement minoritaire en 25 ans. Et si des
élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, les
Canadiens éliraient un autre gouvernement minoritaire –
libéral ou conservateur –, selon les derniers sondages.
Il s’agirait alors du quatrième gouvernement minoritaire
de suite, un record dans l’histoire du pays. Les partis
politiques qui rêvent aujourd’hui d’obtenir une majorité
des sièges à la Chambre des communes devront
vraisemblablement continuer… à en rêver pour le moment.
Si aucun observateur n’ose prédi re combien de temps
durera l’instabilité à Ottawa, plusieurs s’entendent
pour dire qu’un gouvernement minoritaire aux Communes
sera la norme tant que le Bloc québécois demeurera une
force politique imposante au Québec.
« Aussi longtemps qu’il y a aura un Bloc québécois fort,
les chances d’élire un gouvernement minoritaire
demeureront élevées », affirme Goldy Hyder, un stratège
conservateur influent. « Et il y a aussi le Parti vert
qui commence à prendre des forces et à s’approprier une
partie de la tarte », ajoute-t-il. d’affaires publiques
internationales à l’Université d’Ottawa
« Tout dépendra des succès du Bloc québécois à l’avenir.
Si un des deux partis fédéralistes réussit à séduire
assez d’électeurs qui ont appuyé le Bloc depuis 1993, il
pourrait former un gouvernement majoritaire. Mais pour
l’heure, le Bloc reste une entité très forte au Québec
francophone », ajoute-t-il.
« Pour les deux grands partis politiques – le Parti
libéral et le Parti conservateur –, la possibilité de
former un gouvernement majoritaire à court terme est
très faible. Nous sommes un peu dans un cul-de-sac »,
soutient Robert Asselin, directeur associé de l’École
supérieure
Depuis sa création, le Bloc québécois a toujours
remporté la majorité des 75 sièges que compte le Québec
aux Communes. Jean Chrétien a réussi à former un
gouvernement majoritaire aux élections de 1993, de 1997
et de 2000 malgré la présence du Bloc québécois. Mais le
petit gars de Shawinigan pouvait miser sur une division
du vote entre deux partis de la droite – le Parti
réformiste (qui est devenu l’Alliance canadienne en
2000) et le Parti progressiste-conservateur.
Grâce à cette division, le Parti libéral a pu balayer
l’Ontario à trois reprises, remportant la presque
totalité de la centaine de sièges que compte cette
province aux Communes. Mais cet avantage a vite disparu
dès que l’Alliance canadienne et le Parti
progressiste-conservateur ont uni leurs forces sous une
seule bannière, le Parti conservateur, en 2003. Et à
partir de 2004, l’ère des gouvernements minoritaires a
commencé.
Selon
l’ancien député bloquiste Richard Marceau, les partis
fédéralistes doivent faire un sérieux examen de
conscience avant de blâmer le Bloc québécois pour
l’instabilité politique à Ottawa.
« Même si on ne sent pas l’option souverainiste en
pleine effervescence, il n’en demeure pas moins que
cela fait six fois de suite que l’on envoie une
majorité de députés du Bloc à la Chambre des communes.
Cela veut dire que le message que les Québécois
envoient depuis 1993 n’a pas encore été entendu. Les
Québécois ne veulent peut-être pas de la souveraineté
à l’heure actuelle, mais ils ne se satisfont pas du
statu quo non plus », a f f i r me Richa rd Ma rceau,
député de Charlesbourg de 1997 à 2006.
Selon lui, pour sortir de l’ère des gouvernements
minoritaires, il faudra un effondrement du Bloc au
Québec ou un changement de la culture politique au
pays qui donnera naissance à des gouvernements de
coalition.
Historiquement, les gouvernements minoritaires ont
réussi à accomplir de grandes choses. Lester B.
Pearson était à la tête d’un gouvernement minoritaire
lorsqu’il a créé le système universel de soins de
santé ou encore le régime de pensions. Il avait alors
l’appui du NPD.
Si certains espéraient obtenir des résultats
comparables des gouvernements minoritaires élus depuis
2004, ils ont vite déchanté.
« Le consensus au Canada était que les gouvernements
minoritaires pouvaient réaliser de grandes choses.
Mais aujourd’hui, on ne peut en di re auta nt. Les
gouvernements minoritaires sont devenus des problèmes.
Il y a trop de partisanerie et trop d’instabilité. Il
est ainsi difficile de s’attaquer à des gros défis » ,
affirme Scott Reid, ancien directeur des
communications de l’ex-premier ministre Paul Martin.
Selon M. Reid, un gouvernement minoritaire aura
beaucoup de difficulté à s’attaquer à la lourde tâche
d’éliminer le déficit, qui dépassera les 50 milliards
de dollars en 20092010. « Dans le passé, les partis
politiques étaient contraints de travailler ensemble
dans un Parlement minoritaire. Mais les cinq dernières
années ont démontré que les partis politiques sont
constamment en état d’alerte pour parti r en
élections. »
Le st ratège Goldy Hyder croit aussi qu’un
gouvernement minoritaire est problématique à l’heure
actuelle en ces temps de crise économique. Et les
électeurs pourraient être tentés par un retour à la
stabilité politique en élisant un gouvernement
majoritaire.
L e s ondeu r Ni k Na no s affirme que l’instabilité
qu’entraîne un gouvernement minoritaire pourrait même
devenir un enjeu d’une campagne électorale. « Les
électeurs pourraient se lasser des gouvernements
minoritaires, surtout en cette période de
ralentissement économique. Les gens voient les choses
différemment quand il y a des batailles politiques aux
Communes dans le contexte économique actuel. »
LA MUTATION POLITIQUE DE HARPER SE POURSUIT -
Joël-Denis Bellavance
Les
sessions parlementaires, tant à Ottawa qu’à Québec,
ont été mouvementées depuis la reprise des travaux,
l’hiver dernier. Les crises et les controverses ont
été nombreuses. C’est maintenant l’heure des bilans,
en attendant la reprise des hostilités, l’
Les députés conservateurs et leurs adversaires
libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont bombé le
torse cette semaine devant les caméras alors qu’on
évoquait la possibilité d’élections en juillet. Tous
se disaient prêts à l’éventualité d’une campagne
électorale si le gouvernement Harper était défait
aujourd’hui à l’occasion du vote de confiance sur les
crédits budgétaires.
Stephen
Harper
a l’air de moins en moins dogmatique et de plus en
plus à l’écoute.
Mais en privé, les députés de toutes les allégeances
ont poussé un soupir de soulagement mercredi en
apprenant que le premier ministre Stephen Harper et le
chef libéral Michael Ignatieff avaient réussi à
dénouer la crise qui risquait de plonger le pays en
campagne électorale pour la quatrième fois en cinq
ans. D’autant plus que les Canadiens, presque
unanimement, ne voulaient pas d’élections.
L’entente entre les deux chefs est loin d’être
révolutionnaire – la création d’un comité bipartisan
pour étudier les réformes à apporter au programme de
l’assurance emploi et l’octroi d’une journée de
l’opposition au Parti libéral deux jours après le
dépôt du rapport dudit comité le 28 septembre –, mais
elle permet de clore une session parlementaire riche
en rebondissements.
Elle impose également une trêve de trois mois entre
les différents protagonistes avant la reprise des
hostilités à la mi-septembre. Ces hostilités
déboucheront vraisemblablement sur des élections en
novembre, les libéraux n’ayant pas caché leur
intention de déposer une motion de censure envers le
gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la
première occasion à l’automne.
Fin de la lune de miel
Devenu chef du Parti libéral sans effusion de sang, en
décembre, Michael Ignatieff a réussi à redonner à ses
troupes l’espoir qu’elles reprendront bientôt le
pouvoir. Sous sa direction, le Parti libéral a réussi
à effacer rapidement la dette de quelque deux millions
de dollars de la dernière campagne électorale. Les
troupes sont aussi plus unies que jamais et les
donateurs se font plus nombreux et plus généreux.
Mieux encore, le Parti libéral détient depuis trois
mois une légère avance sur le Parti conservateur dans
les intentions de vote à l’échelle nationale, ce qui
ne s’était pas vu depuis le début de la campagne
électorale de 2005-2006.
Mais
s’il a surfé sur une vague de sympathie depuis
janvier, Michael Ignatieff a vu sa longue lune de miel
prendre fin de manière abrupte cette semaine. En
brandissant la menace de renverser le gouvernement
Harper lundi s’il ne se pliait pas à quatre conditions
d’ici vendredi – une réforme de l’assurance emploi, un
plan pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux, un
plan pour rétablir l’équilibre budgétaire et une
description exhaustive des dépenses réalisées par
Ottawa pour relancer l’économie – le chef libéral a
voulu jouer au matamore pour éviter les comparaisons
avec son prédécesseur, Stéphane Dion.
Mais il a vite battu en retraite le même jour en
accordant des entrevues aux principaux réseaux de
télévision du pays. Et il a pris la première porte de
sortie offerte par Stephen Harper – une rencontre au
sommet pour discuter du programme de l’assurance
emploi – pour s’extirper de son piège après que le
premier ministre eut décrit les conditions du chef
libéral d’imprécises. Au bout du compte, il n’a pas
obtenu des concessions du gouvernement sur ses
demandes. Cette stratégie du chef libéral a été
tournée en ridicule non seulement par le NPD et le
Bloc québécois, mais aussi par la majorité des
observateurs de la scène politique.
« Auparavant, nous avions le professeur Dion.
Maintenant nous avons le professeur Ignatieff », a
lancé le commentateur politique Jean Lapierre, ancien
ministre des Transports dans le gouvernement libéral
de Paul Martin.
« Michael Ignatieff a semé un gros doute au sujet de
son jugement politique dans la tête des plusieurs
libéraux cette semaine en agissant comme il l’a fait
», a affirmé un libéral influent sous le couvert de
l’anonymat.
Le chef libéral – qui n’hésite pas à critiquer les
failles du gouvernement Harper, mais tarde à
expliciter ce qu’il ferait de différent s’il était aux
commandes à Ottawa – aura besoin de l’été pour se
ressaisir avant la bataille électorale attendue à
l’automne.
Note encourageante
Pour les conservateurs, cette session souvent
acrimonieuse se termine sur une note encourageante.
Aux yeux de certains d’entre eux, Stephen Harper a
continué la mutation politique qu’il a entreprise en
décembre après avoir vu son gouvernement minoritaire
frôler la mort à la fin de 2008.
En négociant un accord sans faire de véritables
concessions sur le fond, Stephen Harper a voulu mettre
en évidence des qualités qui lui ont fait défaut l’an
dernier. Décrit comme un homme dogmatique et
intransigeant durant la crise parlementaire de
novembre dernier, le premier ministre a fait preuve de
retenue dans ses
discussions avec Michael
Ignatieff.
Michael
Ignatieff
devra dissiper les doutes qu’il a semés cette semaine
sur son jugement politique.
« Durant la crise parlementaire de novembre, M. Harper
est passé pour un homme intransigeant. Nous venions
d’être élus. Nous sommes un gouvernement minoritaire,
mais nous n’avons pas agi comme un gouvernement
minoritaire en respectant les autres partis l’an
dernier. Mais cette semaine, il est apparu comme un
homme conciliant prêt à collaborer. En tenant trois
rencontres, avec M. Ignatieff, il a démontré qu’il sait
écouter. Et grâce à lui, nous n’avons pas d’élections,
comme le souhaitent les Canadiens », a affirmé une
source conservatrice.
Le gouvernement Harper a entrepris la session
parlementaire le 26 janvier sur les genoux après avoir
évité de peu une défaite humiliante aux Communes aux
mains d’une coalition formée du Parti libéral et du NPD
et soutenue par le Bloc québécois. Cette coalition,
menée par Stéphane Dion, a vu le jour après la tentative
des conservateurs de supprimer les subventions aux
partis politiques en lors de leur mise à jour économique
teintée de rose. Cette coalition était aussi soudée par
le désir de voir des mesures robustes pour relancer
l’économie canadienne malmenée par la crise mondiale.
Le gouvernement Harper a donc entrepris une
spectaculaire métamorphose. Le ministre des Finances,
Jim Flaherty, qui prédisait un léger surplus pour les
quatre prochaines années dans sa mise à jour économique,
a ouvert le robinet tout grand lorsqu’il a déposé son
budget le 27 janvier. Les surplus sont devenus des
déficits imposants – 34 milliards de dollars en
2009-2010, disait-il à ce moment-là, une somme qui a été
revue à la hausse en mai à 50 milliards. Des milliards
de dollars pour financer des projets d’infrastructures
dans l’espoir de relancer rapidement l’économie et
soutenir les entreprises et les travailleurs en
difficulté.
En déposant un budget jugé « l ibéral » , le
gouvernement Harper s’est assuré d’obtenir l’appui des
libéraux de Michael Ignatieff, un geste qui a fait
éclater de manière définitive la coalition entre PLC, le
NPD et le Bloc.
Mais
ce faisant, Stephen Harper a dû renoncer à ses
principes les plus chers – l’intervention minimaliste
de l’État dans l’économie, l’équilibre budgétaire à
tout prix, entre autres choses – pour assurer la
survie de son gouvernement minoritaire.
Nouvelle cible
Durant la dernière session, le Bloc québécois a
continué ses attaques contre le gouvernement Harper
sur plusieurs dossiers, notamment le programme
d’assurance emploi et l’aide au secteur forestier
jugée insuffisante.
Mais les troupes souverainistes de Gilles Duceppe ont
été contraintes de modi f ier leur cible.
L’effondrement des appuis au Parti conservateur au
Québec et la montée du Parti libéral font en sorte que
leur principal adversaire est désormais Michael
Ignatieff dans la province. Le NPD tente pour sa part
de tirer son épingle du jeu dans une joute politique
qui ne l’avantage pas depuis le changement de garde au
Parti libéral.
Les Canadiens ne voulaient pas d’élections en juillet.
Soit. Mais tous les partis politiques devront tester
leurs slogans et leur machine électorale durant les
mois d’été afin de se préparer à la vraie bataille
attendue à l’automne.
VERS UN
ASSOUPLISSEMENT DES CLAUSES PROTECTIONNISTES?
- Hugo de GrandPré
WASHINGTON — Barack Obama a mis un terme à sa
première rencontre avec Stephen Harper à la
Maison-Blanche, hier, en laissant planer l’espoir de
s’entendre avec les Canadiens dans un certain nombre
de dossiers, dont celui des clauses protectionnistes
du Buy American Act.
PHOTO ADRIAN WYLD,
LA PRESSE CANADIENNE
Barack Obama a reçu Stephen
Harper pour la première fois dans le bureau Ovale
de la Maison-Blanche.
Dans le célèbre bu reau Ovale, les deux hommes ont
discuté pendant environ une heure – près de 20
minutes de plus que prévu. Ils ont abordé plusieurs
sujets, dont l’Afghanistan, l’Iran, l’environnement,
l’économie et le prochain sommet du G20.
Aux yeux de l’entourage du premier ministre, l’un
des progrès les plus importants réalisés durant la
réunion s’est fait sur le front de la lutte contre
le protectionnisme de Washington. Le gouvernement
Harper tente en effet de neutraliser les clauses
protectionnistes qui bloquent l’accès des
entreprises canadiennes aux importantes retombées
économiques du plan de relance américain.
Les deux pays examinent actuellement une proposition
du ministre du Commerce international, Stockwell
Day, dans laquelle le Canada offre notamment aux
sociétés américaines un accès garanti aux contrats
d’approvisionnement du Canada en contrepartie d’une
exemption des clauses du Buy American Act.
Les deux chefs, accompagnés de ministres et de
secrétaires, dont la secrétaire d’État Hillary
Clinton, ont discuté des solutions possibles à cet
égard.
« I l semble qu ’i l y a it des moyens de négocier
de manière bilatérale, mais aussi de manière
multilatérale », a déclaré le président au terme de
la rencontre.
« Selon ma compréhension, a-t-il ajouté, les
gouvernements provinciaux du Canada ne sont pas
signataires de l’Organisation mondiale de commerce.
Des contrats d’approvisionnement qui seraient
antérieurs à ces ententes Buy American, ça pourrait
être une solution. »
Le premier ministre canadien a semblé fort heureux
de l’entendre. « Nous en avons discuté, a-t-il dit.
Et nous donnerons (aux négociateurs) davantage de
directives quant au type de solutions qu’ils
pourraient examiner. »
Entente pour la LNH
Sur une note plus légère, le premier ministre a tenu
à préciser, deux fois plutôt qu’une, qu’une entente
était imminente dans le dossier des avions nolisés
de la Ligue nationale de hockey.
À cause de nouvelles restrictions aux arrêts
multiples de ces types de vols, les équipes
canadiennes pourraient avoir de la difficulté à
disputer deux parties en deux soirs aux États-Unis,
par exemple.
«
Nous avons un genre d’accord de principe et nous
travaillerons à finaliser cela dans les prochains
jours », a déclaré Stephen Harper.
Manifestations
Com me on pouva it s ’y attendre, le passage du
premier ministre canadien a été marqué par quelques
manifestations, contre les sables bitumineux et la
chasse au phoque, entre autres. La police a même
arrêté trois manifestants de l’organisation PETA qui
bloquaient la circulation devant l’ambassade
canadienne, vêtus de costumes de phoque striés de
peinture couleur sang.
Ces incidents, plutôt mineurs,
pourraientsereproduiredemain, lorsque le premier
ministre rencontrera des membres du Congrès, dont la
présidente de la Chambre des représentants, Nancy
Pelosi. Selon l’entourage de M. Harper, il devrait
aborder là encore le dossier des clauses
protectionnistes.
Évaluation de la mission
Parmi les autres sujets abordés hier, le président
Obama a rappelé qu’il souhaitait réévaluer la
mission américaine en Afghanistan. Il envisage mener
de vastes consultations à ce sujet auprès de la
société civile et militaire ainsi qu’auprès des
alliés des États-Unis.
Des voix s’élèvent au sein de la Défense américaine
pour augmenter le nombre de militaires déployés
là-bas. Mardi, devant un comité du Congrès, le plus
haut officier américain, l’amiral Mike Mullen, a
plaidé en faveur de 2000 à 4000 soldats
supplémentaires.
Mais le président a réitéré hier qu’il ne pouvait
s’engager dans cette voie avant d’avoir mené sa
consultation.
Il n’a par ailleurs pas fait allusion à la
possibilité de dema nder au Ca nada de contribuer à
cette augmentation des troupes.
Le Canada doit mettre un terme à sa mission de
combat en Afghanistan en 2011, une volonté que
Stephen Harper a réaffirmée lors de son point de
presse dans le Bureau ovale.
« Je ne suis pas inquiet de ce qui va se passer
après 2011, a déclaré Barack Obama. Je veux
m’assurer, compte tenu des engagements qui ont déjà
été pris et qui se poursuivent, que la présence
canadienne puisse être adaptée à un besoin cohérent
et qu’elle atteigne nos objectifs. »
Il a indiqué qu’un de ces objectifs est de vaincre
les talibans et que l’un des moyens d’y arriver est
d’entraîner les forces de sécurité afghanes.
« Aucun progrès », critique Ignatieff
- Malorie Beauchemin
OTTAWA — La relation entre le Canada et les
États-Unis ne cesse de se « détériorer » depuis
l’arrivée au pouvoir des conservateurs, et la
rencontre d’hier entre le premier ministre
Stephen Harper et le président américain Barack
Obama l’a démontré une fois de plus, a accusé
hier le chef de l’opposition officielle, Michael
Ignatieff.
PHOTO CHARLES DHARAPAK, ASSOCIATED
PRESS
Le premier ministre
Stephen Harper a discuté durant environ une
heure avec le président américain Barack
Obama, hier. Au nombre des sujets abordés, les
clauses protectionnistes du Buy American Act,
l’économie, l’environnement et l’Afghanistan.
« Prétendre que la résolution d’un différend sur
les vols aériens des équipes de la ligue
nationale de hockey est une percée
significative, ça démontre à quel point la
relation s’est détériorée dans les quatre
dernières années », a déploré le chef libéral,
tournant en dérision l’annonce faite par M . Ha
rper, à l’issue de la rencontre, qu’une entente
de pr i nc ipe ét a it i nter venue pour
permettre aux équipes canadiennes de hockey de
se déplacer sans problème à bord d’avions
nolisés aux ÉtatsUnis, malgré de nouvelles
restrictions.
« On ne voit aucun résultat, aucun progrès », a
ajouté M. Ignatieff, qui s’est offusqué
d’entendre le premier ministre qualifier d’«
irritant mineur » la clause Buy American Act,
qui privera les entreprises canadiennes de
lucratifs contrats.
« C ’est 8 6 0 millia rds de marché aux
États-Unis qui ne sont maintenant plus
accessibles pour les manufacturiers canadiens.
C’est l’avenir de notre économie et le premier
ministre Harper ne l’a pas compris », a déploré
le chef libéral.
Au moment où l’Europe abat les barrières au
commerce, le Canada doit être plus agressif dans
sa lutte contre le protectionnisme américain,
estime-t-il.
Interrogé en chambre, le ministre du Commerce
international, Stockwell Day, a défendu les
actions de son gouvernement et a assuré que le
premier ministre Harper soulevait les craintes
suscitées par le protectionnisme américain à
chaque rencontre avec le président Obama.
L e chef du N P D, Jack Layton, a pour sa part
réclamé des précisions qua nt à la position
prise par le premier ministre Harper sur la
question de l’Afghanistan au cours de son
entretien avec le président Obama.
« Ce sera important, à son retou r à la C ha
mbre des communes, qu’il dise exactement au x Ca
nad iens ce dont il a été question dans cet te d
isc u ssion et qu’i l réitère sa volonté
d’honorer la promesse de retirer les troupes en
2011 », a souligné M. Layton. Le N PD craint que
les États-Unis ne demandent au Canada de
maintenir sa présence militaire en Afghanistan
au-delà de l’engagement prévu.
CONCURRENCE MÉDIATIQUE
- Alexandre Sirois
Les Américains qui ne lisent que les
manchettes ne sauront probablement jamais que
Barack Obama a accueilli Stephen Harper hier à la
MaisonBlanche. Traditionnellement, la visite d’un
premier ministre canadien à Washington est un
événement scruté à la loupe par les médias au
Canada. Mais les grands médias américains n’en
font que rarement leurs choux gras. « Le Canada
est un pays important. Mais il représente un
dixième de la taille des États-Unis et il est
moins peuplé que la Californie. Il y a de nombreux
leaders étrangers qui passent à Washington et
Stephen Harper est l’un d’eux », explique le
directeur de l’Institut canadien du Woodrow Wilson
International Center à Washington, David Biette.
Il faut aussi dire que Stephen Harper avait de la
concurrence, hier. Peu de temps après l’avoir
accueilli dans le bureau Ovale, Barack Obama a
reçu l’ex-secrétaire d’État Colin Powell et
l’actuel secrétaire à la Défense, Robert Gates. Et
le Tout-Washington, pendant ce temps, n’en avait
que pour les propos de l’ex-président Jimmy
Carter, qui juge Barack Obama victime de racisme.
Une rencontre à saveur économique - Hugo
de GrandPré
Le
Canada refusera toute discussion portant sur une
éventuelle prolongation de la mission en Afghanistan
OTTAWA— L’économie et le dialogue sur l’énergie propre
seront au coeur des discussions entre Barack Obama et
Stephen Harper demain à Washington. Mais si le
président américain aborde la question de la présence
canadienne en Afghanistan, le premier ministre
n’hésitera pas à lui rappeler que le Canada est ferme
dans sa volonté de mettre fin à sa mission de combat
en 2011.
C’est ce que le porte-parole de M. Harper, Dimitri
Soudas, a indiqué hier lors d’une séance d’information
portant sur la première visite du premier ministre
canadien dans la capitale américaine depuis l’élection
du président Obama.
La rencontre entre les deux chefs d’État aura lieu aux
alentours de 10h30 demain, et doit durer une heure.
À sa première visite à Washington, en 2006, M. Harper
s’était vu offrir le traitement royal en passant une
nuit dans la résidence officielle des invités de la
Maison-Blanche et en rencontrant le vice-président
d’alors, Dick Cheney.
Ce n’est pas le cas cette fois-ci. M. Soudas a
néanmoins insisté sur la bonne entente entre les deux
leaders. « Le premier ministre a hâte à cette visite,
a déclaré le directeur adjoint des communications. Il
a une relation chaleureuse avec le président et il
veut bâtir là-dessus. »
Au terme d’un tête-àtête qui ne devrait durer que
quelques minutes, les deux chefs d’État seront
rejoints par leurs proches collaborateurs pour une
rencontre bilatérale. Stephen Harper sera accompagné
de son ambassadeur sortant , Michael Wilson, et de
trois de ses ministres : Lawrence Cannon, des Affaires
étrangère s , Jim P rent ice, de l’Environnement, et
Peter Van Loan, de la Sécurité publique.
Le
premier ministre profitera également de son passage
pour rencontrer, jeudi, la présidente de la Chambre
des représentants, Nancy Pelosi, et un groupe de
sénateurs.
Des retombées au Canada
M. Soudas a déclaré hier que le gros de ces rencontres
portera sur l’économie et que son patron réitérera la
vive opposition du Canada face aux mesures
protectionnistes américaines. Il a indiqué que son
patron était encouragé par le fait que tant le
gouvernement Harper que l’administration Obama ont
récemment nommé des négociateurs dans le dossier. Le
Canada souhaite notamment que ses entreprises aient
accès aux retombées du plan de relance économique
américain.
Une autre question épineuse qui pour rait fa i re
surface est celle de l’Afghani s t a n. L e s Ét a t s
- Uni s souhaitent que le Canada poursuive sa mission
audelà de 2011 et le communiqué de presse diffusé par
la Maison-Blanche en prévision de la rencontre plaçait
ce sujet parmi la liste de ceux qui pourraient être
discutés par les deux hommes, tandis que celui diffusé
par le bureau du premier ministre en faisait
abstraction.
Mais cela ne change rien à la position du
gouvernement, a affirmé M. Soudas. « La position du
Canada est claire », a-t-il martelé.
« La composante militaire de la mission se termine en
2011. Après 2011, le Canada va regarder les autres
contributions qu’il peut amener, que ce soit par de la
reconstruction, du développement, de l ’ aide, des
ressources d’entraînement. »
Stephen Harper terminera son voyage en passant par New
York, jeudi, où il prononcera en soirée un discours
devant le Conseil des affaires canadiennes-américaines
et la Canadian Association of New York.
Présidents et premiers ministres : Qui se ressemble
s’assemble ? - Mathieu Perrault
Dans
l’histoire : personnalité et idéologie sont
déterminantes
Stephen Harper et George W. Bush étaient tous deux
conservateurs. Mais leurs personnalités bien
différentes rendaient leurs relations plus
compliquées. Paradoxalement , le premier ministre
canadien pourrait bien forger des liens plus étroits
avec Barack Obama.
PHOTO JEAN MARC
CARISSE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
En mai 1998, la connivence
entre Bill Clinton et Jean Chrétien était à son
apogée. Pendant la tenue duG8 en Angleterre, les
deux hommes s’étaient amusés à enjamber une
balustrade du château deWeston Park, histoire de
pouvoir se parler en toute quiétude dans ce décor
enchanteur.
C’est du moins l ’a nalyse de Charles Doran,
historien à l’Université Johns Hopkins à Baltimore,
qui étudie les relations canado-américaines depuis
plus de 40 ans. Les temps sont mûrs pour un
rapprochement: même si l’idéologie du président
américain est éloignée de celle de M. Harper, ils
ont tous deux un esprit analytique.
« La première chose dont Barack Obama va parler à M.
Harper, c’est la clause Buy American du plan de
stimulus fiscal, dit M. Doran. Ensuite, il parlera
de l’Afghanistan. M. Harper est très bien placé pour
expliquer les intérêts canadiens à M. Obama, qui a
besoin de son appui en Afghanistan et au prochain
sommet du G8. »
Personnalité, idéologie, mais aussi les aléas de la
politique ont marqué les relations entre les
présidents américains et les premiers ministres
canadiens. Charles Doran a puisé dans sa mémoire
pour tracer quelques portraits de ces relations.
Jean Chrétien – George W. Bush
« L’idéologie n’explique pas vraiment la froideur de
leurs relations. Le grand problème, c’est que la
décision canadienne de ne pas aller en Irak a été
décrite dans les médias comme un pied de nez aux
États-Unis. »
Jean Chrétien – Bill Clinton
« Chrétien a été énormément reconnaissant à Clinton
d’avoir fait, avant le référendum de 1995, un
vibrant plaidoyer en faveur d’un Canada uni et de la
poursuite des négociations plutôt que de la
séparation. »
Brian Mulroney – Ronald Reagan
« Les deux avaient le même sens des relations
publiques. Les visites de Mulroney à Washington ont
été les plus fastueuses et les plus spectaculaires
de tous les premiers ministres canadiens. »
Pierre Elliott Trudeau – Richard Nixon
« L’idéologie aurait dû les séparer, notamment au
niveau de la politique étrangère, mais leur
pragmatisme leur a permis de continuer à travailler
ensemble à un moment où les intérêts économiques
canadiens et américains s’écartaient de plus en
plus, à cause de l’inflation et de l’abandon du lien
du dollar avec l’or. »
Lester B. Pearson – Lyndon B. Johnson
« Johnson n’a jamais pardonné à Pearson d’avoir
publiquement condamné la guerre au Vietnam. »
John Diefenbaker – John F. Kennedy
« Pour des raisons de politique interne, Diefenbaker
a fait traîner en longueur les négociations sur
l’installation de missiles nucléaires au Canada, au
grand déplaisir de Kennedy. De plus, Diefenbaker
était un populiste des Prairies qui n’était pas à
l’aise dans les relations personnelles, à l’opposé
de Kennedy, qui privilégiait le pragmatisme à l’art
oratoire de Diefenbaker. »
Harper et Obama : Pas de santé au menu -
Hugo de GrandPré
OTTAWA
— Stephen Harper ne profitera pas de sa première
visite à la Maison-Blanche, mercredi prochain, pour
discuter du système de santé canadien, pourtant
passablement mis à mal dans les débats qui font rage
au sud de la frontière.
PHOTO LARRY DOWNING,
ARCHIVES REUTERS
«
Le premier ministre n’a pas l’intention de s’ingérer
dans les débats politiques d’un autre pays », a
affirmé Dimitri Soudas, porte-parole de Stephen
Harper, quelques jours avant la visite du premier
ministre à Washington.
Le premier ministre canadien rendra sa toute première
visite au président américain Barack Obama, la semaine
prochaine, visite au cours de laquelle les deux hommes
doivent discuter d’économie, d’environnement et du
sommet du G20 qui se tiendra à Pittsburgh la semaine
suivante.
Un porte-parole du premier ministre a toutefois
précisé à La Presse que son patron n’abordera pas la
question de la santé, même si les partis de
l’opposition à Ottawa l’accusent depuis quelques jours
de ne pas se porter à la défense de cette « fierté »
de la société canadienne.
« Le premier ministre n’a pas l’intention de s’ingérer
dans les débats politiques d’un autre pays », a
tranché le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas.
Le projet de Barack Obama pour réformer l’assurance
santé place le Canada sous les feux de la rampe depuis
quelques semaines aux ÉtatsUnis. Plusieurs se servent
de problèmes vécus dans le système canadien pour
dissuader le président d’aller de l’avant avec cette
promesse électorale.
Une publ icité télévisée payée par le groupe
conservateur Americans for Prosperity Foundation a
même relaté l’expérience d’une Canadienne, Shona
Holmes, qui affirme avoir dû faire soigner une tumeur
cancéreuse en Arizona pour éviter de mourir en
attendant au nord de la frontière.
Mais
cela ne convaincra pas Stephen Harper de mettre son
pied à terre, a indiqué M. Soudas. « Le Canada est
fier de son système de santé, a-t-il toutefois
précisé. Le système canadien fonctionne relativement
bien. M. Harper et sa famille en sont des usagers et
ils estiment qu’ils sont bien servis. »
Ingérence ?
La politologue de l’Université McGill Antonia Maioni
croit qu’il s’agit là d’une sage décision de la part
du premier ministre. « M. Harper n’a pas d’affaire à
se mêler de ces questions, a-t-elle tranché. On peut
être pour ou contre le système canadien, mais ce n’est
pas vraiment de nos affaires. C’est une question de
politique intérieure très importante pour les
États-Unis et on ne devrait pas faire de l’ingérence.
»
Selon cette observatrice de la scène fédérale, cette
première rencontre HarperObama à Washington revêt une
importance différente pour les deux chefs d’État. Pour
le premier ministre canadien, le moment est bien
choisi pour se faire prendre en photo avec le
populaire président américain, à quelques semaines,
voire quelques jours du possible déclenchement des
élections.
Au sein du gouvernement Harper, cependant, on affirme
qu’il n’en est rien. « Ce n’est pas un objectif
d’image politique, a indiqué une source
gouvernementale qui a exigé l’anonymat. Cela dit,
Harper et Obama se sont rencontrés six ou sept fois
depuis l’élection d’Obama et leur relation de
confiance et de travail est assez bien établie
jusqu’ici. »
La professeure Maioni croit par ailleurs que Barack
Obama profitera du moment pour reformuler certains
souhaits à Stephen Harper, comme le maintien d’une
présence militaire canadienne en Afghanistan après
2011.
« Je crois aussi qu’il va essayer de préparer le
terrain avant la réunion des chefs du G20 à
Pittsburgh, pour s’assurer qu’il aura le soutien de M.
Harper sur certains enjeux », a-t-elle dit.
AU MENU : DROGUE, GRIPPE ET HONDURAS
États-Unis, Canada et Mexique vont continuer à lutter
ensemble contre les cartels de la drogue et la grippe
A (H1N1), mais aussi pour la reprise économique et le
retour de Manuel Zelaya à la présidence du Honduras,
ont annoncé hier les dirigeants des trois pays. « Le
président Zelaya demeure le président démocratiquement
élu » au Honduras, a réaffirmé le président américain
Barack Obama. Le président mexicain Felipe Calderon et
le premier ministre canadien Stephen Harper ont
confirmé cette volonté de « rétablir une gouvernance
démocratique au Honduras ». Les trois partenaires ont
réaffirmé leur soutien au projet d’accord proposé par
le médiateur, le président costaricien Oscar Arias.
Son plan prévoit le retour de M. Zelaya à la tête d’un
gouvernement d’union nationale. Contre les cartels de
la drogue, les trois pays entendent renforcer leur
coopération car ils représentent « un défi commun », a
souligné M. Harper. Les cartels mexicains qui inondent
le marché américain, premier client mondial de la
cocaïne, et auxquels on impute près de 10 000 crimes
au Mexique depuis janvier 2008, ont en effet commencé
à essaimer au Canada. Les trois pays sont également
unanimes face à la conjoncture économique
internationale, soulignant que des signes de reprise
ont été signalés aux États-Unis. Ils comptent sur le
prochain sommet du G20qui réunira les principaux pays
développés et émergents à la fin du mois de septembre
à Pittsburgh pour « proposer des mesures mondiales
efficaces face à la crise ».
PHOTO ELIANA APONTE,
REUTERS
Le
président
américain Barack Obama a signé des autographes,
hier, à Guadalajara, après une séance photo
officielle aux côtés du premier ministre canadien
Stephen Harper et du président mexicain Felipe
Calderon.
Premier sommet nord-américain pour Obama
— Le
président américain Barack Obama est arrivé hier à
Guadalajara, au Mexique, pour son premier sommet
nord-américain, où il est très attendu sur les
dossiers de la reprise économique, de la lutte contre
les cartels de la drogue ou de la crise au Honduras.
Les États-Unis j ouent un rôle majeur pour leurs deux
partenaires au sommet de l’Association pour la
sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord (
ASPAN), le président du Mexique, Felipe Calderon, et
le premier ministre Stephen Harper, également arrivé
hier à Guadalajara.
M. Obama a évoqué des signes de reprise économique aux
ÉtatsUnis, basés sur des chiffres du chômage qui
permettent d’espérer que le pire de la récession est
passé.
Pour le Mexique et le Canada, l’ef fet d’entraînement
serait direct, de la même façon que l’importance de
leurs liens économiques et commerciaux avec Washington
les avait précipités dans la crise née aux États-Unis
fin 2008.
L’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA), qui
lie les trois partenaires depuis 15 ans, est sur la
sellette. Des manifestants en ont demandé la
renégociation hier matin à Guadalajara, à quelques
heures du sommet.
Ils ont réclamé aussi la régularisation des quelque 6
millions de Mexicains en situation irrégulière aux
États-Unis – la moitié de la communauté mexicaine dans
le pays. La manifestation s’est déroulée sans
incident, dans une ville où plus de 2000 policiers et
militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité
du sommet.
Mexico
et Washington ont à régler un contentieux
commercialo-douanier : Mexico a répondu par des taxes
sur des produits américains à la limitation du droit
des transporteurs routiers mexicains à travailler aux
États-Unis.
Mexico et Ottawa ont un problème de visas depuis le
mois dernier, quand le Canada a décidé de filtrer
l’entrée des Mexicains.
Le trafic de drogue, préoccupation majeure pour Mexico
et Washington, le devient aussi pour le Canada, où les
cartels mexicains viennent s’installer.
Mexico compte sur Obama pour confirmer son aide dans
le cadre de l’initiative de Merida, plan antidrogue
américain qui prévoit une aide de 1,4 milliard de
dollars au Mexique en trois ans. Le Mexique demande
aussi un durcissement des contrôles sur le trafic
d’armes en provenance des États-Unis.
Le Canada a annoncé peu avant le sommet qu’il allait
accroître son aide au Mexique en ce domaine, dans le
cadre d’un programme régional qui atteindra « jusqu’à
15 millions de dollars par an ». Ottawa formera
également des policiers mexicains.
M. Obama soutient que M. Zelaya est « le président
légitime » du Honduras. Mais selon le président déchu
et ses alliés de la gauche latino-américaine, à
commencer par le président vénézuélien Hugo Chavez, le
coup d’État a été encouragé par des « faucons »
proches de l’ancienne administration américaine.
La grippe porcine sera elle aussi à l’ordre du jour,
avec la perspective d’une nouvelle offensive en fin
d’année. Le Mexique en a été le foyer mondial en
avrilmai, avec à ce jour 149 morts, mais les
États-Unis comptent le plus de morts au monde, 353,
pour 64 au Canada.
Une rencontre à trois -
Malorie Beauchemin
Les provinces ne prennent qui s’annonce mouvementée aucun
engagement pour réduire leurs émissions
—
Crise économique, protectionnisme, imposition de
visas, grippe A (H1N1), changementsclimatiques; la
rencontreentre le premierministre StephenHarper, le
président américain Barack Obama et son homologue
mexicainFelipeCalderon, quis’amorcedemain, s’annonce
mouvementée.
Les chefs d’État et de gouvernement se rencontreront à
Guadalajara, au Mexique, pour le cinquième Sommet des
leaders nord-américains.
L’imposition, par le Canada, de visas aux voyageurs
mexicains risque d’accaparer une partie des
discussions bilatérales entre le président Calderon et
le premier ministre Harper.
La nouvelle politique, qui ne date que de juillet
dernier, a soulevé la grogne au Mexique. Mais elle
était motivée, du côté canadien, par le fait que les
demandes de statut de réfugié en provenance du Mexique
ont presque triplé depuis 2005.
« Je n’anticipe pas la suppression des visas pendant
ce sommet, a dit hier le porte-parole du premier
ministre Harper, Dimitri Soudas. Le système canadien
qui traite les dossiers de réfugiés est surchargé par
le nombre croissant de demandes chaque année. Ce qui
est important, c’est de préserver l’intégrité du
système canadien d’immigration. » Le nombre de
demandes d’asile a en effet chuté considérablement
depuis l’imposition des visas. Il y a eu 17 demandes
depuis le 16 juillet, contre 225 dans les deux
semaines qui avaient précédé la décision du Canada, a
expliqué M. Soudas. L’ambassade à Mexico a délivré 15
000 visas depuis le 1er juillet, et pour la capitale
mexicaine, le taux d’acceptation est de 90%, a-t-il
ajouté.
À l’instar de tous les sommets multilatéraux, les
questions économiques seront à l’ordre du jour, en
cette période difficile. Le premier ministre Harper a
fait de la lutte contre le protectionnisme son cheval
de bataille, et il ne manquera certes pas l’occasion
de rappeler au président Obama à quel point les
économies canadiennes et américaines sont
interdépendantes.
Les leaders profiteront aussi de cette rencontre pour
renforcer leur collaboration dans la lutte contre le
virus H1N1, qui a pris naissance au Mexique, à
l’approche de la saison de la grippe.
Le Canada a, depuis le début de la crise, travaillé
étroitement avec ses deux partenaires pour contenir le
plus possible la propagation. L’identification du
virus a même été réalisée dans un laboratoire de
Winnipeg.
La sécurité aux frontières et la lutte contre les
changements climatiques devront aussi être abordées.
Le Canada souhaite que les trois pays nord-américains
adoptent des politiques environnementales compatibles.
Harper
au Panama
À l’issue du Sommet des leaders nordaméricains, le
premier ministre Harper fera un saut rapide au Panama,
pour encourager les négociations avec le Canada en vue
de signer un accord de libre-échange avec ce petit
pays d’Amérique centrale. M. Harper s’entretiendra
notamment avec le président Martín Torrijos.
« Le Panama est une petite, mais très forte économie,
qui a une des croissances les plus appréciables de
l’Amérique latine », a souligné M. Soudas.
Ce sera la première fois qu’un premier ministre
canadien se rend en visite officielle au Panama. Les
ministres Peter Van Loan (Sécurité publique) et Peter
Kent (responsable des Amériques) accompagneront M.
Harper dans son périple latino-américain.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement
conservateur a mis l’accent sur la négociation de
traités de libre-échange avec les pays du continent
américain. Actuellement, une vingtaine de pays
participent à des discussions avec le Canada ou ont
déjà conclu des ententes, comme l’accord avec le
Pérou, qui est entré en vigueur le mois dernier.
— Les provinces n’ont défini aucune nouvelle cible de
réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre
(GES), hier, en prévision de la conférence de
Copenhague en décembre.
Les premiers ministres, réunis pour la rencontre
annuelle du Conseil de la fédération, n’ont pas non
plus formulé de message clair à l’intention du
gouvernement fédéral quant à la position que le Canada
devra défendre au cours de cette conférence des
Nations unies, au cours de laquelle les pays devront
s’engager à définir leurs objectifs de réduction de
GES à compter de 2012.
Marquée surtout par les questions d’ordre économique,
la rencontre de trois jours leur aura permis de faire
le point sur une foule de sujets d’intérêt commun,
qu’il s’agisse des changements climatiques, du
commerce intérieur ou de la lutte contre le
protectionnisme américain, mais sans prendre
d’engagements précis.
À propos des changements climatiques, le premier
ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, qui présidait
la rencontre, a indiqué que chaque province faisait
les choses à sa façon et définissait ses propres
objectifs.
Harper
invité à Washington le 16 septembre - Malorie
Beauchemin
OTTAWA— Lepremierministre StephenHarper se rendra à
Washington le 16 septembre prochain pour une « séance
de travail » avec le président américain Barack Obama.
Il s’agira seulement de la deuxième rencontre
bilatérale entre les deux hommes, sept mois après la
visite du président Obama à Ottawa en février dernier.
Les deux leaders se sont toutefois croisés à de
nombreuses reprises depuis, lors de rencontres
internationales, notamment au G20 à Londres, au sommet
des Amériques, lors des cérémonies commémorant le
débarquement de Normandie, ainsi qu’au G8, en Italie,
au mois de juillet.
La rencontre prévue pour septembre a d’abord été
annoncée par la MaisonBlanche, puis confirmée par
l’attaché de presse du premier ministre canadien,
Dimitri Soudas, lors d’un point de presse sur le
prochain voyage au Mexique de M. Harper.
Le premier ministre et le président discuteront
notamment d’économie, avec la possibilité d’une
reprise et à l’approche du sommet du G20, qui se
tiendra les 24 et 25 septembre à Pittsburgh.
La question des échanges commerciaux ne manquera pas
d’être soulevée. La clause dite « Buy America » sera
vraisemblablement au coeur des discussions, le Canada
craignant que des mesures soient prises pour favoriser
des entreprises américaines, au détriment des
compagnies canadiennes, dans l’octroi de contrats pour
des projets de construction prévus dans le plan de
relance de l’administration Obama.
Lutte
contre le protectionnisme
« Dans la lutte contre le protectionnisme, le Canada a
été un leader sur la question. C’est particul ièrement
important dans ces temps difficiles, a dit le
porte-parole du premier ministre. L’administration
américaine actuelle a publiquement envoyé les mêmes
signaux », a-t-il toutefois ajouté.
Les premiers ministres des provinces et territoires,
réunis jeudi et hier en Conseil de la fédération à
Regina, se sont eux aussi inquiétés des velléités
protectionnistes de leurs voisins du Sud.
L’environnement fera aussi partie des sujets de
discussion, a annoncé la MaisonBlanche, en prévision
de la Conférence des Nations Unies sur les changements
climatiques qui aura lieu en décembre, à Copenhague,
au Danemark. Lors de leur dernière rencontre
bilatérale, en février, MM. Harper et Obama avaient
convenu de la mise sur pied d’une initiative conjointe
pour favoriser l’énergie verte.
La sécurité à la frontière et la guerre en Afghanistan
devraient aussi être à l’ordre du jour de cette
rencontre, la première du premier ministre Harper à
Washington depuis l’élection du président Obama.
GaryDoer, deWinnipegàWashington -
Joël-Denis Bellavance
OTTAWA
— Le premier ministre Stephen Harper a causé une autre
surprise hier en confiant à l’ancien premier ministre
néodémocrate du Manitoba, Gary Doer, le poste
d’ambassadeur du Canada à Washington.
PHOTO ADRIANWYLD, LA
PRESSE CANADIENNE
L’opposition
s’est ralliée à la nomination de Gary Doer (au
centre) au poste d’ambassadeur du Canada aux
États-Unis.
M. Doer, âgé de 61 ans, était le doyen des premiers
ministres provinciaux jusqu’à l’annonce de son
retrait, jeudi, à Winnipeg. Il remplacera Michael
Wilson, l’ancien ministre des Finances du cabinet
Mulroney, qui avait été nommé ambassadeur en mars
2006.
Homme af fable reconnu pour son pragmatisme et son
sens de la diplomatie, M. Doer aura du pain sur la
planche à son entrée en fonction. La montée du
protectionnisme aux États-Unis, la nouvelle pol it
ique amér ica i ne en matière de lutte contre les
changements climatiques et le ralentissement à la
frontière canado-américaine sont autant de dossiers
qui dominent les relations entre les deux pays.
Ma i s Stephen Ha r per estime que M. Doer, qui a été
à la tête du Manitoba pendant 10 ans et qui jouissait
encore d’une grande popularité dans sa province, est
l’homme tout désigné pour faire progresser ces
dossiers importants.
Cette nomination a causé une surprise au sein de la
classe pol it ique. Mais M. Harper entretenait des
relations très étroites avec M. Doer même si les deux
hommes n’appartiennent pas à la même famille
politique. « De tous les premiers ministres
provinciaux, M. Doer est celui avec qui M. Harper
s’entendait le mieux au pays », a-ton expliqué à La
Presse.
Devant les journalistes, hier, M. Harper a affirmé que
M. Doer « a toujours préconisé des bonnes relations
avec les États-Unis ». « Nous avons hâte de vous voir
à Washington », a affirmé le premier ministre, qui
doit faire une visite officielle à la Maison-Blanche
le 16 septembre af in d’y rencontrer le président des
États-Unis.
Dans un communiqué de presse diffusé en journée, M.
Harper a aussi affirmé: « J’ai toujours apprécié le
style franc et direct du premier ministre Doer, de
même que ses efforts inlassables pour créer des
partenariats constructifs avec ses homologues. Il
possède la bonne combinaison d’expérience, de
leadership et de diplomatie afin de servir à titre de
prochain ambassadeur du Canada aux États-Unis. »
Pour sa part, M. Doer a affirmé que le poste
d’ambassadeur à Washington, le plus important de la
diplomatie canadienne, représente « un défi très, très
important ».
En
point de presse, il a ajouté que « c’est un honneur
quand on se fait demander de servir son pays ».
Diversité politique
M. Doer a dit ne voir aucun inconvénient à représenter
un gouvernement conservateur à Washington. « Je suis
très impressionné que le premier ministre ait décidé
de nommer quelqu’un qui ne fait pas partie de sa
famille politique. Je crois aussi qu’en tant que
premier ministre d’une province, nous devons
représenter tous les citoyens de notre province. Le
premier ministre représente aussi tous les Canadiens
quand il rencontre le président des États-Unis », a
affirmé M. Doer.
Il a aussi donné en exemple la décision du président
Obama, un démocrate, de nommer le gouverneur de
l’Utah, Jon Huntsman, un républicain, au poste
d’ambassadeur des États-Unis en Chine.
En tant que premier ministre du Manitoba, M. Doer a
participé à plusieurs rencontres avec des gouverneurs
des États américains de l’Ouest. Il entretient
notamment de bonnes relations avec le gouverneur de la
Californie, Arnold Schwarzenegger.
Le Parti libéral et le NPD ont salué cette nomination.
« Je connais le premier ministre Doer depuis 30 ans et
je ne peux penser à personne d’autre de mieux qualifié
pour le poste », a affirmé Bob Rae, le critique
libéral aux affaires étrangères et ancien premier
ministre néo-démocrate de l’Ontario.
Le chef du NPD fédéral, Jack Layton, a soutenu que M.
Doer est un homme respecté par tous les partis
politiques et il s’est dit ravi de sa nomination. «
Nous, au NPD, sommes honorés qu’un de nos chefs les
plus efficaces ait choisi de jouer ce rôle si
important au nom de tous les Canadiens. »
Mais pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe,
cette nomination est un coup dur pour le NPD de Jack
Layton. « Ça va surprendre Jack Layton de voir M. Doer
défendre un certain nombre de politiques qui sont
l’apanage du gouvernement Harper », at-il fait valoir.
Le premier ministre Jean Charest, qui a côtoyé M. Doer
durant les réunions du Conseil de la fédération et
lors des conférences fédérales-provinciales, s’est
aussi dit satisfait de cette annonce. « J’ai eu
l’occasion de travailler avec Gary de très près dans
plusieurs dossiers bilatéraux avec les États-Unis. Sa
nomination est une bonne nouvelle pour le Québec »,
a-t-il dit.
Une motion du Bloc appuyée à l’unanimité
Compensation
au Québec pour l’harmonisation des taxes
— Le ministre des Finances, Jim Flaherty, veut enterrer la
hache de guerre entre Ottawa et Québec sur la demande du
gouvernement Charest d’obtenir une compensation pour avoir
harmonisé la TVQ à la TPS.
M. Flaherty a annoncé hier avoi r discuté de ce dossier avec
son homologue québécois Raymond Bachand et a précisé
qu’Ottawa et Québec avaient entrepris des négociations pour
régler ce différend.
Le ministre a fait cette annonce quelques minutes après que
les conservateurs de Stephen Harper eurent, contre toute
attente, voté en faveur d’une motion déposée par le Bloc
québécois invitant Ottawa à négocier de bonne foi une
entente avec Québec dans ce dossier et à verser à la
province une compensation financière de 2,6 milliards de
dollars.
Cette motion stipule aussi que le Québec doit continuer à
percevoir les deux taxes à la consommation, comme il le fait
depuis 1992, et remettre à Ottawa les recettes de la TPS.
La motion a donc été adoptée à l’unanimité à la Chambre des
communes, les députés libéraux et néo-démocrates appuyant
aussi la proposition du Bloc québécois.
En
coulisse, toutefois, les conservateurs ont tenté de
convaincre, en vain, le Bloc de retirer toute allusion à la
somme qui devrait être versée au Québec en guise de
compensation et de ne pas spécifier que le Québec devrait
continuer à percevoir les deux taxes.
Si les conservateurs de Stephen Harper se disent prêts à
négocier de bonne foi, ils refusent d’être liés par la
motion sur le montant de la compensation ou l’ordre de
gouvernement qui devrait percevoir les taxes.
« Les négociations n’ont pas lieu avec le Bloc. Les
négociations ont lieu entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement du Canada », a affirmé le ministre Flaherty
après le vote sur la motion. « Nous avons voté en faveur de
la motion parce que nous sommes favorables au principe de
l’harmonisation des taxes. (…) Si le gouvernement du Québec
veut vraiment harmoniser les deux taxes, cela va aider à
créer des emplois », a ajouté le grand argentier du pays.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s’est dit surpris
des propos du ministre Flaherty, soulignant que la motion
que le gouvernement a appuyée est très limpide.
« Franchement là, j’ai déjà vu plus cohérent que ça. Mais le
fait est qu’un vote c’est un vote. Le vote est clair. La
motion est claire. Les mots sont là. Les chiffres sont là.
Puis ils ont appuyé, puis c’est unanime. Ils vont devoir
respecter le vote qui a été pris ici », a dit M. Duceppe.
La coalition aurait « profondément divisé » le
Canada, dit Ignatieff
« Je ne
pouvais pas garantir aux électeurs la stabilité politique de
la coalition. »
Michael Ignatieff a tourné le dos à l’idée de former une
coalition pour renverser les conservateurs de peur de «
diviser profondément le Canada ».
Michael
Ignatieff
était de passage hier à Montréal pour lire des extraits de
son dernier livre, Terre de nos aïeux, dans lequel il
raconte l’histoire de ses ancêtres maternels.
De passage à Montréal, le chef du Parti libéral est revenu
sur les raisons qui ont motivé sa décision de ne pas s’unir
avec le Bloc Québécois et le NPD pour défaire le
gouvernement conservateur, l’hiver dernier.
Il a insisté sur le fait que ce ménage à trois avait été
évoqué au lendemain d’un scrutin où le Parti libéral venait
d’encaisser l’un des pires résultats de son histoire. « Il y
avait des questions dans le pays sur la légitimité de la
coalition qui me troublaient. J’ai senti qu’on ne pourrait
pas éviter les attaques que nous aurions en un certain sens
volé le pouvoir, a-t-il déclaré hier au théâtre duGesù, où
quelque 200 personnes étaient venues l’entendre lire des
extraits de son dernier livre, Terre de nos aïeux, dans
lequel il raconte l’histoire de ses ancêtres maternels.
« Je suis en politique pour unifier les gens, pas pour les
diviser, a-t-il répété. La coalition aurait profondément,
profondément et durablement divisé le pays. »
Michael
Ignatieff a aussi eu des doutes sur la solidité de la
coalition à long terme. « Je ne pouvais pas garantir aux
électeurs la stabilité politique de la coalition, nécessaire
en temps de crise. »
Fini les commandites ?
Lors d’un bref point de presse, Michael Ignatieff s’est par
la suite de nouveau prononcé pour une réforme des critères
d’admissibilité aux prestations d’assurance emploi «
aussitôt que possible, vu l’ampleur de la crise de l’emploi
».
Mais il n’est pas allé jusqu’à affirmer qu’il pourrait y
avoir des élections cet été si le gouvernement Harper
rejette sa demande. « Je ne veux pas faire des menaces
publiques (de faire tomber le gouvernement) avec ce
dossier-là. Ce qui compte, c’est les résultats pour les
contribuables », a-t-il indiqué.
Porté par deux récents sondages confirmant la progression
des appuis au PLC depuis les dernières élections générales,
Michael Ignatieff croit d’ailleurs que les Québécois sont en
train de tourner la page sur le scandale des commandites. Le
dossier, dit-il, n’est plus au coeur de leurs
préoccupations. « Je n’entends presque jamais les mots
scandale des commandites quand je suis au Québec. »
COALITION
À OTTAWA : Ignatieff renie sa propre signature, selon le
NPDet le Bloc
OTTAWA— Les récents propos de Michael Ignatieff sur
la coalition de décembre dernier ont créé un certain
malaise dans les troupes libérales, hier, en plus de
donner des munitions à ses adversaires, qui n’ont pas
manqué d’attaquer le chef du PLC.
Dimanche, de passage à Montréal, M. Ignatieff a estimé
que la coalition entre son parti et le NPD de Jack
Layton, appuyée par le Bloc, n’aurait pas eu la
légitimité voulue pour gouverner le Canada advenant que
les conservateurs de Stephen Harper soient renversés. La
coalition aurait « profondément divisé » le pays, selon
lui.
Or, le chef nouvellement couronné avait apposé sa
signature, à l’instar de tous les députés libéraux, au
bas d’une pétition envoyée à la gouverneure générale –
et qui se trouve toujours sur le site internet du PLC –,
présentant la coalition comme l’« alternative viable »
au gouvernement.
Pour les deux partenaires de la coalition, la volte-face
du chef libéral démontre que sa signature n’a que peu de
valeur.
« Moi, je me fie toujours à la signature de quelqu’un, a
dit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Quand on
signe, ou bien on dit ‘‘j’ai changé d’idée’’, ce qu’il
n’a pas dit, ou bien on salit la signature. Or, il peut
difficilement reprocher au gouvernement d’avoir trahi
certaines signatures si lui-même n’est pas capable de
respecter la sienne. »
Le leader bloquiste reproche au chef libéral de «
naviguer au gré des impressions », et estime que la
coalition était « absolument un geste démocratique ».
Dimanche, M. Ignatieff a affirmé que l’arrivée au
pouvoir de la coalition aurait pu donner aux Canadiens
l’impression que l’opposition avait volé le pouvoir. Le
chef libéral de l’époque, Stéphane Dion, s’était allié
au NPD et au Bloc dans le but avoué de renverser le
gouvernement conservateur, estimant qu’il échouait à
stimuler l’économie en crise. Des sondages avaient
démontré que l’idée d’un gouvernement de coalition
PLC-NPD était vue favorablement au Québec, mais pas dans
l’Ouest canadien.
« I l a signé le document appuyant la création de la
coalition. Peut-être a-t-il oublié les raisons pour
lesquelles il l’a fait à l’époque, a critiqué le chef
néodémocrate, Jack Layton. Est-ce que la signature de M.
Ignatieff a une valeur, oui ou non ? Je laisse aux gens
le soin de décider eux-mêmes. »
Les conservateurs n’ont pas non plus manqué l’occasion
de remettre en question la crédibilité de M. Ignatieff.
« Le chef libéral a renié en fin de semaine l’histoire
récente de son parti », a lancé en chambre la députée
conservatrice de Beauport-Limoilou, Sylvie Boucher.
Chez les libéraux, des députés interrogés à la sortie de
la période des questions semblaient plutôt mal à l’aise,
hier. « Je pense qu’il a signé, en tant que membre du
parti, quand M. Dion était le chef et, après cela, il
est devenu chef et, après beaucoup de consultation, il a
dit que, selon lui, ce n’était pas la meilleure chose
pour le Canada », a expliqué le critique libéral en
finances, John McCallum.
Le lieutenant de M. Ignatieff pour le Québec, Denis
Coderre, a affirmé que son chef avait agi « par
solidarité » avec M. Dion, au moment de signer la
pétition pour la coalition, mais qu’il est « tout à fait
correct » qu’il donne maintenant son point de vue.
Selon le député d’HonoréMercier, Pablo Rodriguez, les
propos du chef libéral n’ont rien d’une volte-face, mais
témoignent plutôt du malaise que la coalition avait fait
naître dans la population. « Ce que M. Ignatieff dit,
c’est que c’était un débat qui était délicat, qu’il y
avait beaucoup de Canadiens qui n’étaient pas
confortables avec cette situationlà », a estimé M.
Rodriguez.
Grand guignol à Ottawa - ALAIN DUBUC
Décidément,
il y a des moments où le commentaire politique ressemble au
journalisme sportif, quand les analyses les plus savantes et
les pronostics en apparence béton résistent mal à l’épreuve
des faits.
Il y a une semaine à peine, le déclenchement d’élections
fédérales à l’automne était tenu pour une quasicertitude.
Mais le Bloc québécois et le NPD, dans un revirement que
personne n’avait vu venir, ont décidé de soutenir les
conservateurs et ont ainsi rendu caduque la menace des
libéraux de renverser le gouvernement Harper.
Si la politique est si imprévisible, c’est peut-être parce
qu’elle ressemble au sport. Reste à savoir lequel. On
pensera bien sûr au hockey, notre sport national. Ou à la
boxe, à cause de son caractère pugilistique. Je pense plutôt
à la lutte, plus proche du grand guignol. Et plus
précisément à la lutte à quatre, avec son côté désordre, où
les coups peuvent venir de partout, comme dans ce Parlement
où chacun des quatre partis peut tout faire dérailler.
Le côté cirque est plus présent que d’habitude parce que les
gouvernements sont minoritaires, avec les revirements, les
coups de théâtre et la politicaillerie que cela engendre. Ce
qui pourrait être évité en partie si nos institutions, nos
moeurs politiques et nos traditions journalistiques
s’étaient adaptées à la situation.
Tout le débat politique, depuis des semaines, repose sur une
prémisse fausse. Dans notre tradition, l’opposition est là
pour s’opposer. Si un parti de l’opposition vote en faveur
d’une mesure gouvernementale, sauf dans des cas
exceptionnels, on dira qu’il appuie le gouvernement, s’en
fait le complice, qu’il trahit ses valeurs, ou bien qu’il
n’a pas de courage.
Une
logique dont la faille est évidente. Si tous les partis de
l’opposition se «tenaient debout», nous aurions de trois à
quatre élections générales par année, parce que les
gouvernements minoritaires tomberaient au premier vote
important.
Mais nous sommes entre deux chaises. On n’aime pas les
gouvernements minoritaires, mais on ne veut pas
d’élections. On en voudra au parti qui nous précipitera en
campagne électorale tout en lui reprochant de ne pas le
faire.
Et il en sera ainsi tant qu’on n’acceptera pas l’idée
qu’il est parfaitement normal, et même souhaitable, que
des partis de l’opposition votent du côté du gouvernement,
pour éviter l’instabilité politique de scrutins à
répétition. Il faudrait aussi accepter le fait qu’il est
naturel qu’un parti ne provoque pas d’élections quand cela
pourrait lui nuire. Cela n’a rien de déshonorant. Mais
aucun politicien n’a le droit de dire les choses comme
elles sont.
Cette semaine, les quatre chefs, sans exception, ont
pataugé dans les contradictions. Stephen Harper, après
avoir raillé l’alliance des libéraux avec les
«séparatistes» et les «socialistes», doit sa survie aux
mêmes lépreux. Jack Layton, qui faisait ses gorges chaudes
des 69 fois où les libéraux ont appuyé le gouvernement,
multiplie les entrechats pour expliquer pourquoi il fait
maintenant la même chose. Gilles Duceppe appuie le
gouvernement après avoir récemment accusé libéraux et
conservateurs d’être du pareil au même. Et Michael
Ignatieff, après avoir longtemps soutenu le gouvernement,
fait maintenant la leçon aux autres partis de l’opposition
qui ne font que l’imiter.
Curieusement, c’est M. Ignatieff, dont le projet a
pourtant été déjoué, qui pourrait être le grand gagnant.
Dans une position intenable, forcé d’éviter «l’effet
Dion», il a fait le pari de renverser le gouvernement
Harper, même si les sondages ne lui étaient pas très
favorables. Il profite maintenant du meilleur des deux
mondes, en présentant l’image d’une opposition ferme, sans
courir le risque d’une campagne électorale.
Mais le résultat, ce sont de doubles discours qui sonnent
faux. Et qui ne font que nourrir le cynisme face à la
politique.
Peut-on seulement rêver d'un
Obama canadien?
selon le journaliste John Ibbitson , La politique canadienne est fermée aux
outsiders,
À quand un
Barack Obama canadien? Mission impossible, répond le
journaliste John Ibbitson, reporter du Globe and Mail. Dans
son livre Open& Shut, il affirme que le système
politique américain est beaucoup plus ouvert que le
canadien, plus prudent et consensuel. Cela a permis selon
lui l’élection du premier président noir de l’histoire des
États-Unis. Son livre est un coup de gueule dans lequel il
égratigne non seulement les politiciens canadiens, mais
aussi le Québec et Montréal. Il estime que plusieurs villes
canadiennes, dont la métropole québécoise, n’ont pas encore
su freiner leur déclin alors que les villes américaines sont
en pleine renaissance. QIl
« Le
système (politique) américain est plus ouvert et en fin de
compte plus démocratique » que le système canadien, de
l’avis de John Ibbitson, journaliste au Globe and Mail et
auteur d’un essai sur la question. Pour cette raison,
soutient-il, le Canada ne pourrait jamais élire un « clone
» de Barack Obama.
ne pourra jamais y avoir de Barack Obama au Canada,
écrivez-vous, particulièrement en raison de la façon dont on
choisit les chefs des partis canadiens. Vous déplorez le
rôle que joue l’élite des partis dans cette sélection. Dans
un monde parfait, quel système privilégieriez-vous ? R Dans
un monde parfait, nous prendrions les meilleurs éléments du
système américain pour les inclure dans le système canadien,
qui découle du modèle britannique. Ce qui permettrait à un
grand nombre de Canadiens de participer au processus de
sélection des chefs de parti, comme les républicains, les
démocrates et les indépendants ont pu contribuer à la
sélection de Barack Obama et de John McCain aux États-Unis.
QPolitiquement,
quel serait le résultat de ce changement ? R Cela
favoriserait notamment une plus grande ouverture du système
politique canadien. Dans mon livre, je soutiens que, malgré
tous ses défauts, le système américain est plus ouvert et en
fin de compte plus démocratique. Le système canadien, pour
sa part, est plus fermé, mieux disposé à l’égard des élites
que de la population en général. Et il montre actuellement
des signes alarmants de dégradation. QMais
comme vous le dites, des leaders de l’extérieur ont malgré
tout réussi à prendre la tête de partis politiques
canadiens. Pierre Trudeau, Brian Mulroney et maintenant
Michael Ignatieff. C’est donc possible? R Des chefs ont été
introduits par des factions au sein même des partis, c’est
vrai. Mais Barack Obama, lui, a pu devenir leader du Parti
démocrate même si la famille Clinton avait la hiérarchie du
parti au grand complet dans sa poche. Il a pu y entrer grâce
au soutien de la base du parti, ce qui n’est pas possible au
Canada. QOn
vous sent
presque jaloux. Voudri e z-vous un Barack Obama au Canada?
R JepensequetouslesCanadiens voudraient avoir un Barack
Obama. Je le décris dans le livre comme le premier
ministre canadien multiculturel que le Canada n’a jamais
eu. C’est un politicien extraordinaire. À l’instar de la
société américaine, notre société
PHOTO LARRY DOWNING, ARCHIVES REUTERS change. Nous
devenons une société plus multiculturelle. Nous sommes une
nation d’immigrés. Pourtant, nos politiciens sont des
hommes vieux et blancs. Il y a un écart entre ce qu’est
devenu notre pays et ses leaders. Et c’est en partie à
cause de notre culture politique fermée. Les Américains
peuvent s’adapter à la réalité changeante plus rapidement
et plus facilement que nous. QParlons
d’un aspect controversé de votre essai. Vous écrivez que,
politiquement, la guerre civile a été « la meilleure chose
qui pouvait arriver aux États-Unis ». Vous semblez aussi
regretter qu’il n’y en ait pas eu au Canada. Et vous dites
que le « Québec, battu, aurait suivi l’exemple du Sud (aux
États-Unis) et accepté de mauvaise grâce la définition
anglaise du mythe canadien ». Vous ne vous ferez pas
beaucoup d’amis au Québec en suggérant quelque chose comme
ça. R Le but de mon livre est de provoquer et de faire
réfléchir. Je n’aurais jamais souhaité une guerre civile
au Canada. La guerre civile a été une catastrophe pour les
États-Unis. Mais elle a permis de résoudre une question, à
savoir quels sont les pouvoirs et les rôles respectifs des
États et du gouvernement fédéral. Le fait que nous n’ayons
jamais résolu cette question au Canada a affaibli notre
nation. QParlant
de ne pas se faire d’amis, vous avez aussi écrit que
Montréal « n’a pas encore renversé de façon convaincante
la génération de déclin qui a débuté avec l’arrivée des
séparatistes en 1976 ». Je ne connais pas beaucoup de
Montréalais qui seraient d’accord avec vous. R Lorsque
j’étais chroniqueur politique, j’aimais me rendre à
Montréal aussi souvent que possible. Il y a sans aucun
doute des signes de renouveau et de vie à Montréal qui
sont très encourageants. Pourtant, il est vrai et
indiscutable que Montréal était jadis la première ville de
la nation, mais elle a perdu son statut. Peutêtre que ça
date d’avant l’arrivée du Parti québécois. Et par rapport
aux autres villes canadiennes comme Vancouver, Edmonton et
très certainement Toronto, Montréal doit se débattre pour
préserver sa position d’influence sur les plans culturel
et financier.