Politique fédérale
LA PRESSE & COMPAGNIE AUTRES MÉDIAS

Contrast Between Photo-Op Justin And Policy Trudeau Is Night And Day

En Alberta, « l’avènement d’une humanité... inhumaine »

Le consensus au coeur du système politique des Territoires du Nord-Ouest
Consensus democracy

Consociationalism

Consensus government in Canada

What is Consensus Government?

Differences from Provincial Governments

What is consensus government?

Some Thoughts on Consensus Government in Nunavut - Kevin O'Brien

What is consensus government?

Consensus government not working in the N.W.T.


Justin Trudeau triomphe
Le NPD s'effondre


Vote Together, Move Canada Forward
2015 Canadian federal election riding projections
Intentions de vote : un sondage place les conservateurs en tête pour la première fois
Solide avance du NPD dans les intentions de vote
Vacances à Ottawa: le NPD en tête des intentions de vote


Votons pour l’environnement : un outil pour comparer
Harpers top 10 most destructive actions in 2014

Avril 2014
Sénat: Harper «déçu» de la décision de la Cour suprême
Ottawa s'en remet aux provinces pour réformer le Sénat

La Cour suprême rejette la réforme du Sénat


Le gouvernement Harper va de l'avant avec son projet de réforme du Sénat

Réforme du Sénat : la Cour suprême tranchera ce matin


Élections fédérales 2011
Tom le conquérant
NPD: les paris sont ouverts
Le NPD choisit dès ce soir le successeur de Jack Layton

NDP membership makes big gains in Quebec


Les Conservateurs démontreraient-ils donc une certaine préoccupation à ce que leur législation paraisse tout simplement ridicule ?
Conservative flag-protection bill won’t apply to MPs
Lettres - Des prisons qui ne manqueront pas de clients

Without Layton, ‘Orange Wave’ receding in Quebec

Trois courses, un candidat
Brian Qui? Thomas Who?

L’homme de l’ombre
Brian qui?
Tories denounce NDP frontrunner Brian Topp as power-hungry union stooge

The NDP, its big-labour past, and its future
NDP solidarity cracks over role of unions in picking leader

Point chaud - «Je ne parle pas la langue de bois»
Dr. JEKYLL ET Mr. HYDE

Un premier test réussi

Mulcair se lance dans la course

Course à la chefferie du NPD - Mulcair cible l'inexpérience de Topp
Is Mulcair over the NDP's Topp?

Julian bows out – but Mulcair ‘will be running’ for NDP helm
Le NPD enmeilleure position avec Mulcair
Course à la direction du NPD - La particularité québécoise
Brian Qui? Thomas Who?

Course à la direction du NPD - Thomas Mulcair hésite toujours à se lancer
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Mulcair aura fort à faire au Canada
The NDP can polish its brand – and Mulcair must refurbish his

Mulcair se prépare à sauter dans l’arène

Firebrand Mulcair is the best bet to take on Harper
Choisir un chef
Le prochain chef du NPD sera élu le 24 mars
NDP firebrand toots his own horn

Course à la chefferie du NPD - Mulcair sonde ses appuis
NDP’s Quebec wing urges delayed leadership convention

Potential NDP leadership contender Thomas Mulcair to break his silence

Que sera le NPD sans Jack?
La vie après Jack

Et maintenant...
Des prétendants potentiels
Les successeurs possibles
« On ne remplacera pas Jack Layton »


Jack Layton’s legacy and our yearning for political civility - MARGARET WENTE

Le politicien du peuple

« Je m’excuse pour ce qui arrive »
Jack et John

VAGUE DE SYMPATHIE
L’espoir, jusqu’à la fin

« IL ÉTAIT OBSÉDÉ PAR LE QUÉBEC »

Recalling final House exchange, Harper hails Layton’s optimism

Déferlement d'amour et de respect sur les réseaux sociaux
Le parcours d'un combattant aux convictions profondes
Des députés néodémocrates tristes, mais inspirés
Jack Layton ennobled politics - Globe Editorial

There’s a little bit of Jack Layton in all of us - Tim Powers

Perdre un ami
Jack ( 1950- 2011)

Jack Layton - L'homme de l'espoir - Bernard Descôteaux
Jusqu'à la fin, un homme de convictions - Manon Cornellier
Un géant est mort
What the mourning for Jack Layton teaches us

Your Views: Jack Layton’s impact and legacy

Letter of the Day: Jack Layton: A role model for young people

Layton’s death a devastating blow to the left - LAWRENCE MARTIN

Canada is weaker without Layton’s passion, conviction and smile - John Ibbitson

Jack Layton's final message

Grieving Quebeckers bid farewell to ‘bon Jack’

Le chef du NPD et chef de l'opposition officielle Jack Layton est décédé
Jack Layton eschewed attacks in pursuit of greater good
Jack Layton, dead at 61, never lost focus on NDP’s future

Jack Layton dies after battle with cancer

Le premier ministre Harper ferait-il donc la honte du Canada ?
Incident diplomatique à Brasilia?

Se pourrait-il donc qu'au Canada, l'on vienne d'entrer dans une ère du conservatisme, mais dans tout ce que ce dernier peut en fait avoir de plus régressif ?...
Harper spins a new brand of patriotism

Marine et aviation royales - Rétrograde Harper
L’ère du conformisme

Chasse aux sorcières
The media’s game of ‘gotcha’ can teach the NDP some lessons - Gerald Caplan
Nycole Turmel discrédite l’engagement politique, selon Bernard Landry
Nycole Turmel - L'opposition fragilisée
NDP's Turmel owes Canadians an explanation
Nycole Turmel and the NDP have some explaining to do - Globe Editorial


Jack Layton et le NPD - Partir sans partir

Layton's resolve will be great, his battle difficult - Jeffrey Simpson
Un chef proche du peuple


La tendance des Conservateurs à tout garder secret serait-elle donc en train de menacer la santé et la sécurité de la population ?
Le ministre des Transports reste coi
Faut- il avoir peur de Denis Lebel?
Le ministre Lebel durement critiqué

Les ponts pour les nuls

Rapports sur le pont Champlain: secret d'État
Ottawa refuse de rendre publics les rapports d’analyse structurelle


Le NPD s'accrocherait-il donc à la défense de causes dépassées ?
Le NPD touche de l'argent des syndicats
The cleavage with labour - Norman Spector
Le NPD, un parti socialiste?
This is what a real Parliament looks like - BRIAN TOPP

Bras de fer historique à Ottawa
MPs waging marathon debate over Canada Post
Canada Post debate drags on – and could for days more

Cachez ce mot...

Layton tient aux liens syndicaux du NPD

Et si le Canada ne pouvait être sauvé que par l'union des forces progressistes ?...

Publisher and author Douglas Gibson on NDP-Liberal merger talk

Lefties, a little progressive merger wouldn’t hurt
Liberal-NDP merger ‘will come very quickly,’ Chrétien predicts
Fusion, mathématiques et politique
Des avis divergents au sein du PLC
Après les funérailles, un mariage?
A counterintuitive alternative to a Liberal-NDP merger
Stephen Harper continues to outstrip rival party leaders in popular support
Le NPD n’écarte pas une fusion avec les libéraux
Congrès du NPD - La porte reste ouverte aux libéraux
Some day, the opposition will thank Mr. Harper - Tom Flanagan
Sans chef, le PLC évoque déjà l'union des forces progressistes
Liberals cool to idea of merger with NDP

A progressive mix of orange, red and Quebec

How vote-splitting gave the Tories Ontario – and a majority


À moins qu'une telle fusion ne soit pas non plus pour demain ?...
En bref - Les Canadiens peu emballés par une fusion NPD-PLC
Fusion: Rae trouve trop divergente la position économique du NPD
Some political mergers have more appeal than others
La rumeur
The Liberals do not need the NDP - Globe editorial
Talk all you want – but Liberal and NDP pieces just won't fit - John Ibbitson

NPD, PLC - Inutile fusion
Le mirage
« Ce n’est pas à l’ordre du jour »
Les libéraux fédéraux rejettent l’idée d’une fusion avec les néo-démocrates
NDP the 'true alternative' to Tories, not interested in merger: Layton
L'unification des libéraux et des néodémocrates reste en veilleuse

La majorité conservatrice nous permettrait-elle donc de découvrir un nouveau visage de Stephen Harper, soit l'arrogance dans la victoire ?

Un pays bleu?
Stephen Harper has reached the pinnacle – now what?


In a world without ‘socialism’ - Margaret Wente
The election of our discontent - Preston Manning



Coming soon: harmonious times for Harper - John Ibbitson
It’s Conservatives who changed to fit Canada- Jeffrey Simpson
Stephen Harper successfully quarterbacks the status quo
Maintenant qu’ils sont majoritaires

Américanisation du Canada: la nouvelle majorité conservatrice relance le débat

L'heure serait-elle donc au changement ?
Bilan de fin d'année politique - Le nouveau combat pour la citoyenneté

History doesn’t bear out Harper’s hopes for brief NDP honeymoon in Quebec
Débats politiques - La tête ailleurs
Réforme du Sénat - En pièces détachées
Sondage - Les Canadiens sont prêts à rouvrir la Constitution
Lack of buyer’s remorse over Tories and NDP bodes ill for Liberals and Bloc
Why New Democrats won’t stop

Why did all the West’s big centrist parties go down the drain?

La vague orange s’explique par le goût du changement
From an angry Quebec electorate, an unmistakable message

La grande évasion

« En politique, il n’y a plus d’allégeances, plus de certitudes »
L’exutoire

An abundance of teachable moments - Jeffrey Simpson

Things fall apart, Liberals cannot hold – the NDP is loosed upon the world - Ibbitson's Points of Order

Profound change comes to the electoral scene
La suite pour...
Médias - La soirée de toutes les surprises
La nouvelle géographie politique du Canada
Un pays transformé
Un séisme
Big names in Canadian politics who lost their election races
Election 2011: Viewpoints
L'électrochoc!

Se pourrait-il donc que la pays n'ait tout simplement jamais été aussi polarisé ?...
Politically polarized but rarely so unified

We don’t need a centre party to prevent political polarization
L’AUTRE CANADA
GAUCHE ET DROITE FACE À FACE

Évolution du NPD
NDP loses its edge – or purposely softens it
The NDP’s message: We’re not a fluke
Nouveau Parti démocratique - La quête du pouvoir
NDP faces barriers to evolution

L'espoir serait-il donc redevenu possible pour les Québécois, et notamment en ce qui concerne leur place dans le Canada ?
«Québec autonome et Canada fort»
Sondage - Les Canadiens sont prêts à rouvrir la Constitution
LA DÉCLARATION DE SHERBROOKE DU NPD


Jusqu'à quel point Jack Layton saura-t-il véritabement défendre les intérêts du Québec ?...
Jack Layton et Thomas Mulcair livrent des discours à saveur nationaliste
It’s official: Layton backs 50%-plus-one rule for Quebec secession Clarity Act
Layton clears air on sovereignty issue
Layton unanimement critiqué à Québec

For Smiling Jack Layton, the hard work begins
Un contrat difficile
Loi sur la clarté - Layton prend ses distances du 50 % + 1
« Vous pouvez compter sur moi pour défendre vos intérêts »
Jack Layton et le malaise québécois

The new NDP constituency : Far more francophone, far less multicultural

Travailler avec Harper pour le Québec

The NDP in Quebec: ‘What do we do now?’

Le piège

Des devoirs pour le NPD
Jack’s Quebec challenge: how to keep smilin’ - Jeffrey Simpson

‘Conditions gagnantes’ – the NDP dilemma

Mulcair promet de «livrer la marchandise»

NDP expected to be more sensitive to Quebec issues

Jack Layton’s delicate Quebec dance - Globe Editorial

Quebec’s flirtation with the NDP is just a test


Serions-nous donc en train d'assister à la fin du Parti Libéral, du moins tel qu'on le connaît ?...
The self-immolation of the Liberal Party

In Peter C. Newman’s book, Ignatieff was ‘the catalyst on the road to ruin
The new Liberal constituency: less wealthy, less diverse, very East Coast
Is the government party over?

The two-day NDP surge that sank the Liberals

Les libéraux déconnectés

Liberal insiders say party must take long look in mirror

Le Parti libéral est anéanti
Michael Ignatieff démissionne
Ignatieff resigns after Liberal defeat
For Ignatieff, ‘the hatchet job is complete’
Ignatieff stepping down 'with my head held high'
Future of Liberals, Bloc uncertain after Tory majority win
Ignatieff offre de rester

... Et pour la suite des choses ?...
Le chant du cygne de Bob Rae? - Chantal Hébert
Liberal Party executive at last proposes substantive change
Et maintenant?
Bob the rebuilder surveys the wreckage
‘Bob the Rebuilder’ forfeits run at permanent Liberal leadership
L’avenir des libéraux
By focusing on leadership, Liberals put cart before horse - Jeffrey Simpson
Les libéraux pansent leurs plaies

La colère gronde au PLC
Wanted: a Liberal leader who can grow with the party
Leaderless Liberals face new era of caucus turmoil

Why Liberals should think big
Chrétien promoting Rae as interim Liberal leader
D’abord reconstruire la base au Québec


Peut-on encore espérer un renouveau du Parti Libéral du Canada ?
Grits: Be bold, or get lost
Un parti à réinventer

A Liberal primary might prevent a Liberal demise
A month later, Liberals seek fresh start free of ‘middle-aged white guys’
Changing everything can’t look the same for Liberals - Robert Silver
Moribund Liberals should get beyond their grief  – and their grassroots - John Ibbitson


La fin du Bloc ?...
Lettres - Daniel Paillé se trompe de ville
Duceppe monte, le Bloc descend
Maria Mourani garde le cap

Duceppe K.- O., le Bloc en sursis
Bloc : Paillé appelle à la réflexion
Tout est sur la table

Je vous ai sacrifié

Trop tôt pour chercher un chef
Duceppe resigns as Bloc leader after losing riding
Future of Liberals, Bloc uncertain after Tory majority win
Bloc leader Gilles Duceppe resigns after losing seat
DUCEPPE QUITTE SON POSTE APRÈS LA DÉBÂCLE
Le Bloc québécois encaisse un dur coup

Gouvernement conservateur - Harper et le Québec

Carte blanche
Éditorial - Rêves réalisés
Stephen Harper’s double victory - Globe Editorial
Harper aura les coudées franches
Percée majeure des conservateurs


Recount gives NDP Quebec seat by nine votes
La douce revanche de Jack-le-tenace
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Layton jugé le mieux placé pour bloquer Harper
Her Majesty’s Loyal (orange and pink) Opposition - Gerald Caplan

NPD: l’effet « Tout le monde en parle »
La «vague orange» balaie le Québec
Le NPD chasse le Bloc
Région de Montréal - Même des châteaux forts cèdent à la vague néodémocrate
Région de Québec - L'orange domine
Il était une fois Outremont et Thomas Mulcair...
Seul Lebel résiste à la vague orange
Montréal est orange

Tout Québec vire à l’orange

Harper gagne son pari, le Québec parie sur Layton

Le NPD arrive deuxième mais crie victoire


Managing Tom Mulcair - Jeffrey Simpson

Charge of the parliamentary youth brigade

Sur les nouveaux députés du NPD

In the Commons, the kids are alright - Globe Editorial

Ceci n’est pas un poteau

Pas si mal, les « poteaux » !

Le NPD n’imitera pas l’ADQ, dit Mulcair
Une députée « bouillante » dans Gatineau
« Un gars éminemment honnête »

Le plus jeune député jamais élu à Ottawa
Students, ex-Communist, a Cree leader and more join NDP’s swollen Quebec ranks
With 100 rookie MPs, Parliament faces ‘the proverbial herding cats’

La fièvre populiste

Que veut l'électeur québécois?



Elizabeth May: Blue skies smiling at me




Révolution politique aux portes des Communes?
Projection de sièges - Harper minoritaire, Layton chef de l'opposition
Boîte à surprise électorale

Retrouver sa liberté de choix

Une attaque envers la notion même de coalition ne revient-il pas à ni plus ni moins qu'une attaque envers la démocratie en tant que telle ?..
Paddling the damn coalition canoe

Coalitions: A way of the world Canadians don't embrace
Une coalition dans l’Ouest
La bourde diplomatique
Coalitions, arrangements, agreements – just not here - Jeffrey Simpson

Stephen Harper’s curious attack on majority rule - Globe Editorial

Les mensonges de Harper seraient-ils donc en train d'éclater au grand jour ?...
Harper digs a coalition hole
Coalition talk was about uniting right not seizing power, Harper says

Coalition: Harper justifie sa lettre de 2004
Harper aurait pu prendre le pouvoir sans élections en 2004

Le spectre d'une coalition se retourne contre Harper

Stephen Harper ne chercherait-il donc à gouverner que par la peur ?...
Harper's coalition fearmongering
Smoke, mirrors and a Harper majority - Lawrence Martin

Mais surtout, se pourrait-il donc que rien ne puisse vraiment égratigner le Parti conservateur ?...
Monsieur Téflon
Fuites et campagnes

Peut-on vraiment espérer quoi que ce soit des prochaines élections ?...
The two-day NDP surge that sank the Liberals

Boîte à surprise électorale
QUE NOUS ONT-ILS PROMIS?
How this ‘unnecessary election’ has changed Canada for the better
Why this campaign has been a boon to democracy
NDP makes hay of Ignatieff truancy as ‘serene’ Liberals lash out
The election ain’t over till the voters sing - Jeffrey Simpson
Le livre rouge du Parti libéral - Reste le chef
Radwanski: Ignatieff’s sparkle brightens Liberal hopes
À l’affût d’une gaffe
Ignatieff's got a ground game, Harper's got a problem

Tory strategy ensures there is no national election

Pile ou face
Cette foutue coalition
Tory support stays high, ethics falling flat: Poll
La campagne broche à foin

Un outil politique redoutable
One adroit budget, one more Conservative government - Jeffrey Simpson
UN SCRUTIN INÉVITABLE
Layton plonge, Harper tombe



La population canadienne se rendrait-elle donc responsable, de par sa propre indifférence, de maintenir au pouvoir ce qui s'avère peut-être le pire gouvernment de l'histoire du pays ?...

Reader reaction to The Globe’s endorsement of Stephen Harper
Projections Le Devoir-ThreeHundredEight.com- Qui sera chef de l'opposition officielle lundi soir?
À LA PORTE!
Pas encore de changement dans les sièges du NPD au Québec
Projections de sièges - Le PLC et le NPD font des gains
With Ignatieff ‘in the mud,’ Harper sheds support in Quebec and B.C.

Projections de sièges - Les conservateurs sous la barre des 150 sièges
Projections de sièges - Les conservateurs perdent un siège
Projections de sièges - Harper de retour en territoire minoritaire
Projections de sièges - Les conservateurs en territoire majoritaire
Projections de sièges (2e semaine)
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Forte avance de Harper au Canada
Stephen Harper government will win a majority May 2 - Gerald Caplan
Aux urnes, citoyens?
Harper Conservatives closing in on majority support: poll
Étude - Individualistes et matérialistes, les jeunes Canadiens
Tories need to refocus after political shocks of 2010
ANNUS HORRIBILIS
Une année facile pour Harper
Revue de presse - Fin d'année

Mais les Canadiens s'avèrent-ils pour autant prêts à accorder à Stephen Harper une majorité ?...
Projections de sièges
Most Canadians would support Liberal-NDP coalition, rather than Harper majority: Poll


Polls go up, polls go down – election probably still on the way

Car après tout, n'y aurait-il pas de réels dangers à ce que le parti Conservateur devienne majoritaire au Parlement ?...
The Supreme Court: How a Harper majority could really change Canada


Qu'est-ce que les Canadiens trouvent donc de si impressionnant dans la supposée "gouvernance" de Stephen Harper, au fait ?...

Un ministre nous est né

AVANTAGE HARPER


It was the year of grinding mediocrity

Conservatives are pedalling furiously but going nowhere - Jeffrey Simpson

Though on rock-solid ground, Tories face fearsome odds for majority

Political deep freeze endures – even in hypothetical fantasyland

The 1993 election changed everything
Never have so many fought so hard for such barren political terrain

Et si le Canada ne pouvait être sauvé que par une coalition ?...
Une tête vaut mieux que deux
Want a coalition scenario? Try Duceppe as PM - Neil Reynolds
Un plan « pour la classe moyenne »
A Tory minority seems as inevitable as its demise
A surplus of parties means a deficit of democracy
Le NPD ouvert à une alliance
L'épreuve des faits - Les coalitions sont-elles légitimes?
Les Québécois appuieraient une coalition
Le Bloc relance l’idée d’une coalition
The rules of the multi-party parliamentary game
Don’t tempt fate with your coalition talk, Mr. Harper
Unite the centre-left – without a coalition
Political deep freeze endures – even in hypothetical fantasyland
Liberals need a political game changer
Are Ignatieff and Layton getting itchy trigger fingers?
Le Bloc, partenaire
The coalition of 2010 is Stephen Harper’s fantasy
Une option nécessaire
Australie: la première ministre promet la stabilité
British coalitions and Canadian lessons - Norman Spector
The phantom Canadian left
Why a Liberal-NDP merger makes sense- Norman Spector
The pluses and minuses of Liberal-NDP merger
Fusion PLC-NPD: Chrétien ne veut pas forcer la main à Ignatieff
Ignatieff, Layton squelch ‘ridiculous’ merger rumours
Néo-démocrates et libéraux favorables à une coalition
Suddenly, a coalition government seems almost respectable - Norman Spector

Harper suggests Israel’s government is illegitimate. Oops.
Ignatieff entrouvre la porte à une coalition, mais du bout des lèvres
La coalition, dernier des scénarios pour Ignatieff
Bringing clarity to coalitions
Une coalition, c'est sérieux? - Vincent Marissal
Coalition: la leçon britannique
Is a Liberal-NDP merger in the cards?
Liberals pour cold water on 'Stop Harper' coalition idea
Une coalition PLC-NPD dirigée par Layton déferait Harper
Prime Minister Layton? - Norman Spector

Bob Rae shrugs off 'hysteria from the dark side' on coalition governments
Bob Rae hints at Liberal-NDP accord
Stephen Harper's lock on lead raises coalition stakes

Jack Layton still has no dance partner
A coalition of conscience won't work
La leçon britannique
The Tories risk all on narrow appeal and wedge issues - Lawrence Martin
Guiding principles for a coalition
Learning from the Mother Parliament
Five reasons David Cameron's coalition government is not a harbinger for Canada
La coalition en Grande-Bretagne rappelle des souvenirs sur la colline
Why coalition, Cameron?
What Harper should say about the British coalition - Norman Spector
La politique canadienne sous la loupe d'experts britanniques
As in Britain, hopes stir for Canada’s third party

Récession: la coalition a tout changé
Climat: l'opposition s'unit contre les conservateurs
If he'd taken the coalition, Ignatieff coulda been a contender
Bye-bye coalitions?
Ignatieff trouvait la «coalition de 2008» illégitime

Dans les coulisses de la coalition - Norman Spector

Et les critiques à ce niveau peuvent-elles vraiment s'avérer pertinentes ?...
Political deep freeze endures – even in hypothetical fantasyland

A missionary view on why a Liberal-NDP merger would fail
Lessons from across the pond and down under
Chrétien se range derrière la position d'Ignatieff sur la coalition
Desperate measures don’t have to be stupid measuress - Jeffrey Simpson
A proposal for a different kind of Canadian coalition
NDP and Liberals should go their own ways
Oh, what a crock was the merger talk
Encore la coalition! - Lysiane Gagnon

Coalition: une grave erreur
Don’t sacrifice the Liberal Party for a coalition of the centre-left

Car ne faut-il pas avouer que, dans le présent ordre des choses, l'idée qu'un parti puisse à lui seul détrôner Harper ne se trouve ni plus ni moins qu'à relever de la fantaisie ?...
Liberals can hope, but Harper is the granite man


Et si les partis de l'opposition avaient enfin réalisés qu'ils détiennent ensemble la balance du pouvoir ?...
AVANTAGE HARPER

Bilan de session à Ottawa - Entre l'outrage et la méfiance
La gifle de Milliken
Compromis nécessaire
Outrage au Parlement - Loin d'être terminé

Détenus afghans - Harper perd sa bataille
There was a middle ground – and the Speaker found it
Why Milliken’s ruling isn’t good for accountability

Speaker gives Stephen Harper a great opportunity

Outrage au Parlement: Peter Milliken donne le feu vert à l’opposition

Les Libéraux nous auraient-ils donc trahis ?...

Plus de 1 million dépensé afin d’examiner des documents
Revue de presse - Le choix afghan
The detainees file appears lost in the fog of committee

Détenus afghans: ultimes tentatives d'en arriver à une entente

Détenus afghans - Laisser traîner
Opposition balks at Tory loophole in detainee record deal
Afghan detainee deal a pioneering compromise on national security
Détenus afghans: l'opposition aura accès aux documents classés
Documents afghans: une entente a été conclue

Documents sur les détenus afghans: les partis ne s'entendent plus

Parties closing in on deal to release Afghan records

Détenus afghans - Blocage à quelques heures de l'ultimatum
Documents sur les détenus afghans: les partis près d'une entente
Détenus afghans : Une entente semble improbable

Détenus afghans - Milliken accorde un sursis de trois jours

Documents afghans: le gouvernement espère une entente d'ici vendredi

Documents afghans: l'heure est au compromis
Documents afghans: pourparlers «constructifs»


Que faudra-t-il donc à la population canadienne pour qu'elle cesse enfin d'endurer un tel gouvernement ?...

If Stephen Harper’s an economist, I’m the Queen of Sheba - Gerald Caplan


Le gouvernement conservateur ne s'avérerait-il donc au plus qu'une pâle copie des gouvernements libéraux précédents ?...

La dérive de Stephen Harper - Chantal Hébert

Se pourrait-il donc que l'on se retrouve présentement avec le pire gouvernement que le Canada ait jamais connu ?...

À LA PORTE!

Le gouvernement coupable d’outrage au Parlement
L'opposition conclut que le gouvernement a commis un outrage au Parlement
Le gouvernement tente d’éviter l’outrage
MPs weigh contempt charges against Harper government
On the road to the Harper government's tipping point
Bilans de session à Ottawa - Le gouvernement critiqué de toute part
« Un gouvernement dangereux »

Et le Canada peut-il rester uni ne serait-ce que lorsqu'il est question de défendre ses valeurs les plus fondamentales ?...
Gun registry lives, but Harper vows to keep up the fight

Moins de crimes violents
Unis pour sauver le registre
Registre des armes à feu: Jacques Dupuis part en mission à Ottawa
The gun registry has taken on a moral hue that refuses to fade - Jeffrey Simpson
Tir groupé en faveur du registre fédéral des armes à feu
Tout dépend de vous, Jack

Jack Layton interpellé par un survivant de Dawson

Voir aussi À moins qu'il n'en soit justement pas capable ?...

Et si, en attendant, les gouvernements minoritaires ne pouvaient qu'accélérer la déliquescence de notre cher Parlement ?...
Fair Britannia, splashing around in coalition waters

Our inability to elect a majority government imperils democracy
Une campagne à la carte

Jack Layton pourra-t-il un jour être reconnu comme un véritable leader ?...
Stephen Harper dit s'ennuyer de Jack Layton
Jack Layton secures his place in NDP – and Canadian – pantheon
Défendre le Québec, mais pas à tout prix
NDP gains on Bloc turf add tension to Duceppe-Layton rivalry
And now a word from our NDP conscience
Layton is the right guy, making the right decision
Sondage Léger Marketing-Le Devoir-The Gazette - Layton rattrape Ignatieff au Québec
Registre des armes à feu: Layton dans une course contre la montre
Layton manoeuvre pour sauver le registre des armes à feu sans forcer ses élus qui s'y opposent
Budget - Layton dit non au projet de loi des conservateurs
Une coalition PLC-NPD dirigée par Layton déferait Harper
Prime Minister Layton? - Norman Spector

Le NPD veut limiter le pouvoir de prorogation de Harper
Layton devance Ignatieff
Getting it right on peace and war
Les chefs vus par les Canadiens
Le bon, l'intello et le sérieux - Vincent Marissal

Dans l'isoloir, c'est Harper

Louis Riel: le NPD demande la correction d'une erreur historique

... mais ceci dit...
NDP platform betrays its centralizing instincts



À moins qu'il n'en soit justement pas capable ?...
Registre des armes à feu - Layton a «perdu une certaine crédibilité», dit une ex-candidate vedette
Le NPD perd des appuis à gauche... et à droite
The politics of the long gun - Gerald Caplan
Registre des armes à feu: Layton dans une course contre la montre
M. Layton, comportez-vous en homme d'État!
Menotté
Registre des armes à feu - Le test de M. Layton
Registre des armes à feu: Layton recherche un compromis
How the long-gun registry shot a wedge into the NDP - Jeffrey Simpson

Jack Layton’s potential legacy includes slaying a gun registry he supports

Registre des armes à feu: Layton est prêt à endosser les habits du fossoyeur

Liberals blast NDP on gun registry as Tories pour salt in wound
Le sort du registre des armes à feu dépend du NPD

Et son parti saura-t-il un jour se faire reconnaître comme une alternative crédible ?...
Révolution politique aux portes des Communes?

Projection de sièges - Harper minoritaire, Layton chef de l'opposition
Projection de sièges - La progression du NPD continue
Le Québec voit orange
On ne peut empêcher un coeur d’aimer

LE VENT ORANGE SOUFFLE ÀQUÉBEC
Des souverainistes passent dans le camp du NPD

UN VENT D’ESPOIR

Layton grimpe, le Bloc s’enfonce
Le NPD bon deuxième
Projection du nombre de sièges - Le NPD continue de progresser
Les Québécois pourraient donner jusqu'à 20 circonscriptions au NPD
C’est maintenant Harper contre Layton
Why Layton’s fit for office

La théorie du « bon Jack »
Projections de sièges: des gains majeurs pour le NPD
Raz-de-marée orange en vue au Québec ?

Retrouver sa liberté de choix
Le NPD chamboulera- t- il l’échiquier politique ?
The New Democrats rise up
LE NPD PREND LA TÊTE AU QUÉBEC

Sérieux, ce bon Jack!

NDP surges ahead of the Liberals and into second place: Poll

NDP on track to win 60 seats, poll projects

Le NPD sur une lancée
Le NPD prend du galon
Un « ami » encombrant


La réalité du terrain rattrape le NPD au Québec
En quête d’une renaissance


Le gouvernement Harper ne gouvernerait-il donc que par la division ?...
(Le gouvernement Harper ne rechercherait-il donc que la division ?...)
Ontario PCs conjure images of chain gangs

Liberals accuse Harper of U.S.-style tactics in long-gun registry battle
Conservatives exploit urban/rural divide over long-gun registry - John Ibbitson
In his quest for a majority, the PM has fallen off the best path - Jeffrey Simpson
Comment la droite s'organise

Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils d'ailleurs à la botte des extrémistes religieux ?...

Se pourrait-il donc que l'on aie tout simplement le gouvernement que l'on mérite ?...
We're Canadians, not Vulcans

Et se pourrait-il donc que les Conservateurs s'avèrent en fait les mieux placés pour assurer leur propre perte ?...

Des citations controversées de Harper recueillies par... son parti
How Tory rush to kill per-vote subsidy could backfire
Le monde est fixe
Harper shoots majority ‘from implausible to unimaginable’
That bang? It could’ve been Stephen Harper shooting himself in the foot - Jeffrey Simpson
Stephen Harper tries to break new ground again

Conservative math doesn't add up on gun registry
Harper flunks political math
His heavy-handedness makes Harper look bad

In his quest for a majority, the PM has fallen off the best path - Jeffrey Simpson
The incredible shrinking Tory tent
Sure, there’s a leadership death watch – but for which leader?- Jeffrey Simpson
Harper sur YouTube: «Il a un peu manqué son coup»
Harper sur YouTube: une première expérience difficile
Au sujet de l’utilité de la presse parlementaire… - Chantal Hébert
Core support keeps the PM in thrall - John Ibbitson
Harper bombardé de critiques sur YouTube
Grit plan: Let Harper be Harper
How many times can the Prime Minister tempt fate?

En fait, y a-t-il même un sens quelconque à ce que peut faire le gouvernement Harper (lorsqu'il se trouve à faire quelque chose...) ?...
Harper could be the real gun-registry loser

Why does the Harper government do what it does? Beats us


Le moment du changement serait-il enfin arrivé ?...

Menaces d'élections automnales à Ottawa
Layton devance Ignatieff
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Le PLC en remontée au Québec
Harper dans une mauvaise passe - Lysiane Gagnon
L'avance des conservateurs a fondu
Liberals see 'structural shift' in their favour
Les libéraux font des gains stratégiques selon un sondage

Les Conservateurs se enfreigneraient-ils carrément de la loi ?...

Le respect de la loi


Le gouvernement Harper prendrait-il ses propres citoyens pour des imbéciles ?.
..
Les ponts pour les nuls

Économies de 50millions - PIERRE DUHAIME
Allô, Sheila Fraser? - Vincent Marissal
Immeubles fédéraux: menus travaux gros prix

Immeubles fédéraux: des factures «exagérées», dit Rona Ambrose

Contrat de 6 milliards de Profac: «rien d'irrégulier»

Public Works Minister orders review of ‘over the top' invoices
Traitement clément de Jaffer: les conservateurs peu bavards
Droits des gais retirés d'un guide: Kenney nie tout

Et la prétendue lutte au déficit des Conservateurs ne serait-elle encore que de la poudre aux yeux ?...
L'art de la diversion

The kindest cuts of all
Ottawa cuts already vacant positions
Ottawa va supprimer 245 postes dans la fonction publique


... et d'ailleurs, la discrimination des Conservateurs à l'endroit des homosexuels ne revient-elle pas carrément à ni plus ni moins qu'une violation des droits de l'homme dans tout ce que ceux-ci peuvent avoir de plus fondamental ?...

Un grand déshonneur - JEAN-RENÉ ROY


En plus de ne sembler avoir plus d'ambition que de se faire le valet de Washington, se pourrait-il que le gouvernement Conservateur ne s'avère plus que l'ambassade d'Israël en Amérique du Nord ?...

I Shall Not Hate: A small book that should change Harper’s foreign policy - Gerard Caplan

Le messager de Nétanyahou
Harper, la voix d'Israël à Deauville?
Harper blocks mention of 1967 border in G8 Mideast statement
On Israel, Harper stands alone at G8 summit
À l’ombre d’Israël
La carpe et le lapin
Stephen Harper earns biblical praise for pro-Israeli stand
George Galloway prêche une foule de convertis
Le Canada est les yeux et les oreilles d’Israël au Venezuela
A Mideast reading list for Tories willing to learn - Gerald Caplan
Ottawa a refusé de financer une conférence d'Alternatives
Ottawa appuie une enquête, mais défend Israël
Une amitié aveugle
Israël - Le fiasco

Le Canada, l'allié le plus fidèle d'Israël
Un «incident» regrettable - Vincent Marissal
La tournée de l'amour
La Semaine contre l'apartheid israélien divise les Communes
Le Canada augmente sa présence en Cisjordanie
Communautés culturelles - Le financement d'Ottawa n'a pas profité également à tous
And this is our foreign policy …

What every office needs to succeed in Harper's Canada
Attack on Israel is an attack on Canada, Kent says
What a tangled web PM weaves in promoting democracy abroad - Jeffrey Simpson
Tories' hard line on criticism of Israel could spark backlash, MP says

Quand le Proche-Orient crée une crise politique au Canada
Et d'ailleurs, les Conservateurs pousseraient-ils leur effronterie jusqu'à afficher béatement un soutient inconditionnel et unilatéral envers Israël ?...

Se pourrait-il donc que cette fois, les Conservateurs soient peut-être allés un peu trop loin dans le mépris qu'ils peuvent témoigner envers la démocratie, et donc envers leur propre électorat ?...

(Ou autrement dit : se pourrait-il que cette fois la population ne l'ait pas laissé s'en sortir si facilement, pour faire changement ?...
Une coalition s'érige contre la «menace» Harper
Civic reinvolvement
Les raisons de la méfiance
Un moment charnière?
Lettres - Les champions de la prorogation
Le loup
Des milliers de Canadiens dénoncent la prorogation du Parlement
Sondage: Harper perd des plumes

Le gouvernement Harper irait-il donc jusqu'à se servir d'un Sénat non-élu comme d'un vulgaire outil pour faire obstruction à la démocratie ?...
How can Conservative senators look at themselves in the mirror? - Gerald Caplan

The House that Stephen Harper built
Majorité conservatrice
Bilinguisme des juges - Les conservateurs font de l'obstruction
Explaining Stephen Harper’s ‘end run’ on Senate form
Hypocrisie et démocratie

Le gouvernement conservateur se moquerait-ils carrément de la démocratie, et donc de la volonté de sa propre population ?...

Le mandat - Manon Cornellier
Retour au recensement obligatoire - Harper fait fi de la motion adoptée
Registre des armes à feu: Duceppe presse Harper d'accepter la défaite
Recensement - Les automates
Omnibus bills subvert our legislative process
The federal government is senseless on the census - Globe editorial
This budget bill is overstuffed - Globe editorial
Sénat: Harper protège son budget
Harper veut abolir la subvention aux partis
Committee issues subpoenas for PM staffer, others
A shabby way to gut parliamentary debate
Le monarque d'Ottawa
Jouer avec le feu
Is Stephen Harper hampering democracy?
Dépenses électorales: les conservateurs sont fautifs, selon Élections Canada

Et pourtant, ne peut-on pas toujours compter sur Harper pour une nouvelle petite surprise ?...
Lesson learned

Pas de relâche en mars et avril à Ottawa

Harper sets a trap for the opposition
Mr. Harper continues to surprise  - Norman Spector


Stephen Harper mépriserait-il donc de ses propres ministres ?
Le ministre Mackay tenu dans l’ignorance


Le gouvernement Harper n'aurait-il donc pas la moindre considération pour la vie privée des Canadiens, cette même vie privée qu'il se targue pourtant de vouloir protéger ?...
Close those prying eyes at Veterans Affairs
Anciens Combattants - Ottawa a bafoué le droit à la vie privée

Les Conservateurs ne peuvent-ils agir que lorsqu'ils sont forcés de le faire ?...

Flaherty sets stricter mortgage rules


Les Conservateurs ne semblent-ils pas être passés maître dans l'art de repousser toujours plus loin les limites de l'inacceptable ?...
Jean Chrétien chides Stephen Harper for attack on top bank executive


Le gouvernement Harper aurait-il quelque chose à cacher ?...

Public interest goes private - Globe editorial
Ottawa accusé de régenter les publications scientifiques
Colère à Environnement Canada

Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir soutenir la torture ?...
After falsehoods, skepticism needed - Globe editorial
Censure à Ottawa: trois ministres soupçonnés
Is this the answer to access requests? Stop keeping records? - Lawrence Martin
Canadian democracy is oxygen-starved
Accès à l'information - Un cas après l'autre
Loi d'accès à l'information - Harper rappelle ses ministres à l'ordre

Accusations d'ingérence: Paradis jure qu'il ne savait rien
Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout simplement incompétents ?...
Censure: Paradis au coeur d'une enquête
Ottawa aurait empêché la diffusion d'un rapport controversé
Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir soutenir la torture ?...

Stéphen Harper jouerait-il à manipuler l'information ?...

Registre des armes à feu - Ottawa a gardé secret un important rapport


En fait, le gouvernement Harper ne se trouve-t-il pas à rappeler les pires régimes totalitaires de par son total mépris du libre accès à l'information ?...
On access to information, Canada is a developing country - Globe Editorial
La GRC enquêtera sur un ex- conseiller de Christian Paradis
Access-to-information woes grow ever more absurd
Can Access to Information be fixed?
Le Canada en dernière place
Another day, another government report redacted beyond recognition
Le « prix de la noirceur » remis à Harper
Big Brother, sors de ce corps!
La grogne s’accentue envers Paradis
Une page Wikipedia modifiée par la Défense nationale?
Le sommet des exclus
En bref - Responsabilité ministérielle ou pas, les comités sont rois
Témoignages: le bras de fer pourrait provoquer des élections
The price we pay for a government of fear - Jeffrey Simpson
Soudas, l'homme le plus recherché d'Ottawa
Empoignades aux Communes
Registre des armes à feu - Ottawa a gardé secret un important rapport
Le monarque d'Ottawa
Le politburo de M. Harper - Vincent Marissal
Accès à l'information: le Canada de moins en moins transparent
Dure journée pour le gouvernement Harper

Voir aussi Se pourrait-il que les Conservateurs méprisent carrément le journalisme, tout comme les médias en général ?...

En fait, ce gouvernement ne commence-t-il pas à s'apparenter de plus en plus à celui d'un état totalitaire, de par sa façon de gouverner en général ?...
Dans un pays près de chez vous
Majority! Who cares?

En fait, ne pourrait-on pas commencer à parler carrément d'une certaine culture du secret ?...
Ottawa keeps tight lid on even most basic U.S.-border-deal files

Des F- 35 deux fois plus chers que prévu
Vic Toews dodges demands government attach price tag to crime bills
Dépenses publiques - Le Parlement en voie de perdre le contrôle, dit Kevin Page
Harper keeps Canada in dark at his own peril
Excès de secret


Et d'ailleurs, Harper aurait-il une petite tendance à vouloir jouer au dictateur ?...
Is Stephen Harper the Dear Leader in disguise? - MARGARET WENTE

Visite royale - Notre vrai roi
Stephen Harper’s worst enemy
The dismantling of Canadian democracy promotion, brick by brick
La controverse se poursuit
Ottawa a refusé de financer une conférence d'Alternatives
Droits et démocratie: 92 000$ pour des détectives privés
En bref - Des groupes communautaires évitent de parler
Senate girds for sparks as Tory budget hits the floor with a boom
Le projet de loi fédéral sur le budget est adopté grâce à l'absence de libéraux
La survie d'une autre ONG menacée?
Le gouvernement Harper accusé de couper les vivres à ceux qui le critiquent
Droits et Démocratie doit suivre la politique du Canada, estime son président
Droits et Démocratie: la veuve de l'ex-président réclame une enquête publique
Muselés, des employés décrivent un climat «malsain» à Droits et Démocratie
Droits et Démocratie sur la corde raide
Droits et Démocratie - Les employés se vident le coeur devant un comité parlementaire
Droits et Démocratie: que veut Ottawa? - Agnès Gruda
Droits et Démocratie: deux témoins s'esquivent
Droits et Démocratie - Cirque au comité
Droits et Démocratie - Cannon est prié de rendre des comptes
Droits et Démocratie: Ottawa accusé d'ingérence politique
Droits et Démocratie - La FIDH épingle Stephen Harper

L’indépendance menacée
Droits et Démocratie - Cannon s'entête
Droits et Démocratie: l'opposition dénonce le choix de Latulippe
Droits et Démocratie: le choix de Latulippe soulève la tempête

Latulippe avait fait le lien entre immigration et terrorisme à la commission Bouchard-Taylor

Gérard Latulippe: un homme et ses zigzags

Droits et Démocratie: trois cadres supérieurs congédiés
Le mémoire controversé du candidat à la présidence de Droits et démocratie
The Rights and Democracy twist
La crise à Droits et Démocratie - Quand le politique s'arroge tous les droits
Des ONG sous surveillance 
Sondage: trop de pouvoirs au premier ministre
Ignatieff takes another shot at Harper's 'ideology'
Droits et Démocratie - Ottawa s'apprête à nommer un nouveau président
Rights and Democracy again in the (French) news
Droits et Démocratie - Le conseil a voulu protéger des ministres
Canadian aid groups told to keep quiet on policy issues
What a tangled web PM weaves in promoting democracy abroad - Jeffrey Simpson
Cannon will support embattled rights agency: source

A rights agency's future in peril
La liberté d'expression menacée
Droits et Démocratie - L'inquiétante pratique du lawfare au Canada

Droits et Démocratie dans la tourmente
Ottawa était satisfait de Droits et démocratie

LES COURTIERS QUÉBÉCOIS SONT AUX AGUETS - MARTIN VALLIÈRES
Fini la vente d’assurances sur l’internet  -  Julian Beltram
Voir aussi Et son gouvernement aurait-il même une tendance à se prendre pour Big Brother ?...

Stephen Harper chercherait-il donc à museler ceux qui osent s'élever contre son gouvernement ?...

Le boomerang

Voir aussi Les Conservateurs pratiqueraient-ils donc la censure ?...

Les Conservateurs seraient-ils donc passés maîtres dans l'art de s'ingérer de manière à ne réussir qu'à nuire plutôt qu'à servir à quoi que ce soit ?...
Pakistan - Six ans plus tard, le Canada n'a pas livré les écoles promises


Les Conservateurs se moqueraient-ils carrément de la démocratie ?...
Démocratie bancale - Manon Cornellier
Rigidité dangereuse
Détails, détails...
Respecter les électeurs
On ne joue pas avec la démocratie, prévient l’opposition
Coupable de mépris du Parlement
« Une affaire très grave »
What direction our own democracy?
The dismantling of Canadian democracy promotion, brick by brick
Rentrée parlementaire sans Parlement
Harper mine la démocratie
Harper paie cher pour avoir prorogé le Parlement
Le président Stephen Harper - Vincent Marissal
Prorogation: The Economist acerbe envers Harper
Harper n'exclut pas de proroger le Parlement tous les ans

La prorogation du Parlement inquiétante pour notre démocratie
Les conservateurs n'auront pas carte blanche au Sénat
Stephen Harper: priorité à l'économie

Pause olympique sur la colline
Harper s'apprête-t-il à proroger la session?

Et d'ailleurs, qu'ont à dire les Libéraux, à ce sujet ?... Et surtout, comment comptent-ils au juste réagir ?...
L'opposition attend de pied ferme le gouvernement

It's gonna get ugly as bell rings on prorogation
Les querelles entre les partis recommencent cette semaine
Prorogation: Ignatieff demande à Harper de limiter son pouvoir
Ignatieff sollicite l'aide des députés de la Colombie-Britannique
Redemption and counter-redemption
Opposition presses ahead on detainees despite prorogation
Does Michael Ignatieff really want this constitutional dance? - Norman Spector
Ignatieff défend la nouvelle publicité des libéraux
Campagne de pub libérale contre la prorogation

Prorogation du Parlement: Ignatieff dénonce le cynisme de Harper

En fait, se pourrait-il donc que les Conservateurs ne puissent tout simplement pas supporter d'être contredits ?...
Harper chercherait un successeur à Michaëlle Jean

Let the wild viceregal speculation begin


La démocratie canadienne serait-elle donc en pleine érosion ?...
Let a commission, not broadcasters, call the shots



Le gouvernement Harper lui-même se montrerait-il pourtant capable d'humanité face à un drame tel que celui qui secoue Haïti ?...
Ottawa envoie 80 millions supplémentaires
Le Canada facilitera l'immigration d'Haïtiens
La mobilisation du Canada s'intensifie


... Mais au delà des apparences, le gouvernement conservateur n'est-il pas toujours égal à lui-même, notamment en ce qui concerne son manque d'ouverture envers le reste du monde, pour le moins qu'on puisse dire ?...
Les troupes canadiennes quittent Haïti
Le choix de Thamar
Ottawa refuse d'assouplir les règles d'immigration
Bienvenue chez nous, mais restez chez vous - Rima Elkouri
Ottawa doit faire plus, plus vite
« On a froid, on a faim! »  -  André Duchesne
L'ambassade canadienne prise d'assaut
N'entre pas qui veut au Canada


Et si le gouvernement conservateur fait si peu de cas de la démocratie dans son propre pays, peut-on vraiment s'étonner qu'il n'ait aucun intérêt à promouvoir la démocratie à travers le monde ?...
Ai- je travaillé dans le vide?
Le vote étranger, l’exception canadienne
Odd timing for Feds to bar voting in Tunisian election

Composition de l'Assemblée constituante - Ottawa interdit le vote de Tunisiens sur son territoire
Canada can help Arab autocracies become democracies - Globe Editorial
Canada is missing the democratic moment
Ottawa: hypocrisie ou pragmatisme?
Why did Ottawa drag its feet on Mubarak? - Jeffrey Simpson
The road to democracy promotion's paved with broken vows

Le gouvernement Harper se moquerait-il donc des droits de la personne ?

Le gouvernement Harper ferait-il donc tout simplement peu de cas de la personne humaine ?
Honte au Canada


Les Conservateurs feraient-ils pâlir notre image ?
(Voir aussi : toutes les autres sections de cette page...)
Canada’s message: The world and its climate be damned - JEFFREY SIMPSON
Gouvernement Harper - Incontrôlable
Kyoto et le Canada - Une position qui nous coûte cher
La pâle étoile du Canada
Amnistie écorche Ottawa
En bref - Le Canada est difficile à cerner, selon Amnesty International
Amnistie internationale: «le Canada nous inquiète»
Amnistie n'est pas tendre envers le Canada
Conservatives follow recipe for foreign-policy decay
Le monde selon Stephen Harper - André Pratte

Le gouvernement Harper irait-il donc jusqu'à salir la réputation du Canada dans le seul but de satisfaire ses propres intérêts politiques ?

WikiLeaks - Le NPD critique Bernier

Les Conservateurs ne seraient-ils pas surtout en train de nous isoler, en s'obstinant à ne tenir qu'à bloquer tout avancement dans ce dossier ?...

Le Canada méconnaissable - MARTIN CAUCHON
« Le Canada a perdu sa vision »  -  AGNÈS GRUDA
Jean Chrétien déplore le recul du Canada
Le beigne et le fantasme  -  André Pratte
L’opposition à l’amiante prend de l’ampleur  -  FRANÇOIS CARDINAL
Je veux voter !  -  Jean-Serge Baribeau
Manque d’éthique  -  André Melançon
Cuba: une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL
Stephen Harper brandit l’étendard du libre-échange

Et se pourrait-il donc que l'environnement et les droits de la personne ne soient même plus les seuls dossiers dans laquelle le Canada semble perdre toujours plus du peu de crédibilité qu'il pouvait lui rester ?...

Des écueils olympiques

Mort d'un lugeur aux JO: qui blâmer?

Les Canadiens seraient-il en train de confirmer leur support à Harper comme les Américains l'avaient auparavant fait pour Bush ?...
Sondage: les conservateurs creusent l'écart
Le PC a récolté plus de dons en 2010 que ses rivaux réunis
Le gouvernement Harper - Inspiré par George W. Bush - Bernard Descôteaux
Dans l'isoloir, c'est Harper
Obama patine, Harper plane - Vincent Marissal
Sondage: Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan 2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute libre
En 2009, Harper a repris les rênes du Parlement
Les conservateurs maintiennent leur avance devant les libéraux
Le Canada méconnaissable - MARTIN CAUCHON
Les nouvelles - Pierre Foglia
Vers la majorité au Sénat pour les conservateurs
Une victoire significative - Lysiane Gagnon
Duceppe amoché, Harper requinqué - Vincent Marissal
Rivière-du-Loup: le PC détrône le Bloc
Ignatieff ne tient plus à des élections
Harper flirte avec la majorité  -  Joël-Denis Bellavance
Le Québec ratatiné?  -  VINCENT MARISSAL

Le Canada serait-il en train de traverser une période plutôt noire de son histoire ?...

M. Harper, il est moche, votre Canada

La politique du désabusement
A country of Dryden’s values shifts to Cherry’s - Lawrence Martin
Jack Layton’s Canada and the other Canada - GERALD CAPLAN
Canada’s G8/G20 weekend shames all but peaceful protesters - Gerald Caplan
It's time for Canada to take on the world - Globe editorial
Conserving Canada or a Conservative Canada?
ANNUS HORRIBILIS
Is there an old-style Tory in the House? - Lawrence Martin
La société civile perd du terrain au Canada
Deciphering sides in Canada's ‘culture wars’
Canada’s reputation for low infant mortality takes stunning decline
For relevant politics, look to the provinces and municipalities - Jeffrey Simpson
La Grande Noirceur canadienne - Alain Dubuc
Des sujets sensibles abordés à la conférence libérale
Après le podium - André Pratte
Relation distante, bilan mitigé - Vincent Marissal
L'Ontario officiellement pauvre - Vincent Marissal
Le portrait de la péréquation a changé
Les Jeux invisibles de Vancouver - Vincent Marissal

Et peut-on toujours dire que les Américains aient quoi que ce soit à nous envier de nos jours, et du moins sur le plan politique ?...
Imagine Stephen Harper visiting the Liberal caucus


Se pourrait-il qu'après tout, les Canadiens ne soient pas nécessairement aussi progressistes qu'on aurait pu le croire ?...

40 years later: Security and the FLQ
Les valeurs d'Ignatieff, les manoeuvres de Harper
Immigration - Ô ironie
L'immigration est néfaste pour le pays, estime un Canadien sur deux
Sondage Angus Reid - Les Canadiens sont contre le registre des armes à feu
Revue de presse - Les portes closes
Les Tamouls ne sont pas les bienvenus aux yeux des Canadiens
In the matter of Omar Khadr, shame on us - Lawrence Martin
Détenus afghans: la population est divisée
The blueing and greening of the political centre - Preston Manning
This take on crime is irrational - Lysiane Gagnon
L'obsession sécuritaire - Lysiane Gagnon
Lettres - Le Québec comme le Canada
62 % des Canadiens diraient oui à la peine de mort

Et si l'on ne pouvait peut-être pas nécessairement dire non plus que les Canadiens s'avèrent tous des ultra-conservateurs, après tout ?...
(Et si les Canadiens ne devaient pas non plus s'avérer tous des ultra-conservateurs , après tout ?..)
Are Canadians more conservative? No - Jeffrey Simpson
Santé maternelle: la majorité des Canadiens s'opposent au plan Harper

Et s'il y avait toujours de l'espoir pour le Canada, malgré tout ?...
Robbie Robertson praises Canada’s spirit

There's plenty of room for growth in Canada’s electoral soil

Et pourtant, des élections seraient-elles vraiment si inutiles ?...
Inévitables, les élections?

Je veux voter !  -  Jean-Serge Baribeau
Manque d’éthique  -  André Melançon
J’ai honte  -  ALAIN DUBUC
L’enjeu  -  ANDRÉ PRATTE

Et nous resterait-il une quelconque chance de nous sortir de ce bourbier ?...
Michaëlle Jean bien en selle


Le vent tournerait-il enfin en faveur du changement ?...
Spring election likely as all three opposition parties reject Tory budget

Jamais deux sans trois?
Sondage: libéraux et conservateurs à égalité
'Revenge of propeller-heads' leaves Tories even with Liberals
Sondage: libéraux et conservateurs à égalité
Changements climatiques: Jack Layton est impatient
Le PLC dépose sa motion pour renverser le gouvernement
Une motion de censure brève et sans artifice  -  Joël-Denis Bellavance
Les libéraux veulent forcer la cadence  -  Joël-Denis Bellavance
Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte  -  Joël-Denis Bellavance

Le gouvernement Harper pourrait tomber dès vendredi  -  Joël-Denis Bellavance
Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de coalition 

Les sondages n’ont pas refroidi les libéraux  -  Joël-Denis Bellavance
Trois discours en une semaine  -  Joël-Denis Bellavance
Le PLC n’augmentera pas les impôts  -  Hugo de GrandPré
Québec veut des gestes concrets d’Ottawa  -  Tommy Chouinard
Le cirque  -  VINCENT MARISSAL

Voir aussi Et la bataille ultime serait-elle enfin lancée ?...

... ou pas encore ?...
Reality check: Edge to the Tories
And in this corner, the great Grit slayer
Paltry war chest 'says a lot about Ignatieff’s leadership'

Sondage: libéraux et conservateurs à égalité
Les libéraux adoptent le budget, les conservateurs survivent
Le piège à ours - Vincent Marissal
Le gouvernement conservateur survivra au budget

Michael Ignatieff n'entend pas faire tomber les conservateurs
Michael Ignatieff promet: pas d'élections fédérales en 2010
La priorité : reconstruire le parti   -  Joël-Denis Bellavance
Ignatieff ne tient plus à des élections
Remontée conservatrice  -  LYSIANNE GAGNON
La descente aux enfers  -  ALAIN DUBUC
Qu’est-ce qui fait donc chanter M. Harper?  -  VINCENT MARISSAL

Le gouvernement Harper survit à un nouveau vote  -  Malorie Beauchemin
Jack Layton : L’homme qui a « sauvé » le gouvernement Harper !... 
Le gouvernement Harper reste en vie  -  Hugo de GrandPré
Goodbye, la majorité!  -  LYSIANE GAGNON
La majorité à portée de main  -  VINCENT MARISSAL
Le NPD appuiera Harper  -  Joël-Denis Bellavance
Harper le «socialiste» sauvé par les séparatistes  -  VINCENT MARISSAL
LA FIÈVRE EST TOMBÉE  -  Joël-Denis Bellavance

UN SURSIS POUR HARPER
Ottawa veut bonifier l’assurance emploi  -  Malorie Beauchemin

Assurance emploi : Harper serait prêt à des concessions
Le pari d’Ignatieff  -  VINCENT MARISSAL
LE PARI RISQUÉ DE MICHAEL IGNATIEFF  -  Joël-Denis Bellavance

...et en fait, pourrait-on même dire : pas avant longtemps ?...
Michael Ignatieff promet: pas d'élections fédérales en 2010


Cette campagne saura-t-elle au moins montrer du nouveau ?...
Les Canadiens font davantage confiance à Harper qu’à Ignatieff  à

Ignatieff et Harper : même « regard »  -  Denis Lessard

Harper verra-t-il dans ces élections une dernière chance pour se ressausir... ou n'en profitera-t-il que pour se caller davantage ?...
L’enfer est à gauche  -  VINCENT MARISSAL
Le « vrai visage » de Stephen Harper  -  Malorie Beauchemin & Tristan Péloquin


Michael Ignatieff présenterait-il vraiment une nouvelle vision pour le Canada ?...
Ignatieff ne ferme pas la porte à l'ajout de sièges au Québec
Food policy may give what we eat a shorter commute - Globe editorial
Executives say it's time to raise taxes
Invest in women, Liberals told
On Mideast, Ignatieff sounds prime ministerial -  Norman Spector 
Conflit israélo-palestinien - Ignatieff accuse Harper d'être trop proche d'Israël
Ignatieff, «premier ministre l'an prochain» selon Foreign Policy
Harper rate le virage vert, selon Ignatieff
De «grands penseurs» pour redéfinir l'image du parti libéral
Un lieutenant au pouvoir allégé sera nommé  -  Hugo de GrandPré
TGV: très grande vision?  -  VINCENT MARISSAL
Les libéraux fédéraux promettront un TGV  -  Joël-Denis Bellavance
LE CANADA EST-IL POSSIBLE ?
Le Canada de M. Ignatieff - André Pratte
Un écrivain authentique
Voir aussi Et pourrions-nous finir un jour par nous doter d'un TGV ?...

...ou se pourrait-il en fait que ce ne soit tout simplement pas le cas, justement ?...
What are the chances of a federal election in 2011?

Michael Ignatieff plays politics with AIDS
Liberals offer thin gruel on deficit reduction
Changements climatiques - Les libéraux jonglent avec le projet de loi C-311
Ignatieff essuie les critiques
Ignatieff mis en garde par des économistes
Nothing new or bold about bashing business

Gel des impôts des entreprises - Les conservateurs ne font qu'une bouchée de la proposition d'Ignatieff

Les libéraux n'entendent pas hausser les impôts

la recherche de l'âme libérale - André Pratte
Robert Fowler critique fortement le Parti libéral
Smart people talked, but were the Liberals listening? - Jeffrey Simpson
Liberals look to catch next wave - before their party sinks

Liberals' hunt for ideas a welcome project

Invest in women, Liberals told

Les libéraux fédéraux en mode réflexion

Thinkers conference or 'academic fantasyland'?
Place à l’audace - ROBERT ASSELIN
Les conservateurs accusent les libéraux d’élitisme   -  Hugo de GrandPré

Ignatieff ne compte pas rouvrir le débat constitutionnel

Mais en réalité, les libéraux ne sont-il pas paralysés par leurs propres dogmes, autant sinon davantage que par l'électorat lui-même, par ailleurs ?...
La loi, c'est la loi? - Alain Dubuc

Ignatieff s'oppose au ticket modérateur du Québec en santé
Incredible shrinking Ignatieff
Le bilan libéral - Chantal Hébert 
Canada can't afford a corporate tax cut, Ignatieff urges party
How would the Liberals pay for their ‘national strategies'?
- Jeffrey Simpson
Ignatieff a un remède pour soulager les maux du pays


Et par dessus tout, M. Ignatieff saura-t-il vraiment gagner notre confiance ?...
Sondage: les libéraux avancent, mais pas Ignatieff

La tournée libérale est le plus grand défi d'Ignatieff
Réfléchir vite
L'effet Ignatieff s'évapore
Les libéraux creuseraient encore davantage le déficit
Sondage: Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan 2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute libre
Ignatieff nie les rumeurs de révolte
De «grands penseurs» pour redéfinir l'image du parti libéral
Les indiscrétions de Mme Dion
Épouse en colère - Lysiane Gagnon

Une nouvelle équipe pour relancer Ignatieff
Ignatieff ou le désastre - Lysiane Gagnon
Les Canadiens ne voient pas Ignatieff en premier ministre
Michael Ignatieff perd deux autres conseillers
Ignatieff en panne  -  Denis Lessard
PLC: un quatrième chef en quatre ans?  -  VINCENT MARISSAL
D’abord communiquer avec le chef  -  Malorie Beauchemin
Ignatieff prêt à parler de hausses d’impôts
La descente aux enfers  -  ALAIN DUBUC
Un autre rendez-vous manqué  -  VINCENT MARISSAL
Ignatieff promet d’éliminer le boulet du déficit  -  Joël-Denis Bellavance

... ou ne semble-t-il pas plutôt démontrer une surprenante faculté à produire carrément l'effet contraire ?...
(ou plus précisément : le chef libéral n'aurait-il pas plutôt tendance à surtout faire des erreurs ?...)
Is this Michael Ignatieff’s Kim Campbell moment?

Quand la pâte ne lève pas
Ignatieff hoisted on his own petard in Quebec
Exit la coalition
Les libéraux en route pour l’abattoir
Le PLC à son plus bas au Québec

With Harper 16 points up in poll, do Liberals need ‘a head transplant’?
Ignatieff changes his mind on EI bill
Michael Ignatieff’s highly overrated summer vacation - Gerald Caplan
The humbling of Michael Ignatieff
Who leads the Liberals?
Échec de la motion libérale sur la contraception - Gueule de bois chez les libéraux
Planification familiale: le PLC perd le vote sur sa propre motion

La descente aux enfers  -  ALAIN DUBUC
Rendez-vous manqué   -  Danny Lepage
Des élections, mais sur quoi?  -  VINCENT MARISSAL
Un peu de sagesse  -  ANDRÉ PRATTE

Réforme de l’assurance emploi  Les demandes libérales jugées « fantaisistes »
Quelques notes avant de décrocher  -  VINCENT MARISSAL
Attention, M. Ignatieff: terrains glissants !  -  VINCENT MARISSAL
Première erreur de M. Ignatieff -  ANDRÉ PRATTE
Allez plus loin, M. Ignatieff  -  Gilles Duceppe

Les chômeurs trouvent la position d'Ignatieff courageuse...
Harper dénonce la proposition « irréaliste » des libéraux
Un système à réformer -  Michael  Ignatieff
Voir aussi  Et que dire du chômage ?...
La hausse de l'appui au PLC stoppée par les taxes d’Ignatieff

Et pourtant, serait-il aussi capable d'apprendre de ces dernières ?...
Le PLC n’augmentera pas les impôts  -  Hugo de GrandPré


À propos, voir aussi... Et que dire du chômage ?...

En fait, Ignatieff aurait-il carrément tendance à manquer de jugement ?...
Manque de leadership  -  Heidi Rathjen

Un vote inquiétant - André Pratte

Et que lui reproche-t-on, au juste ?...
Ignatieff: qu'est-ce qui cloche?

Ignatieff faces taxing Tory line as blackmail threat hits Guergis
OTTAWA  La volonté de centralisation des libéraux décriée
Simple flirt ou amour durable?  -   LYSIANNE GAGNON
Harper dépeint Ignatieff comme un ardent centralisateur
Le Bloc prend Ignatieff pour cible

Et qu'a-t-il à répondre, d'ailleurs ?...
Ignatieff : « S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger »

Les libéraux seraient-ils sur le point de revenir à la vie ?
(Ou : les libéraux incarneraient-ils donc le changement ?...)
Michael Ignatieff sauvé des eaux?
Registre des armes à feu: Ignatieff met le feu aux poudres
Vote sur le registre des armes: les libéraux soumis à la ligne de parti
Libéraux et conservateurs toujours à égalité
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - Le PLC en remontée au Québec
Lucienne Robillard prêtera main-forte au PLC
Martin Cauchon: du temps pour la reconstruction du PLC
Un parti bien vivant
L’effet Ignatieff attire les Québécois au PLC, estime Jean-Marc Fournier
Les libéraux veulent provoquer des élections  -  Joël-Denis Bellavance
SONDAGE NANOS/ LA PRESSE  Les libéraux ont une imagemoins négative que les conservateurs
L’Alberta préfère Ignatieff à Harper pour défendre les sables bitumineux
Ignatieff augmente son avance
L’effet Ignatieff -  ALAIN DUBUC
La cote des conservateurs au plus bas au Québec

Le PLC souhaite limiter les cadeaux auxministres et hauts fonctionnaires

Un programme électoral dès juin - Michael Ignatieff rêve d’une « société du savoir »
Bilan de congrès -  VINCENT MARISSAL
Le PLC plus populaire que le Bloc
La récession, meilleure amie d’Ignatieff - VINCENT MARISSAL
Ignatieff appelle à la mobilisation - Élu par 97% 
Ignatieff n’a plus droit à l’erreur -  VINCENT MARISSAL
Les libéraux rêvent de reprendre le pouvoir
Beau temps pour rêver -  VINCENT MARISSAL
Les libéraux à la veille d’éponger leurs dettes

...ou peut-être pas encore ?...
(ou peut-être pas vraiment ?...)
D’abord, le déficit de crédibilité
Les rouges sont dans le rouge
Liberals poised for gains, but not government, in make-or-break battle

Liberal brand takes 10-year beating
Because every day is What’s Wrong With the Liberals Day
Michael Ignatieff faces daunting 'enthusiasm gap'
A new narrative in search of an author
'Grave doubts rising in Liberal land' as support hits new low
Des libéraux en quête d'appuis, des bloquistes bien en selle
Sondage: Ignatieff ne s'impose pas plus que Dion
Liberals are failing to fan the winds of change - Jeffrey Simpson
Sondage: Michael Ignatieff est le chef le moins populaire

Les libéraux tentent de faire oublier leur échec   -  Hugo de GrandPré
Planification familiale: le PLC perd le vote sur sa propre motion
Quelle solution de rechange? - André Pratte
For Liberals, there’s good polling news and bad
L'effet Ignatieff s'évapore
Sondage: Harper se maintient, Ignatieff perd des plumes
Bilan 2009: Harper en équilibre, Ignatieff en chute libre
Martin Cauchon: du temps pour la reconstruction du PLC
Propos de Janine Krieber: les libéraux tentent de limiter les dégâts
Stéphane Dion réaffirme son soutien à Michael Ignatieff

Les indiscrétions de Mme Dion
Épouse en colère - Lysiane Gagnon
Le déclin du Parti libéral du Canada
Ignatieff ou le désastre - Lysiane Gagnon
Les Canadiens ne voient pas Ignatieff en premier ministre
McKenna dit que les libéraux devront s'armer de patience
Michael Ignatieff perd deux autres conseillers
Ignatieff en panne  -  Denis Lessard
L'indécence  -  VINCENT MARISSAL
PLC: un quatrième chef en quatre ans?  -  VINCENT MARISSAL
La descente aux enfers  -  ALAIN DUBUC
Ignatieff à peine mieux que Dion  -  VINCENT MARISSAL
LE PLC PERD DES PLUMES AU QUÉBEC  -  Joël-Denis Bellavance

Un grand vide  -  ANDRÉ PRATTE
Le Parti libéral du Canada perd des appuis au Québec  -  Hugo de GrandPré
Un mois crucial pour Ignatieff  -  VINCENT MARISSAL
L’enjeu  -  ANDRÉ PRATTE
Des élections, mais sur quoi?  -  VINCENT MARISSAL
Le PC talonne le PLC  -  Martin Croteau
Michael Ignatieff en baisse dans les sondages La lune de miel est terminée
Les libéraux s’essoufflent

LeBloc reprend la tête au Québec
Essor des Libéraux - La peau de l’ours - Lysianne Gagnon
À part Denis Coderre? - ANDRÉ PRATTE
De l’espoir, mais aussi des défis pour le PLC
Ignatieff : un politicien caché dans l’intellectuel?
L’« iggymanie» , ou la  Nostalgie chronique - Lysianne Gagnon

Le parti Libéral pense-t-il vraiment pouvoir n'amadouer les Québécois qu'avec des bagatelles ?...
« Je suis du milieu, je comprends les enjeux »  -  Karim Benassaieh

En fait, le parti Libéral a-t-il jamais démontré qu'il avait su apprendre de ses erreurs ?...
Les commandites continuent de coûter cher aux contribuables  -  Joël-Denis Bellavance

Au tour d'Ignatieff de s'opposer à une enquête publique


Et surtout, sont-ils vraiment venus eux-mêmes à bout de leurs petites rivalités ?...
Who leads the Liberals?

Federal Liberals still squabbling in Quebec
Planification familiale: le PLC perd le vote sur sa propre motion
Denis Coderre veut diriger le Parti libéral
Marc Garneau remplace Denis Coderre  -  Malorie Beauchemin
Voir aussi D’abord communiquer avec le chef  -  Malorie Beauchemin et Un lieutenant au pouvoir allégé sera nommé  -  Hugo de GrandPré
Chronique d’une catastrophe annoncée  -  VINCENT MARISSAL
Coderre sous haute surveillance 

Un gâchis  -  ANDRÉ PRATTE
Mariage raté, divorce houleux  -  VINCENT MARISSAL
CODERRE CLAQUE LA PORTE -  Joël-Denis Bellavance  &  Hugo de GrandPré

Les «vedettes» de M. Coderre - LYSIANE GAGNON 
Processus de sélection des candidats au Parti libéral du Canada  / Deux jeunes militants dénoncent des relents de « duplessisme »  -  Hugo de GrandPré

La « coderrisation » du PLC-Québec  -  André Pratte
Coderre gagne, le PLC perd   -  VINCENT MARISSAL
Ignatieff bloque Cauchon  -  Joël-Denis Bellavance

Cauchon veut se présenter dans Outremont  -  Joël-Denis Bellavance
Un aspirant libéral sort du rang  -   Tristan Péloquin
Denis Coderre tente de rétablir l’ordre 
Des militants demandent à Ignatieff d’intervenir

Serions-nous donc en train d'assister à la fin du Parti Libéral du Canada ?...
The ‘strange death’ of Liberal Canada- Jeffrey Simpson 
Pauvres libéraux

Is this Michael Ignatieff’s Kim Campbell moment?

Quand la pâte ne lève pas
Liberals scramble to save own seats in election’s dying days


Les Conservateurs seraient-ils en chute libre, du moins au Québec ?

Aucun effort à faire
Harper embauche des Québécois
Layton est prêt à couler Harper  -  Joël-Denis Bellavance
Les lacunes des conservateurs émergent plus que leurs forces
Les conservateurs et Stephen Harper s’enfoncent encore davantage
Harper en récession, Iggy stagne  -  VINCENT MARISSAL


Harper contreviendrait-il à sa propre loi ?...

Le déclenchement du scrutin 2008 était-il légal ? -  Sue Bailey


Les Conservateurs essayeraient-ils de nous rouler ?...

La « grande passe de 2001 » -  VINCENT MARISSAL
Voir aussi... Allocations de transition pour... retraités -  VINCENT MARISSAL

Harper laisserait-il tomber ses propres ressortissants, et donc ses propres citoyens, du moment que ceux-ci se risquent à poser le pied à l'étranger ?...
Une «no-fly list» arbitraire ?
Canadian blasts embassy’s evacuation plan for tsunami-struck Japan
Les ressortissants canadiens ne sont toujours pas évacués

LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE MONTRÉE DUDOIGT
Emprisonnement prolongé au Soudan - Abdelrazik obtient le feu vert pour poursuivre Ottawa et Cannon
Please don’t abandon a Canadian in need
Peine de mort à l'étranger: Ottawa entretient la confusion
Abdelrazik launches constitutional challenge
Québécoise retenue en Arabie Saoudite: l'opposition réclame de l'action
Un homme soupçonné de terrorisme poursuit le gouvernement
The never-ending ordeal of Abousfian Abdelrazik
Pas de mesures spéciales pour les ressortissants canadiens
Abdelrazik est en prison virtuelle
Abousfian Abdelrazik lives in a prison without walls
Mexique: deux Canadiens libérés, mais le mystère reste entier
Canadiens à l'étranger: les libéraux dénoncent l'attitude d'Ottawa
Un rapport prône une révision de la liste d’interdiction de vol
Canadiens détenus au Mexique: au mauvais endroit au mauvais moment
La Cour fédérale déclare invalide un autre certificat de sécurité 
Julius Grey à la rescousse de l'imam Jaziri
L'immunité des tortionnaires - Yves Boisvert
Stephan Hashemi contre l'Iran... et le Canada
Prisonniers canadiens à l'étranger: Ottawa se garde un droit de regard «absolu»
Le prix de la liberté  -  AGNÈS GRUDA
Un millier de Canadiens dans les prisons étrangères  -  Joël-Denis Bellavance
Harper savait dès le 1er juillet, clame l’opposition  -  Agnès Gruda

Les prétentions d’Adil Charkaoui  -  Yves Boisvert
Charkaoui n’exclut pas de poursuivre Ottawa - Malorie Beauchemin
Adil Charkaoui est un homme libre  -  Laura-Julie Perrault
Que vaut notre citoyenneté?  -  DENIS ST-MARTIN
Une série noire  -  AGNÈS GRUDA
Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE
Une famille séparée par l’Immigration  -   Laura-Julie Perrault
IRAN Jack Layton presse Ottawa de faire libérer un journaliste
Abdelrazik réclame justice

Jeune Montréalais condamné à mort en Arabie Saoudite Les proches déçus par les efforts d’Ottawa
Ottawa sommé par la cour de rapatrier un Canadien
Des excuses réclamées pour trois Canadiens
Un Montréalais écrit au premier ministre Harper
Harper refuse de rapatrier unMontréalais retenu au Soudan

Ottawa ramènera Abdelrazik au pays 
Abousfian Abdelrazik rentre au bercail
Abousfian Abdelrazik veut blanchir son nom

Montréalais condamné à mort : Stockwell Day dit poursuivre les efforts
Preuve « insuffisante » contre Charkaoui  -  Laura-Julie Perrault


Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout simplement racistes ?...

Voir aussi Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir soutenir la torture ?...

Et le cas d'Omar Khadr ne fait-il pas ressortir, à lui seul, tout ce qu'il peut y avoir de plus pourri dans la "gestion" qu'en font les Conservateurs, ou plutôt dans le fait qu'ils ne semblent justement d'aucune façon un cas comme celui-là ?...

Omar Khadr
« UN PACTE AVEC LE DIABLE »
In the case of Khadr v. Harper, seeing is believing - Gerald Caplan
Honteuse et accablante mesquinerie
Will U.K. payouts set precedent for Khadr?
Le cas Khadr est différent, dit Ottawa
Roméo Dallaire rages against Canada
Le bouc émissaire
Omar Khadr - La capitulation
Un interrogateur avait fait planer la menace d'un viol à Omar Khadr
Le scandale canadien
Testimony on Khadr informed by psychologist with anti-Muslim views

L’aveu du désespoir
Did Omar Khadr perjure himself?

Omar Khadr pleads guilty to all terrorism charges
Omar Khadr - Triste histoire
La machine à rumeurs s’emballe
L’intenable position canadienne

On Omar Khadr, even Bushies are biting Obama
'No evidence' Khadr's confessions were obtained through torture: Judge
Procès d'Omar Khadr: honte au Canada!
Le procès Khadr suspendu pour au moins 30 jours
Khadr a admis être un terroriste, selon le procureur
Procès Khadr: la défense savoure une «petite victoire»
And then there were 7: The jury who will decide Omar Khadr’s fate

Procès Khadr: l'ONU condamne le tribunal militaire
Le procès Khadr commence avec le choix des jurys
Procès Khadr: les déclarations sous torture seront retenues
Omar Khadr: le procès dont personne ne veut
Le tribunal militaire d'exception s'apprête à juger Omar Khadr
En bref - Khadr: un crédit triple pour le temps passé en détention?
This Khadr is not welcome back - Globe Editorial

Le frère d'Omar Khadr, Abdullah, est libre
L'avocat d'Omar Khadr demande à la Cour suprême de mettre fin au procès
En bref - Omar Khadr accepte d'être défendu par Jon Jackson
In the matter of Omar Khadr, shame on us - Lawrence Martin
Khadr abandonné
Defiant Khadr denounces U.S. military commission
Affaire Khadr: Ottawa ira en appel de la décision de la Cour fédérale
Ottawa persiste, Khadr résiste
Omar Khadr fires U.S. lawyers in protest
Omar Khadr - Heure de tombée
A week to make amends with Omar Khadr
Omar Khadr’s defender sees ‘no way’ for fair trial
États-Unis: demande d'abandon des accusations contre Khadr
Obama prié par trois organisations d'abandonner le procès d'Omar Khadr
L’opposition juge « honteuse » la décision du gouvernement
Omar Khadr - L'effronterie
Les avocats d'Omar Khadr critiquent la décision d'Ottawa
Affaire Khadr: Nicholson réagit au jugement de la Cour suprême
Khadr restera aux mains des Américains
Ottawa ne demandera pas le rapatriement d'Omar Khadr
La Cour est sage. Et M. Harper ? - André Pratte
An unsatisfactory end to the Omar Khadr case
Omar Khadr - Assez d'indifférence!
Omar Khadr - La Cour suprême coupe la poire en deux
A chance to do the right thing

A moral victory
Khadr ruling sees top court clash with Tories

C'est le temps d'agir, monsieur Harper - Yves Boisvert
Omar Khadr: le gouvernement appelé à l'action

La Cour suprême n'ordonne pas le rapatriement d'Omar Khadr -
Khadr: un jugement critique
Obama n'arrive pas à fermer Guantánamo

Le gouvernement conservateur irait-il donc jusqu'à se moquer de nos militaires ?...

Anciens combattants: Ottawa délie les cordons de sa bourse

La bombe à retardement afghane
New Veterans Charter shortchanges our disabled soldiers
Anciens combattants: des citoyens de seconde classe?
Canada’s top soldier backs ombudsman’s campaign for veterans
Un ombudsman s'en va-t-en guerre
Le boomerang
L'ombudsman des vétérans part en guerre contre Ottawa
Anciens combattants: l'ombudsman vilipende le Ministère
Veterans advocate won’t go quietly


Harper irait-il jusqu'à laisser tomber les retraités ?...
Régimes de retraite: l'heure est à l'action, clame l'opposition
Quit heel-dragging on pensions, Jack Layton tells Tories
Les régimes de retraite laissés à eux-mêmes
Le PLC propose des façons de mieux protéger les retraités
Jim Flaherty tente d’amadouer les critiques  -  Joël-Denis Bellavance
Pension gelée ou en baisse pour des milliers de retraités québécois  -  Karim Benassaieh


Voir aussi Et si l'on revoyait quelque peu le traitement que l'on peut réserver à nos aînés, en commençant notamment par peut-être revoir un peu notre système de pension à cet effet ?...


Harper laisserait-il même tomber la santé de ses propres citoyens ?...
La morale contre la santé

Un billion de calories en moins aux États-Unis
Ottawa refuse de remplacer le réacteur nucléaire de Chalk River
Sur le marché sans l'approbation de Santé Canada
Site d'injection supervisée: Ottawa veut aller en Cour suprême
La lutte contre la drogue qui tue - Yves Boisvert
La surveillance des aliments déficiente au Canada

Going the wrong way on isotopes, reactors

Isotopes médicaux - Chalk River redémarre, mais les dégâts sont irréversibles
La production d'isotopes reprend à Chalk River

D'autres jours sombres à venir en médecine nucléaire au Canada
Isotopes médicaux: un retard serait extrêmement grave
 PUBLICITÉ FÉDÉRALE  La grippe avant les Jeux
Sel: Santé Canada fera confiance à l’industrie  -  Stéphanie Bérubé
Arrêt du réacteur de Chalk River: les coûts s'élèvent à 70 millions $
Fermeture de Chalk River L’opposition passe à l’attaque 
Isotopes: Ottawa ne ferme pas à la porte à un dédommagement
Isotopes : Ottawa est appelé à l’aide
CRISE DES ISOTOPES Une facture possible de 10 millions au Québec
Isotopes médicaux La pénurie s’accentue - Pascale Breton
La crise des isotopes est imminente -  Ariane Lacoursière
Fermeture du réacteur de Chalk RiverLa situation pourrait tourner à la catastrophe
« Un casse-tête inouï »
Une solution miracle? -  André Pratte
Mes amis sont-ils condamnés? Nos premiers ministres doivent agir en chef d’État et régler rapidement la crise des radio-isotopes
La pénurie touche les hôpitaux québécois -  Agnès Gruda
Réacteur nucléaire de Chalk River Ottawa fait pression sur les responsables

Voir aussi  Harper veut arrêter la production d’isotopes
Ne nous passez pas le sel  -  Ariane Krol
Et surtout, voir aussi
Les Conservateurs auraient-ils tout simplement tendance à ne rien faire ?...

... et ce même lorsque ceux-ci font face à une pandémie ?...
Ottawa promet l'arrivée de nouvelles doses

L'absence de plan d'urgence critiquée
Voir aussi Le vaccin offrirait-il surtout un témoignage ultime de l'incompétence de nos gouvernements ?...
Et voir aussi Vaccin trouble  et Grippe A (H1NI) La lenteur d’Ottawa critiquée

... Et si Harper se moque de la santé des Canadiens, alors que dire de celle des non-Canadiens ?...
Amiante : Les droits de la personne sont bafoués, selon un expert  -  FRANÇOIS CARDINAL
AMIANTE : CESSONS LE MENSONGE
L’opposition à l’amiante prend de l’ampleur  -  FRANÇOIS CARDINAL
Des pressions pour mettre fin à l’exportation  -  FRANÇOIS CARDINAL


... tout comme des Premières Nations ?...
Mohawks de Kahnawake - D'un autre temps

A (H1N1)  OTTAWA ENVOIE DES SACS À CADAVRES À DES RÉSERVES DU MANITOBA
Deux mauvais choix de Harper  -  LYSIANNE GAGNON
Harper en Arctique : Des pépins sur le chemin d’Harper  -  Murray Brewster
Bonne fête quand même, Canada  -  VINCENT MARISSAL
Voir aussi Grippe A (H1N1) :  Le Canada préoccupé par les autochtones
Et plus généralement, voir Premières Nations...

Et plutôt que pratiquer un prétendu fédéralisme d'ouverture, Harper n'aurait-il pas surtout réussi qu'à lancer une nouvelle ère de conflits entre Ottawa et les provinces ?...

Stephen Harper se moquerait-il donc totalement et ouvertement du Québec ?...

Angelo et les francos
Nomination controversée chez Harper - Le Québec? Bof...
Ottawa défend l'achat des F-35
En bref - Le PLC accuse Harper de négliger le Québec
Liberals accuse Stephen Harper of 'completely shunning' Quebec
Recensement: le Québec grand perdant
Gouverneur général: Ignatieff et Layton consultés, pas Duceppe
Financement des festivals : près de 12 millions inutilisés à Ottawa
L'appui du ministre Moore aux Canucks dérange des députés
Harper embauche des Québécois
Que reste-t-il du discours de Québec? - Vincent Marissal
Shawn Graham menace de poursuivre Ottawa
Québec veut des gestes concrets d’Ottawa  -  Tommy Chouinard

Voir aussi
Se pourrait-il que les Conservateurs ne se sentent aucunement concernés par la promotion du bilinguisme au Canada ?... Ou autrement dit, se pourrait-il que les Conservateurs ne voient pas vraiment la nécessité de réellement considérer le Québec en tant que peuple fondateur ?...

Et en fait, à force de ne réussir qu'à diviser toujours davantage le pays en tentant apparemment de faire en sorte que celui-ci ne soit plus qu'une réplique des États-Unis, et en s'évertuant même à imiter ces derniers dans leurs pires travers, les Conservateurs ne risquent-ils pas surtout de menacer notre pays d'éclatement pur et simple, dans la mesure où leur cirque ridicule ne pourra ultimement que réveiller et attiser l'attrait pour la souveraineté pour un peuple québécois chez lequel une telle option était jusque là considérée comme appartenant au passé ?
Lettres - Aux armes, citoyens!
Vers la séparation ?



Pourquoi Harper semble-t-il tant vouloir soutenir la torture ?...
La vérité toute nue

Détenus afghans - Sous la torture
Torture systématique à Kandahar

Ottawa a sommé Colvin de rendre ses documents
Canadian officials knew of Afghan torture claims: Documents
Vetting of Afghan detainee files left unfinished, panel says

4000 pages mais toujours pas de réponse, dit l’opposition

Détenus afghans: toujours pas de documents
Ottawa met la hache dans le comité spécial sur l'Afghanistan
Le Canada reconnaît avoir arrêté et transféré des mineurs en Afghanistan
Le gouvernement Harper dans l’embarras

LeCanada a fait ce qu’il fallait, dit MacKay
Les allégations de Richard Colvin se confirment, dit l'opposition
Le Canada a transféré 283 prisonniers afghans
Le SCRS utiliserait des renseignements obtenus grâce à la torture
En bref - Torture: un Afghan se vante
Détenus afghans - Le SCRS examinera sa participation aux interrogatoires
Publication de documents sur les détenus afghans - Ottawa nomme un «comité des sages»
Le SCRS pourrait avoir reçu des informations acquises par la torture
Scoring points with detainees
Outrage au Parlement: Peter Milliken donne le feu vert à l’opposition
Exit le dossier des détenus afghans?
The government seems to be inviting suspicion - Globe editorial
Détenus afghans - L'opposition peste contre l'obstruction d'Ottaw
Détenus afghans: le fédéral accusé de choisir les documents qu'il remet
Plus d'insurgés, plus de prisonniers, observe Peter MacKay
Torture: les détenus du Canada étaient épargnés

Le Canada transfère plus de détenus afghans que ses alliés
Afghanistan: Who are the heroes here?
De nouvelles allégations explosives
Preventing Afghan torture not our job, military policeman says
Détenus afghans: le gouverneur de Kandahar montré du doigt
Les risques de torture étaient connus, réitère Colvin
The case of the incurious investigator - Globe editorial

House of pain: Canada’s connection with Kandahar's ruthless palace guard
Public interest goes private - Globe editorial
Les journalistes doivent-ils être intégrés dans l'armée? - Michèle Ouimet
Détenus afghans: d'autres documents déposés
Prisonniers afghans: l'opposition doit se contenter de documents censurés
Torture des prisonniers et guerre en Afghanistan - Le temps de rendre des comptes
Détenus afghans: de nouvelles allégations inquiétantes, selon l'opposition
«Les Afghans torturent leurs femmes»
Détenus afghans - Ottawa jette de l'huile sur le feu
Opposition fumes as Tories release reams of redacted detainee files

Détenus afghans: Ottawa dépose des documents censurés

Mourir en secret : la question de la torture
Détenus afghans - L'opposition enclenche le processus d'outrage au Parlement
Détenus afghans: un comité pourrait dénouer la crise

Détenus afghans: le bras de fer s'intensifie
Détenus afghans: l'analyse des documents pourrait durer deux ans

Voir aussi
Et le cas d'Omar Khadr ne fait-il pas ressortir, à lui seul, tout ce qu'il peut y avoir de plus pourri dans la "gouvernance" des Conservateurs, ou plutôt dans leur absence de gouvernance, justement ?...

Détenus afghans - Ottawa défend le protocole de visite des prisons

All quiet on the Afghan-detainee front

Esquiver le Parlement
Un rapport américain confirme des cas de torture dans les prisons afghanes
Détenus afghans: Ottawa aurait été prévenu dès 2005
Détenus afghans: l'opposition exige une enquête publique
Documents sur les détenus afghans: un juge tranchera
Prisonniers afghans: Harper refuse de fournir des documents non censurés
Harper defiant in face of renewed detainee attacks
Détenus afghans: un député défie le gouvernement Harper
Comité sur l'Afghanistan - L'opposition aiguise ses armes
Détenus afghans: l'opposition réclame toujours les documents
Opposition presses ahead on detainees despite prorogation
Prisonnier afghan battu: l'armée canadienne exige une enquête
Les frais juridiques de Richard Colvin seront payés par Ottawa
Vers une abolition du comité des Communes sur la mission en Afghanistan?
Omar Khadr toujours en attente de son procès
Le Canada en Afghanistan
Le protocole critiqué

Torture: les Canadiens croient l'armée
La torture, un problème afghan

Torture: des audiences sans les députés conservateurs
Des cas d'Afghans agressés par des Canadiens?
La torture, spirale de violence
Un Algérien expulsé par le Canada aurait été interrogé sous la contrainte
McChrystal prône la tolérance zéro face à la torture  -  Hugo de GrandPré
Détenus torturés: Colvin réplique
Les conservateurs boudent le comité sur l'Afghanistan
Torture: les conservateurs boycottent le comité parlementaire
McKay réfute le rapport sur le gouverneur afghan
Soutenu par Ottawa, aujourd'hui accusé de torture
Détenus torturés: le gouvernement fait la sourde oreille
Démocratie ou barbarie -  Michel Lebel
Insultes, cynisme et satisfaction - Vincent Marissal
Torture des détenus: Harper ment selon l'opposition
Harper torture la vérité - Vincent Marissal
Un détenu transféré par le Canada a été torturé
Tous les partis de l'opposition demandent la démission de MacKay
Prisonniers afghans: le NPD réclame la tête de MacKay
L'immunité des tortionnaires - Yves Boisvert
Prisonniers afghans: les perceptions au détriment de la protection
Le ministre MacKay accusé de cacher la vérité
Canadiens torturés: les efforts de médiation avec Ottawa échouent
L'Afghanistan aurait refusé le transfert de prisonniers
Torture: l'opposition mise sur d'autres dénonciateurs
Détenus torturés: l'alerte a bel et bien été lancée dès 2006

Stephan Hashemi contre l'Iran... et le Canada
Obama, allié de Stephen W. Harper - Vincent Marissal
Des documents censurés déposés au comité

Risques de torture: la Croix-Rouge avait prévenu Ottawa
Prisonniers afghans: Harper dit non à une enquête publique

L'opposition en faveur d'une enquête sur le sort des détenus afghans
Détenus afghans: les libéraux se défendent d'avoir critiqué les militaires
Torture: l'opposition réclame les documents
Détenus torturés: Ottawa était préoccupé dès 2006
Torture en Afghanistan: le Canada savait dès 2006
Faute d'immunité, Colvin ne déposera pas ses rapports au comité
Prisonniers afghans: l'opposition veut voir les documents
Ottawa a suspendu trois fois les transferts de prisonniers

Hillier conteste la version de Colvin
La torture existe, M. Harper - Michèle Ouimet
Prisonniers: les partis se renvoient la balle
TORTURE DES PRISONNIERS  Une agence afghane dresse un sombre portrait
Le pire Harper - André Pratte
Torture: de nouveaux rapports mis de l'avant par l'opposition
Détenus torturés: l'opposition réclame une enquête publique
« LES DÉTENUS ONT ÉTÉ TORTURÉS »  -  Malorie Beauchemin
Le courage d'un jeune diplomate  -  MICHÈLE OUIMET
Omar Khadr sera jugé en sol américain
Omar Khadr serait-il finalement non-coupable ?...
Afghans torturés: l'opposition talonne le gouvernement
Pas besoin de devenir un monstre  -  PATRICK LAGACÉ
Omar Khadr : La Cour suprême tranchera  -  Malorie Beauchemin
Journée cruciale pour Omar Khadr  -  AGNÈS GRUDA
J’ai honte  -  ALAIN DUBUC
Réactions à la décision d’Ottawa  -  Hugo de GrandPré
Un jeune détenu de Guantánamo renvoyé en Afghanistan
Omar Khadr : Le gouvernement portera la cause en Cour suprême
LE GOUVERNEMENT HARPER  ENCORE GIFLÉ    -  Louise Leduc
Un jugement crucial  -  AGNÈS GRUDA
Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE
L’ombre de George W. Bush -  Alain Dubuc
Les repères perdus - ANDRÉ PRATTE
Les services secrets canadiens blâmés dans l’affaire Khadr
Au diable Khadr... et la Charte- VINCENT MARISSAL CHRONIQUE
OMAR KHADR - Ottawa porte en appel la décision de la Cour fédérale
Le barbarisme de Stephen Harper - Stéphane Giroux, Montréal
La Cour fédérale ordonne à Ottawa de rapatrier Omar Khadr
GUANTÁNAMO  Omar Khadr veut se séparer de ses avocats militaires

Torture : de nouvelles règles... qui ne semblent pas changer grand chose...
La cour diplomate  -  André Pratte

Voir aussi Comment dénoncer la torture tout en l'excusant chez soi...

Devant les accusations, le gouvernement Harper ne saurait-il donc faire autre chose que de tirer sur le messager ?...

Torture: Peter MacKay réfute les propos d'un interprète


Et comment s'obstiner à ne rien dévoiler sans ne faire ainsi  que prouver d'autant plus qu'on a justement quelque chose à cacher ?...

Parliament must be trusted with state secrets

Accès à l'information: le PCC obtient la note «F»
La culture du secret - Lysiane Gagnon
Canada’s access axis
So much for promises of open government
Brouillard persistant
The Guergis and Afghan message: Loose lips still sink ships - Jeffrey Simpson
Transparence à Ottawa - L'idéal perdu
Détenus afghans - Faire la lumière
La culture du secret
Guergis: les rumeurs n'arrêteront pas tant que les allégations seront secrètes
Les allégations s'accumulent au sujet d'Helena Guergis


Le Canada aurait-il donc tout simplement mis de côté sa tradition de respect envers les droits de la personne, dans son empressement à suivre Washington et sa lutte au terrorisme ?...

(Les Conservateurs se moqueraient-ils des droits de la personne ?...)
Révélations gênantes pour l’ancien patron du SCRS

Les fuites de WikiLeaks - Espionnage de diplomates à Ottawa: Cannon n'est pas inquiet
« Le Canada a perdu sa vision »  -  AGNÈS GRUDA

Et comment pouvons-nous faire la morale aux autre pays si on ne commence pas d'abord par s'occuper des problèmes que l'on crée nous même à travers le monde ?...
Harper parle de droits humains à Shanghai

Le marathon chinois de Stephen Harper
Mauvais timing pour le voyage de Harper en Chine

Voir aussi Les Conservateurs feraient-ils pâlir notre image ?

Les Conservateurs seraient-ils prêts à soutenir les régimes les moins recommandables, dans le seul but de s'enrichir ?...
Harper dit oui aux demandes de censure chinoise
Nucléaire: Ottawa incité à la prudence
Harper complète son séjour en Inde


Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper n'éprouve pas trop de scrupules à soutenir des dictatures, après tout ?...

Gel des avoirs par Ottawa - Deux poids, deux mesures pour Ben Ali et Kadhafi?

Les Conservateurs s'accrocheraient-ils encore à la logique de la Guerre Froide ?...
DES DÉPENSES INUTILES?
UNE CAUSE NATIONALISTE PARFAITE

Canada, take note: Here’s how to resolve maritime disputes
Souveraineté dans l'Arctique: évitons la guerre froide
Ignatieff: «Harper joue à la guerre froide»
It’s time to resolve our Arctic differences
Arctique: Cannon accuse les Russes de «jouer des jeux politiques»
Cannon critique un plan russe au Pôle Nord
Arctique: une autre épreuve de force entre le Canada et la Russie
With Colombian free-trade deal, Ottawa pushes the 'right side' of Latin America
Stephen Harper critique le régime de Pyongyang
Pas de guerre diplomatique avec la Russie, mais...
Une expulsion qui ravive les tensions
Cuba: une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL

Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper soit en train de faire perdre au Canada toute la crédibilité que ce pays a pu susciter à l'échelle internationale ?
Now that Canada's Tory blue, Stephen Harper's rekindling old alliances

The Harper Doctrine: Conservative foreign policy in black and white

Et se pourrait-il que les maladresses de Harper doive coûter au Canada ce qui ne peut que devenir une de ses plus importante relation commerciale, soit celle avec la Chine ?...
Êtes-vous fier de votre PM? - Alain Dubuc

Harper critiqué: il a récolté ce qu'il a semé, dit Bob Rae
Petite révolution touristique
Harper rabroué en Chine

Harper essuie les critiques de dirigeants chinois
Chine: Harper dit que les droits humains restent une inquiétude
Mauvais timing pour le voyage de Harper en Chine
Harper doit «payer les pots cassés»

L'«espion» qui vit dans une église
Harper et Ignatieff en route vers la Chine

Les Conservateurs pensent-ils vraiment faire avancer quoi que ce soit en ne faisant que bouder les autres nations ?...

Ottawa a refusé de rencontrer des dignitaires nord-coréens

Commonwealth: le Canada n'appuie pas la candidature du Sri Lanka

Les Conservateurs s'accrocheraient-ils à des modèles dépassés ?... (Ou autrement dit : ce pourrait-il donc que le gouvernement conservateur manque cruellement de vision ?... ou encore : les Conservateurs se seraient-ils tout simplement campés du mauvais côté de l'histoire ?...)
Merkel leads pro-bank-tax forces against Harper
Duceppe: «Le Canada ne mérite pas un siège au Conseil de sécurité»
Bottom line: Canadian banks should pay their fair share
Ottawa s'opposera à une taxe mondiale sur les banques
Taxe mondiale sur les banques - Le Canada encore plus isolé
Harper mettra l'accent sur l'environnement à Davos
Le G8 passe avant le G20
Le « club des riches » a-t-il fait son temps ?  -  Marc Thibodeau
Stephen Harper brandit l’étendard du libre-échange

En fait, ce pourrait-il que les Conservateurs ne comprennent rien à la diplomatie ?...
Lettres - Mise à l'écart du Canada
The visa for visiting Mexicans has run its course - Globe Editorial
Visas: le Mexique devra être patient
Calderón déplore le visa exigé aux Mexicains
Visa obligatoire: deux fois moins de touristes mexicains au Canada
Un ancien PM haïtien dans les limbes juridiques canadiens
Canada-Mexique: la querelle des visas a assez duré, dit le Bloc
Une ancienne ministre refoulée au Mexique
Ottawa songerait à imposer un visa aux Slovaques
Conservatives follow recipe for foreign-policy decay
While Mexicans fume, Canada's reputation and revenues take a hit - Jeffrey Simpson
L'UE menace de réintroduire des visas pour les diplomates canadiens
Jean Chrétien déplore le recul du Canada
Le beigne et le fantasme  -  André Pratte
Ottawa veut désamorcer le protectionnisme américain
Le Canada persiste et signe  -  Agnès Gruda
Visas aux Mexicains : Une pression inutile  -  Michael Rathier
Une décision irréfléchie  -  Raymond Tousignant
Le Mexique impose des visas aux officiels et aux diplomates canadiens
Des visas pour les Canadiens dans toute l’Europe ?
Obligation d’obtenir un visa pour entrer au pays  Tchèques et Mexicains sont ulcérés

Les Conservateurs démontrerait-ils une attitude de fermeture par rapport à pratiquement tout le reste de la planète ?...

La politique de la porte fermée
Réforme sur les réfugiés: l'ONU met le Canada en garde
Un rapport prône une révision de la liste d’interdiction de vol

Voir aussi Les Conservateurs seraient-ils tout simplement racistes ?...

Les Conservateurs pousseraient-ils leur effronterie jusqu'à afficher béatement un soutient inconditionnel et unilatéral envers Israël ?...

Et d'ailleurs, à force de n'offrir au monde d'autre impression que celle d'un pays qui ne cherche qu'à se replier sur lui-même, les
Conservateurs ne sont-il pas en train de ne réussi qu'à pratiquement isoler le Canada du reste du monde ?...
Summit musical chairs: Canada's seat is at risk
Harper's bank-tax victory has left some scars

Le gouvernement conservateur se moquerait-il donc tout simplement d'à peu près tout ce qui peut se passer sur la planète, ou plus précisément de tout ce qui peut se passer en dehors de nos frontières ?...

The dismantling of Canadian democracy promotion, brick by brick

La politique étrangère du gouvernement Harper ne se résume-t-elle donc qu'à aller chez les autres pour se vanter ?... Et qui plus est, de quoi au juste les Conservateurs peuvent-ils bien se vanter, si ce n'est d'avoir offert une performance médiocre là ou celle des autres s'est tout simplement avérée catastrophique ?...

Why Canada shouldn’t strut on the global stage

L'économie canadienne vantée sur trois continents

Voir aussi Harper n'est-il donc capable de se trouver lui-même d'autre mérite que celui d'être supposément moins pire qu'un autre ?...

La super campagne des Conservateurs pour un siège au Conseil de sécurité de l'ONU n'aura-t-elle donc servi qu'à illustrer un désaveu pur et simple de la politique étrangère du Canada, et ce, de la part de rien de moins que la planète en entier ?...

Conservative voters: rock-solid by reflex

Canada said things, but just wasn’t there
The Economist on Canada’s UN rejection

Un siège au Tim Horton
Les faiblesses d'un plan de match
Défaite du Canada à l'ONU - Confusion autour de l'appui américain
Le Canada a été abandonné, croit un expert
Esprit de Lester B., es-tu là?

Quand on sème du chiendent

Humiliation diplomatique

Canada-ONU - La honte !
HUMILIANTE DÉFAITE

« C’est un recul important », dit un ancien ambassadeur

La gifle

Le Canada reçoit une gifle à l'ONU
Canada must rebuild its diplomatic resources
Le déclin du Canada
Conseil de sécurité: le Canada jette l’éponge
Canada abandons UN bid in embarrassing turn for Harper

Canada quits race for UN Security Council seat
Chérie, j’ai réduit le pays…

Une campagne tous azimuts

Le Devoir aux Nations unies - Conseil de sécurité: le Canada a fait le plein d'alliés
Why Canada shouldn’t strut on the global stage

Se pourrait-il donc qu'il n'y ait pas seulement à l'économie que les Conservateurs appliquent la "logique" du laisser-faire économique ?...
Stephen Harper's worrying drift

Ce gouvernement prendrait-il plaisir à s'empêcher lui-même de gouverner ?...

Un autre Canada
Gouvernement Harper - Sous haute surveillance
Le Parlement de la stagnation
Une année perdue à Ottawa
Projets de loi sur la justice - Les conservateurs ont boudé l'aide des libéraux

Se pourrait-il donc que les Conservateurs n'aient tout simplement pas compris qu'il faut quand même savoir démontrer un peu plus qu'une capacité à "laisser faire" afin de favoriser la croissance économique ?...
Canada in danger of missing the boat in the Arctic - Globe editorial


Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne sachent tout simplement pas gérer l'économie ?...

Le déficit éliminé, la dette aura bondi de 40% 
Ottawa's GST cut a mistake
Le contribuable, vache à lait d'Ottawa
L’économie à la sauce électorale
It could be worse, Stephen Harper could really be an economist - Gerald Caplan
If Stephen Harper’s an economist, I’m the Queen of Sheba

Ottawa should just show spending restraint

Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne se soient tout simplement pas montrés assez responsables pour mériter qu'on leur confie la gestion du budget fédéral ?...

Manque de prudence
The feds are spending billions without looking at the bill

Les Conservateurs seraient-ils encore dans la logique du laisser-faire économique, même en pleine récession ?... Ou autrement dit, les Conservateurs entretiendraient-ils, vis-à-vis de l'économie, la même négligence qui a justement mené à la récession, et qui pourtant avait jadis causé la Grande Dépression ?...
L’énoncé maudit de Jim Flaherty
La crainte des banques - Le déni de Flaherty
Pas de second plan de relance de la part d'Ottawa, dit Flaherty
Dispute concernant les projets d’infrastructures
Industrie Canada reste passif devant la possibilité d'une récupération canadienne de Nortel
Visas aux Mexicains : Une pression inutile  -  Michael Rathier
Financement fédéral des infrastructures provinciales  Ottawa tarde à payer, accuse le NPD
Forêt : Ottawa se tire dans le pied
Hubert Lacroix s’en prend à l’« inaction » des gouvernements
Les associations de consommateurs restent sur leur faim

Le jovialisme économique des Conservateurs ne serait-il pas en bout de ligne que de la pure irresponsabilité ?...

Un déficit temporaire, dit Harper

Mais surtout, le gouvernement Harper ne se moque-t-il pas tout simplement de nous lorsqu'il prétend pouvoir retrouver l'équilibre budgétaire sans même se donner la peine de donner une raison de croire que cela pourrait en fait être réalisé ?...
Hope keeps Flaherty's balanced budget afloat
Spending now, restraint later – after the next election - Jeffrey Simpson
Peut-on croire Jim Flaherty? - Alain Dubuc
Crédible... sur papier - Claude Picher

Budget fédéral - Pourvu qu'il fasse beau !

Flaherty is cracking the whip but can he really tame the deficit?
La crédibilité de Jim Flaherty - Claude Picher
Lunettes roses à Ottawa - Alain Dubuc
Christian Paradis: «il va falloir rétablir l'équilibre budgétaire»
La croissance économique n'effacera pas le déficit fédéral
La foire aux illusions  -  CLAUDE PICHER
Où est le plan de M. Flaherty?  -  ALAIN DUBUC

Et peut-on vraiment penser rétablir l'équilibre budgétaire en n'ayant recours qu'à des coupes, en partant ?...
Can Ottawa tame its deficit beast?

Et pourtant, le Canada n'a-t-il pas déjà été un leader mondial en matière de lutte au déficit ?...
British politicians hang hopes on comparisons to Canada


Les Conservateurs ne commenceraient-ils pas un peu trop tard à se soucier de l'économie ?... Et surtout, les "mesures" qu'ils proposent à cet effet ne seraient-ils encore que des écrans de fumée destinés à mieux camoufler leur inaction, comme cela semble d'ailleurs être le cas pour à peu près tous les autres dossiers ?...

Le talon d'Achille de M. Harper - Alain Dubuc

Le gouvernement s'attaque à la situation alarmante de l'emploi

La "gestion" que les Conservateurs "font" de l'économie ne se réduirait-elle qu'à suivre à la lettre leur petit crédo idéologique ?...

Five years later, Harper has made Canada more conservative

Taxing the über-rich would reduce the deficit and social resentment

Se pourrait-il donc que ce gouvernement ne gouverne en fonction de nul autre objectif que ses propres intérêts électoraux ?...

This was not a conservative budget - Globe editorial

UN BUDGET INUSITÉ

La sharka du prunier

Programme électoral

This is not a conservative budget

Les Conservateurs ne légifèreraient-ils donc qu'en fonction de considérations bassement éléctoralistes ?

La loi comme un drapeau


"L'agenda" conservateur ne serait-il donc qu'une liste de caprices partisans ?

Canada’s big problems need more than small thinking


Se pourrait-il que le gouvernement Harper ne se préoccupe que de ce qui peut lui-même l'avantager à court terme, et même lorsque ce n'est rien de moins que l'avenir économique du  pays qui est pourtant en jeu ?...
Discours du Trône: «de la regurgitation», dit Ignatieff

Tout ça pour ça?
Balanced budgets are lifesavers in turbulent times - Jeffrey Simpson
Le déficit structurel du Canada inquiète 

Les Conservateurs iraient-ils même jusqu'à renier le jeu de la concurrence et du libre-marché, dont ils sont pourtant les premiers à se prêcher les mérites ?...

Why this aversion to tendering contracts?

Un milliard de plus en contrats sans appel d’offres
Un jeu dangereux
Potash investment: friends with net benefit - Globe Editorial

Economic chauvinism in 2010? Barking mad!
La vente de PotashCorp bloquée

Se pourrait-il donc que le gouvernement Harper n'éprouve en fait aucun scrupule à gaspiller les impôts des Canadiens ?....

Retombées économiques du F-35 - Le Pentagone est moins optimiste que le gouvernement Harper
F-35: les conservateurs ont négligé la concurrence

Le gouvernement Harper se moquerait-il tout simplement de l'économie canadienne, surtout du moment qu'il peut faire lui-même des économies ?...

Des épinglettes de la mauvaise couleur
Un symbole canadien made in China

Les politiques économiques des Conservateurs n'auraient-elles donc pour effet que de profiter aux plus riches, et donc d'accroître l'inégalité, en bout de ligne ?...

Turning elitist proposals into populist ones

Harper, champion de la classe moyenne?
Tories’ income splitting another nail in tax coffin - Jeffrey Simpson

Le temps d’y penser


Harper irait-il jusqu'à se moquer des citoyens lessivés par des fraudeurs qui savent que rien ne sera jamais fait pour les arrêter ?...
Fraude : Le bon tournevis?  -  ARIANE KROL

Les Conservateurs auraient-ils tout simplement tendance à ne rien faire ?...

Inévitables, les élections?

G8/G20: un ordre du jour vide, dit Ignatieff
Le train manqué  -   François Rebello
Voir aussi Harper laisserait-il même tomber la santé des Canadiens ?...

Se pourrait-il donc que ce gouvernement n'aie tout simplement pas plus d'agenda que de vision ? (... Si ce n'est en fait un agenda secret pour une vision de division ?... )
In search of lost Conservative substance

Northern tour symbolic, but not much more

Le gouvernement conservateur ferait-il donc le contraire de ce qu'il prêche, et notamment au niveau de l'économie ?

Stephen Harper’s Conservatives to pony up $190,000 for doughnuts




Harper n'est-il donc capable de se trouver lui-même d'autre mérite que celui d'être supposément moins pire qu'un autre ?...

For Harper, no news is good news for his legacy

Se pourrait-il donc que ce gouvernement n'ait d'autre agenda que l'aveuglement idéologique pure et simple ?...

Pardon: le taux de récidive ne justifie pas les restrictions
Harper contre la machine
Politique canadienne - Obsessions conservatrices
The Tories are running on empty, so don’t expect much progress

Stephen Harper se servirait-il donc de la lutte au déficit comme prétexte pour donner libre cours au mépris qu'il semble systématiquement témoigner envers toute forme de mission sociale du gouvernement ?

Coupes conservatrices - Ce qui dérange
Ressources humaines - Ottawa coupe en catimini

Quelles sont donc les priorités de ce gouvernement ?...

Fund pathways to education, not to prison

Le sens des priorités du gouvernement Harper

Dépenses fédérales - Ottawa donne aux prisons et coupe en environnement

Et surtout, voir aussi...
Les Conservateurs se moqueraient-ils touts simplement de l'environnement ?
Les Conservateurs ne seraient-ils pas surtout en train de nous isoler, en s'obstinant à ne tenir qu'à bloquer tout avancement dans ce dossier ?...
et
Les "politiques" des Conservateurs ne seraient-elles en fait que des "écrans de fumée" n'ayant d'autre but que de dissimuler leur propre inaction ?...

Le gouvernement conservateur ne saurait-il donc faire autre chose que de conserver le pouvoir ?...

Cinq ans de pouvoir minoritaire - Le survivant

En fait, à travers la "gestion" qu'ils font de l'environnement, et surtout à travers l'absence de cette dernière, les Conservateurs ne sont-il pas en train de dépouiller le Canada de sa propre souveraineté ?...

Espace aérien - Les béni-oui-oui
Le Tea Party par la bande
Ottawa assujetti à Washington
Le marché du carbone va attendre
Le 51e État
Émissions de GES - Une politique made in USA

La vraie sottise - Alain Dubuc

Et en fait, le Canada prendrait-il donc plaisir à se défaire lui-même de sa souveraineté, du moins depuis qu'il se trouve sous la gouverne des Conservateurs ?...

The United States of Canada
Monarchie britannique et gouvernement Harper - La refonte des bases symboliques du Canada
Les lubies de Monsieur Harper
Trading away from the USA (again)
Here’s a royal suggestion - JEFFREY SIMPSON
Lettres - Notre patrie, le Canada
Lettres - Quand le Canada s'émancipera-t-il de l'Angleterre?
Marine et aviation royales - Rétrograde Harper
Un pays colonisé

Le colonial
Portrait de la reine - Leçon politique
Affaires étrangères et Défense - Une alliance poussée à l'extrême

et par ailleurs...

Les Conservateurs bloqueraient-ils en fait le progrès non seulement pour le dossier de l'environnement, mais en fait pour pratiquement tous les dossiers d'importance ?... Ou autrement dit, pour les Conservateurs, être "conservateur" ne veut-il pas surtout dire être "contre le progrès" ?...
Le billet vert en chute libre


Les Conservateurs nous enfonceraient-ils dans une guerre aussi absurde que sans issue ?...

Afghanistan–Canada, même fouillis? Un succès remarquable ?

Les Conservateurs ont-ils une quelquonque crédibilité lorsque vient le moment de critiquer les autres ?...
Promesses non tenues en matière d’aide au développement  Harper sermonne les autres pays du G8

Harper aurait-il par ailleurs une petite tendance à vouloir jouer au dictateur ?...


Et son gouvernement aurait-il même une tendance à se prendre pour Big Brother ?...

Deux programmes préoccupent la commissaire à la vie privée


Les Conservateurs auraient-ils aussi une petite tendance à se mêler de ce qui ne les regarde pas ?...
Les droits des femmes doivent primer, dit Verner  -  Tommy Chouinard

Les Conservateurs savent-ils seulement ce qu'ils font ?
Le Wapikoni mobile, fleuron du Canada !
Composition de l'Assemblée constituante - Ottawa interdit le vote de Tunisiens sur son territoire
Cinéma - Ottawa porte un coup aux jeunes créateurs autochtones
Vic Toews, un vrai dur
MacKay défend le travail de l’armée

L’honorable et les terroristes
F-35: la note risque d'être trop salée
Le Canada tourne le dos aux Roms
Stephen Harper does the UN - but shouldn't - Gerard Caplan
Des députés s'étonnent que Harper dise ne pas suivre l'actualité
OTTAWA  La nomination de Pharès Pierre de nouveau contestée
Le ministère de l’Immigration savait  -  Hugo de GrandPré
Ministre congédiée après une subvention... à la fierté gaie !...
Ottawa bloquera les réfugiés haïtiens qui transitent par les É.-U.
Une impression d’arbitraire  -  Marc Cassivi

Le fédéral refuse de financer Divers/Cité
Un organisme voué à l’éducation pourrait disparaître

Les Conservateurs se rendaient-ils maintenant coupables de mesures discriminatoires ?...
Dans un pays près de chez vous
«C'est mieux de refuser des gens que d'avoir de la difficulté à en attirer»
De plus en plus d’exclus des rassemblements conservateurs

Le gouvernement conservateur serait-il tout simplement inhumain ?...

Jail is no place for the mentally ill


Les Conservateurs chercheraient-ils donc à faire d'eux-mêmes des champions de l'intolérance ?...

When guilt by association wasn’t the Canadian way

Les Conservateurs seraient-ils nos Républicains ?
La réforme est inéquitable, dit l’opposition - HUGO DE GRANDPRÉ

Harper à l'écoute de la droite religieuse
Le gouvernement Harper - Inspiré par George W. Bush - Bernard Descôteaux
Droits des gais retirés d'un guide: Kenney nie tout
Triste sort réservé aux gais
Les droits des gais retirés d'un guide remis aux immigrants

La lutte contre la drogue qui tue - Yves Boisvert
Prêts et loi islamique: Ottawa mis dans l'embarras
Harper savait dès le 1er juillet, clame l’opposition  -  Agnès Gruda
Punition plutôt que réinsertion  -  Mathieu Perrault
Ministre congédiée après une subvention... à la fierté gaie !...
Une impression d’arbitraire  -  Marc Cassivi
Le nombre de crimes et leur gravité en baisse
Un double discours - Le gouvernement Harper veut renforcer la sécurité publique, mais cherche à abolir une partie du registre des armes à feu
Pot - Un projet de loi sur le inquiète l’opposition

Les Conservateurs seraient-ils d'ailleurs à la botte des extrémistes religieux ?...
Hidden in plain sight: the evangelical factor

Promoting pluralism abroad must be a foreign policy pillar

Des fous de Dieu chez les conservateurs
Conservateurs et Opus Dei à la même table
Opus Dei: Ottawa se fait rassurant
The real cultural warrior arrives on the battlefield

Voir aussi Le gouvernement Harper menacerait-il le droit des femmes à l'avortement ?...

Les Conservateurs seraient-ils tout simplement racistes ?...
Les conservateurs veulent éliminer la discrimination positive dans l'embauche
La politique de la porte fermée
Réforme sur les réfugiés: l'ONU met le Canada en garde
Un rapport prône une révision de la liste d’interdiction de vol
Ottawa bloquera les réfugiés haïtiens qui transitent par les É.-U.

Voir aussi Les Conservateurs démontrerait-ils une attitude de fermeture par rapport à pratiquement tout le reste de la planète ?...

Les Conservateurs ne gouverneraient-ils donc que par la peur, même non fondée ?...

M. Harper, il est moche, votre Canada

Harper government misguided in its tough-on-crime approach
La justice après C- 10
La soif de vengeance
There is no crime epidemic - Jeffrey Simpson
Ottawa's new war on crime, waste and other bad things – like facts
Scary are the Tory measures to combat crime - JEFFREY SIMPSON

The ideology and the reality of law and order
JUSTICE À L’AVEUGLE

En retard d’une révolution
The Conservatives’ crime obsession is not magnificent - Globe Editorial
Même dureté, mêmes critiques
Putting politics before public safety
Ottawa’s drug problem: The penalty doesn’t fit the crime
Lutte contre le crime - Anachronique Harper
Pardon: le taux de récidive ne justifie pas les restrictions
Tories judge evidence of falling rates inadmissible - Jeffrey Simpson
Moins de crimes, mais plus de prisons
Nouvelle baisse de la criminalité
Le populisme sécuritaire
What are Canadians really afraid of when it comes to crime?
Tories twist crime stats to build more prisons
Playing the politics of slogans and fear - Jeffrey Simpson
Y a- t- il plus de crimes?


Essentielle, la répression

Lettres - C-10 et les chiffres sur la criminalité

Les Conservateurs seraient-ils en train de nous refiler en douce l'imposition d'un système pénal punitif à l'américaine ?...
Projet de loi C-10 - Des normes internationales de protection de l'enfance
Harper machiavélique
Canada’s youth crime plans bewilder international observers
Ontario PCs conjure images of chain gangs
Canada warned not to follow U.S. tough-on-crime ‘mistakes’
Puritanism could be a winner
Sécurité publique: un enjeu électoral?
Stockwell Day's prisonyard of dreams
Stockwell Day cites 'alarming’ rise in unreported crime to justify new prisons
A second chance or a boot in the face
La face cachée du casier judiciaire
With ex-cons, forgiveness should not be by rote
Plants de marijuana: le PCC ressuscite son projet de loi
Les conservateurs veulent faire annuler la «dernière chance»
Making things worse for young offenders
Le respect de la loi
Jeunes contrevenants: Ottawa présente une réforme adoucie
Jeunes contrevenants: Ottawa promet une loi avec plus de mordant
Random breath tests would be too intrusive
La méprise du sénateur Boisvenu - Que gagneront les victimes à la prison que l'on propose ?
Le modèle québécois est menacé, estime le Bloc
Jeunes contrevenants: Harper récidive
Le contrat du «chien de garde» de la GRC n'est pas renouvelé
Code criminel: Duceppe prend le cas Lafleur en exemple
Punition plutôt que réinsertion  -  Mathieu Perrault

Et d'ailleurs, n'est-ce pas surtout nous-mêmes qui semblons devoir en payer le prix ?...

Lawyers group balks at Harper’s get-tough-on-crime agenda
Crime laws and our deteriorating prisons - Globe Editorial
Let’s build opportunity, not prisons
When jails become a jobs program
Harper Tories split with friends abroad on crime policy - Globe editorial
Prisons fédérales 35% plus de prisonniers d'ici trois ans
Condamnés à payer - Ariane Krol
The prison spending boom - Globe editorial

Les Conservateurs seraient-ils donc en train de donner à la violence tous les moyens d'être perpétrée?...
Harper et l’émeute de Montréal-Nord

Libre opinion - Le registre des armes à feu, un gage de sécurité
M. Layton, comportez-vous en homme d'État!
Moins de crimes violents
Tout se peut
Les policiers canadiens veulent garder les armes d'épaule dans le registre
Jack Layton interpellé par un survivant de Dawson
À la défense du registre des armes à feu
Cri du coeur pour le registre des armes à feu
Triste et fâchée - Marie-Claude Lortie
Polytechnique, 20 ans après: «Quatorze fins du monde» ?...
La chasse au registre des armes à feu est ouverte
Anniversaire du 6 décembre: le ton monte aux Communes
Registre des armes à feu: la bataille se prolonge
Manque de leadership  -  Heidi Rathjen
Un vote inquiétant - André Pratte
Registre des armes à feu: le projet de loi fait son chemin
Registre des armes à feu : les Conservateurs sortent l'artillerie lourde

Voir aussi Violence

Et si ce cher registre ne s'avérait peut-être pas si indispensable ?...
MAUVAISE CIBLE

This registry doesn’t register - Globe Editorial
Getting beyond emotion on long-gun registry
Your Views: In defence of the gun registry

Gun control: Crime and the registry

Un registre inutile

Et si ce débat était tout simplement mal posé ?...
Gun-list debate way off target


Le Parti conservateur serait-il donc devenu le parti de la régression ?...

Policy-pinched Liberals eye home-care plan

Les Conservateurs savent-ils remonter leur image autrement qu'en attaquant celle des autres ?...
What if Stephen Harper’s previous views were used against him? - Jeffrey Simpson

Tory attack ads pack a punch that leaves Liberals reeling
Harper s’excuse auprès d’Ignatieff
Chacun son torchon  -  André Pratte
Triste dérapage du PC  -  Olivier Lemieux

PUBLICITÉS CONSERVATRICES  Des libéraux défendent le Bloc
Les pubs contre Ignatieff n’ont pas fait mouche
Les gaufrettes d’Iggy, les enveloppes de Mulroney -  VINCENT MARISSAL
Les conservateurs lancent une offensive publicitaire contre Michael Ignatieff
Le bilan du PC parle de lui-même, selon Ignatieff

Le début de la salle campagne

Les Conservateurs sont-ils vraiment guidés par quoi que ce soit d'autre que la partisannerie, si ce n'est par l'électoralisme en tant que tel, comme un tel comportement tend d'ailleurs à le suggérer ?...
Would Tories use an Ignatieff clip out of context? ‘Yes! Yes! Yes!’
Attack the policies, not the person - Jeffrey Simpson
Ça promet!
It’s a risky time for attack ads
Majorité conservatrice
Harper’s senators: Conservative, diverse and obedient

Sénat - Contrôle total
Le refus de l'intelligence
Ottawa exige une recension des affiches du plan de relance
Les libéraux dénoncent les nominations partisanes des conservateurs
Sénat: Harper protège son budget
Harper nomme un partisan conservateur au Sénat
Just stop doing this
L'opposition critique une nomination «partisane»
Les politiques s’invitent aux olympiques
Les conservateurs contrôleront les deux chambres du Parlement
Les cinq nouveaux sénateurs renforcent la position des conservateurs

Crise majeure à Droits et démocratie
Stratège d'abord, premier ministre ensuite - Vincent Marissal
Les conservateurs n'auront pas carte blanche au Sénat
Ottawa a dépensé 400 millions en publicité en cinq ans
 PUBLICITÉ FÉDÉRALE  La grippe avant les Jeux
Ignatieff veut limiter la propagande politique
Bisbille autour d'envois postaux conservateurs
Les libéraux accusent Harper de multiplier les nominations partisanes
Des bouteilles à l'effigie du Parti conservateur
L'opposition critique le guide pour les immigrants
Flamme olympique: le PC accusé de partisanerie
L'indécence  -  VINCENT MARISSAL
Une enquête sur les chèques des conservateurs
Les libéraux dénoncent la «propagande» des conservateurs
Publicités gouvernementales à des fins partisanes : Les conservateurs violent la loi, accusent les libéraux - Malorie Beauchemin
Jeux Olympiques : Un logo jugé trop partisan - Malorie Beauchemin
Dispute concernant les projets d’infrastructures
Le sénateur Demers à la rescousse  -  Vincent Marissal

Deux mauvais choix de Harper  -  LYSIANNE GAGNON
Vague de nominations partisanes à Ottawa
Orgie bleue au Sénat  -  VINCENT MARISSAL
L’orignal dans le Sénat  -  YVES BOISVERT

Harper fait au moins six nominations partisanes à des postes clés
9 millions de fonds publics -  VINCENT MARISSAL


Les Conservateurs verseraient-ils même dans la manipulation de l'information, sinon l'art de la propagande ?...

Harper s'intéresse à Sun TV News

Les Conservateurs iraient-ils jusqu'à s'en prendre directement à quiconque ose les critiquer ?... Ou autrement dit, se pourrait-il que, sur les questions idéologiques tout au moins, le gouvernement Harper ne se comporte pas mieux que la plus basse des dictatures, tout simplement ?...
Le contrat du «chien de garde» de la GRC n'est pas renouvelé


Les Conservateurs ne se soucieraient-ils donc que des perceptions populaires, même aux dépens de la raison et des faits ?...

Pas d’excuses pour Helena Guergis
Le monde selon Harper

Les Conservateurs iraient-ils donc jusqu'à déformer sciemment la réalité, et ce de sucroît sur une base apparemment systématique ?

Financement international - Du toupet!
Stealth jets, brought to you by a spin machine on steroids - Jeffrey Simpson

Les Conservateurs n'hésiteraient-ils donc pas à déformer la réalité afin de mieux servir leurs propres intérêts ?...
Not exactly an economic gold medal

Les Conservateurs seraient-ils donc de mauvaise foi ?...

Stockwell Day stands his ground on crime stats
Hallucinations - André Pratte
Sound the alarm on Stockwell Day’s statistics - Globe Editorial

Stockwell Day scrapes the bottom of the barrel

A voice in the wilderness: Bob Rae weighs in on census

Stockwell Day cites 'alarming’ rise in unreported crime to justify new prisons

Les Conservateurs ne seraient-ils donc que des menteurs ?...

« C’est un abus du Parlement »
Oda and accountability
Financement de Kairos - Outrage aux électeurs
La pression s’accroît sur Bev Oda
Bev Oda’s serious transgression - Globe Editorial
Opposition steps up pressure for Oda resignation over altered document

Abus de mensonges
Financement de Kairos: l’opposition demande la tête de Bev Oda
Believe me, you can’t trust anyone- Gerard Caplan

Se pourrait-il donc que les Conservateurs ne se satisfassent pas de ne pas remplir leurs propres promesses, et iraient-ils en fait jusqu'à faire précisément le contraire ?...
Waiting for smaller government? Don’t hold your breath - Jeffrey Simpson

Ce gouvernement serait-il carrément en train d'essayer de contrôler l'information ?...

Médias: l'influence conservatrice s'accroît

Les Conservateurs seraient-ils donc cependant à des réseaux pratiquant rien de moins que la désinformation ?...
Médias - Bouette et désinformation


Se pourrait-il que les Conservateurs méprisent carrément le journalisme, tout comme les médias en général ?... Ou autrement dit, mépriseraient-ils donc le droit du public d'avoir accès à l'information ?...
Stephen Harper’s five-question limit

Le sommet des exclus
G comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte
Les neuf vies de Dimitri Soudas
Un ministre conservateur s'attaque à des journalistes
Dimitri Soudas, le fidèle soldat
Des députés s'étonnent que Harper dise ne pas suivre l'actualité

Voir aussi En fait, le gouvernement Harper ne se trouve-t-il pas à rappeler les pires régimes totalitaires de par son total mépris du libre accès à l'information ?...

Les Conservateurs chercheraient-ils donc à empêcher toute procédure officielle par laquelle leurs agissements pourraient en venir à être examinés et évalués de quelque façon que ce soit ?

How can our lawmakers stand such harsh scrutiny?

 
Les Conservateurs oseraient-ils donc aller jusqu'à pratiquer la censure ?...
L’apparence de censure dénoncée par les libéraux

UNE ARTISTE QUI DÉRANGE
Ignorance mensongère
Le gouvernement Harper: une culture d'intimidation
Registre des armes à feu : le directeur viré
Removal of firearms watchdog has critics screaming 'censorship'

Is Stephen Harper set to move against the CRTC?

Le boomerang
L'ombudsman des vétérans part en guerre contre Ottawa
Anciens combattants: l'ombudsman vilipende le Ministère
Veterans advocate won’t go quietly

Moderators skipped question on Gulf oil spill at Harper forum
Why Conservatives are attacking CBC
A land of bias from sea to shining sea - Lawrence Martin
Beating up the CBC is like beating up a sick puppy
La baisse de budget affectera la programmation - FANNIE OLIVIER
Encore une tuile pour Radio-Canada
Ann Coulter: le NPD accuse Ottawa d'hypocrisie
Ottawa accusé de régenter les publications scientifiques
Colère à Environnement Canada
JamesMoore peine à convaincre l’opposition  - Profession de foi en faveur de Radio-Canada
Le ministre du Patrimoine rejette l’idée de privatiser Radio-Canada


Les Conservateurs seraient-ils par ailleurs incultes ?...
Compressions en culture - Autopsie du pire
L’image du Canada ternie
On n’est pas surpris

'Fair' can be foolish in doling out grants
Manifestations touristiques de renom: le ministre a choisi les projets financés
Le ministre (de Montréal) est-il fou des Francos? - Nathalie Petrowski
Financement des festivals : près de 12 millions inutilisés à Ottawa
Financement des festivals : crise totale aux Francos
Obama 10, Harper 0 - Nathalie Petrowski
Une impression d’arbitraire  -  Marc Cassivi
Plusieurs festivals ignorent si Industrie Canada leur versera l’argent attendu  -   Louise Leduc
La vitalité de la culture en péril
Clémence DesRochers critique Stephen Harper

Les ministres Conservateurs savent-ils seulement ce qui se passe dans leur propre ministère ?...

Kenney se dit responsable du guide sur la citoyenneté

Loi d'accès à l'information - Harper rappelle ses ministres à l'ordre
Accusations d'ingérence: Paradis jure qu'il ne savait rien

Les Conservateurs mépriseraient-ils donc leur propre fonction publique ?...
Three hand-written 'nots' don’t make a right


Les Conservateurs iraient-ils donc jusqu'à mépriser la magistrature ?
L’indépendance judiciaire en question



Les Conservateurs seraient-ils tout simplement incompétents ?...
It should have been Stephen Harper's shining hour - Jeffrey Simpson

«Aucun lien» entre le registre des armes et Polytechnique
Avortement: un «fermez-la» qui embarrasse les conservateurs
Une sénatrice conservatrice se fait vulgaire
Le ministre Prentice affirme avoir été approché par Jaffer
Parution d'un communiqué acerbe: un député conservateur s'excuse
L'ex-député Jaffer peine à s'expliquer
'Guergisized' Tories fall back into tie with Liberals
In Ottawa, secrecy is the issue that keeps on giving - Lawrence Martin

Affaire Guergis - Les cachettes

Sense of entitlement led to Guergis's downfall

Helena Guergis démissionne
Incident à l'aéroport: le ministre Blackburn s'explique
Une bouteille de tequila confisquée au ministre Blackburn
Thou dost in us bewilder - Globe editorial
Climat: «Bernier agit sur commande», croit Duceppe
Un député conservateur rabroué par son parti
Dimitri qui? - Lysiane Gagnon
Un député conservateur traite les chômeurs de «bâtards»
Afghanistan–Canada, même fouillis? Un succès remarquable ?
Harper s’excuse auprès d’Ignatieff
Harper retarde encore une photo officielle  -  Marc Thibodeau
Étiquetage des aliments « Le gouvernement doit corriger le tir »
RÈGLES D’ÉTIQUETAGE ASSOUPLIES  « C’est une très bonne nouvelle »

Le Canada refuse un visa à une légende du soccer algérien
Une ministre cul-de-jatte -  VINCENT MARISSAL
En larmes, la ministre Lisa Raitt présente des excuses
Des documents oubliés mettent le gouvernement dans l’embarras
Un enregistrement qui met la ministre Raitt dans l’embarras

Raitt critique un autre ministre pour sa propre incapacité de gérer le dossier des sables bitumineux

La démission de la ministre exigée


Se pourrait-il donc que les Conservateurs se trouvent finalement à ne faire qu'à peu près n'importe quoi ?...

G comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte

Les Conservateurs ne seraient-ils capables, au mieux, que de médiocrité ?...
Nouvelle politique fédérale d’expulsion des demandeurs d’asile Inquiétude chez les Rwandais, les Burundais et les Libériens deMontréal
Voir aussi  Ottawa bloquera les réfugiés haïtiens qui transitent par les É.-U.

Les Conservateurs s'adonneraient-ils au patronage dans tout ce que celui-ci peut avoir de plus grossier ?

Caucus présessionnel - Le NPD accuse Ottawa d'avoir abandonné les Québécois
Pont Champlain - Un NPD pragmatique ?
Tories misled Parliament on G8 spending: Auditor-General
Le gouvernement conservateur a trompé le Parlement selon la vérificatrice
Harper, objet d’une enquête du SCRS ?
Smith's funding comments 'stupid': Duceppe
‘It’s normal’ for Tory ridings to get more federal cash, Larry Smith says
Travaux routiers - Mieux vaut voter du bon bord!
Deux circonscriptions conservatrices ont été choyées au Québec
G comme dans Gaspillage - Stéphane Laporte
Sommets du G8 et du G20 - L'opposition dénonce des dépenses «bidon» pour acheter des votes


Les Conservateurs seraient-ils donc carrément corrompus ?...
Troublant
Les marionnettistes
Scandales - Les vrais patrons
The senator, the port authority and the 'big boss' in Quebec - DANIEL LEBLANC
Sexe, pouvoir et lobbying
The construction magnate, the Hill reno deal and a minister’s $5,000 coat
La version de Rahim Jaffer taillée en pièces
Une entreprise liée au PCC reçoit un contrat de 12 M$ sans appel d'offres
ALLÉGATIONS DE CORRUPTION MUNICIPALE  Les rumeurs rattrapent le PCC  -  Hugo de GrandPré
L'indécence  -  VINCENT MARISSAL
L'opposition s'inquiète des activités du sénateur Léo Housakos
Le ministre MacKay dans l’embarras  -  Malorie Beauchemin
Contrat verbal  Le bureau de Stephen Harper rappelé à l’ordre 
Royal LePage et les Conservateurs : « Ce n’est pas transparent »

Les Conservateurs seraient-ils donc des fraudeurs ?...

Aftermath of an 'in and out' election scheme

Les conservateurs ont perdu leur cause, croit un ancien candidat
Revers des conservateurs en appel
Stratégie du «in and out»- Le Parti conservateur perd en cour
Ouf!
Le Parti conservateur accusé de fraude

Les Conservateurs seraient-ils donc des voleurs ?...

S’enfuir comme un voleur


Les Conservateurs seraient-ils des criminels ?... (Ou ne sembleraient-ils pas tout au moins entretenir d'un peu trop bonnes relations avec ces derniers ?...)

Le juge Léger a été l'avocat commercial des Hells Angels

Liberals take another shot at Tory 'Bonnie and Clyde'
Les conservateurs restent muets sur l'amende de l'ancien député Jaffer
Traitement clément de Jaffer: les conservateurs peu bavards

En fait, Harper se moquerait-il carrément de nous ?...

La divulgation d'un rapport «au-dessus de la Sibérie» insulte l'opposition


Le gouvernement Harper insulterait-il l'intelligence des citoyens ?...

On dit que... - Patrick Lagacé


Et au fait, que pensent les "véritables conservateurs" de ce gouvernement ?...
This is not a conservative budget

Is there an old-style Tory in the House? - Lawrence Martin
The Tories risk all on narrow appeal and wedge issues - Lawrence Martin
Preston Manning: Proselytizer of science
Kim Campbell: «Les secrets, ça n'existe plus»
Joe Clark n'a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper...
Ottawa : SÉRIE DE DÉPARTS
Harper perd son directeur des communications


Peut-on encore espérer quoi que ce soit de ce gouvernement ?...
Ça ne change pas le monde, sauf que…  -  VINCENT MARISSAL

Pourrait-il parfois arriver à ce gouvernement de faire quelques bons coups ?...

Without any fanfare, Canada has grown up
Les Canadiens doivent apprendre à gérer un budget
Les organismes publics ne pourront plus engager de lobbyistes
 
Et si c'était surtout l'économie qui devait avoir le dernier mot ?...
Are corporate tax cuts a winning issue for Conservatives?

It’s the economy, Scott Brison says, and the Tories are stupid
Opposition leaders who push for better on the economy won't fare better in the polls
L'opposition dénonce le budget de Flaherty
Flaherty vend son budget, l'opposition dénonce le document
Tout ça pour ça?
La crédibilité de Jim Flaherty - Claude Picher
Une ère d'austérité s'annonce à Ottawa
Beaucoup d'encre pour rien - Vincent Marissal

A pivot; not yet a recalibration
Budgets in a dangerous time
If only the Tories had taken a cue from our Olympians - Lawrence Martin

Flaherty réduira les dépenses du gouvernement
Stockwell Day: l'homme de confiance de Stephen Harper

Budget will expose absurdity of 'recalibration' - Jeffrey Simpson
Le vrai test
Les cinq défis de Jim Flaherty - Alain Dubuc
Le déficit passe de50 à 56 milliards  -  Joël-Denis Bellavance
Ottawa pourrait afficher un déficit de 156 milliards d’ici cinq ans
Le déficit sera (beaucoup) plus élevé que prévu
Ottawa a enregistré un déficit de 5 milliards  -  Joël-Denis Bellavance

50 milliards? So what !   -   ALAIN DUBUC
Ampleur du déficit : Les partis devront limiter leurs promesses

Le déficit fédéral sera plus élevé
Des élections fédérales cet été ? Le PLC décidera la semaine prochaine

Insatisfait, le PLC menace de renverser le gouvernement
Ignatieff menace de renverser le gouvernement
L’économie se redresse, soutient Ottawa
Un vote de confiance en vue sur l'économie ?...

Ou même là, pas encore ?...
Un déficit moins élevé que prévu à Ottawa

Un plan de relance de 19 milliards sans récession
Budget fédéral: un plan de relance de 19 milliards

Le gouvernement Harper opte pour la prudence

Élimination du déficit : le plan de match sera respecté

Un budget d'austérité discrète
Les chambres de commerce tièdes

Le Conseil du patronat applaudit

Sans douleur... ou presque - André Pratte

Et la bataille ultime serait-elle enfin lancée ?...
Voir aussi Le vent tournerait-il enfin en faveur du changement ?...
Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte  -  Joël-Denis Bellavance

Le gouvernement Harper pourrait tomber dès vendredi  -  Joël-Denis Bellavance
Le cirque  -  VINCENT MARISSAL
Layton tend une perche à Harper  

La perspective d’élections n’inquiète pas les économistes
OTTAWA Une entente peu probable

L’épouvantail  -  ANDRÉ PRATTE
Encore des élections ?  -  ALAIN DUBUC

Ignatieff le guerrier?  -  VINCENT MARISSAL

Ignatieff ouvre les hostilités  -  Hugo de GrandPré

Le dernier espoir de Stephen Harper  -  Malorie Beauchemin


Et pour la suite des choses...
Les élections partielles, un test de popularité pour les partis


Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte  -  Joël-Denis Bellavance
Le gouvernement Harper pourrait tomber dès vendredi  -  Joël-Denis Bellavance
Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de coalition 
Les libéraux font volte-face : Moins pressés de provoquer des élections
« L’instabilité politique nuirait à la reprise » 

Pour un vent de changement à Ottawa
La campagne commencera au Québec le 24 juin
Rendez-vous aux urnes en octobre - VINCENT MARISSAL
OTTAWA : Une bataille reportée
Une belle souris -  André Pratte
Une troisième rencontre Harper-Ignatieff ce matin
Ignatieff lance un ultimatum
Les libéraux devraient encore sauver Harper
Alerte électorale à Ottawa  -  VINCENT MARISSAL

Et se pourrait-il qu'il existe en plus un plan B, de par l'idée d'une coalition ?...
Le retour de la coalition  -  LYSIANNE GAGNON


Et pourquoi pas un petit résumé de la situation ?...
Les Québécois appuient l’idée d’un gouvernement minoritaire 

MAJORITAIRE OU MINORITAIRE?  Le Québec a le dernier mot
LA MUTATION POLITIQUE DE  HARPER SE POURSUIT - Joël-Denis Bellavance

Et qu'en est-il de nos relations avec nos chers voisins ?... Et plus spécifiquement... Harper se bornerait-il à ne considérer les rencontres avec ses homologues américains qu'autant d'occasions pour ne faire que dresser une liste d'épicerie (et surtout de griefs et conflits), plutôt que de chercher à travailler ensemble avec nos voisins sur des projects communs et constructifs ?... Mais Harper sait-il seulement ce que peut être une projet commun et constructif ?...
Pactiser avec l’oncle Sam
Obama est- il vraiment notre ami?
Essais québécois - Quand les Américains mangent du Canadien
La tempête atteint le Canada
Le voile levé sur un Canada complexé...
We can’t return to our special relationship with the United States
Straight talk from Clinton was no smackdown
Manif à Stanstead: «On veut retrouver notre frontière amicale»
Le ton change au 490, Sussex Drive  -  Alexandre Sirois
Harper et Obama : Une rencontre à saveur économique  -  Hugo de GrandPré
Présidents et premiers ministres : Qui se ressemble s’assemble ? 

Harper et Obama : Pas de santé au menu  -  Hugo de GrandPré
AU MENU : DROGUE, GRIPPE ET HONDURAS
Premier sommet nord-américain pour Obama
Une rencontre à trois -  Malorie Beauchemin
Harper invité à Washington le 16 septembre -  Malorie Beauchemin

Quand la division fait enfin place à l'union...
Le NPD relance un débat du Bloc  -  Malorie Beauchemin

Gary Doer, deWinnipeg à Washington -  Joël-Denis Bellavance
PUBLICITÉS CONSERVATRICES  Des libéraux défendent le Bloc
Une motion du Bloc appuyée à l’unanimité

La coalition aurait « profondément divisé » le Canada, dit Ignatieff
Et que dire de notre cher système parlementaire canadien ?...
Grand guignol à Ottawa - ALAIN DUBUC

Goodbye, la majorité!  -  LYSIANE GAGNON
La majorité à portée de main  -  VINCENT MARISSAL
Peut-on seulement rêver d'un Obama canadien?



LE DEVOIR
THE GAZETTE
GLOBE AND MAIL
Where have all the policy-makers gone?
Minority governments are hobbling Canadian foreign policy


Canada violated Khadr's Charter rights, Supreme Court says
Richard Colvin faces 'reprisal' for detainee testimony
Albertans agree: A carbon tax was the best solution - Jeffrey Simpson
Canada and the environment: a fresh start for a fresh decade - Preston Manning


It's not just the Tories – we've spent decades digging our democratic deficit - Lawrence Martin


An expert, ex-Liberal MP speaks out on prorogation - Norman Spector 

Does Michael Ignatieff really want this constitutional dance? - Norman Spector

Why a third Globe prorogation editorial fails - Norman Spector
Silent Parliament, forgotten roots
Why another Globe prorogation editorial fails - Norman Spector

Time to stand up for Parliament
Why the Globe prorogation editorial fails - Norman Spector

Thousands protest prorogued Parliament

A little less muscle, a little more substance

The real Stephen Harper?
Few countries can claim such a pathetic Parliament
With all our problems, we mustn't be silent
Prorogation will not loosen the PM's grip - Jeffrey Simpson
Prorogation: Jean Chrétien did it too - Norman Spector

Michael Ignatieff scoffs at PM's 'ridiculous' rationale for prorogation

Harper tries to change channel  - Norman Spector

Leaders speak, protest swells and senators go rogue
Tactical diminishment


Reform begins at home

Prorogation 'has hit a nerve'
Democracy diminished, accountability avoided
No fear of the opposition
Proroguing Parliament – a travesty, yet clever
Introducing Canada's minority dictatorship

Harper's prorogation retort? 'We need the time'

And what do the Liberals have to say about it ?....
Harper has 'something to hide,' Liberal ads say

What the Liberal prorogation ad is hoping we forget


Fiscal math = tax hikes to balance the budget - Jeffrey Simpson

This country is falling apart (really)


High time for a minister who understands
the role of aid


Ed Broadbent defends rights agency's independence

And if the Senate reform was indeed worth doing ?...
Rejecting Tory proposal, McGuinty presses Harper to abolish Senate

Senate veto is here to stay
Senate to save Supreme Court?
Quatrième tentative des conservateurs pour limiter le mandat des sénateurs
Two reforms for the price of one - Globe Editorial
Senate reform: an altered state of affairs? -
Jeffrey Simpson
Senate reform plan sparks standoff with provinces
Harper to revive Senate reform plan
Fixing the Red Chamber, step by step - Tom Flanagan


... or maybe not all that much ?...
Le conservateur Pierre-Claude Nolin s'oppose à un Sénat élu

Réforme du Sénat: les provinces devront assumer l'essentiel des coûts
End run to an Americanized Senate

When the Senate finally proves its worth
Les libéraux font le ménage dans le budget conservateur


Federal budget will launch spending review, Day says


Yup, still old-style politics

The beginning of the end for Stephen Harper
The two faces of Stephen Harper - Jeffrey Simpson

Could Ignatieff truly offer a new vision for Canada ?...
Ignatieff pledges to give federal watchdogs more bite
There was a time when the Liberals stood for
something - Jeffrey Simpson

Le Canada serait-il tout simplement en panne d'inspiration ?...
The boring gang of four

Three lessons Liberals should learn from Montreal
Get down to basics, Liberals

Ignatieff's new maxim: to thine own self be true
Winning voters' hearts and minds: it's all about managing the message
Two cheers for Mr. Ignatieff - Norman Spector


The Conservatives the Liberals can’t be bothered with


‘The thing' about innovation - Preston Manning

Focus on the big stuff, Mr. Harper


And why does Stephen Harper acts the way he does ?...
Looking for Nixon-like tendencies in Harperland - JEFFREY SIMPSON
Stephen Harper – the last Straussian?

And in this corner, the great Grit slayer
The incredible shrinking Tory tent

Harper has taken the wrong lessons from Chrétien - Lawrence Martin

No more Mr. Nice Guys?

Exploring the politics of emotion
Tory triumph: They know where they're going - Lawrence Martin
Harper may be iron-fisted. And so what if he is? - Bob Plamondon

Wheel of fortune: Canadian politics is all about lady luck

Conservative ferment is fertile soil for Alberta's Wildrose - Jeffrey Simpson


Why PM fights for banks

Offensive d'Ottawa contre la taxe aux banques

Liberals, lay down your arms


***

L'ACTUALITÉ
Le bulletin de l’opposition fédérale - Chantal Hébert



TORONTO STAR
Canada's toxic NEP



ARTICLES SUR LE WEB

The legacy of Pierre Trudeau : the Just Society
Best explanation I could find of the NEP...
The National Energy program (NEP)
National Energy Program

Trudeau's legacy : economic woes and a Charter of Rights

Are people crazy, in this country ?
Trudeau best, Mulroney worst, according to polls...

Rate My Politician

Gerda Munsinger
La «vraie» histoire d'une Mata Hari canadienne
Dévoilement de «l'affaire Munsinger» à la Chambre des communes
Munsinger, affaire


















Harper mine la démocratie
La prorogation du Parlement pour des raisons partisanes risque de créer un dangereux précédent
Ce texte est signé par plus de 150 universitaires, notamment Charles Taylor, professeur émérite à l’Université McGill, Jeremy Webber, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Victoria, et Daniel Weinstock, directeur du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal. On trouvera le texte dans sa version intégrale et la liste complète des signataires sur le site web http://www. noprorogation-nonprorogation.ca/. La façon normale pour un gouvernement de légitimer un arrêt dans une session parlementaire est par l’ajournement. Une telle mesure permet aux institutions du gouvernement de continuer et aux comités de faire leur travail.
En tant que professeurs d’université canadiens ayant pour mission de faire connaître et comprendre à nos étudiants le sens et le fonctionnement de nos institutions démocratiques, nous sommes profondément troublés par la décision du premier ministre Stephen Harper d’user de son pouvoir afin de proroger le Parlement pour une deuxième année consécutive, dans des circonstances qui lui permettent d’ignorer ses responsabilités démocratiques. Le premier ministre fait non seulement un usage cavalier des pouvoirs discrétionnaires inhérents à ses fonctions dans notre système parlementaire, mais en agissant ainsi, il mine notre système de gouvernement démocratique.
Le premier ministre Stephen Harper a prorogé le Parlement pour la deuxième année consécutive.
Plusieurs observateurs ont noté que le premier ministre n’a techniquement rien fait de mal en demandant la prorogation du Parlement et en fixant la date du discours du trône après les Jeux olympiques de Vancouver. Le premier ministre est la seule personne autorisée à demander la prorogation auprès du Gouverneur général (bien que la coutume soit de faire cette requête en personne, par respect pour le représentant de la Reine, ce qui ne fut pas fait dans ce cas). Mais une telle requête dans les circonstances actuelles est non seulement très exceptionnelle, elle est aussi inappropriée.
Mais alors, en quoi exactement le premier ministre a-t-il agi incorrectement en prorogeant le Parlement? Nos institutions parlementaires et constitutionnelles obéissent non seulement à des règles explicites, mais répondent aussi à l’esprit de ces règles. (...) Nous nous attendons à ce que le premier ministre fasse sa part afin d’assurer le bon fonctionnement du système, et que les députés puissent remplir effectivement le rôle pour lequel ils sont élus. Cela implique notamment qu’il fasse preuve de retenue, et qu’il n’utilise pas les pouvoirs dont il dispose pour se soustraire aux mécanismes d’imputabilité à l’égard du Parlement et des citoyens canadiens.
Il est clair que le recours à la prorogation par le premier ministre ne fait preuve d’aucune retenue de cette sorte. En décembre 2008, le premier ministre y a recouru de manière étroitement partisane pour sauver son gouvernement de la défaite lors d’un vote de confiance. Il s’agit d’un geste clairement partisan encore aujourd’hui, puisqu’il puisque cela court-circuite le travail du comité parlementaire qui se penche sur la question des détenus afghans et permet d’ignorer la requête du Parlement que le gouvernement rende publics les documents qui touchent à cette question.
La façon normale pour un gouvernement de légitimer un arrêt dans une session parlementaire est par l’ajournement. Une telle mesure permet aux institutions du gouvernement de continuer et aux comités de faire leur travail. Le travail législatif peut reprendre une fois la période d’ajournement terminée.
En revanche, une prorogation interrompt toute activité du Parlement. Tous les projets de loi, à l’exception des projets de loi privés, devront être présentés une nouvelle fois, comme s’il s’agissait d’un nouveau processus. L’ordre du jour législatif postélectoral du gouvernement est loin d’avoir été réalisé. Le premier ministre ne peut pas, par conséquent, invoquer de façon crédible la raison d’être du pouvoir de prorogation, qui est de fournir au gouvernement une pause nécessaire, hors de la bataille de tranchée des sessions parlementaires, pour soumettre au parlement un nouvel ordre du jour législatif. (...) Les actions du premier ministre risquent d’établir un précédent qui fragilisera une condition importante d’un gouvernement démocratique, soit la capacité du peuple, agissant par le biais de leurs représentants élus, de tenir le gouvernement imputable de ses actions.



Le Canada méconnaissable - MARTIN CAUCHON
Malheureusement, le premier ministre Harper vient juste de découvrir que la Chine existe.
Je reviens en politique pour défendre les valeurs libérales qui ont façonné notre beau grand pays, valeurs qui sont mises à rude épreuve par le gouvernement Harper. Comme candidat et député, je travaillerai sans relâche pour qu’ensemble, nous puissions redonner un sens au mot « Canada ».
Ancien ministre fédéral, l’auteur a été choisi mardi candidat du Parti libéral du Canada dans la circonscription d’Outremont.
Le Canada s’est bâti une grande réputation internationale grâce à des chefs comme Lester B. Pearson, Pierre Elliott Trudeau, John Turner, Jean Chrétien et Paul Mar tin. Le Canada n’est pas une superpuissance au sens où on l’entend lorsqu’on parle de notre voisin américain. Mais, à sa façon, le Canada était une superpuissance lorsque dans un passé pas si lointain, on parlait d’équité sociale, de multilatéralisme, de mondialisation, d’environnement et j’en passe.
Il « était », parce qu’aujourd’hui le Canada est méconnaissable.
Quand j’ai quitté la vie politique, le magazine The Economist disait que le « Canada was cool ». Le Canada était, à bien des égards, l’étudiant modèle dans le classement de l’OCDE. Où en sommes-nous aujourd’hui? Poser la question, c’est y répondre.
Je reviens parce que je suis indigné et frustré. Indigné et frustré de voir, aux rênes de mon pays, un gouvernement sans transparence, sans vision, sans compassion et sans lucidité.
Indigné et frustré par un gouvernement qui ne comprend pas, ou encore pire, un gouvernement qui nie et refuse d’affronter les grands problèmes qui menacent le pays et la planète.
Frustré d’avoir à répondre à la question que me posent les gens que je rencontre à l’étranger : « Qu’est-il arrivé au Canada? »
Cette question, j ’ai à y répondre chaque fois que je voyage à l’étranger. Prenons la Chine, un pays qui compte 1,3 milliard d’habitants et qui possède l’une des plus fortes économies mondiales. Un pays avec lequel nous avions une relation privilégiée, basée sur le respect mutuel des valeurs de chacun. Malheureusement, le premier ministre Harper vient juste de découvrir que la Chine existe. M. Harper a préféré la confrontation plutôt que la collaboration, avec les résultats que l’on connaît. Je crois que les Canadiens préfèrent une approche basée sur la coopération, le respect mutuel et la fraternité. Par cette approche, nous pouvons mieux connaître, mieux comprendre et ainsi mieux communiquer les valeurs qui nous sont chères.
Je reviens aussi parce que je suis très mécontent de la stratégie de division que le gouvernement Harper affiche et qui cherche à mettre les régions l’une contre l’autre, à semer la querelle entre les provinces, un gouvernement qui donne plus aux circonscriptions des conservateurs qu’à ceux qui ont voté pour l’opposition. Je suis mécontent de voir que le gouvernement se sert des impôts et des taxes pour obtenir le vote des électeurs.


Un grand déshonneur - JEAN-RENÉ ROY
L’auteur est un étudiant en droit à l’Université d’Ottawa. Il adresse cette lettre ouverte au ministre canadien de l’Immigration, de la citoyenneté et du multiculturalisme, Jason Kenney. Les immigrants doivent impérativement savoir qu’ici, les homosexuels ont droit à la liberté et à la sécurité.
  Je me permets aujourd’hui, en tant qu’électeur, citoyen, mais avant tout, en tant qu’humaniste, de vous adresser ces lignes. Il apparaît que le nouveau guide qui devra être étudié par les milliers de nouveaux arrivants au Canada a été épuré de l’historique de l’évolution des droits des gais et lesbiennes du Canada.
Bien entendu, il ne fait aucun doute que votre gouvernement, dirigé par les hautes sphères « blue tory » de votre parti conservateur canadien, ait pris sur lui de s’en prendre aux droits des gais et lesbiennes depuis des années. Votre volonté de «rétablissement de la définition traditionnelle du mariage» n’en est qu’un exemple.
En tant queministre de l’Immigration, de la Citoyenneté et du Multiculturalisme, vous avez apparemment le fardeau d’appliquer cette homophobie par des actions fermes et concrètes dans vos dossiers. Permettez-moi de vous féliciter, c’est chose faite. Je me serais par contre attendu à ce que vous en parliez peut-être plus ouvertement.
N’était-ce pourtant pas vous qui, en 2005, affirmiez: « Les gais ont le droit de marier qui ils veulent – pourvu que ce ne soit pas quelqu’un de même sexe » ? Un message interne envoyé en juin dernier par les fonctionnaires de votre ministère démontre bien que ces passages ont été retirés du livre à la demande de votre cabinet. Pourtant, vous avez expressément et très ouvertement nié votre implication dans ce retrait lors de votre entrée au caucus des députés conservateurs mercredi dernier. Force est de constater que votre homophobie est doublée d’une couardise plus que déplorable.
Votre attaché de presse, M. Velshi, il y aà peine quelques jours, affirmait que ce guide «ne pouvait pas être une encyclopédie». Permettez-moi cette autre remarque. Depuis des siècles, les gais et lesbiennes sont discriminés, marginalisés et pourchassés dans la très large majorité des pays du monde. C’est seulement depuis quelques décennies qu’une minorité de pays ont daigné accorder le droit aux homosexuels de vivre leur vie comme ils l’entendent.
Les immigrants, qu’ils soient originaires de pays où les droits des homosexuels sont encore bafoués ou non, doivent impérativement savoir qu’ici, les homosexuels ont le droit à la liberté, à la sécurité et que cela ne peut, sous aucun prétexte, être remis en cause.
Vos actions, vos omissions et vos paroles apportent un grand déshonneur à votre fonction ainsi qu’au travail acharné de décennies en matière de droits humains.
Cher monsieur, puissiez-vous démissionner pour préserver ce qu’il vous reste de dignité.


L’indépendance menacée
L’aide internationale est-elle tombée sur la tête ? La Presse a discuté de la question avec Ian Smillie, un expert canadien du développement international.
QIl y a un mois, vous avez participé, à Ottawa, à un colloque sur l’avenir de l’aide internationale. Qu’est-ce qui ressort de cette rencontre ?
R Avec l’incertitude qui pèse sur Alternatives, la décision de couper les fonds à Kairos et la crise au centre Droits et Démocratie, il y a beaucoup d’inquiétude. La présence d’une voix canadienne indépendante dans le monde en développement semble menacée.
QD’où vient la menace ?
R Un des problèmes, ce sont les politiques fédérales changeantes. Un jour, on met la priorité sur l’agriculture, un autre jour, c’est la santé ou l’environnement. Les ONG ont de la peine à s’ajuster. Et la bureaucratie paralysante de l’ACDI ralentit le traitement de leurs demandes de financement. Actuellement, plusieurs organismes d’aide internationale doivent puiser dans leurs réserves d’urgence pour survivre. Certains frôlent la faillite.
QEt les pressions politiques d’Ottawa?
R Les gens surveillent ce qu’ils disent depuis qu’ils ont vu ce qui s’est passé avec Kairos. C’est comme dans la mafia: un seul est puni, tous comprennent la leçon…
QMais les organismes d’aide internationale doivent-ils afficher leurs opinions politiques?

R Les organismes d’aide ont toujours pris position sur les dossiers où ils interviennent. Si vous travaillez avec des enfants handicapés et que des politiques publiques ont un impact sur la situation de ces enfants, vous devez prendre position sur ces politiques. Même chose si vous vous préoccupez de la santé des femmes, vous ne pouvez pas ne pas vous soucier de politiques de planning familial.




Économies de 50millions - PIERRE DUHAIME
Lamarge de profit de SNC-Lavalin est inférieure à 4% pour le contrat de gestion des immeubles fédéraux
L’auteur est président et chef de la direction du Groupe SNCLavalin inc. Il réplique au dossier sur le contrat de gestion des immeubles fédéraux qui a été publié mercredi dans La Presse.
Nous avons pris connaissance avec déception de l’article portant sur le contrat de gestion des immeubles fédéraux effectuée par SNC-Lavalin O&M. En effet, plusieurs éléments importants parmi ceux qui avaient été communiqués au signataire de l’article ont été passés sous silence. S’ils avaient été inclus dans l’article, ils auraient démontré sans l’ombre d’un doute que nos frais respectent les normes du marché pour ce genre de services.
Le coût relatif aux deux plantes, explique le président et chef de la direction de SNC-Lavalin – dont faisait état La Presse mercredi –, inclut les deux plantes elles-mêmes, leur livraison, leur pot, leur empotage ainsi que leur entretien et leur arrosage durant une période d’un an.
Nous tenons à apporter des éclaircissements qui, nous l’espérons, permettront une meilleure compréhension de la nature de notre industrie, de nos services ainsi que du contexte dans lequel nous oeuvrons.
Nous sommes fiers d’avoir réussi à réaliser des économies substantielles d’environ 50 millions de dollars annuellement depuis que nous avons remporté l’appel d’offres relatif au contrat de gestion des 320 immeubles fédéraux. Entre autres, nous avons notamment réduit de 2,1 millions les dépenses énergétiques liées à ces immeubles.
Certains des montants mentionnés dans vos pages peuvent apparaître élevés, mais ils ne peuvent en aucun cas être comparés aux tarifs applicables aux particuliers ou aux immeubles résidentiels. En effet, les décrets, conventions et règlements régissant le recours aux nombreux corps de métier pour des travaux réalisés dans les édifices commerciaux imposent des tarifs que nous nous devons de respecter.
Voici des éléments d’information essentiels qui ont été passés sous silence dans vos pages, bien que votre journaliste ait reçu ces informations lors de ses nombreux échanges avec nos équipes:
• Les coûts d’entretien que vous attribuez au nettoyage de deux bureaux sont en réalité attribuables au nettoyage quotidien de deux étages de l’immeuble, comprenant 22 bureaux fermés, des aires ouvertes, deux cuisines et deux salles de bains complètes, qui représentent près de 1500 mètres carrés.
• La nouvelle sonnette: sa pose a nécessité l’installation d’un transformateur de réduction de courant, l’ouverture et la réparation d’une partie de mur afin d’y installer une boîte électrique, le conduit ainsi que le filage nécessaires, à plus de 12 mètres de la sonnette.
• Le coût relatif aux deux plantes inclut les deux plantes elles-mêmes, leur livraison, leur pot, leur empotage ainsi que leur entretien et leur arrosage durant une période d’un an.
SNC-Lavalin O&M est responsable de la gestion complète des installations, ce qui comprend la supervision des travaux confiés aux quelque 6000 entreprises sous-contractantes pré-qualifiées. Ces sous-traitants sont pour la plupart de petites et moyennes entreprises canadiennes, et dans tous les cas, sélectionnés par le biais d’appels d’offres concurrentiels.
Nous privilégions en tout temps la réalisation des travaux d’entretien, de rénovation ou de nettoyage durant les heures normales de travail, afin de limiter les coûts. Cependant, pour ne pas nuire à la poursuite des activités des employés, il peut arriver que les travaux soient effectués en dehors des heures normales d’affaires.
Depuis le début du contrat, les performances de SNC-Lavalin O&M ont fait l’objet de 170 audits satisfaisants, effectués tant par Travaux publics et services gouvernementaux Canada que par la vérificatrice générale du Canada. Nous avons également procédé à 400 audits internes afin de nous assurer d’appliquer les meilleurs pratiques.
Rappelons que, tel qu’indiqué à notre rapport annuel, la marge de profit brute de SNC-Lavalin O&M pour la gestion de tels projets est inférieure à 4%.
Ainsi, nous faisons bénéficier le gouvernement et, par ricochet, l’ensemble des contribuables canadiens, d’importantes économies d’échelle attribuables à l’importance du parc immobilier que nous desservons dans tout le Canada et des tarifs préférentiels que nous négocions avec les fournisseurs.

Informations incomplètes fournies à La Presse
M. Duhaime, j’ai lu votre lettre avec attention et j’aimerais corriger certains faits.
Je note dans un premier temps que vous ne niez pas les montants rapportés dans LaPresse du 10 mars. Vous m’accusez par contre d’avoir passé sous silence des informations essentielles, que j’aurais reçues lors de mes nombreux échanges avec vos équipes. J’ai le regret de vous dire que vous avez été mal informé.
Je n’ai eu d’échanges qu’avec une seule personne dans votre entreprise. Cette responsable des communications a répondu à mes questions principalement par courriel et elle n’a pas mentionné les nombreux éléments nouveaux que vous soulevez ici.
On ne m’a pas dit que les 2000$ pour l’achat de deux plantes incluaient aussi leur livraison et leur arrosage. On ne m’a pas dit que pour poser une sonnette, votre entreprise a aussi ouvert un mur et posé une boîte électrique. Et on ne m’a pas précisé que le «extra cleaning – ministers suite», tel qu’écrit sur votre facture pour le ménage dans le bureau ministériel, faisait référence à 22 bureaux fermés, des aires ouvertes, deux cuisines, etc.
Avoir été mis au courant de ces informations, je me serais fait un devoir de les ajouter dans mon texte, comme j’ai ajouté les autres explications que votre représentante et celle du ministère m’ont transmises.
J’ai par ailleurs remarqué que nulle part dans votre lettre, vous ne mentionnez les frais de gestion que vous facturez au gouvernement pour chaque service rendu. Il s’agit pourtant d’un élément central de ce dossier. Invoquant le secret commercial, votre compagnie a en effet refusé de nous divulguer ces informations, ce qui a poussé le ministère des Travaux publics à les effacer des factures qu’il nous a transmises en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Or, sans connaître le pourcentage de ces frais de gestion, il demeurera impossible de savoir si, comme vous l’affirmez, vous faites « bénéficier le gouvernement et, par ricochet, l’ensemble des contribuables canadiens, d’importantes économies d’échelle ».
Hugo de Grandpré, journaliste





Harper flirte avec la majorité  -  Joël-Denis Bellavance
La chute marquée des troupes d’Ignatieff se poursuit
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff n’ont qu’une question en tête par les temps qui courent: quand prendra fin leur chute brutale dans les intentions de vote?
En ce moment. 51% des gens désapprouvent le travail du chef du PLC, Michael Ignatieff.
Un sondage publié hier et réalisé par la firme EKOS démontre que le Parti conservateur de Stephen Harper pourrait former un gouvernement majoritaire si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Il s’agit du deuxième coup de sonde en trois jours à laisser entendre que les conservateurs flirtent avec la majorité.
Ce sondage, réalisé auprès de 3333 Canadiens du 30 septembre au 6 octobre derniers, soit au beau milieu de la tourmente provoquée par la démission de Denis Coderre à titre de lieutenant libéral au Québec, accorde 39,7 % des appuis au Parti conservateur.
Le Parti libéral doit se contenter de 25,7% des intentions de vote, le plus faible score depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti, en décembre 2008. Le NPD récolte quant à lui 15,2% des appuis tandis que le Parti vert en recueille 9,7%. La marge d’erreur d’un sondage comportant un tel échantillon est très faible, soit 1,8 point, 19 fois sur 20.
Au Québec, où la firme EKOS a interrogé 794 personnes, le Bloc québécois conserve la tête avec 38,7%. Mais le Parti conservateur supplante maintenant le Parti libéral pour la première fois en un an avec 22,2% des appuis, alors que les libéraux doivent se contenter de 21%, un résultat catastrophique. Le NPD arrive quatrième avec 9,7%. La marge d’erreur au Québec s’élève à 3,5 points.
En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges des Communes et qui a longtemps été le bastion des libéraux, le Parti conservateur détient une avance de 11 points de pourcentage sur le Parti libéral (43,8% contre 32,5%), un écart jamais vu depuis 1993. Au total, 1146 personnes ont été interrogées dans la province la plus populeuse du pays (marge d’erreur de 2,9 points).
Selon la firme EKOS, qui a réalisé ce sondage pour RadioCanada, les libéraux ont perdu des appuis parmi des électeurs qui, traditionnellement, leur avaient toujours été fidèles: les femmes, les diplômés universitaires et les immigrés.
« Cela constitue un recul dramatique pour le Parti libéral, qui n’est pas confiné à une seule région ou à un seul groupe d’électeurs. Et tout cela semble être le résultat de la chute de popularité de Michael Ignatieff», commente Frank Graves, le président de la firme EKOS.
Pis encore, à peine 19% des Canadiens interrogés approuvent le travail de M. Ignatieff, et 51 % le désapprouvent. Stephen Harper se tire mieux d’affaire à cet égard : 39 % des répondants approuvent son travail, et 42 % ne l’aiment pas.
Plus tôt cette semaine, un sondage publié dans le quotidien The Globe and Mail accordait 41 % des intentions de vote au Parti conservateur et 28% au Parti libéral.
De passage à London, en Ontario, hier, Michael Ignatieff a reconnu qu’il a beaucoup de pain sur la planche pour renverser cette tendance, d’autant plus que les libéraux ont promis de tout faire pour renverser le gouvernement conservateur cet automne.
Le chef libéral reconnaît que son parti doit redresser la barre, mais il a répété que le Parti libéral demeure la seule véritable option face aux conservateurs.
« J’ai beaucoup de travail à faire. C’est très clair. Je suis un leader qui est à l’écoute des Canadiens. Si les Canadiens veulent que je fasse un meilleur travail, je suis prêt à serrer les coudes et à le faire », a dit M. Ignatieff. Il a aussi reconnu que l’offensive publicitaire des conservateurs depuis des semaines a eu une influence sur l’opinion des Canadiens.

Le Québec ratatiné?  -  VINCENT MARISSAL
La croissance des conservateurs au pays (ou l’écrasement des libéraux, c’est selon), confirmée par un nouveau sondage Ekos, laisse très clairement entrevoir depuis quelques semaines la possibilité d’un gouvernement Harper majoritaire.
Ce scénario, spectaculaire en soi, cache une autre partie de l’histoire: un gouvernement majoritaire conservateur, dans le contexte politique actuel, signifierait un affaiblissement historique du poids du Québec au sein du Canada.
Selon l’humeur actuelle de l’électorat canadien, Stephen Harper pourrait fort bien obtenir les sièges qui lui manquent pour former une majorité sans faire de gain au Québec. Il pourrait même se permettre de perdre certaines de ses 10 circonscriptions québécoises puisqu’il en prendra vraisemblablement plusieurs en Ontario et peut-être même dans les Maritimes.
La grosse histoire politique des derniers mois est là: les Ontariens tournent le dos aux libéraux, même à Toronto, et c’est le Québec qui risque d’en payer le prix.
Un gouvernement majoritaire avec un minimum de députés québécois, c’est le rêve éveillé des conservateurs. Imaginez: pas besoin de se préoccuper du Québec et de ménager ses susceptibilités, pas besoin de nommer un nombre disproportionné de ministres du Québec ou de faire des contorsions pour désigner un responsable de Montréal.
Le Québec se retrouverait donc affaibli à la table du cabinet, lui qui ne pèse déjà pas très lourd.
Il ne s’agirait pas que d’un affaiblissement mathématique ou symbolique. Non seulement il y aurait moins de Québécois autour de la table des décisions, mais l’influence du Québec dans le façonnage des grandes orientations canadiennes se trouverait aussi amoindrie.
Le Québec a joué, de tout temps, un rôle déterminant dans la prise de décision du gouvernement fédéral et dans la priorisation des enjeu x politiques, sociaux et économiques. Pensez seulement au libre-échange, à la décision du Canada de ne pas suivre les États-Unis en Irak, à la légalisation des mariages gais, à la politique étrangère, etc. On trouve les empreintes digitales de l’électorat québécois et celles leurs élus partout sur ces décisions du gouvernement fédéral.
Évidemment, un gouvernement fédéral à faible teneur québécoise deviendrait encore moins intéressant (c’est un cercle vicieux) pour les politiciens québécois. Qui voudrait jouer les Québécois francos de service dans un gouvernement qui se moque du Québec et n’en a pas besoin?
Un tel scénario aurait nécessairement un effet sur le gouvernement du Québec aussi. Celui-ci, ayant perdu de son influence auprès d’Ottawa, deviendrait moins influent autour de la table des provinces. Il aurait plus de mal à défendre ses priorités auprès d’Ottawa et à susciter la formation de fronts communs provinciaux.
Cette situation serait aggravée par la refonte de la carte électorale fédérale, un projet qui passerait sous un gouvernement conservateur majoritaire et qui accorderait une trentaine de sièges à l’Ontario, à la Colombie-Britannique et à l’Alberta. Mathématiquement et politiquement, le Québec perdrait encore un peu de son poids au sein du Canada.
Un tel revirement ne déplairait pas aux conservateurs, qui trouvent les Québécois bien ingrats de leur avoir tourné le dos après avoir obtenu la reconnaissance de la nation québécoise, une représentation à l’UNESCO et le règlement du déséquilibre fiscal.
Pour bien des conservateurs (en fait, pour bien des Canadiens, point), le Québec reste l’insupportable « enfant gâté » de la fédération. Quel bonheur de ne plus avoir à s’en préoccuper!
C’est peut-être un fantasme pour les conservateurs, mais c’est aussi celui de bien des souverainistes, qui pensent que quatre ans de gouvernement Harper majoritaire feront plus pour leur cause que 20 ans de patiente pédagogie auprès des Québécois.
Les conservateurs reprennent un peu de poil de la bête au Québec, mais ils sont toujours loin derrière le Bloc. En fait, le Québec est la seule province (ou région puisque l’on prend les quatre provinces de l’Atlantique ensemble) où les conservateurs ne mènent pas dans les intentions de vote.
Qu’à cela ne tienne, pour peu que vous rafliez la majorité des sièges en Ontario. Si c’était bon pour Jean Chrétien dans les années 90, ça l’est encore pour Stephen Harper aujourd’hui.
Les libéraux peuvent continuer à s’illusionner en se répétant que le pouvoir leur retombera naturellement dans les mains sous peu, ils ne pourront encore très longtemps faire l’économie d’un vrai débat sur la nécessité d’unir les forces politiques de centre gauche (eh oui, avec le NPD).
Si le regroupement de la droite a été bon pour Stephen Harper au début des années 2000, celui du centre gauche est peut-être bien la seule avenue qui reste aux libéraux s’ils veulent éviter un long séjour dans l’opposition. Pour joindre notre chroniqueur :



Je veux voter !  -  Jean-Serge Baribeau
De nombreux Canadiens et Québécois trouvent que nous avons voté trop souvent au cours des dernières années. Moi, je pense qu’il faut des élections fédérales le plus tôt possible. Le gouvernement Harper, minoritaire, est toxique, régressif et réactionnaire. Il y a un enjeu on ne peut plus clair et plus précis : celui de savoir si nous voulons que le Canada, à l’intérieur et à l’extérieur, devienne un pays qui renie des décennies de politique passablement progressiste. Une éventuelle élection serait presque référendaire : voulons-nous qu’un gouvernement régressif et « baveux » continue à tenter d’imposer sa vision idéologique de droite presque extrémiste, sinon clairement extrémiste ? Le drame, c’est que le Parti libéral semble rester un parti plutôt décomposé, dirigé par un chef passablement ambigu. Sans construire une coalition tricotée serrée, il faudrait que les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates s’entendent pour mettre un terme aux agissements de ces conservateurs, éminemment rétrogrades.

Manque d’éthique  -  André Melançon
Le premier ministre Harper a réussi, en quelques brèves années de pouvoir, à détruire et à massacrer toute l’action internationale qu’avaient patiemment élaborée Lester B. Pearson (premier ministre du Canada et Prix Nobel de la paix) et ses successeurs. Cette ouverture au monde et ces initiatives du Canada qui ont marqué les années 60 et 70, il aura suffi de quelques mois d’ineptie et d’un manque total d’éthique pour les rayer de l a carte du monde. Un monde qui se questionne de plus en plus sur ce douteux changement de cap et sur cette absence de moralité politique.



Le PLC dépose sa motion pour renverser le gouvernement
OTTAWA — Les libéraux fédéraux sont allés de l’avant avec leur souhait de renverser le gouvernement minoritaire de Stephen Harper et ont présenté hier après-midi une motion de censure au Parlement. Mais leur projet pourrait être rapidement court-circuité par les néo-démocrates, dont l’appui aux conservateurs semble de plus en plus assuré.
À sa sortie des Communes, le leader du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a refusé de se prononcer sur les intentions de son parti tant que ses troupes n’auront pas évalué la motion des libéraux. Mais le chef a réitéré que son parti préférait faire adopter de nouvelles mesures d’aide aux chômeurs plutôt que de déclencher des élections.
« Si on peut aider des milliers de gens avec un milliard de dollars, d’après moi, on doit le faire, parce que nous l’avons demandé. (...) Nous allons travailler très fort pour atteindre cet objectif », a dit M. Layton.
Les troupes néo-démocrates tiennent cependant à faire planer le mystère et maintiennent que plusieurs options demeurent sur la table. Une décision pourrait être annoncée dès aujourd’hui, selon l’attaché de presse du parti, Marc-André Viau. Mais on concède malgré tout qu’un scrutin automnal demeure fort peu probable.
Même si l’appui des néodémocrates au gouvernement sembla it presque ga ra nti , les libéraux ont néanmoins décidé de se lancer dans un processus qui pou rra it se solder par la chute du gouvernement, le jour même où le premier ministre Stephen Harper déposait son troisième rapport d’étape du plan de relance économique.
C es bi la n s t r i mest r iels étaient une condition imposée en j uin par les libéraux en échange de la survie du gouvernement conservateur. Mais le document n’a pas semblé satisfaire le leader libéral. Michael Ignatieff a cité au passage l’explosion du déficit fédéral depuis le dernier budget, en j anvier – qui atteint maintenant 56 milliards –, et la hausse du taux de chômage, notamment chez les jeunes.
«Nous sommes fatigués de ce genre de jeux politiques. Nous voulions une réelle imputabilité, un gouvernement qui dit la vérité aux Canadiens. Nous en avons assez, et donc nous allons déposer aujourd’hui (lundi) une motion de censure très simple qui dit que ce parti, le Parti libéral du Canada, ne peut pas continuer d’avoir confiance dans le gouvernement», a expliqué M. Ignatieff après la période des questions.
L e prem ier m i n ist re a cependa nt regretté que le Parti libéral s’oppose au bilan économique avant même de l’avoir consulté et a du même souffle traité le leader libéral d’irresponsable.
« C’est dommage, j e crois que les Canadiens s’attendent à mieux, à ce qu’en temps de difficultés économiques les membres du Parlement de tous les partis travaillent fort en matière d’économie, et non à ce qu’ils jouent à ce genre de jeux politiques », a dit M. Harper.
Le Bloc québécois devrait voter en faveur de la motion puisque Gilles Duceppe clame qu’il n’a aucune confiance dans le gouvernement de M. Harper. L’appui d’un seul parti suffit au gouvernement pour assurer sa survie. La motion sera débattue jeudi et le vote pourrait se tenir le jour même ou lundi prochain.

Le plan de relance est engagé à 90 %
OTTAWA — Le gouvernement Harper affirme avoir engagé 90 % des 29 milliards de dollars en fonds consacrés aux mesures de stimulation économique pour les années 2009 et 2010.
Stephen Harper et le ministre des Finances Jim Flaherty étaient de passage hier midi à Saint-Jean, au NouveauBrunswick. Selon le premier ministre, l’économie canadienne montre des signes encourageants, mais beaucoup de travail reste à faire.
Dans le troisième rapport d’étape présenté par le premier ministre Stephen Harper hier midi à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, Ottawa a indiqué que l’économie c a nad ien ne mont ra it des signes encourageants, mais que beaucoup de travail restait à faire.
Par ailleurs, contrairement à ce qu’ont affirmé les libéraux la semaine dernière, le gouvernement soutient que 84 % des 9,6 milliards alloués aux projets d’infrastructures ont été engagés.
Les libéraux ont en effet rendu publique une enquête i nter ne da ns laquel le ils affirment que seuls 12 % des fonds destinés aux projets d’infrastructures ont réellement été dépensés. Ils ont aussi dénoncé le fait que les circonscriptions conservatrices recevaient plus que leur part du pactole.
Mais le gouvernement avait une autre version, hier. « Le gouvernement a conclu presque toutes les ententes requises visant à permettre aux provinces, aux territoires, aux municipalités et aux autres partenaires de les mettre en oeuvre», peuton lire dans le document d’environ 150 pages.
« Le moment où se déroulera le gros de la mise en oeuvre dépend de la vitesse à laquelle les provinces, les territoires et les municipalités réaliseront des progrès. »
Le ministre des Transports, Joh n Ba i rd , a tenté d’expliquer ainsi la distinction entre dépenses « engagées » et dépenses « réelles ». « Je vais vous donner un exemple », a-til dit, en prenant celui du crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle.
« Est-ce que l’argent a été payé ? Non, mais les gens partout au pays gardent leurs reç us pou r le te mps des impôts. Donc, même si l’argent n’est pas sorti des coffres, les Canadiens ont eu le feu vert pour dépenser sur les projets d’infrastructures. Nous payons nos factures dans les 30 jours. »
Rapport critiqué
Tous les partis de l’opposition ont critiqué le rapport du gouvernement. « Assez de jeux. Nous allons déposer une motion de censure très simple plus tard dans la journée », a déclaré le chef libéral, Michael Ignatieff.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a une fois de plus déclaré que le plan d’action économique du gouvernement ne défendait pas les intérêts du Québec.
« Je vou s don ne pou r exemple la page 142, a-t-il dit. Pour l’automobile, il y a eu 9 milliards, 718 millions de dollars d’engagés, donc 100 % de ce qui avait été prévu. Pour la forêt, 70 millions, dont 57 [millions] d’engagés . Vous voyez la disproportion. »


Une motion de censure brève et sans artifice  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff maintiennent le cap pour renverser le gouvernement Harper cet automne, même si le NPD ne semble pas prêt à appuyer cette démarche pour le moment.
Les stratèges libéraux ont d’ailleurs arrêté leur décision quant au libellé de la motion de censure qu’ils déposeront la semaine prochaine envers le gouvernement minoritaire conservateur. Cette motion sera toute simple, très brève et sans artifice, afin de faire pression sur les néo-démocrates de Jack Layton pour qu’ils l’appuient.
Selon des informations obtenues par La Presse, hier, la motion se lira comme suit: « Que la Chambre des communes n’a plus confiance dans ce gouvernement. »
« La motion de censure sera une phrase très simple. Nous ne voulons pas donner un seul prétexte à Jack Layton et au NPD de ne pas l’appuyer », a confié hier un stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Le Parti libéral compte déposer cette motion de censure durant la journée de l’opposition qui lui sera attribuée deux jours après le dépôt du troisième rapport du ministre des Finances, Jim Flaherty, sur l’état de l’économie. En principe, M. Flaherty doit déposer ce rapport aux Communes le 28 septembre.
Pour se maintenir au pouvoir, les conservateurs ont besoin de l’appui d’un des trois partis de l’opposition. Le Parti conservateur détient 143 des 308 sièges, soit 12 de moins que la majorité requise pour gouverner sans devoir faire des compromis.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a déjà indiqué que ses troupes voteront en faveur de la motion des libéraux si celle-ci exprime clairement que le gouvernement Harper ne jouit plus de la confiance de la Chambre. Les libéraux doivent donc s’assurer de l’appui du NPD afin de mettre fin au règne des conservateurs à Ottawa.
Mais le NPD a annoncé la semaine dernière qu’il ne provoquerait pas d’élections tant que les nouvelles mesures proposées par le gouvernement Harper pour améliorer le programme d’assurance emploi n’auront pas été adoptées. Concrètement, cela veut dire que les troupes de Jack Layton, qui ont toujours voté contre les propositions des conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006, pourraient soit s’abstenir de voter sur la motion de censure ou carrément appuyer le gouvernement minoritaire de Stephen Harper.
Lasemainedernière, laministre des Ressources humaines, Diane Finley, a déposé le projet de loi C-50 afin d’injecter 935 millions dans le programme d’assurance emploi et permettre à certains travailleurs d’obtenir entre cinq et 20 semaines de prestations de plus. Cette mesure temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et serait rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en vigueur. Le projet de loi est à l’étape de la deuxième lecture.
Vendredi dernier, le gouvernement Harper a aisément survécu à son premier vote de confiance de la session parlementaire après que le Bloc québécois et le NPD eurent voté en faveur de la motion de voies et moyens visant à mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire, très populaire au pays. Tous les députés libéraux présents aux Communes ont voté contre.
Toutefois, le Bloc québécois n’a pas l’intention d’appuyer le gouvernement Harper lors des autres votes de confiance. Au cours des prochaines semaines, l’avenir du gouvernement conservateur reposera donc entre les mains du NPD.

Les libéraux veulent forcer la cadence  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff redoublent d’efforts afin d’éliminer, une à une, les raisons qu’invoque le NPD pour soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la Chambre des communes.
Toujours aussi déterminés à provoquer des élections fédérales cet automne, les libéraux ont ainsi proposé d’accélérer l’adoption du projet de loi C-50 permettant d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations pour les travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi.
L e chef du N P D, Jack Layton, a fait savoir mercredi que son parti ne participera à aucun effort des autres formations politiques visant à forcer la tenue d’un quatrième scrutin en cinq ans tant que ce projet de loi ne sera pas adopté.
L e s con ser vateu r s , qu i détiennent 143 des 308 sièges, ont besoin de l’appui d’un parti de l’opposition pour se maintenir au pouvoir. Les libéraux, de leur côté, comptent déposer une motion de censure contre le gouvernement Harper, au début du mois d’octobre, et le Bloc québécois entend appuyer cette démarche.
« Nous ne voulons pas donner à M. Layton quelque alibi que ce soit », a lancé en matinée hier Michael Ignatieff.
Du même souffle, le chef libéral a réitéré sa ferme intention de déposer une motion de censure à la première occasion. «Oui, il y aura un vote de défiance dans quelques semaines parce que nous avons clairement dit que nous n’avons plus confiance dans ce gouvernement.»
Su r l’heu re du midi, le leader parlementaire du gouvernement à la Chambre, le ministre Jay Hill, a convoqué ses homologues des autres partis afin de proposer d’adopter à toute vitesse le projet de loi C-50. Le NPD et le Parti libéral ont donné leur accord, mais le Bloc québécois, qui juge les mesures proposées nettement insuffisantes, s’y est finalement opposé.
M. Hill était prêt à ce que les Communes adoptent ce projet de loi en deuxième lecture dès hier et qu’un comité parlementaire le passe au peigne fin la semaine prochaine, même si les Communes ne siègent pas, mais cette proposition n’a pu faire l’unanimité. Tous les partis doivent accepter que les procédures normales soient modifiées pour accélérer l’adoption d’un projet de loi.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a déposé mercredi le projet de loi en question qui permettrait à Ottawa d’injecter 935 millions de dollars afin d’accorder à certains travailleurs entre cinq et vingt semaines de prestations de plus. Cette mesure temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et serait rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en vigueur.
Avant d’entrer en vigueur, un projet de loi doit franchir trois lectures à la Chambre des communes et ensuite être approuvé par le Sénat après trois lectures également.
Les libéraux ne baissent donc pas les bras même si le NPD a indiqué vouloir éviter des élections générales tant que le projet de loi C-50 n’a pas été sanctionné.
En privé, les libéraux affirment vouloir profiter de cette volte-face du NPD, lui qui a toujours voté contre toutes les mesures proposées par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006, pour discréditer les troupes de Jack Layton.
Les stratèges libéraux n’ont d’ailleurs toujours pas digéré la décision de M. Layton de s’a llier avec les conservateurs et le Bloc québécois en novembre 2005 pour renverser le gouvernement minoritaire libéral de Paul Martin.
Cette décision a non seulement mis fin au règne libéral, selon eux, mais a eu de graves répercussions sociales puisque le gouvernement Harper a mis la hache dans le programme national de garderies, mis sur pied par le gouvernement Martin et les provinces, et refusé de donner suite à l’accord de Kelowna. Cet accord, signé à la toute veille de la campagne électorale de 2005-2006, visait à investir cinq milliards de dollars sur 10 ans pour extirper les peuples autochtones de la pauvreté. En outre, la défaite des libéraux a relégué aux oubliettes les efforts entrepris par Ottawa pour lutter contre les changements climatiques, selon les stratèges libéraux.
« Nous avons une grosse crotte sur le coeur. Jack Layton n’aura pas de cadeau de notre part», a affirmé un stratège sous le couvert de l’anonymat.


Une rentrée parlementaire qui s’annonce courte  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les députés reviennent à la Chambre des communes aujourd’hui pour reprendre le boulot après deux mois et demi de congé. Mais tous savent que leur séjour à Ottawa sera de courte durée. Des élections sont inévitables. Le gouvernement minoritaire de Stephen Harper pourrait tomber dès vendredi.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, souhaite faire fonctionner le Parlement, mais ne se fait pas d’illusions sur sa survie au-delà de vendredi.
Le chef du NPD, Jack Layton, qui presse le premier ministre Stephen Harper de mettre de l’eau dans son vin depuis plusieurs jours afin d’éviter un quatrième scrutin fédéral en cinq ans, s’est rendu à l’évidence au cours de la fin de semaine. L’impasse entre le gouvernement minoritaire conservateur et les trois partis de l’opposition est totale. Les électeurs devront trancher.
M. Layton doit prononcer un discours ce matin devant son caucus pour expliquer les priorités de son parti en cette journée de rentrée parlementaire. Mais même s’il souhaite faire fonctionner le Parlement, «il ne faut pas se bercer d’illusions. Nous sommes à la veille d’élections, même si nous n’en sommes pas encore tout à fait là», doit affirmer M. Layton à ses troupes, selon ce qu’a appris La Presse.
Une source néo-démocrate a indiqué hier soir qu’aucune discussion ou pourparlers n’a eu lieu entre des émissaires du gouvernement Harper et les dirigeants du NPD pour trouver un terrain d’entente. «Cela nous laisse croire qu’ils veulent aussi des élections», a indiqué cette source.
Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD auront d’ailleurs l’occasion de mettre fin au règne du gouvernement Harper dès vendredi. Les conservateurs comptent mettre aux voix une «motion de voies et moyens». Il s’agit d’un vote de confiance puisqu’il vise à mettre en oeuvre des mesures budgétaires, dont notamment le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire. Si le gouvernement perd ce vote, des élections auront lieu le lundi 26 octobre.
Selon des informations qui circulaient hier soir, le ministre des Finances, Jim Flaherty, pourrait aussi déposer son troisième rapport trimestriel sur l’état de l’économie vendredi. Ce rapport serait aussi incorporé dans la motion de voies et moyens pour être adopté.
Les libéraux de Michael Ignatieff, qui ont provoqué il y a deux semaines cette valse rapide vers un autre scrutin, ont continué leur offensive charme auprès des électeurs en fin de semaine.
Ils ont lancé une nouvelle série de publicités hier sur le site du Parti libéral et la page Facebook de Michael Ignatieff. L’une des publicités traite de l’économie. Le chef libéral y affirme que près d’un demimillion de Canadiens ont perdu leur emploi depuis le début de la récession. Il souligne aussi l’importance de conquérir de nouveaux marchés.
M. Ignatieff doit poursuivre aujourd’hui sa croisade en faveur d’une campagne électorale; il prononcera un discours devant le Canadian Club expliquant sa vision sur l’économie.
De leur côté, les conservateurs chercheront cette semaine à projeter l’image d’un gouvernement qui s’attelle à la tâche de gérer les affaires de l’État en présentant de nouvelles mesures relatives à l’assurance emploi et un projet de loi pour sévir contre les bandits à cravate.




Les sondages n’ont pas refroidi les libéraux  -  Joël-Denis Bellavance
Michael Ignatieff a toujours l’intention de provoquer des élections fédérales
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff demeurent fermes dans leur volonté de provoquer la chute du gouvernement Harper à la Chambre des communes – et de forcer des élections fédérales cet automne – même si une série de sondages démontrent qu’ils traînent derrière les conservateurs dans les intentions de vote.
Un sondage Nanos-La Presse n’a pas refroidi l’ardeur des stratèges libéraux hier, même s’il révèle que les appuis au Parti conservateur ont bondi de six points depuis que le chef libéral Michael Ignatieff a brandi la menace de renverser le gouvernement Harper à la première occasion aux Communes.
Ce sondage accorde 37,5% des appuis aux troupes de Stephen Harper contre 33,4% au Parti libéral et 14,8% au NPD. Au Québec, le Bloc québécois domine toujours avec 37,3% contre 32,5% au Parti libéral, 19,3% au Parti conservateur et 8,9% au NPD.
« Nous sommes toujours aussi déterminés à renverser ce gouvernement. Nous avons hâte de faire mentir tous ces sondages. Michael Ignatieff a lui-même très hâte d’en découdre avec les conservateurs. Le chef est mentalement prêt à y aller et à livrer une bataille féroce », a affirmé hier à La Presse un stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Le Parti libéral compte utiliser la journée de l’opposition qui lui sera accordée deux jours après le dépôt du troisième rapport du ministre des Finances Jim Flaherty sur l’état de santé de l’économie, le 28 septembre, pour déposer une motion de censure contre le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. Le Parti libéral a besoin de l’appui du NPD et du Bloc québécois pour arriver à ses fins et tout indique qu’il l’obtiendra. Le cas échéant, les élections auraient lieu le 9 ou le 16 novembre.
Toutefois, le gouvernement Harper pourrait forcer la tenue d’un vote de confiance dès la semaine prochaine, quand les Communes reprendront leurs travaux, en déposant une motion pour adopter les crédits budgétaires. Si tel est le cas, les élections auraient lieu le 26 octobre. Mais des stratèges conservateurs semblent avoir maintenant écarté cette option après l’avoir évoquée la semaine dernière.
Reprise
Pour le moment, la stratégie des conservateurs, qui ne veulent pas d’élections fédérales cet automne, est de démontrer aux Canadiens qu’ils s’attellent à la tâche qui leur incombe de gouverner le pays. « Les Canadiens ne veulent pas d’élections qui pourraient fragiliser la reprise économique. Nous maintenons le cap sur notre programme », a affirmé à La Presse le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn.
Selon des sources, le gouvernement Harper compte donc déposer des modifications au programme de l’assurance emploi et des mesures pour durcir les peines imposées aux « criminels à cravate » dès la semaine prochaine.
Pour sa part, le Bloc québécois intensifie sa campagne visant à attaquer Michael Ignatieff. Des députés bloquistes ont expédié des dépliants de la Chambre des communes dans plusieurs foyers du Québec, aux frais des contribuables, dans lesquels ils affirment que Michael Ignatieff et Stephen Harper sont des « complices » pour dépouiller le Québec de ses pouvoirs.
« Force est de constater que Michael Ignatieff suit les sillons creusés par les Trudeau, Chrétien, Martin et Dion pour ce qui est de dépouiller le Québec de ses pouvoirs », affirme-t-on dans ce dépliant. On y souligne que les libéraux, comme les conservateurs, sont favorables à la création d’une commission nationale des valeurs mobilières. Le dépliant a été envoyé dans certains foyers de Gatineau par la députée bloquiste de VaudreuilSoulanges, Meili Faille.



Trois discours en une semaine  -  Joël-Denis Bellavance
Ignatieff entend marteler le thème de l’économie
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, veut donner rapidement le ton à la prochaine bataille électorale en prononçant trois discours en moins d’une semaine à Ottawa, à Montréal et à Toronto, à partir du 14 septembre. Le thème de ces discours : l’économie, l’économie et encore l’économie.
Le chef libéral Michael Ignatieff espère donner le ton à la prochaine campagne électorale à l’occasion de trois discours à saveur économique à Ottawa, à Montréal et à Toronto, à partir de la mi-septembre.
M. Ignatieff, qui a annoncé mardi que ses troupes avaient la ferme intention de mettre fin au règne du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Ha r per à la pre - mière occasion, prononcera son premier discours devant le Canadian Club d’Ottawa au prestigieux hôtel Château L au r ier, le 14 septembre, jour de la reprise des travaux parlementaires.
Il doit aussi prononcer un discours à saveur économique le 21 septembre devant le Canadian Club de Toronto. Les stratèges libéraux planchent sur un troisième discours qui sera prononcé à Montréal, selon des informations obtenues par La Presse.
« Ces discours donneront le ton à la prochaine campagne électora le. M ichael Ignatieff présentera sa vision économique et rappellera le bila n i mpression na nt des libéraux en matière de gestion des finances publiques, en particulier l’élimination du déficit », a expliqué hier un stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Dans les années 90, le gouvernement libéral de Jean Chrétien a éliminé un déficit de 42 milliards en quatre ans en réduisant les dépenses, notamment les paiements de transfert aux provinces. Cette semaine, les libéraux ont promis de venir à bout de ce boulet financier sans augmenter les impôts des contribuables et sans sabrer dans les transferts aux provinces.
LesconservateursdeStephen deau fiscal des Canadiens.
De passage à Vancouver, hier, le chef libéral a d’ailleurs donné toutes les indications que l’état de santé de l’économie serait l’un des principaux thèmes de sa campagne. « Nous allons sortir de cette récession. Mais la question est de savoir qui est le mieux placé pour diriger le Canada durant la reprise. » Harper ont aussi affirmé qu’ils comptent venir à bout du déficit en tablant essentiellement sur une reprise de l’économie, sans réduire les paiements aux provinces ou augmenter le far-
« L’é c o n o m ie souffre encore. Un million et demi de Canadiens se cherchent du travail. Les faillites sont en hausse de 50 %. Nous accusons un déficit de 50 milliards. Et l’OCDE affirme que nous aurons la reprise la plus longue et la plus pénible des pays membres. Nous sommes d’avis que ce n’est pas suffisant et nous pouvons faire mieux », a soutenu M. Ignatieff durant un point de presse.
« Nous allons sortir de cette récession. Mais la question est de savoir qui est le mieux placé pour diriger le Canada durant la reprise. En matière de lutte contre le déficit, nous avons de la crédibilité. Nous avons hérité d’un déficit de 42 milliards de Brian Mulroney et du dernier gouvernement conservateur, et nous l’avons éliminé sans augmenter les impôts. Nous allons hériter d’un déficit dépassant les 50 milliards de M. Harper et nous allons l’éliminer. Nous l’avons fait dans le passé et nous allons le refaire », a-t-il ajouté.
Des partis aux aguets
Même si le signal du départ n’a pas encore été officiellement donné, tous les partis politiques se préparent à se lancer en campagne à la mi-septembre. Le Parti conservateur, le Parti libéral et le NPD ont nolisé des avions, des autocars et mis sur pied leur cellule de guerre pour répondre aux attaques des uns et des autres. Le Bloc québécois a aussi nolisé des autocars et la nomination des candidats va bon train.
Les libéraux ont promis de déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper au début d’octobre. Mais les conservateurs pourraient forcer un vote de confiance plus tôt, le 17 septembre, en déposant une motion de voies et moyens pour adopter les crédits budgétaires et mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget.
Le cas échéant, le prochain scrutin fédéral (le quatrième en cinq ans) aurait lieu le 26 octobre. D’ores et déjà, la lutte s’a nnonce serrée entre les conservateurs et les libéraux, que plusieurs sondages placent au coude à coude dans les intentions de vote à l’échelle du pays
Au Québec, un coup de sonde réalisé par la firme Léger Marketing et publié dans Le Devoir accorde 35 % au Bloc québécois, 30% au Parti libéral, 16% au NPD et 16% au Parti conservateur.
Au chapitre de la confiance des Québécois envers les chefs, le bloquiste Gilles Duceppe arrive en tête avec 32%, suivi du néo-démocrate Jack Layton avec 23%. Michael Ignatieff inspire confiance à 14% des personnes interrogées, et Stephen Harper arrive dernier avec 12%.



Le PLC n’augmentera pas les impôts  -  Hugo de GrandPré
Michael Ignatieff promet tout de même de « nettoyer » le déficit
SUDBURY, Ontario — Le chef libéral, Michael Ignatieff, promet de payer le déficit laissé par le gouvernement Harper sans augmenter les impôts.
À la fin du caucus libéral hier à Sudbury, Michael Ignatieff a embrassé un poupon de sept semaines que lui a présenté sa femme, Zsuzsanna Zsohar.
À peine une journée après avoir annoncé qu’il tenterait de défaire le gouvernement au Parlement à la première occasion, M. Ignatieff a ainsi pris ses distances d’une position controversée qu’il avait adoptée plus tôt cette année.
En avril, le chef libéral avait évoqué la possibilité de devoir augmenter les impôts pour rembourser le déficit de quelque 50 milliards de dollars prévu par le gouvernement. Ses adversaires politiques, en particulier les conservateurs, avaient sauté sur l’occasion pour l’attaquer dans les médias.
Or, en point de presse à Sudbury au terme d’une réunion du caucus de son parti, Michael Ignatieff a tenu à mettre les pendules à l’heure – et à clarifier d’emblée une question susceptible de revenir le hanter dans une campagne électorale.
«Nous avons déjà été dans la même position, a-t-il dit. Nous avons hérité d’un déficit de 42 milliards de dollars de M. Mulroney et nous avons dû le nettoyer, et nous l’avons fait sans augmenter les impôts. Nous avons hérité d’un trou de 50 milliards de dollars de M. Harper et nous allons le nettoyer sans augmenter les impôts.» Le chef libéral n’a cependant pas précisé comment il comptait rembourser ce grand déficit, résultat de la crise économique et du besoin d’augmenter les dépenses gouvernementales pour stimuler l’économie.
«Attendez pour voir», a-t-il seulement lancé.
Les conservateurs ont réagi en fin de journée en affirmant que la dernière fois que les libéraux ont voulu rembourser la dette, dans les années 90, ils l’ont fait en réduisant les transferts aux provinces en matière de santé et d’éducation.
Pas de déclic soudain
M. Ignatieff a partagé pour la première fois hier midi ses réflexions après avoir causé une commotion, mardi, en annonçant qu’il n’appuierait plus le gouvernement Harper et tenterait de le défaire à la première occasion.
« Il n’y a pas eu de déclic soudain », a-t-il expliqué en parlant du moment où il a pris sa décision, qu’il a décrite comme étant irréversible. Il dit avoir consulté plusieurs de ses collègues durant l’été et réfléchi longtemps et calmement, en plus de parler aux Canadiens durant sa tournée estivale.
Cette décision l’a néanmoins forcé à annuler le voyage qu’il prévoyait faire en Chine avec une délégation de députés entre le 6 et le 9 septembre. «Nous voulons voir comment la situation politique se développe. M. Harper a des cartes à jouer, M. Duceppe a des cartes à jouer, M. Layton a des cartes à jouer et il me paraît responsable d’être ici pendant que ces questions se clarifient», a-t-il dit.
Le NPD a évoqué mardi la possibilité de collaborer avec le gouvernement pour empêcher des élections. «Ça leur appartient de décider. Je ne peux pas décider pour les autres partis », a réagi Michael Ignatieff, peu bavard sur le sujet.
Outre la question du déficit, M. Ignatieff a donné un autre aperçu de sa plateforme électorale, cette fois-ci sur la question de l’environnement. Prenant clairement ses distances face aux politiques de son prédécesseur, il a précisé sa préférence pour un système de quotas et d’échanges ( cap and trade) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Le geste qui doit être fait est d’établir un système continental de quotas et d’échanges », a-t-il insisté.
Il a aussi prêché en faveur d’un plan d’action pour nettoyer les plans d’eau canadiens le plus rapidement possible. « Vous verrez un plan environnemental très robuste dans notre plateforme quand les élections viendront», a-t-il promis.
« Unis » derrière le chef
L a décision de M ichael Ignatieff de provoquer des élections n’a pas plu à tous les membres de son parti. Certains députés et sénateurs, particulièrement en Ontario, lui avaient clairement fait savoir qu’ils auraient préféré attendre encore un peu. Néanmoins, les libéraux ont tenté de projeter une image d’unité et d’harmonie, hier, au terme de ce caucus mouvementé.
Le sénateur David Smith est l’un d’eux. L’organisateur avait déclaré qu’il serait irresponsable de tenter de déclencher des élections de manière continuelle, s’est dit serein de la décision du chef. « Je pense que la décision est de première classe ! » s’est-il exclamé.

Québec veut des gestes concrets d’Ottawa  -  Tommy Chouinard
— Le gouvernement Charest profite de la fièvre électorale à Ottawa pour mettre de la pression sur les partis fédéraux, les conservateurs de Stephen Harper en particulier.
QUÉBEC
Ottawa doit accepter de verser à Québec une compensation financière de 2,6 milliards de dollars pour l’harmonisation de la TPS et de la TVQ avant le déclenchement probable des élections cet automne, a affirmé hier le ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, Claude Béchard.
D’ici à ce que les machines électorales démarrent, d’autres dossiers, qui traînent en longueur, doivent être « réglés » selon lui. Il veut que le gouvernement Harper donne le feu vert à certains travaux d’infrastructures et lui cède la propriété des terrains devant le parlement, à Québec.
À l’entrée d’une réunion du Conseil des ministres, M. Béchard a voulu lancer un appel à l’ensemble des partis fédéraux. Mais cet appel visait surtout les troupes de Stephen Harper.
« On a une période préélectorale où tous les partis politiques à Ottawa ont une belle occasion de faire ce qu’on appellerait du fédéralisme de crédibilité. Avant de venir nous promettre quoi que ce soit en campagne électorale, il y a peut-être un certain nombre de gestes à faire avant pour donner de la crédibilité à leurs promesses qu’ils vont faire en campagne », a-t-il affirmé.
Puis, Claude Béchard a énuméré des dossiers qui doivent être « réglés » avant un éventuel scrutin, ce qui interpelle seulement le gouvernement conservateur. « On pense à l’harmonisation de la TVQ et de la TPS. Ça fait longtemps qu’on en parle. Qu’on le règle donc avant au lieu de nous promettre en campagne électorale qu’on va le régler », a-t-il expliqué. Québec réclame une compensation de 2,6 milliards de dollars pour avoir harmonisé sa taxe de vente provinciale à la TPS dans les années 90.
Claude Béchard veut aussi clore les discussions sur la cessation des terrains deva nt le pa rlement qui appartiennent toujours à Ottawa. Des annonces en infrastructures doivent aussi être faites avant les élections, a-t-il ajouté, interpellant là encore le gouvernement Harper. « Ce qu’on souhaite, c’est qu’on se donne tout le monde la possibilité de régler des choses pour que, quand on va arriver en campagne électorale et qu’on va nous promettre ci et ça, on va se baser sur un bilan. »
Claude Béchard demande à tous les partis politiques fédéraux de se prononcer sur certains enjeux comme la création d’une commission pancanadienne des valeurs mobilières, un projet cher aux conservateurs mais auquel s’oppose Québec.




La priorité : reconstruire le parti   -  Joël-Denis Bellavance

Michael Ignatieff écarte maintenant l’idée d’élections à brève échéance
OTTAWA — Après avoir vainement tenté de renverser le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper, en octobre, les libéraux de Michael Ignatieff écartent maintenant l’idée d’élections à brève échéance. I ls ont décidé d’accorder la priorité à la reconstruction de leur parti afin de mieux reconquérir le pouvoir, après avoir vu leurs appuis chuter de manière spectaculaire dans les sondages depuis quelques mois.
La tenue d’une conférence de grands penseurs, initialement prévue à la mi-janvier et maintenant remise à la fin de mars à Montréal, sera la pierre angulaire de ces efforts de reconstruction.
Dans un courriel envoyé à tous les militants libéraux du pays, le chef libéral Michael Ignatieff a confirmé hier la tenue de cette conférence, du 26 au 28 mars dans la métropole, qui aura comme thème « Les 150 ans du Canada: relever le défi ».
Ce faisant , M. Ignatieff s’inspire des Jean Chrétien et Lester B. Pearson pour remettre le PLC sur les rails. En 1991, Jean Chrétien, alors dans l’opposition, avait organisé une conférence d’experts à Aylmer qui a donné naissance au fameux Livre rouge du Parti libéral, une arme redoutable que les libéraux ont utilisée durant la campagne électorale de 1993. Le Livre rouge a connu un tel succès que les libéraux en ont rédigé un deuxième en vue des élections de 1997 et un troisième en 2000. Et les libéraux de Jean Chrétien ont remporté trois victoires majoritaires de suite.
En 1960, Lester B. Pearson, également dans l’opposition, avait aussi réuni de grands penseurs à l’occasion de la « conférence de Kingston ». Élu à la tête d’un gouvernement minoritaire en 1963 et en 1965, M. Pearson a lancé des réformes sociales avantgardistes, notamment l’accès universel aux soins de santé; les prêts aux jeunes désireux de faire des études postsecondaires ; le bilinguisme ; le régime de pensions du Canada. Son gouvernement a aussi adopté le drapeau canadien.
« La conférence de trois jours, qui s’inscrit dans la tradition de la conférence de Kingston de 1960 et de la conférence d’Aylmer de 1991, invitera des penseurs progressistes et des militants représentant une large part de la société canadienne pour discuter des défis fondamentaux auxquels le Canada fait face dans une nouvelle ère d’incertitude et de bouleversements économiques mondiaux. La conférence sera une étape clé dans l’élaboration de la plateforme du Parti libéral pour la prochaine élection générale », a écrit M. Ignatieff dans son courriel aux militants.
En prévision de cette rencontre, le chef libéral effectuera une tournée du pays en janvier, et rencontrera d’abord les jeunes dans les écoles secondaires, les collèges et les universités. Le Parti libéral mettra sur pied un site internet afin d’encourager les Canadiens à soumettre des idées qui pourraient être abordées durant la conférence.
Les députés libéraux ont pour leur part reçu le mandat d’organiser des tables rondes et des assemblées publiques dans leur communauté afin de prendre le pouls de leurs électeurs.
Selon Michael Ignatieff, ce grand brassage d’idées permettra au Parti libéral de se donner les outils pour gouverner le pays.
« Dans quelques années à peine, nous célébrerons le 150e anniversaire de notre pays. Mais une question fondamentale se pose: quel genre de pays serons-nous ? Et quel genre de pays pouvons-nous être ? (…) Il ne s’agit pas seulement de parler du genre de Canada que nous voudrions être en 2017, mais aussi de ce que nous devons faire aujourd’hui et demain pour y arriver », a soutenu M. Ignatieff.


Remontée conservatrice  -  LYSIANNE GAGNON
Un gouvernement conservateur solidement majoritaire, qui tire sa force de l’Ontario et de l’Ouest, pendant que le Parti libéral s’étiole à l’ouest de l’Ontario sans même parvenir à faire des gains dans un Québec plus que jamais en retrait, toujours dominé par le Bloc…
Tel est le portrait qui aurait résulté d’élections automnales, si les libéraux avaient réussi dans leur tentative masochiste de renverser le gouvernement.
Selon Strategic Council, les conservateurs de Harper ont 13 points d’avance sur les libéraux sur la scène pan-canadienne, le PLC se retrouvant aussi mal pris sous la gouverne d’un Michael Ignatieff dont il attendait pourtant mer et monde, que sous celle de Stéphane Dion. Pendant que le PLC plafonnait, le PC a pris une avance qui lui permettrait de former un gouvernement majoritaire.
Pour ce qui est du Québec, il faut plutôt se fier au sondage de CROP, antérieur de deux semaines à celui du Strategic Council, mais qui a le mérite de reposer sur un échantillon de 1000 personnes. Ce sondage montre lui aussi la dégringolade des libéraux – une dégringolade que les sorties belliqueuses de Denis Coderre et le cafouillage dans Outremont ont certainement accentuée. Malgré ses indéniables qualités, Marc Garneau, le nouveau bras droit de M. Ignatieff au Québec, n’a pas les atouts nécessaires (soit l’expérience politique et la connaissance du terrain) pour faire des miracles.
Logiquement, le vote fédéraliste se déplace vers les Tories, dont la cote a remonté de quatre points en un mois. M. Harper a appris de ses erreurs, l’économie ne va pas aussi mal que prévu, le premier ministre a bonne presse – et il n’a pas renoncé au Québec.
Il a commencé à faire la paix avec Brian Mulroney, qui reste l’incontournable figure de proue pour les «bleus» du Québec. Cameron Charlebois, un acteur important dans le paysage urbanistique, vient d’être nommé à la tête de la Société immobilière du Canada (section Québec), et va s’attaquer aux fameux silos qui longent la rive montréalaise du fleuve. Le Vieux-Port et ses environs sont une responsabilité fédérale. Si l’on réussit à relever ce secteur et à en faire un beau lieu d’activités mixtes comme on l’a fait dans l’île Granville, à Vancouver, le crédit de cette opération très visible en reviendra au gouvernement Harper.
Dans le comté de MontmagnyL’Islet–Kamouraska–Rivière-du-loup, où une élection partielle aura lieu le 9 novembre, les conservateurs ont déniché un candidat intéressant – l’ancien maire de La Pocatière Bernard Généreux, un homme jeune, dynamique et bien vu. La circonscription est bloquiste (l’ancien député Paul Crête, en place depuis 1993, a eu 6500 voix de majorité en 2008), mais face à une nouvelle venue, le PC pourrait afficher une meilleure performance.
L’époque où la politique attirait des vedettes connues partout dans la province est révolue. Le mieux qu’un parti politique puisse espérer, c’est de recruter des gens compétents et bien implantés dans leur milieu. Or, et c’est bon signe, les conservateurs viennent d’attirer un candidat de qualité dans un comté théoriquement «perdu»… alors que les libéraux n’ont pas encore choisi le leur, l’ironie étant que M. Généreux est libéral au provincial.
Le sondage du Strategic Council contient d’autres mauvaises nouvelles pour les libéraux. D’une part, le PLC recule dans l’électorat féminin qui lui était pourtant traditionnellement acquis. D’autre part, l’extrême faiblesse du parti dans l’Ouest, et son recul en Ontario, va profiter au NPD… Si le déclin du PLC se confirme, le NPD pourrait être tenté par l’aventure électorale et cesser de soutenir le gouvernement. M. Harper ne serait que trop heureux de lui en fournir le prétexte.

La descente aux enfers  -  ALAIN DUBUC
Un sondage du Globe and Mail d’hier montre que la lente glissade des libéraux fédéraux s’est transformée en dégringolade. Après avoir devancé les conservateurs de cinq points en mai dernier, ils ont perdu cette avance au cours de l’été pour se retrouver, à la veille de la rentrée des classes, cinq points derrière leurs adversaires. Cet écart s’est maintenant creusé à 13 points.
Il s’est donc passé bien des choses en un mois. Début septembre, des élections générales à l’automne semblaient inévitables. Et Michael Ignatieff pouvait raisonnablement croire qu’en travaillant fort, il pouvait les remporter. Quatre semaines plus tard, Stephen Harper, avec 41% des intentions de vote contre 28% pour les libéraux, peut non seulement compter sur une victoire, mais raisonnablement croire qu’elle serait majoritaire.
Cela en dit long sur la volatilité extrême de l’électorat, sur la difficulté de faire des prévisions, et sur les dangers de croire que le temps présent peut nous dire ce que l’avenir nous réserve. Tout peut donc encore changer. Mais la descente aux enfers de M. Ignatieff est trop brutale et trop marquée pour être portée au compte des phénomènes passagers.
Il y a, dans la chute rapide de popularité des libéraux, un élément conjoncturel : la réaction très négative des électeurs aux tentatives de M. Ignatieff de renverser le gouvernement. Non seulement les Canadiens ne voulaient pas d’élections si rapprochées, ils en sont même au stade où ils souhaitent un gouvernement majoritaire. Rétrospectivement, la stratégie libérale a été désastreuse. Mais c’est le genre de choses que l’on finira par oublier.
Cet incident a par contre révélé deux tendances lourdes, bien plus menaçantes pour les libéraux. D’abord, le profond désir de stabilité des citoyens. Par définition, cela profite au gouvernement en place. Ensuite, le fait qu’il n’est pas vrai, comme l’ont sans doute cru les stratèges libéraux, que la récession affaiblirait le gouvernement. Ici comme ailleurs, c’est le contraire qui semble se produire. On le voit par exemple à la récente victoire d’Angela Merkel en Allemagne.
D’autant plus que le gouvernement Harper s’est bien acquitté de sa tâche. Le Canada s’en est sorti mieux que les autres, sa reprise sera plus vigoureuse, et les organismes internationaux félicitent le gouvernement canadien pour ses politiques de relance. Les déboires des libéraux ne s’expliquent pas seulement par leurs faiblesses, mais aussi par la performance des conservateurs.
Il est vrai que la stratégie de relance des conservateurs a été imposée par les libéraux, et que le gouvernement Harper a dû déposer un budget de type libéral pour éviter d’être renversé. Mais le résultat est là. Et dans un contexte où le principal enjeu politique reste la relance économique, rien ne distingue foncièrement les libéraux des conservateurs.
À ce contexte difficile s’ajoute un problème propre aux libéraux. Le fait que le penseur respecté qu’est Michael Ignatieff ne s’est pas transformé en politicien et en leader. On a vu les carences du politicien dans l’incident Cauchon-Coderre. Elles s’expliquent bien moins par le fait que le chef est entouré de Torontois que parce que celui-ci n’a pas eu l’instinct politique pour déceler un problème, ni la détermination pour le régler avant qu’il ne se transforme en crise.
Mais surtout, M. Ignatieff n’a pas réussi à bien expliquer ce que serait un gouvernement libéral, et en quoi il se distinguerait. C’est peut-être le calcul politique d’un parti qui veut attendre avant de dévoiler son jeu. Bien sûr, il y a les valeurs libérales et les évidentes différences culturelles et idéologiques entre libéraux et conservateurs. Mais ce n’est manifestement pas assez pour convaincre l’électorat.

Qu’est-ce qui fait donc chanter M. Harper?  -  VINCENT MARISSAL
Stephen Harper est à la tête d’un gouvernement minoritaire menacé de renversement. Il traverse la pire crise économique depuis la Grande Dépression, ce qui creusera le pire déficit de l’histoire du Canada.
M. Harper devrait avoir le moral dans les talons et son parti devrait sombrer dans les sondages.
Au contraire, le Parti conservateur ne s’est jamais si bien porté au Canada, et son chef s’est même permis un rare moment de détente en public en chantant une toune des Beatles avec Yo-Yo Ma, samedi soir, au Centre national des arts d’Ottawa.
Qu’est-ce qui fa it donc chanter Stephen Harper (air connu)?
Les sondages, dont le dernier Strategic Counsel publié hier dans The Globe and Mail, qui donne 13 points d’avance aux conservateurs sur les libéraux? Cela contribue certainement à la bonne humeur du premier ministre.
M. Harper n’a pas joué du piano ni chanté en public, hier, pour célébrer ce nouveau sondage dévastateur pour les libéraux, mais il a donné une entrevue à une radio de Toronto pour suggérer aux partis de l’opposition d’oublier leur projet de défaire son gouvernement.
Sont-ce les crises internes chez les libéraux qui rendent M. Harper si guilleret et exubérant? (Enfin, on se comprend: guilleret et exubérant pour le très lymphatique Stephen Harper.)
Ça ne peut pas nuire au bonheur du premier ministre que de voir son principal adversaire se couler lui-même en lavant son linge sale en public.
Est-ce l’appui inusité du NPD qui réjouit à ce point M. Harper ? Ironiquement, l’appui de Jack Layton rend peut-être les conservateurs plus acceptables aux yeux des électeurs qui les trouvent généralement beaucoup trop à droite.
Tout cela peut certainement inciter M. Harper à chantonner de plaisir. Mais il n’est pas soudainement devenu un boute-entrain. Il est d’abord un tacticien. Et pour un tacticien, il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir ses morceaux se mettre en place pendant que ceux de l’adversaire explosent dans le plus grand désordre.
Stephen Harper a pris des risques, ces derniers mois, et ceux-ci s’avèrent aujourd’hui très payants.
Il a pris un risque, notamment, en parlant ouvertement d’un gouvernement conservateur majoritaire, une idée qui rebutait profondément l’électorat il y a quelques mois à peine. Résultat: l’idée a fait son chemin, devenant soudainement acceptable.
Fidèles à leur stratégie, les conservateurs ont aussi lancé des publicités négatives contre Michael Ignatieff, rappelant notamment que le chef libéral a vécu hors du pays très longtemps et l’accusant d’être hautain.
Visiblement, les pubs conservatrices ont fait mouche, mais, pis encore, celles qu’ont lancées les libéraux en réplique ont complètement manqué la cible, montrant un Michael Ignatieff figé et mal à l’aise. La meilleure défense, c’est bien connu, c’est l’attaque. Au lieu d’essayer de répliquer aux insinuations des conservateurs, les libéraux auraient mieux fait de s’en prendre au bilan du gouvernement.
Stephen Harper a aussi dû sortir des sentiers traditionnels des conservateurs en adoptant des mesures… libérales pour affronter la récession. Il risquait ainsi de déplaire à la base dure de son parti, les anciens réformistes, mais il se rapprochait aussi du centre, ce qui aura été finalement plus payant que dommageable.
La crise économique a forcé les conservateurs à migrer vers le centre, ce qui les sauvera peut-être dans l’électorat.
M. Harper se trouve maintenant à assouplir l’assurance emploi, notamment en ouvrant la porte aux travailleurs autonomes, tout en insistant lourdement sur des aspects « loi et ordre », comme la traite des enfants et les criminels à cravate, pour apaiser sa base électorale.
Pendant ce temps, la stratégie libérale s’effrite.
Encore le week-end dernier à Québec, Michael Ignatieff a mitraillé le gouvernement à cause du déficit historique qui s’annonce. Le hic, c’est que tout le monde sait que ce déficit a été provoqué par la crise économique, pas par la mauvaise gestion ou le gaspillage du gouvernement conservateur. Par ailleurs, les libéraux peuvent difficilement critiquer l’injection de milliards dans l’économie puisqu’ils auraient fait exactement la même chose.
Les libéraux essayent aussi de dépeindre Stephen Harper comme un horrible monstre que les Canadiens détestent et dont ils veulent se débarrasser au plus vite, au moment où ceux-ci découvrent un pianiste un peu crispé, mais pas bien méchant.
Cette mise en scène fait partie d’une opération charme utilisée jadis pour Mike Harris (le chef de cabinet de Stephen Harper, Guy Giorno, travaillait pour l’ex-premier ministre ontarien) et nommée HOAG, pour Hell of a Guy (un maudit bon gars!). Chose certaine, l’opération Beatles de samedi soir a très bien fonctionné.
Pendant que M. Harper projette l’image d’un leader relax et en plein contrôle, les électeurs voient les libéraux déchirés par les crises.
Les libéraux essayent très fort de faire passer Stephen Harper pour un control freak (ce qu’il est, en effet), mais Michael Ignatieff, lui, semble avoir perdu le contrôle de son parti dans l’affaire Coderre, notamment.
Le pire pour les libéraux, c’est que les choses s’amélioreront vraisemblablement pour les conservateurs au cours des prochains mois. L’économie montre ses premiers signaux positifs et, si le gouvernement survit à l’automne, il pourrait aussi bénéficier de l’effet olympique.
Même au Québec, où on note une légère remontée des conser vateu rs , M. Ha r per pourrait abattre quelques cartes payantes. Il pourrait annoncer, par exemple, une entente (et un chèque de plus de deux milliards de dollars) pour l’ha r monisation des taxes de vente avec Québec.
On dit aussi que l’entente Canada-Québec sur la culture est bien avancée ( pour le transfert de certains pouvoirs en culture à Québec) et pourrait être annoncée au moment jugée opportun.

Le gouvernement Harper survit à un nouveau vote  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Le gouvernement con ser vateu r de S tephen H a r per a s u r vé c u à u n deuxième vote de blâme en deux semaines, hier, grâce à l’appui des néo-démocrates, qui se disent convaincus que ce geste permettra d’aider les chômeurs.
Comme prévu, le Bloc québécois a appuyé les libéraux de Michael Ignatieff et voté en faveur d’une motion visant à retirer la confiance de la Chambre envers le gouvernement. Les députés du NPD de Jack Layton sont finalement restés assis, et leur abstention a permis aux conservateurs de remporter le vote controversé.
« Notre abstention reflète le désir de supporter les chômeurs plutôt que de supporter le désir des libéraux d’avoir des élections », a dit le député du NPD, Yvon Godin, tout de suite après le vote.
Les néo-démocrates avaient annoncé depuis deux semaines qu’ils ne feraient « rien pou r provoquer des élections », tant que les modifications au régime d’assurance emploi ne seront pas adoptées. Le gouvernement conservateur a promis, à la mi-septembre, d’injecter 900 millions de dollars pour augmenter les prestations d’assurance emploi pour les travailleurs de long ue du rée qu i ont perdu leur emploi. Le projet de loi a été déposé, mais n’est pas encore adopté par le Parlement.
Il y a deux semaines, bloquistes et néo-démocrates avaient assuré la survie du gouvernement minoritaire en appuyant une motion de voies et moyens qui comprenait notamment le crédit d’impôt à la rénovation résidentielle.
Ignatieff cinglant
L a nça nt le débat su r la motion de défiance, le chef de l’opposition officielle, M. Ignatieff, a en matinée fait le procès du gouvernement de Stephen Harper, expliquant pourquoi, selon lui, la Chambre ne devait plus lui faire confiance pour diriger les affaires du pays.
Dans un discours passionné, qui visait à marquer une rupture avec la semaine difficile vécue dans le camp libéral, après la démission fracassante de Denis Coderre lundi, M. Ignatieff a été cinglant à l’égard du gouvernement.
« Ce n’est pas seulement l’idéologie conservatrice, ce n’est pas seulement leurs politiques, c’est la façon dont ils font de la politique, a critiqué le chef libéral. Pour eux, tous les adversaires sont des ennemis. On ne peut pas faire fonctionner le Canada comme ça. On ne peut pas diviser notre pays ainsi. »
M . Ignatieff a vivement c r it iq ué les position s du gouvernement Harper sur les changements climatiques, sur la Chine, sur l’ONU, sur le Québec, sur les Canadiens q u i s e r e t r ouve n t pr i s à l’étranger.
Pou r le chef libéral, les conservateurs « ont perdu le contrôle des finances publiques du pays », ils n’ont « pas de plan pour sortir du déficit » et compromettent, ainsi, la capacité du gouvernement canadien à venir en aide aux aînés et protéger leurs pensions, à assurer un système de santé adéquat et à aider les chômeurs.
« Nous méritons mieu x. Nous méritons un gouvernement de compassion, de créativité, de collaboration, un gouvernement qui unit les Canadiens, qui ne les divise pas », a conclu le chef de l’opposition.

L’homme qui a « sauvé » le gouvernement  -  Joël-Denis Bellavance
Des élections fédérales semblaient inévitables cet automne jusqu’à ce que le chef du NPD, Jack Layton, séduit par la proposition des conservateurs d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations d’assurance emploi à des travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi, cause la surprise en offrant de soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. M. Layton a dû se défendre de renier ses principes à la suite de cette décision. L’homme à la cravate orange s’est entretenu avec notre chef de bureau à Ottawa, Joël-Denis Bellavance, à ce sujet.
Q Beaucoup
Après avoir empêché des élections fédérales cet automne en soutenant le gouvernement Harper, le parti de Jack Layton est dans la ligne de mire des libéraux.
d’observateurs vous ont critiqué parce que vous avez décidé de soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. Avez-vous trouvé la rentrée parlementaire difficile ? R Tous les j ours, j’ai pensé aux visages des gens que j’ai rencontrés pendant l’été, même la semaine dernière, qui me disaient, après une réunion : « J’ai perdu mon emploi. J’ai 50 ans et je ne peux pas trouver un autre travail. » J’ai vu des larmes sur les visages. Ils m’ont demandé de faire quelque chose pour les aider. On me pose des questions sur les sondages, ou encore à propos de nos décisions sur les votes passés. Mais moi, je pense à eux. Mercredi soir, j’étais à l’Université Queens. Une jeune fille pensait qu’elle ne pourrait pas aller à l’université parce que son père à Thunder Bay a perdu son emploi. Son père devait choisir entre l’hypothèque ou les frais de scolarité. Quand on pense à la possibilité d’avoir 1 milliard de dollars pour ces familles, pour ces personnes, je n’ai aucun doute au sujet de ce que nous devons faire. On doit venir en aide à ces familles le plus rapidement possible. Q Ces
attaques ne vous dérangent pas ? R J’ai vécu toute ma vie avec des attaques. Il n’y a jamais eu un journal qui a appuyé notre parti. Mais nous avons toujours progressé en tant que parti, nous avons toujours augmenté nos appuis durant les élections. Pourquoi ? Parce que nous tentons de faire ce que les gens veulent de nous. Je n’ai rencontré presque personne qui m’a dit que la première chose que nous devions faire, c’était de provoquer d’autres élections. Mais, d’un autre côté, beaucoup de gens nous ont demandé de les aider. Je pense que le choix était clair. Q Donc,
vous estimez avoir écouté la population, avoir fait passer les intérêts de la population avant les intérêts des partis politiques ? R C’est notre raison d’être. Nous essayons d’être fidèles à ces principes. Sommes-nous parfaits tout le temps ? Probablement pas. Nous sommes des êtres humains. Mais nous faisons de notre mieux. C’est pourquoi le caucus est content de ce qui arrive. Nos militants nous appuient. Et les grands syndicats aussi. Q Que
répondez-vous à ceux qui disent que le NPD a abandonné son rôle de conscience sociale du Parlement en appuyant un gouvernement conservateur qui, selon les observateurs, a mis du temps à réagir à la crise économique et qui, selon les écologistes, a fait peu de choses pour lutter contre les changements climatiques ? R Nous rejetons plusieurs des politiques de M. Harper. Mais ce que nous sommes en train de faire, c’est d’accomplir des résultats concrets pour les gens. C’est toujours de cette façon que le NPD a fonctionné. Pour nous, ce qui compte, ce sont les résultats, pas nécessairement les apparences. Aussi, le NPD a appuyé le premier projet de loi déposé par le gouvernement Harper sur l’imputabilité. Nous avons proposé des amendements. Les conservateurs les ont acceptés pour régler le comportement inacceptable et la corruption des libéraux. Q Est-
ce que les événements de cette semaine vous ont appris une leçon concernant la façon de faire de la politique ? Vous avez souvent reproché aux libéraux de soutenir les conservateurs. Vous avez même préparé un gâteau pour souligner le fait qu’ils avaient voté 79 fois avec les conservateurs. Avec le recul, feriez-vous la même chose? R Nous avons peut-être trop mis l’accent là-dessus. Mais c’était pour démontrer que les libéraux n’obtenaient pas de résultats. Dans le dernier budget, par exemple, les conservateurs attaquaient les femmes, l’environnement, il y avait beaucoup de choses qui nous inquiétaient. C’est pourquoi nous avons souligné qu’il était inacceptable que les libéraux appuient les conservateurs sans rien accomplir, juste pour les maintenir au pouvoir. Q Depuis
votre décision, cette semaine, les libéraux vous attaquent beaucoup. Vous êtes dans leur ligne de mire. R Nous avons eu l’occasion de travailler avec les libéraux en formant une coalition (en décembre dernier). Mais M. Ignatieff a décidé de la rejeter pour ensuite appuyer M. Harper. Il a rejeté l’occasion de travailler ensemble pour mettre au pouvoir un gouvernement progressiste. Et maintenant, il ose m’attaquer pour avoir demandé directement au premier ministre et obtenu 1 milliard de dollars pour les chômeurs qui sont menacés de perdre leur maison ou qui ne peuvent mettre de la nourriture sur la table? Nous avons essayé de faire fonctionner le Parlement avec le Parti libéral en concluant une coalition. C’était une occasion en or. M. Ignatieff a signé le document en disant qu’il acceptait la coalition. Mais il a choisi M. Harper à la place, sans rien obtenir en retour. S’il avait été sincère dans son désir de remplacer M. Harper, il aurait pu le faire sans provoquer d’élections. Q Vous répondez à un voeu de la population en ne provoquant pas d’élections un an après le dernier scrutin. Vous offrez aussi une certaine stabilité à Ottawa. Mais pour combien de temps? R Cela va dépendre du premier ministre Harper. Va-t-il retourner à ses anciennes habitudes en refusant de travailler avec les autres ? Ou va-t-il essayer de répondre aux propositions réalistes et importantes qui sont sur la table en ce qui concerne les pensions, les frais des cartes de crédit, les changements climatiques ? S’il ne le fait pas, cela veut dire qu’il veut des élections et il provoquera des élections. S’il répond à nos propositions, cela indiquera une volonté d’avoir un Parlement qui fonctionne au lieu d’avoir un Parlement toujours en chicane.



Goodbye, la majorité!  - 
LYSIANE GAGNON
Ainsi donc, le NPD et le Bloc auraient « sauvé » le gouvernement Harper? Mais non, ce sont les libéraux qui viennent d’être sauvés!
Le défi d’Ignatieff au gouvernement était bien téméraire, car les libéraux partaient en guerre sur un fort mauvais pied. Par contre, avec plusieurs points d’avance dans les sondages et face au néophyte qu’est Michael Ignatieff, les conservateurs avaient ces temps-ci des chances réelles de former un gouvernement majoritaire.
Le gouvernement Harper, ne l’oublions pas, n’est qu’à 12 sièges du seuil requis pour la majorité. Or, le PLC d’Ignatieff baissait dans les sondages à mesure que se précisait la «menace» d’élections, et les premières salves de la précampagne libérale n’étaient pas de nature à susciter l’enthousiasme dans les chaumières: annonces télévisées anémiques (surtout en anglais), chef mal connu, plan d’affirmation internationale redondant, et aucun argument solide pour justifier le renversement du gouvernement…
Le nouveau chef libéral s’était «peinturé dans le coin» et seule l’intervention miracle d’un tiers parti pouvait le sauver. Le NPD, faut-il dire, avait fort peu d’intérêt à aller au front, lui dont la cote, à en juger par les derniers sondages, se rapproche dangereusement du 10%. Le Bloc, pour sa part, est en position solide au Québec. En revanche, la perspective d’un gouvernement conservateur majoritaire avait de quoi lui refroidir le sang, car avec un gouvernement majoritaire en place pour au moins quatre ans, les tiers partis perdraient beaucoup d’influence et de visibilité.
Le compromis avancé par le gouvernement Harper sur l’assurance emploi, de même que son populaire programme d’aide à la rénovation domiciliaire, constituaient de bons prétextes pour permettre aux tiers partis de justifier leur appui au gouvernement. Ce dernier, par ailleurs, n’aurait sûrement pas détesté être renversé, à un moment où les astres lui sont favorables… mais il devra attendre à l’an prochain, car le NPD vient de lui assurer son appui, en pratique, pour le reste de l’automne.
Ce revirement de la position traditionnelle des néo-démocrates, qui s’étaient fait jusqu’ici un point d’honneur de voter contre le gouvernement (et qui se moquaient du PLC pour sa «collusion» avec le gouvernement), va sûrement être très critiqué au sein du parti, mais permet à Jack Layton de sauver sa peau pendant quelques mois encore.
Pour l’instant, l’opinion publique, au Canada anglais, commence à en avoir assez des gouvernements minoritaires.
L’aventure de la coalition en a fait réfléchir plus d’un, et l’atmosphère constante de chicanes partisanes, inévitable produit des gouvernements minoritaires, a fait le reste. (Il y a eu, à d’autres époques et dans d’autres pays, des gouvernements minoritaires qui fonctionnaient plutôt bien, mais ce n’est pas le cas dans le Canada d’aujourd’hui, où tant les libéraux que le Bloc sont congénitalement incapables de jouer le jeu de bonne foi – les libéraux parce qu’ils se croient destinés par Dieu à former le gouvernement, et le Bloc parce qu’il ne croit pas au Canada.)
Il n’y aura donc pas d’élections cet automne… mais on ne dirait pas, car avec ces gouvernements minoritaires qui se succèdent, nous sommes dans une campagne électorale perpétuelle… Le Parlement nage dans la «politicaillerie», et le gouvernement est incapable de réfléchir et d’agir à long terme, obligé de surveiller ses arrières à chaque tournant. Et tant pis pour les lois nécessaires – celle, par exemple, qui viendrait ramener à la raison notre système d’accueil des demandeurs d’asile – qui ne pourront jamais être adoptées parce qu’elles prêteraient à controverse et que le gouvernement n’a d’yeux et d’oreilles que pour les mesures rentables à court terme. Un gouvernement qui ne fait que survivre, c’est un gouvernement sans vie


La majorité à portée de main  -  VINCENT MARISSAL
«Bon, on va être O.K., il n’y aura pas d’élections tout de suite – pas cette semaine, en tout cas », m’a lancé un collègue mardi soir au téléphone.
« Pas cette semaine. » En entendant la précision, l’absurdité de notre paysage politique m’a fait rire (jaune, à vrai dire).
On en est réduit, en cette ère de gouvernement minoritaire, à évaluer, à la semaine, les risques d’élections. Pas étonnant que nous n’ayons pas eu dans ce pays de véritables débats sur de véritables enjeux depuis des années. Depuis 2004, en fait, année de l’élection du premier gouvernement minoritaire en un quart de siècle.
Pas le temps pou r les vrais enjeux, il faut aller au plus pressant : des élections seront-elles déclenchées cette semaine, dans deux semaines ou le mois prochain?
Qua nd on pense que, dans certains pays plus stables politiquement, comme les États-Unis, par exemple, les présidents élus pour des mandats de quatre ans manquent parfois de temps pour accomplir les principaux engagements de leur programme politique ! Ici, on ne se préoccupe plus des programmes, seul le calendrier compte.
Cela d it , pu isque nous n’aurons pas de campagne pour le moment, Stephen Harper peut souffler un peu. D’autant plus que les planètes semblent s’aligner en sa faveur, ces temps-ci.
Son voyage écla i r à Washington et à New York n’au ra it d’a illeu rs pas pu mieux tomber. Son absence pour cause de fonctions officielles l u i don ne d’abord l’excuse parfaite pour ne pas assister, ce soir à Montréal, à la fête organisée pour souligner l’élection, il y a 25 ans, de Brian Mulroney.
Cette visite chez Ba rack Obama lui aura surtout permis de se poser en champion du libre-échange, la plus grande réalisation des conservateurs dans l’histoire moderne du Canada. La rencontre constructive entre M M . Ha rper et Obama à propos des restrictions du fameux Buy American Act ne peut que servir l’image du premier ministre.
Pendant que Harper était à Washington, hier, le NPD lui a signé un chèque en blanc qui pourrait lui permettre de se maintenir au pouvoir pendant plusieurs mois encore. En s’engageant à ne pas défaire le gouvernement tant que le projet de loi sur l’assurance emploi n’aura pas été adopté, Jack Layton aurait tout aussi bien pu envoyer une carte de Noël à Stephen Harper. Un projet de loi, c’est parfois long à adopter.
En prime pour M. Harper, les partis de l’opposition, au lieu de s’attaquer au gouvernement conservateur, mettent depuis quelques jours le plus gros de leur énergie à s’accuser les uns les autres d’appuyer le gouvernement, de trahir leurs principes ou même les Canadiens, de se contredire ou de manquer de colonne vertébrale.
Hier, le NPD a pris la peine d’envoyer un long communiqué aux médias pour contredire les affirmations de ses adversaires qui affirment qu’il n’est pas prêt à se lancer en campagne. Un peu plus et le NPD ajoutait: «Mon père est plus fort que le tien ! »
Les libéraux, quant à eux, ont poussé la puérilité de ce petit jeu jusqu’à utiliser les textes des chroniqueurs politiques du pays, dans les deux langues, pour en extraire des parties (seulement celles qui font leur affaire, évidemment) négatives à l’égard des conservateurs ou du NPD.
Ces querelles entre les partis de l’opposition font bien l’affaire de Stephen Harper. Elles renforcent son message selon lequel seul un gouvernement majoritaire conservateur peut assurer stabilité et sérieux à Ottawa.
La simple évocation d’une majorité conservatrice pa r Stephen Harper, il y a trois ans, en toute fin de campagne électorale, lui avait probablement fait perdre… la majorité. Les Canadiens avaient eu un mouvement de recul, perceptible dans l’écart entre les derniers sondages et le résultat final.
Les conservateurs ont toujours été extrêmement prudents lorsqu’ils abordaient la question de la majorité.
Cette fois, Stephen Harper ne se prive plus d’en parler ouvertement à chaque entrevue, signe indéniable, comme la fameuse vidéo, qu’il en a marre d’avoir les mains liées par l’opposition et qu’il entend maintenant jouer le tout pour le tout.
Après tout, la prochaine campagne, peu importe quand elle aura lieu, risque d’être la dernière de M. Harper. S’il gagne sa majorité, il reste pour un plein mandat de quatre ans et peut gouverner à sa guise. S’il ne l’obtient pas, il serait étonnant que son parti lui accorde une cinquième chance.
Il semble bien que son message dans cette fameuse vidéo, quoique cru, soit en train de faire son effet auprès de l’électorat. Les premiers sondages publiés depuis la diffusion de la vidéo de Sault-Sainte-Marie indiquent tous une remontée marquée des conservateurs et de son chef contre son adversaire libéral.
La firme Angus Reid, dans un sondage divulgué hier, accorde maintenant sept points d’avance aux conservateurs (36% PCC, 29% PLC, 17% NPD) et une avance écrasante de 41 % à 29 % en Ontario. C’est simple : les conservateurs sont en avance dans toutes les provinces, sauf au Québec (ils sont à égalité avec les libéraux dans les Maritimes).
Au-delà de la préférence des électeurs pour tel ou tel parti, le sondage Angus Reid démontre aussi qu’une majorité de Canadiens souhaitent maintenant un gouvernement majoritaire.
Stephen Harper n’a probablement jamais été si près d’une majorité et il en est privé par... l’appui du NPD. Il faudra voir, au cours des prochaines semaines, si les conservateurs ne forcent pas le jeu pour arriver à se faire renverser.



Le gouvernement Harper reste en vie  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Le gouvernement Harper a pu survivre à un premier vote de confiance cet automne, hier, grâce à l’appui du Bloc québécois et du NPD. Les élections automnales sont donc évitées, du moins pour l’instant.
Le député néo-démocrate Thomas Mulcair espère l’adoption d’un nouveau projet de loi du gouvernement sur l’assurance emploi.
Les partis de Gilles Duceppe et de Jack Layton ont en effet voté en faveur d’une motion de voies et moyens visant à mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget fédéral, dont un crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire et des détails financiers de l’accord de libre-écha nge Ca nadaColombie, accord auquel s’opposent pourtant bloquistes et néo-démocrates.
Le Bloc a expliqué sa décision en disant qu’il était en faveur du crédit d’impôt. Le NPD, de son côté, souhaite permettre l’adoption d’un nouveau projet de loi du gouvernement sur l’assurance emploi.
Ce projet de loi, C-50, vise à accorder jusqu’à 20 semaines de prestations supplémentaires aux travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi.
«Le NPD préfère de loin mettre 1 milliard dans les poches des chômeurs et de leur famille que de dépenser 300 millions sur des élections dont personne ne veut et qui ne changeront probablement pas la donne», a déclaré le député néo-démocrate Thomas Mulcair.
Pas d’élections à l’automne ?
Mais si les Ca nad iens n’auront pas à aller aux urnes le 26 octobre (comme cela aurait été le cas si le gouvernement Harper avait été défait hier), la possibilité d’élections automnales n’est toutefois pas entièrement écartée.
En effet, le chef libéral, Michael Ignatieff, a réitéré hier sa volonté de déposer une motion de défiance vers la fin du mois de septembre, dans l’espoir de remplacer le gouvernement à l’occasion d’un scrutin tenu le 9 ou le 16 novembre. Le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a indiqué hier qu’il était fort probable qu’il se range du côté des libéraux et se prononce lui aussi contre le gouvernement au moment du vote sur cette motion.
Le sort des troupes de Stephen Harper en octobre pourrait donc encore être entre les mains du NPD. Jusqu’ici, les néo-démocrates ont laissé planer la possibilité de garder le gouvernement en vie tant que le projet de loi C-50 ne sera pas adopté. Mais un stratège du NPD a confié à La Presse hier qu’il n’était pas encore acquis que Jack Layton et ses députés votent contre la motion libérale.
Pressions du Québec
Dans les prochaines semaines, cependant, le débat portera sans doute davantage sur la réforme de l’assurance emploi. Tous les partis souhaitaient accélérer l’adoption de C-50, mais le Bloc s’y est opposé, au motif qu’il ne répond pas aux intérêts des chômeurs québécois, plus précisément ceux des travailleurs de la foresterie.
Gilles Duceppe veut ainsi étudier le projet de loi en comité pa rlementa i re et sou ha ite obtenir des modifications afin d’augmenter l’accessibilité à l’assurance emploi aux travailleurs saisonniers, aux travailleurs forestiers, aux jeunes et aux travailleurs à statut précaire. Selon lui, le plan d’Ottawa s’adresse surtout aux travailleurs du secteur de l’auto de l’Ontario.
Le gouvernement du Québec a joint sa voix à celle du chef bloquiste, hier après-midi, et dénoncé l’immobilisme du gouvernement fédéral dans la crise qui touche l’industrie forestière. Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a réclamé une aide équivalente à celle accordée au secteur automobile ontarien.
Mais, peu avant la sortie de M. Gignac, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a semblé fermer la porte à la possibilité d’apporter des modifications au projet de loi.



Le NPD appuiera Harper  -  Joël-Denis Bellavance
Fausse alerte à Ottawa : il n’y aura pas d’élections automnales
OTTAWA — Nouveau coup de théâtre hier à Ottawa : le NPD, qui a toujours voté contre les mesures proposées par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006, se dit maintenant prêt à assurer la survie du gouvernement minoritaire de Stephen Harper jusqu’à nouvel ordre.
Le Nouveau Parti démocratique et son chef, Jack Layton, attendront que les modifications à l’assurance emploi proposées par les conservateurs soient adoptées avant de songer à défaire le gouvernement. Cela permet d’écarter le scénario d’élections fédérales à l’automne.
Séduit par l’engagement du gouvernement conservateur d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations pour les travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi, le NPD veut s’assurer que ces nouvelles mesures soient adoptées avant de songer à précipiter le pays en élections.
Cette décision, annoncée hier par le leader adjoint du N DP, Thomas Mulcair, à l’issue d’une réunion du caucus, permet d’écarter le scénario d’élections générales à l’automne puisque les conservateurs ont besoin de l’appui d’un seul des trois partis de l’opposition pour se maintenir au pouvoir.
Concrètement, cela veut dire que le NPD votera en faveur de la motion de voies et moyens qui sera déposée demain et qui vise à mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle. Cette motion engage la confiance de la Chambre des communes. Le Bloc québécois entend aussi voter en faveur de cette motion.
En outre, le NPD n’a pas l’intention d’appuyer la motion de censure enver s le gouver nement H a r per que compte déposer le Parti libéral au début du mois d’octobre si les modifications au régime d’assurance emploi proposées par la ministre des Ressources humaines ne sont pas adoptées d’ici là. L’adoption de ces mesures pourrait prendre quelques semaines.
Les libéraux de Michael Ignatieff sont déterminés à provoquer la chute du gouvernement Harper à la première occasion afin de forcer la tenue d’élections générales.
Prolongation des prestations
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a indiqué lundi qu’Ottawa comptait injecter 935 millions de dollars afin de permettre à certains travailleurs d’obtenir entre cinq et 20 semaines de prestations d’assurance emploi de plus. Cette mesure temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et serait rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en vigueur.
« Notre priorité est de faire fonctionner le Parlement dans l’intérêt des Canadiens. Notre caucus est déterminé à aider le plus possible et le plus rapidement possible les chômeurs qui en ont besoin. Nous devons être conséquents avec nous-mêmes. Nous n’allons pas faire de geste qui pourrait interrompre la possibilité que cet argent-là (935 millions) se retrouve dans les poches des chômeurs », a affirmé Thomas Mulcair.
Cela dit, le gouvernement Harper devra s’abstenir de proposer des mesures controversées uniquement pour provoquer les autres partis, a dit M. Mulcair.
Résultat : la Chambre des communes semble amorcer une certaine période de stabilité grâce à cette décision du NPD alors que d’aucuns s’attendaient au déclenchement rapide d’une campagne électorale, la quatrième en cinq ans.
Dans la foulée de cette décision, les stratèges conservateurs croient maintenant possible que le gouvernement Harper puisse gouverner en toute quiétude jusqu’au prochain budget, prévu en février ou en mars.
Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que le NPD doit maintenant vivre avec ses propres contradictions, rappelant que les troupes de Jack Layton avaient fréquemment accusé le Parti libéral de n’avoir aucun principe lorsqu’il appuyait le gouvernement Harper durant les votes de confiance, notamment ceux portant sur le budget.
« Je crois que M. Layton devrait expliquer aux travailleurs, aux gens, en quoi c’est cohérent avec ses positions antérieures. Moi, j’ai pris ma décision en tant que chef de l’opposition officielle. Ce gouvernement n’est pas à la hauteur des attentes légitimes des Canadiens. C’est ma décision. C’est aux autres à s’expliquer », a affirmé le chef libéral après avoir pris connaissance de la décision du NPD.
Le député libéral de Beauséjour, Dominic LeBlanc, a été plus cinglant. « Le NPD s’est laissé acheter pour franchement pas beaucoup. Ils avaient des revendications pour l’assurance emploi telles que diminuer à 360 heures le nombre d’heures nécessaires pour avoir accès aux prestations, augmenter les bénéfices à 60 %, enlever les deux semaines d’attente. Ils n’ont rien eu de cela. Si Tommy Douglas était encore en vie, il aurait honte du leadership du NPD de Jack Layton aujourd’hui », a-t-il dit.
Mais M. Layton a fait peu de cas de ces attaques.
« Nous croyons qu’un milliard de dollars pour les chômeurs est une décision plus sage en ce moment qu’un tiers de milliard de dollars pour tenir des élections. Cela, c’est certain. Il y a beaucoup de familles qui ont besoin d’aide et nous sommes ici pour défendre la cause des chômeurs », a dit M. Layton.
Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a réitéré que son parti compte appuyer la motion de censure des libéraux.
« J’ai dit clairement que c’est toujours enjeu par enjeu. Mais il n’est pas question de donner une bénédiction sur l’oeuvre générale de ce gouvernement. Nous n’avons pas confiance en ce gouvernement », a-t-il dit.


Harper le «socialiste» sauvé par les séparatistes  -  VINCENT MARISSAL
Stephen Harper serait-il en train de se transformer, à son corps défendant, en socialiste ?
À le voi r br ic ole r à la sauvette des réformettes du régime d’assurance emploi, on croirait bien qu’il a été contaminé par une bactérie soc ia l isa nte. Cela a commencé, il est v rai, pa r sa récente conversion aux vertus de l’interventionnisme d’État ou aux programmes d’infrastructures, des symptômes associés au x précédents régimes libéraux.
M. Harper sera aujourd’hui en bon ne compagnie à Washington, où il rencontre le président Barack Obama, luimême qualifié d’abominable socialiste par la droite américaine. M. Harper a d’ailleurs copié plusieurs gestes du président Obama, dont l’aide aux géants de l’auto et l’intervention auprès des banques.
Ce n’est pas pour rien que M. Harper s’excusait presque auprès de ses militants, dans la fameuse vidéo tournée à Sault-Sainte-Marie au début du mois , de devoi r fa i re des gestes qui ne sont pas « normalement associés aux conservateurs ». Il voit bien lui-même qu’il est « atteint » de socialisme galopant.
Cette soudaine conversion semble avoir rendu Stephen Harper plus présentable au « socialiste » Jack Layton et au « séparatiste » Gilles Duceppe, qui a indiqué le premier, hier, qu’il votera avec le gouvernement vendredi.
Voici donc Stephen Harper sauvé, ironie du sort, par les socialistes et les séparatistes. Sauvé un peu contre son gré, d’ailleurs, puisque les conservateurs sont probablement en meilleure position que les autres pour se lancer en campagne. Celle-ci attendra toutefois un peu.
Que le Blo c québécois décide d’appuyer le gouvernement vendredi n’est qu’une étape de la joute politique serrée qui s’amorce à Ottawa. C’est la suite qui sera plus délicate. Surtout pour Jack Layton.
Gilles Duceppe n’a pas l’i ntention de don ner u n ticket au gouvernement jusqu’au prochain budget, au printemps prochain.
Q u ’e n e s t-i l d e J a c k Layton ? Combien de temps jouera-t-il le rôle d’allié des conservateurs ? Et en échange de quoi ?
Pou r le moment , Jac k Layton peut bien dire que lui, contrairement aux libéraux de Stéphane Dion, ne donne pas de chèque en blanc à Stephen Harper, la perception largement répandue est qu’il est prêt à accorder son appui contre une poignée de petite monnaie, au mépris de ses principes.
Les libéraux craignaient il y a quelques semaines de voir leur chef se « dioniser » en se montrant trop conciliant envers le gouvernement H a r per. L a menace pèse maintenant sur Jack Layton. S’il appuie le gouvernement au vote de confiance prévu au début du mois d’octobre, le chef du N PD accordera de facto une prolongation de ma ndat de six mois à Stephen Harper, avec tout ce que cela comporte de risque.
Chez Jack Layton, l’instinct de survie pourrait être plus fort que les principes. Regardez les sondages : s’il y a des élections maintenant, le NPD risque une dégelée qui le ramènerait à sa position marginale des années Chrétien. M. Layton pourrait décider d’« acheter du temps ». À crédit. Et les intérêts, qu’il dev r a ve r s e r u n jou r ou l’autre, risquent de lui coûter une bonne partie de son capital politique auprès de sa base ou des indécis.
D éjà , depu is quelques jours, on note un adoucissement du ton du NPD dans ses communiqués. Le député Paul Dewar, par exemple, annoncera aujourd’hui une consultation des Canadiens au sujet de l’attitude d’Ottawa envers les ressor tissa nts ca nadiens coincés à l’étranger.
« L es Ca nadiens sont de plus en plus inquiets à propos du fait que le gouvernement ne reconnaît pas son devoir constitutionnel de protéger nos citoyens à l’étranger », écrit M. Dewar, qui ajoute que « cette campagne citoyenne veut recueillir l ’a p pu i d e s C a n a d ie n s de pa r tout au pays pou r demander au gouvernement de cor r iger le système. » R ien pou r faire peu r au x conservateurs.
Dans l’immédiat, le chef libéral, Michael Ignatieff, n’a pas trop à se plaindre de la tournure des événements.
Le délai accordé au gouvernement lui donne plus de temps pour s’organiser – ce qui n’est pas un luxe pour les libéraux – tout en maintenant la ligne dure envers Stephen Harper.
Et M. Harper, ne risque-t-il pas d’être accusé de pactiser avec le diable ?

Le premier ministre semble s’en remettre à de très hautes i nsta nces pou r le jugement de son bilan. « Pour être honnête avec vous, je suis beaucoup plus préoccupé par le verdict de Dieu concernant ma vie que par celui des historiens », a-t-il répondu dans une entrevue accordée à la revue Prestige, de Québec, et publiée dans le numéro courant. Pour joindre notre chroniqueur:


LA FIÈVRE EST TOMBÉE  -  Joël-Denis Bellavance
FIN DU SUSPENSE: LE BLOC A ANNONCÉ QU’IL ALLAIT APPUYER LE PARTI CONSERVATEUR AU VOTE DE CONFIANCE DE VENDREDI. LE FEUILLETON N’EST TOUTEFOIS PAS TERMINÉ : LES LIBÉRAUX OBTIENDRONT À NOUVEAU L’OCCASION DE DÉFIER LE GOUVERNEMENT HARPER LE 30 SEPTEMBRE.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a mis fin de manière définitive au petit suspense qui flottait encore à Ottawa en annonçant que ses troupes allaient se rallier autour de la mise en oeuvre de certaines mesures du budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle.
JOËL-DENIS BELLAVANCE OTTAWA — Tous les regards étaient encore tournés vers le chef du NPD, Jack Layton, hier, pou r savoir s’il prolongera ou non le règne du gouvernement minoritaire de Stephen Harper au vote de confiance prévu vendredi.
Mais en fin de compte, c’est le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a mis fin de manière définitive au petit suspense qui flottait encore à Ottawa : il a affirmé que ses troupes voteront en faveur de la motion de voies et moyens du gouvernement visant à mettre en oeuvre certaines mesures du budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle.
M. Duceppe a confirmé ses intentions en milieu d’aprèsmidi, au moment même où Jack Layton disait vouloir consu lter son cauc us , ce matin, avant de prendre une décision. Tout indique que les néo-démocrates emboîteront le pas aux bloquistes.
Mais quelle que soit la décision du chef du NPD, le résultat sera le même : le gouvernement Harper survivra aisément au vote de confiance et évitera ainsi la tenue d’élections généra les… pou r le moment.
En point de presse, hier, M. Duceppe a indiqué que la motion des conservateurs contient des demandes formulées par son parti depuis quelques mois.
« Ce sont des demandes que l’on faisait en novembre dernier. (…) J’ai toujours dit que c’était complètement imbécile d’avoi r dema ndé quelque chose et, quand on l’obtient, de dire "non, on n’en veut pas" », a dit M. Duceppe.
La fièvre électorale qui avait frappé tous les partis politiques le mois dernier, après que le chef libéral, Michael Ignatieff, eut indiqué qu’il tenterait de renverser le gouvernement conservateur à la première occasion, avait déjà baissé de quelques degrés lundi.
En effet, le gouvernement Harper avait tendu une branche d’olivier au NPD en proposant d’augmenter de 20 semaines la durée des prestations d’assurance emploi pour les travailleurs de longue date licenciés. M. Layton avait alors indiqué que son parti était favorable à cette proposition, mais il disait vouloir examiner le projet de loi avant de prendre une décision.
Les libéraux ont modifié du tout au tout la donne politique à Ottawa depuis qu’ils ont signifié leur intention de provoquer des élections générales cet automne. Depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006, le NPD a toujours voté contre le gouvernement Harper – au moins 79 fois –, laissant ainsi d’abord aux bloquistes, puis aux libéraux le fardeau de venir à sa rescousse.
L es st ratèges du N P D avaient même prépa ré un gâteau décoré de 79 bougies pour se moquer des libéraux au printemps. Maintenant, les rôles sont inversés et les libéraux prennent un malin plaisir à tourner en ridicule les principes du NPD.
Selon ce qu’a appris La Presse, la décision éventuelle du NPD d’appuyer pour la première fois le gouvernement Harper provoque un malaise certain chez les députés. La pression a diminué quelque peu hier après que le Bloc québécois eut annoncé ses intentions au sujet du vote de vendredi.
Mais le NPD, qui a vu ses appuis chuter dans les sondages depuis quelques semaines, sera de nouveau placé devant le même dilemme en octobre.
C’est que le Parti libéral a la ferme intention de déposer une motion de censure enver s le gouver ne ment Ha r per du ra nt la jou r née de l’opposition qui lui sera attribuée deux jours après le dépôt du troisième rapport sur l’état de santé de l’économie, prévu le 28 septembre.
Et le Bloc québécois a déjà fa it savoi r qu ’i l appu iera la motion de censu re des l ibérau x si el le ex pr i me clairement et simplement la non-confiance des Communes envers le gouvernement.
Interrogé hier sur la question de savoir si son parti faisait confiance au gouvernement Harper, M. Layton a esquivé la question.
« Pour nous, c’est toujours une question d’essayer d’améliorer le sort des Canadiens », a-t-il dit.
Les Communes ne siègent pas la semaine prochaine en raison du sommet du G20 à Pittsburgh, auquel M. Harper doit participer.



UN SURSIS POUR HARPER  -  Joël-Denis Bellavance &  Malorie Beauchemin
La volonté du gouvernement Harper de bonifier les prestations d’assurance emploi est venue tout chambouler hier à Ottawa. Les élections qui semblaient inévitables seront vraisemblablement reportées parce que les conservateurs ont trouvé, chez les néo-démo
OTTAWA — Le gouvernement minoritaire de Stephen Harper semble avoir obtenu un sursis d’au moins trois semaines après avoir proposé hier d’accorder jusqu’à 20 semaines de plus de prestations aux travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi.

Cette mesure a été bien accueillie par le chef du NPD, Jack Layton, qui a promis de l’étudier plus à fond avant d’arrêter sa décision. Mais tout indique que les troupes néo-démocrates, qui ne souhaitent pas d’élections générales cet automne, sont prêtes à accorder leur appui au gouvernement Harper jusqu’à ce que les modifications proposées au régime d’assurance emploi soient adoptées aux Communes.
Résultat : le gouvernement conservateur devrait aisément survivre au premier vote de confiance de la session parlementaire, qui doit avoir lieu vendredi. Ce vote porte sur une motion de voies et moyens visant à mettre en oeuvre cinq mesures du dernier budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle, le crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation et l’augmentation de la prestation fiscale pour le revenu de travail.
Les conservateurs, qui détiennent 143 des 308 sièges aux Communes, ont besoin de l’appui d’au moins un parti de l’opposition pour se maintenir au pouvoir. Hier, le NPD et le Bloc québécois se sont dits prêts à voter en faveur de la motion de voies et moyens si elle ne contient pas de cadeau empoisonné.
Les députés et ministres ont passé une bonne partie de la journée hier à spéculer sur les possibilités que le pays soit plongé en élections pour la quatrième fois en cinq ans. Depuis que les libéraux de Michael Ignatieff ont indiqué leur intention, il y a deux semaines, de renverser le gouvernement Harper à la première occasion, tous les partis se préparent à une bataille électorale cet automne.
Mais la fièvre électorale a diminué de quelques degrés, hier, après que le NPD eut salué la décision du gouvernement de bonifier le programme d’assurance emploi. Les stratèges du NPD croient pouvoir obtenir d’autres concessions de Stephen Harper et n’écartent pas l’idée de proposer des amendements au projet de loi qui sera déposé cette semaine.
« Il y a présentement 1,6 mi l l ion de chômeurs au Canada , et des mi l l iers d’autres vont être mis à pied cet hiver, malheureusement. Et la plupart des économistes s’entendent pour dire que les pertes vont continuer au moins j usqu’au pr i ntemps. Ces gens-là ont besoin d’aide », a affirmé hier Jack Layton en point de presse.
« L’annonce d’aujourd’hui semble être un pas dans la bonne direction. Il en reste beaucoup à faire. Notre préférence, c’est de travailler pour aider les chômeurs et les sans-emploi, pas de retourner en élections. Mais il n’est pas question pour nous de suivre la recette de Stéphane Dion et Michael Ignatieff. Il n’y aura
aucun chèque en blanc de la part du NPD », a ajouté M. Layton.
Cette ouverture du NPD au compromis a suscité les moqueries des libéraux. « Je trouve curieux qu’après avoir décrié pendant des semaines l’idée d’une coalition, le premier ministre multiplie les efforts pour en former une avec les gens qu’il qualifiait de socialistes pas plus tard que ce matin », a lancé le chef libéral durant la période de question.
Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, le NPD a toujours voté contre le gouvernement Harper, laissant ainsi le fardeau d’abord aux bloquistes, puis aux libéraux de venir à sa rescousse.
Visiblement mal à l’aise dans sa nouvelle position, le chef du NPD s’est contenté de lire une brève déclaration à la sortie de la Chambre, sans répondre à aucune question, contrairement à son habitude.
Stephen Harper a pour sa part tenté de profiter de la vive opposition des Canadiens à la tenue d’un autre scrutin. « C’est clair que la population ne veut pas d’élections. Le pays n’a pas besoin d’élections. Ce n’est pas dans les intérêts supérieurs du pays. La priorité, pour le gouvernement et pour la population, c’est l’économie », a affirmé M. Harper.
Même s’il survit au vote de confiance, vendredi, le gouvernement Harper n’est pas au bout de ses peines. Le Parti libéral compte en effet déposer une motion de censure envers le gouvernement durant la journée de l’opposition qui lui sera accordée au début du mois d’octobre. En principe, cette journée doit lui être attribuée deux jours après la présentation du troisième rapport sur l’état de santé de l’économie, prévue le 28 septembre.
Les Communes ne siègent pas la semaine prochaine en raison de la tenue, pendant deux jours, du sommet du G20 à Pittsburgh, auquel M. Harper doit participer.

Ignatieff fait deux promesses à saveur internationale
Michael Ignatieff a fait deux promesses, à Ottawa hier, dans un discours où il a exposé le volet international de sa plateforme électorale, dont il souhaite faire un point central de la prochaine campagne.
Le chef libéral a déclaré qu’élu, son gouvernement créerait un Secrétariat de la paix, de l’ordre et de la bonne gouvernance. « Notre Canada, nous le voyons comme […] capable d’enseigner le fédéralisme er la bonne entente entre les nations », a-t-il dit devant le Canadian Club d’Ottawa. Son bureau n’a pas donné plus de détails.
M. Ignatieff a aussi promis d’élargir le G8 pour inclure les pays du G20 et d’accueillir et financer un secrétariat permanent du G20 au Canada.
Les libéraux reprochent aux conservateurs de Stephen Ha r per ses posit ions en matière de relations étrangères et estiment qu’il a terni la réputation du pays sur la scène internationale. Cette rhétorique se trouve au centre des arguments évoqués par Michael Ignatieff pour justifier son désir de provoquer des élections et de remplacer le gouvernement dans les plus brefs délais.


Ottawa veut bonifier l’assurance emploi  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Désireux d’éviter des élections générales anticipées et de démontrer qu’ils travaillent pour soutenir l’économie, les conservateurs de Stephen Harper ont présenté, hier, la première mesure d’un plan plus vaste de réforme de l’assurance emploi.
Le gouvernement propose d’aider les Canadiens plus âgés en prolongeant la durée de leurs prestations.
Ainsi, un travailleur mis à pied qui a cotisé au régime de l’assurance emploi pendant au moins 7 des 10 dernières années et qui n’a pas touché de prestations pendant plus de 35 semaines depuis 5 ans pourrait toucher de 5 à 20 semaines supplémentaires de prestations.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, et son collègue du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, ont présenté hier les grandes lignes de cette mesure. « On s’était engagés devant la population canadienne à présenter un plan à l’automne (pour l’assurance emploi), a souligné le ministre Blackburn. C’est ce que nous faisons. Aujourd’hui, on veut cibler le groupe des travailleurs de longue durée qui ont besoin d’aide. »
Selon M. Blackburn, environ 190 000 travailleurs ayant récemment perdu leur emploi pourraient bénéficier de cette mesure, qui serait temporaire – jusqu’à l’automne 2011. Si le Parlement adopte le projet de loi, la mesure coûtera 935 millions au gouvernement. « Ça n’arrêtera pas là. Il y aura autre chose », a ajouté le ministre du Revenu.
Le premier ministre Harper avait notamment promis lors de la dernière campagne électorale de rendre les travailleurs autonomes admissibles à l’assurance emploi.
« Nous allons remplir cette promesse électorale », a assuré la ministre Finley, sans vouloir dire à quel moment le gouvernement pensait le faire.
« C’est une mesure très i mpor t a nt e , a r enc hér i M. Blackburn. C’est une catégorie de travailleurs qui jamais auparavant n’a eu accès à aucun bénéfice de l’assurance emploi. On est en train d’y travailler de façon sérieuse. Ça prend un certain temps. »
Si le NPD a rapidement affirmé qu’il pourrait appuyer une telle mesure (voir texte ci-dessus), le Parti libéral de Michael Ignatieff, qui avait réclamé en juin dernier la mise sur pied d’un comité bipar t ite sur la quest ion d’une réforme de l’assurance emploi, a préféré fermer la porte une fois de plus à toute collaboration avec le gouvernement conservateur.
« On ne peut pas avoir confiance dans ce gouvernement, a dit la députée libérale qui siégeait à ce comité, Marlene Jennings. Ce gouvernement prend tout pour des outils politiques, comme tactique politique. Et si le gouvernement était sérieux, il aurait pu proposer quelque chose au mois de juin, au mois de juillet, au mois d’août. »
Le projet de loi doit être présenté en Chambre demain.



Assurance emploi
: Harper serait prêt à des concessions
OTTAWA — Le gouvernement Harper semble prêt à prolonger la durée des prestations d’assurance emploi, une décision qui pourrait éviter des élections et qui semble destinée à mortifier les libéraux et courtiser les néo-démocrates.
Mais même si leur leader, Jack Layton, a fait de la réforme de l’assurance emploi une condition sine qua non au soutien de son parti au gouvernement actuel, les néodémocrates continuent de douter que les conservateurs puissent arriver avec une solution qu’ils pourront appuyer.
La ministre des Ressources hu ma i ne s , Dia ne F i n ley, a f fi r me que des mesu res seront présentées peu après la rentrée parlementaire du 14 septembre pour aider les travailleurs sans emploi depuis une longue période de temps et dont les prestations sont sur le point de prendre fin.
« C’est notre priorité, ça ne fait pas de doute », a-t-elle déclaré.
La ministre indique que ces mesures n’impliqueront pas nécessairement de changements législatifs, ce qui assure qu’elles prendront effet qu’il y ait des élections ou non cet automne.
« Il y a plusieurs façons de procéder », a soutenu la ministre.
« Notre objectif est de nous assurer que, quoi qu’en pense M ichael Ignatieff, ces travailleurs obtiennent l’aide dont ils ont besoin pour retourner sur le marché du travail.»
Le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, a dit de son côté que le projet impliquait bien quelques changements législatifs mais aussi des correctifs « qui pourraient être appliqués immédiatement même si nous sommes forcés à une campagne électorale ».
Mme Finley n’a fourni aucun détail mais elle a indiqué que ces améliorations au programme ont été abordées au cours des négociations qui ont duré tout l’été avec les libéraux mais que leur chef, Michael Ignatieff, n’était pas intéressé, ce qui l’a «beaucoup déçue».
De leur côté, les libéraux, qui se sont retirés des négociations la semaine dernière, affirment que la seule allusion à un tel plan consistait en une liste de sujets à discuter, dont une possible prolongation.
« S’ils ont un plan maintenant, pourquoi n’en avaient-ils pas en juin, juillet ou août ? » a questionné le député libéral Mike Savage. Selon lui, les conservateurs ne sont pas vraiment préoccupés par l’assurance emploi mais ne veulent qu’embarrasser les libéraux et courtiser les néo-démocrates.
À ce sujet, Rick Boychuk, porte-parole de Jack Layton, s’est demandé publiquement si les néo-démocrates peuvent faire confiance aux conservateurs quand le gouvernement a passé le printemps et l’été à claironner qu’il ne voulait apporter aucun changement à l’assurance emploi.
Malgré tout, M. Boychuk n’exclut pas totalement la possibilité que le NPD appuie les mesures conservatrices, selon ce qui sera présenté.


Le pari d’Ignatieff  -  VINCENT MARISSAL
En analysant le résultat des sondages nationaux, ces derniers jours, les libéraux de Michael Ignatieff doivent se sentir comme un parachutiste novice regardant le vide.
Trop tard pour reculer («on y va, la machine est en marche», résume un stratège libéral), mais les libéraux peuvent néanmoins se demander si le parachute s’ouvrira après le grand saut.
Les nouvelles sont plutôt inquiétantes pour les libéraux. Depuis la déclaration de guerre de M ichael Ignatieff, tous les sondages indiquent une remontée des conservateurs. Au Québec, on observe une consolidation du vote bloquiste et une légère remontée du Parti conservateur. Ce sont deux mauvaises nouvelles puisque le PC risque ainsi de gruger des votes aux libéraux dans les circonscriptions chaudes, ce qui permettrait au Bloc de se faufiler.
Le constat est désagréable pour les libéraux, qui ont tenté un grand coup en annonçant leur intention de défaire le gouvernement à la première occasion. Stephen Harper remonte au moment où les libéraux contre-attaquent et en dépit d’une vague de nominations partisanes au Sénat.
Il semble que les nouvelles économiques encourageantes et la probabilité d’une reprise jouent en faveur des conservateurs, même s’ils n’y sont pas pour grand-chose. Normal. Les gouvernements souffrent en période de crise économique, même s’ils n’y sont pas pour grand-chose.
Les libéraux craignaient d’ailleurs le phénomène le printemps dernier, sachant que l’économie canadienne reprendrait un peu de vitesse fin 2009, début 2010. La même logique rend le déclenchement des élections encore plus pressant pour les libéraux, malgré les sondages défavorables.
P ol itiquement , M ic hael Ignatieff n’avait pas le choix, mais le saut est périlleux. Non seulement les chiffres des sondages sont insuffisants pour penser au pouvoir, mais en plus, les sondages ne détectent pas de profonde envie de changement dans l’électorat.
Le chef libéral a peu de temps devant lui et il demeure largement méconnu. Le fait que les publicités préélectorales en anglais « présentent » le chef libéral en est un aveu criant.
Michael Ignatieff peut-il renverser la vapeur? Cela s’est déjà vu.
Il n’est pas rare que le chef de l’opposition parte en deuxième place le jour du déclenchement des élections. En 2005-2006, les rôles étaient inversés dans les sondages : les libéraux de Paul Martin récoltaient entre 35 et 40% des intentions de vote, et les conservateurs de l’inconnu Stephen Harper, moins de 30%. Pour les bleus, c’était encore pire au Québec, où ils croupissaient en troisième place.
On connaît la suite: une campagne efficace et disciplinée de Stephen Harper, les libéraux et leur chef qui s’effondrent et, au Québec, le Bloc qui panique...
Il faut toutefois préciser que les libéraux, usés par 13 ans au pouvoir et minés par le scandale des commandites, étaient alors au bout du rouleau.
Les libéraux disent toutefois avoir décelé, dans leurs sondages et groupes de discussion, un certain dédain des Canadiens pour la politique conservatrice en matière d’environnement, d’affaires étrangères, de culture, de recherche et de développement économique, notamment.
La campagne libérale repose sur un double pari: Michael Ignatieff, le novice, connaîtra une excellente campagne et il réussira à s’imposer comme la seule solution de rechange.
Pour les libéraux, c’est le retour aux «valeurs canadiennes », que l’on peut résumer par : compassion, ouverture, égalité des chances et primauté du droit.
Les libéraux font le pari que les Canadiens en ont marre des conservateurs et qu’ils verront dans Ignatieff le gardien de ces valeurs. Il y a deux problèmes avec cette approche: a) la répulsion des électeurs envers Harper ne semble pas aussi élevée dans la population que le souhaiteraient les libéraux; b) Ignatieff représente plus une énigme qu’une solution pour une majorité de Canadiens.
Les libéraux sont si convaincus de leur approche qu’ils ont décidé de s’en prendre uniquement à Stephen Harper dans leurs pubs au Québec, ignorant le Bloc québécois, pourtant premier dans les intentions de vote.
Autrement dit, les libéraux espèrent attirer des électeurs du Bloc en tapant sur… Stephen Harper.
Quant au Bloc, il reprend le thème des intérêts du Québec en associant son principal adversaire, Michael Ignatieff, au conservateur Stephen Harper. Aux dernières élections, le Bloc avait comparé Stephen Harper à George W. Bush avec un certain succès.
Cela dit, le ton des publicités du Bloc est plutôt bon enfant. On voit notamment les visages de MM. Harper et Ignatieff coiffés du slogan «Deux partis, un regard». Pas bien méchant.
En tout cas, on est loin des publicités bloquistes à l’époque du scandale des commandites, dans lesquelles on disait, notamment: Alfonso Gagliano a distribué des millions de l’argent des contribuables à ses amis libéraux ; l’ex-premier ministre Jean Chrétien a dilapidé plus de 250 millions de commandites et Paul Martin n’aurait rien vu passer.



LE PARI RISQUÉ DE MICHAEL IGNATIEFF  -  Joël-Denis Bellavance
ALORS QUE LES PARTIS RODENT LEURS SLOGANS EN PRÉVISION DES ÉLECTIONS QUI SE DESSINENT CET AUTOMNE, LES RÉSULTATS D’UN SONDAGE EXCLUSIF NANOS/ LA PRESSE DÉMONTRENT QUE LA DÉCISION DE MICHAEL IGNATIEFF DE FAIRE TOMBER LE PARTI DE STEPHEN HARPER EST UN PARI RISQUÉ.
OTTAWA — Le Parti conservateur a vu ses appuis bondir dans les intentions de vote au pays depuis que les libéraux de Michael Ignatieff ont brandi la menace de provoquer de nouvelles élections générales cet automne.
Le chef libéral Michael Ignatieff a salué ses partisans dans un rassemblement à Surrey, en Colombie-Britannique, le 4 septembre.
Un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse démontre que les con ser vateu rs de Stephen Harper obtiendraient 37,5 % des suffrages si des élections avaient lieu aujou rd’hui, soit un score presque identique aux résultats du dernier scrutin, tenu le 14 octobre 2008 (37,7 %).
Il s’agit d’un bond de près de six points de pourcentage par rapport au dernier coup de sonde réalisé par Nanos, en août.
Le Parti libéral, pour sa part, obtiendrait 33,4 % des voix, soit environ le même pourcentage que le mois dernier (33,8 %), mais une nette a mélioration compa rativement aux résultats du dernier scrutin (26,3 %) alors que Stéphane Dion était à la barre du parti.
Le NPD, qui ne souhaite pas la tenue d’élections fédérales cet automne, voit quant à lui ses appuis passer de 18,7 % à 14,8 % à l’échelle du pays.
Au Québec, le Bloc québécois continue de dominer avec 37,3 % des intentions de vote. Le Parti libéral arrive bon deuxième avec 32,5 %. Le Parti conservateur est toujours troisième, mais ses appuis ont augmenté de six points de pourcentage et se situent maintenant à 19,3 %. Au dernier scrutin, les conservateurs ont obtenu 22 % des suffrages et remporté 10 des 75 sièges au Québec.
En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges à la Chambre des communes, le Parti conservateur et le Parti libéral sont à égalité, à 38,5 % et 39,6 % des appuis, respectivement. Le NPD doit se contenter de 15,6 % des intentions de vote.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1003 Canadiens entre le 28 août et le 2 septembre, au moment même où le chef libéral Michael Ignatieff a annoncé, à une réunion de son caucus à Sudbury, que les libéraux tenteraient de renverser le gouvernement à la première occasion. Les Communes reprennent leurs travaux le 14 septembre.
Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, les résultats de ce sondage démontrent que la décision du chef libéral de mettre fin au régime des conservateurs cet automne est un pari hautement risqué.
« I l appert que les électeurs réfléchissent actuellement à deux options, celle de Stephen Harper et celle de Michael Ignatieff. Mais un stratège libéral qui examine ces chiffres, qui voit que les tories regagnent du terrain au Québec et que les deux partis sont à égalité en Ontario, comprend rapidement qu’un scrutin fédéral cet automne est très risqué. Mais cela l’est aussi dans une moindre mesure pour les conservateurs », a expliqué M. Nanos.
Un taux d’indécis élevé
Cela d it , le sondeu r a souligné que le nombre de Canadiens qui se disent indécis a augmenté de manière importante au cours du dernier mois. Près d’un Canadien sur quatre (24,6 %) affirme ne pas savoir quel parti il appuierait si des élections avaient lieu aujourd’hui. En août, environ 15 % des personnes interrogées se disaient indécises.
« Le taux d’indécis est plus élevé que la moyenne. Cela est probablement imputable au fait que nous sommes dans une période préélectorale et qu’un nombre important de Canadiens attendent encore avant de porter un jugement sur les partis et leur chef », a affirmé M. Nanos.
La marge d’erreur du sondage Nanos est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Elle est plus élevée dans le cas des échantillons régionaux (plus ou moins 7,1 points dans le cas du Québec).
Les résultats de ce sondage surviennent au moment où tous les partis politiques se préparent à une campagne électorale qui semble inévitable.
Le Parti libéral a lancé les hostilités au cours de la fin de semaine en dévoilant trois messages publicitaires dans lesquels Michael Ignatieff critique le bilan du gouvernement Harper dans le domaine de l’économie et de l’environnement.
Le Bloc québécois a aussi lancé hier une offensive publicitaire visant à convaincre les électeurs du Québec que Michael Ignatieff et Stephen Harper défendent essentiellement les mêmes points de vue.
L e P a r ti conser vateu r n’a rien laissé filtrer, mais Stephen Harper et ses ministres ont affirmé qu’un scrutin moins de 12 mois après le dernier pourrait mettre en péril la fragile reprise économique qui se profile à l’horizon.
De passage à Waterloo, en Onta rio, hier, M ichael Ignatieff a répété que sa décision de mettre fin au régime des conservateurs était fondée sur des principes et non sur les résultats de sondages.


Ignatieff et Harper : même « regard »  -  Denis Lessard
que, après un reportage de La Presse, le Bloc avait décidé de rendre public sur-le-champ le message publicitaire qu’il souhaitait retenir quelques jours encore, histoire de voir la tournure des événements aux Communes. « On s’ajuste », at-il laissé tomber.
La publicité Deux partis, un regard « ne contient aucune attaque personnelle », a souligné M. Duceppe, qui se défend de recourir à de la publicité « négative » pour combattre l’adversaire.
« Vision restrictive de la nation québécoise »
Sous le titre Deux partis, un regard, la publicité destinée aux quotidiens présente deux moitiés des visages de MM. Harper et Ignatieff, qui ont « la même vision restrictive de la nation québécoise. La même façon de voter en Chambre. QU ÉB EC — Tout auta nt que le prem ier m i n ist re Stephen Harper, le chef libéral Michael Ignatieff est devenu l’homme à abattre pour le Bloc québécois.
Dans une publicité électorale agressive, le parti de Gilles Duceppe ma rtèlera que MM. Harper et Ignatieff, bien qu’ils représentent deux partis distincts, ont le même « rega rd » su r les enjeu x québécois.
Hier, à l’issue d’une réunion de ses députés à Québec, Gilles Duceppe a reconnu Les mêmes résultats pour la langue, la culture, les travailleurs, l’environnement. »
Ce message « ne contient aucune attaque personnelle », a souligné M. Duceppe, qui se défend de recourir à de la publicité « négative » pour combattre l’adversaire.
Le PLC vient de rendre publiques des publicités où M . Ignatieff s’en prend à Stephen Harper. « Or, le chef libéral a les mêmes positions que M. Harper sur tout ce qui est essentiel pour le Québec », soutient Gilles Duceppe : les deux sont en faveur de l’exploitation des sables bitumineux, s’opposent à l’application de la loi 101 dans les organismes qui relèvent du Code fédéral du travail et sont favorables à la mise en place d’une commission pancanadienne des valeurs mobilières, insiste le chef bloquiste.
Au lendemain de la publication de sondages qui montrent que le PLC n’est pas très loin derrière le Bloc au Québec, il a particulièrement visé le chef libéral : « Les Québécois doivent savoir que Michael Ignatieff ne propose aucune ouverture au Québec. »
Il élude la question quand on relève que, par le passé, les ca mpag nes bloqu istes ne faisaient pas grand cas du chef de l’opposition aux Communes et que le Bloc n’avait pas la même agressivité à l’endroit de Stéphane Dion. « On était en situation de gouvernement minoritaire. On a actuellement deux adversaires dont l’un tente de se distinguer de l’autre », a servi Gilles Duceppe comme réponse.
Jusqu’ici, dans ses campagnes publicitaires, le Bloc avait toujours mis en relief l’importance de son rôle à Ottawa plutôt que d’attaquer ses adversa i res . H ier, M . Duceppe a rappelé que, en 2004, le Bloc avait mené une campagne préélectorale contre Paul Martin, en fait un « livre noir » sur le gouvernement libéral.
D u côté des con ser va - teurs, le ministre Jean-Pierre Blackburn a soutenu : « Nous, on se distingue des libéraux. On ne veut pas de campagne électorale, on veut travailler sur l’économie. » Il a promis une réponse « législative ou réglementaire » aux attentes des chômeurs. « Par règlement, cela pourra avoir un effet même si le gouvernement est défait », explique-t-il.
« Publicité très négative »
Pou r sa pa rt, M ichael Ignatieff a soutenu qu’il « s’agit d’une publicité très négative », bien différente de celle que le PLC a rendue publique il y a quelques jours, dans laquelle le chef libéral traite pourtant d’« irresponsable » le premier ministre Harper.
Joi nt pa r La Presse , son lieutenant québécois, Denis Coderre, souligne que, par sa publicité, le Bloc a pris acte d’une « réalité Ignatieff » au Québec : « Ils ont décidé d’être agressifs parce qu’ils sentent que Michael Ignatieff gruge du terrain dans toutes les régions au Québec », a lancé M. Coderre.



L’enfer est à gauche  -  VINCENT MARISSAL
«Stephen Harper filmé à son insu », titraient hier RDI et les sites de nouvelles qui ont repris la nouvelle. À son insu? Je ne crois pas ça. I don’t buy that, comme on dit dans l’autre langue officielle.
Malgré l’odeur de controverse qui flottait à Ottawa hier, Stephen Harper a annoncé la nomination du juge autochtone Graydon Nicholas (à gauche) au poste de lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick pour un mandat de cinq ans.
Un premier ministre sait fort bien qu’il n’est jamais totalement « off the record », qu’il n’a jamais le luxe d’avoir des conversations privées. Sauf peut-être dans sa chambre à coucher. Ou en tête-à-tête avec un ministre qui sait qu’il risque de perdre son poste s’il s’ouvre la trappe.
Mais cer tainement pas lorsqu’il s’adresse à une salle remplie de militants. Certainement pas dans un climat préélectoral permanent comme celui qui enveloppe le Canada ces jours-ci.
M. Harper, c’est vrai, ne savait pas qu’il était filmé, mais il est assez intelligent (et stratège) pour savoir que si on ne veut pas qu’une information sorte, on la garde pour soi.
Ce message aux militants conservateurs n’était pas improvisé ( pas le genre de M. Harper), cela fait partie de la stratégie de campagne.
Coïncidence troublante, hier à la une du quotidien The Globe and Mail, un article faisait justement référence à cette stratégie électorale consistant à agiter le spectre de la coalition de décembre entre le Parti libéral et les « socialistes-séparatistes ».
Selon les collègues du Globe, les stratèges conservateurs soupèsent deux scénarios électoraux: jouer sur la crainte d’une coalition PLC– NPD– Bloc ou insister sur les risques d’augmentation des impôts avec un gouvernement libéral. Justement, autre coïncidence, ce sont les deux thèmes abordés par Stephen Harper à Sault-Sainte-Marie.
Selon Tom Flanagan, politicologue de Calgary et ancien conseiller de M. Harper, cité dans le Globe, une telle stratégie aurait le mérite de secouer l’apathie des électeurs conservateurs ou indécis opposés à une coalition de centre-gauche et de les inciter à aller voter. Et comme ils sont majoritaires à l’extérieur du Québec, ça représente un beau bassin d’électeurs.
En jargon électoral , on appelle cela la segmentation du vote, une technique ut i l isée en 2004 par les républicains pour assurer la réélection de George W. Bush. Les stratèges républicains, Karl Rove en tête, avaient réussi à mobiliser l’électorat de droite en faisant éclater, en parallèle à la présidentielle, des débats sur les mariages gais ou sur la décriminalisation de la marijuana dans certains États chauds.
Les conservateurs estiment qu’une forte mobilisation de leur base et des indécis les aiderait à arracher une majorité, surtout si le taux de participation général est faible.
Évidemment, M. Harper adoucira un peu son discours en public, mais ce qu’il a dit à Sault-Sainte-Marie correspond exactement à ce qu’il pense.
C’est cru et méprisant , pour les « socialistes et les séparatistes », mais encore davantage pour les « groupes marginaux de gauche » qui utilisaient des fonds publics pour traîner le gouvernement devant les tribunaux grâce au défunt programme de contestation judiciaire.
Des « groupes marginaux de gauche » ( « lef t wing fringe groups », en anglais) ? M. Ha r per pa rle ici des Acadiens, des homosexuels, des francophones horsQuébec, des femmes…
Dans son discours, M. Harper revient aussi sur une autre de ses marottes : la nomination par les libéraux d’« idéologues de gauche » à la magistrature et au Sénat. Pas mal pour un premier ministre qui a nommé hier un ancien ministre conservateur, Pierre Blais, au poste de juge en chef de la Cour d’appel fédérale et plusieurs proches organisateurs au Sénat depuis quelques mois.
Par ailleurs, M. Harper s’excuse presque, dans cette vidéo, d’avoir dû adopter des mesures « pas tellement conservatrices » pour combattre la récession et nous apprend que ce dont il est le plus fier, après presque quatre ans au pouvoir, c’est d’avoir donné de l’équipement neuf aux Forces armées canadiennes.
Voilà qui plante le décor pour la prochaine campagne électorale.

Un décor sans le Québec pour les conservateurs, qui ont décidé de repartir en guerre contre les méchants « sépa r a t i s t es » du Bloc québécois.

Le « vrai visage » de Stephen Harper  -  Malorie Beauchemin & Tristan Péloquin
OTTAWA— Mépris, arrogance, hypocrisie, indignité : c’est le « vrai visage » de Stephen Harper qui est dévoilé dans une vidéo enregistrée lors d’un discours à huis clos, estiment les trois partis de l’opposition à Ottawa.
« Cette vidéo nous démontre à quel point Stephen Harper traite ses adversaires avec mépris », a affirmé hier le chef libéral, Michael Ignatieff.
Dans une allocution prononcée à Sault-Sainte-Marie deva nt des pa r t isans, la semaine dernière, le premier ministre affirme qu’il est impératif que son parti obtienne une majorité au prochain scrutin, sans quoi le Canada sera gouverné par le Parti libéral « avec l’appui de socialistes et de séparatistes ».
Le clip vidéo, tourné par un étudiant dans ce rassemblement à huis clos, mais rendu public par Radio-Canada mercredi soir, montre un Stephen Harper sous un nouveau jour, plus agressif, affirmant même qu’un gouvernement libéral s’empresserait de « nommer des idéologues de gauche dans les tribunaux, les institutions fédérales ainsi qu’au Sénat ».
« Le vrai Harper »
« Le vrai Harper ressort lorsqu’il pense qu’il ne peut pas être entendu, a estimé le chef libéral, Michael Ignatieff, à Montréal. Cette vidéo nous démontre à quel point Stephen Harper traite ses adversaires avec mépris. Il considère ses adversaires comme des ennemis qu’il faut détruire. Cela mine le travail parlementaire et rend le Parlement impossible à faire fonctionner. »
Pour M. Ignatieff, qui avait écarté le projet de coalition avec le Bloc et le NPD en prenant les rênes du Parti libéral, ces déclarations de M. Harper témoignent d’un « mépris pour les institutions » et pour la tradition parlementaire canadienne. « J’ai déjà refusé une coalition, mais je suis prêt à travailler avec des socialistes et des séparatistes », a ajouté le chef libéral.
M. Ignatieff estime que son parti offre une « alternative modérée, pragmatique et de centre » face à « l’arrogance » du gouvernement Harper.
« Les masques sont tombés »
« Les masques sont tombés. On voit le vrai visage de Stephen Harper, le vieux gueulard réformiste, le gars qui ne veut travailler avec personne et qui sape la confiance du public dans nos institutions démocratiques et nos tribunaux, a pour sa part jugé le député néodémocrate Thomas Mulcair. C’est un jeu très dangereux pour quiconque, mais dans la bouche d’un premier ministre, c’est tout simplement indigne. »
Le lieutenant politique de Jack Layton au Québec estime que M. Harper « joue le tout pour le tout », en envoyant un message « sectaire ». « Il sait qu’il est foutu comme chef s’il n’a pas une majorité après la prochaine élection, alors il a décidé de balancer le Québec par-dessus bord et de faire appel aux plus bas instincts de sa base en tapant sur les choix démocratiques desQuébécois », a souligné M. Mulcair, jugeant « hypocrites » les commentaires du premier ministre sur les nominations politiques, alors qu’il vient tout juste de nommer une série de sénateurs et de magistrats.
En privé, en public
« Ce qui est choquant, c’est qu’il a une attitude tout à fait différente en privé et en public », a critiqué le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Le chef bloquiste constate que le premier ministre « parle des deux côtés de la bouche » lorsqu’il dénonce l’idée de travailler avec le Bloc québécois et le NPD, rappelant qu’en 2004, M. Harper, alors chef de l’opposition, était prêt à former une alliance avec les mêmes « séparatistes et socialistes » dans l’éventualité d’un vote de défiance à l’égard du gouvernement libéral de Paul Martin.
Mais l’allocution prononcée à huis clos, devant une foule partisane, pourrait bien donner le ton à la prochaine campagne électorale. Le Parti conservateur semble résolu à brandir la menace de la défunte coalition qui a tenu en haleine la classe politique d’Ottawa pendant quelques jours en décembre dernier, avant de mourir dans l’oeuf.
« On est à l’aise de continuer à gouverner avec le statut minoritaire actuel parce qu’on pense que des élections ne sont pas nécessaires, a dit hier l’attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas. Mais si des élections ont lieu dans les prochaines semaines, si le Parti conservateur n’obtient pas une majorité, il ne faut pas exclure le risque d’avoir un gouvernement de coalition mené par Michael Ignatieff et appuyé par Jack Layton et Gilles Duceppe. »



Un lieutenant au pouvoir allégé sera nommé  -  Hugo de GrandPré
Réunis hier à Québec, les militants de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada ont voulu, après une semaine tourmentée, montrer une image de cohésion et d’unité. Denis Coderre a cependant brillé par son absence, alors que le chef, Michael Ignatieff, a annoncé qu’il nommerait d’ici quelques jours un nouveau lieutenant. Mais le successeur du député de Bourassa aura moins de pouvoir entre ses mains, en plus d’être secondé par un organisateur en chef.
QUÉBEC — L’aile québécoise du Parti libéral du Canada a tout fait pour donner l’impression d’un nouveau départ, hier à Québec, où elle tenait son congrès biennal.
Première étape pour réparer les pots cassés par la démission du lieutenant du Québec, Denis Coderre, lundi dernier : le chef libéral, Michael Ignatieff, a a n noncé qu’il nommera rapidement un nouveau lieutenant québécois.
Cette nomination viendrait toutefois avec un bémol. La personne qui occupera ce poste, vraisemblablement un député, n’aura pas autant de responsabilités que son prédécesseur. Les libéraux veulent ainsi éviter de concentrer trop de pouvoir entre les mains d’une seule personne.
M. Ignatieff a indiqué qu’il nommerait deux personnes : un organisateur en chef pour remplacer Pierre Lajeunesse (un proche de M. Coderre qui a démissionné après lui en signe d’appui) et un représentant du chef au comité exécutif du parti. Dans le passé, sous Denis Coderre et avant lui Céline Hervieux-Payette, entre autres, ces deux responsabilités étaient assumées par le lieutenant.
Pou r le poste de représentant du chef national au comité exécutif québécois, la partie semble se jouer entre les députés Pablo Rodriguez et Marc Garneau. Pour le poste d’organisateur, quelques noms circulent, dont celui de l’actuel directeu r généra l du P L C - Q uébe c , Ph ilippe A ngers, ma is la plupart des militants consultés par La Presse hier étaient d’avis que la responsabilité échouerait à la jeune Brigitte Legault, appuyée par un organisateur de Michael Ignatieff au Québec, Pat Fiore.
M. Garneau n’a pas voulu s’avancer, hier, quant à la possibilité qu’on le nomme ainsi nouveau représentant du chef auprès des instances québécoises du parti. « Le chef ne m’a pas sondé », a-t-il dit. Il a indiqué que certaines personnes lui avaient fait savoir qu’il pourrait être la bonne personne pour le poste et qu’il serait « honoré » de le faire, si Michael Ignatieff le décide.
Coderre absent
Dans son discours d’environ une demi-heure prononcé ad lib, Michael Ignatieff a exhorté les quelque 1000 militants présents au Centre des congrès de Québec à faire preuve de loyauté et de fidélité envers le Parti libéral. « L’équipe du Québec, c’est vous. Et le chef, c’est moi », a-t-il dit au groupe de députés et candidats réunis derrière lui sur la scène.
Ma is « la f idél ité et la loyauté, chez nous, c’est pour une institution, pas pour une person nalité, a-t-il ajouté. Chaque fois que nous mettons notre fidélité, notre loyauté dans cette institution, nous gagnons. »
Le nom de Denis Coderre n’a toutefois pas passé ses lèvres avant que son discours soit terminé, lors du point de presse, lorsqu’une journaliste lui a demandé ce qu’il pensait de l’absence de son ancien lieutenant.
« Ce que M. Coderre fait est son affaire, a-t-il tranché. Il a fait un geste en début de semaine qui porte des conséquences. I l subit ces conséquences. »
Nouveau départ ?
Le député de Bourassa et quelques-uns de ses proches avaient beau être absents et son nom nulle part dans le discours, on sentait néanmoins sa présence, hier, ne serait-ce que dans les discussions de couloir, qui ne manquaient pas d’aborder ce sujet délicat.
Plusieurs n’ont pas caché leur satisfaction de voir les hautes insta nces du pa rti débarrassé de M. Coderre. Ce dernier se faisait reprocher notamment d’être trop autoritaire et axé sur lui-même dans l’exercice de ses fonctions.

D’autres se sont réjouis de la tenue de ce congrès qui marque le renouveau du parti au Québec. « Il y a un nouveau président, un nouveau comité exécutif, une nouvelle dynamique, le conseil de direction est changé, il n’y a pas beaucoup d’anciens membres qui sont là… Les gens sont très heureux et je peux dire que c’est un nouveau départ », s’est réjoui Marc Bélanger, un militant de longue date élu hier à la commission politique du PLC-Québec.

TGV: très grande vision?  -  VINCENT MARISSAL
Ce n’est pas la première fois qu’un projet de TGV se profile dans le paysage politique canadien. En fait, on en débat depuis 30 ans et au moins sept études majeures ont été réalisées sur sa faisabilité durant cette période.
Ce sera la première fois, toutefois, que l’on passe d’une idée plus ou moins bien définie à un engagement électoral dans un programme politique.
Dans son dernier livre, Terre de nos aïeux, consacré à la branche maternelle de sa famille, le chef libéral parle d’un TGV avec ferveur, affirmant qu’il est invraisemblable que le Canada ne se soit toujours pas doté d’un tel équipement.
«Les Européens ont relié les pays du continent grâce à un train à grande vitesse. Après cinquante ans d’études de fai-
CHRONIQUE sabilité, il n’y a toujours pas de train à grande vitesse qui relie Windsor et Québec, Vancouver et Calgary ou Calgary et Edmonton. Si nous voulons rassembler les Canadiens, si nous voulons construire un pays, il faut nous mettre au travail», écrit-il
Ce plaidoyer en faveur d’un TGV avait évidemment retenu l’attention au moment de la parution de ce livre, le printemps dernier, mais Michael Ignatieff avait refusé d’en faire un engagement électoral.
Dans le bouquin (et les entrevues qui ont suivi son lancement), l’idée d’un TGV chez M. Ignatieff semblait se situer davantage entre la poésie (le train comme unificateur), le patriotisme et même le fantasme que sur le terrain des vaches, là où il faudra dessiner le tracé et investir des dizaines de milliards.
Au cours des derniers mois, l’idée a cheminé, gagnant des appuis politiques et l’attention de certains leaders économiques. Elle a fait son chemin aussi chez les libéraux.
Michael Ignatieff a consulté des spécialistes, notamment Pierre Beaudoin, de Bombardier, qui lui a donné un cours TGV101 de plus de deux heures.
L e projet est i m mense. Vraisemblablement le plus vaste projet d’infrastructure jamais lancé au pays. Il est question, évidemment, de gros sous (entre 20 et 30 milliards de dollars) étalés sur deux décennies, de milliers d’emplois, de développement durable, de technologie, de tracés optimaux et de financement à long terme entre plusieurs ordres de gouvernement.
Nous sommes cependant encore bien loin de tout cela. La première étape, plus simple en apparence qu’en réalité, est purement politique. Le chef libéral y croit mais, dans son entourage, plusieurs conseillers craignent qu’un projet d’une telle ampleur ne les entraîne dans des débats contre-productifs sur les chiffres, sur la faisabilité, sur les guerres de tracés, sur le financement, sur les chicanes entre Ottawa et les provinces, entre les provinces et les villes, entre les régions, etc.
Surtout, certains libéraux craignent que ce projet à long terme soit perçu comme une chimère, comme un rêve importé d’Europe par leur chef. Ils craignent que les retombées lointaines d’un TGV n’apportent pas les solutions économiques immédiates attendues des Canadiens.
Par-dessus tout, on craint de se «faire planter» par les conservateurs si le projet de TGV est connu trop tôt. C’est le syndrome «Tournant vert», le défunt projet politique de Stéphane Dion pour l’environnement, qui avait été la cible de toutes les attaques conservatrices pendant des mois avant les dernières élections.
D’autres libéraux, par contre, pressent leur chef de faire du TGV un élément central de son programme, une «vision pour le pays», même. Un TGV, disentils, c’est beaucoup plus que des rails et une machine, c’est aussi un projet vert, un outil économique sans pareil et un objet de fierté nationale.
Pour eux, le TGV doit être synonyme de « très grande vision », non pas de « très grand vertige».
Le TGV risque donc d’être un test politique crucial pour Michael Ignatieff. S’il décide en effet d’aller de l’avant, il a intérêt à être convaincant et déterminé. Il devra éviter de s’enfarger dans les chiffres en étant toutefois assez concret pour passer du rêve poétique de l’héritage de ses ancêtres à un plan terre-àterre faisable et réaliste.
Le chef libéral a un double défi devant lui: convaincre les Canadiens de la nécessité d’un TGV et faire la preuve que ce n’est pas un autre projet en l’air.
Le moment n’aura probablement jamais été aussi propice. À Québec, le gouvernement Charest semble prêt à monter à bord. Même chose en Ontario avec le gouvernement McGuinty. L’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche pourrait fort bien être la locomotive politique qui a toujours fait défaut à un TGV nord-américain.
Sur le terrain, au Québec, les milieux politique et d’affaires s’activent déjà. Des tiraillements sur le tracé et des batailles régionales sont à prévoir.
La semaine dernière, une centaine de décideurs de la rive-sud du Saint-Laurent se sont réunis à Drummondville pour faire la promotion d’un tracé de leur côté du fleuve. Ils dénoncent le parti pris des gouvernements pour un tracé sur la rive nord.
Ce n’est là qu’un modeste aperçu de la bataille politique dans laquelle veut s’engager Michael Ignatieff.

Les libéraux fédéraux promettront un TGV  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les libéraux de Michael Ignatieff proposeront aux Canadiens de se lancer dans l’aventure de la construction d’un train à grande vitesse (TGV) durant la prochaine campagne électorale.
Le projet de TGV, soutient-on dans les rangs libéraux, permettra au Parti libéral de se démarquer des autres formations politiques et entraînera des retombées économiques importantes.
Après mûre réflexion, les hauts dirigeants du Parti libéral, au premier rang Michael Ignatieff lui-même, ont conclu que la promesse de construire un TGV entre Québec et Windsor sera incluse dans le programme électoral du parti, a appris La Presse de plusieurs sources.
Ce projet, soutient-on dans les rangs libéraux, permettra au Parti libéral de se démarquer des autres formations politiques et il entraînera des retombées économiques importantes au Québec et Ontario.
Toutefois, le calendrier de construction dépendra évidemment des finances du gouvernement fédéral et de la collaboration des gouvernements du Québec et de l’Ontario, deux partenaires essentiels à la réalisation d’un tel projet.
« Le TGV fait partie de nos plans. Mais il reste à déterminer le timing de tout cela. Cela dépendra évidemment de la situation budgétaire », a affirmé une source libérale digne de foi.
Ce faisant, le Parti libéral deviendra le premier parti politique aspirant au pouvoir à for mel lement promet t re la construction d’un TGV.
Les dernières études chiffraient à quelque 20 milliards de dollars les coûts de construction d’un TGV entre Québec et Windsor. Le gouvernement fédéral et les provinces du Québec et de l’Ontario ont décidé de mettre à j our les études réalisées sur ce projet au cours des dernières années. Cette étude de trois millions de dollars doit être terminée au début de 2010.
Selon les moyens financiers des gouvernements, une première phase du TGV, entre Montréal et Toronto, pourrait être réalisée plus rapidement. Ce couloir serait d’ailleurs rentable, selon certains experts. La deuxième phase – QuébecMontréal et Toronto-Windsor – serait entreprise plus tard.
Dans une récente entrevue accordée à La Presse, le chef libéral Michael Ignatieff a tout fait sauf confirmer que ce projet ambitieux fera partie des engagements des libéraux aux prochaines élections. D’autant plus que l’arrivée d’un TGV aura des retombées importantes non seulement dans les grandes villes, mais dans toutes les régions où le train passera.
« Ce qui m’attire du TGV, c ’est l’impact sur le développement régional sur tout le tracé. Cela va donner une nouvelle vie aux villes et aux régions. C’est cela qui n’est pas dit. Ce n’est pas pour permettre aux hommes d’affaires de voyager plus vite. C’est plutôt l’impact sur le développement régional. Et Windsor a fortement besoin de cela. Et entre Montréal et Québec, cela va donner un coup de pouce majeur », a affirmé M. Ignatieff.
« Je s u i s conva i nc u du bienfait (du TGV) pour le développement économique. Et nous avons la technologie, la compétence, les entreprises. Nous avons tout ce qu’il nous fait. Le problème, c’est le timing. Nous sommes aux prises avec un déficit record de 56 milliards de dollars. Il faudra faire des choix difficiles. Quand on verra qu’il y a une croissance suffisante pour nous sortir du trou, on pourra le lancer », a ajouté le chef libéral.



LE CANADA EST-IL POSSIBLE?
 
Il faut apprendre à vivre ensemble
Parmi les responsabilités du citoyen, celle dont on parle le moins, c’est la responsabilité d’imaginer les sentiments de ceux qui ne pensent pas comme nous.
Pour imaginer le Canada, il faut marcher longtemps dans les mocassins de quelqu’un d’autre, comme disent les Autochtones. Dans d’autres pays, où on partage la même langue, la même origine, les mêmes mythes, il est plus facile de s’identifier les uns aux autres. Il faut moins d’empathie. Mais ce n’est pas notre cas. Pour imaginer le Canada, il faut se mettre à la place de quelqu’un qui a d’autres convictions et d’autres intérêts.
Il faut imaginer le pays comme pourrait le voir un Québécois, un Québécois qui n’a jamais été attaché au drapeau, au parlement et à l’évocation des sacrifices qui nous émeuvent parfois aux larmes. Voici un concitoyen qui a voté « Oui » aux référendums de 1980 et de 1995 pour diviser le pays ou, comme on l’avait formulé à l’époque, pour négocier une nouvelle relation entre un Québec souverain et le reste du Canada. Ces référendums ont été l’épreuve décisive de notre histoire récente.
Nous avons échappé de peu à la dissolution. Nous sommes encore en train de tirer des leçons de cette expérience de mort annoncée.
Une de ces leçons nous dit que, si nous voulons survivre en tant que pays, il nous faudra comprendre ce que nous avons du mal à comprendre. Nous n’avons pas le choix. Un contrat d’indifférence mutuelle ne ferait que reporter à plus tard le jour funeste. Désormais, il nous faut apprendre à vivre ensemble. Le Québécois qui a perdu les deux référendums reste un concitoyen. Il est possible qu’il ne veuille toujours pas du Canada. Il rêve peut-être encore d’indépendance. Pourtant, il faudra travailler avec lui, ne serait-ce que jusqu’au prochain épisode de rupture. CeQuébécois devra comprendre l ’ i ntensité de l’attachement au Canada qu’il n’éprouve pas luimême. Et il nous faudra comprendre, ou du moins respecter, le rêve qui l’anime. Être citoyen du Canada, c’est imaginer les sentiments qu’éprouvent ceux qui n’ont pas les mêmes convictions. Du moins si l’on veut préserver l’unité du pays.
Parmi les responsabilités du citoyen, celle dont on parle le moins, c’est la responsabilité d’imaginer les sentiments de ceux qui ne pensent pas comme nous. Sans un effort constant pour imaginer le monde tel qu’il est perçu par des personnes d’une autre race, parlant une autre langue ou pratiquant une autre religion, il est impossible de dégager des objectifs communs. Le débat politique se transformerait vite en dialogue de sourds. On conçoit mal comment les sociétés divisées comme la nôtre auraient pu survivre sans la capacité partagée d’imaginer la différence.
Au Canada, l’empathie est censée embrasser 33 millions d’habitants dont les mythes fondateurs s’affrontent, qui sont répartis entre quatre fuseaux horaires et cinq régions économiques distinctes, qui parlent à la maison presque toutes les langues du monde et, en public, deux langues officielles.
Pourtant, nous avons réussi à susciter l’empathie nécessaire pour garder ce projet en vie pendant 140 ans. Ce n’est pas un mince exploit, dans un monde déchiré par les différences, et c’est l’exemple que nous offrons au monde.
L’hymne national que nous chantons en choeur n’est pas le même dans les deux langues. En français, on promet que la nation « protégera nos foyers et nos droits », tandis que, en anglais, c’est nous qui promettons à la nation de la protéger : « We stand on guard for thee ». C’est la même musique, mais pas les mêmes mots. C’est ainsi que nous prenons acte de ce qui nous sépare, et c’est ainsi que nous arrivons à le surmonter.
Les relations qui découlent des traités avec les Autochtones présupposent aussi que nous raisonnions ensemble, de nation à nation, au-delà des divisions historiques.
Ces relations exigent que les Autochtones soient traités comme des peuples constituants. Ils étaient ici avant nous. Ils avaient leurs propres lois et leurs institutions. Nous, les autres, nous sommes arrivés en conquérants.
L e s Au t o c h t o n e s acceptent le nouveau pays, mais nous devons les traiter en tant que peuple. Il s’agit d’une entente de base. Bien sûr, ce n’est que le premier acte d’empathie. Il devrait en découler d’autres, qui bien souvent n’arrivent jamais.
Si je suis fier d’être Canadien, c’est justement parce que nous essayons de nous comprendre les uns les autres, malgré des différences qui ont brisé d’autres pays. Notre façon d’exercer, quoiqu’imparfaitement, l’empathie est l’exemple que nous avons à donner au reste du monde.
C’est la raison d’être morale de notre pays.
Le Canada de M. Ignatieff
Des commentateurs ont reproché au chef libéral, Michael Ignatieff, de ne pas avoir encore p r é s e n t é de propo s i t i ons concrètes à la population. Vrai, on ne sait pas précisément ce qu’un gouvernement Ignatieff ferait pour stimuler l’économie, mater le déficit ou lutter contre les changements climatiques.
Toutefois, le nouveau livre du chef de l’opposition officielle ( Terre de nos aïeux, chez Boréal) nous en dit beaucoup sur sa conception du pays où il est revenu s’installer après plusieurs années d’absence. Ce t t e conception nous semble su s c e pt i ble de plaire à plusieurs Québécois.
D’abord proche de la pensée de Pierre Trudeau, comme celui-c i intellectuel public et c i t oye n du monde, Michael Ignat ieff en est venu, au f i l de ses r e c her c hes sur l’identité, à accepter le national isme comme une donnée inéluctable. Cette force peut certes mener à de terribles excès – d’où le titre de son célèbre ouvrage publié il y a 15 ans, Blood and Belonging – mais elle est aussi un ancrage essentiel.
Ce constat a amené le député torontois à conclure que n’arrivera jamais un jour où le « problème canadien » sera réglé. Le pays sera toujours confronté au défi de la coexistence entre des peuples porteurs de mythes nationaux rivaux. Le Canada, par conséquent, demeurera une oeuvre inachevée, un extraordinaire projet. Le chef libéral ose même se poser cette question, troublante venant d’une personne qui aspire à gouverner le pays: « Le Canada est-il possible ? »
Cette compréhension intime de la difficulté de la fédération canadienne porte M. Ignatieff à l’ouverture à l’endroit de ceux qui ne voient pas le pays comme lui. Il aimerait convaincre les Canadiens de faire preuve de la même tolérance, de la même patience. Ignatieff, on le voit, est un idéaliste. Il n’y a là rien de mal, au contraire.
Autant que l’hostilité, l’indifférence mutuelle dans laquelle nous glissons depuis quelques années conduit à l’impasse : « Si nous voulons survivre en tant que pays, il nous faudra comprendre ce que nous avons du mal à comprendre. (...) Le Québécois qui a perdu deux référendums reste un concitoyen. Il rêve peut-être encore d’indépendance. Pourtant, il faudra travailler avec lui, ne serait-ce que jusqu’au prochain épisode de rupture. »
La permanence du débat su r l ’ u n i t é du pays n’exaspère pas l’ancien journa l i s t e : « L e s citoyens ne s’entendent pas toujours sur ce que leur pays représente, sur la voie qu’il doit suivre. Ces désaccords sont inhérents à la vie de tout pays qui se dit libre. »
C’est peut-être parce qu’il a tant voyagé, parce qu’il n’a pas été dans les tranchées de nos grandes batailles nationales que le chef libéral est aujourd’hui en mesure de garder un tel recul. Ce qui ne l’empêche pas d’être convaincu de la valeur intrinsèque, universelle du projet canadien : « Nous n’aimons pas notre pays parce que nous pensons qu’il est parfait, ni même satisfaisant, mais parce que nous sommes convaincus qu’il peut changer. »
Cela ne nous dit pas comment un gouvernement Ignatieff aborderait tel ou tel problème. Mais au moins, on sait que le chef libéral sera porté à la conciliation plus qu’à l’affrontement. Comme il l’écrit en citant un dicton autochtone, « pour imaginer le Canada, il faut marcher longtemps dans les mocassins de quelqu’un d’autre ».

Un écrivain authentique - Lysianne Gagnon
Contrairement à la France, où l’on ne fait pas de grande carrière politique sans avoir publié au moins un livre, le monde politique du Canada est un désert littéraire, à la brillante exception de Pierre Elliot Trudeau, dont les écrits sont de grands classiques de philosophie politique. M. Ignatieff est d’une autre mouture : moins rationnel, plus romantique, plus imaginatif, il se situe quelque part entre le penseur politique et le romancier.
Son Album russe ( Boréal, 1990), qui racontait l’histoire de ses ancêtres paternels, était un bijou. Il récidive, cette fois, avec la biographie intellectuelle de trois hommes marquants de sa lignée maternelle: Terre de nos aïeux, quatre générations à la recherche du Canada ( Boréal).
Même si la matière, à l’image des sages protestants d’origine écossaise que furent les Grant, est moins romanesque que l’épopée des Ignatieff, ce petit livre au style fluide (et très bien traduit par Alexandre Sanchez) se lit avec plaisir.
J’ai particulièrement aimé le chapitre sur son arrière-grand-père, un pasteur presbytérien qui participa à la première expédition visant à établir le tracé de la voie ferrée du Canadien Pacifique, scellant à la fois les bases de l’unité d’un pays géographiquement improbable et le début de l’agonie culturelle des peuples autochtones. M. Ignatieff a lu les comptes-rendus de cette équipée, refait lui-même ce parcours en 2000, et nous emmène, l ittéralement, dans un fabuleux voyage où les zones d’ombre le disputent à l’émerveillement.
Tout c o mme L’A l b u m russe ouvrait une fenêtre captivante sur l’aristocratie russe du X I Xe s i è c l e , les débuts de la Révolution et l’expérience exaltante e t dou l ou r eus e de l’exil, Terre de nos aïeux, à travers le parcours de t rois générations de Grant, s’inscrit dans une vaste toile de fond – l’Empire britannique, les deux guerres mondiales, la montée de la puissance américaine… Intéressant et instructif. On sent, bien sûr, l’arrière-pensée politique, même si le coeur du récit a été façonné bien avant la plongée d’Ignatieff en politique. Ce livre est une réponse à ceux qui lui reprochent d’avoir vécu 30 ans à l’étranger, une façon de montrer, à travers l’histoire de trois intellectuels engagés qui se sont interrogés à des époques différentes sur le « destin » du Canada, qu’il a ici des racines très profondes.
L’avant-propos et la conclusion se lisent un peu comme un manifeste politique, et c’est là que le texte a tendance à devenir sentencieux, mais il y a quand même, dans ces chapitres écrits sous la pression politique, un souff le, une certaine hauteur de vue, des accents de lyrisme, exceptionnels sous la plume d’un chef de parti. Ainsi, ces belles pages sur le patriotisme : « Aimer un pays est un acte d’imagination »… « Un pays est une entreprise commune qui nous arrache à notre solitude, qui nous libère de la prison du moi ».
Ce qui intrigue, c’est la conscience aiguë que semble avoir l’auteur de son propre destin, comme s’il était voué à poursuivre, dans la foulée de ses ancêtres, la quête d’un pays qu’il dit « inachevé ». Se voit-i l , orguei l leusement, comme celui dont la mission serait de donner au Canada sa pleine personnalité ? Ou est-ce l’âme slave héritée des Ignatieff qui le mène à cette vision romantique du Canada ? ichael Ignatieff est décidément un politicien atypique. Voici un leader politique qui est un écrivain authentique dans un pays où les politiciens n’écrivent pas, sauf quand ( pour la plupart) un « nègre » leur passe sa plume, et encore est-ce presque toujours par calcul : soit pour dorer leur image à l’approche des élections, soit pour glorifier leur passage au pouvoir dans des autobiographies complaisantes.




Place à l’audace - ROBERT ASSELIN
Michael Ignatieff n’a pas une éternité devant lui pour mieux se définir auprès de l’électorat
Il y a une soif réelle pour que nos leaders politiques fassent preuve d’une certaine authenticité, d’une certaine vision de l’avenir.
Vendredi prochain, le Parti libéral du Canada entamera un important exercice de modernisation de ses politiques avec la tenue à Montréal d’une conférence intitulée Les 150 ans du Canada: relever le défi. Si on aurait tort de voir l’événement comme une finalité en soi, il peut néanmoins marquer un virage important pour le parti et aider grandement l’image de son chef.
En 1996, en publiant un manifeste intitulé New Labour,
New Life for Britain, Tony Blair avait totalement refait l’image de son parti et jeté les bases de la plus grande victoire électorale de l’histoire du Labour Party en Grande-Bretagne. Plus de 40 ans après la « société juste » de Pierre Trudeau, le temps est venu pour le Parti libéral du Canada de se redonner un élan, un leitmotiv.
Si l’une de ses forces est de n’avoir jamais étéunparti idéologique, enfermé dans de vieux dogmes, le défi auquel il fait face aujourd’hui est de demeurer un parti centriste capable d’articuler des solutions concrètes à des problèmes modernes. La réalité politique exige que les libéraux identifient deux ou trois priorités claires, faciles à communiquer, qui vont les différencier dans l’immédiat du parti au pouvoir.
Qui plus est, le temps n’est pas propice à proposer des solutions à la marge ou à se présenter comme un parti d’intendance. À ce compte-là, Stephen Harper continuera de régner et le Canada poursuivra sa stagnation, voire sa régression. Ceux et celles qui pensent que la politique consiste à toujours aller au plus petit dénominateur commun devraient prendre acte du vote historique que vient de remporter le président Obama sur la réforme des soins de santé aux États-Unis.
Comme aspirant au poste de premier ministre du Canada, Michael Ignatieff n’a pas une éternité devant lui pour mieux se définir auprès de l’électorat. Il doit viser haut. Si sa principale force comme chef de formation politique réside dans son parcours apolitique et sa capacité à offrir du renouveau, il a un effort de communication réel pour mieux se faire connaître. Par des idées qui seront audacieuses, il a la possibilité de rehausser le discours politique et d’offrir un contraste marqué avec ce dont nous a habitués M. Harper.
Le Canada aura 150 ans en 2017. Les défis auxquels nous faisons face sont nombreux. Le vieillissement de la population et la pression que cela exerce sur nos charges sociales, le développement durable, des finances publiques mal en point, une économie en pleine transformation, des frontières éclatées qui nous exposent à une compétition féroce. Ces défis ne sont pas abstraits; ils affectent notre vie de tous les jours. Et ils sont aussi porteurs d’immenses possibilités pour notre pays.
Les gens savent bien que les gouvernements ne peuvent pas régler tous les problèmes. Dans cette ère aiguë de cynisme, ils n’en attendent d’ailleurs pas tant de leurs élus. Ce qu’ils n’endurent plus, ce sont les astuces mensongères, les slogans vides et la partisanerie excessive. Il y a une soif réelle pour que nos leaders politiques fassent preuve d’une certaine authenticité, d’une certaine vision de l’avenir, d’un certain courage de sortir des sentiers battus.

Les conservateurs accusent les libéraux d’élitisme   -  Hugo de GrandPré
CONFÉRENCEDES «GRANDS PENSEURS» À MONTRÉAL
OTTAWA — Taxés d’élitisme, les libéraux ont insisté hier sur le caractère historique et non partisan de leur conférence des « grands penseurs », qui se déroulera cette fin de semaine à Montréal.
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada David Dodge fait partie des personnalités invitées à prendre la parole à la conférence Canada 150, organisée par les libéraux. Les conservateurs ont critiqué le caractère exclusif de l’événement, pour lequel les participants doivent débourser 700$ et avoir été invités personnellement.
Au cours d’une séance d’information destinée aux journalistes, des stratèges du parti ont présenté l’exercice comme s’inscrivant dans la lignée des conférences d’Aylmer, en 1991, et de Kingston, en 1960, qui avaient donné un nouveau souffle aux politiques libérales – et à leurs chances électorales.
Cette fois-ci, la conférence de trois jours qui se tiendra à l’hôtel Hyatt, dans le centre-ville montréalais, offrira 53 conférenciers, dont une lauréate duprixNobel etune autre du prix Pulitzer, et doit réunir plus de 250 participants.
Mais n’entrera pas dans la salle qui veut: seules les personnes invitées peuvent assister à l’événement. Ces invités doivent en outre avoir accepté de débourser 700 $ pour entendre ce qui se veut un remue-méninges de haut vol servant à inspirer la prochaine plateforme électorale du parti.
Le caractère exclusif de l’événement a toutefois donné des munitions aux conservateurs, qui ont été prompts à accuser Michael Ignatieff d’être déconnecté des priorités des Canadiens.
« L’événement est tellement élitiste que le chef libéral ne s’est même pas donné la peine d’inviter ses propres députés », a raillé à la Chambre des communes le député conservateur Jim Abbott.
« Clairement, le chef libéral ne veut pas que les Canadiens y assistent. Son raisonnement est : qu’est-ce que des Canadiens pourraient bien amener à une soi-disant conférence des grands penseurs? »
Retransmise sur le web
Parlant sous le couvert de l’anonymat, les stratèges libéraux ont répliqué hier que les personnes intéressées à suivre la conférence pourraient le faire sur le site web www. can150.ca, où les allocutions et discussions seront retransmises. Ils ont aussi fait valoir que les députés du parti tiendraient en même temps des réunions publiques dans une soixantaine de circonscriptions, afin de discuter des idées présentées.
Intitulée Canada 150, la conférence vise à discuter des priorités et défis du pays d’ici 2017, année de son 150e anniversaire. Des personnalités comme l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, et l’économiste québécois Pierre Fortin doivent aborder différentes questions dans cinq domaines : l’emploi, la famille, l’économie, l’environnement et les affaires internationales.

Ignatieff en panne  -  Denis Lessard
SONDAGE CROP
QUÉBEC — Le chef des libérau x f é d é r a u x , Mic h a e l Ignatieff, a perdu beaucoup de plumes au Québec et son parti a poursuivi sa longue glissade dans la faveur populaire après l’affrontement dans la circonscription d’Outremont et la démission de Denis Coderre.
Le dernier sondage CROP montre que depuis un mois, la cote de Michael Ignatieff a carrément piqué du nez au Québec. Fin septembre, 28 % des Québécois voyaient en lui le meilleur premier ministre du Canada, on n’en compte plus que 20 % maintenant.
Stephen Harper f a i t du sur-place – passant de 23 à 25 % en un mois, son score le plus élevé toutefois depuis sa réélection , minoritaire, l ’a n dernier. I roniquement c’est Jack Layton, le chef du NPD, qui mène le peloton, d’un seul point cependant, avec 26 % d’appuis.
Au niveau des i ntentions de vote, le PLC au Québec semble revenu à l’heure de Stéphane Dion. Le parti de M. Ignatieff aurait eu 23 % des suffrages au Québec, un point de moins que le résultat de Stéphane Dion aux élections du 14 octobre 2008.
C’est le Bloc québécois et le NPD qui font recette. Le parti de Gilles Duceppe monte de quatre points, à 37 %, son score des dernières élections. Le NPD, lui, monte de trois points, à 16 %, quatre points de plus que son résultat dans l’urne, en octobre 2008.
Hier, Michael Ignatieff a décidé de donner un grand coup de balai da ns son bureau.
Le réseau CTV a rapporté hier soir que M. Ignatieff a congédié son chef de cabinet, Ian Davey, et a nommé le redoutable communicateur Peter Donolo à ce poste névralgique. M. Donolo est actuellement à la tête d’une firme de sondage de Toronto, Strategic Council.
M. Ignatieff pou rra it aussi r emplacer s a di r ect r ice des communications, Jill Fairbrother, qui est la conjointe de M. Davey, selon des informations qui circulaient hier soir.
Le couple Davey-Faibrother a fait l’objet de critiques de la part de députés libéraux en privé au cours des derniers mois.

PLC: un quatrième chef en quatre ans?  -  VINCENT MARISSAL
Le génial Gable a tout résumé, en une caricature toute simple, hier, dans The Globe and Mail.
Devant la grande salle à manger de Stornoway, Michael Ignatieff donne ses instructions à une domestique en train de monter la table du repas de l’Action de grâce organisé pour le Parti libéral : « Couverts en plastique. »
Un chef l ibéra l pa ra no devant ses propres troupes, ça ne vous rappelle pas quelque chose? Eh oui, Stéphane Dion, en 2007 et 2008, et, avant lui, Paul Martin entre 2004 et 2006.
Michael Ignatieff sera-t-il le prochain ? Les libéraux pourraient-ils le virer et choisir un quatrième chef en quatre ans?
La chose se discute de plus en plus ouvertement au PLC et parmi toute la faune politique canadienne.
La semaine dernière, dans un restaurant de Montréal, des libéraux du Québec en vue (candidats et sénateurs), qui avaient obtenu, la veille de leur publication, les chiffres d’un sondage du Globe and Mail, se délectaient des problèmes de leur chef. Certains ont même lancé des paris sur la longévité
CHRONIQUE de M. Ignatieff à la tête du PLC.
Il y a six semaines à peine, le chef libéral avait annoncé péremptoirement la fin du règne des conservateurs. Aujourd’hui, son plus grand défi n’est plus de préparer la bataille électorale, mais plutôt de ne pas se faire éjecter avant.
Si, comme le laissent déjà entendre certains libéraux, les prochains chiffres du financement sont aussi mauvais que ceux des sondages (normalement, les deux sont intimement liés), les problèmes de M. Ignatieff ne feront qu’empirer.
Par moments, le chef libéral semble accablé par la situation. Il se retranche alors dans l’autodérision et l’humour noir à propos des «joies du chef de l’opposition».
Certains de ses fidèles le défendent en disant qu’il est fatigué parce qu’il n’a pas pris de vacances au cours de l’été, justement pour se préparer à la campagne électorale. On a bien remarqué la fatigue, en effet, mais la préparation électorale, c’est moins évident...
Comment a-t-il pu en arriver là si vite? Absence d’idées fortes, désorganisation du parti et du bureau du chef, faible contre-attaque aux publicités négatives des conservateurs, mauvaise priorité (des élections à tout prix), les conclusions sont connues. Ce qui l’est moins, c’est que le grenouillage s’intensifie au PLC.
Les sondages le démontrent clairement depuis un mois et demi: les Canadiens ne veulent pas d’élections (le gouvernement Harper II aura seulement un an demain, après tout). Cela n’est pas nouveau, toutefois. Depuis le début de l’ère minoritaire, en 2004, aucun sondage n’a jamais démontré qu’une majorité de Canadiens VEUT des élections.
Michael Ignatieff n’a donc pas seulement un problème de timing. Le message et le messager posent aussi problème. Les électeurs ne suivront pas un chef qui ne sait pas où il s’en va, surtout en temps de crise.
La semaine dernière, par exemple, on a appris d’un «haut dirigeant libéral» que M. Ignatieff s’apprêtait à parler de hausses d’impôt comme solution au déficit. Faux, archifaux, s’est défendu le chef libéral, qui a sauté sur le téléphone pour démentir la manchette de La Presse Canadienne dans les minutes qui ont suivi sa sortie sur l’internet.
Ballon d’essai ? Fuite malheureuse ? Sabotage ? Chose certaine, le mal est fait et encore une fois, le chef libéral semble dépassé par les événements.
Est-ce une raison suffisante pour plonger le PLC dans une nouvelle crise en éjectant le chef avant les prochaines élections? Pour certains, ce serait un moindre mal. Cela permettrait de gagner de 12 à 18 mois et d’élire un nouveau chef. Au besoin, Bob Rae serait plus qu’heureux de répondre à l’appel.
Le Parti libéral est une machine de pouvoir, une machine impatiente qui supporte mal de s’être trompée de chef trois fois de suite. À la différence de Paul Martin, qui a attendu 13 ans avant de devenir chef, et de Stéphane Dion, dûment élu au terme d’une vraie course, Michael Ignatieff n’a pas nécessairement un droit acquis de mener les troupes aux prochaines élections.
À la décharge de M. Ignatieff, il faut rappeler que le rôle de chef de l’opposition est ingrat et que celui qui l’occupe a généralement besoin de temps pour passer de l’opposition au pouvoir. Prenez Jean Chrétien, Stephen Harper, Jean Charest ou Jacques Parizeau, des politiciens aguerris (ce que n’est pas M. Ignatieff) qui ont mangé leur pain noir dans l’opposition avant de devenir premier ministre.
Le hic, c’est que le temps est un luxe inabordable en période de gouvernement minoritaire.

Les Canadiens font davantage confiance à Harper qu’à Ignatieff  -  Joël-Denis Bellavance
Le chef du Parti libéral Michael Ignatieff redouble d’efforts pour provoquer des élections générales au pays cet automne. Mais il n’a pas encore réussi à convaincre les Canadiens qu’il serait un meilleur premier ministre que Stephen Harper.
OTTAWA —
Un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse démontre que les Canadiens font davantage confiance à Stephen Harper qu’à Michael Ignatieff dans plusieurs dossiers, en particulier dans le domaine de l’économie.
Interrogés pour savoir à quel leader ils font le plus confiance pour gérer l’économie en ces temps de crise, 40,5% des Canadiens choisissent M. Harper tandis que 26,8% optent pour M. Ignatieff. Seulement 10,1% des personnes interrogées croient que le chef du NPD, Jack Layton, est le plus compétent à cet égard.
M. Harper obtient sensiblement le même score au chapitre des taxes et des impôts. En tout, 40,1% estiment qu’il est le plus compétent pour s’occuper du fisc canadien comparativement à 24,2% qui croient au contraire que c’est Michael Ignatieff. Jack Layton arrive bon troisième encore une fois avec 11,6%.
Toutefois, M. Layton réussit à surpasser M. Ignatieff aux yeux des Canadiens dans deux secteurs: la santé et l’environnement. En effet, le chef du NPD obtient la confiance de 22,1% des personnes interrogées pour ce qui est d’assurer la pérennité du régime de santé au pays alors que le chef libéral suit de près à 21,5%. Stephen Harper arrive toujours en tête, mais son résultat est moins reluisant (28,9%) que ceux qui concernent l’économie ou les taxes.
Pour ce qui est de la protection de l’environnement, Jack Layton (21,1%) dépasse Michael Ignatieff (16,8%) de près de cinq points de pourcentage. M. Layton obtient d’ailleurs un score presque identique à celui de Stephen Harper (21,6%) dans ce domaine.
Le seul dossier où Michael Ignatieff réussit à s’imposer un peu est celui de l’unité nationale. Le chef libéral obtient la confiance de 28,1% des personnes interrogées, ce qui est tout de même deux points de pourcentage de moins que Stephen Harper (30,1%). Jack Layton est le meilleur homme pour préserver l’unité du pays aux yeux de 14,8% des Canadiens.
Fait à noter, Michael Ignatieff dame toutefois le pion à Stephen Harper sur tous les fronts au Québec. Les Québécois préfèrent le chef libéral au premier ministre pour gérer l’économie (38,5% comparativement à 26,5%), le régime de soins de santé (27,6% comparativement à 13,3%), les taxes et les impôts (32% comparativement à 28,4%), l’unité nationale (36,2% comparativement à 15,4%) et l’environnement (19,3% comparativement à 9,1%).
Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, les résultats de ce sondage démontrent que Michael Ignatieff a encore beaucoup de pain sur la planche pour s’imposer comme une option crédible à l’extérieur du Québec.
«Stephen Harper est généralement bien perçu en ce qui a trait à toutes les questions importantes. Michael Ignatieff obtient un bon résultat au Québec, mais c’est loin d’être le cas à l’extérieur de la province. Cela veut dire qu’il doit redoubler d’ardeur pour mieux se définir à l’extérieur du Québec», a affirmé M. Nanos.
Il a ajouté que le fait que Michael Ignatieff obtienne son meilleur résultat dans le dossier de l’unité nationale démontre que le Parti libéral sous Ignatieff est redevenu la principale option fédéraliste au Québec.


D’abord communiquer avec le chef  -  Malorie Beauchemin
Marc Garneau, nouvel homme fort des libéraux fédéraux au Québec
Le 28 septembre, Denis Coderre a démissionné avec fracas de son poste de lieutenant québécois du Parti libéral du Canada. Michael Ignatieff a d’abord annoncé qu’il ne le remplacerait pas, avant de se raviser, cette semaine, et de nommer l’ancien astronaute et député de Westmount, Marc Garneau. Le nouveau représentant du chef libéral au Québec a reçu La Presse dans son bureau de la colline parlementaire, à Ottawa.
Q Vous
Marc Garneau ne veut pas se contenter d’être la voix de Michael Ignatieff au Québec, il veut aussi être la voix des Québécois auprès de son chef.
remplacez Denis Coderre à titre de représentant du chef libéral au Québec. Qu’allez-vous faire de différent ? R Je vais vous dire ce que je vais faire. Ce qui est particulièrement important dans mon rôle, c’est non seulement de communiquer au nom du chef au Québec, mais plus particulièrement de communiquer avec le chef pour qu’il comprenne les enjeux, les préoccupations et les intérêts des Québécois. Q Le
poste de lieutenant qu’occupait M. Coderre a été scindé en deux. Est-ce que c’était nécessaire ? Est-ce que M. Coderre avait trop de pouvoir ? R Je crois que la raison principale pour laquelle le poste a été scindé en deux, c’est parce qu’il y a beaucoup de travail pour une personne. M. Coderre avait fait beaucoup de travail du côté de l’organisation depuis neuf mois. Alors, je pense que c’est pour optimiser nos ressources. Moi, je vais me concentrer sur mes responsabilités et l’organisateur ou l’organisatrice va se concentrer sur l’aspect de l’organisation. Q Le
rôle de représentant est exigeant. Vous n’avez pas une longue expérience en politique. Comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu ? R Moi, ma tâche, mon défi, c’est de rejoindre tous les coins du Québec, que ce soit les régions, que ce soit Montréal, que ce soit la grande région de la ville de Québec, et d’être là pour les écouter, pour savoir ce qui les préoccupe. Le secteur forestier, la culture, la recherche et le développement, le degré de préparation pour la grippe H1N1. Différents enjeux dans différentes parties du Québec. Je veux être sûr que mon chef comprenne bien ce que les Québécois veulent lui communiquer. Il faut que je sois sur le terrain, avec les gens. Q Au
Québec, les derniers sondages i ndiquent que l es appuis à votre formation politique sont actuellement en baisse. Comment entrevoyez-vous l’avenir du Parti libéral du Canada au Québec? R Je crois qu’il ne faut pas exagérer la situation au Québec. Si vous examinez la situation actuelle et si vous la comparez à celle d’il y a un an, on a vraiment fait du progrès du côté du membership, les coffres sont garnis parce qu’il y a eu beaucoup de collectes de fonds qui ont eu du succès et il y a beaucoup plus d’enthousiasme. Quand j ’ai fait des tournées durant l’été, j’ai rencontré des Québécois qui étaient réceptifs. C’était quelque chose de très encourageant. Ils étaient prêts à réévaluer l’option du Parti libéral. Il y en a beaucoup qui ne sont pas satisfaits avec le Parti conservateur. Il s’agit pour nous de continuer à travailler pour que les Québécois décident de nous donner une chance. Q Sur
les 75 sièges au Québec, le Bloc québécois en détient 47, l e Parti conservateur en a 10, et les libéraux, 14. Quel est votre principal adversaire ? R Les deux partis, le Bloc et les c onser vat e u r s . À propos du Bloc, je crois qu’il y a beaucoup de Québécois qui sont plus ouverts maintenant à choisir l’option libérale, parce que le Bloc, même s’il défend les intérêts du Québec, ne peut pas implanter de projets de loi. Le concret de la fonction d’un politicien, c’est d’être au gouvernement et de mettre en place des politiques, des projets de loi, qui représentent une réponse aux aspirations des Québécois. Je pense que certaines personnes sont prêtes à reconsidérer la façon dont elles votent parce qu’elles deviennent impatientes. Le Bloc peut parler de n’importe quel dossier, mais au bout du compte, il ne peut pas lui-même agir parce qu’il ne fera jamais le gouvernement. Q Deux
élections complémentaires au Québec ont été déclenchées dimanche dernier. Quels sont vos attentes, vos objectifs pour ces scrutins du 9 novembre ? R On va travailler très fort dans les deux comtés, pour que le Parti libéral soit visible et fasse de son mieux. Ce sont des partielles, c’est important qu’on soit présents sur le terrain. Moi, j’ai l’intention de me présenter dans les deux endroits – et je ne serai pas le seul – pour appuyer les candidats. QL es
s ondages n a t i onaux, c e t t e semaine, accordent 14 points d’avance aux conservateurs de Stephen Harper. M. Ignatieff a reconnu, jeudi matin, qu’il y avait beaucoup de travail à faire. Comment comptez-vous remonter la pente ? R On va remonter la pente si on est discipliné, si on présente nos arguments de façon efficace, pour qu’on puisse convaincre les Canadiens qu’on est une option qui est préférable à celle des conservateurs. Un de nos défis, c’est du côté de la communication. On doit mieux communiquer. Si, par exemple, on examine l’économie, en ce moment, le public semble, d’après les sondages, dire que le parti au pouvoir est en train de faire un travail raisonnable. La réalité, c’est que sur les dépenses des infrastructures, on a fait notre propre analyse et seulement 12% des projets ont amené des dépenses. Même si le gouvernement a dit que 80% a été annoncé, les experts disent que d’ici la fin de l’année, peutêtre que 30% des projets seront en cours de route. On ne peut pas prétendre que ce que le gouvernement a fait à l’égard des infrastructures a vraiment stimulé l’économie cette année. Q Que
ferez-vous si vous prenez le pouvoir dans les prochains mois ? R M. Ignatieff a clairement indiqué qu’il fallait non seulement se sortir de cette récession, mais s’attaquer à cette nouvelle économie du savoir. Il a aussi dit qu’on n’augmenterait pas les taxes, qu’on ne changerait pas les transferts. Ce que ça veut dire, c’est qu’on va être obligés de faire certaines coupes, dans le sens d’être plus efficace, et aussi miser sur ce qui est la priorité : des programmes pour qu’on soit plus compétitif, plus innovateur. Q Est-
ce que Michael I gnatieff est l’homme de la situation pour le Parti libéral ? R Je crois que oui. Je pense qu’il fera un excellent premier ministre parce qu’il a de la vision. Il est entouré d’une bonne équipe, qui l’appuie entièrement. On va travailler fort et je suis confiant qu’on va éventuellement mériter la confiance des Québécois et des Canadiens.

Ignatieff prêt à parler de hausses d’impôts
OTTAWA — Michael Ignatieff est prêt à prendre le risque politique de tenir une « conversation entre adultes » avec les citoyens canadiens au sujet des «douloureuses mesures» à adopter pour régler la dette du Canada, y compris des hausses d’impôts et des taxes.
Selon ce qu’ont confié de hauts responsables du PLC à La Presse Canadienne, le chef libéral est sur le point de lancer une discussion «pleine de franchise », relative aux options réalistes pouvant être adoptées afin de stopper « l’effusion d’encre rouge » dans les livres comptables du gouvernement.
Cela inclut des hausses d’impôts et des taxes, d’importantes réductions des dépenses, le maintien du déficit pendant une plus longue période de temps que prévu à l’origine, ou une combinaison de ces trois hypothèses. M. Ignatieff ne dévoilera pas sa stratégie personnelle pour attaquer le déficit tant que des élections ne seront pas imminentes, ce qui apparaît peu probable cette année.
Selon certaines sources, le chef libéral veut se faire une meilleure idée de l’état de la situation économique du pays, et veut savoir à quel point les électeurs sont prêts à se serrer les dents avant de soumettre une proposition élaborée.
Néanmoins, en affichant une volonté d’aborder des sujets aussi délicats que les hausses d’impôts et les restrictions budgétaires, M. Ignatieff court un grand risque. Habituellement, les électeurs rejettent l’idée de payer plus de taxes et d’impôts, même pour une bonne cause. Mais selon des sources d’information, c’était avant que le déficit de l’année financière en cours ne gonfle au point de s’élever à 56 milliards.
Ces sources pensent que M. Ignatieff est prêt à parier que les Canadiens veulent des réponses honnêtes au sujet de l’ampleur du déficit, et qu’ils savent déjà qu’ils devront souffrir pour en sortir.
M. Ignatieff envisage de donner le coup d’envoi à cette stratégie en prononçant un discours à la chambre de commerce de London, en Ontario, aujourd’hui. Suivront plusieurs séances de discussions ouvertes afin d’engager les Canadiens dans le débat.

Un autre rendez-vous manqué  -  VINCENT MARISSAL
CHRONIQUE QUÉBEC — Pour les libéraux fédéraux du Québec, le rassemblement d’hier à Québec visait d’abord à faire une démonstration, après une semaine difficile, d’unité et d’harmonie.
Michael Ignatieff a jeté samedi soir le premier discours qu’on lui a remis, insatisfait du contenu. Il en a donc prononcé hier une version ad lib, plus « sentie », hier à ses militants.
Mission accomplie pour l’u n ité, les libérau x du Québec, surtout les députés, étaient visiblement ravis de constater que leur encombrant confrère, Denis Coderre, avait été « puni ». Au coin ! Comme le p’tit boss de la cour de récréation qui se fait prendre par le directeur de l’école.
« On va enfin pouvoir militer et travailler librement », a résumé une consoeur de M. Coderre croisée dans le hall de l’hôtel attenant au Centre des congrès.
Les libéraux ont effectivement projeté une image d’unité. Soit, mais unis derrière quoi ?
Il était bien facile (et apparemment irrésistible) pour les collègues de Denis Coderre et pour les militants de casser du sucre sur le dos du nouveau mouton noir du caucus libéral, mais celui-ci, malgré ses défauts, ne peut être tenu responsable du manque de substance, de préparation et de perspicacité de son parti.
L e cong rès bien na l de l’a ile québécoise du P L C (qui n’avait de congrès que le nom) aura surtout permis de mesurer l’écart inquiétant entre la stratégie des libéraux, qui disent vouloir renverser le gouvernement à la première occasion, et l’état lamentable de leur préparation électorale.
Pas d’idée forte, des phrases creuses du chef sur l’économie, sur l’environnement, sur le développement des régions ou sur le Québec, peu de nouveaux visages… Non seulement les libéraux ne sont pas prêts à partir en campagne électorale, mais en plus, leur plan pour la suite des choses repose sur des hypothèses plus près de la pensée magique que de la réalité politique.
D’abord, les libéraux semblent convaincus que le NPD continuera, au moins pour la session d’automne, à appuyer le gouver nement H a r per, ce qui permettra à Michael Ignatieff de maintenir la ligne dure envers les conservateurs sans risquer, vraiment, de se retrouver dans des élections au moment où son parti en arrache.
Il est loin d’être garanti que les néo-démocrates renouvellent à l’infini leur appui ponctuel aux conservateurs. Si les libéraux continuent de s’enliser en Ontario et en ColombieBritannique, le NPD pourrait même y voir un avantage stratégique. Si on devait en arriver là, le chef libéral ne s’est pas gardé de porte de sortie.
Déjà, la semaine dernière, Jack Layton a indiqué aux Communes qu’il rejetterait, par exemple, l’harmonisation de la taxe de vente avec les provinces si les conservateurs vont de l’avant avec ce projet.
Par ailleurs, les libéraux continuent de croire que les Canadiens en ont assez des conservateurs et que ceux-ci seront nécessairement éjectés aux prochaines élections, au profit des libéraux.
C ’e s t s a n s d o u t e c e t t e conviction téméraire et non fondée qui explique que le chef libéral préfère s’en tenir à des généralités plutôt que de présenter à l’électorat des idées concrètes.
En ce sens, M. Ignatieff a manqué un autre rendez-vous avec les Québécois, hier, en prononçant un long discours creux truffé de clichés et de bonnes intentions.
Et encore, nous avons eu droit à une version ad lib, plus « sentie », puisque le chef libéral a jeté samedi soir le premier discours qu’on lui a remis, insatisfait du contenu. Il ne manque pas qu’un lieutenant à M. Ignatieff. Il a aussi un urgent besoin de conseillers québécois allumés et d’un bon rédacteur de discours.
La nature ayant horreur du vide, les distractions périphériques ont pris toute la place. On retiendra surtout de ce congrès que Michael Ignatieff a fait marche arrière et nommera finalement un nouveau lieutenant à la place de Denis Coderre.
On dit que les absents ont toujours tort, mais rarement l’absence d’un député aura été aussi remarquée (et lourde de signification) que celle de Denis Coderre, hier à Québec. M. Ignatieff a même lourdement insisté, dès le début de son discours, pour dire que le Parti libéral est une institution basée sur la fidélité et la loyauté, pas sur les individus.
Dans la salle de presse, les journalistes en manque de substance étaient, quant à eux, beaucoup plus intéressés par la sortie extrêmement bien orchestrée de Stephen Harper, samedi soir sur la scène du Centre national des arts d’Ottawa, où il a chanté With a Little Help From My Friends des Beatles. (Vous pouvez trouver la performance sur YouTube.)
« Mmm, I get high with a little help from my friends »… M. Harper pensait-il à ses « a mis » l ibérau x , qu i l u i facilitent vraiment la vie ces temps-ci ?
M. Ignatieff, quant à lui, devrait plutôt s’inspirer d’Alain Bashung, qui chantait «C’est com ment qu’on f rei ne ? », parce que dans l’état actuel des choses, bien peu de députés libéraux voudront sacrifier leur siège si leur chef persiste à vouloir provoquer des élections.

Ignatieff promet d’éliminer le boulet du déficit  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le gouvernement Harper risque de mettre en péril les programmes sociaux importants comme la santé, l’éducation ou le régime de pensions s’il ne reprend pas le contrôle des finances publiques, estime le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.
Le déficit est un boulet qui doit être éliminé dès que la reprise économique sera bien engagée, a affirmé le chef libéral dans une entrevue accordée hier à La Presse.
Dans son dernier budget déposé en janvier, le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait estimé le déficit à 34 milliards de dollars pour l’exercice financier en cours. Mais le ministre a été contraint de revoir le déficit à 50 milliards en mai et à 56 milliards au début du mois de septembre.
M. Ignatieff promet de préciser comment un gouvernement libéral viendrait à bout de ce boulet durant la campagne électorale. Selon lui, il ne suffit pas d’avoir un plan de relance économique pour sortir le gouvernement fédéral de l’ornière des déficits. Il faut aussi une stratégie qui va encourager la croissance soutenue de l’économie.
« Nous avons laissé au x conser vateu rs u n su r plus de 13 milliards de dollars (en 2006). Mais ils nous ont menés au bord du déficit avant même le début de la récession. Maintenant, le déficit est à 60
« Nous sommes dans une récession. J’espère vivement qu’on va commencer à remonter à la surface. Mais cela requiert un gouvernement avec une stratégie pas seulement de relance, mais aussi de croissance. Ce qui me préoccupe le plus, c’est le déficit. Nous sommes en déficit de près de 60 milliards de dollars. Cela met à risque la capacité du Canada de maintenir les soins de santé, de maintenir nos pensions. Ce n’est pas une chose abstraite, un déficit », a affirmé M. Ignatieff. milliards. C’est fort possible que nous serons à 65 milliards à Noël. Cela met en danger tout le progrès social que nous avons accompli depuis les 20 dernières années», a-t-il ajouté.
À l’occasion d’un discours devant le Canadian Club de Toronto, lundi, M. Ignatieff détaillera les politiques économiques qu’il envisage s’il gagne les élections.
M a i s d ’o r e s e t d é j à , M.Ignatieff écarte toute forme de hausse des impôts ou des taxes comme moyen de juguler le déficit. Pas question non plus de sabrer dans les transferts aux provinces, comme le gouvernement libéral de Jean Chrétien l’avait fait dans les années 90, pour rétablir l’équilibre budgétaire à Ottawa.
Le gouvernement Harper écarte aussi toute hausse des impôts et des taxes ou toute réduction dans les paiements de transferts. Il table surtout sur la reprise de la croissance économique et la fin des mesures de relance du gouvernement pour mettre de l’ordre dans les finances de l’État. Selon les dernières projections du ministre Jim Flaherty, le déficit devrait être éliminé d’ici 2015.
«L’élimination du déficit est l’enjeu capital de la politique canadienne pour les années à venir. Il faut élaborer une stratégie très concrète de croissance économique. Je ne veux pas éviter les questions difficiles. Les conservateurs nous ont mis dans un trou sans précédent. Chaque choix sera difficile», a dit le chef libéral.
M. Ignatieff a soutenu qu’il ne fait pas de promesse en l’air lorsqu’il s’engage à ne pas augmenter le fardeau fiscal des Canadiens. Il a dit croire qu’une hausse des impôts pourrait faire dérailler la croissance une fois que les effets des milliards de dollars investis par les gouvernements pour stimuler l’économie s’estomperont.
Chose certaine, le Canada doit conquérir de nouveaux marchés s’il veut créer de nouveaux emplois, outre les exportations vers les États-Unis, selon M. Ignatieff. C’est pourquoi le chef libéral propose de remettre sur pied des missions commerciales en Chine, en Inde et dans les pays émergents, qui avaient été la marque de commerce du gouvernement Chrétien. Ces missions ont été abandonnées par le premier ministre libéral Paul Martin en 2004.
«Négliger l’Inde et la Chine, comme l’ont fait les conservateurs depuis quatre ans, cela a de lourdes conséquences », a dit M. Ignatieff.


Rendez-vous manqué   -  Danny Lepage
La sortie du chef libéral Michael Ignatieff de mardi est sans aucun doute le résultat d’un processus intellectuel bien réfléchi et d’une stratégie bien documenté. Il n’en demeure pas moins surprenant de constater le manque total d’opportunisme politique dont il fait preuve depuis qu’il détient les rênes du parti. Pensons au rendez-vous manqué le printemps dernier, quand les libéraux avaient l’immense occasion de défaire le gouvernement minoritaire sur des questions d’ordre social. Leur analyse simpliste fut celle d’attendre à l’automne la mise à jour économique et les conclusions du comité sur l’assurance emploi comme catalyseurs électoraux, mais surtout de profiter des épluchettes de blé d’Inde et des barbecues estivaux pour renflouer les coffres du parti. Ce rendez-vous manqué pourrait leur coûter cher. Les sondages montrent une remontée impressionnante des intentions de vote en faveur des conservateurs. Ensuite, l’économie canadienne tend vers une reprise dans les prochains mois.



Un peu de sagesse  -  ANDRÉ PRATTE
On ne doit modifier l’assurance emploi qu’après avoir soigneusement évalué les effets des changements envisagés.
La réforme de l’assurance emploi est au coeur du débat politique à Ottawa. Libéraux et conservateurs font mine de discuter au sein d’un comité mis sur pied il y a deux mois; leur désaccord à ce sujet pourrait provoquer la tenue d’élections cet automne. Les statistiques du chômage publiées hier, selon lesquelles 45 000 Canadiens de plus ont perdu leur emploi en juillet, confirment l’importance de cet enjeu.
L’assurance emploi est un régime complexe et délicat. On ne doit y apporter des changements qu’après en avoir soigneusement évalué les effets. Malheureusement, les politiciens s’en sont emparés en mettant de l’avant des propositions et arguments simplistes ne visant qu’à marquer des points contre leurs adversaires.
La proposition de réforme dont on parle le plus est celle mise de l’avant par les trois partis de l’opposition, soit l’adoption d’un seuil d’admissibilité unique à la place du seuil actuel qui varie selon le taux de chômage régional. Le nouveau seuil national serait fixé à 360 heures travaillées dans l’année précédant la demande ; présentement, le seuil va de 420 à 700 heures travaillées.
Il s’agirait d’unchangement très important. Le principe du seuil variable a été adopté il y a plus de 40 ans. Depuis, il a survécu à toutes les réformes du régime. En 2005, un comité parlementaire a proposé un seuil national de 360 heures. Le gouvernement libéral en place à l’époque a rejeté l’idée, expliquant que « lorsque des changements au régime sont envisagés, il est important de bien connaître les répercussions des dernières améliorations ».
C’est la principale faiblesse de la proposition de l’opposition: on la dirait sortie d’un chapeau. Le nombre de chômeurs étant à la hausse, on veut rapidement rendre le régime plus généreux (et par ricochet stimuler l’économie) sans se préoccuper de savoir si le seuil national profitera aux travailleurs qui sont les plus touchés par la crise, si le changement aura des effets pervers ou si d’autres modifications, moins spectaculaires, pourraient s’avérer mieux ciblées et moins coûteuses.
De son côté, le gouvernement Harper se contente de caricaturer les suggestions de ses adversaires. Pourtant, la plupart des spécialistes s’entendent sur la nécessité de rendre l’assurance emploi plus accessible et équitable.
La Chambre de commerce du Canada et la Banque TD suggèrent d’abaisser le seuil d’admissibilité à 560 heures dans toutes les régions où le taux de chômage est de moins de 10%(où le seuil varie actuellement entre 560 et 700 heures). Cela permettrait aux travailleurs installés dans des régions jusqu’à récemment prospères d’être plus facilement admissibles à l’assurance emploi. Le régime se trouverait ainsi simplifié et le changement serait moins coûteux que la mesure suggérée par l’opposition. Enfin, le principe de la variabilité selon le taux de chômage n’étant pas complètement abandonné, un éventuel retour aux anciens seuils serait moins controversé.
S’ils font preuve d’un peu plus de sagesse et d’un peu moins de partisanerie, les élus fédéraux arriveront à mettre en place les changements qu’impose la récession... avant que la récession ne prenne fin.




Réforme de l’assurance emploi  Les demandes libérales jugées « fantaisistes » -  Malorie Beauchemin

— L’épineux dossier de la réforme de l’assurance emploi divise toujours libéraux et conservateurs, à moins de deux mois de la reprise des travaux parlementaires, qui pourraient rapidement mener à une nouvelle joute électorale.
La ministre fédérale des Ressources naturelles, Diane Finley, a relancé hier le débat entourant l’assurance emploi.
Hier, la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a qualifié de « fantaisiste » la proposition du Parti libéral d’abaisser à 360 heures le seuil d’admissibilité à l’assurance emploi.
En juin dernier, la mise sur pied d’un comité bipartite sur la question, comprenant des députés libéraux et conservateurs, avait permis d’assurer la survie du gouvernement de Stephen Harper, au moins jusqu’à l’automne.
« M. Ignatieff et des membres du caucus libéral ont publiquement indiqué qu’ils ne reculeraient pas sur leur demande des 360 heures, a lancé Mme Finley à la sortie d’un caucus conservateur. Soyons clairs, travailler neuf semaines et récolter de l’assurance emploi pour le reste de l’année, ce n’est qu’une fabulation intellectuelle. »
Les contribuables canadiens n’ont pas les moyens d’éponger la facture qui résulterait d’un tel changement aux règles, a soutenu la ministre des Ressources humaines, fermant définitivement la porte à cette proposition.
Mme Finley reproche aux libéraux de changer sans arrêt leur position et réclame maintenant qu’ils lui présentent des propositions « précises, détaillées, financièrement responsables et qui ne feront pas augmenter les impôts des Canadiens ».
En entrevue à CTV, le chef libéral Michael Ignatieff a rétorqué que la situation du chômage au Canada n’avait rien de « fantaisiste » et que seul son parti avait jusqu’à présent démontré un minimum de flexibilité dans les pourparlers sur l’assurance emploi.
« J’ai toujours essayé de travailler avec le gouvernement, de mettre les intérêts des Canadiens au premier plan. Mais c’est de plus en plus difficile », a souligné M. Ignatieff, laissant entendre qu’il pourrait être tenté de présenter un vote de défiance dans le but de faire tomber le gouvernement de Stephen Harper.
Les libéraux tiennent mordicus à une réforme de l’assurance emploi qui comprendrait l’établissement de normes nationales d’admissibilité, plutôt que par régions économiques comme c’est le cas actuellement.
« Il y a 150 000 Canadiens qui ne peuvent pas recevoir d’assurance emploi dans ces temps difficiles, non pas parce qu’ils n’ont pas assez contribué, mais parce qu’ils n’habitent pas au bon endroit, a souligné M. Ignatieff. Il faut changer les règles pour plus d’équité. »
Les trois partis de l’opposition à Ottawa réclament d’importants changements à l’assurance emploi. « S’il n’y a pas de modifications substantielles, et non pas juste cosmétiques, à l’assurance emploi, c’est très clair qu’on va voter contre la confiance au gouvernement », a réitéré le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette.
L’attaque en règle de la ministre Finley contre ses adversaires libéraux survient à l’issue d’une session de trois jours de préparation, chez les conservateurs, en vue de la reprise parlementaire et de la possible tenue d’élections générales cet automne.
Les futurs candidats et militants se sont d’abord rencontrés pendant deux jours à Ottawa, au début de la semaine, pour des formations et des séances d’information. Puis, les députés et ministres ont tenu deux jours de caucus, afin d’aligner leurs fusils en vue des prochains mois.
Si tous les ministres se réjouissent des « signes encourageants » constatés dans l’économie canadienne, tous ne s’entendent pas sur l’état de la récession. Leministre du Commerce international, Stockwell Day, a annoncé à grands cris, lundi, la fin de la récession, dans une lettre publiée dans un quotidien de Colombie-Britannique. Or, plusieurs de ses collègues se sont relayés, depuis deux jours, pour réduire les élans de triomphalisme initiés la semaine dernière par le gouverneur de la Banque du Canada, MarkCarney, qui avait lui aussi affirmé que la récession était terminée.



Quelques notes avant de décrocher  -  VINCENT MARISSAL
Michael Ignatieff aurait pu faire tomber le gouvernement Harper sur cette question de l’accessibilité à l’assurance emploi, mais il a reculé, se contentant d’une vague promesse de M. Harper de mettre sur pied un comité bipartisan pour étudier le dossier.
Après la fin de session en queue de poisson de Michael Ignat ief f à Ottawa, il y a deux semaines, on aurait pu penser que les libéraux partiraient en vacances sans trop insister sur la question de l’assurance emploi.
Pourtant, les libéraux essayent encore de taper sur le clou des « 360 heures » qu’ils ont euxmêmes tordu en cédant devant le premier ministre Harper.
J’ai reçu cette semaine dans ma boîte à lettres, comme des milliers de foyers, une brochure du Parti libéral accusant le gouvernement conservateur de priver 150 000 Canadiens de prestations en refusant d’appliquer partout au pays la règle des 360 heures pour se qualifier.
Le dépliant affirme ceci : « Plus de la moitié des Canadiens au chômage n’ont pas droit à l’assurance emploi et beaucoup d’entre eux ont du mal à faire face au coût de la vie. Les conservateurs ont rejeté un plan qui aurait permis à 150 000 Canadiens de plus de recevoir une prestation. »
Heureusement pour les libéraux que la grande majorité des électeurs ont déjà la tête aux vacances et qu’ils ne porteront pas trop attention à ce curieux message parce que celui-ci nous rappelle surtout que Michael Ignatieff avait fait de la règle des 360 heures une condition incontournable et qu’il a finalement battu en retraite piteusement pour éviter des élections estivales.
Le chef libéral aurait pu faire tomber le gouvernement Harper sur cette question de l’accessi-
D’autant que ce sont les précédents gouvernements libéraux (de ça, la brochure ne parle pas, évidemment) qui ont restreint l’accessibilité dans les années 90, au point où, comme le note le Parti libéral, la moitié des chômeurs ne se qualifient plus à l’assurance emploi.
Quand on vit dans une maison de verre…
Forces et faiblesses…
Hier matin, en lisant ma Presse (eh oui, je lis ENCORE le journal en papier en prenant mon café…), je ne pouvais m’empêcher de sourire en juxtaposant le texte de mon collègue Joël-Denis raux sur l’assurance emploi en est l’illustration parfaite. On ne peut pas dire, par ailleurs, que Michael Ignatieff se soit imposé dans quelque dossier que ce soit au cours des derniers mois.
Ce n’est pas plus concluant du côté des conservateurs. Ceuxci souffrent même de dédoublement de personnalité. Que reste-t-il de « conservateur » chez un gouvernement qui a pondu et vanté un budget… libéral et qui a même « nationalisé » un géant de l’auto comme GM? Où sont passés les points forts de Stephen Harper lorsque les Canadiens pensent que le manque de transparence et l’arrogance font plutôt partie de la liste de ses points faibles? bilité à l’assurance emploi, mais il a reculé, se contentant d’une vague promesse de M. Harper de mettre sur pied un comité bipartisan pour étudier le dossier. Dans les faits, M. Harper a été très clair : pas question d’étendre la règle des 360 heures, mais on verra ce que l’on peut faire pour les travailleurs autonomes.
Si la chose tenait tellement à coeur à Michael Ignatieff, il pouvait s’opposer, mais ne l’ayant pas fait, il est plutôt complice de la misère des 150 000 chômeurs dont il se fait aujourd’hui le défenseur. Bellavance à propos d’un sondage Nanos et cette brochure du PLC.
En gros, la firme Nanos a découvert qu’une majorité de Canadiens sont incapables de trouver un point fort aux conservateurs et aux libéraux.
Pas très étonnant. Côté idées fortes, vision et convictions, nous ne vivons pas des années de grands crus. Si les Canadiens n’arrivent pas à identifier la marque de commerce des deux principaux partis, c’est tout simplement parce que ceux-ci sont incapables d’en imposer une.
La brochure partisane des libé-
Remarquez, l’absence d’idées fortes, de priorités clairement définies et de points forts ne condamnent pas nécessairement un parti à sa perte. En politique, on tire d’abord sa force de la faiblesse de notre opposition.
Voyez Jean Charest, à Québec.
On a de l’argent pour ça?
Apparemment, les fonds de tiroirs du gouvernement fédéral sont d’une profondeur abyssale et, en grattant bien, on y trouve encore quelques réserves, même en ces temps de disette.
Et même si le gouvernement est formé de conservateurs qui déchiraient leur chemise lorsque les précédents régimes libéraux dépensaient de l’argent dans des comités, des études, des commissions, des groupes d’experts…
Ainsi, le ministre des Finances, Jim Flaherty, père du plus grand déficit budgétaire jamais enregistré en ce pays, vient de trouver des sous pour créer un groupe de travail « sur la littératie financière ».
Le mandat de ce groupe de travail (duquel fera partie le banquier montréalais Jacques Ménard) est de proposer des moyens d’améliorer les connaissances des Canadiens sur les produits et les services financiers et ainsi les aider à mieux gérer leurs finances, selon les informations recueillies par notre bureau d’Ottawa.
On a vraiment de l’argent pour ça dans les coffres du ministère des Finances ?
Cela dit, si le fédéral a de l’argent pour faire des campagnes sur les sièges d’auto pour enfants, sur la violence aux aînés, sur la préparation des ménages en cas de catastrophe naturelle, sur la manipulation des matières dangereuses, et j’en passe, pas surprenant qu’il en ait aussi pour dire aux Canadiens comment gérer leur bas de laine.
Sur ce, je pars recharger mes batteries quelques semaines en vue des élections fédérales de l’automne. Bon été.



Attention, M. Ignatieff: terrains glissants !  -  VINCENT MARISSAL
Ragaillardi par des sondages qui lui sont favorables, M. Ignatieff a délaissé la retenue qui caractérise habituellement ses réponses.
Les détracteurs de Michael Ignatieff ne ratent pas une occasion de souligner son manque d’expérience en matière de politique et de gestion gouvernementale (ce qui est objectivement exact), mais ils ne pourront jamais l’accuser de manquer de confiance en lui-même.
En entrevue au quotidien deVancouver The Province, Michael Ignatieff a résumé ses projets d’avenir : « Je vais devenir premier ministre de ce pays, aussi certain que je suis assis ici devant vous, et je vais hériter du plus gros déficit de l’histoire du Canada. »
Voici comment le nouveau chef libéral a résumé ses projets d’avenir, le week-end dernier, dans une entrevue accordée au chroniqueur James McNulty, du quotidien vancouvérois The Province:
« Je vais devenir premier ministre de ce pays, aussi certain que je suis assis ici devant vous, et je vais hériter du plus gros déficit de l’histoire du Canada. »
Ragaillardi, apparemment, par l’ambiance d’un congrès harmonieux et par des sondages qui lui sont favorables, M. Ignatieff a délaissé la retenue qui caractérise habituellement ses réponses. C’est peut-être ce qui explique aussi qu’il se soit rendu dare-dare à Ottawa, dès lundi, pour en découdre avec le premier ministre Harper.
Avant de se lancer avec tant d’enthousiasme, le nouveau chef libéral aurait néanmoins intérêt à s’équiper de crampons, comme le recommandait ce bon Marcel Tremblay. Parce que, à l’instar des trottoirs de Montréal en hiver, les terrains politiques sur lesquels il s’avance sont plutôt casse-gueule.
Tout d’abord, Michael Ignatieff se retrouve sur la même petite plaque de glace que tous les chefs de l’opposition devant un gouvernement minoritaire. Plus important encore que d’élaborer un programme, M. Ignatieff doit trouver le bonmoment et la bonnemanière de défaire le gouvernement.
Ce qui veut dire: trouver un bon moment pour son parti sans avoir l’air de faire passer celui-ci avant les intérêts premiers des Canadiens. Et espérer que les électeurs soient assez mécontents des conservateurs, sans toutefois être trop fâchés d’avoir d’autres élections.
Ce n’est pas si simple. L’expérience récente à Ottawa et àQuébec, oùquatre gouvernements minoritaires ont été élus depuis cinq ans, démontre qu’un seul a été renversé par l’opposition (celui de Paul Martin, fin 2005).
Rappelons qu’il y a quelques mois à peine, M. Ignatieff disait que les Canadiens avaient autant besoin d’une élection que d’un trou dans la tête! Il va falloir les convaincre que la situation a vraiment changé, faute de quoi c’est lui qui se tirera dans le pied.
Visiblement, M. Ignatieff veut profiter de sa lancée post-congrès pour traquer le gouvernement, pour le mettre sur la défensive, plutôt que de se faire attaquer lui-même.
L’idée est bonne, mais il va un peu vite en affaires avec ses demandes pour un assouplissement de l’assurance emploi.
Quand il accuse les conservateurs de laisser tomber les chômeurs, M. Ignatieff semble oublier que c’est le gouvernement libéral de Jean Chrétien, dans les années 90, qui a resserré l’accès au programme et diminué les prestations. Ce sont aussi les libéraux qui ont pigé allégrement dans la caisse d’assurance emploi pour éponger le déficit.
Les libéraux en ont d’ailleurs payé le prix aux élections de 1997, perdant 19 de leurs 30 sièges dans les Maritimes et à Terre-Neuve.
« Les coupes ont fait mal à certaines régions, c’est évident, avait reconnu Jean Chrétien au lendemain du scrutin. Mais nous n’avions pas vraiment le choix. Si nous ne l’avions pas fait, l’économie et même les programmes sociaux auraient souffert encore plus dans les mois et les années à venir. »
On pourrait dire la même chose aujourd’hui. Pondue à la hâte, la proposition de Michael Ignatieff visant à rendre plus accessibles les prestations à l’échelle du pays risque de recréer tout un contingent d’abonnés qui travaillent 10 semaines pour toucher ensuite des prestations d’assurance emploi pendant 42 semaines. Coûteux et pas forcément bien avisé en période de crise.
Autre terrain glissant : les champs de compétence des provinces, dans lesquels M. Ignatieff rêve de gambader avec une série de nouveaux programmes pour la petite enfance, pour l’éducation postsecondaire, la santé ou la formation de la main-d’oeuvre.
Mêmes lubies libérales. Même vocabulaire litigieux, où il est question de « plan national », de priorités nationales, de programme national. Et mêmes querelles en perspective avec Québec. S’aliéner le gouvernement Charest à ce moment-ci serait pour le moins contre-productif.
Tout dépend, évidemment, de la manière.
Michael Ignatieff, qui insiste avec raison sur le savoir, peut s’inspirer du succès de la Fondation canadienne pour l’innovation (une initiative du gouvernement Chrétien qui distribue des centaines de millions pour la recherche universitaire, dans la plus grande harmonie).
Ou il peut se rembarquer dans une controverse, comme le fameux programme des bourses du millénaire, qui vient d’ailleurs de prendre fin après 10 ans d’existence.
On pourra du coup vérifier si M. Ignatieff est sérieux quand il parle de décentralisation et de respect des provinces.



Première erreur de M. Ignatieff -  ANDRÉ PRATTE
Au l endema i n de s a conf i rmation comme chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff a enfourché un nouveau cheval de bataille. M. Ignatieff exige qu’on élargisse l’admissibilité aux prestations d’assurance emploi. Cette réforme est « urgente », affirme le chef libéral, laissant entendre que si le gouvernement Harper rejette sa suggestion, il pourrait y avoir des élections dès cet été.
Bien des observateurs s’entendent pour dire que l’assurance emploi n’est pas assez généreuse et qu’à mesure qu’augmente le nombre de chômeurs, cette situation devient intolérable. Soit. Mais quels changements devraiton apporter en priorité ? Quel impact auraient ces changements sur la viabilité financière du régime et donc sur le niveau futur des primes ?
L’assurance emploi est un programme éminemment complexe. Avant d’y apporter toute réforme substantielle, il faut prendre le temps de bien en étudier les tenants et aboutissants.
Le Parti libéral demande que le nombre d’heures de travail requis pour avoir droit à l’assurance emploi soit abaissé et uniformisé à 360 heures. À l’heure actuelle, ce seuil varie de 420 heures à 700 heures selon le taux de chômage sévissant dans la région où réside le travailleur. Le changement mis de l’avant par les libéraux coûterait 1milliard.
Vaut-il mieux faire cela ou éliminer le délai de carence de deux semaines? Ou augmenter le niveau des prestations? Ou encore allonger la période pendant laquelle on peut recevoir des prestations, comme les conservateurs viennent de le faire? On ne sait pas trop pourquoi les libéraux préfèrent les 360 heures aux autres avenues de réforme sinon que d’un point de vue politique, la proposition a l’avantage d’être à la fois simple et séduisante.
Curieusement, le système d’assurance emploi que Michael Ignatieff dénonce aujourd’hui a été mis en place par des gouvernements libéraux. C’est depuis 1977, alors que Pierre Trudeau était au pouvoir, que le nombre d’heures (autrefois, de semaines) exigé varie selon le taux de chômage régional. C’est le gouvernement de Jean Chrétien qui a procédé à la doloureuse réforme de 1996. Par conséquent, si le régime est « en crise » comme le soutient M. Ignatieff, on ne peut certainement pas en rendre les conservateurs responsables.
Les libéraux proposent que l’abaissement du seuil d’admissibilité soit une mesure temporai re. Temporai re jusqu’à quand? Dans une étude sur le sujet publiée la semaine dernière, les économistes de la Banque TD soulignent à juste titre que « quand il s’agit de mettre un terme à un programme temporaire, les gouvernements canadiens ont un piètre bilan ».
Sachant la virulence de l’opposition suscitée par toute compression dans l’assurance emploi, on se demande quel gouvernement aura le courage, une fois la récession passée, de rehausser le nombre d’heures exigé.
On a beaucoup reproché au nouveau chef libéral d’exprimer seulement des généralités. La réforme temporaire de l’assurance emploi est la première mesure concrète que M. Ignatieff met de l’avant. Mauvais départ: il s’agit d’une proposition téméraire et irréfléchie. La plateforme électorale que le PLC promet pour juin devra être beaucoup mieux ficelée.

Les chômeurs trouvent la position d'Ignatieff courageuse...
Une position courageuse -  Pierre Céré
La proposition de Michael Ignatieff pour améliorer l’accès à l’assurance emploi n’est pas improvisée
L’assurance emploi doit redevenir un programme qui assure la sécurité économique et la dignité des travailleurs qui perdent leur emploi.
l y a un peu plus d’u n mois , nous avions incité le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, à faire preuve de courage et à préciser ses mesures d’engagement pour réparer et améliorer le régime d’assurance emploi. Force est de constater que notre appel a été entendu et que les propositions exprimées publiquement par le chef du PLC sont de haut niveau.
Unemajorité de chômeurs n’arrivent plus à se qualifier à l’assurance emploi: depuis 1996, la couverture du régime (le ratio prestataires-chômeurs) est tombée en dessous des 50%, justement à cause du resserrement des critères d’admissibilité.
D’aucuns seront dérangés par cette proposition (d’uniformiser à 360 le nombre d’heures de travail requis), et seront tentés de faire le procès passé des libéraux. D’autres, à l’instar de l’éditorialiste en chef de La Presse, André Pratte, prétendront qu’il s’agit « d’une proposition téméraire et irréfléchie », qu’il y a lieu de « prendre garde à ne pas faire des changements improvisés ou trop coûteux ». Quant à la position du gouvernement Harper, elle est insignifiante et sans coeur.
Nous avons été artisans de ces rapprochements avec les libéraux, et de la mise en place de très larges alliances au sein de la société pour favoriser les changements désirés. Si nous avons été au-devant de tous les combats menés contre les compressions imposées au régime d’assurance emploi depuis 1993, nous avons aussi proposé des éléments de solution. Plus particulièrement, et cela depuis quelques années, nous avons tendu la main aux libéraux, dans un esprit de réconciliation fondé sur la vérité et sur la justice.
Il n’est pas juste de considérer la position libérale comme étant irréfléchie, téméraire, trop coûteuse. Chaque année, le régime d’assurance emploi module la vie de centaines de milliers de travailleurs, pris entre deux emplois. Malheureusement, une majorité de chômeurs n’arrivent plus à se qualifier à l’assurance emploi: depuis 1996, la couverture du régime (le ratio prestataires-chômeurs) est tombée en dessous des 50%, justement à cause du resserrement des L’auteur est porte-parole du Conseil national des chômeurs (CNC).
Icritères d’admissibilité. Les premières victimes sont les travailleurs à statut précaire.
On ne compte plus les voix qui réclament une meilleure admissibilité à l’assurance emploi: le Conference Board du Canada, l’Institut CD Howe, de nombreux économistes québécois et canadiens, hommes et femmes politiques, comme les premiers ministres du Québec et de l’Ontario, observateurs et commentateurs, groupes de femmes, syndicats... Combien d’articles et d’éditoriaux, que nous pourrions résumer dans cette formule éclairée, celle de Mario Roy dans La Presse du 13 décembre 2008: « La façon élégante, juste et efficace de régler le dossier sera sans doute de bonifier le régime d’assurance emploi, notamment en décadenassant l’accès aux prestations. »
Il n’y a rien d’improvisé dans la position libérale qui s’affirme comme une position courageuse, en phase avec la société, en phase avec les besoins criants, avec les demandes et avec les majorités qui s’expriment. En phase aussi avec ce concept de solidarité sociale qui se retrouvait au coeur même du Livre blanc de Brice Mackasey pour un meilleur régime d’assurance-chômage, sous le gouvernement Trudeau, en 1971.
Comprenons aussi une chose : les coûts d’un tel chantier seront assumés, sans défaut, par les seules cotisations des travailleurs et des employeurs, considérant que le gouvernement ne finance plus la caisse d’assurance emploi depuis la fin des années 80. La caisse continue d’ailleurs à enregistrer des surplus, et s’il le fallait, une hausse de seulement 10 sous affecterait des revenus d’environ 1 milliard de dollars.
L’assurance emploi doit redevenir un programme qui assure la sécurité économique, et donc la dignité, des travailleurs qui perdent leur emploi et qui se retrouvent temporairement en situation de chômage. La seule partisannerie que nous connaissons est là. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à saluer la prise de position deM. Ignatieff, et à l’encourager dans cette voie.


Allez plus loin, M. Ignatieff  -  Gilles Duceppe
Il faut hausser les prestations d’assurance emploi et abolir le délai de carence de deux semaines
Les règles « injustes » qu’il dénonce ont été créées par les libéraux eux-mêmes.
L’auteur est chef du Bloc québécois.
L’OCDE prévoit que le taux de chômage au Canada atteindra 10,8% en 2010, soit quelque deux millions de chômeurs.
L’OCDE prévoit que le taux de chômage au Canada atteindra 10,8% en 2010. Cela signifie qu’il y aura deux millions de chômeurs au Canada, dont une majorité n’a pas accès à l’assurance emploi.
Ça veut dire des milliers de Québécoises et de Québécois plongés dans une situation financière pénible, des régions entières en crise et une économie qui peine à redémarrer. Plus on attend avant d’agir, plus cette prévision a des chances de se réaliser.
Depuis des années, le Bloc québécois exige des bonifications au régime d’assurance emploi pour en élargir l’accès. Nous sommes évidemment surpris, mais aussi ravis, de lire et d’entendre Michael Ignatieff réclamer à son tour une norme universelle d’admissibilité de 360 heures, ce qui permettra à 148 000 personnes d’avoir accès à l’assurance emploi.
Si nous sommes surpris, c’est qu’en voyant Michael Ignatieff dénoncer les règles actuelles du régime d’assurance emploi, on pourrait croire qu’il n’est pas le chef du Parti libéral du Canada. Ces règles injustes, selon lui, ont en effet été créées par les libéraux eux-mêmes. Ce sont aussi des gouvernements libéraux qui ont présidé au pillage de la caisse d’assurance emploi à hauteur de 50 milliards de dollars.
Nous sommes surpris du ton d’urgence de M. Ignatieff, puisqu’une telle réforme était inscrite dans l’esprit de l’entente de la coalition que le chef libéral a sabordée en janvier. S’il avait choisi une autre route, les familles touchées par la crise bénéficieraient déjà d’un meilleur accès au régime.
De même, en votant en faveur du budget conservateur en janvier, Michael Ignatieff a cautionné le gouvernement Harper qui a effacé la décision de la Cour suprême qui avait jugé illégal le détournement des surplus pour les années 2002, 2003 et 2005. Et il a du même coup cautionné ces règles injustes dont il parle aujourd’hui.
Nous sommes aussi ravis de voir le chemin parcouru par le Parti libéral du Canada sur cette question, mais si M. Ignatieff veut vraiment aider les travailleurs, il devra aller plus loin.
En limitant sa proposition au seuil de 360 heures, Michael Ignatieff fait l’impasse sur d’autres réformes urgentes. Actuellement, l’archaïsme du régime fait en sorte que les travailleurs qui ont droit à des prestations peuvent attendre jusqu’à deux mois, voire plus, avant de toucher leur premier chèque, ce qui met les gens dans une situation très pénible.
Si le chef libéral est sérieux, il doit également réclamer l’abolition du délai de carence de deux semaines, une mesure qui a depuis longtemps perdu toute justification.
Il est également urgent de changer l’approche actuelle d’un régime qui part du principe que tout demandeur est un fraudeur potentiel. En plus d’être insultante pour les 99,9% des travailleurs qui sont de bonne foi, cette approche est à l’origine de ces délais inacceptables.
De même, le régime offre des prestations insuffisantes, qui ne permettent pas aux gens qui perdent leur emploi de subvenir aux besoins de leur famille. Une véritable réforme devrait comprendre une hausse des prestations de 55% à 60% du salaire gagné, l’augmentation de la rémunération assurable à 42 500$ et un calcul basé sur les 12 meilleures semaines.
Finalement, on ne peut se contenter de prendre des mesures pour venir en aide à ceux qui perdent leur emploi, sans d’abord les aider à le conserver. Le programme d’assurance emploi pourrait être d’un grand secours si seulement on assouplissait et adaptait les mesures favorisant la formation et le travail partagé.
Ces mesures ont déjà été proposées à de multiples reprises par le Bloc québécois et ont été étudiées – et, pour la plupart, acceptées – dans les comités parlementaires. Elles pourraient être implantées en quelques semaines et permettraient d’injecter rapidement des milliards de dollars dans l’économie.
Si les propos de Michael Ignatieff sont autre chose que de la simple rhétorique et qu’il veut véritablement aider les travailleuses et les travailleurs, il a maintenant connaissance de tous les éléments pour compléter sa proposition.




Harper dénonce la proposition « irréaliste » des libéraux
BONIFICATION DE L’ASSURANCE EMPLOI
— Le premier ministre Stephen Harper juge « totalement irréaliste » la proposition des libéraux de Michael Ignatieff de ramener à 360 le nombre d’heures que doivent travailler les Canadiens pour avoir droit à des prestations de d’assurance emploi.
Depuis deux semaines, le Parti libéral réclame des changements au programme d’assurance emploi pour une durée limitée afin de donner un coup de pouce aux travailleurs qui viennent de perdre leur emploi.
Les libéraux proposent que toute personne ayant travaillé au moins 360 heures, soit l’équivalent de neuf semaines à temps complet, puisse toucher des prestations, et cela peu importe la région où elle vit. À l’heure actuelle, ce critère varie de 420 à 700 heures, selon la région économique.
Les libéraux ont exigé que ces changements soient adoptés avant la fin de juin à défaut de quoi ils n’écartent pas l’idée de renverser le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper.
Aux Communes , hie r, Michael Ignatieff a soutenu que les faillites personnelles sont en hausse de 60% en mars, le taux de chômage a bondi de 83% en Alberta et de 68% en ColombieBritannique depuis le début de la crise économique.
« Il y a plus de gens dans les provinces de l’Ouest que partout ailleurs au pays qui ont cotisé à l’assurance emploi mais qui ne peuvent obtenir de prestations. Nous avons proposé un seuil national d’admissibilité de 360 heures. Le premier ministre va-t-il donner suite à notre proposition avant la fin de la session parlementaire », a demandé M. Ignatieff.
Comme il l’avait fait la semaine dernière, M. Harper a opposé une fin de non-recevoir à cette demande en affirmant que le programme d’assurance emploi actuel est très « généreux », et que son gouvernement a augmenté de cinq semaines la durée des prestations.
Mais il est allé plus loin hier. « Nous savons tous ce qui motive le chef libéral en faisant une telle proposition. Cette proposition ferait en sorte qu’un Canadien pourrait travailler 45 jours et obtenir des prestations d’assurance emploi pendant un an. Ce serait le régime dans chaque région. Cela ne ferait rien pour l’économie ou la récession aujourd’hui. C’est simplement une proposition totalement irréaliste, irréfléchie qui augmenterait les impôts de manière importante et permanente pour les travailleurs et les petites entreprises », a dit M. Harper.
M. Ignatieff a rétorqué en invitant le premier ministre à expliquer sa décision devant les quelque 150 000 Canadiens qui auraient droit à des prestations en vertu des changements proposés par les libéraux.
Ces changements sera ient d’une durée limitée et coûteraient entre un et 1,5 milliard de dollars par année.
En point de presse, le chef libéral a accusé M. Harper de ne pas comprendre le fonctionnement du programme d’assurance emploi. « Bonifier le programme d’assurance emploi est un excellent moyen de stimuler l’économie. Les gens qui en ont besoin le dépensent rapidement. Tous les économistes sont d’accord là-dessus », a dit M. Ignatieff.


Un système à réformer -  Michael  Ignatieff
Nous devons élargir les critères d’admissibilité de l’assurance emploi pour aider les chômeurs exclus
L’assurance emploi utilise toujours 58 critères d’admissibilité régionaux différents. Cela n’a aucun sens.
L’auteur est chef du Parti libéral du Canada et député d’Etobicoke-Lakeshore.
Le leader libéral, Michael Ignatieff, était à Toronto jeudi dernier pour exiger une réforme de l’assurance emploi au pays: « Plus de 40% des personnes qui sont au chômage dans ce pays n’ont pas droit aux prestations d’assurance emploi, même si elles ont cotisé au régime. »
Nous sommes en pleine récession. Nous devons adapter les règles qui gouvernent notre économie.
Le chômage augmente en flèche, le nombre de faillites est en hausse et le déficit budgétaire bat des records. Plus de 300 000 Canadiens ont perdu leur emploi depuis le début de la crise.
Notre système d’assurance emploi n’est pas conçu pour une récession de cette ampleur. Plus de 40% des personnes qui sont au chômage dans ce pays n’ont pas droit aux prestations d’assurance emploi, même si elles ont cotisé au régime. La conséquence ? L’aide dont les Canadiens ont besoin n’arrive pas .
Voilà pourquoi il faut absolument réformer notre système d’assurance emploi. Nous devons élargir les critères d’admissibilité pour aider ceux qui ont cotisé, mais sont actuellement exclus. L’assurance emploi est également le moyen le plus efficace, le plus rapide et le mieux ciblé que le gouvernement puisse utiliser pour relancer l’économie dès maintenant.
La crise que nous traversons affecte tout le pays. C’est une crise nationale. Mais l’assurance emploi utilise toujours 58 critères d’admissibilité régionaux différents. Cela n’a aucun sens.
Le chômage a augmenté de 83% en Alberta et de 68% en Colombie-Britannique, mais il est toujours deux fois plus difficile d’avoir droit aux prestations d’assurance emploi dans l’ouest du Canada qu’ailleurs au pays.
À Magog, au Québec, 200 personnes ont été mises à pied par Gurit Canada. Ces personnes ont toutes versé les mêmes cotisations à l’assurance emploi, mais perçoivent des prestations différentes parce qu’elles habitent dans une ville qui chevauche deux zones différentes.
Chaque j our, les bureaux de nos députés reçoivent des Canadiens qui ont besoin d’aide pour recevoir des prestations de chômage. À Mississauga, un père de quatre enfants dont l’épouse touche des prestations d’invalidité, a cotisé à l’assurance emploi mais n’y est pas admissible parce qu’il lui manque 11 heures de travail, selon les règles en vigueur.
Ces règles sont injustes, et mal adaptées aux circonstances.
Le Parti libéral a proposé d’établir une norme nationale d’admissibilité de 360 heures jusqu’à la reprise économique. Si cette proposition est adoptée rapidement, quelque 150 000 Canadiens, qui ont perdu leur emploi pour des raisons totalement indépendantes de leur volonté et qui ont cotisé à l’assurance emploi, auraient droit aux prestations de chômage.
Ce type d’initiative aura un effet bénéfique sur l’économie canadienne: 150 000 bénéficiaires de plus, c’est 150 000 familles qui paient leur loyer, leur nourriture, leur transport. C’est de l’argent qui circule dans les collectivités qui ont été le plus durement touchées par la récession.
Voilà le type de mesures de relance immédiates, ciblées et efficaces qu’il nous faut. Nous sommes à la mi-2009 et le gouvernement n’a réussi à verser que 6% des fonds de stimulation qu’il a lui-même promis. Les lourdeurs administratives paralysent les dépenses fédérales en faveur de l’infrastructure et le gouvernement reste assis sur des milliards de dollars dont nos municipalités ont désespérément besoin pour mettre des projets en chantier et créer des emplois. Nous pouvons aider ces municipalités rapidement et directement, en améliorant l’admissibilité aux prestations d’assurance emploi.
Selon notre plan, le coût de l’amélioration du régime d’assurance emploi serait couvert par les revenus généraux du gouvernement. Les cotisations n’augmenteraient pas, elles resteraient les mêmes pour les salariés. La durée et le montant des prestations ne changeraient pas non plus.
Jour après jour à la Chambre des communes, les conservateurs défendent le système actuel. Leur argument, selon lequel le système fonctionne bien, est pervers : ils ne citent que les régions où le chômage a tellement augmenté que, selon les règles existantes, les personnes qui ont perdu leur emploi ont finalement droit aux prestations.
Si la solution du gouvernement conservateur à la crise est d’attendre que suffisamment de Canadiens perdent leur emploi, quelque chose ne va pas.
À l’approche de la fin des travaux parlementaires, le gouvernement conservateur doit faire un choix. M. Harper peut continuer à s’opposer à une bonne idée simplement parce que quelqu’un d’autre y a pensé avant lui ou apporter un changement crucial à l’assurance emploi et donner aux milliers de Canadiens, qui ont cotisé au régime, l’aide qu’il leur faut pour subvenir aux besoins de leur famille.
Nous espérons que le gouvernement conservateur fera le bon choix.

La hausse de l'appui au PLC stoppée par les taxes d’Ignatieff
Le dernier sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse et du Toronto Star démontre en effet que les appuis au Parti libéral sont demeurés stables à 36%, soit le même score que lors du coup de sonde précédent. Les appuis au Parti conservateur se sont également maintenus à 33%.
Stephen Harper est encore choisi par le plus grand nombre de Canadiens comme étant le plus apte à occuper le poste de premier ministre (32%). Le chef du PLC, Michael Ignatieff, est bon deuxième avec 27%.
Pour sa part, le NPD récolte 15% des intentions de vote, une hausse de deux points de pourcentage, tandis que le Parti vert doit se contenter de 7%. Il s’agit du deuxième coup de sonde de la firme Nanos qui place les libéraux en tête à l’échelle nationale, devant les conservateurs. Mais la progression spectaculaire de leurs appuis relevée au cours des dernières semaines semble avoir pris fin.
Au Québec, le Bloc québécois et le Parti libéral sont pratiquement à égalité. Les troupes de Gilles Duceppe obtiennent 37% alors que les libéraux de Michael Ignatieff leur soufflent dans le
— Les libéraux de Michael Ignatieff ont vu leur progression dans les intentions de vote stopper après que le chef libéral eut affirmé le mois dernier qu’il n’écartait pas l’idée d’augmenter les impôts ou les taxes, si cela s’avérait nécessaire, pour éliminer le déficit fédéral une fois la crise économique terminée. cou en raflant 36%. Les conservateurs de Stephen Harper ne récoltent plus qu’un maigre 11%, le même score que le NPD.
Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, il est évident que les propos du chef libéral au sujet d’une possible augmentation des impôts ont causé du tort à son parti.
« Les propos de Michael Ignatieff ont eu un effet. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les libéraux tentent de rectifier le tir depuis qu’il a fait ces déclarations », a affirmé Nik Nanos.
La firme Nanos a d’ailleurs évalué l’opinion des Canadiens au sujet d’une possible hausse des impôts sans toutefois nommer le chef libéral. À la question de savoir ce qu’ils penseraient « d’un politicien qui déclare que les taxes devront être augmentées à l’avenir pour compenser les dépenses déficitaires occasionnées par la crise économique actuelle », 43% des Canadiens affirment qu’ils auraient une opinion défavorable ou plutôt défavorable contre seulement 30% qui auraient une opinion favorable ou plutôt favorable. Vingt-trois pour cent affirment qu’une telle déclaration les laisse indifférents et 4% disent ne pas le savoir.
Depuis que M. Ignatieff a fait cette déclaration, les conservateurs de Stephen Harper ne ratent pas une journée à la Chambre des communes pour accuser le Parti libéral de vouloir hausser les impôts dès leur retour au pouvoir.
Selon M. Nanos, les conservateurs pourraient marquer des points contre les libéraux s’ils continuent à taper sur ce clou.
Et le Parti conservateur détient un autre atout: Stephen Harper. Selon la firme Nanos, Stephen Harper est encore choisi par le plus grand nombre de Canadiens comme étant le plus apte à occuper le poste de premier ministre (32%). Michael Ignatieff est bon deuxième avec 27% tandis que le chef du NPD, Jack Layton, doit se contenter de 13%. Mais Stephen Harper représente un boulet pour son parti au Québec, où seulement 15% des répondants croient qu’il est le meilleur chef pour diriger le pays. Le chef libéral, pour sa part, est le choix de 35% des personnes interrogées alors que Jack Layton est choisi par 14%.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1001 Canadiens du 25 au 30 avril. La marge d’erreur est de 3,1 points, 19 fois sur 20. La marge d’erreur est de 6,4 points pour les résultats au Québec.



OTTAWA 
La volonté de centralisation des libéraux décriée  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, dénonce les intentions des libéraux de Michael Ignatieff de transférer des sommes d’argent directement aux municipalités pour financer des projets d’infrastructures s’ils prennent le pouvoir aux prochaines élections.
Selon M. Paradis, qui est le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, une telle déclaration du chef libéral plus tôt cette semaine à Toronto démontre que le vieux réflexe des libéraux de tout vouloir centraliser à Ottawa revient tranquillement à la surface.
M. Paradis a rappelé qu’une telle manoeuvre d’un gouvernement libéral provoquerait de nouvelles confrontations entre Ottawa et Québec, d’autant plus que cela irait à l’encontre de la loi sur le Ministère du conseil exécutif (M-30), adoptée en 1974. Cette loi empêche notamment les municipalités de conclure des ententes de financement directement avec le gouvernement fédéral sans l’autorisation préalable du gouvernement du Québec.
« Tout cela est encore une fois du Ottawa knows best que nous ont déjà servi les libéraux. Il faut travailler dans le respect des juridictions des provinces, comme nous le faisons depuis 2006 », a dit M. Paradis.
Respecter la loi M-30
« Je trouve cela malheureux. C’est un retour en arrière. Cela va provoquer des conflits entre Québec et Ottawa et c’est la dernière chose dont nous avons besoin. (…) L’Assemblée nationale, dans sa souveraineté, a décidé d’adopter la loi M-30 et le gouvernement fédéral doit la respecter. C’est un vieux réflexe des libéraux qui revient et qui a tant fait mal à l’unité du pays », a ajouté le ministre des Travaux publics.
Dans un discours prononcé devant la Chambre de commerce de Toronto, lundi, Michael Ignatieff a critiqué la lenteur du gouvernement Harper à financer les projets d’infrastructures au pays.
Il a ajouté qu’un gouvernement libéral « distribuerait l’argent directement aux municipalités, aux gens sur le terrain qui savent où sont les besoins les plus urgents – dans les infrastructures communautaires ».

Simple flirt ou amour durable?  -   LYSIANNE GAGNON
La relation qui s’amorce entre le PLC et le PLQ estelle prometteuse?
C’est de nouveau le flirt entre libéraux fédéraux et provinciaux, les fiançailles entre MM. Charest et Harper s’étant rompues quand le premier a laissé tomber le second en pleine campagne électorale fédérale, et ce, après que Stephen Harper, amant volage, eût entamé une brève liaison avec Mario Dumont. Les amours sont fugitives en politique. Mais la relation qui s’amorce entre le PLC et le PLQ est-elle prometteuse ?
Jean Charest, chef du Parti libéral du Québec, et Michael Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada.
Rien n’est moins sûr. M. Charest n’a pas d’affinité particulière avec les libéraux fédéraux qu’il a combattus aux côtés des conservateurs de Mulroney, et il est difficile de voir en quoi M. Ignatieff pourra donner au Québec davantage que ce que lui a cédé Stephen Harper.
Le nouveau chef libéral a déjà fait savoir sans équivoque qu’il n’entend pas enchâsser le concept de « nation » dans la constitution (ce en quoi il fait preuve du réalisme le plus élémentaire). Et il serait fort étonnant que le PLC renonce à sa tradition centralisatrice.
Ce n’est pas sans raison que le premier ministre Harper, l’autre jour à Montréal, tapait sur ce clou-là. Même si sa cote a désespérément baissé au Québec, le Parti conservateur garde un gros atout dans sa manche: il peut dire aux Québécois, sans trahir la vérité, qu’il est le seul parti à prôner un fédéralisme décentralisateur. M. Harper pourrait à la rigueur, s’il était poussé dans les câbles, renoncer formellement au pouvoir de dépenser dans les champs de compétence provinciale, mais cela ne se produira jamais sous un gouvernement libéral. M. Ignatieff, d’ailleurs, ne s’en cache pas. Le gouvernement fédéral faillirait à sa mission, disait-il au sortir du congrès de Vancouver, s’il ignorait les grandes questions qui intéressent les citoyens. Et c’est reparti : programme national de garderies, programmes favorisant la recherche et l’innovation, éducation post-secondaire, TGV est-ouest (alors que les déplacements, du moins à partir du Québec, se font vers le sud)…
Le PLC a toujours formé des gouvernements interventionnistes et dépensiers. Il n’y a pas de raison pour que cela change avec Michael Ignatieff, qui n’est pas le genre d’homme à se contenter d’administrer les douanes et la TPS, et qui rêve au contraire de « refaire » le Canada et d’unir tous les Canadiens autour de grands projets collectifs.
Même Stéphane Dion est tombé dans le piège, lui qui, au temps où il enseignait la science politique, croyait dur comme fer à la séparation des pouvoirs entre le fédéral et les provinces. Son programme électoral, l’automne dernier, était truffé d’interventions grossières dans des domaines de compétence provinciale. Il voulait même se mêler des admissions dans les facultés de médecine!
Il est beaucoup trop tôt pour savoir si l’erre d’aller dont jouit actuellement le nouveau chef libéral va durer. Les Québécois seront-ils sensibles à son charme raffiné, à ses indéniables qualités intellectuelles, à sa hauteur de vue ? Seront-ils au contraire rebutés par son côté un peu hautain?
Les publicités négatives dont les tories inondent les ondes vont-elles lui nuire ? Probablement.
Dans toutes les sociétés, il y a des gens qui se méfient des « jet-setters » et des personnalités cosmopolites. Ceux-là lui reprocheront d’avoir été absent pendant trois décennies du pays qu’il veut diriger… en oubliant que Stephen Harper, lui, présente le problème inverse: quand il a été élu, ce dernier n’était pratiquement jamais sorti du Canada; il avait très peu voyagé, et aussi brillant fut-il, ses horizons étaient limités. D’où son inaptitude à comprendre les arcanes de la diplomatie internationale et son insécurité psychologique qui le pousse à vouloir tout contrôler. L’indifférence têtue qu’il a manifestée envers la Chine jusqu’à tout récemment, entre autres choses, a beaucoup nui au pays.


Harper dépeint Ignatieff comme un ardent centralisateur
Discours du premier ministre au Reine-Elizabeth
Stephen Ha r per i nvite les Québécois à la plus grande prudence avant de sauter dans le train libéral de Michael Ignatieff.
Le premier ministre Stephen Harper a prononcé un discours à saveur électorale, hier soir à l’hôtel Reine-Elizabeth à Montréal. Son adversaire libéral Michael Ignatieff a été sa cible de choix, mais le Bloc québécois n’a pas été épargné.
Car Michael Ignatieff est le leader le plus centralisateur ayant jamais pris les commandes du Parti libéral de toute son histoire, a affirmé hier soir le premier ministre dans un discours à forte saveur électorale devant quelque 2000 militants conservateurs réunis au prestigieux hôtel Le Reine-Elizabeth.
Alors que les libéraux ont pris la tête dans les sondages depuis que Michael Ignatieff est à la barre du parti, Stephen Harper a soutenu que les écrits du chef libéral font de lui un élève exemplaire de Pierre Trudeau quand il s’agit des pouvoirs que doit posséder le gouvernement fédéral.
« M. Ignatieff est dans la lignée de Pierre Trudeau. Il dit lui-même que Trudeau est son mentor. Je vous invite à lire ce qu’il a dit et ce qu’il a écrit au cours des dernières décennies. Vous verrez que M. Ignatieff est en fait le chef libéral le plus centralisateur de l’histoire de notre pays », a affirmé M. Harper dans son discours d’une trentaine de minutes.
« Mes amis, souvenez-vous toujours qu’il y a un parti centralisateur, le Parti libéral. Il y a un parti des indépendantistes, le Bloc. Mais il y a un seul parti qui a cru dans le passé et qui croit toujours aujourd’hui en une nation québécoise forte au sein d’un Canada uni et c’est le Parti conservateur », a-t-il ajouté.
Le premier ministre a aussi souligné que le seul plan que propose son adversaire libéral pour combattre la récession mondiale est d’augmenter les taxes et les impôts pour mieux financer « des dépenses extravagantes et permanentes » du gouvernement fédéral, la plupart du temps dans des champs de compétence des provinces. « Ce serait une erreur d’une proportion historique », at-il lancé à ses militants.
Selon M. Harper, les libéraux n’hésiteront pas à ramener la TPS, présentement à 5%, à 7%, et à imposer une taxe sur le carbone s’ils prennent le pouvoir aux prochaines élections, deux mesures qui auraient des effets catastrophiques, selon lui, sur l’économie canadienne.
« Une des raisons pour lesquelles le chef libéral veut augmenter vos impôts, c’est parce qu’il veut que le fédéral ait plus d’argent pour pratiquer un fédéralisme centralisateur », a affirmé le premier ministre.
M. Harper a prononcé ce discours à Montréal, où les conservateurs n’ont pas réussi à faire élire de députés depuis 1988, alors que son parti a vu ses appuis diminuer de manière marquée dans les sondages depuis les dernières élections. Le dernier sondage CROPLa Presse accorde en effet 37% des appuis aux libéraux de Michael Ignatieff au Québec contre 31% au Bloc québécois, 15% au Parti conservateur et 12% au NPD. Au dernier scrutin, le Parti conservateur a obtenu 22% des suffrages dans la province tandis que le Bloc québécois a recueilli 38% et le Parti libéral, 23,5%.
M. Harper a non seulement profité de son discours pour attaquer la crédibilité deMichael Ignatieff et mettre en doute de nouveau l’utilité du Bloc québécois, mais il a aussi tenté de démontrer que son parti n’a pas fait une croix sur le Québec, malgré les mauvais sondages.
« C’est le plus grand rassemblement au Québec depuis qu’on a formé le nouveau Parti conservateur. J’espère qu’il y a beaucoup de journalistes dans la salle. Ils ne pourront plus jamais dire que j’ai fait une croix sur le Québec », a lancé d’emblée Stephen Harper. Les stratèges conservateurs ont d’ailleurs choisi un thème pour cette soirée afin de marteler ce message : « On s’enracine au Québec ».
Durant son discours, Stephen Harper a aussi voulu faire taire les rumeurs persistantes rapportées dans certains médias anglophones selon lesquelles il pourrait tirer sa révérence avant les prochaines élections afin d’éviter une défaite aux urnes.
Dans une envolée qui ne laissait aucun doute sur ses intentions, le premier ministre a affirmé, en rappelant qu’il venait de célébrer son 50e anniversaire de naissance: « Je suis en très grande forme malgré la cinquantaine. Et je peux vous dire que les bloquistes et les libéraux vont s’en rendre compte lors de la prochaine campagne électorale. »
S’il a réservé la majorité de ses attaques à Michael Ignatieff, hier soir, Stephen Harper n’a pas épargné le Bloc québécois pour autant. Il a critiqué les troupes de Gilles Duceppe d’avoir voté contre toutes les mesures prises par son gouvernement minoritaire pour relancer l’économie. Mais sa plus grande charge a porté sur la lutte contre la criminalité. Stephen Harper a fustigé le Bloc d’avoir voté contre un projet de loi visant à imposer des peines plus sévères aux criminels impliqués dans le trafic des enfants. « Le Bloc a confirmé encore qu’il a plus de considérations pour les agresseurs que pour les victimes. Nous sommes le seul parti à la Chambre des communes qui s’attaque au crime et qui défend les victimes », a-t-il affirmé sous les applaudissements de ses militants.
À la toute fin de son discours, Stephen Harper est revenu à sa politique de la main tendue vers le Québec qui a permis à son parti de remporter 10 sièges aux élections de 2006 et au scrutin de 2008 dans la province.
« Vous pouvez compter sur moi pour déployer tous les efforts nécessai res pour que notre parti soit toujours l’instrument par lequel les Québécois et les Québécoises pourront affirmer massivement leur fierté dans leur passé et leur confiance dans l’avenir », a-t-il affirmé.
« Aujourd’hui, comme premier ministre du Canada et chef du Parti conservateur, je vous invite à renouveler votre engagement en faveur d’un Québec fort, prospère et autonome au sein de la fédération canadienne », a-t-il ajouté sur un ton plus contrit, conscient que son parti avait commis des erreurs au Québec lors de la dernière campagne.
Le hasard a voulu que M. Harper prononce son discours à Montréal le jour même où l’ancien premier ministre Brian Mulroney terminait à Ottawa son témoignage éprouvant devant la commission Oliphant chargée de faire la lumière sur ses liens d’affaires avec Karlheinz Schreiber. Cette commission a été créée par M. Harper et a provoqué des tiraillements au sein des conservateurs au Québec.

Le Bloc prend Ignatieff pour cible
— Changement de ton au Bloc québécois: le parti prend maintenant pour cible le chef libéral Michael Ignatieff, allant jusqu’à utiliser une technique s’apparentant aux récentes publicités négatives du Parti conservateur.
Pierre Paquette, leader parlementaire du Bloc québécois, a sommé Michael Ignatieff (notre photo) de voter en faveur, aujourd’hui, d’un projet de loi visant à contraindre les sociétés sous juridiction fédérale au Québec à appliquer la loi 101.
Sommant M. Ignatieff de voter en faveur, aujourd’hui, d’un projet de loi visant à contraindre les sociétés sous juridiction fédérale au Québec à appliquer la loi 101, les bloquistes ont cherché, hier, à dépeindre le chef libéral comme un fédéraliste peu enclin à faire respecter la Charte de la langue française.
« Voilà quelqu’un qui dit reconnaître la nation québécoise, mais qui ne reconnaît pas la langue de la nation québécoise, qui est le français », a critiqué le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, en parlant de M. Ignatieff.
« C’est la même position que MM. Dion, Martin, Chrétien, et Trudeau. Il n’y a pas de changement », a-t-il ajouté, remettant en question la « position d’ouverture » du nouveau chef libéral face à la nation québécoise.
En matinée, le leader parlementai re du Bloc , Pier re Paquette, a présenté des affiches relevant d’anciennes déclarations controversées de M. Ignatieff – l’adversaire principal des bloquistes au Québec selon les plus récents sondages.
Sur l’une d’entre elles, datant de 1995, le chef libéral compare le Québec à « un cas classique d’État ethnique en formation ». Le style rappelle grandement une campagne publicitaire négative lancée le mois dernier par le Parti conservateur : des déclarations passées, des propos parfois tirés des livres écrits par Michael Ignatieff, sur fond de photos et de questionnements sur les intentions réelles du chef libéral.
Mais le Bloc se défend bien de se lancer dans « une campagne de salissage ». « C’est important pour les Québécois de savoir c’est quoi le contenu de Michael Ignatieff et du Parti libéral du Canada, a souligné M. Paquette. Le Parti libéral a été obligé de reconnaître la nation québécoise lors de la motion que le Bloc québécois a déposée en 2006. Mais dans la réalité, ils ne veulent surtout pas que ça se concrétise. »
En conférence de presse, M. Paquette a sommé le chef libéral de voter, aujourd’hui, en faveur du projet de loi C-307, qui vise à assujettir à la loi 101 les entreprises et sociétés sur le territoire québécois qui relèvent du Code canadien du travail, comme les aéroports, les banques et Postes Canada, notamment. Celles-ci ne sont pas tenues actuellement d’offrir un environnement de travail en français à plus de 200 000 travailleurs québécois.
« Il nous dit qu’il veut faire les choses différemment, a dit le leader bloquiste. On lui donne une occasion de montrer que son parti est différent de ce qu’on a connu pendant les 40 dernières années. »
Le principal intéressé a rapidement rejeté d’un revers de main la requête du Bloc québécois, jugeant que les lois fédérales devaient plutôt selon lui « insister sur le bilinguisme comme un trait de notre caractère national ».
« Je crois que ce projet de loi du Bloc ne respecte pas la dualité linguistique, pas seulement au Canada, mais aussi au Québec », a justifié M. Ignatieff, ajoutant qu’il ne votera tout simplement pas sur la question, puisqu’il s’agit d’un projet de loi privé.

« S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger »

Un millier de convives à 500$ pour entendre Michael Ignatieff
« S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger. »
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a encore une fois tendu la main aux Québécois, à Montréal, hier soir, dans une salle remplie par environ 1000 partisans.
Hier à Montréal, le chef libéral fédéral, Michael Ignatieff, a de nouveau tendu la main aux Québécois.
Dans un discours axé sur la culture, le savoir, l’innovation et la diversité culturelle, il a appelé les électeurs et militants libéraux de la province à unir leurs forces pour renverser le gouvernement Harper et bâtir le Canada de demain.
« Bientôt, nous remettrons le Canada sur les rails. Et ce jour-là, le Québec sera dans la locomotive », a-t-il lancé en concluant son allocution à l’hôtel Sheraton du centre-ville.
M. Ignatieff a été introduit par Jacques Ménard, de BMO Nesbitt Burns, qui l’a encouragé à « redresser la trajectoire » donnée par le gouvernement Harper.
Le chef libéral n’a toutefois pas soufflé mot d’un possible déclenchement d’élections avant l’été, malgré des rumeurs à cet effet à Ottawa, et des sondages qui continuent à le placer en bonne posture dans les intentions de vote au Québec.
Les organisateurs de ce « dîner annuel du chef » ont évalué l’assistance à environ 1100 personnes. Le coût du billet était de 500$.
L’organisateur en chef de Michael Ignatieff pour la province, le député montréalais Denis Coderre, était donc heureux, dans une allocution, de comparer l’événement à celui tenu par les conservateurs à Montréal, il y a quelques semaines.
Environ 2000 personnes étaient alors présentes, mais les billets étaient 150$. De plus, les organisateurs conservateurs avaient peiné à remplir la salle.
En plus de s’en prendre au Bloc québécois, Michael Ignatieff a aussi lancé quelques flèches aux conservateurs et à leur chef. « Stephen Harper appartient au passé », a-t-il dit, lui reprochant en outre de pratiquer un fédéralisme de confrontation.
Il a également critiqué les publicités négatives à son endroit lancées par le Parti conservateur il y a quelques semaines, et qui le décrivent comme un simple visiteur au Canada, puisqu’il a vécu plusieurs années de sa vie à l’extérieur du pays.
« S’ils m’attaquent, ils attaquent aussi tous ceux qui ont vécu à l’étranger, tous ceux qui sont venus de l’étranger »
, a dénoncé M. Ignatieff.
« Nous sommes un pays tourné vers le monde, un pays habité par le monde. Il faut un leadership qui se réjouit d’être un pays foyer et asile de tous les peuples, bilingue, qui inspire le monde sur la manière de vivre, travailler, et réussir ensemble. C’est ça – cette vision ouverte du Canada – qui est dans la balance. »



Michael Ignatieff recrute un proche collaborateur de Jean Chrétien
— Les troupes libérales de Michael Ignatieff ont unanimement salué la décision de leur chef de faire appel à Peter Donolo, un ancien proche collaborateur de Jean Chrétien, pour occuper le poste de chef de cabinet.
M. Donolo remplace ainsi Ian Davey à ce poste névralgique au cabinet de M. Ignatieff au moment où les appuis aux libéraux sont en chute libre dans les sondages depuis quelques mois. M. Davey faisait partie d’un groupe de libéraux de Toronto qui avaient convaincu Michael Ignatieff de quitter son poste de professeur à l’ Université Harvard en 2005 pour tenter sa chance en politique fédérale
À tour de rôle, hier, les députés libéraux interrogés à ce sujet ont affirmé que le retour à Ottawa de M. Donolo permettra de remettre le parti sur la bonne voie.
Reconnu comme un redoutable communicateur, M. Donolo a été directeur des communications de Jean Chrétien durant son premier mandat comme premier ministre de 19 93 à 1997. Originaire de Montréal et bilingue, M. Donolo était à la tête d’une firme de sondages de Toronto, Strategic Council, depuis quelques années.
M. Donolo dev r a i t ê t r e i ntégré dans ses nouvelles fonctions aujourd’hui.
« J’ai beaucoup de respect pour Ian Davey et tout ce qu’il a fait pour nous, mais nous avons besoin d’expérience et c’est exactement ce que M. Donolo apporte. Il a beaucoup d’expérience et un bilan démontrant qu’il est capable de se concent rer sur les préoccupations des Canadiens ordinaires », a affirmé le député libéral de Toronto John McCallum. « Il est l’homme de la situation », a pour sa part affirmé Steven MacKinnon, ancien directeur général du PLC et candidat libéral dans Gatineau.
M. Ignatieff a décidé de donner un coup de balai au sein de cabinet après avoir vu les appuis du Parti libéral fondre comme neige au soleil depuis le printemps. Plusieurs députés libéraux ne se gênaient pas pour blâmer en privé Ian Davey pour les déboires du parti. Fils du célèbre sénateur libéral Keith Davey, mieux connu au Canada anglais sous le nom de Rainmaker pour avoir contribué à plusieurs victoires libérales dans les années 60 et 70, M. Davey occupait son poste depuis quelques semaines seulement.
Le député libéral de Bourassa, Denis Coderre, avait vertement critiqué les membres de l’entourage de M. Ignatieff, très majoritairement originaires de Toronto, lorsqu’il a remis sa démission comme lieutenant politique en septembre.
Dans un courriel envoyé à La Presse hier, M. Donolo s’est dit heureux de reprendre du service pour le Parti libéral. « J’ai hâte de travailler avec M. Ignatieff, les membres du caucus libéral et les militants libéraux d’un bout à l’autre du pays au cours des prochains mois pour revitaliser le Parti libéral », a affirmé M. Donolo.

L’effet Ignatieff attire les Québécois au PLC, estime Jean-Marc Fournier  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — L’effet Ignatieff encourage de plus en plus de membres du Parti libéral du Québec, voire de souverainistes, à joindre leurs forces à celles du Parti libéral du Canada, estime Jean-Marc Fournier.
L’ancien ministre de l’Éducation du Québec occupe depuis environ deux semaines le poste de conseiller principal du chef libéral fédéral, Michael Ignatieff. Dans une entrevue accordée à La Presse, il explique pourquoi il a décidé de s’engager de nouveau en politique active, après l’avoir quittée il y a moins d’un an pour une pause de «ressourcement».
Assis dans son bureau du quatrième étage du parlement, le dos tourné à la vue superbe dont il dispose sur la rivière des Outaouais, M. Fournier explique que c’est la vision de son nouveau patron, tant pour le Québec que pour le Canada et le reste du monde, qui l’a convaincu de demander un congé sans solde jusqu’au mois de décembre à son employeur, Socodec, filiale de SNC-Lavalin.
«Je suis venu parce que je crois, et je ne suis pas tout seul, que les gens voient chez Michael Ignatieff une nouvelle ouverture à l’égard du Québec. Cette idée de respect de l’appartenance à des degrés divers, elle est intéressante », dit-il.
« Je suis sensible au fait que l’on me permette d’être Québécois et d’être Canadien, dans l’ordre que je veux. Je suis sensible à cela », ajoute l’ancien ministre et leader parlementaire dans le gouvernement de Jean Charest.
Selon M. Fournier, plusieurs Québécois seront aussi sensibles que lui à ces arguments et décideront de délaisser le Bloc québécois et le Parti conservateur pour monter dans le train libéral fédéral.
«La gouverne mondiale est en changement, note-t-il. Est-ce que nous allons passer à côté de l’occasion que nous avons de sortir de ce statu quo-là, où nous nous réservons un espace dans les gradins, debout à crier "Chou!"? Ou est-ce que nous allons prendre part à une gouverne qui va nous ressembler?»
Jean-Marc Fournier souligne qu’on n’a qu’à jeter un coup d’oeil à la liste de personnes présentes dans des rassemblements du PLC partout au Québec pour s’en convaincre: nous ne sommes plus à l’époque où les militants du PLQ se tenaient loin de leurs cousins fédéraux.
« Je ne commencerai pas à donner des noms, dit-il en riant. Mais je crois qu’il y a plus de Québécois qui sont intéressés par ce que représente le Parti libéral du Canada maintenant. Qui sont attentifs à ce que M. Ignatieff peut leur proposer. Et s’il y a plus de Québécois qui sont attentifs à ça, forcément, il va y avoir plus de libéraux du Québec qui seront attentifs à ça. »
Lorsqu’il a accepté d’agir à titre de conseiller à temps plein de Michael Ignatieff à Ottawa, M. Fournier devait arriver en plein dans une campagne électorale. Or, l’affrontement pourrait bien attendre encore au moins une saison. Il estime néanmoins qu’il pourra être utile au parti.
« Je viens avec l’expérience de 18 ans de politique, 14 ans en tant que député, quelques années ministre, dont entre autres dans un gouvernement minoritaire à titre de leader. Comme leader, j’étais responsable, avec d’autres, de la cohérence gouvernementale, du message», souligne-t-il.
« L’automne est assez important, conclut M. Fournier. Il aurait pu être un automne électoral, il est de toute façon un automne de préparation. »

Les libéraux veulent provoquer des élections  -  Joël-Denis Bellavance
— Les libéraux de Michael Ignatieff n’ont plus qu’une chose en tête à l’approche de la rentrée parlementaire: renverser le gouvernement conservateur. À moins d’un revirement majeur, les libéraux profiteront de la journée de l’opposition qui leur sera accordée fin septembre pour déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper afin de provoquer des élections à l’automne.
Si les libéraux obtiennent l’appui du Bloc québécois et du NPD, ce qui semble acquis à en juger par les déclarations du chef bloquiste, Gilles Duceppe, et du leader du NPD, Jack Layton, des élections auraient lieu le lundi 9 novembre. Il s’agirait du quatrième scrutin en cinq ans et du deuxième en douze mois.
« Le temps où les libéraux appuyaient les conservateurs est révolu. Et les propos de Michael Ignatieff à ce sujet depuis quelques semaines sont assez limpides », a affirmé à La Presse un proche collaborateur de M. Ignatieff, qui a requis l’anonymat.
« Un consensus assez solide s’installe dans les rangs libéraux. Il n’est plus question d’assurer la survie du gouvernement de Stephen Harper. Michael Ignatieff doit y mettre fin », a ajouté une autre source libérale.
« Iln’y aura pasdemeilleure occasion pour défaire le gouvernement Harper que cet automne. Michael Ignatieff ne peut se permettre à nouveau de soutenir les conservateurs. Autrement, il va se faire comparer à Stéphane Dion », a encore soutenu un stratège libéral.
Les troupes libérales sont en état d’alerte depuis la fin de la session parlementaire de juin. Durant la dernière session, Michael Ignatieff avait menacé de renverser le gouvernement au cours du vote sur les crédits budgétaires, à moins que Stephen Harper ne se plie à quatre conditions: réforme du programme de l’assurance emploi, un plan pour pallier la pénurie des isotopes médicaux à la suite de la fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River, un bilan des dépenses réelles engagées dans les projets d’infrastructures et un plan pour rétablir l’équilibre budgétaire à Ottawa.
Mais M. Ignatieff a dû battre en retraite après le refus de M. Harper de donner suite à ses exigences. Le chef libéral a finalement obtenu la création d’un comité bipartite pour examiner les réformes possibles au régime d’assurance emploi.
Michael Ignatieff a aussi réussi à arracher du gouvernement Harper une journée de l’opposition deux jours après la présentation du troisième rapport sur l’état de santé de l’économie par le ministre des Finances, Jim Flaherty, le 28 septembre. Pour les stratèges libéraux, il est acquis que Michael Ignatieff profitera de cette journée pour présenter une motion de censure contre le gouvernement minoritaire conservateur.
Fin prêts
Les troupes libérales se réuniront à Sudbury, dans le nord de l’Ontario, du 31 août au 2 septembre afin de peaufiner leur stratégie en prévision de la rentrée parlementaire du 14 septembre. Ils feront alors le point sur leur préparation en vue d’une campagne électorale.
Les libéraux affirment être prêts à en découdre avec les conservateurs, même si les derniers sondages démontrent que le Parti conservateur et le Parti libéral sont à égalité dans les intentions de vote. « Ce n’est pas trois ou quatre mois de plus qui nous permettront d’être plus prêts », a affirmé un député libéral.
La rédaction du programme électoral est presque terminée. La machine libérale a aussi réussi à récolter plus d’argent que par le passé. Le recrutement de candidats d’envergure est également plus facile que lorsque Stéphane Dion dirigeait les troupes.
« Nous allons avoir l’argent nécessaire pour mener une campagne nationale digne et dépenser la limite permise par la loi », a-t-on indiqué.
Les stratèges libéraux croient qu’une victoire est possible si Michael Ignatieff mène une bonne campagne. Toutefois, ils reconnaissent que la victoire est loin d’être acquise. À l’heure actuelle, le Parti conservateur détient 143 sièges et le Parti libéral, 77. Le Bloc québécois a 48 sièges et le NPD, 36. Il y a un député indépendant et trois sièges vacants.
Les libéraux reconnaissent qu’ils doivent faire des gains importants au Québec et en Ontario. Au Québec, ils détiennent 14 des 75 sièges et ils ont comme objectif de doubler ce nombre.




SONDAGE NANOS/ LA PRESSE  Les libéraux ont une imagemoins négative que les conservateurs

— Autre signe du cynisme qui existe envers les hommes et les femmes politiques au pays, les Canadiens sont davantage capables de relever les faiblesses des principaux partis politiques que d’en énumérer des forces.
Tant le premier minist re Stephen Harper que le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, ont donc du pain sur la planche s’ils veulent renverser cette tendance avant les prochaines élections, qui pourraient avoir lieu dès l’automne.
C’est du moins ce que suggère un sondage Nanos réalisé pour le compte de La Presse du 17 au 21 juin auprès de 1001 Canadiens.
Dans le cadre de ce coup de sonde, le sondeur Nik Nanos a voulu connaître la véritable opinion qu’ont les Canadiens des libéraux de Michael Ignatieff sans leur suggérer de réponse. La firme Nanos avait fait le même exercice pour les conservateurs de Stephen Harper dans son précédent sondage. Les résultats, dans les deux cas, sont comparables.
Dans le cas du Parti libéral, seulement 35% des personnes interrogées ont été en mesure d’identifier une force ; 15% ont affirmé que les libéraux n’avaient pas de force et une étonnante proportion de 51% a soutenu être incapable d’en identifier une. Les qualités identifiées spontanément par les Canadiens étaient le leadership de Michael Ignatieff (7,9% des répondants), l’expérience de l’équipe libérale (4,6%), le pragmatisme des libéraux (4,3%) et le fait qu’ils ne soient pas des conservateurs (4%).
Mais lorsqu’il s’agissait de relever une faiblesse, 49% des Canadiens ont été en mesure d’en nommer une et 49% ont été incapables de le faire. Une maigre part de 2% des répondants a affirmé que le Parti libéral était sans faille. Les lacunes relevées sont aussi variées: le leadership de Michael Ignatieff (11,8%), les politiques du parti (5,8%), le manque de réalisme (4,3%) et leur récente histoire (commandites 4,4%).
Il y a deux semaines, la firme Nanos avait constaté que 65% des Canadiens étaient en mesure de nommer spontanément une lacune du gouvernement conservateur, au pouvoir depuis février 2006, mais seulement 35% des répondants étaient capables de souligner une qualité.
Parmi les faiblesses du gouvernement, les Canadiens avaient cité le premier ministre Stephen Harper (11,6%), le manque de transparence (7,7%), l’idéologie de droite (4,6%), la gestion de l’économie (4,3%), le manque d’écoute ( 4,3%), l’arrogance (3,2%), entre autres choses.
Ceux qui avaient pu nommer une force avaient notamment cité Stephen Harper (5%), la gestion de l’économie (3,5%), les promesses tenues (3,2%), l’efficacité du gouvernement (3,1%), la continuité (2,2%) et le fait que les conservateurs soient au pouvoir (2,2%).
Selon Nik Nanos, les conservateurs et les libéraux reçoivent une note globale négative pour ce qui est de leur image puisque les Canadiens sont davantage portés à relever des lacunes que des forces.
« Toutefois, l’image négative des conservateurs est plus forte que celle des libéraux. Car 65% sont capables d’identifier une lacune aux conservateurs alors que 49% sont capables de le faire avec les libéraux. Aussi les Canadiens n’ont pas encore fait leur opinion sur les libéraux depuis qu’ils ont changé de chef. Cela veut dire que les libéraux doivent encore faire des efforts pour se définir eux-mêmes », a noté Nik Nanos.
Autre fait intéressant, les Canadiens, de manière générale, sont plus portés à citer les chefs des partis respectifs comme une faiblesse, ce qui veut dire que les leaders définissent beaucoup l’image qu’ont les électeurs des partis politiques.
« Au-delà de leur chef, l’image des conservateurs porte beaucoup sur des facteurs de rendement comme la gestion de l’économie, l’organisation et la cohérence. Dans le cas des libéraux, leur image est forgée à partir de leur expérience et de la perception qu’ils sont plus équilibrés sur les grands enjeux. »
La marge d’erreur du sondage réalisé du 17 au 24 juin est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Le précédent sondage sur la perception des conservateurs, réalisé du 26 mai au 1er juin, comportait la même marge d’erreur.




L’Alberta préfère Ignatieff à Harper pour défendre les sables bitumineux
« Pourquoi le chef libéral défend-il avec plus de conviction l’importance des sables bitumineux pour l’Alberta que notre premier ministre qui vient de Calgary ? »
OTTAWA — Estimant que le premier ministre Stephen Harper défend mal l’industrie des sables bitumineux, le gouvernement de l’Alberta croit avoir trouvé un meilleur allié : le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.
Dans une note destinée à ses députés conservateurs, le gouvernement albertain souligne que Michael Ignatieff n’a pas hésité à défendre vigoureusement l’industrie des sables bitumineux à la suite de la publication d’un reportage dévastateur sur cette industrie dans le magazine National Geographic.
Dans une note destinée aux députés conservateurs du gouvernement albertain pour les aider à sensibiliser leurs cousins fédéraux aux besoins de la province, on affirme que Michael Ignatieff défend mieux cette importante industrie qui contribue toutefois au piètre bilan du Canada en matière d’émission de gaz à effet de serre.
Dans ce document, on souligne d’ailleurs que Michael Ignatieff n’a pas hésité à défendre vigoureusement l’industrie des sables bitumineux à la suite de la publication d’un reportage dévastateur sur cette industrie dans le magazine National Geographic.
« Pourquoi le chef l ibéral défend-il avec plus de conviction l’importance des sables bitumineux pour l’Alberta que notre premier ministre qui vient de Calgary ? » demande-t-on dans le document dont le quotidien The Globe and Mail a publié des extraits hier.
Les louanges du gouvernement de l’Alberta envers le chef libéral Michael Ignatieff ont causé des remous hier à Ottawa
e chef du Bloc québécois , Gi l les Duceppe, a soutenu que cela démontre que le chef libéral n’agirait pas différemment du gouvernement Harper s’il était au pouvoir dans le dossier de l’exploitation des sables bitumineux.
« Il a la même position que Harper. Quand il nous dit que les sables bitumineux, c’est une question d’unité nationale, c’est vrai pour les Canadiens. Moi comme Québécois, je trouve que c’est une raison de plus de faire la souveraineté », a déclaré M. Duceppe.
« C’est contraire aux intérêts du Québec sur Kyoto, les sables bitumineux. Prendre la part des sables bitumineux, c’est aller contre les intérêts du Québec qui aurait tout intérêt à ce que Kyoto soit mis en oeuvre. (…) Or ce qu’Ignatieff fait, c’est de prendre la même position que Harper et encore plus. »
L e c r i t i que du N PD en matière de ressources naturelles, Nathan Cullen, a aussi déclaré que les libéraux et les conservateurs semblent être sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de réglementer l’industrie des sables bitumineux.
« Les deux ont atteint le même fond du baril. Ils se concurrencent pour savoir qui appuie le plus fort le projet énergétique le plus pol luant au monde. Que ce soit Michael Ignatieff ou Stephen Harper, les deux croient que les sables bitumineux sont une merveille », a dit M. Cullen.



Ignatieff augmente son avance
Les conservateurs se maintiennent dans les intentions de vote malgré la crise
OTTAWA— L’entreprise de séduction entamée parMichael Ignatieff auprès des électeurs d’un bout à l’autre du pays depuis quelques mois continue de rapporter des dividendes aux libéraux.
Le Parti libéral a en effet réussi à augmenter l’avance qu’il détient sur le Parti conservateur dans les intentions de vote, démontre le dernier sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse et du Toronto Star.
Si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, les troupes de Michael Ignatieff récolteraient 37,2% des appuis et les conservateurs de Stephen Harper, 31,8%. Le NPD recueillerait 15,7% des votes tandis que le Parti vert devrait se contenter de 7,4%.
Ce faisant, le Parti libéral récolte, à l’échelle nationale, un point de pourcentage de plus dans les intentions de vote qu’en avril, la dernière fois que Nanos a pris le pouls de l’électorat canadien. Le Parti conservateur, au pouvoir depuis février 2006, a vu ses appuis diminuer de moins d’un point de pourcentage (0,7).
Résultat: le Parti libéral pourrait former un gouvernement minoritaire s’il maintenait de tels appuis jusqu’au jour des élections. Mais une majorité serait difficile à obtenir compte tenu de la faiblesse des appuis des libéraux dans les quatre provinces de l’Ouest.
Au Québec, l’appui aux libéraux atteint maintenant 38%. Ils devancent ainsi le Bloc québécois, qui récolte 35% dans ce dernier coup de sonde. Le Parti conservateur doit se contenter d’un maigre 12%, soit un point de pourcentage de moins que le NPD qui recueille 13%.
Ces c h i f f res expl iquent d’ailleurs le changement de stratégie des bloquistes qui multiplient les attaques contre Michael Ignatieff depuis quelques semaines. Toutefois, il faut souligner que tout près d’un électeur sur cinq est indécis au Québec (18%), le taux le plus élevé au pays.
Ces résultats constituent certes de bonnes nouvelles pour les libéraux, mais le président de la firme Nanos, Nik Nanos, note que les conservateurs demeurent dans la course en dépit de la grave crise économique que traverse le pays. En temps normal, le parti au pouvoir subit les pires foudres des électeurs durant une récession. À titre d’exemple, les gouvernements au pouvoir durant les récessions de 1980 et 1991 ont été mis à la porte par les électeurs dès la première occasion.
« Compte tenu du marasme économique actuel, les conservateurs ont, en général, réussi à maintenir leurs appuis. Pour un gouvernement, il n’est pas réaliste d’espérer voir ses appuis augmenter durant une crise économique. Mais les appuis au Parti conservateur demeurent solides dans les provinces de l’Ouest, et les conservateurs sont encore dans la course en Ontario. La plus grande chute des appuis aux conservateurs est survenue au Québec », affirme Nik Nanos.
Le sondeur ajoute que certaines nuances doivent être soulignées au sujet de la donne politique au Québec. « Même si les résultats sont mauvais pour les conservateurs au Québec, il faut être prudent parce que la situation est beaucoup plus volatile dans cette province qu’ailleurs au pays », soutient-il.
NikNanosdit juger étonnantque le NPD n’ait pas réussi à s’imposer davantage jusqu’ici vu l’ampleur de la crise économique. Durant ces périodes, les Canadiens exigent plus d’interventions du gouvernement pour soutenir les travailleurs et les entreprises en difficulté, une philosophie chère au NPD.
Un quatrième scrutin en cinq ans?
Les libéraux se maintiennent donc en tête dans les sondages réalisés par la firme Nanos depuis mars. Emporté par ce changement d’humeur de l’électorat canadien, le chef libéral, Michael Ignatieff, a brandi à plusieurs reprises la menace de provoquer la chute du gouvernement de Stephen Harper à la Chambre des communes afin de forcer la tenue d’élections générales. S’il met sa menace à exécution, il s’agirait du quatrième scrutin fédéral en cinq ans et des dépenses de quelque 300 millions de dollars.
M. Ignatieff a évoqué le refus du gouvernement Harper d’améliorer les conditions d’admissibilité au programme d’assurance emploi comme prétexte pour le renverser. Les libéraux réclament un seuil unique de 360 heures travaillées pour qu’une personne touche des prestations. À l’heure actuelle, ce seuil varie de 420 heures à 900heures, selon la région économique.
Mais le chef libéral fait fausse routes’il croitplaireauxCanadiens en provoquant des élections sur cette question, selon le sondage réalisé par Nanos. En effet, 60% des personnes interrogées affirment que cela n’est pas un dossier assez important pour justifier un autre scrutin. Seulement 31% des répondants donnent leur bénédiction aux libéraux s’ils décident d’aller de l’avant avec des élections sur cette question.
Ce sondage a été réalisé du 26 mai au 1er juin auprès de 879 Canadiens. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,3 points de pourcentage, 19 fois sur 20. La marge d’erreur est plus élevée ( plus ou moins 7 points) dans le cas des résultats régionaux au Québec. La firme Nanos est celle qui avait prédit avec le plus de précision les résultats des élections fédérales de 2004, 2006 et 2008.



L’effet Ignatieff -  ALAIN DUBUC
Cette remontée des libéraux au Québec repose sur un élément plus solide et plus durable, que l’on pourrait décrire comme un retour à la normale.
Pour la première fois depuis cinq ans, les libéraux fédéraux sont plus populaires que le Bloc québécois. Selon le sondage CROP-La Presse publié mercredi, le PLC obtient 37% des intentions de vote, contre 31% pour le BQ. Le revirement est spectaculaire et l’avance libérale est significative. Mais est-elle durable?
On pourrait, au premier abord, voir ce succès comme la résultante de facteurs conjoncturels. Un effet récession, qui favorise les partis de l’opposition au détriment du gouvernement. Et un effet Ignatieff, le sursaut temporaire de popularité dont jouit tout nouveau chef.
Cette remontée des libéraux, à mon avis, repose sur un élément plus solide et plus durable, que l’on pourrait décrire comme un retour à la normale. L’arrivée du nouveau chef marque l’aboutissement d’un processus qui permet en fait au Parti libéral du Canada de retrouver la place qui lui revient sur l’échiquier politique québécois.
Pour mieux comprendre ce qui se passe maintenant, il faut faire un bref retour en arrière. Quand Paul Martin a remplacé Jean Chrétien, les libéraux dominaient au Québec, avec 50% ou plus des intentions de vote. Les bloquistes allaient si mal, avec 33% des voix, qu’on parlait de leur disparition prochaine. Mais le scandale des commandites, fin 2003 et début 2004, a cassé les reins des libéraux. Leur appui a chuté de 17 points, à 34%, le Bloc revigoré est remonté à 49%. Un choc dont le PLC ne s’est jamais remis.
L’autre choc, ce fut la remontée des conservateurs, qui ont eux aussi profité du scandale des commandites, qui ont réussi à s’affirmer comme parti de pouvoir, et surtout, qui ont fait des gains grâce aux ouvertures de Stephen Harper envers le Québec. Entre 2004 et 2006, les conservateurs ont triplé leur score au Québec, en passant de 9% à 25%, des voix surtout prises au PLC.
L’arrivée de Stéphane Dion n’a rien changé. Ce politicien, très impopulaire au Québec, l’est resté. L’effet Dion a été minimal et bref. L’appui aux libéraux est passé à 29%, pour retomber à 20% deux mois plus tard. Voyons ce court passage comme un intermède peut-être nécessaire.
Ce à quoi on assiste maintena nt , c ’ e s t d’abord que le chapitre du scandale des commandites est bel et bien clos. Le temps a fait son oeuvre et le leadership du PLC s’est à ce point renouvelé que ces événements ne peuvent plus lui être associés.
L’autre phénomène, c ’est l’effondrement au Québec du Parti conservateur. Une chute qui s’explique peut-être par la conjoncture, mais tient bien davantage à des considérations idéologiques : l’hyperconservatisme du gouvernement Harper, dans les arts, l’environnement, l’économie, et bien sûr, la fin du flirt avec le Québec. La récession y est sans doute pour quelque chose, mais cela aurait pu tout autant profiter aux bloquistes.
C’est dans ce contexte favorable que Michael Ignatieff a pris la direction du PLC. Mais il apporte trois choses qui permettent de renforcer ces acquis. D’abord, son autorité morale. Ensuite, son ouverture au Québec; c’est lui qui a amorcé la reconnaissance du Québec comme nation. Enfin, une capacité d’incarner ce que le Parti libéral doit être, un parti de centre, avec des politiques équilibrées, plus proche du « mainstream » québécois, un parti plus interventionniste que celui des idéologues conservateurs, dans une période où l’intervention, en économie et en environnement, paraît souhaitable.
Voilà pourquoi le succès des libéraux ne ressemble pas à un feu de paille. On ne sait pas jusqu’où cela va mener le PLC, mais on voit déjà que l’échiquier politique s’est transformé et que le Québec est revenu, au niveau fédéral, à une forme de bipartisme où libéraux et bloquistes s’affronteront pour être le numéro un.


La cote des conservateurs au plus bas au Québec
La cote des conservateurs du premier ministre Stephen Harper est au plus bas au Québec où la principale formation de l’opposition fédérale, le Parti libéral, continue à progresser dans les intentions de vote, indique un sondage publié hier. Selon une étude de l’institut Léger Marketing pour le quotidien Le Devoir, les libéraux de l’ancien professeur à Harvard Michael Ignatieff obtiendraient un score de 37% au Québec, en cas d’élections fédérales. Le Bloc québécois arrive en seconde position, avec 33% des intentions de vote et les conservateurs, avec un score de 13%, se retrouvent en quatrième position derrière le Nouveau Parti démocratique.


Le PLC souhaite limiter les cadeaux auxministres et hauts fonctionnaires
« Nous ne pensons pas […] que le fait d’interdire aux ministres d’accepter des cadeaux secrets de centaines de milliers de dollars en argent comptant de la part de soi-disant amis constituerait une intrusion inacceptable dans leur vie privée. »
— Le Parti libéral souhaite limiter les dons ou les cadeaux que les ministres ou autres titulaires de charges publiques reçoivent de leurs « amis ».
Un projet de loi qui sera présenté au Sénat aujourd’hui tente de restreindre la possibilité d’accepter de tels cadeaux aux seuls « amis intimes » et membres de la famille. De plus les ministres, leurs employés ou des hauts fonctionnaires seraient tenus de déclarer tous ces cadeaux ou ces dons dès que leur valeur dépasse 200$, sauf s’ils ont été donnés par un membre de la famille.
À l’heure actuelle, la Loi sur les conflits d’intérêts adoptée par le gouvernement Harper en 2006 prévoit qu’il est « interdit à tout titulaire de charge publique […] d’accepter un cadeau ou tout autre avantage […] qui pourrait raisonnablement donner à penser qu’il a été donné pour influencer le titulaire dans l’exercice de ses fonctions officielles ».
Cette règle a toutefois une exception: le titulaire de charge publique peut accepter un cadeau ou autre avantage qui provient d’un parent ou d’un ami.
Or, selon le Parti libéral , cette notion d’« ami » ouvre la porte trop grande aux accrocs à l’éthique gouvernementale. « Les politiciens ont beaucoup d’amis, surtout lorsqu’ils sont au pouvoir », a noté le sénateur libéral James Cowan, leader de l’opposition au Sénat et qui a déposé le projet de loi.
« Nous ne pensons pas […] que le fait d’interdire aux ministres d’accepter des cadeaux secrets de centaines de milliers de dollars en argent comptant de la part de soi-disant amis constituerait une intrusion inacceptable dans leur vie privée », a-t-il déclaré. Mais comment, alors, trancher la difficile question de savoir qui est un « ami », et qui est un « ami intime » ? « Je ne pense que l’on tente de définir un terme comme celui-ci, a répondu le sénateur lors d’un entretien téléphonique avec La Presse. »
« C’est une question de degré, a-t-il poursuivi. La plupart d’entre nous seraient capables de lister sur les doigts de deux mains nos amis intimes, et puis il y a un cercle plus élargi de gens qui sont des amis. »
« Si vous jouez une fois de temps en temps avec quelqu’un au golf, que vous êtes un titulaire de charge publique et que soudainement, cette personne vous appelle et dit : "Je suis dans mon jet privé et je m’en vais aux Bahamas… Venez donc !" Il serait raisonnable de se demander : pourquoi une personne qui n’est pas un ami intime ferait cela? Et il peut y avoir un doute sur ses motifs réels. »
Le sénateur souligne que les libéraux ont tenté de faire ces changements à la loi sur l’éthique adoptée par le gouvernement Harper en 2006, mais qu’il avait refusé pour des raisons de vie privée. Il affirme que c’est la commission Oliphant qui a, cette fois-ci, convaincu le parti de revenir à la charge.
La commission chargée de faire la lumière sur les relations d’affaires entre l’ancien premier ministre Brian Mulroney et l’homme d’affaires Karlheinz Schreiber en était à sa dernière journée d’audiences, hier. Elle se penche depuis quelques jours sur les réformes qui devraient être apportées à l’éthique des titulaires de charges publ iques. Le commissaire Jeffrey Oliphant doit maintenant se mettre à la rédaction de son rapport, qui est attendu avant le 31 décembre.



Un programme électoral dès juin - Michael Ignatieff rêve d’une « société du savoir »
— Au lendemain de sa nominat ion off iciel le comme chef du Parti libéral du Canada ( PLC) par quelque 3000 membres de son parti, Michael Ignatieff a laissé entrevoir les enjeux qui pourraient dominer sa prochaine campagne électorale.
Même si plusieurs des dossiers auxquels il compte s’attaquer relèvent du domaine de l’éducation, et donc des provinces, Michael Ignatieff s’est défendu de faire de l’ingérence. « Parfois, la responsabilité est provinciale, mais d’avoir un plan d’action national, c’est un rôle essentiel d’un gouvernement fédéral », a-t-il affirmé.
Dès le mois de juin, le PLC aura rédigé son programme électoral, qui contiendra des engagements précis en faveur d’une « société du savoir », a promis M. Ignatieff hier à Vancouver, au terme du congrès du PLC qui s’y est déroulé durant le week-end.
Il s’est engagé à s’attaquer notamment à l’analphabétisme, à l’éducation pour la petite enfance et à la formation des travailleurs. La ressource naturelle du pays se trouve dans les cerveaux des Canadiens, a-t-il martelé, convaincu que l’« emploi de demain commence dans les laboratoires d’aujourd’hui ».
Même si plusieurs des dossiers cités relèvent du domaine de l’éducation, et donc des provinces, M. Ignatieff s’est défendu de faire de l’ingérence.
« Un premier ministre est là pour élaborer une vision stratégique pour un pays. Un premier ministre et un gouvernement fédéral ont un travail d’inspiration et un travail de concertation. Parfois, la responsabilité est provinciale, mais d’avoir un plan d’action national, c’est un rôle essentiel d’un gouvernement fédéral », a-t-il affirmé.
Le programme des libéraux pourrait également contenir des mesures particulières aux régions du pays mais s’assurera néanmoins de faire preuve de cohérence à l’échelle nationale.
Dans l’immédiat, le chef de l’opposition réitère la nécessité d’apporter des réformes au régime d’assurance emploi pour venir en aide aux travailleurs canadiens touchés par la crise. M. Ignatieff veut proposer ce printemps à la Chambre des communes de réduire temporairement à 360 le nombre d’heures nécessaires pour être admissible au programme, pour ensuite rehausser le standard une fois la crise économique passée.
Outre l a réforme du régime d’assurance emploi, les libéraux demanderont des comptes au gouvernement Harper quant aux mesures présentées dans le dernier budget.
« Si le Parlement dure et qu’on revient (à la Chambre des communes) au mois de septembre, on aura eu le temps de voir s’il y a eu l’effet désiré, et si la réponse est non, je serai tout à fait prêt à proposer d’autres mesures supplémentaires. Mais il faut attendre un certain temps pour que les mesures que nous avons votées soient travaillées (sic) », a indiqué M. Ignatieff.
Le chef libéral a du reste laissé planer le spectre du déclenchement d’élections. Même si la population a envoyé un message clair aux élus, selon M. Ignatieff, en leur demandant de travailler ensemble, si le gouvernement conservateur ne veut pas coopérer, les libéraux laisseront le peuple décider, a-t-il répété.
« C’est le fédéralisme des surprises continuelles, de l’improvisation sans arrêt, de diviser pour régner. Un jour, on est gentil avec le Québec, le lendemain, avec l’Ontario, le surlendemain, vous jouez les uns contre les autres. Et vous continuez à le faire pour vous maintenir au pouvoir, et ce n’est pas de cette manière qu’on unit le pays », a-t-il une fois de plus reproché au chef conservateur Stephen Harper.


Bilan de congrès -  VINCENT MARISSAL
La politique réserve toujours des surprises, même quand tout semble paisible. Prenez les libéraux fédéraux, par exemple. Réunis en congrès à Vancouver au cours du week-end, ils ont officiellement élu leur quatrième chef en un peu plus de cinq ans, ils ont retrouvé une rare harmonie et se sont convaincus que le pouvoir est maintenant à portée de main.
Les libéraux fédéraux ont élu leur quatrième chef en un peu plus de cinq ans.
Tout ça pour réaliser que la suite des choses est maintenant entre les mains de… Jack Layton, le chef du Nouveau Parti démocratique.
Avec Michael Ignatieff solidement installé à la direction de leur parti, les libéraux veulent en découdre rapidement, idéalement à l’automne, avec les conservateurs de Stephen Harper.
Pas si vite! Le gouvernement minoritaire conservateur n’a besoin de l’appui que d’un seul parti pour survivre à un éventuel vote de confiance. Et comme les appuis au NPD baissent au même rythme que ceux des libéraux augmentent, il est loin d’être certain que M. Layton veuille repartir en campagne cette année.
À court terme, le sort des libéraux est donc entre les mains de leur ancien allié de coalition. Les libéraux se demandent aussi comment réagira Gilles Duceppe, dont les appuis sont aussi en baisse au Québec.
Michael Ignatieff n’a pas de pouvoir sur cette partie de l’équation. Pour la partie où il en a (sa propre formation politique), il peut toutefois dire mission accomplie au terme de ce congrès.
Voici, en vrac, quelques morceaux choisis de ce congrès de Vancouver.
Un très long jeudi soir…
Avant de couronner Michael Ignatieff, il fallait d’abord tourner la page sur l’ère Dion, un exercice long, pénible et douloureux, comme l’aura été le règne de l’ancien chef.
Une jeune observatrice perspicace a comparé la soirée d’adieu de vendredi au film Men in Black, dans lequel les deux agents secrets effacent la mémoire récente des témoins gênants à l’aide d’un flash lumineux dans les yeux.
Sauf que dans ce cas-ci, le flash a duré près de cinq heures, au cours d’une trop longue soirée.
Le tout avait bien commencé, avec un Jean Chrétien en feu qui a pourfendu Stephen Harper avec humour et fougue comme s’il était toujours chef du PLC.
La politique, c’est un don: certains l’ont, d’autres ne l’ont pas. Stéphane Dion, dans un interminable discours d’adieu, a rappelé aux militants libéraux qu’il fait partie de la deuxième catégorie.
D’entrée de jeu, on a reconnu son style grinçant quand il a déclaré, en parlant de John Turner et de lui-même: « Il y a de ces politiciens qui n’ont pas le bon timing… » Léger malaise dans la salle…
Au bout du compte, cette soirée s’est tellement étirée que l’invitée d’honneur, Louise Arbour, a pris la parole vers 23h (2h du matin pour les gens de l’Est) devant environ 200 braves (sur plus de 2000) restés jusqu’à la fin.
La madame n’était pas contente du tout, avec raison, et elle l’a fait savoir aux organisateurs de la soirée.
Si les libéraux avaient encore un mince espoir de recruter Mme Arbour pour les prochaines élections, disons qu’ils n’ont pas aidé leur cause.
Le français, lointaine langue officielle
On s’inquiète beaucoup ces jours-ci de la place du français aux Jeux olympiques de Vancouver, l’hiver prochain.
Il faudrait aussi s’inquiéter du sort de la deuxième langue officielle du pays au sein du parti qui se vante pourtant de l’avoir élevée à ce statut.
À Montréal , en décembre 2006, le peu de place fait au français avait créé un malaise chez les libéraux. Cette fois, à Vancouver, personne n’a soulevé la question, mais Molière est aussi resté au vestiaire.
Dans tous les discours importants de la fin de semaine, le français a été relégué au titre de lointaine langue officielle.
Par ailleurs, les libéraux auraient intérêt à engager un correcteur pour nettoyer les innombrables fautes sur le site internet du PLC, où on encourage les militants à « nominer » Michael Ignatieff pour ne pas « perdre le momemtum »…
Oh well, plus ça change…
Amourettes libérales
Les libérauxdeMichael Ignatieff sont en train de reconstruire des ponts avec leurs cousins québécois, notamment grâce à la présence de Marc-André Blanchard, libéral provincial influent et proche de Jean Charest, dans l’entourage du nouveau chef.
Cela dit, les libéraux provinciaux n’ont pas poussé l’amitié jusqu’à dépêcher des émissaires du gouvernement au congrès de Vancouver.
Les libéraux ontariens, toutefois, étaient omniprésents. À commencer par le premier ministre Dalton McGuinty, dont le frère, David, est député libéral fédéral dans une circonscription de la région d’Ottawa.
Dans un grand élan d’enthousiasme, Dalton McGuinty a même lancé : « Enfin, on aura un interlocuteur avec qui parler », en référence à Michael Ignatieff.
En plus du premier ministre, quelques membres du gouvernement ontarien étaient aussi présents, notamment le ministre de la Justice, Chris Bentley.
Les amourettes libérales risquent de déplaire fortement au premier ministre Harper, qui multiplie les annonces ( pour sauver l’industrie automobile ontarienne, notamment) depuis quelques temps. La semaine dernière encore, i l était en Ontario, avec Dalton McGuinty, pour lancer une bouée de sauvetage à Chrysler.


Le PLC plus populaire que le Bloc
Le nouveau chef du parti, Michael Ignatieff, séduit de plus en plus d’électeurs au Québec
— Pour la première fois depuis plus de cinq ans, les libéraux fédéraux dépassent le Bloc québécois dans les intentions de vote au Québec, conséquence évidente de l’arrivée de Michael Ignatieff aux commandes.
Dans son enquête d’avril réalisée pour La Presse, la maisonde sondage CROP constate que la satisfaction à l’endroit du gouvernement fédéral marque le pas; pour un troisième mois consécutif, on retrouvait plus de 60% de Québécois insatisfaits du gouvernement Harper.
La popula rité de Michael Ignatieff, qui a pris la succession de Stéphane Dion, ne se dément pas et propulse son parti devant le Bloc québécois. Ainsi, le PLC obtient actuellement 37% des intentions de vote au Québec, un bond de 7% sur son score de la fin mars. Le Bloc québécois lui recule de 4 points sur la même période, passant de 35 à 31%. Pour le Parti conservateur, c’est la dégringolade: après les 22% des élections du 14 octobre, le parti de Stephen Harper est aujourd’hui à 15%, un recul de 3 points de pourcentage par rapport à mars. Les néo-démocrates de Jack Layton restent à leur niveau des élections, avec 12%.
Pour Maïalène Wilkins, analyste de CROP, il faut remonter à février 2004 pour trouver une enquête où le Bloc et le PLC sont à égalité. « Paul Martin venait de devenir chef du PLC et c’était juste avant le rapport de la vérificatrice générale sur les commandites » rappelle-t-elle. Aux élections suivantes, en juin 2004, le Bloc avait raflé la mise avec 49% des suffrages, contre 34% aux libéraux qui n’avaient jamais, depuis, repris les devants au Québec. Quant au gouvernement Harper, « il semble que les Québécois n’attendent plus grand-chose de ce côté », constate Mme Wilkins.
Gains chez les francophones
Les gains du PLC se constatent aussi auprès de l’électorat francophone. Ici, 34% des gens se disent en faveur du parti de M. Ignatieff, une remontée de 7 points de pourcentage par rapport au mois précédent. Avec 37%, le Bloc québécois recule de 4 points auprès des francophones. Les conservateurs glissent de 4 points aussi, à 13%, juste un point au dessus du NPD.
La bougie d’allumage des libéraux au Québec semble se résumer à une chose, l’arrivée de Michael Ignatieff aux commandes. « La remontée du PLC se dessinait depuis janvier avec l’arrivée de M. Ignatieff », explique Mme Wilkins.
Le nouveau chef « bénéficie d’un fort capital de sympathie au Québec », résume la spécialiste. Il est devenu le « meilleur premier ministre du Canada » aux yeux de 45% des Québécois, une hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l’enquête précédente. Stephen Harper doit se contenter du tiers de cet appui, avec 17% de partisans, trois de moins que le néo-démocrate Jack Layton. Gilles Duceppe, qui n’aspire pas à diriger le Canada, ne reçoit que 2% de suffrages.
Cette remontée du chef libéral correspond à une campagne publicitaire bien orchestrée au Québec. « Il s’est fait connaître, il a publié un ouvrage, est passé à Tout le monde en parle. La question demeure toutefois: cela vat-il se maintenir ? » relève Mme Wilkins.


La récession, meilleure amie d’Ignatieff - VINCENT MARISSAL
Pour comprendre ce qui se passe en politique, il y a les sondages, bien sûr; et à ce chapitre, notre CROP dernière mouture est particulièrement éclairant en ce qui a trait à la scène fédérale.
Encore plus instructif, parce qu’il s’agit de matière vivante: la réaction des partis politiques.
Les jours de sondages, on a à la fois une radiographie de l’électorat et les réactions des partis, qui s’agitent comme des toxicomanes devant une armoire à barbituriques.
En ce moment, à Ottawa, les libéraux se pincent, les bloquistes s’inquiètent et les conservateurs tirent dans toutes les directions.
Suffit de suivre la guerre des communiqués entre conservateurs et libéraux pour comprendre leur stratégie respective.
Hier après-midi, les conservateurs ont reproché à Michael Ignatieff de vouloir augmenter les impôts et d’avoir ramené des acteurs des commandites dans son entourage. Pendant ce temps, les libéraux ont accusé les conservateurs d’abandonner les Canadiens et d’être responsables de la hausse du chômage.
Les bloquistes, quant à eux, se grattent la tête: Michael Ignatieff représente-t-il une véritable menace ou son départ canon se transformera-t-il en pétard mouillé?
Le plus inquiétant pour le Bloc, c’est que Michael Ignatieff n’a rien fait (dans le sens d’annonce, d’énoncé de politique ou de promesse) pour se retrouver soudain en tête des sondages au Québec.
Le Bloc et les conservateurs mitraillent Michael Ignatieff. C’est de bonne guerre. Mais dans les faits, leur ennemi commun, ce n’est pas le chef libéral, c’est la récession.
James Carville, le génie derrière Bill Clinton, avait raison lorsqu’il a lancé en 1992, durant une autre crise: « It’s the economy, stupid! »
Les Québécois sont inquiets. Ils perdent leur job et les régions souffrent. Les conservateurs ont perdu la confiance des électeurs et le Bloc ne peut faire grand-chose comme opposition éternelle. Reste une option: le Parti libéral. En plus, Michael Ignatieff jouit d’un fort capital de sympathie et paraît modéré.
Le Bloc ne peut présenter un programme de gouvernement. Il gagne ses batailles électorales grâce à la faiblesse de son principal adversaire: Jean Chrétien et les relents de Meech et Charlottetown en 1993, Paul Martin et les commandites en 2004, Stephen Harper contre la culture et les jeunes contrevenants en 2008. Contre Michael Ignatieff, c’est moins évident.
Les bloquistes eux-mêmes savent que l’argument des « intérêts du Québec » n’est ni infaillible ni éternel, surtout en période de crise économique. Surtout dans les régions durement touchées par la récession et les pertes d’emplois. Il est possible que bien des électeurs optent pour l’espoir d’un nouveau gouvernement.
La remontée des libéraux est spectaculaire, en particulier chez les francophones. À 34% (ils sont tombés à 9% il y a trois ans), ils sont juste derrière le Bloc, à 37%.
Plus spectaculaire encore: le PLC prend la tête « ailleurs en région », donc partout sauf dans la grande région de Québec (36% par rapport à 35% pour le Bloc).
Les conservateurs restent forts dans la région de Québec et les libéraux, sans surprise, continuent de dominer à Montréal.
Si la tendance observée depuis quelques mois se maintient, le PLC redevient compétitif dans une quinzaine de circonscriptions, peut-être même autour de 20 (en plus des 14 qu’il détient déjà). En 1997, Jean Chrétien avait récolté 37% des votes au Québec et 26 des 75 sièges.
Cela dit, le Bloc reste profondément enraciné dans certains coins.
Et puis, Michael Ignatieff n’a pas subi son baptême du feu électoral. Même ses partisans et son entourage ne savent pas comment il réagira en campagne électorale.
Au fait, aurons-nous une campagne électorale à l’automne, comme le souhaitent les libéraux?
Depuis quelques jours, on se demande à Ottawa si le chef du NPD, Jack Layton, ne serait pas tenté de sauver le gouvernement pour éviter la dégelée annoncée par les sondages.
Et le Bloc? Si la glissade se poursuit, Gilles Duceppe sera-t-il aussi frondeur en septembre?
Le Bloc et le NPD ne peuvent plus reculer, disent les libéraux. « Pas après tout ce qu’ils ont dit contre ce gouvernement, résume un stratège libéral. Surtout pas le NPD, qui payerait le prix fort parce qu’il compte les anti-Harper les plus farouches dans ses rangs. »


Ignatieff appelle à la mobilisation - Élu par 97% 
Michael Ignatieff a été confirmé comme chef du Parti libéral, hier, par 97% des 2100 délégués réunis en congrès national. Aussitôt, il a lancé un appel à la mobilisation en prévision de la prochaine campagne électorale.
Dans son discours, Michael Ignatieff a notamment affirmé que son parti sera prêt à prendre le pouvoir aux prochaines élections mais qu’il doit d’abord établir un programme qui suscitera l’espoir des Canadiens en ces temps de crise.
Dans un discours d’une trentaine de minutes, M. Ignatieff a expliqué les grandes lignes de sa vision du pays, qui privilégie un gouvernement fédéral plus interventionniste.
Même s’il s’est contenté de grands principes, le chef libéral a indiqué sa volonté, notamment, de relancer le programme national de garderies, aboli par les conservateurs, et de lutter contre la pauvreté des peuples autochtones, comme le prévoyait l’accord de Kelowna, aussi rejeté par le gouvernement Harper.
M. Ignatieff compte aussi augmenter les investissements dans la recherche et l’innovation ainsi que dans l’éducation postsecondaire. Il a brièvement mentionné le dossier de l’environnement en soulignant l’urgence d’investir dans les technologies vertes pour contrer les changements climatiques.
Il a denouveau tendulamainaux Québécois nationalistes, comme il l’avait fait à Laval en mars, en affirmant qu’il est possible d’être un fier Québécois sans renier son appartenance au Canada.
« Nous respectons nos différences. Nous acceptons nos identités. Nous n’imposons pas un patriotisme singulier. Nous laissons la liberté d’appartenance à nos citoyens. Soyez québécois et canadiens, soyez les deux dans l’ordre qui vous semble bon. C’est ça, le génie du Canada. C’est notre exemple pour le monde », a affirmé M. Ignatieff.
Le chef libéral a aussi affirmé que son parti sera prêt à prendre le pouvoir aux prochaines élections, mais qu’il doit d’abord établir un programme qui suscitera l’espoir des Canadiens en ces temps de crise économique.
« Si nous offrons un message d’espoir empreint de générosité à nos concitoyens, ils nous choisiront comme prochain gouvernement du Canada », a lancé M. Ignatieff, qui a été applaudi chaleureusement à plusieurs reprises.
À la toute fin de son discours, il a accusé le premier ministre Stephen Harper d’avoir manqué à son devoir, notamment durant la crise parlementaire de novembre dernier. Il l’a accusé de tenter de dresser les régions du pays les unes contre les autres pour s’accrocher au pouvoir.
« M. Harper, vous ne comprenez pas le Canada. Vous ne comprenez pas qu’un premier ministre est là pour unifier le pays, non pas pour le diviser. M. Harper, vous manquez à votre devoir. Vous n’avez pas compris que le seul rôle qu’a un premier ministre, c’est d’unir les Canadiens. Si vous ne pouvez unir les Canadiens, si vous ne pouvez nous inspirer, nous, nous le pouvons », a dit M. Ignatieff.
Le discours de M. Ignatieff clôturait un congrès de trois jours au cours duquel les militants libéraux ont rendu hommage à Stéphane Dion, leur ancien chef, et débattu certaines positions. Ils ont aussi réformé le mode de fonctionnement de leur parti.

Ignatieff n’a plus droit à l’erreur -  VINCENT MARISSAL
Michael Ignatieff n’a pas prononcé le nom du président américain une seule fois, mais on sentait son influence dans tous les grands thèmes de son discours: espoir et unité contre la politique de la division, affaires étrangères et responsabilités internationales, éducation et recherche scientifique, environnement.
— Dans une ville envoûtée par les séries éliminatoires, Michael Ignatieff a emprunté une page du grand livre du hockey pour prononcer son premier grand discours de nouveau chef libéral.
La meilleure défensive, dit-on, c’est l’attaque. C’est ce que M. Ignatieff a essayé de faire hier en présentant sa plus grande faiblesse comme une grande qualité.
Les conservateurs reprochent à Michael Ignatieff d’avoir vécu hors du Canada une bonne partie de sa vie et de mal connaître le pays qu’il rêve de diriger.
Le chef libéral a contre-attaqué en affirmant que Stephen Harper ne comprend pas le Canada, qu’il pratique la politique de la division et que le pays a perdu son influence sur la scène internationale à cause du gouvernement conservateur.
Si on doit dégager un thème dominant de ce congrès libéral, c’est bien la politique étrangère, un sujet qui a occupé une grande partie des ateliers de vendredi et qui a été repris longuement par Jean Chrétien dans un discours typique de l’ancien chef libéral. L’international a également pris une place prédominante dans le discours d’acceptation du nouveau chef. vue, un pari risqué de la part de Michael Ignatieff. Ne vient-il pas d’ouvrir toute grande la porte à ses détracteurs, qui diront qu’il ne s’intéresse pas aux problèmes internes et qu’il n’a pas de solutions à proposer?
Tout dépend de la suite. Maintenant qu’il est officiellement chef du Parti libéral du Canada, M. Ignatieff n’aura plus le luxe de surfer sur les enjeux. Il devra mettre de l’avant des solutions et dire aux Canadiens pourquoi ils seraient mieux servis par un gouvernement libéral.
Hier, il a d’abord voulu répondre préventivement aux conservateurs en affirmant que c’est restaurer l’image de leur pays à l’étranger.
Dans le montage audiovisuel qui présentait Michael Ignatieff, ce sont les photos du chef libéral en compagnie de Barack Obama qui ont provoqué les plus forts applaudissements.
Michael Ignatieff n’a pas prononcé le nom du président américain une seule fois, mais on sentait son influence dans tous les grands thèmes de son discours : espoir et unité contre la politique de la division, affaires étrangères et responsabilités internationales, éducation et recherche scientifique, environnement.
On sent aussi chez Michael
Un dicton populaire dit que, en politique, tous les enjeux sont d’abord locaux. Autrement dit, les électeurs seront toujours plus préoccupés par les nids-de-poule dans leurs rues que par les grands débats internationaux.
Accorder autant d’importance à la place du Canada dans le monde, au rôle que le pays peut et doit jouer est donc, à première Stephen Harper qui ne comprend rien au Canada. Par ailleurs, M. Ignatieff a joué sur la fibre patriotique en insistant sur la place que le Canada doit reprendre dans le monde.
En ce sens, le discours de Michael Ignatieff a été fortement influencé par un certain Barack Obama, qui a lui aussi promis à ses concitoyens de Ignatieff, par ses références aux guerres auxquelles le Canada a participé, aux sacrifices et aux efforts, un appel au patriotisme commun chez nos voisins du Sud.
Même les mots choisis rappellent Obama. Les mots « we can » sont revenus à quelques occasions dans le discours de M. Ignatieff. Ne manquait que le « yes ».
C’est un cliché, mais le plus dur reste à venir pourMichael Ignatieff. Il a été élu chef libéral sans opposition, mais ses adversaires conservateurs, bloquistes et néo-démocrates lui bloqueront la voie vers le pouvoir avec plus de force maintenant qu’il est officiellement chef.
C’est une chose que de s’inspirer du mouvement Obama; c’en est une autre que d’amener des solutions et des propositions concrètes aux problèmes les plus pressants – la crise économique en tête de liste.
Sans surprise, la réplique des adversaires de Michael Ignatieff s’en vient. Les conservateurs ont déjà préparé des publicités négatives affirmant notamment que M. Ignatieff augmentera les impôts des Canadiens. C’est la même stratégie que celle qu’ont employée les républicains contre Barack Obama.
Reste à voir si les attaques des conservateurs auront plus d’impact que n’en ont eu celles des républicains sur le candidat démocrate.
La réponse à cette question est entre les mains de Michael Ignatieff. Il a connu la consécration ce week-end à Vancouver, mais à partir de ce matin il n’a plus droit à l’erreur.




Les libéraux rêvent de reprendre le pouvoir
Michael Ignatieff admet qu’il est toutefois trop tôt pour faire tomber le gouvernement conservateur
VANCOUVER
Les libéraux rêvent de reprendre le pouvoir le plus rapidement possible. Mais ils croient qu’il est encore trop tôt pour provoquer la chute du gouvernement conservateur aux Communes. Et même si le Parti libéral a vu ses appuis augmenter dans les sondages au cours des dernières semaines, il est peu probable que les bonzes du parti donnent suite à la suggestion de leur ancien chef, Jean Chrétien, qui a affirmé jeudi soir que les libéraux devraient essayer de déclencher des élections « le plus tôt possible ».
En entrevue à la radio de CBC hier matin, l’actuel chef libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que les Canadiens ne souhaitent pas d’élections hâtives. « Je veux continuer à faire fonctionner le Parlement », a affirmé Michael Ignatieff, que les militants libéraux, réunis en congrès national, confirmeront officiellement dans ses fonctions de chef aujourd’hui.
« Nous ne sommes pas encore prêts », a confié hier une source libérale sous le couvert de l’anonymat, soulignant que le parti doit rebâtir son organisation dans plusieurs régions du Québec. « Même si nous étions prêts, il faut l’appui du Bloc québécois et du NPD pour renverser le gouvernement conservateur. Dans l’état actuel des choses, je ne crois pas que ces deux partis seraient prêts à collaborer avec nous pour le faire », a affirmé cette source.
Le député libéral de Papineau, Justin Trudeau, a soutenu que le renouvellement du parti était loin d’être terminé. « Le renouvellement du Parti libéral va prendre trois ou quatre ans encore », a-t-il affirmé dans une entrevue accordée à l’animateur de radio Dave Rutherford, à Calgary.
Un député de la région de Toronto, Maurizio Bevilacqua, a fait écho à ces propos. Selon lui, les Canadiens ne sont pas nécessairement heureux de la façon dont le gouvernement dirige le pays, mais ils ne cognent pas à sa porte pour réclamer des élections, en ces temps de crise économique. « En temps et lieu, les Canadiens vont nous le faire savoir quand ils estimeront que des élections doivent avoir lieu. Et comme nous l’avons toujours fait dans le passé, nous allons respecter leur souhait », a dit M. Bevilacqua.
De proches collaborateurs de M. Ignatieff évaluent à 75% les chances que des élections fédérales aient lieu à l’automne. Ils croient toutefois que les libéraux doivent faire preuve de patience afin de permettre à leur chef de rebâtir le parti et de renflouer ses coffres. Le scénario le plus probable est donc un scrutin au printemps 2010, au moment du vote sur le prochain budget.
DepassagehieràEdgeley, enSaskatchewan, le premier ministre Stephen Harper a mis en garde les libéraux contre la tentation de provoquer des élections anticipées. Il a affirmé que les Canadiens souhaitent que les élus travaillent de concert pour surmonter la crise économique.
« Nous venons d’avoir des élections. Ce que nous recherchons de la part de M. Ignatieff et des autres partis politiques, c’est évidemment une occasion de travailler ensemble pour faire avancer les intérêts du pays », a affirmé M. Harper.
Les libéraux ont profité de leur congrès hier soir pour rendre hommage à leur ancien chef Stéphane Dion. L’ancien premier ministre Paul Martin a présenté M. Dion aux militants. Jean Chrétien a également pris la parole. Invisible aux Communes depuis qu’il a quitté la barre du parti en décembre, M. Dion traîne toujours une dette de 150 000$ à la suite de la dernière course à la direction de 2006. Les libéraux ont décidé de lui donner un coup de main pour éliminer ce boulet financier en organisant des collectes de fonds hier.
Également hier, les libéraux ont organisé une série de conférences portant sur le Canada dans le monde, la crise économique et la justice sociale, entre autres. Aujourd’hui, les quelque 2000militants libéraux devraient donner leur aval à une réforme du mode de sélection du prochain chef, qui serait élu par suffrage universel, mais pondéré pour accorder le même poids à chaque circonscription. Cette réforme avait été rejetée au congrès de décembre 2006 à Montréal.
Michael Ignatieff prononcera un discours cet après-midi pour conclure le congrès de trois jours.

Beau temps pour rêver -  VINCENT MARISSAL
Il y a certes quelques ambitieux dans l’entourage de Michael Ignatieff et dans son caucus mais, pour une rare fois lors de l’investiture du nouveau chef libéral, personne n’est tapi derrière le rideau, le couteau entre les dents.
— On a beaucoup dit, ces derniers jours, que les libéraux fédéraux réunis en congrès à Vancouver vivent un rare moment d’harmonie. I l suffit de les voir planer dans un style décontracté très « West Coast » pour s’en convaincre hors de tout doute.
L’exemple vient d’ailleurs de très haut : jamais on n’a vu l’entourage d’un chef libéral aussi relax.
Hier midi, sous un généreux soleil, j’ai croisé le chef de cabinet de Michael Ignatieff, Paul Zed, près du Centre des congrès de Vancouver. Il marchait d’un pas pressé pour aller… faire son j ogging avec quelques comparses.
Un autre proche collaborateur de Michael Ignatief f, à qui j’ai posé une question par BlackBerry, m’a répondu qu’il sirotait un verre de vin blanc sur une terrasse de Granville Island pour se remettre d’une grande virée à bicyclette!
Un mot revient sur toutes les lèvres pour décrire l’ambiance de ce congrès biennal : tranquille. Même quand les libéraux étaient au pouvoir avec des gouvernements majoritaires, ils n’étaient pas aussi détendus quand ils se réunissaient.
Il faut dire qu’il y avait toujours des épiphénomènes pour déranger l’harmonie, comme l’interminable guerre ChrétienMartin et, avant celle-là, la fronde de Jean Chrétien contre John Turner.
Rien de tout cela cette fois. Il y a certes quelques ambitieux dans l’entourage de Michael Ignatieff et dans son caucus mais, pour une rare fois lors de l’investiture du nouveau chef libéral, personne n’est tapi derrière le rideau, le couteau entre les dents.
Au contraire, les libéraux ont, pour une rare fois, réuni leurs anciens chefs au même congrès sans que les flèches empoisonnées ne viennent gâcher la fête.
Les libéraux sont tellement décontractés que, pendant quelques heures, dans la bulle du Centre des congrès de Vancouver, on arrivait à oublier la récession et la grippe porcine.
La crise économique, qui est pourtant au centre de toutes les discussions politiques canadiennes depuis des mois, a pratiquement disparu du ciel bleu libéral.
Parmi les 32 résolut ions qui doivent être débattues en vitesse aujourd’hui, une seule touche directement la récession, et encore, puisque les mesures proposées sont plutôt vagues (exemple : « tenir compte des effets positifs de la réduction des impôts corporatifs dans la détermination de sa politique fiscale et garder la flexibilité jugée nécessaire en temps de ralentissement économique »).
Fidèles à eux-mêmes, les libéraux reprennent par ailleurs leurs thèmes électoraux de prédilection : lutte contre la pauvreté, logements sociaux, garderies. Ils enterrent définitivement le fameux Tournant vert si cher à leur ancien chef, Stéphane Dion. Le vert, tellement à la mode au congrès de décembre 2006 à Montréal, a cédé sa place au bon vieux rouge libéral.
Signe que les choses vont beaucoup mieux pour le PLC, plus de 2000 délégués, dont plus de 200 du Québec, se sont déplacés à Vancouver. Ils ont déboursé pour la plupart plusieurs centaines de dollars pour assister à la nomination officielle de leur nouveau chef.
Le calme apparent du congrès est toutefois trompeur. Comme les magnifiques canards que l’on peut observer dans les baies autour du parc Stanley, les libéraux semblent paisibles en surface, mais ils se font aller les pattes avec énergie sous l’eau.
En particulier les libéraux du Québec, qui profitent de la vague des bons sondages pour regagner le terrain perdu au cours des dernières années.
L’effectif est en hausse, soit autour de 16 000 membres. On est encore loin des belles années (70 000 membres), mais la progression est constante. Même chose, par ricochet , pour le financement. L’aile québécoise a réussi à éponger sa dette.
La marge de manoeuvre et les bonnes perspectives des sondages permettent au PLC de se réorganiser sur le terrain. Ainsi, six coordonnateurs régionaux (des permanents payés par le Parti libéral) entreront en fonction au Québec dans quelques semaines.
Les libéraux se sont également équipés d’un logiciel performant pour faire du pointage dans chaque circonscription, pour communiquer avec leurs membres et suivre l’évolution des effectifs. Selon les organisateurs québécois, il s’agit du même type de logiciel que celui qu’avait utilisé l’équipe de Barack Obama pour les primaires et la présidentielle.
Les candidatures commencent aussi à se préciser dans certaines circonscriptions convoitées.
« De très belles annonces s’en viennent », m’a affirmé un des principaux organisateurs de Michael Ignatieff au Québec, confirmant du bout des lèvres que des libéraux provinciaux pourraient faire le saut sur la scène fédérale.
Impossible d’en savoir plus pour le moment, ma i s les libéraux n’auront pas à trouver un successeur à Stéphane Dion dans Sa i nt-Laurent– Cartierville, car il a décidé de se représenter.
Il semble que l’Université de Montréal, son ancien employeur, lui ait offert un poste de vice-recteur et d’ambassadeur, mais M. Dion ne se résigne pas à quitter la vie politique.
Une autre députée aurait décidé de rester : Raymonde Folco, dans Laval-Les Îles, a l’intention de se représenter malgré des problèmes graves de financement dans cette circonscription libérale sûre.
Le retour de Martin Cauchon dans Outremont paraît de plus en plus improbable, dit-on par ailleurs dans les cercles libéraux québécois.



 
CONGRÈS DU PARTI LIBÉRAL DUCANADA - Ignatieff remercie Harper pour l’unité retrouvée
« M. Harper a laissé tomber une boule de neige de la colline parlementaire en décembre, et cette boule s’est transformée en avalanche pour lui. »
— Le Parti libéral du Canada n’a pas été aussi uni depuis des décennies et, selon Michael Ignatieff, c’est en grande partie grâce à un homme: le premier ministre Stephen Harper.
En tentant d’abolir les subventions annuelles versées par l’État aux partis politiques, en novembre dernier, Stephen Harper a cherché à affaiblir davantage ses adversaires. Mais en lieu et place, il a déclenché une série d’événements qui a forcé les troupes libérales à s’unir pour assurer leur survie, a déclaré, hier, M. Ignatieff au premier jour du congrès libéral, qui a lieu jusqu’à samedi à Vancouver.
Cette unité retrouvée a permis au Parti libéral de se donner un nouveau chef sans se déchirer, de rembourser sa dette électorale de deux millions de dollars en cinq mois, et de concentrer ses efforts pour convaincre les Canadiens qu’il est l’option de rechange la plus crédible aux conservateurs, notamment en ces temps de crise économique, selon M. Ignatieff.
La présence de Jean Chrétien, Paul Martin et John Turner à ce congrès démontre bien l’harmonie qui règne au sein des troupes, selon des stratèges libéraux.
« M. Harper a laissé tomber une boule de neige de la colline parlementaire en décembre, et cette boule s’est transformée en avalanche pour lui. Et, fin stratège comme il est, il s’est retrouvé avec un Parti libéral plus uni avec un nouveau chef prêt à partir en campagne. Qui l’aurait cru? Une partie du mérite revient à mon principal adversaire, M. Harper », a déclaré M. Ignatieff aux journalistes.
Reconnaissant le travail que M. Harper a fait pour unir le Parti libéral, M. Ignatieff a même tenu à souhaiter bon anniversaire au premier ministre, qui a célébré son 50e anniversaire de naissance hier.
« Je veux lui souhaiter très joyeux anniversaire. Il est un parlementaire redoutable et un leader redoutable de son parti. Même si nous ne sommes pas d’accord sur le plan politique et sur plusieurs principes, j’ai du respect pour le travail qu’il a accompli comme chef de son parti », a dit M. Ignatieff dès le début de sa conférence de presse hier. À l’origine, le congrès libéral de Vancouver devait permettre aux militants libéraux d’élire un nouveau chef à la suite de la démission de Stéphane Dion, en décembre. Mais M. Ignatieff a finalement été désigné comme chef intérimaire après le désistement des députés Bob Rae et Dominic LeBlanc. Le congrès permettra donc aux militants d’exprimer leur confiance envers leur nouveau chef.
Au premier jour du congrès, M. Ignatieff s’est dit « amusé » de voir le Bloc québécois et le NPD soumettre des propositions dans l’espoir de trouver des compromis avec le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper afin d’éviter des élections générales.
Ces manoeuvres parlementaires du Bloc québécois et du NPD surviennent alors que les appuis au Parti libéral augmentent dans les sondages. En privé, des stratèges conservateurs ont confié à La Presse Canadienne cette semaine qu’ils sont prêts à conclure des ententes ponctuelles avec le Bloc ou le NPD pour assurer la survie du gouvernement au moins jusqu’à ce que les Jeux olympiques de Vancouver soient terminés, en février 2010. D’ici là, les conservateurs espèrent que la crise économique sera terminée, ce qui devrait leur donner un coup de pouce électoral.
Les libéraux, pour leur part, envisagent de plus en plus de forcer la tenue d’élections générales à l’automne.
« C’est légèrement amusant tout cela. Ces deux partis ont voté contre le dernier budget conservateur sans même le lire. Maintenant, ils sont prêts à soutenir les conservateurs. Je me demande bien pourquoi ! », a lancé M. Ignatieff. Le Parti libéral a voté en faveur du dernier budget, ce qui a permis au gouvernement Harper de survivre au vote de confiance aux Communes.



Les libéraux à la veille d’éponger leurs dettes
L’arrivée de Michael Ignatieff a facilité le financement
— Le moteur de la machine du Parti libéral tourne plus rondement depuis que Michael Ignatieff en a pris les commandes en décembre. En plus de devancer les conservateurs dans les sondages depuis quelques semaines, le Parti libéral est sur le point de rembourser toute sa dette de 2 millions de dollars six mois après les dernières élections.
L’arrivée de Michael Ignatieff à la barre du PLC a permis de renflouer les coffres du parti. Il y a deux semaines, un souper-bénéfice à Toronto a même dépassé la barre du million de dollars.
Selon le nouveau directeur national du PLC, Rocco Rossi, la dette du parti sera entièrement remboursée au plus tard à la mimai, libérant ainsi les troupes libérales d’un important boulet au moment même où certains stratèges envisagent de provoquer la tenue d’élections à l’automne.
Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Rossi a confirmé que les dons sont plus fréquents et plus nombreux depuis le début de l’année et l’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du PLC explique en bonne partie ce revirement de fortune.
L’an dernier, le Parti libéral alors dirigé par Stéphane Dion n’avait récolté que 5,9 millions de dollars, une bien maigre récolte comparativement aux 21,9 millions recueillis par le Parti conservateur. Mais en décembre, après que Michael Ignatieff eut été acclamé chef, les dons des libéraux de plus de 200$ (832 000$) avaient dépassé ceux des conservateurs (826 000$).
« Je pense que notre situation financière s’améliore de jour en jour. Nous avons vu l’effet Ignatieff durant les deux dernières semaines de décembre et cela s’est poursuivi durant le premier trimestre de 2009. Nos résultats sont nettement meilleurs que le premier trimestre de 2008 (seulement 846 000$). Ce n’est une raison pour danser dans la rue, mais nous sommes dans la bonne direction », a affirmé M. Rossi.
Au cours des dernières semaines, M. Ignatieff a aussi parcouru le pays afin participer à des soirées de collecte de fonds. À Vancouver, 700 personnes sont venues l’entendre, 850 militants en ont fait autant à Edmonton et 1100 personnes à Toronto il y a deux semaines. Durant cette seule soirée dans la Ville reine, les coffres du parti se sont enrichis de près d’un million de dollars. « Nous n’avions pas réussi à faire ce tour de force depuis plusieurs années », se félicite M. Rossi.
Inspirés par Obama
Cette nouvelle va sans doute réjouir les quelque 4000 militants attendus au congrès national du Parti libéral qui aura lieu à Vancouver du 30 avril au 2 mai. Durant ce congrès, M. Ignatieff sera officiellement confirmé par les militants comme chef du parti.
M. Ignatieff a confié l’important poste de directeur national à M. Rossi au début de l’année. Auparavant, M. Rossi, qui parle trois langues – anglais, français et italien – avait fait sa marque en tant que PDG de la Fondation du coeur de l’Ontario. Sous sa houlette, cet organisme de charité a vu son financement bondir de 30% pour atteindre les 120 millions de dollars.
En entrevue, M. Rossi a fait valoir qu’il était crucial que le Parti libéral règle ses problèmes de financement pour le bien de la démocratie canadienne. Il a soutenu que le Parti conservateur, qui a su bien maîtriser l’art du financement populaire après que les dons des entreprises et des syndicats eurent d’abord été limités en 2004 avant d’être interdits en 2006, avait les moyens pour faire des campagnes à grand frais alors que le Parti libéral ne pouvait tout simplement pas rivaliser.
« Nous avions un très grand défi devant nous, mais les choses commencent à bouger et à bouger très, très bien. Si bien que j’ai confiance qu’avant la fin de mai, nous serons de retour dans le noir », a-t-il dit.
M. Rossi a décidé de s’inspirer des stratégies de financement utilisées par Barack Obama durant la dernière campagne présidentielle. À la fin de cette campagne historique, le camp d’Obama avait à sa disposition 13 millions d’adresses de courriels, cinq millions de bénévoles et quatre millions de donateurs qui ont réussi à amasser la rondelette somme de 600 millions de dollars (moyenne de 150$ par donateur).
Le Parti libéral s’est donc fixé comme objectif de construire une banque de données proportionnelle à la population canadienne, soit 10% de ce que le camp d’Obama a accompli. « Cela veut donc dire qu’on doit avoir accès à 1,3 million d’adresses de courriel, 500 000 membres du parti et 400 000 donateurs. Mais nous allons d’abord tenter de réaliser la moitié de cela, soit 250 000 membres et 200 000 donateurs. Je crois que c’est plus réaliste et si nous y arrivons et obtenons 100$ par année par donateur, cela nous assurer 20 millions de dollars par année, soit la somme que récolte à peu près le Parti conservateur », a expliqué M. Rossi.
« Nous ne sommes pas Barack Obama. Il est un phénomène à part. Mais nous pouvons apprendre beaucoup de leçons de lui et nous pouvons utiliser les outils de l’internet à notre avantage », a-t-il ajouté.





Les libéraux tentent de faire oublier leur échec   -  Hugo de GrandPré
MOTION LIBÉRALE SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE
Derrière des portes closes, hier matin, le chef Michael Ignatieff et le whip Rodger Cuzner ont reconnu devant les députés qu’ils ne les avaient pas suffisamment consultés avant d’arrêter leur plan d’action.
OTTAWA — L’échec de la motion libérale sur la planification familiale a continué à faire des vagues sur la colline parlementaire, hier, malgré les tentatives du parti pour faire oublier cette gaffe gênante.Les députés libéraux ont applaudi Michael Ignatieff durant la période de questions à la Chambre des communes hier. Le chef du parti a essuyé un revers mardi lors d’un vote sur unemotion concernant la planification familiale.
En fin de journée, mardi, l’absence de 13 députés libéraux, l’abstention d’un autre et le vote de trois députés contre la motion de leur propre formation a permis aux conservateurs de battre l’opposition par 144 voix contre 138.
Derrière des portes closes, hier matin, le chef Michael Ignatieff et le whip Rodger Cuzner ont reconnu devant les députés qu’ils ne les avaient pas suffisamment consultés avant d’arrêter leur plan d’action.
Devant les journalistes, quelques minutes plus tard, M. Ignatieff a admis qu’il était mécontent de la tournure des événements. Il a toutefois tenté de ramener l’attention sur le contenu du débat plutôt que sur ses problèmes d’organisation.
« Vous essayez de dire que le sujet, c’est moi, a-t-il dit. Mais je suggère que le sujet, c’est la position de M. Harper. »
Par leur motion, les libéraux voulaient obliger le gouvernement Harper à inclure « tout l’éventail des options de planification familiale » dans son initiative en matière de santé maternelle et infantile dans les pays pauvres.
Si le texte ne mentionnait pas précisément l’avortement, les membres du caucus pro-vie du Parlement canadien – dont plusieurs députés libéraux – craignaient que la motion ne relance ce débat délicat au Canada.
Bien qu’ils aient promis de poursuivre la lutte sur cet enjeu, les libéraux se sont tout de même abstenus d’aborder le sujet durant la période des questions, hier.
Le chef est par ailleurs resté vague sur les sanctions auxquelles s’exposent les trois députés qui n’ont pas suivi la ligne du parti alors qu’ils étaient obligés de le faire pour un tel vote. « On discute de cela avec le whip et nous allons régler ça de façon interne », a insisté M. Ignatieff.
Les adversaires des libéraux s’en sont pour leur part donné à coeur joie pour tourner l’organisation du parti en ridicule et pour remettre en question le leadership de M. Ignatieff.
« Je n’ai jamais rien vu comme ce que j’ai vu hier soir », s’est exclamé le chef adjoint du Nouveau Parti démocr atique , Thoma s Mulcair, qui compte plusieurs années d’expérience à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes. Le député d’Outremont est d’avis que le leader libéral aura peine à se relever d’un tel affront de ses propres rangs. « C’est une vraie claque sur la gueule qu’il a subie hier soir. »

Ignatieff à peine mieux que Dion  -  VINCENT MARISSAL
Près d’un Québécois sur deux souhaite un changement de gouvernement à Ottawa ; à peine un quart d’entre eux pensent que Stephen Harper est le chef le mieux placé pour occuper le poste de premier ministre; le taux de satisfaction envers le gouvernement conservateur est toujours en dessous de la barre des 50%.
Pourtant, les conservateurs remontent légèrement dans les intentions de vote et les libéraux perdent des appuis.
Conclusion : les Québécois n’a i ment pas beaucoup Stephen Harper, mais ils aiment encore moins les élections. Et ils ne voient pas en Michael Ignatieff une solution de rechange acceptable.
Le changement de ton de Michael Ignatieff, qui a annoncé à la fin de l’été qu’il entendait défaire les conservateurs à la première occasion, n’aura pas été payant pour les libéraux. Au contraire.
Moins d’un an après les dernières élections, et au moment où l’économie prend du mieux, il semble que les Québécois puissent encore vivre avec Stephen Harper.
À la question « Lequel des chefs politiques ferait le meilleur premier ministre ? », M. Harper a gagné cinq points depuis le mois dernier et neuf points depuis juin. Michael Ignatieff est toujours premier à cet te question, mais il a toutefois perdu sept points en un mois (de 35% à 28%), alors que ce devait être sa rentrée et la fin du gouvernement Harper, claironnaient les libéraux en juin.
De toute évidence, l’événement de la pré-rentrée, la fameuse vidéo de Stephen Harper à Sault-Sainte-Marie, n’a pas nui aux conservateurs. Au contraire, on dirait bien que les Québécoi s aiment mieux un Stephen Harper f r ondeur qu’un Stephen Harper conciliant.
Autre « vic t oi re » ( sur papier, en tout cas) du chef conservateu r : une for te majorité de Québécois (68% cont re 25 %) souha itent maintenant l’élection d’un gouvernement majoritaire à Ottawa aux prochaines élections.
Michael Ignatieff aurait-il raté sa fenêtre en ne faisant pas tomber le gouvernement le printemps dernier ? Peutêtre, mais la question pour les libéraux est maintenant de savoir s’ils doivent continuer de jouer le tout pour le tout ou s’ils ne devraient pas plutôt se replier dans l’espoir de se relancer.
Les récents sondages au Canada donnent une nette avance aux conservateurs et, au Québec, on constate maintenant l’essouff lement du phénomène Ignatief f . La querelle autour d’Outremont, suivie de la démission de Denis Coderre de son poste de lieutenant, n’aidera certainement pas les libéraux au Québec.
À 26%, les libéraux de Michael Ignatieff ne sont pas loin des 24% obtenus par Stéphane Dion l’an dernier.
À 21%, les conservateurs se rapprochent aussi de leur score du scrutin d’octobre 2008 mais, dans leur cas, c’est grâce à une remontée de quatre points en un mois et de huit points depuis juin.
Les l ibéraux ont perdu beaucoup d’intentions de vote chez les francophones : huit points de moins en deux mois (de 30 à 22%). Situation inverse chez les conservateurs, qui prennent huit points dans la même période (de 12 à 20%). Le Bloc québécois aussi prend des forces : un gain de trois points en général et de quatre chez les francophones depuis un mois.
Les conservateurs pourraient donc garder leurs sièges au Québec et en prendre ailleurs, surtout en Ontario.
Dans les circonstances, M. Harper n’aura peut-être pas envie d’être « sauvé » encore longtemps par Jack Layton.

LE PLC PERD DES PLUMES AU QUÉBEC  -  Joël-Denis Bellavance
Déjà amorcée en août, la glissade du Parti libéral du Canada au Québec se confirme. Avant même le dénouement fracassant de la saga CoderreCauchon, les troupes libérales ont dégringolé dans les intentions de votes des Québécois. Leur chef, Michael Ignatief
OTTAWA — Le Parti libéral perd des plumes au Québec et les espoirs du chef Michael Ignatieff d’y faire des gains importants aux prochaines élections sont compromis.
La Presse Le score du PLC dans ce sondage CROP/ est le pire obtenu par les libéraux au Québec depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti.
Le chef libéral suscite ainsi beaucoup moins d’enthousiasme que lorsqu’il est arrivé à la tête du parti, il y a 10 mois. Les attaques soutenues du Bloc québécois et du Parti conservateur contre Michael Ignatieff, la bisbille entre Martin Cauchon et Denis Coderre et l’effacement du chef libéral durant l’été ont eu une influence sur les opinions des Québécois.
Résultat: le Parti libéral n’obtiendrait que 26% des voix au Québec si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, révèle un sondage CROP-La Presse réalisé auprès de 1000 personnes, du 17 au 27 septembre derniers. Ce résultat est essentiellement le même que celui de Stéphane Dion aux dernières élections (24%).
I l représente aussi une baisse de quatre points de pourcentage par rapport au sondage réalisé en août (30%) et de neuf points comparativement à celui du mois de juin (35%). Ce score est aussi le pire obtenu par les libéraux au Québec depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti, en décembre dernier.
Toutefois, le sondage ne tient pas compte des retombées de la démission fracassante de Denis Coderre de son poste de lieutenant politique au Québec et de ses critiques selon lesquelles la garde rapprochée de M. Ignatieff de Toronto essaie de diriger l’aile québécoise du PLC.
À l’avantage du PCC
Le Pa r t i conser vateur du Canada t i re avantage des ennuis des libéraux au Québec. En effet, les troupes de Stephen Harper obtiendraient 21% des voix si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, une hausse de quatre points de pourcentage en un mois et une augmentation de huit points depuis juin. Aux dernières élections, les conservateurs avaient récolté 22% des suffrages et réussi à remporter 10 sièges.
Pour sa part, le Bloc québécois se maintient en tête avec 33% des intentions de vote, soit trois points de plus qu’en août. Le NPD voit quant à lui ses appuis passer de 18% en août à seulement 13% en septembre.
Case départ
Selon Maïalène Wilkins, direc t rice des projets de CROP, le Parti libéral est revenu à la case départ au Québec. « Le Parti libéral se retrouve avec un score similaire à celui qu’avait obtenu M. Dion l’année dernière. M. Ignatieff a connu son sommet en avril quand il a prononcé une série de discours au Québec et qu’il a démontré une certaine ouverture. Les gens étaient à l’époque un peu sous le charme. Mais depuis les appuis sont en baisse », at-elle ajouté.
Pour le Parti libéral, malgré le dépôt de la motion de censure, des élections sont loin d’être souhaitables. « Les libéraux tablaient sur des gains au Québec, mais ce serait le statu quo pour eux en ce moment. Et c’est certain que les événements des derniers jours ne viendront pas aider leur cause. »
Mince consolation, de tous les chefs fédéralistes, Michael Ignatieff est perçu par le plus grand nombre de Québécois comme le plus apte à occuper le poste de premier ministre. Mais encore là, sa cote est en forte baisse. Le chef libéral obtient un score de 28% en septembre, alors qu’il récoltait 35% en août et en juin, 39% en mai et 45% en avril.
Pour sa part, la cote de Stephen Harper remonte un peu : 23% des Québécois croient qu’il ferait le meilleur premier ministre, alors qu’ils étaient seulement 18% en août et 14% en juin. Le chef du NPD, Jack Layton, se maintient bien à ce chapitre puisque 23% des Québécois le désignent comme le meilleur premier ministre.
« C’est une véritable dégringolade pour les libéraux et Michael Ignatieff depuis juin. Il a bénéficié d’un capital de sympathie, mais il n’a pas réussi à en profiter », a noté Mme Wilkins.
À l’instar de ses appuis au Québec, le gouvernement Harper a vu augmenter quelque peu le taux de satisfaction des Québécois à son endroit au cours du dernier mois. Ainsi, 40% des Québécois interrogés se disent très ou plutôt satisfaits de sa performance, une hausse de trois points par rapport au mois d’août. Il s’agit de son meilleur score en 12 mois. À l’inverse, 55% des répondants se disent très ou plutôt insatisfaits – une baisse de six points – et 4% disent n’avoir pas d’opinion sur cette question.
Ce sondage comporte une marge d’erreur de plus ou moins trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Après la tempête, les libéraux serrent les rangs  -  Malorie Beauchemin & Catherine Handfield
Devant 150 libéraux fédéraux réunis à Laval,
OTTAWA — Au lendemain de la démission fracassante de Denis Coderre du poste de lieutenant deMichael Ignatieff au Québec, les libéraux ont tenté de démontrer leur unité tandis que leurs rivaux se sont délectés de cette bisbille.
De pa s s a ge à L ava l , M. Ignatieff a prononcé un « discours rassembleur », hier soir, devant 150 militants libéraux réunis à un cocktail de financement. Le chef libéral a remplacé à la dernière minute Denis Coderre, qui devait d’abord présider l’événement, mais qui brillait par son absence, hier soir.
« Le discours de M. Ignatieff rappelait aux libéraux présents qu’ils sont ensemble parce qu’ils ont des valeurs libérales communes, qui sont celles des Canadiens et des Québécois », a dit Raymonde Folco, députée libérale de Laval– Les Îles.
Avant son al locut ion à laquelle les médias n’étaient pas conviés, M. Ignatieff a tenu à répondre aux critiques formulées par Denis Coderre quant au pouvoir de ses conseillers torontois au Québec.
« Les questions d’organisation et de candidatures qui étaient soulevées dans l es dernière s s emaine s étaient soulevées au Québec par des Québécois, a dit M. Ignatieff. Et ces questions vont être réglées au Québec par des Québécois sous mon leadership. Point à la ligne. »
Rappelons que, lundi, froissé par la décision de M. Ignatieff de permettre à l’ancien ministre de la Justice Martin Cauchon d’être candidat dans la circonscription d’Outremont, alors que M. Coderre lui avait préféré la femme d’affaires Nathalie Le Prohon, le lieutenant politique a claqué la porte.
M. Coderre a déploré que les décisions concernant le Québec soient prises « à Toronto » par la « garde rapprochée » de M. Ignatieff. Cinq organisateurs politiques ont suivi l’exemple de M. Coderre et ont remis leur démission le même jour.
Du bout des lèvres, Michael Ignatieff a admis avoir traversé une période difficile. « Ça n’a pas été la semaine la plus facile de ma vie, a-t-il dit. Mais sincèrement, je préfère aimer les problèmes que j’ai. Un chef de parti a toujours des problèmes. Et nous allons tous les résoudre un part un. »
Des députés à la rescousse
Également dési reux de calmer le jeu, des députés du Québec sont venus parler aux médias à l’issue de la période des questions, hier.
« On a perdu M. Coderre, c’est dommage, a dit le président des députés du Québec, Marc Garneau, député de Westmount – Ville-Ma r ie. Malheureusement, il s’est laissé emporter par ses émotions, mais la réalité, c’est que le parti a fait beaucoup de progrès au Québec et au pays.
Michael Ignatieff livre un « discours rassembleur »
Notre membership a augmenté, nos coffres sont plus remplis et on est prêts. »
Réunis à Laval, des libéraux ontminimisé hier la démission deDenisCoderre de son poste de lieutenant québécois. Cette photo a été prise lundi, lors de la conférence de presse oùM. Coderre a dénoncé la « garde rapprochée du chef à Toronto ».
« Il ne faut pas exagérer sur la question de l’unité à l’intérieur du Parti libéral parce qu’elle est là, l’unité », a-t-il ajouté. Selon lui, les incidents de la veille sont imputables à l’« ego blessé » de M. Coderre.
« Ce n’est pas Toronto qui prend des décisions par rapport au Québec. On a toute une équipe extraordinaire au Québec de personnes qui non seulement connaissent très bien le Québec, mais qui sont aussi capables de conseiller le chef, dont JeanMarc Fournier et Marc-André Blanchard », a dit la députée libérale de Brossard-La Prairie, Alexandra Mendès.
Les adversaires misent sur la dissension
Les adversaires des libéraux, eux, n’ont pas manqué de récupérer cette image de dissension à leur avantage.
« Ce que le député de Bourassa (M. Coderre) vient de découvrir au sujet de son chef, nous, conservateurs du Québec, nous le savons depuis fort longtemps. On ne peut pas faire confiance à un chef libéral, a estimé la députée conservatrice de BeauportLimoilou, Sylvie Boucher. Sa vision du Québec et du Canada est l’image de son propre reflet dans son miroir. Au diable « l’intérêt supérieur de la nation ». Ce qui est important pour le chef libéral, c’est de prendre le pouvoir. »
Les a rguments de M. Coderre servent aussi la cause du Bloc québécois, qui répète inlassablement que les conservateurs et les libéraux ont la même vision, notamment par rapport au Québec.
Lundi, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, avait affirmé que dans tous les partis pancanadiens, les Québécois « doivent se plier aux diktats du reste du Canada ». Hier, il en a rajouté : selon lui, la seule différence est que le Parti libéral est « dirigé de Toronto » et le Parti conservateur, « de Calgary. »
Absent du parlement hier, M. Coderre devrait aussi manquer la réunion hebdomadaire des députés du Parti libéral aujourd’hui. Reste à savoir s’il assistera dimanche au congrès de l’aile québécoise du PLC à Québec.


Un grand vide  -  ANDRÉ PRATTE
Le plus récent sondage CROP-La Presse révèle qu’aucun parti fédéral ne suscite d’enthousiasme au Québec. Si des élections avaient eu lieu ce mois-ci, 30% des Québécois auraient voté en faveur du Bloc québécois, 30% en faveur du Parti libéral, 18% pour le N PD, 17% pour les conservateurs et 6% pour les verts. On le voit, le vote des Québécois est très dispersé.
Le Bloc reste bien sûr solidement i mpla nté da ns la plupart des régions de la province. Toutefois, on ne sent plus l’engouement d’antan. L’appui au Bloc ne dépasse pas l’appui à la souveraineté, qui est au plus bas.
Cela dit, aucun parti fédéraliste n’est en mesure de profiter de cet essoufflement relatif du parti de Gilles Duceppe. On a l’impression que les Québécois sont en attente d’un nouvelle vision du pays à laquelle ils pourraient adhérer. Pour l’instant, malheureusement, rien n’indique que leurs voeux seront comblés.

Le Parti libéral du Canada perd des appuis au Québec  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Le Parti libéral du Canada a perdu des plumes au Québec au profit du Parti conservateur au cours de l’été. Il se trouve maintenant à égalité avec le Bloc québécois dans les intentions de vote.
Le sondage CROP-La Presse mené dans la province auprès de 1003 répondants entre le 13 et le 23 août derniers accorde 30 % des intentions de vote au PLC, et le même pourcentage au Bloc. Lors du dernier coup de sonde de CROP, du 11 au 18 juin, le parti de Michael Ignatieff récoltait 35 % des intentions de vote. Celui de Gilles Duceppe est resté relativement stable : il avait récolté 31 % des appuis.
Le NPD est lui aussi resté à peu près au même point à 18 % des intentions de vote, par rapport à 17 % au début de l’été.
Les conservateurs ont quant à eux légèrement progressé : si des élections avaient eu lieu le 23 août, 17 % des Québécois auraient voté pour eux, une augmentation de quatre points depuis la mi-juin.
Mauvais augure
Claude Gauthier, vice-président de la maison CROP, croit que ces résultats ne sont pas de bon augure pour le Parti libéral, au moment où ses stratèges contemplent très sérieusement la possibilité de déclencher des élections. « À l’heure actuelle, je ne vois pas comment le PLC pourrait aller chercher beaucoup plus que les 14 circonscriptions qu’il détient présentement au Québec. En juin 20 0 4 , avec 34 % des votes dans la province, Paul Martin avait remporté 21 sièges. On est loin de cela encore… »
Dans la région de Québec, le Bloc québécois a repris la position de tête (30 %), qu’il avait momentanément perdue aux mains du Parti libéral au mois de mai. Cette fois, le PC et le PLC sont pratiquement ex æquo, à respectivement 23 % et 24 % des intentions de vote.
Pa r a illeu rs, le tau x de satisfaction à l’égard du gouvernement est resté le même depuis les dernières élections générales : 61 % des Québécois en sont insatisfaits.
Le sondage CROP-La Presse a été mené pa r téléphone auprès de 1003 personnes. La marge d’erreur est de 3 points, 19 fois sur 20. À noter que la marge d’erreur pour les échantillons régionau x , com me celui de la région de Québec, est supérieure.

Un mois crucial pour Ignatieff  -  VINCENT MARISSAL
Au printemps dernier, les libéraux fédéraux redoutaient la grosse machine conservatrice, en particulier une salve prévisible de publicités négatives visant à miner la crédibilité de leur chef, Michael Ignatieff.
Dès 2007, les conservateurs, inspirés par leurs cousins républicains des États-Unis, avaient orchestré de main de maître une opération «bing-bang-rentre-dedans» dévastatrice contre Stéphane «not a leader» Dion.
Tous les bons st ratèges s ’entendent là-dessus : en politique, un chef doit définir et projeter lui-même l’image qu’il souhaite imprimer dans l’électorat, faute de quoi ses détracteurs se chargeront de lui arranger le portrait. Et comme les caricatures impressionnent toujours plus qu’une photo réelle, malheur aux leaders qui tombent dans la trappe des publicités négatives.
Les libéraux avaient raison de craindre pour l’image de leur chef. Curieusement, toutefois, les dommages n’ont pas été infligés par les conservateurs, mais bien par Michael Ignatieff lui-même, qui a disparu de l’écran radar politique depuis de longues semaines. Du coup, une impression (et en politique, l’impression devient souvent la réalité) de nonchalance et de laxisme s’est imprégnée chez tous les commentateurs et chez plusieurs libéraux.
Cette impression est-elle en train de se répandre dans la population canadienne ? Les sondages des derniers jours laissent en tout cas croire que M. Ignatieff a perdu des plumes cet été, tant dans les intentions de vote que dans sa cote de crédibilité face à Stephen Harper.
Après avoir écrit, la semaine dernière, que M. Ignatieff avait manqué une belle occasion de se faire voir au cours des dernières semaines, j’ai reçu de nombreux courriels de militants libéraux inquiets devant le manque de substance de leur parti. L’image de la coquille vide revient souvent.
Vrai, les électeurs sont plus distraits l’été. Vrai, les gouvernements montent souvent da ns les sondages du ra nt la période estivale (du fait, notamment, qu’ils ne font généralement rien !). Vrai, aussi, il est toujours difficile pour le chef de l’opposition d’attirer l’attention.
Cela dit, aucun sondage ne place en ce moment les libéraux dans une position de victoire garantie. Même pas minoritaires. Les plus généreux de ces sondages n’accordent même pas 35 % aux libéraux. Or, la dernière fois que les libéraux ont gagné les élections (le gouvernement minoritaire de Paul Martin, en 2004), c’était avec plus de 36%.
La confiance de certains organisateurs libéraux, surtout ceux qui rêvent de rafler 30 sièges au Québec (16 de plus qu’en ce moment) repose bien plus sur un excès d’optimisme que sur des probabilités statistiques raisonnables.
Autre don née de 20 0 4 : les libéraux de Paul Martin avaient remporté 21 sièges au Québec avec 34% des voix. Les coups de sonde récents les placent tous en deçà de ce score.
O n peut bien d i re pa r ailleurs que Michael Ignatieff aurait perdu son temps en faisant campagne cet été, le fait est qu’il n’avait pas vraiment le choix. S’il envisage encore de renverser le gouvernement à la fin de septembre, le chef libéral n’a plus qu’un mois devant lui. Et même pas tout à fait puisqu’il sera parti en Chine quatre jours au début du mois.
Pour espérer sauver la mise au prochain scrutin, Michael Ignatieff devra donc livrer une rude bataille sans commettre de faute grave. Voilà justement l’inconnue : le nouveau chef libéral n’a jamais été mis à l’épreuve dans une campagne électorale. Règle générale, les gens ont plutôt un préjugé favorable pour le bonhomme, mais le contact reste superficiel puisque M. Ignatieff a du mal à toucher les cordes sensibles des électeurs.
Par ailleurs, ceux qui l’ont obser vé depu is quelques mois savent qu’il n’est pas un bagarreur à la Jean Chrétien et qu’il n’a ni les réflexes ni la constitution de cet increvable voyageur.
Les libéraux ne sont certainement pas là où ils rêvaient d’être il y a quelques mois, mais en politique comme au baseball, pardonnez le cliché, ce n’est pas fini tant que ce n’est pas terminé.
La disparité dans les résultats des sondages récents indique une certaine confusion au sein de l’électorat.
Les l ib é r au x n ’o n t pa s ouvert leur jeu encore, mais les conservateurs, au pouvoir depuis près de quatre ans, devront défendre leur bilan. Au passif : un déficit record de plus de 50 milliards, une politique étrangère en rade, un net recul en matière d’environnement et quelques dossiers épineux comme celui de la pénurie d’isotopes médicaux.
Les partis de l’opposition aux Communes ont tenté de marquer des points la semaine der n ière en dénonça nt le manque de préparation du gouvernement pour contrer une éventuelle résurgence de la grippe A (H1N1). Ils remettront ça cette semaine en étudiant la politique du gouvernement Harper à l’égard des ressortissants canadiens coincés à l’étranger.
Justement, on a appris hier que le gouvernement contestera en Cour suprême l’obligation de rapatrier Omar Khadr de Guantánamo.
Le jour même où des révélations embarrassantes sur les méthodes de la CIA refont surface. Et le même jour où les États-Unis décident de libérer et de renvoyer en Afghanistan un jeune prisonnier de Guantánamo dont l’âge et l’histoire rappellent Omar Khadr.



L’enjeu  -  ANDRÉ PRATTE
Les libéraux de Michael Ignat ief f sont apparemment déterminés à défaire le gouvernement Harper en Chambre à la première occasion, ce qui forcerait la tenue d’élections générales le 9 novembre prochain. Pendant la durée normale d’un mandat gouvernemental, cinq ans, les Canadiens auront donc été appelés aux urnes quatre fois. Les électeurs ne sont pas dupes: la décision des partis de l’opposition de provoquer des élections l’automne prochain est fondée uniquement sur des considérations tactiques. Le cynisme populaire à l’endroit des politiciens risque d’augmenter encore, de sorte que le taux de participation pourrait être plus faible que le 58,8% de l’an dernier.
Il est compréhensible mais triste que la population réagisse ainsi. S’il peut être agaçant d’être plongé en campagne électorale à intervalles rapprochés, on doit admettre qu’entre l’excès de démocratie et l’absence de démocratie, le premier est de loin préférable.
Quel sera l’enjeu de la campagne de 2009? La crise économique? Le Canada s’en est relativement bien tiré; le gouvernement conservateur ne peut pas s’en attribuer le mérite, mais l’oppositon ne peut pas non plus l’accuser d’être responsable de la récession mondiale. D’autant que les recettes que proposent les formations rivales ne sont pas très différentes de celle qu’a finalement cuisinée le ministre des Finances.
La réforme de l’assurance emploi? Si des changements sont en effet nécessaires, cette question seule ne justifie pas le déclenchement d’élections générales. Les isotopes médicaux? L’Afghanistan? Non plus.
Alors quoi? Le choix des Canadiens portera peut-être sur le style du gouvernement qu’ils souhaitent. Les conservateurs de Stephen Harper se sont révélés excessivement partisans et prisonniers de leurs préjugés idéologiques. Ils n’ont maté ces réflexes que lorsque forcés par leur statut minoritaire. Le chef libéral, Michael Ignatieff, avait raison lorsqu’il a déclaré, en juin dernier: «Notre pays a besoin d’un premier ministre capable de nous unir, pas de nous diviser.»
Au Québec, cette campagne électorale revêtira une couleur particulière. M. Harper s’est aliéné une forte majorité de Québécois. Ils le lui ont fait savoir l’automne dernier en votant en grand nombre, encore une fois, pour le Bloc québécois. Ce vote de protestation n’a toutefois pas empêché la réélection des conservateurs. Si les Québécois souhaitent que le Canada soit gouverné par un parti plus proche de leurs valeurs, comment doivent-ils s’y prendre?
Les sondages montrent que plusieurs électeurs de la province envisagent de voter libéral. Cependant, on sent une hésitation: qui est M. Ignatieff? Les libéraux ont-ils vraiment changé? Quelle politique proposent-ils?
S’ i l veut r egagne r la confiance des Québécois, le Parti libéral du Canada a encore beaucoup de pain sur la planche.


Des élections, mais sur quoi?  -  VINCENT MARISSAL
Fin 2006, dans les derniers jours d’une très l ong u e pé r i o d e d e réflexion, Barack Obama avait demandé de but en blanc à un conseiller: « O. K., à supposer que je plonge, comment gagne-t-on l’Iowa ? »
« Tu vas devoir y passer beaucoup, beaucoup de temps pour communiquer avec les électeurs. Tu vas devoir créer des liens. Michelle aussi devra passer du temps en Iowa et tu auras besoin d’une forte organisation », lui avait répondu du tac au tac Steve Hildebrand, son principal organisateur en Iowa(1).
En résumé: il va falloir travailler !
Malgré une certaine notoriété et un capital de sympathie évident, Barack Obama ne pouvait surfer sur la vague et espérer remporter le caucus de l’Iowa sans y mettre énormément d’efforts. Ce qu’il fit, d’ailleurs, ouvrant ainsi la voie vers l’investiture démocrate, 18 mois plus tard, et la présidence, deux ans plus tard.
N’importe quel stratège le moindrement allumé aurait donné le même conseil à Michael Ignatieff, en juin, à la fin de la dernière session parlementaire : présence, visibilité, organisation, tournées, poignées de mains, rencontres de stratégie, financement… Travail, travail, travail.
Michael Ignatieff a plutôt choisi de passer un été pépère, misant apparemment sur un inéluctable effondrement des conservateurs. Les libéraux ont bien du mal à se guérir du syndrome du natural governing party, eux qui croient que le pouvoir leur revient toujours, comme une pièce de fer attirée par un aimant.
Pourtant , les sondages démontrent que les conservateurs ont autant de chances de gagner les prochaines élections que les libéraux. Ils accordent aussi une meilleure cote à M. Harper.
Non seulement on ne l’a pas vu beaucoup au Canada dans les dernières semaines, mais Michael Ignatieff a décidé de faire sa rentrée… en Chine, où il séjournera au début du mois de septembre.
Le chef libéral sera bien au Québec cette semaine ( jeudi dans Brome-Missisquoi et vendredi dans ComptonStanstead), mais il ne lui reste plus beaucoup de temps pour se faire voir avant le déclenchement plausible des élections, à la fin de septembre.
Lorsque les libéraux ont quitté la colline, en juin, ils affirmaient déjà que le gouvernement Harper ne survivrait pas jusqu’à Noël. M. Ignatieff ne lui avait accordé un sursis que pour éviter des élections en juillet, disaient-ils.
Que les libéraux se préparent à des élections en novembre n’a donc rien de surprenant. Michael Ignatieff n’a plus vraiment le choix: s’il laisse les conservateurs survivre encore une fois après avoir obtenu si peu au printemps dernier, il risque la « dionisation ».
Des élections, donc, mais sur quoi? Quel enjeu?
Sur l’usure du gouvernement? Sur le désir de changement? Franchement, on ne sent ni l’un ni l’autre dans les sondages.
Sur l’économie ? Mauvais timing: tous les indicateurs tournent au vert.
Sur une réforme de l’assurance emploi, qui uniformiserait, notamment, la règle des 360 heures travaillées (pour se qualifier) dans tout le pays ?
Mauvais cheval. D’abord, un tel changement est loin de faire l’unanimité dans la population – plusieurs électeurs y voient même un recul.
Autre problème : le gouvernement Harper s’apprête à débloquer des centaines de millions de dollars pour des chantiers dans le cadre de son programme de stimulation économique (le tout assorti d’une grande campagne publicitaire).
Ottawa et Québec se sont notamment entendus sur certains projets dans les derniers jours, et des annonces (avec lourde présence ministérielle) auront lieu en août et en septembre. Certaines sources indiquent que le gouvernement Harper a mis de la pression sur Québec récemment pour débloquer les projets communs.
Penda nt que Stephen Harper annoncera des jobs à coup de centaines de millions de dollars, Michael Ignatieff mènera la lutte pour ouvrir les vannes de l’assurance emploi. Avantage Harper.
Par ailleurs, les dossiers d’Omar Khadr, de la grippe A ( H1N1) ou des isotopes médicaux ne sont certainement pas à l’avantage du gouvernement mais, devant le peu de réaction des Canadiens, il est pour le moins douteux que les libéraux réussissent à les transformer en enjeu électoral majeur.
Le calendrier favorise aussi Stephen Harper, qui se « sauvera » de la première semaine aux Communes pour rendre visite à Barack Obama à Washington le 16 septembre. La semaine suivante, il sera à Pittsburgh pour une rencontre du G-20 aux côtés des grands de ce monde.
Si la question du « sur quoi » faire campagne n’est pas évidente pour les libéraux, celle du « avec qui » l’est encore moins.
Pour le moment, on ne peut pas dire que l’effet Ignatieff se soit traduit par une bousculade de candidats aux portillons libéraux. Les deux « gros » noms qui circulent pour le moment sont ceux de Jean Leclerc à Québec (des biscuits Leclerc) et de Martin Cauchon, qui voudrait revenir dans Outremont.
Les libéraux bombent le torse en ce moment, mais il ne leur reste pas beaucoup de temps pour s’organiser, pour recruter, pour élaborer de grandes stratégies et pour mieux faire connaître leur chef.
Dans les circonstances, la décision de défaire le gouvernement, fin septembre, repose en grande partie sur un coup de dé.
À moins que ce ne soit sur cette assurance, à la limite de l’arrogance, qui faisait dire à Michael Ignatieff, en mai : « Je vais devenir premier ministre de ce pays, aussi certain que je suis assis ici devant vous, et je vais hériter du plus gros déficit de l’histoire du Canada. »


Le PC talonne le PLC  -  Martin Croteau
SONDAGE NANOS- LA PRESSE
L’écart se resserre entre le Parti libéral et le Parti conservateur dans les intentions de vote. Les troupes de Michael Ignatieff continuent d’obtenir la faveur d’une majorité de Canadiens, mais leur avance n’est plus que de deux points.
Le dernier sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse révèle que, si des élections avaient lieu aujourd’hui, le PLC obtiendrait 33,8% des suffrages, les conservateurs 31,3% et le NPD, 18,7%.
Stephen Harper continue d’être perçu comme le chef le plus apte à diriger le pays : 29,5% des répondants considèrent qu’il ferait le meilleur premier ministre, alors que 26,2% préfèrent Michael Ignatieff.
Le Bloc québécois domine toujours les intentions de vote au Québec, mais ses appuis ont fondu légèrement pour se chiffrer à 35,8%. La formation de Gilles Duceppe a désormais le PLC en plein dans son rétroviseur (34,1%).
« Libéraux et conservateurs restent pris dans une course très serrée à l’échelle nationale, mais le pays est caractérisé par une série de courses régionales différentes, explique Nik Nanos, président de la firme de sondage. Les conservateurs restent forts dans l’Ouest tandis que les libéraux obtiennent de bons scores dans les Maritimes, au Québec et en Ontario. »
L’économie préoccupe moins
Le sondage a été mené du 30 juillet au 2 août, soit une semaine après que le gouverneur de la Banque centrale du Canada, Mark Carney, eut annoncé la fin de la récession. Mais c’était avant que Statistique Canada révèle la perte de 45 000 emplois au pays.
Si les intentions de vote restent stables par rapport à sa dernière enquête, réalisée il y a deux mois, le sondeur perçoit un changement dans les préoccupations des Canadiens. L’économie et l’emploi restent le principal enjeu électoral, mais dans une proportion de 30,5%, soit 5,4 points de moins qu’au dernier sondage. En revanche, les électeurs sont de plus en plus préoccupés par la santé (26,9%).
Selon Nik Nanos, le lent retour à la normale de l’économie devrait changer la donne électorale, car la santé et l’environnement devraient retrouver leur place au coeur des débats. « Cela pourrait avoir un impact significatif sur les discours politiques durant la prochaine campagne électorale », estime-t-il.
Le sondage a été mené auprès de 1002 Canadiens. Il comporte une marge d’erreur de 3,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20. La marge d’erreur est plus élevée au Québec (6,7%).




Michael Ignatieff en baisse dans les sondages La lune de miel est terminée

Même si la cote du chef recule, la popularité du PLC au Québec continue d’avancer en dents de scie.
— Michael Ignatieff ne pourra faire l’économie d’efforts et d’une stratégie précise pour séduire les Québécois. L’engouement pour le chef libéral paraît s’essouffler. On est loin de la lune de miel du mois d’avril où 45% des Québécois estimaient qu’il ferait le meilleur premier ministre du Canada.
Selon le plus récent sondage CROP réalisé du 11 au 18 juin, 35% des gens jugent que le chef libéral serait le meilleur premier ministre, une seconde baisse, de quatre points de pourcentage, en autant de mois où le Bloc québécois a multiplié les attaques contre le chef libéral. L’enquête se déroulait pendant la partie de bras de fer entre MM. Harper et Ignatieff autour de possibles élections estivales. Les déboires de la ministre Lisa Raitt et la crise du réacteur de Chalk River ajoutaient à l’ambiance générale.
Stephen Harper ne devrait pas se réjouir de ce refroidissement. Seulement 14% des gens voient le conservateur dans les souliers d’un premier ministre, même s’il les chausse déjà. M. Harper perd un point de pourcentage par rapport au mois de mai; sa popularité a diminué de moitié depuis le départ de Stéphane Dion du PLQ.
Le néo-démocrate Jack Layton ferait l’affaire pour un Québécois sur quatre: 24% voient en lui le meilleur premier ministre.
Pour Maïalène Wilkins, analyste de CROP, le message est clair pour M. Ignatieff. Il ne peut espérer surfer sur la nouveauté pour obtenir l’appui des Québécois. « Il devra aller plus loin, être plus précis sur ce qu’il propose auQuébec », estime Mme Wilkins.
Même si la cote du chef recule, la popularité du PLC au Québec continue d’avancer en dents de scie. C’était une pointe en juin: 35% des Québécois disaient vouloir voter libéral, trois points de pourcentage de plus qu’en mai. Inversement, le Bloc a perdu cinq points durant cette période, passant de 36 à 31%. Les libéraux étaient quatre points derrière en mai, ils sont quatre points en haut en juin. Depuis le début de l’année, libéraux et bloquistes s’échangent la première place.
Mais, de sondage en sondage, une lecture demeure inchangée. Les carottes sont cuites pour les conservateurs québécois. Ils étaient à 13% en juin, après deux mois à 15%. Depuis le départ de Stéphane Dion, ils n’ont jamais dépassé 18% d’appuis, eux qui avaient récolté 22% aux élections d’octobre 2008.
Le NPD fait un bond surprenant de cinq points, à 17% dans ce sondage. Chez les francophones, le Bloc mène avec 36% des intentions de vote, suivi des libéraux six points derrière. Le NPD devance nettement les conservateurs à 17% contre 12%.
La satisfaction à l’endroit du gouvernement Harper s’est un peu améliorée, mais reste bien inquiétante pour les conservateurs québécois. Désormais 62% desQuébécois sont mécontents du gouvernement – 3% de moins qu’en mai. Une personne sur trois (34%) est satisfaite, 2% de plus que le mois précédent. En août 2008, à deuxmois des élections, 52% des Québécois étaient satisfaits du gouvernement, contre 42% de mécontents.


Les libéraux s’essoufflent
Les troupes d’Ignatieff mènent toujours, mais leur avance diminue
— Le Parti libéral détient toujours une avance sur le Parti conservateur dans les intentions de vote, mais les troupes de Michael Ignatieff semblent avoir perdu leur élan des derniers mois après avoir brandi la menace de provoquer des élections estivales la semaine dernière.

C’est du moins ce que suggère le dernier sondage réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse. Ce sondage a été mené du 17 au 21 juin, soit après que le chef libéral Michael Ignatieff eut menacé de renverser le gouvernement minoritaire de Stephen Harper aux Communes s’il ne se pliait pas à quatre conditions.
Si des élections avaient eu lieu aujourd’hui, le Parti libéral aurait obtenu 36,3% des votes – une chute d’un point de pourcentage par rapport au mois précédent – alors que le Parti conservateur en aurait récolté 32,2%, soit 0,4 point de pourcentage de plus qu’en mai. Le NPD aurait pour sa part recueilli l’appui de 16,8% des Canadiens, tandis que le Parti vert aurait obtenu 9,8% des voix.
Au Québec, le Bloc québécois a repris la tête dans les intentions de vote avec 38% comparativement à 35,4% au Parti libéral, à 14% au Parti conservateur et à 10,8% au NPD.
« Le dialogue entre Harper et Ignatieff a profité aux conservateurs en Ontario. Historiquement, les Ontariens sont davantage préoccupés par le ralentissement économique que les autres Canadiens. Mais l’attention qu’accorde Ignatieff à la question du programme d’assurance emploi a moins d’écho en Ontario que dans les autres régions, comme les provinces atlantiques ou le Québec », a souligné Nik Nanos, président de la firme qui porte son nom.
En Ontario, le Parti conservateur a vu ses appuis bondir de près de 10 points de pourcentage en un mois pour atteindre 42,4%, devançant ainsi le Parti libéral, qui obtient 40,9%. L’appui aux libéraux est demeuré stable dans la province la plus populeuse du pays, mais les troupes de Michael Ignatieff n’ont plus l’avance de 10 points qu’ils détenaient sur les conservateurs le mois dernier.
Étant donné que ses appuis sont concentrés dans la région de Toronto, le Parti libéral doit avoir une avance d’au moins cinq points dans les intentions de vote en Ontario pour remporter la majorité des 106 sièges que détient la province à la Chambre des communes. Le Parti conservateur a siphonné ses appuis principalement au NPD et au Parti vert en Ontario.
Michael Ignatieff avait menacé d’emboîter le pas au Bloc québécois et au NPD en votant contre les crédits budgétaires avant la fin de la session parlementaire si le gouvernement Harper ne répondait pas à ses demandes. Ce geste aurait provoqué des élections le 27 juillet.
Le chef libéral exigeait que le gouvernement conservateur dévoile avant les vacances estivales la réforme du programme d’assurance emploi qu’il envisageait; qu’il détaille les dépenses réalisées dans les projets d’infrastructures ; qu’il précise le plan d’Ottawa pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux et qu’il indique comment le gouvernement comptait rétablir l’équilibre budgétaire.
Après trois rencontres avec le premier ministre Harper, le chef libéral n’a obtenu que la création d’un comité bipartisan qui étudiera pendant l’été les réformes possibles du régime d’assurance emploi. Ce comité devra soumettre un rapport au plus tard le 28 septembre. Le Parti libéral a aussi obtenu une journée de l’opposition aux Communes deux jours après le dépôt de ce rapport. Les libéraux pourront donc profiter de cette journée pour déposer une motion de censure contre le gouvernement Harper et forcer la tenue d’élections fédérales le 9 novembre.
Cela dit, Stephen Harper doit tout de même profiter de l’été pour redorer son blason auprès des électeurs. En effet, les Canadiens sont plus susceptibles d’avoir une image négative du premier ministre que du chef libéral. Seulement 27% des Canadiens disent avoir une impression positive ou plutôt positive de M. Harper, alors que 41,9% soutiennent le contraire.
Dans le cas de Michael Ignatieff, près de la moitié des Canadiens ne savent que penser du chef libéral ou disent avoir une impression neutre de lui. Par contre, 27,8% des répondants ont une impression positive ou plutôt positive de M. Ignatieff, alors que 22,6% disent le contraire.
« Il est évident que les conservateurs doivent rebâtir l’image de Stephen Harper, en particulier au Québec. Mais les libéraux doivent pour leur part s’atteler à la tâche de définir qui est Michael Ignatieff. Beaucoup de gens ignorent qui il est », a noté Nik Nanos.
Ce sondage a été réalisé auprès de 1004 Canadiens. Il comporte une marge d’erreur de 3,1%, 19 fois sur 20. Toutefois, la marge d’erreur est plus élevée dans le cas des résultats régionaux (plus ou moins 6,2% au Québec ; plus ou moins 5,7% en Ontario).



Essor des Libéraux - La peau de l’ours - Lysianne Gagnon
Le PLC brûle de déclencher des élections. Mais il souffre, en quelque sorte, de son succès dans les sondages.
Bien qu’un sondage Ipsos-Reid indique que la cote du PLC est en hausse, Stephen Harper (photo) reste, dans l’ensemble du pays, un leader plus crédible que le chef libéral, par 43% contre 33%.
En Ontario, le PLC mène par une dizaine de points, mais c’est du Québec qu’est venu, récemment, la divine surprise: selon CROP, les libéraux devancent le Bloc québécois de six points (37 à 31), les conservateurs traînant de la patte avec un maigre 15% d’appuis. Et le niveau d’insatisfaction envers le gouvernement Harper a grimpé jusqu’à 61%, un taux inhabituellement élevé si peu de temps après une élection.
À partir de ces chiffres, L. Ian MacDonald de la Gazette estime que si des élections avaient eu lieu la semaine dernière, les libéraux auraient remporté 40 circonscriptions québécoises, le Bloc, seulement 30, et que le PC serait réduit à la portion congrue, avec cinq circonscriptions concentrées dans la région de Québec…
Mais si les libéraux enlèvent leurs lunettes roses, ils verront qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Primo, un sondage Ipsos-Reid indique que si la cote du PLC est en hausse, Stephen Harper reste, dans l’ensemble du pays, un leader plus crédible que le chef libéral, par 43% contre 33%. Il est vrai que M. Ignatieff est très peu connu du grand public. Gagnera-t-il, ou perdrat-il à être mieux connu?
Deuzio, même si M. Ignatieff se démène pour combler le fossé gigantesque qui sépare son parti de l’électorat de l’Ouest (jusqu’à se faire, avec quelques nuances, le champion de l’exploitation des sables bitumineux d’Alberta), le PLC reste un corps étranger dans la moitié ouest du pays.
Tertio, la partie est loin d’être gagnée pour les libéraux au Québec. L’expérience des dernières années montre que le Bloc, en définitive, réussit toujours à sauver sa mise. L’effet « nouveauté » qui joue actuellement en faveur de Michael Ignatieff pourrait s’émousser lorsque les nationalistes québécois constateront que le chef libéral est bien plus centralisateur que le laissait croire son appui rhétorique au concept de « nation », et ils reviendront en masse dans la serre chaude familière du Bloc. Or, la seule vraie victoire libérale au Québec serait non pas de supplanter les Tories comme premier parti fédéraliste, mais de devancer le Bloc – à tout le moins de lui tenir tête en lui faisant perdre un certain nombre de comtés.
Malgré ces inconnues, le PLC brûle de déclencher des élections. Mais il souffre, en quelque sorte, de son succès dans les sondages. Il faut être deux pour danser le tango, mais à la Chambre des communes, il faut être trois pour avoir des élections ou, plus précisément, pour renverser le gouvernement. Or, ni le NPD ni le Bloc n’y ont intérêt. Et plus l’étoile du PLC montera, moins ils y auront intérêt.
Le NPD voit ses appuis s’effriter au profit des libéraux. Des élections risqueraient de lui faire perdre un certain nombre de sièges. Le Bloc québécois, bien assis sur le quasi-monopole qu’il exerce sur le Québec, est en meilleure posture, mais il est plus vulnérable, face au PLC revigoré par l’arrivée de Michael Ignatieff, qu’il ne l’était face à Stéphane Dion.
Tout ce qu’il reste à faire au gouvernement Harper pour s’assurer la neutralité bienveillante des deux tiers partis, c’est de leur céder sur quelques points secondaires, histoire de permettre à leurs chefs de justifier leur appui au gouvernement. es libéraux de Michael Ignatieff flottent ces temps-ci sur un petit nuage rose : de toutes parts, les sondages annoncent que leur formation est en nette remontée ; la caisse du parti, qui était à sec sous le règne de Stéphane Dion, a commencé à se remplir; il y a une petite excitation autour du nouveau chef, qui est certainement une personnalité plus intéressante que la moyenne de la classe politique.


À part Denis Coderre? - ANDRÉ PRATTE
Les libéraux fédéraux du Québec ont eu peu d’occasions de se réjouir au cours des dernières années. On imagine leur bonheur à la lecture des résultats du plus récent sondage CROP– La Presse montrant que leur parti a devancé le Bloc québécois dans les intentions de vote.
S’agit-il d’un phénomène durable, d’un « retour à la normale », comme le soutenait hier notre collègue Alain Dubuc? Peut-être. Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres, d’un sondage aux élections générales.
Le sursaut du PLCrésulte d’abord de l’affaissement du Parti conservateur, phénomène irrémédiable en raison de l’entêtement idéologique du gouvernement Harper et de son incapacité à expliquer ses politiques aux Québécois. Le Bloc québécois aurait aussi perdu quelques plumes depuis les élections de l’automne, mais cela ne signifie pas grandchose. Gilles Duceppe a bien raison de dire: « Je ne commente pas les sondages, je gagne les élections. » On ne compte plus les sondages qui ont annoncé le déclin du parti souverainiste au cours des ans; la formation fondée par Lucien Bouchard a toujours su rebondir et triompher au fil d’arrivée.
Les assises du Bloc sont solides. Le parti s’appuie sur l’inébranlable foi des souverainistes. Ses racines au Québec sont profondes et étendues de sorte que les bloquistes perçoivent avec une grande acuité le pouls de l’électorat. Aucun autre parti fédéral ne peut en dire autant.
L’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du PLC a certes suscité sympathie et curiosité. Au Québec comme dans le reste du pays, M. Ignatieff doit maintenant passer de la séduction à la persuasion. Cela passe d’abord par sa capacité à convaincre les Canadiens que son parti sera en mesure de bien gouverner le pays dans les domaines de compétence fédérale, en particulier l’économie, l’environnement et les affaires étrangères.
Pour ce qui est plus spécifiquement du Québec, les libéraux ne rendront service ni au Canada ni à eux-mêmes en promettant ce que leur chef appelle avec raison « des bonbons ». Il leur faut plutôt développer une vision moderne, dynamique et cohérente du fédéralisme canadien et du rôle que les Québécois sont appelés à y jouer.
Les libéraux doivent enfin se doter d’une équipe québécoise forte. La petite députation québécoise du PLC n’a pas réussi à faire sa marque. Le lieutenant québécois de M. Ignatieff, Denis Coderre, est apprécié pour son inépuisable énergie et ses talents d’organisateur. Mais il a l’allure et le discours du politicien des années 50. Il reflète mieux ce que le Parti libéral du Canada a été que ce qu’il veut devenir.
L’extinction du feu de paille Harper au Québec est porteuse d’enseignements pour tout parti fédéral qui souhaite faire unepercée dans la province. Une telle percée ne réussira que si cette formation se dote d’une organisation québécoise autonome et enracinée dans tout le territoire. Il faut aussi une équipe de candidats de fort calibre, capable de faire le débat à armes égales avec la députation bloquiste.






De l’espoir, mais aussi des défis pour le PLC
L’organisation reste à rebâtir dans plusieurs régions du Québec
« Il faut prendre (les résultats des sondages) avec beaucoup d’humilité. Il faut s’assurer que cela se poursuive jusqu’au jour des élections. »
OTTAWA — Les libéraux se réjouissent de voir leurs appuis bondir dans les sondages au Québec depuis que Michael Ignatieff est à la barre du parti. Mais ils reconnaissent d’emblée qu’ils ont toujours un gros défi à relever: rebâtir l’organisation dans plusieurs régions de la province.
Après trois ans sur les banquettes de l’opposition, les libéraux croient qu’une victoire aux prochaines élections fédérales est plus que jamais possible. Toutefois, la différence entre une victoire et une autre défaite électorale dépendra de la qualité de l’organisation sur le terrain. Et la machine libérale a été décimée à l’extérieur de la grande région de Montréal dans la foulée du scandale des commandites, à partir de 2004.
L’objectif des troupes de Michael Ignatieff est d’arracher la victoire dans au moins 30 des 75 circonscriptions que compte le Québec à la Chambre des communes aux prochaines élections, soit environ le double de ce que les libéraux détiennent présentement (14 sièges).
« Nous sommes encore en mode reconstruction. Cela demeure un défi, mais ça va bon train. Le chef a donné son aval à une stratégie visant à livrer une dure bataille dans les 308 circonscriptions. Alors nous travaillons à mettre cela en oeuvre dans chacune des circonscriptions du Québec », a affirmé hier à La Presse Steven MacKinnon, ancien directeur national du Parti libéral qui préside le comité du renouveau du parti.
De bonnes nouvelles
Un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse, publié hier, révèle que le Parti libéral récolte 37% des intentions de vote au Québec, contre 31% au Bloc québécois, 15% au Parti conservateur et 12% au NPD. C’est la première fois en cinq ans que les libéraux devancent les troupes de Gilles Duceppe au Québec. La dernière fois, c’était en février 2004, avant l’éclatement du scandale des commandites.
Les résultats de ce sondage ont donné des ailes aux libéraux, qui se réunissent à Vancouver à partir d’aujourd’hui pour un congrès national de trois jours. Durant ce congrès, auquel quelque 1500 militants libéraux sont attendus, Michael Ignatieff sera officiellement confirmé comme chef du Parti libéral.
« Le sondage confirme le bris de confiance entre les Québécois et le Parti conservateur. Pour nous, ce sont de bonnes nouvelles. Cela nous donne le sourire. Mais en même temps, il faut prendre cela avec beaucoup d’humilité. Il faut s’assurer que cela se poursuive jusqu’au jour des élections », a commenté le député libéral
Pablo Rodriguez.
L’atout Ignatieff
En privé, des stratèges libéraux soutiennent que Michael Ignatieff est un véritable atout pour le Parti libéral au Québec, comme le démontre le sondage CROP. Ils soutiennent que son discours de la fin mars à Laval, où il a exhorté les Québécois à reprendre la place qui leur revient dans la gouvernance du pays, a eu des échos positifs partout au Québec.
Ils soutiennent aussi que Michael Ignatieff a affiché une ouverture certaine envers les Québécois en affirmant qu’il est tout à fait normal d’être Québécois d’abord et Canadien ensuite, ce qui devrait séduire certains nationalistes.
Ils soulignent d’ailleurs que des Québécois influents ont accepté de travailler à donner une nouvelle crédibilité au parti dans la province. À titre d’exemple, l’avocat Marc-André Blanchard, qui a oeuvré au sein du Parti libéral du Québec pendant plusieurs années, a accepté de coprésider la campagne du PLC au Québec aux prochaines élections.
Chose certaine, le congrès libéral qui s’ouvre aujourd’hui devrait se dérouler dans la plus grande harmonie. Pour la première fois en près de 40 ans, la famille libérale semble unie. Durant le congrès, Jean Chrétien et Paul Martin, qui se sont livré une lutte sans merci pour la direction du PLC il y a quelques années, seront bien en vue. Les deux anciens premiers ministres ont été invités à prononcer des discours devant les militants.




Un politicien caché dans l’intellectuel?
M. Ignatieff est sans contredit plus intellectuel que politicien. Mais il apprend vite, dit-on dans son entourage. Il n’aura pas le choix, s’il veut survivre dans ce job, parce que, autour de lui, gravitent des bêtes politiques à la dent longue.
Michael Ignatieff a mis près d’une décennie à écrire le 16e de ses livres, Terre de nos aïeux, qui raconte l’histoire de la branche maternelle de sa famille et expose sa vision du patriotisme canadien.
À l’époque où il a entrepris la rédaction de ce bouquin, il ne savait certainement pas qu’il sortirait à un moment aussi opportun de sa carrière politique, mais le timing de sa parution ne pouvait mieux tomber.
Comme Barack Obama, Michael Ignatieff retrace les origines et le parcours de sa famille pour élaborer sa propre vision de son pays. L’exercice a bien fonctionné pour Barack Obama. En plus de faire une fortune avec ses livres, il a réussi à se définir lui-même avant que ses adversaires républicains ne le fassent avec leurs publicités négatives.
Michael Ignatieff sera-t-il aussi bien servi par sa plume?
D’abord, chose certaine, il ne gagnera pas autant d’argent que le président des États-Unis avec sa prose. Le marché canadien est trop petit et l’intérêt pour nos politiciens, trop étriqué.
Politiquement, il n’est pas certain non plus que Terre de nos aïeux soit aussi payant pour Michael Ignatieff que ne l’ont été Dreams from My Father et The Audacity of Hope Barack Obama.
Le principal défaut du livre de M. Ignatieff, paradoxalement, est aussi sa plus grandequalité: il s’agit d’une réflexion intellectuelle de haut niveau. L’intelligence du chef libéral est connue et reconnue, là n’est pas le problème. La question est de savoir s’il y a un politicien caché dans cet intellectuel.
pour deux cultures, dans deux civilisations, dans deux manières de voir la vie. Je crois que c’est quelque chose d’absolument fondamental pour l’identité canadienne. »
Voilà la vision d’un universitaire cosmopolite qui a fréquenté l’élite intellectuelle internationale, mais certainement pas celle du Canadien moyen. Combien de gens de BaieComeau, Mississauga, Moose Jaw ou Vancouver vivent leur vie, quotidiennement, dans les deux langues? Combien estiment qu’il s’agit d’un élément « fondamental » de leur identité?
Même romantisme pour des sujets plus terre-à-terre, comme le TGV. Marqué par l’expérience de ses aïeux, qui ont construit le pays sur un chemin de fer, M. Ignatieff rêve de poursuivre l’épopée avec un
Au cours des dernières semaines, le chef libéral a eu quelques accrochages avec son lieutenant québécois, Denis Coderre, dont une dans le foyer de la Chambre des communes et une autre au caucus des députés. Le chef libéral a notamment indiqué à son lieutenant qu’il n’aimait pas la façon dont se déroulent les choses pour son parti au Québec.
M. Ignatieff aurait aussi perdu patience lors de la rencontre de l’aile québécoise de son parti à Laval, à la fin mars.
Selon des sources fiables, Denis Coderre « interprète son mandat de lieutenant un peu trop largement », ce qui a provoqué des frictions avec son chef.
« Denis travaille très fort, mais il ne fait pas l’unanimité et tout le
Pour le moment, même ses proches collaborateurs n’ont pas réponse à cette angoissante question. Et ils ne la trouveront pas dans Terre de nos aïeux, qui présente une vision plutôt romantique du Canada.
Prenez, par exemple, les passages sur le bilinguisme, résumés ainsi par M. Ignatieff dans une entrevue à mon collègue Joël-Denis Bellavance: « (…) Nous sommes l’un des rares pays où nous faisons ces traversées chaque jour entre deux phrases. Je vis ma vie dans les deux langues. Cela veut dire dans TGV, sans toutefois s’avancer sur les considérations financières ou techniques d’une telle aventure.
Barack Obama aussi rêvait éveillé dans ses bouquins, direzvous. Vrai, mais il a démontré très tôt dans sa carrière un flair et un talent politique indéniables.
M. Ignatieff, lui, est sans contredit plus intellectuel que politicien. Mais il apprend vite, dit-on dans son entourage. Il n’aura pas le choix, s’il veut survivre dans ce job, parce que, autour de lui, gravitent des bêtes politiques à la dent longue. monde sait qu’il rêve lui-même de devenir premier ministre, indique un libéral influent à Ottawa. Il pousse trop, il bouscule parfois des gens, qui s’en sont plaints au chef. Michael (Ignatieff) a eu l’impression à unmoment donné que Denis était passé par-dessus lui et il a mis son pied à terre. »
Au sein de l’aile québécoise du PLC, on reproche par ailleurs à M. Coderre d’avoir ramené le publicitaire Yves Gougoux, de la maison BCP, dans le giron libéral. L’affaire crée un malaise parce que le nom de M. Gougoux rappelle la commission Gomery sur le scandale des commandites, au moment où les libéraux croient pouvoir tourner enfin cette désagréable page de leur histoire.
La firme BCP et son patron n’ont jamais été accusés de quoi que ce soit, mais le passage du célèbre publicitaire devant le juge Gomery avait fait des vagues il y a quatre ans. On avait alors appris que M. Gougoux avait des liens étroits avec l’ancien premier ministre Jean Chrétien et avec le PLC. De 1994 à 2003, les années Chrétien, BCP avait obtenu du fédéral des contrats d’une valeur de 300 millions de dollars. M. Gougoux avait défendu bec et ongles l’intégrité de son entreprise, affirmant qu’elle avait suivi les règles d’obtention des contrats.
L’ancien fonctionnaire Chuck Guité avait quant à lui affirmé que « quelqu’un au bureau du premier ministre » était intervenu en faveur de BCP dans un cas précis.
Yves Gougoux est de retour dans les bonnes grâces du PLC et il a repris du service. Il a notamment aidé Michael Ignatieff, la semaine dernière, à préparer son passage à l’émission Tout le monde en parle.
Le patron de BCP a même été pressenti pour devenir vice-président de la campagne libérale au Québec. Son emploi du temps ne lui permettait toutefois pas de commencer en mars, tel que voulu par le PLC.

L’« iggymanie» , ou la  Nostalgie chronique - Lysianne Gagnon
Pour l’instant, l’« iggymanie » est un phénomène qui n’existe que dans l’imagination des nostalgiques de Pierre Elliott Trudeau.
Le Globe and Mail est allé jusqu’à publier, samedi, une pleine page de vieilles photos de Pierre Elliott Trudeau, pour marquer l’ascension du nouveau « roi philosophe ». Il faut croire qu’Iggy fera l’affaire, à défaut du fils biologique, l’aimable Justin en qui les libéraux du Canada anglais, dans l’aveuglement de la passion, ont un moment cru voir la réincarnation de leur héros.
M. Ignatieff ne s’est pas privé de jouer sur ce thème-là, affirmant que ce congrès lui rappelait l’atmosphère électrisante du congrès de 1968 où M. Trudeau avait été élu à la tête du parti. M. Ignatieff y assistait, comme jeune délégué. Mais il a la mémoire qui flanche, car il n’y a aucune comparaison entre les deux événements.
M. Trudeau avait été élu au quatrième tour de scrutin – ce qui, bien sûr, allait engendrer une extraordinaire excitation – alors que M. Ignatieff, déjà élu par le caucus libéral l’hiver dernier, a été platement confirmé dans ses fonctions par un congrès certes heureux et uni, mais beaucoup moins fréquenté que celui de 1968, qui s’est tenu à une époque où le PLC, riche en fonds et riche en militants, se vautrait dans les délices du pouvoir. Rien à voir avec le PLC appauvri et maigrichon qui ne vit actuellement que d’espoir.
Le contexte est également tout à fait différent. La « trudeaumanie » tenait en grande partie au fait que Pierre Elliott Trudeau incarnait la réponse au « séparatisme » qui montait au Québec et venait de recevoir le puissant appui du Général de Gaulle. Contrairement à M. Ignatieff, qui rêve d’un grand rôle international pour le Canada, M. Trudeau était essentiellement hanté par la question du Québec. C’est cela, plus que tout autre motif, qui l’a conduit en politique, à une époque où, justement, le Canada se cherchait un sauveur pour maintenir l’unité nationale. Aujourd’hui, la question nationale ne se pose plus – même pas au Québec, où les péquistes eux-mêmes ont plus ou moins jeté l’éponge.
Les deux hommes ont moins en commun qu’on ne l’imagine. Certes, tous deux étaient, avant leur entrée en politique, des penseurs politiques et des intellectuels jouant un rôle public. Autres points communs: le charme personnel, l’allure patricienne, la culture classique humaniste. Mais M. Trudeau, en 1968, avait depuis longtemps fait ses classes en politique, et était déjà très connu au Canada. Ce célibataire séduisant de 49 ans incarnait la liberté et l’anticonformisme à une époque où la jeunesse menait le monde. À 62 ans, M. Ignatieff projette une image plus conservatrice.
Ce dernier est un romantique, dont les idées politiques sont souvent vagues et fluctuantes, tandis que M. Trudeau avait des idées claires et précises, marquées par une rationalité toute cartésienne. Autant M. Ignatieff est conciliant, autant M. Trudeau aimait la bataille et la provocation. M. Trudeau pouvait être un conférencier très ennuyant, mais lorsqu’il s’enflammait (comme au référendum de 1980), il se révélait extraordinaire orateur, ce qui n’est pas le cas de M. Ignatieff, toujours un peu sentencieux quand il est au micro.
Il est trop tôt pour prédire l’impact qu’aura M. Ignatieff, parce qu’il est encore peu connu du grand public. Mais pour l’instant, l’« iggymanie » est un phénomène qui n’existe que dans l’imagination des nostalgiques de Pierre Elliott Trudeau. a nostalgie des anglophones pour Pierre Elliott Trudeau a pris les dimensions d’une véritable maladie chronique, qui vient de se manifester encore une fois par une montée de fièvre. Au congrès où les libéraux ont acclamé Michael Ignatieff – que certains, à commencer par lui-même, voient comme l’héritier de l’ancien chef –, les comparaisons ont repris de plus belle.



« Je suis du milieu, je comprends les enjeux »  -  Karim Benassaieh
Un gouver nement l i béra l dirigé par Michael Ignatieff doubler a i t l e budget du Conseil des arts du Canada, un engagement de plus de 180 millions par année, en plus de restaurer et bonifier les programmes de promotion culturelle à l’étranger.
Le chef libéral a fait cette promesse hier matin à l’issue d’une rencontre qu’il a tenue à Montréal avec différents acteurs de la scène culturelle, dont l e s r e s ponsables de l’Orchestre symphonique de Montréal, ceux de l’A DISQ et du monde du théâtre.
« Je ne suis pas un homme politique comme les autres, j’ai été romancier, scénariste, docu menta r i s t e, j ’a i véc u l’angoisse et aussi la liberté des créateurs, a déclaré M. Ignatieff. Je suis du milieu, je comprends les enjeux. » Il s’en est également pris aux compressions de 45 millions imposées en 2008 par le gouvernement Harper dans des progra mmes d’exportation culturelle. « C’est une partie du rôle du Canada dans le monde. Ce sont des gens comme Céline Dion, Robert Lepage, Robert Charlebois qui ont donné sa réputation au Canada. » Interrogé sur la pertinence de promettre des millions alors que le déficit atteindra la somme record de 56 milliards cette année, Michael Ignatieff a assuré qu’il était « prêt à faire des choix difficiles ».

Les commandites continuent de coûter cher aux contribuables  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les factu res s ’a c c u mulent et l es c oûts continuent de grimper. La G e n d a r mer i e roya le du Canada (GRC) tarde à déposer des accusations contre d’autres acteurs du scandale des commandites. Sept ans après l’éclatement de ce scandale, les contribuables continuent de payer la note.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a dépensé près de 12,5 millions j usqu’ici pour enquêter sur ce scandale politico - f i na ncier da ns le cadre de son projet Carnegie depuis 2 0 0 2 , démontrent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Cet t e s omme c omprend essentiellement les salaires des enquêteurs affectés à ce dossier ainsi que leurs heures supplémentaires.
« Quel que soit le type d’enquêtes criminelles, nous avons le devoir, lorsque nous les entreprenons, de produire la preuve la plus complète possible et prouver qu’il y avait eu une intention criminelle de commettre ces gestes répréhensibles. Ce sont des enquêtes complexes et ardues qui exigent rigueur et expertise », a expliqué le sergent Bessette.





Marc Garneau remplace Denis Coderre  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Sans surprise, c’est le député de Westmount et ancien astronaute, Marc Garneau, qui a été choisi par le chef libéral Michael Ignatieff pour devenir le prochain représentant du parti au Québec, en remplacement de Denis Coderre, qui a claqué la porte la semaine dernière.
Après plusieurs jours de r u meu rs , M . Ig natief f l ’a confirmé aux médias hier midi, présentant M. Garneau comme « un héros canadien, un collègue et un ami ».
Le nouveau lieutenant du PLC au Québec, Marc Garneau, député de Westmount et ancien astronaute (à gauche), Michael Ignatieff, chef libéral (au centre), et Pablo Rodriguez (à droite), député d’Honoré-Mercier, qui devient président du caucus des députés du Québec, poste qu’occupait M. Garneau.
L e député d’ HonoréMercier, Pablo Rodriguez, dont le nom avait aussi circulé en tant que possible lieutenant, devient pour sa part président du caucus des députés du Québec, poste qu’occupait M. Garneau.
Volte-face
Après le départ fracassant de son lieutenant québécois, M . Ignatieff avait d’abord a f fi r mé qu’il ne nom merait pas de remplaçant à M. Coderre, avant de se raviser et de choisir M. Garneau. La constitution du parti prévoit en effet qu’un « représentant du chef » doit être membre du comité exécutif du PLC au Québec.
« Je ne me compare pas avec M . Coderre. Moi, je suis Marc Garneau, j e fais les choses à ma façon, avec humilité, avec persévérance, avec discipline, avec ouvertu re. C ’est ce que je va is faire », a souligné le nouveau représentant, j ugeant qu’il sera à la fois le porte-parole du chef au Québec, ma is aussi les yeux et les oreilles de M. Ignatieff.
« Mon rôle est d ’êt re à l’écoute des Québécois et de m’assurer que leurs intérêts soient présentés à notre chef pour qu’il soit bien informé », a expliqué le député à l’issue de la période de questions. Les derniers sondages démont rent que le P a r t i l ibéra l peine à augmenter ses appuis au Québec.
« Il ne sera pas sur la même orbite que M. Coderre », a pour sa part commenté le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, au sujet du style passablement différent du nouveau lieutenant.
Déclarations controversées
Premier Canadien à aller dans l’espace, M. Garneau a été élu pour la première fois à la Chambre des communes aux dernières élections, en octobre 2008. Il avait toutefois été candidat en 2006 dans la circonscription de VaudreuilSoulanges. Sa campagne avait alors été marquée par des décla rations controversées qui avaient mis son parti dans l’embarras. M. Garneau avait notamment comparé la souveraineté du Québec à l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Il avait aussi affirmé qu’il quitterait le Québec si la province devenait un pays. La députée sortante du Bloc québécois, Meili Faille, avait finalement maintenu son siège et fait mordre la poussière au candidat-vedette du PLC.
M. Garneau était par la su ite resté très acti f da ns le parti au Québec. Lors de la course à la direction du parti de l’automne 2006, il s’était rangé derrière Michael Ignatieff, alors que c’est plutôt Stéphane Dion qui avait été élu chef du Parti libéral du Canada.
Le poste qu’occupe maintena nt l’a ncien astronaute aura toutefois moins d’envergure que celui qu’occupait M. Coderre. Un organisateur en chef, non élu, devrait être nommé sous peu pour compléter l’équipe sur le terrain.
« On ne va pas tarder, parce qu’il y a les partielles, et on a beaucoup de choses à faire », a dit M. Ignatieff, hier.
Élections complémentaires
Le Parti libéral a confirmé seulement en milieu de semaine les candidats aux élections complémentaires du 9 novembre dans deux circonscriptions québécoises. Dans Hochelaga, une forteresse bloquiste, c’est un spécialiste des ONG caritatives (Alternatives, SUCO, Oxfam), professeur à temps partiel à Concordia et à l’Université d’Ottawa, Robert David, qui sera candidat libéral. Le candidat libéral da ns Montmagny– L’ Islet– Kamouraska–Rivière-du-Loup sera Marcel Catellier, un retraité du ministère des Ressources naturelles et maire de CapSaint-Ignace, petite municipalité de la région.
Le chef a par ailleurs nommé le député britanno-colombien Ujjal Dosanjh au poste de critique en matière de défense nationale, après la démission de M . Coderre. Redevenu simple député, ce dernier est absent de la Chambre des communes depuis qu’il a quitté ses fonctions de lieutenant, le 28 septembre dernier. À son bureau d’Ottawa, on assure que M. Coderre se trouve à Montréal, au chevet de son père qui a subi une opération récemment. Sur sa page Facebook, le bouillant député n’a fait aucune intervention depuis dimanche. Il avait alors affirmé qu’il serait de retour à Ottawa après l’Action de grâce.
La Chambre des communes faisant relâche la semaine prochaine, le député devrait donc être de retour le 19 octobre seulement. Comme les parlementaires ne siégeaient pas non plus la semaine du 21 septembre, M. Coderre n’aura pas mis les pieds au parlement depuis un mois.
Une question de principes, explique Denis Coderre
S’il a démissionné avec fracas de son poste de lieutenant du Québec lundi dernier, c’est parce qu’il sentait qu’il n’avait plus « l’autorité morale » nécessaire, a dit Denis Coderre à l’émission Tout le monde en parle diffusée hier.
Denis Coderre a remis sa démission à titre de lieutenant du Québec lundi dernier. « Je voulais lancer un message », a-t-il déclaré à l’émission Tout le monde en parle diffusée hier soir.
À quelques reprises, il a redit toute sa confiance en Michael Ignatieff, « que j’apprécie grandement ».
Cela éta nt d it , « Den is Coderre a des principes », a-til dit de lui en s’exprimant à la troisième personne, ajoutant n’avoir aucun regret.
Il jugeait important d’y être fidèle et il trouvait nécessaire de dire tout haut ce qu’il croyait juste.
En faisant son geste d’éclat, M. Coderre a expliqué avoir voulu « lancer un message » et s’est montré satisfait des résultats. « Le message a été entendu, maintenant, on va passer à autre chose. »
Le message en question : « Quand on fait des affaires au Québec… s’il vous plaît, respectez les autorités en place. »
Toute la controverse est venue du fait que le Parti libéral a ultimement choisi Martin Cauchon comme candidat dans la circonscription d’Outremont. Denis Coderre a raconté qu’il avait eu au préalable « une entente avec la candidate et une poignée de main avec le chef », le tout scellant la nomination de Nathalie Le Prohon.
Michael Ignatieff a-t-il renié la parole donnée ? a demandé l’animateur Guy A. Lepage. « Il y a eu des pressions et le chef a eu à prendre une décision », a répondu M. Coderre, faisant ici référence à l’influence trop grande des gens de Toronto qu’il a critiquée cette semaine en démissionnant.
Quand il lui a été demandé si tout cela justifiait son absence d’Ottawa toute la semaine – il est toujours député – alors qu’un vote crucial pour la survie du gouvernement était tenu, Denis Coderre a soumis qu’il avait prévenu que sa présence était requise à Montréal toute la semaine pour des raisons familiales. Son père, a-t-il relevé, se faisait poser un stimulateur cardiaque.
Enfin, M. Coderre a dit n’avoir aucunement agi par ambition personnelle mais en toute fidélité à lui-même, à sa volonté de dire ce qu’il pense et de ne pas avoir recours à la « cassette » du politicien typique d’aujourd’hui.
L’entrevue a été enregistrée jeudi. Hier, lors du congrès de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada à Québec, Michael Ignatieff a lourdement insisté sur le devoir de loyauté de ses troupes.

Chronique d’une catastrophe annoncée  -  VINCENT MARISSAL
Si tout avait fonctionné selon le plan initial de Michael Ignatieff, nous serions, ce matin, en campagne électorale.
Heureusement pour le chef libéral, Jack Layton a non seulement sauvé le gouvernement Harper, il a aussi épargné à Michael Ignatieff l’embarras de se lancer en élections au moment où son parti connaît une grave crise interne.
Que le NPD permette aux conservateurs de survivre, voilà qui éta it hautement imprévisible. Les problèmes qui accablent M . Ignatieff cette semaine, pa r contre, étaient écrits dans le ciel.
La relation entre le chef libéral et son ex-lieutenant a toujours été, comment dire, aussi inusitée que hasardeuse. En plus, M. Ignatieff n’a pas aidé sa cause en prenant une série de décisions mal avisées.
La première de ces décisions, même les conseillers et les députés de M. Ignatieff s’entendent là-dessus, aura été de donner beaucoup trop de pouvoirs à son a ncien lieutenant et de ne pas prêter attention aux critiques sur ses méthodes.
« Denis Coderre a fait le vide autour de lui, si bien que personne n’arrivait à se rendre jusqu’au chef, jusqu’au jour où est arrivé Martin Cauchon », résume un conseiller libéral à Ottawa.
L’autre erreur du chef libéral aura été de ne pas se méfier suffisamment des ambitions personnelles de son ex-lieutenant. Pourtant, M. Ignatieff connaissait bien M. Coderre et son caractère.
Pendant sa course à la direction en 2006 (remportée par Stéphane Dion), M. Ignatieff avait admis à des proches se méfier de cet organisateur un peu trop zélé.
À cette époque, en sortant avec une collègue de l’édifice de la presse nationale, rue Wellington à Ottawa, je me souviens d’avoir entendu clairement un commentaire de M. Ignatieff à propos de Denis Coderre.
Je ne sais pas à qui il parlait, mais il avait terminé l’appel en disant : « Et cette fois, ne te laisse pas bousculer par Denis Coderre, surtout. » M. Ignatieff avait affiché un rictus figé en nous apercevant sourire derrière lui…
La confiance n’a jamais été la principale caractéristique de cette relation i nusitée. Pourquoi l’avoir nommé lieutenant, alors ?
« Va u t m i e u x o c c u p e r Denis », m’avait expliqué un proche de Michael Ignatieff l’hiver dernier. Le chef libéral avait respecté le vieux principe qui veut qu’en politique, on garde ses amis près de soi, et ses ennemis encore plus près.
Il faut d i re au ssi , à la décharge de M. Coderre, qu’il n’a pas demandé ce poste. Il en a hérité parce que personne n’en voulait. Et puis, toujours pour être j uste envers l’exlieutenant, tous ses collègues vantent aujourd’hui son travail de lieutenant.
Mais comme le chef et ses conseillers ne faisaient pas totalement confiance à M . Coderre, on lui a adjoint des « chaperons », comme MarcAndré Blanchard, un avocat prestigieux et l’une des figures non publiques les plus influentes chez les libéraux, aussi bien provinciaux que fédéraux.
D’autres conseillers, comme Yves Gougoux ou Jean-Marc Fournier, se sont aussi greffés dans l’orbite d’Ignatieff, mais aucun dans des postes officiels et à temps complet.
MM. Blanchard, Fournier et Gougoux sont des hommes brillants et politiquement allumés, mais ils ont tous un « vrai » job ailleurs. M. Coderre, lui, ne fait que de la politique, 25 heures sur 24. Pas étonnant qu’il ait pris beaucoup de place.
Drôle d’idée pour un chef, tout de même, de nommer un lieutenant en qui il n’a pas pleinement confiance et des conseillers à temps partiel dans la province la plus prometteuse.
D’autant plus que le mariage de raison entre les libéraux provinciaux (MM. Blanchard et Fournier) et fédéraux crée toujours des remous.
Certains libéraux québécois sont encore étonnés, par exemple, de voir l’a nc ien député et ministre provincial Jean-Marc Fournier dans le bureau du chef. Ils doutent de l’allégeance de M. Fournier aux libéraux fédéraux parce que son organisateur dans Châteauguay, Daniel Rochette, a aussi été l’organisateur du candidat conservateur aux dernières élections fédérales de 2008 (Pierre-Paul Routhier).
Paranoïa ou doutes fondés, là n’est pas la question. Ce que cela dit, c’est que l’organisation de M. Ignatieff au Québec est bancale.
Le chef libéral a pourtant reçu tous les avertissements d’usage et les critiques dès son arrivée à la tête du PLC.
Lorsqu’il a annoncé la composition de l’équipe de son bureau, l’hiver dernier, tous les commentateurs québécois ont souligné d’une voix l’absence honteuse (et suicidaire) de conseillers québécois francophones «seniors». M. Ignatieff a promis de corriger le tir, mais neuf mois plus tard, le poids du Québec dans son bureau est toujours inversement proportionnel aux ambitions des libéraux dans la province.
C’est à croire que le fiasco de Paul Martin n’a pas servi de leçon à Michael Ignatieff.

La bonne nouvelle pour les libérau x (il y en a au moins une dans cette très mauvaise semaine), c’est que le « cadeau » de Jack Layton leur permettra maintenant de se ressaisir. Peut-être que cela donnera aussi le temps à leur chef de comprendre qu’il lui faudra plus, pour gagner le Québec, que de répéter dans chaque discours que ses grands-parents sont enterrés dans les Cantons-de-l’Est.

Coderre sous haute surveillance  -  Joël-Denis Bellavance &  VINCENT MARISSAL
OTTAWA — Denis Coderre est désormais un député sous haute surveillance par ses propres collègues libéraux. Une autre sortie en règle contre le chef libéral Michael Ignatieff et son entourage « torontois » et il risque l’expulsion du parti.
M . Ignatieff a d’ailleurs été contraint de contenir la colère de plusieurs députés libéraux à la réunion du caucus cette semaine à Ottawa. Ces députés ont réclamé le départ de M. Coderre après sa démission fracassante de lundi de son poste de lieutenant politique.
« Des députés anglophones (N DL R : de l’extérieur du Québec) ont parlé ouvertement au caucus d’adopter un blâme et certains discutaient même entre eux de l’expulser », a confirmé une sou rce mêlée de près au x discussions.
Mais des députés du Québec ont rapidement fait valoir au chef libéral qu’expulser M. Coderre risquerait d’empi rer la sit uation du parti puisque cela aurait pour effet de faire du député de Bourassa un « martyr », ce qui pourrait lui valoir une vague de sympathie au Québec.
« Je sais que ça s’est discuté et que bien des gens sont en colère au sein du parti, mais il faut éviter d’en arriver là, ce serait une grave erreur », a estimé un libéral influent.
Question de calmer le jeu, dès le début de la réunion du caucus de mercredi, Michael I g natief f a la ncé u n mot d’ordre à ses députés : « Je vais m’occuper moi-même de Denis Coderre, c’est moi qui vais commenter l’affaire en public. »
En confirmant sa démission , M . Coder re a la ncé u ne vér itable g renade en direction de M. Ignatieff en affirmant que ses conseillers torontois tentaient de prendre le contrôle de l’aile québécoise du PLC. Il a fait cette sortie après que M. Ignatieff eut renversé la décision de M . C o d e r r e d ’e m p ê c h e r Martin Cauchon de faire un retour en politique dans la circonscription d’Outremont.
« Il y a des députés qui veulent l’expulser du caucus. Un autre faux pas de sa part et il sera éjecté », a confirmé à La Presse une autre source libérale digne de foi.
Ces députés sont d’autant plus en colère que M. Coderre a accepté de pa r ticiper à l’émission Tout le monde en parle de Radio-Canada pour discuter de sa situation au sein du Parti libéral, ce qui risque de prolonger la crise actuelle que vivent les libéraux.
« Com ment pouva it-il accepter de participer à une telle émission qui sera diffusée le jour même où le chef prononce un discours important à Québec à l’occasion du congrès de l’aile québécoise du PLC? Il le savait très bien que cela avait lieu le même jour », a commenté un stratège libéral.
Malgré la grogne, les libéraux du Québec estiment que ce serait « la pire chose à faire que de mettre Denis Coderre à la porte ».
« On en ferait un martyr et nous ne ferions qu’empirer notre cas sur la place publique, a dit un conseiller libéral. Nous sommes le Parti libéral, on ne peut éjecter quelqu’un parce qu’il s’exprime. Les députés de Terre-Neuve ou de Colombie-Britannique sont loin de la réalité québécoise, il faut les calmer et leur expliquer les conséquences d’un geste extrême. »
Dès mardi soir, des députés et des conseillers québécois ont dû rencontrer leurs collègues du reste du pays pour tenter d’adoucir leurs sentiments à l’égard de l’ex-lieutenant. L’histoire a fait du bruit au Québec, mais elle a aussi fait la une des plus grands quotidiens du Canada anglais mardi et mercredi, aggravant encore la crise.
H ier matin, M ichael Ignatieff a tout de même lancé u n avertissement à pei ne voilé à son ancien lieutenant politique en affirmant que le député « sait ce qu’il doit faire » pour ne pas nuire aux intérêts du parti.
Interrogé pour savoir s’il ne craignait pas que le député de Bourassa jette encore de l’huile sur le feu en participa nt à l’émission Tout le monde en parle qui sera diffusée dimanche, M. Ignatieff a déclaré : « M. Coderre sait ce qu’est le P a r ti l ibéra l . M. Coderre sait ce à quoi on s’attend de lui. »
« Dimanche, nous aurons un congrès à Québec. J’attends ce congrès avec impatience. On a perdu un individu. On n’a pas perdu l’équipe. En fait, l’équipe est plus forte que jamais. Il faut se concentrer sur cela. Vous allez voir l’équipe en marche au congrès dans la ville de Québec », a-til commenté.
M. Ignatieff a tenu à soul ig ner q u ’i l n ’e nt re ten a it pas de rancune envers son ancien lieutenant politique. Toute foi s , la déc ision de M. Coderre aura des conséquences à long terme. « C’est la politique. Il n’y a rien de personnel là-dedans. Nous avons un grand caucus avec une grande tradition. Pour chaque geste que l’on fait, il y a des conséquences. Je suis très cla i r là-dessus . M. Coderre le sait très bien », a-t-il dit.

Pour sa part, M. Coderre a adopté un ton plus conciliant ce matin sur le site de réseautage Facebook. Il y affirme qu’il « souhaite que les libéraux se rendent nombreux au Congrès du PLC (Q) dimanche à Québec. Ma démission doit être interprétée comme une incapacité à faire mon travail de lieutenant point. Il n’y a jamais eu de problèmes au Québec ou avec le Québec ».

Denis Coderre désavoué comme lieutenant québécois du PLC / La grogne venait du Québec  -  Joël-Denis Bellavance &  Vincent Marissal
OTTAWA — Dix jours avant la démission fracassante de Denis Coderre, les membres québécois du conseil national du Parti libéral du Canada avaient officiellement demandé à Michael Ignatieff de rappeler à l’ordre son ancien lieutenant.
En annonçant sa démission, lundi, Denis Coderre a accusé sans ambages les conseillers de Michael Ignatieff à Toronto de tenter de diriger l’aile québécoise du PLC. Depuis cette sortie, M. Coderre a été discret. Il a brillé par son absence aux Communes et il n’a pas participé à la réunion du caucus hier.
Selon ce qu’a appris La Presse, les représentants québécois digéraient de plus en plus mal certaines décisions de M. Coderre. Le style parfois mordant qu’il utilisait pour imposer ses décisions avait aussi laissé un goût amer dans la bouche de plusieurs d’entre eux. Ses manoeuvres pour barrer la route à Martin Cauchon dans la circonscription d’Outremont ont été la goutte qui a fait déborder le vase.
Les représentants québécois ont donc profité d’une réunion du conseil national du PLC, à Ottawa, le week-end du 19 septembre, pour exiger que l’on inscrive à l’ordre du jour le comportement de M. Coderre.
À l’issue de cette réunion, les quelque 30 membres du conseil national venus des quatre coins du pays ont donné au président du Parti libéral, Alfred Apps, le mandat de discuter du cas de M. Coderre avec Michael Ignatieff.
« Le conseil national a unanimement décidé d’aborder le dossier de M. Coderre avec le chef. Ce n’était pas une cabale de conseillers de Toronto contre M. Coderre. L’initiativeestvenue des représentants du Québec au conseil national », a affirmé à La Presse une source libérale bien au fait de ce dossier.
Les Québécois Br igit te Garceau, Samuel Lavoie, MarieReine Paré Paradis, Robert Fragasso et Johanne Brodeur font partie du conseil national.
Lundi, M. Coderre a annoncé avec fracas qu’il démissionnait de son poste de lieutenant politique au Québec après que son chef eut annulé sa décision de réserver la circonscription d’Outremont à une femme d’affaires de Montréal, Nathalie Le Prohon. Cédant à la grogne qui prenait de l’ampleur au parti, M. Ignatieff a plutôt décidé de permettre à Martin Cauchon de revenir en politique dans Outremont et demandé à MmeLe Prohon de se présenter dans Jeanne-Le Ber.
En annonçant sa démission, M. Coderre a accusé sans ambages les conseillers de Michael Ignatieff à Toronto de tenter de diriger l’aile québécoise du PLC.
Depu i s cette sortie, M. Coderre a été discret. Il a brillé par son absence aux Communes et il n’a pas participé à la réunionducaucushier. Il songe aussi à ne pas prendre part au congrès biennal de l’aile québécoise du PLC, qui doit avoir lieu dimanche à Québec. M. Ignatieff, M. Cauchon et Mme Le Prohon y seront.
M. Coderre pourrait donner encore du fil à retordre à son chef en fin de semaine puisqu’il a été annoncé hier qu’il participera à la populaire émission Tout le monde en parle de Radio-Canada. L’émission, qui est enregistrée le jeudi soir, est diffusée le dimanche soir et obtient des cotes d’écoute qui dépassent le million.
D’autres griefs
Par ai l leurs, des mi l itants libéraux ont des griefs à l’endroit de M. Coderre au sujet de l’organisation du congrès de l’aile québécoise. La Constitution du PLC stipule que les membres de l’exécutif et du comité de direction doivent être élus aux deux ans, mais les équipes actuelles sont en poste depuis 27 mois, date du dernier congrès de l’aile québécoise.
Selon les règlements du PLC-Québec, le congrès biennal devrait s’étirer sur trois jours, question de permettre de tenir les votes et de débattre des propositions des membres. Mais le congrès ne durera toutefois qu’une journée, « histoire de gagner du temps », explique-t-on au Parti libéral.
Des sources dans l’aile québécoise reprochaient déjà la semaine dernière à M. Coderre (avant sa démission) d’avoir écourté leur congrès à une seule journée et d’avoir mis le conseil de direction devant un fait accompli à la mi-septembre, deux semaines avant le congrès. « M. Coderre était au téléphone et il nous a dit que ce serait une journée, et c’est ça qui est ça! Nous n’avons rien décidé et Denis avait organisé le congrès tout seul », résume un libéral bien au fait des tiraillements internes au PLC-Québec.
Des membres du conseil de direction ont alors fait remarquer que les militants doivent recevoir un avis 90 jours avant le congrès, question de préparer la plénière et d’obtenir des candidatures aux postes électifs. « Coderre a répondu qu’il ne voulait pas d’élection contestée, donc, tout était organiséd’avance sans qu’on puisse intervenir », reprend notre source.
« Denis a organisé ça pas mal tout seul, en effet » , confirme un autre libéral influent qui a collaboré aux préparatifs du congrès.
Après les incidents des derniers jours, la grande question chez les libéraux du Québec est de savoir si Denis Coderre sera au congrès. « On espère qu’il sera là. Ça ne sera pas facile pour lui, mais qu’il arrête de bouder, nous voulons tourner la page », ajoute notre source.

Un gâchis  -  ANDRÉ PRATTE
La démission de Denis Coder re du poste de lieutena nt de M ichael Ignatieff au Québec met la touche finale au gâchis qu’a provoqué le choix du candidat libéral dans Outremont. Alors que l’aile québécoise du PLC avait fait un bon bout de chemin dans sa reconstruction, alors que les sondages plaçaient les libéraux à portée du Bloc québécois, cette affaire a fait surgir des rancoeurs et des divisions telles celles qui ont tant nui à la formation dans le passé.
Les versions des faits étant contradictoires, il n’est pas facile de départager les torts. On ne se trompe sans doute pas en concluant qu’ils sont partagés.
• Martin Cauchon et Denis Coderre auraient dû se rencontrer il y a déjà quelques mois pou r fa i re le poi nt sur les intentions du premier. M. Cauchon a préféré contourner M. Coderre tandis que ce dernier n’a rien fait pour tirer les choses au clair.
• Une fois que la crise a éclaté, M . Cauchon au ra it dû accepter de se présenter dans Jeanne-Le Ber, comme le lui offrait son chef. Il avait autant de chances de l’emporter là que dans Outremont et cette avenue aurait permis à tout le monde de sauver la
L e c hef aya nt pr is sa décision, M. Coderre aurait dû s’y plier.
• Chose certaine, en a n nonç a nt sa dém ission , M. Coderre n’aurait pas dû s ’en prend re à « la ga rde rappro c hée de Toronto ». Cette déclaration, dont Gilles Duceppe s’est régalé, suivra les libéraux pendant la campagne électorale.
Certains estiment que Michael Ignatieff a mal géré toute cette h istoi re. Cette conclu sion nou s appa ra ît excessive. Si le c hef s ’est retrouvé avec une « patate chaude » entre les ma i ns , c’est que ses subalternes et M. Cauchon n’ont pas eu la volonté de trouver un compromis honorable.
C h o s e c e r t a i n e , c ’e s t M. Ignatieff qui doit maintenant réparer les pots cassés. Il a choisi de ne pas remplacer M. Coderre au poste de lieutenant pour le Québec. Il est vrai que les candidats à ce poste ne sont pas nombreux. Néanmoins, le chef libéral fait preuve de témérité en laissant l’aile québécoise ainsi décapitée. Notamment, il accroît le risque que les décisions concernant le parti au Québec soient prises... pa r la « ga rde rapprochée de Toronto ». L’expérience catastrophique des conservateurs en 2008 confirme que la campagne québécoise d’un parti fédéral ne doit pas être dirigée par le « national ».
Le Parti libéral du Canada a aujourd’hui une chance de se réimplanter au Québec. Il serait dommage, pour le parti comme pour le pays, que l’ambition, l’orgueil et l’entêtement de certains de ses leaders lui fassent rater cette chance.

Mariage raté, divorce houleux  -  VINCENT MARISSAL
En dém ission na nt de son poste de lieutenant, Denis Coderre a insisté sur la nécessité des liens indéfectibles entre le titulaire de ce poste et son chef.
Il a raison. Il aurait toutefois dû ajouter que la principale qualité d’un lieutenant, en échange de la confiance illi m itée de son c hef, est d’être d’une loyauté tout aussi indéfectible.
Depuis le premier jour, le couple Ignatieff-Coderre était condamné au divorce.
Au sein du Parti libéral du Canada, tout le monde recon na ît que M . Coderre est un organisateur efficace et un travailleur infatigable. Tout le monde sait aussi, par contre, qu’il entretient les plus grandes ambitions, d’où cette boutade parmi les libéraux : « Denis Coderre orga nise, mais surtout, il s’organise. »
Michael Ignatieff a certes manqué de jugement politique en désavouant son lieutenant et de colonne vertébrale en pliant devant Martin Cauchon. Cela dit, il n’y aurait pas eu de psychodrame à Outremont si M. Coderre ne s’était pas senti menacé par le retour de son rival.
Denis Coderre m’a déjà dit lui-même, il y a quelques années, ne pas vouloir du poste de lieutenant parce que c’est incompatible avec ses ambitions. Les lieutenants ne deviennent pas chef, ils servent leur chef.
M. Coderre s’est pris les pieds dans ses contradictions, hier matin, en affirmant avoir toujours placé son parti avant ses intérêts, alors que dans le fond, sa décision est purement une affaire d’ego meurtri. Lui qui dit avoir encore confiance en son chef vient de lui asséner un coup dans les flancs en disant tout haut qu’il est mou, manipulable et qu’il a cédé aux pressions de l’establishment de Toronto. Du petit lait pour le Bloc québécois, les conservateurs et les néo-démocrates, qui ne se gêneront certainement pas pour utiliser les critiques de M. Coderre.
Par ailleurs, Denis Coderre affirme ne rien avoir contre Ma rtin Cauchon , ma is il remet clairement en question la décision de son chef de lui avoir ouvert la porte d’Outremont. Selon l’ex-lieutenant, cette déc ision a été pr ise sous la pression d’une clique torontoise qu i ne con na ît r ien du ter r a i n p ol it iq ue québécois.
C’est Toronto qui mène le PLC, dénonce M. Coderre. Il a en grande partie raison. C’est bien là son problème : il vient de déclarer la guerre à la « garde rapprochée de Toronto ». Il a refusé de nommer ces « conseillers torontois qui ont une méconnaissance totale de la réalité sociale et politique québécoise », mais il est évident qu’il vise les Bob Rae ou Alf Apps, le président du PLC.
Ce dernier a pris la peine de me téléphoner, de Toronto j u s tement , vend re d i dernier, pour me dire à quel point Michael Ignatieff avait bien géré la crise CauchonCoderre dans Outremont. Il a aussi vanté profusément D en is C o der re (« qu i n’a jamais voulu tasser Martin Cauchon », m’a-t-il dit) et s ’est félic ité du retou r de M. Cauchon dans la famille libérale. Hier, ce beau portrait de famille s’est soudainement décomposé sous nos yeux.
Ci rconsc ri re les appu is de Martin Cauchon à quelques conseillers de Toronto est certes réducteur. Denis Coderre n’est pas sans savoir que le principal supporter de M. Cauchon est Jean Chrétien, qui est encore très pesant dans l’establishment libéral.
Le retou r en force de Martin Cauchon au PLC n’est pas un hasard et les appuis de pu issa nts l ibérau x ne sont pas fortuits. S’il devait arriver malheur à Michael Ig natief f au x pro c ha i nes élec tion s , ce qu i est l oi n d’être impossible, il faudra bien le remplacer. De toute évidence, l’establishment du PLC préfère Martin Cauchon à Denis Coderre.
Au-delà de la démission spectaculaire de Denis Coderre, la j ournée d’hier marquait donc le jour 1 d’une nouvelle cou rse non of ficielle à la direction du PLC. Après la guerre ChrétienM a r ti n , voic i la suite : Cauchon-Coderre.
Tout cela a des relents de vieilles chicanes, de guerres de pouvoirs, de règlements de comptes.
Ce devait être la semaine de Michael Ignatieff, son premier pas vers le pouvoir.
L e voilà plutôt empêtré da ns u ne crise emba rrassa nte, obligé de répond re au x c r it iq ue s de s on exlieutena nt . Ce deva it être le procès du gouvernement Harper, cette semaine aux Communes, mais c’est le chef libéral qui se retrouve au banc des accusés pour manque de jugement et d’instinct politique.
Pendant ce temps, Stephen Harper sillonne le pays en distribuant les milliards et en vantant le bilan de son plan de relance. 

CODERRE CLAQUE LA PORTE -  Joël-Denis Bellavance  &  Hugo de GrandPré
Denis Coderre n’a pas digéré que Martin Cauchon lui soit imposé dans la circonscription d’Outremont. Le député de Bourassa a démissionné avec fracas et a vertement critiqué les conseillers torontois de Michael Ignatieff. Le chef du Parti libéral, qui a an
OTTAWA — Le chef du Parti libéra l, M ichael Ignatieff, s’est évertué hier à limiter les dégâts importants causés par la démission fracassante de son lieutenant politique au Québec, le député de Bourassa Denis Coderre.
M . Ignatieff a convoqué les députés de son caucus du Québec, inquiets de la zizanie qui règne dans les rangs libéraux depuis deux semaines, à son bureau, en fin de journée, afin de les rassurer sur la suite des choses.
Aupa rava nt , deva nt les journalistes, le chef libéral a dit regretter la décision du bouillant député, mais il a aussi affirmé que M. Coderre était un acteur parmi d’autres au sein de l’équipe libérale au Québec, soutenant que les Marc-André Blanchard et Jean-Marc Fournier, issus de la filière du Parti libéral du Québec, jouent déjà un rôle important dans le parti.
Tout en louant le travail de M. Coderre au cours des derniers mois, M. Ignatieff a affirmé qu’il ne comblera pas le poste de lieutenant du Québec.
« Je regrette sa démission, bien sûr, parce que c’est un ami et un collègue. Je ne le remplacerai pas pour le moment. Je n’aurai plus de lieutenant au Québec », a dit M. Ignatieff, affirmant que l’équipe qui reste poursuivra le travail de renouveau du PLC.
Effet boule de neige
MaisledépartdeM. Coderre a provoqué une onde de choc au sein des troupes libérales au Québec, le jour même où Michael Ignatieff a déposé une motion de censure envers le gouver nement m i nor itaire de Stephen Harper. En effet, quelques heures après la conférence de presse du député de Bou rassa , quatre de ses proches lui ont emboîté le pas en remettant leur démission à M. Ignatieff en guise de solidarité avec M. Coderre.
A insi, l’orga nisateu r en chef du pa rti au Québec, Pierre Lajeunesse, le président d’un comité chargé d’approuver les candidats, Éric Simard, un responsable du financement, Jean Rizzuto, et le cousin de M. Coderre, Jea n-F ra nçois Coderre, coordonnateur aux bureaux montréalais du parti, ont tous claqué la porte.
P a r a i l leu r s , des i n formations la issa ient entendre hier soir que Nathalie L e P rohon , qu i deva it se présenter dans Outremont et qui a accepté la semaine dernière de tenter sa chance da ns Jea n ne-L e Ber pou r la isser le c ha mp libre à l ’a nc ien m i n i s t re M a r t i n Cauc hon , recon sidérera it son choix et songerait à ne pas être candidate libérale au x proc ha i nes élec tions . M. Cauchon n’a pas voulu com menter les der n iers rebondissements hier.
Malgré la tourmente, Michael Ignatieff a balayé d’un revers de main les accusations de M. Coderre selon lesquelles l’aile québécoise était dirigée par sa « garde rapprochée de Toronto ».
« J’ai dans cette équipe JeanMarc Fournier, Marc-André Blanchard, Yves Gougoux, Serge Paquette – je pourrais continuer encore pour cinq minutes. L’idée que ce parti est dirigé de Toronto me fait rire et ça fait rire en ColombieBritannique. Ça fait rire en Alberta. Ça fait rire dans les provinces atlantiques. Je mène une formation pancanadienne. Je suis fier de mon équipe au Québec. Ils ont la direction et la responsabilité avec moi, avec moi, je répète, pour le renouveau du parti. Et ça se poursuit », a dit M. Ignatieff.
Plus de lieutenant
L e député libéral Pablo Rodriguez a aussi salué le travail de M. Coderre, mais il a affirmé que le parti peut fonctionner sans lieutenant. « Il faut comprendre le rôle du lieutenant. Il vise à coordonner les efforts d’organisation, à trouver des candidats et cela peut se faire autrement. Denis a fait un très bon travail. Maintenant, on passe à autre chose. Ce même travail-là va se faire de façon différente », a-t-il dit.
Mais le commentateur Jean Lapierre, qui a été lieutenant politique de Paul Martin, a affirmé que cette situation sera intenable. « Je ne vois pas comment cela peut fonctionner. Le Parti libéral a toujours eu un lieutenant politique depuis Ernest Lapointe, et même à l’époque où le premier ministre était du Québec », at-il dit.

Les conseillers torontois d’Ignatieff fustigés
  -  André Duchesne
Denis Coderre n’a pas seulement démissionné de son poste de lieutenant politique de M ichael Ignatieff, hier matin. Il a carrément tiré à bout portant sur les conseillers torontois du chef libéral.
Michael Ignatieff s’est retrouvé dans la tourmente hier avec la démission de son lieutenant au Québec, Denis Coderre. Celui-ci ne sera pas remplacé, a annoncé le chef libéral.
Selon le coloré député de Bourassa, c’est la garde rapprochée de Michael Ignatieff à Toronto qui a convaincu le chef de désavouer son lieutena nt québécois au sujet de la candidature de Martin Cauchon dans Outremont.
« Le message qui est envoyé par ces récents événements est le suivant : si vous voulez avoir gain de cause au Québec, vous n’avez qu’à court-circuiter les autorités québécoises du parti en vous adressant plutôt à la garde rapprochée du chef à Toronto », a-t-il balancé.
« Au-delà de ces événements, des questions beaucoup plus fondamentales se posent : à qui doit s’en remettre le chef du Parti libéral du Canada pour décider des enjeux qui concernent strictement le Québec ? Doit-il s’en remettre à son lieutenant québécois ou plutôt à ses conseillers torontois, qui ont une méconnaissance totale de la réalité sociale et politique québécoise ? »
Invité à dire s’il visait Bob Rae (que Martin Cauchon avait appuyé lors de la course à la d i rec tion de 2 0 0 6), M. Coderre a refusé de nommer qui que ce soit. Par contre, il a dit bien connaître les « sources anonymes » qui s’en sont prises à son autorité dans les médias au cours des dernières semaines. Il a rétorqué que toutes ces décisions avaient été prises après consultation d’un comité d’une vingtaine de personnes.
D’Outremont à Jeanne-Le Ber à Outremont
M . Coderre ne sou ha itait pas que M. Cauchon se représente dans Outremont et misait sur la venue d’une candidate-vedette, Nathalie Le Prohon. Dans un premier temps , M . I g n at ie f f ava it appuyé la décision de son lieutenant. Mais il a fait un virage à 180 degrés devant la grogne palpable au sein du Parti libéral du Canada.
Élu à trois reprises dans Outremont, M. Cauchon avait volontairement quitté la politique avant les élections générales de 2004. Il avait alors repris la pratique du droit à Montréal. Au cours des derniers mois, il avait exprimé son désir de retourner à la vie publique. Dans une tentative de compromis, le parti lui avait proposé de se présenter dans Jeanne-Le Ber, circonscription du sud-ouest de Montréal jugée prenable.
Mais M. Cauchon a refusé. Pour lui, c’était Outremont ou rien. M. Ignatieff a finalement cédé aux pressions. Quant à Mme Le Prohon, elle se présentera dans Jeanne-Le Ber.
Lieutenant controversé
Député de Bourassa depuis 1997, M. Coderre a occupé plusieurs postes de ministre sous Jean Chrétien avant d’être écarté du cabinet par Paul Martin. Il a repris du service avec l’arrivée de Michael Ignatieff à la tête du PLC, en janvier 2009. Le nouveau leader l’a tout de suite nommé lieutenant au Québec avec le mandat de préparer l’aile québécoise en vue des prochaines élections fédérales.
Depuis, son travail n’a jamais fait l’unanimité. D’aucuns, sous le couvert de l’anonymat, lui ont reproché ses jeux en sous-main.

Hier matin, Denis Coderre a aussi démissionné de son poste de critique libéral en matière de défense. Il compte cependant demeurer député de Bourassa. Il s’est dit fier du travail accompli dans l’organisation électorale, indiquant que 68 candidats avaient été confirmés ou étaient sur le point de l’être dans les 75 circonscriptions de la province.



Cauchon gagne le droit d’être candidat  -  Joël-Denis Bellavance
Bras de fer libéral à Outremont
le bouillant député néo-démocrate Thomas Mulcair.
Michael Ignatieff a fait volte-face en permettant à Martin Cauchon de porter les couleurs libérales dans Outremont.
En fi n de compte, M m Le Prohon, qui a été mêlée bien malgré elle dans cette bataille entre M. Coderre et M. Cauchon, a accepté de porter les couleurs du Parti libéral dans Jeanne-Le Ber, une circonscription qui est actuellement détenue par le bloquiste Thierry Saint-Cyr.
Joint hier, Martin Cauchon s’est dit heureux de la décision de son chef.
« Je suis ravi de la décision de mon chef Michael Ignatieff. Maintenant, j e pense qu’il faut retrousser nos manches et commencer à travailler fort au Québec pour faire en sorte que le Parti libéral se prépare pour la prochaine campagne électorale. Sur une note plus personnelle, j’aimerais remercier tous les gens du comté d’Outremont qui m’ont appuyé de même que tous ceux du Québec et du reste du pays qui m’ont donné leur appui », a dit M. Cauchon.
« Nous devons ca naliser notre énergie en force positive pour l’unité du parti. Notre vraie cible, c’est le gouvernement de Stephen Harper qui ne répond pas aux attentes des Canadiens et des Canadiennes. Nous allons leur offrir une vraie option », a-t-il ajouté.
E n poi nt de presse en après-midi, Michael Ignatieff a affirmé que c’est à la suggestion de Nathalie Le Prohon qu’un compromis a pu être trouvé. La femme d’affaires a suggéré au chef hier matin de se présenter dans Jeanne-Le Ber plutôt que d’être nommée dans Outremont.
Malgré la controverse, le chef libéral a aussi réitéré sa confiance envers Denis Coderre OTTAWA — L’ancien ministre de la Justice Martin Cauchon a eu gain de cause dans le bras de fer qui l’a opposé au lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec, Denis Coderre, au cours des deux dernières semaines.
Après deux jours de palabres, Michael Ignatieff a finalement accepté de permettre à Martin Cauchon de porter les couleu rs libéra les au x prochaines élections da ns Outremont, une circonscription qu’il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans. M. Cauchon devra auparavant convaincre les militants libéraux de cette circonscription de le désigner à titre de candidat durant une assemblée d’investiture, ce qui devrait être une formalité.
M. Ignatieff, qui avait au début de la semaine appuyé la décision de Denis Coderre de réserver Outremont à une femme d’affaires de la région de Montréal, Nathalie Le Prohon, et de fermer la porte à un retour de M. Cauchon, a donc fait volte-face devant la pression de ses propres troupes.
La grogne était telle qu’elle minait l’unité du parti non seulement au Québec, mais dans le reste du pays. En outre, ces tiraillements risquaient d’avoir de lourdes conséquences sur le leadership de M. Ignatieff, ont estimé hier des stratèges libéraux.
Ce faisant, M. Ignatieff a également désavoué son lieutenant politique Denis Coderre, qui, de toute évidence, ne souhaitait pas le retour en politique de M. Cauchon. Les deux hommes entretiennent l’ambition de diriger le Parti libéral un jour.
Pour calmer la grogne, M. Coderre avait suggéré à son chef libéral, jeudi, de proposer la circonscription voisine de Jeanne-Le Ber à Martin Cauchon. Mais ce dernier a vite fait savoir aux hautes instances du parti qu’il voulait faire un retour en politique uniquement s’il pouvait être candidat dans Outremont, circonscription actuellement détenue par et a rejeté toute suggestion que le dénouement de cette crise constitue un désaveu pour lui.
« Je suis très content du résultat. C’est un bon résultat pour le parti. Et je veux féliciter d’abord Denis Coderre pour un travail remarquable. Il a attiré des candidats formidables. Il a travaillé toute la semaine dans un esprit de compromis. M. Coderre a toute ma confiance et mon affection personnelle. Cette semaine, il a montré un bon j ugement politique, M. Cauchon aussi et Mme Le Prohon surtout», a dit M. Ignatieff.
M. Coderre avait pourtant affirmé à plusieurs reprises que la décision de réserver Outremont à une femme était irrévocable et que l’offre faite à Martin Cauchon de se présenter dans Jeanne-Le Ber était à prendre ou à laisser.
Selon certa ins libérau x , cette affaire a miné l’autorité non seulement de Michael Ignatieff, mais aussi celle de Denis Coderre.
« L a ra ison a t r iomphé. Michael a pris la décision qui s’imposait. Les petites magouilles de Denis Coderre, les gens en ont ras le bol. C’est sûr que cela l’affaiblit en tant que lieutenant, mais il n’a que lui-même à blâmer», a affirmé hier un vétéran du parti qui a travaillé au sein des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin.
Du côté du N P D, on a accueilli ce nouveau rebondissement dans Outremont avec un haussement d’épaules. «On va laisser les libéraux se chicaner puisque c’est leur principale préoccupation. On réagira quand ils se seront branchés. Au NPD, notre préoccupation, pour l’instant, c’est de travailler au Parlement pour aider les gens à traverser la crise économique », a affirmé Karl Bélanger, proche collaborateur du chef du NPD, Jack Layton.
Après une semaine difficile, les libéraux feront une démonstration d’unité le dimanche 4 octobre à l’occasion d’une réunion de l’aile québécoise du Parti libéral à Québec. Selon des informations obtenues par La Presse, Martin Cauchon, Denis Coderre, Nathalie Le Prohon et Michael Ignatieff monteront sur la même scène pour illustrer la nouvelle harmonie au parti.

Ce sera Outremont ou rien  -  Joël-Denis Bellavance
Martin Cauchon refuserait de porter les couleurs libérales dans Jeanne-Le Ber
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a tenté de rétablir l’unité au sein de son parti hier en offrant à l’ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon, de porter la bannière libérale dans la circonscription de Jeanne-Le Ber aux prochaines élections.
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a tenté d’apaiser la grogne au sein de son parti en proposant hier à Martin Cauchon de se présenter dans la circonscription de Jeanne-Le Ber.
Mais le principal intéressé a confié à des proches qu’il n’avait pas l’intention d’accepter cette offre, selon des informations obtenues par La Presse hier soir. M. Cauchon souhaite effectuer un retour en politique uniquement s’il peut être candidat libéral dans Outremont, une circonscription qu’il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans.
Mais M. Ignatieff a déjà fait savoir cette semaine qu’Outremont, un bastion libéral tombé aux mains du néo-démocrate Thomas Mulcair en septembre 2007, était réservé à une femme d’affaires de la région de Montréal, Nathalie Le Prohon.
Ce faisant, M. Ignatieff a appuyé la décision de son lieutenant politique au Québec, Denis Coderre, qui tient mordicus à accorder Outremont à une candidate de prestige. Mais certains y voient plutôt une manoeuvre de M. Coderre pour empêcher le retour de M. Cauchon, les deux hommes ayant des ambitions de diriger le Parti libéral un jour.
Plusieu rs libérau x ont dénoncé cette décision, dont le député libéra l i n f luent de Toronto Bob Rae, ancien adversaire à la direction de M. Ignatieff. M. Rae a qualifié d’inacceptable cette manoeuvre visant à écarter un ancien ministre de la Justice. « Martin Cauchon était un ministre de la Justice remarquable et il a défendu les valeurs libérales durant toute sa carrière politique. S’il veut effectuer un retour en politique, on doit lui faire une place », a affirmé M. Rae.
D’anciens collaborateurs de Jean Chrétien ne se sont pas gênés pour faire savoir à M. Ignatieff et à Denis Coderre qu’ils avaient commis une grave erreur en écartant d’une manière aussi cavalière la candidature de Martin Cauchon, selon des informations obtenues par La Presse hier. M. Chrétien lui-même est intercédé en faveur de son ancien ministre de la Justice pour qu’il puisse faire un retour dans Outremont, mais sans succès jusqu’ici.
Des députés libéraux incrédules ont aussi indiqué en privé avoir l’intention de soulever cette affaire à la prochaine réunion du caucus libéral mercredi prochain si un compromis n’est pas trouvé d’ici là. Ces mêmes députés sont aussi outrés de la conduite du lieutenant politique Denis Coderre dans cette affaire et exigent qu’il soit rappelé à l’ordre.
La grogne au sein du Parti libéral a forcé M. Ignatieff à corriger le tir en téléphonant hier à Martin Cauchon pour lui offrir la circonscription de Jeanne-Le Ber, détenue par le bloquiste Thierry Saint-Cyr depuis 2006.
« M. Ignatieff souhaite que M. Cauchon soit candidat pour le Parti libéral aux prochaines élections. La balle est maintenant dans son camp », a i nd iqué Jea n-F r a nçoi s del Torchio, porte-parole de Michael Ignatieff.
M. Cauchon, qui souhaite faire un retour en politique cinq ans après avoir tiré sa révérence, n’avait pas encore indiqué publiquement hier soir s’il acceptait la proposition de M. Ignatieff. Mais selon certaines sources, il écarte cette option puisqu’il demeure dans Outremont. Située dans l’île de Montréal, la circonscription de Jeanne-Le Ber comprend notamment les secteurs de Verdun, Pointe-Saint-Charles et de L’Île-des-Soeurs.
En matinée, M. Ignatieff avait indiqué avoir entrepris des discussions avec M. Cauchon, qui a été le lieutenant politique de Jean Chrétien au Québec dans le dernier mandat de l’ancien premier ministre.
« Nous sommes en discussion avec M. Cauchon afin qu’il puisse se rallier à notre équipe, et je suis très optimiste sur les résultats. Mais ces discussions se poursuivent », a dit M. Ignatieff au cours d’un point de presse à Burlington, en Ontario.
Hier après-midi, M. Coderre a fait savoir sur sa page personnelle du site de réseautage social Facebook que l’idée d ’o f f r i r J e a n n e - L e B e r à Martin Cauchon venait de lui.
«Sur ma recommandation et celle de notre équipe du Québec, Michael Ignatieff a offert la circonscription de Jeanne-Le Ber à Martin Cauchon. À suivre», a-t-il écrit.
Certains libéraux croient qu’il serait préférable de permettre à M. Cauchon de revenir dans Outremont et d’accorder JeanneLe Ber à Mme Le Prohon.
Mais da ns u ne entrev ue accordée à L a P resse Canadienne hier, M. Coderre a laissé entendre que cette offre était à prendre ou à laisser.
« C’est un excellent comté, Jeanne-Le Ber. Ce n’est pas une négociation, ce n’est pas une question d’options. On lui offre le comté et il prendra la décision», a dit M. Coderre.
Selon Peter Donolo, ancien directeur des communications de Jean Chrétien, cette affaire risque d’avoir des répercussions sur les intentions de vote si elle n’est pas réglée rapidement.
«Un parti qui ne peut diriger ses propres affaires correctement ne peut convaincre les électeurs qu’il peut gouverner le pays», a dit hier M. Donolo, aujourd’hui partenaire de la firme de sondage Strategic Counsel, dans une entrevue à Power Play sur le réseau CTV Newsnet.

Les «vedettes» de M. Coderre- LYSIANE GAGNON 
La guéguerre que les libéraux viennent de se livrer dans Outremont est significative à plus d’un titre. Elle montre que Denis Coderre, l’omniprésent lieutenant québécois de Michael Ignatieff, est prêt à tout, même à compromettre les chances de son parti, pour écarter un rival susceptible de l’éclipser quand viendra le temps de former un cabinet… ou de succéder à Michael Ignatieff.
L’affaire illustre aussi l’inexpérience du nouveau chef libéral, qui a laissé l’un de ses principaux collaborateurs solliciter la candidature de M. Cauchon dans Outremont… pour ensuite refuser de désavouer son lieutenant québécois. M. Ignatieff s’est justifié avec l’excuse passe-partout qu’il faut favoriser les femmes. En filigrane, on se rappellera que M. Cauchon avait appuyé Bob Rae dans la course au leadership de 2006… tandis que Denis Coderre avait misé sur Ignatieff.
Le plus drôle dans cette histoire, c’est que M. Coderre a proclamé sur tous les toits que sa candidate dans Outremont était une «candidate-étoile». Pardon? Nathalie Le Prohon, vous connaissez? Il n’est pas nécessaire d’être connu du grand public pour être un bon candidat. Mais les mots ont un sens: une vedette, c’est une personne connue.
Il est un peu exagéré de décrire Mme Le Prohon comme une femme d’affaires de haute voltige. Elle ne l’est plus depuis cinq ans. Née en Ontario, diplômée de McGill et de Concordia, elle a occupé des postes de direction à IBM avant de devenir, en 2003, PDG de Nokia… un poste qu’elle n’occupa qu’un an, car en 2004, à l’âge de 43 ans, elle allait être frappée par un cancer extrêmement agressif contre lequel elle a dû recourir à des thérapies d’avant-garde. Mariée à un homme d’affaires important (Stéphane Boisvert, président de Bell Enterprise Group), elle s’est retirée du marché du travail et se consacre à la lutte contre le cancer tout en siégeant à deux conseils d’administration (dont HydroQuébec) et au comité de vérification du ministère de la Défense.
L’essentiel de sa carrière s’est déroulé en Ontario, où elle a vécu les 12 années précédant le déménagement de sa famille à Montréal, en 2008.
M. Cauchon n’a rien de charismatique, mais l’ancien ministre aurait eu plus de chances que Mme Le Prohon de reprendre Outremont, une circonscription qu’il a remportée à trois reprises – la dernière fois avec 7000 voix de majorité. Et contrairement à Mme Le Prohon, il est bien enraciné au Québec… ce qui est en train de devenir un atout politique, dans un parti dont seulement la moitié de la députation québécoise est canadiennefrançaise et qui compte aujourd’hui très peu de figures de proue francophones. (Il y a Justin Trudeau, Denis Coderre, Marc Garneau, Stéphane Dion… qui d’autre?)

En tout cas, on a hâte de connaître ces formidables candidats de prestige à qui M. Coderre veut offrir «ses» circonscriptions les plus sûres. Un nom a filtré, celui de Rita De Santis, à qui M. Coderre réserverait la circonscription de LaSalleÉmard. Mme De Santis, une avocate spécialisée dans le droit commercial et corporatif, est depuis longtemps active dans les cercles libéraux et dans la communauté italienne de Montréal, mais malgré ses qualifications professionnelles, elle n’est pas ce qu’on peut appeler une « candidate-vedette ». homas Mulcair doit se frotter les mains. Au lieu de faire face à l’ancien ministre Martin Cauchon, son adversaire sera une inconnue dépourvue d’expérience politique. Par sa propre faute, le PLC risque de voir cette circonscription traditionnellement libérale retomber une fois de plus dans l’escarcelle du NPD, en plus de se priver d’un des rares Québécois susceptibles d’hériter d’un ministère important dans un éventuel gouvernement Ignatieff

Processus de sélection des candidats au Parti libéral du Canada  / Deux jeunes militants dénoncent des relents de « duplessisme »  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Après Martin Cauchon et Comlan Amazou, un autre militant libéral qui s’estime lésé par le processus de sélection de candidats au Parti libéral prend la parole publiquement.
Da ns une lettre publiée aujourd’hui dans les pages Forum de La Presse, les libéraux Jonathan Pednault et John Lennard dénoncent le «duplessisme» qui, selon eux, règne au parti à l’heure actuelle.
M. Pednault, 19 ans, proche des frères Trudeau, souhaitait se présenter dans la circonscription de Longueuil–PierreBoucher au x procha i nes élections. À l’invitation du président de l’association de circonscription, il a même vendu une centaine de cartes de membre et donné une réception pou r la ncer sa candidature.
C’était au début de 2009. Vers le milieu de l’année, il a dû freiner ses ardeurs. Joint par une organisatrice du parti, Reine Hébert, il a été encouragé à abandonner ses démarches. Vers le mois de mai, il estime avoir été mis devant le fait accompli : on avait choisi de nommer quelqu’un d’autre et on lui demandait poliment de céder le passage.
«Après nous avoir annoncé en grande pompe, au printemps 2009, que toutes les circonscriptions du Québec, y compris celles tenues par des députés libéraux, pourraient être soumises à une course à l’investiture pour déterminer le candidat du parti, certains se sont mis à jouer à la petite politique pour assurer leur avenir et leurs grandiloquentes ambitions», dénonce M. Pednault dans sa lettre.
Le PLC a une tout autre explication. Selon le coprésident de la campagne au Québec, l’avocat Marc-André Blanchard, personne n’a empêché le jeune militant de tenter sa chance, au contraire.
«M. Pednault n’a pas cru bon de soumettre une demande de candidature. Il y a eu un appel de candidatures dans cette circonscription, et un seul candidat s’est présenté à l’assemblée d’investiture. C’est comme cela que M. Diamond a été nommé candidat dans Longueuil », a déclaré cet ancien président du Parti libéral du Québec lors d’un entretien téléphonique.
Dans leur lettre, le candidat déçu et son coauteur critiquent néanmoins sévèrement Denis Coderre, sa ns toutefois le nommer.
« Depuis qu’un nouveau lieutenant a été nommé au Québec par vos soins, on n’a eu de cesse de bien vouloir nous faire comprendre l’importance de son rôle. Si bien d’ailleurs qu’avec tout le respect que nous cultivons à votre égard, nous nous demandons qui, de vous ou le lieutenant en question, dirige le parti au Québec », lancent-ils.
Coderre critiqué
Selon ce qu’a pu apprendre La Presse, même si le bureau du chef Michael Ignatieff n’a pas voulu réagir à cette lettre, pas plus qu’à une autre publiée sur Facebook par John Lennard, ces protestations ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd et l’on s’active à tenter de trouver des solutions.
«M. Ignatieff n’est pas très heureux de la situation qui règne au Québec par les temps qui courent», a confié un stratège libéral influent.
Les méthodes d’organisation de M. Coderre sont critiquées de toutes parts depuis une semaine. L’ancien ministre Martin Cauchon l’a d’abord accusé de l’avoir empêché de se présenter dans Outremont. Dans la même circonscription, un autre militant, Comlan Amazou, s’est plaint de ne pas avoir pu tenter sa chance dans une assemblée d’investiture. Et plus tôt cette semaine, le PLC a dû nier que le lieutenant avait fait pression sur des députés actuels, dont l’ancien chef Stéphane Dion, pour qu’ils laissent la place à du sang neuf aux prochaines élections.
Nous méritons mieux
Des relents de duplessisme flottent dans l’air un peu vicié de l’aile québécoise du Parti libéral
Les auteurs sont de jeunes militants du Parti libéral du Canada. M. Pedneault souhaitait être candidat dans Longueuil–Pierre-Boucher. M. Ignatieff, il fut un temps où être libéral était un gage de courage, de force de caractère, d’indépendance d’esprit et de respect pour la démocratie.
S’adressant à Michael Ignatieff, des membres de l’aile québécoise du PLC se disent inquiets de voir que des candidats sont imposés dans plusieurs circonscriptions.
Force nous est malheureusement de constater qu’en 2009, être membre du Parti libéral fédéral au Québec, c’est savoir se tenir à sa place, obéir sans questionner – et surtout – ne pas questionner les instances en place.
En tant que membres du PLC, mais surtout en tant qu’ardents défenseurs de la pensée libérale, nous nous voyons forcés, par faute de fâcheux événements, à prendre parole sur la place publique pour vous énoncer notre point de vue. Notre but n’est pas d’embarrasser le parti, mais de le fortifier. Si nous agissons ainsi, c’est que nous sommes persuadés que nous n’aurions pu faire passer notre message au travers des instances du parti. Des instances qui, comme toutes institutions, ont la fâcheuse habitude de s’opposer au changement et aux idées leur paraissant un peu trop audacieuses. Dans un parti se voulant libéral, cela devrait être perçu comme un grave problème.
Plus problématique encore nous apparaît la propension qu’ont certains personnages de notre parti à s’institutionnaliser de façon à se rendre omniprésents et omnipotents. Cela nous semble particulièrement vrai ces temps-ci, alors que des relents de duplessisme flottent dans l’air quelque peu vicié de l’aile québécoise du PLC.
Depuis qu’un nouveau lieutenant a été nommé au Québec par vos soins, on n’a eu de cesse de bien vouloir nous faire comprendre l’importance de son rôle. Si bien d’ailleurs qu’avec tout le respect que nous cultivons à votre égard, nous nous demandons qui, de vous ou le lieutenant en question, dirige le parti au Québec. Nous ne remettons nullement en question la qualité de votre leadership au sein du parti, toutefois nous ne pouvons que nous inquiéter de voir certains agir comme s’ils étaient seuls maîtres à bord.
Après nous avoir annoncé en grande pompe, au printemps 2009, que toutes les circonscriptions du Québec, y compris celles tenues par des députés libéraux, pourraient être soumises à une course à l’investiture pour déterminer le candidat du parti, certains se sont mis à jouer à la petite politique pour assurer leur avenir et leurs grandiloquentes ambitions.
De façon quelque peu sournoise, on s’est mis à imposer des candidats dans plusieurs circonscriptions, outrepassant ainsi le droit sacré que devraient avoir les membres de ce parti, que l’on veut libéral, de choisir celui ou celle qui portera le rouge dans leur circonscription.
Il n’est pas très libéral de refuser des candidatures à l’investiture, sans aucune justification, pour privilégier des gens de son entourage. Il n’est pas très libéral de privilégier certains candidats sur d’autres lors d’une course à l’investiture. Et il n’est pas très libéral de mettre ses intérêts propres (ou malpropres, c’est selon) au-dessus de la démocratie.
Sans équivoque, l’imposante ombre de ces gens qui prennent trop de place plane au-dessus de l’ensemble des rangs libéraux au Québec. Lors de la rédaction même de cette lettre, nous avons reçu maints encouragements de la part de gens qui partageaient notre opinion, sans toutefois être prêts à la cosigner par peur de représailles. Est-ce là le parti pour lequel nous souhaitons militer? Ce parti doit retrouver ses lettres de noblesse libérales, et s’affranchir de la loi du silence.
Maintenant que les élections approchent à grands pas, il nous semble difficile de voir à ce que les membres de ce parti – qui rappelons-le sont à la base même de toute victoire possible – aient leur mot à dire dans la sélection des candidats. Toutefois, pour le bien du parti ainsi que pour celui de votre avenir politique, nous croyons que vous devriez vous méfier de ceux qui, par leurs agissements, cherchent par tous les moyens à brimer le courage, la force de caractère, l’indépendance d’esprit et l’âme foncièrement démocrate des membres de ce parti.
Nous sommes certains que vous comprenez, M. Ignatieff, qu’en tant que membres de ce parti, nous méritons mieux.

Cauchon veut se présenter dans Outremont  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — L’ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon, veut reven i r en politique fédérale. Et il souhaite que les hautes instances du Parti libéral du Canada tiennent une assemblée d’investiture dans Outremont, une circonscription qu’il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans.
L’ex-ministre Martin Cauchon serait candidat d’une éventuelle assemblée d’investiture libérale dans Outremont.
Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Cauchon a dit qu’il sera assurément candidat à cette assemblée d’investiture afin non seulement de porter les couleurs du PLC au prochain scrutin, mais aussi de reprendre ce bastion libéral, tombé entre les mains du néo-démocrate Thomas Mulcair en septembre 2007.
Rentré au pays après un voyage de quelques jours en Chine, M. Cauchon a fait part de son étonnement lorsqu’il a appris que le lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec, Denis Coderre, avait décidé de réserver cette circonscription à Nathalie Le Prohon, une femme d’affaires de Montréal.
Il s’est dit d’autant plus surpris qu’un proche collaborateur de M. Ignatieff l’a rencontré en juin afin de le convaincre de reprendre du service cinq ans après qu’il eut tiré sa révérence. M. Cauchon a alors demandé qu’on lui accorde u ne période de réflexion afin de discuter de cette offre avec sa famille.
M. Cauchon a fait savoir à l’entourage de M. Ignatieff il y a trois semaines qu’il acceptait de porter à nouveau la bannière du PLC aux prochaines élections, qui pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps. Or, une semaine plus tard, M. Coderre a dit à qui voulait l’entendre qu’Outremont était réservée à une candidate.
« Je suis surpris de tout ce qui est arrivé. Je milite dans ce parti depuis l’âge de 17 ans. J’ai été président de l’aile québécoise du Parti libéral. J’ai été député et ministre pendant une dizaine d’années. Je pense avoir bien servi la société canadienne et mon parti », a indiqué M. Cauchon.
« On m’a demandé en juin de revenir pour rebâtir le parti au Québec. Je veux revenir, surtout quand je regarde la direction que donne au pays le gouvernement Harper. Ce que fait le gouvernement conservateur ne correspond pas du tout à ma vision de la société canadienne. Le timing est bon pour revenir. Je crois en mon parti et je crois en mon chef », a ajouté l’a ncien ministre libéral, qui pratique le droit à Montréal depuis 2004.
En privé, plusieurs militants libéraux croient que M. Coderre tente de contrer le retour de M. Cauchon parce qu’il le voit com me u ne menace dans une éventuelle course à la direction du Parti libéral. M. Coderre n’a jamais caché son intérêt à cet égard. Il a d’ailleurs aussi tenté de bloquer la route à Steven MacKinnon à l’assemblée d’investiture dans Gatineau, mais sans succès. M. MacKinnon est vu par plusieurs observateurs comme ministrable dans un gouvernement Ignatieff.
En entrevue, M. Cauchon a dit souhaiter que le chef libéral Michael Ignatieff donne sa bénédiction à une assemblée d’investiture. De toute façon, at-il ajouté, M. Ignatieff détient seul le pouvoir de réserver une circonscription à un candidat de son choix et il n’a pas encore mentionné de préférence jusqu’ici.
« Je suis un peu dans les limbes, en ce moment. Je ne connais pas les intentions de mon chef », a-t-il dit.
Michael Ignatieff est donc face à deux choix à la suite de cet appel de Martin Cauchon. Il peut soit appuyer la décision de Denis Coderre de réserver Outremont à une femme ou désavouer son lieutenant politique en ordonnant une assemblée d’investiture.
La semaine dernière, La Presse a rapporté que les militants libérau x d’Out remont se mobilisaient pour faire désigner Martin Cauchon comme candidat aux prochaines élections. « Je peux vous annoncer que, dans la circonscription d’Outremont, c’est réglé. Nous aurons une candidate et j’aurai l’occasion de vous la présenter officiellement », avait répliqué M. Coderre.

Un aspirant libéral sort du rang  -   Tristan Péloquin
Persuadé qu’il a été évincé au profit d’un candidat vedette dont le nom sera dévoilé à la dernière minute, un des aspirants à la candidature libérale dans la circonscription d’Outremont sort du rang. Vedette ou pas, Comlan Amouzou réclame une investiture en bonne et due forme, comme l’avait promis Denis Coderre en mars.
Déjà armé d’affiches avec sa photo, de dépliants soignés et d’une carte de visite rouge or née du logo libéra l su r laquelle il se présente comme candidat à l’investiture, M. Amouzou à lancé un appel à l’ordre à son parti hier, lors d’un petit événement auquel le PLC-Q avait délégué un observateur.
M. A mouzou j ure avoir obtenu cet été du directeur général du PLC-Q, LouisPhilippe Angers, l’autorisation de lancer sa campagne d’investiture. Il a payé de sa poche les affiches et le matériel promotionnel qu’il a fait préparer. « Dès que j’ai eu le feu vert, je me suis mis à travailler sur le terrain ; j’ai cogné aux portes en vantant mon chef, Michael Ignatieff », affirme l’aspirant candidat, qui a été organisateur en chef du comédien Sébastien Dhavernas (défait par Thomas Mulcair) aux dernières élections.
Mais voilà que, au début du mois de septembre, citant une source anonyme, Le Devoir a révélé que la circonscription d’Outremont était réservée à un candidat-vedette que le parti confirmera à la dernière minute. Les circonscriptions de Jeanne-Le Ber et d’Ahuntsic auraient aussi été réservées à des candidats de prestige.
«Quand j’ai appris que la circonscription d’Outremont était réservée à un candidat-vedette, j’ai immédiatement demandé à M. Angers (le directeur général du PLC-Q) si c’était bien vrai, soutient M. Amouzou, qui est d’origine togolaise. Il m’a dit qu’il n’en savait rien et que, pour le savoir, je devais entrer en contact avec Denis Coderre. Or, le problème, c’est que M. Coderre est constamment trop occupé pour me rencontrer», se désole M. Amouzou.
En conseil général, en mars, le PLC-Q avait pourtant indiqué qu’il souhaitait rompre avec la tradition en forçant la tenue d’assemblées d’investiture dans chacune des 75 circonscriptions québécoises, y compris celles où des députés libéraux sont déjà élus. En conférence de presse, le lieutenant politique de Michael Ignatieff, Denis Coderre, avait même dit qu’il pourrait luimême devoir se soumettre au processus de désignation des candidats si quelqu’un d’autre désirait se présenter. « Mais, cela dit, le chef conserve sa prérogative de nommer un candidat dans telle ou telle circonscription » », avait toutefois nuancé M. Coderre.
Selon différentes sources, c’est l’ancien député d’Outremont et ancien ministre de la Justice Martin Cauchon qui aurait été pressenti par le Parti libéral comme candidat dans la circonscription. Actuellement en Chine, M. Cauchon n’était pas joignable hier.
« Je ne veux pas jouer les victimes, mais ça donne l’impression qu’on m’a tassé. Ça laisse courir toutes sortes de ru meu rs. C ’est dom mage, parce que le Parti libéral, c’est un parti pour tout le monde; pas juste pour les notables. Il faut que les gens qui s’engagent sachent à quoi s’en tenir », ajoute M. Amouzou.
Le porte-parole du PLCQ, Jean-Bernard Villemaire, qui a rappelé La Presse hier au nom de Louis-Philippe Angers, s’est dit incapable de confirmer si M. Amouzou avait eu ou non l’autorisation verbale de lancer sa campagne d’investiture. « La commission électorale (du PLC-Q) n’a pas encore décidé s’il y aurait une investiture dans Outremont. Dans le meilleur des mondes, il y en aurait une. Mais si les échéances sont aussi serrées que ce à quoi on peut s’attendre, il n’y aura pas assez de temps, a-t-il affirmé. Chose certaine, tant que l’assemblée d’investiture n’est pas convoquée par la commission électorale, il n’y a pas de candidature officielle », a ajouté M. Villemaire.
Conscient que sa sortie risque de braquer les hautes instances du Parti libéral contre lui, M. Amouzou dit qu’il cherche uniquement à obtenir ce que souhaitent les citoyens d’Outremont et la base militante: «Quand on a perdu les dernières élections, tout le monde a dit: «C’est assez, les vedettes, à Outremont. Je ne fais que dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. »
L e coméd ien Séba stien Dhavernas, candidat défait aux dernières élections, qui lorgnait aussi la circonscription d’Outremont en vue d’un nouveau scrutin, affirme pour sa part avoir «très bien compris » que sa candidature ne sera pas retenue cette fois-ci. « C’est clair depuis le début que c’est une circonscription réservée à un candidat-vedette. Et j’ai très bien compris que je ne suis pas ce candidat. J’ai donc conclu qu’il valait mieux que je vaque à mes occupations », dit-il.


La « coderrisation » du PLC-Québec  -  André Pratte
Bien qu’invité par l’entourage de Michael Ignatieff à faire un retour en politique en se présentant dans son ancienne circonscription d’Outremont, Martin Cauchon a été écarté par Denis Coderre. Le lieutenant québécois de M. Ignatieff a fait savoir que le parti avait déjà choisi son candidat dans cet ancien château fort l ibéral ; il s’agirait d’une femme d’affaires peu connue mais au parcours intéressant, Nathalie Le Prohon.
M. Coder r e investit son inépuisable énergie à préparer le PLC pour les prochaines élections au Québec. Il veut rajeunir l’image du parti en y amenant de nouveaux visages. Tout cela est louable et nécessaire. Cependant, cette cure de jeunesse ne doit pas se faire aux dépens de libéraux d’expérience dont on sait qu’ils seraient des poids lourds au gouvernement. C’est certainement le cas de Martin Cauchon. Si M. Cauchon (47 ans!) fait partie de la vieille garde, pourquoi n’est-ce pas aussi le cas de M. Coderre (46 ans)?
L’expérience du gouvernement Harper montre combien le Québec souffre d’être mal représenté au sein du cabinet fédéral. Il ne faudrait pas que la même chose se produise au sein d’un éventuel gouvernement Ignatieff. Dans ce contexte, la candidature de Martin Cauchon dans Outremont s’imposait.
Selon toute vraisemblance, M. Coderre l’a bloquée pour la simple raison que M. Cauchon aurait menacé sa domination de l’aile québécoise du parti. L’ancien ministre de la Justice aurait aussi été un rival lors de la prochaine course à la direction du parti. Autrement dit, le député de Bourassa a fait passer ses propres intérêts avant ceux du parti et du Québec. Le Devoir rapportait hier que M. Coderre a voulu écarter quelques députés en poste, notamment Stéphane Dion. Quoi qu’il en soit, M. Dion a finalement reçu une lettre du chef confirmant sa candidature. Heureusement. S’il n’a pas l’étoffe d’un leader, dans l’éventualité d’une victoire libérale, M. Dionsera à nouveauun excellent ministre (on le voit très bien aux Affaires étrangères). En outre, il demeure un des plus efficaces promoteurs du fédéralisme au pays, comme on a pu le constater récemment dans l’entrevue qu’il a accordée aux auteurs du film Questions nationales.

Après une pénible traversée du désert, le Parti libéral du Canada a l’occasion de redevenir une force politique qui compte dans la province de Québec. M. Ignatieff ne doit pas laisser les ambitions de Denis Coderre mettre cette résurgence en péril.

Coderre gagne, le PLC perd   -  VINCENT MARISSAL
(Denis Coderre avait lui-même pris l’engagement de tenir des assemblées d’investiture dans toutes les circonscriptions du Québec, y compris celles occupées par un député libéral. )
Si l’on considère l’accrochage Coderre-Cauchon sous un angle purement pugilistique, on peut affirmer que le lieutenant de Michael Ignatieff a eu le dessus sur son ancien collègue en lui barrant la route vers un retour à Outremont.
La politique, par contre, n’est pas qu’une affaire de coups de poing sur la gueule ; c’est aussi une partie d’échecs qui demande finesse et stratégie.
En ce sens, Denis Coderre a peut-être gagné dans le ring, mais le Parti libéral s’est affaibli sur l’échiquier.
Le PLC a perdu une bonne occasion de ramener dans son équipe le candidat qui avait les meilleu res cha nces de reprendre Outremont, perdue aux mains des néo-démocrates en 2007.
Perdue, aussi, l’occasion de projeter une image harmonieuse et ouverte. C’est même tout le contraire : on ne parle que de chicanes de famille chez les libéraux depuis quelques j ours. Pourtant, Denis Coderre avait lui-même pris l’engagement de tenir des assemblées d’investiture dans toutes les circonscriptions du Québec, y compris celles occupées par un député libéral.
Perdue, enfin, l’occasion de tendre la main aux fidèles de Jean Chrétien, encore très nombreux dans les rangs libéraux. Disparus, les efforts de réconciliation des derniers mois et l’appel aux libéraux de M. Ignatieff.
Jean Chrétien, plus actif da ns les coulisses que sa grande réserve publique le laisse croire, est intervenu en faveur de Martin Cauchon (qui a toujours été un de ses protégés). Il a fait savoir à Denis Coderre qu’il commettait une erreur en s’opposant à son retour.
En outre, parlant d’occasion ratée : Michael Ignatieff aurait dû intervenir avant que cette histoire n’éclate sur la place publique.
Les libéraux ont repris du poil de la bête au Québec depuis l’arrivée de Michael Ignatieff à leur tête, mais le recrutement reste difficile et les histoires de règlements de comptes entre vieux rivaux n’amélioreront pas les choses.
Les libéraux rencontrés ces derniers jours, pas tous des fans de Martin Cauchon ni de loyaux militants de Jean Chrétien, sont unanimes sur un point : Martin Cauchon est le mieux placé au PLC pour battre Thomas Mulcair dans Outremont. Mais Denis Coderre « ne veut pas d’un autre coq dans le poulailler », résume un ancien collègue des deux hommes.
Quant à Nathalie Le Prohon, candidate « vedette » pressentie par le PLC dans Outremont, personne dans les rangs libéraux ne semble la connaître. « Sans rien enlever à cette dame, que je ne connais pas, je ne vois pas comment une inconnue qui n’a jamais fait de politique aurait plus de chances de reprendre Outremont que le gars de la place qui a régné sur la circonscription pendant 10 ans », ajoute une autre source libérale.
Selon certains, les anciens liens d’amitié entre Martin Cauchon et le publicitaire déchu Jean Lafleur auraient refroidi les collaborateurs de Michael Ignatieff. Pourtant, copains pour copains, Denis Coderre a lui aussi entretenu des relations d’amitié avec trois acteurs des commandites : Luc Lemay, Claude Boulay et sa femme, Diane Deslauriers. Les souvenirs de cette affaire restent, mais, à l’évidence, les anciennes accointances de M. Coderre ne semblent pas avoir limité ses mouvements et ses pouvoirs au sein du PLC.
Il faut rappeler que Martin Cauchon, supporter de Bob Rae lors de la course à la direction de 2006, avait attendu à la toute dernière minute pour se rallier à Michael Ignatieff, ce qui ne l’a certainement pas aidé dans sa tentative de retour.
Si Martin Cauchon n’était qu’un cas isolé, l’exception dans une opération recrutement spectaculaire, l’affaire ferait peu de bruit. Mais dans les rangs libéraux, la grogne envers le lieutenant de Michael Ignatieff est de plus en plus palpable.
Le cas de Steven MacKinnon, candidat libéral dans Gatineau, fait aussi beaucoup jaser chez les rouges. M. MacKinnon, ancien directeur des communications du PLC, a réussi à remporter l’investiture dans cette circonscription malgré les entraves mises sur son chemin.
Moins connu, le cas de Mark Bruneau, un homme d’affaires recyclé dans la politique après la vente extrêmement profitable de son entreprise.
M. Bruneau, très actif au PLC depuis deux ans (les cocktails de financement organisés dans son luxueux appartement du Vieux-Montréal ont permis d’amasser beaucoup d’argent, notamment pour Michael Ignatieff), devait être candidat dans Jeanne-Le Ber, circonscription jugée « prenable » par les libéraux.
À deux jours de son investiture, M. Bruneau a appris qu’il ne sera pas candidat puisque le PLC réservait la circonscription à un candidat vedette. Cette décision frustre le principal intéressé, on s’en doute, mais aussi un groupe de militants qui l’ont aidé depuis des mois à atterrir dans Jeanne-Le Ber.
Les raisons avancées pour écarter Mark Bruneau sont pour le moins nébuleuses, selon différentes sources. M. Bruneau avait déjà essayé de se présenter dans cette circonscription l’an dernier. Même da ns les c i rcon s c r iption s théoriquement imprenables, la méthode Coderre a laissé bien des ecchymoses dans les rangs libéraux.
Da ns L ongueu il-P ier reBoucher, par exemple, le jeune militant Jonathan Pedneault a travaillé activement pendant des semaines pour obtenir l’investiture avant de se faire dire que la circonscription i ra it à quelqu’u n d’autre. Question de lui faire bien comprendre le message, on lui a offert ensuite Verchères-Les Patriotes, une circonscription encore plus bloquiste !
Il faut dire que M. Coderre lui-même ne l’a pas eu facile au début de sa carrière politique. La première fois qu’il est allé au casse-pipe pour le PLC, en 1990, c’était contre... Gilles Duceppe, qui allait devenir le tout premier député élu du Bloc québécois.
De toute évidence, M. Coderre croit aux vertus de l’apprentissage à la dure.


Ignatieff bloque Cauchon  -  Joël-Denis Bellavance
Le PLC dans Outremont
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a tranché : il cautionne la décision de son lieutenant politique au Québec, Denis Coderre, de réserver la circonscription d’Outremont à une femme.
M . Ignatieff a ainsi mis un terme aux ambitions de Martin Cauchon, qui désirait revenir à la politique fédérale dans Outremont. Dimanche, M. Cauchon avait dit souhaiter que les hautes instances du parti tiennent une assemblée d’investiture dans cette circonscription, qu’il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans.
Mais M. Ignatieff n’a pas osé désavouer son lieutenant politique, selon ce qu’a appris La Presse hier. Cette décision du chef libéral, qui est sans appel , provoque t outefois une onde de choc dans les rangs libéraux non seulement dans Outremont, mais aussi ailleurs au pays.
« Martin Cauchon était un excellent ministre, un excellent député. C’est un bon libéral. J’ai discuté avec lui hier soir (dimanche) et j’ai tranché. J’ai dit que, depuis quatre mois, on a sollicité des candidates. On cherche non seulement des candidates, mais aussi de placer ces candidates là où elles peuvent gagner. Et c’est le cas à Outremont », a affirmé hier M. Ignatieff.
« J’ai beaucoup de respect pour M. Cauchon et je crois qu’il a un grand avenir au sein du parti. C’est un homme qui a une fidélité pour le parti et j’ai beaucoup de respect pour cela », a ajouté le chef libéral à Toronto, où il a prononcé un discours sur sa vision économique du pays.
Deva nt les jou r na listes , M. Ignatieff n’a toutefois pas expliqué pourquoi un de ses proches collaborateurs avait pressenti Martin Cauchon en juin pour qu’il reprenne du service cinq ans après avoir tiré sa révérence. Ce dernier avait demandé une période de réflexion afin de discuter de cette offre avec sa famille.
Il y a trois sema i nes , M. Cauchon, qui a déjà été le lieutena nt politique de Jean Chrétien au Québec, a fait savoir qu’il acceptait de porter la bannière du PLC aux prochaines élections. Or, une semaine plus tard, Denis Coderre a dit à qui voulait l’entendre qu’Outremont était réservée à la femme d’affaires Nathalie Le Prohon, ancienne cadre supérieure de Nokia Canada et d’IBM Canada.
«C’est clairement une grave erreur d’écarter Martin Cauchon. Au Québec, on n’a pas le luxe d’exclure un ancien ministre qui a siégé au cabinet pendant presque 10 ans. On a besoin de gens qui ont de l’envergure. Et qu’on ne me serve pas l’argument du renouveau. À ce compte-là, Denis Coderre est largement disqualifié», a affirmé hier un stratège libéral influent qui refuse encore de croire la décision de son chef.
Longtemps considérée comme un bastion libéral, la circonscription d’Outremont est tombée entre les mains du néo-démocrate Thomas Mulcair à la faveur d’une élection partielle en septembre 2007. Le bouillant député a réussi à se faire réélire aux élections générales d’octobre 2008.
Les libéraux de Michael Ignatieff ont bon espoir de reprendre cette circonscription aux prochaines élections, qui pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps. À l’heure actuelle, les libéraux détiennent seulement 14 des 75 sièges du Québec à la Chambre des communes.

Denis Coderre tente de rétablir l’ordre  -  Hugo de GrandPré &  Tristan Péloquin
OTTAWA — Le lieutenant québécois de Michael Ignatieff, Den is Coder re, a décla ré hier que l’ancien ministre fédéral de la Justice, Martin Cauchon, ne briguerait pas le siège d’Outremont pour le Parti libéral, aux prochaines élections.
M. Coderre a ainsi tenté de rétablir l’ordre dans cet ancien château fort libéral, aux prises avec des dissensions internes depuis que M. Coderre a affirmé son intention de nommer une candidate plutôt que son ancien collègue du Conseil des ministres, Martin Cauchon.
Hier matin, La Presse a rapporté qu’une véritable guerre était déclenchée entre ces deux a nciens collègues de l’ère Chrétien et que Denis Coderre voulait à tout prix écarter son rival de cette circonscription réservée aux « candidats vedettes ».
M. Coderre a nié ces informations, hier après-midi. Il a précisé du même souffle que la circonscription n’irait pas à M. Cauchon.
« Il n’y a absolument rien. Martin est un ami. On a travaillé ensemble et on se connaît bien », a-t-il déclaré à sa sortie de la période de questions.
« Je peux vous annoncer que, dans la circonscription d ’O ut remont , c ’e st rég lé , a-t-il ajouté. Nous au rons une candidate et j’aurai l’occasion de vous la présenter officiellement. »
M. Coderre n’a pas voulu divulguer l’identité de cette candidate, mais il n’a pas nié les informations de La Presse selon lesquelles il s’agirait de Nathalie Le Prohon. Mme Le Prohon, dans la quarantaine, est membre de divers conseils d’administration, dont celui d’Hydro-Québec.
M. Cauchon étant en voyage d’affaires en Chine, il a été impossible d’obtenir sa réaction.
Militants mécontents
La décision de la présidente de l’association locale d’écrire à Michael Ignatieff, mercredi, pour lui demander de désigner Martin Cauchon à titre de candidat, a fait des vagues parmi les militants libéraux d’Outremont.
Comlan A mouzou, viceprésident de l’association de la circonscription, qui lorgne lui-même l’investiture, a dit ne pas avoir été consulté par la présidente de l’association, Diane Phaneuf, avant que cette dernière fasse parvenir sa lettre au chef. « Personne n’en veut, ici, de candidat désigné », a dit M. Amouzou.
« Personne n’est contre M. Cauchon, mais ce n’est pas normal que son retour se prépare dans le secret », a pour sa part déploré un autre militant, Mike Meideros.
«Cela fait longtemps que la direction de l’association locale prépare le retour de M. Cauchon. Malheureusement, avant d’envoyer sa lettre, Mme Phaneuf n’a consulté personne», a-t-il ajouté.


Des militants demandent à Ignatieff d’intervenir
La tension monte entre les libéraux dans la circonscription d’Outremont. Au moment où Denis Coderre s’apprêterait à nommer une candidate-vedette pour y représenter les couleurs du parti, les militants de l’association locale se mobilisent pour faire désigner l’ex-député Martin Cauchon.
Martin Cauchon s’adresse à Michael Ignatieff sous l’oeil attentif de Denis Coderre, pendant la course à la direction du Parti libéral, en 2006.
Selon nos sources, la candidate que Denis Coderre a en tête est Nathalie Le Prohon, une femme d’affaires de Montréal dans la quarantaine, qui a été PDG de Nokia et qui est maintenant membre d’une série de conseils d’administration, dont celui d’Hydro-Québec, en plus d’avoir été nommée au Comité de vérification de la Défense canadienne.
Dans une lettre envoyée hier à Michael Ignatieff et obtenue par La Presse, la présidente de l’Association libérale d’Outremont, Diane Phaneuf, a officiellement demandé au chef libéral de «bien vouloir désigner l’honorable Martin Cauchon au titre de candidat du Parti libéral du Canada dans le compté d’Outremont lors de la prochaine élection générale».
« Au cours des dernières semaines, l’honorable Martin Cauchon nous a fait part de son souhait de retourner à la vie politique active et en ce sens, il a formulé le désir de soumettre à nouveau sa candidature à titre de député d’Outremont représentant le PLC », liton dans la missive, signée au nom de l’Association libérale fédérale d’Outremont et de son Conseil de direction.
La Presse a aussi appris qu’un leader de la communauté hassidique d’Outremont, communauté qui représente traditionnellement une base électorale importante pour le Parti libéral dans cette circonscription, a aussi contacté le bureau du chef Michael Ignatieff pour lui faire connaître sa préférence pour la candidature de Martin Cauchon.
Rivalité
Selon des sources au PLC, l’actuel branle-bas de combat de militants dans cet ancien bastion a été provoqué par la rivalité qui existe entre Martin Cauchon et le lieutenant du Québec de Michael Ignatieff, Denis Coderre.
À titre de lieutenant, M. Coderre a la responsabilité de trouver des candidats dans les 75 circonscriptions de la province. Or, ses mauvaises relations avec son ancien collègue du Conseil des ministres l’auraient amené à tenter de l’écarter du paysage politique pour les prochaines élections.
Mais de toute évidence, cette décision de M. Coderre, qui depuis sa nomination se fait accuser à mots à peine couverts de placer ses propres intérêts avant ceux du parti, ne fait pas l’unanimité.
« Nous sommes conscients que ce comté peut être attrayant pour d’autres candidats potentiels, a écrit Diane Phaneuf dans sa lettre. Mais nous vous soumettons respectueusement qu’au cours des années passées comme député d’Outremont, l’honorable Martin Cauchon a su gagner la confiance de ses concitoyens et qu’il a l’appui indéfectible de l’organisation du comté.»
Tout indique que c’est Michael Ignatieff qui sera appelé à trancher ce débat inconfortable. À son bureau, hier, on a en effet indiqué que les présidents nationaux et régionaux du PLC sont responsables d’étudier les candidatures et de faire ensuite une recommandation au chef. On s’est refusé à tout autre commentaire.
Il avait été impossible de joindre Denis Coderre et Martin Cauchon, en voyage d’affaires en Chine, au moment de mettre sous presse.






Layton est prêt à couler Harper  -  Joël-Denis Bellavance
Le premier ministre « n’a pas l’intention de changer de direction », accuse le chef du NPD
OTTAWA — Stephen Harper ne pourra compter sur l’appui du N PD pour assurer la survie de son gouvernement minoritaire conservateur à la Chambre des communes cet automne.
Jack Layton a rencontré Stephen Harper hier, en prévision de la rentrée parlementaire.
Alors que les libéraux menacent de déposer une motion de censure envers le gouvernement conservateur à la fin septembre, M. Harper a rencontré le chef du NPD, Jack Layton, hier, afin de discuter de dossiers qui devraient être traités en priorité à la reprise des travaux parlementaires, le 14 septembre.
Mais au terme de cette rencontre, les deux hommes sont restés bien campés sur leurs positions dans une foule de dossiers qui ont été abordés durant ce tête-à-tête. «M. Harper n’a pas l’intention de changer de direction», a affirmé M. Layton en conférence de presse après la rencontre.
Le chef du NPD a affirmé que le premier ministre ne semble toujours pas saisir l’ampleur de la gravité de la récession qui a frappé le pays. Il s’est aussi dit déçu du refus du gouvernement Harper de modifier sa politique dans le dossier de l’assurance emploi. Le NPD, le Bloc québécois et le Parti libéral pressent le gouvernement conservateur de ramener à 360 heures le seuil d’admissibilité dans l’ensemble du pays pour qu’une personne puisse obtenir des prestations d ’a s s u r a n c e e m pl o i . À l’heu re actuelle, ce critère de 420 à 700 heures selon la région économique. « Ce qui m’a frappé, c’est qu’il ne semble vraiment pas comprendre l’ampleur du chômage qui continue d’empirer et l’urgence d’adopter de nouvelles mesures pour créer des emplois », a affirmé M. Layton.
Il a aussi affirmé que des trois partis de l’opposition, le N PD était le moins susceptible d’accorder son sout ien au x con ser vateu r s pou r leur permettre de se maintenir au pouvoir.
Motion de censure
Les libéraux de Michael Ignatieff comptent profiter d’une journée de l’opposition qu i leu r sera accordée le 30 septembre afin de déposer une motion de censure envers le gouver nement H a r per. Si les libéraux obtiennent l’appui du NPD et du Bloc québécois, le gouvernement conservateur sera défait aux Communes et des élections générales auront lieu le 9 novembre ou le 16 novembre. Si des élections ont lieu cet automne, il s’agira du quatrième scrutin en cinq ans. Un scrutin fédéral coûte 300 millions de dollars aux contribuables.
Un porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, a indiqué que la rencontre entre M M. Harper et Layton a été «cordiale». Toutefois, il a mis en doute les intentions du chef du NPD à moins de trois semaines de la rentrée parlementaire.
«Dans notre esprit, il est clair que le N PD veut travailler avec les libéraux et le Bloc québécois. M. Layton a demandé cette rencontre peut-être pour prétendre qu’il ne travaille pas avec ses partenaires de la coalition. Mais la réalité est que c’est exactement ce qu’il fait», a dit M. Soudas.
«À 79 reprises, M. Layton et son parti ont voté non-confiance envers le gouver ne ment , mê me q u a nd les mesures que nous mettions en oeuvre étaient des mesure que le NPD demandait», a-t-il ajouté.
Il n’est pas prévu, pour le moment, que M. Harper rencontre les chefs des deux autres partis de l’opposition, soit le libéral Michael Ignatieff et le bloquiste Gilles Duceppe.




Les lacunes des conservateurs émergent plus que leurs forces
— Les Canadiens ont plus de facilité à énumérer les lacunes du gouvernement conservateur de Stephen Harper que d’en trouver les forces. C’est du moins ce que révèle un sondage exclusif réalisé du 26 mai au 1er juin par la firme Nanos pour le compte de La Presse.
Selon Nik Nanos, président de la firme de sondage du même nom, il appert que Stephen Harper est devenu la cible du mécontentement de plusieurs Canadiens. Cela suggère, dit-il, qu’il est devenu « le paratonnerre du mécontentement de la population ».
Pour connaître la véritable opinion qu’ont les Canadiens des conservateurs de Stephen Harper, Nanos leur a demandé, sans suggérer de réponse, d’énumérer les forces et les faiblesses du gouvernement.
Les résultats devraient inquiéter les stratèges conservateurs au moment où les libéraux de Michael Ignatieff n’écartent pas l’idée de provoquer des élections dès la semaine prochaine.
Selon le sondage, 65% des Canadiens peuvent nommer spontanément une lacune du gouvernement conservateur au pouvoir depuis février 2006, mais seulement 35% sont capables de souligner une qualité.
« Cette recherche nous aide à mieux saisir l’image globale qu’ont les Canadiens du gouvernement conservateur. Les Canadiens voient plus facilement ses faiblesses que ses forces. Près d’un Canadien sur cinq estime que le gouvernement n’a aucun côté positif. Cela devrait inquiéter les conservateurs », soutient Nik Nanos, le président de la firme de sondage.
Parmi les faiblesses du gouvernement, les Canadiens ont cité le premier ministre Stephen Harper (11,6%), le manque de transparence (7,7%), l’idéologie de droite (4,6%), la gestion de l’économie (4,3%), le manque d’écoute (4,3%), l’arrogance (3,2%), entre autres choses.
Ceux qui ont pu nommer une force ont notamment cité Stephen Harper (5%), la gestion de l’économie ( 3,5%), les promesses tenues (3,2%), l’efficacité du gouvernement (3,1%), la continuité (2,2%) et le fait que les conservateurs soient au pouvoir (2,2%).
Pour Nik Nanos, il appert que Stephen Harper est devenu la cible du mécontentement de plusieurs Canadiens. « Dans l’ensemble, Stephen Harper a deux fois plus de chances d’être perçu comme une faiblesse que comme une force pour le gouvernement. Cela suggère qu’il est devenu le paratonnerre du mécontentement de la population. Cela n’est pas étonnant puisque, depuis le début, la stratégie des conservateurs a été de faire de Stephen Harper le coeur de l’image du gouvernement », souligne M. Nanos.
Pour corriger le tir, « ils doivent changer l’opinion qu’ont certains Canadiens de Stephen Harper, ou encore tenter de régionaliser le visage de l’équipe conservatrice », dit-il





Les conservateurs et Stephen Harper s’enfoncent encore davantage

LeBloc reprend la tête au Québec
« Au niveau de la satisfaction, c’est très faible, les intentions de vote stagnent… Le déclin des conservateurs au Québec est bel et bien confirmé.»
— Le Bloc québécois a repris la tête dans les intentions de vote au Québec, après avoir cédé le premier rang au Parti libéral du Canada, le mois dernier. Pendant ce temps, la situation est loin de s’améliorer pour le Parti conservateur et pour Stephen Harper, qui atteignent de nouveaux sommets d’impopularité.
Un sondage CROP-La Presse mené au Québec entre le 14 et le 24 mai derniers montre que le Bloc récolte désormais 36% des intentions de vote, par rapport à 32% pour le PLC. Le Parti conservateur et le NPD sont restés stables depuis le dernier coup de sonde de CROP, avec des scores respectifs de 15% et 12%.
Le sondage comporte une série de mauvaises nouvelles pour les conservateurs. D’abord, le taux de satisfaction des Québécois à l’égard du gouvernement fédéral a atteint un nouveau creux depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs à l’hiver 2006. En tout, 65% des répondants au sondage se sont dits plutôt ou très insatisfaits de sa gestion des affaires de l’État. C’est le pire score depuis les 75% obtenus par le gouvernement libéral de Paul Martin, quelques jours avant sa défaite électorale de 2006.
Puis, les troupes de Stephen Harper ont glissé au troisième rang des intentions de vote dans leur bastion de la région de Québec, tout juste derrière le Bloc québécois et à 10 points du Parti libéral. À ce chapitre, le PLC termine au premier rang, avec 33%. C’est du jamais vu depuis janvier 2004, soit quelques semaines avant la publication du rapport dévastateur de la vérificatrice générale sur le scandale des commandites.
Enfin, M. Harper a obtenu son pire score à la question: qui ferait le meilleur premier ministre du Canada. Il a récolté 15% des voix, contre 39% pour Michael Ignatieff et 21% pour Jack Layton. Le dernier chef fédéral à obtenir 15% était Stéphane Dion, quelques jours avant que les conservateurs ne déclenchent les dernières élections.
« Au niveau de la satisfaction, c’est très faible, les intentions de vote stagnent… Le déclin des conservateurs au Québec est bel et bien confirmé », observe Maïalène Wilkins, analyste chez CROP.
Stabilisation des libéraux
C’est une tout autre histoire pour les libéraux. Les résultats du dernier sondage CROP-La Presse mené au Québec le mois dernier, du 16 au 26 avril, les plaçaient au premier rang des intentions de vote au Québec pour la première fois depuis le début de l’année 2004, avec 37%, contre 31% pour le Bloc. Mais selon Mme Wilkins, cette chute de 5 points en un mois n’est pas nécessairement désastreuse pour les troupes de Michael Ignatieff.
« Lorsque notre sondage a été fait au mois d’avril, c’était une période particulière, explique l’analyste. C’était vraiment le moment où M. Ignatieff était très, très présent au Québec. Il y avait une forte présence médiatique, il avait été à Tout le monde en parle, il y avait le lancement de son livre, son discours à Laval était assez récent. L’opération charme d’Ignatieff était en cours. »
« Ce mois-ci, c’est comme si les choses s’étaient stabilisées », note-t-elle.
« On observe une remontée du PLC depuis janvier et le parti est redevenu l’alternative au Bloc au Québec, pour ce qui est de l’option fédéraliste. »
Le sondage CROP-La Presse a été mené par téléphone auprès de 1001 personnes. La marge d’erreur est de 3 points, 19 fois sur 20. À noter que la marge d’erreur pour les échantillons régionaux, comme celui de la région de Québec, est supérieure.
Reste à savoir si ces résultats influenceront la décision du Parti libéral de tenter de provoquer – ou non – des élections avant l’été. Lundi encore, Michael Ignatieff n’a pas écarté cette possibilité. Or, quelques heures plus tard, le groupe CanWest a rendu public un nouveau sondage de la firme Ipsos Reid, qui indique que le Parti conservateur a repris la tête dans l’ensemble du Canada, avec 35% des intentions de vote – une avance de 2 points sur le PLC.


Harper en récession, Iggy stagne  -  VINCENT MARISSAL
Le Bloc, dans les circonstances, redevient la bonne vieille valeur refuge, d’autant plus que Gilles Duceppe a un avantage qu’aucun de ses adversaires n’aura jamais au Québec: une intimité avec l’électorat québécois.
Co mme l ’ é c o n o mi e canadienne, le Parti conservateur de Stephen Harper est officiellement en récession. Selon la maison de sondage CROP, le gouvernement de Stephen Harper vient de connaître deux trimestres de croissance négative, aussi bien dans les intentions de vote que pour le taux de satisfaction des électeurs.
Et contrairement à l’économie, aucun signe positif ne laisse présager une reprise prochaine pour les conservateurs. En fait, le PCC est gelé à 15% dans les intentions de vote générales et congelé à 13% chez les électeurs francophones.
De plus la cote du gouvernement et du premier ministre sont aussi au plus bas: 65% de taux d’insatisfaction à l’endroit du gouvernement (un « record » pour le gouvernement Harper) et seulement 15% pour M. Harper à la question « quel chef ferait le meilleur premier ministre », contre 39% pour Michael Ignatieff et 21% pour Jack Layton.
Seule note encourageante pour les conservateurs : ils s’accrochent à 23% dans la région de Québec (contre 33% pour les libéraux et 24% pour le Bloc) et peuvent ainsi espérer sauver quelquesuns de leurs sièges. Ailleurs au Québec, ils font la lutte au NPD pour la troisième place.
Il y a une autre « bonne » nouvelle pour les conservateurs dans ce sondage: le Parti libéral de Michael Ignatieff a stoppé sa progression et montre même les premiers signes de recul. En un mois, le PLC a perdu 5% dans les intentions de vote générales et 6% chez les électeurs francophones. Dans les deux cas, c’est le Bloc qui profite du recul libéral.
Cette correction des intentions de vote du PLC ne rapporte rien aux conservateurs puisque ce sont les bloquistes qui récoltent, mais elle limite tout de même, si elle devait se confirmer dans les prochains mois, les gains possibles des libéraux.
Comment expliquer le tassement des appuis des libéraux?
Dans un autre sondage rendu public hier, la firme Angus Reid affirme que les publicités négatives lancées par les conservateurs contre Michael Ignatief f ont freiné son élan.
Il est vrai que ces publicités ont beaucoup fait jaser (c’est le but premier d’un tel exercice). Elles ont peut-être semé le doute dans l’esprit de certains électeurs qui ont décidé de retourner au Bloc québécois pour le moment. C’est donc dire que les conservateurs font la job de bras pour le Bloc, mais ça aussi, c’était voulu.
Il est vrai aussi que les libéraux sont bien discrets depuis leur congrès de Vancouver, il y a près d’un mois. Michael Ignatieff ne semble compter que sur sa personnalité et il n’a donné à ce jour aucune raison, aucun argument politique, aux électeurs.
Le Bloc, dans les circonstances, redevient la bonne vieille valeur refuge, d’autant plus que Gilles Duceppe a un avantage qu’aucun de ses adversaires n’aura jamais au Québec : une intimité avec l’électorat québécois.
Vrai, le Bloc ne prendra jamais le pouvoir, mais avec le Bloc, les Québécois savent à quoi s’attendre. Pas avec Michael Ignatieff.
Le danger pour le nouveau chef libéral est que la curiosité des Québécois à son égard s’estompe, que ceux-ci « kick les pneus », comme disent les Anglais, mais qu’ils décident de garder leur vieille voiture.
Malgré le recul, les libéraux affirmaient hier suivre un plan de match prévu et voulu. Pas question de sortir tout de suite les gros morceaux du futur programme politique, qui deviendraient alors des cibles de choix pour les conservateurs. Trop en faire en ce moment serait contre-productif, disent des conseillers de Michael Ignatieff.
Vaut mieux garder les munitions pour donner un grand coup dès la rentrée. En dépit des quelques pas en arrière de Michael Ignatieff cette semaine, le scénario d’élections à l’automne tient toujours pour les libéraux.
Pas le choix, disent des libéraux interrogés. Il serait trop risqué de laisser survivre le gouvernement. Selon un stratège libéral, Michael Ignatieff a appris ce qu’il ne faut pas faire quand il était le chef adjoint de Stéphane Dion: menacer sans cesse le gouvernement, puis s’écraser chaque fois que l’occasion de le renverser se présente.
Les libéraux croient par ailleurs que, selon toute logique, le gouvernement se défera seul, aidé en cela par la récession.
Le déficit record en vue (plus de 50 milliards) et les pertes d’emplois anticipées feront plus, disent les libéraux, que toutes les charges à fond de train contre le gouvernement.
À condition, bien sûr, que le recul enregistré par CROP le mois dernier, ne soit que passager. Autrement, c’est le Bloc, encore une fois, qui profitera le plus de la conjoncture.
Pendant ce temps, à Québec, Jean Charest s’en tire relativement bien, compte tenu du mauvais printemps assombri par le dépôt d’un premier budget déficitaire, par les déboires de la Caisse de dépôt et par les tergiversations entourant le nouveau code d’éthique.
Le Parti québécois de Pauline Marois est en tête, mais pas de beaucoup. Compte tenu de la quasi-disparition de l’ADQ de l’écran radar politique, le PQ devrait normalement être plus haut dans les intentions de vote. Idem pour la cote de confiance envers sa chef.
Parlant de l’ADQ, ses militants auront au moins une bonne nouvelle pour leur conseil général, en fin de semaine à Sainte-Foy: selon CROP, une majorité de Québécois croient que le parti survivra au départ de Mario Dumont (48% contre 40%).



Le déclenchement du scrutin 2008 était-il légal ? -  Sue Bailey
Loi fédérale sur des élections à date fixe
OTTAWA — Un juge de la Cour fédérale du Canada devra décider si la décision du premier ministre Stephen Harper de déclencher des élections générales, il y a exactement un an, était illégale.
Des avocats ont débattu de la question, hier, et le verdict à venir pourrait créer un précédent non seulement au Canada, mais ailleurs dans le monde.
En septembre 2008, M. Harper a demandé la dissolution du Parlement et forcé la tenue d’un troisième scrutin national en quatre ans, malgré le fait qu’il avait lui-même apporté un amendement à la Loi électorale du Canada, en 2007.
Selon cet amendement, les prochaines élections ne pouvaient avoir lieu avant le 19 octobre 2009, à moins que le gouvernement ne soit battu à la suite d’une motion de défiance. Des élections fédérales devaient ensuite être tenues tous les quatre ans.
La loi n’interdit pas clairement au premier ministre de devancer une motion de défiance et de demander à la gouverneure générale de dissoudre le Parlement, ce que Michaëlle Jean a accepté de faire.
Néanmoins, l’organisme Démocratie en surveillance soutient que la « décision opportuniste de M. Harper » contrevenait à l’esprit, voire au sens de la loi.
Un coordonnateur de Démocratie en surveillance, Duff Conacher, a affirmé que M. Harper avait soit enfreint la loi, soit brisé la promesse qu’il avait faite en 2006 d’interdire le déclenchement d’élections précipitées selon les humeurs d’un premier ministre.
M. Conacher soutient aussi que M. Harper a transgressé son droit à des élections justes et équitables, garanti par la Charte des droits et libertés, ditil, et confirmé par la Cour suprême du Canada.
M. Conacher veut une décision qui confirme que le geste de M. Harper était illégal.
« C’est exactement ce genre d’actions que la loi (sur les élections à date fixe) devait empêcher », a fait remarquer l’avocat de Démocratie en surveillance, Peter Rosenthal, au juge Michael Shore.
Démocratie en surveillance soutient que le gouvernement Harper n’avait aucune raison de forcer la tenue d’un vote, à part l’impression qu’il était en position de gagner la majorité des sièges de la Chambre des communes.
Il n’a toutefois pas remporté cette majorité, et il fait maintenant face à une opposition qui semble déterminée à imposer la tenue d’un quatrième scrutin en cinq ans.
Le juge Shore a pris l’affaire en délibéré et sa décision ne sera vraisemblablement pas dévoilée avant plusieurs semaines, sinon quelques mois.
Lorsque ce verdict sera connu, il établira des précédents relativement à des législations de même type à TerreNeuve-et-Labrador, à l’Île-du-PrinceÉdouard, en Ontario, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest.
Si le juge Shore donne raison à Démocratie en surveillance, l’organisme envisagera la possibilité de déposer u n recou rs collectif a fin de rembourser aux contribuables la somme de 350 millions $ dépensée lors des dernières élections. Il exigera également l’établissement d’une période de 30 à 60 jours, qui serait ajoutée à la loi, pour permettre à toutes les formations politiques de bien se préparer en vue d’une campagne électorale avant qu’elle ne commence.
Selon l’avocat du gouvernement, Robert MacKinnon, Démocratie en surveillance demande au juge de trancher sur une question morale et non légale. Il a ajouté que les changements relatifs aux élections à date fixe ne diminuaient en rien les pouvoirs de la gouverneure générale de dissoudre le Parlement, « si elle le juge nécessaire ».




La « grande passe de 2001 » -  VINCENT MARISSAL
La « grande passe de 2001 » a aussi permis aux députés d’augmenter considérablement leurs prestations de retraite, calculée, cela va de soi, sur le salaire annuel.
Depuis 5 ans, le salaire de base d’un député fédéral est passé de 141 200$ à 157 713$, un bond de 12%. Pas mal pour des gens qui se plaignent souvent de « perdre de l’argent » en faisant de la politique.
Les députés fédéraux n’ont peut-être pas la possibilité de combiner allocation de transition et pension de retraite comme leurs confrères à Québec, mais ils ont tout de même connu une hausse de salaire importante depuis cinq ans.
Par comparaison, le revenu moyen des travailleurs (à temps complet) canadiens n’a augmenté que de 6% entre 2002 et 2007 (de 50 000$ à 53 000$ selon les derniers chiffres de Statistique Canada).
Les députés fédéraux vous diront que leur salaire a fortement augmenté au début des années 2000 parce que l’on a intégré leurs allocations de dépenses non imposables dans leur rémunération (imposable) globale.
Vrai, mais en fouillant un peu, on s’aperçoit que les allocations de dépenses n’ont pas complètement disparu même si le salaire de base a considérablement augmenté.
En 2001, le nouveau régime de rét r ibut ion des députés devait él iminer l’al location non imposable de 23 000$. On devait alors hausser le salaire des élus fédéraux pour tenir compte de l’impôt et ceux-ci devaient se débrouiller avec leur chèque.
Or les députés t ouchent encore aujourd’hui , en plus de leur salaire de base de 157 713 $, une allocation globale de dépenses (déplacements et logement) de 24 500 $ par année. Ils peuvent utiliser cette cagnotte pour payer les frais de location d’un appartement (ou d’une chambre d’hôtel) à Ottawa ou, s’ils sont propriétaires d’une maison dans la capitale, pour payer les dépenses courantes, à raison de 28,42$ par jour.
Salaire en forte hausse, maintien des allocations de dépenses, ce qui devait inaugurer un nouveau régime de transparence est plutôt devenu la « grande passe de 2001 ».
La « grande passe de 2001 » a aussi permis aux députés d’augmenter considérablement leurs prestations de retraite, calculée, cela va de soi, sur le salaire annuel.
Au moins, les députés fédéraux ne peuvent, contrairement à leurs collègues québécois, cumuler pension de retraite et allocation de départ lorsqu’ils sont battus ou qu’ils se retirent. Le versement de la pension commence à 55 ans. Après cet âge, les députés ne peuvent toucher d’indemnité de départ. Avant 55 ans, un député qui démissionne, qui est battu ou qui ne se représente pas a droit à une indemnité de six mois (basée sur son salaire annuel).
En plus de leur salaire, de leur pension et de leur régime d’assurance, les députés ont aussi droit à quelques petits extras : 64 vols aller-retour pour eux et leur famille et l’utilisation gratuite partout et en tout temps des trains de VIA Rail.
On leur sert même un buffet chaud ou froid dans l’antichambre des Communes lorsqu’ils siègent.
Les plus radins s’empiffrent au buffet et réclament ensuite l’indemnité quotidienne pour repas…



Le Parlement n’existe plus -  Robert Asselin
La décision du premier ministre Stephen Harper de proroger les travaux des Communes est choquante à bien des égards. En annonçant sa décision en catimini le 29 décembre, au beau milieu du congé des fêtes, le geste est d’un cynisme mesuré.
Sans raison valable, le premier ministre a fait un quelconque calcul politique qu’il valait mieux que les Communes ne siègent pas pour quelque temps. Soit, on sait depuis un certain temps que ce premier ministre carbure à la stratégie politique et qu’il ne se soucie guère des apparences.
Ce n’est pas ce qui est le plus désolant dans cette affaire. Le Parlement, ce lieu ou nos représentants dûment élus devraient incarner la pratique démocratique de notre pays, serait ainsi devenu nuisible au bon fonctionnement du gouvernement. Le travail entamé au sein des comités parlementaires, les projets de loi à l’étude, tout ça devient trivial et impertinent. Le Parlement serait ainsi devenu un banal instrument politique à la disposition du premier ministre.
Au fil des ans, notre système parlementaire a perdu de sa pertinence. La branche exécutive du gouvernement, largement dominé par le premier ministre et ses conseillers, a dominé notre système politique. Sous Stephen Harper, seuls quelques ministres ont le droit de s’exprimer publiquement, les autres étant réduits à signer la correspondance ministérielle.
Depuis quelques décennies, la grande majorité des décisions qui affectent les Canadiens ne sont même plus débattues au sein de notre Parlement. Le seul aspect visible des travaux des Communes, la période des questions, est devenu un affrontement partisan qui gargarise les bases les plus militantes des partis politiques et sert de théâtre pour nos médias télévisuels. Il n’y a plus de débat de fond.
Il faut juste avoir l’air convaincu et montrer un peu d’émotion devant la caméra. Au nom de leur ministre, les secrétaires parlementaires y vont tour à tour lire des platitudes préparées par des fonctionnaires pour défendre leur projet de loi. Faisant fi de la pratique parlementaire, le premier ministre rend compte de la situation économique du pays en sortant d’un avion en Chine. La branche législative, gardienne de l’imputabilité démocratique, semble impuissante.
En vertu de notre Constitution d’inspiration britannique, notre Parlement est souverain. En théorie, c’est à lui que nous confions la responsabilité de poser le dernier jugement en notre nom collectif. Quand nous votons aux élections, nous élisons un député pour nous représenter aux Communes et c’est le parti qui fait élire le plus grand nombre de députés qui forme le gouvernement. Nous n’élisons pas un chef de gouvernement au suffrage universel, comme le font les Américains.
Nonobstant la ligne de parti, nécessaire pour assurer la stabilité du gouvernement, il est possible pour nos représentants d’assurer un minimum d’imputabilité gouvernementale. L’épisode de la crise politique de décembre 2008, où les trois partis d’opposition avaient convenu de former une coalition, en est un excellent exemple. Mais quand le premier ministre met fin sans raison valable aux travaux du Parlement, pour la deuxième fois en un an, cette imputabilité démocratique disparaît.
Notre système politique a été conçu pour assurer une certaine stabilité dans la conduite des affaires de l’État. Le pouvoir a toujours été concentré dans les mains de l’exécutif, mais à force d’usurper les conventions constitutionnelles en sa faveur, le premier ministre est devenu une sorte d’empereur aux pouvoirs illimités qui peut décider à sa guise quand nos instances démocratiques ont le droit ou non d’exercer leurs prérogatives constitutionnelles. Cela a de quoi amuser les pays à qui nous faisons de grandes leçons de démocratie.




Un rapport prône une révision de la liste d’interdiction de vol
OTTAWA — Des consultants indépendants ont conseillé au ministère fédéral des Transports de revoir de fond en comble sa liste d’interdiction de vol.
Ces consultants, embauchés par le ministère, ont conclu que Hani Al Telbani n’aurait jamais dû être empêché de prendre l’avion. Dans une évaluation cinglante de la liste d’interdiction de vol, connue sous le nom de Programme de protection des passagers, les conseillers indépendants en sécurité Allan Fenske et Wendy Sutton ont recommandé à l’organisme fédéral de retirer du registre le nom de cet étudiant montréalais.
Le rapport a été commandé par le Bureau de réexamen de Transports Canada, lequel examine les plaintes déposées par des personnes qui se sont vu refuser le droit de prendre l’avion parce que leur nom figurait sur la liste d’interdiction de vol.
Bien qu’il ait été terminé en octobre 2008, le rapport n’a été dévoilé que récemment, par la Cour fédérale, où M. Al Telbani a déposé une poursuite contre le gouvernement.
Entrée en vigueur en juin 2007, la liste d’interdiction de vol a été mise sur pied pour empêcher des personnes considérées comme une menace à la sécurité aérienne de prendre un avion en partance ou à destination du Canada.
Le rapport des consultants recommande à Transports Canada de revoir la manière dont sont choisis les noms figurant sur la liste d’interdiction de vol. Le document pourrait avoir d’importantes répercussions non seulement pour le cas de Hani Al Telbani, mais également pour le Programme de protection des passagers.
Le 4 juin 2008, M. Al Telbani , un résida nt de Longueuil âgé de 27 ans, n’a pas pu monter dans l’avion d’Air Canada qui devait l’amener de Montréal à Riyad, en Arabie Saoudite, via Londres.

La Cour fédérale déclare invalide un autre certificat de sécurité  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Et de deux: après Adil Charkaoui, une deuxième personne en quelques semaines voit son certificat de sécurité déclaré invalide par la Cour fédérale.
Dans une décision de 183 pages, le juge Richard Mosley a décrété hier qu’il n’y avait plus de motif raisonnable pour maintenir un certificat à l’endroit d’Hassan Almrei.
Ce faisant, le magistrat a sévèrement critiqué le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) et les ministres responsables pour ne pas avoir considéré toute l’information disponible, au moment de renouveler la mesure, en février 2008. «Ils ont cru avoir fait leur travail en 2001 et qu’il n’y avait plus besoin depoursuivre leur enquête», a-t-il noté.
Hassan Almrei, l’un des quatre hommes musulmans à toujours faire l’objet d’un certificat de sécurité, est détenu depuis octobre 2001. Le SCRS lui reprochait entre autres de partager l’idéologie d’Oussama Ben Laden, d’avoir entretenu des liens avec des membres de réseaux «affiliés» à Al-Qaeda et d’avoir fabriqué de faux documents.
Or, si les craintes des services de renseignements canadiens pouvaient être justifiées dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, elles n’avaient plus leur place en 2008, lorsqu’ils ont émis un nouveau certificat à la suite d’un jugement de la Cour suprême, a tranché le juge Mosley.
«L’évaluation du SCRS en 2008 a été préparée, à mon avis, sans considération suffisante de toutes les informations en sa possession et sans considérer si l’état des connaissances à propos du risque de sécurité posé par des extrémistes islamistes à la sécurité nationale avait évolué depuis qu’Almrei est détenu », a-t-il écrit.
L’un des experts cités par le juge, le professeur Brian Williams de l’Université du Massachusetts, est allé plus loin, qualifiant une portion du travail du SCRS de «renseignement Wikipédia».
« C’est une critique très sévère du SCRS, a constaté l’avocat d’Hassan Almrei, Lorne Waldman. Les gens du SCRS devraient jeter un coup d’oeil attentif à ce jugement et peut-être renvoyer certains de leurs agents à l’école.»
Me Waldman a dit espérer que la Cour puisse ordonner la révocation du certificat d’ici quelques jours, et ainsi permettre à son client d’être enfin libre, après huit ans de détention.
Il faudra toutefois attendre la décision des avocats du fédéral: à la fin de son jugement, le juge Mosley a ouvert la porte à une forme d’appel par le gouvernement. Me Waldman a déclaré qu’il s’y opposerait.
«Notre objectif est de s’assurer que les Canadiens sont en sécurité face aux menaces terroristes », a fait savoir le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, par la voix d’un porte-parole.
Le ministre Van Loan a par ailleurs annoncé dans une entrevue avec La Presse Canadienne qu’il travaillait actuellement sur une réforme du système des certificats de sécurité, qui existent depuis 1978. Depuis 1991, 28 ont été émis. Outre Hassan Almrei, Mohammed Mahjoub, Mahmoud Jaballah et Mohamed Harkat tombent sous le coup de cette mesure déclarée en partie inconstitutionnelle par la Cour suprême du Canada en février 2007.

Le prix de la liberté  -  AGNÈS GRUDA
Quel prix doit-on payer pour la liberté d’une jeune femme séquestrée à l’autre bout du monde, et qui ne r êve que d’u ne chose: rentrer chez elle avec ses trois enfants?
Johanne Durocher, la mère de Nathalie Morin, Québécoise retenue contre son gré en Arabie Saoudite avec ses trois enfants, déplore l’analyse des autorités consulaires canadiennes qui considèrent la situation de sa fille comme une « question familiale du domaine privé ».
Saeed Al-Shahrani a présenté son « esti mation » le mois dernier au personnel de l’a mbassade canadienne en Arabie Saoudite. Et il s’agit de 300 000$ US. Si le Canada lui paie cette somme, le Saoudien permettrait à sa conjointe, la Québécoise Nathalie Morin, de retourner au Canada. Il a aussi promis de lui céder la garde légale de leurs trois enfants.
Le Canada n’a aucune intention de céder à sa requête. Les autorités consulaires ont vérifié si celle-ci pouvait être considérée comme une demande de rançon. Leur réponse est non. Comme le remboursement de la dot est légal en cas de divorce en Arabie Saoudite, « il ne s’agit pas d’une situation de prise d’otage », conclut une responsable consulaire dans un courriel envoyé à Johanne Durocher, la mère de Nathalie.
L’histoire de Nathalie Morin est donc une « question familiale du domaine privé » et Ottawa n’a pas à se mêler de ses affaires de divorce et de garde d’enfants, aux yeux des autorités consulaires.
Pour Johanne Durocher, cette analyse est d’autant plus aberrante que sa fille n’a jamais l é ga l e ment é pousé Saeed Al-Shahrani. Le document saoudien qui confirme l’état matrimonial du couple est une « confirmation » d’un mariage qui aurait été conclu au Québec. Mais qui, dans les faits, n’a jamais eu lieu.
La demande de 300 000$ ne peut donc pas être considérée comme une démarche habituelle dans un divorce à la saoudienne et Ottawa ne doit pas la traiter comme telle, plaide-t-elle.
L’interprétation du Canada « n’a aucun bon sens », renchérit la députée bloquiste Francine Lalonde, qui suit ce dossier depuis longtemps. « Ça me révolte, la réaction de l’ambassade dénote une incompréhension totale de l’enfer que vit Nathalie. »
Voilà le dernier rebondissement dans un feuilleton dont la principale protagoniste est une Québécoise de 25 ans, séquestrée jour et nuit dans un appartement de la ville saoudienne de Dammam. Et entièrement dépendante d’un conjoint qui lui fournit la nourriture, ne lui permet jamais de sortir seule, la frappe à l’occasion. Un homme qui veut maintenant monnayer son départ.
« Je suis coupable »
« Je suis coupable, c’est mon erreur, je le sais que je suis coupable. Mais tout le monde a droit à une deuxième chance. »
C’est sur cette scène filmée par Johanne Durocher, qui a rendu visite à sa fille en juillet, que s’ouvre le reportage diffusé ce soir à l’émission Enquête, à Radio-Canada.
Un reportage dans lequel on sent toute l’impuissance d’une femme confrontée à un dilemme cruel: abandonner ses trois enfants, ou rester cloîtrée avec eux.
Au printemps dernier, la mère de Nathalie Morin avait envisagé de poursuivre Ottawa pour avoir négligé de venir en aide à sa fille. Des documents obtenus par Radio-Canada grâce à la Loi sur l’accès à l’information révèlent pourtant que le dossier de Nathalie Morin est l’un des plus actifs au ministère canadien des Affaires étrangères.
Les agents consulaires de Riyad ont eu des dizaines d’échanges de courriels et d’appels téléphoniques avec Nathalie Morin et sa mère. Le dossier a fait l’objet d’une douzaine de rencontres avec de hauts fonctionnaires saoudiens. Il y a quelques jours, le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon en a parlé avec son homologue saoudien, à Riyad. Une rencontre qui n’a pas changé sa position: Nathalie Morin doit régler son problème en faisant appel aux lois saoudiennes.
Doit-on en conclure qu’Ottawa fait tout son possible pour venir en aide à Nathalie Morin? Pas nécessairement, nuance son avocat Julius Grey: maintenant que l’on sait que le gouvernement a tenté de l’aider, encore faut-il vérifier s’il n’a pas commis d’omission majeure. Mais cet examen va prendre du temps.
Amour en dents de scie
Le reportage d’Enquête retrace l’histoire de la jeune femme depuis le jour où elle fait la connaissance de Saeed, à l’âge de 17 ans, dans une pizzeria de Montréal. Trois semaines plus tard, Nathalie tombe enceinte. Le couple doit s’épouser, mais le jour J, elle ne se présente pas à la mosquée. C’est une histoire d’amour en dents de scie, qui se complique quand Saeed est expulsé du Canada, après avoir été mêlé à une agression armée.
Le jeune homme se lance alors à la reconquête de Nathalie. Il lui promet l’amour sur les plages ensoleillées de son pays. Nathalie se convertit à l’islam et fait quelques allers-retours en Arabie Saoudite. Jusqu’à ce dernier voyage où, incapable de vivre sans ses enfants, elle décide de « sacrifier sa vie » pour eux.
Avec le temps, Nathalie découvre que Saeed Al-Shahrani a un dossier trouble. Le gouvernement saoudien a confisqué son passeport. Le Canada ne veut pas le laisser entrer. Interviewé par Enquête, le ministre Lawrence Cannon affirme être au courant de ce qui lui est reproché, mais refuse de le révéler.
L’histoire de Nathalie n’est pas tout en noir et blanc. Elle reçoit de l’aide, mais pas assez pour que ses conditions de vie s’améliorent de façon notable. Elle vit en recluse, dans une situation qui serait considérée comme abusive au Canada – mais qui ne contrevient pas aux lois saoudiennes.
Jusqu’où va le devoir du gouvernement canadien face à des citoyens retenus à l’étranger où ils sont traités conformément aux lois locales, aussi inéquitables soient-elles?
« Traditionnellement, la protection diplomatique relève du pouvoir de l’ État, et non du droit d’un individu », explique le juriste François Crépeau.
Autrement dit, à quelques exceptions près, la protection diplomatique s’arrête là où commence la loi d’un autre pays. Les moeurs saoudiennes ont beau être contraires à la conception canadienne des relations entre les hommes et les femmes, la situation de Nathalie Morin n’est probablement pas suffisamment critique pour outrepasser ce principe, croit M. Crépeau – qui souligne que des réactions récentes de tribunaux tendent toutefois à élargir la responsabilité du gouvernement face à ses expatriés.
I l reste l a négociation . François Crépeau est convaincu que l’Arabie Saoudite a une « liste d’épicerie » de dossiers qui permettraient à Ottawa de faire pression sur Riyad pour trouver un terrain d’entente avec Saeed.

À partir de là, tout est une question de prix.

Un millier de Canadiens dans les prisons étrangères  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Omar Khadr n’est pas le seul Canadien détenu à l’étranger. En tout, 1073 individus ayant la citoyenneté canadienne se trouvent dans des prisons un peu partout sur la planète, démontrent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information.
Plus de la moitié de ces Ca nadiens, soit 551, sont emprisonnés aux États-Unis, selon les dernières données compilées par le ministère des Affaires étrangères, datées de juillet dernier.
Il y a aussi 57 Canadiens qui purgent une peine de prison en Chine, 55 au Mexique, 44 dans les Émirats arabes et 33 en Grande-Bretagne.
L es deu x tiers de ces Canadiens sont nés au Canada. Les autres sont des immigrés qui ont la citoyenneté canadienne. Ils sont majoritairement des hommes (89%) âgés entre de 21 à 49 ans.
En outre, 40 % de ces détenus purgent une peine liée à une affaire de possession ou de trafic de stupéfiants. Environ 11 % font face à une accusation de meurtre tandis que 8 % sont accusés de fraude.
Depuis 2000, le nombre total de Canadiens qui purgent une peine de prison à l’étranger a toujours dépassé 1600 et a même atteint 2037 en 2008. Ce nombre a donc diminué de près de la moitié jusqu’ici par rapport au sommet de l’an dernier.
Projet de loi du NPD
Malgré tout, le député néodémocrate Paul Dewar, qui compte déposer un projet de loi contraignant le gouvernement canadien à se porter à la défense des Canadiens détenus à l’étranger et à leur offrir les services consulaires nécessaires, s’est dit surpris par ces statistiques.
« Cela me convainc encore plus de la nécessité de déposer mon projet de loi », a dit M. Dewar, critique du NPD en matière d’affaires étrangères. « Les Canadiens sont de plus en plus inquiets du fait que le gouvernement ne reconnaît pas son devoir constitutionnel de protéger nos citoyens à l’étranger », a ajouté le député
M. Dewar a ajouté que la loi qu’il propose est nécessaire afin d’éviter que le gouvernement canadien refuse de rapatrier des Canadiens détenus à l’étranger, comme O ma r K had r, ma lg ré les déc isions des t r ibu nau x qui les y obligent.
Le projet de loi du député Dewar viserait notamment à imposer au gouvernement le devoir constitutionnel de protéger les C a nad ien s à l’étranger, à assurer des services consulaires constants et non discriminatoires à tous les Canadiens en détresse et à créer un bureau d’ombudsman indépendant qui serait responsable de vérifier la performance du gouvernement à cet égard.
Âgé de 22 ans, M. Khadr a été emprisonné à Guantánamo par les États-Unis, qui l’accusent d’avoir tué un soldat américain il y a sept ans en lui lançant une grenade.
En avril, la Cour fédérale du Canada a statué que le gouvernement canadien avait l’obligation de rapatrier Omar Khadr, qui est né à Toronto. Le gouvernement Harper a décidé d’en appeler devant la Cour suprême du Canada.
Jusqu’ici, le premier ministre Stephen H a r per a fa it valoir qu’il attendait de voir quel sort l’administration de Barack Obama compte réserver à Omar Khadr une fois que la prison de Guantánamo sera fermée, l’an prochain. M. Harper a aussi soutenu que le jeune doit répondre à des accusations « très graves » devant la justice américaine.
Le procès intenté en cour ma r tia le cont re le jeu ne Canadien a commencé il y a quatre ans et est toujours en cours.
M. Khadr n’est pas le premier Canadien à obtenir un jugement favorable des tribunaux pour que le gouvernement fédéral l’aide à rentrer au pays. En effet,
Abousfia n Abdel ra zi k , retenu du ra nt si x a ns au Soudan, est rentré au pays durant l’été après que le gouvernement fédéral eut épuisé tous les recours juridiques et eut été contraint par les tribunaux de le rapatrier.
Soupçonné d’avoir des liens avec u n réseau ter roriste, M . Abdelrazik ne pouvait quitter le Soudan parce que le gouvernement canadien refusait de lui délivrer un passeport. La semaine dernière, ses avocats ont annoncé qu’il intentait une poursuite de 27 m i l l ion s de dol la r s contre le gouvernement fédéral et le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.


Les prétentions d’Adil Charkaoui  -  Yves Boisvert
Si Adil Charkaoui a été une menace à la sécurité nationale, ce n’est cer tainement plus le cas aujourd’hui, après presque deux ans de détention et des années de surveillance et de débats judiciaires.
Mais voici qu’il se compare à Maher Arar et laisse planer une menace de poursuite contre le gouvernement canadien. Pas sûr, M. Charkaoui, pas sûr du tout.
D’abord , Maher Ara r, citoyen canadien, a été envoyé avec la complicité de la police canadienne vers la Syrie, où il a été non seulement emprisonné mais torturé pendant un an. Une commission d’enquête a conclu à l’absence de preuve contre M. Arar. Elle a critiqué sévèrement la GRC et les services de renseignement. Le gouvernement canadien a ensuite présenté ses excuses et indemnisé M. Arar à hauteur de 10 millions. M. Charkaoui, originaire du Maroc, n’est pas citoyen canadien. En observant ses liens avec diverses personnes liées à la mouvance islamiste radicale, et en apprenant qu’il avait fait un voyage jugé suspect au Pakistan en 1998, le Service canadien du renseignement de sécurité a conclu qu’il était indésirable et qu’il devait être expulsé du pays.
Il y a pour cela une procédure prévue à la Loi sur l’immigration : le certificat de sécurité. Depuis une trentaine d’années (donc bien avant le 11 septembre), 27 personnes ont été l’objet d’un tel certificat.
C’est une audience au cours de laquelle l’État doit démontrer qu’il a des motifs raisonnables de soupçonner la personne d’activités criminelles, de terrorisme ou de ce qui pourrait constituer unemenace à la sécurité nationale.
M. Charkaoui a été détenu pendant 21 mois, à partir de 2003, puis a été soumis à une série de conditions très sévères, notamment à la surveillance électronique 24 heures sur 24.
En 2007, la Cour suprême a accueilli un recours de M. Charkaoui, disant que cette procédure viole les droits fondamentaux: la preuve est largement secrète et ne peut même pas être contestée par la personne visée.
La Cour suprême n’a pas pour autant invalidé la procédure, elle a simplement forcé le gouvernement conservateur à la récrire pour prévoir un mécanisme de révision: un avocat indépendant, lui, peut avoir accès à la preuve et la tester. Ce qui fut fait, et les cinq personnes visées par ces certificats au Canada le sont maintenant suivant la nouvelle procédure.
En fait, la Cour suprême a surtout confirmé la légitimité d’une mesure exceptionnelle pour permettre au Canada d’expulser les personnes potentiellement dangereuses.
Bien entendu, le monde de l’espionnage est plein de coups fourrés, de faux témoins et de renseignements foireux. La juge Danièle TremblayLamer, de la Cour fédérale, ne semble pas particulièrement impressionnée par le travail des services de renseignement canadiens dans ce dossier, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle semble sur le point de rejeter carrément ce certificat, et ce n’est pas pour rien que M. Charkaoui a été libéré de son bracelet électronique.
Mais faut-il en conclure que M. Charkaoui est victime d’une erreur sur la personne ou d’un acharnement injustifié ? On n’en est pas là du tout si l’on se fonde sur le sommaire de la preuve du gouvernement produit en cour et pourtant déjà allégé de plusieurs éléments cet été.
Adil Charkaoui a passé cinq mois au Pakistan en 1998. Le SCRS le soupçonne de s’être rendu pendant cette période dans un camp d’entraînement terroriste d’Al-Qaeda en Afghanistan. Les recrues qui s’y rendaient passaient par le Pakistan, et c’est la route qu’a suivie, à peu près aux mêmes dates, Ahmed Ressam, ce Montréalais arrêté à la frontière canado-américaine en décembre 1999 dans une voiture bourrée d’explosifs. Ressam était au même camp que Zacarias Moussaoui, impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001.
Ressam a affirmé reconnaître Charkaoui sur deux photos. Il a dit l’avoir vu au camp d’Al-Qaeda. Toutefois, il a ensuite appelé le journaliste Fabrice de Pierrebourg pour dire qu’il avait menti.
M. Charkaoui, lui, affirme n’avoir pas mis les pieds en Afghanistan. Tant au FBI qu’au SCRS et à la Cour fédérale, M. Charkaoui a donné des explications nébuleuses sur son voyage. Il y était allépour renouer avec la religion musulmane, a-t-il dit. Il ne semble pas capable de donner beaucoup de détails.
Le SCRS a observé qu’il avait pris l’habitude, au début des années 2000, d’utiliser très souvent les téléphones publics, y compris en face de chez lui.
M. Charkaoui a eu des liens avec Abousoufian Abdelrazik, que le Conseil de sécurité de l’ONU considère comme un extrémiste membre du réseau Al-Qaeda. Il a aussi eu des contacts avec Abdellah Ouzghar, qu’il a décrit comme un innocent n’ayant rien à se reprocher, mais qui a été condamné à cinq ans de prison en France pour avoir facilité la fabrication de faux documents à des fins terroristes.
Ce ne sont pas des preuves d’un complot terroriste. Si c’était le cas, on lui ferait un procès pour cela. Mais je conçois que ces éléments, plus d’autres qu’on ne connaît pas, peuvent constituer éventuellement un « soupçon raisonnable » que, à tout le moins, M. Charkaoui a flirté avec l’extrémisme islamiste.
J e ne s u i s donc pa s convaincu du tout qu’il pourra prouver que, si sa réputation a été entachée, c’est à cause du gouvernement canadien, quels que soient les errements des services secrets.
Dans toutes ces entrevues que donne M. Charkaoui, j ’aimerais bien qu’on lui demande de répéter son opinion sur le 11 septembre, cette vaste « supercherie », comme il a dit à la cour, lui qui croit que ben Laden n’aurait jamais pu organiser pareille affaire.
J’aurais voulu causer avec lui, hier, mais il m’a raccroché au nez quand je lui ai posé des questions sur son voyage au Pakistan. Questions tendancieuses, m’a-t-il dit, menace de poursuite à l’appui.
Il n’a donc pas commencé à me convaincre que ce certificat a été une erreur. Aujourd’hui, en vérité, je ne le crois pas du tout.

Charkaoui n’exclut pas de poursuivre Ottawa - Malorie Beauchemin
OTTAWA — Espérant que son certificat de sécurité soit révoqué dès aujourd’hui, le Montréalais Adil Charkaoui réclame au gouvernement fédéral des excuses officielles et n’exclut pas de poursuivre Ottawa en justice.
Adil Charkaoui a recouvert entièrement la liberté jeudi dernier, la juge Danièle Tremblay-Lamer ayant révoqué son certificat de sécurité.
« La question n’est pas écartée. En ce moment, mes avocats étudient toutes les avenues juridiques », a répondu M. Charkaoui en conférence de presse, hier, alors qu’on lui demandait s’il allait intenter une poursuite au civil pour obtenir une compensation financière.
« Quand on vous enlève votre permis d’enseignement, quand on envoie de fausses allégations sans preuve à toutes les agences étrangères à travers le monde, qu’on m’empêche de travailler, que je passe 21 mois en prison, que je sois stigmatisé de la sorte, que je ne puisse plus retourner dans mon pays d’origine, moi je pense que ça mérite une compensation », at-il dit.
Le Montréalais d’origine marocaine était à Ottawa, hier, pour réclamer des excuses au gouvernement, qui l’a arrêté, emprisonné, puis mis en liberté avec l’obligation de respecter de nombreuses conditions, dont le port d’un émetteur GPS à la cheville, en raison du certificat de sécurité délivré contre lui.
Après six ans de bataille judiciaire, la juge Danièle Tremblay-Lamer, de la Cour fédérale, a ordonné jeudi dernier que M. Charkaoui r e couv r e complè t ement la liberté.
Deux ministres du gouvernement canadien, dans une lettre datée du 31 juillet, avaient euxmêmes reconnu que la preuve était « insuffisante » contre M. Charkaoui, qu’Ottawa soupçonnait, en 2003, d’appartenir à Al-Qaeda. M. Charkaoui a toujours clamé son innocence et réclamé l’accès à la preuve détenue contre lui.
« Pendant six ans et demi, j’ai vécu avec l’étiquette de présumé terroriste alors que je n’étais même pas accusé ; je ne veux plus vivre avec l’étiquette d’ex-présumé terroriste », a dit hier l’enseignant de 36 ans, père de trois enfants.
La juge Tremblay-Lamer doit entendre aujourd’hui, à huis clos, les avocats du gouvernement. Mais déjà, la semaine dernière, elle a annoncé que le certificat de sécurité contre lequel se bat M. Charkaoui depuis des années sera révoqué dans les prochaines semaines puisque rien ne le justifie.
En 2007, le Canadien d’origine syrienne Maher Arar, détenu et torturé sous de fausses accusations en Syrie, a obtenu des excuses officielles dupremier ministre StephenHarper, enplus d’une compensation financière de 10,5 millions de dollars.
Au moment oùM. Charkaoui a recouvré la pleine liberté, la semaine dernière, un autre Canadien, Abousfian Abdelrazik, a annoncé qu’il intentait une poursuite de 27 millions contre Ottawa pour avoir été retenu injustement au Soudan pendant six ans.

Adil Charkaoui est un homme libre  -  Laura-Julie Perrault
« Je suis content, mais il manque encore quelque chose. Des excuses. »
Après six ans de feuilleton juridique, le Montréalais Adil Charkaoui, visé par un certificat de sécurité, a recouvré complètement sa liberté hier. À grands coups de ciseaux, il s’est débarrassé du dernier dispositif qui le reliait aux autorités canadiennes: un GPS qu’il devait porter jour et nuit.
Après six ans de vaudeville judiciaire, la juge Danièle Tremblay-Lamer de la Cour fédérale a ordonné hier matin la libération complète d’Adil Charkaoui.
«C’est un morceau de plastique et de métal, mais vous n’avez pas idée de ce que ça fait psychologiquement à un homme », s’est excla mé le ressortissant marocain de 36 ans, les yeux embués, devant l’immeuble de la Cour fédérale. Sa mère, Latifa, remerciait Dieu. Des supporteurs applaudissaient.
Quelques minutes plus tôt, la j uge Danièle T remblayLamer avait ordonné la levée de toutes les contraintes imposées à Adil Charkaoui depuis sa mise en liberté en février 2005. La magistrate a rendu sa décision séance tenante, ex pliqua nt qu’il n’y avait aucune raison de restreindre plus longtemps la liberté de M. Charkaoui. «J’ordonne que toutes les conditions de remise en liberté soient révoquées et que cette ordonnance prenne effet immédiatement », a lancé la j uge alors que l’avocate de M. Charkaoui, Johanne Doyon, était au milieu de sa plaidoirie.
Mme Tremblay-Lamer a expliqué que les conditions de mise en liberté ne peuvent plus tenir puisque les ministres fédéraux qui ont délivré le certificat de sécurité contre M. Charkaoui – le soupçonnant d’appartenir à Al-Qaeda – reconnaissent que ce certificat n’est plus raisonnable. Ils en sont venus à cette conclusion après avoir retiré eux-mêmes une partie de la preuve secrète qui était au dossier et que la juge leur avait demandé de rendre publique.
Retour à la normale
«Mon client va pouvoir enseigner à nouveau», s’est exclamée l’avocate de M. Charkaoui à la suite de la décision, rappelant que malgré l’allègement de ses conditions de mise en liberté au cours des ans, M. Charkaoui n’était pas libre de vivre comme bon lui semblait.
Détenu depuis son arrestation en mai 2003 jusqu’en février 2005, M. Charkaoui a été mis en liberté moyennant le respect d’une longue liste de conditions : l’imposition d’un couvre-feu, de chaperons, l’interdiction de voyager, d’utiliser l’internet ou un téléphone cellulaire. La plupart de ces conditions ont été graduellement abandonnées par la Cour fédérale, mais jusqu’à hier, il devait porter le GPS, aviser les autorités s’il voulait quitter Montréal, n’avait plus accès à son passeport marocain et ne pouvait communiquer avec un certain nombre de personnes. Son permis d’enseigner lui a aussi été retiré par la ministre de l’Éducation du Québec.
En moins de quelques heures, hier, en rentrant chez lui à Anjou, où il a retrouvé sa femme et ses trois enfants, Adil Charkaoui a pu se débarrasser des derniers vestiges liés à ses conditions de mise en liberté. Des représentants de l’Agence des services frontaliers ont récupéré le GPS et rendu à M. Charkaoui son passeport. « Ça sera un plaisir de ne pas vous revoir!» a dit un Charkaoui plaisantin aux deux agents avant de leur offrir des biscuits.
Un obstacle en vue
Malgré sa victoire devant la Cour fédérale hier, Adil Charkaoui n’est pas encore tiré d’affaire. La juge TremblayLamer a annoncé hier que le certificat de sécurité sera complètement révoqué dans les prochaines semaines, mais elle doit d’abord entendre les avocats du gouvernement à huis clos le 30 septembre. Ces derniers veulent porter en appel l’ordonnance de la juge qui les a obligés à divulguer des informations secrètes. «Les ministres ne veulent pas retirer le certificat », a dit hier un des avocats du gouvernement.
Adil Charkaoui avait, lui aussi, une requête à présenter à la Cour fédérale hier. Il aimerait que la juge reconnaisse que toute la procédure intentée contre lui a violé ses droits à répétition. « Je suis content d’être libre, mais il manque encore quelque chose. Ceux qui sont responsables pour ce qui m’est arrivé doivent répondre de leurs actes. Je veux des excuses. Je veux laver ma réputation», a dit M. Charkaoui hier à La Presse. Assis dans son salon, il savourait sa victoire, mais a confessé que si une lutte est terminée, une autre commence.


Que vaut notre citoyenneté?  -  DENIS ST-MARTIN
Dans l’affaire Khadr, le gouvernement Harper malmène le « lien sacré » de confiance entre l’État et ses « sujets »
C’est par le truchement de la politique démocratique et du droit qui en découle que les sociétés modernes protègent leurs membres du pouvoir discrétionnaire et arbitraire de l’État et de ses dirigeants. Cette protection est offerte au nom de la citoyenneté, une institution et une entreprise collective dans laquelle nous sommes tous des « actionnaires » et dont la valeur dépend de notre capacité à faire respecter les droits qui en font partie.
Or, à l’heure actuelle, cette capacité est rudement mise à l’épreuve par la décision du gouvernement canadien de contester jusqu’en Cour suprême son obligation de rapatrier Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis près de sept ans.
Qu’on ne se méprenne pas: au-delà des spécificités du cas Khadr, cette affaire nous concerne tous. C’est de la valeur de notre citoyenneté dans le monde dont il s’agit. Comme la plupart de ses détenteurs le suppose, notre passeport représente une sorte de « police d’assurance » obligeant le gouvernement canadien à ne pas abandonner ses citoyens lorsque ceux-ci se retrouvent dans des situations difficiles à l’étranger.
Mais quel message le gouvernement du Canada envoie-t-il à la communauté internationale lorsque lui-même n’offre pas à ses propres ressortissants toute « l’aide et la protection » que la première page de notre passeport demande aux autres pays de nous donner ? Lorsqu’un des nôtres est abandonné dans des prisons étrangères dont l’existence a été jugée inconstitutionnelle, c’est le « lien sacré » de confiance entre l’État et les citoyens qui est mis à mal.
L’affaire Khadr est un cas classique d’opposition entre les droits de la personne et les pouvoirs de l’État. Depuis 200 ans, la démocratie et le libéralisme ont peu à peu repoussé les frontières de l’arbitraire politique et ligoté les mains des gouvernants par un ensemble de lois et de règles qui encadrent et réduisent la marge de pouvoir discrétionnaire pouvant être exercée sur les individus et les communautés.
Mais ce pouvoir discrétionnaire, bien que plus mince de nos jours, existe encore. Et c’est précisément ce que le gouvernement cherche à préserver aujourd’hui en refusant que la conduite de sa politique étrangère ne soit limitée par les droits de la citoyenneté.
Tout constitutionnelle qu’elle soit, le Canada est toujours gouverné par l’institution de la monarchie. On la croit devenue tellement symbolique au fil du temps, que son pouvoir formel et son effet structurant sur nos institutions politiques sont trop souvent sous-estimés.
Pourtant, au Canada, la politique étrangère fait partie des « prérogatives royales », ce domaine de pouvoirs d’origine médiévale et pré-démocratique, encore pratiquement intouché par la constitution et les lois du parlement. Avec d’autres pouvoirs appartenant exclusivement à la Couronne et exercés en son nom par le premier ministre, comme la nomination du haut personnel de l’État et le déclenchement des élections, en matière de politique étrangère, les gouvernements élus – libéral comme conservateur-avec la complicité des bureaucrates qui les conseillent, ont toujours cherché à se réserver un maximum de marge de discrétion.
Puisque la politique étrangère appartient aux prérogatives de la Couronne, pas surprenant dans ce contexte que les Omar Khadr de ce monde soient traités comme des « sujets » de Sa Majesté et non pas comme de véritables citoyens à part entière. Face à ce type de pouvoir, le « sujet » ne dispose pas de droit, mais de privilèges qui lui sont accordés – et repris – de façon arbitraire et en fonction de l’humeur des dirigeants. Par définition, le pouvoir discrétionnaire est capricieux, changeant et imprévisible.

Souhaitons que la Cour suprême désactive ce pouvoir issu d’un autre âge qui s’accorde mal avec la démocratie et ses exigences de transparence et d’imputabilité. Il est grand temps que le Canada s’engage de façon plus crédible à soumettre sa politique internationale à la primauté des droits de la personne.


Une série noire  -  AGNÈS GRUDA
S’il n’y avait qu’elle. Mais le cas de Suaad Hagi Mohamud, cette Canadienne retenue au Kenya où elle a été accusée d’usurpation d’identité, n’est pas le seul. Au cours de la dernière décennie, de nombreux Canadiens se sont retrouvés coincés à l’étranger, sous des accusations diverses, face à des systèmes judiciaires douteux. Et ils sont plusieurs à s’être sentis abandonnés par Ottawa.
Le cas le plus célèbre est celui de jeune Omar Khadr, détenu à Guantánamo. Hier, la Cour d’appel fédérale a rendu un jugement qui oblige Ottawa à le rapatrier.
En décembre 2000, William Sampson a été arrêté en Arabie Saoudite sous l’accusation d’avoir organisé des attentats à la bombe. À la suite d’aveux arrachés sous la torture, il a été condamné à la décapitation. Il a été libéré en 2003. Durant sa détention, les représentants consulaires canadiens lui avaient dit à plusieurs reprises qu’ils le croyaient coupable.
Autre cas marquant, celui de Maher Arar. Canadien d’origine syrienne, il a été arrêté en 2002 et envoyé en Syrie où il a été détenu et torturé pendant un an, sous l’accusation de terrorisme – une accusation alimentée par des informations provenant du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS). Il a été par la suite lavé de tout soupçon.
Un récent rapport d’enquête du juge Frank Iacobucci affirme que la GRC et le SCRS ont une responsabilité indirecte dans le traitement de trois autres Canadiens
– Abdullah Almalki, Ahmad Abou-El Maati et Muayyed Nureddin, détenus en Syrie et en Égypte.
Abousf ian Abdel ra zik, Canadien d’origine soudanaise, est rentré récemment au pays après avoir été détenu pendant six ans au Soudan, parce que son nom figure sur une « liste noire » de l’ONU.
Et puis, le jeune Montréalais Mohamed Kohail croupit toujours dans une prison saoudienne où il a été condamné à la décapitation à la suite d’une bagarre dans une cour d’école. Selon le député Dan McTeague, critique libéral en matière consulaire, le Canada n’a pas tout fait pour lui venir en aide. D’ailleurs, signalet-il, plus aucun ministre n’a la responsabilité spécifique des Canadiens à l’étranger. Ça n’aide pas quand on se retrouve dans le pétrin.

CANADIENS CONDAMNÉS À MORT À L’ÉTRANGER  -  Harper politise la protection consulaire
Un pas de plus vers le cas par cas
— Le gouvernement de Stephen Harper a franchi un pas de plus afin de légitimer sa nouvelle politique de « cas par cas » à l’égard des Canadiens condamnés à mort à l’étranger, croit l’avocat d’un Canadien en attente dans le couloir de la mort aux États-Unis.
Mardi, le ministère des Affaires étrangères a mis en ligne un guide à l’intention des ressortissants du pays devant la justice à l’étranger. On y trouve une liste de critères pour déterminer si un Canadien mérite ou non qu’Ottawa intervienne en sa faveur auprès des autorités étrangères.
On y recommande par ailleurs « vivement » aux personnes faisant face à la peine de mort de ne pas compter uniquement sur la clémence que pourrait demander le gouvernement fédéral à leur endroit, mais plutôt « d’utiliser tous les moyens à leur disposition » pour se sortir elles-mêmes de leur situation.
« L’intervention du gouvernement du Canada est seulement un des recours possibles pour obtenir la clémence », ajoute-t-on.
On peut également y lire que les détenus dans les prisons étrangères devront présenter une demande « écrite » au gouvernement canadien pour espérer obtenir son appui. Ce sera ensuite au gouvernement de décider du « bien-fondé » de l’appel à la clémence.
Lorne Waldman, l’un des avocats de Ronald Allen Smith, condamné à mort au Montana pour deux meurtres commis en 1983, croit que le gouvernement tente par là de confirmer sa nouvelle politique de cas par cas pour ses ressortissants, lui qui autrefois demandait systématiquement la clémence.
En mars dernier, la Cour fédérale a durement tapé sur les doigts du gouvernement conservateur parce qu’il refusait de demander la clémence pour M. Smith – une première au pays depuis de nombreuses années – alors qu’aucune nouvelle politique n’avait officiellement été adoptée en la matière.
« Je pense que la conséquence du cas Smith est que le gouvernement tente de clarifier (plus officiellement) sa politique », a confié Me à La Presse Canadienne, hier.
Il se désole de la tangente qu’a prise le gouvernement de Stephen Harper en matière
Waldman de défense des droits de ses ressortissants.
« Ce qui me préoccupe, c’est que notre gouvernement politise toute la question de la protection consulaire. Ce devrait être un droit pour tous les citoyens canadiens, peu importe leurs convictions politiques ou le crime dont on les accuse », a fait valoir Me Waldman.
« Qui alors décide de qui peut avoir la protection et de qui ne peut pas l’avoir si ce n’est pas automatique pour tout le monde? » a-t-il demandé.
Liste de critères
Sur le site www.voyages.gc.ca figure une longue série de critères qui seraient vraisemblablement pris en compte par le gouvernement pour déterminer si un détenu peut espérer obtenir l’aide d’Ottawa.
Le premier est de savoir si l’État dans lequel le ressortissant fait face à la peine de mort est considéré comme « démocratique », ce qui, pour M. Smith, est bien le cas puisqu’il est emprisonné aux États-Unis.
Vient ensuite une liste de questions pour le détenu: A-t-il été informé des raisons de son arrestation? A-t-il eu droit à un avocat? La peine de mort sera-t-elle imposée seulement si sa culpabilité est prouvée hors de tout doute raisonnable? Le détenu a-t-il été torturé?
Il n’est pas indiqué quel critère pourrait intervenir en faveur en défaveur du prisonnier.
Ce guide en ligne a fait bondir Béatrice Vaugrante, de la filiale canadienne francophone d’Amnistie internationale, qui dénonce cette politique « de droits de la personne à la carte ».
« Ils passent un peu par la porte arrière pour passer leur message sur la politique de la clémence », a-t-elle soutenu, ajoutant que si le gouvernement voulait en effet changer sa position sur le sujet, il devrait le faire de façon ouverte, au Parlement, afin que l’on puisse en débattre.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alain Cacchione, a de son côté souligné dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne que la clémence était un « processus participatif ». « Il est pratique courante que les demandes adressée (sic) au gouvernement du Canada soit faite (sic) par écrit », a-t-il écrit.



Canadienne retenue pendant trois mois au Kenya : Un député libéral réclame la démission de Cannon  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Outré par la réaction du gouvernement conservateur dans le dossier de Suaad Hagi Mohamud, une Canadienne retenue pendant trois mois au Kenya, le député libéral Dan McTeague réclame des explications.
« Si le ministre des Affaires étrangères (Lawrence Cannon) n’est pas capable de faire son travail, qu’il démissionne, a dit M. McTeague à La Presse. Il devrait avoir l’obligeance de s’excuser auprès de Mme Hagi Mohamud. S’il ne veut pas faire son travail, qu’il soit remplacé. »
Soupçonnée d’usurpation d’identité, emprisonnée huit jours dans des conditions difficiles, Mme Mohamud, mère célibataire de 31 ans, a finalement été blanchie par un test d’ADN après avoir été qualifiée d’« imposteur » par les services consulaires canadiens.
En juillet, M. Cannon, qui, en tant que ministre des Affaires étrangères, est responsable de l’assistance consulaire aux Canadiens à l’étranger, avait estimé que c’était à Mme Hagi Mohamud de prouver sa citoyenneté canadienne.
« Ce sont des commentaires inacceptables et absolument indéfendables » , a accusé M. McTeague hier.
« Les Canadiens retenus à l’étranger, ce n’est pas une priorité pour le gouvernement », a-t-il ajouté, citant plusieurs cas, dont celui d’Omar Khadr, détenu à Guantánamo depuis 2002.
Interrogé au sujet de Mme Hagi Mohamud lors de son passage au Nunavut mardi, le premier ministre Stephen Harper avait affirmé qu’il n’avait eu vent du dossier que la semaine dernière, une « preuve supplémentaire », selon M. McTeague, « de l’incompétence du gouvernement dans ce dossier », dont les médias torontois font état depuis plusieurs semaines.
En voyage au Kenya pour visiter sa mère, la citoyenne canadienne s’est vu refuser l’accès à l’avion qui devait la ramener au Canada par un douanier qui estimait qu’elle ne ressemblait pas à sa photo de passeport. Elle est rentrée à Toronto samedi dernier.
L’incident fait l’objet d’une enquête interne lancé par le gouvernement fédéral.



IRAN Jack Layton presse Ottawa de faire libérer un journaliste

« On ne peut accepter simplement que le gouvernement iranien ne reconnaisse pas la citoyenneté canadienne » du journaliste.
TORONTO— Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a demandé au gouvernement fédéral, hier, de faire pression sur l’Iran pour la libération du journaliste irano-canadien Maziar Bahari, détenu depuis le 21 juin.
Le chef du NPD s’est adressé au gouvernement lors d’une conférence de presse tenue au domicile du journaliste à Toronto.
Le reporter de 42 ans, qui travaille actuellement pour le magazine américain Newsweek, aurait été enlevé lors des manifestations sanglantes qui ont suivi les élections en Iran le 12 juin. Vingttrois autres journalistes auraient également été arrêtés.
Selon la direction de Newsweek, Maziar Bahari serait détenu à Téhéran, mais aucune accusation n’aurait été portée contre lui.
M. Bahari, qui possède la double citoyenneté, est né en Iran et a étudié à l’Université Concordia de Montréal avant de devenir correspondant pour Newsweek.
La semaine dernière, le ministre des Af fai res étrangères, Lawrence Cannon, a convoqué un diplomate iranien et demandé que Bahari puisse rencontrer un représentant diplomatique et que l’on éclaircisse les accusations contre lui.
Hier, le porte-parole du ministre, Rodney Moore, a indiqué dans un courriel que M. Cannon avait aussi rencontré le chargé d’affaires iranien au lendemain de l’arrestation de M. Bahari. Le ministre a été tenu au courant par les autorités iraniennes de l’endroit où est détenu le journaliste, a soutenu M. Moore.
M. Layton, lui, pense que le gouvernement Harper n’en fait pas assez. « Le premier ministre devrait maintenant déléguer en I ran un député de poids pour démontrer le sérieux des Canadiens dans ce dossier », at-il dit. « On ne peut accepter simplement que le gouvernement iranien ne reconnaisse pas la citoyenneté canadienne » du journaliste.
Des proches rencontrés hier au domicile du journaliste Bahari ont indiqué qu’ils n’avaient pas eu de nouvelles de lui depuis son arrestation.


Abdelrazik réclame justice
Emprisonné six ans au Soudan, le Montréalais demande à Ottawa de lui redonner une vie normale
— Pendant six ans, l e Montréa l a i s Abous f i an Abdelrazik, arrêté au Soudan alors qu’i l visitait sa mère malade, s’est battu pour rentrer au Canada, son pays d’adoption. Il y a un mois, il a eu gain de cause, mais depuis, sa vie est un cauchemar, a-t-il raconté hier lors de son premier témoignage public, implorant le gouvernement canadien de lui venir en aide.
Des supporteurs attendaient Abousfian Abdelrazik hier à sa sortie de l’édifice du Parlement où il a témoigné pour la première fois des six années qu’il a passées au Soudan, dont deux en détention. Une décision de la Cour fédérale a obligé le gouvernement canadien à le rapatrier le mois dernier.
À la fin d’un point de presse de 40 minutes qu’il a convoqué sur la colline parlementaire à Ottawa, l’homme de 46 ans a demandé aux ministres des Af faires étrangères et de la Sécurité publique de lui accorder une rencontre, de l’aider à obtenir justice et d’intervenir en sa faveur pour faire retirer son nom de la liste du comité 1267 des Nations unies, réservée aux membres et aux complices d’AlQaeda et des talibans.
Sa présence sur cette liste l’empêche de voyager, entraîne le gel complet de ses avoirs et interdit à quiconque de lui venir en aide financièrement, et ce, même s’il n’a été accusé d’aucun crime. « Je marche dans les rues de Montréal, mais c’est comme si j’étais encore en confinement solitaire dans la prison d’AlBawgah au Soudan. Je n’ai pas le droit de chercher un travail. Je ne peux pas recevoir de soins médicaux. Même mes proches ne peuvent pas me faire de cadeaux, aussi petits soient-ils », a déploré hier Abousfian Abdelrazik.
Au cours de son point de presse, le Montréalais d’origine soudanaise a raconté pour la première fois les six années qu’il a passées au Soudan sans pouvoir rentrer au Canada et, plus particulièrement, la torture qu’il a endurée aux mains de ses gardiens soudanais pendant 21 mois de détention. « On m’a battu avec un boyau d’arrosage, on m’a fixé au rebord d’une porte. On m’a battu », a raconté le grand homme filiforme.
Il a aussi profité de sa tribune pour nier en bloc les allégations américaines et onusiennes selon lesquelles il aurait connu Oussama ben Laden, tenté de participer à la guerre de Tchétchénie et reçu un entraînement d’AlQaeda en Afghanistan. « Je n’ai jamais fait de mal à qui que ce soit », a-t-il insisté.
Le SCRS blâmé
M. Abdelrazik a par ailleurs donné des détails sur l’interrogatoire que lui ont fait subir en 2003 au Soudan des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). « Mes interrogateurs soudanais me demandaient des questions sur des Canadiens et les agents du SCRS qui sont venus me voir me posaient les mêmes questions. Ça m’a montré que le SCRS participait à toute l’affaire », a-t-il indiqué. « Ces agents (canadiens) m’ont dit que j’étais un Soudanais, pas un Canadien et que je devrais rester au Soudan à jamais. L’un d’eux a dit que le Soudan serait mon Guantánamo. »
Abousfian Abdelrazik a aussi rapporté hier avoir subi de la pression psychologique de la part des diplomates canadiens pendant son séjour d’un an – de mai 2008 à juin 2009 – à l’ambassade canadienne de Khartoum, où il avait trouvé refuge.
Ce séjour s’est terminé à la fin juin quand un juge de la Cour fédérale a ordonné au gouvernement canadien de rapatrier M. Abdelrazik, tout en notant que les autorités canadiennes avaient violé les droits de leur citoyen en refusant de lui délivrer un passeport pour qu’il rentre au pays.
« Maintenant, je veux que ceux qui sont responsables pour ce qui m’est arrivé aillent devant la justice. Je ne veux pas qu’une autre personne vive la même chose », a lancé M. Abdelrazik à la fin de son témoignage. Ses avocats n’ont pas précisé hier quelle forme prendra sa requête. « Il est essentiel qu’il y ait reddition de comptes », a noté à ce sujet un de ses avocats, Yavar Hameed.
M. Abdelrazik avait à peine terminé sa conférence de presse hier que déjà, ses avocats recevaient des lettres des ministres Lawrence Cannon et Peter Van Loan déclinant une rencontre. Au téléphone hier, l’attaché de presse du ministre Cannon a cependant précisé que les Affaires étrangères étaient disposées à accompagner M. Abdelrazik dans les procédures entourant son retrait de la liste du comité 1267.
Dans sa réaction officielle, le SCRS a pour sa part dit hier avoir respecté la loi canadienne et les règlements qui le régissent dans sa gestion du cas d’Abousfian Abdelrazik.



Jeune Montréalais condamné à mort en Arabie Saoudite Les proches déçus par les efforts d’Ottawa

 « Le gouvernement se vante d’agir, mais il ne répond pas aux demandes de Mohamed, il ne fait pas ce qui pourrait réellement l’aider », dénonce une amie de la famille, Rana Saheb.
Des proches de la famille de Mohamed Kohail, ce Montréalais condamné à la décapitation en ArabieSaoudite, sont déçusde l’attitude du ministre Stockwell Day et ne croient pas que le gouvernement Harper fait réellement tout ce qui est en son pouvoir pour sauver la vie du jeune homme.
Profitant d’une mission commercia le au Moyen-Or ient, Stockwell Day s’est entretenu vendredi avec les parents de Mohamed Kohail afin de leur assurer qu’Ottawa mettait tout en oeuvre pour les aider.
« La rencontre n’a duré que sept minutes – le père de Mohammed l’a chronométrée, c’est lui qui me l’a confirmé. C’est très décevant », a affirmé hier à La Presse Rana Saheb, une amie de la famille qui s’entretient régulièrement avec le père de M. Kohail.
« Le gouvernement se vante d’agir, mais il ne répond pas aux demandes de Mohamed, il ne fait pas ce qui pourrait réellement l’aider », dénonce-t-elle.
Mme Saheb aurait souhaité que Stockwell Day « fasse preuve d’humanisme » et s’entretienne avec le roi Abdallah ou l’un de ses porte-parole pour lui demander d’intervenir directement dans le dossier. Stockwell Day a plutôt rencontré le président de la Commission saoudienne des droits de l’homme, Bandar Bin Mohammed Al-Aiban, et abordé la question au cours de plusieurs rencontres bilatérales, notamment avec le gouverneur de Djeddah.
Selon l e député l i béral Dan McTeague, qui suit de près ce dossier et qui s’est aussi entretenu avec le père de Mohamed hier matin, M. Kohail a été « vexé » par l’attitude de Stockwell Day et du peu de temps qu’il a eu à lui consacrer. « Il n’a même pas pris la peine d’aller rencontrer Mohammed en personne », a-t-il dénoncé. Le geste, dit-il, aurait envoyé un message clair aux autorités saoudiennes de la volonté du Canada d’obtenir la clémence pour Mohamed Kohail.
Signes encourageants ?
Par ailleurs, le ministre Stockwell Day s’est dit encouragé, hier, que le Conseil de justice suprême saoudien ait demandé à un tribunal d’une instance inférieure de réviser certains éléments du dossier. « La Cour suprême envoie le message que des questions doivent être reconsidérées. Nous prenons cela comme une bonne nouvelle », a-t-il déclaré au cours d’une conférence téléphonique. Mieux, les avocats de M. Kohail pourraient avoir la chance de mettre de l’avant de nouveaux éléments du procès qui avaient été écartés précédemment.
Mais pour le député McTeague, ces propos témoignent plutôt de « l’ignorance » du système de justice saoudien dont fait preuve M. Day. « C’est la sixième fois maintenant que la cause est remise à une instance inférieure, devant le même groupe de juges. Ce n’est certainement pas un événement dont on peut se réjouir. » Il affirme que seule l’intervention du roi Abdallah permettra maintenant de faire débloquer les choses.
Lettre à Stephen Harper
Mohamed Kohail a écrit une lettre à Stephen Harper cette semaine lui demandant aussi de « prendre 10 minutes pour appeler sa majesté le roi Abdallah » pour lui éviter la décapitation. « J’ai le sentiment que mon gouvernement a échoué à m’aider dans la moindre procédure judiciaire consulaire », reproche-t-il d’ailleurs au premier ministre.
Stockwell Day, qui a reçu une copie de la lettre des mains du père de Mohamed, a promis hier de la remettre à Stephen Harper dans les prochains jours.
Emprisonné depuis plus de deux ans et demi, Mohamed Kohail a été reconnu coupable en janvier 2007 du meurtre d’un adolescent lors d’une bagarre dans une école de Djeddah, qui aurait été déclenchée lorsque son frère cadet, Sultan, a été accusé d’avoir insulté une camarade de classe. Les deux frères ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils avaient agi en état de légitime défense et n’avaient pas infligé les blessures fatales durant la bagarre. Sultan Kohail, 18 ans, a d’abord été condamné, à titre de complice de Mohamed, à un an de détention et 200 coups de fouet. La famille de la victime a interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement subir un nouveau procès.




Ottawa sommé par la cour de rapatrier un Canadien
Abousfian Abdelrazik est réfugié depuis un an à l’ambassade du Canada au Soudan
Le gouvernement doit faire les arrangements nécessaires pour assurer le retour, sans entrave, de M. Abdelrazik au pays d’ici 30 jours, stipule le jugement.
— Le gouvernement de Stephen Harper subit un nouveau revers en Cour fédérale : le tribunal lui ordonne de prendre les mesures nécessaires pour faire revenir au pays Abousfian Abdelrazik, citoyen canadien réfugié depuis un an à l’ambassade du Canada à Khartoum, au Soudan.
Dans une décision rendue hier matin, le juge Russel W. Zinn somme le ministre des Affaires étrangères d’octroyer à M. Abdelrazik le passeport d’urgence qui lui permettra de rentrer au pays, comme le demandent ses avocats depuis des mois.
Le juge estime que le droit de ce citoyen d’entrer au Canada a été brimé. L’article 6 (1) de la Charte prévoit en effet que « tout citoyen canadien a le droit de demeurer au Canada, d’y entrer ou d’en sortir ».
Le gouvernement doit faire les arrangements nécessaires pour assurer le retour, sans entrave, de M. Abdelrazik au pays d’ici 30 jours, stipule le jugement. Le juge Zinn cite le ressortissant canadien à comparaître en Cour fédérale, à Montréal, le 7 juillet.
Le minist re des Af fai res étrangères, Lawrence Cannon, a toujours refusé de rapatrier le Montréalais d’origine soudanaise, alléguant qu’il figure sur une liste d’interdiction de vol des Nations unies. Le juge a rejeté l’argument du gouvernement. peur d’être arrêté par les autorités soudanaises, n’ayant ni statut ni permis de travail dans ce pays.
Le député néo-démocrate Paul Dewar, qui tente depuis plusieurs mois de forcer le gouvernement à rapatrier le Canadien coincé au Soudan, s’est réjoui de la décision du tribunal, mais craint que le gouvernement ne veuille interjeter appel.
En visite au Soudan en 2003, M. Abdelrazik a été arrêté et emprisonné, soupçonné d’entretenir des liens avec Al-Qaeda. Mais la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité l’ont par la suite blanchi, affirmant n’avoir rien à lui reprocher. En avril 2008, il s’est réfugié à l’ambassade canadienne à Khartoum, de
« C’est une bonne journée pour la justice canadienne et M. Abdelrazik, mais seulement si le gouvernement se conforme au jugement. S’il en appelle de la décision, ça impliquera des coûts importants pour les contribuables, sans raison valable sur le plan de la justice. En appeler irait à l’encontre de la loi, des valeurs canadiennes et équivaudrait à discréditer la Charte », a dit M. Dewar, en entrevue téléphonique de Beyrouth, où il participe à une mission d’observation électorale.
Au bureau du ministre Cannon, on s’est fait avare de commentaires à propos de ce jugement. « Le gouvernement étudie présentement la décision », s’est contenté de répondre la porte-parole du ministre, Catherine Loubier.
En Chambre, c’est plutôt le ministre de la Justice, Rob Nicholson, qui a essuyé les tirs nombreux de l’opposition. « La décision fait plus de 100 pages et nous la lirons très attentivement au ministère de la Justice et nous déciderons par la suite des actions à prendre », a répété M. Nicholson. Le jugement fait en réalité 74 pages.
Son collègue ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, est toutefois allé un peu plus loin à la sortie de la période de questions. « Il n’y a pas de gouvernement qui soit audessus des lois, a dit M. Blackburn. Nous aussi, on doit respecter la loi. Cependant, on a le droit aussi de regarder l’ensemble du processus judiciaire et de prendre nos décisions en lien avec cela. »
Troisième cause perdue
L’opposition a rapidement rappelé qu’il s’agit de la troisième cause concernant le sort de citoyens canadiens à l’étranger que le gouvernement perd en Cour fédérale cette année.
Le 23 avril, le juge James O’Reilly, de la Cour fédérale, a statué que le refus du gouvernement fédéral de rapatrier Omar Khadr, citoyen canadien emprisonné à Guantánamo, violait les droits du jeune prisonnier, arrêté en Afghanistan alors qu’il n’avait que 15 ans.
Ottawa a annoncé deux semaines plus tard, en catimini, qu’il en appelait de la décision de la Cour fédérale. Le ministre Cannon n’avait, dès la publication du jugement, laissé aucun doute sur son intention d’interjeter appel.
En mars, le même tribunal avait par ailleurs estimé qu’Ottawa se devait d’offrir un soutien consulaire à Ronald Allen Smith, détenu dans une prison du Montana depuis 25 ans, reconnu coupable d’un double meurtre en 1983.
« Ça démontre que ce gouvernement ne prend pas au sérieux l’État de droit, qu’il ne protège pas les droits des citoyens canadiens. Il force ses ressortissants à s’adresser aux tribunaux, c’est honteux, a estimé le critique libéral en matière d’affaires étrangères, Bob Rae. Les conservateurs ne respectent pas la charte des droits et libertés. C’est très troublant. »



Des excuses réclamées pour trois Canadiens
— Un comité des Communes demande au gouvernement fédéral de s’excuser et de dédommager trois Canadiens or i g i na i re s du Proche-Orient, pour des torts subis en Syrie et en Égypte, comme il l’a fait dans le cas de Maher Arar en 2007.
Faisant écho aux conclusions du rapport de la commission d’enquête présidé par l’ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci, les membres du comité de la sécurité publique ont, en majorité, jugé qu’Abdullah Almalki, Ahmad Abou-El Maati et Muayyed Nureddin méritaient des excuses et une compensation financière de la part du gouvernement fédéral.
En octobre 2008, le j uge Iacobucci blâmait la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien de renseignements de sécurité (SCRS) pour leur responsabilité indirecte dans les conditions de détention horribles vécues par les trois citoyens canadiens.
Le rapport indiquait que, à l’instar du Canadien d’origine syrienne Maher Arar, MM. Almalki, AbouEl Maati et Nureddin avaient été torturés par leurs geôliers, en Syrie et en Égypte, sur la base d’informations transmises par la GRC et le SCRS.
Les trois hommes ont, depuis, intenté des poursuites contre le gouvernement fédéral.
Après une longue commission d’enquête, les conclusions du juge Dennis O’Connor avaient contraint le gouvernement de Stephen Harper, en janvier 2007, à offrir à Maher Arar des excuses publiques et une compensation financière de 10,5 millions de dollars pour avoir fourni des informations erronées ayant mené à l’arrestation, aux États-Unis, du ressortissant canadien, qui a par la suite été expulsé et torturé en Syrie.



Un Montréalais écrit au premier ministre Harper
Condamné à la décapitation en Arabie Saoudite
LA PRESSE CANADIENNE Le jeune Montréalais condamné à la décapitation en Arabie Saoudite a envoyé une lettre à Stephen Harper dans laquelle il affirme avoir été torturé pour lui faire avouer un crime qu’il nie avoir commis.
Mohamed Kohail dit avoir remis le message au député conservateur de Calgary, Deepak Obhrai, quand ce dernier lui a rendu visite dans sa prison de Djedda, en Arabie Saoudite, en décembre dernier.
Dans sa lettre d’une page, le jeune homme exhorte le premier ministre Harper à employer tous les moyens possibles pour le tirer de sa triste situation. Il y décrit aussi les divers problèmes de santé qui l’affligent depuis qu’il a été emprisonné, il y a deux ans.
« M. Harper, je suis en prison depuis deux ans. Je suis détenu avec des centaines de criminels notoires en Arabie Saoudite pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai perdu mes cheveux et deux ans de ma vie, et je vois la mort approcher de plus en plus chaque jour », a-t-il écrit.
Une bagarre qui a mal tourné
Kohail, qui est âgé de 24 ans, et un ami jordanien, Muhanna Ezzat, ont été reconnus coupables du meurtre de Munzer Al-Hiraki lors d’une bagarre survenue après l’école à Djedda, en janvier 2007. L’échauffourée a apparemment été déclenchée quand le frère cadet de Mohamed Kohail, Sultan, a été accusé d’avoir insulté une fille.
Les deux frères ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils avaient agi en état de légitime défense et n’avaient pas infligé les blessures fatales durant la bagarre, à laquelle ont été mêlés des dizaines d’adolescents.
Mohamed Kohail a été reconnu coupable de meurtre l’an dernier et condamné à avoir la tête tranchée, tandis que Sultan, qui est âgé de 18 ans, a d’abord été condamné, à titre de complice, à un an de détention et 200 coups de fouet. La famille de la victime a interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement subir un nouveau procès.
Les deux frères et leur ami clament leur innocence et soutiennent que le système judiciaire saoudien ne leur a pas assuré un procès équitable.
Le Conseil judiciaire suprême d’Arabie Saoudite étudie présentement la décision d’une instance inférieure qui maintenait la condamnation à mort de Mohamed Kohail.
En entrevue, mardi, M. Obhrai a déc l a r é avoi r rencont r é Mohamed Kohail et sa famille sans la présence de représentants saoudiens. Et à cette occasion, le jeune homme ne lui a pas parlé de torture, a-t-il dit. Le député s’est refusé à commenter le contenu de la lettre, invoquant des raisons de confidentialité.
M. Obhrai a refusé de dire si le premier ministre Harper a vu la lettre. Selon le député, qui est secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon, Ottawa a l’intention de solliciter la clémence pour les deux frères.

Des citoyens veulent rapatrier unMontréalais retenu au Soudan
— Dans une nouvelle tentative pour forcer le gouvernement Harper à rapatrier un ressortissant canadien coincé au Soudan, une délégation de la société civile propose d’aller chercher en personne Abousfian Abdelrazik, Montréalais réfugié depuis un an à l’ambassade du Canada à Khartoum, la capitale soudanaise.
Pour la deuxième fois en trois mois, un billet d’avion a été émis à son nom, cette fois pour le 12 juin, afin que M. Abdelrazik puisse venir comparaître devant le comité des Affaires étrangères, comme le réclame une motion adoptée par les partis de l’opposition.
Tout ce qu’il manque, c’est que le gouvernement fédéral lui délivre un passeport d’urgence, ce que le ministre Lawrence Cannon a toujours refusé de faire, sous prétexte que M. Abdelrazik figure sur une liste d’interdiction de vol des Nations unies.
Arrivé au Soudan en 2003 pour rendre visite à sa mère malade, M. Abdelrazik y a été arrêté et emprisonné sur la base d’informations fournies par les autorités canadiennes qui le soupçonnaient d’avoir des liens avec Al-Qaeda. Le Montréalais de 46 ans a finalement été blanchi. Autant la Gendarmerie royale du Canada que le Service canadien du renseignement de sécurité affirment n’avoir rien à lui reprocher. En avril 2008, il s’est réfugié à l’ambassade canadienne à Khartoum, de peur d’être arrêté par les autorités soudanaises, n’ayant ni statut ni permis de travail dans ce pays. Il y vit depuis maintenant plus d’un an.
Les avocats du ressortissant canadien d’origine soudanaise ont fait hier une nouvelle demande auprès du ministère des Affaires étrangères pour obtenir un passeport d’urgence, arguant que le Canada détient tous les pouvoirs pour ramener M. Abdelrazik au pays, sans même avoir à demander une exemption aux Nations unies.
« Il appartient seulement au gouvernement canadien de décider de ramener ou non M. Abdelrazik au pays, a souligné Me Yavar Hameed en conférence de presse, hier. Nous avons l’appui de la population, l’appui d’une majorité au Parlement et il n’y a aucun obstacle en matière de droit international. » Une délégation de citoyens pourrait par ailleurs le raccompagner pour assurer son retour en toute transparence, a ajouté l’avocat du ressortissant.
Premier refus

La dernière fois qu’un billet d’avion a été émis au nom de M. Abdelrazik, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a utilisé ses pouvoirs discrétionnaires pour refuser sa demande de passeport, considérant qu’il constituait un risque pour la sécurité nationale et qu’il devait d’abord faire retirer son nom de la « liste noire » de l’ONU avant de pouvoir rentrer au Canada. Au bureau de M. Cannon, hier, on indiquait que la position du ministre n’a pas changé.
De plus, les défenseurs de M. Abdelrazik ont subi un nouveau revers au Parlement, hier. Dans un avis juridique demandé par le greffier du comité des Affaires étrangères, le légiste et conseiller parlementaire à la Chambre de communes, Rob Walsh, a estimé que la motion du comité pour faire témoigner M. Abdelrazik à Ottawa ne pouvait contraindre Ottawa à rapatrier le citoyen canadien.
« L’émission d’un passeport [...] à un citoyen canadien par le gouvernement du Canada est faite conformément aux prérogatives de la Couronne, indique l’avis. N’importe quel citoyen canadien peut se voir octroyer un passeport par le ministre des Affaires étrangères. C’est une disposition permissive, mais pas obligatoire. »


Ottawa ramènera Abdelrazik au pays

Le Canada était prêt à rapatrier le ressortissant d’origine soudanaise en 2006
« Le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour ramener M. Abdelrazik. Ce sera un citoyen canadien libre. Il pourra faire tout ce qu’il veut », a déclaré le ministre Lawrence Cannon.
— Le gouvernement de Stephen Harper accepte de se conformer au jugement de la Cour fédérale et devra organiser le retour au pays du Canadien d’origine soudanaise Abousfian Abdelrazik, qui se cache à l’ambassade de Khartoum depuis plus d’un an.
Sans crier gare, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a annoncé que son gouvernement renonçait à faire appel de la décision du juge Russel W. Zinn, qui sommait le ministre des Affaires étrangères de délivrer un passeport d’urgence au ressortissant canadien et d’organiser son retour au pays d’ici le 7 juillet.
« Le gouvernement se conformera à l’ordonnance du tribunal », s’est contenté de répondre le ministre Nicholson aux questions posées par l’opposition en Chambre.
Au bureau du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, on a indiqué qu’il n’y aurait aucun autre détail qui serait rendu public, hier, sur les modalités du retour de M. Abdelrazik au pays.
En entrevue à CBC, le ministre Cannon a toutefois dit que le gouvernement « prendrait toutes les mesures nécessaires pour ramener M. Abdelrazik », et ce « plus tôt que tard ». « Ce sera un citoyen canadien libre. Il pourra faire tout ce qu’il veut », a ajouté M. Cannon.
Dans sa décision rendue le 4 juin, le juge estimait que le droit du ressortissant canadien d’entrer au pays avait été brimé. La Charte des droits et libertés prévoit en effet que « tout citoyen canadien a le droit de demeurer au Canada, d’y entrer ou d’en sortir ».
Soupçonné d’avoir des liens avec al-Qaeda, M. Abdelrazik avait été arrêté par les autorités soudanaises en 2003, alors qu’il se rendait en visite dans son pays d’origine, pour être ensuite blanchi par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité. Depuis avril 2008, il s’était réfugié à l’ambassade canadienne, à Khartoum, de peur d’être à nouveau arrêté, n’ayant plus de passeport valide et aucun statut au Soudan.
Pressions américaines ?
Un document datant de juillet 2006, obtenu par les avocats du ressortissant grâce à la Loi sur la protection des renseignements personnels, suggère que le Canada était prêt, à cette époque, à assurer le retour au pays d’Abousfian Abdelrazik. Des diplomates américains auraient alors réclamé l’aide d’Ottawa pour monter un dossier cr iminel contre M. Abdelrazik, affirmant manquer de preuves pour pouvoir l’accuser et le juger en sol américain, selon une correspondance faite entre deux hauts fonctionnaires du ministère canadien des Affaires étrangères. Les Américains croient que « si les autorités canadiennes partagent les informations qu’elles détiennent, ça pourrait être suffisant pour que les États-Unis puissent intenter des procédures », explique le courriel envoyé le 19 juillet 2006 par un diplomate canadien à des hauts fonctionnaires du gouvernement et de la GRC.
Talonné pa r l ’ opposit ion depuis le printemps 2008, le gouvernement de Stephen Harper a toujours refusé d’aider M. Abdelrazik à revenir au pays, arguant que le nom du ressortissant canadien se retrouve sur une liste d’interdiction de vol des Nations unies.
Hier, les partis de l’opposition à Ottawa se sont réjouis de la décision du gouvernement de ne pas en appeler du jugement, qui arrive toutefois à la dernière minute, ont-ils rappelé.
« Il n’avait pas d’autre argument et on se devait d’accepter le jugement », a dit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
« On est contents, mais pourquoi ça a pris si longtemps pour avoir une décision qui était claire depuis le début? » a demandé le chef néodémocrate, Jack Layton.
En quelques mois, le gouvernement de Stephen Harper a perdu trois causes enCour fédérale concernant des ressortissants canadiens à l’étranger. En mars, dans le cas de Ronald Allen Smith, détenu dans une prison du Montana depuis 25 ans, reconnu coupable d’un double meurtre en 1983, le gouvernement a accepté de se conformer au jugement et d’offrir un soutien consulaire au prisonnier.
En avril, le gouvernement en a toutefois appelé de la décision concernant le rapatriement d’Omar Khadr, citoyen canadien emprisonné au controversé centre de détention de Guantánamo.
« La décision du juge, dans le cas d’Abdelrazik, était très claire. Mais la décision du juge dans la cause de M. Khadr est tout aussi claire et j’aurais espéré que le gouvernement l’accepte et s’y conforme », a déclaré le critique libéral en affaires étrangères, Bob Rae.


Abousfian Abdelrazik rentre au bercail
APRÈS SIX ANS D’EXIL FORCÉ
L’ex i l f or c é d’Abou s f i a n Abdelrazik est enfin terminé. Le Canado-Soudanais est rentré à Montréal hier soir après avoir passé six ans coincé au Soudan en raison de ses liens présumés avec le mouvement Al-Qaeda.
Abousfian Abdelrazik est arrivé hier à l’aéroport de Toronto, accueilli par de nombreux supporters. Il a ensuite pris la route pour Montréal afin de retrouver sa famille.
« Je suis vraiment content d’être de retour à la maison. Merci beaucoup, merci beaucoup. Je suis fier d’être un citoyen canadien », a-t-il déclaré lors d’une courte déclaration à la presse à son arrivée à l’aéroport de Toronto. Vêtu d’une chemise à carreaux blancs et verts, fatigué, Abousfian Abdelrazik a ensuite repris la route en voiture avec ses avocats pour Montréal où l’attendaient sa belle-fille de 25 ans et sa fille de 15 ans qu’il n’avait pas serrées dans ses bras depuis 2003. Quelques dizaines de supporters devaient se rassembler dans la nuit au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert pour l’accueillir.
« Ça a été un long voyage, après une longue bataille, mais c’est une grande victoire pour Abousfian », a déclaré hier soir son avocate, Audrey Brousseau. M. Abdelrazik et sa famille ont décliné hier les demandes d’entrevues de La Presse.
Le cauchemar d’Abousfian Abdelrazik, citoyen canadien depuis 1995, débute en 2003 lorsqu’il est arrêté au Soudan au cours d’un voyage auprès de sa mère malade. Au moment où les autorités soudanaises le relâchent, en 2004, son passeport d’urgence est échu et le Canada refuse de lui en émettre un nouveau parce que l’ONU a inscrit entre-temps son nom sur la liste noire des présumés terroristes. Il se réfugie en mai 2008 dans les bureaux de l’ambassade du Canada à Karthoum dans l’espoir d’obtenir enfin les documents officiels qui lui seront toujours refusés jusqu’à la semaine dernière.
L’h i s t oi r e d ’ Abous f i a n Abdelrazik a attiré l’attention de plusieurs organismes et groupes de citoyens, dont Amnistie internationale, qui se sont portés à sa défense. Au cours des derniers mois, ses supporters ont multiplié les actions pour obtenir son rapatriement, allant jusqu’à proposer le remboursement de son billet d’avion. En vain. C’est finalement un jugement de la Cour fédérale canadienne qui lui aura été salutaire. Le 4 juin dernier, le tribunal a sommé le gouvernement Harper de porter secours à ce citoyen coincé à l’étranger et a ordonné à Ottawa de le rapatrier au Canada, à ses frais, avant le 7 juillet. Ottawa a tardé deux semaines avant de confirmer qu’il se plierait au verdict du juge Russel Zin. « Nous avons mis du temps à croire que c’était bien vrai, c’était un rêve qui devenait réalité. Même maintenant, Abousfian a du mal à croire qu’il est bien rentré », disait hier Me Brousseau.
Abousfian Abdelrazik reprendra des forces au cours des prochaines semaines et passera du temps avec sa famille. La possibilité que des poursuites soient entreprises contre le gouvernement n’a pas été écartée, hier, par son avocate. M. Abdelrazik soutient avoir été torturé pendant sa détention au Soudan.
« Ce cas met en lumière des actions extrêmement répréhensibles portées par le gouvernement et discriminatoires envers la communauté musulmane qui fait l’objet d’injustices graves. Il faudra qu’Ottawa en tire des leçons », a affirmé Me Brousseau. Elle compare l’histoire de son client à celle de Maher Arar, ce Canadien d’origine syrienne qui avait été détenu et torturé dans une prison en Syrie. Rapatrié au pays, il a été blanchi de tout lien terroriste à la suite d’une commission d’enquête et a reçu une indemnité compensatoire de 10,5 millions de dollars.
Abousfian Abdelrazik est maintenant un homme libre, Ottawa n’a pas manifesté l’intention de porter des accusations contre lui. Le Conseil de sécurité des Nations unies soutient qu’il a été lié de près à la direction du réseau Al-Qaeda et qu’il a des liens étroits avec un ancien lieutenant d’Oussama ben Laden, qui a recruté des militants et orchestré le réseau de camps d’entraînement en Afghanistan. Mais la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité ont tous deux indiqué qu’ils ne retenaient aucune preuve contre lui.


Abousfian Abdelrazik veut blanchir son nom
Abousfian Abdelrazik, ce CanadoSoudanais rapatrié au pays après six ans d’exil forcé, veut blanchir sa réputation. Ses avocats ont entrepris des démarches auprès du gouvernement canadien pour que son nom soit retiré de la liste des présumés terroristes de l’ONU.
« Je veux que mon nom soit enlevé le plus rapidement possible, a dit hier M. Abdelrazik, lors d’une brève allocution à la Cour fédérale, à Montréal. Parce que c’est injuste, et parce que ça a rendu ma vie très difficile. »
Dix jours après son retour au Canada, Abousfian Abdelrazik s’est présenté devant le juge Russel Zin, hier après-midi. Le magistrat, qui avait ordonné à Ottawa de le rapatrier dans un délai de 30 jours, voulait ainsi s’assurer que son verdict avait été respecté.
Citoyen canadien depuis 1995, M. Abdelrazik a été arrêté au Soudan en 2003, soupçonné d’entretenir des liens avec Al-Qaeda. Lorsqu’il a été relâché, en 2004, son passeport canadien était échu et Ottawa a toujours refusé de lui en délivrer un nouveau. Il s’est réfugié en mai 2008 à l’ambassade du Canada à Khartoum dans l’espoir d’obtenir ses documents officiels, qui lui ont été délivrés après le verdict du juge Zin, rendu le 4 juin.
Au terme de la courte audience, hier, l’avocat de M. Abdelrazik, YavarHameed, a annoncéqu’il avait demandé une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères et de la Sécurité publique, Lawrence Cannon et Peter Van Loan.
« Le gouvernement a le pouvoir d’entreprendre certaines démarches pour que le nom d’Abousfian Abdelrazik soit retiré de la liste 1267 de l’ONU, et nous voulons savoir si la volonté existe », a dit Me Hameed. Les gens qui figurent sur cette liste ne peuvent posséder de biens ou voyager, entre autres.
Pendant la rencontre, les avocats de M. Abdelrazik souhaiteraient aborder « la question de l’imputabilité du gouvernement ». « Le gouvernement du Canada doit reconnaître sa responsabilité pour ce qui est arrivé », a dit Me Hameed, sans préciser si son client envisageait un recours en justice. Le bureau de M. Cannon n’a pas souhaité commenter la situation, hier, affirmant n’avoir reçu aucune demande de rencontre officielle à ce jour.
M. Abdelrazik fera une conférence de presse la semaine prochaine. Rappelons que la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité ont tous deux indiqué qu’ils ne retenaient aucune preuve contre lui.




Montréalais condamné à mort : Stockwell Day dit poursuivre les efforts
— Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a confirmé à la famille du Montréalais condamné à la décapitation en Arabie Saoudite qu’Ottawa faisait tout en son pouvoir pour lui venir en aide.
Dans une déclaration émise par son bureau hier, le ministre Day affirme avoir donné sa parole à la famille de Mohamed Kohail lors d’une visite officielle qu’il mène en ce moment en Arabie Saoudite.
Il soutient également avoir discuté des cas de Mohamed Kohail et de son frère, Sultan, lors de rencontres bilatérales. Au cours de son séjour en Arabie Saoudite, M. Day a notamment rencontré le président de la Commission saoudienne des droits de l’Homme, Bandar bin Mohammed Al-Aiban.
Mohamed Kohail, qui est âgé de 24 ans, et un ami jordanien, Muhanna Ezzat, ont été reconnus coupables du meurtre de Munzer Al-Hiraki lors d’une bagarre survenue après l’école à Djedda, en janvier 2007. Il a été condamné à mort par décapitation.
L’échauffourée a apparemment été déclenchée quand le frère cadet de Mohamed, Sultan, a été accusé d’avoir insulté une fille.
Les deux frères ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils avaient agi en état de légitime défense et n’avaient pas infligé les blessures fatales durant la bagarre. Des dizaines d’adolescents auraient été mêlés à l’événement.
Sultan Kohail, qui est âgé de 18 ans, a d’abord été condamné, à titre de complice, à un an de détention et 200 coups de fouet. La famille de la victime a interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement subir un nouveau procès.
Les deux frères et leur ami clament leur innocence et soutiennent que le système judiciaire saoudien ne leur a pas offert un procès équitable.
Aucun détail concernant les discussions qu’a eues Stockwell Day avec les représentants saoudiens n’a été dévoilé. Mais le gouvernement canadien a déjà déclaré qu’il réclamait la clémence pour les deux
frères.


Preuve « insuffisante » contre Charkaoui  -  Laura-Julie Perrault
Le certificat de sécurité contre le Montréalais pourrait être bientôt levé
Le certificat de sécurité qui pèse sur le Montréalais Adil Charkaoui pourrait être bientôt levé. Dans un document déposé à la Cour fédérale et que La Presse a obtenu, le gouvernement canadien admet que la preuve au dossier de l’immigrant d’origine marocaine est aujourd’hui « insuffisante » pour justifier son renvoi du pays.
Dans le document en date du 31 juillet, les ministres de l’Immigration et de la Sécurité publique écrivent qu’ils en sont venus à ce constat après avoir eux-mêmes retiré du dossier de M. Charkaoui une partie des renseignements qui les avaient amenés, en 2003, à soupçonner le ressortissant marocain d’avoir des liens avec l’organisation terroriste d’Oussama ben Laden, Al-Qaeda.
La juge de la Cour fédérale qui supervise le dossier de M. Charkaoui, Danièle TremblayLamer, a récemment enjoint au gouvernement de rendre publiques certaines informations jusque-là restées secrètes. Estimant que le dévoilement de ces renseignements « porterait atteinte à la sécurité nationale ou à la sécurité d’autrui », et ce, malgré l’avis contraire de la juge, les ministres ont décidé de les enlever de la preuve plutôt que d’en révéler la teneur.
Dans un nouveau sommaire public des soupçons que le gouvernement entretient à l’égard d’Adil Charkaoui, on peut voir que l’allégation selon laquelle il aurait discuté au téléphone de la prise de contrôle d’un avion à des fins agressives a été biffée. Idem pour sa présumée participation à un camp d’entraînement d’Al-Qaeda en Afghanistan.
À la suite de ces importantes modifications au dossier, la juge de la Cour fédérale devra décider à son retour de vacances en septembre si le certificat de sécurité tient encore la route ou s’il doit être révoqué.
Dans une directive qu’elle a fait parvenir au gouvernement et à M. Charkaoui au début du mois, la juge demande aux ministres s’il ne serait pas préférable qu’ils retirent euxmêmes le certificat.
Six ans de contraintes
La rédaction du certificat de sécurité en mai 2003 a entraîné la détention pendant 18 mois d’Adil Charkaoui, sans qu’aucune accusation ne soit portée contre lui. Mis en liberté en 2005, il a dû respecter une longue liste de conditions pendant près de quatre ans, y compris un couvre-feu et l’interdiction d’utiliser l’internet ou un téléphone cellulaire.
Ces conditions ont été progressivement allégées, mais Adil Charkaoui doit encore aviser les autorités s’il quitte Montréal et porter un bracelet GPS à la cheville. Si le certificat contre lui est jugé déraisonnable, il recouvrera la liberté complète.
En entrevue avec La Presse, Adil Charkaoui ne cachait pas cette semaine qu’il se réjouit des nouveaux développements dans son dossier, mais le père de trois enfants affirme que ses avocates et lui, ayant déjà remporté deux manches contre le gouvernement à la Cour suprême dans le dossier des certificats de sécurité, veulent plus. « Il faut crever l’abcès. Nous voulons que tous les abus dont j’ai été victime soient reconnus par la cour. Je veux blanchir mon nom », plaide Adil Charkaoui. Par conséquent, il demande l’arrêt du processus, sur la base de toutes les irrégularités au dossier.
S’ilagaindecause, Charkaoui et ses supporters couperont l’herbe sous le pied du gouvernement qui veut porter l’affaire en appel. Le gouvernement veut notamment contester la nécessité de divulgation des renseignements secrets et estime que M. Charkaoui représente toujours un danger à la société.
Des certificats controversés
Mesure prévue par la loi de l’immigration canadienne, les certi f icats de sécurité permettent au gouvernement canadien d’expulser des noncitoyens du pays s’il est capable de prouver qu’il a des motifs de croire que les personnes visées représentent un danger à la sécurité nationale. Le gouvernement a dû en revoir les modalités après que la Cour suprême eut tranché en 2007 que les certificats violaient les droits des personnes visées en ne leur permettant pas de connaître la preuve amassée contre eux.
À ce jour, cinq hommes musulmans font toujours l’objet d’un certificat.



L’opposition juge « honteuse » la décision du gouvernement - MALORIE BEAUCHEMIN
Omar Khadr restera aux mains des Américains
« C’est honteux. C’est une gifle au visage de la Cour suprême et au concept de défense des droits de la personne, a estimé le chef du NPD, Jack Layton. C’est épouvantable de voir que notre gouvernement n’a fait dans ce dossier aucun effort pour assurer que les droits deM. Khadr soient respectés comme précisé dans notre Charte des droits de la personne. »
OTTAWA — La décision du gouvernement fédéral de ne pas demander le rapatriement d’Omar Khadr et de faire le « strict minimum » pour protéger les droits du prisonnier canadien à Guantánamo est « regrettable », voire « honteuse », selon les partis de l’opposition à Ottawa.
Mardi , en soirée , le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a fait connaître la réponse officielle du gouvernement au jugement de la Cour suprême du 29 janvier dernier, qui sommait Ottawa d’offrir réparation au jeune prisonnier détenu à Guantánamo, pour la violation de ses droits fondamentaux.
En 20 03 et 20 0 4 , des fonct ionnai res et agents fé dér au x ont int e r rogé M. Khadr alors qu’il avait é té pr ivé sys téma t iquement de sommeil, puis ont transmis aux autorités américaines les informations ainsi recueillies.
La Cour suprême a jugé le gouvernement responsable de cette violation des droits du ressortissant, mais a laissé Ottawa choisir de quelle façon il allait réparer les torts causés.
Plutôt que de rapatrier Omar Khadr au pays, comme le réclament ses avocats, les groupes de défense des droits et l’opposition, le gouvernement a jugé qu’il n’avait qu’à demander aux Américains de ne pas utiliser l’information fournie à l’issue des interrogatoires de 2003 et 2004 contre M. Khadr dans le cadre des procédures de la commission militaire, qui devraient débuter en juillet. Une note diplomatique à cet effet a été envoyée au gouvernement américain mardi, a expliqué le ministre Nicholson dans un communiqué.
« C’est honteux. C’est une gifle au visage de la Cour suprême et au concept de défense des droits de la personne, a estimé le chef du NPD, Jack Layton. C’est épouvantable de voir que notre gouvernement n’a fait dans ce dossier aucun effort pour assurer que les droits de M. Khadr soient respectés comme précisé dans notre Charte des droits de la personne. »
Enfant soldat
Selon le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, les conservateurs de Stephen Ha r per ont répondu au jugement du plus haut tribunal du pays par « le strict minimum ».
« On regrette la décision du gouvernement Harper. Dans la note diplomatique, ils n’ont même pas mentionné que c’était un enfant soldat », a dit M. Ignatieff. Omar Khadr n’avait que 15 ans lorsqu’il a été arrêté en Afghanistan, en 2002. Accusé du meur t re d’un soldat amér icain, le prisonnier canadien croupit à Guantánamo depuis sept ans, sans procès. Il est le dernier ressortissant occidental dans le tristement célèbre centre de détention, les autres ayant tous été rapatriés dans leur pays d’origine.
Nathan Whitling, avocat du jeune prisonnier, s’est dit « choqué » par la réponse gouvernementale, surtout après avoir essuyé un refus des autorités canadiennes d’entendre sa version des faits avant de rendre leur décision.
Les avocats de M. Khadr ont intenté un recours en Cour fédérale pour casser la décision du gouvernement.








Jim Flaherty tente d’amadouer les critiques  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Accusé d’avoir abandonné à leur sort les retraités ayant perdu une partie ou la totalité de leur fonds de retraite, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a annoncé hier un train de mesures visant à rendre davantage solvables les régimes de retraite d’entreprises relevant de la compétence d’Ottawa.
Plusieurs travailleurs ayant contribué toute leur vie à un régime de retraite se retrouvent aujourd’hui le bec à l’eau puisque les entreprises qui les employaient ne peuvent plus les f i nancer adéquatement. Selon certaines évaluations, les régimes de retraite seraient sous-financés de quelque 50 milliards de dollars au pays.
« Notre gouver nement a prêté une oreille attentive aux Canadiens et nous comprenons la valeur que revêtent la sécurité et la viabilité des régimes de retraite », a affirmé le ministre des Finances.





Sel: Santé Canada fera confiance à l’industrie  -  Stéphanie Bérubé
il semble que nous soyons friands de sel. Et l’industrie alimentaire ne se gêne pas pour parfumer ses plats canadiens de sodium. Résultat: on trouve plus de sel dans la version canadienne de certains aliments faits par des multinationales.
Santé Canada a formé un groupe d’experts il y a deux ans afin de créer une politique sur le sel dans les aliments. Il semble que le groupe penche vers l’autorégulation. C’est du moins ce qui a été mentionné dans le Journal de l’Association médicale canadienne au début du mois. Santé Canada affirme que le rapport final du groupe ne sera déposé qu’au milieu de l’année prochaine.
La stratégie d’autorégulation a déjà été adoptée pour réduire les gras trans dans l’alimentation. Toutefois, le défi est peut-être plus grand encore cette fois. Le sel n’est pas qu’un agent de conservation efficace et abordable, il est aussi porteur de goût, rappelle Paul Boisvert, de la Chaire de recherche sur l’obésité de l’Université Laval. On ne le remplace pas si facilement.
Heureusement, estime ce spécialiste, Santé Canada compte aussi miser sur l’éducation.
Les gens, en général, ne s’intéressent au sel que lorsque leur médecin leur conseille de le faire. Or, explique M. Boisvert, passer de 3500 mg à 1500 mg de sodium par jour aurait des bienfaits sur la santé équivalents à l’activité physique ou à une perte de poids substantielle. Il existe aussi un calcul mathématique permettant d’estimer la diminution de la pression artérielle selon la réduction de milligrammes de sodium consommés.
Une analyse britannique rendue publique cette semaine évalue quant à elle que 5g de sel de moins par personne, chaque jour, équivaut à une diminution de 23% des crises cardiaques.
Santé Canada songerait aussi à instaurer un système de logo de type « feu de circulation ». Les produits ayant le feu vert respecteraient les limites de « sel par portion » recommandées. Cela ferait inévitablement pression sur l’industrie. Pourquoi choisir un gruau qui affiche un feu jaune si son voisin sur la tablette porte le vert?
En attendant, pour la majorité des produits du supermarché, les consommateurs devraient être vigilants et prendre le temps de consulter le tableau des valeurs nutritives. Le meilleur conseil reste, néanmoins, de cuisiner davantage et de diminuer la part de produits transformés dans l’alimentation.


Fermeture de Chalk River L’opposition passe à l’attaque  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Hypocrisie, inaction, déresponsabilisation ; au lendemain de l’annonce, par Énergie atomique du Canada, d’un nouveau délai pour la réouverture du réacteur nucléaire de Chalk River, l’opposition et les intervenants du milieu blâment le gouvernement fédéral pour leur réaction à la crise.
En fin de journée mercredi, l’agence fédérale EACL a publié un communiqué de presse indiquant que la centrale de Chalk River ne serait pas rouverte avant le premier trimestre de 2010. Le réacteur nucléaire produisait 40% de l’approvisionnement mondial en isotopes médicaux, nécessaires aux diagnostics de cancer, jusqu’à sa fermeture temporaire en mai dernier.
Le premier ministre Stephen Harper s’est dit « déçu », hier, de ce nouveau délai. Le réacteur ne devait, au départ, être hors de service que pour un mois.
« Nous espérons avoi r plus d’actions plus vite de la part d’Énergie atomique du Canada. Nous continuons à les pousser pour qu’ils puissent assurer l’approvisionnement en isotopes dès que possible », a dit M. Harper, de passage à Kitchener, en Ontario.
« C’est hypocrite » , s’est insurgé le critique libéral en environnement, David McGuinty. Selon lui, plutôt que de prendre ses responsabilités, le gouvernement blâme EACL parce qu’il veut « se débarrasser » de cette agence étatique, la privatiser et sortir le gouvernement de l’industrie nucléaire.
« C’est une stratégie délibérée du premier ministre pour dévaluer la société de la Couronne et légitimer éventuellement aux Canadiens que tout est pourri là-dedans et qu’on abandonne complètement le secteur », a estimé M. McGuinty.
Au milieu de la crise des isotopes, au printemps, le premier ministre Harper avait annoncé à brûle-pourpoint que le Canada se retirerait de la production d’isotopes médicaux lorsque le réacteur de Chalk River aurait atteint la fin de sa vie utile.
Le Bloc québécois et le NPD, de même que les libéraux, réclament depuis le printemps des solutions à court, mais aussi à long terme pour pallier la pénurie d’isotopes dans le monde, qui sera vraisemblablement aggravée par la fermeture temporaire d’autres réacteurs, en Europe notamment. L’Association québécoise des établissements de santé et services sociaux (AQESSS) estime que la pénurie d’isotopes coûtera 10 millions de dollars au réseau si la crise dure un an, seulement pour le Québec. L’opposition et les intervenants du milieu somment Ottawa de dédommager les provinces pour les coûts supplémentaires « puisque c’est le gouvernement fédéral qui est responsable de la crise », a jugé le Dr François Lamoureux, président de l’Association des spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
Réparation imminente
Contrairement aux précédents rapports d’EACL sur la centrale de Chalk River qui restaient vagues sur les dates de réouverture, cette fois-ci les dirigeants sont catégoriques : le réacteur nucléaire pourra reprendre du service au premier trimestre de 2010, vraisemblablement à l’hiver prochain. « Nous faisons encore des vérifications pour comprendre les mécanismes de corrosion, mais tous ces tests n’auront pas pour effet de prolonger les délais parce qu’ils seront faits en parallèle avec la stratégie de réparation que nous avons adoptée », a dit Hugh MacDiarmid, présidentdirecteur général d’EACL, en entrevue à La Presse.
Au total, les inspections ont révélé neuf endroits endommagés, qui, plutôt qu’être traités séparément, seront vraisemblablement réparés ensemble, à l’aide d’un procédé de renforcement par soudure.




Isotopes: Ottawa ne ferme pas à la porte à un dédommagement
Le gouvernement fédéral ne ferme pas la porte à l’idée de dédommager les provinces pour la pénurie d’isotopes médicaux, qui entraîne des coûts supplémentaires importants pour les hôpitaux de toutes les régions du pays.
La ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, a indiqué hier qu’elle n’avait pas encore reçu de demande « officielle » de remboursement. Elle a toutefois ajouté qu’il s’agissait d’un dossier que son équipe suivait de près.
À l’instar de l’Ontario, Québec a conf i rmé qu’i l avait l’intention de demander à Ottawa de lui faire un chèque pour couvrir le coût d’acquisition d’isotopes.
D’après le ministre québécois Yves Bolduc, la note pourrait atteindre 10 millions pour la province si la crise devait se poursuivre pendant un an.
La pénur ie d’i s o topes médicaux perdure depuis la fermeture de la centrale nucléaire de Chalk River à cause d’une fuite d’eau lourde constatée le printemps dernier. Ce réacteur situé près d’Ottawa répondait au tiers de la demande planétaire.



Isotopes : Ottawa est appelé à l’aide  -  Marie Vastel
Tandis que les experts de la santé s’entendent pour dire que la pénurie d’isotopes médicaux risque de s’aggraver fortement dans les prochaines semaines, les regards se tournent vers Ottawa afin que le fédéral vienne en aide aux établissements de santé pour éviter le pire.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a appelé, hier, le gouvernement du Québec à faire pression sur le gouvernement fédéral, pour que ce dernier verse une compensation à la province.
La pénurie d’isotopes coûte cher, plaide l’APTS, puisque les isotopes sont désormais plus coûteux, et les solutions de rechange sont également plus dispendieuses. Et comme les isotopes n’ont une durée de vie que de six heures, les hôpitaux doivent s’en servir le plus rapidement possible, ce qui fait que le personnel médical est appelé à faire des heures supplémentaires et à modifier ses horaires de travail pour répondre à la demande.
« Il faut que le gouvernement du Québec aille cogner à la porte du fédéral, il ne faut pas qu’il attende qu’il lui donne de l’argent, il n’en donnera pas. Il faut cogner à la porte, mettre la pression et obtenir des sommes d’argent pour aider la population », a souligné la présidente de l’APTS, Dominique Verreault, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.
Au bureau du ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, on a fait savoir qu’aucun scénario n’était exclu. Québec pourrait à son tour réclamer une compensation financière à Ottawa, puisque le dossier des isotopes relève de sa juridiction.
L’Ontario a pour sa part déjà indiqué son intention de faire de même, en raison de la pénurie d’isotopes.
Mais aucune décision n’a encore été prise à Québec, et l’adjointe de l’attachée de presse du ministre Bolduc, Karine Rivard, n’a pas pu préciser à quel moment le ministère de la Santé déciderait des mesures à prendre. Pour le moment, le ministère interroge les établissements de santé afin de déterminer le coût exact de la pénurie.




CRISE DES ISOTOPES Une facture possible de 10 millions au Québec -  Pascale Breton

EXCLUSIF
En période estivale, les hôpitaux fonctionnent généralement au ralenti. La situation va s’aggraver quand le rythme habituel va reprendre l’automne prochain.
La pénurie d’isotopes médicaux pourrait entraîner une facture supplémentaire de 10 millions de dollars pour les hôpitaux québécois si la crise durait un an.
C’est l’estimation que fait l’Association québécoise des établissements de santé et services sociaux (AQESSS) au terme d’une téléconférence avec une dizaine de directeurs généraux d’hôpitaux de partout dans la province.
Le bilan est inquiétant. « Ce n’est pas rien. Quand l’on sait que le budget dont disposent les départements de médecine nucléaire pour la province est d’environ 40 millions, on parle ici d’une augmentation du quart », explique la directrice générale de l’AQESSS, Lise Denis, en entrevue à La Presse.
L’AQESSS demande au ministre de la Santé, Yves Bolduc, d’agir au plus tôt afin de mettre en place des solutions pour l’automne.
Depuis la mise hors service du réacteur de Chalk River, en Ontario, en mai dernier, et la pénurie d’isotopes médicaux qui a suivi, les départements de médecine nucléaire doivent faire preuve d’imagination pour traiter les patients. Les isotopes sont utilisés comme marqueurs pour certains examens.
Les horaires ont donc été réaménagés afin d’utiliser au maximum les isotopes lorsque les livraisons arrivent, en début de semaine.
Des produits de remplacement sont utilisés, notamment le thallium et le fluorure de sodium, pour procéder à d’autres types d’examens lorsque c’est possible. C’est le cas pour certains patients atteints de cancer.
Tous ces réaménagements ont un coût. Les heures supplémentaires et l’utilisation de produits de rechange coûtent de 10 à 12% de plus par semaine aux hôpitaux, révèle l’AQESSS dans sa note de service.
Jusqu’à présent, grâce à ces solutions de rechange, beaucoup d’hôpitaux ont réussi tant bien que mal à maintenir leur degré d’activité habituelle. D’autres ont vu leur capacité diminuer légèrement, augmentant du coup les listes d’attente. Mais l’urgence commence à se faire sentir.
En période estivale, les hôpitaux fonctionnent généralement au ralenti. La situation s’aggravera quand le rythme habituel reprendra l’automne prochain.
« Nous avons eu une très belle collaboration de tous jusqu’à présent, mais il est clair que, pour suivre ce rythme pendant des mois, nous allons user notre monde », mentionne d’ailleurs Mme Denis.
Les hôpitaux ne savent que le jeudi la quantité d’isotopes qui sera disponible pour la semaine suivante. Tant le personnel médical qu’administratif est mis à contribution pour appeler les patients, remodeler les horaires de rendez-vous, procéder aux examens ou lire les résultats.
« Onnepourrapas fonctionner à la petite semaine comme ça quand le volume d’activité reprendra de façon normale l’automne prochain », ajoute la directrice générale de l’AQESSS.
Le tour d’horizon mené auprès de la dizaine d’établissements a permis de sentir l’inquiétude qui règne. « Les gens sont épuisés. Il faut que le ministre prépare des voies de passage pour qu’à l’automne, on ne vive pas la même situation », insiste Mme Denis.
L’AQESSS n’est pas la seule à s’inquiéter des répercussions de la pénurie d’isotopes.
La Coalition Priorité cancer invite la population à écrire à la gouverneure générale, Michaëlle Jean, et au premier ministre canadien, Stephen Harper, pour dénoncer l’inaction du fédéral à gérer la crise.
Plus tôt ce mois-ci, le Conseil pour la protection des malades avait aussi envoyé une mise en demeure au gouvernement fédéral, pour les mêmes raisons.




Isotopes médicaux La pénurie s’accentue - Pascale Breton

Les hôpitaux auront la moitié de ce qui est nécessaire la semaine prochaine
EXCLUSIF
Les vacances de la construction donnent un répit aux médecins, mais « le pire sera au début du mois d’août et à la fin de septembre », dit le Dr Lambert
Déjà aux prises avec des difficultés d’approvisionnement depuis deux mois, les hôpitaux verront la disponibilité des isotopes médicaux chuter de moitié à compter de la semaine prochaine. Un véritable casse-tête pour les départements de médecine nucléaire.
Une patiente dans un accélérateur linéaire en radio-oncologie. Les isotopes médicaux sont des marqueurs utilisés pour de nombreux examens médicaux afin de détecter des cancers et des métastases, des embolies pulmonaires et des saignements, entre autres.
« On vient de tarir une source additionnelle et ça devient critique », déclare le président de l’Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec, le Dr Françoi s Lamoureux.
En mai, l’arrêt du réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, a provoqué une crise d’approvisionnement en isotopes médicaux. Quelques semaines plus tard, on apprenait que le réacteur ne sera pas remis en activité avant la fin de l’année.
Mais voilà que le réacteur de Patten, aux Pays-Bas, est hors service à son tour depuis une semaine. Cet arrêt de quatre semaines au total est nécessaire pour un entretien régulier.
L’impact commencera à se faire sentir au cours des prochains jours. Après celui de Chalk River, c’est le plus important producteur de molybdène – produit radioacti f à partir duquel sont extraits les isotopes médicaux – dans le monde.
« Quand on peut reporter les examens d’une semaine, on peut essayer de s’arranger, mais si on tarit une source pendant un mois, nous avons un problème », affirme le Dr Lamoureux.
Les isotopes sont des marqueurs utilisés pour nombre d’examens médicaux afin de détecter des cancers et des métastases, des embolies pulmonaires et des saignements, entre autres.
Solution de rechange
Pour pallier la crise, des solutions de rechange ont été mises en place. Les 54 départements de médecine nucléaire du Québec ont convenu de se répartir les stocks disponibles afin que chacun en ait au moins une quantité minimale.
Les horaires de travail sont prolongés afin de procéder à plus d’examens en début de semaine, lorsque les isotopes sont disponibles.
D’autres types d’examens peuvent aussi être faits pour
Mais cette gestion au jour le jour commence à peser lourd. C’est particulièrement le cas dans les hôpitaux pédiatriques.
« I l faut faire énormément d’appels. On fixe pratiquement certains patients. La tomographie par positrons ( PET scan) est ainsi utilisée, notamment pour détecter des cancers. des rendez-vous à nos patients au jour le jour », déplore le chef du département de médecine nucléaire du centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le Dr Raymond Lambert.
Les patients proviennent souvent de l’extérieur de Montréal. Ils sont accompagnés de leurs parents, qui doivent prendre congé. Comme il s’agit généralement d’examens de contrôle, les patients ont aussi d’autres rendez-vous avec différents spécialistes au cours de la même journée. Reporter leur examen entraîne bien des bouleversements.
Heureusement, souligne le Dr Lambert, il reste encore une semaine aux vacances de la construction. Il y a donc moins de patients. « Le pire sera au début du mois d’août et à la fin de septembre », craint-il.
Les nombreux réaménagements d’horaire ont un coût. La facture pourrait atteindre 4 millions supplémentaires au Québec, estime le président de l’Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
« C’est clair qu’il va y avoir des coûts supplémentaires, mais nous ne sommes pas en mesure pour le moment d’évaluer la hausse des factures des établissements », indique la porte-parole du ministère de la Santé, Karine White.
Si la facture est trop élevée, il est possible que Québec demande au fédéral de l’éponger.


La crise des isotopes est imminente -  Ariane Lacoursière
Environ 3000 patients par semaine risquent d’être privés de tests au Québec
Alors que les hôpitaux canadiens vivent déjà une importante pénurie d’isotopes médicaux, le réacteur nucléaire de Petten, aux Pays-Bas, cessera ses activités dès aujourd’hui pour un entretien de routine qui durera un mois. Selon les spécialistes de médecine nucléaire, une crise est imminente.
Un technicien en médecine nucléaire analyse le résultat d’un test mené sur un patient à l’Hôpital général de Toronto.
« On a très peur des répercussions. Il faudra gérer la situation au jour le jour. Déjà, le moral des troupes n’est pas très bon. On a peur de ne pas donner de bons services aux patients », dit le président de l’Association de médecine nucléaire canadienne, le Dr Jean-Luc Urbain.
« La pénurie importante d’isotopes ne surviendra pas cette semaine. Parce que le molybdène que nous recevrons a une durée de vie de 2,2 jours. Mais à la fin de la semaine prochaine, on aura une idée de l’ampleur de la crise », explique le président de l’Association des spécialistes en médecine nucléaire du Québec, le Dr François Lamoureux.
SelonlescalculsduDrLamoureux, environ 3000 patients par semaine pourraient devoir se priver de tests au Québec si la pénurie d’isotopes est sévère. « Déjà, les hôpitaux se sont fait dire que leur stock livré chaque semaine sera réduit des trois quarts », affirme le Dr Lamoureux.
Les hôpitaux canadiens manquent déjà d’isotopes médicaux depuis trois mois. En mai, la centrale nucléaire de Chalk River, en Ontario, a dû fermer en raison d’une fuite d’eau lourde. À elle seule, cette centrale répondait à 35% des besoins mondiaux et à pas moins de 80% des besoins en isotopes au pays.
Pour contrer la pénurie, les hôpitaux québécois ont modifié leurs horaires et leurs techniques. « Les isotopes sont comme des glaçons qui fondent au soleil. Ils ont une durée de vie très courte. Pour traiter le maximum de patients, on travaille depuis le mois de mai de façon condensée, même les week-ends. On fait en deux ou trois jours ce qu’on fait habituellement en une semaine », explique le Dr Urbain. Si bien que la pénurie a eu peu d’impact sur les patients jusqu’à maintenant.
Mais la fermeture du réacteur de Petten viendra compliquer la situation. Depuis la fermeture de Chalk River, le réacteur de Petten avait compensé la perte en augmentant sa production de 50%. Mais on ne peut plus compter sur ce réacteur.
Les centrales nucléaires de Belgique et d’Afrique du Sud ont déjà commencé à augmenter leur production, affirme le Dr Urbain. « Mais les isotopes sont une substance brute qui doit être raffinée. Or, les centrales n’ont pas toutes de grandes capacités de raffinement », explique le Dr Urbain.
Pour l’instant, il est impossible de dire à quel point la fermeture de la centrale de Petten aura des conséquences ici. « L’approvisionnement jusqu’à la semaine prochaine est correct. Tous les rendez-vous planifiés sont maintenus. Mais les risques viendront après », reconnaît la porte-parole du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Lucie Dufresne.
« Jeudi prochain, on aura une meilleure idée de l’ampleur de la crise », confirme le Dr Lamoureux.



Fermeture du réacteur de Chalk RiverLa situation pourrait tourner à la catastrophe

Le président de la section canadienne de l’Association de médecine nucléaire, le Dr Jean-Luc Urbain, qualifie la situation de « désastre national et international ».
— La fermeture prolongée du réacteur de Chalk River constitue un casse-tête considérablepour les hôpitauxdupays, mais lesmédecins croient être enmesure de composer avec cette situation difficile pour le moment.
Situé non loin d’Ottawa, le réacteur de Chalk River, vieux de 52 ans, produit environ le tiers de l’approvisionnement mondial d’isotopes médicaux, qui sont nécessaires pour le diagnostic et le traitement du cancer. La centrale produisait en outre environ 80% des isotopes nécessaires pour traiter les Canadiens.
Toutefois, si le réacteur ne redémarre pas d’ici la fin de l’année, comme les dirigeants de Chalk River l’ont indiqué hier, cette situation difficile pour ra it se t ransformer en catastrophe pour bien des patients, a indiqué hier le Dr Daniel Picard, secrétaire trésorier de l’Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
M. P i c a rd a a i ns i réagi hier à l’annonce du président d’Énergie atomique du Canada ( EACL), Hugh MacDiarmid, selon laquelle les travaux de réparation du réacteur de Chalk River sont plus importants que prévu et prendront donc plus de temps.
Situé non loin d’Ottawa, le réacteur de Chalk River, vieux de 52 ans, produit environ le tiers de l’approvisionnement mondial d’isotopes médicaux, qui sont nécessaires pour le diagnostic et le traitement du cancer. La centrale produisait en outre environ 80% des isotopes nécessaires pour traiter les Canadiens.
Mais le réacteur a dû cesser ses activités en mai en raison d’une importante fuite d’eau lourde. Et tout indique qu’il demeurera fermé au moins jusqu’en octobre, et peut-être même jusqu’à la fin de l’année. Au départ, les dirigeants d’EACL estimaient qu’il serait possible de le redémarrer en août.
« Cette annonce ne me surprend nullement. Je n’ai jamais vu une centrale nucléaire se faire réparer en un ou trois mois. C’était donc quelque chose de prévisible. Mais cette fermeture prolongée ne change rien à la situation actuelle. On est déjà en pénurie. On est en rationnement de radio-isotopes pour limiter les conséquences sur nos patients, ce que l’on réussit relativement bien jusqu’ici », a indiqué le Dr Picard.
Au bout du rouleau
Il a ajouté que les médecins ont modifié leurs horaires pour maximiser l’utilisation des isotopes disponibles, lesquels ont une durée de vie limitée. « Nous travaillons les fins de semaine et le soir pour les mêmes raisons avec les doses disponibles durant la journée », a-t-il dit.
Mais si Chalk River demeure fermé en 2010, la situation sera différente. « Nous sommes en mesure de composer avec la situation actuellement. Mais il faut que Chalk River rouvre au début de l’an prochain », a-t-il dit.
Le président de la section canadienne de l’Association de médecine nucléaire, le Dr JeanLuc Urbain, se montre plus critique, qualifiant la situation de « désastre national et international ». « Nous avons le tiers de notre approvisionnement habituel en technétium pour nous occuper de nos patients », a-t-il dit.
Depuis la fermeture du réacteur, les hôpitaux du pays sont confrontés à une pénurie d’isotopes, forçant les médecins à reporter des traitements. Le gouvernement fédéral travaille depuis des semaines à trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, mais la situation demeure difficile.
Depuis quelques semaines, la centrale néerlandaise de Petten a augmenté sa production de 50% pour combler une partie de la demande. Mais le réacteur est aussi très vieux et il devra être fermé du 18 juillet au 18 août pour des travaux d’entretien. À l’heure actuelle, les divers réacteurs dans le monde répondent à environ 70% de la demande mondiale d’isotopes.
Dans une déclaration commune publiée hier, la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, et la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, ont dit partager l’inquiétude des Canadiens au sujet de la pénurie d’isotopes provoquée par la fermeture de Chalk River.
« La santé et le bien-être des Canadiens sont la priorité absolue du gouvernement du Canada et nous comprenons que l’annonce faite par EACL – que le temps d’arrêt sera prolongé – est une source d’inquiétude pour les Canadiens. Nous sommes aussi très inquiètes et nous comprenons que des familles canadiennes seront sérieusement affectées par cette annonce », ont affirmé les ministres.
« Nous nous attendons à une période de pénurie plus critique au cours du mois d’août. Pour cette raison, il continuera d’être essentiel que les fournisseurs de soins de santé gèrent de façon attentive l’approvisionnement disponible d’isotopes et qu’on puisse trouver des solutions de rechange », ont-elles ajouté.
En conférence de presse à Toronto, le président d’EACL, Hugh Ma c D i a r mid , s ’e s t défendu d’avoir induit la population en erreur lorsqu’i l a indiqué au printemps que le réacteur pourrait reprendre ses activités en août.
Il a soutenu que l’inspection du réacteur a démontré que les travaux nécessaires étaient plus importants que prévu. D’où la décision de prolonger la fermeture pour les prochains mois. « L’inspection a été un voyage de découverte, comme vous pouvez l’imaginer », a indiqué le président.
Cela dit, il a certifié que le réacteur pourra être redémarré ultérieurement et reprendre la production d’isotopes.
Les travaux de réparation sont fort complexes. « C’est comme si vous essayez de faire une vidange d’huile sur votre voiture à partir de votre salon », a imagé le responsable des travaux, David Cox.




« Un casse-tête inouï »
Une centrale néerlandaise stoppera sa production d’isotopes pendant un mois
Environ 3000 patients par semaine verront leurs rendez-vous retardés.
La fermeture prochaine d’un réacteur nucléaire aux PaysBas provoquera un « casse-tête inouï » dans notre système de santé, préviennent des médecins spécialistes. L’arrêt des activités à la centrale de Petten relancera de plus belle la crise des isotopes, avertissent-ils, et jusqu’à 3000 patients québécois pourraient en subir les conséquences chaque semaine.
Le technicium, la substance dérivée des isotopes médicaux, sert à tester ou à traiter 9500 patients au Québec chaque semaine.
Depuis la fin du mois de mai, le Canada et le monde entier doivent composer avec une pénurie de cette substance radioactive, qui sert notamment au diagnostic et au traitement du cancer. La centrale de Chalk River (en Ontario), qui produisait environ 80% des isotopes nécessaires aux Canadiens et répondait à 35% des besoins mondiaux, a fermé en raison d’une fuite d’eau lourde.
Depuis, la centrale néerlandaise de Petten a augmenté sa production de 50% pour combler une partie de la demande. Mais voilà, ce réacteur est également âgé. Du 18 juillet au 18 août, il devra fermer pour maintenance pendant un mois, indique le Dr François Lamoureux, président de l’Association des spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
Les hôpitaux ont été prévenus: ils perdront les trois quarts de leurs livraisons habituelles d’isotopes.
« On a un problème majeur », convient le Dr Lamoureux.
Le technicium, la substance dérivée des isotopes médicaux, sert à tester ou à traiter 9500 pat ients au Québec chaque semaine.
Alors qu’ils craignent que la pénurie s’aggrave, les spécialistes et le ministère de la Santé ont adopté une série de mesures pour éviter une crise. Les horaires des consultations ont été modifiés pour optimiser l’utilisation des isotopes, dont la durée de vie est très courte. Les patients atteints de maladies cardiaques sont testés à l’aide d’une technologie plus ancienne, qui ne requiert pas de technicium. Et la province parvient à mieux économiser la substance que ses voisins en utilisant l’équipement de tomographie par émission de positrons, ou TEP ( PET scan en anglais).
Mais beaucoup de procédures médicales nécessitent l’utilisation d’isotopes. Et la fermeture de la centrale de Petten forcera les spécialistes québécois à reporter environ 50% d’entre elles après le 18 juillet, prévient le Dr Lamoureux. C’est donc dire qu’environ 3000 patients par semaine verront leurs rendezvous retardés.
« On peut parfois reporter des examens de quelques jours, indique le Dr Lamoureux. Mais quand on va se retrouver dans une situation où ça va durer trois semaines, on aura des problèmes majeurs. »
« Des risques »
La Coalition Priorité Cancer, un organisme qui fait la promotion de la lutte contre cette maladie, qualifie la situation de « déplorable ».
« On ne peut pas dire à la population: "Ne vous inquiétez pas", affirme sa porte-parole, Nathalie Rodrigue. Il y a des risques pour la population. »
Elle estime que ce sont avant tout les patients qui subiront les contrecoups de cette nouvelle escalade dans la crise des isotopes. Comme on utilise la substance radioactive pour mesurer l’efficacité des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie, dit-elle, des centaines de malades pourraient être plongés dans l’incertitude.
Unspécialistequi conseille le gouvernement fédéral dans ce dossier a indiqué au Globe and Mail qu’Ottawa ne sait pas encore où le pays s’approvisionnera en isotopes une fois la centrale de Petten fermée.
Besoins couverts à 85%
Pour l’heure, le Québec couvre actuellement 85% des besoins liés aux isotopes médicaux, indique Marie-Ève Bédard, attachée de presse du ministre de la Santé, Yves Bolduc. Mais la donne pourrait changer bientôt.
« C’est sûr qu’on n’est pas à l’abri d’une pénurie, puisque ça frappe de la même façon tout le monde qui s’approvisionne dans ces réacteurs nucléaires. »
La fermeture de la centrale de Petten pendant un mois pourrait être le prélude à une situation beaucoup plus grave. Le réacteur sera mis hors service pour des réparations en profondeur dès le début de l’an prochain. Il cessera alors de produire des isotopes médicaux pendant six mois.



Une solution miracle? -  André Pratte
Pourquoi le projet MAPLE a été mis sur la glace sans aucune forme de débat public?
Selon Steve West, président du producteur d’isotopes médicaux MDS Nordion, il existe une solution simple à la pénurie actuelle. « La solution se trouve ici au Canada. La solution, c’est de redémarrer le projet MAPLE », a-t-il déclaré à un comité de la Chambre des communes.
Construits il y a une dizaine d’années, les réacteurs nucléaires MAPLE 1 et 2 devaient permettre la production de deux fois plus d’isotopes médicaux que la demande mondiale actuelle. Malheureusement, ils n’ont pu être mis en service en raison de problèmes techniques.
Énergie atomique du Canada (EACL) n’est pas parvenue à régler ces problèmes malgré des investissements de 250 millions à 600 millions (la somme exacte n’est pas connue). L’an dernier, avec l’accord du gouvernement Harper, EACL a décidé d’abandonner le projet.
Certains experts estiment que ce fut une grave erreur. Depuis que le vieux réacteur de Chalk River a cessé sa production en raison d’une fuite, on presse le gouvernement de revenir sur sa décision. La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a rejeté cette idée: « Le problème est que, si le réacteur entrait en fonction, il ne serait pas sécuritaire parce qu’il y a une possibilité qu’on soit incapable de l’arrêter. »
Laministre exagère ou comprend mal. Les MAPLE comptent suffisamment de systèmes de protection pour empêcher qu’on perde contrôle de la réaction nucléaire. L’ingénieur John Waddington, qui a travaillé pendant 27 ans à la Commission candienne de sûreté nucléaire, a été catégorique à ce sujet: « Il ne fait absolument aucun doute que les réacteurs MAPLE sont sans danger. Je vivrais sans hésitation avec mes enfants et mes petits-enfants à proximité de ces réacteurs. »
Alors, pourquoi Énergie atomique du Canada les a-t-elle envoyés aux boules à mites? Parce que le réacteur ne se comporte pas comme l’avaient prédit ses concepteurs. Or, dans le domaine du nucléaire, les autorités gouvernementales ne permettent tout simplement pas la mise en service d’installations dont on ne comprend pas le fonctionnement dans les moindres détails.
Par conséquent, même si le gouvernement revenait sur la décision d’abandonner le projet MAPLE, il faudrait encore des années et « des centaines de millions » (selon le PDG d’EACL) avant que les réacteurs ne puissent servir à la production d’isotopes.
La solution miracle à la présente pénurie ne se trouve donc pas là. En fait, il n’y a pas de solution miracle. À court terme, le seul espoir réside dans la réparation rapide – trois mois? six mois? – du réacteur cinquantenaire de Chalk River.
Cela dit, il ne nous semble pas raisonnable que le projet MAPLE ait été mis sur la glace sans aucune forme de débat public. Énergie Atomique du Canada s’est contenté d’un bref communiqué de presse et est très peu bavarde depuis.
Les contribuables canadiens ont financé à coup de dizaines de millions la construction de ces installations. Les malades canadiens subissent les conséquences de la pénurie d’isotopes. Ne devraientils pas avoir voix au chapitre? Souhaitons que le groupe d’experts mis sur pied il y a trois semaines par le gouvernement se penchera sur l’opportunité de relancer le projet MAPLE.




Mes amis sont-ils condamnés? Nos premiers ministres doivent agir en chef d’État et régler rapidement la crise des radio-isotopes
Tout cela n’a aucun bon sens, je n’arrive pas à comprendre que nous en soyons arrivés là.
L’auteure est la mère d’un enfant maintenant guéri d’un cancer. Elle a mis sur pied la fondation Les Gouverneurs de l’espoir, après s’être engagée durant de nombreuses années avec Leucan. Je suis entourée de gens qui livrent une lutte infernale contre le cancer. Je côtoie quotidiennement des enfants cancéreux et des parents hyper anxieux en attente des résultats.
Un appareil utilisé en médecine nucléaire.
Mon frère se bat depuis deux ans. Ma meilleure amie attend impatiemment l’opération qui lui enlèvera la masse qui s’est logée dans son palais alors qu’elle était enceinte de sept mois, elle attend encore cette opération hyper urgente qui devait être faite en avril et qui a été reportée deux fois. Il y a aussi la femme de mon entrepreneur qui voit ses traitements reportés, la soeur de mon beau-frère qui est complètement découragée, car il n’y a pas une seconde qui passe sans qu’elle se demande si elle fait partie des « cas » où il y a eu erreur d’analyse. J’arrête ici, mais je pourrais facilement continuer ma liste en ajoutant des dizaines d’histoires aussi graves les unes que les autres.
Aujourd’hui, je voudrais en leur nom m’adresser aux différents ordres du gouvernement fédéral et provincial. Je ne suis pas une professionnelle de la santé, je ne suis pas non plus une grande scientifique, mais je suis capable de voir et de juger la gravité des choses. La crise des radio-isotopes est catastrophique!
Le Dr Soulière (hématologue et oncologue médical au CHUM) l’explique bien: « Pour les patients qui souffrent d’un cancer, la médecine nucléaire sert à établir le diagnostic de leur condition, à déterminer le stade de la maladie et à choisir le traitement » … Alors qu’arrivera-t-il s’il n’y a plus ou presque plus d’isotopes? Est-ce que mes amis sont condamnés? Seront-ils les prochains à alimenter les statistiques des décès causés par le cancer ? Vont-ils mourir à petit feu devant moi, spectatrice impuissante?
Tout cela n’a aucun sens, je n’arrive pas à comprendre que nous en soyons arrivés là, mais pour l’instant ne perdons pas de temps à tenter de comprendre le pourquoi, il faut agir rapidement. Qu’allezvous faire maintenant, messieurs les premiers ministres? Vous avez eu le pouvoir, vous avez été élus par le peuple, alors maintenant, agissez en chefs d’État et prenez vos responsabilités!
C’est la santé physique et mentale de tout un peuple qui en dépend. Imaginez un seul instant que vous êtes ce patient qui attend, qui souffre et qui va sûrement mourir si rien n’est fait. Imaginez que vous allez laisser derrière vous une petite fille de quelques mois, une famille complètement anéantie, un avenir prometteur… L’empathie, messieurs les premiers ministres, estce que vous savez ce que cela veut dire? C’est vrai que ce sentiment ne se chiffre pas en dollars et qu’il est impossible d’inclure ces résultats dans la classe positive d’un budget.
La seule chose qui m’importe aujourd’hui, c’est de connaître votre plan d’action. Je voudrais que toutes vos énergies soient concentrées sur le mode solution. Puis-je vous demander de mettre de côté vos divergences et de rallier vos neurones pour une fois, vous gens du pouvoir et de l’opposition?




La pénurie touche les hôpitaux québécois -  Agnès Gruda
« La situation actuelle était prévisible, Ottawa l’a laissée pourrir, il a laissé tomber les malades », accuse le Dr François Lamoureux.
Des patients suspendus au téléphone, qui veulent savoir quand ils pourront subir un test diagnostique, ou s’ils pourront ou non soigner leur cancer de la thyroïde. Des listes d’attente qui s’allongent. Des hôpitaux qui voient leurs réserves d’isotopes fondre à vue d’oeil.
Et puis, de l’inquiétude. Beaucoup d’inquiétude.
Tel est l’impact de la nouvelle « crise des isotopes », causée par la fermeture du réacteur de Chalk River, il y a deux semaines. S’ils ont réussi à parer au plus urgent, les services de médecine nucléaire font face à des patients de plus en plus nerveux. Et ils ont peu de choses à leur dire pour les rassurer.
« Cette semaine, nous n’avons plus assez d’iode 131 pour soigner les patients atteints de cancer de thyroïde », dénonce le Dr François Lamoureux, président de l’Association des médecins spécialisés en médecine nucléaire du Québec.
Il n’a pas de mots pour qualifier l’attitude du gouvernement fédéral, qui a décidé d’abandonner, il y a un an, le projet de construction de deux nouveaux réacteurs, appelés Maple 1 et Maple 2, pour remplacer le vieil appareil de Chalk River.
« La situation actuelle était prévisible, Ottawa l’a laissée pourrir, il a laissé tomber les malades », accuse-t-il.
Situation « très serrée »
Un tour d’horizon de quelques hôpitaux québécois indique que tous sont affectés par la pénurie. « Cette semaine, notre capacité de production de technétium était à 30%. La semaine dernière, c’était 10%. Et on n’a pas la moindre idée de ce qui nous attend la semaine prochaine », déplore le Dr Jean Guimond, de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Chaque semaine, l’Institut reçoit des générateurs de molybdène, une en jour, à mesure que la semaine avance.
« Actuellement, nous fonctionnons avec notre minimum vital, la situation est très inquiétante », dit-il.
L’hôpital Sainte-Justine marche lui aussi sur un fil de fer. « Il y a 15 jours, on recevait encore 70% de notre approvisionnement en technétium. Cette semaine, c’est 20% », dit le Dr Raymond Lambert.
Jusqu’à maintenant, l’hôpital a réussi à « rouler sur la vague », en regroupant les rendez-vous, en réduisant les doses d’isotopes ou en utilisant des substances de remplacement.
Cette semaine, la situation est devenue très, très « serrée », selon substance qui sert à fabriquer le technétium, marqueur nécessaire à des tests de médecine nucléaire.
Ces tests, utilisés entre autres en médecine coronarienne et en oncologie, permettent de décider si un patient a besoin d’un pontage coronarien, par exemple. « Chez nous, tous les cas sont urgents », dit le Dr Guimond, qui voit les réserves de technétium s’épuiser de jour le Dr Lambert. Des rendez-vous ont été remis et des examens n’ont été faits qu’à moitié.
Mais le Dr Lambert s’inquiète surtout pour les jours qui viennent. « Est-ce qu’on pourra faire deux examens? Quatre? On ne le sait pas », dit-il.
La situation est un peu meilleure àl’hôpitalMaisonneuve-Rosemont, qui a reçu 50% de ses isotopes. L’hôpital a quand même dû geler ses rendez-vous en médecine nucléaire pour les patients des consultations externes.
Patients en danger
Les hôpitaux déploient les grands moyens pour compenser la pénurie. L’hôpital de Verdun, dont les réserves d’isotopes tomberont à 5% demain, recevra ce weekend un générateur qui devrait lui permettre de renflouer ses stocks. Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, la majorité des patients ont pu subir leurs tests, dit Lucie Dufresne, porte-parole de l’hôpital. « Nous suivons ça de très près, nous devons nous revirer de bord sur un 10 cennes pour organiser les rendez-vous. »
La plupart des hôpitaux s’en tirent en remettant les rendez-vous moins urgents à plus tard, ce qui retarde diagnostic et traitement, signale le Dr Lambert. Des examens pour maux de dos ou arthrose peuvent être reportés. « Mais pour le patient qui éprouve les symptômes, le diagnostic est toujours urgent », dit-il.
La pénurie actuelle met carrément la vie des gens en danger, clame le Dr Pierre Audet-Lapointe, de la Coalition Priorité-Cancer. Le pire, selon lui, c’est que le réacteur de Chalk River, qui fournissait la moitié des isotopes médicaux utilisés dans le monde, était déjà tombé en panne en 2007. « Comment se fait-il qu’Ottawa ne se soit pas réveillé plus tôt? »
Le Dr Jean Guimond, lui, juge qu’Ottawa a eu une « attitude très désinvolte, tant pour les patients canadiens que pour ceux de toute la planète ».
« Quand le réacteur de Chalk River est tombé en panne, ça aurait dû déclencher la sonnette d’alarme », s’indigne-t-il.

LE TECHNÉTIUM 99
Le réacteur de Chalk River, en Ontario, fabrique du molybdène, dont on tire le technétium 99, un isotope utilisé en médecine nucléaire. Ce marqueur est utilisé entre autres pour la détection de cancers, mais aussi pour des tests en cardiologie ou pour l’examen du système osseux. Il existe d’autres méthodes pour réaliser ces tests. Le thallium, par exemple, est également utilisé en médecine coronarienne, mais il est moins efficace et exige plus de temps. Résultat : les listes d’attente s’allongent. Un autre isotope produit à Chalk River, l’iode 131, est utilisé pour le traitement du cancer de la thyroïde et l’hyperthyroïdie.

Réacteur nucléaire de Chalk River Ottawa fait pression sur les responsables
(NDE : Pourquoi ne pas simplement agir, et donc financer, plutôt que de "faire pression" ou autrement dit de ne faire que "souhaiter ardemment" !?!...)
— Le gouvernement fédéral souhaite ardemment que le réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, soit remis en état de marche plus rapidement que ne l’ont prédit les responsables.
C’est ce qu’a affirmé hier la ministre fédérale des Ressources naturelles, Lisa Raitt, alors qu’elle exprimait son opinion sur la manière de gérer la pénurie mondiale d’isotopes médicaux.
Selon Mme Raitt, de passage à Toronto, la gestion de cette pénurie est ardue, mais compte tenu de l’importance du réacteur canadien dans l’approvisionnement mondial d’isotopes médicaux, il serait préférable de bouger plus rapidement.
Toutefois, a-t-elle ensuite reconnu, Énergie atomique du Canada (EACL) doit d’abord prendre les mesures de sécurité nécessaires.
Situé non loin d’Ottawa, le réacteur de Chalk River, qui produit environ le tiers de l’approvisionnement mondial en isotopes médicaux, a dû cesser ses activités, il y a plus d’un mois, en raison d’une importante fuite d’eau lourde.
Les responsables ont estimé que le réacteur restera fermé pendant trois mois, soit jusqu’au milieu du mois d’août. Toutefois, le président d’EACL a affirmé à un comité des Communes qu’il s’agissait d’une prévision optimiste. Hugh MacDiarmid n’a toutefois pas voulu établir un échéancier précis pour relancer le réacteur.
Un autre tiers de l’approvisionnement mondial en isotopes médicaux est fourni par les Pays-Bas, alors que le reste est produit par l’Afrique du Sud, la Belgique et la France.
« Même sans la production du Canada, la demande mondiale totale en isotopes médicaux est satisfaite par ces quatre autres réacteurs », a affirmé hier Mme Raitt.
Mais la ministre a ajouté que si les activités d’un seul de ces réacteurs devaient être interrompues, il n’y aurait alors plus suffisamment d’isotopes médicaux.
Le réacteur néerlandais sera fermé à la mi-juillet durant un mois pour des opérations de maintenance. Le Canada mène présentement des discussions avec les autres producteurs d’isotopes afin de coordonner les fermetures des réacteurs et pour gérer la baisse de la production.



Les droits de la personne sont bafoués, selon un expert  -  FRANÇOIS CARDINAL
Une sommité scientifique en matière d’amiante, affiliée au Centre international de recherche sur le ca ncer (C I RC), estime que le Canada bafoue sa politique sur les droits de la personne en exportant cette substance cancérigène dans le tiers-monde.
Des experts québécois en santé publique exhortent Ottawa à interdire la production et l’exportation d’amiante chrysotile, qui cause l’amiantose et des cancers mortels comme le mésothéliome et le cancer du poumon. Sur notre photo, une équipe de nettoyage s’affaire à récupérer des débris d’amiante dans un parc à la suite d’une forte explosion, survenue l’été dernier à Toronto.
Ce point de vue est partagé par 14 experts québécois en santé publique, qui exhortent Ottawa à interdire la production et l’exportation d’amiante chrysotile dans une lettre intitulée « Cessons le mensonge », publiée aujourd’hui dans les pages FORUM (page A27) de La Presse.
« Il est tout à fait désolant de voir le Canada exporter un produit aussi dangereux dans les pays en développement », lance le Dr Leslie Stayner, qui a présidé plus tôt cette année les travaux de révision du CIRC sur l’amiante chrysotile.
« Il est faux de prétendre que l’amiante chrysotile peut être utilisé de façon sécuritaire dans des pays comme l’Inde puisque nous-mêmes, dans les pays développés, nous n’avons pas été en mesure de limiter les risques associés à cette substance, responsable encore aujourd’hui d’une épidémie de maladies liées à son utilisation passée », ajoute l’épidémiologiste, que joint à Chicago.
Ce cri du coeur est sensiblement le même que celui qu’ont lancé une douzaine d’experts du réseau de la santé publique du Québec, dont André Dufresne, directeur du département de Santé environnementale et santé au travail
La Presse
a de l’Université de Montréal, Fernand Turcotte, professeur émérite de la Faculté de médecine de l’Université Laval, et Louis Drouin, de la Direction de la santé publique.
« Le Canada proclame que ce qui est dangereux pour les Canadiens ne l’est pas pour les personnes du tiersmonde », dénoncent-ils dans leur lettre.
« L’ I nstitut du chrysotile prétend que des contrôles sécuritaires rigoureux existent dans ces pays. C’est complètement faux, ajoutent-ils. Un documentaire récent de la Société Radio-Canada (CBC) a filmé les conditions effroyables d’exposition des travailleurs en Inde qui manipulent l’amiante exporté par la compagnie Lab Chrysotile. Les ouvriers étaient couverts de poussière d’amiante et en respiraient des niveaux élevés, ce qui détruira leur santé et celle de leurs familles.»
Rappelons que le Canada et le Québec se sont toujours opposés à l’inscription de l’amiante chrysotile à la liste des produits dangereux de la convention de Rotterdam, malgré l’avis du comité d’experts du traité. Ce dernier a pour but « d’encourager le partage des responsabilités et la coopération dans le domaine du commerce international de certains produits chimiques dangereux».
Cela autorise le Canada à vendre de l’amiante aux pays du tiers-monde sans avoir à les informer que c’est un produit dangereux, notent les scientifiques. « Au contraire, les "experts" désintéressés de l’Institut du chrysotile les assurent que "les produits d’amianteciment sont absolument sûrs". Rien n’est plus faux selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé).»
Les partisans de l’amiante chrysotile, pour leur pa rt, dénoncent l’acharnement des scientifiques et de la classe politique. «Il y a sûrement bien des produits qui sont utilisés de façon non sécuritaire dans les pays émergents. Or on ne parle pas de leur interdiction formelle pour autant», souligne Clément Godbout, président de l’Institut du chrysotile, lobby de l’industrie.
«Pourquoi bannir l’exportation de l’amiante et continuer de permettre la production et la vente de tabac? renchérit le maire de Thetford Mines, Luc Berthold. Parce que, politiquement, il est plus facile de taper sur une petite communauté qui tente par tous les moyens de survivre que de s’attaquer au vrai problème de notre société.»
LemaireBertholdestd’ailleurs en colère contre le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, qui s’est récemment positionné pour l’interdiction de l’exportation de l’amiante.
«La position anti-Québec de M. Ignatieff dans le dossier du chrysotile est en train de causer un tort irréparable à un secteur important de l’économie québécoise, soutient-il, et c’est à lui qu’il revient de mettre un terme à cette campagne de dénigrement. » Pour joindre notre journaliste :


AMIANTE : CESSONS LE MENSONGE

PIERRE GOSSELIN, FERNAND TURCOTTE, PIERRE L. AUGER, ÉVELYNE CAMBRON GOULET, RAY BUSTINZA, DENIS BÉGIN, BENOÎT GINGRAS, NORMAN KING, LOUIS DROUIN, PIERRE DESHAIES, YV BONNIER-VIGER, ANDRÉ DUFRESNE, MICHEL GÉRIN ET LYNDA PINSONNEAULT.
La preuve scientifique est irréfutable : l’amiante chrysotile cause l’amiantose et des cancers mortels
Les signataires sont médecins, toxicologues, hygiénistes industriels et épidémiologistes du réseau de santé publique du Québec, dont plusieurs professeurs aux universités de Montréal, Laval et Sherbrooke. Selon le Mouvement ProChrysotile, ce sont « des groupuscules idéologiques » et « des extrémistes » qui s’opposent à l’amiante.
Rien ne saurait être plus loin de la vérité. Ce sont des organismes réputés et respectés du monde entier qui réclament l’interdiction de l’amiante, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Société canadienne du cancer, l’Organisation internationale du travail, le Congrès du travail du Canada, l’Association médicale canadienne, ou la Confédération syndicale internationale, qui représente 168 millions de travailleurs dans 155 pays.
L’Institut du chrysotile est inscrit au registre des lobbyistes comme groupe de pression de l’industrie de l’amiante. Il prétend que ce sont les autres formes d’amiante qui sont dangereux et non l’amiante chrysotile. En vérité, l‘amiante chrysotile constitue 95 % de tout l’amiante ja mais utilisé da ns le monde et représente aujourd’hui 10 0 % de l’amiante transigé sur la planète.
La preuve scientifique établissant que l’amiante chrysotile cause l’amiantose et des cancers mortels comme le mésothéliome et le cancer du poumon est maintenant irréfutable. Le Centre international de recherche sur le cancer, un institut qui fait autorité dans le monde, le confirme dans sa dernière révision de l’a m ia nte c h r ysoti le publ iée plus tôt cette année. L’Institut du chrysotile rejette toute cette preuve sc ienti fique établie sa ns con f lit d’intérêts, lui préférant celle que l’industrie a achetée auprès « d’experts » à sa solde.
Dans 11 rapports de recherche réalisés au Québec depuis 2003, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a aussi fait la preuve que son utilisation sécuritaire, telle que prônée depuis 2002 par une politique du gouvernement du Québec, était une vue de l’esprit. Pendant ce temps, les cancers mortels liés à l’amiante augmentent ici même au rythme de 4 % par année. Et nous payons des millions de dollars chaque année pour éliminer l’amiante chrysotile des écoles et des hôpitaux du Québec.
Le Québec, comme le reste du Canada et du monde industrialisé, a renoncé dans les faits à l’utilisation de l’amiante. Malgré les pressions de l’industrie de l’amiante, nous ne l’utilisons plus. Nous exportons presque tout notre a miante dans les pays en développement. L’Institut du chrysotile prétend que des contrôles sécuritaires rigoureux existent dans ces pays. C’est complètement faux. Un documentaire récent de la Société Radio-Canada (CBC) a filmé les conditions effroyables d’exposition des travailleurs en Inde qui manipulent l’amiante ex porté pa r la compag n ie L ab Ch rysotile. L es ouv riers éta ient couverts de poussière d’amiante et en respiraient des niveaux élevés, ce qui détruira leur santé et celle de leurs familles.
Pour la loi canadienne, l’amiante chrysotile est une substance dangereuse, mais le Canada a empêché l’adoption de la recommandation du comité d’experts de la convention de Rotterdam plaçant l’amiante chrysotile sur une liste internationale de substances dangereuses. Ce faisant, le Canada proclame que ce qui est dangereux pour les Canadiens, ne l’est pas pour les personnes du TiersMonde. Ce qui nous autorise à leur vendre de l’amiante, sans avoir à les informer que c’est un produit dangereux. Au contraire, les «experts» désintéressés de l’Institut du chrysotile les assurent que «les produits d’amianteciment sont absolument sûrs». Rien n’est plus faux, selon l’OMS.
Cette infamie n’est plus défendable. Aujourd’hui, l’industrie de l’amiante ne représente plus que 7% des emplois dans la région de Thetford Mines, au lieu du tiers comme dans le passé. Les salaires des mineurs ont été coupés en deux, il ne reste que deux mines, dont une en faillite.
C’est le moment de prendre une décision éclairée. Investissons plutôt ces millions dans des fonds qui permettront aux travailleurs plus âgés de prendre une retraite honorable et aux plus jeunes de se recycler dans des emplois plus rémunérateurs et dans une diversification économique que le milieu a déjà mis en marche avec beaucoup d’ingéniosité et de succès.
Le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, a dit récemment : « En connaissez-vous beaucoup des villes minières qui ont réussi à revivre après la chute de leurs mines? En matière de diversification économique, on est le plus beau secret du Québec!»

Il reste à compléter le virage de la vérité.


L’opposition à l’amiante prend de l’ampleur  -  FRANÇOIS CARDINAL
Jamais la pression exercée sur l’industrie de l’amiante par les scientifiques et les organisations internationales n’a été aussi grande. Même le Parti libéral du Canada, jusqu’ici partisan de cette fibre, a choisi de lui tourner le dos. Le Canada et le Qu
L’Orga ni s a t i on mon - diale de la santé (OMS) ainsi que l’ensemble du monde occidental condamnent l’utilisation de l’amiante chrysotile. Et pourtant, le Canada en fait la promotion et le Québec prône une « utilisation accrue » de cette substance cancérigène, dénoncent un nombre croissant d’experts.
Une vue des installations de Lab Chrysotile, à Thetford Mines.
Pour certains d’entre eux, cela s’apparente même à de la « négligence criminelle » et pourrait donner lieu à des recours collectifs et à des poursuites contre des membres du Conseil des ministres, tant à Québec qu’à Ottawa.
« La situation ressemble à celle du sang contaminé dans les années 80, estime Pierre Gosselin, médecin affilié à l’Institut national de santé publique du Québec ( INSPQ), qui parle en son nom personnel. Des gens en situation de pouvoir, en toute connaissance de cause, font la promotion d’un produit cancérigène. Cela s’approche d’une situation de négligence criminelle. »
« S’il a pu y avoir un doute sur la dangerosité de l’amiante chrysotile il y a 20 ans, ajoute le Dr Gosselin, il n’en existe plus du tout aujourd’hui. Il n’y a en outre aucune preuve que cette substance est utilisée de façon sécuritaire. »
Pour être aussi catégorique, M. Gosselin s’appuie sur les plus récentes études de l’OMS et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui concluent que l’amiante chrysotile est bel et bien cancérigène, mais aussi sur une analyse de la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Intitulé Surveillance de l’exposition à l’amiante dans les métiers de la construction, le document présenté à l’INSPQ en février 2008 relève plusieurs déficiences en ce qui concerne l’exposition à l’amiante dans l’industrie de la construction.
« Alors que les travailleurs doivent être suivis selon les normes, nous avons constaté que très peu de mesures d’exposition sont disponibles, notamment parce que les mesures prises par les entreprises ne sont pas publiques, explique l’un des coauteurs, Michel Gérin. Par ailleurs, ces mesures sont prises en poste fixe et non dans la zone respiratoire des travailleurs comme l’exige la réglementation. En un mot, on ne mesure pas adéquatement l’exposition des travailleurs. »
Pour Denis Bégin, également coauteur, la situation de l’exposition à l’amiante au Québec, de façon plus générale, devrait être rapidement corrigée étant donné l’augmentation de l’incidence des cancers (mésothéliomes) associés à cette substance.
« L’industrie de l’amiante parle d’exposition passée, où la prévention était déficiente. Cependant, il y a 30 ans que la réglementation existe à ce sujet, et pourtant les taux de mésothéliomes continuent d’augmenter. Il y a donc visiblement un problème », souligne-t-il.
Normes sévères
Le syndicat des métallos ( FTQ), qui représente la moitié des quelque 800 travailleurs de l’amiante chrysotile, est en désaccord avec ces conclusions. « Il est bien évident que, dans certains petits chantiers de construction, il peut y avoir des employeurs peu scrupuleux qui mettent parfois de côté la sécurité. Mais dans les chantiers reconnus, les normes sont sévères et elles sont respectées rigoureusement », indique le directeur, Daniel Roy.
Notons que la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) ne partage pas l’avis de la FTQ à ce sujet.
Quant à l’Institut du chrysotile, il souligne l’importance de circonscrire le problème au secteur de la construction. « Il y a certes un problème avec les travailleurs de la construction, qui sont pris avec de vieilles infrastructures où les fibres sont à l’air libre, mais ce n’est pas le cas des travailleurs dans les mines et les moulins, où la ventilation est adéquate », soutient le président Clément Godbout.
Mais cela ne convainc pas les opposants à l’amiante chrysotile. « À part les gens qui sont payés pour défendre cette industrie, personne ne dit que l’amiante chrysotile n’est pas dangereux, lance le Dr Pierre Gosselin. Un médecin qui affirmerait une telle chose serait passible de poursuites pour incompétence par le Collège des médecins. »
« Les experts de la santé publ ique du Québe c et d’ailleurs répètent depuis des années que l’industrie de l’amiante nous assène des contre-vérités » , renchérit Kathleen Ruff, coordonnatrice de l’Alliance pour la convention de Rotterdam, un traité qui encadre le commerce international de certains produits chimiques dangereux.
Cela est vrai pour les Québécois, mais aussi pour les travailleurs des pays en développement, qui achètent plus de 95% de l’amiante chrysotile produit ici, souligne celle qui est aussi conseillère principale à l’Institut Rideau. « Je suis tout à fait d’accord (avec le Dr Gosselin), il s’agit certainement d’une situation qui s’apparente à de la négligence criminelle », renchérit-elle.
Interrogé à ce sujet, le cabinet du ministre fédéral des Travaux publics et député de la région de l’amiante, Christian Paradis, s’est contenté d’envoyer sa position par courriel: « Depuis 1979, le gouvernement du Canada fait la promotion de l’approche d’utilisation sécuritaire et contrôlée du chrysotile au Canada et à l’étranger. Cette approche est étayée par de nombreuses études scientifiques qui démontrent que le chrysotile peut être utilisé de façon sécuritaire en contrôlant le niveau d’exposition aux fibres. »
Quant au ministre québécois des Mines, Serge Simard, il a fait parvenir une lettre récemment envoyée au Parti libéral du Canada, qui réitère le soutien de la province à l’industrie de l’amiante chrysotile.

Des pressions pour mettre fin à l’exportation  -  FRANÇOIS CARDINAL
Au Canada, le consensus politique est en train d’éclater
Rien ne va plus pour l’industrie de l’amiante. Scientifiques, militants, médecins et même des banquiers, la liste des opposants à l’exportation de cette substance cancérigène semble s’allonger de mois en mois, y compris à la Chambre des communes.
À l’instar de la Société canadienne du cancer, de la Banque mondiale et de l’Association médicale canadienne, le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a en effet retiré l’appui que son organisation accordait à l’industrie québécoise de l’amiante, le 21 août dernier.
« C’est la science qui doit guider nos choix », a lancé M. Ignatieff en marge d’un discours prononcé à l’Université Bishop. Cette volte-face a fait voler en éclats le front commun des deux grands partis fédéraux sur ce sujet. Seul le Bloc appuie désormais les conservateurs.
La réponse de l’industrie et des partisans du chrysotile a été virulente. Le candidat l i béra l da ns Méga nt i c - L’Érable, Marc Giroux, a même décidé de claquer la porte de son parti.
Deux jours plus tôt, la députée conservatrice Pat Davidson s’était jointe à sa collègue Dona Cadman en prenant position contre son propre gouvernement, fait rarissime dans le Parti conservateur. Les deux femmes ont soutenu qu’il est temps de mettre fin à l’exportation de cette substance cancérigène.
Parallèlement, le député Nathan Cul len, du NPD, a déposé un projet de loi (C-399) contre l’extraction et l’exportation de l’amiante.
« C’e s t c l a i r ement u n moment charnière pour l’industrie de l’amiante, estime Kapil Khatter, président de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement. Je crois que la fin de l’exportation est désormais inévitable. »
Le Dr Khatter était d’ailleurs au dernier conseil général de l’Association canadienne médicale, le 19 août, où une résolution a été adoptée à 95% contre l’exportation de l’amiante. Une première, selon lui.
« Le consensus politique est en train d’éclater, renchérit Pierre Gosselin, un médecin affilié à l’INSPQ, qui parle en son nom propre. Cela ne peut mener qu’à l’ajout du chrysotile à la convention de Rotterdam et donc à l’arrêt pur et simple de l’exportation d’amiante. »
Position « méprisante »
Les gouvernements du Québec et du Canada appuient l ’ i ndustrie de l ’amiante chrysot i le , qui emploie aujourd’hui un peu plus de 800 personnes. Forte de la Politique québécoise d’utilisation accrue et sécuritaire de l’amiante chrysotile, l’Assemblée nationale a même adopté en 2004 une résolution unanime contre l’inclusion du chrysotile dans la liste des produits proscrits par la convention de Rotterdam.
Le minist re québécois des Mines, Serge Simard, a d’ailleurs fait connaître son mécontentement à M. Ignatieff. Une lettre transmise le 26 août dernier précise que « l’utilisation de produits de chrysotile, dans le respect des réglementations et des techniques d’utilisation sécuritaire et en l’absence d’amphiboles, n’entraîne pas de
risques significatifs pour les travailleurs ».
« Il n’existe tout simplement pas de degré d’exposition sécuritaire », rétorque Barry Castleman, expert international de l’amiante, que La Presse a joint au Maryland.
Dans son livre Asbestos, Medical and Legal Aspects, celui qui a témoigné dans le procès de l’OMC contre le Canada à titre de consultant indépendant ajoute : « Quiconque soutient que l’amiante est utilisé de façon sécuritaire dans le tiers-monde est soit un menteur, soit un imbécile. » Il travaille actuellement avec l’OMS à un guide sur les substituts au chrysotile.
I nterdit dans une cinquantaine de pays, l’amiante chrysotile est jugé « notoirement cancérigène pour l’homme » par de nombreux organismes internationaux comme l’OMS.
Dernière en date, la Banque mondiale, dansundocument de mai 2009, précise que l’amiante ne devrait pas être utilisé dans les nouvelles constructions. « Cela signifie que les pays qui souhaitent recevoir du financement de la Banque mondiale ne doivent pas utiliser d’amiante », souligne Kathleen Ruff, coordonnatrice de l’Alliance pour la convention de Rotterdam.




Harper en Arctique : Des pépins sur le chemin d’Harper  -  Murray Brewster
IQALUIT, Nunavut — Stephen Harper a parlé de croissance de l’économie et des mérites de la viande de phoque durant sa tournée dans l’Arctique, hier, mais son message a été dilué par une bévue au chapitre des communications et une photo à briser le coeur.
Le premier ministre Stephen Harper et les membres de son cabinet, en tournée dans l’Arctique hier, en ont profité pour manger de la viande de phoque.
Le premier ministre a entrepris la deuxième journée d’une visite qui durera cinq jours en lançant officiellement une agence de développement régional annoncée depuis longtemps et qui sera responsable de la mise en oeuvre des initiatives fédérales dans la région.
M. Harper a indiqué que l’agence, baptisée CanNor, mettra fin à une situation où les décisions concernant l’économie du Nord étaient prises dans les bureaux du Sud.
L’agence pourra compter sur un budget de 50 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. Elle aura son siège à Iqaluit et des bureaux de district à Whitehorse et à Yellowknife. Un bureau chargé de la coordination sera situé à Ottawa. À l’heure du midi, le premier ministre et les membres de son cabinet ont mangé de la viande de phoque crue et bouillie derrière des portes closes et loin des caméras, de façon à éviter un autre débat avec les défenseurs des droits des animaux, comme ce fut le cas à la suite de la récente visite dans le Nord de la gouverneure générale, Michaëlle Jean.
Le premier ministre semblait néanmoins heureux de pouvoir apporter publiquement son appui à un mode de vie essentiel pour les populations nordiques. « L’appui de notre gouvernement à l’industrie du phoque est bien connu », a affirmé M. Harper.
« Les normes mises de l’avant dans cette industrie sont, honnêtement, supérieures à celles que l’on trouve dans d’autres industries de produits animaliers. Il n’y a aucune raison justifiant le fait que l’industrie du phoque fasse l’objet d’un traitement discriminatoire de la part des Européens ou de citoyens d’autres nations », a ajouté le premier ministre.
L’entourage de M. Harper a dit que c’était la première fois qu’il goûtait à cette viande et qu’il avait bien aimé.
Le premier ministre du Nunavut a vu, dans ce repas de M. Harper, un énoncé politique de haute importance.
D’autre part, comme s’il fallait confirmer les problèmes auxquels font face ces populations, une photo de deux jeunes garçons dormant à l’extérieur d’une épicerie d’Iqaluit à la veille de la visite de M. Harper a eu des répercussions partout au pays. Elle a d’ailleurs été qualifiée « d’embarrassante » par un officiel local, bien au courant des ravages que font la drogue et l’alcool.
M. Harper a dit que cette photo illustrait « une histoire terrible et tragique » et qu’il fallait être naïf pour croire qu’il s’agissait d’un cas isolé, non seulement à Iqaluit mais également partout ailleurs au pays.
Coquille embarrassante
Ce ne fut pas le seul pépin de la journée.
Un communiqué de presse diffusé lundi pour dresser l’itinéraire de M. Harper faisait mention à répétition de la capitale du Nunavut, Iqaluit, mais plutôt en écrivant « Iqualuit ». Ce « u » supplémentaire fait une énorme différence dans la langue inuktitut.
Écrit de la bonne façon, « Iqaluit » signi fie « beaucoup de poissons ». Mais en y ajoutant la lettre « u », le mot prend une tout autre signification: il fait référence à quelqu’un « qui a le derrière mal essuyé », selon Sandra Inutiq, du bureau du Commissaire aux langues du Nunavut.
Des Inuits ont rappelé que les personnes qui ont l’inuktitut pour langue maternelle sont parfois offensées ou même en colère lorsque des gens qui ne vivent pas dans le Nord écrivent incorrectement le nom de la capitale du Nunavut.
Mardi, le cabinet du premier ministre s’est excusé pour ce qu’il a qualifié d’« erreur humaine ». Certaines critiques ont aussi reproché à M. Harper de remodeler de vieilles annonces déjà faites.





Le protocole critiqué
Le protocole de transfert des détenus afghans, que le gouvernement conservateur se vante d’avoir bonifié en 2007, est adéquat sur papier, mais la réalité du terrain le rend inutile, a soutenu l’avocat d’Amnistie internationale devant des membres de l’opposition réunis en comité parlementaire, hier.
Malgré l’absence des conservateurs, les membres de l’opposition ont tenu une réunion informelle, puisqu’il n’y avait pas quorum.
Me Paul Champ, qui a représenté Amnistie internationale dans sa poursuite contre le fédéral, ainsi qu’un ancien ambassadeur, Gar Pardy – qui compte parmi la centaine de diplomates ayant signé une lettre d’appui à leur collègue Richard Colvin – étaient venus témoigner, même s’ils ne pouvaient pas profiter de l’immunité parlementaire d’une réunion officielle.
Et leurs déclarations allaient à l’encontre du discours du gouvernement: le protocole de transfert des détenus n’est pas adéquat, les risques de mauvais traitement sont des preuves suffisantes pour cesser le transfert, en vertu du droit international, et le comportement du gouvernement à l’égard de M. Colvin était inapproprié, ont-ils tour à tour soutenu.

Un Algérien expulsé par le Canada aurait été interrogé sous la contrainte
Le Canada a expulsé un réfugié afin qu’il réponde de ses gestes auprès des services de renseignements algériens qui sont reconnus pour abuser de leurs pouvoirs, où il a été interrogé sous la contrainte et s’est vu refuser un avocat, a soutenu Amnistie internationale hier.
Un organisme consultatif de l’Organisation des Nations unies a déclaré que l’ancien Montréalais Mourad Ikhlef, renvoyé en Algérie en vertu d’un certificat de sécurité nationale, a été incarcéré et interrogé en violation des principes juridiques de base.
Amnistie internationale a indiqué que M. Ikhlef a été détenu sans contact avec l’extérieur, alors que sa femme et ses deux enfants sont demeurés sans lui à Montréal, où ils vivent depuis six ans.
Son frère, Nabil, vit et travaille toujours dans le même quartier de Montréal où Mourad Ikhlef est venu sous surveillance. Selon lui, le Canada a abusé des certificats de sécurité au lendemain des événements du 11 septembre 2001.
Mourad Ikhlef est arrivé à Montréal en 1993. Il a demandé le statut de réfugié, car il craignait d’être torturé s’il retournait en Algérie, après avoir appris qu’il était soupçonné d’être lié à des activités terroristes. Il a alors indiqué ne jamais avoir été impliqué dans des mouvements extrémistes et avoir découvert qu’il avait été condamné à mort en lisant les journaux.
Il a obtenu le statut de réfugié et a fait la demande pour devenir résident permanent.
Les services de renseignement canadiens ont rencontré M. Ikhlef à plusieurs reprises. Il a alors été révélé qu’il connaissait Ahmed Ressam, qui a été intercepté en 1999 à la frontière américaine avec des explosifs. Celuici a été reconnu coupable en 2001 d’avoir préparé un attentat à la bombe visant l’aéroport de Los Angeles.
Mourad Ikhlef a été arrêté en décembre 2001 en vertu d’un certificat de sécurité. Il a été accusé d’avoir aidé Ressam en tant que membre d’une cellule montréalaise du Groupe islamique armé (GIA), qui a comme but de renverser le gouvernement algérien.
Le cas de Mourad Ikhlef soulève de nouveau des questions sur les certificats de sécurité. Le ministre de la Sécurité publique fédéral, Peter Van Loan, a indiqué plus tôt cette semaine que l’application de ces certificats allait être révisée.

McChrystal prône la tolérance zéro face à la torture  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Les forces de la coalition en Afghanistan doivent prôner une politique de tolérance zéro face à la torture et aux mauvais traitements de prisonniers, a tranché hier à Ottawa son commandant, le général Stanley McChrystal.
Durant un discours organisé par l’Institut de la conférence des associations de la Défense, le général McChrystal a rappelé que le nerf de la guerre en Afghanistan consistait à gagner le coeur et l’esprit des Afghans.
«Toute allégation potentielle d’un prisonnier victime de mauvais traitements est une préoccupation pour chacun de nous», a-t-il déclaré par la suite lors d’une conférence de presse.
« Alors que nous tentons de maintenir la crédibilité du gouvernement d’Afghanistan et des forces de la coalition, il doit y avoir une politique de tolérance zéro quant aux mauvais traitements de prisonniers ou de quiconque. »
Cette déclaration survient au moment où Ottawa continue à être la cible de critiques par rapport à sa gestion du dossier du transfert des détenus afghans.
Stanley McChrystal a toutefois pris ses distances par rapport à ce débat qui fait rage depuis un mois au pays, et par rapport aux mauvais traitements d’un prisonnier transféré par les militaires canadiens, tels que reconnus par le chef d’état-major canadien la semaine dernière. « Je ne connais pas les détails de ce dossier en particulier. Je suis au courant de son existence », s’est-il contenté de dire.
Le général américain n’a par ailleurs pas voulu se mêler de la question du retrait des troupes canadiennes, en 2011. «Je vais laisser cette décision aux politiciens», a-t-il indiqué, précisant qu’il attendrait cette décision pour préparer des plans à plus long terme pour le contingent du Canada, dont il a loué les efforts à plusieurs reprises.

Démocratie ou barbarie -  Michel Lebel
En ce 61e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la question de la torture apparemment faite à des détenus afghans est bien d’actualité au Canada. Ce n’est pas parce que la guerre en Afghanistan est peu populaire ou que des Afghans commettent des actes de barbarie qu’il faut minimiser la conduite des politiciens et des militaires. Toute complicité avec des actes de torture est formellement interdite par le droit international. Les autorités canadiennes, tant militaires que civiles, n’ont pas pris au sérieux cette question de la possible torture de prisonniers afghans capturés par les soldats canadiens et livrés aux autorités afghanes. Elles se sont longuement fermé les yeux et bouché les oreilles. La guerre est une bien sale affaire, mais elle oblige les États démocratiques à respecter certaines règles afin qu’ils puissent avoir l’honneur et le droit de s’appeler démocratie. C’est le tribut à payer. La dictature n’a pas pareil fardeau.

TORTURE DES PRISONNIERS  Une agence afghane dresse un sombre portrait

HALIFAX— Une agence afghane à laquelle a déjà été confiée la garde d’insurgés capturés par les Canadiens à Kandahar, en Afghanistan, affirme dans un rapport avoir documenté près de 400 cas de torture à la grandeur du pays.
Ce rapport de la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan, dont La Presse Canadienne a obtenu une copie traduite, fait surface alors que le chef d’état-major des Forces canadiennes, le général Walt Natynczyk, vient de confirmer que le transfert de prisonniers aux autorités afghanes a été interrompu à plusieurs reprises en raison d’inquiétudes quant à leur sûreté.
La gouvernement fédéral n’a reconnu publiquement qu’une seule fois que l’armée a cessé de confier à d’autres la garde de prisonniers – en novembre 2007 – en raison de préoccupations relatives à la torture.
L’ancien diplomate Richard Colvin a lâché une bombe, la semaine dernière, lorsqu’il a prétendu que tous les insurgés capturés par les Canadiens avaient été torturés au début de la mission du Canada en Afghanistan.
Néanmoins, dans un document datant d’avril 2009, la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan a indiqué avoir découvert 47 cas de mauvais traitements à Kandahar, au troisième rang quant au nombre de cas de torture qui auraient eu lieu à la grandeur du pays.
Selon l’organisme, 14% des cas répertoriés ont impliqué la Direction nationale de la sécurité (DNS) de l’Afghanistan, service de renseignement afghan.
Les forces de l’OTAN, y compris celles du Canada, remettent habituellement leurs prisonniers à la DNS.

« LES DÉTENUS ONT ÉTÉ TORTURÉS »  -  Malorie Beauchemin
En remettant des détenus aux forces afghanes, le Canada s’est rendu complice de torture, accuse un diplomate canadien. La Presse révèle par ailleurs aujourd’hui que le gouvernement Harper entend retirer toutes ses billes d’Afghanistan en 2011.
OTTAWA — En transférant des prisonniers aux services secrets afghans, le Canada s’est rendu complice d’un système de torture généralisé, et n’a rien fait pour corriger la situation malgré des signaux d’alarme répétés, a souligné hier le diplomate canadien Richard Colvin, dans un témoignage explosif en comité parlementaire spécial sur l’Afghanistan.
Les déclarations de Richard Colvin hier devant un comité spécial sur l’Afghanistan ont créé une commotion: alors que les députés de l’opposition ont tenté de le défendre, ceux du caucus conservateur ont attaqué sa crédibilité.
En poste en Afghanistan d’avril 2006 à octobre 2007, M. Colvin est venu expliquer ce qu’il avait écrit en octobre dans une déclaration sous serment devant servir à la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire, avant qu’elle ne soit suspendue, dans ce qui a été perçu comme une tentative d’Ottawa de museler le diplomate de carrière.
« Les informations dont on dispose, de plusieurs sources, nous indiquent que selon toute probabilité, tous les détenus que nous avons transférés ont été torturés », a dit M. Colvin, dans une salle de comité bondée comme jamais.
« Ce sont les procédures d’usage dans les interrogatoires à Kandahar », a-t-il ajouté. La privation de sommeil, les décharges électriques, les coups de bâton et même les sévices sexuels étaient monnaie courante, selon lui.
Le diplomate, aujourd’hui en poste à Washington, prétend avoir fait état des allégations de torture des prisonniers transférés dans près de 20 rapports envoyés aux plus hautes autorités canadiennes, de Rick Hillier, alors chef d’état-major des Forces canadiennes, à David Mulroney, sous-ministre responsable de l’Afghanistan, et jusqu’au Conseil privé à Ottawa.
Or, Ottawa n’a rien fait pour que la situation change pendant l’année et demie pendant laquelle il était sur place, a-til déploré. M. Colvin a même affirmé avoir reçu des pressions pour ne plus discuter de la question par écrit, mais plutôt seulement par téléphone.
« La complicité du Canada dans la torture a amené certaines populations locales à se retourner contre nous, renforçant ainsi l’insurrection », a-t-il estimé, jugeant que les prisonniers interceptés par les Canadiens n’étaient pas « de haut calibre» et que certains ont très probablement été torturés alors qu’ils étaient innocents.
Les membres du gouvernement de Stephen Harper, dont les ministres Peter MacKay et Gordon O’Connor, ont toujours affirmé de pas avoir eu connaissance des allégations de torture et des rapports de M. Colvin.
Selon le spécialiste du renseignement, il serait peu probable, mais tout de même « possible », que le gouvernement n’ait pas été mis au parfum, compte tenu de la culture du secret dans les cercles militaires.
Le témoignage de plus d’une heure et demie a secoué les parlementaires.
Les membres du caucus conservateur membres du comité spécial sur l’Afghanistan ont tenté par tous les moyens de discréditer la version de M. Colvin, allant jusqu’à prétendre que la torture des prisonniers afghans n’avait jamais été prouvée. Pourtant, les transferts de prisonniers avaient justement cessé à la fin de l’année 2007 à la suite d’allégations de torture.
Le député d’EdmontonCentre, Laurie Hawn, a reproché au diplomate ne pas avoir discuté de la situation des prisonniers avec les ministres du gouvernement lors de visites officielles. « Si c’était si important, vous en auriez parlé avec les autorités compétentes quand vous en avez eu la chance. Alors permettez-moi d’être sceptique », a souligné M. Hawn, acerbe.
M. Colvin n’a reçu que des informations concernant des allégations de torture « de seconde main », et de la part d’insurgés afghans « devenus des maîtres en stratégies de communication », a ajouté la députée conservat r ice Cheryl Gallant.
Mais pour l’opposition, le témoignage de M. Colvin est incontestable.
Le comportement des conservateurs est « ignoble », a jugé le député libéral Ujjal Dosanjh. « C’était une stratégie pathétique d’essayer de discréditer un de nos meilleurs diplomates », a dit le député du NPD Paul Dewar.
«Je pense qu’on fait face à un énorme camouflage de la part du gouvernement», a pour sa part renchéri Claude Bachand, du Bloc québécois.
À l’issue de son témoignage, M. Colvin a refusé de répondre aux questions des journalistes. Son avocate a expliqué qu’il lui était interdit de parler aux médias. M. Colvin a dit en comité se trouver dans une position intenable. Le mois dernier, il était passible d’une peine d’emprisonnement s’il refusait de participer à la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire, mais aussi s’il y participait et révélait des informations pouvant nuire à la sécurité nationale.

Omar Khadr serait-il finalement non-coupable ?...
De nouveaux doutes sur le rôle joué par Omar Khadr
Des photos pourraient innocenter le jeune détenu de Guantánamo
TORONTO — Les anciens avocats d’Omar Khadr ont soumis des photographies et des documents qui, selon eux, mettent en doute la théorie voulant que le jeune Canadien ait lancé une grenade et tué un soldat américain en Afghanistan en 2002, écrit le Toronto Star.
Le quotidien torontois dit avoir obtenu des photos montrant Khadr, alors âgé de 15 ans, enseveli face contre terre sous des débris, aveuglé par des shrapnels et grièvement blessé, au moment où le Pentagone prétend que le présumé terroriste aurait lancé la grenade qui a tué le sergent Christopher Speer. Près de lui, on peut voir le corps d’un soldat adulte – celui qui, selon les avocats de Khadr, aurait pu avoir lancé la grenade. Ces photographies font partie d’un document de 18 pages présenté par les anciens avocats de Khadr, plus tôt cette année, à une équipe spéciale de l’administration Obama qui mène une enquête sur la prison de Guantánamo.
Bien que les avocats de Khadr aient soumis une telle argumentation au cours d’une audience sur Guantánamo l’an dernier, le juge militaire avait refusé de dévoiler les photos ou de rendre publics les documents écrits.

Le fils aîné de la famille Khadr pourrait être extradé vers les États-Unis
TORONTO — Le fils aîné de la famille Khadr a affirmé hier, dans le cadre de sa comparution sur sa possible extradition, avoir menti à la Gendarmerie royale du Canada au cours d’un entretien tenu à son retour au pays, il y a quatre ans, parce qu’il craignait d’être renvoyé au Pakistan, où il avait été torturé. Mais la Couronne a, pour sa part, soutenu qu’Abdullah Khadr avait dit la vérité lors de cet entretien et qu’il mentait maintenant afin de minimiser son implication au sein d’Al-Quaeda.
Se tenant à la barre des témoins, et confronté aux déclarations qu’il a faites en 2005 au sergent Konrad Shourie, M. Khadr a insisté pour dire qu’il ne savait rien des relations entre son père et des dirigeants d’AlQuaeda. Les États-Unis veulent interroger M. Khadr, natif de Toronto et âgé de 28 ans, car ils le soupçonnent d’avoir aidé le réseau Al-Quaeda à se procurer des armes et d’avoir comploté pour tuer des Américains au Pakistan et en Afghanistan.


Pas besoin de devenir un monstre  -  PATRICK LAGACÉ
Voyons voir. Depuis trois ans, j’ai sacrifié à l’autel de la sécurité aérienne au moins une bouteille de shampoing, un tube d’aprèsrasage et une bouteille de parfum.
Tous coupables, ces contena nts, d’excéder 10 0 millilitres.
Ah, j’oubliais : une bouteille de Pinot noir israélien, achetée à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv, en janvier. J’ai pu l’amener à bord puis, à l’escale, on l’a dûment confisquée à Schipol, aux Pays-Bas.
Ce fut la confiscation la plus douloureuse de toutes...
Depuis trois ans, vous le savez, plus moyen d’apporter à bord d’un avion, sur soi, des contenants de plus de 100 millilitres de gel et de liquide.
Il y a trois ans, la police br ita n n ique a a r rêté hu it types qui, selon son enquête, planifiaient de faire exploser sept avions en partance de Londres pour l’Amérique du Nord, en plein vol, au-dessus de l’Atlantique.
Sept vols, trois compagnies aériennes (United Airlines, A merica n A irlines et A ir Canada) à destination de six villes (San Francisco, Chicago, N e w Yo r k , Wa s h i n g t o n , Toronto et Montréal).
Dans ce cauchemar aérien, nul besoin de prendre d’assaut le cockpit pour détourner les Boeing et les Airbus. Seul objectif : un trou dans le fuselage des avions, pour provoquer une décompression explosive fatale. Comment? Avec des bombes artisanales, à base de peroxyde liquide et de piles AA. Si le plan des islamistes britanniques avait fonctionné, quelque 1500 personnes auraient été tuées.
Lundi, la justice britannique a déclaré coupables trois salopards qui ont trempé dans le complot.
Quand Scotland Yard et le MI5 de Sa Majesté ont appréhendé les huit suspects, au terme d’une des plus grandes enquêtes depuis la Seconde Guer re mondia le, ceu x-ci n’ont pas été traités comme des « combattants ennemis ».
Ils n’ont pas été envoyés dans une prison secrète pour y être torturés.
Ils ont été traités comme des suspects d’actes criminels. Ni plus ni moins. On ne leur a pas fait l’honneur de les traiter différemment de tueurs en série ou de chefs de gangs de motards.
On les a emprisonnés, en attendant les procès (le premier procès s’est conclu sur un non-lieu). Ils ont eu droit à des avocats. Ils ont été bien traités. Personne n’a menacé de violer leurs épouses ou de tuer leurs enfants.
Pas de prisons secrètes, pas de simulation de noyade, pas de lois brisées, pas de pacte avec le diable. Ça, c’est l’approche américaine, tacitement approuvée par l’actuel gouvernement canadien.
L’approche britannique est old-fashioned. On enquête. On met le fric nécessaire pour financer les équipes de filature, faire de l’écoute électronique. On amasse de la preuve. On présente le tout devant un tribunal, publiquement.
Et, si la preuve est assez solide, si la police a fait sa job, un jury envoie des salopards en prison. Puis, un juge détermine une peine de prison.
C’est ce qui est arrivé à Londres, lundi.
Le mot-clé, dans toute cette affaire ?
Police.
Allez sur l’internet, si vous avez quelques minutes, lire les comptes rendus du procès qui a mené à la condamnation de ces trois islamistes britanniques. Le cliché serait de dire que c’est du stuff de James Bond. Pas vrai. On parle ici de travail de police.
C’est la police, le travail de police, avec ce que cela comporte de ressources, d’indices, de pistes, de filatures, d’heures perdues à suivre des suspects, d’assommantes nuits d’écoute électronique, de relations avec des informateurs, qui finit par combattre les terroristes.
Pas des soldats.
Les Britanniques ont compris cela il y a longtemps. Peut-être que ça vient de ces années sanglantes à combattre les poseurs de bombes irlandais.
Je sais bien qu’ils ont été de l’aventure irakienne. Je sais bien que les Britanniques sont encore en Afghanistan. Deux invasions au nom de la stupide « guerre » au terrorisme.
Mais ils ont été parmi les prem iers à qu itter l’ I ra k . I ls sont ca nd ides , depu is long temps , su r les c ha nces minces de « succès » en Afghanistan.
Mais ils ont été les premiers à dire qu’on ne peut pas faire la « guerre » au terrorisme. En 2006, les officiels britanniques ont cessé de parler de « guerre au terrorisme ». En ja nvier 20 0 9, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères a publiquement répudié le terme et l’esprit de la « guerre » contre la terreur.
« Les démocraties doivent répondre au terrorisme en favorisant la règle du droit, pas en l’écrasant », a expliqué David Miliband, dans une déclaration célèbre, juste avant le départ de Bush de la Maison-Blanche, faite en début d’année.
Ces condamnations sont formidables. Car elles nous rappellent deux trucs tout simples.
Un, ce sont les outils existants (police, renseignement, t r ibu n au x) q u i peuvent combattre les terroristes (je n’ai pas dit le terrorisme) le plus efficacement, dans une société ouverte. Pas les bazookas de soldats qu’on envoie mener des combats de guérillas dans des contrées loi nt a i nes , déser tiques et montagneuses.
Deux, pas besoin de devenir un monstre, de pervertir nos fameuses et proverbiales valeurs occidentales, pour combattre des monstres. On peut très bien gagner sans vendre son âme à des bourreaux. Sans un goulag à Cuba, non plus.



La Cour suprême tranchera  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — La Cour suprême a décidé d’entendre la cause du gouvernement canadien, qui refuse de demander le rapatriement du jeune prisonnier Omar Khadr, détenu depuis 2002 à Guantánamo.
Ottawa s’est tourné vers le plus haut tribunal du pays après avoir été débouté à deux reprises en Cour fédérale.
Le 14 août dernier, la Cour d’appel ava it con fi r mé le jugement du mois d’avril, dans lequel le j uge Walter O’Reilly, de la Cour fédérale, estimait que le refus du gouvernement de réclamer auprès des États-Unis le retour du détenu de 22 ans violait la Charte canadienne des droits et libertés.
M. Khadr est le dernier ressortissant occidental encore détenu à Guantánamo. Il a été arrêté et fait prisonnier au tout début de la guerre en Afghanistan, alors qu’il était âgé de seulement 15 ans.
La Cour suprême n’a pas précisé les raisons de sa décision d’entendre la cause. L’audition aura lieu le 13 novembre prochain. Le plus haut tribunal du pays s’était déjà penché sur le dossier Omar Khadr, obligeant Ottawa à remettre au prisonnier les documents relatifs à sa cause, lesquels faisaient état de la torture que le jeune homme a subie au cours de sa détention.
LegouvernementdeStephen Harper a toujours argué que M . K hadr était accusé de crimes graves (meurtre, tentative de meurtre, terrorisme) et qu’il était ainsi préférable d’attendre l’issue des procédures judiciaires américaines. L’administration du président Barack Obama a déjà annoncé son intention de fermer la prison de Guantána mo et d’évaluer chacun des cas des prisonniers qui y sont encore détenus.
« N ou s avon s i ntérê t à attend re l’issue des déc isions prises par le président Obama. Le gouvernement du Canada assume ses responsabilités envers M. Khadr et il les assumera encore quand le gouvernement américain lui aura fait part de sa décision », a fait savoir le bureau du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, par voie de communiqué.
De passage à Vancouver, le chef du Parti libéral, Michael Ig natief f, a j ugé i naccep - table que le gouvernement conservateur se soit rendu jusqu’en Cour suprême dans ce dossier.
« Pour nous, un Canadien, c’est un Canadien. Ce gouvernement n’aurait ja mais dû s’opposer à une série de décisions des tribunaux lui dema nda nt d’agir da ns le dossier Omar Khadr », a souligné M. Ignatieff.
Les trois partis de l’opposition militent depuis plusieurs mois pour qu’Ottawa rapatrie le jeune prisonnier et espèrent toujours que le gouvernement changera son fusil d’épaule et se pliera aux nombreux jugements en ce sens.
Question cruciale
Pour le professeur en droit de l’Université de Montréal Stéphane Beaulac, la Cour suprême aura à trancher une question cruciale. « Le tribunal aura à décider dans quelle mesure le pouvoir judiciaire peut-il forcer la main du gouvernement dans des dossiers qui, habituellement, relèvent du pouvoir discrétionnaire de l’exécutif, comme les affaires étrangères », a-t-il estimé.
L’argument du gouvernement conservateur est j ustement qu’il s’agit d’une question politique et donc que les tribunaux ne devraient pas s’en mêler. Selon M. Beaulac, le jugement de la Cour suprême fera jurisprudence en la matière.
«Les conservateurs semblent vouloir discréditer le pouvoir judiciaire. Les libéraux avaient l’at tit ude d ia mét ra lement opposée, renvoyant occasionnellement des questions délicates touchant la Charte des droits et libertés aux tribunaux pour qu’ils tranchent, comme dans le cas du mariage gai », a-t-il rappelé.
En 2004, la Cour suprême avait jugé que le gouvernement fédéral avait le pouvoir constitutionnel de revoir la définition traditionnelle du mariage pour permettre aux conjoints de même sexe de se marier.
Le député néo-démocrate porte-parole des questions de justice, Joe Comartin, estime qu’il aurait été préférable que les tribunaux n’aient pas à se mêler du dossier Omar Khadr.
«L’intervention de la Cour a été rendue nécessaire seulement parce que le gouvernement a violé les droits fondamentaux compris dans la Charte», a-t-il dit. M. Comartin déplore que le jeune prisonnier doive souffrir encore plusieurs mois avant de savoir ce qui lui arrivera.
La porte-pa role du Bloc québécois en matière d’affaires étrangères, Francine Lalonde, abonde dans son sens. « Le gouvernement n’a pas besoin d’attendre. Il lui faut rapatrier sans tarder Omar Khadr», a-telle conclu.


Journée cruciale pour Omar Khadr  -  AGNÈS GRUDA
La Cour suprême du Canada annoncera aujourd’hui si elle donne suite à une demande du gouvernement fédéral pour se pencher, une nouvelle fois, sur la cause d’Omar Khadr.
Ottawa conteste la décision rendue le 14 août par la Cour d’appel fédérale qui reproche au gouvernement canadien de s’être rendu complice d’actes contraires à ses obligations internationales et à la Charte canadienne des droits et libertés, parce que ses représentants ont interrogé Omar Khadr tout en sachant qu’il était torturé à Guantánamo. Ils ont ensuite remis la transcription de leurs interrogatoires aux autorités américaines.
En guise de réparation, le gouvernement Harper doit rapatrier le jeune Canadien emprisonné à Guantánamo depuis l’âge de 15 ans, affirme le tribunal d’appel. Mais un des trois juges qui ont signé la décision a exprimé une opinion dissidente. La décision majoritaire confirme un jugement antérieur de la Cour fédérale.
Ce n’est pas la première fois que la Cour suprême est appelée à examiner le cas d’Omar Khadr. Dans un premier jugement, le plus haut tribunal avait obligé Ottawa à remettre au jeune prisonnier tous les documents relatifs à sa cause. Ces documents révélaient, entre autres, que le jeune prisonnier a subi de la torture. Les deux jugements subséquents étaient basés en grande partie sur ces informations.
Dernier Occidental à Guantánamo
L a Cou r suprême reçoit entre 500 et 600 demandes de révision par année. Elle en retient environ le quart. Si le plus haut tribunal décide de se pencher sur la cause d’Omar Khadr, sa réflexion porterait probablement sur la « réparation » ordonnée par les deux tribunau x inférieu rs, croit Fannie Lafontaine, professeure de droit à l’Université Laval et porte-parole d’Avocats sans frontières. Autrement dit : la «complicité» documentée par les jugements antérieurs justifie-t-elle qu’Ottawa soit obligé de rapatrier le jeune Khadr?
Ce dernier est le dernier c itoyen o cc ident a l encore détenu à Guantánamo. Jusqu’à maintenant, trois tribunaux différents ont tranché en sa faveur, déboutant le gouvernement Harper qui refuse de demander son rapatriement. Si j amais la Cour suprême choisit de rejeter la demande d’Ottawa, le gouvernement n’au ra it plus le c hoi x : la décision de la Cour d’appel deviendrait exécutoire.



J’ai honte  -  ALAIN DUBUC
Hier matin, je lisais La Presse et j’avais honte. Pas de mon journal, mais de ce que j’y lisais. J’avais honte du gouvernement conservateur, de la façon dont il est en train de transformer le Canada, de trahir ses valeurs, et de ternir son image dans le monde entier.
En pages A2 et A3, La Presse faisait état du rapport rendu public lundi sur les techniques d’interrogatoire de la CIA en Irak et en Afghanistan et analysait le difficile débat sur la façon dont les ÉtatsUnis doivent rompre avec ce passé peu glorieux. En page A5, on apprenait que le gouvernement Harper a l’intention de porter en Cour suprême le jugement de la Cour fédérale qui l’oblige à rapatrier le jeune Omar Khadr, un citoyen canadien détenu à Guantánamo.
Les deux histoires sont évidemment liées. Le président Obama est en rupture avec les pratiques et l’idéologie de ce que son prédécesseur appelait la « guerre contre la terreur ». Au Canada, le gouvernement Harper, prêt à aller jusqu’au bout, semble s’être donné pour mission de poursuivre seul l’oeuvre de George W. Bush.
Le Canada est le seul pays occidental à ne pas avoir rapatrié ses ressortissants détenus à Guantánamo. C’est encore plus incompréhensible dans le cas d’Omar Khadr, parce que celui-ci, arrêté à 15 ans, a été endoctriné et entraîné dans la lutte armée par son père, ce qui en fait un des enfants-soldats auxquels le Canada s’est engagé à venir en aide.
La décision canadienne de le laisser à Guantánamo pose d’abord des questions de droit. Sur les devoirs du gouvernement, sur les droits des citoyens canadiens, sur le rôle des tribunaux. Mais ce dossier soulève aussi des questions de valeurs. Et il constitue un enjeu politique.
Au plan des valeurs, accepter qu’un citoyen canadien, mineur, soit maltraité et soumis à un processus judiciaire vicié aux États-Unis, remet en question ce que le Canada incarne : un pays de modération, de respect des droits, dont le rôle international était celui de la médiation et des missions de paix. Ces valeurs canadiennes, on le sait, sont tout autant québécoises.
L’image du Canada ne peut qu’en souffrir. Le gouvernement est en train de détruire ce qu’il a fallu des décennies à construire. Une image qui faisait que même les Québécois les plus nationalistes étaient fiers d’être canadiens lorsqu’ils étaient à l’étranger. Ce capital de sympathie va fondre, sauf peut-être quand on voyage en Alabama ou en Géorgie.
Et c’est là qu’intervient le niveau politique. Je peux bien avoir honte, comme un grand nombre de citoyens, notamment dans des milieux plus urbains et plus scolarisés. Mais il est évident que ce malaise n’est pas généralisé. Bien des gens, dans des milieux plus conservateurs, aimeront voir le gouvernement « mettre ses culottes » et faire preuve de « fermeté » contre les « terroristes ».
Le gouvernement Harper, très partisan, dont les gestes sont calculés, a certainement mesuré l’impact politique de son entêtement. Et probablement conclu que le fait d’indisposer une partie de l’électorat, qui ne lui est de toutes façons pas acquis, était largement compensé par les gains qu’il pouvait faire ailleurs, notamment en consolidant sa base réformiste. Le fait qu’Omar Khadr reste enchaîné sur une base américaine est sans doute politiquement payant.
Dans une période où se multiplient les rumeurs d’élections, une perspective qui ne soulève pas l’enthousiasme, cela nous rappelle qu’au Canada, les partis politiques ne sont pas interchangeables. Et que ces différences de doctrine et d’idéologie soulèvent des enjeux importants, bien plus, par exemple, que les ajustements à l’assurance emploi. Des enjeux qui portent sur les valeurs, sur la conception de l’État, sur l’idée même du Canada. Et qui pourraient donner un sens à une campagne électorale.




Réactions à la décision d’Ottawa  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — La décision du gouvernement fédéral de porter devant la Cour suprême du Canada la cause du rapatriement d’Omar Khadr a suscité des protestations de toutes parts, hier.
En matinée, le bureau du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a confirmé qu’Ottawa demanderait au plus haut tribunal du pays de casser la décision de la Cour fédérale qui lui ordonne de demander le rapatriement de son ressortissant.
Dans un jugement rendu en avril, confirmé par la Cour d’appel fédérale il y a moins de deux semaines, le juge Walter O’Reilly a conclu que le gouvernement canadien avait violé la Charte des droits et libertés en interrogeant Omar Khadr d’une manière qui contrevenait aux conventions internationales sur les droits des enfants et contre la torture.
O ma r K had r, qu i au ra bientôt 23 ans, a été arrêté en Afghanistan en 2002 à l’âge de 15 ans. Il est accusé d’avoir tué un militaire américain avec une grenade et est détenu à Guantánamo depuis ce temps.
Tous les partis fédéraux de l’opposition de même que de nombreux groupes de défense des droits de la personne ont dénoncé l’initiative du gouvernement fédéral. La Cour suprême met environ trois mois pour se prononcer sur une demande d’autorisation d’appel. Cette fois, une requête a été présentée pour que le processus soit plus rapide.



Un jeune détenu de Guantánamo renvoyé en Afghanistan
Après sept ans de détention, un des plus j eunes détenus de Guantánamo, Mohammed Jawad, a été renvoyé hier par les États-Unis vers son pays d’origine, l’Afghanistan où il était attendu à bras ouverts.
Le jeune homme a reçu un chaleureux accueil de sa famille. Il a aussi eu droit à une rencontre en tête à tête avec le président afghan Hamid Karzaï. «Je suis si heureux que j’ai peur de déchirer mes vêtements», a dit le jeune homme à l’Associated Press.
Le crime qui était reproché à Moha mmed Jawad ressemble en tous points à celui reproché à un autre détenu de Guantánamo: le Canadien Omar Khadr.
Ce dernier, qui avait 15 ans au moment de son arrestation, est accusé d’avoir tué un militaire américain en lançant une grenade au cours d’un combat.
Le renvoi de Mohammad J awa d e s t s u r venu prè s d’u n mois après qu’u ne juge a déclaré sa détention à G ua nt á na mo B ay illégale, a annoncé hier l’avocat du j eune homme dans un communiqué de presse. « Mohammed Jawad a été libéré de Guantánamo et renvoyé en Afghanistan, mettant fin à près de sept ans de détention illégale par les États-Unis », a affirmé dans ce communiqué l’ACLU, une organisation américaine de défense des droits civils.
Âgé de 12 ans au moment de son arrestation fin 2002 à Kaboul, selon le gouvernement afghan, de 16 ou 17 selon le Pentagone, Mohammed Jawad était soupçonné par les ÉtatsUnis d’avoir jeté une grenade sur un convoi militaire américain. Il était poursuivi devant un tribunal d’exception pour crime de guerre.
« La libération de M. Jawad représente une victoire longtemps attendue, mais dans le même temps, de nombreux autres prisonniers sont toujours détenus illégalement » à Guantánamo, a déclaré son avocat Jonathan Hafetz.
« C’est une immense victoire pour la justice et l’État de droit. Bien que rien ne puisse j amais remplacer ses années perdues, par bonheur, ce j eune homme remarquable est toujours assez j eune pour se construire une vie », a ajouté le commandant David F ra kt, avocat milita ire de Mohammed Jawad.


Le gouvernement portera la cause en Cour suprême  -  Catherine Handfield
Le gouvernement fédéral portera devant la Cour suprême le jugement de la Cour d’appel fédérale qui l’oblige à demander aux États-Unis le rapatriement du Canadien Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis près de sept ans.
Le Canadien Omar Khadr est emprisonné à Guantánamo depuis 2002. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les dernières années pour demander son rapatriement. Le gouvernement a toujours refusé de le faire et en appellera sa cause devant la Cour suprême.
Selon Radio-Canada, le gouvernement de Stephen Harper déposera bientôt une motion pour suspendre le jugement de la Cour d’appel fédérale, prononcé il y a 10 jours, en attendant que la Cour suprême se penche sur le dossier.
Il s’agit du deuxième appel du gouvernement conservateur, qui a toujours soutenu que c’est à lui, et non aux tribunaux, qu’incombe la décision de rapatrier les Canadiens détenus à l’étranger. Rappelons que, le 14 août, la Cour d’appel fédérale a confirmé un jugement de la Cour fédérale qui oblige le gouvernement à rapatrier Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis l’âge de 15 ans.
La décision de la Cour d’appel fédérale confirme que le gouvernement a bel et bien violé la Charte canadienne des droits et libertés dans l’affaire Khadr. Deux des trois juges ont conclu que les droits constitutionnels d’Omar Khadr avaient été bafoués quand le fruit de ses interviews avec les autorités canadiennes a été rendu aux Américains.
Le ministère des Affaires étrangères n’a pas confirmé la nouvelle de Radio-Canada, hier.
Natha lie Sa ra fia n , attachée de presse du ministre Lawrence Cannon, et Simone MacAndrew, porte-parole du Ministère, n’ont pas répondu aux questions de La Presse.
L’avocat d’Omar Khadr, l’Albertain Dennis Edney, n’a pas été informé de la volonté du gouvernement fédéral d’interjeter appel une nouvelle fois. Si ce désir se concrétise, Me Edney le déplore.
« Il me semble que notre gouvernement est plutôt sélectif quant au genre de Canadiens qu’il souhaite aider. Ça ne le dérange pas d’aider un Blanc anglo-saxon, mais il semble très réticent à aider un citoyen de couleur», a-t-il déclaré. Dennis Edney faisait référence à Brenda Ma rtin , cette Ca nadien ne condamnée pour fraude au Mexique et rapatriée l’an dernier à bord d’un avion nolisé.
«Le cas d’Omar Khadr est traité comme tous les autres cas consulaires: il y a un manque total d’intérêt du gouvernement, qui ne respecte pas les droits des citoyens à l’étranger», a pour sa part déclaré le critique libéral en matière d’affaires consulaires, Dan McTeague, que la décision des conservateurs n’étonne pas.
Il a souligné l’écart qui se creuse entre le Canada et les États-Unis quant au traitement des présumés terroristes. Le gouvernement américain a annoncé hier qu’il ouvrait une enquête sur les méthodes violentes utilisées par la CIA dans ses interrogatoires antiterroristes.
«Le jour même où le gouvernement actuel cherche encore des moyens pour échapper à ses obligations envers les Canadiens à l’étranger, les Américains sont en train de changer leurs méthodes d’interrogation », a souligné M. McTeague.
Hier, les États-Unis ont également renvoyé un des plus jeunes détenus de Guantánamo, Mohammed Jawad, vers son pays d’origine, l’Afghanistan. «Comment se fait-il que le gouvernement américain commence à respecter ses engagements, alors que nous, au Canada, ne sommes pas capables de ça?» a demandé Béatrice Vaugrante, d i rectrice généra le d’A mnistie internationale Canada francophone.
« On croyait que ce gouvernement avait atteint le fond, mais il creuse encore », a c o n c lu M m Vau g r a n t e , qui qualifie d’« absolument lamentable » l’attitude des Conservateurs dans le dossier d’Omar Khadr.



LE GOUVERNEMENT HARPER  ENCORE GIFLÉ    -  Louise Leduc
Les discussions ont été vives à la Cour d’appel fédérale. Le jugement rendu hier confirme néanmoins celui de la première instance : les droits constitutionnels du Canadien Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo à l’âge de 15 ans, ont été bafoués. Une décisio
La Cour d’appel fédérale vient d’infliger un camouflet au gouvernement Harper, confirmant le jugement qui l’oblige à demander aux États-Unis le rapatriement du Canadien Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis près de sept ans.

Seul Occidental à y être encore détenu, Omar Khadr est né et a passé une partie de son enfance au Canada avant de se joindre à Al-Qaeda à l’invitation de son père. Aujourd’hui âgé de 23 ans, il n’en avait que 15, en juillet 2002, quand il a été arrêté par les États-Unis en Afghanistan. Les ÉtatsUnis ont toujours allégué que Khadr avait tué un soldat américain avec une grenade, mais aucun procès n’a encore été tenu à ce sujet.
Le gouvernement Harper plaidait que les tribunaux n’avaient pas à se mettre le nez dans les questions de rapatriement de Canadiens détenus à l’étranger et qu’il revenait au gouvernement d’en décider.
LaCourd’appel fédérale note d’abord que son jugement ne porte aucunement sur cette question de compétence. LaCour s’est plutôt limitéeàdéterminer si le droit constitutionnel de M. Khadr « à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne » a été violé quand le fruit des interviews de M. Khadr avec les services secrets canadiens et avec le ministère des Affaires étrangères, en 2003 et en 2004, a été rendu aux Américains. Cela est arrivé, peut-on lire dans le jugement, « alors que les autorités canadiennes savaient que M. Khadr était une personne mineure emprisonnée, privée d’un accès consulaire, privée d’avocats et privée de contacts avec sa famille, et qui avait été soumise à des techniques de privation de sommeil afin de l’inciter à parler ».
Deux juges sur trois concluent que les droits constitutionnels d’Omar Khadr ont effectivement été violés. « Les autorités canadiennes ont non seulement participé à un processus qui ne se conformait pas aux normes internationales en droits de la personne, mais elles l’ont fait en toute connaissance de cause », peut-on notamment lire dans ce jugement qui confirme que le Canada doit demander le rapatriement de son citoyen.

En réponse au jugement de première instance de la Cour fédérale qui ordonnait déjà la demande de rapatriement d’Omar Khadr, Ottawa arguait « qu’il n’y (avait) qu’une chance sur un million » que les États-Unis consentent à cette demande.
Plusieurs manifestations ont eu lieu au cours des dernières années pour demander le rapatriement d’Omar Khadr en sol canadien.
« Le fait que le Canada n’ait pas de pouvoir sur la réponse donnée par les États-Unis ne signifie pas qu’il soit inapproprié que cette demande (de rapatriement) soit présentée », réplique à cela la Cour d’appel fédérale.
Le gouvernement a toujours le loisir, maintenant, de demander à la Cour suprême de se pencher sur ce dossier.
L’opinion dissidente
Les commentaires du juge dissident, Marc Nadon, démontrent bien que les discussions ont été vives à la Cour d’appel fédérale. Le juge Marc Nadon commence par dire qu’il est « loin d’être convaincu que le Canada a le devoir de protéger M. Khadr ». Contrairement au jugement majoritaire, le juge Nadon estime par ailleurs que « le Canada a pris tous les moyens nécessaires à sa disposition pour protéger Omar Khadr ».
« Le Canada n’a pas participé à son arrestation, à son transfert ou à sa détention et en aucun moment il n’a été consulté par l’armée ou par le gouvernement américain », écrit-il.
Si ce n’est de ces interviews rendues aux Américains, « je ne vois pas en quoi la conduite du Canada est répréhensible », dit encore le juge Nadon.
Réactions
Interrogé hier, le premier ministre Stephen Harper a réservé ses commentaires, le temps que le jugement soit analysé. Il a simplement rappelé que les Canadiens, lorsqu’ils se trouvent à l’étranger, « ne sont plus sous la protection de leur gouvernement ».
« Trois cours ont jusqu’à maintenant condamné la conduite du Canada et des États-Unis. Quand donc ce gouvernement va-t-il décider de respecter la loi et de se lever pour respecter les droits de ses citoyens? » a pour sa part demandé l’Albertain Dennis Edney, l’avocat d’Omar Khadr.
Le député libéral Irwin Cotler, qui est souvent monté au front pour des questions de droits de la personne, a déclaré que « depuis le début, le rapatriement d’Omar Khadr aurait été la juste et bonne décision. Après la promesse du président Barack Obama de fermer la prison de Guantánamo, il est devenu clair que, sur le plan politique, cette décision était la meilleure. Aujourd’hui, la Cour d’appel fédérale a confirmé que notre Constitution exige le rapatriement de M. Khadr ».
L’organisation internationale Human Rights Watch a salué la décision de la Cour d’appel fédérale par l’entremise de sa porte-parole, Stacy Sullivan. « Il reviendra ultimement aux Canadiens de décider si des accusations criminelles doivent être déposées contre Omar Khadr, mais quand il s’agira de le déterminer, les Canadiens seraient bien avisés de prendre en considération qu’il est ici question d’un homme qui a passé le tiers de sa vie en prison, dans des conditions inacceptables, souvent en isolement cellulaire. »


Un jugement crucial  -  AGNÈS GRUDA
Le gouvernement fédéral a-t-il l’absolue liberté de décider s’il demande ou non le rapatriement d’un citoyen canadien emprisonné à l’étranger?
Oui , af f i rmait Ottawa, dans l’un des principaux arguments qu’il invoquait devant la Cour d’appel fédérale pour justifier sa décision de laisser croupir Omar Khadr dans la prison de Guantánamo.
Non, répond le tribunal, la latitude du gouvernement n’est pas entière. Pas au point de se montrer complice d’actes contraires à ses obligations internationales, ou contrevenant à la Charte des droits et libertés.
Dans le cas d’Omar Khadr, de tels actes ont été commis à trois reprises, lorsque des représentants canadiens l’ont interrogé à Guantánamo, affirme la Cour d’appel.
Les responsables canadiens savaient qu’Omar Khadr était mal traité et subissait le supplice de la privation du sommeil destiné, comme toute forme de torture, à le faire passer aux aveux.
Ils l’ont interrogé quand même, et ont remis le compte rendu de leurs conversations aux autorités américaines. Ce faisant, dit le tribunal, ils ont enfreint l’article 7 de la Charte qui garantit le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité. Et ils ont donc l’obligation de réparer cette faute en le ramenant au Canada.
Ce jugement est une excellente nouvelle pour Omar Khadr, qui vit dans des condi t i ons i nhuma i nes depuis l’âge de 15 ans. « Il est constamment enchaîné, il n’a droit à aucune instruction, je n’ai jamais vu quelqu’un laissé autant à l’abandon », commentait hier son avocat Dennis Edney, qui s’est rendu à Guantánamo à deux reprises au cours des six dernières semaines.
Pour le jeune homme dont la vie s’est arrêtée alors qu’il n’avait que 15 ans, il s’agit d’une troisième victoire dans la pénible bataille judiciaire qu’il mène pour sortir de Guantánamo.
D’abord, la Cour suprême a forcé le gouvernement à lui remettre tous les documents relatifs à sa cause. Ensuite, en se basant entre autres sur ces documents, la Cour fédérale a jugé qu’Ottawa devait le rapatrier. Et hier, la Cour d’appel a confirmé ce verdict, en affirmant haut et fort que le rapatriement d’Omar Khadr n’est pas seulement une obligation morale, mais aussi, et surtout, un devoir légal.
Après ces trois décisions qui penchent toutes en faveur d’Omar Khadr, le gouvernement Harper va-t-il maintenant en appeler à la Cour suprême ? Tout, pourtant , milite en faveur du rapatriement du jeune homme. Ce dernier a accepté d’être poursuivi au Canada. Rien n’indique qu’il pose aujourd’hui un risque à la société. Les fautes canadiennes ont été largement documentées. Et surtout, le contexte international a changé. Omar Khadr est le dernier citoyen occidental encore détenu à Guantánamo, ce complexe carcéral que le président Barack Obama s’est engagé à démanteler.
D’ailleurs, selon toute probabilité, la nouvelle administ rat ion amér icaine le remettrait volontiers aux autorités canadiennes.
« Nous ne sommes plus en 20 01 » , soul igne Dan McTeague, le député libéral qui a suivi les dossiers de plusieurs Canadiens détenus à l’étranger.
Ma i s l ’ avocat d ’ Oma r Khadr, lui, ne se fait pas d’illusions : la persistance avec laquelle Ottawa s’est battu depuis plus de six ans pour empêcher Omar Khadr de rentrer chez lui l’incite à penser que malheureusement, nous aurons droit à une quatrième manche…
Au-delà d’Omar
Cela dit, la décision d’hier a une portée plus large que le seul cas d’Omar Khadr. Car si sa situation est particulièrement dramatique, de nombreux autres Canadiens ont dû faire face à des situations kafkaïennes dans des prisons à l’autre bout du monde.
Plusieurs étaient des immigrants portant des noms étrangers, mais possédant néanmoins un passeport canadien. Et dans de nombreux cas, ils se sont sentis complètement abandonnés par Ottawa (lire à ce sujet notre dossier en pages A26 et A27).
Or, le j ugement d’hier affirme que dans certaines circonstances, la Charte canadienne permet de protéger des Canadiens à l’extérieur du pays, se réjouit le juriste Paul Champ, spécialisé dans les questions de droits de la personne. « Ce n’était pas établi clairement par les lois actuelles », dit-il.
Le jugement établit également que lorsque des responsables canadiens rencontrent leurs concitoyens dans quelque geôle à l’autre bout de la planète, ils leur doivent les mêmes égards que ceux auxquels ceux-ci auraient droit dans leur pays. Aussi étonnant que cela paraisse, ça non plus, ce n’était pas très clair…
Indirectement , donc, le jugement d’hier concerne aussi des gens comme Suaad Hagi Mohamud, qui a été détenue pendant trois mois au Kenya. Ou Abousfian Abdelrazik, coincé pendant six ans au Soudan. Ou encore Maher Arar, qui a vécu un an d’enfer en Syrie avec la complicité des services secrets canadiens. Et bien sûr, tous les cas semblables qui pourraient se présenter à l’avenir.



Notre Guantánamo ANDRÉ PRATTE

Quels que soient les soupçons qui pèsent sur lui, M. Abdelrazik a droit au respect de ses droits fondamentaux.
Revenu au Canada il y a un mois après être resté coincé au Soudan pendant six ans, Abousfian Abdelrazik a raconté j eudi qu’un agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lui avait lancé, lors d’un interrogatoire : « Le Soudan sera ton Guantánamo. »
On ne sait pas si cette anecdote est véridique mais une chose est certaine : le Canada a bel et bien son Guantánamo. Il ne s’agit certes pas d’un centre de détention bâti sur une île lointaine. Toutefois, un nombre croissant de nos concitoyens ont été soumis à des traitements arbitraires, voire torturés, en raison de la négligence ou de la complicité d’agents canadiens. Pour mémoire, citons les cas de Maher Arar, Omar Kadhr, Ahmad Abou El Maati, Abdullah Almalki et Muayyed Nureddin, auxquels s’ajoute celui de M. Abdelrazik. Bien que sa situation ne soit pas reliée à la lutte contre le terrorisme, le meurtrier Ronald Allen Smith a lui aussi été abandonné à son sort (la peine de mort) par Ottawa, au mépris de ses droits fondamentaux (selon la Cour fédérale).
Dans tous ces cas, tribunaux et commissions d’enquête ont conclu que le gouvernement du Canada avait manqué à ses obl igations de faire tout en son pouvoir pour accorder aux Canadiens concernés la protection de la Charte des droits et libertés. À cet égard, le calvaire d’Abousf ian Abdel razik est typique.
Soudana i s d’or igine, cet homme a obtenu sa citoyenneté canadienne en 1995. En 2003, il s’est rendu dans son pays natal pour voir sa mère malade. Il a été arrêté et emprisonné par les autorités soudanaises sans qu’on sache pourquoi. Il affirme avoir été torturé. Au début de sa détention, le gouvernement canadien est venu à son secours. Mais lorsqu’Ottawa a appris qu’Abdelrazik avait été placé sur la liste noire du Conseil de sécurité de l’ONU, il l’a laissé tomber. Or, les raisons pour lesquelles Abdelrazik se trouve sur cette liste ne sont pas claires. Les Américains soutiennent qu’il fait partie d’Al-Qaeda, mais ils n’ont pas fourni d’élément de preuve. De son côté, le SCRS dit ne disposer d’aucune information en ce sens.
On ne peut pas exclure la possibilité que les soupçons au sujet de M. Abdelrazik soient fondés. Il n’en a pas moins droit au respect de ses droits fondamentaux. « Les droits conférés par la Charte ne dépendent pas de la sagesse des choix que font les Canadiens, de leur sens moral ou de leurs idées politiques », a soutenu le juge Zinn. Le juge a ordonné à Ottawa de rapatrier ce ressortissant canadien.
Les agents du SCRS et des Affaires étrangères ne sont pas seuls responsables de la mise en place de ce Guantánamo virtuel. L’abus systématique des droits de certains Canadiens résulte de l’absence de message clair venant des autorités politiques, en particulier depuis que les conservateurs sont au pouvoir. Il est grand temps que le gouvernement du Canada l ’af f i rme, solennellement et fermement : la lutte contre le terrorisme et le crime doit être menée dans le respect de la Charte canadienne des droits et libertés, pas en dépit d’elle.


L’ombre de George W. Bush -  Alain Dubuc
Dans l’affaire Omar Khadr, l’entêtement de M. Harper est si insensé qu’il en devient suicidaire.
Un juge de la Cour fédérale vient d’ordonner au gouvernement Harper de demander le plus rapidement possible aux autorités américaines le retour du jeune Omar Khadr, le seul détenu canadien à la base américaine de Guantánamo.
Le Canada est maintenant le seul pays civilisé qui n’a pas rapatrié ses ressortissants détenus àGuantánamo.
Et qu’a fait notre premier ministre? Il a dit que la position de son gouvernement dans ce dossier n’avait pas changé – c’est-à-dire de confier le sort du jeune détenu à la justice américaine – et il a laissé clairement entendre qu’il porterait ce jugement en appel.
Sur le plan des principes, de la morale et du droit, l’entêtement du gouvernement conservateur à ne pas reconnaître ce que le juge James W. O’Reilly décrit comme un « principe de justice fondamentale », est tout simplement honteux. Au plan politique, cet entêtement est si insensé qu’il en devient suicidaire. Car Stephen Harper se retrouve à défendre l’un des chapitres les plus odieux du règne de George W. Bush.
Résumons rapidement l’histoire. Omar Khadr est le cadet d’une famille de terroristes, entraînés par son père, un proche d’Oussama ben Laden qui a fini par trouver la mort. Il a été arrêté en 2002 dans une escarmouche en Afghanistan dont il a été est le seul survivant. On l’accuse d’avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain. Il avait 15 ans à l’époque. Il est interné à Guantánamo depuis ce temps. Il a maintenant 22 ans. Après avoir fait des pressions pour s’assurer de son bien-être, les représentants du gouvernement canadien ont participé à des interrogatoires où le garçon a été soumis à une forme de torture, la privation de sommeil.
Le système judiciaire auquel le gouvernement Harper fait confiance est une mascarade. Les prisonniers ont été définis comme des « combattants illégaux », un concept que ne reconnaît pas le droit international. On les a emprisonnés à Guantánamo, une enclave américaine à Cuba, pour qu’ils puissent échapper au système de droit américain. On a inventé de toutes pièces une procédure de justice militaire complaisante. On a soumis des prisonniers à un régime de torture cautionné par la Maison-Blanche. En outre, dans le cas d’Omar Khadr, très clairement un enfant-soldat, on a bafoué toutes les règles internationales qui protègent ces jeunes.
Ce système, les États-Unis ne le soutiennent plus. Le président Obama, le jour de sa prestation de serment, a annoncé la fermeture de Guantánamo. Il a stoppé les procédures judiciaires. Il a condamné le recours à la torture. Ce sont ces pratiques que le premier ministre Harper continue de défendre. Comme si les dérapages, peut-être compréhensibles au lendemain du 11 septembre, étaient encore justifiables. Comme s’il voulait porter le flambeau de George W. Bush.
Mais pourquoi donc? L’argument officiel du gouvernement conservateur, c’est la crainte d’indisposer les Américains en demandant le rapatriement d’Omar Khadr. Un argument absurde quand on voit à quel point l’administration Obama veut se distancer de toutes ces pratiques.
Peut-être qu’Ottawa craint également de paraître mou face au terrorisme. Encore là, il n’y a rien de très convaincant à s’acharner sur un enfant qui n’était certainement pas un cerveau du terrorisme international. C’est d’autant plus fou que le Canada est maintenant le seul pays civilisé qui n’a pas rapatrié ses ressortissants détenus à Guantánamo. Même l’allié fidèle qu’est la Grande-Bretagne a récupéré ses ressortissants depuis belle lurette.
La position conservatrice est à ce point dénuée de logique qu’elle nous force à la spéculation. L’entêtement proverbial d’un gouvernement qui n’aime pas admettre ses erreurs? L’allergie à la culture des droits et aux décisions imposées par les tribunaux? Peut-être. Mais il est très difficile d’écarter l’autre explication, celle de l’aveuglement idéologique d’un partisan de la ligne dure.



Les repères perdus - ANDRÉ PRATTE
Une fois les pieds sur la pente savonneuse de la torture, il est bien difficile de s’arrêter.
Après les notes de service du ministère américain de la Justice approuvant les techniques musclées d’interrogatoire contre les détenus de la CIA, un rapport de la Commission sénatoriale des Forces armées, publié mercredi, suscite à son tour un sentiment de dégoût. Le rapport retrace l’origine de ces techniques et montre comment leur utilisation s’est rapidement répandue partout où les Américains détenaient des personnes soupçonnées de terrorisme.
Les méthodes en question sont dérivées de celles qu’employaient les Chinois pendant la guerre de Corée. Après le 11 septembre 2001, la Défense et la CIA ont demandé à l’équipe chargée de préparer les soldats américains à une éventuelle capture d’entraîner leurs membres à utiliser ces techniques ennemies.
D’abord réservées aux dirigeants d’Al-Qaeda détenus par la CIA dans des prisons secrètes, ces façons de faire se sont répandues à Guantánamo, en Afghanistan et en Irak et ont été employées à grande échelle jusqu’au scandale d’Abou Ghraib. L’autorisation accordée par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, « a envoyé le message que des pressions physiques ou dégradantes constituaient un traitement approprié contre les personnes détenues par les États-Unis. Il s’en est suivi une érosion des standards exigeant que des prisonniers soient traités humainement », conclut la commission.
Ceux qui se demandaient si, face à la menace terroriste, les démocraties ne devaient pas se résigner à employer certaines formes de torture dans l’espoir d’obtenir des informations cruciales, ceux-là ont leur réponse: une fois les pieds sur cette pente savonneuse, il est bien difficile de s’arrêter. « Nous avons perdu nos repères moraux », a résumé le président Obama.
Le recours à la torture cause aux démocraties des dommages plus importants et plus durables que toute information qu’il permettrait de soutirer. Notamment, il leur devient impossible de dénoncer les actes de torture commis par d’autres pays. Car entre les interrogatoires musclés qui ont eu cours dans les prisons américaines et les mauvais traitements infligés dans les geôles des dictatures, il n’y a plus qu’une différence de degré, pas de nature.
Chez nous, le gouvernement Harper s’entête à laisser le jeune Canadien Omar Khadr croupir dans sa cellule de Guantánamo. Jeudi, un juge de la Cour fédérale a ordonné à Ottawa d’intervenir auprès des autorités américaines pour qu’elles permettent le rapatriement de Khadr. Le gouvernement a annoncé hier qu’il portait le jugement en appel. Selon le premier ministre, «les faits n’ont pas changé.»
Les faits n’ont pas changé ? Voyonsdonc! M. Obama a annoncé la fermeture de Guantánamo et suspendu les procédures contre les détenus de la base. Washington reconnaît que ces détenus ont été soumis à la torture. Et la Cour fédérale affirme qu’Ottawa viole la Charte canadienne des droits en restant assis sur ses mains.
L’attitude du gouvernement conservateur dans ce dossier reste incompréhensible et révoltante. On en vient à se demander si M. Harper lui-même n’a pas perdu ses repères moraux.


Les services secrets canadiens blâmés dans l’affaire Khadr
Le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) n’a pas reçu de félicitations hier pour sa gestion du dossier d’Omar Khadr. Selon un nouveau rapport d’un comité de surveillance, les agents du SCRS n’ont tenu compte ni des mauvais traitements que le jeune Canadien subissait aux mains des autorités américaines ni de son jeune âge quand ils ont décidé de l’interroger à Guantanamo Bay en 2003.
Les vidéos de ces interrogatoires ont déjà créé la controverse l’an dernier quand elles ont été rendues publiques par les tribunaux canadiens. On y voit le jeune Khadr, alors âgé de 16 ans, pleurer à chaudes larmes en expliquant qu’il ne reçoit pas l’aide médicale nécessaire pour soigner ses blessures à l’oeil et au pied. L’agent canadien dont il implore l’aide le rabroue durement.
L’ire qu’ont soulevée ces images n’a pas laissé de glace le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Au cours des derniers mois, cet organisme, composé de cinq membres du Conseil privé, a étudié le processus décisionnel qui a mené à ces interrogatoires.
« Ce que nous avons trouvé, c’est que le SCRS avait des motifs raisonnables d’aller à Guantánamo Bay pour obtenir des renseignements de sécurité. Mais en prenant cette décision, il a omis de prendre en considération l’âge de M. Khadr ainsi que les droits de la personne », a exposé hier Sacha Richard, analyste de recherche du comité.
Le SCRS de glace
Selon le rapport, le SCRS a notamment négligé de prendre en compte les différents rapports médiatiques sur les abus que subissaient les détenus de Guantánamo Bay. « Le comité n’a trouvé aucune preuve que le SCRS ait tenu compte de ces informations lorsqu’il a décidé de s’entretenir avec Khadr », peut-on lire dans le document rendu public hier. Le rapport met notamment en lumière le fait que le SCRS a dérogé à ses propres règles de confidentialité en remettant ses interrogatoires aux autorités américaines.
La question du jeune âge de M. Khadr retient aussi l’attention du comité. « En droit canadien et international, il est notoire que les jeunes peuvent jouir de certains droits fondamentaux en raison de leur statut de mineur. Le comité n’a trouvé aucune preuve que le SCRS a tenu compte de l’âge de Khadr », écrivent les membres du l’organe de supervision.
En conclusion, le comité, que préside l’ancien premier ministre manitobain Gary Filmon, recommande au SCRS de prendre des mesures pour que ses agents prennent davantage compte des droits de la personne dans l’exercice de leur travail « afin de maintenir sa propre crédibilité ».
Le SCRS a réagi au rapport en notant qu’il a changé ses pratiques depuis ces interrogatoires. Cependant, le SCRS persiste et signe en affirmant qu’il ne détient aucune preuve fiable selon laquelle Omar Khadr avait été malmené à Guantánamo avant sa rencontre avec les agents canadiens.
Amnistie internationale outrée
Cet énoncé du SCRS a irrité au plus haut point la directrice générale d’Amnistie internationale, Béatrice Vaugrante. « C’est incroyable de jouer à l’autruche comme ça. Les vidéos des interrogatoires sont claires. Les avocats d’Omar Khadr sont clairs. Même le président Obama dit qu’il y a eu des abus! » s’est-elle indignée hier. Elle espère que le gouvernement Harper profitera des recommandations du comité pour émettre des directives « sans équivoque que les droits humains doivent être centraux dans les services de renseignement ».
Hier, le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a promis d’étudier attentivement le rapport de 12 pages. Le gouvernement conservateur a été maintes fois critiqué pour son inaction dans l’affaire Khadr. Fils d’un présumé membre de haut rang d’Al-Qaeda, le jeune Canadien, arrêté en Afghanistan alors qu’il était âgé de 15 ans, est le seul ressortissant d’un pays occidental toujours détenu à la base militaire américaine de Guantánamo.





Au diable Khadr... et la Charte- VINCENT MARISSAL CHRONIQUE
Pas besoin d’un doctorat en sciences politiques pour comprendre que l’entêtement du gouvernement conservateur lui fera plus de mal au centre, là où il doit gagner des votes, que de bien à droite, là où il a fait le plein de toute façon.
Résumé du jugement de la Cour fédérale sur l’affaire Omar Khadr, rendu par le juge James O’Reilly, ce jeudi : en laissant Omar Khadr croupir à Guantánamo, le gouvernement a été complice des mauvais traitements qui lui ont été infligés et le Canada a contrevenu à ses obligations contenues dans la Convention internationale des droits des enfants et celle contre la torture.
Peut-on être plus clair ? Difficilement, mais cela, apparemment, ne réussira pas à ébranler le gouvernement, qui maintient, contre toute logique juridique, sa décision de laisser Omar Khadr moisir à Guantánamo plutôt que de réclamer son rapatriement.
Contre toute logique politique, aussi, d’ailleurs. Pas besoin d’un doctorat en sciences politiques pour comprendre que l’entêtement du gouvernement conservateur lui fera plus de mal au centre, là où il doit gagner des votes, que de bien à droite, là où il a fait le plein de toute façon.
Pourtant, le jugement de la Cour fédérale offre une porte de sortie rêvée pour le gouvernement Harper. Que les conservateurs ne soient pas empressés de rapatrier un jeune Canadien accusé d’avoir guerroyé avec les talibans et d’avoir tué un militaire américain, soit. Le gouvernement libéral précédent n’était pas non plus trop pressé d’intervenir.
Mais en s’obstinant, malgré les décisions de cour, malgré le changement de régime à Washington, Stephen Harper ne fait pas que punir Omar Khadr, il renie les principes du pays qu’il dirige et, au passage, la signature du Canada au bas des traités internationaux. En plus, il piétine allègrement la Charte des droits et libertés, un document fondamental pour lequel les conservateurs purs et durs ont toujours eu un profond mépris.
Dans un passé récent, des conservateurs (en fait, d’anciens réformistes) avaient même indiqué qu’ils pourraient réécrire la Charte s’ils prenaient le pouvoir. M. Harper n’a pas poussé jusque-là, mais c’est tout comme. Il ne s’est pas attaqué à la Charte, il l’ignore.
Aux État s-Un i s , Ba r ack Obama a annoncé qu’il fermera Guantánamo d’ici janvier prochain. Plusieurs pays ont d’ailleurs offert à Washington de prendre sous leur aile les détenus de Guantánamo.
Le président américain a décrié l’usage de la torture et même rendu publiques des notes secrètes de la CIA décrivant en détail les interrogatoires musclés et les techniques des tortionnaires. D’anciens responsables de l’administration Bush pourraient être poursuivis pour avoir autorisé la torture.
Ici, le gouvernement continue d’ignorer ce cas patent de torture, comme si Omar Khadr allait finir par disparaître à force d’être ignoré.
Comme si un pays pouvait signer à moitié les traités internationaux et renier sa parole lorsqu’une situation heurte son idéologie. Il ne s’agit pas ici d’excuser Omar Khadr ou de minimiser les accusations qui pèsent sur lui. Pas plus qu’il ne s’agit, comme l’a laissé entendre hier le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, dans un grand élan de démagogie, de défendre les terroristes qui tuent nos jeunes soldats, commeKarine Blais, enterrée hier par les siens.
Si Stephen Harper veut réécrire la Charte ou retirer le Canada de certains traités internationaux, qu’il en prenne l’engagement à la prochaine campagne électorale. Ce sera plus transparent.
L’embarrassant Mulroney
La commission d’enquête Oliphant ne nous aura pas permis d’apprendre beaucoup de neuf ces trois dernières semaines sur l’affaire Mulroney-Schreiber, mais elle aura toutefois permis de constater que Brian Mulroney reste un personnage controversé dans son propre parti.
Il y a eu d’abord cette controverse surréaliste à savoir si l’ancien premier ministre est toujours membre du PCC. Puis, chose rarissime dans le gouvernement Harper, une contestation ouverte de son autorité.
Bien des députés et sénateurs conservateurs n’ont pas apprécié que la leader au Sénat, Marjorie LeBreton, ex-grande amie de Brian Mulroney, le renie publiquement pour satisfaire Stephen Harper. En plus, les partisans de M. Mulroney au sein du caucus accusent le bureau du premier ministre d’avoir fait circuler l’information selon laquelle M. Mulroney n’est plus membre du Parti conservateur.
M. Harper, qui n’est pas habitué de devoir reculer, a dû mettre de l’eau dans son vin cette semaine. Il a demandé à son caucus de traiter l’ancien premier ministre avec respect et a prévu que tout cela (l’embarras de l’affaire Mulroney-Schreiber) serait bientôt terminé.
Comment peut-il en être aussi sûr? N’a-t-il pas commandé luimême cette commission pour faire toute la lumière? Il est pour le moins malhabile pour un premier ministre de présumer des conclusions d’une commission d’enquête des mois avant le dépôt du rapport.
Quant aux réactions de son caucus, M. Harper aurait dû s’en douter.
Déjà, en 2007, lorsqu’il a ordonné à ses ministres de couper tout contact avec Brian Mulroney, aumoins deux d’entre eux, Michael Fortier et Peter MacKay, l’avaient prévenu qu’ils n’avaient pas l’intention de se plier à cette directive.
La loi et l’ordre, encore…
Le Bloc québécois, une menace pour les familles?
Voilà du moins ce que les conservateurs affirment haut et fort depuis quelques jours dans une offensive concertée qui met la table pour la prochaine campagne électorale.
De toute évidence, les conservateurs ont décidé de jouer la carte de la loi et de l’ordre contre le Bloc pour sauver les sièges qu’il lui reste au Québec.
C’est que le Bloc a voté contre le projet de loi C-268, qui prévoit une peine minimale de cinq ans pour les crimes contre les enfants. Selon les conservateurs, le Bloc prend le parti des criminels au détriment des enfants. Le Bloc se défend en répétant qu’il est contre les peines minimales, une approche trop rigide.
Les conservateurs pensent avoir trouvé des munitions contre le Bloc et ont déjà lancé l’attaque. Et pas seulement aux Communes. J’ai reçu ces trois derniers jours plusieurs courriels de « gens ordinaires » qui, comme par hasard, reprennent tous les mêmes arguments et les mêmes mots entendus à Ottawa cette semaine pour dénoncer le Bloc.

Cannon assure que le gouvernement ira en appel... puis se rétracte
Jugement de la Cour fédérale sur le rapatriement d’Omar Khadr
Le gouvernement de Stephen Harper a 30 jours pour décider s’il en appelle de la décision.
— Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé hier que le gouvernement canadien comptait en appeler de la décision de la Cour fédérale qui le somme de réclamer le rapatriement d’Omar Khadr… avant d’être rappelé à l’ordre par le bureau du premier ministre, semant ainsi la confusion.
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé de façon catégorique, hier en Chambre, que le gouvernement en appellerait de la décision de la Cour fédérale, avant que sa directrice des communications ne nuance ses propos.
Après avoir affirmé que le gouvernement en appellerait « fort probablement de cette décision », le ministre, bombardé de questions par les partis de l’opposition à la Chambre des communes, s’est empêtré à sa dernière intervention sur le sujet. « Nous irons en appel de la décision », a alors déclaré M. Cannon, catégorique.
Une heure plus t a rd, sa directrice des communications, Catherine Loubier, faisait le tour des médias pour préciser que le jugement était toujours à l’étude par les avocats du gouvernement et qu’aucune décision finale n’avait encore été prise, confirmant toutefois que le ministre envisageait « très sérieusement » la possibilité d’en appeler.
Dans un jugement rendu jeudi, la Cour fédérale du Canada ordonne au gouvernement conservateur de réclamer sans délai le retour au pays du jeune prisonnier, détenu à Guantánamo depuis 2002. Le juge James O’Reilly estime que le Canada viole la Charte des droits et libertés et la Convention de Genève contre la torture en refusant de réclamer le rapatriement de M. Khadr, citoyen canadien.
Le gouvernement de Stephen Harper a 30 jours pour décider s’il en appelle de la décision. Arrêté par l’armée américaine en Afghanistan à l’âge de 15 ans, Omar Khadr est accusé notamment de meurtre et d’activités terroristes.
Les partis de l’opposition, les groupes de défense des droits humains et les avocats de M. Khadr réclament depuis des mois, voire des années, que le jeune prisonnier soit rapatrié au pays pour y être jugé. Le gouvernement canadien plaide que c’est aux autorités américaines de le juger, compte tenu de la gravité des crimes qui lui sont reprochés.
Or, le président américain Barack Obama a annoncé dès son arrivée au pouvoir que le controversé centre de détention devrait fermer ses portes d’ici un an. M. Khadr est actuellement le seul ressortissant occidental à Guantánamo dont le rapatriement n’a pas été réclamé par son pays d’origine.
« Totalement démagogique »
Le ministre Lawrence Cannon a par ailleurs fait bondir l’opposition, hier à Ottawa, en accusant M. Khadr d’avoir fabriqué et dissimulé « les mêmes bombes qui ont pris la vie d’un certain nombre de nos soldats, incluant Karine Blais, décédée la semaine dernière ». Les funérailles de la jeune soldate originaire de Les Méchins, en Gaspésie, étaient célébrées au même moment.
« C’est totalement démagogique, a lancé le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette. Je trouve ça extrêmement malhonnête. Essayer, par association, de rendre coupable Omar Khadr du décès de cette jeune militaire, je trouve que c’est manquer de respect envers les familles et envers les militaires. »
« C’est tout simplement une façon de dévier le débat, de noyer le poisson et de se défiler devant leurs responsabilités parce que tôt ou tard, le jugement de la Cour fédérale est clair à cet égard-là, le Canada aura à demander le rapatriement d’Omar Khadr », a ajouté le député bloquiste, pour qui l’entêtement des conservateurs témoigne d’un mépris des institutions démocratiques.
« Je trouve ça incroyable de faire comme ça un procès sur le parquet de la Chambre des communes, a pour sa part vilipendé le critique libéral en matière d’affaires étrangères, Bob Rae. Si le gouvernement a de nouvelles preuves contre M. Khadr, j’oserais espérer qu’il voit là une raison supplémentaire de le ramener au pays pour qu’il soit jugé par nos tribunaux. Nous sommes tous d’accord que les allégations contre lui sont sérieuses. »
M. Rae estime que le ministre Cannon utilise des tactiques dignes du maccarthysme, politique de persécution utilisée dans les années 50 aux États-Unis contre les communistes.
Pour le critique néo-démocrate Paul Dewar, M. Cannon se sert d’une tragédie – la mort de soldats canadiens – pour tenter de défendre la position indéfendable du Canada, qui ne fait pas son travail en refusant de rapatrier M. Khadr.
« Est-ce que M. Cannon pense qu’Omar Khadr orchestre tout ce qui se passe en Afghanistan de sa cellule à Guantánamo? » a ironisé M. Dewar.

 
OMAR KHADR - Ottawa porte en appel la décision de la Cour fédérale
— Le gouvernement canadien a confirmé hier sa décision de porter en appel la cause du rapatriement d’Omar Khadr, ce Canadien emprisonné au centre de détention militaire de Guantánamo depuis 2002.
La Cour fédérale a imposé à Ottawa il y a deux semaines de rapatrier le jeune homme le plus rapidement possible. Le juge James O’Reilly a dit que le Canada violait la Charte des droits et libertés et la convention de Genève contre la torture en refusant de le ramener au pays.
M. Khadr, 22 ans, a été arrêté en Afghanistan à 15 ans. Il est accusé d’avoir tué un militaire américain à l’aide d’une grenade.
Des documents rendus publics l’été dernier ont démontré qu’il avait été victime de mauvais traitements à la base militaire américaine. Il a notamment été privé de sommeil avant d’être interrogé par des représentants du gouvernement canadien.
Lors de son arrivée en poste, le président américain Barack Obama a annoncé qu’il fermerait le centre de détention avant la fin janvier 2010. Malgré tout, Ottawa a refusé de s’engager à ramener le jeune Torontois au pays.
Hier, le ministère des Affaires étrangères n’a donné aucun détail pour expliquer les raisons, juridiques ou autres, de sa décision de porter cette décision en appel.
La réponse, laconique, permet tout au moins de deviner que le gouvernement Harper maintien une position maintes fois répétée au cours des derniers mois: «Le gouvernement du Canada a toujours fait état que M. OmarKhadr fait face à de sérieuses accusations», a simplement déclaré dans un courriel un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alain Cacchione.
La Presse lui avait posé deux questions: Quelles sont les bases juridiques de cet appel? Est-ce que les documents ont été déposés en cour? «Comme cette question est en litige, nous ne ferons pas d’autres commentaires à ce moment», s’est contenté de dire le fonctionnaire.
Le critique libéral en matière d’affaires étrangères, Bob Rae, s’est dit déçu, mais pas surpris de cette décision. «Le gouvernement évite ses responsabilités, a-t-il dit. Ce n’est pas seulement les cours de justice qui ont la responsabilité de faire respecter la charte des droits et libertés. Les gouvernements aussi.»
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait dit à la Chambre des communes, le lendemain du jugement, que le gouvernement en appellerait. Il s’était ensuite fait rappeler à l’ordre par le bureau du premier ministre. Apparemment, M. Cannon avait parlé trop rapidement: sa porte-parole avait par la suite convenu que les avocats du gouvernement n’avaient pas fini d’étudier le dossier.




Le barbarisme de Stephen Harper - Stéphane Giroux, Montréal
La Cour fédérale vient d’affirmer que le gouvernement Harper a l’obligation de demander le rapatriement d’Omar Khadr, emprisonné à Guantánamo depuis six ans, alors qu’il n’était qu’un enfant, et estime que le refus du premier ministre d’agir en ce sens viole la Charte canadienne des droits et libertés. Face à cette décision de la Cour, Harper et son ministre de la Justice ont décidé d’en appeler de la décision! Avec cet entêtement, le gouvernement Harper contrevient également à ses obligations inscrites dans la Convention internationale des droits des enfants et celle contre la torture. Le Canada est le seul pays occidental à n’avoir pas rapatrié ses prisonniers de Guantánamo. Il y a un mois dans un autre dossier, la Cour fédérale avait aussi indiqué que le gouvernement a le devoir d’intervenir pour venir en aide au Canadien Ronald Smith, condamné à mort aux États-Unis. Le précédent gouvernement libéral avait aidé Smith à éviter l’exécution. Dès leur arrivée au pouvoir, les conservateurs ont décidé de ne plus suivre la politique traditionnelle du Canada sur ces citoyens condamnés à la peine de mort. M. Harper, je vous rappelle que le Canada est contre la peine de mort. Votre refus de respecter les conventions internationales sur les enfants-soldats et votre soutien à la peine de mort témoignent du barbarisme qui vous caractérise, vous et les gens de votre parti. Une fois de plus, j’ai honte d’être canadien.

La Cour fédérale ordonne à Ottawa de rapatrier Omar Khadr
— La Cour fédérale du Canada ordonne au gouvernement de Stephen Harper de rapatrier Omar Khadr, détenu à Guantánamo depuis 2002. Une décision que les conservateurs pourraient contester.
Dans un jugement rendu hier, le tribunal condamne le refus d’Ottawa de demander le retour au Canada du jeune prisonnier, citoyen canadien, estimant que le gouvernement viole ainsi la Charte des droits et libertés.
« Pour remédier à cette violation des droits, le Canada doit présenter aux États-Unis une demande pour le rapatriement de M. Khadr le plus tôt possible », écrit le juge James O’Reilly. La décision du tribunal explique que le gouvernement fédéral, dans ce dossier, contrevient à des traités internationaux dont il est signataire, notamment la Convention de Genève, mais aussi la Convention internationale des droits de l’enfant.
Aujourd’hui âgé de 22 ans, M. Khadr, né au Canada, n’avait que 15 ans lorsqu’il a été arrêté par l ’ a rmée amér ica i ne en Afghanistan. Il est entre autres accusé de meurtre et d’activités terroristes. Il est actuellement le seul ressortissant étranger à Guantánamo dont le rapatriement n’a pas été réclamé par son pays d’origine. Or, le président des États-Unis Barack Obama a, dès son arrivée au pouvoir, suspendu les procédures judiciaires en cours et décrété la fermeture de ce centre de détention controversé d’ici un an.
Interrogé à la Chambre des communes, le premier ministre Harper s’est empressé d’indiquer que son gouvernement examinerait attentivement la décision de la Cour, mais n’excluait pas d’interjeter appel. « À nos yeux, les faits n’ont pas changé », a-til dit.
Son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a par la suite renchéri en affirmant que le gouvernement allait « très sérieusement examiner la possibilité d’en appeler de cette décision ».
Les conservateurs ont toujours soutenu que le jeune Khadr devait être jugé par les autorités américaines, qui avaient procédé à son arrestation, compte tenu de la gravité des crimes qui lui sont reprochés.
L’opposition proteste
Les partis de l’opposition à Ottawa, qui réclament depuis des mois, voire des années, le retour du jeune prisonnier pour qu’il soit jugé au Canada, se sont insurgés contre la possibilité que le gouvernement interjette appel.
« C’est complètement insensé, a lancé le chef du Bloc, Gilles Duceppe. Le jugement est très sévère, disant non seulement qu’il (le gouvernement) contrevient à la Convention des droits des enfants, mais également qu’il pourrait être complice de torture. Guantánamo va fermer. Il va faire quoi M. Harper, il va l’envoyer sur la Lune, Omar Khadr? »
Même son de cloche au Parti libéral. « Le jugement est clair. Le processus judiciaire aux ÉtatsUnis en ce qui concerne l’enfant soldat est vicié, a souligné la députée montréalaise Marlene Jennings. Le gouvernement a une obligation légale de demander au gouvernement américain de rendre l’enfant soldat Omar Khadr aux autorités canadiennes. Alors que M. Harper prenne une journée pour étudier le jugement, pas de problème. Peut-être qu’il ne lit pas très vite. Mais interjeter appel, je pense que c’est rejeter d’un revers de main un jugement qui est très clair. »
Le leader en Chambre du Parti libéral, Ralph Goodale, a ajouté que le dossier avait assez traîné et qu’il attendait du gouvernement qu’il agisse de façon « expéditive » plutôt que de chercher à gagner du temps en laissant M. Khadr dans « des circonstances inacceptables ».
« M. Harper a ignoré la volonté du Parlement, qui a réclamé le rapatriement, il a ignoré les lois internationales et les précédents établis par d’autres pays et maintenant il se prépare à ignorer la Cour fédérale, a pour sa part dénoncé le chef du NPD, Jack Layton. Nous pensons qu’il doit rapatrier M. Khadr au Canada pour que, si des procédures légales doivent être entreprises, elles soient entreprises ici. Tout le monde comprend ça, sauf le premier ministre. »
La décision de la Cour fédérale démontre, selon lui, « que la majorité à la Chambre des communes avait raison de réclamer que M. Harper respecte les lois internationales ».
C’est la deuxième fois en deux mois que la cour fédérale rabroue le gouvernement Harper sur sa piètre gestion de ses ressortissants détenus à l’étranger. En mars, le tribunal avait estimé qu’Ottawa se devait d’offrir un soutien consulaire à RonaldAllen Smith, détenu dans le couloir de la mort d’une prison du Montana depuis 25 ans, reconnu coupable du meurtre de deux hommes en 1983.


GUANTÁNAMO  Omar Khadr veut se séparer de ses avocats militaires

de dissensions entre eux ces derniers mois.
Le j uge mi l ita i re Pat r ick Parrish a accédé à sa demande et programmé une nouvelle audience pour le 13 juillet, malgré la demande de gel des travaux des tribunaux d’exception pour quatre mois supplémentaires déposée vendredi par l’administration américaine.
« Depuis quatre mois, il y a eu un conf lit entre mes avocats, je ne peux pas leur faire confiance, je veux me séparer de toute l’équipe », a déclaré le jeune homme de nationalité canadienne, inculpé du meurtre d’un officier américain en Afghanistan en 2002, lorsqu’il n’avait que 15 GUANTÁNAMO — Omar Khadr, 22 ans, dernier citoyen occidental détenu à Guantánamo, a demandé, hier, à un juge militaire le droit de se séparer de ses avocats militaires, à qui il affirme ne « plus faire confiance » en raison
Alors d’au moins deux des onze juges saisis ont déjà accepté la prolongation pour quatre mois supplémentaires de la suspension des activités judiciaires à Guantánamo demandée par Barack Obama, le juge Parrish a organisé hier une audience pour prendre une décision quant à la défense d’Omar Khadr.
Il a décidé qu’un des avocats militaires du jeune homme serait maintenu pour « ne pas le laisser sans représentation » en attendant qu’un nouveau conseil lui soit assigné. À la demande de l’accusé, c’est l’avocat qui conduisait l’équipe de défense jusqu’à il y a quelques mois, William Kuebler, qui restera en place jusqu’au 13 juillet.
M. Kuebler est un avocat très médiatique qui n’a jamais mâché ses mots pour protester contre l’inculpation d’Omar Khadr, l’attitude du Canada qui ne demande pas son extradition ou le principe des tribunaux d’exception.
« Apparemment, il va y avoir des changements dans le choix des avocats », a expliqué le juge, en référence aux nouvelles règles pour les tribunaux d’exception annoncées par Barack Obama en mai. Les accusés auraient en effet davantage de latitude pour désigner leurs avocats.
L’orga n i s a t i on de c e t t e audience sur la base navale de Guantánamo, en plein gel des activités des tribunaux d’exception tels qu’ils fonctionnaient sous la présidence de George W. Bush, a nécessité, pour le Pentagone, le transport des avocats, journalistes et membres d’ONG.
L’administrat ion Obama a demandé vendredi à chacun des juges militaires de prolonger le gel des activités jusqu’en septembre, pour que l’administration puisse « mener à bien » le réexamen des dossiers de chaque détenu actuellement et « déterminer quel tribunal sera le plus à même de les juger », a expliqué à la presse John Murphy, qui dirige l’équipe de procureurs.
Décision renversée
Par ailleurs, à Washington, un juge fédéral a ordonné, hier, au ministère de la Justice américain de rendre publics des documents dont il dispose concernant des accusations et des preuves à l’encontre d’une centaine de détenus de la prison de Guantánamo.
Sur décision du ministère de la Justice, ces documents ne pouvaient jusqu’ici être vus que par un nombre restreint de personnes : juges, avocats ou responsables du gouvernement, même s’ils étaient déclassifiés.
« La question de savoir ce que l’on fait des détenus de Guantánamo demeure une source d’intérêt et de débats pour le grand public », a estimé le juge du district de Columbia, Thomas Hogan, tranchant la question de la publication en faveur des avocats de détenus du camp de prisonniers.
« Transmettre au public les accusations qui pèsent sur ces détenus (...) assurerait un meilleur contrôle des détentions et des procédures judiciaires », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministère de la Justice, Dean Boyd, a indiqué à l’AFP que « le gouvernement n’avait jamais envisagé de garder indéfiniment scellées les informations en question ».
Selon lui, le gouvernement avait réclamé un délai supplémentaire à la Cour « pour s’assurer que la version de ces documents rendue publique ne contienne pas d’information réellement classifiée ».



Torture : de nouvelles règles... qui ne semblent pas changer grand chose...
OTTAWA — À la suite des scandales impliquant des Canadiens torturés à l’étranger, le gouvernement fédéral a institué de nouvelles règles pour encadrer les activités du Service canadien du renseignement de sécurité. Ces directives ministérielles sont énoncées alors que le SCRS assume dava ntage d’opérations à l’étranger dans des points chauds du globe comme l’Afghanistan.
Mais selon des militants des droits de la personne, la proportion de directives restées secrètes est telle qu’il est à peu près impossible de dire si ces nouvelles instructions permettront d’assurer une meilleure reddition de comptes.
Les plus récentes règles, rédigées par le gouvernement, traitent de principes fondamentaux, des sources humaines de renseignement, des activités opérationnelles hors du pays et des ententes de liaison intérieures et à l’étranger.
Directives secrètes
Grâce à la Loi sur l’accès à l ’ i nformation, La Presse Canadienne a obtenu des copies – fortement censurées – des nouvelles règles édictées l’an dernier. Une bonne partie de ces règles sont semblables aux directives passées, mais beaucoup d’entre elles restent secrètes, la loi autorisant le gouvernement à masquer les i n format ions touchant aux affaires et enquêtes internationales, et aux avis provenant d’agents publics.
Ainsi, une directive exposant les priorités du service d’espionnage pour 2008-2009 a été entièrement soustraite à la divulgation, même si de telles listes ont été dévoilées par le passé, alors qu’elles traitaient des activités du SCRS dans des domaines comme le contre-terrorisme, le filtrage de sécurité, et des opérations visant à contrer la création d’armes de destruction massive.
Il devient impossible d’identifier les changements apportés aux directives ministérielles au SCRS à la suite de deux commissions d’enquête portant sur le rôle joué par les autorités canadiennes dans les cas de Canadiens arabes torturés dans des prisons syriennes.
Amélioration?
Hilary Homes, d’Amnistie internationale Canada, affirme qu’elle est incapable de déterminer si les nouvelles directives constituent ou non une amélioration.
Tant au SCRS qu’au cabinet du ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, on s’est refusé à discuter de la teneur des plus récentes instructions au service du renseignement, ou du moment choisi pour y apporter des changements.
Selon Ker r y Pi t her, une militante des droits de la personne qui a rédigé un livre sur les Canadiens torturés à l’étranger, les directives ministérielles devraient être rendues publiques parce qu’elles sont cruciales pour assurer la reddition de comptes de la part du SCRS.


La cour diplomate  -  André Pratte
Le gouvernement du Canada devrait demander auxÉtatsUnis le rapatriement du jeune Canadien Omar Khadr, détenu à Guantánamo depuis sept ans, afin qu’il soit jugé ici dans le respect de ses droits fondamentaux. Nous l’avons écrit ici à quelques reprises.
Le récent jugement de la Cour d’appel fédérale, s’il arrive à la même conclusion, suscite néanmoins un malaise. Comme le juge de première instance, les deux juges majoritaires nous semblent avoir outrepassé leur compétence en s’immisçant dans une question qui relève des prérogatives du gouvernement canadien, la gestion de ses relations internationales.
Il est clair que les droits d’Omar Khadr ont été violés. La Cour suprême des ÉtatsUnis a statué que le régime juridique imposé aux détenus de Guantánamo était illégal. De plus, la Cour fédérale et la Cour d’appel fédérale ont déterminé qu’en interrogeant Khadr sachant les mauvais traitements qui lui étaient infligés, les représentants canadiens se sont rendus complices de ces traitements, en violation de la Charte canadienne des droits. Jusque là, pas de problème.
Pour autant, les tribunaux ont-ils à dicter au gouvernement la façon dont il doit s’y prendre pour s’assurer que les droits de Khadr seront respectés dans l’avenir? Selon les deux juges majoritaires de la Cour d’appel fédérale, leur collègue de première instance était dans son droit en ordonnant au gouvernement de demander le rapatriement de Khadr. Sur cette question précise toutefois, l’opinion émise par le juge dissident, l’honorable Marc Nadon, est plus convaincante.
En cour, le gouvernement a rappelé avoir multiplié les interventions auprès de Washington afin que Khadr soit traité correctement et ait droit à une assistance consulaire. Des diplomates ont régulièrement visité le prisonnier pour s’assurer de son bien-être.
Surtout, Ottawa a soutenu qu’une demande de rapatriement nuirait à nos relations avec les États-Unis, sans toutefois déposer de preuve à cet égard. La majorité en conclut que cet argument ne tient pas. Elle souligne aussi que le gouvernement n’est pas en mesure de démontrer sa thèse selon laquelle il n’y a pratiquement aucune chance que le gouvernement américain accède à une requête de rapatriement. Pourtant, qui sont les magistrats pour estimer, à l’encontre de l’opinion du ministère des Affaires étrangères, qu’une telle demande est la meilleure façon de procéder? Sur quelle base croient-ils pouvoir mieux prévoir que les diplomates la réaction des États-Unis?
Il s’agit là, selon le juge Nadon (dissident), d’« une interférence directe dans la conduite des affaires étrangères du Canada ». Les décisions en cette matière « devraient être laissées au jugement des personnes qui ont été démocratiquement choisies pour gérer ces questions au nom des Canadiens. »
La Cour fédérale est-elle victime d’une poussée d’activisme judiciaire? En tout cas, elle s’est aventurée en terrain miné.




« Le Canada a perdu sa vision »  -  AGNÈS GRUDA
Le directeur de Human Rights Watch appelle Ottawa à reprendre son rôle traditionnel sur la scène internationale
Ce dernier juge qu’Ottawa s’est comporté de manière « honteuse » en laissant Omar Khadr croupir à Guantánamo. Et juge décevant que le Canada ait abandonné son rôle de défenseur des droits de la personne – rôle qui était traditionnellement le sien jusqu’à ce que les conservateurs de Stephen Harper prennent la direction du pays, constate-t-il.
Le Canada a perdu beaucoup de son pouvoir d’influence sur la planète, déplore le directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth. « Je ne comprends pas en quoi cela peut servir l’intérêt du Canada de disparaître ainsi de la scène internationale », dit-il.
I nvité par le Conseil des relations i nternationales de Montréal, le grand patron de cette ONG vouée à la défense des droits de la personne doit prononcer une conférence aujourd’hui à Montréal. Sujet de son allocution : l’érosion du leadership canadien sur la scène internationale.
Il estime que ce phénomène est nocif pour le Canada luimême: « Je ne comprends pas en quoi cela peut servir l’intérêt du Canada de disparaître ainsi de la scène internationale. »
« J’appelle le Canada à se faire respecter, comme avant, pou r s on e ngagement e n faveur du respect des droits, du maintien de la paix et des i nstit utions i nter nationales », plaide-t-il.
Kenneth Roth ne manque pas d’exemples pour illustrer cet effritement du leadership canadien. Il y a une décennie, le Canada avait joué un rôle clé dans l’adoption d’un traité qui a banni les mines antipersonnel. Ce traité soulevait beaucoup d’opposition et le ministre canadien des Affaires étrangères de l’époque, Lloyd Axworthy, avait eu l’initiative d’enclencher des négociations parallèles, appelées « le processus d’Ottawa », qui ont permis un déblocage.
Dix ans plus tard, Ottawa a joué un tout autre rôle dans les négociations sur un autre traité, portant sur les armes à sous-munitions. « Le Canada a eu tendance à s’aligner sur les pays qui voulaient diluer le traité pour préserver une marge de manoeuvre et pouvoir continuer à utiliser ces a r mes » , déplore Kenneth Roth. C’est la Norvège qui a finalement fait débloquer les discussions. Cette fois, on a parlé du « processus d’Oslo ».
D’aut r e s e xemples ? L e Canada n’a même pas posé sa ca ndidature au Conseil des droits de l ’ homme de l’ONU, une institution haut e ment c r i t i quable, s elon Kenneth Roth, mais aussi, pa r voie de c onséquence, perfectible.
« L’ancien Canada aurait tenté de devenir membre du Conseil, et aurait tenté de l’améliorer, alors que le Canada actuel se contente de le laisser couler », constate Kenneth Roth.
Ce dernier n’en revient pas, non plus, que le Canada ait été prêt à signer un traité de libreéchange avec la Colombie sans lui demander de démanteler les groupes paramilitaires responsables de la mort de nombreux civils. Pourtant, Washington avait posé cette exigence comme une condition à la libéralisation du commerce américano-colombien.
Même le l e a der l i béra l Michael Ignatieff était d’accord avec l’approche du gouvernement Harper qui, selon Kenneth Roth, équivaut à « donner une récompense pour l’inaction ».
Un rôle en Afghanistan
Le Canada joue-t-il encore un rôle positif quelque part sur l a pl a nè t e ? Oui , e n Afghanista n, où i l se bat pour l ’éga l ité des femmes et l a l iberté d’expression, répond Kenneth Roth. Mais selon lui, le départ annoncé des t r oupes c a nad i e n nes rog ne déj à son pouvoi r d’influence.
Le Canada devrait s’engager à y rester plus longtemps, croit Kenneth Roth. Pas pour tuer plus de talibans, mais plutôt pour i n f l uencer le débat sur la stratégie à développer dans ce pays. Et pour faire pencher l’action internationale en faveur du développement et de la défense des droits.
Mais ici, comme ailleurs, le Canada pratique la stratégie du retrait, déplore le directeur de Human Rights Watch.







Cuba: une belle occasion manquée - VINCENT MARISSAL
Être petit sur la scène internationale, comme le Canada, ne devrait pas nous obliger à penser petit. M. Harper comprend-il bien l’importance des changements en cours dans notre hémisphère et leur sens historique?
La politique de l’« engagement constructif » du Ca nada enver s Cuba serait-elle sur le point de triompher, même à Washington? C’est probable, mais Ottawa n’en tirera ni mérite ni plaisir, parce qu’à en juger par la réaction de Stephen Harper, en fin de semaine au cinquième Sommet des Amériques, le sort de Cuba l’indiffère complètement.
En 1994, à Miami, lors du premier Sommet, le gouvernement Chrétien avait fait pression pour que Cuba, le seul État exclu, soit de la rencontre. En vain, l’administration Clinton s’y opposait.
En 1998, à Santiago du Chili, Jean Chrétien avait volé le show (et fait rager Bill Clinton) en annonçant qu’il se rendrait à Cuba en visite officielle tout de suite après le Sommet des Amériques. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs, au grand déplaisir de Washington.
Par la suite, le Canada a un peu relâché la pression, lors des Sommets de Québec en 2001 et de Buenos Aires en 2005, mais Ottawa prônait toujours l’inclusion de Cuba autour de la grande table des 34 États.
Maintenant que la chose semble possible, du moins à portée de main, maintenant que les ÉtatsUnis entrouvrent la porte près de 50 ans après l’avoir cadenassée avec leur embargo de 1961, le Canada affiche la plus belle indifférence envers Cuba.
Le principal facteur de réchauffement envers Cuba est, bien sûr, l’arrivée de Barack Obama à la présidence des États-Unis.
Les leaders des Amériques ont pu saisir la réelle portée de ce changement de régime à Washington. possible de parler des droits de l’homme et de démocratie.
Le premier ministre a fini par se dire d’accord avec la levée de l’embargo sur Cuba, mais visiblement, le coeur n’y était pas.
De toute évidence, Stephen Harper n’a pas encore saisi l’ampleur et la signification de l’arrivée de Barack Obama.
On dit souvent, avec raison, que le Canada est un bien petit acteur sur la scène internationale et que son inf luence est minime. Mais s’il y a un endroit au monde, toutefois, où le Canada peut et devrait jouer un rôle de leader, c’est bien à Cuba, un pays avec lequel nous avons une relation privilégiée depuis près de 50 ans. entreprises américaines ont été expropriées après la révolution de 1959, le gouvernement Chrétien a riposté avec sa propre loi.
Voici ce que Jean Chrétien disait devant l’Economic Club de New York en 1998, à propos de Cuba: « Vous ne pouvez aspirer à imposer votre volonté à tous les pays du monde, parce qu’alors, ils vont tous se retourner contre vous. Par exemple, vous n’aimez pas Fidel Castro. Eh bien, ça vous regarde. C’est un dictateur, c’est vrai, mais vous avez fait affaire avec d’autres dictateurs avant lui dans cette partie du monde. Et si vous voulez vous débarrasser de lui, laissez les Américains aller là-bas avec leurs dollars. Mais n’y allez pas trop vite, parce
Les 32 autres nations réunies à Trinité-et-Tobago pour ce Sommet des Amériques auront certainement remarqué que le Canada aussi a changé de leader. Et au moment précis où Washington se montre disposé à suivre la doctrine d’ouverture défendue par le Canada depuis des décennies, le gouvernement canadien retourne à la mentalité de guerre froide.
M. Harper est arrivé au Sommet de Port of Spain en disant souhaiter que la relation Cuba–ÉtatsUnis ne prenne pas toute la place. Il a parlé presque exclusivement de commerce alors qu’il est enfin
M. Obama parle d’un « second début » avec Cuba. Nous, Canadiens, et surtout Québécois, vivons ce second début depuis un quart de siècle.
Nos empreintes sont partout à Cuba. Sur les plages, bien sûr, mais aussi dans l’industrie hôtelière, dans celle de la construction, de l’agroalimentaire, des mines, etc. Voilà le moment de protéger et de consolider notre place à Cuba.
Lorsque l ’ admi n ist rat ion Clinton a adopté, en1996, la loi Helms-Burton, punissant les entreprises faisant affaire à Cuba dans des secteurs où des que lorsque vous arriverez, vous serez accueillis dans des hôtels canadiens. »
Nous avons, il est vrai, une vieille relation politique avec Fidel Cast ro, relat ion qui nous permettrait de jouer les entremetteurs.
Pierre Elliott Trudeau, en 1976, avait fait un pied de nez au président Nixon en visitant Cuba.
Même John Diefenbaker, un conservateur qui avait vécu les débuts de la guerre froide, avait proposé (avec arrogance, raconteton) au président Kennedy de régler le problème cubain après le fiasco de la baie des Cochons.
Ce même Kennedy, selon ses collaborateurs de l’époque, voulait rétablir les relations avec Cuba et il avait l’intention d’en faire un élément majeur de son deuxième mandat ( politiquement, il aurait été trop risqué de faire un geste avant l’élection présidentielle de 1964). JFK discutait de Cuba avec ses conseillers quelques jours seulement avant son assassinat, en 1963.
Que Stephen Harper critique le régime dictatorial des frères Castro soit. Il est vrai que Cuba, même après 30 ans de bonnes relations avec le Canada, a résisté à épouser ses principes démocratiques.
Mais la porte, enfin, s’entrouvre. M. Harper vante le libreéchange. Justement, voilà le moment tant attendu d’inclure Cuba.
Être petit sur la scène internationale, comme le Canada, ne devrait pas nous obliger à penser petit. M. Harper comprend-il bien l ’ impor tance des changements en cours dans notre hémisphère et leur sens historique?
Barack Obama parle d’ouverture et de relations d’égal à égal. Stephen Harper, lui, se qualifie de « conservateur anticommuniste » et dépeint Cuba comme « antagoniste », comme un « État voyou » et comme un régime « socialiste de la guerre froide ».
MM. Obama et Harper ont beau être de la même génération, ils ne semblent pas vivre à la même époque. Pour joindre notre chroniqueur : [email protected]
 


Stephen Harper brandit l’étendard du libre-échange

— Pendant que Barack Obama veillait au réchauffementdes relations entre lesÉtatsUnis et ses voisins du Sud, Stephen Harper, lui, adoptait une tout autre approche au sommet des Amériques: il aplutôtbrandi l’étendarddu libre-échange chaque fois qu’il en avait l’occasion. Au point où, selon certains observateurs canadiens, le premier ministre du Canada a semblé mal interpréter le ton de la rencontre.
Au cours du sommet des Amériques, Stephen Harper a parlé d’« antagonistes », de « socialisme de la guerre froide » et de « nations voyous » au sujet du Venezuela et de Cuba. Ci-dessus, le premier ministre discute avec son homologue chilienne, Michelle Bachelet.Dans un effort pour amadouer les pays avec lesquels le Canada négocie, M. Harper a annoncé au sommet qu’il leur allouait 18 millions de dollars supplémentaires, en cinq ans, pour les aider, a-t-il dit, à « maximiser les avantages d’une augmentation du libreéchange et des investissements ».on appel à l’ouverture des marchés a recueilli un certain soutien. Devant un groupe de journalistes canadiens, le président de la République dominicaine, Leonel Fernandez, s’est dit prêt à faire avancer des pourparlers avec le Canada en vue d’en arriver à un accord de libre-échange, tout en soulignant que la crise financière et économique mondiale demeurait le principal problème,
M. Harper tenait également un langage tout à fait différent de celui de M. Obama.
« Nations voyous » Là où le président américain, dans son discours enlevant de vendredi, conseillait aux pays de se méfier des étiquettes idéologiques telles que « capitaliste » ou « socialiste », M. Harper parlait d’« antagonistes » , de « socialisme de la guerre froide » et de « nations voyous » en parlant du Venezuela et de Cuba. Il s’est présenté comme un « conservateur anticommuniste », au cours d’une entrevue accordée au réseau américain de droite Fox News, à l’occasion du sommet.
Son porte-parole a à plusieurs reprises qualifié l’Amérique latine de « cour arrière » du Canada lors d’une séance d’information, en début de sommet.
Selon certains observateurs canadiens, M. Harper a semblé mal interpréter le ton du sommet, où plusieurs pays, et non seulement les États supposés « voyous » comme le Venezuela et la Bolivie, font face à un fort ressac de leurs populations contre la libéralisation du commerce.
L’opposition à une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) a été la principale cause de l’échec du précédent sommet.
Mauvaise stratégie
La crise financière constituait de loin la principale préoccupation des pays représentés au sommet. Mais selon Carlo Dade, directeur de la Fondation canadienne pour les Amériques, mettre l’accent sur le libre-échange est une mauvaise stratégie, au moment où plusieurs en ont contre la libéralisation du commerce – ce qui explique enpartie l’émergence de leaders comme le Vénézuélien Hugo Chavez et le Bolivien Evo Morales.
« On jette beaucoup de blâme, pour expliquer la crise économique, sur la libéralisation des échanges, a dit M. Dade, qui a assisté à des rencontres liées au sommet. Certains pays ont souffert d’accords commerciaux avec les États-Unis et l’Union européenne. Ces ententes ne sont pas comme les accords canadiens... mais (le gouvernement) n’a pas fait le travail pour se distinguer. »
Le dommage qu’a infligé le trafic de drogue à la région aurait été un bon sujet à aborder, a ajouté M. Dade.
Les 15 membres de la Communauté des Ca ra ïbes (CARICOM) se montrent hésitants à conclure un accord de libreéchange avec Ottawa. Ils souhaiteraient qu’une telle entente inclue une mesure de financement pour pallier toute perte subie en raison d’un pacte – et ce, en dépit du fait que le Canada est le plus important donateur de la région caribéenne.

Droits de l’homme
Selon Alex Neve, secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, plusieurs organisations de défense des droits, dont la sienne, sont déçues que Stephen Harper n’ait pas associé sa rhétorique sur les échanges commerciaux à une promotion de la justice sociale et une meilleure protection des droits de l’homme. « Il semblerait qu’il soit plutôt le seul à considérer le libre-échange comme étant la réponse à tous les maux des Amériques, a soutenu M. Neve. Il apparaît clairement que plusieurs autres leaders ont évolué sur cette question, ou, bien que toujours intéressés, croient qu’il y a des priorités plus pressantes qui méritent l’attention. »

M. Harper s’est envolé vers la Jamaïque à l’issue du sommet pour une visite officielle. Il doit prononcer un discours devant les parlementaires du pays.


Harper et Ignatieff en route vers la Chine
Le premier ministre du Canada veut apaiser les tensions entre les deux pays
Stephen Harper profiterait de la tenue du sommet Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), qui aura lieu les 14-15 novembre à Singapour, pour finalement faire un saut en Chine. Mais cette visite pourrait être annulée si des élections générales sont déclenchées à l’automne.
— Signe indéniable d’un certain réchauffement dans les relations entre le Canada et la Chine, le premierministre StephenHarper compte faire à la mi-novembre sa toutepremièrevisitedans le pays le plus populeux de la planète depuis qu’il est au pouvoir.
La semaine dernière, Stephen Harper a rencontré à son bureau de la colline parlementaire le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jeichi. Les deux hommes ont discuté devant les caméras de l’importance d’accroître les liens entre les deux pays.
Selon des informations obtenues par La Presse, hier, le premier ministre profitera de la tenue du sommet Coopération économique pour l’Asie-Pacifique ( APEC), qui aura lieu les 14-15 novembre à Singapour, pour finalement faire un saut en Chine.
Mais cette visite pourrait être annulée si des élections générales sont déclenchées à l’automne. Les libéraux de Michael Ignatieff ont fait savoir la semaine dernière qu’ils n’écartaient pas la possibilité de provoquer la chute du gouvernement minoritaire conservateur le 30 septembre, date où ils auront une journée de l’opposition à la Chambre des communes.
Si les libéraux décident de mettre fin au règne des conservateurs et obtiennent l’appui du Bloc québécois et du NPD, des élections fédérales auraient lieu le lundi 9 novembre.
« M. Harper devrait faire une visite en Chine avant ou après la tenue du Sommet de l’APEC », a i ndiqué hier une source conservatrice sous le couvert de l’anonymat.
M. Harper risque toutefois d’être devancé par son adversaire libéral Michael Ignatieff. Ce dernier a en effet annoncé la semaine dernière qu’il visitera officiellement la Chine au début de septembre.
La ligne dure
Les relations entre le Canada et la Chine se sont refroidies nettement après l’arrivée au pouvoir des conservateurs en février 2006. Alors que les libéraux de Jean Chrétien et ensuite de Paul Martin multipliaient les gestes de séduction envers les autorités chinoises, les conservateurs ont plutôt adopté la ligne dure, n’hésitant pas à critiquer à plusieurs reprises le bilan de la Chine en matière de respect des droits de l’homme.
Stephen Harper avait même affirmé, à la veille d’un sommet de l’APEC en 2007, qu’il n’avait pas l’intention de « brader » les droits de l’homme simplement pour avoir de meilleures relations commerciales avec la Chine et empocher « les puissants dollars » de ce pays.
Auparavant, d’autres événements avaient irrité les dirigeants chinois. En 2006, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Peter MacKay, aujourd’hui ministre de la Défense, avait affirmé que le gouvernement canadien avait « des preuves » que des agents secrets chinois se livraient à de l’espionnage industriel au Canada. Cette déclaration avait soulevé l’ire de l’ambassadeur Lu Shumin, qui avait nié avec véhémence cette allégation.
En 2007, la Chine avait fait connaître son mécontentement lorsque l’ancien ministre de l’Immigration, Monte Solberg, avait rencontré le dalaï-lama quelques jours avant que le Canada ne lui accorde la citoyenneté canadienne à titre honorifique.
Virage discret
Ce froid dans les relations entre le Canada et la Chine, dont l’économie a connu un taux de croissance économique annuelle spectaculaire dépassant les 10% avant que la crise mondiale ne frappe, a semé l’inquiétude chez les gens d’affaires.
Mais le gouvernement Harper a discrètement entrepris un virage au cours des derniers mois pour rétablir les liens avec les autorités chinoises. D’abord, l’an dernier, M. Harper avait profité du sommet de l’APEC, au Japon, pour s’entretenir avec le président chinois, Hu Juntao.
Ensuite, l e mi n i s t r e du Commerce international , Stockwell Day, s’est rendu en Chine en avril afin d’y ouvrir de nouveaux bureaux commerciaux. Cette visite a été saluée par les gens d’affaires canadiens et les autorités chinoises.
Enfin, la semaine dernière, M. Harper a rencontré à son bureau de la colline parlementaire le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jeichi. Les deux hommes ont discuté devant les caméras de l’importance d’accroître les liens entre les deux pays.
M. Harper a aussi profité de l’occasion pour demander à son invité, devant les caméras, de transmettre ses meilleurs voeux au président de la Chine. « Votre visite ici est très utile et nous l’apprécions », a même lancé M. Harper à M. Yang.
Selon l’ancien ministre libéral des Affaires étrangères John Manley, il est évident que le gouvernement Harper travaille à améliorer les relations avec la Chine. Et il se félicite de la visite prévue du premier ministre en novembre.
« Je crois qu’il y a un réchauffement depuis la visite de Stockwell Day (le ministre du Commerce international). (...) Ce sont de bonnes nouvelles. Il faut que le Canada soit engagé avec la Chine et cela à tous les niveaux », a dit M. Manley, qui prendra la tête du Conseil canadien des chefs d’entreprise à partir du 1er janvier. M. Manley, qui aussi été vicepremier ministre dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien, a affirmé que la Chine remplacera les États-Unis comme moteur de la croissance de l’économie mondiale au XXIe siècle.
Un porte-parole du gouvernement Harper, Dimitri Soudas, a affirmé que le gouvernement Harper n’avait pas négligé les relations avec la Chine, soulignant qu’une dizaine de ministres y ont fait une visite officielle depuis 2006.


Pas de guerre diplomatique avec la Russie, mais...
Russie ne sont pas engagés dans une nouvelle guerre froide, mais les relations entre les deux pays sont loin d'être au beau fixe, a affirmé mercredi le premier ministre Stephen Harper.
M. Harper a ainsi réagi à la décision du ministère des Affaires étrangères russe d'expulser deux diplomates canadiens travaillant pour l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) à Moscou. Cette décision est survenue quelques jours après l'expulsion de deux diplomates russes en poste au siège social de l'OTAN à Bruxelles. À l'issue du sommet Canada-Union européenne, mercredi, à Prague, M. Harper a soutenu que les deux diplomates canadiens, Isabelle François et Mark Opgenorth, n'ont rien fait d'illégal qui justifierait une expulsion. Les deux diplomates travaillaient au bureau d'information de l'OTAN, qui était d'ailleurs dirigé par Mme François.
«Ce n'est pas la guerre froide entre le Canada et la Russie. Mais ce n'est pas une relation idéale», a dit M. Harper en conférence de presse.
Le premier ministre a indiqué que le Canada continuera à exprimer ses inquiétudes à chaque fois que la Russie se livrera à des activités inacceptables aux yeux des autorités canadiennes.
«J'ai déjà exprimé nos inquiétudes envers le comportement général de la Russie. Nous continuons à être préoccupés par certains comportements de la Russie. Nous sommes préoccupés, mais en même temps nous allons continuer à dialoguer avec les Russes sur les questions des droits de la personne, de la démocratie et de l'espionnage», a affirmé M. Harper.
Il y a quelques semaines, le ministre de la Défense Peter MacKay avait révélé que des avions russes avaient pénétré dans l'espace aérien canadien le jour même de la visite du président des États-Unis Barack Obama au Canada. Les autorités russes avaient démenti vigoureusement ces informations.
La semaine dernière, l'OTAN a ordonné l'expulsion de deux diplomates russes à la suite de l'affaire Herman Simm. Ce dernier est un haut fonctionnaire estonien condamné en février dernier par la justice de son pays à 12 ans de prison pour avoir livré plus de 2000 documents secrets de l'OTAN à Moscou.
M. Simm a avoué avoir fourni des informations à des «membres des renseignements russes», mais Moscou a tout nié, parlant d'une «provocation grossière « basée sur des « prétextes fantaisistes».


Une expulsion qui ravive les tensions
« Représailles » de la Russie contre deux diplomates canadiens à l’OTAN
— L’expulsion de deux diplomates canadiens travaillant pour l’OTAN en Russie a ravivé de nouveau les tensions entre les deux pays, hier. Si Moscou a assuré qu’il ne s’agissait que de représailles « normales » contre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, le premier ministre canadien, Stephen Harper, y a vu la démonstration que les relations russo-canadiennes s’effritent.
Stephen Harper en compagnie du premier ministre de la République tchèque, Mirek Topolanek, hier à Prague.
« Ce n’est pas la guerre froide entre le Canada et la Russie. Mais ce n’est pas une relation idéale », a dit M. Harper en conférence de presse à Prague, où il participait au sommet Canada-Union européenne, hier.
Quelques jours après l’expulsion de deux diplomates russes en poste au siège social de l’OTAN à Bruxelles, en Belgique, la Russie a répliqué en montrant la porte à Isabelle François et à Mark Opgenorth, respectivement chef et chef adjoint du Bureau d’information de l’OTAN à Moscou.
À Prague, M. Harper a rétorqué que les deux Canadiens n’avaient rien fait d’illégal qui justifierait une expulsion. Le premier ministre a indiqué que le Canada continuera à exprimer ses inquiétudes chaque fois que la Russie se livrera à des activités inacceptables aux yeux des autorités canadiennes.
« J’ai déjà exprimé nos inquiétudes envers le comportement général de la Russie. Nous continuons à être préoccupés par certains comportements de la Russie. Nous sommes préoccupés, mais enmême temps nous allons continuer à dialoguer avec les Russes sur les questions des droits de la personne, de la démocratie et de l’espionnage », a affirmé M. Harper.
Il y a quelques semaines, le ministre de la Défense, Peter MacKay, avait révélé que des avions russes avaient passé tout près d’entrer dans l’espace aérien canadien le jour même de la visite au Canada du président des ÉtatsUnis, Barack Obama. Les autorités russes avaient démenti vigoureusement ces informations.
Néanmoins, les relations entre le Canada et la Russie « auraient besoin de s’améliorer », a estimé Peter MacKay en matinée.
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a rencontré, en après-midi hier, l’ambassadeur russe au Canada, Georgiy Mamedov, pour demander des explications et exprimer son inquiétude.
Il s’avère en fait que les deux diplomates canadiens étaient les seuls employés étrangers travaillant pour l’OTAN à Moscou. Après un froid diplomatique de plus de six mois, à la suite de l’invasion éclair de la Géorgie par les troupes russes, l’OTAN n’a repris que récemment le dialogue avec Moscou.
Un bureau sous pression
Une source bien au fait des relations entre l’alliance atlantique et la Russie, à Moscou, soutient toutefois que le Bureau d’information de l’OTAN (NIO), chargé d’informer la population sur les actions de l’alliance, est de plus en plus « mis sous pression » par la Russie depuis le sommet de Bucarest d’avril 2008. C’est à cette occasion qu’a été discutée une éventuelle adhésion à l’OTAN des ex-républiques soviétiques d’Ukraine et de Géorgie, ce à quoi s’oppose farouchement Moscou.
« Déjà, l’automne dernier, les Russes laissaient entendre que l’avenir du NIO était compromis, poursuit cette même source. L’épisode actuel est peut-être simplement utilisé pour mettre la clé sous la porte d’un organisme qui ne servait pas vraiment les intérêts russes. »
Mme François avait été nommée directrice du NIO en novembre 2004. Détachée à l’OTAN par le ministère de la Défense en 1998, elle a été l’un des principaux artisans de la création du Conseil OTAN-Russie en 2002.
Hier matin, la Russie n’a pas expliqué les raisonsprécises de ces expulsions à l’ambassadeur canadien Ralf Lysyshyn. Le ministère russe des Affaires étrangères s’est contenté de lui remettre une note diplomatique se référant à l’article 9 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Cet article stipule que « l’État accréditaire peut, à tout moment et sans avoir à motiver sa décision, informer l’État accréditant que le chef ou tout autre membre du personnel diplomatique de la mission est persona non grata [...] ».
Le Ministère russe a toutefois clairement indiqué par la suite qu’il répondait ainsi à une « action inamicale de la part de l’OTAN en ce qui concerne des officiels russes au quartier général de l’OTAN ».
Le 30 avril, l’OTAN a ordonné l’expulsion de deux diplomates russes, soupçonnés d’être liés à l’affaire Herman Simm. Ce dernier est un haut fonctionnaire estonien condamné en février dernier par la justice de son pays à 12 ans de prison pour avoir livré plus de 2000 documents secrets de l’OTAN à Moscou.
M. Simm a avoué avoir fourni des informations à des « membres des renseignements russes », mais Moscou a tout nié, parlant d’une « provocation grossière » basée sur des « prétextes fantaisistes ».
Le nouvel incident survient au moment où l’OTAN entamait hier une série d’exercices militaires en Géorgie, qui doivent durer un mois. La Russie avait estimé la semaine dernière que la décision de maintenir ces opérations dans un pays contre qui elle a combattu une guerre éclair l’été dernier relevait de la « provocation ».
Les partis de l’opposition à Ottawa ont dit espérer que l’expulsion des diplomates ne constituerait pas une nouvelle étape dans l’escalade des tensions entre le Canada et la Russie.




Jean Chrétien déplore le recul du Canada
PARIS — Rompant avec le devoir de réserve qu’il s’impose habituellement, Jean Chrétien estime que la décision du premier ministre Stephen Harper de se rendre en Chine d’ici la fin de l’année survient « trois ans trop tard ».
Hier, à Paris, l’ex-premier ministre s’est inquiété des changements survenus dans la politique étrangère canadienne sous le gouvernement Harper – qu’il n’a pas nommé. Il a déploré que le Canada ait abandonné l’Afrique et négligé la Chine.
M. Chrétien a porté c e jugement dans une allocution devant l’Association FranceCanada, quelques heures avant de se rendre à Londres où il sera reçu aujourd’hui dans l’Ordre du mérite britannique par la reine Élizabeth II.
«Sa politique étrangère a beaucoup changé. Malheureusement, nous avons disparu d’Afrique, nous avons perdu beaucoup de terrain en Chine et ce n’est pas bon », a-t-i l poursuivi devant un petit groupe de journalistes canadiens.
Stephen Harper aurait l’intention de se rendre en Chine avant la fin de l’année. « Mieux vaut tard que jamais », a commenté Jean Chrétien. « Apparemment, le premier ministre va y aller, mais c’est trois ans trop tard », a-t-il laissé échapper.
En Afrique aussi , Jea n Chrétien estime que « la voix du Canada est beaucoup moins forte ». « On a fermé les ambassades. À Ottawa, dans la rue, je rencontre des ambassadeurs de pays qui ont encore des ambassades au Canada alors qu’on n’en a plus dans leur pays. C’est un peu gênant, non ? » a-t-il demandé.


Le beigne et le fantasme  -  André Pratte
Pendant que le secrétaire général Ban Ki-moon et Barack Obama inauguraient la 64e session de l’Assemblée générale des Nations unies, Stephen Harper s’envolait vers Oakville pour participer à une cérémonie marquant le retour du siège social de Tim Hortons au Canada. Cette escapade a suscité l’indignation de beaucoup de Canadiens.
De fait, le premier ministre a commis une erreur. Mais pas pour les raisons que l’on croit.
Dans un éditorial résumant bien le point de vue de plusieurs, le Toronto Star écrivait hier: «Compte tenu de l’importance particulière de cette assemblée-ci, M. Harper semble avoir manqué une occasion en or d’attirer l’attention sur le point de vue canadien au sujet des questions internationales.»
Cette thèse n’est pas fondée. Si M. Harper s’était adressé à l’Assemblée générale, la salle aurait été aux trois quarts vide et personne n’aurait porté la moindre attention à ses propos. Les discours de la grande majorité des 65 chefs d’État ou de gouvernements ayant pris la parole depuis deux jours ont d’ailleurs été accueillis par une totale indifférence.
M. Harper n’a pas non plus participé à la table ronde sur les changements climatiques à laquelle l’ONU avait convié le Canada, qui lui aurait donné l’occasion d’échanger avec les dirigeants des Îles Comores et de la Micronésie... Comme son homologue britannique Gordon Brown, le premier ministre canadien s’est limité au dîner de travail organisé par le secrétaire général Ban Ki-moon pour 23 leaders, dont Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Hu Jintao, Dmitri Medvedev, Lula da Silva, etc.
Homme pratique et impatient, M. Harper a choisi d’utiliser son temps à autre chose que d’écouter du bla-bla diplomatique. Au symbole d’un chef de gouvernement canadien s’adressant à la planète, il a préféré le symbole d’un premier ministre proche des gens ordinaires, pour qui les beignes de Tim Hortons font davantage partie du quotidien que la réforme de l’ONU.
Et c’est là que le chef conservateur a commis une erreur. Le rôle du Canada dans le monde est un des fondements du nationalisme canadien. Les Canadiens sont convaincus que leur pays joue ou peut jouer un rôle crucial dans le monde. C’est un fantasme, le syndrome de Pearson. Sauf exception, notre pays n’a tout simplement pas le poids économique et militaire qui lui permettrait de jouir d’une grande influence dans les affaires internationales.
Si M. Harper devait prendre la parole à l’ONU et participer activement aux discussions sur les changements climatiques, c’est donc moins pour influencer la communauté internationale que pour rassurer les Canadiens sur la place de leur pays dans le monde. Pour entretenir le fantasme.

Ottawa veut désamorcer le protectionnisme américain  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le gouvernement Harper a soumis hier aux autorités américaines l’ébauche d’un accord bilatéral qui permettrait aux entreprises des États-Unis de participer aux appels d’offres pour des projets financés par les provinces et les municipalités, a appris La Presse.
De même, les entreprises canadiennes pourraient, elles aussi, soumissionner pour des projets financés dans le cadre du projet de relance de près de 800 milliards adopté par l’administration démocrate de Barack Obama.
Par cet accord, le gouvernement Harper tente de contrer les velléités protectionnistes des autorités américaines, en particulier la clause dite Buy American du plan de relance qui a pour effet d’exclure les entreprises canadiennes des appels d’offres reliés aux projets d’infrastructures des États américains et des municipalités.
Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a envoyé hier à son homologue américain, Ronald Kirk, une lettre expliquant les détails de la proposition canadienne à laquelle les provinces ont donné leur aval au cours des derniers jours.
Dans cette lettre, que La Presse a obtenue, M. Day exprime la volonté du gouvernement canadien de conclure un accord de réciprocité permanent qui permettrait aux entreprises des deux côtés de la frontière de participer aux appels d’offres lancés par les provinces et les municipalités canadiennes ainsi que les États et les municipalités américains.
« Notre proposition représente des avantages mutuels pour le Canada et les États-Unis », écrit M. Day dans la lettre.
« Non seulement cette proposition offre des avantages économiques à nos pays, mais elle montre un exemple concret au reste du monde que le protectionnisme n’est pas la solution à nos problèmes économiques actuels », ajoute M. Day.
L e mi n i s t r e a même annoncé à son homolo - gue qu’il confiait à son sous-ministre adjoint, Don Stephenson, le mandat de négocier les modalités d’un accord permanent pour illustrer le désir du Canada de régler ce dossier rapidement. Des fonctionnaires canadiens sont également prêts à se rendre à Washington dans les plus brefs délais afin d’expliquer les détails de la proposition canadienne pour que les négociations puissent être entamées.
Le gouvernement Harper, les dirigeants des provinces et des municipalités ont exprimé à plusieurs reprises leurs craintes de voir une montée du protectionnisme aux États-Unis. Ils ont aussi exhorté le président Obama et le Congrès américain à rayer cette clause dite Buy American, affirmant que cela pourrait faire dérailler la reprise économique. Ils ont aussi rappelé que ce sont des protectionnistes qui ont transformé la crise économique des années 30 en Grande Dépression. Ces dernières semaines, Ottawa et les provinces ont travaillé de concert pour lutter contre le vent de protectionnisme qui souffle au sud de la frontière. Stephen Harper et ses homologues des provinces ont même tenu une conférence téléphonique en juin afin de définir une position commune.
Cette épineuse question a aussi été discutée lors de la dernière réunion du Conseil de la Fédération à Regina, il y a deux semaines. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, s’est fait l’un des plus farouches défenseurs du libreéchange parmi les premiers ministres des provinces.

Le Canada persiste et signe  -  Agnès Gruda
Stephen Harper persiste et signe: tant que le gouvernement canadien n’aura pas réformé son système d’admission des réfugiés (NDE : alors pourquoi ne pas simplement le faire, justement, plutôt que de faire payer les autres parce qu'on n'aura pas voulu faire nous-mêmes notre travail ?...) , les voyageurs mexicains devront obtenir un visa avant de poser le pied au Canada.
Le président américain Barack Obama a signé des autographes, hier, à Guadalajara, après une séance photo officielle aux côtés du premier ministre canadien Stephen Harper et du président mexicain Felipe Calderon.
Les lois canadiennes sont « trop faibles » et ouvrent la porte à des demandes frauduleuses, a soutenu le premier ministre, hier, à Guadalajara, à l’issue du sommet annuel des dirigeants nord-américains.
« Ces demandes abusives sont injustes pour les vrais réfugiés et pour les autres immigrants », a fait valoir Stephen Harper, en soulignant que les Mexicains n’étaient pas responsables de cette nouvelle exigence. Le problème, selon lui, c’est bel et bien le laxisme du régime canadien.
Le nombre de demandes d’asile présentées par des Mexicains a explosé depuis cinq ans, passant de 3500 en 2005 à 9400 l’an dernier. Environ neuf demandes sur 10 finissent par être rejetées.
C’est pour freiner cet afflux qu’Ottawa a décidé d’imposer un visa aux voyageurs mexicains depuis la mi-juillet.
Du coup, les demandes d’asile ont fondu. Au cours des deux semaines suivant l’imposition du visa, 17 Mexicains ont fait une demande de statut de réfugié – contre 225 pendant les deux premières semaines de juillet.
Mais la nouvelle politique a aussi eu un impact sur le tourisme. « La moitié de nos clients ont annulé leur réservation », dit le voyagiste Alain Paquette, dont la compagnie, Amerigo Tours, reçoit chaque année 8000 Mexicains au Canada. « Les Mexicains sont enragés, ils ne veulent plus venir au Canada », déplore-t-il.
« Des réunions ont eu lieu pour convaincre les Canadiens qu’ils devraient trouver d’autres moyens que les visas pour limiter les demandes d’asile abusives », affirmait hier le quotidien mexicain La Jornada. Tous ces efforts ont été vains. Critiques
Au Canada, l’imposition de visas est loin de faire l’unanimité, et plusieurs craignent que des Mexicains qui ont réellement besoin de protection n’en fassent les frais.
Au fil des ans, des « agents » ont effectivement organisé à grands frais des filières d’immigration vers le Canada, en uti l isant les mécanismes d’asile, reconnaît Janet Dench, du Conseil canadien pour les réfugiés.
Mais au lieu d’imposer des visas, le Canada devrait plutôt faire des campagnes d’information pour que les Mexicains se tiennent loin de ces réseaux, croit-elle.
« Le degré de violence est très élevé au Mexique et l’État n’est pas toujours capable d’assurer la sécurité des gens », souligne-t-elle – un état de fait reconnu par un avertissement aux voyageurs affiché sur le site web du gouvernement canadien.
Or, depuis l’exigence de visa, les Mexicains qui veulent fuir cette violence ont peu de chances d’entrer au Canada, dit Mme Dench.
Oui, le traitement de demandes d’asile doit être amélioré, mais l’imposition de visas est une mauvaise solution, opine Thierry St-Cyr, critique du Bloc québécois en matière d’immigration. Selon lui, il faudrait plutôt rendre le régime plus efficace et moins aléatoire qu’il ne l’est aujourd’hui.
De son côté, l e Haut Commissariat pour les réfugiés encourage les États à ne pas utiliser l’imposition de visa comme moyen de réduire le nombre de demandeurs d’asile.

Une pression inutile  -  Michael Rathier
Le visa exigé des visiteurs mexicains cause un préjudice important à notre propre industrie touristique
Le fait que nos voisins et amis mexicains doivent dorénavant obtenir un visa pour visiter le Canada nous permet de constater avec étonnement à quel point des décideurs pourtant bien avisés peuvent parfois prendre des décisions qui manquent de vision.
Des dizaines de Mexicains ont pris connaissance, sans autre préavis, des nouvelles exigences du Canada la semaine dernière, à l’ambassade canadienne de Mexico.
Puisque les demandes de statut de réfugié du Mexique représentent maintenant plus d’un quart de toutes les demandes de personnes cherchant à fuir les conflits et la persécution, cette décision semble à première vue justifiée, équitable et raisonnable.
Sans autre préavis, un délai de conformité de 48 heures a été imposé à des milliers de ressortissants mexicains qui, de bonne foi, se préparaient à voyager dans diverses régions du Canada. Le tout exécuté à la veille de leur période de congé annuel estival.
Ce délai inéquitable a causé préjudice à notre propre industrie touristique avec d’innombrables annulations de billets d’avion, de réservations hôtelières, de locations de voiture, de rassemblements de familles et d’amis, sans compter l’état de panique créé dans nos établissements diplomatiques au Mexique. De nombreux reportages ont indiqué que des centaines de Mexicains tentaient toujours de soumettre leur demande de 85$ aux fonctionnaires canadiens pris de court. Mais à quoi a-t-on pensé?
Le Mexique n’est pas un quelconque pays d’un autre hémisphère. Cette puissance émergente est la 11e économie au monde. C’est un partenaire et ami de longue date du Canada. Nous entretenons d’excellentes relations avec ce pays depuis plus de 65 ans et nos liens se sont particulièrement resserrés au cours des 15 dernières années grâce à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Le Mexique est le cinquième marché d’exportation en importance pour le Canada. Au cours des 15 dernières années, des entreprises canadiennes ont injecté au Mexique plus de 9 milliards en investissements directs et nous sommes maintenant le troisième investisseur étranger en importance. Plus de 2000 entreprises canadiennes sont établies dans ce pays. En 2008, 1,2 million de Canadiens ont dépensé 1,5 milliard au Mexique.
Ces nouvelles tensions indésirables exercent ainsi une pression accrue sur nos industries touristiques respectives, déjà durement touchées cette année par le virus A (H1N1) au Mexique et la météo peu clémente du nord-est du Canada.
Le Mexique demeure la sixième source de visiteurs au Canada avec plus de 260 000 arrivées par an. Tourisme Montréal a indiqué que 90 000 Mexicains injectent chaque année environ 60 millions dans l’économie de la métropole. Une telle approche peu éclairée de la part de certains décideurs canadiens pourrait mettre en péril la viabilité de notre industrie touristique bilatérale et exercer une pression inutile sur une relation exemplaire… Et si le Mexique devait gentiment répliquer et éventuellement adopter une approche semblable en exigeant des visas et des frais des visiteurs canadiens ? À ce stade du débat, il a eu la sagesse de ne s’en prendre qu’aux représentants officiels du pays.
Derrière cette décision peu réfléchie réside la question des demandes d’asile formulées par un nombre grandissant de ressortissants mexicains cherchant à fuir leur conjoncture économique et sociale. Les défis liés à la hausse de la criminalité et de la pauvreté font du Canada un endroit de rêve pour nombre de Mexicains qui ne voient pas d’avenir pour leurs enfants et qui souhaitent leur offrir une part de cette terre d’accueil et de compassion.
De nombreux reportages ont aussi fait état de l’existence au Mexique de promotions frauduleuses formulées par des parties sans scrupules cherchant à profiter de notre système de demande d’asile, poussant ainsi des centaines de citoyens à tenter leur chance et entraînant une augmentation accrue et récente des demandes d’asile.
Plutôt que d’annoncer des mesures que l’on aurait pu mettre en place dans un délai raisonnable de 90 jours, d’accroître les ressources afin de mieux soutenir nos agents locaux d’immigration, de multiplier nos efforts de communication grand public afin de contrer la fraude et d’accélérer nos enquêtes sur ces agissements suspects, un bien-pensant a choisi une solution facile. Il a de ce fait pénalisé 96% des Mexicains de bonne foi souhaitant visiter notre pays. Bon coup pour nos relations bilatérales et tant pis pour les dommages causés à notre image à l’étranger. Beau travail, Canada !

Un visa contre les profiteurs du droit d’asile

Une décision irréfléchie  -  Raymond Tousignant
J’ai appris avec stupéfaction que le Canada avait décidé, de façon unilatérale, d’exiger un visa de tous les citoyens tchèques et mexicains qui désirent nous visiter. Plusieurs avaient trouvé draconienne la décision des ÉtatsUnis d’exiger un passeport des citoyens canadiens, et ce, même si nous avions été avisés plusieurs mois à l’avance. Dans le présent cas, c’est un visa que le Canada exige, en plus du passeport évidemment. Or, le Canada n’a pas fait de consultation et surtout, il ne donne aucun délai aux visiteurs. C’est incroyable et aberrant. Un porte-parole du gouvernement conservateur a déjà admis que des centaines de Mexicains font la file à l’ambassade du Canada à Mexico pour obtenir ce visa. De toute évidence, les fonctionnaires sont débordés et ne suffisent pas à la tâche. Si les Mexicains ne réussissent pas à obtenir leur visa à temps, ils perdront des centaines de dollars à cause de l’inconséquence de notre gouvernement. Le préjudice est réel. Dans quelle bulle vivent nos dirigeants pour en arriver à une décision aussi irréfléchie? Raymond Tousignant Montréal

Quel manque d’humanisme! -  Michael Sévigny
Je suis outré par la décision du gouvernement conservateur d’imposer un visa aux Mexicains. Outré par son ignorance et son manque d’humanisme. Le Mexique, aux prises avec toutes sortes de crises et de graves problèmes sociaux, dont certains sont étroitement liés à l’exploitation éhontée de ce pays, dont nous sommes responsables, ne saurait riposter et imposer un visa aux Canadiens sans mettre en péril les revenus provenant des touristes. Il faut être vraiment ignorant pour ne pas comprendre ce que vivent ces Mexicains et autres HispanoAméricains qui risquent leur vie en essayant de gagner le Canada ou les États-Unis, trop souvent dans des conditions dangereuses, sans un sou, laissant derrière eux famille et amis, dans le seul but de vivre leur vie dans la dignité et l’espoir. Des gens qui, je le répète, sont souvent victimes de ce que nous leur avons fait. Ce gouvernement me fait honte. Michael Sévigny Montréal
Depuis trois jours, les files (et la grogne) se succèdent devant l’ambassade du Canada à Mexico.




Le Mexique impose des visas aux officiels et aux diplomates canadiens
WASHINGTON— LeMexiquea décidé d’imposer des visas aux responsables gouvernementaux et aux diplomates canadiens, en rétorsion à la décision canadienne d’imposer un visa d’entrée aux Mexicains, a annoncé hier à Washington la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa.
« Aujourd’hui, nous avons décidé de suspendre l’accord qui exemptait de visas les passeports officiels et diplomatiques », a déclaré Mme Espinosa au cours d’une conférence de presse commune avec son homologue canadien, Lawrence Cannon, et la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, à l’issue d’une réunion trilatérale au département d’État.
LeMexique a en revanche décidé de ne pas imposer de visas aux nombreux touristes canadiens qui se rendent au Mexique, pour ne pas nuire à l’industrie touristique mexicaine, a précisé la ministre.
Sommet américain au Mexique
Mme Espinosa a aussi annoncé hier qu’un sommet nord-américain se tiendra au Mexique les 9 et 10 août. Le sommet réunira le président américain Barack Obama, son homologue mexicain Felipe Calderon et le premier ministre canadien Stephen Harper dans la ville de Guadalajara.



Des visas pour les Canadiens dans toute l’Europe ?
La présidence de l’UE est favorable à l’idée, mais Ottawa n’y croit pas
Les Canadiens devront-ils se munir d’un visa pour aller voir la tour Eiffel ou assister à un mariage en Italie ? S’il n’en tenait qu’à la présidence de l’Union européenne, la réponse serait oui, a-t-on appris hier. Mais le gouvernement canadien croit qu’une telle mesure est « impensable ».
L’ambassade du Canada à Prague, en République tchèque. Le gouvernement tchèque a réagi avec colère à la décision du gouvernement canadien de réimposer, à partir d’aujourd’hui, des visas aux Tchèques qui désirent entrer au Canada. La mesure, qui vise à freiner le nombre de demandeurs d’asile en provenance de ce pays, s’applique aussi au Mexique.
Interrogée hier sur la décision du Canada de réimposer dès aujourd’hui des visas aux ressortissants de la République tchèque, la Suède, qui vient de prendre les rênes de l’UE, a estimé hier qu’il serait approprié de rendre la pareille aux Canadiens en leur demandant d’obtenir des visas pour séjourner dans l’Europe des 27.
En entrevue avec La Presse hier, le ministre canadien de l’Immigration, Jason Kenney, a dit d’emblée ne pas croire à cette menace. « Je suis certain que ça n’arrivera pas. Nous avons rencontré l’ambassadeur de l’Union européenne et il n’a donné aucune indication d’une telle intention. Depuis toujours, le Canada a une obligation de visas pour les citoyens de la Roumanie et de la Bulgarie, néanmoins, l’Union européenne n’a pas menacé le Canada de l’imposition d’un visa », a indiqué le ministre hier.
Au sein de l’ Union européenne, la possibilité d’exiger des visas aux ressortissants canadiens ne semble pas pour le moment faire l’unanimité. Après que son gouvernement se soit dit en faveur de l’imposition de visas pour les Canadiens, le faits pour « rétablir la possibilité de voyage sans visa » pour les ressortissants de la République tchèque, sans évoquer la possibilité d’imposer des visas aux ressortissants canadiens.
Certains analystes cités hier dans les médias tchèques ont ministre de l’Immigration suédois, Tobias Billström, a renvoyé la balle hier à la Commission européenne, soulignant qu’il lui revenait de gérer les « mécanismes de réciprocité » prévus dans ce type de dossier.
Or, la Commission ne montre aucun empressement à procéder en ce sens. Hier, son président, Jose Manuel Barroso, s’est contenté de réitérer qu’il « regrettait » la décision canadienne, reprenant la position expr i mée la vei l le pa r un porte-parole.
M. Barroso a assuré que « tous les efforts nécessaires » seraient prévenu que la mesure de réciprocité ne pourrait s’appliquer qu’à l’issue de consultations s’étalant sur plusieurs mois, rendant peu probable une action musclée de l’UE à court terme, si action il y a.
Les autorités tchèques avaient prévenu le Canada, afin de le décourager d’aller de l’avant, que la réintroduction de visas aurait des « effets potentiels négatifs » sur ses liens avec la République tchèque et l’UE.
Prague en colère
Prague a réagi avec colère à la décision du gouvernement conservateur, qui vise à freiner le nombre de demandeurs d’asile en provenance du pays. La même mesure s’appl ique au Mexique qui, depuis 2006, représente la principale source de demandeurs d’asile pour le Canada. La République tchèque suit tout juste derrière. « Depuis quelques semaines, il y a un vol sans escale entre Prague et Toronto et cela a causé une augmentation notable de demandes de statut de réfugiés. Si on n’avait pas pris d’action maintenant, on aurait vu des milliers de citoyens tchèques débarquer au Canada pour demander l’asile, a justifié M. Kenney hier. Notre système d’immigration aurait alors subi de lourdes pression. »
Hier, le président de la République tchèque, Vaclav Klaus, a fustigé l’inertie de la Commission européenne en soulignant que le Canada était libre d’agir comme il l’entend dans le dossier, alors que son pays « a les mains liées » par l’UE. « C’est Bruxelles qui va décider pour nous », a déclaré le président.
La décision canadienne risque d’alimenter le sentiment anti-européen existant dans le pays, souligne Petr Pesek, qui est responsable de la section internationale de l’un des principaux quotidiens tchèques.
Elle risque aussi, ironiquement, d’alimenter la rhétorique de formations d’extrême droite qui cherchent à attiser la haine contre la communauté rom, a indiqué en entrevue M. Pesek. La vaste majorité des demandeurs d’asile provenant de la République tchèque sont issus de cette minorité.
« Le gouvernement dit aux gens qu’il ne faut pas blâmer les Roms, qu’il ne faut pas faire d’eux les victimes de la colère populaire (découlant de l’action canadienne) », a indiqué le journaliste, joint hier à Prague.
Le pays lui-même n’échappe pas aux polémiques de visas, puisqu’il a été critiqué au printemps pour avoir modifié ses politiques en vue d’endiguer l’immigration professionnelle en provenance d’une demi-douzaine de pays asiatiques et esteuropéens. Les ressortissants étrangers qui ont perdu leur travail et qui veulent retourner dans leur pays d’origine se voient offrir un billet d’avion et une aide de 500 €.




Obligation d’obtenir un visa pour entrer au pays
  Tchèques et Mexicains sont ulcérés
Unenouvelle exigence canadienne, qui obligera dès demain tous les ressortissants mexicains et tchèques à semunirdevisaspour entrer au pays, a suscité une levée de boucliers hier dans les deux pays visés et semé l’émoi dans l’industrie touristique.
Inquiets à propos de leurs vacances, de nombreux Mexicains sont allés hier à l’ambassade canadienne à Mexico pour en savoir davantage sur les nouvelles mesures imposées par le Canada.
Piqué à vif par la décision d’Ottawa rendue publ ique lundi, le gouvernement tchèque a rétorqué hier matin en annonçant que les détenteurs de passeports diplomatiques canadiens devront eux aussi obtenir un visa avant de visiter le pays d’Europe centrale. Toujours en guise de protestation, l’ambassadeur tchèque à Ottawa a été rappelé à Prague.
« Nous percevons l’introduction d’un visa pour les citoyens tchèques comme une mesure unilatérale non amicale de la part du Canada », a commenté hier le premier ministre tchèque, Jan Fischer, lors d’un point de presse.
La l ibre c i rc u l at ion des Tchèques au Canada était plutôt récente. De 1997 à 2007, le gouvernement canadien exigeait l’obtention d’un visa pour les citoyens de ce pays. La trêve, qui a débuté en novembre 2007, aura été de courte durée.
Dans un communiqué de presse, le ministre canadien de l’ Immigration Jason Kenney explique que le Canada a dû se résoudre à imposer des visas pour endiguer le flot de demandeurs d’asile en provenance de la République tchèque.
Selon les autorités canadiennes, en 2007 seulement, 3000 personnes, dont la majorité appartient à la minorité rom – ou t zigane – ont revendiqué l’asile au Canada. Prague conteste ce chiffre et estime à 1565 le nombre de ses citoyens qui ont fait une telle demande entre novembre 2007 et mars 2009.
« Nous avons essayé de dissuader le Canada d’aller de l’avant avec cette mesure. La République tchèque croit que c’est une mesure fautive », a dit hier le premier ministre Fischer. Invoquant une clause de solidarité, le politicien tchèque a demandé hier à l’Europe des 27 d’émettre des sanctions contre le Canada.
En guise de réponse , la Commi s s ion européenne a déploré la décision canadienne, mais a annoncé qu’elle n’imposera pas systématiquement de visas pour les Canadiens.
Le Mexique espère un retournement
Tout aussi touché par la mesure, le Mexique, dans sa réaction officielle, a dit « regretter » l’imposition de visas aux Mexicains tout en reconnaissant que le Canada a agi de la sorte afin de freiner « l’augmentation substantielle de demandes d’asile frauduleuses de la part de citoyens mexicains ».
Depuis 2006, le Canada a connu une véritable explosion dans le nombre de demandeurs d’asile en provenance du Mexique. En 2008, selon le ministère de l’Immigration, 9400 Mexicains ont revendiqué le statut de réfugiés au Canada. De ce nombre, seulement 11% ont été acceptés.
Les experts de l’immigration rapportent qu’un réseau d’agences vend le Canada et plus spécialement Montréal comme une destination de rêve aux Mexicains. « Ils disent à des gens honnêtes que le Canada cherche des travailleurs. Quand ils arrivent au Canada, ces Mexicains réalisent qu’on leur a menti. On leur dit alors de dire telle ou telle chose aux autorités », a rapporté hier Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.
S’il reconnaît que l’augmentation importante du nombre de demandeurs d’asile donne du fil à retordre aux organismes qui leur viennent en aide, M. Reichhold note que l’imposition de visas fermera la porte à ceux qui ont des raisons valides de demander la protection du Canada. « Soit ils seront devant une porte fermée, soit ils devront passer la frontière illégalement », a-t-il déploré.
Le tourisme en émoi
L’industrie canadienne du tourisme a elle aussi été secouée par la nouvelle. À Tourisme Montréal hier, on comprenait mal que le gouvernement agisse ainsi alors que des milliers de Mexicains s’apprêtent à arriver au pays pour leurs vacances.
« À Montréa l seulement, nous recevons 90 000 touristes mexicains annuellement qui dépensent 60 millions. Près de la moitié d’entre eux visitent Montréal entre juillet et septembre », a remarqué hier la porteparole de Tourisme Montréal, Martine Lizotte.
Les ressortissants tchèques et mexicains qui arriveront au Canada aujourd’hui pourront faire une demande de visa à la frontière, mais ceux dont l’arrivée est prévue après minuit ce soir devront se rendre à un consulat canadien pour obtenir un permis de résidence temporaire. Ils devront alors convaincre l’agent d’immigration qu’ils sont capables d’acquitter les coûts de leur séjour et qu’ils comptent rentrer chez eux après leur visite.
Dans un communiqué, le ministre de l’Immigration du Canada admettait lundi que des délais sont à prévoir.

DEMANDE DE REPORT
Pris de court par l’annonce inattendue du ministère de l’Immigration, les agents de voyage et des hôteliers demandent au gouvernement conservateur de repousser au moins jusqu’au 15 novembre l’entrée en vigueur de la nouvelle exigence, qui risque de priver le Canada de centaines de millions de dollars. D’après le directeur des ventes de l’agence Amerigo Tours, Alain Paquette, le moment choisi par le fédéral ne pourrait être pire. «C’est le début de la haute saison», a-t-il souligné lors d’un point de presse. L’annulation prévisible de plusieurs de ces expéditions aura des conséquences dramatiques non seulement pour les agences, mais aussi pour les guides, les hôtels, les restaurants et les attractions touristiques du pays. «C’est le marché numéro quatre sur le plan des marchés outre-mer au Canada, donc ça va être désastreux», a-t-il insisté.



Dispute concernant les projets d’infrastructures
BURLINGTON, Ont. — Les libéraux ont choisi un champ de culture de graines de soya et les con ser vateu r s , u ne station d’autobus, hier, afin de démontrer avec précision combien d’argent a j usqu’à maintenant été consacré aux projets d’infrastructures visant à relancer l’économie.
Chacun de leur côté, les deux partis ont profité de l’occasion pour accuser l’autre de tromper les Canadiens à des fins politiques.
« Le problème ne vient pas seulement du fait que peu d’argent sorte, c’est le fait qu’il va systématiquement dans des circonscriptions représentées par des députés conservateurs », a lancé le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.
De passage à Burlington, à l’ouest de Toronto, M. Ignatieff s’est installé devant une terre agricole, qui doit être transformée en parc, et l’a citée en exemple pour expliquer pourquoi il ne fait aucunement confiance au gouvernement Harper.
« I l s’agit d’u n exemple parmi des milliers d’autres où ils annoncent quelque chose et que rien ne se produit », a ajouté M. Ignatieff, tout en dévoilant les résultats de recherches laissant croire que seulement 12% des 4 milliards de dollars devant être investis dans des projets de création d’emplois avaient été dépensés.
Ces recherches, menées par le porte-parole libéral en matière d’in frastr uctu res, G era rd Kennedy, affirmaient que 4800 emplois, au plus, avaient été créés depuis l’instauration du programme d’infrastructures dans le cadre du budget de janvier dernier. De plus, selon le rapport libéral, la circonscription moyenne représentée par un député conservateur aurait reçu 13 fois plus d’argent que celle représentée par un député de l’opposition en ColombieBritannique, et 2,7 fois plus au Québec. En Ontario, les circonscriptions conservatrices auraient obtenu 11 fois plus que celles appartenant à l’opposition.
Le ministre de l’Infrastructure, John Baird, a répliqué qu’Ottawa agissait avec célérité, et qualifié de « totalement fausses » les données émises par le Parti libéral.

Industrie Canada reste passif devant la possibilité d'une récupération canadienne de Nortel
Ottawa invité à arbitrer le différend entre RIM et Nortel
TORONTO — Les dirigeants politiques canadiens risquent de rater une occasion en or de démontrer leur engagement envers l’économie canadienne s’ils demeurent passifs alors que Research In Motion, fabricant canadien du BlackBerry, demande de l’aide pour pouvoir participer à l’appel d’offres pour les actifs sans fil de Nortel, indiquaient hier des observateurs de l’industrie.
Hier, le titre de Research In Motion (RIM) a dégringolé au moment où le fabricant du BlackBerry (notre photo) manifestait son intérêt pour acquérir des actifs de la filiale sans fil de Nortel Networks.
« Il s’agit d’une occasion qui s’offre à I ndustrie Canada de réagir et d’établir le leadership du Canada dans un secteur où nous avons traditionnellement été en tête dans le monde en matière d’innovation et de c réation de marché » , a fa it valoir Carmi Levy, analyste de l’industrie des télécommunications à AR Communications. « Demeurer passif et ne rien faire pendant qu’un prétendant canadien se manifeste et qu’il est prêt à signer un gros chèque serait l’équivalent pour le gouvernement canadien de fuir ses responsabilités envers le peuple canadien », a-t-il ajouté.
« De l a pression politique s’exerce même si nous conservons les emplois et l’innovation, et il y a un certain prestige à l’échelle mondiale dans le fait d’avoir son siège social au Canada », observe pour sa part Duncan Stewart, directeur de l’analyse à DSam Consulting.
Hier, le titre de Research In Motion ( RIM) a dégringolé au moment où fabricant du BlackBerry manifestait son intérêt pour acquérir des actifs de la filiale sans fil de Nortel Networks. Toutefois, RIM soutient qu’il est empêché de présenter une offre. L’action de l’entreprise a baissé de 1,19$, à 81,99$, à la Bourse de Toronto. L’heure limite pour présenter des offres pour des actifs de Nortel selon un processus supervisé par le tribunal était à 1h hier.
Question de sécurité
Dans un bref communiqué publié tard lundi, RIM appelle Ottawa à revoir le processus d’offres pour les activités sans fil de Nortel. Elle soutient que qu’elle a été écartée injustement à cause de son souhait d’acheter aussi d’autres actifs de Nortel.
L’entreprise de Waterloo, en Ontario, estime qu’il pourrait y avoir des implications quant à la sécurité nationale si la technologie de Nortel devait passer à des mains étrangères, ajoutant que le gouvernement fédéral devrait revoir la situation.
« RIM s’est fait dire qu’il pourrait participer à l’appel d’offres uniquement s’il promettait de ne pas soumettre d’offres pour d’autres actifs de Nortel pendant une période d’un an », a indiqué Research In Motion.
Tony Clement, ministre fédéral de l’Industrie, a réagi en précisant qu’il souhaite que le secteur privé décide lui-même de l’issue de la situation. « Je suis au courant des discussions entre Nortel et RIM, a indiqué M. Clement dans un communiqué. Mes responsables et moi-même suivons la situation de près. Étant donné que Nortel est sous la protection du tribunal en vertu de la loi sur les faillites, le gouvernement du Canada n’a pas son mot à dire quant à la manière dont le juge décide du jugement à rendre en ce qui concerne toute vente proposée d’actifs de Nortel. »

Financement fédéral des infrastructures provinciales  Ottawa tarde à payer, accuse le NPD

OTTAWA— LeNPDaccuse le gouvernement Harper de mettre trop de temps à débloquer les sommes qu’il avait annoncées dans son budget de 2007 pour des projets d’infrastructure.
Le Nouveau Parti démocratique a remis à La Presse des documents qui montrent en effet qu’Ottawa a tardé à mettre en place certaines portions de son programme, dont un financement annuel de base de 25 millions pour le Québec.
Le budget de 2007 annonçait une enveloppe totale de 33 milliards destinée aux infrastructures, ce qui incluait le Fonds de la taxe sur l’essence et le remboursement de la TPS. Cinq sousenveloppes avaient été créées, dont le Fonds Chantier Canada, un financement de base annuel égal par province et un fonds destiné aux partenariats publicprivé (PPP).
Or, rien n’a encore été dépensé dans les PPP, alors que 214 millions auraient déjà dû l’être, selon les projections du budget 2007. Quant au financement de base de 25 millions par année pour chaque province et territoire, le Québec et l’Ontario étaient les seules provinces à ne pas avoir reçu un sou à la fin du mois d’avril, selon les documents émanant du gouvernement.
Au bureau de la présidente du Conseil du Trésor du Québec, Monique Gagnon-Tremblay, on a toutefois indiqué vendredi que Québec avait reçu 100 millions pour ce financement de base la semaine dernière. Néanmoins, le chef du NPD, Jack Layton, n’est pas impressionné par le peu d’empressement qu’a démontré le gouvernement fédéral jusqu’ici.
« Le gouvernement se vante d’avoir dépensé tant de milliards de dollars. Mais quand on lui demande de préciser combien exactement, on voit l’idéologie Harper de ne pas dépenser les sommes, même quand elles ont été adoptées à la Chambre des communes… Les chiffres sont tout à fait différents des annonces », a lancé le chef néo-démocrate.
Les données, contenues dans la réponse qu’a fournie le gouvernement il y a quelques jours aux questions d’un député néo-démocrate, font craindre le pire à Jack Layton pour le plan de relance économique du budget fédéral de 2009.
« C’est la même chose avec cette déclaration de M. Harper », a souligné M. Layton, en parlant du rapport d’étape présenté par le premier ministre jeudi, et dans lequel il s’est vanté d’avoir déjà « engagé » 80% des dizaines de milliards promis pour stimuler l’économie au moyen de projets d’infrastructure.
« Il a dit que 80% étaient engagés pour les dépenses, mais quand on examine leur attitude et la réalité pendant les deux dernières années, on trouve que même le Fonds chantier Canada n’a pas atteint le niveau de dépenses annoncées », a-t-il dit.
Le NPD dénonce le fait que, après deux ans d’un programme qui doit durer sept ans, seulement 24% des sommes prévues pour le Fonds chantiers Canada, les infrastructures aux frontières, les PPP, le financement de base aux provinces et le Corridor AsiePacifique ont été dépensées. Au total, c’est donc 3,8 milliards sur 15,423 milliards. Il s’agit là de la portion de l’enveloppe totale de 33 milliards qui pourrait être accélérée en raison de la situation économique, contrairement au Fonds de la taxe sur l’essence, par exemple, qui constitue un financement fixe chaque année.
Ainsi, les dépenses dans ces cinq fonds sont sensiblement les mêmes que ce qui avait été projeté pour 2007. Jack Layton trouve la situation inacceptable dans le contexte où le gouvernement avait promis d’accélérer ses dépenses d’infrastructures pour faire face à la crise.
« On va continuer de presser le gouvernement là-dessus. Pourquoi doit-on croire ce que le premier ministre a dit jeudi concernant son plan d’action économique ? Nous n’avons pas eu de résultats pour le Fonds chantiers Canada… Pourquoi doit-on croire ce qu’il est en train de dire maintenant concernant le dernier budget? »
Les députés de tous les partis doivent voter cette semaine des crédits supplémentaires au budget. Ils se prononceront donc sur les efforts de relance économique du gouvernement Harper, un vote de confiance qui peut entraîner sa chute. Or, le NPD et le Bloc québécois ont déjà dit qu’ils se prononceraient contre. La décision de plonger ou non le pays dans des élections revient donc encore une fois au Parti libéral.




Forêt : Ottawa se tire dans le pied
Le Bloc critique la stratégie du gouvernement Harper
— Le gouvernement canadien nuit à sa propre cause, devant un tribunal international chargé d’évaluer la légalité des garanties de prêts pour soutenir l’industrie forestière en crise, en affirmant à la Chambre des communes que cette mesure pourrait être jugée illégale en vertu du droit commercial.
C’est du moins ce qu’a soutenu hier le Bloc québécois après avoir obtenu le compte rendu des plaidoyers des avocats du gouvernement des États-Unis devant le Tribunal international d’arbitrage de Londres, en Grande-Bretagne.
Ce s avoc a t s ont u t i l i s é abondamment certaines des déclarations de ministres du gouvernement Harper pour prouver que les garanties de prêts contreviendraient à l’accord sur le bois d’oeuvre conclu entre le Canada et les États-Unis.
Depuis des semaines, le Bloc québécois presse le gouvernement Harper d’accorder des garanties de prêts pour soutenir les entreprises forestières, durement touchées par la récession économique et l’effondrement du marché immobilier aux États-Unis.
Or, le gouvernement conservateur refuse en alléguant qu’une telle mesure pourrait être illégale, et que deux causes concernant des garanties de prêts sont présentement devant les tribunaux pour arbitrage.
Mais devant le tribunal de Londres, les avocats du gouvernement canadien défendent justement la légal ité de ces garanties de prêts. Les avocats du gouvernement américain ont récemment soutenu que le plaidoyer des avocats du Canada était contredit par les propos tenus à la Chambre des communes par les ministres du gouvernement Harper.
Hier, le chef bloquiste Gilles Duceppe a vertement critiqué la stratégie du gouvernement Harper dans ce dossier. « C’est assez épouvantable. Les avocats américains se servent des déclarations des ministres en Chambre pour dire que la position des avocats du Canada n’est pas sérieuse puisque ceux qui les engagent, les ministres, disent exactement le contraire. On les avait prévenus que c’est ça qui se passerait », a précisé M. Duceppe.
Aux Communes, le ministre Stockwell Day a invité le Bloc québécois à attendre la décision du tribunal de Londres avant de sauter aux conclusions.
« La question des prêts est devant la cour. Nous devons attendre la décision. Pendant que cela est traité en cour, nous avons beaucoup de programmes pour appuyer les entreprises forestières. Juste l’année passée, nous avons donné de l’aide (…) à plus de 430 entreprises forestières dans la province de Québec », a dit M. Day.




Les associations de consommateurs restent sur leur faim
Ottawa a proposé hier de nouvelles mesures pour protéger davantage les utilisateurs de cartes de crédit.
Le hic, c’est que la plupart de ces mesures ont déjà cours au Québec.
« Ça ressemble beaucoup à des mesurettes, a déploré le responsable des communications de l’Union des consommateurs, Charles Tanguay. Il y en a plusieurs qui ont déjà en vigueur au Québec par la voie de la Loi sur la protection du consommateur. »
C’est ainsi que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué hier que les utilisateurs pourront bénéficier d’une période de grâce de 21 jours sans intérêt pour les nouveaux achats, à condition de payer le solde en entier.
« Ce ne sera pas nouveau pour les Québécois, a commenté M. Tanguay. Nous sommes contents de voir que le gouvernement fédéral s’inspire de la réglementation québécoise pour imposer des mesures partout, mais pour ici, ce n’est pas grand-chose. »
Élise Thériault, conseillère juridique chez Option consommateurs, a ajouté que certaines mesures québécoises allaient encore plus loin que les nouvelles mesures proposées par le ministre Flaherty.
Le ministre a ainsi annoncé que les institutions financières ne pourront plus hausser la limite de crédit d’une personne sans obtenir son consentement explicite.
« Au Québec, c’est le consommateur qui doit demander une hausse de sa limite de crédit », a fait observer Mme Thériault.
M. Flaherty a fait savoir que les institutions financières ne pourront plus imposer des frais lorsqu’un client dépasse involontairement sa limite de crédit parce qu’un commerçant a fait une retenue sur le crédit disponible.
Ce genre de retenue est notamment effectué par les stationsservices et les hôtels qui veulent ainsi s’assurer de la disponibilité des fonds.
M. Tanguay a affirmé que ces frais étaient déjà illégaux au Québec parce qu’une institution financière ne peut augmenter la limite de crédit sans la demande du client.
« Lorsqu’une transaction a pour effet de dépasser la limite de crédit, elle devrait être refusée », a-t-il affirmé.
Le ministre Flaherty a aussi proposé des limites aux pratiques de recouvrement des institutions financières. Celles-ci ne pourront plus essayer de communiquer avec les clients retardataires après 21h les jours de semaine et le samedi, et après 17h le dimanche.
« Au Québec, la loi demande à ce que ces communications aient lieu entre 8h et 20h du lundi au samedi, a indiqué Mme Thériault. Il n’y a pas de recouvrement le dimanche. »
M. Tanguay, de l’Union des consommateurs, a trouvé intéressant le fait que le ministre Flaherty propose d’obliger les institutions financières à favoriser davantage les consommateurs lorsque ceux-ci effectuent un paiement supérieur au minimum requis. À l’heure actuelle, les institutions affectent ces paiements au solde impayé portant le taux d’intérêt le moins élevé (les taux d’intérêt varient souvent selon qu’ils s’appliquent à des achats, des transferts de solde ou des avances de fonds). Les nouvelles mesures fédérales les obligeront à affecter ces paiements au solde portant le taux le plus élevé, ou à répartir les paiements de façon proportionnelle entre les différents types de soldes.
« Ma l heu r eu s ement , M. Flaherty n’a pas pris complètement le camp des consommateurs, a déploré M. Tanguay. Il aurait pu se brancher et demander carrément à ce que les paiements soient affectés au solde portant le taux le plus bas, au lieu de permettre une répartition au prorata. »
Les principales critiques des organisations de protection des consommateurs ont cependant porté sur les mesures que le ministre fédéral n’a pas proposées, comme un mécanisme visant à limiter les taux d’intérêt des cartes de crédit.
« Le taux directeur n’a jamais été aussi bas, alors que les taux des cartes de crédit n’ont jamais été aussi hauts, a dénoncé Mme Thériault. Ce n’est pas normal qu’on n’essaie pas de trouver une solution à ce problème-là. »
M. Tanguay a également souligné que les frais imposés aux commerçants étaient de plus en plus élevés. « C’était de 2% par transaction, ça frôle maintenant les 4 ou 5%, a-t-il affirmé. C’est caché dans le prix des biens et services qu’on achète, qu’on paie au comptant ou par carte de crédit. »
L’Association des banquiers canadiens n’a pas non plus apprécié les mesures du ministre Flaherty, mais pour de tout autres raisons.
« Ce projet de règlement pourrait limiter la capacité des banques de fournir certains des services auxquels les clients s’attendent, restreindre le nombre d’options de cartes de crédit et réduire la disponibilité du crédit dans le cas de certains clients », a affirmé le directeur de l’association pour le Québec, Jacques Hébert.
Il a ajouté que les changements qu’il faudra apporter au système seront particulièrement coûteux, à un moment où les banques ressentent les effets de la récession.



Paul Martin estime que Harper doit donner l’heure juste
WATERLOO, Ontario — L’ex-premier ministre Paul Martin croit que le gouvernement Harper doit élaborer un plan clair pour éliminer le déficit.
L’ancien premier ministre Paul Martin
M. Martin a tenu ces propos hier à Waterloo, en Ontario, pendant une conférence organisée par le Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale. Il a expliqué que son gouvernement avait laissé un surplus de 13 milliards mais que les conservateurs l’avaient entièrement dépensé, avant le début de la récession.
« Le surplus a disparu avant même qu’un sou soit dépensé sur les mesures de relance économique », a déploré Paul Martin. Selon lui, si le gouvernement n’avait pas touché au surplus, il y aurait eu assez d’argent dans les coffres d’Ottawa pour couvrir les coûts d’un programme d’aide de plusieurs milliards sans avoir besoin d’enregistrer un déficit.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a récemment estimé le déficit total de l’année courante à 55,9 milliards. Toutefois, M. Flaherty a promis de rééquilibrer le budget d’ici l’année fiscale 2015-2016 en faisant des compressions dans les dépenses publiques et en se fiant sur des revenus plus élevés provenant des taxes. Il a juré qu’il n’augmenterait pas les taxes et qu’il ne toucherait pas aux transferts des provinces.
Mais Paul Martin, qui est connu pour avoir éliminé le déficit fédéral lorsqu’il était ministre des Finances de 1993 à 2002, estime que les Canadiens méritent de connaître l’heure juste quant aux mesures que prendra le gouvernement pour éliminer le déficit structurel qu’il a créé. « Ce n’est pas assez de dire qu’il y aura un plan, at-il soutenu. Le gouvernement devrait avoir unplanmaintenant et le présenter aux Canadiens », a ajouté M. Martin.
Mais cela ne veut pas dire que le gouvernement devrait éliminer le déficit immédiatement, selon Paul Martin. Il croit plutôt que le Canada et les autres pays doivent attendre le bon moment avant de diminuer les dépenses.
Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence économique internationale, Paul Martin avait exhorté les membres du G20 à créer une instance internationale pour coordonner la régulation des systèmes financiers pour éviter une nouvelle crise économique. Il croit que la participation des pays à cette nouvelle instance devrait être obligatoire.

La foire aux illusions  -  CLAUDE PICHER
Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a annoncé cette semaine que le déficit budgétaire de l’exercice en cours atteindra 56 milliards. C’est 6 milliards de plus que ses prévisions du printemps dernier, et 22 milliards de plus que le déficit prévu dans son budget de janvier.
Il est certain que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a été pris de court, mais il n’a pas pour autant perdu le contrôle des finances publiques.
Le ministre a-t-il perdu la maîtrise de la situation ?
Pour l’économiste et député l i béra l J ohn McCal l u m, la réponse est claire : « Les Canadiens, dit-il, ne peuvent plus avoir confiance en ce ministre. »
La réalité n’est pas aussi simple. S’il avait lui-mêmeété dans les chaussures de M. Flaherty, le député McCallum n’aurait sans doute pas fait les choses différemment.
Les prévisions émises par le ministère des Finances, en janvier, étaient basées comme toujours sur les renseignements les plus fiables disponibles à l’époque, et reflétaient le consensus des économistes des grandes institutions du secteur privé. On s’attendait à ce moment à une contraction économique de 0,8% en 2009. Or, la récession a été beaucoup plus dure que prévu, et on parle aujourd’hui d’un recul de 2,3%. Chaque fois que le produit intérieur brut (PIB) recule de 0,1%, cela coûte 1,5 milliard au gouvernement.
M. Flaherty a été pris de court, c’est certain, mais on ne peut pas conclure pour autant qu’il a perdu le contrôle des finances publiques. Toutes proportions gardées, la situation est autrement plus tolérable, aujourd’hui, qu’elle ne l’était il y a 15 ans, au pire de la crise des finances publiques. À l’époque, la dette fédérale atteignait 72% du PIB; aujourd’hui, elle se situe à 29%.
En revanche, lorsque le ministre affirme que le gouvernement pourra revenir au déficit zéro dans six ans, grâce à des restrictions budgétaires dont la nature reste à préciser, et sans hausser les impôts ni sabrer les transferts aux provinces, il entretient une vaste foire aux illusions.
L’expérience montre que les choses ne se passent pas comme cela.
Pour mieux comprendre la vraie nature des défis qui attendent M. Flaherty et ses successeurs, faisons un petit rappel historique.
En 1993-1994, les finances publiques fédérales sont dans un état de délabrement avancé. Cette année-là, l’ensemble des recettes budgétaires se situe à 113 milliards. Ce montant provient essentiellement des taxes et impôts. La même année, l’ensemble des dépenses se chiffre à 155 milliards. Cela laisse un gigantesque déficit de 42 milliards. Le pire, c’est que tout cet argent ne sert pas à financer des services à la population, mais à payer les intérêts sur la dette.
Il a fallu quatre ans pour redresser la situation. En 19971998, le ministre libéral Paul Martin annonce des recettes de 152 milliards et des dépenses de 149 milliards, pour un surplus de 3 milliards.
Apprécions l’ampleur de ce revirement : 45 milliards, ce n’est quand même pas rien.
En scrutant les chiffres de plus près, nous voyons que pour parvenir au déficit zéro, le gouvernement a augmenté ses recettes, donc les taxes et les impôts, de 39 milliards, ou 35 %. Pendant la même période, i l s’imposait des compressions budgétaires de 6 milliards, ou seulement 3%.
Ces compressions englobent aussi bien les mises à pied et les gels salariaux dans la fonction publique, la réduction draconienne des transferts aux provinces, le massacre de certains programmes sociaux comme l’assurance emploi ou les pensions de vieillesse, l’érosion des subventions agricoles, les compressions dans le financement des sociétés d’État, la suppression d’une quarantaine d’agences et organismes gouvernementaux, et j’en passe. Pour arriver à comprimer ses dépenses de 3 %, Ottawa a imposé d’énormes sacrifices aux provinces, aux chômeurs, aux aînés, aux fonctionnaires.
Or, malgré les hauts cris des provinces, des syndicats et des lobbies de toutes sortes, ces sacrifices ne sont rien à côté de ce qu’on a demandé aux contribuables.
La véritable vache à lait du gouvernement, ce sera la désindexation des impôts, introduite par le conservateur Michael Wilson et maintenue par Paul Martin. La désindexation est une augmentation d’impôts pernicieuse: même si les taux d’imposition ne montent pas, les contribuables paient de plus en plus d’impôts parce qu’ils progressent beaucoup plus rapidement dans les fourchettes d’imposition non indexées.
Une autre mesure introduite par le gouvernement Mulroney et poursuivie par celui de Jean Chrétien a apporté des milliards aux coffres fédéraux, et fortement contribué à éliminer le déficit et à rembourser la dette : c’est la réforme de l’assurance-emploi, qui a augmenté les cotisations et réduit les prestations.
Les cotisations sont directement ajoutées aux autres recettes budgétaires. Les prestations sont également comptabilisées comme une dépense budgétaire. Avec la réforme, les cotisations sont devenues plus importantes que les prestations. Il s’en est automatiquement dégagé un surplus qui a été canalisé directement sur la réduction du déficit.
Dans ces conditions, lorsque M. Flaherty tente de faire accroire qu’il suffira de revoir les dépenses fédérales pour retrouver le déficit zéro en 2016, sans toucher aux taxes et aux impôts, il ne fait rien d’autre que de jeter de la poudre aux yeux.


Où est le plan de M. Flaherty?  -  ALAIN DUBUC
Les nouvelles projections du ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, révèlent que le déficit sera plus élevé que prévu cette année et que le Canada restera dans le rouge plus longtemps, au moins jusqu’en 2015.
Et qu’est-ce que le gouvernement conservateur entend mettre en oeuvre pour revenir au déficit zéro? Absolument rien. Quel est son plan? En fait, il n’y a pas de plan. Le ministre compte surtout sur la relance. Pour le reste, il se borne à prévenir qu’il sera probablement nécessaire de faire éventuellement quelque chose.
Cette intervention financière du gouvernement Harper était très préparée. Le ministre prononçait un important discours à Victoria, qui coïncidait avec la publication de sa «mise à jour des projections économiques et financières». Mais quel est exactement le message que voulaient transmettre les conservateurs, dans ce contexte préélectoral?
Oublions le caractère exagérément partisan de cette « mise à jour », un document financier formel où l’on se serait attendu à plus de retenue. Le ministre va jusqu’à y affirmer que c’est parce que son gouvernement «a réagi promptement et de façon audacieuse» que «le recul de l’économie canadienne a été beaucoup moins prononcé que celui qu’ont connu à peu près toutes les autres grandes économies industrialisées» Merci, M. Flaherty!
Selon le document, le déficit de cette année, prévu initialement à 33,7 milliards dans le budget de janvier dernier, revu à 50 milliards, sera plutôt de 55,9 milliards. Cela n’a rien d’étonnant ou de scandaleux. La récession a été plus forte que ne pensaient les spécialistes. Il sera difficile de reprocher au ministre des erreurs de prévision auxquelles personne n’a échappé sur la planète. Ce qui est plus inquiétant, c’est que les déficits resteront élevés plus longtemps et que l’équilibre budgétaire ne sera retrouvé qu’en 2015, plutôt qu’en 2013.
Que fera le gouvernement Harper? D’abord, à court terme, poursuivre son plan d’action économique et ses importantes dépenses de relance. C’est la chose à faire, pour ne pas entraver une reprise qui pourrait être compromise sans le soutien de l’État.
Par la su ite, le gouver nement compte sur trois facteurs pour revenir à l’équilibre. D’abord, le fait que ses dépenses vont baisser quand son plan de relance sera complété. Ensuite, la réduction naturelle de certains déboursés gonflés par la récession, comme l’assurance emploi. Enfin, la hausse des revenus fiscaux quand la croissance s’installera. Voilà pourquoi le gouvernement n’a ni l’intention de toucher aux paiements aux citoyens, ni de couper les transferts aux provinces, ni d’augmenter les impôts pour équilibrer ses livres.
La seule intervention envisagée est hypothétique. «Le moment venu, a dit le ministre dans son discours – lorsque notre plan d’action économique aura été mis en oeuvre, que la reprise sera bien ancrée et que les prévisions du secteur privé seront plus certaines – nous déterminerons dans quelle mesure il faudra freiner l’augmentation des dépenses afin d’équilibrer le budget.» Bref, on fera peut-être quelque chose, un jour, si nécessaire. Mais on ne dit ni quand, ni quoi, ni combien.
Est-ce que cela aidera les troupes de M. Harper à marquer des points dans ce contexte préélectoral? Les conservateurs, qui accusent les libéraux de vouloir augmenter les impôts, leur fournissent sur un plateau d’argent des données qui permettent de conclure que le recours à cette impopulaire mesure ne sera pas nécessaire.
Et surtout, le ministre essaie de dire en même temps que la situation est acceptable et sous contrôle, pour qu’on ne l’accuse pas d’avoir mal géré les finances publiques, tout en affirmant que la situation est sérieuse, pour convaincre que seuls les conservateurs ont ce qu’il faut pour gérer les fina nces en période de crise. Quel étrange message.


Un déficit temporaire, dit Harper
— Le premier ministre Stephen Harper affirme que son gouvernement réussira à éliminer le déficit, qui dépassera les 50 milliards de dollars en 2009-2010, sans augmenter le fardeau fiscal des contribuables ou des entreprises.
M. Harper a soutenu hier dans une entrevue accordée au réseau CTV que près de la moitié du déficit actuel sert à financer des mesures temporaires pour relancer l’économie canadienne, frappée de plein fouet par la crise mondiale.
Or, ces mesures prendront fin en mars 2011, soit dans deux ans, a tenu à préciser hier le premier ministre. Il a aussi expliqué que la récession actuelle a fait chuter les rentrées d’impôts du gouvernement de manière importante.
Ces rentrées devraient augmenter de nouveau une fois que la croissance de l’économie reprendra.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué la semaine dernière qu’Ottawa pourra rétablir l’équilibre budgétaire d’ici 2014, soit dans cinq ans.
« Il y a deux moyens pour sortir de l’ornière des déficits. Le premier est que la vaste majorité des dépenses de relance prendra fin en mars 2011. (...) Le deuxième moyen est l’augmentation des revenus, et cela va naturellement arriver une fois la récession terminée », a affirmé M. Harper, qui était de passage à Halifax hier.
Pas de hausses d’impôt
Interrogé par l’animateur Steve Murphy pour savoir s’il était convaincu qu’il n’était pas nécessaire de majorer les impôts ou les taxes pour venir à bout du déficit, M. Harper a déclaré: « Absolument. Le déficit, si l’on exclut les dépenses temporaires, ne représente que 1,5% du produit intérieur brut. Et la chute de nos revenus durant la récession est certainement plus importante que cela. »
Le premier ministre a rappelé que le Canada est moins durement frappé que les autres pays par la récession. Il a souligné que le déficit aux États-Unis est quatre fois plus important que celui du Canada, toutes proportions gardées.
« Il est important que les Canadiens comprennent, même si le chiffre du déficit peut paraître énorme, qu’il est en fait petit en comparaison aux déficits d’autres pays », a affirmé M. Harper.
Le gouvernement fédéral a enregistré son premier déficit en 11 ans au cours du dernier exercice financier qui a pris fin le 31 mars. Ce déficit s’élevait à 3,9 milliards. En 2009-2010, le déficit devrait dépasser les 50 milliards.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a été contraint de revoir ses projections à la hausse en mai. Dans son budget déposé en janvier, il prévoyait un déficit de 34 milliards cette année.
Durant la dernière campagne électorale, en octobre, M. Harper avait affirmé que son gouvernement ne replongerait pas le pays dans l’encre rouge. Il prévoyait alors de modestes surplus pour les prochaines années. C’était avant que la récession ne frappe le Canada de plein fouet.
Depuis lors, les libéraux de Michael Ignatieff, tout comme le Bloc québécois et le NPD, ne cessent de mettre en doute les projections financières du gouvernement Harper.


Le train manqué  -   François Rebello
Québec et Ottawa ont raté une belle occasion d’appuyer un projet de TGV Montréal-New York
L’économie du Québec ne peut plus souffrir de l’absence d’un train rapide vers la capitale économique du monde.
L’auteur est député de La Prairie et porteparole de l’opposition officielle en matière de travail. Il participe aujourd’hui à un panel portant sur les trains à la réunion annuelle de la Conférence régionale de l’Est du Council of State Government, qui a lieu à Burlington au Vermont.
Pourquoi, s’interroge François Rebello, les projets de TGV piétinent-ils ?
Àl’invitation du président Obama, les États américains ont déposé une série de projets de trains rapides. Malheureusement, le projet du TGV Montréal-New York n’a pas été soumis. En fait, deux projets modestes touchent des liaisons avec Montréal. La durée du trajet Montréal-New York passerait de 11 heures à huit heures et demie et un train Boston-Montréal serait remis sur les rails avec une durée de trajet de six heures.
Dans le cas de Boston, la durée sera équivalente à un voyage en voiture, mais dans le cas de New York, le trajet en train prendra deux heures de plus qu’en voiture. Nous sommes loin du TGV Paris-Lyon qui roule trois fois plus vite qu’une auto! Ces projets méritent d’être appuyés, mais sont loin d’être à la hauteur des attentes des citoyens. Un changement de vitesse s’impose.
Montréal avait beaucoup plus à gagner que New York dans un projet de TGV. Aussi, on aurait pu s’attendre à ce que Québec et Ottawa se coordonnent et proposent un projet aux États du nord-est et au président Obama. Ce n’est malheureusement pas ce qui s’est passé. Nos premiers ministres ont regardé passer le train. Contrairement au président Obama, ils n’ont rien prévu dans leur budget d’infrastructure pour financer des TGV. Nos chefs n’avaient rien à mettre sur la table pour inviter le président à les suivre afin qu’il finance les 4 milliards nécessaires au TGV Montréal-New York.
Bien sûr, on a enfin commencé à parler d’un TGV TorontoMontréal-Québec, mais nous n’en sommes encore qu’aux études préliminaires. Dans ce dossier-là aussi, il faut accélérer la cadence. Quoi qu’il en soit, la liaison vers NewYork ne devrait pas être retardée parce que celle vers l’Ontario tarde à se réaliser. Nous sommes chanceux, NewYork n’est qu’à 600 km de chez nous. L’économie du Québec ne peut plus souffrir de l’absence d’un train rapide vers la capitale économique du monde.
Les Américains aussi devraient commencer à s’inquiéter de l ’absence d’un train rapide vers Montréal. Les statistiques en témoignent : les Québécois visitent de moins en moins le nord-est des États-Unis. En fait, entre 1991 et 2001, c’est 300 000 Québécois de moins qui couchent chaque année au moins une nuit dans les États du nord-est.
Pourquoi cette désaffection? Peut-être à cause des changements de mentalité dans l’utilisation des moyens de transport. En effet, les jeunes Québécois ont moins de voitures. Les transports collectifs gagnent 1% de part de marché par année. C’est évident que le choix de la destination en sera affecté. Pourquoi se louer une voiture pour aller sur la côte Est américaine si on peut aller dans les îles du sud pour le même prix et plus rapidement?
Pourquoi les projets de TGV piétinent-ils? Certains vous diront qu’il n’y a pas le bassin de population nécessaire. Pourtant, les populations de New York, Boston et Montréal réunies atteignent 25 millions, soit plus que les 14 millions que représentent les populations de Paris, Lyon et Marseille, qui sont desservies par un TGV pourtant rentable.
Le véritable lobby qui agit contre les TGV est celui des lignes aériennes. Pourtant, les TGV développés ailleurs n’ont jamais tué les lignes aériennes. La mise sur rails du TGV n’a eu aucun impact sur les vols Barcelone-Madrid. Le Paris-Marseille n’a eu, pour sa part, qu’un effet mitigé, réduisant de 7% l’achalandage aérien.

Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’un voyage en train produit 20% de moins de gaz à effet de serre qu’un voyage en voiture. Tout le monde le sait, les transports collectifs, c’est bon pour l’environnement, mais ce que l’on oublie souvent, c’est que c’est payant.






LES COURTIERS QUÉBÉCOIS SONT AUX AGUETS - MARTIN VALLIÈRES
La bisbille entre le ministre fédéral des Finances et les banques à propos de la vente d’assurances sur leurs sites internet résonne de façon particulière dans le milieu québécois de l’assurance.
Avec plus d’acuité, en fait. Parce que les courtiers d’assurances québécois, à la différence de leurs homologues hors Québec, disent subir déjà avec Desjardins la concurrence directe d’un géant des services financiers aux particuliers. Desjardins est régie par une loi québécoise.
À Ottawa, les négociations de coulisses se poursuivent à propos de l’intention d’interdit signifiée récemment par le ministre Jim Flaherty aux banques, et que ces dernières ont décrié publiquement comme une concession au « lobby » des courtiers d’assurances.
D’ailleurs, malgré des années d’efforts en marge de la loi fédérale, qui interdit encore la vente d’assurances en succursales bancaires, les banques n’accaparent encore que 6% du marché de l’assurance de personnes au Canada. Et environ 10% pour les assurances de dommages, responsabilité et automobile. Des assurances vendues surtout grâce à l’internet.
Bref, selon les banques, les courtiers d’assurances auraient tort de réclamer un bannissement de l’assurance de leurs sites internet. Aussi, pas plus t ard qu’en j uin dernier, le Bureau fédéral des institutions financières avait édicté que les sites internet de banques étaient différents de leurs succursales.
Par conséquent, selon les banques, leurs sites internet seraient exclus de l’interdit de vente d’assurances en succursales déjà prévu par la loi.
Et à voir l’influence croissante de la vente d’assurances sur leurs résultats financiers, les banques ont de bonnes raisons de s’opposer à l’interdit évoqué par le ministre Flaherty.
À la Banque Royale, par exemple, les assurances pèsent environ 15 % du bénéfice net jusqu’à présent cette année, contre 9% l’an dernier.
À l a B a nque T o r o n t o - Dominion ( TD), qui a acquis plusieurs filiales d’assurances au fil des ans, ce marché compte pour le tiers du bénéfice net cette année, comparativement à 24% l’an dernier.
Et au Québec ?
Entre temps, au Québec, ce débat entre Ottawa et les banques prend une tournure bien différente du point de vue des courtiers.
À l a différence de l eurs homologues hors Québec, qui commencent à peine à sentir la concurrence des banques, les courtiers d’assurances au Québec subissent depuis des années la forte croissance de Desjardins en assurances vendues directement en caisses populaires et par l’internet.
Cet atout du géant coopératif par rapport à ses concurrents bancaires au Québec découle d’un amendement fait il y a presque dix ans à la loi québécoise qui régit Desjardins, plutôt que d’une loi fédérale dans le cas des banques. Résultat : Desjardins a pu profiter de son vaste réseau de points de service financiers pour se hisser au premier rang des fournisseurs en assurances au Québec, tous marchés confondus.
« Desjardins profite d’une situation particulière au Québec, qui explique en bonne partie pourquoi la part des courtiers du marché de l’assurance IARD des particuliers (dommages, autos, responsabilité) est passée sous 50 %. Et c’est pourquoi nous tenons t ant à que les banques demeurent restreintes en assurances, en succursales et sur leurs sites i nternet », explique Johanne Lamarque, directrice du Regroupement des cabinets de courtage d’assurances du Québec.
En comparaison, dans le reste du Canada, les courtiers accaparent encore au moins 80% de l’assurance de dommages pour les particuliers, selon la firme MSA Research de Toronto.
Selon le plus récent relevé de l’AMF, Desjardins accapare 18% du seul marché québécois de l’assurance de personnes.
En assurance IARD (dommages, responsabilité, auto), la part de marché de Desjardins frôle les 13%, tout juste derrière la société Intact/Bélair, qui a 14%. Ce premier rang d’Intact tient surtout à sa forte présence dans le marché de l’assurance des entreprises.

Les associations de consommateurs sont muettes... pour l’instant
- VINCENT BROUSSEAU- POULIOT
Doit-on laisser les banques vendre des assurances sur le web? Les associations de consommateurs n’ont pas d’opinion sur le sujet. Du moins, pas encore.
« Nous n’avons pas étudié cette question », dit Julie Gagnon, porte-parole d’Option consommateurs, une association à but non lucratif vouée à la défense et à la promotion des droits des consommateurs.
Même s on de c l oche à l’ Union des consommateurs, qui regroupe les coopératives d’économie familiale du Québec. « Est-ce que l’arrivée des banques dans la vente d’a s s ura nces f r ei nera ou encouragera la concurrence ? La question n’a pas été étudiée. Les banques ne sont pas toujours les meilleurs amis des consommateurs, mais les assureurs non plus », dit Charles Tanguay, responsable des communications de l’Union des consommateurs.
L’Association des consommateurs du Canada n’a pas d’objection à la vente d’assurances en ligne. « Pourvu que les règles soient les mêmes pour tout le monde », dit son président Bruce Cran.
Les agents et courtiers d’assurances de dommages, eux, se méfient de l’internet. « Il faut que la vente soit encadrée. Par exemple, un nombre minimal de questions uniformes garantirait au client une évaluation adéquate de ses besoins », dit Isabelle Perreault, directrice des communications de la Chambre de l’assurance de dommages, l’organisme québécois qui encadre la pratique des agents et courtiers d’assurances automobile, habitation et entreprise.


Fini la vente d’assurances sur l’internet  -  Julian Beltram
OTTAWA — Le gouvernement fédéral a l’intention d’empêcher les banques canadiennes de recourir à l’internet pour la promotion et la vente de leurs produits d’assurances.
L e ministre fédéra l des Fina nces, Jim Fla herty, a affirmé hier avoir écrit aux banques canadiennes pour leur demander de cesser de vendre des produits d’assurances sur l’internet. Il a l’intention de déposer un projet de loi pour rendre illégale cette pratique.
Comme il fallait s’y attendre, l’industrie du courtage d’assurances a accueilli favorablement la nouvelle.
Toutefois, les représentants de l’industrie bancaire canadienne se sont dits consternés. Ils ont notamment affirmé que les consommateurs en subiront les contrecoups, car ils auront moins d’informations pour faire des choix avisés en matière de services financiers.
« Nous avons été abasourdis d’apprendre que M. Flaherty veut imposer des limites aux Canadiens quant à l’endroit et la manière d’obtenir de l’information au sujet des assurances », a déclaré l’Association des banquiers canadiens, dans un communiqué.
« De plus, M. Flaherty a pris cette initiative sans effectuer de consultations publiques auprès des Canadiens ou de l’industrie bancaire. »
Actuellement, les banques peuvent vendre des produits d’assurance par le truchement de filiales distinctes, mais pas par l’intermédiaire de succursales bancaires.
Cependant, le Bureau du surintendant des institutions financières a récemment rendu une décision dans laquelle il indique qu’aux termes de la loi actuelle, cette politique de séparation ne s’applique pas aux sites internet.
« À mon avis, ça ne correspond pas aux principes que véhicule cette politique », a fait savoir M. Flaherty à sa sortie de la Chambre des communes hier.
« J ’ai écrit au x ba nques pour leur dire que ce n’était pas conforme aux politiques du gouvernement et je leur ai demandé de mettre fin à ces pratiques rapidement », a-t-il renchéri.
Jim Flaherty a envoyé sa missive au moment où la députée libérale Alexandra Mendes a déposé un projet de loi d’initiative parlementaire avec l’intention, a-t-elle précisé, d’accorder des chances égales aux grandes banques canadiennes et aux compagnies d’assurances indépendantes.s




Les droits des femmes doivent primer, dit Verner  -  Tommy Chouinard

(NDE : S'il faut vraiment se mêler des affaires des autres, faut-il pour autant le faire à tout prix à travers des positions aussi simplistes que douteuses ?...)
QUÉBEC — La ministre fédérale des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, plonge dans le débat sur les accommodements raisonnables. L’égalité entre les hommes et les femmes doit primer la liberté de religion, a-t-elle affirmé.
La ministre conservatrice a commenté brièvement, hier, la proposition du Parti québécois de donner prépondérance à l’égalité des sexes sur la liberté religieuse. Le gouvernement Charest rejette cette demande. La ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a plaidé qu’on ne peut hiérarchiser les droits garantis par les chartes canadienne et québécoise, un avis partagé par le président de la Commission des droits de la personne, Gaétan Cousineau.
«Personnellement, comme ancienneministredelaCondition féminine, je pense qu’il y a deux débats ici. Les femmes doivent s’assurer de garder leurs droits. Je comprends que, selon la Charte canadienne, la liberté de religion a également sa place. Ce n’est pas un débat qui est simple», a d’abord affirmé Josée Verner. Et votre coeur dit quoi sur ce débat? a demandé un journaliste. «Les femmes en premier», a-t-elle répondu, précisant ensuite que c’est un «avis personnel».
Le débat sur les accommodements raisonnables est revenu hanter le gouvernement Charest au cours des consultations publiques concernant le projet de loi 16 sur la diversité culturelle. Le projet de loi de la ministre de l’Immigration, Yolande James, demande à tous les ministères et organismes d’adopter une «politique sur la gestion de la diversité culturelle», sans préciser ce que devra comprendre cette politique.
Le Parti québécois, l’Action démocratique du Québec, le Conseil du statut de la femme, le Syndicat de la fonction publique et le Collectif pour l’égalité et la laïcité craignent que ce projet de loi n’entraîne une multiplication d’accommodements qui bafouent selon eux les droits des femmes.


OTTAWA 
La nomination de Pharès Pierre de nouveau contestée  -  Hugo de GrandPré
COMMISSION DE L’IMMIGRATION ET DU STATUT DE RÉFUGIÉ
OTTAWA — La Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR) a refusé, hier, d’ad mettre un demandeur d’asile qui a plaidé que la présence d’un nouveau commissaire à la CISR, Pharès Pierre, posait un risque de persécution supplémentaire pour lui et ses proches restés en Haïti.
Le demandeur en question, dont l’identité n’a pas été révélée à La Presse pour de s r a i s o n s de s é c u r i t é , entend interjeter appel de la décision en Cour fédérale, a indiqué son avocat, Stéphane Handfield.
Pharès Pierre a occupé les postes de c hef de c abinet du premier ministre et du ministre de l’ Intérieur d’Haïti durant les dernières années du gouvernement Aristide. La nomination de cet ancien milita nt du Parti progressiste-conservatreur au Québec au poste de commissaire à la section montréalaise de la CISR sème la controverse depuis qu’elle a été annoncée, en février dernier.
Des avocats en droit de l ’ i m mig r a t i o n , d o n t Me Handfield, estiment en effet qu’el l e mine l ’ a ppa r e nce de justice à la commission. Encore aujourd’hui, la CISR est chargée de se prononcer s u r des demandes d’a si l e faites par des Haïtiens qui disent fuir le régime de terreur imposé par les anciens f i dèle s de J e a n-Ber t r a nd Aristide.
La CISR a depuis tenté de calmer le jeu en affirmant que M. Pierre ne siégerait jamais dans des dossiers d’Haïtiens.
Nouvel argument
Mais il y a quatre mois, Me Ha nd f i el d e s t r e venu à l a c harge avec un autre a r g u ment , i nvoqué c e t t e fois devant la commission et dans le dossier de l’un de ses clients. À titre de commissaire, a-t-i l plaidé, Pharès Pierre a accès à toutes les informations personnelles de tous les demandeurs d’asile, grâce au système i nformat i s é de l a CISR. Or, cela poserait un problème à son client, qui dit craindre pour la sécurité de certains de ses proches restés en Haïti, si des i nformations éta ient communiquées aux mauvaises personnes, volontairement ou non.
Dans une décision de six pages dans laquelle i l n’a réservé que deux paragraphes à la question touchant s on nouveau c ol l è g ue, le commissaire qui a siégé dans ce dossier a rejeté l ’a rgument, reprochant même à Me Handfield de l’avoir soulevé.
« Les propos tenus par le proc u r e u r du demandeur da ns s es obser vations en regard d’un collègue qui a été nommé par le cabinet au cours des derniers mois étaient pour le moins déplacés », a écrit Michel Jobin.
« Le Code de conduite des commissaires de la CISR, a - t - i l r appelé, mention ne que l e s c ommissai r e s ne peuvent révéler, divulguer, a uc u n r e n s e i g nement de nature confidentielle obtenu dans l ’ e xe r c i c e de leu rs fonctions. »
Mais, selon Me Handfield, le commissaire a mal analysé le dossier. « À pa r t i r du moment où vous avez un individu qui occupe des fonctions i mportantes dans le gouvernement ca nadien – dans ce cas-ci, il siège à la Commission de l’i mmigration – est-ce que, compte tenu de son passé, le demandeur d’asile peut craindre que des i nformations le concernant soient transmises volontairement ou involontairement à ses persécuteurs ? C’est ça, le test. C’est cela que l’on doit démontrer », a-t-il insisté.
Quant à la conclusion du c ommissai r e voula nt que l’on ne doive pas critiquer la nomination de Pharès Pierre parce qu’elle a été entérinée par « le cabinet », donc par le conseil des ministres, elle ne tient tout simplement pas la route, a tranché l’avocat.
« Le ministre de l’ I mmigration lui-même, lorsqu’il a été interrogé à la Chambre de s c o mmunes s u r c e t t e nomination, a dit que s’il avait été au courant du passé de Pharès Pierre au sein du gouvernement Aristide, i l ne l’aurait pas recommandé comme com missaire », a-t-il rappelé.
Interrogé par La Presse cette semaine, le ministre en quest ion, Jason Kenney, a fa it savoir par l’entremise de son directeu r des communications, Alykhan Velshi, qu’il éta it toujours de cet avis. « M. Kenney demeure troublé par cette nomination et préoccupé par le fait que cet individu avec des liens avec le gouvernement Aristide lui ait été recommandé », a écrit M. Velshi dans un courriel envoyé à La Presse mardi.
Seul le conseil des ministres a le pouvoir de révoquer M. Pierre. Le directeur des communications de M. Kenney n’a pas pu expliquer pourquoi cela n’avait pas encore été fait.

Le ministère de l’Immigration savait  -  Hugo de GrandPré
HUGO DE GRANDPRÉ OTTAWA — Le ministère de l’ Immigration a cherché à camoufler le passé controversé d’un nouveau membre de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), il y a huit mois.
Le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, a toujours soutenu qu’il ne savait rien du passé de Pharès Pierre, nommé membre de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.
Des documents obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l’accès à l’information montrent en effet que le communiqué qui a annoncé la nomination de Pharès Pierre devait à l’origine mentionner qu’il avait été chef de cabinet du premier ministre dans le gouvernement Aristide entre 2002 et 2003.
Mais cette mention a été retirée du document définitif. « Il a obtenu un baccalauréat spécialisé en mathématiques, avec option en enseignement secondaire, ainsi qu’une mineure en administration et sciences politiques de l’ Université du Québec à Montréal », s’est-on contenté d’annoncer le 17 février dernier.
Discussions en haut lieu
Le 10 mars dernier, des avocats montréalais spécialisés en droit de l’immigration ont dénoncé dans La Presse le fait que cet ancien haut placé du gouvernement Aristide soit susceptible d’entendre des demandes d’asile faites par des Haïtiens ayant justement fui ce régime.
Le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, avait lui aussi dénoncé cette nomination. Il s’était empressé de renvoyer la balle à la CISR et avait indiqué que, s’il avait été mis au courant du passé de M. Pierre, il n’y aurait jamais procédé.
Or, les documents que La Presse a obtenus soulignent qu’il n’est pas du ressort de la Commission de révoquer une nomination, mais bien du ministre. « Les articles 185 et 186 de la Loi sur l’immigration et le statut de réfugié indiquent les droits et les pouvoirs du gouverneur en conseil dans de tels cas », peut-on lire dans une note d’information destinée aux porte-parole de l’organisme.
Des courriels inclus dans les quelque 150 pages obtenues montrent également que le président de la CISR, Brian Goodman, a été mis au courant des antécédents de son nouveau commissaire le 20 février, soit trois jours après la publication du communiqué de presse qui annonçait sa nomination et huit jours après la signature du décret qui l’officialisait, mais 20 jours avant que la nouvelle de ces liens ne sorte publiquement dans La Presse.
« Je suggère, en prenant abondamment de précautions… » a d’ailleurs écrit le président dans un courriel envoyé à des hauts dirigeants de la commission... sans que l’on puisse en savoir davantage sur la nature de ces suggestions, puisque la suite du courriel a été censurée.
Le ministre au courant ?
Compte tenu de ces nouvelles informations, se pourrait-il que le ministre Kenney n’ait pas été mis au courant de la situation avant le 10 mars, comme il l’a déjà affirmé ?
« C’est très difficile à croire », a tranché Thierry Saint-Cyr, le porte-parole du Bloc québécois en matière d’immigration, qui suit le dossier Pierre depuis le début.
« Dans tous les cas, il est très difficile de justifier cette nomination, a-t-il poursuivi. Il semble que rien d’autre que l’esprit partisan ne puisse l’expliquer. »
Une fois au Canada, Pharès Pierre s’est en effet engagé en politique fédérale dans le Parti progressisteconservateur, ancêtre de l’actuel Parti conservateur. L’homme de 68 ans a été vice-président et trésorier du comité de direction dans la circonscription de Saint-Jean et vice-président de l’aile québécoise de ce parti.
« Troublé »
Mais M. Kenney n’a pas changé sa version des faits, hier. « Le ministre demeure troublé par cette nomination et préoccupé qu’un individu avec des liens avec le régime Aristide lui ait été recommandé par le CISR et ait passé les vérifications de sécurité au Bureau du Conseil privé », a déclaré son directeur des communications, Alykhan Velshi, dans un courriel envoyé à La Presse.
« Le ministre n’a été mis au courant des liens de M. Pierre avec le gouvernement Aristide qu’après que cette nomination eut été faite par le gouverneur en conseil », a-t-il ajouté.
Lorsqu’il avait été interrogé à ce sujet devant le comité parlementaire de l’immigration, le 10 mars dernier, M. Kenney avait déclaré : « Je n’étais pas au courant de ce fait. Je l’ai appris en lisant les journaux ce matin. »
M. Velshy n’a toutefois pas été en mesure de dire pourquoi son patron n’avait jamais tenté de révoquer cette nomination. « La nomination est faite. Il est maintenant commissaire », a-t-il simplement déclaré.
À la CISR, on a précisé que Pharès Pier re n’ava it j a mais exa miné et n’examinerait j amais des dossiers de Haïtiens.

Le fédéral refuse de financer Divers/Cité
LA PRESSE CANADIENNE OTTAWA— Le gouvernement fédéral refuse de financer le festival gai et lesbien montréalais Divers/Cité, même s’il était censé correspondre à tous les critères d’un nouveau programme de promotion touristique.
Les responsables du festival gai montréalais Divers/Cité ont appris la nouvelle hier, quelques semaines après que l’attribution d’un financement à un festival similaire a suscité des tensions au sein du groupe parlementaire conservateur.
Au début de mois de juillet, une subvention similaire accordée à la Gay Pride de Toronto avait mis une ministre dans l’embarras. Les responsables de Divers/Cité avaient alors pris la défense du gouvernement de Stephen Harper, en affirmant que les conservateurs ne les avaient jamais traités de façon discriminatoire.
Divers/Cité a soumis sa candidature pour un financement de 155 000$ en vertu du nouveau Programme de manifestations touristiques de renom (PMTN).
Grâce à cette somme, le festival gai souhaitait embaucher d’autres artistes et faire davantage de promotion pour 2009.
Le directeur du marketing et des relations gouvernementales du festival, Paul Girard, a indiqué que les fonctionnaires d’Industrie Canada qui s’occupaient de son dossier lui avaient signifié que la demande de l’organisme était conforme à tous les critères d’admissibilité et qu’elle avait été envoyée au bureau du ministre Tony Clement, pour approbation finale.
Toutefois, lorsqu’il a téléphoné hier pour faire le suivi, M. Girard a appris d’un haut fonctionnaire que le PMTN avait reçu tellement de demandes que le gouvernement avait tout simplement été forcé de choisir. Le festival gai et lesbien de Vancouver aurait également essuyé un refus.
La soeur de PaulGirard, Suzanne, qui est également la directrice du festival, a affirmé que l’organisation était complètement abasourdie.
Divers/Cité recevait depuis plusieurs années des aides financières de Développement économique Canada ainsi que du ministère du Patrimoine canadien.
M. Girard a précisé qu’il avait reçu, plus tôt cette année, une subvention de Développement économique Canada étalée sur deux ans, mais que c’était la première fois qu’il ne recevait pas de lettre félicitant l’organisme pour le succès continu du festival.
Le bureau du ministre Tony Clement n’a pas voulu commenter hier soir.



« Harper, agissez contre ce génocide! »
Quelque 30 000manifestants pressent Ottawa d’intervenir dans le conflit au Sri Lanka
— Pas moins de 30 000 personnes ont manifesté sur la colline parlementaire, hier, afin de presser Ottawa d’intervenir pour que cessent les violences entre militaires et rebelles tamouls au Sri Lanka.
Lesmanifestants, sympathiques à la cause tamoule, déplorent qu’aucun représentant conservateur ne soit venu les rencontrer.
« Cessez de tuer des innocents ! » scandaient hier les manifestants, pour la plupart venus de Toronto, d’Ottawa et de Montréal. « Harper, agissez contre ce génocide! » imploraient d’autres supporters.
Les manifestations organisées par des Canadiens d’origine tamoule se poursuivent depuis maintenant trois semaines devant le parlement fédéral, à l’image d’autres rassemblements tenus à Londres, New York et Paris. Le rassemblement d’hier était cependant le plus important, alors que la victoire des forces gouvernementales sur les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) est imminente (voir texte ci-bas).
« Nous sommes venus à Pâques et nous sommes de retour aujourd’hui parce que, depuis trois semaines, rien n’a été fait par Ottawa », a dit hier Sunitha Subramanian, de Toronto. L’adolescent de 17 ans s’était absenté de l’école pour assister à la manifestation, en compagnie de ses parents et de ses deux soeurs. « Je n’ai jamais mis les pieds au Sri Lanka. Mais des violences de ce genre sont intolérables, peu importe le lieu. Que font les conservateurs? Aucun d’entre eux n’a daigné venir nous parler », s’est impatienté le jeune homme.
Les organisateurs avaient demandé aux manifestants de ne pas brandir de drapeaux des LTTE, une organisation considérée comme terroriste par le Canada, les États-Unis et l’Union européenne. Des drapeaux noirs et canadiens ont plutôt été agités.
Mais le gouvernement Harper a préféré ne pas rencontrer les manifestants. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a cependant réitéré son appel à un cessez-le-feu, hier, et indiqué s’être entretenu à ce sujet avec la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et son homologue britannique David Miliband. « Un entretien entre M. Cannon et le ministre des Affaires étrangères du Sri Lanka devrait avoir lieu dans les prochaines 24 heures », a fait savoir hier soir son attachée de presse, Catherine Loubier.
Les chefs l ibéral Michael Ignatieff et néo-démocrate Jack Layton ont rencontré des représentants de la communauté tamoule, hier, exprimant tous deux leurs « inquiétudes face à l’escalade de la violence » au Sri Lanka. Les deux partis de l’opposition ont également demandé au gouvernement conservateur d’envoyer une aide humanitaire dans ce pays.
Le Canada est l’hôte de l’une des plus importantes populations tamoules dans le monde, avec une diaspora estimée à 300 000 personnes, dont les trois quarts habitent Toronto.



Un organisme voué à l’éducation pourrait disparaître
Le gouvernement Harper supprime le financement du Conseil canadien sur l’apprentissage
— Après la culture et la science, l’éducation ? La Presse a appris que le gouvernementHarper n’a pas renouvelé le financement du Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA), un organisme voué à la promotion de l’apprentissage tout au long de la vie à travers le Canada.
Le CCA est un organisme indépendant créé en 2004: son mandat principal est de surveiller et de promouvoir l’apprentissage au Canada notamment dans les secteurs du perfectionnement en milieu de travail, de l’éducation aux adultes et de l’apprentissage dans les communautés autochtones.
Dans une lettre publiée sur le site web du CCAle 6 avril dernier, le président de l’organisme, Paul Cappon, a annoncé que la décision du gouvernement l’avait forcé à remercier 20% de son personnel, à fermer tous ses bureaux provinciaux, dont celui du Québec voué à la recherche sur l’apprentissage chez les jeunes enfants, et à abolir une série de programmes.
M. Cappon, qui a refusé nos demandes d’entrevue, a précisé dans le document qu’il continuait à négocier avec le gouvernement et qu’il espérait s’entendre pour obtenir du financement d’ici le 31 mars 2010, soit dans un an. S’il échoue, on ignore ce qu’il adviendra de l’organisme.
« L’entente quinquennale originale […] a été prolongée d’un an, jusqu’au 31 mars 2010, mais sans financement additionnel, a-t-il souligné. Ainsi, pour remplir son mandat principal, notamment de faire avancer la recherche, surveiller l’état de l’apprentissage au Canada et d’en rendre compte par des rapports, le CCA doit rationaliser ses activités. »
« Une perte »
Organisme indépendant, le CCA a été créé en 2004 grâce à une enveloppe fédérale de 85 millions pour cinq ans. Il se penche sur un ensemble de secteurs, dont le perfectionnement en milieu de travail, l’éducation aux adultes et l’apprentissage dans les communautés autochtones. Chaque année, le Conseil publie son Indice composite de l’apprentissage, qui mesure le rendement annuel du Canada dans ces différents secteurs.
Dans le milieu, les rumeurs de compression couraient depuis un certain temps. Ainsi, des experts ont été déçus, il y a quelques jours, de voir leurs craintes confirmées.
« C’est une honte, il n’y a pas de doute, et ce sera une perte », a lancé Alison Taylor, professeure au département d’éducation de l’Université d’Alberta et directrice du Réseau du travail et de l’apprentissage pour la recherche et les politiques.
Le Conseil fournit du financement aux chercheurs et les aide à diffuser leurs conclusions auprès de leurs pairs et du grand public.
« Ça enlève un important forum aux intervenants pour qu’i ls communiquent ent re eux », déplore pour sa part la Dre Kathleen Flanagan. Cette dernière dirige l’un des cinq « centres du savoir » créés en 2004 et qui fermeront leurs portes le 6 juillet prochain. Ces centres sont disséminés partout au pays et sont chacun axés sur un domaine en particulier. Par exemple, celui de la Dre Flanagan, à Fredericton, se concentre sur l’éducation aux adultes. Celui de Winnipeg étudie les questions d’apprentissage chez les autochtones.
« C’est malheureux parce que nous avons passé les quatre dernières années à construire notre organisation, ce qui prend du temps », a déploré la directrice de ce centre qui emploie quatre personnes. Au total, environ 70 personnes travaillent pour le CCA.
« C’est plate. C’est vraiment plate », a renchéri Paul Bélanger, un spécialiste de l’éducation aux adultes de l’UQAM et un ancien directeur de l’Institut de l’UNESCO pour l’Éducation.
« Dans un pays fédéral, que l’on ait une plateforme non gouvernementale pour discuter entre nous des innovations en cours et se concerter, c’est un avantage majeur. Et ils l’ont bien fait. »
Aucune décision
Au gouvernement, on a pris soin de préciser qu’aucune décision finale n’avait été prise.
« Un examen des investissements fédéraux concernant l’information sur l’apprentissage est en cours, a déclaré une porte-parole du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. Aucune décision concernant le financement futur accordé au CCA ne sera prise tant que l’examen ne sera pas terminé. »
Par cet examen, qui a débuté il y a près de deux ans (à l’été 2007), le ministère souhaite « optimiser les ressources et […] éliminer les chevauchements et le travail fait en double ».
Or, pour certains, le cas du CCA n’est pas sans rappeler diverses compressions faites par le gouvernement Harper au cours des derniers mois, et qui ont été dénoncées avec véhémence partout au pays. C’est le cas des coupes en culture ou celles dans la recherche scientifique.
Récemment, Ottawa a encore une fois été critiqué lorsqu’il a annoncé la création de nouvelles bourses d’études en sciences humaines exclusivement réservées au domaine des affaires.
« Je ne sais pas pourquoi le CCA n’a pas reçu de deuxième mandat. Son travail a eu beaucoup de valeur, ses contributions ont été importantes, les besoins sont là… Je spéculerais si je m’avançais sur la raison de cette décision. J’aime mieux ne pas m’avancer », a simplement déclaré Kathleen Flanagan.



Harper savait dès le 1er juillet, clame l’opposition  -  Agnès Gruda
Des f onc tion na i res ca nadiens au Kenya ont hésité à faire subir un test d’ADN à une j eune femme qu’ils accusaient de voyager avec un passeport canadien qui n’éta it pas le sien , pa rce que cela aurait entraîné des dépenses trop importantes, révèlent des documents rendus publics hier.
Suaad Hagi Mohamud à son arrivée à Toronto après un cauchemar de près de trois mois.
« Ce genre de tests sont faits de façon routinière par I mmigrat ion Ca n a d a , le problème, c’est que ça coûte cher, 500 dollars ou plus », écrit l’agent consulaire Philip L u pu l d a n s u n c o u r r i e l envoyé à des collègues le 3 juillet dernier.
À l’époque, Suaad Hagi Mohamud était retenue au Kenya depuis six semaines parce qu’on l’accusait d’usurpation d’identité. Elle a dû attendre qu’un tribunal canadien s’en mêle pour pouvoir faire analyser son ADN. Le test a confirmé qu’elle était bien la titulaire du passeport. Elle est finalement rentrée au Canada à la mi-août.
Ce courriel fait partie d’une pile de documents qu’a obtenus l’avocat de Suaad Mohamud, Raoul Boulakia, grâce à la Loi sur l’accès à l’information. Les députés libéraux Bob Rae, Dan McTeague et Joe Volpe les ont rendus publics hier, en conférence de presse.
D’autres écha nges électroniques démontrent que le premier ministre Stephen Harper avait été informé du cas de Mme Mohamud dès le 1er juillet, à la suite d’un article paru dans le Toronto Star. Pourtant, le 18 août, le premier ministre a assuré qu’il avait pris connaissance de la situation à peine une semaine plus tôt et qu’il avait immédiatement fait enquête.
L e s d o c u ment s d é vo i - lés h ier démontrent que, dans toute l’histoire de Mme Mohamud, le gouvernement « ne fait que perpétuer des fau s s e t é s », dé nonce J o e Volpe, qui représente la circonscription fédérale torontoise où vit Mme Mohamud.
M. Volpe a sou levé la question hier à la Chambre des communes, mais le premier ministre a maintenu sa version des faits : il n’avait pas entendu parler de Suaad Hagi Mohamud avant le mois d’août. « Il y a des milliers de cas consulaires, et il est extrêmement rare pour un premier ministre d’être personnellement engagé dans ces dossiers. Je l’ai fait au début d’août. J’ai demandé que Mme Mohamud soit ra menée au Ca nada . Et elle l’a été », a répondu Stephen Harper.
Fardeau de la preuve
Le dossier de Suaad Hagi Mohamud contient un autre écha nge électronique qui montre que, trois semaines après lui avoir confisqué son passeport, les responsables canadiens au Kenya n’avaient pa s complètement éca r té l’éventualité d’une erreur.
Dans cet échange, qui date du début du mois de j uin, deux fonctionnaires du HautCommissa riat canadien à Nairobi se demandent si elles devront témoigner devant la cour kényane, qui envisage d’intenter une poursuite pour fraude contre Mme Mohamud.
« Pour être honnête, je ne crois pas qu’ I mmigration Canada ou les autorités consulaires devraient témoigner. Si l’accusée finissait par s’avérer Canadienne (quoique dans ce cas, les photos soient éloquentes) nous pourrions encourir des poursuites », s’inquiète Liliane Khadour.
Sa correspondante, Odette Gaudet-Fee, note que c’est Mme Mohamud qui a « le fardeau de prouver son identité et sa citoyenneté ».
À son retour au Canada, celle-ci a intenté une poursuite de 2,5 millions contre le gouvernement fédéral. La semaine dernière, Ottawa a présenté sa défense, dans laquelle il maintient sa version des faits.
Ainsi, dans sa déposition, l’agent Paul Jamieson, qui avait interrogé trois fois Mme Mohamud avant de conclure qu’il s’agissait, en fait, de sa soeur, soutient que celle-ci était incapable de dire quelles tâches elle accomplissait pour la firme torontoise ATS, où elle prétendait travailler.
Vérification faite auprès des responsables des ressources humaines de cette compagnie, M. Ja mieson affirme qu’aucune Suaad Hagi Mohamud ne figure parmi sa liste d’employés.
M. Jamieson a été muté quelques semaines plus tard. Dès le 15 juillet, son successeur, Darryl Huard, a reçu un courriel de la compagnie ATS confirmant que Mme Mohamud travaillait comme débardeur pour sa f i l ia le Ready Staffing Solutions, de minuit à 8 h 30, pour un salaire de 11,71 $ l’heure.
Toutes ces informations font dire au député Dan McTeague que, au lieu de « continuer à répéter des arguments qu’il sait faux », Ottawa devrait s’excuser et dédommager la jeune femme.

Punition plutôt que réinsertion  -  Mathieu Perrault
Prisons Nouvelles mesures dans les cartons des conservateurs
Un rapport de l’Université de Colombie-Britannique, dévoilé hier matin lors d’une conférence de presse à Ottawa, dénonce le manque de fondement scientifique de la stratégie conservatrice sur les prisons. L’accent mis sur la punition des détenus mine la réinsertion sociale des prisonniers, donne aux geôliers le pouvoir quasi judiciaire d’imposer des sentences beaucoup plus dures par le biais de l’isolement administratif et fera exploser le coût des prisons fédérales. « Si ces gens-là ne peuvent plus du tout voir leur famille, et donc que les seuls êtres humains qu’ils voient seraient des gardes, je crains pour leur santé mentale. »
« Pour le moment, le gouvernement Harper n’a pas appliqué toutes les mesures qu’il désire», explique Michael Jackson de l’ Université de Colombie-Britannique. « Il attend que l’économie prenne du mieux, parce que certaines mesures coûteront cher, et il attend d’avoir un gouvernement majoritaire.»
L’accent mis sur la punition des détenus mine leur réinsertion sociale, donne aux geôliers qui imposent l’isolement administratif un pouvoir quasi judiciaire et fera exploser le coût des prisons fédérales, dénonce un chercheur de l’Université de Colombie-Britannique.
Le projet de loi C-43 prévoit faire des changements philosophiques qui faciliteront ces nouvelles mesures, selon Me Jackson, en plus d’abolir la libération automatique aux deux tiers de la peine. Mais le Service correctionnel du Canada a été incité à tenir compte de plusieurs des recommandations d’un rapport de 2007 sur lequel s’appuie la stratégie conservatrice.
Le Service correctionnel n’a pas voulu commenter le rapport, dirigeant les médias vers le ministère de la Sécurité publique. «Notre gouvernement veut placer les droits des victimes devant ceux des criminels», a indiqué par voie de communiqué le porte-parole du ministre, Christopher McCluskey. «Nous avons augmenté la responsabilité des contrevenants, et nous ne nous en excuserons pas.»
Deux des recom ma ndations les plus controversées interdiraient toute visite aux prisonniers en isolement administratif – ceu x-ci peuvent actuellement bénéficier de visites sans contact – et réduiraient fortement les visites avec contact pour les autres prisonniers dans le but de lutter contre le trafic de drogue. «Pour ce qui est de la libération automatique aux deux tiers de la peine, son abolition empêcherait de surveiller
« Le Service correctionnel a déjà appliqué la recommandation d’augmenter les fouilles et la détection automatique de traces de drogues sur les effets personnels des visiteurs, dit Me Jackson. Or, cette détection automatique fonctionne mal. Elle n’est fiable que pour la cocaïne et il y a beaucoup de faux positifs, notamment avec les prisonniers récalcitrants lors des premières années de leur retour dans la société», dénonce Me Jackson. Le comité qui a produit le rapport ne comptait aucun professeur de droit et était essentiellement composé d’ex-membres des forces de l’ordre et d’ex-politiciens responsables des prisons et de la justice. un type de crème corporelle qui a une structure moléculaire proche de la cocaïne. Les visiteurs sont dans un état de peur constante, même s’ils n’ont rien à se reprocher. Il suffit qu’ils s’assoient dans un autobus ou un taxi où il y a des traces de cocaïne pour que le test soit positif.»
Pour ce qui est de l’isolement administratif, le rapport de 2007 faisait fi des nombreuses enquêtes concluant qu’il s’agit d’une «prison dans la prison» qui devrait faire l’objet d’une supervision judiciaire et affirmait qu’elle ne concernait que des prisonniers qui veulent bénéficier du confort d’une cellule individuelle, selon Me Jackson. «Seulement 20% des 7500 personnes qui sont isolées chaque année sont volontaires, et souvent, il s’agit de gens qui craignent pour leur vie. Dans 40% des cas, les gens y restent plus de deux mois. Le renouvellement de l’isolement est parfois automatique. Si ces gens-là ne peuvent plus du tout voir leur famille, et donc que les seuls êtres humains qu’ils voient seraient des gardes, je crains pour leur santé mentale.» En 1997, le nombre de détenus en isolement était cinq fois moins important et seulement la moitié s’y trouvaient contre leur gré, selon un rapport du Service correctionnel.

Congédiée après une subvention... à la fierté gaie !...
Tony Clement aurait joué un rôle direct dans le départ de Diane Ablonczy à la tête du Programme des manifestations touristiques de renom (PMTR). En juillet, M. Clement avait assuré que le départ de la ministre n’était pas lié à l’attribution d’une subvention au festival de la fierté gaie de Toronto. Pourtant, le 29 juin, dans une lettre aux fonctionnaires, le chef de cabinet de Tony Clement avait annoncé que les dossiers, les projets et la communication liés au PMTR allaient être gérés par le ministre de l’Industrie.

Un double discours - Le gouvernement Harper veut renforcer la sécurité publique, mais cherche à abolir une partie du registre des armes à feu
DENIS CÔTÉ - Président de la Fédération des policiers municipaux du Québec...
Le registre est un précieux outil pour les policiers, qui le consultent
plus de 9400 fois par jour.
L’auteur est président de la Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ). Nous publions des extraits d’une lettre adressée au premier ministre Stephen Harper.
Monsieur le premier ministre, la FPMQ tient à vous réitérer son appui aumaintiendu registre des armes à feu incluant les armes d’épaule (carabines et fusils). Elle s’inquiète donc des dépôts des projets de loi C-301, Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur les armes à feu (enregistrement d’armes à feu) et S-5, Loi modifiant le Code criminel et une autre loi qui ont pour effet de retirer les armes d’épaule du registre.
La FPMQ est étonnée de l’attitude du Parti conservateur dans ce dossier, qui affiche un double discours. En effet, alors que le gouvernement fédéral adopte des mesures et des lois pour renforcer la sécurité publique, il cherche à abolir une partie du registre des armes à feu qui constitue un outil utile et efficace pour les policiers du Québec et du Canada dans la prévention et la lutte contre la criminalité. Il est important de noter que les policiers canadiens le consultent plus de 9400 fois par jour.
La Fédération est en faveur du maintien du registre des armes à feu incluant les armes d’épaule pour les autres raisons suivantes :
• l’enregistrement des armes à feu responsabilise les propriétaires ;
• il diminue le risque que des armes légales soient détournées vers des marchés illicites ;
• il retire des armes des mains de personnes dangereuses ;
• il aide les policiers à enquêter (par exemple, les policiers ont pu retracer une arme à feu récupérée à la suite du meurtre de quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ce qui a permis d’accuser deux hommes de meurtre au second degré) ;
• ce sont les armes d’épaule que l’on trouve le plus souvent dans les résidences et qui sont fréquemment utilisées dans les cas de violence conjugale, de suicide et de meurtre de policier;
• par rapport à 1991, il y a 500 décès par balles de moins chaque année. Le taux d’homicides par carabines et fusils de 2007 a chuté de plus de 78% depuis 1991 et le nombre de femmes tuées par balle est passé de 85 en 1991 à 32 en 2004;
• depuis 2005, le coût annuel de fonctionnement du programme des armes à feu est évalué à 64 millions. Cependant, la majorité de ces coûts sont associés à l’attribution de permis aux propriétaires d’armes à feu et non pas à l’enregistrement d’armes à feu. La GRC estime que l’élimination de l’enregistrement des armes d’épaule ne permettrait d’économiser que 2,9 millions par année.
La FPMQ s’oppose également à toute autre mesure visant à affaiblir le contrôle des armes à feu. Elle est d’avis qu’il faut conserver le renouvellement périodique des permis de possession d’armes pour que les données soient maintenues à jour. De plus, elle est contre le prolongement de l’amnistie pour ceux qui ont omis de renouveler leur permis ou d’enregistrer leurs fusils et carabines. Cette amnistie nuit à l’exactitude des données du registre, particulièrement en ce qui a trait à l’adresse des propriétaires d’armes. Elle empêche les policiers de retirer des armes et d’accumuler des éléments de preuve contre des individus potentiellement dangereux.




La réforme est inéquitable, dit l’opposition - HUGO DE GRANDPRÉ
Certains groupes, comme les femmes et les homosexuels, risquent d’être pénalisés
« Dans de nombreux pays qui semblent par ailleurs relativement pacifiques et "sûrs", des problèmes sérieux de persécution peuvent exister. Pourtant, ces demandeurs n’auront pas accès à l’appel disponible aux autres demandeurs. » — Le Conseil canadien pour les réfugiés
OTTAWA — La réforme du système d’accueil des réfugiés présentée hier par le ministre fédéral de l’Immigration, Jason Kenney, risque de pénaliser certains groupes, dont les femmes et les homosexuels, ont dénoncé des partis de l’opposition et un groupe de défense des droits des réfugiés.
PHOTO FRED CHARTRAND, LA PRESSE CANADIENNE « Le projet de loi répond également au fait que certaines personnes abusent de notre générosité et que bon nombre de demandeurs d’asile qui viennent au pays n’ont pas besoin de notre protection », a affirmé le ministre de l’Immigration Jason Kenney lors d’une conférence de presse à Ottawa, hier.
Le projet de loi C-11 vise à faire passer de quatre ans et demi à un an la période au cours de laquelle un demandeur d’asile peut se voir expulser du pays si sa demande est rejetée. On espère ainsi réduire les temps d’attente actuels, qui se situent à environ 19 mois, selon le ministère de l’Immigration.
« Le projet de loi répond également au fait que certaines personnes abusent de notre générosité et que bon nombre de demandeurs d’asile qui viennent au pays n’ont pas besoin de notre protection », a affirmé le ministre Kenney lors d’une conférence de presse à Ottawa, hier.
Pour parvenir à ses fins, Ottawa propose de mettre sur pied ce que certains ont qualifié de « régime à deux vitesses », qui prévoit la création d’une liste de pays dits « sûrs », dont les ressortissants ne profiteront pas d’autant de recours que les ressortissants de pays jugés moins sécuritaires.
C-11 propose aussi deux nouvelles étapes dans l’examen d’une demande: l’audience de première instance, qui est actuellement tenue devant un commissaire indépendant de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), serait remplacée par une audience tenue devant un fonctionnaire de la CISR.
La réforme créerait également une section d’appel capable d’entendre une nouvelle preuve, mais seulement pour les demandeurs issus de pays jugés dangereux. Les autres auraient un an après le rejet de leur demande pour demander à la Cour fédérale l’autorisation de porter cette décision en appel.
Le ministre de l’Immigration souhaite limiter à un an le délai au cours duquel il peut expulser un demandeur rejeté en première instance. À l’heure actuelle, ceux dont la demande d’asile est ainsi rejetée disposent d’un éventail de possibilités, dont une demande d’autorisation à la Cour fédérale, une évaluation des risques avant renvoi (ERAR) et une demande pour motif d’ordre humanitaire. Ces deux dernières options seraient toutefois interdites pendant les 12 mois suivant le rejet de la demande en première instance.
« Ce que nous faisons ici, c’est de remplacer ces appels de facto qui ne marchent pas, qui prennent des mois et des mois, avec une section d’appel aux processus très robustes », a précisé le ministre Kenney.
« Inéquitable »
Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), le Bloc québécois et le NPD ont tous critiqué la réforme proposée par le gouvernement Harper. Ils la considèrent comme inéquitable pour les demandeurs d’asile provenant de pays qui seraient étiquetés comme « sûrs » par le ministre de l’Immigration. Aux premières loges des victimes d’une telle approche, ont-ils mis en garde, seront les homosexuels et les femmes.
« Dans de nombreux pays qui semblent par ailleurs relativement pacifiques et "sûrs", des problèmes sérieux de persécution peuvent exister pour ces motifs. Pourtant, ces demandeurs n’auront pas accès à l’appel disponible aux autres demandeurs », a écrit le CCR dans un communiqué de presse diffusé après l’annonce.
Les autres critiques déplorent aussi que les audiences de première instance ne se tiendraient plus devant un commissaire indépendant ; que le ministre nuise aux demandeurs d’asile en décrivant certains d’entre eux comme des profiteurs ; et que le délai de deux mois imposé pour tenir l’audience de première instance est trop court puisque certains réfugiés sont encore traumatisés par leurs expériences passées.


Ottawa bloquera les réfugiés haïtiens qui transitent par les É.-U.
— Les Haïtiens seront vraisemblablement les premières victimes des modifications à l’Entente sur les tiers pays sûrs annoncées jeudi soir et qui interdisent désormais aux personnes ayant transité par les États-Unis de faire une demande d’asile à leur arrivée à la frontière canadienne.
L’an dernier, 4000 ressortissants de cet État des Grandes Antilles ont procédé ainsi pour entrer au Canada et y demander le statut de réfugié. Cela représente environ 80% de ce genre de requêtes.
Les changements annoncés jeudi soir suscitent de l’inquiétude dans la communauté haïtienne de Montréal, qui a été prise de court par la nouvelle.
« Cela va sûrement affecter beaucoup de gens. Surtout ceux qui arrivent par la frontière de Lacolle », a expliqué Raymond Laurent, qui anime depuis 20 ans l’émission Samedi midi inter sur les ondes de la radio CKUT.
« La situation d’Haïti reste quand même difficile et je crois que la décision des conservateurs, c’est une mesure très dure », a-t-il ajouté.
Ottawa dit avoir choisi de modifier l’Entente sur les tiers pays sûrs en vigueur depuis 2004 afin de pouvoir mieux gérer les demandes d’asiles et de réduire la possibilité de demandes d’asile multiples.
« Il est important de ne pas créer un système d’immigration à deux vitesses: une vitesse pour les immigrants qui attendent patiemment leur tour de venir au Canada, souvent pendant des années, et une autre vitesse pour les personnes qui devancent les autres et présentent une demande d’asile au Canada après avoir eu la possibilité de le faire dans un pays sécuritaire et démocratique », a déclaré le ministre de l’Immigration Jason Kenney, dans un communiqué.
Mais d’après le député libéral Denis Coderre, qui a signé l’Entente en 2002, le gouvernement vient de se priver d’un moyen de faire respecter ses valeurs et d’appliquer sa propre politique en matière d’affaires étrangères, dans des cas où il a des divergences avec les États-Unis.
« En enlevant le caractère plus spéci fique en ce qui a trait aux exemptions, on enlève du lustre à l’entente » , a-t-il fait valoir en entrevue avec La Presse Canadienne.

Pot - Un projet de loi sur le inquiète l’opposition
— Un projet loi du gouvernement Harper qui vise à imposer des peines de prison minimales pour certaines infractions liées aux drogues, dont le pot, inquiète les partis de l’opposition.
Au comité parlementaire de la justice, hier, des députés du Bloc québécois ont indiqué au ministre de la Justice, Rob Nicholson, que la marijuana aurait dû être exclue.
S’il était adopté, le projet de loi C-15 créerait entre autres des peines minimales de six mois pour quiconque ferait pousser de un à 200 plants de marijuana dans le but d’en faire le trafic. Le projet vise à punir et décourager les producteurs, trafiquants et importateurs de toutes les drogues.
« Ça peut être la personne qui ne fait pousser qu’un seul plant pour se faire 30$ », a lancé Rick Norlock, un député conservateur et ancien policier ontarien, en exprimant son soutien à l’initiative du ministre. Mais, a-t-il ajouté, « les criminels commencent petit ».
Les partis de l’opposition voient les choses autrement. Le député bloquiste Marc Lemay, un ancien avocat criminaliste, a fait remarquer que plusieurs de ces criminels seraient dirigés vers les prisons provinciales.
« Si la personne veut suivre un traitement, on a un problème, a-t-il dit. Il n’y a rien pour les prisons provinciales. Il n’y a rien pour donner les services. »
« On a un paquet de jeunes qui ont des plantations de 10, 15, 20, 25 plants, a-t-il ajouté. On leur impose une peine de six mois en partant. Qu’est-ce qu’on fait? C’est quoi la solution? »
M. Nicholson a expliqué que des programmes existaient pour « éduquer » les jeunes et les convaincre de ne pas prendre de drogue. Pour le reste, a-t-il dit, « je vois mal de qui vous voulez parler. La Loi sur les jeunes contrevenants s’applique à des jeunes de moins de 18 ans. Alors si vous me dites qu’un jeune de 25 ans est impliqué dans le commerce de la drogue, il doit s’attendre à être touché par ce projet de loi. »
La députée néo-démocrate Libby Davies, de son côté, a demandé au ministre s’il avait des preuves que de telles sanctions étaient efficaces en matière de drogue, alors qu’un rapport publié sur le site du ministère de la Justice conclut que non.
« Les peines minimales obligatoires sévères instituées aux États-Unis ont surtout entraîné l’emprisonnement de délinquants non violents de bas niveau, ont écrit les auteurs, deux professeurs d’université, en 2001. Les peines minimales obligatoires ne semblent influer sur la consommation de drogue ou la criminalité liée à la drogue en aucune façon mesurable. »
« Les Canadiens nous l’ont dit », a simplement répondu le ministre.



De plus longues peines pour les auteurs de meurtres multiples
Le gouvernement fédéral a annoncé hier le dépôt d’un projet de loi qui permettra aux juges d’imposer des peines d’emprisonnement à perpétuité consécutives aux accusés reconnus coupables de plusieurs meurtres. Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a dit vouloir s’assurer que les tueurs en série ou récidivistes paient le juste prix pour leurs actions. Il a indiqué que le but du projet de loi était de mettre fin à ce qu’il qualifie de « rabais de peine » pour les auteurs de meurtres multiples.




Manque de leadership  -  Heidi Rathjen
En permettant un vote libre, MM. Ignatieff et Layton ont rendu leurs députés vulnérables aux incroyables pressions du lobby des armes à feu
Je connais bien les armes à feu. Je suis témoin des dommages qu’elles peuvent causer. J’ai perdu des consoeurs lors de la tuerie à l’école Polytechnique. Et j’ai longtemps côtoyé les familles des victimes pour travailler avec elles dans le but d’améliorer le contrôle des armes.
J’ai donc été estomaquée d’apprendre qu’une majorité de députés ont appuyé un projet de loi privé visant l’abolition du registre des armes à feu.
L’intention du Parti conservateur d’abolir le registre n’a jamais été un secret. Depuis ses débuts, lorsqu’il s’appelait le Parti réformiste, l’idéologie « Touche pas à mon arme! » était omniprésente. Or, sans majorité, les nombreuses tentatives des conservateurs pour détruire le registre n’ont mené nulle part.
Mais qui a besoin d’une majorité quand deux des chefs de l’opposition décident de tourner le dos aux victimes des armes à feu, aux femmes violentées, à la sécurité des générations futures?
Michael Ignatieff et Jack Layton ne sont pas naïfs. Ils savent très bien que le projet de loi C-391 est un projet de loi gouvernemental déguisé. En permettant un vote libre, ils ont rendu leurs députés vulnérables aux incroyables pressions du lobby des armes, surtout dans les comtés ruraux de l’Ouest canadien.
Les conservateurs ont même diffusé des annonces publicitaires à la radio visant spécifiquement les députés de l’opposition dans ces régions. Le résultat de ce manque de leadership était tout à fait prévisible.
Mais il n’est pas trop tard. Le vote a eu lieu en deuxième lecture. C’est la troisième qui compte. Si jamais il était temps d’envoyer un message aux libéraux et aux néodémocrates, ce serait maintenant. Moi, je vais leur demander : où est votre leadership ? Où est votre conscience ? Où sont les valeurs de votre parti ?
Depuis l’entrée en vigueur des mesures de contrôle plus sévères, les décès par balle au Canada ont systématiquement diminué, passant de 1441 en 1991 à 818 en 2005 – une baisse de 43%!

Il revient maintenant à MM. Ignatieff et Layton de décider s’ils veulent maintenir cette tendance, ou s’ils veulent marquer des points avec le lobby des armes aux dépens des futures victimes d’armes à feu.





Harper s’excuse auprès d’Ignatieff - Joël-Denis Bellavance
PROPOS ERRONÉS DU PREMIER MINISTRE
— Dure semaine pour le premier ministre Stephen Harper. Après avoir été entraîné dans une controverse religieuse même s’il n’avait rien à se reprocher et après avoir été légèrement en retard pour la photo officielle au sommet duG8 en Italie, voilà que M. Harper a été contraint de s’excuser hier auprès du chef libéral Michael Ignatieff.
Pendant une conférence de presse au sommet du G8, le premier ministre Stephen Harper a attaqué le chef libéral Michael Ignatieff sur des propos que ce dernier n’a jamais tenus.
La raison? M. Harper a durement attaqué M. Ignatieff durant sa conférence de presse de clôture au sommet après lui avoir prêté des propos controversés sur la place du Canada au sein des institutions internationales, des propos que le chef libéral n’a jamais tenus.
M. Harper a dû faire son mea culpa devant une caméra quelques minutes après la fin de sa conférence de presse officielle à L’Aquila, où avait lieu le sommet.
« Durant cette conférence de presse, j’ai attaqué M. Ignatieff pour des propos qu’il aurait prétendument tenus au sujet du Canada et du G8. Ce n’était pas une citation de M. Ignatieff. Je regrette cette erreur et je m’excuse auprès de M. Ignatieff pour cette erreur », a affirmé M. Harper avec un air contrit.
Le principal intéressé, qui se trouvait à Londres, en GrandeBretagne, hier, a accepté les excuses du premier ministre quelques heures plus tard. Il a dit toutefois regretter que M. Harper ait profité d’un sommet international pour se livrer à des attaques partisanes au lieu de s’en tenir à faire valoir les intérêts du Canada au G8.
« J’accepte les excuses du premier ministre. Il est malheureux que ces remarques aient été faites à la toute fin de la rencontre du G8 alors que les efforts du Canada auraient été mieux servis à discuter avec les autres leaders du monde des dossiers d’intérêts communs », a écrit M. Ignatieff dans un courriel.
Cette controverse a éclaté lorsque M. Harper a vilipendé le chef libéral en conférence de presse pour avoir prétendument affirmé que le Canada pourrait être exclu d’une éventuelle réforme des organisations internationales comme le G8. M. Harper avait auparavant été informé par un de ses proches collaborateurs, Dimitri Soudas, de la teneur de ces propos attribués faussement à M. Ignatieff.
« M. Ignatieff est censé être un Canadien. (…) Je ne pense pas que l’on doive faire valoir de telles idées qui sont évidemment contraires aux intérêts du pays. Personne ne préconise une telle chose, a dit le premier ministre. C’est une suggestion irresponsable. Il doit examiner ses propos attentivement et se rétracter. Franchement, ce sont des propos irresponsables. Mais ils le sont encore plus venant d’un parlementaire influent du Canada. »
Le premier ministre répondait alors à une question d’un journaliste sur la pertinence du G8 et la possibilité qu’il soit remplacé par une autre structure plus vaste.
Quinze minutes après cette sortie, Dimitri Soudas a rassemblé d’urgence les journalistes présents à la conférence de presse dupremier ministre pour les informer que les propos en question avaient été faussement attribués à M. Ignatieff. Les propos, a-t-il expliqué, lui ont été envoyés par courriel durant la nuit de jeudi à vendredi. Ces propos auraient été tenus par un professeur qu’il n’a pas identifié.
Source non vérifiée
M. Soudas a indiqué avoir informé M. Harper de la teneur des propos sans toutefois en vérifier la véracité et la source. Il a dit être responsable de cette erreur. Il a présenté ses excuses aux journalistes, au premier ministre et à M. Ignatieff et a dit être prêt à subir les conséquences de cette bévue.
Les libéraux se sont rapidement portés à la défense de leur chef après cette bourde du premier ministre. Le critique libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, s’est dit outré de voir que M. Harper se livre à de telles attaques à l’étranger.
« Non seulement on n’a jamais vu de telles attaques lors d’une réunion internationale, mais cela témoigne aussi d’un grave manque de jugement de la part du premier ministre. Cela montre, encore une fois, que l’actuel gouvernement est incapable d’un leadership compétent et crédible, que ce soit au pays ou à l’étranger », a-t-il affirmé.
« Il ne s’agit pas d’une simple erreur commise par l’un des collaborateurs de M. Harper. Cela témoigne de la personnalité du premier ministre, qui a choisi de salir ses adversaires, comme il l’a toujours fait, mais cette fois-ci devant le monde entier », a-t-il ajouté.
M. Rae a aussi accusé M. Harper d’être incapable de s’élever au-dessus de la mêlée partisane.
Plus tôt cette semaine, M. Harper s’est fait accuser par le chancelier dudiocèse de Saint-Jean, Mgr Brian Henneberry, de ne pas avoir avalé l’hostie qui lui a été remise lors des funérailles d’État de l’ancien gouverneur général du Canada, Roméo LeBlanc, la semaine dernière. Hier, le premier ministre a affirmé avoir bel et bien avalé l’hostie et qualifié toute l’affaire « d’absurde ».




Triste dérapage du PC  -  Olivier Lemieux
Le Parti conservateur me révolte lorsqu’il utilise les enfants à des fins de propagande partisane, comme il l’a fait dans un récent dépliant distribué aux électeurs québécois. Comment le premier ministre Harper peut-il tolérer une telle pratique qui s’apparente à une façon de faire typiquement américaine où tout est permis ? Doit-on interpréter cela comme un geste de panique au point d’emprunter les côtés moins glorieux de la politique américaine qui utilise la démagogie et la désinformation comme outils électoraux? Ce n’est pas pour rien que les libéraux fédéraux ont également dénoncé cette forme de propagande en la qualifiant de honteuse et mesquine! Si les élus conservateurs du Québec veulent regagner en crédibilité, ils devraient rapidement présenter des excuses à la population. Audelà du ton et de la forme utilisée pour cette attaque partisane, ce n’est pas aux contribuables de payer pour une pratique aussi indigne de la démocratie canadienne.

Démagogie conservatrice -  Jeannot Vachon
L’attaque des Conservateurs contre le Bloc québécois est tellement démagogique que même le Parti libéral s’est lancé à sa défense. Leur publicité négative qualifie les députés bloquistes d’amis des pédophiles parce qu’ils n’appuient pas leur projet de loi pour un système de justice plus répressif. La question n’est pas de savoir si on est sympathiques aux criminels, mais de savoir si on doit changer le système actuel. L’escalade répressive n’a pas de fin. Si on veut augmenter les séjours en prison de deux à trois ans par exemple, on se posera la question: pourquoi pas cinq, 10 ou 20 ans, ou la perpétuité ou la peine de mort ? Est-ce que celui qui n’est pas un partisan de la peine ultime est l’ami du criminel? Des investissements massifs dans le système carcéral amèneront-ils une société meilleure et exempte de criminalité? Construire de nouvelles prisons est-il préférable que de s’occuper des hôpitaux ou du système d’éducation?


PUBLICITÉS CONSERVATRICES  Des libéraux défendent le Bloc

Le député Coderre : « On est des adversaires, mais il y a un niveau où il ne faut pas aller. »
Les attaques du Parti conservateur à l’endroit du Bloc québécois sont un « geste de désespoir », a affirmé hier le député libéral Denis Coderre, qui dénonce le « mauvais goût » de l’offensive publicitaire des troupes de Stephen Harper.
Le député libéral Denis Coderre a dénoncé le « mauvais goût » de l’offensive publicitaire des troupes de Stephen Harper.
« Les gens sont extrêmement cyniques à l’égard des politiciens, a-t-il affirmé hier, en marge de l’investiture de la députée Marlene Jennings. Ce genre de geste met de l’huile sur le feu et contribue au cynisme. »
Les conservateurs ont distribué la semaine dernière des brochures dans les 48 circonscriptions bloquistes du Québec. Le dépliant accuse les députés du parti de Gilles Duceppe d’être compatissants à l’endroit des pédophiles, car la formation s’est opposée à un projet de loi privé qui aurait imposé des punitions plus sévères aux proxénètes.
La campagne publicitaire a été payée avec l’argent des contribuables.
Ce genre de tactique n’a pas sa place en politique canadienne, a affirmé le député Denis Coderre, qui faisait écho aux propos tenus par son chef Michael Ignatieff lors d’un récent passage à Calgary.
« C’est un geste de désespoir, a-t-il dénoncé. Ils ont attaqué personnellement Stéphane Dion à l’époque, ils ont attaqué Michael Ignatieff et là, ils s’en prennent au Bloc. On est des adversaires, mais il y a un niveau où il ne faut pas aller. » Le député dit reconnaître la légitimité du Bloc à Ottawa. Mais du même souffle, il remet en question sa pertinence.




Les pubs contre Ignatieff n’ont pas fait mouche
OTTAWA— L’offensive publicitaire lancée il y a deux semaines par le Parti conservateur contre le chef libéral, Michael Ignatieff, semble aussi efficace qu’un coup d’épée dans l’eau.
Les Canadiens qui ont vu les publicités estiment qu’elles sont « inefficaces » ou « plutôt inefficaces » dans une proportion de 61%, révèle un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse et du Toronto Star.
Seulement 35% des répondants les ont jugées « efficaces » ou « plutôt efficaces », et 4% ne savent pas.
Résultat : cette offensive des conservateurs a eu jusqu’ici un effet marginal sur l’image de Michael Ignatieff aux yeux des Canadiens. Pas moins de 45% d’entre eux affirment que leur perception du chef libéral n’a guère changé, même après avoir vu les annonces qui critiquent notamment le fait qu’il a vécu à l’étranger pendant 34 ans.
Seulement 34% des personnes interrogées ont affirmé que l’annonce leur avait laissé une impression négative (22%) ou plutôt négative (12%) du chef libéral.
Les annonces négatives peuvent être une arme redoutable. Les conservateurs avaient utilisé une tactique semblable pour pulvériser l’image de Stéphane Dion et critiquer ses qualités de leader. Ces attaques avaient été un succès puisqu’une forte majorité de Canadiens ne faisaient pas confiance à M. Dion pour occuper les fonctions de premier ministre.
Mais dans le cas de Michael Ignatieff, les conservateurs n’ont pas réussi à égratigner son image, du moins jusqu’ici. Pis encore, cette manoeuvre semble se retourner contre eux, car 65% des personnes qui ont vu les annonces soutiennent qu’elles leur ont laissé une impression négative (53%) ou plutôt négative (12%) des conservateurs. Seulement 10% ont affirmé qu’elles avaient laissé une impression positive ou plutôt positive.
« Notre recherche démontre clairement que les publicités négatives n’ont pas eu d’impact, du moins à court terme. En fait, la majorité de Canadiens les jugent inefficaces et estiment que cela mine l’image des conservateurs »
, affirme Nik Nanos, le président de la firme Nanos.
« Les annonces ont eu un impact négatif marginal sur l’image de Michael Ignatieff principalement parmi les électeurs qui appuient le Parti conservateur et ceux qui appuient le NPD. Mais les conservateurs sont eux-mêmes divisés sur l’efficacité de ces annonces. Chez les électeurs qui appuient le Parti conservateur, 49,7% d’entre eux estiment que ces annonces sont inefficaces ou plutôt inefficaces », souligne M. Nanos.
Ces annonces n’ont d’ailleurs pas empêché les libéraux d’augmenter légèrement leur avance sur les conservateurs dans les intentions de vote. Le dernier coup de sonde réalisé par Nanos accorde 37,2% aux libéraux, 31,8% aux conservateurs, 15,7% auNPDet 7,4% auParti vert à l’échelle nationale. Au Québec, le Parti libéral obtient 38%, le Bloc québécois 35%, le NPD 13% et le Parti conservateur 12%.
Ce sondage a été réalisé du 26 mai au 1er juin auprès de 1001 Canadiens. De ce nombre, seules les 626 personnes ayant affirmé avoir vu les annonces ont été interrogées sur leur impact. La marge d’erreur de cette portion du sondage est donc de plus ou moins 3,9 points de pourcentage, 19 fois sur 20.




Les gaufrettes d’Iggy, les enveloppes de Mulroney -  VINCENT MARISSAL
Puisque les Canadiens risquent de se retrouver, encore une fois, en élect ion avant longtemps, voici une question fondamentale : l’habitude de tremper une gaufrette au chocolat dans son espresso constitue-t-elle une preuve irréfutable de manque de leadership?
Selon le Parti conservateur, la réponse est oui, ce pourquoi on retrouve une référence aux gaufrettes du chef libéral, sous la rubrique « leadership », dans la série de publicités mises en ligne hier.
À défaut d’élever le niveau intellectuel des débats politiques au Canada, on pourra au moins dire que les conservateurs auront cont ribué à repousser encore un peu plus loin les limites de la publicité négative.
Aux États-Unis, les républicains s’offusquent du fait que Barack Obama préfère la moutarde de Dijon dans ses hamburgers. Ici, les conservateurs en ont contre les gaufrettes.
La publicité conservatrice sou s - entend que Mi c hael Ignatieff est snob et distant parce qu’il aime les gaufrettes. Dans les faits, elle laisse plutôt entendre que les Canadiens sont tellement « colons » qu’ils ne peuvent supporter le moindre ra f f i nement chez leurs politiciens. On appelle cela du nivellement vers le bas.
Pou r êt r e ef f i c a ces , l es publicités négatives doivent répondre à trois critères : être factuelles ( appuyées sur des faits réels) ; pertinentes ( les accusations doivent avoir un lien avec la crédibilité ou les capacités du candidat visé) ; être mesurées (ne pas trop en mettre). À l’évidence, les deux derniers critères ne sont pas ici respectés, à moins que vous pensiez sincèrement que l’envie de gaufrettes rend quelqu’un inapte à gouverner...
Cela dit, cette nouvelle campagne négative n’est pas le fruit du hasard. Elle est le reflet des sondages et focus groups, qui démontrent que les Canadiens connaissent encore peu Michael Ignatieff et que celui-ci dégage une image hautaine.
Les conservateurs cherchent donc à imprégner tout de suite une image de Michael Ignatieff dans l’esprit des électeurs, quitte à en beurrer très épais. L’idée est d’attirer l’attention des électeurs, de provoquer des discussions.
Outre les gaufrettes, les publicités parlent aussi du condo de luxe des Ignatieff à Toronto, de leur maison en Provence, de leur mode de vie quand ils vivaient à l’étranger.
Les républicains ont essayé, sans succès, de faire le même coup à Barack Obama, l’été dernier, en attaquant sa trop grande assurance (ça aussi, faut le faire !). Dans une pub internet désormais célèbre, les républicains avaient même fait une caricature d’Obama en Moïse ouvrant les eaux pour le peuple américain.
La stratégie des publicités négatives avait fonctionné contre Stéphane Dion, mais ce dernier ne jouissait pas d’une aussi forte crédibilité et d’une aussi forte cote de popularité (selon les sondages) que Michael Ignatieff.
Au-delà des détails insignifiants sur les gaufrettes ou sur le condo de M. Ignatieff, les recherchistes conservateurs ont toutefois retrouvé quelques citations à fort potentiel de controverse, sur le Québec et les Québécois, notamment. On note aussi que M. Ignatieff était en faveur de la coalition, en décembre dernier, avant de dire le contraire.
Voilà qui est plus fair-play, mais dans l’état actuel de leur parti au Québec, les conservateurs sont en train de « faire la job » pour le Bloc québécois.
En dépoussiérant les vieilles citations de Michael Ignatieff, Stephen Ha rper r isque par ailleurs de se prendre les pieds dans les siennes, lui qui a déjà milité contre le bilinguisme et contre la société distincte, pour la participation du Canada à la guerre en Irak et qui a déjà qualifié le Canada de « pays socialiste » devant un groupe de droite américain.
Pour le moment, les libéraux n’ont pas l’intention de répliquer aux salves conservatrices. Pas besoin, disent-ils, les conservateurs sont en train de se battre tout seuls.
Les libéraux, en effet, n’ont pas de raison de dépenser de l’argent dans des publicités négatives contre les conservateurs, la commission Oliphant s’en charge à merveille.
Les vieilles histoires d’enveloppes pleines d’argent de Brian Mulroney ternissent le nom du Parti conservateur plus efficacement que n’importe quelle campagne publicitaire. En plus, le témoignage de l’ancien premier ministre est venu rouvrir des plaies douloureuses au sein du Parti conservateur, un peu comme le témoignage de Jean Chrétien devant la commission Gomery avait divisé les troupes libérales. On ne fait pas témoigner un ancien premier ministre devant une commission d’enquête sans causer quelques remous.
Stephen Harper peut espérer que les électeurs fassent une distinction entre le Parti conservateur de l’époque et le Parti conservateur d’aujourd’hui, mais ce qu’il ne pourra éviter, ce sont les effets dévastateurs des critiques de Brian Mulroney dans ses troupes, surtout au Québec.
M. Mulroney a beau être persona non grata pour le premier ministre, il est plus branché et plus influent que ne le sera jamais Stephen Harper au Québec.
Personne ne lui donnera l’absolution pour ses relations passées avec Karlheinz Schreiber, mais quand il critique Stephen Harper, bien des conservateurs du Québec désabusés lui donneront raison.

 
Que met M. Harper dans son café? - ANDRÉ PRATTE
On parle beaucoup de la campagne de « publicité négative » lancée cette semaine par le Parti conservateur contre Michael Ignatieff. Il s’agit en effet de publicité négative, mais pas au sens péjoratif du terme. Ces annonces ne se moquent pas du physique de l’homme. Elles ne contiennent pas de faussetés grossières ou d’insinuations malhonnêtes. Évidemment, on s’en prend à Michael Ignatieff, à son absence du pays pendant 34 ans et aux opinions controversées qu’il a émises au cours de sa carrière d’essayiste. La tactique n’a rien d’original; c’est de la politique partisane telle qu’on la pratique depuis longtemps, avec une dose de démagogie comparable à celle qu’emploient les autres formations.
Les publicités télévisées et web mettent en évidence des aspects pertinents, parfois troublants du cheminement de M. Ignatieff. Évidemment, comme le soulignait hier notre collègue Vincent Marissal, le fait que le chef libéral trempe « délicatement une gaufrette au chocolat » dans son espresso n’a rien à voir avec ses talents de leader. Reste que M. Ignatieff a en effet un côté élitiste qui agace parfois. Il en a donné la preuve mercredi quand, interrogé au sujet de la campagne conservatrice, il a laissé tomber (de haut): « J’ai écrit plus de bouquins que les conservateurs n’en ont lus. »
Il est indéniable, aussi, que M. Ignatieff « est revenu au Canada pour une seule raison: devenir notre premier ministre ». Incontestable qu’à la télévision américaine il y a à peine cinq ans, il parlait des États-Unis comme de « mon » pays. Le contenu et le ton de ses ouvrages confirment, enfin, que le chef libéral n’est pas allergique au narcissisme.
En somme, les cibles visées par la campagne conservatrice sont légitimes.
Les tories marchent sur un terrain beaucoup plus glissant lorsqu’ils épluchent les déclarations passées du leader libéral. Il est vrai que celui-ci n’a pas toujours été ouvert au nationalisme québécois, vrai qu’à l’automne il avait endossé la coalition PLCNPD-Bloc, vrai qu’il a tenu des propos ambigus sur la torture, etc. Cependant, si on se livrait au même exercice ausujet deStephen Harper, on constaterait qu’il a lui aussi été hostile aux nationalistes du Québec, qu’il était contre Meech et Charlottetown, contre le bilinguisme officiel, contre la loi 101, etc. Ce n’est qu’en désespoir de cause que le chef conservateur s’est converti au « fédéralisme d’ouverture » et a reconnu le Québec comme nation. En somme, sur le plan des virages à 180 degrés, M. Ignatieff n’a rien à envier au premier ministre.
Malheureusement pour les conservateurs, le prochain scrutin ne portera pas sur ce que les chefs mettent dans leur espresso (ou leur Tim Hortons). C’est le bilan peu reluisant du gouvernement Harper qui sera au coeur des débats. Et puis les partis politiques devront dire aux Canadiens ce qu’ils comptent faire au cours des prochaines années. À cet égard, il est vrai que les intentions de Michael Ignatieff sont infiniment vagues. On peut toutefois en dire autant de celles des conservateurs, eux qui gouvernent depuis l’hiver à contre-courant de leurs propres convictions.




Les conservateurs lancent une offensive publicitaire contre Michael Ignatieff
«C’est un chef qui est ultracentralisateur à la Trudeau, qui aime Trudeau parce qu’il savait remettre le Québec à sa place.»
— Après Stéphane Dion, Michael Ignatieff s’apprête à goûter à la médecine des conservateurs.
Le Parti conservateur a lancé hier une offensive publicitaire à l’échelle nationale sur les ondes des stations de télévision, mettant en doute l’attachement de Michael Ignatieff au Canada.
Les conservateurs ont ainsi recours à la même stratégie utilisée contre l’ancien chef libéral Stéphane Dion. Cette stratégie avait connu un succès certain auprès des électeurs canadiens dont une forte majorité ne voyait pas M. Dion occuper le poste de premier ministre.
Les troupes de Stephen Harper lancent cette offensive au moment où les libéraux de Michael Ignatieff voient leurs appuis augmenter dans les sondages depuis quelques semaines. Le dernier sondage Nanos, mené pour le compte de La Presse et du Toronto Star, accorde 36% des appuis au Parti libéral à l’échelle nationale contre 33% au Parti conservateur, tandis que le NPD doit se contenter de 15%.
« Michael Ignatieff a eu une longue lune de miel. Mais maintenant, cette lune de miel est terminée », a déclaré une source conservatrice qui a exigé l’anonymat.
En point de presse, après la période des questions, le principal intéressé a soutenu que les Canadiens ne seront pas impressionnés par une telle offensive alors que l’économie canadienne est en récession.
« Nous avons des faillites personnelles à un niveau record. Nous avons un taux de chômage qui grimpe chaque mois. Et la seule chose que ce gouvernement sait faire, c’est de créer de la publicité négative contre Michael Ignatieff. Je crois que les Canadiens s’attendent à beaucoup plus que ça », a dit le chef libéral.
« J’ai été très clair. Je ne vais pas me lancer dans des attaques personnelles contre M. Harper. Il ne devrait pas le faire non plus. S’il croit pouvoir me faire à moi ce qu’il a fait à mon prédécesseur, il se trompe royalement », a ajouté M. Ignatieff.
En tout, le Parti conservateur a préparé six annonces publicitaires – trois en français (www.quisuisje.ca) et trois en anglais (www.ignatieff.me) – qui ont commencé à envahir les ondes hier midi.
Les stratèges conservateurs ont passé les derniers mois à éplucher les écrits, les livres, les entrevues et les articles de journaux de Michael Ignatieff, en particulier lorsqu’il vivait à l’étranger. Dans certaines annonces, les conservateurs rappellent des déclarations de M. Ignatieff, notamment celle où il appelle les États-Unis son pays. « L’Amérique… c’est mon pays autant que le vôtre », a-til affirmé dans une entrevue à CPSAN, le 17 juin 2004, soit environ un an avant qu’il ne rentre à Toronto.
M. Ignatieff a quitté le Canada en 1969. Durant son séjour à l’étranger, il a notamment vécu à Londres et à Boston, où il a enseigné à Harvard.
Dans leur publicité, les conservateurs dépoussièrent une citation de M. Ignatieff parue dans le quotidien The Globe and Mail le 2 avril 1998 au sujet des Québécois. « Les Québécois fantasment sur le fait qu’ils sont différents, mais ils ne sont que des Nord-Américains qui parlent français. (…) Ils prennent des différences mineures et les amplifient. »
Ils relèvent aussi l’opposition du chef libéral, exprimée le 11 janvier 2006, à ce que le Québec obtienne une place au sein de l’UNESCO. « Des délégations internationales distinctes pour le Québec signifient que le Québec devient la risée internationale et que le Canada devient une source d’embarras… ce que nous n’avons jamais été. »
Le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, a défendu cette tactique en affirmant que les Québécois doivent être informés des propos « troublants » qu’a tenus dans le passé Michael Ignatieff.
« M. Ignatieff n’est pas connu malgré les positions qu’il a prises au cours des 20 dernières années. Il a dit beaucoup de choses qui doivent être sues des Québécois. Par exemple, il prétend que les Québécois vivent dans un monde fantaisiste, que la seule chose qui différencie le Québec du Minnesota ou du Vermont, ce sont les panneaux de signalisation. Ce sont des faits qui sont troublants, qui doivent être sus des gens. C’est un chef qui est ultracentralisateur à la Trudeau, qui aime Trudeau parce qu’il savait remettre le Québec à sa place », a dit M. Paradis, le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.
À ce sujet, Michael Ignatieff a dit assumer la responsabilité de tous les propos qu’il a tenus dans le passé, même ceux qui pourraient le hanter aujourd’hui.
« J’ai écrit plus de bouquins que les conservateurs en ont lus. Bien sûr ils vont feuilleter mes pages pour voir des choses que j’ai écrites il y a 20 ans. Je prends la responsabilité de ce que j’ai écrit. Je ne suis pas un homme parfait. J’ai fait des erreurs dans le passé. Mais ce n’est pas du sérieux. Nous sommes dans une crise économique. (…) Ils veulent changer de sujet parce que le sujet qui compte, c’est leur incompétence économique », a dit M. Ignatieff.
Les stratèges conservateurs ont refusé de dévoiler le coût de cette offensive publicitaire ou de préciser combien de temps elle durera.

Le bilan du PC parle de lui-même, selon Ignatieff
Le chef libéral n’entend pas recourir aux publicités négatives
— Même s’il a prévenu qu’il s’en prendrait au premier ministre Stephen Harper si nécessaire, Michael Ignatieff a affirmé hier que le Parti libéral du Canada n’aurait pas recours à des publicités reposant sur des attaques personnelles.
M. Ignatieff, qui prenait part à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, à un rassemblement politique dans le cadre de la campagne électorale provinciale, a souligné qu’il y avait suffisamment matière à critique dans les réalisations des conservateurs.
« Il y a assez (de choses) dans leur dossier que nous pouvons attaquer : chômage record, faillites records, déf icit record » , a-t-il dit après avoir appuyé le chef libéral provincial Stephen McNeil, à l’approche des élections du 9 juin. Samedi, lors d’un congrès libéral provincial à Gander, à Terre-Neuve-etLabrador, M. Ignatieff avait lancé une mise en garde à l’endroit de M. Harper : « Si vous m’embêtez, je vais vous embêter jusqu’à ce que j’en aie terminé. »
Reproches des conservateurs
M. Ignatieff faisait alors allusion aux récentes publicités diffusées à la télévision et sur l’internet par les conservateurs, qui lui reprochent d’avoir pendant longtemps été absent du Canada. Cette campagne publicitaire présente le chef libéral comme un être élitiste et arrogant qui ne s’intéresse qu’à sa réussite personnelle.
Les conservateurs voient dans les 34 années passées par M. Ignatieff à enseigner à l’étranger un signe de son manque d’attachement au Canada.
La semaine dernière, M. Ignatieff a rendu publique une vidéo dans laquelle il accuse le premier ministre Harper de s’en prendre à tous les nouveaux Canadiens avec sa série de publicités, dans lesquelles les conservateurs laissent entendre que le chef libéral n’est que de passage au pays.


Le début de la sale campagne - VINCENT MARISSAL
À l’évidence, les conservateurs commencent à sentir la soupe chaude et, comme chacun sait, la meilleure défense, c’est l’attaque.
Ça y est, la campagne électorale fédérale est commencée! La sale campagne, s’entend. En perte de vitesse dans les sondages et visiblement dépassés par la c r ise économique, les conservateurs de Stephen Harper lancent une première salve de publicités négatives contre le chef libéral Michael Ignatieff.
Pour le moment, l’opération est limitée, mais les stratèges conservateurs travaillent fort pour déterrer les déclarations passées et récentes qui pourraient se retourner contre le chef libéral.
En 2007 et 2008, la stratégie des publicités négatives avait été payante pour les conservateurs, qui avaient réussi à dépeindre Stéphane Dion comme un leader mou. De plus, les pubs conservatrices affirmaient que M. Dion hausserait les taxes et les impôts, un boulet dont l’ancien chef libéral n’a pas su se défaire.
Les conservateurs remettent ça avec Michael Ignatieff, qui a laissé entendre bien maladroitement, mardi en Ontario, qu’une hausse d’impôts est probable.
Quelques heures seulement après avoir fait cette déclaration, M. Ignatieff s’est retrouvé en vedette sur la page d’accueil du Parti conservateur, occupant au moins la moitié de l’écran.
Le chef libéral a nié, depuis, vouloir augmenter les impôts, mais le mal est fait. Voici ce que l’on peut lire quand on clique sur la photo de Michael Ignatieff, sur le site du PCC: « (…) Il est clair que M. Ignatieff est en faveur de l’augmentation du fardeau fiscal. En une période de récession mondiale, alors que le budget de nombreuses familles est serré, Michael Ignatieff doit aux Canadiens de donner de vraies réponses sur son ordre du jour de hausses fiscales et de dépenses. Quand va-t-il augmenter le fardeau fiscal ? Quelles taxes et quels impôts va-t-il augmenter ? De combien va-t-il les augmenter ? Et pourquoi veut-il absolument imposer une taxe sur le carbone et augmenter la TPS – deux taxes qui nuiraient de façon disproportionnée aux familles de travailleurs et aux personnes âgées à revenu fixe? »
Exactement ce que les conservateurs disaient à propos de Stéphane Dion.
La stratégie fonctionnera-telle contre Michael Ignatieff ? Cela reste à voir, mais l’empressement des conservateurs à récupérer les propos de leur adversaire, en plus de la multiplication des annonces, sont deux signes indéniables d’agitation préélectorale.
Au même moment, vient d’apparaître sur YouTube une vidéo très dure contre Michael Ignatieff (www.youtube. com/ watch ? v= 0ZICYDs9q5c).
Intitulée Flip-f lops ( Volteface), la vidéo accuse le chef libéral, sur fond musical dramatique, de ne pas avoir de position claire, contrairement à Stephen Harper.
Of ficiellement, cette vidéo n’est pas approuvée par le Parti conservateur, mais elle reprend fidèlement ses arguments et elle circule chez les bleus.
Le montage fait exactement 30 secondes, comme une publicité télé, et a été mis en ligne par « toryboy1 ». Contrairement aux premières vidéos de toryboy1, on ne voit plus le logo du PCC à la fin du message. de la publicité négative efficace sont: viser juste (s’en tenir à des faits), viser la bonne cible (on ne tire pas sur des ambulances), et ne pas trop en mettre.
Michael Ignatieff n’est pas Stéphane Dion. Son capital de sympathie, on le voit dans tous les sondages, est beaucoup plus élevé. Sa crédibilité aussi.
À force de recourir aux attaques et aux publicités négatives, les conservateurs risquent surtout d’exposer très ouvertement leur propre manque de substance, l’absence de solutions constructives, de plan pour redonner confiance aux Canadiens.
Il est vrai que le parti de Stephen Harper n’offre rien de
À l’évidence, les conservateurs commencent à sentir la soupe chaude et, comme chacun sait, la meilleure défense, c’est l’attaque.
Le sondage Ekos-Radio - Canada, dévoi lé j eudi , qui donne une avance de 7 points aux libéraux au Canada (37 à 30) et de 10 en Ontario (42 à 32) ne fera que convaincre les conservateurs d’accélérer le rythme des attaques au cours des prochains mois.
Le pari est risqué, toutefois, et il pourrait tout aussi bien se retourner contre Stephen Harper. En insistant trop sur les travers (vrais et présumés) de ses adversaires, on risque d’indisposer l’électorat.
Les trois règles fondamentales positif à l’électorat, ce qui avait pourtant été sa force lors de la campagne de 2006.
En outre, l’omniprésence du jeune et dynamique Barack Obama rend les comparaisons inévitables, ce qui n’est certainement pas à l’avantage de Stephen Harper.
Ce gouvernement semble usé. Il prend de mauvaises décisions et se colle à droite alors qu’il doit viser le centre pour espérer gagner une majorité.
Bref, disent les libéraux, les conservateurs sont en train de se battre seuls, ce qui est généralement le sort de tout gouvernement en fin de mandat.
Fin de mandat? Stephen Harper n’est au pouvoir que depuis 39 mois, direz-vous. Vrai, mais en situation minoritaire, les gouvernements semblent s’user deux fois plus vite.
Il n’en fallait pas plus pour que certains libéraux commencent à rêver à des élections hâtives, dès juin.
Scénario hautement improbable, selon de bonnes sources libérales.
D’abord, pour tenir des élections avant le 24 juin, il faudrait faire tomber le gouvernement d’ici un mois. Trop vite. Les libéraux ne sont pas prêts (les Canadiens non plus !).
Au Québec, par exemple, les libéraux attendent beaucoup de leur plus importante activité de financement depuis des années, le 4 juin à Montréal (le PLC espère amasser autour de 500 000$).
Par ailleurs, le recrutement est loin d’être terminé. Les libéraux fédéraux ont quelques « vedettes » dans leur ligne de mire, et ils pourraient attirer quelques cousins provinciaux ( les noms de Jacques Chagnon, JeanMarc Fournier et Benoît Pelletier reviennent le plus souvent).
Enfin, dernier élément, mais non le moindre: les sondages indiquent une remontée, c’est indéniable, mais la majorité est encore hors de portée des libéraux.
Jean Chrétien a déjà remporté une majorité de sièges avec 38% des voix, en 1997, mais le paysage politique n’est pas le même. À l’époque, la division de la droite permettait aux libéraux de rafler l’immense majorité des circonscriptions en Ontario, tout en maintenant une bonne récolte au Québec.




Les politiques s’invitent aux olympiques
OTTAWA — Il y a un an, les stratèges conservateurs se frottaient déjà les mains en songeant à la visibilité dont jouirait Stephen Harper s’il parvenait à maintenir au pouvoir son gouvernement minoritaire jusqu’aux Jeux olympiques d’hiver à Vancouver.
À l’aube de l’ouverture officielle, le premier ministre est déjà lancé dans l’action.
Le chef conservateur avait des activités un peu partout à Vancouver à son horaire hier, avec comme clou de la journée une cérémonie du drapeau au village des athlètes. Aujourd’hui, il doit faire un saut à Victoria pour le tout premier discours d’un premier ministre fédéral devant les députés provinciaux de la Colombie-Britannique.
Demain soir, Stephen Harper doit aider à donner le coup d’envoi aux Jeux à la cérémonie d’ouverture – lançant ainsi 15 jours de compétition de haut niveau et deux semaines de tango entre les athlètes et les politiciens de toutes allégeances.
Selon le sondeur Allan Gregg de la firme Harris-Decima et ancien stratège de Brian Mulroney, la joie et la satisfaction générées par les Jeux sont les amies de tout politicien qui cherche à se faire réélire.
Mais la poursuite de ce qu’il qualifie de « rebond euphorique » des Jeux olympiques peut s’avérer aussi périlleuse que de dévaler à toute allure une pente glacée chaussé d’un surf des neiges.
Les Jeux de Calgary ont offert des exemples de revers de politiciens qui ont tenté de se faire du capital.
PUBLICITÉ FÉDÉRALE  La grippe avant les Jeux
En douce, le gouvernement fédéral a annulé un projet de campagne publicitaire de 10 millions de dollars axée sur les Jeux olympiques de 2010, et choisi d’investir cet argent dans la prévention contre la grippe A (H1N1).
Ottawa a privilégié la prévention contre la grippe A (H1N1) au détriment d’une campagne publicitaire sur les Jeux de Vancouver. Dans l’intervalle, le gouvernement se demande toujours quoi faire avec des dizaines de millions de doses de vaccin inutilisées.
C’est ce qu’a confirmé le ministre d’État (Sports), Gary Lunn, hier.
Le contrat rattaché à cette campagne publicitaire avait été consenti en septembre dernier, et les messages devaient être diffusés au moment du lancement du relais du flambeau olympique, en octobre.
Le sujet de la publicité gouvernementale a beaucoup retenu l’attention sur la scène politique cette année, après que les conservateurs eurent produit une campagne promotionnelle sans précédent mettant en valeur leur budget de janvier.
Plusieurs i ntervena nts ont critiqué cette campagne publicitaire, la jugeant partisane, une accusation qui a été reprise pour qualifier la gestion des Jeux de Vancouver par le Parti conservateur.
La controverse a pris de l’ampleur lorsque des observateurs ont noté que les conservateurs avaient consacré beaucoup moins d’argent à une prise de conscience face à la pandémie de H1N1 que les 34 millions prévus au budget pour promouvoir leur plan d’action économique.
Doses en trop
En parallèle, le gouvernement se demande toujours quoi faire avec les dizaines de millions de doses du vaccin contre la grippe A (H1N1) qu’il a achetées, mais qui ne seront probablement pas utilisées, selon la direction de l’Agence de la santé publique du Canada. Les provinces signalent que la demande pour le vaccin est en baisse, même si les taux de vaccination demeurent en deçà de 50 % dans tout le pays sauf dans les territoires du Nord.
Le docteur David ButlerJones a signalé que le Canada avait entrepris des pourparlers avec le fabricant du vaccin, GlaxoSmithKline, au sujet des besoins du pays. Le Canada a commandé 50,4 millions de doses l’été dernier. Les autorités du pays croyaient alors que chaque personne aurait besoin de deux injections.

Les libéraux déposent 48 plaintes  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Alors que le premier ministre Stephen Harper a laissé entendre, mercredi, que l’utilisation du logo du Parti conservateur sur un chèque du gouvernement par le député Gerald Keddy était un incident isolé, les libéraux ont relevé 181 cas jugés problématiques et ont déposé hier 48 plaintes contre des députés et des ministres.
« Nous pensons que ceci constitue probablement la plus vaste campagne de propagande jamais vue au niveau fédéral dans l’histoire du Canada », a plaidé le député libéral d’Ottawa-Sud, David McGuinty.
Selon lui, cette façon de faire est digne des pays émergents, où les lois et les codes de conduite ne sont pas aussi poussés qu’au Canada.
« Ce comportement rappelle ce que j’ai souvent vu en 10 années de t ravail dans les pays en développement, où la ligne entre le service public i ndépendant, le respect de l’argent des contribuables et la partisanerie politique est transgressée régulièrement, a dit M. McGuinty. C’est une façon de faire qu’on voit dans les États dirigés par un parti unique, lorsque le parti qui gouverne utilise les ressources publiques pour répondre à ses propres besoins. »
Les libéraux critiquent non seulement l ’ utilisation du logo du Parti conservateur sur des reproductions de chèques pour des investissements du gouvernement fédéral, mais aussi l’apposition au bas de ces reproductions de la signature du député ou du ministre qui en fait l’annonce. Outre les 48 plaintes déposées au commissaire fédéral à l’éthique, le Parti libéral songe à demander à Élections Canada d’enquêter afin de savoir si des contributions indues ont été faites au Parti conservateur à la suite de cet « effort massif de propagande ».
Les libéraux entendent aussi réclamer une enquête de la vérificatrice générale sur ces pratiques et estiment que la Commission de la fonction publique devrait se pencher sur la « politisation du service public ».
Harper lui-même
Sourire en coin, les deux libéraux ont mis au défi chacun des députés et ministres conservateurs de fournir eux-mêmes, de leur compte personnel ou de celui du parti, les fonds promis lorsqu’ils mettent leur propre nom sur un de ces immenses chèques promotionnels.
La signature du premier ministre Harper lui-même figurerait au bas de quatre chèques, selon la recension faite par les troupes libérales.
M. McGuinty n’a pas nié que les précédents gouvernements l ibéraux aient pu utiliser le même procédé, qui consiste à inscrire la signature du député de la circonscription sur des investissements fédéraux, mais a jugé que la nouvelle Loi sur la responsabilité, adoptée en grande pompe en 2006, empêche maintenant ces pratiques.
« Nous avons un nouveau code d’éthique, renforcé, at-il souligné. Tous les partis étaient d’accord. Les conservateurs font un détournement flagrant des nouvelles règles. »
L e bu r e a u du pr e mier ministre Harper condamne depuis deux jours l’utilisation du logo du Parti conservateur sur des chèques gouvernementaux, mais ne voit pas d’objection à ce que le nom du député concerné soit utilisé.

 
Des chèques du gouvernement canadien ornés du logo du Parti conservateur : Ottawa se trouve dans l’embarras  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — Confusion des gen res , abu s de pouvoi r, possible violation des règles d’éthique... Un chèque du gouvernement canadien orné du logo du Parti conservateur et signé par un député plonge à nouveau les troupes de Stephen Harper dans l’embarras. L’opposition a accusé hier le gouvernement fédéral de se servir des dépenses en infrastructures pour faire de la « propagande » pour le Parti conservateur.
C’est d’abord une photo d’un député conservateur de la Nouvelle-Écosse, Gerald Keddy, pr ise au mois de septembre, qui a soulevé les foudres des libéraux et des néo-démocrates à Ottawa. On y voit le député remettre un chèque de plus de 300 000 $ à un organisme de sa circonscription pour des projets d’infrastructures. C’est le type de photo que l’on voit régulièrement dans les journaux régionaux. Le problème, c’est que la reproduction du chèque porte, bien en évidence, le logo du Parti conservateur et la signature du député. Aux yeux de l’opposition, cela crée de la confusion entre le parti politique de M. Harper et le gouvernement fédéral, en plus de donner l’impression que le député paie de sa poche la somme en question.
« Ça viole toutes les règles. C’est l’argent des Canadiens, pas l’argent des conservateurs, ni celui de Gerald Keddy ni d’aucun autre député, s’est i n su rgé le député l ibéra l Wayne Easter. Ce sont les impôts des contribuables, qui sont censés être dépensés dans des programmes du gouvernement pour stimuler l’économie canadienne, pas pour la propagande de M. Harper. »
La controverse a rapidement rattrapé le premier ministre, qui était de passage en Alberta pour annoncer, justement, un nouvel investissement dans le cadre du plan d’action économique. « Le député lui-même a admis que c’était une erreur et que ça ne se répétera pas », a rétorqué, sans équivoque, M. Harper.
« C’est inapproprié. Le logo conservateur n’a pas sa place sur les chèques des annonces gouvernementales », a ajouté en fin de jou rnée Dimitri Soudas, attaché de presse du premier ministre. M. Soudas s’est toutefois bien gardé de condamner la signature de M. Keddy sur le chèque.
Or, les députés libéraux ont rapidement trouvé d’autres exemples où des députés et ministres ont apposé leur nom, et parfois un slogan ou un logo du parti, sur des chèques gouvernementaux. Le député d’Okanagan-Shuswap, en Colombie-Brita n nique, Colin Mayes, présente notamment sur son site internet une photo de lui avec un chèque du plan d’action économique sur lequel se trouve non seulement le logo du Parti conservateur, mais aussi sa propre photo.
« Si nous avions un seul exemple, ou un seul député qui s’est prêté à ce jeu-là, ça pourrait être de la naïveté, ça pou rra it être in nocent. Mais à partir du moment où il y a usage répétitif, dans des conditions quasi identiques, dans les Maritimes, en Colombie-Britannique, c’est une habitude, pas une coïncidence », a jugé le député libéral Marcel Proulx.
Selon les libéraux, la pratique viole le Programme de coordination de l’image de marque du gouvernement du Canada, qui stipule que c’est le logo du gouvernement canadien qui doit être utilisé dans ce genre d’annonce.
« Pour nous, c’est un abus de pouvoir et un message trompeur de la part du gouvernement envers la population », a conclu M. Proulx.
La politique de communication du gouvernement stipule en outre que l’information sur les programmes, services et initiatives gouvernementaux doit se transmettre de façon non partisane.
L’argent des contribuables
« Le commissaire (John) Gomery a démontré très clairement après le scandale des commandites que quand on transgresse la ligne entre les dépenses du gouvernement et la politique partisane, ça devient très dangereux, a dit le député néo-démocrate Peter Stoffer. C’est ce que les conservateurs sont en train de faire. I ls passent complètement outre aux recommandations du juge Gomery, et cette pratique nous apparaît contraire à l’éthique. »
M. Stoffer s’est adressé hier à la commissaire fédérale à l’éthique, Mary Dawson, pour qu’elle enquête sur l’incident concernant M. Keddy.
« C’est l’argent des contribuables. Ça n’appartient pas au Parti conservateur pour faire sa propre promotion. C’est très arrogant de leur part », a estimé M. Stoffer.
Pour le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, les conservateurs se rapprochent, par ces pratiques, des libéraux à l’époque du scandale des commandites, en faisant passer « la visibilité du parti avant les services aux citoyens ».
« Ce qui est le plus choquant de la part des conservateurs, c’est qu’eux-mêmes, da ns l’opposition , dénonçaient ces pratiques de la part des libéraux, a souligné M. Paquette. On se serait attendu à ce que le gouvernement con s er vateu r, qu i prê c he la loi et l’ordre, soit exemplaire à cet égard-là. C’est à mettre au compte de leurs contradictions. »
Le nouvel incident survient moi ns de deu x sema i nes après que les conservateurs ont été accusés de vouloir politiser les Jeux olympiques. L’opposition avait alors jugé que le nouveau logo de l’équipe canadienne ressemblait à s’y méprendre à celui du parti de Stephen Harper.


Publicités gouvernementales à des fins partisanesLes conservateurs violent la loi, accusent les libéraux - Malorie Beauchemin

OTTAWA — Les libéraux accusent les conservateurs de contrevenir à la loi en utilisant des publicités gouvernementales à des fins partisanes.
En conférence de presse, hier, les députés Pablo Rodriguez et Martha Hall Findlay ont estimé à plus de 56 millions les dépenses engagées par le gouvernement de Stephen Harper depuis le mois de janvier, aux frais des contribuables, pour se faire de la publicité, soit près de 10 fois plus que pour la campagne de prévention contre la pandémie de grippe A (H1N1).
«C’est non seulement immoral, mais c’est illégal, a lancé M. Rodriguez. Une publicité gouvernementale doit être objective, informative, elle ne doit pas être partisane. À aucun moment votre argent ne devrait être utilisé pour dire que le gouvernement fait une bonne job et qu’il faut continuer.»
La critique vise surtout la promotion que fait le gouvernement Harper de son plan d’action économique. Les députés ont brandi une publicité sur laquelle on peut lire que le gouvernement «crée des emplois, maintenant», sur un fond de ciel du même bleu que celui du Parti conservateur.
«Nous, on dit qu’ils ne font pas le travail. Eux se paient une orgie de publicités, avec votre argent, pour dire qu’ils font leur job, donc pour passer leur point de vue partisan», s’est insurgé M. Rodriguez.

Dans une lettre envoyée hier au Conseil du Trésor, la critique en matière de travaux publics, Martha Hall Findlay, explique comment la campagne publicitaire lancée par le gouvernement viole selon elle les directives du Conseil du Trésor en vertu de la Loi sur la gestion des finances publiques, le Code régissant les conflits d’intérêts des députés, la Loi sur les conflits d’intérêts et les dispositions de la Loi électorale du Canada portant sur le financement des partis.
Mais les libéraux ne sont pas allés jusqu’à alerter les autorités policières. «Nous demandons que cessent ces pratiques. Nous pensons qu’il est préférable de commencer par se plaindre au Conseil du Trésor. Nous allons voir comment réagit le gouvernement et nous ajuster», a souligné Mme Hall Findlay.
En Chambre, le secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor, Andrew Saxton, a répondu qu’il est important que le gouvernement communique avec la population : « La publicité est un moyen privilégié de rejoindre un grand nombre de Canadiens à propos de dossiers d’intérêt public, comme la grippe H1N1, le recrutement des forces canadiennes ou le crédit d’impôt à la rénovation résidentielle.»
Le Parti libéral s’est par ailleurs engagé à resserrer les règles concernant les publicités gouvernementales. À ce sujet, Mme Hall Findlay estime qu’il faut prendre exemple sur les nouveaux règlements adoptés par le gouvernement de l’Ontario.
«C’est interdit (en Ontario), dans les publicités gouvernementales, d’utiliser le nom d’un politicien, son image ou sa voix. Au fédéral, le mot Harper apparaît 8366 fois sur les sites du gouvernement», a soutenu la critique libérale.


Un logo jugé trop partisan - Malorie Beauchemin
Un logo jugé trop partisan
Denis Coderre, qui a préféré le plateau de Tout le monde en parle à son siège aux Communes où Michael Ignatieff a défié, sans succès, la bande à Harper, est sous haute surveillance. La tension qui règne sur la colline parlementaire ne semble rien épargner : même le logo qui orne les uniformes de l’équipe olympique canadienne fait l’objet de critiques partisanes. Il n’y a pas de doute possible : ça joue dur à Ottawa !
— Ingérence ou coïncidence ? Un nouveau logo de l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques de Vancouver 2010, dévoilé hier, a fait des vagues jusqu’à Ottawa, dénoncé aussitôt par l’opposition.
OTTAWA
Steve Yzerman, le directeur général de l’équipe olympique canadienne, a fait plaisir à l’un de ses partisans hier. Une façon détournée d’éviter la controverse.
La lettre C en noir avec au centre une feuille d’érable rouge, apposée sur des vêtements officiels, n’aurait probablement rien de controversé, si ce n’était de sa ressemblance frappante avec le logo du Parti conservateur du Canada.
À peine quelques heures après le dévoilement de la nouvelle collection de vêtements et accessoires, libéraux et néo-démocrates se sont relayés, à la sortie de la Chambre des communes, pour dénoncer ce qu’ils considèrent être une tentative des conservateurs d’utiliser les Jeux olympiques pour faire de la publicité partisane.
« N’importe quel citoyen au Canada se demanderait pourquoi les deux sont presque identiques. C’est un peu louche », a estimé le député libéral David McGuinty, qui réclame des explications au gouvernement.
« Essayer de politiser les Jeux olympiques au Canada, c ’est j ouer ave c le feu , a dénoncé M. McGuinty. Ils (les conservateurs) le savent, mais ils sont tellement désespérés, ils sont allés tellement loin, ils sont tellement idéologiques. »
L es conser vateu rs ont aussitôt nié toute ingérence. « Je peux vous assurer que personne dans le gouvernement canadien n’a été impliqué d’aucune façon dans la conception des vêtements olympiques. La première fois que je les ai vus, c’est hier », a martelé le ministre d’État aux Sports, Gary Lunn.
Si le ministre concède qu’il y a des « similitudes » entre les deux logos, il réfute vivement les allégations de tentative de politisation des Jeux. « On devrait être fiers de nos athlètes, d’un bout à l’autre du pays. Il n’y a absolument rien de politique », a dit M. Lunn.
« On n’a rien à voir dans cette décision-là », a ajouté son collègue Christian Paradis, ministre des Travaux publics.
Mais aux yeux de l’opposition, la coïncidence semble invraisemblable. « Si le Parti conservateur n’avait rien à voir là-dedans, il poursuivrait en justice le Comité olympique pour contrefaçon », a estimé le député néo-démocrate Charlie Angus, qui n’hésite pas à qualifier l’incident de « honteux ».
« C’est un logo du Parti conservateur. N’importe qui peut voi r ça , a ajouté M . A ngus. Si M. Lunn pense qu’il peut aller dans un Tim Hor tons n’i mpor te où au Canada et convaincre un amateur de hockey que ce n’est pas un logo du Parti conservateur, M. Lunn s’imagine que les Canadiens sont stupides. C’est de la petite politique partisane et je pense que les Canadiens et notre équipe olympique méritent mieux. »
Le ministre Lunn a d’emblée rejeté la possibilité de traîner les concepteurs du logo devant la justice.
J oi nte à Va n c ouve r, la responsable du motif controversé, designer en chef pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, Suzanne Timmins, n’a pas caché son étonnement. « Je ne sais même pas de quoi a l’air le logo du Parti conservateur », a-t-elle répondu à La Presse, rejetant toute allégation d’ingérence politique dans le processus créatif.
«Le gouvernement n’a rien à voir là-dedans», a insisté Mme Timmins, concédant toutefois qu’elle ne connaît pas les allégeances politiques de son équipe de designers graphiques.
« Qua nd on utilise u ne feuille d’érable, il y a toujours quelqu’un pour trouver que les logos proposés ressemblent à Petro-Canada, à Air Canada ou à d’autres », a-t-elle expliqué.
Mme Timmins assure qu’avant qu’ils ne soient dévoilés au public, les trois motifs retenus pour la collection de vêtements et accessoires ont tous passé avec succès les vérifications du service du contentieux de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui doit s’assurer qu’aucune autre organisation ou personne n’en détient les droits.
Les a rticles officiels ont ensu ite été présentés au Comité olympique canadien (COC) et à quelques athlètes. Dans tout le processus, personne, selon la designer en chef, n’a souligné qu’il pouvait y avoir une confusion entre le logo de l’équipe canadienne et celui du Parti conservateur.
« Il n’y a absolument aucun rapport, a pour sa part conclu Isabelle Hodge, gestionnaire des relations médias au COC, à propos des allégations d’ingérence politique. Ce sont des éléments de design qui ont été conçus pour compléter ou augmenter le logo de l’équipe olympique canadienne sur l’uniforme des équipes. » Mme Hodge s’étonne aussi du tollé soulevé à Ottawa.

Deux mauvais choix de Harper  -  LYSIANNE GAGNON
C’est dans les villes de l’Ouest canadien que l’on voit le plus clairement la misère amérindienne. Dans tous les quartiers pauvres de Winnipeg, de Regina, d’Edmonton ou de Vancouver, elle vous saute aux yeux.
Une image, entre autres. Bien à la vue des passants, à l’entrée d’un supermarché Safeway, dans l’est de Vancouver, un petit garçon de 7 ou 8 ans pisse dans son pantalon, comme si c’était la chose la plus normale au monde. Sa mère est là, qui le regarde d’un air impassible, attendant qu’il ait fini. Elle n’a pas 20 ans. Elle est obèse et enceinte, et deux autres enfants sont accrochés à ses jupes.
On pourrait soutenir que les Indiens qui vivent en dehors des réserves ont malgré tout plus de chances – en tout cas plus de possibilités de s’en sortir – que ceux qui restent emprisonnés dans ces communautés isolées que sont les réserves, sous l’emprise quotidienne de chefs de bande très souvent corrompus jusqu’à l’os. Thompson Highway, dont une pièce est actuellement à l’affiche de l’Espace Go, ne serait pas devenu un dramaturge de réputation internationale s’il avait passé toute sa vie sur une réserve. Il reste que les Indiens « off reserve » forment le tiers-monde urbain du Canada.
C’est pourquoi j’ai été indignée (quoiqu’à vrai dire pas tellement étonnée) d’apprendre dans le Globe and Mail que Patrick Brazeau, l’ancien chef du Congrès des peuples aborigènes que le premier ministre Harper a nommé au Sénat l’hiver dernier, est soupçonné d’avoir fraudé tant les contribuables que le malheureux peuple qu’il représente.
Pendant que ses commettants s’enfoncent dans l’alcool et dans le trou sans fond de l’aide sociale, M. Brazeau s’offrait tous les luxes des capitaines d’industrie – voyages en première classe, téléviseur géant pour son bureau, chèques personnels encaissés sans les autorisations requises à même les fonds du Congrès, jolie « prime de séparation », etc.
Après deux audits, le ministère des Affaires indiennes, qui finance l’organisation à hauteur de 5 millions de dollars par année, réclame du Congrès des remboursements totalisant près de 800 000$ en dépenses inadmissibles pour la période de 2004 à 2006, laquelle correspond aux années où M. Brazeau était responsable des finances et chef national de l’organisation.
Puisque l’on parle du Sénat, on ne s’étonnera pas que M. Harper ait voulu y nommer unmembre en vue des Premières Nations. M. Harper a cependant bien mal choisi son homme. Comment accepter que siège à la Chambre haute un homme sur qui pèsent des soupçons de fraude?
Une autre nomination contestable de M. Harper – quoique dans un tout autre registre – est celle de l’ancien entraîneur du Canadien, Jacques Demers.
Certes, M. Demers est un citoyen éminemment respectable, en plus d’avoir excellé dans sa profession. Mais enfin, soyons sérieux. La fonction essentielle d’un sénateur, c’est de lire et d’analyser des projets de loi. Or, M. Demers avouait en 2005 qu’il a toujours été analphabète. Aujourd’hui, il dit avoir appris à lire suffisamment pour déchiffrer des textes simples et courts. Voilà déjà un beau progrès, mais les projets de loi ne sont pas Le Journal de Montréal. Ce sont des textes longs et complexes, qui exigent une capacité normale de lecture.
M. Demers était le premier surpris de sa nomination, ce qui montre qu’en plus d’être sympathique, cet homme a du bon sens. Il reste qu’objectivement, et indépendamment des qualités personnelles de M. Demers, cette nomination est un bien mauvais exemple à proposer aux jeunes tentés par le décrochage scolaire. Non seulement on peut devenir millionnaire et célèbre sans savoir lire, mais on peut en plus accéder aux plus hautes fonctions du pays!

Vague de nominations partisanes à Ottawa
OTTAWA — Quelques semaines avant que Stephen Harper eut envoyé au Sénat certains de ses amis les plus proches, son cabinet a autorisé en douce une série de nominations à des organismes fédéraux qui ont également récompensé des fidèles du Parti conservateur.
Au moins 20 des 111 postes confiés le 4 août sont allés à des donateurs et à des partisans conservateurs, y compris un candidat défait à Vancouver et un important organisateur du parti en Nouvelle-Écosse.
Ces postes valent à leurs détenteu rs u ne indem nité quotidienne pouvant atteindre 450 $, dans le cas des emplois à temps partiel, ainsi que des salaires allant jusqu’à 118 0 0 0 $ par année en ce qui a trait aux postes à temps plein.
Parmi les organismes concernés figurent la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, des com m ission s de rév ision du Régime de pensions du Canada, le conseil arbitral de la Commission d’assurance-emploi, la Commission nationa le des l ibération s conditionnelles, des administrations de pilotage, des administrations portuaires ainsi que des conseils d’administration de musées.
Près de 30 % des postes ont été attribués à des personnes qui en étaient à leur première nomination. Les autres annonces concernaient le renouvellement de mandats de trois ans devant arriver à terme en octobre ou en novembre.
Cette vague de nominations faisait suite à celle, peu remarquée, qui a eu lieu le mois dernier dans des cours supérieures de partout au pays. Depuis 2006, le gouvernement de M. Harper a nommé 201 juges au sein des cours supérieures canadiennes.
Ces nominations donnent du poids aux arguments de l’opposition voulant que le premier ministre ait renoncé à respecter ses promesses électorales de transparence et de nominations reposant sur le mérite au sein de la fonction publique et des tribunaux.

Le nombre de nominations faites par les conservateurs dans des cours, commissions, tribunaux quasi judiciaires et sociétés de la Couronne est maintenant estimé à 3000 depuis que M. Harper est devenu premier ministre.

Orgie bleue au Sénat  -  VINCENT MARISSAL
Ardent militant d’une réforme du Sénat depuis des années, Stephen Harper vient de démontrer ce qui cloche avec cette institution en faisant... exactement ce qu’il a toujours reproché à ses adversaires libéraux.
PHOTO MATHIEU BÉLANGER, REUTERS La nomination de Jacques Demers survient au moment où les conservateurs de Stephen Harper multiplient les efforts pour reprendre le terrain perdu au Québec depuis les dernières élections.
Comme ses prédécesseurs libéraux, M. Harper a nommé hier un nouveau groupe de neuf sénateurs non élus, choisis unilatéralement en puisant allègrement dans les rangs de son parti.
Ce matin, c ’est surtout la nomination de Jacques Demers qui retiendra l’attention. Avec raison, d’ailleurs. Le bonhomme est très connu, très apprécié aussi (peut-on ne pas aimer Jacques Demers ?). Et puis si le premier ministre a encore la possibilité de désigner seul et sans appel ceux qui auront l’honneur d’atterrir à la Chambre haute, vaut mieux que ce soit un Jacques Demers qu’un bon vieux bag man du parti au pouvoir.
Ma i s pourquoi diable Jacques Demers ? Que vient-il faire dans cette galère?
Une piste d’explication : Jacques Demers, analphabète sorti du placard sur le tard, a croisé ces dernières années la femme de Stephen Harper, Laureen, elle-même impliquée dans l’organisme Raise-aReader (initiative de CanWest, propriétaire notamment du National Post) qui lutte contre l’analphabétisme au Canada. En 2006, M. Demers avait été l’un des porte-parole vedettes de l’organisme.
En s’associant à un personnage aussi populai re, M. Harperespèreaussiévidemment montrer son parti sous un jour plus sympathique.
La nomination-surprise de Jacques Demers fera donc jaser. C’est le but. Comme ça, on parlera moins des autres nominations, en particulier des organisateurs conservateurs qui auront maintenant un bureau à Ottawa payé par les contribuables. Comme leur salaire, d’ailleurs.
Ce n’est pas la première fois que M. Harper annonce des nominations spectaculaires parmi un lot de nouveaux sénateurs, question de créer un écran de fumée.
En décembre, lorsqu’ i l avait nommé 18 nouveaux sénateurs d’un seul coup (pas mal pour un premier ministre qui avait promis de ne nommer aucun sénateur tant que l’institution n’aura pas été réformée!), il avait caché aussi quelques organisateurs derrière les Mike Duffy (ancien animateur vedette de CTV), Pamela Wallin (elle aussi ex de CTV) et Nancy Greene Raine (ancienne championne olympique de ski alpin).
Moins connus du public, mais grands amis du Parti conservateur, les organisateurs québécois Michel Rivard et Leo Housakos ont aussi hérité d’un fauteuil au Sénat. MM. Rivard et Housakos sont encore actifs dans l’organisation et la collecte de fonds.
Cette fois, outre Jacques Demers, on retrouve quatre autres organisateurs ou membres influents du PCC: Doug Finley ( proche conseiller de Stephen Harper, organisateur en chef de la dernière campagne électorale et mari de la ministre Diane Finley), Don Plett (le président du Parti conservateur), Carolyn Stewart-Olsen (ex-attachée de presse de M. Harper) et Claude Carignan (maire de Saint-Eustache et candidat battu du PCC dans Rivièredes-Mille-Îles en 2008).
Ces nouveaux sénateurs retrouvent donc une autre organisatrice influente du PCC, Marjory Lebreton (nommée par Brian Mulroney en 1993), leader des conservateurs au Sénat. Au train où M. Harper comble les vacances au Sénat par des nominations partisanes, on pourra bientôt écrire « Quartier général du PCC » à l’entrée de l’institution.
En plus de récompenser les amis, ces nominations permettent d’offrir bureau, budget, personnel et prestige aux nouveaux sénateurs, qui peuvent évidemment vaquer à leurs occupations d’organisateurs tout en siégeant. Sans oublier que les sénateurs sont membres du caucus de leur parti et, à ce titre, ont accès aux réunions hebdomadaires au même titre que les élus. Il peut être utile, pour un organisateur, d’avoir accès au premier ministre, aux ministres et aux députés chaque semaine.
Remarquez, la pratique n’est pas nouvelle. M. Harper ne fait qu’imiter ses prédécesseurs. Dans le passé, les Leo Kolber, Jerahmiel Grafstein ou Paul Massicotte, pour ne parler que d’une poignée de loyaux organisateurs libéraux, ont aussi obtenu un siège au Sénat.
En 1984, Brian Mulroney avait même accusé son adversaire libéral John Turner d’avoir accepté tacitement les nominations partisanes (au Sénat et ailleurs) de Pierre Elliott Trudeau. Ce mémorable échange lors du débat des chefs de 1984 avait été un tournant décisif en faveur des conservateurs.
C’était il y a 25 ans, date de la prise du pouvoir des conservateurs, un événement que fêteront les bleus à Montréal en présence de M. Mulroney et de nombreux membres du gouvernement Harper.
À l’époque, M. Mulroney avait promis de faire le ménage dans les pratiques de copinage et de favoritisme. Une fois au pouvoir, il n’avait toutefois pas résisté à la tentation de récompenser lui aussi les amis du parti en les nommant au Sénat.
Un quart de siècle plus tard, son successeur succombe lui aussi à la tentation des nominations partisanes. Du coup, son modeste projet de réforme du Sénat (limiter à huit ans le mandat des sénateurs, notamment) vient de perdre encore un peu de crédibilité.
Stephen Harper a raison: il faut réformer le Sénat. Il vient d’en faire la preuve, encore une fois. Mais il ne faudra apparemment pas compter sur lui pour que cela se produise.



L’orignal dans le Sénat  -  YVES BOISVERT
Ce n’était qu’une rumeur, mais il fut question un jour que Maurice Richard soit nommé sénateur.
Pour les cégépiens que nous étions, c’était évidemment la chose la plus comique qui se pouvait imaginer. On savait bien que l’homme était un héros national qu’il fallait révérer, encore que nous ne l’ayons jamais vu patiner, sinon dans de mauvaises annonces de teinture pour les cheveux. Mais sénateur… Alors, quand notre prof de science politique nous avait demandé ce que nous en pensions, à l’unanimité, sa candidature fut ridiculisée dans la classe.
Eh ben moi, je suis pour, avait-il dit. En voilà un, au moins, qui ne va pas au Sénat pour faire du lobby, pour influencer le gouvernement, pour avoir des contrats, pour services rendus au parti.
C’est un point de vue.
Je suppose qu’on peut appliquer le même raisonnement pour Jacques Demers. Ce n’est pas un collecteur de fonds, un fabricant d’asphalte, ni un chômeur politique.
Mais est-ce suffisant pour en faire une bonne nomination? Je veux dire: est-ce que la piètre estime dans laquelle on tient cette institution fait en sorte que la seule qualité de « maudit bon gars ayant surmonté des difficultés terribles » vous qualifie?
Jacques Demers arrive là comme un trophée de chasse sans même se douter qu’il est l’orignal empaillé de l’endroit.
Oui, mais c’est vraiment un maudit bon gars, me direzvous. Il a démissionné du Journal de Montréal par solidarité avec les lock-outés. Ça l’honore.
Je sais. Ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai un ami qui est un maudit bon gars également. Ça ne le qualifie pas comme entraîneur du Canadien.
Je ne vois pas pourquoi on se gênerait de le constater : rien ne prépare Jacques Demers à être législateur. Je veux dire analyser des projets de loi, en proposer, les discuter, siéger à des commissions parlementaires.
« C’est mon deuxième plus grand exploit après la conquête de la Coupe Stanley », a dit M. Demers.
Un exploit suppose une action. La conquête d’un championnat est un exploit sportif. Une nomination n’est pas un exploit. C’est un honneur, peut-être, une reconnaissance.
Une institution où l’on étudie les lois du pays, et où on les vote, ne devrait pas être un lieu pour honorer les citoyens méritants. Il y a l’Ordre du Canada et le Temple de la renommée, pour ça.
La prouesse ici est celle de Stephen Harper. Il nomme un personnage populaire qui réussit à occuper tout l’avantscène médiatique le jour d’une série de nominations, comme l’a expliqué Vincent Marissal hier.
Jacques Demers n’est pas seulement une vedette. C’est le personnage consensuel québécois par excellence. Et parti de rien jusqu’au sommet, c’està-dire la Coupe Stanley. Il est au-dessus de tout soupçon, audelà des querelles politiques, inattaquable, en somme.
Et maintenant, le voici conservateur. Le conservateur le plus sympathique et le plus compatissant au Québec, sans doute. Quelle aubaine! « Je ne pense pas qu’il aille au Sénat comme politicien conservateur », disait jeudi un commentateur sportif, en voulant dire: il est au-dessus de ça. Lui-même minimisait l’aspect politique de sa fonction – tout en prenant soin de dire qu’il respecte énormément les politiciens : du Jacques Demers à son meilleur.
Qui dit politique dit controverse et Jacques Demers est un rassembleur, un homme de consensus qui veut être l’ami de tout le monde.
Ah non? Il n’y va pas comme politicien? Il y va en tant que quoi, alors? Auditeur libre?
Il y va pour appuyer de la plus sympathique manière le gouvernement conservateur. Tous ses projets de loi qui niaisent au Sénat à cause des libéraux, qui y sont majoritaires. C’est ça l’idée, les amis. Défaire la majorité libérale au Sénat. Idée d’autant plus brillante qu’il a l’air d’un gars apolitique. Il en a parfaitement le droit, remarquez bien. Mais n’allez pas dire que lui, Jacques Demers, est moins politique parce qu’il n’a pas été organisateur.
Ça envoie le message que même avec une enfance difficile, et en ayant surmonté l’analphabétisme, on peut atteindre une position politique importante?
Pas du tout. Ça envoie le message que le Sénat a un rôle politique si peu sérieux qu’on peut y installer des trophées pour voter avec le gouvernement le moment venu.
Ça envoie le message que le Sénat est une nuisance politique que les conservateurs veulent transformer en insignifiance politique.
Ça envoie le message que le NPD a probablement raison: puisque toute réforme paraît irréalisable, mieux vaudrait l’abolir et transférer ce qu’il fait d’utile à d’autres organismes.
Et pendant ce temps-là, mesdames et messieurs, on ne parle pas des vraies affaires. Non, mais qui jouera sur le deuxième trio du Canadien, hein?


Harper fait au moins six nominations partisanes à des postes clés
— Le cabinet fédéral a nommé au moins six conservateurs aux conseils d’organismes gouvernementaux clés le mois dernier, notamment un ami du premier ministre, Stephen Harper.
Ces nominations importantes figuraient parmi plus d’une trentaine annoncées en un seul jour alors que les rumeurs courent sur une possible contestation du leadership de M. Harper.
Selon des observateurs critiques, ces nominations signifient que, avec des élections qui se profilent et les coffres du Parti libéral qui se regarnissent, Stephen Harper réalise qu’il doit « garder ses troupes heureuses ».
D’autres croient que les nominations en haut lieu démontrent le désir du premier ministre de changer la nature du Canada en plaçant dans les conseils d’administration des alliés et des amis qui partagent ses valeurs sociales et politiques.
Stephen Clarkson, politologue de l’Université de Toronto, a souligné qu’une bonne façon de changer le pays est de détruire ou de transformer les institutions créées par ses ennemis. « Vous mettez vos gens en place pour transformer une institution libérale en institution conservatrice ou peut-être même pour l’anéantir », a soutenu M. Clarkson.
Parmi les personnes désignées, on trouve un conseiller conservateur proche de l’ancien chef réformiste Preston Manning et un ancien directeur du Parti Saskatchewan.
Ami du premier ministre
John Weissenberger, ami de longue date du premier ministre et administrateur d’une entreprise pétrolière de Calgary, a aussi été nommé au conseil de la Fondation canadienne pour l’innovation. Il a dirigé la campagne de circonscription de Stephen Harper quand il a été élu pour la première fois à la Chambre des communes en 1993 et l’a aidé à remporter la course à la direction de l’Alliance canadienne en 2001.
M. Weissenberger avait été désigné chef du bureau de la ministre de l’Immigration, Diane Finley – la femme du directeur de campagne de M. Harper et organisateur politique –, mais il était depuis retourné à son poste à Husky Energy.
Mark Mullins, directeur de l’Institut Fraser à Vancouver, qui a aidé M. Harper à mettre au point la politique initiale du Parti conservateur, a été nommé au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, et Rosemary Vodrey, ancienne ministre de la Justice conservatrice au Manitoba qui a fait adopter de nouvelles mesures strictes pour les jeunes contrevenants, a été nommée au Conseil des arts du Canada.
Un porte-parole du bureau du premier ministre, Andrew MacDougall, a assuré que les postes avaient été offerts à des candidats qualifiés.


9 millions de fonds publics -  VINCENT MARISSAL
en pubs préélectorales
On ne sait toujours pas quels sont les plans des partis de l’opposition à Ottawa quant à la survie du gouvernement Harper, mais celui-ci, clairement, prépare le terrain pour l’automne. Quitte à financer ses campagnes publicitaires à même les fonds publics.
StephenHarper était àMontréal hier soir pour requinquer ses militants et amasser de l’argent en vue de la prochaine bataille électorale. Le moral des troupes n’est pas au plus haut ces temps-ci chez les conservateurs, mais le fonds de guerre, par contre, déborde.
En plus des millions accumulés auprès de sa base militante pour ses activités partisanes, le gouvernement conservateur pourra aussi profiter d’une campagne publicitaire de 9 millions en fonds publics vantant son plan de relance économique dévoilé dans le budget de janvier dernier. Comme par hasard, l’offensive publicitaire des conservateurs s’étalera de septembre à mars, soit exactement pendant la période électorale la plus plausible.
Le Plan d’action économique du gouvernement Harper est pourtant connu depuis janvier et il avait été présenté comme un électrochoc d’urgence pour une économie en détresse. Ce n’est que quatre mois après le dépôt du budget, soit début mai, que le ministère des Finances a finalement lancé un appel d’offres pour l’élaboration d’une campagne publicitaire grand public qui ne verra vraisemblablement pas le jour avant septembre. Juste à temps pour la rentrée parlementaire qui s’annonce mouvementée et qui pourrait culminer par le renversement du gouvernement Harper.
Si les mesures budgétaires annoncées par le ministre Jim Flaherty pour affronter la crise économique étaient si urgentes, pourquoi attendre plus de huit mois, jusqu’en septembre, pour les faire connaître aux Canadiens.
Lesgouvernementsfont toujours de la publicité pour « vendre » leur budget, mais habituellement, ces publicités sont lancées dans les jours suivant le dépôt dudit budget, pas huit mois plus tard. À plus forte raison quand la situation économique commande des actions immédiates.
En situation de gouvernement minoritaire, ce genre de manoeuvre prend clairement une saveur électorale, surtout que le gouvernement Harper prévoit un véritable bombardement médiatique pour vanter les mesures de relance et d’aide de son Plan d’action économique.
Le contrat pour cette campagne publicitaire n’est pas encore accordé, mais le but de l’opération est on ne peut plus clair. Dans l’appel d’offres public, on a imposé les « Messages clés ».
- Le gouvernement du Canada dispose d’un plan détaillé – le Plan d’action économique du Canada – pour stimuler notre économie, rétablir la confiance durant le ralentissement économique mondial et investir afin de renforcer les fondements de notre croissance économique à long terme.
- Grâce à ce plan de stimulation économique, le Canada disposera, lorsque la récession mondiale se dissipera, d’une infrastructure améliorée, d’une population active plus compétente, d’impôts plus bas et d’une économie plus concurrentielle.
Pour l’année 2009-2010 ( jusqu’en mars), c’est 9 millions. Pour 2010-2011, le montant n’est pas précisé. Comme il s’agit de publicités gouvernementales, et non partisanes, elles pourront être diffusées même en période électorale, sans être comptabilisées (et payées) par le Parti conservateur.
Les conservateurs déchiraient leur chemise pour moins que cela quand les libéraux étaient au pouvoir, notamment quand Paul Martin, chef de gouvernement minoritaire, multipliait les déplacements en avion aux frais des contribuables.
Le plus ironique, c’est que le gouvernement Harper soll ic ite des agences pour sa campagne publicitaire, une pratique maintes fois décriée par les conservateurs quand ils étaient dans l’opposition.
Pendant que les conservateurs se préparent activement à la guerre, le chef libéral, Michael Ignatieff, lui, envoie des signaux contradictoires à ses troupes. Au cours des derniers jours, plusieurs membres de son entourage ont avoué avoir du mal à suivre le plan de match de leur chef. C’est comme si les libéraux n’avaient rien prévu pour l’après-congrès de Vancouver (il y a deux semaines).
Tout ce qui semble préoccuper les libéraux ces temps-ci, c’est le discours de Michael Ignatieff à Montréal, le 4 juin, au cours duquel ils espèrent amasser autour de 500 000$.
Le hic, c’est qu’il reste un gros mois de travaux aux Communes et que les conservateurs, eux, n’ont pas ralenti le rythme.
Un exemple parmi d’autres : hier, le leader parlementaire des libéraux et ex-ministre des Finances, Ralph Goodale, a prononcé devant l’Economic Club de Toronto un discours intitulé Les Canadiens d’abord: le plan de Michael Ignatieff pour faire fonctionner le Parlement en temps de récession.
Difficile, quand on tient de tels propos, de préparer en même temps le renversement du gouvernement.
Pendant ce temps, Stephen Harper multiplie les apparitions préélectorales.
Critiqué pour avoir coupé les vivres aux chercheurs dans le dernier budget, le premier ministre s’est rendu cette semaine au… Laboratoire national de microbiologie du Canada, à Winnipeg.
À défaut d’être subtil, le premier ministre s’assure d’une belle visibilité.



La baisse de budget affectera la programmation - FANNIE OLIVIER
de cette réduction budgétaire se ref léteront pa rtic ulièrement sur « l’offre de la programmation aux heures de grande écoute plutôt que sur le fonctionnement ».
Les téléspectateurs du diffuseur public doivent conséquemment s’attendre à une programmation possiblement moins riche dans l’avenir.
« Il y a plusieurs options possibles. On peut diminuer les coûts de nos productions, mais il y a une limite à le faire. On peut passer plus de reprises », a notamment énuméré le vice-président principal des services français, Sylvain Lafrance, en entrevue.
« Il y a beaucoup de stratégies de grille (horaire) qu’on peut adopter. Mais l’impact le plus important dans le fond, d’un côté ou de l’autre, c’est de l’argent qui ne va plus dans le contenu canadien », s’est-il désolé.
Au total, le financement de Radio-Canada chute de 3,7 millions, et celui de son pendant anglophone, la CBC, de 8,9 millions.
Toutes deux bénéficiaient auparavant d’une enveloppe protégée ga ra ntissa nt leu r financement. Le gouvernement de Stephen Harper a souhaité mettre fin à ce privilège, comme l’a rappelé le vice-président industrie et affaires publiques du FMC.
« L’une des orientations de la décision du gouvernement en mars 2009, lorsque le Fonds des médias a été créé, était d’équilibrer les règles du jeu. Ce que ça voulait dire, c’est que tous les télédiffuseurs devaient être sur un pied d’égalité au niveau de nos règles », a noté Stéphane Cardin.
« Le système des enveloppes de rendement à travers lequel nous attribuons la majorité de notre financement est un système qui est compétitif, donc basé sur la performance des télédiffuseurs », a-t-il spécifié.
Pour le porte-parole libéral en matière de Patrimoine, Pablo Rodriguez, par ses grandes orientations, le gouvernement conservateur fait tout pour s’en prendre constamment à Radio-Canada.
« On arrive avec un Fonds qui récompense surtout le potentiel de succès , a lors qu’il faut encou rager l’ensemble de l ’é c o s y s t è m e qui existe au niveau de la culture », a fait valoir le député d’Honoré-Mercier.
« À force de fragiliser comme ça notre diffuseur national, on va finir par le blesser sérieusement », a-t-il conclu.
Le ministre du Patrimoine, James Moore, n’était pas disponible hier pour intervenir sur le sujet.
L’an prochain, une disposition visant à donner une importance particulière aux émissions originales en heure de grande écoute entrera en vigueur et devrait favoriser davantage le diffuseur public. Entre-temps, toutefois, RadioCanada doit trouver le moyen d’économ iser ses sous . Et selon M. Lafrance, ce sont les téléspectateurs et la culture en généra l qu i en sor tent perdants.
 
S.O.S. RADIO-CANADA Un nouveau groupe à la défense du diffuseur
La Presse a appris qu’un regroupement citoyen appelé S. O. S. Radio - Ca nada s e f orme r a aujourd’hui pour convaincre le gouvernement fédéral de soutenir le diffuseur public.
Le site www.sosradiocanada. org doit être lancé ce matin. Des actions surprises et des appels à la mobilisation, notamment sur l’internet, sont prévus dans les prochaines semaines. « Un peu comme avec la culture aux dernières élections fédérales, on veut lancer le mouvement et laisser ensuite le public se l’approprier. Il faut montrer au gouvernement notre attachement à RadioCanada pour ne pas qu’il l’abandonne », lance l’acteur Emmanuel Bilodeau, porte-parole du groupe. D’autres porte-parole pourraient se joindre à lui.
S. O. S. Radio-Canada naît quelques jours après le cri du coeur lancé par Bernard Derome à l’Assemblée nationale.
Le groupe dénonce l’abolition de 805 postes à la SRC, dont environ la moitié au service français, pour compenser un manque à gagner estimé à 171 millions de dollars l’année prochaine. Des actifs ont aussi été vendus ou le seront bientôt.
Rappelons que la SRC, qui ne peut pas recourir au financement privé, avait aussi demandé une marge de crédit au gouvernement fédéral pour lui permettre d’affronter la crise, ce qui lui a été refusé. « Nous ne critiquons pas la direction de RadioCanada. Elle fait ce qu’elle peut dans les circonstances, explique Emmanuel Bilodeau. Ce qu’on dénonce, c’est le manque de soutien des conservateurs. On dirait presque qu’ils utilisent la crise économique comme excuse pour régler des comptes. Ce n’est pas loin de ressembler à du sabordage. »
S.O.S. Radio-Canada demande l’application des principales recommandations du rapport du Comité permanent du patrimoine canadien: hausser le financement annuel de 33$ à 40$ par Canadien, l’accorder sur une base de sept ans et rendre permanent l’ajustement annuel de 60 millions des crédits parlementaires.
« Des 18 pays examinés par le Comité, le Canada se classe 16e pour le financement du diffuseur public. Quarante dollars, ce ne serait vraiment pas beaucoup si on compare », avance Emmanuel Bilodeau.
Un enjeu pour l’automne
Il comprend que le gouvernement doit se montrer prudent en temps de crise. « Mais est-ce qu’abolir des emplois, c’est bon pour l’économie ? Et est-ce qu’investir 5,2 milliards dans l’industrie automobile, c’est mieux pour l’économie et l’environnement que d’investir un peu dans Radio-Canada ? » lance-t-il.
S. O. S. Radio-Canada souhaite faire de ces questions des enjeux électoraux. « Il pourrait y avoir des élections d’ici à l’automne prochain. Si c’est le cas, il faudra qu’on en parle. Notre pouvoir, c’est notre vote. Mais il faut agir rapidement, car il pourrait bientôt y avoir des décisions très néfastes et peutêtre irréversibles pour l’avenir de Radio-Canada. »
Selon lui, le rendement d’un investissement dans RadioCanada ne doit pas s’évaluer seulement en chiffres. « Même si c’est difficilement quantifiable, il y a quelque chose de très important là-dedans pour notre fierté, notre culture et notre identité. Quand j’étais petit, les émissions jeunesse et les bulletins d’information de Radio-Canada, c’était sacré », raconte celui qui a travaillé comme journaliste à Radio-Canada à Windsor avant de se réorienter vers une carrière d’acteur.



JamesMoore peine à convaincre l’opposition  - Profession de foi en faveur de Radio-Canada
OTTAWA— Critiquédetoutesparts, le ministre duPatrimoine canadien, James Moore, a promis que son gouvernement ne réduirait pas les budgets de Radio-Canada. Sa profession de foi envers la société d’État n’a toutefois pas convaincu les partis de l’opposition.
Devant le comité du Patrimoine canadien à la Chambre des communes, hier, le ministre Moore a assuré que son gouvernement soutenait le diffuseur public et comprenait son importance.
Depuis le refus du gouvernement d’accorder à RadioCanada/CBC une aide financière d’urgence pour faire face à une crise sans précédent, les partis de l’opposition à Ottawa accusent les conservateurs de se réjouir des déboires du diffuseur public.
« La décision qui a été prise est, selon moi, dans le meilleur intérêt des contribuables, de la société et de la viabilité à long terme du monde de la radiodiffusion », s’est défendu JamesMoorehier, ajoutant qu’il avait une très bonne relation professionnelle avec le président de Radio-Canada, Hubert Lacroix.
« Sa profession de foi, je n’y crois pas, a réagi la députée bloquiste Carole Lavallée. Depuis qu’il a été élu, on s’aperçoit que ce qu’il dit et ce qu’il fait, c’est deux choses différentes. »
« Si vous aimiez votre diffuseur public, vous l’auriez soutenu dans les moments difficiles », a lancé la députée bloquiste au ministre, en comité.
Lapsus révélateur ?
Mme Lavallée s’est réjouie d’un lapsus commis par le ministre, qui répondait à une attaque sur le manque d’intérêt de son parti pour le diffuseur public.
À la députée qui lui demandait pourquoi les membres du caucus conservateur « applaudissaient lorsqu’on parlait de la disparition de Radio-Canada », le ministre a répondu: « Ce n’est pas faux », avant de se reprendre et de dire que l’affirmation n’était « pas vraie ».
LedéputélibéralPabloRodriguez n’a pas non plus été convaincu par les promesses du ministre. « Les conservateurs essaient de défendre le fait qu’ils ont augmenté le budget de Radio-Canada alors que c’est totalement faux, a-t-il dit. On est en pleine crise et le ministre n’amène aucune solution. »
Le porte-parole de l’organisme de surveillance Friends of Canadian Broadcasting (FCB), Ian Morrison, est lui aussi sorti déçu du témoignage de M. Moore en comité. Il espérait que le ministre dépose les crédits supplémentaires de 60 millions tant attendus.
« Les actions de ce gouvernement ne sont pas au diapason de ses paroles. C’est dommage », a souligné M. Morrison. Selon un sondage rendu public par FCB hier, 60% des Canadiens pensent que le gouvernement conservateur se conduit de façon hostile envers Radio-Canada. Le sondage a été réalisé par l’internet auprès de 3361 Canadiens en âge de voter et est doté d’une marge d’erreur de moins de 2 points de pourcentage.


Le ministre du Patrimoine rejette l’idée de privatiser Radio-Canada
— Le ministre du Patrimoine, James Moore, rejette de manière non équivoque l’idée de privatiser la Société Radio-Canada.
Dans une entrevue accordée à La Presse, le ministre du Patrimoine, James Moore, a soutenu que Radio-Canada joue un rôle essentiel dans un pays aussi grand que le Canada en ce qu’il permet à tous les Canadiens de dialoguer entre eux.
Et à tous ceux qui prêtent la vile intention au gouvernement conservateur de Stephen Harper de tout faire pour se débarrasser de la société d’État, le ministre lance un appel au calme.
Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Moore a soutenu que Radio-Canada joue un rôle essentiel dans un pays aussi grand que le Canada en ce qu’il permet à tous les Canadiens de dialoguer entre eux, qu’ils vivent à TerreNeuve, en Colombie-Britannique ou au Québec. Il a ajouté que la société d’État est également indispensable au bien-être des minorités de langues officielles, en particulier le million de francophones qui vivent à l’extérieur du Québec.
« Je suis contre la privatisation de Radio-Canada », affirme sans ambages le ministre James Moore, cherchant ainsi à mettre fin aux rumeurs qu’utilisent ses adversaires politiques pour attaquer le gouvernement conservateur à la Chambre des communes.
Ces rumeurs ont été relancées au cours des dernières semaines après qu’il fut révélé que le gouvernement Harper avait entrepris de revoir les actifs d’Ottawa, dont huit sociétés d’État, pour en évaluer l’efficacité, la viabilité et la pertinence. Certaines de ces sociétés, comme Via Rail, pourraient être mise en vente au terme de cet exercice.
Mais la Société Radio-Canada ne fait pas partie de cet examen et il est hors de question de privatiser cette institution nationale.
« Radio-Canada a un rôle crucial à jouer. C’est une institution qui permet aux Canadiens de parler aux Canadiens. Sans la Société Radio-Canada, les gens de la Colombie-Britannique, des francophiles comme moi, n’entendraient jamais parler de ce qui se passe au Québec», a affirmé le ministre.
L’ancien Par ti réformiste, dont plusieurs membres sont aujourd’hui des militants du Parti conservateur, a longtemps préconisé la privatisation de RadioCanada/CBC. Le Parti réformiste est devenu l’Alliance canadienne en 2000. Ce parti a ensuite fusionné avec le Parti progressiste-conservateur, en 2003, pour devenir le Parti conservateur.
Même si le programme électoral des conservateurs n’a jamais évoqué la privatisation de la SRC, libéraux, néo-démocrates et bloquistes ont sporadiquement alimenté le doute à ce sujet envers Stephen Harper s’il devait un jour diriger un gouvernement majoritaire.
« Radio-Canada, c’est crucial pour l’avenir de notre pays, un pays énorme avec une population aussi dispersée. Ce sont les médias qui nous unissent et la SRC a un rôle important à jouer dans tout cela. C’est aussi ce qui nous permet de protéger les deux langues officielles au Canada. En tant que ministre responsable des langues officielles, c’est très important. Il y a 2,5 millions de personnes qui parlent le français à l’extérieur du Québec. Sans Radio-Canada, ce serait comme la Louisiane », a-t-il ajouté.
M. Moore a souligné que le secteur privé ne s’intéresserait pas au sort des francophones qui vivent à l’extérieur du Québec. D’où l’importance du rôle que joue la SRC pour l’avenir des francophones au pays.
« Nous sommes en faveur d’un marché fort qui peut s’exprimer librement. Mais en même temps, il faut être conscient qu’on doit protéger des choses que le marché ne protégerait pas, comme l’environnement et notre culture », a-t-il dit.
En entrevue, le ministre Moore a par ailleurs rejeté les accusations selon lesquelles le gouvernement Harper a coupé les vivres à la SRC.
« Nous n’avons fait aucune compression. Nous avons en fait augmenté le financement de la Société Radio-Canada à chacun de nos quatre budgets. C’était un de nos engagements durant la campagne électorale », a-t-il dit.
La SRC a annoncé il y a quelques semaines qu’elle devait mettre à pied quelque 800 employés afin de réduire ses dépenses de 171 millions de dollars en 2009-2010.
Selon le ministre, si la SRC éprouve des problèmes financiers à l’heure actuelle, ce n’est pas à cause du gouvernement, mais à cause d’une chute des revenus publicitaires. À cet égard, la SCR vit la même crise que tous les autres médias privés. Environ le tiers du budget de la société d’État provient de la vente de publicité. Le reste vient des coffres du gouvernement fédéral.
M. Moore a affirmé que le Parti libéral avait fait le plus mal au développement de la SRC lorsqu’il était au pouvoir dans les années 90 en sabrant plus de 400 millions de dollars du financement accordé à la société d’État.
« Près de 4000 emplois ont été éliminés et ce n’était pas dans une situation de crise économique comme celle que l’on vit actuellement. En 1997, en 1998, le budget était équilibré et nous étions en pleine croissance économique. Mais les libéraux ont quand même décidé d’être agressifs envers Radio-Canada en coupant son budget. Mais nous, dans une situation de crise économique mondiale, nous avons fait le choix de faire des investissements, d’augmenter le budget de la Société Radio-Canada », a affirmé le ministre.
« Je trouve cela ridicule quand des gens qui prétendent être des amis de Radio-Canada nous attaquent, en particulier le Parti libéral qui, alors que l’économie était florissante, a choisi de réduire le budget de la société d’État », a dit M. Moore.




La vitalité de la culture en péril
Le refus du gouvernement Harper d’aider Radio-Canada est une attaque directe contre notre identité nationale
Sans des investissements continus importants permettant de promouvoir notre créativité et de donner des tribunes à nos jeunes artistes pour qu’ils fassent leurs classes, aucune culture régionale, et encore moins nationale, ne pourra survivre à long terme.
Les signataires sont présidents d’associations membres du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL), au nom de 14 000 artistes, écrivains et travailleurs québécois de la culture: Anik Bissonnette, Regroupement québécois de la danse; Martin Faucher, Conseil québécois du théâtre; Chantal Gilbert, Conseil des métiers d’art du Québec; Marie-Josée Lafortune, Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec; Chantal Lambert, Conseil québécois de la musique; Danielle Leblanc, Conseil québécois des arts médiatiques; Jeannot Painchaud, En Piste, Regroupement national des arts du cirque; Stanley Péan, Union des écrivaines et écrivains québécois; Christian LaForce, représentant des Conseils régionaux de la culture au MAL.
Les coupes annoncées le mois dernier à Radio-Canada/CBC dépasseront la seule société d’État pour frapper plusieurs artistes québécois et canadiens.
Peut-on interpréter le refus du gouvernement Harper de lever le petit doigt pour aider Radio-Canada – voire de brandir le spectre d’une coupe additionnelle possible de 56 millions de dollars – comme autre chose qu’une nouvelle attaque directe contre les artistes et artisans de notre culture? Difficile de croire le contraire quand on examine les conséquences de la baisse de revenus de Radio-Canada/CBC.
L’impact des coupes annoncées le mois dernier par Radio-Canada et rendues nécessaires par le manque de flexibilité étonnant de M. Harper dépassera, en effet, largement la simple société d’État pour frapper des milliers d’artistes québécois et canadiens et contribuer à mettre en péril la vitalité même de notre culture. Le PDG de Radio-Canada/CBC l’affirmait tout récemment: pour chaque poste aboli à Radio-Canada, trois postes seront perdus du côté des productions indépendantes.
Au total, si on additionne ces pertes d’emploi au public et au privé, c’est plus de 1340 artistes francophones, dont une très grande majorité de Québécois, qui seront privés de revenus à la suite du refus de Stephen Harper de combler par un prêt de 171 millions le manque à gagner de Radio-Canada/CBC. À la CBC, ces pertes d’emploi s’élèvent à 400 et, par conséquent, à 1200 artistes anglophonesoeuvrant à leur compte. Un total, au Canada anglais, de 1600 producteurs, réalisateurs, techniciens, comédiens, recherchistes, etc.
M. Harper, dans ses efforts de relance de l’économie canadienne, vient donc d’abolir près de 3000 emplois artistiques directs, rien de moins, et sans doute l’équivalent de quelques autres milliers d’emplois indirects!
Sans des investissements continus importants permettant de promouvoir notre créativité et de donner des tribunes à nos jeunes artistes pour qu’ils fassent leurs classes, aucune culture régionale, et encore moins nationale, ne pourra survivre à long terme.
Le Cirque du Soleil de Guy Laliberté, ou Ex Machina de Robert Lepage, ou, tant qu’à faire, le cinéma d’Atom Egoyan n’ont plus autant besoin de ces occasions de se faire valoir sur la scène nationale ou internationale. Mais aucun de ces trois géants artistiques n’aurait pu accomplir ce qu’il a accompli sans le soutien de nos gouvernements.
Vouloir étouffer à petit feu, faire disparaître Radio-Canada comme semblent vouloir le faire Stephen Harper et ses partisans, qui traitent la CBC de Communist Broadcasting Corporation, c’est vouloir empêcher qu’émergent, à moyen et à long terme, les grands artistes qui ont fait notre renommée internationale et qui, surtout, enrichissent notre vie quotidienne de façon singulière. Ils nous permettent non seulement de traverser des moments difficiles comme ceux que nous vivons actuellement, mais de devenir de meilleures personnes, mieux informées surtout.
Son refus d’accéder à la demande de crédit du président Hubert Lacroix, le refus du CRTC de protéger l’enveloppe prioritaire de Radio-Canada dans le Fonds des médias, ses tentatives constantes de contrôle de l’information, tout comme ses compressions tous azimuts de programmes dont bénéficiaient directement nos artistes, sont autant d’exemples de la volonté de ce gouvernement d’imposer sa morale et sa culture à un peuple qui lui a pourtant manifesté clairement qu’il n’en voulait pas.
M. Harper sait que la meilleure façon d’affaiblir une identité nationale est d’en affaiblir les porte-parole et les diffuseurs. Et c’est ce qu’il tente de faire par la bande depuis qu’il est au pouvoir. Il a compris, trop bien peut-être, le rôle essentiel que jouent sur le plan identitaire les employés et les artistes pigistes de Radio-Canada et de la CBC, et il veut profiter de la crise économique pour diminuer de façon importante les moyens mis à leur disposition.


Clémence DesRochers critique Stephen Harper
Clémence DesRochers figure parmi les six lauréats qui ont reçu hier le prestigieux Prix du gouverneur général pour les arts de la scène, mais cela ne l’empêche pas de critiquer le gouvernement conservateur, qui a réduit l’aide financière à la culture.
La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a remis hier à Clémence DesRochers le Prix du gouverneur général pour les arts de la scène. Lors d’une cérémonie à Rideau Hall, la poète et monologuiste québécoise a critiqué le gouvernement conservateur pour avoir réduit l’aide financière à la culture.
« Harper n’a pas l’air de considérer les artistes comme des gens importants », a vivement déploré la poète et monologuiste québécoise, qui a reçu son prix des mains de la gouverneure générale, Michaëlle Jean, lors d’une cérémonie à Rideau Hall.
En entrevue à La Presse Canadienne, Mme DesRochers n’a pas mis de gants blancs. « Il est essentiel de ne pas laisser tomber les artistes. Si on n’avait pas les artistes, la vie serait mortelle », a ajouté Mme DesRochers, pour qui l’aide financière des gouvernements fait partie des choses « intouchables ».
« En cinéma, par exemple, il faut de l’argent pour faire de bons films », a-t-elle dit.
« I l faut comprendre que certains projets sont refusés. Mais beaucoup d’artistes ne travaillent pas. Ils mangent leurs chaussons », a signalé l’auteure de La vie d’factrie un jardin.
Clémence DesRochers ainsi que la chanteuse acadienne Édith Butler ont reçu la plus haute distinction canadienne pour les disciplines scéniques. Ce prix a aussi été accordé à Robert Lepage, qui, absent hier, l’avait déjà reçu il y a un mois. Il avait alors critiqué le gouvernement Harper sur la question des compressions dans le financement des artistes qui présentent leurs oeuvres à l’étranger.
Le compositeur et écrivain R. Murray Schaffer, la danseuse et chorégraphe Peggy Baker ainsi que l’auteur George F. Walker sont les autres lauréats.



Harper retarde encore une photo officielle  -  Marc Thibodeau
Le premier ministre canadien a été accueilli par des applaudissements moqueurs de quelques dirigeants à son arrivée sur la scène.
— Décidément, le premier ministre canadien Stephen Harper éprouve quelques difficultés avec les photos officielles pendant les grands sommets internationaux.
Hier, le politicien a retardé le cliché qui devait être pris avant un dîner de travail avec une quinzaine d’autres dirigeants à l’occasion du sommet du G8, à L’Aquila, en Italie.
Les chefs d’État réunis sur la scène, après avoir été rejoints par le président américain Barack Obama, ont attendu impatiemment que le premier ministre se manifeste.
Le dirigeant canadien a finalement été accueilli par des applaudissementsmoqueurs de quelques dirigeants à son arrivée.
Le premier ministre italien Silvio Berlusconi l’a regardé en sour i a nt et en f a i sa nt balancer ses mains dans une gestuelle typique pour « réprimander » gentiment le premier ministre.
L e po r t e - pa r o l e de M. Harper, Dimit r i Souda s , a écarté les questions à ce sujet en se contentant de souligner que le politicien « était présent pour la photo ».
Il a répété la même phrase à plusieurs reprises en réponse à un journaliste qui lui demandait, avec insistance, de préciser les causes du retard.
Le premier ministre canadien avait aussi créé une commotion lors du sommet du G20 à Londres, forçant la reprise d’une photo officielle à cause de son absence.
La BBC avait indiqué qu’il se trouvait aux toilettes au moment du premier cliché. Le bureau du premier ministre a soutenu qu’il était plutôt en train d’être informé des plus récentes discussions par des conseillers. Un rectificatif avait été demandé en vain à la chaîne, qui a maintenu sa version.



Étiquetage des aliments « Le gouvernement doit corriger le tir »

Le ministre Blackburn a entendu les doléances de l’industrie
EXCLUSIF
« Avec ce que j’ai entendu, on ne peut pas demeurer insensible à ce que l’industrie nous demande. Il faut examiner comment on peut répondre à ses attentes et à celles des consommateurs. »
de fabrication étaient enregistrés au pays et que la dernière transformation substantielle du produit était faite au Canada pour avoir droit d’apposer la mention « Produit du Canada » sur les étiquetages.
Avec les nouvelles règles d’étiquetage, la confiture de bleuets du Lac-Saint-Jean n’est plus considérée comme un produit du Canada.
Or, les nouvelles règles ont été jugées trop contraignantes par la grande majorité des agriculteurs et des transformateurs puisqu’il suffit parfois d’un ajout de sel ou de sucre, comme c’est le cas pour le vin de glace, pour lui faire perdre le titre convoité de produit du Canada.
Dans une entrevue accordée à La Presse hier, le ministre Blackburn a indiqué avoir déjà abordé cette épineuse question avec le ministre Ritz. Et il compte lui envoyer sous peu une lettre expliquant les nombreux cas saugrenus qu’il a entendus à l’occasion d’une rencontre au sommet tenue à Ottawa le 15 juin avec une trentaine de représentants de l’industrie de la transformation des aliments.
— Les nouvelles règles d’étiquetage adoptées par le gouvernement fédéral sont trop sévères et donnent lieu à des situations loufoques. Le vin de glace de l’Ontario n’est plus considéré comme un produit du Canada. La confiture de bleuets du Lac-Saint-Jean non plus, ni les cornichons québécois Whyte’s.
Le ministre du Revenu JeanPierre Blackburn, qui est aussi ministre d’État à l’Agriculture et à l’Agroalimentaire, affirme avoir entendu les doléances de l’industrie agroalimentaire. Et il entend faire pression sur son collègue Gerry Ritz, ministre de l’Agriculture, et les autres membres du cabinet pour qu’on corrige le tir.
Les nouvelles règles d’étiquetage, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier, stipulent que seuls les produits contenant au maximum 2% d’ingrédients importés peuvent utiliser la mention « Produit du Canada » sur leur emballage. Les autres produits peuvent porter l’étiquette « Fabriqué au Canada » si la dernière transformation substantielle a eu lieu au pays.
Auparavant, les entreprises devaient s’assurer que 51% des coûts directs de production ou
Seuil à 85%
Selon l e ministre Blackburn, l’une des solutions envisageables serait de ramener à 85% le pourcentage requis d’ingrédients canadiens utilisés dans un produit pour qu’il puisse décrocher le titre de produit du Canada. Ce seuil fait d’ailleurs consensus au sein de l’industrie. « Les nouvelles règles d’étiquetage des produits créent des difficultés pour l’industrie. Le vin de glace, un produit typiquement canadien, ne peut plus être considéré comme un produit du Canada parce qu’on y ajoute du sucre pour la fermentation. Les cornichons sont produits avec des concombres du Québec, mais dès qu’on les met en marinade, ce ne sont plus des produits d’ici. J’ai eu des exemples comme cela à profusion au sommet de juin », a expliqué M. Blackburn.
Le ministre a indiqué que le gouvernement fédéral doit à la fois protéger les consommateurs et tenir compte des préoccupations de l’industrie agroalimentaire en matière d’étiquetage.
« C’est la marque de commerce des fabricants d’avoir un produit du Canada. Tout cela ne restera pas lettre morte. Le seuil de 85% a été évoqué comme un compromis. Cela permettrait quand même aux consommateurs de savoir quels produits viennent du Canada et en même temps de s’assurer que les produits du Canada sont effectivement produits ici », a ajouté le ministre.
« Avec ce que j’ai entendu, on ne peut pas demeurer insensible à ce que l’industrie nous demande. Il faut examiner comment on peut répondre à ses attentes et à celles des consommateurs » a-t-il encore dit. En entrevue, M. Blackburn a tenu à souligner l’importance de cette industrie au Canada. Ce secteur génère des activités économiques de l’ordre de 87,2 milliards de dollars par année, procure de l’emploi à 296 000 travailleurs, et représente 2% du produit intérieur brut du pays. « C’est le deuxième secteur en importance au pays après le secteur manufacturier. Compte tenu de ces chiffres, il faut s’occuper de cette industrie et l’écouter », a affirmé M. Blackburn.
Le ministre compte d’ailleurs organiser un sommet annuel avec les représentants de l’industrie afin d’être mis au parfum des défis auxquels ils sont confrontés.


RÈGLES D’ÉTIQUETAGE ASSOUPLIES  « C’est une très bonne nouvelle »

— Le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC) salue l’intention exprimée par le ministre du Revenu Jean-Pierre Blackburn de modifier de nouveau les règles d’étiquetage pour les produits canadiens.
Ces règles sont si sévères qu’elles font en sorte que le vin de glace de l’Ontario n’est plus considéré comme un produit du Canada, tout comme la confiture de bleuets du Lac-Saint-Jean ou les cornichons québécois Whyte’s.
Les nouvelles règles d’étiquetage, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier, stipulent que seuls les produits contenant au maximum 2% d’ingrédients importés peuvent utiliser la mention « Produit du Canada » sur leur emballage. Les autres produits peuvent porter l’étiquetage « Fabriqué au Canada » si la dernière transformation substantielle a eu lieu au pays.
Auparavant, les entreprises devaient s’assurer que 51% des coûts directs de production ou de fabrication étaient enregistrés au pays et que la dernière transformation substantielle du produit était faite au Canada pour avoir droit d’apposer « Produit du Canada » sur les étiquetages
Dans une entrevue accordée à La Presse, cette semaine, le ministre Blackburn, qui est aussi ministre d’État à l’Agriculture et à l’Agroalimentaire, a soutenu que le gouvernement Harper doit tenir compte des doléances de l’industrie agroalimentaire et corriger le tir.
Les nouvelles règles ont été jugées trop contraignantes par la grande majorité des agriculteurs et des transformateurs puisqu’il suffit parfois d’un ajout de sel oude sucre, comme c’est le cas pour le vin de glace, pour lui faire perdre le titre convoité de Produit du Canada.
Hier, Sylvie Cloutier, la vice-présidente communication et affaires publiques du CTAC, a accueilli favorablement les propos du ministre Blackburn, qui compte faire pression sur son collègue responsable de l’Agriculture, le ministre Gerry Ritz, pour ramener à 85% le pourcentage des ingrédients canadiens utilisés pour qu’un produit puisse mentionner « Produit du Canada ». Ce seuil fait d’ailleurs consensus au sein de l’industrie.
« C’est une très bonne nouvelle », a affirmé Mme Cloutier. « C’est ce que nous avions demandé durant les consultations du comité de l’agriculture de la Chambre des communes l’an dernier. »
Mme Cloutier a rappelé que l’industrie agroalimentaire aura toujours besoin d’ingrédients qui proviennent de l’étranger, comme le sucre, le sel et des épices, pour fabriquer ses produits.
Elle a souligné que les entreprises obtiennent un avantage concurrentiel important quand elles peuvent apposer la mention « Produit du Canada » sur leurs étiquettes.




Le Canada refuse un visa à une légende du soccer algérien
ZINÉDINE ZIDANE À MONTRÉAL
Même si elle n’a eu aucun mal à remporter la victoire, hier aprèsmidi, l’équipe de Zinédine Zidane était privée d’un joueur de taille, au stade Percival-Molson. Les organisateurs de la tournée canadienne de la star avaient invité Lakdhar Belloumi, une grande vedette du soccer algérien. Mais le Canada a refusé de lui accorder un visa d’entrée, au grand damdesMaghrébins de Montréal, a appris La Presse.
Hier, au stade Percival-Molson, le match amical qui opposait des policiers de Montréal à d’anciennes vedettes du soccer a connu un vif succès. La foule a joyeusement acclamé Zinédine Zidane (à droite), qu’on voit ici avec le policier Louis Sant.
Aujourd’hui âgé de 50 ans, Lakhdar Belloumi est peu connu dans les chaumières québécoises, mais c’est une légende vivante en Algérie. Il a connu la gloire dans les années 80, alors qu’il était considéré comme le meilleur joueur d’Afrique. C’est lui qui a marqué le but de la victoire lorsque l’Algérie a battu l’Allemagne de l’Ouest à la Coupe du monde de 1982, l’un des plus grands succès internationaux de la sélection.
« Vous connaissez Maurice Richard? C’est la même chose, résume Wahid Meghrebi, journaliste et animateur de radio communautaire dans le Petit Maghreb, dans le nord de Montréal. Ce n’est pas qu’un joueur, c’est une idole. »
Plusieurs Montréalais d’orig i ne magh r é bi ne é t a i e n t emballés d’apprendre que le footballeur participerait aux matchs de Toronto, Montréal et Vancouver en compagnie de l’ancienne vedette de l’équipe de France, Zinédine Zidane.
« C’est le plus grand footballeur de l’histoire de l’Algérie, explique le porte-parole de l’organisation du match amical, Albert Bellemare. Ses états de service sont tout à fait exceptionnels. »
Déception
Mais voilà, le voyage de la star a été annulé à la dernière minute. Le Canada lui a refusé l’accès au pays. L’organisation ignore les motifs de la décision d’Ottawa, mais elle ne cache pas sa déception.
« On aurait aimé que le ministère de l’Immigration soit plus compréhensif », convient M. Bellemare.
Ce contretemps n’a pas empêché le match amical qui opposait des policiers deMontréal à d’anciennes vedettes du soccer de connaître un vif succès. Plus de 15 000 personnes ont payé entre 21$ et 198$ pour assister à une victoire écrasante de 10-0 des vedettes du soccer sur les policiers. La foule a joyeusement acclamé Zinédine Zidane, qui avait rencontré des centaines de jeunes de Montréal-Nord la veille.
La tournée canadienne « Zidane et ses amis » devrait permettre d’amasser 115 000$ au profit de l’UNICEF.
Une religion
Ma l g r é t o u t , plus i eu r s Québécois d’origine maghrébine ne comprennent pas qu’Ottawa ait barré la route à Lakhdar Belloumi. Il faut comprendre que le soccer est une religion pour la communauté algérienne de Montréal. Pas plus tard qu’il y a trois semaines, une foule en liesse s’était déversée dans la rue Jean-Talon après la victoire de leur équipe sur la Zambie, une manifestation spontanée qui avait momentanément été prise pour une émeute par les forces de l’ordre.
Au Café Safir, où plusieurs amateurs prenaient un thé à la menthe avant de se rendre au match au stade Percival-Molson, Abdelhak Siouada ne cachait pas sa déception. Il rêvait de voir Zinédine Zidane et son idole Lakhdar Belloumi sur le même terrain, et dans sa ville de surcroît.
« On déplore, mais qu’estce qu’on peut y faire? » a-t-il soupiré.
D’autres sont beaucoup plus frustrés.
« Le refus de visa est une offense aux citoyens canadiens d’origine algérienne, estime Wahid Meghrebi. Le gouvernement doit respecter l’avis et les sentiments de ses citoyens. »
Il n’a pas été possible de savoir pourquoi Ottawa a refusé de permettre la venue de Lakhdar Belloumi, hier.
M. Belloumi, ancien Ballon d’or africain, a déjà été visé par un mandat d’arrêt international. Un médecin égyptien l’avait accusé d’être responsable des blessures qu’il avait subies à l’oeil lors d’un match Algérie-Égypte en 1989. Mais le mandat a été levé en avril dernier.




Une ministre cul-de-jatte -  VINCENT MARISSAL
Les derniers jours ont été difficiles pour les conservateurs. On se croirait en pleine semaine nationale de l’embarras politique.
Sans surprise, les partis de l’opposition à Ottawa continuent de réclamer la démission de la ministre Lisa Raitt, malgré ses excuses larmoyantes aux malades du cancer.
Dans le jeu politique, c’est de bonne guerre, mais c’est inutile puisque, dans les faits, Mme Raitt est déjà partie.
Partie dans le sens politique du terme. Dans le sens où elle a perdu toute crédibilité à son poste de ministre des Ressources naturelles.
Il y a eu d’abord, la semaine dernière, cette affaire de documents secrets concernant Énergie atomique du Canada oubliés chez CTV – une enveloppe brune déposée dans une salle de rédaction par une ministre, le fantasme de tout journaliste!
Puis, cette semaine, éclate cette histoire de propos controversés enregistrés et diffusés dans tout le pays.
Mme Raitt était un canard boiteux depuis la semaine dernière. Elle est devenue cul-de-jatte politique cette semaine.
I maginez une seconde la ministre Raitt assise en face des scientifiques d’Énergie atomique du Canada ou des spécialistes du cancer. Ou de ses collègues qui se demanderont intérieurement : dit-elle en privé que je suis, comme elle l’a dit de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, un ministre faible et dépassé ?
Et imaginez la ministre Raitt devant l’opposition. Un sac de sable dans une salle d’entraînement de boxe. Les partis de l’opposition réclament son renvoi, mais dans le fond, ils ne sont pas si mécontents de voir qu’elle reste en poste.
Chose certaine, pour Lisa Raitt, la fin de la session ne viendra jamais assez vite.
Au-delà de l’anecdote d’une conversation salée captée fortuitement, la question de la crédibilité de la ministre des Ressources naturelles est importante parce que le gouvernement songe à privatiser Énergie atomique Canada (un autre dossier sexy?) et, surtout, parce que la pénurie d’isotoentraîné le congédiement de la présidente d’Énergie atomique Canada et avait plongé le gouvernement dans un profond embarras.
Le premier ministre Harper aurait dû rendre service à sa ministre recrue (et à lui-même) et accepter sa démission la semaine dernière. Il aurait ainsi évité ce nouvel épisode et aurait envoyé un message de fermeté à son caucus. En envoyant sa ministre réfléchir sur les banquettes arrière, M. Harper pes est un très sérieux problème de santé.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Harper cafouille dans le dossier du réacteur nucléaire Chalk River, où sont produits les isotopes médicaux.
L’an dernier, une controverse entourant la fermeture, pour des raisons de sécurité du réacteur situé près d’Ottawa, avait aurait indiqué aux Canadiens qu’il prend le parti des patients. Piqué par les attaques de l’opposition, il a préféré se rebiffer par pur esprit partisan. L’empathie, c’est bien connu, n’est pas la première qualité du premier ministre.
Il n’y a pas que Lisa Raitt qui doit avoir hâte aux vacances d’été. Stephen Harper aussi. Les derniers jours ont été difficiles pour les conservateurs. On se croirait en pleine semaine nationale de l’embarras politique.
En plus des affaires Raitt, le ministre des Transports, John Baird, a dû s’excuser lui aussi pour des propos intempestifs captés inopinément par une journaliste. En gros, M. Baird a dit que la Ville de Toronto et son maire, David Miller, peuvent « aller se faire foutre » parce que selon lui, ils ont présenté des demandes inadéquates au programme d’infrastructures. Voilà qui n’aidera pas les conservateurs à Toronto, une ville qui leur est déjà hostile.
Puis, comme si ce n’était pas assez, on a appris que des lingots d’or d’une valeur d’au moins 10 millions ont disparu des coffres de la Monnaie royale canadienne. Penauds, les conservateurs ont dû se résigner à appeler la GRC en renfort.
De l ’ or en ba r r e pou r l’opposition.


Harper veut arrêter la production d’isotopes
En larmes, la ministre Lisa Raitt présente des excuses
« Je ne promettrai pas une solution rapide à la question, il n’y en aura tout simplement pas. »
— À l’aube d’une crise majeure d’approvisionnement en isotopes médicaux, alors que la ministre responsable se retrouve sur la sellette, que sa démission est réclamée de toutes parts et qu’elle doit s’excuser d’avoir fait des commentaires inappropriés, le premier ministre Stephen Harper affirme sans détour que leCanada se retirera de la production de ces précieux atomes nécessaires aux diagnostics et traitements du cancer.
La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, n’a pas caché ses émotions au cours d’un point de presse qu’elle a tenu afin de présenter ses excuses pour les propos qu’elle a eues concernant la pénurie.
« Nous anticipons que le Canada, éventuellement, se retirera de cette industrie », a dit M. Harper, interrogé sur les récents développements concernant le dossier du réacteur nucléaire de Chalk River, principal fournisseur international d’isotopes médicaux, en arrêt de production depuis la mi-mai.
Impossible, dit le premier ministre, de construire rapidement un nouveau réacteur nucléaire produisant des isotopes, et comme celui de Chalk River est « très vieux » – il a 50 ans –, il devient de plus en plus vulnérable aux arrêts de production qui se multiplieront, mais demeurent « imprévisibles », estime M. Harper, blâmant au passage l’ancien gouvernement libéral pour son échec dans le dossier.
« C’est la réalité. Il y a des problèmes à cause de son âge, malgré les investissements pour les réparations. On ne peut pas contrôler cette situation. Si on doit fermer ce réacteur pour des raisons de santé publique, on doit le faire, on n’a pas le choix, a souligné le premier ministre, en fin d’après-midi, hier. Nous avons décidé d’investir davantage d’argent dans le réacteur actuel pour le maintenir en activité le plus longtemps possible pendant que d’autres sources d’approvisionnement se mettent en branle au niveau international. »
En attendant, a ajouté M. Harper, les ministres des Ressources naturelles et de la Santé s’activent à chercher, à la fois d’autres sources d’approvisionnement en isotopes et aussi des « traitements alternatifs ».
« Je ne promettrai pas une solution rapide à la question, il n’y en aura tout simplement pas. Même l’injection de centaines de millions de dollars ne créera pas une solution rapide », a-t-il dit à l’issue d’une journée forte en rebondissements dans le dossier.
Excuses
Après avoir résisté plus de 24 heures à la pression du public et de l’opposition, la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a finalement cédé et présenté des excuses empreintes d’émotion aux victimes du cancer et à leur famille, hier midi, pour avoir tenu des propos controversés qui ont été mal interprétés, selon elle.
Lors d’une conversation privée, enregistrée à son insu, la ministre Raitt avait qualifié la crise des isotopes médicaux de « sexy ».
Sous l’oeil attentif de membres de l’entourage immédiat de M. Harper, la ministre a convoqué les médias à une demi-heure d’avis pour lire une courte déclaration.
« Je tiens à présenter mes excuses à tous ceux qui ont pu se sentir offensés par mes paroles, a dit la ministre. Mon intention n’était certainement pas de manquer de respect aux victimes du cancer, ni aux survivants de cette terrible maladie, non plus qu’à leurs familles. »
La voix tremblante, cherchant ses mots et retenant visiblement ses larmes, Mme Raitt a rappelé que son propre père est mort d’un cancer du côlon alors qu’elle était âgée de 11 ans. Son frère a lui aussi succombé à un cancer, du poumon, 20 ans plus tard.
Outrée par les propos privés de la ministre, l’accusant d’arrogance, l’opposition avait réclamé à grands cris, mardi, sa démission.
Hier, le ton avait changé à la Chambre des communes. Mais si les trois partis de l’opposition ont bien reçu les excuses de la ministre, ils ont tous réitéré qu’elle devait quitter ses fonctions, jugeant qu’elle a très mal géré la pénurie appréhendée.
« Selon de nombreux spécialistes en médecine nucléaire, la crise des isotopes était prévisible. La ministre des Ressources naturelles a fait preuve de négligence, a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Comment le premierministre peut-il justifier de garder en place la ministre, alors que tous les experts la jugent incompétente? » Selon le critique libéral en matière d’énergie, David McGuinty, Mme Raitt « a laissé la crise dégénérer », mettant maintenant la santé des Canadiens en danger, notamment celle d’enfants souffrant du cancer.
En Chambre, la ministre a essuyé les attaques de ses adversaires, comme elle l’avait fait toute la semaine. « Nous avons été en contact avec l’industrie concernant l’approvisionnement d’isotopes médicaux. Je peux vous dire que les hôpitaux recevront la semaine prochaine plus de 50% de leurs commandes, ce qui est nettement mieux que ce qui avait été anticipé », a annoncé la ministre Raitt.
Rien pour satisfaire l’opposition, toutefois. « Quand elle dit que 50% des isotopes essentiels pour les Canadiens seront disponibles, ça veut dire que ça laisse 50% de ceux et celles qui souffrent sans aide de la part du gouvernement, a rétorqué le chef du NPD, Jack Layton. Ni la ministre ni le gouvernement ne semblent comprendre l’ampleur de la crise. »
La semaine dernière, la ministre Raitt s’était aussi retrouvée sur la sellette lorsque sa directrice des communications, âgée de 26 ans, a été contrainte de remettre sa démission pour avoir oublié des documents sensibles concernant le réacteur nucléaire de Chalk River dans les bureaux d’Ottawa de la station de télévision CTV. C’est la même employée qui a égaré, il y a plusieurs mois, l’enregistreuse contenant les conversations compromettantes dont le contenu a été révélé cette semaine par un journaliste du Chronicle Herald d’Halifax, qui s’est retrouvé en possession de l’appareil.

RAITT A AUSSI SON OPINION SUR PRENTICE
La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, soupçonne son collègue responsable de l’environnement, Jim Prentice, d’avoir détourné des fonds prévus pour l’industrie éolienne vers celle des sables bitumineux, selon le quotidien The Chronicle Herald, d’Halifax, qui a révélé, cette semaine, les propos controversés que la ministre a tenus dans une conversation privée sur la crise des isotopes. Lors de la même conversation avec son attachée de presse de l’époque, enregistrée par mégarde en janvier dernier, la ministre Raitt pourfend son collègue de l’Alberta, alléguant qu’il a délibérément supprimé des fonds à l’industrie éolienne pour les rediriger vers un fonds de recherche et développement dédié aux sables bitumineux. « Je ne sais pas ce qui est arrivé. Je soupçonne Jim d’avoir pris l’argent pour son plan d’énergie propre », cite le quotidien de la Nouvelle-Écosse. Au bureau du ministre Prentice, on n’a pas voulu commenter ces nouvelles allégations. « L’enregistrement perdu par l’ancienne attachée de presse de la ministre Raitt est un sujet qui concerne le cabinet de la ministre », s’est-on contenté de répondre.


 
Propos désobligeants sur le maire de Toronto : Le ministre Baird fait ses excuses
Le ministre se plaignait que la ville n’ait pas respecté les critères d’un programme national d’infrastructure.
— Reconnu pour être fort en gueule, le ministre des Transports, John Baird, a dû présenter ses excuses au maire de Toronto, David Miller, hier après avoir tenu des propos désobligeants à son endroit à l’occasion de la conférence annuelle de la Fédération canadienne des municipalités, qui a eu lieu à Whistler, en Colombie-Britannique.
M. Baird, responsable du programme national d’infrastructures doté d’un budget de quatre milliards de dollars, s’est emporté contre les élus de Toronto parce qu’ils n’ont soumis qu’un seul projet au gouvernement fédéral, soit le financement pour le renouvellement du parc de tramways de la ville. Toronto désire acheter 204 tramways qui seraient construits par Bombardier à son usine de Thunder Bay.
Ignorant qu’il se trouvait dans une salle réservée aux médias, à Whistler, M. Baird a affirmé, le week-end dernier, que Toronto était la seule ville canadienne à n’avoir pas respecté les critères du programme national d’infrastructure et que les dirigeants torontois osaient se plaindre qu’Ottawa tardait à financer leur demande.
« Deux mille sept cents personnes ont réussi. Pas eux. Ce n’est pas un partenariat, et ils râlent contre nous. Ils peuvent aller se faire foutre ( They should fuck off, en anglais) », a affirmé M. Baird, qui a été entendu par une journaliste du Toronto Star.
Essentiellement, le ministre Baird rejette le projet de Toronto parce qu’il ne se concentre pas sur la création d’emplois dans la métropole. Mais le maire de Toronto, David Miller, tient mordicus à ce qu’Ottawa paie une partie de la facture de ce projet. Le contrat de 1,2 milliard de dollars a d’ailleurs déjà été accordé à Bombardier en avril, mais il sera annulé si Toronto n’obtient pas l’argent des gouvernements provincial et fédéral au plus tard le 27 juin.
Une autre gaffe des conservateurs
Le quotidien torontois a publié hier les propos controversés du ministre Baird en une. M. Baird devenait ainsi le deuxième ministre du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper à se retrouver dans l’embarras à cause d’une indiscrétion après la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt.
À la Chambre des communes hier, le ministre Baird n’a pas hésité à présenter ses excuses après avoir été interpellé par les libéraux de Michael Ignatieff durant la période des questions.
« J’étais en proie à la frustration et je l’ai certainement exprimé. Ce matin, j’ai téléphoné au maire de Toronto pour m’excuser. Le maire et moi avons convenu de tourner la page et de continuer à bâtir sur les investissements que nous devons faire dans les transports en commun. Nous avons convenu de travailler de concert pour concrétiser tout cela au cours des prochaines semaines », a dit M. Baird.
Le NPD, qui a aussi soulevé cette question aux Communes, a dit apprécier les excuses du ministre des Transports.
La liste des ministres conservateurs qui mettent le gouvernement Harper dans l’embarras après avoir tenu des propos controversés continue donc de s’allonger.
L’an dernier, le ministre de l’Agriculture, Gerry Ritz, a été contraint de s’excuser après avoir fait des blagues de mauvais goût durant la crise de la listériose, qui a coûté la vie à au moins 17 personnes au pays. M. Ritz avait tenu ses propos lors d’une conférence téléphonique le 30 août, mais ils avaient été révélés uniquement durant la campagne électorale d’octobre.
Durant cette conférence téléphonique, M. Ritz avait affirmé que la crise de la listériose, « c’est comme mourir par tranches. Ou plutôt par tranches de viande froide ( cold cuts). » L’usine de viandes froides Maple Leaf de la région de Toronto avait été identifiée comme la source de cette contamination. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a pour sa part déjà affirmé, en 2007, que l’Ontario était la dernière province où les entreprises devaient investir à cause des taxes élevées imposées aux sociétés. Ses propos avaient fait des vagues en Ontario.
Le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, s’est lui aussi attiré les foudres des libéraux après avoir décrit le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, comme « le petit homme de la confédération ». M. Van Loan était leader du gouvernement en Chambre à l’époque où il a tenu ces propos en 2007.




Des documents oubliés mettent le gouvernement dans l’embarras
L’opposition réclame la démission de la ministre Lisa Raitt
— Des documents sensibles oubliés par mégarde. Une ministre sur la sellette. Une démission réclamée par l’opposition. Un gouvernement dans l’embarras. À peine plus d’un an après la démission du ministre desAffaires étrangères Maxime Bernier, l’histoire se répète.
La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, est sur la sellette. Son attachée politique a oublié un cahier à anneaux contenant des documents sensibles, vendredi dernier, dans les bureaux de la chaîne de télévision CTV à Ottawa.
Cette fois-ci, c’est la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, ou plutôt une de ses employées, qui a laissé un cahier à anneaux contenant différents documents sensibles, dont certains portant la mention « secret », dans les bureaux d’Ottawa de la chaîne de télévision CTV.
À l’instar de l’ex-ministre Bernier, secoué l’an dernier par l’affaire Couillard, Mme Raitt a voulu remettre sa démission au premier ministre Stephen Harper, qui l’a refusée. C’est plutôt son attachée politique de 26 ans, Jasmine MacDonnell, qui a écopé; c’est elle qui aurait oublié les documents en question.
« Ce n’est pas la faute personnelle de la ministre », a justifié M. Harper, de passage à Québec.
Les trois partis de l’opposition aux Communes se sont rapidement déchaînés, accusant le premier ministre de manquer de jugement, de bafouer ses propres règles, et d’agir avec deux poids, deux mesures.
« C’est de l’incohérence totale, puis on se moque des gens, a estimé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Dans un cas, il exige la démission, puis dans l’autre cas, la même chose se produit et il la refuse. Ça manque carrément de dignité. C’est une employée qui subit les contrecoups de cela. Alors cela est totalement inacceptable. »
« M. Harper est en train de prouver son hypocrisie, a renchéri le député néo-démocrate Thomas Mulcair. Mot pour mot l’an dernier Stephen Harper a dit que ça n’avait rien à voir avec les facteurs individuels ou personnels, de comportement ni de performance dans leurs fonctions. Ça avait tout à voir avec une règle inébranlable de confidentialité des documents. »
Le Guide du ministre pour un gouvernement responsable prévoit en effet que « le premier ministre tient les ministres personnellement responsables de la sécurité de leur personnel, de leurs bureaux et des documents confidentiels du Cabinet ».
La décision du premier ministre est d’autant plus surprenante, pour les libéraux, que Mme Raitt a admis, en présentant sa démission, « qu’elle est coupable d’avoir laissé des documents dans une place publique », a dit le critique libéral en matière d’énergie, David McGuinty.
« Quand une ministre perd un cartable rempli de documents secrets du gouvernement, c’est sérieux, a lancé le chef libéral Michael Ignatieff. Quand la même ministre ne tente pas de les récupérer, parce qu’elle ne savait même pas qu’ils étaient perdus, cela devient ridicule.
Mais quand elle blâme son employée, cela devient méprisable. »
Bombardée de questions en Chambre, Mme Raitt s’est contentée de répéter inlassablement que « des mesures correctives » avaient été prises et que l’employée en question avait été congédiée.
Dans la foulée de la crise des isotopes médicaux, déclenchée par l’arrêt de production du réacteur nucléaire de Chalk River, depuis la mi-mai, la ministre a donné plusieurs entrevues la semaine dernière, dont à la chaîne de télévision CTV. C’est donc vendredi que le document a été oublié, mais CTV n’a révélé l’erreur que mardi soir dans un reportage. Entre-temps, personne ne les a réclamés.
Selon CTV, les documents indiquent notamment des dépassements de coûts à Énergie atomique du Canada et à la centrale nucléaire de Chalk River. Depuis 2006, le gouvernement fédéral y aurait investi 1,7 milliard, dont 72 millions cette année pour maintenir la production d’isotopes médicaux, une somme qui n’apparaît nulle part dans le dernier budget de Jim Flaherty.
L’an dernier, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier avait admis avoir oublié des documents classifiés à la résidence de son ancienne amie de coeur, Julie Couillard, exconjointe, successivement, de deux membres du crime organisé.
La raison invoquée pour réclamer sa démission avait été l’oubli de ces documents confidentiels concernant le travail des troupes canadiennes en Afghanistan. Le premier ministre Harper avait alors affirmé qu’il s’agissait d’une « erreur grave » et que les ministres étaient « toujours responsables de la protection des documents classifiés ».


Raitt critique un autre ministre pour sa propre incapacité de gérer le dossier des sables bitumineux

RAITT A CRITIQUÉ UN AUTRE MINISTRE
En plus des propos tenus à l’égard de la ministre de la Santé dans une conversation enregistrée par mégarde, la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, y aurait été de remarques désobligeantes au sujet du ministre de l’Environnement, Jim Prentice. Selon des sources qui ont pris connaissance des cinq heures d’enregistrement obtenues par un journaliste d’Halifax, la ministre Raitt laisse entendre, dans la conversation controversée, que Jim Prentice se plie aux exigences des entreprises de sables bitumineux de l’Alberta. Mme Raitt est pourtant responsable du dossier des sables bitumineux, alors que M. Prentice est responsable de la réduction des émissions de carbone.


La démission de la ministre exigée
L’OPPOSITION DURCIT LE TON
OTTAWA— Accusée par l’opposition d’arrogance, d’opportunisme, de manquer d’empathie et d’avoir tenu des propos inacceptables, la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a refusé de démissionner, voire de s’excuser pour avoir dit, dans une conversation qui se voulait privée, que la crise des isotopes médicaux était un dossier « sexy » qui l’aiderait dans sa carrière.
L’ex-attachée de presse de la ministre des Ressources naturelles, Jasmine MacDonnell, responsable de l’oubli d’une enregistreuse dans une des toilettes du parlement, a tenté en vain lundi d’obtenir une injonction de la cour pour bloquer la publication de l’article d’un journaliste du Chronicle-Herald d’Halifax.
Au lendemain des révélations faites par le Chronicle-Herald d’Halifax, libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont estimé que la ministre Raitt n’avait plus la légitimité d’assumer ses fonctions.
Dans une conversation enregistrée à son insu, en janvier dernier, Mme juge que le dossier des isotopes médicaux l’aidera à gravir les échelons dans sa carrière politique, parce que c’est un sujet « sexy: les fuites radioactives, le cancer… ». Au passage, elle remet en question la capacité de sa collègue ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, de gérer le dossier et se réjouit d’en avoir la responsabilité. « Si on gagne là-dessus, on aura tout le crédit. Je suis prête à jeter les dés. C’est un coup facile, affirme la ministre à son attachée de presse. Tu sais ce que ça prend pour résoudre ce problème? De l’argent. On va trouver une solution. Ce n’est pas une question morale. »
L’arrêt de production de la centrale nucléaire de Chalk River, en mai dernier, cause à l’heure actuelle une pénurie d’isotopes médicaux, essentiels aux diagnostics, notamment, de certains cancers.
Il s’agit de la deuxième fois en autant de semaines que la ministre Raitt se retrouve sur la sellette, après l’oubli de documents sensibles concernant Chalk River dans les bureaux de CTV, qui a conduit au congédiement, la semaine der-
Raitt nière, d’une employée de 26 ans, Jasmine MacDonnell, la même qui aurait égaré l’enregistreuse sur laquelle se trouvait la conversation controversée.
« Indécent »
Alors que l’opposition critiquait jusqu’ici l’inaction du gouvernement conservateur pour résoudre la crise d’approvisionnement en isotopes, les députés se sont tout simplement révoltés hier.
« Devant si peu d’empathie et tant d’opportunisme, le premier ministre n’a d’autre choix que de congédier sa ministre », a jugé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, en Chambre.
« C’est indécent de la part de Mme et de M. Harper, a-t-il ajouté à l’issue de la période de questions. Elle aurait dû démissionner puis s’excuser. Elle ne s’est même pas excusée et puis M. Harper cautionne tout ça, c’est donc dire qu’il cautionne l’immoralité en politique. »
Le premier ministre ne s’est levé en Chambre que pour répondre au chef libéral Michael Ignatieff, une fois en français et une fois en anglais, réitérant son entière confiance en Mme Raitt.
« La ministre des Ressources naturelles travaille très fort pour assurer un approvisionnement adéquat à l’avenir. Elle travaille
Raitt très dur et le public connaît son bilan à cet égard », a dit M. Harper, accusant l’opposition de faire « de la petite politique ».
La réponse du chef libéral ne s’est pas fait attendre. « La plus petite politique qui soit, c’est de considérer une crise comme une possibilité d’avancement professionnel », a lancé M. Ignatieff.
Des excuses, mais pas assez
Si la ministre Raitt a passé un coup de fil à sa collègue Leona Aglukkaq, en soirée lundi, pour s’excuser des propos désobligeants tenus à son égard, elle a toutefois refusé de présenter des excuses aux Canadiens souffrant du cancer, soulevant la consternation chez ses adversaires.
« Les gens sont scandalisés par l’attitude de la ministre des Ressources naturelles, a dit Jack Layton, chef du NPD. La ministre a démontré qu’elle n’était pas digne de ses fonctions. »
MmeRaitt qui, pour la deuxième semaineconsécutive, aétécontrainte d’essuyer les tirs répétés de l’opposition en Chambre, sans l’aide du premier ministre, s’est justifiée en disant que les commentaires avaient été faits en janvier, soit bien avant la crise actuelle des isotopes médicaux. Sa propre famille a été lourdement touchée par le cancer, a-t-elle ajouté, affirmant toute son empathie pour les gens atteints de la maladie et leurs proches.
Cette fois-ci, Mme Raitt n’a pas offert sa démission au premier ministre, comme elle l’avait fait dans le cas des documents oubliés la semaine dernière.

Une politicienne néophyte
— À peine élue, pour la première fois l’automne dernier, Lisa Raitt a aussitôt fait son entrée au Conseil des ministres, en octobre, comme titulaire des Ressources naturelles.
Lisa Raitt est nouvelle en politique. Cette mère de deux jeunes garçons, âgée de 40 ans, a été élue pour la première fois l’automne dernier.
La femme de 40 ans, mère de deux jeunes garçons, en était à sa première tentative en politique active lorsqu’elle a battu par 7000 voix le candidat libéral Garth Turner (ancien député conservateur) dans la circonscription ontarienne d’Halton.
Cette avocate spécialisée en propriété intellectuelle et en litiges commerciaux, native du CapBreton, en Nouvelle-Écosse, était auparavant à la tête de l’Administration portuaire de Toronto, depuis 2002. Son passage y aura été marqué par la controverse ; Mme Raitt a notamment eu maille à partir avec les riverains et le maire de Toronto concernant l’expansion du petit aéroport situé au centre-ville de la métropole canadienne. En 2006, l’administration portuaire a poursuivi en diffamation pour 3,4 millions un organisme citoyen qui remettait en question l’intégrité et l’éthique de Mme et d’autres membres de la direction. Considérée comme une poursuite abusive (SLAPP), la cause s’est finalement réglée à l’amiable.
Plutôt effacée depuis son arrivée sur la colline parlementaire, la ministre a été propulsée à l’avantscène avec l’arrêt de production, à la mi-mai, du réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, principal fournisseur mondial d’isotopes médicaux essentiels à de nombreux examens, notamment pour diagnostiquer des cancers.
Fin mai, la ministre a par ailleurs annoncé la privatisation du volet commercial de l’industrie nucléaire canadienne, actuellement géré par Énergie atomique Canada.
Lisa Raitt, née MacCormack, est mariée à David Raitt, acteur et auteur comique ontarien. Le couple et ses deux garçons, John Colin et Billy, habitent à Oakville, dans la grande région de Toronto. Outre ses études en droit, Lisa Raitt détient aussi un baccalauréat en sciences et une maîtrise en chimie, spécialisée en toxicologie environnementale. En 1989, son frère Colin, travailleur d’une aciérie, est mort d’un cancer du poumon, à l’âge de 36 ans.





Un enregistrement qui met la ministre Raitt dans l’embarras
— La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, qualifie la crise des isotopes médicauxd’enjeu « vendeur » enplus d’émettre des doutes quant à la compétence parlementaire de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, dans une conversation enregistrée par erreur.
Le quotidien Halifax Chronicle-Herald a rapporté avoir obtenu un enregistrement où la ministre Raitt et son ancienne attachée de presse, Jasmine MacDonnell, tiennent des commentaires désobligeants à propos de la ministre fédérale de la Santé.
La conversation aurait été enregistrée par erreur le 30 janvier, peu après qu’une fuite d’eau lourde eut été signalée au réacteur nucléaire ontarien de Chalk River. Mme Raitt et son attachée de presse d’alors discutaient dans une voiture de leurs efforts infructueux visant à obtenir des citations de la part de Leona Aglukkaq pour la préparation d’un communiqué de presse au sujet de la crise des isotopes médicaux.
L’enregistrement révèle que Mme Raitt a dit vouloir recevoir le mérite de la gestion de la crise, un dossier qu’elle affirme être « vendeur ». Mme Raitt affirme que sa collègue à la Santé est une femme compétente, mais qu’il lui est difficile de travailler dans un Parlement où règne la confrontation.
« J’espère qu’elle n’aura jamais un dossier chaud entre les mains », a affirmé Lisa Raitt, selon le Halifax Chronicle-Herald.
Injonction refusée
L’ancienne attachée de presse de la ministre avait demandé au tribunal une injonction interdisant la publication d’un article rapportant la conversation. L’affaire a été entendue d’urgence hier après-midi par le juge Gerald Moir, qui a finalement donné raison au quotidien de Halifax et a permis la publication de l’article et de la conversation.
« Il n’est pas avisé de priver les médias, et le public qu’ils informent, de commentaires tenus en privé, mais qui ne sont pas confidentiels comme le sont des secrets commerciaux », a fait valoir le juge après avoir écouté la conversation, d’une durée de 5 heures et 16 minutes.
Plus tôt dans la journée, à la Chambre des communes, Lisa Raitt n’avait pas voulu confirmer si les propos que lui attribuait le Halifax Chronicle-Herald étaient exacts.
Mme MacDonnell, 26 ans, a perdu son emploi la semaine dernière, soi-disant parce qu’elle était responsable de l’oubli de documents confidentiels dans les bureaux du réseau de télévision CTV.
Elle aurait aussi égaré son enregistreuse au Parlement, après une entrevue, il y a plusieurs mois. Un journaliste duChronicle-Herald affirme avoir fait savoir à Mme MacDonnell qu’il était en possession de l’appareil – trouvé dans une des toilettes de la galerie de la presse –, mais que celle-ci n’est jamais allée le récupérer.
Lisa Raitt est dans l’embarras depuis quelques semaines, en raison de la crise des isotopes médicaux et aussi à cause de documents oubliés au réseau CTV.
Hier, le NPD a par ailleurs laissé entendre qu’elle avait dépensé de manière outrancière alors qu’elle était à la tête de l’organisme qui gère le port de Toronto.
Mme Raitt a offert sa démission au premier ministre la semaine dernière, mais ce dernier l’a refusée. La clémence de M. Harper en a fait sourciller plus d’un à Ottawa.
Les médias ont souligné que le député de Beauce, Maxime Bernier, n’avait pas été traité avec autant de magnanimité quand il avait oublié des documents chez son excopine, Julie Couillard, il y a un an. M. Bernier avait dû renoncer à son portefeuille des Affaires étrangères pour calmer la grogne. Il n’a pas encore été réintégré au Conseil des ministres.
Tard hier soir, un porte-parole de Stephen Harper a fait savoir que les ministres Raitt et Aglukkaq ont toujours la confiance du premier ministre. « Cette histoire est peutêtre embarrassante, mais elle n’affecte en aucune façon la capacité de la ministre (Raitt) de faire son travail », a dit le porte-parole, Dimitri Soudas.



Nouvelle politique fédérale d’expulsion des demandeurs d’asile Inquiétude chez les Rwandais, les Burundais et les Libériens deMontréal

Les communautés rwandaise et burundaise de Montréal craignent que des dizaines de leurs membres soient forcés de quitter le Canada, conséquence d’une nouvelle politique fédérale sur l’expulsion des demandeurs d’asile.
Le gouvernement fédéral a annoncé jeudi soir qu’il levait la suspension des expulsions vers le Rwanda, le Burundi et le Liberia. Dans le cas des deux premiers pays, le moratoire avait été adopté en 1994, dans la foulée du génocide rwandais. On craignait de mettre la vie des demandeurs d’asile en péril en les renvoyant dans leurs pays d’origine.
Ottawa estime que la mesure n’est plus nécessaire, car la situation politique et humanitaire s’est améliorée dans ces trois pays. Elle reste toutefois en vigueur pour les ressortissants de l’Afghanistan, de la République démocratique du Congo, d’Haïti, de l’Irak et du Zimbabwe.
Quelque 2100 Rwandais, Burundais et Libériens qui se sont vus refuser le statut de réfugié pourraient devoir quitter le Canada.
Bien que la situation dans son pays natal se soit améliorée, JeanClaude Manirakiza, ancien présidentdelaCommunautéburundaise de Montréal, estime que la décision d’Ottawa est mal avisée.
« Le Burundi vient à peine de sortir de 15 années de guerre civile, a-t-il indiqué. Et les séquelles de ce conflit persistent. »
L’actuel président de la communauté, Elie Nahimana, convient que de plus en plus de Burundais voyagent dans leur pays d’origine, signe que la paix y règne. Mais il craint que la situation ne dégénère dans les prochains mois. D’abord, parcequeles combats continuentde semer la terreur dans la République démocratique du Congo voisine. Ensuite, parce que les élections prévues l’an prochain font craindre une nouvelle flambée de violence à plusieurs observateurs.
« Il y a une escalade entre les partis politiques, a-t-il affirmé. Et tout le monde veut se dépêcher d’y aller avant 2010, parce que tout le monde craint que les élections n’entraînent de la violence. »
Les Montréalais d’origine rwandaise sont plus partagés sur la question. D’une part, ils se réjouissent de la décision du gouvernement fédéral, y voyant la preuve que leur pays se porte mieux. De l’autre, ils craignent que des dizaines de leurs concitoyens établis au Canada depuis plus de 10 ans soient forcés de partir.
« Si ce sont des gens qui ont trempé dans des affaires criminelles, ils risquent d’être poursuivis par les autorités, mais autrement, il y a une grande sécurité au Rwanda », a indiqué Jean-Baptiste Kanobana, membre inf luent de la communauté rwandaise de Montréal.
Un sursis de six mois
Ottawa et Québec donnent six mois aux personnes qui risquent l’expulsion pour déposer une demande de résidence permanente. La procédure de renvoi sera suspendue pendant l’étude de leur dossier.
Le ministère provincial de l ’ I mmigration étudiera le « parcours d’intégration » de chaque candidat – travail, études, dossier criminel, etc. – et fera des recommandations aux autorités fédérales.
« Ça les aidera à avoir un avis favorable », a dit le porte-parole de la ministre Yolande James, Luc Fortin.
Entre 200 et 300 résidants du Québec pourraient être expulsés en raison de la nouvelle politique fédérale.



ALLÉGATIONS DE CORRUPTION MUNICIPALE  Les rumeurs rattrapent le PCC  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Les allégations de corruption en politique municipale montréalaise rattrapent le Parti conservateur du Canada. La Presse a appris hier que Giulio Maturi, un proche du sénateur Léo Housakos, n’était plus organisateur pour le parti de Stephen Harper dans la métropole depuis la fin de la semaine dernière.
Ce départ coïncide avec l’entrevue de trois heures donnée par l’a ncien chef de Vision Montréal, Benoit Labonté, à Radio-Canada, et dont une heure a été diffusée jeudi. Au cours des deux heures non diffusées, M. Labonté a affirmé que c’était le propriétaire de la f i r me Si mard-Beaud r y Construction, Tony Accurso, qui lu i avait présenté M. Housakos en août 2008, qui a à son tour présenté Giulio Maturi à l’ancien aspirant maire.
Selon ce qu’a déclaré M. Labonté à Radio-Canada, les deux hommes auraient plus tard insisté pour que le parti Vision Montréal embauche quatre personnes, payées par des entreprises privées. Le refus de l’ancien chef aurait envenimé leurs relations et MM. Housakos et Maturi auraient quitté Vision Montréal peu après. Ce dernier occupait jusqu’à son départ, en 2009, le poste de directeur général de la formation. Il avait remplacé Yves Lemire, qui avait rejoint le chef libéral Michael Ignatieff, à Ottawa.
M. Maturi n’a pas r appelé La Presse, hier. Quant au Parti conservateur, on n’a pas voulu expliquer les circonst ances de son départ. « M. Maturi n’est plus un employé du Parti conservateur », s’est borné à dire le porte-parole de Christian Paradis, Mark Quinlan. M. Paradis est le lieutenant québécois du premier ministre Stephen Harper. À ce titre, il est chargé de superviser l’organisation électorale dans la province.
Deux sources conservatrices ont dit toutefois douter que le départ de M. Maturi soit une coïncidence, étant donné les circonstances. « Je ne pense pas que ce soit lui qui ait quitté », a ajouté l’une d’elles. Ces sources nous ont expliqué que le début de son engagement avec le PC remontait à la fin de l’été.
Charge aux Communes
G i u l i o Mat u r i e t L é o Housakos étaient ensemble dans l’aile jeunesse du Parti conservateur. M. Maturi a ensuite assisté M. Housakos lorsque ce dernier s’est présenté pour l’Alliance canadienne, en 2000, dans une circonscription de Laval. Ils ont par la suite travaillé pour l’ADQ.
L e s deu x orga nisateu r s politiques sont entrés à Vision Montréal afin de donner un coup de main au parti lors des élections partielles dans Ahuntsic-Cartier vi l l e. M. Labonté a déclaré à RadioCanada qu’il avait confié ses « difficultés organisationnelles » à Tony Accurso. « M. Accurso m’avait référé M. Housakos, que je ne connaissais pas du tout à ce momentlà », a-t-il relaté.
Cette proximité entre le sénateur Léo Housakos et l’entrepreneur en construct i on a r ebondi j usqu’à la Chambre des communes, hier – à propos d’un autre sujet. Le député libéral Marcel Proulx a en effet questionné le gouver nement à propos d’u n article paru sur le site internet des employés en lockout du Journal de Montréal , RueFrontenac.com.
« On apprend aujourd’hui que le sénateur Housakos organisait des événements de financement pour Mario Dumont et l’ADQ au restaurant Onyx, du complexe Tops à Laval, propriété de Tony Accurso. C’est M. Accurso qui aurait payé l’addition de 14 000$ », a lancé M. Proulx.
« Le premier ministre bénéficie-t-il lui aussi du vaste réseau d’amitié tissé par MM. Housakos et Soudas ? » a-t-il ajouté en faisant allusion à Dimitri Soudas, attaché de presse de longue date du premier ministre Harper et l’un de ses principaux conseillers. M. Soudas, lui aussi issu de la branche adéquiste du Parti conservateur actuel, est un ami de longue date de Léo Housakos.
Le ministre des Transports, John Baird, a répondu à la question en invitant le député à répéter ses propos à l’extérieur de la Chambre des communes, où il ne jouit pas de l’immunité parlementaire.
Le sénateur Housakos a refusé la demande de La Presse pour réagir à l’entrevue de Radio-Canada.

Le ministre MacKay dans l’embarras  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — À quelques semaines du déclenchement possible d’une campagne électorale, un ministre influent du cabinet Harper, Peter MacKay, se retrouve en eau trouble pour avoir omis de déclarer qu’il était membre du conseil d’administration d’entreprises forestières appartenant à son père.
« C’est un manquement à l’éthique. Pour un ancien procureur qui sait que l’ignorance devant la loi ne peut pas être un argument, je trouve que son aveuglement ne tient pas la route », a j ugé le député libéral Denis Coderre, hier.
Le quotidien néo-écossais The Chronicle Herald a révélé hier que le ministre de la Défense occupait jusqu’à mercredi le poste d’administrateur dans les entreprises Beaver Lumber et Lorne Resources, propriétés de son père, l’ancien ministre conservateur Elmer MacKay.
L e m i n ist re M ac K ay a démissionné de ses fonctions après avoir été joint par le bureau de la commissaire à l’éthique, Mary Dawson, qui analyse actuellement le dossier. Il a affirmé avoir oublié qu’il fa isa it pa r tie de ces conseils d’administration.
La loi fédérale sur les conflits d’intérêts interdit à « tout titulaire de charge publique principale d’occuper un poste d’administrateur dans une société ou un organisme ». Les ministres et députés doivent par ailleurs remplir une déclaration d’intérêts au moment de leur entrée en fonction.
Le ministre MacKay a par ailleurs annoncé la semaine dernière un investissement fédéral de 7 millions pour l’industrie forestière en NouvelleÉcosse, une région où son père est considéré comme un magnat du bois de charpente.
L’opposition réclame une enquête et attend avec la décision de la commissaire à l’éthique. «C’est un devoir de tout déclarer, a conclu Carole Freeman, députée du Bloc québécois. Encore une fois, on a, avec ce gouvernement-là, un grand problème de transparence.»

Contrat verbal  Le bureau de Stephen Harper rappelé à l’ordre   -  Hugo de GrandPré

Le bureau du premier ministre Stephen Harper s’est fait rappeler à l’ordre par le bureau du Conseil privé, il y a quelques mois, pour avoir octroyé un contrat de près de 24 500$ verbalement. Ce qui ne l’a pas empêché de recommencer quelques jours plus tard.
C’est ce que révèlent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Le contrat en question a été conclu en mars dernier avec Ari Fleischer, l’ancien attaché de presse de George W. Bush, pour que sa firme fournisse des conseils en matière de communications à l’entourage du premier ministre canadien en vue du sommet du G20 qui s’est tenu à Londres, au début du mois d’avril.
À l’époque, le gouvernement souhaitait faire la promotion du libre-échange et exprimer son opposition au protectionnisme américain. M. Fleischer avait entre autres organisé des entrevues de Stephen Harper à Fox News et CNN.
Or, la manière dont ce contrat a été octroyé – sans documentation préalable – a visiblement déplu aux fonctionnaires chargés de surveiller l’octroi de contrats du bureau du Conseil privé, qui ont fait de véritables remontrances aux employés du bureau du premier ministre.
« En plus de la documentation que vous nous enverrez, nous exigeons une approbation du chef de cabinet expliquant qu’il est au courant qu’il s’agit d’un contrat rétroactif », a écrit à la fin mars un employé du bureau du Conseil privé à la gestionnaire des opérations du bureau du premier ministre, Geraldine Hyland.
De plus, a ajouté cet employé, le chef de cabinet « doit nous fournir les raisons pour lesquelles le travail a été fait sans un contrat et quelles procédures, s’il y en a, ont été mises en place pour empêcher que cela se reproduise ».
Le chef de cabinet du premier ministre Harper, Guy Giorno, a répondu une semaine plus tard. « J’ai été mis au courant que les services de M. Fleischer ont été retenus sans avoir rédigé de contrat écrit », a-t-il écrit dans une note de service adressée à une autre employée du Conseil privé.
« C’était une situation extraordinaire en ce que les services de M. Fleischer ont été requis dans un délai très court », a-t-il justifié.
Dimitri Soudas, attaché de presse de Stephen Harper, a déclaré qu’il était contre les pratiques du bureau du premier ministre d’octroyer un contrat verbal. « Il n’y a aucun contrat verbal qui est conclu par le bureau du premier ministre », a-t-il commencé par dire.
« Dans ce cas-ci, étant donné que les services étaient requis à très brève échéance, ils ont été retenus avant que le contrat écrit ne soit en place. Mais le contrat écrit a suivi. Cette façon de faire n’est pas inhabituelle dans certaines situations exceptionnelles. Mais je réitère qu’elle respecte toutes les règles établies. »
Un porte-parole du Conseil du Trésor a précisé que le fait de conclure des contrats demanière verbale n’était pas expressément prohibé par les règles du gouvernement. « La politique du Conseil du Trésor ne l’empêche pas, mais elle ne l’encourage pas non plus », a expliqué Pierre-Alain Bujold.
Un deuxième contrat verbal
Par ailleurs, le bureau du Conseil privé a confirmé à La Presse qu’un autre contrat verbal de moins de 25 000$ avait été attribué à la société de M. Fleischer, pour la période couvrant le mois suivant la fin de son premier mandat, soit du 15 avril au 15 mai. Encore une fois, l’entente a été conclue verbalement. Mais la porteparole du bureau du Conseil privé, Myriam Massapli, n’a pas été en mesure d’en préciser le montant, sous prétexte que M. Fleischer n’avait pas encore été payé pour ce second mandat.
En principe, le gouvernement doit passer par des appels d’offres avant d’attribuer des contrats. Or, comme il existe une exception à cette règle pour les contrats de moins de 25 000$, il n’est pas rare dans les rapports du gouvernement de voir des contrats pour environ 24 500$.
Dans ce cas-ci, en plus du contrat avec Ari Fleischer Communications, le gouvernement a aussi eu recours aux services de l’ancien porteparole de Bill Clinton, Mike McCurry, contre une rétribution semblable.
Dimitri Soudas n’a pas voulu dire si son patron aurait encore une fois recours aux services de ces deux ténors de la communication politique en vue du sommet du G20 qui se tiendra à Pittsburgh, à la fin de septembre. « On ne peut jamais exclure la possibilité d’avoir les services de professionnels pour des travaux nécessaires, a-t-il laissé tomber. Mais pour le moment, pour le contrat écrit qui a été signé, les services requis ont été rendus. »

« Ce n’est pas transparent »  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — L’opposition libérale accuse le gouvernement conservateur d’avoir manqué de transparence dans l’attribution à l’entreprise Royal LePage d’un contrat visant les déménagements des employés fédéraux.
Comme La Presse l’avait annoncé la semaine dernière, le ministère des Travaux publics a annoncé en catimini, hier, sur son site, qu’un « nouveau contrat » avait été attribué à Brookfield Global Relocation Services, nouveau nom des Services de relogement Royal LePage, pour une durée de cinq ans, dans le cadre du Programme de réinstallation intégré.
Autour de 20 000 employés f é d é r au x , do n t 1 5 0 0 0 membres des Forces canadiennes, sont déplacés chaque année d’une ville à l’autre. Royal LePage détient le contrat depuis une décennie. Or, l’entreprise a été le seul soumissionnaire, dans un processus d’appel d’offres critiqué par l’industrie.
Depuis 2002, le dossier est entaché de controverses, d’enquêtes et de poursuites. Une enquête a d’abord révélé que des fonctionnaires s’étaient placés en conf lit d’intérêts en acceptant des cadeaux de Royal LePage. Puis, en 2006, la vérificatrice générale, Sheila Fraser, a conclu que le processus d’appel d’offres de 2004 contenait aussi des irrégularités.
« Les conservateurs ont promis de changer le processus, mais ils n’ont rien fait, a dit hier la critique libérale en matière de Travaux publics, Martha Hal l Findlay. I ls savaient qu’il y avait des problèmes. Ils ont eu des avis depuis des mois. Ça soulève bien des questions. »
Dans une lettre envoyée à Christian Paradis, le ministre des Travaux publics, la députée libérale somme le gouvernement de démontrer que le processus a été transparent et équitable, « sans quoi la procédure en question devrait être reprise ».
« On a posé des questions en comité. On a essayé. On n’a eu aucune réponse, a-t-elle ajouté. C’est difficile de dire si le processus a été équitable ou non, mais ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas transparent. »
La députée néo-démocrate Carol Hughes s’inquiète aussi du fait que le contrat, évalué à 150 millions de dollars, ait été attribué sans qu’il y ait concurrence. « Il va falloir voir si le processus fonctionne ou pas. La vérificatrice générale a déjà dit que c’était problématique. Ce serait peut-être le moment de voir si on ne devrait pas scinder le contrat », a souligné Mme Hughes.
Dès l’appel d’of fres, en avril, l’industrie s’était insurgée contre les courts délais accordés pour soumissionner, mais aussi pour se préparer à remplir un contrat de cette ampleur.
« Le processus était tel que seul Royal LePage pouvait obtenir le contrat », a estimé hier Vickie Campbell, présidente de l’entreprise TransferEASE Relocation, qui avait soumissionné le même contrat en 2004. Mme Campbell s’était rendue à Ottawa l’automne dernier pour présenter aux responsables des recommandations afin d’avoir un « processus ouvert » , qui permettra it à d’autres entreprises de soumissionner.
« Quand l’appel d’offres a été publié, aucun changement n’avait été fait à la suite de mes recommandations ou de celles d’autres ent repr ises » , a soul igné Mme Campbell. Elle réclame maintenant que la vérificatrice générale se penche de nouveau sur l’attribution de ce lucratif contrat.
Le ministre Paradis n’était « pas disponible » pour répondre aux questions de La Presse, hier, a-t-on indiqué à son bureau.





Joe Clark n'a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper...

StephenHarper doit avoir des regrets, selon Joe Clark - Tensions entre Harper et Mulroney
Michael Ignatieff ou Stephen Harper ? « J’ai un vote privé, et je veux le garder privé. »
Le premier ministre Stephen Harper aurait dû appuyer son prédécesseur Brian Mulroney dès le début des révélations entourant ses liens avec l’homme d’affaires allemand Karlheinz Schreiber, estime l’ancien premier ministre Joe Clark.
« J’imagine que M. Harper regrette de ne pas avoir appuyé M. Mulroney dès le début de cette controverse », a dit M. Clark, hier, lors d’une entrevue avec La Presse.
Joe Clark, qui a été premier ministre progressiste-conservateur en 1979-1980 et ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Mulroney, était de passage à l’École de technologie supérieure dans le cadre d’une conférence sur l’Afrique.
En marge de l’événement, M. Clark s’est brièvement prononcé sur les tensions qui opposent Stephen Harper et Brian Mulroney.
Les deux hommes sont en froid depuis la fin de 2007. Ébranlé par les déclarations de Karlheinz Schreiber, de qui M. Mulroney aurait accepté 225 000$ en argent comptant, M. Harper a donné l’ordre à son équipe de rompre les liens avec Brian Mulroney. Pour faire la lumière sur les relations entre les deux hommes, il a également ordonné la tenue de la commission Oliphant, qui se déroule ces jours-ci à Ottawa.
« Je crois que M. Harper regrette d’avoir permis à cette animosité de se développer », a dit Joe Clark, hier, affirmant que le conflit actuel n’était « pas nécessaire ».
La semaine dernière, Stephen Harper a dit aux membres de son caucus que Brian Mulroney devrait être traité avec « respect ». Le premier ministre tentait ainsi d’apaiser la controverse entourant le traitement que les conservateurs réservent à M. Mulroney.
Joe Clark considère que les récentes paroles de Stephen Harper sont plus correctes, car « Mulroney est un ancien premier ministre qui mérite beaucoup de respect pour ses réalisations ».
Joe Clark affirme entretenir de bonnes relations avec M. Mulroney, qu’il voit « de temps en temps ». Au tournant des années 80, la relation entre les deux hommes était pourtant tendue. Des partisans de Brian Mulroney avaient organisé une campagne visant à se débarrasser de Joe Clark comme chef du parti. Et Karlheinz Schreiber a affirmé avoir fourni 25 000$ pour payer les frais de transport de délégués du Québec qui ont voté contre le leadership de Joe Clark au congrès conservateur de 1983
M. Clark n’a pas fait d’autres commentaires sur la commission Oliphant, hier.
Aide humanitaire
L’École de technologie supérieure recevait M. Clark pour annoncer un projet de développement durable en République démocratique du Congo. M. Clark est président d’une firme canadienne travaillant au Ghana, entre autres.
Joe Clark s’est désolé du fait que Stephen Harper ait diminué l’aide humanitaire du Canada en Afrique. « Mais on doit se souvenir que le gouvernement actuel a commencé en ignorant tous les pays en voie de développement », a-t-il déclaré.
L’ancien politicien a également ajouté sa voix à celles qui réclament le rapatriement d’Omar Khadr de Guantánamo.
Joe Clark n’a jamais caché ses réserves envers Stephen Harper. En 2004, il avait affirmé qu’il serait dangereux de le laisser diriger le pays, et que le libéral Paul Martin serait un moindre mal.
Alors, Michael Ignatieff ou Stephen Harper?
« J’ai un vote privé, et je veux le garder privé », a conclu Joe Clark, soulignant qu’il connaissait peu Michael Ignatieff.


SÉRIE DE DÉPARTS
Robert Marleau est le dernier d’une série de hauts fonctionnaires fédéraux influents qui ont annoncé leur retraite au cours des dernières semaines. La semaine dernière, le sous-ministre des Transports, Louis Ranger, a annoncé la sienne, après un désaccord avec le ministre John Baird sur le moyen d’accélérer les dépenses dans les projets d’infrastructures. Il y a un peu plus d’un mois, c’était le plus haut fonctionnaire d’Ottawa, le greffier du Conseil privé, Kevin Lynch, qui avait fait de même. Le dirigeant du Service canadien du renseignement de sécurité, Jim Judd, sera quant à lui remplacé la semaine prochaine par un autre haut fonctionnaire, Richard Fadden, pour les mêmes raisons. Mais le commissaire à l’information sortant, Robert Marleau, refuse d’y voir le signe d’un malaise au sein de la fonction publique à Ottawa. « On a tous 35 ans, 38 ans de service, on a tous au-dessus de 55 ans… a-t-il noté. On a des petitsenfants qui commencent à grandir… J’en ai un, moi, qui commence à manier une ligne à pêche… Je pense que c’est important de lui donner du temps et d’aller à la pêche avec lui ! »


Harper perd son directeur des communications
À quelques mois d’une possible campagne électorale automnale, un membre important du cabinet du premier ministre Stephen Harper quitte le navire. Kory Teneycke, directeur des communications depuis à peine un an, a confirmé hier qu’il quitterait son poste prochainement. Il insiste pour dire qu’on ne lui a pas montré la porte. – Malorie Beauchemin et La Presse Canadienne




Ça ne change pas le monde, sauf que…  -  VINCENT MARISSAL
Voilà tout un changement avec le premier mandat: les élus conservateurs sont « parlables », eux qui fuyaient les médias comme la grippe porcine auparavant.
D’abord une bonne nouvelle ( elles ne sont pas si fréquentes): le gouvernement Harper fait marche arrière et s’engage à réinstaurer sa subvention de deux millions par année à Montréal International, ce qui règle du coup un dossier empoisonné entre Ottawa et Québec.
Dans le flot des mauvaises nouvelles et des milliards de déficit anticipé, deux millions pour un petit organisme, ça ne change pas le monde, sauf que…
Sauf que cela illustre un changement de mentalité au sein du gouvernement Harper, qui avait braqué la communauté d’affaire de Montréal et le gouvernement du Québec, en 2007, en coupant bêtement la subvention versée à Montréal International.
Financée par Ottawa, Québec, Montréal et par le secteur privé, Montréal International a pour mandat d’amener dans la métropole des sièges sociaux d’organisations internationales, comme l’Agence mondiale antidopage, l’une de ses plus belles prises.
Le retrait du fédéral, en 2007, avait provoqué une commotion à Montréal et déclenché une guerre de mots entre les ministres JeanPierre Blackburn, à Ottawa, et Raymond Bachand, à Québec.
Le nouveau minist re du Développement économique, Denis Lebel, semble adopter une approche plus conciliante et l’enles conservateurs, aussi, qui semblent avoir appris de leurs coûteuses erreurs du premier mandat.
Depu i s quelque s moi s , on sent clairement que les ministres Christian Paradis (Travaux publics) et Denis Lebel ( Développement économique) font de louables efforts pour payer les pots cassés. Ils sont plus attentifs, moins frondeurs, notamment avec le milieu culturel et les organismes de développement économique.
Ils communiquent mieux aussi, signe qu’ils sont plus sensibles à leur image. La semaine dernière, les collègues de RDI étaient bien surpris de voir les ministres conservateurs de Québec se porter volontaires pour des tente devrait être annoncée le 9 juin, selon une source conservatrice bien informée.
Une autre annonce, touchant cette fois le financement de World Trade Center Montréal (organisme de démarchage à l’étranger rattaché à la chambre de commerce de Montréal), devrait suivre dans les semaines suivantes.
Bon ne s nouve l l e s pou r Montréal. Bonne nouvelle pour entrevues sur presque tous les sujets d’actualité au lendemain du grand rassemblement partisan à Montréal. Voilà tout un changement avec le premier mandat : les élus conservateurs sont « parlables », eux qui fuyaient les médias comme la grippe porcine auparavant.
Bien sûr, il en faudra plus pour que les conservateurs changent le triste sort annoncé par les sondages au Québec, et en particulier à Montréal. Cela dit, on leur a tellement tapé sur la tête pour leurs mauvais coups, ce n’est que justice que de relever le changement d’attitude.
Pressés de lancer les grands chantiers censés relancer l’économie, les conservateurs voudraient bien en faire plus – et surtout plus vite – mais les traditionnelles cérémonies de première pelletée de terre sont retardées en ce moment pour une raison bêtement logistique: les ministres Christian Paradis et Raymond Bachand n’arrivent apparemment pas à trouver des plages communes disponibles à leur agenda respectif!
« Le ministre Bachand est aux Finances, au Développement économique et il est responsable de Montréal, il est trop occupé pour faire des annonces, déplorent des conservateurs au centre des pourparlers. En plus, ces temps-ci, il en a plein les bras avec la Caisse (de dépôt) et avec les FIER… » Selon les conservateurs, trois ou quatre gros chantiers sont prêts à être lancés à Montréal et n’attendent que… le ministre Bachand.
La rumeur à Québec veut que Jean Charest allège la tâche de son superministre en nommant un nouveau ministre du Développement économique, ce qui serait, à l’évidence, une très bonne chose.
On admet par ailleurs dans les rangs conservateurs que les disponibilités du ministre Paradis sont aussi limitées puisque les membres d’un gouvernement minoritaire sont le plus souvent réquisitionnés aux Communes.
C’est tout demême ironique: les partis de l’opposition accusent les gouvernements Harper et Charest de branler dans le manche (de pelle), mais les retards dans les travaux sont causés, en partie, par les travaux parlementaires.
Le bras politique, décidément, est bien mal équipé pour donner un élan à l’économie.
Mal équipé et même impuissant, à en juger par la réaction cette semaine du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty.
Le pauvre homme avait l’air complètement dépassé pa r l’ampleur du déficit, qui vient d’exploser de 34 à plus de 50 milliards.
Toute la semaine, les porteparole conservateurs ont fait de vaillants efforts de diversion en expliquant que les prévisions du déficit sont basées sur des chiffres avancés par des économistes du privé.
Cette défense visait à nous rassurer, mais dans les faits, il s’agit plutôt d’un autre terrible aveu d’impuissance.



Le déficit passe de50 à 56 milliards  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Leministre des Finances, Jim Flaherty, revoit encore à la hausse ses prévisions concernant le déficit pour l’exercice financier en cours en raison de la faiblesse de l’économie canadienne. Au lieu de 50 milliards de dollars, le déficit est maintenant estimé à 56milliards en 2009-2010.
De passage hier à Victoria, où il a fait une mise à jour des projections économiques et financières du gouvernement fédéral pour les cinq prochaines années, Jim Flaherty a soutenu qu’Ottawa devrait être en mesure de renouer avec les surplus d’ici six ans, soit deux ans plus tard que prévu.
Dans son dernier budget, déposé en janvier, M. Flaherty prévoyait un manque à gagner de 34 milliards de dollars cette année. Il avait revu ce chiffre à la hausse à 50 milliards en mai. Aujourd’hui, le grand argentier du pays estime qu’il s’établira plutôt à 56 milliards de dollars.
De passage hier à Victoria, où il a fait une mise à jour des projections économiques et financières du gouvernement fédéral pour les cinq prochaines années, M. Flaherty a soutenu qu’Ottawa devrait être en mesure de renouer avec les surplus d’ici six ans, soit deux ans plus tard que prévu.
Il a réitéré que l’engagement du gouvernement Harper de rétablir l’équilibre budgétaire sans augmenter les impôts des particuliers et des entreprises et sans réduire les paiements de transferts aux provinces, comme l’avaient fait les libéraux de Jean Chrétien dans les années 1990 pour venir à bout du déficit.
« Au cours des 12 derniers mois, les perspectives de l’économie mondiale ont fait un demi-tour spectaculaire. La croissance soutenue a fait place à une crise économique. Rien que cette année, la révision à la baisse des prévisions économiques du secteur privé nous a obligés à revoir nos propres projections de déficit, ce que nous faisons encore aujourd’hui même », a affirmé M. Flaherty.
Selon les dernières projections duministère des Finances, le déficit devrait être ramené à 5,6 milliards de dollars au cours de l’exercice financier 20142015 et devrait être éliminé au plus tard l’année suivante. Toutefois, ce boulet financier pourrait disparaître plus vite si le gouvernement fédéral décide d’imposer des mesures de restrictions budgétaires.
L’an prochain, le déficit devrait être ramené à 45,3 milliards avant de passer à 27,4 milliards en 2011-2012, à 19,4 milliards en 2012-2013, et à 11,2 milliards en 2013-2014.
La crise économique qui a frappé le pays en 2008 forcera donc le gouvernement fédéral à ajouter quelque 170 milliards à la dette accumulée, qui atteindra 628 milliards en 2014-2015. Conséquence de cette vague d’encre rouge, les frais d’intérêt liés au service de la dette augmenteront de 25% durant cette période, passant de 30,7 milliards en 2009-2010 à 42 milliards 2014-2015.
Pour l’heure, le gouvernement Harper refuse de déterminer des mesures de restrictions budgétaires qu’il pourrait adopter pour réduire plus rapidement le déficit étant donné que l’économie mondiale commence à peine à reprendre des forces et qu’il y a encore de l’instabilité.
Ces mesures seront déterminées, si nécessaire, une fois que le plan d’action économique aura été totalement mis en oeuvre, a expliqué le ministre. La grande majorité des mesures de relance sont d’ailleurs d’une durée de deux ans et prendront fin en 2011, ce qui réduira le déficit.
« Alors que notre économie s’améliore, les Canadiens ont toutes les raisons de s’attendre à ce que le gouvernement rétablisse l’équilibre budgétaire. Nous avons pris cet engagement dans notre budget de janvier, et nous maintenons le cap. Cela ne veut pas dire qu’il sera facile de rétablir l’équilibre budgétaire », a affirmé le ministre Flaherty dans son discours à Victoria.
« Certains disent que les augmentations d’impôts sont inévitables, et même souhaitables, si l’on veut rétablir l’équilibre budgétaire. Ce n’est pas ce que fera le gouvernement. Nous avons déployé trop d’efforts afin de créer l’avantage fiscal dont nous disposons aujourd’hui pour maintenant faire marche arrière », a-t-il dit.
Le ministre a ajouté que la reprise économique actuelle est fragile et qu’elle pourrait être mise en péril si les trois partis de l’opposition provoquaient la tenue d’élections générales. « Ce n’est pas le moment de laisser l’intérêt partisan et étroit engendrer l’instabilité. L’heure n’est pas à la politicaillerie », a-t-il dit.
Le Parti libéral a mis en doute les nouvelles projections du ministre Flaherty, affirmant qu’il n’avait plus aucune crédibilité pour gérer adéquatement les finances de l’État.
« Nous avons encore droit à des prédictions de fiction de la part de l’homme de 56milliards de StephenHarper. JimFlaherty a dit aux Canadiens qu’il n’y aurait pas de déficit, ensuite il nous arrive avec un déficit de 50 milliards et maintenant c’est 56 milliards. Les Canadiens ne peuvent pas avoir confiance en ce ministre », a dit le député libéral John McCallum.



Ottawa pourrait afficher un déficit de 156 milliards d’ici cinq ans
Selon le directeur parlementaire du budget
Selon le porte-parole libéral en matière de finances, John McCallum, le rapport montre qu’Ottawa sera toujours dans une situation déficitaire même lorsque l’économie ira mieux.
— Le directeur parlementaire du budget estime que la récession plongera le gouvernement fédéral dans un déficit de 155,9 milliards d’ici cinq ans et que des centaines de milliers d’emplois seront perdus au pays, a appris La Presse Canadienne.
Dans un rapport qui doit être dévoilé demain, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, estime qu’en 2013-2014, Ottawa affichera un déficit de 16,7 milliards. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait auparavant prédit qu’à cette période, le Canada afficherait de nouveau un surplus budgétaire.
Ces nouvel les prévisions représentent le double de la somme estimée dans le budget de janvier déposé à Ottawa. Le gouvernement fédéral avait alors prédit que le déficit accumulé au cours des cinq prochaines années serait de 84,9 milliards.
Toutefois, ce sont les estimations sur le nombre d’emplois qui seront perdus au pays qui surprennent le plus . Selon certaines sources, le rapport révèle que de 190 000 à 270 000 emplois seront perdus cette année au Canada.
On prédit également qu’il y aura de 200 000 à 500 000 emplois en moins l’an prochain. Et pour la période allant de 2011 à 2014, alors que la récession ne devait être qu’un mauvais souvenir, il y aurait de 100 000 à 380 000 emplois en moins, toujours par rapport à ce qu’Ottawa avait d’abord prévu.
Même si ce rapport ne devait pas être déposé avant demain, il a déjà été dévoilé aux partis politiques et certains détails sur son contenu avaient commencé à ci rculer la semaine dernière.
Pas de surprise
Hier aprè s - mid i , le porte-pa role l ibéral en matière de finances, John McCallum, a transmis un communiqué dans lequel il publie certains détails du rapport. Il y affirme que les chiffres démontrent que le gouvernement fédéral affiche un déficit structurel d’environ 17 milliards. Cela veut dire, selon lui, qu’Ottawa sera toujours dans une situation déficitaire même lorsque l’économie ira mieux.
Même si ces chiffres sont supérieurs à ceux prévus au budget de janvier, ils ne causeront pas de surprise chez les économistes du secteur privé. I ls af firmaient depuis longtemps que les sommes inscrites dans le budget n’étaient plus valides.
Par exemple, l a Banque Toronto-Dominion avait prédit au début du mois de mai que le déficit accumulé atteindrait 172 milliards d’ici cinq ans. Et en juin, le ministre des Finances avait lui-même revu le taux de chômage pour l’année, qu’il estimait désormais à 8,6%. Il avait également af firmé que le déficit budgétaire de 2009 serait de 50,2 milliards, alors qu’il l’avait auparavant estimé à 33,7 milliards.
Dans cette mise à jour du mois de mai, le ministre n’avait cependant pas fait de prédiction au-delà de l’année financière 2009-2010 et il ne parlait plus d’un retour à l’équilibre budgétaire d’ici quatre ans.




Le déficit sera (beaucoup) plus élevé que prévu
Les déficits accumulés doubleront en cinq ans
Après l’aveu du ministre des Finances Jim Flaherty que le déficit budgétaire pour l’année financière en cours allait dépasser les 50 milliards de dollars, le retour à l’équilibre dans cinq ans paraît compromis.
En fait, selon les projections de la Banque TD, Ottawa accumulera durant cette période 173,1 milliards en déficits, soit 88,2 milliards de plus que les 84,9 milliards prévus par le ministre durant cette période.
Le retour à l’équilibre n’est pas à portée de vue. Cela signifie que la somme des déficits se rapprochera des 200 milliards, à moins de réduire les dépenses ou de taxer davantage.
Ottawa pourrait quand même retrouver l’équilibre budgétaire en 2015-2016 seulement, à la condition expresse de limiter à 2% l’augmentation de ses dépenses de programmes à partir de 2012-2013. Avant, c’est quasi impossible, compte tenu des plans de relance de l’économie déjà engagés et des effets retardés de la récession sur la population.
Ce ne sera pas une mince affaire, même en 2012-2013. « La tendance depuis la fin des années 1990 est plutôt une croissance annuelle de 6 à 8% », préviennent Don Drummond et Derek Burleton, respectivement économiste en chef et directeur de l’analyse économique de l’institution torontoise.
Déficits plus lourds
Selon leurs analyses, plusieurs facteurs ponctuels et conjoncturels alourdiront les déficits annoncés en janvier par le ministre Flaherty.
Ce dernier n’avait pas pris en compte le sauvetage de GM et de Chrysler par les contribuables qui représentera une ardoise de 8 à 10 milliards pour l’année budgétaire en cours selon la voie comptable retenue.
Cela ne peut être reproché au ministre. Si les rumeurs allaient bon train, il n’y avait pas d’accord entre les deux moribonds et Ottawa.
Queen’s Park vient d’ailleurs aussi de refaire ses calculs, de manière plus transparente, après s’être engagé à aider les deux constructeurs. Son injection de 4,76 milliards porte le déficit anticipé de l’Ontario cette année de 14,1 à 18,7 milliards.
M. Flaherty n’a pas non plus ajouté au déficit de l’an prochain et au suivant l’aide de 4,3 milliards promise à l’Ontario pour l’harmonisation de sa taxe de vente à la TPS fédérale. Sa volonté d’aider la province voisine à bouger avait été pourtant annoncée dans le budget de 2007-2008.
Les calculs des deux économistes tiennent compte aussi de la révision de l’année financière 2008-2009, annoncée dans la Revue financière du ministère la semaine dernière. Le déficit estimé en janvier à 1,1 milliard aura plutôt été de 5,3 milliards.
Ils se montrent aussi plus pessimistes sur les dépenses que devra consentir Ottawa pour combattre les effets de la récession, notamment pour l’assurance emploi.
Les économistes de TD font preuve de plus de prudence que le ministre en ce qui concerne la croissance nominale de l’économie. Ils misent moins que lui sur l’appréciation robuste du prix des commodités, en dépit de leur poussée des dernières semaines.
Enfin, comme la Banque du Canada, ils réduisent le potentiel de croissance de l’économie canadienne à moyen terme, à la lueur de la faiblesse des investissements des entreprises pour augmenter les capacités de production et du vieillissement de la population qui limitera l’augmentation de la population apte à travailler.
« Équi l ibrer le budget est illusoire à moins de changer les paramètres politiques » , préviennent-ils.


Ottawa a enregistré un déficit de 5 milliards  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le gouvernement fédéral a enregistré un déficit de 5 milliards de dollars uniquement en juin, portant ainsi le manque à gagner à 12,5 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l’exercice financier 2009-2010.
Le ministère des Finances a confirmé hier que l ’encre rouge est désormais à l’ordre du jour à Ottawa en publiant les plus récentes données sur l’état des finances publiques.
Durant la même période, l’an dernier, les coffres du gouvernement f édéral ne débordaient pas, mais Ottawa affichait tout de même un petit surplus de 800 millions de dollars. Les finances de l’État se sont donc détériorées de plus de 13 milliards de dollars si l’on compare les trois premiers mois de l’exercice financier de 2009-2010 à ceux de 2008-2009.
Le déficit de juin s’explique, en grande partie, par une hausse des coûts des programmes de 4,2 milliards de dollars par rapport à l’an dernier, notamment à cause de l’augmentation des prestations d’assurance emploi et de l’aide offerte par le gouvernement Harper à l’industrie automobile, frappée durement par la crise économique mondiale. Les revenus de l ’ État ont aussi été moins élevés de 2,7 milliards de dollars.
Au printemps, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a revu à la hausse le déficit prévu pour le présent exercice financier qui prend fin le 31 mars 2010 en affirmant qu’il atteindra au moins les 50 milliards de dollars. Dans son dernier budget, déposé en janvier, il avait prévu un déficit de 34 milliards de dollars.
Augmenter les impôts ou réduire les dépenses
Dans ce même budget, le grand argentier du pays soutenait que le gouvernement fédéral serait en mesure de rétablir l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, ce que plusieurs économistes et analystes ont mis en doute, dont le directeur parlementaire du budget, Kevin Page. Selon eux, il sera impossible de venir à bout du déficit sans augmenter les impôts ou réduire les dépenses.
M. Flaherty doit faire une mise à jour économique et financière cet automne.
Dans une entrevue publiée hier dans le quotidien
le ministre Flaherty a affirmé qu’il voyait des signes encourageants de reprise à l’horizon et qu’il était donc hors de question de présenter de nouvelles mesures pour relancer l’économie, comme le réclament certains partis de l’opposition.
Il a aussi affirmé que la priorité du gouvernement, une fois que la reprise économique sera bien engagée, sera de déposer un plan qui permettra à Ottawa de renouer avec l’équilibre budgétaire.
« Il faut réduire le déficit et la dette du gouvernement au cours des prochaines années. Il y avait un consensus assez large sur le fait qu’il fallait augmenter les dépenses pour stimuler l’économie. Mais il y a définitivement un désir d’avoir un plan qui permettra d’éliminer le déficit au fil des ans », a affirmé M. Flaherty, qui a rencontré des gens d’affaires, des économistes et des dirigeants de à Chelsea, en Outaouais cette semaine, pour faire le point sur la situation économique.
Le retour à l’équilibre budgétaire et la gestion de l’économie canadienne seront sans doute deux sujets importants au cours de la prochaine campagne électorale qui pourrait survenir cet automne.
À moins d’un revirement de taille, les libéraux comptent en effet profiter de la journée de l’opposition qui leur revient afin de déposer une motion de censure envers le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la fin septembre.
Le Bloc québécois et le NPD ont déjà fait savoir qu’ils voteront avec les libéraux pour renverser le gouvernement conservateur à la première occasion. Des élections fédérales pourraient donc avoir lieu le 9 novembre ou au plus tard le 16 novembre.



50 milliards? So what !   -   ALAIN DUBUC
Les attaques de M. Ignatieff contre le ministre Flaherty sont injustes et, surtout, incohérentes.
Coup de théâtre à Ottawa. Le ministre des Finances, Jim Flaherty a admis mardi en point de presse que le déficit budgétaire, qu’il évaluait à 34 milliards dans son budget de janvier, serait plutôt de 50 milliards.
Jim Flaherty n’a rien à voir avec le bond du déficit.
Un vent de fureur a soufflé sur la capitale. Indigné par ce déficit, le plus important de l’histoire canadienne, le chef de l’opposition libérale, Michael Ignatieff, a réclamé la tête de M. Flaherty, pour cause d’incompétence et de manque de crédibilité.
Ceux qui me lisent savent que je ne suis pas un fan du ministre Flaherty, à mon avis un idéologue rigide et sans vision. Mais je vais me porter à sa défense. Les attaques dont il fait l’objet sont injustes et, surtout, incohérentes. Cela nous rappelle encore une fois que la politique partisane est la pire façon d’aborder un enjeu grave comme la crise économique.
Pour commencer, il faut arrêter de jouer avec les chiffres. À 50 milliards, le déficit est peut-être, nominalement, le plus élevé que le Canada ait connu. Mais parce que les prix augmentent et que l’économie grossit, les comparaisons avec le passé ne veulent rien dire. Par exemple, les 34 milliards du temps de Marc Lalonde étaient bien plus graves que les 50 milliards de M. Flaherty, parce qu’ils équivalaient à 8,6% du PIB, presque trois fois plus que les 3,3% actuels.
Ensuite, on peut difficilement accuser le ministre d’incompétence à cause de ses erreurs de prévision. M. Flaherty a utilisé exactement la même approche prudente que son illustre prédécesseur Paul Martin. Depuis une décennie, pour dépolitiser le processus budgétaire, le ministère des Finances construit son budget en se basant sur la moyenne des prévisions économiques du secteur privé.
En janvier, les spécialistes du privé prévoyaient un recul du PIB de 0,8% en 2009. Et c’est cette prévision, que le Ministère a même corrigé à la baisse par souci de prudence, qui a permis de projeter un déficit de 34 milliards. La détérioration marquée de l’économie, depuis janvier, a obligé les maisons spécialisées, tout comme le FMI ou l’OCDE, à revoir leurs prévisions à la baisse, ici et dans tous les pays.
On parle maintenant d’un recul de 2,5% à 3,0% pour le Canada. C’est ça qui propulse le déficit à 50 milliards. Si on veut punir quelqu’un pour cette erreur, il faudrait mettre dehors les hauts fonctionnaires des Finances, les économistes en chef de nos banques et les bonzes des organismes internationaux. Pas Jim Flaherty, qui n’y est pour rien.
Enfin, et surtout, on ne peut pas réclamer une chose et son contraire. L’opposition a beaucoup reproché l’inaction du gouvernement conservateur. Et bien, ce bond du déficit constitue justement un stimulus additionnel dont l’économie peut avoir besoin.
Quand l’économie se dégrade, il est normal que le déficit grimpe. C’est inévitable et même souhaitable. Certains postes de dépenses augmentent naturellement, comme l’assurance emploi, tandis que les revenus baissent. Le gouvernement se trouve ainsi à injecter, de façon automatique, des sommes additionnelles dans l’économie, qui contribueront à la relance.
En s’indignant ainsi du déficit, M. Ignatieff envoie donc un mauvais message. Car on sait bien que, s’il était au pouvoir, il ne tenterait pas de résorber ce déficit, puisque cela entraverait la reprise.
Ces attaques des libéraux sont d’autant plus étonnantes qu’ils ont plein de munitions pour critiquer le gouvernement Harper, comme la lenteur de la mise en oeuvre des projets de relance, les effets dramatiques de la baisse de la TPS sur la marge de manoeuvre gouvernementale, ou l’absence de plan crédible pour ramener le déficit à zéro une fois la récession terminée.


Ampleur du déficit : Les partis devront limiter leurs promesses
(NDE : Pour une fois !...)
Le déficit force les policitiens à faire preuve de réalisme dans leurs prochains engagements électoraux
EXCLUSIF
« Il faudra être moins gourmands », a convenu le député libéral John McCallum, critique en matière de finances.
OTTAWA— Le déficit record de50 milliards de dollars qu’affichera le gouvernement fédéral en 20092010 force déjà les principaux partis politiques à éliminer les projets coûteux de leurs promesses électorales.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a largué une bombe cette semaine à Ottawa en affirmant que le déficit de 2009-2010 dépassera les 50 milliards de dollars.
Depuis plusieurs semaines, le Parti conservateur, le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois planchent sur leurs programmes électoraux en prévision d’un scrutin qui pourrait survenir à l’automne.
Mais les stratèges de ces partis reconnaissent maintenant qu’ils devront être moins ambitieux dans leurs engagements étant donné que le gouvernement fédéral est retombé dans l’ornière des déficits après plus d’une décennie de plantureux surplus.
Ils affirment qu’un parti qui promet des programmes coûteux ne sera tout simplement pas pris au sérieux durant une campagne électorale qui sera certainement dominée par deux sujets : les mesures à prendre pour relancer l’économie et les moyens à adopter pour éliminer le déficit.
Au cou r s de s dernièr e s semaines, l e c hef l i béral Michael Ignatieff a affirmé qu’un gouvernement l ibéral investirait dans la création d’un programme national de garderies, tenterait de ressusciter l’accord de Kelowna (qui prévoit 5 milliards de dollars pour combattre la pauvreté chez les autochtones) et invest i rait dans la const ruct ion d’un train à grand vitesse entre Québec et Windsor, entre autres choses. Mais, à la lumière des sombres projections financières de cette semaine, les libéraux devront faire des choix.
« Il faudra être moins gourmands » , a convenu le député l ibéral John McCal lum, c r it ique en matière de finances. « Peutêtre pas le NPD ou le Bloc québécois, parce qu’ils savent qu’ils ne formeront jamais le gouvernement, mais si nous devenons le gouvernement, le déficit deviendra notre problème et donc, oui, il faut être responsable », a-t-il ajouté.
Déficit revu à la hausse
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a largué une bombe cette semaine à Ottawa en affirmant que le déficit de 2009-2010 dépassera les 50 milliards de dollars. Dans son dernier budget, présenté en janvier et adopté en mars, le grand argentier du pays prévoyait un déficit de 34 milliards de dollars.
Même s’il a revu le déficit à la hausse, M. Flaherty a affirmé qu’il prévoyait toujours l’éliminer d’ici quatre ans sans augmenter les taxes et les impôts. Il table sur la croissance des revenus découlant de la reprise économique attendue l’an prochain.
Hier, le ministère des Finances a annoncé que l’exercice 20082009, qui a pris fin le 31 mars, s’était soldé par un déficit de 2,2 milliards de dollars, soit le double de ce que prévoyait le budget. À titre de comparaison, Ottawa avait un excédent de 9,6 milliards de dollars en 20072008. Il s’agissait alors du 11e surplus de suite.
M. McCallum a affirmé que les partis politiques auront à débattre d’une question qui n’était même pas un enjeu au dernier scrutin, tenu il y a à peine huit mois: comment éliminer le déficit sans sabrer dans les programmes ou majorer de façon importante les taxes et les impôts.
« La dernière fois, il n’y avait pas de déficit et on ne savait pas qu’il y en aurait un. On doit avoir un plan responsable. On doit être très conscient du déficit quand on fait les promesses. Quand il y aura des élections, nous serons responsables parce que nous sommes bien conscients que, si nous formons le gouvernement, c’est nous qui devrons régler ce problème », a dit M. McCallum.
Assurance emploi
Il a toutefois ajouté que les libéraux tiennent mordicus à uniformiser les critères d’admissibilité au programme d’assurance emploi au pays. L’un de ces critères ferait en sorte qu’une personne devrait travailler 360 heures pour avoir droit à des prestations. À l’heure actuelle, le nombre d’heures requis varie de 420 à 900 heures, selon la région. Cette mesure, que les libéraux souhaitent temporaire, coûterait environ 1,5 milliard de dollars par année.
Karl Bélanger, un stratège du NPD, a pour sa part affirmé que le déficit prévu cette année contraint tous les partis à faire preuve de réalisme. « Il faut revoir nos chiffres parce que ceux du gouvernement étaient erronés. Mais c’est un exercice auquel on est habitués. Les libéraux avaient l’habitude de cacher les surplus. Maintenant, on a un parti qui cache les déficits », a affirmé le proche collaborateur de Jack Layton.
M. Bélanger a ajouté que le Parti conservateur et le Parti libéral avant lui ont réduit la capacité fiscale d’Ottawa en diminuant les impôts des grandes entreprises. « Des réductions d’impôts, c’est bien quand l’économie va bien, mais quand il y a une crise qui frappe comme c’est le cas, on tombe en déficit », a-t-il souligné.

Des élections fédérales cet été ? Le PLC décidera la semaine prochaine
— Les libéraux attendront le deuxième rapport d’étape sur le plan économique du gouvernement Harper, qui doit être déposé la semaine prochaine, avant de décider s’ils provoquent ou non un vote de censure, au risque de précipiter le pays en élections en plein été.
Le chef Michael Ignatieff a répété hier qu’il ne souhaitait pas partir en campagne électorale tout de suite. Il a toutefois soutenu que les crises se multipliaient – approvisionnement en isotopes, chômage, déficit, entre autres – et que l’incompétence des conservateurs était de plus en plus manifeste.
« Je veux faire fonctionner le Parlement. Les Canadiens ne veulent pas d’élections. Je ne veux pas d’élections, mais j’ai un problème. Un problème grave avec ce gouvernement », a-t-il insisté à l’issue de la période des questions.
M. Ignatieff a rappelé que les conservateurs devaient rendre compte d’ici quelques jours au Parlement des progrès accomplis dans la mise en oeuvre de leur plan de relance économique de janvier dernier.
« Comme je l’ai dit au départ, nous avons mis ces gens en probation. Nous regarderons les données quand nous les aurons et nous prendrons une décision sereine et claire, probablement au milieu de la semaine prochaine », a-t-il précisé.
Il n’est cependant pas dit que les Canadiens seraient appelés aux urnes cet été, même si les libéraux décidaient de retirer leur confiance aux conservateurs.
Le parti de Michael Ignatieff doit en effet absolument obtenir l’appui du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique pour que leur manoeuvre fonctionne. Leur prochaine journée d’opposition aura lieu le 23 juin. Ce n’est qu’à cette occasion qu’ils pourront faire voter une motion de censure, s’ils le souhaitent.
La fièvre électorale ne semble cependant pas avoir atteint le chef bloquiste, Gilles Duceppe, qui souligne que le chef libéral envoie des signaux contradictoires depuis quelque temps.
« Il se lève en Chambre puis dit : comment peut-on avoir confiance dans ce gouvernement ? Et quand vient le temps de voter, il se revire de bord, puis il vote avec eux », a-t-il fait valoir.




Insatisfait, le PLC menace de renverser le gouvernement
Le PC annonce 500 millions pour les chômeurs
OTTAWA— LeParti libéral a continué à laisser planer la possibilité d’élections printanières, voire estivales, hier, malgré les changements annoncés au système d’assurance emploi par le gouvernement Harper.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a confirmé que le gouvernement verserait 500 millions de dollars pour l’aide à la transition et à la formation de chômeurs. La mesure en deux temps, déjà rendue publique dans le dernier budget, profiterait à près de 50 000 travailleurs.
Mais selon les partis de l’opposition à Ottawa, il ne s’agit que d’une annonce recyclée et qui rate complètement la cible. Le NPD, le Bloc québécois et le Parti libéral préféreraient que le gouvernement améliore l’admissibilité au programme, entre autres choses.
« Ils ne cessent de réannoncer des projets d’assurance emploi qui ne touchent pas aux vrais problèmes, a dénoncé le chef libéral, Michael Ignatieff. Le vrai problème, c’est l’admissibilité. »
Le PLC presse le gouvernement Harper pour qu’il établisse un seuil d’admissibilité de 360 heures de travail partout au pays. À l’heure actuelle, le seuil établi pour avoir droit aux prestations varie de 420 à 700 heures, selon les différentes zones.
M. Ignatieff a déjà indiqué qu’il serait prêt à faire tomber le gouvernement sur cette question. Il n’a pas changé de discours, hier, quand une journaliste lui a demandé s’il pouvait envisager la possibilité de déposer une motion de défiance.
« Je peux entrevoir cette possibilité et je peux entrevoir cette possibilité dans un proche avenir », a-t-il dit, restant tout de même prudent dans le choix de ses mots.
« Mais je veux être clair, a-t-il ajouté. J’essaie de faire fonctionner le Parlement pour les Canadiens, premièrement. Et deuxièmement, j’essaie d’obtenir des améliorations à l’assurance emploi pour tous les Canadiens. »
Le Bloc et le NPD plus prudents
Le Parlement a repris ses travaux, hier, une dernière ligne droite avant les vacances estivales. Le Parti libéral espère d’ici là amener le gouvernement à apporter des changements à l’aide aux chômeurs. L’un des moyens d’y parvenir serait de le forcer par le moyen d’une motion de défiance, présentée au moment de sa prochaine journée d’opposition.
Mais il n’est pas certain que les autres partis appuient cette initiative. Hier, ni le Bloc québécois ni le NPD ne se sont avancés en ce sens.
« Tout est possible, maismoi je préfère avoir des résultats pour les gens et on va continuer de faire pression pour ça », a déclaré le chef néo-démocrate, Jack Layton. Il demande aux autres partis de voter la semaine prochaine en faveur d’un projet de loi privé qui énonce les demandes de sa formation.
« La question, ce n’est pas d’avoir le goût ou pas, a quant à lui expliqué Gilles Duceppe. C’est quelle question sera posée, puis est-ce qu’on est en faveur de la proposition ou non? Si on est en faveur, on l’appuie. Si on ne l’est pas, on est contre. »
Le gouvernement doit accorder trois de ces journées d’opposition avant la pause estivale, une à chaque parti. On ignore toutefois quand il le fera. Plusieurs sont d’avis qu’il attendra jusqu’à la toute dernière minute, dans l’espoir de couper l’appétit électoral de ses adversaires.
 


CANADA - Le plus important déficit de l’histoire
— La crise économique provoque une chute des revenus à Ottawa à un point tel que le déficit du gouvernement fédéral dépassera les 50 milliards de dollars durant le seul exercice 2009-2010.
« Nous traversons un ralentissement économique plus profond que ce que nous avions anticipé », a affirmé hier Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances.
Ce déficit sera, et de loin, le plus important dans l’histoire du pays, surpassant le déficit de 39,5 milliards de dollars enregistré au cours de l’exercice financier 1992-1993 quand les conservateurs de Brian Mulroney étaient au pouvoir.
Il sera aussi 16 milliards de plus que ce qui avait été prévu dans le dernier budget, adopté il y a à peine trois mois.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait prévenu les Canadiens lundi, à l’issue d’une rencontre au sommet avec ses homologues des provinces à Chelsea, en Outaouais, que le déficit serait nettement plus important en 20092010 que les 34 milliards qu’il avait prévus dans son dernier budget déposé en janvier.
Mais le grand argentier du pays avait refusé de chiffrer le nouveau boulet financier, affirmant qu’il comptait détailler le manque à gagner à l’occasion d’une mise à jour économique qu’il doit faire à la Chambre des communes d’ici à la fin du mois de juin.
Hier, M. Flaherty a mis fin au suspense. « Nous allons afficher un déficit à court terme nettement plus élevé cette année. J’estime que le déficit dépassera les 50 milliards de dollars. Nous traversons un ralentissement économique plus profond que ce que nous avions anticipé », a affirmé hier le ministre Flaherty à l’issue de la période quotidienne des questions.
M. Flaherty a refusé de dire si le déficit prévu pour l’an prochain – 30 milliards – sera plus important aussi. Toutefois, il a affirmé qu’il prévoit toujours un retour au budget équilibré d’ici 2013.
Mais selon des informations obtenues par La Presse hier, les fonctionnaires du ministère des Finances n’écartent pas l’idée que le déficit grimpe jusqu’à 55 ou même 60 milliards de dollars une fois que le présent exercice financier aura pris fin, le 31 mars 2010.
Le gouvernement Harper se voit contraint de revoir à la hausse le déficit en raison de la chute marquée des impôts et taxes payés par les particuliers et les entreprises et la hausse des coûts des programmes sociaux, notamment les coûts du programme de l’assurance emploi.
Fait à noter, les entreprises et les particuliers peuvent revenir trois ans en arrière pour réclamer une révision des impôts payés sur les gains en capitaux. L’année 2008 a été marquée par la chute brutale des revenus des entreprises et le ministère du Revenu a été inondé de demandes de révision. Résultat: le gouvernement fédéral est obligé de signer de nombreux chèques de remboursement en 2009, selon nos informations.
En outre, l’aide gouvernementale à l’industrie automobile, de plus de 2,6 milliards de dollars, sera imputée au budget de cette année, augmentant ainsi le déficit.
« Un chiffre très choquant »
Le critique libéral en matière de finances, John McCallum, s’est dit sidéré d’apprendre les nouvelles projections du ministre Flaherty.
« C’est un chiffre très choquant. Je suis surpris de voir que ce soit si élevé que cela. J’aimerais voir les détails, mais c’est presque 50% plus élevé que ce qu’il avait prévu. C’est un chiffre assez alarmant. Tout cela veut dire que la situation est bien pire que ce qu’on avait prévu », a affirmé M. McCallum.
L’ancien économiste en chef de la BanqueRoyale a affirmé que le gouvernement fédéral devrait prendre des mesures « sévères » un jour pour venir à bout de ce boulet financier.
Le critique du NPD aux finances, Thomas Mulcair, a pour sa part affirmé que les conservateurs n’ont plus de crédibilité en matière de gestion des affaires de l’État.
« Les conservateurs sont en train de battre tous les records de médiocrité économique. Ils sont en train de faire les pires déficits dans l’histoire du Canada, même pires que ceux de Brian Mulroney, ce qui n’est pas peu dire », a dit M. Mulcair.
Avant que M. Flaherty ne largue cette bombe devant les journalistes, le premier ministre Stephen Harper avait affirmé à la Chambre des communes que le gouvernement fédéral pouvait se permettre ce genre de déficits.
« Nous pouvons nous permettre ce genre de déficits d’autant plus qu’ils seront de courte durée », a dit M. Harper, soulignant que les déficits des autres pays duG7, en particulier aux États-Unis, sont encore plus imposants en proportion de leur produit intérieur brut (PIB).
Au Canada, la dette du gouvernement fédéral ne représente que 29% du PIB, le taux le plus bas des pays du G7. L’Allemagne arrive au deuxième rang avec 58%. Par comparaison, la dette des États-Unis représente près de 70% de son PIB.
Dans son dernier budget, le ministre Flaherty prévoyait un déficit de 34 milliards de dollars en 2009-2010 et de 30 milliards en 2010-2011. Il prévoyait un déficit cumulatif de 80 milliards entre 2008-2009 et 2012-2013 avant le retour à l’équilibre budgétaire.
Or, la semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait que le déficit cumulatif s’élèverait à 120 milliards au cours des cinq prochains exercices financiers. Le FMI consulte abondamment les fonctionnaires du ministère canadien des Finances avant de faire ses projections pour le Canada. Chose certaine, un déficit cumulatif de cette importance fera bondir la dette accumulée du gouvernement fédéral à 577 milliards, un sommet inégalé. Ce faisant, Ottawa se verra contraint d’effacer tous les efforts consentis pour rembourser la dette accumulée entre 1997 et 2008. Durant cette période, le gouvernement fédéral a remboursé l’équivalent de 105 milliards de la dette accumulée. 




Le déficit fédéral sera plus élevé
Ottawa affirme que ses revenus sont nettement plus faibles que budgeté

— Le ministre des Finances, Jim Flaherty, prévient les Canadiens que le déficit prévu en 2009-2010 sera nettement plus imposant les 34 milliards de dollars qu’il avait estimés dans son budget déposé en janvier.
M. Flaherty a laissé tomber cette bombe hier à l’issue d’une rencontre avec ses homologues provinciaux à Chelsea, en Outaouais, pour faire le point sur la situation économique au pays et les mesures prises pour contrer la récession et examiner la viabilité des régimes de pensions.
Le ministre des Finances a expliqué que les revenus de l’État sont beaucoup moins élevés en raison d’une diminution des impôts des particuliers et des entreprises ainsi qu’une hausse des coûts des programmes sociaux, dont l’assurance emploi.
« Le déficit sera substantiellement plus élevé que prévu. (...) La croissance est plus lente que nous l’avions anticipée jusqu’ici. Cela va affecter les revenus du gouvernement fédéral », a affirmé le grand argentier du pays, refusant toutefois de chiffrer ce nouveau boulet financier.
M. Flaherty a indiqué qu’il précisera l’ampleur du déficit du présent exercice financier à l’occasion de la mise à jour de la situation économique qu’il compte faire d’ici la fin de juin à la Chambre des communes.
Dans son dernier budget, M. Flaherty estimait que le déficit s’élèverait à 34 milliards de dollars au cours de l’exercice financier 2009-2010 et de 31 milliards en 2010-2011. Une partie de ce déficit est imputable aux investissements de 20 milliards prévus par Ottawa pour relancer l’économie en finançant notamment des projets d’infrastructures.
Le retour à l’équilibre budgétaire était prévu pour 2013. L’encre rouge est donc de retour dans les finances publiques de façon marquée à Ottawa et dans la majorité des provinces, dont le Québec et l’Ontario.
« Nous sommes confrontés à une récession sévère », a affirmé M. Flaherty, rejetant toutefois du même souffle l’idée de présenter de nouvelles mesures budgétaires sous peu pour stimuler davantage l’économie canadienne, même si le Fonds monétaire international affirmait la semaine dernière que le Canada disposait d’une marge de manoeuvre financière pour en faire plus.
M. Flaherty a souligné que les investissements combinés du gouvernement fédéral et des provinces pour donner du tonus à l’économie oscillent autour de 50 milliards au cours des deux prochaines années.
« C’est beaucoup d’argent. Mais cela veut dire que nous devons prendre les moyens pour s’assurer que l’argent soit investi rapidement. Les investissements doivent être faits plus tôt que tard, les emplois doivent être créés plus tôt que tard », a dit M. Flaherty.
Bachand
Prenant la parole après son collègue fédéral, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a pour sa part indiqué qu’il n’avait pas corrigé à la hausse l’ampleur déficit de 4 milliards de dollars prévu par son ancienne collègue, Monique Jérôme-Forget, en 2009-2010.
« Nous avons déposé notre budget plus tard, en mars. Nos prévisions tiennent toujours la route pour l’instant », a dit M. Bachand, précisant qu’il fera une mise à jour à l’automne.
Le ministre des Finances de l’Ontario, Dwight Duncan, a aussi affirmé que les projections économiques du gouvernement McGuinty ne seront pas corrigées pour le moment. Dans son dernier budget déposé le 26 mars, le ministre Duncan a prédit un déficit record de 14 milliards de dollars en 2009-2010.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a participé à une partie de la rencontre des ministres des Finances afin de les mettre au parfum de ses dernières prévisions économiques.
Par ailleurs, le ministre Flaherty a résisté aux pressions de certains de ses collègues pour que le gouvernement fédéral modifie les conditions d’admissibilité au programme d’assurance emploi.
Avant le début de la rencontre, le ministre Raymond Bachand a soutenu que des mesures temporaires pourraient être adoptées pour permettre à un plus grand nombre de Canadiens ayant perdu leur emploi de toucher des prestations plus rapidement. « Pour le délai de carence ou pour le nombre d’heures, il pourrait y avoir des améliorations pour la période à court terme qu’on vit aujourd’hui. Pas nécessairement pour le long terme », a dit le ministre québécois.
Le ministre ontarien Dwight Duncan a tenu des propos semblables, affirmant que la situation frise la crise pour plusieurs familles. « Les gens ont besoin de nourrir leur famille cette semaine. Ils ne peuvent attendre. Ils ont payé cette assurance, les entreprises également. On sait que le régime d’assurance emploi affiche des surplus importants. Et je crois que l’on doit considérer cette question. Les gens ne peuvent plus attendre », a-t-il déclaré.
Les conditions d’admissibilité à l’assurance emploi varient d’une région à l’autre. Une personne doit avoir travaillé entre 420 à 700 heures, selon la région, pour toucher des prestations d’assurance emploi. Les libéraux de Michael Ignatieff proposent d’uniformiser ce critère à l’échelle du pays à 360 heures, ce que rejette le gouvernement Harper.
Par ailleurs, M. Flaherty a indiqué qu’il s’était entendu avec ses collègues des provinces afin de créer un groupe de travail pour étudier la viabilité des régimes de pensions au pays. Ce groupe de travail, qui sera présidé par le député conservateur Ted Menzies, secrétaire parlementaire duministre Flaherty, devra présenter ses recommandations d’ici la fin de l’année. L’Ontario réclamait un sommet national sur l’avenir des régimes de pensions privés.




Ignatieff menace de renverser le gouvernement
— Le chef du Parti l ibéral du Canada, Michael Ignatieff, a réitéré hier ses menaces de renverser le gouvernement conservateur si ce dernier ne présente pas une réforme du programme de l’assurance emploi avant le début de l’été.
M. Ignatieff a déclaré qu’il ne pouvait pas continuer le travail parlementaire si une réforme substantielle n’était pas apportée au programme fédéral. Il a aussi réagi à la publicité conservatrice qui le décrit comme un politicien opportuniste qui a été longtemps absent de la scène publique.
Dans un discours hier, M. Ignatieff a condamné ces annonces publicitaires, les qualifiant « d’injustes » et « d’offensantes », alors que le pays fait face à la pire crise économique depuis plusieurs générations


L’économie se redresse, soutient Ottawa
Pour l’opposition, le gouvernement a tort de se réjouir trop vite.
OTTAWA— Alors que le gouvernement fédéral s’attribue les mérites du « redressement » de l’économie en avril, la stabilisation du taux de chômageà8% neréjouitpasautant lespartisde l’opposition, àOttawa, qui continuent de réclamer davantage de mesures.
Les chiffres sur l’emploi dévoilés hier sont la preuve de l’efficacité du plan de relance d’Ottawa, selon les conservateurs. Ci-dessus, le ministre des Finances Jim Flaherty en mars dernier.
À la Chambre des communes, les conservateurs ont applaudi, hier, les chiffres rendus publics par l’Institut de la statistique, une preuve de plus, selon eux, que leur plan de relance fonctionne.
« Les statistiques le prouvent, la tendance est renversée », a lancé sans hésiter le député conservateur de Lotbinière-Chutes-de-laChaudière, Jacques Gourde.
« Notre plan d’action économique commence à porter ses fruits. Grâce aux mesures concrètes de notre gouvernement, l’économie se redresse depuis avril dernier », a-t-il ajouté, enjoué.
Mais pour les partis de l’opposition à Ottawa, le gouvernement a tort de se réjouir trop vite de données statistiques qui cachent, selon eux, une autre réalité.
« Le seul progrès, et c’est en dépit du gouvernement, se trouve dans la catégorie des emplois indépendants. Autrement dit, les Canadiens sont abandonnés à leur sort pour faire face à cette récession », a critiqué le leader libéral en Chambre, Ralph Goodale, qui déplore l’attitude jovialiste du gouvernement.
Assurance emploi
L’annonce d’une création d’emplois positive survient au moment même où le Parti libéral fait de l’assurance emploi son cheval de bataille, allant jusqu’à laisser entendre qu’il pourrait déclencher des élections générales si le gouvernement conservateur n’acceptait pas sa proposition d’élargir l’accessibilité pour aider les Canadiens à traverser la crise.
Pour le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, les emplois créés en avril n’ont rien à voir avec le plan du gouvernement de Stephen Harper.
« Quand on regarde le type d’emploi qui a été créé, c’est absolument pas les emplois qui peuvent résulter des mesures annoncées par le gouvernement. C’est du monde qui cherche à survivre parce qu’il n’arrive pas à se qualifier à l’assurance emploi, il ne trouve pas d’emploi et tant qu’à crever de faim, on va chercher à créer son propre emploi », a dit M. Paquette.
« Si les conservateurs s’assoient là-dessus pour ne pas proposer un deuxième plan de relance avant la fin des travaux parlementaires en juin, on aura un sérieux problème à la rentrée parlementaire parce que le taux de chômage va avoir augmenté », a-t-il prédit, rappelant qu’il s’agit, à 8%, du plus haut taux de chômage atteint en sept ans au Canada.
De passage à Montréal, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, a pour sa part admis qu’il s’agissait d’une « bonne nouvelle », mais qu’il était « beaucoup trop tôt pour parler d’une reprise » économique.
La porte-parole du NPD, Libby Davies, a pour sa part estimé que le gouvernement ne vivait pas « dans la réalité » en se réjouissant des chiffres d’avril.


Un vote de confiance en vue sur l'économie ?...
Le ministre des Finances pourrait devancer sa mise à jour économique et financière en septembre
FLAHERTY A DE NOUVELLES MESURES DANS SA MANCHE
La pression s’accentue sur le gouvernement Harper pour qu’il présente de nouvelles mesures budgétaires, après la perte de près de 300 000 emplois depuis le début de l’année.
Le ministre des Finances Jim Flaherty songe à faire sa mise à jour économique et financière annuelle dès septembre, soit deux mois plus tôt que prévu, si l’état de santé de l’économie canadienne continue à se détériorer.
Le grand argentier du pays pourrait alors présenter des mesures additionnelles pour relancer l’économie du pays, rapportait hier l’agence de presse Bloomberg, qui citait des sources anonymes.
La pression s’accentue sur le gouvernement Harper pour qu’il présente de nouvelles mesures budgétaires depuis quelques semaines après la perte de près de 30 0 0 0 0 emplois depuis le début de l’année et dans la foulée des mauvaises nouvelles économiques qui ne cessent de s’accumuler.
Encore hier, la Banque du Canada a indiqué que la chute des exportations et la baisse des dépenses des ménages canadiens pourraient entraîner une contraction du produit intérieur brut de l’ordre de 7,3% au cours du premier trimestre de l’année.
Au début de la semaine, l’institution fédérale a réduit son taux directeur au taux historique de 0,25% et a promis de le maintenir à ce niveau au moins jusqu’en juin 2010 pour encourager les consommateurs à dépenser. La une contraction de 1,2% du PIB cette année.
Chisolm Pothier, proche collaborateur du ministre Flaherty, a Banque du Canada a aussi affirmé que la récession qui frappe le pays entraînerait une réduction de 3% du produit intérieur brut ( PIB) pour toute l’année 2009. Dans son budget adopté en mars, le ministre Flaherty prévoyait indiqué hier qu’aucune décision n’avait été arrêtée quant à la date de la mise à jour économique et financière.
Il a souligné que le gouvernement Harper avait accepté de faire des mises à jour périodiques, comme le demandait le Parti libéral pour appuyer le dernier budget. Une première mise à jour a eu lieu en mars et la prochaine est prévue pour la fin juin.
Toutefois, il a laissé la porte ouverte à ce que le ministre Flaherty présente sa mise à jour économique et financière annuelle plus tôt. « Nous avons dit que nous allons continuer à surveiller de près la situation économique et que nous allons faire ce qui est nécessaire pour combattre cette récession mondiale et en limiter l’impact sur les Canadiens », a dit M. Pothier.
Plus tard, dans une entrevue accordée à CTV Newsnet, le
ministre Flaherty a tenté de minimiser les attentes quant à une éventuelle mise à jour économique en septembre, affirmant qu’il n’y avait « pas de plan pour faire une telle chose ».
 
Le ministre des Finances Jim Flaherty pourrait faire sa mise à jour économique et financière annuelle deux mois plus tôt que prévu.
En temps normal, les mises à jour économiques et financières font l’objet d’un vote de confiance à la Chambre des communes quand le ministre propose des mesures fiscales immédiates ou de nouvelles dépenses.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est minoritaire à la Chambre des communes, ne détenant que 143 des 308 sièges. Il aura donc besoin de l’appui d’au moins un des trois partis de l’opposition pour survivre à un tel vote de confiance. À défaut de quoi il sera renversé et le premier ministre Stephen Harper devra demander à la gouverneure générale Michaëlle Jean de dissoudre le Parlement et de convoquer les Canadiens aux urnes. Il s’agirait du quatrième scrutin fédéral depuis 2004.
Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD ont soutenu à l’unisson hier que le gouvernement Harper doit présenter de nouvelles mesures pour stimuler l’économie au cours des prochaines semaines au lieu d’attendre à septembre ou octobre.
Le critique libéral en matière de finances, John McCallum, n’a pu s’empêcher de noter que le ministre Flaherty et le premier ministre Stephen Harper ne semblaient pas sur la même longueur d’onde sur la nécessité d’adopter d’autres mesures pour stimuler l’économie.
« Ce gouvernement est comme un yoyo. Le mini s t re de s Finances veut des mesures en septembre et le premier ministre dit le contraire le même jour. Selon la Banque du Canada, le premier trimestre de cette année sera le pire depuis qu’on a commencé les statistiques il y a presque 50 ans. Et donc peut-être que le premier ministre a tort et le ministre des Finances a raison qu’on aura besoin de plus de mesures et peut-être même avant septembre, peut-être en juin », a dit M. McCallum.
Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a abondé dans le même sens. « Je pense que ça prend de nouvelles mesures. Ça me semble très clair et il me semble plus tôt que tard. On travaille sur ça actuellement, et je pense que la Banque du Canada a donné un signal hier. Il est temps que le gouvernement se réveille », a-t-il dit.
Le chef du NPD, Jack Layton, a rappelé que son parti exige de nouvelles mesures depuis plusieurs semaines, notamment des changements à l’assuranceemploi. « On va continuer de presser le gouvernement là-dessus. Mais on a besoin de ça dans les prochaines quelques semaines. On ne peut pas attendre jusqu’au mois d’octobre. »




Le cirque  -  VINCENT MARISSAL
Facile de mesu rer le niveau de confiance d’un parti politique en temps de gouvernement minoritaire : suffit d’évaluer à quel prix ce parti est prêt à vendre son appui au gouvernement menacé de renversement.
Apparemment, le NPD n’est pas rassuré à l’idée de repartir en campagne. Son chef, Jack Layton, semble en effet disposé à vendre à Stephen Harper le poids crucial des 36 voix de son caucus pour un plat de lentilles.
Il suffirait, a expliqué hier M. Layton, que Stephen Harper fasse un geste pour répondre à l’une des demandes traditionnelles du NPD, comme les frais sur cartes de crédit ou sur l’assurance emploi.
Quel geste ? Quelles sont exactement les demandes du N PD ? M. Layton ne les a pas détaillées, se contentant de dire que la balle est dans le camp de Stephen Harper et que celui-ci doit tendre la main le premier.
Tout un contraste avec les derniers mois durant lesquels les néo-démocrates ont répété sur tous les tons de la gamme que le s con ser vateu r s ne méritaient plus leur confiance. Le prix du caucus du NPD est en baisse, ses principes aussi.
Il y a une dizaine de jours à peine, Jack Layton sortait d’une rencontre avec Stephen Harper en affirmant que ce dernier ne voulait rien savoir et qu’un rapprochement était impossible. Soudainement, les conservateurs sont devenus fréquentables pour les néo-démocrates…
Fallait entendre Thomas Mulcair, mercredi soir au magazine 24/60 sur RDI, expliquer à Anne-Marie Dussault que le NPD avait travaillé fort pour obtenir la balance du pouvoir aux Communes et que c’est son devoir d’utiliser ce pouvoir pour faire fonctionner le Parlement.
A h bon ? Le N PD vient apparemment de se rendre compte qu’il a la balance du pouvoir. En tout cas, c’est la première fois qu’il propose de l’utiliser pour travailler avec les conservateurs.
Selon M. Mulcair et ses collègues du NPD, des élections pour la quatrième fois en cinq ans seraient inutiles et coûteuses. Le député d’Outremont nous a même ressorti l’argument fallacieux par excellence : le coût des élections, 350 millions $. Une telle dépense ne semblait pas déranger beaucoup le NPD en juin, lorsqu’il était prêt à défaire le gouvernement.
Michael Ignatieff se comporte de manière irresponsable, accusent les néo-démocrates. Les mêmes néo-démocrates qui accusaient le même Michael Ignatieff de n’avoir ni principe ni colonne vertébrale chaque fois que les libéraux ont appuyé les conservateurs. Paroles et paroles et paroles, comme le chantait langoureusement Dalida.
O n d it souvent que la politique fait des drôles de compagnons de lit, mais un accouplement PC-N PD ne fera jamais des enfants forts. Jack Layton le sait, c’est pour ça qu’il essaye de se présenter aux Canadiens comme le bon gars prêt à faire des compromis, contrairement aux libéraux, qui vont précipiter de nouveau le pays en élections.
M. Layton pourra dire que Stephen Harper a refusé sa main tendue et que les libéraux (et le Bloc), eux, n’ont même pas essayé de tendre la main.
La réalité, c’est que Stephen Harper n’a pas l’intention de se coller sur le NPD. Il l’a fait savoir clairement hier.
Mercredi, son ministre Jason Kenney ridiculisait même les néo-démocrates, ces « idéologues extrémistes de gauche qui boivent leur Kool-Aid».
La ca mpagne électorale, on le voit, est bel et bien commencée. Et avec elle, le cirque politique, les petites manigances et le cynisme qui caractérisent le paysage politique de ce pays.
Cynisme des conservateurs, notamment, qui accusent leurs adversaires de compromettre la reprise économique en déclenchant des élections, mais qui complotent eux-mêmes pour devancer… leur propre chute aux Communes!
Petite manigance qui consisterait ici pour M. Harper à obliger l’opposition à voter contre un programme d’aide à la rénovation annoncé dans le dernier budget. Mais si ce programme était à ce point crucial pour les conservateurs, pourquoi ne l’ont-ils pas fait adopter le printemps dernier, plutôt que d’attendre maintenant ?
Du côté du Bloc québécois, pas de surprise : que des demandes, aucun compromis. Au nom des intérêts supérieurs du Québec, élevés au rang de commandements, et dont Gilles Duceppe est apparemment devenu le seul gardien. Demandez, demandez, il manquera toujours quelque chose.
Les demandes du Bloc, c’est comme la queue d’un lézard : vous en coupez un bout le soir et elle a repoussé le lendemain matin.
Le Bloc québécois jouit du luxe inouï d’un parti qui ne prendra jamais le pouvoir : pas de bilan à défendre, que des demandes à formuler.
De toute façon, Stephen Harper n’a rien à gagner au Québec dans ces élections. Il ne fera donc pas d’efforts pour plaire à un électorat qui lui a tourné le dos (par sa grande faute, d’ailleurs) l’an dernier.
Ce qui soulève des questions sur la stratégie publicitaire éventée du Parti libéral, qui consisterait à présenter Michael Ignatieff au Canada anglais et à taper sur Stephen Harper au Québec.
À moins que les libéraux jugent trop risqué d’attaquer Gilles Duceppe, leur véritable adversaire au Québec. Pour joindre notre chroniqueur :




La perspective d’élections n’inquiète pas les économistes
OTTAWA — Les avertissements des conservateurs voulant que des élections puissent faire dérailler la reprise de l’économie sont accueillis avec dérision par les partis de l’opposition, et scepticisme par des économistes.
Le premier ministre Stephen Harper a intensifié ses attaques contre le Parti libéral du Canada, hier, réitérant que des élections mineraient, selon lui, la relance économique.
Plus tôt cette semaine, son ministre des Transports, John Baird, avait sonné l’alarme en deux différentes occasions, affirmant qu’un scrutin risquerait d’entraîner des délais dans des projets d’infrastructures alimentant la reprise économique.
Mais les porte-pa role libéral et néo-démocrate en matière de finances ont rejeté ces avertissements. « Quel c u lot , vena nt de Stephen Harper, qui a déclenché les dernières élections en pleine récession », a déclaré le libéral John McCallum, un ancien économ iste en chef de la Banque Royale.
Pour sa part, le néo-démoc rate Thomas Mu lca i r a affirmé que si des élections étaient déclenchées, Stephen Harper en serait responsable, car il aura refusé de coopérer avec les partis de l’opposition.
De leur côté, des économistes ne s’inquiètent pas des conséquences d’éventuelles élections générales sur l’économie du pays. « L’économie ca nad ien ne est la som me d’un grand nombre de décisions prises par des investisseurs, des entreprises et des consommateurs de partout au Ca nada », au x É tatsUnis et ailleurs, a dit Finn Poschmann, du C.D. Howe I nstitute. « A lors, la situation de l’économie dépendra probablement davantage (de bien d’autres facteurs) que de ce qui se passe dans l’arène politique fédérale. »
L’économiste en chef de la Banque TD, Don Drummond, a expliqué qu’une baisse des dépenses des ministères, plus particulièrement des dépenses discrétionnaires, était observée au cours des campagnes électorales et durant de plus longues périodes au moment de l’entrée en scène d’un nouveau gouvernement.
M. Drummond a toutefois ajouté que les impacts d’un scrutin seraient minimes sur les 12 milliards consacrés aux infrastructures et destinés à contrer la récession, si impacts il devait y avoir.
« (Un scrutin) ne nuirait qu’aux dépenses en infrastructures n’ayant pas encore été approuvées, mais u ne bon ne pa r t des dépenses auront déjà reçu l’approbation, comme le (gouvernement) l’a indiqué dans son plus récent rapport », a dit M. Drummond, l ui-même un ancien représentant d’un ministère des Finances.


Layton tend une perche à Harper  -  Hugo de GrandPré & Joël-Denis Bellavance
Le néo-démocrate pense qu’il est encore possible d’éviter des élections
OTTAWA — Le chef du NPD, Jack Layton, invite Stephen Harper à mettre de l’eau dans son vin s’il veut continuer à gouverner le pays cet automne et ainsi éviter un quatrième scrutin fédéral en cinq ans. Mais le premier ministre semble peu enclin à accepter ses exigences.
Le chef néo-démocrate, Jack Layton, et sa femme, Olivia Chow, avant une conférence de presse, hier à Halifax.
L’i mpa sse semble donc totale entre le gouvernement minoritaire conservateur et les trois partis de l’opposition. Des élections fédérales paraissent inévitables, au moment où un nouveau sondage Ekos mené pour Radio-Canada place les libéraux et les conservateurs à égalité dans les intentions de vote à l’échelle nationale.
Réagissant pour la première fois à la décision des libéraux de Michael Ignatieff, annoncée mardi, de renverser le gouvernement Harper dès la première occasion à la reprise des travaux parlementaires, prévue le 14 septembre, Jack Layton préfère nettement que le Parlement continue à fonctionner au lieu de se lancer dans une autre campagne électorale.
Mais pour ce faire, a-t-il insisté, il faut que le premier ministre accepte qu’il dirige un gouvernement minoritaire et agisse en conséquence au Parlement.
Selon M. Layton, il incombe à Stephen Harper de décider ou non si des élections auront lieu cet automne au Canada.
« Si M. Harper veut éviter des élections, il dev ra travailler avec les partis de l’opposition. S’il refuse de le faire, nous devrons avoir des élections », a-t-il dit en point de presse, hier à Halifax.
De manière plus précise, M. Layton espère que Stephen Harper reculera sur des questions qui tiennent à coeur aux néo-démocrates, comme la réforme de l’assurance emploi, la diminution des frais des cartes de crédit et la protection des pensions des aînés et des chômeurs.
Pas d’entente PC-NPD
Mais la perche tendue par M.Layton n’a pas trouvé preneur. Une heure avant sa conférence de presse, le premier ministre l’a pris de vitesse en déclarant qu’il ne voulait pas conclure d’entente avec son adversaire néo-démocrate.
En point de presse à Niagaraon-the-Lake, en Ontario, M. Harper a dit que selon lui, les Canadiens n’avaient pas apprécié l’entente en coulisses négociée entre les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes, l’hiver dernier, pour faire tomber son gouvernement et le remplacer par un gouvernement de coalition. M. Harper a affirmé qu’il n’a guère l’intention de se prêter à un tel jeu politique.
« Nous n’allons pas conclure des ententes en coulisses. Si les autres partis veulent soumettre des idées utiles et abordables afin de relancer l’économie, nous sommes prêts à les examiner », a-t-il dit.
Il a soutenu que le seul objectif de son gouvernement est de travailler à relancer l’économie. Il a répété que des élections fédérales pourraient mettre en péril la fragile reprise qui se manifeste.
« Pas une république de bananes »
De son côté, le Parti libéral a rejeté les prétentions de s con ser vateu r s , selon lesquelles un scrutin minerait la reprise.« Nous ne sommes pas dans une république de bananes. M. Harper doit s’habituer à vivre dans une démocratie», a affirmé le député libéral de Toronto-Centre, Bob Rae.
Il a ajouté que l’économie continuerait à rouler, même en campagne électorale, et que le premier ministre pourrait vaquer à ses occupations de chef de gouvernement en participant par exemple à des sommets à l’étranger. Stephen Harper doit rencontrer le président des États-Unis, Barack Obama, le 16 septembre à Washington, et se rendre la semaine suivante au sommet du G20, à Pittsburgh.
Scénarios possibles
Le scénario électoral le plus probable voudrait que le gouvernement Harper dépose une motion de voies et moyens durant la semaine du 14 septembre, vraisemblablement le 17. Cette motion permettrait d’adopter les crédits budgétaires et de mettre en oeuvre certains éléments du budget adopté en mars, notamment le crédit d’impôt pour la rénovation résidentielle.
Le vote sur cette motion en est un de confiance, qui met la survie du gouvernement en jeu. Cette stratégie forcerait les trois partis de l’opposition à renverser le gouvernement Harper sur une mesure fort populaire au pays. En outre, un vote de confiance le 17 septembre permettrait à Stephen Harper de profiter des retombées de sa visite officielle à Washington avant de partir en campagne électorale.




OTTAWA Une entente peu probable -  Joël-Denis Bellavance  & Malorie Beauchemin
OTTAWA — Les chances que le gouvernement Harper survive en concluant une entente avec le NPD ou le Bloc québécois pour éviter des élections fédérales à l’automne semblent bien minces, selon des informations obtenues par La Presse. Mais à quelques semaines du déclenchement possible, la campagne électorale, elle, semble bel et bien commencée.
De passage à Laval hier, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a dit qu’il serait prêt à appuyer n’importe quel parti qui proposerait des mesures dans le sens des intérêts des Québécois. « Je serais très étonné que M. Harper reprenne nos positions, a aussitôt concédé M. Duceppe. Mais s’il veut m’étonner, grand bien lui fasse. »
Les libéraux de Michael Ignatieff ont promis ma rdi de retirer leur confiance au gouvernement de Stephen Harper à la première occasion, laissant le fardeau au NPD ou au Bloc de sauver les conservateurs pour éviter des élections à la fin du mois d’octobre ou en novembre.
Pour l’instant, il n’y a eu aucun contact entre le gouvernement et les néo-démocrates, qui ont laissé, hier encore, une mince ouverture à la possibilité de travailler avec le gouvernement.
« Les lignes de communication sont ouvertes, a dit le directeur national du NPD, Brad Lavigne. La balle est dans le camp de M. Harper. » Ce ne seront toutefois pas les néo-démocrates qui feront le premier pas, a assuré M. Lavigne.
Or, sous le couvert de l’anonymat, une source conservatrice a affirmé que le gouvernement Harper n’a guère l’intention d’entreprendre des négociations avec le NPD.
« L’heure n’est pas à la négociation. Nous ne sommes pas en train de mener des consultations budgétaires. Nous sommes en train de mettre en oeuvre le plan de relance économique du gouvernement. Si un parti veut collaborer avec nous sur la mise en oeuvre de ce plan, nous sommes prêts à travailler avec lui », a dit cette source.
De passage à Sault Ste. Marie, où il a annoncé un autre projet d’infrastructure, le premier ministre a rappelé qu’il avait rencontré le chef du NPD Jack Layton il y a deux semaines à son bureau. M. Harper a soutenu que M. Layton semblait plus intéressé à recréer la coalition que le NPD avait conclue avec le Parti libéral et le Bloc québécois qu’à travailler avec le gouvernement.
La « véritable » opposition
Le NPD a systématiquement voté contre toutes les mesures proposées par les conservateurs depuis qu’ils sont au pouvoir. D’ailleurs, M. Layton se targue fréquemment que son parti a agi comme la véritable opposition officielle aux conservateurs depuis 2006, ayant voté à 79 reprises contre le gouvernement Harper.
En entrevue à une station de radio de Calgary, le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, a pour sa part carrément jugé improbable la conclusion d’une entente avec le NPD. « Nous ne sommes pas à vendre au plus offrant, surtout pas au N P D », a la ncé le ministre.
Hier, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a dit qu’il serait prêt à appuyer n’importe quel parti qui proposerait des mesures dans le sens des intérêts des Québécois.
« On ne vote pas à l’étiquette. On vote sur la valeur des propositions. Quand c’est bon pour le Québec, on l’appuie, sinon on s’y oppose et on fait face aux conséquences », a dit M. Duceppe, de passage à Laval.
Le chef bloquiste a par la suite énuméré quelques demandes à l’endroit du gouvernement conservateur, y compris revenir sur la décision de créer une commission pancanadienne des valeurs mobilières, aider davantage les régions forestières, à l’instar de ce qui a été fait pour l’industrie automobile, rejeter l’énergie provenant des sables bitumineux et respecter le français comme langue de travail sur le territoire du Québec.
« Je serais très étonné que M. Harper reprenne nos positions, a aussitôt concédé M. Duceppe. Mais s’il veut m’étonner, grand bien lui fasse. »
En attendant, libéraux et conservateurs se livrent déjà une guerre de communication digne d’une j oute électorale, à coup de communiqués démolissant les arguments de leur adver sa i re. L e prem ier m i n ist re Harper, lui aussi, semble déjà en campagne. Aujourd’hui seulement, son horaire prévoit trois activités dans deux villes ontariennes.
Après M. Duceppe, hier, ce sera aujourd’hui au tour de M. Layton de réagir officiellement à la menace d’élections.



L’épouvantail  -  ANDRÉ PRATTE
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a effacé tout doute quant à la tenue d’élect ions générales cet automne. En multipliant les déclarations-chocs du genre « Le temps de Stephen Harper est terminé », M. Ignatieff et ses lieutenants ont coupé les ponts qui leur auraient permis de reculer au moment décisif.
Les conservateurs ont répliqué en évoquant l’instabilité que provoquerait une campagne électorale alors que s’amorce une fragile reprise économique. « L’instabilité politique pourrait mettre la relance en péril », a dit le premier ministre Harper, de passage à Calgary.
Le risque d’inst abi l ité ? C’est un épouvantail. Le Canada n’est pas une république de bananes. Les campagnes électorales s’y déroulent toujours dans le calme et aucun des deux partis en mesure de former le gouvernement n’effraie les gens d’affaires. Le plan de stimulation du gouvernement est en place; que les ministres soient en Chambre ou en campagne électorale ne changera rien à la situation économique au pays. D’ailleurs, ce risque d’instabilité en période difficile n’avait pas empêché M. Harper de déclencher des élections l’automne dernier.
Si l ’ opposi t ion est en mesure de renverser le gouvernement à peine un an après le dernier scrutin, c’est parce que les conservateurs ont mal joué leurs cartes en faisant preuve, tout de suite après ces élections, d’une mesquinerie partisane sans précédent. Aussi, quand M. Harper dénonce aujourd’hui les « manigances politiques » de l’opposition, sa crédibilité est nulle.
Du côté libéral, on l’a souvent écrit ici, on devra faire la preuve que le parti s’est vraiment renouvelé, en particulier au Québec. Surtout, M. Ignatieff devra présenter aux Canadiens un plan de gouvernement sérieux. Il lui faudra réconcilier ses différents engagements : mieux soutenir l’économie, rendre l’assurance emploi plus généreuse et revenir rapidement à l’équilibre budgétaire.
Le chef libéral est particulièrement convaincant lorsqu’il oppose sa vision du rôle international du Canada à celle de son vis-à-vis : « Plutôt que de résister au changement, le Canada devrait inspirer le changement. (. . .) I l est tout simplement inacceptable que l e monde en a r r ive à se demander " Où est le Canada?" » Il devra toutefois dépasser les généralités pour parler en termes concrets. Pour préciser, notamment, quelle position défendrait un gouvernement libéral à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques.

Pour leur part, les conservateurs feraient mieux de ranger l’épouvantail de l’instabilité pour proposer plutôt leur propre vision du Canada de l’avenir. Pas des promesses gadgets permettant de montrer Stephen Harper maniant la perceuse. Un plan pour permettre au pays de sortir plus fort et plus vert de la récession. Là se trouve le principal enjeu de la prochaine campagne électorale.


Ignatieff le guerrier?  -  VINCENT MARISSAL
Michael Ignatieff s’était déj à passablement peinturé dans le coin en juin dernier en affirmant que le gouvernement Harper devait répondre à ses exigences à défaut de quoi il tomberait à l’automne. I l vient d’ajouter une couche de peinture en affirmant que les jours des conservateurs sont comptés.
Dorénavant, si le chef libéral veut sortir du coin, il devra piétiner sa propre peinture en suivant les traces encore fraîches de Stéphane Dion.
Pour rassurer ses députés, réunis à Sudbury pour préparer la rentrée (lire : la campagne), Michael Ignatieff n’avait pas le choix : il devait adopter un ton combati f , question de faire contraste avec sa performance plutôt pépère de l’été.
Les mots choisis ne laissent plus de doute : nous sommes dès ce matin en campagne électorale.
« Monsieur Harper, vous avez échoué sur toute la ligne, a dit M. Ignatieff. Vous n’avez pas su protéger les plus vulnérables, ni créer des emplois, ni défendre notre système de santé. Vous n’avez pas non plus réussi à présenter un plan pour rétablir nos finances (…). Stephen Harper dirige un gouvernement qui ne se soucie de rien. Nous pouvons mieux faire, et nous allons mieux faire. »
Le ton indique que les libéraux sont prêts à vivre avec les conséquences de défaire le gouvernement. Qui plus est, ils ont clairement fait le choix d’attaquer Stephen Harper de front, de recourir, notamment, aux publicités négat ives pour dénoncer le bilan du gouvernement conservateur.
Maintenant qu’ils ont un peu plus d’argent, les libéraux peuvent contre-attaquer. Une première salve de messages anti-Harper sera d’ailleurs lancée en début de semaine prochaine, selon des sources fiables.
Les libéraux visent les « points faibles » (selon eux, du moins) du gouvernement Harper, en particulier la création d’emploi, l’état des finances publiques, le rythme des dépenses en infrastructures et la gestion de la pénurie d’isotopes médicaux. Les libéraux insisteront aussi sur le sort des ressortissants canadiens coincés à l’étranger.
« La cuirasse de M. Harper a des failles et il faut les exploiter, il faut aller sur le terrain de l’adversaire », résumait hier soir un stratège libéral.
Prendre résolument la voie des campagnes négat ives peut être risqué. La ligne entre l’acceptable et l’inacceptable en ce domaine est aussi mince que floue et quiconque la traverse court le danger de voir l’électorat lui tourner le dos.
Stéphane Dion avait opiniâtrement refusé d’utiliser ce moyen, alors que les conservateurs s’étaient déchaînés contre lui. Paul Martin, au contraire, avait été trop loin, perdant votes et crédibilité (vous vous souvenez des soldats de Stephen Harper dans les rues ou du fusil pointé vers vous dans l’écran de télé ?).
La différence entre les campagnes de Paul Martin et de Michael Ignatieff, c’est que le premier prêtait des intentions à M. Harper alors que le second peut attaquer son bilan.
Est-ce que ça marchera ? Tout dépend du dosage. De toute façon, les libéraux n’ont pas vraiment le choix: il leur reste trop peu de temps (un peu plus de deux mois avant le scrutin) pour façonner l’image de leur propre chef et l’état des finances publiques ne leur offre pas le luxe d’élaborer un programme politique bourré de promesses de nouveaux programmes et d’investissements.
On dit souvent que les gouvernements se battent eux-mêmes. C’est vrai, mais il faut aussi parfois les aider un peu. On a beaucoup critiqué ces dernières semaines le manque de substance de Michael Ignatieff, mais le plan conservateur, s’il existe, n’est pas très clair non plus.
Les conservateurs ont toutefois un avantage : ils sont au pouvoir et peuvent, d’ici leur chute, faire pleuvoir les milliards en projets d’infrastructures partout au pays.
La grande question est de savoir comment Michael Ignatieff, grand intello dont c’est la première campagne en tant que chef, se comportera dans le rôle du challenger, du batailleur venu arracher le pouvoir au premier ministre sortant.
Michael Ignatieff en guerrier? Bien sûr, il pourra toujours envoyer ses « goons » sur la glace, ce que fait tout bon chef, mais il devra aussi se battre à l’occasion.
Pou r l e moment, son message semble calqué sur celui de Barack Obama, l’an dernier : on peut faire mieux que ça, le Canada doit être plus que ça. Mieux en santé, en création d’emploi, dans la gestion des finances publiques et à l’étranger. Il manque toutefois ce souffle d’espoir, incarné par Barack Obama.
En gros, M. Ignatieff dit aux Canadiens: mon gouvernement pourrait faire mieux que celui de M. Harper, au moment où les Canadiens ne veulent pas d’élections, où on ne sent pas d’ardent désir de changement et où les électeurs font davantage confiance au chef conservateur. Gros, gros contrat en vue pour les stratèges libéraux.
Ceux-ci disent que leur programme est prêt. Rien n’a coulé de ce programme à ce jour (les libéraux se seraientils inspirés de la discipline de leur adversaire conservateur?), mais on sait que la lutte contre le déficit et la rigueur budgétaire seront de mise. Pas beaucoup de marge de manoeuvre, donc, pour les programmes sociaux si chers aux libéraux. Retrouvera-ton un TGV comme mégaprojet d’infrastructure dans ce programme? Motus, mais on dit que Michael Ignatieff y tient beaucoup.
Les conservateurs, quant à eux, ont déjà trouvé leur ligne directrice : des élections retarderont la reprise sentie au pays, et ce sera la faute des libéraux. Simple, mais efficace, surtout si on oublie que les conservateurs n’ont pas vu venir la récession et que M. Harper a préféré provoquer une crise politique l’automne dernier plutôt que de s’occuper de l’économie.



Ignatieff ouvre les hostilités  -  Hugo de GrandPré
La trêve estivale est bel et bien terminée. Michael Ignatieff a décidé de passer à l’attaque et a annoncé qu’il voulait faire tomber le gouvernement Harper. À moins que le NPD ou le Bloc québécois ne tendent une bouée aux conservateurs, les Canadiens sero
SUDBURY — Le Parti libéral souhaite déclencher des élections à la première occasion. Dans un discours devant les députés, sénateurs et stratèges de son parti, hier, le chef Michael Ignatieff a causé une commotion en déclarant qu’ils ne supporteraient plus le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Michael Ignatieff pourrait faire tomber le gouvernement dès le 14 septembre, sinon à l’occasion de la journée de l’opposition prévue au début du mois d’octobre.
Les Canadiens pourraient donc être appelés aux urnes le 26 octobre. Le gouvernement Harper a en effet laissé planer hier la possibilité de faire voter la Chambre des communes sur l’approbation de crédits budgétaires dès le 14 septembre, journée de la rentrée parlementaire.
Selon un autre scénario électoral, le scrutin se tiendrait le 9 ou le 16 novembre. Cela suppose que le gouvernement soit défait au cours d’un vote de confiance au début du mois d’octobre, sur une motion de défiance du Parti libéral. Michael Ignatieff avait obtenu cette journée de l’opposition supplémentaire lors de ses négociations avec le premier ministre Harper en juin dernier.
Dans un cas comme dans l’autre, Michael Ignatieff et ses députés ont indiqué qu’ils ne faisaient plus confiance au gouvernement et qu’ils étaient résolus à le défaire dès que l’occasion se présenterait.
« Après quatre ans de dérapage, de déni, de division et de discorde, le temps de Stephen Harper est terminé », a-t-il lancé devant la foule de sénateurs et députés l’applaudissant à tout rompre. « Le Parti libéral ne peut plus soutenir ce gouvernement incompétent. Stephen Harper doit rendre des comptes. Désormais, nous nous opposerons à lui. » Surprise
Cet te prise de position a causé une certaine surprise jusque dans les rangs des libéraux où, encore hier matin, des députés disaient ouvertement qu’ils préféraient attendre avant de se lancer en campagne.
Selon des sources, Michael Ignatieff a annoncé sa décision finale vers 11h à son comité de stratégie réuni dans une salle du Holiday Inn de Sudbury. Le comité de stratégie, qui se réunit chaque matin avec le chef, est un groupe de proches conseillers dont font partie les députés Bob Rae, Dominic LeBlanc, Denis Coderre et Marlene Jennings.
Auparavant , les caucus régionaux s’étaient réunis pendant deux heures pour se prononcer sur leur désir de se lancer en campagne. Des membres de l’entourage du chef étaient présents dans ces réunions pour prendre acte des différentes opinions. Toujours selon des sources, la plus grande opposition est venue du caucus de l’Ontario, où les parlementaires se sont dits le plus inquiets. Le caucus du Québec aurait pour sa part fait savoir à M. Ignatieff qu’il se rangerait derrière lui, quelle que soit sa décision.
Après l’annonce de leur chef, les libéraux se sont af fairés à diminuer l’importance de ces divergences d’opinions . « Nous nous sommes parlé tout l’été, a noté le député Bob Rae. Et je pense que ce que le chef a dit aujourd’hui reflète de manière puissante non seulement ce que les membres du parti pensent, mais ce qu’il pense lui aussi. Ce que nous avons vu aujourd’hui, c’est Michael Ignatieff qui parle avec sa tête et avec son coeur. » Échec aux tests
Le chef libéral a expliqué sa décision en disant que Stephen Harper n’avait pas satisfait aux conditions qu’il avait établies au printemps. « En juin, nous avons établi quatre tests pour Stephen Harper », a-t-il dit en parlant de cette négociation qui avait tenu la colline parlementaire en haleine pendant trois jours, mais qui s’était soldée par l’annonce de M. Ignatieff qu’il laissait le gouvernement survivre pour l’été. « M. Harper, vous avez échoué aux quatre tests », a-t-il lancé.
Ces conditions incluaient la tenue d’un comité bipartite avec les conservateurs pour discuter de réformes à l’assurance emploi. « Aucune proposition n’est venue. Rien que des manigances », a dénoncé le chef libéral.
La balle est donc dans le camp des autres partis de l’opposition, qui pourraient à leur tour décider de permettre au gouvernement Harper de survivre. Une indication en ce sens a été fournie par le NPD. Le député d’Outremont, Thomas Mulcair, a en effet déclaré que son parti souhaitait que le Parlement fonctionne et qu’il jugerait de chaque dossier au cas par cas. Le Bloc québécois doit faire connaître sa position aujourd’hui.

Le dernier espoir de Stephen Harper  -  Malorie Beauchemin
Le NPD
OTTAWA — Opportunisme ou bluff ? Le gouvernement conservateur et le NPD de Jack Layton ont tour à tour reproché au chef l ibéral Michael Ignatieff de faire de la petite politique et de manquer de crédibilité en menaçant de plonger le Canada en élections. Mais les néo-démocrates ont aussi saisi l’occasion d’entrouvrir une petite porte à une collaboration pour sauver le gouvernement de Stephen Harper.
Thomas Mulcair a affirmé hier que, pour l’instant, la volonté de son parti était de faire fonctionner le gouvernement.
« On est prêts à gérer un arrangement. C’est possible », a dit le député ontarien du NPD Joe Comartin, en entrevue à Plus tôt dans la journée, le député québécois néo-démocrate Thomas Mulcair avait affirmé que la priorité de son parti était de i mportants, a a f f i rmé le député néo-démocrate. S’ils ne changent pas leur politique économique, on ne pourra pas les appuyer. » La semaine dernière, le chef du NPD, Jack ment. Ça fait plusieurs fois qu’il dit ça et il a voté avec le gouvernement chaque fois, a dit M. Comartin. Rien n’a changé depuis juin et M. Ignatieff appuyait alors le gouvernement. Alors, je pense qu’il va continuer à l’appuyer. »
Le député du NPD croit que si le Parti libéral s’entêtait à déposer une motion de défiance, les troupes de Michael Ignatieff trouveraient un moyen d’éviter la chute du gouvernement, par exemple en s’absentant au moment du vote
De passage à Calgary, le premier ministre a quant à lui répété le même message que les conservateurs martèlent depuis des semaines, à savoir que la population ne veut pas, selon lui, d’élections.
« Les Canadiens veulent que le Parlement concentre ses énergies sur l’économie. C’est ce que le gouvernement va faire à l’automne, a dit M. Harper. C’est notre vision des choses, et celle, je pense, de la vaste majorité des Canadiens. La petite politique et l’instabilité ne serviront pas les intérêts du pays en ce moment. »
Le ministre des Transports, John Baird, a pour sa part qualifié d’« opportunisme politique » la volonté du chef libéral Michael Ignatieff de « plonger le Canada dans des élections inutiles », moins d’un an après le dernier scrutin.
« Il ne fait pas ce qui est dans l’intérêt des Canadiens, il fait ce qui est bon pour lui-même », a lancé M. Baird, qui a refusé de comparer cette menace d’élections au déclenchement d’un scrutin hâtif, l’an dernier, par le premier ministre Harper alors qu’il avait lui-même fait adopter une loi imposant la tenue d’élections à date fixe.
M. Baird a toutefois émis de sérieux doutes quant à la possibilité que son gouvernement soit sauvé par le NPD ou le Bloc québécois advenant une motion de défiance déposée par les libéraux.
« Je crois que les deux partis ont été très clairs depuis de nombreuses années. Je ne ferai pas de spéculation làdessus », a-t-il souligné.
Le Bloc québécois n’a pas voulu réagir, hier. Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, a convoqué l es médias aujourd’hui à 16h, à Laval. Il serait très surprenant de voir les troupes souverainistes d’Ottawa se ranger du côté du gouvernement Harper.



Le gouvernement Harper pourrait tomber dès vendredi  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les trois partis de l’opposition à la Chambre des communes auront l’occasion de mettre fin au règne du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper dès vendredi prochain.
Les députés reprennent le boulot à Ottawa lundi. Et le gouvernement Harper a l’intention de mettre aux voix, le 18 septembre, une motion de voies et moyens visant à mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget, dont le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire, a-t-on appris hier soir de sources sûres. Il s’agit d’un vote de confiance, puisqu’il porte sur des mesures budgétaires.
Si le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD décident de faire front commun contre le gouvernement Harper, les Canadiens seront convoqués aux urnes le lundi 26 octobre. Il s’agira alors du quatrième scrutin fédéral en cinq ans. Chaque scrutin coûte environ 300 millions.
À la première occasion
Il y a deux semaines, le chef libéral Michael Ignatieff a déclaré que ses troupes tenteraient de renverser le gouvernement Harper à la première occasion. Le Bloc québécois et le NPD ont déjà fait savoir qu’ils comptaient participer au renversement du gouvernement, même si une forte majorité de la population s’oppose vivement à la tenue d’un autre scrutin.
Le Pa r t i conser vateur détient 143 des 308 sièges aux Communes ; le Parti libéral en compte 77; le Bloc québécois 48 et le NPD 36. Il y a un député indépendant et deux vacances.
Selon des informations obtenues par La Presse, hier, tous les députés du Bloc ont eu l’ordre d’être présents à la Chambre des communes tous les jours, la semaine prochaine, au cas où un vote de confiance aurait lieu.
Ce vote se tiendra donc après que Stephen Harper aura rencontré le président des États-Unis, Barack Obama, à la Maison-Blanche, mercredi. Il aura aussi lieu après le grand rassemblement prévu à Montréal jeudi soir afin de souligner le 25e anniversaire de l’élection du premier gouvernement conservateur de Brian Mulroney.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, qui a notamment été ministre de l’Environnement dans le gouvernement Mulroney, doit coprésider cette fête en compagnie de l’ex-ambassadeur du Canada à Washington Michael Wilson, qui a aussi été ministre des Finances sous Brian Mulroney.
Des sources ont indiqué à La Presse cette semaine que M. Mulroney compte profiter de cette activité pour faire un vibrant plaidoyer en faveur de l’unité des troupes conservatrices, notamment au Québec, à la veille de possibles élections fédérales. « Après cette soirée, il n’y aura plus de réformistes, d’alliancistes, ou de red tories. Il va juste y avoir des conservateurs », a déclaré une source digne de foi.
Plusieursministres influents du gouvernement Harper participeront à la fête, dont le ministre de l’Industrie, Jim Prentice, le ministre de la Défense, Peter MacKay, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, et le ministre du Revenu, JeanPierre Blackburn.

Ignatieff exclut de nouveau tout gouvernement de coalition  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a senti le besoin hier de réitérer qu’il écarte l’idée de former un gouvernement de coalition avec le NPD et soutenu par le Bloc québécois après les prochaines élections.
« En janvier dernier, nous n’étions pas favorables à une coalition. Et aujourd’hui, nous ne sommes pas plus favorables à une coalition, ni aujourd’hui ni demain », a dit Michael Ignatieff, hier, à Ottawa.
Le chef libéral a décidé de revenir sur cette question quelques heures après que le Parti conservateur eut lancé une offensive publicitaire sur certains réseaux de télévision anglophones jeudi soir. Dans cette publicité, on accuse M. Ignatieff de vouloir former une nouvelle coalition avec le NPD et le Bloc québécois afin de s’emparer du pouvoir à Ottawa, même s’il perd les prochaines élections.
En point de presse dans le foyer de la Chambre des communes, M. Ignatieff a affirmé au contraire que son objectif est de remporter les prochaines élections et de former un gouvernement libéral qui travaillera ponctuellement avec les autres partis pour faire fonctionner le Parlement.
Le chef libéral avait tenu des propos semblables, jeudi aprèsmidi, à Montréal, alors qu’il commentait les déclarations du premierministreStephenHarper prononcées devant des militants conservateurs la semaine dernière à Sault-Sainte-Marie.
M. Ha r per avait alors affirmé que le Parti conservateur devait à tout prix obtenir une majorité à la Chambre des communes aux prochaines élections afin d’empêcher Michael Ignatieff de prendre le pouvoir à la tête d’un gouvernement de coalition avec les « socialistes » et soutenu par « les séparatistes ».
« L’enregistrement clandestin de M. Harper que nous avons tous vu cette semaine explique tout. Stephen Harper pense qu’il mérite un gouvernement majoritaire. Pour obtenir cette majorité, il dit que le Parti libéral est prêt à former une coalition. Permettezmoi de vous dire très clairement ceci : le Parti libéral ne consentira pas à former une coalition. En janvier dernier, nous n’étions pas favorables à une coalition. Et aujourd’hui, nous ne sommes pas plus favorables à une coalition, ni aujourd’hui ni demain », a affirmé M. Ignatieff.
Il a ajouté qu’il n’avait pas besoin de former une coalition pour prendre le pouvoir, affirmant qu’il était un leader capable de travailler avec les autres partis politiques. « Je ne crois pas que les Canadiens veulent une coalition », a-t-il dit. Interrogé à savoir s’il était prêt à formerunecoalitions’il perdait les élections pour supplanter les conservateurs, M. Ignatieff est resté vague. « Je n’aime pas du tout cette hypothèse. S’il y a des élections, je chercherai l’appui des Canadiens pour former un bon gouvernement libéral », at-il dit.
En décembre dernier, le Parti libéral, alors dirigé par Stéphane Dion, avait conclu un accord formel avec le NPD et soutenu par le Bloc québécois afin de renverser le gouvernement Harper et le remplacer par un gouvernement de coalition.
Tous les députés libéraux avaient signé une lettre d’appui à ce projet de coalition, dont Michael Ignatieff. Il avait toutefois été le dernier député libéral à le faire. M. Harper a finalement évité une défaite aux Communes en prorogeant le Parlement pendant six semaines en décembre, quelques jours avant le vote crucial.
Fort impopulaire dans le Canada anglais, cette coalition avait été bien accueillie au Québec.
La coalition a toutefois volé en éclats le jour du dépôt du budget fédéral le 27 janvier, quand M. Ignatieff a décidé d’appuyer le budget de relance du gouvernement Harper.
Immédiatement après le point de presse deM. Ignatieff, les stratèges conservateurs ont envoyé aux journalistes des extraits d’une conférence de presse donnée par le chef libéral le jour même où il a remplacé Stéphane Dion à la barre du PLC, le 10 décembre 2008. M. Ignatieff avait déclaré: « Je suis prêt à former un gouvernement de coalition et à diriger ce gouvernement afin d’offrir au Canada la stabilité et la sécurité dont il a besoin. »
Le député conservateur de Lévis-Bellechasse, Steven Blaney, a soutenu que M. Ignatieff n’a pas totalement écarté l’idée d’une coalition. « Michael Ignatieff a cafouillé quand on lui a posé la question sur la coalition. En plus, il y a 10 mois, il a signé un pacte avec le Bloc québécois et le NPD pour former une coalition. C’est M. Zigzag. »
M. Blaney en a profité pour décocher une flèche au chef bloquiste Gilles Duceppe. « En votant pour des élections, Gilles Duceppe devient le nouveau valet de service du Parti libéral du Canada. En déclenchant des élections, il donne son vote au parti qui a torpillé l’accord du lac Meech, au parti qui est encore empêtré dans le scandale des commandites. Et il s’oppose au Parti conservateur qui règle le déséquilibre fiscal, qui augmente les transferts aux provinces, qui reconnaît la nation québécoise », a dit M. Blaney.
Le Bloc déçu
Le Bloc québécois s’est dit déçu de la décision de Michael Ignatieff de rejeter une coalition avant même les élections. « C’est extrêmement décevant. M. Ignatieff achète finalement la thèse de M. Harper voulant que toute forme de coalition, d’alliance avec les socialistes du NPD et les séparatistes du Bloc québécois serait contre nature. C’est dommage. M. Ignatieff nous dit qu’il va agir de la même façon que M. Harper même s’il est minoritaire », a dit le député bloquiste Pierre Paquette.
Il a ajouté que le Bloc québécois n’écarterait pas de soutenir un gouvernement de coalition formé par le Parti libéral et le NPD s’il offrait des politiques favorables au Québec, comme c’était le cas en décembre dernier.
« M. Ignatieff aurait dû se laisser toutes les portes ouvertes pour montrer qu’il était prêt dans toutes les circonstances à faire fonctionner le Parlement d’une manière différente de celle de M. Harper. Mais ce sera la même approche », a-t-il dit.




Les libéraux font volte-face : Moins pressés de provoquer des élections Hugo de GrandPré
SUDBURY — Le chef libéral, Michael Ignatieff, a promis de prendre la décision de provoquer ou non des élections cet automne en se basant sur ses principes et non pas sur les sondages.
Les députés et sénateurs libéraux sont réunis depuis hier midi à Sudbury pour discuter de la saison parlementaire qui s’amorce. Tous ont convenu que la question des élections sera au coeur des discussions des trois prochains jours.
M. Ignatieff a cependant souligné qu’il était possible qu’il n’émerge pas du caucus, demain, avec une décision ferme en ce qui concerne l’avenir du gouvernement Harper.
« Nous allons avoir u ne bon ne discussion et nous allons prendre une décision quand ça fera notre affaire, at-il tranché. J’aime avoir une idée claire des choses. »
En juin, les libéraux étaient passés à un cheveu de défaire le gouvernement, sous prétexte qu’il gérait mal certains dossiers, dont ceux de l’assurance emploi et de la crise des isotopes. Michael Ignatieff avait finalement convenu de lui laisser la vie sauve, en échange de certaines concessions, dont la création d’un comité spécial chargé d’étudier les réformes à apporter à l’assurance emploi. Le parti a aussi obtenu une journée d’opposition supplémentaire à la fin du mois de septembre, ce qui lui donnerait l’occasion de provoquer des élections.
Or, le chef libéral, comme ses députés, s’est dit hier insatisfait du gouvernement. «Ça ne s’est pas amélioré au cours de l’été, a-t-il lancé. Nous avons eu des réunions sérieuses sur la question de l’assurance emploi, mais ces rencontres se sont transformées en une sorte de charade... C’est le genre de choses que nous devrons étudier dans la réunion du caucus.»
Changement de ton
Nombreux sont ceux, même dans les rangs des libéraux, qui croyaient que des élections cet automne n’étaient qu’une formalité. Or, la semaine dernière, des ténors du parti ont commencé à changer de message et à dire tout haut qu’il sera it peut-être préférable d’attendre. Même chose pour l’assurance emploi : dossier de prédilection des libéraux au printemps dernier, tous les députés, y compris le chef, insistent maintena nt pou r dire qu’il s’agit d’un enjeu parmi d’autres.
Comment expliquer cette volte-face ? Les sondages y sont peut-être pour quelque chose. À l’échelle canadienne comme à l’échelle québécoise, les libéraux ont perdu des appuis depuis le début de l’été. Ils sont maintenant à égalité avec les conservateurs au Canada et ils sont deuxièmes au Québec, après avoir brièvement dépassé le Bloc québécois dans les intentions de vote.
Le parti doit étudier le résultat de ses propres coups de sonde dans les prochains jours. Plusieurs s’attendent à ce que ces résultats influencent largement la décision du parti de provoquer ou non des élections.
Mais Michael Ignatieff affirme qu’il n’en est rien. «C’est une question de principe, ce n’est pas une question de sondage», a-t-il insisté en point de presse.



« L’instabilité politique nuirait à la reprise »  -  Joël-Denis Bellavance  &
Hugo de GrandPré
Élections à l’automne Des ministres conservateurs mettent de la pression sur les libéraux
OTTAWA/SUDBURY — Des ministres du gouvernement Harper ont profité des dernières nouvelles encourageantes sur l’état de santé de l’économie canadienne afin d’augmenter la pression sur les libéraux pour qu’ils renoncent à l’idée de provoquer des élections fédérales cet automne.
Les députés, sénateurs et stratèges du Parti libéral sont réunis en caucus à Sudbury, dans le nord de l’Ontario, jusqu’à demain afin de préparer la prochaine session parlementaire et de décider s’ils feront tomber le gouvernement minoritaire conservateur.
Mais au premier j our de leur réunion, hier, Statistique Canada a rapporté que le produit intérieur brut (PI B) a augmenté de 0,1% au mois de juin au Canada sur une base mensuelle. Il s’agit de la première hausse d’un mois à l’autre depuis juillet 2008 et d’un autre signe de reprise économique.
À Ottawa, des ministres influents du gouvernement Harper ont profité de l’occasion pour accentuer leur offensive pour convaincre les libéraux de Michael Ignatieff qu’il faut éviter toute instabilité politique à Ottawa qui pourrait nuire à la reprise de l’économie.
Le ministre des Transports, John Baird, a soutenu qu’il y a des signes encourageants démontrant que l’économie ca nad ien ne com mence à reprendre du poil de la bête. Il a soutenu que la dernière chose dont le pays a besoin, à l’heure actuelle, est la tenue d’autres élections fédérales qui pourraient miner le progrès accompli jusqu’ici.
« La dernière chose dont le pays a besoin en ce moment est une élection inutile, moins d ’u n a n après le der n ier scrutin. Ce serait irresponsable d’interrompre le travail important que nous sommes en train de faire pour relancer l’économie », a affirmé le ministre Baird en conférence de presse.
« Si nous voyons la lumière au bout du tunnel, nous sommes toujours en pleine récession économique mondiale. Le potentiel de reprise est encore très fragile. Voilà pourquoi nous ne devons pas baisser la garde. Nous devons rester prudents et garder le cap », a ajouté M. Baird.
Le ministre s’est dit heureux de voir des libéraux influents comme le sénateu r Dav id Smith, qui est le coprésident de la campagne nationale du PLC, soutenir que des élections fédérales ne sont pas nécessairement à l’ordre du jour pour les libéraux cet automne.
Travailler ensemble
«Je crois que c’est un bon signe. L’économie n’a pas besoin que l’on brandisse des menaces d’élections. L’économie exige que nous travaillions ensemble», a dit M. Baird.
Dans une entrevue accordée à La Presse, le ministre Denis Lebel, responsable de l’agence de développement économique du Canada pour le Québec, a abondé dans le même sens en affirmant que les Canadiens ne veulent pas d’élections. Ils souhaitent, selon lui, que les gouvernements adoptent des mesures pour contrer la crise économique.
« Il faut qu’ensemble on travaille pour essayer de contrer les impacts de la crise économique », a lancé Denis Lebel. « Oui, on voit poindre à l’horizon une certaine lueur d’espoir, on voit bien les chiffres qui sont sortis aujourd’hui encore sur le PIB… Mais il ne faut pas tenir cela pour acquis. C’est une reprise fragile et elle peut être provisoire. L’année prochaine s’annonce encore d i f f ic i le pou r l’économ ie, autant canadienne que mondiale », a-t-il ajouté.
Selon M. Lebel, il serait irresponsable de la part des pa r tis de l ’oppo sit ion de déclencher des élections dans de telles circonstances. « Ce n’est pas le temps de l’intérêt des partis ; c’est le temps de l’intérêt suprême de la population canadienne », a-t-il dit.
Riposte libérale
Mais les libérau x ont riposté aux propos des deux ministres en affirmant que l ’é c o n o m ie s e p o r t e m a l depuis que les conservateurs sont au pouvoir. Ils ont rappelé certa ines statistiques désolantes. Ils ont souligné qu’il y a 1,58 million de chômeurs, qu’Ottawa affichera cette année un déficit de 50 milliards, que le Canada a enregistré son premier déficit commercial depuis 1976 en juillet, entre autres choses.
« Le Ca nada a les pi res résultats économiques du G7. Contrairement à la déclaration de John Baird, selon qui "nous avons la meilleure situation financière des pays du G8". Les États-Unis et les autres partenaires traditionnels du G7 connaissent une reprise économique plus rapide que le Canada, ce qui rend les Canadiens inquiets au sujet de leur avenir économique et de la direction du pays », peut-on lire dans un communiqué du Parti libéral.
La hausse de 0,1 % annoncée hier par Statistique Canada est inférieure aux prévisions des analystes du secteur privé qui s’attendaient à une hausse de 0,2 %. Mais cette augmentation n’a pu compenser la tendance baissière observée dans les mois précédents, donnant comme résultat pour le trimestre d’avril à juin une baisse de 0,9 % par rapport au trimestre précédent pour lequel un recul de 1,6 % avait été enregistré.




Pour un vent de changement à Ottawa
Après avoir consulté leurs partisans, les chefs bloquiste et néodémocrate sont conscients que les électeurs ne sont pas très chauds à l’idée de devoir vivre d’autres élections générales, mais ils croient qu’ils souhaiteraient malgré tout un changement à Ottawa. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a poursuivi ce qui ressemble de plus en plus à une tournée pré-électorale, hier, se disant fin prêt à se lancer dans une nouvelle campagne, malgré les motifs qui pourraient mener à son déclenchement et la tenue d’élections municipales au Québec vers la même période. La réforme de l’assurance emploi est au coeur d’un litige entre le Parti conservateur et le Parti libéral, et la formation d’un comité conjoint ne semble en rien avoir rapproché les deux camps. Ce dossier pourrait mener à un vote de censure du gouvernement au Parlement, fin septembre, qui pousserait les Canadiens vers un quatrième scrutin national en un peu plus de cinq ans. Malgré cela, croit le chef du Bloc, les électeurs dans l’ensemble du pays seront attentifs aux principaux enjeux qui les concernent, et ne remettront pas en question la pertinence d’un éventuel scrutin fédéral. –



La campagne commencera au Québec le 24 juin
Possibles élections fédérales à l’automne
Déjà en campagne électorale ? « Ça ressemble beaucoup à ça », a concédé M. Duceppe, hier, après l’ultime période de questions aux Communes.
— Maintenant que la menace électorale est reportée à l’automne, la précampagne peut commencer. Et quoi de mieux, au Québec, quela Saint-Jean-Baptiste pour serrer des mains et faire le plein de visibilité.
Les chefs fédéraux n’y échapperont pas. Les 23 et 24 juin, ils seront tous dans la Belle Province, à participer aux célébrations de la Fête nationale du Québec.
Critiqué cette semaine pour avoir menacé de défaire le gouvernement avant de reculer, le jour même, sans arracher de grandes concessions, le chef libéral, Michael Ignatieff, devrait être à Québec, aux côtés du premier ministre québécois, Jean Charest, pour une partie de la journée du 24 juin. Il devrait par la suite se rendre en Beauce, prêter mainforte au nouveau candidat libéral qui sera choisi ce soir pour livrer bataille à l’ancien ministre conservateur Maxime Bernier aux
Fidèle à son habitude, le chef du Bloc québécois sera très actif. D’abord à Québec pour le spectacle de la Fête nationale sur les plaines d’Abraham, le 23 juin. Puis, le lendemain, son horaire est passablement chargé, à Montréal: réception à l’hôtel de ville, visite d’organismes l’ultime période de questions à la Chambre des communes. « M. Ignatieff l’a dit à ses troupes, a-t-il ajouté. Bien sûr, avec un gouvernement minoritaire, on est presque toujours en campagne électorale. »
Natif d’Hudson, à l’ouest de Montréal, le chef néo-démocrate, prochaines élections. Les deux candidats à l’investiture sont René Roy, candidat défait en octobre dernier, et Claude Morin, ancien député adéquiste, à Québec, emporté par la débâcle de l’ancien parti de Mario Dumont aux élections provinciales de décembre. communautaires dans sa circonscription, défilé de la Saint-JeanBaptiste, rue Sherbrooke, discours au Château Dufresne, spectacle en soirée au parc Maisonneuve.
Déjà en campagne électorale? « Ça ressemble beaucoup à ça », a concédé M. Duceppe, hier, après Jack Layton, sera à Terrebonne, pour des festivités, en soirée, le 23 juin. Le jour de la Fête nationale, il devrait participer à une messe en plein air dans HochelagaMaisonneuve, puis prendre part au défilé des géants, au centre-ville, et terminer sa journée par un souper communautaire, rue Bloomfield.
Depuis l’élection du député Thomas Mulcair, dans Outremont, le NPD a vu ses appuis grimper en flèche au Québec et espère pouvoir faire des gains supplémentaires au prochain scrutin.
En perdition dans les intentions de vote au Québec, le premier ministre Stephen Harper devrait aussi participer aux festivités de la Saint-Jean-Baptiste. À son bureau, hier, on a confirmé que M. Harper serait « au Québec », le 24 juin, mais sans donner d’autres détails.
Le Québec est un champ de bataille prisé pour les politiciens fédéraux. Les derniers sondages semblent indiquer que la lutte se fera toutefois surtout entre libéraux et bloquistes, les conservateurs ayant pratiquement disparu du portrait. Sans surprise, le gouvernement Harper a survécu au vote sur les crédits budgétaires, avec l’appui du Parti libéral du Canada, après l’entente intervenue mercredi matin entre MM. Ignatieff et Harper, qui amis fin aupsychodramequi tenait la colline parlementaire en haleine. Originalement prévu à 22h, hier soir, le vote crucial a été devancé en début d’après-midi, et tous les députés ont pu rapidement prendre la route des vacances. Reprise des hostilités, le 14 septembre.


 

Rendez-vous aux urnes en octobre - VINCENT MARISSAL
Heureusement que le chef libéral ne jouait pas au strip poker contre le premier ministre Stephen Harper parce qu’il ne lui resterait plus ce matin que les chaussettes… Disons qu’il a beaucoup exposé son jeu et ses faiblesses pour arracher ce qu’il recherchait.
Michael Ignatieff a peutêtre gagné ce qu’il voulait (éviter des élections et obtenir une occasion de défaire le gouvernement tôt cet automne), mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cette « victoire » lui a tout de même coûté cher.
Heureusement que le chef libéral ne jouait pas au strip poker contre le premier ministre Stephen Harper parce qu’il ne lui resterait plus ce matin que les chaussettes… Disons qu’il a beaucoup exposé son jeu et ses faiblesses pour arracher ce qu’il recherchait.
En dévoilant ses « exigences » lundi, M. Ignatieff a visé tellement large, il a laissé tellement de portes de sortie à Stephen Harper que celui-ci s’est dégagé de ce faux piège sans faire de véritable compromis sur le fond des demandes, en particulier sur un élargissement de l’accessibilité au régime d’assurance emploi.
Campé au départ dans une position ferme (adopter la règle des 360 heures travaillées partout au Canada pour se quali fier à l’assurance emploi), le chef libéral a bifurqué vers une liste de demandes floues : que le gouvernement dévoile avant l’été sa réforme à l’assurance emploi, qu’il détaille les dépenses des projets d’infrastructures, qu’il précise son plan pour contrer la pénurie d’isotopes médicaux et son plan pour rétablir l’équilibre budgétaire.
Tout ce que M. Ignatieff a obtenu, de cette liste, c’est l’engagement de M. Harper de former un comité pour étudier la possibilité d’élargir l’assurance emploi aux travailleurs autonomes.
Exit les 360 heures. Exit les autres demandes. Si ce n’était que ça, Michael Ignatieff aurait perdu sur toute la ligne et il s’apprêterait à passer un très long été.
Ce qui lui permet de sauver la mise, toutefois, c’est d’avoir évité des élections estivales dont personne ne voulait sauf le Bloc et le NPD, tout en obtenant la garantie d’avoir une autre occasion de défaire le gouvernement en temps plus propice, à l’automne.
M. Ignatieff n’a rien obtenu pour les chômeurs, mais il a gagné un échéancier électoral prévisible pour l’automne. Selon toute vraisemblance, le gouvernement tombera en septembre, à l’occasion du dépôt d’un troisième rapport d’étape du plan de reprise économique, et nous retournerons aux urnes en octobre.
Joli coup, à condition, bien sûr, que les chômeurs oublient au cours de l’été que le chef libéral a abandonné leur cause pour mieux positionner son parti en vue de la prochaine ronde électorale.
Le che f du Bloc , Gi l l e s Duceppe et s on c ollègue du NPD, Jack Layton, eux, n’oublieront pas, c’est garanti. Leur stratégie électorale est déjà toute dessinée pour septembre: Ignatieff, Harper, c’est pareil !
Dans l ’ i mmédiat , cependant, les électeurs retiendront davantage que le chef libéral a préservé le pays contre une AUTRE campagne électorale, en plein été qui plus est, alors que le NPD et le Bloc étaient déterminés à faire tomber le gouvernement. On a beaucoup répété cette semaine que le déclenchement des élections était entre les mains de Michael Ignatieff, mais les deux autres partis de l’opposition portaient eux aussi cette responsabilité.
Les analystes analyseront, les commentateurs commenteront, c’est normal et souvent utile à la réflexion pour la suite des choses. Mais hier soi r, dans les bulletins d’information, les électeurs ont vu le mot ENTENTE écrit juste au-dessus de la tête de MM. Ignatieff et Harper. Dans les circonstances, pour les libéraux, le mot ENTENTE est certainement préférable à ÉLECTIONS.
À partir du moment où Michael Ignatieff avait décidé, le week-end dernier, qu’il ne provoquerait pas d’élections, ce qu’il avait dit à ses collaborateurs, deux options s’offraient à lui : avaler la couleuvre et faire survivre le gouvernement ou essayer de forcer le jeu par la négociation. C’est la première fois, d’ailleurs, en cinq ans de gouvernement minoritaire, que le chef de l’opposition officielle négocie la survie du gouvernement avec le premier ministre.
Évidemment, le Bloc et le NPD sont furieux contre le chef libéral, mais ils ne seront pas mécontents, eux non plus, d’éviter des élections le 27 juillet. En plus, en laissant à Michael Ignatief f le soin de sauver le gouvernement Harper, MM. Duceppe et Layton ont fa it provision de munitions pour la prochaine campagne électorale.
Chez les libéraux, on se disait heureux hier d’avoir planté le décor et même d’avoir écrit le scénario pour des élections à l’automne. Cela dit, on admettait aussi que Michael Ignatieff a mal joué ses cartes devant Stephen Harper en reculant sur ses demandes pour l’assurance emploi.
Pour les stratèges libéraux, la semaine aura été utile. C’était, en quelque sorte, un match hors concours qui aura permis de voir les faiblesses de leur chef.
Dans l’entourage de Michael Ignatieff, un autre point fait l’unanimité: la prochaine fois, il n’aura d’autre choix que de défaire le gouvernement, sinon il risque d’être frappé par le syndrome Stéphane Dion.
Rendez-vous en septembre, donc, pour le début de la campagne électorale.
Encore un mot sur la négoc i a t i on I gna t i e f f - Ha r p e r , juste pour soulever un aspect cocasse.
Le premier ministre s’est engagé à former un comité pour étudier l’éventuel élargissement du régime d’assurance emploi aux travailleurs autonomes.
Michael Ignatieff s’est satisfait de ce compromis. Mais ce n’en est pas vraiment un, du moins pas de la part du premier ministre, puisque cette ouverture aux travailleurs autonomes fait partie des engagements électoraux des conservateurs. M. Harper a donc « plié » sur un de ses propres engagements ! Quant aux libéraux, ils ont aussi songé à inclure les travailleurs autonomes en 1998, sous le gouvernement Chrétien. Le ministre du Développement des ressources humaines de l’époque, Pierre Pettigrew, avait toutefois perdu cette bataille contre son collègue des Finances, Paul Martin.

OTTAWA : Une bataille reportée 
— Il n’y a aura pas d’élections générales en juillet. Mais la bataille estivale qui a été évitée hier pourrait n’avoir été que reportée à l’automne.
En point de presse, hier, à l’issue d’une réunion de son caucus, Michael Ignatieff (au centre de la photo) s’est défendu d’avoir accouché d’une souris, après avoir tenu la colline parlementaire en haleine depuis lundi. le chef libéral et le premier ministre Stephen Harper ont réussi à s’entendre, en matinée, pour éviter une collision frontale entre leurs partis à la Chambre des communes, vendredi, et qui aurait entraîné la chute du gouvernement minoritaire conservateur.
Le premier ministre Stephen Harper et le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, ont réussi à s’entendre hier matin pour éviter une collision frontale entre leurs partis à la Chambre des communes, vendredi, et qui aurait entraîné la chute du gouvernement minoritaire conservateur.
MM. Harper et Ignatieff ont convenu de créer un comité de six personnes qui aura comme mandat d’étudier les changements à apporter au programme d’assurance emploi au cours de l’été. Le Parti libéral nommera trois des membres de ce comité et les autres seront nommés par le gouvernement Harper.
En échange de l’appui des libéraux à l’occasion du vote de confiance sur les crédits budgétaires, demain, Michael Ignatieff se voit aussi attribuer une journée de l’opposition le 30 septembre. Le Parti libéral pourrait alors utiliser cette journée pour déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper et ainsi tenter de provoquer des élections générales qui se tiendraient alors vraisemblablement le lundi 2 novembre.
Les libéraux se sont aussi félicités que le gouvernement Harper déposera un troisième rapport en septembre sur les progrès réalisés pour relancer l’économie. Or, M. Harper s’était déjà engagé, en mars, à présenter un autre rapport en septembre et avait réitéré cet engagement la semaine dernière.
Réagissant à cette entente qui a nécessité des heures de négociations à huis clos entre MM. Harper et Ignatieff, le Bloc québécois et le NPD ont soutenu qu’une nouvelle coalition entre le Parti libéral et le Parti conservateur avait vu le jour à Ottawa. Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, et le député néo-démocrate Thomas Mulcair ont aussi accusé le Parti libéral d’avoir carrément abandonné les chômeurs.
« Au lieu de prendre la défense de la population et d’aider les gens, M. Harper et M. Ignatieff ont plutôt choisi de former une coalition conservatrice-libérale. Une coalition qui va contre les intérêts de la population, et particulièrement contre les intérêts du Québec », a dit Gilles Duceppe.
« Mardi, les libéraux hurlaient que les chômeurs allaient crever. Aujourd’hui, le vice-premier ministre libéral ( Michael Ignatieff), leur chef, dit : "Qu’ils crèvent!" Le pire est que la coalition libérale-conservatrice n’offre aucun espoir aux centaines de milliers de chômeurs en pleine crise économique. C’est une honte et une tragédie », a renchéri Thomas Mulcair.
Le comité à mettre sur pied aura le mandat d’examiner la possibilité d’admettre les travailleurs autonomes dans le programme d’assurance emploi. Il devra également proposer des mesures pour s’assurer que les critères d’admissibilité soient plus équitables pour tous les Canadiens, d’une région à l’autre.
Composé de la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, et d’un fonctionnaire du ministère ainsi que des députés libéraux Marlene Jennings et Mike Savage, ce comité aura accès aux documents du gouvernement et devra soumettre son rapport au plus tard le 28 septembre.
« Perte de temps monumentale »
L’entente d’hier a mis fin à 48 heures de suspense provoqué par les propos de Michael Ignatieff lors d’une conférence de presse, lundi, pour réagir au rapport d’étape du gouvernement sur les mesures pour relancer l’économie.
Durant cette conférence de presse, le chef libéral avait menacé de voter contre le gouvernement Harper vendredi s’il ne se pliait pas à quatre conditions : dévoiler avant les vacances estivales la réforme qu’il envisageait d’apporter au programme d’assurance emploi, détailler les dépenses réalisées dans les projets d’infrastructures, préciser le plan d’Ottawa pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux et d’indiquer comment le gouvernement comptait rétablir l’équilibre budgétaire.
En point de presse, hier, à l’issue d’une réunion de son caucus, Michael Ignatieff s’est défendu d’avoir accouché d’une souris, après avoir tenu la colline parlementaire en haleine depuis lundi.
« Dans une impasse parlementaire sur la question de réformer l’assurance emploi, nous, le premier ministre et moi, nous avons montré un moyen de débloquer la situation et de trouver des réponses ponctuelles dans le système qui vont aider les travailleurs aussitôt que possible », a déclaré le chef libéral.
Quelques minutes plus tard, Stephen Harper est apparu souriant et détendu devant les journalistes, soulignant qu’il n’avait rien cédé sur la question de l’assurance emploi.
« Ce que je dis maintenant est exactement ce que j’ai dit plus tôt », a fait remarquer le premier ministre au sujet de sa position sur l’assurance emploi.
M. Harper a ensuite mis les libéraux en garde, affirmant que les Canadiens ne voulaient pas d’élections cet été et n’en voudront pas plus à l’automne. « La dernière chose que quiconque devrait faire aujourd’hui est de dire: nous avons une entente maintenant, mais ce que nous allons vraiment faire est de défaire le gouvernement à l’automne. Ce serait insensé de dire cela », a-t-il dit.
En privé, des stratèges libéraux ont néanmoins affirmé qu’ils profiteront de la première occasion, à l’automne, pour mettre fin au règne du gouvernement Harper.

Une belle souris -  André Pratte
Si le comité parvient à un consensus, il ouvrira la voie à une importante réforme de l’assurance emploi.
Stephen Harper et Michael Ignatieff ont trouvé une solution élégante à l’impasse qui menaçait de plonger le pays en campagne électorale au beau milieu de l’été.
Les deux hommes se sont entendus pour créer un comité chargé d’étudier des modifications éventuelles au régime d’assurance emploi. De plus, le chef de l’opposition officielle s’est assuré de pouvoir soumettre le gouvernement à un vote de confiance dès la rentrée parlementaire de l’automne.
Des journalistes ont demandé à M. Ignatieff si la montagne n’avait pas accouché d’une souris. Il est vrai que nous sommes loin du changement majeur et immédiat à l’assurance emploi que réclamait le chef libéral. Une souris, ce groupe de travail ? Admettons au moins qu’il s’agit d’une belle souris.
Cette entente permet d’éviter la tenue d’élections générales le 27 juillet. Des élections à cette date auraient gonflé le cynisme populaire à l’égard de la classe politique, ce qui aurait probablement fait chuter le taux de participation à un plancher record. Il fallait à tout prix éviter ce scénario.
En raison du mauvais souvenir laissé par le leadership de Stéphane Dion, des libéraux voulaient éviter que Michael Ignatieff appuie le gouvernement sans poser de conditions. Le problème c’est que, souhaitant éviter des élections estivales, le PLC a eu bien du mal à concevoir des conditions à la fois crédibles et réalistes. L’idée d’abaisser et d’uniformiser le nombre d’heures de travail requis pour avoir droit à l’assurance emploi est peut-être bonne, mais le gouvernement aurait été irresponsable s’il l’avait conçue précipitamment « sur le dos d’une enveloppe », comme l’a fait valoir le premier ministre.
Le groupe de travail bipartisan mis sur pied par les deux chefs permettra de creuser la question. Quels sont les avantages et désavantages d’uniformiser le seuil d’accès au programme sans tenir compte du taux de chômage dans les différentes régions ? Si un seuil unique était jugé souhaitable, à quel niveau devrait-on le fixer?
Le groupe étudiera aussi le projet, déjà en partie envisagé par le gouvernement, d’étendre l’assurance emploi aux travailleurs autonomes. Bien des gens estiment une telle mesure souhaitable. Cependant, cela exigerait la résolution de difficultés techniques importantes. Par exemple, comment le gouvernement pourrait-il vérifier le nombre d’heures vraiment travaillées par une personne qui n’a pas d’employeur?
Si, par miracle, le comité parvient à un consensus, il ouvrira la voie à la plus importante réforme de l’assurance emploi depuis plus d’une décennie. Ce serait une avancée importante pour le filet social canadien.
Si, au contraire, l’esprit partisan l’emporte, la table sera mise pour des élections générales à l’automne, une saison beaucoup plus propice aux débats politiques.


Une troisième rencontre Harper-Ignatieff ce matin
Élections estivales ?
Des sources ont indiqué que les pourparlers allaient suffisamment bon train pour espérer éviter une collision frontale entre les deux partis.
— Le premier ministre Stephen Harper et le chef du Parti libéral Michael Ignatieff ont eu deux rencontres d’une heure hier afin d’aplanir leurs différends et d’éviter des élections estivales.
Michael Ignatieff demande depuis plusieurs mois d’uniformiser les critères d’admissibilité au programme d’assurance emploi avant l’ajournement des travaux parlementaires de vendredi.
Les pourparlers entre les deux hommes à quelques jours d’un vote crucial mettant en jeu la survie du gouvernement minoritaire conservateur se sont déroulés dans le plus grand secret.
MM. Harper et Ignatieff ont convenu de continuer le dialogue ce matin.
Une première rencontre a eu lieu au bureau du premier ministre situé dans l’immeuble Langevin, en face du parlement, durant la période de questions, en milieu d’après-midi.
La seconde s’est déroulée en soirée à la résidence officielle du premier ministre, située au 24, promenade Sussex, à Ottawa.
Les proches collaborateurs du premier ministre et du chef libéral se sont bornés à dire que les deux tête-à-tête avaient été « productifs ».
« Le premier ministre et le chef de l’opposition Michael Ignatieff ont eu une deuxième rencontre ce soir (hier soir). Ils convenus de se parler à nouveau demain matin (ce matin) », s’est contenté de dire Dimitri Soudas, porte-parole de M. Harper, vers 20h hier.
Stephen Harper avait offert de rencontrer le chef libéral lundi, après que Michael Ignatieff eut évoqué la possibilité de voter contre le gouvernement conservateur à la Chambre des communes lors du vote sur les crédits budgétaires de vendredi si le premier ministre ne se pliait pas à quatre conditions.
Le chef libéral avait pressé M. Harper de dévoiler avant les vacances estivales la réforme qu’il envisage d’apporter au programme d’assurance emploi, de détailler les dépenses réalisées dans les projets d’infrastructures, de préciser son plan pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux et d’indiquer comment le gouvernement compte rétablir l’équilibre budgétaire.
Le sort du gouvernement Harper repose entre les mains des 77 députés libéraux aux Communes, puisque le Bloc québécois et le NPDont affirmé avoir la ferme intention de voter contre les crédits budgétaires. Il s’agit d’un vote de confiance. Une défaite du gouvernement provoquerait un scrutin fédéral le 27 juillet.
Le principal point en litige concerne les améliorations à apporter à l’assurance emploi.
Michael Ignatieff demande depuis plusieurs mois d’uniformiser les critères d’admissibilité au programme avant l’ajournement des travaux parlementaires de vendredi. Le chef libéral souhaite que toute personne ayant accumulé 360 heures de travail puisse obtenir des prestations. À l’heure actuelle, les heures requises varient d’une région à l’autre, selon la vigueur de l’économie.
Les conservateurs ont toujours opposé une fin de non-recevoir à cette proposition, la jugeant trop coûteuse et susceptible d’engendrer des abus. M. Harper a indiqué lundi que la seule réforme qu’il a en tête pour le moment est de permettre aux travailleurs autonomes de cotiser au régime d’assurance emploi pour être admissibles à des prestations en cas de perte d’emploi. Il a précisé que ces changements seraient adoptés au plus tôt à l’automne. Au sujet du déficit, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué devant la commission parlementaire, hier matin, qu’il prévoyait toujours un retour à l’équilibre budgétaire en 2013.
Au moment de mettre sous presse, hier soir, des sources ont indiqué que les pourparlers allaient suffisamment bon train pour espérer éviter une collision frontale entre les deux partis. MM. Harper et Ignatieff devraient présenter le fruit de leurs négociations à leur caucus respectif ce matin.
Projets en péril?
Par ailleurs, durant une période de questions particulièrement survoltée, hier, le président du Conseil du Trésor, Vic Toews, loin de calmer le jeu, a affirmé que les libéraux de Michael Ignatieff mettraient la reprise économique en péril s’ils renversaient le gouvernement minoritaire conservateur.
M. Toews a soutenu que la chute des conservateurs aurait pour effet de paralyser la machine gouvernementale et de retarder le financement de nombreux projets d’infrastructures en pleine saison de la construction. Il a notamment fait valoir que les négociations entre Ottawa et les villes ou les provinces tomberaient au point mort.
« Des milliers de jobs seront en danger si l’opposition libérale vote contre le gouvernement », a affirmé M. Toews.
Le député libéral Denis Coderre l’a accusé de mentir. « Lorsqu’on a voté pour les budgets, on est en mesure de négocier. L’argent, on l’a accepté. Alors, tout ce qu’il dit, c’est faux! Qu’on le dise en anglais ou en français, ce qu’il a dit est faux! » a-til tonné, les yeux rivés sur la caméra de la Chambre des communes.
Plus tôt dans la journée, le Parti libéral avait aussi accusé le premier ministre Stephen Harper d’induire les Canadiens en erreur en prétendant qu’un vote contre les crédits budgétaires empêcherait l’approbation parlementaire de milliards de dollars nécessaires au plan de relance économique du gouvernement.
« La Presse Canadienne a confirmé auprès de responsables du Conseil du Trésor, le 15 juin 2009, que le Parlement avait bel et bien déjà approuvé la dépense de 21,1 milliards de dollars sur les 22,7 milliards prévus pour relancer l’économie. Rien n’empêche ces fonds d’être dépensés pendant une campagne électorale », dit le communiqué de presse.




Ignatieff lance un ultimatum
Les libéraux voteront contre les crédits budgétaires si Harper ne se plie pas à leurs conditions avant vendredi
En privé, des stratèges des deux camps ont laissé entendre hier que des élections étaient inévitables, à moins que l’un des deux protagonistes ne recule avant la fin de la semaine.
— Le premier ministre Stephen Harper affirme qu’il ne veut pas d’élections estivales. Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, soutient la même chose. Mais les deux hommes devront faire d’importants compromis d’ici à vendredi pour éviter un scrutin le 27 juillet.
En privé, des stratèges des deux camps, libéral et conservateur, ont laissé entendre hier que des élections étaient inévitables, à moins que l’un des deux protagonistes, Michael Ignatieff (à l’arrière-plan) ou Stephen Harper, ne recule avant la fin de la semaine.
MM. Harper et Ignatieff doivent se rencontrer aujourd’hui pour tenter de trouver un terrain d’entente sur les réformes à apporter au régime d’assurance emploi et discuter d’un plan pour pallier la pénurie des isotopes médicaux à la suite de la fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River.
Michael Ignatieff souhaite aussi arracher au gouvernement conservateur minoritaire plus de détails au sujet des dépenses réelles réalisées jusqu’ici dans les projets d’infrastructures et obtenir des précisions au sujet du plan d’Ottawa pour rétablir l’équilibre budgétaire.
M. Ignatieff a fait connaître ses exigences en matinée. M. Harper a rétorqué en après-midi que les demandes de son adversaire libéral étaient loin d’être claires et s’est montré peu enclin à y donner suite, en particulier la demande du chef libéral de déposer avant vendredi la réforme à l’assurance emploi envisagée par les conservateurs.
Jeudi dernier, M. Harper a évoqué des changements à l’assurance emploi pour l’automne. Hier, il a précisé que ces changements toucheraient uniquement les travailleurs autonomes.
« Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons faire en une semaine ou deux semaines. Nous avons besoin de l’été pour finaliser nos propositions. Et si M. Ignatieff a des idées à cet égard, nous sommes toujours prêts à les écouter. Mais c’est difficile de répondre à un ultimatum qui n’est pas un ultimatum », a dit M. Harper.
Menace d’élections
Après avoir passé la fin de semaine à étudier le deuxième rapport du gouvernement Harper expliquant les mesures prises pour relancer l’économie canadienne jusqu’ici, le chef libéral a mis les conservateurs en demeure de se plier à ses conditions avant vendredi, à défaut de quoi il compte voter contre les crédits budgétaires aux Communes.
Si M. Ignatieff met sa menace à exécution, le gouvernement Harper sera défait puisqu’il s’agit d’un vote de confiance et que le Bloc québécois et le NPD ont déjà affirmé qu’ils voteront contre.
Les Canadiens seraient alors convoqués aux urnes le 27 juillet, pour le quatrième scrutin fédéral en cinq ans.
En privé, des stratèges des deux camps ont laissé entendre hier que des élections étaient inévitables, à moins que l’un des deux protagonistes ne recule avant la fin de la semaine. La question est donc de savoir qui fera les manoeuvres nécessaires pour éviter une collision frontale entre le gouvernement Harper et les partis de l’opposition.
« Je ne souhaite pas d’élections. Mais faire notre travail veut dire respecter nos principes, a déclaré Michael Ignatieff sur un ton ferme lors de sa conférence de presse, hier matin. La vraie question qui se pose est: est-ce que M. Harper souhaite que le Parlement fonctionne? (…) C’est le choix du premier ministre. (…) S’il veut faire marcher le Parlement, c’est très facile pour lui de répondre de façon positive. Mais il doit savoir que je suis prêt à voter contre. »
Le chef libéral demande depuis plusieurs mois d’uniformiser les critères d’admissibilité à l’assurance emploi au pays. Il souhaite que toute personne ayant accumulé 360heures de travail puisseobtenir des prestations. À l’heure actuelle, les heures requises varient d’une région à l’autre selon la vigueur de l’économie. Les conservateurs ont toujours opposé une fin de nonrecevoir à cette proposition. M. Ignatieff a précisé hier qu’il était prêt à mettre de l’eau dans son vin sur cette question.
Mais dans une conférence de presse en après-midi, M. Harper a affirmé que la seule réforme qu’il a en tête pour le moment est de permettre aux travailleurs autonomes de cotiser au régime d’assurance emploi pour être admissibles à des prestations en cas de perte d’emploi.
M. Ignatieff a aussi exigé que le gouvernement précise quelles sommes ont été dépensées dans son plan de relance économique au cours des 120 derniers jours, et quelles sommes seront dépensées dans les 120 prochains jours.
M. Harper a répliqué que les libéraux empêcheront le gouvernement d’accélérer les dépenses dans les infrastructures s’ils votent contre les crédits budgétaires vendredi.
« Il demande que le gouvernement dépense plus vite. On ne peut pas dépenser plus vite sans l’appui du Parlement vendredi pour dépenser, et c’est la raison pour laquelle j’encourage M. Ignatieff à voter pour les crédits budgétaires », a dit M. Harper.
Le chef libéral a demandé au gouvernement Harper de préciser comment il comptait redresser les finances de l’État. Il y a quelques semaines, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a déclaré que le déficit dépassera les 50 milliards de dollars cette année. À ce sujet, M. Harper a affirmé durant la période de questions que le gouvernement prévoit un retour aux budgets équilibrés en 2013, sans donner plus de détails.
Quant aux isotopes médicaux, Michael Ignatieff exige du gouvernement d’expliciter son plan pour pallier la pénurie à venir. Le réacteur nucléaire de Chalk River, qui fournit près du tiers de ces isotopes nécessaires à la détection du cancer dans le monde entier, a cessé ses opérations il y a quelques semaines. Les professionnels de la santé multiplient depuis les interventions pour mettre en garde contre une crise à l’échelle mondiale.
À ce sujet, Stephen Harper a déclaré que le gouvernement travaille actuellement pour trouver des solutions de rechange à long terme. Assistant à ce jeu de ping-pong entre les conservateurs et les libéraux, le Bloc québécois et le NPD ont réitéré hier leurs intentions de voter contre le gouvernement Harper.
Le chef bloquiste, Gi l les Duceppe, a affirmé qu’il tient à ce que le gouvernement fédéral abolisse le délai de carence de deux semaines avant qu’un travailleur qui a perdu son emploi puisse toucher des prestations d’assurance emploi.


 
DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES ESTIVALES?  Ignatieff réfléchit
OTTAWA— Le chef duParti libéral, Michael Ignatieff, s’accorde une fin de semaine de réflexion avant de déterminer s’il s’alliera ou non au Bloc québécois et au NPD pour défaire le gouvernement de Stephen Harper.
Le chef libéral réfléchit, ce week-end. à la possibilité de s’allier au Bloc québécois et au NPD pour défaire le gouvernement de Stephen Harper, vendredi prochain. S’il décide, à l’instar des deux autres partis d’opposition, que l’heure est venue de mettre fin au règne conservateur, il provoquera le quatrième scrutin fédéral en cinq ans et le deuxième en moins de huit mois.
Le chef libéral est conscient que sa décision sera lourde de conséquences. S’il décide, à l’instar du Bloc québécois et du NPD, que l’heure est venue de mettre fin au règne du gouvernement Harper, il provoquera le quatrième scrutin fédéral en cinq ans et le deuxième en moins de huit mois.
Une défaite des conservateurs à la Chambre des communes, vendredi prochain, entraînerait un scrutin fédéral le 27 juillet, en plein milieu des vacances de la construction.
Le Bloc québécois et le NPD ont affirmé jeudi qu’ils comptaient voter contre le gouvernement conservateur après avoir pris connaissance de la mise à jour économique du premier ministre Harper, à Cambridge, en Ontario. Les deux partis jugent que les mesures prises par le gouvernement sont insuffisantes pour relancer l’économie et soutenir les travailleurs et les entreprises en difficulté.
Jeudi, à Montréal, M. Ignatieff a indiqué qu’il voulait prendre le temps de lire au complet le rapport d’étape de quelque 250 pages produit par le gouvernement avant d’arrêter sa décision.
Le chef libéral passera le weekend dans sa circonscription de la région de Toronto à passer au peigne fin le document, à consulter ses proches collaborateurs et certains membres de son caucus. Il annoncera sa décision lundi.
« La situation est la suivante: nous avons une crise économique, nous avons un déficit exorbitant et nous avons une crise en santé avec la fermeture de la centrale nucléaire de Chalk River. Le gouvernement n’est pas à la hauteur de la situation », a affirmé une source libérale qui a requis l’anonymat.
« Michael Ignatieff est déchiré. Ce gouvernement n’est pas compétent, mais il faut voir si la tenue d’élections aggraverait la situation ou non. Il faut évaluer ce qui est dans l’intérêt des Canadiens dans les circonstances actuelles », a ajouté cette source.
M. Ignatieff juge aussi inacceptable que le gouvernement Harper n’ait pas précisé comment il compte rétablir l’équilibre budgétaire une fois la récession terminée. Dans son rapport d’étape, le gouvernement confirme que le déficit atteindra 50,2 milliards de dollars en 2009-2010, mais il reste muet sur le retour à l’équilibre budgétaire. Pourtant, dans son dernier budget, le ministre des Finances, Jim Flaherty, prévoyait l’élimination du déficit d’ici à 2012-2013. Il prévoyait aussi un déficit de 34 milliards de dollars, qui a été revu à la hausse récemment.
Des stratèges libéraux ont indiqué que Michael Ignatieff prendra sa décision indépendamment du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et de celui du NPD, Jack Layton.
Certains libéraux ont affirmé que, si Michael Ignatieff décide de ne plus appuyer les conservateurs, les autres partis pourraient reculer. « Il pourrait y avoir des députés du Bloc québécois et du NPD qui auraient soudainement envie d’aller au petit coin au moment du vote », a-t-on indiqué.
Il y a actuellement 161 députés de l’opposition et 143 conservateurs à la Chambre des communes. L’absence d’une vingtaine de députés de l’opposition suffirait à assurer la survie du gouvernement minoritaire.
De passage à Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, hier, Stephen Harper a soutenu que la dernière chose dont le pays a besoin à l’heure actuelle est un autre scrutin: « Le gouvernement déploie tous les efforts pour s’assurer que les projets d’infrastructures démarrent au pays. C’est ce que les Canadiens veulent que nous fassions et c’est ce que nous allons continuer à faire. Personne ne veut voir renaître la coalition (entre le Parti libéral, le Bloc et le NPD). Personne ne veut voir les partis se livrer à de petits jeux politiques. Les gens veulent que le gouvernement et tous les partis politiques travaillent ensemble pour relancer l’économie. »
En privé, certains stratèges libéraux continuent de croire que Michael Ignatieff renoncera en bout de piste à l’idée de provoquer des élections estivales.
À l’heure actuelle, il doit composer avec les pressions soutenues qu’exercent plusieurs députés de l’Ontario. qui souhaitent en découdre le plus rapidement possible avec les conservateurs.
L’ancien premier ministre Jean Chrétien presse aussi M. Ignatieff de provoquer la chute du gouvernement Harper.


Renverser Harper? -  Alain Dubuc
Le rapport d’étape fournit-il un bon prétexte pour renverser le gouvernement? Non.
Les bloquistes et les néo-démocrates ont l’intention de voter contre l’adoption des crédits budgétaires la semaine prochaine parce qu’ils trouvent que les efforts de lutte contre la récession décrits dans le rapport d’étape déposé jeudi dernier par les conservateurs sont nettement insuffisants. Michael Ignatieff se donne la fin de semaine pour décider de la marche à suivre et déterminer s’il renversera le premier ministre Harper et s’il provoquera le déclenchement d’élections cet été.
Le chef de l’Opposition a le pouvoir, normalement réservé au premier ministre, de décider du moment des élections.
Évidemment, si le chef libéral choisit d’appuyer les conservateurs, il se le fera vivement reprocher. Dans notre tradition politique, soutenir un gouvernement minoritaire est fort mal vu. Les autres partis d’opposition accuseront le chef libéral d’être un allié objectif des conservateurs. On lui reprochera son manque de courage.
Il serait temps qu’on s’ajuste à la nouvelle réalité. Nous élisons des gouvernements minoritaires à répétition. La pratique voulant que l’opposition officielle vote automatiquement contre le gouvernement et le renverse à la première occasion n’a plus aucun sens. Arrêtons donc de jouer aux vierges offensées.
Dans ce contexte nouveau, le chef de l’opposition a le pouvoir, normalement réservé au premier ministre, de décider du moment des élections. Son choix reposera en très grande partie sur un calcul politique, le potentiel de marquer des points. Mais le succès électoral dépend aussi de l’appétit des citoyens pour des élections. Les forcer à retourner aux urnes après huit mois peut coûter très cher si on n’a pas de raison valable.
Est-ce que le rapport d’étape fournit un bon prétexte pour renverser le gouvernement? La réponse est non. Il faut se souvenir que la publication de ces rapports trimestriels était une condition exigée par les libéraux pour appuyer le budget des conservateurs, qu’ils mettaient ainsi sous surveillance. Eh bien, ce rapport montre que les conservateurs suivent leur plan de match. Il ne serait pas logique que les libéraux rejettent maintenant ce plan qu’ils ont déjà soutenu. D’autant que le ministre Jim Flaherty n’a pas présenté un budget conservateur, mais plutôt une mixture hybride destinée à satisfaire les libéraux et à éviter d’être défaits.
Les bloquistes et les néo-démocrates trouvent bien sûr que les mesures de relance sont insuffisantes. Mais dans les faits, les ressources consacrées à combattre la récession sont importantes, encore davantage parce que le déficit s’est creusé à 50 milliards. L’ampleur de cet effort correspond à ce que les organismes internationaux préconisaient. Le fait que l’économie canadienne soit au bord de la reprise montre en outre que ce degré d’intervention semble approprié.
Ce qu’on peut reprocher aux mesures de relancedugouvernementHarper, c’est quemême si 80% des projets d’infrastructures annoncés ont été amorcés, la vraie mise en marche, sur le terrain, est beaucoup plus lente que prévu. Mais le hasard fait bien les choses. Le retard dans le démarrage des projets peut devenir un avantage. Parce quemême si la récession achève, bien des spécialistes, notamment le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, craignent qu’un relâchement trop rapide des stimuli gouvernementaux ne compromette une reprise anémique. La mise en oeuvre plus tardive des projets permettra ainsi au gouvernement d’accompagner l’économie plus longtemps.
Ce n’est pas sur la lutte contre la récession que le procès du gouvernement conservateur devrait se faire. Contraint d’agir, il a tenu ses promesses, de façon efficace, mais sans imagination et sans vision. C’est plutôt dans l’après-crise que ce manque de vision pèsera lourd, quand il faudra retrouver l’équilibre budgétaire, transformer une économie peu compétitive, faire face aux défis environnementaux. L’enjeu, ce n’est pas ce qui se passe en 2009, mais ce qu’il faudra faire en 2010, en 2011 et au-delà.




Un bel été, M. Ignatieff !  ANDRÉ PRATTE

Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, est en réflexion. Il se demande s’il doit voter pour ou contre le gouvernement Harper vendredi prochain. Si, à l’instar des bloquistes et des néo-démocrates, les libéraux s’opposent aux crédits, le gouvernement tombera et des élections générales auront lieu le 27 juillet. Ce scénario serait néfaste pour l’économie, pour la démocratie et pour le Parti libéral.
On comprend que certains libér au x pia f f ent d’impatience. Les sondages leur donnent quelques points d’avance et le gouvernement Harper est submergé par une pluie de tuiles. Ils craignent aussi, s’ils attendent à l’automne, que l’économie prenne du mieux et que le gouvernement s’en attribue le mérite.
Le seul reproche que peuvent faire les libéraux aux mesures de relance économique annoncées en janvier par le gouvernement, c’est qu’elles ne sont pas mises en place assez rapidement. Les milliards promis pour les infrastructures, notamment, mettent du temps à se rendre sur le terrain. On peut toutefois être certain que les conservateurs font l’impossible pour accélérer les choses ; leur intérêt partisan le dicte. Si, dans beaucoup de cas, les travaux n’ont pas commencé, c’est qu’il y a un travail d’analyse et d’approbation qui ne peut tout simplement pas être escamoté.
Les choses se passeraient-elles plus rapidement si les libéraux étaient au pouvoir? C’est très peu probable. Une chose est sûre: la tenue d’élections générales cet été ne pourra que ralentir le processus. Autrement dit, si Michael Ignatieff veut que les mesures de relance produisent vite des résultats, il ne doit pas forcer la tenue d’un scrutin estival.
Passons aux considérations liées à la santé de la démocratie canadienne. On le sait, le taux de participation aux élections fédérales est à la baisse depuis plusieurs années. Le 14 octobre dernier, ce taux a glissé sous les 60% pour la première fois depuis la Confédération. Si des élections générales ont lieu au beau milieu de l’été – au Québec, en pleines vacances de la construction – il est presque certain que l’intérêt et la pa r t i c i pa t i on seront plus faibles que jamais. Certes, bien des gens aimeraient se débarrasser du gouvernement de Stephen Harper. Faut-il pour cela prendre le risque de gonfler encore le cynisme populaire à l’égard des politiciens?
Enfin, les libéraux doivent voir plus loin que leur nez. M. Ignatieff lui-même l’admet, le renouveau du Parti libéral est loin d’être achevé. Au Québec, on n’entend pas parler de candidatures d’envergure. Le chef libéral suscite la curiosité, c’est certain, mais les Québécois ne le connaissent pas vraiment. Ils ne savent surtout rien de ce qu’il propose comme politique économique, comme politique étrangère, comme politique environnementale. Une formation et un chef mal préparés feraient des cibles faciles. Déçus, les électeurs d’abord attirés par le nouveau chef libéral retourneraient vite au refuge bloquiste.
Des élections le 27 juillet ? Une très mauvaise idée. Passez un bel été, M. Ignatieff!





Les libéraux devraient encore sauver Harper
« Est-ce que la tenue d’une élection contribue à aider le Canada à sortir de la récession? C’est ça, la question clé. »
OTTAWA — À moins d’un revirement de taille, les libéraux de Michael Ignatieff viendront encore une fois à la rescousse du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper la semaine prochaine afin d’éviter la tenue d’élections fédérales cet été.
M. Ignatieff a tout fait sauf confirmer hier qu’il n’avait pas l’intention d’emboîter le pas au Bloc québécois et au NPD en votant contre l’adoption des crédits budgétaires, la semaine prochaine, à la Chambre des communes.
Le Bloc québécois et le NPD ont indiqué hier qu’ils voteront contre l’adoption de ces crédits budgétaires parce qu’ils jugent net tement insuf f isantes les mesures prises par le gouvernement Harper pour relancer l’économie et soutenir les travailleurs et les entreprises en difficulté.
Les deux partis ont fait connaître leurs intentions après que le premier ministre Stephen Harper eut présenté le deuxième rapport d’étape détaillant les mesures adoptées par son gouvernement pour sortir le Canada de la crise économique.
En présentant ce rapport à Cambridge, en Ontario, la province la plus touchée par la crise, M. Harper a dressé un portrait optimiste de la situation, affirmant que les effets de la récession commencent à s’atténuer.
Le premier ministre a aussi soutenu que le plan économique de son gouvernement commence à donner des résultats encourageants, affirmant que près de 80% des fonds prévus dans ce plan ont été engagés et que près de 3000 projets d’infrastructures ont été démarrés d’un bout à l’autre du pays depuis le début de la saison de la construction.
De passage à Montréal, hier, Michael Ignatieff a dit vouloir lire le rapport de 235 pages produit par le gouvernement avant de déterminer si ses troupes donneront leur appui aux conservateurs, la semaine prochaine. Conscient qu’il détient le droit de vie ou de mort sur le gouvernement Harper, le chef libéral a déclaré qu’il doit juger si des élections fédérales maintenant sont dans l’intérêt du pays.
Même s’il se dit « déçu » du bilan économique du gouvernement Harper, « il faut toujours tenir compte des intérêts du pays, des intérêts des citoyens et des contribuables. Ont-ils besoin d’une élection maintenant? Je suis en réflexion. Est-ce que la tenue d’une élection contribue à aider le Canada à sortir de la récession? C’est ça, la question clé », a dit Michael Ignatieff.
« Contrairement au NPD et au Bloc, je suis un homme de jugement mûr, je prends mon temps et je crois que les contribuables s’attendent à cela d’un chef de l’opposition. Je vais regarder le rapport ce soir (hier soir) et nous allons prendre une décision », a-t-il ajouté.
Selon toute vraisemblance, M. Ignatieff rendra son verdict aujourd’hui. Mais des stratèges libéraux interrogés hier soir par La Presse ont dit douter fortement que M. Ignatieff décide de plonger le pays en élections. D’autant plus qu’une campagne électorale – la quatrième depuis 2004 – coûterait 300 millions de dollars et paralyserait la machine gouvernementale pendant près de deux mois. Une campagne électorale dure 36 jours au minimum selon la loi, et il faut entre deux et trois semaines pour qu’un nouveau cabinet s’installe au pouvoir.
Plus tôt en journée, M. Ignatieff a répété ses critiques envers le gouvernement Harper en l’accusant de recycler des annonces. « Je ne fais pas d’accusations vaines. Nous avons dit depuis quelques mois qu’ils annoncent, ils réannoncent et réannoncent les annonces. C’est très difficile de savoir si l’argent pour stimuler l’économie est sorti d’Ottawa oui ou non », a-t-il dit.




Alerte électorale à Ottawa  -  VINCENT MARISSAL
Les conservateurs retournent le fardeau de la preuve et Michael Ignatieff, un politicien peu expérimenté, pourrait se retrouver sur la défensive en campagne électorale, lui qui a déjà indiqué qu’il pourrait être obligé de hausser les impôts.
Àmoins d’un mois de la fin des travaux à la Chambre des communes, la fièvre électorale vient subitement de s’abattre sur le Parti conservateur de Stephen Harper, qui a donné instruction hier à ses organisateurs de passer en mode alerte.
Le lieutenant de M. Harper au Québec, le ministre Christian Paradis, et l’organisatrice en chef, Claude Durand, ont participé hier à des conférences téléphoniques pour demander à toutes les organisations de circonscription de trouver candidat, local électoral et financement au plus vite, en vue d’un déclenchement possible le 23 juin.
Les libéraux, qui ont manifesté leur impatience envers le gouvernement cette semaine, pourraient profiter d’une journée de l’opposition pour tenter de renverser les conservateurs.
Ce scénario s’était quelque peu dégonflé dans les dernières semaines, mais les conservateurs, à l’évidence, préfèrent se préparer au pire.
Le Bloc québécois aussi prépare un grand coup préélectoral. Impossible d’en savoir plus pour le moment, mais le leader parlementaire, Pierre Paquette, rencontrera la presse sur la colline, mardi, pour dévoiler la nouvelle offensive.
Au Bloc, des élections au printemps 2010 demeurent le scénario privilégié, mais Gilles Duceppe n’a évidemment aucun pouvoir sur son adversaire libéral. Ce dernier tôt que tard pour profiter de l’élan détecté dans les sondages. Dans les troupes libérales, toutefois, l’idée d’un scrutin estival est loin de faire l’unanimité.
Une autre raison pousse cependant les libérauxàagir rapidement: au début de l’année prochaine, les conservateurs deviendront majoritaires au Sénat, une perspective extrêmement désagréable pour les rouges, qui perdraient l’avantage numérique pendant des années à la Chambre haute.
On a bien vu cette semaine que les esprits s’échauffent à Ottawa avec, notamment, cette annoncechoc au sujet du déficit anticipé, qui passe de 34 à plus de 50 milliards. Par ailleurs, les trois
À moins que le chef libéral ne cherche qu’à se faire dire non, question de dénoncer l’intransigeance de Stephen Harper.
M. Ignatieff, qui sera à Montréal jeudi pour une grande activité de financement, veut de toute évidence fouetter ses troupes, les mobiliser.
Les conservateurs pourraient aussi voir un avantage à repartir maintenant en campagne électorale. Ce serait en effet le meilleur moyen de forcer le chef libéral à dévoiler son jeu.
Pour le moment, Michael Ignatieff fait son job de chef de l’opposition officielle et se contente de critiquer le gouvernement mais, dès la première heure d’une campourrait jouer le tout pour le tout le 23 juin, de peur de voir les conservateurs le bloquer, à l’automne, en n’accordant une journée de l’opposition que très tard en novembre, ce qui signifierait une campagne électorale pendant les Fêtes.
En cas de vote de confiance le 23 juin, le sort du gouvernement reposera donc vraisemblablement sur le chef du NPD, Jack Layton, qui est en difficulté en ce moment dans les sondages.
À Ottawa, les adversaires des libéraux estiment que Michael Ignatieff serait tenté d’y aller plus partis de l’opposition continuent de demander des modifications au régime d’assurance emploi.
Emporté par l’enthousiasme, Michael Ignatieff a même exigé la démission du ministre des Finances, Jim Flaherty.
Drôle de stratégie. Normalement, l’opposition fait ce genre de demande à un gouvernement majoritaire. Si l’opposition n’a plus confiance en ce gouvernement, ce n’est pas la peine d’exiger le renvoi d’un ministre. Elle peut faire encore plus: congédier le gouvernement. pagne, il devra offrir du concret aux Canadiens.
Les conservateurs ont essayé cette semaine de se dépêtrer des chiffres astronomiques du déficit en renvoyant la balle à M. Ignatieff.
Que fera le chef libéral? ont demandé les conservateurs ? Haussera-t-il les impôts et les taxes?
La manoeuvre est quelque peu grossière, certes, mais c’est de bonne guerre. La question se pose, en effet : que proposera Ignatieff ? Quel est son plan pour retrouver l’équilibre budgétaire ?
Dans les années 90, les libéraux de Jean Chrétien avaient éliminé le déficit en réduisant les transferts aux provinces et en sabrant dans l’assurance emploi, notamment. Répéteront-ils cette recette?
Stephen Harper, lui, affirme que son gouvernement a adopté un plan de lutte contre le déficit basé sur la reprise, sur la vente d’actifs et sur une révision des dépenses de l’État. On n’est pas obligé de le croire, mais il pourrait se lancer en campagne électorale en demandant aux Canadiens d’appuyer son plan plutôt que de risquer des augmentations d’impôts avec les libéraux.
Les conservateurs retournent donc le fardeau de la preuve et Michael Ignatieff, un politicien peu expérimenté, pourrait se retrouver sur la défensive en campagne électorale, lui qui a déjà indiqué qu’il pourrait être obligé de hausser les impôts. Avant de lancer les dés, les quatre partis à Ottawa devront aussi se poser une autre question: à qui profiterait une campagne en juillet? Et le parti qui provoquera la chute du gouvernement en plein été, et en pleine crise de surcroît, risque-t-il d’être puni par l’électorat?
Tout d’un coup, la fin de session s’annonce plus stressante que prévu à Ottawa.



Le retour de la coalition  -  LYSIANNE GAGNON
Michael Ignatieff doit avoir l’impression d’avoir été frappé par un TGV. À peine a-t-il proclamé sur le ton sentencieux requis que « le temps de M. Harper est terminé », que les sondages rendent tous le même verdict: la cote des libéraux chute… et celle des conservateurs remonte!
Est-ce parce que les électeurs renâclent devant la futilité de tenir des élections sans enjeu majeur? Assurément. Parce qu’ils doutent que le nouveau chef libéral, encore très peu connu, soit l’homme de la situation? Peut-être.
Quoi qu’il en soit, jamais n’aura-t-on vu un parti d’opposition renverser un gouvernement à partir d’une position de départ aussi faible. Ce qui montre qu’en politique, si l’on veut jouer les machos et les fanfarons, il faut d’abord en avoir le gabarit.
Malheureusement pour eux, les libéraux se sont acculés au mur et devront foncer dans la tempête en se croisant les doigts, sans pouvoir espérer mieux que de former un gouvernement minoritaire… ce qui en soi serait un tour de force, étant donné que les conservateurs ne sont qu’à 12 sièges de la majorité. La seule bouée de sauvetage des libéraux serait qu’un des deux autres partis accorde sa confiance au gouvernement.
Cela n’arrivera pas. Le Bloc n’a aucune raison de craindre les élections et pourrait mêmeregagner certains des comtés passés aux tories. LeNPD, par contre, serait bien tenté par une alliance ponctuelle avec le gouvernement… mais encore faudrait-il qu’il reçoive quelque chose en échange. Or, M. Harper n’est plus d’humeur aux compromis. Le gouvernement s’apprête même à couper l’herbe sous le pied de ses adversaires en annonçant une réforme de l’assurance emploi, le thème favori des trois partis de l’opposition!
La principale raison pour laquelle M. Harper refusera la main tendue du NPD est que cela contredirait l’un des thèmes majeurs qu’il a déjà préparés pour la campagne, soit le spectre du retour de la fameuse « coalition appuyée par les socialistes et les séparatistes » advenant l’élection d’un gouvernement minoritaire. Comment pourrait-il s’allier, même ponctuellement, avec des adversaires qu’il s’apprête à diaboliser?
Tous les indices montrent que telle sera la carte maîtresse de M. Harper: donnez-moi une majorité, ou vous risquez de vous retrouver avec la coalition que vous abhorriez l’an dernier!
L’initiative pourra lui faire perdre des voix au Québec, où cette idée était populaire, mais les tories ont plus ou moins fait une croix sur la province. Dans les coulisses du PCC, on envisage déjà la possibilité de perdre quatre ou cinq circonscriptions sur les 10 que les conservateurs ont réussi à rescaper l’an dernier.
Ce dont ils ont surtout besoin, cette fois-ci, c’est de rallier leur base militante et de mobiliser les indécis. Et pour ce faire, ils utiliseront le spectre de la coalition dont la perspective faisait frémir tout le Canada anglais l’an dernier. Un argument qui portera, d’autant plus que la reconstitution d’une coalition constitue un scénario plausible.
Certes, M. Ignatieff y était fort réticent l’an dernier et avait signé de mauvais gré le document scellant l’alliance du trio. Mais advenant un troisième gouvernement conservateur minoritaire, et dans la foulée d’une campagne qui s’annonce féroce, les pressions en ce sens seront fortes, et le chef libéral pourrait bien y céder car sa réserve de l’an dernier s’expliquait en partie par sa crainte qu’une fois « premier ministre » de la coalition, Stéphane Dion s’incruste dans son poste de leader.
Or, de nouveau placée devant une coalition qui revendiquerait le pouvoir, la gouverneure générale pourrait bien se résoudre, cette fois, à accepter qu’elle forme le gouvernement, pour éviter une cinquième élection consécutive.




Les Québécois appuient l’idée d’un gouvernement minoritaire  -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Les Québécois ne détestent pas avoir un gouvernement minoritaire à Ottawa, même si cela amène son lot d’instabilité, de psychodrames et d’élections à répétition.
De tous les Canadiens, les Québécois sont ceux qui aiment le plus l’idée d’un gouvernement minoritaire, révèle un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse. Selon ce sondage, 29,7% des Québécois ont une bonne impression du travail accompli par les trois gouvernements minoritaires élus depuis 2004.
À cet égard, les Québécois se distinguent des autres Canadiens. Seulement 17,5% des Ontariens ont une bonne impression des gouvernements minoritaires, alors que le taux de satisfaction tombe à 15,4% dans les provinces atlantiques, à 13% en Colombie-Britannique et à 11% dans les Prairies. À l’échelle du pays, l’appui à l’idée d’un gouvernement minoritaire s’élève à 18,5%.
À l’inverse, 14,6% des Québécois interrogés ont exprimé une opinion négative au sujet des gouvernements minoritaires, soit un chiffre comparable à la moyenne nationale (15,9%).
Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, les résultats au Québec démontrent que les électeurs québécois aiment voir le gouvernement fédéral composer avec les exigences du Bloc québécois pour rester en vie.
« Les résultats au Québec sont influencés par les partisans du Bloc, qui sont vraisemblablement plus susceptibles de préférer un gouvernement minoritaire à Ottawa afin d’obtenir plus de concessions », a souligné M. Nanos.
« Mais ces résultats révèlent aussi la situation dans laquelle sont les leaders des partis fédéralistes. StephenHarpern’aplus la cote auprès des Québécois. C’est le pourcentage de Québécois qui ont une bonne impression du travail accompli par les trois gouvernements minoritaires élus depuis 2004. Michael Ignatieff demeure une énigme. Jack Layton peut jouir d’une certaine sympathie, mais l’appui au NPD continue de fluctuer », a-t-il ajouté.
Durant les entrevues, la firme Nanos a demandé à ceux qui apprécient les gouvernements minoritaires d’expliquer pourquoi, mais sans suggérer de réponses. Une majorité (54,8%) des Canadiens qui ont une impression favorable ont dit que cela force les différents partis politiques à collaborer à la Chambre des communes.
Selon certaines informations qui ont circulé cette semaine, les conservateurs de Stephen Harper entendent réclamer un mandat majoritaire si des élections ont lieu cet automne. Au dernier scrutin, les conservateurs avaient évité d’évoquer l’idée d’une majorité aux Communes, afin de ne pas effaroucher certains électeurs, comme ce fut le cas en 2004.
Selon des informations obtenues par La Presse, Stephen Harper a déclaré à son caucus, en juin, qu’il ferait campagne pour obtenir une majorité afin d’assurer une stabilité en ces temps de crise économique.
« Il demanderaauxCanadiens d’élire un gouvernement majoritaire conservateur. Il fera valoir que l’autre option, c’est une coalition Parti libéral-NPD soutenue par le Bloc, et cela serait néfaste pour l’économie et l’unité canadienne », a soutenu une source conservatrice sous le couvert de l’anonymat.
Selon cette source, Stephen Harper, élu depuis 2006, a démontré qu’il est un premier ministre compétent et que les épouvantails du passé ne fonctionneront plus pendant la prochaine campagne.
Selon Nik Nanos, toutefois, cela comporte des risques. « Cette nouvelle stratégie demande aux Canadiens d’examiner plus à fond les conservateurs. Une démarche risquée car l’attention portera moins sur Michael Ignatieff et les libéraux. Et dans un contexte où les deux partis sont à égalité dans les sondages, tout peut arriver le jour du vote », a-t-il dit.




MAJORITAIRE OU MINORITAIRE?  Le Québec a le dernier mot - Joël-Denis Bellavance

« Aussi longtemps qu’il y a aura un Bloc québécois fort, les chances d’élire un gouvernement minoritaire demeureront élevées. »
— Il y a cinq ans aujourd’hui, les Canadiens élisaient le premier gouvernement minoritaire en 25 ans. Et si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, les Canadiens éliraient un autre gouvernement minoritaire – libéral ou conservateur –, selon les derniers sondages.
Il s’agirait alors du quatrième gouvernement minoritaire de suite, un record dans l’histoire du pays. Les partis politiques qui rêvent aujourd’hui d’obtenir une majorité des sièges à la Chambre des communes devront vraisemblablement continuer… à en rêver pour le moment.
Si aucun observateur n’ose prédi re combien de temps durera l’instabilité à Ottawa, plusieurs s’entendent pour dire qu’un gouvernement minoritaire aux Communes sera la norme tant que le Bloc québécois demeurera une force politique imposante au Québec.
« Aussi longtemps qu’il y a aura un Bloc québécois fort, les chances d’élire un gouvernement minoritaire demeureront élevées », affirme Goldy Hyder, un stratège conservateur influent. « Et il y a aussi le Parti vert qui commence à prendre des forces et à s’approprier une partie de la tarte », ajoute-t-il. d’affaires publiques internationales à l’Université d’Ottawa
« Tout dépendra des succès du Bloc québécois à l’avenir. Si un des deux partis fédéralistes réussit à séduire assez d’électeurs qui ont appuyé le Bloc depuis 1993, il pourrait former un gouvernement majoritaire. Mais pour l’heure, le Bloc reste une entité très forte au Québec francophone », ajoute-t-il.
« Pour les deux grands partis politiques – le Parti libéral et le Parti conservateur –, la possibilité de former un gouvernement majoritaire à court terme est très faible. Nous sommes un peu dans un cul-de-sac », soutient Robert Asselin, directeur associé de l’École supérieure
Depuis sa création, le Bloc québécois a toujours remporté la majorité des 75 sièges que compte le Québec aux Communes. Jean Chrétien a réussi à former un gouvernement majoritaire aux élections de 1993, de 1997 et de 2000 malgré la présence du Bloc québécois. Mais le petit gars de Shawinigan pouvait miser sur une division du vote entre deux partis de la droite – le Parti réformiste (qui est devenu l’Alliance canadienne en 2000) et le Parti progressiste-conservateur.
Grâce à cette division, le Parti libéral a pu balayer l’Ontario à trois reprises, remportant la presque totalité de la centaine de sièges que compte cette province aux Communes. Mais cet avantage a vite disparu dès que l’Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur ont uni leurs forces sous une seule bannière, le Parti conservateur, en 2003. Et à partir de 2004, l’ère des gouvernements minoritaires a commencé.
Selon l’ancien député bloquiste Richard Marceau, les partis fédéralistes doivent faire un sérieux examen de conscience avant de blâmer le Bloc québécois pour l’instabilité politique à Ottawa.
« Même si on ne sent pas l’option souverainiste en pleine effervescence, il n’en demeure pas moins que cela fait six fois de suite que l’on envoie une majorité de députés du Bloc à la Chambre des communes. Cela veut dire que le message que les Québécois envoient depuis 1993 n’a pas encore été entendu. Les Québécois ne veulent peut-être pas de la souveraineté à l’heure actuelle, mais ils ne se satisfont pas du statu quo non plus », a f f i r me Richa rd Ma rceau, député de Charlesbourg de 1997 à 2006.
Selon lui, pour sortir de l’ère des gouvernements minoritaires, il faudra un effondrement du Bloc au Québec ou un changement de la culture politique au pays qui donnera naissance à des gouvernements de coalition.
Historiquement, les gouvernements minoritaires ont réussi à accomplir de grandes choses. Lester B. Pearson était à la tête d’un gouvernement minoritaire lorsqu’il a créé le système universel de soins de santé ou encore le régime de pensions. Il avait alors l’appui du NPD.
Si certains espéraient obtenir des résultats comparables des gouvernements minoritaires élus depuis 2004, ils ont vite déchanté.
« Le consensus au Canada était que les gouvernements minoritaires pouvaient réaliser de grandes choses. Mais aujourd’hui, on ne peut en di re auta nt. Les gouvernements minoritaires sont devenus des problèmes. Il y a trop de partisanerie et trop d’instabilité. Il est ainsi difficile de s’attaquer à des gros défis » , affirme Scott Reid, ancien directeur des communications de l’ex-premier ministre Paul Martin.
Selon M. Reid, un gouvernement minoritaire aura beaucoup de difficulté à s’attaquer à la lourde tâche d’éliminer le déficit, qui dépassera les 50 milliards de dollars en 20092010. « Dans le passé, les partis politiques étaient contraints de travailler ensemble dans un Parlement minoritaire. Mais les cinq dernières années ont démontré que les partis politiques sont constamment en état d’alerte pour parti r en élections. »
Le st ratège Goldy Hyder croit aussi qu’un gouvernement minoritaire est problématique à l’heure actuelle en ces temps de crise économique. Et les électeurs pourraient être tentés par un retour à la stabilité politique en élisant un gouvernement majoritaire.
L e s ondeu r Ni k Na no s affirme que l’instabilité qu’entraîne un gouvernement minoritaire pourrait même devenir un enjeu d’une campagne électorale. « Les électeurs pourraient se lasser des gouvernements minoritaires, surtout en cette période de ralentissement économique. Les gens voient les choses différemment quand il y a des batailles politiques aux Communes dans le contexte économique actuel. »


LA MUTATION POLITIQUE DE  HARPER SE POURSUIT - Joël-Denis Bellavance
Les sessions parlementaires, tant à Ottawa qu’à Québec, ont été mouvementées depuis la reprise des travaux, l’hiver dernier. Les crises et les controverses ont été nombreuses. C’est maintenant l’heure des bilans, en attendant la reprise des hostilités, l’
Les députés conservateurs et leurs adversaires libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont bombé le torse cette semaine devant les caméras alors qu’on évoquait la possibilité d’élections en juillet. Tous se disaient prêts à l’éventualité d’une campagne électorale si le gouvernement Harper était défait aujourd’hui à l’occasion du vote de confiance sur les crédits budgétaires.
Stephen Harper a l’air de moins en moins dogmatique et de plus en plus à l’écoute.
Mais en privé, les députés de toutes les allégeances ont poussé un soupir de soulagement mercredi en apprenant que le premier ministre Stephen Harper et le chef libéral Michael Ignatieff avaient réussi à dénouer la crise qui risquait de plonger le pays en campagne électorale pour la quatrième fois en cinq ans. D’autant plus que les Canadiens, presque unanimement, ne voulaient pas d’élections.
L’entente entre les deux chefs est loin d’être révolutionnaire – la création d’un comité bipartisan pour étudier les réformes à apporter au programme de l’assurance emploi et l’octroi d’une journée de l’opposition au Parti libéral deux jours après le dépôt du rapport dudit comité le 28 septembre –, mais elle permet de clore une session parlementaire riche en rebondissements.
Elle impose également une trêve de trois mois entre les différents protagonistes avant la reprise des hostilités à la mi-septembre. Ces hostilités déboucheront vraisemblablement sur des élections en novembre, les libéraux n’ayant pas caché leur intention de déposer une motion de censure envers le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la première occasion à l’automne.
Fin de la lune de miel
Devenu chef du Parti libéral sans effusion de sang, en décembre, Michael Ignatieff a réussi à redonner à ses troupes l’espoir qu’elles reprendront bientôt le pouvoir. Sous sa direction, le Parti libéral a réussi à effacer rapidement la dette de quelque deux millions de dollars de la dernière campagne électorale. Les troupes sont aussi plus unies que jamais et les donateurs se font plus nombreux et plus généreux.
Mieux encore, le Parti libéral détient depuis trois mois une légère avance sur le Parti conservateur dans les intentions de vote à l’échelle nationale, ce qui ne s’était pas vu depuis le début de la campagne électorale de 2005-2006.
Mais s’il a surfé sur une vague de sympathie depuis janvier, Michael Ignatieff a vu sa longue lune de miel prendre fin de manière abrupte cette semaine. En brandissant la menace de renverser le gouvernement Harper lundi s’il ne se pliait pas à quatre conditions d’ici vendredi – une réforme de l’assurance emploi, un plan pour pallier la pénurie d’isotopes médicaux, un plan pour rétablir l’équilibre budgétaire et une description exhaustive des dépenses réalisées par Ottawa pour relancer l’économie – le chef libéral a voulu jouer au matamore pour éviter les comparaisons avec son prédécesseur, Stéphane Dion.
Mais il a vite battu en retraite le même jour en accordant des entrevues aux principaux réseaux de télévision du pays. Et il a pris la première porte de sortie offerte par Stephen Harper – une rencontre au sommet pour discuter du programme de l’assurance emploi – pour s’extirper de son piège après que le premier ministre eut décrit les conditions du chef libéral d’imprécises. Au bout du compte, il n’a pas obtenu des concessions du gouvernement sur ses demandes. Cette stratégie du chef libéral a été tournée en ridicule non seulement par le NPD et le Bloc québécois, mais aussi par la majorité des observateurs de la scène politique.
« Auparavant, nous avions le professeur Dion. Maintenant nous avons le professeur Ignatieff », a lancé le commentateur politique Jean Lapierre, ancien ministre des Transports dans le gouvernement libéral de Paul Martin.
« Michael Ignatieff a semé un gros doute au sujet de son jugement politique dans la tête des plusieurs libéraux cette semaine en agissant comme il l’a fait », a affirmé un libéral influent sous le couvert de l’anonymat.
Le chef libéral – qui n’hésite pas à critiquer les failles du gouvernement Harper, mais tarde à expliciter ce qu’il ferait de différent s’il était aux commandes à Ottawa – aura besoin de l’été pour se ressaisir avant la bataille électorale attendue à l’automne.
Note encourageante
Pour les conservateurs, cette session souvent acrimonieuse se termine sur une note encourageante. Aux yeux de certains d’entre eux, Stephen Harper a continué la mutation politique qu’il a entreprise en décembre après avoir vu son gouvernement minoritaire frôler la mort à la fin de 2008.
En négociant un accord sans faire de véritables concessions sur le fond, Stephen Harper a voulu mettre en évidence des qualités qui lui ont fait défaut l’an dernier. Décrit comme un homme dogmatique et intransigeant durant la crise parlementaire de novembre dernier, le premier ministre a fait preuve de retenue dans ses
discussions avec Michael Ignatieff.
Michael Ignatieff devra dissiper les doutes qu’il a semés cette semaine sur son jugement politique.
« Durant la crise parlementaire de novembre, M. Harper est passé pour un homme intransigeant. Nous venions d’être élus. Nous sommes un gouvernement minoritaire, mais nous n’avons pas agi comme un gouvernement minoritaire en respectant les autres partis l’an dernier. Mais cette semaine, il est apparu comme un homme conciliant prêt à collaborer. En tenant trois rencontres, avec M. Ignatieff, il a démontré qu’il sait écouter. Et grâce à lui, nous n’avons pas d’élections, comme le souhaitent les Canadiens », a affirmé une source conservatrice.
Le gouvernement Harper a entrepris la session parlementaire le 26 janvier sur les genoux après avoir évité de peu une défaite humiliante aux Communes aux mains d’une coalition formée du Parti libéral et du NPD et soutenue par le Bloc québécois. Cette coalition, menée par Stéphane Dion, a vu le jour après la tentative des conservateurs de supprimer les subventions aux partis politiques en lors de leur mise à jour économique teintée de rose. Cette coalition était aussi soudée par le désir de voir des mesures robustes pour relancer l’économie canadienne malmenée par la crise mondiale.
Le gouvernement Harper a donc entrepris une spectaculaire métamorphose. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, qui prédisait un léger surplus pour les quatre prochaines années dans sa mise à jour économique, a ouvert le robinet tout grand lorsqu’il a déposé son budget le 27 janvier. Les surplus sont devenus des déficits imposants – 34 milliards de dollars en 2009-2010, disait-il à ce moment-là, une somme qui a été revue à la hausse en mai à 50 milliards. Des milliards de dollars pour financer des projets d’infrastructures dans l’espoir de relancer rapidement l’économie et soutenir les entreprises et les travailleurs en difficulté.
En déposant un budget jugé « l ibéral » , le gouvernement Harper s’est assuré d’obtenir l’appui des libéraux de Michael Ignatieff, un geste qui a fait éclater de manière définitive la coalition entre PLC, le NPD et le Bloc.
Mais ce faisant, Stephen Harper a dû renoncer à ses principes les plus chers – l’intervention minimaliste de l’État dans l’économie, l’équilibre budgétaire à tout prix, entre autres choses – pour assurer la survie de son gouvernement minoritaire.
Nouvelle cible
Durant la dernière session, le Bloc québécois a continué ses attaques contre le gouvernement Harper sur plusieurs dossiers, notamment le programme d’assurance emploi et l’aide au secteur forestier jugée insuffisante.
Mais les troupes souverainistes de Gilles Duceppe ont été contraintes de modi f ier leur cible. L’effondrement des appuis au Parti conservateur au Québec et la montée du Parti libéral font en sorte que leur principal adversaire est désormais Michael Ignatieff dans la province. Le NPD tente pour sa part de tirer son épingle du jeu dans une joute politique qui ne l’avantage pas depuis le changement de garde au Parti libéral.
Les Canadiens ne voulaient pas d’élections en juillet. Soit. Mais tous les partis politiques devront tester leurs slogans et leur machine électorale durant les mois d’été afin de se préparer à la vraie bataille attendue à l’automne.



VERS UN ASSOUPLISSEMENT DES CLAUSES PROTECTIONNISTES?  -  Hugo de GrandPré
WASHINGTON — Barack Obama a mis un terme à sa première rencontre avec Stephen Harper à la Maison-Blanche, hier, en laissant planer l’espoir de s’entendre avec les Canadiens dans un certain nombre de dossiers, dont celui des clauses protectionnistes du Buy American Act.
Barack Obama a reçu Stephen Harper pour la première fois dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.
Dans le célèbre bu reau Ovale, les deux hommes ont discuté pendant environ une heure – près de 20 minutes de plus que prévu. Ils ont abordé plusieurs sujets, dont l’Afghanistan, l’Iran, l’environnement, l’économie et le prochain sommet du G20.
Aux yeux de l’entourage du premier ministre, l’un des progrès les plus importants réalisés durant la réunion s’est fait sur le front de la lutte contre le protectionnisme de Washington. Le gouvernement Harper tente en effet de neutraliser les clauses protectionnistes qui bloquent l’accès des entreprises canadiennes aux importantes retombées économiques du plan de relance américain.
Les deux pays examinent actuellement une proposition du ministre du Commerce international, Stockwell Day, dans laquelle le Canada offre notamment aux sociétés américaines un accès garanti aux contrats d’approvisionnement du Canada en contrepartie d’une exemption des clauses du Buy American Act.
Les deux chefs, accompagnés de ministres et de secrétaires, dont la secrétaire d’État Hillary Clinton, ont discuté des solutions possibles à cet égard.
« I l semble qu ’i l y a it des moyens de négocier de manière bilatérale, mais aussi de manière multilatérale », a déclaré le président au terme de la rencontre.
« Selon ma compréhension, a-t-il ajouté, les gouvernements provinciaux du Canada ne sont pas signataires de l’Organisation mondiale de commerce. Des contrats d’approvisionnement qui seraient antérieurs à ces ententes Buy American, ça pourrait être une solution. »
Le premier ministre canadien a semblé fort heureux de l’entendre. « Nous en avons discuté, a-t-il dit. Et nous donnerons (aux négociateurs) davantage de directives quant au type de solutions qu’ils pourraient examiner. »
Entente pour la LNH
Sur une note plus légère, le premier ministre a tenu à préciser, deux fois plutôt qu’une, qu’une entente était imminente dans le dossier des avions nolisés de la Ligue nationale de hockey.
À cause de nouvelles restrictions aux arrêts multiples de ces types de vols, les équipes canadiennes pourraient avoir de la difficulté à disputer deux parties en deux soirs aux États-Unis, par exemple.
« Nous avons un genre d’accord de principe et nous travaillerons à finaliser cela dans les prochains jours », a déclaré Stephen Harper.
Manifestations
Com me on pouva it s ’y attendre, le passage du premier ministre canadien a été marqué par quelques manifestations, contre les sables bitumineux et la chasse au phoque, entre autres. La police a même arrêté trois manifestants de l’organisation PETA qui bloquaient la circulation devant l’ambassade canadienne, vêtus de costumes de phoque striés de peinture couleur sang.
Ces incidents, plutôt mineurs, pourraientsereproduiredemain, lorsque le premier ministre rencontrera des membres du Congrès, dont la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Selon l’entourage de M. Harper, il devrait aborder là encore le dossier des clauses protectionnistes.
Évaluation de la mission
Parmi les autres sujets abordés hier, le président Obama a rappelé qu’il souhaitait réévaluer la mission américaine en Afghanistan. Il envisage mener de vastes consultations à ce sujet auprès de la société civile et militaire ainsi qu’auprès des alliés des États-Unis.
Des voix s’élèvent au sein de la Défense américaine pour augmenter le nombre de militaires déployés là-bas. Mardi, devant un comité du Congrès, le plus haut officier américain, l’amiral Mike Mullen, a plaidé en faveur de 2000 à 4000 soldats supplémentaires.
Mais le président a réitéré hier qu’il ne pouvait s’engager dans cette voie avant d’avoir mené sa consultation.
Il n’a par ailleurs pas fait allusion à la possibilité de dema nder au Ca nada de contribuer à cette augmentation des troupes.
Le Canada doit mettre un terme à sa mission de combat en Afghanistan en 2011, une volonté que Stephen Harper a réaffirmée lors de son point de presse dans le Bureau ovale.
« Je ne suis pas inquiet de ce qui va se passer après 2011, a déclaré Barack Obama. Je veux m’assurer, compte tenu des engagements qui ont déjà été pris et qui se poursuivent, que la présence canadienne puisse être adaptée à un besoin cohérent et qu’elle atteigne nos objectifs. »
Il a indiqué qu’un de ces objectifs est de vaincre les talibans et que l’un des moyens d’y arriver est d’entraîner les forces de sécurité afghanes.

« Aucun progrès », critique Ignatieff
  -  Malorie Beauchemin
OTTAWA — La relation entre le Canada et les États-Unis ne cesse de se « détériorer » depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs, et la rencontre d’hier entre le premier ministre Stephen Harper et le président américain Barack Obama l’a démontré une fois de plus, a accusé hier le chef de l’opposition officielle, Michael Ignatieff.
Le premier ministre Stephen Harper a discuté durant environ une heure avec le président américain Barack Obama, hier. Au nombre des sujets abordés, les clauses protectionnistes du Buy American Act, l’économie, l’environnement et l’Afghanistan.
« Prétendre que la résolution d’un différend sur les vols aériens des équipes de la ligue nationale de hockey est une percée significative, ça démontre à quel point la relation s’est détériorée dans les quatre dernières années », a déploré le chef libéral, tournant en dérision l’annonce faite par M . Ha rper, à l’issue de la rencontre, qu’une entente de pr i nc ipe ét a it i nter venue pour permettre aux équipes canadiennes de hockey de se déplacer sans problème à bord d’avions nolisés aux ÉtatsUnis, malgré de nouvelles restrictions.
« On ne voit aucun résultat, aucun progrès », a ajouté M. Ignatieff, qui s’est offusqué d’entendre le premier ministre qualifier d’« irritant mineur » la clause Buy American Act, qui privera les entreprises canadiennes de lucratifs contrats.
« C ’est 8 6 0 millia rds de marché aux États-Unis qui ne sont maintenant plus accessibles pour les manufacturiers canadiens. C’est l’avenir de notre économie et le premier ministre Harper ne l’a pas compris », a déploré le chef libéral.
Au moment où l’Europe abat les barrières au commerce, le Canada doit être plus agressif dans sa lutte contre le protectionnisme américain, estime-t-il.
Interrogé en chambre, le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a défendu les actions de son gouvernement et a assuré que le premier ministre Harper soulevait les craintes suscitées par le protectionnisme américain à chaque rencontre avec le président Obama.
L e chef du N P D, Jack Layton, a pour sa part réclamé des précisions qua nt à la position prise par le premier ministre Harper sur la question de l’Afghanistan au cours de son entretien avec le président Obama.
« Ce sera important, à son retou r à la C ha mbre des communes, qu’il dise exactement au x Ca nad iens ce dont il a été question dans cet te d isc u ssion et qu’i l réitère sa volonté d’honorer la promesse de retirer les troupes en 2011 », a souligné M. Layton. Le N PD craint que les États-Unis ne demandent au Canada de maintenir sa présence militaire en Afghanistan au-delà de l’engagement prévu.

CONCURRENCE MÉDIATIQUE
  -  Alexandre Sirois
Les Américains qui ne lisent que les manchettes ne sauront probablement jamais que Barack Obama a accueilli Stephen Harper hier à la MaisonBlanche. Traditionnellement, la visite d’un premier ministre canadien à Washington est un événement scruté à la loupe par les médias au Canada. Mais les grands médias américains n’en font que rarement leurs choux gras. « Le Canada est un pays important. Mais il représente un dixième de la taille des États-Unis et il est moins peuplé que la Californie. Il y a de nombreux leaders étrangers qui passent à Washington et Stephen Harper est l’un d’eux », explique le directeur de l’Institut canadien du Woodrow Wilson International Center à Washington, David Biette. Il faut aussi dire que Stephen Harper avait de la concurrence, hier. Peu de temps après l’avoir accueilli dans le bureau Ovale, Barack Obama a reçu l’ex-secrétaire d’État Colin Powell et l’actuel secrétaire à la Défense, Robert Gates. Et le Tout-Washington, pendant ce temps, n’en avait que pour les propos de l’ex-président Jimmy Carter, qui juge Barack Obama victime de racisme.



Une rencontre à saveur économique  -  Hugo de GrandPré
Le Canada refusera toute discussion portant sur une éventuelle prolongation de la mission en Afghanistan
OTTAWA— L’économie et le dialogue sur l’énergie propre seront au coeur des discussions entre Barack Obama et Stephen Harper demain à Washington. Mais si le président américain aborde la question de la présence canadienne en Afghanistan, le premier ministre n’hésitera pas à lui rappeler que le Canada est ferme dans sa volonté de mettre fin à sa mission de combat en 2011.
C’est ce que le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas, a indiqué hier lors d’une séance d’information portant sur la première visite du premier ministre canadien dans la capitale américaine depuis l’élection du président Obama.
La rencontre entre les deux chefs d’État aura lieu aux alentours de 10h30 demain, et doit durer une heure.
À sa première visite à Washington, en 2006, M. Harper s’était vu offrir le traitement royal en passant une nuit dans la résidence officielle des invités de la Maison-Blanche et en rencontrant le vice-président d’alors, Dick Cheney.
Ce n’est pas le cas cette fois-ci. M. Soudas a néanmoins insisté sur la bonne entente entre les deux leaders. « Le premier ministre a hâte à cette visite, a déclaré le directeur adjoint des communications. Il a une relation chaleureuse avec le président et il veut bâtir là-dessus. »
Au terme d’un tête-àtête qui ne devrait durer que quelques minutes, les deux chefs d’État seront rejoints par leurs proches collaborateurs pour une rencontre bilatérale. Stephen Harper sera accompagné de son ambassadeur sortant , Michael Wilson, et de trois de ses ministres : Lawrence Cannon, des Affaires étrangère s , Jim P rent ice, de l’Environnement, et Peter Van Loan, de la Sécurité publique.
Le premier ministre profitera également de son passage pour rencontrer, jeudi, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et un groupe de sénateurs.
Des retombées au Canada
M. Soudas a déclaré hier que le gros de ces rencontres portera sur l’économie et que son patron réitérera la vive opposition du Canada face aux mesures protectionnistes américaines. Il a indiqué que son patron était encouragé par le fait que tant le gouvernement Harper que l’administration Obama ont récemment nommé des négociateurs dans le dossier. Le Canada souhaite notamment que ses entreprises aient accès aux retombées du plan de relance économique américain.
Une autre question épineuse qui pour rait fa i re surface est celle de l’Afghani s t a n. L e s Ét a t s - Uni s souhaitent que le Canada poursuive sa mission audelà de 2011 et le communiqué de presse diffusé par la Maison-Blanche en prévision de la rencontre plaçait ce sujet parmi la liste de ceux qui pourraient être discutés par les deux hommes, tandis que celui diffusé par le bureau du premier ministre en faisait abstraction.
Mais cela ne change rien à la position du gouvernement, a affirmé M. Soudas. « La position du Canada est claire », a-t-il martelé.
« La composante militaire de la mission se termine en 2011. Après 2011, le Canada va regarder les autres contributions qu’il peut amener, que ce soit par de la reconstruction, du développement, de l ’ aide, des ressources d’entraînement. »
Stephen Harper terminera son voyage en passant par New York, jeudi, où il prononcera en soirée un discours devant le Conseil des affaires canadiennes-américaines et la Canadian Association of New York.

Présidents et premiers ministres : Qui se ressemble s’assemble ?  -  Mathieu Perrault
Dans l’histoire : personnalité et idéologie sont déterminantes
Stephen Harper et George W. Bush étaient tous deux conservateurs. Mais leurs personnalités bien différentes rendaient leurs relations plus compliquées. Paradoxalement , le premier ministre canadien pourrait bien forger des liens plus étroits avec Barack Obama.
En mai 1998, la connivence entre Bill Clinton et Jean Chrétien était à son apogée. Pendant la tenue duG8 en Angleterre, les deux hommes s’étaient amusés à enjamber une balustrade du château deWeston Park, histoire de pouvoir se parler en toute quiétude dans ce décor enchanteur.
C’est du moins l ’a nalyse de Charles Doran, historien à l’Université Johns Hopkins à Baltimore, qui étudie les relations canado-américaines depuis plus de 40 ans. Les temps sont mûrs pour un rapprochement: même si l’idéologie du président américain est éloignée de celle de M. Harper, ils ont tous deux un esprit analytique.
« La première chose dont Barack Obama va parler à M. Harper, c’est la clause Buy American du plan de stimulus fiscal, dit M. Doran. Ensuite, il parlera de l’Afghanistan. M. Harper est très bien placé pour expliquer les intérêts canadiens à M. Obama, qui a besoin de son appui en Afghanistan et au prochain sommet du G8. »
Personnalité, idéologie, mais aussi les aléas de la politique ont marqué les relations entre les présidents américains et les premiers ministres canadiens. Charles Doran a puisé dans sa mémoire pour tracer quelques portraits de ces relations.
Jean Chrétien – George W. Bush
« L’idéologie n’explique pas vraiment la froideur de leurs relations. Le grand problème, c’est que la décision canadienne de ne pas aller en Irak a été décrite dans les médias comme un pied de nez aux États-Unis. »
Jean Chrétien – Bill Clinton
« Chrétien a été énormément reconnaissant à Clinton d’avoir fait, avant le référendum de 1995, un vibrant plaidoyer en faveur d’un Canada uni et de la poursuite des négociations plutôt que de la séparation. »
Brian Mulroney – Ronald Reagan
« Les deux avaient le même sens des relations publiques. Les visites de Mulroney à Washington ont été les plus fastueuses et les plus spectaculaires de tous les premiers ministres canadiens. »
Pierre Elliott Trudeau – Richard Nixon
« L’idéologie aurait dû les séparer, notamment au niveau de la politique étrangère, mais leur pragmatisme leur a permis de continuer à travailler ensemble à un moment où les intérêts économiques canadiens et américains s’écartaient de plus en plus, à cause de l’inflation et de l’abandon du lien du dollar avec l’or. »
Lester B. Pearson – Lyndon B. Johnson
« Johnson n’a jamais pardonné à Pearson d’avoir publiquement condamné la guerre au Vietnam. »
John Diefenbaker – John F. Kennedy

« Pour des raisons de politique interne, Diefenbaker a fait traîner en longueur les négociations sur l’installation de missiles nucléaires au Canada, au grand déplaisir de Kennedy. De plus, Diefenbaker était un populiste des Prairies qui n’était pas à l’aise dans les relations personnelles, à l’opposé de Kennedy, qui privilégiait le pragmatisme à l’art oratoire de Diefenbaker. »


Harper et Obama : Pas de santé au menu  -  Hugo de GrandPré
OTTAWA — Stephen Harper ne profitera pas de sa première visite à la Maison-Blanche, mercredi prochain, pour discuter du système de santé canadien, pourtant passablement mis à mal dans les débats qui font rage au sud de la frontière.
« Le premier ministre n’a pas l’intention de s’ingérer dans les débats politiques d’un autre pays », a affirmé Dimitri Soudas, porte-parole de Stephen Harper, quelques jours avant la visite du premier ministre à Washington.
Le premier ministre canadien rendra sa toute première visite au président américain Barack Obama, la semaine prochaine, visite au cours de laquelle les deux hommes doivent discuter d’économie, d’environnement et du sommet du G20 qui se tiendra à Pittsburgh la semaine suivante.
Un porte-parole du premier ministre a toutefois précisé à La Presse que son patron n’abordera pas la question de la santé, même si les partis de l’opposition à Ottawa l’accusent depuis quelques jours de ne pas se porter à la défense de cette « fierté » de la société canadienne.
« Le premier ministre n’a pas l’intention de s’ingérer dans les débats politiques d’un autre pays », a tranché le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas.
Le projet de Barack Obama pour réformer l’assurance santé place le Canada sous les feux de la rampe depuis quelques semaines aux ÉtatsUnis. Plusieurs se servent de problèmes vécus dans le système canadien pour dissuader le président d’aller de l’avant avec cette promesse électorale.
Une publ icité télévisée payée par le groupe conservateur Americans for Prosperity Foundation a même relaté l’expérience d’une Canadienne, Shona Holmes, qui affirme avoir dû faire soigner une tumeur cancéreuse en Arizona pour éviter de mourir en attendant au nord de la frontière.
Mais cela ne convaincra pas Stephen Harper de mettre son pied à terre, a indiqué M. Soudas. « Le Canada est fier de son système de santé, a-t-il toutefois précisé. Le système canadien fonctionne relativement bien. M. Harper et sa famille en sont des usagers et ils estiment qu’ils sont bien servis. »
Ingérence ?
La politologue de l’Université McGill Antonia Maioni croit qu’il s’agit là d’une sage décision de la part du premier ministre. « M. Harper n’a pas d’affaire à se mêler de ces questions, a-t-elle tranché. On peut être pour ou contre le système canadien, mais ce n’est pas vraiment de nos affaires. C’est une question de politique intérieure très importante pour les États-Unis et on ne devrait pas faire de l’ingérence. »
Selon cette observatrice de la scène fédérale, cette première rencontre HarperObama à Washington revêt une importance différente pour les deux chefs d’État. Pour le premier ministre canadien, le moment est bien choisi pour se faire prendre en photo avec le populaire président américain, à quelques semaines, voire quelques jours du possible déclenchement des élections.
Au sein du gouvernement Harper, cependant, on affirme qu’il n’en est rien. « Ce n’est pas un objectif d’image politique, a indiqué une source gouvernementale qui a exigé l’anonymat. Cela dit, Harper et Obama se sont rencontrés six ou sept fois depuis l’élection d’Obama et leur relation de confiance et de travail est assez bien établie jusqu’ici. »
La professeure Maioni croit par ailleurs que Barack Obama profitera du moment pour reformuler certains souhaits à Stephen Harper, comme le maintien d’une présence militaire canadienne en Afghanistan après 2011.
« Je crois aussi qu’il va essayer de préparer le terrain avant la réunion des chefs du G20 à Pittsburgh, pour s’assurer qu’il aura le soutien de M. Harper sur certains enjeux », a-t-elle dit.


AU MENU : DROGUE, GRIPPE ET HONDURAS
États-Unis, Canada et Mexique vont continuer à lutter ensemble contre les cartels de la drogue et la grippe A (H1N1), mais aussi pour la reprise économique et le retour de Manuel Zelaya à la présidence du Honduras, ont annoncé hier les dirigeants des trois pays. « Le président Zelaya demeure le président démocratiquement élu » au Honduras, a réaffirmé le président américain Barack Obama. Le président mexicain Felipe Calderon et le premier ministre canadien Stephen Harper ont confirmé cette volonté de « rétablir une gouvernance démocratique au Honduras ». Les trois partenaires ont réaffirmé leur soutien au projet d’accord proposé par le médiateur, le président costaricien Oscar Arias. Son plan prévoit le retour de M. Zelaya à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Contre les cartels de la drogue, les trois pays entendent renforcer leur coopération car ils représentent « un défi commun », a souligné M. Harper. Les cartels mexicains qui inondent le marché américain, premier client mondial de la cocaïne, et auxquels on impute près de 10 000 crimes au Mexique depuis janvier 2008, ont en effet commencé à essaimer au Canada. Les trois pays sont également unanimes face à la conjoncture économique internationale, soulignant que des signes de reprise ont été signalés aux États-Unis. Ils comptent sur le prochain sommet du G20qui réunira les principaux pays développés et émergents à la fin du mois de septembre à Pittsburgh pour « proposer des mesures mondiales efficaces face à la crise ».

Le président américain Barack Obama a signé des autographes, hier, à Guadalajara, après une séance photo officielle aux côtés du premier ministre canadien Stephen Harper et du président mexicain Felipe Calderon.




Premier sommet nord-américain pour Obama
— Le président américain Barack Obama est arrivé hier à Guadalajara, au Mexique, pour son premier sommet nord-américain, où il est très attendu sur les dossiers de la reprise économique, de la lutte contre les cartels de la drogue ou de la crise au Honduras.
Les États-Unis j ouent un rôle majeur pour leurs deux partenaires au sommet de l’Association pour la sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord ( ASPAN), le président du Mexique, Felipe Calderon, et le premier ministre Stephen Harper, également arrivé hier à Guadalajara.
M. Obama a évoqué des signes de reprise économique aux ÉtatsUnis, basés sur des chiffres du chômage qui permettent d’espérer que le pire de la récession est passé.
Pour le Mexique et le Canada, l’ef fet d’entraînement serait direct, de la même façon que l’importance de leurs liens économiques et commerciaux avec Washington les avait précipités dans la crise née aux États-Unis fin 2008.
L’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA), qui lie les trois partenaires depuis 15 ans, est sur la sellette. Des manifestants en ont demandé la renégociation hier matin à Guadalajara, à quelques heures du sommet.
Ils ont réclamé aussi la régularisation des quelque 6 millions de Mexicains en situation irrégulière aux États-Unis – la moitié de la communauté mexicaine dans le pays. La manifestation s’est déroulée sans incident, dans une ville où plus de 2000 policiers et militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité du sommet.
Mexico et Washington ont à régler un contentieux commercialo-douanier : Mexico a répondu par des taxes sur des produits américains à la limitation du droit des transporteurs routiers mexicains à travailler aux États-Unis.
Mexico et Ottawa ont un problème de visas depuis le mois dernier, quand le Canada a décidé de filtrer l’entrée des Mexicains.
Le trafic de drogue, préoccupation majeure pour Mexico et Washington, le devient aussi pour le Canada, où les cartels mexicains viennent s’installer.
Mexico compte sur Obama pour confirmer son aide dans le cadre de l’initiative de Merida, plan antidrogue américain qui prévoit une aide de 1,4 milliard de dollars au Mexique en trois ans. Le Mexique demande aussi un durcissement des contrôles sur le trafic d’armes en provenance des États-Unis.
Le Canada a annoncé peu avant le sommet qu’il allait accroître son aide au Mexique en ce domaine, dans le cadre d’un programme régional qui atteindra « jusqu’à 15 millions de dollars par an ». Ottawa formera également des policiers mexicains.
M. Obama soutient que M. Zelaya est « le président légitime » du Honduras. Mais selon le président déchu et ses alliés de la gauche latino-américaine, à commencer par le président vénézuélien Hugo Chavez, le coup d’État a été encouragé par des « faucons » proches de l’ancienne administration américaine.
La grippe porcine sera elle aussi à l’ordre du jour, avec la perspective d’une nouvelle offensive en fin d’année. Le Mexique en a été le foyer mondial en avrilmai, avec à ce jour 149 morts, mais les États-Unis comptent le plus de morts au monde, 353, pour 64 au Canada.




Une rencontre à trois -  Malorie Beauchemin
Les provinces ne prennent qui s’annonce mouvementée aucun engagement pour réduire
leurs émissions  
— Crise économique, protectionnisme, imposition de visas, grippe A (H1N1), changementsclimatiques; la rencontreentre le premierministre StephenHarper, le président américain Barack Obama et son homologue mexicainFelipeCalderon, quis’amorcedemain, s’annonce mouvementée.
Les chefs d’État et de gouvernement se rencontreront à Guadalajara, au Mexique, pour le cinquième Sommet des leaders nord-américains.
L’imposition, par le Canada, de visas aux voyageurs mexicains risque d’accaparer une partie des discussions bilatérales entre le président Calderon et le premier ministre Harper.
La nouvelle politique, qui ne date que de juillet dernier, a soulevé la grogne au Mexique. Mais elle était motivée, du côté canadien, par le fait que les demandes de statut de réfugié en provenance du Mexique ont presque triplé depuis 2005.
« Je n’anticipe pas la suppression des visas pendant ce sommet, a dit hier le porte-parole du premier ministre Harper, Dimitri Soudas. Le système canadien qui traite les dossiers de réfugiés est surchargé par le nombre croissant de demandes chaque année. Ce qui est important, c’est de préserver l’intégrité du système canadien d’immigration. » Le nombre de demandes d’asile a en effet chuté considérablement depuis l’imposition des visas. Il y a eu 17 demandes depuis le 16 juillet, contre 225 dans les deux semaines qui avaient précédé la décision du Canada, a expliqué M. Soudas. L’ambassade à Mexico a délivré 15 000 visas depuis le 1er juillet, et pour la capitale mexicaine, le taux d’acceptation est de 90%, a-t-il ajouté.
À l’instar de tous les sommets multilatéraux, les questions économiques seront à l’ordre du jour, en cette période difficile. Le premier ministre Harper a fait de la lutte contre le protectionnisme son cheval de bataille, et il ne manquera certes pas l’occasion de rappeler au président Obama à quel point les économies canadiennes et américaines sont interdépendantes.
Les leaders profiteront aussi de cette rencontre pour renforcer leur collaboration dans la lutte contre le virus H1N1, qui a pris naissance au Mexique, à l’approche de la saison de la grippe.
Le Canada a, depuis le début de la crise, travaillé étroitement avec ses deux partenaires pour contenir le plus possible la propagation. L’identification du virus a même été réalisée dans un laboratoire de Winnipeg.
La sécurité aux frontières et la lutte contre les changements climatiques devront aussi être abordées. Le Canada souhaite que les trois pays nord-américains adoptent des politiques environnementales compatibles.
Harper au Panama
À l’issue du Sommet des leaders nordaméricains, le premier ministre Harper fera un saut rapide au Panama, pour encourager les négociations avec le Canada en vue de signer un accord de libre-échange avec ce petit pays d’Amérique centrale. M. Harper s’entretiendra notamment avec le président Martín Torrijos.
« Le Panama est une petite, mais très forte économie, qui a une des croissances les plus appréciables de l’Amérique latine », a souligné M. Soudas.
Ce sera la première fois qu’un premier ministre canadien se rend en visite officielle au Panama. Les ministres Peter Van Loan (Sécurité publique) et Peter Kent (responsable des Amériques) accompagneront M. Harper dans son périple latino-américain.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur a mis l’accent sur la négociation de traités de libre-échange avec les pays du continent américain. Actuellement, une vingtaine de pays participent à des discussions avec le Canada ou ont déjà conclu des ententes, comme l’accord avec le Pérou, qui est entré en vigueur le mois dernier.
— Les provinces n’ont défini aucune nouvelle cible de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), hier, en prévision de la conférence de Copenhague en décembre.
Les premiers ministres, réunis pour la rencontre annuelle du Conseil de la fédération, n’ont pas non plus formulé de message clair à l’intention du gouvernement fédéral quant à la position que le Canada devra défendre au cours de cette conférence des Nations unies, au cours de laquelle les pays devront s’engager à définir leurs objectifs de réduction de GES à compter de 2012.
Marquée surtout par les questions d’ordre économique, la rencontre de trois jours leur aura permis de faire le point sur une foule de sujets d’intérêt commun, qu’il s’agisse des changements climatiques, du commerce intérieur ou de la lutte contre le protectionnisme américain, mais sans prendre d’engagements précis.
À propos des changements climatiques, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, qui présidait la rencontre, a indiqué que chaque province faisait les choses à sa façon et définissait ses propres objectifs.

Harper invité à Washington le 16 septembre -  Malorie Beauchemin
OTTAWA— Lepremierministre StephenHarper se rendra à Washington le 16 septembre prochain pour une « séance de travail » avec le président américain Barack Obama.
Il s’agira seulement de la deuxième rencontre bilatérale entre les deux hommes, sept mois après la visite du président Obama à Ottawa en février dernier. Les deux leaders se sont toutefois croisés à de nombreuses reprises depuis, lors de rencontres internationales, notamment au G20 à Londres, au sommet des Amériques, lors des cérémonies commémorant le débarquement de Normandie, ainsi qu’au G8, en Italie, au mois de juillet.
La rencontre prévue pour septembre a d’abord été annoncée par la MaisonBlanche, puis confirmée par l’attaché de presse du premier ministre canadien, Dimitri Soudas, lors d’un point de presse sur le prochain voyage au Mexique de M. Harper.
Le premier ministre et le président discuteront notamment d’économie, avec la possibilité d’une reprise et à l’approche du sommet du G20, qui se tiendra les 24 et 25 septembre à Pittsburgh.
La question des échanges commerciaux ne manquera pas d’être soulevée. La clause dite « Buy America » sera vraisemblablement au coeur des discussions, le Canada craignant que des mesures soient prises pour favoriser des entreprises américaines, au détriment des compagnies canadiennes, dans l’octroi de contrats pour des projets de construction prévus dans le plan de relance de l’administration Obama.
Lutte contre le protectionnisme
« Dans la lutte contre le protectionnisme, le Canada a été un leader sur la question. C’est particul ièrement important dans ces temps difficiles, a dit le porte-parole du premier ministre. L’administration américaine actuelle a publiquement envoyé les mêmes signaux », a-t-il toutefois ajouté.
Les premiers ministres des provinces et territoires, réunis jeudi et hier en Conseil de la fédération à Regina, se sont eux aussi inquiétés des velléités protectionnistes de leurs voisins du Sud.
L’environnement fera aussi partie des sujets de discussion, a annoncé la MaisonBlanche, en prévision de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu en décembre, à Copenhague, au Danemark. Lors de leur dernière rencontre bilatérale, en février, MM. Harper et Obama avaient convenu de la mise sur pied d’une initiative conjointe pour favoriser l’énergie verte.
La sécurité à la frontière et la guerre en Afghanistan devraient aussi être à l’ordre du jour de cette rencontre, la première du premier ministre Harper à Washington depuis l’élection du président Obama.


GaryDoer, deWinnipegàWashington -  Joël-Denis Bellavance
OTTAWA — Le premier ministre Stephen Harper a causé une autre surprise hier en confiant à l’ancien premier ministre néodémocrate du Manitoba, Gary Doer, le poste d’ambassadeur du Canada à Washington.
L’opposition s’est ralliée à la nomination de Gary Doer (au centre) au poste d’ambassadeur du Canada aux États-Unis.
M. Doer, âgé de 61 ans, était le doyen des premiers ministres provinciaux jusqu’à l’annonce de son retrait, jeudi, à Winnipeg. Il remplacera Michael Wilson, l’ancien ministre des Finances du cabinet Mulroney, qui avait été nommé ambassadeur en mars 2006.
Homme af fable reconnu pour son pragmatisme et son sens de la diplomatie, M. Doer aura du pain sur la planche à son entrée en fonction. La montée du protectionnisme aux États-Unis, la nouvelle pol it ique amér ica i ne en matière de lutte contre les changements climatiques et le ralentissement à la frontière canado-américaine sont autant de dossiers qui dominent les relations entre les deux pays.
Ma i s Stephen Ha r per estime que M. Doer, qui a été à la tête du Manitoba pendant 10 ans et qui jouissait encore d’une grande popularité dans sa province, est l’homme tout désigné pour faire progresser ces dossiers importants.
Cette nomination a causé une surprise au sein de la classe pol it ique. Mais M. Harper entretenait des relations très étroites avec M. Doer même si les deux hommes n’appartiennent pas à la même famille politique. « De tous les premiers ministres provinciaux, M. Doer est celui avec qui M. Harper s’entendait le mieux au pays », a-ton expliqué à La Presse.
Devant les journalistes, hier, M. Harper a affirmé que M. Doer « a toujours préconisé des bonnes relations avec les États-Unis ». « Nous avons hâte de vous voir à Washington », a affirmé le premier ministre, qui doit faire une visite officielle à la Maison-Blanche le 16 septembre af in d’y rencontrer le président des États-Unis.
Dans un communiqué de presse diffusé en journée, M. Harper a aussi affirmé: « J’ai toujours apprécié le style franc et direct du premier ministre Doer, de même que ses efforts inlassables pour créer des partenariats constructifs avec ses homologues. Il possède la bonne combinaison d’expérience, de leadership et de diplomatie afin de servir à titre de prochain ambassadeur du Canada aux États-Unis. »
Pour sa part, M. Doer a affirmé que le poste d’ambassadeur à Washington, le plus important de la diplomatie canadienne, représente « un défi très, très important ».
En point de presse, il a ajouté que « c’est un honneur quand on se fait demander de servir son pays ».
Diversité politique
M. Doer a dit ne voir aucun inconvénient à représenter un gouvernement conservateur à Washington. « Je suis très impressionné que le premier ministre ait décidé de nommer quelqu’un qui ne fait pas partie de sa famille politique. Je crois aussi qu’en tant que premier ministre d’une province, nous devons représenter tous les citoyens de notre province. Le premier ministre représente aussi tous les Canadiens quand il rencontre le président des États-Unis », a affirmé M. Doer.
Il a aussi donné en exemple la décision du président Obama, un démocrate, de nommer le gouverneur de l’Utah, Jon Huntsman, un républicain, au poste d’ambassadeur des États-Unis en Chine.
En tant que premier ministre du Manitoba, M. Doer a participé à plusieurs rencontres avec des gouverneurs des États américains de l’Ouest. Il entretient notamment de bonnes relations avec le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger.
Le Parti libéral et le NPD ont salué cette nomination. « Je connais le premier ministre Doer depuis 30 ans et je ne peux penser à personne d’autre de mieux qualifié pour le poste », a affirmé Bob Rae, le critique libéral aux affaires étrangères et ancien premier ministre néo-démocrate de l’Ontario.
Le chef du NPD fédéral, Jack Layton, a soutenu que M. Doer est un homme respecté par tous les partis politiques et il s’est dit ravi de sa nomination. « Nous, au NPD, sommes honorés qu’un de nos chefs les plus efficaces ait choisi de jouer ce rôle si important au nom de tous les Canadiens. »
Mais pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, cette nomination est un coup dur pour le NPD de Jack Layton. « Ça va surprendre Jack Layton de voir M. Doer défendre un certain nombre de politiques qui sont l’apanage du gouvernement Harper », at-il fait valoir.
Le premier ministre Jean Charest, qui a côtoyé M. Doer durant les réunions du Conseil de la fédération et lors des conférences fédérales-provinciales, s’est aussi dit satisfait de cette annonce. « J’ai eu l’occasion de travailler avec Gary de très près dans plusieurs dossiers bilatéraux avec les États-Unis. Sa nomination est une bonne nouvelle pour le Québec », a-t-il dit.




Une motion du Bloc appuyée à l’unanimité
Compensation au Québec pour l’harmonisation des taxes
— Le ministre des Finances, Jim Flaherty, veut enterrer la hache de guerre entre Ottawa et Québec sur la demande du gouvernement Charest d’obtenir une compensation pour avoir harmonisé la TVQ à la TPS.
M. Flaherty a annoncé hier avoi r discuté de ce dossier avec son homologue québécois Raymond Bachand et a précisé qu’Ottawa et Québec avaient entrepris des négociations pour régler ce différend.
Le ministre a fait cette annonce quelques minutes après que les conservateurs de Stephen Harper eurent, contre toute attente, voté en faveur d’une motion déposée par le Bloc québécois invitant Ottawa à négocier de bonne foi une entente avec Québec dans ce dossier et à verser à la province une compensation financière de 2,6 milliards de dollars.
Cette motion stipule aussi que le Québec doit continuer à percevoir les deux taxes à la consommation, comme il le fait depuis 1992, et remettre à Ottawa les recettes de la TPS.
La motion a donc été adoptée à l’unanimité à la Chambre des communes, les députés libéraux et néo-démocrates appuyant aussi la proposition du Bloc québécois.
En coulisse, toutefois, les conservateurs ont tenté de convaincre, en vain, le Bloc de retirer toute allusion à la somme qui devrait être versée au Québec en guise de compensation et de ne pas spécifier que le Québec devrait continuer à percevoir les deux taxes.
Si les conservateurs de Stephen Harper se disent prêts à négocier de bonne foi, ils refusent d’être liés par la motion sur le montant de la compensation ou l’ordre de gouvernement qui devrait percevoir les taxes.
« Les négociations n’ont pas lieu avec le Bloc. Les négociations ont lieu entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada », a affirmé le ministre Flaherty après le vote sur la motion. « Nous avons voté en faveur de la motion parce que nous sommes favorables au principe de l’harmonisation des taxes. (…) Si le gouvernement du Québec veut vraiment harmoniser les deux taxes, cela va aider à créer des emplois », a ajouté le grand argentier du pays.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s’est dit surpris des propos du ministre Flaherty, soulignant que la motion que le gouvernement a appuyée est très limpide.
« Franchement là, j’ai déjà vu plus cohérent que ça. Mais le fait est qu’un vote c’est un vote. Le vote est clair. La motion est claire. Les mots sont là. Les chiffres sont là. Puis ils ont appuyé, puis c’est unanime. Ils vont devoir respecter le vote qui a été pris ici », a dit M. Duceppe.




La coalition aurait « profondément divisé » le Canada, dit Ignatieff
« Je ne pouvais pas garantir aux électeurs la stabilité politique de la coalition. »
Michael Ignatieff a tourné le dos à l’idée de former une coalition pour renverser les conservateurs de peur de « diviser profondément le Canada ».
Michael Ignatieff était de passage hier à Montréal pour lire des extraits de son dernier livre, Terre de nos aïeux, dans lequel il raconte l’histoire de ses ancêtres maternels.
De passage à Montréal, le chef du Parti libéral est revenu sur les raisons qui ont motivé sa décision de ne pas s’unir avec le Bloc Québécois et le NPD pour défaire le gouvernement conservateur, l’hiver dernier.
Il a insisté sur le fait que ce ménage à trois avait été évoqué au lendemain d’un scrutin où le Parti libéral venait d’encaisser l’un des pires résultats de son histoire. « Il y avait des questions dans le pays sur la légitimité de la coalition qui me troublaient. J’ai senti qu’on ne pourrait pas éviter les attaques que nous aurions en un certain sens volé le pouvoir, a-t-il déclaré hier au théâtre duGesù, où quelque 200 personnes étaient venues l’entendre lire des extraits de son dernier livre, Terre de nos aïeux, dans lequel il raconte l’histoire de ses ancêtres maternels.
« Je suis en politique pour unifier les gens, pas pour les diviser, a-t-il répété. La coalition aurait profondément, profondément et durablement divisé le pays. »
Michael Ignatieff a aussi eu des doutes sur la solidité de la coalition à long terme. « Je ne pouvais pas garantir aux électeurs la stabilité politique de la coalition, nécessaire en temps de crise. »
Fini les commandites ?
Lors d’un bref point de presse, Michael Ignatieff s’est par la suite de nouveau prononcé pour une réforme des critères d’admissibilité aux prestations d’assurance emploi « aussitôt que possible, vu l’ampleur de la crise de l’emploi ».
Mais il n’est pas allé jusqu’à affirmer qu’il pourrait y avoir des élections cet été si le gouvernement Harper rejette sa demande. « Je ne veux pas faire des menaces publiques (de faire tomber le gouvernement) avec ce dossier-là. Ce qui compte, c’est les résultats pour les contribuables », a-t-il indiqué.
Porté par deux récents sondages confirmant la progression des appuis au PLC depuis les dernières élections générales, Michael Ignatieff croit d’ailleurs que les Québécois sont en train de tourner la page sur le scandale des commandites. Le dossier, dit-il, n’est plus au coeur de leurs préoccupations. « Je n’entends presque jamais les mots scandale des commandites quand je suis au Québec. »
 
COALITION À OTTAWA : Ignatieff renie sa propre signature, selon le NPDet le Bloc
OTTAWA— Les récents propos de Michael Ignatieff sur la coalition de décembre dernier ont créé un certain malaise dans les troupes libérales, hier, en plus de donner des munitions à ses adversaires, qui n’ont pas manqué d’attaquer le chef du PLC.
Dimanche, de passage à Montréal, M. Ignatieff a estimé que la coalition entre son parti et le NPD de Jack Layton, appuyée par le Bloc, n’aurait pas eu la légitimité voulue pour gouverner le Canada advenant que les conservateurs de Stephen Harper soient renversés. La coalition aurait « profondément divisé » le pays, selon lui.
Or, le chef nouvellement couronné avait apposé sa signature, à l’instar de tous les députés libéraux, au bas d’une pétition envoyée à la gouverneure générale – et qui se trouve toujours sur le site internet du PLC –, présentant la coalition comme l’« alternative viable » au gouvernement.
Pour les deux partenaires de la coalition, la volte-face du chef libéral démontre que sa signature n’a que peu de valeur.
« Moi, je me fie toujours à la signature de quelqu’un, a dit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Quand on signe, ou bien on dit ‘‘j’ai changé d’idée’’, ce qu’il n’a pas dit, ou bien on salit la signature. Or, il peut difficilement reprocher au gouvernement d’avoir trahi certaines signatures si lui-même n’est pas capable de respecter la sienne. »
Le leader bloquiste reproche au chef libéral de « naviguer au gré des impressions », et estime que la coalition était « absolument un geste démocratique ».
Dimanche, M. Ignatieff a affirmé que l’arrivée au pouvoir de la coalition aurait pu donner aux Canadiens l’impression que l’opposition avait volé le pouvoir. Le chef libéral de l’époque, Stéphane Dion, s’était allié au NPD et au Bloc dans le but avoué de renverser le gouvernement conservateur, estimant qu’il échouait à stimuler l’économie en crise. Des sondages avaient démontré que l’idée d’un gouvernement de coalition PLC-NPD était vue favorablement au Québec, mais pas dans l’Ouest canadien.
« I l a signé le document appuyant la création de la coalition. Peut-être a-t-il oublié les raisons pour lesquelles il l’a fait à l’époque, a critiqué le chef néodémocrate, Jack Layton. Est-ce que la signature de M. Ignatieff a une valeur, oui ou non ? Je laisse aux gens le soin de décider eux-mêmes. »
Les conservateurs n’ont pas non plus manqué l’occasion de remettre en question la crédibilité de M. Ignatieff. « Le chef libéral a renié en fin de semaine l’histoire récente de son parti », a lancé en chambre la députée conservatrice de Beauport-Limoilou, Sylvie Boucher.
Chez les libéraux, des députés interrogés à la sortie de la période des questions semblaient plutôt mal à l’aise, hier. « Je pense qu’il a signé, en tant que membre du parti, quand M. Dion était le chef et, après cela, il est devenu chef et, après beaucoup de consultation, il a dit que, selon lui, ce n’était pas la meilleure chose pour le Canada », a expliqué le critique libéral en finances, John McCallum.
Le lieutenant de M. Ignatieff pour le Québec, Denis Coderre, a affirmé que son chef avait agi « par solidarité » avec M. Dion, au moment de signer la pétition pour la coalition, mais qu’il est « tout à fait correct » qu’il donne maintenant son point de vue.
Selon le député d’HonoréMercier, Pablo Rodriguez, les propos du chef libéral n’ont rien d’une volte-face, mais témoignent plutôt du malaise que la coalition avait fait naître dans la population. « Ce que M. Ignatieff dit, c’est que c’était un débat qui était délicat, qu’il y avait beaucoup de Canadiens qui n’étaient pas confortables avec cette situationlà », a estimé M. Rodriguez.



Grand guignol à Ottawa - ALAIN DUBUC

Décidément, il y a des moments où le commentaire politique ressemble au journalisme sportif, quand les analyses les plus savantes et les pronostics en apparence béton résistent mal à l’épreuve des faits.
Il y a une semaine à peine, le déclenchement d’élections fédérales à l’automne était tenu pour une quasicertitude. Mais le Bloc québécois et le NPD, dans un revirement que personne n’avait vu venir, ont décidé de soutenir les conservateurs et ont ainsi rendu caduque la menace des libéraux de renverser le gouvernement Harper.
Si la politique est si imprévisible, c’est peut-être parce qu’elle ressemble au sport. Reste à savoir lequel. On pensera bien sûr au hockey, notre sport national. Ou à la boxe, à cause de son caractère pugilistique. Je pense plutôt à la lutte, plus proche du grand guignol. Et plus précisément à la lutte à quatre, avec son côté désordre, où les coups peuvent venir de partout, comme dans ce Parlement où chacun des quatre partis peut tout faire dérailler.
Le côté cirque est plus présent que d’habitude parce que les gouvernements sont minoritaires, avec les revirements, les coups de théâtre et la politicaillerie que cela engendre. Ce qui pourrait être évité en partie si nos institutions, nos moeurs politiques et nos traditions journalistiques s’étaient adaptées à la situation.
Tout le débat politique, depuis des semaines, repose sur une prémisse fausse. Dans notre tradition, l’opposition est là pour s’opposer. Si un parti de l’opposition vote en faveur d’une mesure gouvernementale, sauf dans des cas exceptionnels, on dira qu’il appuie le gouvernement, s’en fait le complice, qu’il trahit ses valeurs, ou bien qu’il n’a pas de courage.
Une logique dont la faille est évidente. Si tous les partis de l’opposition se «tenaient debout», nous aurions de trois à quatre élections générales par année, parce que les gouvernements minoritaires tomberaient au premier vote important.
Mais nous sommes entre deux chaises. On n’aime pas les gouvernements minoritaires, mais on ne veut pas d’élections. On en voudra au parti qui nous précipitera en campagne électorale tout en lui reprochant de ne pas le faire.
Et il en sera ainsi tant qu’on n’acceptera pas l’idée qu’il est parfaitement normal, et même souhaitable, que des partis de l’opposition votent du côté du gouvernement, pour éviter l’instabilité politique de scrutins à répétition. Il faudrait aussi accepter le fait qu’il est naturel qu’un parti ne provoque pas d’élections quand cela pourrait lui nuire. Cela n’a rien de déshonorant. Mais aucun politicien n’a le droit de dire les choses comme elles sont.
Cette semaine, les quatre chefs, sans exception, ont pataugé dans les contradictions. Stephen Harper, après avoir raillé l’alliance des libéraux avec les «séparatistes» et les «socialistes», doit sa survie aux mêmes lépreux. Jack Layton, qui faisait ses gorges chaudes des 69 fois où les libéraux ont appuyé le gouvernement, multiplie les entrechats pour expliquer pourquoi il fait maintenant la même chose. Gilles Duceppe appuie le gouvernement après avoir récemment accusé libéraux et conservateurs d’être du pareil au même. Et Michael Ignatieff, après avoir longtemps soutenu le gouvernement, fait maintenant la leçon aux autres partis de l’opposition qui ne font que l’imiter.
Curieusement, c’est M. Ignatieff, dont le projet a pourtant été déjoué, qui pourrait être le grand gagnant. Dans une position intenable, forcé d’éviter «l’effet Dion», il a fait le pari de renverser le gouvernement Harper, même si les sondages ne lui étaient pas très favorables. Il profite maintenant du meilleur des deux mondes, en présentant l’image d’une opposition ferme, sans courir le risque d’une campagne électorale.
Mais le résultat, ce sont de doubles discours qui sonnent faux. Et qui ne font que nourrir le cynisme face à la politique.



Peut-on seulement rêver d'un Obama canadien?
selon le journaliste John Ibbitson
, La politique canadienne est fermée aux outsiders,
À quand un Barack Obama canadien? Mission impossible, répond le journaliste John Ibbitson, reporter du Globe and Mail. Dans son livre Open& Shut, il affirme que le système politique américain est beaucoup plus ouvert que le canadien, plus prudent et consensuel. Cela a permis selon lui l’élection du premier président noir de l’histoire des États-Unis. Son livre est un coup de gueule dans lequel il égratigne non seulement les politiciens canadiens, mais aussi le Québec et Montréal. Il estime que plusieurs villes canadiennes, dont la métropole québécoise, n’ont pas encore su freiner leur déclin alors que les villes américaines sont en pleine renaissance. QIl
« Le système (politique) américain est plus ouvert et en fin de compte plus démocratique » que le système canadien, de l’avis de John Ibbitson, journaliste au Globe and Mail et auteur d’un essai sur la question. Pour cette raison, soutient-il, le Canada ne pourrait jamais élire un « clone » de Barack Obama.
ne pourra jamais y avoir de Barack Obama au Canada, écrivez-vous, particulièrement en raison de la façon dont on choisit les chefs des partis canadiens. Vous déplorez le rôle que joue l’élite des partis dans cette sélection. Dans un monde parfait, quel système privilégieriez-vous ? R Dans un monde parfait, nous prendrions les meilleurs éléments du système américain pour les inclure dans le système canadien, qui découle du modèle britannique. Ce qui permettrait à un grand nombre de Canadiens de participer au processus de sélection des chefs de parti, comme les républicains, les démocrates et les indépendants ont pu contribuer à la sélection de Barack Obama et de John McCain aux États-Unis. QPolitiquement,
quel serait le résultat de ce changement ? R Cela favoriserait notamment une plus grande ouverture du système politique canadien. Dans mon livre, je soutiens que, malgré tous ses défauts, le système américain est plus ouvert et en fin de compte plus démocratique. Le système canadien, pour sa part, est plus fermé, mieux disposé à l’égard des élites que de la population en général. Et il montre actuellement des signes alarmants de dégradation. QMais
comme vous le dites, des leaders de l’extérieur ont malgré tout réussi à prendre la tête de partis politiques canadiens. Pierre Trudeau, Brian Mulroney et maintenant Michael Ignatieff. C’est donc possible? R Des chefs ont été introduits par des factions au sein même des partis, c’est vrai. Mais Barack Obama, lui, a pu devenir leader du Parti démocrate même si la famille Clinton avait la hiérarchie du parti au grand complet dans sa poche. Il a pu y entrer grâce au soutien de la base du parti, ce qui n’est pas possible au Canada. QOn
vous sent presque jaloux. Voudri e z-vous un Barack Obama au Canada? R JepensequetouslesCanadiens voudraient avoir un Barack Obama. Je le décris dans le livre comme le premier ministre canadien multiculturel que le Canada n’a jamais eu. C’est un politicien extraordinaire. À l’instar de la société américaine, notre société
PHOTO LARRY DOWNING, ARCHIVES REUTERS change. Nous devenons une société plus multiculturelle. Nous sommes une nation d’immigrés. Pourtant, nos politiciens sont des hommes vieux et blancs. Il y a un écart entre ce qu’est devenu notre pays et ses leaders. Et c’est en partie à cause de notre culture politique fermée. Les Américains peuvent s’adapter à la réalité changeante plus rapidement et plus facilement que nous. QParlons
d’un aspect controversé de votre essai. Vous écrivez que, politiquement, la guerre civile a été « la meilleure chose qui pouvait arriver aux États-Unis ». Vous semblez aussi regretter qu’il n’y en ait pas eu au Canada. Et vous dites que le « Québec, battu, aurait suivi l’exemple du Sud (aux États-Unis) et accepté de mauvaise grâce la définition anglaise du mythe canadien ». Vous ne vous ferez pas beaucoup d’amis au Québec en suggérant quelque chose comme ça. R Le but de mon livre est de provoquer et de faire réfléchir. Je n’aurais jamais souhaité une guerre civile au Canada. La guerre civile a été une catastrophe pour les États-Unis. Mais elle a permis de résoudre une question, à savoir quels sont les pouvoirs et les rôles respectifs des États et du gouvernement fédéral. Le fait que nous n’ayons jamais résolu cette question au Canada a affaibli notre nation. QParlant
de ne pas se faire d’amis, vous avez aussi écrit que Montréal « n’a pas encore renversé de façon convaincante la génération de déclin qui a débuté avec l’arrivée des séparatistes en 1976 ». Je ne connais pas beaucoup de Montréalais qui seraient d’accord avec vous. R Lorsque j’étais chroniqueur politique, j’aimais me rendre à Montréal aussi souvent que possible. Il y a sans aucun doute des signes de renouveau et de vie à Montréal qui sont très encourageants. Pourtant, il est vrai et indiscutable que Montréal était jadis la première ville de la nation, mais elle a perdu son statut. Peutêtre que ça date d’avant l’arrivée du Parti québécois. Et par rapport aux autres villes canadiennes comme Vancouver, Edmonton et très certainement Toronto, Montréal doit se débattre pour préserver sa position d’influence sur les plans culturel et financier.