Politique locale

LA PRESSE & COMPAGNIE AUTRES MÉDIAS



Les récalcitrants devront céder prévient Hydro-Québec

Déficit zéro en 2015-16: vraiment?


Les Québécois auraient-ils complètement décroché de leur politique ?...
Ces inconnus qui nous gouvernent

Charest's job seems safe -at least for now
Le dégoût politique
Les Québécois désavouent Charest, Marois n'est guère plus populaire
L'Assemblée des mal-aimés

En attendant les prochaines colombes - Vincent Marissal
Trois petites nouvelles - Pierre Foglia
«On n'a pas le droit d'être cynique!»
Affreux, sales et méchants? - Alain Dubuc

Démission politicienne - Lysiane Gagnon
Charest has to start cleaning up his party

Confiance en chute: les politiciens municipaux ne sont pas épargnés

Assoiffés de pureté
Submergés par le sarcasme

Des voix désenchantées

Questions d'éthique à l'Assemblée nationale
Les électeurs du Québec sont découragés, rebutés, désabusés
Les politiciens n'inspirent pas confiance

Fin de l'histoire? Pas si sûr... - Vincent Marissal
700 mots, c'est trop - Patrick Lagacé
Tony Tomassi perd son ministère: une controverse de trop

We all want to know how our money's spent
Et d'ailleurs, peut-on vraiment dire mieux du Canada ?...
Étude - Individualistes et matérialistes, les jeunes Canadiens

La droite serait-elle donc en train de trouver enfin sa voix, au Québec ?...
Le Réseau Liberté-Québec veut «se tenir debout devant les groupes d'intérêts»
Le Réseau Liberté- Québec s’attaque au PQ

Y aurait-il donc quelque chose qui cloche, au "Royaume du Kébec" ?...
Le confort et l’incohérence

Le Québec aurait-il donc un sérieux problème de bureaucratie ?...
Le monstre tricéphale
Too many bureaucrats, too few caregivers
Bureaucratie en santé
Quelque chose d'indécent
Le nombre de cadres explose

Les agences de santé dans le collimateur

En fait, les Québécois se verraient-ils donc carrément exploités par leur propre bureaucratie ?
En piètre État


L'État-Providence serait-il donc devenu le nouveau dogme religieux du Québec ?...
Repenser l’État providence

Après l'Église, la Politique
Whisper on the right a welcome innovation

... et la Révolution tranquille, notre nouveau mythe fondateur ?...
Le divorce d’avec soi
La Révolution tranquille: le mythe pervers
Des progrès fulgurants- Pierre Fortin
Cinquante ans plus tard: les grands mythes de la Révolution tranquille -- 1- Quelle Grande Noirceur?

Et le discours à teneur "socialisante" serait-il donc le seul qu'on ne puisse plus tolérer ?...
La forteresse

Le grabataire
Les pros des mots


Et ce cher "modèle québécois" serait-il donc devenu sacro-saint au point que nul ne saurait impunément le critiquer ?
Touche pas à Bonhomme, on s’en occupe!
L'immaturité, ça va faire!


Et si le Québec commençait soudainement à en avoir marre, de la "gau-gauche", surtout du moment que celle-ci lui fait surtout sentir qu'il se fait avoir ?...
Laissez-moi mon fric

Les priorités de la droite en tête

En fait, le Québec connaîtrait-il donc une dérive ne rappelant que trop bien celle celle des régimes communistes ?...
Soviétique...





Le "modèle québécois" serait-il donc lui-même en crise ?...
Focus stratégique du Québec - Des gens d'affaires veulent réveiller les Québécois
La gestion à la Opus Dei - Alain Dubuc
Abolition des primes: Québec se tire dans le pied
L'inébranlable État - Mario Roy
À BIEN Y PENSER
Bernier bashing - André Pratte
Maxime Bernier se défend de faire du «Québec bashing»

«Québec bashing»: Blackburn et Gourde renchérissent
La marche discrète de Maxime Bernier vers le pouvoir
Le Québec se construit - Un avenir radieux?
Québec : Le naufrage d'un parti, mais aussi d'une société

La SAQ et Loto-Québec recherchent de nouveaux revenus

Y aurait-il donc un problème fondamental quant à l'attribution de tout contrat public ?...
Réfection de la croix du mont Royal: la Ville s'apprête à payer le double


Et par ailleurs, certaines solutions ne seraient-elles pas en train de se présenter, à ce niveau ?...
EU eyes Canada’s lucrative public works contracts
Laval: un arbitre réduit la réclamation de Simard-Beaudry


Se pourrait-il donc qu'il soit plus que temps de s'interroger sur la pertinence de certains programmes dont l'efficacité semble laisser à désirer ?...
Une facture de plus en plus salée pour les contribuables


L'allocation versée aux ministres démissionnaires contestée

L'incompétence, l'inefficacité et l'inaction serait-elles donc devenues des propriétés caractéristiques de la fonction publique en général ?...
Needed: the political will to subtract - JEFFREY SIMPSON

Untangling Canada's data accountability deficit
Les PME fuient les marchés publics
Pourquoi des gilets pare-balles…
Personnel professionnel et technique - Objectif double : contrer la pénurie et favoriser la rétention
Hausse des primes dans la fonction publique
Police computer mess shows a leadership failure
Financement du Dr Julien - Les normes
Sociétés d'État - Osons en parler
Postes Canada: la modernisation se fait attendre

Rénovation des édifices du Parlement: trop de joueurs impliqués


... et tout particulièrement des sociétés d'État ?...
Sociétés d'État - L'écart s'accentue
« La loi, c’est la loi »
L’insatiable soif de la SAQ
La SAQ équitable ?
La SAQ vend moins cher aux Américains

Les fonctionnaires plus nombreux à gagner 100 000$

Et pourrait-on d'ailleurs en trouver de meilleures preuves que les divers projets informatiques, ainsi qu'aux divers scandales qui y sont associés ?...
Une interface pas encore installée est déjà désuète
Technologie de l'information: un projet tourne au cauchemar
Informatique: des milliards de contrats pour trois entreprises
Dossier santé du Québec: le projet perd son pilote
Rapport de la vérificatrice générale: attention aux pannes informatiques
Un stratagème gonflerait les coûts des projets informatiques de Québec
Naufrage informatique à la CSST
Éléphant blanc de 52 millions: le NPD exige des explications
Un éléphant blanc de 52 millions
Informatique - Des cas de collusion?
Collusion informatique dans le Dossier de Santé du Québec?

...et pourtant....
Le dossier médical informatisé prend son envol

En fait, les sociétés d'État ne risqueraient-elles pas de fonctionner déjà mieux si elles se voyaient tout simplement privatisées ?...
Tout privatiser pour rendre le Québec plus riche?
Vente de feu
Postal dispute was never about pensions, new hires
Save Canada Post? Why bother?
The unions at Canada Post and Air Canada are fighting a rearguard action

Despite its failings, Canada Post is worth saving

Mais cela devrait-il pour autant justifier que les privatisations se fassent n'importe comment, et sur nulle autre base que les préférences idéologiques ?
SNC takes charge of Canada’s nuclear future

Énergie atomique du Canada vendue pour une bouchée de pain

Et si le recours au privé en tout temps ne s'avérait pas nécessairement la solution ?...
La gestion devrait-elle être faite à l’interne? se demandent le Bloc et le NPD - HUGO DE GRANDPRÉ



La fonction publique québécoise serait-elle donc atteinte d'un sérieux cas de "réglementite aigue" ?...
(Le gouvernement québécois démontrerait-il donc une fâcheuse tendance à glisser vers l'autoritarisme, sinon le totalitarisme ?...)
DES ENQUÊTEURS DÉSERTENT L’UPAC
La joug de la conformité
Quebec, McGill's MBA and too-low tuition fees
Bureaucratic meddling hits new heights
L'Académie Lavalloise obtient un sursis

Ill-considered, petty attack on McGill
Mme Courchesne contre M. Charest - André Pratte
Quebec should keep its nose out of McGill's MBA program


Et par ailleurs, une telle attitude se peut-elle vraiment faire autrement, en bout de ligne, que tout simplement inviter la contestation ?...
Financement: la principale de McGill poursuit sa croisade
Un CSSS fait fi des compressions

Et par ailleurs, le reste du monde, ou même du pays, est-il davantage épargné par une telle "dérive totalitariste", en réalité ?...
‘All I wanted to do is build a house’


Nos syndicats seraient-ils donc surtout devenus de formidables empêcheurs de tourner en rond ?...
La sainte alliance

Quand on se compare...

Des salariés moins bien payés, mais pas à plaindre pour autant
Rémunération - Les employés de l'État n'ont pas encore rattrapé le secteur privé

LA QUALITÉ DES SERVICES SOUFFRE DE L’ATTRITION

Ridiculous except when they're dangerous


Manoeuvre inacceptable
L'entente entre Québec et les fonctionnaires dénoncée
Revendications salariales des médecins: il faudra bien un jour mettre fin au chantage- Carole Beaulieu
Québec doit dire non à Barrette -
Carole Beaulieu
Les employés de l’État sont-ils sous-payés ? - Pierre Fortin


Une entente historique - André Pratte
Québec et le Front commun s'entendent
Rien n'est réglé avec les infirmières, dénonce la FIQ


Secteur public: un règlement d'ici à la fin du mois?

Les négos dans le secteur public sorties de l'impasse
Secteur public: le «blitz» de négociation suspendu
Québec négociera avec le Front commun durant le week-end pascal

Des heures décisives pour le secteur public
Québec ne bonifie pas son offre à ses employés
L'embellie entre Québec et le Front commun est écorchée
Québec «fait le ménage» dans ses dépenses


Négociations: Québec apaise les syndicats du secteur public
Négociations du secteur public: rencontre d'urgence lundi

Françoise David espère que le budget reflètera les «valeurschères» au Québec

Secteur public: Françoise David appelle au compromis


Si les choses étaient simples - Alain Dubuc
Plus que le gras - André Pratte


Lettres - Bravo, Madame Marois!
Marois se range à l'avis des économistes «lucides»

Avant de couper, gérez mieux
Faire payer les riches? - Alain Dubuc

«Dégraisser» avant de taxer plus, propose le PQ

Les demandes syndicales «un peu élevées», dit Marois

Pour pas dépenser idiot - Ariane Krol
La quadrature du cercle - Alain Dubuc
Une entente est possible - André Pratte
Une négociation difficile - André Pratte

Les hausses de salaire coûteront 2,3 milliards à Québec
Le secteur public évitera le gel salarial
Offres au secteur public: un «décalage énorme» selon les syndicats
Fonction publique: des hausses de salaires ou non?

Québec, un employeur de choix - Ariane Krol
La planète Front commun - Claude Picher

Hausser les salaires des fonctionnaires  -  Karim Benassaieh
Un «timing» assassin  -  Alain Dubuc
Comparer des oranges avec des oranges  -  Monique Audet, Pierre Beaulne et Lise Pomerleau
Le public, le privé et les vrais chiffres  -  Michel Girard
Les employés du secteur public se préparent à l’affrontement  -  Denis Lessard
Les fonctionnaires doivent accroître leur productivité, dit le ministre Bachand
SANTÉ & ÉDUCATION : DES RÉSEAUX GROS COMME JAMAIS  -  Stéphane Paquet
RÉDUCTION DE LA FONCTION PUBLIQUE: LA CADENCE RALENTIT  -  Stéphane Paquet
Fonction publique : Gare à la pénurie
La grande illusion du front commun -  CLAUDE PICHER
UN FRONT HORS DU COMMUN
PLUS PAUVRES... ET PLUS RICHES QUE LES AUTRES
Voir aussi :Grève de 1972 : 100$ par semaine
Un Martien près de chez vous… -  ALAIN DUBUC
Des Martiens… bien terre à terre -  Michel Arsenault

Négociations en santé: un printemps chaud en vue


Rémunération: les employés municipaux toujours choyés


Fonction publique du Québec: 717 millions de congés accumulés


Députés et sénateurs devront mettre un frein à leurs voyages


By bucking Sheila Fraser, MPs invite suspicion - Globe Editorial
Stephen Harper refuse de s'occuper des dépenses des députés

NDP faces growing pressure to let Auditor vet parliamentary expenses

Liberals see the light
Michael Ignatieff wants Auditor-General to meet with MPs in expense dispute

What the Auditor-General can do

MPs' secretiveness gets even more tiresome

A summit with Seoul: Korea learns from Toronto’s G20 mistakes

In the tale of two summits, the happy ending was Huntsville’s

On a les lacs qu'on mérite - Alain Dubuc
G8/G20: des policiers québécois payés à taux double
1 000 000 000 $! - François Cardinal
G20: 5,5 millions pour une clôture

The siege mentality of back-to-back summits will cost us dearly - Jeffrey Simpson
Coûts élevés du G8 et du G20 - Le PLC et le NPD veulent l'intervention de Sheila Fraser

Et si le recours au privé ne s'avérait pas toujours si payant ?...
Réseau routier: des coûts plus élevés en sous-traitance?


Le pouvoir des syndicats pourrait-il donc devenir un frein majeur à l'évolution d'une société ?...
Camps de jour annulés au Biodôme et à l'Insectarium

De façon générale, se pourrait-il donc que nous éprouverions certains petits problèmes avec le fait de devoir faire face à quelque concurrence que ce soit ?...
ABSENCE DE CONCURRENCE - 
FRANÇOIS BEAULÉ

Voir aussi  Place à la concurrence -  MARCEL BOYER
et Pourquoi vouloir tout privatiser ?  -  Valérie Teasdale

Et serait-il donc possible que nombre de nos problèmes pourraient beaucoup plus facilement se régler si l'on se montrait capables de faire ne serait-ce qu'un peu plus de place au secteur privé ?...
S’inspirer de Londres -  Adrien Pouliot


LE SILENCE DES PATRONS  -  Michel Kelly-Gagnon

Le grand avantage des services essentiels  -  Michel Grant

TORONTO : AU COEUR DU CONFLIT, UN AVANTAGE CONTROVERSÉ

Y aurait-il donc quelque chose qui cloche avec notre cher modèle québécois ?...

Primes au rendement: Québec ne peut imposer ses voeux


Et en semblant vouloir à tout prix empêcher la rentabilité, ne se trouve-t-on pas surtout qu'à ouvrir la porte à l'illégalité ?...

Écoles illégales - Plus de fermeté
Des écoles privées exigent des droits supérieurs à ceux autorisés
L'illégalité fait école

La garderie Le Petit Pommier: Québec promet des sanctions

Droits de scolarité - McGill restera un cas isolé
MBA à McGill - Trop cher payé !
McGill défie Québec
 
Nos syndicats seraient-ils donc menés par des criminels ?...
Un geste inadmissible

No tolerance for Quebec construction industry intimidation
Placement dans la construction - Outrancier
Projet de loi 33 - Le placement syndical, source de discrimination
Brutes… et bêtes

Débrayages massifs

La preuve est faite
Les brutes
« On va te casser les jambes »
La crédibilité syndicale minée

There's still far to go on construction-industry reform
Une loi pour abolir le placement syndical
Construction - Ce sera difficile!
Construction - Le plan de Québec voué à l'échec?
Pas de statut particulier pour les syndicats
Consultations sur l'industrie de la construction - Qui doit être le maître d'oeuvre de l'embauche?

Le Fonds FTQ a-t-il payé trop cher ?
Tensions syndicales à la STL
Un coup de 2 par 4 pour commencer l'année
La pompeuse annonce du Fonds FTQ
Six accusations contre le no 2 de la FTQ-Construction
Le Fonds et les «individus» - André Pratte
L'industrie de l'intimidation - Yves Boisvert
La dictature de la peur
Lettres - Je ne comprends pas...
C'est insultant pour Rambo - Patrick Lagacé
Les gros bras - Nathalie Collard
Pas très clownesque - Yves Boisvert

La FTQ-Construction contre-attaque
La FTQ réplique à Ken Pereira

Construction - Quel cirque !
Menaces de poursuites de la FTQ-Construction

«La FTQ est intouchable»
La SQ enquêtera sur les chantiers de la Côte-Nord
L'intimidation sévit sur des chantiers de la Côte-Nord
Chantiers: l'intimidation persiste
La FTQ ne veut pas d’enquête publique  -  Denis Lessard
La drôle de justice du SCFP  -  PATRICK LAGACÉ
FTQ: la vérité, la loyauté  -  PATRICK LAGACÉ
Voir aussi Éloge de la concurrence  -  YVES BOISVERT
Michel Arsenault tente de rassurer les actionnaires  -  Daphné Cameron

Parfum de scandale à la FTQ  -  CLAUDE PICHER
Le président de la FTQ nie tout  -  Daphné Cameron

Est-il nécessaire d’en dire plus ?  -  PATRICK LAGACÉ
L’art de noyer le poisson - LYSIANE GAGNON
Nouvelle perquisition à la FTQ-Construction
Nouvelles perquisitions à la FTQ
LePDGde la SOLIMforcé de quitter son poste
Des syndicats comptent profiter de la controverse à la FTQ-Construction

Tout comme, d'ailleurs, ce cher milieu de la construction ?...
Pour un grand ménage

Consultations sur l'industrie de la construction - Qui doit être le maître d'oeuvre de l'embauche?
« Un secteur propice »
L'industrie inflitrée par le crime organisé? C'est possible, reconnaissent les constructeurs
(Voir aussi la section suivante...)
Un coup de 2 par 4 pour commencer l'année

Une industrie à la dérive
Le monde de la construction est infiltré par la mafia, dit Paul Sauvé
Chantiers: un seul gros joueur tire les ficelles
FTQ-Construction - Les déboires d'un syndicat
Des nouvelles de M. Zampino - Michèle Ouimet
Construction - Quel cirque !
Menaces de poursuites de la FTQ-Construction

«La FTQ est intouchable»
Le Rambo de la FTQ-Construction se défend
L'escouade Marteau débarque chez Catania
Lobbyisme - BPR écope de deux autres constats d'infraction
La solution du 30% - Alain Dubuc
Des ingénieurs témoins de favorisitsme dans la construction
En bref - Enquête sur BPR à Saint-Irénée

L'escouade Marteau frappe encore
Compteurs d'eau : BPR attend des excuses
Compteurs d'eau: BPR poursuit Louise Harel
Les gros bras des Rémillard - Yves Boisvert
La FTQ ne veut pas d’enquête publique  -  Denis Lessard
Quand la peur dicte les appels d'offres  -  Francis Vailles
Des entrepreneurs mêlés à des histoires problématiques  -

Quand on se désole, on se compare  -  YVES BOISVERT
Faut-il virer les avocats des villes?

Mise sur pied de l'escouade «Marteau»
La SQ crée une escouade spécialisée dans la construction
Contrats de construction : des entreprises très sollicitées
Mettre fin à la collusion  -  NATHALIE COLLARD
Démissionnez, madame la mairesse
Collusion dans la construction : manipulations électorales ?...

« Club » d’entreprises : Appels d’offres truqués et prix gonflés  -  Martin Croteau


Ou ne peut-on pas au moins convenir que l'incompétence de nos ouvriers en construction s'avère plutôt préoccupante ?...
Crumbling condos: Where was the oversight?


En fait, se pourrait-il donc que la corruption ait gagné notre système politique en entier ?...

L’HISTOIRE DE LA CORRUPTION AU QUÉBEC
Construction rules are tying municipalities’ hands
« ON PEUT S’OCCUPER DE VOTRE CAMPAGNE »

Des élus parlent enfin

Des maires exposent les maillons faibles

Corruption et confusion

L’INCONTOURNABLE TONY ACCURSO
Les choix du gouvernement Charest

L’origine d’un crime

Surfacturation et autres irrégularités

Lettres - Deux «joueurs» importants qu'on ignore
Une dizaine de firmes derrière des élections « clés en main »
« Obligés » de financer les partis pour obtenir des contrats
L’un parle, l’autre pas
Drive the mafia out of Quebec’s construction industry - Globe Editorial
Le spaghetti de promiscuité
La république- de- bananisation

Duchesneau veut enquêter sur Hydro
Lettres - Une cleptocratie
Jacques Duchesneau au Devoir - «Le problème est plus grave qu'on pense»
DES COURS D’ÉTHIQUE QUI SOULÈVENT DES DOUTES
L’éthique à toutes les sauces

Les ratés du néolibéralisme
Eliot Ness contre le système
Le président de SNC- Lavalin critique le rapport Duchesneau
La guerre des polices
Mettre l’état avant le PLQ
À quand le ménage?

Il n’y a pas que la chasse aux bandits

Collusion dans la construction - La peur des libéraux
COUP DEMAIN CONTROVERSÉ

Le «cartel de l'éclairage» ne changera pas ses pratiques

Collusion dans la construction - Qui dit vrai?
«J'invite quasiment la population à se révolter!»
Le pire est à venir
LE DGE se dit « ébranlé » et « consterné »

La page 50

Retour à la case départ pour Charest
« Une ampleur insoupçonnée »


Le PQ revient à la charge
Querelle pour un milieu humide
The senator, the port authority and the 'big boss' in Quebec - DANIEL LEBLANC
Un coup de 2 par 4 pour commencer l'année
La bête noire de l’entreprise
La corruption à Revenu Canada et le cash
Hydro- Québec a accordé des contrats de 295 millions sans appel d’offres
450 millions en contrats sans appels d'offres
Pots-de-vin en santé - Chirurgie express
Les fruits du laisser-faire
Caïds, fric et politique
Après les nominations, le financement
Le poing sur la table - François Cardinal
À bas la «bidoucratie»!
Parizeau est «profondément indigné» par la scène politique au Québec
Jean Chrétien aussi à blâmer
Le DGE ouvre une enquête sur les liens entre le PLQ et BCIA
Financement du PLQ: Julie Boulet sous enquête
Le DGE enquête sur la circonscription de Julie Boulet
SPVM et construction: des questions se posent, selon Jacques Dupuis
Opération Marteau: un fonctionnaire montréalais arrêté

Le chef part, les questions restent - Michèle Ouimet
En attendant les vraies affaires - Michèle Ouimet
Escouade Marteau: l'ancien maire d'Outremont est arrêté

Lettre - Le mépris de monsieur Charest
La CCQ veut resserrer ses règles contre les conflits d'intérêt
Des proches des hauts dirigeants de la FTQ à l'emploi de la CCQ
Financement des partis politiques - Encadrer les partis - Bernard Descôteaux
Le DGE mise sur la bonne foi des contributeurs aux partis
Lettres - Assainissons le financement électoral d'abord!

Et en fait, se pourrait-il donc que la police elle-même se trouve à être "dans le coup" ?
L'art de ne rien dire
L’UPAC, UNE UNITÉ DIVISÉE

Le numéro 2 de Marteau veut partir
Ça tombe mal
Bonjour la police... politique

Et n'y a-t-il donc que la politique partisane qui détermine tout ce qui peut se passer au Québec, en bout de ligne ?...
Déficit de méritocratie
Des conseils partisans
Des contributions « légales et morales », selon Bachand

Une place de choix pour des donateurs du PLQ

Le PQ accuse le gouvernement d’avoir érigé un système de nominations partisanes

En fait, le Québec serait-il donc devenu un milieu des plus propices à l'éclosion et au foisonnement de la corruption ?...

Pour un grand ménage

Construction rules are tying municipalities’ hands
Un entrepreneur fraudeur reçoit une légère sanction
Le rapport Duchesneau pour les nuls
Une campagne du « oui » financée par l’industrie de la construction

Des policiers de la SQ veulent une enquête publique
Une question pour Jean- Marc Fournier
Une loi qui ne permet pas aux autorités d’agir
QuébecLeaks: un WikiLeaks à la québécoise pour lutter contre la corruption
Bernard Drainville aurait été victime d’intimidation
Construction magnates should thank Jean Charest
En bref - Corruption: des lois dépassées
Impasse au Québec - Comment sortir de la crise de la corruption?
Le festival de la corruption
Corruption, crime organisé: les Québécois se jugent sévèrement
J’ai honte d’être québécois

La province corrompue
Mafia et construction - Au-delà du folklore
Les funérailles de Nicolo Rizzuto sous haute surveillance
Ils sont au moins deux...
La mafia romantique

Casser le système
Parle plus bas...

La mafia, la construction et les villes
Le reportage de Maclean's sur la corruption dénoncé



Y aurait-il quelque chose de pourri dans notre milieu minicipal ?...

Occupons- nous des villes

Mascouche n’enchante pas tellement
Une journée avec Jean Tremblay: le maire omnipotent
Culture d’impunité
Opposition décapitée
Gascon quitte la présidence de l’UMQ
La pourriture municipale
Voir aussi la section précédente, ainsi que Les scandales de la politique municipale à Montréal seraient-ils en train de prendre de nouvelles proportions ?...  ou tout simplement  Montréal...
Le coût de l'éthique - Nathalie Collard

Les pas bons - Alain Dubuc
Des jeunes unis contre la corruption
Un monarque saguenéen - Yves Boisvert
Le système hypocrite - André Pratte
Fins de régimes  -  YVES BOISVERT
Ascenseur et anarchie  -  STÉPHANE LAPORTE
La beauté de la démocratie  -  MICHÈLE OUIMET
La sale campagne  -  NATHALIE COLLARD
Les dommages de la corruption
Une enquête, M. Charest!  -  André Pratte
Laval: l'autre controverse des contrats
Des soumissions prévues d'avance à Laval
« Tout le monde n’est pas pour la vertu »  -  Éric Clément
« C’est un manque de  confiance quasiment absolu »  -  Catherine Handfield
« Il y a un cancer généralisé en politique au Québec »  -  Éric Clément

Ma campagne à la mairie  -  YVES BOISVERT
TRAVAUX PUBLICS À LAVAL  L’opposition réclame une enquête  
Construction et crime organisé: des accusations déposées «d'ici peu»
Et pourtant, le marché est ouvert à tous  -  Stéphane Paquet
Laval: près de 75% des contrats à huit entrepreneurs
Financement des partis: Gomery réclame une enquête publique
Partis politiques: Québec veut contrer le financement occulte
La vraie question   -  NATHALIE COLLARD
Changer une loi... que tout le monde viole  -  YVES BOISVERT
Une démocratie mal emmanchée  -  YVES BOISVERT
La boîte de vers   -  VINCENT MARISSAL
Contrats de construction : des entreprises très sollicitées
Mettre fin à la collusion  -  NATHALIE COLLARD
La gangrène municipale
Démissionnez, madame la mairesse
Collusion dans la construction : manipulations électorales ?...

Longueil : Goyette nie le conflit d’ intérêts  -  Tommy Chouinard
Blainville n’a pas respecté la loi sur l’attribution de contrats
De l'asphalte et des hommes   -  PATRICK LAGACÉ

De politique municipale et d'irrégularités...
Dommages collatéraux


Et les conflits d'intérêt ne représenteraient-ils donc qu'un "péché véniel", dans notre Belle Province ?

The optics aren't good on the Bonaventure project


Et sommes-nous vraiment les seuls à nous retrouver avec de tels problèmes ?...
Les leçons de l'histoire - Lutter contre la corruption et... l'oubli
Le Québec et la corruption
Getting corruption right
Is Quebec truly the most corrupt province in Canada?
Transparency International - Le quart des Russes ont payé des pots-de-vin en 2010
Le rapport de Transparency International - Le corrupteur
Mesurer la corruption
Corruption : La Somalie, premier de la liste

Et par ailleurs, comment les autres s'y prennent-ils donc pour résoudre ces derniers ?...
Lutte contre la corruption - Aux grands maux les grands remèdes
Jean Charest et le modèle new-yorkais
Pendant ce temps, aux USA...

Et si une commission d'enquête s'imposait vraiment, en bout de ligne, et ce, qu'on le veuille ou non ?...

A construction inquiry is critical, and it must be public
L’écartèlement
Still no inquiry into construction industry, Quebec Premier Jean Charest says
Editorial: A public inquiry into construction must be held

Plus que jamais une enquête publique
Les demandes d'enquête publique sont relancées
Retour à la case départ pour Charest
Troublant

La mafia est partout
MOI, UN DÉLATEUR?
Pourquoi pas une commission à la Castonguay?
Le silence des coupables
Il n’est pas trop tard
La sourde oreille - Michel David
Time to bite the bullet, Premier Charest
Casser la peur
Enquête publique - Contrer l'omertà
Le prix de l’entêtement
Un changement de cap majeur
Enquête publique - À vous, M. Charest
Le PLQ, «une machine à ramasser de l'argent», selon son ex-président
Crime organisé et corruption - Ottawa ouvre une enquête
Sondage Léger Marketing-Le Devoir - La commission Bastarache jugée insuffisante
Contrats de construction - Aller au fond des choses
Le spectre de la commission - Alain Dubuc
Il faut une enquête - Lysiane Gagnon
On oublie vite - Yves Boisvert
Front commun pour une enquête publique
Industrie de la construction - Une commission d'enquête est nécessaire
Financement du Parti libéral du Québec - Charest ment comme il respire, dit Bellemare
Un bâillon imposé à Bellemare?

Financement du PLQ: Bellemare dit avoir des preuves contre Charest

Charest met Bellemare au défi de dire ce qu'il sait

Charest s'en prend à Bellemare qui refuse de témoigner
Comme un air de déjà vu - YVES BOISVERT
Chantiers de la construction: plus ça change, plus c'est pareil
Nécessité d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction - La mesure de l'exaspération sociale
Ça sent la commission - Yves Boisvert
Inquiry still needed on bid-rigging suspicions
Construction: le PQ dénonce l'inaction des libéraux
Robert Burns défend sa loi sur le financement des partis politiques

We still need an inquiry to probe road contracts
Une obligation de résultat - Yves Boisvert
Duscheneau à la tête d'une unité anticollusion
Duchesneau dirigera une force anticollusion

Père Noël, donne-moi une enquête - Yves Boisvert
Montréal demande officiellement une enquête publique

Entrevue avec Guy Chevrette: une autre commission Cliche?
Les peurs de Jean Charest - Alain Dubuc
La présidente de la CSN réclame une enquête publique
Les procureurs réclament aussi une enquête publique
Les syndicats exhortent Québec à agir  -  Sara Champagne
Jean Charest n'a plus d'excuses - Yves Boisvert
Il n'y a plus d'excuses - Nathalie Collard
L'opposition applaudit l'appui des policiers à une enquête publique
Les pas bons - Alain Dubuc
L'équipe B - Patrick Lagacé
Whissell: une enquête publique s'impose, dit l'opposition
Commission d'enquête: Harel déposera une motion le 30 novembre
Et l'enquête publique? - Nathalie Collard
À quoi sert une commission d'enquête? - Yves Boisvert
Répondre aux attentes  -  NATHALIE COLLARD
Pierre-F. Côté: une enquête serait bénéfique  -  VINCENT MARISSAL
Un autre spectacle? - Lysiane Gagnon
Une commission, mais laquelle?  -  Alain Dubuc

... et si les réticences de certains ne la rendait justement que d'autant plus nécessaire ?...
Une boîte de Pandore

Compteurs d'eau : BPR attend des excuses


Et si, finalement, la situation n'était tout simplement pas aussi grave que l'on semblerait le croire ?...
Quel argent sale?

Et se pourrait-il donc qu'il se soit installé au Québec un climat général de paranoïa, vis-à-vis de la corruption, qui puisse s'avérer bien autrement plus délétère et dangereux que la corruption elle-même, en bout de ligne ?...
Sitôt adoptée, sitôt contestée?

Job de bras contre Duchesneau
L’équipe deDuchesneau avait trouvé des indices de collusion

Comment les partis politiques pourront-ils se financer à l'avenir?

Règles d'éthique: un cercle vicieux
Une grave dérive

Se pourrait-il donc qu'en tentant de résoudre certains problèmes éthiques, on puisse parfois produire des solutions qui ne peuvent finalement que s'avérer inefficaces, quand elles ne sont pas carrément nuisibles ?...
Éthique extrême

Et d'ailleurs, y aurait-il surtout quelque chose de pourri dans notre gouvernement provincial ?...
Le poing sur la table - François Cardinal
Le MTQ a accordé des contrats à une entreprise ayant déjà comploté
Les pas bons - Alain Dubuc
Des jeunes unis contre la corruption
L'entourage libéral accusé de malversations
Des députés du PQ dans l'embarras
Partis politiques: Québec veut contrer le financement occulte
Malversations dans le monde municipal : Charest écarte l’idée d’une enquête publique
Voir En fermant les yeux sur la corruption, Charest ne s'en fait-il pas lui-même complice ?...
ainsi que
Afin de mieux pouvoir ne rien faire, le gouvernement Charest aurait-il surtout développé une surprenante capacité à se fermer les yeux sur à peu près toutes les plaies qui peuvent affliger notre société ?...

Ou voir tout simplement : politique provinciale...

Et à cet égard, y a-t-il vraiment un parti qui soit en position pour critiquer quelque autre parti que ce soit ?...
Financement de la campagne de Marois: le DGE demande une vérification
What's The Difference?
Jean Charest contre-attaque
Charest says Marois doesn't play fair either
Financement des partis: Marois a déjà fait ce qu'elle dénonce


Et pourtant, pourrait-on donc rêver de changement, même à ce niveau ?...
Inévitable, la collusion

LE TALON D’ACHILLE
Take the roof off campaign donations
No subsidies, no compromise - Jeffrey Simpson
Vote subsidies vs. tax credits
The Canada-U.S. subsidy divide
The opposition hurts itself by defending political subsidies

Subsidies for parties, for and against
L’ex- président d’Élections Canada critique le chef conservateur
The per-vote subsidy: Political welfare or the great leveller?
Abolishing political subsidies is an incomplete resolution
Un « paravent inefficace » , selon l’Association des policiers
Paying for politics and putting power where it should be
Divulguer est la solution
Funding politics seriously - Brian Topp
Financement des partis: à la merci des petites mafias
Le mode proportionnel est le meilleur ennemi de la corruption, dit Khadir
Plus de vérificateurs pour Montréal
Contrats dans les villes: création d'une «escouade» de vérificateurs
Une loi qui a fait son temps - Lysiane Gagnon
Le maire Tremblay reporte l'attribution de gros contrats
Le DGE veut créer un «jury citoyen»

Mais en fait, les solutions proposées sont-elles toutes bien crédibles pour ce qui est d'amener du changement à ce niveau ?...
Financement politique: Marois veut abaisser le don maximal à 500$


Et si après tout les choses ne devaient finalement pas nécessairement s'avérer si dramatiques, et ce même à ce niveau ?...
Jean Chrétien à la défense des politiciens

L'enquête inutile - André Pratte
Quel argent sale?

Et si, finalement, il était toujours possible pour la démocratie d'avoir le dernier mot ?
Carignan dit non à la construction résidentielle en milieux naturels



Mais peut-on pourtant se permettre de prendre à la légère la question de la corruption ?...
La corruption, ennemi numéro un en Inde
La corruption tue plus que les séismes

Et si la fête ne devait tout simplement pas durer éternellement, après tout ?
Municipal-contracts probe: good news for taxpayers


Y aurait-il quelque chose qui cloche avec notre cher Québec Inc. ?...
La bouderie de Bombardier
Un empire qui empire - Marc Cassivi

Et que dire, d'ailleurs, de la STM ?...
Dans la ligue des petits
Bombardier deal the antithesis of free trade
Voitures de métro - Tremblay forcé de plier devant Québec
Urgence électorale
La firme espagnole CAF évalue ses recours juridiques
Métro de Montréal - Les doutes persistent sur le coût des voitures
Le contrat du métro donné sans appel d'offres - Charest heurte l'Espagne
Un métro à l’arraché

Reinstate the bidding on metro-car contract
Retour à la commande initiale
«10 minutes max», promet la STM
How did the metro-car deal get so far off the track?
Métro de Montréal - Béchard ne regrette rien
Metro-car debacle enters the realm of farce
La bouderie de Bombardier
Métro: encore un détour
Le contrat sans fin

Métro: la STM repart à zéro
Métro de Montréal - Le tribunal déboute Bombardier et Alstom
Le poing sur la table - François Cardinal
Métro de Montréal: la STM blâme Québec
Une grève coûteuse pour la STM?
Le coût d'une voiture de métro
Protectionnisme pur jus - François Cardinal
Métro-car contract a muddled mess
Voitures de métro - La STM forcée de relancer l'appel d'offres
There's still time to get métro contract right
Le bout du tunnel ?
Métro de Montréal - Quel amateurisme !
OUI, C’EST POSSIBLE -  PIERRE LAFRAMBOISE ET MORLEY SMITH
La STM dit non aux Chinois

Le gouvernement québécois aurait-il donc une petite tendance à vouloir un peu trop s'immiscer dans l'économie, et ce d'une façon qui soit loin d'être nécessairement la plus belle ?...
Quebec wrong to meddle in power-cable deal



Et que dire, par exemple, de...
Loto-Québec ?...
Quebec should hedge its bets online
Projet de jeux en ligne: la santé publique demande un moratoire
A prudent warning about online gambling
Jeu en ligne - Informer de manière juste et exacte

Éloge du compromis - Alain Dubuc
La théorie du moindre mal - Yves Boisvert
On a volé Yves Boisvert  -  YVES BOISVERT
L’affaire Boisvert et cie (suite)

Étude sur le jeu compulsif - Québec déclenche une enquête


Des milliers de clients d’Hydro passent à la caisse


... et que dire de notre fabuleux système de primes de départ, gracieuseté de la population. quoiqu'on puisse sans doute se demander si cela correspond réellement à son intention ?...
Départ d'Yvan Delorme: 60% de sa prime pour cinq mois de travail

... ainsi que des généreuses primes de retraite, !...

Le chef du SPVM obtient 400 000$  -  Éric Clément

Voir aussi « Des actionnaires et des patrons...


Et y aurait-il donc un certain problème avec le BAPE ?...
Le président du BAPE a déjà siégé au même conseil qu’André Caillé
Consultations sur les gaz de schiste - Des anciens du BAPE critiquent son mandat
Une mission impossible
Deux experts se prononcent - Le BAPE : un mandat atrophié
Gaz de schiste: des écolos craignent un débat partiel
Gaz de schiste: le BAPE tiendra des consultations
Le BAPE est nécessaire

Toyota: l'inaction de Transports Canada critiquée


POSTE CANADA - Des idées pas si timbrées

LES DÉFUSIONS ONT COÛTÉ CHER  -  Charles Côté



Huntingdon : « Je suis revenu par devoir »  -  Daniel Lemay
Harry, un politicien qui vous veut du bien   -  Rima Elkouri

Et se pourrait-il donc qu'il se passe des choses à Laval qui soient aussi dégoutantes sur le plan de l'environnement que sur celui de la corruption, et de la gouvernance en général ?...
Occupy Laval
Laval - Se sucrer le bec aux frais de la Ville
Québec rappelle le maire Vaillancourt à l’ordre
On respire par le nez
DE BONS PRIX POUR UNE CONNAISSANCE DU MAIRE
Qu'est-ce qui fait courir le roi de Laval?
Laval aurait fractionné des contrats pour éviter d’aller en appel d’offres
Une enveloppe peut en cacher une autre…
Corruption à Laval - Troublant!
Menard's claims can't be shrugged off

Le maire Vaillancourt éclaboussé
Serge Ménard, un témoin crédible
Laval renonce à restreindre les questions des citoyens
Laval resserre les règles de la période de questions
Viaduc du Souvenir: des questions pour le maire Vaillancourt

Viaduc du Souvenir: y a-t-il eu négligence criminelle?
L'«occasion d'affaires» de l'ex-DG de Laval
Déboisement sans autorisation: l'entrepreneur a financé le parti du maire
Laval: l'autre controverse des contrats
TRAVAUX PUBLICS À LAVAL  L’opposition réclame une enquête  
Laval: près de 75% des contrats à huit entrepreneurs
Tirs groupés contre l’administration Vaillancourt  -  Martin Croteau
Une bibliothèque? Non merci! - Vincent Marissal
Voir aussi L'environnement serait-elle la dernière préoccupation du maire de Laval ?...

Longueil
Longueuil: St-Hilaire majoritaire au conseil

Budget adopté à Longueuil
La mauvaise foi - Nathalie Collard
Impôt foncier à Longueuil: l'ancienne administration savait
Le budget de Caroline St-Hilaire est rejeté
Gouffre financier de 29 millions à Longueuil
Longueuil: Poitras au comité exécutif
La mairesse St-Hilaire se rapproche d'une majorité
Longueuil: les maires de deux villes défusionnées au comité exécutif
Collision en vue à Longueuil
Bras de fer en vue au conseil de Longueuil  -  Martin Croteau
LONGUEUIL  Débuts houleux pour la mairesse   -  Martin Croteau
Longueil : De l’éthique et du métro  -  André Duchesne

Et pour ce qui est de l'environnement, voir aussi...
Et que dire de ce qui peut se passer ailleurs dans la province ?...


Québec serait-elle en train de nous donner à tous des leçons de leadership ?...
Le phénomène - Nathalie Collard
Québec, mon amour - Vincent Marissal
Le petit côté chinois de Québec
Raz-de-marée Labeaume à Québec  -  Pierre-André Normandin
Régis Labeaume : le politicien de l'heure
Les compteurs d’eau ne coûteront rien à Québec  -  André Noël
Le maire de Québec lance sa campagne  -  LE SOLEIL
Le maire de Québec veut limiter le nombre d’élus dans les CA -  Éric Clément

Voir aussi Régis Labeaume attise l’espoir  -  Frédéric Denoncourt
ÉLECTIONS MUNICIPALES : OU EST L'OPPOSITION ?...

Mais se pourrait-il donc que même le maire Labeaume ne soit pas exempt des défauts que l'on peut retrouver chez tant de nos chefs municipaux ?...
Un conseiller quitte l'Équipe Labeaume

John Gomery se joint à Projet Montréal


Se pourrait-il donc qu'il commencerait à être plus que temps de laisser à nos municipalités le pouvoir de gérer elles-mêmes leurs propres affaires ?...
Ville de Montréal - Dix ans déjà
« Donnez- nous des moyens » , demande le maire Tremblay
Canada's cities must have the tools to thrive
Les policiers municipaux en guerre contre la SQ
Le carcan de Montréal
Municipalités - Montréal obtient les moyens de ses ambitions
Les villes ont du mal à se financer


Et pourtant, se pourrait-il donc que ces dernières puissent quelquefois mériter de se voir un peux mieux encadrées, ne serait-ce que de façon à ce qu'elles puissent assumer elles-mêmes les conséquences de leurs propres décisions ?
Inondations en Montérégie - Et on recommence!
Québec contreviendra à ses propres règles

Les leçons du Richelieu
Inondations en Montérégie - Faire comme avant

Et y aurait-il donc moyen de concevoir la notion d'un juste équilibre entre les avantages de centraliser les services avec ceux de laisser aux municipalités la capacité de pourvoir eux-mêmes à leurs propres besoins ?...
SQ expansion comes at a price for Montrealers
Police payment system is unfair to Montrealers
Quebec should look closely at policing needs

Quand l'impôt foncier met les propriétaires à la porte...



Et bienvenue dans la province des dépassements de coûts !...
Libre opinion - Construction: chacun son «risque»
Une vieille histoire
CPE: des millions en dépassements de coûts
Train de l'est: les retards s'accumulent, les coûts grimpent
Réfection du boulevard Saint-Laurent: plus cher que prévu
Le ministre Bolduc sur la sellette
Le CUSM coûtera 300 millions de plus
CHUM La facture augmente de 8 millions
Les coûts projetés pour le CHUM et le CUSM enfleraient de 60%
Turcot La facture dépassera le milliard et demi  -  Bruno Bisson
AMT : Le coût des grands projets a doublé  -  Bruno Bisson
AMT : La facture passe de 40 à 215 millions  -  Bruno Bisson
Le tramway coûtera plus cher que prévu  -  Martin Croteau
Le projet Turcot pourrait coûter deux fois plus cher que prévu
L’informatisation des dossiers de santé inquiète le vérificateur
Rue Notre-Dame : « Les coûts ont explosé », dit la ministre
Trains de banlieu : les coûts ont plus que doublé

La réserve du vérificateur  -   YVES BOISVERST

Et s'il était pourtant possible d'éviter ces derniers, justement ?...

Un ex- fonctionnaire dénonce « l’ampleur des imprévus »
Air connu
Réfection d'un pont à Laval: 1,9 million trop cher

... Et bienvenue dans la province des dossiers qui traînent, tout simplement !...
Un abri de train construit sans permis municipal


...
Et bienvenue aussi dans la province des discussions qui ne finissent plus, ce qui est peut-être relié à une autre tendance bien de chez nous, celle de proposer d'abord des projets dont la vision est aussi limitée que la place qui aura justement été réservée pour en discuter !...
Autoroute Bonaventure: la SHM invitée à refaire ses devoirs

Autoroute Bonaventure: le réalisme du projet remis en cause
Pour en finir avec Dalhousie - Nathalie Collard

Le Québec aurait-il tout simplement une petite tendance à faire du surplace ?...
Montréal se soigne, la banlieue s'étend

Comment on étouffe une ville

Se pourrait-il donc qu'il soit tout simplement devenu impossible au Québec de réaliser quoi que ce soit qui ait moindrement d'envergure ?...

Et vous pensez qu’on va vous croire?
Une tragédie québécoise
«Une tragédie québécoise»
Un canal, un hôpital
Le projet de la rue Notre-Dame encore dans un cul-de-sac
Quartier des spectacles: trois projets devront être revus
Nouvelle tuile sur le CUSM

... tout comme de réaliser quoi que ce soit sans s'embourber dans la mégalomanie tout comme dans l'idéologie ?...
Stoppons l'Aérotrain!
Pour une gare vraiment centrale

Et pense-t-on vraiment pouvoir réaliser quoi que ce soit tant que les tenants de perspectives opposées ne sauront trouver mieux que de constamment se ruer l'une contre l'autre, et surtout sans jamais prêter la moindre attention à tout argument ou demande qui peut provenir de la partie adverse ?...
NOTRE-DAME DES 100 DOULEURS

Échangeur Dorval: les travaux s'étireront jusqu'en 2015
Des cyclistes et des chicanes - Rima Elkouri
Hors circuit - François Cardinal
La querelle des chicanes repart de plus belle

Et se pourrait-il qu'une bonne part de notre incapacité à avancer se trouve à n'être malheureusement due qu'à d'insignes "guéguerres" de pouvoir ?...
Le CHUM, un coup de force du ministre Couillard, mais un «gâchis» pour la collectivité
CHUM: un gâchis signé Couillard

En fait le Québec éprouverait-il carrément une certaine difficulté à réaliser quoi que ce soit ?...
Tataouinage

Dossier médical électronique - Le Québec, cancre de la classe

Et par ailleurs, nos infrastructures elles-mêmes ne seraient-elles pas en train de s'enfoncer dans un état de décrépitude plutôt avancé ?...
CUSM: des citoyens craignent d'autres inondations


En fait, le Québec serait-il devenu pratiquement incapable de mener quelque chantier que ce soit, ou du moins de le faire d'une façon qui soit ne serait-ce que moindrement normale ?...
The Gazette’s View: It’s not rocket science. We need a new bridge, now

LE CASSE-TÊTE DES CHANTIERS

Il faut cesser de viser le plus bas coût

Pourquoi semble-t-il donc si compliqué, au Québec, de comprendre ce qui a déjà été compris depuis longtemps en Europe, par exemple ?...
Dernier tango à Montréal

Construit pour plaire, construit pour durer
Travail debout
Chère, la bonne chère


Y aurait-il donc des arguments réels pour carrément nous donner honte d'être québécois ?...
Une belle Cubaine plutôt qu’un cigare
LES RAVAGES DU TOURISME SEXUEL
LE BORDEL CACHÉ  DES QUÉBÉCOIS
« CE SONT DES ANIMAUX! »

 
Le triomphe de la banlieue  -  André Pratte

Voir aussi  Grâce au pétrole  -  Sébastien Dumais
LES PARADOXES DE LA PROGRESSION URBAINE - Marie Allard
LES VIEUXQUARTIERS SE VIDENT

Branle-bas de combat dans les écoles

LES ÉCOLES DÉBORDENT EN GRANDE BANLIEUE - Marie Allard
Plus de 80 enfants de maternelle déplacés - Marie Allard



LA LOI ET L'ORDRE...
Le « club » des entrepreneurs sous la loupe  -  André Noël

Et l'enquête sur la mort du jeune Villanueva ne devrait-elle pas surtout porter sur la police en tant que telle ?...
Jeffrey Sagor-Metellus décrit les méthodes «brutales» de l'agent Lapointe
Dany Villanueva confronté aux déclarations des témoins
Contre-interrogatoire de Dany Villanueva: le drame n'est pas abordé
La crédibilité de Dany Villanueva mise en doute
Dany Villanueva livre sa version des faits
Le policier Jean-Loup Lapointe défend sa réputation
Poussière policière - Rima Elkouri
Quebec should embrace independent probes of shootings
Enquêtes sur les policiers: une apparence de partialité, selon le protecteur du citoyen
La peur de l'agent Lapointe - Yves Boisvert
L'agent Lapointe aurait exagéré le risque d'être désarmé
Les motifs de l'agent Lapointe mis en doute
Un témoignage troublant -Rima Elkouri
L'agent Lapointe n'aurait pas dû intervenir, estime un avocat
Témoignage de l'agent Lapointe: une journée sous haute tension 
L'agent Lapointe n'avait jamais appliqué le règlement sur les jeux de hasard
L'agent Jean-Loup Lapointe a eu «peur de mourir»
Coroner et police, deux enquêtes distinctes


Et si le profilage racial représentait bel et bien un réel problème, finalement ?...
Quelle égalité, maman?

LE SIGNAL D’ALARME
Sur un fil de fer

Editorial: Our police forces still don't understand
  « Mon fils a été assassiné par profilage racial »
Les policiers font preuve de «racisme pur et simple»
D'autres Noirs à fouetter
Profilage racial - La police minimise la portée d'une étude interne
Profilage racial au SPVM: un rapport alarmant
Délit de faciès

Un rapport qui interpelle

La nouvelle donne du profilage racial
Profilage racial - Trois organismes condamnent la banalisation par les autorités municipales
Le profilage racial vu par Eddy King : mieux vaut en rire...
Guerre aux gangs de rue: une «porte ouverte au profilage racial»

La peur du Noir - Rima Elkouri
Profilage racial: Montréal «sur la voie des banlieues françaises»

Parlons profilage - Nathalie Collard
Ensemble contre le profilage racial
Sous mon poncho de hippie - Rima Elkouri
Brutalité policière: les manifestants déposent une plainte

Profilage racial - Le décalage
QUELQUES EXTRAITS DE LA CONSULTATION
Le tabou du profilage - Rima Elkouri
Profilage racial: les autorités montrées du doigt

La thèse du profilage racial débattue
Profilage racial: les plaintes de la discorde


Quand la police semble s'avérer aussi brutale qu'incompétente...
Une « violation massive » des libertés

G20: l'ombudsman de l'Ontario dénonce des pouvoirs dignes des «mesures de guerre»
G20 definitely isn’t Queen's Park's finest hour

Des excuses, s’il vous plaît
G20: les accusations tombent massivement

Québécois arrêtés au G20: des accusations, mais peu d'explications
Les deux côtés de la clôture

G20: la cour abandonne plusieurs accusations
Contraventions dans les parcs: des policiers zélés

G20: une coalition en appui aux détenus
G20: une plainte à l'ONU en préparation
Who will protect us from our protectors?

Inadmissible - André Pratte
Soixante heures à «Torontonamo»

Toronto contre Attila
G20: la police aurait utilisé des agents provocateurs
Le G20 de Toronto - La dérive

Y aurait-il donc un certain problème en ce qui concerne la formation de nos policiers, sans parler de la manière dont la police peut enquêter sur elle-même ?... ( Et Est-il vraiment normal que l'on demande à la police d'enquêter sur elle-même ?...)
Un trio chez McDo
Le clochard et le flic
Comment éviter les drames?
Avant d’avoir raison de tirer
Putain de couteau

Pas juste une balle perdue

Il ne faisait que passer



Quand c'est la police elle-même qui est accusée...
Un flic bien brave

Le recours aux armes plus fréquent
Un expert et ancien policier fait l’objet de menaces
RCMP is still horribly broken. Fix it. - Globe Editorial
The RCMP’s necessary but not sufficient change - Globe Editorial
Des conseillers civils dans des postes de quartier du SPVM
Agressions sexuelles: après la plainte, l'attente
Une réorganisation qui tombe mal
L'autre «show» - Patrick Lagacé
Grabuge: les commerçants s'attendent au pire

let'S TRY IT AGAIN
Police deserve praise for response to riot
Police officers have to earn Montrealers' trust
Hockey bottines et autres crimes - Yves Boisvert
Les policiers doivent être ouverts à la diversité
A reasonable discussion about racial profiling
La police de Montréal sur le gril
Les leçons d'une mort «prévisible»
Une intervention de moins d’une minute  -  Caroline Touzin
L'agente Pilotte n'a pas craint pour sa vie ni pensé sortir son arme
Le SPVM et la SQ se font écorcher  -   Caroline Touzin
Le Nous qui dit tout  -  RIMA ELKOURI
« Nous, les policiers, on est honnêtes »  -  Caroline Touzin
Trois sergents de la SQ font face à la déontologie
Intervention trop musclée Deux policiers du SPVM suspendus sans solde

Toujours pareil - Rima Elkouri

Des manifestants dénoncent la brutalité policière, une centaine sont arrêtés

Et si, même à ce niveau, du changement pouvait toujours être espéré ?...
New police chief to tackle racial profiling

Marc Parent rompt avec l'ère Delorme
Commercialisation: Marc Parent veut des règles claires
Coup de théâtre
Marc Parent reçoit un accueil enthousiaste

... et que dire de la douane, en passant ?...
Canada’s customs inquisition

La douane, encore la douane
Et encore bravo! - Marie-Claude Lortie


Voir aussi Violence et Société

Des décibels au lieu des balles


Quand la société se décide à déclarer la guerre au crime organisé...
Le mafioso qui ne voulait pas attirer l'attention

Les frères Lavertue plaident coupable
Quand le crime paie 2,9 millions - Yves Boisvert
Contrebande de cigarettes: la GRC sonne l'alarme
Six Hells à la retraite libérés sous caution  -  André Cédilot
Quand la SQ s’intéresse à la corruption -  YVES BOISVERT
Une réforme pour qu’il y ait plus de policiers sur le terrain
Travaux de 3,9 millions au Centre judiciaire Gouin

ALLÉGATIONS DE CORRUPTION À MONTRÉAL Le chef de la SQse dit « préoccupé »

La justice à l’ère postindustrielle - YVES BOISVERT
L’encerclement des Hells -  André Cédilot
Un entrepreneur se met à table -  Denis Lessard

Offensive contre la pègre asiatique - HUGO MEUNIER
Une pègre implantée de la côte Ouest aux serres québécoises -  Judith Lachapelle
(NOUVELLE) DESCENTE CHEZ LES HELLS ANGELS
La contrebande de cigarettes fait un tabac

L’autorité des Hells Angels affaiblie au centre-ville

La SQ frappe encore chez les Hells
DES CHANGEMENTS À PRÉVOIR DANS LA RUE

Et se pourrait-il que ça marche, justement ?...
Une année difficile pour la pègre

Une pègre divisée et sans leader  -  André Cédilot
Accalmie chez les gangs de rue  -  Caroline Touzin

...quand les gagns, en s'attaquant les unes les autres, ne se chargent pas elles-mêmes du travail !...
Le leadership des Rizzuto serait contesté

Un autre café italien attaqué
Entre Italiens? - Patrick Lagacé

...Et quand on se décide à finalement s'en prendre aux criminels en cravate !...
Des comptables flics  -  Serge Ménard

Voir aussi 
Peut-il y avoir pires voleurs que les fraudeurs ?...

 
Les cyclistes de performance retrouvent leur piste

Le maire Tremblay pédale en mode compromis
CHRONIQUE D’UNE FIN ANNONCÉE -  Caroline Touzin
Voir aussi Les mal-aimés du vélo - NATHALIE COLLARD



LE DEVOIR
Longueuil - La saga du budget tire à sa fin

Perspectives - L'enfer québécois


THE GAZETTE
Doctors, teachers seek support in contract talks
Quebec can't afford to meet union demands
Commuters get revenge for bad service

STM cries poor, blames hidden deficit
Counting on citizens to break the law


GLOBE AND MAIL
***

L'ACTUALITÉ

TIME MAGAZINE








À BIEN Y PENSER
Quand on parle de la rue Sainte-Catherine et de ses commerçants anglophones, une question me vient à l’esprit : où sont les commerçants francophones ? Serait-ce parce que les francophones ont comme ambition première de devenir fonctionnaires et de prendre leur retraite en Floride ? Les Québécois francophones ne sont pas commerçants dans l’âme, contrairement à de nombreuses autres nationalités.


LE SILENCE DES PATRONS  -  Michel Kelly-Gagnon
Le poids politique des gens d’affaires restera négligeable s’ils ne se serrent pas les coudes
Quand les politiciens déplaisent aux syndicats, ils subissent des manifestations et des dénonciations publiques constantes. Quand ils déplaisent aux entreprises, le coût politique est à peu près nul.
Il y a quelques jours, rapportait qu’un groupe de syndiqués de la CSN, mécontent de la tournure des événements entourant le conflit de travail chez Quebecor, avait manifesté autour de la tombe de Pierre Péladeau.
Au Québec, un travailleur peut se retrouver forcé à payer une cotisation syndicale sans même ne jamais avoir eu au préalable l’occasion de s’exprimer. Du point de vue de l’employeur, cela soulève, dans certains cas, des doutes quant à la volonté réelle des travailleurs de se syndiquer.
Mis à part la dénonciation de Pierre Karl Péladeau, l’événement a suscité peu ou pas de commentaires de la part des ténors du monde des affaires ou des divers commentateurs politiques et économiques.
Pourtant, imaginez un seul instant qu’il me vienne à l’idée d’aller manifester sur la tombe de Louis Laberge avec une centaine de mes amis. Je peux vous assurer que l’ensemble de l’establishment syndical et journalistique du Québec me tomberait sur la tomate pendant plusieurs semaines, et ce, à juste titre.
Au-delà des faits particuliers de cet incident, tout cela en dit beaucoup sur le climat d’idées au Québec et sur l’incroyable double standard qui existe entre, d’une part, les syndicats et, d’autre part, le patronat.
Permettez-moi de vous raconter une anecdote (non diffusée publiquement jusqu’à ce jour) afin d’illustrer la toute-puissance des syndicats au Québec et, à l’inverse, la faiblesse relative du monde patronal.
Au moment où je présidais le Conseil du patronat du Québec, j’avais entrepris une campagne publique afin de permettre aux travailleurs de pouvoir voter quand ils font l’objet d’une tentative de syndicalisation. Oui, oui, chers lecteurs, vous ne rêvez pas en lisant ces lignes. Actuellement, ces derniers n’ont pas la possibilité de s’exprimer dans le cadre d’un vote secret en bonne et due forme puisque cela se fait par signature de cartes. Rien n’empêche, et le cas de Wal-Mart à Jonquière en est un bon exemple, les agents de syndicalisation de se présenter au domicile du travailleur, et ce, même à plusieurs reprises en cas de refus initial par ce dernier.
Qui plus est, la loi actuelle n’oblige pas le syndicat à consulter tous les travailleurs visés par la demande d’accréditation. Ainsi, si, par exemple, un travailleur est connu comme étant notoirement sceptique envers les syndicats, on peut tout simplement l’ignorer. Mais, une fois l’accréditation syndicale obtenue, on pourra alors le forcer à payer une cotisation en vertu de la formule Rand. Bref, au Québec, un travailleur peut se retrouver forcé à payer une cotisation syndicale sans même ne jamais avoir eu au préalable l’occasion de s’exprimer. Du point de vue de l’employeur, cela soulève, dans certains cas, des doutes quant à la volonté réelle des travailleurs de se syndiquer et, donc, quant à la légitimité du syndicat.
Dans les jours suivant cette campagne publique, j’ai reçu une lettre laconique de la part d’une entreprise membre du CPQ mentionnant qu’elle ne souhaitait pas renouveler son membership à notre association. Aux fins de cet article, nous appellerons cette entreprise XYZ. La semaine suivante, à l’occasion d’une réunion du conseil d’administration de la CSST, un leader syndical bien connu m’avait approché dans le corridor, l’air narquois, en me disant : « Tu sais, le cas de l’entreprise XYZ, c’est juste un avertissement. Si tu continues avec ton affaire de scrutin secret obligatoire, il va y en avoir d’autres ! »
Plusieurs mois plus tard, le viceprésident exécutif de l’entreprise en question m’avouait à demi-mot qu’il avait annulé son membership à la demande du leader syndical en question afin « d’éviter d’avoir du trouble avec ce syndicat vu qu’ils nous réfèrent de la business ».
De même, il faut savoir les revenus annuels totaux des trois principales organisations représentant les entreprises au Québec (FCCQ, CPQ et FCEI) oscillent autour de 6 à 7 millions de dollars alors que les revenus annuels totaux des trois principales centrales syndicales québécoises sont de l’ordre de 700 millions, excluant l’argent (et donc, le pouvoir) qui se trouve dans leurs fonds fiscalisés.
On peut aimer ou non Pierre Karl Péladeau. Personnellement, j’ai découvert, au fil des ans, un homme attachant et généreux de sa personne. Mais aussi, et je dirais même surtout, j’ai appris à l’apprécier, car il sait manifester du courage et de la résilience face au pouvoir syndical comme très peu osent le faire au Québec.
Les gens d’affaires du Québec devront apprendre à manifester davantage de solidarité et de courage. Ils devront aussi s’organiser autrement mieux qu’ils ne le sont actuellement. Sinon, leur poids politique demeurera ce qu’il est, c’est-à-dire négligeable.

Les politiciens québécois, indépendamment de leur idéologie officiellement déclarée, font un calcul simple: quand ils déplaisent aux syndicats, ils subissent des manifestations et des dénonciations publiques constantes. Mais, à l’inverse, quand ils déplaisent aux entreprises, le coût politique est à peu près nul. Dans un tel contexte, que croyez-vous qu’ils soient naturellement portés à faire?



NÉGOCIATIONS DU SECTEUR PUBLIC Le front commun dépose ses demandes  -  Denis Lessard
QUÉBEC — Des conditions de travail améliorées ou de meilleurs salaires. Le f ront commun des employés de l ’ État a t enu un discou r s ambigu quant à ses priorités dans la discussion qui s’est a morcée hier par le dépôt des demandes syndicales au gouvernement.
Au cours de sa tournée de consultation dans plus de 13 villes, un des dirigeants de la coalition syndicale qui représente les 475 000 syndiqués de l’ État n’a pas senti que les membres plaçaient leurs demandes salariales au sommet de leurs priorités.
« Ce qui est remarquable, c’est que les membres qui se sont exprimés n’ont pas nécessairement parlé d’entrée de jeu de leurs salaires, de leurs conditions de t ravail… Ce qu’on a surtout entendu, c’est qu’ils veulent pouvoir faire leur travail », a expliqué Gilles Dussault, du Secrétariat intersyndical des services publics.
« J’en ai entendu parler des salaires… Mais cela n’a pas été le discours dominant. Et j’ai été surpris de ça », a-t-il résumé.

Selon lui, « dans le secteur de la santé, les infirmières ne sont plus capables d’endurer. Elles partent ou se font engager par des agences privées ». À son avis, le problème de l’organisation du travail doit être réglé afin d’éviter que le gouvernement doive se tourner vers des consultants bien plus coûteux.
« On ne veut pas faire prévaloir les questions d’organisation du travail sur les questions de traitement de base. Mais c ’est remarquable, les gens disent qu’ils voudraient rendre de meilleurs services. Les gens qui sont en contact direct avec la clientèle nous disent qu’ils ne sont plus capables de donner les services. »
Le f ront commun a tenu une conférence de presse hier après une petite démonstration de force ; 300 syndiqués environ manifestaient quand les ténors syndicaux sont allés t r a nsmettre of f i c iel lement leurs attentes aux négociateurs du Conseil du Trésor.
Aux côtés de M. Dussault, Claudette Carbonneau de la CSN et Michel Arsenault de la FTQ ont tenu à vite remettre le projecteur sur les demandes salariales. « Les gens veulent une convention complète. On est dus pour une mise à jour sur les deux plans (salaires et conditions de travail). Il vient un temps où lorsque les conditions salariales ne sont plus ajustées, les gens se sentent méprisés », a résumé Mme Carbonneau.
« Quand tu veux des services de qualité, il faut que la rémunération soit correcte », a insisté Michel Arsenault, pour qui les employés du secteur public ont un « rattrapage à faire » du côté salarial par rapport au secteur privé.
Dans ses demandes déposées hier, le front commun réclame un total de 11,2 % d’augmentation de salaire sur trois ans – une hausse de la masse salariale de 3,2 milliards. Pour Mme Carbonneau, un nouveau décret des conditions de travail – comme cela a été le cas avec la loi 142 il y a cinq ans – « serait une catastrophe, ce serait la première fois qu’il y aurait deux décrets successifs ».
Da n s u n c o mmuniqué, Monique Gagnon-Tremblay, présidente du Conseil du T r é s or, a promis h i e r de « discuter avec ouverture et transparence » avec les cent rales afin d’en a r r iver « à une entente signée malgré le contexte budgétaire difficile ».
Québec, qui promet de r é pondre r apidement au x demandes syndicales, dispose de 60 jours pour déposer ses propositions.


Hausser les salaires des fonctionnaires  -  Karim Benassaieh
Le front commun dépose demain sa demande d’augmentation de 11,25 % sur trois ans
Alors que Québec tente de freiner ses dépenses, le plus gros front commun de l’histoire déposera demain sa solution : des hausses de salaire de trois milliards, soit 11,25 % sur trois ans pour ses 475 000 membres.
De gauche à droite, Gilles Dussault (SFPQ), Michel Arsenault (FTQ) et Claudette Carbonneau (CSN) au cours de la rencontre du front commun des syndicats hier à
En revalorisant la fonction publique, en y favorisant le recrutement et la rétention des talents tout en ayant moins recours au secteur privé, le gouvernement fait « un bon i nvestissement » , ont fa it valoir les trois leaders syndicaux en rencontre éditoriale à La Presse.
« Dans une période de crise é c onomique c omme c el l e qu’on traverse, l’utilité des services publics est tout à fait évidente, estime Claudette Carbonneau, présidente de la Confédération des syndicats nationaux. Quand on regarde le contexte de corruption, il y a quelques leçons à tirer d’une fonction publique qui serait complètement laminée. »
Trois milliards sur trois ans
Les t r oi s mi l l i a r ds s u r trois ans demandés par les employés de l’État « vont être rentabilisés, et considérablement », si on permet aux syndiqués de s’impliquer dans l’organisation du travail, dit Gilles Dussault, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics, qui chapeaute cinq gros syndicats.
« Des choses vont être remises en question. Le recours abusif à la sous-traitance, ça n’a plus aucun bon sens. On veut réduire les dépenses ? On va regarder de ce côté-là aussi. Et il faut que les employés a i ent l e s enti ment d’êt r e respectés. On n’est pas des voleurs, on n’est pas des crosseurs, on est des travailleurs qui veulent être respectés. »
Les l e a de r s s y nd i c a u x notent que l e manque de mai n-d ’ oeuvre f r a ppe de plein fouet l ’appareil gouver nemental , « huit pages de titres d’emplois qui sont en pénurie dans le secteur publ i c , s elon u n r a ppor t d’Emploi-Québec », dit Mme Carbonneau. Au banc des accusés : les salaires des fonctionnaires, qui accuseraient un retard de près de 7 % par rapport aux autres salariés québécois qui occupent des postes semblables.
« I l s’agit vraiment d’une négociation charnière, précise la présidente de la CSN. On sort d’un décret qui a duré cinq ans, avec deux années de gel. On en arrive aujourd’hui à une situation où les conditions de travail se sont manifestement dégradées sur le plan des salaires et des conditions de travail. »
Les récentes déclarations du ministre des Finances, Raymond Bachand, qui a établi le déficit pour l’année en cours à 4,7 milliards et a évoqué la nécessité de limiter les hausses de dépenses, n’émeuvent guère le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault.
« C’est de bonne guerre. Ça fait 35 ans que je suis dans les conventions collectives, chaque fois que j ’ai eu à rencontrer un employeur, ils n’ont jamais d’argent, ça va mal, c’est toujours pareil. Depuis 35 ans, ils n’ont jamais une cenne, mais on a réussi quand même à améliorer notre sort. »
Outre l’aspect salarial, les demandes syndicales déposées demain au gouvernement du Québec comprennent des mesures de conciliation travailfamille et de bonification du régime de retraite. Les représentants syndicaux souhaitent une réponse et un règlement rapides. « On s’est entendus pour avoir une négociation ciblée: ce n’est pas un arbre de Noël, ce qu’on amène là, dit Mme Carbonneau. On n’a pas intérêt à cultiver un psychodrame sur des mois et des mois. »



Comparer des oranges avec des oranges  -  Monique Audet, Pierre Beaulne et Lise Pomerleau
MONIQUE AUDET, PI E RRE B E AULNE E T L I S E P OMERLEAU Les auteurs sont respectivement économistes à la FTQ, au SISP et à la CSN. Drôle de logique que celle qui sous-tend le propos du chroniqueur Michel Girard dans La Presse du 24 octobre 2009. Se fondant sur les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), il affirme que la rémunération hebdomadaire moyenne versée dans le secteur public en 2008 était de 30% supérieure à celle versée dans le secteur privé, soit 847$ comparativement à 664$.
De tels résultats peuvent surprendre. Surtout quand on sait qu’une autre étude annuelle de l’ISQ, celle qui porte spécifiquement sur l’état et l’évolution comparés de la rémunération des salariés, aboutit à des constats opposés. Pour 2008, les employés de l’administration québécoise accusent un retard salarial de 5,2% par rapport à ceux du secteur privé. Par rapport à l’ensemble des autres salariés québécois, le retard est de 7,7%.
En fait, tout le problème vient du fait qu’il faut comparer des oranges… avec des oranges.
Le Front commun SISP-CSN-FTQ, qui dépose ses demandes ce vendredi, représente les salariés des réseaux de la santé et de l’éducation ainsi que de la fonction publique, ce que l’ISQ appelle l’administration québécoise. Cela exclut les salariés de l’administration fédérale, des municipalités, des utilités publiques et des universités.
Or, les chiffres évoqués par Michel Girard procèdent d’un tel amalgame. Ils proviennent d’une compilation faite par l’ISQ des données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, qui présente les rémunérations moyennes par grand secteur d’activité, sans égard aux caractéristiques des employés en matière de compétences, d’expérience, de statut, d’âge et de sexe, etc.
En revanche, dans son rapport annuel sur l’état et l’évolution comparés de la rémunération dans l’administration québécoise, l’ ISQ cherche à trouver à l’extérieur de l’administration québécoise des emplois similaires à ceux qu’on y retrouve et à comparer leurs salaires et avantages sociaux. Cela paraît fort honnête, le souci premier étant de comparer des choses comparables.
Dans le cas de Michel Girard, les chiffres évoqués ne sont sans doute pas faux, mais ont-ils un sens autre qu’un banal constat empirique? On ne se soucie pas de savoir si les employés font le même travail. De fait, le type de travail effectué n’a aucune importance aux fins de cette étude, ni d’ailleurs les statuts d’emploi.
En outre, l’étude ne s’encombre pas des différences de composition professionnelle des divers secteurs. Qu’un secteur fasse davantage appel à des emplois hautement qualifiés, et vraisemblablement mieux rémunérés, plutôt qu’à une main-d’oeuvre moins qualifiée n’entre aucunement en ligne de compte. En fait, on ne se soucie guère de savoir si on compare des choses comparables. En fin de compte, on ne compare rien du tout. On ne fait que compiler des données sur la rémunération dans divers secteurs d’activité, en soulignant grassement que les employés du secteur public commandent, dans l’ensemble, des salaires supérieurs.
Le terme de comparaison, pour qualifier un tel exercice, est vraiment abusif. Il est bien évident, par exemple, qu’on observera un salaire moyen supérieur dans l’enseignement que, disons, dans le secteur du commerce, parce que l’enseignement regroupe surtout des professeurs qui ont des salaires relativement plus élevés que ceux des travailleurs du commerce. Il n’en découle pas pour autant qu’une secrétaire de commission scolaire est mieux payée que son homologue du secteur du commerce. En réalité, c’est même l’inverse!
La chronique de Michel Girard vient jeter de la confusion en attisant des préjugés au sujet de la rémunération des employés du secteur public qui datent d’une autre époque. Mais cela ne change rien à la réalité. Les salariés du secteur public accusent encore un net retard sur ceux du secteur privé pour des emplois comparables.


L’effronterie du secteur public  -  Michel Girard
Audace, impudence, insolence, sans-gêne. C’est ainsi que Le Petit Robert définit le mot « effronterie ». À mes yeux de contribuable, cela qualifie précisément ce que j’ai ressenti après avoir pris connaissance cette semaine des demandes syndicales des employés du secteur public québécois.
Je vous l es r ésume : le front commun des 475 000 employés du secteur public « nous » réclame des augmentations ne totalisant rien de moins que 11,25 % en trois ans, ce qui augmenterait leur masse salariale de 3,2 milliards de dollars.
Pourquoi je dis « nous » ? Je prends ça « personnel » parce que ce sont les contribuables qui font vivre le gouvernement et son vaste secteur public.
Quand l e président de la FTQ, Michel Arsenault, affirme que « l ’employeur va s’arracher les cheveux et dire qu’il ne peut pas payer », j’aimerais lui rappeler que le véritable « employeur » du secteur public, c’est l’ensemble des contribuables.
Et j’avoue que les hausses salariales réclamées par le front de boeuf, pardon, par le Front commun du secteur public, m’interpellent directement. En tant qu’employeur indirect ( par l’entremise des élus du gouvernement, tous partis confondus), oui, elles m’arrachent les cheveux, vos demandes et non, on n’a pas les moyens de vous les payer. Avant que les bonzes du Front commun, les Claudette Ca r bonneau de l a CSN, Michel Arsenault de la FTQ et Gilles Dussault du SISP (Secrétariat intersyndical des services publics ( SISP) ne demandent à leurs troupes de m’inonder de leurs malheurs… financiers, j’aimerais juste leur rappeler quelques faits budgétaires.
1 > Nous, propriétaires du gouvernement du Québec, allons boucler la présente a nnée f i nancière avec un déficit qui s’enligne vers les cinq milliards de dollars. Et les déficits annuels vont se poursuivre pendant plusieurs autres années. Qui dit déficit, dit alourdissement de la dette. Ayons ici une petite pensée pour les générations f utures qui devront éponger ces dettes…
2 > Vous, nos employés du secteur public, comptez à vous seuls pour près de 55 % de l’ensemble des dépenses actuelles de tous les programmes du gouvernement provincial. Les dépenses liées à votre rémunération s’élèvent actuellement à 32,8 milliards de dollars. Méchante facture…
3 > Pour éviter de réduire le salaire et les alléchants avantages sociaux dont vous bénéficiez (comparativement à la majorité des travailleurs du secteur privé), le gouvernement va devoir puiser davantage dans nos poches, en augmenter bientôt la taxe de vente (TVQ) et également le coût des divers services publics.
4 > Pendant ce temps, le taux de chômage au Québec frise les 8,8 %, après que la province eut perdu, depuis le début de l’année, 57 600 emplois. À Montréal, la situation est encore pire: on parle de 9,5%.
5 > En raison de la crise f i nancière mondiale qui a (également, eh oui !) frappé le Québec, non seulement des entreprises ont fermé leurs portes et mis à pied des dizaines de milliers de travailleurs, mais en plus, un très grand nombre de travailleurs (syndiqués et non syndiqués) ont été contraints d’accepter des baisses de salaire et des révisions à la baisse de leurs avantages sociaux.
6 > Conséquence directe de ces pertes d’emploi et réductions de salaire : le gouvernement québécois se retrouve forcément avec une diminution des revenus d’impôt et de taxes de tout acabit.
7 > Ajoutons à cela la forte baisse des revenus que le gouvernement tire des impôts des sociétés. Ce n’est pas une surprise pour personne de constater que les bénéfices imposables des entreprises ont dramatiquement chuté dans la foulée de la récession.
Revenons aux choses importantes ! C’est sur le thème « Ensemble pour les services publics » que les bonzes du Front commun SISP-CSNFTQ font présentement une grande tournée du Québec dans le but, disent-ils, d’échanger avec leurs membres et la population sur les enjeux de la négociation pour le renouvellement des conventions collectives qui arrivent à échéance le 31 mars 2010.
Et parole de Claudet t e Ca r bonneau : « Ce F r ont commun est unique dans l’histoire du Québec. Nous négocions d’une même voix pour 475 000 travailleuses et travailleurs… Cette négociation est importante, non seulement pour nos membres, mais pour toute la population. I l ne s’agit pas seulement d’améliorer les conditions de t ravail des salariés de l’État, il s’agit également de maintenir et d’améliorer les services publics. »
Message à nos 475 0 0 0 salariés de l’ État québécois et également à tous les cadres non syndiqués : l’amélioration de vos conditions de travail passe par la détérioration des finances personnelles de la population.
Désolé, mais on n’a pas les moyens de s’appauvrir collectivement pour améliorer votre sort !
Pour la majorité des travailleurs du secteur privé, des salaire et des conditions de travail gelés sont actuellement considérés comme une sacrée bonne nouvelle.



Les employés du secteur public se préparent à l’affrontement  -  Denis Lessard
QUÉBEC — Le f r ont c ommun des 475 000 employés du secteur public fourbit ses armes en prévision de l’a ffrontement, inévitable, avec Québec cet hiver. Pour la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, l’i ntention de Québec de ramener à 3,2 % la croissance de ses dépenses pour quatre ans à compter du 1er avril prochain « ne tient pas la route ».
Depuis des années, la croissance réelle des dépenses est plus proche de 5,2 %. Depuis 40 ans, on ne les a ramenées à 3,2 % que dans des périodes de fortes compressions budgétaires, insiste la présidente. À la fin du mois de septembre, au conseil général de son parti, le premier ministre Charest avait prévenu que les hausses tarifaires ne seraient pas le seul outil pour permettre à Québec de retrouver l’équilibre budgétaire.
Le gouvernement devra « se serrer la ceinture », avait prévenu M. Charest, une mise en garde claire à l’intention des centrales qui s ’approchaient hier de la table des négociations.
Avec l e président de la FTQ, Michel Arsenault, et celui du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, Gilles Dussault, Mme Carbonneau partira en tournée de mobilisation des membres dans 13 régions du Québec d’ici au 30 octobre. C’est à ce moment que le front commun déposera officiellement ses demandes en vue des négociations. On compte souligner la chose par des manifestations à Québec comme dans les régions.
Québec aura par la suite un maximum de 60 jours pour fa i re ses propositions aux centrales. Le front commun réclame des augmentations totalisant 11,25 % en trois ans, une augmentation cumulée de 3,2 milliards de dollars de la masse salariale du gouvernement. « Personne ne veut mettre le Québec à l’envers avec des débrayages », dit Michel Arsenault, mais la position préliminaire du gouvernement est, selon lui, prévisible : « L’employeur va s’arracher les cheveux et dire qu’il ne peut pas payer. »
La croyance populaire qui veut que le secteur public doive gagner moins parce qu’il jouit d’une sécurité d’emploi absolue doit être revue : la prolifération des emplois précaires n’épargne pas les salariés de l’État. Il a relevé que, désormais, 64 % d’entre eux n’ont pas de sécurité d’emploi.
En 2005, les négociations s ’ét aient ter minées abruptement par un décret parce que le gouvernement disait ne pas pouvoir répondre aux demandes des syndicats. Or, tout de suite après, a rappelé Mme Carbonneau, le gouvernement Charest a déversé des milliards dans les infrastructures, cédé 5 milliards en baisses d’impôt et décidé de ne pas occuper le champ fiscal que lui avait laissé Ottawa en diminuant la TPS de 2 %.
Entre 20 0 4 et 20 09, les conditions de travail des salariés du secteur public se sont améliorées de 8%, comparativement à 15,3 % « en moyenne » dans le secteur privé, affirme Mme Carbonneau.


Les fonctionnaires doivent accroître leur productivité, dit le ministre Bachand
Afin d’aider le gouvernement du Québec à revenir au déficit zéro d’ici 2014, les fonctionnaires devront accroître leur productivité, a prévenu hier le ministre des Finances, Raymond Bachand.
« Maintenir les services quand on a moins d’argent veut dire que tous ensemble, employés et gestionnaires, nous devons trouver les moyens d’accroître notre efficacité dans la façon de livrer ces services », a déclaré M. Bachand à la tribune du Cercle de la finance internationale de Montréal.
« Défendre nos valeurs et nos services, oui, mais (il faut aussi) accepter de remettre en question les façons de faire désuètes et inadaptées, mises en place lorsque l’abondance perçue des ressources nous confortait dans un environnement de productivité faible et d’absence de débats et de remises en question », a soutenu le ministre.
Raymond Bachand a en outre affirmé qu’en plus des fonctionnaires, tous les Québécois allaient devoir « s’entraider, faire (leur) part, y compris (leur) part de sacrifices et de solidarité financière ».
En point de presse, M. Bachand a assuré qu’il n’était pas question de diminuer le nombre de fonctionnaires, mais plutôt de les faire travailler « mieux ». Il a donné comme exemple le réaménagement des chirurgies de la cataracte, qui a permis de multiplier les interventions sans faire travailler les employés davantage. Des discussions sur le sujet auront lieu prochainement avec les différents syndicats qui représentent des employés de l’État, a-t-il indiqué.
La présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, Lucie Martineau, s’est dite surprise des propos du ministre, d’autant plus que celui-ci n’est pas directement responsable des fonctionnaires.
« C’est encore alimenter des préjugés, a-t-elle lancé au cours d’un entretien téléphonique. On dit encore qu’on va couper dans les vaches sacrées, mais où s ont l es vaches sacrées ? » Selon elle, Québec a davantage coupé dans les services aux citoyens que dans le nombre de gestionnaires au cours des dernières années.
Par ailleurs, dans la foulée des scandales financiers de l’été, M. Bachand a lancé un appel à la vigilance aux professionnels du secteur, plus particulièrement les conseillers en placement, les notaires, les avocats, les comptables et les dirigeants d’institutions financières.
À la demande de Québec, l’Autorité des marchés financiers ( AMF) a récemment convoqué les représentants de plusieurs ordres professionnels afin de faire passer le message. Le gouvernement se préoccupe plus particulièrement du sort des personnes âgées qui confient la gestion de leur patrimoine à des proches ou à des tiers.


SANTÉ & ÉDUCATION : DES RÉSEAUX GROS COMME JAMAIS  -  Stéphane Paquet
Avec leurs 470 808 travailleurs, les réseaux de la santé et de l’éducation n’ont jamais employé autant de personnel. Et les dernières années ont été fastes en matière d’embauche.
Pour illustrer la rapidité à laquelle les embauches se sont faites depuis 2003, l’économiste Luc Godbout de l’Université de Sherbrooke propose cette image: en 2003, il y avait un employé des réseaux de la santé et de l’éducation par 23 Québécois. Pendant les cinq dernières années, on a ajouté un salarié chaque fois que 13 Québécois venaient au monde.
« Le rythme, d’après moi, n’est que temporaire », souligne M. Godbout, également c hercheur à l a Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques, après que nous lui ayons montré les chiffres du Conseil du Trésor.
En fait, si on emprunte le vocable du Trésor et compte les effectifs en « équivalent temps complet », le nombre d’employés dans les deux réseaux (qui inclut les cégeps, mais non les universités) est en hausse de 15 475 ou 4,7 % pendant les cinq dernières années et atteint 345 270. Trois sur cinq travaillaient dans le réseau de la santé.
M. G o dbout s o u l i g ne qu’un nouvel emploi sur cinq dans les réseaux était un poste d’infirmière. « Il y a eu un effort pour améliorer les réseaux (de la santé et de l’éducation), dit-il, si on considère que l’ajout d’employés est un indicateur… et il en est un d’après moi. »
Ces seuls emplois supplémentaires ont coûté à l’ État québécois 750 millions en salaires en 2007-2008, alors que la masse salariale des deux réseaux f rôlaient les 17 milliards. « Pour les finances publiques, c’est un choix de société », souligne encore M. Godbout.
UN CADRE DE PLUS PAR JOUR
Depuis cinq ans, le gouvernement québécois a réussi à réduire d’environ 4000 le nombre de fonctionnaires qui travaillent dans les différents ministères. Pendant ce temps, les réseaux de la santé et de l’éducation, dont les statistiques sont compilées séparément, ont atteint une taille inégalée. Ils ont créé quatre fois plus de postes que la fonction publique n’en a éliminés.
Au cours des cinq dernières années, le réseau québécois de la santé a engagé plus de 1500 cadres. Ces embauches équivalent à un nouveau cadre par jour de travail entre 2003 et 2008 et à une progression de 16,2 % du nombre de gestionnaires.
Selon des données compilées par le Conseil du Trésor à la demande de
le réseau de la santé comptait 11 012 cadres au 31 mars 2008. Cette donnée se compare à 9473 en 20032004. Cette différence de 1539 cadres est calculée en tenant compte de ce que les fonctionnaires appellent des « équivalents temps complet » ou ETC. Si on compte le nombre d’individus cadres, l’augmentation est encore plus grande, à 1579 gestionnaires de plus. À 78 167 $ comme salaire moyen, les cadres supplémentaires ont engendré des débours additionnels de près de 120 millions l’an dernier.
Au ministère de la Santé, on explique en partie cette hausse du nombre de cadres par un retour du balancier après les compressions ayant mené à l’atteinte du déficit zéro.
Gilles Le Beau, directeur de la planification de la maind’oeuvre et du soutien au changement, explique que l’encadrement est revenu au niveau où il était en 19981999, soit un cadre par 17,5 syndiqués. En 2003-2004, ce taux a atteint 19,1 employés par cadre. Cette hausse, dit-il, était réclamée par le personnel syndiqué, qui souhaite plus de contacts avec son supérieur.
« Je pense qu’on n’en a pas assez », dit-il encore à propos des cadres, surtout dans le secteur clinique. De nouveaux employés, plus jeunes, inexpérimentés, demandent plus d’encadrement, soutient-il.
Pour le professeur en stratégie de gestion à l ’ École nationale d’administration publique, Daniel Lozeau, le facteur jeunesse signifie que la hausse du nombre de cadres sera peut-être temporaire. « S’il n’y a pas d’enflure, si ces gens-là ne s’embourbent pas dans une grosse administration, en principe, dans quelques années, si on maintient un roulement normal, ça veut dire qu’il y aura une petite baisse de l’administration parce qu’on en aura un peu moins besoin pour former les nouveaux. »
Il ne se dit pas contre l’arrivée de nouveaux cadres, mais allume « de petites lumières jaunes », compte tenu qu’il y a « toujours un petit risque de bureaucratie dans les administrations publiques… et même privées aussi ».
Un autre facteur qui a joué dans l’embauche de gestionnaires, selon M. Le Beau, est le suivant : 500 nouveaux cadres ne s ’o cc upent pas de gérer du personnel. Le Ministère les appelle « cadresconseils ». Ce sont par exemple des infirmières qui détiennent une maîtrise et qui sont mandatées pour représenter leur établissement, pour mettre au point des programmes de prévention.
« Ce sont des gens qui sont là pour leur expertise mais qui n’ont personne à leur emploi… ils ne gèrent pas une équipe », explique le porte-parole de l’Association des établissement de santé et services sociaux du Québec, Bernard Parent. « I ls sont libérés et participent à des rencontres pour améliorer la qualité du travail. »
Lui et M. Le Beau soutiennent tous deux que la fusion des établissements de santé en 2004 a pu entraîner une hausse du nombre de cadres nécessaires, sans pouvoir dire combien. Ils ne peuvent non plus dire quel serait le ratio cadre-employés idéal.
Rien senti
À la Fédération interprofessionnelle de la santé, le syndicat qui représente en majorité des infirmières, on demande depuis 2001 un mei l leur encadrement. Donc, plus de cadres.
Même s ’ i l constate que le nombre de gestionnaires est bel et bien en hausse, le vice-président Daniel Gilbert assure que ses membres ne se sentent pas plus encadrés pour autant. « Nous, sur le terrain, on ne sent pas une présence accrue… On demande de plus en plus aux infirmières-chefs de faire de la gestion », dit-il.


LES DIRECTIONS D’UNIVERSITÉS PRENNENT DU VOLUME
Le budget des universités québécoises augmente. Celui de ceux qui les dirigent augmente encore plus vite.
En 2007-2008, les f rais de direction et de gérance des universités québécoises représentaient 13,3 % de leur budget total. Sept ans plus tôt, au tournant du millénaire, cette proportion était plutôt de 10,5 %, selon des données fournies par la CREPUQ, la Conférence des recteurs et présidents d’universités.
Cette différence de 1,8 % en sept ans se traduit, en dollars sonnants et trébuchants, en une somme de 127 millions, compte tenu que le budget des universités a lui aussi augmenté. Il est passé de 1,43 milliard en 2000-2001 à 2,09 milliards en 2007-2008.
L e pr o f e s s e u r Michel Umbriaco a copublié une étude sur le sujet l’an dernier, pour le compte de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, pour laquelle il préside le comité sur le financement des universités. Il n’hésite pas à parler de « dérive administrative ».
« La masse sala r i ale du personnel de direction et de gérance des universités a augmenté de 83,2 % entre 1997 et 2004, tandis que celle des professeur-e-s a connu une augmentation de 34,6% sur la même période », peut-on lire dans l’étude qu’il cosigne.
Le problème, explique-t-il au téléphone, c’est que le nombre d’étudiants a augmenté plus rapidement, particulièrement aux 2e et 3e cycles, là où ils demandent plus d’encadrement de la part de leurs maîtres. « C’est seulement cette année qu’on trouve le même nombre de profs qu’en 19941995 », déplore-t-il.
Pendant ce temps, la part du budget consacré aux chargés de cours – qui coûtent moins cher que les professeurs et ne font pas de recherches universitaires – augmente. « Quand un étudiant fait un bac et qu’il rencontre 30 chargés de cours, je commence à me poser des questions sur ce qu’est une université », dit-il.
Autre effet de cette augmentation des budgets administratifs, selon lui : les professeurs ont moins de liberté. « Ça devient de plus en plus difficile d’avoir de l’initiative. »

RÉDUCTION DE LA FONCTION PUBLIQUE: LA CADENCE RALENTIT  -  Stéphane Paquet
Depuis cinq ans, Québec a atteint son objectif de réduire la fonction publique d’une personne chaque fois que deux fonctionnaires prennent leur retraite, à quelques dizaines d’employés près. Toutefois, plus le temps passe, plus la tâche est ardue.

Ainsi, le nombre d’employés dans les ministères a été réduit de près de 2000 personnes en 2003-2004. Les années suivantes, les diminutions ont été plus difficiles à réaliser, puisque la fonction publique a été réduite d’à peine 334 fonctionnaires à temps plein en 2006-2007, dernière année pour laquelle les données sont disponibles.
Même si l’essoufflement semble évident, le chef de cabinet de la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, soutient que sa patronne a l’intent i on de ga r der l a même politique que celle qui l’a précédée, Monique JérômeForget. « C’est le maintien de la politique du un sur deux », explique Guy Beaudet.
Dans les faits, 7920 fonctionnaires ont pris leur retraite dans la période concernée. C’est donc dire que 3960 postes auraient dû être abolis, alors qu’il y en a eu 3874, un écart d’à peine 86, soit moins de 2%.
En mars 2008, il restait donc 66 598 fonctionnaires à temps plein. « Globalement, la mesure a été efficace », ajoute M. Beaudet, puisqu’elle a permis d’économiser « tout près d’un milliard » de dollars.
Les prochaines a nnées risquent d’être plus difficiles pour les fonctionnaires... et les gestionnaires qui devraient voir leurs effectifs comprimés de façon beaucoup plus importante que par les années passées.
En ef fet , l e nombre de retraites moyen passera de 2000 au cours des quatre dernières années à 3000 à compter de cette année et pour les trois suivantes. Ce sont donc 1500 postes par année qui devront disparaître.
Les cheveux gris
Déjà, le renouvellement d’un employé retraité sur deux a fait vieillir la fonction publique. Le nombre de fonctionnaires de 50 ans et plus a fait un bond de plus de 20%, pour atteindre 30 257. Ils occupent maintenant 45,4% des postes.
C’est le groupe des 35-49 ans qui voit son poids diminuer davantage. Il est passé de 48,7% des effectifs en 200304 à 38,9 % en 2007-08.
De leur côté, les moins de 35 ans occupent à peine 15,7 % des postes de fonctionnaires québécois, un pourcentage stable malgré la baisse des effectifs.




Fonction publique : Gare à la pénurie
Le problème dans le secteur public, c’est le manque criant de personnel, et non pas la sécurité d’emploi
Ce que nous souhaitons, c’est que nos conditions de travail attirent les jeunes travailleurs dans les services publics et qu’ils y soient suffisamment heureux pour avoir le goût d’y rester.
L’auteure est intervenante sociale au centre jeunesse de Montréal et porteparole au Syndicat des travailleuses et des travailleurs du centre jeunesse de Montréal-CSN. Je suis une intervenante sociale du centre jeunesse de Montréal avec 32 ans d’expérience à mon actif. Je suis syndiquée et j’assume un rôle de porte-parole syndicale dans l’établissement où je travaille. Lorsque j’ai lu les articles de MM. Dubuc et Picher traitant les employés syndiqués du gouvernement de « Martiens » dans leur critique sur les demandes syndicales faites dans le cadre des prochaines négociations de nos conditions de travail, je me suis sentie mal jugée et j’ai senti une forme de mépris dans leur ton. mêmes travailleurs continuent de fonctionner avec des gels de salaire certaines années en alternance avec une augmentation annuelle (donc moins que la hausse du coût de la vie), on peut parler d’un appauvrissement pour ces employés.
Parallèment, je tiens à vous préciser que la sécurité d’emploi n’est plus le problème dans les emplois gouvernementaux. En effet, dans les différents milieux de travail que sont les services publics, le problème majeur que l’employeur vit présentement et devra affronter dans les années à venir, c’est la pénurie et la rétention du personnel. Et croyez-moi, ce problème est criant. On manque de personnel dans tous les métiers et toutes les professions, ou presque.
L’impact se fait sentir auprès du personnel qui est en poste (surcharge de tâches, épuisement, stress au travail). D’où le problème de rétention : le personnel (surtout les jeunes employés) quit te le secteur publ ic pour al ler travai l ler ailleurs ( lire le privé…). Et
Vous avez certainement droit à votre opinion. Mais le ton et le choix des mots ont une grande importance. Je suis certaine que vous avez conscience de cela.
Depuis plusieurs années, les employés de l’État ont reçu une augmentation salariale annuelle de 2% (avant impôts…) ou subi un gel salarial. Si on considère que l’indice du coût de la vie a augmenté de 2% et plus par année, ces travailleurs ont perdu, à chaque année, un peu de leur pouvoir d’achat. Si ces qu’est-ce qui arrive quand les services publics manquent de personnel de façon récurrente, d’après vous ?
Rappelons-nous que les services publics offerts par l’État sont gratuits, donc accessibles à tous. On parle ici de la santé, de l’éducation, de services sociaux, de soins à domicile, d’hébergement adapté pour les personnes âgées et autres services. Ce ne sont donc pas, comme vous le dites, « ce rempart, ce sont les transferts, les programmes de soutien ». Tout le monde sait que les hôpitaux manquent d’infirmières. Mais ce n’est pas tout le monde qui sait qu’il manque tout autant d’éducateurs et d’intervenants sociaux, de différents métiers dans les centres jeunesse, les CLSC, etc.
La grande séduction
Chez nous, au centre jeunesse de Montréal, il manque actuellement une vingtaine d’intervenants sociaux. La liste de rappel pour ces derniers et pour les éducateurs est régulièrement à sec. L’employeur recrute, fait de la grande séduction dans les maisons d’enseignement, mais le problème perdure. Ce problème s’aggrave lorsque l’on considère que dans les années qui viennent, beaucoup de ces employés du gouvernement vont quitter pour la retraite.
Si les services publics n’ont pas le personnel requis pour offrir des services adéquatement, c’est la population qui en subira les effets. Pas celle qui peut se payer des services au privé… l’autre. C’est dans cet esprit que l’on peut parler d’appauvrissement des services à la population.
Ce que nous souhaitons, c’est que nos conditions de travail attirent les jeunes travailleurs dans les services publics et qu’ils y soient suffisamment heureux pour avoir le goût d’y rester. Derrière ces représentants syndicaux qui négocient pour nous, il y a tous ces travailleurs de l’État. Nous ne sommes pas des Martiens. Nous sommes fiers de travailler dans les services publics et ne sommes pas des abuseurs de systèmes, loin de là ! Nous tenons à ce que les services de l’État attirent du personnel en qualité et en quantité suffisante. Nos conditions de travail sont liées à ces valeurs. Nous les négocierons dans le respect.





La grande illusion du front commun -  CLAUDE PICHER
Beaucoup de gens ont dû sursauter en voyant les leaders syndicaux québécois former un front commun pour soutirer à leur employeur (c’est-à-dire l’ensemble des contribuables) des augmentations salariales de 11,5% sur trois ans.
Cette demande apparaît singulièrement insolite, restons polis, alors que nous traversons la pire récession des 70 dernières années. Les travailleurs perdent leurs emplois par milliers. Depuis le début de la récession, 321 000 emplois ont été supprimés au Canada, dont 32 000 au Québec. Les gouvernements ont renoué avec le cercle vicieux des déficits et de l’endettement. Mais les syndicats québécois semblent déconnectés de ces réalités, « comme des Martiens qui viendraient de débarquer sur Terre et qui n’arrivent pas à décoder les bulletins de nouvelles », pour reprendre l’expression de mon collègue Alain Dubuc.
Or, le front commun affirme avoir en mains un argument blindé: le dernier rapport de l’Institut de la statistique du Québec ( ISQ) sur la rémunération. Le document montre que, pour des emplois identiques, les salaires des fonctionnaires québécois sont maintenant en retard sur ceux du secteur privé.
Le rapport de l’ISQ reprend la méthodologie du défunt Institut de recherche et d’information sur la rémunération ( IRIR), qui compare la rémunération pour près de 80 emplois-repères que l’on trouve à la fois dans le public et le privé : cadres, professionnels, employés de bureau, ouvriers. Les emplois qui sont peu représentés dans le privé, comme les policiers, les infirmières ou les enseignantes, sont exclus de l’étude.
La dernière enquête de l’ISQ montre qu’effectivement, les fonctionnaires québécois accusent un retard salarial de 5,2% sur le secteur privé. En revanche, si on tient compte de la rémunération globale, en incluant les avantages sociaux (assurances collectives, caisses de retraite) et la durée de la semaine de travail, les fonctionnaires détiennent un avantage de 4,2%.
Si on ne retient que le secteur privé syndiqué, le retard salarial est de 15,6%, et de 12,2% si on tient compte de la rémunération globale.
Au premier coup d’oeil, on peut donc comprendre que les dirigeants syndicaux parlent de « rattrapage ».
Mais dans les faits, le discours du front commun est une illusion. Ce n’est pas vrai, tout simplement pas vrai, que les salaires du secteur public québécois sont en retard sur ceux du privé.
Le marché du travail au Québec ne se limite pas aux grands employeurs, et encore moins aux entreprises syndiquées.
L’enquête de l’ISQ ne couvre que les entreprises de 200 employés ou plus. Ce n’est pas une omission ou une erreur méthodologique, c ’est voulu comme cela. Puisque l’idée est de comparer la rémunération des fonctionnaires avec les autres secteurs, on retient des employeurs qui offrent des conditions comparables à celles du secteur public.
Or, le marché du t ravail au Québec ne se l imite pas aux grands employeurs, et encore moins aux entreprises syndiquées.
Il existe au Québec 3,3 millions d’emplois. De ce nombre, 2,3 millions se trouvent dans des entreprises comptant moins de 200 employés. Autrement dit, en affirmant que les salaires des fonct ionnai res sont inférieurs à ceux du privé, on ignore la situation de 70% des travailleurs, pour l’essentiel les moins bien payés.
Il existe bien sûr des exceptions, mais il n’y a aucun doute que les salaires grimpent avec la taille de l’entreprise.
Dans les petites entreprises employant moins de 20 personnes, le salaire hebdomadaire moyen se situe à 436 $. Ce montant grimpe à 582$ dans les entreprises où on trouve entre 20 et 99 employés. Ces deux catégories, à elles seules, représentent 63% de l’emploi au Québec. Or, le salaire moyen québécois se situe à 598$. C’est donc dire que deux travailleurs sur trois ont des salaires inférieurs à la moyenne. Dans les entreprises comptant entre 100 et 500 employés, les travailleurs gagnent 722$ et enfin, dans les grandes entreprises ( plus de 500 employés), il passe à 813$.
Et on ne parle même pas ici des avantages sociaux.
Dans ces condit ions , le supposé « retard » des fonctionnaires sur le secteur privé est une immense fiction. La réalité, c’est que les fonctionnaires sont en retard seulement si on ne considère que les meilleurs employeurs du privé, et qu’on fait comme si 70% des autres t ravai l leurs n’existaient pas.
Al lez donc expliquer aux deux millions de travailleurs québécois, dans les PME manufacturières, les restaurants, les salons de coiffure, les petits commerces de détail, qui travaillent pour 500$ par semaine ou moins, à peu près aucune sécurité d’emploi et des caisses de retraite dérisoires quand ils en ont, allez donc leur dire qu’ils sont en « avance » sur les syndiqués du front commun.
Alain Dubuc a raison : des Martiens.



UN FRONT HORS DU COMMUN
Il y a presque quatre décennies que les syndicats n’avaient pas fait front commun pour négocier avec Québec. L’union est de retour depuis hier, avec près d’un demi-million de membres issus de sept centrales syndicales, du jamais vu. Leur objectif : obteni
Le front commun regroupe l’écrasante majorité des employés de l’État, soit 475 000 sur 540 000.
Le gouvernement Charest aura un adversai re de taille au cours des prochaines négociations : le plus gros front commun de l’histoire syndicale du Québec, regroupant près d’un demi-million de fonctionnaires et d’employés du secteur parapublic.
Le dernier front commun syndical date de 1972; il avait réussi à faire plier le gouvernement de Robert Bourassa. « Même en 1972, il n’y avait pas autant de salariés au sein du front commun, souligne Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec. C’est une étape historique. »
Pour unir leurs forces, les trois centrales syndicales majeures, la FTQ, la CSN et la CSQ, ont accepté de mettre en veilleuse leurs campagnes de maraudage dans les secteurs public et parapublic, un processus qui devait être déclenché en juillet prochain. Les dirigeants syndicaux ont officiellement entériné l’entente hier matin lors d’une conférence de presse dans un hôtel du centreville de Montréal.
« Le non-maraudage, c’est pour concentrer nos énergies sur la négociation et mettre de côté nos luttes fratricides, pour arrêter de se regarder en chiens de faïence », a déclaré M. Parent.
« Quand on arrive à une table de négociation déchirés entre nous, le gagnant est celui qui est de l’autre bord de la table, a ajouté le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault. Il faut essayer un nouveau modèle. »
Les dirigeants syndicaux ne s’en cachent pas, le contexte était idéal pour favoriser une alliance. Les conventions collectives actuelles imposées par décret aux employés de l’État en 2005 ont suscité une grogne qui n’est toujours pas éteinte. Récession oblige, on s’attend à ce que le gouvernement Charest demande des concessions aux syndiqués. Ces deux élé-
ments, notamment, ont poussé le mouvement syndical à se serrer les coudes, explique M. Parent.
Les discussions ont été entamées il y a 11 mois, à l’occasion d’une première rencontre entre M. Arsenault et Claudette Carbonneau, présidente de la Confédération des syndicats nationaux, pendant la Fête nationale. Les deux ont par la suite rallié la vaste coalition formée de la CSQ et de quatre autres syndicats, baptisée Secrétariat intersyndical des services publics (SISP).
Au bout du compte, le front commun regroupe l’écrasante majorité des employés de l’État, soit 475 000 sur 540 000. Les ingénieurs du gouvernement et les policiers font bande à part.
Négociation rapide et ciblée
La principale stratégie, ont expliqué en choeur les trois principaux dirigeants syndicaux, consistera à offrir au gouvernement Charest un échéancier de négociation « précis et raccourci » avant d’éviter qu’il ne tranche encore le débat par un décret unilatéral, précise Mme Carbonneau. « Fini le vieux mauvais film d’une négociation qui s’étire, qui n’en finit plus, marquée d’effets de toge et de coups de théâtre », illustre-t-elle.
La recette pour un front commun réussi, estime M. Parent, c’est d’avoir des demandes communes dans le cadre d’une négociation rapide et ciblée. « Ce sont plus que des voeux pieux, il faut avoir une vision commune. Si on prend le bateau ensemble, il faut aller dans la même direction. »
Les négociations formelles avec Québec devraient commencer l’automne prochain. Hier matin, les négociateurs syndicaux prévoyaient rencontrer le Conseil du Trésor pour lancer dès ce printemps une démarche de « prénégociation », dans le but d’en arriver à un règlement d’ici avril 2010. C’est à ce moment que la convention collective actuelle, imposée par décret, viendra à échéance.
Les dirigeants du front commun ont déjà convenu d’une base de demandes d’augmentations sala r iales , soit 11,25% sur trois ans. D’ici l’automne, des tables sectorielles seront tenues pour préciser les demandes des syndiqués regroupés dans une vingtaine d’organisations syndicales.
Globalement, les syndicats tenteront de combler le retard entre les employés de l’État et le secteur privé, estimé à 5,2% selon les dernières données de l’Institut de la statistique du Québec. D’entrée de jeu, le front commun a tiré à boulets rouges sur le « mythe » des conditions de travail enviables de fonctionnaires, rappelant que 36% d’entre eux sont sur appel, occasionnels ou temporaires.
« Ce ne sont pas des robots qui donnent les services publics, ce sont des humains et pour les attirer et les garder, il faut de bonnes conditions de travail », dit Mme Carbonneau.

QUELS SYNDICATS EN FONT PARTIE?
Le commun des mortels a beau connaître les noms des principales centrales syndicales au Québec, rares sont ceux qui peuvent décrire la nébuleuse complexe qui forme ce front commun de plus d’un demi-million de travailleurs. En voici les grandes lignes. SISP
L’entité la plus importante qui compose le front commun s’appelle le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), avec 262 000 membres. Ce n’est pas une centrale à proprement parler, mais une coalition de cinq organisations. La plus importante est la Centrale des syndicats du Québec, avec ses 120 000 membres. La CSQ, à son tour, est composée de huit fédérations professionnelles. Au sein de la SISP, on retrouve quatre autres grands syndicats, dont les plus importants sont la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (57 000 membres, essentiellement des infirmières) et le Syndicat de la fonction publique du Québec (40 000 membres, des fonctionnaires au sein de l’administration). CSN
La Confédération des syndicats nationaux compte 160 000 membres salariés de l’État, dont la très grande majorité, 112 000, travaillent dans le domaine de la santé et des services sociaux. Quatre syndicats au sein de la CSN représentent des employés des secteurs public et parapublic. Le plus important, la Fédération de la santé et des services sociaux, a 107 000 membres. FTQ
Les quelque 50 000 membres salariés de l’État représentés par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec font partie de quatre syndicats. Le plus important et le plus connu est le Syndicat canadien de la fonction publique. —Karim Benessaieh

Que veulent-ils ? ...
11,25%
Les négociations avec le gouvernement n’étant pas ouvertes, le front commun n’a pas encore déposé de demandes formelles. Un chiffre a cependant été révélé ces derniers jours : 11,25%. C’est l’augmentation salariale sur trois ans que demandera le front commun.
Le président de la FTQ, Michel Arsenault, le président de la CSQ, Réjean Parent, et la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, ont donné une conférence de presse commune hier.
Il a été confirmé hier en conférence de presse par le président de la CSQ, Réjean Parent, avec certaines précisions. D’abord, la demande de base est une augmentation salariale équivalant à l’inflation pour les trois prochaines années, qu’on établit à 2%.
On demande ensuite une augmentation absolue de 850$ par année pour les 475 000 syndiqués. Étant donné qu’ils n’ont pas tous le même salaire, cette somme représentera une hausse plus généreuse en pourcentage pour les petits salariés.
Sur l’ensemble de la masse salariale, ces 850$ par employé représentent une hausse relative annuelle de 1,75%, selon les calculs des syndicats.
Ces questions pécuniaires, toujours les plus cruciales, vont regrouper tous les partenaires du front commun à une table centrale. À cette table, les porteparole de la coalition siégeront devant les représentants du Conseil du Trésor.
Avec cette demande de 11,25% en trois ans vient une série de revendications déjà connues, qui se retrouveront de toute évidence dans la liste traditionnelle des demandes.
On tentera d’abolir la règle établie par le gouvernement Charest de ne combler qu’un départ sur deux dans la fonction publique. On espère limiter le recours au privé dans la santé et convaincre le gouvernement de la nocivité des partenariats public-privé.
Consultations à venir
Globalement, ont confirmé les porte-parole syndicaux, l’objectif commun sera de trouver des façons de favoriser l’embauche et la rétention de la main-d’oeuvre au sein de l’administration de l’État.
Pour les aspects plus particuliers des conventions collectives, les syndicats devront consulter leurs membres cet été. Chacun pourra mener des négociations dites « sectorielles » et certains syndicats pourront choisir de s’unir.



PLUS PAUVRES... ET PLUS RICHES QUE LES AUTRES
Le front commun s’apprête à attaquer le gouvernement Charest avec une arme apparemment sans parade: un rapport récent de l’Institut de la statistique du Québec qui établit que les salariés de l’État sont sous-payés.
Le hic, c’est que ce rapport indique aussi que les fonctionnaires, infirmières et enseignants sont bien mieux traités que les employés du secteur privé.
Paradoxal? Pas tant que ça. Le rapport de l’ISQ peut être lu à plusieurs niveaux. Il indique en effet que les salaires des employés de l’administration québécoise sont plus bas. Le retard est de 5,2% par rapport au secteur privé et grimpe même jusqu’à 15,6% si on ne retient que le secteur privé syndiqué.
Sur le plan salarial, les employés de l’État sont en fait à égalité avec ceux du secteur privé non syndiqué.
Mais l’ISQ utilise deux autres critères pour comparer le traitement réservé aux employés : outre le salaire, on tient compte des avantages sociaux et du nombre d’heures de présence au travail. En combinant les trois, on obtient la « rémunération globale ».
Et là, les employés de l’État sont loin d’être les plus mal lotis. Leur avantage global sur l’ensemble des employés du secteur privé, syndiqués ou non, est évalué à 4,2%. Cet avantage est de 11,9% sur les employés du privé non syndiqués.
Cela dit, les « salariés de l’administration québécoise », comme les identifie l’ISQ, ont tout de même une rémunération globale plus basse de 2,9% par rapport à l’ensemble des salariés. Comment est-ce possible? C’est qu’un troisième groupe de travailleurs vient quelque peu fausser les données: il s’agit de ceux que l’ISQ appelle les salariés des secteurs « autre public ».
Ce groupe est constitué de fonctionnaires qui ne relèvent pas de Québec: employés municipaux, fédéraux, universitaires ou au service d’entreprises publiques et de sociétés d’État.
Ces employés sont bien mieux traités que ceux qui relèvent de l’État québécois: leur salaire est plus élevé de 13,9% et leur rémunération globale, de 19,4%.


Un Martien près de chez vous… -  ALAIN DUBUC
Nous sommes au coeur d’une récession mondiale. Tout semble indiquer qu’elle tire à sa fin. Mais elle a fait des ravages, le chômage n’a pas fini d’augmenter, de nombreuses entreprises sont menacées, et la reprise s’annonce lente et laborieuse.
Le front commun syndical regroupe près d’un demimillion des employés de l’État.
Pourquoi rappeler ces évidences ? Parce pendant que la planète se bat contre la crise, il y a des gens qui ne semblent pas être courant, comme des Martiens qui viendraient de débarquer sur Terre et qui n’arrivent pas à décoder les bulletins de nouvelles.
Ces Martiens, ce sont les dirigeants des syndicats du secteur public, qui ont formé un front commun « historique » pour se préparer à des négociations avec le gouvernement québécois. Ils s’apprêtent à réclamer des hausses salariales de 11,25% sur trois ans, c’est beaucoup. Au coeur d’une récession qui frappe l’État de plein fouet, c’est franchement folichon.
Il y a certes un argumentaire derrière ces demandes : 6% pour tenir compte d’une inflation de 2% par année. Et le reste pour le rattrapage. Il est vrai que les employés de l’État ne sont plus des privilégiés. La dernière enquête sur la rémunération des salariés de l’Institut de la statistique du Québec montre que leurs salaires, en 2008, étaient inférieurs de 5,2% à ceux du privé, de 15,6% à ceux du secteur privé syndiqué, auquel il faudrait plutôt les comparer. Quand on tient compte des avantages sociaux et des heures travaillées, le public s’en tire mieux: sa rémunération globale dépasse de 4,2% celle du privé, mais reste derrière celle du privé syndiqué, un écart important de 12,2%. Il y a donc de la place pour du rattrapage. Le problème n’est pas dans le principe, mais dans son application.
Il y a d’abord une question de timing. La récession a précipité le gouvernement du Québec en situation de déficit. Pour le résorber, ce qui sera très difficile, il prévoit déjà des compressions et une hausse de 1% de la TVQ. Sans marge de manoeuvre, il n’y a que trois façons de financer un rattrapage salarial: taxer encore plus, couper ailleurs, ou endetter le Québec.
II faut en outre s’entendre sur l’ampleur du rattrapage. Les comparaisons public-privé ne tiennent pas compte d’un élément qui devient central dans un contexte comme celui-ci. Les deux tiers des employés de l’État, permanents, ont la sécurité d’emploi. La certitude de garder son job. Bien des gens sacrifieraient volontiers une partie de leur salaire pour cette sécurité. Combien ça vaut? Je ne sais pas. Mais on ne pourra pas avoir un débat sérieux sur la rémunération des employés de l’État si on ne met pas cet élément central dans la balance.
Les demandes syndicales deviendront par ailleurs très gênantes si les dirigeants syndicaux s’en tiennent à leur vieille rhétorique comme ils l’ont fait cette semaine dans leur communiqué commun.
« Les porte-parole du front commun ont prévenu le gouvernement que les services publics et les conditions de travail des personnes qui les dispensent ne doivent pas faire les frais de la crise. » Au nom de quel principe les employés de l’État doivent-ils être dans une bulle, complètement à l’abri d’un événement qui touche tout le monde?
« Au contraire, poursuit le communiqué, la crise révèle à quel point nos services publics constituent le meilleur rempart contre l’appauvrissement de la population. » Il est vrai que l’État constitue un rempart. Cependant, ce rempart, ce sont les transferts, les programmes de soutien. Je cherche encore à voir comment des hausses de salaire plus fortes pour les employés de l’État pourraient réduire l’appauvrissement. À moins que ça se passe comme ça sur la planète Mars…

Des Martiens… bien terre à terre -  Michel Arsenault
Les syndicats du secteur public n’ont pas choisi l’échéance des conventions collectives
La vision caricaturale de la sécurité d’emploi, qui fait en sorte que des employés de l’État sont tablettés et payés à ne rien faire, est complètement fausse.
DL’auteur est président de la FTQ. Il réplique à la chronique d’Alain Dubuc publiée dans La Presse du 13 mai. ans votre article du 13 mai, M. Dubuc, vous écrivez que les dirigeants des syndicats du secteur public sont ni plus ni moins que des Martiens, et qu’une demande d’augmentation salariale de 11,25% sur trois ans – alors que la récession frappe de plein fouet l’État – « c’est franchement folichon ».
Sur un horizon de 10 ans, il y a davantage d’avenir salarial comme vendeur dans un grand magasin que préposé aux bénéficiaires, rappelle Michel Arsenault de la FTQ.
Sachez que nous avons les deux pieds bien sur terre. Tout comme vous, nous avons constaté que la rémunération globale des salariés que nous représentons accuse un retard de 12,2% avec celle des employés du secteur privé syndiqué.
Tout comme vous, nous croyons qu’« il y a donc de la place pour du rattrapage ».
Vous dites que le problème n’est pas dans le principe, mais que c’est « une question de timing ». Nous n’avons pas choisi l’échéance de nos conventions collectives. Le décret adopté sous bâillon en décembre 2005 par le gouvernement Charest a fixé au 31 mars 2010 cette échéance. Selon le Code du travail, nous avons l’obligation de déposer nos demandes à l’automne 2009.
Les augmentations salariales seront donc effectives les 1er avril 2010, 2011 et 2012, et nous souhaitons vivement que la reprise économique soit une réalité accomplie d’ici là.
Entre-temps, nous prenons acte qu’en plein coeur de la crise, au cours du mois de février dernier, les règlements salariaux s’élevaient à 2,9% dans l’ensemble des secteurs d’activité économiques et à 3,8% dans le secteur privé pris isolément.
Vous dites que le gouvernement n’a pas de marge de manoeuvre. Pourtant, le ministre Raymond Bachand vient d’annoncer que malgré un budget déficitaire, le gouvernement versera au Fonds des générations 715 millions de dollars cette année et 880 millions l’an prochain. Monique GagnonTremblay a renchéri en rappelant que 42 milliards seront dépensés d’ici 2013 en infrastructures, auxquels devraient s’ajouter 2,8 milliards du gouvernement fédéral.
Ce sont là des choix bien terre à terre et c’est au gouvernement d’offrir ou non à ses employés des augmentations salariales qui marquent le respect qu’il doit avoir visà-vis eux, alors même qu’il a des difficultés toujours plus grandes à recruter du personnel et de les maintenir en place.
Une jeune fille a aujourd’hui davantage d’avenir salarial en devenant vendeuse dans un grand magasin plutôt que de poser sa candidature comme préposée aux bénéficiaires: 37 000$ contre 35 000$ sur un horizon de 10 ans…
Un peintre d’entretien peut espérer gagner 60% de plus dans le secteur privé syndiqué que dans le secteur public et cela est vrai pour l’ensemble des ouvriers spécialisés.
Nous avons autant besoin de gens qui entretiennent la tuyauterie et la ventilation de nos écoles et de nos hôpitaux, et de préposées qui s’occupent de nos malades, que nous avons besoin de médecins de famille.
Nous sommes convaincus que ceux et celles qui s’occupent de l’éducation de nos enfants, qui soignent nosmalades, qui entretiennent les édifices publics et qui forment l’ossature de nos services publics méritent d’améliorer leur sort.
Ils ont la sécurité d’emploi, ditesvous? Elle ne vaut que sur papier. Il n’yapersonne, parmi nosmembres, qui bénéficie de cette disposition. Et avec la pénurie que l’on connaît et qui menace de s’amplifier, le temps est loin où quiconque pourra en bénéficier.
La vision caricaturale de la sécurité d’emploi, qui fait en sorte que des employés de l’État sont tablettés et payés à ne rien faire, est complètement fausse. Les personnes mises à pied dans le sec teur publ ic doivent accepter d’aller occuper un poste où il y a besoin de main-d’oeuvre ou alors démissionner. À force de gels salariaux, comme le gouvernement Charest en a imposé en 2004 et 2005, celui-ci est en train d’appauvrir la plus grande partie de sa richesse : son capital humain.
Or, M. Dubuc, comme vous l’avez écrit dans votre Éloge à la richesse, l’enrichissement est « la seule façon crédible d’avoir les moyens de nos aspirations ».
Mais comme nous savons bien décoder l’information, nous sommes convaincus que dans votre esprit, cela ne vaut que pour « certains sportifs, artistes, cadres de haut niveau et spécialistes », comme vous l’avez écrit dans La Presse du 28 septembre 2007.





La gestion devrait-elle être faite à l’interne? se demandent le Bloc et le NPD - HUGO DE GRANDPRÉ
OTTAWA — Le Bloc québécois et le NPD jugent qu’il vaudrait la peine d’étudier la possibilité de redonner la gestion des immeubles fédéraux au gouvernement plutôt que de la confier à un intermédiaire du secteur privé.
Des représentants des deux partis ont passé cette réflexion au terme de la comparution de représentants SNC-Lavalin O&M, anciennement Profac, au comité parlementaire des opérations gouvernementales. SNCLavalin et des représentants du ministère des Travaux publics comparaissaient hier devant le comité à la suite d’articles publiés dans La Presse en mars. Des factures obtenues en vertu de la loi sur l’accès à l’information pour des travaux effectués dans un immeuble gouvernemental avaient alors fait bondir tous les partis politiques à Ottawa et amené le gouvernement à commander une étude indépendante sur ce dossier.
SNC-Lavalin avait toujours refusé de fournir des détails sur ses revenus et sa part de profit tirée du contrat dont la durée pourrait atteindre 10 ans et la valeur, 5,9 milliards de dollars. Hier, son président, Charles Rate, a accepté pour la première fois de le faire, à la condition que ce soit fait à huis clos — une procédure qui empêche les parlementaires de partager les informations qu’on leur communique.
« De tels détails sont critiques du point de vue commercial et ne sont pas dévoilés pour des raisons de concurrence », a expliqué la porteparole de la compagnie, Leslie Quinton. Néanmoins, au terme de l’exercice, Pat Martin du NPD et RichardNadeau du Bloc n’ont pas semblé convaincus par les confidences qu’ils ont reçues, au contraire. «Je ne vois toujours pas les bénéfices pour le gouvernement », a lancé le député néo-démocrate, une fois les caméras de télévision réactivées. Quand ça monte dans les centaines de millions de dollars par année, peut-être devrionsnous revisiter cette idée que cela devrait être fait à l’interne.»
« C’est une question qui mérite d’être étudiée, a renchéri son collègue bloquiste lors d’un entretien téléphonique avec La Presse. Est-ce que c’est le meilleur choix possible, que ce soit attribué à une société privée? Ou si ce ne serait pas mieux que ce soit le gouvernement lui-même qui veille à ses propres intérêts?» Le sousministre adjoint responsable des opérations immobilières, JohnMcBain, a évalué les économies réalisées par le gouvernement dans le cadre de cette sous-traitance à une vingtaine de millions par année.





ABSENCE DE CONCURRENCE - 
FRANÇOIS BEAULÉ
La facture de 3,4 milliards est-elle équitable pour l’acquisition des 1053 voitures de métro?
En juillet 2008, la Société de transport de Montréal (STM) a fait un appel d’offres pour le remplacement de 342 voitures de métro. Aujourd’hui, la commande est de 1053 voitures et la facture pourrait atteindre 3,4 milliards de dollars.
Qui fabriquera les wagons qui rouleront dans le métro de Montréal ?
Cela soulève plusieurs questions qui ne trouveront pas nécessairement réponses dans la poursuite intentée par une entreprise chinoise contre la STM. Des questions qui sont d’intérêt public et auxquelles les responsables politiques devraient répondre.
D’abord, concernant le choix fait en 2008 de continuer avec des voitures munies de pneus plutôt que de roues d’acier. Ce choix paraissait rationnel pour 342 voitures, mais il ne l’est pas nécessairement pour 1053 voitures. Les coûts d’adaptation du réseau seraient amortis par des économies trois fois plus grandes résultant de l’utilisation de trois fois plus de voitures dotées de roues d’acier.
Les wagons de métro qui roulent acier sur acier consomment moins d’électricité et les roues d’acier durent beaucoup plus longtemps que les pneus. Voilà pourquoi les frais d’exploitation sont moindres. Il faut aussi prévoir que le coût des pneus augmentera avec le déséquilibre entre la demande et l’offre de pétrole.
Un autre avantage majeur du roulement acier sur acier est la possibilité de faire circuler les wagons à l’extérieur. Cela permettrait de réduire de façon très importante les coûts du prolongement du métro dans des zones à faible densité de population, comme à Laval par exemple.
Il faut aussi se questionner sur l’évolution de l’appel d’offres de juillet 2008. Il faut se souvenir qu’au départ, il n’y avait pas eu d’appel d’offres. Le gouvernement s’était entendu directement avec Bombardier quand Alstom a manifesté publiquement sa frustration de ne pas avoir eu la possibilité de participer à un appel d’offres.
Le gouvernement Charest a par la suite lancé un appel d’offres. Cependant, Alstom et Bombardier, au lieu de se faire concurrence, ont discuté ensemble et se sont alliés pour présenter une offre commune. Exit la concurrence qu’avait pourtant réclamée Alstom. Aucune autre entreprise n’a fait d’offre pour les 342 wagons sur pneus.
On parle maintenant d’un contrat de 3,4 milliards. Un montant qui est de l’ampleur de la somme des coûts des deux hôpitaux universitaires en projet. Un montant qui représente aussi plus de 10 fois l’aide accordée par le Canada à Haïti.
Par ailleurs, on a apprisqu’unprojet de construction de voitures de métro en Chine, dans lequel Bombardier est impliqué, a été accepté pour un prix par voiture de beaucoup inférieur.
Qu’est-ce qui explique l’absence de concurrence pour l’appel d’offres de juillet 2008? Est-ce strictement une question de wagon sur pneumatiques ou y a-t-il autre chose? Nos élus de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec doivent éclaircir ces questions devant les contribuables avant que l’entente finale ne soit conclue. Ils doivent faire la preuve que 3,4 milliards est un prix juste et équitable.



Le grand avantage des services essentiels  -  Michel Grant
LL’auteur est professeur associé à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. es récentes images reproduites par les médias nous montrent les déchets qui s’amoncellent et les poubelles qui débordent à Toronto dans le cadre du conflit de travail en cours. Cette situat ion nous rappelle les expériences connues par le Québec des années 60 jusqu’au début des années 80.
Depuis les a me n d e m e n t s apportés au Code du t r ava i l en 1982, une grève comme celle qui se déroule actuellement à Toronto serait entachée d’illégalité au Québec puisque la jurisprudence du Conseil des services essentiels définit notamment l ’ enlèvement des ordures comme un service à maintenir pendant un arrêt de travail.
La législation ontarienne du travail n’encadre pas l’exercice du droit de grève dans les services publics d’une façon aussi spécifique qu’au Québec. À Toronto, la Ville et le syndicat ne sont pas tenus de prévoir et d’assurer de la même façon qu’au Québec l’ensemble des services qui seront maintenus pendant le conflit de travail. C’est pourquoi, dans le contexte ontarien, une loi spéciale risque d’être un recours plus probable qu’au Québec, encourageant même avec cette perspective la déresponsabilisation des parties à la table de négociation.
AuQuébec, le Code du travail prévoit que la liste des services essentiels à la santé et à la sécurité publiques doit être établie avant le déclenchement d’un arrêt de travail. Si le Conseil des services essentiels n’est pas d’accord avec la liste des services essentiels qu’on lui soumet, i l peut la modifier de façon à ce que, selon son jugement, la santé et la sécurité de la population ne soient pas menacées. Il peut même modifier cette liste au fur et à mesure du déroulement de la grève et de l’évolution des besoins de la population en services essentiels.

Alors qu’en Ontario la détermination des services essentiels est livrée aux aléas du rapport de force, la législation québécoise a réussi depuis un quart de siècle, notamment dans les services municipaux et le transport public, à maintenir un équilibre entre d’une part le droit prépondérant de la population à sa santé et à sa sécurité, et d’autre part le droit à la négociation pour les syndicats.




TORONTO : AU COEUR DU CONFLIT, UN AVANTAGE CONTROVERSÉ
— Il n’aura fallu qu’une courte marche dans Queen Street avec David, l’un des principaux négociateurs des cols blancs, pour ressentir la colère que nourrissent les Torontois à l’égard des grévistes.
« Retournez au travail, bande de fainéants ! » a crié un automobiliste. « Vous devriez avoir honte! » a lâché un passant, à la vue du chandail syndical du négociateur.
Puis devant l’hôtel de ville, où une douzaine de grévistes laissaient passer les voitures au compte-gouttes, un incident éloquent: un automobiliste excédé a heurté volontairement un gréviste avec sa BMW...
« Il y a beaucoup de colère, beaucoup d’hostilité à notre endroit, concède Mary Villa, syndiquée col blanc qui a assisté à la scène. Ça fait déjà plusieurs fois qu’on appelle la police pour ce genre d’incident. »
Pour comprendre l’agressivité de la population, il faut s’attarder aux détails du conflit, plus particulièrement à un avantage qui sème la controverse: chaque employé a droit à 18 jours de congé de maladie qui peuvent être accumulés et remboursés entièrement s’ils ne sont pas utilisés.
Évoquant la récession, la Ville souhaite mettre un terme à cet avantage, mais les syndiqués s’accrochent, une attitude qui leur attire les foudres de la population.
« Presque tout le monde en Ontario connaît quelqu’un qui a perdu son emploi, souligne David Doorey, professeur de droit du travail à l’Université York. Il est donc très clair que les syndiqués n’ont pas la sympathie du public en ces temps difficiles. »
Les pr incipaux concernés reconnaissent d’ailleurs qu’ils ont toute une côte à remonter dans l’opinion publique, mais ils estiment que cela est attribuable aux médias, qui se concentrent indûment sur ces fameux 18 jours.
« La Ville nous demande des concessions sur plein de choses, notamment sur les droits liés à l’ancienneté, sur le nombre de visites chez le dentiste et sur les conditions salariales, précise Robert Lamoureux, négociateur du Syndicat canadien de la fonction publique. Or, tous les autres syndicats ont réglé sans qu’aucune demande en ce sens ne leur ait été faite. »
Sur leur quant-à-soi, les deux parties refusent de se rencontrer depuis plusieurs jours. Le maire de la Ville, DavidMiller, a déploré la situation en conférence de presse lundi. « Malheureusement, les délais de réponse à nos propositions ralentissent considérablement la négociation », a-t-il crié au micro pour enterrer le bruit des manifestants massés à l’extérieur du Metro Hall.
Tout cela fait craindre le pire aux Torontois, qui appréhendent un long conflit. Mais les observateurs affirment le contraire, précisant que la pression sur les deux parties commence à se faire intenable.
« Je donne encore sept jours au gouvernement provincial avant qu’il décrète une loi spéciale qui obligera tout le monde à retourner au travail », prédit Nelson Wiseman, professeur de science politique à l’Université de Toronto.

Les citoyens aimeraient bien y croire, mais ils restent sceptiques lorsqu’ils considèrent le cas de la ville de Windsor, non loin, où le gouvernement provincial refuse toujours d’intervenir, malgré une grève des employés municipaux qui dure depuis plus de 11 semaines...




La FTQ ne veut pas d’enquête publique  -  Denis Lessard
QUÉBEC — La FTQ ne veut rien savoir d’une commission d’enquête publique sur l’industrie de la construction, a fait savoir hier le président de la centrale, Michel Arsenault.
En dépit des sondages qui démontrent que plus de 80% des Québécois souhaitent une commission d’enquête, Michel Arsenault, président de la FTQ, ne croit pas en ces exercices qui sont « des grosses ballounes inutiles ».
La F TQ a été au centre d’une série d’allégations, le printemps dernier, à cause des liens entre le crime organisé et des dirigeants de la FTQConstr uc t i on , nota mment son directeur général Jocelyn Dupuis. Les rapports privilégiés entre l ’entrepreneur Tony Accurso et le Fonds de solidarité de la FTQ ont fait la manchette. Des entreprises de M. Accurso ont fait l’objet de perquisitions, tout comme une série d’entreprises de construction soupçonnées d’ouvrir la porte au blanchiment de l’argent du crime organisé, notamment des Hells Angels.
En dépit des sondages qui démontrent que plus de 80% des Québécois souhaitent une commission d’enquête, Michel Arsenault ne croit pas en ces exercices qui sont « des grosses ballounes inutiles ». « Il y a des gens qui disent que cela pourrait nuire à l’enquête policière… Une commission d’enquête, ça amène de l’eau au moulin des journalistes. On a réglé quoi avec la commission sur M. Mulroney ? Avec BouchardTaylor? Avec Chandler (l’usine Gaspésia) ? On a des grosses ballounes mais, à la fin, on a réglé quoi? On n’en veut pas d’enquête, à la FTQ; on veut que la police fasse son travail », a-t-il lancé.
Au printemps, M. Arsenault avait promis que la centrale exigerait le remboursement de tout l’argent versé en notes de frais injustifiées à Jocelyn Dupuis. Huit mois plus tard, rien n’a été fait, et le dossier n’a même pas été transmis à la police, a appris La Presse.
« On n’a rien à se reprocher, à la FTQ; le blanchiment d’argent, ce sont les entrepreneurs qui font ça », a soutenu M. Arsenault.
Le directeur général de la FTQ-Construction, Richard Goyette, a soutenu hier, dans une lettre publique mise en ligne sur le site du syndicat, qu’il ne voulait rien savoir d’une enquête qui se ferait « sur le dos des travailleurs ». Son intervention a fait dérailler la conférence de presse du front commun du secteur public, qui a déposé hier ses demandes salariales (11,25% d’augmentation en trois ans).
Après que M. Arsenault eut refusé de répondre aux questions touchant l’enquête et l’entrepreneur Tony Accurso, en conférence de presse, il a dû se prêter à un point de presse imprévu devant l’insistance des journalistes.
Selon le syndicaliste, « on a des expériences d’enquêtes publiques, on a vu la Gaspésia à Chandler... On n’a pu y présenter notre point de vue. Si les gens pensent qu’il y a des choses de pas correctes, que la police fasse son enquête et son rapport », a soutenu M. Arsenault.
Le président de la FTQ a reconnu au printemps dernier qu’il avait profité du yacht somptueux de l’entrepreneur Tony Accurso dans les îles Vierges, en novembre 2008 ; il était alors accompagné d’un autre dirigeant de la FTQ. Au printemps, il a défendu l’entrepreneur controversé, soutenant que le Québec aurait besoin de 10 Tony Accurso. « J’ai été cité hors contexte… Tony Accurso a été un excellent partenaire pour le Fonds de solidarité ; on a fait un excellent rendement de 13% sur ces projets. Et puis? Est-ce qu’il y a des accusations contre Tony Accurso? » a demandé M. Arsenault.
Du côté de la F TQConstruction , on quali f i e de « show médiatique » ces commissions d’enquête, et on n’a clairement pas l’intention « d’en faire les frais », a soutenu Richard Goyette, porte-parole syndical de cette industrie qui emploie 146 000 travailleurs.
« Depuis 30 ans, la FTQConstruction demande des interventions musclées afin de mettre un terme aux pratiques qu’elle qualifie de crimes de société. Mais sauf pour de rares observateurs sérieux, on considérait qu’en agissant de la sorte, la FTQ-Construction se préoccupait de problèmes secondaires », soutient Richard Goyette sur le site de son syndicat.

La drôle de justice du SCFP  -  PATRICK LAGACÉ
Le plus grand syndicat du pays , le Sy nd ic at canadien de la fonction publique (SCFP), est en ville pour son congrès a nnuel : 2600 délégués from coast to coast débarquent à Montréal. Ça me rassure : le SCFP sait où se trouve Montréal.
Je le souligne parce que lorsqu’on s’attarde à la façon dont Serge Lapointe a été traité par le SCFP, il est permis de douter que le SCFP puisse situer Montréal sur le globe terrestre. Serge qui ? Serge Lapointe. Col bleu à la Ville de Montréal depuis 1985. De 1996 à 2005, il a milité au puissant syndicat des cols bleus , la sec tion locale 301 du SC F P. Aux côtés du chef Jean Lapierre. P uis de son successeu r, Michel Parent, élu en 2003.
Puis, fin 2005, il y a eu un schisme chez les bleus. Pour la première fois depuis des lustres, l’Équipe Unité, dirigée par Parent et Lapierre, a été défiée au x élections de la section 301. Des dissidents ont monté, sur fond de tensions internes, l’ Équipe Démocratie. Son chef : Serge Lapointe.
M . L apointe a perdu , récoltant tout de même 40 % de s voi x . C et te dé fa ite a marqué, pour ses camarades et lui, le début d’une purge d ’i n s pi r at ion st a l i n ien ne menée par MM. Lapierre et Parent et par le politburo de l’Équipe Unité.
L es d issidents ont été bannis de certaines activités
CHRONIQUE syndicales pour des périodes diverses. Dans le cas de Serge Lapointe, il lui est interdit de se présenter aux assemblées sy nd ic a les penda nt t rois ans et de briguer tout poste à la sec tion 3 01 penda nt cinq ans.
Serge L apoi nte et t rois autres dissidents font également face à une poursuite en diffamation au civil, gracieuseté de MM. Lapierre et Parent, pour la bagatelle de 500 000 $.
Les f ra is j u r id iques de MM. Lapierre et Parent sont payés par le syndicat des cols bleus.
Pas ceux des dissidents.
Ce qu i nous a mène au S C F P. S e r ge L a p oi n t e a décidé de contester sa suspension auprès des instances du SCFP.
Mais le SCFP a tout fait pour rendre cet appel difficile.
Un, le comité d’appel du SCFP a convoqué les parties à… Toronto !
L’avocat de Serge Lapointe a demandé un changement de lieu au SCFP. « Il aurait fa llu que L apoi nte pa ie les frais de déplacement et d’hébergement de tous ses témoi ns à Toronto, relate Me Da niel Pelletier. Tous ces gens auraient dû manquer des j ou rs de travail. Person ne n’a ce gen re de moyens. »
Le SCFP s’est rendu aux arguments de Me Pelletier. Il a déplacé les audiences à… Ottawa !
Pour le syndicat des cols bleus, Toronto ou Ottawa, aucun problème : ses frais sont payés par les membres du syndicat.
Pour Lapointe, Toronto ou Ottawa , même problème : il faut déplacer et héberger une demi-douzaine de personnes.
P ou rq uoi ne pa s avoi r convoqué les pa rties à Montréal, comme le demandait Me Pelletier ? Les trois membres du comité d’appel provenaient, de toute façon, de partout au pays. Mystère et boule de gomme. « Le tribunal d’appel rejette aussi cette demande », a écrit sans plus de détails John Elder, c hef du ser v ice j u rid ique du SCFP, dans une lettre à Serge Lapointe.
Deu x, le SC F P a pro - grammé les audiences du comité d’appel en plein dans les vaca nces a n nuelles de Serge Lapointe ! Les protestations de son avocat à ce sujet ont été sans effet.
Trois, le SCFP a interdit à Me Daniel Pelletier de représenter Serge Lapointe devant le comité d’appel. C’est le syndicat des cols bleus qui a réclamé la récusation de Me Pelletier. MM. Parent et Lapierre considèrent que Me Pelletier, qui a déjà agi à titre d’avocat de la section locale 301, n’est pas impartial.
L a Cou r supér ieu re du Québec (dans la poursuite en diffamation) a refusé d’exclure Me Pelletier du dossier. Le syndic du Barreau a aussi jugé que Me Pelletier n’est pa s en con f lit d ’i ntérêts et peut représenter Serge Lapointe devant les tribunaux civils et administratifs.
Mais le SCF P, au motif que Me Pelletier n’est pas « membre en règle » du mouvement s y nd ic a l (ce que l’avocat conteste), l’a exclu du dossier.
Quatre, Me Pelletier a été exclu des travaux du comité d’appel deux j ours avant le début des audiences !
« Une demande illogique, grogne Me Pelletier. C ’est clair : on voulait que Lapointe soit mal représenté. »
J’ai demandé une entrevue au SCFP dimanche. On m’a organisé un rendez-vous prévu pour aujourd’hui avec le secrétaire général Claude Généreux. J’ai demandé que la rencont re a it l ieu plus tôt. On a refusé. Hier, j ’a i envoyé au SCFP les thèmes de cette chronique, le pressa nt de f ou r n i r des commentaires pour ce papier. Le SC F P a encore refusé. M. Généreux devrait commenter aujourd’hui.
Donc, je résu me. Serge Lapointe a interjeté appel. Mais pour plaider sa cause, il devait payer de sa poche les frais de déplacement et de séjour à Ottawa d’une demi-douzaine de personnes, sacrifier ses vacances, sans être représenté par l’avocat qui le défend contre la section locale 301.
Lapointe a jeté l’éponge. Il a choisi de ne pas se présenter devant le comité du SCFP en juin 2008.
« C ’é t a i t D a v i d c o n t r e G ol iat h , m’a la ncé S erge Lapointe, dans une rôtisserie de la rue Sherbrooke, mardi soir. Une parodie de justice. Pou rquoi le S C F P m ’a - til traité comme ça ? Money talks, dit-il. Le syndicat des cols bleus envoie 2 millions pa r a n née en cotisation s au SC F P. Je ne vois pa s d’autre raison. »
L e c o m i t é d ’a p p e l d u SCFP a entendu l’appel de Serge L apointe. Sa ns lui, son avocat et ses témoins. Le 11 juillet 2008, la décision est tombée.
Le SCFP a débouté Serge Lapointe sur l’essentiel de son appel.

La drôle de justice du SCFP (2)
Pour un gars dont je venais d’éreinter le sy ndicat le matin même dans La Presse, Claude Généreux, du Syndicat canadien de la fonction publique, m’a accueilli avec une gentillesse exemplaire au Café République, rue Sainte-Catherine.
C’était jeudi dernier. Le SCFP, plus grand syndicat au pays, était en congrès national à Montréal. Généreux venait d’être réélu à son poste de secrétaire-trésorier.
Et je venais de pondre une chronique, «La drôle de justice du SCFP», au sujet d’un autre chapitre de la guerre civile qui déchire la section locale 301 du SCFP, mieux connue sous l’appellation « syndicat des cols bleus de Montréal».
La section locale 301, Claude Généreux la connaît. Très bien. Parce qu’il est le numéro 2 du SCFP, bien sûr. Mais surtout parce qu’il a côtoyé dans une autre vie tous les protagonistes qui animent la guerre civile des bleus depuis 2005, depuis qu’une équipe de militants a défié l’hégémonie du tandem Michel Parent-Jean Lapierre sur la section 301.
«J’aimerais répondre à quelques parties de ton article... Je peux te tutoyer?»
Ma chronique relatait l’appel du col bleu Serge Lapointe au SCF P, après avoir été métaphoriquement exilé en Sibérie par la section 301 en 2006. Lapointe avait brigué les suffrages à la présidence du syndicat. Score : 4 0 %. Vainqueur : Michel Parent.
CHRONIQUE Suite: une purge des dissidents qui avaient suivi le camarade Lapointe. Purge? Suspensions, de durées diverses, d’activités syndicales.
Lapointe a fait appel au SCFP. Il y a rencontré une succession d’embûches qui, mises bout à bout, ont de quoi laisser penser que le SCFP favorisait implicitement une section locale, la 301, qui lui envoie 2 millions de dollars en cotisations syndicales par année.
Rien à voir, j ure Claude Généreux. Oui, le comité d’appel a offert d’entendre Serge Lapointe à Toronto. C’est la coutume : le comité d’appel siège en marge du congrès national. Le SCFP a déplacé les audiences à Ottawa parce que Lapointe et des dirigeants du 301 n’étaient pas disponibles pour les dates torontoises.
Pour Serge Lapointe, tout comité d’appel du SCFP hors de Montréal impliquait des coûts prohibitifs. Il devait faire entendre au bas mot une demi-douzaine de témoins. À ses frais. Donc, Toronto ou Ottawa, même problème : Serge Lapointe, plombier de son état, devait payer le déplacement, les repas et l’hébergement de six personnes. Contre un syndicat qui finance tout cela à même les cotisations de ses membres.
Pourquoi ne pas avoir déplacé le comité d’appel à Montréal?
« Parce qu’aucun des trois membres du comité d’appel n’est québécois. Nous voulions exclure le SCFP-Québec de ce litige. Il fallait donc de la traduction simultanée. Nous avons un tel service à Ottawa. Déplacer les traducteurs à Montréal coûte trop cher.»
Et Claude Généreux me dit qu’exceptionnellement, le comité d’appel du SCFP se déplace, « de façon rogatoire », hors d’Ottawa et de Toronto.
Donc, j’en déduis que le comité d’appel au ra it pu accommoder Serge Lapointe, lui éviter des coûts prohibitifs et assurer une certaine équité en se déplaçant à Montréal.
« C’est le comité qui décide, i l e s t i ndépenda nt », d it Claude Généreux.
C’est ici que je décroche, dis-je au numéro 2 du SCFP. Comme on dit en québécois : « Il y a toujours moyen de moyenner. » Or, en tenant mordicus à entendre l’appel de Serge Lapointe à Ottawa, col bleu exilé par la section locale 301, le SCFP n’a pas voulu « moyenner ».
Et pourquoi avoir refusé à Lapointe le droit d’être représenté par son avocat, Daniel Pelletier, qui épaule tous les dissidents de la section 301 ?
« Daniel – je l’appelle Daniel parce que je le connais bien – n’est pas un membre en règle du mouvement syndical. Il a peut-être une carte de membre d’un syndicat. Mais membre en règle, pour nous, ça suppose aussi un lien d’emploi dans un lieu de travail représenté par un syndicat. Ce n’est pas le cas de Daniel. »
La suite est connue : Serge L apoi nte a jeté l’éponge, convaincu que le SCFP ne lui offrait pas un appel juste et équitable.
Ça fait trois ans et demi que j e chronique sur cette guerre civile au syndicat des cols bleus. Le tandem ParentLapierre a utilisé, pour punir ses adversaires, un cocktail de harcèlement psychologique et de guérilla judiciaire indigne d’un syndicat.
Or, jamais, en trois ans et demi, je n’ai réussi à obtenir les commentaires d’un officiel du SCFP ou du SCFPQuébec. Claude Généreux a le mérite de n’avoir esquivé aucune question.
Sur cette poursuite en diffamation intentée par Parent et Lapierre (financée par les cotisations syndicales) contre quatre dissidents (dont les frais juridiques ne sont pas payés par la section 301), pour un demi-million de dollars :
« C’est le choix du 301. Mais il y a une meilleure façon de faire les choses. Au 301, on me dit que je ne connais pas tous les faits. Aije conseillé de régler autrement ? Oui. »
Mais le SC F P, d it s on numéro 2, n’a qu’un pouvoir de persuasion sur les sections locales, qui jouissent d’une très large autonomie.
« Je ne peux que les persuader. Ça fait des années que je tente de persuader le 301 de se comporter autrement en période de mobilisation. Et ça donne des résultats. Regarde la manif de mercredi : les cols bleus n’ont pas écrasé une f leur ! Michel Parent, il est content : les journalistes lui posent des questions sur le fond des choses, pas sur le c o mpor te ment de ses gars. Mais ça prend du temps, les persuader. C’est un dialogue. »
Le numéro 2 du SCFP est mal à l’aise devant deux décisions de la Commission des lésions professionnelles (CLP), qui a conclu que le tandem Parent-Lapierre avait perpétré, encouragé et toléré des actes d’intimidation psychologique contre les dissidents et des employés du bureau du syndicat.
« Est-ce que j ’a i me ç a ? N o n . C e n ’e s t p a s me s valeurs. Je respecte la décision de la cour. Je n’ai pas trouvé édifiant que Michel Parent blaste la décision de la CLP et ceux qui en ont bénéficié. Ce que ça me dit, surtout, c’est que l’émotion a primé, dans tout ça. »
Le syndicaliste prend une bouchée de sa bavette, puis redevient solidaire du puissant syndicat des cols bleus, malgré ses purges internes aux relents soviétiques, malgré ses tactiques de brute à l’égard des camarades dissidents. Il rappelle que les moyens de pression de la section 301, désormais, ne sont plus brutaux.
  « Je ne peux défendre ce qui ne se défend pas, lance Claude Généreux. Mais je ne veux pas participer à cette fête anti-cols bleus, où tout le monde donne des coups de marteau sur la tête du 301. Si je fais ça, je m’exclus du dialogue.


FTQ: la vérité, la loyauté  -  PATRICK LAGACÉ
Michel Arsenault, président de la F TQ , est bien fâché contre l’émission Enquête, de RadioCanada. Je le cite : « Quand je vois, moi, des supposés exdirigeants du Fonds, cachés en arrière d’une couverte, venir nous dire qu’ils ont subi de la pression... Bien moi, je ne peux même pas engager un débat avec ces gens-là parce que j e ne sais pas qui ils sont. »
Arsenault fait référence à trois anciens du Fonds de solidarité de la FTQ qui ont témoigné, visage caché, du statut privilégié de l’entrepreneur Tony Accurso dans le traitement des demandes de financement, jeudi dernier.
Michel Arsenault a également démenti avec vigueur la révélation d’Enquête selon laquelle la mafia et les Hells auraient a) eu des visées sur le Fonds et b) tenté de l’évincer de la tête de la FTQ.
Tot a lement fau x , a - t-i l déclaré en point de presse et dans une allocution sur YouTube.
Le hic, c’est que ces allégations viennent d’une source qui n’est pas cachée derrière une « couverte ». Elle vient
CHRONIQUE de la bouche même de Gilles Audette, qui a été enregistré à son insu par le syndicaliste Ken Pereira. Qui est Gilles Audette ? C’est le bras droit de Michel Arsenault !
Voici ce qu’Audette a dit à Pereira, candidement, hors de la prudence rassurante et capitonnée d’un point de presse convenu : « Y au ra pas un câlisse de mafioso pis de Hells qui va atteindre le Fonds de solidarité. Le passé, tu peux pas le défaire, le passé. » Il a aussi dit : « Michel a appris qu’y fallait, comment y ont dit ça, les tabarnaks ? J’te dirai pas qui... du côté des Italiens... Il faut que Michel A rsenault débarque de là. Y débarquera pas, M ichel Arsenault, câlisse. »
Réaction de Michel Arsenault à cette affirmation : « Légende urbaine. »
Drôle de bras droit que ce Audette, qui colporte des légendes u rba i nes su r le compte de son patron.
Revenon s u ne s e c onde aux sources anonymes interviewées par Enquête.
La pratique est bien encadrée dans les médias qui font de l’information selon les règles de l’art. Sans sources anonymes, il n’y aurait pas eu de Watergate, pas de scandale des commandites.
Dans un monde idéal, les journalistes baseraient entièrement leurs reportages sur des sources qui parlent à visage découvert. Mais ce monde idéal n’existe pas, désolé.
Les sources anonymes viennent donc, le plus souvent, étayer les propos de sources qui témoignent hors de la « couverte ». Viennent appuyer des faits découverts dans des documents officiels.
C’est ce que font les sources interviewées par Enquête. Qui a sorti, ces derniers mois, avec d’autres médias, dont La Presse, des faits troublants sur la FTQ, le Fonds de solidarité et la FTQ-Construction.
Des faits qui n’ont pas été contredits par la réalité.
Oui, Jocelyn Dupuis, expatrondelaFTQ-Construction, a bien utilisé les dollars de cette organisation comme sa petite caisse personnelle, afin de vivre une vie de pacha à même les cotisations syndicales de ses ouvriers.
Oui, Michel Arsenault est bel et bien allé en vacances sur le yacht luxueux du millionnaire Tony Accurso, grand bénéficiaire du fric du Fonds de solidarité.
Oui, le Fonds a consenti de l’argent à un type lié aux Hells Angels, pour un investissement qui a foiré.
On a déjà v u mieu x , dans le rayon des organisations où règ nent l’éth ique, la bonne gouvernance et la transparence.
Ah, j ’o u bl i a i s . D e n i s Lessard, de La Presse, a révélé dans la foulée des topos de Radio - Ca nada que la SQ enquête sur une affaire de blanchiment d’argent impliquant le Hells Angel Casper Ouimet et Jocelyn Dupuis, exDG de la FTQ-Construction.
L’ h ive r de r n ie r, q u a nd Enquête a révélé, documents à l’appui, que Jocelyn Dupuis avait dépensé 125 000$ en six mois pour des sorties bien arrosées au restaurant, notamment, comment a réagi la FTQ?
Eh bien, elle n’a pas réagi tout de suite.
Comme bien d’autres personnes et organisations ciblées par des révélations embarrassantes, elle a fermé les volets en attendant que passe l’ouragan.
Puis, elle a fini par réagir, sur la défensive, voyant que l’ouragan ne passait pas.
Cette fois, la FTQ a appris de son erreur. Peu après la diffusion du reportage d’Enquête, le président Michel Arsenault était là, sur YouTube, à livrer son message. Un message plein de trous, selon moi, qui s’en tient à des généralités indignées, parsemées du plus vieux truc de relations publiques au monde : l’attaque vicieuse sur le messager, sur ses méthodes et sur ses motivations.
Mais ça reste une opération de marketing. Le but de cette opération-là n’est pas de vendre du savon, de la crème glacée ou un réseau de vélos libre-service. Non, le produit vendu par la FTQ cette semaine était, carrément, sa virginité.
Un mot sur les gens qui ont parlé à Enquête anonymement. Peut-on les blâmer ? Voici une histoire qui implique des Hells et des mafieux ! Déjà, ça incite un homme à un peu de prudence.
Et quand Ken Pereira a dénoncé, l’hiver dernier, le mode de vie de prince saoudien de Jocelyn Dupuis, la F TQ lui a-t-elle érigé une statue pour avoir dénoncé un profiteur ? Non. Il a été ostracisé. Il a été menacé. Et le nouveau boss de la FTQ-Construction, Richard Goyette, ne s’est pas montré inquiet de ces menaces. Je n’ai pas entendu Arsenault s’émouvoir non plus. Je ne l’ai pas entendu féliciter Pereira.
Autre élément qui incite à parler sous des « couvertes » : Benoît Dubé, du syndicat des ferblantiers et couvreurs, a été congédié pou r avoir parlé de l’ascendant du crime organisé sur l’industrie de la construction. Motif : manque de loyauté.
Manque de loyauté ! C’est absurde, mais c’est riche en enseignements.
Ce qui compte, pour la FTQ, ce n’est pas la vérité. C’est la loyauté. Deux choses aussi différentes qu’un marteau peut l’être d’un tutu de ballerine.


Michel Arsenault tente de rassurer les actionnaires  -  Daphné Cameron
Les dirigeants du Fonds de solidarité de la FTQ ont tenté de rassurer leurs i nvestisseurs, samedi après-midi, lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires. Dans la foulée de la mauvaise presse dont la FTQConstruction et le Fonds de solidarité ont fait l’objet, ils ont insisté sur les mesures de redressement adoptées pour améliorer leur code d’éthique et leur gouvernance.
« On peut t oujou r s s ’ a mélio - r er, f a i r e mieux, apprendre de nos erreurs et de nos réussites », a déclaré à ses actionnaires, réunis à l’hôtel Reine-Élizabeth, à Montréal, le président du conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ, Michel Arsenault.
« Comme vous le savez, on a amélioré notre gouvernance. On a voulu s’assurer, notamment dans notre filiale immobilière, d’éviter toute perception négative et on a invité plus de personnes externes et indépendantes à faire partie de nos comités d’investissement. »
Michel Arsenault est également revenu sur les allégations diffusées dans un reportage de l ’émission Enquête, jeudi soir.
Rappelons que, selon des i n f or mat i ons r e c uei l l i e s par l’équipe de reporters de Radio-Canada, le Fonds de solidarité FTQ aurait traité en priorité des dossiers des entreprises de construction appartenant à Tony Accurso.
Par a i l l eurs, dans une conversation téléphonique enregistrée à son insu, le bras droit de Michel Arsenault, Gilles Audette, a a f f i r mé que le Fonds de solidarité de la FTQ avait fait affaire avec un sympathisant des Hells Angels. Il a également insinué que des membres de la mafia souhaitaient le départ du président de la FTQ.
« Nous avons les preuves d’un traitement incomplet et donc tendancieux », a souligné Audette devant ses investisseurs. « Ils ont volontairement mis de côté des informations que nous leur avions données avec transparence parce que ça ne faisait pas leur affaire et que ça venait dégonfler leur balloune. »
Lors d’un point de presse à la suite de l’assemblée générale, le président-directeur général du Fonds de solidarité, Yvon Bolduc, a également affirmé que l’image du fonds, qui gère un actif de 6,4 milliards, doit être au-dessus de « toute perception négative ».
Pour promouvoir la « transparence », il a rappelé que le conseil d’administration du Fonds de solidarité avait adopté des mesures pour resserrer son code d’éthique. Depuis le mois d’avril, la supervision du code d’éthique et de déontologie est désormais assurée par un comité composé exclusivement de membres indépendants provenant du conseil d’administration.
Pertes et investissements records
En j uillet, le Fonds de solidarité a rapporté la pire performance de ses 25 années d’existence en bouclant son exercice financier annuel avec une perte de 12,6 %. Dans le contexte de la crise économique, les gestionnaires du fonds sont toutefois parvenus à limiter les dégâts.
Selon des données distribuées hier par le Fonds de la FTQ, les principaux indices boursiers ont obtenu des rendements moyens de -29 % à -34 %, tandis que les fonds équilibrés canadiens ont obtenu un rendement moyen de -16 % pour la même période (du 1er juin 2008 au 31 mai 2009).
Samedi, les dirigeants du Fonds de solidarité n’ont pas manqué de souligner que la dernière année avait également été marquée par des investissements records. En tout, 848 millions de dollars ont été investis pour soutenir 280 PME. Par ailleurs, 542 millions de dollars ont été consacrés à t rois progra mmes de f i nancement lancés lors du dernier budget du Québec.
« Les choix d’investissements que nous avons faits au fil des dernières années ont été dans l’ensemble très bons car, autrement, notre portefeuille n’aurait jamais pu résister à une telle tempête économique et financière », a soutenu Yvon Bolduc.
Malgré une hausse du dollar à prévoir, il s’est dit optimiste quant à la capacité des entreprises québécoises de réagir. Il a souligné qu’elles avaient réussi à diversifier leurs marchés et leurs produits et ajouté que le Fonds leur suggère fortement de budgéter à parité avec le dollar américain.
Au cours de l’assemblée, M. Bolduc a également rappelé les résultats du deuxième trimestre présentés cet été. Au deuxième exercice financier terminé le 31 mai, le Fonds a dégagé un rendement positif de 3,2 % et la valeur de l’action a connu une hausse de 58 cents par rapport à sa valeur au 5 janvier, passant à 21,78 $.
Environ 571 000 Québécois dét i ennent un placement dans le Fonds de solidarité de la FTQ.

Parfum de scandale à la FTQ  -  CLAUDE PICHER
Le percutant reportage d’Alain Gravel et se ses collègues de l’émission Enquête, à RadioCanada, a fait trembler une des i nstitutions financières les plus remarquables du Québec: le Fonds de solidarité de la FTQ.
Le Fonds fête son 25e anniversaire cette année. Il présente une feuille de route impressionnante : un actif de 6,4 milliards, près de 600 000 actionnaires, des investissements dans quelque 2000 entreprises québécoises ; selon ses propres calculs, il a contribué au maintien ou à la création de 143 000 emplois au Québec.
Derrière cette brillante façade, le reportage d’Enquête établit des liens troublants entre le Fonds et l’entrepreneur Tony Accurso, ainsi qu’entre la FTQ-Construction et le crime organisé.
Le Fonds s’est empressé de tout démentir, allant jusqu’à déposer une plainte à Julie Miville-Deschênes, ombudsman de Radio-Canada, en citant le caractère « partial, tendancieux, voire calomnieux » de l’émission.
Je prédis tout de suite que le Fonds devra présenter de sacrés bons arguments à l’ombudsman. J’ai connu Alain Gravel jeune journaliste, au début des années 80 à la salle de nouvelles de CKAC. Déjà, il impressionnait par sa rigueur intellectuelle et son sens élevé du professionnalisme, qualités qui ne se sont jamais démenties par la suite. On a affaire ici à un professionnel de très haut niveau et dont la crédibilité est solidement établie (si vous permettez une petite digression, chers lecteurs, l’occasion est bonne de rappeler à quel point la salle de nouvelles de CKAC, à l’époque, grouillait de jeunes journalistes bourrés de talent et promis à de brillantes carrières : c’est là que j’ai connu Pierre Bruneau, Pierre Cantin, Philippe Cantin, Jocelyne Cazin, Denis Ferla nd, Réjean Léveillée, Hélène Pelletier, André Pratte, Johanne Prince, Michel Viens, et j ’espère que ceux que j’oublie me pardonneront).
 Le président de la FTQ, Michel Arsenault, commence sa réaction officielle par une phrase grandiloquente : « Sans la FTQ et son leadership constant, écrit-il, rien de cette belle histoire économique que le Fonds de solidarité a créée n’aurait pu se réaliser. »
Il aurait dû commencer la phrase par : « Sans les gouvernements de Québec et d’Ottawa... »
Le Fonds est en effet une créature des deux gouvernements. S’il a pu amasser autant de milliards, c’est parce que Québec et Ottawa ont chacun accordé aux investisseurs une déduction fiscale correspondant à 20 % de la somme déposée. Cette somme a été réduite à 15 % par la suite. Lorsque vous déposez 1000$ dans le Fonds, le gouvernement vous rembourse 300$. C’est un abri fiscal qui coûte 200 millions par année. En plus, vous pouvez verser votre contribution dans votre REER, ce qui rend le placement encore plus intéressant. Si les gouvernements se montrent aussi généreux, c’est parce que le Fonds est tenu d’investir une bonne partie de son actif dans du capital de risque, contribuant ainsi à créer de l’emploi.
Sans l ’ a i de f i s c a l e des gouvernements, à peu près personne n’investirait dans le Fonds, pour la bonne raison que ce n’est pas intrinsèquement un bon placement. Le prix de départ de l’action, en 1984, était de 10$; elle a mis cinq ans à grimper à 12$. Dans les années 90, elle a connu une croissance régulière, passant même le cap des 20$ avant la fin de la décennie. Depuis ce temps, c’est la stagnation. En 1998, l’action du Fonds valait 21,72$; aujourd’hui, 21,78 $.
Donc 1000$ investis dans l e Fonds en 198 4 valent aujourd’hui 2178 $. Comme rendement annuel moyen, cela donne à peine plus de 3%. À titre de comparaison, 1000$ investis en 1984 à la Bourse de Toronto valent aujourd’hui 4953 $, et cette somme tient compte de l ’ef fondrement boursier de l’automne 2008. En outre, les actions du Fonds n’ont aucune flexibilité : sauf en quelques circonstances exceptionnelles, votre dépôt est gelé jusqu’à votre retraite.
Malgré les protestations de la FTQ, les faits exposés par Alain Gravel sont assez troublants pour soulever plusieurs questions.
Le r e por t a ge r a ppel l e notamment que le Fonds de solidarité n’est pas soumis à la Loi sur l’accès à l’information, ce qui est une aberration quand on sait que l’institution s’appuie essentiellement sur l’argent des contribuables.
Le Fonds n’a pratiquement aucune indépendance à l’égard de la FTQ : la centrale syndicale y contrôle la major ité des sièges au conseil d’administration, lui-même présidé par le président de la centrale.
Mais le point fort des révélations de l’émission Enquête, ce sont évidemment les liens avec Tony Accurso et le crime organisé. Alain Gravel a eu la bonne idée d’aller voir Jean Cournoyer, qui était ministre du Travail lorsque la FTQConstruction (tous ceux qui ont vécu cette époque se souviennent de Dédé Desjardins, une des pires pommes pourries à avoir jamais infecté le mouvement syndical québécois) constituait déjà un foyer de violence, d’intimidation et de relations douteuses. Le gouvernement Bourassa, à l’époque, avait créé la commission Cliche, de célèbre mémoire, pour enquêter sur la violence dans l’industrie de la construction.
T r e nt e a n s plu s ta rd, M. Cournoyer s uggère la tenue d’une nouvelle enquête publique. Le Fonds de la FTQ prétend, dans son communiqué de protestation, qu’il veut être « au-dessus de toute perception négative ». Il vante sa « gouvernance moderne, efficace et représentative ». Si tout cela est vrai, il n’a rien à craindre d’une enquête publique.


Le président de la FTQ nie tout  -  Daphné Cameron
Favoritisme et liens avec le crime organisé
Le président de la FTQ, Michel Arsenault, a nié en bloc hier les informations diffusées à l’émission Enquête sur les liens entre la centrale syndicale et le crime organisé. Il a également démenti les allégations de favoritisme du Fonds de solidarité envers l’entrepreneur Tony Accurso.
«Ce sont de fausses informations, des mensonges éhontés», a dénoncé Michel Arsenault. «Nous sommes accusés par des gens qui n’ont pas de couilles, cachés en arrière de rideaux. Comment voulez-vous que je réponde à cela?»
Dans un reportage diffusé jeudi soir sur les ondes de RadioCanada, d’anciens dirigeants de Fonds de solidarité de la FTQ ont affirmé sous le couvert de l’anonymat que des dossiers des entreprises de construction appartenant à Tony Accurso avaient été traités en priorité. Par ailleurs, le conseiller politique de Michel Arsenault, Gilles Audette, a affirmé au cours d’un entretien enregistré à son insu que le Fonds de solidarité de la FTQ avait fait affaire avec un sympathisant des Hells Angels. Il a également insinué que des membres de la mafia souhaitaient le départ du président de la FTQ.
Selon Michel A rsenault, le Fonds de solidarité n’accorde aucun passe-droit à des entrepreneurs et chaque projet d’investissement est évalué rigoureusement. Il allègue également que les propos de Gilles Audette ont été «truqués». La FTQ a d’ailleurs déposé hier une plainte à l’ombudsman de Radio-Canada à cet effet. « Si tu enregistres quelqu’un pendant plusieurs mois, tu peux couper des petits bouts ici et là », a-t-il affirmé.

Est-il nécessaire d’en dire plus ?  -  PATRICK LAGACÉ
C’est l’h istoi re d ’u n employeur qui mène u ne guerre contre certains de ses employés. Il lance un mot d’ordre : interdiction de parler à certaines employées. Il invente une histoire de vol pour accabler un autre travailleur, qui refuse de suivre le mot d’ordre.
Ça s’appelle du harcèlement psychologique.
C ’e s t v i e u x c o m m e le monde, bien sûr. Mais les tribunaux du travail, de plus en plus, sanctionnent ces comportements, qui peuvent pousser à la dépression, notamment.
La Commission des lésions professionnelles (CLP), organe d’appel de la CSST, vient de rendre une décision lapidaire contre un employeur dans le cas que je décris ci-haut.
Le hic, c’est que l’employeur en question est un syndicat. La section locale 301 du SCFP : le syndicat des cols bleus de la Ville de Montréal.
Autre hic : c’est la seconde fois en neuf mois que la CLP rend une décision lapidaire contre le syndicat présidé pa r M ic hel P a rent , pou r des affaires de harcèlement psychologique.
La première fois, c’était à la fin de 2008. La CLP avait maintenu une décision de la CSST : Daniel Andrews, employé du syndicat, avait bel et bien subi une lésion professionnelle attribuable à un intense harcèlement psychologique de la part de ses patrons et camarades à la permanence de la section locale 301, avenue Papineau.
Daniel Andrews était coupable d’hérésie : il s’était rallié à une équipe politique défiant la domination de l’ Équipe Unité, dirigée l’ex-président Jean Lapierre et son successeur, Michel Parent.
L’ Équ ipe Un ité, f ondée par Lapierre, dirige, depuis des décennies, les destinées du 301. En fait, le 301, c’est l’Équipe Unité. Et vice-versa.
Pour détruire A ndrews, Jean Lapierre l’a fait enregistrer à son insu. Il a fait jouer cet enregistrement devant 200 cols bleus. Puis, il a révélé des pans extrêmement intimes de la vie personnelle de son ancien compagnon de route. J’ai chroniqué là-dessus en février.
Or, un nouveau jugement de la CLP vient de tomber, encore une fois au sujet du syndicat des cols bleus et de deux employés qui se plaignaient d’avoir été harcelés.
Encore une fois, le syndicatboss de Michel Parent a été blâmé. En termes très durs.
Jean-Luc Pagé est un compagnon de route de Jea n Lapierre, le bouillant chef historique du 301. Il a contribué à fonder l’Équipe Unité. P uis, autou r de 20 0 4 , les employées de bureau du syndicat se sont rebiffées contre leur employeur.
Entre le boss-syndicat et ses salariées, ça brasse.
Il y a un mot d’ordre des chefs du 301 : cessez de parler aux employées rebelles.
Jean-Luc Pagé refuse. Il est directeur du Programme d’aide aux employés. Il continue à pa rler au x fem mes ciblées par ce traitement. Pour lui, c’est du harcèlement. Pas question d’y participer.
P a ra llèlement , com me Daniel Andrews, il décide de militer dans une équipe qui, en prévision des élections de 2006, défiera l’Équipe Unité. Mal lui en prit. Pagé s’est fait menacer de se faire casser la gueule. On lui a ordonné de prendre sa retraite, sans quoi un «dossier» l’accusant de vol d’argent et de documents confidentiels d’employés en difficulté serait révélé.
Son adjointe au PAE, Lise Lachapelle, a aussi subi sa part d’intimidation.
La j uge Di Pasquale est impitoyable pour le leadership syndical des cols bleus, dans cette décision.
E l l e s ’é t o n n e q u e les employées ciblées par le boycottage aient dû, pour calmer le jeu , réd iger des lettres d’excuses adressées à Jean Lapierre, qu’elles accusaient de harcèlement psychologique : « Ces lettres ne font que confirmer l’état pitoyable des relations du travail à cette époque. On reprochait aux employés d’avoir exercé leurs droits. Est-il nécessaire d’en dire plus ? »
Se basant sur les témoignages entendus, elle décrit aussi un climat malsain, avalisé par M. Parent : « (Pagé) entend des remarques injurieuses à son éga rd de plusieu rs employés. Même la personne qui s’occupe du ménage lui profère des mots peu élogieux. En somme, il est ignoré par les cols bleus et victime d’intimidation par les "hommes de main" du syndicat. »
Elle affirme que, même si le président Michel Parent nie avoir donné le mot d’ordre de ne pas parler aux employées, « la preuve révèle très clairement le contraire ». Puis, plus loin, la juge ajoute que ce mot d’ordre est une « incitation » au harcèlement psychologique. Et cela, écrit-elle, « est inacceptable. »
J’ai appelé Michel Parent pour avoir ses commentaires. Je le cite : « La CLP a donné raison à des Bougon syndicaux. La CLP a entendu des versions romancées. J’ai vécu ça à l’interne et ce n’était com me pas ça . Ceu x qu i disent avoir fait des dépressions ne me feront pas brailler. Ils seraient très bons dans des pièces de théâtre. »
P a s d ’e x c u s e s , p a s d e remords.
Pas grave : pour la CL P, c’est limpide : Lise Lachapelle et Jea n-Luc P agé ont été v ic ti mes de ha rcèlement psychologique.
C’est pourquoi la j uge Di Pasquale a infirmé la décision de la CSST dans leur cas : ils ont bel et bien été victimes d’une lésion professionnelle causée par leurs camarades du syndicat des cols bleus de la Ville de Montréal.
D’autres aspects de cette décision sont troublants. J’y reviendrai.
Au son du bip...
Gilles Audette est le bras droit du boss de la F TQ , Michel Arsenault. Ce soir, l’émission Enquête de RadioCanada diffusera des propos de M. Audette, enregistrés à son insu par le syndicaliste Ken Pereira.
M. Audette a tenté d’empêcher la diffusion du reportage, invoquant la violation de sa vie privée. La Cour supérieure a rejeté sa demande d’injonction, hier.
C’est une requête qui m’a fait bien rire. Depuis 2006, j’ai écrit plusieurs histoires sur la guerre civile qui a déchiré les camarades du syndicat des cols bleus de la Ville de Montréal. Une constante, dans ces chroniques : le recours, par MM. Lapierre et Parent, à des enregistrements secrets pour abattre leurs ennemis.
Or, le syndicat des cols bleus est lié à quelle centrale syndicale ? Eh oui : à la FTQ. Or, jamais la FTQ n’a osé commenter ces méthodes chez les « bleus ». Encore moins les dénoncer.
Et là, ça va pleurnicher en cour exactement pour ça ! À quel mot je pense, donc ? Ah, oui, voilà : faux cul. Pour joindre notre chroniqueur :

Gilles Audette reconnaît les liens avec le crime organisé  -  Catherine Handfield
Le conseiller politique du président de la FTQ, Gilles Audette, a reconnu les liens entre le crime organisé, la FTQ-Construction et le Fonds de solidarité FTQ au cours d’un entretien téléphonique privé. Le Fonds de solidarité a vivement démenti ces propos.
L’émission Enquête, sur les ondes de Radio-Canada, a diffusé hier soir des extraits d’une conversation entre Gilles Audette et Ken Pereira, directeur de l’Association des mécaniciens industriels 1981 (affiliée à la FTQ).
M. Pereira a enregistré M. Audette à son insu et remis la cassette à Radio-Canada. Gilles Audette avait tenté d’empêcher la diffusion de l’entretien en demandant à la Cour supérieure de prononcer une injonction. Le juge a rejeté sa requête, mercredi.
« Y ’e n a p u d e F T Q - Construction, tabarnak, a dit M. Audette. Les chiffres, osti, les livres y vont être bien tenus. Y’aura pas un câlisse de mafioso pis de Hells qui va atteindre le Fonds de solidarité. Le passé, tu peux pas défaire le passé.»
Gilles Audette affirme que le Fonds de solidarité FTQ – une société de capital qui gère les actifs de 570 000 Québécois – a fait affaire avec Ron Beaulieu, sympathisant des Hells Angels.
Puis, il insinue que des membres de la mafia souhaitent le départ du président de la FTQ, Michel Arsenault.
«Michel a appris qu’y fallait, comment y’ont dit ça les tabarnaks... J’te dirai pas qui... du côté des Italiens... il faut que Michel Arsenault débarque de là. Y débarquera pas Michel Arsenault, câlisse», a dit M. Audette.
L’émission Enquête a également traité du rôle que le crime organisé aurait joué dans les élections à la FTQ-Construction, en novembre. L’ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, aurait fait appel à un membre des Hells Angels pour convaincre l’un des trois candidats à sa succession de retirer sa candidature.
Favoritisme
Le reportage d’Enquête a également abordé l’apparence de favoritisme de la FTQ envers l’entrepreneur Tony Accurso. M. Accurso est propriétaire de Simard-Beaudry, l’une des entreprises du consortium qui ont obtenu le controversé contrat des compteurs d’eau de la Ville de Montréal.
Des anciens dirigeants du Fonds de solidarité interrogés par Radio-Canada ont déclaré que des dossiers de M. Accurso ont été traités en priorité. Les liens financiers entre la FTQ, le Fonds et les entreprises de Tony Accurso dépassent les 400 millions, selon Radio-Canada.
En plus de l’ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino, plusieurs dirigeants du syndicat ont séjourné sur le yacht de M. Accurso, amarré dans les îles Vierges. Gilles Audette et Louis Bolduc, du Fonds de solidarité, sont du nombre.
Le Fonds se défend
Le Fonds de solidarité FTQ a vivement démenti les conclusions du reportage hier soir au moyen d’un communiqué. L’orga nisation a d’ailleu rs déposé une plainte à l’ombudsman de Radio-Canada pour le traitement «partial, tendancieux, voire calomnieux» de l’émission Enquête depuis le printemps dernier.
«Le Fonds de solidarité FTQ n’octroie aucun passe-droit à quelque entrepreneur que ce soit et il n’est nullement infiltré par le crime organisé, écrit-on. Tous les projets d’investissement suivent un processus rigoureux et sont scrutés à la loupe.»
Dans les dossiers concernant Ron Beaulieu, le Fonds affirme qu’il n’a agi qu’à titre de «prêteur». L’organisation écrit que M. Accurso n’a pas bénéficié d’un traitement de type «fast track».



Allégations d’infiltration de la FTQ par le crime organisé / Le secrétaire général plaide pour une enquête policière  -  Denis Lessard
QUÉBEC — Une enquête de police est préférable à une commission d’enquête publique su r les problèmes de la construction au Québec, estime René Roy, le secrétaire général de la FTQ.
« P o u r n o u s , c ’e s t u n e enquête policière qui doit être faite sur le blanchiment d’argent. Une enquête publique permettra aux lapins de se cacher », prédit-il. De nouveaux reportages de RadioCanada sur les liens de la FTQ-Construction avec les motards criminels ainsi que le traitement privilégié de l’entrepreneur Tony Accurso par le Fonds de solidarité ont mis la plus importante centrale syndicale sur la sellette.
Pou r ta nt , M . Roy reste convaincu qu’il « n’y a pas de ménage à faire à la FTQ». Pas davantage au Fonds de solidarité, d’ailleurs. « Il y avait quelques éléments de la FTQ-Construction qui étaient douteux, mais je pense que le ménage a été fait» résume-t-il.
«La FTQ a 580 000 membres, je ne les connais pas tous. Mais dans la direction de la FTQ, il n’y a pas de liens avec les Hells Angels », tranche-t-il.
Depuis l’été, dans l’entourage de Michel Arseneault, le président de la centrale, on a mis sur pied un comité de crise pour préparer des réponses rapides si la centrale ou le Fonds sont malmenés dans les médias. Dans un courriel qui circule largement, on invite les cadres à se réunir ce soir pour une écoute collective de l’émission Enquête, où on devrait diffuser une conversation d’un vice-président, Gilles Audette, enregistrée à son insu.
Aujourd’hui à l’Assemblée nationale, on débattra d’une motion de l’Action démocratique du Québec qui réclame une enquête publique sur les problèmes de l’industrie de la construction. Cette semaine, la c hef péqu iste, P au l i ne Marois, a joint sa voix à cette requête, que l’ADQ formule depuis le printemps.
La motion risque toutefois d’être battue aux voix ou fortement altérée, car le gouvernement propose déjà un autre texte : il faut prendre acte des enquêtes de la SQ en cours «sur des allégations de corruption, de malversation, de collusion et d’infiltration du crime organisé dans le domaine de la construction ». Tout au plus le gouvernement Charest est-il prêt à «ne pas écarter au terme de ces enquêtes criminelles un recours à une enquête publique et indépendante».
Le syndicaliste René Roy recon na ît que l’i mage de l’organisation syndicale a été mise à rude épreuve depuis une série de reportages dévastateurs montrant les liens entre des syndiqués et les motards criminels. « Cela a sûrement un effet sur notre crédibilité. Da ns u ne orga nisation si vaste, il y a parfois des choses qui se passent » déplore-t-il.
Il n’est pas impressionné par le reportage qui indiquait qu’un ancien Hells A ngel avait pu convaincre un candidat potentiel à la direction de la FTQ-Construction de se retirer, en novembre dernier. Richard Goyette, le candidat de l’ex-directeur Jocelyn Dupuis, l’avait emporté contre Bernard Girard, associé à l’ancien président Jean Lavallée. Le retrait du candidat Dominic Bérubé n’a rien changé, selon René Roy: «L’élection s’est déroulée démocratiquement. Mais ceux qui ont perdu n’ont j amais accepté la défaite. Ils brassent de la merde parce qu’ils ont perdu l’élection.» Richard Goyette a lui aussi rejeté les allégations du reportage avec véhémence, hier.
Gilles Audette a séjourné dans les Caraïbes à bord du yacht de l’entrepreneur Tony Accurso en même temps que Michel Arseneault, l’automne dernier. D’autres figures en vue de la centrale sont aussi redevables à l’entrepreneur pour des vacances de rêve.
M. Arseneault, après avoir défendu l’entrepreneu r de Laval, s’était excusé de tant de promiscuité.
« Le président de la FTQ a dit que, si c’était à recommencer, il n’irait pas sur ce bateau... la réponse est là », conclut René Roy.

L’art de noyer le poisson - LYSIANE GAGNON

L’ éthique… voilà un mot que je ne peux plus voir en peinture. Non pas que je sois contre la vertu, mais ce concept est devenu un motvalise, un écran de fumée qui permet à nos politiciens de noyer les scandales en jouant les purs.
C’est quoi, actuellement, le pire scandale ? Nos collègues, à La Presse et à Radio-Canada, ont commencé à le déterrer : c’est la corruption qui préside à l’industrie de la construction, et qui a coûté aux contribuables québécois un nombre incalculable de milliards de dollars, car le système ne date pas d’hier et il s’étend à la largeur du Québec, comme on le voit par l’état de nos routes, de nos viaducs, de nos échangeurs et de l’ensemble de nos infrastructures, de même que dans la sordide affaire des compteurs d’eau.
C’est un système de type mafieux, dont il est impossible de croire qu’il ne bénéficie pas de complicités, probablement chèrement monnayées, à de très hauts niveaux. On a déjà dépisté des compagnonnages douteux dans l’administration Tremblay et à la FTQ. Il y en a d’autres, assurément. Et la même chose se passe sans aucun doute au niveau provincial. Comment expliquer autrement que nos routes soient, partout et toujours, dans un pire état que celles du Vermont et de l’Ontario ?
C’est là qu’il se trouve, le plus grave problème d’éthique. C’est aussi l’irritant qui suscite le plus d’insatisfaction dans la population montréalaise, comme l’indiquait hier un sondage Angus publié dans La Presse : si 52 % et 54 % des gens se plaignent de la malpropreté et du déneigement, ils sont 85 % à critiquer l’état des routes… et la rénovation des infrastructures est « la » priorité pour 27 % des gens, alors que d’autres dossiers comme les transports publics ou les services sont prioritaires pour moins de 15 % des gens.
Détail à signaler à nos politiciens montréalais qui n’en ont que pour l’environnement : c’est la priorité de seulement 7 % des citoyens. Le Bixi, c’est bien gentil, mais selon Statistique Canada, moins de 5 % des habitants de Ville-Marie et de Rosemont utilisent le vélo pour leurs transports quotidiens ; dans le sud-ouest et Mercier, c’est… 2 %. Même dans le Plateau, l’arrondissement le plus « jeune », la proportion des cyclistes d’habitude n’est que de 10 %.
Mais revenons à nos moutons. Il y a ce problème d’une industrie mafieuse, où un club fermé d’entreprises s’entend pour hausser les soumissions et se répartir le gâteau à coup de chantage et de violence, sous le regard complice ou impuissant de l’administration. Ne nous demandons pas pourquoi nos infrastructures sont en si piètre état : les entrepreneurs et leurs sous-traitants rognent sur les matériaux.
Que fait le maire Tremblay ? Il noie le poisson. Il crée une « ligne d’éthique » pour encourager les fonctionnaires à dénoncer leurs collègues, au cas où il y en aurait un qui aurait mangé un hamburger aux frais des contribuables ou embauché sa bellesoeur comme téléphoniste. Ce ne sont pas les commérages qui vont venir à bout du système mafieux d’octroi de contrats qui est en train de ruiner le Québec. Les syndicats des employés municipaux ont raison de s’inquiéter, car la délation est rarement fructueuse, et les « lignes » risquent d’être brouillées pa r des règlements de compte personnels.
On noie aussi le poisson à Québec, où l’escouade spéciale de la SQ aura un mandat beaucoup trop vaste pour être efficace (on enquêtera sur toutes les fraudes dans tout le secteur public ! Pourquoi pas sur la planète Mars, tant qu’à y être ?).
Quand on veut crever un abcès, c’est l’abcès qu’on doit cibler.



Nouvelle perquisition à la FTQ-Construction
— L’escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec est retournée, lundi, aux bureaux de la FTQ-Construction, à la recherche de factures dans le cadre son enquête sur le blanchiment d’argent dans l’industrie de la construction.
« Il y a eu perquisition et des personnes ont été rencontrées », s’est limité à déclarer hier l’agent Louis-Philippe Ruel, porte-parole de la SQ, confirmant à La Presse cette intervention.
« Les policiers sont revenus, on est à la veille de leur louer une chambre! » a ironisé Philippe Mercure, président de la FTQ-Construction. Cette intervention policière est au moins la cinquième depuis le début mars, dans des instances de la FTQ ou du Fonds de solidarité. « Ils continuent à chercher, ils sont toujours à vérifier des factures » a dit M. Mercure.
Selon les informations réunies par La Presse, la police mène toujours son enquête sur le blanchiment d’argent par les gangs de motards par l’entremise de d’entreprises légitimes dans différents secteurs.
Selon Richard Goyette, qui a remplacé Jocelyn Dupuis comme directeur général de la FTQConstruction, « la police n’enquête pas sur le syndicat, mais sur des entreprises de la construction. Plus de 87 entreprises ont été perquisitionnées », a affirmé le syndicaliste – un chiffre « lancé » en l’air et bien exagéré, a-t-on appris de source policière.
Lundi, la police cherchait des factures que n’avait pas en sa possession la FTQ-Construction. « Quand elle a débarqué au Fonds de solidarité, la police cherchait le dossier dont la demande d’aide avait été refusée par le Fonds », insiste M. Goyette. En fait, avait révélé La Presse, un entrepreneur montréalais s’était retrouvé avec des proches dumonde interlope dans sa société après avoir demandé l’aide du Fonds de solidarité de la FTQ.
Par ailleurs, M. Goyette a indiqué que la FTQ-Construction ne déposerait aucune plainte dans le dossier des frais de représentation de son prédécesseur, Jocelyn Dupuis.
« Pour aller voir la police, cela nous prendrait des factures. Or elles ont été volées, elles se promènent dans les médias dans un sac de hockey », a précisé M. Goyette. Radio-Canada avait filmé des liasses de factures, des notes de frais énormes, sur six mois, de M. Dupuis, des documents détenus par Ken Pereira, le président d’un syndicat affilié à la FTQ-Construction.
Vidéos pour SharQC
Parmi la preuve réunie pour les accusations dans l’opération SharQC, qui a décapité les Hells Angels à la mi-avril, la police divulguera des vidéos où des dirigeants des motards disent ouvertement qu’ils doivent s’immiscer dans des entreprises légitimes pour blanchir les recettes de la vente de stupéfiants.
C’est Marvin Casper Ouimet, le patron des Hells de TroisRivières, toujours en cavale, qui avait à s’occuper du secteur de la construction.


Nouvelles perquisitions à la FTQ
« C’est toujours à la FTQque les journalistes débarquent, et c’est pourtant chez les employeurs que se fait le blanchiment », a déploré le président de la centrale, Michel Arsenault.
La Sûreté du Québec enquête sur le crime organisé qui blanchirait l’argent illicite par l’entremise d’entreprises de construction légales, en particulier dans le secteur de la maçonnerie. Elleafaithieruneautre frappe dans ce secteur, notamment à la FTQ, dans le butdecoincer des « intermédiaires » qui facilitent les contacts entre le monde interlope et les entrepreneurs.
Tôt en matinée, au siège social de la FTQ, sur le boulevard Crémazie, les enquêteurs ont ciblé plus particulièrement les bureaux de l’Association canadienne des métiers de la truelle, section locale 100. Ce syndicat, affilié à la FTQConstruction, représente quelque 4000 briqueteurs-maçons, carreleurs, cimentiers et plâtriers. Le directeur syndical, Roger Poirier, a refusé tout commentaire. « Les policiers nous ont demandé de ne rien dire, alors c’est ce qu’on va faire », a-t-il dit.
Les policiers de la SQ ont également fait en cours de journée des perquisitions dans une quinzaine d’entreprises et de résidences à Montréal, Boucherville, L’Assomption, Repentigny, Le Gardeur et Laval. Au total, 17 personnes ont été interrogées, en lien avec l’enquête de la SQ sur le blanchiment d’argent dans le secteur de la construction et l’infiltration de l’économie légale par le crime organisé, mais personne n’a été arrêté. La SQ refuse de dévoiler les noms des entreprises visitées. surtout, posait un problème. Une opinion partagée par Gilbert Grimard, porte-parole des entrepreneurs du Québec.
Fin mars, la police était déjà passée à la FTQ-Construction, et d’autres perquisitions ont eu lieu début avril, notamment chez Grues Guay et chez Louis-Pierre
Cette nouvelle vague de perquisitions est le prolongement d’une série d’interventions survenues début avril dans des entreprises de construction, surtout liées au secteur de la maçonnerie, dans tout le Québec. Début mars, La Presse indiquait que la police enquêtait depuis deux ans sur la pénétration du monde interlope dans des secteurs particuliers de l’économie légale.
La semaine dernière, le président de la Commission de la construction du Québec, André Ménard, dans un entretien à La Presse, avait indiqué que le secteur des maçons, Lafortune, un des administrateurs de l’entreprise. Un membre des Hells Angels, Normand Casper Ouimet, était aussi proche du secteur de la maçonnerie – il est toujours en cavale ayant échappé à l’opération SharQc qui a décapité l’organisation criminelle, à la miavril. Les deux étaient des amis de Jocelyn Dupuis, l’ex-directeur de la FTQ-Construction. Ce jour-là l’escouade spéciale de la SQ avait aussi débarqué au bureau d’avocat deMeRichardHébert, àLaval, pour obtenir des dossiers en présence du syndic du Barreau. Me Hébert était conseiller juridique dans le secteur de la maçonnerie et intervenait dans certaines entreprises.
Le président de la FTQ, Michel Arsenault, a assuré hier que la centrale a offert hier sa collaboration lorsque les enquêteurs se sont présentés. « Ce que je trouve curieux, toutefois, c’est que les perquisitions faites en présence de journalistes n’ont jamais lieu chez les employeurs. C’est toujours à la FTQ que les journalistes débarquent, et c’est pourtant chez les employeurs que se fait le blanchiment », a déploré M. Arsenault.
« Ça fait deux ans que les policiers enquêtent au sujet de cette affaire. On fait beaucoup d’associations d’images, mais il n’y a toujours pas d’accusations. Il va falloir que ça aboutisse un jour, cette enquête-là », a-t-il poursuivi.
L’actuel président de la FTQConstruction, Yves Mercure, a soutenu que beaucoup de la controverse actuelle dans les médias touchant la construction vient de l’effervescence liée à la période de maraudage. Début juin, les 160 000 travailleurs de la construction pourront se rendre voter pour changer d’allégeance s’ils le désirent – la FTQ comprend 44% des travailleurs de ce secteur.

 
PERQUISITIONS À LA SOLIM -  La FTQde nouveau sur le gril
C’est la quatrième fois en deux mois que la Sûreté du Québec se rend à la FTQou à une de ses constituantes pour y chercher des dossiers d’investissements.
QUÉBEC — La Sûreté du Québec a rencontré hier Guy Gionet, l’exprésident de la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ, dans le cadre du dossier d’un projet avorté de salle de spectacle dans la région de Québec.
La police a procédé, hier, à trois perquisitions relativement à cette affaire, dont une aux bureaux de la SOLIMàMontréal. L’escouade mixte sur les crimes économiques a aussi frappé à une caisse populaire en banlieue de Québec, la caisse de Loretteville. La direction de cette caisse avait permis à la SOLIM, en décembre 2008, de récupérer 2,6 millions dans le compte de banque des Productions TIPI, qui poursuit actuellement l’institution bancaire.
Productions TIPI, firme dirigée par Laurent Gaudreau, l’ancien producteur d’Omerta, devait financer avec la SOLIM une salle de spectacles permanente au pied des chutes Montmorency, un projet de 14 millions.
Hier, Josée Lagacé, du Fonds de solidarité, a soutenu qu’il avait toujours été convenu que la SOLIM avait le droit de reprendre ses billes si elle estimait que le projet n’était pas viable.
Selon Mme Lagacé, l ’ entente commerciale signée avec Desjardins, le 12 décembre 2006, « permettait à la SOLIM, sur simple demande, de récupérer les sommes qui avaient été déposées la suite, sans toutefois produire de pièce.
Des sources à la caisse populaire indiquent que la seule pièce au dossier ramassé hier par la police vient plutôt corroborer la version du producteur Laurent Gaudreau – la SOLIM ne pouvait pas reprendre ses fonds unilatéralement. Le directeur de la temporairement et qui pouvaient être retirées en tout temps si le dossier ne se concrétisait pas, ce qui manifestement a été le cas ».
Mais dans un avis transmis en août 2008, le contentieux du Mouvement Desjardins soutenait qu’aucun retrait ne pouvait se faire sans l’approbation des deux parties. Le procureur de la SOLIM, Me Louis Demers, qui s’est récusé depuis, avait soutenu à La Presse que les avocats de Desjardins s’étaient ravisés par caisse, Marcel Champagne, avait autorisé le retrait – la SOLIM s’était même engagée à prendre à son compte des poursuites éventuelles. Avec la controverse, M. Champagne a pris sa retraite, quelques semaines après avoir eu une promotion. M. Champagne a aussi eu à répondre aux questions des policiers hier.
Le Fonds de la FTQ soutient que le projet n’est pas viable, mais dans sa poursuite, M. Legault fait valoir que M. Gionet, le patron de la SOLIM, avait signé un contrat de 15 ans avec la Société des équipements de plein air du Québec (SEPAQ) pour l’utilisation du terrain où devait s’installer le chapiteau.
Perquisitions à répétition
C’est la quatrième fois en deux mois que la Sûreté du Québec se rend à la FTQ ou à une de ses constituantes pour y chercher des dossiers d’investissements. Elle s’est d’abord rendue à la FTQConstruction, puis au Fonds de solidarité pour un dossier d’investissement. Mercredi, on a perquisitionné chez le syndicat des maçons – l’Association canadienne des métiers de la truelle – et on a frappé hier à la porte de la SOLIM.
« Le promoteur a porté plainte à la police, vraisemblablement pour mettre de la pression, ce qui nous apparaît déplacé, voire farfelu », a dit Mme Lagacé. Pour la police, l’intervention d’hier fait partie d’une enquête très large sur la pénétration du crime organisé dans l’économie.
Pour la porte-parole du Fonds, l’intervention d’hier n’a rien à voir avec le départ de M. Gionet mardi dernier. M. Gionet avait a dû quitter ses fonctions en début de semaine pour une autre controverse, l’achat par la SOLIM d’un bar de danseuses conjointement avec un sympathisant des Hells Angels, M. Ronald Beaulieu. Officiellement, le Fonds parle de départ volontaire, mais selon des sources syndicales, le nouveau conseil consultatif de la SOLIM n’a pas donné le choix au PDG.
Dans le dossier des Productions TIPI, l’un des intermédiaires de la SOLIM était Denis Vincent, un homme d’affaires de Mauricie, pilote d’hélicoptère, qui est aussi entré en contact avec les motards de la région de Trois-Rivières.
Il était une bonne connaissance de Jean Lavallée, l’ancien président de la FTQ-Construction, longtemps président du conseil de la SOLIM, avec qui il avait fait des voyages de pêche dans le nord du Québec. M. Vincent avait d’autres projets avec la SOLIM, à Québec, notamment le projet de réfection d’un ancien poste de tri de Postes Canada, réaménagé pour Telus. Il a aussi dû répondre aux questions de la police hier.


LE DÉPART DU PRÉSIDENTDE LA SOLIM CONFIRMÉ
Le Fonds de solidarité de la FTQa confirmé hier encore que Guy Gionet, président de la SOLIM, le bras immobilier du fonds, avait été relevé de ses fonctions, après une vérification interne. « Jusqu’à nouvel ordre, la gestion de SOLIM est confiée à Monique Cardinal, actuelle vice-présidente aux finances de SOLIM », a indiqué hier Yvon Bolduc, président directeur général du Fonds de solidarité. Cette décision « d’un commun accord » avec M. Gionet, survient après que le contrôleur financier du Fonds eut constaté que le contrat entre la SOLIM et la société à numéro 9124-6215 inc « ne reflétait pas l’intention du comité consultatif de SOLIM », quand l’autorisation avait été accordée en mars 2008. L’entreprise à qui la SOLIM a prêté 1 million comptait comme actionnaire Ronald Beaulieu, sympathisant des Hells Angels. Même si la SOLIM n’avait aucunement l’intention d’acheter un bâtiment ou un terrain, elle s’est retrouvée à cautionner l’achat d’un bar de danseuses. « La vérification démontre qu’une portion du prêt a servi à acheter la bâtisse, ce qui n’était ni spécifié dans les documents d’autorisation, ni de l’intention du comité consultatif de SOLIM », a indiqué l’organisme hier.

LePDGde la SOLIMforcé de quitter son poste
EXCLUSIF
L’enquête a soulevé des doutes quant au bien fondé la décision du PDG de la SOLIM, Guy Gionet, en faveur de compagnies où se trouve Ronald Beaulieu, sympathisant des Hells Angels.
QUÉBEC— Guy Gionet, président directeur-général de la SOLIM, bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ, doit quitter son poste après une vérification interne.
L’enquête a soulevé des doutes quant au bien-fondé de sa décision en faveur d’entreprises où se trouve Ronald Beaulieu, sympathisant des Hells Angels, a appris La Presse.
Les dirigeants de la SOLIM ont vite tranché, hier, après avoir reçu le rapport d’André MacDonald, le comptable responsable du contrôle financier du Fonds de solidarité. M. Gionet a été rencontré par la suite – la SOLIM devait rompre son lien d’emploi avec son patron. Le Fonds prend ses distances et en parle désormais comme du « commandité », parce qu’il était responsable des sociétés en commandite où intervenait le Fonds de solidarité de la FTQ.
Le verdict du Fonds sur M. Gionet tombe au moment où la Sûreté du Québec est au milieu d’une large enquête sur les investissements consentis par la SOLIM, enquête ouverte après que la police eut été mise au fait de liens entre certains dirigeants de la FTQ et des représentants du monde interlope.
Informé de telles allégations, en septembre 2008, Michel Arsenault, président de la FTQ, a demandé et obtenu le départ des deux patrons de la FTQConstruction, Jean Lavallée et Jocelyn Dupuis. Le syndicat a par la suite expliqué le départ forcé de M. Dupuis par la « découverte » de notes de frais faramineuses – un train de vie que M. Dupuis maintenait depuis plusieurs années.
Hier au Fonds de solidarité, s’est toutefois enfermé dans le mutisme sur les résultats de la vérification touchant les dossiers de Ronald Beaulieu. Me Mario Tremblay, vice-président communications du Fonds, a remis toute annonce de décision « aux prochains jours ».
M. Gionet avait été nommé en 2004, à l’époque où Jean Lavallée, ex-patron de la FTQConstruction, régnait sur la SOLIM. Auparavant, cet évaluateur dans le secteur immobilier avait travaillé chez CB Richard Ellis, après un passage au Crédit foncier.
Il s’était retrouvé au coeur d’un dossier controversé: à Québec, la SOLIM, dirigée par M. Gionet, est venue chercher, en décembre dernier, 2,6 millions de dollars qu’elle avait déposés dans le compte bancaire de la société Production TIPI.
Le directeur de la caisse populaire concernée, qui venait d’être nommé, fin 2008, a annoncé sa retraite le mois dernier.
Le producteur qui s’estimait lésé, Laurent Gaudreau, a déposé une plainte au criminel et poursuit présentement la caisse populaire. Dans ce projet, la SOLIM, dirigée par MM. Lavallée et Guy Gionet, était intervenue pour qu’on fasse une place à Denis Vincent, un pilote d’hélicoptère qui a déjà été proche des Hells de la Mauricie.
Le Fonds de solidarité a demandé la semaine dernière au procureur de la SOLIM dans ce dossier de se récuser parce qu’il avait en même temps des mandats de l’entrepreneur Tony Accurso.
Départ de Gionet
M. Gionet ava i t été « suspendu temporairement » de ses fonctions, la semaine dernière, officiellement, parce que la SOLIM avait injecté 1 mi l l ion dans l ’ ent repr ise 9124-6215 pour un projet de revitalisation commerciale sur la Rive-Sud. Le vice-président Mario Tremblay avait précisé à La Presse, au moment de la suspension de M. Gionet, que le Fonds voulait « vérifier l’adéquation » entre le prêt accordé par la SOLIM en mars 2008 et les documents signés au mois de septembre suivant.
Pour Me Tremblay, Ronald Beaulieu n’était pas partenaire au moment de la transaction. « Le projet exigeait la démolition du commerce adjacent aux terrains » , disait-il – en fait, il s’agissait d’un vieux bar de danseuses – pour construire un centre commercial comme le DIX30 à Brossard.
Selon les sources de La Presse, M. Gione t conna i ssa i t les antécédents criminels de M. Beaulieu: « Il s’était porté garant de tout ça et le Fonds a jugé que ce n’était pas terrible comme décision », explique-t-on.
Rappelons que, la semaine dernière, le Fonds de solidarité a édicté de nouvelles règles de gouvernance pour la SOLIM: un code d’éthique sera appliqué par un comité externe. Pour la première fois depuis 1991, on ne trouve plus de représentant de la FTQ-Construction à la barre du bras immobilier de la FTQ.
Ronald Beaul ieu avait été épinglé en 2002 comme joueur important dans un réseau de prêt usuraire, affilié aux Hells Angels.
Il n’a jamais été membre en règle, mais a toujours été vu par les milieux policiers comme un sympathisant des motards. La police savait depuis longtemps qu’il s’était rapproché du milieu de la construction.
La SOLIM était intervenue dans d’autres entreprises de M. Beaulieu. Le cas le plus embarrassant pour le Fonds, a-t-on appris, reste un investissement de 1,75 million en plus d’une caution de 1,5 million de la SOLIM dans Fourniture d’hôtellerie Pascal, qui appartenait à M. Beaulieu.
La SOLIM avait aussi prêté 2 millions à un centre commercial de M. Beaulieu, Galerie des Îles, à Port-Cartier.

Des syndicats comptent profiter de la controverse à la FTQ-Construction
Période de maraudage dans le secteur de la construction
La période de maraudage syndical dans l’industrie de la construction pourrait bien mener à de nombreux changements d’allégeance cette année, affirment des syndicats, qui ne cachent pas leur désir de recruter des travailleurs frustrés par la controverse qui mine la FTQ-Construction.
Au cours du mois de mai, cinq centrales syndicales tenteront de séduire les 143 000 ouvriers du secteur de la construction. À la clé, la négociation de la convention collective de tous les travailleurs.
« Il y a une grande insatisfaction par rapport à ce qui s’est passé à la FTQ, a affirmé le président de la CSN-Construction, Alain Mailhot. On s’attend à ce que plus de personnes passent chez nous à cause de ce qui s’est passé. »
Au cours du mois de mai, cinq centrales syndicales tenteront de séduire les 143 000 ouvriers de ce secteur. À la clé, la négociation de la convention collective de tous les travailleurs. La loi prévoit que l’organisation ou l’alliance qui représente au moins 50% des ouvriers sera désignée à la table des négociations.
Avec quelque 67 000 membres (44% du total), la FTQConstruction est de loin le plus important syndicat dans ce secteur, mais elle a été plongée dans l’embarras par plusieurs révélations au cours des dernières semaines.
Son ex-directeur général , Jocelyn Dupuis, s’est notamment fait rembourser des notes de frais de 125 000$ en six mois. Il s’est notamment fait payer, à même les cotisations des membres, des bouteilles de vin à 200$ et des repas de 3000$, avec l’approbation du syndicat.
M. Dupuis faisait aussi l’objet d’une enquête de la Sûreté du Québec dans une affaire de blanchiment d’argent au moment où la direction de la FTQ l’a forcé à démissionner avec le président Jean Lavallée.
Afin de séduire les syndiqués de la FTQ-Construction frustrés par les agissements de leurs ex-dirigeants, la CSNConst r uc t i on a f f i r me que des comités de surveil lance vérifient scrupuleusement les agissements de ses propres dirigeants.
« Pour nous, il n’y a jamais eu d’écart de conduite », affirme M. Mailhot.
Son organisation n’est pas la seule à se frotter les mains.
« Selon les rumeurs qu’on entend sur les chantiers, beaucoup de travailleurs se sentent frustrés par ce qui s’est passé, affirme Donald Fortin, directeur du Conseil provincial, le deuxième syndicat dans le secteur de la construction. On s’attend à ce qu’il y ait des défections à la FTQ. »
Il promet toutefois de ne pas invoquer la controverse qui mine la FTQ-Construction pour faire la promotion de son organisme auprès de travailleurs indécis.
Même son de cloche à la CSDConstruction, qui représente 14% des travailleurs de l’industrie. « Il y a des travailleurs à la FTQ qui n’ont pas apprécié la façon dont leurs cotisations ont été gérées », affirme le président Patrick Daigneault, qui souhaite que la campagne se déroule sans intimidation.
Une sortie mesquine, selon la FTQ
Le directeur de la FTQConstruction, Richard Goyette, n’a pas du tout apprécié la sortie des organisations rivales, qu’il a qualifiée de cheap.
« Au lieu de vanter leurs qualités, ils bûchent sur les autres », a-t-il dénoncé.
Quoi qu’en disent ses adversaires, il ne craint pas de perdre des membres dans les prochaines semaines. Il entend vanter les services que son syndicat offre à ses membres, notamment en matière de représentation régionale ainsi qu’en santé et sécurité du travail.





Des entrepreneurs mêlés à des histoires problématiques  -  André Noël &  Francis Vailles
Parmi les principaux entrepreneurs privés qui ont des c ont r a t s avec l a Vi l l e de Montréal, la moitié ont eu leur lot de problèmes parfois avec la justice, parfois avec des fierà-bras, a constaté La Presse.
L a s e ma i n e d e r n i è r e , La Presse a fait ressortir que 16 entreprises ont raflé 46 % des contrats de travaux publics de la Ville de Montréal de 2005 à 2009. La valeur de ces contrats s’élève à 471 millions de dollars.
Parmi ces entreprises, on trouve de grandes sociétés, telles les françaises Colas (72 000 employés) et Eurovia (42 000 employés), de même que la québécoise Gaz Métropolitain (2150 employés). La moitié des entreprises restantes sont dirigées par des hommes qui ont été mêlés à des affaires judiciaires ou qui ont fait les manchettes pour des problèmes particuliers.
En voici les faits saillants :
Nicolo Milioto, président de Construction Mivela
Contrats 2005-2009 de la Ville : 50,3 millions
Nicolo Milioto est un acteur important de l’industrie de la construction à Montréal. Son entreprise est spécialisée dans les travaux de trottoirs. En mai 2003, il s’en est pris à des cols bleus de la Ville, à Montréal-Nord. Il a frappé deux grévistes et causé des dommages à un camion de la Ville à coups de barre de fer. Coupable de cinq chefs d’accusation au criminel, il a obtenu une absolution inconditionnelle, mais a dû faire un don de 500 $ à un organisme de charité. Il s’agissait d’une deuxième condamnation pour voies de fait : en 1993, il avait proféré des menaces de mort à l’endroit d’un citoyen.
Tony Accurso, principal dirigeant de Construction Louisbourg, Simard-Beaudry Construction, Gastier et d’autres entreprises
Contrats 2005-2009 de la Ville : 129,5 millions
En av r i l , des agents de Revenu Canada et de la GRC ont f a i t des perquisitions chez des entreprises de Tony Accurso, notamment SimardBeaudry et Louisbourg. Selon les mandats, ces sociétés ont versé 4 , 5 millions à deux entreprises fictives de l’homme d’affaires Francesco Bruno. Une des entreprises de Bruno, B.T. Céramique, a ses bureaux dans un immeuble appartenant au chef de la mafia, Vito Rizzuto, et au consigliere Paolo Renda. Le fisc avance que « B. T. Céramique s’est fait remettre de fausses factures afin de réduire ses revenus et payer des salaires au noir ».
Simard-Beaudry Construction est également au coeur de la controverse sur les compteurs d’eau. Le vérificateur général de la Ville a soulevé plusieurs irrégularités liées à ce contrat de 356 millions, qui fait l’objet d’une enquête de la SQ. Simard-Beaudry Construction est l ’ un des deux membres du consortium GÉNIeau, qui avait obtenu le contrat.
Paolo Catania, principal dirigeant de Construction Frank Catania et associés
Contrats 2005-2009 de la Ville : 72,2 millions
Le 11 s eptembre, Paolo Catania a été accusé de menac es de mort , de t entative d’extorsion et de harcèlement envers l’homme d’affaires Elio Pagliarulo, qui lui doit 1,4 million. Dans une déclaration sous serment, Pagliarulo affirme que 600 000 $ des 1,4 million de dollars lui ont été remis en liquide, ce que nie Catania. Pagliarulo affirme que lui-même et Catania faisaient du prêt usuraire, ce que nie aussi Catania.
Paolo Catania est le promoteur du Faubourg Contrecoeur, un projet résidentiel controversé. Le vérificateur général de la Ville a relevé des irrégularités dans ce contrat, passé avec la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), et a confié son dossier à la SQ, qui a ouvert une enquête.
Le fondateur de l’entreprise, son père Frank Catania, a été f i l mé par des ca méras de la GRC en 2005 au café Consenza, quartier général de la mafia à Montréal. Il était en présence du patriarche de la mafia, Nick Rizzuto. Cette année-là, cinq dirigeants de la mafia, dont le parrain Vito Rizzuto, se sont cotisés pour offrir un cadeau de retraite à Frank Catania.
E n 19 9 6 , Const r uc t i on Frank Catania a dû payer une amende de 150 130 $ pour une fraude fiscale impliquant de fausses factures et de l’argent liquide.
Joe Borsellino, principal dirigeant de Construction Garnier
Contrats 2005-2009 de la Ville : 55,9 millions
En octobre dernier, Joe Borsellino a i nvité Robert Marcil, directeur de la réalisation des travaux à la Ville, à un voyage en Italie en compagnie d’Yves Lortie, de la firme Genivar, et de Jocelyn Dupuis, alors de la FTQ-Construction. Marcil a dû démissionner de son poste l’été dernier. La Ville de Montréal enquête sur cette affaire.
Plusieurs sources, notamment policières, affirment que Joe Borsellino a été victime d’u ne at t aque s auvage en juillet. Il se serait fait battre sévèrement : sa mâchoire aurait subi de multiples fractures. Il aurait passé environ six heures sur la table d’opération, mais il a refusé de porter plainte. Aux personnes qui l’interrogent, il affirme qu’il est tombé. La Presse a été incapable de lui parler.
Famille Zambito, propriétaire d’Infrabec
Contrats 2005-2006 de la Ville : 39,9 millions
En 2003, Infrabec a donné un t r ac t eur Kubota d’u ne valeur de 28 000 $ au directeur général de l’a r rondiss ement de Sai nt-L au r ent , de qui l’entreprise obtenait plusieurs contrats. Le directeur général, Robert Fortin, a été reconnu coupable d’abus de confia nce, condamné à 200 heures de travaux communautaires, et congédié. Personne n’a été accusé chez Infrabec.
I l y a deu x s e ma i ne s , Radio-Canada a affirmé que Lino Zambito, vice-président de l ’entreprise, a tenté de neutraliser l ’opposition de Boisbriand pour faire réélire la mairesse Sylvie St-Jean. I nfrabec a obtenu la moitié des contrats de Boisbriand depuis c i nq a ns, soit une valeur de plus de 50 millions, selon Radio-Canada.
Famille Théorêt, Roxboro Excavation
Contrats 2005-2009 de la Ville : 29,9 millions
En 20 0 0, Roxboro Excavation a plaidé coupable de collusion avec quatre autres entreprises de déneigement. Leurs soumissions t ra fiquées v isa ient des appels d’offres du ministère des Transports du Québec (MTQ). Roxboro Excavation a p a y é u n e a me n d e d e 121 700 $ pour cet acte criminel, plus une somme réclamée au civil par le MTQ mais demeurée confidentielle dans une entente à l’amiable datée d’avril 2009.
Giuseppe Borsellino, président de B.P. Asphalte
Contrats 2005-2009 de la Ville : 21,7 millions
En 1994, B. P. Asphalte a été condamnée à payer une a mende de 4 07 320 $ pour fraude fiscale. Le fisc a découvert que l’entreprise payait des salaires au noir (2,4 millions) en utilisa nt un stratagème complexe de fausses factures, de fausses sociétés et d’argent liquide.

Un père et sa fille
En 2006, Nicolo Milioto, président de Construction Mivela, a présenté sa fille Caterina, ingénieure, à Robert Marcil, alors directeur de la Direction de la réalisation des travaux à la Ville de Montréal. M. Marcil a suggéré à la Ville de l’embaucher dans sa direction, ce qui fut fait.
M me M i l i o t o e s t c h e f d’équipe. Sa tâche consiste à atténuer les i mpacts des t ravaux pour les riverains, notamment les commerçants. « Elle a été choisie en raison de ses compétences, en suivant le processus en usage, avec un comité de sélection, souligne Jean Racicot, porte-parole de la Ville. Elle n’intervient pas dans les t ravaux lorsqu’ils sont réalisés par l’entreprise de son père. »
Mme Milioto ne t ravaille plus s ous l a di r ec t i on de Robert Marcil. Ce dernier a dû remettre sa démission, l’été dernier. L’entrepreneur Joe Borsellino, de Construction Garnier, lui a payé un voyage en Italie, ce qui a déclenché une enquête par la Ville.


Et pourtant, le marché est ouvert à tous  -  Stéphane Paquet
Des milliards de contrats de travaux publics dans la région. Et bien peu d’entreprises hors Québec qui les obtiennent. Pourtant, le marché leur est aussi ouvert.
Depuis 1993, les entreprises ontariennes peuvent en effet tenter d’obtenir des contrats municipaux dont la valeur at t ei nt 10 0 0 0 0 $ et plus . C’est aussi le cas de celles du Nouveau-Brunswick, depuis la fin juin.
Pour les autres provinces, le seuil établi en vertu de l’Accord sur le commerce intérieur est un peu plus élevé : 250 000 $.
Un des objectifs de cette ouverture des marchés? « Il y a l’aspect concurrentiel, pour avoir des prix qui ref lètent mieux les prix du marché », explique Bruno Doutriaux, coordonnateur de la gestion des accords du marché public au Conseil du Trésor, à Québec.
Plus de concu rrence, meilleur prix… sait-il combien d’entreprises des autres provinces ont ainsi répondu aux appels d’offres des municipalités québécoises ? « Je n’ai aucune information làdessus », explique-t-il, ajoutant qu’il demande « depuis un mois » des données à ses collègues des Affaires municipales. À ce ministère, un appel de La Presse en fin d’après-midi est demeuré sans réponse.
À la Ville de Montréal, le c ha r gé de communication Gonzalo Nunez écrit, dans un échange de courriels, que « dans les faits et pour des raisons pratiques, la majorité des entreprises ou fournisseurs qui déposent des soumissions ont leur établissement principalement au Québec ».
Un des autres objectifs des accords interprovinciaux est de « forcer les entreprises (québécoises) à être plus concurrentielles », explique encore M. Doutriaux, en se mesurant à d’autres de leur secteur.
Cet objectif ne s’applique toutefois pas aux ingénieurs, architectes, arpenteurs-géomètres, avocats, notaires ou comptables, que l’ouverture des marchés n’a f fecte pas. « Il y a eu des demandes des professionnels de maintenir ce genre d’exception », explique-t-il encore à propos de ces emplois régis par un ordre professionnel.
À l’Association ontarienne des constructeurs de route, le directeur Rob Bradford soutient que des entrepreneurs ontariens font des affaires de ce côté-ci de la rivière des Outaouais, surtout le long de la frontière. Mais la question des cartes de compétence des travailleurs de la construction arrive vite dans la discussion. « Les travailleurs sont la barrière à la mobilité. » Avec le Manitoba, poursuit-il, il n’y a pas de telles entraves.
Pour le professeur Pierre J. Hamel, de l’I N RSUrbanisation, l’ouverture des marchés sous prétexte d’offrir une plus grande concurrence n’est pas la solution aux maux montréalais. « C’est pelleter le problème par en avant », tranche-t-il.
M. Hamel cite notamment le cas de l’Angleterre, dont le marché est pourtant ouvert au reste de l’Europe, et qui vient de condamner 103 entreprises de construction pour avoir joué avec les prix de 2000 à 2006. Leur système de collusion : le « cover pricing » ou s’entendre pour faire des soumissions trop élevées et ainsi laisser le chemin libre à un constructeur identifié à l’avance par le groupe.


Le maire devait savoir, selon l’opposition  -  Martin Croteau
APPELS D’OFFRES PRÉSUMÉS TRUQUÉS À LAVAL
Les partis de l’opposition à Laval ne croient pas le maire sortant, Gilles Vaillancourt, lorsqu’il dit ne pas être au c ou r a nt de malversations dans l’attribution de contrats municipaux. Ils ont de nouveau récla mé une enquête publique, hier, après que La Presse eut révélé que l a Vil l e a accordé u ne douzaine de contrats de voirie au terme d’appels d’offres dont les résultats étaient connus d’avance.
Lydia Aboulian, chef du Mouvement lavallois, se demande si les appels d’offres truqués se sont produits plus d’une fois.
« C’est i mpossible de ne pas savoir ce qui se passe dans une ville où l’on siège depuis 36 a ns », a a f f i r mé Robert Bordeleau, chef du Parti au service du citoyen.
F r a n ç o i s B e a u d r y, e xi ngénieur au ministère des T ra nsports, a f f i r me qu’un informateur lui a communiqué la somme des soumissions pour une douzaine de contrats de travaux publics prévus par la Ville de Laval en 2003. Cette source lui a donné d’avance les noms de 10 entreprises qui devaient présenter les soumissions les plus basses. Elle voulait ainsi lui démontrer que le concours pour l’attribution des contrats était truqué.
Ces révélations font suite à des reportages faisant état d’un « club » d’entreprises qui s e pa r t agent l a vaste majorité des contrats de travaux publics dans la région métropolitaine. Ces sociétés utiliseraient un stratagème a f i n de t r uquer les appels d’offres et gonfler les prix.
Selon Robert Bordeleau, l e mai r e Va i l l a ncou r t ne peut ignorer que des appels d’offres sont truqués par des entreprises de construction. Car il est membre du conseil municipal depuis 1973, et il est maire de la troisième ville du Québec depuis 1989.
« Si tu fermes les yeux sur ce qui se passe, c ’est que moralement, tu es complice », a-t-il affirmé.
L a c hef du Mouvement lavallois, Lydia Aboulian, conv ient que le maire Vailla ncourt c onnaît t r op bien l ’a ppa r ei l municipal pou r ignorer les cas de collusion.
« Pourquoi est-ce que ça ne se serait produit qu’une fois ? a dénoncé la candidate. De toute évidence, il y a une organisation. »
M. Bordeleau et Mme Aboulian martèlent que le gouvernement doit lancer une enquête publique pour aller au fond de cette affaire.
Les villes victimes
Gilles Vaillancourt a déjà dit qu’il n’est pas au courant de malversations dans les processus d’appels d’offres dans sa ville. La semaine dernière, il a salué la création d’une escouade policière spéciale pour enquêter sur les pratiques du milieu de la construction.
Il a également affirmé que « les municipalités peuvent aussi bien être des victimes des pratiques douteuses de l’industrie de la construction qu’autre chose ».
L e ma i r e a refusé de commenter le reportage de La Presse d’hier.
« Nous n ’ a vo n s pa s de commentaires à ajouter sauf que nous sommes satisfaits que M. Beaudry ait soumis l e dossier à l a Sûreté du Québec, a indiqué sa porteparole, Amélie Cliche. Nous faisons confiance aux autorités policières pour faire toute la lumière dans ce dossier d’appel d’offres publiques. »


TRAVAUX PUBLICS À LAVAL  L’opposition réclame une enquête   -  Martin Croteau
La Presse a révélé hier que ce groupe restreint d’entreprises a décroché des contrats totalisa nt 288 millions de dollars entre 2001 et 2008. Vingt-quatre autres f i r mes ont obtenu des contrats d’une valeur de 100 millions.
Contrairement aux deux partis de l’opposition et aux trois partis municipaux à Montréal, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt (notre photo), ne demandera pas à Québec d’enquêter sur les allégations de collusion et de corruption liées à l’industrie de la construction.
Les sociétés dirigées par l ’ hom me d ’ a f f a i r e s Tony Accu rso, Construction L o u i s b o u r g e t S i ma r d - Beaudry, ont à elles seules ra f lé le quart des sommes attribuées par la Ville.
M. Accurso est depuis longtemps identifié comme un proche du maire Vaillancourt. Dans un courriel envoyé à La Presse mardi, le maire Gilles Vaillancourt a confirmé qu’il avait « rencontré M. Accurso à quelques reprises » et qu’il avait assisté à l’inauguration de son bar, le TOPS.
Plainte
Ces faits troublent la chef du Mouvement lavallois, Lydia Aboulian. Elle compte expédier une plainte à la minist re de la Justice, Kathleen Wei l , pou r l u i demander de faire la lumière sur les liens entre l’administration Vaillancourt et les entreprises de construction.
« La Ville doit nous expliquer ça, a-t-elle affirmé. Il y a quelque chose qui n’est pas normal et c’est pour cela qu’on doit faire une enquête. »
Le chef du Parti au service du citoyen, Robert Bordeleau, demande lui aussi au gouvernement d’i ntervenir. I l réclame la tenue d’une commission d’enquête.
« Je présume qu’il y a collusion et je demande à Québec de tenir une enquête publique », a-t-il indiqué.
Rencontré en marge d’une réunion de son comité exécutif, M. Vaillancourt a refusé d’expliquer pourquoi huit entreprises se partagent les trois quarts des contrats attribués par son administration.
« Je n’ai rien à ajouter et aucun autre commentaire à faire », a-t-il affirmé.
Contrairement aux deux partis de l’opposition et aux t r ois pa r t i s municipaux à Montréal, le maire ne demandera pas à Québec d’enquêter sur les allégations de collusion et de corruption liées à l’industrie de la construction.
« C’est une décision gouvernementale et le maire n’a pas à se prononcer là-dessus », a i ndiqué sa porte-parole, Amélie Cliche.
La semaine dernière, une enquête de Radio-Canada avait corroboré un reportage de La Presse selon lequel un « club » d’entreprises se partageait la vaste majorité des contrats de travaux publics dans la région métropolitaine. Ces sociétés utiliseraient un stratagème complexe afin de truquer les appels d’offres et gonfler les prix.
« Je n’ai aucune information qui m’indique qu’il y a des pratiques semblables à Laval, avait a f f i r mé M. Vaillancourt le lendemain. Pour le moment, le fait que le gouvernement forme une escouade spéciale et le fait qu’un travail policier sérieux se fait me rassurent. »
Une étude de Transports Canada a montré il y a deux ans que la construction d’une chaussée d’autoroute urbaine à deux voies coûte 790 000 $ le kilomètre au Québec. C’est 50 % de plus que la moyenne canadienne.


Marc Bellemare a raison : la commission de l’ex-juge Bastarache est un piège à cons qui ne servira qu’à blanchir le premier ministre Jean Charest sur la nomination des juges. M. Bastarache a d’ailleurs déclaré qu’il n’avait pas le pouvoir d’élargir son mandat. Une commission parlementaire à laquelle aurait participéM. Bellemarre sous l’immunité parlementaire aurait fait toute la lumière et aurait été plus crédible qu’une commission bidon.
Jocelyn Boily, Québec



Comme un air de déjà vu -
YVES BOISVERT
  Il y a eu une autre commission que celle du juge Cliche sur l’industrie de la construction. Ou disons un bout de commission d’enquête. C’est celle du juge Robert Lesage sur le fiasco du chantier de la Gaspésia, qui a rendu son rapport en 2005.
Le juge Lesage et les trois commissaires se sont penchés sur un chantier bien particulier, à Chandler, où le Fonds de solidarité de la FTQ et la SGF ont tenté de relancer une usine de papier.
En relisant certains passages sur les pratiques syndicales, on est frappé par les similitudes avec les récits de travailleurs de la Côte-Nord au sujet des gros bras de la FTQConstruction qui menacent les syndiqués des autres centrales et les employeurs.
Làaussi, laFTQ-Construction réclamait l’exclusivité du chantier, notamment sous prétexte que le Fonds de solidarité en était l’un des actionnaires.
On pouvait lire ceci dans ce rapport : « Le pouvoir économique exercé par la FTQ, par le truchement du Fonds, ne cherche-t-il pas à réaliser le monopole sur les chantiers de construction au Québec, ce qui est l’objectif avoué de dirigeants de la FTQ-Construction et du Fonds, comme Jean Lavallée?»
Le rapport, écrit après une enquête de plusieurs mois, raconte que les employeurs avaient perdu toute autorité. Le mot d’ordre envoyé aux sous-traitants était de se plier aux exigences syndicales pour sauvegarder de «bonnes relations».
Les « agents d’affaires » du comité paritaire qui plaçait les ouvriers dominaient totalement le chantier. Les entrepreneurs achetaient la paix et se trouvaient ainsi à « perpétuer l’iniquité pour l’ensemble des travailleurs et l’inefficacité pour les entreprises québécoises».
Le juge Lesage ajoute que Papiers Gaspésia n’était pas complaisante seulement avec les représentants syndicaux, mais également avec le Fonds, «qui avait fourni sa liste d’entrepreneurs à qui adresser des demandes de soumission». Ces entrepreneurs «recevaient une considération particulière».
«L’investissement du Fonds ne peut justifier d’écarter indûment les soumissionnaires qui ne sont pas liés au Fonds, mais qui y contribuent euxmêmes indirectement par leurs impôts», dit le juge Lesage.
La commission a noté quelques incidents qui rappellent ceux qui ont été relatés à l’émission Enquête de RadioCanada cette semaine. D’abord, entre 100 et 200 travailleurs de la FTQ ont empêché les employés d’un couvreur d’accéder au chantier parce qu’il y avait parmi eux trop de syndiqués CSD. Papiers Gaspésia a ordonné à l’employeur de se plier aux exigences de la FTQ-Construction, c’est-à-dire d’embaucher assez de gens du bon syndicat. Les travaux ont pris un mois de retard, pendant lequel l’usine a été sans toit, en plein hiver…
L’entrepreneur a été obligé de céder.
Un peu plus tard, les 400 travailleurs du chantier sont allés chercher le contremaître dans sa roulotte pour l’expulser du chantier. L’homme, laissé à lui-même, a appelé la police, qui n’a pas réussi à calmer les ouvriers. C’est finalement un délégué syndical arrivé par hasard qui les a calmés.
Apparemment, ce contremaître insistait un peu trop pour qu’on embauche d’anciens employés gaspésiens de l’usine. Il est sorti, escorté par la police, et le syndicat a définitivement imposé sa loi – avec la bénédiction de l’employeur, remarquez bien. Le chantier, où l’on ne travaillait que six heures sur huit, n’a jamais été terminé.
Pour bien fonctionner, donc, les grands chantiers de construction doivent fonctionner selon la règle syndicale. Sinon, ça va mal. La FTQ-Construction n’est pas seule à jouer ce jeu.
On aura remarqué que la CSN a demandé que le placement des travailleurs soit confié à un organisme indépendant, mais non le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction, deuxième syndicat en importance dans le secteur pour le nombre de travailleurs qu’il regroupe. Il est aussi très bien servi par ce système.
En principe, pourtant, l’appartenance syndicale devrait se décider démocratiquement. Mais avec ce qu’on voit sur la Côte-Nord, et après avoir vu si bien exposé le système lors du fiasco de la Gaspésia, on est très content d’entendre le président de la FTQ, Michel Arsenault, nous dire qu’il est contre l’intimidation. Des gestes «isolés» mais étonnamment répétitifs…
Pourtant, rien n’a été fait pour y mettre fin. Et ce ne sont pas quelques enquêtes policières qui changeront ce système.

Mettre fin à la collusion  -  NATHALIE COLLARD
Le reportage de l’émission Enquête présenté jeudi soir à l’antenne de RadioCanada est accablant. Il expose les détails du mécanisme de collusion en place dans le milieu de la construction, collusion qui fait en sorte que les contribuables paieraient 30%, 35% et peut-être même 50% plus cher que le prix réel pour des travaux d’infrastructures routières.
Les reporters ont également mis à jour l’association entre un puissant entrepreneur et la mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean, pour « arranger » les prochaines élections dans cette ville de la couronne nord. Il ne s’agit pas de vagues soupçons, des conversations ont été enregistrées. Cette dame devrait démissionner.
Au cours des derniers mois, les médias ont levé le voile sur les liensdouteuxquiunissent les entrepreneurs en construction, le crime organisé et des acteurs du monde municipal. En août dernier, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, s’est contenté d’affirmer qu’il s’agissait de cas isolés et qu’« on ne ferait pas de grande enquête là-dessus ». Il ne peut plus tenir ce discours aujourd’hui. Il est clair que nous sommes face à un système établi et étendu à la grande région montréalaise (et sans doute ailleurs dans la province). La situation est d’autant plus alarmante que les millions pleuvent depuis que les deux ordres de gouvernement ont choisi d’investir dans les infrastructures pour nous sortir de la crise. Plus que jamais, la vigilance quant à l’attribution des contrats et l’instauration de bonnes pratique s’impose.
Le mutisme du ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, s’expliquedifficilement. Pourquoi ce silence? Il se peut que les forces policières lui aient demandé de ne rien faire parce que des enquêtes allaient bientôt aboutir sur des accusations formelles. Mais cet argument tient de moins en moins la route. Le reportage d’Enquête a bien montré les limites de ces enquêtes. Un fonctionnaire du ministère des Transports a porté plainte à la Sûreté du Québec en 2003. L’enquête a abouti des années plus tard et s’est soldée par un coup de règle sur les doigts de l’entrepreneur en question. Estce vraiment l’objectif visé?
Au mieux, des enquêtes aboutiront à des poursuites contre une poignée d‘entrepreneurs alors que c’est un système corrompu jusqu’à la moelle (les codes de la partie de golf en sont bien la preuve) qu’il faut attaquer. Il est plus que temps d’envoyer un signal puissant au milieu de la construction: la récréation est terminée. Une commission d’enquête publique a non seulement des pouvoirs d’enquêter, elle a aussi une importante valeur symbolique. Lorsqu’un gouvernement annonce à la population la tenue d’une enquête publique dans un milieu en particulier, on comprend qu’il y aura onde de choc, bouleversement des moeurs, grand ménage. Pour toutes ces raisons, et pour que la population québécoise sente que le gouvernement est au diapason de son indignation, il faut que le premier ministre Jean Charest annonce la tenue d’une telle enquête rapidement.




Les procureurs réclament aussi une enquête publique
QUÉBEC syndicat des agents de la Sûreté du Québec. En exposant les limites des enquêtes policières pour faire la lumière sur les malversations dans le secteur de la construction, les policiers avaient a fourni au gouvernement l’ultime argument en faveur d’une désavouer le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, qui favorise pour l’instant les enquêtes policières.
« Je pense que c’est les personnes les plus crédibles pour prêcher en faveur d’une enquête publique, a-t-elle dit lors d’un point de presse. lui, tente de gagner du temps pour se rendre jusqu’à la fin de la session parlementaire, début décembre.
«Il lui reste deux semaines à "toffer", a-t-il dit lors d’une entrevue. C’est pour ça que je dis qu’il est guidé par autre chose que l’intérêt public. Il Kathleen Weil, afin de réclamer la tenue d’une enquête publique sur la construction.
M. Dagenais a indiqué hier que la complexité de la preuve à accumuler ne permettra pas aux enquêtes policières d’exposer tout système criminel qui serait à l’oeuvre dans ce secteur d’activités.
La semaine dernière, le président du syndicat des policiers de Montréal, Yves Francoeur, avait lui aussi réclamé une enquête publique.
Lors d’un point de presse à Montréal , hier, le premier ministre Jean Charest a répété qu’il n’a pas fermé la porte à la possibilité d’instituer une commission d’enquête publique.
« Peu importe les scénarios, il faudra que le travail d’enquête (policière) se réalise, c’est incontournable, a-t-il dit. Il faut qu’il y ait des gens qui aillent chercher des faits, des dénonciations et vérifier des preuves. »
La semaine dernière, le vérificateur général Renaud Lachance a démontré que le ministère des Transports savait depuis 2004 que des entrepreneurs complotaient pour éliminer la concurrence dans les appels d’offres.



Les syndicats exhortent Québec à agir  -  Sara Champagne
Les dirigeants syndicaux des cols bleus et cols blancs de Montréal exhortent le gouvernement du Québec à modifier les règles régissant les contrats et appels d’offres, sans quoi ils persisteront à réclamer une enquête publique. Michel Parent, président des cols bleus regroupés, et Monique Côté, représentante des cols blancs, ont rencontré le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, hier matin.
Àl’instardeMichelArsenault, président de la FTQ, les deux dirigeants estiment que le processus d’attribution des contrats publics doit faire l’objet d’une législation le plus tôt possible. En conséquence, ils demandent une modification à la Charte de Montréal définissant la structure et les règles de fonctionnement de l’administration.
Les deux dirigeants s’en prennent notamment aux nombreux services dont les pouvoirs sont décentralisés en arrondissement. Le contentieux aussi. Ils font également référence aux conclusions du vérificateur général de Montréal, dans le scandale sur les compteurs d’eau, qui notait que la Ville a omis l’expertise des cols bleus dans la gestion ou l’installation des appareils de mesure.
« On attend maintenant la réponse du ministre, mais je vais vous avouer qu’on n’a pas grand espoir, a expliqué Monique Côté à La Presse. On croit qu’il faut une enquête publique, mais on estime qu’il faut aussi modifier la Charte.»
Michel Parent estime pour sa part qu’il «ne faut pas se cacher la tête dans le sable».
«L’une desprincipales sources des problèmes de dysfonctionnement à Montréal réside au coeur même de la Charte qui décentralise au profit des 19 maires d’arrondissement, déplore-t-il. Cette décentralisation, unique en Amérique du Nord, crée un formidable terreau pour le copinage, la collusion et l’explosion des coûts des contrats.»




« Tout le monde n’est pas pour la vertu »  -  Éric Clément
L’État devrait-il percevoir lui-même les contributions financières des particuliers pour les reverser ensuite aux partis politiques ? La question est évoquée ces jours-ci, alors que les sources du financement des partis politiques municipaux et provinciau
Q M.
Blanchet, y a-t-il des trous dans la loi en ce qui a trait au financement des partis politiques ? R Dans un rapport rendu public en 2007, on a proposé des mesures pour contrôler le financement des campagnes à la chefferie. On a recommandé l’abolition des dons anonymes. Selon moi, c’est du financement clandestin et, nous dit-on, peutêtre une partie importante du financement politique. On veut savoir qui finance les partis. Certaines entreprises, semblet-il, donneraient de l’argent à leurs employés pour qu’ils puissent contribuer officiellement au financement d’un parti. Q Que
proposez-vous pour y remédier ? R Nou s pr o p o s o n s u n e nouvelle façon. Le DGEQ émettrait lui-même l’équivalent des reçus d’impôts qu’on appelait auparavant des crédits à la démocratie. Cela remplacerait le type de contribution qu’on connaît actuellement. Le DGEQ aurait ainsi l’information adéquate sur ceux qui contribuent et pourrait éventuellement faire la preuve de ceux qui ne respectent pas la loi. Q Dans
une démocratie dynamique, on doit s’a ssurer que les partis ont les moyens de fonctionner pour présenter leurs idées. Si les citoyens ne donnaient pas directement l’argent aux partis, mais plutôt au DGEQ, et que vous le redistribuiez par la suite à ces partis, ne résoudrait-on pas le problème qui existe actuellement ? R C’est i ntéressant, mais tout le monde n’est pas pour la vertu. Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de donateurs intéressés à contribuer anonymement car, finalement, les partis ne sauraient pas qui a contribué. Q Comme
société, ne devraiton pas d’abord et avant tout faire en sorte que le financement des partis soit assuré ? R C’était une recommandation du juge Jean Moisan en 2006. À ma demande, il avait enquêté sur certaines déclarations faites dans le cadre de la commission Gomery. Il avait vérifié des contributions versées par une société à des partis politiques québécois. I l recommandait dans son rapport que les entreprises puissent financer des partis au moyen de contributions versées directement au DGEQ qui, lui, les redistribuerait, selon une règle à établir, entre les différents partis. Cette suggestion avait déjà été faite par mon prédécesseur, Pierre F. Côté. Mais les partis présents dans notre groupe de réflexion ont rejeté cette proposition et ont préféré s’en tenir à la règle actuelle. Q Mais
n’est-ce pas au DGEQ ou au gouvernement de régler ce problème qui perdure depuis des années ? R Au bout du compte, la loi doit être adoptée par le Parlement. Et le Parlement... ce sont les partis politiques qui sont là. Q Alors,
se dirige-t-on vers une impasse ? R L e c omité c onsu l t a t i f composé des partis politiques et du DGEQ va faire des recommandations pour améliorer la loi électorale. Le ministre Claude Béchard est membre de ce comité et un projet de loi est en préparation. Q Cette
année, avec toutes ces enquêtes et vérifications du DGEQ, avez-vous atteint un record d’activité ? R Non. Ça avait aussi beauc oup bra s s é en 2 0 0 5. Toutes les municipalités du Québec ne sont pas assujetties à des règles de financement. Seulement les 173 villes de 5000 habitants et plus le sont. Toutes les autres (942 villes) ne sont assujetties à aucune
ne
l e sont-elles règle. Ça fait des années que je recommande qu’elles le soient. Q Pourquoi
pas ? R Il faudrait demander au milieu municipal, auprès duquel je fais régulièrement cette demande. Q De
combien d’enquêteurs disposez-vous pour fonctionner? R On a cinq enquêteurs et cinq agents vérificateurs su r une équipe d’environ 200 personnes. Et un budget de 25 millions environ. Q Pensez-
vous avoir les moyens d’accomplir votre mission et d’aller au fond des choses ? R Oui, dans la mesure où l’on a une preuve suffisante. Avec les événements des derniers jours, des sources anonymes ont révélé un tas de choses, mais quand vient le temps de savoir qui sont ces sources, on n’est pas capables de le savoir. Les médias ne dévoilent pas leurs sources. Q Et
ces sources n’entrent pas en contact vous ? R C’est ce qu’on dit aux médias, dites à vos sources ne nous joindre pour qu’on puisse voir ce qu’il en est et vérifier ce qui est allégué. Q Le
rôle du DGEQ est-il donc limité ? R Malgré toutes les déclarations dans les médias, on a de la difficulté à intervenir. Mettre fin aux déviances est un objectif qu’il faut continuer de chercher à atteindre. La loi sur le financement des partis existe depuis 1977. Au départ, j’espère bien qu’elle était respectée mais, au fil des 30 dernières années, on comprend qu’il y en a qui ont trouvé de multiples moyens de la contourner. On est rendu à l’étape de voir comment on pourrait colmater les brèches. Tous les partis politiques qui participent au comité consultatif sont très ouverts à ça. Ce qui se passe actuellement, même si c’est bien malheureux, ça va nous permettre d’accélérer le processus pour assurer un meilleur contrôle du financement des partis politiques. Et on compte sur les citoyens qui vont avoir la gentillesse de venir nous voir pour dénoncer des situations.

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OUI, C’EST POSSIBLE -  PIERRE LAFRAMBOISE ET MORLEY SMITH
La STM a tort d’affirmer que le système de rail ne peut être adapté pour faire rouler des voitures demétro avec des roues en acier
Président de Metro-Cité Transport Télécom, Pierre Laframboise était responsable des rails du métro de Montréal en 1967. Président de Morley Smith Industrial Design, Morley Smith, un designer industriel, a été le concepteur des voitures de métro à l’époque. Nous avons eu l’honneur et le privilège de construire les rails et les voitures du métro de Montréal dans les années 60. Pour rencontrer l’échéance du projet qui coïncidait avec Expo 67, nous avons construit avec succès tout le système de rails ainsi que 365 voitures de métro en moins de deux ans.Les voitures du métro deMontréal devront être remplacées à brève échéance. Le 22 janvier dernier, le gouvernement du Québec et la Société des transports de Montréal ont annoncé le lancement d’un appel d’offre international pour la construction de plus de 1000 voitures.
Une formidable équipe d’ingénieurs et de travailleurs ont mis à profit leur savoir-faire pour nous aider à relever ce défi en dépit du fait que les technologies de l’époque étaient beaucoup plus limitées si on les compare aux instruments de haute technologie et aux outils informatiques actuels. Cela ne nous a jamais empêché de réaliser notre mandat dans les temps et avec succès.
C’est pourquoi il nous est difficile d’accepter les affirmations de la Société de transport de Montréal (STM) et de certains experts selon lesquel les i l serait impossible d’adapter le système de rail actuel à des voitures de métro munies de roues en acier.
Le système de rail que nous avons mis en place repose sur une voie standard de 1,435 m qui peut soutenir une charge de 18 à 20 tonnes métriques. Depuis plus de 40 ans, les voitures d’entretien qui circulent d’une station à l’autre sur ces rails sont faites en acier et sont elles-mêmes dotées de roues d’acier.
Aujourd’hui, les voitures de métro sur roues d’acier sont faites d’aluminium et de fibre de verre, ce qui les rend 20% plus légères que celles utilisées présentement pour le métro de Montréal.
Il est vrai que des voitures dotées de roues d’acier nécessiteraient l’installation sur les rails existants de supports additionnels afin de renforcer les rails en certains points (dans les courbes), de manière à accroître leur résistance aux forces latérales. Mais avec les équipements avancés et les technologies à notre portée, cette opération pourrait se faire sans interruption de service.
En effet, des voies de croisement jalonnent le réseau environ tous les 4 à 6 km. Pendant les quarts de nuit, des plaques pourraient être installées sur une ligne de métro de manière sécuritaire et en contrôlant les émissions de poussières.
Nous ne voulons pas pencher en faveur d’un type de métro au détriment d’un autre, mais il s’avère que des voitures munies de roues d’acier permettraient d’éliminer les barres de guidage et les plaques de ciment actuelles pour obtenir un rail standard.
Pensons à la diminution importante que cela entraînerait sur le plan de l’entretien: plus de barres de guidage ni de plaques à entretenir ou à remplacer en raison de la friction du caoutchouc. Nous gagnerions un espace de travail substantiel et les coûts d’entretien diminueraient pour atteindre jusqu’à 50% des coûts actuels, coûts qui, comme on le sait, sont très élevés et iront en augmentant.
Rappelons également qu’il faut allouer 18 mois avant que les nouvelles voitures du métro ne soient commissionnées. Cela donnerait tout le temps voulu pour qu’une équipe d’ingénieurs et de travailleurs compétents fasse le travail demanière adéquate et efficace. Ils n’auraient pas à travailler de zéro puisqu’il s’agit d’un système de rail construit dans les règles de l’art qui peut être amélioré pour satisfaire à l’utilisation de roues d’acier.
Nous sommes perplexes face aux arguments négatifs de la STM quant à la faisabilité des voitures de métro sur roues en acier et leur avantage économique. Nous ne pouvons pas nous résoudre à accepter que les défis imposants que nous avons su relever dans le passé ne puissent pas l’être aujourd’hui !


LES DÉFUSIONS ONT COÛTÉ CHER  -  Charles Côté
Pour la première fois, les données financières des villes les plus importantes de la région de Montréal ont été regroupées à des fins de comparaison. Les classements établis par La Presse montrent que le feuilleton des fusions-défusions a eu l’effet escom
Les défusions ont coûté cher aux sécessionnistes : les six vil les où les dépenses de fonctionnement par habitant ont le plus augmenté entre 2 0 01 et 2 0 0 8 ont « déf usionné » de Montréal et de Longueuil.
C’est ce qui ressort du classement des finances municipales établi par La Presse.
Au chapitre de l’augment a t i o n de s dé p e n s e s pa r habitant, six villes reconstituées se classent au bas du palmarès – t rois défusionnées de Longueuil et trois de Montréal. Elles ont vu leurs dépenses augmenter d’au moins 8 4 %, voire doubler dans le cas de Saint-Brunode-Montarville, qui arrive au 29e et dernier rang.
E n moye n n e , d a n s la région , les dépenses de fonctionnement par habitant ont augmenté de 54 %. En général, les grandes villes ont mieux limité ces dépens e s que l e s plus petite s : Montréal arrive au troisième rang, Laval au quatrième et Longueuil, au dixième.
C’est à Saint-Jérôme que les dépenses par habitant ont le moins augmenté : seulement 12,3 % entre 2001 et 2008.
En moyenne, en 2008, les villes ont eu des dépenses de 1495 $ par habitant.
C’est dans les banlieues de l’Ouest-de-l’ Î le qu’elles sont le plus élevées : CôteSaint-Luc (2458 $), Kirkland ( 2763 $) e t Poi nte - Cla i r e ( 3379 $) . Montréal a r r i ve a u 2 6 e r a ng s u r 2 9 ave c des dépenses de 2317 $ par habitant.
À l ’aut r e ext r émité, l es villes les moins dépensières sont cinq banlieues de la Montérégie, avec en tête Saint-Constant, seule ville où les dépenses sont toujours de moins de 1000 $ par habitant.
Laval et Longueuil sont à mi-chemin entre les deux extrêmes.
Le ministère des Affaires municipales surveille aussi les dépenses en fonction de la richesse foncière. En effet, l’impôt foncier est la principale source de revenus des villes.
À ce chapitre, en 2008, c’est à Montréal que les dépenses sont les plus élevées : 2,71 $ pour chaque tranche de 100 $ de richesse foncière. À l’autre extrémité, les villes de lointaine banlieue dominent.
De 2001 à 2008, la croissance immobilière fait bien paraître les villes de la cour on ne nord : Ter r ebon ne, Mascouc he e t Bl a i nv i l l e a r r ivent en tête des villes qui ont vu leurs dépenses augmenter moins vite que la valeur foncière.

La dette par habitant explose dans certaines banlieues
La dette par habitant de certaines villes de banlieue a doublé entre 2001 et 2008. Dans certains cas, c’est la faute aux défusions. Mais dans d’autres, c’est la croissance fulgurante de la population, sti mulée à grand renfort de publicité par plusieurs administrations municipales, qui a fait exploser la dette moyenne par habitant.
Car qui dit croissance dit emprunts pour construire rues, égouts, conduites d’eau, équipements de loisir, etc.
Cependant, certaines villes en plein boom parviennent malgré tout à l i miter leur dette par habitant. Y a-t-il une recette magique ?
Par exemple, la dette de Mascouche a doublé, alors que la population a augmenté de 15,5 %. Même situation à Repentigny, où la population n’a augmenté que de 5% entre 2003 et 2008. À Terrebonne, la dette par habitant a augmenté de 76%, alors que la population a crû de 16%.
En revanche, Mirabel est champion de la croissance de la population (+ 33 %), mais sa dette par habitant n’a augmenté que de 29,5 %. Même scénario à Blainville, où la dette (+26,5 %) a augmenté dans les mêmes proportions que la population (+28,6 %).
Sur la Rive-Sud, La Prairie a abaissé sa dette de 11,3 % tout en augmentant sa population de 14,2 %. Elle trône également en tête des villes les moins endettées, avec une dette de 1140 $ par habitant.
La population de Laval affiche une croissance de 7,6%, mais l’administration a réussi à baisser de 5% sa dette par habitant.
C’est Varennes qui arrive en tête pour la réduction de sa dette. Elle a diminué de 23,6% entre 2001 et 2008, alors que la population n’a crû que de 2,3%.
Montréal (10e) et Longueuil (13e) se placent dans le haut du tableau pour la variation de l’endettement par habitant depuis 2001.
Dans certains cas, la croissance de l’endettement est en partie le résultat prévu du processus de défusion. En effet, les villes reconstituées de la Rive-Sud ont hérité d’une partie de la dette de Longueuil. Ainsi, la dette par habitant de Saint-Bruno, de Brossard et de Saint-Lambert a doublé, alors que celle de Longueuil a augmenté de 33 %.
En termes absolus, en 2008, la dette des villes par rapport à leur population varie du simple au triple : de 1140$ à La Prairie à 4177$ à Pointe-Claire. Elle est plus élevée que la moyenne à Montréal ( 2698 $), mais moins élevée à Laval (1975$) et à Longueuil (1520$).
Il est aussi pertinent de comparer la dette des villes avec leur richesse foncière, qui a doublé en moyenne dans la région ces dernières années, à la faveur de la croissance immobilière.
Dans ce tableau, c’est encore Varennes qui prend la tête: entre 2001 et 2008, la dette est passée de 3,40$ à 1,51$ par tranche de 100$ de valeur foncière, une baisse de 56%. La baisse est du même ordre à La Prairie, à Sainte-Julie et à Laval.
En revanche, dans d’autres villes, la dette a augmenté encore plus vite que les valeurs foncières.
C’est le cas à Brossard et à Saint-Lambert, deux villes reconstituées qui ont hérité d’une partie de la dette de Longueuil. Mais c’est aussi le cas à Repentigny et à Chambly. À Mascouche, la dette a augmenté au même rythme que les valeurs foncières, qui ont plus que doublé.
Pour l a valeu r foncière, c’est à Varennes que la dette est la plus légère (1,51 $ par 100 $ de richesse foncière) et à Saint-Jérôme qu’elle est la plus lourde (5,02 $ par 100 $ de richesse foncière).




LAVAL Des locataires réclament un code du logement
Après avoir critiqué l’administration Vaillancourt en campagne électorale, des groupes communautaires de Laval appellent Québec à l’aide pour empêcher la multiplication de logements insalubres.
Des dizaines de personnes ont manifesté dans la troisième ville du Québec, hier, pour réclamer de nouvelles règles et des inspecteurs afin de mieux protéger les locataires. Ils souhaitent que le gouvernement adopte un code du logement qui sera appliqué dans toutes les villes de la province. Les manifestants se sont donné rendez-vous devant un logement de la rue Lahaie. À l’intérieur, un tronc d’arbre sert de colonne entre la cuisine et le salon. Des fissures sont bien visibles sur les murs. Au sous-sol, une grande partie des fondations est grugée et n’offre aucun support au bâtiment. L’humidité est palpable dans toutes les pièces.
Le locataire, Tat Toai Nguyen, habite le logement avec sa femme et ses trois enfants depuis un peu plus de quatre mois. Son loyer: 800$ par mois, chauffage en sus.
«Le propriétaire est quelqu’un d’assez ouvert à la discussion, indique M. Nguyen. Mais seulement, ça prend un peu de temps avant qu’il vienne réparer tout cela.»
Selon Claudine Inizan, de la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval, la famille Nguyen aurait été mieux protégée si les propriétaires de Laval étaient régis par un code du logement. «S’il y avait eu des inspecteurs municipaux, ils auraient pu entrer rapidement dans le logement et obliger le propriétaire à faire les travaux», a-t-elle indiqué.
Laval n’est pas un cas isolé, dit France Émond, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). Hormis Montréal et quelques autres exceptions, la vaste majorité des villes n’ont aucun règlement pour assurer la salubrité des appartements.
«Ce n’est pas parce qu’on a un code qu’on va régler tous les cas de taudis, convient France Émond. Mais ça va donner un recours à la majorité des locataires qui ont un problème.»
Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, se dit ouvert à un code du logement, à condition que le gouvernement compense la Ville pour les dépenses engagées.
De son côté, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a rencontré plusieurs intervenants en logement ces dernières semaines. Et il compte aborder le sujet avec la direction de la Régie du logement, a dit son porte-parole, Sylvain Bourassa.



Tirs groupés contre l’administration Vaillancourt  -  Martin Croteau
Groupes communautaires et partis de l’opposition accusent l’administration Vaillancourt de rester les bras croisés pendant que les logements insalubres se multiplient à Laval. Ils ont réclamé hier que la troisième ville du Québec se dote de nouvelles règles et d’inspecteurs pour mieux protéger les locataires.
Les organismes communautaires de Laval somment la prochaine administration municipale d’adopter un code du logement pour s’assurer de normes de salubrité, comme l’a fait Montréal. Ils réclament aussi l’embauche d’inspecteurs pour en assurer le respect.
Des organismes qui militent pour le logement social ont profité de la campagne électorale pour interpeller les trois partis qui briguent la mairie de Laval. Et ils ont vivement critiqué le travail du maire sortant, Gilles Vaillancourt.
«Il n’y a vraiment rien qui se passe», a dénoncé Claudine Inizan, porte-parole de la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval.
Le groupe estime que plus de 12 000 logements ne respectent pas les normes de santé et de sécurité sur le territoire de Laval, et que les cas d’insalubrité sont de plus en plus fréquents.
Or, les locataires doivent payer les honoraires d’un technicien pour obtenir un rapport qui atteste que leur logement est insalubre. Ils doivent ensuite s’adresser à la Régie du logement pour obliger les propriétaires à réparer leur immeuble ou à réduire leur loyer. Dans ces conditions, fait valoir Claudine Inizan, les ménages les plus pauvres sont contraints de quitter leur logis sans avoir obtenu le moindre coup de pouce des autorités.
Vite un code du logement
Les organismes somment donc la prochaine administration municipale d’adopter un code du logement, comme l’a fait Montréal. Ils réclament aussi l’embauche d’inspecteurs pour en assurer le respect.
«Ça a été demandé plusieurs fois puisqu’il y a plusieurs cas manifestes d’insalubrité documentés, et la Ville baisse les bras», dénonce France Émond, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
L’administration Vaillancourt a déjà refusé de doter la Ville d’un code du logement. Elle renvoie la balle au gouvernement provincial, car c’est lui qui réglemente en la matière, non les villes. La porte-parole du maire, Amélie Cliche, souligne d’ailleurs que Québec a délégué des pouvoirs à Montréal pour la mise en place de son code, en plus de lui verser des subventions.
«La municipalité ne s’immiscera pas dans les relations entre les propriétaires et les locataires», a-t-elle résumé.
Les adversaires du maire promettent de changer les choses. Le candidat du Parti au service des citoyens, Robert Bordeleau, promet d’adopter des règles beaucoup plus strictes pour obliger les propriétaires à entretenir leurs immeubles. Et il compte embaucher des inspecteurs pour les faire respecter.
«S’il faut mettre 10 inspecteurs, on va mettre 10 inspecteurs», a-t-il affirmé.
Le Mouvement lavallois abonde dans son sens. La candidate Lydia Aboulian souhaite adopter un code du logement et embaucher des inspecteurs. Elle promet aussi d’adopter une règle qui forcera les propriétaires de logements inadéquats à les réparer dans un délai d’un an. En contrepartie, ceux qui réaliseront les travaux profiteront d’un congé fiscal de cinq ans. «Ça bénéficiera à la fois aux locataires et aux propriétaires», a soutenu Mme Aboulian.

Le maire est ouvert à un code du logement
Durement critiqué pour son bilan en matière de logement, le ma i re de L ava l , Gilles Vailla ncou rt, s’est montré ouvert à l’adoption d’un code du logement pour mieux protéger les locataires, hier. Mais il ne le fera que si le gouvernement le lui demande et Québec devra subventionner l’initiative (NDE : Est-ce vraiment ce que vous appelez de l'ouverture ?...) .
Des organismes qui militent pour le logement social et les deux partis de l’opposition ont accusé le maire de rester les bras croisés pendant que les logements insalubres se multiplient. Ils réclament que la troisième ville du Québec se dote d’un code du logement comme l’a fait Montréal, et qu’elle embauche des inspecteurs affectés à la protection des locataires.
Le maire a d’abord balayé l’idée d’un revers de main, mercredi et a renvoyé la balle au gouvernement provincial.
Mais hier, le chef du parti PRO des Lavallois a assoupli sa position. «Si Québec veut qu’on prenne la relève et qu’il est prêt à nous subventionner pour le faire, c’est une autre affaire», at-il indiqué à La Presse.
Mais encore là, c’est un « deuxième choix » pour le maire sortant, qui souligne que sa ville dispose déjà de services qui remplissent la tâche d’éventuels inspecteurs du logement. Par exemple, les pompiers qui inspectent les bâtiments locatifs peuvent signaler des logements insalubres, tout comme le font les employés du service d’urbanisme ou de l’environnement. La Ville force ainsi des propriétaires à rénover leurs immeubles qui contreviennent aux règlements municipaux.
Et même si la V i l le de Montréal a un code du logement et des inspecteurs, poursuit M. Vaillancourt, elle a tout de même mis plusieurs années avant de raser les places L’Acadie et Henri-Bourassa. «Il ne faut pas prêter à un code du logement des vertus qu’il n’a pas», a-t-il résumé.
La porte-parole de la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval, Claudine Inizan, n’est guère convaincue par l’ouverture du maire. Elle presse la Ville d’adopter au plus vite de nouvelles règles pour protéger les locataires, quitte à ficeler une entente avec le gouvernement par la suite.
«On n’a pas à attendre que Québec agisse parce que ça pourrait prendre bien du temps, a-t-elle affirmé. Le maire pourrait régler le problème par un règlement municipal.»




Bras de fer en vue au conseil de Longueuil  -  Martin Croteau
Pas facile pour la nouvelle mairesse de rétablir l’harmonie puisque l’opposition détient la majorité
La nouvelle mairesse de Longueuil , Ca rol i ne StHilaire, a promis de rétablir l’harmonie sur la Rive-Sud. Mais comment y parvenir lorsque ses prédécesseurs dirigent son conseil municipal ? Le premier test aura lieu cet après-midi, au moment de la réunion du conseil d’agglomération de Longueuil.
Depuis les défusions, l’agglomération de Longueuil nage dans la discorde. Les élus de Brossard, de Saint-Hubert et de Saint-Bruno ont boycotté les réunions mensuelles pendant près de trois ans, dénonçant l’explosion de ses dépenses, l’augmentation des impôts et le « despotisme » de la ville centre.
Le 1er novembre, Caroline St-Hilaire a mis fin au règne de 27 ans du Parti municipal de Longueuil (PML). Les électeurs de Brossard, de SaintLambert et de Boucherville ont aussi choisi de nouveaux maires. Seul le maire de Saint-Bruno a été réélu.
La nouvelle mairesse veut renouer avec les villes reconstituées, un projet bien accueilli jusqu’ici. À preuve, tous les maires de l’agglomération prendront part à la séance de cet après-midi, y compris ceux qui avaient claqué la porte sous l’administration Gladu.
« On voit plus d’ouverture, moins de volonté de monopoliser tous les postes-clés de façon à étouffer les quatre villes, indique le maire de Saint-Lambert, Philippe Brunet. On voit une possibilité de dialogue. »
Il reste que les doléances des villes reconstituées sont nombreuses. Elles représentent 40% de la population, et absorbent plus de la moitié des dépenses d’agglomération.
Par exemple, la facture payée par Saint-Lambert pour les services de police et de pompiers a doublé en huit ans, même si le nombre de patrouilleurs est resté à peu près le même. Saint-Bruno, qui compte 6% de la population de l’agglomération, doit contribuer l’équivalent de 9% de son budget. Et Boucherville craint qu’une hausse des dépenses collectives ne nuise à ses propres finances.
« Si les finances deviennent hors de contrôle dans l’agglomération de Longueuil, nous, on en subit les conséquences », résume le maire de Boucherville, Jean Martel.
Pour gagner l ’adhésion de ses partenaires, la mairesse entend rompre avec la tradition instituée par ses prédécesseurs, qui ne nommaient que des élus de Longueuil au comité exécutif du conseil d’agglomération.
Blocage ?
Mais voilà, Mme St-Hilaire n’a pas carte blanche.
« À partir du moment où votre conseil municipal vous dit d’aller voter d’une telle façon, vous votez selon ces orientations », résume le maire suppléant de Saint-Bruno, Denis Arpin.
Or, c’est le parti de l’opposition, le PML, qui détient la majorité au conseil municipal de Longueuil. Et pas plus tard que mardi, ses élus ont charcuté une motion visant à nommer 13 représentants à la Conférence régionale des élus. La mairesse proposait de nommer huit conseillers du PML et cinq de son parti, Action Longueuil. L’opposition a plutôt imposé 13 élus du PML.
Les maires des villes liées suivent de près le bras de fer qui se dessine au conseil de Longueuil. Car si la principale ville de la Rive-Sud est paralysée, l’agglomération risque de l’être aussi.
Interrogé pour savoir s’il craignait un blocage, le maire de Brossard, Paul Leduc, a répondu: « J’espère que non. C’est une situation que je suis de très près. J’espère qu’on va pouvoir travailler ensemble pour faire avancer nos projets sur la Rive-Sud. »
Caroline St-Hilaire, elle, promet de rétablir les ponts avec les vi l les reconst ituées, avec ou sans l’appui de l’opposition.
« Si le PML décide d’aller contre les consensus régionaux, dit-elle, ils en paieront le prix politique à un moment donné. »



LONGUEUIL  Débuts houleux pour la mairesse   -  Martin Croteau

Le règne de Caroline StHilaire à la tête de Longueuil a connu un début houleux, hier soir, lorsque l’opposition a imposé son programme au cours de la première séance du conseil municipal. Forts de leur majorité, les élus du Parti municipal de Longueuil (PML) ont modifié l’ordre du jour, et fait nommer 13 des leurs au conseil d’administration de la Conférence régionale des élus.
Au terme de la séance, la mairesse a qualifié de « partisane et mesquine » l’attitude du parti de l’opposition. Et elle s’est dite inquiète pour le fonctionnement du conseil municipal pour les quatre prochaines années.
« Ils n’ont clairement pas compris le résultat des élections, a-t-elle dénoncé. Ils sont pressés de se nommer sur des commissions et nous allons revoir ce processus. C’est une façon de se mettre un peu d’argent dans les poches. »
L’entourage de Mme St-Hilaire et des représentants du PML avaient négocié dans les heures précédentes pour que la première séance du conseil municipal de la nouvelle mairesse se déroule dans l’harmonie. Mais à l’évidence, les pourparlers ont achoppé. Et comme Action Longueuil, le parti de Mme StHilaire, ne détient que 11 des 26 sièges du conseil, c’est l’opposition qui a imposé ses priorités.
En lever de rideau, l’élection du président du conseil, un vote qui requiert les deux tiers des appuis au conseil, a été reportée à une séance ultérieure faute d’une entente entre les partis. L’ancienne titulaire de ce poste, MarieLise Sauvé (PML), a pris les commandes de l’assemblée sur une base temporaire.
Puis, l’opposition a fait modifier l’ordre du jour pour débattre en priorité quatre dossiers qu’elle jugeait prioritaire. Elle a notamment battu une proposition de la mairesse qui aurait fait passer à 20 le nombre de conseils municipaux en 2010, une promesse électorale.
Mais surtout, le PML a amendé une motion visant à nommer 13 représentants à la Conférence régionale des élus (CRE), un organisme qui agit comme représentant du Grand Longueuil auprès du gouvernement du Québec. La mairesse proposait de nommer huit conseillers du PML et cinq de son parti, Action Longueuil. L’opposition a modifié la proposition de fond en comble, proposant plutôt… 13 élus du PML.
Le chef de l’opposition, Gilles Grégoire, a assuré qu’il ne souhaite pas travailler « contre Mme St-Hilaire », mais bien « pour les citoyens de Longueuil ». Il a dit vouloir conserver la majorité des postes à la CRE, craignant l’élection d’un nouveau président ne venant pas de Longueuil.
« On est en poste depuis longtemps, on a fait du bon t ravai l , nos dossiers ont avancé, a-t-il affimé. On veut détruire ça et donner la présidence? »
Pour Mme St-Hilaire, cette position risque de braquer les maires de Boucherville, Saint-Lambert, Saint-Bruno et Brossard, avec lesquels elle tente de rétablir les ponts. Le conseil d’agglomération de Longueuil est boudé par trois municipalités depuis des années.
« J’avais amorcé des discussions avec les maires des villes liées pour qu’on travaille en collaboration, a-t-elle affirmé. Et ce soir, ils continuent de travailler contre les villes liées. Ça m’inquiète parce que ça va être difficile de travailler dans l’harmonie à l’agglomération. »
Chahutés
Des citoyens ont chahuté les élus du PML, scandant « démocratie, démocratie, démocratie », mais les protestations n’ont pas duré. La présidente du conseil a menacé de suspendre la réunion si les citoyens ne retrouvaient pas leur calme.


Longueil : De l’éthique et du métro  -  André Duchesne
À Longueuil, pas l’ombre de scandales sur le financement illégal des partis politiques municipaux et de surfacturation dans les travaux publics. Mais tout ne semble pas blanc pour autant. En fait, l’éthique est au coeur de la campagne et les coups pleuvent.
Jacques Goyette
Dans le coin droit, le candidat à la mairie Jacques Goyette. Il est chef du Parti municipal de Longueuil (PLM) au pouvoir depuis 27 ans. Il est le dauphin du maire sortant Claude Gladu. Dans le coin gauche, Caroline St-Hilaire. Ancienne députée du Bloc québécois, elle dirige le parti Action Longueuil. Pour elle, le PLMa fait son temps.
Notaire prospère et très connu, M. Goyette jouit de l’appui de plusieurs personnalités de Longueuil. Par contre, il est questionné depuis plusieurs semaines sur son intégrité. Ainsi, la semaine dernière, le journal communautaire Point Sud a dévoilé que ce dernier n’a jamais déclaré ses intérêts dans une société immobilière de Bromont dont l’actionnaire principal est unimportant promoteur immobilier de Longueuil.
Plus tôt dans la campagne, il a été allégué qu’en 2007, M. Goyette, alors conseiller municipal, avait présenté une ébauche de règlement permettant au projet immobilier Faubourg Champêtre d’aller de l’avant. Or, le promoteur du projet était un client de l’étude notariale de M. Goyette.
Ce dernier et son parti ont eux aussi soulevé des questions d’intégrité concernant Mme St-Hilaire. À mots couverts, M. Goyette s’est interrogé sur l’intervention du député bloquiste Bernard Bigras, un ami de Caroline St-Hilaire, dans la campagne municipale. Ce dernier a lancé un appel à l’unification des souverainistes de la scène municipale, ce qui a fait conclure au candidat du PLM que son adversaire a un programme caché et favorable à la souveraineté.
Dans un domaine plus concret, la question des transports en commun se trouve au coeur de la campagne.
Action Longueuil propose l’aménagement d’un métro de surface, une idée fortement décriée par le PLM qui souhaite le prolongement du métro souterrain.
Par ailleurs, ActionLongueuil propose un projet de gratuité dans les transports en commun pour les 65 ans et plus. Le PML n’est pas contre mais rappelle qu’une telle décision relève du budget de l’agglomération.

Autre dossier d’intérêt : le projet de construction de 2500 logements dans l’île Charron. Les deux partis en lice sont en faveur de la préservation de l’île à son état actuel. M. Goyette demande cependant un dédommagement au gouvernement du Québec pour les frais de préservation de l’île.





Huntingdon : « Je suis revenu par devoir »  -  Daniel Lemay
À Huntingdon, le maire vedette Stéphane Gendron est en « campagne continuelle ». Ses ennemis aussi...
Au restaurant Au coin de l’heure – le Times Square d’avant la loi 101 ? –, l’homme est formel : « Il en fait plus que les six maires avant lui ensemble... » Réunis pour le café de l’aprèsmidi, une demi-douzaine de citoyens de Huntingdon, tous des partisans du maire Stéphane Gendron, à n’en pas douter, discutent des élections à venir. Constat unanime: c’est « réglé ».
On a beaucoup parlé de Huntingdon depuis que son fameux règlement de couvre-feu de 2003 ( jamais appliqué par ailleurs) a propulsé « la capitale du Haut-Saint-Laurent » dans les manchettes nationales avant de faire de son nouveau maire d’alors, Stéphane Gendron, une star médiatique instantanée.
Mais le maire Gendron a des adversaires, non? « Wilburn est passé chez nous l’autre soir, mais il n’a pas de programme. Il veut juste déloger Gendron... » Et l’autre candidat, M. Aichouche? « On sait qu’il se présente, dit une femme, mais on sait même pas de quoi il a l’air ! » Parce que le média traditionnel de l’affiche électorale est disparu de Huntingdon, les trois candidats ayant décidé de s’en passer: il s’agit peut-être d’une première québécoise.
Huntingdon en a connu, des premières, depuis que son fameux règlement de couvre-feu de 2003 (jamais appliqué par ailleurs) a propulsé « la capitale du Haut-Saint-Laurent » dans les manchettes nationales avant de faire de son nouveau maire d’alors, Stéphane Gendron, une star médiatique instantanée. On l’a vu à Télévision Quatre Saisons (qui l’a congédié); on l’a entendu au 98,5 FM (qui n’a pas renouvelé son contrat). Rayé du Barreau pour quatre ans en 2007, il est aujourd’hui maire de Huntingdon « à temps plein » et chroniqueur à l’émission du matin de V (ex-TQS), animée par Gildor Roy (fils de Gildor, ancien maire de Rigaud).
Stéphane Gendron ne devait pas solliciter un troisième mandat, mais il a changé d’idée. « Je suis revenu par devoir, nous a-t-il dit hier. Nos usines (de textiles) ont fermé en 2006 et on a travaillé fort pour relever la ville. On a plein de choses en marche mais, présentement, il n’y a personne pour prendre la relève. " Après moi, le déluge", ce n’est jamais une bonne idée... Dans quatre ans, la ville va avoir repris son rythme et je pourrai partir l’âme en paix. »
E nt r e - t e mps, S t é pha ne Gendron est en « campagne continuelle ». . . sur Facebook – sur sa page intitulée « Stéphane Gendron,mairedeHuntingdon », il apparaît que, au-delà des partisans, il peut compter sur des milliers de fans.
Howard Wilburn, lui, n’est pas « membre ». Au comptoir de sa station-service, M. Wilburn remplit la facture – quatre pneus posés et balancés – en répondant aux questions du journaliste. « Non, je n’ai pas de programme ici, avec moi... Mon but, c’est le respect: respect des gens, respect du conseil. Ça fait six ans que je suis conseiller et il faut que je me batte pour avoir de l’information sur les finances de la Ville. On est traités comme des citoyens de troisième classe. Il faut que ça arrête! »
Trois noms figurent sur le déflecteur de la dépanneuse du garage Wilburn : le premier, à gauche, est « Tonya ». Tonya Wilburn est aussi membre du conseil de la Ville de Huntingdon, formant avec son père Howard ce qu’il y a tout lieu d’appeler l’opposition officielle. Et inconditionnelle.
L’an dernier, Mme Wilburn a menacé publiquement de poursuivre Stéphane Gendron pour « harcèlement sexuel », mais n’a jamais déposé de plainte formelle contre le maire qui avait enjoint à la conseillère de ne plus porter la mini-jupe aux séances du conseil. Entre autres « problèmes de comportement », M. Gendron reprochait à Mme Wilburn d’avoir fait circuler des photos d’elle en tenue légère dans le cadre de sa campagne pour devenir Miss Mustang 20 08 du Mustang Fest de Huntingdon, une manifestation parrainée par M. Gendron, lui-même un inconditionnel de la Ford au cheval sauvage. Ont suivi une poursuite en diffamation intentée contre Mme Wilburn par M. Gendron et une résolution du conseil de la Ville de Huntingdon demandant la destitution de la conseillère, sous prétexte qu’elle vit dans une autre ville avec son conjoint, Christian Genest.
M. Genest, avocat de profession, est un ancien directeur général de la Ville de Huntingdon, congédié en février 2006 pour « incompétence ». Au début de 2009, il devait prendre les mêmes fonctions à Otterburn Park, mais le maire Gerard Scraforth a opposé son veto, invoquant de « fausses représentations » : la lettre de recommandation soumise par M. Genest avait été signée par... Tonya Wilburn.
Au terrain d’exposition de Huntingdon, fermé pour l’hiver, Neil Hackett, un Irlandais arrivé au Canada il y a un demi-siècle, regarde le Centre industriel Stéphane Gendron, nommé en l’honneur du maire. « Le gars aime la controverse: it’s his way or no way (sa façon et pas d’autre). Mais il faut admettre qu’il provoque les choses. Il n’arrête pas: la Ville achète un immeuble ici, un autre là. Peut-être qu’on va se réveiller un matin avec une dette-surprise de 3 millions... »
Karim Aichouche, quant à lui, préconise une approche prudente. Candidat de la onzième heure, il ne fait « pas campagne contre un homme ni contre un maire ». « M. Gendron a fait ce qu’il a fait. Il y a des bonnes choses mais moi, j’ai mon propre programme de développement durable », nous a dit hier l’agronome d’origine algérienne, employé d’une entreprise agroalimentaire de Huntingdon. « Il faut s’occuper des citoyens, bâtir une économie qui ne s’effondrera pas parce que ça coûtera moins cher de fabriquer les produits en Inde ou en Chine. »
M. Aichouche dit être bien accueilli dans sa campagne de porte-à-porte. « Les gens, pour la plupart, écoutent ce que j’ai à dire. Jamais, en arrivant ici il y a cinq ans, je ne pensais qu’un jour, je serais candidat à la mairie d’une ville. »
« Vive le Québec! »

Harry, un politicien qui vous veut du bien  -  Rima Elkouri
À l’occasion de la campagne électorale montréalaise, notre chroniqueuse est allée à la rencontre de candidats de chacun des partis qui plongent dans le monde municipal pour la première fois. Voici le deuxième article de la série.
A
Harry Delva, candidat du parti Vision Montréal dans le district de François-Perrault.
CHRONIQUE u lendemain de l’a ffaire Villanueva, tous les médias ont braqué leur micro sous le nez d’Harry Delva. Et pour cause. Celui qui a fait de la prévention de la délinquance sa spécialité a une grande connaissance du terrain. Vedette de la télé communautaire, il est un excellent communicateur. Et il n’a pas la langue dans sa poche.
« T u dev ra is fa i re de la politique », lui a-t-on souvent dit. Courtisé à quelques reprises, il a toujours dit non. Et puis, cette fois-ci, quand la mairesse de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–ParcExtension lui a demandé de se présenter sous la bannière de Vision Montréal, il s’est dit que le temps était venu de se lancer. « Si je me trouve là où les gens prennent des décisions, ça va me permettre de mieux comprendre et de pouvoir mieux expliquer à qui de droit ce qu’il faut faire pour pouvoir aider les gens. »
En se présentant comme candidat au poste de conseiller de la ville dans le district de F ra nçois-Per rau lt , H a r r y Delva, 51 ans, veut participer de plus près à la prise de décisions. Il entend tirer profit de sa longue ex pér ience de pat rou i l leu r de rue à la Maison d’Haïti, un organisme communautaire implanté dans Saint-Michel depuis 1972. Le fait d’avoir été sur le terrain auprès de ceux qu’il appelle « ses jeunes » lui permettra d’agir plus rapidement. « On n’aura pas à attendre trois ans pour faire des études et des recherches. Je peux tout de suite le dire : il est là, le problème. Qu’estce qu’on fait ? »
Sur différentes tribunes, commentant les événements de Montréa l-Nord , H a r r y D elva a déjà dénoncé le décalage entre la politique du Service de police de la Ville de Montréal, qui veut of fic iellement éli m i ner le profilage racial, et la réalité sur le terrain. En faisant le saut en politique, il croit, ou du moins espère, que son discours sera mieux entendu. « Ç a va êt re intéressa nt . Quand on dit ce genre de choses publiquement, devant les médias, est-ce qu’on nous écoute nécessairement ? Je ne sais pas. Mais maintenant, je peux peut-être suggérer beaucoup plus fac i lement certa ines choses . Je peu x peut-être expliquer le point de vue extérieur. Je pense que c’est ce qui est intéressant : de pouvoir avoir quelqu’un de terrain. Parce qu’être sur le terrain, c’est connaître vraiment ce qui se passe au jour le jour car on est là avec eux. »
« Le terrain. » Le mot revient sans cesse dans la bouche de cet ex-comptable devenu spécialiste en prévention de la délinquance. Plus qu’un simple job, c’est une passion, ditil. « Si j’en sauve un par année, j’ai atteint mon quota. »
Né en Haïti, Harry Delva est arrivé ici à l’âge de 7 ans. Il a grandi dans le quartier de Saint-Léonard. Sa mère, enseignante en Haïti, s’est recyclée comme infirmière. Son père, aujourd’hui à la retraite, est médecin.
Pour faire plaisir à sa mère, le jeune Harry a fait des études de comptabilité, même s’il n’aimait pas les chiffres. « J’étais très malheureux ! » lance-t-il en riant. Dans la vingtaine, il est retourné en Haïti pour quelques années. Il y a travaillé en comptabilité, notamment pour son oncle qui avait une boulangerie. « Je voulais voir c’était quoi Haïti. Finalement, je m’en nuya is tel lement du Québec que je suis revenu. »
De retour d’ Haïti, Harry Delva a fait des études en criminologie. Et il a commencé à s’intéresser de près au x problèmes de délinquance à Saint-Michel. « Il y avait beaucoup de jeunes qui commençaient à créer du trouble. Des jeunes Noirs et encore plus précisément des Haïtiens. »
Parallèlement à son travail en prévention, Harry Delva a toujours aimé faire de la radio et de la télé comme passe-temps. « Quand j’avais trop de problèmes dans le secteur SaintMichel, j’a rrivais à rela xer en faisant de la télévision. » Durant 10 ans, il a animé l’émission culturelle Noir de monde, sur la chaîne CJNT. Une émission qui a fait de lui une vedette de la communauté haïtienne. On le salue dans la rue, on le félicite. « L’idée, à la base, c’était d’avoir une vitrine où on pouvait parler des choses positives qui se faisaient dans la communauté.»
Harry Delva est fier du travail accompli à Saint-Michel depuis 20 ans. Il croit que les réussites de l’approche communautaire dans son quartier devraient inspirer MontréalNord qui vit essentiellement les mêmes problèmes. À ceux qui, dans le débat qui a suivi les émeutes d’août 2008, lui en ont voulu de tenir un tel discours et lui ont reproché de ne pas être « représentatif », il répète sans broncher qu’il est convaincu que ce qui est arrivé à Montréal-Nord ne serait jamais arrivé à SaintMichel. « Chez nous, à SaintMichel, il y a une très bonne entente dans le milieu. On a eu le même problème à peu près deux semaines après. La police avait tiré sur un jeune pour pouvoir le maîtriser. Et la situation n’a pas explosé parce qu’une réunion du comité ad hoc du quartier, qui peut répondre très rapidement en cas de problème, s’est faite. »
Autour d’une table, on a réuni les directeurs d’école, les autorités municipales, les policiers et les autres partenaires du quartier. Et comme on le fait toujours en cas de crise, on a fait le point et établi très vite un plan de match. « Par la suite, tant au service de police qu’aux différents organismes, que ce soit à la Maison d’Haïti ou au club sportif Les Monarques, on s’est tous rendus auprès de nos jeunes et on les a réconfortés », raconte Harry Delva. Des activités de basketball et de danse ont été organisées jusqu’aux petites heures. Les policiers sont restés sur place jusqu’à 4 h 30.
« Si cela avait été fait de l’autre côté, on n’aurait pas eu les débordements, observe Harry Delva. La plupart des jeu nes qu i pa r ticipent au basketball aux Monarques sont v ra i ment des jeu nes qui, s’ils n’étaient pas occupés, fera ient le t rouble . » Même chose au club de boxe L’Espoir mis sur pied par le policier Evans Guercy. « Les jeunes qui se retrouvent là boxer a ient a i l leu r s … I l s seraient dans la rue à faire des mauvais coups. »
Pour Harry Delva, faire de la politique municipale, c’est poursuivre ce même travail autrement. « Je veux être là. Sur le terrain. »





Raz-de-marée Labeaume à Québec  -  Pierre-André Normandin
Sans surprise, Régis Labeaume a été réélu maire de Québec avec 79,7% des votes, très loin devant ses plus proches rivaux. Plus important pour lui, il a également gagné son pari de former une forte majorité à l’hôtel de ville et fait élire la quasi-totalité de ses candidats.
Régis Labeaume dirigera une forte majorité à l’hôtel de ville de Québec après avoir fait élire 25 de ses 27 candidats.
La ville de Québec a littéralement été balayée par un raz-demarée Labeaume. Au moment de mettre sous presse, le maire sortant devançait par plus de 70 points son plus proche rival, Jeff Fillion. Avec 1193 des 1264 bureaux de vote dépouillés, l’animateur de radio avait reçu l’appui de 8,7% des électeurs. Pour sa part, le candidat à la mairie du Défi vert, Yonnel Bonaventure, suivait non loin, avec 8,1% des votes.
La lutte n’était pas serrée, mais le taux de participation a frôlé la barre psychologique des 50%, la ratant de quelques centièmes de points à peine. Le président d’élection, Sylvain Ouellet, s’est dit néanmoins fort satisfait. « Même s’il n’y avait pas une course aussi serrée qu’à Montréal, on voit que les gens de Québec ont de la fierté et de l’intérêt pour leur ville », a-t-il dit.
Au-delà de son score personnel, Régis Labeaume a fait élire 25 de ses 27 candidats. L’opposition à l’hôtel de ville a rétréci commepeaude chagrin. Deux indépendants seulement ont conservé leur poste: Anne Guérette ( Vieux-Québec– Montcalm) et Yvon Bussières (Saint-Sacrement–Belvédère).
Comme seul un parti peut jouer le rôle de l’opposition officielle, les deux élus ne pourront donc compter sur l’important budget alloué à cette tâche. Ils auront droit chacun à 26 000$ en frais de recherche et non pas aux 500 000 $ habituellement réservés au vis-à-vis du maire, en vertu des règles établies par la charte de la Ville de Québec.
Même la chef duRenouveau municipal, Anne Beaulieu, n’a pu résister à la vague Labeaume. La candidate du maire dans Sylvain-Lelièvre, Suzanne Verreault, l’a battue avec 59% des voix. Au resto-bar Le Chantauteuil, où s’étaient réunis les membres du parti de l’opposition, c ’était la désolation complète, aucun candidat n’ayant gardé son siège.
Pessimiste sur l’avenir de sa formation, Mme Beaulieu a pris acte de la vague et félicité Équipe Labeaume pour cette victoire « éclatante ». « Ce sera peut-être la fin du parti, mais les candidats, les gens que je vois ce soir seront encore là pour faire entendre une voix divergente. »
Quant au Défi vert, qui tentait de faire son entrée à l’hôtel de ville, le nouveau parti n’est pas même passé près de faire élire un seul de ses 19 candidats. Le meilleur résultat a été récolté par Alain Myrand, dans Neufchâtel, avec 19% des voix.
Une défaite crève-coeur pour Labeaume
Seule défaite crève-coeur pour Régis Labeaume, sa candidate et amie proche LineSylvie Perron n’a pas réussi à déloger la conseillère sortante Anne Guérette dans le district Vieux-Québec– Montcalm. Dans une chaude lutte, l’architecte de formation a conservé son siège avec 49% des voix contre 42% pour l’ancienne direc t r ice de cabinet de Bernard Landry et d’André Boisclair. Le conseiller sortant Jacques Joli-Coeur (RMQ) a pour sa part terminé loin derrière, avec 8%.
Rappelons que ce jeu de chaises musicales provoqué par le redécoupage de la carte électorale a provoqué trois luttes entre des conseillers sortants. Dans la lutte qui s’annonçait la plus serrée, Steeve Verret (EL) a eu raison de Jacques Teasdale (indépendant) dans le district fusionné de Lac-Saint-Charles–SaintÉmile. Même s’il partait légèrement désava ntagé, son ancien district ayant été morcelé, M. Verret a reçu l’appui de 56,5% des électeurs, contre 43,5% pour son rival.
Dans Cap-Rouge, la lutte se faisait entre deux anciennes du RMQ qui ont quitté le parti en cours de route. Denise Tremblay-Blanchette (EL) a facilement réussi à conserver son siège à l’hôtel de ville. Elle a récolté plus de 62,5% des votes, contre 25,5% pour son ancienne collègue Francine Bouchard, qui se présentait comme indépendante.
Le mari de feu l’ancienne mairesse, Marc Boucher (indépendant), n’a pas non plus réussi à s’imposer devant la vague Labeaume dans le district du Plateau, qu’a remporté la protégée du maire, MarieJosée Savard. Rappelons qu’après avoir appuyé la candidature de Régis Labeaume en 2007 à la succession de sa femme, il avait décidé de se présenter comme indépendant, convaincu de l’importance d’encadrer le maire. Seulement 18% des électeurs ont décidé de lui faire confiance, loin des 52% récoltés par la candidate d’Équipe Labeaume.
En conservant son siège, Yvon Bussières devient le seul rescapé parmi les anciens du RMQ à ne pas avoir joint les rangs du maire. Ironiquement, c’est sa défection qui avait fait perdre au parti sa majorité au conseil municipal il y a un an.

Le maire de Québec lance sa campagne  -  LE SOLEIL
QUÉBEC — Même s’il refuse de s’avancer sur l’avenir de sa carrière politique au-delà du premier mandat complet qu’il sollicite des électeurs de Québec, le maire Régis Labeaume dit vouloir planifier les 15 prochaines années de la capitale.
« J’invite la population à faire un saut dans le temps avec nous pour imaginer la ville de Québec que nous voulons dans 15 ans, pas dans quatre ans. Il ne faut pas que le progrès se fasse seulement au gré des mandats politiques », a déclaré le maire, hier, à l’occasion du lancement officiel de la campagne électorale d’Équipe Labeaume, avec ses 27 candidats aux postes de conseillers municipaux.
Questionné à savoir s’il souhaitait demeurer en poste pendant 15 ans, le maire a refusé d’aller plus loin. « Je souhaite rester maire pour les quatre prochaines années, pou r com mencer », a - t-i l lancé, répétant toutefois qu’il demandait à la population de lui donner un mandat fort.
«Ce que je veux dire par un mandat fort, c’est d’obtenir une majorité au conseil. Quand l’opposition est majoritaire, c’est l’enfer, ce n’est pas travaillable. On passe la moitié du temps à contrer les coups fourrés et les jambettes», a-t-il résumé.
« Les seules occasions où on a réussi à travailler avec l’opposition majoritaire, c’est qua nd la population s’est fâchée. Le parti de Jean-Paul L’Allier était prêt à voter contre le Moulin à images de Robert Lepage et il aurait aussi voté contre le Cirque du Soleil », a déploré le maire, en parlant du Renouveau municipal de Québec (RMQ).
Questionné quant à la majorité que son équipe souhaitait obtenir, le maire a affirmé qu’une majorité simple ferait l’affaire. « Sinon c’est un combat, juste un combat. Nous ne sommes pas le gouvernement fédéral, nous sommes une ville », a-t-il déclaré.
Disant avoir réussi à faire de Québec une ville attrayante depuis son élection, le maire Labeaume souhaite maintenant en faire une ville performante.
« Mais ça, ce n’est pas quelque chose qui prend 20 mois, ça prend plusieurs années », a-t-il expliqué.


Le maire de Québec veut limiter le nombre d’élus dans les CA -  Éric Clément
Six des neuf membres du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM) sont des élus d’Union Montréal, le parti du maire Gérald Tremblay. Et la représentante des usagers est la présidente d’Union Montréal. Est-ce une situation corre
« En matière de gouvernance, un élu, quand il fait partie du CA d’une société paramunicipale, ne peut être indépendant. Parce qu’il est élu, il a un rôle à jouer à titre d’élu. »
Le maire de Québec, Régis Labeaume, et l’avocat Richard Drouin ont remis la semaine dernière le rapport du groupe de travail qu’ils ont dirigé sur la gouvernance des sociétés paramunicipales de Québec. Un document que Me Drouin qualifie de « révolutionnaire ».
Cela explique pourquoi, lorsque nous avons révélé au maire Labeaume que six élus du parti du maire Tremblay sont membres du conseil d’administration de la STM et que la représentante des usagers, Brenda Paris, est présidente d’Union Montréal, il a lâché: « Ah! mon Dieu! »
« Quand je suis arrivé à la mairie, j’ai trouvé ça terrible, a dit Régis Labeaume. Comme ailleurs au Québec, c’est la culture du gros maire qui fait tout et des élus qui pensent qu’ils doivent tout gérer. À peine élu, je me suis rendu compte que je devenais président du comité de vérification. Tu te vérifies toi-même: c’est ridicule! »
Venu du sec teur pr ivé et issu de la première cohorte du Collège des administrateurs de sociétés, le maire Labeaume estime qu’il est anormal qu’un maire ou des élus gèrent toutes les entités de la municipalité. Cela fausse, selon lui, la notion de reddition de comptes.
« Prenons le Réseau de transport de la Capitale. Quand il vient devant le conseil municipal faire de la reddition de comptes, les gens sont juges et parties puisque, mis à part deux représentants des usagers, les sept autres sont des élus. »
Dorénavant, le maire veut donc qu’une majorité de membres extérieurs à la municipalité siègent aux conseils d’administration des sociétés paramunicipales de Québec, des organismes qui gèrent 260 millions de dollars par an, soit le quart des budgets de la Vieille Capitale. Ainsi, au RTC, il devrait y avoir désormais quatre administrateurs indépendants, trois élus, deux représentants des usagers et le dirigeant de la société. Il faudra toutefois que Québec donne son accord, car le RTC, comme la STM, dépend de la Loi sur les sociétés de transport en commun.
À Expocité, un organisme qui gère des infrastructures de loisirs, 10 des 12 membres du conseil d’administration sont des élus, dont M. Labeaume. Les deux autres sont cadres. Il y aura désormais quatre indépendants et trois élus.
Si, à Montréal, le comité de vérification des comptes est formé de deux membres extérieurs et de trois élus, à Québec, il y aura un membre nommé sur recommandation du maire, un sur recommandation de l’opposition et trois indépendants.
DanslecasdeMichelLabrecque, conseiller municipal montréalais et président du conseil d’administration de la STM, l’analyse de MM. Labeaume et Drouin est catégorique: c’est une combinaison malsaine.
« En matière de gouvernance, un élu, quand il fait partie du CA d’une société paramunicipale, ne peut être indépendant, dit Me Drouin. Parce qu’il est élu, il a un rôle à jouer à titre d’élu. Quand il est à la table du conseil, peut-il juger de l’administration d’une société dont il est lui-même membre du conseil? »
Si Michel Labrecque est féru de transports en commun, le fait qu’il soit un élu le disqualifie-t-il pour être président de la STM? « Oui, répond Me Drouin. Parce que quand il va retourner au conseil, il va devoir se comporter comme un élu et, par conséquent, avoir à juger de son administration. Il y a alors une apparence évidente non pas de conflit d’intérêts, mais de non-indépendance. L’indépendance, c’est permettre à quelqu’un de n’avoir aucune attache avec quiconque qui soit en rapport avec la société en question. »
M. Labrecque ne partage pas ces vues. « Je vois mal un conseil formé seulement de gens indépendants, ditil. Et ce, nonobstant leur expertise. Avec des élus, cela permet d’avoir une très bonne gouvernance. Comment un parti élu peut-il appliquer sa politique s’il n’est pas présent? Il faut être autour de la table. Et puis, j’ai des comptes à rendre. »
Pour MM. Labeaume et Drouin, on pourrait même parvenir à ce qu’il n’y ait aucun élu aux conseils d’administration des sociétés paramunicipales, comme pour les sociétés d’État. M. Labrecque rejette cette idée: « On ne peut pas avoir une société publique en service collectif sans élus, dit-il. C’est très important qu’il y ait des élus au CA et qu’ils répondent de leur gestion. La STM n’est pas une entreprise privée. »

Labeaume compte étendre son initiative à toute la province
Pour que la réforme préparée par le maire de Québec, Régis Labeaume, voie le jour, cela prendra l’intervention du gouvernement, notamment parce que les sociétés de transport dépendent d’une loi provinciale. Mais « ça va brasser », dit M. Labeaume. Lemaire veut « éliminer tous les bonus » des élus de Québec qui leur permettent d’augmenter leurs revenus. Il veut voir son idée généralisée dans la province. Il sait que son initiative ne sera pas appréciée par tous les conseillers municipaux du Québec...
M. Labeaume est conscient que son initiative est un « véritable choc culturel ». « Je ne suis pas sûr d’être bien reçu par tous mes collègues des autres villes », dit-il.
Le groupe de travail sur la gouvernance de la Ville de Québec n’a pas encore entamé de discussions avec le gouvernement, mais il réclame déjà que le provincial soit « cohérent ». Le gouvernement Charest a réformé la gouvernance d’une vingtaine de sociétés d’État et d’organismes gouvernementaux en 2006: HydroQuébec, le Conseil des arts et des lettres et la Société des traversiers du Québec, par exemple, sont maintenant composés majoritairement de membres indépendants.
« Ce qui est bon pour la Société des traversiers du Québec devrait l’être aussi pour la Société de transport de Montréal, non? se questionne Simon Denault, un avocat qui a étudié la question de la gouvernance. Le temps est venu d’insuffler de la compétence et de l’indépendance dans les CA des sociétés de transports publics. »
M. Labeaume est conscient que son initiative est un « véritable choc culturel ». « Je ne suis pas sûr d’être bien reçu par tous mes collègues des autres villes », dit-il.
André Letendre, président du conseil d’arrondissement de Beauport et membre du Renouveau municipal de Québec, un parti de l’opposition de la Vieille Capitale, a quant à lui bien accueilli la réforme. « Il y a certaines analyses qui devront être faites, mais je donne le crédit à M. Labeaume d’avoir mis ça de l’avant. »
Le maire de Québec veut aller plus loin et en finir avec les élus qui perçoivent des bonus ici et là. « On va tout éliminer, dit-il. Il y aura des salaires fixes pour les élus. Fini le temps où on pouvait recevoir 5000$ ou 6000$ parce qu’on était membre d’un CA. Le vice du système, c’est que ça aidait à augmenter la rémunération des élus. »
Mais pour inciter des citoyens à s’engager en politique, ne faut-il pas que le salaire soit attrayant ? a demandé La Presse. Est-ce que cette initiative ne devrait pas s’accompagner d’une réforme du salaire des élus?
« Oui, on va l’annoncer plus tard, dit-il. Il y aura des salaires fixes. Personne ne va diminuer de salaire. Le cadre est correct, mais le système est hypocrite quand l’élu se rémunère avec un petit conseil ici et un petit comité là. »
Le président du conseil d’administration de la STM, le conseiller municipal Michel Labrecque, estime correct de rémunérer les élus membres des conseils d’administration. « Je peux vous dire que les membres du CA de la STM se réunissent, travaillent, participent à des comités, etc. On est loin des gens qui passent pour recueillir des jetons de présence. »
L’administration Tremblay est juge et partie à la STM, dénonce l’opposition
Les partis de l’opposition à la Ville de Montréal condamnent la mainmise du parti Union Montréal sur le conseil d’administration de la Société de transport de Montréal, qui rend compte de sa gestion auprès du conseil d’agglomération, luimême formé en majorité d’élus d’Union Montréal.
« C’est scandaleux, réagit Benoit Labonté, chef de l’opposition officielle à Montréal. Ça devient de plus en plus la marque de commerce de cette administration Tremblay. Le parti gère l’attribution de contrats à l’hôtel de ville. Le parti était très engagé à la SHDM quand des officiels d’Union Montréal faisaient partie des comités d’attribution de contrats dans le dossier Contrecoeur. Ça commence à être assez. »
Benoit Labonté estime que lorsque la Ville vote le budget accordé à la STM, les élus qui sont membres du conseil d’administration sont « juge et partie ». Il pense que les élus devraient constituer la minorité des membres des conseils d’administration des sociétés paramunicipales. « Car cela demeure quand même de l’argent public », dit-il. Mais doit-on écarter totalement les élus de ces instances ? Il ne le croit pas.
En ce qui a trait à la présence de la présidente d’Union Montréal au conseil de la STM, la porte-parole du parti Projet Montréal, Émilie Thuillier, a porté plainte à ce sujet en janvier 2008 auprès de l’ombudsman de Montréal. « Je ne pense pas qu’elle ait la liberté de bien représenter les usagers des transports en commun, dit Mme Thuillier. Elle n’a pas l’indépendance ni la partialité requises pour le faire. L’ombudsman nous avait répondu que ce n’était pas interdit, mais que c’était politique et que cela dépendait du comité exécutif de la Ville de Montréal. »
Mais Michel Labrecque, le président du conseil de la STM, ne voit pas où est le problème, d’autant plus que Brenda Paris était déjà représentante des usagers à la STM quand elle est devenue présidente d’Union Montréal.




ÉLECTIONS MUNICIPALES : OU EST L'OPPOSITION ?...

La monarchie de Gilles Vaillancourt
LAVAL
Ses victoires successives, de même que sa façon de diriger, lui ont valu de conserver le surnom de « roi de Laval ».
Gilles Vaillancourt fête ses 20 ans consécutifs à la tête de Laval cette année. Il a été élu maire de la ville de la couronne nord pour la première fois en juin 1989, mais il fait partie du conseil municipal depuis 1973. Il a donc 36 années de politique bien tassées derrière la cravate.
Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, est un phénomène au Québec. Il dirige la troisième ville en importance de la province, qui compte 385 000 citoyens, tout juste derrière Montréal et Québec.
En entrevue à La Presse, il a déjà déclaré qu’il se représenterait à la mairie aussi longtemps que la santé le lui permettrait. « Parce j’aime ça », avait-il dit du tac au tac. Âgé de 68 ans, l’homme a donc annoncé sans grande surprise qu’il sera au rendez-vous aux prochaines élections, le 1er novembre prochain.
Au cours de ses deux derniers mandats, il a dirigé Laval sans opposition à l’hôtel de ville, avec ses 21 conseillers élus dans tous les districts. Ses victoires successives, de même que sa façon de diriger, lui ont valu de conserver le surnom de « roi de Laval ».
Il y a quatre ans, au moment des élections, sa plus proche rivale, une étudiante de 18 ans, s’était fait écraser par le maire Vaillancourt avec une majorité de 74,61%. À l’élection de 2002, malgré une bonne course, Daniel Lefebvre n’avait réussi qu’à récolter 21% des voix. Reconnu pour son franc-parler, M. Lefebvre avait fait campagne en scandant que « Laval est une monarchie, pas une démocratie. Dans cette ville, il y a le roi, sa cour et ses manants ».
Service personnalisé
Gilles Vaillancourt connaît sa ville comme le fond de sa poche. Il est du genre à appeler un citoyen le dimanche matin pour s’occuper d’une chicane de clôture. Il se démarque aussi pour ses séances du conseil municipal, où il défile tous les points à l’ordre du jour, debout, droit comme un piquet. Il répond ensuite lui-même aux questions, en interpellant directement les gens par leur prénom, comme dans un village. Dans le dossier controversé d’un projet de construct ion de deux tou rs à Chomedey, l’an dernier, il a répondu personnellement à 1000 signataires d’une pétition. GillesVaillancourt n’est pas non plus du genre à lâcher le morceau. Comment a-t-il fait pour convaincre Québec de financer le métro de Laval? a déjà voulu savoir La Presse auprès de M. Vaillancourt. En réponse, il s’était levé de son bureau, avait montré un portrait de politiciens provinciaux, et avait expliqué: « Vous voyez ces politiciens posant fièrement à côté de moi? Bourassa et les autres. Je leur ai dit tour à tour qu’un jour ils ne seraient plus là et que j’y serais encore. J’avais raison. Les gouvernements changent, mais Laval reste. Je martèle la même demande peu importe les changements de premier ministre. »
Campagne à trois
Dans la présente campagne, Gilles Vaillancourt mène la lutte contre deux partis officiels. Le Parti au service du citoyen ( PSC), formé en 2006, et le Mouvement Lavallois ( ML), né l’an dernier, d’une scission avec le PSC. Deux nouveaux partis déjà à couteaux tirés, qui s’échangent des mises en demeure au même rythme que les critiques.
« Il n’y a pas de paires d’yeux ni d’oreilles à Laval, déplore David de Cotis, fondateur du ML. On se demande par exemple pourquoi le maire Vaillancourt dégage des millions dans un complexe sportif alors que nos arénas ont besoin de rénovations, mais que seulement 225 000 $ sont consacrés à leur entretien. »
Robert Bordeleau, candidat pour le PSC, fait campagne avec le slogan « Laval est due pour un changement ». Récemment, il s’est fait boycotter une entrevue à la Télévision régionale de Laval. « La chaîne est subventionnée et appuyée par la Ville, explique M. Bordeleau. Je présume que le maire a quelque chose à voir là-dedans, il n’a pas aimé que l’intervieweur parle de moi comme du prochain maire de Laval. L’entrevue n’a jamais été diffusée. »
Avec des coffres peu garnis, les deux dirigeants de parti admettent que ce ne sera pas facile de déloger le maire Vaillancourt. Le PSC a recruté moins d’une douzaine de candidats, pas assez pour élire des conseillers dans les 21 districts de Laval. Le ML a 14 candidats, mais pas encore de candidat à la mairie. Quant au parti du maire, PRO des Lavallois – Équipe Vaillancourt, il bénéficie chaque année de contributions de plusieurs centaines de milliers de dollars, sans compter un budget de roulement frisant le million.

Course à relais
QUÉBEC
À Québec, les courses à la mairie ressemblent davantage à des courses à relais. Depuis plus de 70 ans, mieux vaut attendre que le maire démissionne ou meure pour prendre son f lambeau. Après une lutte à 15 en 2007 après la mort subite d’Andrée Boucher, bien peu lèvent la main aujourd’hui pour affronter un Régis Labeaume gonflé à bloc par le succès des fêtes du 400e.
Bien peu d’adversaires ont envie d’affronter le maire de Québec, Régis Labeaume (à l’avant-plan), gonflé à bloc par le succès des fêtes du 400e.
Depuis une semaine, la capitale semble même se diriger vers une élection par acclamation. Le chef de l’opposition, Alain Loubier, a en effet récemment décidé de jeter la serviette au lendemain d’une 10e défection au sein de son parti.
Résultat: personne ne conteste sérieusement la mairie de Québec pourl’instant. Mêmes’iladéposésa candidature, Yonnel Bonaventure reconnaît se présenter davantage pour faire connaître son jeune parti, le Défi vert. Mais lui-même reste peu connu, son principal fait d’armes ayant été de se présenter à sept reprises – sans succès – pour les Partis verts au fédéral et au provincial.
Jeff Fillion dans la course ?
En l’absence d’adversaire de taille, le controversé animateur de radio Jean-François Fillion a annoncé mardi à ses auditeurs vouloir se lancer dans la campagne. Il dit vouloir éviter que la course tourne à la balade en solitaire. Mais du même souffle, il a avoué espérer une victoire de l’actuel maire.
Alors qu’il peste constamment contre l’opposition depuis son arrivée au pouvoir, Régis Labeaume est évidemment loin de s’inquiéter qu’il n’y ait pas d’adversaire sérieux face à lui. Lundi, il a même déclaré qu’en l’absence d’opposition à l’hôtel de ville, les élus du parti qu’il vient de fonder se chargeraient de lui tenir tête s’il devait prendre une mauvaise décision.

Idées et consensus
TROIS-RIVIÈRES
L’opposition est un mot avec lequel le maire vit très mal. Il préfère qu’on parle d’« idées différentes ».
— À TroisRivières, si vous devez parler au maire Yves Lévesque, vous avez deux choix sûrs : la séance publique du conseil municipal... ou le restaurant Chez Cora. Hier matin encore, la salle à manger du restaurant avait pris des airs de tapis rouge. Dès qu’il entre, les regards se tournent vers le maire, les mains s’agitent, il s’arrête à plusieurs tables et discute longuement, quitte à faire attendre celui ou celle avec qui il avait prévu déjeuner.
Le maire Yves Lévesque, fort populaire auprès de l’électorat trifluvien.
L’image est forte, mais elle illustre aussi pourquoi personne ne semble prêt cette année à se jeter dans la fosse aux lions pour affronter Yves Lévesque à l’élection municipale de novembre.
Le maire, pour sa part, joue encore de prudence. « Les gens ont jusqu’en septembre pour se présenter. Je peux encore avoir de l’opposition », dit-il, sachant bien que les écrans radars auraient montré un adversaire bien avant le mois de juin. D’ailleurs, l’opposition est unmot avec lequel le maire vit très mal. Il préfère qu’on parle d’« idées différentes ». « Quelqu’un qui s’oppose pour s’opposer, j’ai de la misère avec ça, parce que c’est généralement quelqu’un qui a un intérêt derrière son opposition. Si les gens ont des idées différentes et sont prêts à en discuter pour qu’on arrive à un consensus, je suis tout à fait d’accord avec ça », lance-t-il.

Bien en selle
SAGUENAY
— À Saguenay, la politique et les affaires publiques, c’est lui. Il est partout, sur toutes les tribunes, toujours disponible pour commenter les dossiers de la ville. Et à cinq mois des élections, il ne fait face à aucune opposition structurée et profite d’un taux de satisfaction de plus de 80%. Le maire Jean Tremblay est en selle, très bien en selle.
Le slogan du maire de Saguenay, Jean Tremblay, est simple et accrocheur : « Le citoyen d’abord! »
La recette du maire saguenéen est simple et efficace. Près de ses citoyens, se méfiant des « élites » et des universitaires, utilisant un langage simple et coloré et un slogan accrocheur ( Le citoyen d’abord!), Jean Tremblay gère la capitale du Saguenay– LacSa i nt-Jean avec f r uga l i t é, évitant de multiplier les projets coûteux. Les taxes n’ont pratiquement pas augmenté à Saguenay depuis la f usion municipale. De plus, le maire s’assure de diriger les dossiers. Tous ses numéros de téléphone sont de notoriété publique, il invite souvent les citoyens à le joindre personnellement. Les fonctionnaires municipaux, au service de la ville et des élus, ne commentent plus aucun dossier. L’information passe par le cabinet du maire, sorte de conseil des ministres, ou par quelques conseillers membres du comité exécutif.
À l’unanimité
Officiellement, pourtant, Jean Tremblay ne préside aucun parti politique. Ce qui n’empêche pas les conseillers d’appuyer à l’unanimité pratiquement toutes les décisions du conseil. En fait, à une exception près, les derniers conseillers ayant ouvertement contesté le maire siégeaient avant 2001, à l’hôtel de ville de Chicoutimi!


Des milliers de clients d’Hydro passent à la caisse
Non, Hydro-Québec ne fa it résolument pas de cadeau. Les 120 000 abonnés dont la consommation a été sous-estimée depuis janvier 2008 devront passer à la caisse pour rembourser l’énergie impayée. Une décision que dénoncent plusieurs observateurs.
La facture de certains consommateurs grimpera du coup de 20 à 60%. La société d’État a en effet avoué, hier, avoir sous-estimé la consommation réelle de milliers d’abonnés à cause des ratés du système informatique qui a remplacé l’ancien, vieux de 30 ans, en janvier 2008.
Les consommateurs visés recevront, à partir d’aujourd’hui, un avis par la poste les sommant de rembourser l’énergie impayée. Les modes de paiement seront déterminés au cas par cas.
Ces client étaient tous abonnés au mode de versements égaux ( MVE). Leur consommation, depuis 2008, a été estimée à partir des données non pas de l’année précédente, comme il se doit, mais à partir de celles de 2006 (les données de 2007 n’étant pas disponibles dans la base informatique). D’où les écarts entre la consommation facturée et la consommation réelle. La société d’État réclame donc un remboursement. « C’est de l’énergie consommée. On ne peut pas se permettre de ne pas la facturer », a expliqué hier MarcBrian Chamberland, porte-parole d’Hydro-Québec.
Au total, des trois millions de clients résidentiels d’Hydro, 1,3 million sont inscrits au MVE. Hydro-Québec estime que la consommation de 120 000 d’entre eux a été sous-estimée, et ce, pour trois raisons : leur consommation d’énergie a augmenté de manière substantielle en 2007 (achat d’un ordinateur, d’une télé à écran plat, etc.), le nouveau système informatique a mal interprété certaines données et, enfin, l’hiver 2009 a été nettement plus froid que les précédents.
Dès le mois d’avril dernier, au moment de réévaluer la consommation de ses abonnés au MVE, Hydro-Québec a noté plusieurs écarts suspects. De nombreux abonnés ont, à l’époque, téléphoné d’eux-mêmes pour ajuster leur facture.
Mais plusieurs observateurs estiment qu’Hydro-Québec fait payer aux consommateurs ses propres erreurs. C’est le cas du député de Jonquière et porteparole de l’opposition officielle en matière d’énergie, Sylvain Gaudreault , qui a vivement dénoncé hier le geste de la société d’État. « Ce n’est pas aux clients d’assumer les erreurs d’HydroQuébec. De bonne foi, ces clients ont accepté le service de mode de versements égaux ( MVE). Aujourd’hui, ce service se transforme en véritable piège pour des milliers d’abonnés », a-t-il fait valoir, par voie de communiqué.
« Comment se fait-il que les vérifications n’aient pas été faites lors du changement de système? » s’est pour sa part interrogé Olivier Bourgeois, porte-parole d’Option consommateurs. L’organisme promet par ailleurs de veiller à ce qu’on ne facture pas d’intérêts aux consommateurs et conseille à tous de vérifier sur leur facture leur consommation réelle (en kWh, et non en dollars) pour voir si elle est stable d’année en année, et donc déterminer s’ils sont visés par la mesure actuelle.




POSTE CANADA - Des idées pas si timbrées
Voulez-vous des timbres plus chers ? Un facteur qui passe moins souvent? Moins de bureaux de poste? Il faudra peut-être en arriver là, indique un rapport indépendant commandé par Ottawa.
L’équilibre financier du service de courrier est précaire, révèle le comité piloté par Robert Campbell, spécialiste des questions postales. Son rapport publié jeudi est passé presque inaperçu. Il est pourtant urgent de s’y intéresser. Car ses recommandations risquent de bouleverser un service que nous tenons pour acquis.
Le modèle économique de Postes Canada s’effiloche. La société d’État a le monopole du « postelettres », ce qui lui permet d’offrir le service au même coût partout au pays. Mais c’est de moins en moins rentable. Il y a 200 000 adresses de plus à desservir chaque année, mais chacune génère de moins en moins de revenus. En 2007, chaque foyer a reçu 373 articles de courrier en moyenne, contre 395 quatre ans plus tôt. On prévoit une érosion annuelle de 1% pour les cinq prochaines années.
Ça tombe mal, parce que la Société a besoin de faire des investissements majeurs. Trois milliards en sept ans, calcule la direction. Le réseau, les installations, l’équipement de tri et la technologie de l’information sont désuets en majeure partie, confirme le rapport. Tellement qu’on a parfois du mal à trouver des pièces de rechange.
La suggestion la plus audacieuse du comité? Réduire la fréquence de livraison. Les employés travailleraient du lundi au vendredi mais, en certains endroits, le facteur passerait seulement trois fois par semaine. Une solution choc qui mérite néanmoins d’être examinée. Il y a longtemps que les communications urgentes ne transitent plus par la poste ordinaire. Et la plupart des enveloppes qui atterrissent dans nos boîtes à lettres pourraient arriver deux jours plus tard sans que personne n’en souffre.
Le rapport parle aussi d’augmenter le prix du timbre de base de 5 à 7 cents au cours des deux prochaines années et d’imposer ensuite une majoration annuelle fixe. Personne ne s’en réjouira, mais on aurait tort de crier au vol. Depuis plus de 10 ans, les augmentations de tarifs sont limitées aux deux tiers de la hausse de l’IPC (indice des prix à la consommation). Une décision irresponsable, déconnectée de la réalité et qui fausse les perceptions de la population. Les Canadiens paient beaucoup moins cher que les Français, les Italiens, les Allemands ou les Japonais pour envoyer une lettre à l’intérieur de leurs frontières, alors que le territoire est beaucoup plus vaste et la population beaucoup moins dense.
Il est aussi grand temps de dépoussiérer le moratoire sur la fermeture des bureaux de poste ruraux, décrété il y a 15 ans. Pas pour éliminer les services en région, mais pour arrêter de protéger des zones depuis longtemps sorties de l’isolement rural comme Moncton… ou Boucherville.
La Société canadienne des postes a par ailleurs présenté un plan très ambitieux au comité. Il faudra l’examiner avec un oeil critique. Déjà, les PME et les grandes entreprises se plaignent de ses services « accélérés » ou « améliorés », plus coûteux et qui ne les intéressent pas. Les investissements futurs devront répondre aux besoins réels de la clientèle, et non aux idéaux de la direction.





Le coût des grands projets a doublé  -  Bruno Bisson
L’AMT attribue les hausses de coûts à une « nouvelle méthodologie »
Les grands projets de modernisation des trains de banlieue de la métropole vont coûter au moins deux fois plus cher que prévu, indiquent les projections les plus récentes de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), dont
Les coûts de tous les grands projets prévus sur le réseau ferroviaire des trains de banlieue subiront des hausses de 30%, dans les meilleurs cas.
La Presse a obtenu le plan d’immobilisations préliminaire 2010-2012.
Selon le document, les coûts de tous les grands projets prévus sur le réseau ferroviaire des trains de banlieue, ainsi que les projets majeurs de développement du réseau et d’entretien du matériel roulant, subiront des hausses de 30%, dans les meilleurs cas ; la hausse est de plus de 400% dans le cas du projet de gare intermodale Lucien-L’Allier, au centre-ville (voir autre texte).
Ces 10 projets majeurs de l’AMT, qui figuraient déjà au plan triennal 2009-2011, devaient coûter un peu plus de 440 millions, selon les prévisions publiées il y a un an. Dans le plan 2010-2012, les prévisions d’investissements pour les mêmes projets totalisent, aujourd’hui, 921 millions. C’est plus du double par rapport à l’an dernier, soit une augmentation de 108% (voir le tableau).
Dans un échange de courriels avec La Presse, l’AMT a attribué une partie de ces augmentations à une nouvelle méthode de calcul des coûts imposée par Québec. Cette méthode oblige les organismes publics « à identifier les risques et à estimer les coûts et les échéanciers de la façon la plus complète et réaliste possible », afin de réduire les « imprévus » et l es fortes augmentations de coûts pendant leur réalisation.
« Ainsi, note l’AMT, le calcul budgétai re i nclut diverses catégories de coûts. comme les études et l’ingénierie détaillée (plans et devis), la surveillance des travaux, la gestion de projet, la construction, les contingences, l ’ i nf lation et les frais d’intérêts et d’émission d’obligations. »
Une « marge de risque » peut aussi être ajoutée à l’évaluation des coûts de certains autres projets, selon leur nature ou leur état d’avancement, précise aussi l’AMT. Quant aux projets qui subissent les plus fortes augmentations de coûts, ils ont fait l’objet d’une « redéfinition complète », dan le cas de la gare Lucien-L’Allier, de modifications majeures ou d’ajouts d’équipements qui en font grimper les prix.
De 123 à 355 millions
C’est notamment le cas du plus important (et du plus urgent) des 10 grands projets d’infrastructures et d’équipement ferroviaires, celui des centres d’entretien prévus à Lachine et à Pointe-SaintCharles . La construction des ateliers est nécessaire à l’entretien des locomotives et des voitures flambant neuves commandées à Bombardier en 2007 et 2008 au coût d’environ 680 millions. La livraison des premières voitures est attendue au cours des prochaines semaines. Les locomotives arriveront à partir de la fin de 2010.
Au printemps 2008, le coût prévu pour la réalisation d’un centre d’entretien unique était estimé à 123 millions. Avant la fin de l’année, et au terme d’études qui ont démontré la nécessité de construire deux ateliers, le coût était déjà passé à plus de 200 millions.
Et en mai dernier, La Presse a révélé que la construction de deux centres d’entretien coûterait plutôt 355 millions presque trois fois la somme prévue au printemps 2008.
Selon l’AMT, plusieurs fac teurs ont contr ibué à cette spectaculaire hausse, notamment l’acquisition de deux terrains au lien d’un seul, et la décision de l’AMT d’équiper les deux centres « d’ateliers complets, pour assurer l’homogénéité du niveau d’entretien et la fiabilité du service ».
L’agence gouvernementale justifie aussi l’ampleur et la hausse des coûts par « une augmentation de 165% de la flotte à garer et à entretenir sur le réseau du CN, dont les 58 voitures de la ligne de Deux-Montagnes ». Le doublement des coûts de démolition, de décontamination, de raccordement aux services publics et de construction des chemins d’accès, est lié à l’aménagement des deux centres au lieu d’un seul.

La facture passe de 40 à 215 millions  -  Bruno Bisson
Le « réaménagement » de la gare Lucien-L’Allier, au centre-ville, coûtera cinq fois plus que prévu, révèle le plan d’immobilisations préliminaire 2010-2012 de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), que La Presse a obtenu.
Une maquette de la gare Lucien-L’Allier.
L’an dernier, dans son PTI 2009-2011, l’AMT estimait les coûts du projet à 40 millions. Un an plus tard, selon le PTI 2010-2012, la future gare intermodale du centreville coûtera 215 millions. Une hausse de 438% en un an qu’aucune documentation ne permet d’expliquer.
Dans un échange de courriels avec La Presse (l’AMT n’a pas répondu à nos appels), la porte-parole de l’organisme, Martine Rouette, écrit que « le projet a fait l’objet d’une redéfinition complète » depuis l’an dernier.
La gare Lucien-L’Allier, voisine du Centre Bell, est la deuxième en importance du réseau de trains de banlieue de l’AMT. Elle est fréquentée chaque jour par environ 11 000 usagers. Trois des cinq lignes de trains de l’AMT (Dorion/ Rigaud, Delson/Candiac, Blainvi l le/ Saint-Jérôme) arrivent et repartent de cette gare d’une conception un peu spartiate.
Le projet de l’AMT prévoit l’aménagement d’une aire couverte offrant aux passagers une protection contre les intempéries, un « éclairage convivial », des quais et des aires d’attente chauffés, un accès piétonnier plus facile vers le métro, et « un système d’information à la clientèle lié aux autres services de transport ».
L’AMT souhaite aussi «donner une signature à la gare par l’installation de marquises au design architectural soigné ». Le budget prévoit aussi l’acquisition de la gare, de ses quais, des voies ferrées, et leur remise à niveau.
« Le PTI 2009-2011 prévoyait la réhabilitation et l’amélioration des quais de la gare, a écrit Mme Rouette, pour justifier la différence entre les coûts. Le projet a évolué, et les besoins ont été réévalués en fonction de la réalité du développement de notre réseau ».
Contradictions
La lecture du PTI 20092010-2011 contredit toutefois les propos de Mme Rouette. Dans ce document, le projet de la « Gare intermodale LucienL’Allier », évalué à 40 millions, prévoit exactement les mêmes caractéristiques que celles décrites dans le projet de 215 millions prévu au plan 20102012, un an plus tard.
De fait, les textes de présentation du projet de la gare Lucien-L’Allier sont exactement les mêmes dans les plans triennaux 2009-2011 et 2010-2012. Seuls les prix ont été changés. Centres d’entretien et sites de garage Location/acquisition et réfection de 25 voitures et 7 locomotives Réfection d’infrastructure ferroviaire - Subdivision Westmount Amélioration de la signalisation et des infrastructures - Subdivisions Vaudreuil et Adirondack Gare intermodale Lucien-L’Allier Prolongement Saint-Eustache (train de Deux-Montagnes) Doublement de la voie ferrée entre Bois-Franc et Roxboro/ Pierrefonds Étagement de la Jonction de l’Est Connexion de la ligne Blainville/Saint-Jérome au tunnel du mont Royal Signalisation-accroisssement de capacité ligne Blainville/ Saint-Jérôme
Dans le PTI 2010-2012, l’Agence souligne que cette gare est dans « un emplacement stratégique du centreville de Montréal, appelé à connaître un développement urbain soutenu au cours des prochaines années».
En plus du temple du Canadien de Montréal, la future gare intermodale pourrait aussi être la voisine d’un important complexe d’hôtels, de bureaux et de condos projeté par le géant immobilier Cadillac Fairview, qui a récemment fait d’importantes acquisitions de terrains dans le même secteur, en plus de la gare Windsor, voisine du Centre Bell.






Le tramway coûtera plus cher que prévu  -  Martin Croteau
La construction d’une ligne de tramway entre le VieuxMontréal, le centre-ville et le secteur Côte-des-Neiges pourrait coûter jusqu’à 750 millions, 50% plus que ce qui avait été prévu à l’origine, selon une étude rendue publique vendredi par la Ville de Montréal.
Selon le projet proposé aux élus, le tramway sillonnera les rues du centre-ville et du Vieux-Montréal avant de rejoindre la rue Jean-Talon en passant par le chemin de la Côte-des-Neiges.
L’étude menée par le consortium Genivar-Systra propose aux élus de bâtir un tracé qui sillonnera les rues du centreville et duVieux-Montréal avant de rejoindre la rue Jean-Talon en passant par le chemin de la Côte-des-Neiges. Dans son évaluation initiale, en 2003, l’Agence métropolitaine de transports (AMT) estimait que ce tracé de 12,5 km pourrait être réalisé au coût de 500 millions, soit environ 40 millions le kilomètre.
Or, conclut le nouveau rapport, l’estimation originale ne tenait pas compte des contraintes techniques liées à la pente. Le tram devra en effet escalader le f lanc de la montagne par le chemin de la Côte-des-Neiges. Le ralentissement des travaux pendant l’hiver pourrait également faire gonf ler la facture. Résultat : « L’estimation budgétaire globale des coûts du tramway peut être évaluée à quelque 60 millions$/km », peut-on lire dans l’étude.
Sur un tracé de 12,5 km, donc, la facture pourrait grimper à 750 millions.
50 000 voyageurs par jour
Cette nouvelle estimation ne décourage pas le responsable du transport au comité exécutif, André Lavallée, bien au contraire. Car le même rapport calcule que 110 000 voyageurs emprunteront le train urbain tous les jours en haute saison, dont 50 000 sur le tracé Côtedes-Neiges. Cela en ferait l’un des trams les plus utilisés en Amérique du Nord.
« La performance du tramway justifie sa construction, estime M. Lavallée. Car on ne pourra pas améliorer la performance en fait de service d’autobus. »
La Ville de Montréal souhaite que les tramways, disparus en 1959, reviennent dans la métropole d’ici 2013. Mais l’administration Tremblay souhaite avoir une estimation plus détaillée des coûts et de l’affluence avant de lever la première pelletée de terre.
« On a assez d’information pour passer à la phase 2, résume M. Lavallée, mais on n’a pas assez d’information pour commencer la construction demain matin. »


Non, mais on en a-tu, du fun?  -  Yves Boisvert
Quoi ? Régis Labeaume sort de ses gonds ? C’est le temps de mettre fin à mes vacances.
Vous me direz : le Maire de la Belle Ville de Québec ( MBVQ) passe très peu de temps dans ses gonds. Y a pas de nouvelle là. En a-t-il seulement, des gonds ?
C’est un peu vrai, j’avoue. Il y a des nouvelles qui n’en sont pas. Par exemple : « Le tramway de Montréal coûterait plus cher que prévu. »
Quoi? Une estimation erronée de la même agence qui a fait construire le métro de Laval? Stupéfiant.
On avait prévu que le tramway, qui partirait de la Côtedes-Neiges pour aller dans le Vieux-Montréal, coûterait 40 millions le kilomètre. Ce sera plutôt 60 (fois 12,5 km). Voyez-vous, les études « ne tenaient pas compte des contraintes techniques liées à la pente ».
Tu parles d’une maudite malchance. Une pente ! En plus, on n’a pas tenu compte du « ralentissement des travaux » causé par l’hiver.
Hon. Une pente! De la neige ! Ils n’y avaient pas pensé. On ne peut pas penser à tout. Ils avaient dû faire une simulation en Arizona ou dans la station spatiale.
Personne, apparemment, n’avait remarqué que dans « Côte-des-Neiges » , il y a « côte » et il y a « neige ».

Toujours est-il que le MBVQ Labeaume est furieux contre Alain Simard, qui veut tenir ses FrancoFolies en juin plutôt qu’en juillet. Montréal va ramasser la crème des artistes francophones, dit le maire.
J’imagine que le maire a consulté Gérald Tremblay avant d’inviter le Cirque du Soleil un mois à Québec, ou quand les organisateurs du Grand Rire (festival de l’humour) ont commencé à se coller sur les dates de Juste pour rire. Non, il ne l’a pas fait? Gérald Tremblay devrait sortir de ses gonds !
Il a de très gros gonds, le maire Tremblay et il n’en sort pas souvent.
Mais que lui aurait répondu le maire Labeaume ? Écrase, Gérald. On est en concurrence pour les touristes, les subventions, les commandites. Bonne chance. Il arrive ce qui devait arriver, au fond, avec la croissance de l’industrie des festivals. À peu près inexistants il y a 40 ans, ils sont maintenant partout. Ils se multiplient, se copient, se dédoublent. On va bientôt en vomir.
Les villes s’en réclament, en font une vitrine dans la grande concurrence qu’elles se livrent. Voyez la stratégie de Toronto depuis cinq ans : détrôner Montréal comme ville de festivals. Sur plusieurs terrains, c’est fait.
Le maire de Québec n’a pas tout à fait tort de dire que les événements, largement subventionnés, ne devraient pas se nuire dans un monde idéal et subventionné. Mais il y en a tellement qu’on voit mal comment le faire sans une mainmise de l’État, ce qui serait excellent pour la planification mais désastreux pour la créativité.
Chaque bled a son festival, chaque date a son festival. Le temps et l’espace sont tapissés de festivals. Je me demande parfois ce que les êtres humains faisaient il y a 30 ans. On devait s’ennuyer affreusement. Non, mais on en a-tu, du fun, maintenant?
M’est avis que cette petite guerre larvée ne finira pas de sitôt. Certainement pas dans une année d’élections municipales, en tout cas.
Gomery municipal
Cette nouvelle-là en est une vraie : John Gomery qui se lance en politique municipale, comme chef de la trésorerie et directeur de conscience de Projet Montréal.
Il nous reste à évaluer correctement l’énigmatique Richard Bergeron, mais qui dira que ce n’est pas une bonne nouvelle pour la vie municipale ? Louise Harel lui a souhaité la bienvenue. Gérald Tremblay lui a plutôt envoyé un coup de coude : il n’est plus objectif, il fait ça pour appuyer sa fille, dit le maire, qui est candidate de Projet Montréal.
Ah bon? Depuis quand fautil être objectif en politique ? Il y a deux ans, le juge Gomery a fait un don important à la bibliothèque de McGill, pour qu’on démarre une collection sur l’éthique dans la vie publique. Il se trouve qu’une de ses filles est aussi responsable de la collecte de fonds de cette université. Aurait-il redonné autant à son alma mater si sa fille n’y travaillait pas ? Aucune idée. Est-ce que ça enlève de la valeur à son geste? Évidemment pas. C’est un acte absolument cohérent et honorable, comme celui de s’engager en politique dans le même parti que sa fille et de contribuer au débat sur l’intégrité et l’éthique en politique municipale.
En voyez-vous beaucoup d’autres, à Montréal , qui aient autant de crédibilité en la matière? Car enfin, le scandale des commandites, sur lequel il a enquêté, est indissociable de la question du financement occulte des partis politiques. Qui est mieux placé que John Gomery pour forcer le débat sur ce grand tabou?
Alors je dis: bienvenue, M. Gomery.
Tout d’un coup que la politique municipale deviendrait quasiment intéressante?
F â c he z - vous pa s , M. Labeaume, mais ce festival-là éclipsera sûrement la campagne à la mairie de Québec, vu que tout y va si bien qu’on prévoit une course à un.



Le projet Turcot pourrait coûter deux fois plus cher que prévu
Selon la présidente du Conseil du Trésor Monique Gagnon-Tremblay
« Le projet ne partira pas et après ça, dans un mois, le maire va dire : il faut ajouter telle autre chose, telle autre chose. On va avoir une estimation réelle des coûts. »
— La facture du projet de reconstruction de l’échangeur Turcot sera de toute évidence revue à la hausse. La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, parle même d’une augmentation possible de 50% à 100%.
Questionnée, hier, par La Presse, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a estimé que les coûts d’un projet de l’envergure de Turcot pouvaient varier de 50% à 100%.
En 2007, lors de l’annonce du projet, le gouvernement avait évalué les coûts à 1,5 milliard de dollars. La note pourrait finalement s’élever à 2,25 voire 3 milliards, selon les déclarations de la ministre.
Questionnée par La Presse hier afin de savoir si l’estimation des coûts demeurait la même, Monique Gagnon-Tremblay a offert une réponse qui laisse bien peu de doute sur ce qui adviendra de la facture.
« Ce qui arrive, c’est qu’il y a une différence entre des dépassements de coûts et une estimation réelle», a-t-elle affirmé. Lors de l’annonce du gouvernement, il y a deux ans, le projet était au stade «initial ». Une fois qu’un projet de cette envergure est plus avancé, mieux défini, l’estimation « peut varier de 50% à 100% en termes d’augmentation de coûts », a poursuivi la ministre.
Une telle explosion des coûts est possible dans le cas de la reconstruction du complexe Turcot. « Ça peut arriver », a-t-elle reconnu.
« On est en train d’évaluer tout ». Par exemple, « si, après les audiences du BAPE, le projet est modifié, ça peut comporter des coûts, et il faut en tenir compte », a-t-elle expliqué.
La ministre a donné l’exemple du nouveau CHUM. En deux ans, la facture a plus que doublé, passant de 850 millions à 1,855 milliard en tenant compte du centre de recherche. « Ce n’est pas parce que c’était des dépassements de coûts. C’était parce qu’ils ont ajouté des blocs opératoires, des salles… Dans celui-là (NDLR le projet Turcot), la même chose peut arriver. »
Selon elle, lorsqu’un projet est au stade « initial », le gouvernement annonce l’investissement minimum requis. « On est capable de dire que ça ne sera pas en bas de tel montant », a-t-elle dit. En juin 2007, Québec prévoyait un « investissement sans précédent évalué entre 1,2 et 1,5 milliard » pour la reconstruction de l’échangeur Turcot. Puis, quand il a annoncé que le projet sera réalisé en partenariat public-privé ( PPP) – décision aujourd’hui remise en question –, il notait que « les coûts sont évalués à plus de 1,5 milliard de dollars de 2007 ».
Monique Gagnon-Tremblay a affiché un certain malaise lorsque les questions sur les coûts du projet se sont faites plus insistantes. « Ma collègue (des Transports, Julie Boulet) est plus au fait des coûts. Moi, je ne peux pas m’avancer làdessus parce que je n’ai pas pris le dossier vraiment. Même ce matin, ma collègue m’expliquait exactement ce que ça voulait dire la construction. Moi, je ne suis pas de Montréal, je ne sais pas, je ne connais pas ça. Ma collègue me disait ce que ça voulait dire le fait de construire en remblai. »
Un peu plus tôt , lors de la pér iode des quest ions à l ’Assemblée nationale, Mme Gagnon-Tremblay affirmait que le coût du projet était de 1,5 milliard de dollars mais ajoutait que « quand on va donner le feu vert, on va connaître les tenants et aboutissants, et on va avoir les véritables chiffres».
« Le projet ne partira pas et après ça, dans un mois, le maire va dire: il faut ajouter telle autre chose, telle autre chose. On va avoir une estimation réelle des coûts », a précisé Mme GagnonTremblay en entrevue.
La facture pour la construction d’« une salle de spectacle en plein champ, c’est facile à évaluer » . C’est une autre paire de manches pour Turcot, « un projet aussi complexe avec autant de choses à faire autour », a-t-elle noté.
Cette histoire rappelle celle de la modernisation de la rue Notre-Dame. Les coûts projetés ont doublé depuis l’annonce du projet, en novembre 2007, passant de 750 millions à 1,5 milliard de dollars. En février, Julie Boulet a demandé à ses fonctionnaires de revoir l’ensemble du projet, un exercice toujours en cours.
Comme pour le nouveau CHUM, Québec envisage de reveni r sur la déc i sion de reconstruire le complexe Turcot en PPP et d’opter pour le mode conventionnel, notamment en raison de la crise économique. « Si un moment donné, des éléments du PPP ne sont pas au rendez-vous, il faut que le gouvernement prenne les décisions appropriées », a déclaré Monique Gagnon-Tremblay.
Dans le cas de Turcot, « avec autant d’expropriations, avec beaucoup de logements sociaux, il y a des risques que le gouvernement devra prendre seul. Car si on fait assumer ces risques par des consortiums privés, la prime peut être si élevée qu’on est mieux finalement de prendre les risques nous-mêmes. »
Questionnée à l’Assemblée nationale sur les nombreuses critiques exprimées lors des audiences du BAPE, en particulier celles du maire Gérald Tremblay, Julie Boulet a déclaré que « c’est un projet en constante évolution. Nous sommes à l’écoute. Et ce projetlà sera bonifié en fonction des commentaires du BAPE ».
Quelques instants plus tard, Monique Gagnon-Tremblay a répondu au PQ que « c’est faux de prétendre qu’on va ajouter au fur et à mesure constamment. C’est important de contrôler les coûts, c’est important de contrôler les échéanciers, d’éviter les dérapages ».
Le projet consiste à reconstruire quatre échangeurs qui composent le complexe Turcot dans le sud-ouest de Montréal où circulent environ 280 000 véhicules par jour. La mise en service est prévue en 2015.


L’informatisation des dossiers de santé inquiète le vérificateur
Renaud Lachance prévoit des retards et des dépassements de coûts
— Il y a un bogue majeur dans un vaste projet informatique du ministère de la Santé, révèle le vérificateur général du Québec. Le Dossier de santé du Québec ( DSQ), qui vise l’informatisation des dossiers des patients, risque encore d’être retardé, et les coûts de ce projet augmenteront « fort probablement ».
Le Dossier de santé du Québec (DSQ), qui vise l’informatisation des dossiers des patients, risque encore d’être retardé, et les coûts de ce projet augmenteront « fort probablement », a soutenu hier le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance.
« Il va mal, le projet » , a résumé Renaud Lachance en conférence de presse, hier. Dans son rapport, il dit « douter » que les échéanciers et les coûts seront respectés. « Quand on dit doute, c’est un mot poli pour dire qu’on doute fort, fort, fort. C’est ça que ça dit », a-t-il lancé.
En 2006, Québec avait annoncé que le DSQ coûterait 563 millions de dollars – 260 millions provenant de Québec et 303 millions, d’Inforoute Santé du Canada. L’implantation devait se réaliser en quatre ans et 95 000 professionnels de la santé devaient utiliser ce nouvel outil.
Or, en avril dernier, Québec a reporté d’un an, en j uin 2011, la date de fin du projet, le déploiement dans toutes les régions. Selon le vérificateur, malgré ce report, le risque que l’échéancier ne soit pas respecté « est élevé ».
Qui plus est, « il y a un risque important que (les professionnels de la santé) n’adhèrent pas au DSQ ». Dans plusieurs cas, médecins et pharmaciens préfèrent se concentrer sur la création de dossiers informatiques locaux des patients plutôt que de travailler à leur mise en réseau (par le biais du DSQ).
Le ministère de la Santé vise 5500 utilisateurs d’ici décembre 2010 pour « assurer la pérennité des investissements ». Et actuellement, il ne prévoit que 37 000 utilisateurs ultérieurement – il n’y a pas d’échéancier précis dans ce cas –, presque trois fois moins que ce qui avait été annoncé en 2006.
Quant au budget de 563 millions de dollars, le risque de dépassement est très grand, selon le vérificateur général. Ce budget n’a pas été modifié depuis 2006. Les investissements préalables, d’abord évalués à 327 millions – ils n’ont jamais été révisés non plus –, ne sont même pas comptabilisés dans ce budget. Pas plus que les dépenses récurrentes pour l’exploitation et l’entretien des équipements, qui représentent environ 87 millions par an selon les experts. Le projet coûterait donc un milliard de dollars dans les faits.
Le Conseil des ministres n’a même pas un portrait « juste et à jour » du déroulement du projet, même s’il a demandé formellement d’être tenu informé. Des informations qui devaient lui être transmises – sur l’évaluation des risques, par exemple – ne l’ont jamais été.
L’an dernier, le vérificateur général avait formulé des recommandations au ministère de la Santé pour améliorer la gestion du DSQ. Or, sept des douze recommandations (58%) n’ont pas été mises en application, dont celle visant à s’assurer que tous les coûts ont été estimés.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, nie tout problème. « Actuellement, on a dépensé 145 millions de dollars, et, pour se rendre à terme dans quelques années, on devrait atteindre la somme d’environ 565 millions de dollars », a-t-il dit. « On est très inquiets du manque de sérieux avec lequel le ministre traite du dérapage financier que confirme le rapport du vérificateur général », a répliqué le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville.

 
Chronique d’un dérapage annoncé - ARIANE KROL
Même la nouvelle date de livraison du nouveau système du ministère de la Santé paraît irréaliste.
L’a mbi t i eu x pr oj et de dossier informatisé du ministère de la Santé est mal parti. Il n’a pas encore défoncé ses budgets ni ses échéanciers, mais il est en bonne voie de le faire, prévient le vérificateur général.
Le dossier santé du Québec (DSQ) doit permettre aux médecins et à d’autres professionnels de la santé d’accéder à des informations importantes sur le patient – médicaments prescrits, tests de labo, etc. Ainsi, on économisera du temps, on facilitera les diagnostics et les traitements, on réduira les risques d’erreurs et on évitera des dédoublements. Formidable. Mais pour ce faire, il faut installer un gigantesque système capable de partager les données dans tout le Québec. Et ça, ça risque de prendre beaucoup plus de temps, et de coûter pas mal plus cher qu’on le pensait au départ. L’ennui, c’est que personne ne peut dire combien.
C’est la deuxième fois en moins de deux ans que le vérificateur examine ce projet. La moitié des recommandations formulées en mars 2008 n’ont pas été suivies de façon satisfaisante, signale-t-il dans son nouveau rapport, rendu public jeudi.
Le gouvernement québécois pensait finir de déployer le système l’an prochain, moyennant 563 millions. Il a repoussé l’échéance en juin 2011, mais n’a pas ajusté le budget. D’ailleurs, même la nouvelle date de livraison paraît irréaliste. Les projections duministère de la Santé tablent sur une implantation débutant cette année, alors que le projet pilote ne sera même pas terminé. Celui-ci poursuit jusqu’à la fin mars 2010… s’il n’est pas prolongé de nouveau. Prenez le temps nécessaire pour roder la machine, mais ajustez vos projections en conséquence.
La facture totale n’est pas plus précise. D’une somme de 563 millions, en attente de révision, il faut ajouter les investissements préalables (327 millions, à revoir également) et les coûts récurrents du système, qui restent à évaluer (jusqu’à 85 millions par an).
Ottawa s’est engagé pour 303millions et Québec ramassera le reste de la note. D’où l’intérêt d’avoir l’heure juste, aussitôt que possible. Ça ne sera pas agréable à entendre, mais ça mettra une saine pression sur les responsables du projet. Car les contrôles aussi ont besoin d’un tour de vis. « Plusieurs contrats signés ne figurent pas dans le portrait et doivent être ajoutés. Enfin, certaines données sont manquantes, notamment en ce qui concerne les montants », signale le vérificateur. Pas exactement des détails.
Tout n’est pas négatif dans ce rapport. Mais le flou qu’il signale est inquiétant. Le DSQ est une entreprise pharaonique qui intègre une douzaine de projets. Tous sont en retard – jusqu’à trois ans dans certains cas. Ces délais font grimper l’addition. Surtout que ce sont en majorité des consultants externes qui gèrent les projets : le compteur tourne. Et on ne sait même pas si les provisions pour dépassements de coûts sont suffisantes.
Le Ministère a accepté toutes les recommandations du rapport et promis de mettre ses prévisions à jour dans son budget annuel. C’est encourageant, mais le vérificateur doit continuer à suivre le projet de près. Car le potentiel de dérapage est énorme.



Rue Notre-Dame : « Les coûts ont explosé », dit la ministre
Actuellement le projet est revu, et « le résultat de ce travail sera prêt pour le mois d’août… à peu près. »
— Devant des factures qui ont grimpé de façon exponentielle, Québec et Montréal ont décidé de mettre en veilleuse leurs projets de réfection de la rue Notre-Dame. On est retourné à la table à dessin en attendant de reprendre les discussions à la fin de l’été.
Une facture de 750 millions avait été prévue pour la réfection de la rue Notre-Dame, mais de nouveaux calculs l’ont fait grimper entre 1,3 et 1,5 milliard, a expliqué hier la ministre des Transports, Mme Julie Boulet. « Avec la Ville, on a convenu de prendre une pause et de revenir à des coûts plus acceptables pour les fonds publics », a-t-elle indiqué.
C’est ce qu’a indiqué hier la ministre des Transports, Julie Boulet, à la commission parlementaire qui faisait l’étude des crédits de son ministère. « Les coûts ont explosé. On prévoyait 750 millions, mais avec les nouveaux calculs on est entre 1,3 et 1,5 milliard. Avec la Ville on a convenu de prendre une pause et de revenir à des coûts plus acceptables pour les fonds publics », a souligné la ministre Boulet.
Actuellement le projet est revu, et « le résultat de ce travail sera prêt pour le mois d’août… à peu près », a-t-elle ajouté. Depuis le début de la décennie, Québec et Montréal tergiversent sur le type de travaux à effectuer sur ce tronçon. Pour Montréal, la hausse des coûts est considérable – on passait de 160 millions à 300 millions.
La réfection de Notre-Dame reste « une priorité pour notre gouvernement, on est conscients de l’importance stratégique de ce tronçon, de la proximité du port et du nombre de véhicules lourds qui y circulent », a souligné la ministre.
Toutefois, il y a encore beaucoup de discussions « sur le concept ». Québec a parlé avec la Ville d’un boulevard urbain, mais l’objectif premier de Québec est d’augmenter la fluidité.
On s’était entendu sur quatre voies dans chaque direction. De chaque côté, il y aura une voie réservée au covoiturage et une autre au transport collectif. À l’avenir les budgets devront avoir été prévus avant de procéder à des annonces, « cela nous évitera des expériences comme celle de Notre-Dame », a observé la ministre Boulet.
Dans son récent rapport, début avril, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, critiquait le manque de vision du ministère des Transports pour la région de Montréal. Pour la métropole, Transports Québec n’était pas parvenu à mettre en place « un mécanisme permanent et formel de concertation pour assurer la cohérence de l’ensemble des priorités d’intervention des acteurs de la région et établir un consensus ».
Les coûts de huit projets majeurs, toujours en plan, depuis l’an 2000, dont la réfection de Notre-Dame, avaient grimpé de 285%, de 1,3 à 5 milliards en neuf ans, constatait-il.


Trains de banlieu : les coûts ont plus que doublé
La dernière estimation, totalisant 355 millions, est précise « à plus ou moins 5% », a assuré le président de l’Agence métropolitaine de transport, Joël Gauthier.
Les coûts de construction prévus pour les centres d’entretien et les garages des trains de banlieue de la métropole ont plus que doublé depuis l’automne dernier, pour atteindre 355 millions de dollars, a appris La Presse.
Le président de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), Joël Gauthier, a indiqué en entrevue que deux nouveaux centres d’entretien seront construits au sudouest de Montréal afin de prendre la relève du CN et du CP qui ne souhaitent pas poursuivre l’entretien des locomotives et des voitures de l’AMT à l’expiration de leurs contrats actuels, en juillet 2010.
Selon le président de l’AMT, le premier centre d’entretien sera construit au coût de 119 millions, dans la gare de triage Sortin, située dans l’arrondissement de Lachine. Le conseil d’administration de l’AMT a approuvé la semaine dernière l’acquisition de cette immense gare ferroviaire duCP, au coût de 9,5 millions.
Quant au futur centre d’entretien projeté dans des anciens ateliers du CN, situés à Pointe-SaintCharles, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, son coût est passé de 165 millions, prévus l’automne dernier, à 236 millions, selon les plus récentes projections de l’agence provinciale.
En août dernier, dans son projet de plan triennal d’immobilisations (PTI), l’AMT prévoyait des coûts combinés de 168 millions pour ses centres d’entretien et les garages de jour pour « parquer » son matériel roulant, qui assure le service sur les cinq lignes de trains de banlieue exploitées par l’AMT, dans la métropole.
Par la suite, dans son PTI révisé, adopté en décembre 2008, les coûts de ces projets étaient en hausse, à 203,2 millions.
En entrevue, M. Gauthier a expliqué que ces estimations avaient été faites à partir de projets qui étaient toujours en évolution, et au stade de la planification. La dernière estimation, totalisant 355 millions, est précise « à plus ou moins 5% », a assuré le président.
« La décision a été prise en février dernier, a indiqué le président de l’AMT. On a alors procédé accompagné par un dossier d’affaires, qui doit tenir compte de tous les frais prévisibles ou susceptibles de s’ajouter aux coûts prévus ».
« Cela fait en sorte qu’on a rajouté des coûts pour la décontamination des deux terrains, a expliqué M. Gauthier. Nous avons des avis juridiques, qui disent que nous à des changements au niveau de la définition du projet. On a aussi dû ajuster en fonction d’une nouvelle politique sur la gouvernance des grands projets, mise en vigueur en 2008 par le Conseil du Trésor. Cette politique prévoit que tout projet de plus de 40 millions soit n’aurons pas besoin de décontaminer complètement parce qu’il y aura une continuité d’usage sur les deux sites. On a tout de même prévu des coûts de 40 millions. »
La construction de ces deux centres d’entretien ferroviaire sera financée à 75% par le ministère des Transports du Québec et à 25% par l’AMT. M. Gauthier affirme que des pourparlers sont toutefois en cours entre Québec et Ottawa pour obtenir la participation du gouvernement fédéral à ces projets, par l’entremise de ses programmes d’infrastructures. Le président a précisé que quatre modes de réalisation, incluant un projet en partenariat avec le secteur privé, ont été examinés dans le plan d’affaires, qui a été préparé par des experts de PricewaterhouseCoopers.
L’AMT, qui confie présentement l’entretien de ces locomotives et voitures au CN et au CP, devra aussi trouver un nouveau partenaire pour gérer les deux centres d’entretien. L’agence prévoit lancer un appel d’offres international.
Pour l’agence provinciale, qui gère le réseau des trains de banlieue de la métropole et qui est responsable du développement des transports en commun, le temps commence à presser dans ce dossier.
En entrevue à La Presse, M. Gauthier a affirmé que le CP a déjà confirmé qu’il n’était plus intéressé à poursuivre l’entretien du matériel roulant de l’AMT, en raison des coûts de main-d’oeuvre importants que cela lui occasionnerait. Selon M. Gauthier, l’AMT devrait donc prendre en main l’entretien de sa flotte dès juin 2010, au moment prévu pour la prise de possession de la gare de triage Sortin.
M. Gauthier a dit souhaiter que la construction des nouveaux bâtiments et l’aménagement des ateliers soient complétés pour juillet 2012. Entre-temps, l’AMT prendra livraison des 20 locomotives bi-mode et des 160 voitures de passagers neuves, commandées à Bombardier, à la fin de 2008, au coût de 622 millions.



La réserve du vérificateur  -   YVES BOISVERST
J’ai en horreur les mises à mort professionnelles sans procès, en l’absence du principal intéressé et alors qu’aucune urgence ne le justifie, sinon l’opportunisme politique.
L’affaire Jean-Guy Chaput, qui n’en est pas vraiment une, soulève deux questions au-delà de la gestion des fonds publics. La première est le rôle même du vérificateur général. La seconde est la tentation de régler des comptes politiques sous couvert de défendre l’éthique.
Selon notre chroniqueur, le vérificateur général du Québec, M. Renaud Lachance, devrait réapprendre le sens du devoir de réserve s’il veut conserver la crédibilité de sa précieuse institution.
Commençons par la première. Pour un homme qui regarde à la dépense de tout un chacun, M. Renaud Lachance est assez prodigue de ses commentaires.
Le véri ficateur général du Québec, s’il veut conserver la crédibilité de sa précieuse institution, devrait réapprendre le sens du devoir de réserve.
Or, le décalage entre les déclarations de M. Lachance et le contenu de son rapport est agaçant.
Il n’a pas, en conférence de presse, à qualifier de « somptueux » le train de vie du président de la SODEC.
Pour commencer, parce que c’est une faute de français. Ce qui est somptueux est magnifique – comme une chambre avec vue sur la baie de Cannes. Mais ce qui est somptueux n’est pas nécessairement « somptuaire », c’est-à-dire extravagant, exagérément luxueux.
Cette faute de français recouvre à elle seule toute la confusion des genres que pratique un vérificateur général qui sort de la comptabilité pour entrer dans l’opportunité politique.
Entendons-nous bien: il se peut qu’une chambre à 1300$ soit un gaspillage de fonds publics. Mais il se peut aussi que le choix soit défendable pour des raisons d’affaires, notamment parce qu’il a ainsi accès à des gens du milieu et parce qu’il y fait des réunions. Ça, je ne le sais pas, mais le vérificateur non plus.
Le vérificateur devrait donc se contenter de constater la conformité des dépenses avec les normes gouvernementales, observer leur évolution et exposer les faits comptables. Ce qu’il fait dans son rapport. Pas aller chez André Arthur et faire des commentaires avec un sourire en coin.
Ce sera ensuite aux gens de la SODEC, à son conseil d’administration et au gouvernement d’analyser la situation et de juger si on dépasse les bornes.
Au lieu de cela, on a vu la ministre Christine St-Pierre sauter sur l’occasion pour dire que M. Chaput n’avait plus sa confiance. Même le premier ministre lui a montré la porte, disant qu’il voyait mal comment il pouvait terminer son mandat, qui s’achève pourtant en octobre. Le tout pendant que M. Chaput est à Cannes et avant même que le CA de la SODEC ne se réunisse.
Audi alteram partem, dirait Bernard Landry : écoutons avant de décider, entendons donc Chaput avant de lui trancher le cou.
Cette précipitation sent le règlement de comptes à plein nez. Certes, le chapitre du rapport du vérificateur général laisse voir une légèreté certaine en ce qui concerne la gestion des fonds à la SODEC. Il y a lieu de critiquer plusieurs aspects: repas sans pièces justificatives, repas entre employés de l’organisme.
Mais y a-t-i l eu f raude? Malversation? Enquête policière ? Pas le moins du monde.
Je ne sais pas qui est Jean-Guy Chaput, je n’ai aucune idée de ses qualités, défauts, compétences, sports, loisirs, chasse et pêche.
Mais autant je n’aime pas les profiteurs de fonds publics, autant j’ai en horreur les mises à mort professionnelles sans procès, en l’absence du principal intéressé et alors qu’aucune urgence ne le justifie, sinon l’opportunisme politique.



Le chef du SPVM obtient 400 000$  -  Éric Clément
Une bonification de retraite sera accordée à Yvan Delorme pour l’inciter à garder son poste
Pour convaincre Yvan Delorme de demeurer chef du Service de police de la Ville de Montréal, l’ad ministration du ma ire Gérald Tremblay a décidé de lui verser au moins 400 000$ en prestations supplémentaires de retraite, a appris La Presse.
Yvan Delorme, directeur du Service de police de Montréal, sera reconduit dans ses fonctions pour une durée de trois ans.
Le contrat de travail d’Yvan Delorme expirait le 13 avril 2010, mais l’administration T remblay a deva ncé cette échéance pour prolonger ce contrat de trois ans. Demain, le conseil d’agglomération devrait adopter la recommandation du comité exécutif, qui vise à proposer au ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, de reconduire M. Delorme dans ses fonctions avec une prime de rétention de 400 000$.
L’administration Tremblay explique qu’il s’agit d’une «mesure exceptionnelle». Il est rare, dit-on, que l’on fasse appel au Programme de prestations supplémentaires des cadres de direction de la Ville pour accorder un tel bonus à un cadre.
« Pour M. Delorme, on va reconnaître, pour une année de travail, deux années de prestation dans le régime de retraite pour les prochaines années», explique Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles au Service du capital humain de la Ville.
Selon lui, la Ville a décidé d’agir ainsi afin de s’assurer de conserver les services de M. Delorme, devenu chef de la police de Montréal à l’âge de 43 ans en avril 2005, à l’époque où Frank Zampino était encore président du comité exécutif.
«Quand on est rendu à des échelons tels que celui où se trouve M. Delorme, on est très sollicité dans le marché, dit M. Hinse. Alors cette pratique-là, sans être très étendue, se voit assez régulièrement, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. On offre, audelà du régime de base, des prestations supplémentaires de retraite pour faire en sorte de rendre plus attrayante la fonction qu’il occupe. »
M. Delorme touche actuellement un salaire de 194 000 $. En avril 2010, il aura 26 ans et sept mois de service à la Ville. Selon la nouvelle disposition, on lui donnera au jour 1 de l’application du nouveau contrat une prestation de retraite supplémentaire, comme s’il avait déjà fait un an et cinq mois de travail supplémentaire. « En avril 2011, au lieu de 28 ans de service à la Ville, on comptera 30 ans de service, et ainsi de suite », explique M. Hinse.
La Ville calcule que cette promesse représente 400 000$ si M. Delorme prend sa retraite en 2013 et vit jusqu’en 2033. Cela pourrait représenter évidemment une somme supérieure s’il vit plus longtemps.
Hier, l’opposition officielle a voté contre la proposition de prolonger le contrat de M.Delorme parce que l’administration Tremblay a refusé de scinder la proposition en deux, en séparant la prolongation du contrat et les modalités liées aux 400 000$.
«Dans le contexte financier actuel, compte tenu des compressions dans les services policiers – on parle de 13,8 millions – et des coupes qu’on doit faire à la Ville, soit 155 millions, dont 20 millions dans les arrondissements, et comme l’entente avec les cols bleus n’est pas signée, je pense que c’est indécent et que cela ne devrait pas avoir lieu, a dit Benoit Labonté à La Presse. L’argument de l’administration était très faible. On dit que c’est parce qu’il a été nommé jeune qu’on doit agir ainsi. À ce compte-là, tous les jeunes nommés à la Ville pourraient un jour réclamer la même chose. Et encore une fois, je veux être bien clair, ce n’est pas un jugement sur la qualité et le mérite du directeur de police. »
En entretien avec La Presse, le maire Tremblay a dit hier soir que les 400 000$ ne sont pas un bonus mais le résultat d’une promesse qu’avait faite Robert Abdallah, l’ex-directeur général de la Ville, à M. Delorme quand il a été choisi directeur. «Les directeurs généraux de la Ville avaient les mêmes conditions, dit le maire Tremblay. Le directeur du Service incendie également, sauf que, dans le cas d’Yvan Delorme, malgré les promesses qui avaient été faites, ça n’avait jamais été finalisé.»



Le triomphe de la banlieue  -  André Pratte
On l’a vertement dénoncée, on s’est beaucoup amusé aux dépens de ceux qui l’habitent . De Serge Ménard à Nathalie Normandeau en passant par Louise Harel, les ministres des Affaires municipales ont promis de freiner son expansion. Et pourtant, la banlieue continue d’attirer de plus en plus de Québécois.
Selon les plus récentes projections démographiques de l’Institut de la statistique du Québec, les régions qui connaîtront la plus forte croissance de leur population au cours des 20 prochaines années se trouvent en banlieue de l’île de Montréal : Laval (+ 29% de 2006 à 2 0 31), Lanaudière (+ 38%), Laurentides (+ 34%) e t Mon t é r é g i e (+ 22%). En 1991, 32% de la population du Québec habitait Montréal et sa banlieue; en 2031, cette proportion atteindra 39%.
Au sein de la région métropolitaine, l’île de Montréal continuera de subir une fuite vers la banlieue. Et c’est sans compter la croissance de la banlieue de Québec, de Gatineau et des autres villes de la province. Le Québec est déjà et sera de plus en plus une nation de banlieusards.
Pendant ce temps, des régions mythiques stagnent, voire se dépeuplent. Le Saguenay– LacSaint-Jean comptait 292 000 habitants en 1991; il en aura perdu 37 000 en 2031. La CôteNord aura perdu 20 000 habitants, la Gaspésie 14 000, l’AbititiTémiscamingue 14 000 et le Bas-Saint-Laurent, 10 000. Dans certaines de ces régions, l’exode a ralenti au cours des dernières années, mais cela s’explique par l’âge avancé des habitants qui restent. Dans deux décennies, 38% de la population de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine aura plus de 65 ans, comparativement à 21% dans l’île de Montréal. Il est sans doute bien vu qu’un gouvernement parle d’« occupation du territoire » (les libéraux ont même désigné un ministre responsable de ce dossier); quoi qu’ils disent, politiciens et fonctionnaires n’arriveront pas à contrer une tendance aussi lourde.
Quant à la « banlieusardisation » du Québec, elle ne se manifeste pas seulement par la croissance fulgurante de la population en périphérie des grandes villes. Le nombre d’emplois y augmente aussi, notamment les emplois manufacturiers (voir l’étude de Mario Polèse publiée par l’ISQ). L’offre de services commerciaux et culturels est désormais impressionnante, ce que symbolise à merveille le complexe Dix30 à Brossard.
Cet te évolut ion amène son lot de défis. Par exemple : comment l’État québécois arrivera-t-il à payer à la fois pour garder ouverts écoles et hôpitaux dans des régions en déclin et pour en construire de nouveaux dans les régions en croissance?
De tels dilemmes ne changent rien aux faits: n’en déplaise à ses nombreux détracteurs, la banlieue a triomphé. Ce triomphe s’explique simplement : la banlieue correspond aux besoins, aux goûts et aux moyens financiers d’un très grand nombre de Québécois.
On n’arrivera pas à freiner ce mouvement; de toute façon, il est trop tard. Les instances publiques devraient plutôt consacrer leurs énergies à prendre des mesures permettant de rendre la vie en banlieue plus conforme aux exigences du développement durable, notamment en s’assurant que le territoire agricole soit vigoureusement protégé.





LES PARADOXES DE LA PROGRESSION URBAINE - Marie Allard
Ce n’est pas d’hier que les jeunes familles vont s’installer en banlieue. « C’était vrai dans les années 60 et 70, mais on n’était pas obligé d’aller aussi loin », dit Paul Lewis, professeur à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Jadis, on déménageait à Longueuil ; aujourd’hui, on poursuit sa route jusqu’à Candiac ou à Saint-Philippe.
« Tant que le principal revenu des vi l les sera les impôts fonciers, les zones constructibles vont être exploitées, analyse Sylvain Paquette, chercheur à la même faculté. Sur ce plan-là, les dés sont un peu pipés. »
Collectivement, « c’est un peu problématique, observe M. Lewis. Ça nous force à construire de nouvelles infrastructures, et les enfants sont de moins en moins capables d’aller à l’école à pied. Ce qui n’empêche pas qu’il va falloir mettre beaucoup d’argent dans les écoles des quartiers centraux, qui vieillissent. »
Même pour les familles, « ce n’est pas nécessairement bon sur le plan financier, dit le professeur. Elles sont obligées d’acheter une deuxième voiture et de passer un temps fou dans les déplacements. » Sans compter l’impact particulièrement négatif sur l’environnement. « Plus on s’installe en banlieue, plus on est dépendant de l’automobile, souligne-t-il. Si le prix de l’essence double ou triple, les banlieues excentrées vont devenir moins intéressantes. »
Standards trop élevés ?
En cont repa r t ie, « d’un point de vue individuel, on ne trouve pas de logement acceptable en ville, reconnaît M. Lewis. Le problème, c’est que nos standards de qualité ont changé. On veut au moins une chambre par enfant. On est dans une société où on imagine qu’il est impossible d’élever des enfants au troisième étage, alors que c’est comme ça que nos parents ont fait. »
Le phénomène n’est pas près de se résorber. « On est dans un système qui ne semble pas vouloir mettre des contraintes à l’étalement urbain ou des incitatifs pour rester en ville, indique le professeur. On laisse faire les municipalités comme elles veulent, les gens comme ils veulent, et le gouvernement ramasse les factures pour les nouveaux services, la construction d’échangeurs, d’écoles, d’hôpitaux. Si on faisait payer les gens pour le coût de l’installation des services – vous voulez une école, vous allez la payer –, peut-être que ça ralentirait. »


LES VIEUXQUARTIERS SE VIDENT
Seules trois commissions scolaires – sur 70 dans tout le Québec – seront en croissance l’an prochain. Il s’agit des commissions Marguerite-Bourgeoys (ouest de l’île de Montréal), des Trois-Lacs ( Vaudreuil-Dorion) et Sir-Wilfrid-Laurier (secteur anglophone de Laval). Ces chiffres cachent une autre réalité : les écoles peuvent être pleines à craquer dans les nouveaux lotissements résidentiels d’une région et se vider dans les vieux quartiers. Même s’il n’y a pas nécessairement de hausse de clientèle dans l’ensemble d’une commission scolaire, le besoin d’ouvrir de nouvelles écoles (et de fermer les anciennes) peut être criant. Dans l’ensemble du Québec, la tendance est à la baisse, avec une perte de plus de 18 000 élèves dans le secteur public l’an prochain.


LES ÉCOLES DÉBORDENT EN GRANDE BANLIEUE - Marie Allard
Ça peut sembler paradoxal : alors qu’on ferme des écoles à Longueuil, on en réclame de nouvelles à Mirabel, à Vaudreuil-Dorion et à Candiac. Faute de place dans des écoles pleines à craquer, des centaines d’enfants ne peuvent être scolarisés dans leur qua
Demain matin, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, inaugurera la nouvelle école secondaire de Mirabel, construite afin d’accueillir une population scolaire en expansion. Alors que des écoles ferment dans les vieux quartiers, celles de la deuxième couronne débordent.
« Il y a encore des secteurs en croissance, même si, globalement, la clientèle scolaire est en décroissance », dit Denis Pouliot, porte-parole de la Fédération des commissions scolaires.
Officiellement, à peine trois des 70 commissions scolaires de la province compteront plus d’élèves l’an prochain: Marguerite-Bourgeoys (ouest de l’île de Montréal), des Trois-Lacs (région de Vaudreuil) et Sir-Wilfrid-Laurier (secteur anglophone de Laval). Mais cela cache une réalité plus complexe. « Il y a des quartiers qui se construisent, où les jeunes familles s’installent, ce qui oblige les commissions scolaires à demander la construction d’écoles au ministère de l’Éducation, même si d’autres secteurs de leur territoire sont en décroissance », note M. Pouliot.
« Ça nous prendrait des écoles sur roulettes, mais on n’en a pas », blague Jocelyn Blondin, président de la commission scolaire des Portages-de-l’Outaouais. Pendant que l’est de son territoire se vide d’enfants, l’ouest explose. « Dans le secteur d’Aylmer, nous construisons une nouvelle école primaire de 550 élèves, pour une ouverture en septembre 2010, dit M. Blondin. On prévoit déjà en demander une autre dans trois ou quatre ans. »
Gestion des deniers publics
Il reste à savoir si Québec acceptera de financer un énième établissement. « Les projets doivent être analysés cas par cas, indique Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de Mme Courchesne. Il faut regarder différents facteurs, dont notamment la proximité des autres écoles ainsi que les projections démographiques. » Dix requêtes sont actuellement « en analyse », selon une liste fournie par le Ministère.
« Souvent, le Ministère oblige les commissions scolaires à remplir les écoles qu’elles ont déjà avant d’en construire de nouvelles, indique M. Pouliot. Les parents sont mécontents parce que c’est plus loin de chez eux. C’est évidemment une question de gestion des deniers publics, mais il faut que ça reste raisonnable. Si on multiplie les coûts de transport scolaire, ce n’est pas mieux. »
Écoles demandées à VaudreuilDorion et à L’Île-Perrot
Maintenant qu’elle a sa nouvelle école secondaire à Mirabel, la commission scolaire de la Rivière-du-Nord réclame deux écoles primaires supplémentaires. L’une pour desservir Mirabel et Saint-Colomban, l’autre pour Saint-Hippolyte, Prévost, SainteSophie et Saint-Jérôme, où affluent les jeunes familles.
Déjà, cette année, 100 élèves de Rivière-du-Nord ont dû changer d’école, faute de place dans leur quartier. Et le Ministère « prévoit pour notre secteur une augmentation de la clientèle au préscolaire et au primaire jusqu’en 2017 », ont fait valoir les commissaires lors de leur conseil du 14 avril.
À la commission scolaire des Trois-Lacs, on prévoit une hausse du nombre d’élèves au moins jusqu’en… 2019. Deux nouvelles écoles primaires (ou deux agrandissements) viennent d’être demandées, à VaudreuilDorion et à L’Île-Perrot. « Il faut ajouter 51 classes au primaire, on ne parle pas de quelquesunes de plus », souligne Colette Frappier, conseillère en gestion aux Trois-Lacs.
À Vaudreuil-Dorion, comme à Mirabel ou à Candiac, « on devientune banlieue deMontréal, note Mme Frappier. Avant, on était une deuxième couronne, mais ça a changé. »


Plus de 80 enfants de maternelle déplacés - Marie Allard
« Ce qui vient me chercher davantage, c’est le manque de vision des autorités. Je me sens trahie de ne pas avoir de services de proximité. »
Plus de 80 enfants ne commenceront pas la maternelle à l’école de leur quartier en septembre, à Candiac en banlieue sud de Montréal. Ils seront plutôt envoyés en bus… dans une petite école de Sainte-Catherine, 9 km plus loin. Le problème? L’école JeanLeman, l’établissement de leur quartier, est pleine à craquer avec 830 élèves cette année, alors que sa capacité est de 750.
Faute de place, la petite Camilia, 4 ans, ne commencera pas la maternelle à l’école Jean-Leman, à Candiac. Elle devra plutôt aller en bus dans une école de Sainte-Catherine, neuf kilomètres plus loin, avec 80 autres enfants. « On n’espère pas la construction d’une nouvelle école, on l’exige », dit Chantal Gratton, sa mère.
« Pour la prochaine rentrée, on a suffisamment de population pour remplir sept classes de maternelle à Jean-Leman », indique Marie-Louise Kernéïs, présidente de la commission scolaire des Grandes-Seigneuries. Or, il n’y a de place que pour deux, voire trois groupes.
Chantal Gratton a appris dans une lettre reçue le 14 mai que Camilia, sa fille de 4 ans, allait devoir changer d’établissement. « Il y a un bris de confiance: ma fille a toujours pensé que JeanLeman serait son école, dit-elle. Mais ce qui vient me chercher davantage, c’est le manque de vision des autorités. Je me sens trahie de ne pas avoir de services de proximité: je n’ai pas de médecin, je n’ai pas eu de place en CPE avant que ma fille ait 4 ans, même si je me suis inscrite sur la liste d’attente à trois mois de grossesse. J’ai l’impression perpétuelle que les services n’ont pas vu venir la hausse du nombre d’enfants. Pourtant, on a toutes accouché dans les hôpitaux de la région! »
Candiac, qui comptait 11 000 habitants en 1995, en a maintenant près de 18 000. « Dans le secteur de Jean-Leman, ça construit beaucoup », explique Danielle Leggett, porte-parole de la ville de Candiac, qui reconnaît que l’école est surpeuplée. « De notre côté, les prévisions avaient été faites, on savait que ça s’en venait, dit-elle. Mais les gens de la commission scolaire sont plus sur les freins, ils ont moins envie de construire alors qu’ailleurs on ferme des écoles. »
Nouvelle école réclamée d’urgence
Au contraire, il y a quatre ans que la commission scolaire réclame une nouvelle école, selon Mme Kernéïs. Le ministère de l’Éducation a préféré financer – avec l’appui de la communauté – un agrandissement. Sept classes supplémentaires ont été inaugurées à Jean-Leman en 2006. « Dès l’année suivante, on a été obligés de changer des enfants d’école », note la présidente.
Aujourd’hui, la croissance est telle à Candiac et à SaintPhilippe que la construction d’un nouvel établissement est réclamée d’urgence. « Nous avons effectivement reçu une demande en ce sens, confirme Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre de l’Éducation. Le Ministère en fait l’analyse. »
En attendant, « on a essayé de simplifier au maximum la vie des parents, d’avoir le moins d’impact possible tout en conservant le meilleur service aux enfants », assure Mme Kernéïs. Les familles continueront de reconduire tous leurs enfants au service de garde de l’école Jean-Leman – que fréquentent 89% des élèves de maternelle. Ce n’est qu’au moment de la classe que les petits prendront un bus pour Sainte-Catherine, où ils trouveront des installations prévues pour eux ( petites toilettes, petits lavabos, etc.). Les pauvres devront donc se familiariser avec deux écoles, dénoncent des parents qui font circuler une lettre ouverte contre cette décision.
« Quand on a sélectionné ce quartier, c’était pour la jeunesse des voisins – ça grouille d’enfants, ici – et pour la proximité des écoles, souligne Chantal Gratton. On n’espère pas la construction d’une nouvelle école, on l’exige. »





Le « club » des entrepreneurs sous la loupe  -  André Noël
Une douzaine d’entreprises de travaux publics se partageraient les contrats
La nouvelle escouade anticorruption, annoncée officiellement hier, va tenter d’éclaircir un mystère qui hante bien des Québécois depuis des années : pourquoi les entrepreneurs réussissent-ils à obtenir beaucoup plus d’argent pour asphalter une route ou une rue au Québec que dans le reste du Canada?
La construction d’une chaussée d’autoroute urbaine à deux voies coûte 790 000 $ le kilomètre au Québec, soit 50 % de plus que la moyenne canadienne (d’environ 527 000 $ le kilomètre).
De source sûre, La Presse a appris que l’escouade va s’intéresser particulièrement à l’un des plus importants entrepreneurs en travaux publics, actif surtout à Montréal, à Laval et dans les Basses-Laurentides. Et encore plus précisément à deux ouvrages routiers que son entreprise réalise et a réalisés. L’un d’eux a été financé par le ministère des Transports et la Ville de Montréal. Ses coûts ont explosé, passant du simple au double.
Des données issues d’une vaste étude de T ransports Canada ont montré il y a deux ans que la construction d’une chaussée d’autoroute urbaine à deux voies coûte 790 000 $ le kilomètre au Québec, soit 50 % de plus que la moyenne canadienne (d’environ 527 000 $ le kilomètre). L’éca rt avec l’Ontario est moins important, mais quand même significatif, avec une différence de 20 %.
La Sûreté du Québec a en main une déclaration sous serment qu’un fonctionnaire du ministère des Transports a signée après avoir rencontré un entrepreneur qui faisait partie d’un « club » formé par une douzaine d’entreprises de travaux publics.
L’entrepreneur avait confié à ce fonctionnaire que les membres du club se partageaient les contrats. En apparence, les contrats étaient donnés aux plus bas soumissionnaires à la suite d’appels d’offres. En vérité, les entreprises se concertaient pour déterminer, à tour de rôle, qui remettrait la soumission la plus basse… laquelle était toujours plus élevée que les coûts réels.
D ’a u t r e s s o u r c e s p a r - lent du « Fab-fourteen », ou « Fabulous-14 », un groupe d’entreprises qui chercheraient à se partager de grands contrats. L e Bu reau de la concurrence du Canada a fait des enquêtes à ce sujet dans des municipalités du Québec, mais sans aboutir.
Surveillance
La SQ pourrait avoir plus de moyens de surveillance, notamment grâce à l’écoute électronique et à son réseau d’informateurs, dont certains frayent avec les milieux criminels. Des entrepreneurs ont déjà été filmés ou photographiés avec des membres de la mafia. Des enquêteurs se dema ndent si la ma fia n’exige pas une commission sur leurs profits. Un entrepreneur qui a d’importants c ont r a t s ave c la V i l le de Montréal a été battu au début de l’été. Un dirigeant d’une autre entreprise de travaux publics a été tabassé à son tour, la semaine dernière.
Le succès ou l’échec de la nouvelle escouade aura un grand impact, non seulement à Montréal, mais à la grandeur du Québec. Cette année, le MTQ va accorder environ 1800 contrats, dont le total variera de 2 à 2,5 milliards de dollars. Une surfacturation de 20 % signifierait que les Québécois payent des centaines de milde partis politiques, ou carrément à des élus ou à des fonctionnaires, parfois par l’entremise de firmes d’ingénieurs, afin que tous ferment les yeux sur un système répandu de surfacturation.
« Les policiers de la SQ (attachés à la nouvelle escouade) auront pour mandat spécifique d’enquêter sur des questions Une surfacturation de 20 % signifierait que les Québécois payent des centaines de millions de dollars de trop, chaque année, pour leurs infrastructures, lions de dollars de trop, chaque année, pour leurs infrastructures, qu’il s’agisse des routes, des conduites d’eau et d’égouts, des tunnels de métro ou des bâtiments publics.
La nouvelle escouade cherchera à savoir si les entreprises appartenant au « Fab-14 » versent illégalement de l’argent comptant aux caisses occultes de corruption et de malversation, a indiqué le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupu is , au cou rs d’u ne conférence de presse, hier. Ils s’adjoindront un certain nombre de personnes qui sont des gens des renseignements criminels, qui sont aussi des gens de certains ministères, notamment du ministère des Transports. Les raisons sont évidentes : il y a beaucoup de contrats qui sont actuellement octroyés en matière d’infrastructures. On veut surveiller ça de très près. »
Des experts du ministère des A f fa i res mu n ic ipa les et du ministère du Revenu appuieront aussi l’escouade, laquelle sera composée de 17 policiers et de trois procureurs, a ajouté le ministre. L’escouade fera partie de la division des crimes économiques de la SQ.
« Nous ne pouvons pas accepter comme société que des gens s’enrichissent illégalement, que ce soit par la corruption, la malversation ou les fraudes fiscales, a dit M. Dupuis. Le message que nous tenons aujourd’hui à la population du Québec est celui-ci : nous sommes là pour protéger l’intégrité de la société. Notre message aux bandits est celuici : on est sur votre dos. Nous intensifions ces luttes-là. »






Une pègre divisée et sans leader  -  André Cédilot
Attentats au cocktail Molotov, intimidation dans les bars, dans les rues et dans les parcs: à Montréal, les gangs de rue surtout, mais aussi de petits revendeurs i ndépendants tentent de se tailler une place dans le trafic de drogue en attendant que se réorganisent les Hells Angels et la mafia montréalaise, ébranlés par les nombreuses razzias de la police depuis trois ans.
Selon les spécialistes, cette vague d’incidents illustre le « fractionnement » de la pègre montréalaise et les luttes de territoire que se livrent les trafiquants des échelons inférieurs en l’absence d’un véritable leader depuis l’arrestation de Vito Rizzuto, en 2004.
« La mafia et des motards sont ébranlés, c’est sûr, et il n’y a personne d’assez fort qui a l’envie, ni peut-être la force, du moins pour l’instant, de réagir à tous ces petits trafiquants qui cherchent à se faire une place coûte que coûte », avance Pierre de Champlain, auteur de livres sur le crime organisé et ancien analyste du service de renseignement de la GRC, à Ottawa.
Poussant plus l oin la réflexion, M. de Champlain estime que le temps où des organisations comme la mafia et les motards dominaient à Montréal achève peut-être. « Comme toute chose, le milieu interlope au sens traditionnel, avec une hiérarchie, l’aura d’un chef comme Vito Rizzuto, par exemple, est peut-être appelé à changer. De plus en plus, on a aujourd’hui des criminels qui s’allient selon les besoins, au gré des circonstances », dit-il.
Selon lui, on ne peut plus vraiment parler de gangs de rue comme dans les années 80. Certes, il y a encore des petites bandes qui se créent au coup par coup et se défont aussi rapidement. « Mais il y en a d’autres qui existent depuis des années et qui prennent de plus en plus de place», assure M. de Champlain. Avec le résultat que leurs chefs sont aujourd’hui des criminels d’expérience et qu’ils sont en mesure de négocier, sinon de rivaliser avec la mafia et les motards.
Des enquêtes récentes ont notamment démontré que d’anciens membres de gangs de rue comme Dany Cadet Sprince, à la tête des Syndicates, ou le clan des frères Zéphir s’occupaient de la distribution de la drogue dans le centre-ville pour le compte des Hells Angels. « Les gangs de rue prennent de plus en plus de place. Il y a constamment de nouveaux venus et le territoire est de plus en plus fragmenté. À moins d’un coup de force, la mafia et les motards peuvent de moins en moins les ignorer et devront apprendre à faire avec eux », soutient M. de Champlain.
Af fa ibl i s pa r les raids policiers qui ont culminé avec l’opération antimafia de novembre 2006 et la toute récente opération SharQc, qui a touché les cinq chapitres des Hells Angels, les deux gangs, aussi dominants soient-ils, ne sont pas nécessairement en mesure de passer à l’action pour le moment. « La mafia et les motards sont fragilisés, tous les principaux leaders sont en prison, en probation ou recherchés », souligne l’ancien spécialiste de la GRC.
C’est ce qui explique, à n’en pas douter, que les mafiosi montréalais aient acheté la paix quand le gang des frères Célestin a pris d’assaut des bars et des cafés qu’ils détenaient dans l’est de la ville, plus particulièrement dans le quartier Rivière-des-Prairies, l’an passé. Après plusieurs fusillades, le calme est soudainement revenu. C’est peut-être ce qui se passe depuis quelque temps dans le quartier Saint-Michel, mais cette fois à coups de cocktails Molotov et de bombes incendiaires.

Six Hells à la retraite libérés sous caution  -  André Cédilot
Inculpés en marge d’une série de meurtres survenus durant la guerre contre les Rock Machine et leurs alliés, six membres à la retraite des Hells Angels ont pu recouvrer la liberté, hier, en échange de cautionnements allant de 5000$ à 125 000$.
À la sortie de la salle d’audience, les avocats des motards se félicitaient de la décision du juge James Brunton, de la Cour supérieure. Les procureurs du gouvernement ont quant à eux rapidement annoncé leur intention de faire appel. Il y a quelques semaines, un juge de la Cour du Québec a rejeté la demande de mise en liberté provisoire de 13 autres accusés.
Arrêtés dans le cadre de l’opération SharQc, les six exmotards – John Coates, 43 ans, Bruno Dumas, 50 ans, Claude Berger, 60 ans, Maurice Soucy, 57 ans, Jacques Dumais, 41 ans, et François Goupil, 39 ans – ont assuré au juge qu’ils seraient présents à leur procès. Ils ne pourront quitter le Québec, devront respecter un couvre-feu entre 19h et 7h, se présenter régulièrement à la police et se tenir loin des débits de boissons et du milieu criminel.
À l’instar d’une centaine de leurs anciens comparses, les six motards à la retraite sont accusés d’une kyrielle de meurtres – jusqu’à 22 dans certains cas – qui, selon le ministère public, auraient été commis par les Hells Angels durant la guerre qui les a opposés aux Rock Machine, de juillet 1994 à juin 2002. Ils sont aussi accusés de complot, de trafic de drogue et de gangstérisme.
Le juge Brunton, conscient de l’impact qu’aura son jugement sur le public, a obtenu des avocats de la défense la levée de l’ordonnance de non-publication qui pesait sur l’enquête sur cautionnement. Estimant que la publication du détail de la preuve pourrait nuire à la tenue d’un éventuel procès, le ministère public s’est vainement opposé à cette demande du juge, pour le moins inusitée. « Il importe que le public comprenne bien les motifs de la décision », a-t-il invoqué, tout en précisant qu’il ne pourrait y avoir de procès avant au moins un an.
En gros, si le juge Brunton a accordé des cautionnements aux six ex-motards, c’est que le dossier d’accusation est complexe et que la majeure partie de la preuve – du moins celle présentée devant lui – est basée sur les déclarations du délateur Sylvain Boulanger. Selon le juge, il n’y a pas non plus de preuve formelle, si ce n’est dans le cas de BrunoDumas, selon laquelle les prévenus ont trempé dans des activités illicites depuis qu’ils ont quitté les Hells Angels.
« La poursuite semble avoir des preuves solides, mais elles n’ont pas encore été validées par un tribunal », estime le juge Brunton. C’est en remontant 20 ans en arrière que les policiers en sont arrivés à reconstituer les liens existant entre les différents « chapitres » des Hells Angels et à cerner leurs activités illicites. Au procès, il restera, selon le juge, à déterminer le rôle et la « responsabilité individuelle » de chacun des 156 accusés.
Principal témoin à charge, Boulanger recevra 2,9 millions pour ses services. Il demandait 10 millions à l’origine. Dans le jugement rendu hier, le juge souligne que Boulanger avait quatre bonnes raisons de balancer ses « frères » motards : il cherchait vengeance, mais il ne voulait pas aller en prison et il voulait « sécuriser » sa famille. L’importante récompense a aussi compté.



Accalmie chez les gangs de rue  -  Caroline Touzin
Ils commettent moins de crimes que l’an dernier, soutient le SPVM
Alors que la criminalité est en hausse de 12% depuis le début de l’année à Montréal, les crimes liés aux gangs de rue sont en baisse. Cette « accalmie » ne diminue par les ardeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour qui la lutte contre les gangs de rue est toujours la priorité.
Malgré des compressions de 13,8 millions, le SPVM assure qu’il ne relâche pas sa lutte contre les gangs de rue.
Cette baisse est attribuable aux efforts du SPVM pour contrer le phénomène, et non à une diminution du nombre de membres de gangs, selon le directeur adjoint et responsable du dossier des gangs de rue au SPVM, Jacques Robinette. « Actuellement, il y a une certaine accalmie », a-t-il souligné hier en conférence de presse, au moment de son bilan semestriel sur les gangs de rue.
Bon an, mal an, Montréal compte de 300 à 500 membres de gangs de rue majeurs, selon le SPVM. Des membres de gangs de rue majeurs ont d’ailleurs pris part à la mini-émeute qui est survenue dans un parc de MontréalNord à la mi-juin, a indiqué le directeur adjoint.
Depuis janvier, 64 projets d’enquête visant les gangs de rue ont été amorcés. Un nombre équivalent à celui de l’an dernier, et ce, malgré les compressions de 13,8 millions imposées par la Ville ce printemps, a fait valoir M. Robinette.
La Fraternité des policiers de Montréal avait alerté la population au printemps, prédisant un été « chaud » en raison du manque de moyens pour enquêter sur le crime organisé. Des allégations que la direction du SPVM nie avec véhémence. « La lutte contre les gangs de rue est notre priorité. Aucune enquête n’a été touchée et ce ne sera pas le cas dans l’avenir non plus », a dit M. Robinette.
Les crimes commis par les gangs, dont les meurtres, ont même baissé, selon le SPVM.
En 2008, la police a attribué aux gangs de rue le quart des homicides et près de la moitié des voies de fait (48%) commis à Montréal. Tous crimes contre la personne confondus, il s’agit de 1 infraction sur 25. Depuis le début de 2009, 3 meurtres sur les 14 commis dans la métropole sont liés aux gangs de rue. C’est deux de moins qu’à la même période l’an dernier. Toutefois, il y a eu plus de tentatives de meurtre liées aux gangs qu’en 2008 (20 contre 17).
Le SPVM a aussi saisi 52 armes à feu dans ses opérations antigangs. La moitié de ces armes ont été saisies durant l’opération Axe, la plus importante enquête sur les gangs de rue menée par le corps policier à ce jour (55 arrestations, dont 25 personnes accusées de gangstérisme en février).
Au cours des dernières semaines, des crimes commis par des gangs de rue dans l’Ouest-de-l’Île, notamment à Pierrefonds, ont suscité des craintes chez les citoyens du secteur. Ce n’est toutefois pas devenu le nouveau « point chaud » de la ville, nuance M. Robinette. Les crimes de gangs sont répartis aux quatre coins de Montréal, selon une compilation faite par le SPVM des meurtres et tentatives de meurtre liés aux gangs survenus depuis janvier 2007 (Nord: 6 meurtres/32 tentatives; Sud: 6/36; Ouest: 8/23; Est: 7/26).
Le SPVM a tenu à rappeler que la lutte contre les gangs de rue est une « responsabilité collective », et non pas seulement l’affaire de la police. On a observé une diminution de la quantité d’information transmise par les citoyens au moyen de la ligne de dénonciation anonyme Info-Crime.




Quand la SQ s’intéresse à la corruption -  YVES BOISVERT
Oh, monsieur le maire, monsieur le maire ! Nos chicanes municipales sont maintenant étalées dans LE magazine de référence, The Economist. Ça fait un peu désordre. Le jour même, La Presse publiait une entrevue absolument étonnante avec le grand patron de la Sûreté du Québec, Richard Deschesnes.
Étonnante d’abord parce qu’il confirme officiellement la tenue de cinq enquêtes criminelles sur des allégations de corruption autour de travaux municipaux à Montréal.
Étonnante ensuite parce qu’il fait part publiquement de son opinion sur l’ampleur du problème de la corruption dans le monde municipal. En 28 ans de carrière comme policier, il n’a jamais rien vu de tel – cinq enquêtes autour de la métropole.
Remarquez bien, pas besoin de remonter aux années 1940. En 1978, Gérard Niding, qui était président du comité exécutif de la Ville de Montréal, a dû démissionner quand on a appris qu’il s’était fait construire un chalet de 150 000$ à Bromont aux frais de l ’ent repreneur Régis Trudeau, qui avait obtenu un contrat pour les Jeux olympiques de 1976. Niding s’est avoué coupable d’abus de confiance et de corruption et Trudeau a aussi été reconnu coupable d’abus de confiance.
C’est en quelque sorte la lutte contre la corruption municipale qui a mené Jean Drapeau au pouvoir, en 1954. Dans les années 1960 et 1970, les scandales de corruption ont éclaté dans le monde municipal québécois les uns après les autres.
Tout ça pour dire que si, de mémoire, M. Deschesnes n’a jamais rien vu de tel, ça ne veut pas dire que c’est nécessairement pire que jamais.
Pour ceux qui seraient tentés de désespérer de l’époque et de sa moralité, je citerai le ministre de la Justice du Québec Jérôme Choquette qui parlait ainsi en 1970: « La corruption existe à tous les niveaux de la société, au point que la fibre morale de cette province est en train de s’effriter. »
Je n’essaie pas de banaliser le phénomène. Disons simplement que c’est un combat incessant.
Ce qui est intéressant, c’est précisément qu’i l y ait des enquêtes. C’est signe que des gens se plaignent, des informations circulent. La difficulté des enquêtes de corruption est qu’il n’y a pas de victime apparente, du moins qui soit prête à parler. Ceux qui savent sont complices.
Je pense à une ville du Québec qui a une réputation légendaire de corruption systématique et très bien organisée : il n’y a apparemment aucune enquête là-bas. L’absence d’enquête n’est pas pour autant une preuve de probité.
L’aut r e élément qui me f rappe dans l ’ entrevue du chef Deschesnes, c’est qu’il en appelle à la formation d’une escouade spécialisée dans le domaine. On sait que les policiers sont toujours friands de nouvelles escouades, de nouveaux effectifs et de nouveaux budgets. Mais que le chef de la SQ vienne dire publiquement que le phénomène est suffisamment grave pour justifier un tel groupe, voilà qui est très significatif.
Certains ont peut-être honte de voir Montréal ainsi écorché. Soyons sérieux. Toutes les grandes villes nord-américaines ont fait face à ce genre de problème, y compris jusque dans les corps de police à l’occasion.
Maintenant qu’on en parle et qu’on sent une volonté… policière de s’y intéresser, les politiciens montréalais et les autres seraient malvenus de ne pas être pour la vertu.
Entre deux sorties contre La Presse et ses vilains journalistes, le maire Tremblay pourrait peut-être appuyer l’initiative, même.




Une intervention de moins d’une minute  -  Caroline Touzin
Treize secondes. C’est le temps qui s’est écoulé entre la demande de renfort de l’agent Jean-Loup Lapointe, alors qu’il a fait une clé de bras à Dany Villanueva sur le capot de son auto de police, et le moment où sa coéquipière, Stéphanie Pilotte, a demandé des ambulances pour les trois jeunes blessés par balle.
Les parents de Fredy Villanueva, Lilian Maribel Madrid Antunes et Gilberto Villanueva, au palais de justice hier.
Au total, toute l’intervention policière a duré moins d’une minute: dumoment où les deux agents sont sortis de l’auto, dans l’intention de distribuer des constats d’infraction au groupe de jeunes qui jouaient aux dés dans un stationnement, jusqu’à ce que l’agente Pilotte appelle les secours après le quatrième coup de feu tiré par son coéquipier.
Le temps de l’intervention a été établi, hier, à l’enquête du coroner André Perreault, où la policière Stéphanie Pilotte a poursuivi son récit de la fusillade du 9 août 2008 qui a coûté la vie à Fredy Villanueva, 18 ans.
« Ça laisse présumer qu’on a été rapidement vers une méthode plus forte. Et peutêtre dans une situation d’escalade plutôt que d’essayer de calmer le jeu », a déploré le porte-parole de Mouvement Solidarité Montréal-Nord, François Bérard, en marge des audiences.
Pour sa part, l’avocat de la Fraternité des policiers de Montréal, Michael Stober, a lancé cet avertissement à ceux qui seraient tentés de juger rapidement: «C’est toujours facile, après, de décortiquer. Il faut être là dans le feu de l’action.»
La policière a été longuement contre-interrogée, hier, sur les étapes à suivre dans l’utilisation de la force que l’on enseigne à l’École de police. En théorie, le policier devrait utiliser des outils intermédiaires, comme un bâton télescopique ou du gaz poivre, avant de se servir de son arme à feu, « la dernière étape lorsque la vie du policier est en danger », a-t-elle expliqué. Mais le 9 août 2008, « on était un nombre inférieur au nombre d’attaquants », a-telle ajouté.
Après avoir appelé du renfort, l’agent Lapointe a fait un crocen-jambe à Dany Villanueva, puisque ce dernier résistait à son arrestation. Le policier l’a pris au cou en essayant de le maîtriser au sol pendant qu’il se débattait toujours, et a finalement tiré quatre coups de feu. Stéphanie Pilotte a vu brièvement Fredy Villanueva s’approcher du policier avec une main en demi-lune, « comme pour étrangler », avant de recevoir deux coups de feu. Elle n’a pas vu Fredy Villanueva ni les autres jeunes, à l’exception de son frère Dany, toucher au policier.
Pour atteindre Jeffrey Sagor Metellus au dos d’une quatrième balle, le policier a fait un balayage de « 90 à 180 degrés » avec son arme, toujours selon la policière. Une version différente de celle de l’agent Lapointe, inscrite dans son rapport remis un mois après l’incident du 9 août 2008. « Je fais feu tout en avançant l’arme devant moi et en la dirigeant vers le centre des masses qui sont sur moi », a-t-il écrit.
En contre-interrogatoire, l’avocat du policier, Me Pierre Dupras, a d’ailleurs tenté de faire dire à la policière qu’elle n’avait pas de « rapporteur d’angle » au moment de la fusillade, et que c’était sans doute moins de 90 degrés. La jeune femme a toutefois maintenu sa version.
La jeune policière a aussi réitéré que son physique (5 pieds 1 pouce et 135 livres) n’avait rien à voir avec le déroulement dramatique de l’événement. Elle a ajouté que l’utilisation d’« outils intermédiaires » comme du gaz poivre aurait présenté un risque pour son partenaire et elle, car ils étaient trop près de l’individu qu’ils tentaient de maîtriser (Dany Villanueva).
De plus, la présence d’un système de positionnement par satellite dans les voitures de police n’aurait pas permis aux renforts d’arriver plus rapidement, selon elle.
C’est que son partenaire et elle n’ont pas indiqué leur « localisation » à la centrale de police avant de mener leur intervention. S’en est suivi un long échange paniqué sur les ondes de police durant lequel la répartitrice a tenté à sept reprises de trouver leur emplacement.
Cela s’explique par le fait que les deux policiers avaient signalé qu’ils allaient répondre à un appel pour une plainte de bruit boulevard Langelier, alors qu’ils étaient plutôt dans le stationnement de l’aréna près du parc Henri-Bourassa.
Le contre-interrogatoire de la policière se poursuit aujourd’hui au palais de justice de Montréal. Ironie du sort, la policière qui a été blessée par balle lors des émeutes du 10 août 2008 à Montréal-Nord, Sabrina Dufour, est une bonne amie de la policière Stéphanie Pilotte. La veille des émeutes, l’agente Dufour a été l’une des premières personnes à aller réconforter son amie, en état de choc après avoir participé à l’intervention policière qui s’est soldée par la mort de Fredy Villanueva. Elle a même conduit Mme Pilotte chez elle après le drame. Le lendemain, l’agente Dufour a reçu une balle à une jambe au cours de l’émeute. Le tireur n’a toujours pas été arrêté. –


ENQUÊTE DU CORONER SUR LA MORT DE FREDY VILLANUEVA  L’agente Pilotte donne sa version  -  Caroline Touzin
C’est entourée de deux gardes du corps et accompagnée de son collègue Jean-Loup Lapointe que l’agente Stéphanie Pilotte a fait son entrée à l’enquête publique du coroner sur la mort de Fredy Villanueva, hier, au palais de justice de Montréal.
La jeune femme à la voix et à l’allure juvéniles a commencé son témoignage très attendu en résumant sa courte expérience comme policière. Après avoir obtenu son diplôme collégial en techniques policières, en 2006, elle a suivi une formation à l’École nationale de police, a été embauchée par le SPVM et a été affectée à la patrouille dans Montréal-Nord en février 2007. Elle comptait 18 mois de service au moment de l’incident.
Sa coéquipière régulière de patrouille n’avait guère plus d’expérience qu’elle, soit trois ans. L’agente Pilotte a expliqué au coroner André Perreault que toutes deux étaient affectées « au secteur chaud », surnommé « le Bronx » par les policiers. « On peut voir de tout à MontréalNord », a-t-elle dit, dont beaucoup de « problématiques » de flânage, de vols et de conflits entre locataires et propriétaires.
Lorsque Me François Daviault, le procureur du coroner, a voulu savoir si elle se sentait en sécurité de patrouiller dans « le Bronx » avec une collègue aussi peu expérimentée qu’elle, l’avocat du SPVM, Me PierreYves Boisvert, s’est opposé à la question. Le coroner Perreault a accueilli l’objection puisque le 9 août 2008, l’agente Pilotte ne patrouillait pas avec sa coéquipière habituelle, mais bien avec M. Lapointe.
Dans la journée du 9 août, tous les policiers du PDQ 39 plus expérimentés que Mme Pilotte avaient refusé de faire des heures supplémentaires. La jeune agente, elle, a accepté. C’était la première fois qu’elle faisait deux quarts de travail d’affilée. Au début de son second quart, elle a été jumelée à l’agent Lapointe qui, lui, avait alors cinq ans d’expérience. Tous deux se « connaissaient » pour s’être croisés au poste, sans plus, a-t-elle expliqué.
Le début de leur quart de travail s’est déroulé normalement, a-t-elle indiqué. Vers 17h, l’agent Lapointe a inscrit le nom de « sujets d’intérêt » dans l’ordinateur de l’auto de police afin de procéder à des « enquêtes de renseignements ». L’un de ces sujets d’intérêt était Jeffrey Sagor Métellus (atteint d’une balle dans le dos durant l’intervention policière plus tard ce soir-là). Puis, vers 18h55, soit 15 minutes avant l’arrivée des agents Pilotte et Lapointe au parc Henri-Bourassa, ils ont croisé Métellus en répondant à un appel rue Lapierre. Métellus était dans une entrée de stationnement et il ne faisait « pas grand-chose », a témoigné l’agente Pilotte hier. Jean-Loup Lapointe l’a reconnu. « Ils ont échangé quelques mots, rien de spécial. Je ne sais pas pourquoi ils se connaissent », a-t-elle ajouté.
Les policiers ont ensuite continué leur chemin vers le stationnement derrière l’aréna Maurice-Duplessis, où les patrouilleurs de Montréal-Nord ont l’habitude d’aller, a relaté Mme Pilotte, puisque cet endroit offre une vue d’ensemble sur le parc Henri-Bourasssa.
En tournant le coin, les deux agents ont vu un groupe de quatre à six jeunes « debout », « penchés vers l’avant » et « en cercle ». Ils étaient encore à plusieurs mètres des jeunes lorsque Jean-Loup Lapointe a dit à sa coéquipière: « Ah! ils jouent aux dés. » L’agente Pilotte, elle, ne voyait pas de dés à ce momentlà. Par la suite, la policière a accepté un appel non prioritaire pour une affaire de bruit en utilisant un bouton de son terminal d’ordinateur.
Bien qu’elle ait accepté l’appel, l’agent Lapointe est sorti du véhicule de police. Mme Pilotte a alors décidé de sortir à son tour et de se diriger vers un des jeunes qui quittait le groupe. Aucun des deux agents ne le connaissait. « Je voulais empêcher l’individu de partir en poursuite à pied », a indiqué la policière, hier. Il s’agissait de Dany Villanueva, le frère de Fredy.
Me François Daviault a interrompu le témoignage de la policière avant d’entrer dans le coeur de l’incident, hier, alors que la journée d’audience se terminait.
À s a s or t i e de la sa l le d’audience, Me Alain Arsenault, l ’ u n des avocats du c l a n Villanueva, s’est dit surpris d’apprendre que les deux agents s’étaient déjà engagés à répondre à un appel pour une plainte de bruit après avoir constaté que les jeunes jouaient aux dés. « Pourquoi n’ont-ils pas continué leur chemin? » se demande l’avocat. Surtout qu’une seule personne en cinq ans a été accusée relativement à des jeux de hasard dans un lieu public à la cour municipale de Montréal, a révélé Me Arsenault aux médias, en citant un document transmis aux parties intéressées par le procureur du coroner dans le cadre de l’enquête publique.
L’agente Pilotte poursuivra son témoignage le 9 décembre, à la reprise des audiences.

Le SPVM et la SQ se font écorcher  -   Caroline Touzin
Le Service de police de la Ville de Montréal aurait bafoué certaines de ses règles internes liées au transfert d’enquête à un autre corps de police à la suite de la mort de Fredy Villanueva.
La mère de Fredy Villanueva, Lilian Maribel Madrid Antunes, hier au palais de justice de Montréal.
Selon ces règles, l ’agent Jean-Loup Lapointe aurait dû être « isolé tout en s’assurant qu’il est accompagné d’un superviseur de quartier » après avoir tiré sur le jeune Villanueva le 9 août 2008. De plus, le policier était tenu de « collaborer à l’enquête ».
Le document i nterne du SPVM i ntit ulé « Mode de fonctionnement. Intervention particulière » détaillant les règles à appliquer en cas de politique ministérielle a été déposé en preuve, hier, à l’enquête publique du coroner André Perreault au palais de justice de Montréal.
La Sûreté du Québec a aussi été écorchée, hier, en cette troisième journée d’audience. Au moment de mener son enquête criminelle sur les agents JeanLoup Lapointe et Stéphanie Pilotte du SPVM, le sergentdétective Bruno Duchesne de la SQ ignorait tout de ces règles qu’il aurait pu invoquer pour forcer l’agent Lapointe à « collaborer ».
Habilement questionné par le coroner André Perreault, l’enquêteur Duchesne a admis avoir pris connaissance de ces règles plusieurs mois après la fin de son enquête, soit en janvier dernier. Selon les règles du SPVM, le policier impliqué dans une i ntervention durant laquelle une personne perd la vie doit « collaborer » et « demeurer disponible aux fins de l’enquête ». Le policier de la SQ n’a pas cherché à savoir, non plus, l’identité du « superviseur de quartier » qui aurait dû « isoler » l’agent Lapointe ce soir-là.
Plus t ôt c e t t e s e maine, l ’a gent Duchesne a révélé que les agents Lapointe et Pilotte n’avaient pas été isolés, contrairement aux jeunes témoins du drame. Les deux agents sont plutôt allés au poste de quartier ensemble puis ont partagé l a même ambulance, accompagnés d’un représentant syndical. Hier, l’enquêteur est revenu sur sa déclaration en disant qu’on pouvait interpréter « isoler » dans le sens de « sortir des lieux ». À ses yeux, la directive aurait ainsi été respectée. Et que de toute manière, « ça a été fait avant que la SQ entre en fonction », alors il n’aurait rien pu faire.
L es avocats du clan Villanueva ne sont pas du tout de cet avis. En marge de l’enquête, Me Alain Arsenault s’est indigné de cette situation de « deux poids, deux mesures ». « Il devait être isolé de tous. La directive interne de la police de Montréal n’a pas été suivie par le policier responsable à ce moment-là. Il n’y a aucune ambiguïté. On peut faire de la sémantique, mais ça ne résiste pas à l’analyse », a dit l’avocat du jeune Jeffrey Sagor Metellus aux journalistes présents.
D’autres révélations ont fait mal paraître le SPVM, hier. L’enquêteur Duchesne s’est fait refuser l’accès aux « antécédents déontologiques » de l’agent Lapointe à moins de justifier par écrit les raisons de sa requête. Or, la SQ considérait qu’elle n’avait pas à j ustifier quoi que ce soit. Ainsi, le SPVM ne les a jamais transmis. De plus, la SQ a demandé au SPVM de lui transmettre les notes de leur premier briefing le soir où l’enquête a été transférée. C’est dans ce briefing que le SPVM a indiqué à la SQ une thèse de départ erronée selon laquelle les agents avaient été « encerclés, jetés au sol et étranglés ». Le SPVM a répondu à la SQ que de telles notes n’existaient pas.
Des photos des blessures des deux agents ont d’ailleurs été dévoilées, hier. Aucun n’a de blessure au cou. L’agent Lapointe a une égratignure à un coude et sa coéquipière, deux égratignures aux genoux et quelques r ougeurs au x avant-bras.
Des questions jamais posées
L e c or oner P e r r e a u l t a aussi voulu savoir pourquoi l’enquêteur Duchesne n’avait pas interrogé l’agente Pilotte après qu’elle lui eut remis son rapport si elle n’était pas considérée comme suspecte. « Oui, j ’ai eu des questionnements s upplémenta i r e s dans ma tête, mais on n’avait toujours pas le rapport de M. Lapointe », a répondu le policier. L’enquêteur Duchesne estimait que l’agente Pilotte aurait pu dévoiler à son coéquipier « l’orientation de l’enquête » si elle était interrogée.
L a SQ n’a posé qu’u ne seule question de vive voix à l’agent Lapointe durant son enquête, a relevé le coroner Perreault. Deux collègues de M. Duchesne sont allés le rencontrer au bureau de son avocat Me Pierre Dupras le 15 août 2008. « As-tu fourni un rapport à ton supérieur immédiat ? » lui ont-ils demandé. Pourtant, la SQ savait qu’il ne l’avait pas encore remis, a fait valoir le coroner. Cette rencontre a été courte puisque l’agent Lapointe a invoqué son droit au silence.

« Nous, les policiers, on est honnêtes »  -  Caroline Touzin
L’enquêteur de la SQ explique pourquoi rien n’a été fait pour éviter que les deux policiers impliqués n’accordent leurs violons
L’enquête de la Sûreté du Québec ( SQ) sur les deux policiers de Montréal impliqués dans la mort de Fredy Villanueva a démarré sur des bases erronées en raison du « jeu du téléphone », a-t-on appris, hier, à la reprise de l’enquête publique du coroner sur la mort du jeune homme de 18 ans dans un parc de Montréal-Nord.
Bruno Duchesne, qui dirigé l’enquête de la Sûreté du Québec sur les deux policiers de Montréal impliqués dans la mort de Fredy Villanueva, a livré sa version des faits et expliqué le déroulement de son enquête, hier, au palais de justice de Montréal.
Autre révélation qui a fait réagi r le nouveau coroner André Perreault : la SQ n’a pris aucune mesure afin d’éviter que les agents Stéphanie Pilotte et Jean-Loup Lapointe « se contaminent », dans le jargon policier, et accordent leurs versions des faits, alors que toutes les précautions ont été prises dans le cas des jeunes témoins du drame.
Selon les premières informations fournies par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à la SQ, les agents Lapointe et Pilotte avaient été « encerclés, projetés au sol et étranglés » par une vingtaine de jeunes présents au parc Henri-Bourassa le 9 août 2008. Or, l’enquête menée par la SQ en vertu d’une politique ministérielle ne corrobore pas cette version des faits, a témoigné hier son enquêteur principal, Bruno Duchesne, au palais de justice de Montréal.
Aucun des 111 t émoins i nt e r r o gé s pa r la SQ au cours de son enquête n’a dit que les policiers avaient été « encerclés, projetés au sol et étranglés », a reconnu l’enquêteur Duchesne, longuement contre-interrogé par Me Alain Arsenault, l’avocat d’un des deux jeunes blessés par balle, Jeffrey Sagor Metellus.
Me Arsenault a demandé à l’enquêteur Duchesne s’il avait été « induit en erreur » par les policiers du SPVM. « On n’a pas tenté de nous induire en erreur. On nous a donné l’information qu’on possédait à ce moment-là », a répondu l’enquêteur de la SQ, visiblement irrité par la question.
L’enquêteur Duchesne a dit ne pas se rappeler qui lui a fourni ces informations parmi le groupe de policiers du SPVM qui lui a fait un « briefing » à son arrivée au parc Henri-Bourassa, vers 23 h. Il met cela sur le compte du « jeu du téléphone » qui « déforme un peu ». Lors de cette rencontre, il a aussi été informé qu’un des jeunes blessés par balle, Jeffrey Sagor Metellus, était un « membre actif d’un gang de rue ».
Questionné sur les règles e n t o u r a nt u n e p ol i t i q u e ministériel l e, l ’e nquêteu r Duchesne a c a ndidement admis ne jamais les avoir lues. Le policier qui compte 15 ans de métier en était à sa première expérience à titre d’enquêteur principal dans une enquête sur un autre corps de police.
Deux poids, deux mesures ?
Après l eu r i nter vention qui a mal tourné, les agents Pilotte et Lapointe se sont rendus ensemble au poste de quartier 39, où ils ont rencontré un délégué syndical. « Une pratique courante », selon M. Duchesne. Les deux agents sont ensuite montés dans la même ambulance en direction de l’hôpital Notre-Dame, toujours avec leur représentant syndical. Puis lorsqu’ils ont obtenu leur congé peu de temps après, ils sont revenus ensemble au poste de quartier. La SQ n’était pas inquiète que les deux policiers ajustent leurs versions. « Nous, les policiers, on est honnêtes », a répondu l’enquêteur Duchesne.
La SQ n’a jamais interrogé les agents Lapointe et Pilotte alors que les jeunes témoins du drame ont été « isolés » les uns des autres, puis questionnés au poste de police dans les heures suivant le drame. L’agente Pilotte a remis un rapport écrit à son supérieur au SPVM, qui l’a ensuite transmis à la SQ cinq jours après l’événement, comme le prévoit la Loi de police, a précisé l’enquêteur Duchesne. L’agent Lapointe, lui, a remis son rapport un mois plus tard.
Cela a fait sourciller le nouveau coroner à l’enquête, le juge André Perreault. « Tout ce t emps-l à , ç a l es met à l’abri de l’i nterrogatoire ? » a demandé le coroner. « On a suivi les étapes. C’est leur devoir de fournir un rapport », a répliqué M. Duchesne.
Après avoir reçu le rapport de l’agente Pilotte, l’enquêteur n’a pas cru bon l’interroger, car sa version était « concluante » et corroborait celle des témoins civils. De plus, l’enquêteur Duchesne voulait éviter que « l’orientation de l’enquête » ne vienne aux oreilles de l’agent Lapointe. L’avocat de la Ville de Montréal, Pierre-Yves Boisvert, s ’e st d’a i l leu r s opposé au moins à deux reprises en affirmant que l’enquête du coroner n’était pas une « enquête sur l’enquête de la SQ ».
Les policiers sont intervenus auprès de six jeunes, dont Fredy Villanueva, parce que ces derniers contrevenaient à un règlement municipal en jouant aux dés dans un lieu public, a conclu l’enquête de la SQ. Aucun des jeunes n’a menacé les policiers avec une quelconque a r me. L’agent Lapointe a tiré quatre coups de feu, dont trois ont atteint Fredy Villanueva. La Couronne n’a pas porté d’accusation criminelle contre les deux agents.
Une trentaine de personnes ont assisté à la reprise de l’audience – suspendue depuis mai dernier –, dont la famille Villanueva, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, ainsi que des militants de la Coalition contre la répression et les abus policiers.



QUELQUES EXTRAITS DE LA CONSULTATION
Je conduisaisma voiture Lexus. Il (le policier) est sorti de sa voiture, m’a plaqué sur le capot puis m’a passé brutalement les menottes. Il m’a dit que j’étais en état d’arrestation. Dès qu’ils m’ont relâché, je me suis rendu au poste de quartier. J’ai dit au policier responsable que je venais porter plainte pour arrestation abusive et profilage racial. (…) Il a refusé de me donner les formulaires en me renvoyant à internet. (...) Je suis sorti frustré du poste de police, où on a refusé d’enregistrerma plainte.


Trois sergents de la SQ font face à la déontologie
MANIFESTATION AU SOMMET DE MONTEBELLO EN 2007
Trois sergents de la Sûreté du Québec qui avaient infiltré une manifestation lors du sommet des chefs d’État nord-américains à Montebello, en 2007, devront comparaître devant le Comité de déontologie policière.
Trois sergents de la SQ avaient infiltré une manifestation lors du sommet des chefs d’État nord-américains à Montebello, en 2007. Sur la photo, un manifestant finit sa bière près d’un feu en pleine rue après que la police eut lancé des gaz lacrymogènes.
Dans une décision rendue lundi, le Comité de déontologie policière a accueilli la demande de révision à l’égard des trois sergents pour « avoir manqué de respect et de politesse à l’égard d’une personne », pour « avoir tenu des propos injurieux et avoir utilisé un langage obscène », pour « ne pas avoir respecté l’autorité de la loi en incitant les gens à la violence », pour « avoir refusé de s’identifier alors qu’une personne lui en a fait la demande » et pour « avoir abusé de son autorité en utilisant la force ».
Cette cause se rapporte à la manifestation qui avait eu lieu lors du sommet de Montebello, les 21 et 22 août 2007.
Dans ce cas, le plaignant est David Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier.
Une preuve vidéo a été déposée lors de l’étude de la plainte par un commissaire à la déontologie policière. En première instance, le commissaire avait rejeté la plainte de M. Coles, le 19 mai dernier, d’où la demande de révision.
Le syndicat manifestait, comme d’autres personnes, lors du sommet des c hefs d’État.
La preuve démontre que M. Coles et ses compagnons manifestaient, « normalement vêtus, sans masque, identifiés par un drapeau de grande dimension portant leur sigle », rapporte le comité dans sa décision.
Après un certain temps, « la foule de manifestants, à laquelle M. Coles et son groupe ne veulent pas se mêler, s’approche d’eux avec à leur tête trois individus masqués, dont l’un porte ostensiblement une pierre dans la main », rapporte encore le comité.
« Ces personnes sont pointées par des manifestants comme étant des policiers. Tant M. Coles que les autres syndiqués leur demandent de retirer leur masque et à celui en possession d’une pierre de la jeter au sol. Ces gens, qui sont de fait des policiers, refusent de se démasquer. Celui qui tient une pierre ne s’en désarme pas et pousse vigoureusement M. Coles en lui proférant des obscénités. Il s’agit en l’occurrence des trois policiers intimés », écrit encore le comité.
Ces fa it s ont mené à l a plainte de M. Coles pour actes dérogatoires présumés par des policiers.
Dans sa décision en révision, le Comité de déontologie ordonne au commissaire de citer les trois sergents devant le Comité dans les 15 jours suivant la date de cette décision.
Il ordonne aussi au commissaire de poursuivre son enquête concernant la plainte de vol du drapeau du syndicat.
Il confirme cependant la décision du commissaire rejetant les reproches adressés à l’inspecteur de la Sûreté du Québec.


Intervention trop musclée Deux policiers du SPVM suspendus sans solde

« Le geste du policier était excessif. Au moment où le coup a été porté, l’agent Colas avait déjà perdu le contrôle de l’intervention. »
Donner un coup de poing à la tempe d’un voleur de voiture qui tente de s’enfuir ou, pire, lui assener un coup à la tête avec son arme de service, ne constitue pas un usage normal de la force pour un policier.
Voilà ce que vient de statuer le Comité de déontologie policière du Québec, dans une décision concernant une intervention musclée faite par deux policiers du SPVM, le 23 décembre 2003.
Ce jour-là, les policiers Éric Colas et Louis Sant, qui ont écopé de suspensions sans solde respectives de 10 et 20 jours, pourchassent un véhicule volé, à bord duquel se trouve le présumé voleur, Serge Hébert.
Une fois le véhicule intercepté, dans la cour sans issue d’un commerce, les deux policiers sortent de leur voiture, s’approchent du véhicule du fuyard et visent le conducteur avec leur arme de service. L’agent Sant fracasse alors la vitre de la portière avec sa matraque. Puis, alors que le suspect tente d’atteindre le bras d’embrayage pour fuir, l’agent Colas lui donne un coup de poing à la tête.
« Bien que le coup porté par l’agent Colas n’ait pas causé de blessure, le policier visait la tempe qui, de son propre aveu, est un endroit dangereux pouvant causer une blessure grave, lit-on dans la décision du comité de déontologie. Le geste du policier était excessif. Au moment où le coup a été porté, l’agent Colas avait déjà perdu le contrôle de l’intervention et était en état de panique. »
L’intervention des policiers prend ensuite un tournant presque tragique: dans le but d’extraire le suspect de son véhicule, l’agent Sant lui donne un coup à la tête avec son arme de service. « Un coup de feu part à la suite de l’impact et M. Hébert perd connaissance », lit-on dans le rapport. Le suspect, qui n’a pas été atteint par le projectile, s’en tire avec des blessures superficielles.
Aucune jurisprudence n’existe pour une intervention semblable, indiquent les commissaires. « L’agent Sant connaissait le risque et le danger que son geste pouvait avoir, car il a averti son collègue de se déplacer, concluent-ils. Pour le Comité, il s’agit d’un geste irréfléchi, dangereux et excessif fait par le policier, dont la conséquence aurait pu être tragique. Les agents Colas et Sant avaient tous deux plus de 10 ans d’expérience au SPVM lors de l’incident. Le fait qu’ils n’aient ni l’un ni l’autre la moindre inscription en déontologie à leur dossier a été pris en compte par les commissaires.







Une réforme pour qu’il y ait plus de policiers sur le terrain
« Si tu veux vraiment affaiblir le crime organisé, il faut que tu travailles sur les produits de la criminalité, donc des saisies d’actifs. » Avec l’opération SharQc, la police a saisi quelque 2 millions en espèces.
En poste depuis un an, le chef de la Sûreté du Québec, Richard Deschesnes, a entrepris une réforme des structures de son organisation pour « avoir plus de monde sur le terrain et moins dans les bureaux ». En entrevue exclusive à La Presse, le directeur général de la SQ a souhaité « une ligne de commandement plus directe, plus rapide ».
Le policier de 49 ans détient une maîtrise en administration des affaires. Son but est de diminuer le nombre de paliers de gestion pour mettre plus de policiers sur le terrain. Déjà, la semaine dernière, un membre de la direction a rencontré les officiers du corps policier pour leur présenter cette nouvelle structure. Ainsi, les enquêtes seront divisées en cinq créneaux: intégrité de la personne, renseignements criminels, enquêtes régionales, intégrité financière et crime organisé.
Des enquêteurs seront déplacés des grands centres vers certaines régions, a expliqué le chef de police, qui est réputé pour être branché sur les régions. « Les cinq créneaux vont nous permettre d’être plus performants, d’avoir une meilleure coordination, un meilleur échange de renseignements et, lorsque nécessaire, de créer des task forces », a indiqué M. Deschesnes (voir autre texte).
Autre exemple : la quarantaine de policiers chargés de recueillir des renseignements dans la section de la lutte contre le terro-
Un printemps faste
La SQ a connu un printemps 2009 aussi rempli, sinon plus, qu’en 2001, lorsqu’elle a réalisé avec les autres corps policiers de la province sa première rafle d’envergure contre les motards. Dans les trois derniers mois, la SQ et ses partenaires ont réalisé 331 perquisitions et 343 arrestations visant le crime organisé. 5345 policiers. Avec l’opération SharQc, la police a saisi quelque 2 millions en espèces. Cinq blocages des propriétés du Hells Angel Marvin « Casper » Ouimet – d’une valeur de 10 millions – ont aussi été réalisés.
« On veut mettre une pression constante sur le crime organisé », ajoute M. Deschesnes. Cet été, les enquêteurs vont rester aux risme travailleront désormais aux côtés des enquêteurs des crimes contre la personne dans le créneau « intégrité de la personne ». Cette décision a été mal reçue par certains policiers, qui privilégient le mode renseignement au mode enquête pour lutter contre le terrorisme, selon nos informations. Le chef de police en est conscient. Il est convaincu que ses troupes comprendront le bien-fondé de la réforme lorsqu’elles auront toutes les informations en main. L’opération SharQc, notamment, a permis d’inculper 156 personnes, dont 111 membres actifs ou retraités des Hells Angels.
Depuis Printemps 2001, la SQ a « évolué », selon son chef. « La présence des procureurs au dossier dès le début nous aide à recueillir une meilleure preuve. Si tu veux vraiment affaiblir le crime organisé, il faut que tu travailles sur les produits de la criminalité, donc des saisies d’actifs », souligne celui qui dirige aguets. « Les criminels ont une facilité à développer leur relève », indique-t-il.
Parlant de relève, alors que la police de Montréal est en mode compressions, la SQ compte embaucher quelque 200 policiers cette année. La SQ dessert 1038 des 1115 municipalités du Québec. Son chef est d’ailleurs en pleine tournée provinciale pour rencontrer les dirigeants des différentes MRC. Ces dernières années, de petites municipalités ont critiqué le manque de présence de la SQ sur leur territoire ainsi que les coûts de son service. « Depuis le dernier contrat de travail en 2005, 62 nouveaux contrats avec des MRC ont été signés. On a beaucoup amélioré notre desserte. On a encore des choses à améliorer, bien sûr, de concert avec les élus, mais on travaille fort là-dessus », a souligné le chef, qui est originaire de Chicoutimi.
La SQ a aussi été chargée cette année de faire enquête sur les deux policiers de Montréal mêlés à la mort de Fredy Villanueva à Montréal-Nord. À l’ouverture de l’enquête publique du coroner (suspendue depuis), on a appris que ces deux policiers n’avaient jamais été interrogés par la SQ. L’enquêteur de la SQ a reçu des rapports écrits des policiers de Montréal deux semaines après l ’ événement. « L’enquête du coroner ayant arrêté, on n’a pas eu la chance de voir la suite des événements qui viendra fournir des explications », a dit M. Deschesnes, qui souhaite la reprise de l’enquête du coroner.
« L’indice le plus important de satisfaction, pour moi, c’est la confiance de la population envers la Sûreté. C’est important pour nous autres, que ce soit lorsqu’on mène des enquêtes indépendantes (sur un autre corps de police), des enquêtes sur le crime organisé ou sur l’intégrité financière des institutions », a conclu le grand patron de la SQ.

Travaux de 3,9 millions au Centre judiciaire Gouin
Les rafles des derniers mois risquent d’engorger les tribunaux
Les opérations policières d’envergure réalisées ces derniers mois contre le crime organisé forcent le ministère de la Justice à délier les cordons de la bourse. Pour juger tous ces prévenus, le Centre judiciaire Gouin, un palais de justice construit à Montréal il y a quelques années à peine, devra être rénové au coût d’environ 3,9 millions de dollars, a appris La Presse.
Le présumé motard Salvatore Cazzetta, arrêté lors de l’opération SharQc, à la mi-avril. Au total, les corps policiers du Québec ont arrêté près de 400 présumés criminels depuis février 2009.
Les travaux de modernisation qui coûteront 3 875 000 $ ont déjà commencé sans tambour ni trompette. Ils n’ont fait l’objet d’aucune annonce du gouvernement Charest. « La décision a été prise à la suite de l’opération SharQc. On avait déjà reçu des demandes, mais on ne pouvait pas commencer les travaux avant cette opération policière pour ne pas mettre la puce à l’oreille à qui que ce soit », a expliqué à La Presse, une porte-parole du ministère de la Justice, Me Johanne Marceau.
Avec l’opération SharQc à la mi-avril, la Sûreté du Québec a donné un dur coup à l’organisation des Hells Angels en inculpant 156 personnes, dont 111 membres actifs ou retraités du puissant gang de motards.
Au total, dans le cadre d’opérations majeures, les corps policiers du Québec ont arrêté près de 400 présumés criminels depuis février 2009 (Axe, SharQc, Cerro, Dictature, Machine, Sable et Borax). Un engorgement des tribunaux est à prévoir.
Le Centre judiciaire Gouin a été construit à toute vitesse au coût de 16,5 millions de dollars en prévision des nombreux et gros procès des motards découlant de l’opération Printemps 2001. Ce palais de justice est déjà muni de portiques de sécurité (détecteurs de métal) et les box des accusés sont sécurisés. Les deux salles d’audience sont plus vastes que celles du palais de justice de Montréal. Un tunnel relie le Centre judiciaire Gouin à la prison de Bordeaux, sa voisine, facilitant les déplacements des prévenus.
Après les superprocès des Hells Angels, le Centre judiciaire Gouin a été peu utilisé. Il a servi à la tenue du procès du gang de la rue Pelletier en 2006 et plus récemment à celui des cinq présumés membres de gang de rue acquittés du meurtre d’une victime innocente d’une guerre de gangs, Raymond Ellis.
Aucun agrandissement extérieur n’est prévu, selon Me Marceau, du ministère de la Justice. Il s’agit d’agrandir les bureaux de la poursuite et de moderniser les équipements multimédias. Les travaux sont faits à la demande, entre autres, de l’équipe de travail de la Direction des poursuites criminelles et pénales chargée de l’opération SharQc, a précisé Me Marceau. L’équipe composée de 45 personnes (procureurs et enquêteurs) est à l’étroit dans ses bureaux actuels du Centre Gouin, confirme la porte-parole de la DPCP, Martine Bérubé. À titre de comparaison, l’équipe de la poursuite était deux fois moins grande à l’époque de Printemps 2001.
De plus, « des améliorations des installations technologiques sont rendues nécessaires en raison de l’ampleur de la preuve dans SharQc qui a été amassée grâce à des moyens modernes », indique Mme Bérubé de la DPCP.
Une portion des travaux devrait être terminée en septembre alors que des procès découlant de l’opération Colisée s’y tiendront (arrestation en 2006 de 90 personnes présumément liées à la mafia italienne). L’échéancier de la fin des travaux est fixé en décembre.

ALLÉGATIONS DE CORRUPTION À MONTRÉAL Le chef de la SQse dit « préoccupé »

« On va prendre les mesures pour mener à bien ces enquêtes-là dans les délais les plus rapides, tout en étant conscients que ça ne prendra pas une semaine. »
Le patron de la Sûreté du Québe c , Ri c ha r d Deschesnes, est tellement « préoccupé » par l’infiltration du crime organisé dans l’économie légale, que lors d’une interview exclusive accordée à La Presse, il a révélé qu’il songe à créer un « task force » d’enquêteurs affectés à temps plein aux récentes allégations de corruption et de malversation à Montréal.
Le grand patron de la Sûreté du Québec, Richard Deschesnes, est en poste depuis un an.
« De mémoire de policier », le directeur général de la SQ, qui compte 28 ans de carrière, n’a jamais vu autant d’enquêtes en cours sur des allégations de corruption dans la métropole. « On va prendre les mesures pour mener à bien ces enquêtes-là dans les délais les plus rapides, tout en étant conscients que ça ne prendra pas une semaine. Les gens ne nous pardonneraient pas de faire des enquêtes bâclées, rapides, qui ne mèneraient à rien », souligne le policier âgé de 49 ans, directeur de la SQ depuis un an.
En vertu de la loi sur la police, la SQ a la responsabilité unique d’enquêter sur les allégations de corruption et de malversation des fonctionnaires judiciaires, gouvernementaux ou municipaux. Le corps policier provincial mène actuellement cinq enquêtes touchant la Ville de Montréal. La plus ancienne, celle sur le contrat de construction du Centre intergénérationnel d’Outremont, a été ouverte il y a un an et demi.
« C’est clair que la SQ est préoccupée par l’infiltration du crime organisé dans l’économie légale. Ça inclut l’obtention de contrats par malversation, a indiqué le chef de police. J’ai demandé à mes gens des enquêtes criminelles de faire le nécessaire pour que ces enquêtes-là soient menées avec diligence, dans les règles, de façon à traduire devant les tribunaux ceux qui ont commis des infractions criminelles. »
La direction de la SQ évalue actuellement la charge de travail de ses enquêteurs de la division des crimes économiques. « Ce sont des enquêtes complexes, qui ne peuvent pas se faire rapidement. Elles nécessitent beaucoup d’analyses de documents, de rencontres de personnes. Disons qu’on a pas mal de dossiers. Nos gens sont très occupés présentement », résume ce chef reconnu pour être un spécialiste des opérations délicates.
Coup de main
La SQ compte environ 800 enquêteurs dans tout le Québec. De ce nombre, une soixantaine sont affectés aux crimes économiques. Une quarantaine d’autres forment un groupe spééquipes composées d’enquêteurs aux expertises complémentaires et chargées de résoudre un dossier précis. Le corps policier l’a fait dans le passé pour enquêter sur le scandale des commandites et les dépenses du lieutenant-gouverneur Lise Thibault , rappel le-t-i l . Les récentes allégations concernant Montréal nécessitent-elles une telle équipe? « On pourrait penser ça », répond-il. cialisé dans la criminalité fiscale organisée. « Ce n’est pas énorme, c’est sûr et certain. On évalue présentement où l’on va prendre des enquêteurs d’autres groupes pour leur donner un coup de main », dit M. Deschesnes, sans vouloir préciser combien d’enquêteurs sont af fectés à l’heure actuelle aux dossiers montréalais.
Le chef de la SQ croit beaucoup aux « task forces » , des
Un entrepreneur, Paul Sauvé, a récemment dénoncé dans La Presse l’intervention du crime organisé dans l’attribution des contrats à la Ville de Montréal. À la suite de ces révélations, la SQ a réactivé une ligne téléphonique, la semaine dernière, pour récolter des informations du public sur des actes d’intimidation, de violence et de corruption dans le milieu de la construction (1-800-659-4264).
Bâtir la preuve
« Au début de ma carrière, j’ai travaillé en région, sur la Côte-Nord notamment. On me disait souvent : " Un tel vend de la drogue, tout le monde le sait, pourquoi vous ne l’arrêtez pas?" " Tout le monde le sait", ce n’est pas une preuve quand tu arrives à la cour. Parmi "tout le monde", il faut trouver des témoins directs pour bâtir la preuve », illustre le chef de police.
Bien que certains élus ou ex-élus de Montréal aient dit ne pas avoir été interrogés par la police concernant des allégations de corruption, cela ne signifie pas qu’ils ne le seront jamais. Le chef de la SQ n’est pas autorisé à donner des renseignements sur les enquêtes en cours. Toutefois, fait-il remarquer, « c’est important quand on rencontre quelqu’un d’avoir en main toutes les informations nécessaires pour pouvoir le confronter. Dans certains cas, on fait une première rencontre préliminaire. On travaille les informations et on revient le voir pour des précisions. Dans d’autres cas, on va attendre à la fin de l’enquête. Chaque enquête a son plan », explique-t-il.



L’encerclement des Hells -  André Cédilot
Les policiers ont fait des rafles contre les motards « avant qu’il ne soit trop tard »
« Il fallait agir avant qu’il ne soit trop tard. On ne veut pas faire face aux problèmes qu’on a avec la mafia, qui a, depuis 40 ans, pris le contrôle de certains secteurs de l’économie. »
Commencée il y a 10 ans, au plus fort de la guerre des motards, la mobilisation de la police contre les Hells Angels commence à porter ses fruits. Marquée par 81 dossiers d’enquête, cette patiente stratégie d’encerclement a culminé avec l’opération SharQc, qui a permis d’inculper presque tous les membres du puissant gang de motards québécois, le 15 avril dernier.
Proche des Hells Angels, Yannick Larose, 36 ans, était en vacances au Mexique lors de la rafle policière du 20 mai pour démanteler un réseau qui s’imposait agressivement dans le commerce de l’esthétisme automobile. La Sûreté du Québec a donné son signalement à Interpol.
Grâce à la loi antigang, héritage empoisonné de Maurice Boucher et de la guerre des motards, le ministère public a pu mettre en accusation pas moins de 156 personnes, dont 111 membres, actifs ou retraités, des Hells Angels. Vingt-cinq individus sont toujours recherchés. L’opération SharQc est l’une des plus importantes des annales judiciaires nord-américaines.
Tout en montrant encore une fois la forte implication des Hells Angels dans le trafic de drogue, le prêt usuraire et d’autres activités illicites, toutes ces opérations coup-de-poing s’imposaient, étant donné l’apport grandissant des motards et de leurs associés dans des entreprises légales, avec tous les risques de concurrence déloyale et de corruption que cela laisse planer.
« Il fallait agir avant qu’il ne soit trop tard. On ne veut pas faire face aux problèmes qu’on a avec la mafia, qui a, depuis 40 ans, pris le contrôle de certains secteurs de l’économie », a souligné un policier qui a participé à plusieurs enquêtes. À l’en croire, c’est ce qui a incité les gouvernements à appuyer davantage l’action de la police au cours des dernières années, en renforçant les lois et en injectant des millions de dollars dans la lutte contre le crime organisé.
À l’instar du gouvernement, les policiers s’inquiètent sérieusement de ce qui se passe dans le secteur de la construction: appels d’offres truqués, soumissions arrangées, collusion, trafic d’influence, pots-de-vin, hausse à répétition des coûts des travaux, fraudes fiscales, tout semble permis dans ce milieu. La Sûreté du Québec a plusieurs enquêtes en cours. L’une d’elles concerne les paradis fiscaux, aux îles Caymans et en Europe.
Le plus incroyable, c’est que la police récolte une très petite part de tous ces biens acquis avec l’argent sale. À peine 5 millions de dollars ont été gelés à la suite de l’opération SharQc, Québec. Le policier cite l’exemple de la soudaine série de méfaits qui a marqué l’entrée en scène, il y a trois ou quatre ans, des Hells Angels Mario Brouillette et David Rouleau dans une entreprise de construction de la région de Lanaudière. liens du Hells Angels Normand Mar v i n « Casper » Ouimet avec l’ancien dirigeant de la FTQ-Construction.
L’opération Colisée, qui a permis d’écrouer les gros bonnets du clan Rizzuto, a étalé au grand jour l’immense fortune de la mafia montréalaise et l’étendue de ses ramifications dans le monde des affaires à Montréal et ailleurs dans le monde. « Les motards suivent les traces de la mafia », soutiennent les policiers.
Les Hells Angels possèdent, directement ou par le truchement de prête-noms, des firmes de construction et d’aménagement paysager, des ateliers mécaniques, des bars, des restaurants, des commerces de voitures d’occasion et de pièces, etc. Ils ont des propriétés et des actions à la Bourse, ils investissent dans les pierres précieuses et dans les bien que la loi fasse maintenant porter le fardeau de la preuve aux accusés en matière de produits de la criminalité.
Étonnamment, même si elle est en vigueur depuis quelques années déjà, cette disposition n’a pas encore été sérieusement éprouvée devant les tribunaux. « Les enquêtes restent longues et complexes. Les motards sont protégés par des prête-noms et des compagnies-écrans, et ils sont bien conseillés », soutiennent les policiers qui luttent contre le blanchiment d’argent. Selon eux, c’est encore les inspecteurs du fisc qui font le plus mal.
Les motards sont beaucoup plus frustes que les mafiosi. « Ils mènent leurs business légitimes de la même façon qu’ils mènent leur trafic de drogue: par l’intimidation », note un spécialiste de la lutte antimotards de la Sûreté du
Dernièrement, les policiers de la SQ s’en sont pris au petit empire de Yannick Larose, 36 ans, un autre ami de Brouillette, qui tentait de prendre le contrôle des ateliers d’esthétique automobile dans la grande région de Montréal. L’enquête a été entreprise à la suite de plaintes d’hommes d’affaires qui ont été menacés ou dont les commerces ont fait l’objet de vandalisme ou d’attentats au cocktail Molotov. Selon les enquêteurs, Larose, qui a un lourd casier judiciaire, se cache au Mexique avec sa famille. Son nom figure sur la liste des personnes recherchées par Interpol.
Cette offensive de la police ne se fait pas toute seule. Elle met à contribution des procureurs de la Couronne, des analystes, le fisc, les douanes, les services correctionnels et d’autres organismes, comme la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). « Quand la Régie révoque ou suspend le permis d’un des bars des motards, c’est le beurre qu’ils mettent sur leur pain qui s’envole », a noté un enquêteur de l’escouade moralité-alcool de la police de Montréal. Dans l’analyse des dossiers qui lui sont soumis, la RACJ se préoccupe plus que jamais des prête-noms qui sollicitent des permis.
C’est l’opérationPrintemps 2001 qui a vraiment ouvert les yeux de la police sur la richesse des Hells Angels. Des documents comptables informatisés ont démontré que la « table » des Hells Angels Nomads, qui s’occupait de distribuer la drogue à quatre des cinq autres sections de l’organisation, avait empoché à l’époque 111,5 millions en 18 mois.
Ces gains étaient le résultat de la vente de 2180 kg de cocaïne et de 1088 kg de haschisch. C’est sans compter la marijuana, l’ecstasy et toutes les autres activités – extorsion, prostitution, recrutement de danseuses nues, etc. – auxquelles ils peuvent s’adonner. Plus indépendants, les Hells Angels de Sherbrooke étaient les seuls à ne pas s’approvisionner auprès des Nomads.
Depuis cette vaste enquête, et forts de leurs succès devant les tribunaux (une quarantaine de membres des Nomads et de leur filiale des Rockers de Montréal ont notamment été condamnés), les policiers n’ont cessé de talonner les Hells Angels afin de leur briser les reins. Avec sept équipes de choc ( Escouades régionales mixtes) mises sur pied aux quatre coins du Québec, ils ont continué les coups de force et multiplié les arrestations de membres et d’alliés des différentes sections.
À l’instar de ce qui se passe à Montréal, la stratégie est assez évidente : les enquêteurs s’attaquent d’abord aux maillons faibles, souvent de fidèles soldats de la base et de petits chefs. À l’aide d’informateurs recrutés au fil du temps, qu’ils transforment au besoin en agents sources payés à la semaine de façon à diriger leur travail d’infiltration, ils remontent jusqu’aux têtes dirigeantes. En somme, plus ils font d’enquêtes, plus ils accumulent de renseignements, plus ils sont en mesure d’entreprendre des enquêtes fructueuses.
Exemple tout frais : l’opération SharQc est le fruit de l’analyse de 58 vieux dossiers d’enquête et des résultats de 23 autres enquêtes faites entre 2006 et 2009, avec l’aide de quatre agents sources. L’un d’eux est un ancien membre haut placé des Hells Angels de Sherbrooke, Sylvain Boulanger, qui touchera 3 millions pour ses services.
Suivis pas à pas par une équipe de 11 procureurs avisés, les enquêteurs ont étoffé leur dossier à l’aide de filature, d’écoute électronique et de saisies à la sauvette (« entrées subreptices », dans le jargon judiciaire).
Faisant preuve d’imagination et d’audace, comme durant l’opération Printemps 2001, les policiers ont notamment réussi à filmer des rencontres secrètes (des « messes », comme ils disent) organisées par les Hells dans des chambres d’hôtel, des chalets isolés et même sous une tente géante à Lennoxville, à l’arrière du repaire des Hells de Sherbrooke. Les policiers ont notamment épié des rencontres jusqu’en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick. Ils ont aussi capté sur vidéo l’intronisation de nouveaux membres québécois en... République dominicaine.
À Montréal, les policiers ont fait tomber coup sur coup les deux réseaux appelés à prendre la relève des Nomads et des Rockers dans la distribution de drogue au centre-ville. « Dès qu’une enquête se terminait, et on en menait parfois quatre de front avec les différentes escouades, on était prêts à en commencer une autre », a souligné un détective montréalais. C’est ainsi, en s’attaquant à la « clique » des Syndicates, que la police a épinglé Mario Brouillette en 2006. Il en a été de même en début d’année avec les frères Lavertue, écroués à la suite d’une enquête visant les frères Zéphir, devenus les nouveaux paons du centre-ville pour le compte des Hells Angels.
Ainsi, avant même l’opération qui a emporté il y a 10 jours Daniel Leclerc, des Hells Angels Nomads de l’Ontario, décrit comme le patron de la « compagnie » du boulevard Saint-Laurent, les rafles à répétition ont tellement déstabilisé les Hells Angels qu’ils ont peine à maintenir l’ordre parmi les revendeurs du centre-ville.
Faute d’associés inf luents, ils ont fait appel à de vieilles connaissances et à des videurs de bar pour tenter de faire entendre raison aux récalcitrants. « Ils composent avec les petits trafiquants puisqu’ils ne les maîtrisent pas », soutiennent les policiers. Certains craignent tout de même pour leur vie et se mettent à la solde des motards, en attendant mieux.


Un entrepreneur se met à table -  Denis Lessard
Quand un entrepreneur en difficulté frappe à la porte des Hells Angels, il ne sait pas qu’il s’apprête à vivre un cauchemar. Il ne sait pas non plus qu’il perdra le contrôle de son entreprise et vivra sous la menace et la terreur. Le crime organisé trouve
« On se retrouve avec ces gens-là qui gèrent nos chantiers, raconte Paul Sauvé. Et quand tu commences à regimber, il y a des pièces d’équipement qui valent des milliers de dollars qui disparaissent. »
Les policiers l’avaient prévenu la veille. Deux années d’interrogatoires, cela crée des liens. Le 15 avril, jour de cette opération top secrète, Paul Sauvé, entrepreneur de Montréal, se trouvait à Toronto. Vissé à sa télé d’hôtel, dès 6h, il regardait les premières images de l’opération SharQc, la plus grosse frappe de l’histoire de la Sûreté du Québec, celle qui devait décapiter les Hells Angels.
« J’ai l’impression d’avoir mis mes culottes, d’avoir aidé à l’arrestation de 111 Hells, mais mon entreprise est dans une situation financière pire qu’avant », résume l’entrepreneur Paul Sauvé dans un entretien de plusieurs heures accordé à La Presse.
« J’ai vu les hél icoptères. Comme c’était une journée claire, on voyait qu’ils allaient à Sorel. Je voyais les policiers arrêter les gars et je me disais: Wow, la Sûreté m’a pas menti, ça arrive! J’étais content, je me suis dit : Je ne veux tellement pas qu’une autre personne ait à vivre ça! »
Paul Sauvé a vécu un véritable cauchemar il y a deux ans quand il s’est retrouvé, du jour au lendemain, avec un Hells Angels dans son entreprise. Il a vu de l’argent liquide circuler, il a reçu des menaces. C’est alors qu’il demandé à ce qu’on le sorte de cette impasse.
Car l’opération SharQc qu’il regardait à la télé, Paul Sauvé y était pour quelque chose. Il en était de même pour la série de perquisitions réalisées au printemps à la FTQ-Construction et chez plusieurs entrepreneurs de la grande région de Montréal.
« J’ai l’impression d’avoir mis mes culottes, d’avoir aidé à l’arrestation de 111 Hells, mais mon entreprise est dans une situation financière pire qu’avant », résume M. Sauvé dans un entretien de plusieurs heures accordé à La Presse de son bureau de la rue Sainte-Catherine.
« Y a-t-il d’autres entrepreneurs que moi au Québec qui pensent que l’industrie de la construction a besoin d’un ‘shake up’? Je pense que oui », lance-t-il.
Jouer avec le feu
Le petit-fils d’Albert Sauvé, chef-maçon au chantier de l’oratoire Saint-Joseph, a joué avec le feu et s’est fait de bien curieuses relations en 2006, dans l’espoir de sauver son entreprise et décrocher d’importants contrats.
L’entreprise familiale, LM Sauvé, était en crise de croissance. Pour faire mentir les statistiques, Paul Sauvé a voulu faire bondir le chiffre d’affaire annuel de 1 à 30 millions de dollars. Mais un important contrat, celui de la réfection de l’église St. James, rue Sainte-Catherine, s’est malheureusement transformé en gouffre financier. Résultat : plus de 3 millions de pertes. « Une réussite urbanistique, un désastre financier », résume-t-il. LM Sauvé devait retrouver la voie de la rentabilité. Et vite.
Paul Sauvé frappe alors à la porte du Fonds de solidarité de la FTQ. On est au début de 2006. « Son entreprise était en difficulté financière extrême. Un rapport de la firme comptable Raymond Chabot était très clair », résume Josée Lagacé, porte-parole du Fonds. Le Fonds repousse sa demande. C’est ce dossier de LM Sauvé qu’est allé chercher la police quand elle a perquisitionné au Fonds de solidarité, confirme-t-elle.
Le monde de la construction au Québec a des ramifications surprenantes. Sauvé se frotte un moment à la FTQ dans un projet d’école de maçons. Ses chantiers s’embourbent à cause de la multiplication des plaintes à la CSST. Une autre fois, il a des problèmes pour payer ses cotisations à la Commission de la construction. Devant lui, affirme M. Sauvé, Jocelyn Dupuis, directeur de la FTQ-Construction, a passé un coup de fil à un cadre de la Commission pour ordonner qu’on accorde un sursis à LM Sauvé. Joint par La Presse, M. Dupuis a refusé de commenter.
Aux abois, M. Sauvé cherche des conseils partout. Il dote l’entreprise familiale d’un conseil d’administration. Un autre entrepreneur venu de l’industrie des grues lui recommande de nouveaux contremaîtres, plus efficaces.
C’est alors que Sauvé accueille Normand « Casper » Ouimet sur sa liste d’employés. Ouimet est un membre influent du chapitre des Hells de Trois-Rivières, un des très rares motards à avoir échappé au coup de filet de la SQ en avril. Il est toujours en cavale, recherché par la police.
« Surintendant » bien particulier, Casper Ouimet devient un pivot dans les relations de travail de l’entreprise. M. Sauvé n’est pas dupe, il sait très bien qu’il joue avec le feu, qu’il « parle avec le diable ». « Les cinq ou six mois qui ont suivi sont assez lourds sur la conscience », convient-il.
« Il y a toutes sortes de personnages que j’ai vus arriver sur mes chantiers, raconte l’entrepreneur. À un moment donné, cela devient évident que c’était des motards, des Hells Angels en règle. »
Machine à laver l’argent
Mais avec l’arrivée de ces « bad guys », la productivité « est passée de 50% à 250%... overnight » sur les chantiers de Sauvé. Aussi, plus de problèmes pour obtenir des grues, un problème récurrent pour la maçonnerie. « Ça arrive de partout », ajoute Sauvé. Ouimet paye désormais directement les ouvriers en argent comptant, en remet, quand il le faut, pour les heures supplémentaires.
En retour, toujours selon M. Sauvé, LM Sauvé paie des factures comme fournisseur à la société à numéro de Ouimet. La police a en main la liasse des chèques identifiés, versés par LM Sauvé à ce faux « fournisseur ». Les nombreuses perquisitions survenues dans le secteur de la construction au printemps visent essentiellement à vérifier l’étendue du phénomène.
Le motard Casper Ouimet a le bras long – mais sait bien qu’il doit rester sur son territoire. Quand LM Sauvé soumissionne pour un projet à Toronto, Paul Sauvé est accueilli à l’aéroport du centre-ville par deux fier-à-bras qui menacent de lui « casser les jambes ». « Casper told us that you won’t do the contract », lancent les deux matamores, se souvient Sauvé.
Sauvé n’est pas facilement impressionnable pourtant. « Des gars avec plein de tatouages et pas de cheveux sur la tête, j’en avais 20 sur mon payroll. Ce n’est qu’une apparence. Ils font les lunchs de leurs enfants le matin. Mais des gars comme Ouimet, on voit dans leurs yeux que ce n’est pas la même chose. Eux, c’est des vrais », résume Sauvé.
« Une fois que vous avez traversé ce pont, il faut être équipé fort pour retraverser la rivière », soupire l’entrepreneur, qui avoue avoir été « bien niaiseux » d’avoir ainsi joué avec le feu. « On se retrouve avec ces gens-là qui gèrent nos chantiers, raconte l’entrepreneur. Et quand tu commences à regimber, il y a des pièces d’équipement qui valent des milliers de dollars qui disparaissent. »
Ces relations avec le monde interlope tournent vite au vinaigre. Selon Sauvé, ces nouveaux « patrons » veulent le mettre en touche, prendre le contrôle de l’entreprise. « Ils voulaient le nom LM Sauvé. Ils ont pris le contrôle de mon entreprise, pour me ramener à un rôle de vendeur. » Quand on essaie de le convaincre d’aller prendre deux mois de repos dans un centre spécialisé à Joliette, le bouchon saute.
Casper Ouimet, « plus large que haut, tatoué partout », se fait menaçant. « À un moment donné, il ouvre sa valise d’auto et me montre sa veste de Hells ‘patché’. Il me dit : « Dans mon monde, quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas de procès. » « Je vois sa veste avec des ailes... », se souvient Sauvé.
Un matin, quand Ouimet se présente au bureau, il a un comité d’accueil. Sauvé a retenu les services d’une agence de sécurité. Le motard tourne les talons sans demander son reste.
« L’épisode des Hells, moralement ça m’a jeté à terre. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point. C’est un coup de deux par quatre dans le front », lance Sauvé.
On passe à table
Un cousin, agent de la GRC, lui recommande d’aller voir la police. Et de prendre un garde du corps – il embauchera un agent de la SQ à la retraite. Sauvé passe à table devant les enquêteurs de l’escouade des fraudes fiscales. Ici, son histoire ne surprend personne. Justement, la SQ fouille depuis des mois la « pénétration » du crime organisé dans l’économie.
« Ils m’ont dit qu’ils enquêtaient sur ces choses-là depuis deux ans, qu’il y avait d’autres entreprises touchées », résume Sauvé.
Dans la preuve qui sera déposée à la suite de l’Opération SharQc, la police dévoilera d’ailleurs des vidéos où des motards, réunis en concile, disent ouvertement qu’ils doivent pénétrer l’économie légitime pour blanchir les revenus de la vente de stupéfiants, confiera une source policière.
Après sa volte-face, Sauvé se fait intimider. Son ex-femme reçoit un coup de téléphone de menaces. Sa petite fille de 7 ans s’en rend compte. En entrevue, l’entrepreneur a vite les larmes aux yeux quand il raconte que sa fille recommence à peine à monter à l’étage à la maison quand il fait noir. « Elle me demande toujours si les ‘bad guys’ vont revenir », lance-t-il. Les parents de Sauvé sont aussi intimidés au téléphone. On menace même sa soeur Hélène.
À l’été 2007, cela se corse. Sauvé doit faire une présentation pour un contrat de 6 millions pour l’hôtel Westin. À la toute veille de ce « pitch » important, stationné square Victoria, il se trouve dans l’auto avec son garde du corps quand une autre voiture est venue heurter la sienne. « Je me fais rentrer dedans dans mon char trois fois, bang, bang, bang... Le gars avance, recule... trois fois. Ça n’a pas de bon sens. »
Quand il sort du véhicule, l’agresseur prend la poudre d’escampette. « La SQ a fait une belle job, en infiltrant l’industrie de la construction, mais il reste beaucoup à faire. Ce n’est que le début... », prédit-il.

Quatre-vingt-seize suspects, la majorité d’origine vietnamienne, ont été arrêtés hier.
Après les opérations d’envergure contre les motards et contre le crime organisé italien et autochtone, c’était au tour de la pègre asiatique d’être dans le collimateur des autorités hier matin. Quelque 800 policiers ont mené une offensive majeure contre des trafiquants, soupçonnés de produire, de distribuer et d’exporter du cannabis vers les États-Unis.
Cette nouvelle frappe policière, baptisée Borax, visait l’arrestation de 196 suspects, la majorité d’origine vietnamienne. Quatrevingt-seize d’entre eux ont été arrêtés hier et la plupart ont déjà comparu devant le tribunal. Les autres seront appelés à le faire sous peu.
L’opération, orchestrée par la Sûreté du Québec avec l’aide de la Gendarmerie royale du Canada et des corps policiers municipaux, s’est amorcée en 2005.
Au tout début de l’enquête, les policiers visaient notamment les commerces de vente de matériel de serres hydroponiques. Ceux-ci racolaient les producteurs de marijuana au sein de la communauté vietnamienne à l’aide de dépliants publicitaires vantant leurs produits.
Au fil de leurs recherches et à la suite de plaintes de citoyens, les policiers se seraient aussi intéressés à une compagnie exploitée par des Asiatiques qui se chargeait de récupérer les déchets de pot chez leurs compatriotes actifs dans ce commerce illicite.
C’est en suivant un camion de cette « entreprise de transport de résidus de marijuana » que les policiers ont découvert une série de serres hydroponiques. Remplis de déchets de pot, des conteneurs étaient parfois abandonnés dans des ruelles, au nez des enfants qui y jouaient. Des parents ont d’ailleurs manifesté leur mécontentement aux policiers à ce sujet.
En général, la marijuana asiatique prenait la route des États-Unis. Certains passeurs la faisaient transiter par les territoires autochtones de Kahnawake ou d’Akwesasne avant de l’expédier en sol américain. D’autres se contentaient de l’écouler sur le marché québécois et ailleurs au pays.
Une quarantaine d’endroits – des résidences et une dizaine de commerces – ont fait l’objet de perquisitions à Montréal, à Laval et à Longueuil. Plusieurs de ces propriétés servaient à cultiver le fameux Quebec Gold, prisé des consommateurs.
Une des perquisitions a eu lieu chez C. N!, commerce spécialisé en matériel de jardinage de la rue Cunard, dans le parc industriel du quartier Chomedey, à Laval.
Sous la pluie battante, les policiers faisaient le pied de grue dans le stationnement de l’entreprise, hier matin, en attendant l’arrivée d’un serrurier qui pourrait leur donner accès à l’entrepôt. L’entreprise servait apparemment à contrôler la qualité de la marijuana destinée au marché noir.
Un autre des commerces visités par la police se trouvait dans un petit centre commercial du boulevard Langelier, à Saint-Léonard. Discrètement établi entre deux garderies et une entreprise de comptabilité, le centre d’équipement spécialisé en culture hydroponique TTN Garden appartenait aussi à de présumés trafiquants, indiquent les enquêteurs.
Des piles de boîtes remplissaient ce local défraîchi. Les commerçants voisins semblaient consternés. « Le gros monsieur d’origine asiatique qui travaillait là me saluait, sans plus. Ça me surprend parce que c’était toujours tranquille », a déclaré Lucie Bisecco, propriétaire des garderies L’univers de Loulou et Le royaume de Lucie.
Agentes immobilières
Au moins deux agentes immobilières seraient au nombre des accusées. L’une d’elles, Jenny ( Thuy Huong) Nguyen, employée de Remax, semblait jouer un rôle clé dans cette affaire. Elle est accusée d’avoir comploté pour produire de la marijuana et d’avoir incité des gens à commettre un acte criminel.
Âgée de 31 ans, la jeune femme aurait tenté de faciliter l’accès à des propriétés à ses clients désireux d’aménager des serres hydroponiques sous leur nouveau toit. Mme Nguyen habite place Arthur-Buies, dans l’est de la ville.
Selon un voisin, la police avait fait une descente en 2007 au duplex qu’habite l’accusée depuis quelques mois. Les locataires de l’époque y avaient déjà fait une plantation de marijuana à chacun des trois étages de l’immeuble. Pour ne pas attirer l’attention, un couple d’origine vietnamienne y venait à l’occasion, mais personne n’y habitait à plein temps. « Parfois, on les voyait sortir en pyjama pour sauver les apparences », souligne ce voisin.
Quelques mois après la descente, une pancarte à vendre de la société ReMax a été plantée sur le terrain. L’agente immobilière avait pour nom Jenny Nguyen. Elle a finalement acheté elle-même l’immeuble, pour y emménager avec son conjoint Kevin Mai, également accusé dans cette affaire. « Je ne sais pas trop comment réagir devant leur arrestation. Je suis content, mais j’ai peur en même temps », résume ce voisin.
La grande majorité des 96 suspects ont comparu en après-midi par vidéoconférence depuis les palais de justice de Montréal, de Laval et de Longueuil. Ils ont presque tous été relâchés en échange d’une caution variant de 1500$ à 3500$. Une quinzaine d’entre eux demeurent écroués. Malgré l’ampleur de l’opération, aucune accusation de gangstérisme n’a été déposée.
Selon toute vraisemblance, ce commerce illicite a permis la création de plusieurs petits réseaux indépendants et non d’une seule et même organisation structurée.
Un bilan final de l’opération sera dévoilé demain par la Sûreté du Québec. On en saura plus sur le fonctionnement exact des réseaux de trafiquants. « Les activités gravitaient autour d’une dizaine de commerces qui vendaient de l’équipement pour faire de la culture de cannabis », a simplement souligné Joyce Kemp, porte-parole de la SQ.


Une pègre implantée de la côte Ouest aux serres québécoises -  Judith Lachapelle
Des manufactures de la côte Ouest aux serres québécoises -  Judith Lachapelle
Une communauté discrète, une structure familiale, une langue difficile à maîtriser... Traquer la criminalité d’origine asiatique est un défi de taille pour les autorités. Mais tous les rapports policiers le confirment: à la faveur des rafles qui ont décimé les gangs de motards et les autres malfrats en tout genre, l’influence de la filière asiatique n’a cessé de croître.
Les criminels d’origine asiatique se spécialisent surtout dans la production de drogue. Hier, les perquisitions ont touché une dizaine de commerces qui vendaient de l’équipement pour faire la culture de cannabis.
Au Québec, le crime organisé d’origine asiatique (COSA, dans le jargon policier) est surtout représenté par des ressortissants vietnamiens arrivés au pays dans les années 80 et 90. Moins instruits et nantis que leurs compatriotes débarqués dans les années 70, plusieurs se sont installés à Vancouver et ont vécu de petits salaires dans des manufactures avant d’être récupérés par le crime organisé.
Ces dernières années, parce qu’ils se sont fait prendre ou parce « qu’ils sentaient la soupe chaude », expliquait l’an dernier en nos pages l’enquêteur Roch Côté de la GRC, nombre de jardiniers d’origine vietnamienne se sont déplacés vers l’est. Ils sont cependant toujours les principaux producteurs de marijuana en Colombie-Britannique.
Production
Au Canada, des ressortissants d’origine chinoise dominent l’importation d’héroïne, selon un rapport mixte États-Unis– Canada sur le trafic transfrontalier de drogues, publié en 2004. Ce même rapport précise que les organisations asiatiques sont aussi très actives dans la production et l’importation d’ecstasy (MDMA).
Mais les criminels d’origine asiatique se spécialisent surtout dans la production de drogue. Hier, les perquisitions ont touché une dizaine de commerces qui vendaient de l’équipement pour faire la culture de cannabis.
La production est souvent éparpillée dans des résidences privées. En 2004, l’opération Kato a entraîné l’arrestation de 30 ressortissants vietnamiens et la découverte de 63 serres intérieures dans des résidences de la banlieue montréalaise, des Laurentides et de Lanaudière. À Repentigny, quatre serres ont été trouvées dans un même pâté de maisons !
L’arrestation d’un couple d’origine vietnamienne dans une résidence de Vaudreuil, en 2005, donne une idée de l’organisation. Le couple, qui avait vécu à Vancouver, habitait une maison qui appartenait à sa fille, qui vivait toujours sur la côte Ouest. Dans la maison, les policiers ont découvert 1490 plants de marijuana – une production jugée « considérable » par les policiers puisque la moyenne des perquisitions dans le secteur à l’époque était de 200 plants !
Les plants étaient partout, du sous-sol aux chambres. « Le seul endroit qui semble avoir été utilisé pour fins d’habitation était le salon où un lit avait été placé en face du foyer », écrit le juge JeanGuy Boilard dans son jugement.
L’approvisionnement électrique avait été détourné du compteur, ont constaté les policiers. Selon le témoignage d’un expert de la Sûreté du Québec lors des audiences, ces détournements d’électricité « sont plus sophistiqués et moins facilement détectables » lorsqu’ils sont faits par les cultivateurs d’origine asiatique que par les autres.
Malgré tout, selon la soeur de l’accusée, le couple ignorait qu’il y avait une culture de marijuana dans cette maison dont ils n’occupaient que le salon! Selon son témoignage, le couple était à Vaudreuil pour percevoir le loyer de la location de la maison de sa fille. Le juge Boilard s’est montré sceptique. « Si ma compréhension des propos de ce témoin est exacte, l’affirmation étonne », a-t-il laconiquement commenté.



(NOUVELLE) DESCENTE CHEZ LES HELLS ANGELS
NOUVEAU COUPDE FILET CONTRE LE CRIME ORGANISÉ. APRÈS LES OPÉRATIONS RÉCENTES AXE ET SHARQC, LES POLICIERS ONT LANCÉ HIER L’OPÉRATION MACHINE, QUI A DÉMANTELÉ UN RÉSEAU DE TRAFIQUANTS RELIÉ AUX HELLS ANGELS. UNE RAFLE PAYANTE, QUI A MENÉ À PRÈS DE 50 ARRES
Décrit comme l’eldorado des trafiquants québécois, le centre-ville de Montréal est un constant sujet de préoccupation pour la police.
La police a effectué, hier, une nouvelle rafle d’envergure contre les Hells Angels et les trafiquants de drogue qui hantent le centreville de Montréal.
Cette fois, les enquêteurs avaient pour principales cibles l’ancien chef des Rock Machine, Salvatore Cazzetta, 54 ans, et son acolyte Daniel « Poutine » Leclerc, 40 ans, responsable de la « compagnie » qui contrôle le trafic dans le secteur du boulevard Saint-Laurent. Ces deux motards sont passés dans le camp des Hells Angels au cours des dernières années.
Grâce à ses contacts dans la réserve de Kahnawake, Cazzetta dirigeait un florissant réseau de contrebande de tabac. Il s’approvisionnait auprès de Peter Rice, un homme d’affaires autochtone qui est également associé avec lui dans une compagnie ayant l’exclusivité au Québec de la distribution de la boisson énergisante Cintron, commanditaire de la station de télévision TQS.
Selon la police, Salvatore Cazzetta et ses sbires disposaient à Kahnawake d’un immense entrepôt qui leur servait de lieu de rencontre. Ils y faisaient transiter la drogue, les cigarettes et l’argent sale. Caché parmi les arbres, l’immeuble était protégé par une haute clôture, des portes blindées et des caméras de surveillance.
Cinquantaine d’arrestations
L’opération Machine a permis l’arrestation d’une cinquantaine de personnes liées au trafic de drogue et à la contrebande de tabac partout au Québec. Au fil de l’enquête et des 36 perquisitions d’hier, les policiers ont saisi 160 000$ en espèces, 860 roches de crack, 4000 comprimés de méthamphétamine, de la cocaïne, de la marijuana, du haschisch, 34 800 livres de tabac ainsi que 12 armes à feu.
« Assez pour rempl i r une remorque de 53 pieds », a noté en conférence de presse le commandant Yves Miron, de la division du crime organisé de la police de Montréal. Les enquêteurs ont aussi découvert 11 coffres-forts qu’ils tentaient d’ouvrir en fin de journée hier.
Décrit comme l’eldorado des trafiquants québécois – à coup de 2000 roches de crack par semaine, a souligné l’inspecteur Bernard Lamothe, le réseau empochait plus de 2 millions de dollars par année –, le centre-ville de Montréal est un constant sujet de préoccupation pour la police. Depuis le printemps 2006, c’est la quatrième grande opération dirigée contre les Hells Angels et leurs acolytes qui ont la mainmise sur le trafic de drogue dans ce secteur névralgique de la métropole.
Il y a trois ans, les policiers à l’origine des projets Charge/ Bromure s’étaient attaqués au Hells Angels Mario Brouillette, du chapitre de Trois-Rivières. Avec l’aide des Syndicates, d’anciens membres de gangs de rue, le motard trifluvien avait pris la relève du chef Nomad Maurice Boucher et de son club des Rockers de Montréal, démantelé en 2001.
Après un coup de balai donné l’an dernier dans le but de ramener le calme dans le secteur de la rue Saint-Hubert, les policiers montréalais ont récidivé lors de l’opération Axe, écartant cette fois le clan des frères Jean et Patrick Lavertue, chargés d’approvisionner en cocaïne des revendeurs du centre-ville liés aux frères Emmanuel et Jean-Ismaël Zéphir. D’après l’enquête, ces deux pionniers des gangs de rue étaient en lien avec les chefs des Syndicates emprisonnés depuis 2006.
Enquête entamée en 2007
Le ratissage d’hier, auquel ont participé 600 policiers, est le résultat d’une enquête entamée en mars 2007. Cazzetta et Leclerc étaient à la tête de trois cellules distinctes, mais s’entraidaient. Des hommes de confiance s’occupaient de distribuer la drogue et le tabac à des revendeurs dans la grande région de Montréal, ainsi que dans les régions de Québec, Mont-Tremblant et Mont-Laurier.
Incarcéré depuis l’opération SharQc qui a décimé les rangs des Hells Angels à la mi-avril, Salvatore Cazzetta a appris à la prison de Bordeaux les nouvelles accusations qui pèsent sur lui. Quant à Leclerc, il a été appréhendé chez lui, à Candiac. À l’instar de 17 autres prévenus, il a comparu par vidéo au palais de justice de Montréal. Un seul a été mis en liberté provisoire. Les autres personnes arrêtées, dont Peter Rice, 62 ans, et ses fils, Burton, 34 ans, et Peter Francis, 31 ans, ont comparu de même à Longueuil et à Saint-Jérôme. Pa rmi les suspects , 20 répondent à des accusations d’actes de gangstérisme.
À la suite de l’opération SharQc, Leclerc, des Hells Angels Nomads de l’Ontario, s’était terré un temps avant de reprendre ses activités à Montréal. « À l’instar de Cazzetta et des autres Hells, on le voyait parfois dans des bars ou des restaurants, mais il était loin d’être omniprésent. Il contrôlait ses affaires à distance », a indiqué un officier. Ancien Rock Machine, Leclerc a pris du galon au terme de la guerre des motards.
En 2000, alors qu’il n’était qu’un simple prospect des Rock Machine, Leclerc et sept acolytes avaient été les premiers au Canada à être jugés pour gangstérisme. Trois d’entre eux avaient été reconnus coupables de ce chef d’accusation. Leclerc avait été simplement condamné pour trafic de marijuana. « Je suis content de m’en être sorti, ça valait la peine de se battre, mais je suis déçu pour les autres », avait-il dit en quittant l’enceinte du tribunal.


La contrebande de cigarettes fait un tabac
Le tabac crée l’accoutumance, même pour le crime organisé. Après s’en être désintéressés pendant quelques années, les Hells Angels ont repris le trafic de cigarettes en tirant profit des discrètes installations de Peter Rice et de ses deux fils, dans la réserve de Kahnawake.
L’inspecteur Bernard Lamothe (notre photo), chef de la division du crime organisé du SPVM, a indiqué en conférence de presse hier qu’à Kahnawake, Salvatore Cazzetta et son gang utilisaient comme quartier général un entrepôt que la famille Rice « n’a cessé d’agrandir depuis quatre ans ».
Fabriquées sur place, les cigarettes de contrebande portaient même des marques spécialement réservées au puissant gang de motards, telles les Choppers, les Fighters, les Patriots et les Import A. Selon la police, Salvatore Cazzetta et sa bande payaient aussi les caisses de cigarettes moins cher que les autres trafiquants qui font affaire sur la réserve.
À en croire la dénonciation déposée au palais de justice de Longueuil, Cazzetta comptait sur l’aide de deux fidèles compères des défunts Rock Machine pour écouler ses stocks de tabac. Très actifs dans la guerre des motards qui a sévi de 1994 à 2001, Alain Brunette, 45 ans, et Serge « Merlin » Cyr, 51 ans, sont sortis de prison il y a à peine 18 mois.
Les cigarettes étaient distribuées un peu partout au Québec par des hommes de main. L’un d’eux avait été arrêté en décembre 2006, dans la région de Lanaudière, au volant d’un camion transportant 8810 livres de tabac. À Kahnawake, Cazzetta et son gang utilisaient comme quartier général un entrepôt que la famille Rice « n’a cessé d’agrandir depuis quatre ans », a indiqué en conférence de presse l’inspecteur Bernard Lamothe, de la police de Montréal.
Immeuble jalousement gardé
Surnommé « monopole » par les enquêteurs, l’immeuble était peu visible et hautement sécuritaire. Outre des appareils de surveillance, il y avait deux gardiens en faction 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Sur les lieux, les policiers ont notamment saisi des armes à feu, des gilets pare-balles, des chandails aux couleurs des Hells, de la machinerie lourde volée et du tabac.
Des membres de la communauté autochtone s’étaient d’ailleurs plaints à la police locale de la présence des gangsters montréalais dans les parages. C’est ce qui explique que les policiers autochtones aient aussi aisément collaboré à l’enquête, même s’il s’agissait d’une affaire de contrebande de tabac. « Il ne s’agissait pas de l’industrie du tabac, mais de revente de stupéfiants par des gens du crime organisé de l’extérieur de la réserve », a répondu l’inspecteur Lamothe aux journalistes qui s’étonnaient de cette soudaine ouverture des peacekeepers de Kahnawake.
Tout récemment, le gouvernement du Québec a dit perdre annuellement 200 millions en taxes impayées à cause de la vente illégale de cigarettes. Au début de 2007, il y avait au moins 8 fabricants accrédités et plus de 130 kiosques de vente de tabac dans la seule réserve de Kahnawake. Comme c’était le cas au début des années 90 quand le trafic de tabac a atteint son pic, « de plus en plus de réseaux organisés comme les Hells Angels achètent de grosses quantités de tabac et utilisent des courriers pour livrer les cigarettes à leurs clients », indiquent les spécialistes de la lutte contre le crime organisé. Les organisations autochtones sont aussi beaucoup plus structurées qu’avant.

L’autorité des Hells Angels affaiblie au centre-ville
Depuis l’opération SharQc, les Hells Angels ont beaucoup de difficulté à faire régner l’ordre dans le centre-ville. Faute de combattants de premier plan, a-t-on appris de diverses sources, ils ont récemment fait appel à de vieilles connaissances du milieu ou à des fiers-à-bras recrutés dans les bars afin de faire entendre raison à des petits revendeurs de rue venus d’un peu partout, et qui s’installent sans permission sur des portions de leur territoire. « Si tu ne vends pas pour nous, tu lèves le camp », s’est fait dire un jeune trafiquant de pot. « Ils se sont présentés à six. Je n’ai pas eu le choix, et je travaille pour eux depuis quelques jours », a-t-il confié à La Presse.
Selon lui, le prix de la roche de crack est passé de 20$ à 25$ il y a quelques semaines dans certaines zones de revente. Plus inquiétant, des membres de gangs de rue ont entrepris une tournée dans des bars et des restaurants, en vue d’imposer leur loi. Ils font aussi du recrutement. « Pour l’instant, ils font simplement sentir leur présence. Ils ne font pas trop de grabuge, si ce n’est que parfois ils par tent sans payer ou simulent une escarmouche. Mais on reste vigilants », ont déclaré deux serveurs d’un after-hours de la rue Sainte-Catherine.


La SQ frappe encore chez les Hells
L’opération Dictature lève le voile sur les activités illicites de l’entreprise X Vitres-Teintées
La police a franchi une autre étape dans sa lutte contre l’infiltration des Hells Angels dans l’économie légale, en démantelant hier un réseau qui s’imposait agressivement dans le commerce de l’esthétisme automobile.
L’opération d’hier avait pour objet le démantèlement d’un réseau gravitant autour de l’entreprise X Vitres-Teintées, qui s’imposait agressivement dans le commerce de l’esthétisme automobile.
Après avoir récemment entrepris de débusquer les motards intégrés dans le milieu de la construction, les policiers lèvent cette fois le voile sur les activités illicites de l’entreprise X VitresTeintées, dont les 23 franchises sont éparpillées un peu partout au Québec.
À l’aube hier, après deux ans d’enquête, quelque 150 policiers de la Sûreté du Québec ont fait irruption dans 18 commerces et résidences privées, la plupart dans la couronne nord de Montréal, mais aussi à Trois-Rivières et à Québec. Vingt mille plants de marijuana, une soixantaine d’armes à feu, environ 70 000$ en argent liquide et neuf véhicules ont été saisis. L’opération, baptisée Dictature, était pilotée par le Service des enquêtes contre le crime organisé de la SQ.
Au total, 27 personnes ont été épinglées et ont comparu hier après-midi par vidéo au palais de justice de Joliette sous un grand total de 140 chefs d’accusation. On les accuse, entre autres, de divers complots, d’extorsion, de gangstérisme, de production de marijuana, de trafic de cocaïne ainsi que d’armes à feu et de monnaie contrefaite.
Trois personnes sont toujours au large, à commencer par le présumé cerveau de l’organisation, Yannick Larose, à la tête de X Vitres-Teintées.
Larose se cache actuellement au Mexique avec sa conjointe, également visée par un mandat d’arrêt. Son entreprise venait d’ouvrir une succursale à Puerto Vallarta et avait des projets d’expansion en Europe, indique-t-on sur leur site internet.
Une demande d’extradition a été faite pour le rapatrier.
Larose, dont l’épais casier judiciaire remonte à 1992, entretenait des liens étroits avec l’influant Hells Angel Mario Brouillette, du chapitre de Trois-Rivières, avant que ce dernier ne se retrouve à l’ombre pour importation de cocaïne, en 2006.
Selon la police, Larose et ses acolytes tentaient de s’emparer du contrôle du commerce des vitres teintées, principalement dans les régions de Montréal et de Lanaudière. Larose et ses complices voulaient consolider leur monopole sous trois bannières, en s’associant avec les entreprises spécialisées en vitres teintées commerciales et automobiles Protex et Pelti.
Pour y parvenir, les suspects n’hésitaient pas à faire de l’intimidation, des menaces et même des voies de fait à l’endroit d’entrepreneurs concurrents.
Les policiers soupçonnent le réseau d’être responsable d’incendies criminels. En parallèle à ses activités licites, Larose dirigeait un réseau de trafiquants de marijuana et de cocaïne.
Les policiers ont perquisitionné à la résidence de Larose, située dans un quartier cossu de Mascouche. Avec une petite fontaine d’eau trônant au milieu de la pelouse et ses statues de dragon de chaque côté de la porte, Larose menait la vie de château.
Unvoisinn’était pas surpris outre mesure de l’arrestation de Larose. « C’était le voisin parfait, toujours poli, qui entretenait bien sa maison. On ne l’a pas vu depuis longtemps. On l’a toujours trouvé louche, surtout depuis qu’il a fait installer des caméras chez lui », a-t-il dit.
« Le nomest sali »
Sauf Larose, aucun autre franchisé de la bannière X VitresTeintées – des propriétaires indépendants – n’a été arrêté. Selon la police, ils n’ont aucun lien avec les activités illicites reprochées à Larose et son gang.
Ils risquent toutefois d’être écorchés par toute cette mauvaise publicité. « C’est sûr que le nom est sali. Depuis ce matin, les clients appellent pour savoir ce qui se passe. Le téléphone ne dérougit pas », a expliqué un franchisé de l’Estrie, José Rousseau.
M. Rousseau dit avoir appris en même temps que tout le monde hier matin la nature des activités de Larose, qui a pris en charge l’entreprise il y a quelques années. « Depuis qu’il est propriétaire de l’entreprise, il poussait beaucoup et voyait grand », a souligné cet indépendant.


DES CHANGEMENTS À PRÉVOIR DANS LA RUE
La frappe policière qui a décimé les Hells Angels, la semaine dernière au Québec, risque de secouer le milieu criminel à court terme. Elle n’a toutefois pas encore nui au commerce de la drogue.
Le coup dur porté aux Hells Angels n’empêche pas encore les consommateurs de se procurer aisément de la drogue. Des soubresauts sont cependant à prévoir dans les sphères plus élevées de cet univers.
Certains prévoient un été mouvementé dans les bars. Des organisations pourraient essayer de s’implanter dans ces lieux de vente et ainsi mettre la main sur une part du gâteau.
Comme c’est généralement le cas, les autres organisations, comme la mafia, pourraient pallier en partie l’absence des Hells Angels. Les changements dans la rue semblent déjà avoir commencé, même si les hommes de confiance des Hells tentent de maintenir le navire à flot. Il ne faut pas oublier que 24 des 27 personnes toujours en fuite sont des membres en règle et continuent sans doute de tirer les ficelles en coulisses.
Selon nos sources, des changements sont déjà perceptibles dans les prix de gros des stupéfiants. Il est plus difficile et plus coûteux d’obtenir de la cocaïne au kilo. Au lieu de 50 000$ à 60 000$, comme depuis un bon moment, le prix du kilo est maintenant de 70 000$ à 80 000$. Même le prix du crack a grimpé: une roche se vend 25$ au lieu de 20 $. Il est possible que cette hausse soit artificielle (voir encadré).
De nouveaux visages ont déjà fait leur apparition sur le terrain, a raconté à La Presse un vendeur de stupéfiants à la solde des HA. « Une fois que les gros (les membres en règle) sont partis, c’est comme un changement de gouvernement. Il y a déjà des gens qui ont commencé à se faire tasser par de plus gros trafiquants », a constaté cet homme qui exploite une « route » à Montréal.
Il travaille depuis quelques années pour une « PME » qui livre de la drogue à domicile, surtout de la marijuana et de la cocaïne. « Tous les numéros de vendeurs sont encore bons et les gars qui vendent dans les bars sont toujours là », a assuré le revendeur, qui estime gagner entre 500$ et 1000$ par jour.
I l croit cependant que le coup de filet de la semaine dernière contre ses « employeurs » aura un impact sur son gagnepain. « Les nouveaux patrons vont décider s’ils me gardent ou non. Je sais déjà que mon temps est compté », a résumé le trafiquant.
« Plusieurs avaient déjà placé leurs pions »
Dans les bars du centre-ville, on avance que plusieurs motards épinglés la semaine dernière s’attendaient à recevoir la visite des policiers. « Plusieurs avaient déjà placé leurs pions », ont expliqué des employés interrogés par La Presse.
Certains prévoient d’ailleurs un été mouvementé dans les bars. Des organisations pourraient essayer de s’implanter dans ces lieux de vente et ainsi mettre la main sur une part du gâteau. « Ça va être le free for all et ceux qui vont le plus écoper sont les propriétaires de bars et les portiers », s’est inquiété un employé.
Selon lui, les gangs de rue sont déjà en train de s’organiser pour prendre le contrôle de quelques bars du centre-ville. « Ils ont commencé en poignardant les trois employés de l’after-hours Circus, dans la nuit de samedi à dimanche dernier », a suggéré cette source.
Il faut éviter de faire des liens hâtifs, a nuancé de son côté Charles Mailloux, inspecteur à la division du crime organisé au Service de police de Montréal. Le policier n’a pour le moment aucune raison de croire que l’agression survenue au Circus soit le fait des gangs de rue ou d’un autre groupe désireux de prendre le contrôle de l’endroit.
Il est également trop tôt pour mesurer l’impact de l’opération SharQC, ajoute l’inspecteur Mailloux. « On accumule du renseignement. Il est trop tôt pour savoir qui veut prendre le contrôle », a-t-il résumé.
Il faudra donc patienter quelques semaines, voire quelques mois, pour vraiment savoir qui prendra la relève des Hells Angels.
Pour l’heure, le SPVM, à l’instar des autres corps policiers de la province, maintient une pression sur le milieu.
Des policiers ont d’ailleurs fait une « visite administrative » dimanche soir au club Opéra, au centre-ville. Plusieurs clients auraient été interrogés et photographiés par les policiers.
« La demande est toujours là »
De son côté, Michel JuneauKatsuya, ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et actuel président de la firme de sécurité Northgate, estime que plusieurs groupuscules pourraient essayer de s’emparer du marché des HA. Parce que la demande sera toujours là, explique-t-il. « Mais les Hells ne sont pas totalement éliminés. D’autres membres du groupe pourraient désigner des émissaires dans le but de maintenir le trafic, mais ça ne sera pas facile », croit M. Juneau-Katsuya. Il est également d’avis que les effets de l’opération SharQc ne se feront pas trop sentir chez les consommateurs. « Ça va peut-être amener un certain désordre, amener des gens à se trouver de nouveaux fournisseurs, mais tout devrait se stabiliser assez rapidement », a-t-il résumé.
Même son de cloche du côté de la criminologue Chantal Perras, qui a rédigé un mémoire sur le rôle des policiers lors de l’opération Printemps 2001. « Une telle frappe policière n’est pas un coup d’épée dans l’eau. S’il n’y en avait pas, les groupes de criminels prendraient toujours plus d’expansion. Mais je ne pense pas qu’on va enrayer le trafic de la drogue, il fait partie de la société », a souligné Mme Perras.
Pour s’en rendre compte, une simple balade autour du parc Émi l ie-Gamel in suf f it . Peu importe l’envergure ou le nombre d’opérations menées contre le milieu criminel, les petits revendeurs y sont toujours fidèles au poste, bien visibles.
L’un d’eux, un jeune rouquin dissimulé sous un capuchon, hélait sans subtilité les passants un peu plus tôt cette semaine, juché sur une poubelle devant l’entrée de l’UQAM. En grommelant, il a dit ne pas croire que ses ventes seront influencées d’une quelconque manière par l’opération contre les motards. « Je ne suis pas ici pour donner des informations », a-t-il lancé, coupant court à l’entretien.

Les hommes de confiance prennent la relève
Comme c’est la coutume dans le monde interlope, les hommes de confiance des motards épinglés au cours de l’opération SharQc ont aussitôt pris les affaires en main.
Mais , selon le l ieutenant Daniel Guérin, porte-parole de l’Escouade régionale mixte de Laval, ces remplaçants des HA n’ont pas tous les atouts pour assurer la relève. « Ils vont tenter de maintenir le trafic des stupéfiants, mais ces trafiquants ont moins de crédibilité ou suscitent de la méfiance parce que ce sont de nouveaux visages, a souligné le policier. C’est là qu’ils vont commettre des erreurs, se mettre dans l’embarras. Et nous, on les a à l’oeil. »
Le lieutenant Guérin croit que ces changements ne seront pas vraiment perceptibles dans la rue. « La base est assez stable. Ce ne sont pas des membres en règle qui écoulent de la drogue dans les bars », a rappelé le lieutenant Guérin.
De plus gros trafiquants indépendants, habitués à collaborer avec les HA, pourraient aussi profiter de la situation pour gagner un peu de terrain. Sans oublier les autres mafieux déjà actifs à Montréal.
À la suite de Pr i ntemps 2001, les policiers avaient vite remarqué de nouveaux visages chez les trafiquants. Un bon exemple est celui des frères Jean et Patrick Lavertue, arrêtés récemment lors de l’opération Axe. Les deux hommes et leurs associés avaient remplacé les Syndicate depuis 2006 afin d’alimenter les gangs de rue en cocaïne.

Les gangs de rue ne sont pas assez solides
Même s’ils ont pris du galon depuis l’époque de l’opération Printemps 2001, les gangs de rue n’ont pas les reins assez solides pour dominer le marché de la drogue à Montréal, estiment des spécialistes interrogés.
Il faudra patienter quelques semaines, voire quelques mois, pour vraiment savoir qui prendra la relève des Hells Angels dans les transactions de drogue, selon des spécialistes.
« Certains pensaient que les gangs de rue allaient avoir la mainmise sur le trafic de drogue après Printemps 2001, mais ce n’est pas arrivé », explique le lieutenant Daniel Guérin, porteparole de l’Escouade régionale mixte de Laval.
Selon lui, les gangs de rue ne sont tout simplement pas assez organisés et puissants financièrement pour damer le pion aux motards. « La structure des gangs de rue est incroyablement changeante. Ils peuvent rêver de prendre le territoire des HA, mais n’ont pas les moyens de s’emparer d’un marché comme celui-là », explique le lieutenant Guérin, qui a participé aux deux grands coups de filet contre les motards.
Michel Juneau-Katsuya, un ancien cadre du SCRS et actuel président de la firme de sécurité Northgate, affirme néanmoins que les gangs de rue ont gagné en importance depuis Printemps 2001 et pourraient être tentés d’élargir leur influence. « Mais le phénomène des gangs de rue est surtout urbain et les HA sont éparpillés dans plusieurs coins du Québec », note-t-il.
Les gangs de rue d’aujourd’hui sont toutefois appelés à devenir des acteurs importants. « Ils sont dans le milieu depuis 15 ou 20 ans, des liens d’affaires se sont tissés avec le temps. Ce ne sont plus des petits jeunes sans expérience », indique l’inspecteur Mailloux, à la division du crime organisé au SPVM.
Est-ce que les gangs de rue, généralement divisés entre eux, pourraient être tentés de s’unir pour s’emparer du marché montréalais? « Il n’y a pas de signe avant-coureur d’union entre les Bleus et les Rouges », assure l’inspecteur Charles Mailloux.
Une telle alliance surprendrait également Michel JuneauKatsuya. « C’est possible lorsqu’il y a un séisme de cette nature dans le monde du crime organisé. Mais habituellement, c’est lorsque la carte est pleine que les unions se forment. Lorsqu’il y a un trou, c’est généralement au plus fort la poche », illustre-t-il.

Malgré des récents coups de filet importants contre les HA et la mafia – avec l’opération Colisée –, il ne faut pas négliger la présence des autres organisations criminelles actives à Montréal, comme les mafias russe, chinoise, juive et mexicaine, souligne M. Juneau-Katsuya.




Des comptables flics  -  Serge Ménard
Les forces policières doivent intégrer ces professionnels dans leurs rangs pour combattre les crimes économiques
Il est temps de s’y attaquer avec la même énergie et la même imagination dont nous avons fait preuve à l’égard des motards criminels.
L’auteur est un ancien ministre de la Sécurité publique du Québec, présentement député de MarcAurèle-Fortin et porte-parole du Bloc québécois en matière de sécurité publique. L es victi mes des gra ndes f raudes qu i ont a l i menté l’actualité depuis un certain temps mér itent cer ta i nement toute notre sympathie. L eu r dét resse su sc ite en nous une émotion profonde et un sentiment d’horreur à l’égard de ceux qui en sont responsables.
À défaut de pouvoir indemniser complètement toutes les victimes, je crois que nous leur devons de prendre des mesures qui vont rendre plus difficile la commission de ce type de crime et permettre d’en poursuivre leurs auteurs plus souvent et plus efficacement.
Pour cela, je ne crois pas que d’importants changements législatifs soient nécessaires. Nous avons déjà proposé six mesures qui pourraient aider les v ic ti mes et rétabli r la confiance dans notre système judiciaire sans tomber dans la dérive démagogique.
La plus importante d’entre elles concerne les forces policières, car les carences ne sont pas tellement dans les lois que dans les moyens de les appliquer.
Il faut apporter de toute urgence, des changements radicaux dans les organisations policières tant fédérales que provinciales ou dans celles des grandes villes.
Il est vrai que beaucoup d’efforts ont été déployés pour lutter contre les crimes violents et le trafic de drogues. Les crimes économiques dont les conséquences n’apparaissaient pas aussi dramatiques ont été négligés.
Il est temps de s’y attaquer avec la même énergie, la même imagination dont nous avons fait preuve à l’égard des motards criminels en créant l’escouade Carcajou et ses successeurs qu’on appelle aujourd’hui « escouades mixtes ». Mixtes parce qu’elles regroupent des policiers de différents corps policiers, ce qui permet de mettre en commun leurs renseignements criminels, qui sont par nature secrets.
Mais la problématique des crimes économiques est bien différente de la criminalité des gangs violents. Il faut que les enquêtes sur les fraudes soient de plus en plus menées par des comptables professionnels avec l’assistance de quelques avocats et de quelques policiers dans des escouades consacrées à la lutte contre les grandes fraudes. Il faut que ces comptables aient une formation universitaire et soient membres d’une corporation professionnelle. Il serait bon d’y ajouter également des personnes qui ont une bonne expérience dans le monde de la finance.
Cela suppose que les organisations policières acceptent ce qu’on appelle les entrées latérales, c’est-à-dire l’entrée dans la force de police de professionnels qui, à cause de leur compétence, peuvent devenir policiers sans avoir passé par la filière habituelle. Il faut aussi qu’on puisse les payer et leur donner un rang qui correspond à leur formation et à leur expérience.
Il faut que de jeunes diplômés en comptabilité remplis d’idéal puissent envisager de consacrer toute leur carrière professionnelle à lutter contre la fraude.
Il va sans dire qu’ils devraient subir un certain entraînement de nature policière avant d’occuper leurs fonctions mais il est plus facile de donner un cours de base en techniques policières à un comptable professionnel que de faire d’un policier un véritable comptable. Et puis, ils travailleraient dans des équipes multidisciplinaires.
Je sais que les organisations policières ont toujours été réfractaires à cette idée des entrées latérales comme, avant Carcajou, elles l’étaient à l’idée de partager leurs renseignements criminels. Il est temps pour les corps de police de prendre conscience des avantages qu’il y a à intégrer l’expertise dans leurs rangs.
Je suis convaincu que les enquêtes avanceraient beaucoup plus rapidement si les milliers de documents comptables de toutes sortes saisis au cours des perquisitions étaient examinés par des personnes rompues à la comptabilité des grandes entreprises et qui peuvent distinguer où se trouvent les indices de ce qui est anormal, suspect et qui cache des activités frauduleuses pour, finalement, découvrir où s’en trouve la preuve.
Pour reconnaître ce qui est anormal, il faut bien connaître ce qui est normal. Il faut savoir lire des bilans complexes et les interpréter, c’est un art qui s’apprend mais ce n’est pas à l’école de police qu’on l’enseigne.
Évidemment, il y aura un coût à cela, mais pour le moment, on peut dire que d’une certaine façon, ce sont hélas les victimes qui en écopent.




Les cyclistes de performance retrouvent leur piste
Circuit Gilles-Villeneuve du parc Jean-Drapeau
La Société du parc Jean-Drapeau fait marche arrière. Les cyclistes de performance pourront continuer à s’entraîner sur la piste du circuit Gilles-Villeneuve. Fraîchement installées, les barrières de ralentissement ont été retirées.
La décision unilatérale des dirigeants du parc Jean-Drapeau de limiter la vitesse des cyclosportifs sur le circuit avait suscité la grogne des principaux intéressés la semaine dernière. D’autant plus que la solution de rechange proposée consistait à déplacer les athlètes autour du bassin olympique. Cela avait eu pour effet de susciter du mécontentement chez les usagers du bassin (kayak, bateaudragon, aviron) qui n’avaient pas davantage été consultés.
La Société du parc JeanDrapeau a finalement convié les représentants de groupes cyclistes à une rencontre, hier, durant laquelle différentes solutions ont été trouvées. « D’entrée de jeu, la Société a reconnu qu’elle aurait dû nous consulter. La discussion a été très positive sur un mode de collaboration », s’est réjoui le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Louis Barbeau.
En plus de retirer les barrières de ralentissement, la Société va installer une meilleure signalisation sur le circuit. Les cyclistes plus lents devront rouler à droite sur la voie cyclable. Les plus rapides, à gauche. Les cyclosportifs peuvent atteindre des vitesses de 35 à 40 km/h à l’entraînement. Les dos d’âne posés récemment resteront en place dans la voie réservée aux automobilistes. Une portion du circuit qui était à double sens pour les automobilistes redeviendra à sens unique. Autre victoire pour les athlètes : aucune contrainte d’horaire ne leur sera imposée.
Prudence
De leur côté, les groupes de cyclistes de performance devront sensibiliser leurs membres à faire preuve de prudence sur le circuit. La Société a répertorié 27 accidents sur le circuit l’été dernier, dont 12 ont nécessité un transport en ambulance. « On va sensibiliser notre monde à être vigilant en grande période d’achalandage, notamment lorsque les baigneurs se rendent en masse à la plage du parc. La sécurité est la préoccupation de tous », indique M. Barbeau.
La médaillée paralympique Chantal Petitclerc est satisfaite du dénouement. La coureuse en fauteuil roulant, qui s’entraîne chaque semaine sur le circuit, a aussi été invitée à la rencontre d’hier. « Tout le monde va pouvoir cohabiter de façon sécuritaire », indique celle qui s’était inquiétée la semaine dernière, en entrevue à La Presse, que les athlètes de haute performance se fassent encore une fois « tasser » au profit des sportifs récréatifs.
La Société du parc JeanDrapeau n’a pas accordé d’entrevue, hier. Sa direction publiera un communiqué sur la question aujourd’hui, a dit l’assistante de la directrice des affaires publiques, Nathalie Lortie.
Une manifestation réunissant plusieurs centaines de cyclistes avait eu lieu vendredi dernier sur le circuit pour protester contre la décision de la direction du parc.
Le circuit Gilles-Villeneuve est l’endroit d’entraînement de prédilection des cyclosportifs, qui roulent à une vitesse trop élevée pour circuler sur les pistes cyclables. C’est le seul endroit à Montréal où ils peuvent maintenir une vitesse de pointe.





Le maire Tremblay pédale en mode compromis
CIRCUIT GILLES-VILLENEUVE
Le maire Gérald Tremblay prend au sérieux les complaintes des cyclistes de performance du circuit Gilles-Villeneuve. « On va trouver une solution dans les plus brefs délais », a-til lancé du tac au tac à La Presse, au cours d’une conférence pour dégager des sommes d’urgence afin de venir en aide aux démunis de Montréal.
La Fédération québécoise des sports cyclistes recommande à la Société du parc Jean-Drapeau et à la Ville de Montréal de de consacrer « le Circuit à l’entraînement et non à la promenade ». Afin d’y parvenir, la Fédération estime que les cyclistes de promenade devraient être dirigés vers les 450 kilomètres de pistes cyclables que compte désormais Montréal.
Aussitôt qu’il a pris connaissance de la cohabitation chaotique vélo-auto, le maire assure qu’il a contacté son frère, Marcel Tremblay, responsable du dossier à l’exécutif de son administration municipale. Ce dernier a joint la direction générale de la Société du parc Jean-Drapeau, en matinée hier, pour trouver « un compromis acceptable pour tout le monde ».
« Montréal est une ville de cycl istes, a rappelé Géra ld Tremblay. Le Tour de l’île vient de fêter son 25e anniversaire. Nous venons d’implanter le système de vélos Bixi. Il y a certainement une façon d’organiser les horaires pour faciliter la cohabitation des cyclistes et automobilistes sur le circuit », a-t-il dit.
À la suite d’un article publié hier dans La Presse, révélant les détails d’une engueulade musclée entre deux cyclistes et un gestionnaire de la Société du parc Jean-Drapeau, la direction a pour sa part choisi de demeurer peu bavarde.
Impossible de savoir ce qui va advenir des dos d’âne installés pour rendre le circuit impraticable à haute vitesse. De même que les solutions envisagées.
Nathal ie Lessa rd, por teparole de la société paramunicipale, a d’abord dit : « On n’accordera plus d’entrevue d’ici la rencontre avec les fédérations concernées, dont Vélo Québec. »
« On veut juste préciser qu’il s’agit d’un problème avec les cyclistes de performance, pas avec les cyclistes en général, de promenade. La rencontre aura lieu mardi. Et on fera le point par la suite », a-t-elle ajouté.
Pétition
Sur le site internet de Vélo Québec, une pétition demeurera en ligne encore toute la journée.
Au moment de mettre sous presse, hier, el le comptait près de 3000 signataires. En plus de dénoncer la situation, la Fédération québécoise des sports cyclistes recommande à la Société du parc Jean-Drapeau et à la Ville de Montréal de consacrer « le Circuit à l’entraînement et non à la promenade ».
A f i n d ’ y pa r ve n i r , la Fédération estime que les cyclistes de promenade devraient être dirigés vers les 450 kilomètres de pistes cyclables que compte désormais Montréal.
L’accès aux véhicules sur le circuit devrait être restreint. Et une voie devrait être créée pour le patin à roulettes, ajoutet-on. La Fédération voudrait enfin « rédiger des consignes de sécurité en collaboration avec les groupes cyclosportifs » pour notamment rendre obligatoire le port du casque de vélo.




CHRONIQUE D’UNE FIN ANNONCÉE -  Caroline Touzin
CYCLISME DE PERFORMANCE SUR LE CIRCUIT GILLES-VILLENEUVE Les rues de Montréal sont le théâtre d’une rivalité marquée entre deux clans : les automobilistes et les cyclistes. Des deux côtés, les reprochent fusent et, quand leurs routes se frôlent, les juron
Face à la grogne des sportifs, la Société a mis de l’eau dans son vin, hier. Les représentants de groupes cyclistes seront consultés en début de semaine prochaine.
Dès l’automne dernier, à la suite d’une engueulade musclée avec des cyclistes, l’un des directeurs de la Société du parc JeanDrapeau a annoncé ses couleurs : il leur a prédit la fin du cyclisme de performance sur le circuit Gilles-Villeneuve, a appris La Presse.
Quelques mois plus tard, la Société décidait d’installer des barrières de ralentissement et des dos d’âne, ce qui a mis en rogne les cyclistes qui empruntent régulièrement le circuit.
L’engueulade a eu lieu lorsque le directeur principal, exploitation, Gilles Ballard, circulait en voiture sur le circuit. Signe de la cohabitation difficile entre automobilistes et cyclistes à Montréal, les versions de la Société du parc Jean-Drapeau et des deux cyclistes impliqués, Raphaël Henr i-Jol icoeur et Charles-Antoine Julien, diffèrent. Mais tous trois confirment l’altercation, ainsi que l’annonce de l’installation des barrières.
Le directeur général de la Société, Christian Ouellet, n’a pas permis à son directeur exploitation, Gilles Ballard, de raconter sa version à La Presse. C’est la porte-parole de la Société, Nathalie Lessard, qui a été mandatée pour raconter l’altercation à laquelle elle n’a pas assisté.
Par ailleurs, face à la grogne des sportifs, la Société a mis de l’eau dans son vin, hier. Les représentants de groupes cyclistes seront consultés en début de semaine prochaine, a promis, hier, la porte-parole de la Société, Mme Lessard. La Société n’exclut plus de réserver des plages horaires sur le circuit aux cyclistes de performance. « Tout est sur la table à nouveau », a-t-elle dit en précisant que « la problématique de sécurité demeure ». L’an dernier, 27 accidents impliquant des vélos s’y sont produits.
Pourquoi les sportifs n’ont-ils pas été consultés au départ? « Au parc Jean-Drapeau, on a 5 millions de visiteurs par an. Si on se met à consulter tout le monde, on ne serait pas capable d’avancer », a expliqué Mme Lessard.
Sans consulter les cyclistes ni les usagers du bassin olympique (aviron, kayak, bateau-dragon), la Société a récemment décidé de déplacer les cyclistes de performance qui s’entraînent sur le circuit Gilles-Villeneuve vers le bassin olympique. Or, cela ne fait l’affaire ni d’un côté ni de l’autre. À l’entraînement, les cyclosportifs roulent généralement au-dessus de 30 km/h (limite permise par la Ville sur le circuit).
Tensions palpables
L’histoire des cyclistes Raphaël Henri-Jol icoeur, 24 ans, et Charles-Antoine Julien, 34 ans, en dit long sur les tensions qui règnent entre les automobilistes et les sportifs sur les lieux. Fin septembre, par une journée pluvieuse, tous deux roulaient dans la voie réservée aux cyclistes sur le circuit – une boucle de 5 km. Les triathlètes pédalaient à 25 km/h pour récupérer de leur entraînement, selon leur version. M. Ballard circulait dans la voie des automobilistes. Pour éviter un camion garé dans sa voie, M. Ballard aurait changé de voie, empruntant celle des cyclistes, sans regarder au préalable si la voie était libre.
Le conducteur aurait frôlé Raphaël Henri-Jolicoeur. Ce dernier a eu le réflexe de signaler sa présence en cognant sur le toit de la voiture avec sa main. « À mon sens, c’est lui qui était dans l’erreur. J’ai eu peur pour ma vie », souligne le jeune homme qui travaille dans une boutique de vélos.
Selon son récit, M. Ballard a ensuite baissé sa vitre pour l’injurier. Il lui aurait dit qu’il était directeur du site. « Il nous a dit qu’il en avait assez des cyclistes. Qu’on était dangereux et qu’on n’avait aucune conscience du monde. On sentait qu’il avait
une frustration latente envers les cyclistes en général », raconte le triathlète.
Son partenaire d’entraînement, Charles-Antoine Julien, corrobore sa version. « La réaction du directeur était démesurée par rapport à l’événement qu’il avait engendrée. Sa voiture n’était pas endommagée; nous n’étions pas blessés. Il était hors de lui », décrit l’athlète qui fait son doctorat en informatique à l’Université McGill. M. Ballard est ensuite allé se garer près de son bureau, toujours sur le circuit, selon la version des cyclistes. Ces derniers ont décidé d’aller lui parler dans le stationnement. « Il m’a dit qu’il n’y avait rien à discuter. Et qu’il allait se débarrasser de nous autres », ajoute M. Jolicoeur. Le directeur leur a alors parlé de l’installation des barrières de ralentissement.
« Pas poli »
Le direc teur exploitat ion reconnaît que l’altercation a eu lieu. Il ne nie pas avoir parlé des barrières, selon la porte-parole de la Société, Mme Lessard. Mais ce sont les deux cyclistes qui ont coupé M. Ballard dans la voie réservée aux automobilistes, selon la Société. « M. Ballard a voulu les rattraper pour leur dire que c’était dangereux. Il a emprunté la voie des vélos pour passer devant eux, puis s’est arrêté plus loin pour leur parler. Ça n’a pas été poli d’aucune des parties », explique la porte-parole. L’un des cyclistes a frappé la voiture avec son pied, raconte-t-elle. Les deux athlètes seraient plus tard rentrés à la réception du pavillon du Canada – dans lequel la Société a ses bureaux – pour poursuivre l’altercation.
Les deux triathlètes nient être entrés dans le pavillon. « Au moment de l’altercation, le directeur m’a raconté que c’était son troisième incident impliquant un vélo. Peut-être a-t-il mêlé les histoires. Nous, on n’est jamais allés à son bureau », se défend Raphaël Henri-Jolicoeur. Son ami et lui conservent un souvenir amer de cet incident. « On dirait qu’il n’y a pas de place pour nous. Sur les routes, les voitures trouvent qu’on les ralentit. Et sur les pistes cyclables, on va trop vite », constate Charles-Antoine Julien. « Si le directeur était un cycliste, il n’aurait pas pris cette décision », conclut Raphaël Henri-Jolicoeur.

Des cyclistes se rebellent
D’un point de vue purement physique, vélos et autos sont sur la route l’équivalent de David contre Goliath. Quand l’automobiliste frôle le cycliste, celui-ci en tremble comme une feuille. Mais des cyclistes se rebellent.
Fabian Rodriguez s’est installé un klaxon à air comprimé pour vélo, qui sonne aussi fort qu’un klaxon de camion de 18 roues et qui a un effet certain sur les automobilistes.
Fabian Rodriguez, un informaticien de Montréal qui roule constamment à vélo, s’est longtemps « défendu » contre les automobilistes trop envahissants en frappant sur leur capot. « Je m’assurais de ne pas endommager le véhicule. Ça avait un effet instantané sur les conducteurs qui me collaient de trop près. C’est comme donner une taloche à l’arrière de la tête de quelqu’un que tu ne connais pas. Le message passe », dit-il.
Récemment, l’informaticien a cependant adopté une nouvelle stratégie: « J’ai acheté un klaxon qui sonne plus fort qu’un camion de 18 roues », explique-t-il. Ce « klaxon » pour vélos est en fait une sorte de trompette à air comprimé qui s’installe sur son guidon. « Quand je le fais sonner, ça me met sur un pied d’égalité avec les voitures. C’est magique. Les automobilistes pensent immédiatement qu’ils vont se faire heurter par un camion. Ils se tassent », croit M. Rodriguez.
Grands moyens
D’autres cyclistes prennent aussi les grands moyens pour retracer les automobilistes jugés dangereux. Le 1er juin, sur le forum du site de Vélo Québec, dans la rubrique des petites annonces, un cycliste a inscrit ce message : « Vélo cyclosportif recherche Ford Windstar qui frôle les cyclistes dans le secteur Mirabel. Attention, la plaque du véhicule est le XXXXXXXX. »
François Éthier, un cycliste sportif qui s’était entraîné au même endroit quelques semaines avant la parution de l’annonce a reconnu la description du véhicule. « Je me souviens : alors que je m’entraînais dans des conditions très venteuses, le même conducteur m’a carrément frôlé et s’est arrêté quelques mètres plus loin en me jurant que la prochaine fois, il me ferait prendre le champ, raconte M. Hétier. J’ai porté plainte à la police, mais sur le coup, ça n’a rien donné. Quand j’ai contacté le cycliste qui a publié la petite annonce, le dossier est allé plus loin. L’annonceur était lui-même un policier. Il a rencontré les policiers locaux, et ceux-ci ont rencontré le chauffard. »

ÀQUI LA FAUTE?
Les automobilistes accusent les cyclistes d’ignorer le Code de la sécurité routière. Les cyclistes accusent les automobilistes de rouler en fous. À qui la faute?
« Ce n’est la faute ni à l’un ni à l’autre, tranche Jacob Larsen, étudiant à la maîtrise à l’École d’urbanisme de l’Université McGill. Le problème n’en est pas un de comportement; c’est un problème d’urbanisme. »
Dans le cadre d’une recherche, l’étudiant mène actuellement un sondage en ligne au sujet des pistes cyclables montréalaises. Un des buts de l’enquête : comprendre ce qui cause les conflits sur les pistes cyclables. « La recherche tend à démontrer que même si on multiplie les pistes cyclables, les cyclistes préféreront quand même utiliser le chemin le plus rapide pour arriver à destination, quitte à rouler dans une rue normale. Le hic, c’est que les routes, à Montréal, n’ont jamais été pensées en fonction des cyclistes. Les automobilistes sont donc souvent surpris par la présence de cyclistes », explique-t-il.
« Même les pistes cyclables ne sont pas pensées en fonction des cyclistes », ajoute le chercheur. La rue Sherbrooke en est un bon exemple: « On a voulu maintenir deux voies dans chaque sens, en plus de la piste cyclable et des trottoirs. Le résultat, c’est que les voies ne sont pas assez larges ni pour les voitures ni pour les vélos, et cela cause de la friction, explique Jacob Larsen. Faute d’aménagements adéquats, autant les cyclistes que les automobilistes prennent des risques. » Pour participer au sondage de Jacob Larsen: http ://tram.mcgill.ca/cycling.html

Un cocktail explosif -  MICHÈLE OUIMET
Qau Danemark, 410 en France, 380 en Angleterre.
Il y a davantage de cyclistes urbains qui utilisent leur vélo sur une base régulière. Ils roulent plus longtemps et plus souvent. Et parfois, plus dangereusement. Je vous l’ai dit, je l’admets. Mea culpa.
En 20 ans, le parc automobile a doublé à Montréal. Donc plus d’autos, mais aussi plus de cyclistes. Et de plus en plus de nids-de-poule. Un cocktail malsain. Quand je veux rouler, vraiment rouler, j’enfourche mon vélo de course et je parcours la montagne et les cimetières. Parfois, je traverse le pont Jacques-Cartier et je file sur le circuit Gilles-Villeneuve. Pour le plaisir de pédaler sans arrêt sur de l’asphalte lisse, le nez collé sur mon guidon, loin des bruits de la ville. La paix, la grande paix.
La Société du parc Jean-Drapeau a décidé de chasser les cyclistes du circuit en installant des barrières de ralentissement. La chose s’est faite rapidement, phénomène rarissime à Montréal. La décision a été prise en mai par le comité de gestion de la Société, elle a été entérinée peu de temps après par le conseil d’administration et les premières barrières ont été installées lundi. Une opération éclair.
Les cyclistes amateurs de vitesse sont en rogne. Ils vont se résigner à rouler dans les pistes ou les rues de la ville. Le cocktail vélo-auto sera encore plus explosif.