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Q & A: Svali
Answers Readers’ Questions
Is The Illuminati Good Or Evil?
The Illuminati - Good? or Bad?
Thread: Illuminati world order, good or bad?
50 Awful Things About The Illuminati
Why is the illuminati bad?
The Good And Evil Inside Us: The Illuminati Secret
La Franc
Maçonnerie Dr Pierre Gilbert 1et2
Beyond A Reasonable Doubt: 23 Arguments for the Historical
Validity of the Resurrection of Jesus Christ
The
Christ Files
Si
on te frappe sur la joue droite...
Des enfants décrivent des rituels,
abus et sacrifices sataniques
Un
ancien Franc-Maçon Illuminati sataniste révèle
leurs pratiques (vidéo)
William
Schnoebelen
Bill Schnoebelen
Les enfants de Dieudonné
menacés de viols, tortures, kidnappings et de mort,
indirectement.
Svali
et les Illuminati
L’Exposé Greenbaum
Jesus
Was A Buddhist Monk (BBC Documentary)
Miracles
of Buddha and Christ: Similarities
WALKING
ON WATER
Walking on Water - Christ and Buddha
In Jataka 90 the Buddha miraculously feeds 500
disciples with a single cake
Buddha
Rejects
Creator God
À méditer… …Eux n'étaient pas taxés
d'islamophobie !
La
charia en Belgique
Niqab : acceptez et
taisez-vous maintenant!
Les raisons de la laïcité ouverte
La
manif
contre la charte des valeurs réclame un «Québec ouvert»
Manifeste pour un Québec inclusif: plus de 10 000
signataires
Le
pari de la laïcité ouverte
Pour une laïcité ouverte et… progressiste
Pour ou contre les crucifix dans les écoles?
L'Italie gardera ses crucifix à l'école
Crucifix dans les écoles publiques allemandes
Italie — crucifix autorisés dans les écoles (CEDH)
Le crucifix et nous
La Cour européenne valide la présence de crucifix dans
les écoles publiques italiennes
Le crucifix à l'Assemblée nationale?
Attention aux attaques simplistes!
La
Cour
d'appel donne raison au maire Tremblay
Prière et crucifix à l'Hôtel de ville
La
sainte
crucifiée
Le
dalaï-
lama charme les foules montréalaises
Le
chef
spirituel qui attire les foules - Laura-Julie
Perrault
Voir aussi La
crise
redéfinit les valeurs, dit le dalaï-lama
Demonizing
Muslims:
To what end? - GERALD CAPLAN
A
mirror of faith on the Canadian wall
Pope received news of his
warrant of arrest before resignation
La
démission
du pape, une décision prise «il y a un an»
Benoît
XVI:
un pape mi-figue, mi-raisin
Se pourrait-il donc que même l'Église Catholique soit
finalement capable de changement ?...
Un visage plus humain pour le pape
Confessions de Benoît XVI
Mais cela l'empêche-t-elle pour autant de faire preuve
d'incohérence ?
Condom
et
confusion
God's far from dead in
the global South - MARGARET WENTE
Le
Noël
des indignés
Canonisation
du
frère André - Ce qu'il en reste
Le
Québec
écartelé entre foi et athéisme
Jésus
au
Québec: nouveau chemin de croix
Avatar and the politics of our time - Rick Salutin
Religion: gare à l'intolérance
L’avocat
du
frère
André
Une athée passionnée par les « miracles »
Matière à polémique
Un long processus
Un saint à hauteur d’homme - Louise
Leduc
Un portier au royaume des saints
Canonisation
du
frère André - Perte de sens
Le
frère
André est admis parmi les saints
Le frère André sera canonisé
Le
frère
André sera bientôt un saint
Après 60 ans d'attente, le frère André sera canonisé
Tekakwitha
bientôt
sainte?
Une
première
femme ordonnée prêtre au Québec
Les anglicans ouvrent la porte aux femmes évêques...
... les catholiques la referment
De par ses positions aussi radicales qu'incohérentes,
l'Église n'est-elle pas la première à se ridiculiser
elle-même ?...
Le pape comprend ceux qui quittent l’église
L'Église
s'enlise
Le
pape
et
le
sexe
-
Yves Boisvert
La
colère
de
soeur
Marguerite
-
Vincent Marissal
Le
chaînon
manquant
-
Alain Dubuc
«
Qu’il se mêle donc de ses affaires »
Dieu
les
aurait-il condamnées?
Josée Verner condamne les propos du cardinal Marc Ouellet
Propos du cardinal Ouellet: le Dr Gaétan Barrette est
«bleu marin»
Avortement
-
Air vicié
Le mépris de Kazem Ouellet - Patrick Lagacé
Le cardinal Ouellet sévèrement dénoncé
L'avortement
injustifié
même en cas de viol, selon le cardinal Ouellet
Benoît
XVI
lance une nouvelle polémique
Tous égaux, sauf les gais - Rima Elkouri
Le
nouveau
visage des catholiques
Jésus
et
nous - André Pratte
Plus que des fables
Il
est
né (où?) le divin enfant
Une tradition de naissance
Dans
la
bulle de son voile - Nathalie Petrowski
L'Église ne pourrait-elle pas commencer par chercher à faire
pardonner ses propres péchés, avant de penser pouvoir faire
la morale à qui que ce soit ?...
NOUS
SOMMES
TOUTES
DES
SORCIÈRES
L'Église et l'église - Patrick Lagacé
Le
malaise
des
prêtres
-
Stéphane Laporte
La culture du secret, dont l'Église semble avoir fait une
spécialité, aura-t-elle ironiquement eu pour effet de lever
le voile sur les problèmes touchant au coeur de cette
dernière ?...
Quebecer can sue Church for sex abuse
Le
Vatican
serre la vis aux pédophiles
Le
Saint-Siège
en Cour suprême américaine - Le Vatican est-il protégé des
procès en pédophilie?
Prêtres
pédophiles:
Benoît XVI demande pardon
Benoît
XVI
: l'Église paie pour son propre "péché"
Le
scandale
de la pédophilie et son impact sur les finances de
l'Église
Extend
the
hand
of
healing
and
justice
Le
pape
est-il hors la loi?
Un
cardinal
a félicité la dissimulation d'abus sexuels
FAIRE
PÉNITENCE
Le
Vatican
s'attire les foudres de la France
Un
Canadien
sur dix connaît une victime d'agression sexuelle commise
par un prêtre
Pédophilie:
l'Église
aurait étouffé un scandale au Canada
En
bref
- Pédophilie: le Vatican publie ses directives
Benoît
XVI
a traîné des pieds pour défroquer un prêtre pédophile
Une
sexualité
trouble
Des
agressions
préméditées
Des
pulsions
incontrôlées
Abus sexuels: le Vatican doit collaborer avec la justice
L'opinion
de
quelques vaticanistes - L'Église réagit comme une
forteresse assiégée
Le
mystère
de la pédophilie échappe au Vatican
Silent
Pope,
defiant
Vatican
spark
Easter
outrage
Cinq
ans
de pontificat - La Terre appelle le pape
The
Pope's
problem
is
hypocrisy,
not
modernity
Dirty job will define Benedict's papacy
Le quinquennat tourmenté de Benoît XVI
Can
faith
in
the
Pope,
and
the
church,
be
saved?
Des raccourcis troublants - PIERRE MURRAY
Pédophilie:
un
avocat américain veut que le pape témoigne
Benoît
XVI
est-il coupable ?
Pope
vows
not to be intimidated amid sexual abuse scandals
Pope Benedict XVI branded 'biggest sinner'
Le
procès
du
pape
-
Yves Boisvert
Pédophilie
-
Le pape devrait se confesser
Sexe et Vatican - Assumer
Vatican
forced
to
defend
Pope
over
sex
scandal
Benoît
XVI
aurait protégé un prêtre pédophile
Agressions
sexuelles
- Que fera l'Église du Québec ?
An apology won't end the abuse - Globe editorial
Agressions sexuelles - Les excuses ne suffisent pas
Un
religieux
suggère un registre des prêtres pédophiles
Le
pape
exprime sa «honte» et annonce des mesures
Tempête
sur
l'Église
La
fin
du silence au Québec
Le pape appelle les évêques à «restaurer la crédibilité de
l'Église»
La
queue
du diable - PATRICK LAGACÉ
L’ambassadeur du Vatican a voulu étouffer
l’affaire - André Noël
Les
péchés
de l’Église - AGNÈS GRUDA
Un évêque comparaît en justice - Louise Leduc
Voir aussi La
pédophilie
politiquement correcte - YVES BOISVERT
L'Église serait-elle en train de perdre tout ce qui pouvait
lui rester de crédibilité ?...
Des
Anglais
rêvent
de
voir
le
pape
menotté
L'Église serait-elle en train de perdre tout ce qui pouvait
lui rester de connection avec l'humanité ?...
Le
cardinal
de fer
Et pourtant, se pourrait-il que même l'Église soit donc
capable de changement ?...
Cardinal John Henry Newman: a modern Christian
10 000 euros d'amende pour un évêque négationniste
Ces chrétiens qu’on persécute
La cousine de Raël - PATRICK LAGACÉ
L’ÉGLISE
DE
SCIENTOLOGIE CONDAMNÉE EN FRANCE - Marc
Thibodeau
Sale
temps
pour les scientologues aux États-Unis -
RICHARD HÉTU
Et
au
Québec, qu’en est-il ? - Christiane Desjardins
Y aurait-il donc un ou deux problèmes avec l'Islam ?
La femme
en islam, selon Nader Abou Anas de DFMG
Anjem
Choudary on the Charlie Hebdo attacks: 'Muslims do
not believe in the concept of freedom of
expression'
Bill Maher: Hundreds of Millions of Muslims
Support Attack on ‘Charlie Hebdo’
MUSLIMS around the world celebrate terrorist
attack killing 12 in Paris
La
majorité pacifique des musulmans n'a aucune
importance
Libya:
Cementary of british war victims destroyed by
Muslim Mob
DES
MUSULMANS DES ÉTATS-UNIS VEULENT FÊTER UN DES
TERRORISTES DES DEUX TOURS JUMELLES !
Visages
de l'Islam en 12 photos
A thousand fatwas for Somalia's al-Shabaab
Seule au monde
La nouvelle censure - Mario Roy
Bienvenue en l'an 632 - Patrick Lagacé
Jihad jitters at Comedy Central
Des droits tout neufs - Mario Roy
L'ère
post-Rushdie
-
Mario Roy
Ben Laden menace les É-U de représailles
Ben
Laden
prend un virage écolo
Ben Laden et le climat: un chef en manque d'inspiration
Mon
papa,
Oussama ben Laden
Ben Laden veut séduire les Occidentaux -
Judith LaChapelle
«Ai-je l'air d'un terroriste?»
L'islam et ses dérives...
Philosophie
-
Tariq Ramadan : entre théologie et fanatisme
L'imam
qui
inspire les terroristes
Tariq
le
terrible - Nathalie Petrowski
Tariq
Ramadan
à l'UdeM: la controverse précède la conférence
Laissons
parler
Tariq Ramadan - Mario Roy
Un
soir
de ramadan chez les Alper - Laura-Julie
Perrault
... notamment à l'égard des femmes !...
Tentative
de
meurtre à Dorval: encore un «crime d'honneur»?
Our
daughters
in
peril
S'embrasser
en
public et autres sports extrêmes
Les femmes et l'islam - Nathalie Collard
Afghanistan:
les
viols répandus et sous-estimés
D'ailleurs, l'islam ne se trouverait-il pas surtout à donner
naissance des héroïnes s'avérant d'autant plus courageuses
que ce dernier peut être sexiste et mysogine ?...
Les
Saoudiennes
aussi
veulent
leur
révolution
Femmes,
au
volant!
Mukhtar
Mai: la bataille d'une survivante
Quand l'islam ne fait que servir de paravent à la barbarie
pure et simple...
Barbarie en direct
Mais cela devrait-il pour autant justifier que nous mêmes
dérivions vers l'intolérance ?...
Viser l'islam
Et n'y a-t-il pas là autant de raisons de saluer le courages
de ceux, et surtout de celles qui se lèvent pour y faire
face à l'injustice ?...
La députée afghane qui rêve de devenir présidente
A
wanderer from Islam with a message for the West
Une
star
du niqab est née
Des
mulsulmanes
américaines veulent prier avec les hommes
L'improbable
destin
d'une diplomate yéménite
Une
jeune
fille de 12 ans meurt en mettant au monde son bébé
Histoire
de
"pantalon indécent" : Libérée, Loubna veut « continuer
le combat »
Une histoire de principe et de pantalon
Sauvée
par
le
ramadan
Les
témoins
de Jéhovah éclipsent U2 - Sylvie
St-Jacques
Le Nigeria en
état d’alerte - Laura-Julie Perrault
La
crise
redéfinit les valeurs, dit le dalaï-lama
Voir aussi Le
chef
spirituel qui attire les foules - Laura-Julie
Perrault
Et bien évidemment, ne faudrait-il pas s'assurer de ne pas
mettre tout le monde dans le même panier ?
Not
in our name – Muslims respond in revulsion to Charlie
Hebdo massacre
L’EXORCISME
N’ESTPAS
UN
SPECTACLE!
FRÈRE ANDRÉ Un autre pas franchi vers la
canonisation - Louise Leduc
La révolution de 1969 -
MARIE-CLAUDE LORTIE
Le
cardinal Ouellet appelle à une nouvelle législation
Le
droit
à l’avortement menacé, jugent des experts
Les
médecins
pourraient cesser de faire des avortements au privé
L'éthique, la culture et le juge
ECR et Galilée... - Yves
Boisvert
Pourquoi pas un accommodement? - André Pratte
Québec interjettera appel
Loyola
High
School: Jean Charest veut porter le jugement en appel
La Cour donne raison à Loyola High School
Une
analyse
biaisée
L'école
endoctrine
nos jeunes, affirme une chercheuse
Cours
d'éthique
et culture religieuse Des parents déboutés en Cour
supérieure
Pour
mieux
vivre ensemble - RAYMOND GRAVEL
116
années après Léon XIII - ANDRÉ PRATTE
Le cours d’éthique et de culture
religieuse devant les tribunaux
LIBAN - Un magazine « pour adultes seulement »
fait des vagues
Le pape équilibriste
L’Arabie
Saoudite
élira sa Miss Moralité
Nationalisons
les
églises!
Les
VII
péchés capitaux
Communautés
religieuses
et alimentation: l'assiette divine
Sectes
« J’ai été 34 ans dans une secte »
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LE DEVOIR
THE GAZETTE
GLOBE AND MAIL
***
L'ACTUALITÉ
TIME MAGAZINE
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What does Islam and the Quran say
about Jesus?
What Does the Quran Say About Jesus and the Bible?
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Un saint à hauteur d’homme - Louise Leduc
Le pape Benoît
XVI a annoncé hier que le frère André sera fait saint le 17
octobre. Retour sur une dévotion populaire qui demeure sans
égale au Québec.
Mar ie-Jeanne Dor invi l le est passée à l’Oratoire cette
semaine pour que le frère André intercède pour son Haïti
natal. Nicola Mastrocola, lui, y vient tous les dimanches
depuis 50 ans. « Le frère André s’est occupé de mes problèmes
cardiaques. »
Le cardinal Jean-Claude Turcotte a
insisté sur l’humilité du frère André.
Comme au temps du frère André, l’Oratoire demeure le haut lieu
des coeurs en miettes. Chômeurs, malades et endeuillés y
défilent quotidiennement pour allumer des lampions, poser leur
main droite sur le tombeau du frère André ou s’arrêter au «
bureau des bénédictions ».
Il y a file dans ce petit local, même en ce matin de semaine.
On veut une bénédiction pour soi ou pour les objets religieux
achetés à la boutique d’à côté. Les bénédictions se font en
série, selon une formule générique, jusqu’à ce qu’un homme
fonde en larmes devant un père de Sainte-Croix et les gens
dans la file, tous bien mal à l’aise.
Ce petit bureau perpétue l’oeuvre centrale du frère André, à
cette différence près que, à ce dernier, on venait réclamer
des guérisons.
Malcommode?
Selon la journaliste Micheline Lachance, qui a écrit une
biographie du frère André, il aurait reçu, au cours de la
seule année 1909, quelque 29 500 lettres. Lui, l’analphabète
qui ne pouvait lire!
Il était
malcommode, particulièrement à l’égard des femmes. Tous les
livres sur lui le mentionnent. « Vous dites que vous avez mal
à la gorge? Eh bien, couvrez-la ! » auraitil lancé à une
énième femme qu’il trouvait trop décolletée à son goût.
Dans un entretien accordé à Micheline Lachance, le père Émile
Déguire, ami intime du frère André, admet que ce dernier
refusait de rencontrer celles qui n’étaient pas vêtues
modestement mais soutient qu’« il n’était pas misogyne ».
Joseph Pichette, autre ami cité dans la biographie de Jean-Guy
Dubuc, veut aussi corriger la légende : « J’ai connu le frère
André pendant 30 ans et j’ai passé des journées entières avec
lui, dans son bureau même, par des chaleurs suffocantes, et
les pèlerins le bousculaient du matin au soir. J’ai remarqué
qu’il avait toujours un même bon mot; il était joyeux, aussi
de bonne humeur à la fin de sa journée qu’au commencement. Il
en fut ainsi durant les 25 premières années que je l’ai connu.
Durant les cinq dernières années, il avait pris de l’âge, il
se fatiguait plus vite et il était plus nerveux. »
Bien avant d’être canonisés par Rome, « les saints sont
canonisés par la ferveur populaire », relève Jean Desclos,
professeur de théologie à l’Université de Sherbrooke.
Comme saint Antoine de Padoue et saint François d’Assise,
évoqueM. Desclos, le frère André avait ce petit je-ne-saisquoi
«qui déplace les foules».
Parce que chacun espérait son miracle, sa guérison ? Oui, il y
avait de cela, mais pas uniquement. « Il apportait aussi son
soutien moral à une époque où l’écoute n’était pas encore à la
mode. Le f rère André est une figure éminemment sympathique,
l’image du gars ordinaire, de la campagne, qui a pu rallier
des gens moins croyants. »
Après Marguerite d’Youville, le frère André est la deuxième
personne née au Canada à être canonisée.
L’Église catholique fustige la femme qui se fait avorter,
condamne les gais, désapprouve le port du préservatif, refuse de
bénir le mariage d’un divorcé, mais accepte en ses murs le corps
reconnu d’un parrain de la mafia qui reçoit bénédiction et est
aspergé d’eau bénite. Je ne comprends pas. Qu’en pense le cardinal
Turcotte ?
Nous comprenons enfin pourquoi le cardinal Ouellet a fait une
sortie publique il y a quelques semaines au sujet de l’avortement.
C’était tout simplement une stratégie politique pour plaire aux
dirigeants du Vatican et ainsi démontrer la robustesse de son
dossier pour être promu.
Si le cardinal Ouellet tient tant à repeupler le Québec,
pourquoi ne milite-t-il pas en faveur de l’abolition du célibat
obligatoire chez les ecclésiastiques, au lieu de nier le droit
des femmes à l’avortement ? Cette initiative aurait l’avantage
de résoudre des problèmes pour lesquels il est beaucoup moins
loquace, comme la pédophilie dans le clergé catholique et la
place des femmes dans la hiérarchie. — Marcel Gilbert, Québec
L’image que le cardinal Ouellet a de la femme émane d’un
paternalisme éhonté et d’une misogynie croulante. S’il n’était
revêtu de la pourpre ecclésiastique, cet homme serait jugé à sa
juste mesure: un sexiste attardé, qui ne connaît pas la Charte
des droits et libertés et qui s’est tenu à l’écart de
l’évolution de la société humaine depuis des siècles.— Marquita
Riel, Orford
FAIRE PÉNITENCE
— d’après AFP
« Face aux
attaques du monde qui nous parlent de nos péchés, nous
voyons (...) qu’il est nécessaire de faire pénitence et donc
reconnaître les erreurs commises dans notre vie », a déclaré
hier le pape Benoît XVI lors d’une messe au Vatican. « La
douleur de la pénitence, c’est-à-dire de la purification et
de la transformation, cette douleur est une grâce parce que
c’est un renouvellement. » Dans cette homélie improvisée, le
pape a reconnu que « les chrétiens », « même au cours des
derniers temps, ont souvent évité la parole pénitence, qui
nous semblait trop dure ». Ces propos ont été interprétés
comme « une forme de mea culpa » par le vaticaniste Bruno
Bartoloni, interrogé par l’AFP. Selon lui, « le pape dit :
on a commis des fautes et il faut se repentir ». Mais dans
le même temps, Benoît XVI a eu des mots très durs à propos
des « agressions contre l’Église », signes selon lui du «
conformisme » ambiant qui a remplacé les « dictatures nazie
comme marxiste ». « Ce conformisme peut réellement être une
vraie dictature », a-t-il affirmé, relevant qu’il rend «
obligatoire de penser comme tout le monde, d’agir comme tout
le monde ».
Des raccourcis troublants - PIERRE MURRAY
Les faits ne
démontrent pas que Benoît XVI et son bras droit aient voulu
étouffer l’affaire du prêtre pédophile
L’auteur est curé de la paroisse Bienheureux François de
Montmorency à Laval. Il s’agit d’un débat juridique dans
lequel les différentes parties entreprennent des démarches
pour faire valoir leurs droits.
La semaine dernière, plusieurs médias québécois ont repris
presque mot à mot un article du New York
Times qui montre du doigt le pape Benoît XVI pour avoir
contribué directement à étouffer un cas de prêtre pédophile
américain du temps où il était cardinal préfet de la
Congrégation pour la doctrine de la foi.
Si l’information était avérée, à l’évidence la crédibilité
de l’Église et du pape Benoît XVI serait gravement entachée.
Aussi est-il étonnant de constater que l’information publiée
comporte des imprécisions et des raccourcis troublants
compte tenu de la gravité des reproches adressés et des
personnes concernées. Le journaliste du New York Times donne
une interprétation que les faits ne suggèrent pas.
Rappelons brièvement les faits : un prêtre du diocèse de
Milwaukee est dénoncé par trois jeunes pour divers abus à
connotation sexuelle qui se seraient déroulés entre 1963 et
1969. Des accusations au criminel auraient été portées en
1974, mais par la suite abandonnées, sans que la raison n’en
soit donnée.
Les allégations ont été portées à l’attention de
l’archevêque de Milwaukee en 1995. Celui-ci met
immédiatement en branle un processus judiciaire
ecclésiastique qui ferait en sorte que le prêtre soit
laïcisé. Mais une difficulté s’est rapidement présentée
touchant le délai de prescription.
Afin de
faire lever cet obstacle, l’archevêque de Milwaukee
entreprend dès 1996 différentes démarches par le biais de
lettres auprès de laCongrégationdirigée par le cardinal
Ratzinger et son bras droit, MgrBertone, afin qu’un décret
de la Congrégation soit émis selon lequel, malgré le temps
écoulé, un procès ecclésiastique puisse être tenu.
En mai 1997, il est convenu que le procès pourra être tenu.
Surviennent ensuite des difficultés liées au fait que le
prêtre ne réside plus dans le diocèse de Milwaukee, mais
dans un autre diocèse qui a juridiction. Un autre procès est
donc mis en branle dans cet autre diocèse.
En janvier 1998, le prêtre accusé dans cette affaire écrit
au cardinal Ratzinger pour porter en appel la décision de
passer outre aux délais de prescription. Il ne demande pas
une faveur, mais exerce un recours juridique.
En mai de la même année, l’évêque responsable du procès
informe MgrBertone qu’il ira de l’avant avec le procès,
malgré la demande de l’accusé.
À la suite de la rencontre à Rome le 30 mai 1998 avec Mgr
Bertone, l’archevêque de Milwaukee décide d’abandonner le
procès judiciaire à cause des difficultés liées aux délais
de prescription et d’opter pour une démarche administrative
qui empêcherait le prêtre incriminé d’exercer quelque
ministère que ce soit. Il en informe Mgr Bertone dans une
lettre datée du 19 août, mais prêtre incriminé est décédé
deux jours plus tard. Les faits rendus publics par le
New York Times contredisent donc les conclusions du
journaliste voulant que le cardinal Ratzinger et son bras
droit aient voulu étouffer l’affaire. Il s’agit plutôt d’un
débat juridique dans lequel les différentes parties
entreprennent des démarches pour faire valoir leurs droits.
L’intention de l’archevêque de Milwaukee est claire et
constante: empêcher par tous les moyens à sa disposition le
prêtre incriminé d’exercer un ministère. Dans les faits, le
cardinal Ratzinger n’a pas été mêlé à cette histoire.
Il est désolant de constater que le désir d’incriminer le
cardinal Ratzinger l’emporte sur la véracité des faits. Il
ne s’agit pas ici de défendre à tout prix l’Église, mais de
s’assurer que les reproches qui lui sont adressés le soient
en toute justice.
L’ambassadeur du Vatican a voulu étouffer l’affaire
- André Noël
Évêque accusé
de possession de pornographie infantile
L’ambassadeur du Vatican au Canada, Mgr Luigi Ventura, a tenté
j usqu’à la dernière minute de maintenir un voile de silence
sur le sca ndale impliquant l’évêque Raymond Lahey, accusé de
possession et d’importation de pornographie i nfantile,
s’insurge l’Association des victimes de prêtres du Québec.
La
nonciature apostolique d’Ottawa n’a rien dit pendant
plusieurs jours des raisons de la démission de l’évêque
Raymond Lahey, accusé de possession et d’importation de
pornographie infantile.
Une semaine après l’arrestation de Mgr Lahey, le pape Benoît
XVI a annoncé que Mgr Ventura quittait le Canada pour la
France. À Ottawa, la nonciature apostolique, nom officiel de
l’ambassade du Vatican, dit qu’il n’y a aucun rapport entre
ces deux faits. « Une chose est sûre : Mgr Ventura part dans
la controverse, et j’espère que celle-ci le suivra en France
», affirme France Bédard, fondatrice de l’Association des
victimes de prêtres.
Mme Bédard a transmis une chronologie des événements à La
Presse, qui l’a ensuite validée.
Le 15 septembre, Mgr Lahey, évêque du diocèse d’Antigonish en
Nouvelle-Écosse, est revenu des États-Unis et a débarqué à
l’aéroport d’Ottawa. Un douanier a trouvé des images de
garçons âgés de 8 à 10 ans dans son ordinateur portable.
Celui-ci et d’autres objets ont été saisis. L’évêque a été
arrêté, puis libéré en attendant les résultats de l’enquête.
« Il a annoncé à la nonciature apostolique (à Ottawa) qu’il
voulait démissionner i mmédiatement après son arrestation à
l’aéroport », a i ndiqué la nonciature dans un courriel à La
Presse. Mgr Lahey a-t-il dit pourquoi il voulait démissionner
? « Il est très logique qu’il ait donné les motivations pour
lesquelles il venait d’être arrêté, et pour lesquelles le pape
a immédiatement accepté sa démission », a répondu la
nonciature.
Or, la nonciature n’en a rien dit à personne pendant plusieurs
jours, même pas à la Conférence des évêques cathol iques c a
nadiens ( CECC). « C’était à Mgr Lahey de décider d’informer
ou non ses collègues », a-t-elle dit, en précisant qu’elle n’a
pas d’autorité sur la CECC.
Une semaine
plus tard, soit le 22 septembre, le pape a annoncé que Mgr
Ventura, qui avait nommé Mgr Lahey évêque à Antigonish en
2003, quittait le Canada pour devenir nonce apostolique en
France. La procédure de transfert avait commencé quatre mois
plus tôt, a assuré son bureau à Ottawa.
Le 25 septembre, après une enquête menée par la police
d’Ottawa, des accusations de possession et d’importation de
matériel de pornographie i nfa ntile ont été déposées contre
Mgr Lahey. Le lendemain, le 26 septembre, la CECC a publié un
communiqué dans lequel elle a indiqué de façon laconique que «
le Saint-Père a accepté la démission de Mgr Raymond J. Lahey
pour des raisons personnelles ». Mais elle ignorait toujours
quelles étaient ces raisons personnelles, le nonce apostolique
ne lui ayant pas confié qu’il avait été arrêté.
« La CECC n’a été informée des accusations qui pèsent contre
Mgr Lahey que le mercredi 30 septembre, à 14h30, par un j
ournaliste de CBC Television, a indiqué Gérard Baril, du
service des communications de la CECC, dans un courriel envoyé
à La Presse. Les " motifs personnels " qui ont amené Mgr Lahey
à présenter sa démission au pape Benoît XVI nous étaient tout
à fait inconnus. Les évêques ne relèvent pas de l’autorité de
la Conférence épiscopale, mais du pape. Cela explique que Mgr
Lahey n’était pas tenu d’informer la CECC des raisons pour
lesquelles il avait demandé à être relevé de sa charge
épiscopale. »
« Deux semaines après avoir été i nformé que Mgr Lahey avait
été arrêté à l’aéroport, l’a mbassadeur du Vatican à Ottawa
n’en avait même pas i nformé les évêques ca nadiens , a dit
Mme Béda r d. Qu’espérait-il ? Qu’il ne soit pas accusé ? Ces
cachotteries n’ont rien d’étonnant : elles sont la règle. Le
Vatican a même déjà menacé d’excommunier les membres du clergé
qui dénoncent l’existence de crimes sexuels dans l’Église. »
« Avant d’être nommé évêque d’Antigonish par le nonce
apostolique Luigi Ventura, Mgr Lahey avait été évêque à
TerreNeuve, rappelle Mme Bédard. L’archevêché de Saint-Jean
(de Terre-Neuve) a admis qu’il était au courant depuis des
années des allégations faites contre Lahey par une victime
d’agressions sexuelles à l’orphelinat de Mount Cashel. Cette
victime affirme avoir été bouleversée en 1985, quand il était
jeune garçon, en voyant la pornographie qui se trouvait chez
Lahey, alors simple curé. Cela ne l’a pas empêché de devenir
évêque, d’abord à Terre-Neuve, puis en Nouvelle-Écosse. »
Mme Bédard souligne que The Observer, un quotidien
britannique, a publié un document confidentiel provenant des
archives du Vatican qui avait été envoyé aux évêques du monde
entier en 1962, et les menaçant d’excommunication s’ils
révélaient des allégations d’agressions sexuelles. Le document
de 69 pages, écrit en latin, a été authentifié par l’ Église
catholique romaine d’A ngleterre et de Galles. La nonciature
apostolique à Ottawa affirme que le nouveau code de droit
canon, adopté en 1987, a aboli toutes les lois et les
dispositions antécédentes, y compris cette directive.
« L’Église cultive l’aveuglement volontaire, ajoute Mme
Bédard, qui a elle-même été violée par un abbé lorsqu’elle
était mineure et qui poursuit l’Archevêché de Québec pour
obtenir un dédommagement. J’ai transmis nos informations sur
Mgr Luigi Ventura aux associations de victimes de prêtres en
France, afin qu’on sache là-bas comment il a pratiqué l’omerta
au Canada. »
Les péchés de l’Église - AGNÈS GRUDA
Quand il a vu
l’évêque d’Antigonish, Raymond Lahey, s’excuser au nom de
l’Église auprès des victimes d’agressions sexuelles de son
diocèse, l’avocat John McKiggan était convaincu qu’il avait
devant lui un homme droit et courageux.
PHOTO CHRIS WATTIE, REUTERS
L’évêque Raymond Lahey s’est présenté
hier au poste de police d’Ottawa. Libéré après le versement
d’une caution de 9000 dollars, il sera de retour devant les
tribunaux le 4 novembre.
Ce juriste d’Halifax a mené de nombreux recours collectifs
contre des membres du clergé dans des causes de ce genre.
Chaque fois, l’Église s’est battue bec et ongles pou r
préserver sa réputation. Mais le 7 août dernier, Raymond Lahey
a accepté non seulement de reconnaître les fautes commises,
mais aussi de dédom mager les victimes.
Pour John McKiggan, qui représent a it les v ic ti mes d’A
ntigonish, l’événement était historique. « C’était un
incroyable changement de cap. Je voyais l’évêque Lahey comme
un homme qui essaie d’agir correctement, et n’hésite pas pour
cela à se dresser contre les autres membres du clergé »,
dit-il.
John McKiggan est tombé de haut, cette semaine, quand il a
appr is que le même Raymond Lahey était accusé de possession
de pornographie juvénile. Ces faits ne correspondaient pas du
tout à l’image de l’homme qu’il avait vu demander pardon pour
les fautes de l’Église, à peine six semaines plus tôt.
E n 2 0 a ns de pratique, John McKiggan a représenté des
centaines de victimes d’agression sexuelle. « Quand les
agresseu rs éta ient des hommes du clergé, ils appartenaient
dans 75 % des cas à l’Église catholique », a-t-il constaté au
fil des ans.
Les prêtres catholiques ne sont pas les seuls à s’être trouvés
mêlés à des scandales sexuels. Il y en a eu aussi chez les
anglicans, ou encore chez les baptistes . Mais John Mc K igga
n est convaincu que la hiérarchie propre à l’Église catholique
crée u n climat favor a ble aux abus.
« Chez les catholiques, il y a un incroyable respect pour
l’autorité du prêtre », note-t-il.
Des prêtres immatures
C’est aussi ce
que remarque l’au mônier a méricain Thomas Doyle dans un long
article paru il y a six ans dans la revue Pastoral Psychology.
L’auteur y rappelle qu’en une quinzaine d’années, l’Église
catholique américaine a été éclaboussée par quelque 1800
poursuites pour des agressions sexuelles. Et il n’est pas
tendre pour la réaction des autorités cléricales, qui ont
toujours tout fait pour nier ces allégations, ou encore les
minimiser.
La hiérarchie propre à une Église extrêmement centralisée crée
un terreau propice à des relations abusives, et aussi à la loi
du silence, écrit Thomas Doyle.
L’autre facteur qui ouvre la voie à des relations sexuellement
abusives est d’ordre individuel : un grand nombre de prêtres
catholiques souffrent de déficiences psychologiques, soutient
l’aumônier. Il cite des études selon lesquelles 66 % des
prêtres catholiques aux États-Unis sont immatures sur le plan
émotionnel. Principale manifestation de cette immaturité : «
La difficulté à établir des relations interpersonnelles et une
incapacité à intégrer leur identité psychosexuelle. »
« Les prêtres im matu res sont plus à l’aise avec des
adolescents, ont peu d’amis de leur âge et parviennent assez
bien à camoufler ces déficiences en les rationalisant », écrit
Thomas Doyle.
Et ce sont peut-être j ustement ces fa iblesses qu i poussent
certa i ns jeu nes hommes à se tourner vers la prêtrise,
avance Hubert Van Gijseghem, expert psycholégal québécois qui
a rencontré des dizaines de prêtres accusés d’agressions
sexuelles ou de pédophilie.
« Quand un jeune homme se sent aux prises avec une sexualité
trouble qu’il n’accepte pas, il peut se sentir attiré par le
célibat idéalisé des prêtres », dit-il.
Mais il arrive que leurs désirs les rattrapent au tournant. «
Après quelques années, la sexualité peut venir chercher son
dû, et ces hommes peuvent tomber en amour avec des j eunes »,
constate Hubert Van Gijseghem.
Autrement dit, ce n’est pas la chasteté qui pousse les prêtres
catholiques à vivre leurs pulsions avec des enfants qui leur
sont subordonnés, comme on pourrait l’imaginer. Mais bien ces
pulsions qui poussent des jeunes hommes troublés à épouser la
prêtrise.
Un évêque comparaît en justice - Louise Leduc
L’évêque de
Nouvelle-Écosse en cavale, qui faisait l’objet d’un ma ndat
d’a rrêt pou r possession et importation de matériel de
pornographie i n fa ntile, s ’est rendu à la police hier et a
comparu au palais de j ustice d’Ottawa. Tristement habituée à
composer avec des allégations de c ri mes sex uels da ns ses
ra ngs, l’ Église a réagi promptement.
Les malheurs de Raymond Lahey, âgé de 69 ans, ont débuté le 15
septembre quand des images suspectes ont été découvertes dans
son ordinateur lors d’une fouille aux douanes de l’aéroport
d’Ottawa.
Sans rien dire des vraies raisons motivant sa décision,
l’évêque Lahey a créé la surprise en annonçant, samedi, qu’il
avait donné sa démission au pape Benoît X V I « pour des
raisons personnelles ». Il avait grand besoin, écrivait-il,
d’un moment de « ressourcement ».
Libéré après le versement d’une caution de 9000 dollars, M.
Lahey sera de retour deva nt les t r ibu nau x le 4 novembre.
I ron iquement , en août , Lahey avait avalisé un règlement
offrant une compensation de 13 millions aux victimes de
prêtres agresseurs de son diocèse.
En 2006, il avait envoyé une lettre aux paroissiens de son
diocèse intitulée : Votre enfant et l’éducation sexuelle,
invitant les parents à inculquer aux enfants « le respect de
la masculinité et de la féminité » et à exposer les petits au
« cadeau de la fertilité ».
Au nom de l’Assemblée de s évêq ue s c a t hol iq ue s du
Canada, Mg James Weisgerber a décla ré hier qu’« il est
important que ces graves accusations fassent l’objet d’une
enquête approfondie de la part des instances judiciaires
compétentes ».
Disant s’adresser notamment à toutes ces personnes « qui se
sentent une deuxième fois v ic t i me s », A nt hony Mancini,
archevêque d’Halifax, s’est dit conscient « que tout le monde
est en état de choc. (…) Je n’ai pas le pouvoir de trouver une
solution à ce problème, ni la capacité de guérir la douleur ou
d’effacer cette tragédie », a-t-il ajouté.
Au Canada,
ces dernières années, ce sont surtout les pensionnats
autochtones qui ont éclaboussé les religieux. Pendant des
décennies, des enfants autochtones ont été arrachés à leurs
familles pour être mieux assimilés dans des pensionnats où ils
sont nombreux à avoir été agressés. L’ Église unie, l’ Église
anglicane et l’Église presbytérienne ont présenté leurs exc
uses . Un mea-culpa du Vatican est toujours espéré des
victimes.
En Onta rio, l’a ffaire du curé Charles Sylvestre a aussi fait
grand bruit. À 82 ans, en 2006, il a commencé à purger trois
ans de prison pour avoir été le prédateur, pendant quatre
décennies, de 47 j eunes paroissiennes. Ce scandale a d’autant
plus choqué que ses supérieurs avaient su qu’il commettait des
agressions et l’avaient simplement muté dans un autre diocèse.
Gare aux raccourcis
Carolyn Sharp, professeure de théologie à l’ Université
Saint-Paul, à Ottawa, croit que cette nouvelle affaire est
dévastatrice pour l’image de l’Église, mais tout de même moins
que d’autres ayant mis en lumière la complicité tacite de la
haute hiérarchie.
Elle juge cependant inapproprié de voir dans ces nouvelles
accusations la preuve du caractère malsain du célibat des
prêtres. « Il y aurait sans doute lieu de refaire ce débat,
mais il n’y a pas ici de cause à effet. En 2008, selon
Statistique Canada, il y a eu au pays 1408 infractions liées à
la pornographie juvénile. Or, chaque fois qu’un membre du
clergé est touché par ces infractions, ça fait grand bruit et
je n’ai pas entendu dire qu’il y a eu quantité de curés sur le
lot cette année-là. La pornographie juvénile, ça reste le plus
souvent le fait d’hommes en couple. »
Par ailleurs, Mme Sharp attribue aux lois canadiennes le fait
que l’Église canadienne ait été tout de même plus épargnée que
celle des États-Unis par les scandales sexuels. « Dans les
années 80, au nom de la liberté religieuse, plusieu rs États
n’imposaient pas aux membres du clergé de dénoncer les cas
d’agressions sexuelles dont ils avaient connaissance. À
l’inverse, les lois canadiennes ne prévoyaient aucune
exception et cette obligation légale a toujours été très
présente dans l’esprit des membres du clergé d’ici. »
Jean-Claude Ravet, rédacteur en chef de la revue jésuite
Relations, croit pour sa part que cette nouvelle affaire
confirme la nécessité pour l’Église de cesser « de se draper
dans des prétentions de sainteté » pour plutôt convenir que
ses membres sont aussi humains que qui que ce soit.
Pour
le reste, M. Ravet met en garde contre les dangers de
généralisation. « Ce n’est pas parce qu’un évêque est sous le
coup de telles accusations qu’il faut soupçonner tous les
évêques. »
L’ÉGLISE DE SCIENTOLOGIE CONDAMNÉE EN FRANCE
- Marc Thibodeau
PARIS — L’
Église de scientologie a été condamnée hier en France à
payer de lourdes amendes à l’issue d’un r e t e nt i s s a
nt pr o c è s pou r escroquerie qui ne l’empêc hera pas
pour auta nt de poursuivre ses activités dans le pays.
Le t r i bu na l c or r e c t i onnel de Paris exige que
les deux principales structures hexagonales de l ’orga
nisat ion d’origine a méricaine, qui contestera le j
ugement en appel, versent près de 1 million de dollars
pour avoir abusé d’anciens adeptes.
Le « dirigeant de fait » des s c i e ntolog ues e n F r a
nce, Alain Rosenberg, ainsi que t r oi s aut r e s membres
ont été condamnés à des peines de prison avec sursis
allant d e 1 8 moi s à d e u x a n s , a c c ompagnées d’a
mendes individuelles.
Bien que les procureurs aient demandé la dissolution des
deux structures ciblées par la procédure, le tribunal n’a
pas obtempéré.
Une controverse avait éclaté l ’été dernier après que l a
Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre
les dérives sectaires (Milivudes) eut révélé qu’une
modificat ion législative adoptée en mai rendait i
mpossible l a dissolution d’une personne morale pour
escroquerie. Le gouvernement, parlant d’une simple «
erreur », a ensuite infirmé la décision sans pour autant
la rendre rétroactive.
Le j uge «
a e x pr i mé s a volonté de faire en sorte que la
structure de la scientologie soit maintenue pour qu’en
réalité, on puisse mieux la contrôler et a voulu donner à
ce j ugement une dimension nationale et internationale
pour que d’éventuelles victimes puissent être prévenues
des méthodes », de l ’ orga n i s a t i on , a i ndiqué
hier au quotidien Le Monde l’avocat des parties civiles,
Me Olivier Morice.
Le procès reposait notamment s u r le t é moig n a g e
d’une femme d’une quarantaine d’années, Aude-Claire
Malton, qui s’est intéressée aux idées de Ron Hubbard à la
fin des années 90 après avoir été sollicitée par des
membres de l’organisation à la sortie d’un métro parisien.
Mme Malton, qui se trouvait alors dans une période de
grande vulnérabilité, a débou r s é plu s de 3 0 0 0 0
dollars en quatre mois pour suivre des cours et obtenir
des l iv res censés l ’a ider à s e r emettre s u r pied.
« I l fallait sans cesse acheter », a relaté la
plaignante, qui a coupé les ponts avec l’organisation
grâce à l’aide de son ex-conjoint.
L oi n de se considérer désavouée, l’ Église de
scientologie s ’est félic itée hier, dans un communiqué,
que la cour ait reconnu qu’elle « devait » continuer ses
activités en France.
« I l n’a pu échapper à la réalité qu’il existe une large
communauté de scientologues heureux de pratiquer leu r
religion », i nd ique l ’or ga nisation , qui s e dit v i
c t i me d ’ u n « pro c è s e n hérésie, une inquisition
des Temps modernes ».
« Nous ne renoncerons pas. La religion de scientologie se
développe plus que jamais et sa reconnaissance en France
est inéluctable, comme dans
les autres
pays. Nous croyons que personne n’a le droit de dire aux
Français ce qu’ils doivent d i r e e t c e qu’i l s
doivent penser en matière de religion », a souligné un
porte-parole.
La réaction était tout autre du côté des associations de
lutte contre les sectes, qui parlaient hier d’une décision
histor i que s usceptible de nuire à l’organisation,
classée comme « secte » dans un rapport parlementaire
français de 1995.
Le
président de la Milivudes, Georges Frenech, s’est réjoui,
en particulier, que le fonctionnement même de l’ Église de
scientologie soit montré du doigt.
Certains membres avaient d é j à é t é c o n d a mnés p a
r l e pa s s é e n F r a nce pou r escroquerie sans que
l’organisation elle-même ne soit sanctionnée.
Sale temps pour les scientologues aux États-Unis
- RICHARD HÉTU
NEW YORK
— Depuis une semaine, l’ Église de scientologie en bave
également aux États-Unis, où le mouvement fondé par Ron
Hubbard a fait l’objet d’un reportage dévastateur à la
télévision avant d’être secoué par le départ d’une de
ses célébrités, le réalisateur et scénariste canadien
Paul Haggis.
PHOTO FRANCOIS GUILLOT,
AFP
Le cinéaste canadien Paul Haggis
a annoncé sa rupture avec la scientologie dans une
lettre diffusée lundi sur le blogue d’un
ex-scientologue.
Oscarisé en 2004 pour son film Collision, le cinéaste a
annoncé sa rupture avec la scientologie dans une lettre
adressée à Tommy Davis, porte-parole de l’Église, et
diffusée lundi sur le blogue d’un ex-scientologue. Il a
notamment reproché à l’organisation son soutien aux
opposants du mariage homosexuel en Californie ainsi que
les attaques publiques dont auraient été victi mes
plusieurs exscientologues qui avaient critiqué l’Église
et ses méthodes.
« Après cette lettre, je suis parfaitement conscient du
fait que certains de mes amis pourraient décider de ne
plus me f réquenter ou travailler avec moi », a écrit
Paul Haggis, à qui l’on doit également les scénarios des
films de Clint Eastwood Million Dollar Baby et Lettres
d’Iwo Jima.
Et d’ajouter : « Cependant, je suis arrivé à la
conclusion que je ne pouvais pas faire partie plus
longtemps de ce groupe. J’ai juste honte d’avoir attendu
tant de mois avant d’agir. »
La l e t t r e du c i néaste a été publiée su r l e
blogue de Marty Rathbun, un des q u a t r e e x-s c i e
n t o l o g u e s i nterviewés dans le cadre d’un
reportage de l’émission d’ABC Nightline diffusé jeudi
dernier. À titre d’« inspecteur général », Rathbun a
géré les affaires juridiques de l’ Église de
scientologie, t ravailla nt é t r o i t e ment a v e c D
a v i d Miscavige, l’actuel dirigeant du mouvement.
Comme
les autres ex-scientologues interviewés, Rathbun a
dénoncé le climat de violence créé et encouragé par
Miscavige, qui aurait lui-même frappé des membres de son
entourage.
« Je pense que cet homme est un fou furieux », a déclaré
Rathburn au cours de l’entrevue diffusée sur ABC.
« Je le dirai sans détour : j’estime qu’il est un
sociopathe », a déclaré de son côté Bruce Hines, un des
« auditeurs » de l’ Église, également interrogé par ABC.
Le porte-parole de l’ Église de scientologie, Tommy
Davis, a nié les allégations des exadeptes du mouvement.
Le r e por t a ge d’A BC i nclua i t un extrait d’une
interview à laquelle Davis a mis fin de façon brutale
après que le journaliste Martin Bashir eut tenté de lui
poser des questions sur ses croyances à propos du
soidisant seigneur Xenu, dont l’histoire ne serait
dévoilée qu’aux adeptes les plus importants de la
scientologie.
L’extrait, où le journaliste fait notamment référence à
la confédération galactique sur laquelle Xenu aurait
régné voici 75 millions d’années, connaît un succès
viral sur l’internet.
Et au Québec, qu’en est-il ? - Christiane Desjardins
Au Québec,
l’Église de scientologie a fa it l ’objet d’une série de
poursuites pour remboursements en argent dans les années 80 et
au début des années 90, mais elles ont été réglées à
l’amiable. Et depuis une quinzaine d’années, c’est le calme
plat, selon les recherches de La Presse.
L’avocat
Jean-Pierre Fafard, qui était un peu la bête noire de la
scientologie, confirme cet état de choses. « Mon dernier
dossier remonte à 15 ans, dit celui qui a piloté plusieurs
poursuites civiles contre l’Église. J’ai représenté des
membres pendant sept ou huit ans. L’Église a pris un recours
collectif contre l’ACEF, ils m’ont poursuivi en diffamation,
je les ai poursuivis… Tous les dossiers se sont réglés hors
cour, jamais je n’ai fait de procès », dit-il.
Me Fafard, qui est encore en contact avec I nfo-Secte, signale
qu’il n’y a plus de plainte. « Souvent, c’était des plaintes
pour obtenir des remboursements d’argent, mais il semble
qu’ils remboursent maintenant. » Il faut dire que l’Église de
scientologie, comme les autres corporations religieuses
d’ailleurs, est soumise à la Loi de la protection du
consommateur, comme cela a été confirmé par un jugement de la
Cour supérieure, en 1997. À l’époque, l’Église prétendait
qu’elle n’avait pas à rembourser les fidèles insatisfaits dans
un délai de 10 jours, puisqu’il s’agissait de matériel
religieux, et que le salut de la personne était en péril.
Ben Laden prend un virage écolo
DUBAÏ — Le
chef d’Al-Qaeda, Oussama ben Laden, a abordé hier des thèmes
inhabituels pour lui en accusant les nations industrialisées
d’être responsables du réchauffement climatique et en
attaquant la suprématie du dollar, dans un deuxième message
audio en cinq jours.
PHOTO ARCHIVES
ASSOCIATED PRESS Rompant avec ses invectives contre les
« croisés » occidentaux, le chef d’AlQaeda affirme, dans son
message diffusé par Al-Jazira, que « discuter du changement
climatique n’est pas un débat d’intellectuels ».
« Toutes les nations industrialisées, particulièrement les
grandes nations, sont responsables du réchauffement climatique
», déclare Oussama ben Laden dans ce nouveau message diffusé
par Al-Jazira. Le message, qui n’est pas daté, n’a pas été
authentifié par une source indépendante.
Rompant avec ses invectives contre les « croisés »
occidentaux, le chef d’Al-Qaeda, qui évoque rarement dans ses
messages les questions environnementales, affirme que «
discuter du changement climatique n’est pas un débat
d’intellectuels ».
« Ce message est destiné à tout le monde au sujet de ceux qui
sont responsables du changement climatique, qu’ils l’aient
fait de manière délibérée ou non, et de la façon dont nous
devons y faire face», dit Oussama ben Laden, traqué par les
États-Unis et dont la trace s’est perdue depuis les attaques
du 11 septembre 2001.
Il dénonce l’administration de l’ex-président américain George
W. Bush, qui n’a pas signé le protocole de Kyoto sur les
changements climatiques, le seul traité international
contraignant contre le réchauffement. Mais il ne fait aucune
référence à l’accord de Copenhague signé le 19 décembre.
« Bush junior
et le Congrès américain avant lui avaient rejeté ce protocole,
afin de satisfaire (les intérêts) des grandes compagnies »,
affirme ben Laden.
Ces entreprises sont à l’origine de « la spéculation, du
monopole, de l’augmentation des prix et des effets tragiques
de la mondialisation », poursuit-il, en s’en prenant aux plans
de sauvetage des entreprises affectées par la crise économique
mondiale.
« Quand les auteurs du crime sont victimes de leur propre
acte, les chefs d’État se ruent à leur rescousse avec de
l’argent public », déplore-t-il.
Pour « libérer l’humanité de l’esclavage de l’Amérique et de
ses compagnies », Oussama ben Laden appelle à « arrêter
d’utiliser le dollar et s’en débarrasser », même si « cela
aurait des répercussions énormes ».
Citant l’intel lectuel de gauche amér ica in Noam Chomsky, le
chef d’Al-Qaeda vi l ipende également une administration
américaine agissant comme la mafia.
Ce message est le second en cinq jours du chef d’AlQaeda. Le
24 janvier, il avait, également dans un bref enregistrement
audio, revendiqué l’attentat manqué sur un avion de ligne
américain le jour de Noël et menacé les États-Unis de
nouvelles attaques s’ils poursuivaient leur soutien à Israël.
Ben Laden veut séduire les Occidentaux - Judith
LaChapelle
Dans un
nouveau message, il tente de justifier les attentats du 11
septembre
Pas d’image vidéo, mais une voix qui serait bien la sienne.
Oussama ben Laden a parlé dans un message di f fusé dimanche
sur des forums de combattants djihadistes. Son discours, selon
les experts, ne contient cependant aucune menace; au
contraire, c’est le chef d’Al-Qaeda qui paraît traqué.
PHOTO ARCHIVES AGENCE
FRANCE-PRESSE
Un jeune vendeur itinérant vend des
affiches de ben Laden dans les rues de Peshawar, au
Pakistan. C’était en 2003. Aujourd’hui encore, ben Laden
n’est présent qu’en images!
Mais i l ne faut pas s’y tromper, croit l’avocat David Harris,
ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité
(SCRS) et expert en terrorisme. « Il semble avoir été bien
conseillé par des gens qui connaissent la façon de penser
occidentale », croit M. Harris, joint hier à ses bureaux
d’Ottawa.
Dans son message, Ben Laden s’attarde à justifier les attaques
du 11 septembre 2001, ce qui intrigue les analystes. Il
s’adresse au peuple américain en utilisant allégrement le «
nous ». Tous deux, dit-il, ont un ennemi en commun: la
Maison-Blanche. L’arrivée d’Obama n’a rien changé,
affirme-t-il. Il ne peut espérer changer les choses, ou alors
« son destin pourrait être celui du président Kennedy ou de
son frère ».
Sympathie pour son bourreau
« La Maison-Blanche est occupée par des groupes de pression »,
ajoute-t-il. « Vous, Américains, devez libérer la
Maison-Blanche de ces groupes au lieu de libérer l’Irak. »
Cette façon d’unir les peuples américain et musulman contre un
ennemi commun étonne M. Harris, qui a l’impression que ben
Laden veut susciter une espèce de « syndrome de Stockholm »
chez ses vis-à-vis, cet état d’esprit où la victime ressent de
la sympathie pour son bourreau.
« Il nous dit: j’ai peut-être tué, mais nous sommes vous et
moi dans la même situation: nous sommes victimes de la
Maison-Blanche. »
Il fait une
déclaration étonnante : « Nous sommes prêts à accepter des
discussions pour mettre fin à la guerre. » Il faut cependant
revoir les relations avec Israël. « Est-ce que votre sécurité
et votre bien-être valent la peine d’être sacrifiés pour celle
d’Israël ? » Ce message, à première vue moins belliqueux parce
qu’il propose une « solution » aux Occidentaux, serait-il
trompeur ? Difficile à dire, admet M. Harris. « Mais ma
préoccupation est qu’il a bien compris cette vulnérabilité des
Occidentaux à chercher une solution. »
Pas de menaces
Les analystes se sont aussi attardés à ce que ben Laden ne dit
pas. Contrairement à ses autres messages, il ne fait pas de
menaces à l’Occident. Il ne mentionne pas la guerre en
Afghanistan, en Irak – ou si peu –, en Somalie ou en
Tchétchénie. Il ne louange pas les « martyrs » qui ont
détourné les avions du 11 septembre.
Il parle d’une guerre entre deux nations – les États-Unis et
l’Islam – qui pourrait cesser si ce n’était le « lobby
israélien ». « Il n’a pas dit « le lobby juif », remarque
David Harris.
« La meilleure façon de vous mettre à dos l’Occident est de
parler des juifs. Pour avoir une chance que son message passe,
il a parlé d’Israël. »
D’aut res experts , dont Anouar Eshki, chef du centre des
études stratégiques et légales en Arabie Saoudite, cité par
l’AFP, croient que le message montre que ben Laden, traqué, «
cherche une porte de sortie pour arrêter ses attaques ».
Pour Walid Phares, de la Fondation pour la défense des
démocraties, ce changement de ton « pourrait même signifier un
possible réalignent entre les forces du djihad au MoyenOrient
». « Cet enregistrement, écrit M. Phares sur son site web,
mérite plus d’attention que les précédents. »
Un soir de ramadan chez les Alper - Laura-Julie
Perrault
Mois de jeûne
et de spiritualité, le ramadan est aussi un mois de
célébration pour 1,5 milliard de musulmans dans le monde.
Après le coucher du soleil, les privations du jour font place
à la fête. La table, oubliée pendant les heures
d’ensoleillement, déb
On ne peut pas s’empêcher d’avoir faim pour elle. Il est 20h.
Le soleil s’est couché. Risalé Alper, qui jeûne depuis 4h30 le
matin – pas de nourriture, pas d’eau – devrait en principe se
ruer sur les mets fumants qu’elle vient de disposer sur la
table. Au lieu de ça, elle remplit patiemment les assiettes de
ses invités.
PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA
PRESSE
Risalé Alper, originaire de Turquie,
remplit les assiettes des invités qu’elle a reçus récemment
dans sa résidence de Montréal-Nord pour le repas de rupture
du jeûne du ramadan. À sa droite, son mari, Ismail Alper.
Elle regarde à peine le plat de dattes qui lui, pourtant, lui
fait de l’oeil. Dans la famille Alper, originaire de Turquie,
on brise le jeûne du ramadan en avalant une de ces perles du
désert. « C’est la seule partie un peu religieuse de la
soirée. Le prophète brisait lui aussi le jeûne avec une datte,
de l’eau ou du sel », explique, au bout de la table, un des
invités des Alper, Fehmi Kala.
Habituellement, chez les Alper, comme dans beaucoup de
familles musulmanes de Montréal, la rupture du jeûne se fait
en famille – le couple a deux fils, deux brus et deux
petites-filles qui partagent la même adresse –, mais ce soir,
la famille s’est élargie.
À l’invitation de la Fondation du dialogue, une organisation
liée à l’intellectuel musulman turc Fethullah Gülen, les Alper
ont décidé d’agrandir la famille, le temps d’une soirée. Deux
candidats aux élections municipales de Montréal-Nord, une
étudiante, la représentante de La Presse et deux voisins ont
été conviés. Des soirées du genre auront lieu pendant tout le
mois du ramadan.
Manger, partager
Au menu de la rencontre: la possibilité d’échanger sur le
ramadan, mais surtout, des spécialités culinaires de l’est de
la Turquie, préparées dans la coquette cuisine des Alper, dans
une rue résidentielle de Montréal-Nord.
Sur la table,
des aubergines dans le yogourt, des poivrons farcis, des
kebabs arrosés d’une sauce aux tomates, du riz aux pois
chiches, des pains fourrés à la viande épicée et la grande
spécialité de la maîtresse demaison: des cigarettes bourek.
Ces rouleaux feuilletés ont été baptisés ainsi à cause de leur
forme, mais ils sont loin de goûter le tabac: ils sont remplis
de fromage et de coriandre. « Pour nous, c’est beaucoup ça, le
ramadan, manger avec des proches, préparer des plats
traditionnels, partager », dit timidement Risalé.
Les invités posent quelques questions. Mais ils mangent,
surtout. « C’est tellement bon, ces rouleaux au fromage!
Risalé m’a appris à les faire, mais ça demande tout un
équipement particulier », s’exclame Sylvia Cancilla, la
voisine.
Les deux familles se connaissent depuis sept ans. Les deux
pères, Ismail et Franco, se disent bonjour tous les matins
quand ils partent au travail à 5h30. « Avant leur arrivée, la
rue était habitée surtout par des familles francophones ou
italiennes. Quand les Alper sont arrivés, on s’est dit oh! oh!
des Turcs! On était un peu perplexes, mais maintenant, Ismail
est l’homme le plus connu de la rue », raconte en souriant
MmeCancilla.
Malgré les relations de bon voisinage, c’est la première fois
qu’ils sont conviés pour le ramadan. Ils sont venus même s’ils
avaient déjà mangé à 18h30. « On ne pouvait pas refuser cette
invitation-là. »
Pendant toute la durée du souper, Ismail Alper explique qu’il
n’a aucunedifficulté à faire le ramadan, même à Montréal. Il
travaille depuis 23 ans dans une usine de Lachine et tout le
monde s’est habitué à le voir jeûner un mois par an. « Parfois
ils me taquinent un peu », dit-il en riant doucement.
En fait, note-t-il, à mesure que les années passent, le
ramadan est de plus en plus plaisant, de plus en plus facile.
Les Alper n’ont aucune difficulté à se procurer les produits
turcs qui leur permettentdepréparer lesfestins de soirée ou à
dégoter des pâtisseries aussi bonnes que celles du pays. On
compte à Montréal près de 150 000 musulmans, et leur nombre
s’accroît chaque année. Les commerces spécialisés et les
boucheries halal sont devenus légion.
Pendant le ramadan, ils font des affaires d’or. « Mon
personnel double pendant le ramadan », sourit à ce sujet
Toufik Merazi, le propriétaire de la pâtisserie La Table
fleurie. « Le ramadan, c’est notre Noël à nous. »
RAMADAN, MODED’EMPLOI
Le ramadan est le neuvième mois du calendrier lunaire
musulman. Pendant ce mois, qui se déplace de 10 jours chaque
année dans le calendrier occidental, basé sur la rotation de la
Terre autour du Soleil, les musulmans doivent jeûner du lever du
soleil au coucher. L’heure exacte du jeûne varie de jour en
jour, mais cette année, on peut dire que le jeûne s’étend grosso
modo de 4h30 du matin à 19h45, heure approximative de la rupture
du jeûne. Pendant cette période, ceux qui font le jeûne du
ramadan ne doivent ni manger, ni boire, ni fumer. Ils doivent
aussi prier cinq fois par jour, une règle qui s’applique toute
l’année, mais qui est souvent respectée plus scrupuleusement
pendant le ramadan. Un des objectifs du jeûne est de permettre
aux nantis de comprendre la détresse des pauvres. C’est
d’ailleurs durant ce mois qu’ils doivent verser la zakat,
l’aumône.
Une jeune
fille de 12 ans meurt en mettant au monde son bébé
SANAA — Une
fillette yéménite de 12 ans, mariée de force, est morte
alors qu’elle mettait au monde son bébé, a annoncé hier une
organisation de défense des droits de l’homme à Sanaa.
Selon l’Organisation yéménite pour la protection de
l’enfance (Siyaj), la petite Fawzia Abdallah Youssef est
morte vendredi d’une hémorragie à l’hôpital saoudien de
Hajja.
L’organisation non gouvernementale a précisé dans un
communiqué à l’AFP que la fillette était tombée enceinte à
12 ans, et que l’enfant est mort-né.
La fillette « avait été retirée de l’école et mariée de
force à 11 ans par sa famille, qui vit dans le besoin », a
indiqué l’organisation, ajoutant que son père souffrait
d’insuffisance rénale.
L e Yé m e
n , p ay s d e la péninsule arabique considéré comme l’un
des plus pauvres au monde, a une population à structure
tribale et le mariage forcé y est largement pratiqué.
L’an dernier, le cas d’une fillette yéménite de 8 a ns,
Nojoud Mohammad Ali, qui avait obtenu le divorce, avait mis
en lumière la situation de milliers de femmes-enfants
mariées de force.
Nojoud ava it obtenu le d ivorce après avoi r por té plainte
auprès d’un tribunal contre son père qui l’avait forcée à se
marier à un homme de 20 ans son aîné.
Des orga nisations de la société civile, dont des mouvements
féministes, pressent le Parlement d’adopter une loi fixant
l’âge du mariage à 18 ans.
Libérée, Loubna veut « continuer le combat »
KHARTOUM —
La journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein a été
libérée, hier, après avoir été emprisonnée la veille au
sortir de son procès pour avoir porté un pantalon jugé «
indécent » et s’est engagée immédiatement à « continuer le
combat ».
« Nous allons continuer le combat pour changer cette loi, la
police de l’ordre public et les tribunaux de l’ordre public
», a-t-elle déclaré à l’AFP, dans la cour du j ournal Ajras
alHurriya (Les cloches de la liberté), où elle a été
accueillie par les youyous de ses partisans. Mme Hussein
avait été reconnue coupable lundi d’avoir porté un pantalon
« indécent », un crime passible de f lagellation au Soudan,
un verdict dénoncé par des organisations internationales. Le
juge lui avait donné le choix entre une amende de 500 livres
soudanaises (200$) et un mois de prison.
Vêtue d’un pantalon brun et de la « tarha », voile
traditionnel soudanais recouvrant la tête et les épaules,
elle avait refusé de payer l’a mende, préférant être
incarcérée, une décision qui semble avoir embarrassé les
autorités.
Le président de l’Association des journalistes soudanais,
Mohieddine Titawi, a indiqué que son organisation avait payé
l’amende et que Mme Hussein avait aussitôt été libérée.
« Je ne sa
is même pas qui a payé l’amende. J’avais demandé à ma
famille et à mes amis de ne pas la payer », a-t-elle
affirmé, visiblement mécontente d’avoir été libérée contre
son gré de la prison des femmes d’Omdurman, ville jumelle de
Khartoum au confluent des deux Nil.
La journaliste avait été arrêtée, en juillet, dans un café
de Khartoum avec une douzaine d’autres femmes portant elles
aussi un pantalon. Dix des femmes arrêtées avaient reçu dix
coups de fouet chacune.
M m Hussei n a ensu ite entrepris une croisade contre
l’article 152 du Code pénal de 1991, entré en vigueur deux
ans après le coup d’État du président Oma r el-Béchir, qui
prévoit 40 coups de fouet maximum pour quiconque « commet un
acte indécent, un acte qui viole la moralité publique ou
porte des vêtements indécents ».
La journaliste a indiqué ne pas savoir si elle
interjetterait appel du verdict prononcé par la cour de
première instance.
Une histoire de principe et de pantalon
Une
journaliste soudanaise fait de son procès une tribune contre
l’oppression des femmes
KHARTOUM — La journaliste soudanaise Lubna Hussein, qui
encourait 40 coups de fouet pou r avoir porté un pantalon en
public, a finalement été condamnée hier à 200 $ d’amende par
un juge soudanais.
PHOTO ASHRAF SHAZLY, AGENCE
FRANCE-PRESSE
Lubna Hussein avait revêtu un pantalon
à sa sortie de la Cour, hier à Khartoum.
Lubna Hussein faisait partie d’un groupe de 13 femmes
interpellées le 3 juillet dernier lors d’une opération de
police dans un café de Khartoum, la capitale soudanaise. Dix
d’entre elles ont été condamnées à une amende et ont reçu des
coups de fouet deux jours plus tard. Mais Lubna Hussein et
deux autres femmes ont décidé d’aller jusqu’au procès,
entendant en faire une tribune contre l’oppression des femmes
par le régime islamique soudanais.
Lubna Hussein a déclaré qu’elle ne payerait pas l’amende,
préférant passer un mois en prison parce qu’elle en fait une
question de principe. « C’est une occasion de se rendre compte
des conditions de vie en prison», a-t-elle déclaré.
Son avocat,
Galal al-Sayed, a confié qu’il lui avait conseillé de payer
l’amende avant de faire appel, mais qu’elle avait refusé.
Selon lui, le juge aurait pu choisir les coups de fouet, mais
il a opté pour l’amende pour éviter les critiques de la
communauté internationale.
Peu avant que le jugement soit rendu, la police avait
interpellé plusieurs dizaines de femmes, beaucoup portant des
pantalons, qui manifestaient devant le tribunal.
Le pantalon est considéré comme indécent dans la stricte
interprétation de la charia, la loi islamique adoptée par le
régime de Khartoum depuis le coup d’État militaire de 1989.
Sauvée par le ramadan
Malaisienne
condamnée à six coups de bâton pour avoir bu une bière dans
une boîte de nuit
KUALA LUMPUR — Au nom de la religion, une Malaisienne
musulmane de 32 ans devait recevoir six coups de bâton, hier,
pour avoir bu une bière. Au nom de la religion, elle a obtenu
un sursis... au moins jusqu’à la fin du ramadan.
PHOTOMARK BAKER, AP
Kartika Sari Dewi Shukarno, à droite,
a été reconnue coupable d’avoir bu de l’alcool en public. La
sentence – six coups de bâton – pourrait être exécutée à la
fin du ramadan.
Kartika Sari Dewi Shu ka rno, qui vit depuis 15 ans à
Singapour, a été condamnée, le mois dernier, à recevoir six
coups de bâton et à une amende de 5000 ringits (1400 $), pour
avoir bu de l’alcool dans une boîte de nuit d’un hôtel de
l’État malaisien de Pahang, ce qui est contraire à la loi
islamique. Il s’agit de la première femme condamnée en
Malaisie à des coups de bâton en vertu de la loi islamique.
La jeune femme a été interpellée hier par des responsables
religieux qui devaient l’emmener dans une prison près de Kuala
Lumpur, où la peine devait lui être infligée. Mais, après
quelques kilomètres, la jeune femme a été relâchée.
Sa h f r i A bdu l A z i z , élu responsable des affaires
religieuses de l’État de Pahang, a indiqué que la sentence
avait été suspendue jusqu’à la fin du mois du ramadan, qui a
débuté la semaine dernière.
« La sentence demeure. Elle recevra les coups de bâton après
le mois du ramadan. Elle a été relâchée, mais seulement
temporairement », a-t-il expliqué, cité par le site internet
du journal Daily Star.
Le sursis
accordé pourrait être un moyen d’enterrer l’affaire, qui
ternit l’image de la Malaisie, a estimé à l’AFP un responsable
gouvernemental, sous le couvert de l’anonymat. « Laissons le
tribunal islamique décider. Le tribunal a le pouvoir de
modifier la condamnation et, selon la loi, le sultan peut
aussi accorder sa grâce », a indiqué ce responsable.
« Je ne sa is que dire, a réagi la jeune femme. Je veux
connaître ma situation légale. Je ne sais pas si je suis libre
», a-t-elle ajouté.
La jeune femme, qui avait refusé de faire appel, avait demandé
que la peine lui soit infligée en public, estimant que ce
serait « une façon plus efficace d’éduquer les musulmans à ne
pas boire ».
L’affaire a suscité une vive émotion dans le village de sa
famille, où une cinquantaine de partisans de la jeune femme se
sont rassemblés hier. « Je me demande pourquoi Kartika va
recevoir des coups de bâton, alors que beaucoup d’autres
musulmans boivent (de l’alcool). Elle est persécutée », a
estimé Wan Alawiah, un homme de 64 ans.
La Malaisie, pays multiculturel qui compte d’importantes
minorités chinoise et indienne, dispose d’un double système
judiciaire et les tribunaux islamiques peuvent juger les
musulmans et faire appliquer la charia.
L’alcool est largement distribué en Malaisie, mais est
interdit aux musulmans, qui représentent plus de 60 % de la
population. En cas de consommation d’alcool, ils encourent une
amende, des coups de bâton, voire la prison, mais les
poursuites sont rares.
Les témoins de Jéhovah éclipsent U2 -
Sylvie St-Jacques
À Vienne, 40
000 croyants des quatre coins du monde ont rempli le plus gros
stade d’Autriche
AUTRICHE
ENVOYÉE SPÉCIALE
PHOTO DIETER NAGL, AGENCE
FRANCE-PRESSE
Le congrès international des témoins
de Jéhovah a rempli le plus grand amphithéâtre d’Autriche. «
Chaque année, nous devons trouver un plus grand stade »,
explique leur porte-parole.
« Keep on the Watch! » « Wacht Beständig! » « Mantegass Aletta
! » « Wacht Bestandig ! » « Kitartoan Virrasszatak! »
Le week-end dernier, Vienne était peuplée de 40 000 témoins de
Jéhovah en provenance de 18 pays, qui portaient tous un badge
incitant le monde à « rester aux aguets ».
Prenant congé du porte-à-porte, les témoins s’étaient donné
rendez-vous au stade Ernst-Heppel pour trois jours de
conférence, de baptêmes, de chants religieux et d’échanges
culturels. Ils ont aussi eu droit au récit de l’un des leurs,
l’Autrichien Leopold Engleitner, qui, à 104 ans, est l’aîné
des survivants de l’Holocauste.
En plein centre du parterre du plus grand stade d’Autriche,
une vaste piscine a baptisé quelque 200 pratiquants de cette
religion qui réunit 7 millions de fidèles dans le monde. Pour
l’occasion, plusieurs témoins de Jéhovah avaient revêtu le
costume traditionnel de leur pays. Si bien que, autour du
stade Ernst-Heppel, on pouvait voir des Japonaises en kimono
converser avec des Africaines en boubou ou des Autrichiens en
costume tyrolien.
Nikki Maxwell participait au congrès avec son amie Stefanie
Steindohfe, une Allemande de 17 ans aux cheveux rouges. Pour
cette jeune Américaine de 18 ans, la foi en Jéhovah (que lui
ont transmise ses parents) donne un sens à sa vie et espoir en
l’avenir. « Je sais que mon bonheur ne dépend pas des études
que je ferai ou d’un emploi payant », a-t-elle déclaré en
toute confiance.
Pour les f rères Dominik et Simon Krenn et leur cou-
VIENNE— sin
Dewin Nu Bbaum, trois Autrichiens dans le début de la
vingtaine, faire partie des témoins de Jéhovah est une source
de bonheur supérieure à toutes les pratiques immorales
proscrites par la religion, comme la pornographie et « toutes
les mauvaises choses ». « Nous sommes heureux parce que le
paradis est à notre porte », a déclaré Dewin Nu Bbaum, un
grand jeune homme à l’allure décontractée et au regard caché
par d’épais verres fumés.
Nicu Muldovan, Roumain d’une trentaine d’années en
complet-cravate, a quant à lui fait l’éloge des idées de
pureté et de moralité véhiculées lors de cette rencontre
internationale.
Le congrès réunissait entre autres des fidèles du Japon, de
Slovaquie, de Hongrie, de Slovénie, de Croatie, des ÉtatsUnis
et de Finlande.
« Chaque année, nous devons trouver un stade plus grand et
améliorer notre logistique », a expliqué Bernd Gsell,
porte-parole des témoins de Jéhovah. La tenue du congrès dans
ce stade avait donné lieu à une certaine controverse en
février dernier, lorsque le groupe irlandais U2 avait annoncé
qu’il ne donnerait pas de concert à Vienne parce que le plus
grand amphithéâtre d’Autriche était pris.
Le grand thème de ce congrès international a été le péril de
la planète. « Les problèmes du monde actuel sont liés à
l’égoïsme, à l’ignorance, à la violence et à la brutalité.
Dans ce congrès, nous avons essayé de transmettre l’importance
de cultiver de bonnes qualités comme la maîtrise de soi,
l’amour du prochain et toutes les valeurs chrétiennes », a
indiqué à La Presse Bernd Gsell, qui a aussi fait référence à
la fameuse « horloge de la fin du monde ».
« Nous croyons que d’ici peu, il y aura un changement majeur
qui ne sera pas induit par l’homme, mais par une intervention
divine. Un gouvernement régi par Jésus remplacera les 200
gouvernements qui existent sur la planète. »
Présents partout sur la planète, les témoins de Jéhovah
comptent un million de fidèles aux États-Unis et plus de 600
000 au Mexique. Le mouvement est en croissance en Afrique, où
l’on compte plusieurs centaines de milliers de pratiquants,
notamment au Nigeria et en Zambie.
Le Nigeria en état d’alerte - Laura-Julie
Perrault
Près de 200
personnes tuées dans des affrontements entre policiers et
islamistes extrémistes Trois jours de violents affrontements
dans le nord du Nigeria ont fait plus de 260 morts depuis
dimanche, mis le gouvernement en état d’alerte et réveillé un
fant
Ils s’appellent eux-mêmes Boko Haram, ce qui signifie en
dialecte hausa « l’éducation occidentale est un péché ». Les
autorités du Nigeria les appellent les « talibans ». Depuis
dimanche, cette secte islamiste et la police du pays mènent
une bataille sans relâche dans le nord du Nigeria.
PHOTO PIUS UTOMI EKPEI,
AGENCE FRANCE-PRESSE
Pour échapper aux combats, les civils
de Maidguri, notamment des femmes et des enfants, se sont
réfugiés hier au poste de police de la ville.
Hier, les affrontements entre les deux groupes ont atteint
leur apogée. Selon le gouvernement nigérian, plus de 190
islamistes ont été tués alors que les forces de l’ordre
nigérianes prenaient d’assaut un bloc de maisons de la ville
de Maidguri, où s’étaient barricadés des militants et leur
chef spirituel, Ustaz Muhammed Yusuf.
Pour échapper aux combats, les civils de Maidguri se sont
réfugiés hier au poste de police de la ville. Cet abri de
fortune était aussi une morgue à ciel ouvert. Les dépouilles
de militants islamistes y étaient entassées pêle-mêle dans la
cour.
Les autorités du pays estiment à plus de 260 le nombre des
victimes des violences des trois derniers jours.
Violence dans le nord du pays
Les troubles
ont commencé dimanche dans l’État de Bauchi. Les policiers y
ont arrêté un groupe de militants du Boko Haram qui
s’apprêtaient à leur tendre une embuscade. Cette arrestation a
été suivie d’éruptions de violence dans plusieurs villes du
nord du Nigeria, une partie du pays où la population musulmane
est largement majoritaire. Selon des témoins, des groupes de
jeunes hommes armés de machettes, d’armes à feu et d’explosifs
artisanaux s’en sont pris principalement aux forces de
l’ordre.
Pour une charia nationale
Un chef du Boko Ha ram arrêté dimanche a expliqué que son
organisation cherche à établir la charia dans l’ensemble du
Nigeria. Depuis 2000, la loi islamique est appliquée dans 12
des 36 États qui composent ce pays multiethnique et
multireligieux, mais le Boko Haram voudrait que la charia
régisse aussi le sud du pays, majoritairement chrétien.
L’organisation islamiste, fondée en 2004, admet être inspirée
par les talibans d’Afghanistan. Tout comme les troupes du
mollah Omar, le Boko Harem prône l’abolition des écoles
pro-occidentales, s’opposent à la mixité homme-femme, à la
musique et à la danse en général.
Même s’ils n’ont pas revêtu de caractère religieux, les
affrontements des derniers jours font craindre un regain de
violence intercommunautaire dans le pays. Composé de centaines
d’ethnies, dont trois majeures, le Nigeria a vécu plusieurs
épisodes de violences dans les années 60. Les plus récents
accrochages interreligieux remontent aux derniers mois. En
novembre dernier, 700 personnes ont été tuées lors d’émeutes
entourant les élections dans la région de Jos. En février, au
moins cinq personnes sont mortes dans l’État de Bauchi au
cours d’affrontements entre musulmans et chrétiens.
Le Nigeria s’embrase
EN BREF
Plus de 300 personnes ont péri depuis dimanche dans le nord du
Nigeria au quatrième jour d’affrontements entre forces de l’ordre
et islamistes radicaux. Hier, 43 personnes ont été tuées en une
seule journée dans l’État de Yobe. Les combats à Maiduguri,
berceau des islamistes qui se réclament des talibans, ont continué
à faire rage dans la nuit de mardi à hier. Les affrontements
touchaient cinq quartiers, avec les plus intenses à Bayan où le
dirigeant des talibans, Mohamed Yusuf, et ses hommes seraient
retranchés. Il aurait échappé aux tirs de mortier qui ont démoli
sa maison la veille. L’AFP a réussi à contacter brièvement par
téléphone un chef des « talibans », Aminu Tashen-Ilimi, retranché
aux alentours de Maiduguri. « Vous n’entendez pas qu’on nous
bombarde? Comment voulez-vous que je vous parle! » dit l’homme
dont la voix est couverte par le bruit de détonations et des «
Allah ou akbar » (Dieu est le plus grand) hurlés par ses hommes.
Les violences dans le nord du Nigeria avaient éclaté dimanche
matin, quand des islamistes ont tenté d’attaquer un poste de
police dans l’État de Bauchi. Elles se sont ensuite propagées à la
région. La secte « Taliban » s’est faite connaître en 2004. À
l’instar de l’ancien régime taliban afghan, elle veut un État «
islamique pur » dans le nord de la fédération nigériane. – Agence
France-Presse
Au moins 600 morts dans les affrontements
NIGERIA
Le chef des « talibans » est tué
Le dirigeant de la secte « Taliban » au Nigeria, Mohamed
Yusuf, a été tué hier après avoir été capturé par l’armée au
terme de cinq jours d’affrontements entre forces de l’ordre et
islamistes radicaux, qui ont fait au moins 600 morts.
Hier soir, un correspondant de l’AFP qui s’est rendu au
quartier général de la police de Maiduguri, ville du nord-est
où le chef islamiste avait été arrêté, a pu voir sa dépouille.
Le corps dénudé de Mohamed Yusuf, 39 ans, était criblé de
balles. « Il a supplié et demandé le pardon avant d’être tué
par balles », a déclaré à l’AFP un policier à Maiduguri,
capitale de l’État de Borno et fief des « talibans ».
Peu avant l’annonce de sa mort, des sources policière et
gouvernementale avaient indiqué que Mohamed Yusuf avait été
capturé.
Le chef spirituel « a été capturé par l’armée qui a mené un
raid contre la maison dans laquelle il se cachait », à
Maiduguri, a indiqué une source militaire ayant requis
l’anonymat.
Le numéro deux de la secte, Abubakar Shekau, a lui aussi été
tué tôt hier matin, en même temps que 200 partisans en tentant
de fuir Maiduguri, où l’armée a lancé une vaste offensive pour
écraser la résistance islamiste, avait indiqué une source
policière.
Les combats sanglants qui ont secoué la ville ces derniers
jours ont cessé hier en milieu de matinée, ont constaté un
journaliste et un photographe de l’AFP.
En moins de 24 heures, l’armée a tué au moins 300 islamistes
seulement à Maiduguri. Un journaliste local avait indiqué à
l’AFP avoir compté quelque 90 cadavres d’insurgés joncher le
sol près d’une mosquée dans le quartier de Bayan, où les
heurts ont été les plus violents.
L’armée, qui avait reçu des renforts, n’a visiblement pas fait
de quartier à Maiduguri.
« Toute la
nuit, nous avons entendu des tirs dans les quartiers de Shokai
et de Dekwa Lowcost », a déclaré un témoin à l’AFP.
Dans la matinée, l’armée a bombardé d’autres quartiers de la
ville.
Situation maîtrisée
En fin de matinée, la ville était redevenue silencieuse et
quelques habitants s’aventuraient dans les rues. Le couvre-feu
en vigueur de 19h a 6h a été repoussé de deux heures, à 21h.
« Les forces de sécurité maîtrisent la situation après la
chute des talibans », a affirmé à l’AFP le porteparole du
gouvernement de l’État de Borno, Usman Chiroma.
En prévision de l’opération finale contre les insurgés, un
millier d’hommes étaient arrivés de Calabar (sud) et les
militaires avaient reçu des véhicules blindés et des
mitrailleuses lourdes.
Les combats entre forces de l’ordre et islamistes radicaux,
qui ont démarré dimanche et touché en tout quatre États du
nord du Nigeria ( Bauchi, Borno, Yobe et Kano), ont fait au
moins 600 morts selon les chiffres transmis par la police et
des témoins.
Un confrère de l’AFP a vu mardi et mercredi une vingtaine de
dépouilles de « talibans » entreposées dans la cour du
commissariat central de Maiduguri.
Le bilan global des combats depuis cinq jours s’élevait
mercredi déjà à 300 morts uniquement dans cette ville, selon
des chiffres transmis par la police. On ignorait le bilan des
pertes gouvernementales.
À l’hôpital de Maiduguri, on a indiqué hier à l’AFP qu’il y
avait « une quantité innombrable de cadavres ». « Certains
sont toujours dans les rues et autour du quartier général de
la police », a-t-on ajouté.
La crise redéfinit les valeurs, dit le dalaï-lama
ENTREVUE AVEC
LE DALAÏ-LAMA Le 3 octobre prochain, le dalaï-lama sera de
passage à Montréal. Avant sa visite, il a accordé une entrevue
en direct de Dharamsala où il vit en exil depuis 50 ans. La
Presse lui a demandé si la crise actuelle est une occasion
« L’une des choses importantes est que la crise aura prouvé la
fragilité du matérialisme en temps que principe de base d’une
vision viable de la vie. »
COLLABORATION SPÉCIALE QLa
PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE
Le dalaï-lama sera de passage à
Montréal le 3 octobre au Centre Bell, où il donnera une
conférence sur la promotion de l’éthique par l’enseignement.
crise économique actuelle remet-elle en question le sens des
valeurs morales et sociales existantes ? R Il y a quelques
années, durant une de mes visites au Japon, j’ai parlé des
besoins des gens, sans leur donner l’espoir que l’économie
continuerait incessamment d’évoluer. J’ai mentionné qu’il
était important d’accepter qu’il y ait des limites, que c’est
vraiment mieux et plus sain. Deux ans plus tard, le Japon
entrait en récession et certains sont venus me remercier de
les avoir préparés mentalement à affronter la crise. Le
problème, c’est que notre société se laisse beaucoup trop
dominer par des valeurs basées sur la consommation et les gens
définissent leur bonheur par des critères matériels, en
oubliant qu’en fait, la vraie source du bonheur est loin de
tout ça. Je suis quasiment sûr que durant cette crise
économique, les gens dont les valeurs sont autres que
matérielles – et principalement basées sur des liens familiaux
solides, sur une profonde vision spirituelle de la vie et du
bon sens commun – seront plus capables et disposés à faire
face aux difficultés de la crise, dont la perte d’un emploi.
À l’opposé, ceux dont les valeurs sont purement matérielles
risquent de souffrir davantage puisque leur bien-être en aura
pris un coup. QEst-
ce un bon moment pour redéfinir nos valeurs morales ? R Je
souhaite que cette crise économique, l’une des plus difficiles
de notre temps, apporte un profond questionnement et une
remise en question sur le sens de nos valeurs et nos
priorités. L’une des choses importantes est qu’elle aura
prouvé la fragilité du matérialisme en temps que principe de
base d’une vision viable de la vie. Toutefois, elle nous donne
la chance d’expérimenter, en toute simplicité, un style de vie
qui doit être basé principalement sur le contentement et être
en parfait accord avec une attitude responsable envers
l’environnement. QComment
en est-on arrivé là ? Comment des gens comme Madoff, à
l’origine de la fraude de Wall Street, ont-ils pu tromper des
milliers de personnes ? Le sens de nos valeurs a-t-il si
radicalement régressé ? R La plupart des gens partagent le
même avis concernant la crise financière actuelle, qui, en
fait, est le résultat d’un manque total de valeurs
principales, entre autres l’honnêteté, l’intégrité et la
transparence.
Récemment,
j’ai demandé à un ami homme d’affaires les raisons de la crise
économique actuelle. Il m’a expliqué qu’il y avait trois
raisons principales: l’avidité, la spéculation et le manque de
transparence. Tout porte à croire que le monde financier a su
particulièrement créer une tendance selon laquelle le seul
critère de succès qui compte repose sur la rentabilité des
investissements. En suivant cette perspective, il est certain
que les valeurs essentielles telles que la transparence,
l’intégrité et le sens des responsabilités, qui sont les bases
propres d’une bonne gestion financière, ont été sérieusement
compromises. Cette situation a pu créer un contexte où
l’avidité humaine s’est engouffrée sans aucune restriction.
QQuels
sont vos conseils pour que les gens reprennent confiance et
retrouvent un sens à leurs valeurs sociales et morales ? R Je
pense qu’il est important de se souvenir que, dans certains
cas, tous ceux qui participent à la consommation actuelle font
partie aussi de leur propre contribution. Je pense que dans
une société glorifiée matériellement, avec un style de vie
excessif, il ne faut pas seulement blâmer le monde des
affaires et des finances pour son excès et son avidité.
Dans le but de regagner la confiance des gens envers la
société actuelle, je pense que nous devrions trouver une façon
pour que chaque individu puisse retrouver ce qui lui importe
le plus, et pour que ceux à qui on a confié notre épargne
gagnée durement la gèrent avec le respect que mérite la
richesse des autres. Là aussi, je pense que les lois
pourraient jouer un rôle important. Enfin, nous avons besoin
de trouver une façon de faire valoir la compassion comme la
base, le pilier majeur de toutes nos valeurs.
Le dalaï-lama à Montréal
Le chef spirituel des Tibétains sera à Montréal le 3 octobre
prochain et donnera une conférence au Centre Bell, sur un
sujet qui lui tient à coeur: la promotion de l’éthique par
l’enseignement. Cette conférence intitulée L’Éducation du
coeur : la puissance de la compassion portera sur les valeurs
qu’il faut promouvoir pour améliorer notre monde. Rappelons
que la philosophie du moine prône la responsabilisation, la
tolérance et l’accroissement de la compassion comme les
meilleures méthodes pour obtenir un règlement pacifique aux
conflits et aux injustices.
Le dalaï-lama s’était montré particulièrement emballé, l’été
dernier, par le fait que les enfants du Québec bénéficiaient
d’un enseignement multiconfessionnel.
FRÈRE ANDRÉ Un autre pas franchi vers la canonisation -
Louise Leduc
« On n’a pas
demandé aux médecins de nous dire s’ils pensaient qu’il
s’agissait d’un miracle. Il s’agissait simplement pour eux de
nous dire si la guérison pouvait être expliquée scientifiquement
ou non. »
À l’oratoire Saint-Joseph, c’est l’attente. D’ici quelques
semaines, quelques mois tout au plus, on espère une réponse du
Vatican, une réponse capitale dans l’avancement de la cause de
la canonisation du frère André.
PHOTODAVID BOILY, ARCHIVES LA
PRESSE
Plusieurs pèlerins en visite à
l’Oratoire signent un registre qui demande expressément la
canonisation du frère André, souvent sans le savoir.
Au coeur du dossier à l’étude: une guérison jugée miraculeuse
par l’Oratoire et survenue après 1982. Le détail est important:
pour qu’une personne soit canonisée, et donc déclarée sainte, au
moins un miracle doit pouvoir lui être attribué après sa
béatification. Un premier cas de guérison, survenu celui-là en
1956, avait pavé la voie à la béatification du frère André en
1982.
Le dossier fait déjà des milliers de pages, quantité d’avis
médicaux ont été sollicités et un avocat, en Italie, travaille
là-dessus depuis plus de 10 ans.
Plus tôt cette année, sans qu’ils ne diffusent trop la nouvelle,
les religieux de la congrégation de Sainte-Croix, à laquelle
appartenait le frère André, ont franchi une étape importante.
Le 26 février dernier, la commission médicale romaine du Vatican
a conclu en effet qu’une guérison portée à son attention était «
scientifiquement inexplicable », l’expression magique
qu’espéraient tant les religieux de Sainte-Croix. « Si nous
n’avions pas eu de réponse favorable, tout le processus
s’arrêtait là », explique le père Claude Grou, recteur de
l’Oratoire.
Les religieux de Sainte-Croix sont assez discrets sur la
guérison qu’ils tentent de faire reconnaître comme miraculeuse
par le Vatican. La personne guérie est québécoise, mais on n’en
saura pas plus, « par respect pour les personnes concernées »,
précise le père Grou, qui n’a pas révélé non plus combien la
cause du frère André a pu coûter en frais juridiques et autres
jusqu’ici.
D’un point de vue médical, le père Grou souligne que les
professionnels appelés à titre de témoins jusqu’ici ne se sont
pas fait tirer l’oreille. « On n’a pas demandé aux médecins de
nous dire s’ils pensaient qu’il s’agissait d’un miracle, dit-il.
Il s’agissait simplement pour eux de nous dire si la guérison
pouvait être expliquée scientifiquement ou non. »
Maintenant que les médecins appelés en tant que témoins ont
établi que la guérison ne pouvait s’expliquer scientifiquement,
il reste à prouver que la guérison est consécutive à
l’intercession du frère André, ce sur quoi une commission
théologique se penche actuellement au Vatican. Si la réponse
était de nouveau favorable, une autre commission, composée
celle-là d’archevêques et de cardinaux, serait appelée à
déterminer s’il serait pertinent d’étendre la dévotion au frère
André à l’Église universelle. En bout de piste, la décision doit
être approuvée par le pape lui-même.
Si le frère André était canonisé, et donc déclaré saint, « cela
ferait en sorte qu’il serait reconnu non seulement par l’Église
locale, mais par toute l’Église », note le père Grou.
Une démarche
appréciée
À l’Oratoire, aux abords du tombeau du frère André, se trouvent
des cahiers invitant les visiteurs à apposer leur signature. Bon
nombre de personnes le font – des gens du Québec, d’ailleurs au
Canada, des ÉtatsUnis, du Mexique et d’un peu partout dans le
monde, sans bien réaliser que ce faisant, ils signent un
registre qui demande expressément la canonisation du frère
André, comme c’est écrit en haut du document.
À l’évidence, peu de pèlerins sont au courant des démarches en
cours de l’Oratoire. Une fois informés de la chose, ils n’en
espèrent pas moins un dénouement positif.
Henri Sansouci est de ceuxlà. « Normal: je suis parent avec le
frère André! lance-t-il. Ma grand-mère, Aglaé Bessette, était
l’arrière-cousine du frère André et je suis très content qu’il
fasse partie de ma parenté ! »
Alice Brien Henri, elle, n’attend pas le Vatican pour canoniser
le frère André. « Pour moi, le frère André, c’est déjà un saint!
»
« Quand Lucien Bouchard a contracté la bactérie mangeuse de
chair, j’ai invoqué le frère André et saint Joseph, et il a été
guéri. Le frère André, je lui fais bien confiance », lance pour
sa part Agathe Bélanger.
« Le frère André, c ’est un de mes favoris, confie Marie
Guimond, originaire du NouveauBrunswick. Quand on pense que
cette personne si humble a pu faire un oratoire si grandiose! Il
mériterait certainement d’être canonisé, mais que cela se fasse
ou pas, je continuerai de le prier. »
Janet Oko, de Burlington, en Ontario, voit bien toutes ces
béquilles exposées un peu partout dans l’Oratoire, mais faut-il
s’y fier les yeux fermés? « Les télé-évangélistes à la
télévision aussi prétendent guérir tout le monde… Eux, je ne
crois pas du tout à leur histoire. Pour le frère André, oui… j
’aurais tendance à croire que c’est vrai. » Sur le site internet
de l’Oratoire, qui donne des renseignements généraux et fait la
promotion de la canonisation du frère André, on raconte que le
frère, de son vivant, invitait les gens de façon générale à
consulter les médecins.
Il niait toujours fermement avoir personnellement quelque don
naturel de guérisseur et suggérait plutôt aux gens de s’en
remettre à saint Joseph, de faire une neuvaine, de se
frictionner avec de l’huile ou une médaille de saint Joseph, «
autant d’actes d’amour et de foi, de confiance et d’humilité ».
La révolution de 1969 - MARIE-CLAUDE LORTIE
Hier, j’ai
passé une partie de la journée à regarder la télé. De la
merveilleusement intéressante et vieille télé sur le site des
archives de Radio-Canada. Des reportages et des
enregistrements touchant le débat qui a eu lieu, de 1967 à
1969, avant l’adoption du célèbre « bill omnibus » du ministre
de la Justice puis premier ministre Pierre Trudeau, qui
proposait de décriminaliser l’homosexualité et d’ouvrir un
petit peu l’accès à l’avortement.
Une page entière remplie de liens nous amène vers des archives
qui nous donnent parfois l’impression que le monde n’a pas du
tout changé depuis ces changements au Code criminel, il y a 40
ans – les commentaires d’un reportage au sujet de l’avortement
auraient presque pu être recueillis hier matin –, alors que
d’autres discussions montrent que notre univers social a
basculé du tout au tout.
Par exemple, durant un extrait du débat des chefs des
élections de 1968, on entend le chef du NPD de l’époque, Tommy
Douglas, plein de bonne volonté et plein de sympathie envers
les gais, se dire tout à fait prêt à appuyer le retrait du
Code criminel des dispositions sur la « grossière indécence »
utilisées pour condamner les actes homosexuels. Puis, il
lance: « Au Canada, il nous faut adopter une nouvelle attitude
au sujet de l’homosexualité. Le moment est venu. Au lieu de
faire de cela un crime, et quelque chose qui se cache, nous
devons reconnaître cela comme un cas psychiatrique qui doit
être traité avec sympathie par les psychiatres et les
travailleurs sociaux. » Oh boy… Donc, voilà, c’était il y a 40
ans. Trudeau avait les cheveux noirs et répétait clairement
ses messages-clés: Ce que les gens font en privé, entre
adultes consentants, ça ne regarde pas la police. Ça regarde
leur conscience. Ça ne regarde pas l’État. Il faut sortir la
notion de péché du Code criminel…
Un discours plutôt émouvant quand on se remet dans l’époque,
quand on pense à tous ces gais et lesbiennes qui devaient
vivre dans le secret, l’opprobre. Quand on pense au courage
qu’il fallait pour affronter des mentalités à peine
fraîchement décoincées par la Révolution tranquille.
Évidemment, di rez-vous , côté avortement, le projet de loi
n’avançait pas très loin. Il remettait aux médecins formés en
« comités thérapeutiques » le droit de décider s’il pouvait
être pratiqué. À l’époque, bien des pro-choix avaient été très
déçus des limites qui demeuraient.
Mais ironiquement, en 1988, c’est la Charte des droits et
libertés de ce même Trudeau qui a permis aux pro-choix
invoquant le droit à la liberté de faire déclarer ces comités
thérapeutiques anticonstitutionnels.
P en s e z -vou s q u ’on a, aujourd’hui, les élus qu’il faut
pour nous protéger contre ceux qui veulent ramener le péché
dans le Code criminel?
Car des gens
qui veulent ramener le péché dans la loi, il y en a. Il y en a
beaucoup.
Hier, l’anniversaire du « bill omnibus » serait peut-être
passé inaperçu, n’eût été les milliers de militants contre le
libre choix en matière d’avortement qui sont allés à Ottawa
demander au gouvernement Harper de légiférer sur la question.
Qu’autant de personnes – incluant le cardinal de Québec Marc
Ouellet – aient trouvé le temps et les ressources pour aller
manifester, ce n’est pas rien. Et c’est inquiétant pour ceux
qui croient à la liberté de choix, qu’ils soient
personnellement à l’aise ou totalement contre l’idée de
l’avortement.
Parlant de choix. Vous connaissez Bristol Palin, la fille de
Sarah Palin, tombée enceinte à 17 ans. Son nouveau bébé dans
les bras – dont elle dit qu’il est un cadeau du Ciel –, elle
fait maintenant campagne contre la grossesse chez les
adolescentes en prônant l’abstinence, approche dont elle a
pourtant déjà dit qu’elle n’était pas réaliste.
Paradoxes mis à part, ce qui est intéressant, c’est que
Bristol a déclaré à CNN que c’était bien sa décision d’avoir
gardé le bébé. « Ça n’a pas d’importance le point de vue de ma
mère là-dessus. C’était ma décision. »
En outre, Sarah Palin a déjà avoué avoir considéré
l’avortement pendant de très brefs instants avant de choisir
de porter à terme son fils trisomique.
Si ce ne sont pas des choix, ça, c’est quoi?
Le cardinal Ouellet appelle à une nouvelle législation
« Le temps est
venu de réagir à la crise morale que traverse notre pays sur
le plan des valeurs et du droit à la vie. »
— Le Canada traverse une grave crise morale en refusant de
mettre fin à l’avortement, estime le cardinal de Québec Marc
Ouellet, qui dénonce du même souffle la « domination de la
culture de la mort » depuis 40 ans au pays.
Alors qu’il participait à une manifestation sur la colline
parlementaire visant à marquer le 40e anniversaire de la loi
omnibus de Pierre Trudeau qui a décriminalisé l’avortement, le
cardinal Ouellet a lancé hier un appel aux députés pour qu’ils
adoptent une loi qui « protège la vie au lieu de l’éliminer ».
Quelque 5000 personnes venues des quatre coins du pays ont
participé à cette manifestation, « La marche nationale pour la
vie », afin de réclamer une loi limitant l’avortement.
« Si notre pays est très envié dans le monde à bien des
égards, il est au dernier rang pour la protection des êtres
humains les plus fragiles, ceux qui ne sont la réputation de
notre pays », a affirmé le cardinal Ouellet à la foule.
« En tant que Canadiens, nous sommes conscients qu’un examen
de conscience est nécessaire pour opérer le redressement moral
pas encore nés. Nous ne pouvons pas rester silencieux devant
cette injustice et cette violation du premier droit humain qui
est le droit à la vie. Ce droit est bafoué chez nous plus que
partout ailleurs en Occident. C’est triste, honteux et
inacceptable pour la conscience morale de l’humanité et pour
qui s’impose afin de mettre fin à la domination de la culture
de la mort et d’ouvrir l’avenir à la culture de la vie. Une
culture de la vie qui promeut la reconnaissance de l’être
humain dès le sein maternel et le respect de la vie humaine à
toutes les étapes de son développement », a dit le primat.
Le gouvernement Harper a écarté l’idée de relancer le débat
sur l’avortement en déposant un projet de loi sur cette
épineuse question. Mais il a indiqué qu’il ne pouvait empêcher
un simple député de déposer un projet de loi pour interdire ou
encadrer l’avortement. Certains députés l’ont fait dans le
passé, mais ces projets de loi n’ont jamais été adoptés.
Des députés
ont formé un caucus pro-vie afin de relancer le débat à
Ottawa. Ce groupe non partisan comprend une dizaine de députés
conservateurs et une poignée de députés libéraux. Aucun député
du Québec n’était présent à cette manifestation.
Le cardinal Ouellet a invité tous ceux qui croient que
l’enfant à naître mérite d’être protégé à faire entendre leur
voix en multipliant les pressions sur ceux qui dirigent le
pays.
« Je lance un appel à nos représentants au Parlement qui ont
charge d’administrer la justice et le bien commun afin qu’ils
adoptent ou amendent les lois qui protègent la vie au lieu de
l’éliminer. Le vide juridique en ce domaine favorise le déclin
des valeurs, l’obscurcissement de la conscience morale et la
prolifération de la violence. Nous le voyons dans les graves
difficultés que rencontrent les éducateurs et éducatrices dans
les écoles », a-t-il affirmé.
« Le temps est venu de réagir à la crise morale que traverse
notre pays sur le plan des valeurs et du droit à la vie. Le
temps est venu de prendre la parole et de réclamer justice
pour les victimes. Le temps est venu d’agir pour un retour de
la culture de la vie », at-il ajouté.
Interrogé au sujet de la manifestation, hier, le chef du Bloc
québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que son parti appuie le
droit d’une femme de choisir librement.
« Je pense que ces gens-là sont dépassés par le temps comme
les réformistes en face de nous », a dit le chef bloquiste au
sujet de ceux qui réclament une loi limitant le droit à
l’avortement.
Le droit à l’avortement menacé, jugent des experts
Des groupes
féministes inquiets devant la « montée du conservatisme
religieux »
Quarante ans après que Pierre Elliott Trudeau eut sorti l’État
des chambres à coucher et ouvert la porte à l’avortement, la
menace d’un retour de balancier est plus forte que jamais,
craignent plusieurs experts et groupes féministes.
Le
collectif La Riposte a organisé une contre-manifestation
pro-choix, hier, à Montréal.
« Oui, le droit à l’avortement est menacé, je suis très
inquiète », dit Johanne Fillion, porte-parole de l’Association
du Québec pour le planning des naissances.
Selon elle, la manifestation qui a rassemblé quelques milliers
de manifestants pro-vie, hier à Ottawa, ne représente que la
pointe d’un mouvement de mieux en mieux organisé et de plus en
plus présent au Canada.
Les militants pro-vie sont loin de gagner toutes leurs
batailles. Mais ils se battent avec de plus en plus de moyens.
Depuis sept ans, des députés pro-vie libéraux et conservateurs
ont déposé neuf projets de loi susceptibles de limiter le
droit à l’avortement, souligne la juriste Louise Langevin. Le
plus célèbre de ces projets de loi portait le numéro C-484 et
s’était rendu jusqu’en deuxième lecture à la Chambre des
communes.
Mais il n’y a pas que les projets de loi. Johanne Fillion
énumère une série d’actions récentes signées par le mouvement
pro-vie. Il y a eu les « vigiles de Carême » devant des
cliniques d’avortement. La mobilisation contre l’octroi de
l’Ordre du Canada au Dr Henry Morgentaler. La tentative de
placarder babillards et autobus avec des photos de foetus non
nés. Et une autre visant à empêcher les organisations
humanitaires canadiennes de faire la promotion du planning
familial à l’étranger.
Ces campagnes ont beau rater leur cible, elles sont le signe
d’une montée inquiétante de la droite religieuse au Canada,
dénonce Johanne Fillion.
Louise Desmarais, auteure de Mémoires d’une bataille
inachevée, une histoire de l’avortement au Canada, en rajoute.
Elle note qu’au Québec, l’Église catholique a cessé de
s’intéresser à la question de l’avortement au début des années
80. Récemment, elle a repris sa place dans le débat. En
protestant contre l’hommage au Dr Morgentaler, par exemple. Et
aussi en s’associant à la manifestation pro-vie d’hier.
« La montée du conservatisme religieux remet très certainement
en question le droit à l’avortement », s’inquiète-t-elle.
« Les anti-choix sont organisés au sein d’un lobby très
puissant, et très bruyant. Il ne faut pas les sous-estimer »,
affirme Louise Langevin.
Une de ses
collègues de l’Université Laval, Diane Lamoureux, s’inquiète
elle aussi, au point de souhaiter que la « liberté
reproductive » des femmes soit inscrite dans la Charte
canadienne des droits et libertés. Selon elle, c’est la seule
façon de résister aux assauts des militants pro-vie. Mais
aussi d’assurer que les services d’avortement soient
accessibles partout au Canada, ce qui est loin d’être le cas
aujourd’hui.
« Le lobby des intégristes chrétiens est bien placé à Ottawa,
nous les surveillons de près », dit pour sa part Michèle
Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec.
Elle assure que celle-ci est prête à fourbir ses armes à la
première initiative législative rappelant le projet de loi
C-484.
De telles initiatives sont inévitables, prévoit Catherine
Giroux, du collectif La Riposte, qui a organisé une
contre-manifestation pro-choix hier à Montréal. Selon elle, le
programme du Parti conservateur ouvre grande la porte à des
projets de loi visant à protéger les femmes enceintes – façon
détournée de s’attaquer au droit à l’avortement.
Depuis 40 ans
Le « bill omnibus » de Pierre Elliott Trudeau a reçu
l’assentiment de la Chambre des communes le 14 mai 1969.
Louise Desmarais enseignait ce jour-là dans une classe de fin
de secondaire où la question du droit à l’avortement a soulevé
des réactions timides et étonnées. « À l’époque, c’était un
sujet complètement tabou », se rappelle Mme Desmarais.
Le « bill omnibus » libéralisait aussi l’homosexualité et la
contraception. Son ouverture à l’avortement avait soulevé des
réactions mitigées chez les féministes de l’époque.
Cette pratique restait assujettie à une série de contraintes
et restrictions. Une femme désirant mettre fin à une grossesse
devait obtenir l’assentiment d’un comité formé de trois
médecins, par exemple. « Je refuserai de comparaître devant
mes trois juges pour étaler ma misère et ma peine », avait
alors clamé la journaliste Lise Payette.
Si le « bill omnibus » devait conduire « à un carnage de vies
humaines » ou, dans le cas des homosexuels, à des « turpitudes
sans nom, plus ignobles les unes que les autres », le
gouvernement n’aurait qu’à modifier la loi, avait écrit
l’éditorialiste Roger Champoux dans La Presse du 15 mai 1969.
Dans les faits, 19 ans plus tard, la Cour suprême a donné
raison au Dr Henry Morgentaler et jugé que les restrictions au
droit à l’avortement étaient inconstitutionnelles. Depuis, le
Canada est l’un des seuls pays industrialisés à ne pas
légiférer en matière d’avortement.
Cours d'éthique et culture religieuse Des parents déboutés
en Cour supérieure -
Isabelle Audet
Les
controversés cours d’éthique et de culture religieuse
(ECR) ne portent pas atteinte à la liberté de conscience
des élèves, a tranché lundi à Drummondville le juge
Jean-Guy Dubois, de la Cour supérieure du Québec.
Dans une cause opposant des parents à la Commission
scolaire des Chênes, dans le Centre-duQuébec, le
jugedevait seprononcer sur le caractère obligatoire du
cours. Il s’est rangé du côté de la commission scolaire,
qui a refusé d’accorder une exemption pour le nouveau
programme.
En clair, les enfants doivent assister au cours d’éthique
et de culture religieuse. Cette formation ne constitue pas
unemenace pour eux, précise le juge.
La famille concernée invoquait notamment la Charte
canadienne des droits et libertés pour soustraire ses
enfants au cours d’ECR.
« À la lumière de toute la preuve présentée, le tribunal
ne voit pas comment le cours ECR brime la liberté de
conscience et de religion des demandeurs pour les enfants,
alors que l’on fait une présentation globale de diverses
religions sans obliger les enfants à y adhérer », a écrit
le juge.
Les
parents déboutés sont toujours penchés sur le jugement,
mais la Coalition pour la liberté en éducation (CLE) croit
qu’« il y a matière à interjeter appel », a déclaré le
porte-parole de l’organisme, Richard Décarie.
« Les modestes moyens des parents contre un État financé à
même nos impôts ne nous empêcheront pas d’en appeler au
besoin», a déclaré Marie-Josée Croteau, présidente de
laCoalition pour la liberté en éducation.
Le directeur général de la Commission scolaire des Chênes,
Yvan Aubé, se montre satisfait du jugement, mais il
précise que cette décision n’annule pas le droit des
parents de demander une exemption.
« C’était la cause de cette famille-là, fait-il remarquer.
Ça ne vient pas faire jurisprudence et nous allons
continuer d’analyser les demandes des parents. Par contre,
ça rend peut-être plus difficile la démonstration que le
fait de suivre le cours d’éthique et de culture religieuse
restreint les droits et libertés. »
Professeur de droit à l’Université de Sherbrooke et membre
d’un groupe de recherche sur des questions de société, de
droit et de religion, Sébastien Lebel-Grenier abonde dans
son sens: « On estime parfois que la liberté de religion,
c’est la liberté d’ignorance, c’est la liberté de
méconnaître d’autres religions par peur de polluer
l’esprit des enfants. C’est un argument qui, dans la
logique des droits fondamentaux au Canada, ne marche pas.
»
Pour mieux vivre ensemble - RAYMOND
GRAVEL
Il faut se
méfier de l’intégrisme fanatique des opposants au cours
d’éthique et de culture religieuse
L’auteur est prêtre dans le diocèse de Joliette.
Depuis l’implantation du cours d’éthique et de culture
religieuse dans l’ensemble des écoles primaires et
secondaires du Québec, des voix très minoritaires se sont
élevées pour dénoncer l’obligation rattachée à ce programme.
Le cours se veut pourtant un enseignement sur l’apport des
religions en général et du christianisme en particulier dans
l’évolution de la société québécoise, afin de mieux
comprendre notre culture et notre héritage collectif et de
permettre à nos jeunes de vivre dans une société laïque
devenue pluraliste et multiconfessionnelle.
Sans même pouvoir en évaluer la pertinence et le contenu,
une coalition s’est formée pour dénoncer ce nouveau cours.
Un petit groupe d’opposants, plus fanatiques les uns que les
autres, composé de parents ultra-catholiques d’une part et
de militants athées d’autre part, auxquels se sont joints
des adeptes de sectes religieuses fondamentalistes, réclame
haut et fort que le gouvernement respecte le droit
fondamental de liberté de conscience en permettant
l’exemption à leurs enfants. Ces opposants demandent un
véritable choix en éducation et non pas l’imposition d’une
religion relativiste.
Ça tombe bien, puisque l’objectif de ce nouveau programme
d’éthique et de culture religieuse n’impose aucune religion
à personne et respecte la conscience de chacun.
Alors où est
le problème? Lorsque la coalition pour la liberté en
éducation (CLE) revendique le droit de choisir, on peut se
demander de quel choix il s’agit? Les parents catholiques
voudraient un retour de l’enseignement confessionnel dans
les établissements scolaires; le mouvement laïque québécois
( MLQ), pour sa part, veut faire disparaître toute référence
religieuse du paysage québécois et les sectes ne veulent
surtout pas que leurs adeptes aient des contacts avec
d’autres croyances par peur de contamination. On dit parfois
que les extrêmes se rejoignent ; dans ce cas-ci, on peut
dire que les extrémistes font front commun.
À l a Cour s upé r i e u r e de Drummondville, on pouvait
entendre le témoignage d’une femme qui disait, la voix
étreinte par l’émotion, que sa petite fille du primaire
était incapable d’entendre parler de légende, de conte ou de
fable rattachés aux récits des différentes cultures
religieuses, parce qu’elle croyait encore au père Noël.
J’avais l’impression d’être au festival Juste pour Rire,
comme s’il y avait uniquement les enfants qui étaient
incapables de comprendre et d’interpréter de tels récits. À
ce que je sache, les fondamentalistes bibliques qui croient
encore à l’arche de Noé sont des adultes, et s’ils avaient
pu apprendre au primaire à distinguer un récit historique
d’une légende ou d’un texte poétique, peut-être y aurait-il
moins de créationnistes au Québec aujourd’hui.
Dans une société laïque comme la nôtre, l’école n’a pas pour
mission d’enseigner la religion aux enfants. La transmission
de la foi appartient d’abord aux parents et ensuite aux
communautés des diverses confessions religieuses. Nos
évêques catholiques ont bien compris cette réalité.
L’école doit apprendre aux enfants et aux jeunes à mieux
vivre ensemble, et, pour ce faire, elle doit nécessairement
montrer l’influence du christianisme dans l’évolution de la
société québécoise et présenter le nouveau visage
interculturel et multiconfessionnel du Québec contemporain.
Qu’on soit catholique, protestant, juif, musulman ou même
athée, on se doit de connaître les caractéristiques
culturelles et religieuses des Québécois si on veut
apprendre à s’accueillir, à se respecter, à partager et à
s’enrichir les uns les autres. Comme catholique, en quoi
suisj e menacé de côtoyer l’autre, différent de moi, qui
fait partie d’une autre confession religieuse ou même qui
n’appartient à aucune religion? Loin de me menacer, l’autre
m’apprend à être un meilleur citoyen. C’est un objectif de
ce nouveau cours. Ce cours d’éthique et de culture
religieuse n’est sûrement pas parfait. Son expérimentation
nous permettra de l’améliorer avec le temps. Mais une chose
est certaine : dans le contexte actuel de la société
québécoise, il est essentiel pour le mieuxêtre de notre
collectivité.
Ce cours développe le sens critique de nos jeunes; il permet
de faire tomber tous les préjugés et favorise l’inclusion
dans le respect de la dignité de chacun. C’est pourquoi il
doit demeurer obligatoire pour tous sans exception. Comme
prêtre catholique, je fais confiance à la sagesse de nos
évêques et je me méfie de l’intégrisme fanatique des
opposants.
116 années après Léon XIII - ANDRÉ
PRATTE
Un juge de la Cour supér i eu r e entend c e t t e semaine
des parents de Dr ummondv i l l e qui veulent voir leurs
enfants exemptés du nouveau cours d’éthique et de culture
religieuse. Très sensibles à la démarche de ces parents
parce qu’elle relève de la protection de la l iberté de
conscience et de rel igion d’une minor ité , nous est i -
mons néanmoins que le t ribunal dev r a i t rejeter leur
requête.
Le cours d’éthique et de culture rel i gieuse remplace
depuis l’automne dernier les cours de religion et de morale.
La formation vise notamment à sensibiliser les élèves à
l’existence de différentes religions et à leur inculquer le
respect de ces fois diverses.
Des demandes d’exemption ont été déposées pour quelque 1700
enfants, une infime minorité des 960 000 jeunes inscrits
dans les écoles primaires et secondaires de la province. Ces
demandes ont toutes été refusées.
La substitution des cours de religion et de morale par un
cours de culture religieuse est conforme au consensus qui
s’est développé au sein de la société québécoise. Le fait
que les parents mécontents soient peu nombreux ne diminue
toutefois en rien la légitimité de leurs préoccupations. Les
chartes existent pour préserver les droits fondamentaux des
citoyens, peu importe leur nombre.
À Dr ummondv i l l e , les parents demandent au tribunal de
déclarer insconstitutionnel le rejet de leur demande
d’exemption. Selon eux, le nouveau cours viole leur liberté
de conscience et de religion parce qu’il impose aux élèves
une vision polythéiste du phénomène religieux, est
relativiste, dissocie l’éthique et la morale et interfère
avec leur capacité de transmettre leur foi à leurs enfants.
Comment un
cours neutre du point de vue religieux peut-il violer la
liberté religieuse de quelqu’un ? Justement parce que, selon
ces parents, toutes les religions ne sont pas égales.
Lorsque l’école prétend que la morale peut être envisagée
sans référence à la foi, lorsqu’elle affirme que toutes les
croyances sont équivalentes , el le impose une sorte de «
religion civile », de dire le théologien Louis O’Neill,
témoin-expert pour les requérants, qui parle d’«
endoctrinement ».
Endoctrinement ? Si l’éthique et la culture religieuse sont
correctement enseignées (c’est bien sûr un gros si...), le
cours favorisera plutôt le respect de toutes les religions.
Un enfant dont les parents sont profondément catholiques ne
devrait pas s’y sentir ostracisé. Il est vrai que l’élève se
familiarisera avec d’autres fois et systèmes de valeurs,
mais on ne voit pas comment il pourrait en souf frir. Cela
créera au contraire de merveilleuses occasions de dia logue
avec ses parents, dialogue dont sa foi, si el le doit être
authentique, sortira renforcée.
Le nouveau cour s i mpose-til une contrainte aux libertés
fonda menta l es des pa r e n t s québé - cois ? En autant
qu ’ e l l e e x i s t e , cet te contra i nte est «
négligeable », suivant les normes fixées par la Cour
suprême. Elle est d’autant plus tolérable qu’elle sert une
fin sociale légitime. Si l’État était tenu d’exempter d’un
cours tout j eune qui s’y oppose pour des raisons de rel
igion ou de conscience, le nombre de demandes d’exemption se
multiplierait. Telle école catholique voudrait se soustraire
à l’obligation d’offrir le cours d’éthique et de culture
religieuse, tel parent créationniste voudrait retirer son
fils ou sa fille du cours de biologie. Il deviendrait de
plus en plus difficile au système d’éducation de donner aux
futurs citoyens du Québec un socle culturel commun.
Des déclarations et écrits des parents regroupés au sein de
la Coalition pour la liberté en éducation, il apparaît que
les demandes d’exemption ne sont qu’une première étape vers
le rétablissement des cours de religion dans les écoles.
Cette volonté ressort aussi de l’expertise produite par le
philosophe français David Mascré, lui-aussi témoinexpert
pour les requérants. M. Mascré s’appuie notamment sur
l’encyclique écrite par Léon XIII en 1893 (!) au sujet des
écoles catholiques du Manitoba: « Il faut fuir à tout prix,
comme très funestes, les écoles où toutes les croyances sont
accueillies indifféremment et traitées de pair, comme si,
pour ce qui regarde Dieu et les écoles divines, il importait
peu d’avoir ou non de saines doctrines, d’adopter la vérité
ou l’erreur. »
Depuis la publication de ce document, 116 ans ont passé. Les
membres d’une confession religieuse peuvent certes être
convaincus qu’il existe en ces matières une seule et unique
vérité ; l’État moderne ne peut endosser une telle
perspective. Au contraire, il doit laisser à chacun le choix
de sa vérité spirituelle, dans le respect de celle des
autres. C’est ce que vise le cours d’éthique et de culture
religieuse.
Le cours d’éthique et de culture religieuse
devant les tribunaux
Le
nouveau programme d’éthique et de culture religieuse se
retrouvera cette semaine devant les tribunaux. Frustré
que le ministère de l’Éducation n’ait pas accédé à ses
demandes répétées d’exemption, le Collège Loyola a
décidé de porter sa cause en Cour supérieure.
Le Collège Loyola, une école secondaire privée
catholique pour garçons fondée il y a plus de 160 ans à
Montréal, estime que le programme implanté l’automne
dernier entre en conflit avec ses valeurs catholiques et
jésuites. Il accuse Québec de violer la liberté de
religion prévue dans les chartes québécoise et
canadienne des droits et libertés en imposant ce cours à
tous ses élèves contre leur gré et sans leur offrir
d’autre possibilité.
Les parents de plus de 600 élèves, soit quelque 90% de
la clientèle de l’établissement, auraient d’ailleurs
pris la peine de demander personnellement au ministère
de l’Éducation d’exempter leur enfant.
« Le Collège Loyola cherche non seulement à préserver
l’intégrité de son caractère catholique, mais aussi à
permettre aux parents catholiques d’exercer leur droit
de faire instruire leur enfant en respect de leurs
convictions religieuses », argue l’institution dans les
documents déposés à la Cour supérieure de Montréal. La
Presse n’a pu joindre la direction, hier.
LeCollègene
souhaitepasmaintenir
l’ancien cours de religion, en vigueur jusqu’à l’an
dernier. Il a mis au point son propre cours qui,
affirme-t-il dans une lettre adressée au Ministère, «
enseigne les valeurs et les croyances des religions du
monde d’une manière bien plus approfondie que le nouveau
programme ».
Selon le Collège, la « neutralité » prônée dans le cours
préparé par les fonctionnaires du gouvernement est
problématique puisqu’elle « contrevient aux croyances de
nombreuses personnes et religions, y compris le
catholicisme ».
Le Ministère réplique dans sa défense que la liberté de
religion est un droit réservé aux individus et que le
Collège, en tant qu’institution, ne peut pas s’en
prévaloir. « Il a pourtant toujours été accepté que les
églises et les communautés religieuses possédaient ce
droit », plaide le Collège.
Le caractère obligatoire du cours d’éthique et de
culture religieuse est aussi contesté par des parents de
Drummondville, qui ont défendu leur point de vue en Cour
supérieure le mois dernier. Le ministère de l’Éducation
a reçu quelque 2000 demandes d’exemption depuis la mise
en place du nouveau cours, lesquelles ont toutes été
rejetées.
LIBAN - Un magazine « pour adultes seulement »
fait des vagues
«
C’était très important de publier le magazine en langue
arabe, car les gens parlent facilement du corps en
anglais ou en français, mais rarement en arabe, cela
fait partie de notre schizophrénie », estime Joumana
Haddad, créatrice de la revue Jasad.
— Quand on lui demande si elle vend Jasad, Farah, qui
tient une minuscule librairie dans le quartier sunnite de
Tarik Jdidé, hésite un court instant, puis va fouiller
sous une pile de magazines féminins. Elle brandit deux
exemplaires du fameux magazine, sous cellophane, avec
l’autocollant vert « pour adultes seulement ».
« Les exemplaires étaient dehors, mais à cause des
remarques du voisinage, je les ai rentrés à l’intérieur »,
raconte la vendeuse. Rien à voir avec la couverture de
Playboy, entièrement couverte par un plastique noir, mais
depuis sa sortie il y a quelques mois, Jasad fait des
vagues au pays du Cèdre.
Le trimestriel se définit comme un magazine spécialisé
dans les littératures, les sciences et les arts du corps.
« La dimension érotique et sexuelle y est très présente »,
explique la créatrice de la revue, Joumana Haddad,
également poète et journaliste au quotidien libanais An
Nahar.
« Le corps érotique a été kidnappé dans notre culture
depuis trop longtemps. C’était très important de publier
le magazine en langue arabe, car les gens parlent
facilement du corps en anglais ou en français, mais
rarement en arabe, cela fait partie de notre schizophrénie
», poursuit Joumana Haddad.
Le critique de cinéma de la revue, Hawick Habechian, s’est
surpris lui-même en écrivant l’un de ses articles: « Pour
traduire les noms des organes sexuels en arabe, j’ai dû
aller chercher dans le dictionnaire! »
Fétichisme et cannibalisme
Des extraits de recueils anciens, qui parlent très
librement du corps, sont publiés dans chaque numéro. Dans
le premier exemplaire, Le jardin parfumé, un ouvrage du
XIIIe siècle publié par le Cheikh Nefzaoui, s’est fait une
nouvelle jeunesse.
Le texte
énumère toutes les sortes de phallus avec des détails
croustillants. Le sommaire de Jasad ne fait d’ailleurs pas
dans la dentelle. Il y est question de fétichisme du pied,
d’homosexualité, du pénis dans toutes ses dimensions, de
violence conjugale ou même de « cannibalisme, nouvelle
religion ? ».
Le magazine contient également une rubrique « Ma première
fois », où une personnalité raconte sa première expérience
sexuelle. Et les dessins, peintures ou photos qui
illustrent Jasad sont plus qu’évocateurs.
Évidemment, au Liban, certains sont un peu tombés des nues
en découvrant le nouveau venu. « Il y a eu de fortes
protestations des autorités religieuses chrétiennes et
musulmanes et je reçois ma dose quotidienne d’insultes. On
m’accuse de corrompre les nouvelles générations et
d’importer des valeurs occidentales », raconte Mme Haddad.
Les Saoudiens apprécient
Pour éviter les mauvaises surprises avec un éditeur qui
aurait pu décider de censurer le contenu de Jasad, Joumana
a créé sa propre maison d’édition il y a un an et demi. La
poète est aussi passée à travers les mailles de la censure
officielle.
« Quand j’ai demandé la licence, j’ai seulement dit que je
voulais créer une revue culturelle, sans donner de
détails. » La journaliste a financé le magazine de sa
poche, à hauteur de 50 000$. Depuis, elle compte sur les
revenus des ventes pour continuer l’aventure, car la
publicité répond aux abonnés absents.
« Cela fait six mois que j’essaye de négocier avec les
régies publicitaires. Ils ont joint des clients, mais
jusqu’ici, ils refusent de s’afficher dans Jasad de peur
de perdre des marchés dans les pays du Golfe », lâche Mme
Haddad.
Heureusement, les ventes marchent bien pour un magazine
qui s’adresse avant tout à une élite : 5000 exemplaires
écoulés pour le premier numéro, 4000 imprimés pour le
second. Curieusement, les abonnements ont le plus trouvé
preneur... en Arabie Saoudite, alors que le magazine y est
interdit et qu’il arrive clandestinement par courrier
postal!
Le pape équilibriste
Les critiques
des deux côtés démontrent que le Vatican a maintenant une
relation normale avec Israël Benoît XVI a terminé hier sa
visite d’une semaine en Terre sainte. Bien qu’il ait essayé de
jouer à l’équilibriste, il retourne à Rome en laissant derrièr
« Le numéro d’équilibriste le plus difficile de sa papauté »,
a conclu John Allen, le vaticaniste de l’hebdomadaire
américain The National Catholic Reporter.
Son arrivée à Jérusalem, lundi dernier, a finalement été
emblématique de son voyage. Sur le tarmac de l’aéroport, il a
appelé à l’établissement d’un État palestinien. Puis il a
rendu visite à la famille de Gilad Shalit, soldat israélien
détenu par le Hamas depuis 2006. Enfin, il a fait au musée de
l’holocauste Yad Vashem un discours très attendu, qui a été
critiqué parce qu’il n’allait pas assez loin.
Le
pape Benoît XVI, a été salué par le premier ministre
Benyamin Nétanyahou (au centre) et le président israélien
Shimon Peres, à l’aéroport Ben Gourion, hier, lors de son
départ d’Israël, où il a effectué un pèlerinage.
Benoît XVI a joué une main difficile, cette semaine en Terre
sainte. « Le numéro d’équilibriste le plus difficile de sa
papauté », a conclu John Allen, le vaticaniste de
l’hebdomadaire américain The National Catholic Reporter. Il a
esquissé le plan de paix que tout le monde attendait, tout en
tendant la main aux musulmans et aux juifs en tant que chef de
l’Église catholique. Son objectif principal était d’endiguer
l’exode des chrétiens du Moyen-Orient, mais cette communauté
en déclin reste divisée au sujet d’Israël : les chrétiens
arabes soutiennent les Palestiniens, les orthodoxes et les
chrétiens hébreux, l’État juif.
Bref, il était inévitable qu’il déçoive à gauche et à droite.
« Le appelé à une solution avec deux États, il a dénoncé le
mur et il a demandé aux Palestiniens de ne pas céder à la
tentation de la violence. Il a condamné l’«
instrumentalisation de la religion ». Ce dernier commentaire
du pape unit les dimensions politique et spirituelle de son
voyage.
Néanmoins,
Frank Dimant, vice-président de B’nai Brith Canada, estime que
le pape a trop penché du côté palestinien. « Il a réclamé un
État palestinien sans même souligner le pacte qui unit Dieu et
la terre d’Israël. Il n’a pas condamné l’Iran, qui veut
détruire Israël, ni dénoncé le cheik qui a attaqué Israël. »
Lors d’une rencontre à un centre catholique de Jérusalem, le
juge en chef palestinien Tayssir pape se rendait en
pèlerinage, il n’était pas en tournée politique, explique Sami
Aoun, politologue à l’Université de Sherbrooke. Mais il a
réussi à réitérer certains points fondamentaux qui rejoignent
beaucoup de gens même s’ils déplaisent à certains. Il a
Attamimi a réclamé une alliance entre chrétiens et musulmans
contre l’État juif. Il avait fait les mêmes remarques en 2000,
lors de la visite de Jean-Paul II. Benoît XVI n’a pas dénoncé
les propos de M. Attamimi et lui a même serré la main à la fin
de la cérémonie – il est possible que personne ne lui ait
traduit son discours en direct. Un porteparole papal a par la
suite qualifié la sortie de M. Attamimi: « Une négation
directe de ce que le dialogue devrait être ».
Quant au discours à Yad Vashem, il aurait dû contenir, selon
M. Dimant, des excuses du pape en tant qu’Allemand qui a
grandi sous le nazisme qui a même été membre – bien malgré lui
– des Jeunesses hitlériennes. Le responsable du B’nai Brith a
aussi relevé que le pape n’a pas visité l’exposition du musée,
dont une section propose que le pape d’alors, Pie XII, aurait
pu s’opposer davantage à l’holocauste. « Le pape a un désir
très fort de canoniser Pie XII », déplore M. Dimant.
L’attention portée au discours de Benoît XVI est
paradoxalement un signe de normalisation des relations avec
Israël, avance le vaticaniste John Allen. Les relations
diplomatiques n’existent que depuis 1994 – en 1964, Paul VI
avait pris soin de ne jamais faire référence à l’« État »
d’Israël et avait appelé son président « monsieur », sans
nommer sa fonction. « La simple présence d’un pape à Jérusalem
ne fait plus la manchette ; on s’intéresse maintenant à ce
qu’il dit », relève M. Allen. En éditorial, le quotidien
munichois Süddeutsche Zeitung a souligné que, si le pape avait
mentionné son appartenance aux Jeunesses hitlériennes à Yad
Vashem, cela aurait aussi pu être vu comme une tentative
maladroite de justification.
L’Arabie Saoudite élira sa Miss Moralité
Elles ont
entre 15 et 25 ans, ne sortent jamais de chez elles sans être
voilées de la tête aux pieds… et espèrent remporter le
concours de beauté dont le coup de départ est donné
aujourd’hui à Safwa, en Arabie Saoudite.
Khadra
al-Mubarak est l’une des organisatrices du concours Miss
Beautiful Morals, qui couronnera la participante la plus
dévote.
Mais attention, il n’est pas question pour les 200
concurrentes de défiler en bikini devant des hommes. Comme
l’indique son nom, le concours Miss Beautiful Morals ne doit
désigner ni la plus belle, ni la plus sexy parmi les
participantes. Celles-ci doivent plutôt briller par leur
moralité, leur dévotion religieuse et le respect dont elles
font preuve à l’égard de leurs parents.
Pendant les 10 prochaines semaines, les jeunes femmes
prendront part à des ateliers et seront questionnées sur des
thèmes tels que « Découvrez votre force intérieure » et « Le
paradis est à vos pieds ».
Elles devront aussi passer une journée mère-fille à la
campagne où des juges évalueront leur manière de se comporter
à l’égard de leur maman. La séance ne sera pas filmée et les
juges seront toutes des femmes. Les participantes et leurs
mamans pourront donc interagir en toute liberté, sans être
encombrées par le voile qu’elles portent habituellement en
public.
Les juges verront les visages des concurrentes, mais elles ne
les jugeront pas sur leur beauté, assure Khadra al-Mubarak, la
fondatrice de ce concours, citée par des médias occidentaux.
« La gagnante
ne sera pas nécessairement jolie. Ce qui nous intéresse, c’est
la beauté de l’âme et la moralité », ajoute-t-elle.
Le concours a gagné en popularité depuis sa création, l’an
dernier, alors qu’il avait rejoint 75 femmes. Les 200
participantes se disputent un prix de 2600 $. Mais la Miss
saoudienne 2008, Said al-Shufara, a indiqué dans une entrevue
publiée par le quotidien israélien Haaretz que, pour elle, ce
n’est pas la victoire qui compte. « Ce qui compte, c’est
d’obéir à nos parents. »
L’Arabie Saoudite est un pays qui impose l’une des lectures
les plus restrictives de l’islam. Ainsi, son gouvernement
s’apprête à fermer les gymnases féminins, qu’il juge
contraires à la loi islamique. Les Saoudiennes n’ont pas non
plus le droit de conduire une auto.
Ces dernières années, des femmes saoudiennes ont tenté de
renverser cet interdit. Il y a un an, l’écrivaine Wajeha
alHuwaida avait mis sur YouTube une vidéo la montrant au
volant d’une voiture.
Ave c le c onc ou r s Mi s s Beautiful Morals, le royaume
wahhabite tente de canaliser l’énergie de la jeunesse dans une
direction plus respectueuse des lois en vigueur.